Climatologie 2

Climatologie du monde souterrain
TOME 2
Arologie des systmes karstiques

modles des circulations dair et des transferts de chaleur, vapeur deau et CO2
dition du Comit Dpartemental de Splologie de lIsre

Adresse de lditeur : 6 boulevard Foch, 38000 Grenoble, France. On peut adresser les commande cette adresse. Avec une aide de la rgion splo Rhne-Alpes (rgion C), et de la Fdration Franaise de Splo. CLIMATOLOGIE DU MONDE SOUTERRAIN tome 1- Vent des Tnbres, tome 2- Arologie des Systmes Karstiques (ce volume)
Lauteur : Baudouin LISMONDE Laboratoire de coulements Gophysiques et Industriels de Grenoble Des observations ou des remarques sont bienvenues, on peut les envoyer ladresse de lditeur.
Mots cls : arage arologie climatologie souterraine courants dair gophysique du karst grottes et gouffres karst milieux souterrains splologie physique thermique du karst transferts dans le karst
Photos de couverture : 1re page gauche : cascade de glace la grotte du Mort Ru (avec Nicole David, photo B.L.). 1re page droite : rsurgence temporaire sur la route de la Balme Saint-Julien-en-Vercors (avec Ingrid Walckiers, photo B.L.). 4e page : sommet du P 70 au trou de lAlpe en Chartreuse et son courant dair nigmatique (avec Hlne Bochaton, photo B.L.). Le dessin de gauche reprsente un phnomne dhystrsis sur le courant dair d la mmoire thermique des grottes. Le dessin de droite est tir des publications de Derek Ford sur la grotte de Castleguard au Canada et reprsente des surfaces iso thermes dans le massif karstique.
B. Lismonde - 1re dition - tome 2 - 20 fvrier 2002
ISBN 2-902670-49-4
Climatologie du monde souterrain

TOME 2
Arologie des systmes karstiques

modles des circulations dair et des transferts de chaleur, vapeur deau et CO2
Baudouin LISMONDE
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Climatologie du monde souterrain, tome 2
Remerciements
Une pense pour Philippe Renault, qui sest toujours intress la climatologie et au dioxyde de carbone et ma toujours soutenu dans mes tentatives pour promouvoir la modlisation des phnomnes climatiques. Mes remerciements en premier Jacques Choppy pour les Rencontres dOctobre, runions faites pour les splos, et qui permettent dexposer des ides mme si elles ne sont pas trs faciles. Il ma soutenu aussi pour publier une tude fort indigeste sur les transitoires souterrains dans la srie des Mmoires du Splo Club de Paris. Jai une dette envers Robert Thrond dont la longue exprience en hydraulique souterraine lui a fait prendre conscience du rle important des crues dans la formation des cavernes. Il na pas encore publi ses ides, mais plusieurs de celles qui sont reprises dans la fin de cet ouvrage sur lagressivit de leau comprime taient connues de lui depuis longtemps. Merci Rgine Landry qui a dessin trois dessins pour ce deuxime tome. On les trouvera pages 106, 172, 313. Bien dautres se trouvent dans le tome 1. Je remercie les ditions Belin pour lautorisation de reproduction du dessin de JeanPierre Petit, nigmatique lenvi (page 9). Nicolas Florsch et lAsepam (Association Splologique pour ltude et la Protection des Anciennes Mines) mont autoris utiliser leurs mesures climatiques la mine du Chne dans les Vosges. De mme Francis Massen pour les mesures la grotte de Mstroff au Luxembourg. Je les en remercie. Merci aussi Philippe Audra pour la communication darticles intressants, Francis Guichard qui ma communiqu des observations et le splo Dordogne spcial sur le CO2 , Henri Paloc pour mavoir passs dimportants travaux sur les traages, de mme Sibylle Weg (Hartig) de luniversit de Dresde qui ma fourni plusieurs articles de chercheurs est allemand. Remerciements aussi tous les bnvoles qui font tourner les centres de documentation de la Fdration Franaise de Splo et de lUIS, et permettent ainsi la circulation des ides (BBS). Un regret : ne pas avoir russi amorcer une collaboration avec les chercheurs du laboratoire souterrain du CNRS de Moulis. Mes remerciements vont aussi tous les splos du SGCAF ou dautres clubs qui mont accompagn sous terre loccasion dobservations ou de mesures quelquefois ingrates : Frdric Aitken, Agns Daburon, mmanuel Fouard, Chantal Fouard, Franois Landry, ric Laroche-Joubert, Pierre Latapie, Bernard Loiseleur, Agns Montauffier, Sylvain Caullireau, Donald Accorsi et bien dautres. Merci aussi aux tudiants que jai encadrs et emmens sur le terrain pour des tudes de climatologie souterraine, et qui mont oblig clarifier mes ides. Une pense particulire pour Chantal Fouard et son norme travail de relecture soigne et pointilleuse, et Paul Rice pour sa vrification et ses nombreuses corrections de langlais. La commission scientifique de la FFS (Fabien Hobla) a soutenu ce travail par une subvention pour du matriel de mesure. De mme, les Splos grenoblois du CAF (ric Laroche-Joubert) ont fait lacquisition de capteurs de temprature (Dallas) qui ont t installs depuis un an sur le terrain, en particulier la glacire de Correnon et la grotte de la Ture. Mon laboratoire, le LEGI de Grenoble, ma permis de consacrer beaucoup de temps cet ouvrage qui nentre pas tout fait dans le champ de ses activits. Merci mes collgues pour leur comprhension. Jai bien profit aussi des discussions avec mes collgues enseignants de lIUT de gnie thermique de Grenoble, tablissement dans lequel jenseigne. On trouvera au dbut du tome 1, les noms dautres personnes ayant contribu cet ouvrage. ___________________________
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Arologie des systmes karstiques, introduction
Introduction
Le contenu de louvrage climatologie souterraine
Le deuxime tome de Climatologie du Monde Souterrain est intitul Arologie des Systmes Karstiques. Il complte le premier tome, Vent des Tnbres qui tait ax sur la description de phnomnes tels quon pouvait les observer dans les cavits naturelles. Ce premier tome contenait aussi une longue liste de questions qui permettaient de faire un survol assez complet des phnomnes climatiques et une troisime partie montrant des mesures types permettant de fournir un canevas pour des exprimentations en climatologie souterraine. Dans ce deuxime tome de ltude de latmosphre souterraine, nous allons essayer de dcrire sous forme quantitative certains des phnomnes prsents dans le premier tome. Ce deuxime tome est donc une sorte de thorie de la climatologie et des courants dair souterrains. Il est donc plus difficile daccs que le premier. Il est plutt destin des chercheurs ou des splos avertis. Il pourrait intresser aussi des prhistoriens soucieux du climat de certaines grottes ornes, des ingnieurs ou des archologues sintressant larage ancien des mines, voire des mineurs ou des architectes. Beaucoup de rsultats sont classiques, mais certains sont nouveaux. Il est dun niveau deuxime cycle scientifique universitaire. Mais il suffit, pour le lire, de bases correspondant un premier cycle scientifique. Il ne contient pas uniquement des rsultats. Il se veut une sorte de manuel qui puisse donner les outils et les moyens daller plus loin. Nous signalerons dailleurs au passage certains problmes difficiles trs peu abords ou approfondir.
Faon de considrer le karst

Le karst est un objet gologique, de taille rgionale, caractris par des videments en son sein, rsultant des interactions entre la roche et les fluides qui le traversent. Cette particularit lui permet de constituer une structure de drainage de leau. Ltude de sa forme et de son fonctionnement exige les efforts dquipes pluridisciplinaires. Ce sont donc des chercheurs de divers horizons, gographes, gologues, hydrologues, gophysiciens, gochimistes et autres qui sintressent cet objet. En fonction de leur intrt commun au karst, ils mritent tous de sintituler karstologues. La karstologie est donc ltude du karst, la croise de nombreuses disciplines (Salomon, 2001). Sur la figure 1, nous avons reprsent cette situation de la recherche sur le karst. Linconvnient de cette palette bariole de spcialits scientifiques est le risque que le discours de lun soit difficilement compris par lautre. Une runion gnrale des chercheurs sur le karst, pourrait devenir une sorte de tour de Babel o personne ne comprendrait le discours du voisin. Cette difficult est relle et constitue la cause principale du cloisonnement des disciplines scientifiques de la nature. Chacun reste avec les siens et ne se mlange surtout pas avec dautres, avec qui il serait difficile de discuter. Il faut pourtant affronter cet obstacle. Une mthode consiste faire leffort de traduire chaque rsultat obtenu dans une spcialit en termes comprhensibles par ceux des autres spcialits. Cet exercice nest pas facile, mais cest la seule voie possible.
mtorologie climatologie l'air le systme le vivant karstique l'eau la roche gologie tectonique gophysique gographie physique gomorphologie hydrologie physique des transferts
araulique sciences de l'homme amnagement du territoire ressources en eau pdologie biologie gochimie
Fig. 0-1- Le systme karstique et les sciences physiques, naturelles et humaines The karstic system and the physical, natural and human sciences
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Nous avons choisi de dcouper le systme karstique en quatre parties : lair, leau, la roche et la matire vivante. Ces composants interagissent entre eux, et interagissent aussi avec le milieu extrieur. Pour tudier lair, nous avons t oblig dexaminer linfluence de leau et de la roche sur lair et avons donc un peu dbord de notre sujet. Ltude du karst est souvent aborde par les proprits de la surface et du climat. Nous avons adopt ici une attitude totalement diffrente. Le karst est un objet dont la structure spatiale et fonctionnelle rsulte de mcanismes internes relativement universels mais mal connus. Il est bien vident que les conditions aux limites jouent un grand rle sur lvolution dun karst, et ltude de cette relation doit tre un chapitre de ltude du karst. Mais il ne faut pas commencer par cela. Nous adoptons ici un point de vue qui est intrieur au systme.
mtorologie climatologie
gologie
pdologie
morphologie
araulique
arologie des systmes karstiques
gophysique
gochimie
hydrologie karstique
physique des transferts
Fig. 0-2- Larologie karstique, la science de lair dans les systmes karstiques en tant que carrefour de plusieurs disciplines Karstic aerology, the atmospherical science of karstic systems, is at the crossing of several sciences
Larologie souterraine
Arologie, ce terme est tomb en dsutude. On trouve dans le dictionnaire que cest ltude de lair haute altitude. Ce nest pas cela quon tudie ici. Alors pourquoi reprendre un mot pass de mode ? Il existe beaucoup de noms pour dsigner les diffrentes disciplines qui recoupent nos proccupations : mcanique des fluides, thermique de la terre, mtorologie, climatologie, gochimie, environnement, modlisation des phnomnes naturels. Cest pour cette raison que nous avons retenu ce terme peu revendiqu et pas encore annex. On trouve en mtorologie un diagramme arologique qui est un diagramme psychromtrique pression variable pour ltude des masses dair en mouvement, ce qui est voisin de nos proccupations. Larologie, dans notre ide, est ltude de lair par opposition ltude de leau, lhydrologie. Lair dans tous ses tats, mouvement, composition, diffusion, interaction thermique et chimique. Si nous rapprochons notre tude de la climatologie, ce deuxime tome concerne la modlisation climatique qui comprend ltude des mcanismes gnraux (ou encore climatonomie) et ltude du rle des facteurs locaux ou topoclimatologie (Hufty, 2001, p. 26).
Plan du tome 2
Lair souterrain est un tre complexe. Ses proprits, les causes de son mouvement, changent suivant les chelles despace ou de temps que lon adopte pour lobserver. Cest ce fil directeur des chelles du temps et de lespace que nous avons suivi dans le plan de louvrage que nous avons divis en quatre parties et 23 chapitres.
coordonnes spatiales
Fig. 0-3- Le plan de louvrage dans le domaine spatio-temporel The map of this book in a space-time representation The first part is in a limited domain, in the second all the cave is concerned, in the third, the time is extended until several years and, in the end part, secular variations are envisaged
le temps partie 1 partie 2 partie 3 partie 4
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Dans la premire partie, nous commencerons par examiner le courant dair lchelle locale de lespace et du temps, celle du splo qui sent lair lui caresser le visage. Le courant dair est alors rduit une petite bulle. On lappellera particule fluide et cest sur ce fragment dair quon rflchira. On analysera les causes du mouvement de cet air et on sera amen considrer aussi des phnomnes plus globaux lchelle dun tronon de galerie ou dun puits. On regardera aussi les transferts de chaleur, deau avec ses changements de phase et les transferts de dioxyde de carbone qui commandent le creusement chimique des cavernes et on donnera des dfinitions prcises et adaptes aux problmes. Comme lchelle locale est lchelle de prdilection des physiciens, on trouvera dans cette partie la plupart des fondements physiques qui serviront dans les autres. Les physiciens avertis pourront glisser sur cette partie, alors quelle servira dinitiation la physique des transferts pour les autres. Le niveau nen est pas lev mais labondance et la subtilit de certaines notions peuvent drouter. chelle despace (space scale) L = 10 m chelle de temps (time scale) t = 10 s
Dans la deuxime partie, le courant dair sintgrera dans lespace dun rseau souterrain, suppos donn. On verra alors que les causes locales du mouvement rsultent de causes plus globales lchelle du massif ou de latmosphre extrieure. En particulier la vitesse dun courant dair une instant donn dpend de ltat thermique au mme instant du massif karstique. chelle despace chelle de temps (space scale) (time scale) L = 10 km t = 1 jour (day) La troisime partie intgrera un facteur fondamental qui est le temps. Les mouvements de lair rsultent de causes globales spatiales qui ne se comprennent que si on les envisage dans la dure. Par exemple, la temprature de la paroi dune galerie rsulte dun pass plus ou moins proche. Il faut donc pntrer dans la variable temps pour comprendre la machine thermique que constituent les courants dair. Les transferts thermiques fournissent au karst une mmoire; cest une mmoire glissante, cest--dire que les phnomnes rcents ont tendance effacer les anciens. Lamplitude de la variable temporelle ne dpassera pas toutefois quelques annes. chelle despace (space scale) L = 10 km chelle de temps (time scale) t = 1000 jours (days)
La quatrime partie envisage lair et la climatologie souterraine comme un des lments du systme karstique. On se place l des chelles de temps qui peuvent devenir sculaires. On essayera dinsrer lair souterrain comme membre part entire du systme karstique, qui possde trois autres composantes : la roche, leau, la matire vivante. On verra alors que le courant dair nest pas quun lment passif du karst mais quil a son propre rle, dailleurs fort mconnu, sur llaboration et lvolution dun rseau. Le rseau nest plus donn mais rsulte des interactions entre quatre soussystmes, dont lair de la cavit. Mais l, tout ou presque reste faire ! Nous nous contenterons daborder quelques points, la temprature dans un karst, le renouvellement de lair souterrain en labsence de courant dair, les phnomnes dvaporation-condensation et les transferts de dioxyde de carbone aux interfaces air-eau et tout au long des rseaux. chelle despace (space scale) L = 50 km chelle de temps (time scale) t = 5.106 annes (years)
Faon daborder les difficults physiques et mathmatiques

Pour lanalyse des coulements dair, nous avons totalement renonc en faire ltude trois dimensions (par utilisation de lquation de Reynolds de la turbulence avec des relations empiriques de fermeture). Vue la complexit des conditions aux limites, il est hors de question (et pour un bon bout de temps) de pouvoir prvoir la turbulence dun coulement souterrain en dtail. Cela serait possible seulement pour des cavits de trs faibles envergures (grotte de Lascaux par exemple).
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Nous avons donc opt, comme en thermique industrielle, pour une description moyenne sur une section (description quon peut appel 1-D). Cette simplification doit tre compense par lutilisation de relations empiriques pour les interactions entre lcoulement et la paroi, cest--dire entre le nombre de Nusselt et les nombres caractrisant lcoulement. La difficult pour le karst est quil nexiste pas encore de relations bien adaptes ce milieu. En ce qui concerne les actions dynamiques, nous suggrons dutiliser la notion de rsistance araulique (prconise par les mineurs) mieux adapte que la dcomposition, habituelle lhydraulique, en perte de charge linique et singulire. Par rapport aux tudes classiques sur le climat souterrain, nous avons franchi le pas qui consiste faire jouer la roche un rle thermique plus prcis que celui quon lui prte habituellement. En effet, par souci dviter le calcul de la conduction dans la roche et son quation aux drives partielles, on remplace laction de la roche par des mots qui laissent un vide artistique sur les phnomnes. Nous avons affront cette difficult, ce qui est relativement nouveau. Dans tout louvrage, nous nemploierons que le systme international dunits SI et suivrons autant que possible les recommandations de lAFNOR pour la dsignation des grandeurs. Cela viendra sopposer certaines habitudes de langage du milieu de la karstologie, mais tant pis !
Importance de modles simplifis diffrentes chelles de temps et despace

Le physicien est souvent pris pour un rductionniste. Il ne sintresse qu des phnomnes parfaitement isols de leur contexte. Cest le tout tant gal par ailleurs. Cette faon de procder en physique est parfaitement comprhensible. Il faut diminuer la complication pour amliorer la prcision et la nettet des concepts. On ramne ensuite des phnomnes plus complexes un ensemble de phnomnes lmentaires. Cest le point de vue que nous avons adopt dans la premire partie. Cet ensemble de lois locales et instantanes forme en quelque sorte les fondements de la physique de lair du karst. Mais cette faon de procder a, bien sr, une limite. On a une vision caricaturale de ltat desprit rductionniste dans la poursuite des tats ultimes (dans le sens des petites dimensions) de la matire. Il est pourtant bien vident que la connaissance des proprits des particules lmentaires ne peut tre daucune utilit pour la connaissance du karst. La physique a en ralit des objectifs bien diffrents de ceux de la physique dite fondamentale. La physique revient mettre en regard des phnomnes et des grandeurs afin den tirer un modle conceptuel et si possible prvisionnel. Cest bien sr cette physique-l qui doit tre luvre pour le karst. Entre les relations lmentaires et instantanes du niveau local sur les transferts de masse et nergie, et les corrlations trs complexes qui apparaissent dans lvolution globale dun karst, il y a place pour des relations intermdiaires qui synthtisent les relations locales instantanes un niveau dorganisation plus lev, et fournissent des modles intermdiaires, des sortes dingrdients labors, trs utiles pour la comprhension des karsts rels. Cest ce point de vue que nous avons adopt dans les parties deux et trois, en tendant dabord lespace les relations locales instantanes puis en ouvrant, toute grande, lchelle temporelle. De ce fait, nous avons utilis, dans des configurations gomtriques trs simplifies, les quations de la physique des transferts, qui sont presque toujours des quations aux drives partielles, et nous les avons rsolues numriquement par des mthodes aux diffrences finies (les non-linarits tant traites par des mthodes itratives) dans des configurations gomtriques simplistes. En faisant varier les paramtres et en analysant les solutions, il nous a t possible de tirer quelques enseignements, voire quelques relations algbriques, synthtisant les rsultats. Ce sont ces relations qui constituent, dans notre esprit, les ingrdients thoriques utiles pour la description et la comprhension de la climatologie souterraine. Des mesures sur le terrain peuvent sinsrer dans ce cadre thorique, permettant la dtermination de grandeurs globales, clairant la thorie qui permet en retour de prvoir dautres phnomnes. Nous avons peu utilis les mesures. Elles sont pourtant fondamentales car aucune thorie ne peut fonctionner sans la contrepartie exprimentale, mais dans cette discipline-ci, cest la thorie qui est la trane. ___________________________
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je ne comprends pas. L o vous cherchez, il n'y a rien ? oui, mais l au moins il y a de la lumire !
Fig. 6 et 7- Dessins de Jean-Pierre Petit, tir de Le mur du silence (1983) Le hros gauche, Anselme Lanturlu, est un jeune chercheur atypique mais perspicace et original qui na pas peur daffronter lObscur. Ce dessin montre admirablement la difficult des tudes karstiques : il faut sortir de la lumire pour affronter les tnbres, celles de lesprit et celles du monde souterrain
(avec laimable autorisation des ditions Classiques E. Belin, Paris)
On connat la blague sous-jacente. Un ivrogne cherche sa montre sous un rverbre. On lui demande pourquoi il la cherche l. Il rpond : parce quau moins l, cest clair I dont know; where you search, there is nothing ? Yes, but there is, at least, some light ! It is a good sketch of karstic studies. The research worker should confront the darkness of subterranean world and the darkness of mind.
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Sommaire
Introduction
................................................................................................................................................................... 5
Notations ................................................................................................................................................................................... 17
1. Lair souterrain, ses caractristiques et ses interactions locales avec la cavit

1.1. Les grandeurs caractrisant lair
...................................................................................................... 1.1.1. Les grandeurs thermodynamiques ................................................................................................................ a) masse volumique ; b) pression ; c) temprature ; d) vitesse 1.1.2. quation dtat .............................................................................................................................................. 1.1.3. Composition de lair sec ............................................................................................................................... a) lair sec atmosphrique ; b) le radon ; c) loi de Stokes et diamtre des suspensions ; d) dioxyde de carbone 1.1.4. La vapeur deau et le diagramme de lair humide ........................................................................................ a) humidit spcifique ; b) pression partielle de vapeur ; c) le diagramme de lair humide ; d) lecture du diagramme de lair humide 1.1.5. Les caractristiques nergtiques de lair ..................................................................................................... a) capacit thermique massique ; b) conductivit thermique ; c) diffusivit thermique ; d) effusivit ; e) nergie interne massique ; f) enthalpie massique ; g) enthalpie spcifique de lair humide ; h) diagramme de lair humide 1.1.6. Viscosits et masse volumique ..................................................................................................................... a) viscosit dynamique ; b) viscosit cinmatique ; c) retour sur la masse volumique ............................................................................................................... 1.2.1. Les deux relations disponibles ...................................................................................................................... a) quation de la statique ; b) quation des gaz parfaits ; c) relations supplmentaires de fermeture 1.2.2. Deux atmosphres : isotherme et Laplace .................................................................................................... a) atmosphre isotherme ; b) atmosphre de Laplace 1.2.3. Gradients adiabatiques sec et humide ........................................................................................................... a) gradient adiabatique sec ; b) gradient adiabatique humide 1.2.4. Atmosphre gradient thermique constant .................................................................................................. a) rpartition des pressions en fonction de laltitude ; b) latmosphre type AOIC (standard) 1.2.5. Correction des altimtres .............................................................................................................................. a) correction exacte ; b) correction approche, c) exemple de correction au gouffre Berger 1.2.6. Stabilit de lair de composition uniforme ................................................................................................... 1.2.7. Profil thermique vertical de lair dans une salle ou une fente ...................................................................... 1.2.8. Stabilit dune atmosphre de composition non uniforme ........................................................................... 23 23 24 24 27 31
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1.2. Lair en quilibre mcanique
38 38 39 40 43 44 47 49 49 50 50 50 51 53
1.3. Phnomnes locaux associs un courant dair
...................................................................... 1.3.1. coulement laminaire et turbulent, nombre de Reynolds ............................................................................ 1.3.2. Les forces sur une particule fluide ................................................................................................................ a) quation locale de la dynamique ; b) les forces de pression ; c) force de pesanteur ; d) forces visqueuses 1.3.3. Lquation de Bernoulli sur une ligne de courant ........................................................................................ 1.3.4. Dtermination des diffrentes pertes de charge par le coefficient de perte de charge linique .................. a) pertes de charge rgulires ; b) pertes de charge singulires ; c) lcoulement dans un conduit naturel est en gnral turbulent 1.3.5. Non pertinence de la notion de coefficient de perte de charge, et rsistance araulique des conduits naturels .................................................................................................................. a) difficult avec les conduits naturels ; b) rsistance araulique dun conduit naturel ; c) temprament ; d) rsistances en srie et rsistances en parallle ; e) relation entre dbit et pm 1.3.6. Diamtre quivalent pour les pertes de charge dun conduit naturel ........................................................... a) diamtre araulique dune galerie de section rgulire ; b) la perte de charge est cantonne aux diamtres les plus petits ; c) diamtre de ltroiture quivalente pour la perte de charge dun conduit d) ouverture quivalente ; e) cas de conduits en parallle, trmies 1.3.7. Le courant dair dans un virage .................................................................................................................... a) gradient de la pression motrice pour un fluide tournant ; b) structure dun coulement dans un virage
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1.3.8. Lentranement de lair par un jet dair : jection ......................................................................................... 61 1.3.9. Rle de la stratification ................................................................................................................................. 62 a) stratification et nombre de Richardson ; b) inhibition du mlange turbulent ; c) la stratification et laccumulation de CO2 ; d) rle des ondes dinterface 1.3.10. Les phnomnes de type acoustique ........................................................................................................... 64
1.4. Les transferts de chaleur
........................................................................................................................ 1.4.1. Gradient de temprature et conduction thermique ....................................................................................... 1.4.2. Conduction thermique dans un mur ............................................................................................................. a) mur dont les parois sont des tempratures diffrentes (rgime permanent) ; b) choc thermique temprature de paroi constante ; c) choc thermique flux la paroi constant ; d) mise en contact de deux massifs de tempratures diffrentes ; e) mise en contact de deux massifs de flux diffrents ; f) oscillation de la temprature sur une paroi ; g) rle des rugosits des parois sur la surface dchange 1.4.3. Convection force, coefficient dchange .................................................................................................... a) la couche limite ; b) quation locale de la convection ; c) quation moyenne sur une section. Temprature moyenne de mlange ; d) bilan thermique sur un tronon de galerie ; e) les lois dchanges ; f) que deviennent les lois dchange pour un conduit naturel de diamtre uniforme mais trs rugueux ; g) comment dterminer le diamtre quivalent pour les transferts thermiques dans le cas dun conduit de section trs variable ; h) rsistance thermique locale la paroi dun conduit souterrain i) couplage convectionconduction la paroi : les deux rsistances thermiques en srie ; j) cas de galeries en parallle, de trmies ; k) morphologie induite par un courant dair : coups de gouges dans la glace 1.4.4. Convection naturelle ..................................................................................................................................... 1.4.5. Nombre de Richardson et convection mixte ................................................................................................ 1.4.6. Les transferts de chaleur par rayonnement ................................................................................................... a) loi de Stefan-Boltzmann ; b) comptition conduction rayonnement ; c) retard thermique des poches secondaires 1.4.7. Efficacit de lchange thermique dans un conduit ...................................................................................... Conclusion ..............................................................................................................................................................
66 66 67
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1.5. Les transferts de masse pour la vapeur deau. vaporation et condensation
...... 1.5.1. Utilisation du diagramme de lair humide pour certaines transformations simples de lair ........................ a) refroidissement ou chauffement ; b) vaporation et condensation ; c) conglation de leau et fusion de la glace ; d) sublimation et condensation solide ; e) compression et dtente ; f) production maximale deau par un courant dair entrant dans une nvire ou une glacire 1.5.2. Diffusion de masse ........................................................................................................................................ a) loi de Fick ; b) les trois grandeurs de tension ; c) bilan de vapeur deau et bilan nergtique sur un tronon de galerie 1.5.3. Les changes avec la paroi des grottes ......................................................................................................... a) calcul direct laide dune loi de transfert de masse ; b) mthode de calcul base sur lhypothse de Lewis ; c) exemple dapplication de lanalogie de Lewis 1.5.4. Mlange de deux dbits dair. Condensation par mlange de deux masses dair satures .......................... 1.5.5. Efficacit pour lhumidification de lair dans un tronon de galerie ........................................................... 1.5.6. Expressions empiriques pour leau vapore au dessus dun plan deau .................................................... 1.5.7. Diffrentes formes de condensation ............................................................................................................. ...................................................................................... 1.6.1. La loi de Henry et la concentration de dioxyde de carbone dans leau ....................................................... a) dioxyde de carbone dans lair, dans leau et dans la glace ; b) rle de laltitude sur la pression partielle de CO2 ; c) solubilit dans leau, loi de Henry ; d) masse de CO2 dans lair et dans leau ; e) pression partielle de CO2 quilibrante 1.6.2. Les transferts de masse ................................................................................................................................. a) lois de transfert de masse ; b) diffusivits du dioxyde de carbone dans leau et lair ; c) eau qui descend dans un rseau 1.6.3. Dgazage du dioxyde de carbone au niveau des concrtions ...................................................................... a) deux mcanismes ; b) exemple dun film deau ; c) quantit de calcite dposable par leau de percolation ; d) les conditions de dpt ; e) varit des concrtionnements ; f) modification de la pression partielle de CO2 de lair cause du concrtionnement 1.6.4. Un phnomne de relaxation li au dgazage de leau du plafond ..............................................................
91 93 94 96 96 96 97 97
1.6. Les changes de CO2 entre lair et leau
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Conclusions de la premire partie
.............................................................................................................. 105
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2. Les courants dair dans leur extension spatiale (et rle des conditions aux limites) ...............................................................................................
2.1. Un panorama des diffrentes sortes de courants dair
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........................................................ 109 2.1.1. Diffrentes dispositions gomtriques et physiques ..................................................................................... 109 a) air boucl sur lui-mme ; b) air boucl sur lair extrieur ; c) rle de linfiltration de leau des prcipitations 2.1.2. Fluctuations des grandeurs physiques aux frontires ................................................................................... 111 a) rle du vent extrieur ; b) rle des infrasons ; c) rle des variations de la pression (respiration des cavernes) ; d) rle des infiltrations de leau de prcipitation ; e) les variations de la masse volumique de lair atmosphrique (tubes vent) .............................. 2.2.1. Les rsultats exprimentaux ......................................................................................................................... 2.2.2. La vitesse caractristique .............................................................................................................................. 2.2.3. La distance damortissement ........................................................................................................................ 115 115 115 116 119 119
2.2. Ventilation naturelle dune galerie horizontale une seule entre
2.3. Le courant dair dans un tube vent
............................................................................................. 2.3.1. Le terme moteur ............................................................................................................................................ a) le tirage dans un rseau deux entres ; b) expression prcise du terme moteur (apport de charge); c) expression simplifie du terme moteur ; d) influence de lhumidit et du dioxyde de carbone de lair ; e) limitation de la validit du calcul du tirage 2.3.2. Les termes rsistants. Calcul du dbit du courant dair ............................................................................... 2.3.3. Vitesse dans un tube vent .......................................................................................................................... a) rseau une seule troiture ; b) plus grande vitesse dans un tube vent ; c) cas dun rseau pertes de charge rgulirement rparties ; d) renverse dun courant dair ; e) une erreur souvent commise 2.3.4. Courant dair dans un rseau entres tages dans une pente ................................................................... a) modlisation gomtrique ; b) proprit des courants dair ; c) rseaux rels, limitation de la proprit 2.3.5. Mlange et dispersivit dun contaminant passif ......................................................................................... a) dispersivit dun contaminant passif ; b) le modle de racteurs bien agits en cascade ; c) discussion des phnomnes physiques du mlange ; d) modlisation mathmatique ; e) rsolution dans le cas de salles identiques ................................... 2.4.1. Dfinitions, et pertes de charges dans une branche ...................................................................................... a) maillage du labyrinthe ; b) application de lquation de Bernoulli chaque branche ; c) rsistance araulique dun conduit 2.4.2. Les quations de Kirchhoff pour les rseaux maills ................................................................................... a) premire loi de Kirchhoff (ou loi des nuds) ; b) deuxime loi de Kirchhoff (ou loi des mailles) ; c) ensemble des quations et principe de rsolution 2.4.3. Les mthodes de rsolution des quations sur un exemple .......................................................................... a) les 9 quations des nuds ; b) les 6 quations des mailles ; c) branche directrice dune maille lmentaire, dbit de maille ; d) mthode de rsolution de Hardy-Cross 2.4.4. Exemple des courants dair dans le labyrinthe de la grotte de Mstroff ..................................................... a) oscillations sur la vitesse du courant dair ; b) diminution du dbit le long de la galerie menant aux quatre stations de mesure
122 123
125 126
2.4. Courant dair dans les parties labyrinthiques dun tube vent
130 131 132 133 137
2.5. Les courants dair variables
................................................................................................................. 2.5.1. Les diffrentes sortes de courants dair variables ........................................................................................ 2.5.2. Deux modles trs simples de transitoires ................................................................................................... a) fermeture brutale dune entre de tube vent (Trombe, 1947) ; b) respiration des cavernes (Conn, 1964) 2.5.3. Propagation dune perturbation de pression ................................................................................................. a) gnralits ; b) le modle de cavit en tube ferm ; c) le modle gnral ou modle discontinu pour ltude des transitoires ; d) un modle approch : le modle continu 2.5.4. La renverse du courant dair dans un tube vent ....................................................................................... Introduction ; a) les hypothses de ltude ; b) lquation de la dynamique ; c) solution de lquation d) discussion de quelques solutions ; e) blocage dun courant dair au cours de la renverse 2.5.5. Oscillation pendulaire dans en tube en U ..................................................................................................... 2.5.6. Phnomnes de rsonance utilisant llasticit de lair : rsonance la Helmholtz .................................... a) gnralits ; b) le rsonateur de Helmholtz ; c) frquences de rsonance dun rsonateur de Helmholtz ; d) une cavit naturelle peut-elle tre assimile un rsonateur
139 139 140 141 147
152 153
13
de Helmholtz ? ; e) montrons que le changement de pression dans la chambre est bien adiabatique ; f) les causes damortissement ; g) quation complte dcrivant le rsonateur de Helmholtz ; h) quation linarise du rsonateur et solutions diverses de cette quation 2.5.7. Les oscillations de relaxation ....................................................................................................................... 159 a) oscillations de relaxation la transition turbulente-laminaire ; b) autres causes doscillations
2.6. volution le long dune galerie des caractristiques dun courant dair
................. 2.6.1. Les changes de chaleur et de masse ........................................................................................................... a) variations de la temprature de lair en labsence dchange de chaleur avec la paroi ; b) lois des transferts thermiques entre lair et la paroi ; c) condensation et vaporation ; d) refroidissement maximal de lair par vaporation de leau (aux entres aspirantes) 2.6.2. tude dun tube vent temprature de paroi uniforme ............................................................................. a) temprature de leau et de la roche ; b) variation le long de la galerie de la temprature moyenne de dbit du courant dair ; c) volution de la concentration en vapeur deau ; d) le systme dquations ; e) mthode de rsolution numrique ; f) proprit importante de ce type de rseaux : labsence de mmoire ; g) rsolution analytique dans un cas particulirement simple ; h) cas des galeries ramifies 2.6.3. La distance caractristique thermique ..........................................................................................................
163 163
166
169
Conclusions de la deuxime partie
.................................................................................................. 170
3. Les courants dair dans leur dveloppement spatial et temporel (leffet mmoire du stockage de chaleur dans la roche) ............................................
a) lnergie thermique stocke dans la roche et leffet de mmoire ; b) rtroaction de cette nergie thermique sur les circulations dair
173
Introduction .............................................................................................................................................. 175
3.1. Les piges thermiques : piges air froid ou air chaud
................................................ 176 3.1.1. Modlisation de la glacire de Correnon .................................................................................................... 176 a) circulation de lair en hiver et puissance associe ; b) calage par les mesures ; c) les apports deau, rle thermique de leau ; d) lapport de chaleur par conduction la paroi ; e) la temprature de lair extrieur et lapport de froid la glacire ; f) bilan instantan de la glacire dans un schma simplifi ; g) bilan annuel de fabrication de la glace dans le schma simplifi ; h) tude de la fonction E pour lapport de froid ; i) rsolution numrique sur tableur et discussion 3.1.2. Exemple dun pige air froid la grotte de la Ture (Vercors) .................................................................. 183 a) mesures la grotte de la Ture ; b) bilans instantans lentre et discussion des mesures ; c) modle du fonctionnement thermique de la grotte ; d) caractristiques globales de la grotte ; e) la grotte est un changeur de chaleur du style changeur rgnration ; f) refroidissement local du massif calcaire 190 190 191 191 193 195
3.2. Tube vent. Perturbation thermique brutale dun rseau
............................................... 3.2.1. Gnralits .................................................................................................................................................... a) tube vent et perturbation thermique brutale ; b) exprience possible en rapport avec ce problme 3.2.2. Description des phnomnes physiques ....................................................................................................... 3.2.3. Mise en quations du problme thermique ................................................................................................... a) bilan sur lair ; b) conduction dans la paroi 3.2.4. Simplification du systme dquations. Variables sans dimension .............................................................. a) thorme de Vashy-Buckingham et units naturelles ; b) le systme dquations sans dimension ; c) cas o la solution est universelle 3.2.5. Rsolution numrique des quations (programme Therm1) ........................................................................ a) on discrtise lquation de conduction dans la roche ; b) calcul de proche en proche des nouvelles tempratures de la paroi et de lair ; c) validit de la solution simplifie qui ne dpend pas de B ; d) solution analytique correspondant la rpartition initiale de la temprature 3.2.6. Rsultats des calculs numriques ................................................................................................................. a) profil thermique de lair le long de la galerie ; b) influence du paramtre B sur la longueur de pntration ; c) notion de temps caractristique pour un tronon L prs de lentre du courant dair ; d) pntration de la perturbation thermique dans la roche e) notion dpaisseur de roche concerne ; f) critique du modle et rle de lvaporation et de la condensation
196
3.3. Tube vent. Variations sinusodales de la temprature extrieure
............................. 203 3.3.1. nonc du problme ..................................................................................................................................... 203
14
3.3.2. Mise en quation ........................................................................................................................................... a) la vitesse dans la galerie ; b) bilan sur lair ; c) conduction dans la paroi 3.3.3. quations sans dimension ............................................................................................................................. a) units naturelles ; b) variables sans dimension ; c) les quations deviennent ; d) la classe dquivalence des rseaux du genre tube vent obliques 3.3.4. Rsolution numrique ................................................................................................................................... 3.3.5. Rsultats du programme Therm2 ................................................................................................................. a) les volutions des tempratures et de la vitesse ; b) la temprature moyenne de lair intrieur et la vitesse ; c) amplitude des variations de la temprature moyenne de lair intrieur en fonction des paramtres ; d) courbes dhystrsis pour la relation entre la vitesse et la temprature extrieure ; e) relation pour le gain = 0,5, temps caractristique ; f) amplitude relative de la temprature de lair intrieur en fonction du nombre s ; g) puissance injecte en fonction du temps ; h) les anomalies de la temprature de lair, et donc des cavits, aux entres ; i) rle des phnomnes dvaporation-condensation sur lanomalie aux entres ; j) le moment de linversion du courant dair ; k) excitation extrieure deux frquences ; l) les limites de cette tude et conclusions
203 205 207 208
3.4. Tube vent. Variations sinusodales de la temprature dans une cavit puits daration ..................................................................................................................................................
3.4.1. nonc du problme ..................................................................................................................................... 3.4.2. Mise en quations ......................................................................................................................................... a) la vitesse dans la galerie ; b) bilan sur lair ; c) conduction dans la paroi 3.4.3. quations sans dimension ............................................................................................................................. 3.4.4. Rsolution numrique .................................................................................................................................... 3.4.5. Rsultats du programme Therm3 .................................................................................................................
222 222 222 223 224 224 225 225 226 227 227 229 230 231 231 232 233 234 235 237
3.5. Tube vent parois sches, et condensation
............................................................................. 3.5.1. volution de lhumidit spcifique ............................................................................................................... 3.5.2. Temprature de la roche, bilan et change la paroi ................................................................................... 3.5.3. Systme dquations ..................................................................................................................................... 3.5.4. Rsolution numrique dans un cas schmatique .......................................................................................... 3.5.5. Quelques rsultats dans un cas donn .......................................................................................................... 3.5.6. Dbits moyen rcuprable par condensation ................................................................................................
3.6. Cas des rseaux plusieurs entres
................................................................................................. 3.6.1. Schmatisation dun rseau trois entres tages ...................................................................................... 3.6.2. Cas vitesse intermdiaire nulle : entre en condition critique ................................................................... 3.6.3. Solution gnrale de lquation. Les trois dbits ......................................................................................... 3.6.4. tude numrique dun rseau ....................................................................................................................... a) calcul des dbits ; b) bilan et temprature de lair 3.6.5. Rsultats du calcul numrique ...................................................................................................................... 3.6.6. Cas dun rseau deux entres avec deux dnivellations ............................................................................ a) gomtrie et quations pour les dbits ; b) quelques rsultats ; conclusions
Conclusions de la troisime partie
................................................................................................... 241 ...................................................... 243 245 245 248 251 253 255
4. Lair souterrain en tant que sous-systme karstique

4.1. Le karst et le systme karstique
......................................................................................................... 4.1.1. Dfinition du systme karstique ................................................................................................................... a) dfinition dun systme karstique ; b) le systme karstique vu comme une bote noire (systme global) c) le systme karstique comme un ensemble de quatre sous-systmes imbriqus 4.1.2. tat instantan dun systme karstique ......................................................................................................... a) tat du systme ; b) complexit dun systme ; c) les grandeurs extensives 4.1.3. Les relations fonctionnelles .......................................................................................................................... a) le karst est un systme ouvert - flux, potentiel et creusement ; b) les interactions internes ; c) interactions externes ; d) le karst est un systme non permanent 4.1.4. volution dun karst : formes, facteurs, mcanismes ................................................................................... a) les formes ; b) les facteurs ; c) les mcanismes 4.1.5. Les bilans globaux ........................................................................................................................................ a) bilans de masse ; b) bilan dnergie ; c) les ractions chimiques en prsence dair
4.2. Rseau souterrain et air des cavits
................................................................................................ 259 4.2.1. Le rseau souterrain et la modlisation ........................................................................................................ 259 a) le rseau souterrain des splos ; b) effarante complexit dun rseau souterrain ;
15
c) le rseau des fentes joue-t-il un rle important dans les courants dair ? ; d) le rseau souterrain et ses diffrentes facettes ; e) structuration du karst ; f) structure des videments du karst 4.2.2. Latmosphre dune grotte en tant que sous-systme ................................................................................... 261 a) le sous-systme ; b) ltude du sous-systme air ; c) le courant dair au travers dun microscope-macroscope ; d) prvision ? ; e) courant dair dans un karst invariance dchelle de longueur
4.3. Champ thermique dans le karst, renouvellement et modification de lair
............ 4.3.1. Latmosphre extrieure du point de vue thermique .................................................................................... a) la temprature extrieure ; b) la classification climatique des karsts 4.3.2. Temprature dun massif calcaire ................................................................................................................. a) rle de laltitude et de la latitude ; b) diffrentes zones thermiques, temprature moyenne ; c) rle de leau ; d) rle de la pesanteur ; e) rle du flux gothermique ; f) rle de lair aux entres ; g) le gradient thermique de lair d des causes mcaniques ; h) les gradients de temprature observs dans le karst, et discussion 4.3.3. Structure du champ thermique ...................................................................................................................... a) aspect spatial ; b) des flux et des rythmes 4.3.4. Glacires naturelles et glaciations ................................................................................................................ a) glacires naturelles ; b) les glaciations ; c) karsts et priodes glaciaires 4.3.5. Renouvellement de lair dans une cavit ...................................................................................................... a) cavits plusieurs entres ; b) injection dair par leau dans la zone dinfiltration ; c) renouvellement de lair par fluctuation de la pression atmosphrique ; d) renouvellement de lair par battement du niveau pizomtrique ; e) transfert de masse par advection, diffusion et fluctuation advective ; f) mesures et conclusions 4.3.6. Modifications de latmosphre souterraine .................................................................................................. a) origine de latmosphre et variation de la composition ; b) diffrents processus justifiant les carts de composition observs 4.3.7. Le rle du sol et autres interactions .............................................................................................................. a) le sol comme fournisseur de CO2 et de chaleur ; b) action mcanique de lalternance gel-dgel prs des entres : cryoclastie ; b) les dpts dorigine olienne .............................................. 4.4.1. Les tudes antrieures ................................................................................................................................... a) premires analyses qualitatives ; b) le modle de Szunyogh (1982,1989) ; c) le modle de Mucke, Viker, Wadewitz (1983) 4.4.2. tude dtaille de lvaporation - condensation ........................................................................................... a) eau chaude et paroi froide ; b) eau froide et paroi chaude ; c) rle du gradient gothermique ; d) consquences pour le creusement des cavits 4.4.3. Calcul des transferts de chaleur et de masse ................................................................................................ a) rle du rayonnement ; b) le transfert de chaleur (sensible) ; c) le transfert de chaleur latente (analogie de Lewis) ; d) calcul de dw/dT ; e) variation de la pousse dArchimde induite par la vapeur deau ; f) expression complte du dbit de vapeur ; g) expression du flux total chang 4.4.4. Couplage convection - conduction ............................................................................................................... a) volution temporelle ; b) choc thermique (pendant une crue par exemple) ; c) variations sinusodales de la temprature de leau 4.4.5. Temprature dune cloche pour des variations de pression sinusodales ..................................................... a) les phnomnes physiques ; b) transformation adiabatique et transformation isotherme ; c) la transformation relle : ce nest pas une polytropique .......................................... 4.5.1. Distribution du CO2 ..................................................................................................................................... a) variations de la teneur en dioxyde de carbone de latmosphre extrieure ; b) la surface du karst, une usine dioxyde de carbone ; b) origine du CO2 profond ; c) exemples rgionaux 4.5.2. Lattaque chimique du calcaire - rle de lair ............................................................................................... a) Bilan en dioxyde de carbone de lattaque chimique ; b) devenir du calcaire ; c) cycle du carbone 4.5.3. La teneur en CO2 est rgule par les variations de pression de lair ........................................................... a) reprise dagressivit par compression de poches dair captives ; b) modle de Lismonde (2000) ; c) leau, une double pompe pour faire circuler le CO2 4.5.4. Un modle de creusement profond, mise en charge et condensation ..........................................................
266 266 267
274 276 280
285 288
4.4. vaporation - condensation, compression et karstogense
290 290 293 294
300 303
4.5. Interaction chimique eau-roche via lair, rle de la pression
305 305 307 309 311
Conclusions de la quatrime partie
........................................................................................................... 312
16
ANNEXES A.1. Les phnomnes de diffusion et les phnomnes de convection

................................... A.1.1. La diffusion, une marche alatoire .............................................................................................................. A.1.2. La convection ............................................................................................................................................... A.1.3. Longueur de mlange .................................................................................................................................. A.1.4. Les analogies entre transfert de quantit de mouvement, transfert de chaleur et transfert de masse ........ a) les diffrents transferts ; b) transfert de chaleur par analogie avec le coefficient de perte de charge ; c) analogie de Reynolds ; d) analogie de Lewis ; e) limites de validit de lanalogie de Lewis en climatologie souterraine 316 316 316 317 317
A.2. Les quatre lois de bilan sous forme globale
.............................................................................. A.2.1. Dfinitions .................................................................................................................................................... A.2.2. Les variations de la masse volumique et lapproximation de Boussinesq .................................................. a) les coulements grandes vitesses ; b) les coulements grandes chelles ; c) les coulements avec un change de chaleur ; d) les coulements avec apport de gaz diffrents ou avec raction chimique A.2.3. quations de bilan intgres dans le temps et sur une section .................................................................... A.2.4. Bilan de masse pour un volume fini fixe ..................................................................................................... A.2.5. Bilan de quantit de mouvement (ou thorme global dEuler) ................................................................. A.2.6. Bilan dnergie ............................................................................................................................................. a) quation de lnergie ; b) quation de bilan dnergie cintique ; c) quation de la chaleur A.2.7. Bilan dentropie ........................................................................................................................................... A.2.8. Reprsentation unifie des 4 lois .....................................................................................................
321 321 321
323 323 325 326 327
328
A.3. Les quations locales
................................................................................................................................ 330 A.3.1. Les trois quations locales instantanes dans lapproximation de Boussinesq ........................................... 330 a) quation de continuit ; b) quation de la dynamique ; c) quation de la chaleur ; d) quation de bilan de vapeur deau A.3.2. Les trois quations locales moyennes dans le temps dans lapproximation de Boussinesq ...................... 332 a) quation de continuit ; b) quation de la dynamique moyenne dans le temps ou quation de Reynolds ; c) quation de la chaleur moyenne ; d) quation de bilan de vapeur deau ; e) quations sur les valeurs fluctuantes ; f) les conditions aux limites ; g) les nombres sans dimension de base
A.4. Lentranement de lair par leau des cascades dans les cavits naturelles
........... 335 A.4.1. Chute deau dans lair .................................................................................................................................. 335 a) cinmatique dune goutte ; b) effet densemble et migration latrale des gouttes A.4.2. tude dune configuration de chute deau ................................................................................................... 336 ............................................................. 340
A.5. La rsolution numrique des systmes dquations

Exemple de programme
Bibliographie
................................................................................................................................................................ 343 ................................................................................................................................................. 355
Index alphabtique
___________________________
17
Index des notations et symboles

diffusivit thermique de lair a = 20.10-6 m2.s-1 diffusivit thermique du calcaire ac = 1,13.10-6 m2.s-1 ae diffusivit thermique de leau ae = 0,137.10-6 m2.s-1 ag diffusivit thermique de la glace ag = 1,0.10-6 m2.s-1 ah diffusivit massique de la vapeur deau dans lair aCO2 diffusivit massique du dioxyde de carbone dans lair A constante dimensionne ou non b inverse dune longueur (m-1) cp capacit thermique massique pression constante de lair, cp = 1006 J.kg-1.K-1 cv capacit thermique massique volume constante de lair, cv = 712 J.kg-1.K-1 cc capacit thermique massique du calcaire, cc = 810 J.kg-1.K-1 ce capacit thermique massique de leau, ce = 4180 J.kg-1.K-1 cg capacit thermique massique de la glace, cg = 2040 J.kg-1.K-1 c0 vitesse du son, (en m.s-1), C concentration (en kg.m-3) C constante dimensionne ou non C symbole du degr Celsius, unit de temprature d oprateur diffrentiel d paisseur ou distance (en m) D diamtre dun conduit (en m), ou diamtre araulique (= 4S/P) Dth diamtre quivalent thermique dun conduit (en m) Dar diamtre quivalent araulique dun conduit (en m) e nergie interne massique de lair (en J.kg-1) E constante dimensionne ou non f frquence dun phnomne oscillant (en Hz ou s-1) F force dinteraction (en N) g acclration de la pesanteur (g = 9,81 m.s-2) G grandeur physique extensive Gr nombre de Grashof en convection naturelle h enthalpie massique de lair (en J.kg-1) hs enthalpie spcifique de lair humide (en joule par kilogramme dair sec = J.kgas-1) hcalcite enthalpie massique de corrosion de la calcite (en Joule par kilogramme de calcite transforme en bicarbonate). hcalcite = 3.106 J/kg hth coefficient dchange thermique (en W.C-1.m-2) H hauteur dans le sens vertical (en m) a ac nombre entier intensit acoustique (en W.m-2) intensit acoustique. I* = 120 + 10 log(I) (en db acoustique) j nombre entier J symbole du Joule, unit dnergie dans le systme SI k nombre entier k vecteur unitaire sur la verticale ascendante K coefficient de perte de charge singulire K symbole du Kelvin, unit de temprature absolue kg symbole du kilogramme, unit de masse dans le systme SI L longueur dans laxe dun conduit (en m) Lh chaleur latente massique dvaporation de leau 0C (= 2,5.106 J.kg-1) Lg chaleur latente massique de fonte de la glace (= 3,35.105 J.kg-1) m masse (en kg) m symbole du mtre, unit de longueur dans le systme SI me masse deau (en kg) m nombre entier m coefficient polytropique dbit masse deau vapore ou condense m (en kg.s-1) me dbit masse deau (en kg/s) M masse molaire dun gaz (en kg.mole-1) n nombre entier vecteur unitaire normal une surface n N symbole du Newton, unit de force Nu nombre de Nusselt dun transfert thermique Il sexprime en convection force sous la forme dune relation Nu = a Rem.Prn. p pression (en Pa) pm pression motrice (pm = p + g z, en Pa) P primtre dune section de conduit (en m) Pa symbole du Pascal, unit de pression dans le systme SI P priode dun phnomne priodique (en s) Pr nombre de Prandtl de lair (= /a = 0,71) q* densit surfacique de dbit masse (en kg.m-2.s-1) q, qm dbit masse ou massique pour lair (en kg.s-1) qv dbit volume ou volumique pour lair (en m3.s-1) Q quantit de chaleur (en J) r constante des gaz parfait pour lair i I I*
18
(r = 287 J.kg-1.K-1) coordonne radiale dun point (m) rsistance araulique dune galerie (en kg-1.m-1) (ou Kem) R rayon dune galerie (pour les calculs numriques) (en m) Rth rsistance thermique (K.W-1) R* constante universelle des gaz parfaits (= 8,32 J.mole-1.K-1) Ra nombre de Rayleigh Re nombre de Reynolds (= V D / ) Ri nombre de Richardson en fluide stratifi s symbole de la seconde, unit de temps dans le systme SI s abscisse curviligne (en m) se entropie massique (en J.kg-1.K-1) si section dun resserrement (en m2) S surface transversale, surface de passage (en m2) Sc nombre de Schmidt Se entropie (en J.K-1) Sh nombre de Sherwood dun transfert de masse Si signe dune vitesse (Si = 1 ou -1) t temps (en s) t0 temps caractristique (en s) T temprature de lair ou autre (en C ou en K) Ts temprature sche (= T) Th temprature humide (en C ou K) Tm temprature de lair moyenne le long dune galerie (C ou K) Tp temprature de paroi (C) Tr temprature de rose (en C ou K) T temprature de la roche (C) u longueur de conduction rendue sans dimension par lpaisseur de pntration U vitesse dun fluide ou dun solide (en m.s-1) v volume (en m3) V vitesse (en m.s-1) V vitesse moyenne transversalement, de lair dans la conduite un instant donn (m.s-1) V vecteur vitesse (en m.s-1) w humidit spcifique de lair (en kg de vapeur par kg dair sec) ws humidit spcifique la saturation (en kg de vapeur satur par kg dair sec) wi fraction massique ou titre massique du constituant i (en kg de i / kg du total) wCO2 fraction massique ou titre massique du dioxyde de carbone wcalcite masse de calcite emporte en kg par kg deau (sous forme de bicarbonate soluble) W travail ou nergie (en J) W symbole du Watt, unit de puissance dans le r R
systme SI x, y, z coordonnes cartsiennes (en m) z coordonnes vers le haut (en m) (alpha) pression partielle relative ou fraction molaire en CO2 c coefficient dnergie cintique i fraction molaire dun composant de lair sec (pression partielle relative) conv coefficient numrique pour la corrlation de Colburn de convection force en rgime turbulent (bta) coefficient de dilatation volumique pression constante = 1/(d/dT)p = 1/T pour un gaz parfait comme lair (en K-1) e, c effusivit dun matriau (en J.m-2.K-1 s-1/2) effusivit de leau e = 1548 J.m-2.K-1 s-1/2, du calcaire c = 1506 J.m-2.K-1 s-1/2. (gamma) rapport cp/cv pour lair ( = 1,4) (delta) gain ou rapport entre les amplitudes des tempratures intrieure et extrieure T anomalies des tempratures aux entres diffrence de deux valeurs dune grandeur (laplacien) oprateur mathmatique laplacien p (delta p) perte de charge (en Pa) (del) oprateur de la drive partielle (epsilon) hauteur quivalente des rugosits dun conduit (en m) nombre entier valant 0 ou 1 missivit de rayonnement de la surface dun corps r (compris entre 0 et 1) (ta) efficacit en terme nergtique , (thta) temprature de lair, de la roche sans dimension p temprature sans dimension de la paroi (Thta) temprament des mineurs (en kg1/2.m1/2) (lambda) rapport de diffrences de temprature , a conductivit thermique de lair, a = 0,025 W.m-1.K-1 10C c conductivit thermique du calcaire homogne, c = 2,15 2,25 W.m-1.K-1 e conductivit thermique de leau e = 0,573 W.m-1.K-1 10C g conductivit thermique de la glace g = 1,88 W.m-1.K-1 r longueur donde dune radiation lumineuse (en m) (Lambda) coefficient de perte de charge linique (mu) viscosit dynamique de lair = 17,6.10-6 Pa.s 10C e viscosit dynamique de leau = 1,31.10-3 Pa.s 10C (nu) viscosit cinmatique de lair
19
= 14.10-6 m2.s-1 10C viscosit cinmatique de leau = 1,31.10-6 m2.s-1 10C , a (rh) masse volumique de lair = 1,293 kg.m-3 pour les conditions normales e masse volumique de leau , e = 1000 kg.m-3 e masse volumique de la glace , g = 920 kg.m-3 c masse volumique du calcaire , c = 2320 2500 kg.m-3 (sigma) constante de Boltzmann du rayonnement (= 5,67.10-8 W.m-2.K-4) tension superficielle de leau dans lair (en N.m-1) signe dune vitesse (= -1 ou +1) (tau) temps sans dimension 0 temps caractristique sans dimension
, (xi, ta) coordonnes x , r ou y sans dimension L longueur de la conduite sans dimension (phi) densit de flux de chaleur (en W.m-2) se calcule par la relation = Nu a T /D gotherm densit du flux gothermique 0,06 W.m-2 (Phi) flux de chaleur (en W) gotherm flux de chaleur gothermique (en W) (psi) humidit relative (de 0 1 mais note en %) s humidit relative saturation (= 1 soit 100 %) (omga) pulsation de loscillation de la temprature extrieure sans dimension gradient vertical des tempratures (en K.m-1) (Omga) pulsation ( = 2 f , en s-1). qui ouverture quivalente dun conduit (en m2)
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Aerology of karstic Systems

The second volume of Climatology of the subterranean World is intitled Aerology of karstic Systems. It completes the first volume : Wind of Darkness, which described some phenomena in a qualitative manner and suggested some climatic experiments in caves. Wind of Darkness is intended for cavers interested in climatic questions : wind and air flow in cave galleries, origin of air flow, meaning of air currents to find new galleries, ventilation during dynamiting, condensation and evaporation of water, mist and ice formation It is easy enough to read and understand. This second volume analyses the cave climatology from a different point of view. The physics properties are formalised. Some mathematical equations are proposed for a quantitative phenomena descriptions. Here are the classical equations of mathematical physics, with partial differential equations. The resolution of these is only possible with a computer. We have elaborated some finite-difference methods of resolution in the Basic langage. These numerical experiments allows us to find simplified algebrac relations which constitue macroscopic tools for the physical comprehension. We have also attempted to proposed some forecast models of cave climate. This volume is divided into four parts. The first is devoted to the local relations, local in time and space. It is a resum of basic notions of physics : the characteristics and composition of air, the static equilibrium of an air bed, the moist adiabatic gradient, the psychrometric diagram of moist air, the dynamics and the Bernoullis equation, the head loss causes, the aeraulic resistances, the conduction of heat, the transport equations of mass, momentum and energy, the diffusion equation of CO2 in water and air The second part is devoted to phenomena pin-point localized in time but not in space. The air flow is studied in all the cave. The chimney effect and others are reviewed and computed. The transient phenomena are also examined (Helmholtz oscillator). The third part is a study of caves in the extent of time and space. The principle aim is to analysed the memory associated with heat storage in limestone. The hysteresis cycles are explained. The last part is an overview of karst. The karstic system is decomposed in 4 sub-systems : air, water, limestone and life. The repartition of temperature in karst, the different causes of air and CO2 transport, the mechanisms of CO2 pressure increasing are examined. The time scales are secular. In the annexes, some local and turbulence transport equations are indicated. A brief study is made of the waterfall action on the air flow. A short bibliography and an alphabetical index end the book. At the beginning of each part, is a summary in english of the results so far.
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Arologie des systmes karstiques, partie 1, lair et les interactions locales avec la cavit
Premire partie
Lair souterrain,
ses caractristiques et ses interactions locales avec la cavit
___________________________ Cette premire partie est consacre latmosphre souterraine dans ses aspects locaux. Nous examinerons tout dabord les caractristiques utiles de lair : pression, temprature, masse volumique. Puis nous tudierons la composition de lair et, en particulier, deux gaz retiendront notre attention : la vapeur deau qui joue un rle important du fait des possibilits de condensation et dvaporation et le dioxyde de carbone qui est une particularit des milieux confins. Puis nous verrons comment cet air peut rester en quilibre mcanique, et nous tablirons diffrents profils thermiques datmosphre. Nous insisterons sur la notion de gradient adiabatique humide, centrale en mtorologie. Cela nous conduira une mthode de correction des altimtres sous terre. Le mouvement de lair souterrain sera tudi sur la base de lquation de Bernoulli, qui sera lquation pivot pour ltude des courants dair. On comprendra le courant dair comme le rsultat de laction dun terme moteur et dun terme rsistant (les fameuses pertes de charge). On reliera la perte de charge la notion de rsistance araulique. La question du diamtre quivalent dune galerie pour les circulations de fluide, sera examine, ainsi que le rle de la stratification en densit sur lcoulement. On abordera ensuite les transferts de chaleur. Lquilibre est caractris par luniformit des tempratures. La cintique des transferts sera base sur des relations empiriques et on introduira les nombres sans dimension traduisant les flux transfrs, habituels dans ce domaine. On fournira les bases du calcul des changes de chaleur entre un courant dair et une paroi. La convection naturelle et le rayonnement thermiques seront tudis succinctement. Le diamtre quivalent dune galerie pour les transferts sera ici encore examin. Les transferts de masse pour la vapeur deau sont lis lvaporation et la condensation. Lquilibre entre leau et lair est bas sur une humidit saturante dans lair. Pour la cintique, on tablira un parallle avec les transferts de chaleur (hypothse de Lewis) qui nous permettra de transposer les rsultats de lun lautre. Cette analogie a malheureusement une porte limite dans le karst. Enfin, nous tudierons les mises en solution et les dgazages du dioxyde de carbone qui traduisent les changes entre lair et leau. Ces phnomnes sont caractriss par un tat dquilibre bas sur la loi de Henry et une cintique des transferts rattacher aux cintiques prcdentes (transferts de chaleur ou de masse). Cette premire partie contient beaucoup de donnes de physique gnrale et pourra tre parcourue rapidement par les physiciens. En revanche, pour les autres, elle pourra constituer une introduction la physique de latmosphre souterraine et constituera les fondations des parties suivantes.
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First part
The subterranean air

Its characteristics, and its local interactions with the cave
The first part is a panoramic view of all the air properties concerned by subterranean climatology. In the first chapter are presented the principal air charactristics, thermodynamical data, CO2 and vapor concentrations with the psychrometric diagram, energetic data. The air density is finely calculated because of its influence on the pressure gradient and air flow. In the second chapter, the mechanical equilibrium of air versus thermal repartition and composition of air is studied. The wet adiabatic thermal gradient is calculated. Altimetric corrections are mentioned. The next chapter concerns air dynamics. Different forces are examined and the Bernoulli equation is shown. In permanent flow, this equation is equivalent to : motor terms (head apport) are equal to resistant terms (head loss). It is demonstrated that the only significant head loss are the stretched passages, and we prove the flow is turbulent. The classical distinction of regular and singular head loss is presented, but the best method of calculus is the mine method with the notion of aeraulic resistance. Some phenomena are indicated : ejection or induction flow, acoustic emission, thermal stratification with density currents. In the 4th chapter, thermal transferts are studied. The equation of thermal conduction is complicated by the unknown parameters of the conductivity of limestone. Limestone rock is not homogeneous. Different solutions of equations are presented : thermal shock in temperature or flux, wall with temperature varying periodically. This last problem is fundamental in climatology because the air temperature variations are periodical. Then, the forced convection is analysed. The surface between air and rock is very complicated and it is demonstrated that the fineness of the description must be adapted with frequency of air temperature variations. The thermal flux is calculated with Nusselt number, associated with empirical correlations based on the conduit diameter. The equivalent diameter for thermal phenomena is larger than the equivalent aeraulic diameter. It is not possible to define a global thermal resistance. The thermal resistance is only a local transfert characteristic. But it is possible to define a transfer efficiency, anologous with efficiency in the thermic exchange. After, natural convection is studied with the Grashof and Rayleigh numbers, associated with empirical relations. The radiation transfer is briefly presented. The Stefan-Boltzmann is shown and the competition between conduction and radiation is analysed. The 5th chapter is concerned with the evaporation and condensation phenomena. The calculus of transfert is made with the Lewis analogy. The mixing of two saturated air flows leads to mist production which is computed. In the next chapter, the transfer of CO2 between air and water is presented. The equilibrium is given by Henrys law, and the mass flux is calculated with the Fick equation. The speleothem formation associated with CO2 emission is viewed and the possible relaxation phenomena, in relation to mechanical instability of air receiving carbon dioxid, is evoked.
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Arologie des systmes karstiques, partie 1, lair et les interactions locales avec la cavit, 1.1.1
1.1. Les grandeurs caractrisant lair

Particule fluide. Si on considre un volume dair assez petit, les caractristiques de cet air sont les mmes dans tout le volume. On dit que le fluide est homogne. Dans une configuration donne dcoulement, ce volume caractristiques homognes est appel particule fluide. La taille dune particule fluide change suivant les coulements, de quelques micromtres pour les coulements prs des parois quelques mtres pour latmosphre. Typiquement les mtorologues utilisent une description, dite synoptique, par particule fluide de 10 km de large sur 10 m de haut. Dans ltude des courants dair souterrains, la particule fluide devrait tre assez petite en modlisation numrique complte pour tenir compte des couches limites.
1.1.1. Les grandeurs thermodynamiques a) Masse volumique a (en kilogramme par mtre cube, kg.m-3)
Cest la masse contenue dans lunit de volume. Par exemple pour une pression de 105 Pa et une temprature de 5C, la masse volumique de lair est de 1,25 kg.m-3. La masse volumique varie avec la temprature, la pression et la composition de lair. On verra plus loin ( 1.1.6.c) une expression prcise de la masse volumique qui tient compte de la vapeur deau et du dioxyde de carbone.
b) Pression p (en Pascal, Pa, ou Newton par mtre carr). On utilise aussi le bar (1 bar = 105 Pa).
Si on isole par la pense un cube dair et quon remplace les actions extrieures par des forces, la pression est la contrainte normale quil faudrait appliquer pour remplacer lair extrieur. Une contrainte est une force divise par une surface. La notion de pression est fondamentale en mcanique des fluides, la pression (par son gradient, cest dire ses variations spatiales) est un des deux facteurs qui font avancer un fluide, lautre tant lentranement visqueux (cest--dire li des forces tangentielles dues la viscosit).
particule fluide d'air
air extrieur
pression = action de l'air extrieur
Fig. 1-1- La pression est la contrainte normale applique sur une surface (ici un cube dessai) The pressure is a normal stress on a surface
La pression atmosphrique est de lordre de 105 Pa = 1000 hPa. Les perturbations saccompagnent dune baisse de pression. En revanche, les anticyclones correspondent des zones de hautes pressions. La pression est le plus souvent comprise (au niveau de la mer) dans la plage 0,95 - 1,050 bar. Dans les rgions tempres, la pression subit une petite oscillation semi-diurne. La pression prsente un maximum vers 10 h du matin et vers 22 h en plaine. En montagne, la pression prsente un minimum vers 6 h du matin et deux maxima 11 h et 22 h.
c) Temprature T (en degr Celsius = C, ou en Kelvin = K)

La temprature caractrise lagitation des molcules constituant le gaz. Elle est proportionnelle lnergie cintique dagitation de ces molcules. Lchelle Celsius est repre par la glace fondante (0C) et leau bouillante (100C) pour une pression standard. Lchelle Kelvin a mme unit, mais elle est dcale vers lorigine absolue des tempratures. Le zro Kelvin correspond -273,15 degr Celsius. Cette chelle Kelvin ou chelle absolue est celle que lon doit choisir pour crire lquation des gaz parfaits ou les changes de chaleur par rayonnement. En revanche, lchelle Celsius suffit pour les changes thermiques par conduction et convection. Les tempratures usuelles en climatologie souterraine des systmes karstiques sont situes dans la plage -10C +35C.
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Climatologie du monde souterrain, tome 2, 1.1.2
d) Vitesse V (en mtre par seconde, m.s-1)

La vitesse est un vecteur, cest--dire quil faut trois nombres pour la caractriser en un point. En un point donn, dans une galerie rectiligne, la vitesse moyenne dans le temps est parallle la paroi, mais pas forcment la vitesse instantane. Ce phnomne de fluctuation des vitesses est appel turbulence. Cette turbulence est dautant plus grande que la vitesse est plus grande et que les parois sont plus irrgulires. Les fluctuations de la vitesse sont caractrises par lintensit turbulente, racine carre de lcart quadratique moyen, divise par la vitesse moyenne.
vitesses instantanes
vitesse moyenne dans le temps
Fig. 1-2- La vitesse en un point, fluctue au cours du temps en intensit et direction. On dfinit le vecteur moyenne temporelle The velocity at a point, is a fluctuate vector. The mean velocity is the temporal mean of velocity
1.1.2. quation dtat

Lquation dtat, dite encore relation phnomnologique, traduit la relation qui existe entre les trois grandeurs T, et p . Nous admettrons que lquation dtat des gaz est celle des gaz parfaits, cest--dire : p = R* T = r T M 1.1
Dans cette expression p est la pression (en Pa), R* est la constante des gaz parfaits = 8,31441 J.mol-1.K-1, M est la masse molaire, M = 29.10-3 kg/mole pour lair sec, M = 44.10-3 kg/mole pour le dioxyde de carbone et pour la vapeur deau M = 18.10-3 kg/mole , est la masse volumique, et T la temprature en K. Il existe des relations plus prcises, mais dans ltude des phnomnes naturels, cette relation est largement suffisante (car presque tous les gaz sont loin de leur temprature de liqufaction).
1.1.3. Composition de lair sec

mv
Lair des cavernes nest pas de composition totalement constante. On spare classiquement dans lair atmosphrique la vapeur deau (H2O gazeux) et lair sec. La vapeur deau est en quantit variable. Lair sec contient de loxygne, de lazote, de largon et du dioxyde de carbone (CO2). Ce dernier a une concentration constante, de 0,035% en volume, dans latmosphre libre, mais une concentration variable de 0,035% 5% dans lair des cavernes. On reviendra au 4.3.6 sur les variations de la composition de lair souterrain.
masse d'air humide =
ma
masse d'air sec + masse de vapeur
Fig 1-3- Lair humide est compos dair sec et de vapeur deau The humid air is composed of dry air and steam
Fig. 1-4- Lair atmosphrique et lair souterrain : La diffrence porte sur le dioxyde de carbone qui partage la place avec loxygne Le CO2 est beaucoup plus abondant sous terre quau-dessus. La vapeur deau est presque toujours saturation. Difference between atmospheric air and subterranean air more carbon dioxyde and saturated air in cave
vapeur d'eau oxygne azote l'air atmosphrique dioxyde de carbone
vapeur d'eau oxygne azote l'air souterrain
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Arologie des systmes karstiques, partie 1, lair et les interactions locales avec la cavit, 1.1.3.a
a) Lair sec atmosphrique

Lorganisation de laviation civile internationale propose la description moyenne suivante pour lair sec (sans humidit) de latmosphre la surface de la terre :
composants fraction molaire i composition en masse 0,7809 0,2095 0,0093 3.10-4 1,8.10-5 5,24.10-6 1,0.10-6 5.10-7 8.10-8 1,0.10-8 masse molaire M (g/Mole) 28,0134 31,9988 39,948 44,0099 20,183 4,0026 83,8 2,0159 47,998 47,998 (en %) 78,09 20,95 0,93 0,035 1,8.10-3 5,24.10-4 1.10-4 5,0.10-5 8,0.10-6 1,0.10-6 composition volumtrique 75,51 23,01 1,286
Azote Oxygne Argon Dioxyde de carbone Non Hlium Krypton Hydrogne Xnon Ozone
Tableau 1:1- La composition de latmosphre (lair sec) The composition of atmospherical air
La fraction molaire (note ) est le nombre de moles divis par le nombre total de moles. La fraction molaire est trs voisine de la pression partielle relative du constituant. La composition volumtrique est le volume occup par le gaz divis par le volume total et elle est exprime en %. Elle est gale la fraction molaire. Cette composition de lair sec reste peu prs constante jusqu 85 km daltitude. Si on adopte comme unit de pression le bar (105 Pa), la pression atmosphrique vaut peu prs un bar et la fraction molaire sexprime avec le mme nombre que la pression partielle en bar, mais comme lunit de fraction molaire est diffrente dune pression, nous ne suivrons pas cette habitude de compter les fractions molaires en bar. De mme, la fraction massique wi , cest--dire le rapport de la masse dun composant i par rapport la masse totale, pourra se calculer partir de la fraction molaire par : wi = mi = i = r pi = Mi pi = Mi i 1.2 m ri pa M pa M Dans cette relation Mi est la masse molaire du constituant i et M la masse molaire de lair (= 29.10-3 kg.m-3). Par exemple pour la vapeur deau, on obtient : mvap = 18 vap = 0,622 vap m 29 et pour le dioxyde de carbone, on obtient : wvap = wCO2 = mCO2 = 44 CO2 = 1,517 CO2 m 29 1.3
1.4
Diffrences isotopiques des constituants de lair souterrain. On sait que les corps simples (C, O2, N2) sont en ralit des mlanges en proportions plus ou moins constantes de diffrents isotopes. Un isotope dun corps se distingue dun autre par le nombre de neutrons de son noyau. Les ractions chimiques peuvent favoriser certains isotopes au dtriment dautres.
Le carbone 14 est depuis longtemps utilis pour dater certaines concrtions trs rcentes (moins de 35 000 ans). Il est produit principalement par le bombardement de la terre par les rayons cosmiques. Cest un corps radioactif de demi-vie 5730 ans. La datation par la teneur rsiduelle en 14C suppose connue la teneur initiale. Malheureusement, cette teneur initiale a subi des fluctuations au cours des ges, fluctuations principalement dues des causes astronomiques (champ magntique terrestre qui dvie plus ou moins les rayons cosmiques). On doit donc talonner cette mthode avec dautres (Uranium-Thorium par exemple).
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Climatologie du monde souterrain, tome 2, 1.1.3.b
Par ailleurs, le concrtionnement fait apparatre une lgre augmentation de lisotope O18 de loxygne (O16 majoritairement). Mieux, cette augmentation dpend de la temprature au moment du concrtionnement. La comparaison du rapport isotopique O18/O16 de la concrtion avec celui de leau qui percolait lpoque de formation permet donc de remonter aux palo-tempratures. De mme, les essais nuclaires dans latmosphre ont mis en circulation des lments radioactifs. La comparaison entre la teneur en certains composs (Tritium par exemple) dune eau ancienne avec les archives atmosphriques permettent de dater approximativement leau en question. Mais ces mesures nont actuellement pas dapplications lair souterrain. Elles servent essentiellement apporter des renseignements sur latmosphre extrieure ou la date de formation des concrtions. Ces tudes sont donc rattacher ltude de la roche karstique.
b) Le radon
En revanche, le radon fait exception. Cest un gaz radioactif, prsent seulement ltat de traces dans lair (fraction molaire = 10-20), qui provient de la dcomposition radioactive de luranium (238Ur) des roches. Le radon est la cause de 50 % environ de la dose en rayon subie dans sa vie par un homme. Cest dire son importance pour les questions de sant publique. Luranium tant prsent principalement dans des roches granitiques, ce sont les rseaux qui surmontent ces roches qui en seront pourvus (massifs anciens). Le radon a une dure de demi-vie de 3,825 jours, cest--dire quune masse de 1 g de radon au bout de 3,8 jours sest rduite 0,5 g de radon + peu prs 0,5 g de corps varis (polonium et autres) par une cascade de dsintgrations (alpha et bta) qui le conduit finalement au plomb. Dans sa propre dsintgration, le radon met des particules alpha, Hlium ionis ( lnergie de 5,48 MeV). La teneur en radon ne se mesure pas en fraction molaire mais en Becquerel par mtre cube qui est facilement dtectable par des dtecteurs peu coteux. Le Becquerel reprsente lactivit dun corps qui subit une dsintgration par seconde. Les normes limites admises pour les locaux dhabitation sont de 1000 Bq/m3.
238
Ur
234 Th 234 Pa 234 Ur
230 Th 226 Ra
222 Ra 218 Po
214 Pb 214 Bi 214 Po
210 Pb 210 Bi 210 Po
206 Pb
Tableau 1:2- La chane des dsintgrations de luranium 238
Le tableau ci-dessus reprsente la chane de dsintgration de luranium 238 jusquau plomb 206. Dans cette chane, le radon est le seul lment gazeux. Une flche horizontale reprsente une dsintgration (mission dun atome dHlium ionis), alors quune flche verticale descendante reprsente une dsintgration (mission dun lectron). Les flches verticales montantes ne sont l que pour la continuit.
4,5.10 9ans 83400 ans 1590 ans 24,5 j 1,14 mn 233 000 ans 3,825 jours 3,05 mn 26,8 mn 19,7 mn 0,15 ms stable 22 ans 5 jours 140 jours
Tableau 1:3- Les demi-vies des lments de la chane de dsintgration
Le tableau ci-dessus reprsente les demi-vies de chacun des lments. Le temps de demi-vie est le temps au bout duquel la moiti des atomes dun composant donn sest dsintgr. Ces dures sont trs disparates. On voit que le radon se transforme rapidement en plomb 210 aprs trois dsintgrations et deux dsintgrations . Ce gaz provoque le cancer du poumon. On trouve dans Agricola (1556) la premire description de ce genre de maladie des mineurs du Harz. Certaines grottes peuvent prsenter une teneur en radon qui dpasse les normes de salubrit. Des mesures ont t faites dans les grottes de nombreux pays (curieusement, assez peu en France). Par exemple, une intressante tude de Garcia-Gomez (Garcia-Gomez, 2000) indique que les teneurs des grottes irlandaises sont comprises entre 500 et 11300 Bq/m3, celles de Hongrie entre 300 et 5300 Bq/m3 et celles dEspagne entre 50 et 20000 Bq/m3 (Ile de Lanzarotte). On remarque que les teneurs en radon des grottes peuvent se trouver dans la zone dangereuse. Des mesures devraient tre effectues par la Fdration franaise de splo avec laide des quipes des CHU et des DDASS afin d'tablir une liste des grottes franaises ne pas trop frquenter. Lintrt scientifique secondaire de ce gaz est quil constitue un traceur naturel qui permet, dans les grottes qui en sont pourvues, de suivre les masses dair dans leur mouvement (cf. Masssen, et al. 1997) et de mesurer les temps de renouvellement de lair des grottes. Malheureusement la courte dure de demi-vie rend dlicate linterprtation des concentrations.
27
Arologie des systmes karstiques, partie 1, lair et les interactions locales avec la cavit, 1.1.3.c
c) Loi de Stokes et diamtre des suspensions

On trouve aussi dans lair des cavernes des poussires, qui peuvent tre transportes par les courants dair. La viscosit dynamique de lair tant 60 fois plus faible que celle de leau, le transport de matires en suspension par lair est beaucoup plus faible que par leau. La loi de Stokes fournit la vitesse de chute V dune particule dans lair : V = 3.10-4 d2 1.5
Dans cette relation, V est en m/s, est la masse volumique de la particule et d est le diamtre de la particule suppose sphrique. Pour une vitesse de chute identique, les particules dans lair ont un diamtre 60 = 7,75 fois plus petit que dans leau, correspondant une masse prs de 500 fois plus petite. Au-dessous de 0,1 m, les particules sont des collodes. Elles ne suivent plus la loi de Stokes mais sont agites par le mouvement brownien (choc des molcules sur la particule).
d) Dioxyde de carbone
Ce gaz est en quantit trs variable dans lair souterrain alors quil est en trs faible quantit dans latmosphre extrieure. Limportance du dioxyde de carbone (anciennement gaz carbonique ou anhydride carbonique) tient deux effets. Dune part, cest un gaz qui peut tre dangereux pour le splo lorsque sa fraction molaire dpasse 5%. Dautre part, il joue un rle fondamental dans le creusement des cavernes. Son importance pour la corrosion est plus grande que la temprature. On repre la quantit de dioxyde de carbone par sa pression partielle. Cette pression partielle est la pression quaurait le gaz occupant le mme volume et la mme temprature absolue sil tait tout seul. On note la pression partielle relative du dioxyde de carbone, cest--dire le titre molaire (ou fraction molaire) : = pCO2 p Elle est trs faible en gnral (suprieure ou gale 3.10-4) mais peut atteindre exceptionnellement 5% et plus. On peut aussi calculer le titre massique ou fraction massique wCO2 du dioxyde de carbone (qui reprsente le rapport entre la masse de dioxyde de carbone et la masse totale) en fonction du titre molaire (le calcul a dj t fait plus haut, q. 1.4) : 1.7 wCO2 = mCO2 = 1,52 CO2 m La pression partielle de CO2 dans lair des cavernes est faible dans les gouffres de montagne, dune part, parce que ces gouffres sont souvent ventils et, dautre part, parce que la production de CO2 dans les sols est plus faible. En revanche dans les cavits des plateaux, cette pression partielle peut devenir assez importante de 0,5 5% voire localement plus. On reviendra sur cette question au 4.5.1. 1.6
1.1.4. La vapeur deau et le diagramme de lair humide

La vapeur deau joue un rle part, ce qui explique que nous lui consacrions un paragraphe particulier. Lair ordinaire est appel air humide. Il est spar en un air sec (sans vapeur deau) et en vapeur deau. Leau sous forme liquide sera appele eau, alors que sous forme gazeuse, elle sera appele vapeur deau ou vapeur tout court. Le terme de vapeur deau que nous utilisons dcrit un gaz. Il na rien voir avec le brouillard qui sort dune cocotte minute. Ce brouillard-l est en effet form de gouttes deau. Il sagit alors dune masse liquide disperse et non dune masse gazeuse. Leau joue un rle trs important cause dune proprit spciale quelle prsente par rapport aux autres gaz de lair, cest quelle passe facilement de ltat gazeux ltat liquide et rciproquement, et cela la temprature ambiante (celle des grottes). Ce changement dtat saccompagne dun dgagement ou dune absorption importante de chaleur (la chaleur latente, Lh peu prs gale 2,5.106 J.kg-1).
28
Climatologie du monde souterrain, tome 2, 1.1.4.a
Dans ltude de la vapeur deau, nous utiliserons les mthodes de la climatisation et traitements dair qui sont les plus adaptes nos problmes. En particulier, nous adopterons les deux notions dhumidit spcifique et denthalpie spcifique dfinies ci-aprs.
a) Humidit spcifique
On appelle humidit spcifique w le rapport entre la masse de vapeur et la masse dair sec dans un volume donn (nous avons adopt lappellation usite en climatisation, elle est appele encore rapport par les mtorologues). Ainsi un volume dair humide de masse m contient une masse ma dair sec et une masse mv de vapeur et ventuellement une masse mb de brouillard. On a la relation suivante : w = mv ma et m = ma + mv + mb m - mb = ma 1 + w 1.8
En labsence de brouillard, mb = 0. On remarque que lhumidit spcifique nest pas un titre massique (ou fraction massique). Cette grandeur permet des calculs simplifis quand il se produit des vaporations ou condensations, car au cours de ces transformations, la masse dair sec reste constante.
b) Pression partielle de vapeur

On peut aussi raisonner en pressions partielles. La pression partielle dun gaz est la pression quaurait ce gaz sil tait tout seul dans le volume la mme temprature. La loi de Dalton scrit : p = pa + pv 1.9
Dans la relation, p est la pression totale, cest--dire la pression ordinaire de lair humide, pa est la pression partielle de lair sec, pv la pression partielle de la vapeur. On admettra que la vapeur deau et lair obissent lquation des gaz parfaits : pa = R* T a Ma pv = R* T v Mv 1.10
Dans ces relations a est la masse volumique de lair sec et v celle de la vapeur. R* est la constante universelle des gaz parfaits (R* = 8,32 J.mole-1.K-1). Et Ma et Mv sont respectivement la masse molaire de lair (29.10-3 kg.mole-1) et de la vapeur (= 18.10-3 kg.mole-1). On dmontre facilement une relation entre lhumidit spcifique et la pression partielle de vapeur : w = mv = v = pv Mv = 18 pv = 0,622 pv ma a pa Ma 29 pa pa w = 0,622 pv p - pv 1.11
Comme pv est petit devant p aux tempratures des grottes, on en dduit que lhumidit spcifique est voisine de 62% de la pression partielle relative de la vapeur deau. Relation entre p et pa p : v = 1 w = 1,608 w pa 0,622 et p = pa + pv p = pa 1 + 1,608 w 1.12
On peut aussi calculer la masse volumique de lair humide : m 1+w = ma + mv = a = a 1 + w = pa 1 + w V V ra T avec ra = 287 J.kg-1.K-1, p en Pa, T en K, et w en kgvap/kgas. = p 1+w ra T 1 + 1,608 w 1.13
29
Lquation des gaz parfaits pour lair humide devient : p=r T 1+w a 1 + 1,608 w Les mtorologues dfinissent la temprature virtuelle comme la quantit : Cela leur permet de garder ra comme constante des gaz parfaits au lieu de : r = ra 1+w 1 + 1,608 w 1.16 Tv = T 1+w 1 + 1,608 w 1.14
1.15
On verra une application plus loin dans latmosphre de Laplace. Mais nous ne suivrons pas cette habitude car cette notion na dintrt que pour les modles thoriques.
c) Le diagramme de lair humide (ou diagramme de Carrier)

Nous allons maintenant tudier le diagramme de lair humide ou diagramme psychromtrique. Nous nous limiterons au diagramme de Carrier. Il sagit dun rseau de plusieurs familles de courbes reprsentant les caractristiques de lair humide en fonction de la temprature. En abscisse, on trouve la temprature (en C) et en ordonne, lhumidit spcifique, cest--dire la masse de vapeur deau divise par la masse du seul air sec. Il en existe beaucoup dautres (diagramme de Mollier par exemple entre lenthalpie spcifique et lhumidit spcifique) mais celui-ci est assez pratique.
w en (gvap/kgair sec) zone de sursaturation courbe de saturation
zone normale de l'air T 0
Courbe de saturation. On constate quun air donn, temprature donne, ne peut contenir quune quantit limite de vapeur deau (gaz). Au-del de cette quantit maximale, il apparat une condensation sur les parois ou un brouillard dans lair. Sur le diagramme de lair humide, la courbe de saturation reprsente ce maximum une temprature donne et pour la pression atmosphrique. On voit que la quantit maximale de vapeur que peut contenir lair augmente fortement avec la temprature. Comme il y a une relation entre lhumidit spcifique et la pression partielle de vapeur, on en dduit que la saturation correspond une certaine pression partielle quon appelle pression de vapeur saturante pvs.
Fig. 1-5- Le diagramme de lair humide avec la courbe de saturation (cf. aussi figure 1-9) The humid air diagram or psychrometric diagram
On peut retenir une relation empirique comme celle du Smithsonian Meteorological Tables valable entre 0 et 100 C et qui scrit : pvs = 610,78 exp 17,08085 1.17 234,175 + Dans cette expression est la temprature exprime en C , et pvs est en Pa. On trouve dautres relations comme celle de Cadiergues : pvs = 613,338 exp 17,5572 241 + 1.18
Si la pression de vapeur devient plus grande que la pression de vapeur saturante, il se produit une condensation en gouttes (brouillard) condition quil y ait des noyaux de condensation (microparticules ou ions). Sinon lair est dit sursatur. Dans lquilibre glace-vapeur, la pression de vapeur saturante dcrot plus vite quavec leau quand la temprature diminue. La relation scrit (Cadiergues) : pvs = 613,338 exp 22,464 1.19 241 + Dans cette expression est la temprature exprime en C , et pvs est en Pa. On trouve le trac dtaill figure 1-9.
30
Climatologie du monde souterrain, tome 2, 1.1.4.d
Approximation parabolique. Les expressions ci-dessus tant un peu compliques, on peut essayer de trouver une
expression parabolique pour la pression de vapeur saturante. La relation indique ci-dessous convient bien dans lintervalle [0C - 30 C]. 1.20 pvs 671,5 + 20,77 + 3,246 2 Choppy (1986, p. 53) propose la relation approche suivante : pvs = 100 + 1 6
2
+ 500 = 600 + 66,7 + 2,78 2
1.21
Humidit relative . On appelle humidit relative le rapport entre la pression partielle de vapeur et la pression de vapeur saturante (on note souvent en % ce rapport compris entre 0 et 1 ). la saturation s = 1 (soit 100 %).
= pv pvs ws = 0,622 pvs p - pvs w = pv p - pvs ws pvs p - pv 1.22
Comme pv aussi bien que pvs est petit devant p , la pression totale de lair, on en dduit que lhumidit relative est voisine du rapport de lhumidit spcifique sur lhumidit spcifique la saturation. Connaissant pvs et , il est facile den dduire w par la relation dj vue plus haut : w = 0,622 pvs p - pvs 1.23
Les hygromtres cheveux qui indiquent une humidit de 100 % dans un brouillard, indiquent en gnral une humidit infrieure 100 % quand ils sont placs dans un nuage de cristaux de glace.
Rle de la pression sur la pression de vapeur saturante. La pression partielle de vapeur saturante reste peu prs constante quand la pression de lair se modifie. On en dduit qu saturation, ws diminue quand la pression augmente, et augmente quand la pression diminue, comme on le constate sur la relation (1.23). On verra plus loin les consquences de cette proprit quand une masse dair subit une compression ou une dtente (cf. 1.5.1.e).
d) Lecture du diagramme de lair humide

Ce diagramme a t construit pour une pression de 1,013.105 Pa. On pourrait facilement en construire dautres pour des pressions diffrentes. Sur ce diagramme, on peut reprsenter par un point les caractristiques dun air humide donn.
Temprature sche. Si on met un thermomtre dans

un courant dair, la temprature quil indique est la temprature au sens ordinaire du terme. En climatisation, on appelle aussi cette temprature la temprature sche de lair.
Temprature humide. Si on entoure le bulbe sensible dun thermomtre avec un tissu mouill, le courant dair fait vaporer une partie de leau du thermomtre qui se refroidit. La temprature quon obtient est dite temprature humide. Ce thermomtre a sa surface recouverte dune pellicule deau. Lair qui vient au contact du coton se charge lui aussi dhumidit et le point reprsentatif sur le diagramme de lair humide se trouve sur la courbe de saturation. Mais autour du bulbe existe un gradient de concentration si lair au loin nest pas satur. Il y a donc une vaporation de leau.
courant d'air
bulbe sec courant d'air
bulbe humide
Fig. 1-6- Thermomtre sec et thermomtre humide. Le thermomtre humide est entour dun coton qui reste humide par capillarit. Lvaporation de leau provoque un refroidissement et maintient le thermomtre une temprature plus basse que lambiante. The dry and wet thermometers
31
Cette vaporation est compense par leau qui monte de la rserve deau par capillarit. Mais lvaporation produit un refroidissement de leau et du thermomtre. Le point reprsentatif de lair au loin sur le diagramme de Carrier se dplace vers la courbe de saturation (MA). On montre que la transformation dune particule dair sec qui se rapproche du bulbe humide est peu prs une isenthalpe (lnergie du changement dtat est prleve sur la chaleur sensible). La temprature plus basse du bulbe est celle quindique le thermomtre. Cest la temprature de bulbe humide (dite aussi temprature humide) Th. Cette temprature humide est toujours plus basse que la temprature sche (sauf en cas de sursaturation). La diffrence peut atteindre plusieurs degrs. Elle est dautant plus diffrente que lair au loin est plus sec. Elle ne dpend pas de la vitesse de lair condition que cette vitesse ne soit pas trop petite. Dans les appareils de mesure, on installe un petit ventilateur pour obtenir une vitesse suffisante (psychromtre ventilation force) ou bien dans les modles anciens, le thermomtre tait plac au bout dune ficelle que lon faisait tournoyer (thermomtre fronde).
humidit spcifique w en (gvap/kgair sec)
courbe de saturation
wh w 0
A B M
isenthalpe
T (en C) Tr Th T
Fig. 1-7- Temprature sche T, temprature humide Th et temprature de rose Tr Dry bulb temperature and wet bulb temperature. The segment MA is an isentalpic transformation
Dans les rcipients poreux dont lvaporation de surface maintient le liquide intrieur frais (porrn espagnol), la temprature minimale que lon peut obtenir est prcisment la temprature humide de lair ambiant. Si lair extrieur est satur, la temprature humide est identique la temprature sche (pas de refroidissement du vase). Cette notion subtile nous servira comprendre les phnomnes thermiques sur les parois humides des grottes. Les mesures des auteurs indiquent souvent une diffrence entre les tempratures de paroi et la temprature de lair.
Temprature de rose. Considrons une masse dair humide et plaons en son sein une paroi que lon peut refroidir progressivement. Lair au voisinage de la paroi froide se refroidit. Pour une certaine temprature de la paroi, des gouttes de condensation apparaissent sur la paroi. La temprature dapparition de ces gouttes est appele temprature de rose de lair. Sur le diagramme de lair humide, le point reprsentatif se trouve sur une horizontale partant du point figuratif (MB) car lhumidit spcifique ne change pas au cours de la transformation. Point figuratif de lair humide. Il y a plusieurs faons pour trouver le point figuratif dun air humide sur le diagramme de lair humide. La plus simple est de connatre la temprature et lhumidit spcifique de lair (abscisse et ordonne du point figuratif). Mais on peut utiliser dautres couples de donnes. Par exemple on connat la temprature sche et la temprature humide de lair (thermomtre temprature humide). Ou bien, on connat la temprature et la temprature de rose de lair (thermomtre temprature de rose), ou bien encore, on connat la temprature et lhumidit relative de lair.
Les autres caractristiques du diagramme de lair humide. On trouve les familles de courbes isenthalpes ( enthalpie spcifique constante), les isochores ( volume spcifique constant), les iso-humidits relatives constantes. On reverra ces notions au suivant.
1.1.5. Les caractristiques nergtiques de lair

On a dj vu la temprature qui est commune tous les gaz contenus dans un air donn au repos (principe zro de la thermodynamique).
a) Capacit thermique massique

La capacit thermique massique de lair est note c . Elle tait dnomme il y a 20 ans chaleur massique et il y a 50 ans chaleur spcifique. Soyons moderne et adoptons les dnominations correctes ! Cette grandeur sexprime en Joule par kilogramme et par degr Celsius, J.kg-1.C-1. Elle varie un peu avec la composition et la temprature de lair. On distingue deux capacits thermiques massiques, suivant que la transformation du gaz se fait volume constant ou pression constante. On les distingue par lindice p ou v accol c (pour lair, cp = 1004 J.kg-1.C-1 et cv = 713 J.kg-1.C-1). La capacit thermique massique pression constante est plus grande que lautre car lapport de chaleur dilate lair du systme qui doit fournir un travail contre la pression de lair extrieur.
32
La relation de Mayer permet de relier les deux capacits thermiques massiques de lair : r = cp - cv avec r = 287 J.kg-1.K-1 Q = m cp T
1.24
La capacit thermique massique intervient dans la relation de dfinition de lnergie thermique :
1.25
Cette relation montre quune nergie thermique Q (en J) permet une augmentation T (en C) de la temprature dune masse m dair (en kg). Capacit thermique massique de la vapeur 0C cp = 1859 J kg-1 C-1. Capacit thermique massique du dioxyde de carbone 0C cp = 815 J kg-1 C-1. La capacit thermique des gaz varie trs peu avec la temprature. Capacit thermique massique de lair 0C Capacit thermique massique de lair 50C cp = 1004 J kg-1 C-1. cp = 1007 J kg-1 C-1.
Leau, qui peut se retrouver dans lair sous forme de gouttes, a une capacit qui varie lgrement en fonction de la temprature. On peut proposer une relation prcise reporte sur le graphique ci-dessous : 1.26 ce = 4217,8 - 3,485 + 1,1817.10-1 2 - 1,9701.10-3 3 + 1,7038.10-5 4 - 5,6814.10-8 5
capacit thermique massique de l'eau en kJ/(kg. C) 4,22 4,21
Fig. 1-8- La capacit thermique massique de leau en fonction de la temprature The massic thermic capacity of water versus temperature
4,20 4,19 4,18 4,17 0 10 20 30 40 50 temp rature (en C)
titre de comparaison, indiquons la valeur de la capacit thermique massique du calcaire : cc = 810 J.kg-1.C-1
b) Conductivit thermique
La conductivit thermique de lair est note a (lire lambda, en watt par mtre et par degr Celsius, W.m-1.C-1). Elle varie avec la temprature. Elle traduit physiquement laptitude dun matriau transmettre des flux en rgime permanent. On trouve aussi lappellation de conductibilit. Temprature C conductivit air W.m-1.C-1 conductivit eau W.m-1.C-1 0 0,0242 0,550 5 0,0246 0,562 10 0,0250 0,573 15 0,0254 0,585 20 0,0258 0,596 25 0,0262 0,607 30 0,0266 0,617
Tableau 1:4- Conductivit thermique a de lair et de leau e
Pour le calcaire, c vaut environ 2,25 W m-1 C-1. On reviendra plus loin sur la difficult de dfinir la conductivit thermique du calcaire qui nest pas un corps pur mais une roche, de composition variable et de structure complexe.
33
c) Diffusivit thermique
La diffusivit thermique de lair est note a . Cest le rapport a = a / a cp (en mtre carr par seconde, m2.s-1). Cette diffusivit thermique reprsente les possibilits dvolutions plus ou moins rapides dun champ de tempratures au sein dun matriau donn. Pour le calcaire ac = 2,2.10-6 m2.s-1. en m2 s-1 air aa eau ae 0C 18,9. 10-6 0,131. 10-6 10 C 20,0. 10-6 0,136. 10-6 20 C 21,4. 10-6 0,143. 10-6 30 C 22,8. 10-6 0,148. 10-6
Tableau 1:5- Diffusivit thermique de lair et de leau en fonction de la temprature
On remarque la faible diffusivit thermique de leau, 200 fois plus petite que celle de lair. Le calcaire est intermdiaire, 10 fois moins diffusif que lair. Ce quon a dit sur la conductivit thermique peut tre tendu la diffusivit. Cest une grandeur redfinir dans chaque cas pour un milieu inhomogne comme le calcaire.
d) Effusivit
On verra aussi apparatre dans les rgimes transitoires ou variables une grandeur dduite des prcdentes. C'est l'effusivit dfinie par Effusivit de lair Effusivit de leau Effusivit du calcaire c en J.m-2.K-1.s-1/2 ou kg.s-3/2.K-1 .
e = 5,6 J.m-2.K-1.s-1/2 e = 1548 J.m-2.K-1.s-1/2 c = 1506 J.m-2.K-1.s-1/2
On remarque que les effusivits de leau et du calcaire sont voisines. Cette grandeur traduit laptitude dun matriau transmettre des flux en rgime transitoire.
e) nergie interne massique e ( en joule par kilogramme, J.kg-1)

Lnergie interne dun air sec (considr comme un gaz parfait) ne dpend que de sa temprature, (de = cv dT). de reprsente laccroissement de lnergie interne pour un accroissement dT de la temprature. Cette nergie interne reprsente ici lnergie cintique dagitation des molcules. Si le gaz contient de la vapeur deau, on a intrt tenir compte de la chaleur latente de changement dtat de leau. Par ailleurs, le fluide qui circule, comme on le verra plus loin, ne peut le faire que sil existe des diffrences de pression, mais alors le gaz rcupre le travail des forces ncessaires la circulation, et lies la diffrence de pression.
f) Enthalpie massique h ( en joule par kilogramme, J.kg-1)

On montre facilement en thermodynamique que la fonction qui prend en compte ce travail des pressions est lenthalpie (ha = e + p/). Dans toutes les considrations nergtiques, nous prendrons donc, non pas lnergie interne massique, mais lenthalpie massique ha (en joule par kilogramme, J.kg-1) pour caractriser le fluide. De cette manire nous naurons pas considrer la travail des forces variables de pression que rencontre le fluide. Lenthalpie massique de lair dpend de sa temprature et de la quantit de vapeur quil contient. Si le gaz tait sec, on aurait dha = cp dT. De mme on peut dfinir lenthalpie massique de la vapeur deau hv. Elle est donne par (Dal Zotto et al, 2000) : formule tire des tables hv = 2500,7 + 1,85 - 3,7.10-4 2 - 6,16.10-6 3 hv en J.kg-1 , en C Le premier terme correspond la chaleur de changement dtat de leau en vapeur 0C et les autres la chaleur sensible. Lenthalpie de changement dtat de leau en vapeur se calcule en fonction de la temprature par la relation : hvapeur = hv - he eau 1.28 1.27
34
34
humidit spcifique w (en g / kg as) 120
34 32 30 28
1,0
32
0,90
30 110
Diagramme de l'air humide
28 100
um vol
26
es
temp rature ( C) humidit sp cifique (g / kg)
24
p qu cifi
hygrom trie (%) temp rature de ros e ( C) 90

e
26 24 22
temp rature humide ( C)
22
enthalpie sp cifique (kJ/kg) volume sp cifique (m3/kg)
20
80
20 75 18
0,85
Pour Pa = 101325 pa B.L. 1998 65
18
70
16
0 10
60
16 14
14
isen thal pe (en KJ/k g as )

45 40 35 30 25 20 15 10 50
55
% 90 % 80
% 70 % 60
Climatologie du monde souterrain, tome 2, 1.1.5.f
12
12
0,80
Fig. 1-9- Courbe de saturation de la vapeur deau dans lair en fonction de la temprature
Saturation curves of steam in the air versus temperature
10
% 50
10
% 40
30 %
20 %
10 %
8 6 4 2 temprature (en C) 0
0,75 kg m3/
-5
0 -5 0 5 10 15 20 25 30 35
-15
-10
35
Arologie des systmes karstiques, partie 1, lair et les interactions locales avec la cavit, 1.1.5.g
g) Enthalpie spcifique de lair humide

Lair des cavits contient toujours de la vapeur deau. On appelle alors cet air : air humide. Et la vapeur est susceptible de se condenser librant ainsi la chaleur latente de vaporisation. On appelle enthalpie spcifique, lenthalpie de lair humide (air sec + vapeur) par unit de masse dair sec. Cette enthalpie est une fonction dtat. Elle dpend de la temprature de lair et de lhumidit spcifique de cet air. Cette fonction deux variables est reprsente sous la forme dune famille de courbes sur le diagramme de lair humide. On fera donc bien attention au fait que lenthalpie spcifique de lair humide nest pas une enthalpie massique ordinaire. Mais son emploi est trs pratique dans tous les phnomnes dvaporation et condensation. Lenthalpie spcifique est prise gale zro pour un air 0C sans vapeur deau. Lenthalpie de leau est prise gale 0 quand elle est sous forme liquide et 0C. Lenthalpie spcifique dun air humide comporte donc un terme de chaleur, dite chaleur latente, lie ltat de vapeur de leau, et un second, dite chaleur sensible lie la temprature. h = L w + cpa + cpv w = 2,5008.103 w + 1,006 + 1,8266 w 1.29
Lorsquon raisonne laide de la grandeur enthalpie, on na pas prendre en compte la chaleur latente qui est intgre automatiquement dans lenthalpie. Lenthalpie massique de la vapeur deau seule se calcule par la relation : hv = L + cpv (1.30)
On remarque, et cest trs important, que lhumidit absolue de la vapeur deau est le plus souvent ngligeable en ce qui concerne les masses ou les dbits masses. En revanche, la chaleur latente de la vapeur deau est tellement grande quon ne peut pas la ngliger dans lenthalpie, cest--dire dans les bilans dnergie. Par exemple, considrons un air 20 C satur en vapeur deau. Lhumidit absolue vaut alors w = 0,015 kg de vapeur par kg dair sec. Le rapport des masses est donc de 1,5 % ce qui est ngligeable. En revanche, le rapport des enthalpies de la vapeur et de lair sec est alors de 188 %. La vapeur deau joue le rle le plus important pour lenthalpie. nergie superficielle. On peut se demander si lnergie superficielle, celle lie la tension superficielle, joue un grand rle dans la formation des brouillards. On sait que cette nergie est le produit de la tension superficielle (en N/m) par la surface totale des gouttes. La part de lnergie superficielle augmente donc quand la taille des gouttes diminue. Mais il est facile de dmontrer quil faudrait que les gouttes aient une taille ridiculement petite (plus petite que le nanomtre) pour quil y ait galit entre les deux nergies (Badino, 1995, p. 22).
h) Diagramme de lair humide (figure page ci-contre)

Sur le diagramme de lair humide, qui reprsente en abscisse la temprature (dite aussi temprature sche) et en ordonne lhumidit spcifique, on trouve aussi des grandeurs nergtiques. La plus importante dentre elles est lenthalpie spcifique dont on trouve les iso-valeurs. On sattachera identifier les diffrentes familles de courbes : isothermes (tempratures constantes), isenthalpes (enthalpie h constante) et isochores (volume spcifique v constant). Le volume spcifique est le volume de l'air humide divis par la masse d'air sec.
Fig. 1-10- Importances relatives des diffrents gaz de lair souterrain dun point de vue chimique et dun point de vue nergtique Relative importances of different subterranean gases with regard to chemical and energetical properties
dioxyde de carbone dioxyde de carbone oxygne
oxygne azote
azote Vapeur d'eau
vapeur d'eau
Importance chimique
importance nergtique
36
1.1.6. Viscosits et masse volumique a) Viscosit dynamique

Quand un fluide prsente du cisaillement, des forces tangentielles de frottement ont tendance retenir les parties les plus rapides. Ces forces sont proportionnelles la viscosit. Cette viscosit sappelle viscosit dynamique (lire mu ; lunit est le pascal seconde = Pa.s). La viscosit dynamique de lair est = 17,6.10-6 Pa.s 10C.
b) Viscosit cinmatique
On peut en dduire une deuxime viscosit, appele viscosit cinmatique (lire nu, lunit est le m2.s-1) dfinie par la relation = / . Cette viscosit-l est la diffusivit de quantit de mouvement. La viscosit dynamique reprsente la capacit pour un fluide transmettre un flux de quantit de mouvement (force tangentielle). La viscosit cinmatique est aussi la diffusivit de quantit de mouvement. Elle traduit la capacit dun fluide voir voluer plus ou moins rapidement son champ de vitesse en rgime non permanent. La viscosit cinmatique de lair varie avec la temprature et comme linverse de la pression. Pour une pression de 1,025.105 Pa, on obtient : en m2 s-1 air a eau e 0C 13,2. 10-6 1,79. 10-6 10 C 14,1. 10-6 1,31. 10-6 20 C 15,0. 10-6 1,01. 10-6 30 C 15,9. 10-6 0,80. 10-6
Tableau 1:6- Viscosits cinmatiques de lair et de leau en fonction de la temprature
Massen (1997 p. 109) indique la relation de Netz qui fournit peu prs les valeurs au-dessus : = 4,87.10 p
-4
T1,5 1 + 172,6/T
avec T en K et p en Pa
1.31
c) Retour sur la masse volumique

Comme la composition de lair peut changer dune cavit lautre, proposons une expression gnrale de la masse volumique de lair en fonction des fractions molaires (pressions partielles relatives) de chacun des constituants et des grandeurs thermodynamiques : pression et temprature. Si on admet que chacun des gaz obit lquation des gaz parfaits, le rsultat est facile obtenir : = M p R* T 1.32
Dans cette relation, est la masse volumique de lair la pression p et la temprature Kelvin T, R* est la constante universelle des gaz parfaits (vue au 1.1.2) et M est la masse molaire quivalente de lair. On la calcule par la relation barycentrique : M = i Mi avec i = 1 1.33
i i
Dans cette expression, i reprsente les fractions molaires des diffrents composants gazeux et Mi les diffrentes masses molaires (en kg.mole-1). Si on dtaille les diffrents gaz, on obtient : 1000 M = 32 O2 + 28 N2 + 40 A + 18 vap + 44 CO2 pvap p = vapsat = f p p p f = 610,78 exp 17,08085 234,175 + 1.34 On caractrise en gnral la vapeur deau par lhumidit relative , on utilise donc pour trouver vap la relation : vap = avec 1.35
37
En gnral, le dioxyde de carbone provient dune oxydation et, de ce fait, il prend la place dun mme nombre de moles doxygne de sorte quon a O2 = 0,2095 - CO2. En effet la raction est de la forme : O2 gazeux + C solide) CO2 gazeux
Exemple numrique. Calculons la masse volumique dun air de 17 % doxygne, 78 % dazote, 1% dArgon, de 50 % dhumidit relative et 4 % de CO2 10C et 105 Pa de pression. vap = 0,5 610,78 exp 17,08085. 10 = 6,147. 10-3 5 234,175 + 10 10 1000 M = 32 . 0,17 + 28,013 . 0,78 + 40 . 0,01 + 18 . 6,15.10-3 + 44 . 0,04 = 29,55 kg.mole-3 5 = 29,55.10 . 10 = 1,255 kg.m-3 8,3144 . 283,15
On vrifiera que pour 20,95 % doxygne, 78,09 % dazote, 0,93% dArgon, 0,03 % de dioxyde de carbone, une temprature de 0C et une pression valant 1,013.105 Pa, (conditions normales de temprature et de pression), on obtient une masse volumique de lair atmosphrique = 1,293 kg.m-3. Rle de chacun des facteurs. Pour bien voir le rle de chacun des facteurs qui interviennent dans lexpression de la masse volumique, nous allons calculer la variation quil faut chacun des facteurs pour obtenir une augmentation de la masse volumique de 1% quand la temprature est de 5C et la pression de 105 Pa, cest--dire pour assez voisin de 1,25 kg/m3 et une pression de vapeur saturante pvs = f() = 873 Pa. Nous supposerons que laugmentation de CO2 saccompagne dune diminution de loxygne. pression
1 = M = 1,253.10 -5 kg.m-3.Pa-1 R* T 287.278 p 10 5 = 4,51.10 -3 kg.m-3. C-1 M = 2 2 r T 287.278 = p p z =-g p =g rT = - 1,537.10 -4 kg.m-4
= 0,01 p = 998 Pa = 0,01 = -2,77 C = 0,01 z = - 81 m = 0,01 = -1,12 = -112 %
1.36
temprature
z
1.37 1.38 1.39
altitude
humidit
= -11.10 -3
-3 f = - 11.10 .873 = - 4,2.10 -3 kg.m-3 R*T 8,314. 278
CO2
CO2
= 12.10 -3
-3 5 p = 12.10 .10 = 0,519 kg.m-3 R* T 8,314 . 278
= 0,01 CO2 = 0,024 = 2,4 % 1.40
On dduit aussi pour la masse volumique et dans les conditions adoptes plus haut (5C et 105 Pa), quune augmentation de 1 % de CO2 quivaut : une augmentation de masse volumique de 0,42 % un refroidissement de 1,15 C, une descente de 33,7 m, une diminution de lhumidit relative de 47 % 5C, Cette diminution de lhumidit relative serait de 67% 0C, 47 % 5C, 34% 10C, 18 % 20C et 10% 30C. De mme, on montrerait quune augmentation de 100 % de lhumidit relative correspond une diminution de la masse volumique de 0,62 % 0C, 0,89 % 5C, 1,23 % 10C, 2,32 % 20C et 4,18 % 30C. On trouvera au 4.3.6.b une discussion gnrale sur les variations de composition de lair souterrain.
_______________________
38
1.2. Lair en quilibre mcanique

Si une masse dair est immobile dans le champ de pesanteur, on peut montrer que les surfaces isobares (dont la pression est la mme partout), les surfaces isothermes (tempratures identiques) et les surfaces isochores (masses volumiques identiques) sont des plans horizontaux. Lquilibre mcanique suppose donc que lair est dispos en strates horizontales aussi bien pour les pressions que pour les tempratures et les masses volumiques.
1.2.1. Les deux relations disponibles a) Lquation de la statique

Elle traduit la proprit que la force engendre par la diffrence des pressions soppose au poids de lair et lui permet de rester immobile. La relation scrit (z est orient vers le haut) : dp = - g dz (quation de la statique) 1.41
Fig. 1-11- Rle des pressions dans lquilibre mcanique p = p Prominent part of pressure for the mechanical equilibrium
force de pression p
particule fluide
force de pression p'
dp est la variation de pression pour la dnivellation dz , est la masse volumique et g est lacclration de la pesanteur (g = 9,81 m s-2). Si le fluide possde une masse volumique constante, cette quation sintgre en p + g z = constante (1.42)
Pression motrice. La pression que lon considre, est la pression thermodynamique, quen hydraulique on appelle aussi pression statique. Il est dusage en hydraulique dintroduire une grandeur nouvelle quon appelle pression motrice, quon note pm (ou pression toile p*) et que lon dfinit par : pm = p + g z
On voit que lquilibre se ramne lnonc suivant : la pression motrice dans un fluide homogne au repos est constante dans tout le fluide. Pour un fluide non homogne pour lequel la masse volumique varie avec laltitude, cette proprit est fausse, mais on peut dfinir une grandeur que nous appellerons pression motrice quivalente dfinie par :
z
pm - pm0 = p - p0 + g
0
z dz
1.43
Alors on pourra dire que la pression motrice quivalente est constante dans un fluide au repos, mme pour ce fluide inhomogne (car dpend de z). Rciproquement, on montrera plus loin que si la pression motrice (ou pression motrice quivalente) nest pas constante dans un fluide, ce dernier est soumis des forces qui vont le mettre (ou qui le maintiennent) en mouvement. Cest pour cela quon parle de pression motrice : les variations spatiales (ou gradients) de pression motrice sont la cause principale du mouvement dun fluide.
b) quation des gaz parfaits

Cette quation relie les grandeurs thermodynamiques. Cest une quation dite phnomnologique (empirique). Elle ne traduit pas un grand principe de la physique mais un certain comportement de matriau. Nous lavons dj vue plus haut (cf. 1.1.2).
c) Relations supplmentaires de fermeture

Les trois grandeurs (thermodynamiques) p, , T sont relies par deux quations : lquation de la statique et la loi des gaz parfaits. Si on nglige les variations de la vapeur deau et du dioxyde de carbone, il manque une quation pour finir le calcul. Latmosphre possde ainsi un degr de libert. Elle nest donc pas calculable a priori. Les mtorologues mesurent la rpartition des tempratures avec laltitude, ce qui leur fournit une relation supplmentaire.
39
Mais dans les cavits, il y a au moins 5 grandeurs pour dcrire en un point latmosphre souterraine : p, , T, , , cest-dire la pression, la masse volumique, la temprature, la pression partielle relative en dioxyde de carbone et lhumidit relative de lair (on peut rajouter les teneurs en azote et oxygne si ces teneurs ne sont pas celles de latmosphre extrieure). Compte tenu des deux relations prcdentes, lexprimentateur doit donc faire trois mesures ; en gnral, la temprature, la pression partielle en dioxyde de carbone et le degr dhumidit. La pression lui servira ventuellement mesurer laltitude par rapport un point de rfrence. Dans les zones profondes des cavits, on peut souvent ngliger la mesure de lhumidit en supposant lair satur. On se ramne ainsi deux mesures : la temprature et la pression partielle de dioxyde de carbone.
1.2.2. Deux atmosphres types : isotherme et Laplace a) Atmosphre isotherme

Il est facile de dterminer le profil vertical de la pression dune atmosphre au repos, si on nglige la teneur en eau et en dioxyde de carbone et si on connat une relation entre la temprature et laltitude. Supposons par exemple que la temprature reste constante lorsquon monte (atmosphre isotherme), on obtient alors les deux quations :
dp = - g dz p = r T0 dp -g dz = = - dz p ez r T0 p = p 0 exp - z - z0 ez avec ez = r T0 g
altitude z
pression
soit encore
z - z0 = r T0 ln p0 g p
1.44
Fig. 1-12- Variation de la pression atmosphrique en fonction de laltitude Atmospheric pressure versus altitude
La pression dune atmosphre isotherme diminue exponentiellement avec laltitude ; ez reprsente lpaisseur typique de latmosphre. Cette paisseur dpend du gaz considr, par lintermdiaire de la constante r = R* / M. Par exemple pour du dioxyde de carbone lpaisseur serait rduite dans la proportion 29/44 et pour des molcules beaucoup plus grosses, lpaisseur pourrait tre beaucoup plus petite.
Lagitation molculaire pour les gaz est telle quil ne peut y avoir de phnomne de dcantation : un gaz plus lourd (ou plus lger) ne peut plus se sparer de lair, une fois que le mlange a t fait. Mais tant que le mlange nest pas fait, les gaz peuvent rester longtemps spars car le phnomne de diffusion molculaire est un phnomne trs lent. La diffusion turbulente est un bien meilleur agitateur.
b) Atmosphre de Laplace
Elle tient compte du fait que lair contient de la vapeur deau. Lexpression de lquation dtat se fait avec la temprature virtuelle (qui est fonction de lhumidit spcifique, cf. 1.1.4.b). On suppose de plus que la temprature virtuelle est proportionnelle au logarithme de la pression. Tv = k ln p . = p 1+w = p ra T 1 + 1,608 w ra Tv
p g dz ra Tv dp dz = ra Tv g p
1.45
On crit l'quation de la statique
dp = - g dz =
1.46
On intgre lquation :
p
z - z 0 = ra k g
ln p
p0
dp ra k = ln p 2 - ln p 0 p 2g
= ra k ln p + ln p 0 2g
ln p - ln p 0
1.47
40
Soit encore en appelant Tvm la valeur moyenne de la temprature virtuelle de z0 z : z - z0 = ra Tv + Tv0 ln p = 29,26 Tvm ln p g p0 p0 2 1.48
Cette relation gnralise latmosphre isotherme dans le cas dun air humide. Elle permet de trouver la distance verticale entre deux isobares. Elle montre que dans le cas de cette atmosphre, la distance est proportionnelle la temprature virtuelle moyenne. Cest tout lintrt de la notion de temprature virtuelle que de remplacer linfluence de lhumidit dans la masse volumique par une gnralisation de la temprature. On remarque enfin que la notion de temprature virtuelle pourrait tre tendue aux variations de dioxyde de carbone de lair.
1.2.3. Gradients adiabatiques sec et humide

Avant dtudier lquilibre de latmosphre et la stabilit de cet quilibre, nous allons dfinir deux notions : le gradient adiabatique sec et le gradient adiabatique humide. Ces deux expressions semblent barbares mais elles recouvrent des notions assez simples. Si on considre des grandeurs comme la pression ou la temprature, dont les valeurs dpendent de laltitude z , le gradient est le rapport de la variation de la grandeur pour un accroissement donn daltitude (not dT/dz ou bien dp/dz).
a) Gradient adiabatique sec

Le mot adiabatique vient du grec et signifie littralement sans change de chaleur. Les mtorologues ont imagin lexprience de pense suivante. Soit une bulle dair isole par la pense. Supposons quelle monte pour une raison ou pour une autre, assez vite pour quelle ne puisse pas changer de la chaleur avec lair ambiant (on verra avec les changes de chaleur quil faut du temps pour faire varier une temprature par conduction thermique). La bulle rencontre de lair pression plus faible et elle se dtend, donc se refroidit. Cette dtente est dite adiabatique. On dira que le gradient thermique de latmosphre est adiabatique si la bulle en montant est constamment la mme temprature que lair ambiant ou plutt si lair ambiant a le mme profil de temprature quune bulle qui monte (ou descend) dune manire adiabatique, cest--dire rapidement. Le savant Franais Simon Laplace a trouv, dans le cas dune transformation adiabatique rversible la relation entre p et qui scrit : p = constante 1.49 Les grandeurs cp , cv , et r sont relies par les deux relations (la relation de Mayer valable pour un gaz parfait, et la relation de dfinition de ). r = cp - cv = 287 J kg-1 K-1 et = cp = 1,405 cv cp = r -1 1.50
Lquation de Laplace, associe lquation de la statique et lquation des gaz parfaits, permet de calculer la temprature en fonction de laltitude :
dp dT dp d = 1-1 = p p T dT = - T p -1 g dz dT = g dz cp
1.51
La baisse de temprature pour une monte de 100 m est de 0,975 C, voisine de 1C. Cest le gradient adiabatique sec. Ce gradient dpend un peu de la composition de lair. dT dz = - 0,01 C/m
adiab sec
1.52
41
Arologie des systmes karstiques, partie 1, lair et les interactions locales avec la cavit, 1.2.3.b
b) Gradient adiabatique humide

Si maintenant, la bulle dair qui monte est sature en humidit. Le refroidissement adiabatique au cours dune dtente (monte) va provoquer une lgre condensation (figure ci-contre). Ce phnomne est exothermique (libre de la chaleur) et limite le refroidissement de la bulle environ 0,5C pour 100 m de monte. Cest le gradient adiabatique humide. Si la bulle dair est charge en brouillard et quelle descend, elle suit le gradient adiabatique humide puisque des gouttes de brouillard peuvent svaporer, mais si elle est simplement 100 % dhumidit, sans gouttes de brouillard, alors la bulle en descendant va suivre le gradient adiabatique sec et sa temprature va augmenter de 1 C pour 100 m. Son humidit relative va diminuer. Sur la figure ci-contre, on a reprsent une atmosphre profil de temprature adiabatique. Le gradient dans lair sec est le gradient adiabatique sec, dans le nuage, cest le gradient adiabatique humide.
bulle d'air ascension adiabatique bulle d'air la bulle d'air en montant s'est dtendue, un brouillard est apparu
Fig. 1-13- Ascension dun air satur. Lapparition dun brouillard limite le refroidissement de lair The mist formation reduce the air cooling
altitude
brouillard
air sol temprature
Nous allons maintenant conduire le calcul (pnible) qui fournit lexpression exacte du gradient adiabatique humide. La variation dnergie interne de lair au cours dune dtente est gale au travail des forces de pression, travail cd lextrieur. dE = -p dV et comme H=E+pV
Fig. 1-14- Atmosphre gradient de temprature adiabatique (avec nuage) Atmosphere with adiabatic gradient
dH = V dp
V tant le volume
1.53
Et comme dH = ma dh et V = ma v ( h tant lenthalpie spcifique et v le volume spcifique de lair humide), on obtient : dh = v dp avec v = ra T = ra T 1 + 1,608 ws 1.54 pa p Dans cette relation, p est la pression, pa est la pression partielle de lair sec , pvs la pression de vapeur saturante. On suppose que les gouttes de brouillard se dposent sous forme deau de condensation sur les parois, donc ninterviennent pas dans le refroidissement ultrieur. La variation de lenthalpie spcifique se calcule partir de la variation de temprature, et de la chaleur latente libre. dh = cpa + ws cpv dT + L dws avec dws = ws dT + ws dp p et ws = 0,622 pvs p - pvs 1.55 1.56
En adoptant l'expression
pvs = pvs0 exp 1 +
1.57
On calcule les deux drives partielles de ws (cf. 1.1.4.c) ws = 1 1 + 1,608 ws ws 1 + 2 et ws = - ws 1 + 1,608 w s p p 1.58
42
avec Pvs0 = 613,338 Pa
= 17,5572
1 = 241 C
En reportant dans lquation de bilan dnergie, on en dduit la relation : dh = v dp = ra T 1 + 1,608 ws dp p et dh = cpa + ws cpv dT + L ws dT + ws dp p 1.59
1 1 + 1,608 ws ra T + L ws dp = cpa + ws cpv + 1 + 1,608 ws L ws dT p 1 + 2 En divisant les deux membres de lquation par 1 + 1,608 ws T
1.60
cpa + ws cpv 1 ra + L ws dp = + L ws dT 2 T p 1 + 1,608 ws T 1 +

dp 1 p = dT A T ra + L ws T cpa + ws cpv 1 + L ws 2 1 + 1,608 ws 1 +
1.61
avec A =
1.62
Et comme lquation de la statique nous fournit : 1 + ws dp = - g dz = - p g dz ra T 1 + 1,608 ws On en dduit le gradient adiabatique humide : dT dz 1 + ws = A T dp = - A g p dz ra 1 + 1,608 ws g 1 + L ws 1 + ws ra T 1 +L 1 + 1,608 ws ws 1 + 2 1.64 1.63
adiab humide
dT dz
=adiab humide
1.65
cpa + ws cpv
En posant L = 0, on trouve le gradient adiabatique sec dun air humide : dT dz dT dz =ad sec
g 1 + ws - 0,01 C/m cpa + ws cpv 1 + L ws ra T 1 + 1,608 ws ws 1 1 +L cpa + ws cpv 1 + 2
1.66
adiab humide
= dT dz
1.67
ad sec
On aurait pu utiliser la relation de Clapeyron pour calculer la drive de ws en fonction de la temprature. Elle scrit : L = T vv - ve dpvs dT 1.68
Si on nglige le volume massique de leau ve par rapport au volume massique de la vapeur vv , alors on commet une erreur de lordre du 1/1000 et on trouve : 1 = L 1 + 2 T2 rv 1.69
43
Et en reportant dans lexpression du gradient adiabatique on obtient lexpression utilise en mtorologie (Triplet et Roche, 1986 page 64) :
dT dz g = 1 + ws cpa 1 + ws cpv cpa 1 + L ws ra T 2 L + 1 + 1,608 ws rv T2
adiab humide
1.70
Dans cette expression, ws est lhumidit spcifique la saturation (en kg de vapeur par kg dair sec), L la chaleur latente de changement dtat la temprature T, ra la constante pour lair sec (ra = 287 J.kg-1.K-1). cpa la capacit thermique massique de lair sec pression constante (cpa = 1006 J.kg-1.K-1), rv la constante des gaz parfait pour la vapeur (rv = 462 J.kg-1.K-1).
temprature pression (Pa) 1,00.105 0,95.105 0,90.105 0,85.105 0,80.105 0,75.105 (C) altitude 109 m 538 m 986 m 1457 m 1948 m 2465 m -10 0,766 0,757 0,749 0,739 0,728 0,717 -5 0,709 0,699 0,689 0,679 0,667 0,654 0 0,649 0,638 0,628 0,616 0,604 0,591 5 0,588 0,577 0,566 0,555 0,542 0,529 10 0,529 0,519 0,508 0,497 0,485 0,473 15 0,476 0,466 0,456 0,446 0,435 0,423 20 0,429 0,420 0,410 0,401 0,391 0,381 25 0,388 0,380 0,372 0,363 0,355 0,346 30 0,354 0,347 0,340 0,332 0,325 0,317
Tableau 1:7- Valeurs absolues du gradient adiabatique humide (en C/100 m) en fonction de la pression (lignes) et de la temprature (colonnes) Les gouttes deau du brouillard sont supposes captes par les parois Les altitudes correspondent latmosphre standard (cf. plus loin, 1.2.4.b) (tir de Triplet et Roche, 1986 p. 64)
Lobservation du tableau montre que le gradient adiabatique humide est peu prs compris entre -0,4C/100 m et -0,6C/100 m dans les cavits usuelles. Par exemple, la Dent de Crolles, on pourra adopter la valeur de -0,55C/100 m.
altitude (atmosphre standard) en m -10 -5 0 5 1 0 1 5 2 0 2 5 30C
3000 2500 2000
On peut proposer lexpression analytique approche pour ce gradient adiabatique humide : z
1500 1000 500
- 4,26 - 0,113 + 0,227 z

adiab humide
1.71
0 0,30
gradient adiabatique humide (en - C/100 m)
0,40
0,50
0,60
0,70
0,80
avec z en km et en C. Exemple : pour une temprature de 10C et une altitude standard de 1000 m, on trouve un gradient de -5,16 C/km, valeur voisine de celle du tableau.
Fig. 1-15- Les valeurs du gradient adiabatique humide en fonction de la pression et de la temprature. On a utilis ici latmosphre standard pour graduer en altitude plutt quen pression Humid adiabatic gradient versus altitude and temperature
1.2.4. Atmosphre gradient thermique constant

Beaucoup datmosphres sont gradients thermiques constants, au moins sur une certaine dnivellation. Cest le cas en particulier des atmosphres isothermes et adiabatiques. On note le gradient de temprature : = dT / dz
44
a) Rpartition des pressions en fonction de laltitude (gradient de temprature constant)

On calcule facilement la rpartition des pressions en fonction de laltitude. Pour un gradient de temprature constant , il existe une relation entre p et quon appelle relation polytropique et qui scrit (R* est la constante universelle des gaz parfaits (= 8,3244 J.K-1.mole-1), et M est la masse molaire de lair (voisine de 29.10-3 kg.mole-1) : p = cte m avec m= 1 1 + R* gM 1.72
La constante m est la coefficient polytropique et cette constante dpend du gradient thermique . On vrifie que si m = , alors on retombe sur le gradient adiabatique sec (grce la relation de Mayer). En effet = 1 1 + R* gM = g M 1 - 1 = - g = -0,01 C.m-1 cp R* 1.73
On en dduit la rpartition des pressions avec laltitude : dp = m dT p m-1 T ln p = m ln T p = T pr m-1 Tr pr Tr p = 1 + z - zr pr Tr

m m-1 m/ m-1
soit encore
1.74
Pour le point de rfrence daltitude zr, la pression est pr et la temprature est Tr.
b) Latmosphre type AOIC (atmosphre standard) (figure 2-14, et Triplet et Roche, 1986 p. 95)
Ltalonnage des altimtres suppose connue la rpartition en altitude de la pression. Laronautique a donc dfini une atmosphre standard. Elle est caractrise par un gradient thermique constant de = - 0,0065 C/m. Le coefficient polytropique correspondant est m = 1,235. Le point de rfrence a t choisi au niveau de la mer une temprature de 15C et la pression de 1,01325.105 Pa. Lexpression analytique de la rpartition des pressions est donc : p = p0 1 + ' z - z0 T0
m' m'-1
p = 1,01325.105 1 - 0,0065 z 288,15
5,25
1.75
On observe que le gradient de temprature est proche en valeur numrique du gradient adiabatique humide.
1.2.5. Correction des altimtres

Les altimtres sont talonns partir de latmosphre standard. Pour un gouffre de gradient de temprature , calculons la correction apporter lindication de laltimtre.
a) Correction exacte
En un point de rfrence, on tourne la couronne des altitudes de laltimtre de la valeur zr pour faire concider laltitude de laltimtre z avec laltitude relle de rfrence (z= zr). La pression pr est mesure par laltimtre au point de rfrence, est le gradient vu au 1.2.4.B au-dessus : p = 1 + ' z'- z 0 p0 T0
m' m'-1
z' = z0 + T0 '
p p0
m'-1 m'
-1
1.76
Lindication des altitudes sur laltimtre est z avant correction, et z aprs correction. z" = zr + z' = zr + z0 + T0 ' p p0
m'-1 m'
-1
1.77
45
On calcule zr en appliquant la relation laltitude de rfrence. z" = zr pour p = pr zr = zr - z0 - T0 ' d'o z" = zr + T0 pr ' p0
m'-1 m'
pr p0
m'-1 m'
-1
1.78
p pr
m'-1 m'
-1
1.79
La pression relle se calcule par ( est le gradient thermique rel dans la cavit) : p = 1 + z- z r pr Tr
m m-1
1.80
On reporte cette expression dans lindication de laltimtre et on obtient : z" = zr + T0 pr ' p0

m'-1 m'
1 + z - zr Tr
m m'-1 m-1 m'
-1
1.81
Cette quation fournit laltitude corrige z en fonction des autres paramtres du problme. z = zr + Tr 1 + ' p0 T0 pr
m'-1 m'
z"- zr
m-1 m' m m'-1
-1
1.82
Au fur et mesure quon se dplace par rapport au point de rfrence, lcart entre lindication de laltimtre et laltitude relle se creuse et la diffrence scrit : z - z" = zr - z" + Tr 1 + ' p0 T0 pr
m'-1 m' m-1 m' m m'-1
z"- zr
-1
1.83
b) Correction approche
Pour des dnivellations peu importantes, on peut simplifier lexpression en dveloppant au premier ordre : p z - z" zr - z" - ' m' m - 1 Tr 0 m m'- 1 T0 pr
m'-1 m'
zr - z"
valuons le deuxime membre en explicitant m et m. On constate que le gradient de temprature ninflue que sur le deuxime ordre, donc nintervient pas pour les petites dnivellations. z - z" 1 - Tr p0 zr - z" T0 pr soit encore
m'-1 m'
1.84
0,1902
5 z - z" 1 - 273,15 + r 1,01325.10 pr zr - z" 288,15
1.85
c) Exemples de correction au gouffre Berger

Le point de rfrence est la cote - 200 soit zr = 1260 m, la pression a t releve et vaut pr = 0,856.105 Pa. La temprature cette cote est r = 4C. On cale laltimtre. La temprature au fond est environ 6,8 C. Le gradient de temprature pour le gouffre Berger entre -200 et le fond -1120 m vaut en moyenne = -0,003 C/m. le coefficient polytropique vaut m= 1 1 = = 1,0962 r 0,003.287 1+ 1g 9,81 1.86
46
Climatologie du monde souterrain, tome 2, 1.2.5.c
Laltimtre au Grand boulis indique la cote z= 1020 m soit une dnivellation de 240 m par rapport au point
de rfrence. Calculons la dnivellation corrige. La correction simplifie donne
z - z" 1 - 277,15 1,01325 288,15 0,856 zr - z"
0,1902
= 6,82.10 -3
soit z = 1020 + 1260 - 1020 .6,82.10 -3 = 1021,64 m
La dnivellation passe de 240 m 238,4 m. La correction complte fournit quant elle :

z = 1260 277,15 0,003 10,0065 1,01325 288,15 0,856
0,1902
1020 - 1260
0,08776 0,1902
- 1 = 1022,06 m
La dnivellation passe de 240 m 238 m. La correction approche suffit puisquelle fournit la correction avec une prcision de 20%.
Laltimtre au Vestiaire indique la cote z= 820 m soit une dnivellation de 440 m par rapport au point de rfrence. Calculons la dnivellation corrige. La correction simplifie donne
z - z" 1 - 277,15 1,01325 288,15 0,856 zr - z"
0,1902
= 6,82.10 -3
soit z = 820 + 1260 - 820 .6,82.10 -3 = 823,00 m La dnivellation passe de 440 m 437 m. La correction complte fournit quant elle :
z = 1260 277,15 0,003 10,0065 1,01325 288,15 0,856
0,1902
820 - 1260
0,08776 0,1902
- 1 = 824,32 m
La dnivellation passe de 440 m 435,7 m. On voit que dans ce cas, il vaut mieux prendre la correction complte car lerreur sur la correction atteint 30 %.
Laltimtre au fond (cote donne pour -1122 m) donne comme indication z= 340 m soit une dnivellation de
920 m par rapport au point de rfrence. Calculons la dnivellation corrige. La correction simplifie donne le mme rsultat quau-dessus :
z - z" 6,9.10 -3 zr - z"
soit
z = 340 + 1260 - 340 .6,9.10 -3 = 346,3 m
La dnivellation passe de 920 m 914 m. La correction complte fournit quant elle :

z = 1260 277,15 0,003 10,0065 1,01325 288,15 0,856
0,1902
340 - 1260
0,08776 0,1902
- 1 = 351,75 m
La dnivellation passe de 920 m 908,3 m. La correction a doubl en prenant la formule complte. La conclusion est facile. Pour de grandes dnivellations, il faut adopter la formule complte ! On remarque aussi que cette correction est souvent modeste, peut tre plus faible que la prcision des altimtres, auquel cas il est inutile de la faire !
47
Ce calcul a t conduit dans lhypothse dabsence de mouvement de lair (statique). Nous navons pas tenu compte des courants dair qui ont tendance transformer les pressions. On peut montrer que si les pertes de charge sont rgulirement rparties tout le long de la dnivellation, cest le gradient thermique de latmosphre extrieure qui devient pertinent pour la correction de laltimtre.
1.2.6. Stabilit de lair de composition uniforme

Nous avons vu lquation de la statique qui indique que la somme des forces agissant sur une particule fluide au repos est nulle. Mais de mme quen mcanique gnrale on trouve des systmes instables comme par exemple un crayon en quilibre sur la pointe, de mme on va trouver des fluides en quilibre mcanique instable, cest--dire que la moindre perturbation suffira les mettre en mouvement. On va montrer que le gradient adiabatique reprsente la limite entre deux types datmosphres, lune stable et lautre instable.
Air non satur en humidit. On va continuer raisonner avec notre bulle dair suppose non sature en humidit. Supposons que latmosphre nest pas adiabatique (adiabatique sche). Son profil de temprature nest donc pas celui du profil adiabatique sec.
Nous envisagerons dabord le cas B o la dcroissance de la temprature est plus forte que la dcroissance adiabatique sche (le sol est chauff par exemple par le soleil dt). Faisons partir notre bulle du sol. Elle monte assez vite et na pas le temps dchanger de la chaleur avec lair ambiant. Elle suit donc la ligne A du profil adiabatique. Elle se retrouve bientt une temprature suprieure celle de lair ambiant, mais la mme pression (qui ne dpend que de laltitude). La masse volumique de la bulle est donc plus petite que celle de lair ambiant, elle continue donc monter. On dit que cette atmosphre est instable car une perturbation mme petite ne samortit pas. Elle est mme amplifie. Si on avait fait descendre la bulle, on aurait trouv le mme rsultat datmosphre instable. Cette atmosphre instable est typique des belles journes estivales ensoleilles. Envisageons maintenant le profil C qui pourrait correspondre ces belles journes dhiver o il fait plus chaud en altitude que dans les valles. Supposons que notre bulle monte, elle suit l encore la ligne A du profil adiabatique et elle se retrouve bientt au contact dair plus chaud. La bulle tant plus dense a tendance redescendre. Un mouvement vers le haut se transforme rapidement en mouvement vers le bas. On montrerait facilement quun mouvement vers le bas engendre des forces de rappel qui font remonter la bulle. On en dduit que latmosphre C est stable puisquelle rsiste une perturbation. Si le profil de temprature nest pas gradient thermique constant, on peut avoir une succession de zones stables et de zones instables. Les zones instables induisent des ascendances lorigine des nuages du style cumulus de beau temps. Si linstabilit est trs forte, ces nuages peuvent dgnrer en nuages dorage.
altitude z
A profil adiabatique C
profil thermique de type hivernal
profil thermique de type estival
air sol
temprature
Fig. 1-16- Stabilit de latmosphre partir du critre du gradient thermique The stability of atmosphere versus the thermic gradient
altitude
atmosphre stable atmosphre instable temprature gradient adiabatique
Fig. 1-17- Atmosphres stable et instable Stable and unstable atmosphere Adiabatic gradient is the criterium of the atmospherical stability
48
Stabilit pour les fortes perturbations. La discussion que nous avons faite reposait sur des perturbations petites. La particule test ne se dplaait pas beaucoup. Mais si une zone gradient de temprature stable est jointive avec une zone instable, il est possible que des perturbations fortes dans la zone stable se dveloppent puisquelles atteindront ventuellement la zone instable. Gradient thermique dune atmosphre brasse.
Lexistence dun brassage de lair par les cellules de convection chaque fois que la temprature diminue trop vite avec laltitude supprime ces profils de temprature instables. On peut sattendre ce que le profil de temprature moyen soit stable et on constate quil est voisin du profil adiabatique humide soit - 0,55 C pour 100 m. Air satur en humidit. Examinons maintenant le cas dun air satur en humidit en prsence de brouillard. Refaisons le raisonnement pour le cas B. La bulle qui monte se refroidit et condense un peu deau. Elle sera en quilibre avec lair avoisinant si cet air possde dune part une temprature suivant ladiabatique humide et dautre part si cet air possde un brouillard plus dense vers le haut.
altitude
instable stable nuage instable temprature nuage nuage
Fig. 1-18- Une atmosphre avec des parties stables (au sommet des nuages), et dautres instables (au-dessous des nuages et en haut) An atmosphere with stable and unstable parts
Le rsultat est donc analogue celui de ladiabatique sche, mais la condition sur le brouillard est plus contraignante. On doit comparer le gradient de temprature et le gradient des concentrations en brouillard. Par exemple, si le gradient des tempratures est identique celui de ladiabatique humide mais que le gradient des concentration en brouillard est constant, la bulle qui monte rencontre un brouillard moins dense, cette bulle tant plus lourde redescend. Latmosphre est donc stable. Le seuil dinstabilit est alors lgrement repouss. Nous ne ferons pas lanalyse dtaille car il nest pas facile de mesurer la concentration dun brouillard et de son gradient, et il ne serait donc pas facile dexploiter des rsultats thoriques. Pourquoi la loi de Pipan est fausse ? Choppy (1992) indique une relation dmontre par Pipan. Nous allons montrer que cette relation ne correspond pas la stabilit de lair. Le calcul qui conduit la loi de Pipan est trs simple. On crit deux quations, lquation des gaz parfaits et lquation de la statique. On obtient : dP - d = dT P T et dP = - g dz 1.87
Pipan suppose alors (cest l quil se trompe) que la masse volumique doit dcrotre avec laltitude pour que latmosphre soit stable. Cette hypothse fournit la 3e quation qui permet de tout calculer. d 0 dP = - g dz dT P P T dT - T g = - g = - 9,81 = - 0,034 C/m r dz P 287 1.88
Lerreur sur lhypothse rside dans le fait que pour respecter cette ingalit, il faut fournir lair une puissance au moment o il monte. La transformation propose par Pipan nest pas adiabatique. Si le fluide descend, il faut quil reoive une chaleur qui vaut par kg et par mtre de descente 20 J/(kg.m). Mais do viendrait cette apport ?
49
1.2.7. Profil thermique vertical de lair dans une salle souterraine ou une fente
Gradient adiabatique. Ce quon vient de voir pour latmosphre est valable aussi dans les grottes. La limite de stabilit, cest--dire le dmarrage de mouvements convectifs est le profil adiabatique. Ce rsultat est vrai seulement si la concentration de lair dans la salle est homogne et si les dimensions du vide ne sont pas trop petites. Instabilit dans les fissures, nombre de Rayleigh critique (cf. Guyon et al, 1991). Aux petites chelles de longueur, les forces visqueuses voient leur rle augmenter. Dans ce cas, on peut avoir stabilit avec un gradient thermique ngatif plus grand en valeur absolue que le gradient adiabatique sec. La thorie de linstabilit de Rayleigh-Bnard montre que pour une hauteur de conduit H infrieure 16 cm, le critre pour la limite de stabilit est fourni par le nombre de Rayleigh critique de 1708 : 3 1.89 Rac = g T H = 1708 a avec viscosit cinmatique de lair coefficient de dilatation isobare (= 1/T pour un gaz parfait) g acclration de la pesanteur a diffusivit thermique ce qui conduit
dT T = 1708 a = 1708.15.10 -6. 21.10 -6 dz c H 9,81.3,66.10 -3 H4 g H4
-6 dT = - 7,5 10 dz c H4
H (en m)
soit
H en m
1.90
0,16 -0,01
Fig. 1-19- La limite de stabilit en fonction de la hauteur H du volume dair. La valeur -0,01 est le gradient adiabatique sec The thermic gradient of transition versus elevation H
On voit sur la figure ci-contre que le gradient thermique peut devenir trs grand en valeur absolue, ce qui signifie que la stabilit dans des milieux trs petits est beaucoup plus grande que dans latmosphre. Lair froid peut rester au-dessus dun air chaud sans convection craindre pour des dimensions de quelques millimtres. Cest aussi dans ces cas-l que la conduction remplace avantageusement la convection pour assurer le transfert de chaleur. On peut donc dire que dans le rseau des fentes (remplies dair) la convection naturelle ne joue plus gure de rle pour les changes de chaleur.
dT/dz (en C)
1.2.8. Stabilit dune atmosphre de composition non uniforme

Examinons maintenant le cas dun air non homogne en composition, prsentant par exemple un gradient en CO2. Que devient notre critre de stabilit ? On se limitera un air non satur en vapeur deau. Le calcul ne se trouve pas dans les livres mais il est analogue celui de Laplace. On trouve alors que latmosphre sera la limite de stabilit si le gradient thermique vaut : dT dz = dT dz + Mc - 1 T d Ma dz dT dz = - 0,01 + 144 d dz 1.91
inst
adiab
inst
Dans cette relation, Ma est la masse molaire de lair soit 29.10-3 kg par mole et Mc est celle pour le dioxyde de carbone, soit 44.10-3 kg par mole ; est la pression partielle relative (fraction molaire) du dioxyde de carbone. Si la concentration en dioxyde de carbone diminue par exemple de 0,01 % par mtre vers le haut, on trouve que latmosphre est plus stable puisque le gradient thermique limite est report -2,4 C / 100 m au lieu de -1C / 100 m. En revanche pour une concentration de CO2 croissante avec laltitude, linstabilit pourrait apparatre mme pour des gradients thermiques positifs si le gradient de concentration en CO2 est suprieur 0,007 % par mtre. Si lair est satur en vapeur deau, on remplacera le gradient adiabatique sec par le gradient adiabatique humide (avec les rserves vues au 1.2.6). ______________________________
50
1.3. Phnomnes locaux associs un courant dair

1.3.1. coulement laminaire et turbulent, nombre de Reynolds
Lorsquon cre un coulement dans une conduite et quon est capable de faire varier la vitesse, on constate le phnomne suivant : trs basse vitesse, lcoulement se fait filets fluides bien parallles, on dit quil est laminaire, mais partir dune certaine vitesse, lcoulement devient plus irrgulier, on dit quil est turbulent. Dans un tuyau lisse le passage du mode laminaire au mode turbulent se produit pour une certaine valeur de la vitesse caractrise par la valeur dun nombre appel nombre de Reynolds. Re = V D est la viscosit cinmatique (en m2 s-1) 1.92
Ce nombre de Reynolds est une grandeur locale sans dimension qui joue un rle considrable dans un coulement. Physiquement, il reprsente le rapport des forces dinertie aux forces dues la viscosit. Mais la signification physique est adapter, en ralit, avec lexprience considre. Pour une conduite industrielle, la valeur du nombre de Reynolds critique (limite entre le rgime laminaire et le rgime turbulent) est Rec = 2000. Dans un conduit irrgulier comme celui dune galerie naturelle, le nombre de Reynolds critique doit plutt tre voisin de 1000 que de 2000. La viscosit cinmatique de lair tant de 15 10-6 m2 s-1 , il est facile de vrifier que dans une galerie pntrable de 0,5 m de diamtre lcoulement est turbulent pour une vitesse suprieure 3 cm/s. Autant dire que tous les courants dair souterrains significatifs sont turbulents dans les passages resserrs, les seuls avoir de limportance pour la dtermination de la perte de charge.
1.3.2. Les forces sur une particule fluide a) quation locale de la dynamique
Comment lair peut-il se mettre en mouvement ? On a vu que la mise en mouvement dune masse dair ncessite des forces. Lquation locale de la mcanique des fluides, en un point fixe de lespace, est lquation dite de Navier-Stokes (1822-1848). On trouvera dautres expressions de cette quation en annexe A-3. Elle scrit : dV = - grad p - gk + V dt
, en N.m-3
1.93
Dans le premier membre de lquation, on trouve les termes dinertie et dadvection (lquivalent du m de lquation de Newton). Dans le deuxime membre, on a les forces extrieures appliques notre particule fluide. Cest cette partie l qui nous intresse. On voit quil y a trois sortes de forces : - les forces de pression, ( grad est loprateur gradient) - la force de pesanteur ( k est le vecteur unitaire sur la verticale ascendante) - les forces visqueuses, est la viscosit dynamique (en Pa.s) Examinons en dtail chacune de ces trois forces.
b) Les forces de pression

Elles nagissent pas directement comme la force de pesanteur, elles agissent par lintermdiaire de loprateur gradient qui est dfini mathmatiquement par : p/x grad p = p/y p/z dans un repre cartsien Oxyz 1.94
51
Ce vecteur, dapparence un peu barbare, a un sens physique trs clair. Sa direction est la direction de plus grande variation de la pression (un peu comme sur un toit, on peut dfinir la direction de plus grande pente) et son module indique lintensit de cette variation. Le gradient dune quantit, en un point, renseigne sur les variations de cette quantit autour du point considr. Pourquoi alors la pression agit-elle par son gradient et non par sa valeur ? Le dessin ci-contre suffit comprendre.
particule fluide
p + p/x
Fig. 1-20- La diffrence de pression (gradient) engendre une force de mouvement The pressure gradient generates a movement
Une particule fluide est entoure par du fluide. Si la pression tait constante, le fluide gauche exercerait la mme pression que le fluide droite, la particule ne bougerait pas. Cest la diffrence de pression entre la gauche et la droite qui fait bouger la particule. Cest bien le gradient de pression. On voit que la particule subira une acclration dans le sens des gradients ngatifs, cest--dire dans le sens des pressions dcroissantes. La particule est pousse larrire et aspire lavant. Il faudra toujours garder en mmoire que la pression ne joue aucun rle dynamique par elle-mme. Ce sont ses variations spatiales qui jouent un rle.
c) Forces de pesanteur
Le deuxime terme est bien connu, cest la force de pesanteur, proportionnelle la masse (ici la masse volumique) et proportionnelle g = 9,81 m s-2 , acclration de la pesanteur. Dans ltendue verticale dun rseau karstique, on pourra considrer que lacclration de la pesanteur est constante. En revanche, dun point lautre de la terre, on pourra prendre en compte les lgres variations de cette grandeur. De la mme faon quen statique on a regroup la pression et le terme de pesanteur, on peut le faire ici car le gradient est un oprateur linaire. - grad p - gk = - grad (p + g z) = - grad (pm) 1.95
Ce regroupement nous permet de voir tout lintrt de la notion de pression motrice (ou de la pression motrice quivalente). Au repos, cette pression motrice est constante, la variation est nulle, il ny a pas de force. Ce sont bien les variations de cette pression qui induisent le mouvement. En remplaant la pression par cette pression motrice, on na plus prendre en compte les forces de pesanteur.
d) Forces visqueuses
Le troisime terme, que nous nanalyserons pas en dtail, est un oprateur nomm Laplacien et quon note et qui traduit linfluence des cisaillements qui font frotter les particules fluides les unes contre les autres. Do apparition de forces proportionnelles la viscosit, quon appellera forces visqueuses. Finalement les forces qui agissent sur un fluide sont le gradient de pression motrice et les forces visqueuses. En gnral, les forces de pression sont motrices (do le nom) et les forces visqueuses sont rsistantes, cest--dire freinent le fluide. Mais il suffit que lair soit au contact dun objet mobile, par exemple de leau en mouvement pour quil apparaisse des forces visqueuses motrices. Nous trouverons en annexe le phnomnes dentranement turbulent de lair par les cascades.
1.3.3. Lquation de Bernoulli sur une ligne de courant

On appelle ligne de courant, une ligne telle quen chacun de ses points, la tangente et le vecteur vitesse au mme point ont mme direction.
52
Le fluide transporte avec lui de lnergie cintique. La mcanique nous enseigne qu partir de lquation de Newton, on peut dduire lquation de lnergie cintique qui se traduit par le thorme suivant : la drive par rapport au temps de lnergie cintique dun systme matriel est gale la puissance des forces extrieures et des forces intrieures. Pour un fluide masse volumique constante et en rgime permanent, ce thorme conduit aprs division par le dbit volume lquation de Bernoulli. Elle scrit trs simplement le long dune ligne de courant :
C A
B E D
PA
PB
Fig. 1-21- Dissymtrie fondamentale dans un jet, ou dans l'action sur un obstacle entre la partie amont (soumise aux gradients de pressions) et la partie aval inertielle The fundamental dissymetry between upstream and downstream of a jet. The upstream is a pressure gradient zone and the downstream is a viscous zone
1 u2 p1 + g z1 + 1 u2 1 = p2 + g z2 + 2 + p1-2 2 2 soit encore 1 u2 pm1 + 1 u2 1 = pm2 + 2 + p1-2 2 2
1.96
1.97
Les grandeurs du premier membre de lquation sont mesures en un point 1, celles du 2e membre en un point 2 sur la mme ligne de courant que le point 1. Pm est la pression motrice. Les hydrauliciens appellent lensemble : pression motrice + nergie cintique volumique, la charge au point considr. P1-2 est la perte de charge entre le point 1 et le point 2. Cette perte de charge reprsente physiquement la puissance des forces visqueuses, cest--dire la dissipation dnergie mcanique en chaleur. Cette perte de charge se calcule directement, partir de la vitesse et de la forme des conduits, laide de formules plus ou moins empiriques. Le thorme de Bernoulli est dun emploi trs commode. Nous admettrons quil sapplique aussi lcoulement moyen dans une galerie, et nous nous en servirons pour calculer les coulements dans les rseaux souterrains.
Exemple dapplication de lquation de Bernoulli. Calculons la vitesse obtenue la sortie de lorifice de communication entre deux rservoirs de pressions diffrentes. Le thorme de Bernoulli nous donne (en supposant la perte de charge ngligeable) :
pmA + 0 = pmB + 1 V2 2 sur la ligne de courant AB d'o V= 2 pm1 - pm2 1.98
Lexprience dcrite sur le dessin ci-dessus est trs instructive. Dans le rservoir amont, cest le gradient de pression qui met le fluide en acclration et lui permet de sengouffrer dans lorifice. On a dj vu dans la premire partie que la vitesse est sensible seulement au voisinage immdiat du trou. La pression au point C est la mme que la pression au point B ou au point D. Il est trs curieux de constater que la pression au point B est la mme quen dehors du jet. Cela semble un paradoxe, mais ce paradoxe est facilement lev quand on rflchit que mettre la main dans un jet arrte le fluide do une surpression sur la main. Cest la perturbation qui cre la surpression. Elle nexiste pas dans le jet. Ainsi au point E devant lobstacle, la pression est celle qui correspond une vitesse nulle. La pression en E est donc gale la pression dans le rservoir amont : 2 pA = pE pB = pC = pD = pA - 1 V 1.99 2 Si on applique lquation de Bernoulli dans le cas dun aro-jecteur (cf.1.3.8), on constate que pour le fluide entran la charge augmente (le terme de perte de charge est ngatif). Si on applique lquation de Bernoulli dans un rtrcissement, la vitesse augmente, donc la pression diminue. Cest leffet Venturi.
53
1.3.4. Dtermination des pertes de charge par le coefficient de perte de charge linique
Introduction. Nous disposons de deux quations (S section de la galerie, V vitesse moyenne de dbit) :
lquation de conservation de la masse qm = S V lquation de Bernoulli Pour une galerie de forme connue, on peut calculer, connaissant le dbit, la vitesse moyenne en chaque section par la premire quation et la pression en chaque point par la deuxime. Mais il faut savoir valuer les pertes de charges. La pression joue le mme rle que la tension en lectricit. Le long dune ligne de courant, les pertes de charges sajoutent et la perte de charge totale est la somme sur la ligne de courant des pertes de charges partielles. Comment value-t-on les pertes de charge ? Pour un plombier qui doit calculer le dbit de son installation partir de la donne de la pression fournie par la pompe, le problme principal est de calculer la somme des pertes de charge. Pour nous, cest le mme problme. Il est classique dans lindustrie de distinguer deux sortes de pertes de charge : les pertes de charges liniques ou rgulires les pertes de charges singulires
a) Pertes de charges rgulires (ou linques)

Pour une conduite de diamtre D et de longueur L , la perte de charge dun courant dair de dbit volumique qv est donne par lexpression : 2 P = 82 qv L 1.100 5 D Dans cette expression le coefficient est le coefficient de perte de charge linique, il dpend principalement de la rugosit de la galerie si la vitesse est suffisante (cest--dire en pratique si le nombre de Reynolds est suprieur 10 000). Une ordre de grandeur admissible pour est 0,1. Le nombre de Reynolds est dfini par : Re = 4 qv = V D D tant la viscosit cinmatique de l'air 1.101
basse vitesse, cest--dire pour un nombre de Reynolds plus petit que 1000, la perte de charge sexprimerait par : P = 128 qv L 4 D 1.102
perte de charge p turbulent laminaire 640 Re
On peut reprsenter sur un schma (figure ci-contre) les variations de la perte de charge en fonction du dbit dans un tronon de galerie donn. basse vitesse, (pour Re < 640) la perte de charge varie linairement avec le dbit, puis au-del de cette valeur du nombre de Reynolds, la perte de charge augmente peu prs comme le carr du dbit.
Fig. 1-22- Pertes de charge liniques en fonction de la vitesse dans le cas laminaire et dans le cas turbulent (pour = 0,1) The headloss versus velocity in the laminar and turbulent flow
b) Pertes de charge singulires

Les pertes de charges singulires sont dues aux irrgularits de la galerie (virages, largissements et rtrcissements brusques), des singularits gomtriques qui engendrent des tourbillons gnrateurs de dissipation. On les calcule laide de coefficients dfinis par : q2 v K P = 8 1.103 2 D4
54
Le coefficient K est le coefficient de perte de charge singulire. Sa valeur pour des formes simples peut tre trouve dans les formulaires dhydraulique. Si on adopte comme diamtre le plus petit des diamtres au voisinage de la singularit, le coefficient K est de lordre de 1. Dans un virage, le coefficient pourra tre estim 0,5 et dans un convergent aussi. La vitesse V est celle de lamont de la singularit. La difficult est bien sr dvaluer et . Alors que le plombier, dont nous avons voqu le problme, peut consulter des tables, nous navons pas grand chose de certain. On peut tout de mme utiliser les rsultats exprimentaux (abaque de Colebrook modifi par Nukuradze et Moody) qui expriment la perte de charge en fonction du nombre de Reynolds de lcoulement (fig. 1-24).
Fig. 1-23- Diagramme de Colebrook (Nikuradze, Moody ) Resistance coefficient versus Re (after Moody 1944)
Sur ce diagramme, on constate que le coefficient de perte de charge linique devient indpendant du nombre de Reynolds, cest--dire de la vitesse, lorsque lcoulement est turbulent. Mais ce coefficient dpend de la rugosit, et celle des galeries souterraines nest pas connue. Il semble quune valeur = 0,01 0,5 est acceptable. On admettra presque toujours que le coefficient de perte de charge est indpendant de la vitesse ce qui simplifie beaucoup les calculs.
55
tourbillon de recirculation D1
Fig. 1-24- Exemple de perte de charge singulire : llargissement brusque. La perte de charge se fait dans les tourbillons de recirculations A geometrical singularity : the rapid expansion
D2
On verra plus loin quil est illusoire dessayer de dterminer avec prcision le coefficient de perte de charge dun conduit naturel. La seule mthode non ambigu pour la caractrisation de la perte de charge dun tronon donn est den dfinir la rsistance araulique (cf. plus loin 1.3.5).
c) Lcoulement dans un conduit souterrain est en gnral turbulent

Examinons un exemple pour bien nous persuader que lcoulement est en gnral turbulent et que la perte de charge varie comme le carr du dbit. Pour une galerie dun mtre de diamtre, le nombre de Reynolds de 640 correspond un dbit de 7 l/s qui est trs faible (vitesse du courant dair 1 cm/s). Pour un boyau de 0,4 m de diamtre, la vitesse serait de 2,4 cm/s et une galerie de 10 m de diamtre, la vitesse du courant dair ne serait que de 1 mm/s. On voit bien ici que la perte de charge peut toujours tre considre comme quadratique avec le dbit (rgime turbulent), sauf peut-tre au voisinage de linversion de sens du courant dair. Maintenant pour un dbit donn, dans quelle sorte de galerie lcoulement est-il laminaire ou turbulent ? Il suffit dexaminer la forme du nombre de Reynolds, il diminue quand le diamtre augmente. On en dduit que la courant dair sera plutt laminaire dans les salles et plutt turbulent dans les galeries qui seules procurent les pertes de charge.
Un conduit naturel est-il pleinement rugueux pour lcoulement ? Le rsultat que le coefficient de perte de charge devient indpendant du dbit qui circule dans le conduit est un rsultat remarquable. Mais on voit quil nest valable quau-dessus dun certain nombre de Reynolds, cest--dire au-dessus dun certain dbit. Quand ce rsultat est obtenu, on dit que lcoulement est compltement rugueux. En effet, on distingue classiquement dans lcoulement turbulent prs dune paroi, trois zones. La plus proche de la paroi est la sous-couche visqueuse, puis on trouve la couche limite turbulente et enfin, lcoulement au loin. On dit quune paroi est rugueuse si les rugosits naturelles ont une hauteur suprieure la sous-couche visqueuse. Connaissant cette hauteur, on en dduit que la hauteur limite des asprits dune paroi pour dclarer que lcoulement est turbulent lisse, est r telle que :
Re = 40 D log 2,5 D r r 1.104
Calculons titre dexemple la hauteur limite que devrait avoir les rugosits de paroi pour une galerie de 1 m de diamtre parcourue par un courant dair de 1 m/s. On trouve r = 1,9 mm. Cest une hauteur ridiculement petite. Les rugosits naturelles sont toujours plus grandes que cette dimension et la couche limite turbulente narrte pas dtre perturbe, ce qui est la marque de lcoulement turbulent rugueux. Les galeries ayant des rugosits naturelles importantes, lcoulement y est pleinement rugueux quand le nombre de Reynolds (V D / ) dpasse 20 000. Soit lingalit V D > 0,3. Dans un boyau de 0,5 m de diamtre, la condition sera remplie pour une vitesse suprieure 0,6 m/s. Les tudes de Bgli (1980), Marchal (1994) cites dans la thse de Jeannin (1996) montrent que les pertes de charge singulires sont souvent ngligeables quand les conduits ont des sections assez rgulires (tubes). Les mesures de Louis EDF (1968) sur des conduits rugueux un peu analogues aux tubes des conduits karstiques lui ont fourni la relation suivante entre et la rugosit relative /DH : 1 = - 2 log 1,9 DH 1.105
56
Cette relation suppose que /DH > 0,033 ce qui toujours le cas dans les cavits naturelles. Par exemple, dans une galerie comme celle de Franois Nord au Trou qui Souffle, le diamtre est de 4 m et la hauteur des rugosits est de lordre de 0,5 m ce qui conduit = 0,18 , qui est une valeur plausible pour un conduit karstique. Pour un conduit de section trs variable, il est bien vident que lcoulement passe dun rgime turbulent dans les resserrements un rgime laminaire dans les salles. Mais dans les salles, la perte de charge est ngligeable, on peut donc se contenter dtudier les coulements dans les resserrements. Et ils sont alors turbulents rugueux. Ce rsultat est trs important puisquil nous indique que la perte de charge varie comme le carr du dbit de courant dair.
1.3.5. Non pertinence de la notion de coefficient de perte de charge, et rsistance araulique des conduits naturels a) Difficult avec les conduits naturels
La perte de charge le long dun conduit industriel scrit (en rgime turbulent rugueux) : P m = 82 q2 v
i li 5 i=1 n
Di
j=1
Kj D4 j
1.106
Cette expression conviendrait bien pour des conduites industrielles, mais on se heurte une grande difficult pour les conduits naturels. En effet, on ne sait pas trouver les coefficients i de perte de charge, a priori. On pourrait certes mesurer la perte de charge et, pour un diamtre donn, on en dduirait le coefficient de perte de charge. Linconvnient, cest quon ne sait pas non plus dterminer proprement le diamtre dun tronon de galerie naturel. Les galeries de grottes sont en effet beaucoup trop irrgulires pour quon puisse esprer mieux quun approximation grossire de ce diamtre. La mesure de la perte de charge ne fournit quune seule relation pour deux inconnues ! = 2 Pm D5 8 q2 v L ou Kj
2 = Pm 8 q2 D v 4
1.107
Ce nest pas le coefficient de perte de charge qui a un sens, cest le rapport /D5, de mme ce nest pas K qui a un sens, mais le rapport K/D4. Les notions de pertes de charge rgulire et singulire sont intressantes pour la comprhension des processus qui amnent les pertes de charge dans une galerie. Mais elles noffrent aucune possibilit de calcul sr. La seule grandeur pertinente pour les dtermination de perte de charge est la rsistance araulique que nous allons maintenant dtailler.
b) Rsistance araulique dun conduit naturel

Un conduit naturel est plus complexe quun conduit industriel. La difficult est bien sr de dtailler et de connatre suffisamment bien le rseau pour calculer le crochet. Rciproquement, une mesure de dbit et de diffrence de pression permet de trouver cette caractristique du rseau. On peut mettre alors la relation sous la forme : P m = R q2 m 1.108
Do la dfinition de la rsistance araulique R valable en coulement turbulent ou laminaire. Cest le rapport entre la perte de charge et le carr du dbit masse. Elle sexprime en kg-1. m-1. tienne Simode (1976) propose dappeler cette unit le Kem. Dans lancien systme dunit CGS, lunit de rsistance tait le Murgue en lhonneur de lingnieur franais des Mines du mme nom. Un Kem vaut donc 10-5 Murgues. En coulement turbulent rugueux, cette rsistance ne dpend pas de la vitesse dans le conduit, cest une caractristique presque purement gomtrique du conduit. Si lcoulement est laminaire ou turbulent lisse, cette caractristique dpend du dbit. Mais on a vu prcdemment que les pertes de charge ne sont significatives quaux resserrements et que les coulements dans ces resserrements sont turbulents rugueux.
57
Par exemple, une galerie de 80 m de long et 1 m de diamtre, de coefficient de perte de charge linique = 0,02 offre une rsistance araulique R = 1 Kem (kg-1.m-1). Cette unit de rsistance est donc bien adapte aux circulations de courants dair souterrains. Si le conduit tait rgulier (galerie de mine par exemple), la perte de charge serait linique et la rsistance se calculerait par lexpression : R BC = 8 L3 2 D5 3 1.109
Mesure dune rsistance araulique. Si la branche a une section trs irrgulire, on pourra tre conduit mesurer
la rsistance araulique. Pour un courant dair donn dont on mesure le dbit dans la branche, il faut mesurer laide dun manomtre diffrentiel la diffrence de pression entre les deux points extrmits de la branche, do on dduit la perte de charge et la rsistance araulique. On a dtaill cette mesure dans le tome 1, 3.3.1. Dans certaines publications dhydraulique souterraine, linverse de la rsistance est appele conductance.
c) Temprament
Les mineurs introduisent une autre grandeur appele temprament dune branche, dfinie par : = qm p 1.110
Le temprament sexprime donc en kg.m . Lunit de temprament dans lancien systme dunit des mineurs (MTS) tait le Guibal du nom dun ingnieur franais du 19e sicle. Cette caractristique est une sorte de conductance du conduit (pour les courants dair). La relation entre le temprament et la rsistance araulique scrit : = 1 R 1.111
Lintrt de cette grandeur est que deux galeries en parallle ont pour temprament la somme des tempraments partiels (dmonstration plus loin). Cest pour cette raison quon a introduit la notion de temprament. Exemple. Donnons un exemple de valeur de la constante R . Dans le rseau de la Dent de Crolles, le dbit dair lentre de la grotte du Guiers Mort pour un cart de temprature de 9,2C et une dnivellation de 620 m est de 8,9 m3/s quand le siphon prs de lentre est amorc et de 12 m3/s quand le siphon est compltement dsamorc. On en dduit que la pression motrice est de 221 Pa et la rsistance araulique R = 4,2 kg-1. m-1 (ou Kem). La rsistance araulique vaut R = 2,29 Kem quand le siphon situ prs de la sortie est amorc (cf. Lismonde 2000). La rsistance araulique est R = 1,27 Kem quand le siphon est compltement dsamorc. Les tempraments valent respectivement = 0,66 kg.m et = 0,89 kg.m .
d) Rsistances en srie et rsistances en parallle

Pour une mme branche, les rsistances arauliques partielles en srie sajoutent car les pertes de charges sajoutent et le dbit masse se conserve.
2 2 p = p1 + p2 = R 1 q2 m + R 1 qm = R qm
R = R1 + R2
1.112
Pour deux conduits en parallle la perte de charge est la mme quon passe par un conduit ou par lautre. Le dbit masse total est gal la somme des dbits masse partiels. On en dduit :
2 p = R 1 q2 m1 = R 2 qm2 = R qm1 + qm2 2
qm1 =
p R1
et
qm2 =
p R2
1.113
58
Climatologie du monde souterrain, tome 2, 1.3.5.e
Do on dduit la rsistance quivalente pour deux rsistances en parallle : p = R p + R1 p R2

2
1 = 1 + R R1
1 R2
1.114
La relation est diffrente de celle quon trouve en lectricit. En araulique, la racine carre de la rsistance quivalente deux rsistances en parallle est gale la somme des inverses des racines carres de chaque rsistance. On a introduit plus haut la notion de temprament. On voit que deux conduits en parallle offrent un temprament gal la somme des tempraments partiels. Cest pour cette raison que la notion de temprament a t introduite par les mineurs.
Conclusion. Le comportement araulique dun conduit naturel est ainsi dfini soit par la rsistance araulique (utile
quand les conduits sont disposs en srie), soit par le temprament (utile chaque fois que des conduits sont disposs en parallle), soit par louverture quivalente (notion qui offre lavantage dune reprsentation simple et quon examinera au 1.3.6.d).
e) Relation entre dbit et pm

Elle rsulte de la relation de dfinition de R : qm = Pm R 1.115
Dans cette relation, qm est le dbit masse (en kg/s), pm est la diffrence de pression motrice (en Pa) et R est la rsistance araulique du conduit (en Kem). Connaissant le dbit masse dans le conduit, on peut calculer la vitesse moyenne de dbit dans une section S (en m2) par la relation : V = qm S 1.116
1.3.6. Diamtre quivalent pour les pertes de charge dun conduit naturel
Nous avons vu quil est quasi impossible de calculer le diamtre moyen dun conduit naturel (quivalent au sens des pertes de charge). Mais nous allons revenir sur la notion de diamtre araulique local afin de dmontrer une proprit trs importante des conduits naturels.
a) Diamtre araulique dune galerie de section rgulire

Les galeries naturelles ont des sections qui varient beaucoup dans le sens de la galerie. On ne peut donc pas dfinir simplement un diamtre moyen dune galerie. En revanche, en une section donne, on peut dfinir le diamtre quivalent comme 4 fois la surface de passage divise par le primtre P du conduit. Le coefficient 4 est ncessaire pour retrouver le diamtre dans le cas dun cercle. D= 4 S 1.117 P Cest le diamtre araulique. Si la galerie prsente une section peu prs uniforme sur une certaine longueur, on peut dterminer par la mesure de la perte de charge, le coefficient de perte de charge linique . Ayant ce coefficient, on peut dterminer sur le diagramme de Colebrook, la rugosit relative quivalente du conduit.
b) La perte de charge est cantonne aux diamtres les plus petits

Tous les splos savent bien quune galerie ne prsente pas en gnral une section constante. On peut la reprsenter plutt comme une succession dlargissements et de resserrements. On a vu plus haut que la perte de charge dans un resserrement varie comme le carr de la vitesse. On va montrer une proprit importante sur les pertes de charge singulires, cest que la perte de charge due un rtrcissement augmente tellement quand la section du rtrcissement diminue, que lon peut dire, en simplifiant un peu, que seules comptent les pertes de charge correspondant aux rtrcissements les plus svres.
59
On a vu plus haut que la perte de charge augmente comme linverse de la puissance 4 du diamtre quivalent. Par exemple, une troiture deux fois plus petite en dimension cre une perte de charge 16 fois plus grande. Cette troiture compte donc 16 fois plus que lautre. Il est facile de voir que sil existe une troiture nettement plus svre que les autres dans un rseau, cest elle qui occasionnera la plus grande partie de la perte de charge. On en conclut que pour caractriser une cavit vis--vis des pertes de charge, il suffit de sintresser aux seuls rtrcissements. Lexistence de salles de diffrentes tailles na aucune importance pour ces pertes de charge.
D1 L1
D2 L2 D3
Fig. 1-25- Succession de salles et rtrcissements A succession of chambers and narrow passages
Un dessin comme celui du schma ci-dessus suffira caractriser la galerie pour les pertes de charge. Il reprsente une cavit galerie unique que lon a redresse et on sest content de reprsenter les resserrements avec lindication du diamtre quivalent et de la position de ltroiture dans le cheminement gnral. On na pas besoin de lindication du diamtre des salles.
c) Diamtre de ltroiture quivalente pour la perte de charge dun conduit

On peut aussi vouloir remplacer lensemble des pertes de charge dun conduit par une perte de charge singulire occasionne par un unique resserrement. On appellera diamtre quivalent pour les pertes de charge dun conduit ou dune troiture, le diamtre dun resserrement unique qui fournit la mme perte de charge. Cette notion rejoint peu prs celle douverture des mineurs.
d) Ouverture quivalente
Les mineurs prfrent calculer la surface de passage dun diaphragme occasionnant la mme perte de charge. On appelle ouverture quivalente la section (en m2) dun diaphragme en paroi mince qui aurait la mme rsistance araulique que la branche considre. On sait quun diaphragme en paroi mince occasionne une perte de charge singulire de la forme : q2 m p = 1 2 0,65
2
diaphragme coulement 0,65 ouverture (en m2)
1.118
Fig. 1-26- Ouverture quivalente pour les pertes de charge. On considre le diaphragme qui provoque la mme perte de charge que la galerie toute entire The equivalent aperture for head loss
Dans cette expression la constante 0,65 reprsente la section contracte de lcoulement laval du diaphragme. On en dduit la dfinition de louverture quivalente : = =
qm 1.119 0,65 2 p Montrons que dans le systme dunits SI, louverture quivalente a mme valeur numrique que le temprament. = qm p La constante dimensionne 0,65 = 0,65 1 2 qm p d'o = 0,65 2 1.120
2 a une valeur numrique voisine de 1 dans le systme SI en prenant une masse 2 = 0,65 2 . 1,2 1,007 kg1/2 .m-3/2
volumique de lair de 1,2 kg.m-3 : 0,65
Louverture quivalente est un peu plus grande que ltroiture quivalente cause de la contraction de la veine dans le cas de louverture. La relation entre ces deux grandeurs est : dtroiture = 0,8 douverture
60
e) Cas de conduits en parallle, trmies

Si le rseau est maill, cest--dire sil y a plusieurs galeries en parallle, il faut reprsenter toutes les galeries ou bien, si certaines ont des sections nettement plus petites que les autres, on pourra les omettre dans le dessin. Quand, il y a deux galeries en parallle, la perte de charge se calcule pour lune ou lautre des galeries. Elle est bien sr la mme dans une galerie ou dans lautre. On a dj rencontr le calcul grce la notion de temprament. On retrouvera cette proprit dans ltude des labyrinthes. La perte de charge est la mme pour tous les itinraires emprunts par le courant dair.
D4 L5 A L1 L2 L3 D1 D2 D3
L6 B
L4
Fig. 1-27- Deux galeries en parallle. Les pertes de charge dans chacun des tronons sont identiques Two parallel galleries : the two headlosses are equal
Si les deux galeries parallles sont identiques, alors le dbit se rpartit galement entre elles (moiti du dbit total) et la perte de charge quivalente aux deux galeries est simplement 1/4 de la perte de charge fournie par une galerie. De la mme faon, sil existe n galeries identiques en parallle (cas des trmies par exemple), alors la perte de charge gnrale est simplement 1/n2 fois la perte de charge si le conduit tait unique. On en dduit (avec tristesse quand on est explorateur ! ) quun fort courant dair peut trs bien se perdre dans une trmie rigoureusement impntrable pour lhomme, il suffit quelle soit assez large, cest--dire quelle offre suffisamment ditinraires pour le courant dair.
1.3.7. Le courant dair dans un virage

Les forces centrifuges dans une courbe se rpercutent sur le champ de pression. Ou dune autre manire, cest le champ de pression inhomogne qui permet une particule fluide damorcer une courbe.
a) Gradient transverse de pression motrice pour un fluide tournant

Sur une ligne de courant dfinissons un repre local passant par le point considr, laxe des x est pris dans la direction du vecteur vitesse, laxe des y passe par le centre de courbure de la trajectoire. Le rayon de courbure est not R. Laxe des z est perpendiculaire la fois x et y. Considrons une particule fluide centre sur le point M et crivons lquation dEuler (cf. Annexe) dans le repre Oxy en nous contentant de la projection sur laxe des y :
DV . j = - grad p m . j Dt et comme avec DV . j = - V Dt R grad Pm . j = Pm y
2
y gradp x ligne de courant
M R rayon de courbure
1.121
C centre de courbure
On en dduit la relation : pm = V2 y R en N m-3 1.122
Fig. 1-28- Ligne de courant curviligne et gradient de pression. La pression augmente vers lextrieur de la ligne de courant : cest le gradient transversal de pression A curved courant line with centrifugal pressure gradient
Dans un coulement avec des lignes de courant courbes, la pression motrice augmente dans la direction de la convexit (lextrieur) comme le carr de la vitesse et comme linverse du rayon de courbure de la trajectoire. En revanche dans la direction z , la pression motrice reste constante.
61
Le champ des pressions motrices permet de comprendre comment une particule fluide change son mouvement. Si le gradient de pression est vers lavant, il y a freinage. Sil est vers larrire, il y a acclration. Sil est oblique, il y a virage dans lautre sens. grad pm i pertes de charge ou acclration ou dclration grad pm j forces centrifuges grad pm k = 0 Au niveau dun virage, la diffrence entre gradient de pression et gradient de pression statique est insignifiante dans lair. Cette proprit de la pression de ne varier transversalement que sous leffet de la courbure des lignes de courant, permet de dmontrer que la pression dans un jet dair est la mme que la pression extrieure au jet. 1.123
b) Structure dun coulement dans un virage

Un courant dair ne prend pas un virage dun faon simple. Les forces dinertie provoquent une dissymtrie amont-aval de lcoulement. Le jet prend lextrieur, alors qu lintrieur du virage, la vitesse est souvent inverse par le tourbillon de recirculation. Par ailleurs, le freinage de la veine dair par les parois engendre des tourbillons spars par une surface situe dans le plan de symtrie du virage. Lallure de lcoulement est donc fortement 3-D. Cest pour cette raison quon dconseille de faire des mesures de vitesse dans un virage.
Fig. 1-29- Courant de recirculation dans un virage Il se trouve la sortie du virage Recirculation eddy in a bend
tourbillon de recirculation tourbillons secondaires
1.3.8. Lentranement de lair par un jet dair : jection

Ljection (ou induction) est le phnomne dentranement turbulent dun dbit dair secondaire par un jet dair primaire. Le courant dair est assur par le conduit du fluide primaire. Le conduit secondaire ne possderait aucun courant dair en labsence de lautre. Cet entranement peut permettre une recirculation ou un bouclage (comme sur la figure). Ce phnomne explique que le dbit dans une salle par exemple peut sembler augmenter si lon ne connat pas les retours latraux de lair. Proposons un modle thorique simplifi du calcul du dbit induit.
air secondaire D V2 V1 air primaire A B C
Fig. 1-30- Schma de principe de ljection. Le dbit en B est plus grand que le dbit dair primaire Principal of ejection : the B flow is greater than primary flow
62
Le conduit dair primaire possde une vitesse V1. La viscosit turbulente permet dobtenir au soufflage un profil de vitesse uniforme. Appelons S1 la section du jet primaire et S2 la surface du jet secondaire. La somme de ces deux surfaces constitue la surface au niveau du soufflage. Dans toute la section A, la pression est uniforme car il ny a pas de courbure des lignes de courant. De mme dans la section B (figure ci-dessus). La dmonstration qui suit nglige les fluctuations turbulentes dans les sections A et B. La conservation du dbit entre les sections A et B donne : V1 S 1 + V2 S 2 = Vs S 1 + S 2 La pression dans la section A se calcule en appliquant le thorme de Bernoulli entre les points C et D. pA = pB - 1 V2 2 2 1.125 1.124
Le thorme dEuler (bilan des quantits de mouvement, dmontr en annexe) pour le domaine situ entre les sections A et B conduit la relation :
p A - p B S1 + S2 = m1 + m2 Vs - m1 V1 - m2 V2
1.126
On exprime PA en fonction de V2 et toutes les vitesses en fonction des dbits masse :

-1 2 m2 S2 2
2
S1 + S2 =
m1 + m2 S1+ S2
m1 S1
m2 S2
3,5 dbit recycl/dbit neuf 3,0 2,5 2,0 1,5
Posons a = S2 S1 l'quation s'crit :
et x = m2 m1
x2 1 + 1 + 4 x - 2 a = 0 a2
m2 = x = - 2 a2 + a a +1) 2 a a2 + 1 m1
1.127
1,0 0,5 rapport a = S2/S1 0 0 2 4 6 8 10 12
Nous avons reprsent sur la figure ci-contre le rsultat qui montre le dbit induit (ou recycl ou recircul) en fonction du rapport des sections. On appelle taux dinduction le rapport du dbit dair induit (ou secondaire) et du dbit inducteur (ou primaire ou neuf). Ce phnomne existe dj pour un simple jet dair. On sait que dans ce cas, la quantit de mouvement se conserve mais que le dbit augmente (par induction).
Fig. 1-31- Dbit recycl par jection en fonction du rapport des surfaces Recirculated flow versus surfaces ratio
1.3.9. Rle de la stratification (cf. Viollet 1997) a) Stratification et nombre de Richardson

On a dj vu aux 1.2.6 et 1.2.8, le rle de la stratification dans un fluide au repos. Ici, nous envisageons ce rle dans un fluide en mouvement. La stratification correspond une masse volumique qui varie avec la hauteur dans le conduit. On peut imaginer des stratifications bases sur une variation de teneur en dioxyde de carbone ou bien, sur une variation de temprature. On caractrise la stratification par le nombre de Richardson de gradient qui se calcule approximativement dans le cas thermique par :
Ri g T/ z V/ z
2
1.128
63
Dans cette expression g est lacclration de la pesanteur, est linverse de la temprature absolue, et V est la vitesse moyenne sur le temps. Calculons par exemple le nombre de Richardson dun courant chaud qui entre par le plafond dune galerie avec un courant froid qui sort en bas comme celui dcrit dans le tome 1 la cueva Cullalvera Ramales. T/z 1C/m et V/z 0,2 s-1. Ri 0,9 prs de lentre alors que Ri diminue vers lintrieur.
b) Inhibition du mlange turbulent

Les coulements dans les conduits naturels sont turbulents et la turbulence en principe homognise les concentrations et les tempratures. Si la stratification est du genre instable (CO2 en haut du conduit par exemple), la turbulence a tt fait de mlanger le tout et de supprimer la stratification. Si la stratification est du genre stable (voir figure ci-contre), la turbulence a un effet plus complexe. On constate exprimentalement que si le nombre de Richardson est suprieur ou gal 0,25, le mlange turbulent est totalement inhib et lcoulement reste stratifi. Cest ce que lon constate la Cullalvera dans lexemple prcdent dans le voisinage de lentre. Comme ce nombre diminue au fur et mesure quon entre dans la grotte (il y a tout de mme des changes thermiques avec les parois), le nombre de Richardson passe en-dessous du seuil dinhibition et la stratification disparat.
profil de concentration en CO2
profil de temprature
Fig. 1-32- Exemple dcoulements stratifis stables dans un conduit. gauche stratification en concentration de CO2, droite stratification thermique. An sample of stable stratified flows in a duct
c) La stratification et laccumulation de CO2

Le dioxyde de carbone est plus dense que lair. Sil nest pas mlang lair, il a donc tendance stagner dans les points bas des rseaux souterrains. Certaines configurations gomtriques sont favorables pour piger le CO2 qui se retrouve une grande concentration. Le dioxyde de carbone se comporte alors comme un liquide : lac stagnant, dversoir, coulement de pente. En particulier, la variation de concentration peut tre trs rapide (Renault 1980). On reverra ces questions au 4.3.5.e. On donnera aussi dans la partie 2 des exemples gomtriques de piges thermiques, analogues aux piges dioxyde de carbone.
d) Rle des ondes dinterface

Lcoulement stratifi provient en gnral dune confluence de deux dbits dair de composition ou de tempratures diffrentes. Si le mlange en composition ou en temprature peut tre inhib, en revanche il se produit un transfert de quantit de mouvement qui uniformise les vitesses (ou ralentit les deux fluides si lcoulement est contre-courant). Ce transfert se fait dune faon originale grce aux ondes dinterfaces qui crent une forte rugosit. Il y a donc une grande diffrence entre les transferts de chaleur et les transferts de quantit de mouvement (forces tangentielles) dans le cas dun coulement stratifi. On peut calculer la frquence des petites oscillations gravitaires dune particule fluide dans un fluide continment stratifi. Cest la frquence de Brunt-Vassl qui vaut (Viollet, 1997) : f 0,03 T z 1.129
2 1 interface
h2
h1
Les gradients thermiques quon rencontre sous terre sont faibles, le plus souvent infrieurs 1C/m, ce qui fournit une frquence de lordre de 0,03 Hz de priode 33 s. Ce phnomne doit passer la plupart du temps inaperu. Il faudrait un enregistrement de prs dune heure pour le mettre en vidence.
Fig. 1-33- Ondes de gravit linterface des deux couches Gravity waves at the interface of two gaseous layers
64
Les ondes dinterface saccompagnent obligatoirement dune oscillation de la temprature en un point au voisinage de linterface. Il serait donc possible, laide dun thermomtre enregistreur plac linterface, de mettre en vidence cette frquence dans une cavit, par exemple dans le porche dentre de la cueva Cauela Arredondo, en faisant lanalyse spectrale du signal obtenu. Ces ondes dinterfaces pourraient exciter un systme naturellement instable et engendrer des oscillations plus ou moins priodiques dun courant dair. La vitesse des ondes de gravit linterface est donne par lexpression : c= g h1 h2 h1 + h2 1.130
2 1 interface
U' H
Fig. 1-34- Courant de densit. Le repre choisi pour les vitesses, est celui du front du courant de densit Density current in the moved point
De mme, on peut calculer la vitesse du front dun courant de densit (Benjamin 1968, cit par Viollet 1997) par la relation : U= 1- H 2 g H 1.131 d Cette relation permettrait de calculer, par exemple, la vitesse de progression dun panache chaud au plafond dune galerie la suite dun dynamitage.
1.3.10. Les phnomnes de type acoustique

Il est bien connu que dans certaines chatires parcourues par un fort courant dair, on entend un bruissement caractristique qui semble se situer non loin des oreilles. On constate que la vitesse est alors de lordre de 1 2 m/s. Le bruit est gnr par les fluctuations turbulentes de la pression au voisinage de loreille. Si la vitesse augmente, le bruit augmente. Si on sort du courant dair, on nentend plus rien. Mais si la vitesse est plus grande (3 4 m/s) alors, mme en dehors du courant dair, on entend un bruissement qui provient de ltroiture ; et pour des vitesses encore plus grandes, on finit par lentendre de loin. Le bruit change aussi qualitativement. Lorsquil est faible, on reconnat un courant dair, mais lorsque le bruit est fort et quon lentend de loin, il ressemble un grondement, le mme que celui que fournit un cours deau souterrain. Do les multiples confusions entre le bruit de leau ou de lair derrire une troiture impntrable (cf. tome 1, 1.10.2). Prenons lexemple de lOuragan de la grotte du Guiers Mort. Pour une vitesse mesure de 8 m/s, on entend le ronflement du courant dair 20 m de distance. Il y a une grande diffrence entre la perception dun bruit dont lorigine est lointaine et la perception dun bruit produit autour du visage par les turbulences de lair. Cest pour cette raison quil est difficile de comparer des bruits habituels provenant de sources ponctuelles comme un lave-vaisselle par exemple un bruit dcoulement sur le visage. De mme, le bruit engendr ne vrifie pas le principe de relativit galilenne. Le bruit que peroit un cycliste roulant 30 km/h dans un air calme nest pas le mme que le bruit produit par un vent de 30 km/h sur un piton au repos. La diffrence rside dans lexistence dune turbulence dans le vent, qui nexiste pas dans lair au repos. Lintensit acoustique est un vecteur. Il se calcule comme la moyenne temporelle du produit de la pression par la vitesse de dplacement de lair li londe. Il sexprime en W.m-2. Lintensit acoustique est donc la densit surfacique du flux acoustique :
T
lim 1 I= T T
p t V t dt
-T
1.132
une certaine distance de la source de bruit, on dit en champ lointain, lintensit acoustique se simplifie.
2 I= p 0 c0
1.133
65
Dans cette expression 0 est la masse volumique de lair et c0 est la vitesse du son (330 m/s environ). En champ lointain, la densit surfacique de puissance acoustique diminue comme linverse du carr de la distance la source. En champ proche, lexistence dinterfrences entre les divers point-sources complique lexpression. Lunit SI dintensit acoustique est le W.m-2, mais lunit pratique est le dcibel acoustique, qui se dduit de lautre par la relation : 1.134 I* (db) = 10.log 1012 .I On voit que lorigine des intensits en dcibel (0 db) correspond une puissance acoustique surfacique de 10-12 W.m-2. Un doublement de la densit de puissance se traduit par une augmentation de 10 log2 = 3 db.
splos en conversation
jet d'air 8 m/s
Fig. 1-35- Le bruit du jet 8 m/s couvre une voix murmure les splos sont en dehors du courant dair (chatire du bas du Guiers Mort, daccs au Labyrinthe, le 10/09/2000 16 h) The noise of a 8 m/s jet is greater than a human voice
La thorie des coulements turbulents montre que la puissance acoustique dun courant dair augmente comme une puissance p de la vitesse (avec p de lordre de 8). Une multiplication par deux de la vitesse fait donc gagner un facteur 256 sur la puissance, soit 24 db au bruit. Leffet est donc trs sensible. Je ne connais par dexpriences de mesures du bruit du vent dans une chatire. Le bruit dpend beaucoup de la turbulence de lcoulement, des rsonances ventuelles avec les parois et de la position du capteur. On peut nanmoins proposer une relation en prenant comme rfrence le bruit dun lave-vaisselle moderne bien insonoris de lordre de 40 db correspondant grosso modo au bruit 2 m dun courant dair de 8 m/s en dehors du jet. On en dduit la relation pour le bruit deux mtres dun jet, mais en dehors du jet : I* (db) I*0 + 10 p log V V0 soit encore avec I*0 40 db p 8 V0 = 8 m.s-1
I* (db) 80 logV - 32
Cette relation fournit bien entendu 40 db pour une vitesse de 8 m/s. Pour une vitesse de 20 m/s qui constitue un maximum pour les vitesses observables ordinaires, cela donnerait 72 db. Ce bruit est important et ne permettrait pas une conversation. De toute manire, tout est sujet caution dans cette relation, et une tude srieuse assez facile faire, apporterait des prcisions intressantes. Les questions quon peut se poser sont le rle de la vitesse et de lintensit turbulente, le rle des parois dans lmission acoustique, les modalits de la propagation Lapplication la splo serait de pouvoir estimer la vitesse du courant dair par le bruit quil gnre.
____________________________
66
1.4. Les transferts de chaleur

Les courants dair souterrains, on le verra en dtail plus loin, sont dus essentiellement des effets thermiques. On peut dire que le courant dair, par le fait quil transporte de lnergie cintique, rsulte dune transformation dnergie thermique en nergie mcanique. Les cavits se comportent donc comme un moteur thermique. Elles fournissent du travail partir de deux sources de chaleur. Lune des sources est la grotte elle-mme, peu prs isotherme, lautre source est en gnral latmosphre extrieure dont la temprature varie. Ce sont justement ces variations de tempratures qui permettent les courants dair. Ltude des courants dair ne peut donc pas faire limpasse de ltude thermique des cavits. Rappelons le principe zro de la thermodynamique : deux systmes en interaction et en quilibre sont la mme temprature. Donc, un courant dair qui circule dans une galerie ne pourra changer de la chaleur avec la galerie que si sa temprature est diffrente (on suppose ici quil ny a pas dvaporation). Les transferts de chaleur sont classs traditionnellement en transferts par conduction thermique, par convection et par rayonnement. Nous allons examiner successivement ces trois modes de transferts.
1.4.1. Gradient de temprature et conduction thermique

La matire contient de lnergie thermique (via sa temprature). Cette nergie peut diffuser, cest--dire se transmettre aux parties voisines, sil existe des gradients (cest--dire des variations) de temprature en son sein. Cest le phnomne de conduction thermique. On sait dj ce que signifie loprateur gradient, affect la temprature (cf. 1.2.3). Cest un vecteur qui indique, en un point, la direction de la plus grande variation de la temprature. La conduction thermique est le transfert de chaleur dans un corps depuis ses parties les plus chaudes vers ses parties les plus froides, ce transfert se faisant sans dplacement relatif de matire. Le flux de chaleur emprunte donc la direction oppose au gradient. Cest Joseph Fourier (1812 et 1822) qui a tabli lquation qui rgit le phnomne : d = - grad T n dS 1.135
- gradT isotherme T3 dS isotherme T2 isotherme T1 n
lignes de flux
- gradT
Cette relation exprime que le flux lmentaire de chaleur d (en W) qui traverse une petite surface dS (dont la normale est n ), est proportionnel au gradient de temprature, la surface de passage et la conductivit thermique . Le signe montre que la chaleur se dirige vers les basses tempratures. Le reprsente le produit scalaire des deux vecteurs.
Fig. 1-36- Champ de temprature inhomogne dans un corps An inhomogeneous temperature field in a solid
Les lignes de flux sont perpendiculaires aux isothermes dans un matriau isotrope. laide de la relation de Fourier et de lquation de bilan de lnergie, on tire une nouvelle quation appele quation de la chaleur. Pour un solide isotrope et homogne, elle scrit : T = a 2 T + 2 T + 2 T t x2 y2 z2 1.136
Dans cette relation, est le symbole de drive partielle (pour une fonction plusieurs variables, la drive partielle est obtenue en maintenant constantes toutes les variables sauf celle dont on calcule la drive).
67
La constante a est la diffusivit thermique du calcaire (en m2 s-1) dfinie par la relation : a= cp 1.137
avec conductivit thermique (en W.m-1.K-1 ) cp capacit thermique massique pression constante (en J.kg-1.K-1) (cp = cv , sauf pour les gaz) Nous avons vu les valeurs numriques de ces grandeurs au 1.1.5. Dans lpaisseur de la roche, cest cette quation qui permet de dcrire le transfert de chaleur. Nous nous en servirons plus loin.
Difficults lies la notion de conductivit dun calcaire. Des expriences en laboratoire permettent pour un calcaire compact de mesurer la conductivit thermique. Cette grandeur intervient-elle dans une roche ? Nous verrons plus loin la difficult de dfinir linterface roche-air dans un karst. Le calcaire, surtout au voisinage des galeries, est soumis des dtentes qui ouvrent des fissures plus ou moins parallles la paroi. Si on considre le calcaire une chelle spatiale assez grande pour moyenner cette structure, ces fissures remplies dair ou deau rendent le calcaire htrogne et non isotrope. La conductivit du calcaire au voisinage dune paroi nest plus un scalaire mais un tenseur dordre 2. Nous naborderons pas plus avant ces grandes difficults thoriques. Mais plus loin, nous rflchirons sur la rugosit de surface (1.4.2.g).
1.4.2. Conduction thermique dans un mur

Nous allons exploiter cette quation de la chaleur pour rsoudre trois problmes trs instructifs pour les courants dair.
T
a) Mur dont les parois sont des tempratures diffrentes (rgime permanent)
Soit un mur dpaisseur d dont les parois sont maintenues (par un courant dair ou deau) des tempratures diffrentes mais constantes dans le temps T1 et T2 : La temprature dans le mur prend une rpartition linaire entre les deux tempratures extrmes et la densit de flux ( en W.m-2) qui est transmise de la paroi chaude la paroi froide scrit : = T1 - T2 d en W.m-2 1.138
T1
T paroi T2 0 d
Fig. 1-37- Solution permanente dans un mur de tempratures de parois maintenues diffrentes The steady solution of conduction equation with constant wall temperatures
La densit de flux est proportionnelle la conductivit thermique , lcart de temprature et elle est inversement proportionnelle lpaisseur du mur d .
Calcaire non homogne. Si le calcaire tait coup par une lame dair mme trs fine, quel serait le nouveau flux ?
Le mieux est de raisonner alors en terme de rsistance thermique (par analogie avec la rsistance lectrique). La rsistance thermique est dfinie par : T1 - T2 = R th 1.139
La comparaison avec le relation obtenue plus haut nous montre que la rsistance thermique dun mur dpaisseur d et de surface S est : R th = d 1.140 S
68
Si le mur est constitu dun empilement de couches de rsistances thermiques diffrentes, la rsistance totale est la somme des rsistances partielles. Do le rsultat pour un empilement de trois couches (calcaire, air, calcaire) : R th = d- e + e c S a S = T1 - T2 d- e + e c a 1.141
En comparant cette expression avec celle trouve pour un mur homogne et en supposant e << d, on trouve une conductivit quivalente du calcaire avec fissure (le rapport des conductivits du calcaire et de lair est denviron 90) : = c T1 - T2 = quiv T1 - T2 d d e c 1+ d a quiv = c 1 + 90 e d 1.142
On remarque quil suffit dune lame dair 100 fois plus fine que la couche de calcaire pour diviser la conductivit par un facteur 2. Leau tant presque aussi conductrice que le calcaire modifiera beaucoup moins la conductivit quivalente du calcaire. On en dduit que la conductivit thermique du calcaire, au voisinage des galeries, variera suivant le niveau dtiage du rseau.
b) Choc thermique temprature de paroi constante

On considre une paroi plane limitant un massif rocheux, et nous allons supposer que la temprature est initialement constante partout et gale T0. Puis, nous supposerons que le courant dair impose brutalement une temprature la paroi T1 diffrente de T0. Nous allons examiner comment la perturbation de temprature, impose la paroi linstant initial, se propage par conduction lintrieur du massif rocheux. La solution de lquation de la chaleur (trouve par Laplace) scrit :
x
T - T0 = 1 - erf T1 - T0
x 4 ac t
avec
erf (x) = 2
e- t dt
0
1.143
La fonction erf est la fonction derreur, lintgrale de la clbre courbe de Gauss.

T1
Cette solution possde une proprit remarquable, cest quelle est affine. Une seule courbe suffit reprsenter la solution. Toutes les autres courbes se dduisent de la premire par une simple affinit gomtrique suivant laxe des x. Cette affinit indique quon passe dune courbe lautre en prenant chaque point de la premire courbe et en le transformant en multipliant labscisse x de ce point par une constante (dpendant de t). Considrons par exemple une temprature T* intermdiaire entre la temprature T1 et T0. Supposons qu linstant t1 un point A, la distance x1 , possde cette temprature T*, et bien, on peut en dduire qu un instant t2 cest un point B la distance x2 = x1 (t2/t1)0,5 qui sera cette temprature.
t1
t2
t3 x
Fig. 1-38- Choc thermique de temprature sur la paroi dun mur semi-infini. Les courbes t1, t2, t3 reprsentent les tempratures des instants successifs Thermal shock on the semi-infinite body
Cette proprit peut encore sexprimer de la faon suivante : la distance atteinte par une perturbation thermique en fonction du temps est proportionnelle la racine du temps. De mme, le temps pour quune perturbation de temprature atteigne un point la distance d , est proportionnel au carr de cette distance : d = ac t
2 t=d ac
1.144
Ces relations sont typiques dune diffusion, cest--dire dun phnomne de marche au hasard (cf. annexe A-1).
69
On a trac la courbe de la fonction 1 - erf(u) partir de valeurs tabules.
1 - erf(u)
1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0,0 0,0 0,5 1,0 1,5 2,0
Exemple dutilisation : Soit un choc thermique la paroi correspondant un certain accroissement de la temprature. Pour une distance x = 1 m de la paroi et un temps t = 50 000 s aprs le dbut du choc, la diffusivit du calcaire tant 2,23.10-6 m2/s, on trouve : u = x/ 4 ac t = 1,5 et laccroissement de la temprature, en ce point et cet instant, est 3% de laccroisssement la paroi.
Flux de chaleur. Le flux de chaleur qui est inject la paroi se calcule laide de la loi de Fourier, il vaut :
= c T1 - T0 ac t = c T1 - T0 1 t en W. m-2 1.145
Fig. 1-39- Trac de la fonction 1 - erf(u). Elle reprsente la solution du choc thermique Complementary error function
Dans lexpression, c est leffusivit du calcaire. c = c c cc = 1500 J. m-2.K-1.s-0,5 La densit de flux augmente proportionnellement leffusivit de la roche et elle diminue comme linverse de la racine carre du temps. On peut aussi sintresser la quantit de chaleur injecte au bout dun temps donn t. Il suffit dintgrer dans le temps lexpression prcdente. On obtient : Q = 2 c T1 - T0 t en J. m-2 1.146
L encore, lnergie transmise est proportionnelle leffusivit, lcart de temprature et la racine carre de la dure. On voit ainsi que la grandeur effusivit apparat ds quon calcule des flux ou des nergies en rgime transitoire. On en dduit une paisseur quivalente e qui est lpaisseur de roche dont laugmentation de temprature de T0 T1 demanderait la mme nergie : 2 c cc c T1 - T0 t = e cc T1 - T0 e = 1,13 ac t 1.147
c) Choc thermique flux la paroi constant

La densit de flux thermique dans un matriau est donne par la drive partielle de la temprature. Et comme lquation de la chaleur est linaire en temprature et que loprateur drive lest aussi, la densit de flux vrifie lquation de la chaleur. La solution en temprature est transposable en flux : T - T0 = 1 - erf T1 - T0 x 4 ac t = 1 - erf 1 x 4 ac t
1.148
Cette dernire solution reprsente la densit de flux en fonction de la densit de flux la paroi 1, de labscisse x et du temps t. On trouve le champ de temprature en intgrant le flux par rapport x. On suppose que la temprature initiale dans le massif semi-infini est uniforme et vaut T0. On trouve lexpression mathmatique dans les livres sur la conduction thermique (Sacadura 1992) ou en intgrant par parties.
70
T x,t - T0 = 2
0 c
ac t exp - x 2 - 0 x 1 - erf 4 ac t c
x 4 ac t
en posant u =
x 4 ac t
on obtient :
T x,t - T0 = 0
4 ac t c
1 e-u 2 + u erf u - 1
1.149
Cette expression est complique, mais on peut dessiner le graphe de la fonction G(u) dfinie par : G u = T x,t - T0 c 0 4 ac t
-u =e + u erf u - 1
2
1.150
0,6
fonction G(u)
On en dduit la temprature de surface (x = 0) : T 0,t - T0 = 2 0 c ac t = 2 0 t 7,5.10-4 0 t c 1.151
0,5
0,4
0,3
Cette temprature de surface augmente comme la racine carre du temps, et lcart la temprature initiale est inversement proportionnelle leffusivit du calcaire.
0,2
0,1
paisseur quivalente. On peut dfinir lpaisseur de calcaire quivalente en crivant que le flux, pass pendant le temps t x = 0, a chauff la roche la temprature de surface, do la relation :
0 t = T 0,t - T0 c cc e e = 1 2 ac t = 0,89 ac t 152
0,0 0 0,5 1 1,5 2
Fig. 1-40- Graphe de la fonction G(u). Elle reprsente la solution du choc en flux G(u) function graph, the integral function of the error function
Cette paisseur est un peu plus faible que celle obtenue dans le choc thermique temprature constante.
d) Mise en contact de deux massifs de tempratures diffrentes

On supposera les deux massifs de mmes proprits thermiques. Dans une roche homogne la temprature initiale est T1 pour x < 0 et T2 pour x > 0. La mise au contact des deux rgions dclenche un double choc thermique. Comme les proprits sont les mmes, la symtrie impose la temprature de contact T3 dtre la demi-somme des tempratures T1 et T2. La solution est fournie par celle du choc thermique temprature de paroi constante. Elle scrit : pour x < 0 T - T1 = 1 + erf T3 - T1 T - T2 = 1 - erf T3 - T2 x 4 ac t x 4 ac t 1.153
Fig. 1-41- Deux massifs de tempratures diffrentes sont mis au contact linstant initial
t2
t1
t0
T T1 (T1 + T2)/2
T2 x
pour x > 0
1.154
Two bodies with different initial temperatures
e) Mise en contact de deux massifs de flux diffrents

L encore, on supposera les proprits thermiques identiques et une temprature identique pour x = 0. Ce problme se rencontrera plus loin loccasion de ltude du temps de mise en temprature dun karst englac. La variable despace est maintenant laltitude z quon continuera appeler x. La situation que nous allons tudier se rencontrera dans un massif calcaire dont la circulation deau sarrte brutalement cause dun refroidissement qui cre un bouchon de roche gel en permanence (permafrost) empchant la descente de leau en profondeur.
71
Arologie des systmes karstiques, partie 1, lair et les interactions locales avec la cavit, 1.4.2.f
Avant le choc, la situation thermique est la suivante (cf. 4.3.2). Le flux en dessous de x = 0 est le flux gothermique. Ce flux conduit un gradient de temprature de lordre de -2,5C/100 m. Dans le karst au-dessus, le gradient de temprature est de lordre de -0,4C/100 m. Quand leau sarrte de circuler, le flux gothermique peut se propager vers x > 0. Le flux linterface correspond la demi-somme des deux gradients de temprature. Soit, grosso modo, la moiti du flux gothermique. La solution en flux se dduit de la solution en temprature puisque le flux est solution, comme la temprature, de lquation de la chaleur : pour x < 0 - goth = 1 + erf goth/2 goth/2 = 1 - erf x 4 ac t x 4 ac t 1.155
t2 t1 t0 goth goth/2
0 roche soumise au flux gothermique
roche sans flux
surface du sol
Fig. 1-42- Mise en contact de deux massifs de flux diffrents Two bodies with different initial fluxes
pour x > 0
1.156
La temprature dans la partie x > 0 sobtient par intgration. Elle scrit :

T x,t - T0 = goth c ac t exp - x 2 - goth x 1 - erf x 4 ac t 2 ac t 2 c
1.157
La temprature x = 0 vaut La temprature crot comme la racine carre du temps.
T 0,t - T0 =
goth c
ac t
1.158
Lpaisseur quivalente est e = 0,89 ac t . Par exemple, pour un temps de 10 000 ans, lpaisseur quivalente dans le calcaire, donne par la relation est 750 m.
f) Oscillation de la temprature sur une paroi

Considrons maintenant une roche dont la paroi au contact avec un courant dair subit une variation sinusodale de temprature (variations journalires ou saisonnires par exemple). La temprature de paroi peut se mettre sous la forme : Tp = T0 + T cos t 1.159
1,0 0,8 0,6 0,4 0,2 0,0 -0,2 -0,4 -0,6 -0,8 -1,0
temprature : (T -T0)/T
t = 0 t = /8 t = /4
La solution classique trouve par Stokes scrit (1.160) : T - T0 = e-bx cos t - bx T avec b= 2a
t = 3/8 t = /2 t = 5/8 t = 3/4 t = 7/8 t =
Cette solution est une sorte de sinusode crase par les exponentielles qui limitent lamplitude de loscillation thermique. La figure ci-dessus est complter par les courbes symtriques par rapport laxe des x. Nous ne les avons pas reprsentes pour la clart du dessin. La perturbation de temprature reste sinusodale en fonction du temps pour une certaine distance de la paroi, mais lamplitude dcrot trs vite. La perturbation est rduite seulement 1% pour une distance sans dimension bx = 4,6 , soit une distance d , telle que : d = 4,6 2 a = 2,6 a P avec P = 2 1.161
3 4 distance la surface : bx
Fig. 1-43- Champ des tempratures dans la roche pour une temprature sinusodale la paroi. Le temps est adimensionn par et les distances par 1/b. On remarque lamortissement trs fort dans le massif. Temperature field for an wall oscillatory temperature
72
Dans cette relation est la pulsation et P est la priode de loscillation (en s). Par exemple, pour une oscillation journalire, la distance atteinte par la perturbation thermique (attnuation dun facteur 100) est d = 0,81 m. Cette paisseur est caractristique dun phnomne de diffusion. Suivant les disciplines, on lappelle paisseur de diffusion, paisseur de peau (lectromagntisme), paisseur de pntration (ondes radio, thermique). On en dduit la proprit suivante : une perturbation sinusodale de temprature la surface dun solide se propagera dans le solide dautant plus profondment que la diffusivit thermique est plus grande et que la frquence (f = 1 / P) est plus petite. La deuxime proprit est que la solution se dphase avec la distance. Plus on sloigne de la paroi, plus le dphasage est grand. Mais il serait faux de croire quon peut se dphaser de plus dune priode, car pour un dphasage de 2, cest-dire pour une distance x = 2/b lamplitude de la temprature nest plus que exp(-2) = 1,9 10-3 cest--dire ngligeable. Il ne faut pas interprter cette solution comme une sorte donde thermique. En optique, on parlerait donde vanescente (champ lectrique derrire un miroir). Par exemple, on pourrait penser que les fluctuations trs lentes de temprature comme celles lies la succession phase glaciaire - phase interglaciaire devraient se retrouver profondment imprimes dans la roche, mais le fort amortissement gnera beaucoup les mesures. Certains ont pourtant tent lexprience. Si on considre maintenant une paroi dpaisseur finie d , les perturbations de temprature sur une des parois ne seront perues de lautre ct que si la frquence de ces perturbations nest pas trop leve. En adoptant un langage dlectronique, on peut dire quun mur est un filtre passe bas pour les excitations thermiques. Il ne laisse passer que les basses frquences. Limage est exacte, car lquation de la chaleur tant linaire, la solution pour une perturbation de spectre quelconque est la somme des solutions pour chacune des composantes spectrales de la temprature. (On pourra dailleurs se souvenir que Joseph Fourier, lorigine de la notion de spectre de frquence, la introduite justement pour ces problmes thermiques, 1820).
nergie mise en uvre pendant une demi-priode du phnomne.

Pour calculer lnergie emmagasine dans la roche pendant une demi-priode (lnergie sur une priode entire est nulle) se calcule partir du flux la paroi par la relation de Fourier qui fournit : 0 = - c T x = - 2 c T b sin t - /4
x=0
1.162
On en dduit lnergie en intgrant sur une demi-priode bien choisie pour que le flux garde un signe constant. On obtient lnergie par mtre carr de surface et pour la demi-priode : Q = 2 T c c cc = 2 T c P1/2 1.163
Dans cette dernire expression, on a utilis leffusivit du matriau c et not la priode du phnomne P (en s). On voit que lnergie mise en uvre dans une demi-priode est proportionnelle lamplitude de loscillation T, proportionnelle leffusivit du matriau et proportionnelle la racine carre de la priode. On aurait pu trouver la dernire proprit en remarquant que lpaisseur de pntration est proportionnelle aussi la racine carre de la priode P. Ainsi la roche joue un rle de stockeur dnergie pour des fluctuations de temprature sinusodales. Cest ce stockage qui provoque des dphasages et un amortissement dans les signaux thermiques. L encore, on peut trouver lpaisseur de roche quivalente pour une demi-priode telle que lnergie dune demi-priode ait augment sa temprature de T. Q= 2 T c c cc P1/2 = c e cc T e = 0,80 ac P 1.164
Application numrique : pour un sol de calcaire nu ( ac = 1,13.10-6 m2/s), lnergie mise en uvre pour les oscillations annuelles est Q = 67.106 J.m-2 de surface soit une paisseur quivalente e = 6,0 m et une distance de perturbation (amplitude ramene 1%) 3,25 fois plus, soit d = 15,5 m. Lnergie nest pas trs grande puisque cela reprsente 18,6 kWh dnergie facture un peu moins de 10 centimes dEuro par EDF (lectricit de France). Mais il faut se souvenir que les montagnes calcaires sont vastes
73
Arologie des systmes karstiques, partie 1, lair et les interactions locales avec la cavit, 1.4.2.g
g) Le rle des rugosits des parois sur la surface dchange

La surface sparant lair de la roche est trs contourne ( tendance fractale), mais la conduction thermique fait pntrer les flux dans le massif rocheux et concerne des surfaces variables en fonction de lpaisseur de pntration e du front thermique. Si on appelle V le volume de roche concern, on en dduit une surface quivalente S = V/e. Cette surface prsente la particularit de varier avec lpaisseur de pntration qui a pour ordre de grandeur e = at . Pour des temps courts, cette surface est trs grande car tous les blocs interviennent dans lchange. Pour des temps longs au contraire, le volume de roche tend vers une sphre et la surface diminue (disons de moiti). On en dduit que pour des variations plus ou moins erratiques de la temprature extrieure, une dcomposition en intgrale de Fourier nous fournira un spectre continu de frquences. Les hautes frquences temporelles correspondant des fluctuations rapides de la temprature seront associes une grande surface dchange (S) alors que les basses frquences correspondant des variations annuelles seront associes des surfaces plus petites (S). Ces variations de la surface dchange en fonction de la frquence proviennent dun artefact engendr par notre rsolution de la conduction sur un plan. Si on prenait le problme rel, la surface dchange ne varierait pas, mais on aurait une convergence des lignes de flux, assurant cette diminution de la surface de passage des lignes de flux. La surface de contact a une valeur trs grande si on se place une chelle trs petite. Pour les phnomnes de conduction thermique, le temps typique des variations de temprature ne peut gure tre plus petit quune heure. Avec la diffusivit du calcaire de ac = 1,13.10-6 m2/s, on en dduit une longueur l = 6 cm. Il est donc totalement inutile de dcrire cette surface avec une dfinition meilleure que 10 cm. Nous pouvons appeler S1 la surface correspondante (cf. figure 1.45). Pour les fluctuations journalires, la longueur passe 30 cm. Les variations annuelles intressent une zone 19 fois plus paisse (6 m). Si on trace la surface associe une paisseur de pntration elle-mme fonction du temps, on trouve que cette surface passe par un minimum que nous noterons Smin .
T3
T0
T1
T2
lignes de flux surfaces isothermes
surface rugueuse de la paroi
Fig. 1-44- La surface de passage des lignes de flux diminue avec lpaisseur de pntration, cause de la rugosit de surface The tranversal surface of flux reduces at the inside
Reformulation mathmatique du problme. On suppose connue la surface de passage du flux et on se place en

coordonnes curvilignes orthogonales de faon que la convergence des lignes de coordonnes soit calque sur la diminution des surfaces (fig. 1-46).
y
S S1
coordonnes curvilignes orthogonales
O
Fig. 1-45- La surface concerne en fonction de la priode du phnomne thermique. La surface commence par diminuer pour augmenter ensuite The equivalent wall suface versus period of thermal excitation
T
Fig. 1-46- Coordonnes curvilignes mieux adaptes pour ltude de la conduction thermique dun corps trs rugueux Optimal curvilinear coordinate system for thermal conduction in corrugated body
74
Lquation de la chaleur dans ces coordonnes curvilignes scrit : T = a 2 T + 1 dS T t x2 S dx x 1.165
La rsolution de cette quation dpend bien sr de la loi de variation de la surface avec la distance. Cette loi nest pas connue a priori. Des tudes seraient conduire sur cette question. En tout cas, les logiciels de calcul de thermo-hydraulique ne prennent pas en compte cette rugosit et leurs rsultats sont donc approchs. Cette sophistication (complication) dans le calcul ne pourrait se justifier que pour des calculs fins de phnomnes de petite ampleur comme les piges air chaud ou froid.
1.4.3. La convection force, coefficient dchange

Si de la matire circule, elle transporte avec elle de lnergie : cest le phnomne dadvection. Ce processus, coupl avec celui de conduction constitue le phnomne quon appelle convection thermique. La convection thermique est donc le transfert de chaleur associ un mouvement de fluide, et cest aussi le mouvement lui mme qui permet cet change. Ce mode dchange est plus compliqu que la conduction pure car il juxtapose le mouvement et la conduction thermique. Si le mouvement du fluide est caus par un phnomne externe, on parle de convection force, par opposition la convection naturelle pour laquelle le mouvement est d au transfert de chaleur lui-mme. En ce qui concerne les courants dair souterrains, on verra quils sont dus, pour la plupart, des effets thermiques, mais nous garderons la distinction habituelle. Pour nous, la convection force concerne les coulements sur de grandes distances alors que lappellation de convection naturelle sera rserve aux coulements faible chelle.
a) La couche limite
Examinons le cas dun courant dair lchant une paroi. Lair au loin a une temprature T1 tandis que la paroi a une temprature T2. Lcoulement au loin est turbulent, des tourbillons brassent le fluide, rapprochent des particules dair proximit de la paroi, puis les loignent. Mais au voisinage de la paroi, on ne peut pas ngliger la viscosit du fluide. On observe exprimentalement que la vitesse moyenne du fluide diminue dans une couche au voisinage de la paroi, la couche limite cinmatique, et quelle sannule sur la paroi. Les tourbillons ne peuvent donc pas toucher la paroi. Au voisinage immdiat de la paroi, on observe une couche, dite sous-couche visqueuse, dans laquelle la vitesse est trs faible et de direction parallle la paroi. Lchange thermique se fait de la faon suivante : les tourbillons au large de la paroi transportent (advectent) avec eux lnergie interne du fluide. Ils permettent lair davoir, juste au-del de la couche limite thermique, une temprature analogue la temprature au loin. Dans la sous-couche visqueuse, il ne peut y avoir de mouvement dans la direction de la paroi, mais comme il y a une diffrence de temprature entre lair et la paroi, la conduction thermique peut jouer et cest elle qui finit de conduire la chaleur la paroi. Ainsi, les processus de transferts convectifs dans la couche limite utilisent les deux modes de transfert : advection de la chaleur par les tourbillons turbulents et conduction thermique au voisinage immdiat de la paroi.
air paroi
Fig. 1-47- La couche limite turbulente sur une paroi Turbulent boundary layer on the wall
y T0 temprature au loin
couche limite Tp T
Fig. 1-48- Couche limite thermique Thermal boundary layer
75
b) quation locale de la convection

Lquation locale qui dcrit le phnomne scrit (u, v, w sont les trois composantes du vecteur vitesse au point considr, on verra une formulation plus rigoureuse au A.3.2) : T + u T + v T + w T = a 2 T + 2 T + 2 T + sources volumiques de chaleur t x y z x2 y2 z2 1.166
Dans cette quation de convection, le premier terme reprsente la variation de temprature en un point li au caractre non permanent ventuel du phnomne. Les trois termes suivants sont les termes advectifs qui traduisent le fait que le fluide advecte avec lui de lnergie interne (on verra plus loin que ce qui est advect, est plutt de lenthalpie que de lnergie interne). Les trois termes du membre de droite nous sont dj connus, ils reprsentent la diffusion de la chaleur dans les trois directions de lespace. Les sources volumiques de chaleur reprsentent la dissipation visqueuse, cest-dire le transfert dnergie mcanique en chaleur par la viscosit. On verra plus loin que le terme moteur provient des forces de pesanteur, ainsi ce terme source traduit-il, in fine, la dissipation dune nergie gravitationnelle en chaleur. Il faut bien se rendre compte que le partage de la tche, entre le processus dadvection et celui de conduction, est trs efficace. On a vu que le flux de conduction, pour un cart de temprature donn, est inversement proportionnel lpaisseur traverser. La turbulence permet de rduire la distance lpaisseur de la sous-couche visqueuse qui est trs petite (ordre de grandeur /V). Le flux transport vers la paroi est donc augment grce la convection dans le rapport rayon de la galerie / paisseur de la sous-couche visqueuse (cest--dire grosso modo DV/ = Re). En ralit, on trouve que le flux est augment non pas comme le nombre de Reynolds Re mais plutt comme Re0,8. La connaissance du gradient de temprature de lair la paroi suffirait calculer le flux chang entre le fluide et la paroi. Mais on prfre utiliser la mthode prsente au suivant.
c) quation moyenne sur une section. Temprature moyenne de mlange

Lquation traduisant la conduction-convection locale en un point dune section nest pas trs exploitable. En gnral, on sintresse lvolution le long dun conduit des caractristiques de lair, moyenne dans le temps et moyennes dans une section. La moyenne dans une section ne pose pas de problmes particuliers, mais la moyenne dans le temps en pose pour la raison suivante : en mathmatique, la moyenne dune somme est gale la somme des moyennes, en revanche, la moyenne dun produit nest pas gale au produit des moyennes, sauf si les grandeurs ne sont pas corrles. Mais les grandeurs en mcanique des fluides sont corrles ! Quelle est la temprature prendre en compte dans une section de conduit, pour lchange thermique entre un courant dair et une paroi ? On adopte comme moyenne de la temprature dun courant dair, la temprature moyenne de mlange. Le courant dair na pas une temprature uniforme dans une section, la temprature moyenne de mlange est la temprature quatteindrait le fluide si on le faisait brusquement dboucher dans un rcipient et quon homognisait la temprature laide dun ventilateur. Cette temprature est donc la temprature moyenne pondre par la vitesse : Tm = 1 qv T V dS
S
1.167
Dans cette quation de dfinition Tm est la temprature moyenne de mlange, qv est le dbit volumique (m3/s), et V est la vitesse axiale moyenne dans le temps. On montrera facilement que le flux de chaleur advect par le courant dair (en W) scrit : adv =
S
cp T V dS = cp qv Tm
1.168
Dans tous les calculs ultrieurs que nous ferons, cest cette temprature moyenne de mlange qui sera la temprature du courant dair dans une section donne.
76
Lnergie thermique advecte par un courant dair est en gnral bien plus grande que lnergie cintique du mouvement. Par exemple considrons un dbit dair la vitesse de 2 m/s, lnergie cintique du courant dair permettrait daccrotre la temprature de la valeur : 1 qm V2 = qm cp T 2
2 2 T = 1 V = 1 2 = 0,002 C 2 cp 2 1000
ce qui est compltement ngligeable. On montre que leffet de lnergie cintique sur la temprature de lair ne serait sensible que pour des coulements nombres de Mach significatifs (M > 0,5), cest--dire des vitesses suprieures 500 km/h.
d) Bilan thermique sur un tronon de galerie

Les apports nergtiques se traduiront par une modification de la temprature moyenne de mlange. Le bilan en rgime permanent se ramne simplement lcriture suivante : lensemble des flux entrants (advect et dapport) est gal lensemble des flux sortants : qm cp Tm1 + = qm cp Tm2 1.169
qmcpTm2 F
qmcpTm1
Fig. 1-49- Bilan thermique du courant dair sur un tronon de galerie. On a suppos labsence de condensation ou vaporation Thermal balance of a gallery, without condensation or evaporation
e) Les lois dchanges

Le fait de suivre seulement la temprature moyenne de mlange de lair simplifie beaucoup les calculs mais empche daccder au gradient thermique la paroi et donc de calculer le flux chang entre le fluide et la paroi. On pallie cette difficult en proposant un assortiment de corrlations adaptes aux usages industriels. En rgime dcoulements turbulents, elles sont toutes empiriques. Elles scrivent comme une relation (une corrlation) entre nombres physiques sans dimension. Ces nombres sans dimension sont au nombre de trois.
Nombre de Nusselt. Ce nombre Nu reprsente lchange de chaleur divis par lunit de flux de conduction :
Nu = T/D 1.170
Dans cette relation est la densit de flux transfre (en W.m-2) qui est la grandeur recherche, est la conductivit de lair, T est la diffrence de temprature (temprature moyenne de mlange de lair moins la temprature de paroi) et D est le diamtre araulique (4 S / P). La densit de flux se calcule comme le flux (en W) divis par la surface dchange (le primtre du conduit P multipli par la longueur de conduit L).
Le nombre de Reynolds que nous connaissons dj et qui reprsente la vitesse sans dimension de lcoulement :
Re = V D 1.171
Dans cette relation de dfinition, D le diamtre araulique de la conduite, V la vitesse moyenne de dbit et la viscosit cinmatique de lair.
Le nombre de Prandtl qui est le rapport entre la diffusivit de quantit de mouvement () sur la diffusivit thermique (a) : Pr = (= 0,71 pour l'air) a 1.172
77
Arologie des systmes karstiques, partie 1, lair et les interactions locales avec la cavit, 1.4.3.e
Comme pour les pertes de charge, il y a beaucoup de corrlations pour des conduits rguliers mais peu pour des conduits irrguliers comme ceux des cavits naturelles. Les corrlations qui sont proposes par les diffrents exprimentateurs sont de la forme : 1.173 Nu = conv Re0,8 . Pr1/3 Colburn propose comme constante conv la valeur 0,023. On verra plus loin que ce coefficient conv = 0,023 est un minimum valable pour les tuyaux lisses mais quil faut le majorer pour des conduits irrguliers comme ceux des cavits naturelles. titre de comparaison si lcoulement tait laminaire, on aurait Nu = 3,66, indpendant de Re et Pr.
Analogie de Reynolds. On dmontre la relation :
Nu = Re 8
1.174
Comme le coefficient de perte de charge devient constant en coulement turbulent rugueux, on peut admettre que les transferts de chaleur obiront une relation du type : Nu = 0,125 Re Pr1/3 1.175
Malheureusement, les coefficients de perte de charge quivalents des conduits naturels ne sont pas connus. Pour un coefficient qui vaudrait 0,2, on obtiendrait : 1.176 Nu = 0,025 Re Pr1/3 On voit ainsi quil y a plusieurs faons de modifier les lois de transfert de chaleur mesures pour des tuyaux lisses afin de les adapter des conduits naturels. Soit on modifie la constante numrique de la relation de Colburn, soit on monte lexposant du nombre de Reynolds jusqu la valeur 1. Mais le choix est dlicat, car il suppose que la notion de diamtre quivalent pour un conduit a un sens, et en fait, elle nen a gure comme on la vu plus haut. Ce qui a un sens, cest la perte de charge (la rsistance araulique). Ensuite, il existe une relation entre et le diamtre. Mais on ne peut pas dterminer les deux grandeurs.
Coefficient dchange. Pour les applications, on prfre souvent utiliser le coefficient dchange hth dduit du nombre de Nusselt par la relation : hth = Nu = 1.177 D T
En effet, la densit de flux change scrit alors sous une forme simple (propose par Isaac Newton) : = hth T1 - T2 en W.m-2 1.178
On peut aussi dvelopper les nombres sans dimension pour mieux juger de linfluence des diffrentes grandeurs dans lchange. Pour voir linfluence du diamtre il vaut mieux exprimer la vitesse partir du dbit volume qv qui se conserve le long dune portion de conduit (on a adopt 0,7 pour le nombre de Prandtl) : = 3,55 conv qv
0,8
S 0,2 L T D1,2
1.179
Si la section est proche dune section circulaire, lexpression se ramne : = 3,38 conv qv
0,8
1 L T D0,8
1.180
Le flux transfr (en W) augmente proportionnellement lcart de temprature et la longueur de conduit dchange. Il augmente comme le dbit la puissance 0,8. Il diminue comme linverse du diamtre la puissance 0,8. Dans un conduit de diamtre variable, cest dans les resserrements que le flux chang est le plus grand. Un conduit de diamtre 2 fois plus petit permet de transfrer un flux 1,74 fois plus grand.
78
f) Que deviennent les lois dchange pour un conduit naturel de diamtre uniforme mais trs rugueux ?
Des tudes exprimentales sur les changes de chaleur pour des tuyaux lisses et rugueux (Gebhart, 1971) montrent que des rugosits qui augmentent le frottement dun facteur 20, naugmentent le nombre de Nusselt de lchange thermique que dun facteur 2,8. Ainsi, on constate exprimentalement que les pertes de charge sont plus sensibles la rugosit que lchange thermique. Nous avons dj vu plus haut le problme thorique des rugosits. Nous allons utiliser ici les mesures fines faites par N. Florsch et lAsepam (Florsch, 1995) la mine du Chne, valle de Sainte Marie aux Mines pour dduire le coefficient numrique conv dune loi dchange de chaleur entre courant dair et paroi. Dans leur article, le flux chang entre un courant dair et une paroi de temprature suppose uniforme est proportionnel la diffrence des tempratures entre le courant dair (temprature moyenne de mlange) et la paroi. Cette proprit entrane une loi de dcroissance de lcart des tempratures de forme exponentielle (nous dmontrerons cette proprit plus loin) : Nous supposerons que la loi dchange garde une forme quon retrouve dans les coulements turbulents, cest--dire que le nombre de Nusselt de lchange moyen est proportionnel au nombre de Reynolds la puissance 0,8 , et proportionnel au nombre de Prandtl la puissance 1/3. On supposera donc la corrlation du genre de la relation de Colburn. Colburn modifi Nu = conv Re0,8 Pr1/3 Aprs un petit calcul de bilan, on dduit de la valeur exprimentale t0 celle du coefficient conv = 0,046. On voit quici, la rugosit facilite lchange de chaleur la paroi dun facteur 2. 1.181
Conclusion. Les mesures la mine du Chne permettent daffiner une loi dchange de chaleur en rgime turbulent.
Le changement en augmentation tait prvisible, mais le coefficient 2 est le fruit des mesures. Sa valeur est bien entendue limite aux galeries dont la rugosit de paroi est similaire celle de la mine du Chne. Cette tude npuise pas le sujet difficile des transferts sur des parois naturelles.
g) Comment dterminer le diamtre pour les transferts thermiques dun conduit de section trs variable ?
Les mesures dans la mine du Chne concernent des conduits de section peu prs dfinies. Mais dans les cavits naturelles, on rencontre des galeries dont le diamtre araulique (4 fois la surface divise par le primtre) est trs variable. Comment dfinir alors un diamtre quivalent pour les transferts thermiques ? Le problme est tout fait diffrent de celui que lon a dj rencontr pour le diamtre quivalent pour les pertes de charge. Nous allons remplacer la galerie par une succession de resserrements et de salles et nous allons estimer lchange de chaleur. Supposons la galerie reprsentable par une succession de resserrements et de salles. Dans chaque resserrement, le champ de vitesse est relativement rgulier cause de leffet de convergence. Dans les salles au contraire, lcoulement est bien moins rapide mais beaucoup plus irrgulier. Dans ces salles, la diffrence de temprature entre lair et les parois va engendrer des mouvements de convection naturelle. Do un change supplmentaire. Mais il est plus simple de dire que le jet engendre par viscosit turbulente des courants de recirculation, restructurs par la convection naturelle.
salle ou largissement
resserrements
Fig. 1-50- Une galerie naturelle comme succession de resserrements et de salles Natural gallery is a succession of broad and narrow passages
79
Arologie des systmes karstiques, partie 1, lair et les interactions locales avec la cavit, 1.4.3.h
Nous allons calculer le transfert dans un resserrement de longueur L et de diamtre araulique D par une loi de convection force de type Colburn (en sachant quil faut augmenter nettement le coefficient) et nous calculerons aussi le transfert dans la salle par une relation analogue (car les relations de convection naturelle sous-estimeraient lchange). La densit de puissance transfre au niveau de la salle est plus petite que dans le resserrement, mais la surface dchange tant plus grande, il y a une compensation partielle. Calculons la puissance dans le resserrement et la puissance ' dans la salle : 0,8 1 L T = 3,38 conv qv 1.182 D0,8 ' = 3,38 conv q'v
0,8
1 L T D'0,8
1.183
Formons le rapport de ces deux puissances / (et appliquons la conservation du dbit volume) : ' = D D'
0,8
1.184
Nous avons dj vu cette proprit au-dessus. Ce rsultat est bien sr trs grossier, mais il donne tout de mme une indication. dfaut de mieux, nous proposerons comme diamtre quivalent pour une galerie, le diamtre moyen Dth construit par :
L
1 =1 L D0,8 th
1 dx D0,8
1.185
Si le rseau est mis sous une forme discrtise, la relation devient :

1 = 1 n D0,8 th Li
1
Li D0,8 i
1.186
Exemple dapplication. Appliquons cette relation pour trouver le diamtre quivalent un ensemble de n resserrements de longueur L sparant des salles de diamtre araulique 5 fois plus grand et de mme longueur L. Ce diamtre moyen thermique est donn par :
1 =1 1 + 1 2 D0,8 5 D D0,8 th
0,8
0,638 D0,8
d'o Dth = 1,75 D
1.187
Le diamtre est intermdiaire entre les diamtres extrmes, mais les salles jouent un rle pas du tout ngligeable (contrairement ce qui se passe pour les pertes de charge). Il ne faut pas se faire dillusions, des mesures seraient entreprendre sur ce sujet et le rsultat serait probablement assez diffrent de ce que nous supposons.
h) Rsistance thermique locale la paroi dun conduit souterrain

La prsentation habituelle des corrlations, cest--dire la formulation dune relation entre un nombre de Nusselt et les deux nombres de Reynolds et de Prandtl, est bien adapte aux conduites industrielles, mais ne lest pas aux conduits naturels pour la raison que lon a vue plus haut pour les pertes de charge : il nest pas possible de dfinir correctement un diamtre moyen pour un tronon de conduit. Il faut sen tenir la puissance change. La seule relation utile est la relation entre le flux (en W) et la diffrence de temprature (entre air et paroi). Cette relation fait intervenir une rsistance thermique (ou son inverse une conductance). = T R th 1.188
80
Climatologie du monde souterrain, tome 2, 1.4.3.i
Il existe une relation trs simple entre la rsistance thermique Rth et le coefficient dchange hth : = S T = h S T R = 1 th th R th hth S 1.189
Dans cette relation S est la surface de paroi o se produit le transfert de chaleur. Mais on a vu que le diamtre ntant pas dfini simplement, la surface dchange nest pas facile dfinir, donc le coefficient dchange non plus. Il vaut donc mieux sen tenir la rsistance thermique. Le flux transmis se mesure simplement par la baisse de la temprature moyenne de mlange sur la longueur du conduit. Cette mesure est analogue la mesure du dbit masse pour la dtermination de la rsistance araulique. Mais alors quil est simple de mesurer la perte de charge dans un conduit en tirant un tuyau souple et en installant un manomtre, il est difficile dapprcier la diffrence de temprature entre le courant dair et la paroi. En effet, cette diffrence comprend deux termes. Lun est la temprature moyenne de mlange de lair qui est assez facilement mesurable. Mais lautre est la temprature de paroi et cette temprature nest pas uniforme sur le primtre dun conduit. La conduction thermique cre une rsistance thermique supplmentaire entre la paroi et la roche au loin et la temprature moyenne de paroi nest pas facile dfinir.
i) Couplage convection - conduction la paroi : les deux rsistances thermiques en srie

Un courant dair qui circule dans une galerie possde une temprature de mlange donne. La roche au loin possde aussi une temprature donne (temprature profonde du massif par exemple). La paroi en revanche nest pas une surface isotherme. Dans les calculs thermiques dun fluide circulant dans un tuyau, il est facile de voir que la paroi possde une temprature uniforme une abscisse donne. Cette temprature est intermdiaire entre la temprature du fluide et la temprature dans le solide au loin. Dans le cas dun conduit naturel, cette proprit nest plus vrifie.
surfaces isothermes T air
air
roche
roche
Fig. 1-51- La paroi dun conduit naturel nest pas une surface isotherme contrairement celle dun tuyau cylindrique The wall on natural duct is not an isothermal surface
Examinons en dtail ce problme en terme de rsistances thermiques. Ce concept ne sapplique bien que pour des rgimes permanents mais nous allons ltendre au rgime variable de priode donne. Soit P cette priode (en s). Lpaisseur de pntration thermique, (ou en dautres termes, la distance dinfluence de la perturbation thermique) est donne par e ac P . Dans cette relation, ac est la diffusivit thermique du calcaire, P la priode de lexcitation thermique suppose sinusodale. On calcule le transfert, comme sil tait permanent, laide des deux rsistance thermiques en srie : R cond = e 1.190 c S R conv = 1 = D 1 hth S a Nu S 1.191
Il est facile dcrire lquivalent de la loi dOhm : Tm - Tp = R conv et Tp - Tr = R cond 1.192
et on en dduit le rapport :
Tm - Tp R conv = Tm - Tr R conv + R cond
1.193
81
Arologie des systmes karstiques, partie 1, lair et les interactions locales avec la cavit, 1.4.3.i
Suivant les valeurs des rsistances thermiques, la temprature de paroi sera voisine de la temprature de lair ou de celle de la roche au loin. En adoptant la corrlation de Colburn, on peut chiffrer cette discussion :
Tm - Tp 1 1 = = 0,8 1/3 Tm - Tr 1 + Rcond e a convRe . Pr 1+ Rconv D
c
temprature Tm Tp Tr
1.194
air
roche
Tm - Tp = Tm - Tr
1+
1 0,025 0,023 V D 2,23.10 P 2,25 D 14.10 -6

-6
0,8
0,71 1/3
Fig 1-52- La temprature de paroi est en gnral intermdiaire entre les deux tempratures de lair et de la roche profonde Wall temperature between air and body temperatures
Tm - Tp 1 = Tm - Tr 1+ 2,6.10 -3 P0,5V0,8D-0,2
1.195
Priode journalire. Par exemple pour une priode journalire de 86400 s : V0,8 D-0,2 >> 1,3 Tp Tm V0,8 D-0,2 << 1,3 Tp Tr 1.196 1.197
Ainsi pour un diamtre de 2 m, la vitesse critique (celle qui donne 1,3 pour le produit au-dessus) vaut V = 1,5 m/s correspondant un gros dbit de 4,7 m3/s. Pour un dbit nettement plus petit, la temprature de la paroi est voisine de la temprature profonde de la roche. Pour un dbit nettement plus fort, la temprature de paroi est voisine de celle de lair. On peut aussi raisonner en terme de rsistances. Pour un faible dbit (par rapport au dbit critique) la rsistance de conduction peut tre nglige devant lautre. La paroi a une temprature bien dfinie, on peut dfinir la rsistance thermique de convection de faon satisfaisante. En revanche, si le dbit est nettement plus grand que le dbit critique, cest la rsistance thermique de convection quon peut ngliger devant lautre. La rsistance de convection est alors mal dfinie, mais cest sans importance.
Priode annuelle. Pour une priode annuelle, la condition scrirait :

V0,8 D-0,2 >> 0,07 V D
0,8 -0,2
Tp Tm Tp Tr
1.198 1.199
<< 0,07
Ainsi pour un diamtre de 2 m, la vitesse critique vaut V = 0,08 m/s soit le dbit de 0,25 m3/s. Pour un dbit nettement plus faible, la temprature de paroi est voisine de la temprature profonde de la roche (la rsistance conductive est ngligeable). La rsistance thermique de convection a un sens. Pour un dbit nettement plus grand, la temprature de paroi est voisine plutt de la temprature de lair (la rsistance convective est ngligeable et na gure de sens).
Conclusion. Notre petite analyse nous permet de confirmer la cohrence de la notion de rsistance thermique convective. Quand elle est mesurable, elle intervient dans lchange. Quand sa mesure est trs sujette caution, son importance est ngligeable, cest la rsistance conductive qui intervient.
Les transferts de chaleur rvlent toute leur complexit. Alors que la rsistance araulique ne dpend que des caractristiques gomtriques du conduit, la rsistance thermique dpend de la priode du phnomne. Sil y a plusieurs priodes, le problme se complique puisque lampitude de chaque priode intervient alors. On reviendra en dtail sur ces questions dans la 3e partie.
82
Climatologie du monde souterrain, tome 2, 1.4.3.j
j) Cas de galeries en parallle, de trmies

Soit un conduit qui se divise en plusieurs conduits en parallle, par exemple deux galeries de mmes sections et telles que la surface totale de passage reste inchange. Comparons les flux changs sur une mme longueur avec la section totale (tronon AB, flux ) et dans les deux branches de section moiti (tronon BE, flux total ). Puisque la surface totale de passage reste la mme, la vitesse est la mme dans la branche unique et dans le tronon ddoubl, mais le dbit dans un des conduits ddoubl est divis par deux. En reprenant lquation qui fournit le flux transfr, on dduit le rapport des flux de chaleur : ' = 2 q'v qv
0,8
S/2 A S B S/2
C E D
S S'
0,4
= 2.0,50,8 .20,4 = 1,51
1.200
Fig. 1-53- Exemple de diffluence surface conserve. Le courant dair se spare en deux parties, mais la surface totale de passage reste constante. Le flux total chang est plus grand. One gallery and two galleries of same total transversal surfaces
On voit que le flux transfr dans la partie ddouble est plus grand de 51 % que dans la partie non ddouble de mme section globale. Trmie. On pourrait facilement gnraliser la relation une trmie par exemple en supposant que la section totale est conserve. Supposons que la trmie est assimilable n conduits en parallle (en ralit une trmie est plutt un ensemble de conduits en srie et en parallles). Le rapport des deux flux devient : ' = n 1 n
0,8
n0,4 = n0,6
1.201
Plus la galerie se divise, et plus le flux transfr augmente. Par exemple une division en 10 conduits saccompagne dun flux 4 fois plus grand. Mais il faut prendre garde un phnomne que nous ne pourrons apprcier que dans la troisime partie, cest que linertie thermique attache une trmie est limite. Assez rapidement (disons quelques jours) la temprature de la trmie est gale la temprature du courant dair. Il ny a alors plus dchange du tout. Le courant dair traverse alors la trmie sans changer de temprature. En revanche, une trmie est un redoutable filtre pour les hautes frquences (des fluctuations thermiques de lair). Elle laissera passer les basses frquences et lissera tout ce qui est trop rapide. Lefficacit thermique telle quon la dfinit plus loin sera trs diffrente suivant les frquences envisages.
k) Morphologie induite par un courant dair : coups de gouges dans la glace

Un courant dair peut induire un type de morphologie par les particules quil entrane comme on le voit dans les dserts. On qualifie ce type de morphologie, dolienne. On pourrait rencontrer cette morphologie aux entres de grottes ou en de rares endroits grandes vitesses de courant dair. Mais le courant dair peut crer aussi une morphologie sur la glace ou la neige grce la chaleur quil transporte. Ces morphologies ont t bien tudies : il sagit des vagues drosion ou coups de gouges. Le mot anglais scallop drive du vieux mot franais escalope qui au 12e sicle signifiait coquille (dhuitre ou de moule) avant de sappliquer une prparation culinaire base de veau. Ces structures en creux de la forme dune cuillre rsultent de la structure arodynamique du courant dair. La couche limite turbulente la paroi prsente des structures gomtriques cohrentes qui font que le flux de chaleur transmis la paroi est inhomogne. Cette inhomognt conduit la formation de creux aux endroits o le flux est maximal. Il y a ensuite une rtroaction de ces rugosits sur lcoulement qui fixe la localisation des structures turbulentes. Le processus sauto-entretient et la morphologie se maintient alors que la paroi de glace fond progressivement. Leau svacue vers lintrieur sil sagit de neige, ou coule ou tombe sil sagit de glace. Le vecteur dplacement de la morphologie comprend une composante vers lintrieur de la glace et une autre vers laval du courant dair (photo tome 1 p. 28).
83
Curl (1966) a montr que la taille des coups de gouge est inversement proportionnelle la vitesse, car le nombre de Reynolds attach la structure est constant. Il sagit dun nombre de Reynolds li la transition laminaire turbulente dun jet parital. La relation quon peut dduire est : Pour T = 0C, on a donc la relation : V L = 21000 V L = 0,3 avec viscosit cinmatique de lair. avec V en m/s et L en m
Exemple dapplication : une surface de neige est tapisse de coups de gouge de 30 cm de longueur moyenne, on en dduit que lcoulement dair a une vitesse voisine de 1 m/s. Cette vitesse est celle qui existe une distance de lordre de L de la paroi. En gnral lcoulement sur une pente de neige est stratifi et le courant dair au-dessus de la neige est un courant de densit. Si les vitesses varient dans le temps, on peut trouver des rpartitions de tailles bimodales (Lauritzen, Lundberg, 2000).
1.4.4. Convection naturelle

La convection naturelle est le mouvement qui prend naissance quand des corps de tempratures diffrentes sont placs au voisinage les uns des autres. Nous allons en dtailler le mcanisme sur lexemple simple dun solide plus chaud que lair ambiant. Le solide chauffe par conduction lair qui est son contact. La temprature de cet air augmente, et donc, la masse volumique diminue. Mais alors localement il apparat des gradients de pression motrice. En effet, la rpartition des pressions dpend de la masse volumique de lair. Les surfaces isobares qui sont des plans horizontaux en labsence de mouvement, se dforment et cest cette dformation qui engendre un mouvement. Lcoulement modifie la rpartition des tempratures et des pressions motrices. Une couche limite se dveloppe pour laquelle les forces visqueuses quilibrent les forces dues au gradient de pression motrice. En bas, le fluide est aspir par un lger gradient de pression. En haut, le fluide schappe en un sillage thermique mme pression que lambiante. On voit ainsi que les isobares sont dformes principalement en bas du solide.
sillage thermique
air froid
solide chaud
couche limite thermique
surfaces isobares
Fig. 1-54- Convection naturelle sur un objet chaud Natural convection arround a warm body
Lcoulement est caractris par le carr dun nombre de Reynolds quon appelle nombre de Grashof, et qui est dfini par : 2 1.202 Gr = V H avec V = g T H pour l'air V= T g H T 1.203
La vitesse typique qui est cre par le phnomne, dpend de la racine carre de lacclration de la pesanteur, du coefficient de dilatation isobare (qui pour un gaz parfait est linverse de la temprature absolue = 1/T en K-1), de lcart de temprature T et de la longueur caractristique H dans le sens vertical. Physiquement, cette vitesse est celle quon calculerait en crivant que le travail des forces de pesanteur a t rcupr sous forme dnergie cintique par le fluide. Cest une formule de Toricelli modifie. La vitesse indique ici nest donc quun ordre de grandeur des vitesses quon pourrait mesurer. = 1 T = 1 pour un gaz parfait T 1.204
84
L encore, lcoulement peut tre laminaire ou turbulent. On peut calculer lchange de chaleur partir dun nombre de Nusselt qui en laminaire pour Gr < 109 vaut : = Nu a T H et qui en turbulent pour Gr > 109 scrit = Nu a T H et Nu = 0,13 Gr0,33 1.206 et Nu = 0,5 Gr0,25 1.205
Dans ces relations a est la conductivit thermique de lair, H est la dnivellation disponible. Pour quun mouvement de convection naturelle samorce, il faut bien sr que lair chauff par le solide prenne localement un profil instable. Dans une galerie, il y a plusieurs possibilits : - Le courant dair est plus froid que les parois. Dans ce cas, linstabilit samorce au plancher de la galerie. Lair monte sur les cts et descend au centre. - Le courant dair est plus chaud que la paroi. Cest linverse du cas prcdent, linstabilit samorce au plafond. La paroi peut tre remplace par un coulement deau. Dans ce cas, linstabilit napparatra que si leau est plus chaude que lair. Il pourra aussi apparatre un brouillard. Le cas dun air chaud passant lentement sur de leau froide est stable et conduit une stratification en densit de lair. Un peu plus loin ( 1.5), nous tudierons les phnomnes de transferts de vapeur. Comme la vapeur deau est moins dense que lair ambiant, une diffrence dhumidit conduit une diffrence de masses volumiques donc une convection possible, mais la diffrence de masses volumiques que lon peut obtenir dans une grotte par ce moyen est trs petite et les mouvements seront donc trs faibles.
paroi froide air tidi air froid paroi chaude
Fig. 1-55- Convection naturelle dans une salle Natural convection in the room
air chaud air refroidi
roche froide air froid
roche chaude air chaud stratification stable air froid
eau chaude
eau froide
Fig. 1-56- Convection naturelle avec eau Natural convection from water
1.4.5. Nombre de Richardson et convection mixte

Lorsque la vitesse dans un conduit est trs faible et sil existe une diffrence de temprature entre le haut et le bas, il peut coexister les deux changes, lun par convection force et lautre par convection naturelle. Cest le nombre de Richardson qui permet de se situer entre les deux modes de transferts. Ri = Gr Re2 soit encore Ri = Vn H Vf D
2
avec Vn =
T g H T
1.207
Le nombre de Grashof est calcul partir de la diffrence de temprature et la dnivellation H alors que le nombre de Reynolds est calcul partir de la vitesse de lcoulement et du diamtre hydraulique. Si le nombre de Richardson est grand devant 1, lchange est en convection naturelle, sil est petit devant un, lchange se calculera en convection force. Lorsque le nombre de Richardson est voisin de 1, on fait un panachage des deux corrlations en tenant compte du fait que les deux vitesse sajoutent ou se retranchent. On trouvera des rfrences dans Incropera (1990, p. 524).
85
1.4.6. Les transferts de chaleur par rayonnement

Des surfaces solides qui nont pas la mme temprature peuvent changer de la chaleur par convection par lintermdiaire de la couche dair qui les spare. Mais mme en labsence de cette couche dair, elles pourraient changer de la chaleur par rayonnement. On peut montrer facilement que les flux changs par rayonnement sont du mme ordre de grandeur que les flux changs par convection naturelle. On en dduit quen convection force, on peut ngliger le rayonnement, mais pas en convection naturelle. Toutes les surfaces qui ont une temprature diffrente de 0 K, mettent des photons. Leur nergie est prleve sur lnergie interne et cette mission refroidit donc le corps metteur. Ces photons peuvent tre absorbs par une autre surface et augmentent alors sa temprature. Le rayonnement est donc une manire dchanger de la chaleur.
a) Loi de Stefan-Boltzmann (1879-1881)

La loi qui rgit cette mission est la loi de Stefan-Boltzmann : la densit de flux mis par une surface est proportionnelle la puissance quatrime de la temprature Kelvin. = r T4 en W.m-2 1.208
Dans cette relation, r est lmissivit qui dpend de la surface mettrice, est une constante universelle qui vaut 5,7 10-8 W m-2 K-4 , et T la temprature en Kelvin. On dfinit labsorptivit dune surface par le rapport entre le flux absorb et le flux incident. On la note a. Plus prcisment, il faudrait dfinir une missivit et une absorptivit pour chaque longueur donde et chaque direction de lespace au-dessus de la surface. Lmissivit est dautant plus grande que le corps est plus absorbant. La loi de Kirchhoff montre en effet que ces deux grandeurs sont gales. a = pour la longueur d'onde et la direction 1.209
Mais les surfaces des conduits naturels sont dites grises, cest--dire que lmissivit ne dpend pas de la longueur donde et la surface est lambertienne pour les aspects directionnels (cf. Incropera 1990). Une surface est lambertienne pour le rayonnement si le flux mis ou rflchi est le mme quelle que soit la direction (pour une surface apparente identique). Dans les cavernes on pourra prendre r = 1. Lair nmet pratiquement pas car il est transparent. Par consquent, il nabsorbe pratiquement pas le rayonnement qui le traverse. Il ny a pas dchange important par rayonnement avec lui (au moins dans une grotte). Les changes par rayonnement pourront intervenir entre une paroi et une autre, refroidie par exemple par de leau. change entre deux parois. On calcule lchange entre deux parois en faisant le bilan de rayonnement pour une des parois. Le flux SS est le bilan comptable pour S des changes thermiques par rayonnement entre les surfaces S et S. Une perte est compte ngative, un gain est compt positif. SS' = r 'r F SS' S T' - T
4 4
S' n d S n'
1.210
Dans cette expression FSS est un nombre pur qui traduit la proprit que tous les photons mis par la surface S ne tombent pas sur S, et rciproquement que tous les photons mis par S ne vont pas vers S. On lappelle facteur de forme. On voit facilement que pour que S ait un change excdentaire avec S, il suffit quelle soit plus froide. Comme les tempratures dans le karst ne prsentent pas de grandes diffrences, on peut linariser lexpression de la loi dchange par rayonnement entre deux parois : SS' 4 r 'r F SS' S T3 T' - T 1.211
Fig. 1-57- Bilan pour S des changes de rayonnement entre S et S. La surface S met un rayonnement dont une partie tombe sur S et rciproquement pour S Radiating balance between two surfaces
Cette expression approche est pratique en ce que le flux est proportionnel lcart de temprature.
86
Cas particulier simple. Le facteur FSS est trs simple et vaut 1 dans le cas o les surfaces S et S ont des tempratures uniformes et o la surface S entoure compltement la surface S, avec une surface S convexe. Comme les missivits des surfaces des cavits sont souvent voisines de 1, lexpression du bilan prend alors la forme numrique (pour T voisine de 283 K) : SS' 5,17 S T' - T en W avec S en m2 1.212 Le rayonnement est un mode dchange peu puissant dans les cavernes. Chaque fois quil y aura de la convection force, le rayonnement passera inaperu. En revanche, dans un air calme, le rayonnement est bien plus efficace que la conduction, et du mme ordre de grandeur que la convection naturelle.
b) Comptition conduction-rayonnement
Pour montrer cette proprit, examinons le cas simpliste dun plancher de galerie une temprature T1 et dun plafond une temprature T2 (T2 > T1 pour la stabilit de lair). La distance entre les deux tant d . Lchange par conduction vaut : = T1 - T2 1.213 d Lchange par rayonnement est quant lui : Les deux changes seront gaux si : d=
4 3 = T4 1 - T2 4 Tm T1 - T2
1.214 1.215
= 0,5 cm 4 T3 m
Si d est plus petit que 0,5 centimtre, cest lchange par conduction qui est le plus important, sinon, cest celui par rayonnement. On en conclut quune salle stratification thermique stable parviendra lquilibre thermique presque uniquement par laction du rayonnement. De mme, la comptition rayonnement-convection naturelle conduit un effet dchelle qui sera tudi au 4.4.3.a.
c) Retard thermique des poches secondaires

Dans un conduit parcouru par un courant dair avec change de chaleur, la convection force est le phnomne dominant et les tempratures de paroi voluent dans le temps. Mais certains recoins des conduits sont protgs de ce phnomne, en particulier ceux qui constituent des sortes de poches latrales. La mise en temprature de lair dans ces poches se fait par convection naturelle si la disposition thermique est favorable (air froid au-dessus ou air chaud au-dessous). Mais dans les autres cas, ces poches possdent une stratification thermique stable. Cest le rayonnement qui joue alors le rle principal. Essayons de quantifier son action. Considrons par exemple une entre basse parcourue par un courant dair hivernal froid et supposons lexistence dune poche au plafond, qui est donc protge des intrusions dair froid. La temprature dans le corps principal de la galerie volue en fonction du temps alors que la temprature dans la poche chaude suit avec un retard. Trouvons un ordre de grandeur du retard. Supposons que lvolution de la temprature de la paroi infrieure soit linaire avec le temps (au moins sur un temps pas trop long). Le flux perdu par unit de surface de la paroi chaude scrit : F T3 m Tc - Tf avec Tf = T0 1 - t 1.216
paroi plus chaude air chaud
paroi plus froide
Fig. 1-58- Rayonnement entre une paroi froide et une poche dair chaud protg Thermal radiation between cold wall and warm air
Dans cette expression Tc est la temprature de la paroi chaude, Tf celle de la paroi froide, Tm est la temprature moyenne et F est le facteur gomtrique appel facteur de forme (plus petit que 1) qui traduit le fait que certains photons mis par la paroi chaude tombent sur la paroi chaude et ne servent rien dans le transfert.
87
La temprature Tf volue cause du flux cd par la paroi infrieur au courant dair froid. Lcart de temprature entre la poche chaude et le reste de la galerie atteindra un maximum qui est caractris par lgalit des densits de flux de rayonnement et de convection, soit : Tc - Tf conv 1.217 F T3 m En adoptant le relation de Colburn pour le transfert de convection force, on peut calculer le rapport entre lcart de temprature chauf-froid Tc-Tf et lcart de temprature entre lair froid et la paroi froide T. On adopte un facteur dangle F = 0,5 ce qui reprsente une poche bien ouverte sur la galerie (puisque la moiti des photons mis par la paroi chaude tombent sur la paroi froide).
0,023 . 0,7 1/3.0,024 Tc - Tf conv V0,8 Pr1/3 a V0,8 = 6,1 V0,8 0,8 0,8 0,2 0,2 3 -6 -8 3 T F Tm D D0,2 14.10 . 5,7.10 0,5. 278 D
1.218
Exemple. On voit sur lexpression au-dessus que le rayonnement nest pas trs efficace, puisque, pour une vitesse de courant dair V = 0,5 m/s et un diamtre de 2 m, le rapport vaut 3. Cest--dire quon pourrait rencontrer une galerie avec un courant dair 2C passant sur une paroi 3C et surmont dune poche dair chaud 6C. Malgr cet cart qui va rester constant, la poche suivra, de loin, lvolution de la temprature de paroi.
1.4.7. Efficacit de lchange thermique dans un conduit

Dans le cas de lcoulement de lair, on a t capable de prsenter une exprience simple de dtermination de la rsistance araulique, cest--dire de la raction du conduit lcoulement. On aimerait pouvoir dcrire une exprience analogue dans le cas des transferts de chaleur. Un courant dair qui pntre dans une cavit voit sa temprature voluer jusqu rejoindre ventuellement la temprature profonde du massif. Pour les rseaux importants et profonds, seuls les conduits situs prs des entres du rseau interviendront dans les transferts thermiques. Ainsi, il suffira de se limiter ces conduits-l.
TR TA A B TB
Fig. 1-59- Lvolution de la temprature de lair dans un conduit est bien caractrise par lefficacit thermique Evolution of air temperature in the gallery
On peut donc dfinir, comme dans ltude des changeurs thermiques, lefficacit thermique dun rseau ou dune partie de rseau. Cette efficacit est dfinie, par dfinition, comme lcart de temprature rellement observ, divis par lcart maximal possible. = TA - TB TA - TR 1.219
TA T
Cette grandeur est-elle indpendante des conditions dexprience ? Bien videmment, non ! On comprend bien que lefficacit variera suivant ltat thermique pass des parois de la galerie. Elle dpendra aussi du temps puisque, si le courant dair reste assez longtemps, il influencera profondment la temprature de la roche et le transfert thermique diminuera. De mme, des conditions extrieures diffrentes (priode de pluie ou de scheresse) influeront sur lefficacit cause de la percolation de leau aux parois et cause des coulements souterrains. On ne peut gure esprer observer une variation brusque de temprature succdant une longue dure de temprature constante. La seule mthode simple et exploitable exprimentalement est de chercher sur les enregistrements de tempratures une oscillation bien marque. On peut alors dterminer, pour cette frquence, la rponse du tronon de galerie une oscillation peu prs sinusodale.
T'B T"B A B
Fig. 1-60- Lamortissement de lamplitude des oscillations thermiques le long du conduit. TB correspond aux fluctuations journalires TB aux fluctuations annuelles The damping of oscillatory air temperature TB the diary frequencies TB yearly frequencies
88
= TA - TB TA
1.220
On remarque que lefficacit ainsi dfinie reprsente aussi la valeur de lamortissement de lamplitude entre les points A et B. Quand lamortissement de lamplitude est total, il vaut 1, de mme que lefficacit . Quand lamortissement est nul, lefficacit aussi. Une oscillation thermique qui samortit compltement traduit un transfert thermique efficace. Lefficacit thermique est un caractre global, qui englobe aussi le dbit dair. Pour la frquence annuelle, ce caractre peut rester inclus dans lefficacit, mais pour la frquence journalire, il est bien vident que la valeur de lefficacit dpendra de la temprature moyenne sur la journe. Lefficacit est une sorte de fonction de transfert pour un signal dentre thermique, variant en frquence. Cette fonction de transfert dpend de la temprature moyenne sur la priode, de la vitesse moyenne et donc de lamplitude de loscillation de temprature et des conditions mtorologiques prsentes. Elle dpend aussi un peu des conditions passes (comme on le verra plus loin). On pourrait imaginer fournir la courbe donnant, pour lensemble des frquences, la rponse du conduit avec pour paramtre supplmentaire la temprature moyenne sur la priode dtude. Mais cest trop demander exprimentalement. En revanche, il est assez ais de fournir 4 efficacits. Les 3 premires concernant les oscillations journalires pour 3 valeurs de la temprature moyenne journalire (par exemple, temprature de canicule, temprature de rgime intermdiaire et temprature de priode froide) et la dernire pour les oscillations annuelles. Il est probable quau moins une de ces efficacits ne sera pas mesurable, les amplitudes tant trop petites. Pour des tronons profonds de galeries, il ne sera pas possible de mesurer lefficacit. Mais cest sans importance puisque ces tronons ne joueront aucun rle thermique sur le courant dair. La diffrence entre les efficacits pour deux frquences donnes provient du fait que la conduction dans la paroi intressera une zone plus ou moins profonde en fonction de la frquence. Leffet de contraction des lignes de flux se manifestera plus ou moins en fonction des frquences. Les effets thermiques dus leau de circulation diffreront eux aussi. Lutilisation de la notion defficacit dans ltude des courants dair suppose quon considre des tronons pas trop importants. En particulier, les tronons verticaux qui ont un rle dynamique important devront tre plus dtaills que les autres. De lexamen dun enregistrement annuel des tempratures aux points A et B, on pourra fournir une estimation de ces diffrentes efficacits. Les efficacits pour des frquences diffrentes pourront tre estimes par le calcul comme on le verra plus loin. De mme, on reviendra plus loin sur cette notion defficacit thermique dun conduit en fonction de la frquence et on en discutera lintrt.
Conclusion
Pour ltude des transferts de chaleur entre les courants dair et les parois souterraines, il y a deux faons de procder. Soit on modlise gomtriquement le rseau souterrain en le remplaant par un certain nombre de conduits rguliers sur lesquels on applique les rsultats pour les systmes industriels, soit on dtermine exprimentalement les caractristiques thermiques des conduits, par exemple lefficacit thermique de diffrents tronons pour des frquences donnes et des conditions hydriques (percolation en fonction des pluies extrieures) donnes et on en dduit le comportement pour des conditions varies. La deuxime faon de procder ncessite une longue exprimentation pralable, mais elle colle mieux aux ralits physiques dun rseau. La premire ne demande quune connaissance gomtrique du rseau mais elle est plus alatoire. Bien entendu, une confrontation des deux mthodes sur une mme cavit les enrichira toutes les deux. Des mesures seront de toutes manires les bienvenues. Elles concernent la temprature en diffrents points dune galerie, la temprature et la pluviomtrie extrieures. Lanalyse des rsultats devra intgrer les phnomnes dvaporation et condensation. Il est important que ces mesures soient accompagnes dune topographie prcise du tronon de rseau.
___________________________
89
1.5. Les transferts de masse pour la vapeur deau. vaporation et condensation

Un apport dnergie qui sert augmenter la temprature dun corps est dit chaleur sensible. Sil sert changer ltat de ce corps temprature constante, il est appel chaleur latente. Le changement dtat de leau liquide en vapeur est fortement endothermique, cest--dire quil absorbe beaucoup dnergie qui est prleve dans le fluide ambiant. La chaleur latente se mesure par la diffrence denthalpie de lair aprs et avant la transformation. Le phnomne est toujours associ de la diffusion de vapeur deau. Rciproquement, la condensation (en gouttes deau) de la vapeur contenue dans lair libre une grande quantit de chaleur sensible. La quantit de chaleur ncessaire pour vaporer 1 kg deau est de 2,5.106 J. Cette nergie est norme, elle suffirait pour monter lbullition 6 kg deau glace (en effet, 2,5.106 = 6 x 4180 x 100). On lappelle chaleur latente de la vapeur puisque cette nergie est stocke dans la vapeur sous forme dnergie interne de changement dtat.
1.5.1. Utilisation du diagramme de lair humide pour certaines transformations simples de lair.
Le diagramme de lair humide est celui qui est utilis en climatisation pour calculer les installations afin de retoucher les deux caractristiques essentielles de lair, la temprature et lhumidit spcifique. On pourra sen servir pour calculer les puissances mises en uvre loccasion dvaporation ou de condensation. Montrons sur ce diagramme (figure au-dessous) lvolution du point figuratif de lair souterrain loccasion dune transformation. Le point initial est le point A.
a) Refroidissement ou chauffement
Sil se produit un refroidissement simple de lair humide (sur une paroi sche et froide par exemple), le point figuratif se dplace gauche (vers B). Sil sagit dun chauffement, le point part vers la droite. Dans ces deux transformations, la masse de vapeur de lair humide ne change pas.
b) vaporation et condensation
Si lair passe sur une surface liquide peu renouvele, il y a vaporation dun peu deau, donc augmentation de lhumidit spcifique de lair. La chaleur de changement dtat est norme L = 2,5.106 J.kg-1. Cette vaporation saccompagne donc dun refroidissement de lair. Le point figuratif se trouve entre les points A et B car la transformation est peu prs isenthalpe. Une autre transformation consiste refroidir lair au-del de la temprature de rose. Cest le principe de la paroi froide de Watt. Cela arrive par exemple quand de lair chaud passe sur une paroi ou sur de leau plus froide que la temprature de rose de lair. Une condensation se produit alors sur la surface solide ou sur leau.
humidit spcifique
(kg vap / kg air sec)
courbe de rose
B B'
A
wB wA
humidit relative
enthalpie spcifique
B'
A temprature (C)
Fig. 1-61- Transformations lmentaires de lair humide Basic transformations of humid air. AB isenthalpic transformation. AB cooling transformation
Condensation en brouillard. La condensation de la vapeur deau sous forme dun brouillard, cest--dire sous forme
de gouttes deau minuscules en suspension dans lair se heurte des difficults physiques lies la tension superficielle. En effet, plus une goutte deau est petite et plus la pression interne est grande. La relation de Laplace nous fournit la diffrence entre la pression intrieure et la pression extrieure dune goutte de rayon R : Loi de Laplace : pint - pext = 2 R avec 75.10-3 N.m-1 1.221
La grandeur est la tension superficielle de leau (ou tension interfaciale du couple eau - air).
90
Plus la goutte est petite et plus la pression interne est grande. On montre que la pression de vapeur saturante la surface dune goutte augmente quand le rayon de la goutte diminue (Bruhat, 1968 p. 360). Une goutte ne peut pas apparatre seule. Il y a donc souvent retard la condensation, ou condensation uniquement sur les parois.
Germes de condensation. Une situation favorable est celle o de petites particules solides se trouvent en suspension
dans lair. La forme irrgulire des particules permet une condensation sous forme dun film avec un rayon de courbure lev. Il ny a donc pas dans ce cas de retard la condensation. Ces particules sont appeles germes de condensation.
c) Conglation de leau et fusion de la glace

Leau dont la temprature diminue peut se congeler 0C. Cette temprature dpend de la puret de leau. La transformation deau liquide en glace libre une chaleur Ls = 3,35.105 J.kg-1, appele chaleur latente de fusion. Elle est 7,5 fois plus petite que la chaleur latente de transformation deau en vapeur. Rciproquement, la glace 0C peut fondre en recevant de la chaleur. Cest le phnomne de fusion.
d) Sublimation et condensation solide

Si lair passe sur une surface de glace, il y a sublimation dune petite quantit de glace qui se transforme en vapeur deau. La chaleur de changement dtat est Ls = 2,834.106 J.kg-1. On remarque quelle correspond la somme des deux changements dtat (glace -> eau et eau -> vapeur). Rciproquement, lair satur dhumidit passant sur une surface trs froide peut condenser des cristaux de glace (givrage). On trouvera des descriptions dtailles dans Ford, Williams (1989, p. 351) et Racovitza (1972). On a tudi plus haut la formation possible de coups de gouges la surface de la glace lorsquil y a sublimation.
e) Compression et dtente
On a dj vu que la pression partielle de vapeur saturante est peu prs indpendante de la pression de lair. Quand la pression de lair diminue, lhumidit spcifique saturation ws de lair augmente comme on le voit sur la relation suivante : ws = 0,622 pvs 1.222 p - pvs Compression ou dtente isothermes. On en dduit des proprits assez importantes. Supposons un air montant. La pression diminue. Si lchange de chaleur avec la paroi est suffisant, la dtente est isotherme. En labsence dvaporation la paroi, lhumidit spcifique se maintient constante alors que lhumidit spcifique de saturation augmente. On en dduit que lair sassche. Rciproquement, si lair est descendant dune manire isotherme, la pression augmente et lair peut passer saturation. Un brouillard peut apparatre. Cette proprit sera reprise dans la quatrime partie. Compression ou dtente adiabatiques. Maintenant, considrons un air qui monte rapidement sans changer de chaleur avec la paroi. La dtente est alors adiabatique, la pression de vapeur saturante diminue cause de la diminution de la temprature. La pression de vapeur de lair diminue cause de la dtente, mais moins vite que la pression de vapeur saturante. Il se produit une augmentation de lhumidit relative, voire une condensation. Cela a dj t tudi au 1.2.3 dans la dtermination du gradient adiabatique humide. (Cest le phnomne utilis dans les chambres de Wilson pour dtecter le passage dun ion.)
f) Production maximale deau par un courant dair entrant dans une nvire ou une glacire
Lair chaud qui entre en t dans une glacire se refroidit et permet ventuellement de la neige ou de la glace de fondre. La circonstance qui permet un dbit masse dair de produire le maximum deau est la suivante : lair qui entre est chaud et satur dhumidit, et la neige sur laquelle cet air circule, rcupre la totalit de la chaleur cde par lair, et cette nergie sert uniquement fondre la glace (cf. tome 1, 2.2.F-14). La perte dnergie de lair scrit : qm h1 - h2 = mgl Lg D'o le dbit masse d'eau produite qeau = qm w1 - w2 + qm h1 - h2 Lg 1.223 1.224
91
Par exemple, un dbit air 30C de 1 kg/s et satur dhumidit (1 m3/s environ) peut produire un dbit deau (Bourgin, note indite vers 1945) :
qeau = 27,2 - 4 10 -3 + 100 - 9,8 10 3 3,35.10 5 = 0,023 + 0,269 = 0,292 kg/s
Ce dbit est considrable car les jours de grande chaleur, ce sont des dizaines de mtres cubes dair qui peuvent pntrer sous les lapiaz. Dans la production deau, le terme principal (0,269 kg/s) provient de la fonte de la neige grce la chaleur latente de condensation de la vapeur deau de lair.
1.5.2. Diffusion de masse

La production de vapeur peut se faire de deux faons. Si on monte la temprature de leau 100C en la chauffant, leau se met bouillir, il y a production de vapeur chaude 100C. On appelle ce phnomne bullition. Mais il se produit aussi une vapeur partir dune quantit deau temprature ambiante. Il suffit pour cela que lair au-dessus de cette eau ne soit pas satur en vapeur deau. Dans ce cas, il se produit une diffusion des molcules deau depuis leau liquide jusqu lair au-dessus. Ce phnomne est appel vaporation de leau. Le phnomne inverse de dpt de gouttes deau sur une paroi ou dans lair sappelle condensation. Un brouillard rsulte en gnral dune condensation. Ces phnomnes sont bien connus. Dans le cas des grottes, il ny a pas dbullition mais seulement une vaporation ou une condensation. Ce sont les phnomnes que nous allons tudier ici. Supposons par exemple un courant dair dhumidit relative infrieure 100 %, passant au-dessus dun plan deau de mme temprature. Lair au contact de leau navance pratiquement pas, il se charge dhumidit jusqu atteindre la saturation. Son humidit relative est donc de 100 %. Lair au loin a un taux dhumidit plus faible. Il y a donc un gradient dhumidit au voisinage de la paroi formant une couche limite de concentration.
y air humide
air satur la surface de l'eau
humidit spcifique w eau roche
Fig. 1-62- vaporation sur une surface deau avec un courant dair. Lair au contact de leau est satur en humidit. Lair au loin ne lest pas, do un gradient de concentration et un flux de vapeur deau Evaporation of water in an air flow. The specific wet versus distance of water
a) Loi de Fick
Comme en conduction thermique, on peut relier le dbit masse surfacique de vapeur au gradient dhumidit spcifique. q = - a ah dw dy en kg s-1 m-2 1.225
Comme en conduction thermique, le flux de vapeur est dirig vers les humidits les plus basses. L encore, la diffusion a tendance lisser les diffrences dhumidit dans le fluide. Si on couple la relation plus haut avec la loi de conservation de la quantit deau, on obtient lquivalent de lquation de la chaleur quon appelle quation de Fick.
w t w x
2 2
= ah
w y
2
w z
2
Qh a
avec ah = 23,9 10 -6 m2 s -1 8C
1.226
w est lhumidit spcifique en kgvap/kgairsec, ah est la diffusivit de la vapeur deau dans lair, Qh est la source volumique de vapeur deau rsultant des interactions ventuelles avec du brouillard (en kgv.s-1.m-3). Si lair est anim dun mouvement, il apparat dans lquation trois termes supplmentaires dans le membre de gauche. Ces termes sont les termes advectifs qui ont mme structure que ceux de lquation de la convection (on remplace la temprature par la concentration en vapeur deau).
92
Si une paroi est recouverte dhumidit, il se fera un change de matire. Mais cet change est plus compliqu que lchange de chaleur comme nous allons le voir. On peut vouloir adopter comme variable, plutt que lhumidit spcifique, la concentration en vapeur deau en kg de vapeur par mtre cube dair. On a alors la relation : C v = a w en kgvap.m-3 1.227
On peut aussi vouloir adopter comme variable, la pression partielle de vapeur deau dans lair. La relation entre w et pv scrit :
v Mv p v 18 p v p w = mv = = = = 0,622 v ma a Ma p a 29 p a pa
1.228
Jusqu une temprature de 30C, on pourra considrer que la pression de lair sec est sensiblement la pression totale. Le rapport pv/pa reprsente alors la pression partielle relative du composant gazeux. Dans ces conditions la relation de Fick pour la vapeur deau scrit :
dp v dp = 2,16.10 -3 ah v q = - Mv ah Ma ra T dy T dy soit q = 1,84.10 -10 dp v dy en kg s -1 m-2
1.229
8C
1.230
avec pv en Pa , y en m , et q en kg.s-1.m-2 De la mme faon quon a moyenn la temprature dans une section droite de conduit, on peut calculer lhumidit spcifique moyenne et lenthalpie spcifique moyenne dans une section de conduit. Cette moyenne est encore une moyenne de mlange, cest--dire moyenne pondre par la vitesse en chaque point.
b) Les trois grandeurs de tension

Pour la vapeur deau, les trois grandeurs de tension utilises dans les publications sont la concentration C (en kg de vapeur par m3), la pression partielle pv et lhumidit spcifique w . Ces trois grandeurs se dduisent les unes les autres par les relations ci-aprs : C vap = pa w = 1 pv 287 T 462 T et pv en Pa 1.231
avec Cvap en kgv.m-3 w en kgv/kgas
c) Bilan de vapeur deau et bilan nergtique sur un tronon de galerie

On calculera dans les deux sections qui limitent le tronon, lhumidit spcifique (moyenne de mlange) et lenthalpie spcifique (moyenne de mlange) du courant dair. Les dbits masse dair sec dans le conduit et de vapeur produite la paroi sont nots respectivement ma et mv (en kg/s). Sil sagit dvaporation, ce dernier dbit est positif. Sil sagit de condensation, ce dbit est ngatif. Le bilan de vapeur deau scrit simplement (1.232) : ma w1 + mv = ma w2 ma w2 - w1 = mv
F mv ma h1 w1 ma h2 w2
Fig. 1-63- Bilan de masse et nergie avec vaporation ou condensation. Lapport de vapeur deau la paroi est mv . Le flux est Mass and energy balances with evaporation or condensation The rate of wet flow is mv , the thermal power is
93
Le bilan nergtique se fera, non avec la temprature, mais avec lenthalpie spcifique (moyenne de mlange dans une section) : 1.233 ma h1 + mv hv + = ma h2 ma h2 - h1 = mv hv +
Dans cette quation hv est lenthalpie massique de la vapeur deau. Elle est donne par exemple par la formule de Ranzine (cf. 1.1.5)
1.5.3. Les changes avec la paroi des grottes

Revenons notre exemple vu au-dessus dun courant dair non satur en humidit qui parcourt une galerie aux parois alimentes en eau. Lair au contact de la paroi humide est 100% dhumidit. Si la roche napportait aucun flux de chaleur, lhumidit absolue de lair la paroi se calculerait facilement en remarquant que la temprature de paroi serait la temprature de bulbe humide, qui se dduit facilement des caractristiques du courant dair. Si la roche joue un rle thermique, alors le problme est plus difficile. En tout cas, lair au loin est plus sec. La turbulence de lcoulement maintient un taux dhumidit presque constant sur la plus grande partie de la section. Seule une zone proche de la paroi (la couche limite de concentration) verra un gradient dhumidit.
a) Calcul direct laide dune loi de transfert de masse

Le fait de ne considrer que les moyennes de lhumidit spcifique dans une section empche de connatre les gradients dhumidit la paroi et donc daccder directement aux dbits deau condense ou vapore. Cest le mme problme que pour les transferts thermiques. Le problme est rsolu grce une loi de transfert de masse la paroi. On caractrise lcoulement par le nombre de Reynolds et le nombre de Schmidt : Re = V L et Sc = ah 1.234
On exprime le transfert de masse par un nombre sans dimension, le nombre de Sherwood construit en divisant la densit surfacique de dbit masse par une sorte dunit naturelle, constitue par la densit surfacique de dbit masse diffusive : Sh = qm = 462 T qm ah C ah pv L L 1.235
On crit une relation de transfert de masse sous une forme analogue la relation de Colburn : Sh = 0,023 Re0,83 Sc0,33 1.236
b) Mthode de calcul base sur lhypothse de Lewis

Les tempratures de paroi et de lair au loin tant connues, on peut dterminer lcart des humidits absolues et calculer le flux de vapeur qui schappe de la paroi par une loi dchange du genre de celle obtenue en thermique (analogie de Martinelli). Les nombres de Nusselt du transfert de chaleur et Sherwood du transfert de masse sont trs voisins pour lair aux tempratures des grottes. On en dduit une mthode pratique de calcul. Il suffira de modifier les lois dchanges thermiques de la faon suivante. Lcart de temprature entre lair et la paroi qui intervient dans le nombre de Nusselt, sera remplac par lcart denthalpie massique entre lair au loin et lair au contact de la paroi (donc satur et la temprature de paroi) divis par 1000 (reprsentant cp la capacit thermique massique pression constante de lair) hair - hair satur la temprature de paroi cp 1.237
Tair - Tparoi
94
On lira les valeurs de lenthalpie spcifique sur le diagramme de Carrier. Cette opration permet de trouver lcart de temprature fictif qui permet de calculer la puissance totale change (puissance sensible + puissance latente). Comme on a calcul auparavant la puissance sensible, on en dduira par diffrence la puissance latente et on pourra calculer le dbit deau vapore ou condense en divisant cette puissance latente par la chaleur latente de leau qui vaut : L = 2,5.106 J.kg-1 Si on comprend bien la mthode lie lhypothse de Lewis, on verra quon a remplac deux potentiels lis aux deux grandeurs de tension T et w par un seul potentiel li la grandeur de tension H. Ou dune autre faon, on calcule la puissance change en chaleur latente en crivant quelle est proportionnelle celle change en chaleur sensible.
c) Exemple dapplication de lanalogie de Lewis

Air de vitesse V = 1 m/s, de temprature T = 10C et de taux dhumidit de 30% au contact dune paroi de temprature T = 20C et sature en eau dans une galerie de diamtre D = 2 m. Sur le diagramme de Carrier, on lit lenthalpie massique de lair h = 16. 103 J/kgas. Lenthalpie massique de lair satur au contact de la paroi est h = 58. 103 J/kgas. Lcart divis par 1000 donne 42 C qui reprsente un cart de temprature quivalent. Lcart rel de temprature est de 10C. On voit que la chaleur latente associe lvaporation de leau la paroi est 3,2 fois plus importante que la simple chaleur sensible change. On ne peut donc absolument pas ngliger ce phnomne dvaporation. La puissance change par mtre de longueur de conduit sobtient en appliquant la relation de Colburn :
sens + lat = 0,023 V D
0,8
Pr1/3 T = 0,023
2 15.10 -6
0,8
0,7 1/3 0,025. 42 = 850 W
1.238
La puissance sensible reprsente 850 x 10 / 42 = 202 W et la puissance latente reprsente 850 x 32 / 42 = 648 W. On calcule le dbit deau vapore par la relation :
m = lat = 648 = 2,6.10 -4 kg/s Lh 2,5. 10 6 soit 0,26 g/s
1.239
Bien entendu ce rsultat nest valable que sur une longueur limite car lair se rchauffe rapidement et le transfert est diminu plus loin. Nous calculerons les volutions spatiales dans la partie 2 ( 2.6.2.g). Limites de lhypothse de Lewis. Ces limites proviennent principalement du fait que la roche des parois des galeries garde en mmoire la chaleur, mais na pas de mmoire pour lhumidit. On reviendra en annexe sur les limites de lhypothse de Lewis ( A.1.4.d et e).
1-5-4- Mlange de deux dbits dair. Condensation par mlange de deux masses dair satures
Quand deux dbits dair de tempratures et dhumidit diffrentes se mlangent, les caractristiques de lair rsultant se dduisent du bilan de masse dair sec, du bilan de masse de vapeur et du bilan dnergie : m3 = m1 + m2 m3 w3 = m1 w1 + m2 w2 w3 = m1 w1 + m2 w2 m1 + m2 h3 = m1 h1 + m2 h2 m1 + m2 1.240 1.241
m3 h3 = m1 h1 + m2 h2
1.242
Si le mlange obtenu nest pas satur ou sursatur, la temprature du mlange est trs voisine du barycentre des deux tempratures affectes de coefficients gaux aux dbits masses : T3 = m1 T1 + m2 T2 m1 + m2 1.243
95
humidit spcifique
ma1 h1 w1
wB
ma3 h3 w3
(kg vap / kg air sec)
courbe de rose
B
C
C'
wC wC'
ma1 h2 w2
Fig. 1-64- Mlange de deux dbits dair humide. Si les deux airs sont saturs, le mlange fait apparatre un brouillard Mixing of two wet air flows
wA
isenthalpe A
temprature (C)
Fig. 1-65- Mlange de deux airs saturs dhumidit : brouillard Mixing of two saturated air flows : mist
On montre que dans le diagamme de Carrier de lair humide, le point reprsentatif du mlange est ( peu de choses prs) le barycentre des points reprsentatifs 1 et 2 affects de coefficients respectivement gaux aux dbits masse dair sec. Si le mlange obtenu est sursatur, il peut apparatre une condensation sous forme de brouillard. Lobservation est ancienne, (cf. H. Mager, 1912 p. 40). Comme la courbe de rose est concave vers le haut (fig. 1-65), le point reprsentatif du mlange peut se trouver en dehors de la zone non sature. Si des noyaux (germes) de condensation existent dans lair, des gouttes de brouillard vont apparatre. Mais cette formation de brouillard libre de la chaleur (latente) et la temprature finale sera un peu suprieure celle obtenue sans condensation. Le point figuratif du mlange sera le point C obtenu par intersection de lisenthalpe avec la courbe de saturation. Nous avons reprsent sur la courbe ci-contre la condensation obtenue partir de deux airs saturation pour diffrentes tempratures T1 et T2. Par exemple pour des masses gales et un couple de tempratures 10 - 15 C, la masse de brouillard est de 0,043 g de brouillard par kilogramme dair sec total (dans l'air satur, on ramne la masse de brouillard au seul air sec). De nombreuses observations de brouillards souterrains sexpliquent par ce processus de mlange. Par exemple le brouillard qui apparat dans le grand puits de 60 m de lAnou Boussouil (Birebent 1948, p. 73) parat relever de cette explication. Comme le courant dair varie en fonction des conditions extrieures (rafales de vent par exemple), le brouillard peut apparatre subitement et disparatre tout aussi brutalement. En effet, la dtente adiabatique dun air satur fait apparatre un brouillard, alors que la compression le fait disparatre (observation la grotte de la Ture). Les variations de tempratures rapides que ces formations et disparitions engendrent, peuvent gnrer elles-mmes une oscillation du courant dair (par un processus de rtroaction).
brouillard (en g/kgas) 0,05 0,04 0,03 0,02 0,01 0,00 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 rapport m1/(m1+m2)
10 - 15 C 5 - 10 C 3 - 8 C
Fig. 1-66- Formation de brouillard en fonction du rapport m1/(m1+m2) pour des couples de tempratures 3 - 8 C, 5 - 10 C, 10 - 15 C et pour une diffrence unique de 5C. Le brouillard augmente avec la temprature de base Mist mass versus mass ratio of two air flows for different pairs of temperatures
96
1.5.5. Efficacit pour lhumidification de lair dans un tronon de galerie

Un air qui entre dans une cavit va se saturer progressivement (en mme temps quil va voluer en temprature). Si on mesure lhumidit spcifique (en kg de vapeur par kg dair sec) lentre A et au bout B du tronon, il sera facile de caractriser lefficacit de ce tronon vis--vis du transfert de masse. On pourra adopter comme dfinition de cette efficacit le rapport : = wB - wA 1.244 wBs - wA Dans cette relation wA et wB sont les humidits spcifiques aux points A et B, alors que wBs est lhumidit spcifique saturation au point B. Si lair est satur en B, lefficacit vaut 1, si lair na pas gagn de vapeur, lefficacit vaut zro.
1.5.6. Expressions empiriques pour leau vapore au-dessus dun plan deau
Pour une surface deau dont la temprature correspond une pression de vapeur saturante pvs, surmonte par un air de pression de vapeur pv, on trouve la relation suivante (Porcher 1979) : mv = 3,75.10-8 pvs - pv avec mv en kg s.m2 et p en Pa 1.245
De mme un plan deau surmont par de lair en mouvement la vitesse V , est soumis une vaporation de dbit masse :
mv = 3,75.10 -8 1 + 0,86 V p vs - p v avec mv en kg s.m2 et p en Pa
1.246
Hufty (2001 p. 354), propose une relation un peu diffrente. Si on exprime les pressions de vapeur en fonction des humidits spcifiques, on obtient la relation suivante, valable pour une pression de 105 Pa :
mv 6,03.10 -3 1 + 0,86 V ws - w avec mv en kg s.m2 et w en kg vap kg air
1.247
Badino (1995, p. 120) en sappuyant sur le Hanbook of applied meteorology propose une relation analogue. Notre analyse de lvaporation est dailleurs assez voisine de la sienne.
1.5.7. Diffrentes formes de condensation

Brouillard dvaporation. Supposons un courant dair satur passant sur une surface deau de temprature plus leve que lui. La couche limite thermique permet lair de devenir sous-satur, il peut donc vaporer un peu deau. Mais cet air se trouve brass par la turbulence avec lair au loin plus froid et un brouillard de condensation apparat. Ce phnomne est bien connu. Cest lui quon voit luvre sur un sol mouill, chauff par le soleil et qui fume. Cest encore lui qui agit sur un aliment chaud et humide, qui fume quand on le met lair. Dans une cavit naturelle, un air froid qui pntre par une rsurgence pourra ainsi former un brouillard qui se dissipera plus loin en amont. Condensation en gouttes. Les phnomnes de tension superficielle et de tension interfaciale modifient les formes de condensation. Sur une surface non mouillante, la condensation se prsente sous la forme de gouttes petites, de forme sphrique, attaches la surface par une pdoncule de petite taille (Vouv 1981). La surface de la goutte est souvent recouverte dun dpt lgrement iris. Si la taille de la goutte augmente, elle peut se dtacher de la vote. Sur une surface mouillante, en revanche, la condensation ne se traduira pas par des gouttes, mais des ruissellements pourront avoir lieu sur les parois. ___________________________
97
1.6. Les transferts de CO2 entre lair et leau (transferts de masse)

Il y a un peu de dioxyde de carbone dans lair atmosphrique et un peu plus dans lair des grottes. Leau peut dissoudre une partie de ce gaz. Comme ce dioxyde de carbone joue un rle central dans le creusement chimique des cavernes (comme on le verra dans la 4e partie), il est important de pouvoir en calculer les flux. Les transferts entre lair et leau commandent ce creusement. Vis vis des ractions chimiques entre leau et le calcaire, la pression partielle de CO2 joue le rle de grandeur de tension, en cela quelle dtermine la quantit de calcaire qui peut tre corrode par leau. Comme cette raction consomme du CO2 , il ne suffit pas de connatre les pCO2 mais il faut aussi en calculer les flux. La recherche sur ces questions a t lance en France par H. Roques et poursuivie par Ph. Renault, mais il y a, en ce dbut de sicle, un grand dficit de recherche sur ces problmes difficiles et pourtant fondamentaux.
1.6.1. La loi de Henry et la concentration de dioxyde de carbone dans leau a) Dioxyde de carbone dans lair, dans leau et dans la glace
La pression partielle dun gaz est la pression quon mesurerait si on enlevait tous les autres gaz (en maintenant le volume et la temprature). La pression partielle du CO2 dans lair atmosphrique est de 3,5.10-4 bar = 35 Pa, cest--dire que le nombre de moles de ce gaz dans lair est 2800 fois plus faible que le nombre total de moles dair. La pression partielle relative est de 3,5.10-4. Cest aussi la fraction molaire . On a vu que la fraction massique wCO2 sen dduit par la relation : 1.248 wCO2 = mCO2 = 1,52 m Si de leau se trouve au contact de lair, il se produit une diffusion qui permet leau de rcuprer une partie de ce dioxyde de carbone. Mais cette quantit est limite. Au bout dun certain temps, la concentration en dioxyde de carbone dissous se stabilise. Un quilibre est atteint. Il est dcrit par la loi de Henry qui fournit la concentration maximale pour une pression partielle donne de CO2 dans lair. Cest la pression partielle de CO2 quilibrante. La glace ne dissout pratiquement pas de CO2, de sorte que la conglation de leau saccompagne dun dgazage ou dun emprisonnement de bulles de dioxyde de carbone.
b) Rle de laltitude sur la pression partielle de CO2

Comme la pression atmosphrique diminue avec laltitude, la pression partielle de CO2 diminue, mme si la fraction molaire reste constante. Contentons-nous de fournir un petit tableau extrait de Bgli (1980 p. 18). altitude (en m) pression (en Pa) 0 35 500 33 1000 31 1500 29,2 2000 27,4 2500 25,8 3000 24,2
Tableau 1:8- Valeurs de la pression partielle de CO2 en fonction de laltitude
c) Solubilit dans leau, loi de Henry

La loi de Henry fournit la relation linaire, lquilibre, entre la pression partielle de CO2 de lair et la quantit de CO2 dissous dans leau (coefficient KH). Il y a dans une masse de 1 kg deau, un nombre de moles de gaz carbonique dissous nCO2 = KH pCO2 1.249 (pCO2 pression partielle de dioxyde de carbone dans lair en Pa et KH = 0,64.10-6 mole.Pa-1.kg-1 , une temprature de 5C). Ltude des variations de la constante de Henry avec la temprature (figure ci-dessous) nous montre que la quantit de CO2 que peut dissoudre leau, augmente quand la temprature diminue. Ainsi 0C la quantit est deux fois plus grande qu 20C. Cet effet permet de comprendre pourquoi il est dit que la corrosion devrait tre plus intense en pays froid quen pays chaud. Mais cest oublier laspect cintique des ractions, plus rapides quand la temprature augmente.
98
d) Masse de CO2 dans lair et dans leau

Calculons la fraction massique de dioxyde de carbone dans leau lquilibre (MCO2 est la masse molaire du dioxyde de carbone = 44.10-3 kg/mole) :
-3 -3 weau CO2 = MCO2 nCO2 = 44.10 nCO2 = 44.10 KH pCO2
constante de Henry KH (en mole/kg/Pa)

2,0.10-6 1,8.10-6 1,6.10-6 1,4.10-6 1,2.10-6 1,0.10-6 0,8.10-6 0,6.10-6 0,4.10-6
1.250
Calculons, de mme, la fraction massique de CO2 dans lair en fonction de la pression de CO2 : wCO2 = pCO2 MCO2 pair Mair
air
1.251
0,2.10-6 0,0.10-6 -20 -10 0 10 20 30 40 50
On remarque que cette fraction massique ne dpend pas, dans latmosphre, de laltitude du lieu. On en dduit la relation entre les fractions massiques de dioxyde de carbone dans leau et lair :
-3 Mair wair 44.10 -3 p 29 K wair weau CO2 = 44.10 KH p air CO2 air H CO2 MCO2 44
temprature
(en C)
Fig. 1-67- Variation de la constante de Henry du CO2 avec la temprature. Cest basse temprature que leau peut dissoudre le plus de CO2 Henrys CO2 constant versus temperature
-3 air weau CO2 29.10 pair KH wCO2 air pour pair = 105 Pa weau CO2 = 2900 KH wCO2
1.252
Regardons un exemple numrique en calculant la masse de dioxyde de carbone dissous dans leau 5C quand lquilibre est atteint et que la pression partielle relative (fraction molaire) de CO2 dans lair est 3.10-4. Cela reprsente une masse de gaz carbonique gale 0,845 g par mtre cube deau. Dans lair, la concentration de dioxyde de carbone correspond 0,571 g par mtre cube dair ( la pression de 105 Pa). On voit que la masse de CO2 est voisine dans lair et leau volumes (dair et deau) gaux. Ce ne serait pas vrai masses gales. Un kilogramme dair 5C contient 450 mg de dioxyde de carbone alors quun kilogramme deau en contient seulement 0,845 mg soit 530 fois moins. On peut retenir que les concentrations lquilibre (en kg/m3) de dioxyde de carbone dans lair et leau sont voisines.
e) Pression partielle de CO2 quilibrante

Rciproquement, on pourra dcrire un tat de dioxyde de carbone dissous dans leau par la donne de la pression partielle de CO2 quilibrante dans lair. Ainsi, leau au contact de lair atmosphrique a comme pression partielle de CO2 quilibrante 3.10-4 bar, qui est la pression partielle du CO2 dans lair atmosphrique.
1.6.2. Les transferts de masse a) Lois de transfert de masse

Comme dans tout phnomne de diffusion, les flux aux interfaces eau-air sont proportionnels aux gradients de concentration, cest--dire sont proportionnels aux diffrences de concentration (ou pression partielle) et inversement proportionnels aux distances. Tout ce quon a vu sur les transferts de chaleur et sur les transferts de vapeur deau sapplique aux transferts de dioxyde de carbone comme ici. Un mouvement dagitation de lair ou de leau favorisera normment la vitesse de transfert, donc la mise en quilibre. La diffusion se fera au travers de couches limites de concentration en CO2. La turbulence augmentera trs sensiblement les coefficients dchanges.
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b) Diffusivits du dioxyde de carbone dans leau et lair

Regardons les valeurs des diffusivits du CO2 dans lair et dans leau (Bgli 1980, p. 25). CO2 dans l'air CO2 dans l'eau
-6 2 -1 aair 0C co2 = 13,8.10 m .s -9 2 -1 aeau 0C co2 = 0,95.10 m .s
1.253 1.254
Les deux diffusivits sont trs diffrentes puisque la diffusivit est 14 000 fois plus faible dans leau que dans lair 0C. Le CO2 ne diffuse que trs lentement dans leau car la mobilit des molcules est bien plus rduite dans leau que dans lair. Cest dans ce milieu que la rsistance au transfert de masse sera la plus grande. La diffusivit dans lair varie peu prs comme la puissance 3/2 de la temprature absolue et varie en raison inverse de la pression totale. Dans les changes entre des masses dair et deau au repos ou en mouvement laminaire, on pourra supposer que la concentration du CO2 dans lair est constante (du fait de la grande diffusivit). Cette particularit concernera leau qui suinte sur les parois dune galerie ou sur une stalagmite par exemple. Mais si lon a calculer la diffusion dune masse dair vers une autre masse dair, la diffusivit de lair joue un rle. Comme la diffusivit du CO2 dans lair est du mme ordre de grandeur que la diffusivit thermique, et que la concentration en CO2 est faible, le mlange du dioxyde de carbone se fera avec la mme loi que le mlange thermique. Les deux grandeurs de tension caractrisant le dioxyde de carbone sont la concentration (en kg/m3) et la pression partielle. Elles sont lies par la relation : C CO2 = 1 pCO2 189 T 1.255
La loi de Henry et les autres gaz de lair. Les autres gaz de lair jouent un rle certes bien moins important que le dioxyde de carbone. Nanmoins, un renouvellement de lair des cavits peut se raliser par dissolution et dgazage de lair emprisonn par leau. Par ailleurs, loxygne dissous dans leau peut oxyder des matires organiques en suspension dans leau et produire du dioxyde de carbone. Contentons-nous de donner les valeurs des constantes de Henry pour lair. 0C, 10C 20C, KH(air) = 0,13.10-6 mole.Pa-1.kg-1 KH(air) = 0,10.10-6 mole.Pa-1.kg-1 KH(air) = 0,07.10-6 mole.Pa-1.kg-1
(1.256)
c) Eau qui descend dans un rseau

Supposons un rseau dont latmosphre trs ventile possde une fraction molaire de CO2 uniforme (pression partielle relative). Leau qui descend dans le rseau en prsence dair se trouve au contact dun air dont la pression partielle de CO2 augmente. Il y a donc un transfert de dioxyde de carbone de lair vers leau. Ce qui permet une reprise de corrosion de la roche par leau.
1.6.3. Dgazage du dioxyde de carbone au niveau des concrtions a) Deux mcanismes

Changement de la pression partielle de CO2 quilibrant. Leau qui circule dans le sol se charge de dioxyde de carbone. Cette eau aborde ensuite les fissures du calcaire et corrode la roche juqu atteindre ventuellement un tat de saturation. La quantit dions carbonates que peut transporter leau dpend de la pression partielle de dioxyde de carbone quilibrante. Si cette eau merge dans une salle dont la quantit de dioxyde de carbone est limite par la ventilation, la pression partielle de CO2 quilibrante de leau peut se trouver plus grande que celle quassure la loi de Henry. Il se produit donc un gradient dans leau et un dgazage dans lair. Ce processus, daprs Hill et Forti (1986), a t dcrit pour la premire fois par Georges Cuvier (1812).
100
Concrtionnement par vaporation de leau. Un autre processus permettrait de dposer galement de la calcite, cest lvaporation de leau. En effet, la diminution deau augmente les concentrations de bicarbonate, donc dplace lquilibre. Le dgazage de leau en CO2 saccompagne dun concrtionnement. Mais lair qui circule dans les grottes tant le plus souvent satur, ce nest quau voisinage des entres dair que ce phnomne pourra se produire. Ce mcanisme de fabrication des concrtions ne demande en revanche aucune concentration supplmentaire de CO2 dans leau et fonctionne donc mme avec un karst sans sol. Lvaporation se produisant de prfrence lhiver prs des entres basses, cest l quon observera prfrentiellement ce genre de concrtionnement.
b) Exemple dun film deau

Mettons-nous dans le cas dun film deau qui coule en rgime laminaire sur une concrtion. Le dbit surfacique de masse de dioxyde de carbone se calcule par la relation : dwCO2 qCO2 = eau aeau CO2 dy soit
eau
avec
qCO2 en kgCO2.m-2.s-1 en kg.m-2.s-1
1.257 1.258
air roche eau roche sortie de l'eau l'air libre

fraction massique de CO2
eau qCO2 = 0,95.10-9 dwCO2 dy
0C
Le problme est quivalent (si le profil de vitesse est uniforme) au problme du choc thermique en temprature (cf. 1.4.2.b). Dans ce cas, la solution est connue et scrit : w - wp = erf w0 - wp y 4 aeau CO2 t 1.259
Fig. 1-68- Dgazage dun film deau qui dbouche dans une galerie Degasification of water emerging in a gallery = diffusion of CO2 in the water
Dans cette expression, w reprsente la fraction massique de CO2 dans leau. Lindice p correspond la valeur la paroi (relie la fraction massique dans lair par la loi de Henry) et lindice 0 correspond la fraction massique de leau qui dbouche dans la galerie.
On en dduit le dbit masse surfacique en fonction du temps (ou de la distance x au dbouch de leau) : qCO2 = eau aeau CO2 w0 - wp 4 aeau CO2 t avec x = U t 1.260
Cette expression du dbit est valable au dbut (quand la perturbation dans leau na pas encore gagn toute lpaisseur de leau). On calcule aisment lordre de grandeur du temps ncessaire au dgazage dun film deau dpaisseur e :
2 t= e eau aCO2
1.261
Par exemple, pour un film deau de 1 mm depaisseur, il faut compter 1000 s soit 20 mn pour que leau ait pu dgazer. Si lcoulement est plus rapide, la turbulence se charge de dgazer leau beaucoup plus vite que ne lindique la relation ci-dessus. Lvaporation la surface dun film deau conduira aussi un dplacement de lquilibre par augmentation locale de la teneur en bicarbonate. Il y aura donc aussi dgazage et dpt dun film de calcite la surface de leau si elle est immobile.
c) Quantit de calcite dposable par leau de percolation

Leau qui dbouche dans une salle nest pas, a priori, lquilibre chimique. Elle se trouve dans un tat caractris par la masse de calcaire rellement dissous My et la quantit maximale My1 quelle pourrait dissoudre une fois lquilibre chimique atteint. Cette quantit maximale peut tre associe une certaine pression de CO2 quilibrante. Leau dbouche dans une atmosphre de pression de CO2 donne. Il est facile de calculer (pour un systme air renouvel) la quantit de calcaire que peut corroder leau dans cette atmosphre My2. La comparaison entre les deux masses de calcaires My1 et My2 suffit pour savoir sil y aura concrtionnement ou poursuite de la corrosion. Sil y a concrtionnement, la masse dpose par unit de masse deau sera la diffrence entre les deux masses My1 - My2 .
101
Arologie des systmes karstiques, partie 1, lair et les interactions locales avec la cavit, 1.6.3.d
Pour dterminer ces deux masses, il faut faire quatre mesures : temprature, PH , duret de leau et pression partielle de CO2 de lair. La duret en Franais traduit la masse de calcaire (et magnsie) dissoute dans leau. 1F = 10 mg de CaCO3 par kg deau. On se reportera louvrage de Collignon (1988) page 155 et suivantes pour le dtail de ces mesures. On voit ainsi quune eau encore agressive peut dgazer du dioxyde de carbone sans dposer de calcite. La condition de dgazage rsulte de la comparaison de la pression de CO2 quilibrante de leau avec la pression de CO2 de lair. La quantit maximale de dioxyde de carbone produite par dgazage est celle qui ramne la pression de CO2 quilibrante de leau la valeur de la pression partielle de CO2 de lair. Une eau qui dpose de la calcite dgaze obligatoirement du dioxyde de carbone (sauf si leau tait en sursaturation).
d) Les conditions de dpt

La diffusivit du CO2 dans lair est beaucoup plus grande que dans leau, de sorte quon peut admettre une fraction molaire de CO2 constante dans lair. Cest donc dans leau que se trouve le gradient de fraction molaire qui rgle en partie la vitesse de dgazage. Cette vitesse de dgazage est associe au dpt de concrtionnement. Daprs ce quon a vu des phnomnes diffusifs, le dbit de dioxyde de carbone la surface est proportionnel la diffrence des fractions molaires entre le dioxyde de carbone contenu dans la masse deau et le dioxyde de carbone la surface de leau, qui est celui en quilibre avec lair ambiant. Ce dbit est aussi inversement proportionnel lpaisseur du film deau. La quantit de calcaire dposable tant limite, la longueur ncessaire (le temps ncessaire) pour obtenir un dgazage complet dpend donc des conditions dcoulement de leau le long des concrtions. Lobservation des concrtions a fourni quelques valeurs de la croissance. Ford et Williams (1989, p. 345) donnent les valeurs rapportes dans le tableau ci-dessous. concrtions : vitesse maxi de croissance fistuleuse 20 mm/an stalactite 3 mm/an stalagmite 0,7 mm/an
Tableau 1:9- Vitesses typiques de croissance de concrtions
La croissance varie au cours des saisons. Gams (1992) indique pour Postojna Jama (Slovnie) une vitesse maximale la fin de lt. Nous ne proposerons pas de modle de dgazage partir de leau (loi dchange ). Cette question serait rattacher ltude de leau. Nous dterminerons la quantit de dioxyde de carbone de dgazage en mesurant laugmentation de pression partielle sur le dbit dair.
e) Varit des concrtionnements

Toutes les concrtions ne se sont pas formes lair libre. Certaines circonstances (apport deau de minralisation diffrente) peuvent conduire un dpt sous leau. Mais la grande majorit se forme lair libre. Suivant la composition chimique de leau, la temprature, le taux de lhumidit et du dioxyde de carbone et la vitesse de lair, les concrtions peuvent prsenter une grande varit de compositions chimiques et daspects lis la critallisation. On trouvera dans le bel ouvrage de Hill et Forti (1986) une vue exhaustive de la question avec une bibliographie considrable. On y trouvera aussi (page 20) un joli schma issu dun article de Holland et al (1964) et montrant la varit des conditions de dpts.
f) Modification de la pression partielle de CO2 de lair cause du concrtionnement.

Air non renouvel. Lair rcupre le dioxyde de carbone provenant du dgazage. Il voit sa pression partielle de CO2 augmenter. Si la pression partielle de CO2 quilibrante de leau reste constante dans le temps, la pression partielle de CO2 dans lair sera identique. En revanche, sil y a des variations (au gr des prcipitations ou des saisons) de la PCO2 quilibrante, alors la pression partielle de lair sourterrain variera en suivant la PCO2 quilibrante de leau mais avec un certain retard. La masse dair opposera une certaine inertie aux variations chimiques de leau. L encore amortissement et dphasage sont au rendez-vous. Un concrtionnement saisonnier pourra se manifester suivi dune reprise de corrosion.
102
Air renouvel. Le cas le plus intressant est celui de lair renouvel, cest--dire dun courant dair plus ou moins important. Nous nous mettons dans les conditions dun dgazage possible. Ce que nous avons vu sur la constante de Henry (les masses de CO2 pour un mme volume dair ou deau sont du mme ordre de grandeur) nous permet de considrer limportance des dbits volume respectifs deau et dair. Si le dbit volume dair est nettement plus petit que le dbit volume deau, lair verra sa pression partielle de CO2 voluer tellement vite que le concrtionnement sera fort attnu un peu plus en aval. Ce cas nest donc pas tellement intressant. En revanche, si le dbit volume dair est nettement plus grand que le dbit volume deau, la pression partielle de CO2 dans lair ne changera pratiquement pas. Si les dbits volume sont du mme ordre de grandeur, les variations de pression partielle de lair seront progressives et mesurables. Sur la figure ci-contre, la pression partielle relative du dioxyde de carbone est note . Cest aussi la fraction molaire. Elle augmente au passage de la salle cause du dgazage. Les fractions massiques de dioxyde de carbone dans lair sont notes w1 et w2 avec w1 = 1,517 1 et w2 = 1,517 2. La fraction massique de dioxyde de carbone que peut librer leau est note we.
dbit d'air ma 1
dbit d'eau me e 2
Fig. 1-69- Dgazage de leau et concrtionnement Degasification of water and formation of speleothemes
On calcule le dbit masse de dioxyde de carbone qui a dgaz par lquation ci-dessous. Elle est approche car le dbit masse dair augmente un peu au passage de la salle. mCO2 = me we = ma w2 - w1 1.262
Lquation serait exacte si on remplacait (comme en climatisation) la fraction massique (en kgCO2/kg dair) par la fraction spcifique de CO2 (en kg CO2 par kg dair pur sans CO2). Le dbit masse dair quon devrait adopter serait le dbit masse dair pur (sans CO2). Mais lerreur est ngligeable. Le dbit masse de CO2 provient du dplacement de lquilibre chimique dans leau. Laugmentation de dioxyde de carbone dans lair est dautant plus grande que le dbit dair (renouvellement) est faible, que le dbit deau est grand et que la diffrence de pression de CO2 quilibrante est grande. Cette augmentation de CO2 dans lair diminue les possibilits de concrtionnement plus loin en aval. Suivant les conditions dcoulement de leau et la disposition des conduits, le concrtionnement pourra se faire en une ou plusieurs fois suivant les configurations gomtriques des circulations de lair. Dans le dessin ci-contre, le courant dair se charge de dioxyde de carbone en bas et aussi en haut. En inversant le sens du courant dair, on pourrait obtenir un dpt de concrtion en haut et une reprise de corrosion en bas (si le dgazage avait t complet en haut). La varit des phnomnes possibles est trs grande. Cela provient principalement des fluctuations des conditions extrieures, qui conditionnent le courant dair et sa temprature.
roche air
eau
roche
eau
air roche eau
Fig. 1-70- Dans cette configuration, le dpt de concrtions se fera sur les deux niveaux Speleotheme formation at two levels
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1.6.4. Un phnomne de relaxation mcanique li au dgazage de leau du plafond

Le dgazage de CO2 qui se produit loccasion du concrtionnement est aussi la cause dune instabilit mcanique possible de latmosphre souterraine. Dans une galerie de temprature uniforme, donc parfaitement stable (si lair tait homogne), le dioxyde de carbone libr au plafond par les suintements diffuse dans lair et reste au voisinage du plafond. Le dioxyde de carbone peut rendre lair localement instable. Il se produit alors un lger mouvement de descente du mlange air-CO2 qui uniformise les concentrations par diffusion. Le mouvement reste localis. De proche en proche latmosphre de la grotte se trouve partout la limite de linstabilit. Un apport supplmentaire de CO2 rend latmosphre instable partout. Alors, il se produit brutalement un mouvement gnral de convection de lair, mouvement qui a pour rsultat de rendre de nouveau lair stable et plus homogne. Il est fort possible que le mlange soit imparfait et quune concentration plus grande de CO2 au niveau du point bas fasse voquer une dcantation.
arrive trs lente de CO2
bouchon liquide
bouchon liquide
Fig. 1-71- Un phnomne de relaxation peu banal : larrive de dioxyde de carbone peut se traduire par des mouvements convectifs de rcurrence rgulire Convective instability caused by CO2 arrival. The CO2 mixes with cave air until the concentration is too large for the stability
Ce mouvement de relaxation a une priode lie au dbit de CO2 au plafond. Il est facile de calculer la priode du phnomne. Dans une salle isotherme de hauteur H, le gradient de fraction molaire de CO2 ncessaire pour rendre instable latmosphre isotherme scrit : d dz =inst
Ma 1 dT MCO2 - Ma T dz
adiab
6,95.10-3 dT dz
1.263
adiab
Dans cette relation les grandeurs Mco2 et Ma sont les masses molaires de lair et du CO2. La fraction molaire moyenne de CO2 par unit de surface au sol, ncessaire pour rendre lair instable sen dduit : m = H d 2 dz =inst
Ma H dT MCO2 - Ma 2 T dz
1.264
adiab
Do la masse de CO2 par unit de surface au sol (tous calculs faits) :

mCO2 = a H2 MCO2 dT 2 T MCO2 - Ma dz
adiab
- 6,7.10 -3 H2 dT dz
1.265
adiab
En adoptant le gradient adiabatique humide (air satur en humidit), on obtient une masse de dioxyde de carbone par unit de surface au sol de : 1.266 mCO2 = 3,7.10-5 H2 kg.m-2 Pour une hauteur H = 10 m, cela reprsente 3,7 g de CO2 par mtre carr de surface au sol. La priode de relaxation sobtiendra en calculant le temps pour obtenir cette quantit. Pour que ce phnomne sentretienne, il faut quune circulation deau diffrente de celle du plafond existe et emporte le dioxyde de carbone. Ce mouvement de relaxation sera donc entretenu par deux dbits deau de concentrations en CO2 diffrentes. Cest peut-tre ce phnomne qui est lorigine de mouvements observs dans la galerie Clastre la grotte de Niaux en Arige par Claude Andrieux alors que la galerie tait protge par des siphons, lisolant de tout courant dair.
104
Il est intressant de remarquer que ce phnomne de relaxation est tout fait analogue un phnomne qui sest produit au Cameroun dans les annes 80 et pourrait revenir rgulirement. Une arrive rgulire de CO2 dorigine volcanique se dissout dans leau du lac, jusqu ce quau fond la concentration maximale soit atteinte. Des bulles commencent partir et se dissolvent au cours de la monte. Puis le gradient de concentration atteint presque partout un seuil critique. Lensemble devient instable. Une petite bulle qui monte alors, ne peut plus se dissoudre, elle se dilate et engendre une monte de leau qui dgaze et participe au mouvement. Il en rsulte une convection gnrale au niveau du lac tout entier. Des quantits normes de gaz dissout se retrouvent des pressions plus basses dclenchant une sorte dbullition cataclysmique (et une avalanche mortelle de dioxyde de carbone sur les pentes voisines).
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105
Arologie des systmes karstiques, partie 1, lair et les interactions locales avec la cavit
Conclusions de la premire partie

La premire partie a t un tour dhorizon de toutes les proprits de lair qui concernent la climatologie souterraine. Dans le premier chapitre ont t indiques les principales caractristiques de lair : grandeurs thermodynamiques, composition en CO2 et vapeur deau avec le diagramme de lair humide, et grandeurs nergtiques. Nous avons dtaill le calcul de la masse volumique et de ses variations, puisque cest elle qui conditionne les gradients de pression motrice, gnrateurs de courant dair. Au deuxime chapitre, nous avons abord lquilibre mcanique dune couche dair et les variations de temprature suivant laltitude, avec les gradients adiabatiques sec et humide que nous avons tablis et sur lesquels nous nous sommes longuement tendus. Nous avons dvelopp aussi les corrections possibles apporter lindication dun altimtre. Ces corrections nont, bien sr, un intrt quavec un excellent altimtre. Puis nous avons trait en dtail les problmes de la stabilit de lair en examinant le rle de la temprature ou de la composition. Le chapitre suivant a t loccasion dtudier les coulements dair. Nous avons dtaill les diffrentes forces qui interviennent en dynamique et avons nonc lquation de Bernoulli qui est notre quation de base pour les coulements souterrains. En rgime permanent, cette quation se rsume lnonc : les termes moteurs (apports de charge) sont gaux aux termes rsistants (pertes de charge). Nous avons montr que les seules pertes de charge significatives se trouvent dans les resserrements et qualors, la plupart des coulements sont turbulents. Nous avons ensuite dtaill le calcul classique des pertes de charge dans les conduits pour finalement conclure que la mthode pratique dans lindustrie est inapplicable dans les cavits naturelles, et nous avons emprunt aux mineurs les notions de rsistance araulique ou douverture quivalente, facilement accessibles aux mesures. Nous avons aussi envisag quelques phnomnes intressant les courants dair souterrain comme ljection (ou induction), lmission acoustique ou la stratification thermique si commune aux entres basses des rseaux. Nous avons voqu quelques proprits utiles de ces coulements, en particulier la vitesse des courants de densit. Les transferts de chaleur ont t tudis au chapitre 4. Dabord la conduction thermique dans la roche avec lquation de Fourier. Nous avons soulign la difficult de connatre la conductivit thermique du calcaire, matriau peu homogne, surtout au voisinage des parois de galerie. Nous avons survol quelques solutions classiques, comme celle du choc thermique sur une paroi temprature ou flux constant, ou le problme de Stokes dune paroi temprature variant priodiquement dans le temps. Ce dernier problme est fondamental en climatologie puisque lexcitation thermique de la surface terrestre est grosso modo priodique. Puis nous avons abord la convection force, celle qui se fait entre un courant dair et la paroi. Les changes entre lair et la roche passent par une surface qui est, par nature, dune grande complexit. Nous avons rflchi ce problme et en avons conclu que la finesse de la description de la surface de contact devait tre adapte la frquence des variations de la temprature de lair. Les transferts de chaleur ont t introduits en passant classiquement par le nombre de Nusselt et des corrlations empiriques, qui supposent connus le diamtre du conduit. Nous avons montr que le diamtre quivalent dun conduit pour les changes thermiques est une certaine moyenne sur tous les diamtres et pas seulement les plus petits comme pour les pertes de charge. L encore, le diamtre ntant pas une donne vidente des conduits souterrains, cette faon classique nest pas bien adapte aux grottes. Mais nous navons pas pu introduire un concept thermique qui puisse jouer un rle quivalent la rsistance araulique. Cela provient du fait que le flux advect, contrairement au dbit dun courant dair, ne se conserve pas le long dune galerie. La rsistance thermique ne peut tre quune grandeur assez locale et instantane. Puis, nous sommes passs la convection naturelle, dont le mouvement est dorigine immdiatement thermique. L encore, nous avons rappel la mthode classique par les nombres de Grashof et Rayleigh. Les mouvements tant locaux, il est plus facile de connatre la dimension caractristique verticale. Ensuite, nous avons voqu les transferts par rayonnements thermiques. Nous avons montr que ce mode de transfert tait plus efficace que la conduction thermique et nous montrerons plus loin quelle est du mme ordre dintensit que la convection naturelle. Nous avons fini ce chapitre en dfinissant, au sens des changeurs de chaleur, lefficacit de lchange qui est une grandeur caractrisant bien le comportement thermique dun tronon de galerie un instant donn. Malheureusement, cette efficacit nest pas une caractristique du tronon de conduit, puisquelle varie au cours du temps comme nous le verrons la partie 3. Le chapitre 5 est consacr aux transferts de masse de la vapeur deau, avec les phnomnes dvaporation et de condensation qui ont une si grande incidence thermique. On a rappel lutilisation du diagramme de lair humide et on a crit les bilans de masse et dnergie. Lanalogie avec les transferts de chaleur (analogie de Lewis) permet dobtenir aisment des corrlations utilisables. Le mlange de deux masses dair fournit un brouillard dont nous avons calcul la production.
106
Le chapitre 6 sest content daborder les transferts de dioxyde de carbone entre leau et lair. Cest la loi de Henry qui gre lquilibre entre les pressions partielles de CO2 entre les deux milieux. Les flux instantans sont fournis, quant eux, par la loi de diffusion de Fick. Le dgazage de leau au niveau des galeries ventiles a t abord, ainsi que les modifications chimiques de leau et lair. Nous avons voqu enfin la possibilit dune instabilit de relaxation dune couche dair, provoque par une arrive continue de dioxyde de carbone.
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Fig. 1-72- Vous prendrez bien, encore, un petit verre de vent !

(dessin de Rgine Landry sur une ide de Jy, festivent-Calvi)
You take again a little glass of wind ?
107
Arologie des systmes karstiques, partie 2, les courants dair dans la cavit
Deuxime partie
Les courants dair dans la cavit

(et rle des conditions aux limites)
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Dans cette deuxime partie, nous allons nous intresser aux courants dair un instant donn, comme une photographie que lon prendrait du courant dair dans une cavit. Si on connat un instant donn, la gomtrie dun rseau souterrain, le champ des humidits, des teneurs en dioxyde de carbone, des tempratures intrieure et extrieure, alors on est capable, au moins en principe, de calculer le courant dair, sens, dbit et vitesse. Nous nous plaons lchelle de la cavit toute entire ou dune portion significative de celle-ci. Nous dbuterons par une sorte de panorama gnral de diffrentes configurations de courants dair. Nous nous contenterons dune prsentation sommaire, ltude de chaque cas tant faite ensuite. Puis nous attaquerons des problmes spcifiques dont le premier sera le courant dair dans une galerie horizontale borgne, problme fondamental des mineurs de lAntiquit jusquau 19e sicle (avant linvention des ventilateurs lectriques). Nous verrons la possibilit dun renouvellement sur une longueur de lordre de 50 m. Le courant dair dans un tube vent sera calcul et quelques proprits seront tablies comme le curieux rsultat des circulations dans les rseaux plusieurs entres tages, et nous effleurerons la question de la dispersion dun traceur passif (colorant du courant dair). Les labyrinthes nous occuperont ensuite, et nous fournirons une mthode gnrale de rsolution des courants dair dans chaque branche (mthode de relaxation). Nous aborderons alors le problme difficile des courants dair variables, les transitoires la fermeture dune porte, la dure de la renverse (changement de sens du courant dair), la propagation dune perturbation de pression, loscillation pendulaire, loscillation par rsonance lastique (Helmholtz), loscillation de relaxation. Enfin, nous tudierons les changes de chaleur et de masse dun courant dair avec les parois des conduits un instant donn et nous en dduirons une longueur caractristique instantane des transferts.
108
Second part
The air flows in a cavity

and the boundary layer conditions
In this part, air flow at a given time is examined . The thermal memory effect will be analysed in the 3th part. In the first chapter, the different patterns of air flow in a cave are enumerated : natural convection, wind tube with two entrances, thermal air trap, statified flow, piston flow caused by wind or flood water, fast fluctuations because of gusty wind, infrasonic waves of great geophysical phenomena, low fluctuations associated with variations of atmospheric pressure. The problem of natural aeration of horizontal galleries of ancient mines is analyzed in the second chapter. A simple model is presented for the air flow. It is based on some measurements and on a dimensional analysis. The velocity diminishes exponentially with the distance from the entrance. In the 3rd chapter, the driving force of chimney effect is analysed, the different weight of two air columns, one out of cave, the other in the cave. Parameters such as temperature, wet, CO2 concentration are examined. After, is studied, the aeraulic resistance of galleries, or a wind tube. The importance of stretched passages is demonstrated, and the direction change of air flow is very fast. The cave in an incline with regular entrances are studied. The air discharge is only dependant maximum difference in levels. The intermediate entrances have an air flow in the direction of one the other entrances. The dispersion of passive contaminant are examined in the case of well agitated reactors in cascades. The classical solution is given, as the dispersion value associated with a simple model of caves (succession of rooms and strength passages). This problem, fundamental in chemical engineering, is also important in karstology. Studies need to be done. The 4th chapter concerns mazes. The miners methods are adopted. Kichhoffs law gives the system equation. The relaxation method is explicit in the peculiar case. The Mstroff maze is a good example of a complex maze, with some resonance phenomena. The time variable air flows are studied in the 5th chapter. The classical works of Trombe and Conn are resumed. Next, the propagation of pressure perturbation is examined with the capacitive effects of the cave. Several cave system models are studied, Conn regular tube, succession of rooms and stretched passages. A discrete equation system is obtained. We have proposed a continued model showing curious properties, intermediate between advection and diffusion processes. The time of air flow turn is computed with the transitory term of inertial forces. This time is proportional to the square root of tube length, mean diameter, inverse of level. It is possible that, in some patterns, the air flow stops for a certain time. This theoretical property is not confirmed by the numerical computing. The pendulum oscillations are analysed in relation to the Montlezy ice cave. Next, the wide question of resonance phenomena is examined. A non-linear model of a Helmholtz oscillator is proposed. A simplified solution is given. After, the relaxation oscillation is examined. A model of relaxation associated with laminar turbulence transition is studied, but other relaxation oscillations of air flow, based on thermal process, probably exists, but we have not found them. The last chapter is a detailed study, in a very simple geometrical configuration, of the heat and mass transfers beetwen air flow and cave walls. The condensation and evaporation phenomena are difficult. We propose equation systems for mist, and condensation production. We applied these equations for the numerical computing, but only to a thermal memoryless system.
109
Arologie des systmes karstiques, partie 2, les courants dair dans la cavit, 2.1.1
2.1. Un panorama des diffrentes sortes de courants dair

Nous allons passer en revue les diffrentes causes entretenant un champ de gradient de pression motrice, ncessaire au maintien dun courant dair.
2.1.1. Diffrentes dispositions gomtriques et physiques

On rencontre sous terre des dispositions gomtriques, mcaniques ou thermiques qui favorisent linstallation dun courant dair. Nous analyserons plus loin en dtail ces diffrents dispositifs, mais nous allons dj nous en faire une ide densemble.
roche froide air cellule convective eau chaude
a) Air boucl sur lui-mme

Examinons tout dabord les conditions dapparition dun tourbillon boucl sur lui-mme ( dbit total nul dans une section). Linstabilit dun air chaud surmont dun air froid engendre des tourbillons dallure torique (sur la figure ci-contre). Nous examinerons plus loin le mcanisme physique qui permet de passer, comme ici, dun champ de temprature non homogne un champ de pression motrice non homogne, mais on peut remarquer ds prsent que cest le champ de pesanteur terrestre qui assure le passage. Pas de pesanteur, pas de convection naturelle ! Un autre mcanisme, quon nomme recirculation, est celui dune masse en mouvement (eau, air ou autre) qui entrane par frottement visqueux une certaine masse dair. Nous donnons deux exemples. Lun o le moteur est une cascade (cf. figure ci-contre). Lair du puits est violemment brass et il sinstaure un tourbillon en rouleau ou un tourbillon torique. Lautre est le cas dun courant dair qui dbouche dans une salle (cf. figure au-dessous). Lair dans la zone morte est anim dun mouvement en tourbillons rouleaux, ou torique, suivant la configuration gomtrique du conduit. On remarque que tous ces mouvements peuvent tre considrs comme quasi-permanents, cest--dire que le mouvement se maintient peu prs identique au cours du temps.
Fig. 2-1- Cellule convective torique engendre par une diffrence de temprature Convective eddy generated by temperature differences
air tourbillon de recirculation cascade
torrent souterrain
Fig. 2-2- Tourbillon de recirculation en rouleau engendr par une cascade Recirculation eddy generated by a waterfall
tourbillon torique de recirculation courant d'air principal

Fig. 2-3- Tourbillon de recirculation torique gnr par un courant dair principal. Le tourbillon apparat comme un courant dair secondaire ( dbit total nul). Cest le phnomne djection ou dinduction The recirculation eddy is the basis of ejection phenomenon
courant d'air en boucle

Fig. 2-4- Courant dair en boucle par lentranement dune cascade (cf. grotte de Gournier) Loop air flow induced by a waterfall
cascade
110
cellule haute cellule basse
air froid extrieur
air intrieur plus chaud
zone colmate et tanche l'air
Fig. 2-5- Courant dair boucl sur lextrieur, fonctionnement en tube vent. droite, la circulation dair est bi-tage (Mangin et Andrieux 1988) A wind tube is also a loop air flow, but with the external atmosphere
b) Air boucl sur lair extrieur

Il existe plusieurs configurations o lair dcrit une boucle partant de lair extrieur et revenant lair extrieur. Effet chemine. Les causes ou le moteur du mouvement sont, dans ce cas, principalement thermiques. La temprature de lair intrieur est diffrente de celle de lair extrieur. Cela induit une diffrence de pression motrice et donc un mouvement. Cest leffet de tirage de chemine qui explique le mouvement de lair (figures ci-dessus). Piges thermiques. Dans le cas de pige air chaud ou air froid, en tat dinstabilit comme sur la figure ci-dessous, le courant dair est un courant dair de convection li dabord la diffrence de temprature entre lair extrieur et les parois. Il y a une dnivellation exploitable par lair. Dans la figure de droite, qui est un tube vent, les deux entres ont mme altitude, mais il y a deux branches de tempratures diffrentes. Ce cas est trs voisin dun pige air chaud. On peut, bien entendu, trouver des cas intermdiaires qui fonctionnent partiellement en pige thermique et partiellement en effet chemine. Ces piges thermiques prsentent deux phases de fonctionnement. Une phase ouverte (Trouillet 1885) ou dynamique, cest--dire lt pour un pige air chaud et lhiver pour un pige air froid. Cette phase ouverte correspond la priode o linstabilit thermique permet un renouvellement de lair de la cavit. La phase ferme (ou statique) correspond au contraire la priode pour laquelle lair est stable et immobile.
paroi plus froide

air chaud
paroi plus froide
air chaud
Fig. 2-6- Courant dair dans un pige air chaud. L encore le courant dair se boucle sur lair extrieur. On donne deux exemples, lun une entre, lautre dispos en tube vent deux entres de mme altitude A warm air trap with his loop air flow has one entrance A wind tube has more than one entrance
111
Arologie des systmes karstiques, partie 2, les courants dair dans la cavit, 2.1.1.c
Effet mixte. Un courant dair de tube vent peut engendrer un tourbillon de recirculation prs dune entre de cavit (figure cicontre). En gnral, ce tourbillon ne sera important que si leffet de convection naturelle peut se surajouter leffet dentranement turbulent. On verra plus loin que cette configuration est possible grce une proprit des coulements stratifis, stables comme ici, de bien rsister au mlange turbulent. L encore, le mouvement de lair dans ces configurations est quasi-permanent. Bien que le courant dair, comme on le verra plus loin, prenne naissance dans un rgime thermique essentiellement variable (de basse frquence), laspect dynamique du mouvement est, lui, essentiellement permanent. On le qualifiera de quasi-permanent.
air chaud
courant d'air extrieur
ligne de sparation des deux masses d'air courant d'air intrieur
paroi plus froide
Fig. 2-7- Courant dair mixte de convection et de recirculation li une sortie de courant dair (exemple de la Cauela, Espagne) Mixed convection-recirculation air current
c) Rle de linfiltration de leau des prcipitations

(Mangin, Andrieux, 1988) Une chute de pluie se traduit par linjection dun certain volume deau dans le karst. Ce volume prend la place de lair. Ce qui provoque une diminution de volume, donc une surpression de lair, qui cherchera schapper vers lextrieur. Lair sort par une entre, si elle existe, ou par dautres fissures (voire mme dans des flaques sous forme de bulles !). Par exemple, une averse de 1 cm de hauteur deau qui tombe sur un kilomtre carr de bassin versant reprsente un volume deau de 104 m3. Cette eau chassera un volume quivalent dair. Puis la crue tant passe, lair reviendra dans la cavit lentement au gr de la dcrue. la fin de lpisode pluvieux, le dbit total est donc nul (cf. figure 2-8 ci-contre). Un deuxime mcanisme existe aussi. Leau en descendant dans des fissures troites peut entraner un certain volume supplmentaire dair par une sorte deffet piston (figure ci-contre). Tout dpend de la configuration gomtrique et de la taille des fissures de percolation. Lcoulement denfouissement de leau est alors diphasique. Mangin et Andrieux (1988) estiment que le volume dair peut tre quivalent au volume deau. Cet effet se traduit ainsi par un dbit dair supplmentaire quivalent pendant la crue celui induit par le premier mcanisme. Ce second mcanisme est diffrent du premier puisquil nest pas compens la dcrue. Un bilan sur les courants dair induits par une crue, dans un rseau habituellement sans courant dair, montrerait donc un excs dair souffl par rapport lair aspir.
courant d'air soufflant
vitesse du courant d'air
temps 0 crue courant d'air aspirant dcrue
Fig. 2-8- Aspect du courant dair au passage dune crue. Pendant la crue, le courant dair est soufflant puis pendant la dcrue, le courant dair est aspirant Air flow during a flood. During the flood it is blowing, and afterwards sucking
surface d'infiltration
eau
eau piston d'eau
eau + air
Fig. 2-9- Injection dair par leau dinfiltration

(Mangin, Andrieux 1988)
Air injection by diphasic flow of percolation
2.1.2. Fluctuations des grandeurs physiques aux frontires

Le courant dair souterrain est souvent d des fluctuations ou des variations rgulires des paramtres de lair atmosphrique extrieur. Toutes ces fluctuations conduisent des variations de la pression engendrant un mouvement de lair. La distinction que lon fait entre les diffrentes causes, vent, infrasons, etc. repose essentiellement sur les diffrences des frquences associes, grandes pour le vent, petites pour les infrasons, trs petites pour les variations de la pression atmosphrique (Lewis, 1991).
112
vent avec rafales

couche limite recirculation
couche limite atmosphrique
cavit en surpression
cavit en dpression
courant d'air alternatif au gr des rafales de vent
cavit
Fig. 2.10- Le vent induit des fluctuations de la pression, donc un courant dair souterrain Cave air current generated by atmospherical wind fluctuations Fig. 2-11- Le courant dair alternatif lentre dune cavit cause des rafales de vent Alternating air current at the entrance of cave by the outside wind
a) Rle du vent extrieur (Andrieux, 1969, et aussi 2.1.2.a)

Le vent terrestre. Lair atmosphrique est en mouvement. Les vitesses sont le plus souvent assez faibles dans les terres et plus importantes sur la mer ou en montagne. Elles ne dpassent gure 50 km/h. Dans certaines rgions en revanche, le vent est permanent (comme la clbre Terre de feu en Patagonie o le vent souffle en permanence de 60 100 km/h). loccasion des orages ou des temptes, le vent peut prendre des vitesses catastrophiques. Les vitesses courantes pour les grands cyclones tropicaux et les typhons sont de 200 km/h. Ltendue dun cyclone est de 1000 km environ et ses structures tourbillonnaires se dplacent des vitesses de lordre de 60 km/h. Mais dautres phnomnes sont encore plus violents. Par exemple les tornades, structures tourbillonnantes dune cinquantaine de mtres de diamtre, peuvent tre le sige de vitesses jusqu 400 km/h. La vitesse du vent augmente quand on sloigne du sol (couche limite atmosphrique). On admet en plaine une loi de la forme : Vh = h 0,17 2.1 loi de Golding, in Le Chapellier 1988 V0 h0 Le vent possde en gnral une composante verticale faible, mais elle peut dpasser 10 m/s au moment des orages. Rle du vent extrieur sur les cavits. Prs des entres des cavits, le vent joue un rle. Il modifie le rgime des courants dair souterrains, et le vent en rafale peut induire des courants dair pulss. Le vent extrieur est dvi par le relief. Il se produit, localement et au gr des rafales, des surpressions ou des dpressions (cf. figure au-dessus gauche et 1.3.7). Si la cavit est une seule entre, la surpression due une rafale fera entrer de lair qui ressortira la fin de la rafale (figure au-dessus droite). Si la cavit possde plusieurs entres, le phnomne pourra tre trs complexe car les diffrentes entres seront soumises des pressions fluctuantes et le courant dair pourra tre trs irrgulier. Cependant, si une des entres est toujours en surpression, il pourra stablir un courant dair rgulier. Pour une cavit importante une seule entre, le courant dair sattnuera en fonction de la distance lentre comme on ltablira plus loin. De mme, pour un rseau deux entres trs loignes, les rafales du vent ninflueront pas sur le courant dair loin des entres. Le courant dair d au vent peut se combiner un courant dair d une autre cause (tube vent par exemple). Le courant dair pourra rester dans le mme sens mais prsentera des variations brusques. Les relations ntant pas linaires, le courant dair rsultant ne sera pas la somme des courants dair partiels.
113
Arologie des systmes karstiques, partie 2, les courants dair dans la cavit, 2.1.2.b
vitesse
passage d'une rafale
Fig. 2-12- Une rafale de vent (du genre tourbillon torique, Le Chapelier, 1988) Wind velocity versus time, for an eddy
2s
temps
Sur le schma ci-dessus, on a reprsent un exemple de vitesse du vent en fonction du temps au moment dune rafale (Le Chapellier 1988). Le caractre trs irrgulier du vent est d la turbulence et l'aspect intermittent du vent extrieur. On pourrait aussi reprsenter le spectre du vent qui mettrait en vidence les diffrentes frquences observables lextrieur et donc aussi dans une certaine mesure lintrieur dune cavit. Quelles sortes de variations de pression induisent les rafales du vent ? On se dit, bien sr, quelles sont bornes par la valeur 0,5 v2 qui correspond la pression darrt (v tant la vitesse maximale des rafales). Mais plusieurs facteurs interviennent pour attnuer cet effet : orientation de lentre par rapport au vent, couvert vgtal etc. Contentonsnous dindiquer le rsultat des mesures faites la grotte de Mstroff au Luxembourg (Massen 1997, p. 99). Ces physiciens ont mesur la diffrence de pression entre lextrieur et un point 50 m de lentre. Leur figure 3.4.4, reproduite ci-contre, montre la diffrence de pression en fonction de lamplitude des rafales de vent (entre 0 et 10 m/s). Les points sont limits par deux paraboles dont lquation est peu prs : dP = 0,17 1 V2 2 2.2
surpression
vitesse des rafales
Fig. 2-13- Fluctuations des pressions, en fonction de la vitesse des rafales de vent la grotte de Mstroff. Elles sont peu prs comprises entre deux paraboles (Massen 1997 p. 99) Amplitudes of pressure fluctuations versus wind velocity
Ce coefficient damortissement de 0,17 est le premier mesur dans une cavit. Il varierait dune grotte lautre. Les auteurs ont aussi remarqu que la moyenne est un peu dcale. Pour 10 m/s, les diffrences de pression (en Pa) varient ainsi dans la plage de valeurs [ -8,2 ; +10,2].
b) Rle des infrasons

Les grands vents des temptes, les courant-jets, les tremblements de terre, les grandes cascades engendrent des manifestations acoustiques, une sorte de chant compos dinfrasons qui se propagent au loin mais qui ne sont pas perceptibles cause de leur frquence trs basses de lordre de 0,01 1 Hz (Lewis, 1991). Cependant, les cavits souterraines se rvlent de parfaits instruments de dtection. En effet, elles peuvent rsonner la faon des rsonateurs de Helmholtz et le phnomne sera alors amplifi et facilement dtect grce au courant dair alternatif qui prend alors naissance prs de lentre (figure ci-contre). Nous analyserons plus loin soigneusement ce phnomne peu observ, mais sans doute plus courant quon croit.
trains d'onde infrasonores
courant d'air alternatif
cavit comme rsonateur de Helmholtz
c) Rle des variations lentes de la pression atmosphrique (respiration des cavernes)

Latmosphre extrieure, un endroit donn et un instant donn, possde une certaine pression. On peut mesurer cette pression avec un baromtre (ou un altimtre). Elle varie en fonction de laltitude.
Fig. 2-14- Des infrasons peuvent induire un courant dair alternatif (rsonateur de Helmholtz) Alternating air flow induced by infrasonic waves
114
altitude en m
9000 8000 7000 6000 5000 4000 3000 2000 1000 0 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
atmosph re isotherme atmosph re AOIC atmosph re adiabatique Fig.2-15- Variation de la pression avec laltitude pour diffrents types datmosphres Pressure versus altitude for three theoretical atmospheres
p/p0
En fonction de laltitude. Latmosphre terrestre se rarfie avec laltitude, alors que la composition ne change gure sur plusieurs dizaines de kilomtres. La pression diminue quand laltitude augmente (cf. figure 2-14 et 1.2.4). Fluctuations. cette influence systmatique de laltitude se surajoute des fluctuations plus ou moins rgulires. La premire sorte est appele synoptique. Elle est lie aux grandes structures de latmosphre (anticyclones, zones cycloniques, fronts). Ainsi, les perturbations saccompagnent dune baisse de pression qui peut atteindre 104 Pa (record de basse pression au niveau de la mer 0,87 105 Pa dans un cyclone de locan Pacifique). De mme, les anticyclones correspondent des hautes pressions (record en Sibrie de 1,083 105 Pa). Les fluctuations journalires moyennes de la pression dans nos rgions sont de lordre de 50 Pa. La deuxime sorte de fluctuations, quon a examine au 2.1.2.a, correspond des modifications trs rapides de la pression dues au vent extrieur et la turbulence associe. Influence sur les courants dair souterrains. Toutes ces variations de la pression influent sur un rseau souterrain, mme sil na quune entre, par un effet capacitif. Dans une cavit petite, le courant dair sera cr par des fluctuations rapides de la pression extrieure, mais dans des cavits gantes, de trs grand volume intrieur, les fluctuations lentes de la pression baromtrique seront facilement perceptibles tout le long des galeries. Cest le phnomne de respiration des cavernes que nous analyserons plus loin et qui correspond un effet capacitif pur. On lira avec profit larticle, excellent et trs complet, de Warren Lewis (Lewis, 1981) sur les variations de la pression atmosphrique.
variations journalires de la pression atmosphrique
fluctuation de la pression
courant d'air alternatif journalier
temps
respiration de la cavit
Fig. 2-16 et 2-17- Respiration dune grande cavit par les variations lentes de la pression extrieure. gauche, configuration gomtrique, droite variations possibles de la pression au cours du temps 2-16- Cave breathing by atmospheric pressure variations 2-17- Fluctuations of the pressure with time
_______________________
115
2.2. Ventilation naturelle dune galerie horizontale une seule entre

Ce chapitre a t construit partir du rapport de 1998 Exprimentation sur larage des mines, compte rendu de mission, rapport et rsultats scientifiques, sous la direction de N. Florsch. (cf. aussi Florsch, Lismonde, 2001) Ce rapport permet de comprendre en site rel comment une mine ancienne pouvait tre exploite sans ventilation force. Ou en dautres termes, jusqu quelle distance lair peut se renouveler naturellement dans une galerie horizontale, et quel est le taux de renouvellement ? Des mesures de temprature et de vitesse ont t faites dans la mine dite mine Sans Nom Saint-Pierre-surlHte dans la valle de Sainte-Marie-aux-Mines dans les Vosges (France). La galerie a une hauteur denviron 2 m, une largeur de 0,6 m et une longueur de 90 m.
frottement rugueux la paroi
profil des vitesses
A D
B C
frottement par tourbillons turbulents
Fig. 2-18- coulement en t dans une galerie borgne. Lcoulement suprieur perd de la quantit de mouvement par fuite du fluide vers le bas et par frottement turbulent sur les parois et linterface Air flow in the cave with one entrance, in summer
2.2.1. Les rsultats exprimentaux

Le rsultat principal de ltude des courants dair est que la convection naturelle entre lair extrieur et lair intrieur de temprature diffrente suffit renouveler lair sur une distance de lordre de 50 m. En t, lair pntre en haut de la galerie et ressort au bas. En hiver, cest linverse, lair entre en bas et ressort au plafond. Dans une section donne, par exemple en t, lair circule dans la galerie avec deux maxima des vitesses moyennes, lun positif, lautre ngatif. Lcoulement dans la galerie est trs turbulent. La relation propose, partir des mesures, par N. Florsch pour cette vitesse maximale la distance x de lentre est : V = 0,185 exp - x 8,13 Text - Tfond 2.3
H Vmax
Dans cette relation, V est en m/s, x est en m et T en K. Cette relation empirique est trs intressante, mais elle ne donne pas linfluence de la hauteur de la galerie sur la vitesse. crivons-la sous une forme plus gnrale : V = V0 exp - x x0 2.4
Fig. 2-19- Schma montrant le profil transversal du courant dair estival Transversal velocity profile of summer air flow
Nous allons essayer de retrouver cette loi par quelques considrations physiques bases en partie sur lanalyse dimensionnelle.
2.2.2. La vitesse caractristique V0

On peut trouver une estimation de V0 en remarquant quil sagit dun phnomne de convection naturelle avec de lair. Le moteur tant la pesanteur, on peut appliquer la formule de Torricelli pour calculer lordre de grandeur de la vitesse (cette formule exprime simplement la transformation dnergie de gravit en nergie cintique) : V0 = 2 g H' = Text - Tfond 2 g H' Tfond 2.5
La constante g est lacclration de la pesanteur, la hauteur H est une dnivellation parcourue par une particule fluide dans son mouvement convectif. Posons cette hauteur sous la forme H = H avec H hauteur de la galerie et plus petit que 0,5 puisque lcoulement dans un sens ne concerne quune hauteur moiti.
116
La comparaison avec la relation empirique fournit (nous prenons H = 2 m) : 0,185 = 2 Tfond g H'
2 H' = 0,185 283 = 0,49 m 2 . 9,81
2.6
Cette hauteur reprsente environ le quart de la hauteur de la galerie H . On en dduit = 0,25 . Do la relation gnrale approche : V0 = 0,7 Text - Tfond g H 2.7 Tfond
2.2.3. La distance damortissement x0

La dtermination de x0 semble plus dlicate. Au fur et mesure que lair chaud pntre dans la galerie au plafond, cet air se refroidit. Lcart de temprature entre le bas et le haut diminue et on pourrait imaginer que la vitesse V0 diminue dans les mmes proportions. Il nen est rien. Lcoulement nest pas du tout force dinertie ngligeable car le nombre de Reynolds est grand. Lcoulement pourra continuer mme si lcart de temprature sest annul localement entre le haut et le bas. Le ralentissement de lcoulement est d deux facteurs : dune part, il y a frottement de lcoulement suprieur sur lcoulement infrieur ainsi qu la paroi (figure ci-contre), et dautre part, le fluide rencontre un gradient de pression adverse comme on va le dmontrer plus loin. La fuite dair du haut vers le bas est assure par un lger gradient de pression (la pression motrice P + 0 gz est un peu plus grande en haut quen bas).
x'
dx frottement turbulent
Fig. 2-20- Les diffrents frottements : frottement sur les parois et frottement dans la zone de mlange sur le plan mdian (le courant dair est en rgime dt) Two types friction (for a summer flow) : on the wall and between the two counter-flows
Comme lcoulement est turbulent rugueux, la perte de charge est proportionnelle au carr de la vitesse. En haut, lcoulement se prsente globalement comme un divergent, la pression augmente donc, mais les frottements visqueux et les changes de quantit de mouvement par les tourbillons turbulents font diminuer cette pression. Indcision donc sur le signe de la variation de la pression. En revanche en bas, lcoulement vers la gauche est globalement un convergent, la pression diminue donc vers la gauche. Et par ailleurs, les frottements visqueux ont aussi tendance diminuer la pression. On en dduit quen bas la pression diminue vers la gauche. Aucune indcision. Examinons maintenant plus prcisment la pression motrice (pression modifie) p + 0 gz . Lquation de la statique le long dune verticale nous indiquerait une pression motrice constante si la temprature tait constante, et en diminution vers le haut cause de laugmentation de temprature. Cela, cest la statique. Mais il faut bien quil y ait un lger gradient de pression motrice ngatif vers le bas pour que le fluide descende. Lhypothse que le gradient de pression motrice vertical est nettement plus petit que le gradient de pression horizontal est un des ingrdients de la thorie de la couche limite, et cette hypothse sera vraie ici si les distances horizontales sont nettement plus grandes que les distances verticales. On trouve donc, par continuit, que la pression motrice dans la partie haute est croissante vers la droite comme dans la partie basse. Lindcision du signe du gradient de pression dans la partie suprieure a t leve. crivons le thorme de Bernoulli sur une longueur dx dune ligne de courant AB en haut de la galerie (fig. 2.18) : d p + 1 V2 = - 1 V V dx 2 2 H/2 dp + V dV = - V V dx H 2.8
117
Arologie des systmes karstiques, partie 2, les courants dair dans la cavit 2.2.3
Dans cette relation, on na pas tenu compte du coefficient dnergie cintique, mais on verrait facilement que cela ninflue pas sur le rsultat. Le membre de gauche de lquation reprsente la variation de la charge, celui de droite reprsente la perte de charge et rsulte de lhypothse turbulente pour les pertes de charge liniques. Appliquons cette relation deux fois, en haut et en bas en remarquant que la variation de la pression est peu prs la mme (dx et les vitesses sont compts positifs vers la droite) : dp = - V1 dV1 - V1 V1 dx = - V2 dV2 - V2 V2 dx H H 2.9
Les signes de V1 et V2 sont connus de sorte quon peut supprimer la fonction valeur absolue facilement. La conservation des dbits conduit la relation entre les vitesses V1 et V2 (S1 et S2 sont les sections de passage respectivement en haut et en bas) : 2.10 V2 = -V1 S 1 = - V1 dV2 = - dV1 S2 La constante reprsente, par dfinition, le rapport de la section de passage de lair entrant sur la section de lair sortant (la somme des deux sections est bien sr la section totale de la galerie). Elle reprsente aussi loppose du rapport de la vitesse sortante sur la vitesse entrante. D'o la relation sur la vitesse V1 : dx = - 2 V1 dV1 + 2 V2 dx - V1 dV1 - V2 1 1 H H
2 V1 = V10 exp - 1 + 2 x 1- H 2 V2 = V20 exp - 1 + 2 x 1- H
2.11
2 dV1 = - 1 + dx 2 V1 1- H
et
2.12
Lintgration de la vitesse V1 comme on la faite, suppose que est indpendant de V1 ce qui est la caractristique dun coulement turbulent bien dvelopp avec paroi rugueuse. Cette intgration suppose aussi que le coefficient ne varie pas le long de lcoulement. Ce qui est srement faux aux extrmits. Cette relation permet de retrouver la forme de lamortissement trouv par Florsch et lAsepam (Association Splologique pour ltude et la Protection des Mines). En comparant avec la relation empirique trouve par N. Florsch, on en dduit une expression de x0, la longueur caractristique de lamortissement du mouvement suivant x en fonction du coefficient de perte de charge linique quivalent , du rapport des vitesses et de la hauteur H : 2 x0 = H 1 - 2 2.13 1+ Cette relation nous renseigne sur la valeur de . En effet, la longueur x0 est positive et finie, ce qui nous indique que la constante est strictement plus petite que 1. La section sortante du courant dair est plus grande que la section entrante, ou dune manire quivalente, la valeur absolue de la vitesse sortante est plus petite que la vitesse entrante. Les mesures de lAsepam donnent x0 = 8,13 m pour H = 2 m ce qui fournit une valeur numrique pour le coefficient de frottement corrig : 2 2.14 1 + 2 = 0,25 1- Une mesure du rapport des vitesses nous fournirait la valeur du coefficient de perte de charge rgulire de la galerie. Remarque. Les mesures effectues lentre de la mine par lAsepam ont montr que la vitesse V1 est plus grande que la vitesse V2. Notre analyse faite plus haut indique le contraire. On peut penser, mais cela reste faire, que des mesures plus lintrieur auraient montr que la vitesse V1 dpassait la vitesse V2. En effet lentre de la mine, le courant dair suprieur rsulte dun gradient de pression alors que le courant dair infrieur est purement inertiel, ce que notre calcul na pas pris en compte. En revanche, plus lintrieur, les deux coulements sont dans les mmes conditions (lger gradient de pression et forces visqueuses) et correspondent au calcul.
118
Conclusion. Il semble quon puisse tendre la relation trouve par N. Florsch toute une gamme de galeries de mines horizontales, en ne sloignant sans doute pas trop des longueurs et des dimensions de la mine Sans Nom : Text - Tfond g H exp - x Tfond 2 4H
V=
2.15
H est la hauteur de la galerie. Cette relation montre que la profondeur de pntration de linfluence thermique dans une galerie de mine est proportionnelle la hauteur de la galerie, mais que la vitesse est proportionnelle la racine carre de la hauteur. Les mesures dans la mine sans Nom ont donc permis daffiner une relation qui rsulte finalement de lanalyse dimensionnelle et dune petite analyse physique. Il ne faut pas se leurrer sur la prcision de cette relation. Ltude des coulements stratifis rvle la grande complexit des phnomnes, en particulier le blocage sur la dimension des grandes structures turbulentes qui apparat pour un nombre de Richardson un peu grand (cf. 1.3.9). Or nous navons pas tenu compte de ce nombre. Les rgles de similitude que nous avons tablies ont srement une validit limite quand on fait varier fortement H.
Gravure extraite du Agricola (1556) montrant un matre mineur du Moyen-Age aux prises avec le problme de larage de sa mine
119
2.3. Le courant dair dans un tube vent

2.3.1. Le terme moteur
On suppose permanents le courant dair et le champ de pression.
a) Le tirage dans un rseau deux entres

Examinons le cas dune cavit deux entres daltitudes diffrentes. Le poids dune colonne dair de hauteur H et de section unit nest pas le mme quand on le calcule dans lair extrieur et dans lair intrieur la cavit. Cette diffrence de poids, donc de masse volumique, est essentiellement dorigine thermique. Lhiver, lair extrieur est plus froid que lair intrieur. La grotte constitue une sorte de gigantesque chemine et la diffrence de temprature est lorigine dun tirage qui fait monter lair chaud dans la cavit. Lentre infrieure aspire, lentre suprieure souffle. Lt le phnomne est invers et lair descend globalement dans la cavit. Attention ! Cest la diffrence des altitudes des entres qui compte pour le sens du courant dair. Comme sur la figure ci-contre, on pourra trs bien avoir localement, un courant dair qui descend lhiver, ou un courant dair qui monte lt. On verra dans la troisime partie que leffet de mmoire d aux transferts thermiques modifie assez fortement le schma simplifi dcrit ici. Un courant dair peut prendre naissance mme sans dnivellation entre les entres. Mais son fonctionnement est rattacher aux piges thermiques.
atmosphre extrieure de masse volumique moyenne e dnivellation H
entre infrieure entre suprieure
air intrieur de masse volumique moyenne i

Fig. 2-21- Un tube vent est un rseau deux entres (le courant dair est ici hivernal) A wind tube has two entrances, shown in winter
Quel est le mcanisme du tirage ? Quelle sont les forces qui entrent en jeu ? Reprenons le cas de notre cavit deux entres pendant la saison hivernale. On a vu dans la partie 1 que la pression dans un jet sortant est la mme que la pression ambiante (cf. 1.3.7.a). Au point haut, par lequel le jet sort, la pression dans le jet est donc la mme que celle de latmosphre ambiante. On peut calculer les pressions au point bas, de part et dautre dune porte qui empcherait ltablissement du courant dair. Comme la pression augmente proportionnellement la masse volumique et que la masse volumique est plus grande pour des basses tempratures, la pression lentre serait plus grande en dehors quen dedans. Cette diffrence de pression, si on ouvre la porte, se rpartira dans la grotte sous forme dun gradient de la pression motrice qui fera entrer lair dans la cavit par le bas et vaincra les frottements la parois.
b) Expression prcise du terme moteur (apport de charge)

La diffrence de pression, la source du courant dair, pourrait se mesurer avec un manomtre en fermant une des entres pour empcher ltablissement dun courant dair. En effet, aprs la fermeture brutale dune des entres, par exemple lentre basse, un manomtre fera apparatre un transitoire, comme ceux tudis plus loin au 2.5, puis une diffrence de pression qui pourra voluer encore, mais lentement (figure 2-24). Cette diffrence de pression est la diffrence de pression motrice du rseau. Cest le terme moteur que nous allons maintenant tablir en toute gnralit. Pour cela, nous allons calculer de deux faons diffrentes, la diffrence de pression pA - pB. Dune part, en suivant un itinraire qui passe par latmosphre extrieure (A,C,B sur la figure 2-22), dautre part, en suivant un itinraire qui passe par la cavit (A,D,B).
120
pA - pB
ext
ext g dz ds = e moyen g H ds ACB int g dz ds = i moyen g H ds ADB
2.16
E extrieur
pA - pB
int
2.17
C D intrieur
Dans ces relations, est la masse volumique et g lacclration de la pesanteur, s labscisse curviligne sur le trajet choisi et z laltitude du point courant. Ces relations constituent aussi les relations de dfinition des masses volumiques moyennes e et i (figure 2-21). Le terme moteur de lcoulement (le tirage si on ouvrait la porte) est simplement la diffrence des deux expressions ci-dessus : p = pA - pB
ext
A porte
- pA - pB
int
g dz ds ds ACBDA
2.18 2.19
Fig. 2-22- Calcul de la diffrence de pression de part et dautre dune porte. Elle est gale la diffrence de poids de deux colonnes dair, une intrieure, lautre extrieure Difference of pressure on both sides of a gate
p = e moyen - i moyen g H
Cette diffrence apparat donc comme une intgrale curviligne sur un contour ferm passant par lextrieur et lintrieur. Ou encore, et dit plus simplement, ce terme moteur est proportionnel la diffrence des masses volumiques moyennes, et proportionnel la dnivellation entre les entres. La masse volumique est fonction de la temprature, de lhumidit, de la fraction molaire en CO2 et un peu de la pression (cf. 1.1.6). On remarque que la diffrence de pression reste invariante quand on change la position de la porte (en bas, au milieu ou en haut) la condition que les variations des pressions avec laltitude soient linaires. En effet, sur la figure 2-24, cette diffrence de pression rsulte bien de deux profils de pression dont les pentes sont diffrentes et qui ont des valeurs identiques aux entres. On sait que le profil rel est plutt de forme exponentielle, de sorte que la proprit dinvariance nonce ci-dessus sera vrifie seulement pour les faibles dnivellations.
pression
p temps transitoire rgime lentement variable
Fig. 2-23- Louverture dune porte dans un tube vent The pressure after opening a gate
altitude en hiver
Introduction de la pression motrice. On a dfini au 1.2.1.a, la pression motrice. La proprit essentielle de cette grandeur est quelle reste constante dans un fluide au repos. Les deux atmosphres tant au repos, les pressions motrices sont donc constantes sur toute la dnivellation. Si on adopte, comme origine des altitudes, laltitude de la porte, on trouve que la diffrence des pressions motrices au niveau de la porte est la diffrence des pressions calcules au-dessus. On peut aussi lappeler : lapport de charge lcoulement. Si la diffrence de pression motrice est non nulle et si on ouvre la porte, la diffrence de pression motrice se redistribue en un gradient de pression motrice. Cest ce gradient qui, on la dj vu, met le fluide en mouvement. Le mouvement, comme toujours en physique en rgime permanent, se traduira par lgalit : terme moteur (apport de charge) = terme rsistant (perte de charge).
porte
Pi
Pe Pi p pression
Fig. 2-24- Les gradients de pressions diffrents engendrent une diffrence de pression nette au niveau de la porte Pressure differences at the gate, resulting of two different vertical pressure profiles
121
Calcul du terme moteur. Pour calculer la diffrence de pression motrice lorigine du courant dair, il faut connatre la masse volumique de lair en chaque point du trajet. On pourrait imaginer parcourir physiquement la boucle en mesurant rgulirement la masse volumique, mais il est plus simple de rflchir et dutiliser nos connaissances. On a tabli dans la premire partie (cf. 1.1.6.c) la relation : = M p R* T avec M= i Mi i 2.20
Dans cette relation, R* est la constante des gaz parfaits (R* = 8,3144 J.mole-1.K-1), p est la pression en Pa, la temprature en K , i est la fraction molaire (pression partielle relative) et Mi la masse molaire du gaz i. Comme cest la temprature qui joue le rle principal dans les variations de masses volumiques, on en dduit que la diffrence de pression motrice est peu prs doublement linaire, linaire par rapport lcart de temprature et linaire par rapport aux dnivellations. un doublement de lcart de temprature correspond un doublement de pm , de mme qu un doublement de la dnivellation correspond peu prs un doublement de pm.
c) Expression simplifie du terme moteur

On peut faire quelques hypothses supplmentaires pour fournir une expression plus commode. Une hypothse quelquefois vrifie est que la temprature dans la cavit est uniforme et que lhumidit est de 100 %. Si la dnivellation H nest pas trop grande, la diffrence de pression motrice provient principalement de leffet thermique et trs peu des variations de pression (on prendra alors pour p la pression correspondant au milieu du dnivel). Pour des calculs approchs, on peut ngliger linfluence de la vapeur deau qui est en gnral moins grande que celle de la temprature, et si en plus la teneur en CO2 dans la cavit est ngligeable, la relation se simplifie beaucoup : p 0 p g int - ext H p0 273 2.21
La pression motrice est peu prs proportionnelle lcart des tempratures moyennes extrieure-intrieure et la dnivellation entre les entres. On a dj vu ce rsultat dans le tome 1.
d) Influence de lhumidit et du dioxyde carbone de lair

Nous allons donner des exemples de dtermination de la diffrence de pression motrice pour voir linfluence de lhumidit et du dioxyde de carbone de lair. Humidit. Soit une dnivellation entre les deux entres A et B de 700 m (H = 700 m). Soit une temprature moyenne de la cavit de 5C, 100% dhumidit et un air extrieur de temprature moyenne 20C et dhumidit relative 50% ( = 0,5). La pression est suppose p = 0,95 105 Pa. Si on ngligeait linfluence de la vapeur deau, les masses volumiques de lair seraient respectivement : i = 0 p T0 = 1,293 0,95 273,15 = 1,191 kg . m-3 p0 T 1,013 278,15 e = 1,293 0,95 273,15 = 1,130 kg . m-3 1,013 293,15 2.22
Cela fournirait une diffrence de pression de p = g H = 419 Pa (la formule simplifie aurait donn 457 Pa). On a vu au 1.1.6.c qu 5C, 100 % dhumidit quivalent une diminution de la masse volumique de 0,89% et qu 20C, 50 % dhumidit quivaut une diminution de 1,16 %. On en dduit les valeurs des masses volumiques, aprs correction : i = 1,180 et e = 1,117 kg.m-3 . La diffrence de pression relle est p = g H = 433 Pa soit 3% de plus que la valeur non corrige (et 5 % de moins que lexpression approche). La diffrence est ngligeable. Elle ne le serait plus si les tempratures extrieure et intrieure taient trs voisines, auquel cas linfluence de ce facteur remonterait.
122
Dioxyde de carbone. Reprenons le mme exemple dune temprature extrieure de 20 C et dune temprature intrieure de 5 C acec une pression de 0,95.105 Pa.Ngligeons lhumidit, et supposons une teneur en CO2 de 1 % en moyenne dans la cavit. On calcule les deux masses volumiques non corriges : i = 1,191 kg.m-3 e = 1,130 kg.m-3 On trouve au 1.1.6.c quune augmentation 1 % de CO2.correspond une augmentation de 0,42% de la masse volumique On en dduit la nouvelle masse volumique intrieure i = 1,196 kg.m-3 . La diffrence de pression motrice est gale p = (1,196 - 1,130).9,81.700 = 453 Pa , comparer avec la diffrence de 419 Pa trouve sans CO2. Lcart relatif est de 8 %. On a dmontr au 1.1.6 quune augmentation de 1 % de CO2 quivaut un refroidissement de 1,15 C. Ainsi, pour un air intrieur charg de 1% de CO2., lcart de temprature de 1,15 C reprsentera, au moment de linversion du courant dair, la diffrence de temprature entre lair intrieur et lair extrieur. Cest--dire dans lexemple pris plus haut, que lair intrieur sera 5C alors que lair extrieur marquera 3,74C linversion du courant dair. Bien entendu dans les cavits, les tempratures et les teneurs en CO2 ne sont pas uniformes, ce qui complique les discussions. Difficult de mesurer la temprature extrieure. Sur le flanc des montagnes, la temprature de la roche expose au soleil est plus grande que la temprature de lair, mais la nuit, elle est plus froide. Ce phnomne vient que lair, au contraire de la roche, absorbe trs mal le rayonnement solaire (son missivit est voisine de 0) et quil schauffe principalement par contact avec la roche (conduction thermique). Cela induit des gradients thermiques horizontaux lorigine de vents (vents de pente ou catabatiques). Dans ce cas, il nest pas trs ais de choisir une bonne temprature pour lair. Il vaut mieux prendre la temprature de lair le plus loin possible de la roche.
e) Limitation de la validit du calcul du tirage (diffrence de pression motrice)

Nous prsentons sur la figure ci-contre trois exemples de tubes vent, et on pourrait se dire que la dnivellation H tant la mme dans les trois cas, on devrait avoir le mme terme moteur, cest--dire la mme diffrence de pression motrice. Mme si les rsistances arauliques taient les mmes, nous verrons dans la partie 3 que ces diffrents cas ne sont pas quivalents cause de leffet de mmoire quapportent les transferts de chaleur la paroi des conduits. La temprature dun conduit ventil nest que rarement uniforme. un instant donn, la connaissance des tempratures en tous points de la cavit permettra de calculer le tirage, mais ce tirage voluera, non seulement sous laction des variations extrieures de la temprature, mais aussi sous laction de lvolution des tempratures intrieures.
B H
Fig. 2-25- Diffrentes configurations de tube vent. gauche, tirage moins important lt que lhiver, au milieu, augmentation du tirage en hiver, droite, augmentation du tirage en t. La diffrence repose sur le rle plus ou moins grand des zones dentres, les plus sensibles aux variations de temprature Several configurations of wind tubes
2.3.2. Les termes rsistants. Calcul du dbit du courant dair

La diffrence de pression motrice se rpartit tout le long de la cavit sous la forme dun gradient de pression motrice qui contre-balance le frottement la paroi. Le dbit du courant dair est limit par lexistence des pertes de charges associes (cf. 1.3.4). Ltat permanent sera celui pour lequel, la diffrence des pressions motrices sera gale la somme des pertes de charge tout le long du rseau.
123
tablissement dun courant dair et dbit dair Supposons quon ouvre la porte qui nous a permis de mesurer la pression motrice. Sous laction de cette diffrence de pression motrice, le fluide se met en mouvement et le dbit augmente. Mais au fur et mesure que cette vitesse augmente, les pertes de charge (termes rsistants) augmentent elles aussi comme le carr du dbit. Le rgime de courant dair est atteint justement quand la somme des pertes de charge est gale la diffrence de pression motrice. On a vu dans la partie 1 que les notions de pertes de charge rgulires et singulires, introduites dans ltude des conduites industrielles, ne sont pas adaptes dans le cas des galeries naturelles et nous utiliserons plutt la notion de rsistance araulique : 2.23 P m = R q2 m Dissymtrie des rsistances arauliques. Dans un tube vent, le courant dair sinverse au gr des saisons. Il ny a aucune raison pour que la rsistance araulique soit la mme pour un courant dair dans un sens, et dans lautre. On a vu au 1.3.3 la dissymtrie dun coulement dans un resserrement. Cette dissymtrie se traduit par une diffrence des rsistances dans un sens et dans lautre de lcoulement. Nanmoins, on peut penser que des effets de compensations statistiques conduisent des valeurs numriques voisines. Dbit dair. Si on connat la diffrence de pression motrice et si on connat aussi la rsistance araulique du conduit (par une mesure), il est facile den dduire le dbit de courant dair : qm = Pm R 2.24
2.3.3. Vitesse dans un tube vent a) Rseau une seule troiture

La vitesse dans une section varie avec la surface de passage puisque cest le dbit qui se conserve. Dans les troitures, le courant dair peut tre violent. Cest dautant plus vrai que le nombre dtroitures est plus faible. On peut imaginer le cas extrme dun tube vent comportant une troiture, mettons dun diamtre 5 fois plus petit que tout autre diamtre de la cavit. On montre alors facilement que la perte de charge dans cette troiture dpasse largement toutes les autres. Le rseau peut donc se reprsenter laide dune galerie et dune seule troiture (figure cicontre et 1.3.6). Dans ce tube vent ultra-simplifi, une seule grandeur, le diamtre d de ltroiture suffit caractriser le rseau. La relation entre d et R est la suivante : R = 82 1 4 d 2.25
H d
Fig. 2-26- Vitesse dans un tube vent (en fonction de louverture quivalente) The equivalent aperture of a wind tube
Dans cette relation d doit tre exprim en mtres. Dans lexemple de la Dent de Crolles (tome 1, partie 3), on a vu que le diamtre de ltroiture quivalente au rseau est d = 0,75 m. Bien que le rseau ne soit pas constitu par une galerie unique ce qui restreint lintrt de ce calcul, cette troiture nest pas trs svre ! Les mineurs parleraient douverture quivalente qui vaut = 1,54 d (cf. 1.3.6).
b) Plus grande vitesse dans un tube vent

On peut noncer une proprit approche qui rend des services : la vitesse du courant dair dans ltroiture la plus svre dun tube vent ne dpend que de la pression motrice, cest--dire ne dpend que de la dnivellation et des tempratures entre lintrieur et lextrieur. Cette proprit nest rigoureuse que dans le cas de ltroiture quivalente. R = 82 1 4 d 1 U2 et pm = R q2 m= m 2 d'o Um = 2 pm 2.26
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c) Cas dun rseau pertes de charge rgulirement rparties (suivant laltitude)

Il peut exister des rseaux de sections assez uniformes, ou pour lesquels les pertes de charge sont rparties peu prs rgulirement tout au long de la traverse suivant la verticale. On trouve pour ces rseaux une proprit intressante, la pression motrice dans le rseau souterrain est la mme que dans lair extrieur. Ou dune autre faon, dans ces rseaux souterrains pertes de charge rparties (les mines de montagne en offrent un bon exemple), la vitesse du courant dair est dtermine de faon ce que lcart entre la pression motrice extrieure et la pression motrice du rseau reste nul chaque altitude. On tudiera cette proprit au 2.3.4. Altimtre sous terre. De cette proprit, on en dduit un mode demploi de laltimtre dans une cavit avec courant dair. Dans un rseau perte de charge rgulirement rpartie (traverse splologique par exemple), laltimtre donnera de bonnes indications si on base la correction de temprature sur la temprature extrieure et non la temprature intrieure. En effet, les pertes de charge aux troitures modifient lindication de laltimtre, mais ces pertes de charges rcuprent la diffrence de pression motrice entre la cavit et lextrieur (Lismonde 1984, et 1.2.5).
d) Renverse dun courant dair

Une autre proprit que lon peut dduire de la forme de la relation entre pression motrice et dbit est la suivante : le changement de sens de la vitesse dans un tube vent (la renverse) est un phnomne brutal. Cette proprit rsulte directement de la relation U = cte T Si au voisinage de T = 0, il y a une petite variation de T, la variation de U est infinie comme on le voit sur la drive : dU = cte' d(T) dt T est infinie si T est nulle
T temps t0
V temps t0
Fig. 2-27- Le renversement dun courant dair est un phnomne rapide The reversal of a subterranean wind is a fast phenomenon
Cette proprit est approche car on a vu quau moment des renversements de vitesse, la relation entre la perte de charge et le dbit cesse dtre quadratique pour devenir linaire. La tangente nest donc pas tout fait verticale. On verra plus loin que lon est oblig aussi de prendre en compte linertie de la colonne dair ce qui attnue encore le phnomne. Cette proprit a souvent t observe mais pas souvent explique (cf. par exemple Istvn, 1976 fig. 4). Nous avons reprsent sur le schma ci-contre cet aspect des choses quon analysera en dtail plus loin ( 2.5.4).
T temps t0
V temps t0
Fig.2-28- Prise en compte de la laminarisation et de linertie de la colonne dair The mechanical inertial power should be taken into airflow reversal
e) Une erreur souvent commise

Cette erreur consiste croire une relation linaire entre dbit et diffrence de pression motrice. On a vu quen rgime turbulent (et la plupart des courants dair souterrains sont turbulents), la perte de charge crot comme le carr de la vitesse du courant dair. Comme le courant dair est justement celui pour lequel le terme moteur (diffrence de pression motrice) est gal au terme rsistant (les pertes de charge), on en dduit que la vitesse dun courant dair varie comme la racine carre de pm. Cela introduit une petite difficult qui est, la plupart du temps, ignore des tudes sur le courant dair (cf. Conn 1966, Trombe 1947, Cigna 1967) car ces auteurs font comme si la vitesse tait proportionnelle pm et non la racine carre de pm. Ce fonctionnement non linaire des rseaux souterrains en fait leur originalit. Wigley (1971) et Badino dans son mmoire de 1995, ne commettent pas cette erreur.
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vitesse
Fig. 2-29- La relation vitesse - terme moteur nest pas linaire. La perte de charge augmente plus vite que la vitesse. The relation between velocity and pressure is non linear
loi linaire approche loi relle
pm
Si on agrandissait la partie de la courbe au voisinage de lorigine, l o lcoulement est laminaire, on verrait que les deux courbes sont bien superposes (certains auteurs se limitent cette partie l). Au niveau du massif, ce sont des diffrences de tempratures qui jouent, mais au niveau local ce sont uniquement les gradients de pression motrices qui font mouvoir le fluide et les frottements (pertes de charge) qui le freinent.
2.3.4. Courant dair dans un rseau entres tages dans une pente
Une entre intermdiaire rduit-elle le courant dair li la dnivellation maximale ? La rponse est globalement non ! Et on verra, ci-aprs, que les entres intermdiaires peuvent tre aspirantes, soufflantes ou encore sans courant dair.
a) Modlisation gomtrique
Deux cas extrmes de rseaux connects avec la surface sont reprsents sur la figure ci-contre. Ces rseaux ne diffrent pour le courant dair (par exemple en t) que parce que le deuxime rseau voit le courant dair froid qui descend se mlanger fortement avec lair ambiant, ce qui supprime la diffrence de tempratures. Nous tudierons un cas intermdiaire (figure ci-dessous) o il y a plusieurs entres, et o le rseau peut tre dcompos en une succession dtages, de mmes dnivellations et mmes rtrcissements quivalents (au sens des pertes de charge).
Fig. 2-30- Deux rseaux quivalents pour les dnivellations Two equivalent systems for the unlevel
Bien videmment, les rseaux souterrains sont trs complexes, les salles succdent aux rtrcissements dune faon quasi-alatoire. Les pertes de charges ne sont pas rgulirement rparties. Notre modle na pour lui que sa simplicit. Il reprsente un cas moyen possible. Ce rseau est tel que les rsistances arauliques des tronons AC, CD, DE et EB sont toutes gales. Nous voulons montrer une proprit pour ce genre de rseau et cette proprit sera vidente avec ce modle simplifi.
b) Proprit des courants dair

Il y a un courant dair tout le long du rseau, mais seules les entres les plus extrmes fonctionnent, les entres intermdiaires ont un courant dair nul ou faible. Cette proprit nest pas triviale car lintuition quon peut avoir des courants dair nous ferait plutt penser que les trous situs vers le haut, fonctionnent tous pareils (aspirent par exemple en t) et que les trous vers le bas font de mme (par exemple soufflent tous en t). Nous verrons que le trou immdiatement au-dessous du plus haut pourrait souffler en t. Cette proprit est assez facile comprendre si on a bien ralis quun courant dair dans une cavit deux entres rsulte de deux termes. Lun est moteur, cest la diffrence de pression motrice entre les deux entres pm. Lautre est un terme rsistant, cest la perte de pression (perte de charge pr) due aux frottements de lair sur les parois de la cavit.
A C D E B h H
Fig. 2-31- Un rseau plusieurs entres rgulirement tages A cave system with regular distribution of entrances and head losses
126
Si on bouchait lentre B , on arrterait le courant dair. Si on ouvrait ensuite brusquement lorifice B , lair contenu dans la cavit sacclrerait sous laction du terme moteur. Mais au fur et mesure que la vitesse augmenterait, les frottements crotraient aussi. La vitesse finale sobtient en crivant lgalit des forces motrices et des forces rsistantes (pm = pr). On a dj vu cette explication. Dans un rseau modlis comme celui de la figure ci-contre, les termes rsistants (pertes de charges aux endroits troits) sont supposs rgulirement disposs. On en dduit que le terme moteur est lui aussi rgulirement rparti. Comme ce terme moteur est proportionnel la dnivellation totale H (pm = a H, a constante qui dpend de lcart de temprature), il se rpartit chacun des n tages avec la valeur : pm/n = a H / n = a h. Cette fraction de pression motrice ncessaire pour mouvoir lair dans un tage est justement celle que lon obtiendrait si le rseau se limitait un seul tage de dnivellation h . Le courant dair dans un rseau n entres (A-C-D-E-B) prsentant plusieurs tages quivalents (en dnivellation et pertes de charge) est donc le mme que le courant dair dun rseau constitu dun seul tage (A-C).
A C D h H E
dp
= C' pm /n
B D'
Fig. 2-32- tagement de la pression motrice Il ny a pas de courant dair en C, D, E. Tout se passe comme si les entres C, D, E taient bouches Regular distribution of pressure No air flows at C, D, E
On en dduit que si, dans le rseau deux entres (A-B), on ouvre des communications avec lextrieur en C, D, E... pour constituer un rseau n entres, il ne se passe rien pour les courants dair. Ces diffrentes entres intermdiaires ne seront parcourues par aucun courant dair. Le courant dair que lon rencontrera dans le rseau profond est celui provenant dune pression motrice a H pour une perte de charge pr.
c) Rseaux rels, limitation de la proprit

Les rseaux rels ne sont pas dcomposables en tages quivalents, mais la proprit dmontre au-dessus suppose seulement que la perte de charge est proportionnelle la dnivellation du rseau, ce qui est moins contraignant. Si cette condition nest pas tout fait ralise, les diffrences de pressions motrices entre C et C, D et D... ne sont pas tout fait nulles. Il stablit un courant dair secondaire ces entres, courant dair plus ou moins important suivant lcart la condition. La deuxime limitation provient des phnomnes thermiques que nous avons ngligs. En t, lair chaud descend en A. Cet air se refroidit en rchauffant les parois. La temprature des parois augmentent donc. la longue, si les parois avaient mme temprature que lair entrant, lentre A cesserait de fonctionner puisquil ny aurait plus localement de diffrence de pressions motrices, et cest lentre C qui fonctionnerait. On en dduit que dans notre modle simplifi, le courant dair a tendance utiliser plusieurs entres, mme un peu tages, lamont (le point haut en t, le point bas en hiver). laval le phnomne nexiste pas. On fera plus loin une tude systmatique des cavits trois entres tages ( 3.6). Conclusion : les rseaux plusieurs entres prsentent souvent des entres intermdiaires avec un courant dair ngligeable. Au cours dune prospection superficielle, on peut tre amen en sous-estimer lintrt. De mme, un trou qui par exemple lt est soufflant alors que sa position haute le dsignerait pour tre aspirant, peut malgr tout se rvler lentre dun rseau partiellement descendant.
2.3.5. Mlange et dispersivit dun contaminant passif a) Dispersivit dun contaminant passif
Dans un rseau courant dair, loccasion de travaux de dsobstructions, les splos sont quelquefois amens utiliser de lexplosif. Les gaz librs sont toxiques (principalement le monoxyde de carbone) et il peut tre intressant dtudier la vitesse de propagation du nuage et la dilution du gaz dans ce nuage.
127
Gnie chimique. Ce problme se retrouve aussi dans lanalyse des courbes de restitution loccasion de traages dcoulements souterrains. Si on sintresse au gnie chimique et lvolution dun composant chimique inject dans un racteur chimique, on voit immdiatement que ce petit problme que nous voquons ici, loccasion de ltude des courants dair, est en ralit le problme majeur du gnie chimique. Cest dailleurs les chimistes qui ont t le plus loin dans ce genre dtude. Courbe de restitution. Dans le cas des courants dair, on peut penser que le traage de lair avec de lhexafluorure de soufre se rpandra et alors se posera pour lair les mmes problmes dinterprtation que pour les traages, savoir, que peut-on dire dune courbe de dispersion donne ? Comment rsoudre le problme inverse qui est de remonter des caractristiques globales du rseau souterrain partir de la courbe de restitution ? Ce problme a t analys par Jeannin (1997), nous nous contenterons ici de proposer une solution qui est trs schmatique et qui correspond ce que les chimistes appellent les racteurs bien agits en cascade (perfect mixing model). Ltude complte sera mieux sa place dans une tude sur leau souterraine. On trouvera un modle mathmatique intermdiaire entre le piston flow (pas de mlange) et le racteur bien agit dans larticle dAmin et Campana (1992).
b) Le modle de racteurs bien agits en cascade

Au moment de lmission, le gaz se trouve trs concentr et une temprature diffrente de lair ambiant. Des phnomnes rapides de convection font monter le gaz et le mlangent lair ambiant. Au bout dun temps assez court, de lordre dune minute, on peut considrer que le gaz est bien mlang lair et quil est la mme temprature que lui. Il se comporte alors comme un contaminant passif, cest--dire comme un nuage qui a les mmes proprits mcaniques que lair ambiant. Cest lvolution ultrieure de ce nuage que nous allons tudier. Nous partons donc linstant initial dun gaz mlang de lair. Nous appellerons 0 la fraction volumique (ou titre volumique) initiale en gaz (exprime en m3 de gaz par m3 dair contamin). Nous admettrons que le rseau peut tre dcrit comme une succession de salles de volume Ji spares par des rtrcissements de diamtres quelconques. Les salles dont il sagit ici sont, dans la thorie de la turbulence, les grandes structures inertielles de lcoulement. Cest la topographie du rseau qui impose la turbulence ses grandes chelles.
c) Discussion des phnomnes physiques du mlange

Le nuage qui se prsente lentre de la salle i se dilue dans le volume qui se prsente devant lui. Le mlange se fait par le mcanisme trs efficace de la diffusion turbulente. Les volumes morts de la salle ne sont pas concerns par ce mlange. On appelle i le volume balay par le courant dair, cest--dire sur le chemin du courant dair. On appelle Li la longueur de la salle i et Si la section moyenne telle que Si.Li= i. Le courant dair qui circule a un dbit volume que lon notera q (en m3/s). La difficult du problme rside dans lvaluation de la qualit du mlange entre lair de la salle et lair contamin entrant. On peut mettre trois hypothses : 1) Lcoulement qui entre ne se mlange pas du tout lair de la salle i . Tout se passe comme si un piston avanait dans la salle empchant le mlange. La solution de ce problme est vidente. La concentration en contaminant dans le nuage reste constante, il ny a aucune dilution, le nuage progresse la vitesse Vi = q/Si . Cette hypothse est, bien sr, irraliste. 2) On peut admettre, loppos, que lair contamin entrant se mlange parfaitement lair de la salle. Cest lhypothse de dilution parfaite qui permet dcrire que la concentration du contaminant est uniforme dans la salle i un instant donn.
q Si resserrement
Li Vi salle
Fig. 2-33- Schmatisation dun conduit karstique en une succession de salles et rtrcissements Schematic pattern of karstic passage
128
3) Une troisime hypothse est intermdiaire entre les deux prcdentes. Elle consiste admettre que la dilution se fait dans une zone de la salle dont la longueur nest pas Li mais plutt Si , de lordre du diamtre transversal de la salle. Cela revient trononner les salles en morceaux de longueur Si cest--dire augmenter le nombre de salles. Cela na pas dimportance thorique puisque le diamtre des troitures est quelconque.
d) Modlisation mathmatique
On se place dans le cadre de lhypothse 2) et on crit pour la salle i le bilan de contaminant. La drive temporelle de la masse de contaminant dans la salle i est gale au dbit entrant gauche moins le dbit sortant droite. On obtient pour lensemble des salles numrotes 1, 2,.., i, lensemble des quations discrtes : d 1 = - q 1 dt 1 avec titre volumique du contaminant (m3 de gaz /m3 d'air) d i = - q i - i-1 dt i Pour rsoudre ce systme dquations, il faut se donner la gomtrie du rseau. 2.27
2.28
e) Rsolution dans le cas de salles identiques

Si on admet que les salles ont des sections S et des volumes voisins, on peut rsoudre le systme dquations facilement et trouver la solution par rcurrence. On retrouvera ce modle de rseau souterrain plus loin dans ltude des transitoires. La solution au niveau de la salle i+1 est : i+1 = i e- 0 i! avec =t q 2.29
Dans cette expression i+1 est la concentration linstant t dans la salle i+1 alors que 0 est la concentration du nuage juste aprs le mlange conscutif lexplosion et que lon prend comme valeur initiale de notre problme. Le temps t est un temps rduit, rendu sans dimension laide du temps de passage de lair dans la salle. Lexpression mathmatique i ! = (i) (i-1) (i-2).. est la fonction factorielle. Cette solution peut tre simplifie grce lutilisation de la formule de Stirling pour la factorielle quand n nest pas trop petit (n>4) : n ! 2 n nn e-n 2.30 Ltude de la solution montre que la drive sannule pour t = i . Cette drive correspond au maximum de concentration. On en dduit la vitesse de ce maximum pour la salle i+1 quon peut assimiler la vitesse de propagation du nuage : V q S c'est la vitesse moyenne du courant d'air 2.31
La valeur du maximum de concentration dans la salle i+1 se produit linstant t = i / q et vaut : M(i+1) 1 = 0 i! i e
i
1 2 i
2.32
Au bout de quelques salles, les diffrences entre salles voisines deviennent petites, il est alors possible de passer une description continue du phnomne. Il suffit pour cela de poser par dfinition x = i.L . L est la longueur des salles qui dpend de x. Cette dernire variable reprsente la distance lentre. Elle est dfinie seulement pour les valeurs entires de i , mais nous ferons comme si elle tait dfinie partout.
129
Arologie des systmes karstiques, partie 2, les courants dair dans la cavit 2.3.5.e
Nous avons reprsent, sur la figure cicontre, la concentration du contaminant un endroit donn en fonction du temps (t). Plus on est loin en aval, plus le nuage met de temps arriver, plus il met de temps passer et plus le maximum de concentration est faible. On peut aussi interprter ces courbes diffremment. En abscisse, au lieu du temps on peut mettre la distance lexplosion. Les diffrentes courbes reprsentent alors les distributions diffrents instants (t) du polluant. Le maximum des courbes se dcale vitesse constante vers la droite et que le maximum de concentration diminue lentement comme x-0,5. La conservation de la quantit totale de polluant impose la surface sous les courbes de rester constante.
concentration 0,4
salle 2
0,3
salle 4
0,2
salle 6 salle 8 salle 10
salle 12
0,1
0,0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
temps t
Fig. 2-34- volution du nuage de contaminant. Distribution du contaminant en fonction du temps dans diffrentes salles Distribution of contaminant concentration, in different chambers, versus time for regular chamber distribution
La solution des quations en reprsente ce quon appelle en statistique, la distribution de Poisson. On sait que lorsque x augmente suffisamment, cette distribution tend vers la distribution de Laplace-Gauss qui est symtrique par rapport au maximum. On voit trs bien ce phnomne sur les courbes ci-dessus. Physiquement, une rpartition gaussienne dun contaminant est le rsultat dun phnomne de diffusion. Ici, il sagit de la diffusion longitudinale du contaminant. Lorsquon sloigne du lieu dapport de contaminant, la rpartition en concentration de nuage devient plus symtrique. Ce phnomne se retrouve dans les conduites ou les torrents aprs un lcher de colorant, mais une queue due la remise en circulation de traceur subsiste malgr tout (Jeannin, 1996). Dans le repre mobile entran la vitesse moyenne du courant dair, tout se passe comme si le nuage se diluait grce une diffusion turbulente de diffusivit : a= 1 Lq = 1 L V (en m2 /s) 2.33 2 S 2 Pour L = 10 m , q = 1m3/s et S = 20 m2 , cette diffusivit vaut par exemple a = 0,25 m2/s. Elle est considrable. Elle na rien voir avec la diffusivit molculaire qui serait la seule agir en labsence du courant dair et qui est de lordre de a = 5.10-5 m2/s. Les splos connaissent bien cette proprit car ils ne dynamitent quavec un bon courant dair. Discussion : la longueur des salles joue un grand rle sur la diffusivit. On peut alors revenir sur la discussion du c. Si la longueur des salles est grande devant le diamtre transversal moyen, il est plus correct dadopter comme longueur, la racine carre de la section. Avec cette hypothse 3, la diffusivit devient : a=1 q (en m2 /s) 2.34 2 S Reprenant lexemple pris 6 lignes plus haut on trouve a = 0,11 m2/s , valeur plus petite comme on pouvait sen douter. Conclusion : le phnomne de propagation dun contaminant passif dans une succession de salles spares par des rtrcissements est un phnomne de convection-diffusion. La convection se fait la vitesse moyenne du courant dair (q/S), la diffusion seffectue avec une diffusivit a dont lordre de grandeur est : 2.35 a=1 q si L > S et a = 1 Lq si L < S 2 S 2 S avec q dbit volume du courant dair, S section moyenne et L longueur moyenne des salles. La dilution du contaminant, cest--dire la diminution du pic de concentration en un point, est assez lente en x- 0,5 .
_______________________
130
2.4. Courants dair dans les parties labyrinthiques dun tube vent
Nous allons tudier la rpartition des courants dair dans un rseau labyrinthique souterrain. En effet, certaines cavits naturelles ou certaines portions de cavit prsentent des conduits ramifis ou maills. Dans ces conduits, il est possible daller dun point un autre de plusieurs faons diffrentes. Pour cette raison ces rseaux sont aussi appels labyrinthes. Pour ltude des courants dair, les labyrinthes offrent une difficult particulire du fait de la multiplicit des trajets possibles du courant dair. Les labyrinthes peuvent tre connects un conduit principal ou bien peuvent dboucher directement lair libre. Nous nous limiterons ici ltude des labyrinthes branchs sur un rseau principal dont le style araulique est celui du tube vent. Nous supposerons que les galeries ne sont pas daltitudes trs diffrentes et nous ngligerons laspect thermique pour ne nous consacrer qu laspect araulique du problme. Ltude des rseaux dont le labyrinthe dbouche lair libre par plusieurs conduits diffrentes altitudes est celle des rseaux multiples entres dont nous ferons une tude particulire. Lcoulement sera suppos permanent. Ce genre de calcul de la rpartition dun courant dair dans un labyrinthe correspond aux problmes qui se posent dans larage des mines. Il nest donc pas du tout tonnant que les mineurs aient consacr beaucoup defforts ces questions et les aient peu prs toutes rsolues. Il ny a donc, dans ce qui suit, pas dlments vraiment nouveaux. On lira avec profit les articles de Seelemann (1962), Simode (1976), Froger et al (1976) et le rapport de Francis Massen (1997).
entre suprieure partie labyrinthique
entre infrieure
Fig. 2-35- Exemple de labyrinthe intercal au sein dun tube vent. Le terme moteur est donn par le tube vent. Le labyrinthe ne joue pas de rle actif sur ce terme. A maze connected with a wind tube
On trouvera dans louvrage de Badino (1995) une modlisation soigne, base sur lanalogie lectrique entre la circulation dans un labyrinthe et le courant lectrique parcourant un circuit maill avec rsistances, capacits et inductances. Les rsistances sont les rsistances arauliques. Les inductances permettent de tenir compte des forces dinertie pendant les phases dacclration de lair. Nous les avons systmatiquement omises, sauf dans ltude de la renverse du courant dair (cf. 2.5). Les capacits permettent de prendre en compte les volumes dair en cause. Cette analogie permet de considrer une grande varit de situations et donc doffrir une grande unit de description aux phnomnes arologiques. Mais cette unit reste thorique, nous avons prfr ici sparer les diffrents phnomnes pour une analyse plus dtaille. Nous nutiliserons donc pas cette analogie qui permettrait de raliser des modles analogiques des rseaux souterrains, modles fort priss dans les mines avant la dmocratisation des ordinateurs.
2.4.1. Dfinitions et pertes de charge dans une branche a) Maillage du labyrinthe

Le problme de description est le mme quon rencontre en topographie souterraine. Nud. Un nud est dfini comme un point sur lequel aboutissent au moins trois galeries. On nomme ici chacun des nuds du rseau maill par une lettre. Branche. Une branche est un tronon de galerie qui relie deux nuds diffrents sans passer par un troisime, ou bien encore, qui relie un mme nud lui-mme. Deux nuds sont dits voisins si on peut les relier par une seule branche. Dans le dessin ci-aprs, les branches sont numrotes. Maille. Une maille est un ensemble de branches successives en circuit ferm dont le nud de dpart est le mme que celui darrive. On se limitera aux mailles lmentaires qui nemprisonnent en leur sein aucun nud supplmentaire.
131
Dans lexemple ci-contre, les 15 nuds sont

G, H, I, J, K, L, M, N, P.
A, B, C, D, E, F, 2
8 E 13 J 19 K N 18 20
2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25. Ces branches peuvent tre
Les 24 branches sont notes
B 3 C A 1 16 15 L 9 10 H 11 4
D 12 I 17
6 14 P
F 7 21 G 26
orientes, cest--dire quon distingue pour chaque branche deux sens dfinis par le point de dbut et le point darrive. Par exemple 3BC et diffrent de 3CB . On remarque que la branche 8 part et aboutit au mme nud. On verra quelle ne sera parcourue par aucun courant dair significatif. Les deux branches 1 et 26 servent dentre et de sortie du labyrinthe. Elles ne font pas partie du labyrinthe. On ne peut pas dfinir une branche seulement par les deux nuds aux extrmits car il peut exister plusieurs branches ayant les mmes extrmits.
22 M 23
25 24
Fig. 2-36- Exemple de rseau maill de 15 nuds, 24 branches et 10 mailles lmentaires A sample of cave maze
Les 10 mailles lmentaires dfinies par leurs branches sont (2, 10, 9), (9, 16, 15), (3, 11, 22, 16, 10), (4, 12, 17, 23, 11), (8), (5, 13, Les branches qui dfinissent une maille doivent tre orientes puisque le parcours de la maille impose un sens. Ainsi la numrotation correcte de la maille 3 est (3BC, 11CM, 22ML, 16LH, 10HB).
19, 18), (18, 20, 24, 17), (6, 14), (14, 7, 21, 19), (21, 25, 20).
b) Application de lquation de Bernoulli chaque branche

On peut dfinir la pression en chaque nud du rseau (pA, pB, ). Lcriture de lquation de Bernoulli sur une branche donne permet, en tenant compte de la perte de charge sur toute la branche, de relier les pressions aux extrmits de la branche au dbit qui la parcourt. Choix du signe des dbits. On adopte un choix automatique pour le signe du dbit. On dcidera, par exemple, que le dbit est positif sil se fait dans le sens alphabtique dun nud lautre. Ainsi le dbit qm3 sera positif sil se fait dans le sens BC (car B est avant C dans lordre alphabtique). De mme le dbit qm10 est positif sil se fait de B vers H (car B est avant H dans lordre alphabtique). Lquation de Bernoulli applique, par exemple sur la branche 3, scrit : pB +
2 8 q2 m3 + g zB = pC + 8 qm3 + g zC + S BC p3 2 D4 2 D4 B3 C3
2.36
La perte de charge est p3 . Le diamtre D3 est le diamtre araulique moyen de la branche 3. Il est dfini plus loin. Le diamtre DB3 est le diamtre araulique de la branche 3 au niveau du point B, et DC3 est le diamtre araulique au niveau du point C. Dans cette expression SBC est gale +1 si le dbit est positif et -1 si le dbit est ngatif. En effet, la perte de charge fait diminuer la charge dans le sens de lcoulement. La perte de charge se compose de pertes de charge liniques et de pertes de charge singulires. On suppose que la masse volumique reste constante puisque les effets thermiques et les dnivellations sont supposs petits. Une difficult qui apparat immdiatement est quen un nud, il ny a pas de dbit dfini, mais plusieurs dbits correspondant chacune des branches qui sont issues du nud. Ainsi les termes quon appelle pressions dynamiques dans lquation de Bernoulli ne sont pas bien dfinis aux nuds. Heureusement, dans la plupart des configurations de labyrinthe, ces termes sont ngligeables devant les pertes de charge dans les branches. Dans ce cas, lquation de Bernoulli se ramne lquation plus simple : 2.37 pB + g zB = pC + g zC + S BC p3 Ou encore en introduisant la pression motrice pm = p + g z : pmB - pmC = S BC p3 2.38
Cette quation revient crire que la valeur absolue de la diffrence de pression motrice de part et dautre dune branche est peu prs gale la perte de charge dans la branche. Cest lquation habituelle pour un rgime permanent.
132
c) Rsistance araulique dun conduit

Si le rgime dcoulement est turbulent, on a vu quon posait : pBC = R BC q2 m3 -1 -1 RBC est la rsistance araulique de la branche BC (en kg .m ou Kem). Dans les problmes usuels de courant dair, lcoulement est turbulent. Dans un labyrinthe, il peut arriver que certains tronons particulirement longs puissent prsenter un coulement laminaire. Ces tronons sont facilement identifiables sur une topographie. Pour le calcul de la rsistance quivalente, il suffira dans les calculs de considrer ces tronons laminaires comme turbulents. Leur influence sur lcoulement total est, de toute faon, ngligeable.
2.4.2. Les quations de Kirchhoff pour les rseaux maills

On suppose connu un labyrinthe form par un ensemble de branches dont les rsistances arauliques sont connues. Il est plac sur un tube vent qui fournit aux points extrmes du labyrinthe un dbit total q donn. On veut dterminer la rsistance totale quivalente du labyrinthe. Le labyrinthe est constitu dun nombre de nuds gal n , dun nombre de branches gal b et dun nombre de mailles lmentaires gal m . Les inconnues du problmes sont les b dbits dans les b branches et les n pressions dans les n nuds. La thorie des rseaux tablit la relation entre ces trois grandeurs : b+1=m+n 2.39
On se limite dans un premier temps dterminer les dbits. En effet, une fois les dbits dtermins, il est facile laide des relations entre les diffrences de pressions motrices et les dbits, de calculer les pressions motrices chaque nud du rseau. Les quations de rsolution sont de deux types qui correspondent aux deux lois de Kirchhoff sur les rseaux (suivant la mthode bien connue en lectricit).
a) Premire loi de Kirchhoff (ou loi des nuds)

La premire loin de Kirchhoff (qui a t tablie pour les rseaux lectriques) est dite loi des nuds. Elle traduit simplement le fait quen un nud donn dun rseau de galeries, la somme des dbits dair arrivant au nud est gale la somme des dbits dair quittant le nud. La somme algbrique des dbits quittant un nud est nulle. On obtient ainsi n quations dont on montre que seulement n-1 sont indpendantes. Par exemple, considrons lquation pour le nud B de lexemple de la figure 2-36. On convient de noter positivement le dbit masse sil va dun nud dcrit par une lettre un nud dcrit par une lettre plus loigne dans lordre alphabtique. Lquation scrit alors : qm2 - qm3 - qm10 = 0 2.40
Q1 Q4 Q5
Q2 Q3
Fig. 2-37- Loi des nuds un carrefour de galeries Kirchhoffs first law, a junction law
b) Deuxime loi de Kirchhoff (ou loi des mailles)

La deuxime loi de Kirchhoff est appele loi des mailles. On dcompose le rseau en mailles lmentaires et on crit quaprs un tour complet de la maille, de nud en nud, on retrouve la mme pression. Dun nud lautre la diffrence de pression est gale la perte de charge affecte dun signe qui est celui de la vitesse. On donne un sens de parcours autour de la maille. Si la vitesse de lair dans la galerie est dans le sens de parcours, elle est compte positivement, en sens contraire, elle est compte ngativement.
133
La loi des mailles traduit donc que la somme des pertes de charge, comptes algbriquement avec le signe de la vitesse, est nulle : Pi = 0 i Signe i Vi R i Q2 i =0 2.41
La fonction Signe(Vi) prend la valeur 1 lorsque la vitesse Vi est positive et la valeur -1 lorsque la vitesse est ngative. On comprendra plus facilement en examinant lexemple de la figure cicontre. La somme des diffrences de pressions motrices rencontres en faisant le tour dune maille lmentaire est gale 0 (puisquon revient au point de dpart). On obtient ainsi m quations. Comme ces diffrences de pressions motrices ne dpendent que des dbits (au carr), les m quations portent sur les dbits. Par exemple considrons la maille dcrite par les branches 3, 11, 22, 16, 10, passant par les nuds BCMLHB. Lquation de maille correspondante scrit (mme convention pour les signes des dbits que dans la 1re loi de Kirchhoff) :
2 2 2 2 R 3 q2 m3 + R 11 qm11 - R 22 qm22 - R 16 qm16 - R 10 qm10 = 0
Q1 Q7 Q6
Q2 Q3 Q4 Q5
Fig. 2-38- Loi des mailles sur un bouclage de galerie Kirchhoffs second law, the meshe law
2.42
Si on se donne le dbit dentre et de sortie du labyrinthe, on dispose ainsi de n - 1 + m quations pour p inconnues. On a vu que la thorie des rseaux indiquait justement que b + 1 = m + n. On a donc suffisamment dquations pour rsoudre le problme. Si on se donnait la diffrence de pression motrice entre lentre et la sortie du labyrinthe au lieu du dbit dentre, le dbit dentre-sortie serait une inconnue supplmentaire quon dterminerait grce une quation supplmentaire obtenue en crivant la diffrence connue de pression motrice entre-sortie comme somme des diffrences sur un des trajets entre lentre et la sortie.
c) Lensemble des quations et principe de rsolution

Ainsi dans lexemple choisi plus haut, le nombre dinconnues est 37 (13 pressions aux nuds, 24 dbits dans les branches). La premire loi de Kirchhoff fournit 14 quations indpendantes, la deuxime loi fournit 10 quations. Soit 24 quations portant uniquement sur les 24 dbits. On rsout dabord le systme dquations sur les dbits. Cette rsolution nest pas aussi simple quen lectricit puisque 10 des relations (celles des mailles) comportent les dbits au carr (voir les mthodes plus loin). Une fois les dbits calculs, on dduit ensuite les pressions en partant dune extrmit, et en appliquant la relation permettant de passer des dbits aux pressions, de proche en proche. Si un labyrinthe se prsentait avec un trs faible gradient de pression motrice, il se pourrait que lcoulement dans les diffrentes branches soit laminaire. Il faudrait rcrire le systme dquations en modifiant comme on la vu plus haut la relation entre les pertes de charge et les dbits.
2.4.3. Les mthodes de rsolution des quations sur un exemple

Les mthodes changent un peu suivant le problme que lon considre. Par exemple, la figure ci-dessous reprsente un labyrinthe la sortie du courant dair dun tube vent. Si le labyrinthe constituait lentre du tube vent, on ne pourrait pas, dans le cas gnral, ngliger les aspects thermiques du problme. Dans le cas de la figure ci-aprs, il faut complter les quations par deux quations supplmentaires qui traduisent lgalit des trois pressions motrices des sorties crites avec une masse volumique qui est celle de lextrieur.
134
entre suprieure
2
5 B 7 6 E 11 8 3 C 4 D 9 F 12 G 13 17
courant d'air
partie labyrinthique
3 entres infrieures
1
10 H Fig. 2-39- Labyrinthe dispos la sortie du courant dair dun tube vent pendant un fonctionnement estival Maze at the end of a wind tube, with summer air flow
15 M 14 K
16
Fig. 2-40- Labyrinthe utilis pour la mthode de rsolution The maze used for the resolution example
Prsentons une mthode de rsolution adapte au calcul sur ordinateur. Nous rsoudrons le problme de la figure ci-dessus droite et ne chercherons pas crire des quations en gnral, car cela alourdirait trop le texte sans amliorer la comprhension. Le labyrinthe de la figure au-dessus est caractris par : - 10 nuds A, B, C, D, E, F, G, H, K, M - 15 branches 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16 - 6 mailles lmentaires
a) Les 9 quations des nuds (quations 2.43) :

Nud A Nud B Nud C Nud D Nud E q - q2 - q6 - q10 = 0 =0 q2 - q3 - q7 =0 q3 - q4 - q8 =0 q4 - q5 - q9 =0 q6 + q7 - q11 Nud F Nud G Nud H Nud K Nud M q9 - q12 - q13 q5 + q13 - q16 q10 + q11 - q14 q3 + q14 - q15 q12 + q15 - q16 =0 =0 =0 =0 =0
On remarque que la somme des 10 quations (membre membre) conduit 0 = 0 , ce qui signifie quelles ne sont pas toutes indpendantes. Seulement 9 dentre elles le sont. On peut donc supprimer une des quations.
b) Les 6 quations des mailles (quations 2.44) :

Maille ABE Maille AEH Maille BCKHE Maille CDFMK Maille DGF Maille FGM
2 2 S 2 R 2 q2 2 + S 7 R 7 q7 - S 6 R 6 q6 = 0 2 2 S 6 R 6 q2 6 + S 11 R 11 q11 - S 10 R 10 q10 = 0 2 2 2 2 S 3 R 3 q2 3 + S 8 R 8 q8 - S 14 R 14 q14 - S 11 R 11 q11 - S 7 R 7 q7 = 0 2 2 2 2 S 4 R 4 q2 4 + S 9 R 9 q9 + S 12 R 12 q12 - S 15 R 15 q15 - S 8 R 8 q8 = 0 2 2 S 5 R 5 q2 5 - S 13 R 13 q13 - S 9 R 9 q9 = 0 2 2 S 13 R 13 q2 13 + S 16 R 16 q16 - S 12 R 12 q12 = 0
Les inconnues sont les dbits dans chaque branche q2, q3, q4, q5, q6, q7, q8, q9, q10, q11, q12, q13, q14, q15, q16. Soit 15 inconnues pour 9 + 6 = 15 quations. Malheureusement, la non-linarit des quations empche une rsolution matricielle. Nous allons dvelopper la mthode usuelle de rsolution (cf. par exemple Seelemann, 1976).
135
c) Branche directrice dune maille lmentaire. Dbit de maille

Dans chaque maille lmentaire, au moins une des branches de la maille nappartient qu cette maille. On en choisira une par maille et on lappellera branche directrice de la maille. Dans lexemple de la figure 2-40 : Maille ABE Maille AEH Maille BCKHE Maille CDFMK Maille DGF Maille FGM branche directrice 2 branche directrice 10 branche directrice 3 branche directrice 4 branche directrice 5 branche directrice 16
Le choix de ces branches directrices est pour une part arbitraire. On appellera dbit de maille, le dbit de la branche directrice de la maille sil est dans le mme sens que le sens de parcours de la maille et le dbit de la branche directrice chang de signe sil est en sens contraire. On montre quon peut exprimer les dbits de chaque branche laide des dbits de mailles. En effet, il y a m dbits de maille et p dbits de branches. Les n-1 quations de nuds permettent de ramener les b dbits de branches b - n + 1 dbits inconnus. Or b - n + 1 = m. On en dduit que les quations des nuds qui sont linaires, permettent de ramener le nombre des inconnues (les dbits) aux seules inconnues reprsentes par les dbits de mailles. Avec les quations des nuds, calculons dans lexemple de la figure 2-40 , les 9 dbits en fonction des 6 dbits de mailles et du dbit gnral , soit q, q2, q3, q4, q5, q10, q16. (quations 2.45) q6 = q - q2 - q10 q7 = q2 - q3 q8 = q3 - q4 q9 = q4 - q5 q11 = q - q3 - q10 q12 = - q + q4 - q16 q13 = q - q5 + q16 q14 = q - q3 q15 = q - q4 Il reste donc seulement les 6 quations de maille rsoudre pour 6 inconnues (les 6 dbits de mailles). On ne peut pas trouver de solutions analytique ce problme puisque les quations du 6e degr ne sont pas solubles analytiquement. Il faut donc se tourner vers des mthodes numriques approches.
d) Mthode de rsolution de Hardy-Cross

Cette mthode fait partie de la famille des mthodes dites de relaxation. Cest une mthode itrative qui se prte bien au calcul sur ordinateur. On dmarre le calcul en affectant aux 6 dbits de mailles une valeur arbitraire. Le plus simple est de prendre la valeur 0. - Premire itration Premire maille. On modifie le dbit de maille de la premire maille q2 dune quantit petite dq2. q2 > q2 = q2 + dq2 On recalcule alors les dbits dans toutes les branches de la maille par les quations des nuds, on trouve : q6 = q - q2 + dq2 - q10 q7 = q2 + dq2 - q3 On reporte dans lquation de la 1re maille et on calcule dq2 en vrifiant cette quation : S 2 R 2 q2 + dq2
2
2.46 2.47
+ S 7 R 7 q2 + dq2 - q3
- S 6 R 6 q - q2 - dq2 - q10
=0
2.48
136
On ne garde que lordre 1, cest--dire quon nglige les termes en dq22. On trouve alors comme valeur de dq2 : S 2 R 2 q2 2 + 2 q2 dq2 + S 7 R 7 q2 - q3 soit encore :
2
+ 2 q2 - q3 dq2 - S 6 R 6
q - q2 - q10
- 2 q - q2 - q10 dq2 = 0 2.49
S R q2 + S 7 R 7 q2 - q3 2 - S 6 R 6 q - q2 - q10 2 dq2 = - 1 2 2 2 2 S 2 R 2 q2 + S 7 R 7 q2 - q3 + S 6 R 6 q - q2 - q10 dq2 = -q/2
la premire itration, on trouvera :
Autres mailles. On modifie ensuite le dbit de maille de la deuxime maille AEH q10 > q10 = dq10 et on reporte dans lquation de la maille correspondante pour calculer dq10 . On refait la mme opration sur lensemble des 6 mailles. On obtient les 5 nouvelles quations (quations 2.50) : S R q - q2 - q10 2 + S 11 R 11 q - q3 - q10 2 - S 10 R 10 q2 10 dq10 = - 1 6 6 2 -S 6 R 6 q - q2 - q10 - S 11 R 11 q - q3 - q10 - S 10 R 10 q10 S R q2 + S 8 R 8 q3 - q4 2 - S 14 R 14 q - q3 2 - S 11 R 11 q - q3 - q10 2 - S 7 R 7 q2 - q3 2 dq3 = - 1 3 3 3 2 S 3 R 3 q3 + S 8 R 8 q3 - q4 + S 14 R 14 q - q3 + S 11 R 11 q - q3 - q10 + S 7 R 7 q2 - q3 S R q2 + S 9 R 9 q4 - q5 2 - S 12 R 12 -q + q4 - q16 2 - S 15 R 15 q - q4 2 - S 8 R 8 q3 - q4 dq4 = - 1 4 4 4 2 S 4 R 4 q4 + S 9 R 9 q4 - q5 - S 12 R 12 -q + q4 - q16 + S 15 R 15 q - q4 + S 8 R 8 q3 - q4 S R q2 - S 13 R 13 q - q5 + q16 2 - S 9 R 9 q4 - q5 2 dq5 = - 1 5 5 5 2 S 5 R 5 q5 + S 13 R 13 q - q5 + q16 + S 9 R 9 q4 - q5
2 S R q - q5 + q16 2 + S 16 R 16 q2 16 - S 12 R 12 - q + q4 - q16 dq16 = - 1 13 13 2 S 13 R 13 q - q5 + q16 + S 16 R 16 q16 + S 12 R 12 - q + q4 - q16 re On repart ensuite sur la 1 maille et on recommence calculer les nouveaux dbits de maille. On itre le processus jusqu convergence, cest--dire jusqu ce que les valeurs numriques des dbits de mailles ne changent plus dune itration lautre. 2
- Itrations successives On recommence le processus au niveau de la premire maille, puis des autres, et on recommence jusqu obtenir la convergence. Les valeurs successives dun dbit de maille dune itration la suivante ne changent plus. On admettra que la solution obtenue est la solution du problme. Exemple de rsolution. Nous nous donnons les valeurs numriques des rsistances arauliques de chacune des branches. Nous supposerons pour simplifier les calculs que toutes ces rsistances sont gales 1 Kem, sauf les deux branches 7 et 12 qui ne font que 0,9 Kem. Nous avons fait la rsolution laide dun simple tableur. Chaque ligne du tableur correspondant un dbit de maille et chaque colonne correspondant une itration. Nous prsentons cicontre le tableau obtenu.
Tableau 2:1- Les valeurs des dbits obtenues chaque itration par la mthode de Hardy Cross laide dun tableur
dbit
valeurs initiales
1re itration
2e itration
3e itration
4e itration
5e itration
6e itration
20e itration
q q2 q3 q4 q5 q6 q7 q8 q9 q10 q11 q12 q13 q14 q15 q16
1,0000 0,0000 0,0000 0,0000 0,0000 1,0000 0,0000 0,0000 0,0000 0,0000 1,0000 -1,0000 1,0000 1,0000 1,0000 0,0000
1,0000 0,5000 0,5000 0,5000 0,5000 0,0000 0,0000 0,0000 0,0000 0,5000 0,0000 0,0000 0,0000 0,5000 0,5000 -0,5000
1,0000 0,2500 0,5000 0,5000 0,2500 0,5000 -0,2500 0,0000 0,2500 0,2500 0,2500 -0,2500 0,5000 0,5000 0,5000 -0,2500
1,0000 0,3750 0,5021 0,4421 0,3750 0,2500 -0,1271 0,0600 0,0671 0,3750 0,1229 -0,1829 0,2500 0,4979 0,5579 -0,3750
1,0000 0,3320 0,4993 0,4861 0,3218 0,3351 -0,1673 0,0132 0,1643 0,3329 0,1678 -0,1693 0,3336 0,5007 0,5139 -0,3446
1,0000 0,3487 0,5009 0,4740 0,3430 0,3007 -0,1522 0,0269 0,1310 0,3506 0,1485 -0,1704 0,3014 0,4991 0,5260 -0,3556
1,0000 0,3421 0,5004 0,4787 0,3368 0,3138 -0,1583 0,0217 0,1419 0,3441 0,1555 -0,1715 0,3135 0,4996 0,5213 -0,3498
1,0000 0,3439 0,5005 0,4774 0,3394 0,3101 -0,1566 0,0231 0,1380 0,3460 0,1535 -0,1721 0,3101 0,4995 0,5226 -0,3505
137
La symtrie du problme nous fournit par ailleurs une vrification. En effet, on doit avoir : q2 = -q16 ; q3 = q15 ; q10 = q5 ; q14 = q4 ; q7 = q12. Ces proprits de symtrie sont vrifies 3 ou 4% prs. 2.51
2.4.4. Exemple des courants dair dans le labyrinthe de la grotte de Mstroff

En 1997, Francis Massen a dit une tude sur la grotte labyrinthe de Mstroff au Luxembourg. Cette tude, intitule Phyms Research Project, prsente un nombre incroyable de mesures sur les courants dair de cette petite grotte qui forme un labyrinthe deux dimensions. Globalement la grotte fonctionne en tube vent avec une dnivellation minuscule (quelques mtres). La partie connue constitue lentre suprieure du rseau. Elle aspire donc en rgime estival et souffle en hiver. Pour ce labyrinthe-l, il est hors de question de calculer les diffrents dbits et les diffrentes pressions. Tout au plus, pourrrait-on essayer dtablir les lois de dcroissance de la vitesse. Nous ne nous intresserons ici quaux observations en liaison avec la structure labyrinthique de la grotte.
a) Oscillations sur la vitesse du courant dair

Nous tirons de ltude faite par Massen et Kies (1997) un exemple du comportement que prend souvent le courant dair dans un labyrinthe. La sensibilit aux perturbations est telle que le courant dair peut subir des fluctuations priodiques. Cest ce qui sest produit pendant les mesures faites le 19 octobre 1994 pendant 30 mn raison dun chantillon par seconde de la vitesse 12 m de lentre dun courant dair soufflant. La chute de pression depuis lintrieur jusqu la sortie a t mesure elle aussi. Le signal ainsi constitu a subi une auto-corrlation. Cette opration permet de mettre en vidence les priodicits contenues dans le signal. On en voit la manifestation sur la figure ci-contre. Les auteurs ont recherch une interprtation en rsonateur de Helmholtz ou rsonance de tuyau en quart donde mais leur interprtation nest pas convaincante. Lexplication reste trouver ( 2.5.6) mais leurs mesures sont fort intressantes.
Fig. 2-41- Plan de la grotte de Mstroff au Luxembourg. Les 4 points de mesures sont situs dans la galerie qui se dirige vers le sud-est The Mstroff maze map
Fig. 2-42- Fonction dauto-corrlation pour la vitesse et la chute de pression montrant loscillation de la pression sur une priode de 111 s Autocorrelation function for velocity and pressure period of 111 s
138
b) Diminution du dbit le long de la galerie menant aux quatre stations de mesure

Le courant dair concentr la station 1 se divise progressivement au fur et mesure que le rseau se ramifie. la station 4, il ny a bien sr, plus de courant dair. Malheureusement, la diminution trop rapide de la vitesse ne permet pas de calculer les rsistances arauliques partir des mesures de pression. On peut nanmoins faire une petite tude thorique pour trouver quelle loi de dcroissance doit suivre un courant dair dans un labyrinthe. Considrons par exemple un labyrinthe du modle de la figure 2-44a, constitu par un maillage losangique de maille a quon aborde par la diagonale. Avec un dbit dentre q et pour une progression en distance na dans le labyrinthe, le nombre de galeries est 2n et le dbit est tomb q/2n . La loi de dcroissance est donc du genre hyperbolique. La courbe passant par les diffrents dbits est une hyperbole quilatre.
Fig. 2-43- La galerie dentre dans laquelle ont eu lieu les mesures The entrance gallery of Moestroff cave with the 4 points of measure
dbit 1,0 0,9
entre a a a
Fig. 2-44a- Labyrinthe thorique en forme de losange Theoretical maze of star pattern
0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0,0 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 distance depuis l'entre
Fig. 2-44b- Loi de dcroissance du dbit Flow diminution versus the distance of entrance
_______________________
139
2.5. Les courants dair variables

Nous nous intressons ici aux courants dair dont les variations sont sensibles sur des chelles de temps petites (quelques minutes quelques dizaines de minutes). On pourrait les appeler aussi courants dair transitoires.
2.5.1. Les diffrentes sortes de courants dair variables

Ils correspondent soit des oscillations priodiques, soit des transitoires conscutifs une perturbation ou une modification sur les conditions aux limites qui commandent le courant dair. Effet capacitif. Un certain nombre de ces courants dair variables proviennent de la proprit que la masse dair dans un volume dpend de la pression. Or la pression est un paramtre qui peut changer rapidement. On se souvient que dans un volume, une perturbation de pression se propage la vitesse du son. La masse dpend aussi de la temprature, mais les changes thermiques demandent beaucoup de temps et ninterviendront le plus souvent que pour des variations lentes du courant dair. Ces derniers problmes seront envisags dans la partie 3. Cest limportance des volumes souterrains qui permet cet effet capacitif de jouer un rle. En mcanique des fluides industrielle, on nglige cet effet capacitif, et lair est trait comme leau, sauf nombres de Mach significatifs (M > 0,3). Analogie lectrique. Une variation de la pression dans un volume souterrain se traduit par une variation de masse. Cette masse apporte ou enleve, correspond une entre ou une sortie dair dans le volume souterrain. On peut faire une analogie avec llectricit. La pression est lanalogue la tension lectrique et les volumes souterrains jouent le rle de capacit (la charge tant remplace par la masse et les courants par des dbits massiques). On trouvera dans Badino (1995) une bonne description de ces effets capacitifs. Un rseau souterrain est donc analogue un ensemble de conducteurs lectriques reliant des capacits et excits par des tensions variables. La principale diffrence avec les circuits lectriques rside en ce que, contrairement la loi dOhm, la chute de tension (de pression) est proportionnelle au carr du courant (du dbit massique) qui circule et non au courant. Excitation du rseau souterrain. Les manires dexciter une cavit sont de deux sortes. Dune part, le dbit massique peut tre modifi en un point, par la fermeture ou louverture dune porte. Dautre part, la pression en un point peut varier, par exemple suite une explosion, ou bien dune faon plus naturelle, suite lvolution de la pression extrieure, un train donde infrasonore ou autres. Le systme ainsi excit artificiellement ou naturellement va ragir, et lexamen de cette raction pourra apporter des renseignements sur la cavit. Rle des forces dinertie. Du point de vue de la mcanique des fluides, les problmes que nous allons tudier sont, pour la plupart, des coulements lentement variables forces dinertie ngligeables. Seuls loscillateur de Helmholtz et la renverse dun courant dair nous demanderont la prise en compte des termes dinertie correspondant un vrai transitoire. Exemples. On peut citer deux exemples typiques de phnomnes. En Normandie, il a t constat depuis longtemps que certains puits creuss dans la craie soufflent en relation avec les fluctuations de la pression atmosphrique, phnomne que Choppy appelle respiration des cavits. Le deuxime exemple est louverture ou la fermeture de la porte du tunnel de la Pierre Saint.Martin et son influence sur les courants dair et sur les champs de pression de la cavit. Dans le premier exemple, les forces dinertie sont ngligeables, pas forcment dans le deuxime. Conditions pour observer des oscillations de courant dair. Les courants dair souterrains ont plusieurs causes et ces causes peuvent changer de signe. Par exemple, lair extrieur qui tait plus froid que lair intrieur peut devenir plus chaud que lui, provoquant linversion dun courant dair de type tube vent. Au moment de ces inversions, les courants dair sont sensibles des causes minimes qui sont habituellement caches. Par exemple, on peut observer des alternances plus ou moins rapides du sens du courant dair. Ces alternances ne correspondent pas toujours (dans le cas dun tube vent) des fluctuations de la temprature extrieure mais peuvent rsulter de mcanismes particuliers dinstabilits. Phnomnes oscillants. Dans ltude des phnomnes oscillants, nous distinguerons deux classes de phnomnes. La premire est celle des phnomnes de rsonance pour lesquels la frquence est une caractristique des conduits souterrains. La deuxime est celle des phnomnes de relaxation pour lesquels la frquence est variable et rsulte du phnomne lui-mme. Pour fixer les ides, loscillation dune masse suspendue un ressort fait partie des phnomnes de rsonance alors quune fontaine intermittente construite sur la vidange priodique dun rservoir par un siphon fait partie des phnomnes de relaxation.
140
Fig. 2-45- La cavit (Henne Morte ) est schmatise par F. Trombe comme un volume V spar de lextrieur par deux resserrements. Trombe a mesur le dbit en A (puits du Mistral), a bouch lorifice A et a mesur la remonte des pressions derrire la porte The Trombe model of Henne Morte cave : a volume V and two narrow entrances. F. Trombe has measured the A flow, has closed A and has measured the pressure rise
V A
2.5.2. Deux modles trs simples de transitoires a) Fermeture brutale dune entre de tube vent (Trombe, 1947)
Soit un courant dair qui sort dune cavit. un instant donn, on ferme hermtiquement lentre ( laide dune porte par exemple). On mesure la pression de lautre ct de la porte. Cette pression augmente progressivement et atteint une valeur maximale au bout dun certain temps. Le processus physique est le suivant : la perte de charge des resserrements voisins de la sortie est transforme trs vite en surpression, puis, tout le rseau voit sa pression augmenter. Le courant dair provenait dune diffrence de pression motrice entre les deux entres. Cette diffrence tait dissipe en pertes de charge tout le long du rseau. La pression limite atteinte redonnera la diffrence de pression lorigine du courant dair. Nous avons publi une longue tude sur cette question (Lismonde 1995) laquelle nous renvoyons le lecteur. Nous avons rappel dans le tome 1 ( 3.3.2) les dtails des expriences de Trombe (1947), de Conn (1966) et linterprtation quon pouvait en faire. Le temps de mise en pression provient du temps de remplissage des volumes souterrains. Si on appelle ce temps t0 , on comprend que sa valeur numrique permet de prciser le volume de la cavit. On dmontre que le dbit qui entre par lentre non ferme diminue linairement avec le temps puis sannule : q = q0 1 - t t0 On en dduit le volume de la cavit par la relation : pa V = 1 q0 t0 p - p0 a 1 2 2.53 2.52
p0 0 t0 t 0 t0 t p q0
Fig. 2-46- volution de la pression et du dbit. Lvolution de la pression en fonction du temps est parabolique, celle du dbit est linaire. On mesure la diffrence p1 - p0 , le temps t0 et le dbit q0 Pressure and flow versus time with modified Conn model The growth of pressure is parabolic, the decline of flow is linear versus time
Dans cette relation, a = 1,293 kg.m-3 et pa = 105 Pa, q0 est exprim en kg/s, t0 en s et les pressions en Pa.
b) Respiration des cavernes (Conn, 1964)

Conn sintressait au courant dair induit par les variations de la pression atmosphrique. Le phnomne est appel respiration des cavernes. Le modle qua construit Conn est le mme que celui dvelopp par Trombe, mais Conn considre une pression variant linairement avec le temps pext = p1 + b t . La solution sen trouve donc diffrente. Conn prend comme condition initiale pour la cavit, non pas p0 qui lui est inconnue, mais q0 le dbit initial.
141
La solution qua trouve Conn est base sur lhypothse dun coulement laminaire. Nous avons tabli la solution pour un coulement turbulent, plus plausible (Lismonde 1995).
pext V cavit atmosphre calcaire
On appelle R la rsistance araulique du conduit de raccordement entre la salle et lextrieur (en kg-1.m-1). Si le conduit de raccordement est trs court et de section S, cette rsistance araulique vaut : R= 1 2 a S 2 2.54
Fig. 2-47- La cavit Ballon de Conn, un volume V et un conduit The Conn balloon cave model
On trouve ensuite la relation entre le dbit et le temps (quation 2.55) : t = q0 - q + ln q0 - q1 q1 q - q1 t0 avec q1 = b a V pa et

2 2 t0 = 2 b a V R pa
Pour une monte rgulire de la pression, le dbit tend vers le dbit asymptotique q1. Mais la pression extrieure ne peut se contenter daugmenter. Conn suppose quelle varie suivant des segments de droite pour lesquels on peut appliquer la relation. Ltat final pour un tronon correspond ltat initial du tronon suivant. Conn a fait ce travail de suivre lvolution de la pression extrieure variable dans le cas dune rsistance laminaire pour les grottes gantes de Jewel Cave ou Wind cave. Lallure gnrale quil a obtenue est bonne dun point de vue qualitatif, mais serait amliorer dun point de vue quantitatif avec la relation 2.55 au-dessus.
2.5.3. Propagation dune perturbation de pression

Les dbits sont lis aux gradient de pression. Toute perturbation non uniforme des pressions se traduira par une perturbation sur les dbits et rciproquement.
a) Gnralits
Nous supposerons que la caverne est soumise une perturbation de la pression extrieure. Si la cavit est petite mais pntrable, la pression motrice de lair de la grotte est la mme que la pression motrice de lair extrieur. Si la cavit est impntrable, la pression dans la grotte varie beaucoup plus lentement que la pression extrieure et les variations sont trs attnues. Si la cavit est trs grande et si elle prsente aussi des obstacles (rtrcissements) il y a un dcalage temporel entre les pressions de latmosphre et de la cavit, et une attnuation des amplitudes. Pour une cavit une seule entre, la temprature intrieure est peu prs constante. La masse dair contenue dans la cavit est proportionnelle au volume de la cavit et la pression. Supposons que nous installions une porte lentre. Si la pression extrieure augmente, il apparat donc une diffrence de pression entre lextrieur et lintrieur. un instant donn, ouvrons brutalement la porte. La diffrence de pression met brutalement lair en acclration. Linformation que la porte sest ouverte, se propage la vitesse du son (330 m/s) ou une vitesse plus faible si la galerie prsente des largissements. Toute la masse dair se met en mouvement progressivement dans la cavit. Le frottement la paroi augmente avec la vitesse et la vitesse atteinte par le courant dair rsulte de lgalit du terme moteur (la diffrence de pression motrice) et du terme rsistant (les pertes de charge). Bien sr, le phnomne voit son ampleur diminuer puisque lentre de lair fait diminuer le terme moteur. Progressivement la pression intrieure squilibre avec la pression extrieure, le courant dair sarrte alors. Expliquons le processus de remplissage du rseau souterrain dans le cas dune augmentation de la pression extrieure. Si nous considrons le rseau souterrain comme une succession de salles spares par des rtrcissements, ce sont les premires salles qui vont subir linfluence extrieure et commencer se remplir. Mais ce remplissage saccompagne dune augmentation de pression dans les premires salles. Les salles suivantes vont donc se remplir elles aussi. Ce processus nest pas analogue un jeu de domino dont leffondrement se propage dun pion lautre (dans le jeu de domino le phnomne est une onde vitesse constante), car au fur et mesure que le phnomne progresse, il se ralentit et samortit. On montrera que le phnomne est intermdiaire entre une convection et une diffusion. Ltude de lvolution dun contaminant nous a permis de comprendre en profondeur ce phnomne (cf. 2.3.5).
142
Pour une volution continue de la pression (en labsence de porte) cest la vitesse de changement de la pression qui commande la vitesse du courant dair. Mais il faut bien faire attention au fait que le courant dair nest pas uniforme dans le rseau. Il est intressant de remarquer que deux chelles de temps sont attaches au phnomne. Lchelle des temps courts correspond la propagation de linformation les conditions lentre changent. On tudiera en dtail plus loin ce phnomne appel transitoire. La deuxime chelle de temps est la dure globale du phnomne. Cette notion dchelles multiples pour le temps est trs importante. Elle ne prsente aucune difficult. On peut faire une analogie avec la vidange dun vier. L aussi, il y a deux chelles de temps : la premire correspond la phase o on vient denlever la bonde de lvier et o lcoulement se dveloppe dans le trou. Le temps attach cette phase est trs court, infrieur une seconde. La deuxime chelle de temps est lie au temps de vidange de lvier. Les phnomnes sont beaucoup plus faciles tudier quand les chelles de temps sont trs diffrentes. En revanche quand les chelles ont mme ordre de grandeur, il faut en gnral faire une tude particulire. Pour des cavits ordinaires, le temps dquilibrage des pression est trs court, de lordre de quelques secondes quelques dizaines de secondes. Ainsi, le Trou qui Souffle de Maudre, cavit de 43 km de dveloppement, squilibre en quelques minutes, au moins pour ce qui concerne les parties connues. Mais pour des rseaux de trs grands volumes relis lextrieur par de petits conduits (rseaux de la craie non pntrables, grands rseaux amricains, Wind cave, Jewel Cave...) ce temps peut dpasser quelques heures. Dans une cavit, il ny a pas en gnral de porte, ce qui fait que le transitoire passe inaperu. En revanche comme la pression extrieure fluctue lentement, la pression intrieure suit la pression extrieure avec un retard temporel dautant plus grand que le point considr est plus profond dans le rseau.
pression loignement
temps
Fig. 2-48- Propagation de la perturbation de pression lintrieur dune cavit Propagation of a pressure perturbation in a cave
Pour une cavit plusieurs entres sans courant dair, laugmentation de la pression extrieure se traduira par un courant dair aspirant toutes les entres. Si le rseau souterrain est parcouru par un courant dair, pour des raisons thermiques par exemple, laugmentation de la pression extrieure viendra modifier le courant dair existant, augmentant le courant dair aspirant et diminuant le courant dair soufflant. Mais les effets quantitatifs ne seront pas simples calculer car les phnomnes tant non linaires, on ne pourra pas se contenter dajouter les effets.
b) Le modle de cavit en tube ferm

Ce modle de tube de section rgulire a t adopt par Conn pour faire le calcul de la propagation dune perturbation de pression dans une cavit avec lhypothse que la perte de charge varie linairement avec la vitesse (coulement laminaire). Cest le troisime problme de Conn. Ici, nous adopterons une loi de perte de charge turbulente (cest--dire de forme quadratique). Nous appelons q le dbit masse une abscisse x donne. q = - a S p 2.56 pa t x Dans cette relation, a = 1,293 kg.m-3 et pa = 105 Pa. q est exprim en kg/s, les pressions en Pa et S est la section. Bilan de masse L p 2.57 R x avec R rsistance araulique du tronon de longueur L en kg-1.m-1. Loi de perte de charge q=
q q' section S O dx
Fig. 2-49- Cavit schmatise par Conn comme un tube de section constante S. La perturbation de pression gagne le tube par un processus intermdiaire entre une advection et une diffusion The model of a cave with constant section tube by H. Conn
143
Nous appliquons la convention de signe suivante : le dbit est positif ( q > 0 ) quand il est entrant. On a alors un gradient de pression ngatif et > 0 . Si on limine q on obtient lquation en p : p = - A t x p x avec A = pa a S L R en kg1/2 .m.s-2
2.58
Cette quation nest plus une quation de diffusion,contrairement ce quavait trouv Conn. Cest toujours une quation aux drives partielles, mais elle nest pas linaire. On va montrer que lquation que vrifie q , est une quation de la chaleur rendue non linaire par une diffusivit variable : p = - R q2 2 p = - R q q 2.59 x L x t L t 2 p = p = - pa 2 q x t x t a S x2 avec B = L pa R S a en kg.m2 .s-2
et comme
2.60
q = B 2 q q x2 t
2.61
Cette quation est beaucoup plus difficile intgrer que lquation de la chaleur. On la rencontre dans certains problmes comme la conduction thermique dans la glace car, pour certaines plages de temprature, la conductivit thermique de la glace est en 1 / T . Il nest pas question de trouver des solutions explicites du genre de celles fournies par Conn, car elles taient bases sur la linarit de lquation de la chaleur. En revanche, pour chaque problme, il est facile de rsoudre numriquement lquation. On trouvera dans la rfrence cite (Lismonde, 1995) un exemple de rsolution. Temps de propagation. Une importante proprit sur la propagation de la pression peut se dduire des relations. Considrons lquation rgissant la pression et plaons nous en un point situ la distance x du point de cration de la perturbation. Les rgles de similitude nous fournissent une relation entre le temps darrive de la perturbation de pression p0 - p1 et la distance x : t0 = x A
3/2
p0 - p1
soit
t0 a S pa
R p0 - p1 x3/2 L
2.62
Le temps pour atteindre un point la distance x de la perturbation est donc proportionnel la puissance 3/2 de la distance. Dans un phnomne convectif, ce temps est proportionnel x , dans un phnomne diffusif, il est proportionnel x2 . On se trouve ici dans une situation intermdiaire. Si on avait considr lquation sur les dbits, on aurait trouv la mme relation.
c) Le modle gnral ou modle discontinu, pour ltude des transitoires

Il semble hasardeux de considrer un rseau souterrain comme une salle avec un seul rtrcissement comme Trombe ou comme un tube lisse (Conn). Nous avons propos un schma un peu plus raliste (Lismonde 1995). Un rseau souterrain reli latmosphre par un ou plusieurs orifices est reprsent par une succession de salles de volume Vi spares par des rtrcissements de section si .
pext
resserrement i salle i
Fig. 2-50- Le modle discontinu. La cavit est schmatise par une succession de salles vi spares par des resserrements si . The discontinued model of a gallery: Succession of narrow passages and chambers
qi si
pi vi qi+1 si+1
pi+1 vi+1
144
Celui qui frquente les cavits sait bien que les rtrcissements ne sont que rarement de la forme indique sur le croquis et que lon rencontre dans les trous de longs boyaux. Mais on se souvient que cest le volume qui est important dans les phnomnes de propagation. Une suite de boyaux sera assimile un certain nombre de diaphragmes de mme diamtre et lon prendra comme rtrcissement quivalent celui qui fournit la mme perte de charge : 1 = s2 i 1 2 j s
j
numro du diaphragme
si : section quivalente
2.63
En gnral, un rseau pourra tre reprsent par un nombre restreint de ces successions salle - resserrement. Il est vident que la connaissance des splos est plus prcise en ce qui concerne les rtrcissements - dans lesquels les courants dair sont sensibles - que les volumes des salles. Il faut avoir lesprit que la perte de charge dans un resserrement crot normment quand le diamtre diminue : un resserrement de diamtre moiti dun autre resserrement provoque une perte de charge 16 fois plus grande. Il faut donc se limiter aux troitures les plus svres du rseau. Rappelons, en quelques lignes, les mcanismes physiques qui expliquent la propagation dune perturbation de pression. Une modification de la pression dans une salle modifie la pression aux entres de cette salle (modification instantane car lie la vitesse du son). Cela entrane une variation des dbits dans les rtrcissements voisins puisque ces dbits sont lis aux pressions. On a donc une volution de la quantit dair contenu dans la salle et ses voisines. Ce phnomne est plus lent car il sagit dun remplissage ou dune vidange. Cette variation de masse se traduit par une variation de pression dans les salles voisines, et ainsi de suite de salle en salle. Comme dans le modle de Trombe, les volumes jouent un rle analogue celui dune capacit lectrique ou dune inertie en mcanique, alors quaux troitures, lcoulement rencontre une rsistance. On va crire les relations qui dcrivent les phnomnes transitoires. On suppose lcoulement isotherme et les termes dinertie ngligeables. Bilan de masse (qi est le dbit massique dans le rtrcissement i) : Pour la salle i qi - qi+1 = a vi dpi pa dt qi-1 - qi = a vi-1 dpi-1 pa dt 2.64
Pour la salle i-1
2.65
Pertes de charge aux resserrements i (on suppose un coefficient de perte de charge singulire gal 1) : pi - pi+1 = i+1 0 qi+1 2 si+1 pi-1 - pi = i 0 qi 2 si
2 2
avec
i+1 0
si
pi - pi+1 0
2.66
avec
i 0
si
pi-1 - pi 0
2.67
Convention de signe : qi est positif sil est dirig vers les x croissants (i > 0 ). Les masses volumiques varient dun rtrcissement lautre, mais on peut se contenter de prendre en compte cette variation uniquement dans les salles car linfluence de cette variation pour le calcul des pertes de charge est du 2e ordre puisque p / p << 1 en gnral. Si on limine les dbits, on obtient lquation que vrifie pi : qi = si i qi+1 = si+1 i+1 d pi = pa 2 0 s i i a vi dt 2 0 i pi-1 - pi d'o i+1 pi - pi+1 2.68 2.69
2 0 i+1 pi - pi+1 - si+1 i+1
i pi-1 - pi
2.70
145
Arologie des systmes karstiques, partie 2, les courants dair dans la cavit, 2.5.3.d
Si on veut obtenir lquation que vrifie qi , on drive les pertes de charge par rapport au temps et on limine les pressions. Aprs calcul, on trouve : 2 dqi p qi-1 - qi - qi - qi+1 2.71 = 0 a i S i a qi vi-1 vi dt Pour exploiter ces quations, il faut comme dans les solutions trouves par Trombe et par Conn, connatre le problme physique rsoudre, cest--dire des conditions aux limites et des conditions initiales. Pour une cavit donne, dont on connat trs bien les caractristiques gomtriques, on pourra effectuer une rsolution numrique. Par exemple dans le cas de louverture brutale dune porte, on pourra calculer de proche en proche la progression de la perturbation de pression et la mise en mouvement de lair dans la cavit. La mthode de rsolution est la suivante : on se donne ltat initial des pressions et des dbits, puis on modifie la pression lentre. partir de cette nouvelle rpartition des pressions, on dduit la rpartition des dbits (non uniforme dans la cavit en rgime transitoire). Cette rpartition des dbits engendre, par le jeu des pertes de charge, une nouvelle rpartition des pressions et ainsi de suite. Nous nessaierons pas de tirer ici des renseignements qualitatifs des quations 2.70 et 2.71 crites plus haut, car les paramtres gomtriques varient pour chaque cavit. Dans le modle simplifi que nous allons maintenant prsenter, nous allons rduire considrablement le nombre des paramtres gomtriques ce qui nous permettra une discussion plus facile des proprits des transitoires.
d) Un modle approch : le modle continu

Le modle discontinu que nous avons vu au-dessus, se prte bien une simulation sur ordinateur condition que la cavit soit trs bien connue, comme le Trou qui Souffle (Lismonde 1994, 1995). Mais il ne fournit aucun renseignement avant la rsolution complte des quations. Pour mettre en vidence les proprits physiques des rgimes transitoires de courant dair, nous allons rendre continues nos quations dvolution. Cest lopration inverse de la discrtisation bien connue en analyse numrique. Cette faon de procder suppose que dune salle lautre, dun resserrement lautre, les grandeurs nont pas beaucoup vari. Cette hypothse est le plus souvent fausse, car les salles et les resserrements se succdent sans continuit sur leurs caractristiques. Les cavits que nous rendons continues, ne sont pas des cavits relles, mais elles reprsentent des sortes de prototypes simplifis de cavits relles. La distance lentre de lensemble salle - boyau numrot i , sera prise gale : xi = xj
j=1 i
2.72
qi s
pi v
qi+1 x s
xi tant la longueur de lensemble salle et boyau i . Il est facile de voir que ce modle continu sera prcis si les caractristiques vi si du rseau varient peu, ou encore si on adopte une certaine valeur moyenne des vi et si. Pour le volume moyen des salles v , il faut prendre celui qui conserve le volume total de la cavit : V =nv=
vi
i=1
2.73
Fig. 2-51- Schmatisation de la cavit pour passer un modle continu (approch). Salles de volume constant v spares par des resserrements de sections constantes s . On a homognis la cavit. Homogenization of a natural gallery : regular alternance of narrow passages and rooms
Pour la section moyenne des n rtrcissements, il faut prendre celle qui fournit le mme dbit pour la mme pression motrice en rgime permanent : m m = 1 2.74 2 2 s i=1 si
146
Le carr de cette moyenne est donc la moyenne harmonique des carrs des sections. La longueur moyenne dun ensemble salle-boyau est donne par l = L / n , L tant la longueur de la cavit. Pour plus de simplicit, nous sommes donc ramens un modle compos de n salles et m rtrcissements ; m = n si la cavit est ferme, m = n + 1 si la cavit a deux entres. Nous nenvisagerons pas ici le cas des cavits ramifies et plus de deux entres quil faut traiter comme un rseau maill en lectricit. Trois paramtres caractrisent un rseau au lieu de deux pour Trombe ou pour Conn. Formulation mathmatique. Les quations qui rgissent pi et qi se ramnent alors : dpi = pa dt a 2 0 s i v i pi - 1 - pi - i+1 i+1 pi - pi+1 2.75
dqi = 0 pa s2 i ( q - 2q + q ) i-1 i i+1 a v qi dt
2.76
Lexamen de la 2e quation montre quelle constitue lquation discrtise dune certaine quation diffrentielle, avec la correspondance qi ( t ) <-> q( x,t ) et x = i x ( x = l) : q = 0 pa s2 t a v q 2 q x2 2.77
p (x,t ) et q ( x,t ) sont des fonctions continues deux variables, qui concident sur les noeuds i avec les fonctions une variable pi (t ) et qi ( t ) ; x est labscisse curviligne prise sur laxe de la galerie. Lquation scrit encore : q = q t 2 q x2
2 2 = 0 pa s l a v
avec
en kg.m2 .s- 2
2.78
Lquation que vrifie la pression scrit quant elle p = - t x p x
avec pi ( t ) <> p ( x,t )
et x = i l :
3/2 avec = pa 2 0 s l a v
en kg1/2 .m.s- 2
2.79
Cette quation est du mme genre que celle que nous avons rencontre loccasion de ltude du 3e problme de Conn si on remplace A par et B par . Conclusion. On peut ainsi revoir les problmes de Trombe et de Conn avec une description des cavits trois paramtres au lieu de deux. Pour ces deux problmes, on a pu montr que les rsultats principaux proposs par ces auteurs restaient inchangs. Leur modlisation tait donc robuste, puisquelle demeure invariante pour une complexification du modle. La reprsentation dune cavit par une succession de salles et de resserrements est assez raliste et pourra tre applique des cavits relles. La simplification de cette reprsentation sous une forme continue lest moins, mais prsente le grand intrt de caractriser la cavit avec beaucoup moins de paramtres.
147
2.5.4. La renverse du courant dair dans un tube vent Introduction

On sait que le courant dair dun tube vent change de sens quand la diffrence entre les masses volumiques (moyennes, cest--dire intgres sur la dnivellation de la cavit) de lair extrieur et de lair intrieur change de signe. Comme la relation entre vitesse et perte de charge est quadratique en rgime turbulent, le phnomne du changement de sens du courant dair est rapide puisque pour une variation linaire dans le temps de la diffrence de masses volumiques, le passage la vitesse nulle se fera avec une trs grande acclration (cf. 2.3.3.d). De ce fait, il nest plus possible de ngliger linertie mcanique des masses dair concernes. Cette observation dun changement rapide de sens du courant dair a dj t signale par les splos. Par ailleurs, au moment du changement de signe de la vitesse, lcoulement change de mode et, de turbulent, il devient laminaire pour ensuite redevenir turbulent. On verra que le changement turbulent-laminaire peut conduire des oscillations de la vitesse (orgue chimique 2.5.7). Il est donc intressant dtudier en dtail ce phnomne dinversion des vitesses. Enfin, le splo observateur a aussi remarqu depuis longtemps quun rseau du genre tube vent peut avoir un courant dair rigoureusement nul pendant un certain temps alors que la relation entre vitesse de courant dair et diffrence de temprature tendrait donner une probabilit nulle cet vnement. Nous essayerons de montrer les circonstances qui maintiennent une galit stricte (et non due au hasard) entre la temprature intrieure et celle extrieure. Dans ce qui suit nous ngligerons les aspects lis lhygromtrie et au dioxyde de carbone, ce qui nous permettra de raisonner avec les tempratures plutt quavec les masses volumiques.
a) Les hypothses de ltude

Nous considrerons un tube vent de diamtre constant D , de longueur totale de galerie L et de dnivellation entre les entres H . La perte de charge est suppose connue. Nous reviendrons un peu plus loin sur ces hypothses restrictives. Labsence de courant dair correspond une certaine temprature moyenne de lair extrieur. Nous appelons T , lcart de la temprature extrieure avec cette temprature dquilibre. Nous supposerons que cet cart change brutalement de signe linstant 0 (figure 2-53). Pour viter une influence des transferts thermiques, surtout sensible prs des entres, nous supposons que la dnivellation, responsable de la pression motrice, se trouve dans la zone non influence thermiquement du rseau souterrain (figure 2-52). Nicolas Florsch (1995) a tudi un cas o la partie suprieure tait influence thermiquement.
atmosphre
karst
Fig. 2-52- Schma de la cavit. Diamtre constant D, et longueur L Sketch plan of cavity
b) Lquation de la dynamique
temprature
Le terme moteur d la dnivellation scrit (en Pa, et compt positif pour un air montant) : 2.80 pmoteur = ext - int g H Lquation des gaz parfaits permet de relier les variations de masses volumiques aux diffrences de tempratures. Comme dans tous les effets associs la pousse dArchimde dans lair (dnivellations pas trop grandes), on nglige linfluence des variations de pression sur ce terme moteur. pmoteur = Tint - Text int g H Tint 2.81
temprature extrieure temprature sans courant d'air
temps 0
Fig. 2-53- chelon descendant de la temprature extrieure Step down of external temperature
148
Le terme rsistant reprsente la perte de charge de lcoulement dair dans la cavit. Nous lcrivons sous la forme dune perte de charge linique : prsistant = 1 int V V L 2.82 2 D La valeur du coefficient de perte de charge linique dpend de la nature de lcoulement, laminaire ou turbulente. Nous supposerons ici que le rgime de transition sera obtenu pour un nombre de Reynolds critique gal 1000. Le nombre de Reynolds tant dfini par Re = V D / . Si le nombre de Reynolds est plus grand que 1000, nous prendrons une valeur constante pour ( = 0,01, par exemple). Dans le cas o le nombre de Reynolds est plus petit, nous adopterons la relation de Poiseuille : = 64 = 64 Re VD Lquation de la dynamique pour lensemble de la masse dair se traduit par : int S L dV = S pmoteur - prsistant dt L dV = dt ext - int gH - 1 VVL int 2 D 2.84 2.83
Lquation des gaz parfaits, et le fait quon peut ngliger linfluence des pressions devant celle des tempratures, nous fournissent les deux nouvelles quations : L dV = g H dt L dV = g H dt Tint - Text Tint Tint - Text Tint L VV 2gHD si Re > 1000 2.85
- 32 L V g H D2
si
Re < 1000
2.86
Cette dernire quation a t tudie par Florsch (1995) dans le cas o la partie verticale dbouche lextrieur et il a fourni une relation analytique complte pour des variations de type journalires (puits daration de mine, paroi temprature constante), nous nous contentons dtudier la solution dans le cas dfini sur la figure 2-52.
c) Solution de lquation
On remarque tout dabord quau voisinage de V = 0 , lacclration devient : dV = g H T dt L Tint . 2.87
Cette expression nous donne lacclration de la vitesse au passage la valeur nulle. Cette acclration est dautant plus grande que le saut de temprature est plus grand. Elle nest pas infinie comme on laurait trouv en ngligeant linertie mcanique de la masse dair. Par ailleurs, la valeur asymptotique de la vitesse (en rgime turbulent) est donne par : Vlim = 2 g H D T L Tint 2.88
Il est possible de trouver une solution analytique de ces quations laide de fonctions plus ou moins maniables, mais il est plus simple de rsoudre lquation numriquement sur un tableur, pour des valeurs donnes des paramtres. Nous nous contenterons dexaminer un seul cas (figure 2-54) et nous nous abstiendrons de faire une tude gnrale.
149
d) Discussion de quelques solutions

Temps caractristique. Sur la figure ci-contre (2-54), le temps caractristique apparat dautant plus court que le saut de temprature est plus grand. Dans le cas tudi, il tait inutile de sembarrasser avec la perte de charge laminaire. En effet, elle nintervient que pour un nombre de Reynolds faible, cest--dire quand le terme rsistant est ngligeable. En changer alors lexpression ne modifie presque rien. Variation progressive de la temprature extrieure. Nous avons suppos que la temprature extrieure variait dune certaine quantit dune manire instantane. On peut revenir maintenant sur cette hypothse. Considrons par exemple le cas T = 0,5C. Le systme met 300 s pour ragir (figure 2-54). Si au lieu dtre instantan, lchelon de temprature stait produit en un temps de 100 ou 200 s, le rsultat aurait t peu chang. En revanche, si lchelon stait produit en 1000 s par exemple, la monte en vitesse aurait coll avec la variation de temprature (le terme inertiel de lquation serait rest petit devant les autres), la transformation aurait t quasi-statique. On en dduit que si le temps de variation de la temprature extrieure est plus grand que le temps calcul ici, lvolution est quasi statique. En revanche si ce temps est nettement plus petit que celui calcul ici, lvolution est celle calcule pour une variation instantane. Rle de la loi laminaire. Sur la figure 2-55, nous avons reprsent la renverse du courant dair dans deux cas, en adoptant une loi de frottement turbulent ou une loi laminaire. Malgr la diffrence des deux lois de frottement, le temps de renversement est pratiquement inchang. En effet, comme on la vu plus haut, le terme rsistant ne joue pas un grand rle au voisinage du renversement. Le phnomne est essentiellement inertiel. Section non rgulire. Revenons enfin sur lhypothse que la section de la galerie est uniforme. Dans les cavits naturelles, ce nest pas le cas. Peut-on tout de mme crire une quation dynamique ? Il suffit de rcrire lquation de la dynamique sous la forme :
L
vitesse (en m/s)
0,4
T = 1 C T = 0,5 C
0,2
T = 0,2 C T = 0,1 C
0,0
-0,2
-0,4 0 100 200 300 400 500 600 700
temps (en s)
800
Fig. 2-54- Exemple de renversement du courant dair. La vitesse est reprsente en fonction du temps pour diffrents sauts de la temprature extrieure D = 2 m, L = 1000 m, H = 100 m, L = 0,1 . La dure de la transition dpend nettement de lampleur du saut Air velocity evolution for different steps of external temperature around reverse temperature
Vitesse (en m/s)
0,04
loi laminaire loi turbulente
0,02
0,00
-0,02
-0,04 0 200 400 600 800 1000

temps (en s)
Fig. 2-55- Comparaison entre loi turbulente et laminaire

D = 1 m, L = 1000 m, H = 10 m, L = 0,1, T = 0,2C, Reyn max = 1800 .
La transition turbulente-laminaire et rciproquement ne joue quun rle insignifiant dans la renverse Velocity versus time for laminar and turbulent flow
int
0
V dx = P moteur - P rsistant t
2.89
or
int
0
V dx = t
int V S dx = dqm t Sx dt
dx Sx
2.90
150
si on pose
1 = 1 S0 L
dx Sx
on obtient comme quation dynamique :
2.91
L dqm = P moteur - P rsistant S 0 dt
2.92
Cette quation est tout fait analogue lautre, condition de prendre comme section moyenne, quivalente pour les phnomnes dinertie, la surface S0 dfinie ci-dessus. Notre analyse reste donc correcte pour un choix convenable de la section. De mme pour les pertes de charge, il faut adopter une section moyenne qui nest pas S0 mais une autre section (cf. plus loin). Dure du transitoire. On peut trouver une estimation de la dure du transitoire en considrant la vitesse limite et en calculant en combien de temps on latteint, en adoptant pour dV/dt une valeur constante et gale la valeur obtenue la vitesse nulle. 2 L D Tint 2.93 t0 = 2,5 g H T Cette relation empirique fournit, dans le cas tudi sur la figure 2-54, les temps suivants (tcalcul) :
T
t0 calcul
(C) (s)
0,1 846
0,2 599
0,5 379
1 268
Tab 2:2- Dure du transitoire en fonction de lcart de temprature
Pour les dimensions usuelles des cavits naturelles, ces transitoires ne durent que quelques minutes, voire moins. Conclusion. Pour des tubes vent assez simples ou pour lesquels on connait la relation entre le dbit et la perte de charge, nous sommes capables de calculer lvolution de la vitesse la renverse du courant dair en tenant compte de linertie de la masse dair.
Fig. 2-56- Un exemple de renverse calcule la mine du Chne An example of air reversal in Chne cave above, the external and internal temperature versus time below, the velocity versus time
e) Blocage dun courant dair au cours de la renverse

La renverse dun courant dair provient du changement de signe de la diffrence entre les tempratures extrieure et intrieure, moyennes sur toute la dnivellation. Nous allons montrer quil peut arriver que le courant dair sarrte totalement pendant un certain temps. Ce fait peut paratre paradoxal car la vitesse du vent tant proportionnelle la racine carre de la diffrence des tempratures, le changement de la vitesse est rapide et cette vitesse devient trs rapidement significative. Pour quil y ait annulation de la vitesse, il faut quil existe un ajustement automatique qui garde la diffrence des tempratures la valeur zro. Nous allons dcrire des conditions qui conduisent ce blocage du courant dair.
151
Arologie des systmes karstiques, partie 2, les courants dair dans la cavit, 2.5.4.e
A extrieure C
temprature intrieure
temprature moyenne
T
zone interdite
E B D
O
zone interdite
D B E temps
temprature intrieure
C A temprature
extrieure
temps
Fig. 2-57- Renverses dautomne et de printemps. Si le chemin de la temprature intrieure se trouve dans la zone interdite, il y aura arrt du courant dair Autumn and spring air turn In the forbidden zone (zone interdite), there is no air current
Sur la figure ci-dessus, on a reprsent les deux configurations principales de changement de sens dun courant dair. gauche, le renversement typique de lautomne avec baisse de la temprature extrieure. Le courant dair dans la cavit est dabord descendant, puis il va sinverser. Au moment de la renverse, le courant dair devient montant dans la chemine. La temprature dans la chemine volue alors diffremment, ce qui se traduit sur le graphique par un changement de la pente de la droite dvolution (car la puissance transmise change, les dphasages entranant des diffrences). Deux cas se prsentent (qui ne sont dailleurs pas du tout quiprobables) : - soit lair intrieur suit la droite OD. La diffrence des tempratures avec lair extrieur ne change plus de signe, la renverse sest faite correctement. - soit lair intrieur suit la droite OE, et lair intrieur se retrouve immdiatement une temprature plus basse que lair extrieur. Le courant dair change alors de nouveau de sens. Mais les mmes causes entranant les mmes effets, lair intrieur suit une ligne du genre CO qui le refait passer en rgime hivernal. Le courant dair ne peut adopter ni le rgime estival ni le rgime hivernal. Il sannule donc (ou oscille rapidement cause des forces dinertie) et la temprature de lair extrieur suit la droite OB jusqu ce que les conditions voluent (car les trajectoires ne sont des droites que pendant des temps assez courts). Lensemble des trajectoires de lair intrieur sous le segment OB est donc interdit. Nous avons appel ce secteur : zone interdite, car lair intrieur ne pourra parcourir un segment dans cette zone. Pendant toute cette dure o la trajectoire de lair intrieur lamnerait sous le segment OB (si le rgime stablissait hivernal), la vitesse du courant dair reste rsolument nulle puisque la situation thermique lempche de basculer. On pourrait faire le mme raisonnement dans la renverse de style printanier. Le problme qui se pose est de savoir sil existe vraiment des trajectoires (virtuelles) de lair intrieur dans la zone interdite. Numriquement, on peut faire des calculs qui montrent des cas dinstabilits momentanes, mais les courbures des trajectoires jouent un rle important et cette intressante question reste approfondir. Elle a des implications sur larage des mines puisquelles correspondent une absence momentane de ventilation. Numriquement en calcul sur ordinateur, cette situation de blocage de la vitesse du courant dair se traduit par des oscillations rapides autour de la temprature extrieure, oscillations dont la priode est toujours gale au pas de temps de la rsolution numrique (donc non physiques). Les conditions physiques qui permettraient dobtenir ces trajectoires virtuelles restent tablir.
Conclusion
La renverse du sens dun courant dair est un phnomne rapide dont la dtermination demande de prendre en compte linertie de la masse dair dans le cas o la variation de la temprature extrieure est rapide ou encore si cette variation est importante. Cette inertie mcanique fait que linversion du sens du courant dair ne peut tre instantane mais demande quelques secondes quelques minutes. Dans les cas o la variation de temprature est assez lente, on peut ngliger les forces dinertie.
152
Pour des changements trs progressifs du sens du courant dair, il doit tre possible dobserver de lgres oscillations de relaxation de la vitesse du courant dair de priode assez grande (quelques minutes quelques dizaines de minutes) qui se produiront juste avant et juste aprs linversion. Mais la vitesse du courant dair tant faible ce moment-l, le phnomne ne sera pas facile mettre en vidence. De mme les observations qui montrent un rseau absolument sans courant dair certaines poques, sont appuyes par la possibilit thorique de situations o lquilibre reste maintenu exactement pendant un certain temps. On verra plus loin que cette situation se prsentera plus facilement dans le cas dun rseau trois entres ( 3.6).
2.5.5. Oscillations pendulaires dans un tube en U

Cette oscillation est due la diffrence de masse volumique entre lintrieur et lextrieur, combine laction de la pesanteur qui joue le rle de ressort. De mme que dans un tube en U rempli partiellement deau, il est possible dobtenir un mouvement doscillation de leau dans le tube, de mme avec de lair froid plus dense que lair chaud, on peut obtenir un phnomne semblable. Proposons une modlisation partir dun schma gomtrique trs simple (ce schma est inspir de celui de la glacire de Monlsi tudie par Browne et examin par Choppy (Dynamique de lair 1986, p. 58). Le tube est un cylindre de section S recourb de faon former un tube en U dont les branches sont de hauteurs gales (fig. ci-contre). Lair froid a une temprature moyenne Tf et une masse volumique f. Lair extrieur est chaud, la temprature est Tc et la masse volumique est c. La longueur totale du tube en U est note L. Loscillation de lair froid fait qu un instant donn t, lair chaud entre gauche grce une pression plus faible et sort droite la pression atmosphrique. Lamplitude de loscillation est note z0. Au maximum de lamplitude, lair froid vient tangenter la surface du sol. linstant t, lair froid se trouve seulement la distance z de la position de repos.
air chaud position moyenne
z z0
z0 z
air froid
Fig. 2-58a- Disposition en tube en U. Lexcitation du systme par une rafale se traduit par un balancement du courant dair U shaped cave with an oscillatory air flow
Pour calculer le mouvement, nous allons utiliser le thorme de lnergie cintique pour le volume de contrle constitu par le tube tout entier (air froid et air chaud) : dbit d'nergie puissance des forces puissance des forces d nergie = + + cintique la frontire de pression de pesanteur dt cintique
2 f L - 2 z0 +2 c z0 dz d z = 0 - 1 c dz dz dt dt2 2 dt dt 2
2.94
- 2 f - c g z dz dt
2.95
Pour la puissance des forces de pression, on a utilis lquation de Bernoulli :

V
f L - 2 z0 +2 c z0 d z + 1 c dz 2 dt dt2
+ 2 f - c g z = 0
2.96
masse m
On va simplifier cette expression en supposant que lamplitude z0 des oscillations est petite devant L : d2 z + 1 c dz 2 L f dt dt2
2
Fig. 2-58b- Mouvement pendulaire de lair froid, analogie mcanique pendular movement of cold air mechanical analogy
+ 2 f - c g z = 0 f L
2.97
Le deuxime terme de lquation est un terme amortisseur. Il correspond la perte de charge occasionne par le jet sortant. On aurait pu ajouter aussi la perte de charge linique dans le tube en U. Cela serait justifi pour une cavit un peu longue, mais dans ce cas loscillation sera plus faible et gure perceptible. On pourra trouver la solution numriquement. Mais on se contentera ici de trouver la priode des oscillations peu amorties. Cette priode P se dduit de lquation 2.98 de loscillateur non amorti.
153
d2 z + 2 f - c g z = 0 d2 z + 2 z = 0 avec = 2 f L P dt2 dt2 d2 z + 2 f - c g z = 0 2 = 2 f - c g P = 2 = 2 f L f L dt2 soit encore en utilisant lquation des gaz parfaits : P = 2 L 2 Tg T L f - c 2 g f
2.98
2.99
2.100
On applique cette relation dans le cas de la glacire de Monlesi ; la longueur L mesure sur le croquis vaut 75 m. En prenant un cart de temprature plausible de T = 18C entre lextrieur et lintrieur, on obtient une priode du phnomne de 48 s, comparer avec la valeur de 2 (22 + 4) = 52 s mesure par Browne. Linterprtation en tube oscillant est parfaitement plausible (cf. Lismonde, 2001). Lamortissement doit tre tout de mme assez rapide. Reste trouver pourquoi le mouvement sest amorc. Sans doute, une rafale de vent a-t-elle suffit ?
2.5.6. Phnomnes de rsonance utilisant llasticit de lair : rsonance la Helmholtz a) Gnralits

Les fluctuations de pression de latmosphre engendrent une sorte de respiration des cavernes. Quand la pression extrieure diminue, lair sort de la cavit. Quand la pression extrieure augmente, lair entre dans la cavit. Le terme respiration est consacr, mais on remarque pour lanecdote que cette respiration ressemble la respiration artificielle quon pratique sur les victimes daccident en arrt respiratoire, puisque la stimulation vient de lextrieur (cf. tome 1, 1.4.3). Or lair est un fluide naturellement lastique. Si on installe un piston dans un tube cylindrique reli un volume ferm et quon pousse brusquement le piston, il reviendra sa position initiale en effectuant un ensemble doscillations. La frquence de ce mouvement alternatif est la frquence propre du systme, voisine de sa frquence de rsonance. Si les fluctuations de la pression extrieure ont un spectre de frquence qui contient la frquence propre de la cavit, il peut apparatre des phnomnes de rsonance dont le plus simple est dcrit par le rsonateur de Helmholtz quon va plus spcialement tudier. On verra quil existe, en ralit, un grand nombre de frquences de rsonance, mais les frquences associes ces rsonances sont plus grandes que celle du rsonateur de Helmholtz. La complexit gomtrique des rseaux souterrains naturels fait que les rsonances observables sont assez modestes et le fait que les frquences de rsonance soient situes dans une partie non audible du spectre acoustique, les rend peu faciles dtecter. Nous avons tudi, plus haut, la rponse dune cavit des variations extrieures de la pression atmosphrique. Ces transitoires sans rsonance correspondent des fluctuations de la pression extrieure dont le spectre (obtenu par la transforme de Fourier) contient des frquences dexcitation plus basses que les frquences propres des cavits. Les rsonances la Helmholtz supposent que la longueur donde des ondes acoustiques est grande devant la dimension caractristique du rseau (longueur de la salle). Une onde de 10 Hz est associe une longueur donde de 33 m ; une onde de 1 Hz est associe une longueur donde de 330 m. Les frquences de rsonance pour le rsonateur de Helmholtz se trouvent ainsi dans le domaine des infrasons inaudibles loreille humaine (frquence infrieure 15 Hz). Les phnomnes de rsonance qui sont dans le domaine acoustique, ne sont pas des rsonances la Helmholtz. Elles sont du domaine des rsonances du style tuyau dorgue pour lesquelles la dimension du conduit est un multiple entier du quart de la longueur donde acoustique excitatrice. On les examinera succinctement plus loin.
b) Le rsonateur de Helmholtz
Lexprience de Helmholtz consiste fabriquer une bote (de volume V) relie lextrieur par un petit conduit (de section A et de longueur L). On dispose dune source sonore de frquence rglable et on met lorifice du conduit prs de loreille. Pour une certaine frquence bien dfinie, le son est nettement amplifi.
154
Lexplication du phnomne est la suivante : londe acoustique extrieure se traduit au niveau de lorifice par une fluctuation sinusodale trs petite de pression (pression acoustique). Cette oscillation de pression excite le petit tube dair contenu dans le conduit de raccordement. Ce petit cylindre dair est pouss et tir alternativement. Il joue le rle du piston dans la figure ci-dessous droite. Lair de la cavit est alternativement comprim ou dtendu et joue le rle de ressort. Quand la frquence dexcitation (frquence de londe acoustique) est la mme que la frquence propre du rsonateur, la pression dans la cavit varie avec une amplitude plus grande que la pression extrieure. Lorifice de la cavit rayonne alors une onde acoustique de mme frquence que londe extrieure mais plus forte (au moins localement). Pour une bote de petite dimension, la rsonance se situe dans le spectre sonore, mais laugmentation de la taille du rsonateur se traduit par une baisse de la frquence de rsonance qui passe dans le domaine infrasonore.
c) Frquence de rsonance dun rsonateur de Helmholtz

Une salle de volume v est en relation avec lextrieur par un conduit de diamtre D , de section A et de longueur L. On tudie le comportement dynamique sous laction dune excitation sinusodale extrieure en pression dont la pulsation est et dont lamplitude relative est y10. : p1 = p0 1 + y1 avec y1 =y10 sin t 2.101
onde acoustique
longueur L section A excitation
La rponse, cest--dire la pression lintrieur de la salle scrit ( est le dphasage entre p2 et p1) : p2 = p0 1 + y2 avec y2 = y20 sin t - 2.102
masse m
volume V
ressort
On calcule la masse dair contenu dans la salle en crivant quelle est proportionnelle la masse volumique. Et la masse volumique dpend de la pression (variable) par lintermdiaire de lquation de Laplace pour les transformations isentropiques. En effet, nous montrerons plus loin que la rapidit des compressions et des dtentes empche un change de chaleur significatif. De ce fait, on peut considrer les compressions et les dtentes comme adiabatiques et rversibles. La masse volumique dans la salle v ne sera uniforme que si la salle a une taille petite devant la longueur donde acoustique. m = 2 v = 0 p2 p0
1/
Fig. 2-59- Loscillateur de Helmholtz. Lair dans la galerie joue le rle dun piston, lair dans la salle constitue un ressort The model of Helmholtz oscillator cavity excited with external infrasonic wave
or
p2
1/
= p1/ 1 + y2 0
1/
= p1/ 1 + y2 0
car y2 << 1
2.103
Do la masse dair intrieur, en fonction de y2 : m = 0 v 1 + y2
2.104
On crit ensuite deux quations de bilan. Dabord le bilan de masse qui nonce que la drive temporelle de la masse de lair contenu dans la salle est gale au dbit entrant dair (compt algbriquement). On note U la vitesse instantane (moyenne de dbit) de lair dans la conduite et on la compte positive si elle est entrante, et ngative si elle est sortante. On suppose que toute la colonne dair dans le tube de longueur L se meut comme un solide vitesse uniforme : dm = 0 A U dt 0 v dy2 = A U 0 dt dy2 = A U v dt 2.105
La deuxime quation est celle de la dynamique. La drive temporelle de la quantit de mouvement de lair contenu dans le conduit de liaison est gale aux forces extrieures appliques, ici les forces de pression. Do la relation : 0 A L dU = p1 - p2 A dt dU = p0 y1 - y2 = c2 0 y1 - y2 dt 0 L L 2.106
155
Dans le calcul prcdent, on a utilis la proprit que la vitesse du son dans lair, note c0, se calcule par la relation : p0 = r T c2 0 = 0 0 2.107
Il ne faut pas stonner de voir apparatre la vitesse du son dans un problme basse vitesse. Elle apparat naturellement ds quon tient compte de la compressibilit de lair. On limine la vitesse U entre les deux quations de bilan et on aboutit une quation diffrentielle du 2e ordre en y2. :
2 1 d y2 + y2 = y1 2 2 0 dt
avec
2 A 2 0 = c0 vL
0 est la pulsation propre du systme oscillant
2.108
De la mme faon, en liminant la variable y2 entre les deux quations de bilan, on obtient lquation du 2e ordre : 1 d2 U + U = v y1 2 2 A 0 dt 2.109
Pour une oscillation sinusodale y1 , on obtiendra la rsonance la pulsation propre 0 , soit de priode propre : P = 2 = 2 0 c0 ou de frquence f = 1 = c0 P 2 vL A A = 53,8 vL A vL 2.110
2.111
Cette relation est celle quon trouve dans Cigna (1967) ou dans Choppy (1986). La vitesse du son a t suppose gale 338 m/s ce qui correspond une temprature de 10C.
d) Une cavit naturelle peut-elle tre assimile un rsonateur de Helmholtz ?

Le rsonateur de Helmholtz suppose que la salle en communication avec lextrieur ne possde pas dautres sorties. Cela correspond des cavits anciennes compltement bouches leur extrmit. Le conduit de raccordement ne doit pas tre trop gros, sinon les vitesses seront trs faibles et non mesurables. Le volume dune salle est une donne qui a un sens clair, mais la section dun conduit naturel de raccordement est une notion moins bien dfinie puisque un conduit naturel a en gnral une section variable. Quelle sorte de moyenne doiton considrer ? On a rencontr et rsolu cette question dans ltude de la renverse ( 2.5.4). De mme, la longueur peut poser problme, si la salle est raccorde lextrieur par une fentre correspondant un conduit de longueur nulle. Il est bien clair quil faut alors ajouter la longueur (nulle ici) une autre longueur qui a pour ordre de grandeur le rayon du conduit de raccordement. Lexprience confirme cette ide. Lord Rayleigh a montr que la longueur considrer dans la relation de rsonance est en fait L = L (1 + D/4L). Cela rejoint les problmes de masse virtuelle bien connus en coulement instationnaire. La forme de la salle intervient-elle dans la rsonance de Helmholtz ? Une simple galerie peut-elle constituer un rsonateur de Helmholtz ? Certaines configurations particulires sont favorables, dautres au contraire ne conviennent pas. Considrons par exemple une galerie borgne de longueur L et de section A. Il ny a pas de salle. Est-ce que cette galerie peut rsonner la Helmholtz ? La frquence propre, dduite de la relation dmontre plus haut, scrit : A = c0 vL 2L d'o la longueur d'onde acoustique = c0 = 2 L = 6,28 L f0 f0 = c0 2 2.112 2.113
156
Mais on avait suppos que la longueur du conduit est nettement infrieure la longueur donde acoustique. Ce nest pas tout fait le cas ici et le mouvement de lair dans la galerie nest pas tout fait synchrone. Le modle propos au-dessus serait retoucher. Contentons-nous de rappeler le rsultat. La frquence de rsonance la plus basse observe est celle dont la longueur donde est 4 fois la longueur de la conduite : = 4L f = c0 = c0 4L 2.114
Fig. 2-60- Exemple de calcul de la vitesse en fonction du temps (les signaux sont normaliss cause de la rsonance) Example of velocity computation versus time. Above, the excitation signal, below, the normalized response signal
Cette frquence de rsonance, classique pour les tuyaux dorgue, est celle quon mesure effectivement. Elle est un peu plus grande que celle donne par la formule des rsonateurs de Helmholtz (dun facteur 1,57).
On en dduit quune cavit ne pourra rsonner la Helmholtz que si elle possde une grande salle (dont la dimension est petite devant la longueur donde acoustique). Les rsonances acoustiques habituelles des conduits souterrains se font plutt une frquence multiple de celle dduite de la rsonance en quart donde.
e) Montrons que le changement de pression dans la chambre est bien adiabatique

Une compression adiabatique est une compression sans change de chaleur. Si une transformation est rapide, elle est adiabatique car pour changer de la chaleur, il faut un certain temps. Rciproquement, si une transformation est trs lente, elle est isotherme (ce qui reprsente lquilibre thermique). Dans une transformation relle, il y a toujours un peu dchange de chaleur la paroi. Lors dune compression dans une salle de volume v , la surface au contact tant appele S , la conduction thermique permet aux parois de refroidir lair au contact. Ce refroidissement progresse dans lair pendant une demi-priode. Lpaisseur concerne scrit : a e= 2.115 f La constante a est la diffusivit thermique de lair, f la frquence dexcitation. On en dduit que lair au contact de la paroi se refroidit la temprature de celle-ci et que la masse volumique de lair augmente. La masse volumique relle est donc la moyenne pondre des masses volumiques (adiabatique au centre et isotherme au contact de la paroi). Si lpaisseur de pntration de la chaleur est trs infrieure la longueur caractristique dans la salle, la compression sera considre comme adiabatique. Cette condition scrit : a << v1/3 f f >> a v2/3 2.116
Comme a est trs petit, cela conduit une condition qui est trs facilement vrifie, sauf, bien sr, pour des transformations vraiment trs lentes comme les variations saisonnires. Cette condition est valable si les changes thermiques se limitent ceux de la conduction. Mais la convection doit aussi tre prise en compte ces trs basses valeurs de f et la condition sur f doit tre remplace par une autre. Nous nen ferons pas ltude ici.
f) Les causes damortissement

Il y a trois causes damortissement qui limitent lamplitude des oscillations de pression. La premire cause est le rayonnement acoustique lorifice du rsonateur. Si loreille humaine tait sensible aux infrasons, cette mission serait entendue comme un son trs grave mis par le porche (bien pratique pour reprer des entres conduisant des gros volumes !). Ce phnomne a t tudi le premier puisquil permettait de comprendre lexprience de Helmholtz. Rayleigh a trouv le coefficient damortissement que ce rayonnement engendre (par prlvement dune partie de lnergie du rsonateur). On montrera plus loin que cette cause damortissement est en gnral ngligeable pour les cavits naturelles. Ce terme damortissement se traduit par une baisse de pression proportionnelle la vitesse. Cette pression doit tre retire la diffrence de pression qui intervient dans ltablissement du bilan des forces.
157
Arologie des systmes karstiques, partie 2, les courants dair dans la cavit, 2.5.6.g
La deuxime cause damortissement est le frottement visqueux sur les parois, que subit le courant dair alternatif. Si lcoulement est laminaire, ce frottement conduit une chute de pression (perte de charge) proportionnelle la vitesse. Si lcoulement est plus rapide et turbulent, le frottement provoque une chute de pression sensiblement proportionnelle au carr de la vitesse. La puissance mcanique prleve au systme est transforme dans tous les cas en chaleur. La troisime cause damortissement est lnergie cintique contenue dans le lcher priodique de tourbillons (du mme modle que les ronds de fume) de part et dautre du conduit de raccordement. Cette nergie cintique, en fait, est la mme que celle ncessaire pour acclrer le fluide lentre du conduit. Elle se traduit l aussi par une chute supplmentaire de pression proportionnelle au carr de la vitesse. On constate que les diffrentes causes damortissement se regroupent en deux termes : lun qui est proportionnel la vitesse dans le conduit de raccordement, lautre qui est proportionnel au carr de cette vitesse.
g) quation complte dcrivant le rsonateur de Helmholtz

La mise en quation est la mme que sans rsonance en ce qui concerne la compression adiabatique et le bilan de masse (quations 2.103 et 2.105). Seule lquation du bilan des forces est modifie pour tenir compte des nouveaux termes damortissement : 0 A L dU = p1 - p2 A - A c 0 u2 + 1 0 U2 L dt 2 2 D 2.117
Dans cette relation est gale +1 si U > 0 et gal -1 si U < 0. On peut crire aussi = sign(U). Le coefficient sans dimension c reprsente le coefficient dnergie cintique (classique en hydraulique). Il vaut 2 en coulement laminaire en tuyau et peu prs 1 en coulement turbulent. Le coefficient est le coefficient de perte de charge linique (qui intgre ici toutes les sortes de pertes de charge le long du conduit de raccordement). Son expression dpend de ltat de lcoulement, laminaire ou turbulent. Multiplions lquation prcdente par v/( p0 A2). On obtient : 1 dU + 1 U2 + 1 c U2 + v y2 = v y1 2 2 2 A A 0 dt 0 2D 0 2 L 2.118
Examinons successivement le cas laminaire et le cas turbulent. On sait que la transition pour une conduite rugueuse va arriver quand le nombre de Reynolds de lcoulement dans la conduite sera de lordre de 1000 (pour une conduite lisse ce nombre vaudrait 2000). Rgime laminaire U D < 1000 En reportant dans lquation, on obtient : 1 d2 U + 32 1 dU + c 1 U dU + U = v 0 1 dy1 2 2 L 2 dt A 0 dt 0 dt D2 0 0 dt 0 Rgime turbulent U D > 1000 on a alors peu prs = 0 2.121 2.120 on a alors = 64 = 64 UD UD 2.119
On pourrait adopter pour le coefficient de perte de charge une expression plus complique, mais il ne semble pas que ce raffinement soit ncessaire ici.
158
Climatologie du monde souterrain, tome 2, 2.5.6.h
En reportant dans lquation, on trouve : 1 d2 U + 0 + 1 1 U dU + U = v 0 1 dy1 2 2 D L 2 dt A 0 dt 0 dt 0 2.122
Finalement, on peut trouver, en comparant les deux quations, une formulation commune dans les rgimes laminaire et turbulent sous la forme suivante : 1 d2 U + B1 dU + B3 U dU + U = v 0 1 dy1 2 0 dt 2 2 dt A 0 dt 0 dt 0 + 1 B1 = 32 D2 0 2 B1 = 1 2 A3 2 v L3 2 0 en laminaire et avec en turbulent 2.123
avec
A3 2 v L3 2 0
2 en laminaire L 0 B3 = 1 0 + 1 en turbulent 0 D L B3 =
On a ajout au terme B le terme damortissement d au rayonnement acoustique (dont lexpression est tire du livre de Matthieu p. 118). Ce terme est petit mais sa prise en compte ne complique pas les quations. On peut aussi considrer la variable y2 et on obtient par intgration de lquation en U , lquation suivante :
2 1 d y2 + B1 dy2 + B2 2 0 dt 2 2 0 dt 0
dy2 dt
+ y2 = y1
2.124
avec
+ 1 B1 = 32 2 D 0 2 B1 = 1 2
A3 2 v L3 2 0
en laminaire et avec en turbulent
B2 = B2 =
V LA
en laminaire en turbulent
A3 2 v L3 2 0
V 0 + 1 2 A D L
Ces quations sont des quations diffrentielles du second ordre non linaires. Leur rsolution mathmatique est complique et ncessite de dvelopper le terme non linaire en srie. Nous ne nous attarderons pas trop sur les problmes mathmatiques, mais nous utiliserons plutt loutil numrique. Lexamen attentif des quations montre que le terme damortissement est faible, cest--dire quil faut beaucoup doscillations pour monter la rsonance et que larrt de lexcitation se traduira par larrt de loscillateur aprs beaucoup doscillations. On en dduit que la plupart des proprits du rsonateur de Helmholtz peuvent tre tudies partir dune quation approche linarise du rsonateur.
h) quation linarise du rsonateur et solutions diverses de cette quation

Linarisation Pour linariser lquation, il suffit de linariser le seul terme non linaire. Le principe est de remplacer un des termes par une bonne approximation. Cette linarisation fait disparatre le terme comme on pouvait sy attendre. Pour l'quation en vitesse : B3 U dU B3 U0 1 dU 0 dt 2 0 dt B2 2 0 dy2 dt
2
2.125
Pour l'quation en pression :
B2 y20 1 dy2 2 0 dt
2.126
Dans ces relations u0 est lamplitude de la vitesse et y20 est lamplitude des oscillations relatives de la pression.
159
Lquation linarise scrit donc pour les vitesses : 1 d2 U + B5 dU + U = v 0 1 dy1 2 0 dt 2 A 0 dt 0 dt et pour les pressions :
2 1 d y2 + B4 dy2 + y2 = y1 2 0 dt 0 dt2
avec B5 = B1 + 2 U0 B3 2
2.127
avec
B4 = B1 + 2 y20 B2 2
2.128
La solution permanente avec excitation sinusodale On va sintresser seulement lquation en pression. Les rsultats sont peu prs les mmes pour lquation en vitesse, sauf que les vitesses sont en quadrature par rapport aux pressions. Remplaons le temps t par un temps sans dimension = 0 t. Lquation linarise en y2 devient :
' y" 2 + B4 y2 + y2 = y10 sin p
avec p = 0
2.129
La solution priodique est calcule dans tous les manuels de physique. Elle s'crit : y2 = y20 sin p - avec y20 = y10 1 1-p
2 2
B2 4
et tg = B4 p2 1-p
2.130
La dtermination de y20 nest pas termine puisque le coefficient B4 dpend de y20. On calcule commodment lamplitude en rsolvant lquation ci-dessous par une mthode itrative numrique. Il suffit de se donner la valeur la rsonance par exemple, de linjecter dans le dnominateur de droite et den tirer une nouvelle valeur et cela jusqu convergence. Ce processus constitue un algorithme itratif de calcul. y20 = y10 1 1-p
2 2
+p
B1 + B2 y10 y20 2 y10
2.131
La valeur de lamplification la rsonance se calcule en rsolvant une quation ordinaire du 2e degr, ce qui conduit la solution suivante : y20 y10 =
rsonance
B1 2 B2 y10 U0 = v y20 A
1 + 2 2 B2 y10 -1 B2 1
2.132
On en dduit l'amplitude de la vitesse :
2.133
On pourrait tudier toutes sortes de question intressantes. Mais labsence de donnes exprimentales nous suggre de nous contenter de donner une liste de quelques points approfondir : le transitoire avec excitation sinusodale, la solution libre sans excitation extrieure autre quinitiale. Il resterait aussi envisager les autres gomtries pouvant conduire une rsonance de Helmholtz et aussi tudier les frquences propres plus leves que le fondamental.
2.5.7. Les oscillations de relaxation

Nous avons vu prcdemment, des rseaux entrer en rsonance suite certaines excitations extrieures la cavit. La frquence est impose a priori. Ce sont des systmes frquences propres. Lextrieur se contentant dapporter lnergie la vibration.
160
Nous allons examiner maintenant des systmes qui nont pas de frquences propres, mais dont loscillation est gnre par des circonstances particulires. Ce sont des oscillateurs relaxation. Un oscillateur relaxation est toujours associ un mcanisme qui est quelquefois difficile dcouvrir. Les sources intermittentes constituent une sorte de prototype de ce modle doscillateur. Les oscillations de relaxation dans les courants dair souterrains sont sans doute nombreuses, mais en labsence de mesures continues, elles passent le plus souvent inaperues car elles sont, la plupart du temps, transitoires. Haselmann (indit) en signale un bel exemple dans le Faustloch en Suisse.
a) Oscillations de relaxation la transition turbulente - laminaire

Au moment de la renverse dun courant dair, les vitesses deviennent petites et le rgime dcoulement passe de turbulent laminaire et vice-versa. Commenons par dcrire ce phnomne classique dinstabilit au voisinage de la transition (fort bien dcrit dans Soutif 1970 p. 30). La pression motrice fournit une certaine vitesse lcoulement. Supposons une diminution progressive de la pression motrice (associe une variation lente de la temprature extrieure par exemple). La vitesse suit le mouvement et dcrot rgulirement (point D). Le rgime reste turbulent. Arriv au point A, il y a relaminarisation de lcoulement et le point figuratif passe brutalement en B. Mais alors, la perte de charge devient plus petite que la pression motrice et le fluide se met acclrer. Le nombre de Reynolds se met augmenter et larrive au point C, il y a transition laminaire-turbulente qui fait passer le point de fonctionnement au point D. La perte de charge tant plus grande que la pression motrice, il y a de nouveau ralentissement et ainsi de suite. Le point reprsentatif dcrit la boucle ABCD et les vitesses oscillent rgulirement autour de la valeur critique. Cette oscillation est une oscillation de relaxation. Elle suppose que le nombre de Reynolds ait un sens pour un tronon tendu de galerie et donc, que le rseau prsente un tronon de diamtre constant.
perte de charge p4 p3 p2 p1
min loi la
oi D l
bu tur
len
te
A C B
aire
plage des pressions motrices
vitesse V2
V1
Fig. 2-61- Oscillation la transition laminaire-turbulente Relaxation oscillation at laminar-turbulent transition
Le phnomne ne pourra subsister que si la pression motrice appartient la plage des valeurs p2 p3 . Si la temprature continue voluer, lcoulement sort de lui-mme de cette oscillation. Loscillation peut dmarrer en phase croissante de la vitesse ou en phase dcroissante. Lamplitude des fluctuations de vitesse dpend de la diffrence V2 - V1 du cycle dhystrsis. Cette diffrence dpend malheureusement des rugosits des parois car ces dernires jouent un grand rle dans lapparition des figures dinstabilits (spot turbulents) qui propagent la turbulence tout lcoulement. Cette diffrence de vitesse est donc suppose mesure. Il est facile alors de trouver la priode des oscillations par un petit modle tenant compte de linertie de la masse dair. Ces oscillations nont, semble-t-il, jamais t observes, mais peut-tre quon ne les a jamais cherches ! Mise en quation On se donne un conduit trs rgulier de diamtre D , de longueur L , de dnivellation entre les deux entres H. Le terme moteur est li la dnivellation et la diffrence des tempratures intrieure et extrieure. Le terme rsistant varie suivant que lcoulement est laminaire ou turbulent : L int dV = dt int Tint - Text g H - L 1 int V V Tint D2 LV - 32 2 D si si turbulent 2.134
T - Text L int dV = int g H int dt Tint
laminaire
2.135
On supposera que les deux vitesses V1 et V2 sont associes deux nombres de Reynolds quon prendra gaux respectivement Re1 = 1500 et Re2 = 2000 (ces valeurs demanderaient une tude complmentaire). Ces vitesses sont aussi associes la dnivellation H et la diffrence de tempratures qui doit donc rester dans une certaine plage.
161
Arologie des systmes karstiques, partie 2, les courants dair dans la cavit, 2.5.7.a
La dfinition des nombres de Reynolds fournit les deux vitesses : int V1 D = Re 1 V1 = Re1 int D et V2 = Re2 int D 2.136
On calcule les pression p1, p2, p3, p4, grce aux vitesses : L V p1 = 32 1 2 D L V p2 = 32 2 2 D p3 = L 1 intV2 1 D2 p4 = L 1 intV2 2 D2 2.137
On prendra comme pression motrice la demi-somme de p2 et p3 . Pour la dtermination de la priode de la relaxation, nous simplifions les deux quations sous la forme approche : L int dV dt p2 + p3 - p3 + p4 = p2 - p4 2 2 2 - p1 + p2 = p3 - p1 2 2 turbulent 2.138
L int dV p2 + p3 dt 2
laminaire
2.139
On en dduit facilement lordre de grandeur des temps pour parcourir respectivement DA et BC (on nglige les temps pour parcourir AB et CD) : tDA = 2 L int V2 - V1 tBC = 2 L int V2 - V1 2.140 p4 - p2 p3 - p1 Les deux conditions dexistence p3 - p1 0 p4 - p2 0 et p3 - p1 0 se ramnent linquation unique : 64 Re1 = 0,04 2.141
32 L V 0 L 1 intV2 1 1 D2 D2
La priode de loscillation est simplement la somme de ces deux temps calculs en 2.140. Si on examine linfluence des diffrents paramtres sur la priode, on voit que la longueur L du conduit et la hauteur H ninfluent pas sur la priode de relaxation, mais que cette priode crot comme le carr du diamtre. Exemple de rsolution numrique dans un cas particulier L encore, on se contentera de faire une rsolution sur tableur pour le cas particulier suivant : D = 1 m, (L = 1000 m, H = 100 m), = 0,1. On choisit comme nombre de Reynolds 1500 et 2000, qui correspondent deux vitesses : V1 = 0,03 m/s et V2 = 0,04 m/s. On voit sur la figure ci-contre que la priode de la relaxation est 1220 s soit 20 mn environ, dans le cas choisi. Cette priode est assez longue. Les variations de la vitesse tant assez petites, il nest pas vident de reprer ce phnomne puisquil faut des conditions extrieures particulires, et stables dans le temps. Les formules approches (2.140) donnent des ordres de grandeur des temps respectivement : 364 s et 774 s soit une priode de 1138 s. Lcart de 7 % par rapport la valeur du calcul numrique est raisonnable.
Vitesse (en m/s)
0,042 0,040 0,038 0,036 0,034 0,032 0,030 0,028 0 500 1000 1500
temps (en s)
Fig. 2-62- Rsultats de calcul numrique montrant une oscillation de relaxation au passage de la transition laminaire turbulente. Les deux nombres de Reynolds choisis sont Re1 = 1500 et Re2 = 2000 Computing example of relaxation oscillation of air velocity at laminar-turbulent transition
162
vitesse
Fig. 2-63- Dessin montrant qualitativement linversion du sens du courant dair avec oscillations de relaxation Revarsal of air flow with relaxation oscillation
oscillation de relaxation
coulement turbulent plage laminaire
transition 0 transition relaxation temps inversion
b) Autres causes doscillations

La plupart des oscillations de courant dair quon rencontre dans les rseaux maills ne sont pas bien comprises. Il doit exister dautres schmas simples que ceux examins au-dessus et qui permettraient de comprendre ces oscillations. Contentons-nous dindiquer une autre cause dinstabilit, cest leffet Coanda qui fait quun jet dair a tendance sattacher dun ct ou dun autre dune galerie au gr des fluctuations turbulentes. Cet effet, coupl une configuration en oscillateur de Helmholtz, pourrait entretenir des courants dair oscillants.
_______________________
163
2.6. volution le long dune galerie des caractristiques dun courant dair
Introduction. Pour mettre en application ce que nous avons vu dans la premire partie sur le calcul de la vitesse du courant dair et sur les transferts de chaleur et deau, loccasion des changes entre lair et les parois, nous allons examiner un tube vent et trouver lvolution, tout au long du conduit, de la temprature de lair et de son humidit, en supposant connue la rpartition des tempratures de la paroi. Un grand rseau karstique est le plus souvent le sige de circulations deau. Des changes de chaleur ont donc lieu entre lair, leau et les parois des galeries. Cest grce ces changes que la temprature de lair volue dans les rseaux souterrains, crant ainsi une diffrence de pression motrice, origine du mouvement. Il nest donc pas possible a priori, de sparer ltude des circulations dair de celles des changes de chaleur (cf. troisime partie). Il serait tentant de supposer que linfluence de leau de suintement, ruissellement et percolation, est ngligeable. Ce serait commettre une grave erreur que les observations (Claude Andrieux) nous permettent dviter. En raison de la variabilit de ce rle thermique de leau suivant les rseaux, nous examinerons les deux cas extrmes suivants : dabord, leau de percolation sera suppose abondante au point de sopposer aux variations de temprature de la paroi (variations qui seraient dues lair) ; ensuite dans la partie 3 nous supposerons la galerie sche, avec une paroi en interaction thermique avec lair. La ralit est bien sr intermdiaire entre ces deux cas extrmes.
2.6.1. Les changes de chaleur et de masse a) Variations de la temprature de lair en labsence dchange de chaleur avec la paroi
Le profil de temprature, en fonction de laltitude, de lair circulant dans un rseau sans changer de chaleur avec la paroi, serait gradient adiabatique : dT 2.142 = - 0,01 C . m-1 dz adiab sec Si lair est 100% dhumidit et quil slve, la condensation qui accompagne le refroidissement attnue ce gradient thermique comme on la vu la partie 1. On a affaire au gradient adiabatique humide : dT dz - 0,005 C . m-1
adiab humide
2.143
On pourrait se demander quel est lapport thermique d aux frottements visqueux, ce quon appelle la dissipation turbulente. On a vu plus haut ( 2.2.5) quon pouvait le ngliger en gnral.
b) Lois des transferts thermiques entre lair et la paroi

Lcoulement de lair est laminaire dans les grandes salles et turbulent dans les galeries plus petites. Les lois dchanges de chaleur en convection force nont pas t tablies pour des conduits aussi irrguliers que ceux des cavits naturelles, mais faute de mieux, nous les utiliserons ici. Nous faisons une petite entorse aux mthodes tablies dans la premire partie en raisonnant laide du coefficient dchange thermique hth plutt qu partir du nombre de Nusselt (hth = Nu a/D). En fonction des conditions dcoulement, on peut crire deux lois : 1- coulement laminaire 2- coulement turbulent = h*th T1r - T = hth T1r - T avec h*th = 4,36 a D h*th en W.m-2.K-1 2.144 2.145
avec hth = a Pr1/3 -0,8 D-0,2 U 0,8 en W.m-2.K-1 a
Pour lexpression 2, nous avons adopt la loi de Colburn gnralise (loi de Colburn si = 0,023). reprsente le flux de chaleur chang par unit de surface, T1r est la temprature de paroi, T la temprature moyenne de dbit de lair (cf. 1.4.3.c pour les dfinitions) est la conductivit, Pr le nombre de Prandtl, la viscosit cinmatique de lair, D est le diamtre du conduit et U la vitesse mouenne de dbit.
164
Nous navons rappel la loi laminaire que parce que Cigna (1968) la utilise sans remarquer quelle nest presque jamais applicable. Wigley et Browne (1971) ont utilis, eux, la loi dHoffmann trs proche de la corrlation de Colburn. Si on compare les flux de chaleur calculs en coulement turbulent pour une mme longueur de galerie, un mme dbit et des diamtres diffrents, on a trouv (cf. 1.4.3.g) que le flux chang varie comme linverse du diamtre la puissance 0,8. Comme pour les pertes de charge, ce sont les resserrements qui permettent le plus fort change. Mais, contrairement ltude des pertes de charge o seules les plus petites sections taient prendre en compte (exposant 5 pour le diamtre), ici, pour les changes de chaleur, lexposant plus faible ne nous permet pas de ngliger les grandes galeries. Le diamtre quivalent thermique nest pas trs diffrent du diamtre moyen, alors que le diamtre quivalent pour les pertes de charge est nettement plus petit.
c) Condensation et vaporation
une temprature donne, lair peut contenir une quantit limite de vapeur deau. Mais cette concentration maximale varie beaucoup avec la temprature (cest la courbe de saturation tudie dans le 1.1.4.c). Lorsque lair pntre, en t, dans une cavit plus froide (point A), sa temprature baisse par un mcanisme complexe. Lair, dans la couche limite thermique au voisinage de la paroi se refroidit par conduction. Les couches extrieures de la couche limite thermique se mlangent, grce la turbulence, lair du cur de lcoulement, assurant son refroidissement. Si la temprature des parois est plus leve que la temprature de rose Tr , il peut se produire une vaporation de leau sur la paroi, du moins sil y en a (trajectoire de lair AB sur lisenthalpe de la figure 2-64). Dans le cas plus frquent o la paroi a une temprature infrieure la temprature de rose Tr , de leau se condense sur la paroi ; do une diminution de concentration en vapeur deau, cest--dire un gradient de concentration qui amne un flux de molcules deau par le phnomne de diffusion, trajectoire AD sur la figure ci-contre. Ce phnomne diminue la quantit deau contenue dans le courant dair, mais lhumidit relative augmente. Dans les deux cas, la chaleur latente de changement dtat est prise ou apporte leau de la paroi. Lorsque lair pntre en hiver dans une cavit plus chaude (figure 2-65), il se rchauffe au contact de la paroi. Si la paroi est humide, il se produit une vaporation qui a tendance scher la paroi et humidifier lair (trajectoire de lair AE). Si la paroi est dj sche, il ny a pas de changement de la quantit deau contenue dans lair entrant mais lhumidit relative diminue (trajectoire de lair AF). L encore, le changement dtat se produit la paroi qui assume le rle nergtique. Dans cette discussion, la temprature T est la temprature moyenne de mlange de lair. Localement, il y aura des diffrences de concentration perpendiculairement la paroi mais ces diffrences sattnueront car la mise en rgime de lhumidit de lair ne concerne que les zones dentres des cavits.
humidit spcifique courbe de saturation B w C D T Tr T A
Fig. 2-64- Trajectoires possibles de lair, en t, dans le diagramme de lair humide Possible trajectories of wet-air in psychrometric diagram
humidit spcifique courbe de rose E w C D Tr A T T F
Fig. 2-65- Deux trajectoires de lair, en hiver, dans le diagramme de lair humide suivant que la paroi est sche (AF) ou non (AE) Two different trajectories of air for a dry or wet wall
Le phnomne dvaporation-condensation pourrait sembler complexe, mais la chaleur et la matire obissent toutes deux une diffusion de gradient. Comme on la vu dans la premire partie ( 1.5.3), la loi de Fourier pour la conduction thermique correspond, pour le transport de matire, la loi de Fick. Le fait que les diffrences de tempratures soient faibles devant la temprature absolue de la roche et le fait que les diffrences de pressions partielles soient faibles devant la pression atmosphrique nous permet de ngliger linfluence de ces paramtres sur la cinmatique locale de lair.
165
Dans le coeur de lcoulement, la turbulence diffuse indistinctement la chaleur et la vapeur deau. Prs des parois, dans la couche limite, la diffusion molculaire redevient prpondrante. Pour la chaleur, cest le nombre de Prandtl qui intervient (rapport de la diffusivit de quantit de mouvement sur la diffusivit thermique). Pour la diffusion de masse, cest le nombre de Schmidt (rapport de la diffusivit de quantit de mouvement sur la diffusivit de masse). Il se trouve que pour lair Pr = Sc . On en dduit que les transferts de chaleur et de vapeur deau obissent des quations identiques. Aux deux lois dchanges pour la chaleur correspondent deux lois dchanges pour la vapeur deau (cf. 1.4.3.e et 1.5.3.a) : 1- coulement laminaire qw = h*th 1 w - wS1 2.146 cp 2- coulement turbulent qw = hth 1 w - wS1 cp 2.147
Dans ces expressions, les coefficients dchanges thermiques hth et h*th sont les mmes que pour les changes de chaleur, cp est la capacit thermique massique de lair, qw reprsente le dbit masse de vapeur deau vers la paroi, w est lhumidit spcifique de lair et wS1 lhumidit spcifique de saturation pour la temprature T1S , si la paroi est mouille ou si T1 est infrieure la temprature de rose. En revanche, wS1 = w si la paroi est sche ou si T1 est suprieure la temprature de rose. Dans ce dernier cas, il ny a pas de transfert de vapeur deau. Formation de brouillard. On a vu dans la partie 1 que la courbe de saturation ayant sa concavit vers le haut, le mlange de deux masses dair de tempratures diffrentes et satures en humidit, saccompagne de la formation dun brouillard. Ce phnomne est du mme type que la corrosion par mlange des eaux, chre Bgli, qui provient elle aussi dun phnomne de concavit de la courbe de saturation en CaCO3 dissous. On calcule facilement la quantit de brouillard (gouttes deau) produit (cf. 1.5.4).
d) Refroidissement maximal de lair par vaporation de leau (aux entres aspirantes)

Lair qui est aspir par une cavit est rarement saturation. Dans les rgions tempres, on constate en revanche que lair des cavits est souvent proche de la saturation. On en dduit que lvaporation de leau des parois provoque un refroidissement de lair. Si la transformation de lair est adiabatique, elle se traduit, dans le diagramme de lair humide, par un dplacement du point caractristique de lair suivant peu prs une isenthalpe. La temprature limite obtenue est la temprature humide de lair. Le graphique ci-contre indique la chute de temprature quand un air de temprature donne et dhumidit relative donne se charge dune manire adiabatique de vapeur jusqu saturation. La chute de temprature augmente quand la scheresse de lair ou la temprature augmentent. Lair qui entre dans les cavits naturelles se refroidit en moyenne par ce processus. Pour une temprature de 8C, labaissement de la temprature est 4,2C pour une humidit relative de 50%. Les courbes ntant pas des droites, la moyenne du refroidissement nest pas le refroidissement de la moyenne de la temprature. Le refroidissement calcul est un maximum, car la roche profonde amne la paroi un flux de chaleur pour compenser partiellement celui qui est concern par le changement dtat. La temprature de leau la paroi, quant elle, volue vers la temprature humide de lair.
chute de temp rature (en C)
26 24 22 20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 -10 0 10 20 30 40
temp rature d'entr e (en C)
=0%
= 30 %
= 50 % = 70%
= 100 %
Fig. 2-66- Chute maximale de temprature de lair obtenue par vaporation deau par lair pour diffrentes tempratures et diffrents taux dhumidit initiaux Air cooling by water isenthalpic evaporation for different temperatures and humidity
166
2.6.2. tude dun tube vent temprature de paroi uniforme

Le cas dune temprature de paroi uniforme est le plus simple quon puisse rencontrer. La temprature des parois est la mme tout le long du conduit. Ce cas constitue une bonne approximation dune galerie qui est le sige de suintements ou dcoulements deau. Nous montrons dans le a que la temprature de leau peut tre considre, sous certaines conditions, comme constante. Ce cas correspond aussi un courant dair qui est cr par louverture dune porte dans un conduit qui tait isotherme prcdemment. La plupart des auteurs ont adopt cette hypothse (Cigna 1958, Andrieux 1969, Wigley et Browne 1971). La raison en est simplement la facilit dintgration.
a) Temprature de leau et de la roche

On verra plus loin, au 4.3.2, lchauffement de leau de T = 2,34C pour 1000 m de dnivellation sous laction des forces de pesanteur, via la dissipation visqueuse. Leau reoit aussi le flux gothermique. Ainsi pour une lame deau annuelle de 1 m et un flux gothermique normal pour les rgions calcaires de 0,06 W.m-2, laugmentation moyenne des tempratures de leau est 0,45C. Plus la pluviomtrie est faible et plus ce facteur est important. Cette augmentation de temprature a lieu au voisinage du niveau pizomtrique du rseau. Ici, nous supposerons les dnivellations peu importantes et linfluence du flux gothermique ngligeable, de sorte que la temprature de leau reste constante et les gradients adiabatiques sec ou humide seront ngligs. Temprature des parois dune cavit. Dans le modle que nous tudions, leau qui est suppose suinter des parois maintient, grce sa forte chaleur massique, la temprature de la paroi constante. Mais cela nest possible, surtout aux voisinages des entres o sont situs les plus forts gradients thermiques, que si leau est renouvele suffisamment. Cela suffit pour nous montrer le caractre approch de ce modle dont le mrite est dtre un modle limite.
b) Variations le long de la galerie de la temprature moyenne de dbit, du courant dair

Nous allons crire le bilan thermique dune tranche dair. Ce bilan se traduit simplement en termes physiques. La chaleur gagne (algbriquement) par lair pendant chaque seconde est gale au flux apport par la paroi. En utilisant un vocabulaire ancien, cette chaleur se dcompose en chaleur sensible (traduite par une augmentation de temprature) et en une chaleur latente (dvaporation ou de condensation). Dans un langage plus moderne, on dira que cette chaleur est plus prcisment la variation denthalpie de lair qui est fonction de sa temprature et de son humidit. La figure ci-contre fournit les notations utilises. Le bilan dnergie pour lair (en chaleur sensible uniquement) se traduit par lquation : T = 4 hth T1R - T x cp D U 2.148
dx D U x
Fig. 2-67- Bilan de chaleur le long dun conduit Notations for energy balance in a duct
Labsence de terme de chaleur latente montre que nous admettons que lnergie pour vaporer leau est prise sur la paroi maintenue isotherme.
c) volution de lhumidit spcifique

chaque seconde, et pour une longueur dx de galerie, la diffusion molculaire dpose sur les parois une quantit deau qui est soutire au volume dair qui transite, do une baisse de concentration en vapeur deau : w = 4 hth wS1 - w x cp D U 2.149
167
Le brouillard peut se former quand lhumidit spcifique a rejoint la valeur de saturation et quand linquation suivante est vrifie : w > dws T x dT x
humidit spcifique wB' wB wB" w
B' courbe de rose B B" A T T dT
2.150
Cette dernire condition peut studier sur le schma ci-contre qui permettra de la comprendre. Sur un tronon de galerie dx , la temprature volue de dT et lhumidit spcifique de dw . Sur le diagramme, lvolution qui respecte la condition au-dessus est AB. Le point sort de la courbe de saturation, il y a production de gouttes deau wB -wB. Le point figuratif pour lair revient sur la courbe de rose AB. En revanche, la trajectoire AB, qui ne respecte pas la condition au-dessus, quitte la courbe de saturation. Il ny a plus formation de brouillard. La condition est donc dmontre.
Fig. 2-68- volution de lhumidit de lair Wet air evolution in a Carrier diagram
d) Le systme dquations
La condition trouve au-dessus peut encore scrire : E< 0 avec E= 4 hth w - ws1 + dws T cp D U dT x 2.151
Pour tenir compte de la condition dtaille ci-dessus ( est lhumidit relative ), posons : = 1 si E < 0 et = 1 sinon =0 2.152
Lquation dvolution de la temprature scrit : T = 4 hth T1R - T x cp D U Lvolution des humidits spcifiques vrifie, quant elle : w = - 1 4 hth w - wS1 x cp D U + dwS T dT x 2.154 2.153
Le premier terme correspond au transfert de masse (en labsence de saturation), alors que le deuxime ne joue que lors de la saturation est donne une volution sur la courbe de saturation.
e) Mthode de rsolution numrique

La rsolution doit tre mene numriquement comme suit : on connat la rpartition des tempratures extrieures en fonction du temps. On part de la condition initiale T = T0 quelque soit labscisse x , on en dduit, linstant initial, la diffrence de pression motrice do lexpression de la vitesse U . On rsout les deux quations discrtises de la temprature et de la concentration en vapeur deau et on itre, t + t , le calcul pour de nouvelles conditions extrieures. On utilise lquation de la saturation ( 1.1.4.c) pour expliciter la drive de lhumidit spcifique saturation par rapport la temprature.
f) Proprit importante de ce type de rseau : labsence de mmoire

Si la temprature extrieure varie brutalement du fait dune perturbation mtorologique ou dun orage, la pression motrice varie tout aussi brutalement. Linformation de ce phnomne se propage rapidement dans la cavit (cf. transitoires, 2.5.3), la temprature de la veine dair volue quant elle, vers une nouvelle valeur en un temps plus long, de lordre de L/U . Ces deux temps tant assez faibles, on peut donc dire que la circulation et la temprature de lair suivent pratiquement, sans dphasage, les variations extrieures. Ce que lon peut exprimer en disant que le rseau na pas de mmoire (au maximum une mmoire qui ne dpasse pas quelques heures).
168
Climatologie du monde souterrain, tome 2, 2.6.2.g
La pression motrice dpend bien sr de la diffrence entre la temprature extrieure et la temprature moyenne intrieure. Cette temprature moyenne intrieure serait la temprature profonde de la cavit si les galeries prs des entres taient horizontales (voir figure 270). En revanche si les galeries prs des entres sont verticales (figure ci-contre), alors la prsence ventuelle dun air non encore lquilibre thermique dans des galeries inclines fait que la dnivellation gnrale H est remplacer dans le calcul de la pression motrice par une dnivellation diffrente de H. En rgime hivernal (figure 2-69), lair entre en A et ressort en B. Mais si la veine dair entrante ne se rchauffe que vers le point C , le tirage sera d la dnivellation H + H au lieu de H. De mme, lt, quand le courant dair entre par lentre B, si la veine dair ne sest refroidie que vers le point D, alors la pression motrice se calcule partir de la dnivellation H + H plutt que H. Le problme dynamique de la dtermination de la pression motrice, nest pas indpendant du problme thermique. Cette tude gnrale sera faite dans la partie 3. Nous donnons ci-aprs une solution dans un cas particulier simple.
D H"
D'
B H A H' C
Fig. 2-69- La vitesse de lair dpend dune manire complexe des dnivellation H, H, H The air velocity is an intricate function of geometrical parameters
B H
g) Rsolution analytique dans un cas particulirement simple

Cest le cas o le problme dynamique et le problme thermique sont dcoupls car ltablissement dun rgime thermique uniforme a lieu dans des galeries horizontales (cf. figure 2-70). La zone verticale est une zone profonde dont la temprature est constante tout le long de lanne. La pression motrice ne dpend donc que de la temprature extrieure et de la dnivellation H. Nous supposerons de plus quil ny a pas de formation de brouillard. Ce cas a t trait par Wigley et Browne (1971). L'quation d'volution s'crit alors : hth dT = - 4 dx T - T1R cp D U
A
Fig. 2-70- Cas trs simple o la temprature dans la zone verticale est constante au cours de lanne The very simple case of constant air temperature in the column
qui s'intgre en T = T1R + T0 - T1R exp - x - b x0 cp D U avec x0 = 1 = 5,43 Pr2/3 Re0,2 D 4 hth en prenant dans la relation de Colburn = 0,046 Si U > 0 T0 = TA et b = 0 Si U < 0 T0 = TB et b = L L'humidit spcifique de l'air vaut : Si U > 0 w0 = wA Si U < 0 w0 = wB w = w1 + w0 - w1 exp - x - b x0
2.155 2.156
2.157
Le paralllisme exact entre les expressions sans dimension de la temprature et de lhumidit montre que lanalogie de Lewis (cf. partie 1-5-3) sapplique exactement dans ce cas simplifi. Cela sera toujours le cas avec des conditions de paroi constantes (temprature constante et saturation la paroi).
169
Arologie des systmes karstiques, partie 2, les courants dair dans la cavit, 2.6.2.h
h) Cas des galeries ramifies

Si un rseau se prsente prs de lentre sous la forme dun delta, cest--dire avec plusieurs galeries en parallle, le dbit dair se rpartit entre les diverses galeries de telle sorte que la perte de charge est la mme pour chacune delle. On peut calculer dans le cas de n galeries de mme diamtre Dn, le rapport x1/xn x1 tant la longueur influence thermiquement pour une galerie de diamtre D1 et xn, pour une des n galeries de diamtre Dn : x1 = D1 U1 hth n = D1 U1 xn Dn Un hth 1 Dn Un
0,2
2.158
On constate que si le diamtre des n galeries parallles est le mme que celui de la galerie principale, la longueur influence change peu. Par exemple pour un rseau de n = 4 galeries parallles, la longueur influence est rduite 76 % de la longueur influence si la galerie tait unique. On comprend assez facilement leffet de compensation. une vitesse plus faible, correspond une inertie thermique plus faible, mais lchange est plus faible la paroi. Les deux effets se compensent presque. On a vu dans la premire partie (cf. 1.4.3.j) que le flux total chang augmente avec le nombre de ramifications.
2.6.3. La distance caractristique thermique

La distance caractristique x0 correspond un amortissement de lcart de temprature de lair entrant de la valeur 1 la valeur 1/e = 0,37. On trouve lexpression (en prenant comme constante dans la relation de Colburn : = 0,046) : x0 = 5,43 Pr2/3 Re0,2 D = 5,43 0,72/3 soit 1 15.10-6
0,2
V0,2 D1,2
2.159 2.160
x0 = 49 V0,2 D1,2
Le courant dair rejoint la temprature de la cavit au bout dune distance qui augmente quand la vitesse augmente et quand le diamtre augmente. Par exemple, pour une vitesse de 1 m/s et un diamtre de 2 m, on obtient x0 = 113 m. Lgalisation thermique est trs rapide, lcart de temprature est rduit 10 % au bout de 210 m. Plus la vitesse est grande et plus la longueur caractristique est grande elle aussi, mais dans une proportion bien moindre. Ainsi, un doublement de la vitesse se traduit par une longueur caractristique multiplie par 1,15, soit 15 % daugmentation seulement. En revanche, le rle du diamtre moyen est important. Pour un doublement du diamtre, la longueur damortissement est multiplie par 2,3. Conclusions. Cette longueur est celle qui intervient ds quune porte est ouverte dans une galerie. En labsence de courant dair, la galerie est quasi isotherme. Mais une fois la porte ouverte, et si un courant dair samorce, la longueur influence thermiquement est celle trouve au-dessus. On verra dans la partie 3 que le maintien du courant dair saccompagne dune augmentation lente de la zone influence au cours du temps. Il faut bien remarquer que la valeur numrique dduite de la relation 2.159 est tributaire du choix du coefficient dchange retenu. Des expriences sur le terrain conduiront probablement des modifications des lois des transferts convectifs. Les coefficients du genre 5,49 ou 49 seront donc modifis. On a dj vu la difficult de dfinir un diamtre quivalent thermique pour une cavit naturelle. Ce nest pas une grandeur facilement dterminable. Mme mieux, on peut dire que le diamtre quivalent se dduira dexprrience de terrain qui fourniront la distance caractristique x0. Cest dun va-etvient multiple entre lexprience et la thorie que peut se consolider une modlisation du karst.
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170
Conclusions de la deuxime partie

Faisons un retour en arrire sur les principales questions ou rsultats prsents dans la partie 2. Le premier chapitre a t loccasion de brosser un panorama des diffrentes origines ou dispositions des courants dair, avec les cellules de convection naturelle, les tourbillons de recirculations, les boucles de convection force, les piges thermiques air, les convections mixtes dair stratifi, les effets piston dus aux vent ou aux crues, les fluctuations rapides lies aux rafales ou aux trains dinfrasons des grands phnomnes gophysiques, les fluctuations plus lentes associes aux variations de la pression atmosphrique Il a t prsent au deuxime chapitre des rsultats nouveaux sur une question qui intresse les historiens des mines, les archologues, les biospologues. Jusqu quelle distance dune entre de mine ou de grotte, la ventilation naturelle offre un renouvellement important de lair ? Cette question a t primordiale pour les mineurs qui lanaient dans la montagne des galeries de reconnaissance. Lvacuation des fumes leur posait en effet des problmes redoutables. Pour les biologistes, jusqu quelle distance dune entre, linfluence des conditions extrieures se fait nettement sentir ? Nous avons propos un petit modle physique, assis sur des mesures. Linfluence diminue exponentiellement avec la distance lentre. La longueur dinfluence dpend principalement de la racine carre de la hauteur de la galerie et de lamplitude des fluctuations thermiques extrieures. Dans le troisime chapitre, nous avons rappel le calcul du terme moteur du courant dair, le tirage, cest--dire la diffrence de poids de deux colonnes dair, une extrieure et lautre intrieure. Et nous avons examin en dtail le rle des diffrents paramtres, temprature, humidit, teneur en dioxyde de carbone sur ce terme. Nous avons tudi ensuite les termes rsistants, la rsistance araulique du tube vent. Nous avons montr au passage les proprits classiques comme linfluence prpondrante des troitures, ou la brutalit de la renverse dun courant dair. Nous avons ensuite examin le cas des rseaux entres tages et avons montr que le courant dair principal dpend essentiellement de la dnivellation maximale. Les entres intermdiaires peuvent avoir un courant dair nul ou bien dans un sens ou dans un autre, sans que cela dpende de leur position vis--vis des entres infrieures ou suprieures. La question de la dispersion dun contaminant passif a t aborde dans un seul cas, celui des racteurs bien agits en cascade. Nous fournissons la solution classique et une valeur de la dispersivit dans le cas dune reprsentation simple des rseaux, constitue par une succession de salles et de resserrements. Ce problme, qui est fondamental en gnie chimique, est un problme encore largement ouvert et pourtant important dans ltude du karst. Ltude des labyrinthes est le cur du chapitre 4. Nous avons adopt pour cette tude le point de vue des mineurs et leurs procds. Leur mthode de numrotation systmatique des mailles et des nuds a t suivie. Les lois de Kirchhoff fournissent un systme dquations que nous avons rsolu dans un cas particulier. Nous avons suivi une procdure par relaxation, classique dans ce genre de problme (calcul en gnie civil de structures mtalliques ou en bton par exemple). Lexemple de la grotte de Mstroff au Luxembourg a t considr pour montrer la complexit des problmes en ce qui concerne les rsonances dont ltude nest pas aborde ici. Nous avons montr en revanche la diminution hyperbolique des courants dair avec la distance lentre. Ltude des courants dair variables nous a occup longuement dans le 5e chapitre. Nous avons commenc par un tour dhorizon de ces phnomnes, dorigine et de fonctionnement trs varis. Nous avons rappel dabord deux tudes classiques, celle de Trombe et celle de Conn. Puis, nous avons examin le problme de la propagation des perturbations de pression en tenant compte des effets capacitifs offerts par le rseau. Pour cela, nous avons tudi diffrents modles de cavit. Le plus simple tant un tube de section rgulire dj tudi par Conn. Nous avons perfectionn ce modle en le remplaant par une succession de salles et de rtrcissements et avons obtenu un systme dquations discrtes. Le passage un modle continu nous a permis de mettre en vidence de curieuses proprits de la propagation, intermdiaires entre un phnomne dadvection et un phnomne de dispersion. Nous sommes ensuite revenus sur le retournement du sens dun courant dair. Les forces dinertie font de ce phnomne un vrai transitoire. Nous avons propos une solution dans un cas simple avec saut de la temprature extrieure. Ce modle impulsionnel nous a permis de caractriser un temps typique de retournement. Ce temps est proportionnel la racine carr des grandeurs suivantes : la longueur du tube, son diamtre moyen, linverse de la dnivellation et du saut de temprature. Il semble que certaines configurations de renverse pourraient conduire un arrt total du courant dair pendant un certain temps. Cette possibilit thorique na pas t confirme par les calculs numriques. Les oscillations pendulaires dun air froid ont t analyses en rapport avec une observation la glacire de Montlzy. Ensuite, a t abord le vaste problme des rsonances dont loscillateur de Helmholtz est le cas le plus simple. Un modle non-linaire a t propos et les diffrents termes de lquation ont t
171
Arologie des systmes karstiques, partie 2, les courants dair dans la cavit
analyss. La rponse a une excitation donne a t esquisse. On manque, en ralit, dobservations fiables sur le sujet. Ce chapitre sest termin sur la question des oscillations de relaxation qui reste largement ouverte. Nous avons examin un processus li la transition laminaire turbulente des coulements, mais nous navons pas russi proposer un modle doscillations de relaxation base thermique. Certaines observations dans les cavits montrent que de telles oscillations doivent pourtant exister. Le dernier chapitre de cette partie est une tude fouille dans un cas gomtrique trs simple des transferts de chaleur et de masse entre un courant dair et les parois dune galerie. Les transferts de chaleur sont assez simples, en revanche, les phnomnes de condensation, vaporation, qui peuvent survenir dans une cavit, sont difficiles. Nous avons propos des quations dvolution du courant dair qui prennent en compte la formation de brouillard et les condensations. Pour la rsolution, nous nous sommes contents dun rseau sans mmoire et avons report ltude de cette dernire dans la partie suivante qui lui est toute entire consacre.
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172
Fig. 2-71- Le dompteur de courant dair

dessin de Rgine Landry sur une ide de Serre (Festivent-Calvi)
The tamer of air flow
173
Arologie des systmes karstiques, partie 3, effets thermiques et rtroactions
Troisime partie
Les courants dair dans leur dveloppement spatial et temporel

Effets thermiques et rtroactions ____________________
Dans un rseau karstique, les courants dair rsultent principalement de lcart de tempratures entre le rseau et lextrieur. Mais ces courants dair ne sont pas passifs, ils ragissent sur le systme par une rtroaction essentiellement thermique. Ce retour, cette boucle de commande, fait quil est insuffisant dtudier les courants dair un instant donn comme on la fait dans la deuxime partie, car le champ thermique de la cavit volue dans le temps sous laction des courants dair eux-mmes. La ventilation souterraine engendre des effets dinertie par le stockage de chaleur (sous forme sensible ou sous forme latente). Nous allons donc reprendre ltude des courants dair en laissant le champ thermique de la cavit voluer librement sous laction du courant dair. Laspect temporel est ce qui caractrise cette troisime partie. Nous nous contenterons de dures de lordre de lanne, laissant pour la 4e partie les dures sculaires. Nous commencerons par ltude des glacires et des piges thermiques qui se prtent bien une modlisation et permettent de comprendre le rle des transferts de chaleur entre lair et la roche. Puis nous aborderons ltude dtaille, mais simplifie quant aux aspects gomtriques, des tubes vent. Nous y consacrerons quatre chapitres. Le premier correspondra la rponse du systme une variation brutale initiale de la temprature extrieure. Nous conduirons les calculs jusquaux applications numriques et dduirons quelques proprits intressantes comme la longueur caractristique attache la dure t aprs le dmarrage. Le chapitre suivant sera consacr des conditions de tempratures extrieures sinusodales. Nous calculerons en particulier les anomalies thermiques aux entres infrieure et suprieure des cavits. La suite concernera une gomtrie un peu diffrente avec une galerie horizontale et un puits daration, et le dernier chapitre prsentera succinctement linfluence de la condensation et de lvaporation. Enfin, nous proposerons un modle de rseau trois entres et montrerons que lentre intermdiaire peut avoir un comportement araulique trs particulier. Nous rattacherons cette tude les rseaux en forme de tube en U. On montrera en particulier que leffet chemine nest pas ncessaire pour crer un courant dair dans un tube vent.
174
Third part
The air flows in their spatial and time extensions

Thermal effect and feed-back
In the first chapter, a rough thermal model of the Correnon ice-cave is proposed. It has been proved that an ice-cave is isothermal, because of the great latent heat of state change (ice-water). The computer modelling is, for this reason, easier. Our model is based on three estimated parameters with some measurements. Il is also possible to provide the icecave evolution for various scenario of atmosphere temperatures. It is not only the mean temperature, but also thermal fluctuations and the rain distribution throughout the year which determines the growth or decrease of ice. The relaxation time is about few hundred years. The cold air trap of the grotte de la Ture is modelized with the heat and mass transfer calculations. The Lewis analogy is used to estimate the transfer of latent heat. The mass transfer : evaporation and condensation greatly increases the transfers. We will study this again in part 4 and annex. In spite of the lack of uninterrupted measures, a model is elaborated on the basis of thermal conduction in the rock and natural convection transfer in air. This rudimentary model gives the time of air flow in the cave and the temperature difference between external and internal air. It is the thermal anomaly of a cold trap. The values is here of 0,5 C. The second chapter is concerned by the sudden change in aperture of a wind tube with simplified geometrical characteristics. After a short time (some seconds) the temperature reaches the longitudinal repartition computed in the part 2 (with this characteristic length). After, the thermal modification of air moves forward because the heat conduction depth increases in the limestone. The longitudinal profile of air temperature changes very slowly. We have proposed some simplified relations for the progress of the phenomenon. The geometrical patterns are very simplified, also, the results will only used in sketches for discussion about more realistic caves. In the third chapter, a wind tube with an external temperature periodically variable is examined. The very simple selected pattern shows the hysteretic phenomenon associated with the stocking of heat in limetone in the neighbouring galleries. The length and the aeraulic resistance of wind tube conditions the strength of thermal perturbations caused by air flow. It is possible to distinguish two systems : those with an mean internal temperature about equal to out temperature, and those with an internal temperature amplitude very dephased and attenuated. The numerical values proposed in this study allow us to specify this typology. The first parameter is the frequency of the outside temperature oscillations. We define the anomaly of entrance temperatures, hot for the upper entrance and cold for lower entrance. This difference is proportionnal to the outside temperature amplitude and the ratio is a maximum of 0,32. In the 4th chapter, we modified the cave geometry. The new model is a horizontal duct with vertical pits. A dissymetry appears in the seasonal functioning. We have limited the discussion to some usual properties. Condensation and evaporation are the subject of 5th chapter. There is a complete discussion on the way condensation is formed : mist, drop condensation on the walls. The complete results are limited to a simple pattern of cave without thermal memory. In summer, condensation slows down the air cooling, and inversely, in winter, evaporation slows down the air warming. The 6th chapter is devoted to systems with three entrances. The conditions, named critical conditions, to obtain a lack of air flow in the intermediate entrance are determined. We give some examples of computed results. We also examined the case of a two entrance cave with different levels. The air flow regime is intermediate with a wind tube and a thermal trap cave. In particular, the wind tube with same altitudes and two chimneys has an air flow regime analogous with the thermal trap cave. In this case, the air flow is variable versus time, but unidirectional.
175
Arologie des systmes karstiques, partie 3, effets thermiques et rtroactions, 3.0.
Introduction et gnralits
Les courants dair possdent une nergie mcanique due au mouvement, et ce mouvement mme transporte cette nergie. De sorte quen un point, on peut dfinir un dbit dnergie mcanique, cest--dire une puissance (en W), convecte par le courant dair. Mais les courants dair, du fait de leur temprature, transporte aussi une nergie thermique, dont on peut calculer en un point le dbit, autrement dit la puissance. Ce dbit dnergie thermique est bien suprieur au dbit dnergie mcanique. En effet, cest seulement pour des vitesses dont le nombre de Mach est suprieur environ 0,5 que les deux dbits sont comparables. On ngligera donc dans ce qui suit, cette nergie mcanique.
a) Lnergie thermique stocke dans la roche et leffet de mmoire

De plus, la diffrence de lnergie mcanique, cette nergie thermique est stockable dans le systme karstique. Cest la masse de calcaire (et un peu secondairement la masse deau ou de glace) qui permet le stockage et la restitution ventuelle de lnergie. Ces phnomnes de stockage permettent aux courants dair de prsenter des dphasages par rapport aux causes excitatrices extrieures. Lair qui circule dans le massif calcaire provient de latmosphre extrieure. Sa temprature dentre suit donc les variations de la temprature extrieure. Cet air va modifier la temprature des parois. Cela est vrai si la roche nest pas trop influence par un coulement deau qui imposerait sa temprature. Ce cas tant cart, la temprature moyenne annuelle de la paroi dune galerie est peu prs la moyenne annuelle de la temprature de lair qui parcourt la galerie. Quand lair est plus chaud que la paroi, cet air lui apporte de lnergie. Rciproquement, quand cet air est plus froid, il se rchauffe au contact de la paroi. La roche entourant les galeries joue donc un rle de rservoir, tamponne les variations de la temprature de lair, ou dit dune manire diffrente, filtre les hautes frquences des fluctuations thermiques extrieures. Ainsi, la roche entourant les galeries joue-t-elle un rle actif dans ltablissement de la temprature du courant dair tout au long de lcoulement. Si un courant dair froid succde dans le temps un courant dair plus chaud, la roche qui a accumul de la chaleur au contact de lair chaud va en restituer lair froid. Le courant dair froid bnficie donc de la mise en mmoire de lpisode chaud qui a prcd. Ce qui se passe un instant donn, rsulte de phnomnes survenus dans un pass proche. Cet effet de mmoire est caractristique des problmes thermiques. Le calcaire tant pais peut enregistrer sur quelques dizaines de mtres dpaisseur, des pisodes thermiques lents, par exemple saisonniers. On remarque que les maisons dhabitations possdent aussi une mmoire thermique, mais cette mmoire est courte (de lordre de un quelques jours seulement) cause de la faiblesse des paisseurs des murs.
b) Rtroaction de cette nergie thermique sur les circulations dair

Cette nergie thermique est stocke dans la roche plus ou moins vite, au gr des vitesses du courant dair. On a vu en effet, dans la partie 1, que le flux transfr dpend de la vitesse du courant dair. La vitesse du courant dair semble donc jouer seule un rle actif, les effets thermiques se contentant de suivre. Cette apparence est fausse. La thermique joue un rle actif sur les courants dair (et donc sur les transferts thermiques eux-mmes) par la rtroaction suivante : la vitesse du courant dair est commande, dans un tube vent, par une certaine temprature moyenne de lair dans les galeries. Mais comme cette temprature dpend dun effet de mmoire cause du stockage antrieur, on en dduit que la vitesse du courant dair dpend elle-mme dun effet de mmoire. On ne peut pas calculer la vitesse dun courant dair sans prendre en compte le pass thermique et cinmatique du courant dair. Ainsi, tous les calculs que nous avons faits dans la deuxime partie ne constituent-t-ils quune premire approche, dans la mesure o on supposait connue la temprature moyenne de lair intrieur. Cette temprature nest pas une donne. Elle rsulte des processus qui se sont drouls dans un pass plus ou moins proche. Elle rsulte du courant dair ! Le problme parat alors plus compliqu, mais en ralit, il se simplifie dune certaine manire puisquon na plus mesurer tout le long du rseau les tempratures de lair. Larothermique souterraine gagne en cohrence.
176
3.1. Les piges thermiques : piges air froid ou air chaud

On a vu plus haut ( 2.1.1.b) la configuration gomtrique dune cavit en pige thermique qui permet de stocker de lair froid ou de lair chaud. Nous allons passer maintenant la modlisation de tels systmes. La difficult de bien dimensionner les transferts thermiques nous obligera complter le modle physique par quelques mesures de terrain.
3.1.1. Modlisation de la glacire de Correnon

Un pige air froid ne fonctionne que lhiver. En effet, lt, lair de la cavit est plus dense que lair extrieur, il ny a donc pas de mouvement de convection naturelle. Trouillet (1885) appelle cette priode : priode ferme. En revanche, lhiver, lair extrieur plus froid pntre dans la cavit, schauffe en refroidissant la cavit et schappe de nouveau vers lextrieur. Trouillet appelle cette priode : priode ouverte. Les vitesses sont importantes, jusqu plusieurs mtres par seconde. Nous allons appliquer les relations vues dans la partie 1 pour modliser la convection naturelle dans la glacire de Correnon (Isre). Cette glacire se prsente comme une entre de faible section (5 m2) situe au bas dune vaste doline deffondrement, dune quinzaine de mtres de profondeur. La glacire elle-mme dbute par un puits de 15 m (quip dun escalier) qui donne sur une salle de 15 m de large, 30 m de long et 10 m de hauteur. Un boulis en pente en occupe le fond. La glace est partiellement cache sous lboulis et son volume est de lordre de 100 m3. Leau provient dune fissure au plafond sur une vingtaine de mtres de long. La glacire de Correnon est une glacire glace de regel. La neige ne peut pas en atteindre le fond. Cest donc une vraie glacire au sens de Bgli (1980). Il ne semble pas y avoir dautres entres que celle connue. En tout cas, lt, la cavit nest parcourue par aucun courant dair.
Vue en coupe Vue en plan
falaise effondrement entre faille escalier 0 10 20 m N mg
boulis coupe transverse
glace
effondrement
chelle
glacier
Fig. 3-1- Vue en coupe, et plan de la glacire de Correnon Map of the Correnon ice cave (France)
a) Circulation de lair en hiver et puissance associe

En rgime hivernal, il y a une circulation dair. Les trois paramtres qui nous intressent sont : le dbit masse dair qma , qui pntre et qui sort, lcart de temprature T , entre lair chaud qui sort et lair froid qui entre, la puissance P perdue par la cavit du fait de la circulation dair. Pour dterminer ces trois grandeurs, il faut trois relations : - Une premire est fournie par le bilan nergtique sur lair dans la section dentre (cf. 1.4.3.b) : P = qma h2 - hext 3.1
Dans cette relation hext et h2 sont les enthalpies spcifiques, respectivement, de lair extrieur et de lair sortant.
177
Arologie des systmes karstiques, partie 3, effets thermiques et rtroactions, 3.1.1.a
Si on suppose quil ny a pas de condensation ou dvaporation, alors la relation devient : P sens = qma cp Ta2 - Text 3.2
T T Ta2 Ta1 Text distance l'entre
Lexprience montre que la vote contre laquelle sort le courant dair nest pas recouverte de gouttes deau. Cela montre que lair sortant nest pas satur. En premire approximation, on ngligera donc lvaporation dans la glacire. Pendant lentre de lair, les deux masses dair, lune froide qui entre et lautre chaude qui sort, changent de la chaleur au niveau de leur interface trs turbulente (figure 3-2). Heureusement, la stratification gne ce mlange thermique, ce qui permet lair de garder une diffrence de temprature (cf. 1.3.9). Lair froid entrant se rchauffe de Text Ta1 au contact de lair sortant. Ce dernier se refroidit de T Ta2.
entre
salle
Fig. 3-2- Schma de lvolution de la temprature de lair dans son priple dans la glacire Air temperature versus the distance from the entrance
- La deuxime relation sera obtenue exprimentalement. Les carts de temprature sont gaux Ta2 - Text = T -Ta1 , et on admettra quils sont proportionnels lcart de temprature T - Text , T tant la temprature de la glacire. Le coefficient de proportionnalit est laiss libre, il est appel C1 (plus petit que 1) : Ta2 - Text = T - Ta1 = C 1 T - Text C 1 = Ta2 - Text T - Text 3.3
Le paramtre C1 est suppos ne dpendre que de la gomtrie de la glacire. Il est donc constant, et il a t dtermin loccasion dune mesure des dbits dair entrant (et sortant) un jour bien froid. Cette hypothse est quivalente lhypothse de linarit des phnomnes. Elle nest pas rigoureuse, mais pas trop mauvaise. - La troisime relation rsulte de ltude des transferts thermiques entre lair et la paroi (ou la glace). On calcule le nombre de Rayleigh (g est lacclration de la pesanteur, a est la diffusivit thermique de lair = 19.10-6 m2/s, la viscosit cinmatique de lair = 13.10-6 m2/s et H est la dnivellation utile dans la glacire) : C 1 T - Text 3 Ra = g H a T 3.4
On introduit le nombre de Nusselt de lchange global. Suivant la valeur du nombre de Rayleigh, on choisit une corrlation ou une autre. Pour les configurations usuelles des glacires, on peut trouver des corrlations (par exemple dans Incropera, 1990) de la forme : 3.5 Nu = 0,13 As Ra0,33 As est une constante pure, qui vaut 1 dans le cas dune plaque verticale lisse avec change en chaleur sensible. La dfinition du nombre de Nusselt nous fournit la puissance change (cf. 1.4.4). La puissance de chaleur sensible change entre lair et la paroi scrit (Sch est la surface dchange) : P sens = Nu a C 1 T - Text S ch H g aT
0,33
3.6
soit encore P sens = B T - Text
P sens = 0,13 As a S ch
1,33
C 1,33 T - Text 1
0,33
1,33
avec
B = 0,13 As a S ch
g aT
C 1,33 1
3.7
On remarque avec tonnement labsence de la hauteur H . Mais cette hauteur intervient dans la surface dchange. Dans le cas de la glacire de Correnon, on peut adopter une surface dchange Sch = 400 m2 . En ralit, cest le produit AsSch qui intervient. On dtermine ce produit exprimentalement ci-aprs.
178
b) Calage par les mesures

La visite du 31 janvier 2001, par une temprature extrieure de -5,0C et une temprature en bas de -0,8C , nous a fourni une temprature au palier de lescalier de -4,9C et de -1C pour lair montant, soit un coefficient : C 1 = Ta2 - Text = -1 + 5,0 = 0,95 T - Text -0,8 + 5,0 Cette valeur nest pas trs prcise car le courant dair ntait pas trs fort (0,5 m/s au maximum). Un contrle supplmentaire ne serait pas de trop. On peut aussi dterminer As partir des mesures du 31 janvier 2001. La mesure des vitesses nous a permis destimer un dbit dair de 1,15 kg/s. La puissance valait : P = qma cp T = 1,15.0,7.1000.2,6 = 2,1 kW
Lexpression au-dessus fournit quant elle : P sens = 575 As 2,61,33 = 2,05 As kW On dduit de ces deux valeurs voisines, quon peut prendre pour As la valeur 1 quand on adopte comme surface dchange Sch = 400 m2 . On peut ainsi calculer la valeur numrique de B pour la glacire de Correnon : B = 0,13.1.0,025.400 9,81.0,7 142 .10-12.273
0,33
. 0,951,33 = 574
B = 574 W. C
-1,33
Calculons la masse deau se transformant en glace, ncessaire pour compenser cette puissance : me = P sens = 2100 5 = 6,2 g/s Lg 3,35.10 Ce dbit masse deau est faible et peut correspondre aux gouttes qui tombaient du plafond le jour de la visite. Lair qui sortait tait une temprature ngative, il ny avait pas de condensation. Le faible cart des tempratures semblait indiquer une absence dvaporation dans la glacire. Nous nous contenterons, dans la modlisation, de prendre en compte la chaleur sensible en ngligeant les changes par chaleur latente (la remarque a t dj faite plus haut). On verra plus loin un cas oppos la grotte de la Ture).
c) Les apports deau, rle thermique de leau

La glacire laisse entrer lair froid lhiver. Cet air refroidit les parois de la glacire qui se met une temprature lgrement ngative. Leau qui descend du plafond est la seule alimentation de la glace car lentre est protge de lextrieur et il ny a pas dalimentation en neige. Cette eau gle en partie et libre la chaleur latente. Pour la dtermination des dbits deau qui traversent la glacire, on connat la surface en plan, et on pourrait penser en dduire le dbit deau qui y transite. Mais il y a deux facteurs considrer. Dune part, lvapo-transpiration soustrait une partie de leau de pluie (ou neige), et dautre part une partie du dbit peut viter de couler dans la glacire ou au contraire cette dernire peut bnficier dun effet entonnoir. On appelle C2 ce coefficient dajustement. C2 > 1 si effet entonnoir, C2 < 1 si effet contraire. La hauteur de prcipitation annuelle la glacire est de hp = 1,5 m. La partie qui sinfiltre est estime la moiti. La surface apparente de la glacire a pour valeur S = 300 m2 . On en dduit le dbit deau moyen dans la glacire : me = C 2 e hp S' 31.10
6
= 1000.1,5.300 C 2 = 0,015 C 2 31.106
en kg/s
3.8
Dans cette relation, C2 est un paramtre ajustable qui tient compte de plusieurs facteurs : pluviomtrie, vapo-transpiration, effet entonnoir Cest le paramtre rglable des apports deau.
179
Arologie des systmes karstiques, partie 3, effets thermiques et rtroactions, 3.1.1.d
Le changement dtat de leau de percolation en glace a deux consquences. Dune part, il empche la glacire de beaucoup se refroidir. La temprature de la glacire reste donc une valeur faiblement ngative. Ce qui sera trs apprciable pour calculer le flux de conduction la paroi. Dautre part, ce maintien de la glacire une temprature clmente permet au moteur de la convection naturelle (la diffrence de temprature extrieure-intrieure) de se maintenir longtemps en hiver, beaucoup plus longtemps que sil ny avait pas cet englacement. En effet, lair continue circuler tant que la temprature extrieure est ngative. Laccumulation de frigories est donc plus grande que sil ny avait pas formation de glace. On peut dire ainsi que la glace, grce sa chaleur latente importante, apporte une rtroaction positive au phnomne de production de glace lui-mme. Lapport deau fournit toute lanne un rchauffement de la glacire puisque cette eau est une temprature suprieure celle de la glacire (moyenne annuelle des tempratures). Leau qui schappe dans lboulis du plancher de la glacire est une temprature plus basse qu son entre. On peut lestimer de lordre de la temprature de la glacire.
air air rchauff extrieur froid puissance advecte par l'eau
glace
puissance apporte par les parois
puissance emporte par l'eau
Fig. 3-3- Le bilan nergtique de la glacire de Correnon Annual energetic balance of the Correnon ice cave part of air, water, limestone
d) Lapport de chaleur par conduction la paroi

La paroi amne toute lanne un flux de chaleur par conduction. Il reste toujours positif, cest--dire reu par la glacire, puisque la glacire est toujours une temprature plus basse que la temprature au loin. Mais ce flux reste petit car la glacire est une temprature relativement constante et la roche ne rejoint donc la temprature au loin qu une distance qui doit tre commande par leau de percolation, peut-tre une vingtaine de mtres. Le calcul exact devrait utiliser lquation de conduction en rgime variable. Une estimation plausible pour L serait L = 20 m . Le flux de conduction peut tre estim : 3.9 p = S c Tm - T L On pourra prendre comme surface dchange une surface de lordre de Sch (= 400 m2). La conductivit thermique du calcaire c = 2,25 W.K-1.m-1. On sait que cette valeur est trs floue du fait des fissures qui coupent la roche. Montrons que L joue le rle de paramtre ajustable pour la conduction la paroi. En effet, il est illusoire de vouloir rsoudre en dtail une quation de conduction car il ny a pas de solution permanente, ni mme priodique ce problme : la perturbation thermique peut aller aussi loin quon veut. Il suffit dy mettre le temps. La ralit est que leau de percolation impose une certaine distance une temprature de roche gale la temprature au loin. Cette distance a t note L . Comme les variations de temprature de la glacires sont assez petites, il est admissible de considrer le flux de conduction la paroi comme permanent. Une imprcision sur S se reportera sur L qui est donc le paramtre ajustable de la conduction thermique de paroi.
e) La temprature de lair extrieur au cours de lanne et lapport de froid la glacire

La temprature extrieure varie au cours du temps. On trouve des variations de frquences annuelles correspondant aux diffrentes saisons. Les oscillations journalires sont aussi trs visibles. Il existe dautres variations dues lvolution synoptique des conditions mtorologiques. cause du caractre non linaire du terme en temprature dans le calcul de la puissance P , on ne doit pas trop lisser les fluctuations de la temprature. On adopte comme temprature extrieure, une temprature variation annuelle sinusodale module en amplitude par des variations journalires, elles aussi sinusodales. Ce qui donne lexpression : Text = Tm - Ta cos 2 t + Tj cos 2 t Tan Tjour Pour la glacire de Correnon, on prendra les valeurs : Tm = 6C, Ta = 10C et Tj = 4C. 3.10
180
f) Bilan instantan de la glacire dans un schma simplifi

Pour permettre une rsolution avec un simple tableur, nous proposons un schma de premire approximation qui permettra de mettre en vidence le point froid que constitue la glacire. i- On suppose la temprature de la glacire constante dans le temps T (= 0C). En t, le rayonnement thermique permet une certaine homognsation. Le courant dair samorcera donc ds que la temprature extrieure sera ngative. ii- La conduction thermique la paroi sera suppose apporter un flux constant (on peut prendre par exemple L = 20 m). Le flux apport par la roche la cavit scrit : p = S c Tm - T 3.11 L iii- Lapport deau est suppos rgulier et la temprature moyenne annuelle de latmosphre : Tm , qui est aussi la temprature moyenne annuelle de la roche au loin. Leau, sa sortie, est suppose la temprature T = 0C , temprature constante de la glacire. iiii- On nglige lvaporation de leau dans la glacire, comme la montr la visite du 21 janvier 2001. Les trois masses en prsence Air : dbit masse variable entrant et sortant qma . La temprature dentre de lair est Text , de sortie Ta2. Eau : dbit masse dentre me . Ce dbit est suppos rparti sur lanne. Si la temprature dans la glacire est ngative, une partie de cette eau gle et le dbit de sortie de leau est plus petit que celui dentre. On admettra que la temprature dentre de leau est celle de la moyenne annuelle Tm dans le massif. La temprature de sortie par le bas est prise gale T temprature de la glacire. La diffrence algbrique entre la masse deau entrante et la masse deau sortante sur une anne correspond la masse de glace fabrique (ou fondue) en une anne. La puissance apporte par leau scrit : e = me ce Tm - T . 3.12
Glace : masse totale mg , temprature moyenne suppose constante = 0C. Cest la chaleur latente de la glace qui compte, pas sa chaleur sensible. La chaleur latente massique de la glace est Lg = 3,35.105 J/kg . Comme la temprature de la glacire est suppose constante toute lanne, cest la chaleur latente de la glace qui constitue toute linertie thermique de la glacire. La masse de 100 tonnes de glace de la glacire en changeant dtat fournirait une nergie qui pourrait augmenter de 1C une masse de calcaire de 8000 tonnes. Cest pour cette raison que nous reportons sur la glace toute linertie thermique du problme. Cette inertie assure une temprature pas trop variable dans lanne. On admettra que la fabrication de la glace est due lair froid agissant sur leau de percolation. En effet, lair extrieur pourrait fournir de leau de condensation en t, mais nous savons quen cette saison, il ny a pas de circulation dair. On remarque que si la scheresse supprime la percolation, lair froid hivernal refroidit la roche qui se rchauffera plus tard quand, loccasion dune fonte partielle ou dune pluie, leau traversera la roche trs froide.
Bilan thermique instantan

rgime hivernal si Text T - Lg dmg dt = e + p - B T - Text
1,33
3.13
rgime estival
si
Text > T
- Lg
dmg = e + p dt
3.14
avec
p = S c Tm - T L
et e = me ce Tm - T
3.15
Dans ce bilan thermique, on na pas tenu compte en t du rayonnement et des faibles changes convectifs dus au vent extrieur, mais le fait de prendre T = 0 C majore le flux conductif, ce qui compense partiellement cette imprcision.
181
Arologie des systmes karstiques, partie 3, effets thermiques et rtroactions, 3.1.1.g
g) Bilan annuel de fabrication de la glace dans le schma simplifi

Calculons la fabrication de la glace en hiver (lintgration se faisant uniquement aux temps o Text < 0 ). La masse de glace qui pourrait tre forme par lair froid scrit (tanne est la dure en seconde dune anne = 31,56.106 s) : mg
nouvelle
dmg dt
dt =
B tanne Lg
avec
E=
1 tanne
T - Text
1,33
dt
3.16
avec = 1 et =0
si T > Text si T < Text
De mme, on peut calculer la fonte de la glace due aux apports thermiques de leau et de la paroi. Elle est calculer sur toute lanne : mg
fondue
e + p Lg
tanne
3.17
Lexcdent de glace annuel peut donc se mettre sous la forme : tanne BE Lg me ce + S c L
mg = mgnouvelle - mgfondue =
Tm - T
3.18
h) tude de la fonction E pour lapport de froid

La fonction E intervient dans la puissance frigorifique apporte par lair froid. Cette fonction sexprime en (C)1,33 et se dtermine partir de la temprature extrieure : 1 tanne T - Text
1,33
E= avec et =1 =0
dt
3.19 3.20
si T > Text et avec T = T - T cos 2 t + T cos 2 t ext m a j si T < Text Tan Tjour
Danger du lissage. On aurait pu imaginer faire lintgration sur les seules variations saisonnires, sans prendre en compte les variations journalires. Cela aurait t une erreur car la somme de la moyenne dune fonction non linaire nest pas la moyenne de la somme. Calcul de E. On a utilis un tableur pour calculer la grandeur E en fonction de la temprature moyenne annuelle et des amplitudes des fluctuations. Contentons-nous de reporter sur un graphe les rsultats de ces calculs numriques pour une temprature de la glacire constante T = 0C. On se souvient que la masse de glace produite est proportionnelle E. Sur le graphique ci-contre, on voit quun dplacement de la temprature moyenne depuis la valeur 6C la valeur 7C (pour la mme amplitude annuelle de 10C) se traduit par une diminution de E depuis la valeur 1,6 la valeur 1,1 . Ainsi, la quantit de glace forme par lair froid, subit une variation de lordre de 50%. Une glacire prsente donc une grande sensibilit aux paramtres climatiques extrieurs.
coefficient E (en C1,33) 8 Ta = 14 C Ta = 12 C 6 Ta = 10 C Ta = 8 C 4 Ta = 8 C
0 0 2 4 6 8 10 12 Temprature moyenne annuelle Tm (en C)
Fig. 3-4- Influence de la temprature moyenne sur la fonction E de production hivernale et donc sur la formation de glace en hiver, pour 5 valeurs de lamplitude annuelle des tempratures extrieures Ta et pour une amplitude journalire Tj = 4 C Ice product versus annual mean external temperature for a daily temperature oscillation of 4C, for five values of yearly amplitudes and for an ice cave temperature of 0C
182
On peut trouver des expressions polynomiales simples de E en fonction de Tm . Ainsi, pour les valeurs : Ta = 10C et Tj = 4C , une trs bonne approximation est : E 6,602 - 1,127 Tm + 0,049 T2 m
i) Rsolution numrique sur tableur et discussion

Notre modle annuel de glacire est simpliste. Il revient calculer la masse que pourrait former lair froid en hiver et la masse de glace que peut fondre lapport thermique de leau et des parois toute lanne. On prend Ta = 10 C, Tm = 6C, Tj = 4C. Ce qui donne E = 1,6 (C)1,33 mg = mgnouvelle - mgfondue = tanne BE Lg me ce + S c L Tm - T
6 mg = 31,56.105 574 . 1,6 3,35.10
0,015 . 4185 C 2 + 400.2,25 L
mg = 86,5 - 35,5 C 2 - 509 L
les masses tant exprimes en tonnes
La valeur L = 20 m semble une valeur convenable car lpaisseur de pntration thermique annuelle dans le calcaire est de 6 m. On est amen prendre C2 = 1,75 pour obtenir mg = -1 tonne / an , ce qui reprsente un dficit annuel et semble une valeur plausible actuellement. La valeur C2 > 1 traduit un effet entonnoir. La faille lie la cavit explique sans doute cet effet. Notre modle est ainsi cal et peut nous donner quelques renseignements. Sensibilit la temprature moyenne annuelle. Calculons la sensibilit de la glacire la temprature moyenne du lieu Tm (on garde Ta = 10C et Tj = 4C ). On utilise lexpression approche de E trouve plus haut et les valeurs C2 = 1,75 et L = 20 m : mg = 269,5 - 60,9 Tm + 2,65 T2 m 3.21
Nous avons trac le graphe correspondant sur la figure 3-5. La glacire peut se maintenir jusqu une temprature moyenne annuelle de lair extrieur de 6C . Cette valeur de la temprature reprsente aussi lanomalie thermique engendre par le pige air froid que constitue la glacire. On voit ainsi que le mcanisme de maintien du froid par une glacire est trs efficace. Dure de remplissage. Le volume complet de la glacire est denviron 4000 m3. Pour une temprature moyenne de 5C, il faudrait donc 120 ans pour remplir la glacire. Mais seulement 55 ans 4C. Optimum pour la glacire du dbit deau de percolation. Il faut bien sr que le dbit deau de percolation soit plus grand que la quantit de glace forme. Cette condition est facile raliser. Mais on peut dfinir un optimum pour la percolation de leau. On a vu plus haut que la puissance frigorifique amene par lair en hiver est dautant plus grande que la temprature de la glacire reste voisine de 0C et ne descend pas vers de trop basses valeurs (qui arrteraient la circulation dair froid). Cela sera ralis si toute leau qui percole en hiver est transforme en glace et pas plus (car leau excdentaire rchauffe la glacire sans contrepartie en glace). Si on estime la priode de froid 1/3 de lanne et la pluie homogne, cela conduit la condition : mg
nouvelle
6 6 B tanne E = 574. 31,56.10 1,6 = 86500 kg = meau annuelle = 0,015x 31.10 C 2 = 155 000 C 2 5 Lg 3 3 3,35.10
La production de glace par lair froid est de 86,5 tonnes. On en dduit que loptimum pour le coefficient de leffet entonnoir est de 0,56 . Ainsi, pour la glacire de Correnon, il serait prfrable que les 44 % de leau qui sinfiltrent vitent de passer dans la glacire. Le calage de la glacire nous a fait adopter la valeur 1,75 qui est assez loigne de la valeur 0,56. On ne serait donc pas du tout au voisinage de loptimum. Mais il faudrait reprendre cette question dune manire moins grossire en tenant compte de la percolation relle en hiver.
183
Arologie des systmes karstiques, partie 3, effets thermiques et rtroactions, 3.1.2
Pour une glacire, lidal est une alternance de priode de grand froid et de redoux, permettant la neige de surface de fondre et leau de pntrer dans la glacire bien froide. Loptimum correspond bien sr une quantit deau qui remonte la temprature de la glacire 0C, mais sans fuite deau vers le bas. Critique de ce modle. Ce systme simplifi est instable. En effet, soit la quantit de glace crot indfiniment, soit la glace fond entirement. Quels sont les facteurs ou paramtres de rgulation qui pourraient assurer une quantit moyenne constante de glace ? Pour la glacire de Correnon, ils sont vidents ds quon visite la glacire. Quand il y a peu de glace (poque actuelle) leau qui tombe du plafond lt ne fait fondre pratiquement plus de glace car elle tombe le long dune faille sous laquelle il ny a plus de glace. La chaleur amene par leau est entrane dans lboulis sous-jacent. La glace en place est protge de cette eau et semble fossilise. Aux poques plus froides, le mcanisme de rgulation semble tre le suivant : la glace obstrue lespace de la glacire. La surface dchange diminue ainsi que le refroidissement hivernal. Peut-tre que ce mcanisme limite la quantit de glace ? Mais on peut imaginer aussi que toute la glacire se remplisse de glace. Cest dailleurs ce que montrent dautres exemples montagnards. Un autre inconvnient de ce modle est quil comporte trois paramtres ajustables C1, C2 , L . Cest le rglage de ces trois paramtres laide de mesures et aussi laide de la valeur estime de la fonte annuelle qui nous a permis de prciser le modle. Il ne semble pas possible de saffranchir de ce rglage cause de lignorance complte o nous sommes des circulations deau. On pourrait estimer C2 grce des mesures de dbit deau dans la cavit. Mais ces mesures ne seraient pas faciles faire.
accroissement annuel de la masse de glace (en tonnes par an)

300 250 200 150 100 50 0 -50 -100 0 2 4 6 8 10
temprature moyenne annuelle (en C)
Fig. 3-5- Accroissement annuel de la quantit de glace en fonction de la temprature moyenne annuelle pour une amplitude annuelle de 10C et journalire de 4C Annual ice increase versus annual mean temperature for annual oscillation of 10C and daily oscillation of 4C
Conclusion. Notre modle simplifi permet dj de voir la sensibilit certains paramtres du fonctionnement de la glacire. La temprature moyenne annuelle de lair extrieur est un paramtre trs important, mais les fluctuations jouent aussi un rle, de mme que la fraction deau qui transite par la glacire. On devrait continuer ltude en examinant plus finement le rle des diffrents paramtres. La dcroissance actuelle de certaines glacires peut sans doute tre corrle avec laugmentation de la temprature moyenne, mais les autres facteurs suffiraient justifier cette dcroissance. Une discussion srieuse de cette question devrait donc analyser aussi lvolution rcente des fluctuations de la temprature de latmosphre (volution des amplitudes suivant les frquences) et de la rpartition temporelle des prcipitations.
3.1.2. Exemple dun pige air froid la grotte de la Ture (Vercors)

La temprature en un lieu rsulte des tempratures moyennes de lair et de leau en ce lieu. Mais des circonstances gomtriques peuvent modifier ce rsultat. On verra plus loin, lanomalie de temprature des entres dun tube vent. Ici on va tudier sur un exemple simple le fonctionnement dun pige air froid et on verra que ce dispositif constitue comme un rfrigrateur pour les terrains environnants. On ferait bien entendu une tude similaire pour les piges air chaud.
a) Mesures la grotte de la Ture

Nous avons dj prsent dans le tome 1 les mesures pour dterminer les flux entrant et sortant denthalpie (cf. t.1 3.2.3).Ce travail a t fait avec laide dlves de classes prparatoires au concours de lcole suprieure agronomique en 1998 (Lismonde 1999). Je me contenterai den rappeler ici les rsultats principaux. Le 5 dcembre 1998, par une temprature extrieure de -5C, nous avons relev les profils de vitesse et temprature avec des moyens trs frustes (cf. tome 1, 3.2.3). Les vitesses taient de lordre de 1 m/s. Lcart de temprature entre le sol et le plafond tait de lordre de 3,5 C. Une visite au mois de septembre suivant na montr aucun courant dair, ce qui permet de penser un fonctionnement en pige air froid.
184
b) Bilans instantans lentre et discussion des mesures

Bilan de masse dair. On trouve un dbit-masse entrant de 6,16 kg/s et un dbit sortant de 4,53 kg/s. Une vrification en 2001 a montr que les hauteurs taient mal estimes et que cest le premier dbit qui est prendre en compte. Bilan pour leau contenue dans lair. meau =
S
V T ds = meau s - meau e
3.22
Les mesures (une fois corrig lcart sur les dbits) fournissent 7,5 g/s de vapeur deau extraite de la grotte et vacue par lair. Cela reprsente 27 kg/heure, ce nest donc pas ngligeable. En un jour, en supposant que la tempratrure se maintienne, cela fait un peu plus de 600 kg. Cette valeur doit tre compare la quantit deau qui tombe sur la surface apparente de la grotte S = 100.50 = 5000 m2 soit par an Me = 1000 S.h , h tant la hauteur deau de prcipitation de lordre de 2 m. On en dduit Me = 10 000 tonnes par an, soit 28 tonnes par jour comparer avec 0,6 tonnes. La quantit vacue par lair de la grotte, mme par grand froid, est ngligeable et la plus grande partie de leau schappe vers les collecteurs souterrains, dune part, ou retourne latmosphre par vapo-transpiration, dautre part. Bilan dnergie. Pour un systme ouvert, le bilan dnergie doit prendre en compte le travail des forces de pression. Ce terme se combine avec lnergie interne du fluide et nous fournit un bilan en terme denthalpie. Le systme ntant pas isol, lair sortant doit vhiculer un dbit denthalpie plus grand que lair entrant. Le bilan, qui est un simple bilan comptable, peut donc scrire : qm1 h1 + = qm2 h2 3.23
Le membre de gauche reprsente le dbit denthalpie (en W) quamne lair en entrant qm1 h1 et la puissance cde par la roche lair . Le membre de droite reprsente le dbit denthalpie qui sort avec lair de la grotte. On voit donc que ce dbit nous renseigne sur la puissance cde par la grotte lair extrieur. Cette puissance restitue la chaleur accumule dans la roche durant les mois dt. Lvaluation de lenthalpie spcifique de lair passe par la connaissance de lhumidit. Comme on la vu dans le 1.1.4, on ne peut pas ngliger lenthalpie due la vapeur deau mme si la masse deau est ngligeable devant la masse dair sec. Ainsi 5C, lenthalpie massique de lair est de 5000 J.kg-1 pour 0% dhumidit alors que cette enthalpie massique est de 18500 J.kg-1 pour 100% dhumidit. -5C, lenthalpie massique est 2000 J.kg-1 pour 100% dhumidit. Nous ferons donc le bilan dnergie dans les deux sections en supposant que le taux dhumidit de lair est toujours 100% et quil ny a pas de brouillard (la formation dun brouillard saccompagne dune libration de chaleur latente). Aprs avoir explicit les dbits denthalpie sous forme dune intgrale de surface (la section de passage du courant dair), le bilan dnergie se traduit par une expression calculable avec un tableur (cf. tome 1 3.2.3) : =
S
V h(T) ds = 44 kW
3.24
c) Modle du fonctionnement thermique de la grotte

Lexcdent denthalpie qui est vacue par lentre en hiver provient dun double transfert de chaleur et de masse au niveau de la surface intrieure de la grotte. La chaleur est fournie par les boulis et par la roche dans lpaisseur de la paroi. Leau est fournie par les suintements dans les fissures. Cette eau vient de la surface. On va essayer de retrouver autrement la puissance calcule plus haut de 44 kW en modlisant les transferts la paroi. Transferts de chaleur et de masse sur la paroi intrieure. Les transferts la paroi de la grotte sont de deux sortes. Un transfert de chaleur rgi par la convection naturelle engendre par les diffrences de temprature entre lintrieur de la grotte et lextrieur, et un transfert de masse (vapeur deau) engendr par la diffrence de la pression partielle de vapeur deau de lair intrieur et de lair extrieur. Le premier transfert est le moteur, via la pesanteur, du mouvement alors que le deuxime est une simple consquence mais nintervient pas, ou gure (la vapeur est moins dense que lair), dans la dynamique du mouvement.
185
Arologie des systmes karstiques, partie 3, effets thermiques et rtroactions, 3.1.2.c
Sur la figure ci-contre, le systme est constitu de lair de la grotte et dune petite paisseur de roche qui lentoure. Le transfert la paroi est donc interne au systme et napparat pas directement dans le bilan puisqu'il se traduit par la diffrence des flux de convection lentre. Le calcul quon en fait ici, est simplement destin affiner notre connaissance des lois de transferts la paroi. On a vu (au 1.4.3.e) comment on crivait la puissance thermique change, sous une forme sans dimension, en la divisant par une unit naturelle de puissance base sur la conduction thermique. Cest le nombre de Nusselt Nu : Nu =
air froid entrant
air chaud sortant
l'eau assure une temprature au loin uniforme
flux de conduction
fig. 3-6- Schma thermique de la grotte de la Ture Thermic model of La Ture cave Convective flux in winter, conductive flux all the year the percolation water maintains a constant temperature in the far and bring the water at the wall for evaporation
3.25 T S H Dans cette expression, est la puissance change, la conductivit thermique de lair (0,024 W.K-1.m-1), T est la diffrence de temprature entre la paroi et lair au loin, H est la dnivellation caractristique du phnomne, S est la surface dchange (la surface de la paroi). En convection naturelle sur des surfaces prsentant un dveloppement vertical, les lois dchange en rgime turbulent sont de la forme : Nu = 0,13 Ra 1/3
3 avec Ra = g H T a T
3.26
Dans cette expression, Ra est le nombre de Rayleigh qui dpend de g , acclration de la pesanteur (9,81 m.s-2), L la longueur dj vue avec le nombre de Nusselt, la viscosit cinmatique de lair (15.10-6 m2.s-1) et a la diffusivit thermique de lair (21.10-6 m2.s-1). Cette relation est valable si Ra appartient lintervalle [109;1013] . Cette relation a t tablie dans le cas de parois lisses non rugueuses. La vitesse obtenue dans la grotte sera plus petite cause des pertes de charges induites par les rugosits. Cette vitesse a pour ordre de grandeur : g H T 3.27 T Calage de T et L grce la mesure des vitesses. Dans le cas de la grotte de la Ture, la dnivellation entre lentre et le dbut de la remonte de lair est peu prs de 40 m. Lcart de temprature entre lair froid qui descend et lair chaud qui remonte est de lordre de 1 2C. Cet cart est ce qui demeure de lcart initial aprs le mlange partiel dans la zone dentre et le transfert par rayonnement thermique entre la surface suprieure et la surface infrieure de la galerie (cf. 1.4.6.a). Les plus grandes vitesses que nous ayons mesures taient de lordre de 1,2 m/s, qui correspondent dans la relation sur les vitesses un cart de temprature utile de lordre de 1C : V T V T = 1C 3.28 gH Nous avons mesur des carts de temprature plus grands dans la grotte, mais les pertes de charges multiples font que le rendement de transformation nergie mcanique/ nergie thermique est diminu, ce qui revient au mme que de dire que le moteur est amoindri, comme si lcart de temprature tait plus petit ou comme si la dnivellation tait diminue. On peut convenir de prendre H = 30 m et T = 1,4C ce qui conduit une vitesse V = 1,23 m/s voisine de celle mesure. On en dduit le nombre de Nusselt de lchange moyen : Ra = 4,3.1012, Nu = 2116. Tout ce calcul est bien sr approximatif et une erreur dun facteur 2 doit tre craindre, mais les constantes apparaissant dans ce calcul doivent tre cales par la mesure des flux convectifs lentre. Le nombre de Nusselt est donc de lordre de 2000. La connaissance du nombre de Nusselt conduit immdiatement la puissance change si on dispose dune bonne estimation de la surface dchange. La surface de contact entre la roche et lair est singulirement augmente par la prsence des blocs et de lboulis. Nous prendrons comme surface dchange S = 10000 m2. Elle est cantonne dans la Grande Salle sous lentre, puisque la salle du Miroir et les laminoirs du bas ne sont pas parcourus par des courants dair.
2
186
Dans lexpression de lchange, la vitesse typique intervient la puissance 1/3. La puissance transfre sous forme sensible vaut donc peu prs :
= Nu T S = 24 kW H
change global (chaleur sensible et chaleur latente). La puissance, calcule ci-dessus, est en principe cde lair sous forme de chaleur sensible (lie laugmentation de temprature), or nous avons vu que la chaleur latente associe lvaporation de leau ntait pas ngligeable. Ce deuxime transfert est li au transfert de masse. Heureusement les deux diffusivits, thermique et de masse (vapeur deau) dans lair, sont presque gales. La loi de transfert de masse est la mme que la loi de transfert de chaleur (en prenant des nombres sans dimension). On a dj examin cette question au 1.5.3. Le nombre de Sherwood qui est lquivalent du nombre de Nusselt a mme expression que ce dernier. Lewis a montr quil suffit de remplacer, dans les expressions de lchange de chaleur (sensible), lcart de temprature par lcart denthalpie divis par cp pour obtenir la loi dchange total sur lenthalpie (analogie de Lewis). La diffrence denthalpie de lair saturation pour une diffrence de temprature de 1,4C est de 1800.1,4 = 2500 J/kg. Dans lexpression de lchange total, il suffit de remplacer lcart de temprature rel de 1,4C par un autre fictif qui vaut 2,5C (= h/cp = 1800.1,4/1000), pour obtenir le transfert de chaleur total : total = sensible 2,5 = 43 kW 1,4 La puissance change pour un cart de temprature de 10C conduisant, aprs mlange partiel dans la zone dentre, un cart de temprature moyen de 1,4C, est de lordre de 43 kW. On retrouve ainsi une puissance comparable celle que lon a dduite des mesures de vitesses et de tempratures. On na donc pas besoin de retoucher les constantes estimes. Ainsi, contrairement lexemple de la glacire de Correnon pour laquelle lvaporation ne joue pas un grand rle, dans la grotte de la Ture, la puissance en chaleur latente joue un rle presque aussi grand que la puissance en chaleur sensible. Le rapport entre les deux puissances nest pas un nombre constant, il varie suivant les conditions de temprature et dhumidit de lair extrieur et aussi de ltat thermique de la grotte.
d) La grotte est un changeur de chaleur du style changeur rgnration

La grotte a pour fonctionnement thermodynamique une alternance dchanges de chaleur, dans un sens lt, et dans un sens diffrent lhiver. La temprature moyenne de la roche profonde reste uniforme tout au long de lanne et gale 5,5C. Il est facile de montrer quune paisseur dune vingtaine de mtres suffit largement pour amortir les fluctuations annuelles de la temprature extrieure. Leau, en revanche, pntre plus profondment dans le massif et influence ainsi la temprature de la roche. Mais comme la roche a pris prcisment comme temprature, la temprature moyenne de leau qui la traverse, les fluctuations rapides (annuelles) de leau ne peuvent pas influencer profondment la temprature de la roche. Nanmoins, au voisinage de la cavit qui est plus froide que la roche profonde, leau, mme ramene sa temprature moyenne annuelle, a tendance apporter de la chaleur la cavit. En t, la grotte joue le rle dun pige air froid. Lair chaud du dehors ne pntre pas et il ny a que peu dchanges de chaleur par lair. En t, cest donc seulement leau qui amne les calories qui sont tranfres la cavit, via la conduction thermique la paroi. Lhiver, la neige supprime partiellement linfluence de leau. Prs de la surface, la conduction thermique travers la roche influence la partie suprieure de la grotte. Peut-on estimer lnergie mobilisable dans la roche ? La rponse est oui, si on connat la temprature profonde du massif (T = 5,5C) et la temprature moyenne de fonctionnement de la cavit. Il suffirait de connatre lpaisseur de roche concerne pour estimer lnergie mobilisable. Cette nergie intervient dans le bilan global de la cavit et elle est apporte par conduction thermique dans lpaisseur de la roche. La puissance qui sort de la grotte en hiver a t emmagasine pendant lt. Il faut donc essayer dintgrer ce phnomne dans une volution priodique des conditions thermodynamiques de la grotte. Le volume de la grotte est denviron 50.50.5 = 12 000 m3. Le taux de renouvellement raison de 5 m3/s de dbit est de 40 mn. On a vu que la surface dchange S tait de lordre de 10 000 m2. La distance moyenne qui spare la grotte de la surface du sol est faible. Elle varie de 0 m ( lentre) jusqu une vingtaine de mtres en bas.
187
Arologie des systmes karstiques, partie 3, effets thermiques et rtroactions, 3.1.2.e
e) Modle simplifi du fonctionnement thermique de la grotte de la Ture

un instant donn, on peut attribuer aux parois de la grotte une temprature moyenne, qui est la moyenne sur la surface. Pour estimer lvolution de cette temprature moyenne, nous allons procder une tude de lvolution de cette temprature au cours de lanne. Les changes avec lair ne se produiront que pendant les seuls mois dhiver. Nous supposerons que les changes thermiques avec leau suffisent uniformiser les tempratures de la roche au loin et assurent une temprature uniforme la fin de lt (on reviendra plus loin sur cette hypothse) et nous dmarrerons ltude par une temprature de la roche partout gale 5,5C, temprature des parties profondes de la grotte. La conduction thermique dans la roche se fera sur une paisseur L qui serait dterminer par des mesures. Nous prendrons ici L infinie, de sorte que nous sous-estimerons linfluence thermique de leau de percolation. Notre modle physique se ramne donc un transfert convectif dans lair pendant lhiver, associ un transfert conductif pendant toute lanne. Rsolution numrique. Nous discrtisons le problme en adoptant un pas de temps gal deux jours. La temprature extrieure chaque pas de temps est celle donne par la mto. Pour le calcul, et en labsence de donnes plus prcises, nous adopterons une temprature extrieure de forme sinusodale dans le temps, avec une moyenne de 5,5C et une amplitude annuelle de 10C. Nous admettrons par ailleurs que lcart de temprature efficace (1,4C pour les mesures) est proportionnel lcart total des tempratures. Ainsi : T = 1,4 Text - Tm 3.29 10,5 Connaissant la temprature extrieure moyenne et la temprature intrieure moyenne, nous pouvons calculer la puissance vacue. Cette puissance nous fournit, pour une surface dchange (S = 10 000 m2), la densit moyenne de flux la paroi et donc le gradient thermique moyen la paroi (loi de Fourier). Nous rsolvons le problme instationnaire par une mthode de Schmidt qui nous fournit lvolution temporelle de la temprature dans la paroi. La mthode de Schmidt (graphique ou numrique) Elle traduit graphiquement lalgorithme de rsolution de lquation de la chaleur une dimension despace et instationnaire, par diffrence finie (la coordonne x est perpendiculaire la surface de la roche). Cette quation s'crit : T = a 2 T c t x2 T'i - Ti = ac t 2 x Ti+1 + Ti-1 - 2 Ti 3.30
La deuxime quation est lquation discrtise de la premire. Le pas despace est not x , le pas de temps est not t . La temprature linstant t au point xi est note Ti , la temprature linstant suivant t + t est note Ti . La mthode de Schmidt consiste prendre le facteur constant, devant le crochet, gal 1/2 : ac t 2 = 1 2 x x = 2 ac t 3.31
On en dduit la relation facile traduire gomtriquement : T'i = Ti+1 + Ti-1 3.32 2 Graphiquement, le point Mi reprsentatif de la nouvelle temprature ( linstant t + t) au point dabscisse i se trouve au milieu du segment Mi-1 Mi+1 . Le dernier point, celui le plus profond, est gard temprature constante. Le premier point, celui sur la paroi, se calcule laide de la temprature du 2e point et du gradient thermique la paroi. Le gradient de temprature la paroi est recalcul chaque pas de temps et inject dans le graphique sous forme dune pente impose chaque pas de temps la paroi. On dispose dune relation entre le gradient de temprature de lair et la diffrence de temprature Text - Tm : T g = 0,0159 x c a T
1/3
Tm - Text
4/3
3.33
188
soit
T = 0,082 T - T m ext x
4/3 15 13
temprature (C)
Grce cette relation (3.34) qui provient de la loi dchange thermique convectif associe la loi de Fourier sur le flux la paroi, la temprature de paroi sera calcule, chaque pas de temps, par la relation (3.35) : T0 = T1 - 0,082 Tm - Text
4/3
11 9 7 5 3 1 -1 -3 -5 0
r gime d'hiver temp rature 0,65 m temp rature de paroi
r gime d' t
arr t de la convection
Le pas despace x est adapt au pas de temps. Ainsi pour un pas t = 1,24.106 s (quinze jours) et une diffusivit thermique de la roche calcaire de ac = c/c cc soit 2,25/(2400.810) = 1,16.10-6 m2.s-1, le pas despace vaut x = 1,7 m. En pratique, nous avons travaill laide dun tableur. Le pas de temps a t choisi gal deux jours soit 172800 s. Le pas despace est x = 0,63 m. Ce sont les rsultats de ce calcul que nous prsentons sur les figures ci-contre. Sur le graphe au-dessus, nous avons reprsent la temprature extrieure suppose varier dune manire sinusodale au cours du temps, la temprature moyenne de paroi qui dcoule de lexistence du courant dair et la temprature 0,65 m de distance de la paroi qui permet de visualiser le gradient de temprature la paroi. Sur le graphe ci-contre, a t reporte la temprature au cours de lanne diffrentes profondeurs dans la roche. Lamortissement des variations de temprature est trs marqu. Ainsi, 2,5 m de distance de la paroi dans la roche, lamplitude des tempratures est seulement de 2,8 C comparer au 4,3C la surface de la paroi. Le dphasage temporel, un retard par rapport la temprature extrieure menante, est trs visible aussi. Ainsi, 2,5 m de distance de la paroi, le minimum de la temprature survient 40 jours aprs le minimum de la temprature de la paroi. La paroi tant elle-mme en retard de 22 jours par rapport lair extrieur.
temp rature ext rieure
nombre de jours
nov. d c. 60 120 180 240 300 360 jan. f v . m a r s a v r i l mai j u i n j u i l . ao t sept. oct.
Fig. 3-7- Diffrentes tempratures au cours de lanne. On voit le dficit de temprature moyenne du trou par rapport lextrieur Temperature versus time for the external air and different depths in the rock
Temprature (C)
7 6
15 m
x = 24 m 8,8 m 5,7 m
5 4
2,5 m
3
arr t de la convection
2 1 0 0 30 60
0,65 m x = 0 m temp rature ext rieure
nombre de jours
90 120 150 180 210 240 270 300 330 360
Fig. 3-7b- Tempratures diffrentes profondeurs dans la roche. Lamplitude des fluctuations diminue vite avec la distance lentre Temperature versus time for different depths in the limestone
On remarque larrt du gradient de temprature ds que le courant dair sarrte. La temprature de surface na pas le temps de rejoindre la valeur 5,5C au cours de lt. Il reste un dficit de 1,5C au bout dune anne. Mais le rle des circulations deau devrait largement suffire le faire. Ici, on a tenu compte uniquement de la conduction thermique dans la roche et non pas des infiltrations dans la cavit, sinon pour leur capacit amener leau pour lvaporation. Leur rle thermique consisterait apporter un supplment dnergie la cavit, ou dune manire quivalente, reviendrait diminuer la distance de la paroi partir de laquelle la roche resterait temprature constante (ce qui augmenterait le flux de conduction dans la roche).
189
Arologie des systmes karstiques, partie 3, effets thermiques et rtroactions, 3.1.2.f
f) Refroidissement local du massif calcaire

La prsence de la grotte de la Ture et de son courant dair hivernal refroidit lgrement le massif calcaire autour. Pour trouver lordre de grandeur de ce refroidissement, il faut considrer lapport d leau qui percole dans la roche, et comparer lnergie vhicule par leau lnergie dissipe par convection durant lanne. Un problme se pose quand on examine la profondeur de pntration de la perturbation thermique. La surface dchange est augmente par le caractre contourn de la surface de contact entre lair et la roche, mais quand on calcule le volume concern par le phnomne, il ne faut pas le calculer avec la surface S = 10000 m2 car le volume correspondant nest pas celui de la roche autour de la cavit. On pourrait se limiter par exemple prendre S = S/2 = 5000 m2. On a dj rencontr ce problme dans le 1.4.2.g. En calculant le flux total sur une saison de convection, on trouve une nergie perdue par la grotte de Q = 1011 J environ. La surface de sol concerne est denviron S = 10 000 m2 pour une lame deau H = 3 m. Cette eau subit un refroidissement moyen de : T =
11 Q = 3 10 = 0,8C 4 e S" H' ce 10 .10 . 3.4180
3.36
Cette valeur est rapprocher de la valeur 1,5C trouve en dficit dans la cavit au bout dune anne sans prendre en compte leau de percolation. On en dduit que leau limitera probablement le dficit de temprature la cavit la valeur de 0,8 C environ. Ainsi, le fonctionnement du pige air froid refroidit la roche en son voisinage. Cette anomalie thermique de lordre du degr nest pas trs grande, compare par exemple celle dune glacire. Mais labsence de glace empche leffet observ la glacire de Correnon dune rtroaction positive due lisothermie relative de la glacire.
Critiques et Conclusions
En convection naturelle, le flux transmis nest pas proportionnel lcart des tempratures. Ladoption de la temprature moyenne dans la grotte comme temprature de rfrence de lair pour dvelopper un modle conductif dans la roche est donc discutable. Lerreur ne doit nanmoins pas tre trs grande. La valeur numrique de la diffusivit du calcaire fissur nest pas une donne quon peut trouver dans les tables. Des mesures locales seraient ncessaires pour en amliorer la connaissance. Plus grave encore, linfluence thermique de leau na pas t suffisamment dtaille. Nous avons dj remarqu combien ce rle est difficile cerner. Malgr le peu de mesures et leur mdiocrit, on a montr quon peut faire des bilans de masse et dnergie dans un pige air froid comme la grotte de la Ture. On remarquera le calage qui a t fait en utilisant les vitesses mesures. Ce calage est indispensable pour des systmes aussi complexes que les cavits naturelles. Pour calculer lchange prs de lentre, il faudrait en effet connatre la structure dtaille de lcoulement, en particulier, connatre les grandes structures de la turbulence cet endroit. La visite du site nous a montr lextrme instabilit de cette partie de lcoulement pour des perturbations dues au vent extrieur. La prise en compte du transfert par rayonnement entre les parois suprieures et infrieures prs de lentre est possible. Nous ne lavons pas fait car lincertitude globale serait reste. Limportance des dbits dair relevs en hiver pourrait surprendre, mais cette grotte est rpute pour son courant dair hivernal li une disposition gomtrique trs favorable (peu de mlange entre lair qui descend et lair qui monte). Les puissances transfres dans ce type de cavit ne sont pas ngligeables. Un massif calcaire possdant beaucoup de piges air froid ou de glacires verra sa temprature moyenne maintenue plus basse que la temprature moyenne de latmosphre voisine. On verra, au contraire, dans le chapitre suivant que si les cavits ne sont pas borgnes mais communiquent avec des entres infrieures, les entres suprieures constituent des points chauds locaux. Ainsi, la surface suprieure dun massif karstique prsente un aspect contrast du point de vue thermique. On reviendra sur ces questions dans la partie 4.
_______________________
190
3.2. Tube vent. Perturbation thermique brutale dun rseau

On va sintresser dans les chapitres qui suivent aux tubes vent. Le fonctionnement dun tube vent a dj t vu plus haut. Il est assez facile comprendre quoique complexe. Il sagit dune machine thermique qui convertit lnergie thermique de latmosphre en nergie mcanique. Mais tout tudiant de thermodynamique sait quil faut deux sources de chaleur pour faire un moteur. Ici aussi, il y a deux sources. La premire est latmosphre dans son tat thermique instantan, la deuxime est la cavit dont la temprature volue au cours de lanne cause, en partie, du courant dair. Les deux sources sont donc latmosphre et la roche. lchelle de lanne, il sagit dun phnomne grosso modo priodique. On a dj tudi dans le 2.6.2 lvolution de lair dans un rseau de temprature constante. Ctait leau qui tait suppose maintenir cette temprature constante. Ici, on laissera voluer la temprature de la paroi et de la roche sous laction du courant dair.
3.2.1. Gnralits a) Tube vent et perturbation thermique brutale

Conditions initiales. Nous nous limiterons dans ce chapitre un courant dair de vitesse constante et de temprature entrante constante. La paroi est initialement de temprature uniforme. La roche environnante a aussi la mme temprature initiale. Le courant dair pntre linstant initial dans la galerie avec une temprature gale celle de lair extrieur et diffrente de celle de la roche. Nous avons dj trait dans la partie 2 lvolution dun courant dair dans une galerie quand la temprature de la paroi reste constante dans le temps. On obtient dans ce cas une solution analytique. Cette solution simple jouera donc le rle de condition initiale pour la temprature de lair de notre nouveau problme. But du calcul. Il sagit de calculer la rponse thermique dun tube vent trs long, une descente brusque de la temprature extrieure qui induit une vitesse entrante linstant initial. On pourrait aussi imaginer la rponse dun rseau louverture soudaine dune porte, permettant un courant dair de samorcer. Nous examinerons comment la temprature volue le long de la galerie, dans lair et dans la roche voisine, et cela au cours du temps. La notion que nous en tirerons est celle de temps caractristique pour un tronon de galerie de longueur donne (ou bien une distance de perturbation pour une dure donne de courant dair). Ce modle est trs simplifi car nous ne prenons pas en compte le rle de lvaporation que nous repoussons la fin de cette troisime partie. La temprature de lair extrieur est suppose rester constante. Dans le chapitre suivant sera abord le cas dun courant dair avec une temprature de lair extrieur variant priodiquement. Rsolution numrique. Les calculs seront conduits numriquement, mais nous essayerons dobtenir des reprsentations instructives des phnomnes. Les logiciels crits en quick-basic (Microsoft) sont disponibles sur simple demande. On trouvera en annexe un exemple de programme ( A.5). Lalgorithme de rsolution de lquation de conduction est celui de Schmidt (dj vu pour la grotte de la Ture).
b) Expriences possibles en rapport avec ce problme

On supprime le courant dair dune cavit deux entres en installant une porte lentre basse, par exemple. On attend plusieurs jours (ou plusieurs mois) que la temprature dans la cavit soit devenue peu prs uniforme. un instant donn, qui jouera la rle dinstant initial, la porte est ouverte et un courant dair stablit immdiatement. En quelques secondes, lair a parcouru une distance suffisante pour rejoindre la temprature profonde de la roche. La longueur caractristique est note L0 (celle qui a t calcule au 2.6.3). Au cours du temps, le profil longitudinal de temprature volue, de sorte que la temprature de lair un instant et une distance donne de lentre dpend de deux variables : la distance et le temps. Cest cette fonction deux variables quon sattachera trouver dans le calcul. On examinera aussi au passage lpaisseur de roche, entourant la galerie, concerne par le phnomne, une distance donne de lentre. Cette entre soudaine de courant dair dans une cavit pourrait correspondre aussi la succession dune temprature reste constante un certain temps (associe un courant dair quasi nul dans la cavit), suivie dun refroidissement brutal qui engendre un courant dair. Dans une application la nature, ltude du transitoire devrait se limiter une dure infrieure la dure de la priode stable qui a prcd lintrusion de lair.
191
3.2.2. Description des phnomnes physiques

On se donne le diamtre thermique de la galerie, la temprature initiale de la roche, la temprature dentre de lair, plus basse que lautre et le dbit dair (constant dans le temps de lexprience et associ une certaine rsistance araulique du rseau). Tous les carts ultrieurs de temprature sont proportionnels lcart initial. Transfert thermique air-paroi. Lair froid, qui pntre dans la galerie, dveloppe au voisinage des parois des couches limites cinmatique et thermique. Dans la couche thermique, dpaisseur dautant plus petite que la vitesse est plus grande, existe un gradient de temprature lev qui favorise un transfert de chaleur par conduction thermique. Un flux thermique transite donc de la paroi vers le courant dair. Lagitation turbulente de lair a tendance homogniser la temprature de lair, ce qui favorise le renouvellement du gradient la paroi. Transfert dans la roche. Dans la roche, le flux qui schappe vers lair abaisse la temprature de la paroi. Un gradient thermique sinstaure aussi au sein de la roche. Ce gradient permet la roche profonde damener un flux thermique la paroi, puis lair. Le problme thermique dans la roche est fondamentalement non permanent (cest labaissement de lnergie interne de la roche qui fournit la puissance thermique) alors que le problme de convection dans lair peut tre trait en rgime quasi-permanent (voir explication en bas). Simplification. On suppose dans ce problme quil ny a ni condensation de lair, ni vaporation de leau la paroi. Cela est compatible avec une entre dair froid lhiver, dans une galerie dj assche par le courant dair prcdent. Cela signifie quil ny a pas de suintement deau sur les parois.La prise en compte dune vaporation deau est possible, mais il faut connatre les dbits et les tempratures. On peut simplement remarquer que lvaporation de leau augmentera les changes, cest--dire raccourcira les longueurs quon calculera plus loin.
3.2.3. Mise en quations du problme

On appelle x labscisse curviligne le long de laxe de la galerie. On place lorigine O lentre. On compte le temps partir du dmarrage du courant dair. La distance dun point laxe de la galerie est note r . On appelle T la temprature (moyenne sur une section et pondre par la vitesse, dite temprature moyenne de mlange) de lair le long de la galerie une distance x de lentre, et T la temprature de la roche, une abscisse x et une distance r de laxe, au cours du temps. On appelle T0 la temprature initiale uniforme dans la roche. On appelle T1 la temprature suppose constante de lair extrieur pendant la dure dobservation.
temprature extrieure constante T1 O entre V temprature initiale dans la roche T0
dx
diamtre D
T(x,t) x
x+dx
galerie trs longue
courant d'air entrant de vitesse constante
Fig. 3-8- Reprsentation schmatique du problme et notations Sketch plan and notations
a) Bilan sur lair

Le courant dair qui passe de labscisse x labscisse x+dx reoit un flux de chaleur de la paroi, ce qui lchauffe. On crit lquation (3.37) de bilan thermique de lair (voir les notations au dbut du chapitre) : a D V cp dT = d (flux amen par la paroi) 4
2
T T0
T1
On nglige laspect non permanent dans cette quation car le temps caractristique du passage du fluide dans la conduite (par exemple quelques minutes) est trs petit devant les dures ncessaires lvolution des tempratures (par exemple plusieurs jours).
0
Fig. 3-9- Conditions initiales pour la temprature de lair Initial air temperature versus distance from entrance
192
Le flux amen par la paroi se calcule en convection force par une loi dchange (en coulement turbulent). Les lois dchanges nont pas t tablies pour des coulements en conduites aussi irrgulires que celles quon rencontre dans les cavits naturelles, mais il est probable que la forme de la loi ne sera que peu change. La modification se reportera plutt sur le coefficient numrique qui vaut 0,023 pour la relation propose par Colburn mais les mesures de la mine du Chne ont fourni le double (cf. 1.4.3.f) : = d = Nu a Tp - T D dx D avec Nu = Re0,8 Pr1/3 (relation de Colburn) 3.38
On en dduit la relation sur la drive axiale de la temprature moyenne de lair dans la galerie : dT = 4 Re0,8 Pr1/3 a Tp - T dx D D V a cp Et en tenant compte des dfinitions des nombres de Reynolds et de Prandtl : Re = V D lexpression se simplifie sous la forme : dT = 4 1 Tp - T dx D Re0,2 Pr2/3 avec A=
0,2
3.39 c Pr = = a p a a 3.40
soit encore
dT = A Tp - T dx R
A=
2 Re0,2 Pr2/3
-0,2
3.41
2. 0,023 15.10 -6 2 = Re0,2 Pr2/3 V D 0,2 0,7 2/3
= 0,00633 V D
3.42
La constante A est sans dimension, mais le coefficient numrique 0,00633 est quant lui dimensionn. Les conditions aux limites se trouvent, dune part lentre pour laquelle la temprature de lair reste constante et gale T1 , et dautre part la paroi. Nous examinerons cette dernire condition plus loin.
b) Conduction dans lpaisseur de la roche au voisinage de la paroi

Lquation de conduction est lquation de Fourier (1822). On lcrit en coordonnes cylindro-polaires. La symtrie de rvolution du problme thermique permet de ne garder quun seul terme pour la partie diffusion (le 2e membre de lquation) : T' = a 1 r T' c r r t r 3.43
Les conditions initiales sont une temprature uniforme dans la roche et gale T0 , et les conditions aux limites sont reprsentes par le flux cd lair qui circule, cette change se faisant la paroi, cest--dire pour r = D/2 , et pour laquelle la temprature est note Tp. La relation de Fourier entre le gradient de temprature de la roche au voisinage de la paroi et le flux nous permet dcrire la condition de continuit des flux la paroi : c T' r d'o T' r = = Re0,8 Pr1/3 a Tp - T D avec B = Re0,8 Pr1/3 a 2 c
0,8
3.44
r = D/2
r = D/2
= 2 B Tp - T D
0,8
3.45
B = Re0,8 Pr1/3 a = 0,023 V D-6 2 c 2 15.10
0,71/3 0,024 = 0,787 V D 2,25
3.46
193
3.2.4. Simplification du systme dquations. Variables sans dimension

r
R O galerie OM = r et = (r -R) / R
a) Thorme de Vashy-Buckingham et units naturelles

On a intrt transformer les variables dimensionnes en variables sans dimension en divisant chacune par une unit naturelle pour le problme. Cela permet de diminuer le nombre de paramtres intervenant dans la solution. Cest le thorme de Vashy-Buckingham : un systme de formules de dimensions avec p units fondamentales ayant t adopt, toute solution dun problme, si elle sexprime par une relation entre n grandeurs, sexprime aussi par une relation entre n - p grandeurs sans dimension. Cette nouvelle relation est appele relation rduite. Dans lexpression de la relation rduite, le nombre de paramtres, donc de degrs de libert, a t diminu de p. Cest pour cette raison de simplification des discussions et danalyse que lon transforme, dans les problmes complexes, les quations physiques en quations sans dimension.
Fig. 3-10- Dfinition de la coordonne radiale sans dimension Adimensional radial co-ordonnate
Les units naturelles. Les variables despace x et r jouant un rle diffrent, on choisit pour elles deux units diffrentes (le problme est donc deux chelles despace = distorsion de lespace). Comme lquation en temprature ne fait intervenir que les drives de T, on peut choisir lorigine des tempratures que lon veut. On prendra T1 - T0 comme unit de temprature, cest--dire lcart entre la temprature extrieure T1 et la temprature de la roche profonde T0. Lorigine des tempratures sera prise gale T0 . Pour viter une lourdeur dcriture, on pose dans toute la suite du chapitre R = D/2 , le rayon de la galerie. Lunit de temps est celle donne par la diffusion thermique dans la roche calcaire associe une longueur gale au rayon. Unit naturelle de longueur axiale : x0 = R A 79 D1,2 V0,2 0,635 D0,2 V-0,8 4,13 D0,4 V-1,6 en jours 3.47
unit naturelle de longueur transversale : r0 = R B unit naturelle de temps : t0 =
3.48
R 2 = r2 0 ac B2 ac
3.49
Les variables sans dimension Tempratures sans dimension : = T - T1 T0 - T1 =Ax R = B r-R R

2
' = T' - T1 T0 - T1
3.50
abscisse sans dimension :
3.51
coordonne radiale sans dimension :
3.52 3.53
temps sans dimension :
ac t =B 2 R
Avec ces nouvelles dfinitions, la temprature dans lair crot de 0 1 le long de la galerie, la temprature profonde vaut 1 . Les tempratures sans dimension dans la roche sont comprises entre 0 et 1 .
194
Exemple dunits naturelles de longueurs et de temps. On peut calculer, pour une vitesse V = 1 m/s et diffrents diamtres D , lunit dabscisse x0 , et lunit naturelle de temps t0 : x0 = 79 D1,2.V0,2 t0 = 4,13 D0,4.V-1,6 (avec t0 en jours) B = 0,787 V = 1 m/s D = 1 m B = 1,37 V = 1 m/s D = 2 m B = 2,85 V = 1 m/s D = 5 m x0 = 79 m x0 = 181 m x0 = 545 m t0 = 4,13 jours t0 = 5,44 jours t0 = 7,86 jours
b) Le systme dquations sans dimension

Les quations deviennent : bilan pour l'air = - p avec =0 = 0 3.54
conduction dans la roche
' = 2 ' + 1 ' 2 + B ' = p -

=0
3.55 p = ' =0
raccord la paroi pour = 0
avec
3.56
Le problme, exprim en variables sans dimension, dpend de la constante sans dimension B , vue plus haut : B = Re0,8 Pr1/3 a = 0,787 V D 2 c
0,8
3.57
Il ny a donc pas de solution universelle ce problme. Il faudra discuter la solution en fonction de ce paramtre B. Mais la constante B nintervient que dans un seul terme. La signification physique du terme dans lequel intervient B est llargissement des lignes de flux quand on sloigne de la paroi. Cet largissement sera ngligeable quand le rayon de la galerie sera grand ou quand le temps dobservation sera petit. Ce terme serait rigoureusement nul pour une galerie paroi plane du genre laminoir (quivalent B infini). Pour une valeur de B donne, cest--dire pour un produit V D donn, on pourra rsoudre le problme. Remarque pour la rsolution. La solution dun problme aux quations aux drives partielles comme celui-ci, est la solution dun ensemble de relations qui comprend les quations traduisant les phnomnes physiques (bilan, conduction) et les relations traduisant les conditions aux limites. On ne peut esprer, comme dans la rsolution de certaines quations diffrentielles ordinaires, rsoudre les quations et calculer certaines constantes grce aux conditions aux limites. Pour les quations aux drives partielles, la forme mme de la solution dpend des conditions aux limites que lon doit donc associer aux quations proprement dites.
c) Cas o la solution est universelle

Si la dure dobservation est courte, la courbure de la galerie ne joue aucun rle. On peut considrer le problme de conduction dans la roche comme un problme sur une paroi plane. Les 1re et 3e quations sont inchanges, seule la deuxime quation est modifie : ' = 2 ' 2 3.58
Notre problme sans dimension ne dpendant daucun paramtre, sa solution sera universelle. Cette solution correspond des galeries de grands diamtres ou des fluctuations rapides des courants dair dont les priodes nexcdent gure quelques semaines.
195
3.2.5. Rsolution numrique des quations (programme Therm1)

Le systme complet dquations dpend de B , qui joue le rle de paramtre indpendant du problme et qui varie comme le produit (V D)0,8. Il nous faudra tudier linfluence du paramtre B sur la solution, ce que nous ferons plus loin pour une valeur fixe des autres paramtres.
a) On discrtise lquation de conduction dans la roche

Dans les a et b, on renonce aux lettres grecques pour les coordonnes et le temps sans dimension, et on les remplace, par simplicit, par des lettres latines (x pour , y pour , t pour ) : ' x,y,t+dt - ' x,y,t ' x,y+dy,t + ' x,y-dy,t - 2' x,y,t ' x,y+dy,t - ' x,y-dy,t = + 1 2 dt y + B 2 dy dy 3.59
On choisit de prendre dt/dy2 = 1/2 (mthode de Schmidt) ce qui assure la plus grande rapidit de calcul, tout en vitant linstabilit numrique. On obtient alors : dy ' x,y,t+dt = ' x,y+dy,t 1 + 2 4 y+B dy + ' x,y-dy,t 1 2 4 y+B 3.60
La solution tant partout connue dans la roche linstant t (qui peut tre aussi linstant initial), on se sert de cette relation pour calculer la temprature en tout point de la roche linstant t+dt , lexception des points loin de la galerie dans le massif rocheux quon garde temprature constante. Et il reste calculer la nouvelle temprature la paroi et dans le courant dair.
b) Calcul de proche en proche des tempratures de la roche et de lair linstant t+dt

Soient deux points contigus sur laxe des x , nots a et b , dont les tempratures de lair sont a et b , et soient le point voisin de la paroi dont la temprature est note 1 , et le point un peu plus loin dans la roche dont la temprature est note 2 . Pour la commodit du calcul, le maillage dans la roche est dcal dun demi-pas par rapport celui de la galerie. Le bilan axial conduit lquation discrtise : b - a = '1 - a + b dx 2
dx a dy a '1 '2 y b b paroi roche
galerie x
De mme, la continuit du flux la paroi fournit : '2 - '1 = '1 - a + b dy 2 Ces deux quations ont deux inconnues b et 1 car a est suppose connue par le calcul de proche en proche et 2 a t calcule par lquation de conduction. Les deux quations prcdentes conduisent aux deux relations suivantes qui permettent dobtenir b et 1 : 2 + 2dy - dx a + 2 dx '2 2 + 2dy + dx '1 = 1 - 1 a + 1 + 1 b 2 dx 2 dx b =
Fig. 3-11- Maillage en x et en y Discretisation in x and y co-ordonnates
3.63 3.64
On peut donc calculer les tempratures partout dans la roche et dans lair au pas de temps t+dt . La temprature sans dimension de lair lentre de la galerie est impose et gale 0 .
196
c) Validit de la solution simplifie qui ne dpend pas de B

Du fait de la structure des quations, la perturbation thermique stendra dans la roche indfiniment vers x et y. Ce sont les valeurs numriques des paramtres A et B qui fixent, pour une dure de calcul donne, les limites adopter pour x et y. Le calcul simplifi suppose que la perturbation thermique ne pntre pas trop loin dans la roche pour que les effets de divergence des lignes de flux thermiques restent insensibles. Nous allons examiner la limite de validit de ce calcul, cest--dire pour quelle plage des valeurs du temps lapproximation reste valable. Il suffit de remarquer que cest prs de lentre que la roche est la plus perturbe, pour imposer la condition cet endroit. On sait quen conduction thermique, lpaisseur de pntration dun front thermique se dduit du temps et de la diffusivit thermique du matriau par la relation : e = ac t . Et on veut que cette paisseur de pntration soit nettement plus petite que le rayon R de la galerie. On en dduit la condition : e < R2 , cest--dire en passant aux grandeurs sans dimension : < B2 . La limite de validit du calcul numrique est donne par cette condition qui dpend du diamtre et de la vitesse de dbit du courant dair : 0,62 V D
1,6
avec V en m/s et D en m
3.65
Exemple numrique. Pour V = 1 m/s et D = 5 m , on doit se limiter = 1 , cest--dire aussi un temps physique t = 8 jours. Ce temps court nous montre que le calcul simplifi est limit aux perturbations thermiques de priodes petites. En particulier, les variations annuelles ne sont pas dcrites par le modle simplifi.
d) Solution analytique correspondant la rpartition initiale de la temprature de lair

La solution que nous avons tablie au 2.6.2 peut servir ici aux premiers instants pour lesquels la temprature de paroi est uniforme et gale la temprature profonde du massif (p = 1). Le systme dquations se ramne alors au seul bilan thermique sur lair dont lquation sintgre facilement : d = 1 - d = - ln 1 - 3.66
3.2.6. Rsultats des calculs numriques (programme Therm1)

Ils sont donns en variables sans dimension, mais nous donnons les relations numriques de passage afin de permettre de resituer les rsultats mathmatiques dans le contexte physique ( x et y sont en mtres et t est en secondes sauf indication contraire). x = 79 D1,2.V0,2 (3.66b) y = r - R = 0,635 D0,2.V-0,8 (3.66c) t = 357 000 D0,4.V-1,6 (3.66d) Dans la dernire relation, si on exprime t en jours (plutt quen secondes), la constante 357000 devient 4,13 . Elle est dimensionne.
a) Profil thermique de lair le long de la galerie

Lair entre dans la galerie avec une temprature (sans dimension) nulle et schauffe jusqu la valeur maximale 1. Il va donc passer par les valeurs successives 0,5 (50% du maximum), 0,9 (90%) et 0,99 (99%) . On note les abscisses correspondantes 50, 90 et 99. Pour = 0 50 = 0,69 90 = 2,3 99 = 4,6
temprature de l'air 100 % 90 % 50 %
50
90
Sur la figure ci-contre, la courbe donnant la progression au cours du temps de labscisse correspondant une valeur = 0,5 , est la plus intressante. Pour = 0 la solution exacte fournit 50 = 0,69. Pour des valeurs de > 0,1 , lexpression analytique fournie par le grapheur pourra tre utilise dans les calculs dordre de grandeur.
Fig. 3-12- volution de la temprature de lair le long de la galerie. Dfinition des abscisses 50 et 90 Longitudinal air temperature
197
Arologie des systmes karstiques, partie 3, effets thermiques et rtroactions, 3.2.6.b
La relation approche fournie par le grapheur : 50 = 1,613

0,43
10,0
abscisse
0,146
3.67
7,5
= 9,095 0,129 99%
Traduisons cette relation en variables physiques : x50 = 104 V D

1,14 0,146
3.68
5,0 90% = 4,844 0,140
Soit dune manire quivalente : t50 = 1,53.10-14 x6,85 V D7,82

2,97
3.69
2,5 50 % = 1,613 0,146 temps 0,0 0,5 1,0 1,5
Ainsi, la perturbation thermique progresse dautant plus loin (pour une dure donne) que le diamtre est plus grand et que la vitesse du courant dair est plus grande. Leffet de la vitesse nest pas trs fort, alors que celui du diamtre est nettement plus important. Prenons un exemple. Soit une galerie de 2 mtres de diamtre dans une roche de temprature 5C et soit un courant dair de vitesse de 0,5 m/s qui pntre dans la galerie avec une temprature dentre de 15C. La temprature de lair vaut donc 15C lentre et diminue vers lintrieur. Elle aura la valeur 10C (50%) : 108 m de distance au bout de quelques s (on a utilis lexpression exacte initiale) 200 m de distance au bout de 76 heures 500 m de distance au bout de 1680 jours.
0,0
Fig. 3-13- Les abscisses pour lesquelles les tempratures sans dimension de lair valent respectivement 0,5, 0,9, 0,99 , en fonction du temps . On a indiqu lquation empirique des courbes, fournies par le grapheur. Cas des grandes valeurs de B Pour = 0 , 50 = 0,69 90 = 2,3 99 = 4,6 Abscisses for adimensional temperature of 0.5, 0.9, 0.99 versus adimensional time
Pour les conditions choisies, la temprature de lair devient celle du milieu rocheux au bout de quelques centaines de mtres. La distance au bout de laquelle la temprature sest carte de la temprature dentre de 90% , est grosso modo trois fois plus grande que pour un cart de 50%. La progression en fonction du temps est trs lente puisquun doublement du temps dobservation ne saccompagne que dun accroissement de 10% de la longueur influence. Cest lexposant trs faible (0,146) du temps qui en est la cause.
, abscisse 50% 3,0 B infini
2,5 B = 2,85 B = 1,37 2,0 B = 0,787
b) Influence du paramtre B sur la longueur de pntration

Nous avons reprsent sur les figures ci-contre et pour diffrentes valeurs de B, labscisse pour laquelle la temprature sans dimension de lair est gale 0,5. Cest la distance 50 vue au-dessus. Elle reprsente la distance sans dimension ncessaire pour que la temprature de lair ait vari de 50% de son amplitude de variation totale.
Fig. 3-14 a et b Distance sans dimension lentre pour laquelle la temprature sans dimension de lair = 0,5 pour diffrentes valeurs de B = 0,787 (VD)0,8 . La figure ci-contre est un agrandissement de celle du dessus Pour = 0 50 = 0,69 Adimensional distance from entrance for adimensional air temperature of 0.5 The bottom figure is a zoom of the top figure
1,5
1,0 0 1 2 3 4
temps
50 1,8 1,6 1,4

B = 0,5 B = 100 B=5 B=2 B=1
1,2 1,0
B = 0,2
B=0
0,8 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
1,2
198
Exemple numrique. Ainsi, on dduit du graphique, pour un diamtre donn D = 1 m et une vitesse du courant dair de 1 m/s, une augmentation de la temprature (sans dimension) du courant dair de la valeur 0 la valeur 0,5 sur la longueur de 60 m ( = 1,51) au bout de 4 jours ( = 1), et sur la longueur de 73 m ( = 1,85) au bout de 16,5 jours ( = 4). Les courbes des figures 3-14 reprsentent donc lvolution de la distance atteinte par la perturbation thermique pour des dures ne dpassant pas quelques dizaines de jours. Les distances atteintes sont importantes et peuvent dpasser 4 km dans le cas des grandes galeries. Ces valeurs semblent considrables mais supposent des galeries de sections rgulires et un fort dbit, ce qui est rarement le cas. Autre exemple numrique. Une galerie de diamtre D = 2 m est parcourue partir de linstant initial par un vent entrant de vitesse V = 0,3 m/s. La temprature profonde du massif est 16 C, la temprature du courant dair est 0C. On calcule la constante B = 0,52. Lunit naturelle de longueur est x0 = 79 D1,2.V0,2 = 142,7 m, et lunit naturelle de temps est t0 = 4,13 D0,4.V-1,6 = 37,4 jours. La temprature mdiane, cest--dire 8C sera atteinte en quelques secondes, la distance de lentre 50 = 0,69 soit L0 = 100 m. Une heure plus tard, cette distance sera reste inchange ( = 0,0011). Dix jours plus tard ( = 0,27) on lit 50 = 1,13 sur le graphique ci-dessus, et la distance est devenue 161 m.
c) Notion de temps caractristique pour un tronon L prs de lentre du courant dair

Si la longueur de la galerie est infinie, la perturbation thermique pntrera dautant plus loin que le phnomne dure plus longtemps, mais si on considre un tronon de galerie de longueur finie (L), la perturbation thermique finira par gagner tout ce tronon de galerie en un temps fini. La grandeur qui nous intresse est la temprature de lair moyenne tout le long du tronon de galerie (pas trop petit sinon le temps sera nul). Au dbut du courant dair, cette temprature totale moyenne sera dabord T0 (temprature de la grotte), puis au fur et mesure que lair extrieur influencera thermiquement la grotte, la temprature totale moyenne de lair tendra vers la temprature extrieure T1. Dfinition du temps caractristique. Le temps caractristique associ la distance L lentre du courant dair est celui au bout duquel la temprature totale moyenne sur la longueur L est gale la demi-somme de la temprature profonde de la roche et de la temprature de lair extrieur, cest--dire en grandeur sans dimension m = 0,5. Longueur initiale. La rsolution analytique, fournissant le profil de temprature de lair pendant les premires secondes (cf. plus haut), nous permet de calculer partir de quelle longueur, le temps caractristique est diffrent de 0. Ce temps caractristique de zro est en ralit celui qui permet au courant dair de parcourir la galerie. Il nest donc pas tout fait nul mais srement infrieur une heure. Ici, nous ne cherchons pas la distance laquelle la temprature = 0,5, mais la distance L0 pour laquelle la moyenne des tempratures (calcule entre lentre et la distance) est gale 0,5 : = 1 - e-
L
roche entre galerie x
1 m 0
Fig.3-15- Temprature moyenne m le long de la galerie un instant donne Air mean temperature versus distance from entrance at a given time
T0
temprature moyenne de l'air
temprature des parois de la grotte
(T0 + T0)/2 T1 0 t0
temprature de l'air extrieur
temps
3.70
Fig. 3-16- Temps caractristique t0 associ au phnomne thermique, pour une galerie de longueur finie L Characteristic time of air temperature in a gallery with given L length
m = 1 L
-L 1 - e- d = 1 + e- 0L = 1 - 1 - e L L
3.71
199
-L0 m = 0,5 = 1 - 1 - e L0
L0 1,594
temps caractristique 0
3.72
B = 0 B = 0,5 B = 1 B = 2 12 10 8 6 4 2 0
B=5
B = 100
Cette valeur est 2,3 fois plus grande que la valeur initiale de 50 = 0,69. On remarque qu cette distance la temprature sans dimension de lair vaut = 0,80. On en dduit lquivalence linstant initial L0 = 80 . On repasse en variable physique par les relations 3-66 : L = 79 V0,2 D1,2 L et
0,4 tcar = 4,13 D1,6 0
3.73 tcar en jours 3.74
longueur L
avec
Il faut prendre garde que nous supposons ici la vitesse de lair constante dans le temps. Cela veut dire que la validit du rsultat sera acquise si la pression motrice lorigine du courant dair est due un tronon au del de la longueur L considre, et dont la temprature reste constante pendant la dure du phnomne. Sinon, la vitesse du courant dair changerait pendant le phnomne (rtroaction).
Fig. 3-17- Temps caractristique sans dimension 0 en fonction de la longueur sans dimension L de la galerie pour diffrentes valeurs de B pour = 0 on a L0 = 1,594 Adimensional characteristic time versus adimensional length of gallery for different B values
En examinant les valeurs trouves pour le temps caractristique en fonction de B et de L , on pourra essayer de trouver une relation empirique qui pourrait rendre des services. Par exemple, pour B = 1 (cest--dire pour V D = 1,35), on peut prendre : 3.75 0 = 3,23.10-3 5 L. Exemple numrique. Soit une galerie de longueur L = 1000 m, de diamtre D = 2 m et un courant dair entrant linstant initial, de vitesse V = 0,675 m/s. La constante B vaut 1. Lunit naturelle de longueur vaut x0 = 168 m. Lunit naturelle de temps t0 = 10,2 jours. On vrifie dabord que la longueur sans dimension L est suprieure L0 = 1,594. On trouve L = 5,95. On peut donc appliquer la relation fournie par le tableur. On obtient 0 = 24 soit encore un temps caractristique tcar = 246 jours. Si la galerie avait fait seulement 100 m de longueur, le temps caractristique aurait t nul ou plutt, il aurait t gal L/V = 148 s, ce qui est trs peu lchelle de la cavit et donc assimilable 0.
d) Pntration de la perturbation thermique dans la roche

La conduction thermique cause un refroidissement de la roche, dautant plus grand quon est plus prs de lentre ( petit) et qui concerne une paisseur dautant plus grande que le temps augmente. Lpaisseur de pntration dans la roche entourant le conduit nest pas proportionnelle au temps mais augmente plutt comme la racine carre du temps (comme dans tout phnomne de diffusion).
Fig. 3-18- Ordonnes pour lesquelles la temprature sans dimension dans la roche = 0,9 pour diffrentes distances de lentre, et en fonction du temps . Distance of wall for adimensional rock temperature equal 0.9 versus time for different adimensional distances from entrance
ordonne 2,0 1,8 1,6 1,4 1,2 1,0 0,8 0,6 0,4 0,2 0,0 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 temps 1,2 = 3,1 = 2,1 = 1,7830,602 = 1,1 = 0,1
200
On a report sur la figure ci-contre, lcart relatif entre les tempratures de lair et de la paroi, labscisse 50 , variable au cours du temps, et telle que la temprature sans dimension de lair est gale 0,5 : r= 50 - '50 50 '50 = 0,5 1 - r
rapport (Ta-Tp)/(Ta-T0)
1,0 0,9 0,8 0,7 0,6
Ce rapport r diminue graduellement au cours du temps. On en dduit que pour un temps court, la temprature de paroi est nettement diffrente de la temprature de lair. Par exemple pour un temps sans dimension = 0,8, et la distance lentre telle que lair a augment sa temprature de 50%, on voit sur la courbe ci-dessus que le rapport r vaut 0,5 . On en dduit que la paroi a baiss sa temprature de 25% depuis le dbut de lexprience. Pour cet instant-l, lcart de temprature entre la paroi et la roche profonde est gal lcart de temprature entre lair et la paroi. On a reprsent au-dessous la configuration des tempratures cet instant particulier.
0,5 0,4 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0
y = 0,485 0,146
temps
1,2
Fig. 3-19- Lcart relatif entre la temprature de lair et la temprature de paroi en fonction du temps, au point 50 o la temprature (sans dimension) de lair = 0,5 . Le tableur propose une relation approche Air and wall temperature difference versus time at the distance from entrance that adimensional air temperature is 0.5
y
Fig. 3-20- Profil de temprature dans la roche pour = 0,8 et labscisse 50 . On a alors la proprit T0 - Tp = Tp-T. Tp est intermdiaire entre T et T0 Pour des temps plus courts, Tp est plus proche de T0 . Pour des temps plus longs, Tp est plus proche de T Rock temperature for adimensional time 0.8 and adimensional absciss 0.5 The wall temperature is intermediate between air and deep rock temperatures
T0 roche galerie roche Tp T Tp T0 temprature x
Conclusion. La paroi voit donc sa temprature influence par celle de lair et les carts entre les tempratures de lair et de la paroi diminuent au cours du temps. Mais labscisse telle que la temprature de lair a chang de 50% de sa variation totale, la paroi garde une temprature encore nettement diffrente de celle de lair. Cas dune galerie dont la section change. Si on suppose le dbit constant dans une galerie dont le diamtre change avec x par exemple, le paramtre B change aussi comme D-0,8. En effet, le dbit scrit qv = V D2/4 = V0 D02/4 , do lexpression de B = B0 (D0/D)0,8. La constante B diminue quand D augmente (diminution dun facteur 0,57 pour un doublement du diamtre). Lunit de distance varie comme D1,8 et lunit de temps comme D3,6 . Un largissement de section permet une plus grande porte en distance des perturbations (3,2 fois pour un doublement du diamtre) mais au prix dun ralentissement norme (temps 12 fois plus long pour un doublement du diamtre).
e) Notion dpaisseur de roche concerne

Plus un courant dair circule longtemps dans une galerie de longueur donne, plus la perturbation thermique pntre profondment dans la roche par conduction thermique. Il est intressant de calculer lpaisseur de roche concerne pour le temps caractristique associ au tronon L de la galerie (et pour une vitesse donne). Par exemple on pourra considrer la distance la paroi pour laquelle la temprature dans la roche est la demi-somme de la temprature de paroi et de la temprature au loin dans la roche. Mais il est plus simple de calculer le volume quivalent de roche dont la chute de temprature T assure lapport qui a t ncessaire lair pour obtenir sa temprature au bout dune longueur L.
201
Ce volume rparti sur la longueur L nous fournira une paisseur de pntration quivalente intressante considrer. Il est facile de calculer cette donne laide du programme. Il suffit, un instant du calcul donn, de dterminer la longueur caractristique qui fournit une modification relative de la temprature de lair gale 0,5 et de calculer jusqu cette abscisse le dficit dnergie interne de la roche entourant la galerie. Sur la figure ci-contre, lpaisseur de roche quivalente est reprsente en fonction de la longueur sans dimension du tronon de galerie et du paramtre B . Cette paisseur varie beaucoup avec B . Cette paisseur, ou plutt la masse de calcaire concerne par la perturbation thermique permet de calculer une sorte de capacit thermique de la roche concerne par le phnomne thermique. Capacit thermique de calcaire = e D + e L c cc 3.76
paisseur relative de roche R/R
1,000
B = 0,2 B = 0,5 B = 1
0,100
B = 2 B = 5
0,010
0,001 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0

longueur de la galerie ksiL
Fig. 3-21- Lpaisseur e/R de paroi relative quivalente (pour un temps gal au temps caractristique) en fonction de la longueur sans dimension de la galerie et pour diffrentes valeurs de B Thermic equivalent deep in the rock for different B values
Exemple numrique. Soit une galerie de longueur L = 500 m, de diamtre D = 2 m et un courant dair entrant linstant initial, de vitesse V = 0,675 m/s. La constante B vaut 1 . Lunit naturelle de longueur vaut x0 = 168 m. Lunit naturelle de temps t0 = 10,2 jours. On vrifie dabord que la longueur sans dimension L est suprieure L0 = 1,594. On trouve L = 3 . Le temps caractristique de la galerie est car = 0,6 soit un temps physique tcar = 6,1 jours. Lpaisseur de pntration moyen dans la roche au bout de ces 6,1 jours est e/R = 0,1 soit e = 10 cm. la masse calcaire concerne est de 790 tonnes, comparer avec la masse dair de 1400 tonnes qui a travers la cavit.
f) Critique du modle et rle de lvaporation et la condensation

Ltude que nous avons faite est facilement critiquable. Aucun conduit naturel ne possde un diamtre araulique rgulier. Les parois sont rugueuses et le coefficient dchange thermique dpend de cette rugosit. Plus grave encore. Les galeries sont parcourues le plus souvent par des coulements deau sur la totalit de la longueur ou au moins sur un tronon. Mme un petit dbit suffit perturber notablement le champ thermique. Un dbit de 1 m3/s dair, qui reprsente un gros dbit dair, quivaut au point de vue thermique un dbit de 0,3 l/s deau, ce qui nest pas un gros dbit deau. Notre modle ne peut donc avoir la prtention de fournir des valeurs numriques exploitables dans les cas rels. En revanche, il peut donner des ordres de grandeur qui serviront interprter des mesures dans des cavits. Il peut servir de base une tude relle condition de compliquer le modle numrique. De quelle faon tous ces rsultats pourraient tre tendus une cavit relle ? Les conditions imposes sont faciles obtenir si on a ferm la cavit durant un temps au moins gal au temps prvu dobservation. La mesure de la vitesse initiale et des tempratures au cours du temps en quelques points bien choisis, permettraient de trouver par comparaison avec le modle, les paramtres sans dimension nots A et B. Comme ces paramtres sont calculables directement, la comparaison des deux valeurs serait instructive et pourrait conduire, dans les cas gomtriques les plus simples, de nouvelles valeurs de (relation de Colburn) et la conductivit thermique quivalente du calcaire de la cavit tudie. Nous avons nglig les phnomnes dvaporation et condensation, non pas quils aient un effet secondaire (nous avons dj vu leur rle prpondrant dans lexemple de la grotte de la Ture), mais parce quon ne les retrouve pas coup sr dans les entres de grottes. Lair froid qui entre lhiver par une entre basse, se rchauffe et son humidit diminue en labsence de source de vapeur. Il sche donc les parois. Tant que les parois restent humides, cette vaporation retarde le rchauffement de lair. Nous reportons plus loin, ltude du rle de lvaporation et de la condensation ( 3.5).
202
Conclusions
Nous avons montr plusieurs proprits thermiques dans un conduit qui subit brutalement lintrusion dun air dont la temprature est diffrente. Reprenons-les dans lordre. Au tout dbut du phnomne, la temprature de lair rejoint, exponentiellement avec la distance lentre, la temprature profonde de la roche. Il y a donc une distance caractristique L0 pour ce phnomne. Cette distance augmente ensuite rgulirement, mais lentement, en fonction du temps. Nous avons calcul lvolution au cours du temps du profil thermique de lair le long de la galerie. Nous avons dfini des abscisses au bout desquelles la variation de la temprature de lair vaut 50%, 90%, 99% de la variation totale. Nous avons dtermin le rapport entre lcart de temprature air-paroi et paroi-roche profonde. Ce rapport peut tre reli des sortes de rsistances thermiques du phnomne thermique non permanent. Pour les temps courts, la paroi se trouve une temprature voisine de la temprature profonde de la roche, mais aprs un temps (sans dimension) voisin de 1, la paroi parvient une temprature intermdiaire entre lair et la roche. On en dduit que dans une section donne, la rsistance thermique de convection est dabord plus grande que la rsistance de conduction dans la roche. Puis au bout dun certain temps, les deux rsistances deviennent gales, et au del, il y a inversion: la rsistance convective devient plus petite que la rsistance conductive. Un temps caractristique de mise en temprature dune galerie ou dun rseau de longueur donne a t dfini et calcul. Une fluctuation de la temprature de lair extrieur, dont la priode est nettement plus petite que le temps caractristique, sera lisse dans la cavit avant de lavoir traverse. En revanche, une fluctuation de temprature extrieure de priode plus grande que le temps caractristique de la cavit lui fera subir son empreinte. Nous avons calcul une paisseur moyenne quivalente de roche concerne par la perturbation thermique. Cette paisseur est associe une capacit thermique, qui caractrise linertie thermique de la roche. Cette capacit thermique augmente avec le temps.
_______________________
203
3.3. Tube vent. Variation sinusodale de la temprature extrieure

3.3.1. nonc du problme
On considre une galerie de diamtre D, de longueur L et connecte ses deux extrmits avec lextrieur. La dnivellation H entre les deux entres est donne. Elle permet de calculer la vitesse maximale en connaissant la rsistance araulique, la temprature extrmale extrieure et la temprature profonde du massif. La galerie est suppose en pente rgulire. La temprature initiale de la paroi de la galerie est suppose uniforme Te. La temprature de lair extrieur varie dune manire sinusodale (priode donne P = 2 /) avec une amplitude donne T autour dune temprature moyenne donne Te : T1 = Te - T sin t 3.77 La temprature de lair du rseau, moyenne sur la longueur L, va suivre ces fluctuations temporelles avec un amortissement et un dphasage. Lobjet de cette tude est, entre autre, dtudier ce phnomne damortissement et de dphasage en fonction des paramtres du rseau et de la priode de lexcitation extrieure. On appelle x labscisse curviligne le long de laxe de la galerie. On place lorigine O lentre infrieure. On appelle T la temprature de lair le long de la galerie et T la temprature de la roche une abscisse x et une distance r de laxe de la galerie (suprieure D/2). T est fonction de x et t , alors que T est fonction de x, r, t. La vitesse V est compte positive si le courant dair est montant.
Fig. 3-24 Phnomne dhystrsis sur la vitesse li linertie thermique des parois Hysteretic phenomenon by rock thermic capacity
air extrieur T1 = Te + T sin(t)
entre haute B
H longueur L entre basse A
roche au loin Tc = Te
Fig. 3-22- Schma du rseau Sketch map of subterranean system
T T Te
0
Fig. 3-23- Temprature extrieure au cours du temps External temperature versus time
V V0
T Te T T
3.3.2. Mise en quation a) La vitesse dans la galerie

On suppose connue la vitesse de lair pour des conditions de tempratures donnes. Pour une temprature extrieure diffrant de la temprature profonde du rseau de T , on appelle V0 la vitesse de lair. Cest la vitesse maximale quon obtiendrait si la temprature moyenne intrieure ne variait pas (sous linfluence du courant dair). La vitesse relle sera moindre. Au cours du temps, cette vitesse variera dune manire qui deviendra asymptotiquement priodique (mais pas sinusodale cause de la non-linarit des pertes de charge en fonction de la vitesse). La vitesse se calcule en exprimant quelle est proportionnelle la racine carre de la diffrence de poids de deux colonnes dair, lune prise lextrieur et lautre lintrieur. Comme on nglige un apport ventuel de vapeur deau et de dioxyde de carbone, la vitesse est proportionnelle la racine carre des carts des tempratures moyennes intrieure - extrieure : V = V0 Tm - T1 T 3.78
Dans cette relation Tm est la temprature de lair un instant donn, moyenne sur toute la longueur de la galerie, T1 est la temprature extrieure au mme instant (moyenne sur la hauteur correspondant au rseau souterrain) et le dnominateur reprsente lamplitude de la temprature extrieure.
204
Il est facile de trouver la relation entre V0 et la rsistance araulique R quon note ici Rs pour viter lambigut avec le rayon de la galerie et qui est dfinie par p = Rs q2 . Avec q le dbit masse dair qui circule. En effet, on peut crire les relations : 2 2 p = g H = T a g H = Rs D a V0 3.79 T 4 d'o on dduit la relation : Rs = 16 g4 H T 1 2 D a T V2 0 ou encore V0 = 4 D2 g H T Rs a T 3.80
b) Bilan sur lair

Le courant dair qui passe de labscisse x labscisse x+dx reoit un flux de chaleur de la paroi, si sa temprature est infrieure celle de la paroi (et inversement dans le cas contraire). On en dduit une quation de bilan sur lair (voir les notations au dbut du chapitre) : a D V cp dT = d = (densit de flux amene par la paroi) 4 dx D dx Le flux amen par la paroi se calcule par la relation de Colburn ( est en W.m-2) : = Nu a Tp - T D avec Nu = Re0,8 Pr1/3 3.82 3.81
Dans la relation de Colburn, le nombre de Reynolds est toujours positif quelque soit le signe de V. On en dduit la relation sur la drive de la temprature moyenne de lair dans la galerie : dT = 4 Re0,8 Pr1/3 a Tp - T dx D D V a cp Re = VD c Pr = = a p a a 3.83
3.84
On pose Si = signe (V), cest--dire Si = 1 si V > 0 (montante) et Si = -1 si V< 0 (descendante). Lexpression se simplifie sous la forme : dT = 4 Si Tp - T dx D Re0,2 Pr2/3 avec A= , soit encore :
dT = Si A Tp - T V -0,2 dx R V0
Re0,2 0
2 Pr2/3
3.85
Le nombre de Reynolds avec lindice 0 se rapporte la vitesse V0 (qui est positive). Ce nombre est donc constant. Cest le terme correctif en V/V0 qui dpend de la temprature, et donc du temps. Suivant le signe de V , lentre du courant dair se fait en bas (V > 0) ou en haut (V < 0). La temprature de lair lentre est prise gale T1 , temprature extrieure.
c) Conduction dans la paroi

Lquation de conduction scrit en coordonnes cylindro-polaires. La symtrie de rvolution du problme permet de ne garder quun seul terme dans le Laplacien de la temprature : T' = a 1 T' r c r r t r 3.86
205
Les conditions initiales sont traduites par une temprature uniforme dans la roche et gale Te et les conditions aux limites sont reprsentes par le flux cd lair qui circule, cette change se faisant la paroi, cest--dire pour r = R, et pour laquelle la temprature est note Tp. On obtiendra numriquement le rgime priodique en partant dun rgime connu permanent et en passant par un transitoire non priodique. La relation de Fourier entre le gradient de temprature de la roche au voisinage de la paroi et le flux nous permet dcrire la condition de continuit des flux la paroi : c T' r d'o T' r = = Re0,8 Pr1/3 a Tp - T D r=R = Re0,8 Pr1/3 a Tp - T c D avec
1/3 a B = Re0,8 0 Pr 2 c
3.87
T' r
3.88
r=R
soit encore
r=R
0,8 = B Tp - T V R V0
3.89
Le terme correctif en V/V0 contient les variations temporelles.
3.3.3. quations sans dimension a) Units naturelles

Lunit naturelle de temprature est lamplitude des tempratures T. On prend comme unit de vitesse, la vitesse maximale V0 donne par un cart de temprature entre lintrieur et lextrieur gal T. Ce problme ressemble beaucoup au prcdent, sauf quil apparat une autre unit de temps naturelle : la priode du phnomne oscillant. Nous aurions donc pu choisir cette unit naturelle plutt que celle du problme prcdent. Ce choix dune unit naturelle nest pas trs important, bien quil modifie profondment lcriture des quations. On verra plus loin pour le traitement du mme problme quici, mais avec prise en compte de la condensation, un choix totalement diffrent des units de base. Unit naturelle axiale : x0 = R A r0 = R B t0 =
1,2 = 79 V0,2 0 D
3.90
unit naturelle de longueur transversale :
= 0,635 D0,2 V-0,8 0 = 4,13 D0,4 V-1,6 en jours 0
3.91
unit naturelle de temps :
R 2 = r2 0 ac B2 ac
3.92
b) Variables sans dimension

Abscisse sans dimension : =Ax R = B r-R R et ' = T' - Te T = 2 R B ac
2
3.93
coordonne radiale sans dimension :
3.94
temps sans dimension :
2 ac t =B 2 R
3.95
tempratures sans dimension :
= T - Te T V = V0
1 = - sin m - 1
3.96
vitesse sans dimension :
Tm - Te + Te - T1 = T
3.97
206
On remarque que les grandeurs sans dimension sont les mmes que pour ltude dune entre brusque de lair dans une conduite sauf lunit de temprature. La grandeur m est la valeur moyenne le long de la galerie de la temprature de lair . Si la galerie navait pas une pente rgulire, cette moyenne serait la moyenne pondre par la pente (dz/dx) de la galerie de la temprature, tout le long de labscisse curviligne x.
c) Les quations deviennent :

bilan pour lair : = Si - - -0,1 p m 1
L
3.98 d
0
avec avec Si = 1 Si = -1 conduction dans la roche : pour = 0
m = 1 L
3.99
=0 = 1 si Si > 0 =L = 1 si Si < 0 si si m - 1 > 0 m - 1 < 0
3.100 3.101 3.102
' = 2 ' + 1 ' 2 + B ' avec = p - m - 1 0,4

=0
raccord la paroi :
3.103 3.104
p = ' =0
Le problme sans dimension dpend ainsi de trois paramtres indpendants (le premier caractrise le rseau souterrain et les proprits gnrales thermiques de latmosphre, le deuxime la priode de lexcitation thermique, le troisime la longueur de la galerie) : B = 0,787 V0 D
0,8 0,4 = 26 D avec P = priode en jours P V1,6 0
L = 0,012661,2L V0,2 0 D
3.105
d) La classe dquivalence des rseaux du genre tube vent oblique

Les solutions de deux problmes physiques seront identiques si les trois nombres B, et L sont identiques. On peut donc construire une classe dquivalence pour deux rseaux obliques de caractristiques diffrentes. Ainsi, considrons un premier rseau de caractristiques D1, L1, V01, P1 et un deuxime de caractristiques D2, L2, V02, P2 , respectivement diamtre, longueur, vitesse maximale du courant dair et priode des oscillations thermiques extrieures. Ces deux rseaux seront quivalents (cest--dire que toutes les variables sans dimension seront identiques) si les relations suivantes entre les grandeurs physiques sont vrifies : V01 D1 = V02 D2 P1 = P2 D2 D2 1 2 L1 = L2 D1 D2 3.106
Conclusion. Si une galerie de tube vent oblique a un diamtre deux fois plus grand quune autre et une longueur deux fois plus grande, elles seront quivalentes si la vitesse du courant dair de la grande est deux fois plus petite et si la priode doscillation du courant dair est 4 fois plus grande. D1 = 2 m, L1= 500 m, V01= 1 m/s, P1 = 100 jours D2 = 4 m, L2= 1000 m, V02= 0,5 m/s, P2 = 400 jours sont-ils quivalents au sens quon a donn ci-dessus. cest--dire que les solutions crites en variables sans dimension seront identiques. Ainsi les deux rseaux
207
3.3.4. Rsolution numrique (programme THERM2)

La rsolution numrique est conduite de la mme faon que dans ltude dune entre brusque de lair. Ce sont seulement les conditions aux limites qui changent. Dans ce paragraphe, on abandonne provisoirement les lettres grecques et (xi et ta) pour les lettres latines x et y par simplicit dcriture (les langages de programmation Basic ne connaissent pas les lettres grecques). La solution tant connue linstant t, on calcule le nouvel tat linstant t + dt grce aux quations dvolution. La rsolution de lquation de la chaleur dans la roche est la mme quau 3.2.5. Examinons le calcul de la temprature de lair et la condition de raccordement des flux la paroi. Soit deux points contigus sur laxe des x, nots a et b (cf. figure ci-contre). Les tempratures de lair en ces points sont notes a et b . Soit le point voisin de la paroi dont la temprature est note 1 et le point un peu plus loin dans la roche dont la temprature est note 2. On pose = m - 1 et Si = Signe m - 1 .
dx a a dy '1 '2 y b b
galerie x paroi roche
Fig. 3-25- Maillage en x et en y x, le long de lcoulement y, dans la profondeur de la roche Mesh in x and y directions
3.107
Le reste du calcul est rigoureusement identique au cas prcdent tudi. 1er cas : Si > 0, le courant dair est montant, la temprature de lair lentre est gale la temprature extrieure note x = 0 = 1 . On calcule la temprature de lair partir de lentre basse. Lcriture du bilan axial conduit lquation discrtise : b - a = Si '1 - a + b -0,1 dx 2 De mme la continuit du flux la paroi fournit : '2 - '1 = '1 - a + b 0,4 dy 2 3.108
3.109
Ces deux quations ont deux inconnues b et '1 car a est suppose connue par le calcul de proche en proche et '2 a t calcule par lquation de conduction. Les deux quations 3.108 et 3.109 conduisent aux deux relations suivantes qui permettent dobtenir b et 1 : b = 2 0,1 + 2 0,5 dy - dx a + 2 dx '2 2 0,1 + 20,5 dy + dx 3.110
0,1 0,1 '1 = 1 - a + 1 + b 2 dx 2 dx
3.111
2e cas : Si < 0, cest--dire si le courant dair est descendant, la temprature de lair lentre haute est gale la temprature extrieure x = xL = 1 . On calcule la temprature de lair de proche en proche en partant du haut. Les quations de bilan sont les mmes, mais on calcule maintenant a et 1 en fonction des autres variables connues. On obtient les deux relations (toujours avec dx > 0 ) : a = 2 0,1 + 20,5 dy - dx b + 2 dx '2 2 0,1 + 20,5 dy + dx 3.112
0,1 0,1 '1 = 1 + a + 1 - b 2 dx 2 dx
3.113
On peut donc calculer les tempratures partout dans la roche et dans lair, au pas de temps t+dt. La temprature de lair son entre dans la galerie est impose et gale 1. On trouvera dans lannexe A.5 le listing du programme de rsolution en Quick basic de Microsoft.
208
3.3.5. Rsultats du programme THERM2 a) Les volutions des tempratures et de la vitesse

Sur les trois figures ci-dessous, on a reprsent les rsultats pour trois vitesses diffrentes du courant dair. gauche, la vitesse est de 0,2 m/s, au milieu, la vitesse est de 2 m/s, alors qu droite, la vitesse est de 20 m/s. Chacune des figures est elle-mme compose de quatre graphes quon va dtailler. Toutes les tempratures sont sans dimension, cest--dire rapportes lamplitude de la temprature de lair extrieur. En haut, le premier graphe reprsente la temprature extrieure de lair et la temprature moyenne de lair intrieur en fonction du temps (pendant une priode et demie). Lamplitude de la temprature de lair intrieur est plus petite (attnuation). Au-dessous, le deuxime graphe montre la vitesse au cours du temps (mme chelle de temps sur toute la figure). Audessous encore, le troisime graphe est compos de trois droites parallles. Au milieu, la valeur 0 de la temprature et, de part et dautre, les valeurs en bas et en haut des tempratures moyennes sur une priode (moyennes glissantes) aux entres basse et haute de la cavit. Les droites qui les cernent marquent la valeur unit (cest--dire une anomalie relative des tempratures valant 1). Enfin, le dernier graphe en bas des figures montre les tempratures des entres basse et haute au cours du temps. La courbe suprieure reprsente la temprature de lair de lentre suprieure de la cavit, alors que la courbe infrieure montre la temprature de lentre infrieure de la cavit. Pour une meilleure clart, les zros ont t lgrement spars.
Fig. 3-26
Fig. 3-27
Fig. 3-28
Rle de la vitesse du courant dair pour un tube vent de diamtre D =1 m, L = 500 m, avec une priode doscillation de la temprature extrieure P = 192 jours, parcouru par un courant dair maximal possible respectivement de 0,2 m/s (fig. 3-26), 2 m/s (fig. 3-27), 20 m/s (fig. 3-28) Top, external and mean internal air temperature versus time Bottom, temperatures at the up and down entrances versus time The three velocities are respectively 0,2 m/s (fig. 3-26), 2 m/s (fig. 3-27), 20 m/s (fig. 3-28)
209
Le rle de la vitesse est clair. Une plus faible rsistance araulique permet lextrieur dinfluencer plus fortement le rseau. Pour une grande rsistance araulique, la perturbation ne traverse pas le rseau, do la forme doscillation tronque pour les profils de temprature en bas ou en haut du rseau. En revanche, une faible rsistance imposera au rseau la temprature de lair extrieur. Mais la vitesse en subit le contre-coup puisque elle dpend de la rsistance mais aussi de lcart des tempratures. Elle est attnue dun facteur suprieur deux dans la troisime figure.
Tm
degr 10,7 14,3 14,3 14,3 10,7 10,7 7,1 7,1 7,1 7,1 7,1 10,7 10,7
L m 500 500 500 500 500 500 500 10 50 100 200 500 1000
V0 m/s 0,2 0,5 1 2 5 10 20 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13
8,73 7,27 6,33 5,51 4,58 3,99 3,47 0,17 0,87 1,74 3,49 8,73 17,46
1,728 0,399 0,131 0,043 0,01 0,003 0,001 1,728 1,728 1,728 1,728 1,728 1,728
0,217 0,452 0,787 1,37 2,852 4,965 8,645 2,17 2,17 2,17 2,17 2,17 2,17
-5,18 -3,07 -1,47 0,121 2,23 3,83 5,42 8,56 2,91 0,47 -1,96 -5,18 -7,61
0,316 0,322 0,306 0,268 0,196 0,143 0,098 0,052 0,166 0,238 0,296 0,316 0,298
0,179 0,278 0,388 0,514 0,677 0,773 0,849 0,913 0,711 0,559 0,377 0,179 0,095
Tableau 3:1- Quelques cas traits. De 1 7, influence de la vitesse V0, pour D = 1 m, L = 500 m et P = 192 jours de 8 13, influence de la longueur L, pour D = 1 m, V0 = 0,2 m/s et P = 192 jours Les rsultats des calculs sont dans les colonnes s, T, Tm, Les significations de s et sont donnes plus loin ( 3.3.5.e et 3.3.5.h)
b) La temprature totale moyenne de lair intrieur et la vitesse

Sur les figures ci-dessous (cf. commentaires plus haut), deux proprits de la temprature totale moyenne de lair de la cavit sont mises en vidence. Dune part, lamplitude des fluctuations est attnue, dautre part, il y a un dphasage par rapport la temprature menante. Le rapport entre les deux amplitudes varie de 0 1 (taux dattnuation), mais le dphasage ne dpasse gure 20 degrs. En bas de chaque figure, est dessine la vitesse compte positivement pour un air entrant par le bas (hiver). La vitesse du courant dair est positive lhiver et ngative lt. On a reprsent aussi les valeurs du maximum de la vitesse qui correspond une temprature moyenne de lair intrieur parfaitement constante. Sur la figure de droite, on dpasse les 90% de cette valeur maximale alors que sur celle de gauche on ne dpasse pas 33%. De fait, lamplitude de la vitesse du courant dair change moins fort que la temprature totale moyenne de lair. Cette proprit est rattacher aux proprits de la fonction racine carre.
Fig. 3-29
Fig. 3-30
Fig. 3-31
Rle de la longueur du rseau (Pour les trois figures, D = 1 m , P = 192 jours, V0 = 0,2 m/s). Temprature et vitesse au cours du temps pour trois longueurs de galerie 10 m (fig. 3-29), 100 m (fig. 3-30), 1000 m (fig. 3-31). En haut la temprature (sans dimension) extrieure et la temprature moyenne de lair dans la galerie En bas, la vitesse au cours du temps Top, air temperatures versus time, bottom, velocity versus time for three lenghts of gallery 10 m (fig. 3-29), 100 m (fig. 3-30), 1000 m (fig. 3-31)
210
Lallure de la courbe des vitesses en fonction du temps nest pas du tout sinusodale (figures page prcdente). On a vu quil sagissait dune courbe voisine de la racine carre dun sinus. Cette courbe passe zro avec une tangente quasiverticale. La courbe ressemble plus un arc de cercle ou dellipse qu une sinusode. Dissymtrie des arches de la vitesse Un examen attentif de la forme de lvolution de la vitesse montre que larche est lgrement dissymtrique. Le retour la valeur 0 se fait plus mollement que lloignement de cette valeur. Ce phnomne subtil est d lui-aussi au dphasage. Ce dphasage tant relier linertie thermique (rle capacitif) de la roche.
c) Amplitude des variations de la temprature totale moyenne de lair intrieur en fonction des paramtres
La temprature totale moyenne de lair intrieur (intgre le long de la galerie) est un des deux paramtres (avec la temprature extrieure) qui commande le courant dair dans le cas simplifi analys ici. - Si lamplitude des variations dans le temps de cet air est faible, cela signifie que le rseau a une inertie thermique grande, qui le rend insensible au courant dair (pour la priode donne). La temprature profonde du rseau a un sens. Elle est constante pendant toute la priode de loscillation extrieure. Dune autre manire, on peut dire aussi que son temps caractristique (thermique et calcul pour la priode de forage) est grand devant la priode de forage thermique. - Inversement, si lamplitude est du mme ordre de grandeur que lamplitude de la temprature de lair extrieur, cest que le rseau suit les fluctuations extrieures. Sa faible inertie thermique lempche de sopposer aux variations extrieures. On peut dire aussi que son temps caractristique est faible devant la priode de loscillation extrieure : = variation de Tm = Tm variation de T1 T 3.114
Amplitude relative de la temp rature moyenne
On appellera le rapport entre les deux amplitudes (le gain en quelque sorte, bien quil soit toujours plus petit que 1, puisquil sagit dune attnuation). On peut essayer pour quelques valeurs des paramtres de voir la rponse du rseau aux sollicitations extrieures. Sur la figure cicontre, le rle du diamtre est mis en vidence. Quand le diamtre est plus grand, le courant dair possde une plus grande immunit par rapport aux parois. Sa temprature reste plus proche de celle extrieure. Lamplitude de la temprature totale de lair intrieur, moyenne le long de la galerie, augmente donc. Sur la figure au-dessous, cest le rle de la vitesse qui est mis en vidence. L encore, une augmentation de la vitesse augmente la puissance vhicule par le courant dair le rendant moins sensible laction thermique des parois. Lamplitude de la temprature totale moyenne de lair intrieur augmente l encore. Dans les deux cas considrs, la valeur 1 est, bien entendu, la valeur asymptotique du rapport .
0,8 0,6 0,4 0,2 0,0 0 2 4 6 8 10

Diam tre de la galerie (en m)
Fig. 3-32- Amplitude relative de la temprature totale moyenne de lair dans la galerie () en fonction du diamtre de la galerie pour L = 500 m, V0 = 0,2 m/s, et une priode P de 700 jours. Relative amplitude of mean air temperature versus gallery diameter
Amplitude relative T m / T
1,0
0,8
0,6
Fig. 3-33- Amplitude relative de la temprature totale moyenne de lair dans la galerie en fonction de la vitesse V0 (pour L = 100 m, P = 192 jours et D = 1 m) Relative amplitude of mean air temperature versus amplitude velocity
0,4
0,2
vitesse V (en m/s)
0,0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
211
En revanche (figure ci-contre), une augmentation de la longueur de la cavit amne un change de chaleur, entre lair et les parois, plus long dans le temps et favorise lobtention dune temprature constante. Lamplitude de la temprature moyenne de lair intrieur diminue avec cette longueur.
Amplitude relative T m / T
1,0 0,8 0,6 0,4 0,2 0,0

Longueur de la galerie (en m)
d) Courbe dhystrsis pour la relation entre la vitesse et la temprature extrieure

Cet effet de mmoire qui se traduit par des variations de la temprature moyenne dans la cavit peut aussi se voir lorsquon essaye de tracer la relation entre la vitesse du courant dair et la temprature extrieure. Si la temprature moyenne intrieure restait constante, la relation entre la vitesse et la temprature extrieure se reprsenterait par deux tronons de parabole axe horizontal. La modification de la temprature moyenne intrieure se traduit par une courbe dhystrsis. Loscillation au passage zro est un artefact d au pas de temps trop grand ( ce moment-l du calcul).
200
400
600
800
1000
Fig. 3-34- Amplitude relative de la temprature totale moyenne de lair en fonction de la longueur de la galerie pour P (priode) = 192 jours, V0 = 0,2 m/s et D = 1 m. Le rseau sallongeant, la temprature de lair rejoint la temprature profonde du rseau, tirant la temprature totale moyenne vers la temprature profonde Relative amplitude of air temperature versus the length of gallery
Bakalowicz a publi une magnifique courbe dhystrsis la grotte du Pinargzu pour des variations journalires de la temprature (Bakalowicz, 1972, fig. 4).
Fig. 3-35- Courbe dhystrsis entre la vitesse en ordonne et la temprature extrieure (sans dimension) en abscisse. Ce cycle a t calcul pour les conditions : D = 1,44 m, L = 360 m, V0 = 0,5 m/s, P = 365 jours Air velocity versus external temperature by computer Hysteretic phenomenon is clearly seen
Fig. 3-36- Oscillation annuelle avec une modulation de temprature mensuelle dont lamplitude est 20% du total. On remarque les festons associs. Une courbe exprimentale sera donc affecte par un flou, d aux fluctuations rapides An hysteretic annual cycle with a monthly modulation (relative amplitude of 20%)
e) Relation pour le gain = 0,5 - Temps caractristique

Pour reprer les conditions damortissement des variations de temprature de lair intrieur par rapport lair extrieur, il est commode dexaminer en dtail le taux damortissement = 0,5. Pour quelles relations entre les trois paramtres adimensionnels L, , B obtient-on une amplitude relative de la temprature moyenne de lair intrieur gale 0,5 ?
212
L m 500 500 500 462 500 500 124 128
V0 m/s 1,82 1 1,84 1 1 0,2 0,2 0,2
P jours 192 192 700 700 883 700 192 700
D m 1 1,48 0,68 1 1 2,72 1 0,86
contrle
1 2 3 4 5 6 7 8
5,61 3,95 8,74 5,85 6,33 2,62 2,16 2,67
0,05 0,153 0,011 0,036 0,028 0,706 1,728 0,445
1,27 1,076 0,952 0,787 0,787 0,483 0,217 0,192
0,91 1,02 0,78 1,10 1,05 0,93 0,75 1,39
0,275 0,272 0,272 0,271 0,272 0,265 0,259 0,26
Tableau 3:2- Quelques configurations conduisant = 0,5 . T est lanomalie sans dimension de la temprature aux entres. La colonne contrle est explicite au bas de la page
Puisque le problme dpend de trois paramtres indpendants, la relation entre ces trois paramtres va se traduire gomtriquement par une surface, dans lespace 3 dimensions des paramtres. Mais nous avons dj remarqu que le paramtre B ne joue pas un rle trs important. Aussi est-il tentant de regarder si la surface dans lespace des paramtres ne serait pas un cylindre gnratrices parallles laxe des B ? Lexamen de la courbe ci-dessous reprsentant la projection des 8 points tirs du tableau sur le plan L, , nous montre que cette intuition est bonne, et une bonne expression empirique est donne par : ln = 2,974 - 3,5118 ln L
3,5118 = 19,64 <-> L
3.115
Dans cette expression le paramtre B napparat pas. Linfluence de ce paramtre est modeste et se traduit sur la figure ci-dessous par les carts la droite. Comment trouver maintenant les relations entre les grandeurs physiques ? Il suffit de calculer les paramtres L, D, P (priode), V0 partir des paramtres sans dimension. La relation entre paramtres sans dimension se traduira par une relation entre les grandeurs physiques : B = 0,787 V0 D
0,8
-2 -3 -4 -5 0 1 2 3
ln ( )
1 0 -1
ln() = 2,9774 3,5118 ln()
0,4 = 26 D avec P = Priode en jours P V1,6 0
L = 0,012661,2L V0,2 0 D Aprs calcul, on trouve la relation monme suivante (D en mtres, L en mtres, V0 en m/s) :
3,814 2,302 V0 3,57.106 P D 3,5118 = 1 L
ln ( L )
avec P en jours
3.116
Fig. 3-37- La relation entre les nombres sans dimension L, qui donnent une valeur 0,5 pour lamplitude relative des oscillations de la temprature de lair intrieur Relation between adimensional numbers L, associated with the relative amplitude of external temperature value 0.5
Dans la colonne contrle du tableau 3:2 plus haut, on calcule le premier membre de la relation ci-dessus, on devrait trouver 1. Les carts cette valeur nous permettent dapprcier la validit de lexpression monme. Lerreur est limite 25% pour B pas trop petit. En revanche pour la dernire valeur B = 0,2, lerreur atteint 40 %.
213
Il ne fallait pas sattendre une grande prcision pour cette relation. Mais cela na pas dimportance, car elle nous fournit trs rapidement un bon ordre de grandeur du temps caractristique dun rseau donn (P fonction des paramtres gomtriques) ou inversement pour un temps caractristique donn, la relation nous donne la classe des rseaux qui possdent le mme temps caractristique. On pose : s = ln 3,57.10
6
P D3,814 V2,302 0 3,5118 L
et l'quation pour = 0,5 se ramne
s=0
3.117
f) Amplitude relative de la temprature de lair intrieur en fonction du nombre s

Lexamen de la figure ci-contre pourrait nous laisser croire que lamplitude varie rapidement avec les paramtres du problme, ce serait oublier que labscisse s est un logarithme. Par exemple, lamplitude varie de 0,6 0,3 pour une variation de s de -1,2 2,8 soit un cart s = 4 qui correspond pour la priode un rapport de 55, ce qui est grand. On en dduit que lamplitude des oscillations de la temprature moyenne de lair intrieur varie lentement quand la priode du phnomne change. Nanmoins, les oscillations de la temprature extrieure font appel une large bande de frquences, par exemple : oscillation sur la journe et oscillation sur lanne soit un rapport de 365 qui en logarithme vaut 5,9. Si la frquence journalire correspond s = -3, lautre sera 2,9 et la diffrence damortissement sera visible puisque le rapport des valeurs de vaudra 2,4. On verra plus loin, loccasion de la rponse deux frquences, apparatre ce phnomne. Si on considre maintenant des fluctuations rapides de la temprature extrieure, lies par exemple des nuages ou autres phnomnes rapides, les priodes correspondantes pourront descendre quelques minutes et le comportement du rseau pourra tre trs diffrent du comportement annuel. Ainsi une fluctuation de temprature de 1 mn qui serait associe s = -4 pourrait tre compare aux fluctuations annuelles (de rapport de priode 526000 fois plus grande soit une valeur de s = 9,2) et le rapport des valeurs de (gal 0,77/0,08= 9,6) serait important.
Tm relatif
1,0 0,8 0,6 0,4 0,2 0,0 -10 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8 10
Fig. 3-38- Amplitude relative de la temprature moyenne de lair intrieur en fonction de la variable s pour les deux exemples dj cits plus haut. Le paramtre s fait intervenir la vitesse de lair, le diamtre, la longueur du conduit, et la priode dexcitation extrieure. Les points se disposent sur une courbe dont lquation est 3.118 Relative amplitude of mean internal air temperature versus s number
La courbe au-dessus est assez rgulire et on peut trouver une relation du genre Tm = 0,5 (1 + th a s) pour reprsenter le rsultat (th est la tangente hyperbolique). En ajustant la courbe, on trouve une valeur a = 0,142. Do le rsultat empirique exploitable assez facilement (la priode P est en jours) : Tm = 0,5* 1 + th 0,142 s = 1 1 + exp - 0,284 s avec V s = ln 3,57.106 P D 3,5118 L
3,814 2,302
Cette relation scrit aussi plus simplement : Tm = 1 1+C avec C = 0,0138 L P0,284 D1,083 V0,654 0 3.118
Exemple numrique. Soit une galerie de longueur L = 1000 m, de diamtre D = 2 m et un courant dair de vitesse maximale possible V0 = 0,675 m/s. On sintresse aux fluctuations journalires et annuelles. La constante B vaut 1. Lunit naturelle de longueur vaut x0 = 168 m. Lunit naturelle de temps t0 = 10,2 jours.
214
Tableau 3:3- Lamortissement des variations relatives dans lexemple choisi de la temprature de lair intrieur pour des fluctuations journalires et annuelles
fluctuations journalires C Tm relat = 8,403 0,106
fluctuations annuelles 1,573 0,39
Comme on pouvait sy attendre, les fluctuations journalires sont fortement attnues.
g) Puissance injecte en fonction du temps

Il est intressant de reprsenter la puissance injecte dans le rseau. On prend lorigine des enthalpies la temprature profonde du massif Te. La puissance injecte est le dbit dnergie du courant dair en prenant comme temprature lcart des tempratures. On exprime la vitesse en fonction des tempratures (T1 est la temprature extrieure, Tm est la temprature totale moyenne de lair dans le rseau) :
2 2 = D V cp Text - Te = D V0 cp 4 4
T1 - Tm T
T1 - Te
3.119
Les tempratures extrmes contribuent largement lentre de puissance. Par exemple pour un trs grand rseau grande inertie thermique, le coefficient de gain = 0. Il ny a pas de dphasage entre les vitesses et les tempratures. Cest cette configuration qui occasionne (tout tant gal par ailleurs) les plus grandes puissances. Si on adopte pour la temprature extrieure, une variation sinusodale, la puissance injecte se met sous la forme :
2 V c = D 0 p T1 - Te 3/2 4 T 2 = D V0 cp T sin3/2 t = 0 sin3/2 t 4
soit encore
3.120
Sur la figure ci-contre, la puissance est injecte, suivant son signe, lentre haute (t) ou lentre basse (hiver) du rseau. La forme de la fonction est trs proche de celle dun signal triangulaire. Lnergie totale injecte en une anne dans le rseau par les deux entres est en moyenne peu prs nulle. En revanche, on peut calculer lnergie injecte en une demipriode (on se place dans le cas = 0). En admettant la forme triangulaire de la puissance, on en dduit lexpression approche : E 1 0 P = D2 V0 cp T P 4 16 3.121
puissance relative
1 0,8 0,6 0,4 0,2 0 -0,2 -0,4 -0,6 -0,8 -1 0
temps
60 120 180 240 300 360 420 480 540 600 660 (en jours)
Fig. 3-39- Puissance injecte au cours de lanne dans le cas dun rseau gant Thermic power injected by air versus time for a giant system
Par exemple, pour une amplitude annuelle des tempratures extrieure de 10C, avec une vitesse maximale pour lair de 1 m/s, lnergie E apporte sur une demi-priode annuelle vaut 3,1.1011 J.
h) Les anomalies de la temprature de lair, et donc des cavits, aux entres

Si on calcule la temprature de lair aux entres et quon en fait la moyenne sur une priode, on trouve que les entres basses sont plus froides, et les entres hautes sont plus chaudes que le rseau profond (tempratures ventuellement corriges des effets de la pesanteur). Nous allons examiner cette question en reprsentant lvolution temporelle de la temprature aux entres basse et haute.
215
Arologie des systmes karstiques, partie 3, effets thermiques et rtroactions, 3.3.5.h
Sur la figure ci-dessous, sont reprsentes les tempratures sans dimension prs de lentre basse (en bas de chaque figure) et prs de lentre haute du rseau (en haut de chaque figure). On dmarre en plein hiver. Le courant dair pntre dans lentre basse dont la temprature suit la temprature extrieure sinusodale. Lentre suprieure reste la temprature profonde du rseau. Pour viter de confondre les deux courbes, on a spar les zros des deux courbes.
Fig. 3-40
Fig. 3-41
On a reprsent les volutions des tempratures en fonction du temps prs de lentre basse (en bas) et prs de lentre haute (en haut). Sur la figure de gauche, linertie thermique est moins importante que sur la figure de droite Air temperature near the lower cave entrance (bottom) and upper entrance (top) for low thermic capacity (left) and greater capacity (right)
partir du printemps, la temprature extrieure remonte et le courant dair sinverse. Cela se voit trs bien sur la figure, car cest la temprature prs de lentre suprieure qui se met suivre la temprature extrieure. Prs de lentre infrieure, la temprature augmente un peu grce lapport de lintrieur du massif. Sur les deux courbes au-dessus, apparat clairement la raison du refroidissement des entres basses qui rsulte dune moyenne entre la temprature hivernale et la temprature annuelle (et non pas la temprature estivale). Cette moyennel est plus basse que la moyenne annuelle. De mme pour les entres hautes dont la temprature est une sorte de moyenne entre la temprature moyenne estivale et la temprature moyenne annuelle. Do excdent. La diffrence entre les deux figures ci-dessus rside dans la forte inertie thermique dans le cas de droite, alors que linertie est plus faible dans le cas de gauche ce qui permet lair entrant par lentre haute de perturber thermiquement lentre basse. Dfinissons lanomalie thermique. Cest la diffrence : temprature moyenne annuelle une entre - temprature moyenne extrieure, divise par lamplitude de la temprature extrieure. Ltude de quelques configurations nous montre que lanomalie T est comprise entre 0 et 32%. Examinons maintenant linfluence de deux paramtres. Tout dabord faisons varier la vitesse (tout tant gal par ailleurs). On voit sur la figure ci-contre que lanomalie de la temprature lentre est dautant plus grande que la vitesse est plus faible. On rejoint l la notion de temps caractristique du rseau. Un rseau sans inertie thermique (V fort) se contente de suivre les fluctuations extrieures. De mme, le rle de la longueur de la galerie va dans le mme sens (cf. figure page suivante). Une longue galerie augmente linertie thermique. Le rseau passe dun statut de petit rseau celui de grand rseau. Lanomalie de la temprature tend vers sa limite de 32%.
Anomalie T
0,3
0,2
0,1
vitesse V
0,0 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
en m/s
Fig. 3-42- Lcart relatif T aux entres du tube vent en fonction de la vitesse pour L = 500 m, D = 1 m et une priode P de 100 jours Relative temperature difference T between an entrance and mean external temperature in a wind tube
216
Anomalie T
0,4 0,3
Fig. 3-43- Lanomalie de la temprature T en fonction de la longueur de la galerie pour P (priode) = 100 jours, V0 = 0,2 m/s et D = 1 m Temperature anomaly T versus gallery length
0,2 0,1
Longueur L
0,0 0 200 400 600 800 1000
(en m)
Sur le tableau 3:1 plus haut, on peut constater, pour un taux damortissement de 0,5 (seuil choisi), une anomalie de 27% et cela dans tous les cas. Cette proprit dmontre que les deux grandeurs et T sont lies. Le rle des paramtres sans dimension De mme quil a t profitable dtudier lamplitude de la temprature moyenne de lair en fonction des trois paramtres sans dimension, de mme, il est normal ici de regarder linfluence de ces paramtres sur T. La liaison entre et T nous permet de prvoir que la loi monme 3.115 sapplique ici : L3,5118 = 19,64 en posant 3.122
0,4
Anomalie T
0,3
0,2
0,1
3,814 2,302 V s = ln 3,57.106 P D 3,5118 L
0,0 -8 -6 -4 -2 0 2 4 6 8
paramtre sans dimension s

10
Fig. 3-44- Lanomalie relative des tempratures T en fonction du paramtre sans dimension s pour les deux cas considrs plus haut Temperature anomaly versus s number
Relation entre T et s On peut donc dire que : si si s>0 s<0 alors alors 0 < T < 27% 27 < T < 33%
Sur la figure 3-44, il apparat que lanomalie a tendance diminuer quand s augmente. Observations. Nombreuses sont les observations qui montrent des entres basses froides. Par exemple, la grotte de Moulis (Gze 1965 p. 126), la temprature de lair 50 m de lentre est en moyenne de 11,4C alors quelle devient 12,6C 760 m de lentre. Au Trou qui Souffle de Maudre la temprature dentre au mois de juillet est de 4C alors quelle est de 7C lintrieur du gouffre.
i) Rle des phnomnes dvaporation - condensation sur lanomalie thermique des entres
Tous les calculs que nous avons faits avec notre modle simplifi, supposaient nulles lvaporation ou la condensation de la vapeur deau sur les parois. On a vu dans la partie 1 les conditions pour que ces phnomnes surviennent. Examinons cela dans le cas des entres dair dans un tube vent. Lair qui pntre dans une cavit nest en gnral pas satur en humidit. On a vu plus haut la chute de temprature due la saturation adiabatique de lair. Si on tient compte des transferts thermiques, quelle est la trajectoire du point reprsentatif de cet air dans le diagramme de lair humide ? Il faut considrer sparment les entres basse et haute dun rseau.
217
Arologie des systmes karstiques, partie 3, effets thermiques et rtroactions, 3.3.5.i
i-1) Entre basse. Lair qui pntre en hiver dans un rseau est plus froid que lui. Il a tendance se rchauffer, donc sasscher (lhumidit relative diminue). Mais leau liquide, prsente sur les parois, lui amne de la vapeur deau. On a vu que lentre basse possde une anomalie thermique ngative du fait de linversion saisonnire du sens du courant dair. Si on nglige la chaleur sensible de leau par rapport la chaleur dvaporation, ce qui suppose que leau nest pas trop abondante (pas de cours deau, mais des suintements), la chaleur est prleve sur lair luimme. Les trajectoires suivies par lair humide, dans le diagramme de lair humide, sont celles indiques sur la figure ci-contre. Le point de dpart est variable suivant les conditions de temprature et dhumidit de lair extrieur. Le point B reprsente la temprature profonde du massif. Cest ce point que toutes les trajectoires tendent rejoindre. Si lair est plus froid que la temprature moyenne de lentre, il schauffe en mme temps quil augmente son humidit. Si lair qui entre a mme temprature que la moyenne de la temprature de la paroi, la trajectoire est sensiblement celle de lisenthalpe et le point reprsentatif a tendance rejoindre assez vite la courbe de saturation.
humidit spcifique w B
point reprsentatif des zones profondes du gouffre
temprature diffrentes entres d'air temprature moyenne temprature d'inversion de l'entre basse du courant d'air
Fig. 3-45- Allure des diffrentes trajectoires de lair humide une entre infrieure lhiver dans le diagramme de Carrier. Lvaporation se traduit par un lger refroidissement suivi par un rchauffement progressif jusqu la temprature profonde du massif sketch of different trajectories of wet air at the lower entrance in winter in the psychrometric diagram
Un air qui entre la temprature profonde du massif est trop chaud par rapport la temprature dentre. Il commence par se refroidir en mme temps quil shumidifie puis il suit la courbe de saturation jusquau point B. Lanomalie thermique se traduit par le fait que lair extrieur peut commencer par baisser sa temprature avant de remonter jusqu la temprature profonde du massif. Si leau existe sur les parois, les trajectoires rejoignent dabord la courbe de saturation avant de remonter la temprature profonde du massif. Lvaporation augmente la puissance change dun facteur qui peut atteindre 2 ou 3 (cf. calcul la grotte de la Ture) Augmentation de lanomalie lentre basse. Ainsi prs des entres basses, lair extrieur gagne de la temprature et de lhumidit. Lvaporation augmente lanomalie thermique de lentre basse. Peut-on estimer cet effet ? Pour une estimation, il suffit de regarder lhumidit spcifique de lair atmosphrique de temprature infrieure la temprature dinversion du courant dair, puis den calculer la moyenne pondre par la vitesse correspondante de courant dair. Ensuite, on suit lisenthalpe passant par ce point jusqu la courbe de saturation et on en dduit la temprature humide moyenne de cet air. La diffrence entre la temprature moyenne de lair et sa temprature humide nous donne le refroidissement supplmentaire occasionn par lvaporation. Rle de leau en excs. Ce refroidissement supplmentaire napparatra vraiment sur la temprature de lair que si leau qui permet lvaporation nest pas trop en excdent. En effet, supposons par exemple que seulement 0,5 % de leau qui suinte sur les parois est vapore. Alors, la chaleur sensible pour 200 kg deau correspondant lanomalie thermique supplmentaire (par exemple 3C) sera de 2,5.106 J , alors que la chaleur latente correspondant lvaporation de 1 kg deau reprsentera aussi 2,5.106 J. Ces deux nergies sont du mme ordre de grandeur. Ce qui signifie que leau sopposera la moiti du refroidissement, ou dune manire quivalente que lanomalie thermique supplmentaire de lentre sera divise par deux (1,5C au lieu de 3C). On voit bien l les complications lies aux infiltrations deau, et le fait que la circulation de leau influe sur le courant dair. Condensation en t en entre basse. Inversement, lair soufflant en t provient des profondeurs de la caverne et, dans les rgions tempres, il est charg dhumidit. La temprature des parois tant infrieure la temprature de rose de lair, il se produit une condensation qui libre de la chaleur sensible et soppose partiellement au refroidissement de lair. Cette observation a t faite de nombreux endroits (galerie des Condensations au Trou qui Souffle de Maudre, Anou Boussouil, Birebent 1948, p. 73 et 74).
218
Climatologie du monde souterrain, tome 2, 3.3.5.j
i-2) Entre haute. L, le phnomne est invers. Lair qui entre une temprature leve se refroidit rapidement et rejoint trs vite la courbe de saturation. Un brouillard se produit qui limite le refroidissement. Si lair qui entre a une temprature plus basse que celle de la paroi la temprature commence par remonter, lhumidit saccrot et le point reprsentatif rejoint la courbe de saturation. La distance pour laquelle lair rejoint la courbe de saturation est nettement plus courte que celle pour laquelle il rejoint la temprature profonde. On en dduit quune partie de la trajectoire de lair se fera sur la courbe de saturation. Du brouillard pourra se produire dans lair, les parois ruisselleront. Prs de lentre haute, la trajectoire moyenne de lair atmosphrique nest pas trs loigne dune isenthalpe.
humidit spcifique w
point reprsentatif des zones profondes du gouffre B
temprature d'inversion du courant d'air
temprature diffrentes entres d'air temprature moyenne de l'entre haute
Fig. 3-46- Allure des diffrentes trajectoires de lair humide une entre haute lt Sketch of different trajectories at the upper entrance in summer, in psychrometric diagram
j) Le moment de linversion du courant dair

Le courant dair alternatif dans un tube vent prsente une inversion du sens du courant dair. Au 2.5.4, nous avons tudi le rle de linertie mcanique au moment de la renverse. Nous allons montrer ici que le changement de signe de la vitesse a lieu avec une certaine avance par rapport au passage la valeur moyenne de la temprature extrieure. On sattend ce que les changements de signe de la vitesse surviennent au passage la valeur zro de la temprature extrieure (sans dimension). Mais le dphasage entre la temprature intrieure et la temprature extrieure, dune part, ainsi que lamortissement des variations intrieures par rapport aux variations extrieures, dautre part, font que la vitesse change de signe avec une certaine avance. Ce phnomne pourrait sembler paradoxal. Le passage zro de cette vitesse (linversion du sens de la vitesse) arrive quand la temprature extrieure est gale la temprature moyenne de lair intrieur (moyenne le long de la galerie un instant donn).
temp ratures
1,2 1,0 0,8 0,6 0,4 0,2 0,0 -0,2 -0,4 -0,6 -0,8 -1,0 -1,2
temprature extrieure
temprature intr.
temps
0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0
Fig. 3-47- Schma montrant la temprature extrieure, la temprature moyenne intrieure avec amortissement et dphasage et la position de lintersection External temperature and mean internal temperature versus time. Influence of phase displacement and attenuation at the intersection point
Le dphasage entre la temprature extrieure T1 et la temprature moyenne Tm fait que le passage zro de la vitesse a lieu plus tt que le passage zro de la temprature extrieure (sans dimension). Calcul analytique dmonstratif. On a reprsent sur la figure de la page suivante les valeurs du dphasage avance du changement de signe du courant dair, en fonction des deux paramtres : dphasage retard et gain de la temprature intrieure de lair. Le dphasage est dautant plus grand que est plus grand (systme peu amorti = pas dinertie thermique). Calculons linstant pour lequel deux signaux dphass dun angle et dont le rapport des amplitudes est not , possdent des valeurs gales : sin t - sin t - = 0 Cherchons la valeur = t qui vrifie la relation au-dessus : sin - sin - = 0 = Atan sin 1 - cos 3.124 3.123
219
Arologie des systmes karstiques, partie 3, effets thermiques et rtroactions, 3.3.5.k
Cest ce que reprsente la figure ci-contre. Pour un gain de 0,5, les deux dphasages sont comparables. Pour un gain petit, le dphasage est plus petit que et le contraire si le gain est voisin de 1.
70 60 50
dphasage
= 0,9 = 0,8 = 0,7 = 0,6 = 0,5 = 0,4 = 0,3 = 0,2 = 0,1 0 5 10 15 20 25 30
k) Excitation extrieure deux frquences

La temprature extrieure ne peut se mettre sous la forme dune sinusode que rarement. En gnral, la temprature peut tre dcompose sous forme dune srie de sinusodes (dcomposition en srie de Fourier). Nous nessayerons pas de le faire, mais nous allons examiner le cas de deux frquences. Ce cas pourra correspondre des variations journalires associes des variations synoptiques de priode dune dizaine de jours. Ou bien, on considrera aussi le cas des variations journalires associes aux variations annuelles. Pour obtenir ce rsultat, il faut, dans le programme Therm3, calculer la temprature extrieure 1 en ajoutant lharmonique au fondamental. Cela donne une expression de la forme : 1 = - sin + Am sin nhar. 1 + A2 m 3.125
40 30 20 10 0
dphasage
Fig. 3-48- Le dphasage avance entre la vitesse et la temprature extrieure en fonction du dphasage retard entre tempratures intrieure et extrieure et en fonction du gain . On voit quun gain faible (grand rseau) est associ un dphasage faible entre la vitesse et la temprature extrieure menante Displacement between velocity and external temperature versus lagging betweeen interior and external temperatures
Dans cette expression Am est lamplitude relative de lharmonique et nhar est lordre de lharmonique (par exemple nhar = 2 est lharmonique frquence double). Le dnominateur est l pour normer lamplitude totale. Nous avons reprsent sur les figures ci-contre et suivantes quelques rsultats obtenus. On retrouve sur toutes les figures la proprit que lamplitude de la vitesse est plus grande petite vitesse qu grande vitesse. Sur la figure ci-contre, on voit que le changement de sens dun courant dair se produit un grand nombre de fois au moment de lautomne (ici) ou du printemps et quil est command par la frquence journalire. Dans les tubes vent, cest--dire des conduits deux entres, il ny a pas de priode sans courant dair.
Fig. 3-49- En haut la temprature extrieure et la temprature moyenne intrieure en fonction du temps, en bas, la vitesse en fonction du temps. Deux priodes, journalire et annuelle Dmarrage lautomne jusqu lhiver D = 1,44 m, L = 360 m, V0 = 0,28 m/s, Am = 0,3. Il y a une inversion du courant dair deux fois par jour en automne et au printemps At the top, external and mean internal temperatures versus time At the bottom, velocity versus time
220
Climatologie du monde souterrain, tome 2, 3.3.5.l
Lorsque dans un trou, on constate une priode sans courant dair, cest en principe que la cavit possde plus que deux entres. Pourtant, nous avons constat au moment de la renverse dun courant dair une possibilit thorique dannulation du courant dair ( 2.5.4.e). Mais ce point mriterait une tude complmentaire. Sur la figure ci-contre, le fondamental nest que dun mois. La diffrence damortissement entre le fondamental et lharmonique de frquence 30 fois celle du fondamental ne se voit gure. On a vu plus haut que lamortissement pour un systme donn ne varie que trs lentement avec la frquence dexcitation. Sur les deux figures ci-contre, laugmentation au cours du temps de lamplitude des fluctuations journalires au dtriment des fluctuations hebdomadaires permet de voir le passage dune frquence une autre. Au-dessus dun certain seuil, cest la haute frquence qui assure le renversement du courant dair. En dessous, cest la basse frquence.
Fig. 3-50- Pour une amplitude relative de lharmonique de 0,3 et en fonction du temps en haut, la temprature extrieure et la temprature totale moyenne intrieure en bas, la vitesse rapporte la vitesse maxi D = 1,44 m, L = 360 m, V0 = 0,28 m/s, fondamental 30 jours, harmonique 1 jour Idem figure 3-49 but a monthly oscillation (relative amplitude 0.3) is added
l) Les limites de cette tude et conclusions

Les reproches que lon pouvait faire notre premier modle de tube vent peuvent tre de nouveau avancs. Notre modle est simpliste, et la comparaison avec des mesures dans la nature devrait tenir compte de plusieurs facteurs que nous avons volontairement omis dans cette tude. Les rseaux prsentent souvent une dissymtrie entre les galeries du bas (horizontales) et les galeries du haut (souvent verticales). Cette dissymtrie entrane une dissymtrie sur le fonctionnement du courant dair. Nous verrons cette question juste aprs. La diffrence des pressions motrices lorigine du courant dair est commande par la masse volumique et non par la temprature comme nous lavons suppos ici. Mais la masse volumique dpend de lhumidit spcifique et nous avons nglig le phnomne dvapo-condensation. Elle dpend aussi de la teneur en dioxyde de carbone, mais les phnomnes de transferts de ce gaz vers lair du conduit ne sont pas continus et ne peuvent tre modliss de la faon adopte ici. Notre tude a pour seule ambition de mettre en vidence le rle des transferts thermiques sur le courant dair.
Fig. 3-51- En haut les tempratures extrieures et la temprature totale moyenne intrieure en fonction du temps. En bas la vitesse en fonction du temps. On a augment lamplitude de lharmonique linairement avec le temps afin de voir leffet damplification linversion. D = 0,7 m, L = 70 m, V = 0,28 m/s, priode journalire et hebdomadaire Idem figure 3-50, but the daily oscillation grows with time
Le rle de leau qui percole dans la roche a t omis, nous venons de le voir. Linfluence de leau est de deux sortes. Dune part, leau qui a transit plus ou moins profondment dans la roche, a pris une certaine temprature (la temprature uniforme de la roche si le trajet est assez long). Leau en arrivant au niveau de la paroi modifie la perturbation amene par lair, et que nous avons calcule en conduction dans la roche, cest linfluence de leau en chaleur sensible. Dautre part, leau la surface de la paroi peut svaporer. La chaleur latente dvaporation sera prise partiellement lair qui va donc se refroidir. On en dduit que lvaporation modifiera sensiblement les longueurs caractristiques calcules plus haut.
221
Arologie des systmes karstiques, partie 3, effets thermiques et rtroactions, 3.3.5.l
Pour les gouffres de montagne, un deuxime lment intervient, cest le gel de leau quand la temprature descend audessous de 0C. L encore, il sagit dun changement dtat. Leau qui est prsente sur le trajet de lair va se transformer en glace au passage du courant dair. Cette transformation va librer la chaleur latente et ralentir la diminution de la temprature de la roche ( une entre basse en hiver). On a vu plus haut la glace stabiliser la temprature dans ltude de la glacire de Correnon. De mme si le courant dair plus chaud passe sur la glace, il va fondre la glace, ce qui demande de lnergie de chaleur latente, et va retarder le rchauffement de la roche. La roche restant plus froide va permettre un refroidissement plus ais de lair. Conclusions Un tube vent est parcouru par un courant dair dont la temprature influence la temprature de la roche. La rtroaction de cet change thermique se traduit par une diminution de la vitesse par rapport aux possibilits lies la rsistance araulique. En rgime priodique rgulier, la temprature moyenne de lair dans le conduit suit la temprature extrieure avec un amortissement et un dphasage. Le dphasage est de lordre de 15 20. Lamplitude de la temprature moyenne de lair est dautant plus grande que la vitesse est forte, que le diamtre est plus grand et que la longueur de la galerie est plus petite. On a propos une relation entre cette amplitude et un nombre sans dimension prenant en compte toutes les caractristiques du systme simplifi. Les zones prs des entres prsentent des diffrences significatives de temprature par rapport la temprature profonde du rseau. Lentre basse est plus froide et lentre haute est plus chaude. Lcart de temprature est proportionnel lamplitude des variations annuelles de la temprature extrieure. Lcart relatif (sans vaporation) peut atteindre au maximum 33 % de lamplitude. Cest dire que pour une amplitude extrieure de 10C, cela reprsentera 3C de refroidissement en bas et 3C de rchauffement en haut.
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222
3.4. Tube vent. Variation sinusodale de la temprature extrieure dans une cavit avec puits daration
Dans le chapitre prcdent, on a examin le cas dun rseau en pente rgulire. On va examiner ici le rle dune dissymtrie qui apparat dans les rseaux avec collecteur et puits sortant sur les plateaux audessus. La zone des puits sera trs sensible au courant dair estival qui rchauffera les parois et diminuera la vitesse du courant dair, alors que dans la galerie horizontale du bas, le courant dair dhiver refroidira les parois mais cela naura pas de consquences (rtroaction) sur le courant dair lui-mme.
air extrieur T1 = Te + T sin(t)
entre haute B
H Longueur L entre basse A
3.4.1. nonc du problme

On considre comme dans le deuxime cas ( 3.3) une galerie de diamtre D , de longueur L , dbouchant ses deux extrmits sur latmosphre extrieure. La dnivellation entre les deux entres est donne H (elle servirait calculer la vitesse partir de la rsistance araulique). Mais la galerie est suppose dabord horizontale et elle est raccorde au plateau par des puits. La temprature initiale de la paroi de la galerie Te est suppose uniforme. La temprature de lair extrieur varie dune manire sinusodale (priode donne = 2 /) avec une amplitude donne T autour dune temprature moyenne donne Te : T1 = Te - T sin t 3.126
roche au loin Tc = Te
Fig. 3-52- Schma du rseau. Une galerie horizontale, un systme de puits System plan
T T1 Te T
La temprature totale moyenne de lair du rseau va suivre ces fluctuations avec un amortissement et un dphasage.
Fig.3-53- Temprature extrieure au cours du temps External temperature versus time
3.4.2. Mise en quation
On appelle x labscisse curviligne le long de laxe de la galerie. On place lorigine O lentre infrieure. On appelle T la temprature de lair le long de la galerie et T la temprature de la roche une abscisse x et une distance r de laxe de la galerie. Ces grandeurs varient au cours du temps. La vitesse V de lair est compte positive si le courant dair est montant.
a) La vitesse dans la galerie

On suppose que la vitesse, correspondant une diffrence des tempratures intrieure et extrieure gale T , est connue et on lappelle V0 . La vitesse se calcule en exprimant que les vitesses sont proportionnelles la racine carre de la diffrence de poids de deux colonnes dair, lune prise lextrieur et lautre lintrieur. Comme on nglige la prsence ventuelle de vapeur deau, la vitesse est proportionnelle la racine carre de la diffrence de la temprature intrieure (moyenne sur la hauteur H ) et de la temprature extrieure : V = V0 TmH - T1 T 3.127
Dans cette relation TmH est la temprature de lair moyenne sur la hauteur H de la chemine, T1 est la temprature extrieure (moyenne sur la hauteur H), et le dnominateur reprsente lamplitude des variations de la temprature extrieure.
223
b) Bilan sur lair

Cest le mme que pour ltude vue plus haut. On pose Re = VD c , Pr = = a p a a
On pose S = signe (V), cest--dire S = 1 si V > 0 (vitesse montante) et S = -1 si V < 0 (descendante). Le bilan sur lair scrit : dT = S A Tp - T V -0,2 dx R V0 avec A= Re0,2 0 2 Pr2/3 3.128
Le nombre de Reynolds avec lindice 0 se rapporte la vitesse V0 (qui est positive). Ce nombre est donc constant. Cest le terme correctif en V/V0 qui dpend de la temprature, donc du temps. Suivant le signe de V , lentre du courant dair se fait en bas (V > 0) ou en haut (V < 0). La temprature de lair lentre est prise gale T1 , temprature extrieure (suppose uniforme en bas et en haut).
c) Conduction dans la paroi

Lquation est la mme que prcdemment : T' = a 1 r T' c r r t r 3.129
Les conditions initiales sont traduites par une temprature uniforme dans la roche et gale Te et les conditions aux limites sont reprsentes par le flux cd lair qui circule, cette change se faisant la paroi, cest--dire pour r = R. La temprature de paroi est note Tp . On obtiendra le rgime priodique en partant dun rgime connu et en passant par un transitoire non priodique. La relation de Fourier entre le gradient de temprature de la roche au voisinage de la paroi et le flux, nous permet dcrire la condition de continuit des flux la paroi : T' r
0,8 = B Tp - T V R V0
avec
r=R
1/3 a B = Re0,8 0 Pr 2 c
3.130
Le terme correctif en V/V0 contient les variations temporelles.
3.4.3. quations sans dimension

Ce sont les mmes que plus haut ( 3.3), sauf modification pour la temprature moyenne intrieure qui est change en temprature moyenne dans la chemine de hauteur H. vitesse sans dimension V = V0 TmH - Te + Te - T1 = T mH - 1 3.131
La temprature mH est la moyenne dans la chemine de la temprature de lair . Les quations deviennent : bilan pour lair :
L
= S - - -0,1 p mH 1 d
L-H
3.132
avec
mH = 1 H
avec =0 = 1 avec =L = 1
si S > 0 soit mH - 1 > 0 si S < 0 soit mH - 1 < 0
3.133
conduction dans la roche :
' = 2 ' + 1 ' 2 + B ' = p - mH - 1 0,4

=0
3.134 p = ' =0
raccord la paroi :
pour = 0
avec
3.135
224
Le problme sans dimension dpend de 4 paramtres indpendants (le premier caractrise le rseau souterrain et les proprits gnrales thermiques de latmosphre, le deuxime la priode de lexcitation thermique, le troisime la longueur de la galerie, le quatrime la dnivellation) : B = 0,787 V0 D
0,8 0,4 = 26 D avec P = priode en jours P V1,6 0
L = 0,012661,2L V0,2 0 D
H H = 0,012661,2 V0,2 D 0
3.136
La classe dquivalence des rseaux du genre tube vent. Comme dans le 3.3, on peut tablir des classes dquivalences parmi lensemble des problmes. Les solutions de deux problmes physiques seront identiques si les trois nombres B, L et h sont identiques. Ainsi, considrons un premier rseau de caractristiques D1, L1, H1 V01, P1 et un deuxime de caractristiques D2, L2, H2 V02, P2 . Ces deux rseaux seront quivalents (cest--dire que toutes les variables sans dimension seront identiques) si les relations suivantes entre les grandeurs physiques sont vrifies : V01 D1 = V02 D2 P1 = P2 D2 D2 1 2 L1 = L2 D1 D2 H1 = H2 D1 D2 3.137
Exemple. Si une galerie de tube vent a mme allure quune autre, un diamtre, une longueur et une dnivellation deux fois plus grands quune autre. Ces deux galeries auront un fonctionnement araulique quivalent si la vitesse du courant dair de la grande est deux fois plus petite et si la priode doscillation du courant dair est 4 fois plus grande. Ainsi les deux rseaux caractriss par : D1 = 2 m, L1= 500 m, H1= 100 m, V01 = 1 m/s, P1 = 100 jours D2 = 4 m, L2= 1000 m, H2= 200 m, V02 = 0,5 m/s, P2 = 400 jours sont-ils quivalents au sens que leurs solutions en variables sans dimension sont identiques.
3.4.4. Rsolution numrique (programme THERM3)

Par rapport au cas trait prcdemment (au 3.3.5), la seule modification porte sur la dfinition de et S : = mH - 1 et S = Signe mH - 1 3.138
Le reste de la rsolution numrique est rigoureusement identique au cas examin au 3.3.
3.4.5. Rsultats du programme THERM3

Nous nous contenterons de prsenter un seul rsultat. Sur la figure ci-contre, on a reprsent en haut lvolution de la temprature extrieure en fonction du temps et de la temprature moyenne de lair dans la partie verticale du conduit (amplitude plus petite). Les fluctuations de la temprature sont des fluctuations du genre fluctuations journalires supposes sinusodales (tempratures plus basses la nuit, plus leves la journe). La nuit, la temprature de la partie verticale du conduit reste stable cause de la longueur de la galerie horizontale. En revanche le jour, lair chaud qui descend modifie cette temprature. En bas, est reprsente la vitesse du courant dair qui traduit la dissymtrie de fonctionnement.
Fig. 3-54- Exemple de dissymtrie du fonctionnement entre le jour et la nuit du courant dair pour une variation journalire et un rseau de petite taille For daily temperature fluctuations and a small cave at the top external and mean internal temperatures, at the bottom velocity versus time
Conclusion : les observations que nous avons faites dans le cas dune galerie incline sont extrapolables au cas dune galerie horizontale ou subhorizontale avec puits de raccordement vers la surface. La diffrence principale porte sur le fait que les deux entres jouent des rles dissymtriques. Un courant dair pntrant par lentre basse perturbe peu le fonctionnement araulique, alors quun courant dair pntrant dans le rseau par son entre suprieure, modifie rapidement la temprature de la colonne verticale qui est la seule jouer un rle actif dans le courant dair. Ce dernier volura donc rapidement.
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225
3.5. Tube vent parois sches, et condensation

Cette tude est le prolongement de celle qui a t faite dans le 2.6. On avait suppos alors la temprature des parois maintenue constante par une circulation deau proximit. Ici, nous supposons au contraire que la temprature de la roche nest pas influence par des coulements deau. Nous supposerons donc ici les parois sches, ce qui est reprsentatif de rseaux fossiles ou de galeries artificielles. La paroi ntant pas maintenue une temprature constante par leau, va voir sa temprature influence par celle de lair. Cette tude est le complment de celle tudie au 2.6. Nous prendrons en compte ici les condensations possibles de la vapeur deau sur les parois ou la formation possible dun brouillard, contrairement aux tudes faites plus haut. On suppose connue la loi dchange entre lair et la paroi, par exemple la relation de Colburn ( 1.4.3.e). Elle nous fournit le coefficient dchange thermique hth.
diamtre D
T(x,t) x
V x+dx
Fig. 3-55- Tube vent et notations Sketch of wind tube with notations
humidit spcifique w wB' wB ws1
courbe de saturation B" B' D' D TR TD TB T A B A' C T
3.5.1. volution de lhumidit spcifique de lair

Nous supposerons que leau de condensation qui peut se former, svacue par des fissures en dehors de la galerie. Il ny a donc pas dvaporation possible. Nous posons : ws1 humidit spcifique de saturation pour la temprature de la paroi TR , ws humidit spcifique de saturation pour la temprature de lair T , et humidit relative de lair. Soit dT la variation de temprature de lair (ngative sil y a condensation) qui se produit sur une longueur de galerie dx. Nous introduisons la notion de non-vaporation par la constante qui vaut 0 quand w < ws1 et 1 quand il y aura condensation (w > ws1). La valeur = 0 conduirait une vaporation sil y avait de leau en paroi.
Fig. 3-56- Trajectoire de lair humide satur au cours dun refroidissement AB trajet avec brouillard, AD sans brouillard. La condensation correspond w - wB alors que le brouillard correspond wB - wB Trajectory of saturated wet air AB, the path with mist w - wB associated with condensed water wB - wB, associated with mist in the psychrometric diagram
La drive longitudinale de lhumidit spcifique de lair est non nulle seulement sil y a condensation de leau la paroi (la temprature de la paroi est infrieure la temprature de rose de lair). Dans ce cas qui correspond = 1 , il y a deux possibilits (que nous traduisons par deux valeurs diffrentes de la variable ) : - Soit, lair circulant nest pas saturation ( < 1 ). Sur une courte distance dx, la trajectoire suivie par lair dans le diagramme de Carrier de la figure 3-56 est du style AD. On pose alors = 0 . Il apparat une condensation (de film ou de gouttes) la paroi (DD). La diffrence des tempratures est petite dT = TD - T (elle a t agrandie sur la figure pour des raisons de clart). - Soit, lair circulant est saturation ( = 1 ). La trajectoire devrait tre AB sur la droite AC. En ralit, le point B tant dans la zone sursature, il y a condensation partielle de la vapeur deau et la trajectoire relle est AB. Il se produit une condensation de gouttes deau sur la paroi froide (BB) et un brouillard dans lair (BB sur la courbe isenthalpe). Lair humide suit la courbe de saturation (AB), on pose alors = 1. La diffrence de temprature est dT = TB.- T. Le paramtre ne prend que deux valeurs : = 1 si w > ws1 , et si w < ws1 = 0 Le paramtre possde aussi deux valeurs : = 1 si = 1 sinon = 0 Le bilan longitudinal de lhumidit de lair scrit en tenant compte de tous ces cas : hth w - ws1 w = - 4 ' 1- x D cp U + ' dws T dT x 3.139
226
Suivant les valeurs de et , la drive axiale de lhumidit spcifique de lair peut prendre trois valeurs : une valeur nulle si = 0 et deux valeurs ngatives, gales lun ou lautre terme du deuxime membre, si = 1. On pourrait ngliger en premire approximation le rle du paramtre et le prendre dfinitivement nul. Lerreur commise ne serait pas trs grande. Nous ne ferons pas cette approximation ici. Cela nous permet de distinguer la condensation la paroi et le brouillard ventuel, au prix, il est vrai, dune belle complication. Nous la diminuerons un peu en ngligeant la diffrence TB - TB , devant la diffrence T - TB. La quantit deau condense sur la paroi dpend de lexistence dun brouillard ou non ( cause de dT qui en dpend). Nous la calculons partir de la figure 3-56 en appliquant le thorme de Thals et en remarquant quun dbit deau de condensation sobtient par le produit du dbit masse dair par la diffrence des humidits spcifiques : qcondens. x
paroi 2 = - ' U D w - ws1 T 4 T - T'R x
en kg.s-1.m-1
3.140
Nous pouvons aussi lcrire sous la forme dun dbit masse par m2 de surface de paroi : qcondens. paroi = - ' U D w - ws1 T en kg.s-1.m-2 D x 4 T - T'R x Le brouillard ventuellement produit dans lair sera calcul par diffrence de la mme faon : qbrouillard = - ' U D2 dws - w - ws1 T x 4 dT T - T'R x en kg.s-1.m-1 3.141
3.142
Leffet de la condensation sur la paroi, quand elle a lieu, est de fournir de la chaleur la paroi, alors que la formation de brouillard fournit de la chaleur lair. Cest pour cette raison que nous prenons la peine de calculer sparment les deux dbits .Le brouillard finira de toute manire la paroi, mais les profils de temprature sont lgrement modifis.
3.5.2. Temprature de la roche, bilan sur lair et change la paroi

quation radiale dnergie dans la roche calcaire. Si nous supposons la roche calcaire homogne et non fissure, nous pouvons crire la loi de conduction : T' = ac r T' r r r t 3.143
Si la roche est fissure, mais sans circulation deau le coefficient ac , qui est la diffusivit thermique du calcaire, est remplacer par une diffusivit apparente dont la valeur est dterminer exprimentalement car elle est influence par lair des fissures. Bilan longitudinal dnergie de lair. Lquation de bilan longitudinal pour lair scrit (en W/m) : qm cp T = - D hth T - T'R - qm g + Lh qb x dx/dz x
2 avec qm = U D 4
3.144
On a pris en compte le gradient adiabatique de lair d au travail de la pesanteur. Il vaut -1C pourr 100 m de monte. On lavait nglig dans le calcul du 2.6. On a tenu compte aussi de lapport de chaleur par condensation du brouillard ventuel. On explicite qb /x en fonction de T/x grce la relation tablie plus haut. Ce problme est celui dun changement trs lent dans le temps, le terme transitoire T/T est ngligeable devant U T/x . On obtient alors : 4 hth T - T'R T g = x D cp U cp dx/dz / 1 + ' Lh dws - w - ws1 dT T - T'R 3.145
227
Bilan radial dnergie la paroi. On crit que la somme des flux (algbriques) arrivant sur la paroi est nulle car la paroi na aucune inertie thermique (pas dpaisseur). Il y a trois termes : le premier reprsente le flux cd par lair, le deuxime, le flux apport par la condensation, et le troisime, le flux de conduction provenant de la roche calcaire (ce flux est reli au gradient thermique dans le calcaire par la loi de Fourier) : hth T - T'R - ' U D Lh w -ws1 T + c T' 4 T - T'R x r = 0
r=R
en W.m-2
3.146
Nous ngligeons le flux gothermique en supposant que des circulations deau lont rcupr plus bas, prs du niveau de base local.
3.5.3. Systme dquations

Il comporte des quations sur lvolution de la masse de la vapeur deau (bilan longitudinal, condensation la paroi) et trois quations sur lnergie (de conduction radiale, de bilan axial sur lair et bilan radial de raccordement la paroi). Ces quations sont couples puisquil y a des termes dinteraction ( cause de la chaleur latente de changement dtat). Il faut leur adjoindre les relations complmentaires : ' = 0 si w - ws1 < 0 ' = 1 si w - ws1 > 0 ws = 0,622 = 0 si E > 0 ou = 1 si E < 0 et w = 0,622 pvs p - pvs 1 =1 ws1 = 0,622 pvs1 p - pvs1 3.147
pvs p - pvs
3.148 3.149
Conditions dentre-sortie : U > 0 T(x= 0) = TA U < 0 T(x= l) = TB
w(x = 0) = wA w(x = l) = wB
Ce systme dquations est beaucoup plus compliqu que celui obtenu dans le 2.6.2. La raison principale en est le rle complexe jou par la roche. Seule une rsolution numrique est possible. Comme on la vu pour les autres problmes tenant compte de linertie thermique de la roche, la solution possde une mmoire importante puisque la roche joue le rle de rservoir de chaleur et peut donc la restituer longtemps aprs lavoir stocke. Cet effet de mmoire se traduira l encore par des dphasages entre les phnomnes dynamiques et thermiques intrieurs, et les conditions extrieures.
3.5.4. Rsolution numrique dans un cas simple schmatique (figure ci-contre)

D B H
Nous supposons que les tronons AC et BD sont assez longs pour que les perturbations thermiques dans CD soient ngligeables. Nous supposons sinusodales les variations de temprature extrieure TA = TB = Te + T cost. Le taux dhumidit extrieure est suppos constant et gal 0. La pression motrice a donc pour valeur P = - 0 g H T/Te cos t . On suppose que la galerie a un diamtre D et quil y a une troiture en forme de diaphragme de diamtre d. La vitesse de circulation de lair vaut donc (en dehors de ltroiture) : t U = - V0 cos cos t 0,5 avec V0 = 2gH l + D D d
4
Fig. 3-57- Cas trs simple o la temprature dans la zone verticale est constante au cours de lanne Very simple case with an annual constant temperature of vertical duct
T Te
3.150
Nous ngligeons la formation de brouillard et supposons que toute la vapeur deau se retrouve condense la paroi. Nous adoptons ainsi la valeur = 0. On nglige le gradient adiabatique sec. Pour les tronons AC et DB, on obtient le systme des 4 quations qui fournissent la solution : T = 4 hth T'R - T x D cp U T' = ac r T' r r r t 3.151
228
T' r
= hth T'R - T + Lh ' w1 - w cp c
w = 4 hth ' w - w s1 x D cp U
3.152
La corrlation de lchange thermique entre lair et la paroi scrit (Colburn 1.4.3.e) : U D 0,8 1/3 hth = Nu = 0,023 Re0,8 Pr1/3 = 0,023 Pr = A U 0,8 D D D avec A = 0,023 -0,8 Pr1/3 D-0,2 La constante numrique 0,023 peut tre modifie pour tenir compte de la rugosit. Units naturelles. On crit les quations sous forme adimensionnelle pour diminuer le nombre de paramtres. Nous prenons deux chelles de longueur, une pour la conduction radiale, lautre pour lvolution longitudinale : temps : = t 2 = T - Te T ' = T' - Te T = 'R = T'R - Te T 3.154 3.153
tempratures :
3.155
concentration en vapeur d'eau :
w T - w Te w Te + T - w Te R pour r = D/2
3.156
longueur transversale : =x
=r
=r 2 ac e 2 ac
3.157
longueur :
4 c D cp V0
3.158
Remarque sur les units naturelles choisies. On remarque que le choix des chelles de longueur nest pas du tout le mme que dans les tudes des 3.3 et 3.4. On avait adopt alors comme chelle de base le rayon R et on lavait modul par les paramtres A et B adapts respectivement la convection et la conduction. Ici, lchelle de base est lpaisseur de pntration thermique dans la roche. Cette chelle est bien adapte aux longueurs transverses. Elle est module pour les distances axiales. On remarque enfin que la variable sans dimension transverse a pour origine laxe de la galerie alors que prcdemment, cette origine tait prise au bord. Ainsi, ces deux choix possibles dunit naturelle de longueur dmontrent que le choix des units naturelles nest pas unique. Limportant dans la mise sans dimension des quations est que cela diminue le nombre de paramtres indpendants du problme. Le systme des quations sans dimension. Aprs quelques calculs intermdiaires, on obtient le systme suivant : = -S ' '
R
+ ' B C S 1 -
' = 1 ' = - B S ' - 1 C= Lh w Tm + T - w Tm cp T
3.159
= B 'R - + ' B C 1 - cos 2 0,5 cos 2

0,4 B = e A V8 0 cos 2 c
3.160
S =
3.161 3.162 3.163 3.164
si cos 2 > 0 = 0) = cos 2 si cos 2 < 0 = l) = cos 2 ' = 0 si 1 - > 0
= 0) = A = l) = B
' = 1 si 1 - < 0
229
La rsolution numrique a t faite par un calcul aux diffrences finies pour quelques valeurs des trois paramtres sans dimension : B 3.165 cos 2 0,4 R = D 2 C 2 ac 3.166
3.5.5. Quelques rsultats dans un cas donn

Nous prsentons quelques rsultats pour le cas suivant : l = 10 000 m ; H = 500 m ; D = 2 m ; d = 0,3 m ; Te = 278 K ; T = 8 K. Nous remarquons sur la figure ci-contre le rle complexe jou par la roche qui entoure la galerie : elle apporte de linertie aux phnomnes thermiques, ce qui se traduit par une dformation et un dphasage dans les profils de temprature. Ainsi les courbes pour = 0,35 et = 0,65 seraient superposes dans le cas dune paroi temprature constante. On constate aussi sur cette figure que la temprature de lentre basse dun rseau est plus basse pendant toute lanne que la temprature profonde du rseau. Nous avons dj analys plus haut cette anomalie thermique. De mme, la temprature dune entre suprieure serait plus leve que le reste du rseau sil ny avait pas des phnomnes parasites, comme laccumulation de neige, qui faussent ce rsultat.
200 0,0 -0,1 -0,2 0,7 -0,3 -0,4 -0,5 0,65 0,4 0,6 0,5 =0 = 0,3 0,35 400 600 800 1000 1200 1400
x (en m)
phase croissante (automne) phase dcroissante (printemps)
variations annuelles
-0,6 -0,7 -0,8 -0,9 -1,0 l = 10 000 m D = 2 m d = 0,3 m H = 500 m T = 8C = t/an
= T - Te T
Fig. 3-58- Temprature de lair en fonction de la distance lentre A diffrents moments de lanne, = t/ (un an) Air temperature versus distance of lower entrance for different times of year
1
= 1,0 = 0,8 = 0,7 = 0,6 = 0,5
On retrouve un rsultat analogue pour la temprature dans la roche en fonction de la distance la paroi (figure cicontre). La roche prs de lentre infrieure est plus froide que le rseau profond. Il y a amortissement des ondes thermiques avec la profondeur. Pour R = 3 , on ne sent plus les variations de temprature annuelles. Le rle de la condensation est mis en vidence sur la figure ci-dessous. On se trouve prs de lentre suprieure en plein t. Le courant dair pntre dans la cavit ; son humidit relative initiale est de 0,8. Il atteint rapidement la valeur 1 et partir de ce point, la condensation provoque un retard au refroidissement.
0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7
phase croissante de printemps (variations annuelles)
= T -Te T
Fig. 3-59- Temprature dans la roche lentre basse Rock temperature at the lower entrance versus wall depth for different times of year
Les fluctuations de la temprature extrieure ne sont pas sinusodales, mais on peut faire apparatre les diffrentes frquences qui la composent (par dcomposition de Fourier). Les quations ne sont pas linaires et on ne peut strictement appliquer un principe de superposition, mais on peut remarquer que la zone influence augmente quand la priode des oscillations de temprature augmente.
230
taux dhumidit
= T -Te T 1,0
0,9 = 0,8
B
-1,0 -0,9 -0,8 -0,7 -0,6
paroi temprature constante

D=4m paroi lisse
variations annuelles pour = 0,1
0,7 0,6
-0,5
0,5 0,4
temprature avec condensation B = 0,8
-0,4 -0,3
priode de 1 an
0,3 temprature sans condensation B = 0 10 0,2 0,1

-0,2 -0,1 0,0
priode de 1 jour
x (km)
sens du courant dair
zone influence
x (en km)
zone intermdiaire
zone profonde
Fig. 3-60- Temprature et humidit prs de lentre haute, en t Temperature and humidity near the upper entrance in summer versus distance from entrance
Fig. 3-61- Temprature prs de lentre basse en hiver Air temperature near the lower entrance in winter versus distance from entrance
On peut donc distinguer dans une cavit trois zones au voisinage des ouvertures :une zone trs influence dont la temprature suit les fluctuations rapides de la temprature extrieure (variations diurnes), une zone intermdiaire sensible seulement aux fluctuations mensuelles ou annuelles, et une zone profonde pratiquement insensible aux fluctuations annuelles, mais qui pourrait suivre des variations trs lentes du climat si linfluence thermique de leau tait rigoureusement nulle. La roche qui entoure la galerie ne peut jouer un rle thermique apprciable que si lvolution thermique est lente. Dans le cas examin ici, on trouve que le rle de la paroi devient nul si la priode des fluctuations est plus petite quun jour. En effet la courbe dvolution est peu prs superpose avec celle obtenue pour une temprature de paroi constante. Linertie thermique se traduit donc, en un point donn, comme un filtre passe-bas (non linaire, il est vrai) pour la temprature de lair.
3.5.6. Dbits moyens deau rcuprable par condensation

En t, lair extrieur contient plus deau que lair des cavits. Il se produira donc en moyenne une condensation. Dublyansky et al (2000 reprenant leur article de 1980) ont propos une courbe fournissant, pour une altitude donne, le dbit deau fourni par un dbit dun mtre cube par seconde dair entrant dans le karst (figure ci-contre). Ils ont aussi propos des corrlations moyennes en fonction de la latitude et de laltitude. Ces donnes pourront rendre des services mais ne remplaceront pas une tude locale dtaille car le degr douverture dun lapiaz au courant dair est un paramtre trs variable dune rgion lautre.
g/m3 12 10 8 6 4 2 0
possibilit de condensation
jan fv mar avr mai jun jul ao sep oct nov dc
Fig. 3-62- Possibilits de condensation dun mtre cube dair suivant les saisons. Cette courbe a t dresse pour la Crime, mais semble convenir pour les climats temprs Condensation possibility sketch for one m3 of air versus season (Dublyansky, 2000)
_______________________
231
3.6. Courants dair dans un rseau plusieurs entres

Nous allons nous intresser aux particularits du courant dair dans un rseau trois entres. Le nombre de paramtres indpendants, donc le nombre de degrs de libert des phnomnes augmente. La complexit aussi. Nous tudierons un rgime intressant des courants dair dans les entres intermdiaires, que nous baptiserons le rgime critique, et rattacherons dautres proprits ce rgime particulier. Nous profiterons du logiciel labor pour tudier les rseaux deux entres avec dnivellations ou non entre les entres.
3.6.1. Schmatisation dun rseau trois entres tages

Le rseau est caractris par les trois dnivellations H1, H2 et H3 et les trois longueurs L1,(DB) L2 (DC) et L3 (DA). Le diamtre est suppos identique partout et on le note D. Les longueurs doivent tre positives, mais pas les dnivellations.
A B C H2 q3 R3 D q2 R2 q1 R1
H1
On suppose connues (par calcul ou par mesure) les 3 rsistances arauliques des tronons DA, DB et DC. La relation entre la perte de charge et le dbit scrit donc : P = R q q = R Si q2 3.167
H3
Les dbits q sont des dbits masse en kg/s. Ils seront compts positifs si la direction du courant dair est DA, DB ou DC (soufflant) et compts ngativement dans les autres cas (aspirant). La variable Si est gale 1 si la vitesse est positive et gale -1 dans le cas contraire. R est la rsistance araulique et non le rayon de la galerie.
Fig. 3-63- Schmatisation dun rseau 3 entres tages A system with entrances at three level
Ltude thermique des chemines DA, DB et DC fournira les masses volumiques moyennes dans les conduits verticaux. Nous posons e la masse volumique de lair extrieur, 1 la masse volumique moyenne dans la chemine 1, 2 celle dans la chemine 2 , et 3 celle dans la chemine 3. On pose S1 le signe de q1 etc. On note 1, 2, 3 les diffrences de pression motrice lorigine des mouvements (le tirage de la chemine) : 1 = e - 1 g H1 2 = e - 2 g H2 3 = e - 3 g H3 3.168
Dans cette tude, nous supposerons que les diffrences de masses volumiques sont dues aux diffrences de tempratures. On nglige donc linfluence de lhumidit de lair et du dioxyde de carbone. On en dduit les diffrences de pressions motrices : 1 = Tm1 - Te 0 g H1 T0 2 = Tm2 - Te 0 g H2 T0 3 = Tm3 - Te 0 g H3 T0 3.169
Les trois inconnues, les 3 dbits, sont solutions de 4 quations : loi des nuds : loi des pertes de charge sur AB : loi des pertes de charge sur BC : loi des pertes de charge sur CA : q1 + q2 + q3 = 0
2 R 1 Si 1 q2 1 - R 2 Si 2 q2 = 1 - 2 2 R 2 Si 2 q2 2 - R 3 Si 3 q3 = 2 - 3 2 R 3 Si 3 q2 3 - R 1 Si 1 q1 = 3 - 1
3.170 3.171 3.172 3.173
La dernire quation nest pas indpendante des autres puisquelle rsulte de la somme des deux prcdentes. On limine q3 laide de la premire quation et on reporte dans la troisime :
232
R 2 Si 2 q2 2 - R 3 Si 3 q1 + q2 d'o on dduit
= 2 - 3 3.174
2 2 - 2 q1 q2 = 2 - 3 - R 2 Si 2 q2 + q2 1 + q2 R 3 Si 3
On est oblig dlever au carr pour tout exprimer en fonction du carr de q1 qui sera calcul partir de la deuxime quation. Cette lvation au carr va introduire des solutions non physiques quil conviendra dliminer la fin. On aboutit une quation bicarre : 1 - 2 + R 2 Si 2 q2 4 q2 2 2 R 1 Si 1 R 1 Si 1 Ce qui conduit lquation en q2 2 : 1 - 2 + R 2 Si 2 4 q2 2 R 1 Si 1 R 1 Si 1 q2 2 - 2 - 3 + 1 - 2 + 1 + R 2 Si 2 - R 2 Si 2 q2 2 R 3 Si 3 R 1 Si 1 R 1 Si 1 R 3 Si 3
2
1 - 2 + R 2 Si 2 q2 2 = 2 - 3 - R 2 Si 2 q2 2 + 2 + q2 R 3 Si 3 R 3 Si 3 R 1 Si 1 R 1 Si 1
3.175
=0
Soit, en ordonnant suivant les puissances de q2 : 4 R 2 Si 2 - 1 + R 2 Si 2 - R 2 Si 2 R 1 Si 1 R 1 Si 1 R 3 Si 3

2
1 - 2 - 2 2 - 3 + 1 - 2 q4 2 + 4 R 1 Si 1 R 3 Si 3 R 1 Si 1 2 2 3 1 2 + =0 R 3 Si 3 R 1 Si 1
1 + R 2 Si 2 - R 2 Si 2 R 1 Si 1 R 3 Si 3
q2 2 -
2 2 On peut mettre cette quation sous la forme : a q4 2 + 2 b q2 - c = 0
3.176
2
avec
a = 4 R 2 Si 2 - 1 + R 2 Si 2 - R 2 Si 2 R 1 Si 1 R 1 Si 1 R 3 Si 3
3.177
b = 1 - 2 1 - R 2 Si 2 + R 2 Si 2 R 1 Si 1 R 1 Si 1 R 3 Si 3 c = 1 - 2 - 3 - 2 R 1 Si 1 R 3 Si 3
+ 3 - 2 1 + R 2 Si 2 - R 2 Si 2 R 3 Si 3 R 1 Si 1 R 3 Si 3
3.178
3.179
Avant de chercher la solution gnrale de cette quation, nous allons tudier quelles conditions la vitesse dans la branche intermdiaire est nulle.
3.6.2. Cas vitesse intermdiaire nulle : entre en condition critique

Le rsultat remarquable quon va tablir est quon peut obtenir une vitesse nulle dans lentre intermdiaire pendant dassez longs intervalles de temps. Par comparaison, on sait que la vitesse nest presque jamais nulle dans un tube vent simple. Si la vitesse est nulle, le dbit masse est nul et la condition se traduit par c = 0. Dans ce cas-l, les signes de q1 et q3 sont opposs. La condition scrit encore : R 1 = 1 - 2 R3 2 - 3 3.180
Les rsistances R1 et R3 ne changent pas avec le temps pour un rseau donn. En revanche les paramtres 1 , 2 , 3 changent en fonction des saisons et des influences thermiques de lair extrieur sur les chemines. Cette condition traduit la caractristique dune entre en condition critique. Pour cette entre, les pressions motrices relatives aux entres voisines sont proportionnelles aux rsistances arauliques.
233
Si les vitesses de circulations de lair taient tellement faibles que les chemines pourraient tre considres comme temprature constante, alors la condition de nullit de la vitesse dans la branche 2 se ramnerait la condition purement gomtrique : R 1 = H1 - H2 = HAB 3.181 R3 H2 - H3 HBC Nous appellerons entre en condition critique, une entre intermdiaire courant dair nul. Lexistence dune entre critique dans un rseau 3 entres est lie une certaine relation entre les dnivellations et les tempratures (termes moteur) et les rsistances arauliques (cest--dire les resserrements). Pour bien comprendre cette notion, appliquons-la un systme trs simple pour lequel H1 = 2 H2 et R1 = R3 (H3 = 0). Ce systme possde une entre intermdiaire qui peut se trouver en condition critique. Sur la figure ci-contre le courant dair hivernal part de lentre infrieure et sort par lentre suprieure en ignorant totalement lentre intermdiaire. Cette entre intermdiaire est donc critique ce moment-l. Il est intressant de constater quen situation critique, la rsistance araulique de la chemine intermdiaire ne joue aucun rle. Le systme est alors (momentanment) quivalent un tube vent deux entres. Mais des fluctuations infimes des conditions thermiques peuvent amener de grandes fluctuations des courants dair au niveau de cette entre. Le fonctionnement de cette chemine peut se rvler particulirement complexe et imprvisible. Cest pour cette raison que nous lavons baptis de critique. Les phnomnes doscillations rapides et daccrochages peuvent apparatre et nous les verrons plus loin loccasion de ltude numrique. Ces phnomnes sont rapprocher des observations rapportes par Choppy (Dynamique de lair 1986, p. 57 2).
B
si R1 = R3 et H1 = 2 H2 pas de courant d'air dans CD C H2 A q3 R3 D q2 R2 q1 R1 H1
Fig. 3-64- Exemple de rseau dont lentre intermdiaire peut se trouver en situation critique. Lentre intermdiaire na ici pas de courant dair en cette priode de lhiver Example of system in winter with a critical intermediate entrance : no air flow in this intermediate gallery
On pourrait facilement gnraliser cette proprit un rseau n entres rgulirement tages et spares par des pertes de charges gales. Toutes les n-2 entres intermdiaires pourraient se trouver en conditions critiques. Aucun courant dair ne les parcourerait ces moments-l. Par exemple, un courant dair hivernal entrerait par lentre basse et ressortirait par lentre suprieure en ignorant totalement toutes les entres intermdiaires (cf. 2.3.4). Examinons une entre quon trouve critique en rgime hivernal. Lorsque le rgime de courant dair deviendra estival, les puits de lentre suprieure 1 schaufferont, le tirage diminuera, le deuxime systme de puits se mettra lui-aussi aspirer. Symtriquement, une entre quon observe critique en t, sera probablement aspirante en hiver.
3.6.3. Solution gnrale de lquation. Les trois dbits

2 4 2 Lquation gnrale a q2 + 2 b q2 - c = 0 Examinons toutes les solutions possibles en fonction des paramtres a, b, c :
3.182
1er cas : a = 0
si b 0 si b > 0
pas de solution deux solutions q2 = q2 = c2 2b 1 -b+ a b2 + a c2
2e cas : a > 0 3e cas : a < 0

2 si b < - a c
deux solutions pas de solution 2 ou 4 solutions
si b - a c2
Tableau 3:4- Discussion pour la solution q2
234
Malheureusement, les constantes a, b, c ne sont pas des vraies constantes puisquelles dpendent des fonctions deux valeurs Si1, Si2, Si3. Lensemble des cas envisager est 6 comme on le voit sur la table des valeurs de Si1, Si2, Si3. Les deux cas o tous les signes sont gaux sont exclus car alors il ny aurait pas conservation de la masse. On peut mettre ces trois fonctions sous la forme plus commode manier numriquement (j est le numro du cas) : Si 1 = -1 j Si 2 = -1 int(j/1,99) Si 3 = -1 int((j-0,99)/3) 3.183
j 1 2 3
Si1 -1 1 -1
Si2 1 -1 -1
Si3 1 1 1
Tableau 3:5- Table de vrit des fonctions Si1, Si2, Si3
On obtient donc au maximum 24 valeurs de q2 quon note q2 (i,j) avec i = 1 4 et j = 1 6. On limine dabord toutes celles dont le signe ne correspond pas celui de Si2. Ensuite on calcule les 48 valeurs du dbit q1 quon note q1a(i,j) et q1b(i,j) : q1a = + 1 - 2 + R 2 Si 2 q2 2 R 1 Si 1 R 1 Si 1 q1b = 1 - 2 + R 2 Si 2 q2 2 R 1 Si 1 R 1 Si 1 3.184
Mais pour que q1 existe, il est ncessaire que les dbits q2 calculs au tableau 3:4 vrifient auparavant lingalit : 2 - 1 R 2 Si 2 q2 2 > Si 1 Si 1 3.185
Cette condition restreint le choix des solutions trouves au tableau 3:4. Puis on calcule les 48 valeurs de q3 quon note q3a(i,j) et q3b(i,j) : q3 = - q1 - q2 3.186 On limine les solutions non physiques par utilisation des quations initiales en ne gardant que les solutions qui vrifient peu prs les quations : 2 3.187 R 3 Si 3 q2 3 - R 1 Si 1 q1 3 - 1
2 R 2 Si 2 q2 2 - R 3 Si 3 q3 2 - 3 2 R 1 Si 1 q2 1 - R 2 Si 2 q2 1 - 2
3.188 3.189
Si plusieurs solutions restaient en lice aprs tous ces traitements, cest que le problme aurait plusieurs solutions, cest-dire quil prsenterait une bifurcation. En pratique, cette ventualit ne sest jamais prsente au cours des expriences numriques.
3.6.4. tude numrique dun rseau a) Calcul des dbits

On ne cherche pas calculer les dbits partir de la solution gnrale. On part des quations de base. On diffrencie les trois quations sachant quau changement de signe, il y aura un problme, puisque les drives ne sont plus continues. Loi des nuds : loi des pertes de charge : q1 + q2 + q3 = 0 dq3 = - dq1 - dq2 3.190 3.191 3.192
2 R 1 Si 1 q2 1 - R 3 Si 3 q3 = 1 - 3
loi des pertes de charge (2e relation) :
R 1 q1 + R 3 q3 dq1 + R 3 q3 dq2 = 0,5 d1 - d3
2 R 1 Si 1 q2 1 - R 2 Si 2 q2 = 1 - 2 R 1 q1 dq1 - R 2 q2 dq2 = 0,5 d1 - d2
3.193
235
La solution de ce systme de deux quations linaires deux inconnues scrit (au moins en dehors des changements de signes) : R 2 q2 + R 3 q3 d1 - R 3 q3 d2 - R 2 q2 d3 dq1 = 1 2 R 1 R 2 q1 q2 + R 1 R 3 q1 q3 + R 2 R 3 q2 q3 dq2 = 1 2 - R 3 q3 d1 + R 1 q1 + R 3 q3 d2 - R 1 q1 d3 R 1 R 2 q1 q2 + R 1 R 3 q1 q3 + R 2 R 3 q2 q3 dq3 = -dq1 - dq2 3.194
3.195 3.196
Cette incrmentation temporelle permet de calculer les nouvelles valeurs de q1, q2, q3 . Si le signe na pas chang, alors les nouvelles valeurs sont bonnes, sinon on adopte zro comme nouvelle valeur du dbit. Le calcul numrique par incrmentation temporelle vite les ambiguts de la solution gnrale et ses problmes de signes. En revanche, la prcision au passage zro ne peut tre trs grande puisque la fonction valeur absolue nest pas continue au passage zro et les diffrentielles, pas dfinies. Aux passages zro, les diffrentielles peuvent devenir trs grandes et la prcision chuter considrablement. Nous avons essay les deux mthodes et finalement pour des raisons de prcision nous avons choisi celle qui utilise lquation bicarre malgr sa discussion complexe et certaines instabilits aux changements de signe de la vitesse.
b) Bilan et temprature de lair

Les quations de bilan sont les mmes que dans le cas deux entres dj tudi. Ce qui change, ce sont les conditions initiales pour la temprature dentre dans les galeries. Si lentre est aspirante, la temprature dentre est la temprature extrieure. Si lentre est soufflante, la temprature dentre est celle au point D. On la calcule de la faon suivante. Sil y a une seule entre aspirante et les deux autres soufflantes, la temprature au point D est la temprature lextrmit de la galerie correspondant lentre aspirante. Sil y a deux entres aspirantes et une seule soufflante, la temprature au point D est le barycentre des tempratures aux extrmits des galeries correspondant aux entres aspirantes, tempratures affectes de coefficients respectivement gaux aux dbits masse.
3.6.5. Rsultats du calcul numrique
Fig. 3-65- L1 = 1000 m, L2 = 1000 m, L3 = 1000 m, H1 = 400 m, H2 = 200 m, H3 = 0 m. R1 = 50, R2 = 60, R3 = 50
For three figures, at the top external temperature and three mean gallery temperatures At the bottom, three velocities in the different galleries
236
Pour les figures 3-65, 3-66 et 3-67 de la page prcdente, le diamtre des galeries est partout gal un mtre. La temprature extrieure est suppose varier dune manire sinusodale au cours de lanne. Sur toutes les figures, le graphique du haut reprsente 4 tempratures. Celle qui a la plus grande amplitude est la temprature de lair extrieur. Les autres tempratures sont les temprature moyennes dans les trois chemines. Le graphique du bas reprsente, lui, les trois vitesses dans les diffrents tronons. Lchelle des tempratures est lamplitude des variations annuelles, alors que lchelle des vitesses est arbitraire (on donne la valeur des trois dbits maximum pour donner lchelle). On examine dabord le fonctionnement dun rseau dont lentre intermdiaire est presque critique. Les vitesses sont comptes positives quand lentre est soufflante. Les figures 3-65, 3-66 et 3-67 correspondent des configurations presque critiques. Le seul paramtre qui change, est la valeur de la dnivellation H2 qui passe de 200 m 180 et 100 m. Il faut sastreindre identifier les diffrentes tempratures moyennes et les diffrentes vitesses. Une fois cet effort accompli, on peut examiner convenablement les figures. Sur la figure de gauche, le courant dair de lentre intermdiaire est toujours ngatif, cest--dire que cette entre aspire toute lanne. En diminuant la dnivellation (dune figure lautre), on passe progressivement une entre intermdiaire qui aspire lhiver et souffle lt, et qui fonctionne donc comme un point bas de rseau. Sur la figure ci-contre, on a un rseau avec une entre intermdiaire qui fonctionne comme une entre haute. Le courant dair est soufflant lhiver et aspirant lt. Cest linverse du cas de la figure 3-67, vue plus haut.
Fig. 3-68- L1 = L2 = L3 = 1000 m, H1 = 400 m, H2 = 300 m, H3 = 200 m. R1 = 50, R2 = 60, R3 = 50 At the top external temperature and three mean gallery temperatures At the bottom, three velocities in the different galleries
Fig.3-69- L1 = 1000 m , L2 = L3 = 500 m, H1 = 300 m , H2 = 0 m , H3 = -100 m , R1 = 40 , R2 = 60 , R3 = 50
Fig. 3-70- L1 = 1000 m , L2 = L3 = 500 m, H1 = 300 m , H2 = 0 m , H3 = -100 m , R1 = 2 , R2 = 3 , R3 = 2,5 , Q1 = 2,31 , Q2 = 0,75 , Q3 = 1,55 kg/s
For two figures, at the top external temperature and three mean gallery temperatures At the bottom, three velocities in the different galleries
Le fonctionnement des figures ci-dessus veut ressembler celui du bas de la Dent de Crolles avec les entres du Guiers Mort, du Boulevard de Seyssins et du trou du Glaz. Sur la figure de gauche, les rsistances sont trop grandes et le comportement du courant dair est assez tranquille. Dcrivons-le en dtail. Dmarrons pour cela le calcul en automne, au moment o la temprature extrieure diminue et passe la valeur moyenne annuelle (prise comme origine des tempratures). Le courant dair en bas devient ngatif (aspirant), dans lentre intermdiaire, il en est de mme mais la vitesse est plus faible, alors que lentre suprieure souffle fort. Au printemps, la tendance sinverse et les deux entres les plus basses soufflent.
237
Arologie des systmes karstiques, partie 3, effets thermiques et rtroactions, 3.6.6.a
La seule diffrence entre les figures de gauche et de droite de la page prcdente porte sur les rsistances arauliques. Celles de droite sont reprsentatives de la Dent de Crolles, alors que celles de gauche reprsenterait plutt un rseau assez colmat avec de grandes pertes de charge. Dans le cas de droite, en t, il y a inversion du courant dair dans lentre intermdiaire alors que la temprature extrieure reste leve. Ce fait montre la grande sensibilit de lentre intermdiaire. Ce changement du signe du courant dair saccompagne dun changement trs rapide de la temprature moyenne de lair des puits de lentre intermdiaire. Mais ce phnomne brutal ne retentit pas sur la vitesse dans la branche intermdiaire. On a dj vu cette proprit : la rsistance araulique (ou la diffrence de pression motrice) de la chemine intermdiaire ne joue aucun rle en situation critique.
Fig. 3-71- L1 = 2000 m, L2 = 1000 m, L3 = 1500 m, H1 = 600 m, H2 = H3 = 220 m, R1 = 50, R2 = 60, R3 = 50
Fig. 3-72- L1 = 2000 m, L2 = 1000 m, L3 = 1500 m, H1 = 600 m, H2 = H3 = 220 m, R1 = 10, R2 = 8, R3 = 7, Q1 = 1,36 kg/s, Q2 = 0,64 kg/s, Q3 = 0,72 kg/s
Fig. 3-73- L1 = 2000 m, L2 = 1000 m, L3 = 1500 m, H1 = 600 m, H2 = H3 = 220 m, R1 = 3, R2 = 2, R3 = 1,5, Q1 = 2,61 kg/s, Q2 = 1,15 kg/s, Q3 = 1,46 kg/s
For three figures, at the top external temperature and three mean gallery temperatures At the bottom, three velocities in the different galleries
Les 3 figures ci-dessus sont associes une gomtrie analogue celle du Trou qui Souffle de Maudre. Les deux entres basses (trou qui Souffle et Saints de Glace) sont relies aux grandes galeries par une descente de 220 m et les entres suprieures (les Naades + trous inconnus) sont nettement plus leves. La reprsentation la plus raliste au point de vue des pertes de charge est la figure du milieu. Le fonctionnement du Trou qui Souffle est assez simple. Les deux entres basses fonctionnent dune manire quasi identique, ce qui donne un fonctionnement peu prs quivalent celui dun simple tube vent.
3.6.6. Cas dun rseau deux entres avec deux dnivellations a) Gomtrie et quations pour les dbits
Le rseau ne possde que deux entres A et B mais il existe deux dnivellations H1 et H2 respectivement associes aux deux entres. On dfinit un point C sur le trajet et on dcompose le tronon AB en deux tronons CA et CB. Ltude est conduite comme pour un rseau trois entres. Le dbit sera compt positif sil est soufflant et ngatif sil est aspirant. Ce systme va avoir un fonctionnement mixte de pige air froid associ un effet chemine. On en dduit immdiatement que la vitesse en t sera plus faible que la vitesse en hiver, pour le mme cart entre la temprature de lair extrieur et la temprature moyenne. Ltude thermique des chemines CA et CB fournira les masses volumiques moyennes dans les conduits verticaux. Nous posons e la masse volumique de lair extrieur, 1 la masse volumique moyenne dans la chemine 1 et 2 celle dans la chemine 2.
A B H2 L2 q2 R2
H1 L1 C
q1 R1
Fig. 3-74- Rseau deux entres et deux dnivellations System with two entrances and two levels
238
On pose Si1 le signe de q1 etc. On note 1, 2 les diffrences de pression motrice lorigine des mouvements : 1 = e - 1 g H1 2 = e - 2 g H2 3.197
Dans cette tude, nous supposerons que les diffrences de masses volumiques sont dues aux diffrences de tempratures. On en dduit les diffrences de pressions motrices : 1 = Tm1 - Te 0 g H1 T0 Les deux dbits sont solution des 2 quations : loi des nuds : loi des pertes de charge sur AB : La dernire quation scrit aussi : q1 + q2 = 0
2 R 1 Si 1 q2 1 - R 2 Si 2 q2 = 1 - 2
2 = Tm2 - Te 0 g H2 T0
3.198
3.199 3.200 3.201
Si 1 q2 1 R 1 + R 2 = 1 - 2
On en dduit que Si1 est gal au signe de 1 - 2. Et on calcule le dbit par la relation : q1 = Signe 1 - 2 1 - 2 R1 + R2 et q2 = - q1 3.202
Le calcul du dbit est beaucoup plus facile que dans le cas trois entres. Les quations de bilan de lair sont les mmes que dans le cas trois entres.
b) Quelques rsultats b-1) Cas gnral

On donne un exemple de calcul deux entres et dnivellation. On remarque tout dabord que les passages zro pour la vitesse saccompagne doscillations qui sont des artefacts numriques (correspondant la valeur infinie de la drive de la fonction racine carre au passage zro). Le phnomne intressant observer est la dissymtrie des amplitudes des courants dair. Cette dissymtrie sexplique de la faon suivante : lhiver, le courant dair froid qui entre dans la petite chemine est froid, ce qui provoque une pousse qui sajoute au tirage dans la grande alors que lt, la grande chemine est envahie dair chaud, ce qui diminue le tirage inverse d la dnivellation H1 - H2.
Fig. 3-75- L1 = L2 = 1500 m, H1 = 400 m, H2 = 200 m, R1+R2 = 100 SI, T0 = 13C, priode = 1 an. En haut, les diffrentes tempratures, en bas la vitesse du courant dair (dbit maximal = 1,428 kg/s) At the top, different temperatures versus time. At the bottom, air velocity versus time
b-2) Cas particulier des rseaux avec deux entres de mme altitude
On pourrait penser que ces rseaux (figure 3-76) ne prsentent pas de courant dair puisquil semble ncessaire davoir une dnivellation entre les entres pour amorcer un effet chemine. En t, en effet, il ny a pas de courant dair car lair dans la cavit est plus froid que lair extrieur, ce qui correspond un air plus dense. Lquilibre est stable. Mais en hiver, la configuration sans courant dair est instable. Un petit dsquilibre dun ct va amorcer un courant dair. Il y a alors rupture de symtrie. Le courant dair froid qui pntre dans une des deux branches augmente le poids de la colonne dair correspondante. ce qui augmente la vitesse du courant dair. Ce systme est analogue un pige air froid, qui possde une seule entre mais est le sige dune courant dair de convection en hiver. Laven Jolivol en Ardche semble prsenter un fonctionnement de ce type (Safon 1998).
239
B H2 q2 R2 L2 H1 L1
A C q1 R1
Fig. 3-76- Les rseaux deux entres de mme altitude, mais avec dnivellation. Le fonctionnement est celui dun pige air froid An U shaped system, a cold air trap
Un rsultat intressant est la dtermination du dbit maximal dans un rseau deux entres de mme altitude, en fonction de la rsistance araulique totale, dbit que nous avons reprsent sur la figure 3-78. Lexploitation des rsultats en coordonnes logarithmiques conduit la relation monme entre le dbit maximal hivernal et la rsistance araulique totale R (pour L1 = L2 = 1500 m, H1 = H1 = 200 m, T = 13C) : H q = 13,7 0,604 R 0,604 R 3.203
Fig. 3-77- Exemple de sensibilit aux perturbations dun rseau deux entres de mme altitude (ici numriques). Le courant dair a chang de signe dun hiver sur lautre ! An exemple of instability of air flow direction in a U shaped cave
2 1 0 -1
ln(qmax)
Dans cette relation q est en kg/s, H en m et R est en kg-1.m-1. Cette relation empirique nest pas homogne, le coefficient 1 est dimensionn. Ce rsultat est trs simple mais nest pas le dbit maximal quon calculerait pour une cavit deux entres de dnivellation h. Dans ce cas, on aurait plutt : q = 0,740,5 H R 3.204
-2 -3 2 4 6 8 10
ln(R1 + R2)
Fig. 3-78- La relation obtenue numriquement entre le dbit maximal qmax et la rsistance araulique R Maximum air flow versus aeraulic resistance from computer calculations
Ces deux rsultats ne sont pas cependant trs diffrents. Il est remarquable que la configuration dun tube vent deux entres de mme altitude et avec dnivellation intrieure conduise un courant dair de vitesse pas trs diffrente de celle dun tube vent deux entres dniveles (figure ci-contre). Les deux figures de la page suivante nous montrent que lhiver, ces deux systmes sont comparables, lavantage restant tout de mme au systme dnivel. Cest lt que la diffrence clate, puisquun des systmes est sans courant dair alors que lautre en possde. Dans le dtail, on remarque que la courbe des vitesses ressemble une sinusode gauche alors qu droite, elle ressemble plus une ellipse. Dans les deux cas, la temprature moyenne (sans dimension) de lair dans la chemine 1 reste gale zro.
B
+
A
+
A
+
q L2 R2
C
+
H R1 L1 B
+
C
+
H q
L2 R2 R1 L1
Fig 3-79- Les deux configurations compares sur les figures suivantes Two patterns of cave compared on the next figures
240
Fig. 3-80- Deux entres de mme altitude, L1 = L2 = 1500 m, H1 = 200 m, H2 = 200 m, R1+R2 = 100 SI, T0 = 13C, priode = 1 an. Pattern of air flow for a system with two entrances pf equal altitudes at the top, external and internal temperatures versus time At the bottom, air velocity.
Fig. 3-81- Deux entres avec dnivellation, L1 = L2 = 1500 m, H1 = 200 m, H2 = 0 m, R1+R2 = 100 SI, T0 = 13C, priode = 1 an. Pattern of air flow for a system with two unleveled entrances, at the top, external and internal temperatures versus time At the bottom, air velocity.
Conclusions
Ainsi les rseaux trois entres se rvlent plus compliqus que les tubes vent. Mais le point bas et le point haut fonctionnent en gnral comme les entres basse et haute dun tube vent. Cest lentre intermdiaire qui contient la complexit du systme. Elle peut fonctionner dans un sens ou dans un autre, en t ou en hiver. Les rseaux assez importants pour que les perturbations thermiques ne soient pas trop profondes, sont plus simples que ceux fortement influencs par les fluctuations extrieures. Le choix dun diamtre uniforme pour tout le rseau est bien sr trs simpliste. Nanmoins, le fait davoir pris des rsistances arauliques diffrentes, dune galerie lautre, conserve une partie de la complexit du rseau. Cest dans la catgorie des rseaux peu dvelopps ou trs ventils que lon trouvera la plus grande varit de comportements arauliques. Une entre intermdiaire peut aspirer toute lanne, ou souffler toute lanne, ou encore respirer comme une entre haute ou comme une entre basse. Elle peut aussi tre le sige dun changement du sens du courant dair nimporte quel moment de lanne, car les dphasages peuvent prendre nimporte quelle valeur. Nous avons montr que les rseaux, en forme de U, souvrant sur des plateaux, avec des entres la mme altitude, mais bnficiant de dnivellations intrieures, peuvent avoir un courant dair en hiver. Ces rseaux sont analogues des piges air froid. De mme, les rseaux deux entres mais en forme de U dissymtrique (deux dnivellations, la premire entre les deux entres et lautre avec le point bas) ont un fonctionnement intermdiaire entre le pige thermique et la cavit effet chemine. Dans ce cas, les effets thermiques induisent en hiver une rtroaction positive, cest--dire que la configuration gomtrique augmente le courant dair hivernal d la seule dnivellation des entres, et au contraire induisent une rtroaction ngative en t. On aurait la configuration symtrique avec un tube vent dont la forme serait un U invers. Cest lt que la rtroaction serait positive.
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241
Arologie des systmes karstiques, partie 3, effets thermiques et rtroactions
Conclusions de la troisime partie

Le premier chapitre a t loccasion de proposer un modle grossier de fonctionnement thermique de la glacire de Correnon. Nous avons montr que dans cette glacire active, lnorme chaleur latente de changement dtat assure la cavit un fonctionnement presque isotherme. La modlisation en est grandement simplifie. Notre modle a t construit laide de trois paramtres cls que nous avons estims ou ajusts par des mesures. Il est donc possible de prvoir lvolution de la glacire pour des scenarii plausibles des tempratures de latmosphre terrestre. Nous avons montr que ce nest pas seulement la temprature moyenne de latmosphre terrestre qui conditionne la croissance ou la dcroissance dune glacire mais aussi lamplitude des fluctuations thermiques et la distribution des prcipitations au cours de lanne. Les temps de relaxation de cette glacire sont de lordre dune centaine dannes. Ltude du pige air froid de la grotte de la Ture a t loccasion de tester la validit de lois dchanges thermiques en convection naturelle, en prsence dvaporation et de condensation. Nous avons utilis lanalogie de Lewis pour estimer les changes en chaleur latente. Ces derniers phnomnes augmentent normment les transferts. Nous reviendrons sur eux dans la partie 4 et en annexe. En labsence de mesures suivies, nous avons construit un modle bas sur une conduction thermique dans la roche partir de la temprature moyenne de lair de la grotte un instant donn. Ce modle rudimentaire nous a permis de prvoir les priodes de lanne pour lesquelles lair circule dans la grotte. Il a fourni aussi la diffrence des tempratures entre latmosphre et le pige air froid. Cest lanomalie thermique dun pige air froid. On a trouv 0,5 C, ce qui est peu. Le deuxime chapitre a t consacr ltude de louverture brutale dun tube vent aux caractristiques gomtriques trs simplifies. Au bout dun temps trs court, quelques minutes, la temprature atteint la rpartition longitudinale, calcule dans la partie 2 avec sa distance caractristique damortissement, puis linfluence du courant dair se fait sentir de plus en plus loin, au fur et mesure que la conduction thermique senfonce dans la roche. Le profil longitudinal de temprature se modifie trs lentement en fonction du temps et du courant dair. On a calcul le temps caractristique pour perturber une galerie donne ou la distance caractristique pour une dure donne. On a propos des relations analytiques simplifies. Les configurations que nous tudions tant trs schmatiques, serviront simplement de base pour les discussions sur des cas gomtriques plus compliqus et ralistes. Il faut bien se rendre compte que le systme dquations sans dimension est plus robuste que le systme dimensionn pour la raison suivante : Les quation sans dimension dpendent dun nombre de paramtres indpendants beaucoup plus rduit que les quations dimensionnes (cest dailleurs leur intrt, cf. le thorme de Vashy). Mais cet avantage nest pas seulement un avantage pour la rsolution numrique, cest aussi un avantage thorique, car la mise sous forme adimensionnelle rvle au gophysicien que ce nest pas le diamtre par exemple qui est important, mais une certaine combinaison du diamtre avec dautres grandeurs. Les mesures qui seront faites dans un rseau raisonnablement semblable celui trait, utiliseront cet avantage et leur exploitation en sera grandement facilit. Au troisime chapitre, nous avons tudi les tubes vent avec des variations sinusodales de la temprature extrieure. Le modle de cavit trs simple nous a permis de montrer les phnomnes dhystrsis engendrs par le stockage de lnergie thermique dans la roche entourant les galeries. La longueur et la rsistance araulique du tube vent conditionnent limportance de la perturbation thermique apporte par le courant dair. On peut ainsi distinguer des rseaux compltement influencs par lextrieur, pour lesquels la temprature moyenne intrieure suit peu prs la temprature extrieure, et des rseaux dont la temprature intrieure ne suit la temprature extrieure quavec un fort amortissement et un dphasage important. Les valeurs numriques apportes par notre tude permettraient de construire cette typologie. Le rle de la frquence des oscillations de la temprature extrieure est primordiale, nous lavons mis en valeur. Nous avons dduit lcart entre les tempratures moyennes aux entres basse et haute, et la temprature de latmosphre partir des calculs numriques pour diffrentes configurations gomtriques. Cet cart a t appel anomalie thermique. Nous avons trouv que cette anomalie thermique est proportionnelle lamplitude des oscillations de la temprature extrieure et quelle est limite numriquement au tiers de cette amplitude (dans le cadre des hypothses du calcul). Ltude des phnomnes de condensation et dvaporation a t seulement effleure. On sest intress aux phnomnes de renverse du courant dair et on a explicit les dphasages en fonction des caractristiques moyennes de lair intrieur. Au chapitre 4, nous avons modifi la configuration gomtrique du tube vent, toujours pour des oscillations sinusodales de lair extrieur. La cavit a t schmatise par un conduit horizontal et des puits verticaux. Le rseau prsente une dissymtrie qui va se retrouver dans le comportement saisonnier. Nous navons pas pouss lexploitation des rsultats numriques du fait du paramtre nouveau, rapport des longueurs galeries/puits, qui rend beaucoup plus fastidieuse ltude systmatique. Pour un rseau donn, donc pour une valeur donne de ce paramtre, on pourrait conduire une discussion plus approfondie.
242
Le chapitre 5 a t loccasion dtudier la condensation. Nous avons fait une discussion complte des phnomnes et les diffrentes conditions dapparition. En particulier, nous avons montr que la condensation pouvait se faire sur les parois ou au cur de lcoulement (brouillard). Mais pour simplifier, nous avons limit la rsolution des quations au cas dun rseau sans mmoire thermique. Nous avons trouv, comme on pouvait sy attendre, que la condensation retardait le refroidissement, en t, de la temprature du courant dair entrant, et que lvaporation retardait en hiver le rchauffement de lair entrant. Au chapitre 6, nous avons modlis un rseau trois entres tages. Nous avons tabli les conditions, que nous avons appeles critiques, darrt du courant dair lentre intermdiaire, et nous avons donn quelques exemples de rsolutions numriques qui montrent la multiplicit des phnomnes possibles. Par exemple, linversion en cours de saison du sens du courant dair lentre intermdiaire. Nous avons profit de ce programme de calcul numrique pour traiter aussi le cas des rseaux deux entres mais avec un point bas ou un point haut diffrent des entres. Nous avons trouv des fonctionnements intermdiaires entre le tube vent et le pige thermique. En particulier, les rseaux avec dnivel, mais dont les entres sont la mme altitude, rvlent une instabilit comparable celle des piges thermiques. De ce fait, un endroit donn du rseau, le courant dair est unidirectionnel. Nous avons dduit des calculs numriques, une expression analytique pour la dtermination des dbits du courant dair dans le cas gomtrique tudi. Lextension de la modlisation une cavit raliste est assez difficile, mme si la cavit est choisie pour sa simplicit. Elle doit sappuyer sur des mesures de la vitesse et des tempratures pendant au moins un an. On peut adopter plusieurs stratgies. Par exemple, on peut, partir de quelques mesures, raccrocher la cavit une cavit simplifie dont les mesures permettront de dterminer les caractristiques. Cela fournira un modle prvisionnel simplifi mais sans doute grossier. On peut aussi tre beaucoup plus ambitieux et vouloir construire un modle numrique dtaill de la cavit. La gomtrie de la cavit deviendra un des paramtres variable mais connu du problme. Il sera ncessaire dintroduire le rle thermique de leau, cest--dire un facteur qui tiendra compte des prcipitations. Le systme numrique deviendra beaucoup plus lourd, mais tout de mme facilement accessible aux ordinateurs modernes. La comparaison avec les mesures sera trs instructive. Cette faon de procder sera un trs bon test de la validit des relations physiques adoptes. Et une source de progrs dans la comprhension et la modlisation des phnomnes. Le travail reprsente tout de mme le volume dune bonne thse
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Fig. 3-82- Deux petits dieux du vent aux visages dforms par leffort.
(Dtail dune fresque de Giambattista Tiepolo au Palazzo Labia Venise, vers 1746)
Two little Gods of wind with the faces deformed by the exertion
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Arologie des systmes karstiques, partie 4, lair souterrain, un sous-systme du karst
Quatrime partie
Lair souterrain, un sous-systme du karst

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La quatrime partie se place dans un contexte global, aussi bien spatial que temporel. Elle sera consacre au karst en tant que systme gologique. Nous commencerons par dfinir le systme karstique comme la runion de quatre sous-systmes en interaction entre eux et avec lextrieur. Il sagit de lair, de leau, de la roche et du milieu vivant (incluant le sol). On remarque que cet ouvrage est consacr justement au sous-systme air. Nous ferons, sans approfondir, un tour dhorizon sur les difficults de ltude des systmes naturels dans cette optique systmique. Par exemple, comment calcule-t-on lnergie dun karst ? Beaucoup de questions resteront en suspens. Nous nous intresserons tout de mme aux courants dair dans un karst fractal, gomtriquement invariant dchelle. Ensuite, nous aborderons les interactions entre latmosphre souterraine et latmosphre extrieure. Nous rflchirons sur la rpartition des tempratures dans un karst et la contradiction, non lucide compltement, entre le rle prpondrant que devrait jouer leau qui circule et les gradients thermiques mesurs qui correspondent plutt ceux de lair. Puis nous nous pencherons sur les variations sculaires de la temprature extrieure. Nous regarderons en particulier le rle des glaciations et tablirons quelques rsultats bass sur le flux gothermique. Puis, nous attaquerons la question de la condensation et de lvaporation, dans leur rle en karstogense, et discuterons quelques processus de la littrature (modle de Szunyogh, Muke). L encore, nous irons un peu plus loin, jusquau calcul dtaill des dbits et des flux, mais dans des cas gomtriques trs simplifis. Enfin, nous esquisserons une rflexion sur le difficile problme de la rpartition trs ingale du CO2 dans le karst et sur les mcanismes de transferts quon peut invoquer. On verra que le sol est une pompe dioxyde de carbone et que ce gaz migre dans les parties infrieures des rseaux par des mcanismes combins dadvection, de pseudo-diffusion et de diffusion, assez curieux. Le rle de lair est essentiel dans le creusement des cavernes. Comme le dit Giovanni Badino : dans le creusement karstique, leau est le burin mais le marteau cest lair. Nous finirons ce chapitre en rattachant le fonctionnement du systme karstique aux grands cycles terrestres du carbone et du calcium. Les travertins (dpts calcaires lair libre de leau des mergences) sinsreront naturellement dans ces schmas.
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Fourth part
The subterranean atmosphere, a sub-system of karst

In the first chapter, we define the karstic system in so far as shape and structure. A manner to study the processes in a karst is to decompose the karst into 4 interacting sub-systems : water, air, limestone and life. This book is an attempt to study an air sub-system. The state of a karstic system, the functional relations, the global balances of mass, momentum, energy, entropy are studied in their theorical aspects and particularly, the energy balance of the karst. The second chapter is devoted to the complexity of the geometrical shape of the karstic system. It is demonstrated, it is illusory to limit the study to only one sub-system because of mutual interactions between the different sub-systems. The thermal modelisation is easier than atmospheric modelisation because the subterranen world is permanent enough. Different sizes of gallery are envisaged, cavers galleries and fissure systems. A brief study on a fractal model of galleries shows that the cave airing is only made by caver size galleries and the fissures are less important. The cave description as a fractal structure is attractive because only some parameters are good enough for characterisation. But the hollowing processes do not respect the same scale laws. The third chapter studies atmosphere and karst temperatures. The different factors on the thermal gradient of temperature are examined comparing theoretical considerations with measurments in the large systems. In spite of importance, on paper, of water circulation (vertical gradient of -0,234 C/100 m), we discover a vertical gradient of about -0,4 C/100 m, which is the humid air gradient. The air could be more important that water ? To answer this question, we study the vertical gradient of diphasic (air + water) flows. But the justification of temperature gradient will not be totally satisfactory. The pattern of isotherm surfaces is mentioned and the heat flux in respect to frequencies of external temperature oscillations. For the higher frequencies, the flux transferred is also greater, but the heat during a half-period is less. After, the ice caves and the ice-ages are analysed. The ice-bed is a thermal insulation for the karst. At the beginning of the glaciation, the isotherm surface 0C plunges into the karst, afterwards the ice bed being deep, the isotherm surface 0C goes up again. The karst is again a tempered karst. The mett water can go into the karst. After, the question of aering the karst is envisaged. Different mechanisms are active. First the advection phenomenon (piston flow) with rain water, then the oscillatory phenomenon (barometric fluctuations of atmosphere, piezometric level fluctuations). We have computed some dispersivity values of air with this factors. Then, the soil and the biologic activity are as a CO2 compressor and increase the CO2 concentration of percolation water. The 4th chapter is devoted to evaporation and condensation phenomenons with respect to variations of air pressure during the floods or in geothermal situations. Some models are resumed (Szunyogh and Mucke). Then, a detailed calculus is made on the heat and vapor transfer, taking into account the radiative transfer. Some computed results are proposed for simplified geometries. We suppose that these processes are one important actor for cave genesis. In the next chapter (5th), the CO2 repartition in the karst is examined . The carbon and calcium cycles are briefly studied. And a general model of karst functioning is described with pressure fluctuations during the discharge water fluctuations as one of principal agent of karstification.
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Arologie des systmes karstiques, partie 4, lair souterrain, un sous-systme du karst, 4.1
4-1- Le karst et le systme karstique

Introduction
Les hydrogologues sintressent aux relations entre les pluies et les dbits aux mergences, via une certaine fonction de transfert du bassin versant. Ils ont introduit la notion de systme karstique. Les gographes, pressentant lintrt dune telle approche qui gnralise lapproche habituelle des physiciens des systmes complexes, se sont empars de la notion. Tant quon reste un niveau smantique, ce concept de systme se laisse facilement apprivoiser, mais ds quon tend vers une analyse quantitative, on se heurte de grandes difficults. Par exemple, comment calcule-t-on lnergie dun karst. Se rsume t-elle une nergie thermique ? Comment calculer lnergie de cohsion des composants ? lnergie superficielle des interfaces ? Quest-ce que lentropie dun karst ? comment la calcule-t-on ? La part dentropie de structuration (la nguentropie de la thorie de linformation) est-elle du mme ordre de grandeur que la part purement thermique ? Comment calcule-t-on la premire ? Pourquoi en parler si on ne sait pas la dfinir correctement ? Ltude systmique ne pourra pas faire limpasse dune vritable tude thermodynamique et physique du karst. Mais la thermodynamique des karsts reste faire. Cette tude-l prendra en compte les transferts de masse (eau, air, dioxyde de carbone, ions varis, solides en suspension) par advection ou diffusion, les transferts de chaleur (ou denthalpie) par convection ou conduction, les ractions chimiques aux interfaces fluide-calcaire ou au sein des fluides. Elle utilisera les concepts (chers J. Choppy) de facteurs, cest--dire des conditions existantes, qui conditionnent laction dun ensemble de mcanismes dinteractions se traduisant par des relations locales permettant de calculer des flux ou des dbits. Lvolution et la structuration du karst, ou splogense, rsulte de lintgration, diffrentes chelles despace ou de temps, de ces relations locales. Les systmes dissipatifs (Glansdorff et Prigogine, 1971) sont des systmes qui maintiennent une structure dans un tat hors dquilibre avec transferts dnergie et dentropie. Le karst est un systme hors dquilibre, et il faudra expliquer comment il garde son originalit au cours de son volution. Le systme karstique est quelquefois vu par les gographes sous langle purement rducteur des hydrogologues. Philippe Martin crit par exemple (Martin, 2000) : Un systme karstique est interprt comme un filtre. Il transforme des pluies en dbits. La comparaison entre les entres et les sorties permet dtablir une typologie des fonctionnements.. Bien entendu, la notion de systme karstique comporte dautres volets que celui de lhydrogologie. On trouvera chez Cavaill (1962), Mangin (1978), Jean-Jacques Delannoy (1997) diffrentes approches du systme karstique.
4.1.1. Dfinition du systme karstique a) Dfinition dun systme karstique

la suite de tous ces auteurs, nous adoptons comme dfinition du systme karstique : Un systme karstique est un objet naturel de taille rgionale, contenant des videments models par les interactions entre leau, lair, la roche et le vivant, loccasion du passage de leau et de lair en son sein, et constituant une ou plusieurs units de drainage. Revenons sur les diffrents termes et les implications attaches cette dfinition. Le systme karstique est un objet matriel. Il est constitu de roches (calcaires, dolomies, gypse ou autres), de fluides (liquides et gaz) et de micro-organismes. Le karst est un volume limit par une surface ferme, ce volume contenant aussi toutes les cavits. Ces cavits contiennent des fluides qui circulent ventuellement (air et eau) et font partie intgrante du karst. Ce systme est ouvert (voir dfinition plus loin). Il y a des entres et sorties de masse, quantit de mouvement (ou forces qui en sont les sources), nergie (thermique et mcanique par le travail des forces de pesanteur, le travail des forces tectoniques, les mares terrestres ), entropie et matire vivante. Toutes ces entres - sorties peuvent tre comptabilises en mesurant les diffrents flux ou dbits traversant les surfaces. Lensemble constitue une unit de drainage, cest--dire que son, ou ses mergences sont assez bien individualises.
246
La taille de ce systme lui permet dtre considr comme un gosystme. Dans un plan horizontal son extension est comprise entre le kilomtre et la dizaine, voire la centaine de kilomtres, et dans le sens vertical entre quelques dizaines de mtres et quelques kilomtres. Cest donc un volume assez plat, mais contrairement beaucoup dobjets gographiques, ce nest pas une surface. En cela, on peut dire quun systme karstique est un objet gologique. La surface suprieure dun karst joue un rle particulier. Le sol qui domine le karst peut-tre considr comme une sorte de peau permable. Sa composition, ses proprits, sont trs diffrentes du reste du systme. Il est le sige dune activit biologique intense presque totalement tourne vers lextrieur. En ce sens, on peut se demander si la surface fait bien partie du karst. Mais linfluence quil a sur le reste du systme, son rle de portier pour les entres dair, de dioxyde de carbone et deau le rattache avec certitude au reste du karst. Sa complexit, son rle majeur, sa facilit daccs aussi, expliquent que bien des tudes karstiques lui soient exclusivement consacres. Cest mme lobjet dtude de prdilection de certains gographes. Les surfaces latrales ne jouent quun rle secondaire puisquelles sont tanches par dfinition (sinon elles seraient intgres au systme). La surface infrieure, elle aussi, est en gnral tanche. Elle ne joue pas un trs grand rle sauf quand sa nature chimique lui permet dintervenir, ou quand elle laisse passer de leau ou du gaz, issus des profondeurs vers la surface. Son rle principal est de transmettre le flux gothermique (chaleur profonde) et les actions mcaniques qui conditionnent les transformations tectoniques du karst. La dimension temporelle du systme karstique est celle des objets gologiques, cest--dire de la dizaine de milliers quelques dizaines de millions dannes. La naissance de ce systme concide avec lapparition des conditions qui lui sont ncessaires et sa disparition peut rsulter de la disparition de la masse solide (rosion - corrosion) ou de la disparition des conditions ncessaires son maintien (colmatage, ennoiement sous de nouvelles couches sdimentaires). Comme un organisme vivant, il peut se morceler en plusieurs systmes indpendants ou se runir par coalescence en un seul. Sa caractristique principale est quil prsente des videments plus ou moins connects entre eux, et dus aux circulations de fluides en son sein. Cela implique bien videmment que la roche puisse entrer en raction avec les fluides. Le plus frquent est la corrosion du calcaire par leau acidifie par le dioxyde de carbone, ce dernier ayant t amen par lair et dissout dans leau. Mais on peut imaginer dautres types de ractions chimiques ou physiques (dissolution du gypse, fonte de la glace ). La dfinition du systme karstique varie forcment avec les auteurs. Par exemple certaines structures comme les tubes de lave ont des ressemblances et beaucoup de diffrences avec les karsts du calcaire. Doit-on les rattacher ? Il semble que non. Les circulations deau sous-glaciaires prsentent sans doute plus de ressemblances et on peut les rattacher aux systmes karstiques. Un ancien karst compltement colmat est-il encore classer dans les karsts ? On trouverait dautres cas douteux ou marginaux. Conditions de formation. La percolation initiale est lie une fissuration prexistante qui a permis leau de sinfiltrer dans la roche partir du moment o le karst sest prsent lair libre (rosion de la couverture non karstique, mersion du karst, raccordement une perte). Leau ne peut trouver un chemin dans la roche que si une sortie lui est offerte plus bas que le rceptacle. Cest la notion dmergence, ncessaire tout karst en fonctionnement, et la notion de dnivellation disponible. La densit et lcartement de ces fissures initiales devaient tre suffisantes pour permettre au drainage de stablir. Le seuil de percolation a donc t dpass dans une partie du karst. Leau a pu schapper de la surface du karst autrement quen suivant la ligne de plus grande pente de la surface extrieure. Ltude de ces vides, de leurs relations, de leur volution est lobjet de la morphologie. Ce qui est la cause de leur model, cest leau, et dans une mesure peine moindre, lair. Les fissures prexistantes ont pu sagrandir grce la proprit de la roche dinteragir (chimiquement et mcaniquement) avec leau et lair la parcourant. Dabord leau de percolation dans des fissures prexistantes, puis leau qui agrandit son chemin, choisit entre plusieurs itinraires, faonne les conduits et les modle de mille faons. Pour identifier une rgion naturelle en tant que karst, il faut dmontrer lexistence de vides au sein des roches dans une rgion donne, mettre en vidence une circulation souterraine actuelle ou passe, et tre capable den circonscrire peu prs lextension par une surface ferme (atmosphre, surface latrale et surface infrieure) la sparant du reste des terrains infrieurs non karstiques.
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Arologie des systmes karstiques, partie 4, lair souterrain, un sous-systme du karst, 4.1.1.b
b) Le systme karstique vu comme une bote noire (systme global)

Pour celui qui ne connat pas ou ne veut pas connatre la richesse de la gomtrie intrieure du karst, ce dernier est dabord une bote noire en fonctionnement avec des entres et des sorties. On ne sintresse alors pas au contenu ni aux mcanismes. On ne sintresse quaux conditions sur la surface extrieure et ce qui entre et sort. Cest le point de vue souvent adopt par les hydrologues. Le systme karstique est alors simplement dlimit par sa frontire extrieure S (surface ferme mais permable) et son volume V. Le contenant ntant pas considr, le systme est simplement caractris un instant donn par les flux et les dbits qui en traversent la frontire. Sur la surface suprieure, les flux sont les flux de chaleur provenant de latmosphre sus-jacente et du rayonnement solaire. Les dbits sont les dbits dair, deau et de matire en suspension qui pntrent par les orifices de la surface. Ce sont aussi les dbits dair, deau et de matriaux qui sortent du systme. Sur la surface infrieure, ce sont les flux de chaleur gothermique, les dbits deau gothermale, les contraintes mcaniques. Si on se limite laspect hydrologique, la relation entre la variable dentre (prcipitations et rpartitions des pluies sur la surface de limpluvium), et la variable de sortie (distribution des dbits aux mergences) est une relation complique. Cette fonction est de forme intgro-diffrentielle qui est la forme mathmatique traduisant les phnomnes mmoire. Le systme karstique possde des rservoirs qui lui donnent une mmoire de quelques jours quelques mois. Le dbit instantan lmergence est une fonctionnelle qui dpend des pluies tombes pendant une dure correspondant cette mmoire. Limportance dune pluie donne sattnue progressivement dans le futur, jusqu ne plus jouer aucun rle. La mmoire du karst est en gnral courte. Il est essentiel de distinguer entre les temps de raction aux arrives deau qui font intervenir des vitesses du genre vitesse donde de pression, aux temps de passage qui sont des temps de transit pour la matire, toujours plus longs que les prcdents. Certains phnomnes de grande ampleur (grandes crues) peuvent transformer le karst dune faon irrversible. La bote noire est alors casse ! Le point de vue de la bote noire empche de proposer des modles ralistes. Les modles de botes noires sont le plus souvent statistiques. Ils sont adapts un karst donn. Ils ne peuvent prtendre prdire quen interpolant. Ils ne pourront jamais jouer un rle prdictif en dehors des plages connues des paramtres qui ont servi dfinir le modle statistique car le systme karstique est trop non-linaire (conditions de seuils, bifurcation du fonctionnement) pour supporter des extrapolations.
surface topographique entre entre
entre
entre
sortie
systme karstique V
entre
sortie
entre
sortie
Fig. 4-1- Premire faon de dfinir le systme karstique. Le systme karstique est dlimit par sa frontire S (surface ferme) et son volume V. Il est caractris un instant donn par sa masse M, le dtail de son contenant et les flux qui en traversent les entres. Cest la vision des hydrologues associe une description statistique The first way to define a karstic system : a volume with an external frontier it is a black box
Cette faon de considrer globalement le systme laisse dans lombre les interactions entre les fluides et les parois calcaires lintrieur du systme. Elle permet, certes, de mesurer globalement lvolution du karst en surveillant les frontires (mesure par exemple des dbits masse de calcaire dissous ou transport) en fonction des conditions extrieures. On peut donc en tirer des modles statistiques dvolution, sans rien comprendre des modalits ou des causes de lvolution. Pour un splo, le karst ne peut pas tre une bote noire, et cette faon globale de considrer le karst ne peut pas conduire llaboration dun modle dterministe du karst. Cest pourtant la mthode utilise par certains hydrologues qui ne connaissent rien lintrieur du systme. En revanche, les modles les plus labors des hydrogologues (Mangin) tiennent soigneusement compte de lintrieur.
c) Le systme karstique comme un ensemble de quatre sous-systmes imbriqus.

Le systme karstique semble constituer un tout, mais il nest pas possible de se contenter, ici, de dfinir le karst comme un seul systme. Il est beaucoup plus judicieux de le considrer comme la runion de quatre sous-systmes en interaction troite.
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Le premier sous-systme est constitu de roche, de glace ou neige, des sols et des sdiments. Il est constitu de matires relativement solides et globalement immobiles aux courtes chelles de temps. Le deuxime sous-systme est form de lensemble de la matire liquide avec ses matires en suspension. Cest donc un liquide le plus souvent en mouvement, mouvements lents lis aux processus de diffusion ou mouvements plus rapides dus des gradients de pression ou la pesanteur. Le troisime sous-systme est form de lensemble de la matire gazeuse (avec ses matires en suspension et sa composition variable). Ce troisime sous-systme ressemble au deuxime puisquil sagit dun fluide susceptible dtre en mouvement, mais comme la dynamique en est assez diffrente, il est prfrable de le distinguer de lautre pour mettre en vidence les interactions si importantes entre eux deux. Le quatrime sous-systme, enfin, est constitu de la matire vivante habitant ou de passage dans le karst. Son importance en masse semble trs minime, mais son rle, quoique mconnu, ne peut tre ignor. Cette matire vivante assure une partie des liens entre les trois autres sous-systmes. On la trouve le plus souvent aux interfaces entre ces sous-systmes. Le vivant est dj lorigine de la roche calcaire, le vivant est aussi lorigine de latmosphre terrestre, le vivant colonise le plus souvent la surface suprieure du systme karstique. Cest lui, par exemple, qui assure un taux lev de dioxyde de carbone dans les sols. Cest dire son importance ! On dfinit le karst comme la runion de ces quatre sous-systmes imbriqus. Le volume du premier sous-systme reste peu prs constant pour des dures courtes (hormis la glace), alors que les volumes des deux fluides sont variables, mme pour des dures courtes, puisque cette somme reprsente le volume de cavernement. En revanche, la somme de leurs volumes reste peu prs constante sur ces mmes courtes dures. Le dernier sous-systme, le vivant, occupe un volume ngligeable. Le rle du sol, lenveloppe suprieure du sous-systme roche, est tellement important quon pourrait en faire aussi un sous-systme. Mais nous le rangerons par commodit avec le sous-systme vivant. La mconnaissance gomtrique des rseaux, cest--dire des surfaces qui limitent les vides, et la complexit de cette gomtrie rendent difficile lutilisation dune telle dfinition du systme. Ltude de lvolution du karst doit pourtant affronter cette difficult car les mcanismes lorigine de cette volution sont des mcanismes dinteractions entre ces sous-systmes. On a besoin dtudier le dtail des interactions pour calculer lvolution de chacune des composantes.
surface topographique
air le Vivant l'extrieur au systme karstique
eau
roche
Fig. 4-2- La ttrade karstique : la roche, leau, lair, et le vivant aux interfaces ou sur la surface extrieure The karstic tetrade : limestone, water, air, and life at the interfaces or the external surface
entre entre
entre
sortie
entre
sortie
Fig. 4-3- Deuxime faon de dfinir le systme. On prend en compte dabord la roche calcaire. Les fluides qui traversent le karst forment deux autres sous-systmes ; on ajoute le vivant. Cest la dfinition des splos, indispensable pour une description dterministe du karst. The second way to define a karstic system : limestone rock, water, air and life
4.1.2. tat instantan dun systme karstique a) tat du systme

Le karst est dfini par un ensemble de caractres, valables un instant donn. Le premier est la gomtrie qui a servi le dfinir (dfinition de toutes les surfaces le limitant, altitudes des diffrents points ). Le deuxime est la composition lmentaire de chacun de ses points (solide, calcaire, dpt, marne, + eau ou air). Les autres caractres sont, en chacun de ses points, la masse volumique (champ scalaire), la quantit de mouvement (champ vectoriel), le champ thermique (champ scalaire), le champ dnergie interne et chimique (champs scalaires), le champ dentropie (champ scalaire) et le champ des contraintes (champ tensoriel car dpendant de la direction = anisotropie).
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Lensemble des proprits, en un point et pour une direction donns, se traduit par un champ vectoriel. La dimension de cet espace vectoriel nest que le nombre des champs scalaires ncessaires pour dcrire la matire au point et dans la direction considrs. Plusieurs de ces grandeurs sont des grandeurs de tension. Ce sont des grandeurs qui servent reprer un certain niveau, un certain tat du systme. Par exemple, la temprature par elle-mme ne permet aucun transfert de chaleur. Ce sont les variations (les gradients) de cette temprature qui le permettent. De mme, la pression ne permet aucun mouvement de fluide. Cest le gradient de la pression motrice qui le permet. Dautres grandeurs sont les grandeurs extensives que nous tudierons au suivant.
b) Complexit dun systme

Pour comprendre cette notion de complexit, contentons-nous dun exemple (propos par le mathmaticien Alain Conne dans son ouvrage de 1999). La suite des heures des levers et couchers du soleil pendant 100 ans peut se ramener une formule contenant quelques sinus et cosinus mais tenant sur une seule ligne. Alors que la suite, par exemple, des numros gagnants de la loterie nationale ne peut se rduire aucune formule simplificatrice. Cette liste est donc un systme plus complexe que le premier puisquelle ncessite plus de quanta dinformation (les bits). Limbrication des quatre systmes formant le karst est tonnamment complexe. La frontire physique qui spare ces systmes prsente des analogies avec une surface fractale. Elle semble dfier toute description prcise. On ne connat pas encore bien la nature de la complexit de ces interfaces. On a vu dans les parties prcdentes que suivant les interactions que lon tudie et suivant les proprits des systmes, on peut filtrer la reprsentation et en amputer les grandes frquences spatiales (les grands nombres dondes), cest--dire les dtails les plus fins, qui constituent la plus grande partie de la complexit du systme. Nanmoins, on ne peut se passer dune description assez dtaille. De mme, dans les fonctionnements thermique et hydraulique, on a t amen considrer soigneusement les diffrentes frquences temporelles dexcitation du systme et on a pu supprimer tous les dtails trop fugitifs. Pour chaque interaction tudie, la complexit dun systme karstique peut tre fortement diminue sans changer fondamentalement les rsultats. Mais cette complexit rsiduelle reste sans commune mesure avec la complexit des systmes quon tudie dans lindustrie et les laboratoires. Cette norme diffrence nest souvent pas bien perue par les physiciens habitus des conditions aux limites trs simplifies, et au contraire trs bien devine par les naturalistes qui y sont confronts tous les jours.
c) Les grandeurs extensives lchelle du karst

Les grandeurs extensives sont les grandeurs de la physique dont on peut faire la somme, comme la masse, la quantit de mouvement, lnergie, lentropie. Ces grandeurs peuvent tre tendues et calcules lchelle de tout le karst ou pour des parties plus petites. Elles voluent, bien entendu, avec le temps. La masse est la somme des masses des volumes lmentaires du karst. La masse totale M du systme est parfaitement dfinie un instant donn, bien que difficilement calculable. Cest la somme des masses de ses composants. Exemple. Le karst de la Dent de Crolles a une masse totale de 1,6.1012 kg. Il contient un peu plus de 108 kg deau et de lordre de 2.106 kg dair. La quantit de mouvement du karst, ou contenue dans le karst (suivant les dfinitions quon donne au karst) M V (V tant la vitesse moyenne de lensemble) se limite la quantit de mouvement des fluides (eau, air) qui le traversent. Les vitesses sont calcules dans le repre li la partie solide du karst. On nglige en gnral cette quantit de mouvement, mais il est certain que la quantit de mouvement de leau joue un rle important dans lrosion mcanique (puisque ce sont les variations de la quantit de mouvement dun fluide qui engendrent des forces). Si on veut faire intervenir ces forces, il faut utiliser la deuxime dfinition du karst dcoup en sous-systmes. Exemple. La quantit de mouvement contenue dans la Dent de Crolles est constitue pour partie de la quantit de mouvement de leau dont le vecteur est dirig plus ou moins vers le bas et pour partie de celle de lair. ltiage, la quantit de mouvement de leau est de lordre de 2.104 kg.m/s. En priode de crue, elle augmente normment et doit pouvoir atteindre 4.106 kg.m/s. Les jours de canicule, la quantit de mouvement de lair est de lordre de 105 kg.m/s. Le sens du vecteur est invers en hiver. On voit donc qu ltiage et par temps trs froid, le vecteur quantit de mouvement est dirig vers le haut (cest lair qui impose sa loi) mais en crue, leau impose le sens vers le bas.
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Lnergie du systme est la somme des nergies de ses constituants et de leurs nergies ventuelles dinteraction. Elle est dfinie une constante additive prs, mais on convient en gnral de la prendre nulle zro degr Celsius, avec leau ltat liquide. Seules, les variations de cette nergie sont mesurables. On la dcompose (en physique classique) en nergie interne (chaleur, nergie chimique, nergie superficielle, nergie de cohsion ) et en nergie mcanique (nergie cintique et nergie potentielle dans le champ de pesanteur). Lnergie cintique contenue dans un systme karstique est, en valeur numrique, totalement ngligeable devant lnergie thermique. Lnergie potentielle est constante si le massif ne subit pas de mouvements verticaux. On la repre par rapport une origine arbitraire des altitudes, par exemple, laltitude de lmergence la plus basse. Exemple. Pour calculer lnergie du rseau de la Dent de Crolles on pourrait prendre, comme tat de rfrence, ltat du systme la temprature profonde (4,8C). Alors on verrait facilement que le terme principal est celui qui revient aux modifications de temprature prs de la surface. En prenant une surface de 3 km2 (arrondie), une amplitude de temprature de 10C, et en reprenant le rsultat tabli partie 1 (relation 1.162), on obtient une nergie stocke de lordre de : E = 2.1014 J On peut comparer cette valeur lnergie injecte pendant une demi-priode par leau tombe en adoptant un cart moyen de 7C par rapport la temprature moyenne de la Dent de Crolles et une hauteur de prcipitation de un mtre par an, soit 1000 kg deau pour un mtre carr de surface et par an. Lnergie associe pour une surface seulement de 2 km2 (les parois ne comptent pas) vaut : E' = m ce T' S' = 1000.4180.7.2.106 = 0,6.1014 J Si on cherche maintenant lnergie transporte pendant une demi-priode par lair circulant dans la Dent de Crolles, on trouve, pour une diffrence de temprature de 7C et un dbit estim 40 m3.s-1 en moyenne, une nergie correspondante de lordre de : 6 E" = qm ca T' P = 40.1000.7.31.10 = 0,04.1014 J 2 2 On voit facilement que le masse solide du karst emmagasine beaucoup dnergie, que leau en met en uvre trois fois moins. Mais cette dernire nergie pntre profondment dans le karst contrairement la premire. Lnergie associe lair est plus petite, au moins 10 fois moins que lnergie lie leau, mais elle aussi pntre dans le karst. Lnergie gothermique est assez petite mais toujours dans le mme sens. Calculons-en une expression approche en nous donnant une valeur plausible du flux gothermique. Ce flux varie suivant les rgions autour de G = 0,06 W.m-2. En adoptant cette valeur et pour un karst de 2 km2, on obtient donc en une anne une nergie : E = G .P.S = 0,06.31.106.2.106 = 0,04.1014 J On trouve une nergie comparable celle que transporte lair en une demi-priode. Lentropie du systme se calcule par rapport un tat de rfrence (choisi arbitraire). Elle est donc dfinie une constante additive prs. Lentropie dans un tat donn se calcule classiquement en transformant ltat de rfrence en ltat donn, dune manire rversible et en examinant les flux ou apports dentropie qui ont t ncessaires. Dans le cas dun systme karstique qui nest pas conservatif et pas isotherme, les variations dentropie sont dues principalement aux entres et dparts de matire et aux changements de temprature avec les saisons. Contrairement ce quon pourrait penser, on ne sait pas encore calculer lentropie de structuration du karst. Pour cela, il faudrait envisager lensemble des configurations possibles du karst pour pouvoir en apprcier la probabilit dorganisation un instant donn. Mais il est probable que les dbits dentropie correspondants soient trs petits devant ceux dorigine thermique. On sait que le vivant est capable de crer des structures bas niveau dentropie grce aux flux qui le traversent en propre. Mais on ne sait pas la calculer non plus. Le niveau dentropie dun karst fluctue tout le long de lanne. On peut en calculer les variations maximales. Les variations dentropie sont dues leau et aux apports de chaleur la surface. Dans lexemple de la Dent de Crolles et en partant de la valeur 2,6.1014 J trouve plus haut, on trouve lamplitude de lentropie en appliquant la relation : S=
14 dE 2,6.10 = 9,3. 1011 J.K-1 T 278
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Arologie des systmes karstiques, partie 4, lair souterrain, un sous-systme du karst, 4.1.3
Lentropie fluctue autour de sa valeur moyenne ; mais cette oscillation ne nous intresse gure, beaucoup moins que les variations sculaires (figure cicontre). Lrosion des versants est le terme principal de diminution de lentropie. Quant la diminution pour laccroissement de lorganisation, nous avouons notre incapacit la calculer, dautant quelle semble trs petite par rapport aux autres termes. Les autres grandeurs extensives, comme la charge lectrique, ninterviendront quoccasionnellement. On sait cependant que le vent charge lectriquement les structures des oliennes (Le Chapellier, 1981) et que lair des grottes transporte des ions (Trombe, 1952).
entropie du karst
temp
Fig. 4-4- Allure des variations annuelles de lentropie et de son volution sculaire Sketch of annual and secular entropy variations
4.1.3. Les relations fonctionnelles

On a vu que le systme karstique prsente des interactions entre ses quatre sous-systmes, et des flux de matire ses frontires. Ces interactions et ces flux sont rgis par des lois la fois quantitatives et fonctionnelles. Les relations ont souvent t tablies en vue dune utilisation donne. Par exemple, prvision des crues aux rsurgences, prvision des tiages extrmes.
a) Le karst est un systme ouvert - Flux, potentiel et creusement

On dit quun systme est isol sil ny a aucune interaction (forces, nergie, ) entre lui et lextrieur. Le karst est, lvidence, un systme non isol. On dit quun systme est ouvert sil existe des dbits de matire (entre sortie, ractions chimiques ). Dans la premire dfinition que nous avons donne du karst, il est un systme ouvert car des dbits deau et dair le parcourent et que des dbits de calcaire le quittent. Dans la deuxime dfinition, les quatre sous-systmes sont eux aussi des systmes ouverts. La roche lest, mais pour des dures longues de lordre de quelques milliers quelques dizaines de milliers dannes, cause de la corrosion et du concrtionnement. Lair et leau sont renouvels en des temps caractristiques courts, de lordre de quelques jours quelques annes, par des dbits provenant de lextrieur. Les flux. Le karst est en liaison avec lextrieur (tout ce qui nest pas le systme) de plusieurs faons. Des flux de matires et dnergie thermique entrent et sortent du karst. Les flux de matire transportent avec eux leurs caractristiques (dbits entrant et sortant de masse, de quantit de mouvement, dnergie, dentropie, charges lectriques). Ces flux et dbits sont dtermins par les caractristiques la frontire, les conditions aux limites. En ce qui concerne les dbits deau, il faut tenir compte des prcipitations qui sont amputes de lvapotranspiration dont limportance est variable suivant les rgions et ltat du sol. Et par ailleurs pour les rgions dsertiques, il faut ajouter la condensation de lair humide sur le sol, dont lapport peut ne pas tre ngligeable. Pour les dbits dair, il faut faire la distinction entre laration au voisinage de la surface (pikarst) qui correspond des dbits considrables quand la roche est nu, et les courants dair de dbits bien infrieurs qui pntrent profondment dans les cavits. Ce sont plutt ces derniers qui font lobjet de cet ouvrage. Potentiel de karstification ou puissance disponible pour la karstification. Une grandeur importante mise en vidence par les gographes est le potentiel de karstification qui est le produit dun dbit deau disponible par la dnivellation moyenne entre impluvium et mergence. On trouve cette grandeur dans Bagnold (1966). Une analyse un peu serre du concept nous montre que ce potentiel de karstification reprsente le produit de la charge des hydrauliciens (en Pa) par le dbit volume. Ce potentiel de karstification a la dimension physique dune puissance (en W), et il se construit partir du thorme de Bernoulli appliqu entre lentre et la sortie du karst, dont on a multipli membre membre lquation par le dbit volume. : Potentiel de karstification = qv p + g z + 1 V2 - p + g z + 1 V2 2 2 e 4.1
s
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On pourrait supprimer, comme le font les gographes, les termes de pression et de vitesse car les pressions restent peu prs inchanges entre lentre et la sortie du karst, et le terme dnergie cintique est ngligeable. Mais on a avantage les garder, car cette notion de potentiel de karstification, quon applique au karst total, peut aussi tre utilise une chelle plus locale, par exemple dans un systme noy. Et l, il est important de garder la pression dans lexpression du potentiel. Ou bien encore, dans une cascade pour laquelle le terme de vitesse nest pas ngligeable. La signification physique du potentiel de karstification est la suivante : cest un bon ordre de grandeur de la puissance mcanique moyenne qui est dpense par leau dans son passage travers le karst. Dans cette transformation dnergie, la plus grande partie se retrouve dissipe en chaleur et ne sert rien directement pour le creusement. Une petite partie, la partie utile, cest--dire la puissance utilise pour les ractions chimiques ou pour vaincre les forces de cohsion, est suppose peu prs proportionnelle au potentiel de karstification. Cest sans doute faux, mais qualitativement le rsultat doit tre valable et la notion garde son intrt. En tout cas, plutt que potentiel de karstification, la grandeur pourrait tre dnomme puissance disponible pour la karstification. Et cette notion pourrait aussi tre utilise pour chaque tronon de rseau tudi. Ce sont les variations du potentiel aux bornes du tronon qui traduisent lintensit du creusement.
potentiel de karstification
puissance dissipe en chaleur
puissance dpense au creusement
Fig. 4-5- La puissance disponible et son devenir dans le karst Available power in the karst
Cette grandeur constitue le terme moteur principal du creusement du karst. Il concerne le sous-systme eau. Peut-on dire que ce seul terme suffise dterminer la vitesse de karstification ? La rponse est ngative. Laction de leau ne peut sexercer seule, et suivant la quantit de dioxyde de carbone que cette eau transporte, la vitesse de creusement pourra tre multiplie par deux, voire par dix. Pour affiner le concept, on pourrait donc multiplier la puissance calcule au-dessus par la fraction molaire du dioxyde de carbone, ou par la quantit de calcaire que pourrait corroder leau en question. Mais la grandeur calcule cesserait davoir un sens physique clair. Et bien dautres facteurs interviennent par ailleurs !
b) Les interactions internes

Les interactions du sous-systme air sont de deux types : des interactions internes avec les fluides traversant le karst au niveau de la surface intrieure de la roche (dite aussi endokarst), et des interactions externes au niveau de la surface extrieure (dite aussi exokarst). Lair agit plusieurs niveaux : transfert de masse par la vapeur deau (condensation vaporation), transport de chaleur par lair, changes avec leau danhydride carbonique vhicul dans lair Leau agit aussi plusieurs niveaux : transfert de masse deau et stockage associ dans les vides du karst, do un effet de lissage des prcipitations dans les coulements profonds et les sources. Cet effet est un effet capacitif, engendrant des dphasages dans le fonctionnement des rsurgences. change de masse (vapeur deau et dioxyde de carbone) avec les circulations dair. Transport de masse des matriaux en suspension au moment des crues et dpt dautres endroits. Transfert de chaleur et influence thermique sur les zones profondes du karst. Corrosion chimique des parois calcaires (ou dpt) dont la cintique est commande par la cinmatique de leau et les concentrations en anhydride carbonique dissous. Ces interactions sont compliques tudier car elles modifient profondment ltat du sous-systme concern. Lvaporation par exemple modifie profondment le degr dhumidit du courant lair qui en est la cause. On remarque tout de mme que pour ce qui concerne la morphologie des conduits, cest leau qui joue le rle essentiel. Lair se prsente plutt comme un facteur que comme un acteur.
c) Interactions externes
Elles concernent les forces (contraintes), les flux thermiques et les ractions superficielles avec leau, lair ou la roche extrieurs. Les forces de pesanteur (poids) constituent linteraction gravifique du karst ave la terre toute entire.
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Arologie des systmes karstiques, partie 4, lair souterrain, un sous-systme du karst, 4.1.3.d
Le karst repose sur des terrains qui nen font pas partie. Le flux gothermique profond traverse la surface infrieure du karst et interagit avec la roche ou les fluides. Le karst repose sur des terrains qui ne sont pas inertes tectoniquement. La masse du karst engendre des contraintes normales et les efforts entre le karst et les massifs voisins, engendrent aussi des cisaillements qui conduisent des contraintes tangentielles. Il subit par ailleurs les consquences des mouvements profonds du manteau, des rajustements eustatiques, des sismes lointains
d) Le karst est un systme non permanent

Cela veut dire que les champs le dcrivant ne dpendent pas seulement des variables despace, mais aussi du temps. Cette dpendance a plusieurs raisons : dune part, les interactions entre les fluides et le karst entranent des modifications irrversibles (corrosion chimique par exemple) qui en modifient la gomtrie, ce qui perturbe ipso facto tous les autres champs ; dautre part, les conditions aux limites peuvent changer au cours du temps par modification des altitudes (mouvement de surrection gnrale ou denfoncement), par modification du paysage et des niveaux de bases imposs par la gographie et la gologie (enfoncement des valles par exemple), par changement des conditions climatiques gnrales de la rgion (dsertification, rchauffement gnral, glaciation ). Ce caractre non permanent oblige considrer tout un ensemble de priodes ou dures. Certaines dures sont trs petites, correspondant un pisode pluvieux ou mme un simple train dondes infrasonores gnr par un jet-stream par exemple. Une priode importante est celle qui correspond la journe. Une autre encore est celle qui est rattacher lanne. Pour un objet gologique comme un karst, toutes ces dures sont trs petites.
0,1 s 1 mn 1 h 1 j 1 an 1 ka 1 Ma 100 Ma priodes ou dures
infrasons rafales de vent
variations variations journalires annuelles
dure des temps historiques
formation ges d'une gologiques montagne des calcaires
Fig. 4-6- Lchelle des temps gologiques. Dans ce schma gradu en chelle logarithmique ka signifie 1000 an et Ma = 1 million dannes. Geological time in logarithm scale
Les dures qui interviennent dans lvolution du systme karst sont multi-sculaires, provenant de laccumulation des variations infinitsimales lies aux phnomnes rapides, et aussi dues aux variations sculaires des conditions aux limites, cest--dire une volution des facteurs. Comme dans tous les phnomnes naturels, la gamme des dures est tellement tendue que lon a intrt la reprsenter en coordonnes logarithmiques (cf. figure ci-dessus). Le creusement dune nouveau tronon de galerie par un torrent souterrain demande une dizaine de milliers dannes. La mise en place dun karst demande une centaine de milliers dannes. Mais lagrandissement dune fissure trs serre peut demander leau un million dannes (temps de latence dun karst = effet de seuil). On sait quune fois ce seuil franchi, la vitesse de creusement est beaucoup plus grande (Dreybrodt 2000). La dure de vie dun systme karstique, qui dpend beaucoup de la vitesse de lrosion extrieure est de lordre de la dizaine de millions dannes. On voit que cette dure de vie est comparable la dure dune orogense (de quelques millions quelques dizaines de millions dannes) ou la dure dune sdimentation pour former la couche rocheuse, matrice du karst (quelques dizaines de millions dannes).
4.1.4. volution dun karst : formes, facteurs, mcanismes

Nous reprenons ici les ides de J. Choppy sur le creusement des cavernes (Srie Synthses splologiques et karstiques).
a) Les formes
Le systme karstique prsente un ensemble de formes remarquables et facilement identifiables. Certaines nexistent que dans le karst. Ces formes sont lobjet des soins des gomorphologues. Leur tude comprend leur description, leur volution et leur gense. Lvolution de ces formes fait appel des mcanismes qui permettent denlever ou dapporter de la matire. Il peut sagir de mcanismes de corrosion, drosion ou dapports de matire sdimentaire ou de concrtionnement.
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Une forme karstique est constitue dune partie de la surface qui limite les sous-systmes : solide et fluides. Rciproquement, toute portion de cette surface est-elle rangeable dans une forme ? La rponse est mitige. Certains tronons ne sont gure identifiables, ou sont intermdiaires entre diffrentes formes, ou sont composites. En ralit, certaines portions de la surface semblent plus le fruit du hasard que le rsultat dune action identifiable et cohrente dun mcanisme. Pour cette raison, on rpugne les ranger dans une forme. Ces formes occupent toutes les chelles de dimension : les micro-gours, les petits dpts, les salles, galeries, puits, mandre Il faut bien voir que le karst nest pas une juxtaposition de formes. Le karst est un tout et cest laction dissquante du cerveau humain (la slection naturelle la remarquablement arm pour identifier des invariants) qui isole ces formes dans lensemble du karst. Les formes sont donc des points dancrage dans la reprsentation mentale des observateurs. Elles ont donc une part de subjectivit. Mais la difficult pour reconnatre certaines formes, ennoyes dans une complexit gnrale, nempche pas de concevoir des formes idales auxquelles on rattache plus ou moins facilement les objets que lon voit. Ces formes ne prsentent en ralit un grand intrt que si on peut y associer un mcanisme unique de formation (ou une chane unique de mcanismes). Comme la forme rsulte dune histoire du creusement, elle peut tre interprte comme une mmoire quil suffit de lire pour dchiffrer lhistoire de la gense du karst. Mais cette ide sduisante se heurte au fait que la karstification est un phnomne dissipatif. On sait avec quel soin maniaque, les constructeurs de disques, disquettes et bandes magntiques sattachent ce que le signal dentre se retrouve complet et non distordu dans la trace enregistre. Pour le karst au contraire, toute une partie disparat, sembrume en quelque sorte, devient opaque, de la mme faon quun pendule au repos est incapable de renseigner lobservateur sur le mouvement dont il a t anim auparavant. Le karst nest donc pas facile dchiffrer mais il semble tout de mme beaucoup plus facile que le paysage extrieur, ce qui explique les succs rencontrs dans ces recherches (dpts varvs, lamines de croissance des concrtions, tous tmoins de climats passs).
b) Les facteurs
Lapparition dune forme suppose lexistence de conditions initiales favorables. Ce sont les facteurs. Ces facteurs sont donc obligatoirement associs aux formes. Telle forme est caractristique de tel style de karst qui possde ces facteurs. Ces facteurs sont de diffrents ordres. Des facteurs dampleur rgionale comme les facteurs tectoniques ou structuraux, les facteurs lithographiques, les facteurs climatiques, les facteurs biologiques. Des facteurs plus locaux comme une faille, une diaclase, un joint de stratification, une certain style de fissuration, une certaine altration locale de la roche. Comme le systme karstique est un systme rtroaction, le karst lui-mme est un facteur (Choppy). Un facteur peut donc tre un peu nimporte quoi. On constatera plus loin quun mcanisme peut tre un facteur et quune forme aussi peut tre un facteur pour une autre forme.
c) Les mcanismes
Ce sont des phnomnes physiques qui font voluer une forme karstique et donc le karst tout entier. Certains mcanismes sont faciles individualiser mais dautres sont terriblement compliqus. Donnons un exemple difiant de cette complication. On trouvera, plus loin, ce mcanisme en action dans le karst profond. Le flux gothermique chauffe les parties basses des aquifres karstiques (loi de Fourier de conduction). La temprature de ces eaux stagnantes est un peu plus leve que celle des eaux courantes (phnomnes de convection-diffusion). Au moment des crues, laugmentation des dbits provoquent des mises en charge (phnomnes hydrodynamiques dpendant de la gomtrie des conduits), donc crant des augmentations de pression. Ces mises en pression agissent sur les eaux stagnantes et peuvent les mettre en circulation (coulements dans les systmes maills excits dune manire diffrentielle). Cest ce quon constate au dbut des grandes crues o systmatiquement la temprature augmente. Cette mise en route deau plus chaude fait apparatre des diffrences de temprature dans certaines parties, par exemple dans des coupoles isoles du reste de la cavit par la mise en charge. La diffrence de temprature engendre un transfert de vapeur (loi et analogie de Lewis) qui se condense sur des votes et provoque une corrosion sensible grce laugmentation de la pression partielle de CO2 (loi de Henry de diffusion, loi des gaz parfaits, quations de cintiques chimiques). De cette longue chane dvnements, quels sont les mcanismes ? quels sont les facteurs ? Clairement, les mcanismes amnent du changement, la mise en charge en est un. Mais dans la coupole, pour quil y ait isolement dune bulle dair, il faut quil y ait mise en charge. Cette mise en charge apparat comme un facteur pour que ce mcanisme de corrosion puisse agir. On voit quun mcanisme peut tre un facteur pour un autre mcanisme qui fait voluer une forme.
255
Conclusion. Il apparat ainsi que la forme est un tre assez bien individualis, de mme quun mcanisme ou une chane de mcanismes. En revanche, un facteur est un qualificatif qui sattache nimporte quoi impliqu dans le fonctionnement dun mcanisme luvre. Il ne qualifie pas un tre mais simplement le rle que peut jouer un tre ou un mcanisme en certaines occasions.
4.1.5. Les bilans globaux

Les principaux rsultats de la physique concernent la dcouverte dinvariants dans la nature. Le systme karstique vrifie donc un certain nombre dinvariants. Ltude du karst comme systme ouvert instationnaire ncessite de pouvoir faire des bilans instantans locaux (dans la masse du karst ou sa surface). Ces bilans permettent en chaque point du karst de prciser lvolution des caractristiques du karst (temprature, composition, masse, contraintes ). Ltude globale des relations avec lextrieur revient principalement dtailler les deux bilans : masse et nergie. On pourra omettre le bilan de quantit de mouvement (sauf aux moments des sismes).
a) Bilans de masse
Bilan de masse instantane. Pour la masse, cest simple. Si la masse M volue au cours du temps, cest que les entres de matire ne sont pas gales, un instant donn, aux sorties de matire. Plus techniquement, on pourra crire, qu chaque instant, la drive temporelle de la masse M est gale aux dbits entrants de matire moins les dbits sortants. Si on veut faire des bilans partiels de masse (par exemple le CO2 , le calcaire, lair) lquation prcdente doit tre complte par un terme source et un terme puits. Le terme source reprsentera le dbit masse ventuel de CO2 apport au systme par les ractions chimiques et le terme puits reprsentera le dbit masse emport par dautres ractions chimiques ventuelles.
pluie et poussires dbit d'air + vapeur d'eau + CO2 karst production de CO2 dans le sol et injection dans le karst
dbit d'eau la rsurgence + suspensions solides + bicarbonate
Fig. 4-7- Les entres et sorties de masse. Le systme comprend la roche et les videments plein dair ou deau Input and output of matter (water, damp, CO2, limestone)
Le bilan porte sur tout le domaine spatial du karst. On aura souvent intrt lintgrer aussi sur un temps significatif, par exemple une anne. Le bilan sera alors le bilan global moyen sur un an. Exemple de la Dent de Crolles. Les dbits entrants deau sont principalement les pluies. Ce dbit est trs fluctuant puisque le dbit deau entrant peut varier de 0 (temps sec) 20 000 kg/s et plus pour de grandes averses. Le dbit deau sortant a des fluctuations nettement moins grandes, de 10 kg/s ltiage 2000 kg/s en crue. Pour lair, les dbits entrant et sortant sont assez quilibrs. En priode de pression baromtrique stable, ce dbit entrant et sortant peut dpasser 50 kg/s. Quand la pression atmosphrique change rapidement ( lapproche dun orage par exemple), le dbit dair sortant peut dpasser nettement le dbit dair entrant, par exemple pour une variation de pression de 0,1 Pa/s, le dbit sortant supplmentaire est environ de 1 kg/s (en prenant un volume total dair de 106 m3).
b) Bilan dnergie
Pour lnergie, le bilan se conduit de la mme manire. Si lnergie du systme volue au cours du temps, cest que les apports dnergie nquilibrent pas les pertes. Plus techniquement, la drive temporelle de lnergie totale du systme karstique est gale la puissance apporte par les dbits entrants, moins la puissance emporte par les dbits sortants, plus la puissance des forces extrieures au systme, plus la puissance thermique (compte algbriquement, positive si elle est apporte, ngative si elle est emporte) de conduction thermique travers la surface S. Ce bilan a souvent t fait dans la littrature sans tenir compte du travail des forces de pesanteur (cf. Andrieux 1971 et Choppy, 1994, p. 14).
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Dtaillons tous ces termes. La drive temporelle dune nergie sexprime comme une puissance (en Watt). Les dbits de matire entrant et sortant vhiculent avec eux lnergie interne (thermique et chimique) et lnergie cintique. Un dbit masse multipli par une nergie massique donne une puissance (en Watt). Les forces extrieures sont les forces de pesanteur sur le massif. Elles ne pourront travailler que si le massif subit une monte ou une descente. En revanche, les fluides qui circulent dans le massif ont une vitesse, et la puissance des forces de pesanteur est gale la somme des puissances de chaque masse lmentaire deau, cest--dire, la somme de chaque masse lmentaire multiplie par g et par la vitesse locale de descente Vz (g acclration de la pesanteur).
nergie interne entrante injecte par la pluie puissance des forces de pesanteur pour l'air et l'eau puissance consomme par la corrosion chimique du calcaire karst
conduction thermique partir des surfaces suprieure et latrales
dbits d'enthalpie entrant et sortant avec l'air dbit d'nergie interne sortant avec l'eau la rsurgence
flux gothermique
Fig. 4-8- Les entres-sorties dnergies thermiques. Le karst est constitu par le calcaire ou les sdiments dune part, leau et lair contenus dans les vides intrieurs, dautre part Input and output of energy chemical energy by limestone corrosion, potential gravitational energy of water and air, internal energy convected by rain, thermal conduction energy, enthalpie flux by air convection, geothermal flux from the depths of earth
De mme, les forces de pression travaillent un peu au niveau des entres et sorties de fluide, mais on pourra omettre cet aspect en considrant lenthalpie la place de lnergie interne. La puissance de conduction travers la roche dpend principalement de la temprature de la surface du karst. Cette temprature rsulte dun bilan thermique (apport solaire, changes avec lair). Le karst se creuse et lattaque dun kilogramme de calcaire demande une nergie thermique hcalcite = 3.106 J/kg (Badino, 1995 p. 71). Cette nergie est importante mais la corrosion est lente. Calculons les puissances thermiques mises en jeu par ce processus. Pour cela, supposons connue la fraction massique de calcite wcalcite gale la masse de calcite corrode par leau et rapporte la masse deau. La puissance thermique prleve leau pour assurer la corrosion vaut donc ( me est le dbit masse deau) : 4.2 P calcite = me wcalcite hcalcite Par exemple, pour une pression partielle relative de CO2 de 1% , la capacit maximale de corrosion wcalcite = 0,2.10-3 (= 200 mg/kg deau). Pour un dbit de sortie deau me , cela reprsente une puissance thermique prleve leau de : me wcalcite hcalcite = 0,2.10 .3.10 me = 600 me
-3 6
4.3
Cette puissance abaisserait la temprature de leau de T = 600/Ce = 0,14C. Cette valeur est petite mais du mme ordre que celle engendre par le travail des forces de pesanteur. Cette puissance est prleve principalement prs des entres du karst (qui doit donc prsenter un dficit de temprature dans sa partie suprieure). En posant Heau la hauteur de descente moyenne totale de leau dans le karst, le bilan complet instantan scrit : dE = mee ce Te - mes ce Ts + me g Heau - mes wcalcite hcalcite + qme he - qms hs + qm g Hair + gotherm + cond dt 4.4
Le premier terme est la drive temporelle (algbrique) de lnergie totale dans le karst. Dans le membre de droite, les trois premiers termes concernent leau (nergie interne advecte et puissance des forces de pesanteur), les trois termes suivants concernent lair (on crit lenthalpie pour ne pas omettre la chaleur latente de la vapeur deau et la puissance des forces de pression), les deux derniers termes correspondent des flux de conduction, le flux gothermique provenant du bas et les flux de conduction sur les surfaces latrales. On a nglig lnergie cintique dans lquation.
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La notion de dissipation dnergie est une notion de mcanique. Elle traduit le transfert dnergie mcanique en nergie thermique. Ce transfert est d aux frottements visqueux dans leau ou lair. Lnergie potentielle du fluide diminue tout le long du trajet alors que son nergie interne augmente. Le terme de dissipation napparat pas dans le bilan puisquil sagit dun transfert intrieur. Bilan moyenn sur un an. Dans le cas dune moyenne sur cette dure, la variation dnergie du systme est peu importante. Les dbits masse deau et dair qui entrent sont peu prs les mmes que ceux qui sortent et lquation se simplifie : 4.5 me wcalcite hcalcite + ce T - g Heau + qm h = gotherm + cond Le dbit masse moyen deau me est facile dfinir, il suffit de le comptabiliser la rsurgence. Le dbit masse dair qm est le dbit masse dair entrant (ou sortant) moyen. Il faudrait surveiller toutes les entres et ne retenir que les dbits entrants. Il est donc assez difficile dterminer. Le flux moyen de conduction est voisin de zro puisque lapport estival est contrebalanc par la perte hivernale. Le travail des forces de pesanteur pour lair a t omis puisque le courant dair change de sens et le travail moyen sannule peu prs. Finalement, le bilan annuel nous indique que la temprature de sortie de leau est plus leve que la temprature dentre cause du travail des forces de pesanteur et cause du flux gothermique : T g Heau - wcalcite hcalcite + gotherm = g Heau - wcalcite hcalcite + g o ce ce qs ce me ce avec qs = qm S et gotherm = gotherm S 4.6
4.7
Pour un dbit spcifique qs de 35 kg/s deau par km2 de surface, cela donne par exemple (avec wcalcite = 0,2.10-3 ) : T 0,0023 Heau - 0,14 + 0,06 = 0,0023 Heau + 0,27 35.10-6 . 4185 4.8
Pour une dnivellation de 500 m sur le trajet moyen de leau, on en dduit un cart moyen de temprature de leau T = 1,42 C. Cette valeur serait assez diffrente si lon considrait le rle de lair. En mesurant les tempratures dentre et de sortie de leau, on pourrait estimer le rle des courants dair et de la conduction. Mais ce genre de bilan demande beaucoup de mesures et on nen a peu dexemples sur des karsts dvelopps (cf. bilan sur la bassin du Baget). Examinons le cas de la Dent de Crolles. Le dbit entrant dnergie interne de leau varie avec son dbit masse et sa temprature. On a vu que ce dbit est trs variable dans le temps. Une grande averse injecte dans le karst une puissance (en nergie thermique) qui vaut (avec une temprature de laverse de 15C environ comparer aux 4,8C de la temprature profonde quon peut prendre pour origine) 200 MW. Cet apport instantan est considrable, lquivalent de la puissance dune centrale thermique. Mais cet apport ne dure gure. La puissance perdue est nulle puisque leau sort la temprature profonde du rseau. Cette puissance sert donc augmenter lnergie interne du karst. Leau de fonte de la neige au printemps apporte en revanche une forte puissance ngative. En moyenne, la puissance annuelle amene par leau est peu prs nulle. La puissance injecte par lair, la canicule par exemple, est de lordre de 8.105 W. L encore, la puissance perdue est voisine de zro. Cette puissance sert donc augmenter lnergie interne du karst. On peut aussi examiner le rle de chacun des fluides en prenant les dbits moyens. Le dbit moyen de leau est denviron 120 kg/s. Lcart moyen de temprature avec le karst est assez faible, de lordre de 10C en t et seulement 4C au printemps. On peut adopter un cart moyen de 7C. La puissance positive moyenne injecte est donc de lordre de 120.4185.7 = 3,5 MW. Pour lair, lcart de temprature est plus important, de lordre de 15C. La puissance moyenne injecte (en plus ou en moins) est de lordre de 0,4 MW. On retrouve la moindre importance de lair, 8 fois moins importante que leau. On peut aussi valuer le dbit deau de condensation apport par lair. Ce dbit se limite aux mois dt. Pour une condensation de 6 g/kg, il est de lordre de 0,1 kg/s. La puissance associe est 0,25 MW.
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Lnergie potentielle de leau se transforme en nergie cintique, puis en nergie thermique. La puissance de cette dissipation dnergie mcanique en chaleur est en moyenne de lordre de 0,44 MW, mais elle varie au gr des crues dune valeur de quasiment 0 20 MW. On voit que la puissance injecte sous forme potentielle est 7 fois plus petite que la puissance thermique. Les puissances thermiques injectes dans le karst par conduction thermique la surface se cantonnent dans une paisseur de roche qui ne dpasse gure 15 mtres. Les puissances mises en uvre sont assez importantes mais jouent un rle modeste.
c) Les ractions chimiques en prsence dair

Les ractions chimiques jouent un rle central dans toute tude du karst, puisquelle conditionnent sa formation. Lair a une grande importance par sa capacit transporter du dioxyde de carbone dans les zones profondes. On examinera cette question en dtail dans le 4.5.
_______________________
259
4.2. Rseau et atmosphre souterrains

4.2.1. Le rseau souterrain et la modlisation a) Le rseau souterrain des splos
Le splologue qui frquente assidment un rseau souterrain, finit par le connatre en dtail. Il connat la succession des salles, des galeries, les interconnexions et les anastomoses entre les galeries, la hirarchie des conduits, conduits majeurs comme les collecteurs fossiles, petites galeries secondaires vite oublies par le creusement. Il sait faire la distinction entre les tubes et les mandres. Notre splo a plong les siphons pour explorer les galeries noyes et les rseaux qui sont derrire. Il a escalad les chemines et connat son gouffre dans les trois dimensions. Il a lev la topographie ; il sait donc lemplacement quoccupe le rseau au sein de la masse calcaire. Mieux, ses rflexions sur la gense du creusement lui permettent dimaginer lexistence de galeries quil na pas russi encore atteindre. Ses observations sur le courant dair lui font deviner des communications avec dautres rseaux ou avec la surface. Le rseau splo, une partie du rseau karstique. Pour un splo, et dun point de vue purement gomtrique, un rseau souterrain est le volume globalement ferm dans lequel il peut se dplacer au sein dun milieu rocheux. Ce volume explor par le splo est un volume qui communique dune manire naturelle ou artificielle avec latmosphre extrieure. Il est rempli de fluide, par exemple lair ou leau. Il est dfini, en tant que volume par la runion de la surface de lentre, avec la surface des parois. Cet ensemble semble former une surface ferme qui dlimite donc la cavit et suffit caractriser la forme dun rseau souterrain.
entre galerie Fig. 4-9- Une cavit splo en tant que volume limit par une surface troue (comme un filet de pche de mailles plus petites quun splo) A cave is a fishing-net with meshes smaller than a caver
paroi trs rugueuse
b) Effarante complexit dun rseau souterrain

Mais on se heurte immdiatement au problme de la finesse de la description (bien connu en analyse fractale, cf. Martin 2000). La surface qui limite la cavit nest pas forcment une surface simple. Au contraire, elle peut se prsenter avec une apparence tourmente, troue de recoins, canaux, dparts rels ou colmats. Pour un splo, un trou de dimension infrieure 25 cm est provisoirement impntrable. Un tel trou dans une paroi de grotte ne modifie pas le rseau splo. Ainsi, il est plus commode de se reprsenter la surface limitant le rseau splo comme un filet de pche (cf. Lismonde 1999). Le splo est le poisson. Ce filet empche le splo daller plus loin sans dsobstruction. Le rseau du splo est limit par un filet dont les mailles sont plus petites que 25 cm (ordre de grandeur). Le rseau souterrain des insectes cavernicoles est bien sr limit par un filet dont les mailles sont de lordre du millimtre. Ce rseau-l est beaucoup plus tendu que celui du splo mais totalement inaccessible en exploration directe. Ce rseau des insectes est quelquefois appel rseau de fentes. Mais il faut bien voir que le rseau de fentes na pas plus de ralit que le rseau des splos car il y a autant de rseaux que de moyens de le dfinir. Les bactries conduisent un autre rseau ! Le domaine souterrain concern nest pas le mme que celui des insectes (Curl, 1986). Les phnomnes dadsorption des gaz la surface des solides montrent que ces surfaces solides sont en ralit trs poreuses lchelle molculaire !
;; ;;
Fig. 4-10- La grotte du splo est un filet de pche The caver is a fish, the cave of the caver is a fishing-net
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Le splo connat donc une partie du rseau souterrain. La partie quil ne connat pas se dcompose elle-mme en deux. Dune part, il y a les galeries pntrables mais dont le splo na pas russi ouvrir un accs et dautre part, il y a le rseau des fentes. Le rseau praticable mais inconnu est bien sr lobjet des recherches des splos et dieu sait combien ils sont acharns le dcouvrir ! Le rseau des fentes ne les intresse pas a priori.
rseau des fentes
rseau praticable mais inconnu
rseau connu
c) Le rseau des fentes joue-t-il un rle important dans les courants dair ?
La rponse sera dtaille au 4.2.2.d. On peut indiquer quun rseau des fentes en parallle avec le rseau splo ne jouera pas un grand rle. Cest seulement si le rseau des fentes se trouve plac en srie entre deux rseaux splos ou entre un rseau splo et lair atmosphrique quil jouera un rle important.
Fig. 4-11- Diagramme de Venn montrant le rseau des splos, le rseau praticable inconnu et le rseau des fentes Venn diagramm showing the known-cave, the unknown-cave and the insects-cave
d) Le rseau souterrain et ses diffrentes facettes

La vision du splo est une vision multiple. Elle est topologique (cheminement, connexions), faite dimages spares de sites, et enrichie de la mmoire des efforts employs progresser. Mais la vision diffre sensiblement dun splo lautre, suivant les buts poursuivis. Par exemple, le splo qui cherche faire de la premire ne sintressera quaux points dinterrogation de la topographie ou bien aux diverticules ventils. Lesthte qui est sensible llgance de larchitecture sera amen dcrire le rseau en terme dagencement de volumes, alors que le touriste dans la mme cavit cherchera rattacher plutt les formes des concrtions des figures anthropomorphes connues. Lhydrologue qui envisage le captage dun siphon par forage se contentera dune topographie de laccs le plus court, et encore rduite la simple polygonale, pour peu quelle soit prcise. Lhydrogologue qui tudie le rle dun rseau dans lamortissement des crues pourra par exemple se contenter de la donne du diamtre minimal et de la distribution des sections du rservoir (que constituent les volumes souterrains), en fonction de laltitude. Larchologue se limitera souvent la description dtaille des entres de la cavit. Le mtorologue ramnera le rseau qui interconnecte deux versants un simple tube vent entre deux entres daltitudes diffrentes et muni dun rtrcissement. Ce modle simple de cavit lui suffira pour prvoir grossirement le dbit du courant dair dans la galerie principale. Modles utilisables dun rseau souterrain. On voit laide de ces quelques exemples, que modliser un rseau, cest en schmatiser la gomtrie en fonction du phnomne ou de la caractristique que lon tudie. La rgle est de simplifier au maximum le rseau mais pas trop, afin que les paramtres qui influent sur le phnomne observ soient respects. Il est bien vident que plus lanalyse dun phnomne sera pousse, plus le rseau devra tre dcrit avec dtails. Mais il est inutile de compliquer la reprsentation dun rseau, si les paramtres nouveaux quon introduit, nentrent pas dans la description du phnomne tudi. Modliser un rseau cest le rduire une facette, celle qui influe sur le phnomne que lon tudie. Le rseau lui-mme est sans aucun doute plus complexe que lensemble des facettes auxquelles on peut le rduire. Mais cette opration de schmatisation est ncessaire, car lentendement humain ne peut manier que des objets peu nombreux. Nous avons vu plus haut que la reprsentation dun rseau pour les courants dair quasi permanents se ramne une succession de rtrcissements, et quun rseau pour ltude des transitoires se ramne une succession de rtrcissements et de salles. Mais il faut tre bien conscient du fait que schmatiser un rseau nous empche de trouver de nouveaux phnomnes, de la mme faon quun modle informatique numrique ne peut jamais remplacer lexprience directe toujours plus riche (plus complexe ?).
e) Structure des videments du karst

Aussi bien pour la circulation de leau que pour celle de lair, il est important de connatre la structure des videments qui font loriginalit du karst par rapport aux autres terrains. Ce sont les splos qui ont permis de comprendre la complexit gomtrique des rseaux souterrains. Ils ont observ des structures ramifies et hirarchises comme celles des cours deau ariens. Mais ils ont aussi dcrit des structures labyrinthiques ou spongiformes.
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Les hydrologues se sont intresss la porosit dun karst vis--vis des coulements deau. Cette notion nest pas tout fait la mme que celle qui nous intresse pour les courants dair, mais les proprits densemble demeurent. Kiraly (1975) indique que la porosit dun karst dpend de lchelle considre. La conductivit hydraulique est dfinie partir de la capacit dun terrain laisser passer leau pour un gradient de pression donn. Dans un karst, lchelle de 10 cm, la conductivit hydraulique est de 2.10-7 m/s, lchelle de 30 m la conductivit devient de lordre de 10-5 m/s et lchelle globale dun karst (10 km) elle devient de lordre de 3.10-3 m/s. On en dduit que la distribution des circulations deau est trs inhomogne dans le karst. Ce rsultat est vrai aussi pour lair. La diffrence porte sur les petites chelles pour lesquelles on a tendance penser que les petits conduits sont souvent bouchs pour les circulations dair et moins pour les circulations deau. On pourra donc se tourner vers lnorme effort qui est entrepris actuellement pour dduire, partir des donnes sur les dbits et les proprits chimiques et thermiques de leau aux rsurgences, des renseignements sur ltagement et la hirarchie des vides karstiques (Jeannin, Sauter 1998, Kiraly 1998, Teutsch, Sauter 1998, Liedl, Renner, Sauter 1998, Liedl, Sauter 1998). Pour ltude des courants dair, nous naborderons pas cette grande difficult qui est lie lemmagasinement et la restitution diffre de leau. Ce problme y est en effet bien moins important. Nous renvoyons aussi le lecteur lnorme littrature consacre lhtrognit du karst et la morphologie des rseaux souterrains (Ford et Williams 1989, p. 134). Une voie la simplification descriptive dun rseau a t entrevue dans la thorie fractale. Est-ce que la structure dun karst bien dvelopp est invariante dchelle ? Cest--dire, est-ce que les videments dun karst prsentent le mme aspect pour une certaine gamme de grossissements ? La topographie de certains mandres rappelle trangement des tracs de vol de Lvy bien connus en analyse fractale (Mandelbrot, 1984, Jeannin, 1996). Il est vident que dans ce cas, il existe, sur une certaine plage des longueurs, une invariance dchelle. Bien entendu, et contrairement ce que pourraient laisser entendre certains raccourcis publis (Martin 2000), le karst nest pas une structure fractale. On peut simplement dire quil est tangent une telle structure. Le mot tangent a un sens mathmatique prcis quil faudrait expliciter. Nous ne le ferons pas ici. Certains auteurs ont essay aussi de montrer linvariance dchelle de rseaux maills complexes. Nous examinerons plus loin les consquences que lon peut prvoir pour les courants dair ( 4.2.2.d). Cette voie est trs prometteuse. Conclusions. Il est illusoire de vouloir dcrire gomtriquement les interfaces entre les sous-systmes dun karst. En revanche, pour chaque discipline, il est possible de proposer du karst une vision gomtrique suffisante pour une modlisation approche.
4.2.2. Latmosphre dune grotte en tant que sous-systme a) Le sous-systme

Le sous-systme de latmosphre souterraine est lensemble des vides de la roche, connects entre eux et connects lextrieur par un ou plusieurs orifices, auxquels il faut enlever leau. Cet ensemble a donc un volume variable en fonction du temps. Lair qui le compose possde des caractristiques thermodynamiques qui sont, en chaque point et chaque instant, Pi, , T, V , respectivement les pressions partielles des constituants, la masse volumique, la temprature et le vecteur vitesse. partir de ces caractristiques, on en dduit les grandeurs extensives qui interviennent dans les bilans : masse, quantit de mouvement et nergie (lenthalpie est ici plus pratique). Latmosphre souterraine est un systme ouvert (au sens de la thermodynamique) car des dbits (de masse, quantit de mouvement, nergie) transitent par les orifices de communication avec latmosphre extrieure. Il est ouvert aussi car des dbits deau peuvent sadjoindre ou se retrancher sous forme de vapeur, brouillard, glace, lair du systme. On peut, bien entendu, limiter ltude une partie seulement de latmosphre dun karst.
b) Ltude du sous-systme air

Ltude des courants dair montre que ltat en un point de lair dpend des conditions sur les surfaces limitant le systme, appeles conditions aux limites, et qui sont de deux types : les conditions aux limites de latmosphre extrieure qui influent sur le systme au niveau des orifices, et les conditions aux limites intrieures correspondant aux tempratures et lhumidit de la roche et de leau au contact de lair intrieur.
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Ces deux sortes de conditions aux limites influencent directement ltat du sous-systme air. On pourrait penser que pour un ensemble donn de conditions aux limites extrieures et intrieures, il existe un tat et un seul du systme. Cette proprit nest pas vrifie. La respiration des cavernes nous en fournit un exemple. Le systme est un systme dynamique ayant ses propres quations dvolution. Ce qui est vrai, cest quun ensemble donn de conditions aux limites (externes et internes) associ un tat initial donn du systme, conduit une volution peu prs dterministe de ce systme, si on excepte les aspects propres aux fluctuations turbulentes du courant dair, aux instabilit arodynamiques et aux bifurcations imposes par leau. Mais la roche et leau, qui fournissent les conditions aux limites intrieures, sont influences elles-mmes, par lair. Heureusement, cette rtroaction du courant dair sur ltat thermique des conduits est un phnomne lent, ce qui permet de considrer ces conditions aux limites internes comme constantes durant le temps dtablissement dun rgime dynamique donn du courant dair. temps trs courts variations en fraction de s cond. externes constantes cond. internes constantes le systme est une partie de lair temps moyens variations en heures cond. externes variables cond. internes constantesle systme est lair en entier temps longs variations annuelles cond. externes variables cond. internes variables le systme englobe la roche voisine temps trs longs variations sculaires cond. externes variables cond. internes variables le systme englobe la roche toute entire
Tableau 4.1- Les quatre tudes sur les courants dair et les systmes considrer. Cette distinction correspond aux quatre parties adoptes dans cet ouvrage.
On a donc t amen construire cet ouvrage partir de la distinction suivant les chelles de temps et les variations ou non des deux familles de conditions aux limites (cf. tableau 4.1). Pour les temps les plus longs, on na pas pu se limiter la seule atmosphre souterraine, mais on a d lui adjoindre la roche environnante et mme le karst tout entier. On peut aussi classer les diffrentes tudes sur latmosphre souterraine partir des causes, causes thermiques ou causes mcaniques. L encore, lchelle spatiale simpose comme paramtre supplmentaire de la classification. Cest ce que nous avons report au tableau 4.2.
Causes thermiques
Action locale
Action plus globale
Causes mcaniques
Action locale
Action plus globale
convection dans une salle cavit une entre pige air chaud pige air froid cavits deux entres : tube vent cavits plusieurs entres variations dans le temps entranement par une cascade tourbillon de recirculation oscillation de relaxation action du vent extrieur respiration des cavernes oscillations de Helmholtz
Tableau 4. 2- Les diffrentes causes luvre dans les courants dair souterrains et quelques phnomnes associs
c) Le courant dair au travers dun microscope-macroscope

Nous avons vu dans la premire partie que le courant dair souterrain tait d des causes locales qui sont le gradient de pression motrice et lentranement turbulent ou visqueux. Puis nous avons vu dans la deuxime partie quil tait d un gradient de pression motrice engendr par les diffrences des tempratures entre lair extrieur et lair intrieur. Enfin dans la troisime partie, nous avons constat que ces diffrences de temprature provenaient dune interaction entre le courant dair lui-mme et la roche entourant les galeries. Il rsultait donc dun effet de stockage de la chaleur, la manire des changeurs rgnration de lindustrie. Mais on peut encore loigner le point de vue et passer dune chelle macroscopique une chelle msoscopique, voire cosmique. Les variations de temprature de latmosphre rsultent principalement des apports de chaleur en provenance du soleil et non rgulirement rpartis la surface de la terre, et qui constituent le moteur du climat terrestre.
263
Les courants dair souterrains ne sont donc quun micro-phnomne replac dans les circulations gnrales de latmosphre. Les nergies cintique et thermique de ce courant dair proviennent donc du flux solaire, cest--dire de ractions nuclaires. Le moteur de latmosphre est un moteur deux sources (lune trs chaude : le soleil dont la surface est 5600 K, lautre trs froide : le rayonnement du fond du ciel 3 K). Le soleil est une source bas niveau dentropie, ce qui en fait tout lintrt. Comme pour tout phnomne naturel, ltude du courant dair doit toujours saccompagner de lindication du grossissement adopt pour lobserver.
d) Prvision ?
Peut-on esprer aboutir une connaissance des mcanismes de latmosphre souterraine qui permette la prvision ? Le rle de latmosphre extrieure dans la prvision. On pense quune mconnaissance petite de ltat de latmosphre peut se transformer en une prvision totalement errone au bout dun temps fini. Cest--dire que le systme atmosphre est imprdicible (imprvisible) dans le dtail au-del dun temps fini (de lordre de 15 20 jours). Cela provoque une intrusion de lalatoire dans les conditions aux limites de notre systme datmosphre souterraine. On ne peut donc esprer prvoir le comportement souterrain quen moyenne, en considrant les grandeurs moyennes de latmosphre qui restent assez stables. Phnomnes non-linaires. Par exemple, on a vu que les perturbations thermiques dans un sol impermable (conduction thermique) samortissent progressivement et qu une certaine profondeur, on ne trouve plus que les variations de trs faibles frquences correspondant aux variations sculaires. Dans ce cas bien prcis, on saffranchit donc des fluctuations alatoires de latmosphre. Latmosphre souterraine ne dpend-elle que des basses frquences des fluctuations thermiques ? Lexamen de la question montre quun phnomne dont la rponse est linaire par rapport lexcitation possde bien cette proprit, car la moyenne dune somme est gale la somme des moyennes. En revanche un phnomne dont la rponse est quadratique, comme par exemple la vitesse du courant dair, ne possde plus cette proprit. La moyenne de la grandeur fera intervenir la moyenne de lexcitation mais aussi lcart quadratique moyen. On a vu que la rtroaction, cest--dire linfluence de la temprature des galeries sur la vitesse du courant dair rendait les phnomnes thermiques trs compliqus. Un modle prvisionnel statistique prcis ne pourrait se construire qu partir, non seulement de la moyenne des tempratures (des prcipitations), qui constitue le moment dordre 1 de la distribution, mais encore de la donne de plusieurs moments dordre suprieur. Les bifurcations alatoires. Cette complication due la non-linarit des phnomnes nest pas compltement rdhibitoire et on pourrait sen accommoder. Mais il y a des interactions que nous navons que peu abordes, ce sont des interactions violentes et alatoires dont un bon exemple pourrait tre celui de bouchons aquatiques pour le courant dair. Le fonctionnement hydrologique du systme karstique conduit au dsamorage plus ou moins frquent de siphons temporaires. Ce phnomne est un phnomne alatoire pour le sous-systme air. Il deviendra un phnomne dterministe quand on aura un modle de fonctionnement hydrologique du karst (on rejoint l une ide chre Mangin, 1988). Il sagit l dune interaction fondamentale entre les deux sous-systmes. Cette interaction conduit une vritable bifurcation du sous-systme air souterrain. On pourrait considrer comme ngligeable ce phnomne dinteraction. Il me suffit de donner deux exemples de karsts importants et pour lesquels ce phnomne joue un grand rle. Dans le systme de la Dent de Crolles, la grotte du Guiers Mort possde un siphon temporaire (siphon du chanoine Bandet). Suivant que ce siphon est amorc ou non, la rsistance araulique du bas du rseau de la Dent de Crolles est divise par deux (Lismonde 2000 b). Ce nest pas ngligeable et doit tre absolument pris en compte dans un modle un tant soit peu prcis de larologie de ce massif. Un deuxime exemple pris toujours dans la rgion grenobloise est celui du Trou qui Souffle. La vote basse en dessous de la salle Hydrokarst se dsamorce quand la hauteur au limnigraphe de la rsurgence, la goule Noire, descend en dessous de 23 cm. Cest assez simple noncer, mais tant quon naura pas un modle prvisionnel prcis du sous-systme hydrologique (dbit en fonction de la distribution passe des pluies), on sera incapable de prendre en compte cette vanne intempestive, sinon comme un vnement alatoire. Certaines annes, la vanne reste obstinment ferme, mais dautres annes, elle reste ouverte pendant des mois.
264
Malheureusement l encore, le phnomne nest pas anodin. Lorsque le siphon est ouvert cest plus dun mtre cube par seconde de courant dair qui sengouffre par l. La bifurcation nest pas seulement dans les paramtres physiques du courant dair, elle simprime profondment dans le cheminement de ce dernier. Tout le schma arologique du rseau en est modifi, entranant une modification des tempratures et des concentrations en dioxyde de carbone dans le rseau. On voit bien par l la difficult qui attend la modlisation fine du karst. On a dj ajout la roche, il faudra ajouter leau ! Les grands traits seront faciles trouver, mais toute amlioration de la prcision saccompagnera presque certainement dune grande augmentation de la complexit du modle. Mais cela, cest un phnomne gnral en physique. Il suffit de voir les armadas de capteurs qui accompagnent de nos jours les tudes srieuses dun phnomne. On peut penser que le volume des calculs ncessaires un modle crot exponentiellement avec laccroissement de la prcision. Cela ne doit pas forcment faire peur car la puissance de calcul des ordinateurs crot rgulirement, elle aussi.
e) Courant dair dans un karst invariance dchelle sur la plage des longueurs de 0 LM
Arrtons maintenant les gnralits et montrons un exemple de proprit quon peut dmontrer sur les courants dair dun systme karstique rpartition fractale des galeries. Imaginons un rseau souterrain prsentant linvariance dchelle, cest--dire tel que son aspect sous tous les grossissements reste identique (en se limitant une longueur maximale LM). Pour simplifier ltude, nous supposerons tous les conduits peu prs parallles entre eux. Comme il y a un courant dair, le massif est donc trou. Le seuil de percolation pour les courants dair est dpass. Pour une chelle dobservation L , il doit donc exister des conduits de longueur L et beaucoup dautres de longueurs infrieures. Linvariance dchelle exige plusieurs proprits globales. Le rapport du diamtre dune branche sur sa longueur doit rester constant en moyenne, on le notera a , (D = a L). Le pourcentage de vide b doit rester le mme toutes les chelles comprises entre 0 et LK (avec LK < LM). Cela implique une certaine loi de distribution pour le nombre dn des conduits de longueurs comprises entre L et L+dL dans un volume LK3 , pour que b reste constant :
LK
b= 1 L3 K
D2 L dn dL = a2 4 dL 4 L3 K
LK
L3 dn dL dL
4.9
Pour que b soit indpendant de LK , il est ncessaire que la distribution du nombre de galeries de longueur L obisse la relation : dn = n0 4.10 dL L dans laquelle n0 est une pure constante. Cela signifie que le nombre de conduits dans un volume donn doit tre dautant plus grand que leur taille est plus petite. Ce rsultat semble assez intuitif. La distribution n est la distribution volumique des conduits. Ce qui fournit la relation entre n0 , a et b :
2 b = a n0 4 L3 M
LM
L2 dL
0
2 b = a n0 12
4.11
Soit L , lchelle de longueur considre. Le gradient de pression motrice est un invariant. Examinons les dbits dans une branche de longueur L et de diamtre a L. Les dbits devraient se calculer de deux manires, suivant que lcoulement est laminaire ou turbulent. grande chelle, les coulements sont toujours turbulents. Nous nous limiterons ce cas (le rsultat du calcul ne serait pas trs diffrent si on adoptait lhypothse laminaire partout). Le dbit se calcule par la proprit du gradient de pression dtre constant. On obtient (cf. partie 1) :
2 p = 1 V2 L = 82 qv 2 D D5
qv =
5 2 p a L 8 L
4.12
Dans lexpression du dbit volume qv , p/L = gradp est le gradient de pression, il est indpendant de L. Lexpression 4.12 montre que le dbit dun conduit varie comme la longueur L la puissance 5/2.
265
Arologie des systmes karstiques, partie 4, lair souterrain, un sous-systme du karst, 4.2.2.e
Quel sera le courant dair dans un tel rseau ? On coupe par la pense, et paralllement une face, un cube de ct LK. La surface est donc LK2 et on examine la distribution surfacique des sections de galeries pour pouvoir faire la somme des dbits dair. Les galeries de longueur L plus petite que LK sont dautant plus nombreuses que L est plus petit, mais en coupant, on a moins de chance den rencontrer. La probabilit den couper une est L/LK . Il est facile de voir que la distribution surfacique des galeries de longueur L est uniforme, puisque leur nombre, dans le cube de ct LK , crot comme 1/L et que la probabilit den couper une au niveau de la section dtude est L/LK. On en dduit que le nombre de galeries de longueur comprise entre L et L+dL (quon peut noter dns/dL) et que la section recoupe, vaut n0/LK. Calculons la section totale de passage des conduits, divise par la section LK2. Elle vaut :
LK
Lk
Lk
Fig. 4-12- Coupe des galeries sur une section de ct LK Sections of galleries in a fractal pattern of karst
S = 1 L2 L2 K K
D n0 dL = a n0 4 LK 12
2 2
= b
4.13
Ainsi, le rapport des surfaces (surface ouverte divise par surface totale) est gal au rapport des volumes not b (b est le volume des conduits divis par le volume total). La constante b caractrise aussi bien le rapport des volumes que celui des sections. Cest une proprit remarquable des distributions de galeries invariance dchelle. Le dbit de courant dair travers le cube de ct LK sera la somme des courants dair dans chacun des conduits :
LK
qv =
0
5 2 gradp a L n0 dL = n0 8 LK
2 a5 gradp 8
LK
L2,5 dL = n0 LK 7
a5 gradp L2,5 K 2
4.14
La relation 4.14 montre que la longueur LK intervient. Il y a un effet dchelle pour les dbits. La contribution des petits conduits est ngligeable par rapport celle des gros conduits, bien que leur nombre permette de compenser leur faible volume. Par exemple, si on appelle DM le plus grand diamtre, la contribution, au dbit de courant dair, des galeries de diamtre infrieure 0,4 DM sera de 10%, et la contribution des galeries de diamtre infrieur 0,16 DM sera de 1%. Conclusion : une cavit dont la distribution des galeries est invariante dchelle depuis lchelle 0 jusqu une chelle maximale LM donne, est parcourue par un courant dair qui se calculera en prenant en compte simplement les plus grands diamtres, ceux qui ont un diamtre suprieur 1/5 du diamtre maximal. Le rseau des fentes, en particulier, joue un rle ngligeable devant le rseau des splos (quand il existe) en ce qui concerne les courants dair. Les cavits naturelles sont-elles invariantes dchelle ? Sur une plage limite des longueurs, elles peuvent, en effet, prsenter un tel aspect. Linvariance dchelle, pour quelle ait un sens, doit tre une proprit indpendante du temps. On en dduit que cela implique aussi une loi dchelle sur la vitesse de creusement. Le diamtre dune galerie doit crotre proportionnellement au diamtre. Dans lhypothse dcoulements turbulents partout, on a vu que le dbit est proportionnel la puissance 2,5 de la longueur, donc du diamtre. Le dbit de calcaire corrod pour un dbit deau donn doit donc varier comme le diamtre la puissance -0,5 ou comme le dbit la puissance -0,2 . En effet (cta, ctb, ctc sont des constantes) : qcalc = c D dD/dt = cta D2 = ctb D-0,5 = ctc q-0,2 4.14b qeau qe qe Cette proprit ne semble pas tre vraie pour la vitesse de creusement. Ce qui peut donner limpression dinvariance dchelle dans les phnomnes naturels est la proprit que des phnomnes alatoires conduisent souvent des lois de Laplace-Gauss (thorme central limite) dont le caractre universel se retrouve toutes les chelles.
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266
4.3. Champ thermique dans le karst, renouvellement et modification de lair

La rpartition des tempratures dans le karst dpend beaucoup des caractristiques de latmosphre extrieure (qui joue le rle meneur). Il nous faut donc aborder pour commencer les proprits de latmosphre terrestre qui compltent celles quon avait rencontres aux 1.2.3 et 1.2.6. Puis, nous examinerons la distribution des tempratures au sein du karst. Ensuite, sera aborde la question du renouvellement de lair. Ce renouvellement est en relation avec celui des transferts de dioxyde de carbone vers lintrieur du karst, que nous verrons plus loin ( 4.5). Enfin, nous passerons en revue quelques mcanismes qui expliquent les variations de la composition de lair souterrain et nous en dduirons des relations sur la teneur des principaux gaz.
4.3.1. Latmosphre terrestre du point de vue thermique a) La temprature extrieure

La temprature, en un point donn, varie en fonction de laltitude de ce point, de sa localisation la surface du globe (latitude et longitude), de lheure de la journe et de la date dans lanne. La temprature au niveau du sol, en un lieu donn, rsulte dun bilan thermique dont les principaux acteurs sont le flux solaire direct (modul par lalbdo du sol), le flux de rayonnement provenant de latmosphre, les changes du sol et de lair, le rayonnement infrarouge du sol, le flux thermique apport par les prcipitations, les flux lis la condensation ou lvaporation au niveau du sol et les ractions chimiques exo ou endothermique lies la vgtation. En revanche, dans un massif karstique, le gradient gothermique ne joue aucun rle sur la temprature de surface car leau rcupre en profondeur le flux. Dans le monde, le record des hautes tempratures a t relev en Libye de 58 C et le record de froid est de -78 C en Sibrie et -88C Vostok dans lAntarctique. Variations journalires et saisonnires. La temprature de lair se maintient principalement cause des apports solaires. La hauteur du soleil sur lhorizon, qui varie en fonction des saisons et en fonction de lheure, joue le rle principal dans ce phnomne. Dans les climats tropicaux, les fluctuations sont trs faibles. La temprature reste constante tout le long de lanne quelques degrs prs. Ainsi Djakarta, en Indonsie, lamplitude totale (crte crte) de la temprature est de lordre de 2C. Dans les rgions de climat continental, lamplitude des tempratures est nettement plus grande comme on le voit sur le tableau ciaprs. villes Djakarta Paris Omsk climats tropical tempr continental 2 T 2C 18 C 40 C
temprature en C 25 20 15 10 5 0 -5 -10 jan fv mar avr mai jun jul ao sep oct nov dc mois
Fig. 4-13- Tempratures journalires moyennes sur le mois, pour chaque mois en climat tempr. Les amplitudes jounalires sont en gnral plus petites que les amplitudes des variations annuelles. Monthly mean temperatures and daily mean temperatures for each month, versus time
Tableau 4: 3- Amplitude totale des variations annuelles des tempratures
Le courant dair dans les cavits naturelles est d linteraction entre les fluctuations de la temprature extrieure et linertie thermique du systme karstique. Il est bien vident que sans fluctuations des tempratures extrieures, il ny a gure de courants dair, sauf ceux qui sont lis aux variations de la pression atmosphrique. On en dduit la presque absence de courant dair dans les cavits des rgions tropicales et, au contraire, lexistence de forts courants dair dans les rgions continentales, toutes choses tant gales par ailleurs.
267
Dans nos rgions, les variations (2 T) journalires des tempratures sont de lordre de 10C . Le minimum a lieu juste avant le lever du soleil. Le maximum a lieu en dbut daprs midi. Les variations annuelles sont plus importantes et atteignent 20C. Fluctuations alatoires. Mais en un point donn et une date donne, les tempratures possdent une composante alatoire. Ce sont les perturbations ocaniques et les grandes structures atmosphriques organises mais dapparition alatoire (zone de hautes pressions, zone de basses pressions), qui sont lorigine de ces fluctuations. Bien que les quations dvolution de latmosphre soient connues, on ne peut pas calculer moyen terme le climat avec prcision, et les fluctuations correspondantes ne sont pas prvisibles. Cette opacit des quations de la mcanique des fluides vient de ce que de petites fluctuations peuvent devenir importantes au bout dun temps fini (cf. 4.2.2.d). Le gradient vertical. Lair extrieur prsente un gradient thermique moyen, cest--dire que la temprature moyenne varie en fonction de laltitude. Suivant les saisons, le gradient thermique instantan peut avoir un signe ou un autre. On dira que le gradient est normal si la temprature diminue avec laltitude et quil y a inversion si la temprature augmente avec laltitude. En moyenne annuelle, la temprature diminue de 6,5C par km environ (cf. atmosphre AOIC, 1.2.4.b). Ce gradient est voisin du gradient adiabatique humide. Leau qui tombe sur le sol a une temprature variable en fonction de laltitude du sol et des saisons. On peut admettre, quen moyenne, la temprature de leau diminue de 6C par km comme celle de lair. Glaciations. Elles correspondent des variations sculaires de la temprature. Ces grands bouleversements climatiques sont dus aux variations de lclairement solaire du fait de la prcession des quinoxes (thorie astronomique de Milankovitch, 1920) associes la rtroaction positive lie laugmentation de lalbdo terrestre. En effet, la neige rflchit mieux la lumire solaire que le sol. La faiblesse de labsorption de la neige accentue le refroidissement.
b) La classification climatique des karsts

Vus de la surface, les systmes karstiques offrent une tonnante diversit (karst montagnard lapiaz dnud, karst mditerranen aux fissures colmates, karst ruin, karst couvert bois, karst tropical ). Les formes de surface sont, dune manire vidente, tributaires des conditions climatiques (tempratures, fluctuations des tempratures, prcipitations, glace, activit biologique des sols ). Vue de lintrieur, cette diversit diminue nettement, et les conditions climatiques ne sont plus quun des lments qui contribue lvolution du systme. Certaines formes de surface (karst tourelles par exemple) se trouvent dans tel type de climat plutt que dans tel autre. Mais cette constatation ne rpond pas au problme qui demeure : par quels processus les caractristiques de tel climat produisent-elles tel type de surface karstique (Ford et Williams, 1989 p. 466) ? Les processus luvre sont encore bien mal lucids. Pour ce qui concerne latmosphre souterraine, les facteurs excitateurs, les termes de forage, sont bien entendu la temprature moyenne et lampleur de ses fluctuations, lexistence et la qualit des sols qui dominent le karst, et les entres de dioxyde de carbone. Il existe des corrlations entre ces diffrents paramtres. La karstologie franaise (Corbel, 1957, Jenning 1971 p. 179-195) a beaucoup tudi le rle du climat sur laspect superficiel des karsts. Ces travaux montrent la grande complexit des interactions. On pourra se tourner vers lexcellente synthse offerte par louvrage Karst et volutions climatiques aux Presses Universitaires de Bordeaux (1992). Dans cet ouvrage, Michel Bakalowicz prsente une trs bonne revue des valeurs de la dissolution spcifique pour diffrentes rgions (cf. 4.5.1). Nous ne nous tendrons pas davantage sur cette question. Contentons-nous de signaler que la dissolution spcifique (exprime en mtre cube de calcaire par kilomtre carr de karst et par an) varie suivant les rgions de 15 pour les rgions dsertiques 400 pour les climats quatoriaux comme la nouvelle Bretagne. En France, les valeurs sont comprises entre 25 et 100 mtres cubes de calcaire par kilomtre carr de karst et par an.
4.3.2. Temprature dun massif calcaire

On trouve dj dans Kyrle (1923) un certain nombre des considrations qui seront examines ci-aprs. On consultera aussi avec profit lexcellente analyse de G. Badino (1995) dans son ouvrage sur la physique du climat souterrain. Il y dmontre la proprit que dans un karst, cest la roche qui constitue la plus grande partie de la capacit thermique totale, comme on pouvait sy attendre. Les splos Suisses (Jeannin, 1997) ont remis laccent sur ces questions passionnantes.
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a) Rle de laltitude et de la latitude

La surface dun karst est au contact avec latmosphre extrieure. La plupart des grottes pntrables sont peu profondes et ce sont elles qui ont fait lobjet du plus de mesures. Il est normal que la temprature de ces grottes soit le reflet de la temprature extrieure. Diffrents auteurs (Jeannel, Choppy) ont propos des relations entre temprature, altitude de lentre de la caverne et latitude ou rgion considre. Contentons-nous de donner la relation de Choppy (1980) : T(C) = 54,3 - 0,9 L - 0,006 h 4.15
Dans cette relation L est la latitude du lieu exprime en degr et h est laltitude exprime en mtre. Par exemple pour le Trou qui Souffle de Maudre laltitude 1070 m et la latitude 45 nord, la formule donne 7,38 C temprature nettement plus grande que la temprature mesure lentre (4C) et rvle lanomalie thermique de cette entre basse (cf. 3.3.5.h). En revanche, la profondeur de -200 m, la temprature mesure est peu prs 7,2C, plus conforme la formule de Choppy. Cette temprature est une temprature moyenne, rellement observe seulement si la mesure est faite quelque distance de la surface, de sorte que les fluctuations de la temprature extrieure soient amorties. Ce sera une vingtaine de mtres dans les rgions tempres, et encore moins dans les climats tropicaux faible amplitude des variations de temprature. Mais on connat de bonnes raisons pour expliquer le dsaccord entre la temprature observe et la temprature fournie par la relation de Choppy : pige air chaud ou air froid, entre de rseau avec fort courant dair
b) Diffrentes zones thermiques, temprature moyenne

La rpartition verticale des tempratures dans un karst est un bon exemple des interactions entre les diffrents sous-systmes. Sur la face suprieure, il y a les entres deau. Sur la face infrieure, il y a le flux gothermique. La temprature de la surface extrieure est impose, cest peu prs la temprature extrieure. Il est traditionnel de distinguer dans un karst trois zones thermiques (Jeannin, 1997). La zone superficielle (ou htrotherme) qui est fortement influence par les variations de la temprature extrieure. Lpaisseur de cette zone varie beaucoup, mais on peut adopter une valeur moyenne de 50 m. La zone intermdiaire (ou homotherme) dans laquelle les variations de temprature extrieure, advectes par les coulements deau ou les courants dair, sont fortement attnues. Jeannin la dfinit par des fluctuations infrieures 1C, mais il est vident quil vaudrait mieux adopter comme dfinition un certain rapport entre les fluctuations de cette temprature et les fluctuations extrieures. La troisime zone est la zone profonde (ou vadose). Cette zone, parcourue par leau, rcupre le flux gothermique. Il y a donc un gradient de temprature en direction de lmergence.
surface extrieure
zone superficielle
infiltration de l'eau
zone intermdiaire
niveau pizomtrique de crue
zone profonde
flux gothermique
Fig. 4-13- Les trois zones thermiques dun karst : la zone superficielle, la zone intermdiaire et la zone profonde. Three thermic zones of a Karst
La surface qui spare par exemple la zone superficielle de la zone intermdiaire est une surface dont la complexit est la mme que celle de linfiltration de leau ou de lair. Cest donc une zone tourmente qui prsente des sortes dinvaginations ou de doigts, un peu plus gros que les conduits eux-mmes et points vers le bas ou paralllement aux conduits. Quand on senfonce un peu dans la roche (de lordre de 1 m), la temprature devient indpendante des fluctuations journalires. Quand on senfonce plus (de lordre de 15 m), elle devient peu prs indpendante des fluctuations saisonnires. Ces valeurs sont celles quon trouverait en dehors des fissures parcourues par leau. La temprature moyenne dans une cavit, une altitude donne, est une grandeur facile mesurer sil ny a pas de courant dair et si la cavit est importante. Cette grandeur est facile interprter dune faon grossire, mais difficile prvoir dune manire prcise.
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Arologie des systmes karstiques, partie 4, lair souterrain, un sous-systme du karst, 4.3.2.c
On constate que la temprature profonde dun karst, une altitude donne, est la temprature moyenne de lair extrieur la mme altitude. Ainsi Jeannin (1889) propose-t-il partir de nombreuses mesures de temprature dans les gouffres suisses les corrlations suivantes pour lair et leau : air = 11,072 - 0,005 z (z tant laltitude du lieu dans le gouffre) 4.16 eau = 10,915 - 0,005 z Cette relation est peu prs celle de la temprature moyenne au sol fournie par les donnes mto rgionales. Le gradient altitudinal propos ici est un peu plus faible, en valeur absolue, que celui de Choppy (cf. page prcdente). Dans le dtail, certains secteurs sont, pour des raisons locales (brouillard, exposition), en dficit ou en excdent de temprature. Par ailleurs, lexistence de piges thermiques sur les plateaux calcaires montre que leffet de moyenne ne sapplique pas toujours. Et les zones dentres des tubes vent ne respectent pas non plus ces relations. Diffrence de temprature air-eau. On observe souvent une diffrence de temprature de quelques diximes de degrs entre lair et leau. Certains ont mme propos une loi : la loi du degr, qui ferait que leau serait plus froide dun degr que lair (Choppy 1990, temprature de lair p. 62). On peut invoquer lvaporation de leau ou la diffrence des gradients adiabatiques entre les deux corps. Mais cet effet est d simplement au non-quilibre thermique de lair et leau en mouvement. Jeannin trouve un cart moyen de 0,16 C entre lair et leau, ce qui reste modeste. Le fait que la temprature profonde soit gale une temprature moyenne dans le temps, est facile comprendre si lon considre la roche comme un accumulateur dnergie thermique. Chaque fois quun corps possde une certaine inertie thermique, chaque fois il filtre les hautes frquences dans les fluctuations de temprature. Si lpaisseur concerne est suffisamment grande, toutes les frquences, y compris les frquences annuelles, seront limines par ce filtre. La temprature profonde restera constante et gale la temprature moyenne excitatrice. Mais la justification que cette temprature est la moyenne de la temprature extrieure est plus complique quil ny parat. Leau de percolation joue un rle thermique important (cela sera dmontr au suivant). Diffrentes sources de chaleur quon examinera plus loin (travail de la pesanteur, flux gothermique, nergie thermique associe la corrosion) ont tendance augmenter diffremment la temprature de lair et de leau. Les processus qui expliquent la temprature extrieure, ne sont pas tous les mmes que ceux qui interviennent dans le karst. Nous allons nous pencher en dtail sur ces problmes qui ne sont pas compltement rsolus.
c) Rle de leau
Ce rle a t bien mis en vidence par Claude Andrieux (Mangin et Andrieux, 1988). En un lieu donn, il tombe une certaine lame deau par an que nous notons H (H = 1 m par exemple). Cherchons quel est le dbit de courant dair qui permettrait dapporter la roche la mme nergie. En crivant lgalit des puissances mises en oeuvre, on obtient : qv = H S e ca 4.17 P a ce Dans cette relation, qv est le dbit volume dair traversant la surface de sol S, est la masse volumique de lair, e est la masse volumique de leau, et cp la capacit thermique massique pression constante de lair, et ce la capacit thermique massique de leau. P est la dure de lanne en secondes. H S e ce T = qv a ca P T d'o On trouve quil faudrait un courant dair qv = 15 l/s tous les 100 m2 de surface de terrain pour vhiculer la mme nergie quun mtre deau (par an). Ce dbit dair ne se trouve pas habituellement dans les rseaux profonds, mais peut se rencontrer au voisinage dune surface de lapiaz bien ouverte. On en dduit que dans les zones profondes des karsts, le rle thermique de leau est plus grand que celui de lair. Mais prs de la surface, cela pourrait tre invers.
d) Rle de la pesanteur
Leau, en descendant dans la roche, schauffe par conversion de lnergie gravitationnelle en chaleur. Cet chauffement est de 0,234 C pour 100 m de descente : e g H = e ce T d'o T =g H = 9,81 x 1000 = 0,234 C/ 100m ce 4185 4.18
270
Le gradient thermique rsultant est donc -0,234 C/100 m. La transformation physique est la suivante : les forces de pesanteur engendrent le mouvement de leau, do cration dnergie cintique ; mais le freinage des parois transforme cette nergie cintique en chaleur. Lair, quand il monte ou descend dans une galerie, bnficie lui aussi du travail des forces de pesanteur. Si cet air tait sec, on trouverait comme variation de temprature de lair, le gradient adiabatique sec (-1 C/100m). Mais lair des cavits naturelles est le plus souvent satur. Les phnomnes dvaporation et de condensation diminuent ce gradient qui devient le gradient adiabatique humide (cf. 1.2.3.b). La valeur de ce gradient dpend de la temprature et de la pression. Par exemple, pour un rseau compris entre les altitudes 500 m et 1500 m et dont la temprature au point haut est de 3C, le gradient adiabatique humide est -0,45 C/100m en haut et -0,48 C/100m en bas. Gradient de temprature des coulements diphasiques. Dans certaines cavits, la descente de leau loccasion des pluies saccompagne de lentre dune masse dair (Mangin, Andrieux, 1988). Cet apport dair joue un rle thermique intressant puisque dans sa descente, il subira un gradient thermique de -0,45 C/100 m alors que leau subira -0,234 C/100 m. Les capacits thermiques massiques diffrentes de lair et de leau font que le gradient rsultant sera voisin de -0,3C/100 m, si les dbits masse dair et deau sont comparables. Calculons laugmentation de temprature du mlange diphasique en remarquant que lair reste constamment satur en vapeur deau. On nglige les changes de chaleur la paroi des conduits et on crit le bilan dnergie : meau ceau + mair cair T + meau + mair g dH meau ceau + mair cair T + dT + dmvapeur L 4.19
Dans cette relation dH est la dnivellation (compte positive vers le bas), L la chaleur latente de la vapeur deau. On crit maintenant le maintien saturation de lair : dmvapeur = dws mair dT 4.20 dT Dans cette relation, ws est lhumidit spcifique de lair saturation. On a calcul la drive loccasion de ltude sur le gradient adiabatique humide (cf. 1.2.3.b). Lexpression de dw/dT est un peu complique. Si on nglige linfluence des variations de la pression et quon adopte lexpression simplifie parabolique (cf. 1.1.4.c), on obtient plus simplement : dws = 12,92 + 4,04 T . 10-5 4.21 dT On en dduit lexpression gnrale du gradient adiabatique du mlange diphasique air-eau (on pose le rapport entre le dbit dair et le dbit deau) : dT = g 1+ 4.22 ceau dH c air + L dws 1+ ceau ceau dT Dans cette relation, g = 9,81 m.s-2 , ceau = 4180 J.kg-1.K-1, cair = 1000 J.kg-1.K-1, L = 2,5.106 J.kg-1 et T est en C. Do lexpression approche du gradient thermique diphasique : 1+ dT = - dT = - 0,235. 10-3 4.23 dz dH 1 + 0,316 1 + 0,0767 T On remarque que linfluence de la chaleur latente de production de vapeur est faible. basse temprature, on aurait pu lignorer. Considrons lexemple numrique de dbits masse gaux, = 1 , et une temprature T = 10C, on trouve un gradient thermique gal -0,3 C/100 m. Ainsi, laugmentation de la temprature de leau est-elle plus grande que si elle tait seule. Au lieu de -0,235 C/100 m, on peut retenir la valeur -0,3C/100 m.
e) Rle du flux gothermique

Flux gothermique. Dans lcorce terrestre se trouvent des roches radioactives (uranium principalement) dont la dsintgration lente produit de la chaleur. Cette puissance thermique soppose au refroidissement de lintrieur de la terre et schappe vers lextrieur. Ce flux de conduction thermique entrane lexistence dun gradient de temprature. Cest le degr gothermique. Il est trs variable dune rgion lautre. On peut donner la valeur moyenne du flux la surface de la terre (Bureaux des longitudes, 1977). Il vaut 0,06 W.m-2. Badino (1995) indique une fourchette des valeurs du flux en Europe [0,025 ; 0,140] en W.m-2 .
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Arologie des systmes karstiques, partie 4, lair souterrain, un sous-systme du karst, 4.3.2.f
Cette variation du flux provient, en partie, du caractre totalement instationnaire du champ thermique profond. Les distances parcourir pour la conduction thermique sont associes (cf. 1.4.2.f) des temps trs grands. Des modifications millnaires des tempratures de surface (pisodes plus ou moins priodiques des glaciations) se rpercutent en profondeur par des modifications des tempratures et des flux. On peut dire dune manire quivalente que dans le problme de flux gothermique, on nest jamais en rgime permanent. Gradient gothermique des tempratures. Pour la conductivit du calcaire c = 2,2 W.m-1 K-1 , la valeur 0,06 W.m-2 donnerait un gradient gothermique de -2,7 C pour 100 mtres. Absence de gradient gothermique dans les zones irrigues du karst. Mais on sait que ce nest pas la conduction thermique dans le calcaire qui transporte les flux de chaleur mais principalement leau et lair qui circulent dans la roche. La convection, quand elle existe, est en effet beaucoup plus efficace que la conduction. Le propre dun karst est dtre parcouru par leau et lair. Les phnomnes conductifs existent, mais ils sont cantonns dans les parties sans circulation. Ces domaines sont de dimensions beaucoup plus petites que celles du karst en entier. La conduction pour ces volumes petits est alors efficace et assure luniformisation relative des tempratures. Comme globalement leau descend, elle maintient le flux gothermique confin au niveau de la zone noye quil contribue chauffer. En pratique, on ne voit pas tellement leffet du gradient gothermique dans les cavits souterraines mais seulement au niveau des collecteurs, des zones noyes et des rsurgences. Chauffage de leau aux mergences. Avec le flux gothermique et la lame deau H (en m) qui tombe sur une rgion en une anne, il est facile de calculer laugmentation de temprature des rsurgences en crivant que la puissance sur une surface dun mtre carr est rcupre par le dbit moyen par seconde de leau qui tombe sur le karst. On trouve :
6 = 31,56.10 = 7,54 = 0,45 eau ceau H H H
soit
0,45C
pour une lame d'eau d'un mtre par an
4.24
Ces 0,45C daugmentation pour un mtre de prcipitation annuelle ne sont pas ngligeables. En rgion dsertique, leffet doit tre spectaculaire. En revanche, dans les rgions trs fortes prcipitations, leffet peut passer inaperu. Cest dans les grands rseaux de plaine que cet effet est le plus grand. Car laugmentation de temprature est indpendant de la dnivellation de sorte que le gradient vertical de temprature peut tre fortement major par ce terme. Par exemple, considrons un rseau de 200 m de dnivellation avec une hauteur deau annuelle H de 0,5 m (aprs vapotranspiration), le gradient fourni par la gravit sur lcoulement deau sera de -0,234 C/100 m, ventuellement mont -0,3 C/100 m par lair entran par leau. Cela reprsente 0,6C daugmentation au niveau de la nappe. Mais le flux gothermique fournira une valeur supplmentaire de 0,9 C qui ajoute aux 0,6C, donne un gradient apparent qui vaut -0,75 C/100 m. Le gradient a plus que doubl. Pour un rseau de montagne avec une dnivellation de 500 m et une hauteur deau infiltre dun mtre, avec un gradient rel de -0,3C/100 m, laugmentation de temprature de leau et lair serait de 1,5C et le flux gothermique rajouterait 0,45 C soit un gradient apparent de presque -0,4C/100 m. Pointe thermique lors des crues. On constate souvent, au dbut des crues, une monte de la temprature de leau des rsurgences suivie ensuite dune diminution. Ce phnomne semble bien mettre en relation avec le flux gothermique. Les masses deau chaudes et stagnantes dans les fonds du rseau de drainage, sont mises en circuit et comme chasses par la crue. ce moment-l, la temprature de leau courante est plus leve que celle de la roche environnante.
f) Rle de lair aux entres

On a vu au 3.3.5.h, lanomalie de temprature induite par les circulations dair dans les tubes vent. Cette influence concerne une distance variable qui peut atteindre quelques centaines de mtres (exemple du Trou qui Souffle).
272
g) Le gradient thermique de lair d des causes mcaniques

Supposons un courant dair install dans une galerie horizontale et supposons aussi quil ny a pas dchange de chaleur et dhumidit entre lair et les parois des conduits. On pourrait penser que la temprature de lair reste alors constante tout le long du trajet. Il nen est rien pour la raison mcanique suivante : les pertes de charges de lcoulement dair correspondent une transformation dnergie mcanique en chaleur. Il y a donc chauffement vers laval cause de ce phnomne. Pour estimer cet effet, donnons-nous un rseau deux entres, de pente rgulire et de pertes de charge uniformment rparties. La diffrence de pression motrice a pour ordre de grandeur : pm = T g H T La puissance se calcule en multipliant la charge (en Pa) par le dbit volume : P = qv pm = qv T g H T 4.26 4.25
Cette puissance mcanique est transforme en chaleur par lintermdiaire des frottements visqueux. Cela conduit un accroissement T de la temprature de lair aprs sa traverse de la cavit (ou un certain gradient de temprature) : qv cp T' = P = qv T g H T T' T' z H T' g T cp T z 4.27
4.28
On peut estimer la valeur numrique : : T' 10 T = 3,6.10-5 T z 1000.280
4.29
Pour un cart des tempratures (T = Textrieure-Tintrieure) de 10C, cela conduit un gradient moyen de temprature de 0,036C/100 m. Ce gradient est petit par rapport au module des autres gradients (0,5C/100 m). Si le courant dair est montant par exemple en rgime hivernal, le gradient est positif, la temprature augmente, sil est descendant par exemple en rgime estival, le gradient est ngatif. Dans les deux cas, lvolution tend diminuer lcart de temprature entre lintrieur et lextrieur. La valeur calcule est une moyenne spatiale. Dans le dtail, le gradient rel est dans le sens du courant dair. Comme les courants dair sont la plupart du temps alternatifs au cours de lanne, on en dduit que lapport aux parois est peu prs nul en moyenne. Nous pourrons donc ngliger ce terme en gnral.
h) Les gradients de temprature observs dans le karst, et discussion

Zone superficielle. Les gouffres directement connects avec la surface, cest--dire sans conduits horizontaux qui casseraient les mouvements de convection naturelle, sont des piges air froid. En t, la temprature dcrot en descendant. et latmosphre est stratifie. En hiver au contraire, si les dimensions transversales sont suffisantes, lair froid envahit le gouffre qui prsente alors une temprature plus uniforme. On peut considrer que ces gouffres font partie de la zone superficielle. De mme, les entres de tubes vent sont perturbes thermiquement par le courant dair comme on la vu au 3.3.5.h. Les entres suprieures prsentent une anomalie positive alors que les entres infrieures prsentent une anomalie ngative. On connat peu de valeurs, moyennes sur lanne, des gradients de temprature dans cette zone. En effet, les mesures sont faites gnralement en t. Ces valeurs instantanes ne peuvent renseigner sur le gradient moyen dans la zone superficielle. Zone intermdiaire. Dans cette zone, leau qui percole ne sest pas tout fait mise en quilibre thermique avec la roche environnante. Au printemps, cette eau est plus froide que la roche, alors qu lautomne, cest le contraire. En moyenne annuelle, on a sensiblement la mme temprature entre leau et la roche car cest principalement leau qui impose sa temprature la roche. Comme leau gagne par le travail des forces de pesanteur environ 0,23C par 100 m ou encore 0,3C par 100 m sil y a entranement diphasique (cf. 4.3.2.d), cest ce gradient de temprature quon penserait rencontrer dans les gouffres.
273
Arologie des systmes karstiques, partie 4, lair souterrain, un sous-systme du karst, 4.3.2.h
Comme on la vu au 4.3.2.b, Jeannin (1989, 1997) propose, partir de mesures nombreuses une valeur plutt voisine de 5C par km. Lexamen de son mmoire (1989) montre que ce gradient varie dun gouffre lautre dans dassez grandes proportions. Ce nest pas trs tonnant quand on rflchit quun courant dair peut perturber la temprature dune galerie sur 1 km de long et que les dimensions des karsts ne sont pas beaucoup plus grandes. Prenons quelques exemples extraits de son mmoire. Le gouffre A2 est isol de la surface par une couche de grs qui surmonte les galeries profondes. Le gradient de temprature est voisin de -0,2C/100 m. Le Brenschacht mesur sur 800 mtres de dnivellation possde un gradient de -0,4C/100, mais cette valeur tient compte des tempratures des rsurgences. Si on limite aux 560 premiers mtres de dnivellation, cest plutt un gradient de -0,3C/100 m qui apparat. Le gouffre Kijahe Xontjoa au Mexique fait 970 mtres de profondeur. La temprature de lair 595 m de profondeur vaut 14,1C et 973 m de profondeur 15,3C , ce qui reprsente un gradient moyen cette profondeur de -0,32C/100 m. Les exemples de gradient entre -0,5C et -1C sont intressants analyser. Le gouffre Innerbergli dont le gradient est -0,5C/100 m reste trs prs de la surface (Jeannin 1989). La glacire de Druchaux qui fait 400 m de profondeur est remarquable avec son gradient de -1,22C/100 m. Mais sa topographie rvle quil sagit dun magnifique et norme pige air froid. Cet exemple montre que linfluence thermique dun pige air froid peut stendre en profondeur.
temprature en C
air
eau
altitude en km Fig. 4-15- Tempratures de lair et de leau dans Piaggia-Bella

(Daprs G. Badino 1995, p. 45).
En abscisse, laltitude du point de mesure en km, en ordonne, la temprature en C. Les mesures dans leau sont marques dun carr, dans lair, dun rond. La diminution de temprature est plus forte dans la partie suprieure quau fond. Air and water temperatures in Piaggia-Bella cave versus altitude (after Badino, 1995)
On peut citer les valeurs proposes par Badino (Badino 1995, p. 55) dun gradient compris entre -0,28 - 0,5C/100 m. Sur lexemple du rseau de Piagga-Bella (figure ci-dessus), on voit que la temprature varie plus, prs de lentre suprieure que vers le fond. Les gradients sont voisins de - 0,5C/100 m en haut du rseau et seulement de - 0,28C/100 m vers le bas. Richard Maire (1980, p. 25) indique -0,25C/100 m la Spluga della Preta. Ainsi cette zone intermdiaire nest pas gradient uniforme. On peut considrer que la zone dinfluence thermique de la surface descend 200 ou 300 mtres de profondeur. Les grandes profondeurs montrent plutt un gradient de lordre de -0,3C/100 m. On peut trouver trois explications aux valeurs absolues moyennes leves du gradient. Certains de ces gouffres ne sont pas vraiment verticaux mais descendent en suivant le pendage des couches gologiques. La surface extrieure reste voisine du rseau et peut jouer un rle thermique, ne serait-ce que par le gradient de temprature qui rgne lextrieur et qui vaut -0,5 -0,6 C/100 m. La deuxime raison est dans le rle de lair. Les rseaux explors par les splos sont aussi les plus ventils car cest le courant dair qui permet les dcouvertes. Enfin, les mesures sont faites en gnral en t ce qui favorise les valeurs leves du gradient. Quel est le rle de lair dans la temprature ? Un courant dair qui descend se charge rapidement en humidit et reste ensuite satur. Cette transformation saccompagne dun refroidissement de lair qui sera dautant plus marqu que lair intervient seul thermiquement. En descendant, la pression augmente, cest une compression adiabatique avec vaporation. Laugmentation de temprature est donc freine par ce phnomne et ne vaut que 4,5C par km. Le courant dair qui monte, se refroidit et cde donc de la vapeur deau sur les parois. Cette transformation libre la chaleur latente qui retarde le refroidissement, le gradient adiabatique est donc encore le gradient adiabatique humide de 4,5C par km. Dans un rseau bien ventil et sans circulation importante deau, cet air pourrait imposer sa loi. Mais il est facile par une analyse quantitative de montrer que cela est peu probable. Le rle thermique de lair semble toujours de lordre de 10 fois plus faible que celui de leau, sauf dans les rgions arides, et on voit mal pourquoi cest lair qui imposerait le gradient. Ce point reste obscur et mriterait une tude plus attentive.
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Zone profonde. Cest la zone au voisinage et au-dessous de la surface pizomtrique moyenne (la surface libre de leau sil y en avait). Dans cette zone, les dnivellations sont souvent assez modestes. La temprature de leau augmente toujours de 2,3 C par km, mais elle augmente aussi grce aux apports du flux gothermique. Ces apports ne sont pas rguliers dans le temps. Leau des fissures profondes rcupre cette nergie et la stocke jusqu ce quune crue mette en uvre cette eau et la pousse lmergence o on constate une monte de la temprature. Roche au-dessous des circulations karstiques. On nest plus dans le karst. Les tempratures restent constantes dans le temps, aux chelles sculaires. Le gradient de temprature est le gradient gothermique dont la valeur dpend de la conductivit thermique des roches concernes et du flux gothermique. Temps de raction thermique dun karst. Quel est le temps de raction une variation des tempratures moyennes extrieures (comme par exemple, les priodes glaciaires) ? Dans les rseaux karstiques, leau circule de manire disperse prs de la surface et a ensuite tendance se concentrer pour aboutir une nappe ou une exsurgence. La capacit thermique massique du calcaire tant 5 fois plus petite que celle de leau, lquivalent thermique de 1,5 m dpaisseur deau (ce qui tombe annuellement) reprsente 8 m dpaisseur de calcaire. Leau ne peut donc pas influencer en une anne une paisseur de calcaire de 200 ou 300 mtres, mais il suffit de quelques dizaines dannes pour que linfluence de leau soit complte. En dautres termes, la mmoire de la roche karstifie est de quelques dizaines dannes (quant aux tempratures extrieures). Localement, des portions de massifs mieux isols de linfluence de leau pourraient prsenter des dphasages par rapport aux variations thermiques extrieures qui seraient plus importants et pourraient atteindre quelques centaines dannes. Mais par exemple, il serait vain de chercher dans la temprature dun terrain calcaire linfluence de priodes glaciaires anciennes (10 000 20 000 ans).
4.3.3. Structure du champ thermique a) Aspect spatial

Ainsi, nous voyons se dessiner le champ thermique dun massif karstique. Dans la roche, la temprature devient de plus en plus uniforme au fur et mesure quon sloigne de la surface, des chemins de leau et des chemins de lair. On peut se reprsenter la temprature un peu comme un plateau qui aurait t rod par leau aprs une monte rapide de son altitude. Il est sculpt par lrosion des valles, et les pentes sont dautant plus grandes quon est prs des talwegs des coulements. Ici la figure est deux dimensions, alors que dans le massif karstique la sculpture est trois dimensions. Dans un massif calcaire, les zones forts gradients thermiques, sont les mmes que les zones fortes variations temporelles de cette temprature. Du fait que les tempratures ne changent pas beaucoup dune anne sur lautre, les zones influences thermiquement sont des sortes de fourreau enrobant les conduits parcourus par leau ou par lair. Ces fourreaux ont une paisseur peu prs constante dune vingtaine de mtres. Mais le drainage dune masse calcaire na rien voir avec les circulations dair. La pesanteur impose leau une direction privilgie qui est la verticale, quand il ny a pas dobstacle, ou la ligne de plus grande pente quand il y en a un. Nous avons reprsent sur la figure ci-contre, lallure dune figure de drainage dun massif par leau dans le cas dun rseau arien du style de la Dent de Crolles. Les zones influences thermiquement par leau constituent un volume qui se dduit des lignes dcoulement en les entourant dun cylindre de diamtre dune vingtaine de mtres.
Fig. 4-16- Le champ de temprature dans un karst est, 3 dimensions, ce quest un champ de lignes de niveau sur un plateau entaill par lrosion. Ce champ de temprature est aussi non permanent. Des sortes de gants grand nombre de doigts semblent limage adapte pour se reprsenter les surfaces isothermes. The thermic field is a 3-D field
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Fig. 4-17- Figure de drainage dun massif karstique Sketch of hydrological draining pattern
Fig. 4-18- Volume de calcaire thermiquement influenc par le drainage de leau Thermal limestone volume associated with drainage
Fig. 4-19- Les zone influences thermiquement par lair ne sont pas les mmes que celles par leau Water thermic zones are different than air thermic zones
Mais la reprsentation, par des tubes, des zones influences na rien voir avec la reprsentation des surfaces isothermes car leau et lair, en pntrant dans le karst, voient leurs variations de temprature fortement attnues. Cette attnuation est peu prs exponentielle, de sorte que les fameux fourreaux, si on les reprsentait comme des surfaces isothermes, aurait une base bien dveloppe prs des entres mais aurait une pointe qui fondrait une assez courte distance de la surface.
b) Des flux et des rythmes

Une proprit intressante des transferts de chaleur dans la nature est la suivante. Ces transferts se font loccasion dapparition de diffrences de tempratures qui suivent les fluctuations de la temprature extrieure. Le rythme de ces variations, les frquences, pour reprendre un terme plus physique, sont trs variables. On trouve des variations quasi instantanes comme celles par exemple dues la formation rapide dun nuage avec changement dtat et chute de temprature rapide, des variations plus lentes comme les fluctuations saisonnires, et des variations sculaires lies aux glaciations et aux configurations astronomiques de la terre. Puissance : Dans le cas dun courant dair pntrant dans un rseau profond (grande inertie thermique), la puissance injecte dans le rseau est proportionnelle la puissance 3/2 de lcart de temprature (cf. 3.5.5.g). En effet, la puissance rsulte du produit de deux termes. Lun est lcart de temprature entre lair extrieur et la temprature profonde du massif, et lautre est le dbit masse qui varie en gnral comme la racine carre de lcart de temprature, do la relation en puissance 3/2. Les grands carts de temprature jouent donc un rle prpondrant. Cette puissance est la puissance qui pntre sous terre. Mais le courant dair change la chaleur sur la surface latrale dun tronon de conduit plus ou moins long. Les rythmes rapides conduisent aux longueurs de conduits les plus courtes comme on la tabli plus haut. De ce fait, les rythmes rapides conduisent aux densits de puissances changes aux parois les plus grandes, alors que les rythmes les plus lents, sculaires, ne se traduisent que par des densits de puissances quasi nulles car cest tout le massif qui ragit et les surfaces dchanges deviennent trs grandes. nergie injecte dans un massif. Lnergie injecte pendant une demi-priode dune oscillation de la temprature extrieure augmente quand la priode augmente (cf. 1.4.2.f). Pour calculer la relation entre cette nergie et la priode et lamplitude des tempratures, il faut distinguer suivant la valeur des priodes. On peut dire que pour les priodes courtes dun karst temprature profonde annuelle constante, lnergie lie une demi-priode de loscillation thermique crot proportionnellement la puissance 3/2 de lcart de temprature et proportionnellement la priode. Dans le transfert thermique entre un air et une surface, lnergie surfacique transmise pendant une demi-priode augmente avec la dure du cycle. Pour les rythmes lents, les puissances sont faibles mais le temps compense ce dfaut. Ce sont les rythmes lents qui mettent en uvre les plus grandes nergies. Rciproquement, les rythmes rapides ne font queffleurer linertie thermique des massifs, les nergies correspondantes restent faibles.
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4.3.4. Glacires naturelles et glaciations a) Glacires naturelles

Les glacires constituent une sorte de curiosit lchelle du karst et leur tude peut sembler facile, plutt du domaine de lhistoire ou de lconomie (Gauchon 1997 p. 41-43), et sans grand intrt pour le systme karstique. En ralit, elles rsultent dune interaction entre les trois constituants minraux du karst. La roche amne sa gomtrie propice : pige air froid (glacire glace de regel ou neige transforme), tube vent avec ou sans pige air froid prs de lentre infrieure. On a vu dans le 3.1.2 un modle thermique simplifi de la glacire de Correnon qui est une glacire glace de regel. On a vu aussi, dans ltude des tubes vent, lanomalie thermique ngative des entres infrieures. Mais lexistence de glace permanente, des altitudes o la temprature moyenne des lieux est suprieure de 6 ou 7C celle de la glace fondante, offre un challenge qui intresse les chercheurs. Quelles sont les conditions gomtriques dalimentation en eau, dexposition des entres, de la vgtation de surface, qui permettent ce maintien de glace prenne ? On a dj rencontr ces questions loccasion de ltude de la glacire de Correnon. Et dailleurs, quel est le record en la matire ? Il suffit de se tourner vers lhistoire et la construction de glacire artificielle pour comprendre que les glacires naturelles sont loin des records possibles. Ainsi, Paris (quartier la Glacire) au 19e sicle, tait-il possible de maintenir de la glace en plein t en des lieux de tempratures moyennes annuelles suprieures 10 C. Dans le mme ordre dide, Kunsky (1950, p. 76) signale une exprience curieuse en 1936 dans la grotte Belska laltitude de 800 m (Belska Tatra, Tchcoslovaquie) o E. Paloncy a fait fonctionner un tube vent en glacire en ouvrant pendant lhiver les deux entres (de dnivel 80 m), et en les refermant ds que la temprature augmentait. Au bout de quelques annes, la temprature sest stabilise lt -3C. Nous ne reprendrons pas les discussions sur les glacires stato-dynamiques (= piges air froid = courant dair hivernal), dynamiques (simple poches de neige) ou autres (Maire 1980). Dans tous les cas, lalimentation en glace provient de la transformation de la neige, ou du gel de leau de percolation par une paroi ou un courant dair froids. Une glacire suppose un volume minimum de glace. En effet, linertie thermique de la glace est proportionnelle au cube de sa dimension linaire alors que le rchauffement par la surface est proportionnel au carr de cette dimension linaire. La percolation de leau dans les glacires glace de regel est la principale alimentation en glace. Les possibilits de production de froid tant en gnral limites, il doit exister un taux de percolation optimal pour chaque glacire. Ce taux tant dfini comme le rapport entre leau tombe la surface du sol (sur la surface projete par la glacire) et leau qui passe effectivement dans la glacire sous forme de gouttes au plafond). Ce paramtre, nous lavons appel effet entonnoir dans ltude de la glacire de Correnon. La temprature de latmosphre ne se contente pas dosciller avec des priodes journalires ou annuelles. Des cycles de plus grandes priodes apparaissent. En ce moment, la terre se trouve dans une phase de croissance analogue celle quon a pu rencontrer dj au 10e sicle. On sait aussi que le 17e sicle (petit ge glaciaire) correspond un minimum des tempratures. Certains ont reconnu une priode de 1500 ans environ (Broeker, 2001). Le karst garde-t-il une mmoire thermique de ces pisodes climatiques ? Sans doute pas, mais ce sont srement les grands dpts de glace qui assurent la mmoire la plus longue. Inertie thermique dune glacire. En combien de temps une masse de glace importante peut-elle fondre ? La rponse nest pas vidente et dpend beaucoup des configurations gomtriques et climatiques de la glacire. Considrons par exemple une masse cubique de glace de ct a = 20 m, relie la surface par un orifice de 20x20 m de ct et un puits dune trentaine de mtres de profondeur. Cela reprsente pour la fusion de la glace une chaleur de changement dtat denviron (a3.g.L = 203x900x330000 =) 2,37.1012 J. Cette nergie est importante. En montagne, pour une temprature moyenne annuelle de 5C par exemple, et pour une hauteur de prcipitation H = 1,5 m, on peut calculer en combien dannes la glace fondra grce lapport deau de la surface dentre, de temprature moyenne par exemple 5C. La chaleur rcuprable sur leau est de (a2.H.e.ce.T = 202x1,5x1000 x4180x5 =) 1,25.1010 J/an. On voit que la fonte surviendra seulement au bout de 190 ans. Cette dure pourrait tre allonge si leau de pluie vitait la glacire. Dans ce calcul rudimentaire, linertie thermique est la masse de glace multiplie par la chaleur latente L. On na pas pris en compte lapport thermique provenant de la surface. Il nest pas du tout ngligeable. Mais on peut supposer que sil sagit dune glacire naturelle, leffet de refroidissement, d la configuration de pige air froid, quilibre cet effet.
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Les priodes sculaires de refroidissement peuvent donc se retrouver sous forme de glacires qui subsistent de quelques dizaines quelques centaines dannes aprs le changement climatique. Rciproquement, un refroidissement climatique se traduisant par une baisse des tempratures moyennes de lair sera attnu dans le systme karstique, sil peut se produire prs de la surface une accumulation de glace dont la formation librera une nergie sopposant un refroidissement plus grand. Cela concerne, bien entendu, les karsts montagnards ou de hautes latitudes. Dans le domaine montagnard, on peut trs bien envisager un karst daltitude, temprature moyenne ngative, drain par une rsurgence dbouchant dans une atmosphre temprature moyenne positive. Ce drainage seffectue, bien sr, au moment de la fonte estivale. Dans ce cas (que Ford et Williams 1989 appellent karst de type pyrnen), le drainage du karst pourra se maintenir puisque leau ne parcourra le karst quavec une temprature positive, ce qui maintiendra le karst hors gel.
b) Les glaciations
On admet actuellement que les glaciations se sont succdes pendant tout le Quaternaire avec un rythme command par des paramtres astronomiques denviron 100 000 ans. Les mesures isotopiques sur des sdiments confortent les calculs astronomiques qui indiquent des fluctuations de lensoleillement dues aux paramtres de lorbite terrestre et aux diverses oscillations de laxe de la terre (prcession, nutation). Ces glaciations ont concern lAmrique du nord, lEurope du Nord et la Russie. Laccumulation de glace sur les continents a provoqu des baisses du niveau des ocans (jusqu 150 m). La dernire glaciation sest acheve il y a une dizaine de milliers dannes. En priode glaciaire, lpaisseur de glace varie couramment entre 500 et 5000 m. En prsence dune pente, mme faible, la glace se met en mouvement dautant plus vite que la pente est plus forte et que la temprature de la glace est plus grande.
c) Karsts et priodes glaciaires

pluie
tanchification possible dun karst. Comme lindique Ciry (1962 p. 31) la temprature 0C joue un rle norme dans les karsts. En effet, une temprature plus basse de la roche transformera leau en glace et empchera la circulation de leau plus profondment. Une paisseur de roche une temprature ngative (permafrost ou perglisol) constitue donc un bouchon hydraulique. Si la tranche est situe une certaine profondeur, leau pourra parvenir jusqu elle mais sera alors bloque en profondeur. Cette eau ne pourra trouver dexutoire quen restant niveau. Ce bouchon temprature ngative jouera donc le rle dun niveau de base local. Ford (1992) donne lexemple de la grotte de Castleguard dans lAlberta au Canada dont les extrmits amont sont colmates par des bouchons de glace (cf. aussi Andrieux, 1979). Cette couche temprature ngative ne peut se maintenir en rgime permanent que si la moyenne des tempratures de surface est ngative. La configuration sur la figure ci-contre correspond une fonte estivale. Leau de fonte ne peut pntrer profondment. Le karst ainsi form reste superficiel. La couche froide peut correspondre aussi un rgime transitoire. Par exemple, une priode glaciaire qui dbute.
roche temprature positive

niveau de ba se local
coulement de l'eau
roche temprative ngative
flux gothermique Fig. 4-20- Couche de roche gele arrtant la progression de leau vers le bas Layer of rock, with negative temperature, stopping the descent of water
Limitation de lpaisseur du perglisol. Une couche de roche temprature ngative ne peut pas stendre trs bas en profondeur pour la raison suivante : la roche gele ne laisse pas passer deau et le refroidissement ne peut plus se faire que par conduction (sauf existence dun courant dair). Le flux gothermique reprend donc du service et une surface infrieure 0C se maintient dans lpaisseur du karst. Cette ide se trouve dj dans larticle de Ciry (1962). Pulina (1992 p. 267) parle de fentres chaudes qui se forment sous les glaciers de forte paisseur. On a vu (au 1.4.2.e) quen rgime transitoire, le flux qui apparat la surface de lancien niveau de base est peu prs la moiti du flux gothermique (lautre moiti sert augmenter la temprature profonde du massif). Ce flux moiti va se maintenir pendant une dure trs grande correspondant la modification du champ thermique en profondeur (dans lcorce terrestre).
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Lpaisseur de roche temprature ngative sobtient facilement en rgime permanent en crivant que le flux de conduction est gal la moiti du flux gothermique profond. La temprature moyenne annuelle de la surface est note Ts . gothermique = - c Ts e 2 e = - 2 c Ts gothermique
flux de l'atmosphre
4.30
Par exemple, pour une temprature extrieure moyenne Ts = -5C , lpaisseur de roche calcaire gele en rgime permanent est e = 380 m. Cette paisseur est valable pour un flux, avant glaciation, de 0,06 W.m-2. Cette paisseur varie, bien entendu, suivant les endroits puisque le flux gothermique nest pas uniforme la surface de la terre. Entre en priode glaciaire. Examinons le processus de formation dun perglisol de rgion karstique, suite au refroidissement de latmosphre. La temprature extrieure devient ngative en moyenne annuelle. Le sol commence geler et lisotherme 0C commence senfoncer dans le karst. Si les conditions font que leau ne peut plus passer (trs grand froid sur plusieurs annes), alors le karst sous-jacent nest plus aliment en eau. Il se dessche compltement. En surface, leau qui sinfiltre lt se heurte un bouchon glac. Bientt, le karst est rendu peu prs tanche lair (sauf si un courant dair provenant dune altitude plus basse et de temprature positive maintient ouverte une entre dans la neige et la glace). La surface voit la quantit de glace augmenter lentement du fait des prcipitations de neige et un inlandsis, ou glacier, se dveloppe et spaissit. Mais la glace joue le rle disolant thermique et lisotherme 0C peut remonter au fur et mesure que lpaisseur de la glace augmente. Il peut arriver un moment o lpaisseur de glace est telle que lisotherme 0C rejoint la surface de la roche. Lpaisseur de glace ncessaire pour que ce phnomne se produise, est donne par la relation 4.30 dans laquelle on remplace la conductivit du calcaire par celle de la glace.
z Ts
roche temprature ngative T = 0C
roche temprature positive

flux gothermique
Fig. 4-21- paisseur dun perglisol. Prs de la surface, il existe une couche dune vingtaine de mtres dpaisseur sensible aux variations saisonnires de la temprature Permafrost layer and positive temperature layer
Toujours pour une temprature extrieure moyenne de -5C, lpaisseur e de glace qui engendre une remonte de lisotherme 0C la surface de la roche est : gothermique = - g Ts 2 e' e' = - 2 g Ts = 2.1,88. 5 = 314 m gothermique 0,06 4.31
Pour que le flux gothermique puisse jouer son rle, il faut que la conduction thermique restaure un gradient gothermique qui est normalement supprim dans le karst par les circulations deau. Comme on est en rgime transitoire, le flux gothermique est moiti du flux en rgime permanent. On a vu dans la partie 1 que lpaisseur quivalente de roche pour un choc thermique sur un mur semi-infini est donne par equiv = 1,13 ac t . Le temps pour installer un rgime peu prs permanent sen dduit : t= 1 H ac 1,13
2
= 3,5.10 H
4.32
Dans cette relation H est lpaisseur du karst (paisseur de la couche non influence par le gradient gothermique en dehors des glaciations). Pour H = 500 m, on trouve t = 8,8.1010 s soit 2800 ans environ. Les vides karstiques sont bien ouverts du fait de labsence deau. Lair du karst est pig par le bouchon de glace et ne peut schapper. Mais le gradient gothermique rend latmosphre souterraine thermiquement instable, ce qui dclenche des mouvements internes de convection naturelle entre les diffrents tages de galeries. Ce processus acclre la mise en temprature positive du karst. Ce temps de remonte de la temprature semble suprieur ltablissement de la couche de glace et peut tre considr comme la dure dentre en glaciation du karst. On peut retenir lordre de grandeur de 1000 ans.
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partir de ce moment, lisotherme 0C est pige et reste fixe la surface du calcaire. En effet, une remonte de cette isotherme fondrait la glace et leau schapperait par le karst. En ralit, la temprature de fusion de la glace nest pas tout fait de 0C. Elle diminue quand la pression augmente. Par exemple, une paisseur de 100 m de glace correspond g g H = 9.105 Pa de surpression et la temprature de fusion de la glace devient -0,07C (Bruhat, 1968). Cet effet est petit, et on peut le ngliger sauf quand lpaisseur atteint plusieurs kilomtres (-1,35C pour 2 km). La temprature du massif calcaire restant constante, le flux dans le karst passe progressivement de la moiti du flux gothermique la valeur complte (en plusieurs milliers dannes). Lpaisseur de linlandsis, dj importante, continue daugmenter et la diffrence entre le flux gothermique et le flux de conduction dans la glace permet une petite quantit deau de fondre sous le glacier. Mais cette quantit est trs petite car la chaleur latente pour fondre la glace est norme : Lg = 3,35.105 J/kg. Le dbit deau de fonte par unit de surface vaut au maximum : qm =
air glacier karst roche influence par le flux gothermique densit de flux
le flux augmente dans la glace le flux augmente dans le karst le flux diminue dans cette zone
Fig. 4-22- volution des flux dans les diffrentes zones. Le flux gothermique nest jamais uniforme dans lpaisseur de lcorce terrestre, car le rgime thermique est toujours un transitoire Flux evolution in the different zones
gothermique = 0,06 5 = 1,8. 10-7 kg. m-2s-1 = 5,7 kg. m-2.an-1 Lg 3,35.10
4.33
En labsence dexutoire dgel, cette eau va imbiber le karst et schappera sur le ct, sil existe une pente. Cet coulement correspondrait une vitesse maximale de descente du glacier u : u = qm = 5,7 = 6,2.10-3 = 6,2 mm/an g 920 4.34
Si leau parvenait descendre dans le karst, ces coulements diffus rcupreraient le flux gothermique qui, de ce fait, ne parviendrait plus en surface. Et la fonte sous-glaciaire, pourtant dj bien faible, en serait fortement ralentie. Ainsi, malgr la temprature redevenue positive du calcaire, les coulements dans le karst sont quasi nuls en priode froide. Cependant, si le froid nest pas trop intense, avec une priode estivale temprature positive, des cours deau se forment et errent la surface de linlandsis en suivant les lignes de plus grandes pentes. Leau ne peut pas senfoncer car la glace est froide en profondeur. Les deux surfaces isothermes 0C restent associes aux deux surfaces de la glace, la surface suprieure et la surface au contact avec la roche. un certain moment, la jonction peut soprer entre les deux surfaces isothermes loccasion de diaclases qui souvrent dans la glace en mouvement. On sait, par lexploration de gouffres au Groenland, que ces diaclases peuvent traverser plusieurs centaines de mtres de glacier. Elles sont dues aux contraintes associes au mouvement du glacier sous laction de la pesanteur. grandes profondeurs, la glace est plastique et les fissures devraient se refermer toutes seules. Mais la pression de leau qui les remplit suffit pour maintenir les lvres cartes. En effet, puisque la masse volumique de leau est plus grande que celle de la glace, la pression exerce par leau est plus grande que celle exerce par la glace, et suffit maintenir les fissures cartes (du moins pour une hauteur deau suffisante). Au dbut de lhiver, larrt de lcoulement saccompagne du resserrement des passages. Ainsi, les crevasses peuvent faire communiquer leau qui erre en surface lt avec le calcaire qui est 0C (cf. aussi Ford 1992 p. 261). Il se forme donc des bdires et des moulins. Une bdire est un cours deau sur la glace, et un moulin est une perte glaciaire. Cette eau peut circuler sous le glacier et ventuellement senfoncer dans le karst qui nest pas gel, sil existe un exutoire protg du gel (fin de glaciation par exemple). Le creusement est alors purement sous-glaciaire. Le pouvoir de corrosion est faible car labsence de sol maintient le dioxyde de carbone un taux trs bas. Mais les forts dbits de certains moulins peuvent compenser ce handicap.
280
Grce ce processus li lintervention du flux gothermique, linterruption totale de lcoulement dans un karst na lieu que pendant le temps daccroissement de la couche de glace (1000 3000 ans). La couche de glace de surface joue le rle de surface partiellement impermable pour leau (et rend le karst binaire). Dans la priode la plus froide de la glaciation, la fonte sousglaciaire reste trs rduite. Pour les glaciations peu prononces, ou les sorties de glaciations, de gros dbits deau bien localiss peuvent expliquer lexistence de conduits de bonnes tailles, ds lentre des rseaux. Sortie de la glaciation. Elle se fait dune faon symtrique de lentre. La temprature annuelle de la surface devient positive. La glace qui fond lt dpasse la quantit de neige apporte chaque anne. Le glacier devient ainsi un glacier tempr. Il nest plus tanche leau de fonte qui peut le traverser sans peine. Les coulements dans le karst reprennent et sont plus vigoureux quavant la glaciation, puisquaux prcipitations sajoute la fonte du glacier. Le glacier fond progressivement raison de quelques dcimtres quelques mtres par an, puis disparat totalement.
eau moulin glace froide
calcaire temprature positive
eau gouffre
Fig. 4-23- Pertes sous-glaciaires Under glacier water-loss
Pendant toute cette phase, le karst reste temprature positive. Lrosion cause par le glacier peut avoir abaiss le niveau de lmergence. Cette priode de sortie de glaciation est ainsi loccasion pour leau dagrandir des chemins plus profonds (changement dtage dans les rseaux).
4.3.5. Renouvellement de lair dans une cavit

Le renouvellement de lair dans une cavit est important pour estimer les possibilits de corrosion de leau par apport de dioxyde de carbone (distinction entre systme air renouvel et systme confin, cf. plus loin 4.5.2). Le renouvellement de lair est toujours li un mouvement dair. En effet, la diffusivit molculaire est incapable dassurer lhomognsation de la masse dair dune cavit en un temps raisonnable. Pour le mouvement de lair, il faut bien distinguer deux sortes de mcanismes : dune part, un mouvement rgulier qui fait entrer lair dun ct et le fait sortir dun autre ct, et dautre part, un mouvement alternatif qui le fait simplement osciller de part et dautre dune valeur moyenne. La premire catgorie correspond au fonctionnement en tube vent, deux ou plusieurs entres et linjection dair par leau dans la zone dinfiltration. La deuxime catgorie correspond aux courants dair induits par les fluctuations de la pression atmosphrique, ou par les battements des surfaces pizomtriques.
a) Cavits plusieurs entres

trou soufflant pluie
Le renouvellement de lair dans les parties ventiles est assur en un temps dont on calcule facilement lordre de grandeur. Cest le volume balay divis par le dbit volume du courant dair. Par exemple, au Trou qui Souffle de Maudre, en considrant un volume de 1 million de m3 et un courant dair de 2 m3/s, on arrive un temps de renouvellement de lair de 5 jours environ. Pour des cavits peu ventiles, comme le Trou souffleur de Saint-Christol dans le Vaucluse au courant dair de lordre de 0,1 m3/s, et en estimant le volume 3 millions de m3, on arrive un temps beaucoup plus grand, dun an environ. Bien entendu, les zones en dehors du parcours principal du courant dair ne bnficient pas de ce renouvellement.
air zone d'infiltration en coulement diphasique air + eau zone are eau eau
b) Injection dair par leau dans la zone dinfiltration

Au moment des tiages, les fissures de la zone dinfiltration ont tendance se vider progressivement de leur eau, et cest lair qui la remplace.
Fig. 4-24- Injection dair dans le karst au moment des pluies. Elle se traduit par une sortie dair Air injection into the karst during the rain
281
larrive dune averse, leau cherche senfoncer dans les fissures. Si les conditions gomtriques sy prtent, lair repart vers le haut, mais dautres configurations permettent leau de jouer le rle de piston sur le volume dair (fissures petites). Lair est donc chass par leau et inject ventuellement dans le karst profond (Mangin, Andrieux, 1988). La dtermination des dbits est difficile. Certaines observations laissent penser que le rle est important dans certaines configurations. Par exemple, Andrieux invoque ce mcanisme la grotte de Niaux, mais dans ce cas on peut imaginer aussi un fonctionnement avec entre suprieure pntrable inconnue (cf. tome 1, 1.3.4). Lair inject augmente la pression lintrieur du karst. Sil ny a pas de grandes sorties, lair sortira par des fissures. Dans le cas dune seule entre importante, un courant dair stablira (qui sajoutera dailleurs celui induit par la monte des surfaces pizomtriques). Le temps de renouvellement se calcule l aussi en divisant le volume total de la cavit par le dbit volume moyen dair inject. Des mesures dans les cavits non ventiles habituellement permettraient de chiffrer ce temps.
c) Renouvellement de lair par fluctuations de la pression atmosphrique

Dans le cas dune cavit ou dune portion de cavit dont lair ne peut tre renouvel par les mcanismes convectifs ( 4.3.5 a et b), il existe dautres mcanismes bass sur la diffusion par fluctuations. On croit souvent quil faut une advection permanente pour crer un transfert net de matire. En effet, les processus de diffusion molculaire sont dsesprment lents aux mso-chelles que nous considrons. Il semble donc ncessaire dinvoquer des phnomnes dadvection (convection) avec vitesse moyenne non nulle pour justifier de transferts numriquement significatifs. Mais il existe un processus de transfert intermdiaire. Il suffit dun mouvement oscillant, en moyenne nul, mais avec un gradient de concentration dun des composants de lair, pour obtenir un transfert de masse significatif. Ladvection moyenne dair est nulle mais pas celle du constituant avec gradient. Le flux est beaucoup plus grand que celui rsultant de la diffusion molculaire pure, mais beaucoup plus petit que celui rsultant de ladvection pure. Ce mcanisme a t ignor jusqu maintenant en karstologie sauf dans quelques articles (Fourneaux 1994) qui se sont contents dun point de vue qualitatif. Il est en revanche bien connu dans ltude des transferts dans la zone non sature des sols. Nous avons dj rencontr ce phnomne dans ltude des courants dair. On a vu quun mouvement alternatif de lair pouvait engendrer un transfert de chaleur depuis lentre basse vers lentre haute.
les fluctuations de la pression atmosphrique engendrent un pompage altern
gradient d'une grandeur physique
roche air Les entres-sorties provoquent un mlange progressif Fig. 4-25- Brassage et renouvellement de lair des grottes par la respiration des cavernes Breathing by atmospherical pressure fluctuations
Ainsi, en labsence de courant dair permanent, une cavit (ou une galerie) relie latmosphre (ou la partie ventile de la cavit) par une seule entre, voit tout de mme son air renouvel par le phnomne de pompage-respiration de la cavit sous leffet des fluctuations de la pression atmosphrique. Ce phnomne de mlange est irrversible. Il traduit une pseudo-diffusion (Lismonde, 1993). Si la pression extrieure se modifie brutalement, lair souterrain se met progressivement en quilibre de pression. Cet quilibrage demande un certain temps t0 pour seffectuer. Ce temps augmente, bien sr, avec le volume de la cavit et augmente en fonction du nombre de resserrements. Modlisation simplifie pour les fluctuations de pression de latmosphre. Nous considrerons des cavits telles que le temps t0 est nettement plus petit que la priode T des fluctuations de pression. Avec notre hypothse, on peut considrer notre problme comme quasi permanent. Il faut bien voir que cette hypothse est vraie pour 90% des cavits et seuls, certains rseaux gants (Jewel cave aux USA par exemple) y chappent. Nous dcrivons la pression extrieure par la relation : p = p0 [1-a cos(t)] 4.35
Nous caractrisons la cavit par quatre grandeurs (longueur totale L , section moyenne des troitures s , volume moyen des salles v et nombre de salles n ).
282
Fig. 4-26- Rseau discrtis et homognis Discretizing and homogenizing cave
i-1
i+1
n salles, longueur L
Le dbit dans une section dabscisse x scrit chaque instant ( 0 est la masse volumique de lair) : qm = 0 n v (1 -x/L) a sin(t)
4.36
Ce dbit fluctue autour de la valeur 0. En chaque point (A) le dbit moyen temporel est nul. Il ny a donc apparemment pas de transport de matire, mais nous allons montrer que ces fluctuations engendrent une dispersion de la matire (par exemple le CO2 ou un autre gaz) de la mme faon que lagitation molculaire engendre la diffusion molculaire. Notre hypothse de variation sinusodale pour la pression ne restreint pas la gnralit du rsultat. Des fluctuations quelconques de pression dont le spectre serait centr sur la mme valeur et dont lcart quadratique moyen serait le mme, conduiraient un rsultat semblable. Dans notre reprsentation simplifie de caverne, appelons v0 le volume dair passant par le point A pendant une demipriode du phnomne de respiration. On montre facilement que : v0 = 2 n v a (1 - x/L) 4.37
Supposons maintenant quil existe un gradient longitudinal de concentration dun certain gaz le long de la cavit, et admettons que lair sortant dun resserrement se mlange au reste de lair de la salle suivante. On pourrait modifier lgrement cette hypothse importante, par exemple admettre quune partie seulement est mlange. Une petite analyse mathmatique du phnomne fournit la variation de la concentration au point A (de la salle i) en une priode : C 'i - C i = v0 C i+1 - 2 C i + C i-1 v 4.38
Dans cette quation i-1, i, i+1 reprsentent des numros de salles contigus (cf. figure ci-dessus). Cette quation est lquation discrtise (au sens de lanalyse numrique) de lquation continue : C = v0 L2 2 C 4.39 t v n2 T x2 Cest une quation bien connue de la physique mathmatique. Cest lquation de la chaleur trouve par J.-B. Fourier ds 1812. Elle caractrise une diffusion ou une dispersion. Si on rserve le nom de diffusion aux processus molculaires, on pourra appeler dispersivit (lquivalent de la diffusivit) la grandeur : L2 = 2 a L2 1 - x D = v0 2 vn T nT L en m2 s-1 4.40
Discussion : cette quation de dispersion est analogue celle commandant la diffusion molculaire (due lagitation des atomes), mais nous allons calculer les valeurs numriques et montrer que la respiration des cavernes conduit une diffusion 1000 fois plus grande que la diffusivit molculaire. Par exemple, prenons les valeurs : L = 5000 m , n = 20 , T = 86400 s (un jour) , a = 5. 10-3. Au milieu de la cavit, la dispersivit (diffusivit) vaut D = 0,072 m2 s-1 , comparer la diffusivit de O2 dans lair, DO2 = 15. 10-6 m2 s-1 , soit prs de 5000 fois plus. Le temps typique de renouvellement complet de lair de cette cavit est, malgr tout, trs grand. Il vaut : t = L2 / 4D = n T / 4a = 1000 jours 4.41 Conclusion : lorsquil existe une communication avec une partie ventile, une galerie totalement borgne (colmatage) voit son air renouvel lentement par le mcanisme de respiration des cavernes. Ce mcanisme est certes moins efficace quun courant dair franc, mais il est bien suprieur la simple diffusion molculaire. Le taux de renouvellement de lair est dautant plus grand quon est plus proche de la galerie ventile.
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d) Renouvellement par battement du niveau pizomtrique

Le mme mcanisme de pompage se retrouve loccasion des fluctuations de linterface air-eau dans la cavit. Cest le deuxime mcanisme bas sur des fluctuations. Les fluctuations du niveau pizomtrique permettent elles aussi, par brassage de proche en proche de renouveler lair. La dispersivit induite est uniforme tout le long du rseau, et elle est ajouter la prcdente. Dans la reprsentation approche dun rseau, on calcule la dispersivit peu prs de la mme faon que lautre. Le rapport entre le volume qui entre dans une salle pendant une demi-priode et le volume dune salle scrit : v0 = S z0 v v 4.42
gradient d'une grandeur physique
roche air eau les battements du niveau pizomtrique agissent d'une manire similaire
Si on appelle z0 lamplitude de battement du niveau pizomtrique, et S la surface de leau (suppose constante pendant le battement), par le mme calcul que plus haut, on en dduit la dispersivit :
2 S z0 L2 D = v0 L = v n2 T v n2 T
Fig. 27- Renouvellement de lair par fluctuation des surfaces pizomtriques The air change by piezometric level fluctuations
4.43
Prenons des valeurs numriques identiques au mcanisme vu en c. L = 5000 m , n = 20 , T = 86400 s (un jour), S = 50 m2, z0 = 1 m, v = 12500 m3, on trouve D : 50002 = 0,029 m2 .s-1 D = 50.1 12500 202 .86400 Cette valeur nest, bien sr, quun ordre de grandeur. Elle est analogue celle trouve plus haut (0,072 m2.s-1). Dissolution-dgazage. De mme, la dissolution des gaz dans leau qui circule dans la cavit permet des transports de gaz, donc un renouvellement de lair. Malheureusement, il est difficile de modliser ce mcanisme dont laction dpend de facteurs trs varis. Seules, des estimations seraient possibles. 4.44
e) Transfert de masse par advection, diffusion et fluctuation advective

Dans les parties des cavits non concernes par les renouvellements que nous avons voqus ci-dessus, il existe dautres mcanismes qui permettent dhomognser lair. Mais ces mcanismes sont beaucoup moins efficaces et les temps seraient trs grands si les zones concernes taient de grandes dimensions. Pour des secteurs qui chappent aux mcanismes les plus efficaces, ces nouveaux mcanismes peuvent apporter leur contribution. Advection par courant de gravit. En labsence de courant dair, quels peuvent tre les mcanismes qui permettent de renouveler lair ou de transporter le CO2 ncessaire la corrosion profonde ? On verra plus loin que le CO2 a tendance tre consomm vers le bas (au niveau de leau) ce qui peut crer des gradients ngatifs vers le bas. Mais alors, linstabilit de lair plus dense en haut permet des mouvements convectifs. Lair contenant plus de CO2 , tant plus lourd, aura tendance couler (courant de gravit) vers le bas. Il ny a pas dcantation du CO2 mais simplement coulement prfrentiel. Sil y a mlange avec lair, lcoulement sarrtera, mais nous avons vu que les coulements stratifis ne se mlangent pas trs bien (cf. 1.3.9). Malheureusement, la mcanique des ces mouvements ne ressemble pas celle des coulements dair, mais plutt celle des coulements deau. Une contrepente dans une galerie suffit crer un dversoir. Les teneurs en CO2 peuvent donc varier normment dun point lautre dune galerie ou dun rseau pour de simples raisons gomtriques. Il y a l tout un champ dinvestigation dont les mesures (Renault 1981) ont commenc prciser les contours.
284
Tout ce quon connat des coulements deau dans les cavits naturelles sapplique lcoulement de CO2. Par exemple, il existe des siphons dair forte concentration de CO2, des dversoirs, des cascades. La grande diffrence avec leau, cest que leau nest pas miscible avec lair alors que le CO2 lest. On en dduit que pour un coulement de gravit, les parties verticales signent la disparition de lcoulement, car une chute dair CO2 se mlangera avec lair ambiant, ce qui supprimera le gradient. Une fois que le CO2 est mlang lair ambiant, il aura beaucoup de mal tre spar. Srement pas par dcantation mais, on le verra plus loin, par le mcanisme des mises en charge. Cest ce mcanisme que Choppy avait en tte dans son article de 1965 mais son appellation de dcantation tait mal choisie.
percolation d'eau et dgazage de CO2
air peu charg en CO2
lac d'air charg de CO2
dversoir de CO2
Fig. 4-28- coulements de gravit dair grande teneur en CO2 Air gravity flow with high CO2 concentration
f) Mesures et conclusions
Il serait possible dans les grottes une entre sans courant dair permanent et situes prs de massifs granitiques destimer le renouvellement de lair de la grotte en suivant les concentrations dun gaz radioactif naturel. Le radon 222Rn qui est issu du Radium 226, serait intressant mais sa concentration diminue de moiti en 3,82 jours, ce qui est trop peu car les mesures seront difficiles interprter. Sa masse volumique leve fera quil aura tendance stagner dans les points bas des rseaux. On pourra lire avec intrt ltude faite par Kies et Masson (1997) dans la grotte de Mstroff au Luxembourg dans laquelle on trouvera une bonne bibliographie. Plus simplement, des mesures de dioxyde de carbone devraient permettre destimer les apports dair et le renouvellement. Mais les mesures seront dlicates interprter. Conclusions. Un systme karstique voit son air renouvel principalement par les courants dair qui le parcourent. Les temps de renouvellement sont trs variables dun karst lautre, de quelques heures une anne. Pour les parties des cavits dont le renouvellement ne peut tre assur par lair circulant entre deux entres ou par lair inject par leau dans la zone dinfiltration, il existe un mcanisme de transfert par fluctuations. Il possde deux moteurs : les fluctuations de la pression atmosphrique et les fluctuations des niveaux pizomtriques du systme karstique. Pour quil y ait transport, il faut quil existe aussi un gradient lchelle du massif dune certaine grandeur physique. Ce gradient peut concerner la temprature, mais on a vu plus haut que les transferts de chaleur advectifs de leau taient plus importants. Le processus par fluctuations pourra concerner nanmoins les changes thermiques une chelle plus petite que celle du maillage hydrologique dans les zones chappant aux circulations deau. Mais ce gradient concerne surtout le dioxyde de carbone. On verra plus loin que les fluctuations du niveau pizomtrique constitue un acclrateur pour incorporer le dioxyde de carbone dans leau (loi de Henry) et le faire migrer vers laval des rseaux (transport par advection). Il y a donc cration dun dficit de dioxyde de carbone au voisinage des collecteurs, dficit qui maintient un gradient de ce dioxyde de carbone lchelle du massif. Cest sur ce gradient quagit le processus de fluctuation de pression. On reviendra plus loin ( 4.5.4) sur le pompage au niveau du collecteur car il explique la corrosion profonde. On dispose ainsi de plusieurs mcanismes pour les transferts de masse ou de chaleur : le transfert par diffusion molculaire en labsence de mouvement, le transfert par la dispersion-advection en prsence dun mouvement oscillant dans le sens du transfert, la diffusion turbulente pour les transferts transversaux dun coulement turbulent et ladvection pour un transfert dans le sens du mouvement. Tous ces transferts supposent lexistence dun gradient dune grandeur physique (temprature, concentration) processus diffusion molculaire dispersion-advection diffusion turbulente advection direction du mouvement pas parallle au gradient perpendiculaire au gradient parallle au gradient nature du mouvement pas oscillant, lam. ou turb. turbulent laminaire ou turbulent vitesse moyenne nulle nulle non nulle non nulle
Tableau 4:4 - Les transferts de masse et chaleur Le flux transfr est toujours parallle au gradient (la direction du gradient sert de rfrence de direction)
285
4.3.6. Modifications de latmosphre souterraine

Nous allons examiner dans ce chapitre les diffrents processus qui modifient la composition de lair des cavits souterraines. En fonction de ces processus, nous dduirons certaines relations sur les teneurs des composants. Cette tude a un but secondaire, cest de permettre, par lexamen des proportions des composants de lair, de remonter aux processus qui ont prsid cette composition. On lira avec profit lexcellent ouvrage de J. Choppy : Composition de lair, 1988 2e dition, do je tire lessentiel de ma documentation.
a) Origine de latmosphre et variation de la composition

La prsence dun corps aussi ractif que loxygne montre que latmosphre terrestre ne peut tre originelle. On a finalement compris que latmosphre est une construction de la biosphre, cest--dire rsulte de lactivit des tres vivants terrestres, en particulier des plantes grce la photosynthse. Le pourcentage doxygne nest pas d au hasard. Il rsulterait de lquilibre suivant : si on augmente la teneur en oxygne, lair devient trop oxydant, les forts se mettent brler spontanment en produisant du dioxyde de carbone. La teneur en oxygne se met alors diminuer. Le dioxyde de carbone est pig par les ocans et recycl sous forme de carbonate. Si on diminuait la teneur en oxygne en augmentant la teneur en dioxyde de carbone, les plantes auraient une activit acclre et rtabliraient la situation. Les gaz qui constituent lair sec de latmosphre extrieure sont en proportions constantes. On sait que la vapeur deau est en quantit variable. De sorte que les fractions massiques des composants de lair humide atmosphrique (air sec + vapeur) sont un peu variables. Mais lair souterrain possde une beaucoup plus grande variabilit. La cause principale, on la dj vu, tient la prsence frquente de dioxyde de carbone. Ainsi, les autres gaz de lair peuvent voir leur pression partielle varier suivant les grottes. Contentons-nous de donner quelques exemples (Choppy, 1988). Lhumidit relative varie de quelques pour cent 100 %. Lhumidit spcifique varie quant elle de 0 30 g de vapeur par kg dair sec (cette valeur correspondant la saturation pour une temprature de 31C). La fraction molaire du dioxyde de carbone est dans lair extrieur de 3,5.10-4 ( peu prs gale la pression partielle exprime en bar). On observe dans quelques grottes des teneurs assez variables. dans l'air sec extrieur azote oxygne CO2 Argon vapeur 0,7809 0,2095 0,00035 0,0093 valeur mini observe dans les grottes 0,75 (1) 0,092 (3) 0,00016 (5) 0 valeur maxi observe dans les grottes 0,82 (2) 0,22 (4) 0,135 (6) 0,05 ( 32 C)
Tableau 4:5- Plages des fractions molaires des principaux gaz de lair souterrain (1) Dans la grotte de Plance (Ardche), cit par Choppy (1988, p. 65). (2) Mesure dans une grotte de Crime par Dubljanski, Sockova et en Suisse (Choppy 1988, p. 63). (3) Mesure la Gaden cave at Wellington, cit par Choppy (1988, p. 63). (4) Mesure la Gas pipe cave par Fraser (Australie) (Choppy, 1988, p. 66). (5) Mesure dans les Tatras la fonte des neiges, cit par Choppy (1988, p. 46). (6) Mesure la Gas pipe cave par Fraser (Australie) (Choppy, 1988, p. 66). Mais les grottes volcaniques peuvent en contenir beaucoup plus (Choppy 1988, p. 44).
b) Diffrents processus justifiant les carts de composition observs

Variation de lhumidit relative. Les courants dair et les variations de la temprature de lair que ces courants dair induisent, suffisent en gnral comprendre les variations de lhumidit spcifique de lair. Examinons maintenant les carts pour lair sec. Les diffrents composants vrifient la proprit sur les fractions molaires (pressions partielles relatives) : N2 + O2 + CO2 + Ar 1 4.45
286
Si dans un volume dair donn, on ajoute un volume de gaz donn, il y aura changement de toutes les fractions molaires. Dans tous les mcanismes qui suivent, la grandeur d reprsente la variation de , cette variation ntant pas forcment petite (pas de linarisation dans les calculs). b-1- Introduction dun volume de CO2 . Ajoutons par exemple un volume V dair, un volume v de CO2 ( pression constante), la fraction molaire du CO2 devient : CO2 = VCO2 V CO2 + d CO2 = VCO2 + v V+v 4.46
d CO2 = CO2 V + v - CO2 = v 1 - CO2 V+v V+v
4.47
De mme, les autres fractions molaires deviennent : N2 + O2 + CO2 + Ar 1

N2 + O2 + CO2 + Ar 1d N2 = -
v N2 V+v
d O2 = -
v O2 V+v
d Ar = -
v Ar V+v
4.48
On vrifie que la somme des variations fait bien zro. Ce phnomne dintroduction de CO2 peut tre artificiel (cf. tome 1) ou bien apparatre naturellement, suite une diminution de la pression atmosphrique. Laspiration induite dans les rseaux souterrains fait sortir le dioxyde de carbone du rseau des fentes dans lequel sa teneur est plus leve. Exemple. Introduction dun volume de CO2 de 5% du volume total. La composition de lair devient : N2 = 0,7437 O2 = 0,1995 CO2 = 0,0479 Ar = 0,00886
b-2- Dgazage dune eau en CO2 . Soit une augmentation de la fraction molaire de dioxyde de carbone de dCO2. Le calcul prcdent conduit au rsultat : d N2 = N2 d CO2 1 - CO2 d O2 = O2 d CO2 1 - CO2 d Ar = Ar d CO 2 1 - CO2 4.49
Exemple dun dgazage 5 % de dioxyde de carbone. On suppose lair de composition normale avant le dgazage. Les diffrentes variations des fractions molaires scrivent : d N2 = -0,039 Lair possde alors la composition suivante : N2 = 0,742 O2 = 0,20 CO2 = 0,05 Ar = 0,015 d O2 = - 0,01 d Ar = - 0,00054
b-3- Oxydation de matire carbone. Elle produit autant de mole de CO2 quelle consomme de moles dO2. La somme des fractions molaires de ces deux gaz reste donc inchange. d N2 = 0 d O2 = - d CO2 d Ar = 0 4.50
Une augmentation de la fraction molaire du dioxyde de carbone saccompagne dune diminution gale de celle de loxygne. Le volume dair ne change pas. Exemple dune augmentation de CO2 5%. La composition de lair devient : N2 = 0,78 O2 = 0,16 CO2 = 0,05 Ar = 0,01 Cet air est difficile respirer, autant par la diminution de loxygne que par la forte teneur en CO2.
287
b-4- Matire organique qui soxyde. Elle consomme de loxygne. Elle libre de leau et du dioxyde de carbone. La somme des fractions molaires de CO2 et O2 diminue. La fraction molaire de lazote augmente. Par exemple, la combustion de lactylne (C2H2) fournit du dioxyde de carbone et de leau : C 2 H2 + 5 O2 2 2 CO2 + H2 O 4.51
On voit que dans ce cas, le nombre total de moles de lair (lactylne provient dune raction partir du carbure solide) diminue dune demi-mole pour chaque mole de CO2 produite, augmentant la fraction molaire de lazote et de largon. Plus gnralement, calculons les modifications de la composition de lair pour loxydation dun corps de formule chimique CHO suppos solide. La raction chimique scrit : C HO + + - O2 CO2 + 1 H2 O 4 2 2 4.52
Le calcul de la variation des fractions molaires en fonction de lune dentre elles, par exemple la variation de fraction molaire du CO2 , est assez fastidieux. On sintresse lair sec seulement. Nous donnons le rsultat sans dmonstration : CO2 CO2 + d CO2 O2 O2 + d O2 N2 N2 + d N2 Ar Ar + d Ar On dfinit =1 2- 4 4.53
avec
d O2 = - 1 - + O2 d CO2 1 - CO2 d N2 = d Ar = N2 d CO2 1 - CO2
4.54
avec
4.55
avec
Ar d CO2 1 - CO2
4.56
On vrifiera aisment que la somme totale des variations des fractions molaires est nulle. Exemple dapplication lactylne. Si on applique ces relations la combustion de lactylne, sous une couverture de survie par exemple, on a pour les paramtres : =2 =2 =0 = 0,25
Et on obtient pour une fraction molaire finale de CO2 de 5% et une rpartition normale initiale des gaz, les fractions molaires suivantes : dN1 = 0,01 dO2 = -0,06 dAr = 0,00012 soit un air de composition : N1 = 0,80 O2 = 0,15 CO2 = 0,05 On constate que loxygne est descendu 15 % et que lazote est mont 79 %. La gne respiratoire est autant due, l encore, au manque doxygne (dpltion doxygne) quau dioxyde de carbone. b-5- Consommation dazote par les plantes. On sait que certaines plantes consomment de lazote. Soit une variation (ngative) de la fraction molaire de lazote de dN2 , les autres fractions molaires deviennent : d O2 = - O2 d N2 1 - N2 d CO2 = - CO2 d N2 1 - N2 d Ar = Ar d N 2 1 - N2 4.57
Exemple de 5% de diminution de dN2 . Lair souterrain est port la nouvelle composition suivante : N1 = 0,73 O2 = 0,257 Ar = 0,011
288
b-6- Dissolution du CO2 par leau. Un air qui a t modifi, suite un des processus tudis plus haut, se voit dpouill de son dioxyde de carbone par de leau possdant une trs faible pression de CO2 quilibrante. On va regarder ce que deviennent les fractions molaires des diffrents gaz. Cette opration est juste linverse dun apport de CO2 par dgazage de leau (cf. b-2). d N2 = N2 d CO2 1 - CO2 d O2 = O2 d CO2 1 - CO2 d Ar = Ar d CO 2 1 - CO2 4.58
Exemple numrique. Reprenons notre air qui est mont 5% de CO2 par oxydation de lactylne, et calculons la nouvelle composition de lair aprs extraction totale du dioxyde de carbone par leau courante : d N2 = 0,79 0,05 = 0,042 1 - 0,05 d O2 = 0,15 0,05 = 0,008 1 - 0,05 d Ar = 0,01 0,05 = 0,0005 1 - 0,05
La composition volumtrique du nouvel air devient : N1 = 0,833 O2 = 0,158 CO2 = 0,0 Ar = 0,0099
On remarque la grande quantit dazote et la faiblesse de loxygne. Lair est difficile respirer malgr labsence de dioxyde de carbone. b-7- Rsolution du problme inverse. En gnral, on mesure la composition volumtrique dun air souterrain donn et on essaye de comprendre les mcanismes qui ont conduit cette rpartition. Cest typiquement un problme inverse. Il nest donc pas simple. On voit que lexamen de la fraction molaire du dioxyde de carbone ne peut jamais suffire. Il faut au moins mesurer les trois gaz : dioxyde de carbone, oxygne et azote. Des mesures fines de la teneur en Argon seraient intressantes aussi. Malheureusement, ces mesures ne sont pas souvent faites simultanment. On vrifiera que les mcanismes tudis suffisent retrouver les variations releves dans les grottes (au prcdent). Seul lexcdent doxygne pose problme. Il provient peut-tre dun prlvement dazote par les plantes au sol.
4.3.7. Le rle du sol et autres interactions a) Le sol comme fournisseur de CO2 et de chaleur (Musy, Soutter, 1991)
Le sol est un milieu vivant trs complexe, dpaisseur plus ou moins importante. Pour ce qui nous intresse, on peut se limiter quelques aspects. Dune part, le sol retient leau de pluie qui percole lentement travers lui. chaque pluie, une lame deau descend progressivement dans le sol en chassant lair qui schappe principalement vers le haut et un peu vers le bas. On a vu au 4.3.5.d le rle de leau dans le renouvellement de lair des grottes. Mais le rle principal dun sol est dtre comme un compresseur CO2 . Le CO2 de latmosphre a une fraction volumique de 0,035 % alors que lair au voisinage des racines atteint couramment 1% mais peut monter jusqu 5% ou plus. On peut reprsenter laction du couvert vgtal et du sol par le schma prsent cicontre.
CO2
H2O CO2 les plantes comme pompe CO2
air sol
CO2
H2O
CO2
Fig. 4-29- Les plantes et le sol comme pompe CO2. Le CO2 est prlev dans latmosphre basse pression partielle et rejet dans le sol une plus grande pression partielle The vegetation and the soil are CO2 force-pumps. On going out the pump, the partial pressure of CO2 is increased
289
Au point de vue chimique, la photosynthse au niveau du feuillage peut grosso modo se rsumer lquation suivante : 6 CO2 + 6 H2 O + photons solaires C 6 H12 O6 + 6 O2 Alors que la respiration au niveau racinaire se ramne la relation inverse : C 6 H12 O6 + 6 O2 6 CO2 + 6 H2 O + 2825 kJ 4.59
4.60
Mais la boucle ne se referme pas. Le vgtal dans sa phase de croissance privilgie la premire raction (photosynthse) ce qui lui permet daugmenter sa masse. Les sucres produits servent synthtiser une grande quantit de molcules. Au contraire la mort du vgtal, cest la raction doxydation qui est prpondrante, via laction des bactries du sol. Le bilan nergtique est un transfert de lnergie solaire dans le sol, transfert qui se ferait directement si la vgtation nexistait pas. Loxygne ncessaire loxydation dans le sol est pris latmosphre. Le bilan total de loxygne est nul. Le nombre de moles de CO2 tant gal au nombre de moles doxygne, la fraction molaire du CO2 augmente de la mme quantit que diminue celle de loxygne (par exemple 20 % de O2 pour 1 % de CO2). On a dj vu cette proprit au 4.3.6.b-4. La production de CO2 dun sol subit des variations journalires importantes (facteur 4 entre mini et maxi pour les zones tempres) avec un maximum vers 14 h, et des variations saisonnires importantes aussi, par exemple de 50 450 mgCO2/(m2.h) (Musy, 1991 p. 147). Les plantes ont russi diminuer la teneur en CO2 de latmosphre terrestre primordiale parce quune partie des matires organiques a t soustraite loxydation. Cest le cycle du carbone quon examinera plus loin ( 4.5.2.c).
mg CO2/(m2.h)
500 400 300 200 100 0
temps
j f m a m j j a s o n d mois de l'anne
Fig. 4-30- La production de CO2 dun sol argileux au cours de lanne CO2 producted by soil versus time (after Musy, 1991)
b) Action mcanique de lalternance gel-dgel prs des entres : cryoclastie (Ciry 1962)
Ces processus sont bien connus en montagne. Dans les cavits, le gel des suintements deau entre les joints de strate ou les fissures joue comme un coin mcanique et exerce une grande force de destruction. La roche est ainsi dbite en fragments dallure anguleuse facilement reconnaissable. Ce processus peut stendre quelques centaines de mtres des entres. Bien entendu, il ne sexerce quaux entres aspirantes lhiver (entre basses).
c) Les dpts dorigine olienne

Le vent transporte des particules solides. Ce sont dabord les cristaux de glace provenant de la solidification des gouttes deau. Ensuite, on trouve les cristaux de sel marin et de minuscules grains de sable provenant des grandes temptes dans les dserts (Sahara ) ou druptions volcaniques. certaines poques, les pluies sont rougies par ce sable (les fameuses pluies de sang du Moyen ge, de sinistre prsage). Les pare-brise des voitures sont alors colors par ces limons sableux. La masse transporte est considrable mais la teneur est trs variable au cours du temps. Les poussires quon trouve dans lair, doivent tre suffisamment tnues pour que leur vitesse de chute soit trs infrieure la vitesse moyenne du vent (loi de chute = loi de Stokes v = 3.104 d2, = masse volumique de la particule sphrique, d = diamtre). Cela conduit des poussires en gnral de taille infrieure 10 m. La concentration tourne autour de 0,2 mg/m3. La quantit de poussires dans lair se mesure au moyen dun aroscope. Le dpt de poussires sur le sol est denviron 10 g/(m2.mois). Cette quantit est considrable, puisquelle correspond au bout dun million dannes une masse de poussire de 120 tonnes par mtre carr, soit une paisseur quivalente de 50 m. Bien entendu, cette poussire est entrane par leau de percolation, et certains pensent que cest cette poussire quon retrouve dans les dpts souterrains. Les entres de cavits avec courant dair aspirant laissent entrer aussi ces poussires. Certaines galeries trs anciennes prsentent un aspect qui pourrait voquer un tel dpt. Mais cest bien entendu, leau, le vecteur naturel de ces poussires et sables lintrieur du karst. Le rle de lair est ici secondaire.
_______________________
290
4.4. vaporation - condensation, compression et karstogense

Latmosphre des grottes est en gnral proche de la saturation dans les climats temprs ou tropicaux. Son humidit relative est alors voisine de 100 %. En revanche dans les zones dsertiques, le taux dhumidit peut tre plus faible. Les phnomnes, dont nous allons nous occuper, surviennent dans les zones du systme karstique air presque satur. La comprhension du creusement des cavernes, ou encore karstogense, repose sur un ensemble de mcanismes associs des facteurs favorisants (conditions aux limites, caractristiques structurales ou lithologiques, grandeurs de tension comme la pression, la temprature, la concentration en dioxyde de carbone, lhumidit spcifique). Nous prsenterons, sans exhaustivit, plusieurs mcanismes assez compliqus qui jouent un rle dans cette vaste question. Mais tout dabord : pourquoi lair atmosphrique externe nest-il pas satur en vapeur deau alors quil est au contact des ocans ? En effet, au contact de grandes surfaces deau, lair devient naturellement satur. Sil ne le reste pas, cest essentiellement d linstabilit de latmosphre, cause par le chauffage solaire. Le soleil chauffe de prfrence le sol ou leau de mer car lair atmosphrique est peu absorbant. Ce chauffage solaire cre donc naturellement un gradient de temprature ngatif favorable linstabilit. Cette instabilit est lorigine des mouvements ascendants de latmosphre. Les tempratures suivent alors ladiabatique humide et la vapeur deau en excs se condense et retombe au sol sous forme de pluie. Lair a perdu une partie de sa vapeur et si un mouvement descendant le ramne au voisinage du sol (adiabatique sche), son humidit pourra diminuer considrablement. Cest encore le mme phnomne qui se produit loccasion du Fhn. Lair humide pouss par le vent dest de la plaine du P vers la France franchit la chane des Alpes. Lair en montant se dbarrasse dune partie de sa vapeur (adiabatique humide) et en redescendant le versant franais, cet air suit une adiabatique sche et se retrouve dans les valles alpines avec une temprature plus leve et une humidit basse. La diffrence de temprature sur les deux versants, pour une altitude gale, peut atteindre 5 C, car sur 1000 m de monte la diffrence entre ladiabatique sche et ladiabatique humide atteint cette valeur. Ce phnomne existe aussi, mais chelle rduite, dans les circulations de lair souterrain. Le taux dhumidit est lui aussi trs variable dune rgion du globe une autre. Dans le dsert, le taux dhumidit est faible. Leffet thermique d lvaporation de leau est trs important (cf. 1.5.1). En revanche, dans les zones quatoriales, la saturation est presque atteinte. Lair ne peut gure provoquer dvaporation.
4.4.1. Les tudes antrieures (je remercie Philippe Audra qui ma communiqu les rfrences des b et c) a) Premires analyses qualitatives
Les phnomnes de condensation ont t dcrits par diffrents auteurs. En particulier, la condensation occulte a longuement t voque pour expliquer la permanence des sources en t. Lapplication aux phnomnes de corrosion et la splogense est plus rcente. Flix Trombe (1952, p. 121-124) a discut les conditions dvaporation et de condensation, et a analys les possibilits de corrosion de leau de condensation trs agressive. Mais il na pas donn de dbits ni de vitesse de corrosion. Bourgin a propos un mcanisme trs efficace de production deau (cf. 1.5.1.f). Agressivit de leau de condensation. Leau de condensation est agressive, prte attaquer le calcaire en fonction de la teneur de lair en dioxyde de carbone. Ce mcanisme existe aux entres, mais nous verrons plus loin quil peut concerner la zone profonde du karst, via un mcanisme subtil li au gradient gothermique et aux crues. Lvaporation en revanche conduit au rsultat inverse, car elle concerne uniquement leau. Le bicarbonate ventuellement dissous dans leau reste dans la phase liquide, do un concrtionnement ventuel.
b) Le modle de Szunyogh pour les karsts hydrothermaux (1982, 1989)

Mller en Hongrie sest intress aux karsts hydrothermaux et a propos un mcanisme de formation des coupoles et des niches de corrosion caractristiques des grottes de ce type. Gabor Szunyogh (1982, 1989) a dvelopp une thorie base sur le modle physique suivant. Leau thermale est plus chaude que la roche encaissante. Il suppose un rgime thermique tabli et permanent dans lequel un flux de chaleur issu de leau se perd dans la roche au loin. Il y a donc un gradient de temprature constant et ngatif partir de leau. Les poches dair, au-dessus de leau, contiennent du CO2 et un courant de vapeur part de la surface de leau et vient se condenser dans le haut des fissures pouvant exister.
291
Comme la dformation des isothermes due la prsence de la fissure favorise un gradient de temprature plus grand, ces fissures sont donc plus corrodes que le reste, et la forme de la fissure a tendance voluer vers un sphrode. On nglige les variations de tempratures dans lair. Szunyogh na jamais parl de la circulation karstique au loin, mais on verra dans la discussion quelle est indispensable la validit de son modle. Deux quations (en plus dquations purement gomtriques) sont utilises dans le modle de Szunyogh. La premire provenant de Ernst (1961) lie la masse corrode la masse condense. Elle scrit (nous corrigeons au passage une petite erreur sur les units) : mcalcaire = k p
1/3
surfaces isothermes
coupole en formation poche d'air eau thermale chaude
roche
Fig. 4-31- Modle conceptuel de Szunyogh The Szunyogh conceptual model thermal hot water and temperature gradient
mvap
4.61
mcalcaire est le dbit masse de calcaire corrod, et mvap le dbit masse de vapeur condense. k = 7,48.10-10 20 C, p est la pression partielle relative du CO2 dans lair. Cette relation traduit la corrosion du calcaire lquilibre chimique pour un systme air renouvel. Ici, lair nest pas renouvel. Quest ce qui maintient alors la pression partielle du CO2 ? Leau thermale se refroidit en traversant les couches calcaires plus froides. Cette variation de temprature provoque un glissement de lquilibre chimique. Cette eau reprend donc un peu dagressivit et peut accueillir leau charge de calcaire qui retombe aprs condensation dans la coupole sans provoquer un concrtionnement. On voit que la condensation provoque une corrosion, mais que leau passant dans les conduits les corrode aussi directement. Lintrt de leau de condensation est quelle est parfaitement agressive (ne contenant pratiquement pas de bicarbonate dissous). La seconde quation permet de calculer le dbit de vapeur condense par un simple argument nergtique en crivant que le flux de chaleur convect par la vapeur est vacu par conduction thermique dans la roche, soit la relation : L mvap = - c A T r 4.62
Dans cette relation L est la chaleur latente de condensation (2,5.106 J/kg), c est la conductivit thermique du calcaire, A est la surface de condensation et T/r est la gradient de temprature. Le phnomne est trait en rgime permanent et pression constante. partir de ce modle, Szunyogh calcule lvolution dune fissure en coupole et fournit la vitesse de corrosion qui scrit (aprs correction dune faute de frappe dans le terme quadratique) : R = c k p 1/3 1 + 1 R 2 T 4.63 t c L r r = R R 2 v Il calcule le flux la paroi en rsolvant lquation de conduction thermique dans la roche, en rgime permanent : r2 T + 1 sinv T = 0 4.64 r r sinv v v Avec comme conditions aux limites : pour r = R v, t pour r Et comme condition initiale : pour t = 0 T r, v, t = f r, v et R(v, t) = R 0 v T r, v, t = T0 T r, v, t = Tk - T0 - Tk cosv. r H
n roche
condensation
air v O
Fig. 4-32- Le schma du calcul de la coupole Cupola notations for the Szunyogh model
R(t)
292
La forme initiale peut tre quelconque. La condition initiale sur le champ thermique na gure dimportance car le systme, aprs un transitoire assez bref, fonctionne en rgime quasi permanent. Lauteur trouve que la forme sphrique est instable et que des excroissances botryodes en creux (en grains de raisins en creux) peuvent se greffer sur la forme initiale. Discussion du modle de Szunyogh. Le modle est simple, et semble bien sappliquer aux grottes hydrothermales. Le seul point faible de ce modle est lhypothse quil existe une certaine distance verticale de la coupole un gradient de temprature constant dont la valeur est fixe (T0 - T1) / H. On a vu au 1.4.2.b, quun choc en temprature (ici T0) ne prsente pas de solution permanente gradient constant. Au contraire, les gradients diminuent dans le temps et les flux aussi. On ne voit donc pas comment le processus pourrait se maintenir permanent sans la prsence dune circulation deau plus froide venant rcuprer la chaleur de leau chaude. Lapport de chaleur provient du refroidissement de leau thermale dans sa remonte. En labsence dune eau froide se renouvelant, le refroidissement se ferait de moins en moins bien, au fur et mesure que le gradient thermique dans la roche diminuerait. Cette eau froide est donc ncessaire dans le modle de Szunyogh. Il est vrai quen son absence et au bout dun temps trs long, le gradient thermique diminuerait de valeur jusqu passer au-dessous du gradient gothermique, qui, lui, peut rester constant. Est-ce que Szunyogh utiliserait la valeur numrique du gradient gothermique ? Il ne donne pas dindication ce sujet. Mais le dessin dans larticle (figure 4, 1989 p. 767) permet de mesurer la vitesse de creusement qui vaut pour une pression partielle de 8 % de CO2 : R = 5,53.10-13 m.s-1 soit 17 mm/millier d'annes t et la formule de la vitesse de creusement (pour v = 0) nous fournit donc le gradient : R = c k p t c L
1/3
4.65
T z
r = T et v = 0
T = 4,5 C/m z
4.66
Cette valeur de 4,5 C/m est 150 fois le gradient gothermique habituel (0,03 C/m). On peut penser que dans les rgions hydrothermales le gradient est plus lev, donc le rapport moins grand. Nanmoins cette valeur leve montre quil faut un mcanisme pour la maintenir. Nous en avons propos un, leau froide. Mais la vitesse de corrosion est donc trs variable suivant les conditions locales puisquelle est directement proportionnelle au gradient thermique. On remarque quun gradient gothermique de 0,03 C/m fournirait seulement une vitesse de corrosion de 0,1 mtre par million dannes, soit encore 280 kg par million dannes et par m2 de surface. Le mcanisme de Szunyogh est donc intressant. Il ne peut fournir une vitesse de corrosion cause de linconnue que reprsente le gradient local de temprature, mais les aspects gomtriques ne dpendent pas de cette vitesse de corrosion. On remarque par ailleurs que les figures obtenues par Szunyogh ressemblent aux figures de coupoles obtenues par Lismonde (2000), bien que les processus ne soient pas du tout les mmes. Ici un gradient thermique constant, l, une fluctuation alatoire des mises en charge. La raison en est que, dans les deux modles, la corrosion augmente avec laltitude du point la surface de la coupole.
c) Le modle de Mucke, Viker, Wadewitz pour les pertes de ruisseaux (1983)

Mucke, Viker et Wadewitz (1983) proposent un modle de corrosion dans des conditions diffrentes. Ils se placent prs dune entre de rseau et tudient le creusement par condensation dans une cloche de plafond. Pendant lt, une crue qui survient, peut mettre le rseau en charge, et la cloche sous pression. La diffrence de temprature permet une vaporation de leau et sa condensation sur la vote. Suivant la relation entre la coupole et le courant sous-jacent, la forme obtenue peut tre sphrique, anisotrope si le calcaire lest, ou aplatie si la coupole est peu marque et le courant important. Des tudes plus anciennes se rattachent ce phnomne (Shaw, 1992, p. 169). La compression de lair dans la cloche permet une augmentation de la pression partielle du CO2 et donc des possibilits de corrosion. La diffrence des tempratures entre leau et la roche favorise ltablissement dune cellule de convection avec vaporation sur la surface de leau et condensation sur la vote. Un film deau stablit sur la roche et renvoie dans leau le bicarbonate de calcium issu de la corrosion.
293
Pour calculer le dbit dvaporation par unit de surface sur leau, ils proposent une relation empirique avec ou sans courant dair : me = 6,94.10-3 1 + 0,8 v we - wa 4.67
air pig dans une cloche eau
perte en crue en t
Dans cette relation, me est le dbit masse deau vapore par unit de surface en kg.m-2.s-1 , v est la vitesse du courant dair, we est lhumidit spcifique de lair au contact de leau (saturation la temprature de leau chaude), alors que wa est lhumidit spcifique dans lair de la cloche. On peut penser que cette humidit est intermdiaire entre les humidits de lair au contact de leau, et de lair au contact de la vote, mais ce nest pas prcis. Cette relation est empirique et rsulte dessais exprimentaux (cf. 1.5.6). En supposant le processus suffisamment lent pour que lquilibre chimique soit atteint, ils en dduisent une vitesse de corrosion (qui est un maximum possible). Par exemple, pour une cart de temprature de 6C entre eau et roche, soit 3C entre eau et air, et pour une pression partielle relative de 0,03 %, celle de latmosphre, ils trouvent une paisseur dissoute de 12 mm/mille ans. Mais cette vitesse est fort exagre puisquil faut la multiplier par le taux de crue (dure des crues dans lanne divise par la dure de lanne). Si on adoptait un taux de crue de 1/12, cela ramnerait la vitesse 1 mm par mille ans. Un autre facteur va dans le sens dune augmentation de cette vitesse de corrosion, cest laugmentation de la pression partielle de CO2 dans la cloche lie la compression. Les auteurs nont pas pris en compte cet effet.
mise en charge du rseau
Fig. 4-33- Le modle conceptuel de Mucke et al de fluctuation de la pression The Mucke conceptual model based on the fluctuations of the pressure
condensation air vaporation
roche froide
eau chaude
Fig. 4-34- La corrosion des coupoles dans le modle de Mucke et al The corrosion of the cell in the Mucke model
Discussion du modle de Mucke. Le modle physique est valable. Il suppose une diffrence de temprature entre leau et la roche. Il est bas sur des fluctuations de deux sortes. Dune part, fluctuations saisonnires de la temprature et dautre part fluctuations irrgulires du niveau pizomtrique. La relation empirique adopte par eux est trs proche de celle propose par Porcher (cf. 1.5.6). Elle est empirique et ne repose pas sur des bases thoriques trs solides. Nous proposons dans le chapitre suivant une tude dtaille de ces phnomnes.
4.4.2. tude dtaille de lvapo-condensation

La question de la condensation est intressante non seulement pour la corrosion mais aussi pour ltude des apports deau occultes. La relation fournie dans Mucke et al (1983) pour le dbit masse dvaporation est empirique et concerne les systmes de climatisation des maisons. On trouve aussi des relations dans les ouvrages dhydrogologie (Llamas, 1993). On va essayer de trouver une relation plus adapte au problme spcifique de lvaporation souterraine. On a dj vu le phnomne de condensation qui survient quand de lair chaud pntre dans une cavit, ou encore le phnomne dvaporation qui assche les parois quand lair est froid. Le modle tudi ici est celui dune cavit sans courant dair avec un cours deau de temprature infrieure ou suprieure la temprature profonde de la roche, et qui pntre dans le rseau souterrain. Nous analyserons dabord les transferts de chaleur entre leau et la vote par rayonnement et convection naturelle. Puis nous en dduirons par lanalogie de Lewis les transferts de vapeur deau. Ensuite, nous examinerons la modification du terme de pousse dArchimde du fait de la vapeur deau. Enfin, loccasion dun calcul numrique prenant en compte lvolution de la temprature dans la roche par conduction, nous essayerons de quantifier la production totale deau de condensation loccasion dun vnement brutal (une crue par exemple) ou au cours doscillations annuelles. Dcrivons les deux phnomnes qui peuvent se produire successivement (au cours de lanne par exemple).
294
a) Eau chaude et paroi froide (rgime estival)

En rgime estival, leau qui pntre sous terre a une temprature suprieure la temprature de la roche. Lair, qui est au contact de leau, se charge en vapeur deau car un air saturation contient dautant plus de vapeur quil est plus chaud. La pression de vapeur au contact de la surface de leau est gale la pression de vapeur saturante. Cet air est la fois moins dense du fait de sa temprature et moins dense du fait de sa composition (la vapeur deau est moins dense que lair). Il amorce ainsi une cellule convective qui lamne au voisinage de la vote de la galerie. Cet air rencontre une vote plus froide. Comme lair est satur, cette vote joue le rle de paroi froide de Watt et un peu deau se condense sur la vote (lair refroidi se retrouve en effet avec un excdent de vapeur deau).
calcaire
condensation
air
ruissellement vaporation
eau
Fig. 4-35- vaporation - condensation avec de leau chaude et paroi froide Evapo-condensation with hot water and cold wall
b) Eau froide et paroi chaude (rgime hivernal)

En rgime hivernal, leau qui se perd dans une grotte une temprature plus basse que celle de la vote de la galerie. Lair au contact de cette eau a tendance se refroidir et, sil tait satur, perdrait de la vapeur par condensation sur leau. De ce fait il est plus dense que lair au-dessus, la fois cause de sa temprature et cause de son humidit absolue. Cette configuration est stable et en labsence de courant dair, il ne se produira aucune convection naturelle donc aucune vaporation importante.
c) Rle du gradient gothermique

Nous avons estim plus haut (cf. 4.3.2.f) laugmentation de temprature de leau dans les zones profondes du fait du gradient gothermique. Pour une eau dinfiltration correspondant une hauteur dun mtre annuel, leau voit, cause du flux gothermique, une monte moyenne de temprature de 0,44 C. Cet effet nest pas uniforme tout au long de lanne. Les priodes de basses eaux correspondent laugmentation de temprature maximale. Les priodes de fonte de neige avec de gros dbits correspondent leffet minimal. De mme, les crues en mettant en charge les rseaux, font sortir leau du rseau de fentes (partie capacitive du rseau de drainage hydrologique). Il a souvent t observ quau dbut des crues, la temprature de leau des rsurgences augmente tout dabord, pour diminuer plus tard. Cet effet de chasse au moment des crues permet la temprature de leau courante dtre momentanment plus leve que celle de la roche environnante. On doit pouvoir observer des diffrences jusqu un degr ou plus, au moment des crues.
d) Consquences pour le creusement des cavits

On en dduit que lt et proximit des entres, une galerie sans courant dair, mais parcourue par un coulement deau, est soumise un ruissellement sur ses parois alors que lhiver les parois ne suintent pas, du moins cause de la condensation. Cette eau de condensation ne contient pas dions calcium, elle est donc agressive pour la roche. Ainsi, la corrosion lair libre des parties suprieures non ennoyables des galeries dans les zones dentres des cavits, se fait principalement durant lt (du moins avec ce mcanisme). Dans les parties profondes des cavits situes dans la zone de battement du niveau pizomtrique, les crues engendrent une augmentation de la temprature de leau et donc un phnomne de transfert par vaporation-condensation cause de lcart de temprature. Cela fournit un mcanisme de corrosion pour les zones profondes. Ce mcanisme de creusement dans la zone profonde peut jouer nimporte quel moment de lanne, et pas seulement lt.
4.4.3. Calcul des transferts de chaleur et de masse

Considrons un dbit deau dont la temprature se trouve plus leve que la temprature des parois. Leau chaude qui arrive dans la galerie plus froide rchauffe immdiatement les parois mouilles (par convection-conduction). Le rchauffement des parois et de la vote se fait par deux mcanismes : dune part le rayonnement infrarouge mis par la roche au contact de leau et par leau elle-mme, dautre part la convection naturelle partir de leau chaude. Le mcanisme de rayonnement nintervient pas directement dans la production de vapeur. Il ninterviendra quindirectement en rchauffant les parois et en attnuant, de ce fait, les phnomnes de convection qui engendrent la condensation. Cest donc un mcanisme limitant.
295
Arologie des systmes karstiques, partie 4, lair souterrain, un sous-systme du karst, 4.4.3.a
a) Rle du rayonnement
Calculons le flux chang par rayonnement pour une diffrence de temprature T entre la surface de leau (ou de la roche son contact) et la surface de la vote. Quand les carts de temprature sont faibles et pour une missivit gale 1 (ce qui semble tre le cas des parois des cavits naturelles), la densit de flux chang est donne par la relation issue de la loi de Stefan-Boltzmann linarise (cf. 1.4.6) : = 2,28.10-7 (273+T)3 T (en W.m-2) 4.68
T est ici donne en C. Pour une temprature moyenne des parois de 10C, cela donne : = 5,17.T (en W.m-2) 4.69
Pour un cart de temprature de 0,1C, la densit de flux est donc 0,5 W/m2 comparer celle quon trouvera plus loin de 0,18 W/m2 par convection. Et pour un cart de temprature de 1C , la densit de flux est de 5,2 W/m2 comparer 2,5 W/m2 pour la convection. Ce flux de rayonnement est donc en permanence suprieur au flux de convection. La surface qui intervient dans le calcul du flux total est la surface plane de leau. Les autres surfaces sont plus grandes, mais il est facile de montrer que le facteur dangle prendre en compte dans le calcul, ramne cette surface de la vote une surface plane quivalente (cf. figure ci-contre). Ce flux tant dtermin, on calcule la densit relle de flux au niveau de la vote, en considrant la surface relle de la vote. La densit de flux de rayonnement net reu par la vote est donc infrieure la densit mise par leau. Ce sont les flux et non les densits de flux qui sont les mmes.
Fig. 4-36- Pour le transfert par rayonnement, les deux surfaces en vis--vis sont quivalentes. Le flux se calcule partir de la surface de leau (cf. texte) For the radiant transfer, the utile surface is the plane surface
b) Le transfert de chaleur (sensible)

La donne de lcart initial des tempratures et de la configuration gomtrique permet de calculer le transfert de chaleur et de masse. Rappelons le principe du calcul (cf. 1.4.4). Lcart des tempratures et la surface de linterface eauair caractrise par un diamtre quivalent, conduisent au nombre de Rayleigh :
3 Ra = gD T a T
4.70
Dans cette relation, g est lacclration de la pesanteur (g = 9,81 m/s2), T est lcart de temprature entre leau et la roche (en C comme T), D est le diamtre quivalent de linterface eau-air, est la viscosit cinmatique de lair (15.10-6 m2/s) et a est la diffusivit thermique de lair (1,43 fois la viscosit cinmatique). Dans le nombre de Prandtl, le groupement T/T reprsente au signe prs / cart relatif des masses volumiques, responsable du mouvement de convection. Lordre de grandeur de la vitesse de convection est donn par : V Cette relation est analogue la formule de Torricelli. Pour les trs faibles carts des tempratures, deux phnomnes limitent la mise en mouvement du fluide. Le premier est la viscosit qui empche tout mouvement pour un nombre de Rayleigh infrieur 1700. Cela ne pourra arriver que pour des diamtres trs petits. Le deuxime est la compressibilit de lair. Le gradient limite, pour linstabilit, est le gradient adiabatique humide qui vaut peu prs -0,005C par mtre. Il faut donc que la temprature de leau dpasse celle de la vote dau moins 5/1000 C par mtre de hauteur de vote pour quun mouvement puisse samorcer. Lexamen de la valeur numrique de ce nombre de Rayleigh permet de savoir si le rgime dcoulement de lair dans la cellule convective est laminaire ou turbulent. Lcoulement sera laminaire pour un nombre de Rayleigh compris entre 1700 et 300 000 et turbulent au-del. g D T T 4.71
296
Pour des coupoles de lordre de 1 m de diamtre et plus, et pour des carts de temprature suprieurs 1/10 de degr, lcoulement dans la cellule convective est turbulent. Essayons de trouver, parmi les rsultats dexpriences publies, une corrlation entre le nombre de Nusselt de lchange moyen, et le nombre de Rayleigh, qui soit utilisable dans notre problme. Dfinissons dabord le nombre de Nusselt : Nu = T/D S 4.72
est le flux chang (en W), est la conductivit thermique de lair (en W m-1K-1), T est la diffrence des tempratures entre leau et la vote (en K ou en C), D est le diamtre quivalent de la surface dchange S (en m2). En milieu extrieur, une plaque chauffe par le dessus, change de la chaleur avec le milieu extrieur daprs la relation sans dimension : 4.73 Nu = 0,15 Ra1/3 En milieu confin, un disque change avec un autre disque plac plus haut, suivant la relation (fournie par Globe et Dropkin en 1959 et cite par Incropera p. 518) : Nu = 0,069 Ra
1/3
si
3.10 < Ra < 7.10
4.74
Dans notre cas, la paroi latrale participe lchange. Il faudrait trouver une corrlation adapte, intermdiaire entre les deux prcdentes. Mais il ne faut pas se faire dillusions. La gomtrie des cloches ou votes naturelles est forcment complique. Nous nous contenterons donc de la corrlation approche : Nu = 0,1 Ra1/3 . On en dduit alors le flux de chaleur en Watt : g 1/3 T4/3 4.75 = 0,1 S aT = 1,24 T4/3 Dans le cas dun air 10C, la relation scrit : 4.76 S Les proprits physiques de lair varient avec la temprature. Quand on calcule la densit de flux pour diffrentes tempratures, on trouve quelle peut sexprimer par la relation suivante (la temprature est exprime ici en C) : = 1,271 - 0,0033 T4/3 4.77
c) Le transfert de chaleur latente, analogie de Lewis

La puissance calcule au-dessus est celle qui est transfre de leau lair, puis la vote, sous forme de chaleur sensible (lie laugmentation de temprature). Or la chaleur latente lie lvaporation nest pas ngligeable. Ce deuxime transfert est li lvaporation la surface de leau, puis la condensation sur la vote (transfert de masse). On a dj vu plus haut que les deux diffusivits, thermique et massique, de la vapeur deau dans lair sont trs voisines. On en dduit que la loi du transfert de masse est de la mme forme que celle du transfert de chaleur (Sacadura 1988). Le nombre de Sherwood, qui est lquivalent du nombre de Nusselt pour les transferts de masse, a mme expression. Lenthalpie spcifique de lair humide scrit (cf. 1.1.5.g) : dh = cp dT + L dws dh = dT + L dws cp cp 4.78
Dans cette expression h est lenthalpie spcifique de lair humide (en J/kg dair sec), cp est la capacit thermique massique pression constante de lair (en J.kg-1. C-1), L est la chaleur latente de vaporisation de leau (en J/kg) et ws est lhumidit spcifique de lair saturation (en kg de vapeur par kg dair sec). On a nglig lenthalpie lie la chaleur sensible de la vapeur deau. Lanalogie de Lewis traduit la proprit vue ci-dessus. Il suffit de remplacer lcart de temprature par lcart denthalpie divis par cp de lair, pour obtenir la loi dchange en terme denthalpie. Dans ce paragraphe on nglige dabord le rle de la vapeur deau dans la pousse dArchimde, car ce rle est en gnral modeste (cf. e). On suppose que les variations denthalpie ou de temprature sont petites et on assimile les petites variations des diffrentielles physiques (quantits petites).
297
sens + lat = 1,27 1-0,003 T T1/3 h S = 1,27 1-0,003 T T1/3 T + ws L S cp cp Do, en retranchant la puissance sensible, on obtient : lat = mv L = 1,27 1 - 0,003 T T1/3 L dws T S cp dT mv = 1,27 . 10-3 1 - 0,003 T dws T4/3 S dT Ce qui donne pour une temprature T voisine de 10C : mv 1,24 . 10-3 dws T4/3 S dT Comparons cette expression avec celle propose par Mucke, Viker, Wadewitz en 1983 : mv = 6,94 .10-3 dws T S dT
4.79
4.80
4.81
4.82
4.83
Leur expression est linaire en T au lieu dtre en puissance 4/3 et leur coefficient est plus grand que celui que nous avons adopt dun facteur 5,6. Malgr cette diffrence, nous garderons notre expression. Car lexpression de Mucke provient des traits de climatisation et concernent des surfaces deau sans mouvement moyen dair au-dessus, comme leau des piscines, mais pas aussi calmes que des cloches souterraines. Des expriences seraient nanmoins souhaitables pour lucider ce point.
d) Calcul de dws/dT
On doit calculer la diffrence dhumidit spcifique saturation ws (en kg de vapeur par kg dair sec) partir de la pression de vapeur saturante pvs . Cette dernire est fonction de la temprature et trs faiblement de la pression. On a propos (cf 1.1.4.b) : pvs = a + b p exp e T 4.84 T1 + T avec a = 611,64 Pa b = 2,115.10-5 e = 17,502 T1 = 240,9 C pvs et p sont exprims en Pa , et T et T1 en C. Pour les tempratures ordinaires, la pression de vapeur saturante pvs est petite par rapport la pression atmosphrique : pvs = 0,622 a+bp 1 = 0,622 4.85 p - pvs p/pvs -1 e T p exp - a+bp T1 + T Le coefficient 0,622 traduit le fait que la vapeur deau est un gaz moins dense que lair (rapport des masses molaires). On calcule la drive dws/dT , qui fournira lcart de lhumidit spcifique saturation pour un cart de temprature dT donn, et on la simplifie dans le cas de tempratures assez faibles comme celles des grottes : ws = 0,622 dws 0,622 a + b p p dT e T1 T1 + T
2
exp
eT T1 + T
4.86
Cela conduit immdiatement au flux de masse (ou dbit) de vapeur, qui pour une pression atmosphrique de 105 Pa scrit (formule approche) : 0,02 mv exp 17,5 T T4/3 4.87 2 S 241 + T 241 + T Pour une temprature de T = 10C par exemple, on trouve : mv /S = 0,633.10-6 T4/3 comparer mv /S = 0,638.10-6 T4/3 donn par la formule approche.
298
Pour un cart de temprature de 3C, une temprature de 10C et une dure de 3 heures, il se condense une masse deau de 30 g par unit de surface. Ce qui est considrable, mais lcart de temprature est lui aussi considrable. Pour un cart de temprature de 0,1 C, on ne trouve plus que 0,3 g, ce qui est beaucoup plus modeste et raliste.
e) Variation de la pousse dArchimde induite par la vapeur deau

On a suppos au paragraphe prcdent que la pousse dArchimde restait indpendante du phnomne dvaporation. La convection naturelle est initie par lcart de temprature de lair entre le bas et le haut de la coupole. Cet cart entrane un cart de masse volumique et une instabilit ds que le nombre de Rayleigh est suprieur 1700. La variation relative de masse volumique est reprsente par le terme T/T (= 3,53.10-3 T pour la temprature de 10C). Les variations dhumidit spcifique la saturation pour un cart de temprature de 10C autour de 10C vaut (10,7 - 5,5) g/kg soit 5,2.10-3 (kg vap)/(kg air sec). Cette variation de composition entrane une variation de masse volumique. Un calcul un peu fastidieux permet de dmontrer le rle de la vapeur deau sur le flux chang (chaleur sensible et chaleur latente). Contentons-nous de donner le rsultat sous forme dun graphe montrant le coefficient daugmentation des flux.
Facteur de correction sur les flux

1,20
1,15
1,10
1,05
1,00 0
Temprature moyenne T (en C)
10
20
30
40
50
Fig. 4-37- Le facteur daugmentation du flux ou des dbits par laugmentation de la pousse dArchimde due la vapeur deau Flux increase coefficient (Archimedean force) versus temperature
f) Expression complte du dbit de vapeur

On peut proposer une expression du dbit de vapeur qui tient compte de cet effet. Il suffit de remplacer dans le nombre de Rayleigh T/T par T/T (1 + 1/ ds/dT) , cest--dire de remplacer le nombre de Rayleigh Ra par le nombre de Rayleigh modifi Ra : Ra' = Ra 1 + 9,8 273 + T 241 + T
2
exp 17,5 T 241 + T
4.88
dbit masse d'eau condense

(en mg/s/m2)
200 50 C 45 C T = 40 C
Do on pourrait dduire la relation sur le dbit surfacique de vapeur. Mais cette expression complique peut tre simplifie en : 0,02 mv S 241 + T
2
150
T = 35 C
exp 17,5 T 241 + T
T4/3
T = 30 C
4.89
100 T = 25 C T = 20 C 50 T = 15 C T = 10 C T = 5 C T = 0 C
Nous avons reprsent sur les figures ci-contre, pour la solution complte, et pour diffrents carts de temprature T entre 0 et 20C, le dbit (en milligramme par seconde et par mtre carr de surface) qui se condense sur la vote et les parois.
0 0 5
cart de temprature
(en C)
10
15
20
Fig. 4-38a (en haut) et 4-38b (en bas)- Le dbit deau de condensation sur la vote de la coupole. T est la diffrence des tempratures de leau et des parois, T est la temprature moyenne de leau et des parois, (la figure 4-38b constitue un zoom de la figure 4-38a pour les petites valeurs de T) Water condensation production versus temperature difference for different temperatures fig 4-38b is a zooming of precedent view 4.38a for little temperature difference
(en mg/s/m2) 3,0 2,5 2,0 1,5 1,0 0,5 0,0
dbit masse d'eau condense

50 C 45 C 40 C T = 35 C T = 30 C T = 25 C T = 20 C T = 15 C T = 10 C T = 5 C T = 0 C 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1
cart de temprature T (en C)
299
Arologie des systmes karstiques, partie 4, lair souterrain, un sous-systme du karst, 4.4.3.g
Flux total / flux de chaleur sensible

18 16
Densit de flux total (enW/m2)

500 450 400
5 0 C 45 C
4 0 C T = 35 C
Densit de flux total

(enW/m2)
5 T = 20 C T = 15 C 3 T = 5 C T = 10 C T = 0 C 5 0 C 4 0 C 30 C 25 C
14
350
T = 30 C T = 25 C T = 20 C T = 15 C T = 10 C T = 5 C T = 0 C
2
12
300
10
250
8
200
6 4 2 0 0 10 20 30 40 50 T (en C)
150 100 50 0 0 5 10 15
Temprature moyenne
20
0,2
0,4
0,6
0,8
Fig. 4-39- Flux total / flux de chaleur sensible, en fonction de la temprature moyenne Total flux / conduction flux, versus mean temperature
Fig. 4-40- Flux total (denthalpie) en Watt en fonction de lcart de temprature Total flux versus temperature difference
Fig. 4-41- Flux total (denthalpie) en Watt en fonction de lcart de temprature pour diffrentes tempratures moyennes (simple grossissement de la figure prcdente) Zooming of precedent figure for little values
g) Expression du flux total chang

Le flux total chang est compos du flux de chaleur sensible et du flux de chaleur latente : sens + lat = 1,24 T1/3 T 1 + dw L S dT cp
4.90
Densit de flux (en W/m2)
18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 0 10 20 30 40 50 Densit de flux de chaleur sensible Densit de flux total sans correction de Ra Densit de flux total avec correction de Ra
Et en tenant compte de laugmentation de la pousse dArchimde, lexpression suivante (adapte une temprature de lordre de 15C et numrote 4.91) : sens + lat 1,24 S 1+ 45200 241 + T
2
exp 17,5 T 241 + T
T4/3
Temprature moyenne T (en C)
On ne peut pas du tout ngliger le transfert de chaleur latente qui reprsente en ralit la plus grande part du transfert convectif. Ce fait est bien connu des baigneurs qui sortent mouills de leau et grelottent rapidement surtout sil y a un peu de vent. Nous avons reprsent en haut gauche le rapport entre le flux total convectif et le flux de chaleur sensible. On voit quil est nettement plus grand que 1. Ci-dessus, les figures du milieu et de droite, montrent la densit de flux total en fonction de lcart de temprature pour diffrentes tempratures T. Ci-contre, la figure montre limportance du transport en chaleur latente, compar celui en chaleur sensible : leffet de la temprature est spectaculaire. La correction de pousse dArchimde est ngligeable basse temprature mais elle atteint 20 % T = 50 C. Ce que lon avait dj vu au e.
Fig. 4-42- Pour un cart de temprature de 1C, flux en fonction de la temprature moyenne eau-roche. En bas, la densit de flux de chaleur sensible. Au milieu, densit de flux total sans correction de pousse dArchimde (due la vapeur deau). En haut, densit de flux total (chaleur sensible et latente) avec correction de pousse dArchimde At the bottom, conduction flux, at the top total advection flux, in the middle, total flux without Archimedean correction
300
4.4.4. Couplage convection - conduction a) volution temporelle

Lorsque leau se condense sur la vote froide de la galerie, ce phnomne saccompagne dun dgagement de chaleur (chaleur latente de condensation). Cet apport de chaleur rchauffe la vote et ainsi, la diffrence de temprature entre leau et la vote samenuise. Si la temprature de leau reste constante dans le temps, la temprature de la vote finit par rejoindre celle de leau et le phnomne de condensation sarrte. Pour calculer au bout de combien de temps cela arrivera, et pour connatre la quantit deau qui sest condense, il faut prendre en compte lvolution thermique de la paroi avec la roche au voisinage. On a donc tudier un problme de conduction instationnaire dans la roche, coupl sur la surface un phnomne de convection et rayonnement. La rsolution du problme sera faite numriquement laide dun tableur dans le cas suivant. On se donne la surface S dvaporation et la surface S de condensation. Par exemple pour une coupole hmisphrique S = 2 S. Ensuite on traite le problme de conduction comme si la paroi tait plane. Pour les temps courts, cette approximation est tout fait licite si lpaisseur de pntration thermique e est petite devant le rayon de courbure de la surface de la galerie : e = ac t0 avec ac 2.10-6 m2 /s diffusivit thermique du calcaire e = 0,0014 t0 e en m et t0 en s 4.92
Par exemple pour une monte de la temprature de 10 heures, comme loccasion dune crue, lpaisseur e = 0,26 m, et lhypothse de conduction plane est ralise dans les galeries pntrables par le splo. En revanche, si lpaisseur de pntration e nest pas petite, alors, il faudrait considrer une quation en coordonnes curvilignes, adapte la forme de la galerie. Cette complication, nous ne lenvisagerons pas ici. De ce fait, notre modle numrique perdra de sa prcision pour les temps longs : T = a 2 T 4.93 t x2 On discrtise cette quation laide dun pas de temps t et un pas despace x relis par la relation (propose par Schmidt) : a t2 = 1 T'(i) -T(i) = 1 T(i+1) + T(i-1) - 2 T(i) 4.94 x 2 2 Dans la relation ci-dessus, T est la temprature au temps t+t alors que T est la temprature au temps t . La relation scrit encore : T'(i) = T(i+1) + T(i-1) 4.95 2 Le flux la paroi se calcule en ajoutant le flux de rayonnement et le flux total de convection : = ray sens + lat + S' S' 1+ 45200 exp 17,5 Tf 2 241 + Tf 241 + Tf Te - Tp
4/3
4.96 4.97
S 2,28.10-7 273 + Tf 3 Te - Tp + 1,24 S'
Dans cette relation Tf est la temprature de lair, cest--dire la demi-somme des tempratures de leau Te et de la paroi Tp . On voit dans cette expression que le flux de rayonnement est linaire en T mais pas le flux de convection. Ce flux se traduit par une baisse de temprature de leau quon ngligera car une convection naturelle, trs efficace dans leau, permettra leau de renouveler facilement la surface. En revanche, nous prendrons en compte le rchauffement ct vote. Ce flux se traduit donc par un gradient de temprature dans la paroi de la forme : = - c dT = - c T(2) - T(1) dx p x 4.98
301
Masse totale d'eau condense (en g/m2)

1000 T = 5C T = 2C T = 3C T = 1,5C T = 0,7C T = 0,3C T = 0,1C 1
temprature
100
eau
10
T = 1C T = 0,5C T = 0,2C
roche temps t0 dure t1 de la condensation
0,1
Fig. 4-43- volution de la temprature de leau. linstant t = t0, leau se trouve porte brutalement (crue) une temprature plus grande que celle de la roche. Le phnomne dvaporation - condensation commence cet instant Temperature gap during a flood
10
100
temps (en heures)
Fig. 4-44- Masse deau totale condense par m2 de surface deau en fonction du temps et pour diffrents carts de tempratures T initiales dans une coupole hmisphrique (S = 2S) Condensed water mass versus time for various gaps in a hemispherical cupola
La temprature T(1) la paroi se dduit donc de la temprature T(2) et du flux total de chaleur. Pour viter les instabilits numriques, nous avons calcul chaque pas de temps deux fois la temprature la paroi. Une premire fois partir des valeurs (flux et temprature au point 2) linstant prcdent, et une deuxime fois partir dune demi-somme des valeurs, lune linstant prcdent et lautre linstant considr. On aurait pu utiliser aussi une mthode de RungeKutta dordre 4.
b) Choc thermique (pendant une crue par exemple)

Le choc thermique est caus par un coulement dont la temprature tait dabord la mme que celle de la paroi (10C) et qui passe brutalement de 10C 10 + T C (cf. figure 4-43). On a reprsent sur la figure ci-dessus, droite, la masse totale de vapeur condense par mtre carr et au cours du temps (exprim en heures). On a pris lexemple dune coupole pour laquelle S = 2 S. En chelles logarithmiques, la pente est un peu plus petite que 1. Elle vaut peu prs 0,7. Ce qui signifie que la masse nest pas proportionnelle au temps mais la puissance 0,7 environ du temps. Si lcart de temprature est petit, de lordre de 0,1C, la masse deau condense loccasion dune crue de 3 heures est environ 0,32 g, qui est la valeur que lon aurait trouve en ngligeant lamortissement. Pour une dure de 30 heures la masse condense nest que de 2,5 g au lieu de 3,2 g. On voit que la diminution reste faible.
c) Variations sinusodales de la temprature de leau

Si leau est chaude cause dune oscillation annuelle de la temprature, il faut conduire un calcul numrique spcial pour trouver la quantit totale deau condense. Nous avons men le calcul numrique suivant : nous nous sommes donns une temprature de paroi uniforme et gale celle de leau linstant initial. Puis, nous avons dmarr le phnomne en augmentant progressivement la temprature de leau avec une variation sinusodale, de priode annuelle. Nous avons arrt le calcul quand la temprature de leau rejoint celle de la roche lautomne car la condensation sarrte (figure cicontre).
temprature
eau roche
dure de la condensation
temps
Fig. 4-45- Variation des tempratures de leau et de la roche. La dure du phnomne permet la roche de changer de temprature Air and water temperatures versus time
302
Sur le graphique ci-contre, nous avons report la masse totale deau condense pour un mtre carr de surface et pour diverses amplitudes doscillations de la temprature de leau. On voit que dans une coupole hmisphrique, il se dpose en un an, peu prs 0,5 kg deau de condensation par m2 de surface dchange et pour une amplitude doscillation de leau de 1C. Cette quantit est, bien sr, plus faible que celle quon pourrait calculer partir du dbit de condensation avec choc thermique. Par exemple pour 1C dcart par exemple le dbit deau est de 0,67 mg.s-1.m-2 , ce qui donne pour une dure de trois mois une masse deau de 5,2 kg, nettement suprieure 0,5 kg. On voit bien l lattnuation de la condensation cause de la monte en temprature de la paroi. Sur la figure ci-dessous, on constate quavec une paroi plane, la masse condense est plus petite car le flux de chaleur a plus de mal tre absorb par la roche (la surface tant deux fois plus petite). Dans lattnuation de la condensation par rchauffement de la paroi, le rle du rayonnement est important, comme on peut le voir sur la figure ci-aprs pour laquelle le rayonnement a t omis. La masse condense est diminue dun facteur 3. On pourrait penser quune galerie parcourue par un cours deau vadose possde une vote une temprature moyenne suprieure la temprature moyenne de leau qui la parcourt. En effet, le phnomne de convection introduit une dissymtrie, puisque seules les saisons estivales sont intresses (comme dans un pige air chaud). Mais nous avons vu que le rayonnement introduit des flux plus importants que la convection naturelle. Et le rayonnement, lui, namne aucune dissymtrie. Leffet sera donc cach. Une question se pose encore, concernant les harmoniques dordre suprieur. La temprature de leau varie au cours de lanne dune manire complexe. Le fondamental correspond lanne, mais la temprature comprend de nombreuses harmoniques. On trouve aisment les fluctuations journalires et des variations de plus grandes dures, de lordre de la semaine, correspondant au passage des perturbations ou la prsence danticyclones. Heureusement, les variations de grandes frquences sont filtres par la conduction thermique dans les zones dentre. De sorte qu une certaine distance de celles-ci, on ne retrouve que des variations de grandes priodes. On en dduit que prs des entres, notre calcul sous-estime la condensation en ne prenant pas en compte les fluctuations journalires. Cet effet doit multiplier les masses condenses pas un certain facteur (peut-tre que le facteur empirique plus grand que le ntre et fourni par Mucke et al traduit cet effet, sils ont fait des mesures prs dune entre de cavit). En revanche, notre rsultat est plus sr pour une eau parvenant une certaine distance de lentre et ne possdant plus dans sa temprature que les traces du fondamental. Conclusion Nous avons trouv la masse deau condense produite lorsquun coulement survient une temprature suprieure celle des parois. Nous avons tenu compte de la chaleur de changement dtat qui est le terme le plus important de lchange convectif. En revanche, la correction de pousse dArchimde due la vapeur deau vapore reste faible et on pourra la ngliger en gnral (sauf dans les cavits hydrothermales)
Masse totale d'eau condense

pendant une priode (en kg/m2) 4
0 0 1 2 3 4 5
Amplitude d'oscillation de la temprature de l'eau (en C)
Fig. 4-46- Masse totale dpose par condensation pendant la saison dt pour une eau variation sinusodale des tempratures, et pour diffrentes amplitudes de la temprature de leau, avec prise en compte du rayonnement et pour S/S = 2 (coupole hmisphrique) Condensation water versus water temperature amplitude with radiation transfer
Masse totale d'eau condense

en une saison estivale (en kg/m2)
6 5
S'/S = 2
(coupole)
S'/S = 1
1 (vote plane)
0 0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
Amplitude des oscillations des tempratures de l'eau (en C)

Fig. 4-47- Masse totale dpose par la condensation pendant la saison dt avec les mmes conditions que la figure 4.46, quand on ne tient pas compte du rayonnement. Condensation water versus water temperature amplitude without radiation transfer
303
Lattnuation du phnomne de condensation du fait de lapport de chaleur la paroi se fait lentement. Ainsi pendant la dure correspondant une crue, on peut ngliger cet effet damortissement. En revanche pour des alternances de tempratures saisonnires, on ne peut pas ngliger cet amortissement. Cest lchange de chaleur par rayonnement qui est la cause principale de la monte en temprature de la vote. Nous avons calcul la quantit totale annuelle deau condense. Le rsultat est simple pour une coupole, peu prs 0,5 kg deau par m2 de surface et pour un degr damplitude doscillation de la temprature de leau. Les phnomnes de condensation doivent jouer un rle dans le creusement de certaines galeries, parois, ou votes. Lorsque leau est dj sature, de tels mcanismes peuvent amener une corrosion qui sera importante puisque seule en lice. Dans la zone dentre des cavits, les phnomnes de condensation sont importants mais dautres existent aussi et lui font concurrence (infiltrations, rle des sols voisins, cryoclastie). En revanche, dans la zone profonde, le gradient gothermique trouve un emploi intressant dans la splogense par les phnomnes de condensation lis aux carts de temprature.
4.4.5. Temprature dune cloche dair pour des variations de pression sinusodales
Au moment des crues, des volumes dair sont comprims dans les cavits du simple fait de laugmentation du volume deau pour un volume total constant de la cavit. Les karsts jeunes ont des volumes totaux faibles et leffet de compression est important. Les karsts plus anciens sont moins affects globalement par un apport soudain deau. Mais ces aspects globaux cachent une multiplicit de situations locales lies la configuration gomtrique de la cavit. Nous allons ici tudier la temprature de lair dans un pige air (comme une coupole de plafond) au cours dune oscillation de la pression, suite une mise en charge partielle du rseau. Nous allons montrer que la transformation subie par lair est intermdiaire entre une transformation isotherme et une transformation adiabatique. Mais cette transformation nest pas une transformation polytropique. En particulier, il stablit une hystrsis dans le phnomne. Ce phnomne dhystrsis apparat ds que la conduction thermique a le temps de se manifester dans la roche.
a) Les phnomnes physiques

Leau en montant comprime lair de la coupole. Si on suppose que la coupole est tanche, la masse dair sec contenue dans la coupole reste constante au cours de la transformation. On se cantonnera ce cas simplifi. Phase de compression. La compression amne de la chaleur lair dont la temprature a tendance augmenter. La paroi devenue plus froide que lair rcupre par convection puis conduction une partie de la chaleur produite (provenant du travail de compression de leau). Les changes thermiques demandant du temps, on comprend bien quune compression rapide sera plutt adiabatique alors quune compression lente sera plutt isotherme. Lchelle de temps dpend bien entendu des caractristiques physiques et gomtriques du phnomne. Si la compression est rapide donc adiabatique, lhumidit relative diminue en mme temps quaugmente la temprature. Si la compression est lente donc isotherme, il y aura apparition dun lger brouillard et condensation sur les parois (compression isotherme humide). Phase de dtente. Les phnomnes sont inverss. Lair cde de la chaleur. Une dtente rapide, donc adiabatique, saccompagne de la formation dun brouillard (dtente adiabatique humide). Cette condensation, par la chaleur latente restitue, soppose partiellement au refroidissement de lair. Une dtente lente, donc isotherme, assche au contraire la masse dair (diminution de lhumidit relative). Six transformations possibles grent donc la masse dair : compression adiabatique sche compression isotherme sche compression isotherme humide dtente adiabatique sche dtente adiabatique humide dtente isotherme sche
304
b) Transformation adiabatique et transformation isotherme

Isotherme. La temprature reste constante (transformation lente). Adiabatique. Pendant la compression, lair schauffe et sassche (humidit relative). Au bout dun ou deux cycles, il ny a plus aucun phnomne de condensation ou dvaporation. Lhumidit absolue w de lair devient gale lhumidit de saturation pour la pression la plus basse (en gnral la pression atmosphrique). La relation entre temprature et pression est donne par la relation de Laplace (transformation isentropique) : p =rT et p =b (constante)
0,29
temprature (en C)
120 100 80 60 40 20
(temprature initiale de 10C) transformation adiabatique
domaine des transformations relles
transformation isotherme
0 0 1 2 3 4
pression divise par

la pression initiale
T = T0 p p0
-1
T = T0 p p0
4.99
Fig. 4-48- La temprature de lair en fonction de la pression dans les cas adiabatique et isotherme Air temperature versus pressure for the adiabatic and isotherm cases
Dans cette relation T est exprime en K et p en Pa . T0 est la temprature avant compression et p0 la pression atmosphrique avant compression, = 1,4. Les valeurs trs grandes obtenues par cette formule lors des grandes crues dmontrent que lhypothse adiabatique nest pas raliste dans ce cas. La transformation relle est bien sr intermdiaire entre les deux transformations.
c) La transformation relle : ce nest pas une polytropique

Ltude de la transformation relle est beaucoup plus complique que les deux extrmes. Pourtant, dans lindustrie on shunte allgrement cette difficult par lintroduction des transformations polytropiques. Transformation polytropique. Lexamen des deux transformations encadrant la transformation relle montre la proprit suivante : isotherme p1 = cte adiabatique p = cte' 4.100 On introduit alors le coefficient m dit polytropique (cf. aussi 1.2.4.a), tel que : polytropique p = cte m avec m 1 ; 4.101
Avec cette formulation, on a limpression de couvrir lensemble des cas possibles. Pour m = 1, on a la transformation isotherme, pour m = on a la transformation adiabatique, et le cas gnral serait dcrit pour m compris entre les deux extrmes. Malheureusement, le cas rel intermdiaire entre le cas isotherme et le cas adiabatique nest pas une transformation polytropique (remarque faite par J.-L. Achard du Lgi). En particulier, alors que la transformation polytropique (comme lisotherme et ladiabatique) ne prsente pas dhystrsis, la transformation relle en prsente. Cela ne nous tonne pas beaucoup, puisque nous connaissons bien leffet mmoire engendr par la roche au voisinage des parois. Il resterait tudier le modle simplifi suivant. La compression fait monter la temprature. Lcart de temprature engendre une convection naturelle qui permet un change avec la paroi. Le flux de chaleur la paroi augmente la temprature de la paroi, ce qui engendre un flux dans la roche par conduction thermique. Cette tude permettrait de comparer le rsultat celui obtenu par une transformation polytropique. Nous ne lavons pas faite ici.
_______________________
305
4.5. Interaction chimique eau-roche via lair

Jusqu prsent, nous navons considr que les transferts thermiques et les transferts deau (vaporation - condensation). Ces processus dvaporation-condensation permettent une corrosion active car leau de condensation ne contient presque pas de bicarbonate en solution. Mais lair intervient aussi dans les processus chimiques ordinaires de leau au contact de la roche. Il est dusage de penser que le creusement des cavernes se fait par leau. Il suffirait de calcaire et deau pour faire des grottes ! Il ne faut pas oublier le rle essentiel de lair. Il est vrai que ce rle est indirect puisquil revient renouveler lagressivit de leau. On a vu dans le 1.6, le mcanisme local de transport du dioxyde de carbone vers leau et rciproquement. Cette diffusion tend vers un quilibre caractris par une relation entre la pression partielle de CO2 dans lair et la concentration de CO2 dissous dans leau. Cest la loi de Henry qui fournit un coefficient de proportionnalit entre les deux grandeurs. Le dioxyde de carbone peut donc varier dans latmosphre souterraine dans des proportions trs importantes (de 1 200). Le pouvoir de dissolution de leau nest pas proportionnel la fraction molaire du CO2 mais plutt la puissance 1/3 de cette fraction molaire (Ford 1989 p. 102 citant White), de sorte que la quantit de calcaire que peut dissoudre leau ne varie que dans la proportion de 1 6, ce qui est tout de mme considrable. On remarque aussi (Renault 1981) que la PCO2 suit les tempratures extrieures. Elle est importante au mois daot et plus faible au mois de fvrier. Il semble logique de corrler cet effet avec lactivit biologique des sols.
Lacs de dioxyde de carbone. Le dioxyde de carbone est plus lourd que lair. Son introduction par le bas dune galerie peut former des lacs de CO2 , en labsence de courant dair pour assurer le mlange. Ces lacs sont bien connus et montrs aux touristes dans certaines grottes telles que la grotte du Chien Naples. Kunsky (1950, p. 73) en signale de beaux exemples. Martel (les Abmes, p. 101) en dcrit un autre la grotte de Mayaguar en rive droite de lArdche. Ce lac a t visit rcemment par Jean-Yves Bigot (internet, site FFS janvier 2001) qui la trouv 20 m de lentre. Stant muni dun briquet, il a pu en tester la prsence. Il sy est baign jusquau cou mais pas plus !
4.5.1. Distribution du CO2 a) Variations de la teneur en dioxyde de carbone de latmosphre extrieure

Le carbone de lcorce terrestre est stock principalement dans les massifs calcaires. Les sols et la vgtation nen contiennent finalement que trs peu. La drive des continents (Wegener 1912) amne des surfaces continentales disparatre dans des zones de subduction. Si les roches entranes sont calcaires, les modifications chimiques de ces roches, sous laction de la temprature et de la pression, librent le dioxyde de carbone qui schappe dans les foyers volcaniques. La teneur en CO2 se maintient sous laction de diffrents mcanismes. Une augmentation amnerait une augmentation de lactivit de la vgtation qui stockerait le CO2 (le carbonifre est justement une priode gologique de haute teneur en CO2). Le taux de CO2 diminuerait donc. Inversement une diminution forte de la teneur saccompagnerait dune attaque des calcaires ce qui aurait tendance augmenter le CO2. Le milieu karstique est donc la cl pour la comprhension du cycle du carbone sur les priodes gologiques. Des recherches trs actives sont menes actuellement pour prciser les temps typiques dajustement de ces mcanismes de rgulation au niveau plantaire. On analysera ce cycle du carbone au 4.5.1.c. Actuellement, la teneur en dioxyde de carbone de lair augmente rgulirement danne en anne. La pression partielle relative (ou fraction molaire) est passe en 10 ans de 3,2.10-4 3,3.10-4 . Elle fluctue pendant lanne en passant par un maximum lt. Lamplitude des variations saisonnires est faible de 0,04.10-4 environ (White 1988, p. 194).
b) La surface du karst, une usine dioxyde de carbone

Leau de pluie en sinfiltrant dans la zone superficielle du karst (pikarst) rencontre la terre vgtale et les racines des plantes de surface. On a vu au 4.3.7.a que lactivit biologique des plantes consiste transformer le dioxyde de carbone de lair en matire organique (photosynthse) et rciproquement oxyder les matires organiques en dioxyde de carbone. La pression partielle relative de ce dernier passe de 0,03 % 3 6 % , soit un accroissement dun facteur 100.
306
Il semble que labondance plus ou moins grande de dioxyde de carbone soit lie lexistence la surface de telle ou telle varit darbres ou de vgtation. Ainsi, Philippe Renault (1982) pense que les couverts de chnes favorisent lexistence de cascades de tuf la sortie, cest--dire favorisent la prsence de CO2 dans lair des grottes. Inversement, il semblerait que les rsineux ne favorisent pas une grande concentration de CO2 dans lair des cavernes. Des mesures de Tatiana Muxart (1977) 20 cm de profondeur dans le sol du Vercors, montrent un maximum de concentration pour ltage montagnard couvert dune fort compose de htres, sapins, picas et myrtilles. La pression partielle relative de CO2 quilibrant quon dduit de ces mesures est de 1,6 %. De belles tudes seraient encore entreprendre sur ces questions. (cf. plus haut le rle des sols au 4.3.7.a). Transport du CO2 dans le rseau profond. Leau rendue acide par le dioxyde de carbone attaque violemment le calcaire. Cest au voisinage de la surface du karst que lattaque est maximale. Mais lair au contact de cette eau profite de cet apport de CO2. Une augmentation de concentration de CO2 dans leau entrane une augmentation dans lair. Cet air circule plus ou moins facilement dans le karst et transporte avec lui son gaz. Plus loin, cet air au contact dune eau affaiblie, peut lui redonner une nouvelle vigueur. Tous ces phnomnes sont trs intressants et F. Trombe soulignait, ds 1952, lintrt de ces questions. Mais ltude en est difficile et la connaissance pas trs avance. Ainsi le creusement chimique des cavernes est-il tributaire non seulement des circulations deau, mais aussi des circulations dair. On constate que lair des rseaux profonds contient encore pas mal de CO2. Dans des rgions de moyenne montagne et de plateaux genre Causses, il nest pas rare de rencontrer des pressions partielles de CO2 de 1 2% ou plus.
c) Origine du CO2 profond

Le dioxyde de carbone que lon rencontre dans les rseaux profonds peut provenir de trois sources principales : le CO2 produit au niveau du sol et qui est pass dans leau puis dans lair par diffusion molculaire, ventuellement associ la construction dune concrtion. Le CO2 produit par loxydation de matires organiques par des micro-organismes en profondeur (cf. article la Recherche, n 344, 2001 p. 11). Enfin, le CO2 provenant dhypothtiques exhalaisons volcaniques. La premire et la troisime source conduisent un excs de CO2 , mais la proportion entre O2 et N2 reste constante. Alors que la deuxime source conduit une diminution nette du rapport O2/N2. En effet, chaque mole de CO2 produite conduit la disparition dune mole dO2. Un dioxyde de carbone 5 % conduit un O2 15,9 % au lieu de 20,9 %. On a dj vu ces proprits plus haut (cf. 4.3.6.b). Il y a donc moyen, par analyse de la teneur en oxygne et en dioxyde de carbone de distinguer entre lapport des sols et la production interne. De mme, lanalyse isotopique de loxygne contenu dans le CO2 permet de savoir sil est issu de lair ou des profondeurs. Par exemple, le CO2 des grottes de lArdche proviendrait de lair et du sol, et non dune origine volcanique (Ostermann, 2001).
d) Exemples rgionaux
Des mesures faites dans des cavits plus ou moins ventiles confirment linfluence du courant dair sur la pCO2 (Roques Annales de splo. 1959 t.14, fasc. 1-2 et 1963 t. 18, fasc. 2). Donnons quelques exemples de pression partielle relative de CO2 (ou fraction molaire). Rseaux trs ventils : la Pierre Saint Martin, les mesures dans la salle de la Verna, pour un courant dair soufflant, fournissent une pression partielle relative (fraction molaire) = 3,5.10-4 . De mme, la grotte de la Cigalre avec courant dair soufflant = 4.10-4 . Rseaux ventilation moyenne : la grotte de Moulis pourtant parcourue par un lger courant dair possde (en courant dair soufflant) = 2,2.10-3 . Cette fraction molaire est 6 fois plus grande que celle de lextrieur.
sources source du Lez (Montpellier) Roubine de Vic La Bresque (Provence) Fontaine des Chartreux (Quercy) Saint Sauveur (Quercy) fontaine de Cacrey Cabouil (Quercy) source de la Sauve source du Buge fontaine de Vaucluse source de la Loue source du Lison Fontaine Lvque (Verdon) Coufin (Vercors) Bournillon Goule Noire ruisseau de la Verna (Pyrnes)
dbit (l/s) 5000 1000 1000 1000 3000 1000 5000 2000 1000 100000 5000 1000 10 000 1000 1000 200 1000
fraction molaire 0,073 0,320 0,135 0,032 0,030 0,030 0,018 0,044 0,019 0,018 0,020 0,018 0,011 0,009 0,006 0,004 0,001
Tableau 4:6. Fractions molaires de CO2 quilibrante (ou pCO2 en bar) extrait de Roques, 1963. Nous nous sommes limits aux plus gros dbits
307
Lanalyse des eaux des rsurgences indique la pCO2 quilibrante de leau (cf. tableau page prcdente). Ces valeurs renseignent sur la globalit des processus dchange de CO2 lintrieur du karst. Les sources karstiques de petits dbits donnent des valeurs plus grandes que celles de grands dbits. ltiage, les valeurs sont plus grandes quen crue. Les rseaux de montagne fournissent des valeurs plus faibles que les rseaux de plaines. Les rseaux trs ouverts (comme la Pierre Saint Martin) conduisent des valeurs trois fois suprieures lair atmosphrique. Les rseaux de moyenne montagne, comme la Goule Noire en Vercors, fournissent des valeurs 10 fois suprieures latmosphre. Les rseaux des Causses ont des pCO2 100 fois celle de latmosphre. Ces indications rgionales montrent ltendue du champ des recherches faire sur ces sujets. Quel est lapport des sols en fonction des tempratures et des saisons ? Comment se font les transports dans la zone superficielle du karst ? Quel est le rle de latmosphre des grottes ? Quels sont les changes ? On trouvera dans les articles de Philippe Renault (1961 1983) des rponses partielles ces questions. Mais on doit reconnatre quon ne comprend pas pourquoi, par exemple, les deux dpartements de lArdche et du Lot fournissent, en France, les plus fortes teneurs en CO2 .
4.5.2. Lattaque chimique du calcaire - rle de lair

Leau seule, sans dioxyde de carbone dissous et transform en ions, nattaque gure le calcaire. Cest la prsence de CO2 dans leau qui permet une attaque efficace. Nous nexaminerons pas ici les processus de corrosion de la roche par leau, mais nous nous contenterons de dcrire les phnomnes entre leau et lair.
a) Bilan en dioxyde de carbone de lattaque chimique

Le CO2 qui pntre dans le systme karstique sert dissoudre le calcaire. La raction libre du bicarbonate : CaCO3 + H2 O + CO2 CaH CO3
2
4.102
La raction consomme du calcaire (corrosion) et du dioxyde de carbone. Pour quelle se poursuive, il faut donc un apport continu de dioxyde carbone. Cest cet apport ou non qui diffrencie les systmes air renouvel ou non. Systme sans air. Au cours de son attaque du calcaire, leau perd peu peu son agressivit et les ions calcaires (carbonates) dans leau atteignent bientt la saturation. On dit que la raction chimique est en quilibre. Leau nest alors plus corrosive. Cest le systme dit sans air (ou ferm). Systme avec air renouvel. Si leau est surmonte dair. Cet air possde une pression partielle de CO2 qui permet de renouveler le CO2 absorb par la raction chimique avec le calcaire. On montre que le pouvoir corrosif de leau est alors multipli par un facteur 3,5 pour une pression relative quilibrante de CO2 de 1% (Lismonde, 1999 p. 48). Cest le systme air abondant (ou ouvert). Ce gain (de 250 % dans lexemple prcdent) quapporte lair la corrosion montre le rle trs important de latmosphre souterraine dans le processus de cavernement.
b) Devenir du calcaire
Une fois que leau est ressortie au jour la rsurgence, la pression partielle en CO2 de lair environnant tant plus faible que celle des grottes, le bicarbonate se dcompose. Du dioxyde de carbone est rejet dans latmosphre, et du calcaire se dpose grce la raction inverse. On voit ainsi que le calcaire ne disparat pas compltement, mais quune grande partie se contente de migrer des rseaux karstiques vers les dpts de tufs et travertins (Riser et al 1999). Le dioxyde de carbone peut tre rutilis rapidement par la vgtation et les bactries du sol. Ainsi, lactivit biologique du sol permet une forte augmentation de vitesse du processus de creusement des karsts. Mais cet excdent est rendu la sortie du karst.
concentration du CO2 par le sol corrosion du karst ( Ckarst ) dpts de calcite 50% Catm + 50% Ckarst ocan 50% Catm + 50% Ckarst
Fig. 4-49- Le schma des transports du carbone dans la biosphre et le karst, via le dioxyde de carbone, le calcaire et le bicarbonate Sketch of water, limestone and CO2 transport
atmosphre Catm
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Retour de calcaire dans la mer. La partie de bicarbonate qui est rejete la mer est celle qui correspond une pression partielle de CO2 quilibrante gale celle de latmosphre. Laugmentation de la pression atmosphrique au cours de la descente assure laugmentation de la pression partielle de CO2 et permet au cours deau de rester globalement agressif. Les organismes marins semparent du bicarbonate et en fabriquent leur carapace. On montre (Copin-Montgut, 1996) que la formation dune mole de CaCO3 saccompagne dun dplacement de lquilibre de leau de mer qui libre 0,59 moles de CO2. Les squelettes calcaires se dposent au fond des mers aprs la mort des organismes, et construisent de nouvelles couches calcaires. Rciproquement, la corrosion dune mole de calcite dans la mer demandera 0,59 moles de CO2.
CO2 atmosph.
eau de pluie
activit biologique du sol CO2 eau concentr roches calcaires eau + mergence bicarbonate dgazage dpts de tuf et travertins eau + un peu de bicarbonate mer dpts marins de calcaire
c) Cycle du carbone
Latome de carbone peut dcrire des cycles plus ou moins longs. Le carbone de lair est concentr par les bactries au niveau du sol ou les racines des plantes, et il est mlang au cours de la corrosion chimique du carbone qui a t pig dans les calcaires depuis des dizaines ou des centaines de millions dannes. La contribution du carbone atmosphrique et du carbone pig dans le calcaire est d peu prs 50 % chacun. Aprs lmergence des eaux karstiques, le carbone qui est dgaz sous forme de dioxyde de carbone est donc le rsultat dun mlange. Pour une partie de ce carbone, la dure du cycle nest que de quelques jours, pour une autre au contraire, la dure est de lordre de la centaine de millions dannes. Incroyable tendue des dures ! Ce carbone rinject dans latmosphre saccompagne dun dpt de tuf dont la composition en carbone est moiti celle de latmosphre trs rcente et moiti celle du calcaire trs ancien.
libration de CO2
Fig. 4-50- Mlange de diffrentes sortes de carbone. Les concrtions, les tufs et autres dpts possdent une rpartition isotopique en carbone qui rsulte dun mlange datomes de carbone de deux origines diffrentes Different origins of carbon in the speleothems
Le calcaire qui se dpose au fond de la mer contient lui aussi un mlange moiti-moiti. Ce calcaire mergera un jour loccasion de la formation dune montagne par rapprochement de deux plaques (quelques dizaines quelques centaines de millions dannes). Puis ce calcaire sera recycl par leau pour retourner au fond dune mer. Ce cycle du carbone depuis un massif karstique jusqu un nouveau massif karstique peut prendre plusieurs centaines de millions dannes. Latmosphre contient beaucoup de dioxyde de carbone : 60.1015 moles (soit 2,64.1015 kg, daprs Copin-Montgut, 1996). Mais les ocans en contiennent beaucoup plus sous forme dissocie de lordre de 3100.1015 moles. On voit donc quune augmentation de la teneur en CO2 dans latmosphre ne reprsente que peu de choses dans le bilan gnral du carbone. Mais les temps lis aux transferts entre la mer et les ocans sont grands. Comme leau des ocans est pratiquement sature en carbonate de calcium, les apports fluviaux en carbonate de calcium sont rapidement limins par prcipitation chimique ou rcupration biologique. On trouve un temps de renouvellement des carbonates marins de 100 000 ans comparer celui de leau de 37 000 ans. Ce sont ces temps qui correspondraient la raction des ocans aux variations du dioxyde de carbone atmosphrique. titre indicatif, on peut rappeler que la production de CO2 par lhomme est denviron 9,5.1013 kg par an soit 1% de la quantit contenue dans latmosphre (Saugier, 1999). La moiti contribue laugmentation de la teneur en CO2 de latmosphre, lautre moiti de cette production est recycle. En particulier, laugmentation de la pression partielle en CO2 de lair permet une corrosion augmente du calcaire du karst. Les rserves phratiques deau voient donc leur teneur en bicarbonate augmenter. Dans un bilan global lchelle dun pays, ce terme se traduit par un soutirage de dioxyde de carbone de latmosphre qui sajoute celui li laccroissement de la vgtation. Ce puits est en gnral mconnu.
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4.5.3. La teneur en CO2 de lair souterrain est rgule par les variations de pression
Le pouvoir de corrosion dune eau dpend de sa temprature comme on la vu dans la premire partie. La cintique chimique dpend elle-aussi de la temprature. Ces paramtres de contrle ne sont pas vraiment du ressort de lair, nous ne les examinerons donc pas. En revanche, quand on se place dans un rseau en partie dnoy, leau est au contact de lair. La pression de lair va constituer un paramtre de contrle de premier plan.
a) Reprise dagressivit par compression de poches dair captives

Liszkowski (1975) a remarqu que la pression de lair peut varier au gr des crues et des mises en charge, modifiant profondment les possibilits de corrosion de leau et la localisation de cette corrosion. Ainsi, une mise en charge de 100 m lors dune crue permet une corrosion de 560 mg de calcaire/kg deau comparer avec les 220 mg/kg pression ambiante (Lismonde 1999 p. 49). La reprise de corrosion qui en rsulte est du mme ordre de grandeur que celle qui rsulte du mlange de deux eaux dorigine diffrente (corrosion par mlange des eaux, Bgli 1966).
b) Le modle propos par Lismonde (2000)

Ce modle est un modle de corrosion par leau rendue agressive par dissolution de CO2. Le moteur principal nen est plus la condensation, mais la compression de lair. Comme dans le modle de Mucke, il est bas sur des fluctuations de niveau pizomtrique. Mais la diffrence de celui-ci, il ne demande pas dcart de temprature. Il est donc valable loin des entres. Son efficacit est peu prs la mme tout au long dun rseau et sans doute un peu plus grande laval des rseaux du fait des mises en charges plus faciles. Lapport deau est d deux termes : un petit apport, li la condensation qui survient au cours de la compression isotherme de lair dans une galerie ou une cloche pendant une crue. Un grand, qui est li leau qui oscille dans la coupole, ou des coulements supplmentaires. Si leau de crue prsente une monte des tempratures, le mcanisme de Mucke joue fond pour amener une belle quantit leau par vaporation - condensation (cf. 4.4.1.c). La corrosion nest pas lie leau agressive qui se dpose par condensation comme dans les deux autres mcanismes. Elle est lie la forte augmentation de pression partielle de CO2 dans lair emprisonn, qui induit une faible reprise de lagressivit de leau grce la diffusion du dioxyde de carbone la surface. Cest donc la variation dans le temps de la pression seule qui joue un rle, sans laide dune variation spatiale de la temprature. Il est vrai quune variation de la temprature est trs positive. La masse deau obtenue par compression isotherme de lair contenu dans un cloche (tel quon peut le dduire de la rfrence cite, partir de la figure 3 p. 41) peut scrire sous forme approche avec H < 100 m : me = 494 + 16,17 + 2,59 2 10-6. H exp - H 30 4.103
Dans cette expression est la temprature en C, H est la hauteur en mtres de mise en charge. La masse deau condense est exprime en kg deau par m3 dair avant compression. La masse condense est faible. Mais son utilit est de rcuprer le CO2 de lair et de le ramener dans leau. Dfinissons le coefficient de confinement kn avant la mise en charge : kn = mCO2/eau mCO2/eau + mCO2/air 4.104
Pour valuer kn , il faut malheureusement connatre les masses dair (facile) mais aussi la masse deau qui va tre concerne par la reprise de corrosion (difficile). Des tudes complmentaires devraient tre faites pour estimer ce coefficient ou un coefficient quivalent dans diffrentes configurations quon peut rencontrer (poches dair, galeries descendantes en escalier invers comme la Dent de Crolles).
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En supposant le coefficient kn connu, le schma ci-contre permet de dterminer la reprise de corrosion par leau pendant la crue. Exemple. Pour une cloche de 5 m3 de volume 5C, et une mise en charge de 10 m, la masse deau condense est de 4,59.10-3 kg. Cest trs peu et ne pourrait corroder directement au maximum que 0,5.10-6 kg de calcaire. En retombant dans leau, elle permet une reprise de corrosion qui dpend des conditions locales (coefficient de confinement kn). Au maximum, pour une pression partielle relative de 3%, la corrosion au cours dune seule crue peut atteindre 8 g/kg dair soit ici 50 g. En comptant 20 crues par an, cela reprsenterait 1000 kg/millier dannes. Cest norme, mais cest un maximum qui nest que rarement atteint. Le calcul prcis pourrait tre entrepris pour une galerie de forme donne. On peut aussi examiner le cas dune crue avec augmentation de la temprature de leau, dun degr en 5 h. En considrant une surface de 2 m2, la corrosion fournit 10 g deau par m2, soit 20 g de condensation. Cette eau corrode une masse de 420 mg par kg deau au maximum, soit 8,4 mg de calcaire. On voit que cet effet nest pas ngligeable et donc que le degr gothermique contribue au creusement profond des cavits (ici, en raison de 14 %).
Mc (en mg/kg d'air) 10000 pCO2 = 3.10-2 bar 1000 pCO2 = 3.10-3 bar 100
pCO2 = 3.10-4 bar 10
1 0,001
kn 0,01 0,1 1
Fig. 4-51- Corrosion du calcaire pour un pisode de crue, en fonction du paramtre kn (avant mise en charge) et en fonction de la pression partielle de CO2 (avant mise en charge) Limestone corrosion capacity versus kn coefficient and for various CO2 concentration
Discussion du modle de Lismonde (2000). Le modle ne conduit pas directement des vitesses de corrosion car le facteur kn trs important pour lefficacit du mcanisme reste largement dans le brouillard. Il reste donc un gros travail thorique et exprimental conduire. Mais ce mcanisme, comme celui de Mucke nest jamais seul. Cest donc dans la prise en compte globale de lensemble des mcanismes, dont celui de Bgli de mlange des eaux (dont nous navons pas parl car il ne concerne pas lair), que des vues quantitatives du creusement des cavits pourront natre. Un travail dlucidation du dpt de la calcite ou de son transport par leau reste aussi conduire. Cest le problme des eaux sursatures.
c) Leau, une double pompe pour faire circuler le CO2

Ce mcanisme de compression de lair par les fluctuations du niveau pizomtrique est une sorte de pompe CO2 . On a dj assimil plus haut le sol un compresseur de CO2. On en trouve ici encore dautres ! Leau se charge de CO2 au moment de la crue et dans son passage dans les zones air confin. Elle vhicule vers lextrieur une partie du calcaire dissous sous forme de bicarbonate. Le reste na pas le temps de sortir mais la dcrue, leau se met dgazer et former des micelles de calcite ou concrtionner. Cet apport de CO2 va permettre lair de grands volumes, peu concerns par les mises en charge et pas en relation avec un courant dair, de voir son taux de CO2 augmenter progressivement. Il y a donc un transfert de CO2 des parties amont vers les parties aval des rseaux. Dans les parties du rseau parcourues par quelques coulements lair libre, il stablit un gradient de pression en CO2 pour compenser les pertes au contact des collecteurs. Par exemple, dans les zones sans compression, car largement ouvertes, leau de crue aura tendance dgazer, augmentant la teneur en CO2. Il faut bien avoir en tte que les poches dair concernes par la compression de lair ne sont pas tanches lair. ltiage, lair peut circuler, et pendant les crues, il peut schapper par des fissures non sans avoir cd une partie du CO2 quil contenait. Tout ces va-et-vient de lair ont un bilan moyen nul en terme doxygne et dazote, mais pas en terme de CO2. Il y a un transfert net de CO2 vers le collecteur. On a dj vu plus haut ces transferts de masse par diffusion-advection grce aux fluctuations de la pression de lair atmosphrique ou du niveau pizomtrique. Ici, il est compliqu par les transferts entre lair et leau. Bien entendu, dans tous les secteurs o il apparat des diffrences de teneur en CO2 (gradient vers le haut), il peut stablir certains moments des mouvements, du style des courants de gravit, qui peuvent faire descendre rapidement des masses de CO2 plus bas.
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4.5.4. Un modle de creusement profond, mise en charge et condensation

Nous associons le modle de condensation de Mucke et al et le modle daugmentation de pression partielle de CO2 de Lismonde. Le processus a dj t dcrit plus haut ( 4.4.3.f). La mise en charge du rseau par les pluies abondantes fait sortir des fissures de leau rchauffe par le flux gothermique. Cette eau passe au voisinage de poches dair emprisonnes dans les parties hautes des tubes. La diffrence de temprature entre leau et lair engendre une convection de vapeur qui va se condenser sur les votes pour redescendre en film le long des parois. Cette eau est rendue fortement agressive (elle na pratiquement pas de bicarbonate dissous) par la grande pression partielle de CO2 de la poche. Il se produit donc une forte corrosion que les modles prcdents permettent de calculer pour des conditions donnes.
compression de poches d'air air compression de poches d'air pas de compression air roche
eau mergence
Fig. 4-52- Les fluctuations des hauteurs pizomtriques de leau sont quivalentes, au niveau des poches dair, des compressions alternatives. Il y a donc un drainage du CO2 depuis le rseau non satur vers le collecteur. Cet effet sajoute celui de diffusion-advection dj vu plus haut CO2 forced pumping by water table oscillations
Un modle statistique de crues et des mises en charge, associ une gomtrie donne, (par exemple le deuxime tage du Trou du Glaz) permettrait de prciser numriquement la corrosion maximale (lquilibre chimique tant atteint). Pour prciser la vitesse relle de creusement, il faudrait en plus dvelopper un modle de cintique chimique, mais cela sort du cadre de larologie et serait rattacher une tude de leau. Conclusions Le creusement des cavernes est fortement tributaire de lair. Nous avons mis en vidence des mcanismes de transferts de lair et du dioxyde de carbone : les courants dair avec leur processus dadvection, les circulations deau charges de manire variable de CO2, les courants de gravit de lair lest par le CO2 et le phnomne dadvection oscillante associe un gradient de concentration. Ce transfert est celui de la zone non sature du karst. Au voisinage du niveau pizomtrique (zone pinoye), nous avons montr, quoique dune faon sommaire, les remontes de pression partielle accompagnes dun dplacement vers laval de CO2. Ce mcanisme est bas sur la compression de poche dair emprisonn par la crue et sur la dissolution dans leau dun complment de CO2. Tous ces mcanismes tant mis en place, nous avons indiqu au moment des crues la trs forte agressivit de leau de condensation sur les parois des tubes, trop plein des coulements prennes de leau souterraine (du fait du flux gothermique sur leau du rseau des fissures). Ce mcanisme et celui de Bgli par mlange de deux eaux de caractristiques diffrentes, constituent les ingrdients dun modle numrique de creusement des conduits profonds au voisinage du niveau pizomtrique. Mais tout cela reste faire !
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Conclusions de la quatrime partie

Nous avons commenc le 1er chapitre en dfinissant le systme karstique en tant que forme et structure. Nous avons analys les dfinitions et en avons discut les implications. Il nous a sembl que la seule faon dtudier les processus tait de dcomposer le karst en sous-systmes en interaction : leau, lair, la roche et le vivant. Cet ouvrage constitue une esquisse dtude du sous-systme air. Ltat du systme karstique, les relations fonctionnelles et les bilans globaux de masse, quantit de mouvement, nergie, entropie, ont t scruts dans leur aspects thoriques, et nous avons plus particulirement dtaill le bilan dnergie du systme karstique. Le deuxime chapitre a t consacr lapect gomtrique complexe dun rseau karstique, et des considrations gnrales relatives au sous-sytme air du karst. Nous avons montr, en particulier quil est illusoire de vouloir limiter ltude dun karst un seul de ses sous-systmes du fait des interactions, et que seule une tude globale des 4 sous-systmes permettrait dobtenir des modles plus prcis, sachant que les conditions aux limites du karst ne sont pas bien matrises non plus. Ce problme se rattache celui de la prvision climatique terrestre, et on sait la difficult de la modlisation. Une petite tude plus technique, valable pour un modle fractal deux paramtres du karst, nous a permis de dmontrer dans ce cas, le rle insignifiant du rseau des fentes pour le renouvellement de lair dun karst. La schmatisation dun karst par une structure autosimilaire (fractale) est trs prometteuse de simplification, puisque un petit nombre de paramtres suffisent dcrire le karst. Nous avons montr que ces paramtres ne peuvent rester constants au cours du temps, du fait des modalits du creusement karstique qui ne respecte pas les mmes lois dchelles. Au troisime chapitre, nous nous sommes penchs sur les tempratures de latmosphre et des karsts au contact. Nous avons tudi le rle des diffrents facteurs sur la rpartition verticale des tempratures dans le karst en confrontant la thorie avec les mesures faites dans les grands gouffres. Malgr limportance, sur le papier, des circulations deau qui possdent un gradient thermique vertical de -0,234 C/100 m, nous avons t surpris de constater la similarit des gradients thermiques observs avec le gradient adiabatique humide de lair (-0,4 C/100 m). Pour essayer de rsoudre cette nigme, nous avons abord certains phnomnes peu tudis comme le gradient thermique vertical dun coulement diphasique eau-air dans la zone dinfiltration. Mais la justification complte des gradients verticaux reste amliorer ! Puis, nous avons rflchi sur la structure gomtrique du champ thermique dans le karst et la forme des flux transmis en fonction des frquences doscillations des tempratures extrieures. Pour une frquence plus grande, les puissances changes sont plus grandes, mais les nergies sur une demi-priode sont plus petites. Nous avons tudi le rle des glacires et des temps glaciaires sur le karst. Nous avons rappel des proprits dj connues sur le rle isolant dune couverture de glace et sur la remonte progressive de lisotherme zro par le flux gothermique. On se souvient de la surprise lors de la dcouverte de lacs sous la calotte antarctique ! Nous avons montr que pour les priodes multimillnaires associes aux glaciations, le gradient gothermique ne traduit quun fonctionnement thermique transitoire de lcorce terrestre. Le recours des solutions simples de conduction thermique dans des milieux homognes nous a permis de calculer les diffrents temps associs au phnomne de refroidissement, puis de rchauffement sous-glacier du karst. Cela nous a conduit lestimation des fontes sous-glaciaires. Les observations faites au Groenland nous ont fourni un modle, assez classique chez les gographes, dun creusement fini-glaciaire analogue ceux des karsts binaires. Le phnomne de convergence et de collection des eaux ds la surface permet de justifier certains gros rseaux apparaissant juste sous la surface. Nous avons continu ce gros chapitre par le problme du renouvellement de lair des cavernes. Ce renouvellement est la base dun modle des transferts de dioxyde de carbone dans le karst. Nous avons identifi les facteurs principaux de renouvellement de lair. Certains sont lis de simples phnomnes dadvection (effet piston), dautres sont lis des dispersions associes aux fluctuations des conditions aux limites. Nous avons calcul, dans le cas simple dun rseau constitu dune succession de salles et rtrcissements, la valeur numrique de la dispersivit pour les fluctuations de la pression atmosphrique. Puis, nous nous sommes intresss lvolution de la composition dun air souterrain pour diffrents phnomnes rencontrs sous terre et avons tabli les formules compltes qui permettent de les suivre. Enfin, nous avons montr que le sol et le manteau biologique qui le compose, agissent pour le karst comme un compresseur de CO2. Le quatrime chapitre a t consacr tout entier aux phnomnes dvaporation et condensation en relation avec les variations de la pression de lair au cours des crues ou dans des situations gothermales. Nous avons rappel dabord des modles publis sur ces questions (Szunyogh pour les karsts hydrothermaux et Mucke pour les pertes de ruisseaux), puis nous avons tudi en dtail ce qui se passe dans des volumes dair confins avec des diffrences de tempratures entre leau et la roche. Cette tude a t faite en vue dun modle gnral du creusement profond. Les transferts de chaleur par convection naturelle et rayonnement, les transferts de masse ont t modliss, et des rsultats numriques ont t proposs pour une configuration gomtrique simple. Le couplage avec la conduction dans la roche voisine de la paroi per-
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Arologie des systmes karstiques, partie 4, lair souterrain, un sous-systme du karst
met de calculer les flux au cours dun pisode de fluctuations des pressions, cest--dire au cours dune crue. Ce calcul est un des ingrdients pour la modlisation du creusement des cavernes. Nous avons montr que les relations polytropiques habituellement utilises en ingnirie pour dcrire la transformation relle subie par lair au cours des fluctuations de pression, sont fausses et remplacer par dautres mieux adaptes. Au cinquime chapitre, nous avons abord la rpartition du CO2 dans le karst. La principale source est constitue par le sol. Puis nous avons suivi le devenir du calcaire et du carbone dans le karst. Le sol et le karst, comme puits de CO2 , sont encore largement sous-estims des spcialistes du global change. Il joue pourtant un rle comparable celui du puits de la vgtation qui fait lobjet dtudes intensives. Nous finissons par un modle conceptuel assez global de creusement du karst en expliquant les migrations du dioxyde de carbone, et en dcrivant les sortes de compresseurs multi-tags que constituent les poches dair confines lors des crues. Notre modle reste essentiellement qualitatif, et un modle global des transferts de dioxyde de carbone reste un magnifique challenge pour lavenir.
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je ne savais pas que c'tait si difficile de faire de la splo
Fig. 4-53- Dcrypter les cavernes est un art difficile, en apprcier l'attrait est chose plus aise !
(Dessin de Rgine Landry sur une ide de B.L.)
I didnt know that caving was so difficult !. Fortunatly, it is possible to go caving without understand this book !
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Arologie des systmes karstiques, annexes
Annexes
___________________________ Ces annexes constituent un complment de la partie 1. Elles sattachent tudier quatre points plus particuliers. Le premier est une rflexion sur la distinction entre phnomne de convection et phnomne de diffusion. Ces derniers sont interprts comme une marche alatoire avec une distance parcourue proportionnelle la racine carre du temps. Cette analyse physique permet de mieux comprendre la structure des lois phnomnologiques rencontres dans les transferts de chaleur, de quantit de mouvement et de masse. Nous comparons les diffrents nombres qui caractrisent les flux et nous indiquons les analogies qui assurent des passerelles conceptuelles entre les diffrents transferts. En particulier, lanalogie de Lewis que nous avons bien utilise dans le corps de louvrage. Le deuxime point est une criture uniformise sous une forme intgre (ou globale) des bilans sur les quatre grandeurs extensives fondamentales de la physique classique (masse, quantit de mouvement, nergie, entropie). Cette criture est essentiellement due Lonard Euler. Nous insistons sur les dbits entrants et sortants propres aux sytmes thermodynamiques ouverts. Nous examinons linfluence des variations de la masse volumique de lair dans diffrentes circonstances et adoptons lapproximation de Boussinesq qui consiste dvelopper les quations au premier ordre en prenant comme petit paramtre la variation de la masse volumique. Le troisime point revient sur lcriture des quations locales de la mcanique, pour ces mmes trois grandeurs extensives, en prsence de la turbulence. La ncessit pratique de considrer des moyennes temporelles introduit des difficults mathmatiques considrables, lies la non-fermeture des quations moyennes de la turbulence. Nous navons pas utilis dans le corps de louvrage ce formalisme difficile, et le problme nest ici effleur que pour permettre la lecture de certains articles. Le quatrime point est une courte tude sur lentranement de lair par leau dans les cascades. Nous y prsentons quelques rsultats sur la chute des gouttes deau dans lair et les forces que ces dernires engendrent. Nous proposons ensuite une analyse simplifie des phnomnes et calculons la charge araulique apporte lair par la cascade dans diffrentes configurations de chutes deau. ___________ Summary for annexes : 4 topics are aborded. In the first, are compared advective and diffusive phenomena. The different transfers : mass, momentum, energy are presented with an uniform manner. We return on the Lewis analogy. In the second annex, we develop the formalism for global balances. In particular, we examine the Boussinescq approximation for little density variations. In the annex 3, the local equations of continuity, dynamics and energy are enonced. The turbulence problem and the k-e models are only outlined. The 4th annex is a brief study on the carry away of air by waterfalls. We propose a simplified model for computing the aeraulic head supply bring by water to air flow. ___________
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Climatologie du monde souterrain, tome 2, A.1.1
A.1. Les phnomnes de diffusion et les phnomnes de convection

Nous avons examin dans la partie 1 les transferts de quantit de mouvement, les changes de chaleur entre lair et la paroi, les transferts de masse deau sous forme dvaporation et de condensation et les changes de dioxyde de carbone entre lair et leau sous forme de dissolution ou de dgazage. chaque fois, nous avons constat quil y a deux faons dchanger de la matire, de la quantit de mouvement et de lnergie. Ces deux modes sont la diffusion et la convection. Ils agissent dune manire bien diffrente et il est important den comprendre le mcanisme.
A.1.1. La diffusion, une marche alatoire

La diffusion est lie lagitation molculaire. Sans atomes, pas de diffusion ! Le principe physique est celui de la marche alatoire (appele aussi marche de livrogne). Un ivrogne, qui part dun point, fait un pas de longueur d dans une direction au hasard. Comme il est ivre, le pas suivant est fait dans une autre direction. Si chaque direction est indpendante de la prcdente, on a affaire une marche alatoire. On montre que la distance parcourue depuis le dpart nest pas proportionnelle au nombre de pas mais la racine carre du nombre de pas (la marche est trs peu efficace). Si chaque pas est fait la vitesse v , la longueur parcourue augmente comme la racine du temps : L = nd = vd . t la diffusivit est a = v d en m2 s-1 A.1
5 3 1 0 2 4
10 6 7
9 8 13 12 14
11
15 16
Quel rapport avec la diffusion ? Une diffusion est une marche alatoire. Les molcules vont dans tous les sens au gr des chocs quelles subissent de la part des autres molcules. Ces molcules transportent avec elles, de la masse, de la quantit de mouvement, de lnergie cintique, mais ce transport est fortement gn par les chocs, et la zone influence par le phnomne de diffusion ne crot que comme la racine du temps. On voit que ce quon appelle diffusivit est le produit de la vitesse dagitation des molcules par la longueur dun pas (libre parcours moyen). Comme la vitesse dagitation des molcules crot comme la racine carre de la temprature, il en est de mme des diffusivits (viscosit cinmatique et diffusivit thermique, diffusivit de masse).
Fig. A-1- Marche alatoire : la distance parcourue est proportionnelle la racine carre du nombre de pas In a random walk, the distance is proportional to the square root of the number of steps
La distance parcourue est appele en diffusion thermique : paisseur de pntration. Pour que la diffusion puisse transporter quelque chose, respectivement quantit de mouvement, nergie et masse, il faut quil existe des gradients, respectivement de vitesse, de temprature, de concentration. grandeur diffuse quantit de mouvement nergie (chaleur) masse mcanisme viscosit cinmatique diffusivit thermique diffusivit de masse facteur gradient de vitesse gradient de temprature gradient de concentration
Tableau 1- Les diffrentes diffusions
A.1.2. La convection
La convection au contraire est un mouvement densemble des molcules. Il ny a pas de marche alatoire. Toutes les molcules vont (en moyenne) dans la mme direction. Leffet est trs efficace. La longueur parcourue est proportionnelle la vitesse : A.2 L = v t phnomne de convection Il est facile de voir que la marche alatoire est dautant plus efficace que la distance parcourir est plus petite. Pour les trs faibles distances la diffusion est beaucoup plus efficace que la convection car la vitesse dagitation des molcules est trs grande.
317
Arologie des systmes karstiques, annexes, A.1.3
Les deux phnomnes ont mme efficacit pour une longueur L0 et pour un temps t0 qui sont relis par la relation :
2 L0 = a t0 = V t0 soit t0 = L0 = L0 a V
L convection diffusion
soit V L0 = 1 a
A.3
L0
Pour les phnomnes de diffusion de quantit de mouvement, a doit tre remplac par la viscosit cinmatique (), et la condition ci-dessus se traduit par la proprit que les effets visqueux se font sentir une distance des solides telle que le nombre de Reynolds (V L /) est infrieur 1. Pour les phnomnes de diffusion, on a deux aspects importants retenir. Les diffusions qui durent un temps t ne peuvent influencer quune zone dpaisseur L = a t . Les diffusions ne peuvent concerner une distance L quau bout dun temps t = L2 /a.
t0
Fig. A-2- La diffusion est plus efficace que ladvection faible distance, linverse grande distance For short lengths, diffusion processes are more effective than advective processes
A.1.3. Longueur de mlange

Ces ides peuvent sappliquer au problme du mlange de masses dair de compositions diffrentes, par exemple de lair charg de dioxyde de carbone, qui sort dune fissure et dbouche dans lair dune galerie. La pesanteur va animer le phnomne de convection, le dioxyde de carbone va donc descendre au bas de la galerie et couler ventuellement au fond. Mais les gradients de concentration vont permettre la diffusion de sexercer. Tant que la diffusion naura pas galis les concentrations, la pesanteur pourra agir. Mais si un moment donn, la diffusion a russi lgalisation, elle sera dfinitive, la pesanteur ne pourra plus sparer les deux composants. Il faut distinguer suivant que la mlange se fait dune manire turbulente ou dune manire laminaire. Ce problme rejoint celui de lmission de panache thermique dans lair. Limitons-nous au mlange turbulent (le plus frquent) pour un transfert de quantit de mouvement. On observe que le mlange turbulent dun jet rond dans lair ambiant se fait suivant un cne dont langle au sommet est de lordre de 8 degrs (Viollet, 1997). De mme, un coulement plan de vitesse u se mlange lair ambiant par un didre dont langle douverture est voisin de 18 degrs (Papamoshou, Roshko, 1988, cit par Viollet, 1997)
A.1.4. Les analogies entre transfert de quantit de mouvement, transfert de chaleur et transfert de masse a) Les diffrents transferts
Ltude des transferts dans des conduits industriels rguliers a fait apparatre de grandes similitudes entre les diffrents phnomne de transports (surtout dans les gaz). Ces similitudes proviennent en gnral de la simplicit des conditions aux limites dans les coulements industriels. Par exemple la vitesse est nulle la paroi dune conduite, la temprature de la paroi est maintenue constante, ou la concentration en vapeur deau la paroi est la saturation. Les trois diffusivits de quantit de mouvement, thermique et massique sont voisines : = 14.10-6 m2.s-1 a = 20.10-6 m2.s-1 aCO2 = 13,9 10-6 m2 s-1 ah = 24.10-6 m2.s-1 10C 10C 0C 10C
Pour la diffusivit de la vapeur deau dans lair, indiquons la relation de Schirmer, valable de 20C et 90C : ah = 2,26.10-5 P 0 T p T0
1,81
A.4
Dans cette relation P0 = 105 Pa et T0 = 273 K. Par exemple pour T = 20C on trouve ah = 25,7.10-6 m2.s-1
318
Climatologie du monde souterrain, tome 2, A.1.4.b
Le nombre de Prandtl est le rapport de la diffusivit de quantit de mouvement sur la diffusivit thermique. Le nombre de Schmidt est le rapport de la diffusivit de quantit de mouvement sur la diffusivit de masse : Pr = a Sc = D
Le nombre de Schmidt du CO2 est voisin de 1, celui de la vapeur deau est voisin de 0,6. Les grandeurs de tension (qui jouent les rles de potentiel pour les flux) sont la vitesse pour la quantit de mouvement, la temprature (ou lenthalpie) pour lnergie, la concentration C pour les transferts de masse. Cette dernire est calcule par la masse du compos divis par le volume. C est exprime en kg.m-3. On en dduit que les paisseurs de couche limite cinmatique, thermique et de masse sont du mme ordre de grandeur. Si les conditions aux limites sont comparables, alors les quations qui rgissent les diffrents phnomnes sont les mmes. Ce sera obtenu, par exemple, si la vitesse la paroi, la temprature de paroi et la concentration la paroi sont maintenues constantes. diffusivit m2.s-1 unit de densit de flux convectif 1 V2 2 c V T unit de densit de flux diffusif 1 V2 2 T L D C L densit de flux N.m-2 W.m-2 qm kg.s .m
-1 -2
flux/unit convective 1 V2 2
flux/unit diffusive
quantit de mouvement
cf =
= 1 Re cf 2 T L q m Sh = am C L Nu =
chaleur
St = Nu Re.Pr = Sh Re.Sc
masse
am
V C
Tableau A:2- Les trois diffusivits, et les flux sans dimension correspondants
Les relations entre les densits de flux sans dimension et les nombres sans dimension caractrisant lcoulement, scrivent sous la forme : cf = f1 Re Nu = f2 Re, Pr Sh = f3 Re, Sc
Nous navons pas utilis, dans ltude des transferts thermiques, le nombre de Stanton (St) vu que le nombre de Nusselt suffit.
b) Transfert de chaleur par analogie avec le coefficient de perte de charge

Par exemple, regardons quel est lanalogue en thermique de la relation de Blasius qui fournit le coefficient de perte de charge linique en coulement turbulent lisse. Cette dernire relation scrit : = 0,316 Re1/4 A.5
Le thorme global dEuler (bilan de quantit de mouvement) appliqu une conduite donne une relation entre la perte de charge et la contrainte la paroi :
2 D L = p D 4
= p D = V2 4L 8
A.6
319
Arologie des systmes karstiques, annexes, A.1.4.c
En la transformant par lanalogie dcrite au a, on obtient une relation entre le nombre de Nusselt Nu et le coefficient de perte de charge : Nu = 1 Re cf = 1 Re Nu = Re A.7 2 2 1 V2 8 2 Et en transformant par la relation de Blasius : Nu = 0,313 Re0,75 = 0,039 Re0,75 8 Cette relation ressemble la relation de Colburn gnralement utilise pour les tubes lisses. A.8
c) Analogie de Reynolds
Comme le nombre de Prandtl est voisin de 1, on admet que les fonctions f1 et f2 sont identiques. Mais pour que cette galit soit vrifie, il faut que les conditions aux limites soient du mme genre. Pour la quantit de mouvement, la condition aux limites est une vitesse nulle la paroi. Mais pour le transfert de chaleur, on ne peut pas considrer que la temprature de la paroi reste constante au cours du temps. un instant donn, la temprature de paroi dpend de labscisse considre. Cette variation de la temprature de paroi nest pas ngligeable. Dans la partie 2 on calculera en fonction de la frquence des variations thermiques extrieures, la temprature moyenne de la paroi. Lanalogie de Reynolds nest donc pas vrifie strictement pour les coulements dans les conduits naturels. Cela rsulte de linertie thermique de la roche derrire la surface de la paroi. Il faut crire les relations de la dynamique indpendamment de celles des transferts thermiques. Mais dans certains cas, lanalogie permettra de calculer des ordres de grandeur.
d) Analogie de Lewis
Pour le transfert de masse, le phnomne local est un peu plus compliqu que le transfert de chaleur. En effet la migration dun composant vers la surface se traduirait par une accumulation si elle ntait pas compense par une migration en sens inverse du complment de lair. Cest seulement quand le titre massique du composant que lon considre (vapeur deau ou CO2) est petit devant 1 quon peut alors ngliger ce contre-flux. Dans cette hypothse, les deux phnomnes de transfert de chaleur et de vapeur deau sont alors comparables. Cette condition est le plus souvent remplie en climatologie souterraine. Comme le nombre de Schmidt est voisin de 1 , on admet que les deux fonctions f1 et f3 sont identiques et donc que f1 = f2 = f3 . Cest lhypothse de Lewis, assez bien vrifie dans lair condition que les pressions partielles de la vapeur et du CO2 soient faibles. Par exemple, les mesures avec la vapeur deau fournissent dans un tuyau ( la paroi maintenue humide) la relation (Guilliland, 1934) : A.9 Sh = 0,023 Re0,83 Sc0,44 Cette relation est trs voisine de celle quon obtiendrait partir de la relation de Colburn : Sh = 0,023 Re0,80 Sc0,33 A.10
Cette hypothse est bien vrifie dans les installations industrielles comme les laveurs utiliss en climatisation industrielle pour lesquelles les phnomnes de mmoire thermiques nexistent pas. Est-ce quelle sera encore vrifie pour des conduits irrguliers avec mmoire thermique des parois comme dans les cavits naturelles ?
e) Limites de validit de lanalogie de Lewis en climatologie souterraine

Malheureusement lanalogie sur les conditions aux limites nest pas bien vrifie dans les conduits naturels souterrains (paroi isotherme et paroi sature). Pour la chaleur, la temprature des parois est intermdiaire entre la temprature du fluide et la temprature de la roche profonde. Elle change donc au cours du temps. Les parois des conduits ne peuvent en gnral pas tre considres comme isothermes alors que pour lhumidit, les parois pourraient tre considres comme satures.
320
Climatologie du monde souterrain, tome 2, A.1.4.e
On a vu dans la partie 3 quil y a une autre raison importante, lie aux distances typiques caractristiques dans un tube vent, qui empche lanalogie de Lewis dtre correcte. En effet la rponse dun conduit une impulsion thermique en marche descalier se fait sur une distance du mme ordre de grandeur que la rponse en humidit. Cest la distance de perturbation la plus courte quon puisse trouver. Pour toute autre perturbation, du genre sinusodal par exemple, avec une priode plus ou moins longue, la distance augmentera avec la priode et sera plus grande que la distance obtenue avec une impulsion en marche descalier. Les distances pour que lair rejoigne la courbe de saturation sont toujours des distances courtes. On en dduit que lanalogie de Lewis conviendra assez bien ltude de lvolution de lair humide suite des impulsions de temprature et dhumidit. Mais quelle sera fausse dans des cas de variations priodiques de la temprature. Et comme les variations priodiques sont le propre des variations thermiques atmosphriques, lanalogie ne conviendra que rarement. Pour une distance suprieure cette distance impulsionnelle, lair se trouve satur mais pas encore en quilibre thermique. Lvolution thermique saccompagnera dune volution en humidit spcifique. Mais la trajectoire de lair, dans un diagramme de lair humide, restera peu prs sur la courbe de saturation. Lanalogie de Lewis nest pas vrifie dans ce cas, mais cest sans importance car lvolution de lair est facile suivre.
_______________________
321
A.2. Les quatre lois de bilan sous forme globale et lquation dtat
A.2.1. Dfinitions
Invariants. La physique depuis 2000 ans a consist, pour une grande part, trouver des invariants dans la nature. Au sicle dernier, les efforts des savants ont mis en vidence quatre lois de conservations pour un systme ferm et isol : conservation de la masse m conservation de la quantit de mouvement m V conservation de lnergie conservation de la charge lectrique. Grandeurs extensives. Les grandeurs pouvant faire lobjet de bilan sont des grandeurs extensives, cest--dire dont on peut faire la somme, objet par objet ou volume par volume. Par exemple, la masse dun ensemble de n objets est la somme des masses de chaque objet. La masse contenue dans un volume est la somme des masses contenues dans chacune des parties qui constituent le volume. Toutes les grandeurs ne sont pas extensives. Par exemple, la temprature dun objet nest pas la somme des tempratures de chacune de ses parties. Seules les trois premires sont concernes par les courants dair. Pour lentropie, ce nest que plus rcemment quon a pris lhabitude den faire un bilan, en introduisant les termes de production dentropie lis lirrversibilit des phnomnes (par exemple, Prigogine 1991). Pendant longtemps, on sest content dcrire pour cette grandeur une simple ingalit. Systme ferm et isol. Ces lois de conservations ne sappliquent que si le systme est ferm ou isol. Un systme est ferm si aucune matire ne traverse la surface limitant le systme. Il est dit isol, sil ny a pas de sources de la grandeur considre. Il est bien vident que lair dans une galerie (de mme que le karst en gnral) ne constitue pas un systme ferm, ni un systme isol. On examinera cette question en dtail dans la partie 4. Bilan. Pour un systme ouvert et non isol, il ny a pas de conservation pour les grandeurs extensives, en revanche on peut en faire un bilan. Considrons un volume v fixe dans lespace et constitu dun fluide. On lappelle volume de contrle. Ce volume est limit par une surface S. On va examiner les variations au cours du temps de la masse, de la quantit de mouvement, de lnergie et de lentropie dans ce volume v.
A.2.2. Les variations de la masse volumique et lapproximation de Boussinesq

Les quations sont souvent bien plus simples si on peut considrer constante la masse volumique . Quand ce nest pas le cas, on constate que souvent les variations restent petites. Lapproximation qui consiste supposer que les fluctuations relatives de masses volumiques restent petites devant 1, sappelle lapproximation de Boussinesq. Cette approximation permet de linariser les quations par rapport la masse volumique. On se contentera partout des termes du premier ordre. Examinons plus en dtail dans quels cas la masse volumique varie, et dans quels cas lapproximation de Boussinesq est vrifie. Pour un gaz parfait la masse volumique dpend de la temprature et de la pression. Et la pression dpend de laltitude via la pesanteur. Si on prend comme rfrence les conditions normales de temprature et de pression (T0 = 273,15 K et p0 = 1,013 105 Pa), on a : A.11 = 0 p T0 pour un gaz donn p0 T Il y a quatre sortes dcoulements pour lesquels la masse volumique dun gaz varie dune manire significative.
a) Les coulements grande vitesse

La masse volumique change parce que les pressions dans le gaz changent fortement grandes vitesses. On peut adopter comme variation de pression, la surpression obtenue un point darrt. Dans le cas dune transformation adiabatique, on obtient : = 1 p 1 u2 = 1 u2 = 1 M2 A.12 p 2 P 2 c2 2 son
322
En effet, la vitesse du son est donne par la relation due Laplace : et on appelle nombre de Mach de l'coulement, le rapport :
cson =
A.13
M= u cson
On conclut de la relation prcdente que la masse volumique varie nettement si le nombre de Mach nest pas petit. Les fluctuations relatives de la masse volumique seront infrieures 1%, si le nombre de Mach est infrieur 0,14 soit une vitesse de 48 m/s 20 C. Dans ce cas, on pourra ngliger carrment les variations de masse volumique. Pour une variation de masse volumique jusqu 10%, on pourra utiliser les relations linarises. La vitesse correspondante est alors de 150 m/s environ. En climatologie souterraine, il est rare que les vitesses atteignent ces valeurs. Si elles taient nettement suprieures, il faudrait faire appel aux quations des coulements compressibles (quation de Saint-Venant, thormes de Hugoniot ).
b) Les coulements grande chelle

La pesanteur intervient sur la pression et donc sur la masse volumique. Si un coulement concerne de grands systmes fluides comme latmosphre, on ne peut pas ngliger les variations de masse volumique lies aux variations de pression. Dans le cas dune atmosphre adiabatique, on obtient : = p g h = g h p P rT A.14
Le rsultat est le carr du quotient dun nombre de Mach par un nombre de Froude. Pour un systme dont lampleur verticale atteint h = 110 m , les variations de masse volumique valent 1 %, cest--dire sont ngligeables. Ainsi, on pourra ngliger linfluence de la pesanteur sur les variations de masse volumique pour ltude de phnomnes de faibles ampleurs verticales (tude des glacires, piges air chaud ou froid). Pour ltude de phnomnes dont lextension verticale se trouve dans la fourchette (110 m, 1100 m) il faudra tenir compte des variations de masse volumique du fait de la pesanteur mais lapproximation de Boussinesq restera valable car les variations relatives de masse volumique seront infrieures 10%. Cest seulement pour des phnomnes faisant intervenir des hauteurs du mme ordre de grandeur que latmosphre (6 km par exemple), que lapproximation de Boussinesq ne serait plus valable. Ce cas ne concerne gure la climatologie souterraine.
c) Les coulements avec un change de chaleur

Lapport de chaleur provoque une augmentation de temprature. Cette augmentation de temprature entrane une diminution de la masse volumique. Raisonnement invers sil sagit dun refroidissement : T 1 T p >> 1 u2 p u2 T T A.15
Lcart de temprature est donn par la puissance injecte = qm cp T2 - T1 = T T qm cp T c'est un nombre de Stanton A.16
La variation relative de masse volumique basse vitesse est gale au nombre de Stanton de lchange, cest--dire le rapport entre la puissance injecte et la puissance advecte par le fluide. Les variations de masse volumique imputables aux variations de temprature pourront tre ngliges si ces dernires sont infrieures 3C. Cette condition est en gnral remplie ds quon se trouve de quelques dizaines de mtres quelques centaines de mtres des entres. En revanche, prs des entres de cavits et pour des courants dair aspirants, on pourra observer des variations relatives de la temprature absolue jusqu une trentaine de degrs. Les variations de la masse volumique atteignent alors 10%. On doit prendre en compte les variations de masse volumique, mais lapproximation de Boussinesq est tout fait valable. Les zones dentres tant rduites par rapport lextension des rseaux, on voit que lerreur commise dans ces rgions, si on nglige tout fait les variations de masse volumique, ne compromettra gure les rsultats densemble.
323
Arologie des systmes karstiques, annexes, A.2.2.d
d) Les coulements avec apport de gaz diffrents ou avec raction chimique

Sil y a un apport de gaz diffrent de lair (vapeur deau ou dioxyde de carbone) ou une raction chimique dans un coulement, les constituants voluent le long du conduit. Mais la quantit de dioxyde de carbone contenue dans lair est la plupart du temps infrieure 1%, de mme les masses de vapeur contenue dans lair ne dpasse pas 2 ou 3% (aux tempratures habituelles des cavits). On dmontre facilement que les variations de masse volumique de lair humide du fait de la vapeur deau ( pression et temprature constante) scrivent : = - 2,32.10-3 exp 17,56 241 + A.17
Dans cette expression, est lhumidit relative et est la temprature en C. On voit que les variations restent infrieures 1% si la temprature reste infrieure 22C. Mais mme pour des tempratures suprieures, la plupart des variations relatives de la masse volumique seront infrieures 1%. Il est donc souvent inutile de prendre en compte la quantit de vapeur deau dans le calcul de la masse volumique. Conclusion. Lhypothse dune masse volumique constante est valable pour des coulements souterrains, excepts ceux qui se produisent prs des entres (tude des piges air chaud ou froid ou des glacires) et ceux qui concernent des dnivellations suprieures 150 m. Dans les autres cas on pourra tenir compte des changements de masse volumique en se plaant dans lapproximation de Boussinesq. Dans ces cas-l, on dit que lcoulement est fluide dilatable (on garde lappellation compressible pour les fluides grandes vitesses). rle des vitesses / < 1% / < 10 % V < 48 m/s V < 150 m/s rle de la dnivellation h < 110 m h < 1500 m rle des apports thermiques < 3C < 30C rle de la vapeur deau si < 22C si < 66C
Tableau 3- Les variations de masse volumique de lair. On pourra comparer avec le 1.1.6.c. Les diffrences proviennent des diffrences de temprature
L'approximation de Boussinesq correspond :
0,01 < < 0,1
A.2.3. quations de bilan intgres dans le temps et sur une section

Les quations locales instantanes ne sont presque jamais utilises, mme sur ordinateur, pour une question de puissance de calcul (la rsolution serait dite alors numrique directe). En gnral, les gros logiciels de calcul proposent une rsolution partir des quations moyennes et en fermant les quations par une mthode ou une autre suivant le problme trait. La complexit des conduits naturels fait que mme cette mthode simplifie est pratiquement hors de porte pour ltude de rseaux souterrains, lexception cependant de tous petits systmes du genre pige air chaud ou froid. Il semble tout fait illogique de vouloir sacharner sur des quations compliques en modlisant grossirement la surface des conduits. Il vaut mieux changer de mthode et intgrer les quations locales sur une section de conduit. Les quations deviennent des quations de bilan et possdent un sens physique clair. Cependant les phnomnes de transferts de quantit de mouvement, de chaleur ou de masse la paroi, qui dpendent de la valeur locale la paroi respectivement du gradient de vitesse, du gradient de temprature et du gradient dhumidit spcifique, ne sont pas fournies directement par la solution. Il faut donc ajouter aux interfaces air-paroi ou air-eau des quations phnomnologiques qui fournissent les transferts de quantit de mouvement, de chaleur ou de vapeur deau. Cest ce que nous avons fait dans la partie 1.
A.2.4. Bilan de masse pour un volume fini fixe

On peut crire localement lquation de continuit qui traduit la conservation de la masse. Mais dans les applications de climatologie, il vaut mieux appliquer directement le bilan de masse un volume fini plutt quen un point.
324
Le bilan de masse pour le volume fixe choisi se traduit par la proprit : la drive temporelle de la masse contenue dans le volume de contrle est gale la diffrence du dbit entrant et du dbit sortant, ajoute des sources de matires (vaporation en paroi par exemple) : dm = dbit entrant - dbit sortant + sources de matires dt A.18
qm1 w1
volume de contrle
qm2 w2
qmv
Fig. A-3- Schma pour lcriture dun bilan de masse Sketch and notations for mass balance
Si on sintresse un constituant particulier de lair, on pourra crire une quation de bilan pour ce constituant. La relation pour tous les constituants est simplement la somme des relations, membre membre, pour chacun des constituants. Dans les phnomnes dvaporation ou de condensation, on sintresse plus particulirement la masse deau sous forme de vapeur (gaz) transporte par lair.
Lcoulement dans un conduit naturel est en gnral turbulent, cest--dire que la vitesse en un point fluctue au cours du temps. On supposera que lcoulement est quasi stationnaire, cest--dire que les fluctuations turbulentes se font sur des temps nettement plus courts que le temps dvolution du systme. Si lcoulement est permanent et sil ny a pas dapport de masse, le dbit masse de fluide se conserve tout le long de la conduite. Sil y a un apport, par exemple apport deau, on crira que la somme des dbits masse qui entrent dans le volume (choisi comme systme) est gal, en rgime permanent, au dbit masse total qui sort. Les trois chelles de temps La turbulence engendre des fluctuations rapides de telle sorte que la vitesse change dune manire significative au bout dun temps not t1 (par exemple 1 s). Le courant dair parcourt un conduit de longueur L (par exemple 500 m) une vitesse V (par exemple 1 m/s) et met un temps t2 (par exemple 500 s) pour la parcourir. Enfin, supposons que les conditions extrieures se modifient au cours de la journe, ce qui engendre des modifications significatives de la vitesse au bout dun temps t3 (par exemple 100 000 s).
0 t1 t2 t3 ln(t)
Fig. A-4- Les diffrentes chelles de temps Time scales
On dduit de cette analyse que le calcul dune grandeur moyenne (pour lisser la turbulence) devra se faire sur un temps de lordre de quelques t1 , que lcoulement pourra tre considr comme stationnaire sur la longueur du conduit pendant un temps de lordre de t2 si t2 est nettement plus petit que t3 . Et les quations dvolution temporelle devront faire intervenir des temps de lordre de t3. Dbit masse On calcule ainsi facilement le dbit masse linstant t dans une section de conduit en intgrant sur un intervalle de temps petit, mais suffisant pour lisser la turbulence, et en intgrant une deuxime fois dans la section : m=
S
ui ds
m =
S
ui + ' u'i ds
ui ds
A.19
Dans la dtermination du dbit masse moyen, on nglige les corrlations masse volumique - vitesse (approximation de Boussinesq). On a vu que les fluctuations des masses volumiques peuvent tre engendres par les fluctuations des pressions et celles de la temprature, mais elles restent en gnral trs modestes. En rgime turbulent stationnaire, on pourra crire que le dbit masse moyen se conserve tout le long de la conduite. Mais mme si on tudie un transitoire, le temps de passage de lcoulement est en gnral court devant le temps de modification de lcoulement. Dans ce cas, on peut admettre que le dbit masse est constant dans une galerie sans apport secondaire dair.
325
Comme il y a deux sortes de gaz : lair sec et la vapeur, on peut crire deux quations de bilan instantan, une quation pour lair sec et une autre pour la vapeur deau : pour la vapeur ma w1 + mv = ma w2 A.20
Les conduits souterrains amnent de la vapeur deau ventuellement mais le dbit masse dair sec se conserve le long dun conduit. Ladoption de la rfrence lair sec (grandeurs dites spcifiques) nous permet de ne considrer quune seule quation pour le bilan de masse : le bilan de la vapeur deau. Cette relation sera valable en coulement turbulent moyenn, seulement sil ny a pas de fluctuation de lhumidit spcifique dans une section donne ou en prenant la moyenne de lhumidit spcifique dans une section. Pour passer du dbit masse total au dbit masse dair sec (trs voisin), il suffira dutiliser la relation : ma = m 1+w A.21
Dbit gnralis. Le mot dbit est maintenant tendu toute grandeur extensive. Un dbit masse est homogne une masse divise par un temps, un dbit de quantit de mouvement est une quantit de mouvement divise par un temps. Cest donc un dbit masse multipli par une vitesse, il est homogne une force. Un dbit dnergie est une nergie divise par un temps, cest--dire une puissance. Mais le mot dbit dnergie ne recouvre pas la mme notion que le mot puissance, il signifie une nergie advecte par un mouvement de matire. Tout dbit de matire advecte avec lui un dbit de quantit de mouvement, dnergie, dentropie
A.2.5. Bilan de quantit de mouvement (ou thorme global dEuler)

Pour la quantit de mouvement on peut crire un bilan analogue. La loi de Newton pour un systme ferm scrit : d mV = F ext dt Cette loi peut snoncer aussi de la faon suivante : la drive par rapport au temps de la quantit de mouvement contenue dans le volume de contrle, est gale aux sources de quantit de mouvement que constituent les forces extrieures. Cette faon de considrer les forces comme des sources de quantit de mouvement est trs commode pour les systmes ouverts. Pour un systme ouvert, la loi de Newton snonce de la faon suivante : la drive par rapport au temps de la quantit de mouvement contenue dans le volume de contrle, est gale au dbit entrant de quantit de mouvement moins le dbit sortant, ajout aux sources de quantit de mouvement (forces extrieures).
volume de contrle
A.22
dbit entrant de masse de quantit de mouvement d'nergie
dbit sortant de masse de quantit de mouvement d'nergie
apport de masse de quantit de mouvement d'nergie

Fig. A-5- Le bilan de quantit de mouvement sur un volume de contrle (tronon de galerie) Momentum balance for a controlled volume
Comment calcule-t-on un dbit de quantit de mouvement ? Si la vitesse est uniforme, cest le produit qm V dun dbit masse par une vitesse, sinon il faut procder une intgration sur les surfaces dentre et de sortie. Ce dbit de quantit de mouvement est donc un vecteur, alors que le dbit de masse est un scalaire (dfini par un seul nombre) : d dt V ds + d V V. n ds = dx s s p ds + x s g ds +
s s
V ds
A.23
326
L encore, il sagit dune quation instantane. Il faut moyenner cette quation dans le temps pour obtenir un bilan moyenn. Dans cette opration apparatront des termes de corrlations turbulentes. Si les vitesses sont uniformes dans la section dentre et dans la section de sortie, alors les intgrales se transforment en simples produits : d dt V dv = qmVe - qmVs + forces extrieures (thorme d'Euler)
v
A.24
Les forces extrieures sont les forces de volume (pesanteur) appliques au fluide dans le volume de contrle. Ce sont les forces de surface, contraintes normales de pression et contraintes tangentielles dues la viscosit. Si en plus lcoulement est permanent, alors le bilan de quantit de mouvement se ramne la proprit suivante : le dbit de quantit de mouvement sortant moins le dbit entrant est gal aux forces extrieures : qmVs - qmVe = somme des forces extrieures A.25
A.2.6. Bilan dnergie

Il y a trois quations lies lnergie. On va les appliquer un volume (dit volume de contrle) qui est en climatisation souterraine, un tronon de conduit.
a) quation de lnergie
La premire quation traduit le premier principe de la thermodynamique, cest lquation quon appelle quation de lnergie : apport par conduction nergie interne d bit entrant nergie interne d = + + sources thermiques A.26 dt + nergie cintique - dbit sortant + nergie cintique + dissipation Il ny a que les forces de pression et de pesanteur qui travaillent. La pression et les contraintes visqueuses ne travaillent pas au niveau de la paroi car les vitesses y sont nulles. La puissance des forces de pesanteur est loppose de la variation dnergie potentielle. La source volumique thermique est not Q en (W). Elle pourrait provenir dun changement dtat de la vapeur. Lquation de bilan scrit donc (A.27) : d dt S2
u1 p1 A1
u2 p2 A2
2 e + u dv = 2 V
S1
2 1 e1 + p1 + u1 + g z1 v1 i1 ds1 1 2
2 e2 + p2 + + g z2 v2 i2 ds2 + 2 2
u2 2
grad T n ds + Q
S
Fig. A-6- Schma pour lcriture dun bilan dnergie dans un tronon de conduit limit par une surface dentre S1 et une surface de sortie S2 Sketch and notations for an energy balance in the controlled volume
On remarque que lenthalpie apparat naturellement dans les intgrales de surface (h = e + p/) .Le symbole . est celui du produit scalaire.
b) quation de bilan dnergie cintique

La deuxime quation est le bilan dnergie mcanique. Elle rsulte de la loi de Newton et na rien voir avec le premier principe de la thermodynamique. Elle snonce comme suit : des forces ext. de pesanteur de l'nergie d nergie = dbit entrant + puissance des forces ext. de pression A.28 dt cintique - dbit sortant cintique des forces intrieures
327
La grande diffrence avec la prcdente est la prsence de la puissance des forces intrieures. Cette puissance comporte deux termes : lun est d la puissance des forces de pression en prsence des changements de volume du fluide et le deuxime provient des contraintes visqueuses. Cette dernire puissance est ngative car les frottements visqueux assurent un transfert dnergie mcanique en chaleur. Ce terme, chang de signe, est donc une source positive de chaleur qui est appele dissipation.
c) quation de la chaleur
Lquation de la chaleur rsulte de la diffrence entre les deux premires quations. Cette dernire quation ne contient pas les termes dnergie cintique : nergie interne dbit entrant - dbit sortant de l'nergie interne puissance des forces intrieures de pression apport par conduction + + sources thermiques + dissipation A.29
d dt
On montre quon a intrt crire un bilan en terme denthalpie car alors les pressions ne jouent pas de rle (sauf en coulement trs rapide avec un nombre de Mach suprieur 0,3) : d enthalpie = dbit entrant dt - dbit sortant apport par conduction de l'enthalpie + + sources thermiques + dissipation A.30
Quand on veut tenir compte de changements dtat ventuels de leau, on utilise alors lenthalpie spcifique qui prend en compte lenthalpie de la vapeur deau et permet de supprimer le terme de sources thermiques. La formulation instantane devient : d dt S2
a h dv =
V S1
a1 h1 v1 i1 ds1 A.31 grad T n ds + qv p

S
a2 h2 v2 i2 ds2 +
Dans cette relation S1 est la surface dentre, S2 est la surface de sortie et S est la surface totale limitant le volume de contrle (S1 + S2 + Slatrale). a est la masse volumique de lair sec (on a enlev la vapeur lair humide). On a remplac la fonction de dissipation par une expression tire de la perte de charge p multiplie par le dbit volume : ma hs - he = puissance des forces de pesanteur et de la viscosit + puissance thermique A.32
A.2.7. Bilan dentropie

La thermodynamique a mis en vidence le concept dentropie (Clausius). Lentropie est une grandeur extensive note S dont la variation pour un corps se calcule par la relation : dS e = dQ A.33 T dans laquelle Q est une quantit de chaleur apporte au corps et T est la temprature absolue. Lentropie sexprime donc en J.K-1. Lentropie tant une grandeur extensive, lentropie de deux corps est la somme des entropies. De mme que lnergie, elle est dfinie une constante additive prs. Ce sont les diffrences dentropie qui ont un sens. Si un corps reoit une quantit de chaleur dQ, son entropie saccrot de dSe. Pour calculer laccroissement dentropie pour une quantit de chaleur finie, il faut tudier lvolution thermique du corps au cours du transfert et calculer la somme (intgrale) des accroissements dentropie. Si on voulait mesurer cet apport dentropie, il suffirait dun entropimtre constitu dun fluxmtre et dun thermomtre coupl.
328
On remarque quun apport de chaleur haute temprature saccompagne dun apport dentropie plus petit que si lapport se faisait basse temprature. Cest cette proprit qui est utilise dans les machines thermiques places entre deux sources de chaleur de tempratures ingales. Examinons cette proprit de plus prs. Une machine thermique est un systme qui permet de transformer partiellement de lnergie thermique (chaleur) en nergie mcanique. Une machine thermique est un systme ouvert. Il y entre de lnergie thermique provenant dune source chaude. Il en sort de lnergie thermique vers une source froide et de lnergie mcanique. Le bilan dnergie nous permet dcrire que lnergie qui entre, est gale lnergie qui sort. Au point de vue nergtique, une machine thermique ne sert rien : elle ne produit pas dnergie. Elle se contente de diffrencier lnergie sortante en nergie thermique et nergie mcanique. Il faut regarder le fonctionnement en terme dentropie pour comprendre son intrt. Si le fonctionnement est rversible, la production dentropie est nulle. On en dduit que le dbit dentropie entrant est gal au dbit dentropie sortant, do la relation qui exprime le travail maximal rcuprable (Carnot) : Qe = Qs W = Q - Q = Q 1 - Te A.34 e s e Te Ts Ts Laspect mystrieux de lentropie vient de la production dentropie associe au caractre irrversible dune transformation. Il ne faut pas se fatiguer essayer de comprendre do cela provient. Il suffit de retenir que le dbit de cette source supplmentaire dentropie traduit le caractre irrversible de la transformation. Bilan dentropie. Le bilan pour un volume de contrle scrit comme pour les autres grandeurs extensives. La seule diffrence provient de lexistence de la source supplmentaire dentropie loccasion des transformations irrversibles : dS e = qms + source d'entropie par irrversibilit + source d'entropie par apport de chaleur dt A.35
A.2.8. Reprsentation unifie des 4 lois

On a vu que si les grandeurs ne sont pas constantes dans le volume il faut calculer la grandeur par la somme des grandeurs pour des volumes lmentaires. En particulier, le premier terme des quations scrit alors : G dv t v avec G = 1 (masse) G = V (quantit de mouvement) G = V + h (nergie) 2
2
A.36
De mme pour le calcul des dbits, si les grandeurs ne sont pas constantes sur la surface, on crit le dbit sous forme dune intgrale de surface : - G V n ds
S
le point = produit scalaire G = V + h (nergie) 2

2
A.37
avec G = 1 (masse)
G = V (quantit de mouvement)
On remarque que notre vocabulaire : dbit dune grandeur et source dune grandeur (emprunt lhydraulique), permet une prsentation unifie des quatre premires lois de conservation de la physique classique. La conservation de la charge lectrique scrirait de la mme faon en disant quun courant est un dbit de charge. Cette prsentation unifie peut se rsumer dans la phrase : la drive par rapport au temps dune grandeur conservative intgre dans un volume fixe est gale au dbit algbriquement entrant de cette grandeur travers la surface, augment des sources de la grandeur : G) dv = t v avec G = 1 (masse) - G V n ds + sources de G
s
A.38
2 G = V + h (nergie) 2
G = V (quantit de mouvement)
329
Dbit et flux dune grandeur. Cette prsentation met en vidence une notion trs importante, cest la notion de dbit dune grandeur. La matire, quand elle traverse la surface (de pense) qui limite notre volume de contrle, transporte (on dit aussi : advecte) avec elle trois grandeurs, la masse, la quantit de mouvement et lnergie. Cest pour cela que ce phnomne sappelle phnomne de transport. En gnral, suivant le phnomne, on nutilise pas le mme terme pour dsigner le dbit de la grandeur. Pour le dbit de matire, on parlera de dbit masse, pour le dbit de quantit de mouvement on parlera dadvection et pour le dbit dnergie on parlera de convection. Mais on sent bien la profonde unit de ces trois concepts. On remarque enfin que le dbit dune grandeur G travers une surface S est identique au flux du vecteur G V travers cette surface. Certains auteurs utilisent le mot flux dans le mme sens que le mot dbit, mais il vaut mieux faire la distinction.
_______________________
330
A.3. Les quations locales

Nous ne nous servirons pas dans cet ouvrage des quations locales mais certains utilisateurs pourront avoir accs des logiciels qui traitent les problmes de climatologie souterraine par des quations locales.
A.3.1. Les trois quations locales instantanes dans lapproximation de Boussinesq

Plutt que de faire les trois bilans sur un volume fini, on peut les ramener en un domaine ponctuel. On obtient alors les quations locales de la mcanique des fluides. Ce sont ces quations que lon devra rsoudre dans une modlisation fine dun petit volume comme celui dune glacire ou dun pige air chaud. Il ne semble en effet gure possible de rsoudre ces quations dans un systme arologique complet.
a) quation de continuit (conservation de la masse) :

+ u + uj = 0 j t xj xj A.39
On doit faire la sommation sur lindice j (ou i) depuis la valeur 1 jusqu la valeur 3, quand il est rpt deux fois dans une expression monome (convention dEinstein). On montre que dans lapproximation de Boussinesq (cf. A.2.2), on peut ngliger le deuxime terme devant le troisime. Mais le premier terme ne sera pas ngligeable pour des phnomnes rapides (comme ceux lis la propagation dune perturbation de pression). + uj = 0 t xj ui + uj ui = - p + gi + ij t xj xi xj A.40
b) quation de la dynamique (Navier Stokes)

Quand est variable, elle scrit : ui + uj ui = - p + gi + ij t xj xi xj A.41
avec gi , vecteur acclration de la pesanteur, et ij , tenseur des contraintes visqueuses qui scrit pour un fluide newtonien : u ij = ui + j + ' ij uk A.42 xj xi xk Dans cette dernire quation, ij est le symbole de Kronecker qui vaut 1, si i = j et 0 dans le cas contraire. est la viscosit dynamique de lair et est la seconde viscosit. Dans lapproximation de Boussinesq, cette quation va se simplifier. Supposons connues les rpartitions des pressions et masses volumiques en fonction de laltitude en labsence de mouvement, et pour la mme distribution de temprature et dhumidit quavec un mouvement. Lquation fournit : pr = g r i xi A.43
On peut calculer les grandeurs de rfrence pr et r en fonction de laltitude, connaissant la rpartition des tempratures. Posons : p = pr + p* et = r + * . Lquation de Navier-Stokes se transforme en (dveloppement au premier ordre) : ui + u ui = - 1 p* + * g + 2 ui A.44 j i r xi r t xj x2 j Le terme contenant la pesanteur est trs petit car la variation de masse volumique * due au mouvement, est petite.
331
Calculons l'ordre de grandeur du rapport
* : r
* p = g H = T g H = 4,3.10-7 T.H r p p r T2
A.45
On en dduit que dans un tube vent avec une dnivellation H de 800 m et un cart de temprature intrieur-extrieur de T = 20C, le rapport vaut au maximum 7/1000. On pourra donc ngliger ce terme dans tous les cas dcoulements souterrains. On voit ainsi que la variation relative de masse volumique correspond la variation relative de pression engendre par les pertes de charge. La pression p* joue pour les coulements dilatants, un rle comparable la pression motrice pour les coulements incompressibles. Lquation de la dynamique se met finalement sous la forme : ui + u ui = - 1 p* + 2 ui j r xi t xj x2 j avec p* = p - pr A.46
Dans le cas frquent o la temprature de la cavit est peu prs constante et gale Tr , on peut calculer p*: p* = p - pr = p - p0 exp - 0 g z p0 A.47
c) quation de la chaleur
On obtient classiquement lquation de la chaleur en formant lquation de lnergie (premier principe) et celle de lnergie cintique et en soustrayant la deuxime de la premire. Le rsultat scrit : u hair + uj hair = T + a ah L w + p + uj p + ij ui + j - gj uj t xj xj xj xj t xj xj xi A.48
Dans cette quation hair est lenthalpie massique de lair (elle comprend deux termes : lun relatif lnergie sensible de lair sec et lautre relatif lnergie latente de la vapeur deau contenue dans lair), est la conductivit thermique de lair. On identifie facilement les diffrents termes. Le membre de gauche reprsente la drive matrielle de lenthalpie. Le premier terme du membre de droite correspond loppos de la divergence du flux de conduction thermique (loi de Fourier) et du flux rsultant de la diffusion de vapeur deau dans lair, les deuxime et troisime marquent la drive matrielle de la pression, le quatrime terme reprsente la puissance des contraintes visqueuses et le dernier, la puissance des forces de pesanteur. Dans les coulements basses vitesses, la drive matrielle de la pression est ngligeable (elle varie comme linverse du carr du nombre de Mach). Do la simplification : u hair + uj hair = T + a ah L w + ij ui + j - gj uj t xj xj xj xj xj xi A.49
Dans cette quation, lavant dernier terme est la dissipation, cest--dire la puissance mcanique transforme en chaleur par la viscosit. Cest ce terme qui intervient dans la perte de charge de lquation de Bernoulli. Le terme de dissipation nest pas trs important. On a vu ( 4.3.2.g) quil se traduit par un gradient de temprature trs faible. On peut donc ngliger ce terme et comme et a ah L peuvent tre considrs comme constants, lquation se simplifie encore (en passant lenthalpie spcifique et en prenant comme masse volumique, la masse volumique a de lair sec) : 2 2 h + u h T w a = + a ah L - gj uj j A.50 t x2 x2 xj j j Dhabitude, les quations de la chaleur ne prennent pas en compte lnergie lie la vapeur deau. En climatologie souterraine, cette approximation nest pas correcte puisque les apports dnergie par diffusion de vapeur deau sont le plus souvent suprieurs aux apports thermiques.
332
Certains prennent en compte la puissance des forces de pesanteur en introduisant une temprature potentielle qui tient compte du gradient adiabatique sec. Cette prsentation permet de supprimer un terme dans lquation, mais nous ne suivrons pas cette mthode car le gradient thermique de lair dans les cavits naturelles est plutt le gradient adiabatique humide. Explicitons h , enthalpie spcifique de lair humide (elle est trs voisine mais un peu suprieure lenthalpie massique) : dh = cp dT + L dw d) quation de bilan de la vapeur deau De la mme faon ou peut faire un bilan de masse pour la vapeur deau (ou sur le dioxyde de carbone) : w + u w = + a 2 w j h t xj x2 j A.52 A.51
Lensemble des quations locales. Les inconnues reprsentant les grandeurs locales sont au nombre de 6 : ui, T, w, p . Les quations sont aussi au nombre de 6. Continuit (1), dynamique (3), chaleur (1), bilan de masse pour la vapeur (1). Le compte y est, mais la rsolution numrique directe ne peut concerner que des systmes de formes gomtriques simples. Car la turbulence grands nombres de Reynolds ncessite un maillage trs fin, trs gourmand en temps de calcul. La mthode actuellement utilise en rsolution numrique est la modlisation des petites structures. Seules les grandes structures sont calcules numriquement. Nous nen dirons pas plus sur un sujet en pleine volution.
A.3.2. Les trois quations locales moyennes dans le temps dans lapproximation de Boussinesq
Les grandeurs turbulentes sont fluctuantes dans le temps. Les valeurs instantanes des grandeurs noffrent que peu dintrt. Les moyennes temporelles en revanche sont plus intressantes connatre. Le calcul de cette moyenne ne pose aucun problme pour les sommes de termes qui sont la puissance 1 (la moyenne temporelle dune somme est gale la somme des moyennes). En revanche, on sait que la moyenne dun produit nest pas le produit de la moyenne. Cette moyenne fait intervenir les corrlations entre les deux grandeurs multiplies. Dans les expressions suivantes, loprateur moyenne temporelle est reprsent par la barre au-dessus : A = A + A' B = B + B' A.B = A + A' . B + B' = A .B + A'.B' A.53
a) quation de continuit
Lquation moyenne dans le temps suppose quil ny a pas de variation trop rapide de la masse volumique. Le premier terme est alors nul. Lquation de continuit moyenne dans lapproximation de Boussinesq se ramne : uj =0 xj A.54
b) quation de la dynamique moyenne dans le temps ou quation de Reynolds

Dans lapproximation de Boussinesq, elle scrit : ui + u . ui = - 1 p* + * g + 2 ui - u' u' j i i j r xi r t xj x2 xj j A.55
Le terme de viscosit molculaire (le deuxime du membre de droite) est ngligeable loin des parois. Le dernier terme est la divergence du tenseur de Reynolds. Cest lui qui assure la diffusion de quantit de mouvement en coulement turbulent. Lquation loin des parois se ramne donc (on a assimil 1 le rapport des masses volumiques, plac devant le terme de pesanteur): ui + u . ui = - 1 p* + g - u' u' j i i j r xi t xj xj A.56
333
c) quation de la chaleur moyenne. (Viollet, 1997, p. 119)

De la mme faon, on crit lquation moyenne de la chaleur (pour lair humide) : h + u h = 2 T + a L 2 w + g u - u' h' j h j j j a x2 t xj x2 xj j j A.57
Par rapport lquation instantane, il apparat un terme de diffusion turbulente sous forme de la divergence dun certain vecteur (advection denthalpie turbulente). Loin des parois, le terme de diffusion turbulente est nettement plus grand que celui de diffusion molculaire, de sorte que lquation se rduit dans ce cas : h + u h = g u - u' h' j j j j t xj xj A.58
d) quation du bilan de vapeur deau moyenne

L encore, la vapeur deau est advecte par le mouvement moyen de lair, et elle est diffuse par un processus molculaire (efficace seulement au voisinage des parois) et un processus de dispersion turbulente du mme genre que ceux vus pour la chaleur. 2 A.59 bilan de masse de la vapeur d'eau : w + uj w = ah w - u'j w' t xj x2 xj j
e) quations sur les valeurs fluctuantes

En retranchant membre membre lquation moyenne lquation instantane, on dduit une quation pour les fluctuations. Lensemble dquations ainsi obtenues, et cest le problme habituel en turbulence, ne ferme pas le problme, car cette quation fait apparatre des corrlations dordre suprieur dont on ne connat rien. On sait quil faudrait crire une suite infinie dquations pour fermer le problme dun point de vue mathmatique. La mthode utilise en turbulence est de fournir une quation de fermeture plus ou moins empirique. Mais nous naborderons pas ce problme de la modlisation de la turbulence (par exemple, modle k- propos par Launder et Spalding en 1974, cf. Florsch, 1998). masse u'j =0 xj A.60
dynamique
u'i + u' . ui + u' . u'i + u . u'i = - 1 p*' + *' g + 2 u'i + u' u' j j j i i j r xi r t xj xj xj x2 xj j h' + u' h' + u' h + u h' = 2 T + a L 2 w + g u + u' h' j j j h j j j a x2 t xj xj xj x2 xj j j masse vapeur d'eau w + u w = a 2 w - u' w' j h j t xj x2 xj j
A.61 A.62
enthalpie
A.63
f) Les conditions aux limites

Les 6 quations qui dcrivent lcoulement dair ne peuvent tre rsolues que si on se donne des conditions sur les limites de lcoulement. - Vitesse. La vitesse de lair doit tre nulle la paroi - Temprature. Il y a continuit des tempratures entre lair et la paroi, et les gradients de temprature vrifient une condition sur les flux. Cette condition sur les flux ncessite dintroduire le champ des tempratures dans la roche et de faire un couplage la paroi. Les quations de lcoulement de lair seront donc compltes par une quation de conduction dans la roche environnant la galerie. De mme, il serait ncessaire de modliser les coulements de leau au voisinage de la paroi afin de prendre en compte le phnomne dadvection thermique par leau. Les modlisations font souvent limpasse sur cette question car on ne connat pratiquement rien sur ce problme. - Vapeur deau. Le flux de vapeur deau est proportionnel au gradient dhumidit spcifique la paroi, sil y a condensation ou vaporation la paroi.
334
Climatologie du monde souterrain, tome 2, A.3.2.g
g) Les nombres sans dimension de base

On montre que la solution du systme dquations est une fonction des coordonnes gomtriques et de nombres sans dimension. Les nombres sans dimension qui caractrisent lcoulement sont forms partir des grandeurs gomtriques et physiques. Pour les grandeurs gomtriques, on se donne habituellement une longueur caractristique L et la forme est ensuite dfinie par une grande quantit de nombres sans dimension (rapports de longueurs). Pour les grandeurs physiques, on retrouve dans ces problmes de transport les nombres sans dimension habituels : Nombre de Reynolds : Nombre de Prandtl : Nombre de Schmidt : Re = V L Pr = a Sc = ah Fr = V g T L
Nombre de Froude rduit :
Le nombre de Reynolds peut tre interprt comme le rapport des forces dinertie aux forces visqueuses. Le nombre de Prandtl est le rapport de la diffusivit de quantit de mouvement la diffusivit thermique. Le nombre de Schmidt est le rapport de la diffusivit de quantit de mouvement la diffusivit de masse (vapeur deau par exemple ou dioxyde de carbone). Enfin le nombre de Froude rduit est le rapport entre force dinertie et force de pesanteur. Le paramtre est le coefficient de dilatation volumique. Il se dduit de : d = - dT avec = 1 pour un gaz parfait T
On voit dans lexamen de ces nombres que laspect thermique est ramen un simple cart de temprature (par exemple la diffrence entre la temprature extrieure et la temprature profonde du rseau). Mais la rsolution fera apparatre tout naturellement bien dautres nombres sans dimension.
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335
Arologie des systmes karstiques, annexes, A.4.1.a
A.4. Lentranement de lair par leau des cascades dans les cavits naturelles
Introduction
Leau, en tombant en cascade, met en uvre de grandes quantits de mouvement qui engendrent ou modifient des courants dair, via les forces lies la viscosit turbulente. Dans les galeries parcourues par un courant dair, leau circule globalement vers le bas alors que lair utilise, quant lui, les deux directions. Laction de leau tend donc favoriser les courants dair vers le bas, cest--dire les courants dair globalement estivaux, et a tendance sopposer aux courants dair hivernaux. Ce sont dans les parties verticales que leau agit le plus fort. Nous restreindrons donc notre tude lentranement de lair par une chute deau tombant dans un puits vertical. On sait que les grandes cascades engendrent des ondes acoustiques (Lewis, 1991). La longueur donde est peu prs quatre fois la hauteur de la chute H. La relation empirique trouve par Rinehart (1969) sur la frquence du son, partir de mesures sur plusieurs cascades dAmrique du Nord, est f = 250 / H ( f frquence du son en s-1, et H hauteur de chute en mtres). Choppy (1982) rapporte lobservation de Rahir au Hlloch en 1904 dune oscillation de frquence voisine de 1 Hz proximit dune cascade. Dans ce dernier cas, on peut penser que la frquence est la frquence acoustique de rsonance en quart donde dun systme de puits, rsonance excite par la cascade. Car une cascade de 250 m de haut nexiste pas au Hlloch. Le phnomne dentranement de lair par leau a t trs peu tudi dans ses implications avec le karst. Flix Trombe en parle dans son trait de splologie (1952) mais demeure sur le terrain qualitatif. En revanche, ce phnomne est connu dans les mines et aussi dans les tours de refroidissement (Simode, 1976). Nous commencerons par tudier la vitesse de glissement de leau dans un air en mouvement lui-mme, et la vitesse limite que prend une goutte. Puis, nous examinerons le rle dune cascade sur un courant dair (apport ou perte de charge), en distinguant si la cascade emplit toute la section du puits ou non. Enfin des expriences anciennes, mais soignes, de lingnieur en chef des Mines P. Petit (1900) nous permettront de critiquer les modles thoriques proposs.
A.4.1. Chute deau dans lair

La gerbe deau qui tombe dans lair est soumise de forts cisaillements qui ont tendance la scinder en une multitude de gouttelettes au bout de quelques mtres. Ces gouttes peuvent encore se fragmenter pendant la phase dacclration. Puis, les forces de freinage exerces par lair se font sentir de plus en plus, au fur et mesure que la vitesse relative des gouttes augmente. Et au-del dune certaine distance, la vitesse relative des gouttes par rapport lair reste constante. Elle a alors atteint sa valeur limite V* , qui ne dpend en principe que de la taille des gouttes. Prs de la margelle du puits, une cascade qui se jette dans un puits est dabord un volume deau entour dair. Les instabilits sur les cts amnent des gouttes quitter le volume liquide. Des bulles viennent sintgrer dans leau. Puis la fraction volumique de lair augmentant, la dispersion de bulles dair dans leau est bientt remplace par une dispersion de gouttes dans lair. La tension interfaciale tant la mme, on peut supposer que la transition en terme de dispersion se fait quand la fraction volumique deau est gale 0,5. La cascade volue ensuite comme des paquets de gouttes deau allant un peu plus vite que le reste des gouttes et rattrapant les petits paquets la trane. Cette dynamique est complique. On la voit magnifiquement luvre dans les grandes cascades observes de loin.
a) Cinmatique dune goutte

Nous avons propos dans une communication antrieure (Lismonde, 1991) une loi de vitesse des gouttes en fonction de leur taille. Mais la taille limite est difficile calculer et il est plus commode dutiliser les rsultats dexprience. Les mineurs connaissent bien le problme de lentranement de lair dans les puits par des arrives deau. Ils ont mesur une vitesse limite de 8,9 m/s (cite dans Simode, 1976). Nous adopterons nous aussi cette valeur. On dmontre (Lismonde 2000 indit) que le temps tL que met la goutte pour parcourir une distance L donne scrit (si la goutte a pu atteindre sa vitesse limite) : tL = L + x0 V* + Va avec x0 = V* ln2 a A.64
336
Il est facile de voir que si lair remonte le puits avec une vitesse Va = 8,9 m/s , les gouttes ne peuvent plus descendre dans le puits (en ralit, elles descendront le long de la paroi et remonteront plutt dans la zone centrale cause des couches limites qui ne sont pas prises en compte dans ce modle unidimensionnel). En revanche, si lair descend le puits, les gouttes pourront aller plus vite et le temps sera raccourci.
b) Effet densemble et migration latrale des gouttes

Le gradient de pression dans lair. Les gouttes deau ayant atteint leur vitesse limite continuent descendre vitesse constante dans lair. La force de pesanteur exerce sur les gouttes est exactement compense par les forces de frottement exerces par lair. Ces forces de frottement sont diriges vers le haut. Rciproquement, leau exerce sur lair une action vers le bas. Cette action est quivalente un apport de charge (diffrence de pression motrice) pour un coulement dair vers le bas. Ainsi, pour un courant dair vers le bas, la prsence deau se traduit par un apport de charge qui facilite le mouvement de lair. En revanche, un air montant va se trouver frein par la cascade, ce qui aura donc pour effet daugmenter les pertes de charge du courant dair. Migration latrale des gouttes. Les interactions entre les diffrentes gouttes se traduisent par des fluctuations transversales de la position des gouttes. Lexistence de couches limites prs des parois se traduit par des cisaillements moyens de lcoulement dair rompant la symtrie du problme. Les fluctuations de position des gouttes ne sannulent pas en moyenne, il y aura donc un dplacement moyen des gouttes deau. La force transversale sur une goutte deau est analogue une force de portance (lift en Anglais). Ce dplacement moyen des gouttes deau a t tudi (coulement diphasique).
A.4.2. tude dune configuration de chute deau

En labsence de chute deau, un puits peut tre parcouru par un courant dair dans un sens ou dans un autre. Nous avons convenu plus haut de noter la vitesse de courant dair positivement sil descend (mme sens que leau) et ngativement sil monte. Leau peut venir dune arrive au plafond ou dune arrive latrale dans un puits. La gerbe constitue par la cascade peut remplir le puits ou rester sur un ct. On peut envisager schmatiquement quatre cas diffrents qui permettent de comprendre la quasi-totalit des configurations rencontres dans la nature, mais nous nous limiterons ici au cas n 3 qui est assez gnral (les autres cas sont traits dans Lismonde, 2000 indit).
xA
xA
xA L B B L
xA L B xB B L xB
xB
xB
Fig. A-7 Fig. A-8 La gerbe de la cascade emplit entirement le puits. Dans le cas 1, la cascade sort dans le puits, dans le cas 2, la cascade dbouche au-dessus de la margelle. Sketches of waterfall and notations
Fig. A-9 Fig. A-10 La gerbe de la cascade noccupe par entirement le puits. Dans le cas 3, la cascade sort dans le puits, dans le cas 4 la cascade dbouche au-dessus de la margelle. Sketches of waterfall and notations
337
Si le courant est dirig vers le bas du puits, laction de la cascade va se traduire par un apport de charge lair. Si le courant dair est montant, laction de la cascade va se traduire par une perte de charge. Pour viter davoir changer de vocabulaire suivant le sens du courant dair, nous appellerons DeltaP = pmA-pmB la diffrence de pression motrice de lair entre les points A et B due laction de la cascade. Si lair est descendant, DeltaP est positif et traduit un apport de charge au courant dair, si le courant dair est globalement montant, DeltaP est encore positif mais traduit une perte de charge. Pour valuer DeltaP, il suffit dimaginer une double exprience. Dans la premire, la cascade coule et dans la deuxime, la cascade est arrte. On supposera que dans les deux expriences de penses, la vitesse de lair est la mme, afin de pouvoir isoler laction de leau. Ladjonction dun dbit deau, en maintenant constant le dbit dair, fait que la section de passage de lair diminue lgrement et que la vitesse de lair dans le tronon vertical augmente lgrement. Mais cet effet est faible dans la plupart des cas et nous pourrons donc le ngliger. Par ailleurs, nous avons dj vu que leau exerce par frottement visqueux une force sur lair. Cette force de frottement engendre une perte de charge. Pour le cas 1, si on suppose que les forces de frottement aux parois sont les mmes, avec et sans eau, fournissons lexpression de lapport de charge (expression dj connue des mineurs) : DeltaP1 = me g L 1 + x0 S V* + Va L V* + Va 2 gL A.65
Le cas 3 est plus difficile mais plus intressant que les deux cas 1 et 2. Leau entrane lair grce la viscosit turbulente, mais lair peut remonter partiellement par les parties du puits en dehors de la douche. On assiste alors la formation dune cellule de recirculation (avec courant de retour) qui se superpose au courant dair gnral. La cascade provoque une action globale bien moindre que dans les cas 1 et 2 car une partie de la charge amene est dissipe par les frottements engendrs par le courant de recirculation. Nous avons donc deux grandeurs calculer. Dune part, la vitesse ou le dbit de recirculation et dautre part la diffrence de pression motrice amene au courant dair global de la cavit. Pour calculer le courant dair de recirculation, il faut crire le bilan de quantit de mouvement en considrant dans une section trois vitesses (moyennes) : la vitesse des gouttes deau Ve, la vitesse de lair au voisinage de leau Va1 et la vitesse de lair en dehors de la gerbe de la cascade Va2. La vitesse de dbit de lair reste note Va. On appellera s la section du puits occupe par le mlange eau + air descendant et S-s = S la section complmentaire. Les diffrents primtres de contact. Nous supposons le puits de section uniforme sur toute la hauteur. Dans une section donne, nous considrons que la zone diphasique de surface s , est limite pour partie par une paroi sur une longueur : A.66 l1 = 2 s et pour partie par le contre-courant dair sur une longueur de contact : A.67 l2 = s S - s La partie ne contenant que de lair (contre-courant) de section S - s est elle aussi au contact de la paroi du puits sur une longueur : l'1 = 2 S - s A.68 La longueur de contact avec la cascade (air+eau) est la mme que celle indique plus haut : l'2 = s S-s . A.69
puits A actif cascade + air entran xA S-s l1 s l2 l'1 xB partie sche du puits
L B
Les trois expressions au-dessus fournissent des ordres de grandeur plausibles. Pour s = 0 , on a : l1 = l2 = l2 = 0 et pour s = S , on a l2 = l1 = l2 = 0 , ce qui permet de retomber sur les cas dj vus : 1 et 2. Limprcision sur le calcul de cette interaction se traduira par une imprcision sur le courant de recirculation.
Fig. A-11- Dcomposition dune section en deux parties : une partie de section s , o eau + air sont entrans vers le bas une partie de section S - s , dair remontant vers le haut Section partition in two-phase flow (water+air) and air flow
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Va1 (en m/s) 8 L = 100 m L = 50 m 6 L = 30 m 1 4 L = 20 m 10
DeltaP3 / rac(S) L = 100 m L = 50 m L = 30 m
L = 20 m L = 15 m 0,1
L = 15 m 2 L = 10 m
0,01 0 0 5 10 15 qm/Rac(S) (en kg/s/m) 0 5 10 15
L = 10 m qm / rac(S) (en kg/s/m)
Fig.A-12- La vitesse dentranement de lair Va1 en fonction de

me / S ( me est not qm sur le graphique),
Fig. A-13- Lapport de charge DeltaP3/S (pour Va = 0 et s/S = 0,2) en fonction de me/ S ( me est not qm sur le graphique) pour diffrentes valeurs de la hauteur L The waterfall head contribution versus me/ S for different L values
avec Va = 0 et s/S = 0,2 pour diffrentes valeurs de la hauteur de chute L. The drag velocity versus me / S for Va = 0 et s/S = 0,2 and different L values
Solution pour s/S fix Supposons fix le rapport e = s/S. La valeur de a est alors fixe. La fonction y (vitesse Va1/V*) est solution dune quation du 3e degr qui ne dpend que de deux paramtres On peut tracer la solution gnrale du problme en y pour une valeur de s/S donne sous forme dune famille de courbes (figure A-12) : Va1 = f ( me/ S , L) La vitesse dentranement de lair par leau augmente de moins en moins vite au fur et mesure que le dbit deau augmente. On remarque quun dbit minuscule deau suffit entraner de grands dbits dair. Par exemple, un dbit de deux litres par seconde suffit engendrer des dbits recirculs de plusieurs mtres cubes par seconde. La vitesse dentranement de lair tend vers une asymptote quand la hauteur de chute augmente dbit donn. Il suffit dune hauteur de 20 ou 30 m pour obtenir presque le dbit maximal recircul. On peut dterminer la vitesse asymptotique de recirculation quand cette vitesse est petite devant la vitesse V* De mme, on peut reprsenter la solution gnrale en DeltaP3/ S en fonction des deux variables me/ S et L ( figure A-13). Rle du rapport s/S La figure A-14 prsente la charge amene par une cascade. Elle augmente, dbit constant, quand la cascade emplit plus le puits (s/S tendant vers 1). Pour un puits de rapport s/S donn, un dbit plus grand augmente la charge mais pas proportionnellement.
charge amene par la cascade (en Pa) 100 qm = 50 kg/s
qm = 20 kg/s qm = 10 kg/s 10 qm = 5 kg/s
qm = 2 kg/s
0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
Rapport s/S
Fig. A-14- Lapport de charge (en Pa) en fonction du rapport e = s/S et pour diffrents dbits me de la cascade (nots qm sur le graphe) S = 20 m2 et L = 30 m The waterfall head contribution versus s/S for different flow values
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Vitesse d'entranement Va1 (en m/s) 7 6 5 4 3 qm = 50 kg/s 20 kg/s
Vitesse Va2 (en m/s) 0 -1 -2 qm = 2 kg/s qm = 5 kg/s qm = 10 kg/s qm = 20 kg/s
10 kg/s -3 5 kg/s -4 -5
2 1 0 0
qm = 2 kg/s -6 -7 -8 0,00 qm = 50 kg/s
0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
0,25
0,50
0,75
1,00
Rapport s/S
Rapport s/S
Fig. A-15- La vitesse Va1 en fonction de s/S , pour diffrents dbits deau me (nots qm sur le graphique) The air velocity versus s/S for different flow values
Fig. A-16- Vitesse Va2 en fonction de s/S pour diffrents dbits deau S = 20 m2 et L = 30 m Recirculation velocity versus s/S for different flow values
Par exemple pour un dbit masse me =20 kg/s reprsentant un dbit masse surfacique q*m = 1 kg.s-1.m-2, et une cascade emplissant compltement le puits (s = S), lapport de charge vaut 26 Pa , comparer avec ce que lon avait trouv dans le cas 1 pour une vitesse Va = 0 m/s, cest--dire 25 Pa . Les rsultats de cette tude se raccordent ainsi ceux du cas 1 quil contient en quelque sorte. Pour les vitesses dentranement de lair (figure A-15), Va1 tend vers 0 quand s tend vers S. De mme pour Va2 . Mais la vitesse du courant de recirculation Va2 passe par un maximum pour une valeur de s/S sensiblement gale 0,8 (figure A-16).
Discussion
Les expriences de P. Petit (Petit, 1900) faites au puits Thibaut ou au puits des Flaches ne confirment pas exactement les expressions thoriques. Un facteur de lordre de 0,25 apparat quand on confronte thorie et exprience. Les rsultats thoriques sont bases sur lhypothse dhomognit de la dispersion deau dans lair. Cette hypothse malheureusement ne peut pas tre facilement remplace par une autre. Aussi, nous contenterons-nous dutiliser les expressions thoriques comme rfrence, de la mme faon quen thermodynamique le cycle de Carnot sert de rfrence pour un moteur dont le rendement peut lui tre compar. Ici, les expressions thoriques nous fournissent le mcanisme le plus efficace de lentranement sachant que dans la nature de multiples causes viennent diminuer lefficacit jusqu la rduire 25 % de la valeur thorique.
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340
Climatologie du monde souterrain, tome 2, A.5
A-5- Rsolution numrique des systmes dquations

Les diffrents programmes de rsolution ont t crits en Fortran ou en Basic (Turbo basic de Borland ou Quickbasic de Microsoft). Nous avons privilgi les mthodes itratives de rsolution du fait de la non-linarit de certaines des quations. Nous navons jamais cherch optimiser la rapidit des logiciels, mais plutt optimiser la longueur des codes de calcul. Nous proposons ci-dessous un exemple de programme de calcul. On remarquera que ce programme nest pas trs sophistiqu, mais quil privilgie la simplicit dcriture. Tous les programmes ont t crits avec les instructions les plus simples du basic et seraient facilement transposables dautres langages. Je les tiens la disposition des personnes intresses. Il existe actuellement des logiciels sophistiqus et professionnels (comme fluent ou dautres) qui peuvent parfaitement rsoudre le genre de problmes que nous avons abords dans cet ouvrage. Cest pour cette raison que nous nous sommes abstenus de faire figurer les listings des logiciels que nous avons crits.
' '******************************************************************************************* ' Programme THERM2b pour calculer l'influence thermique ' d'un courant d'air alternatif dans une galerie de diamtre D et de longueur L. ' On suppose la temprature au loin dans la roche uniforme initialement TE ' La temprature moyenne de l'air extrieure est TE ' Les tempratures sont adimensionnalises par T, l'amplitude des tempratures extrieures ' On cherche le refroidissement de l'entre basse et le rchauffement de l'entre haute ' On fera la moyenne des tempratures prs des entres au cours d'une priode ' lorsqu'un rgime priodique sera atteint. ' ' Fait par B. Lismonde en avril 2000 en Quick-basic de Microsoft pour Mac. ' '******************************************************************************************** ' ' TA, TAP est la temprature de l'air (en ralit (Tair - Te) / T) ' TC est la temprature de la roche (en ralit (Troche - Te)/T) ' La temprature de la roche varie de 1 au loin une valeur plus petite que 1 la paroi. ' TCP est la temprature provisoire une abscisse courant donne pour le calcul DEFDBL A-Z DIM TA(152), TAP(152),TC(152,41),TCP(41), Y10(15), TEN(400), TSO(400) NI% = 152 : NJ% = 41 : NITERM% =1600 NPAS = 1# ' rcurrence en pas de temps des tracs PI = 3.1415926535# ' ' Donnes du problme. Grandeurs dimensionnes ' L = 100# ' longueur en mtres de la galerie suppose unique TE = 4# ' temprature moyenne de l'air extrieur en C, inutile ici DELTAT = 8# ' amplitude des variations de la temprature extrieure, inutile ici D = 1# ' diamtre des conduits en m V0 = .2# ' vitesse maximale constante de l'air en m/s NPER%= 100 ' priode en jours PER = NPER%*86400# ' priode en s de la pulsation de la temprature extrieure AC = .00000223# ' diffusivit thermique du calcaire en m2/s ' Constantes sans dimension A = .00633#*(V0*D)^(-.2#) ' constante qui intervient dans la dfinition de ksi (X) B = .787#*(V0*D)^(.8#) constante qui intervient dans la dfinition de ta (Y) et du temps TEMPS = D^2/(4#*B^2*AC) ' unit naturelle de temps X0 = D/(2#*A) ' unit naturelle de longueur axiale Y0 = D/(2#*B) ' unit naturelle de longueur transversale XL = L/X0 ' longueur sans dimension de la galerie OM = PI*D^2/(2#*B^2*AC*PER) ' pulsation sans dimension ' ' Les trois incrments pour le maillage ou les itrations en variables sans dimension ' dX = XL/100.01# ' maille dans la direction du courant d'air pour avoir 100 points au total ' S'il y a des problmes numriques, il faut augmenter ce nombre 100 dT = PER/TEMPS/400.01# ' incrment temporel (relation de Schmidt) dY = SQR(2#*dT) ' maille dans la direction Y (perpendiculairement la paroi) ' Pour le choix de dY qui conditionne le choix de dT, il faut prendre un temps total de 5 ou 6 priodes ' une dfinition temporelle telle qu'une priode soit dcrite par une cinquantaine de points d'o dT d'o dY. ' Si on fait varier V0, Priode ou L , il faut faire varier dY, ce qui explique la relation choisie NTEMPS% = INT(PER/TEMPS/dT) ' nombre d'itrations temporelles sur une priode IF NTEMPS% > 400 THEN GOTO 33 NXL% = INT(XL/dX) IF NXL% > NI% - 1 THEN GOTO 33 PRINT "PROGRAMME 'THERM3' DU COURANT D'AIR INDUIT PAR UNE TEMPRATURE ALTERNATIVE" PRINT "Constante A*10000 = "INT(A*10000!),"Diamtre D (en m) ="INT(D*100!)/100!, PRINT "Longueur L (en m) = " L,"Vitesse V (en m/s) ="INT(V0*100!)/100!
341
Arologie des systmes karstiques, annexes
PRINT "Priode (en jours) = "NPER%, PRINT "Unit de temps (en jours) = "INT(TEMPS/86400!*100!)/100!"Unit axiale (en m) ="INT(X0*100!)/100!, PRINT "Unit transverse (en m) = "INT(Y0*100!)/100! PRINT "Longueur sans dim ksiL = "INT(XL*100!)/100!,"Pulsation sans dimension = "INT(OM*1000!)/1000!, "Paramtre B*1000 = "INT(B*1000!) PRINT "Nb d'itrations/priode = "NTEMPS%,"Nb de mailles le long de la galerie NXL ="NXL% ' ' Initialisation ' FOR I% = 1 TO NXL% TA(I%) =0# TAP(I%) = 0# FOR J% = 1 TO NJ% TC(I%,J%) = 0# ' temprature initiale dans la roche NEXT J% NEXT I% FOR J% = 1 TO NJ% TCP(J%) = 0# NEXT J% TM = 0# ' temprature moyenne initiale de l'air dans la galerie FOR I% = 1 TO NITERM% STEP NPAS LINE(50#+(1#+(I%-1#))*4#*200#/NITERM%,240#)-(50#+(1#+I%)*4#*200#/NITERM%,240#),33 PRESET(50#+(1#+(I%-1#))*4#*200#/NITERM%,240#-100#),33 PRESET(50#+(1#+(I%-1#))*4#*200#/NITERM%,240#+100#),33 LINE(50#+(1#+(I%-1#))*4#*200#/NITERM%,440#)-(50#+(1#+I%)*4#*200#/NITERM%,440#),33 PRESET(50#+(1#+(I%-1#))*4#*200#/NITERM%,440#-100#),33 PRESET(50#+(1#+(I%-1#))*4#*200#/NITERM%,440#+100#),33 NEXT I% ' TA(1) = 0# : TAP(1) = 0# ' temprature de l'air l'entre de la galerie NITER% = 0 ' numro de l'itration NPER% = 0 ' comptage pour les moyennes glissantes ' ' Dbut des itrations ' 11 NITER% = NITER%+1 TAU = NITER%*dT ' temps (en s) ' ' Calcul de la temprature moyenne de l'air dans la galerie ' TMP = 0# FOR I% = 1 TO NXL% TMP = TMP + TA(I%) NEXT I% TM = TMP/NXL% T1 = -SIN(OM*TAU) ' Temprature extrieure ' Calcul des nombres S et Sigma S = SGN(TM+SIN(OM*TAU)) SIG = ABS(TM+SIN(OM*TAU)) SIG1 = SIG^.1 SIG5 = SIG^.5 ' Vitesse V/V0 dans la galerie ' Dtermination des extrma de TM DTM1 = TM-TM2 IF DTM2*DTM1<0# THEN IF DTM2>0# THEN TMAX = TM IF DTM2<0# THEN TMIN = TM END IF ' Calcul du dphasage entre TM et la temprature extrieure' ' On le dtermine par le passage zro de TM IF TM2*TM <0# AND TM2>0# THEN ABCD = OM*TAU/(2#*PI) PHI = 360#*( ABCD-INT(ABCD)) END IF TM2= TM DTM2 = DTM1 ' ' Rsolution de l'quation de conduction dans la roche ' FOR I% = 1 TO NXL%-1 FOR J% = 2 TO NJ%-1 Y = dY*(J%-1#) TCP(J%) = (TC(I%,J%+1) + TC(I%,J%-1))/2# + dY/4#/(Y+B)*(TC(I%,J%+1) - TC(I%,J%-1)) NEXT J% TCP(NJ%) = 2#*TCP(NJ%-1)-TCP(NJ%-2) ' On laisse courir le flux transversalement FOR J% = 2 TO NJ% TC(I%,J%) = TCP(J%) NEXT J% NEXT I% ' ' Rsolution de l'quation de bilan de l'air et flux la paroi '
342
IF S = 1 THEN TAP(1) = T1 FOR I% = 1 TO NXL%-1 TAP(I%+1) = ((2#*SIG1+2#*SIG5*dY-dX)*TAP(I%)+2#*dX*TC(I%,2))/(2#*SIG1+2#*SIG5*dY+dX) TC(I%,1) = TAP(I%+1)*(.5#+SIG1/dX)+TAP(I%)*(.5#-SIG1/dX) NEXT I% FOR I% = 1 TO NXL% TA(I%) = TAP(I%) NEXT I% END IF IF S = -1 THEN TAP(NXL%) = T1 FOR I% = 1 TO NXL%-1 TAP(NXL%-I%) = ((2#*SIG1+2#*SIG5*dY-dX)*TAP(NXL%-I%+1)+2#*dX*TC(NXL%-I%+1,2))/(2#*SIG1+2#*SIG5*dY+dX) TC(NXL%-I%,1) = TAP(NXL%-I%)*(.5#+SIG1/dX)+TAP(NXL%-I%+1)*(.5#-SIG1/dX) NEXT I% FOR I% = 1 TO NXL% TA(I%) = TAP(I%) NEXT I% END IF ' ' Incrmentation et test d'arrt de calcul ' IF NITER% > NITERM% THEN GOTO 31 IF INT((NITER%-1!)/NPAS) < (NITER%-1.0001#)/NPAS THEN GOTO 11 ' ' Trac de la temprature moyenne de l'air ' LINE(50#+(NITER%-1)*4#*200#/NITERM%,240#-TM1*100#)-(50#+NITER%*4#*200#/NITERM%,240#-TM*100#),33 LINE(50#+(NITER%-1)*4#*200#/NITERM%,240#-T11*100#)- (50#+NITER%*4#*200#/NITERM%,240#-T1*100#),33 T11 = T1 ' ' Trac de la vitesse de l'air ' LINE(50#+(NITER%-1)*4#*200#/NITERM%,440#-S11*SIG51*100#)-(50#+NITER%*4#*200#/NITERM%,440#-S*SIG5*100#),33 TM1 = TM SIG51 = SIG5 S11 = S ' ' Moyennes glissantes des tempratures l'entre et sortie sur une priode ' NPER% = NPER%+1 IF NPER% = NTEMPS%-1 THEN NPER% = 1 TEN(NPER%) = TA(2) TSO(NPER%) = TA(NXL%-1) TMENP = 0# TMSOP = 0# FOR I% = 1 TO NTEMPS% TMENP = TMENP +TEN(I%) TMSOP = TMSOP + TSO(I%) NEXT I% TMEN = TMENP/NTEMPS% TMSO = TMSOP/NTEMPS% TMEN1 = TMEN TMSO1 = TMSO TA21 = TA(2) TANXL1 = TA(NXL%-1) ' ' Fin de la grande boucle d'itration la fin des tracs ' GOTO 11 ' ' Fin du programme ' 33 PRINT " trop d'itrations temporelles pour une priode, ou galerie trop longue " 31 PRINT "Temprature basse = "INT(TMEN*1000!)/1000!, "Temprature haute = "INT(TMSO*1000!)/1000! PRINT "Temprature moyenne max = "INT(TMAX*1000!)/1000!, "Temprature moyenne mini = "INT(TMIN*1000!)/1000! PRINT "Dphasage entre la temprature extrieure et la temprature moyenne phi =" INT(PHI*100!)/100!"degrs" PRINT "Fin du programme THERM" INPUT fgdgrg END
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Arologie des systmes karstiques, bibliographie
BIBLIOGRAPHIE
Cette bibliographie concerne lensemble des deux tomes de climatologie du monde souterrain. Les rfrences sont ranges par ordre alphabtique des auteurs. La liste nest pas exhaustive, et dautres rfrences seront cherches dans les volumes du bulletin bibliographique splologique dit par lUnion Internationale de Splologie. Certaines rfrences que je nai pas russi me procurer, ne sont cites que pour mmoire. AA, 1965 - Altitude et pression baromtrique. Notice de laltimtre Thommen (Suisse). AA, 1992 - Mmento des Mines et carrires, aide mmoire de lexploitant, RPI dition. AA, 1994 - Inventeurs et scientifiques, dictionnaire de biographies. Larousse : 693 p. (Guibal). AA, 1997 - Les techniques de dsobstruction (en secours, moyens pyrotechniques et non explosifs). Alimentation lectrique, scurit, dangers des gaz explosifs en splologie. Splo Secours Franais. ACCORSI D., 1996 - Les gaz produits par le carbure de calcium. Bull. du club de la Nuit Minrale de Senlis, 1996 : 24. AGRICOLA G., 1556 - De Re Metallica. Basle, Froben : 538 p. ALBRAND (N. d), 1976 - Mesures darage. Ch VI du document SIM n3 arage : 81-89. AMIN I., CAMPANA M. E., 1992 - A general mathematical model for tracer data analysis. in Tracer Hydrology (proc. of the 6th Intern. Symp. on Water Tracing, Karlruhe, Germany). Htzl & Werner (eds), Balkema, Rotterdam : 453-460. ANCAL B., FLUCK P., 1988 - Une exploitation minire du XVIe s. dans les Vosges. DAF, dition de la maison de lhomme de Paris, Documents dArchologie franaise : 124 p. ANDRIEUX C., 1965 - Sur la mesure prcise des caractristiques mtoclimatologiques souterraines. Annales de splo 20 (3) : 319-340. ANDRIEUX C., 1969 - tude du climat de la grotte de Sainte Catherine, en Arige, selon le cycle 1967. Annales de Splologie, tome 25, fasc. 2 p 441-490. II- Arodynamique souterraine. Annales de splo 24 (1) : 19-74. ANDRIEUX C., 1970 - Contribution ltude du climat des cavits naturelles des massifs karstiques. I- Instrumentation en climatologie souterraine. Annales de Splologie, 25 (2) : 441-490. II- Arodynamique souterraine. Annales de splo 25 (2) : 491-529. ANDRIEUX C., 1970 - Contribution ltude du climat des cavits naturelles des massifs karstiques. III- vapo-condensation souterraine. Annales de Splo. 25 (3) : 531-559. ANDRIEUX C., 1971 - Contribution ltude du climat des cavits naturelles des massifs karstiques. IV- Influence de la morphologie des galeries, de la forme et de lorientation des ouvertures sur le climat souterrain. Annales de splologie, t 26,1, p 5 30. V- Les bilans climatiques. Annales de Splo., 26 (2) : 367386. ANDRIEUX C., 1972 - VI- tude du climat de la grotte laboratoire de Soulab en Arige (cycle 1967-1968). Annales de Splo. 27 (1) : 5-77. ANDRIEUX C., 1973 - tude du climat de la grotte du Pigailh (Arige). Problmes poss par le mcanisme des transferts thermiques. Annales de Splo. 28 (3) : 362 374. ANDRIEUX C., 1974 - Premiers rsultats sur ltude du climat de la salle des peintures de la galerie Clastres (NiauxArige). Annales de Splo. 29 (1) : 3-25. ANDRIEUX C., 1977 - tude du climat des cavits naturelles dans les roches calcaires (grotte de Niaux). Gallia Prhistoire, 20 (1) : 301-322. ANDRIEUX C., 1978 - Les enseignements apports par la thermique dans le karst. In Le karst, son originalit physique, son importance conomique. Colloque de Tarbes, Assoc. des Gologues du Sud-ouest : 48-63. ANDRIEUX C., 1979 - Problmes soulevs par laction des circulations deau et dair sur le climat des cavits souterraines dans les massifs karstiques. Colloque CNRS n 271, La fin des temps glaciaires en Europe, Talence, 24-28 mai, 1972, : 127-140. ANDRIEUX C., 1983 - tude des circulations dair dans la grotte de Niaux - Consquences. Karstologia (1) : 19-24. ANGEL M., 1989 - Mines et fonderies au XVIe sicle. Daprs le De re metallica dAgricola. Les belles lettres, Total ditions Presse, Paris : 396 p. ASCH G. et al., 1991 - Les capteurs en instrumentation industrielle. Dunod, Paris, 4e dition : 816 p. ASHTON K., 1968 - Cave meteorology in the tropics. Actes 4e Congr. Intern. de Splologie, Ljubljana, 1965, III : 11-12. ATKINSON T.C., 1977 - Carbon dioxyde in the atmosphere of the unsaturated zone : an important control of groundwa-
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Fig. A-17- Une alle de tourbillons de Von Karman, structure organise de tourbillons dans le sillage dun cylindre. Lcoulement (de leau colore ici) va de la droite vers la gauche. Le mouvement des fluides structure les volumes de lespace. Il nest donc pas tonnant que leau creuse dans la roche des videments sa mesure
Cette photo est extraite du livre de Theodore Schwenk, le Chaos Sensible (1963) qui offre une vision fascinante des structures gomtriques de la nature.
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Arologie des systmes karstiques, index alphabtique
INDEX ALPHABTIQUE
Cet index ne concerne que le seul tome 2. On trouvera lindex du tome 1 la fin de ce dernier. Un numro 0 correspond une introduction absence de mmoire dun rseau : 2.6.2.f acoustiques (phnomnes) : 1.3.10, A.4.0 adiabatique (transformation) : 1.2.3 ; 1.2.4 ; 1.2.6 ; 1.2.7 ; 1.5.1.e ; 1.6.4 ; 2.5.6.c et e ; 2.6.1.a et d ; 3.5.2 ; 4.3.1.a ; 4.3.2.b, d et h ; 4.4.1 ; 4.4.3.b ; 4.4.5 ; A.2.2.a advection (phnomne d) : cf. convection arologie : introduction agressivit de leau : 4.4.1.a air : 1.1.3 air humide : 1.1.4 ; 1.1.5 air (rle de l) : 2 ; 3 ; 4.5.2 air sec : 1.1.3 altimtre : 1.2.4 ; 2.3.3.c altimtre (correction dun) : 1.2.5.a ; 1.2.5.b ; 2.1.2.c ; 2.3.3.c altimtrie : 1.2.4.b amortissement dun rsonateur : 2.5.6.f amortissement (phnomne d) : 1.4.2.f ; 1.4.7 ; 1.6.3.f ; 2.1.2.a ; 2.2.3 ; 2.5.5 ; 2.5.6.f ; 2.5.6.g ; 2.6.3 ; 3.3.1 ; 3.3.5 ; 3.4.1 ; 3.5.5 ; 4.2.1.d ; 4.4.4.b ; 4.4.5.a amortissement thermique : 1.4.3.j analogie lectrique : 2.5.1 anomalies thermiques aux entres : 3.1.1.i ; 3.1.2 ; 3.3.5.a, h, i ; 3.5.5 ; 4.3.2.a, f, h ; 4.3.4 apport de charge des cascades : A.4.2 apport de charge du tirage : 2.3.1.b approximation de Boussinesq : cf. Boussinesq atmosphre gradient thermique constant : 1.2.4 atmosphre (composition de l) : 1.1.1.a ; 1.1.3.0,a ; 1.1.6.c ; 1.2.8 ; 1.3.9.d ; 4.1.2.a ; 4.3.6.a,b ; 4.4.2.a ; 4.4.3.e atmosphre de Laplace : cf. Laplace atmosphre de laviation civile : cf. atmosphre Standard atmosphre extrieure : 4.3.1 atmosphre isotherme : 1.2.2.a atmosphre souterraine : 1.2.1 atmosphre Standard : 1.2.4.b attaque chimique du calcaire : 4.5.2 battement du niveau pizomtrique : 4.3.5.d bdire : 4.3.4.c Benjamin (relation de) : 1.3.9 Bernoulli (relation de) : 1.3.3 ; 1.3.4 ; 1.3.8 ; 2.2.3 ; 2.4.1.b ; 2.5.5 ; 4.1.3.a ; A.3.1.c ; 2.2.3 ; 2.4.1.b Blasius (relation de) : A.1.4.b bifurcation : 4.2.2.e bilan des dbits de courant dair : cf. nuds (loi des) bilan dnergie : A.2.6 bilan dnergie dun karst : 4.1.5.b ; A.2.1 bilan dentropie : A.2.7 bilan de masse : A.2.4 bilan de masse dun karst : 4.1.5.a ; A.2.1 bilan de quantit de mouvement : A.2.5 (cf. Euler) bilan de vapeur deau : 4.1.5.a ; A.2.4 bilan moyenn : 4.1.5.b bilan pour une grandeur extensive : 4.1.5 ; A.2.1 bilan thermique : cf. bilan dnergie blocage la renverse : 2.5.4.e bote noire : 4.1.1.b boucle (courant dair en) : 2.1.1 Bourgin (mcanisme de) : 1.5.1.f Boussinesq (approximation de) : A.2.2 ; A.3.1 branche dans un labyrinthe : 2.4.1.a branche directrice : 2.4.3.c brouillard : 1.5.1.b ; 1.5.4 ; 2.6.1.c Brunt-Vassl (relation de) : 1.3.9 capacit thermique massique : 1.1.5.a capacitif (effet) : 2.1.2.c ; 2.4.0 ; 2.5.1 ; 4.1.3.b Carrier (diagramme de) : cf. diagramme de lair humide cascade (entranement par les) : 2.1.1.a cascades (infrasons engendrs par les) : 2.1.2.b ; A.4.0 cascade (structure dune) : A.4.1 causes mcaniques : 4.3.2.g cavit une entre : 2.2 ; 2.5.2.b ; 2.5.3 cavit deux entres : cf. tube vent cavit comme rsonateur : 2.5.6.d cavits entres multiples : 2.3.4 ; 2.4 ; 3.6 cellule convective : 2.1.1.a chaleur (quation de la) : 1.4.1 chaleur latente de fusion : 1.5.1.c chaleur latente de sublimation : 1.5.1.d chaleur latente dvaporation : 1.1.4 ; 1.1.5.g ; 1.5.0 chaleur massique : cf. capacit thermique massique chaleur sensible : 1.5.0 champ thermique : 4.3 charge : 1.3.3 ; 2.3.1.b ; 2.5.1 ; 4.1.3.a ; 4.5.4 charge (pertes de) : 1.2.5.c ; 1.3 ; 1.4.3.f ; 2.2.3 ; 2.3.2 ; 2.3.3 ; 2.3.4 ; 2.4.1 ; 2.4.2 ; 2.5 ; 2.6.2.h ; 3.1.2.c ; 3.3.2.a ; 3.6 ; 4.3.2.g chatire (perte de charge dans une) : 1.3.4 chauffage de leau : 4.3.2.e chemine (effet) : 2.1.1.b Clapeyron (relation de) : 1.2.3.b classification climatique des karsts : 4.3.1.b climatologie : introduction Coanda (effet) : 2.5.7.b coefficient damortissement ou gain : 3.3.5.e coefficient dchange thermique : 1.4.3.d ; 2.6.1.b ; 2.6.2.h ; 3.2.6.f ; 3.5.0 coefficient de dilatation volumique : A.3.2.g coefficient de frottement : A.1.4.a coefficient de perte de charge rgulire : 1.3.4.a coefficient de perte de charge singulire : 1.3.4.b ; 1.3.4.d Colburn (relation de) : 1.4.3.d ; 1.4.3.h ; A.1.4.b Colebrook (abaque de) : 1.3.4.c complexit dun systme : 4.1.2.b composition de latmosphre : cf. atmosphre compresseur CO2 : 4.3.7.a compression des poches dair : 4.5.3
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compression du CO2 : 4.4 compressibles (coulements) : A.2.2.a concentration en vapeur deau : 1.5.2.a condensation : 1.5 ; 1.5.1.b ; 1.5.2 ; 2.6.1.c ; 4.4 ; 4.4.4.c (voir aussi vaporation) condensation solide : 1.5.1.c condition critique pour une entre intermdiaire : 3.6.2 conditions aux limites : 2.5.1 ; 2.5.3.c ; 3.2.3.a, b ; 3.3.3 ; 3.3.4 ; 4.1.3 ; 4.1.3.d ; 4.2.2.b, c, d ; 4.4.1.b ; A.1.4.a, c, e ; A.3.2.f conductibilit : cf. conductivit thermique conduction thermique : 1.2.3.a ; 1.2.7 ; 1.4.1 ; 1.4.2 ; 1.4.3 ;1.4.4 ; 1.4.6.b ; 1.5.2.a ; 2.3.1.d ; 2.5.3.b ; 2.5.6.e ; 2.6.1.c ; 3.1.1.c, d, f ; 3.1.2.c, d, e ; 3.2.1.a ; 3.2.2 ; 3.2.3.b, c ; 3.2.5 ; 3.3.2.c ; 3.3.3.c ; 3.3.4 ; 3.3.5.l ; 3.4.2.c ; 3.5.2 ; 3.5.3 ; 3.5.4 ; 4.1.4.b ; 4.1.5.b f ; 4.3.4.c ; 4.4.1.b ; 4.4.2 ; 4.4.3 ; 4.4.4 ; 4.4.5 ; A.3.1.c, A.3.2.f conductivit thermique de lair : 1.1.5.b ; 1.4.1 conductivit thermique du calcaire : 1.1.5.a conglation de leau : 1.5.1.c Conn (problme de) : 2.5.2.b ; 2.5.3.b conservation de la masse : cf. bilan conservation de la quantit de mouvement : cf. bilan conservation de lnergie : cf. bilan consommation dazote : 4.3.6.b-5 constante des gaz parfaits : 1.1.2 contaminant gazeux : 4.3.6 continuit (quation de) : A.3.1.a, A.3.2.a convection force : 1.1.1.c ; 1.4.0 ; 1.4.3.0, b, c, h, j ; 1.4.5 ; 1.4.6.0, c ; 1.4.7 ; 2.6.1.b ; 3.1.2.c, f ; 3.2.2 ; 3.2.3.b ; 3.6.6.b-2 ; 4.3.2.e ; 4.3.5.c convection naturelle : 1.2.6 ; 1.2.7 ; 1.4.3.g ; 1.4.4 ; 1.4.6.0, b ; 1.6.4 ; 2.1.1.A, b ; 2.2.1 ; 2.2.2 ; 2.3.5.b ; 2.5.6.e ; 3.1.1.0, c ; 3.1.2.c ; 4.3.2.h ; 4.4.1.c ; 4.4.2.0, a, b ; 4.4.3.0, a, b, e ; 4.4.4.a, c ; 4.4.5.a, c ; A.1.3 convection (phnomne de) : A.1 corrlations en convection : 1.4.3.d corrosion : 4.4.1.a ; 4.4.2.d couche limite : 1.4.3.a couche limite atmosphrique : 2.1.2.a couche limite turbulente : 1.4.3.a couplage convection-conduction la paroi : 1.4.3.h ; 4.4.4 coupole de corrosion : 4.4.1.b ; 4.4.1.c ; 4.4.2 courant de densit : 1.3.9 ; 4.3.5.e courbe de restitution : 2.3.5.a courbe dhystrsis : 3.3.5.d CO2 (transfert de) : 1.6.1, cf. dioxyde de carbone critiques (conditions) : 3.6.0 ; 3.6.2 ; 3.6.5 cryoclastie : 4.3.7.b curvilignes (coordonnes) : 1.4.2.d cycle du calcaire : 4.5.2.b cycle du carbone : 4.5.2.c Dalton (loi de) : 1.1.4.b dbit dair : 2.3.2 dbit de courant dair : 1.3.5 dbit de quantit de mouvement : A.2.5 dbit de recirculation : 1.3.8 dbit de vapeur deau : cf. vaporation dbit gnralis : A.2.4 ; A.2.8 dbit masse : A.2.4 dcantation : 1.2.2.a
dcibel acoustique : 1.3.10 dcomposition en srie de Fourier dgazage de CO2 : 4.3.6.b-2 densit de flux : 1.4.3.d, A.1.4.a dphasage (phnomnes de) : 1.4.2.f ; 1.6.3.f ; 2.5.4.e ; 2.5.6.c , 2.6.2.f ; 3.0.a ; 3.1.2.e ; 3.3.1 ; 3.3.5.b, g, j ; 3.4.1 ; 3.5.3 ; 3.5.5 ; 4.1.3.b ; 4.3.2.h dpt olien : 4.3.7.c diagramme de lair humide : 1.1.4.c ; 1.1.4.d ; 1.1.5.h ; 1.5.1 diamtre araulique : 1.3.6.a diamtre quivalent thermique : 1.4.3.f diffusion de vapeur : 1.5.2.a ; A.1.4.a diffusion du CO2 : cf. dispersion diffusion dun contaminant local : cf. dispersion diffusion (quation de) : cf. quation de la chaleur diffusion (les phnomnes de) : 4.1 ; A.1 diffusivit : A.1.1 ; A.1.4.a diffusivit de Q d M : cf. viscosit cinmatique diffusivit thermique de lair : 1.1.5.c ; 1.4.1 ; A.1.4.a diffusivit de la vapeur deau : 1.5.2.a ; A.1.4.a dioxyde de carbone : 1.1.3 ; 1.6 ; 4.5 dioxyde de carbone dorigine profonde : 4.5.1.c diphasique (coulement) : 2.1.1.c ; 4.3.2.d ; 4.3.2.h dispersivit dun courant dair : 2.3.5 dispersivit pour les fluctuations de pression : 4.3.5.c dispersivit pour les battements pizomtriques : 4.3.5.d dissipation (terme de) : A.3.1.c dissolution de l'air : 1.6.2.b dissolution du CO2 : 4.3.6.b-6 distance caractristique thermique : 2.6.3 distance damortissement : 2.2.3 ; cf. amortissement distribution de Poisson : 2.3.5.e distribution du CO2 : 4.5.1 dynamique (quation de la) : 1.3.2.a eau (production record d) : 1.5.1.f bullition : 1.5.2 change de chaleur (loi d) chelle de temps : 2.5.3.a ; A.2.4 chelle des dures : 4.1.3.d chelle spatiale : 4.2.2.b coulement turbulent : 1.3.4.c effet de mmoire : 3.0.a effet de tirage de chemine : 2.1.1.b effet entonnoir : 3.1.1.c efficacit thermique dun conduit : 1.4.3.j effusivit : 1.1.5.d ; 1.4.2.b Einstein (convention d) : A.3.1.a jection (phnomne d) : 1.3.8 nergie cintique du mouvement moyen : 1.4.3.c nergie du karst : 4.1.2.c nergie interne massique : 1.1.5.e enthalpie massique de lair : 1.1.5.f enthalpie spcifique de lair humide : 1.1.5.g ; 1.1.5.h entranement (par chute deau) : 2.1.1.a ; A.4 entre en priode glaciaire : 4.3.4.c entre infrieure : 2.3.1.a ; 3.3.1 ; 3.3.5.a ; 3.3.5.h ; 3.4.2 ; 3.5.5 ; 3.6.2 ; 4.3.4 entre suprieure : 2.3.1.a ; 2.4.4 ; 3.3.5 ; 3.3.5.h ; 3.4.5 ; 3.5.5 ; 3.6.2 ; 3.6.5 ; 4.3.2.h ; 4.3.5.b entres tages (rseau ) : 2.3.4 entres multiples (cavit ) : 3.6 entropie : 4.1.2.c ; A.2.7
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Arologie des systmes karstiques, index alphabtique
paisseur de pntration : 1.4.2.c ; 1.4.3.h paisseur dun perglisol : 4.3.4.c quation de bilan intgre : A.2.3 quation de la chaleur : A.2.6.c quation de lnergie : A.2.6.a quation de lnergie cintique : A.2.6.b quation du rsonateur : 2.5.6.g quation linarise dun rsonateur : 2.5.6.h quation locale de la convection : 1.4.3.b quations locales : A.3 quations locales moyennes dans le temps : A.3.2 quations sans dimension : 3.2.4.b ; 3.3.3.b ; 3.4.3 ; 3.5.4 quation sur les valeurs fluctuantes : A.3.2.e quilibrante (pression de CO2) : cf. pression quilibre mcanique : 1.2 tanchfication par le froid : 4.3.4.c tat (quation d) : 1.1.2 troiture quivalente dun conduit : 1.3.6.d Euler (thorme global d) : 1.3.8 ; A.1.4.b ; A.2.5 vaporation : 1.1.4.a ; 1.5 ; 1.5.1.b ; 1.5.2 ; 1.5.3.c ; 1.5.6 ; 1.5.7 ; 1.6.3.a et b ; 2.6.1.c et d ; 2.6.2.b ; 3.1.2.c et e ; 3.2.2 ; 3.2.6.f et i ; 3.5.1 ; 4.1.3.b ; 4.3.2.b, d et h ; 4.4 ; 4.4.1 ; 4.4.2 ; 4.4.4.a ; 4.5.3.b vaporation (formule d) : 4.4.1.c videments dun karst : 4.2.1.e volution du dioxyde de carbone : 4.5.2.c excitation deux frquences : 3.3.5.k excitation dun rseau : 2.5.1 extensive (grandeur) : 4.1.2.a ; 4.1.2.c ; 4.2.2.a ; A.2.1 ; A.2.4 ; A.2.7 fabrication de la glace : 3.1.1.g et h facteurs karstiques : 4.1.4.b fermeture dun tube vent : 2.5.2.a fermeture en turbulence (problme de la) : A.3.2.e Fick (loi de) : 1.5.2.a fissures (convection naturelle dans les) : 1.2.7 fluctuation extrieure : 2.1.2 fluctuations de la pression atmosphrique : 4.3.5.c ; 2.1.2.c fluctuations de la temprature extrieure : 4.3.1.a flux advects : 4.1.3.a flux de chaleur advect : 1.4.3.c flux de chaleur de conduction : 1.4.3.d flux dune grandeur : A.2.8 flux et rythmes : 4.3.3.b flux gothermique : cf. gothermique fonction dautocorrlation : 2.4.4.a fonction de transfert pour la thermique : 1.4.3.j force centrifuge : 1.3.7.a force dinertie : 2.5.1 force extrieure : A.2.5 force de pesanteur : cf. pesanteur forces motrices : 2.1.1 ; 2.2.2 ; 2.3.1 ; 2.3.4.b ; 2.5.3.a ; 2.5.4.b ; 2.5.7.a forces rsistantes : cf. pertes de charge forces visqueuses : 1.3.2.d formes karstiques : 4.1.4.a Fourier (loi de) : 1.4.1 ; 1.4.2.b ; 1.4.2.f ; 2.6.1.c ; 3.1.2.e ; 3.2.3.b ; 3.2.3.c ; 3.4.2.c ; 3.5.2 ; 4.1.4.c ; 4.3.5.c ; A.3.1.c Fourier (srier ou intgrale de) : 2.5.6 ; 3.3.5.k ; 3.5.5 fractale (structure) : 1.4.2.g ; 4.2.1.e
fraction massique : 1.1.3.a frquence de rsonance : 2.5.6.c frquence des oscillations de temprature : 1.4.3.j frquence (rponse thermique en) : 1.4.3.j Froude (nombre de) : A.2.2.b Froude rduit (nombre de) : A.3.2.g fusion (de la glace) : 1.5.1.c galeries ramifies : 2.6.2.h gaz parfait (quation des) : 1.1.2 ; 1.1.4.b ; 1.2.1.b gosystme : 4.1.1 gothermique (flux) : 1.4.2.e ; 2.6.2.a ; 3.5.2 ; 4.1.1.a ; 4.1.1.b ; 4.1.2.c ; 4.1.3.c ; 4.1.4.c ; 4.1.5.b ; 4.3.1.a ; 4.3.2.b ; 4.3.2.e ; 4.3.3 ; 4.3.4.c ; 4.4.1.a ; 4.4.1.b ; 4.4.2.c ; 4.4.4.c ; 4.5.3.b ; 4.5.4 givrage : 1.5.1.d glace : 4.1.1.a ; 4.2.2.a ; 4.3.1.b ; 4.3.4.a, b, c ; 4.3.7.c glaciation : 4.3.1.a ; 4.3.4.b ; 4.3.4.c glacire de Correnon : 3.1.1 glacires : 4.3.4.a goutte (vitesse dune) : A.4.1.a gradient adiabatique humide : 1.2.3.b ; cf. adiabatique gradient adiabatique sec : 1.2.3.a ; cf. adiabatique gradient de pression : 1.3.2.b gradient de temprature extrieure : 4.3.1.a gradient de temprature intrieur : 4.3.2.h gradient gothermique : 4.3.2.e ; 4.4.2.c gradient thermique instable avec CO2 : 1.2.8 gradient transverse de pression motrice : 1.3.7.a grandeur extensive : 4.1.2.c ; A.2.1 Grashof (nombre de) : 1.4.4 gravit (rle de la) : cf. pesanteur grotte de la Ture : 3.1.2 Guilliland (relation de) : A.1.4.d Hardy-Cross (mthode de) : 2.4.3.d Helmholtz (rsonateur de) : 2.1.2.b ; 2.5.6.b Henry (loi de) : 1.6.1 horizontale (galerie) : 2.2 Hugoniot (thormes de) : A.2.2.a humidit de lair : 4.4 humidit relative : 1.1.4.d humidit spcifique : 1.1.4.a ; 1.1.4.b ; 1.1.4.c ; 1.1.4.d ; 1.5.2.a ; 1.5.2.b ; A.2.4 hydrothermal (karst) : 4.4.1.b hygromtre cheveux : 1.1.4.d hystrsis (phnomne d) : 2.5.7.a ; 3.3.1 ; 3.3.5.d ; 4.4.5.a et c induction (phnomne d) : cf. jection inductif (phnomne) : cf. inertie mcanique inertie mcanique : 2.2.3 ; 2.3.3.d ; 2.4.0 ; 2.5.1 ; 2.5.3 ; 2.5.4.0, c, d, e ; A.3.2.g inertie thermique de lair : cf. capacit thermique inertie thermique de la roche : cf. capacit thermique inertie thermique de leau : cf. capacit thermique inertie thermique dune glacire : 4.3.4.a infiltration de leau : 2.1.1.c influence de lhumidit : 2.3.1.d influence du CO2 : 2.3.1.d ; cf. dioxyde de carbone infrasons : 2.1.2.b ; A.4.0 inhibition du mlange turbulent : 1.3.9 inlandsis : 4.3.4.c injection dair par leau : 4.3.5.b
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instabilit : 2.1.1.b instabilit de latmosphre : cf. stabilit de latmophre instabilit de Rayleigh Bnard : 1.2.7 intensit acoustique : 1.3.10 interaction chimique eau-roche : 4.5 interactions externes : 4.1.3.c interaction interne : 4.1.3.b invariance dchelle (karst ) : 4.2.2.e invariants de la physique : A.2.1 inversion du courant dair : 3.3.5.j isenthalpe (transformation) : 1.1.4.d ; 1.5.1 isotherme (compression ou dtente) : 1.5.1.e ; 4.4.5.b isotopique (composition) : 1.1.3.a jet stream : 2.1.2.b karst glaciaire binaire : 4.3.4.c karstogense : 4.4 Kelvin (temprature) : 1.1.1.c Kem : 1.3.4.e Kirchhoff (quations de) : 2.4.2 Kirchhoff (loi de) : 1.4.6 Kronecker (symbole de) : A.3.1.b labyrinthe : 2.4 lac de dioxyde de carbone : 4.5 lambertienne (surface) : 1.4.6.a laminaire (coulement) : 1.3.1 Laplace (atmosphre de) : 1.1.4.b ; 1.2.2.b Laplace (quation de) : 1.2.3.a Laplace (relation de ) : 1.5.1.b Laplace (solution de) : 1.4.2.b latente (chaleur) : cf. chaleur latente Lewis (analogie de) : 2.6.2.g ; 3.1.3.c ; 4.1.4.c, 4.4.2 ; 4.4.3.c ; A.1.4.d ; A.1.4.e Lewis (hypothse de) : 1.5.3.b et c ligne de courant : 1.3.3 Lismonde (modle de) : 4.5.3.b lois de transferts : 2.6.1.b longueur caractristique : A.3.2.g longueur de mlange : A.1.3 longueur de pntration thermique : 3.2.6 Mach (nombre de) : 1.4.3.c ; A.2.2.a macroscope : 4.2.2.c maille dun labyrinthe : 2.4.1.a mailles (loi des) : 2.4.2.b marche alatoire : A.1.1 marqueur de courant dair : 2.3.5.a masse du karst : 4.1.2.c masse molaire : 1.1.2 masse volumique de lair : 1.1.1.a ; 1.1.6.c ; A.2.2 masse volumique de lair humide : 1.1.4.b ; 1.1.6.c Mayer (relation de ) : 1.2.3.a mcanismes : 4.1.4.c mlange de deux airs saturs : 1.5.4 mlange dun contaminant : 2.3.5 mlange (longueur de) : A.1.3 mlange turbulent : 1.3.9.b, d ; 2.1.1.b ; 2.3.4.a ; 3.1.1.a ; 3.1.2.c ; A.1.3 mmoire thermique (effet de) : 1.5.3.c ; 2.3.1.a, e ; 2.6.2.f ; 3.0.a, b ; 3.3.5.d, ; 3.5.3 ; 4.1.1.b ; 4.1.4.a ; 4.3.2.h ; 4.3.4.a ; 4.4.5.c ; A.1.4.d mesure de la temprature extrieure : 2.3.1.d mesure du dioxyde de carbone : 4.3.5.f
mthode de Schmidt : 3.1.2.e ; 3.2.1.a ; 3.2.5.a mines anciennes (ventilation naturelle des) : 2.2 modle continu : 2.5.3.d modle de creusement profond : 4.5.4 modle discontinu : 2.5.3.c modle simplifi de cavit : 2.5.3.c modle utilisable : 4.2.1.d modlisation : 4.2.1 modlisation dune glacire : 3.1.1 modification de la composition de lair souterrain : 4.3.6 Mstroff (grotte-labyrinthe) : 2.4.4 Moody (diagramme de) cf. Colebrook Mucke, Viker, Wadewitz (modle de) : 4.4.1.c moulin de glacier : 4.3.4.c Navier Stokes (quation de) : 1.3.2.a ; A.3.1.b Newton (loi de) pour la convection : 1.4.3.d Newton (quation de) : A.2.5 Nikuradse : cf. Colebrook niveau pizomtrique : 2.6.2.a ; 4.3.3 ; 4.3.5.0, b, d, f ; 4.4.2.0, d ; 4.5.3.b, c nud dun labyrinthe : 2.4.1.a nuds (loi des) : 2.4.2.a nombre de Reynolds : cf. Reynolds nombre de Grashof : cf. Grashof nombre de Nusselt : cf. Nusselt nombres sans dimension : A.3.2.g nuage de contaminant : 2.3.5.e Nusselt (nombre de) : 1.4.3.d ; 4.4.3.b, c ; A.1.4.b objet fractal : 4.2.1.e Ohm (loi d) : 1.4.3.h ondes de gravit : 1.3.9 ondes dinterfaces : 1.3.9 oscillation de relaxation : 2.5.7 oscillation du courant dair : 2.4.4.a ; 2.5 ; cf. priodique oscillation pendulaire : 2.5.5 oxydation de matire carbone : 4.3.6.b-3 paroi (couplage la) : 1.4.3.h paroi (temprature de) : 1.4.3.h ; 2.6.2.a, h ; 3.5.5 ; 4.4.4.a, et b particule fluide : 1.0 pntration thermique dans la roche : 3.2.6.d percolation : 4.1.1 priode ferme (ouverte) : 3.1.1 priodiques (phnomnes) : 1.3.9.d ; 2.4.4 ; 2.5.1 ; 2.5.6.f ; 2.5.7 ; 3.1.2.d ; 3.3.2.a, c ; 3.3.5 ; 3.4.2.c ; 4.3.2.e pertes de charge : 1.3.4 : 2.3.2 pertes de charge rgulires : 1.3.4.a ; 2.3.3.c pertes de charge singulires : 1.3.4.b perte sous-glaciaire : 4.3.4.c perturbation de pression : 2.5.3 perturbation thermique dun tube vent : 3.2 pesanteur (force de) : 1.2.1.a ; 1.3.2.c pesanteur (rle de la) : 2.1.1.a ; 4.1.1.a ; 4.1.2 ; 4.1.3.c ; 4.1.5.b ; 4.3.2 ; 4.3.3.a ; 4.3.4.c ; 4.4.3.b phase ferme : 2.1.1.b phase ouverte : 2.1.1.b phnomne de convection : A.1 phnomne de diffusion : A.1 phnomne non-linaire : 4.2.2.e pige air chaud : 3.12 pige air froid : 3.1.2
359
pige thermique : 1.3.9.c ; 1.4.2.g ; 2.1.1.b ; 2.3.1.a ; 3.1 ; 3.6.6.a , 3.6.6.b ; 4.3.2.a, b, h ; 4.3.4.a ; 4.4.4.c ; 4.4.5 plus grande vitesse : 2.3.3.b pointe thermique de leau en crue : 4.3.2.e Poisson (distribution de) : cf. distribution polytropique (coefficient) : 1.2.4.a polytropique (quation) : 1.2.4.a ; 4.4.5.c porches (courant dair dans les) : 2.1.1 ; 2.2 potentiel de karstification : 4.1.3.a pousse dArchimde : 4.4.3.e poussire : 4.3.7.c Prandtl (nombre de) : 1.4.3.d ; 2.6.1.c ; A.1.4.a ; A.3.2.g prcipitation : 4.3.5.b pression : 1.1.1.b pression de lair (gradient de) : 1.1.1.b pression de CO2 quilibrante : 1.6.1.d ; 4.3.7.b ; 4.5.1.d ; 4.5.2.a ; 4.5.2.b pression atmosphrique : 1.1.1.b ; 1.1.3.a ; 1.6.1.b ; 2.1.2.c ; 2.5.1 ; 2.5.2.b ; 2.5.6.a ; 2.6.1.c ; 4.1.5.a ; 4.3.1.a ; 4.3.5 ; 4.3.5.c ; 4.3.5.f ; 4.3.6.b ; 4.4.3.d ; 4.5.2.c pression motrice : 1.2.1.a ; 1.3.2.a ; 2.3.1.b pression motrice quivalente : 1.2.1.a pression partielle de vapeur : 1.1.4.b ; 1.5.2.a ; 1.5.2.b prvision : 4.2.2.d principe zro de la thermodynamique : 1.4.1 production de CO2 : 4.3.7.a ; 4.5.1.b production de vapeur : 4.4.3.f profil thermique le long dune galerie : 3.2.6.a propagation dune perturbation : 2.5.3 psychromtrique (diagramme) : cf. diagramme de lair humide puissance thermique injecte : 3.3.5.g puits daration : 3.4 quantit de mouvement dun karst : 4.1.2.c radon : 1.1.3.b ; 4.3.5.f rafale de vent : 2.1.2.a Rayleigh - Bnard (thorie de) : 1.2.7 Rayleigh critique (nombre de) : 1.2.7 rayonnement : 1.4.5 ; 4.4.3.a racteur chimique : 2.3.5.a racteurs bien agits en cascade : 2.3.5.b recirculation (courant de) : 1.3.8 ; 2.1.1.a ; cf. jection refroidissement par vaporation : 2.6.1.d rgulation du CO2 : 4.5.3 relations fonctionnelles : 4.1.3.a relativit galilenne : 1.3.10 relaxation (phnomne de) : 2.5.7 renouvellement de lair : 4.3.5 renverse dun courant dair : 2.3.3.d ; 2.5.4 rponse thermique : cf. frquence rseau deux entres de mme altitude : 3.6.6.b.2 rseau trois entres : 3.6.1 rseau des fentes : 4.2.1.c rseau souterrain : 4.2.1 rseau splo : 4.2.1.a rsistance araulique : 1.3.4.e : 2.3.1.e ; 2.3.2 ; 2.3.4.a ; 2.4.1.c ; 2.4.2 ; 2.4.4.b ; 2.5.2.b ; 2.5.3.c ; 3.3.1 ; 3.3.2.a ; 3.3.5.a ; 3.4.1 ; 3.6.1 ; 3.6.2 ; 3.6.5 ; 3.6.6 rsistance en srie et en parallle : 1.3.4.g
rsistance thermique : 1.4.2.a ; 1.4.3.h, i ; 3.2.6.f rsistance thermique de paroi : 1.4.3.g rsolution numrique : 2.4.2.c ; 2.4.3 ; 2.5.3.c ; 2.5.6.f ; 2.5.7.a ; 2.6.2.e ; 3.1.1.f ; 3.1.1.i ; 3.1.2.e ; 3.2.1.a ; 3.2.4.b ; 3.2.5 ; 3.3.4 ; 3.4.4 ; 3.5.3 ; 3.5.4 ; 4.4.4.a ; A.2.3 ; A.3.1 ; A.5 rsonance (phnomne de) : 2.5.6 respiration (des cavernes) : 2.1.2.c ; 2.5.1 ; 2.5.2.b ; 2.5.6.a ; 4.2.2.b ; 4.3.5.c ; 4.3.7.a rtrcissement : 1.3.4.b ; 1.3.6.b ; 2.3.4.a ; 2.3.5.B ; 2.5.3.a, c et d ; 4.2.1.d rtroaction : 1.4.3.h ; 1.5.3.b ; 3.1.1.b, 3.2.6.c ; 4.1.4.b ; 4.2.2.b et d ; 4.3.1.a rtroaction de lnergie stocke : 3.0.b Reynolds (analogie de) : 1.4.3.d ; A.1.4.c Reynolds (quation de) : A.3.2.b Reynolds (nombre de) : 1.3.1 ; 1.3.4 ; 1.4.3.d ; 1.5.3.a ; A.3.2.g Reynolds (tenseur de) : A.3.2.b Richardson (nombre de) : 1.3.9 Rinehart (relation de) : A.4.0 rle thermique de la pesanteur : 4.3.2.d rle thermique de leau : 4.3.2.c rose (courbe de) : 1.1.4.d rugosits de paroi : 1.4.2.d Saint-Venant (quation de) : A.2.2.a saturation (courbe de) : 1.1.4.d Schirmer (relation de) : A.1.4.a Schmidt (mthode de) : cf. mthode de Schmidt Schmidt (nombre de) : 1.5.3.a ; 2.6.1.c ; A.1.4.a ; A.3.2.g srie de Fourier : cf. Fourier Sherwood (nombre de) : 1.5.3.a sol (action du) : 4.3.7 son (vitesse du) : 1.3.10 ; A.2.1.a sortie de glaciation : 4.3.4.c source de quantit de mouvement : A.2.5 spectre de frquence : 1.4.2.c stabilit de lair : 1.2.6 ; 1.4.4 Stanton (nombre de) : A.2.2.c statique (quation de la) : 1.2.1.a Stefan-Boltzmann (loi de) : 1.4.5 stockage de la chaleur : 3.0.a Stokes (loi de) : 1.1.3.c Stokes (solution de) : 1.4.2.c stratification dun coulement : 1.3.9 ; 1.4.3.k ; 1.4.4 ; 1.4.6.b et c ; 2.1.1.b ; 2.2.3 ; 3.1.1.a ; 4.3.5.e structure du champ thermique : 4.3.3 structure fractale tangente : 4.2.1.e sublimation (phnomne de) : 1.5.1.c surface dchange : 1.3.4.d surface du karst : 4.1.1 suspension : 1.1.3 systme avec air renouvel : 4.5.2.a systme ferm : A.2.1 systme isol : A.2.1 systme ouvert : 4.1.3.a systme karstique : 4.1 ; 4.1.1 systme sans air : 4.5.2.a Szunyogh (modle de) : 4.4.1.b temprament : 1.3.4.f
360
temprature : 1.1.1.c temprature de fusion de la glace : 4.3.4.c temprature de paroi : 1.4.3.h temprature de renverse : 2.5.4.d temprature de rose : 1.1.4.d ; 1.5.1.b temprature dune cloche dair : 4.4.5 temprature dune grotte : 4.3.2.a temprature dun massif calcaire : 4.3.2 temprature extrieure : 4.3.1.a temprature humide : 1.1.4.d temprature moyenne de mlange : 1.4.3.c ; 2.6.2.b temprature sche : 1.1.4.d temprature totale moyenne : 3.3.5.b temprature uniforme (tube vent de) : 2.6.2 temprature virtuelle : 1.1.4.b ; 1.2.2.b temps caractristique : 3.2.6.c temps de propagation : 2.5.3.b` tension (grandeur de) : 1.3.4 ; 1.5.2.b ; 1.5.3.b ; 1.6.0 ; 1.6.2.b ; 2.5.1 ; 4.1.2.a ; 4.4. ; A.1.4.a tension superficielle de l'eau : 1.5.1.b ; 1.5.7 terme moteur du tirage : 2.3.1.b termes rsistants : 2.3.2 ; cf. rsistance araulique thermomtre bulbe sec : 1.1.4.d thermomtre bulbe humide : 1.1.4.d tirage dune chemine : 2.3.1.a (cf. aussi charge) titre massique : cf. fraction massique titre molaire : 1.1.3 Torricelli (formule de) : 2.2.2 tourbillon de recirculation : 1.3.7.b tourbillon torique : 2.1.1.a transfert de chaleur : 1.4 ; 2.6.1 ; 3.1.2 ; 4.4.3 ; A.1.4.b transfert de masse : 2.6.1 ; 3.1.2 ; 4.4.3 ; A.2.4 transfert de quantit de mouvement : A.2.5 transformation adiabatique : 4.4.5.b ; cf. adiabatique transformation isotherme : 4.4.5.b transformation polytropique : 4.4.5.c
transition laminaire-turbulente : 2.5.7.a transitoires (phnomnes) : 1.1.5.d ; 1.4.2.b ; 2.3.1.b ; 2.3.5.e ; 2.5.1 ; 2.5.2 ; 2.5.3.c ; 2.5.6 ; 2.5.7 ; 3.2.1.b ; 3.4.2.c ; 3.5.2 ; 4.3.4.c transport du CO2 : 4.5.1.b trmie : 1.4.3.i Trombe (problme de) : 2.5.2.a tube vent : 2.1.1 ; 2.3 ; 2.4 ; 2.5.2.a ; 2.5.4 ; 2.6 ; 3.0.b ; 3.2 ; 3.3 ; 3.4 ; 3.5 ; 3.6.2 ; 3.6.6.b ; 4.2.1.d ; 4.3.2.h ; 4.3.4.a ; 4.3.5 tube ferm (modle en) : 2.5.3.b turbulent (coulement) : 1.3.1 ; 1.3.4.c : A.2.4 turbulent rugueux (coulement) : 1.3.4 units naturelles : 3.2.4.a ; 3.5.4 validit du calcul du tirage : 2.3.1.e vapeur deau : 1.1.4 (voir aussi humidit) variables sans dimension : 3.2.4.a ; 3.3.3.b variation de lhumidit : 4.3.6.b variations des tempratures extrieures : 4.3.1.a Vashy-Buckingham (thorme de) : 3.2.4.a vent extrieur : 1.3.10 ; 2.1.2.a ; 4.1.2.c ; 4.3.7.c Venturi (effet) : 1.3.3 virage : 1.3.7 viscosit cinmatique : 1.1.6.b ; 1.3.1 ; A.1.1 viscosit dynamique : 1.1.6.a vitesse de chute dune particule : 1.1.3.c vitesse de lair : 1.1.1.d : 2.3.3 et partout vitesse dune perturbation de pression : cf. perturbation vitesse du son : 1.3.10 vitesse en convection naturelle : 1.4.4 volume de contrle : A.2.4 volume spcifique : 1.1.5.h Watt (paroi froide de) : 1.5.1.b ; 4.4.2.a Wigley et Browne (cas rsolu par) : 2.6.2.g zones thermiques : 4.3.2.b ; 4.3.2.h
361
Lauteur
Baudouin LISMONDE est n en 1946 Prigueux. Il pratique la splo depuis 1963 (premier bivouac souterrain) et il a particip de nombreuses explorations splologiques, principalement dans les Alpes du Dauphin et de Savoie, dans les Pyrnes Occidentales, et en Espagne, toujours au sein du club des Splos Grenoblois du Caf. Son grand plaisir en exploration splologique est de dcouvrir des jonctions entre rseaux voisins, et des connexions entre gouffres et grottes sous-jacentes, autorisant ainsi des traverses splologiques. Ce got la conduit sintresser de trs prs aux courants dair qui parcourent les cavernes. Il a publi plusieurs ouvrages de splo et de nombreux articles. Il est par ailleurs ingnieur de lcole Centrale de Lille, docteur s sciences en mcanique des fluides et matre de confrence lUniversit Joseph Fourier de Grenoble (IUT gnie Thermique et nergie), o il enseigne la mcanique des fluides, la climatisation, les transferts de chaleur et de masse. Il appartient au Laboratoire des coulements Gophysiques et Industriels de Grenoble. Louvrage quil signe ici sur la climatologie souterraine, est la croise de ses deux spcialits.
_______________________
362
Coquand imprimeur 26, rue de Comboire 38130 Echirolles

Climatologie 2

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Climatologie du monde souterrain

Arologie des systmes karstiques

dition du Comit Dpartemental de Splologie de lIsre

B. Lismonde - 1re dition - tome 2 - 20 fvrier 2002

Climatologie du monde souterrain

Arologie des systmes karstiques

Faon de considrer le karst

arologie des systmes karstiques

physique des transferts

le temps partie 1 partie 2 partie 3 partie 4

Faon daborder les difficults physiques et mathmatiques

Importance de modles simplifis diffrentes chelles de temps et despace

1. Lair souterrain, ses caractristiques et ses interactions locales avec la cavit

1.2. Lair en quilibre mcanique

1.3. Phnomnes locaux associs un courant dair

1.4. Les transferts de chaleur

1.5. Les transferts de masse pour la vapeur deau. vaporation et condensation

1.6. Les changes de CO2 entre lair et leau

Conclusions de la premire partie

2.2. Ventilation naturelle dune galerie horizontale une seule entre

2.3. Le courant dair dans un tube vent

130 131 132 133 137

2.5. Les courants dair variables

139 139 140 141 147

Conclusions de la deuxime partie

Introduction .............................................................................................................................................. 175

3.1. Les piges thermiques : piges air froid ou air chaud

3.2. Tube vent. Perturbation thermique brutale dun rseau

3.3. Tube vent. Variations sinusodales de la temprature extrieure

............................. 203 3.3.1. nonc du problme ..................................................................................................................................... 203

203 205 207 208

3.5. Tube vent parois sches, et condensation

3.6. Cas des rseaux plusieurs entres

Conclusions de la troisime partie

4. Lair souterrain en tant que sous-systme karstique

4.2. Rseau souterrain et air des cavits

4.3. Champ thermique dans le karst, renouvellement et modification de lair

266 266 267

274 276 280

4.4. vaporation - condensation, compression et karstogense

290 290 293 294

4.5. Interaction chimique eau-roche via lair, rle de la pression

305 305 307 309 311

Conclusions de la quatrime partie

ANNEXES A.1. Les phnomnes de diffusion et les phnomnes de convection

A.2. Les quatre lois de bilan sous forme globale

321 321 321

323 323 325 326 327

A.3. Les quations locales

A.5. La rsolution numrique des systmes dquations

Index des notations et symboles

Aerology of karstic Systems

The subterranean air

1.1. Les grandeurs caractrisant lair

particule fluide d'air

pression = action de l'air extrieur

c) Temprature T (en degr Celsius = C, ou en Kelvin = K)