Feminisme Evolution en France
Feminisme Evolution en France
Feminisme Evolution en France
II Histoire des combats fministes en France : A De la rvolution la seconde guerre mondiale : Lutte pour les droits politiques . . . . B Des Trente Glorieuses nos jours : un nouveau terrain de combats . . . . . . . . . . . III Aux sources du fminisme contemporain A Quelques thories fondatrices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B Les principaux courants actuels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IV Recherches actuelles : les gender studies A Gense du concept de genre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B Brler son soutien-gorge ? Fminisme et gender studies face la verse de fminit : entre mythe dconstruire et objet dune qute collective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
10 . . . . . . . . . 10 notion controindividuelle et . . . . . . . . . 11
Depuis Denis Diderot qui dnissait la femme dans son Encyclopdie comme la femelle de lhomme , la condition fminine a connu des volutions spectaculaires. Les luttes menes pendant le XXe sicle sur le plan social, conomique et politique font quon retrouve aujourdhui les femmes hautement qualies, actives et autonomes. Mais malgr cette mancipation formidable, il sut de jeter un coup dil la rpartition des tches domestiques ou la reprsentation politique pour voir que des ingalits perdurent. Le combat des femmes nest donc toujours pas arriv son terme : comme le souligne lhistorienne Michelle Perrot les chemins qui mnent vers lgalit sont interminables ... Ce dossier retrace le chemin parcouru par le mouvement des femmes au cours des sicles et essaye de montrer les enjeux des dbats actuels. Les deux premires parties tracent une rtrospective historique et politique des combats des femmes. Les deux parties suivantes font le point sur les courants fministes contemporains et prsentent les dbats actuels sur les questions de genre ou gender studies .
Moyen ge
La condition fminine est peu prs semblable dans toute la chrtient. La rpudiation est eme interdite et le divorce autoris en trois cas : la strilit, la consanguinit jusquau 7` degr ou lordination ultrieure dun des poux. Ladultre est puni. De 1184 1680, lInquisition vise radiquer tous ceux et celles qui ne se soumettraient pas leur roi ou lEglise, elle ciblait particulirement les femmes dont on ntait pas sr quelles aient une me. 1405 - France : Christine de Pisan, premire femme franaise de lettres vivre de sa plume, dnonce dans sa Cit des Dames la misogynie des clercs et sinsurge contre les discriminations dont sont victimes les femmes.
eme 1788-1789 : Convocation des tats Gnraux pour la 22` fois en 487 ans (premire en 1302). Les femmes veuves ou nobles tenant ef prennent part au vote mais elles ne sont pas directement ligibles. Elles peuvent toutefois tre reprsentes par une sorte de supplant comme cest le cas notamment dans les assembles locales. Les femmes prennent galement une part trs active la rdaction des cahiers de dolances.
1808 : Charles Fourier (1772-1837), qui on attribue le terme de fminisme , rclame le droit de vote des femmes et la libert en amour. En parallle, Claude-Henri de Saint-Simon plaide pour le droit de vote des femmes. Saint-Simon et Fourier sont considrs comme les prcurseurs des socialistes. 1816 : Restauration monarchique. Abolition du divorce. 1838 : Cration de la premire cole normale dinstitutrices. Flora Tristan est une des gures du mouvement ouvrier qui lutte pour le droit au travail de tous et de toutes et la reconnaissance de lgalit entre homme et femme. Elle avoue dans son Promenades dans Londres (1839) qu en France, de tradition, la femme y est ltre le plus 3
honor, en Angleterre, cest le cheval... . 1849 : Jeanne Deroin tente de se prsenter aux lections lgislatives. Le socialiste Proudhon est lun des plus virulents opposants cette candidature fminine : Lhumanit ne doit aux femmes aucune ide morale, politique, philosophique. Lhomme invente, perfectionne, travaille, produit et nourrit la femme. Celle-ci na mme pas invent son fuseau et sa quenouille . vers 1860 - Angleterre : les suragettes anglaises commencent mener un combat denvergure pour obtenir le droit de vote. 1865 - Royaume-Uni : Droit de vote accord aux femmes pour les lections locales. 1868 - tats-Unis : le droit de vote est accord aux femmes du Wyoming. 1893 - Nouvelle-Zlande : les femmes obtiennent le droit de vote
1903 : Marie Curie reoit le prix Nobel de physique pour la dcouverte de la radioactivit. Cest le premier prix Nobel (le prix est cr en 1900) dcern une femme. 1917 - URSS : Alexandra Kollonta - membre du gouvernement bolchevique Russe - est la premire femme faire partie dun gouvernement. Elle soppose, en 1914, la guerre mondiale, et pour cette raison rejoint les bolcheviks en 1915. Elle participe la rvolution de 1917, et devient commissaire du peuple dans le gouvernement des soviets, ce qui lui vaut dtre la premire femme au monde faire partie dun gouvernement. Laction des femmes et de Kollonta leur permet dobtenir le droit de vote et dtre lues, le droit au divorce, laccs lducation, un salaire gal avec les hommes, des congs maternits. Le droit lavortement est obtenu en 1920 (il sera supprim en 1936 par Staline). 1919 - France : la Chambre des dputs adopte une proposition de loi pour le vote des femmes, par 329 voix contre 95 : proposition refuse par le Snat. 1938 : Larticle 213 du Code Civil de 1804 est rform et supprime lincapacit juridique des femmes. Elles ne doivent plus obissance leur poux. 1943 : France Libre. Lucie Aubrac est nomme membre de lAssemble consultative provisoire. Vichy. Marie-Louise Giraud, une avorteuse , est guillotine. 1945 : la notion de salaire fminin est supprime. travail gal, salaire gal est inscrit dans la lgislation franaise. 1946 : le principe dgalit des droits entre hommes et femmes est pos dans le prambule de la constitution franaise. 1948 - ONU : La Dclaration Universelle des Droits de lHomme reconnat la pleine galit entre hommes et femmes. Quelques pays ne ratient pas la DUDH, en raison prcisment de cet article, et beaucoup dautres nont toujours pas harmonis leur droit interne la DUDH. 1949 : Parution du Deuxime Sexe de Simone de Beauvoir. 1956 : Cration de La maternit heureuse qui devient le Planning familial en 1960. 1960 - tats-Unis : Womens Lib mouvement amricain de libration des femmes est cr. 1967 - France : 28 dcembre. La contraception est autorise par la loi Neuwirth. 1969 : Le Mouvement des Femmes (futur MLF) voit le jour un an aprs les vnements de mai 1968. Premire action dclat le 26 aot avec 8 femmes dposant au pied de lArc de Triomphe des eurs pour la veuve du soldat inconnu. 1971 : Publication dans le Nouvel Observateur du Manifeste des 343 regroupant les signatures de 343 femmes reconnaissant avoir subi un avortement et appelant les autorits prendre en compte cette ralit : les femmes avortent, et souvent dans des conditions de 4
scurit lamentables. Le manifeste des 343 qui devient vite le manifeste des 343 salopes rclame lavortement libre. Parmi elles, nombre dinconnues et quelques femmes de premier plan, de Simone de Beauvoir Catherine Deneuve en passant par Jeanne Moreau, Nadine Trintignant, Marguerite Duras, Franoise Sagan, Agns Varda, Yvette Roudy, MarieFrance Pisier, Marina Vlady et Gisle Halimi. 1975 : 17 janvier : promulgation de la loi Veil autorisant linterruption volontaire de grossesse. La loi est dnitivement adopte en 1979. Le remboursement par la Scurit Sociale est vot en 1982. 1983 : Loi Roudy sur lgalit professionnelle hommes/femmes. Rappel de la notion travail gal, salaire gal . Suppression de la notion de chef de famille en droit scal. Ratication par la France de la Convention sur llimination de toutes les formes de discrimination lgard des femmes. 1990 : Le mouvement amricain pro-life, cest--dire anti-avortement, essaime en France. Premire attaque dun commando anti-IVG la maternit des Lilas (93). Lutilisation du RU 486, technique mdicamenteuse de lIVG est autorise en milieu hospitalier. La loi reconnat quil peut y avoir viol entre poux. 1992 : La loi Neiertz sanctionne le harclement sexuel sur le lieu de travail. 2000 - France : Le Conseil constitutionnel valide le texte sur la parit. Loi sur la contraception durgence : la pilule du lendemain est en vente libre en pharmacie
eme XXI` sicle
2000 : La loi sur la parit est applique (mais en 2002, il ny a que 12,3% de femmes lues lAssemble nationale) 2001 : Le nom de famille des enfants peut tre celui du pre celui de la mre ou les deux accois 2004 : lIVG par voie mdicamenteuse est autorise par la loi
II
Deux grandes priodes historiques marquent les temps forts du mouvement de lmancipation des eme femmes. Une premire phase se situe au courant du XIX` sicle et se caractrise essentiellement par des revendications de nature politique. La deuxime priode dterminante commence dans les annes 1970 : le mouvement fministe se radicalise alors davantage et les revendications sorientent sur les questions de sexualit.
Le fminisme est vritablement n en France des contradictions de la Rvolution franaise qui proclame les droits universels de lhomme tout en excluant les femmes. Le mouvement surgit avec 5
Olympe de Gouges qui en 1792 proclame sa Dclaration des droits de la femme et de la citoyenne. eme Mais la n du XVIII` sicle, les prtentions du fminisme, qui est originellement considr eme comme une maladie (au dbut du XIX` sicle, fminisme est un terme utilis par les mdecins pour dsigner la fminisation de certains hommes), irritent et longue a t la route avant que les eme sicle sociologues ne le reconnaissent comme un mouvement social . Les revendications du XIX` sarticuleront principalement sur deux fronts : le droit de vote et le droit lducation.
Lgalit civile Le Code civil napolonien (1804) referme instantanment les rares portes entrouvertes par les ides rvolutionnaires. Dinspiration romaine et patriarcale, il reue la femme sous lautorit souveraine du mari et du pre et fait de la famille le cur de la socit. Ainsi, aprs la Rvolution les femmes nauront-elles acquis aucun droit, et pire lanalphabtisme des lles saccrotra cette poque. Mais eme au cours du XIX` sicle, malgr les barrires rigides du Code civil qui sont toujours en vigueur, le mouvement fministe apparat au cours de toutes les csures du pouvoir (principalement en 1830, 1848, 1871). Que ce soit en France ou en Angleterre, les suragettes sinsurgent tout au long du eme XIX` sicle contre linjustice instaure par le surage universel alors quil est masculin. Les femmes apprendront trs vite se servir de toutes les formes autorises de la protestation : les tracts, les lettres se multiplient, et elles auront mme recours, quoique modrment, la manifestation. eme Surtout, on assiste au dveloppement de la presse fminine : ds le XVIII` sicle, les journaux de mode crits par les femmes se multiplient. Les saint-simoniennes lancent La Femme libre en 1832 o elles signent de leurs seuls prnoms refusant ainsi de porter le nom de leur pre ou de leur poux. Puis viendra La Fronde cr en 1897 par Marguerite Durand : ce journal est entirement dirig, rdig et mme fabriqu par les femmes, alors que limprimerie tait considre comme un bastion masculin. Cest dans ce quotidien dailleurs que Sverine couvrira le procs dAlfred Dreyfus. Mais le moment le plus fort du fminisme est la priode 1900-1914, cest lge dor de la femme partout en Europe, le moment o le fminisme construit petit petit une conscience de genre , forme sexue de lopinion. Lducation des jeunes lles Bien aprs la premire bachelire (Julie Daub en 1860), lcole Ferry (1881-82) marquera la premire tape de lgalit dans linstruction. Non mixte, elle est galitaire dans ses programmes et presque dans ses matres ; ainsi les institutrices seront les premires intellectuelles . Puis, les lles seront admises au secondaire (mme baccalaurat pour les deux sexes en 1924) et enn aux universits. Mais chacun de ces acquis trs diciles suscite des rsistances et des boues dantifminisme contre celles que la romancire catholique Colette Yver appellera les Cervelines .
eme Il faut souligner un autre aspect du combat des femmes, mme si au XIX` sicle il ne sexprime pas (encore) par des revendications formules. Il sagit du contrle des naissances pratiqu par de eme nombreuses familles franaises ds le XVIII` sicle. Il est dicile de savoir quelle a t la part des femmes dans ce domaine, mais le fait est quau tournant du sicle les femmes maries ayant plusieurs enfants pratiquaient de plus en plus lavortement. A. McLaren utilisera ce sujet le terme de fminisme populaire : cette pratique soppose aux tenantes du fminisme organis qui demeurent assez muettes ce sujet. Il faudra attendre le dveloppement du birth control puis du planning familial en France (1960) pour assister des revendications ouvertes.
La seconde vague des revendications fministes des annes 1960-70 et ses ramications actuelles sont devenues, de lavis des sociologues, le prototype de ces nouveaux mouvements sociaux caractristiques de la postmodernit. Les revendications de cette priode sont nes de la contestation tudiante de 1968 et sinscrivent dans la mouvance de la contre-culture qui puise ses racines dans le marxisme et la psychanalyse. Mais leur particularit est leur orientation sur les questions de sexualit. Les fministes de la deuxime eme moiti du XX` sicle luttent pour la matrise de la fcondit (pour la contraception et pour la lgalisation de lavortement). Elles refusent dtre des femmes objets et revendiquent ainsi leur eme droit au plaisir et au dsir. Alors quau XIX` sicle, un Lord pouvait sousquer du plaisir non dissimul de sa femme lui disant une Lady ne remue pas aujourdhui, les femmes peuvent quitter un partenaire qui ne leur procure aucune sensation. Ce processus de contestation du patriarcat et de la domination masculine en gnral deviendra la rvolution de la libert sexuelle prenant comme leitmotiv le priv est politique et interdisant aux hommes de parler au nom des femmes. Les tenants de cette nouvelle gnration de fministes radicales veulent combattre les tabous les plus ancrs : ceci se manifeste par la volont des femmes de disposer librement de son corps (cest lpoque o les seins nus et les monokinis envahissent les plages). Mais elles luttent galement contre limage, quelque peu doucereuse de fminit tous les niveaux, dclarant la libert daimer et allant mme jusqu choisir leur orientation sexuelle. Ceci une poque o lhomosexualit est encore considre comme une dviance voire une maladie mentale (selon les normes de lOMS de 1968). Ces actions pour le moins radicales conduisent une vritable crainte dans la socit : les fministes seraient-elles les ennemis des hommes ? La rponse cette question divisera le mouvement fministe dans les annes 1970 suivant deux tendances : les galitaristes et les direntialistes .
Fminisme galitariste Pour les fministes galitaristes, appeles aussi universalistes , tous les tres humains sont des individus gaux, indpendamment des dirences touchant aux traits physiques comme la couleur de la peau ou le sexe. Les dirences homme/femme sont donc le rsultat de rapports de pouvoir et de domination. La subordination des femmes est une production sociale et toute armation de spcicit fminine risque de donner des gages une hirarchisation. Le sexe doit donc tre associ des rles sociaux, politiques et symboliques dans la socit.
Fminisme direntialiste Les fministes direntialistes postulent une dirence de nature entre le masculin et le fminin. Il existerait donc une essence fminine dont dcouleraient des caractres fminins spciques et inns (des comportements fminins, une criture fminine ?) et qui justierait des dirences de traitement entre les sexes. Appeles parfois essentialistes (surtout par leurs dtracteurs), les fministes direntialistes revendiquent donc lgalit dans la dirence. Ce courant se dveloppe aux tats-Unis notamment travers les dpartements universitaires de Womens studies. Parmi les ides avances, il y a entre autres lexistence dun matriarcat aux origines et la volont de crer une socit gynocentrique. Certains de ses leaders, telle lAmricaine Kate Millet connatront une grande notorit, mais ce courant a en fait rapidement perdu de son audience et reste aujourdhui cantonn quelques 7
fministes radicales (majoritairement anglo-saxonnes). La pense direntialiste a videmment suscit une vague dantifminisme la hauteur de sa radicalit. Les combats des fministes des annes 1970 auront conduit de nombreuses avances pour les droits des femmes, et ce galement au niveau des institutions internationales comme lEurope ou lONU (lanne 1975 est dclare anne de la femme par lONU et la premire confrence internationale qui leur est consacre est organise Mexico). Daprs les historiennes Florence Rochefort et Michelle Zancarini-Fournel, le fminisme a acquis une reconnaissance institutionnelle et une lgitimit intellectuelle au cours des dernires dcennies. Mais une fois passes les Trente Glorieuses et ces priodes de lutte intense, les mouvements fministes semblent connatre une pause : daprs les historiens, le mouvement aurait en fait clat en une multitude de luttes axes sur des revendications plus spciques. En France, on a assist la cration de nombreuses nouvelles associations au eme tournant du XX` sicle. Les Chiennes de garde en 1999 prennent la dfense des femmes politiques injuries et dnoncent les publicits sexistes. Mix-Cit est une association qui se dnit comme fministe, mixte, antisexiste et universaliste de rexion et daction auprs du grand public, des mdias et des institutions . Enn, Ni putes, ni soumises est un mouvement qui est n de la marche des femmes en 2003 contre les ghettos et pour lgalit. Ce mouvement se prsente lui-mme mixte et populaire et lutte contre les violences faites au femmes dans les quartiers (ce que dcrit Samira Bellil Dans lenfer des tournantes (2002)). eme laube du XXI` sicle, une nouvelle controverse concernant la libration sexuelle apparat. Certaines fministes dnoncent une violence envers les femmes toujours insusamment combattue et lutilisation des corps des femmes comme marchandise de prostitution et de pornographie. On assiste une instrumentalisation de limage de la femme la tlvision qui devient de plus en plus envahissante. Daprs elles, la libration sexuelle na conduit qu lexorbitance de la prostitution et de la pornographie et aurait donc t au nal un march de dupes pour les femmes. A ceci, les opposantes rpondront par une critique du fminisme puritain (E. Badinter) qui, travers linstallation du politiquement correct, rige les femmes en victimes et culpabilise les hommes. Dans son ouvrage Fausse Route (2003), E. Badinter se dmarque de ce quelle dcrit comme un fminisme bien-pensant qui en fait ne voudrait que rglementer nouveau le sexe. En somme, le spectre dune guerre des sexes na toujours pas disparu des dbats des fministes ?
III
A
Les ides marxistes et la rvolution bolchvique Les thories de Marx et Engels prennent en compte la condition fminine et en analysant les conditions dexistence des femmes, ils constatent que, dans le monde capitaliste, elles sont dgrades. Ainsi, Marx sarme rsolument galitariste en crivant dans Le Capital quIl est en outre vident que lquipe de travail collective compose dindividus des deux sexes [...] sera ncessairement, dans des circonstances favorables, une source dpanouissement humain . Fondamentalement, la pense marxiste considre que lexploitation des femmes et le travail domestique est une forme de reprsentation, lchelle de la famille, des groupes sociaux et des classes ; par labolition des classes sociales, le projet rvolutionnaire devrait donc mettre n cet asservissement. Pendant la rvolution sovitique, Lnine rencontre deux gures fminines : Clara Zetkin et Alexandra Kollonta (qui sera membre de son gouvernement). Grce notamment leur inuence, 8
il mne bien des actions en faveur des femmes. Le 19 et 20 dcembre 1917, Lnine publie deux dcrets qui ont pour but de remplacer le mariage religieux par un mariage civil. Il sen suit un nouveau code du mariage qui donnait la femme les mmes droits qu lhomme. Lnine instaure galement deux mois de congs avant et aprs laccouchement pour les femmes enceintes, et dveloppe le systme de crches et de pouponnires dans les usines. Il arme que Le proltariat ne peut achever sa complte libration tant que les femmes ne sont pas compltement libres . En outre, en 1921, cest Lnine qui dcrte le 8 mars journe de la femme, en hommage une grve des ouvrires du textile de New York qui, le 8 mars 1857, staient violemment opposes la police. Simone de Beauvoir et Le deuxime sexe (1949) Cet ouvrage inaugure un fminisme dit radical . Sans grande audience en France au moment de sa parution, il sera publi en 1953 aux tats-Unis et va devenir un classique du fminisme et une rfrence dans la rexion sur le genre. Le postulat de lauteur : on ne nat pas femme, on le devient souligne que, non seulement il ny a pas de nature fminine prtablie qui justierait la sgrgation sexuelle, mais pose galement lide que la condition de femme et lexistence en tant que femme est un combat. Cet ouvrage est une analyse des modalits sociologiques, psychologiques et conomiques de la hirarchie entre les sexes et son auteur montre luniversalit du rapport de dominance des hommes sur les femmes ; qui sont invites user de leur libert pour sortir du rle de servante et de mre.
Margaret Mead : une construction culturelle Lanthropologue Margaret Mead (1901-1978) est considre comme lune des premires , dans les sciences sociales, avoir, dans lAmrique trs puritaine des annes 1930, soulign le caractre culturel et construit des identits de sexe. partir dtudes de terrain en Ocanie, elle montre par exemple que dans certaines ethnies la passivit et la sensibilit sont des caractristiques masculines. Elle conclura que cest la culture qui faonne les identits sexuelles. Elle est une gure de proue du culturalisme et combat lide dun ternel fminin .
Elisabeth Badinter : dfenseur de lgalit avant tout Elisabeth Badinter dfend tout au long de son uvre une conception galitariste des deux sexes. `me Dans Histoire de lamour maternel au XVII XVIII e sicle (1980), qui a suscit une grande polmique, elle arme que lamour maternel naurait rien de naturel ni dinstinctif ; chaque sexe a sa part de masculinit ou de fminit, et les socits sont de plus en plus androgynes. Dans le dbat sur la parit, elle faisait partie des opposantes toute mesure discriminatoire pour les femmes. Dans Fausse Route (2003), elle slve contre les tendances victimaires des fministes qui amalgament viol et prostitution et rarme son rejet de tout direntialisme. Franoise Hritier : une valence direntielle des sexes Franoise Hritier se pose la question du fondement de la hirarchie entre les sexes ? Cette anthropologue a mis en vidence, partir de ltude de nombreux systmes de parent (dans Mas9
culin/fminin La pense de la dirence (1996)), lexistence de ce quelle nomme une valence direntielle des sexes universellement reprable. Le grand moteur de la hirarchie entre les sexes serait que les hommes sont privs de se reproduire lidentique , et la domination masculine viendrait donc dune peur originelle des hommes devant ce pouvoir des femmes denfanter et de prenniser la vie. Pour F. Hritier (daprs le second volume de Masculin/fminin Dissoudre la hirarchie (2002)), les conditions dun vritable changement pour les femmes passent par lutilisation des moyens de contraception et du contrle des naissances qui vont marquer une rupture radicale dans les rapports entre les sexes en donnant aux femmes le libre usage de leur corps. Lmergence de la thorie queer Michel Foucault et lHistoire de la sexualit Ce philosophe franais (1926-1984) devient une puissante rfrence en France et outre-Atlantique, fournissant des outils utiliss par les chercheuses amricaines pour questionner le genre et le sexe. Son travail sera repris par les tenants de la thorie queer, pour qui ses travaux font apparatre le caractre construit de la normativit htrosexuelle. Judith Butler Elle est professeur de littrature compare Berkeley et devient avec Eve Kosofsky Sedgwick la thoricienne du mouvement queer. Elle soppose aux fministes qui dnissent les femmes comme un groupe aux caractristiques communes, renforant ainsi le modle htrosexuel et binaire. Elle envisage le genre comme une variable uide et transverse (donc pas uniquement binaire), susceptible de changer selon le contexte et le mouvement ; elle arme donc quil y aurait un gender trouble qui entretient la confusion et une profusion des identits. Pour elle, lidentit de genre peut tre sans cesse rinvente par les acteurs eux-mmes.
IV
A
Le concept de gender est n aux tats-Unis dans les annes 1970 dune rexion autour du sexe et de lutilisation de cette variable dans les sciences sociales. Ce terme traduit en franais par genre est dabord utilis dans les sciences mdicales et la psychologie puis il sera promu par la sociologie et lhistoire des femmes. Aujourdhui gnralis, le concept de genre analyse les dirences hommes/femmes comme des constructions sociales et culturelles et non comme dcoulant des dirences de nature. Lide de dpart, popularise par Robert Stoller en 1968, est quil nexiste pas de relle correspondance entre le genre (masculin/fminin) et le sexe (homme/femme). Et cest Ann Oakley qui en 1972 fait la distinction entre le sexe qui serait une donne biologique (donc naturelle) et le genre qui relverait du culturel. Mais cette distinction conduit un nouveau questionnement : si le genre est demble dni comme une construction sociale, il nen va pas de mme du sexe, qui est vu par ces thories comme une donne naturelle et donc non construite. Cest en 1992 que lhistorien Thomas Laqueur armera, dans La Fabrique du sexe, que le sexe lui aussi est un caractre construit historiquement. partir de ce moment, le dbat sur le sexe devient celui sur la sexualit, qui constitue donc une donne aussi culturelle que le genre. ce propos Eric Fassin crira dans Libert, galit, sexualits (2004) Le genre nest plus tant dni par rapport au sexe, pens comme une donne biologique, que dans son articulation avec la sexualit, apprhende comme un fait social . De l, lanalyse du genre ramne les spcicits prtendument fminines (et les spcicits masculines galement...) une poque et une socit donnes. 10
Brler son soutien-gorge ? Fminisme et gender studies face la notion controverse de fminit : entre mythe dconstruire et objet dune qute individuelle et collective
Comparons deux sries de lms qui ont chacune marqu leurs poques quelques dcennies dintervalles : la premire trilogie des Star Wars 1 , et les Lara Croft 2 . Sans voir dans ces deux blockbusters le parfait miroir de deux moments distincts de lhistoire nord-occidentale, la tentation est toutefois grande den faire lillustration de certaines tendances profondes de notre socit, notamment en matire de rpartition des attributs du pouvoir entre les sexes masculin et fminin. De la princesse Leia - qui est un jedi mais se bat peu faute dentranement, contrairement son jumeau Luke - lathltique Lara Croft - qui non seulement se bat, mais le fait de plus contre des hommes, et de faon souvent victorieuse -, qui ne verrait les dirences de statut qui sparent ces deux hrones de cinma ? Limpression se dgage en eet que le cinma et les scnarios qui en sont le support battent au rythme des volutions dune socit occidentale qui se trouve souvent amene repenser sa relation aux femmes, et qui leur a attribu, ne serait-ce quau cours des cinquante dernires annes, un rle conomique de plus en plus important. Certaines productions hollywoodiennes peuvent ainsi donner par endroits le sentiment davoir pris en compte ce phnomne dacquisition par une partie des femmes dun pouvoir conomique grandissant, et davoir voulu traduire cette prise en compte en confrant rcemment aux gries fminines le droit de porter les armes sans pour autant que ces gries cessent comble de lhonneur dtre des sex symbols ? Ce phnomne soulve ds lors plusieurs questions3 , en particulier au sujet de la notion controverse de fminit qui est lobjet de ce court article : - La poursuite du mouvement dimmixtion des femmes dans la sphre publique sest-elle solde par leur dilution identitaire au sein dun espace que le masculin aurait totalement imprgn des caractristiques qui lui sont traditionnellement attribues (propension inne faire la guerre, inclination pour la rivalit, pour lmulation et, par consquent, pour la concurrence, etc) ? Cette entre des femmes dans lespace public implique-t-elle, autrement dit, que la distinction hommes/femmes ait perdu en importance ? - Mais surtout : relle ou suppose, cette ventuelle dilution identitaire du fminin dans un espace public plutt masculin doit-elle tre perue comme une dfaite ? On touche ici un dbat divisant divers tenants du fminisme4 , mais aussi divers universitaires rassembls de faon clairante, mais souvent un peu rductrice - au sein de ce quon a appel les gender studies . On peut ainsi dgager quoique de faon simplie deux modes dapprhension de ces questions, deux types de dmarche destine rsoudre le problme pos par cette notion problmatique quest celle de fminit. Ces deux dmarches sassignent des objectifs bien distincts : il sagit pour la premire de travailler les reprsentations et les structures qui supportent et soustendent lorganisation sexue (au prot du masculin) de la socit occidentale contemporaine, voire de la civilisation occidentale dans son ensemble et depuis ses dbuts ; tandis que la seconde sattache
trilogie parue entre 1977 et 1983 parues en 2001 et 2003 3 la ncessite de souligner, comme y encouragent plusieurs chercheurs, que cette galit acquise par instants sur les crans reste bien souvent fugitive. 4 La chercheuse Laura Lee Downs propose une dnition de ce mouvement toutefois multiple et dont les revendications ont volu au l des dcennies : Feminism embraces all who nd womens subordinate status to be unjust, and who, furthermore, believe that there is nothing inevitable about this status : it is a product oh human convention and can therefore be changed through human fort.
2 1
11
prolonger les revendication fministes galitaristes en recherchant une ventuelle spcicit fminine, qui ne serait pas le produit dune domination masculine, mais un lment crucial de lidentit des femmes. Ce court article doit malheureusement se contenter de prsenter la premire dmarche, celle des gender studies , qui cherche d-essentialiser la prtendue nature fminine. Cette dmarche sapparente une entreprise assidue de dconstruction des schmas traditionnels : ceux-ci fonctionnent de faon normative an dencadrer et de codier les rapports entre les sexes, puis dassurer lallocation du pouvoir au sein de cette mme socit5 . Cette entreprise militante de dconstruction sest traduite par un grand nombre de luttes, notamment au cours de la priode contemporaine, nourrissant le dbat politique dun problme jusqualors plutt ignor : celui de lexistence de modes de domination proprement sexus. Cette dmarche revendicative et intellectuelle mettait ainsi en lumire un autre type de couple dominant/domin que la thorie marxiste et ses militants avaient jusqualors peu pris en compte. Elle a, de plus, donn lieu un courant de recherche spcique, insuant de nouveaux domaines dinvestigation, au sein de disciplines universitaires ayant adopt jusque l une attitude plutt rserve vis--vis des questions souleves par les fministes (au sein de la discipline historique notamment).
Cest un trait marquant du mouvement fministe que davoir su donner naissance un courant de recherches universitaire notamment au sein de certaines universits amricaines , davoir su ouvrir linvestigation scientique des champs thoriques jusqualors demeurs cantonns au domaine politique. Cette immixtion des problmes poss par le mouvement fministe au sein de linstitution universitaire notamment partir des luttes des annes 1970 na toutefois pas t sans poser problme, de part et dautre : certaines militantes fministes soutenaient dun ct que leur lutte, une fois digre , allaient sdulcorer, sassagir, et perdre de sa force provocatrice et radicale ; de leur ct, bon nombre duniversitaires exercrent une rsistance relle la cration de chaires consacres ltude dun objet souvent rest la marge et connot politiquement. Il semble pourtant y avoir une relle liation entre les tudes universitaires consacres la sociologie, lanthropologie, et lhistoire des femmes, et le mouvement fministe, tant ce dernier est apparu, au cours des diverses vagues qui caractrisent son histoire, comme porteur de perspectives indites en matire de relations sociales, de concepts nouveaux destins clairer des types doppression jusqualors peu voqus par le dbat politique. La dnition que propose du fminisme la chercheuse Laura Lee Downs souligne ce que ce mouvement supposait ds sa naissance de remises en question profondes concernant les socits, nord-occidentale notamment : Feminism embraces all who nd womens subordinate status to be unjust, and who, furthermore, believe that there is nothing inevitable about this status : it is a product of human convention and can therefore be changed through human fort. . Ayant fait le constat de latout potentiel reprsent par des recherches destines faire la lumire sur le caractre articiel des proprits dites naturellement masculines ou fminines, et sur les soubassements proprement politiques dune distinction homme-femme exacerbe des ns de domination sociale, certaines chercheuses (et/ou fministes) donnrent naissance des recherches dont les partis pris mthodologiques ont par la suite eu un impact important au sein des disciplines
Un des modes les plus patents de cette rpartition sexue du pouvoir au sein des socits occidentales consiste en la sparation strictement codie des espaces dits public (attribu aux hommes) et priv (con aux femmes).
5
12
dont elles forment un sous-genre, notamment en histoire. Cest dans les annes 1970 que les womens studies se dvelopprent, aux tats-Unis mais aussi en Europe. En 1973, Michelle Perrot inaugurait ainsi Jussieu le premier cours dhistoire des femmes dispens au sein de luniversit franaise sous les hues de certains militants du mouvement gauchiste, qui craignaient que ce sujet de dbat relativement indit nclipse la lutte des classes.
Toutefois, ds cette poque, les chercheurs(ses) mirent plusieurs objections lendroit des womens studies, juges insusantes. Le besoin se faisait sentir daller plus loin dans les recherches entreprises : il ne sagissait dsormais plus de se contenter de restituer lhistoire des femmes, population presque oublie des rcits ociels, mais de pousser plus loin les recherches thoriques amorces. En eet, en crivant cette histoire fminine, les chercheurs furent amens considrer les femmes comme un vritable acteur social, jouant un rle crucial au sein des socits tudies. Elles ntaient plus seulement un acteur oubli par lhistoriographie ocielle, dont il surait de faire enn mention pour que le tableau des anciennes socits peint par les universitaires se rvle juste et clairant. Il sagisait au contraire dexaminer plus prcisment le rle crucial qui leur tait allou si lon voulait comprendre les soubassements profonds des organisations sociales dans lesquelles elles voluaient en tant quacteurs sociaux. Autrement dit, le statut dinfriorit dans lequel elles taient souvent tenues tait interroger comme partie prenante dune structure sociale agence selon divers couples dopposition (par exemple : riche-pauvre, noir-blanc, homme-femme). Ces couples dopposition entretenaient entre eux des relations complexes quil sagissait de mettre en lumire et de dcrypter dans la ligne de Levi-Strauss et de la mouvance dite structuraliste . En dautres termes, les rles attribus, aux femmes dun ct, aux hommes de lautre, selon les poques, les socits, les classes sociales, taient envisager comme le rsultat dun processus complexe de rpartition du pouvoir au sein dun groupe, dune communaut, dun peuple. Un autre type dobjection poussa galement les womens studies rnover leur dmarche et opter pour un angle dattaque plus large. Cette objection a notamment t formule par lhistorien Alain Corbin : celui-ci critiquait la victimisation laquelle se livraient parfois les womens studies. Une telle drive tait selon lui due la top grande occultation de la population masculine par les womens studies. Soutenant que la notion de masculinit lui paraissait tout aussi complexe que celle de fminit, Alain Corbin remettait en cause une longue tradition scientique et psychanalytique qui considrait de faon arbitraire et idologique la sexualit masculine (et par la mme les hommes dans leur ensemble) comme moins problmatique que celle des femmes. Lillgitimit scientique dune telle dichotomie6 poussait Corbin prner une tude plus complte et plus ne des reprsentations collectives en matire de dirence de sexes : ces reprsentations ntaient selon lui pas proprement parler distinctes, mais constituaient au contraire les deux faces dun mme dice symbolique et normatif, destin rglementer les comportements sociaux des divers membres dune socit. La notion de genre (gender ) constitua ds lors loutil par lequel certains des tenants des womens studies purent donner davantage dampleur leur dmarche7 . A distinguer nettement du
Cf. le livre de lhistorien Robert Nye, Masculinity and male codes of honors in modern France, 1992. Lauteur souligne son tour lintrt que fournit ltude des reprsentations du masculin ltude plus large des rapports entre les sexes.. 7 Voir larticle majeur de lhistorienne Joan Scott, paru en 1986 : Gender : a useful category of analysis.
6
13
sexe, qui est une caractristique biologique, le genre dsigne le vcu culturel et sociologique par chacun de sa propre sexualit (masculinit, fminit). Spcicit importante de la sociologie amricaine, ainsi que de lanthropologie fministe, cette notion de genre doit permettre ltude de la dirence sexuelle au l des sicles et dans des socits diverses. Une des reprsentantes les plus marquantes du courant dsormais dsign sous le terme de gender studies , Judith Butler8, conclue lorigine exclusivement sociale et historique du genre : si on nat female (de sexe fminin), cela nimplique pas une destine sociale de femme. Celle-ci rsulte au contraire dune acquisition progressive - thse qui fait cho la fameuse formule de Simone de Beauvoir, On ne nat pas femme, on le devient .9 Un modle nous prexiste, soutenu par lcole, la famille et la socit, auquel nous cherchons nous conformer pour acqurir une identit acceptable en socit. Toutefois ce modle normatif varie, on la dit, selon lhistoire et les cultures ; il nous est de plus, soutient Judith Butler, possible de jouer avec ces normes : un des buts de son clbre ouvrage, Trouble dans le genre, consiste prcisment se demander comment il serait possible de reformuler chaque genre, de donner la masculinit et la fminit un sens que ces termes navaient jamais eu auparavant, ou dy inclure des lments qui lui taient jusqualors rests trangers. La notion de genre peut ainsi, comme cest le cas chez Judith Butler, tre permable des types didentit sexuelle jugs jusqualors marginaux voire dviants (homosexualit, transexualit...). Lavenir est au queer (sexuellement ottant)10 , terme pjoratif que des membres de la communaut homosexuelle ont cherch se rapproprier. La remise en question par les gender studies des notions de fminit et de masculinit sert indniablement les revendications mises par les mouvements fministes au sein du champ politique. En jetant le doute sur la lgitimit des acceptions trop rigides confres ces deux notions cls, les conclusions tires par les travaux des gender studies encouragent, dune part les mesures autorisant une plus grande galit de statut entre les sexes (galit salariale, civique), et dautre part une plus grande souplesse, une attitude moins normative et rigide lgard des comportements sexuels non orthodoxes . Selon la plupart des reprsentants de ce courant de pense, ces comportements, loin de mettre en pril lquilibre de la socit, en assurent au contraire la souplesse et louverture, et favorisent lindividualisme au vrai sens du terme.
Parmi ses ouvrages importants, Gender Trouble vient rcemment de paratre en France, sous le titre le Trouble dans le genre. 9 Cf. linterview donne par Judith Butler LExpress du 06/06/05. 10 Et leur pendant universitaire, les queer studies .
14