Le Guide Du Prisonnier

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OIP

O B S E R V AT O I R E I N T E R N AT I O N A L D E S P R I S O N S

Le guide du prisonnier
3 Entrer en prison 3 Vivre en prison Le quotidien carcral Liens avec lextrieur Sant physique et psychique Au nom de la scurit 3 Faire respecter ses droits 3 Prparer sa sortie

Dossier de presse
10 dcembre 2012

guides

Le Guide du prisonnier
4e dition
Ouvrage fondateur de laction de lOIP, le Guide du prisonnier est destin aux personnes incarcres, leurs proches, aux professions judiciaires et pnitentiaires, aux intervenants en milieu carcral et tout citoyen sinterrogeant sur les droits du prisonnier. Il accompagne par un jeu de 873 questions-rponses lintgralit du parcours dun dtenu, du premier au dernier jour de prison. Les diffrentes tapes entrer en prison, vivre en prison, faire respecter ses droits, prparer sa sortie sont abordes successivement et donnent lieu une explication claire de la rgle de droit, confronte son application au quotidien et illustre par des tmoignages, analyses et articles de presse. Que se passe-t-il larrive en prison ? Comment obtenir lautorisation de rendre visite un proche incarcr ? Qui peut bnficier de rductions de peine ? Comment intenter un recours contre ladministration pnitentiaire en cas de prjudice ? Ce sont quelques-unes des questions auxquelles rpond le Guide, dont cette nouvelle dition a t entirement revisite suite ladoption de la loi pnitentiaire en 2009, puis de ses dcrets et circulaires dapplication parus jusquen 2012. Vritable outil de dfense des personnes dtenues contre linapplication de la loi et les atteintes la dignit en dtention, ce guide est louvrage indispensable toute personne relie de prs ou de loin au monde carcral.

Quest-ce que lObservatoire international des prisons ?


Cre en 1996, la section franaise de lOIP est une organisation non gouvernementale de dfense des droits de lhomme en milieu carcral, qui dispose du statut consultatif auprs des Nations unies. LOIP dfend le droit la dignit pour toute personne dtenue et promeut la limitation du recours lincarcration et au systme pnal, au bnfice de rponses sanitaires, sociales et ducatives. Constatant la fois les atteintes la dignit engendres par la peine demprisonnement ainsi que lchec de sa mission de rinsertion et de prvention de la rcidive, il demande la rduction de lchelle des peines et le dveloppement de mesures alternatives la dtention. Laction de lObservatoire concerne lensemble des personnes dtenues, quel que soit le motif de leur incarcration. Elle sinscrit dans le cadre des textes internationaux qui prvoient que nul ne peut tre soumis des traitements cruels, inhumains ou dgradants .

Que fait lOIP ?


LOIP fonde son action sur une observation des conditions de dtention et des modalits de retour la vie libre des personnes places sous main de justice. Lassociation dresse un tat des lieux du fonctionnement des tablissements pnitentiaires et fait connatre le quotidien rserv aux personnes prives de libert. Elle alerte les mdias et les pouvoirs publics en cas de dysfonctionnements, abus, traitements inhumains et dgradants dont les personnes dtenues peuvent faire lobjet. Paralllement, lObservatoire informe les prisonniers et leurs proches sur leurs droits et les moyens de les faire valoir. Il agit, en outre, auprs des autorits politiques et judiciaires, en faveur de ladoption de lois, de la cration de jurisprudence ou de toute autre mesure propre renforcer les droits des personnes dtenues et garantir leur respect.

Observatoire international des prisons pour le droit la dignit des personnes dtenues

Lopration du 10 dcembre
Le lundi 10 dcembre 2012, lOIP adresse ou dpose plus de 2500 exemplaires du Guide du prisonnier lattention des 250 bibliothques des prisons franaises, afin que chaque personne incarcre puisse y avoir accs. Dans 20 villes de France, sont constitues des dlgations citoyennes composes davocats, de membres de lOIP et de partenaires associatifs (Ligue des Droits de lHomme, Syndicat de la Magistrature, CIMADE, ACAT, Genepi). Elles se rendent dans un lieu de dtention pour remettre les ouvrages au responsable de la bibliothque. Une opration conduite en partenariat avec le Conseil National des Barreaux, au cours de laquelle chaque dlgation entre en dtention puis rencontre les mdias la sortie de ltablissement.

Dans quelles prisons vont les dlgations ?


Les maisons darrt dAmiens, de Bayonne, Caen, Dijon, Nmes, Paris-La Sant, Rouen, Strasbourg, Tours, Varces, Villefranche sur Sane. Les centres pnitentiaires dAvignon-Le Pontet, Laon, Lille-Loos-Squedin, LyonCorbas, Marseille-Baumettes, Nouma (Nouvelle Caldonie), Poitiers-Vivonne, Rennes-Vezin, Toulouse-Seysses.

Pourquoi le 10 dcembre ?
Le 10 dcembre est la journe mondiale des droits de lHomme, dcrte par les Nations Unies pour commmorer ladoption de la Dclaration Universelle des droits de lHomme le 10 dcembre 1948. En tant quorganisation uvrant pour le respect de la dignit et des droits fondamentaux des personnes dtenues, lOIP suscite depuis 15 ans, loccasion de cette date symbolique, une dmarche de solidarit citoyenne avec les personnes prives de libert.

Contacts presse pour lopration du 10 dcembre :


Nicolas Ferran, Elsa Dujourdy, Julie Namyas Tl. : 07.60.49.19.96 Mail : [email protected] Pour recevoir le Guide du prisonnier : sadresser aux ditions La Dcouverte Marion Staub Tl. : 01 44 08 84 22 Mail : [email protected]

Guide du prisonnier 2012

Apporter les connaissances qui protgent et font avancer les droits


A linstar de la premire dition en 1996, cette rdition du Guide du prisonnier vient combler un dficit qui perdure : celui du manque de lisibilit et daccessibilit du droit applicable en prison. Si lors de la loi pnitentiaire de 2009, le Gouvernement sest dit rsolu mettre un terme ce que le premier prsident de la Cour de cassation qualifiait en 2000 de maquis juridique difficile pntrer , lobjectif na pas t atteint. Le droit pnitentiaire reste contenu dans une multitude de textes pars (dcrets, circulaires, notes, rglements intrieurs des tablissements...) et difficilement accessibles. Le Guide du prisonnier sattache synthtiser le droit et la rglementation applicables, ainsi que les volutions jurisprudentielles issues de recours forms par les personnes dtenues, leurs avocats ou les associations telles que lOIP Au-del, le Guide du prisonnier procde un vritable tat des lieux de leffectivit du droit en prison, dans une double perspective de dfense des droits existants et de conqutes de nouveaux droits. Il confronte ainsi ce que prvoient les textes avec les pratiques administratives, identifie les points de rsistance lapplication de la loi et les situations rcurrentes de manquements aux textes.

Thierry Pasquet

Observatoire international des prisons pour le droit la dignit des personnes dtenues

Enfin, le Guide explique concrtement aux personnes dtenues les dmarches ou recours qui peuvent tre engags en cas de non respect de leurs droits. Il pointe galement les lacunes de la loi et les limites du droit appliqu en prison pour les expliquer, les discuter et les critiquer, en relevant les informations et argumentaires sur lesquels appuyer une demande de changement. Il appelle en cela les personnes dtenues ainsi que ceux et celles qui les accompagnent de nouveaux combats pour les droits.

Ai-je le droit davoir des droits ?


Pour qui je me prends pour vouloir dfendre mes droits ? Pour qui je me prends moi qui ai fait tant de mal ? La question est l : ai-je le droit davoir des droits ? Ai-je le droit davoir des droits au sujet du monde du travail ? Ai-je le droit de dire ce que je pense dun systme qui, au lieu de nous aider, souhaite nous enfoncer pour nous exterminer ? Car sans droits pas de dignit, pas de recours possible une rinsertion digne des valeurs fondamentales de la France, qui nous donne une seconde chance en nous donnant loccasion de nous battre vraiment. (...) Au bout de longues annes de repentance, puis de rflexions, je change de cap, mme si je garde en tte ce que jai fait. Je comprends maintenant que ce que jai fait ne peut pas annihiler mes droits, car en voulant annuler mes droits, et donc ma personne, au lieu daller de lavant et de me reconstruire, jai plutt tendance aller dans une certaine dprime, donc de reculer. Pour moi, ne pas me battre contre une institution qui dcide et pense ma place, cest la mort. Pourtant, je ne suis pas mort, je suis toujours vivant et jai donc le droit dtre humain, puisque je suis toujours de la race humaine mme si jai commis le pire. (...) Mais vraiment pour qui je me prends ? Nayez crainte, je sais o je suis, et quelle place je suis, mais rien ne pourra me faire taire. (...) Ne pas se contenter dun travail sans droits dans le but de nous occuper et de nous pousser la consommation, ne pas se lamenter mais ragir face cette machine carcrale qui veut nous pourrir jusqu la moelle. Oui, jai encore des droits Tmoignage dun dtenu, publi dans Dedans Dehors, OIP, n55, mai-juin 2006.

Michel Gasarian/Signatures

Guide du prisonnier 2012

Au sommaire
Le Guide du prisonnier se dcline en 4 grands chapitres : EntrEr en prison, ViVrE en prison, FairE rEsPEctEr sEs Droits et PrParEr sa sortiE.

ENTRER en prison
Dune prison lautre, les conditions de dtention varient considrablement. Ce chapitre traite des diffrents type dtablissements (maisons darrt, centres de dtention ou maisons centrales) qui ont non seulement des rgimes de dtention diffrents, mais aussi des conditions dhbergement marques ou non par la surpopulation, la vtust, linsalubrit Laffectation dans une prison et le rgime de dtention diffre aussi selon le statut pnal (prvenu, condamn) et longueur de la peine purger, questions traites dans les parties statuts du prisonnier et placement ou affectation en tablissement pnitentiaire . Larrive en dtention est galement marque par les formalits dcrou et daccueil, et les jours suivants par tout un processus dvaluation et dentretiens avec diffrents personnels. Des questions traites dans les parties sur la premire journe de prison, lvaluation et le parcours dexcution de peine, laffectation des dtenus en cellule, ou les rgimes diffrencis.

VIVRE en prison
1. Quotidien carcral, 2. Liens avec lextrieur, 3. Sant physique et psychique, 4. Au nom de la scurit. Le Conseil de lEurope estime que le rgime de tout dtenu doit offrir un programme dactivits quilibr , lui permettant de passer chaque jour hors de [sa] cellule autant de temps que ncessaire pour assurer un niveau suffisant de contacts humains et sociaux . Pour autant, la partie Quotidien carcral tmoigne dune vie sociale empche lintrieur des murs et dune rglementation restrictive notamment en matire daccs lordinateur, aux activits socioculturelles, au travail ou encore la formation professionnelle. Quant aux liens avec lextrieur , ils restent trs contrls en dpit damliorations, la correspondance tant ouverte, les communications tlphoniques coutes, les parloirs surveills, ce qui vient entacher les liens affectifs dautocensure et par l mme les appauvrir. Deux points noirs majeurs restent porter au passif de linstitution carcrale franaise : linterdiction plus ou moins officielle de la sexualit aux personnes dtenues, qui devient mme acte obscne passible de sanction lorsque certains sy essaient dans le cadre des visites au parloir, alors qu peine 15 % des prisons franaises se sont dotes de salons ou units de vie familiale prservant lintimit des visites ; linterdiction faite aux dtenus de sexprimer sur leurs conditions de dtention, notamment du fait dune communication avec les mdias toujours place sous la censure de ladministration pnitentiaire. Les conditions de prise en charge de la sant physique et psychique des personnes dtenues continuent de relever en bien des points dun traitement particulier, en dpit du principe de lquivalence des soins pos la loi. Absence de permanence mdicale en prison la nuit et le week-end,

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dlais dattente excessifs pour les soins spcialiss (dans le cadre de la mdecine gnrale ou des soins psychiques), conditions dextraction et de garde lhpital attentatoires la dignit, entorses de plus en plus frquentes au secret mdical, units hospitalires rserves aux prisonniers, refus de dlivrance de traitements de substitution aux toxicomanes Les questions relatives aux suicides et la mortalit en prison, ainsi que les dispositifs de mise en libert pour raison mdicale sont galement traites dans cette partie. Au nom de la scurit , la prison inscrit les relations entre dtenus et personnels dans un rapport de force permanent. La politique pnitentiaire franaise peine en ce sens intgrer le concept de scurit dynamique promu dans les Rgles pnitentiaires europennes, privilgiant la prvention et la gestion des incidents par un contact troit des personnels avec les dtenus, et le dveloppement pour ces derniers de canaux dexpression et de possibilits de choix personnels. linverse, les autorits pnitentiaires misent davantage sur les mesures de contrle, les moyens de contraintes, la discipline et lisolement pour grer la dtention.

FAIRE RESPECTER SES DROITS


De plus en plus de dtenus engagent des recours pour faire valoir leurs droits lorsque ladministration ne respecte pas la loi ou la rglementation. Ils peuvent sadresser aux autorits administratives, savoir les suprieurs hirarchiques des services pnitentiaires ou sanitaires, ainsi quaux parlementaires. Ils peuvent aussi saisir le juge administratif et/ou un organe de contrle (Contrleur gnral des lieux de privation de libert, Dfenseur des droits, Inspections). Sont galement exposs dans cette partie les recours du dtenu victime dune infraction pnale ainsi que la procdure lencontre du dtenu poursuivi pour une infraction pnale commise en dtention. Enfin, le Guide explique comment saisir les instances europennes comptentes en matire de droits de lHomme (Cour europenne, Comit de prvention de la torture).

PRPARER SA SORTIE
Prparer sa sortie, cest dabord en connatre lchance, en tenant compte des rductions de peine qui peuvent tre accordes. Cest aussi accder des autorisations ou permissions de sortir, notamment en vue de prparer sa rinsertion ou de maintenir ses liens familiaux. Autant de mesures insuffisamment intgres au parcours du condamn en France. Cest enfin envisager et prparer linsertion professionnelle et sociale, la rouverture des droits sociaux, la continuit des soins qui ncessitent lintervention de structures de droit commun censes prendre le relais de la prise en charge des sortants de prison les plus en difficult. Les mesures damnagement de peine (libration conditionnelle, placement extrieur, surveillance lectronique) ne sont plus traites dans le Guide du prisonnier mais dans un guide spcifique consacr au milieu ouvert ( Guide de la probation , paratre ultrieurement).

Guide du prisonnier 2012

Le Guide du prisonnier, extrait


guide du prisonnier VIVRE EN PRISON - LIENS AVEC LEXTRIEUR

Le droit de visite
Le droit de visite des personnes dtenues dcoule du droit appartenant toute personne au respect de sa vie prive et familiale, protg par larticle 8 de la convention europenne des droits de lhomme. Les autorits comptentes (autorits judiciaires pour les prvenus ou administration pnitentiaire pour les condamns) dlivrent les autorisations ncessaires pour lexercice de ce droit. En ltat de la lgislation, le pouvoir dapprciation dont ces autorits disposent reste nanmoins particulirement large. Le Conseil de lEurope a pourtant soulign dans ses rgles pnitentiaires europennes limportance que les restrictions au droit de visite ne soient pas laisses la discrtion de ladministration pnitentiaire et soient dfinies clairement (commentaire rgle 24-2). La loi pnitentiaire du 24 novembre 2009 na pour autant apport aucune amlioration des rgles applicables, se contentant dlever au niveau lgislatif des dispositions prexistantes.

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Tous les dtenus peuvent-ils bnficier dun droit de visite ?


Toute personne dtenue, prvenue ou condamne, est en droit de recevoir des visites. Cependant, aucune visite familiale ou amicale ne peut avoir lieu sans autorisation, ce qui implique au pralable pour les visiteurs de demander un permis de visite et nexclut pas un refus de la part des autorits comptentes. De la situation pnale de la personne visite dpend lautorit laquelle il faudra adresser la demande : le chef dtablissement lorsque la personne est condamne et lautorit judiciaire lorsquelle est prvenue. La loi encadre les motifs susceptibles de conduire un refus de permis et distingue selon que le demandeur est un membre de la famille ou non. La notion de famille sentend des personnes justifiant dun lien de parent ou dalliance juridiquement tabli, mais aussi des personnes attestant dun projet familial commun avec la personne dtenue , comme par exemple lenfant du conjoint de la personne dtenue. Le concubin et la concubine doivent galement tre considrs comme membres de la famille, la preuve du concubinage sapportant par tous moyens (factures, quittance de loyer, attestation dun service social).
Article 35 de la loi pnitentiaire n 2009-1436 du 24 novembre 2009 ; article D.403 du Code de procdure pnale ; circulaire n 179 du 20 fvrier 2012 relative au maintien des liens extrieurs des personnes dtenues par les visites et lenvoi ou la rception dobjets.

Des sentiments dinjustice et de frustration


Les contrleurs ont constat que la dlivrance des permis de visite par lautorit pnitentiaire nintervenait pas toujours dans des dlais raisonnables. Certains chefs dtablissement sollicitent une enqute prfectorale avant de prendre une dcision. Lavis du prfet est parfois rendu plusieurs mois aprs la saisine. En labsence de dcision expresse au terme de deux mois dattente, le chef dtablissement est rput avoir pris une dcision implicite de rejet, et les dlais dun recours contentieux pour excs de pouvoir sont par consquent ouverts. [] La dcision prise par les chefs dtablissement de faire mener une enqute par les services de police avant dlivrance dun permis de visite en faveur de personnes nappartenant pas au cercle familial devrait rester exceptionnelle ; elle allonge inutilement les dlais et cre des sentiments lgitimes dincomprhension, dinjustice et de frustration.
Contrleur gnral des lieux de privation de libert, rapport dactivit 2010.

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Quelles sont les formalits pour obtenir un permis de visite ?


Que la demande de permis sadresse lautorit judiciaire ou au chef dtablissement pnitentiaire, elle doit tre effectue par crit en joignant au courrier deux photos

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Observatoire international des prisons pour le droit la dignit des personnes dtenues

LE DROIT DE VISITE

didentit rcentes, une photocopie recto verso dune pice didentit en cours de validit comportant des renseignements dtat civil ainsi quune photographie (carte nationale didentit, permis de conduire, titre de sjour), une enveloppe timbre indiquant le nom et ladresse de la personne sollicitant le permis, et, sagissant des proches, la photocopie du livret de famille ou tout autre document permettant de prouver lexistence dun lien familial. Il est par ailleurs conseill dapporter tous les renseignements de nature convaincre du bien-fond de la demande : lien familial ou damiti dune importance particulire pour le dtenu, soutien personnel, absence de lien avec linfraction, etc. Certains chefs dtablissement sollicitent par ailleurs pour les personnes extrieures la famille un extrait du casier judiciaire (bulletin n 2). Une note de la Direction de ladministration pnitentiaire en date du 4 dcembre 1998 indique toutefois que les mentions portes au casier judiciaire ne doivent pas constituer, elles seules, un lment justifiant un refus de dlivrance du permis de visite. Une procdure de demande de permis via Internet est exprimente dans certaines juridictions et certains tablissements pnitentiaires : dans ce cadre, un formulaire CERFA de demande de permis tlcharger est disponible sur le site mon. service-public. fr. Dans tous les cas, il est conseill de garder une preuve du dpt de la demande et de sa date, dans lhypothse de lexercice dun recours contre un refus de dlivrance du permis.
Formulaire CERFA n 13960*01, www.mon.service-public.fr.

Comment obtenir un permis de visite pour un prvenu ?


Pour les personnes dtenues dont la condamnation nest pas dfinitive, les permis de visite sont ncessairement dlivrs par lautorit judiciaire. Lorsque le prvenu fait lobjet dune mise en examen dans le cadre dune procdure dinstruction pralable, le permis est dlivr par le juge dinstruction (ou le juge des enfants, sagissant dun dtenu mineur). Pour les personnes faisant lobjet dune comparution immdiate ou dune ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, cest le procureur de la Rpublique qui est comptent. Pour les personnes en appel ou faisant lobjet dune ordonnance de mise en accusation devant la cour dassises, il sagit du procureur gnral prs la cour dappel. Pour les personnes en cassation, il sagit du parquet de la dernire juridiction qui a statu sur leur cas ou, en cas de cassation dun arrt de cour dassises, du prsident de la chambre de linstruction du ressort de cette dernire. Vu la complexit des rgles de comptence, la loi prvoit que, en cas de dcision dincomptence, et gnralement dans tous les cas o aucune juridiction nest saisie , les demandes de permis de visite doivent tre adresses la chambre de linstruction. Enfin, pour les personnes croues la suite dune demande dextradition, loctroi du permis de visite relve de la comptence du procureur gnral. Les demandes de permis de visite des personnes dj condamnes pour une affaire et encore prvenues pour une autre relvent, selon les mmes distinctions, de lautorit judiciaire. Lautorit judiciaire peut ordonner une enqute aux services de police ou de gendarmerie sur toute personne qui souhaite rendre visite un dtenu. Les demandes de permis de visite peuvent tre effectues et renouveles tout moment. Une fois que le permis est accord, il demeure valable jusquau moment o la condamnation devient dfinitive, mme si la procdure est suivie entre-temps par dautres magistrats que celui ayant pris la dcision initiale. En pratique, ladministration considre souvent comme encore valables aprs la condamnation du dtenu les permis qui ont t accords par une autorit judiciaire pendant la dtention provisoire.

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Article 35 alina 4 de la loi pnitentiaire n 2009-1436 du 24 novembre 2009 ; articles 145-4, 148-1, R.57-8-8, R.57-8-9 et D.507 du Code de procdure pnale ; circulaire n 179 du 20 fvrier 2012 relative au maintien des liens extrieurs des personnes dtenues par les visites et lenvoi ou la rception dobjets.

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Le droit, les droits des dtenus, sont ceux qui permettent et aident vivre, survivre, dans ce passage punitif dun temps de vie contraint par la sanction pnale Par antoine Lazarus, prsident de la section franaise de loiP La quatrime dition du Guide du prisonnier, aprs 8 annes pendant lesquelles il na cess dtre utilis, intervient dans une priode dalternance politique marque par le souhait affirm de rduction de la surpopulation pnale, damlioration du respect des droits des dtenus et de leurs conditions de vie. Les prisons sont pleines, mais vides de sens , affirme la garde des Sceaux Christiane Taubira. Si les prisons sont vides de sens, cest notamment quand elles sont le lieu datteintes ou dentorses aux droits fondamentaux de la personne. Dfinie par la loi et ses rglements, la prison est aussi rgie par des pratiques et des procdures locales parfois difficiles connatre, donc valuer pour les faire respecter et parfois en interroger la lgitimit. Le Guide du prisonnier permet de mieux se reprer dans cette complexit. Il dcrit le plus prcisment possible ltat du droit et de son application au quotidien. En permettant de voir ce qui devrait changer, il a aussi une fonction de lutte pour acclrer lentre inluctable en prison des valeurs et des transformations de la socit du dehors. Tche difficile car elles sont terriblement filtres, ralenties, parfois dtournes par la culture de pragmatisme routinier de linstitution carcrale et par le scepticisme fier de ceux qui en ont la charge au-dedans. Moderniser ne va pas non plus sans problmes nouveaux. Si beaucoup danciennes prisons sont ou vont tre remplaces par des btiments, des cellules, des conditions dhtellerie plus modernes et hyginiques, le malaise persistant et parfois accru des personnels et des dtenus doit tre analys sans cesse pour nous obliger remettre sur le mtier la critique de cette institution devenue le mtre talon de la punition des socits laques. Contacts impersonnels par interphones, camras, tlsurveillances vont de pair avec larrive de leau chaude et de douches individuelles dans certaines cellules. Si la modernisation est souhaitable, il faut refuser quelle soit paye trop cher en souffrances psychiques nouvelles quand elle rduit encore plus ce qui fait lien social et ce qui humanise. Cela serait aller de mal en pire aprs le temps des vieux murs crasseux que nous voulons bannir. Le droit, les droits des dtenus, sont ceux qui permettent et aident vivre, survivre, dans ce passage punitif dun temps de vie contraint par la sanction pnale avant le retour dans le monde ordinaire. Mais cest aussi par le cadre, la signification et la dynamique quils induisent, lespace de respect mutuel et dapprentissage qui dit lenvie et la possibilit aprs le retour dans la socit ordinaire dy vivre avec les autres hors des champs multiples de la transgression. Les avances et exigences supranationales de la loi nationale sont parfois en avance sur lopinion publique et celle des professionnels. Ladministration pnitentiaire garantit toute personne dtenue le respect de sa dignit et de ses droits , affirme ainsi larticle 22 de la loi pnitentiaire adopte en 2009. Il faut donc se battre pour que les avances des droits des dtenus ne restent pas des noncs dmocratiques et un alibi humanitaire nexistant que dans les crits du lgislateur. Respecter rellement les droits tels quils sont et sans contournements, cest lintrt des dtenus et de leurs familles, mais cest aussi lintrt de toute la socit. Comme pour tous ceux qui sont dpendants et isols dans une institution ferme, le respect des rgles les concernant est mieux garanti quand ils les connaissent et encore plus quand cette connaissance est partage avec ceux qui les encadrent. Cest bien la finalit de cet ouvrage dit par lquipe de lOIP : apporter les connaissances qui protgent et font avancer les droits.

LObservatoire international des prisons (OIP) est une organisation non gouvernementale dont laction vise favoriser le respect de la dignit des personnes dtenues. Cre en 1996, la section franaise de lOIP dfend les droits fondamentaux des personnes incarcres et milite pour le dveloppement des mesures alternatives lemprisonnement.

Observatoire international des prisons Section franaise 7 bis, rue Riquet 75019 Paris tl. 01 44 52 87 90 fax 01 44 52 88 09 [email protected] http://www.oip.org
Association loi 1901 but non lucratif SIRET 40766804500054 Code APE 9499Z

Le Guide du prisonnier ditions La Dcouverte, 704 pages, 30 Photo Olivier Touron

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