La Belle Alliance

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Le cabaret de la Belle Alliance

Au cur de la bataille

Michel Damiens

Sommaire

Un cabaret bien situ .............................................................................. 5 Une inoubliable rencontre au sommet : lgende et vrit ...................... 9 Les auteurs ........................................................................................... 10 Des tmoins ......................................................................................... 14 Lavis du duc ........................................................................................ 16 Le lieutenant Basil Jackson ................................................................. 19 Une plaque commmorative ............................................................. 21 Jusquo pousse Wellington le soir du 18 juin ?...................................... 23 Et Blcher ? .......................................................................................... 27 A quelle heure ?.................................................................................... 29 Quont jou les musiques prussiennes le soir de Waterloo ? ................... 37 God save the King ................................................................................ 38 Heil Dir in Siegenkranz ........................................................................ 39 Deutschland ber alles ......................................................................... 40 Erreur de lecture de carte ..................................................................... 42 Un rglement de comptes ........................................................................ 47

Michel Damiens 2012 2

Figure 1 : Berlin, Belle Alliance-Platz dans les annes 1900.

En Allemagne, et tout particulirement en Prusse, la bataille de Waterloo est connue comme Belle Alliance Sieg , la victoire de Belle Alliance. Lune des principales places du vieux Berlin portait le nom de Belle Alliance-Platz en souvenir de la mmorable bataille. Depuis 1947, cette place sappelle Mehring-Platz. Les Berlinois parlent toujours de la Belle Alliance-Platz et il ne fait pas de doute que tt ou tard, la place, appele Rondell avant 1815 du fait de sa forme parfaitement circulaire, ne retrouve son nom. Mais il existe encore une Belle Alliance-Strasse ainsi dailleurs quun quai appel WaterlooUfer. Comme on le verra, la ferme de Belle Alliance, tait au centre du dispositif franais le matin du 18 juin. Les Prussiens observrent la concidence extraordinaire quil y avait entre ce lieu-dit et la situation politique et militaire qui avait mis bas lEmpire napolonien. Ainsi, linstar de Blcher lui-mme, prirent-ils lhabitude de dsigner la bataille sous le nom de Belle Alliance .

Un cabaret bien situ


Le terrain sur lequel est construit la Belle Alliance sappelait le Rond Cheneau ; cest du moins sous ce nom quon le retrouve dans les actes officiels ds 1697 puis dans ceux de 1752, 1761, 1764 et 18131. Il semble bien que le corps de logis principal ait t construit en 17642 par un certain Monnoie, originaire dArquennes. La pice de terre qui fait face cette construction, et o Napolon se tint plusieurs reprises au cours de la bataille, de lautre ct du chemin de Plancenoit, porte le nom de Champ du Tri-Motiau. La confusion entre le Tri-Motiau (Trimotiau, Trimotia, Prmotiau) et le Rond Cheneau sest faite aprs la construction de la ferme. Cest ainsi quHenne et Wauters disent que la Belle Alliance est construite sur le Trimotiau3. La Belle Alliance tait certainement une exploitation agricole lorigine. Lorsque les poux Vandergote Demoor vendirent le bien Nicolas Delpierre, lacte de vente du 9 juillet 1813, la dcrit comme Consistant en un corps de logis, grange et curie y contigus, cour, ensuite de laquelle est encore une grange et une curie, un jardin et des terres labourables, contenant ensemble deux hectares vingt centiares, deux bonniers, vingt journaux ancienne mesure locale, situ au champ du rond cheneau, vulgairement dit le premotiau4 La grange situe larrire du corps de logis fut construite en 1772 en mme temps que le petit fournil qui est accol au sud du btiment principal. La grange qui prolonge le corps de logis au nord a t construite postrieurement la bataille.

V. ce sujet TONDEUR, COURCELLE, PATTYN et MEGANCK La Belle Alliance Bruxelles, les Carnets de Campagne, Ed. de la Belle Alliance, 2005, passim. Ces renseignements mont t aimablement confirms par M. Claude Van Hoorebeeck qui a compuls les Greffes scabinaux dOhain et de Plancenoit.. 2 Et non 1765, comme le dit Jacques Logie Waterloo, lvitable dfaite Paris, Gembloux, Duculot, 1984, p. 93 3 TARLIER (Jules) et WAUTERS (Alphonse) La Belgique ancienne et moderne. Gographie et histoire des communes belges. Vol. 2 : Province de Brabant, arrondissement de Nivelles, canton de Genappe Bruxelles, Decq et Duhent, 1859, p. 78. 4 Claude Van Hoorebeeck.

Figure 2: La Belle Alliance en 1880

Dans les environs immdiats, on aurait exploit au dbut du 19e sicle une saline. Cest du moins ce que nous disent Tarlier et Wauters5. Effectivement, on rencontre de lautre ct de la chausse, quelques dizaines de mtres plus au sud, une maison qui porte le nom de La Saline et qui est aujourdhui un restaurant6. La Saline est construite sur un terrain connu jadis sous le nom de Champ de Remeval (Reneval, Runeval, etc.) On sexplique difficilement le nom de cette btisse : il napparat pas quil y ait jamais eu daffleurement de sel cet endroit et lappellation La Saline napparat pas dans les textes avant le deuxime tiers du XIXe sicle. Peut-tre sagissait-il dun dpt ou dune grange sel. En 1666, le chantier de pavage de la chausse venant de Bruxelles atteignait Mont-Saint-Jean et, en 1680, on entamait les travaux en direction de Charleroi qui fut atteint en 1714. A lpoque autrichienne, au cours de laquelle furent construites la plupart des routes paves de Belgique, les chausses taient construites selon le mme modle : un coffre de sable profond denviron 30 cm servait dassise un revtement de pavs battus la sonnette7, trs bomb pour faciliter lcoulement des eaux. Le pav lui-mme tait flanqu de 2 cordons de puissantes bordures et de chemins dt larges de 3 4 mtres. Au total, les chausses ont, en principe, une largeur de 5 6 mtres et, au passage des rivires, elles empruntent des ponts larges, tout au plus, de 2 3 mtres,
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Id, p. 70 V. Institut gographique national Carte 1 :10.000 Waterloo 39/3. Le btiment est lgend : La Saline, Fme . 7 Charpente en forme de pyramide pour le guidage du mouton dans le battage des pieux ou des palplanches ou des pavs. (Petit Larousse, 1999).

ce qui correspond la largeur du pav lui-mme8. La circulation tait relativement dense sur la chausse : cest par l, en effet, que passait le lourd charroi transportant le charbon de terre de Charleroi vers la zone industrielle de Bruxelles. Invitablement, la route se couvrait de poussire de charbon et, quand il pleuvait, cette poussire se transformait en une assez peu apptissante boue noire. La situation en haut dune cte du btiment tage unique de la Belle Alliance, le long de la route, en faisait un endroit idal pour permettre aux attelages de souffler. La contre est assez sche mais les gravures anciennes nous montrent un puits dans la cour de la Belle Alliance. Donc, malgr ou cause de la raret de leau cet endroit, on pouvait y dsaltrer les chevaux et les conducteurs. Cest tout naturellement quen 1815, la Belle Alliance se trouvait tre un cabaret, appartenant un brasseur-distillateur de Plancenoit nomm Nicolas-Antoine Delpierre, mais exploit par Jean-Joseph Dedave. Inutile de prciser que pendant la bataille, Dedave tait rfugi quelque part et que le cabaret tait abandonn. Mais pourquoi cet estaminet portait-il le joli nom de Belle Alliance ? Cest semble-t-il Walter Scott qui attacha le grelot. Il raconte en effet quune femme qui habitait l et qui tait deux fois veuve pousa en dernier ressort son valet de ferme et que la population voisine fit des gorges chaudes propos de cette Belle Alliance . Une autre tradition veut que ce soit le cur de Plancenoit qui, lannonce de ce mariage, sexclama par drision : Nous allons conclure une belle alliance 9. Daprs ce que rapporte Jacques Logie, il semblerait que Joseph Monnoie, qui construisit la Belle Alliance, ait pous en 1764 une certaine Barbe-Marie Tordeur et quil mourut un an aprs. La veuve se serait remarie une premire fois en 1766 avec un fermier de Plancenoit, Jacques Dedave, qui dcda en 1770, puis elle convola une troisime fois avec un certain Jean-Jacques Delbauche avant de mourir elle-mme en 1777. Cest ce dernier qui aurait t son valet de ferme et qui aurait suscit la verve des villageois de Plancenoit10. Que faut-il penser de tout cela ? Cest bien difficile dire Il faudrait que nous ayons un peu plus

GNICOT (Lopold) Histoire des routes belges depuis 1704 Bruxelles, Office de Publicit, 1948, passim. 9 Tarlier et Wauters, p. 78. 10 Logie, Evitable dfaite, pp. 93-94.

de renseignements quune simple inscription dans les registres paroissiaux. Une autre tradition, rapporte par Henry Houssaye, dit que : Le nom de Belle Alliance avait t donn ironiquement cette chaumire en souvenir dun mariage du premier propritaire, qui tait vieux et laid, avec une jolie paysanne.11 Cette explication nest pas absolument contradictoire avec la prcdente. En tout cas, pour autant que nous sachions, le nom Belle Alliance napparat officiellement dans les actes pour la premire fois quen 1781, alors quil est question de Jean-Baptiste Taymans, locataire entre 1775 et environ 1780, qui est qualifi d ancien fermier de la maison dauberge et de la ferme nomme Belle Alliance sous la paroisse de Plancenoit12 Mais lusage devait en tre tabli puisque la carte de Ferraris, leve entre 1771 et 1777, fait bien mention de la Belle Alliance.

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HOUSSAYE (Henry) 1815, t. 2 : Waterloo Paris, Christian de Bartillat, diteur, 1987, p. 265, note 1. 12 Claude Van Hoorebeeck.

Une inoubliable rencontre au sommet : lgende et vrit


Le cabaret de la Belle Alliance ne joua aucun rle dans la bataille et subit peu de dgts. Il ne fut jamais mis en dfense ; il ne fut jamais lobjet dun quelconque combat. Il ne doit sa clbrit quau fait que, bien visible de partout, il marque le centre de la position de larme franaise au dbut de la bataille. Seule une annexe subit quelque dgt, dailleurs peu important. Par ailleurs, il semble bien que, un moment o lautre de la journe, Napolon se soit port sur la petite hauteur qui domine le chemin qui sembranche la Belle Alliance pour rejoindre Plancenoit ; dautres moments, il se tint, nous lavons dit, au Champ du Tri Motiau. Nanmoins, ce btiment sans aucune importance acquit une clbrit universelle : cest cet endroit que Blcher et Wellington se rencontrrent au soir de la bataille. Cest du moins ce que racontent les auteurs et ce que semble confirmer la plaque en marbre blanc que lon apposa au-dessus de la porte du cabaret (fig. 3) : Belle Alliance / Rencontre / des gnraux / Wellington et Blcher / lors / de la mmorable / bataille du XVIII juin / M.D.CCC.XV / se saluant mutuellement vainqueurs. Cette plaque, use par le temps, a t remplace et se trouve actuellement au Muse du Caillou. Il est impossible de dire quand et par qui cette plaque fut place, mais il ne fait pas de doute que ce fut trs peu de temps aprs la bataille. La plaque conserve au Caillou porte en tout cas la mention Estaminet mais alors que le reste de linscription a t rgulirement entretenue depuis sa pose, le mot Estaminet ne la pas t et est ainsi devenu relativement difficile lire.

Figure 3 : La premire plaque pose au-dessus de la porte de la Belle Alliance. Remarquez au bas l'inscription, moiti efface : "Estaminet".

Les auteurs

Les auteurs ne saccordent pas cest le moins quon puisse dire sur lendroit exact o se rencontrrent rellement Wellington et Blcher au soir du 18 juin. Petite revue de textes

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Figure 4 : Daniel Maclise : The Meeting of Wellington and Blcher (1861), dtail. Westminster, House of Parliament, Royal Gallery.

Thiers : Le duc de Wellington et le marchal Blcher se rencontrrent entre la Belle Alliance et Plancenoit et sembrassrent en se flicitant de limmense succs quils venaient dobtenir.13 Houssaye : Vers neuf heures et quart, Blcher et Wellington se rencontrrent devant la Belle Alliance14 Chastenet : Pendant ce temps et tandis que Prussiens et Franais se battent encore Plancenoit, Wellington, la suite de ses troupes, a fait descendre son cheval la pente de Mont-Saint-Jean et a gravi la rampe oppose. A neuf heures et demie il est devant lauberge de la Belle Alliance o arrive Blcher.15 Andrew Roberts :

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THIERS (Adolphe) Histoire du Consulat et de lEmpire, t. XX Paris, Lheureux et Cie, diteurs, 1862, p. 253. 14 Houssaye, p. 414. 15 CHASTENET (Jacques) Wellington Paris, Tallandier, 1979, pp. 207-208.

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Lenseigne Gronow eut la chance inestimable pour un mmorialiste assidu de se trouver prsent lauberge de la Belle Alliance, o Blcher retrouva Wellington vers 21 heures, le 18 juin. 16 Henri Bernard : Vers 21 heures 15, prs de la Belle Alliance, moins que ce ne soit quelques centaines de mtres plus au sud, Arthur [Wellington] rencontre le vieux Blcher qui a men la dernire phase des oprations prussiennes, avec son allant habituel, mais aussi avec sa haine tenace et aux cris de Pas de quartier . Le marchal prussien se prcipite vers le duc : Mein lieber Kamerad , dit-il, puis il ajoute, en franais, les deux seuls mots quil connat dans cette langue : Quelle affaire ! 17 Desoil : Vers 9 heures, Wellington et Blcher staient rencontrs la Belle Alliance.18 Jacques Logie est un peu moins laconique : Entre neuf heures et demie et dix heures du soir, Wellington revenant de la Maison du Roi o il venait de donner lordre de bivouaquer ses troupes harasses, sen retourna vers Waterloo par la chausse, accompagn dun petit groupe dofficiers. Lun dentre eux, le lieutenant Basil Jackson relate en ces termes sa rencontre avec le marchal Blcher :

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ROBERTS (Andrew) Waterloo, 18 juin 1815. Le dernier pari de Napolon Paris, Editions de Fallois, 2006, p. 143. En ralit, Gronow crit : Aprs notre charge finale et la retraite de larme franaise, nous arrivmes et primes notre bivouac vers neuf heures dans le verger de la ferme de la Belle Alliance, environ une centaine de mtres de la ferme o Napolon tait rest quelques heures. Nous fumes ce moment drangs par le son de trompettes ; je me prcipitai immdiatement avec quelques autres officiers et nous constatmes que ce bruit provenait dun rgiment de cavalerie prussien avec, sa tte, Blcher. Le duc de Wellington, qui avait donn rendez-vous Blcher cet endroit, savana et les deux gnraux victorieux se serrrent la main de la manire la plus cordiale et la plus sincre. Aprs une courte conversation, notre chef partit pour Bruxelles, tandis que Blcher et les Prussiens rejoignaient leur arme qui, sous le gnral Gneisenau, poursuivait dj activement les Prussiens. Aprs quoi, jentrai fans la ferme o Napolon avait pass une partie de la journe. Le mobiliers avait selon toute apparence t dtruit mais je trouvai un immense feu fait de boiseries de lit et de pieds de chaises qui, daprs les braises, devait avoir brl pendant un temps considrable. (Captain GRONOWs Recollections and Anecdotes of the Camp, the Court, and the Clubs, at the close of the last war with France London, Smith, Elder &Co, 1864, p. 199-200. 17 BERNARD (Henri) Le duc de Wellington et la Belgique Bruxelles, Renaissance du Livre, 1983, p. 239. 18 DESOIL (Paul) La Chute de lAigle Bruxelles, Editions du Marais, 1956, p. 57.

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En approchant de la ferme de la Belle Alliance, nous vmes un groupe de cavaliers traversant les champs notre droite. Ctait le marchal Blcher et sa suite. Les deux grands chefs se serrrent cordialement les mains et restrent ensemble environ dix minutes. Il faisait si noir que je ne pouvais distinguer les traits de Blcher et que je dus demander un officier prussien le nom de la personne avec qui le duc conversait ; jtais cependant tout prs de lui mais pas assez pour entendre ce quils disaient. En quittant Blcher le duc se dirigea vers Waterloo en marchant au pas.19 Wellington, vingt-cinq ans plus tard, rapporta au cours dun dner, cette entrevue : Je rencontrai Blcher prs de la Belle Alliance, nous tions tous deux cheval, nanmoins, il me donna laccolade et membrassa en sexclamant : Mein lieb Kamerad ! Quelle affaire ! ce qui tait peu prs les seuls mots franais quil connaissait.20 21

Figure 5 : Adolph von Menzel (1815 - 1905) : Blcher und Wellington bei Belle Alliance, Mnich, Neue Pinakotek.

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Logie cite en rfrence : Lt. Col. Basil Jackson, Waterloo et Sainte-Hlne Souvenirs dun officier dtat-major, Paris 1912, p. 72. 20 th Rfrence de Logie : Philipp Henry, 5 Earl Stanhope, Notes of conversations with the Duke of Wellington, London, 1888, p. 245. 21 Logie vitable dfaite, pp. 98-99.

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Le fin mot de lhistoire serait-il donc du ct des auteurs anglais ? Le sergent-major Edward Cotton raconte : Le duc resta quelques temps avec ses troupes avances sur la droite de Rossomme, converser avec le gnral Vivian, le colonel Colborne et dautres ; aprs quoi, ayant promis denvoyer les provisions, Sa Grce fit faire demi-tour son cheval et sen alla. En retournant son aise vers Waterloo, vers dix heures, il aperut un peu avant darriver la Belle Alliance laide dune lune un peu obscure, un groupe dofficiers monts qui, venant du ct de Frischermont, se dirigeait vers la grandroute de Genappe ; le duc se dtourna pour les rejoindre, il se trouva que ctaient Blcher et son tat-major ; ils se complimentrent mutuellement de la faon la plus cordiale, du glorieux rsultat de la lutte, dans laquelle ils avaient t engags. Lentretien avait dur environ dix minutes, lorsque le vtran Blcher, aprs avoir promis de ne pas laisser son ennemi invtr le temps de se rallier de ce ct-ci de ses frontires, changea une poigne de main avec Sa Grce et partit pour Genappe, ayant envoy au gnral Gneisenau, qui commandait lavant-garde, lordre de presser et de harceler lennemi, et ne pas laisser lherbe crotre sous ses pieds, ni de lui permettre mme de reprendre haleine.22
Des tmoins

Jacques Logie avait cit louvrage de sir Basil Jackson. Mais cet officier qui appartenait en 1815 au Corps royal dEtat-Major (Royal Staff Corps) donne ailleurs une autre version. Dans une srie darticles parue en 1847 dans le Colburnes United Service Magazine23, il crivait : Un peu avant quil [Wellington] natteigne la Belle Alliance, les silhouettes dun nombreux groupe cheval entour dune troupe dinfanterie apparurent, malgr lobscurit, marchant vers la route en provenance de Papelotte et La Haye. Au moment o on laperut, ce groupe tait distant denviron cinquante yards de la route et, sa vue, le duc, peut-tre au courant du fait quil sagissait
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COTTON (Edward) Une voix de Waterloo. Histoire de la bataille livre le 18 juin 1815. Trad. Gust. Cluse Bruxelles, Imprimerie Jules Combe, 1874. La premire dition de cet ouvrage en anglais A voice from Waterloo parut Bruxelles en 1845. Le sergent-major Cotton, en tout tat de cause, na pas assist lentrevue. 23 JACKSON (Lt-Col Basil) Recollections of Waterloo, by a Staff Officer, Colburns United Services Magazine, part III , septembre, octobre et novembre 1847.

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du marchal Blcher et de son tat-major, obliqua pour aller la rencontre du brave vieux Prussien. Jtais trs proche des deux hros pendant leur courte entrevue qui dut durer environ dix minutes ; mais il faisait trop noir pour que je distingue les traits du vieux Blcher. Le fait que cette rencontre ait eu lieu deux ou trois cents yards de La Belle Alliance est une concidence remarquable ; et trs certainement, Blcher dut mettre le souhait que la bataille porte ce nom, comme nous lavons dit. Il devait tre environ neuf heures et demie quand ces hommes remarquables se serrrent la main et se quittrent. Le duc regagna la chausse et avana au pas comme auparavant.24 Adkin qui fait cette citation, donne un autre avis : celui du gnral de Constant-Rebecque, qui accompagnait Wellington. Daprs le chef dtatmajor nerlandais, la rencontre avec Blcher eut lieu non loin du Caillou : Nous tions proches de la ferme de Rossomme. Comme nous avancions vers cet endroit, le duc, parlant de la bataille, dit : Bien, quen pensez-vous ? Je rpondis Je crois, Monsieur, que cest la plus belle chose que vous ayez accomplie . Il rpondit : Bon Dieu, jai sauv moi-mme quatre fois la bataille . Sur quoi, je lui dis : Je suppose quon appellera la bataille Mont-Saint-Jean . Il rpondit : Non, Waterloo . Nous atteignmes Rossomme et trouvmes la route bloque par lartillerie que lennemi avait abandonne. Nous emes de grandes difficults traverser le hameau de Maison du Roi cause des pices abandonnes l ; nous prmes donc droite travers champs et, comme il tait dix heures et quil faisait compltement noir, le duc ordonna aux troupes de faire halte. Je portai cet ordre la brigade du colonel Detmers qui bivouaqua entre la Maison du Roi et le bois de Caillois. Nous revnmes sur la grand-route entre la ferme du Caillou et la Maison du Roi et cest l que nous rencontrmes le Feldmarshall Blcher, le gnral Blow et leur tat-major. Nous nous flicitmes mutuellement et il fut convenu que les Prussiens continueraient poursuivre ; en effet, le gnral Gneisenau commandait en personne et avait reconduit lennemi dun bivouac lautre ; il avait
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Cit par ADKIN (Mark) The Waterloo Companion Londres, Aurum Press, 2005, p. 401. Nous avons retrouv ce texte dans le Colburnes United Service Magazine, septembre 1847, pp. 5 et sq.

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pris Genappe lpe la main et avait captur le personnel appartenant Bonaparte qui stait enfui vers Paris25 Cest aussi lavis de Jean-Pierre de Potter : Blcher dira longtemps, pour appuyer sa thse26, que les deux gnraux en chef se sont rencontrs, au soir du 18 juin, la hauteur de cette ferme [Belle Alliance]. Ils se sont mutuellement congratuls dans le hameau la Maison du Roi, plus au Sud. Wellington nie la rencontre avec Blcher la Belle Alliance, il prtend navoir vu celui-ci que vers Genappe.27 Tiens, tiens Logie ne nous a-t-il pas cit un texte du comte Stanhope qui prtend avoir entendu raconter la rencontre de Wellington et de Blcher par le duc lui-mme : Je rencontrai Blcher prs de la Belle Alliance ?
Lavis du duc

Cest que, aussi ahurissant que cela puisse paratre, ni Logie ni les autres sauf Henry Houssaye nont consult srieusement ni les Despatches ni les Supplementary Despatches de Wellington. En tout cas, Logie ne les mentionne pas dans sa bibliographie mme si cinq reprises, il cite cette correspondance28 propos de faits connexes la campagne proprement dite. Rappelons que la correspondance complte de Wellington partir de 1799 fut publie intgralement : tout dabord The Dispatches of FieldMarshal the Duke of Wellington during his various Campaigns (W.D.) compiles par le lieutenant-colonel Gurwood. Le volume qui porte plus
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Constant-Rebecque in FRANKLIN (John) Waterloo ; Netherlands Correspondence Ulverston, 1815 Limited, 2010. 26 Il sagit de sa volont dappeler la bataille du nom de la Belle Alliance. 27 DE POTTER (Jean-Pierre) 1815, mise mort de lEmpire par Napolon Wezembeek-Oppem, Editions Graffiti, 1981. Louvrage nest pas pagin. 28 Voir Logie Evitable dfaite, p. 209, note 2 : une lettre Lord Bathurst du 2 juillet 1813 (W.D. VI, p. 576) qui a trait larme anglaise place sous son commandement contenant la fameuse phrase : Cest lcume de la terre, recrute pour boire . Cette note est reprise sous le n 7 dans LOGIE (Jacques) Napolon, la dernire bataille Bruxelles, Racine, 1998, p. 22. Voir Logie Evitable dfaite, p. 209, note 6 : un rapport Wellington sur ltat desprit dans larme franaise (W.S.D. X, p. 365), reprise sous le n 2 dans Dernire bataille, p. 17. Voir Logie Evitable dfaite, p. 209, note 18 propos dune lettre du 27 juin 1815 au roi des PaysBas concernant le comportement des troupes nerlandaises (W.S.D. XII, p. 514). Cette note est reprise dans Dernire bataille, p. 44. Voir Logie Evitable dfaite, p. 209, note 20 propos dune lettre Lord Lynedoch du 13 juin 1815 (W.D., XII, p. 432) reprise sous le mme numro dans Dernire bataille, p. 46. Voir Logie Dernire bataille, p. 50, note 21 propos dun rapport du gnral Drnberg du 6 juin 1815 (W.S.D., X, pp. 423-424).

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spcialement sur la campagne de Belgique porte le numro 12. Plus tard furent publies The Supplementary despatches and memoranda (W.S.D.) en quinze volumes de 1858 1872. Dans cette srie, cest le volume 10 qui concerne plus particulirement la campagne de 1815 ; et enfin The Despatches, Correspondence and memoranda, publies en huit volumes de 1867 1880 par le petit-fils du duc, concerne les annes postrieures 1815. Si Logie avait t un peu plus attentif, il serait invitablement tomb sur une lettre du duc de Wellington, date du 8 juin 1816 et adresse un certain W. Mudford, Esq., lequel sollicitait avec insistance lautorisation de lui ddier un ouvrage consacr la bataille de Waterloo. Mudford avait crit le 13 avril et Wellington lui avait rpondu le 2 mai quil ne voulait pas quon lui ddicat un quelconque ouvrage sil nen avait pas pralablement pris connaissance. Le duc prcisait quil tait particulirement sensible aux rcits concernant la bataille de Waterloo. Il constatait en 1816 ! que lon avait plus crit au sujet de cette bataille que sur nimporte quel vnement et que, le plus souvent, ces crits taient dcevants : Ceux qui ont crit ce sujet ont estim quils possdaient toutes les informations voulues ds quils avaient eu une conversation avec un paysan de lendroit ou avec un officier ou un soldat engag dans la bataille. De tels comptes-rendus ne peuvent tre vridiques Et le duc concluait en mettant son correspondant en garde contre ces auteurs lorsquil rdigerait son ouvrage29. W. Mudford rpondit en insistant et demanda au duc o il pourrait trouver des informations dignes de foi. Le 8 juin 1816, le duc reprenait la plume et rptait les raisons qui lincitaient tre mfiant lgard des ouvrages quon voulait lui ddicacer ; il poursuivait : En rponse votre demande je ne peux que vous renvoyer mes propres dpches publies dans la London Gazette. Le compterendu du gnral Alava est plus proche de la ralit que nimporte quel autre rapport officiel publi mais il contient certaines affirmations qui ne sont pas exactement correctes. On ne peut faire
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W. S. D., X, p. 508 n 891. Soit dit en passant, cette remarque de Wellington explique la mfiance quil manifestera plus tard lgard de louvrage de Siborne qui, prcisment, est une compilation de tmoignages.

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confiance aucun des autres rapports que jaie eus sous les yeux. On peut attribuer certains dentre eux lorigine des contrevrits qui circulent par le moyen de publications non-officielles dont la presse a regorg Le duc et cest ici que la chose devient intressante continue en citant un exemple : Parmi ces contrevrits, il en est un exemple trs remarquable : lhistoire dune rencontre entre le marchal Blcher et moi la Belle Alliance ; et certains ont mme t jusqu prtendre avoir vu la chaise sur laquelle je me serais assis dans cette ferme. Il se fait que cette rencontre a eu lieu aprs dix heures du soir dans le village de Genappe30 ; et quiconque voudra dcrire avec vrit les oprations des diffrentes armes verra quil ne pouvait pas en tre autrement.31 Voil qui semble dfinitif Il ny a en effet aucune raison srieuse pour ngliger les affirmations de Wellington, mises moins dun an aprs des vnements dont le souvenir est frais dans son esprit, pendant que lon prend en considration une conversation tenue par Wellington avec lord Stanhope et rapporte Dieu sait comment ! par celui-ci prs de 70 ans aprs les faits. Sil y a bien un exemple de tmoignage indirect, cest ici quil faut le trouver Rassurons le lecteur propos de Mudford : il publia effectivement son livre en 1817 Londres, chez Colburn : An Historical Account of The Campaign in the Netherlands, in 1815, under His Grace the Duke of Wellington and Marshal Prince Blucher. Comprising the Battles of Ligny, Quatre-Bras, and Waterloo, with a Detailed Narrative of the Political Events Connected with Those Memorable Conflicts, Down to the Surrender of Paris, and the Departure of Bonaparte for St. Helena. Cet ouvrage est remarquable du fait des trente-six gravures dessines sur le terrain quelques semaines aprs la bataille par James Rouse. Ces gravures ont une importance particulire pour lhistoire de la bataille. Nous y reviendrons.
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Cest le duc qui souligne. It happens that the meeting took place after ten at night, at the village of Genappe Il est remarquer que Houssaye (p. 414, note 1) fausse ce texte en crivant : Cette rencontre, crit-il Mudford (Supplem. Dispatches, X, 508), na eu lieu qu Genappe et pass 11 heures du soir. Or ce nest pas ce que Wellington a crit. Si Houssaye interprte la lettre de Wellington, cest pour les besoins dune dmonstration sur laquelle nous reviendrons. 31 W.S.D., pp. 508-509 n 892.

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Quant Basil Jackson, rglons la question une fois pour toute. Le lecteur aura peut-tre t surpris de constater la diffrence quil y a entre le texte cit par Logie et celui donn par Adkins. Il y a une explication cela.
Le lieutenant Basil Jackson

En 1815, le lieutenant Basil Jackson tait g de 20 ans et occupait les fonctions de Deputy-Assistant Quartermaster General soit attach adjoint quartier-matre gnral . Il faisait donc partie de ltat-major britannique mais un rang relativement subalterne. Cet officier a pu tre considr comme lun des derniers survivants de la bataille puisquil mourut, retrait colonel, en 1889, lge de 94 ans. Chose curieuse : son pre prnomm galement Basil participa aussi la bataille de Waterloo : lge de 58 ans, il tait capitaine au Royal Wagoon Train ; il mourut lge de 92 ans Comme nous lavons dit, cest en 1847 que Jackson se dcida publier ses notes sur la campagne de 1815 dans une revue essentiellement destine aux militaires : le Colburnes United Service Magazine. A cette poque le duc de Wellington tait encore vivant et, le cas chant, aurait pu mettre un avis sur le compte-rendu de Jackson. Celui-ci se montre donc trs prudent puisquil est toujours susceptible de dmenti et constitue donc une source crdible pour les historiens. Wellington nmit jamais aucun avis sur le travail de Jackson. De l en conclure que tout ce que dit Jackson est vrai, il y a un pas. Nous lavons dit : le duc de Wellington ntait pas trs bavard et parlait fort peu de la bataille de Waterloo. Certains historiens qui se sont intresss la personnalit du duc nont pas hsit dire que la journe du 18 juin 1815 et la nuit qui suivit constiturent pour lui un vritable choc traumatique dont il ne se remit jamais. Pour Wellington, la plus sanglante bataille laquelle il et participer tait un trs mauvais souvenir. Il est trs significatif que Wellington, sollicit par tous les diteurs britanniques et amricains, nait jamais voulu crire ses Mmoires, ce qui et t passionnant. Il se contenta daccepter que sa correspondance ft publie par le colonel Gurwood, en qui il avait confiance et qui il remit la totalit de ses archives. Cest ce qui nous vaut, au total, les 35 volumes des Despatches dont la publication schelonna sur 46 ans, de 1834 188032.

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Ce qui nempcha pas, chose tout fait extraordinaire, le duc de prendre la plume en 1842, lors de la publication de la Campagne de 1815 par Clausewitz, pour rdiger un Memorandum. Il est vrai que

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Malheureusement, aprs sa mort, le malheureux Jackson, fut victime dun vritable hold-up intellectuel. En 1903, un certain R. C. Seaton sempara des articles publis en 1847 et les amnagea son got. Cela donna un livre intitul Notes and Reminiscences of a Staff Officer33. En ralit, Seaton avait pour but de mettre les crits de Jackson en conformit avec lhistoire de Siborne. Ce qui donne dnormes distorsions entre le texte original et la version publie en 1903. Louvrage publi par Seaton nest donc plus fiable du tout. Cest pourtant celui-ci qui fut traduit en franais et publi sous le titre : Waterloo et SainteHlne. Notes et souvenirs dun officier dtat-Major 34 sous la signature du lieutenant-colonel Basil Jackson et publi Paris chez Plon et Nourrit. Cest la deuxime dition de cet ouvrage, parue en 1912, quutilise et que cite Jacques Logie. Hamilton-Williams a point de nombreuses diffrences entre la version originale de Jackson et celle de Seaton au point que, dans son apparat critique, il en arrive crire que les deux versions sont trs diffrentes en leur contenu : Seaton publia Jackson pour le conformer Siborne et connaissait si mal loriginal de Jackson quil donne des dates incorrectes de publication de celui-ci en parlant doctobre et novembre 1843 et de mars 1844.35 . Par exemple, dans le rcit de la bataille des Quatre-Bras, Seaton fait dire Jackson que des trangers entendez des Hollando-Belges fuyaient lchement le long de la route de Bruxelles ; dans la version originale, Jackson parle seulement des quelques trangers qui aidaient les blesss allis ou qui taient blesss eux-mmes 36. En conclusion, nous dirons donc quil faut rejeter le tmoignage de Jackson sil nest pas pris dans sa version de 1847, considrer ldition de 1903 comme un faux et la flanquer la corbeille sans la moindre piti. La traduction franaise de 1912 doit videmment subir le mme traitement radical.

Clausewitz mettait un jugement particulirement svre sur les dispositions prises par le duc dans les premiers jours de la campagne. 33 JACKSON (Lt-Col Basil) Notes and reminiscences of a staff officer chiefly relating to the Waterloo campaign and to St. Helena matters during the captivity of Napoleon ; edited by R. C. Seaton London, J. Murray ; New-York, E.P. Dutton & Co, 1903. 34 JACKSON (Basil Lt Col) Waterloo et Sainte-Hlne. Notes et souvenirs dun officier dEtat-major, e dits par R.C. Seaton trad. Em. Brouwet, 2 d. Paris, Plon Nourrit et Cie, 1912 35 HAMILTON-WILLIAMS (David) Waterloo. New perspectives. The great battle reappraised London, Arms ans Armour, 1993, p. 374, note 40. 36 Jackson, Recollections, pp. 7 (1847). Jackson (Seaton), Reminiscences., p. 20.

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Une plaque commmorative

Revenons-en donc notre sujet. Que reste-t-il des tmoignages qui parlent de la Belle Alliance comme lieu de rencontre des deux gnraux en chef le soir du 18 juin 1815 ? Nous ne pouvons accepter les tmoignages de deuxime main, cest--dire ceux qui sont bass sur des donnes invrifiables. Si les auteurs parlent pratiquement tous de la Belle Alliance, cest quils sont abuss par ce qua racont Blcher aprs la bataille et par des tmoignages truqus commencer par la fameuse plaque en marbre place peu de temps aprs la bataille au-dessus de la porte du cabaret (fig. 3). On connat mal lhistoire de cette plaque. Mais il est une chose certaine, cest quelle na pas t pose par une autorit officielle. En tmoigne linscription Estaminet demi-efface au bas de cette plaque aujourdhui conserve au Muse du Caillou. Il faut savoir quavant lrection de la butte du Lion, entame en 1824 et termine en 1826, et du petit hameau qui lentoure, le lieu de rendezvous des touristes dsireux de visiter le champ de bataille tait prcisment le cabaret de la Belle Alliance. Cest ainsi que lon vit se succder cet endroit la moiti des ttes couronnes dEurope : FrdricGuillaume III de Prusse, le roi Guillaume des Pays-Bas (en juillet 1815), le tsar Alexandre (en octobre 1815), le roi George IV dAngleterre, guid par Wellington37 lui-mme, en 1821, sans compter les souverains et princes de moins hauts parages. A cette poque, le cabaret tait donc mieux exploit quil ne lavait jamais t. Une bonne affaire ! Le tenancier, tout en ignorant le sens du mot marketing, nen appliquait pas moins les rgles les plus pointues. Quelques semaines aprs la bataille, il fit peindre sous lenseigne situe au-dessus de la porte les mots Htel Wellington 38 et Htel au-dessus de lenseigne place sur le pignon. Ainsi donc, en quelques coups de pinceau, le cabaret de rouliers tait-il transform en Htel et senorgueillissait-il du nom du hros britannique auquel les foules de touristes venaient rendre hommage.

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Lequel constatait cette poque qu on lui avait bien chang son terrain . Cest ce quon remarque sur la gravure de James Rouse, publie en 1817 (voir fig. 6).

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Figure 6 : James Rouse : La Belle Alliance. Gravure aquatinte colorie la main. Illustration du livre de W. Mudford, An historical Account of The Campaign in the Netherlands in 1815... Londres, Henry Colburn, 1817. (Courtesy CVH)

On raconte dailleurs que le cabaretier qui ntait pas la moiti dun malin, montrait le clou o Napolon avait accroch son chapeau durant la journe du 18 juin. Le touriste, avide de souvenirs, cherchait acheter le fameux clou que le cabaretier, trs rticent, finissait par lui cder prix dor. A peine le visiteur avait-il tourn les talons quun autre clou venait prendre la place du prcdent39. Toujours est-il que, le 17 dcembre 1815, le cabaret, dans ltat o il tait, fut revendu par Nicolas Delpierre un certain Richard Matthew Ramsey, natif de Glasgow, qui dboursa la somme astronomique pour lpoque de 12 500 francs-or40. Lrection de la butte du Lion constitua pour les exploitants de la Belle Alliance une vritable catastrophe. Il est donc vraisemblable que la fameuse plaque mentionnant la rencontre, aujourdhui au Caillou, ait t place cette poque, soit entre 1815 et 1824, et sans doute par les soins des propritaires eux-mmes. Ceci tant dit, il est bien vident que ce nest pas sur le terrain que nous trouverons une solution notre problme. Peut-tre pourrions-nous suivre le conseil de Wellington et nous intresser aux oprations des diverses armes, comme il nous le suggre.

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Brabant wallon au fil des jours et des saisons Lasne, ditions de lARC, 1998 p.162. Id., ibid. ; Claude Van Hoorebeeck.

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Jusquo pousse Wellington le soir du 18 juin ?


Tous les tmoignages immdiats que nous avons cits semblent daccord : cest en revenant vers Waterloo que Wellington rencontra Blcher. Mais do revenait-il ? Aprs lchec de la dernire attaque de la Garde impriale, Wellington ordonna lavance gnrale de ses troupes aprs 20 h 00. Seul auteur tre un peu plus prcis : le gnral Desoil crit : Marche en avant des Anglais : 8 heures et quart du soir.41 Admettons cette heure. Il reste ce moment aux Anglo-Nerlandais refouler leurs ennemis vers le sud. Nous savons dautre part, que certains bataillons franais, runis en carrs, offrent une belle rsistance et reculent lentement. Par ailleurs, les Franais nabandonnent Plancenoit qu 21 h 30 et gagnent la chausse de Charleroi, vivement pousss par les Prussiens. Combien de temps les dbris des carrs de la Moyenne Garde42 mettent-ils pour rejoindre les carrs du 1er Grenadiers situs 400 m environ au sud de la Belle Alliance sur la route ? Autrement dit, combien de temps la Moyenne Garde met-elle parcourir quelque 1 400 m ? Nous savons quel point ces derniers combats ont t violents. La retraite de la Moyenne Garde a t lente, entrecoupe darrts43, rendue difficile par ltat du terrain jonch de cadavres. Cette lente et difficile retraite na pas pu prendre moins dune heure et demie. Les restes de la Moyenne Garde une fois recueillis par le 1er Grenadiers, il reste encore celui-ci retraiter vers Rossomme, huit cents mtres plus au sud, ce quil fait lentement et en bon ordre, non sans sarrter dailleurs plusieurs reprises pour livrer une salve ou pour recueillir le plus de fuyards possible. On ne peut ds lors pas admettre comme vraisemblable que Wellington, aprs avoir ordonn lavance gnrale de ses troupes 20 h 00 au plus tt, ait pu pousser jusqu Rossomme ou au-del pour revenir Belle Alliance avant 21 h 15. Cest de la simple logique. Il est donc tout fait exclu quil ait pu rencontrer Blcher la Belle Alliance 21 h 15 ou auparavant.

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Desoil, p. 56. Nous utilisons cette expression pour la facilit. Dans les faits, les bataillons de la garde impliqus dans cette dernire attaque appartenaient la Vieille Garde. 43 Rappelons quil est rigoureusement impossible de recharger un fusil sans tre debout larrt.

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La question est donc de savoir jusquo les Anglo-Allis ont avanc le soir du 18 juin. Il sagirait, tout simplement, de savoir o ils ont bivouaqu dans la nuit du 18 au 19 juin 1815. Mais la chose nest pas aussi simple quelle parat. Trs trangement, la plupart des auteurs semblent se dsintresser de la question. Pas une trace de ces cantonnements chez Logie ni chez Desoil. Houssaye est peine plus bavard : Larme de Wellington sarrta. Les soldats salurent dun triple Hip ! hip ! hurrah ! les Prussiens qui les dpassaient et ils stablirent au bivouac, en plein charnier.44 Cette allusion au charnier signifie, si nous lisons bien, que les AngloAllis ne sont pas alls au-del de Rossomme. Devos est un peu plus prcis quand il crit : Wellington savana jusquau Caillou, puis il dcida de faire cantonner ses troupes puises. Les bivouacs installs le plus au sud se trouvaient aux environs de Rossomme et de Maison du Roi.45 Devos situe la rencontre avec Blcher aprs cet ordre de cantonnement. Cest Henri Bernard qui est le plus exact : Wellington fait mettre ses units au cantonnement : les plus avances stablissent dans la rgion Maison du Roi, Rossomme, fermes de Hlicourt (sic) et de Neuve-Cour.46 Retenons cette localisation, nous y reviendrons.

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Houssaye, p. 415. DE VOS (Luc) Les 4 jours de Waterloo Bruxelles, Didier Hatier, 1990, p. 133. 46 Bernard, Wellington, p. 239.

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Figure 7 : "Hilaincour" et "Neuvecour" sur la carte marchande de Ferraris.

William Siborne faisait une allusion vasive cette localisation : Pendant ce temps, Vivian, appuyant un peu sur sa droite, conduisit ses hussards beaucoup plus loin en avant de larme, du ct franais de lobservatoire [de Callois] et tablit son bivouac non loin du hameau de Hilaincourt.47 Puisquil sagit ici de larme britannique, on devrait sattendre ce que les auteurs anglais contemporains soient un peu plus prcis. Or Hamilton-Williams est muet et Mark Adkin ne dit rien de plus Cest dans la correspondance publie par H.T. Siborne que lon trouve quelques donnes qui nous ramnent aux positions donnes par Henri Bernard dont nous connaissons donc la source. Nous connaissons bien la Maison du Roi et Rossomme, mais les fermes d Hlicourt et de Neuve-Cour nous sont encore inconnues. Penchons-nous donc sur la carte de Ferraris. En cherchant un peu, nous trouvons sans difficult Neuvecour (sic) et Hilaincour (sic) (voir fig. 7). Ces lieux-dits se retrouvent sur lactuelle carte de lI.G.N. sous les graphies Neuve-Cour et Hulencourt .

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Siborne, p. 383.

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Un coup dil la carte nous indique donc que larme anglonerlandaise pouss au plus loin jusqu hauteur de Glabais, sur la latitude (54 10) passant par Hulencourt et Bruyre Madame et, sans doute, selon les tmoignages, louest de la route de Genappe. Van Zuylen, chef dtat-major de Perponcher, semble indiquer que la 2e division nerlandaise continua la poursuite jusquen vue de Genappe : Prs de Genappe, larme franaise sarrta un instant : la multitude de voitures qui encombraient la tte du dfil lui avait fait esprer quon ne la poursuivrait pas plus loin : larrire-garde mit quelques pices en batterie droite et gauche de la route pour couvrir la position, mais quelques coups de canons que nous lanmes teignirent bientt leur feu et linfanterie, stant glisse entre les voitures, la fora fuir sans arrt. Les tirailleurs de nos troupes qui avaient suivi lennemi sur les talons, voyant que larme anglaise tait releve par larme prussienne, revinrent en partie prs de leurs corps ; dautres, puiss de fatigue, bivouaqurent prs de Genappe et rejoignirent seulement le lendemain.48 William Siborne, dans une note, remarque : Le lieutenant-colonel Halkett, avec le bataillon hanovrien de Landwehr dOsnabrck, ayant continu devant la brigade dAdam, le long de la grand-route et nayant pas reu lordre de sarrter, marcha avec les Prussiens jusqu ce quil atteigne quelques maisons gauche de la chausse, prs de Genappe ; jugeant alors ses hommes fatigus, et se rendant compte quil navait aucune troupe britannique derrire lui, il fit halte et occupa ces maisons durant la nuit, aprs avoir dtach dans (into) Genappe le major du bataillon avec une compagnie, afin de voir ce qui se passait cet endroit.49 Comme on le voit, tout cela nest pas trs prcis Mais au moins connaissons-nous le point que nont certainement pas dpass les AngloAllis le 18 juin au soir. Cela ne nous indique pourtant pas jusquo le duc de Wellington et son tat-major ont, eux, pouss. Nanmoins, les ordres de cantonnements
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Van Zuylen Relation historique de la 2 division, p. 351. Siborne, p. 383, note *.

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que donne le duc ne lont t que quand la position des units en pointe a t connue et avant quil rebrousse chemin vers Waterloo et quil rencontre Blcher ; ceci nest pas contest. Il est donc vraisemblable que le duc a pouss sur la route jusqu la ferme du Gras-Fromage, la borne kilomtrique 2450, do il a une belle vue sur le village de Genappe. Le duc na nul besoin de pousser plus loin pour voir que les Prussiens de Gneisenau, qui commande lavant-garde, sont aux prises avec les Franais qui, dans leur fuite, tentent dsesprment de traverser le village. Dautre part, le duc a certainement eu lil attir par les lueurs des incendies qui ravageaient alors le village et na certainement pas manqu de curiosit au point de ne pas gravir la cte jusquau GrasFromage pour aller voir ce qui se passait.
Et Blcher ?

Mais, pour que deux personnes se rencontrent, il faut quil y ait deux personnes Puisque nous ne savons pas exactement jusquo Wellington a t sur la chausse de Charleroi mme si nous nous en doutons peut-tre est-il possible de savoir quel est le chemin pris par Blcher ? Retour donc aux auteurs. Houssaye : Blcher suivait celles des troupes de Blow qui avaient refoul Lobau.51 Le fait quau dbut de laction, Blcher suivait Blow ou, du moins, laccompagnait est confirm par Logie : Vers deux heures, lavant-garde de Blow commena franchir la valle [de la Lasne]. La tche tait pnible vu le mauvais tat des chemins dlabrs par lorage de la veille. Le vieux Blcher encourageait lui-mme ses hommes52 A vrai dire, le trajet suivi par les Prussiens du 4e corps est assez difficile suivre dans ce que raconte Jacques Logie53, mais retenons pour linstant que cest dans le village mme de Lasne quil franchit la rivire. Si nous suivons le chemin principal qui part du pont ou plutt de la passerelle
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Ce point est laltitude de 150 m. De ce point le terrain descend jusque Genappe o la Dyle coule une altitude de 100 m. 51 Houssaye, p. 413. 52 Logie Evitable dfaite, pp. 165-166. 53 Mais reconnaissons quil est le seul donner quelque prcision ce sujet.

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de Lasne, nous arrivons immdiatement Fichermont si, au bois Lionnet, nous prenons droite, ou Plancenoit, si nous prenons gauche. Dans une suite de cartes extrmement dtailles54, Mark Adkin reprsente lattaque prussienne contre Plancenoit et contre le 6e corps de Lobau plac au nord du village. Nous nentrerons pas ici dans le dtail des oprations contre le 6e corps, mais nous retiendrons que ce sont essentiellement les 15e (Losthin) et 13e (Hake) brigades qui se trouvrent en face des bataillons de Lobau. Ds lors, si nous en croyons Houssaye et il ny a pas de raison ici pour ne pas le faire cest sans doute sur le chemin qui mne de Lasne Plancenoit et en arrire de ces deux brigades, plus que vraisemblablement avec la rserve de cavalerie du prince Guillaume de Prusse, que se trouve Blcher vers 20 h 00, alors que le combat fait rage dans le village mme. Le rapport de Gneisenau nous apprend que : Lennemi, quoi quil en soit, prserva ses lignes de retraite, jusquau moment o le village de Plancenoit, situ sur ses arrires et qui tait dfendu par la garde, ft, aprs plusieurs attaques sanglantes, emport de haute lutte. Ds ce moment, la retraite tourna la droute qui emporta bientt lensemble de larme franaise laquelle, dans une pouvantable confusion, poussait devant elle tout ce qui tentait de larrter. Cette droute prit bientt lapparence de la fuite dune arme de barbares. Il tait neuf heures et demie. Le Feld-Marchal runit tous les officiers suprieurs et donna lordre que le dernier cheval et le dernier homme soient envoys la poursuite de lennemi.55 Il apparat donc clairement, selon le tmoignage du chef dtat-major prussien, que Blcher donna les ordres de poursuite et les plus vigoureux avant de rencontrer Wellington. Gneisenau affirme que ces ordres furent donns aprs la prise de Plancenoit, cest--dire aprs 21 h 30. Il est ds lors exclu que Blcher et Wellington se soient rencontrs avant 21 h 30. Cela dit, une fois ces ordres donns, vers o se dirige Blcher ? Personne ne nous le dit, sauf Hamilton-Williams :
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Adkin, carte 36, p. 384 ; carte 37, p. 385 ; carte 38, p. 387. Gneisenau : compte-rendu de la campagne de 1815 in Christopher Kelly. A Full And Circumstantial Account Of The Memorable Battle of Waterloo. (London: 1836).

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Blcher, laissant Pirch le massacre des Franais encercls Plancenoit, avait, en contournant le village avec une partie du 4e corps, gagn la route de Genappe o il rejoignit Wellington.56 Donc Blcher contourne le village. Par le nord ou par le sud ? L, nous sommes dans le noir absolu. Aucune prcision nulle part Mais la logique nous inciterait penser que, puisquil est en compagnie de quelques lments du 4e corps qui poursuivent le 6e corps franais, ce soit par le nord et en direction du sud-ouest. Que ce soit par le nord ou par le sud, cela na gure dimportance pour notre propos. Ce qui est important, cest que, puisque larme franaise fuit vers le sud, que larme prussienne la talonne, Blcher ne peut pas prendre vers le nordouest o se trouve la Belle Alliance et tourner ainsi le dos ses troupes en marche, mais obligatoirement vers le sud-ouest, en direction gnrale de Genappe. Voil qui exclut dfinitivement la Belle Alliance des lieux o Blcher et Wellington ont pu se rencontrer. O le feld-marchal va-t-il rejoindre la route de Genappe ? Presque coup sr entre la Maison du Roi et le Caillou. En effet, sil avait inflchi sa route plus au sud, il aurait eu franchir le foss au fond duquel coule la Lasne, qui cet endroit sappelle le ruisseau des Brous, et traverser le bois qui entoure la ferme de Chantelet, ce qui est inutile et difficilement praticable. Cest alors quil se trouve sur le chemin entre Plancenoit et Maison du Roi que les Britanniques qui sont hauteur du Caillou et qui reviennent vers Waterloo, laperoivent et vont sa rencontre. Bref, exactement ce que raconte le gnral de Constant-Rebecque
A quelle heure ?

Quelle heure est-il au moment o Blcher et Wellington se rencontrent ? Wellington, nous lavons vu, dit : Il se fait que cette rencontre a eu lieu aprs dix heures du soir dans le village de Genappe. Les auteurs, nous lavons vu, nous donnent toute une palette dheures allant de 21 h 00 22 h 00. Nous avons dj exclu que la rencontre ait pu avoir lieu avant 21 h 30. Idalement, nous devrions savoir quelle heure Wellington donne ses troupes lordre de sinstaller au bivouac. Mais nous navons aucune donne prcise ce sujet. Il nous faut donc essayer de trouver quelle heure Wellington tourna bride pour revenir vers Waterloo ou combien de temps mit Blcher pour contourner Plancenoit et se diriger vers
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Hamilton-Williams, p. 347.

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Genappe. Le seul lment dont nous disposions ici est la vraisemblance. Plancenoit tombe 21 h 30 et les lments qui dfendaient le village senfuient vers le sud-ouest. La route est donc encombre des derniers dbris de larme franaise jusqu cette heure-l au moins. Il est donc impossible Wellington de prendre cette route et de passer devant Rossomme avant 21 h 30. Admettons cette heure. Pour aller jusquau Caillou (environ 1 700 m la suite de ses troupes, il lui faut environ un peu moins dune demi-heure57. Si, comme nous le pensons, il pousse jusquau Gras-Fromage, soit 1 500 mtres de plus, nous pouvons compter une vingtaine de minutes de plus. Cela nous mne aux environs de 22 h 15. De l, le retour vers Maison-du-Roi (presquexactement 2 000 mtres) prendra environ un quart-dheure. La rencontre avec Blcher doit donc se situer aux environs de 22 h 30. Cest exactement ce que le duc nous dit quand il situe ce moment aprs dix heures . Le mme raisonnement doit tre tenu en ce qui concerne Blcher. Sil contourne Plancenoit par le nord, ce qui est le plus vraisemblable compte tenu du terrain, en partant vers 21 h 30, il lui faut certainement une heure pour se trouver en vue de la Maison du Roi. Noublions pas que la garde ne se replie pas en dsordre et que les combats nont pas totalement cess : le gnral Duhesme est grivement bless entre Plancenoit et Rossomme58. Ds lors se trouve confirme lheure de la rencontre : 22 h 30 au plus tt. Si la rencontre avait eu lieu beaucoup plus tard, Wellington aurait plutt parl de 23 h 00 que de 22 h 00. Rsumons-nous en une phrase : Blcher et Wellington se sont rencontrs entre le Caillou et la Maison du Roi, plutt un peu lest de la route que sur la route elle-mme, entre 22 h 30 et 22 h 45. On objectera que Wellington, lorsquil situe cette rencontre, parle du village de Genappe . Lobjection est valable. Il est en effet totalement exclu que Wellington ait pouss jusqu Genappe mme qui, entre 22 h 00 et 23 h 00, est encore le thtre de sanglants combats. Mais, comme nous lavons dit, il nest pas impossible quil ait t jusquen vue de Genappe qui, du fait des incendies, devait tre aisment visible dassez
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Les tmoins nous disent que le duc marchait au pas ; la vitesse dun cheval au pas svalue entre 6 et 7 km/h. 58 Houssaye, p. 421.

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loin. Sil a fait demi-tour hauteur de la ferme du Gras-Fromage (voir fig. 7) comme nous le pensons, cest dire hauteur de ses troupes qui cantonneront Hulencourt, il na d avoir aucune difficult apercevoir les lueurs des incendies et percevoir les rumeurs du combat de Genappe. Il aura observ que faire intervenir une de ses units laide des Prussiens naurait fait quajouter la confusion qui rgnait dans ce village et aura, par consquent, donn ses ordres de cantonnements. Au retour, il rencontre Blcher qui, lui, poursuivra jusqu Genappe pour parachever la droute des Franais avant de prendre ses quartiers lauberge du Roy dEspagne en plein village. Autre objection : tous les auteurs nous disent que lors de leur rencontre, Wellington demanda Blcher de continuer la poursuite, arguant que ses troupes taient puises. Effectivement, cela ne serait possible que si la rencontre avait eu lieu Belle Alliance. A cela nous rpondrons par trois arguments : 1 personne ne nous dit quel est le contenu de la conversation quont tenue les deux gnraux en chef. Tout au plus avonsnous retenu cette phrase de Blcher : Mein lieber Kamerad ! Quelle affaire ! rapporte, non sans malice, par Wellington. 2 Nous savons que Wellington donne lordre de cantonner ses troupes avant de tourner bride au Gras Fromage et de revenir vers Waterloo, donc avant de rencontrer Blcher. 3 De mme, sil faut en croire Gneisenau, qui tait vraiment lhomme le mieux plac pour le savoir, Blcher lui donne lordre de poursuivre avec le dernier cheval et le dernier homme vers 21 h 30, soit avant de rencontrer Wellington. Ds lors, il ne fait aucun doute que la rpartition des tches , oserionsnous dire, avait t concerte avant cette rencontre qui ne revt ds lors plus quun aspect strictement symbolique. Il ne faut quand mme pas perdre de vue que les deux gnraux en chef sont rests en rapport constant toute la journe grce leurs officiers de liaison. Ils navaient aucun besoin de se rencontrer pour prendre leurs dispositions. Nous voyons dj les auteurs, grands ou petits, se lever dun seul bond : Mais puisque vous faites ce point confiance Gneisenau, comment pouvez-vous ignorer la fin de son rapport : Peu de victoires ont t aussi acheves ; et il ny a certainement aucun exemple quune arme, deux jours aprs avoir perdu une bataille, ait engag une telle action et lai paracheve aussi glorieusement. Honneur soit rendu des troupes capables dune 31

telle fermet et dune telle valeur ! Au milieu de la position tenue par larme franaise, exactement au sommet dune hauteur, se trouve une ferme appele La Belle Alliance. La marche de toutes les colonnes prussiennes tait dirige vers cette ferme, laquelle tait visible de toutes parts. Cest l que se tenait Napolon durant la bataille ; cest de l quil donnait ses ordres, l quil se flattait des espoirs de victoire et cest l que sa ruine fut consomme. Cest l, galement, que par un heureux hasard, le Feld-Marchal Blcher et Lord Wellington se rencontrrent dans lobscurit et se salurent mutuellement comme vainqueurs. En commmoration de lalliance qui subsiste lheure actuelle entre les nations anglaises et prussiennes, de lunion des deux armes et de leur confiance rciproque, le Feld-Marchal souhaita que cette bataille portt le nom de La Belle Alliance.59 Lobjection, cette fois, ne tient pas pour quatre excellentes raisons : 1 Cette conclusion a manifestement t rdige aprs coup. Elle vient logiquement pour une conclusion aprs la description des combats de Genappe et mme aprs la mention de la fuite de larme franaise audel de la frontire. 2 Tout aussi manifestement, elle a t rdige dans une intention politique : lallusion la parfaite entente qui rgne entre Britanniques et Prussiens en est la preuve suffisante. 3 Elle est manifestement destine soutenir Blcher et expliquer son dsir de voir la bataille porter le nom de Belle Alliance. 4 Elle est, dans ce rapport, la seule allusion la rencontre entre Blcher et Wellington, laquelle Gneisenau ne participa pas. En effet, cest prcisment Gneisenau que Blcher ordonna de prendre le commandement de la poursuite vers 21 h 30. Le chef dtat-major prussien tait donc avec lavant-garde prussienne, devant Genappe au moment o les deux gnraux en chef se rencontrrent. Il ne pouvait donc connatre lemplacement exact auquel cette rencontre eut lieu. Venons-en enfin, comme promis, ce qucrit Houssaye ce propos : Blcher, frapp que sa rencontre avec Wellington et lieu prcisment devant la Belle Alliance, pensa donner ce nom la bataille o lalliance des Anglais et des Prussiens avait produit un si grand rsultat. Mais Wellington voulait que la victoire sa victoire
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Gneisenau, op. cit.

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portt le nom du village qui avait eu l'honneur, la nuit prcdente, de lui servir de quartier-gnral.60 Et lacadmicien assortit cette sentence dune note : 1. Rapport de Gneisenau. Mffling, Aus meinem Leben, 217. Hist. 36-37. Von Ollech, Geschichte der Feldzuges von 1815, 252. Lettres dofficiers des brigades Adam et Maitland. (Waterloo Letters, 245, 298,) Jaloux sans doute de prouver quil n'aurait pas eu besoin des Prussiens pour poursuivre larme franaise, Wellington a ni avoir vu Blcher la Belle Alliance. Cette rencontre, crit-il Mudford (Supplem. Dispatches, X, 508), na eu lieu qu Genappe et pass 11 heures du soir. Cette dngation ne saurait prvaloir contre le tmoignage de Gneisenau, dans un rapport public crit le lendemain de la bataille. Il y a encore le tmoignage de Mffling, prsent lentrevue (Aus Meinem Leben, 217, et Hist., 36-37); de Pozzo di Borgo61 (Rapport Wolkonsky, 19 Juin); du gnral Hegel (Lettre au roi de Wurtemberg, 23 juin). Il y a enfin celui du gnral Vivian (Waterloo Letters, 153)62 : Il ny a pas de doute pour moi que, quand jai vu le duc (prs de Rossomme), il avait rencontr Blcher. Je lui proposai de poursuivre lennemi, mais il me dit : Nos troupes ont eu une journe bien dure. Les Prussiens vont poursuivre. Vous, arrtez votre brigade. Wellington, aprs avoir vu Blcher, poussa jusqu' Rossomme ou jusquau hameau de la Maison du Roi. (Lettre de Hervey, Ninetenth Century, mars 1893 ; Kennedy, 151), o sarrta la tte de ses troupes, mais il n'alla pas ce soir-l Genappe. Cela ressort des Mmoires de Mffling, o il est dit (211) que Mffling63 vint rendre
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Houssaye, p. 414. Pozzo di Borgo na pas assist la rencontre : il avait t bless, sans gravit dailleurs. 62 Remarquons que Vivian naffirme rien : il se contente de dire ce quil croit et sa conviction se base sur le fait que Wellington lui affirme que les Prussiens se chargent de la poursuite. Or il est certain quil voit le duc alors que celui-ci revient des hauteurs de Genappe et quil a constat de ses propres yeux que les Prussiens poursuivent effectivement les Franais. Par ailleurs, si, comme Houssaye le fait, on prend ce tmoignage au pied de la lettre et si lon admet que Vivian rencontre Wellington prs de Rossomme , il faudrait obligatoirement admettre que le duc est pass Rossomme aprs avoir vu Blcher la Belle Alliance. Or nous savons que cest exactement linverse. Au reste, le tmoignage de Vivian ne prouve quune seule chose : il na pas assist lentrevue entre les deux marchaux. 63 Mffling assista presque certainement lentrevue. Il ne quitta pas le duc durant son parcours jusquaux hauteurs devant Genappe et puis durant son retour vers Waterloo. Cela nexclut pas quil ait peu aprs pouss jusqu Genappe, la suite de Blcher et quil soit venu rendre compte des derniers vnements durant la nuit.

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compte au duc Waterloo, de ce qui avait eu lieu Genappe ; du rcit de Cotton (156) ; et de maint passage des Waterloo Letters. Le lecteur en sait assez pour carter lui-mme les tmoignages tous indirects et citations accumuls par Houssaye. Ce quil faut retenir ici, cest que Houssaye affirme que la rpartition des tches eut lieu lors de la rencontre entre Blcher et Wellington, ce que nous nions absolument. Lauteur a linvraisemblable culot de citer lappui de cette affirmation le rapport de Gneisenau dont nous avons dj parl et qui dit exactement le contraire de ce quil affirme. Rappelons que, daprs Gneisenau lui-mme, cest au moment o Plancenoit tombe que Blcher donne ses ordres de poursuite et que cest Gneisenau lui-mme qui est charg de les excuter. Or le chef dtat-major prussien ne dit jamais et pour cause ! que ces ordres sont conscutifs la rencontre des deux gnraux en chef ! Sil rapporte cette rencontre, cest en conclusion de son rapport, pour les motifs que nous avons dits. Il naffirme en tout cas jamais quil a assist cette rencontre, ce quil net pas manqu de faire si tel avait t le cas. Quant au dernier paragraphe de la note de Houssaye, nous ne la contestons que sur un point : Wellington a trs certainement pouss plus loin que Rossomme et ses troupes ont stationn beaucoup plus loin que lendroit que lauteur nous suggre mais il est effectivement exclu que le duc ait t jusqu Genappe mme. Nous nous sommes assez expliqu ce sujet. Or Houssaye affirme que cest aprs avoir rencontr Blcher quil pousse plus au sud. Or tous les tmoignages affirment que cest bien alors quil revient vers Waterloo quil rencontre Blcher64, donc aprs quil ait donn ses ordres de cantonnements. Houssaye pour mettre le lecteur tout fait hors du coup va jusqu modifier lheure que donne Wellington, dans sa lettre Mudford. De after ten of night , il fait 11 heures Tout cela a, naturellement une raison prcise : tayer laffirmation : Jaloux sans doute de prouver qu'il n'aurait pas eu besoin des Prussiens pour poursuivre larme franaise . Or, prcisment, Wellington affirme lui-mme que ses troupes taient puises et quil comptait sur les Prussiens pour parachever la droute franaise. La dpche quil envoie Lord Bathurst

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Constant-Rebecque, Jackson (dans sa version originale), Cotton, etc.

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de Waterloo, le 19 juin, et o il rend compte de la bataille, porte en toutes lettres : I continued the pursuit till long after dark, and then discontinued it only on account of the fatigue of our troops, who had been engaged during twelve hours, and because I found myself on the same road with Marshal Blcher, who assured me of his intention to follow the enemy throughout the night. Ce que le lecteur naura aucune peine traduire : Je continuai la poursuite jusque tard aprs lobscurit et ne linterrompis qu cause de la fatigue de nos troupes qui avaient t engages durant douze heures et parce que je me trouvai moimme sur la mme route que le marchal Blcher qui massura de son intention de suivre lennemi durant toute la nuit.65 Wellington ne dit pas quil a demand Blcher de poursuivre les Franais mais bien que Blcher lui a fait part, au hasard dune rencontre, de son intention de poursuivre durant la nuit. Le duc na pas besoin dapprendre que les Prussiens poursuivent ce moment les Franais, puisque, en se portant sur les hauteurs devant Genappe, il la constat de visu ; en consquence de quoi il met ses troupes au repos. Blcher ne fait que lui confirmer ses intentions en prcisant quil ne lchera pas sa proie, dt-il courir aprs elle toute la nuit. Ainsi donc, Henry Houssaye, en tordant les textes dans tous les sens, parvient-il leur faire dire exactement le contraire de ce quils disent Cest--dire quil situe la rencontre des deux gnraux avant que le duc se porte vers Rossomme (selon lui). Ce qui, en plus dtre faux comme nous lavons suffisamment dmontr, est absurde : il est vident que si tel avait t le cas, le duc et le prince Blcher auraient chemin ensemble Cela crve ce point les yeux que personne na vu ce contresens ! Et comme la plupart des auteurs francophones suivent Houssaye sans discernement, ces inexactitudes se retrouvent un peu partout66. Cest ainsi que lon raconte au touriste en visite sur le champ de bataille que le
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Wellington, Despatches, XII, p. 894. A remarquer que, dans une lettre prive crite Lady Frances Webster, le 19 juin, 08.30 hrs, le duc confirme : and Blcher, who continued the pursuit all night, my soldiers being tired to death, sent me word this morning that he had got 60 [pieces of cannon] more. W.S.D., X, p. 531 (895). 66 Rendons hommage Logie qui, cette fois, ne se laisse pas entraner sur le terrain des suppositions douteuses

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duc quittant lorme sous lequel il stait tenu durant la bataille se dirigea lentement vers les fonds (il sagit du fond Pauquet) puis remonta vers la Belle Alliance o vint sa rencontre le prince de Blcher. Aprs une brve conversation et une solide poigne de main, le duc reprit le chemin de Waterloo, laissant aux Prussiens le soin de saigner larme franaise . Cette simpliste relation, pour contraire la vrit quelle soit, a au moins le mrite de ne pas encombrer lesprit des touristes avec des dtails sans importance

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Quont jou les musiques prussiennes le soir de Waterloo ?


Puisque nous en sommes parler de dtails sans importance, attaquonsnous la lgende tenace qui veut que les musiques militaires prussiennes aient jou le God save the King en lhonneur de leurs allis britanniques lors de la rencontre de Wellington avec Blcher. Personne nignore quau Royaume-Uni, lors de chaque manifestation officielle, et trs souvent dans des occasions particulires, on entonne le God save the Queen :
God save our gracious Queen, Long live our noble Queen, God save the Queen ! Send her victorious, Happy and glorious, Long to reign over us, God save the Queen !

Cette prire, puisquil sagit bien dune prire, dont nous donnons la premire strophe officiellement, elle en compte cinq est gnralement considre comme lhymne national du Royaume-Uni. En ralit, aucun Acte du Parlement na jamais dsign dhymne officiel pour le royaume. Il sagit donc plutt dune coutume. Heureuse coutume ! Le God save the Queen prsente toutes les qualits requises pour un hymne national : court, immdiatement identifiable, facile excuter et texte ais retenir Henry Houssaye crit : Vers neuf heures et quart () Les deux gnraux sabordrent et, selon lexpression de Gneisenau, ils se salurent mutuellement vainqueurs. Des musiques de cavalerie prussienne jouaient en passant le God save the King ; au loin le bruit de la fusillade dcroissait. 67 . J. Lucas-Dubreton68 en rajoute : Du ct de Mont-Saint-Jean, on entend maintenant les fanfares prussiennes, qui, poliment69, jouent le God save the King.
67 68

Houssaye, p. 413 LUCAS-DEBRETON Le marchal Ney Paris, Fayard, 1941. 69 Cest nous qui soulignons.

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Imprudemment entran sur ce terrain par ce poliment, Georges Jacquemin70 se laisse prendre au pige et senvole : Les Prussiens, malgr leur rudesse de comportement, ont la dlicatesse de jouer dans la nuit noire de la victoire, sur ce qui fut un champ dhorreur, lhymne national britannique : cest le salut cordial dun loyal alli au frre darmes, au grand vainqueur de la journe, le field-marshall Arthur Wellesley, duc de Wellington. Un honneur pour le gnralissime anglais ! Que lexcellent auteur quest Jacquemin ne nous en veuille pas, mais ce quil crit l est une nerie
God save the King

Lorigine de la musique et du texte du God save the King reste trs controverse. Il est vrai que les Britanniques, sans tre exagrment jingoists , admettent trs difficilement que leur hymne national puisse provenir de ltranger Une tradition attribue en effet la composition de ce thme Jean-Sbastien Bach. Une autre tradition plat infiniment aux Franais et se trouve reprise par des auteurs srieux. Daprs elle, il tait de tradition, larrive du roi de France, de chanter dans les crmonies le motet Salvum fac regem. En 1686, lorsque Louis XIV vint inaugurer la maison dducation de Saint-Cyr, Mme de Maintenon fit chanter ses lves une nouvelle version de ce rpons, en franais et sur une musique de Lully. Cest cette hymne que Mme de Maintenon aurait russi faire adopter la cour anglaise en exil Saint-Germain-en-Laye et quauraient chant les partisans des Stuarts lors du dbarquement rat de Charles III le Bonnie Prince Charlie en 1745. Les Hanovre se seraient empar de la musique et en auraient fait leur hymne71. Trs longtemps, en Angleterre, on a voulu croire que texte et musique taient le fait dun certain Henry Carey (1687 1743), musicien et pote, qui aurait entonn le fameux air en 1740. On a voulu croire galement que le compositeur en tait Thomas Arne (1710 1778), lauteur du clbre Rule Britannia . En ralit, le morceau est beaucoup plus ancien : on en trouve la trace trs nette la premire en Grande70

Jacquemin (Georges) les Boteresses ligeoises la butte du Lion de Waterloo (1826) Braine-lAlleud, J.-M. Collet, (2000), p.56. 71 Cest lexplication que donne le Quid 1999, lequel, au passage confond Jacques III Stuart attribuant celui-ci le dbarquement de 1745, et son fils Charles III. Ce qui prouve que nul nest labri dune erreur. Qui na jamais pch

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Bretagne dans une composition de John Bull, Doctor of Musique , compositeur gallois n en 1563, dcd Anvers en 1628, membre de la Chapelle royale, joue en lhonneur du roi Jacques Ier au lendemain de la Conspiration des Poudres (1605)72. Cette pice fut rendue populaire lors de son excution le jeudi 16 juillet 1607 au cours du gala donn en lhonneur du roi par la Corporation des Marchands Tailleurs de Londres. Cette mlodie eut tant de succs que, ds cette poque, on en trouve quantit darrangements et de versions diffrentes, tant pour la musique que pour les paroles, et quil devint pratiquement impossible den retrouver lorigine.
Heil Dir in Siegenkranz

Il est certain que lair fit la navette entre Londres et Paris, lpoque de lexil de Jacques II et des tribulations des Jacobites. Il est encore plus certain quelle parcourut lEurope en tous sens. En tout cas, elle nchappa pas loreille du Dr Heinrich Harries, un pasteur de Flensburg alors au Danemark lequel crivit un chant destin clbrer lanniversaire du roi Christian VII. Le titre de cette pice, telle que parue dans le Flensburger Wochenblatt du 27 janvier 1790 est le suivant Lied fr den dnischen Untertan, an seines Knigs Geburtstag zu singen in der Melodie des englischen Volksliedes God save great George the King . Il est donc bien clair que Harries, de son propre aveu, a transpos la mlodie anglaise. Moins scrupuleux, un certain Balthazar Gerhard Schumacher rduisit le pome de Harries cinq strophes et, sans fausse honte, le publia comme tant de sa propre composition sous le titre Berliner Volksgesang dans la Speyerschen Zeitung du 17 dcembre 1793. La pice tait ddie au roi de Prusse Frdric Guillaume II. La chanson populaire eut tant de succs quelle ne tarda pas passer pour lhymne national prussien sous le titre Heil Dir in Siegenkranz , constitu par son premier vers. Au cours du XIXe sicle, une grande partie des principauts allemandes ladoptrent avec des textes lgrement diffrents. Ce fut le cas de la Bavire (ds 1806), du Wurtemberg, de la Saxe, du grand-duch de Bade, du grand-duch de Mecklembourg-Schwerin, de la Hesse, du duch dAnhalt, etc. Rien dtonnant donc qu la cration de lEmpire

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CLARK (Richard) An account of the National Anthem entitled God save the King London, W. Wright, 1822.

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allemand en 1871, on en vint considrer cet hymne comme celui du Reich. Il nen reste pas moins quaprs la Guerre de Libration allemande de 1813, Heil Dir in Siegenkranz tait considr comme lair national prussien. Et cest ainsi quau soir de Waterloo, les musiques prussiennes jouaient avec un bel enthousiasme leur propre air national Les tmoins britanniques en furent frapps et se mprirent assez gnralement sur les intentions nourries par les Prussiens alors quils jouaient Heil Dir Mprise nourrie et entretenue avec amour par les auteurs qui en vinrent crire que les Prussiens jouaient le God save the King en lhonneur de leurs allis Heil Dir servit la Prusse jusquen 1918.
Deutschland ber alles

Lhymne allemand Deutschland ber alles (officiellement Deutschlandlied), dont la musique est de Joseph Haydn, est un piratage pur et simple Cest en 1795 que Joseph Haydn, revenant dAngleterre o il avait t frapp par la popularit du God save the King , mit lopinion que lAutriche devrait, en cette poque trouble, bnficier dun tel Volksgesang . Son ami, le baron van Swieten qui tait prfet de la Bibliothque impriale et royale, trouva lide intressante et commanda un pome Lorenz Haschka quHaydn devait mettre en musique. Le texte souhaitait bonheur et prosprit lempereur. Le nouveau morceau fut excut pour la premire fois le 12 janvier 1797, loccasion de lanniversaire de lempereur du Saint Empire romain germanique Franois II. Les Viennois furent conquis par ce nouvel hymne qui, progressivement, devint officiel. Haydn linclut dans son Quatuor cordes en do op. 76 n 3 dont il constitue le deuxime mouvement. La composition de Haydn connut quelques modifications de texte mais servit dhymne officiel lAutriche-Hongrie jusquen 1918. En 1841, un pote allemand, Henri Hoffmann von Fallensleben, adapta de nouvelles paroles sur la mlodie de Haydn. Le pome commenait par Deutschland ber alles (LAllemagne avant tout). Fallensleben tait un partisan acharn de lunit allemande, laquelle ntait encore cette poque quun rve. Cest une mauvaise interprtation de son texte qui a permis certains de dire que le pote voyait lAllemagne au-dessus des autres nations. En ralit, il voulait dire que lide allemande devait 40

surpasser les particularismes locaux dune Allemagne divise en une multitude de principauts indpendantes. Le Deutschland ber alles, quoique parfois jou au cours de certaines manifestations patriotiques, avait un ton rpublicain toute rfrence un souverain quelconque en tant rejete et lidal dunit allemande allant souvent de pair avec lidologie librale qui ne plaisait gure aux autorits constitues. Ce nest donc quen 1922 que la Rpublique de Weimar fit du pome de Fallensleben et de la musique de Haydn son hymne officiel. Le IIIe Reich, oprant un glissement smantique sur la formule Deutschland ber alles que lon comprit alors comme LAllemagne au-dessus de tout , estima que lhymne correspondait parfaitement lidologie de domination mondiale vhicule par les nazis. Il conserva donc lhymne de Weimar mais rendit obligatoire lenchanement de la mlodie de Haydn et du Horst-Wessel-Lied qui tait lhymne officiel du NSDAP depuis 1930. Cest sans doute au fait que le Deutschlandlied avait t choisi par la Rpublique de Weimar de mme dailleurs que le drapeau noir-rougeor que lhymne allemand doit davoir survcu au IIIe Reich, en remplaant, pour viter toute quivoque, le premier couplet par le troisime : Einigkeit und Recht und Freiheit fr das Deutsche Vaterland (Unit, Droit et Libert pour la Patrie allemande). Quant lAutriche, aprs avoir chass les Habsbourg du pays, elle abandonna le Gott erhalte pour adopter une mlodie de Mozart sur des paroles trs bucoliques.

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Erreur de lecture de carte


Trs rcemment, un excellent auteur, M. Bernard Coppens, dans un ouvrage sur les mensonges de Waterloo a mis une hypothse que lon peut sans crainte qualifier de rvolutionnaire. Le plus simple est de lui donner la parole : Pendant prs de deux sicles, historiens et stratges se sont penchs sur la bataille de Waterloo et ont tent den rsoudre les nigmes. Une donne essentielle semble cependant avoir toujours chapp aux analystes : Napolon et son tat-major avaient une vision fausse du champ de bataille, et cette erreur de localisation a logiquement entran des erreurs de commandement et dexcution. Cette mauvaise perception porte sur deux points : - Napolon sest tromp sur la situation du village de Mont-SaintJean, dont il se croyait plus proche quil ntait en ralit, et il a cru que larme anglaise tait retranche dans ce village, alors quelle tait dispose 1 000 mtres en avant de celui-ci ; ()73 Sen suit une longue dmonstration dont il ressort que Napolon a dcal les localisations et a pris la ferme de Mont-Saint-Jean pour le hameau de Mont-Saint-Jean, la ferme de la Haye-Sainte pour celle de Mont-SaintJean, la Belle Alliance pour la Haye-Sainte et Rossomme pour la Belle Alliance. Cela est rsum en un croquis qui fait toute la page 158 de son ouvrage. Disons-le tout de suite : cette hypothse est intressante examiner et expliquerait sans doute quelques dtails bizarres relevs par Coppens dans les crits des tmoins franais de la bataille. A lpoque o il mit pour la premire fois cette hypothse sur son site Internet74, Coppens suscita la colre de Jacques Logie qui, rvolt par lide que lon puisse suspecter Napolon de ne pas savoir lire une carte, lui rpondit par une lettre sans amnit. Le dbat fut interrompu par la mort de Logie. Mais dans sa rfutation, on ne trouve pas llment qui, lui seul, suffit renverser lhypothse de Coppens : la Belle Alliance.

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COPPENS Bernard Les Mensonges de Waterloo Paris-Bruxelles, Jourdan Editeurs, 2010, p. 149. 74 www.1789-1815.com

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Nous avons expliqu que la Belle Alliance tait un cabaret. Comme tout cabaret, celui-ci, en activit depuis une trentaine danne sans doute, portait une enseigne. Et mme une enseigne que lon voyait de trs loin puisquelle tait pose sur le pignon de la maison, ce pignon cach aujourdhui par la grange construite postrieurement la bataille. Audessus de la porte un panonceau portait la mention : A la Belle Alliance . En tmoignent quatre estampes ou gravures que nous reproduisons.

Figure 8 : La Belle Alliance. Gravure aquatinte colorie la main, par James Rouse. Illustration du livre de W. Mudford : "An historical account of The Campaign in the Netherlands in 1815..." Londres, Henry Colburne, 1817.

Le croquis de cette belle gravure (fig. 8) de James Rouse a, selon toute vraisemblance, t excut sur place quelques mois aprs la bataille. On y remarque le panneau, enrichi de la mention HOTEL sur le pignon du btiment et le panonceau au-dessus de la porte dentre portant la mention A la Belle Alliance Welling(ton) Hotel . Rouse a manifestement voulu montrer ltat de la Belle Alliance le lendemain mme de la bataille. Cest ce quindiquent les morts et les blesss qui jonchent le terrain et mme la route. Le petit groupe de cavaliers gauche de limage est, sans doute, une vocation du duc de Wellington. Il est videmment totalement invraisemblable que le 19 juin 1815, le cabaretier ait eu le temps de rcuprer sa maison et dy faire enrichir 43

ses enseignes. Cest ce qui, paradoxalement, plaide en faveur de la vracit de la gravure. Rouse a en effet photographi la Belle Alliance au moment o il la vue : en tmoigne le puits qui, vraisemblablement, a d souffrir durant la bataille et tre reconstruit peu de temps aprs. Nous ne le voyons en effet pas sur lestampe dE. Walsh publie en 1815 et date, en bas gauche, 25th June 1815 (fig. 9). Le titre de cette estampe est assez significatif : Burial Party Near la Belle Alliance 7 days after the Battle

Figure 9 : "Burial Party Near la Belle Alliance 7 days after the Battle"". Estampe dE. Walsh, date 25th June 1815 .

Lestampe de Walsh a t intgralement recopie par le peintre allemand Friedrich Fleischmann (1791-1834) dans une petite aquarelle conserve Paris au Muse Carnavalet (fig. 10).

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Figure 10 : La Belle Alliance aprs la bataille de Waterloo" par F. Fleischmann. Muse de la Ville de Paris , Muse Carnavalet."

Quand la figure 11, il sagit dune estampe signe Jazet et publie Paris, chez Ostervald lan, Editeur, rue de la Parcheminerie, n 2 ds 1816. Sa lgende complte est Champ de Bataille de Mont-Saint-Jean le 21 juin 1815 prs de la Ferme de la Belle Alliance . De toutes les gravures que nous avons prsentes, cest celle-ci qui est la plus anciennes. Cest elle qui a trs vraisemblablement inspir Walsh et Fleischmann. La forme gnrale de la grange incendie, la prsence de la Saline, celle de lobservatoire du Caillois ainsi que la forme de larbre qui longe la route indiquent suffisance que ces trois images sont trs cousines Mais ces quatre illustrations ont en tout cas un point commun : elles montrent toutes la Belle Alliance avec ses enseignes

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Figure 12 : Champ de bataille de Mont-Saint-Jean, le 21 juin 1815, prs de la Ferme de la Belle Alliance. Gallica, Bibliothque nationale de France.

Il ny a donc aucune exagration affirmer que, le 18 juin 1815, le btiment tait orn de ses panneaux et que quiconque sachant lire pouvait dire coup sr quel tait son nom. Or nous lisons dans Houssaye : Vers six heures et demie (du soir, le 17 juin), Napolon atteignit avec la tte de colonne les hauteurs de la Belle Alliance La nuit approchait, et presque toute linfanterie se trouvait encore trs en arrire. Lempereur fit cesser le feu. Pendant la canonnade, il tait rest prs de la Belle Alliance, expos aux boulets que le capitaine Mercer, qui lavait reconnu, dirigeait sur ltat-major75 Donc, 18 h 30, le 17 juin, en plein jour, Napolon est pass devant la Belle Alliance. Mme sil pleuvait, il est impossible quil nait pas aperu les enseignes de la Belle Alliance. Ds lors, ds le 17 au soir, il tait
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Houssaye, p. 266.

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parfaitement fix sur lidentit exacte du lieu et il na pas pu le confondre avec la Haye-Sainte ni avec rien dautre. A moins dadmettre que lempereur ne savait pas lire du tout

Un rglement de comptes
Aprs cela, Coppens pourra toujours, sans mme essayer de prendre contact avec nous, se rpandre en gmissant sur tous les forums quInternet met sa disposition pour dire que nous ngligeons les documents : Mais non, Monsieur Damiens raisonne l'envers. Il omet de reprendre les arguments que j'ai donns, et qui sont bien plus forts que son hypothse. Les textes sont l, qui montrent qu'il y a eu erreur de lecture de carte. Son raisonnement est simpliste : il devait y avoir une enseigne, donc Napolon l'a vue, donc Napolon savait o il tait.76 Voil qui est extraordinaire. Quels sont les arguments de Coppens, bien plus forts que notre hypothse ? Lauteur cite dans son ouvrage77 : Un passage d au colonel Petiet, datant de 1844, et qui a trait la diminution de la forme physique de lempereur. Baudus, sur le mme sujet, dans une publication de 1841. Le chef de bataillon Bergre qui dit, en lespce que en 1809, lEmpereur se ft lev plus tt et et tudi le terrain avec plus de soin. Ce texte est cit par dAvout dans un article publi dans les Carnets de la Sabretache en 1905. Trois textes, donc, dont le seul but est de dmontrer que Napolon tait diminu physiquement, ce que nous ne contestons pas, mais qui nont aucun rapport avec une prtendue erreur de lecture de carte. Puis : Un texte de Marmont qui tait Gand le 18 juin 1815 estimant que la perte de la bataille de Waterloo a t cause par la direction incertaine, le dcousu des attaques et lloignement du champ de bataille de Napolon. Un texte publi en 1857 !...

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http://www.empereurperdu.com/forum/phpBB2/viewtopic.php?f=30&t=4588&start=110 Coppens, op. cit., pp 147 159.

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Une remarque du gnral Rogniat : Cette charge dplace se fit sans doute son insu : mais pourquoi se tenait-il hors de porte de bien voir ?... Rogniat crivait en 1816, ce qui nous rapproche un peu de cur du dbat. Une phrase dun gnral de ltat-major de Napolon anonyme dans une lettre crite le 20 juin 1815 et dont Coppens prtend avoir trouv la copie dpoque (quelle poque ?) Vincennes mais sans en donner la rfrence : LEmpereur ne visite plus le champ de bataille, donne des ordres rares et dcousus, de faon quil ny a aucun ensemble dans les dispositions ni lexcution. Donc, trois autres textes pour reprocher Napolon dtre ngligent et de ne pas se trouver assez prs de laction pour pouvoir exercer efficacement son commandement. Mais rien propos dune erreur de lecture de carte. Coppens entreprend alors de nous dcrire le terrain ou plutt ce que lempereur en voyait. Pas une seule citation ! Et pour cause : dans ses dictes, Napolon ne dcrit le terrain que trs sommairement. Et remarquons-le, il ne se trompe pas en dcrivant le dploiement de larme anglo-nerlandaise. Mais Coppens, lui, sait ce que Napolon voyait et ne voyait pas !... Comme si Coppens avait vcu dans la peau de Napolon alors que celui-ci observait le terrain dun endroit que Coppens serait bien en peine de prciser. Et pour cause : jusquici et sans doute jusqu la fin des temps il y a toujours eu et il y aura toujours un doute sur les endroits prcis o sest tenu Napolon durant cette journe. Pardon ! Quon veuille bien nous excuser : Coppens cite un tmoin : le mameluck Saint-Denis qui crit (dans une publication de 1926) : Nous nous trouvmes sur un terrain lev qui domine le vaste bassin bord au Nord par le rideau de la fort de Soignes. Or, selon Coppens, il y avait, entre la position anglaise et la fort de Soignes une distance dun peu plus de deux kilomtres . Il y a donc crasement de la perspective accentu par la mauvaise visibilit , poursuit Coppens78. Admettons

Encore faut-il se mfier. Cet crasement de la perspective ne vaut quen cas de vision monoculaire. Mais peut-tre expliquerait-elle en partie la raison pour laquelle la grande batterie tait si loigne de la ligne anglo-allie.
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Et Coppens nous assne alors largument-massue : lordre de 11.00 heures et le Bulletin du 20 juin montrent que lEmpereur croit que le village ou hameau de Mont-Saint-Jean se trouve devant lui, immdiatement derrire la crte, alors quen ralit, il se trouve 1 000 mtres plus loin . Coppens fait justement remarquer que, dans lordre de 11.00 heures, Napolon prcise la situation du village de Mont-SaintJean : lintersection des routes Mais il en dduit que Napolon confondait la route de Nivelles (prtendument invisible depuis les positions franaises, mais dment reconnue par les piquets du gnral Pir, ds le 17 dans la soire) et le chemin de la Croix. Preuves : lordre donn aux batteries de 12 de tirer sur les troupes de Mont-Saint-Jean, alors que celles-ci sont hors de porte dune pice de 12 (ce qui est exact) ; lordre donn aux sapeurs du 1er corps de se barricader MontSaint-Jean. En fait, lordre de 11.00 hrs rsonne comme suit : A chaque commandant de corps darme. 18 juin 1815, 11 heures du matin. Une fois que toute larme sera range en bataille, peu prs une heure aprs midi, au moment o lEmpereur en donnera lordre au marchal Ney, lattaque commencera pour semparer du village de Mont-Saint-Jean, o est lintersection des routes. A cet effet, la batterie de 12 du 2e corps et celle du 6e se runiront celles du 1er corps. Ces vingt-quatre bouches feu tireront sur les troupes de Mont-Saint-Jean, et le comte dErlon commencera lattaque, en portant en avant sa division de gauche et la soutenant suivant les circonstances par les divisions du 1er corps. Le 2e corps savancera mesure pour garder la hauteur du comte dErlon. Les compagnies de sapeurs du 1er corps seront prtes pour se barricader sur-lechamp Mont-Saint-Jean.79 Il est vident que Napolon doit donner une direction de tir ses artilleurs. Il est vident aussi quil ne va pas commencer entrer dans des dtails encombrants pour la leur donner. En direction de Mont-SaintJean est trs largement suffisant pour indiquer le centre de la ligne anglo-nerlandaise (ou du moins, ce que Napolon pense tre le centre de larme anglo-nerlandaise). Il est clair aussi que lartillerie, si elle
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Napolon Correspondance, t. XXVIII, p. 292 n 22060.

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soutient de son feu le 1er corps, progressera avec lui et se trouvera rapidement mme de causer les plus graves dgts dans la rserve anglo-allie que Napolon suppose (justement) en arrire de la crte du chemin dOhain80. Quant aux sapeurs du 1er corps, il est clair quune fois arrivs Mont-Saint-Jean, ils ont pour tche dempcher les AngloNerlandais de reprendre le village en le fortifiant quelque peu. Lerreur de Coppens est facile comprendre. Il naperoit pas que lordre de 11.00 hrs est un ordre dynamique : il sagit de porter lattaque sur le front de lennemi et non de stablir sur une position dfensive. Coppens prend ensuite argument dune phrase du Journal de Gourgaud (publi en 1896) : La position des Anglais tait superbe ; ils couronnaient la sommit dun rideau de terrain dont la pente douce jusqu nous, favorisait singulirement le feu de leur artillerie. Cette position avait en outre le grand avantage de former lgrement le demicercle ; leur centre, sur la grande route, tait soutenu par le village de Mont-Saint-Jean, o ils avaient tabli une mauvaise traverse. Or, ce que dit Gourgaud (aprs coup) est parfaitement exact : il y avait bien une traverse tablie sur la chausse un peu avant Mont-Saint-Jean, hauteur de la ferme et, naturellement, il est vident que la ferme et le village de Mont-Saint-Jean constituent tous deux un excellent point dappui pour la ligne anglo-nerlandaise en cas de recul. Mais, du fait quune autre traverse bloquait la route entre le corps de btiment principal de la Haye-Sainte et la sablonnire, Coppens tire la conclusion que Gourgaud prend la Haye-Sainte pour une partie du village de Mont-Saint-Jean , tout en faisant remarquer quentre la Haye-Sainte et Mont-Saint-Jean, il ny a quune maison, la maison Vallette, et donc pas trace dagglomration Coppens continue sur une citation du gnral Rogniat, qui en 1816, crivait que le centre de larme anglaise tait fortifi par le village de Mont-Saint-Jean au nud des routes de Charleroi et de Nivelles Bruxelles . M. Coppens a dcidment le sens de lhumour. Il nous a dit que ltat-major franais avait pris le croisement entre la chausse et le chemin dOhain, o il ny a quune maison (et encore doit-on parler de
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Sinon, pourquoi attendre pendant de longues heures que le terrain sche ?...

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masure plutt que de maison) pour le carrefour des chausses de Nivelles et de Charleroi Bruxelles o se trouve une petite agglomration. Et maintenant, il vient nous expliquer que Rogniat a pu croire quil tait possible de fortifier un village qui nexiste pas, puisquil ny a pas de village au croisement du chemin dOhain. Vient enfin la citation du gnral Foy destine teindre toute discussion. Le gnral Foy aurait en effet dclar le 23 juin : LEmpereur sest plac dabord sur un pic peu lev derrire la Belle-Alliance ; je lai vu avec ma lunette, se promener de long en large, revtu de sa redingote grise, et saccouder souvent sur la petite table qui porte sa carte. Aprs la charge de la cavalerie franaise, il sest port la Haye-Sainte ; la fin du jour, il a charg avec sa garde. Or, comme le fait remarquer Coppens, Napolon a commenc par se placer sur la hauteur de Rossomme. Puis, il est all la Belle-Alliance et, enfin, il est descendu dans les alentours de la Haye-Sainte pour mettre en place les bataillons de ce que nous nommons la Moyenne Garde81. Le fait que Foy ne cite pas Rossomme induit Coppens conclure que le gnral Foy confond la Belle-Alliance et la Haye-Sainte : Il faut donc en conclure que Foy dit Belle-Alliance pour Rossomme, et la Haie-Sainte pour la Belle-Alliance. Il a donc d, par suite logique, prendre la Haie-Sainte pour la ferme de MontSaint-Jean, et le carrefour de la route et du chemin creux pour le hameau de Mont-Saint-Jean. Il y a donc un glissement, un dcalage entre la perception de Foy et la situation relle des diffrents points. Et Napolon a fait la mme erreur. Et Drouot aussi. Et Gourgaud. Et probablement aussi toute larme franaise. Il y a une explication toute cette confusion. Attention, le lecteur naurait-il que cela lire, il ne peut manquer lexplication de Coppens : Mais pourquoi Foy et Napolon auraient-ils pris la Haie-Sainte pour la ferme de Mont-Saint-Jean ? Retournons la carte chorographique de Ferraris, et celle de Capitaine, les deux cartes
En fait, dans ltat actuel de nos recherches, nous croyons pouvoir dire que Napolon a occup cinq positions sur le terrain, sans quil nous soit possible de dire avec certitude quelle heure et pour combien de temps.
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dont dispose ltat-major franais. Toutes deux montrent la route de Bruxelles passant derrire la ferme de Mont-Saint-Jean ( lest), alors quen ralit elle passait devant, louest. Il en tait ainsi au moment de la bataille, comme le montre le plan de Craan, tabli en 1816. Il en tait galement ainsi en 1771, au moment de la leve de la carte de Ferraris, comme on le voit sur lexemplaire manuscrit, appel Carte de cabinet. Mais on voit quun sentier, bord de haies, contournait la ferme. Cest cette haie qui soulignait le sentier, qui aura induit en erreur le graveur de la carte chorographique, et lui a fait dessiner la route lest de la ferme. Et quand Capitaine a copi la carte chorographique de Ferraris, il a copi lerreur. Et cette erreur pourrait expliquer le fait que Foy et Napolon ont pris la ferme de la Haie-Sainte pour celle de Mont-Saint-Jean. Soyons bien clair : la carte manuscrite de Ferraris montre bien la chausse passant louest de la ferme. La carte chorographique la montre bien passant lest. Une petite image valant mieux quune longue explication, voici deux illustrations de cet tat de fait.

Figure 11 : Dtail de la feuille 78 de la carte de cabinet de Ferraris

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Figure 12 : Dtail de la feuille XIII de la carte chorographique des Pays-Bas de Ferraris

Il est difficile de dire exactement quoi est due cette diffrence. Le plus vraisemblable est que Ferraris, lorsquil dessinait la carte de cabinet, travaillait pour lavenir . C'est--dire que la carte de cabinet, une fois dessine ( la main), ntait pas destine tre reproduite priodiquement. Le cartographe a donc tenu compte des projets de construction annoncs par ladministration bruxelloise pour un avenir proche. Or, prcisment, cette poque, il tait question de rectifier la chausse. Ces travaux eurent lieu vers 1776. Le relev des lves de lcole de Malines est donc exact et le trac de la chausse a t modifi par aprs. Jacques Logie crit ce propos : Les btiments furent transforms et agrandis en 1776-1778 par lOrdre de Malte () On modifia le trac de la chausse de Bruxelles mais la porte qui donnait sur lancienne route lest de la ferme existe toujours au fond de la cour. 82. Le graveur de la carte chorographique navait pas la mme proccupation : la carte soumise au public tait destine tre rdite

Jacques Logie Waterloo, lvitable dfaite, Paris-Gembloux, Duculot, 1984, p. 148 Jacques Logie Napolon, la dernire bataille nen souffle pas un mot.
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priodiquement avec les modifications subies par le terrain dans lintervalle de deux ditions. Veut-on une preuve de tout ceci : voici le dtail dun plan terrier de la seigneurie de Braine-lAlleud excut en 1754 :

Figure 13 : Dtail d'un plan terrier de la seigneurie de Braine-l'Alleud

On voit que lactuelle chausse ntait alors quune picente soit un sentier pdestre qui passait louest de la ferme. Remarquons bien que tout ce que nous disons ici nest l que pour la beaut du geste et linformation du lecteur. Tout cela est inutile la dmonstration En effet, quel que soit lendroit o Napolon a pu se poster sur le champ de bataille, il lui a toujours t impossible dapercevoir la ferme de MontSaint-Jean. Tout au plus, en faisant preuve de la meilleure volont du monde, a-t-il ventuellement pu observer le toit du porche-pigeonnier, mais avec beaucoup de difficult, tenant compte du temps quil faisait.

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Figure 14 : Vue en direction de Mont-Saint-Jean. La tche blanche au centre du clich est l'actuel htel 1815. Un peu au-dessous, on aperoit le pignon de la Haye-Sainte. La ferme de Mont-SaintJean devrait se trouver juste droite du petit bouquet d'arbre. Le clich a t pris du pseudoobservatoire de Napolon, chemin de la Belle Alliance Plancenoit.

En tout tat de cause, mme en faisant cette mince concession, une chose reste absolument certaine : il est impossible dapercevoir la chausse qui passe au pied de la ferme de Mont-Saint-Jean et il est donc impossible de voir si elle passe gauche ou droite de la ferme. Cette discussion est donc totalement inutile et la raison que donne Coppens de l trange erreur de lecture de carte de Napolon tombe delle-mme. Revenons nos enseignes. Coppens crit :

Mais rien ne prouve qu'il y avait une enseigne le 17 juin, ni qu'elle tait bien visible. Nous avons dmontr par la reproduction de quatre documents datant des annes suivant immdiatement la bataille et souvent croqus le lendemain-mme de celle-ci quil y avait bien des enseignes sur le cabaret de la Belle Alliance. Inutile dy revenir : ces documents sont premptoires. Et quand bien mme il y en avait une, rien ne prouve que Napolon y ait prt attention. Par contre, le bulletin de la bataille, 55

le discours de Drouot et le premier rcit de Gourgaud montrent qu'il y a eu erreur de lecture de carte. Nous lavons dit : aucun de ces documents ne prouve quoi que ce soit. Il est quand mme fort trange de les opposer un fait aussi physique que la prsence dune enseigne sur un btiment Par ailleurs, largument selon lequel Napolon ny aurait pas prt attention est singulirement faible. Nous pourrions citer des tudes comportementales qui montrent que le regard dun tre humain sachant lire, lorsquil regarde un paysage, est invariablement attir par un texte crit qui sinscrit dans ce paysage. Les publicitaires et les constructeurs de site web en savent quelque chose. Napolon tait-il construit autrement que les autres hommes ? Nous ne le pensons pas Du reste, rien ne prouve que Napolon Na PAS eu lattention attire par ces panneaux. Ceci dit, chacun croit ce qu'il veut. Mais pour moi, l'histoire se fait d'abord partir des documents, et en premier lieu des documents crits. Si l'on refuse d'en tenir compte, on peut arriver prouver n'importe quoi. Que lon nous pardonne, mais, ici, cest lhpital qui se moque de la charit. Nous prouvons par des documents premptoires quil y avait des enseignes sur la Belle-Alliance et lon vient nous dire que nous ne tenons pas compte des documents Si l'on suivait Monsieur Damiens, on en arriverait croire que les hommes ont toujours un comportement trs rationnel, et que leur attention n'est jamais distraite par rien. Je ne partage pas ce point de vue. Dans la situation o se trouvait Napolon le 17 juin au soir la hauteur de la Belle-Alliance, il n'tait certainement pas au mieux de sa forme, et son attention tait mobilise par ce qui se passait devant lui. En outre, le temps tait excrable. Donc Napolon avait des illres, ne voyait que ce quil avait devant lui, sans soccuper du reste. Et puis, nest-ce pas, lempereur ntait pas au mieux de sa forme Allons donc Bien la peine de venir nous parler du regard daigle, etc. Le temps tait mauvais ? Daccord, mais nous savons aussi que la pluie stait ralentie et que sil ntait pas possible de bien voir ce qui se passait sur la crte du chemin de la Croix, il tait facile de voir et de lire des panneaux situs deux mtres en hauteur.

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Ali et Gourgaud disent tous deux que la nuit approchait, et Drouot que le temps tait affreux. Pluie, vent et pnombre (et quelques boulets de canon), voil des conditions idales pour observer les alentours. Comment peut-on ds lors affirmer que Napolon tait parfaitement fix sur l'identit du lieu ? J'avoue que je suis sidr par cette affirmation... que les textes crits par Napolon viennent dmentir. Soyez sidr, M. Coppens ! Vous ne le serez certainement jamais autant que moi lorsque je lis que Napolon ne savait pas lire une carte Et, dailleurs, o Napolon dit-il quil ntait pas fix sur lendroit o il se trouvait ? Cest vous qui dites quil se trompait Pas lui ! Napolon (quoiqu'en pensent certains) tait un tre humain, et comme tel, il ne voyait que ce qu'il voulait bien voir. Monsieur Damiens nous fait voir dans son texte que lui aussi ne voit que ce qu'il veut bien voir : Et de nous citer : Or nous lisons dans Houssaye : Vers six heures et demie (du soir, le 17 juin), Napolon atteignit avec la tte de colonne les hauteurs de la Belle Alliance La nuit approchait, et presque toute linfanterie se trouvait encore trs en arrire. Lempereur fit cesser le feu. Pendant la canonnade, il tait rest prs de la Belle Alliance, expos aux boulets que le capitaine Mercer, qui lavait reconnu, dirigeait sur ltat-major Donc, 18 h 30, le 17 juin, en plein jour, Napolon est pass devant la Belle Alliance. Il y a peut-tre mme stationn. Mme sil pleuvait, il est impossible quil nait pas aperu les enseignes de la Belle Alliance. Ds lors, ds le 17 au soir, il tait parfaitement fix sur lidentit exacte du lieu et il na pas pu le confondre avec la Haye-Sainte ni avec Rossomme. A moins dadmettre que lempereur ne savait pas lire du tout (Fin de citation) Et Coppens reprend : Houssaye crit : "la nuit approchait", ce qui, pour M. Damiens devient "en plein jour" !...

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Quand on refuse de tenir compte des documents crits...83 On peut bien dire ce que lon veut, mais, mme lorsquil fait trs mauvais, quand le soleil se couche 19.56 hrs, quil y a encore en plus trois-quarts dheure de crpuscule, il faut admettre qu 18.30 hrs, on est encore en plein jour. De nos jours, avec lheure dt, il serait 16.30 hrs. La nuit approchait. Evidemment ! Mme midi, la nuit approche La nuit approche toujours Quand on refuse de tenir compte dlments aussi simplistes que le coucher du soleil Il est vrai que cest une donne quil est impossible de trafiquer. Ajoutons quil est quand mme fort piquant de voir M. Coppens se rfugier derrire Henry Houssaye dont il ne cesse souvent raison, il faut le dire de critiquer le travail. Quant aux allusions peine polies propos de notre prtendu mpris pour les documents crits, nous nous contenterons de dire que le dessinateur quest M. Coppens, qui napporte sa dmonstration quun seul document, tardif et de seconde main, le tmoignage de Foy, sait trop o peut mener une consultation de documents tardifs, fausss ou imaginaires : une argumentation boiteuse et des raisonnements primaires sinon purils. Et nous terminerons en confirmant notre raisonnement simpliste : Le cabaret de la Belle-Alliance portait de trs visibles enseignes. Napolon les a aperues et les a lues. Quand, le 17 juin au dbut de la soire, Napolon quitte la Belle-Alliance pour aller prendre du repos au Caillou, il sait exactement o il est. Si, daventure, il navait pas aperu les enseignes de la Belle-Alliance, les officiers de son entourage nauraient pas manqu de le faire. Et comme nous ne sommes pas rancunier, nous offrons M. Coppens une superbe image : un trs beau lavis de Dennis Dighton excut daprs nature et qui reprsente la Belle Alliance. Cest certain : cest crit dessus, sur le pignon et au-dessus de la porte !...

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