De La Force Publique Aux Fardc: Anatomie D'une Armee Virtuelle Intravertie Et Pervertie 3rd Partie Par Jean-Jacques Wondo

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DE LA FORCE PUBLIQUE AUX FARDC : ANATOMIE DUNE ARMEE VIRTUELLE INTRAVERTIE ET PERVERTIE

IIIme PARTIE 5.3 LAFFAIRE MAHELE et NOTRE THESE : TRAITRE ou BRAVE ?

Nous prfrons consacrer ultrieurement une rflexion entire sur ce thme. Tant le mythe sur le personnage et son assassinat, dans un contexte politico-motionnel, continue susciter des passions et fantasmes discursifs ici et l; et hanter la mmoire collective congolaise, dont les symptmes restent encore perceptibles et non cicatriss ce jour; du fait de lenlisement de la situation scuritaire de la RDC. Nous prendrons le dfi risqu davancer une (hypo)thse personnelle de supercherie ou de pige stratgique savamment orchestr par les services de renseignement tutsi rwandais. En effet, les services rwandais, par linfiltration subtile du rseau des communications des FAZ et profitant de la guerre des gnraux, qui avait atteint son paroxysme en 1997, ont russi semer le doute auprs des adversaires de Mahele et amener quasi toute la haute hirarchie militaire zaroise croire sa haute trahison. Ce qui a permis la commission de la forfaiture dont il a t victime laube du 17 mai 1997. Pour tenter dtayer notre thse (rfutable videmment), nous allons confronter les diffrentes prises de position mises ce sujet par des recoupements effectus au dpart des faits, tmoignages, crits, dclarations des tmoins directs et indirects de cette affaire; mais aussi en analysant le modus operandi de larme rwandaise. Notre objectif dans cette prilleuse qute de comprendre comment en est-on arriv l, nest pas de blanchir le Gnral Mahele, mais de proposer une relecture non motionnelle de LAffaire Mahele en replaant les faits, les prises de positions dans le contexte et les interactions politico-militaires de lpoque. Certes, le gnral Mahele, comme la plupart des gnraux de Mobutu, a aussi t contamin dans une certaine mesure par le syndrme daffairisme qui a svi au sein des FAZ. Mais contrairement certaines accusations non fondes, notamment le tmoignage du gnral Likulia, (repris par TSHILOMBO MUNYENGAYI, assistant la facult de Droit lUnikin (donc collgue du gnral Likulia et tir du quotidien Le Potentiel et post sur le web le 10 juillet 2005), portes en son encontre, il nous semble malheureusement facile de cracher sur les morts car ne sachant plus se dfendre. Et c'est de bonne guerre, surtout au sein des FAZ. Il nous semblait ds lors essentiel de vouloir clairer lopinion en tentant de trouver des explications plausibles sur cet assassinat. Car il nous paraissait trs facile de porter la responsabilit de la mort du gnral Mahele sur un simple soldat, adjudant de la DSP, qui plus est un sous-officier cens excuter un ordre dun suprieur et non appel prendre une initiative personnelle dabattre un gnral. Ce qui nous a sembl nbuleux dans cette affaire est le fait que presque tous les gnraux, quelques exceptions prs, ont facilement et sans discernement cri la tratrise de Mahele. En ralit, Mahele qui faisait de plus en plus ombrage certains gnraux, bien avant mme lpope de lAFDL, devenait encombrant et une cible neutraliser pour permettre une caste dofficiers gnraux de poursuivre leur entreprise malfique et anti-rpublicaine initie depuis les annes 1970. Or son assassinat, malgr certains faits ports sa charge dans sa conduite des oprations contre lAFDL, ntait que la conclusion logique de la mise en action dun plan de son limination sohaite par ses adversaires au sein des FAZ depuis le dbut des annes 90. Ces derniers nont jamais apprci ses remarquables prestations tant sur le plan militaire que sur le plan politique : Sa victoire au Rwanda contre lAPR en 1990 ; sa brillante prestation la Confrence Nationale Souveraine (CNS), grce un remarquable discours visionnaire de politique gnrale de la dfense et, son action courageuse pour mettre fin aux pillages de 1991 et 1993 au moment o les gnraux se sont terrs dans leurs habitations bunkers. Paradoxalement et curieusement la fois, face la loi de lomerta entretenue autour de ce mystrieux assassinat sur lidentit du vrai commanditaire de cet acte, nous sommes en droit dtre persuad quil y a une main suprieure derrire le coup fatal, en apparence isol, de lAdjudant Fwani. Il est suspicieux de

constater quaucun gnral ne sest manifest pour revendiquer la responsabilit de la dcision ou de lordre de lexcuter. Or cet ordre, compte tenu des lieux et des circonstances de son assassinat, ne pouvait selon nous que logiquement provenir des personnes censes avoir autorit politique ou militaire sur les soldats de la DSP prsents sur le lieu de lassassinat au Camp Tshatshi. Or au travers du tmoignage du feu Gnral WEZAGO, lunique chef de la DSP prsent sur le lieu de la forfaiture, corrobor par dautres tmoignages; tant donn que le gnral NZIMBI se trouvait dj en ce moment en fuite vers Brazza. On peut croire (avec quelques rserves) que ce nest pas le gnral NZIMBI, encore moins le feu capitaine KONGULU Mobutu (Ici encore, des personnes proches de Saddam comme Martin MPASE ou Baya WA ZA BANGA peuvent davantage nous clairer); ni le gnral WEZAGO (qui stait vainement dbattu seul contre les soldats chauds de la DSP, comme Pilate face Jsus, pour pargner au Tigre la vie), qui seraient, selon ma thse, derrire cet assassinat. Cest ailleurs quil faudrait sans doute rechercher les commanditaires de cet assassinat; notamment dans la guerre finale de succession Mobutu que certains gnraux, politiquement et militairement omnipotents de lpoque, se sont livr entreux. La victoire contre des potentiels adversaires ne pouvait se faire que dans le sang, comme cela a toujours t le cas depuis les annes 1970. Et surtout que pour certains, le moment de goter au gteau du pouvoir suprme tait la porte des mains; dautant que par llimination du TIGRE, la voie royale leur serait grandement ouverte. Par ailleurs et revenant sur MAHELE, plac la tte de lEtat-major du SARM en 1987, tel un observatoire, ayant une vue panoramique sur les FAZ, le Colonel MAHELE sera cur par ce quil observe. L'arme est dirige et domine par des chefs irresponsables et des inconscients appartenant pour la majorit la tribu du Chef de l'Etat. Scandaleusement choys, ils ont particulirement investi les deux units les mieux soignes des FAZ: la DSP et la Garde Civile. Le scandale est d'autant plus flagrant que les officiers comptents et forms sont pendant ce temps, astreints l'errance. Profondment du et dsabus, le Colonel Mahele n'aura pas le temps de tirer les conclusions de ses observations. Car un cri de dtresse en provenance du Rwanda l'obligera de se mettre, toutes affaires cessantes la disposition du gouvernement de ce pays qui, devant faire face aux assauts rpts de sa rbellion organise au sein du Front Patriotique Rwandais (FPR) a sollicit l'intervention du Marchal Mobutu. (Tosi Mpanu-Mpanu - Coeur d'Afrique ). En effet, en 1990, L'APR (LArme Patriotique Rwandaise, une arme monoethnique tutsie) commena ses assauts contre le rgime de Kigali. Dpass par les vnements, le Prsident Habyarimana demanda l'aide de son grand-frre et ami le Marchal Mobutu. Ce qui se fit en octobre 1990. Mobutu dpcha un contingent issu de la branche Action du SARM (Service d'Action et de Renseignement Militaires) et des lments issus de la 31me Brigade des troupes aroportes du camp CETA, rpute pour sa discipline et sa combativit, sous le commandement du Gnral Mahele, assist par ses deux adjoints, les Rangers EBAMBA et EKETE. Ce contingent russira mettre en droute les combattants de lAPR (branche arme du FPR) et les repousser en de de la frontire rwandaise. C'est au cours de ces affrontements que le Gnral-major Fred RWIGEMA, le grand chef militaire l'APR trouvera la mort. Son adjoint, un certain Paul KAGAME, prendra la direction de ce mouvement politico-militaire. Ce fait darmes du gnral MAHELE constitue un autre indice qui, selon moi, montrerait que P. Kagame naurait jamais souhait voir Mahele prendre la tte de larme, aux cts de Kabila, la chute de Mobutu. En effet, Kagame ntait pas encore prt oublier le revers subi par lAPR contre les troupes de Mahele en 1990 alors que le FPR sapprochait inexorablement vers Kigali. La campagne rwandaise de Mahele et ses troupes prendra officiellement fin lorsque, Kinshasa, la confrence nationale souveraine qui se runissait depuis quelques mois, avait exig le retour de ses militaires au pays. (Tosi Mpanu-Mpanu - Coeur d'Afrique). Sur base des lments brivement sus-voqus, jtayerai un jour cette (hypo)thse de lassassinat du gnral Mahele comme tant la rsultante dune conjonction opportuniste dintrts subjectifs dont les consquences ne pourraient que satisfaire ceux qui redoutaient de ctoyer le Tigre dans leurs plans respectifs de contrle de la RDC aprs le 17 mai 1997 : Les gnraux Zarois (notamment le gnral LIKULIA qui se considrait dj, grce lappui ventuel quil esprait obtenir des franais, le digne successeur de MOBUTU pour des sales besognes et loyaux services lui rendus depuis les annes 1970 ;

Le Rwanda, en singulier P. Kagame, pour avoir subi la sagacit militaire du Tigre en 1990 et videmment last but not least, LD Kabila qui aurait eu sans doute du mal grer sa guise et comme il la fait entre 1997 et 2001, la RDC aux cts dun MAHELE dont on connaissait la vision et lengagement pour lmergence dune arme rpublicaine.

Cest derrire ces trois axes que je mefforcerai un jour de dvelopper cette (hypo)thse relative lassassinat du gnral Mahele. Cest tout ce que je peux en dire pour linstant, esprant que jaurai ultrieurement lopportunit dtayer cette thse sur la toile. Jinvite la mme occasion, pour motif de devoir de lhistoire, des tmoins et protagonistes de cette affaire ne pas se terrer dans le mutisme. En effet, lHistoire doit rtablir la vrit de cette affaire et en mme temps rhabiliter, sil le faut, la mmoire de ce vaillant fils du pays. Ses grands pchs, comme ceux dautres braves militaires sacrifis, taient sa vision de croire aux valeurs rpublicaines de larme, sa loyaut, son habilit tactique dans le combat, son amour pour la patrie et sa non appartenance lethnie Gbandi; ainsi que sa clairvoyance de lire les signes des temps depuis la CNS et duvrer en ce sens. Ce, au moment o les FAZ taient diriges par une bande dirresponsables et quelles taient en mme temps et de toute faon infiltres de toutes parts. 5.4 LA VALSE DEPURATIONS DES OFFICIERS AU SEIN DES FAZ.

Durant les annes 70 et aprs les revers subis suite aux deux guerres de Shaba, Mobutu, le btisseur des FAZ, commenait peu peu redouter pour son pouvoir. Ds lors, ses inquitudes se sont particulirement tournes vers les jeunes officiers quil avait, lui-mme, forms dans les grandes acadmies militaires du monde. Une vritable chasse aux sorcires fut engage. Les officiers originaires des deux Kasa, du Shaba (Katanga) et du Bandundu constituaient la plus grande cible. En effet, les prmisses de la vraie mise mort des FAZ remontent en ralit des annes 70 par la guerre des clans et la monte en puissance dun groupe tribalo maffieux au sein des forces armes (Genral Clestin Ilunga Shamanga, 1998). Cest prcisment l que rsident les premires consquences de la dsorganisation qui a affaibli les FAZ : la guerre de succession que se livraient les gnraux successivement promus a eu pour consquence douvrir la porte au clanisme, au tribalisme, au rgionalise, laffairisme sans vergogne et au clientlisme. Cette guerre des clans a t double dun travail dpurement systmatique au sein des FAZ, dabord avec la mise lcart de quelques officiers accuss de conspiration contre le chef dEtat lors dun procs du coup dEtat manqu de 1975, qui vit des officiers comme le Major MPIKA (actuellement en exil aux USA), le colonel Raymond OMBA Pene Djunga (actuellement snateur AMP), le gnral KATSUVA wa Katsuvira (actuellement la Police Nationale Congolaise) tre dtenus, puis relgus dans leurs villages pour tre carts dfinitivement des FAZ. Le coup du sicle ou le Procs du Sicle et en mme temps le grand gchis sera la neutralisation dun bon nombre dofficiers forms dans les grandes coles euroamricaines, accuss davoir foment en coup dEtat en 1978, lors du procs des terroristes , quon a aussi appel KALUME, PANUBULE, KALONDA, TSHIUNZA, KUDIAKUBANZA, MATANDA et consorts . Cest autour de ces deux tristes vnements, constituant selon moi le tournant du dclin des FAZ, que jai voulu particulirement mattarder car ils sont suffisamment loquents pour illustrer ltat desprit dans lequel le rgime mobutiste (Mobutu et tous ses proches collaborateurs) a dirig le pays. 5.4.1 LAffaire du coup dEtat manqu ou des conspirateurs : 1975

Le 11 juin 1975 Les gnraux Daniel KATSUVA wa Katsuvira1, Chef dtat-major de la Force terrestre et UTSHUDI Wembolenga, Commandant de la 2me rgion militaire Kalemie; FALLU Sumbu, Attach militaire du Zare Washington (rappel par ltat-major gnral des FAZ sous prtexte que dtre nomm Commandant de la 5me Groupement ya F.A.Z Lubumbashi ; il fut arrt sa descente davion laroport de Ndjili); les Colonels MUDIAYI wa Mudiayi, Attach militaire du Zare Paris ; MUENDO Tiaka, Attach militaire du Zare Bruxelles ; Raymond OMBA Pene Djunga, Secrtaire particulier du Chef de lEtat et Prsident de la
1 Premier Chef Etat-Major de la Force Terrestre sous Mobutu, il occupa aprs le 17 mai 1997 les fonctions de chef dEtat-Major gnral des FAC puis de linspecteur gnral de la Police Nationale avant de cder sa place au tout-puissant John NUMBI.

Rpublique, les Majors MPIKA Ntoya, Commandant du bataillon paracommandos charg de la protection rapproche du Chef de lEtat, BULA Butupu Bakajika et le lieutenant KABAMBA... furent arrts et poursuivis sur base des prventions suivantes :
Complot et tentative dassassinat et dlimination physique du Chef de lEtat et Prsident de la Rpublique, Haute trahison, Association des malfaiteurs, Incitation des militaires commettre des actes contraires la discipline et au devoir militaires Violations graves des secrets de la dfense militaire.

La Commission rvolutionnaire charge denquter sur cette affaire tait compose des Gnraux : SINGA Boyenge Mosambay, Chef dtat-major de la Gendarmerie nationale et Prsident de la Commission; MOLONGYA Mayikusa Moyi Bongenye, Directeur gnral du Dpartement de la Dfense nationale; LIKULIA Bolongo Lingbangi, Auditeur gnral des Forces Armes Zaroises; BABIA Zanghi Malobia, Chef dtat-major gnral adjoint des F.A.Z. ; BOLOZI Gbudu Tanikpama, Chef de Renseignement ya Gendarmerie nationale (B2). La particularit des membres de cette Commission tait dappartenir presque tous la rgion de lEquateur. Likulia tant originaire de la rgion du Haut-Zare ; une rgion gopolitiquement allie lpoque celle de lEquateur. Dans leurs conclusions, la Commission denqute a dcid de dfrer les prvenus devant le Conseil de Guerre de la ville Kinshasa, prsid par le Gnral MASIALA Kinkelo Kulu Kangala, Chancelier des Ordres nationaux et des compagnons de la rvolution. Ce procs fut connu sous le nom de procs des conspirateurs ou du coup dEtat manqu . Lors du procs, il sera reproch au major MPIKA, rangers form West-Point et Fort Leaveworth, dtre charg dassassiner le Prsident Mobutu par tranglement durant son sommeil. Auparavant, lAdjudant SHABA, aide de camp du Gnral KATSUVA, devait forcer la porte de la chambre du prsident selon soit disant un scenario crit par le Major MPIKA dans la cadre de son travail de fin dtudes Fort Leaveworth aux Etats-Unis et expos devant les Gnraux impliqus dans le procs. Ce mmoire sintitulerait : Comment prparer et faire un coup dEtat pour renverser le rgime en place au Zare?. Le Colonel Omba pene Djunga leur aurait fourni les dtails ncessaires sur lemploi du temps du Prsident. Il ne leur restait plus qu passer lacte, selon le rcit des faits de lacte daccusation. En ralit, cette cabale ntait taye par aucune preuve car laccusation tait incapable dapporter des lments de preuve charge contre les prvenus. Au contraire, au moment de son arrestation, le Major MPIKA a t forc par la Commission rvolutionnaire dcrire un mmoire dont le sujet serait : Comment prparer et faire un coup dEtat pour renverser le rgime en place au Zaire ? Il refusa de le faire et durant son arrestation, il a rassur militaire les enquteurs quil tait impossible de raliser un coup dEtat au Zare cause de la vigilance tous azimuts du M.P.R. (un refus intelligent). Et pourtant, le vrai mmoire du major MPIKA sintitulait : En cas de conflit militaire entre l'U.R.S.S. et la Chine Populaire, quelle sera la position des Etats-Unis ? . Il ny avait l donc aucun rapport avec un quelconque coup dEtat au Zare. Ils seront tous condamns une triple peine capitale, commue la prison vie, puis relgus dans leurs villages aprs avoir t dtenus dans des prisons souterraines pour certains ou Angenga pour dautres, suite de fortes pressions diplomatiques, notamment des Etats-Unis. Ils seront tous renvoys des FAZ et verront tous leurs biens confisqus, lexception du colonel OMBA. Sagissant de ce dernier, me confiait lors dun sjour Londres le Colonel Codo (lire commando) Bernard KAMBALA Kamudiabi, ancien instructeur commando la DSP : La perversion machiavlique de MOBUTU tait telle que pour arrter le colonel OMBA et lui ter ses galons, Mobutu lavait charg de le faire; lui qui tait le subalterne direct du colonel OMBA et bnficiait de sa part dun traitement quivalent celui dun pre envers son fils. Le colonel KAMBALA mavoua que ce fut lun des jours les plus horribles de sa carrire dofficier. Dautant que lorsquil excutait lordre du Lopard , il tait intimement convaincu de linnocence de son chef direct. Le colonel KAMBALA ma racont cet extrait de sa carrire, environ 35 ans aprs sa survenance avec une motion telle que lon croirait que les faits staient drouls rcemment !

Notons que le Colonel Omba Pene Djunga2, aujourdhui Snateur issu de lex-AMP, soucieux de voir son honneur lav, a saisi la Haute Cour Militaire de Kinshasa. Un procs actuellement en cours daudience. En effet, cette dmarche du Snateur Omba, une premire jurisprudence dans les arcanes de notre justice, vise laver son honneur dans cette affaire de coup mont et manqu contre feu le prsident Mobutu. 5.4.2 LAffaire des Terroristes ou Kalume : 1978

En fvrier 1978, une vague d'arrestations des officiers est opre Kinshasa et dans les garnisons de l'intrieur du pays. La majorit des prvenus avaient la particularit commune dtre forms l'Ecole Royale Militaire belge. Et comme ctait souvent le motif lpoque, ils taient accuss datteinte la sret intrieure de l'tat en connivence avec la Belgique . Parmi les prvenus se trouve le Major KALUME Kahamba, collgue et ami de promotion lERM de lancien prsident burundais Jean-Baptiste BAGAZA, prsent comme tant le cerveau du complot. Notons quil tait lpoque le Secrtaire particulier du Gnral LIKULIA, Auditeur gnral dans cette mme affaire. Le major Kalume fut condamn mort et excut avec tous ses compagnons d'armes, au total 17 officiers, l'exception d'une femme Adjudant-chef Brigitte KISONGA (la sur dAlbert Kisonga, ex-ambassadeur de LD Kabila Bruxelles), verra sa peine de mort commue en dtention perptuit cause de son tat de femme, puis gracie. Les familles des victimes furent empches d'organiser le deuil. Tous leurs biens furent saisis. Certains chefs militaires s'approprirent cyniquement leurs maisons et jetrent sans compassion les familles des dfunts dehors. La veuve KALUME sera garde en rsidence surveille jusquaprs la mort de son mari. Elle connut par la suite une forte dpression et frla la folie. Depuis son exil Bruxelles, la veuve du lieutenant-colonel Ir KALONDA, que nous avons longtemps ctoye durant les annes 1990, connut quasiment le mme sort que sa consur dinfortune veuve Kalume et ne sen est jamais remise. Certains de leurs enfants ont dvelopp, peut-tre vie, des squelles posttraumatiques suite cet pisode noire des FAZ. Et, comme il ny a plus grand supplice que les supplices moraux, voici ceux que de subir le fils TSHUNZA, n deux mois aprs lassassinat de son pre : Le petit TSHUNZA, qui sa mre avait cach la mort traumatisante de son pre, crit Monseigneur Monsegwo, le Prsident de la Confrence Nationale et Souveraine ce qui suit : De jour en jour, danne en anne, jattendais le
retour de ce Monsieur Mon Papa, pour qui, en regardant ses photos, javais une fiert et une grande admiration. Ce
2 N Katako-Kombe (Sankuru) le 8 avril 1938, il sera recrut en 1960 au sein de la Force Publique pour aller suivre une formation dofficier lERM en Belgique. Rentr au pays en 1965, il sera affect au cabinet de l'auditeur gnral de l'Arme, le Colonel Belge Van Halleweyn. Ce dernier le proposera comme premier secrtaire du cabinet du nouveau Prsident Mobutu, le 26 novembre 1965, deux jours aprs le coup d'Etat. En 1969, le nouvel administrateur gnral de la Sret, le Colonel Efomi, obtiendra son dtachement ses services pour leur rorganisation. Son travail la Centrale de l'Intelligence (notre ex-CIA), dit-il, ne lui voudra pas que des flicitations de ses suprieurs, mais bien plus des inimitis, des accusations mensongres, jusqu' cette bourde, qu' ce poste, il prparait sournoisement la vengeance de la mort de mon frre Atetela, Patrice Emery Lumumba ! Le Prsident Mobutu le convoquera alors pour l'entendre dire : "je suis content de ton travail mais comme tu fais l'objet de trop d'accusations, je voudrais te protger en te rappelant prs de moi, o tu poursuivras les mmes activits sous la couverture de secrtaire particulier !" Bien mieux, en plus de ces attributions, il devait organiser des recrutements travers des garnisons, pour une formation spciale des gardes-du-corps de Mobutu, dont il deviendrait le Chef ! Mais curieusement, au terme de leur formation, il dit ne pas tre associ ni la conception, ni l'organisation de leur prestation de serment. C'est ainsi quil dclare : j'ai t confus au moment de l'engagement verser mon sang pour la protection du Chef de l'Etat et la prise et l'change de sang qui s'en suivait! . En janvier 1975, la revue "Horoscope" indiquait qu'une voyante rpute avait prvu au cours du mois de juin, une passe sanglante pour le Chef de l'Etat. Ce numro prvenait l'Afrique noire du danger que prsentait pour notre pays, l'arrive du nouvel ambassadeur amricain, tombeur du prsident Allende du Chili. Comment conjurer ce dangereux vnement ? Les amateurs de livres sotriques savent combien la magie noire est vampirique et exigeante en vies humaines. Il faut constamment d'agneaux (hommes videmment sacrifier) ses adeptes pour la prennit de leurs vies et de leurs entreprises. D'o le montage du coup mont, manqu qui s'est sold, l'aube du 1er septembre 1975, par sept condamnations mort, Omba y compris ! Tout cela, dclara le colonel Omba : parce que le Gnral Fallu, cerveau prsum du coup, s'tait entretenu fortuitement avec moi lui qui entretenait des relations avec l'encombrant ambassadeur amricain ! L'ambassadeur amricain sera expuls la suite de la dcouverte de ce soi-disant complot, mais son excution n'interviendra pas, tant qu'on n'aura pas prouv explicitement l'implication amricaine dans le coup... Jusqu' l'ordonnance de grce prise l'occasion du 49me anniversaire du Chef de l'Etat, aprs quatre ans et demi passs dans la fameuse prison de l'OUA, dans une cellule de 1m de largeur et 2m de longueur et 2m50 de hauteur, sans lit ni table et chaise !

Vaillant militaire de la grande force Arme Zaroise qui reviendrait un jour, dis-je mes copains du collge, et sera dcor comme les vaillants militaires. Ce jour-l est venu o Mon papa est revenu, Monsieur, par la bouche de lenfant dun haut Dignitaire (comme ils sont surnomms) de notre pays, jai cit le fils LOPONDA. Ce jour-l, je commentais pour un ami la punition quon venait dinfliger lenfant LOMPONDA. Ce dernier ayant appris cela, ma abord assez brusquement aux sorties des toilettes en me disant exactement ceci, je cite : H ! cest toi qui raconte que jai t puni pour avoir amen le journal Paris-match, tu veux que je te frappe maintenant, fait bien attention petit. Dailleurs, cest toi quon appelle TSHUNZA. Je lui rponds : Oui. Il me dit : Ton pre tait un assassin, il a failli tuer MOBUTU, cest pourquoi il la fait tuer. (Actes du CNS, 1992).

5.4.2.1 Le film des vnements : Selon un recoupement des plusieurs sources officielles, directes ou indirectes, et des tmoins de lpoque, (Henri Hockins Kadiebwe, Emmanuel Kandolo , Actes de la CNS, : Un groupe dopposants en exil avait pris contact avec un autre groupe dOfficiers rsidant au Zare, par lintermdiaire dhommes politiques qui, sous couvert daffaires, faisaient la liaison entre les deux. Les exils taient regroups au sein dun parti politique dopposition au rgime de MOBUTU : le MARC (Mouvement dAction pour la Rsurrection du Congo) la tte duquel se trouvaient Monsieur MONGUYA (Prsident), Pierre KANYONGA (Secrtaire Gnral) et KALONGA. (Actes de la CNS 1992) Le Major Charles KALUME Kahamba, brevet de lERM et licenci en criminologie, comme lauteur de cette rflexion, tait lpoque inspecteur des services pnitentiaires des F.A.Z. Il tait en plus le seul officierlve africain qui a reu lpe du Roi 3. Lors dune mission de service en Europe en 1976, il aurait rencontr les membres du mouvement de lopposition MARC dont Daniel MONGUYA tait le prsident. Le MARC fut connu grce au journal mensuel Miso Gaa dit depuis Bruxelles sous les plumes de Pierre KANYONGA et de Jean-Alidort KALONGA dit Ali (Actuellement collaborateur au sein de Congoindependant.com). La liaison avec ces opposants aurait t assure par MATANDA, Dput et homme daffaire, BOURYABA, homme daffaires, KUDIA KUBANZA, ancien Auditeur Gnral et Directeur Administratif et Financier de MATANDA et par MAKANI, homme de main de MONGUYA. Ces personnes taient tous ressortissants du Kwilu (Bandundu). Elles serviraient de relais et de bailleurs de fonds aux militaires. Interrog au sujet de lexistence du MARC, Matre KANYONGA a confirm que ce parti avait t cr en clandestinit Kinshasa, le 24 juillet 1974, par lui-mme, son frre Pierre KANYONGA, KUDIAKUBANZA et RUDAHINGWA. (Actes de la CNS 92). En 1978, une nouvelle mission amnera Charles Kalume en compagnie du Gnral LIKULIA Bolongo, auditeur militaire gnral des F.A.Z, en Argentine. Lors dune escale Paris, le Major Kalume Kahamba sentretiendra avec les membres du MARC : Kanyonga et Kadiebwe. Arriv Buenos Aires avec la dlgation conduite par Likulia, KALUME appellera une nouvelle fois ses deux interlocuteurs pour fixer un rendez-vous lors de son escale Paris pour se rencontrer de nouveau Bruxelles. De retour dArgentine et une fois Bruxelles, il a demand rencontrer l'opposant Monguya, Prsident du MARC. Kalume, Kanyonga et Kadiebwe iront rencontrer Monguya Lige. Ensemble avec ce dernier, ils visiteront la Fabrique Nationale (FN), l'usine belge qui fabrique les armes Herstal, prs de Lige. Kalume, comme tout officier gendarme form lERM et lEcole Royale de Gendarmerie, connaissait bien cette usine. A la FN, on a offert un cadeau au gnral LIKULIA par l'intermdiaire du major KALUME : une mitraillette lunette. Le Major sera interpell par la suite par la douane franaise la frontire franco-belge, puis arrt laroport de Roissy Charles de Gaulle. Cest lintervention du gnral LIKULIA en tant que propritaire du cadeau empoisonn et son suprieur hirarchique qui le tirera daffaires car il a reconnu que l'arme lui appartenait. Les services de renseignement gnraux franais en informeront les autorits franaises, qui leur tour signaleront lincident leurs homologues zarois. A son retour Kinshasa en dbut fvrier 1978, le major KALUME sera arrt en mi fvrier

3 LEpe du Roi est la plus prestigieuse rcompense dcerne lofficier-lve de lEcole Royale Militaire qui a t le plus mritant durant les deux ou trois premires annes dtude.

avec dautres officiers, pour la plupart des ERM-istes4 : Colonel BIAMWENZE, le Colonel MWEPU, le Lieutenant colonel MWEHU, le Lieutenant colonel TSHUNZA, le Lieutenant colonel Ir. KALONDA, le Major PANUBULE et le Capitaine FUNDI. Lors du procs, dclare Mr. Kadiebwe : nous nous sommes tous retrouvs sur la liste des complices de Kalume. Mais
trois jeunes officiers dont Kalonda ont t tus pour rien ; leurs noms se sont retrouvs dans l'agenda de Kalume pour des raisons autres que cette affaire. Le colonel Kalonda tait juste le parrain de l'un des enfants de Kalume. En effet, son

agenda o taient transcrits tous les noms de ses contacts rencontrs Bruxelles et Paris et ses camarades darmes au pays sera utilis comme pice conviction sa charge. Au total, 78 personnes seront poursuivies dans ce que lon nomma procs des terroristes. (Traduit de lingala dun extrait dEntretien avec Emmanuel Kandolo,
13 December, 2009)

5.4.2.2

Les services fonctionnent plein rgime Bruxelles entre 1976 et 1979

Parlant de lintensit des activits clandestines des services de renseignement de lantenne de Bruxelles, il est relever quentre 1976 et 1979, indices ou simple concidence, cest Monsieur Honor NGBANDA Ko ATUMBA qui en fut leur tout-puissant responsable. En effet, en 1976, Mr. Honor Ngbanda reut son accrditation de diplomate en qualit de Premier Conseiller dambassade et fut dsign chef d'antenne de la scurit l'ambassade du Zare Bruxelles. Par responsable de scurit et chef dantenne de Bruxelles, il faut entendre, responsable charg de renseignement et despionnage pour le compte de lambassade du Zare Bruxelles. Il fut en mme temps responsable du Centre culturel zarois Bruxelles, plac sous tutelle du dpartement (ministre) de lenseignement suprieur. Une diversion pour couvrir ses missions de renseignements, mais aussi pour surveiller de nombreux tudiants boursiers de lEtat zarois et dautres tudiants proches des milieux de lopposition dans une poque o les relations entre le Zare et son ancienne mtropole commenaient se brouiller peu peu. De son poste Bruxelles, il aura entre autre comme mission de dresser rgulirement une liste des Congolais suspects, c'est--dire les opposants au rgime de Mobutu, et donc, des cibles potentielles anantir. Les tudiants et les militaires en mission seront particulirement viss. Le Zare souponnant la Belgique de soutenir lopposition tablie Bruxelles. Son chef direct de lpoque fut SETI Yale. Mr. NGBANDA restera ce poste jusquen 1979, anne o la Belgique la dclar Persona non grata pour une sordide affaire de trafic illicite de stupfiants5. Durant ces deux sjours en Belgique en 1976 et en 1978, KALUME ne pouvait se douter du pige qui lui a t tendu. Son sjour, ses dplacements et toutes ses activits en Belgique taient suivis de prs par lantenne de scurit de lambassade du Zare Bruxelles . (Traduit du lingala dun extrait dEntretien publi sur le net avec
Emmanuel Kandolo, 13 December, 2009).

Dans un entretien recueilli par recueillis par Tshimakinda Gervais, Mr Kadiebwe dclarait : A cette poque, on
achetait les gens . C'tait une corruption grande chelle. Beaucoup d'tudiants non boursiers faisaient partie des rseaux de renseignement. C'est de cette faon que ces mouchards arrondissaient leurs fins de mois. Il y en a qui ne s'en cachaient mme pas. J'en ai connu beaucoup mais je prfre taire les noms . Il poursuivait en ces termes : Je me souviens avoir rencontr, cette mme anne 1978 Paris l'htel Carlton, le gnral LIKULIA, leur chef de mission; il avait le livre de Jules Chom (L'ascension de Mobutu : du sergent Joseph-Dsir au gnral Sese Seko) interdit au Zare. J'ai compris aprs que Kalume et ses compagnons taient pigs. Il faut dire que les services fonctionnaient plein rgime cette poque entre 1977 1979 Bruxelles . http://congodebout.blog.mongenie.com/index/p/2007/02/index.php?idblogp=148788

4 Cest ainsi que lon nommait les officiers sortis de lERM. EFO-istes pour les officiers sortis de lEFO-Kananga ; Saint-Cyriens pour ceux ayant t forms Saint-Cyr en France
5 En effet, Selon les declarations de Dungia, Mr. NGBANDA se faisait livrer du cannabis dans des malles sur lesquelles taient inscrites Prsidence de la Rpublique comme service expditeur. Ces malles taient censes contenir des uniformes et des brochures d'ducation politique pour la jeunesse du Parti unique (JMPR). Ces malles arrivaient dans les soutes des avions Hercule C130 des Forces ariennes zaroises.

5.4.2.3 La procdure pnale de l Affaire Kalume


Le 17 fvrier, alors quil assistait une messe des suffrages en commmoration du 40me jour de la mort du capitaine MPIANA, le Major KALUME sera arrt en mme temps que plusieurs de ses collgues jeunes officiers. La plupart des personnes apprhendes par la suite lont t partir de ses dnonciations. Au total, il y avait 91 personnes poursuivies dans cette affaire. Il avait commenc par donner les noms des personnes rencontres dans la journe, et puis de celles figurant sur la liste de collecte pour le deuil du feu MPIANA, liste que dtenait le Lieutenant Colonel KALONDA. Chose trange, les officiers de lEquateur et du Haut-Zare ne furent pas inquits, bien quils aient particip la collecte. Les inculps furent dferrs devant une Commission denqute compose des Gnraux BABIA, SINGA, LIKULIA, du colonel BOLOZI et de SETI et qui menait ses interrogations au pavillon 10 de la cit de lOUA. Les perquisitions furent faites aux domiciles des terroristes (tels quils taient qualifis) pour y trouver dautres preuves matrielles. Une liste du gouvernement et un plan dattaque du Mont Ngaliema (Rsidence officielle de la Prsidence de la Rpublique) auraient t dcouvert dans le matriel du major PANUBULE, absent de son domicile. Hormis KALUME, BIAMWENGA, PANUBULE et TSHUNZA, tous les autres suspects taient dtenus dans la prison souterraine de lOUA II. Il leur est reproch davoir voulu, par le terrorisme urbain, crer un climat de terreur dans la ville de Kinshasa, en vue de pousser le Gnral MOBUTU donner sa dmission. Le groupe dOfficiers tait dirig par le Major KALUME lequel aurait reu largent de la part de MONGUYA pour le recrutement dautres lments militaires et lexcution du plan de dstabilisation Kinshasa. Plan qui aurait consist crer la terreur par le plastiquage du barrage dInga, du pipe-line et des difices publics. Du 08 au 16 mars, ils sont traduits devant le Conseil de guerre de la ville de Kinshasa pour les motifs suivants : 01. Le complot militaire,
02. La constitution dassociation des malfaiteurs ayant pour but dattenter aux personnes et leurs biens, 03. La violation des consignes militaires, 04. La complicit de complot militaire, 05. Le dtournement et dissipation des munitions ou dautres matriels militaires, 06. Lextorsion sous menace, 07. Lorganisation des runions ou des manifestations illgales, 08. Ladhsion des cercles prohibs et incitation la rvolte des FAZ.

Le procs se droula du 08 au 16 mars 1978. Les questions qui furent poses aux inculps taient presque les mmes, aussi bien la Commission denqute quen audience : Connaissez-vous KALUME ou MPIANA ?
Quelles relations particulires avez-vous avec lun ou lautre ? Avez-vous particip au deuil de feu MPIANA ? Avez-vous cotis ? Si oui, combien avez-vous donn ? Connaissez-vous le Nganda Brigitte ?

Apparemment, la tche du Conseil de guerre tait facilite par les aveux spontans de Major KALUME, dcrivant les prparatifs et les contacts quil avait pris, tant avec les civils quavec ses collgues militaires. Le 17 mars 1978, le verdict fut rendu. 78 des 91 inculps sont condamns aux peines releves ci haut, dont 13 personnes la peine de mort. Peines requises avec acharnement par lAuditeur Gnral des FAZ, le Gnral LIKULIA, Colonel lpoque des faits. Mais, alors que les condamns nourrissaient encore lespoir dobtenir la grce prsidentielle, le Chef de lEtat rejeta leur recours. Les 13 personnes condamnes mort furent excutes laube du 18 mars 1978. Tous les autres, civils et militaires, furent achemins la prison dAngenga lEquateur. Et le 18 mars, le Prsident de la Rpublique annonce, dans un discours tlvis, son refus daccorder sa grce et lexcution des condamns mort intervient laube. Dans son discours radio-tlvis du 18 mars annonant les excutions, Monsieur Mobutu dclara : Dsormais, je le dclare solennellement, je serai sans piti
contre toutes tentatives de ce genre je naccepterai plus que, sous prtexte de sauvegarder les Droits de lHomme, on

multiplie les interventions pour amener lEtat Zarois ne pas faire subir aux criminels de cette espce le chtiment quils mritent ( )Les peines capitales qui viennent dtre excutes doivent demeurer un exemple pour tout ce monde. Cest ce seul prix que la paix et la protection des personnes et des biens pourrait tre sauvegardes. Ce tribut sera dsormais pay en toutes circonstances.

Un discours qui institue ouvertement la pratique de lintraversion et de la perversion au sein des FAZ et consacre la mise mort progressive des FAZ, et peut-tre la fin de tout espoir de voir sriger au cur de lAfrique une Arme professionnelle Nationale et Rpublicaine. Car ses successeurs recourront pratiquement aux mmes mthodes, qui ont tristement fait leurs preuves, pour enfoncer dfinitivement le clou et asseoir leur autorit en lieu et place dassurer lintgrit et la souverainet nationales du pays.(Jean-Jacques Wondo). Tout cela, dans lindiffrence gnrale, voire complice de la quasi majorit de la classe politique de lpoque, et de toute la population, se trmoussant au rythme de Djalelo (Hymne de louange au Prsident chant par les groupes
danimation politique).

Nous avons eu lheureuse surprise de rencontrer le samedi 9 avril 2011 chez un couple damis, puis le dimanche 17 mai 2011 dans le cadre de ses activits professionnelles, lex-mdecin colonel Jean-Marie TEPATONDELE, premier mdecin militaire zarois diplm de lERM. Le Dr. TEPATONDELE tait souvent requis doffice sur les lieux dexcutions pour constater, en sa qualit de mdecin, la mort clinique des militaires condamns mort. Il tait g de 28 ans lpoque des faits et ma confi avoir conserv un souvenir horrible de la cruaut infrahumaine avec laquelle le major KALUME et ses compagnons dinfortune furent excuts; ainsi que dautres excutions politiques auxquelles il a assist durant sa douloureuse carrire de mdecin militaire des FAZ. Il sexilera en Belgique vers les annes 80. Notons que la plupart des officiers excuts taient ses collgues de promotion ou de formation lERM. Imaginez donc le choc! Heureusement, me confiat-il ce propos quil consacre ses temps libres la musique pour adoucir ce marquage psychologique vie. Selon la Commission charge de faire toute la lumire sur cette affaire lors de la CNS, laspect politique du complot ne fait aucun doute. 1 Le procs dit des terroristes entre dans le plan gnral du Pouvoir pour liminer et lutter contre toute opposition
et pour donner lexemple. Il se droule aprs la guerre des 80 jours, guerre qui a branl fortement la dictature et rvl ses faiblesses. Il fallait donc dcourager toute vellit de changement. Le maintien de la paix tait donc au prix des assassinats, des tortures et des exactions. 2 Les suites du procs rvlent le mme acharnement lanantissement de lennemi. 3 Le renvoi de lArme des Officiers originaires de Bandundu, du Kasa et du Shaba est une preuve tangible de la prmditation du Pouvoir qui a profit de l'occasion pour faire une purge caractre tribal. Comme taient carts du procs des Officiers de lEquateur et du Haut-Zare, pourtant prsents sur la liste de la collecte tenue par le Lieutenant-colonel Kalonda.

5.4.2.4 Quelques irrgularits, incompatibilits et abus constats dans ce procs :


Bien que le jugement ne lait pas prononc, une ordonnance- loi confisque tous les biens des condamns et des membres de leurs familles. Depuis les maisons, jusquaux casseroles, en passant par les comptes en banque, tout est pris et distribu comme butins aux gnraux et Officiers suprieurs.
A titre illustratif : les frres de KUDIA KUBANZA, de BOURYABA, les parents du capitaine FUNDI-SEFU, se virent ravir tous leurs biens. Madame KAMONA NYOTA, veuve du Colonel KALONDA a perdu sa maison situe sur avenue Nguma, n4344, don obtenu avant le mariage, de son frre lAmbassadeur KAHAMBA. La maison a t accapare par lAmiral LOMPONDA, Juge-Prsident du Conseil de guerre ayant condamn son poux. Les exactions sans nombre

sont infliges aux femmes et aux enfants des supplicis et des rescaps. Ils sont chasss de leurs demeures, considrs comme des parias et toujours souponns de nuisance. Ainsi, le Major TSASA, dont le fils Patrick serait actuellement major au sein des FARDC, mal condamn avec sursis, se verra arrt aussitt au motif quil avait t, sa libration, salu militairement par ses lves de lEcole de lApplication du Centre Suprieur Militaire, alors quil tait dchu de son grade de major. Le procs lui-mme contenait beaucoup de vices de procdure que les Avocat des accuss avaient stigmatiss en leur temps :

MATANDA, Dput, a t jug sans que son immunit ait t leve, alors quil tait justiciable devant la Cour Suprme. La matrialit des faits ntait pas tablie. Par exemple : il na jamais t tabli en quoi consistait la violation de la consigne militaire. Beaucoup dOfficiers ont vu leur sort scell au seul motif quils taient des collgues dtudes ou de service de KALUME ou tout simplement parce quil les avait rencontr ce jour fatidique du 17 fvrier 1978. Pourtant, relatant le procs, le journal ELIMA du 9 mars 1978 crit la page 8 : En ce qui concerne ses constats avec des Officiers zarois, KALUME dira en avoir prvus, mais quil attendait encore. Ce que confirme le Gnral SINGA : A linterrogation, KALUME a t considr comme parole dhonneur et na jamais t examine avec un esprit critique. Or les personnes ayant suivi le procs ont t frappes par la propension de KALUME amplifier les faits et par le caractre prolixe de ses dclarations. Certains se sont demand sil ntait pas sous leffet des produits stupfiants. Le Gnral NSINGA, dans sa dclaration devant la Comission ad hoc de la CNS laissa entendre : Durant le procs Major KALUME ntait pas normal, il tait comme un drogu ou encore au dbut, il tait normal, mais comme il comparaissait tous les jours, il tait fatigu . Vers 22h, crit-il, le colonel BOLOZI sadresse au Major KALUME en lui disant que le Prsident de la Rpublique est dj au courant de tout le problme et quil est au tlphone et voudrait vous parler aprs ce coup de tlphone. KALUME, est ramen devant les Gnraux. Il dclare que le Prsident lui a demand de tout raconter, car il lui garantissait la vie sauve. Cet espoir davoir la vie sauve, on la trouve chez plusieurs accuss, mais il fut vain. Lintention de faire lexemple tait dj arrte.

Le mme Major TSASA a t frapp, comme beaucoup dautres observateurs par les rapports hirarchiques professionnels qui existaient entre certains accuss et leurs juges. Par exemple : - Le Colonel MUEPU, Adjoint au Chef dEtat-Major de la Gendarmerie, le Gnral SINGA, membre de la Commission
denqute. - Le Major PANUBULE, Adjoint au commandant B2, le colonel BOLOZI, membre de la Commission denqute. - Le Major KALUME, qui travaille en troite collaboration avec lAuditeur Gnral, le Gnral LIKULIA, membre de la Commission denqute et Ministre Public. - Monsieur KUDIAKUBANZA, ancien Auditeur Gnral, collgue de promotion du Prsident MOBUTU larme. Mais qui avait t cit dans le procs de la LICOPA en 1981, exhib au Stade du 20 mai en 1974 pour une lettre injurieuse et banni dans son Kwilu natal, aprs avoir t incarcr pendant 9 mois, au moment de la guerre du Shaba. Le rglement de comptes ne semble pas t tranger ce procs.

LA CNS dans ses conclusions a conclu aux responsabilits suivantes : 01. La Commission denqute, pour avoir men les enqutes et les interrogations avec discrimination et prjugs.
02. Le Conseil de Guerre de la Ville de Kinshasa, pour linstauration du procs dans les mme conditions que la commission denqute et pour avoir condamn a des peines dpassant les faits incrimins. Car a aucun moment, il ny a eu un dbut dexcution du terrorisme dans la ville de Kinshasa, aucun commando na t recrut ni rcus. 03. Les F.A.Z. pour lexpulsion de leur sein, des officiers pour des raisons tribalistes. 04. Monsieur MOBUTU, Chef dEtat, pour avoir ordonn larrestation, la condamnation et les assassinats sur parodie de justice, de plus de 80 personnes : jeunes officiers, hommes politiques et hommes daffaires .

Enfin, avec les purges successives effectues avec ou sans tapage au cours des annes suivantes et qui ont vid la hirarchie de larme (ultime intraversion) Kinshasa de la quasi-totalit des officiers de Bandundu, du Kasa6, et du Shaba. Cest le cas par exemple du Colonel BEM MAMPA, alors Chef d'tat-major de la Force
6 La perversion tribalo-politico-militaire tait telle que lors de mon inscription pour le concours dadmission LEcole Royale Militaire en 1989, il ma t clairement signifi par un brave et gentil adjudant-chef SHUTSHE de la DRE (Direction des Relations Extrieures) de la DDN (Dpartement de la dfense Nationale) qutant tetela, de pre et de mre, originaire du Sankuru dans le Kasai et suite laffaire de la Conspiration de 1975 dont une majorit dofficiers tetela-kusu, les gnraux Otshudi et Fallu, le colonel Omba Pene Djunga, ( proches parents de mon pre Feu Capitaine Jean Omanyundu et de ma mre Antoinette Etshumba Kitenge, rcemment dcde), le major Katsuva Wa Katsuvira ont fait les frais. Il tait pratiquement impossible pour moi, malgr que jeusse brillamment satisfait aux critres dadmission, dtre retenu dans la liste dfinitive des laurats. Il maida alors, pour contourner cette pratique tacite discriminatoire et perverse, tel un juif sous le nazisme, au dpart de la proximit go-ethnique entre les tetela du Kasai et les kusu du Maniema, dacqurir une carte identit acceptable, o ni les origines respectives de mes parents, Lodja pour mon pre et KatakoKombe pour ma mre, ne seraient mentionnes. Quel mmorable parcours du combattant bien avant mme dendurer la trs prouvante formation lERM! Je tenais personnellement, au travers de ces faibles mots, exprimer une vibrante gratitude envers cet inconnu qui prit un risque incalcul, en sinvestissant personnellement de la sorte, pour me permettre de suivre la formation militaire et acadmique dispense LERM.

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terrestre et du Colonel MAMINA, attach militaire Washington, qui n'chapprent pas cette vague dpuration au sein des FAZ. Il faut rappeler que colonel MAMINA Lama avait command les troupes zaroises envoyes en Angola aux cts du FNLA. Rentrant dune mission ltranger et alors quils navaient pas t mls au procs, les Colonel DITEND et le Major NSIMBA sont arrts leur descente de lavion. Dtenus au Camp Tshasthi, jusquau 06 janvier 1979, ils seront renvoys de larme. De ce fait, le Colonel MAMINA tait ainsi dpositaire de plusieurs secrets d'tat, ce qui faisait de lui un tmoin encombrant quil fallait liminer tout prix. Ceux qui ont t pargns sont rests plus que circonspects, tout en se sentant constamment acculs, assigs et rsigns tout, mme de simples rencontres entre amis. Dix jours aprs lexcution de Kalume et ses compagnons dinfortune, une ordonnanceloi signe du Chef de lEtat dcidait de la confiscation des biens meubles et immeubles des condamns, vivants ou morts. En mme temps, des enveloppes taient distribues aux Officiers et Sous Officiers ressortissant de Bandundu, du Shaba et de deux Kasa, mais qui ntaient pas mls au procs. Elles contenaient la mise en retraite anticipe de tous ces lments des FAZ. Cette opration du renvoi sans motif des officiers de larme fut baptise Enveloppe. Ces officiers n'avaient droit aucune explication ni une quelconque indemnisation matrielle ou financire. Ils furent immdiatement chasss des camps militaires ou des maisons de l'tat qu'ils occupaient. Beaucoup d'entre eux se trouvrent fatalement la rue. Cest le cas notamment du colonel Kankolongo. La Confrence Nationale et Souveraine estimait que renvoi de lArme des Officiers originaires de Bandundu, du Kasa et du Shaba est une preuve tangible de la prmditation du Pouvoir qui a profit de l'occasion pour faire une purge caractre tribal. Comme taient carts du procs des Officiers de lEquateur et du HautZare, pourtant prsents sur la liste de la collecte tenue per le Lieutenant-colonel KALONDA.

Jean-Jacques WONDO OMANYUNDU


Analyste politique freelance.

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Mon feu pre, Capitaine Jean OMANYUNDU, fut un des premiers officiers congolais de la force publique puis de lANC tre forms en Belgique ( Arlon) au lendemain de lindpendance avec le feu gnral Singa Boende. Il provoqua une mini meute lorsqu'il apprit, depuis Arlon, l'arrestation de Lumumba puis se fractura volontairement une jambe pour se mettre en indisponibilit physique. Car voulant retourner en RDC pour se battre aux cts des nationalistes. Ce qu'il obtint. Trs proche de P E Lumumba, la suite de sa carrire d'officier au sein de lANC (un des premiers Instructeurs congolais lEcole des grads dlite de Luluabourg (Kananga), puis au Centre dEntranement de Kitona (CEKI) devenu par la suite Base Militaire (de lOTAN) de Kitona (BAKI) dans le Bas-Congo avec le gnral BASUKI, enfin Commandant en second de la Rgion Militaire de Lopoldville aux cts du Gnral Singa) ne connut que des dboires... En effet, sa carrire fut parseme dpines du fait de sa sympathie lumumbiste trs affiche, mme sous Mobutu. Ce qui fit de lui une des premires victimes de la perversion du rgime en place : incarcrations sans motifs valables, rtrogradations, retraits non justifis de solde et mutations disciplinaires sans fondement stratgique et autres humiliations. Il finira par quitter larme au moment o ses camarades de formation seront promus officiers suprieurs ou gnraux. Notons qu'il fut trs proche des feux gnral Otshudi (dont un de mes frres ans Albert Otshudi Omanuyndu porte le nom) et colonel Welo (d'o le nom de mon jeune frre, le patriote Serge Welo Omanyundu), ainsi que du Colonel Omba Pene Djunga, cousin de ma regrette mre.

A SUIVRE DANS LA IVme PARTIE :

5.4.3 LA PRIVATISATION ET LINTRAVERSION DES FAZ PAR LA TRIBALISATION


5.4.3.1 Le cas de la Garde Civile (GaCi) : la manifestation de lintraversion couple de la perversion 5.4.4 5.5 Vers les temps de la fin des FAZ Conclusion (Partielle de lpoque FAZ)

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