Archives Marocaines Vol.17
Archives Marocaines Vol.17
Archives Marocaines Vol.17
. VOLUME XVIJ
ARCHIVES MAROCAINES
PUBLICATION
DE LA
'VOLUME
XVII
PARIS
ERNEST LEROUX, DITEUR
28,
RUE BONAPARTE, VI"
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KRAUS REPRINT
Nendeln/Liedttenstein
19740
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Rimpression avec accord des Presses Universitaires de France 108, Boulevard Saint-Germain, Paris VIe KRAUS REPRINT A Division of KRAUS-niOMSON ORGANIZATION LIMITED NendelnlLiechtenetein 1974
PRFACE
L'tude des l'aits sociaux a mis plus d'un sicle tailler sa place, dans l'histoire du grand mouvemenl social qui fui la, Rvolulion franaise. On disail : c( Heureuse libert des citoyens,. tendre fraternit de l'espce humaine,. nobles doctrines galitaires Il. D'autres rpondaient: cc Roi martyr, preux Vendens. Il . - Rciproquement, un canevas de chronologies, remplissage de sentiments. Puis. un beau jour, comme on avait puiS la controverse, on chercha ailleurs,. el il s'est trouv. par l'entre en scne du point de "ue social, que tout ce qu'on avait affirm de part el d'aulre n'tait encore que te feuilleton de la Rvolution. On vit, en effet. les biens d'glise achets par les gens d'i:glise et les terres seigneuriales acquises par leurs voisins et amis. On vit aussi, de plus prs, les petits ngoces de la politique pour dmagogie.' Que l'humanit sorle plus aurole du dballage, on ne salirait le prtendre. Mais que l'histoire de la Rvolution devienne plus humaine, aucun doute. Dans l''histoire d'Afrique, nOliS n'en sommes encore qu'au stade prliminaire : cela na des princes de la maison d'Orlans Abd el-Kader, avec accompagnement de chevauches, expdi'ions et gllerroiements, avec le Bureau arabe, le Colon et la Casquette du pre Bugeaud. Il S'!I ajoute maintenant le besoin, si frquent notre
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curieuse poqne, de magnifier d'autant plus ce qu'on fait, que, de prs, l'uvre semblerait plus chtive. On la place haut et loin, pour qu'il soit moins facile de la vrifier. Et c'est ainsi que nous sommes convis louer, sans discussion, une conqu~te africaine de vertus dsintresses et de rsultats consolids. La critique scientifique la prsentera autrement, pour en faire l'histoire. Elle ne se contentera plus des dp~ches gouvernementales, des discussions parlementaires et des campagnes d'opinion. Et les lecteurs de celte histoire sentiront penl-~/re un frisson diffus, en songeant combien de jeunes hommes sont morls - Franais vaillants, Arabes ou Berbres, braves aussi, et tous, hommes sur celte terre, - simplement'"et sans plus, parce que, en se meltant travailler le milieu indigne, notre politique africaine ne songea pas regarder, d'asse= prs, ce qu'il pouvait bien ~tre. On a dj celte sensation mlancolique, en rfl(his~ant il la visite que M. de Bourmont reut de Bou!lie, ds le mois d'aot 1830; aux conseils du cc sieur .loly ),ainsi dsign, du j/aure Boucetla et du Kab!/le Si ft;add Oulid ou Rabah, lesquels, en 1833, nous convirent la pntration pacifique. On se demande comhien il y aurait eu de tombes de moins, combien de millions auraient pft s'employer en rou/es et ponfs, plnltJl 'lll'en fumes sillfuro-ni/reuses, si une pnissance (Oumprhensille allait alors dit : ( Quelque chose est devan/ lIons. ~Vous ne savons pas quoi. .Vons allons l'tudier. Cela prendra six mois, llll an, deux ans, peu impol'le : mieux vaut un peu de temps et de travail, que beaucoup de sang el d'argen!. Qllel homme de rllllure quilibre pourrait /ire,
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aujourd'hui, .avec la connaissance de la Kabylie actuelle, les pages si vivantes consacres l'occupation de Bougie, par un juge averti, le gnral Daumas, sans songer en soi, quille ne pas l'avouer trop haut: (( Eh oui! Il Y avait mieux faire que par la manire {orte, avec ces Kabyles che: qui nous venions, appels par eux. Nous les eussions (( 'Jolus conomiquement, e:l moins de temps qu'il n'en fallut pour les dresser militairement, si nous les avions pris socialement. Il (Ill peut esprer que l'histoire du dveloppement d(~ la c;"ilisation europenne au Maroc, s'crira plus vite et aL'ec plus de prcision qve celle de la conqu~te d'Alyrie,le got des documentations dcisives lant suy!/e.'rU{, notre poque. Quand celle histoire .,'crira ainsi, il se trouvera, peut-~tre, un de ses reprsentants pour confirmer ce que je me permets de supposer ici. Pour une nation moderne, qu'elle s'en rende compte ou non, qu'on le lui dise ou qu'on le lui cache, il y a plus de profit dans un t'olume consciencieux elsubstanfiel, comme celui de M. Michaux-Bellaire, sur les tribus du Habl, que dans trois douzaines de pan.gyriques slIr les niet=sch~ismes administratifs. \ Le problme marocain n'est pas, en soi, de fournir defJ carril'es civiles ou militaires, ni des profits d'aflaires. Il ne consiste pas non plus en expansions gographiques. /!,'n quelque sens qu'on le retourne, il Be ramne aux conditions du rapport tablir entre la ('ivilisafion indigne et la civilisatIon trallyre. Il existe au Maroc une civilisation indigne et c'est un fait. La civilisation europenne diffre et c'est un autre lait. Comment s'accorderont-elles le plus ais- /
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ment: par des contacts tablis au hasard - ou par des entres en matires, prpares? . Une videnc rsulte, sans divagations possibles, d'une lecture allentive et complte du livre expriment et solidement tudi de M. Michaux-Bellaire: que la civilisation europenne se prsente aux Djebala du Habi,sans prambules, ni adaptation, le rsultat se voit d'avance: des tombes, encore, dans les jardins et les vergers, dans les for~ts et dans les champs. Que la civilisation prenne au contraire quelques prcaldions, qu'elle agisse ~"ec une prudence avise, qu'elle volue Il ces montagnards, distance, par le transformisme commercial, par la mise en mouvement des agents d'influence, dont les listes de familles reli. gittUses fournissent le cadre: on s'entendra peu peu avec ces propritaires farouches, ces cultivateurs sauvages, ces associs acharns; dont les Adirs sont des coopratives de pdturages, les Touiza des coopratives de dfrichements,.,el.q~i .. ,communalistes, comme des paysans suisse$;.o1il~ ItIII'l~ml, tout ce qu'il faut pour apprcier une civilisation qui serait dmocratique.' . . Seulement, il faudrait une politique de tr~bus et tant d'apparences en moins, ave"c du travail la place.Le moment n'en est pas venu - mais les uvres solides et bien construites ont le temps d'attendre. Et c'est le cas pour celle de M. Jlichaux-Bellaire.
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A.
LE CHATELIER.
A"ZIU
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INTRODUCTION
L'ancienne rgion du Habt ~ c~mprenait' es plaines du Gharb, le Khlot et une partie des pays de montagnes connus aujourd'hui sous le nom de' Djebala (les montagnards). ....
Il Cette province prend SOIl commencement au fleuve Guarga (Ouargha) du ct du Midy et de celui de tramontane se lermille la mer ocane; devers ponant confine avec les marets d'Azgar (EIAzghar) et de la partie du levant aux monu.gnes, qui sont sur le dtroit des colonnes d'Hercule, ayant de longueur cent mille et octante en largeur 1 Il
Les populations berbres qui habitaient les plaines du Habt furent refoules dans les montagnes au sixime sicle de l'Hgire, lorsque le Khalife almohade EI-Manour y etablit les Arabes Rih,sous le commandement de leur chef Masoud 2. 'Dtruif:8 presque coinpltement par le 8ul1. fAon bat _.
r Africain. dition
De la rgion du Ha-
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ARCHIVES
:\I.\ROCAI~ES
tan mrinide Abou Thabet, 'en Chaoual O (fvrier 1308 J.-C.), les Rih furent remplacs par les Khlot, les Sofyan, les Beni Djaber et les Acem 1 qui s'y trouvent encore. Conquis une premire fois, et convertis l'Islam .par Oqba ibn Nafi vers 682 de J .-C. (63 de l'Hgire), les habit:mts de la rgion, connus aujourd'hui sous le nom de Djebala, et qui appartenaient tous, sans doute, la grande famille berbre des Ghomara, rpudirent l'Islam la mort d'Oqba, en 683 de J.-C. (64 de l'Hgire). Il y avait certainement des indignes de cette rgion convertis au Christianisme. Les Ghomara taient en effet, au moins en partie, gouverns par le Comte Julien, Yulian mir des Ghomara, <lui rsidait Ceuta, o il reprsentait -encore l'autorit de Byzance, tout en entretenant des relations avec les Visigoths d'Espagne. On prtend qu'il tait luimme de race Gothe. Yulian avait trait ayec Oqba; il traita galement en i09 de J.-C. (90 de l'Hgire) avec 1\Iousa ibn Noceir, qui le confirma dans son commandement. On sait dans quelles conditions il dirigea vers l'Espagne la deuxime invasion arabe, qu'il accompagna. Les troupes -de la premire invasion musulmane en Espagne taient en trs gl'ande majorit composes de Berbres nouvellement convertis, et en particulier de Ghomara. On peut supposer que la rgion du Habl (la descente) a pris ce nom cette poque, parce que c'tait le chemin par lequel les tribus berbres descendaient vers la mer pour aller en Andalousie. C'est galement, sans doute, de cette poque que date, dans cette mme rgion, le mlange de tribus berbres que l'on remarque aujourd'hui, alors qu'elle tait dans l'origine peuple uniquement de Ghomara. Ibn Khaldoun lui-mme, en indiquant les rgions occupes par les (;homara, comprend dans les limites (lU 'il donne ces rgions le territoire indiqu par Lon
1. III I\I/Illuou Il , lrlllluclion de 811101', t. IV, JI. l,ti.
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ARCHIVES MAROCAINES
l'Africain, dans le passage cit, comme tant la province de Habt. Les Ghomara, dit Ibn Khaldoun (t. II, p.13lt, trad. de Slane), habitent les montagnes du Rif, rgion qui borde la Mditerrane; leur pays a une longueur de plus de cinq journes, depuis Ghassaa, au nord des plaines du Maghreb, jusqu' Tanger..... La largeur de ce territoire est aussi de cinq journes, depuis la mer, jusqu'aux plaines qui avoisinent Casr-Ketama (EI-Qar el-Kebir) et la rivire Ouargha. Il serait impossible, au milieu des invasions successives, des luttes et des croisements qui en ont t les consquences, d'tablir d'une faon positive quelle race appartiennent exactement les tribus de Djebala dont nous allons nous oocuper. En Habat, il y a huit montagnes renommes sur toutes les autres qui sont habites par le peuple de Gumera 1. Il D'aprs Lon, les Djebala appartiennent la grande famille berbre mamoudienne des Ghomara; d'autre part, certaines des tribus de cette rgion se prtendent d'origine anhadjienne. Dj au huitime sicle de l'Hgire (quatorzime sicle de J.-C.), Ibn Khaldoun 2 crivait que dans la partie du Maghreb qui spare la chaine de l'Atlas de celle du Rif, pays qui borde la Mditerrane, et qui est habite par les Ghomara, on trouve quelques tribu$ anhadjiennes ta blies sur les collines, dans les valles et dans les plaines... cc Elles se tiennent dans le voisinage des montagnes occup~es par les Ghomara, et de nos jours elles se servent gnralement de la langue arabe. Il Il faut observer ce propos que toutes les tribus du Nord Marocain se divisent elles-mmes en tribus ghoma1. CAon l'Africain, t. Il, p. 257 : Montagnes du Habat . 2. lbn Khaldoun, traduction de Slane, t. Il, p. 123.
,;
riennes et tribus anhadjiennes. Cette division est souvent arbitraire, surtout lorsqu'il s'agit des tribus des plaines qui sont arabes, et ne peuvent par consquent pas avoir une origine berbre. L'arbitraire de cette classification se manifeste galement pour la tribu des Mamouda, qui est range au nombre des tribus ghomariennes, alors que les Ghomara sont eux-mmes une branche des Mamouda : Cette tribu masmoudienne a pour anctre Ghomar, fils de Masmoud, ou, selon une autre tradition, Ghomar, fils de Mestaf ou (l\1esettaf), fils de MelH, fils de Masmoud 1. y oici la classification actuelle de quelques tribus du Nord du Maroc en tribus anhadjiennes et tribus ghomariennes : Tribus anhadjiennes : Rhona. Beni Mestara . Beni Gorfet. Beni Mezguilda Beni Zeroual Akhmas . Khlot . Deni Hasen . montagne.
plaine.
Tribus ghomariennes :
Ghzaoa . montagne. Beni Arous . . Beni Ysef Soumata . Ehl Serif. Ma.;mouda Sahel. Beni Zekkal' . Andjera . Gharb (Sofian et Beni Malik) plaine.
t. Ibn Khaldoun, traduction de Blanc, t. Il, p. 138: Ifi~toire des Gbomara, etc. ".
AnCHIVES MAROCAINES
Cette classification, comme nous l'avons dit, n'a vi-demment pas pour base le territoire sur lequel se trouvent ces diffrentes tribus, puisque ce territoire est Ghomari, d'aprs Ibn Khaldoun et Lon l'Africain, et les tribus anhadjiennes qui s'y trouvent aujourd'hui viennent certainement du Sud. Une sorte de classification a d se faire galement lors des nombreuses luttes intestines qui ont divis le Nord du Maroc, et les tribus, sans distinction d'origine, ont tconsidres comme anhadjiennes ou ghomariennes selon qu'elles suivaient l'alam anhadji ou l'alam ghomari. C'est ainsi qu'aujourd'hui encore les petites tribus des montagnes, incapables de se dfendre elles-mmes et de con server leur indpendance, vivent sous la protection et sous la domination d'une grande tribu yoisine laquelle elles payent tribut. Deux grandes tribus se disputent souvent par les armes la supriorit sur une de ces petites tribus et la petite tribu en litige devient suessivement anhadjienne ou ghomarienne selon l'alam de la grande tribu dont elle devient vassale. C'est ce que l'on appelle couramment le or Ghomari et le or anhadji. Non seulement les auteurs arabes ne sont pas toujours d'accord sur l'origine d'une tribu, mais il arrive que le mme auteur considre la mme tribu tantt comme anhadjienne,. tantt comme ghomarienne. C'est ainsi qu'Ibn Khaldoun (t. l, p. 124, trad. de Slane) indique les Beni Ou Zeroual, qui habitent le Djebel Cerif, comme des anhadja, et, la page 134 du mme volume, les compte au nombre des familles appartenant aux Ghomara. Quelle que soit l'origine de ces dnominations, il en rsulte ce fait curieux, c'est que la rgion que nous allons tudier fait partie de ce que tous les auteurs appellent le pays des Ghomara et que cependant, sur huit tribus, nous en trouvons deux qui sont considres aujourd'hui comme .anhadjiennes. Il n'est pas sans intrt galement de-
remarquer que cette classification, tout arbitraire qu'elle paraisse au point de vue ethnographique, constitue cependant entre les diffrentes tribus de la mme catgorie un vritable lien. Il est rare en effet de voir deux tribus de la mme famille se battre l'une contre l'autre, et il est au contraire frquent qu'une tribu classe parmi les tribus anhadjiennes se batte avec une tribu ghomarienne; d'autres tribus, considres comme appartenant la mme famille, prennent fait et cause pour les tribus combattantes: les anhadjiennes se groupent avec les anhadjiennes, et les ghomariennes avec les ghomariennes. Nous n'essayerons pas d'expliquer cet tat de choses qu'il est intressant de constater comme un fait. Une autre classification assez curieuse des tribus a t faite, une poque que nous n'avons pas pu dterminer, par un individu-originaire des Akhmas et connu sous le nom de Bou-l-Tiour (l'homme ou le pre aux oiseaux). Bou-t-Tiour dsigne chaque tribu par un nom d'animal ou d'oiseau correspondant peu prs son caractre. De plus, si le nom d'animal ou d'oiseau donn comme surnom une ville ou une tribu dsigne une bte considre par les Marocains comme pouvant tre mange halai, cette ville ou cette tribu est arabe, sinon, c'est--dire si cet animal ou cet oiseau sont haram, la ville ou la trihu dsigne par son nom est berbre. Nous avons pu nous procurer les surnoms donns par Bou-+Tiour EI-Qal' el-Kebir et aux tribus des Diebala dont nous nous occupons. Nous les donnons titre de curiosit:
La cigogne A.
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J.rJ\. JJ.z::l1.
ARCHIVES MAROCAINES
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La grenouille B. ,.;\~1.
Les Deni Zekkar sont ainsi nomms parce que les colporteurs sont gnralement juifs, et <tue les Beni Zekkar sont considrs comme ayant t juifs. Les tribus des Djebala, comme nous l'avons dit, ne sont d'ailleurs certainement pas composes d'une race pure, et il serait impossible de retrouver les lments nombreux qui les forment. Ces lments divers, fondus par les habitudes et les besoins d'une existence semblable~ ayant les mmes difficults vaincre, les mmes moyens d'action et, depuis douze sicles, la mme religion, ont fini par former une mme race dont, quelques nuances prs, les particularits sont les mmes. L'habitat, les coutumes, la langue, la manire de vivre, la mentalit des diffrentes tribus des Djebala sont semblables. Comme tous les montagnards, dont le pays par sa conformation mme est d'un accs difficile, ils sont indpendants jusqu' tre farouches; orgueilleux, fanfarons, trs braves chez eux, ils sont mdiocres combattants en dehors de leur tribu, dont ils connaissent bien tous les dtours et toutes les embuscades. Ce qui est remar<tuable chez le Djibli. c'est sa terreur profonde de la c8Yalerie, Rl-Hanhan, comme il l'appelle par onomatope. C'est un fait reconnu qu'un millier de Djebala se dbandent et se sauvent s'ils sont surpris en plaine par cent cavaliers. Les gens des montagnes eux-mmes n'ont pas de cavalerie, et les quelques Djebala, voisins des plaines, qui veulent monter cheval, sont la rise des Arabes. En rsum, l'tude des huit tribus montagnardes sui-
CEUTA
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ARCHIVES lIlAROCAINES
vantes: Ehl Serif, arar, l\Iamouda, Rhona, Beni Gorfet. Soumata, Beni Ysef et Beni Zekkar, pourra donner une ide du caractre, des murs, des coutumes et de l'industl"ie de toutes les tribus dont se composent les Djebala. Il serait difficile de savoir exactement quelle langue parlaient les habitants de ces tribus avant l'invasion arabe. La langue des Ghomara a d subir des influences latines et grecques, aprs avoir subi des influences puniques. L'influence latine se retrouve par l'emploi chez les Djebala du mot ramifia pour dsigner l'ensemble d'une famille; on dit li familia kebira pour dire, non pas une grande famille, mais une famille nombreuse en y comprenant les ascendants, les descendants et les collatraux. Si ce mot n'tait usit que dans les tribus voisines de Tanger, on pourrait penser une influence espagnole, mais on le retrouve jusque chez les Akhmas et les Ghezaoua, o l'influence de l'espagnol n'existe pas. Les Ghomara, qui ont t les premiers en contact avec les conqurants arabes, ont t certainement les premiers parler leur langue. Les anhadja tablis ensuite en territoire ghomari ou dans son voisinage, parlaient galement arabe au huitime sicle de l'Hgire (quatorzime sicle J.-C.), l'poque d'Ibn Khaldoun. Dj arabiss en partie par leur contact avec les A.rabes d'Oqba ibn Nafi et de Mousa ibn Noceir, les Djebala l'ont t plus compltement par l'tablissement chez eux, au quatrime sicle de l'Hgire, des Chorfa Idrisites fuyant Fs devant Mousa ibn el-Afiya el)1iknasi. L'occupation d'une partie du territoire du Habt par les llih au sixime sil'cle et par les Khlot, les Sofyan, les Beni Djaber et les .\cem au huitime sicle de l'Hgire. et le contact frquent des Djebala avec ces Arabes, leur ont fait perdre compltement l'usage de la langue bel'bre, et depuis plusieurs sicles, la seule langue qu'ils emploient est l'al'abe, avec un accent particulier et l'usage de mots herbl'es ou de mots arabes bel'briss.
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Nous avons divis notre travail en deux parties: la premire, o nous avons tudi tout ce qui est commun aux diffrentes tribus. La deuxime, o nous avons trait chaque tribu sparment en indiquant pour chacune les traits qui lui sont particuliers, ses villages, ses marabouts,. ses chorfa, ses notables, etc.
CHAPITRE PREMIER
On partage gnralement le Maroc en deux grandes divisions: 1 Le Bled el-Makhzen, c'est--dire la rgion soumise au gouvernemnt ; 2 le Bled es-Siba, le pays indpendant, o l'autorit liu Sultan existe bien au point de vue religieux, mais o cette autorit n'a aucun pouvoir adminis;. tratif. Cette division, sans tre absolument inexacte, donne cependant une ide assez fausse de l'tat vritable du. pays. Sans doute, il y a au Maroc des rgions soumises et des rgions insoumises, mais il serait assez difficile d'tablir exactment o finissent les unes et o commencent les autres, et il serait tout fait impossible de trouver une frontire dlimitant le Bled el-Makhzen du Bled es-Siba. C'est l .d'ailleurs une des choses' qui rendent difficile l'tude du Maroc un esprit europen, c'est--dire ce manque absolu de dlimitation nette dans la ralit entre des choses qui sont videmment en principe absolument distinctes. Il en est de tout au Maroc comme des races de
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ARCHIVES IIIAROCAINES
ses habitants. On sait que le pays est habit par un grand Hombre d'individus de races diffrentes, on connait ces l'aces, et on les retrouve cependant difficlIement au milieu de tous les croisements de ces races entre elles. II arrive parfois que l'on se trouve en ~ace d'un ngre parfaitement noir et qui prsente, presque ahsolument purs, tous les traits caractristiques de la race ngre, et on est tout tonn d'apprendre que ce ngre est un Chrif Idrisite authentique, et par consquent un reprsentant d'une des plus nobles familles de race arabe. On sait que les Arabes ne sont pas ngres, et que les ngres ne sont pas Chorfa, cependant, on se trouve devant une ralit, contraire tous les principes et toutes les thories, et qui s'impose, Il en est un peu de mme dans tous les ordres d'ides: les choses nettes, tranches, simples, n'existent pas. L'esprit musulman n'prouve pas notre besoin des catgories bien dfinies et bien arrtes, et volue aisment dans des peu prs, qui non seulement lui suffisent, mais semblent lui plaire davantage que nos certitudes. Si l'on demande par cxemple un Marocain si les Djehala font partie du Dled el-~Iakhzen, il vous rpondra ngativement; mais il vous dira galement qu'ils ne font pas non plus pal,tie du Bled es-Siba, Voil donc une rgion du Nord :\Iarocain qui, au Nord, s'tend jusqu' Tanger et Ttouan, et au Sud arrive presque jusqu' Fs, et qui ne rentl'e exactement ni dans rune ni dans l'autre des deux grandes divisions dont nous parlions tout l'heure. Il existe donc entre les l'(;gions soumises et les rgions indpendantes des rgions pOUl' ainsi dire moyennes, qui, sans ~tre compltement soumises, ne sont pas non plus compltement indpendantcs. Pour satisfairc aux besoins de la classification, on pourl'ait dil'e qnc le pouvoir s'cxerce trois degrs: dans le Bled el-)Iakhzen, pays compltement soumis, les trois l'OUa~C8 administratifs de l'autorit religieuse, civile el
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financire fonctionnent pleinement. Les Qadis et tous les fonctionnaires' relevant de leur autorit un tilre quelconque, Khotlab (prdicateurs), Nadirs (administrateurs des biens habous), Abi J-laouaril et Oukil el-Ghoab (administrateurs des successions vacantes, chargs galement de prlever les droits du Trsor sur les hritages), sont nomms par le Sultan; l'autorit des Qads et des Cheikhs s'exerce sans difficult, et enfin les Oumana per,:oivent sans rsistance les Meks, 'est--dil'e les droits des portes, de rgie et de marchs; les .llohtaseb, sorte de Prvts des marchands nomms par le Sultan, administrent les diffrentes corporations des marchands et des ouvrierS. Dans d'aull'es rgions, l'autorit des Qads est encore efficace, mais tempre par l'influence des Djemas (runion des notables) qui nomment les ,Nadirs des habous et souvent les Qadiseux-mmes. On n'y lrouve plus ni A bi Maouarit ni Oumana et les Meks n'y sont plus pays; les impts rentrent avec peine, et l'aumne lgale ellemme, etc. (Zekat et A<!hour), au lieu d'tre verse au Bit el-Mal, est remise par les habitants leurs pauvres, leurs Zaouias et leurs Cherfa. L'obligation religieuse est accomplie, mais sans aucun profit pour l'tat. .' Enfin le Bled es-Siba proprement dit l'econnalt toujours le Sultan comme chef religieux, mais ne tolre le fonotionnement d'aucun rouage de l'administration makhzniemle. Le Qaid reoit bien du Sultan une investiture, mais cette investiture n'est elle-mme que la cons(~cration du pouvoir de fait exerc par celui il qui elle a t ~lonlle; les Qadis eux-mmes, nomms PaI' la tribu, sont plutl considrs comme lesconseryateurs de la loi que comme des magistrats chargs de l'appli<luer. Les Djebala peuvent tre classs dans la catgorie moyenne des trois divisions que nous venons d'indiquer, (luoique toutes les tribus ne soient pas galement soumises l'autorit ni galement indpendantes. Leur degr
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de soumission dpend de )a plus ou moins grande force du pouvoir, et certaines tribus, aujourd'hui presque compltement insoumises, payaient autrefois tous les impts lorsque le Makhzen avait les moyens de les y obliger. On peut dire cependant que leur tat habituel est l'indpendance et que leur soumission n'est qu'un tat, exceptionnel qui cesse avec la contrainte. Ce ne sont pas des tribus habitues au Makhzen, comme celles du Khlot ou du Gharb; elles ne font que le subir pour revenir leurs habitudes d'indpendance et d'isolement. Nous verrons plus loin que les tribus limitrophes de la plaine, telles que Mamouda, Ehl Serif et Beni Gorfet, sont toujours dans un tat plus complet de dpendance que celles de l'intrieur des massifs montagneux, et c'est n tudiant chaque tribu sparment que nous indiqueronsl'tat de chacune d'elles. Les sentiments d'indpendance des tribus des Djebala ne sont pas bass seulement'sur une ide de rvolte contre le pouvoir central, mais plutt sur leur conviction que leur situation, vis--vis de ce pouvoir, n'est pas celle d'une dpendance absolue. Il y lieu ce propos de rappeler que le territoire de l'Islam se partage, au point de vue de l'impt exiger de ses habitants, en deux catgories distinctes: les pays conquis par la force des armes, dits Bled el-Anoua, et ceux qui se sont soumis par des capitulations, sans que l'emploi de la force ait t ncessaire, dits Bled e.olha. Voici ce qu'crivait, au commencement du dix-septime sicle, le Sultan Saadien Zidan bel-Manour, au Cheikh Abou Zakaria Yahia ben Abdallah t : Nous allons ce propos vous exposer brivement ce que l'on 'a rapport au sujet du Kharadj. Nous ne nous appesantirons pas sur les principes qui ont prsid l'ta
1. Nour,hal e/Hadi, de MOHAMMED E-CEGHIR BEN EL-HADJ ABDALLAH ELOUFRANI ;
ses et suive
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blissement de cet impt au dbut de l'Islamisme et sous les grandes dynasties, car cela est fort connu. Mais, pour ce qui est du Gharb (le Maroc) en particulier, nous dirons que le premier qui ait tabli le Kharadj fut Abdelmoumen ben Ali, et il le fit porter sur la proprit foncire, se fondant sur ce que le Gharb tait un pays conquis. Telle a t, du moins, l'opinion de certains docteurs, car il en est d'autres qui disent que les plaines seules furent terrs conquises, tandis que les montagnes auraient t terres de capitulation. Cette premire opinion admise, vous concevez bien que, du moment que les habitants de l'poque de la conqute ont pri et disparu, toutes les plaines, par voie d'hritage, appartiennent aujourd'hui au domaine public et que le Kharadj, sur ces terres, dpend du bon plaisir du maUre du sol, qui est le Sultan. Pour les montagnes, il y aurait lieu de distinguer les parties qui ont t terres de capitulation (olha), mais comme il n'existe aucun moyen de faire cette distinction. il. f~ut s'en tenir une question d'apprciation. Cette apprciation a t faite par nos gnreux anctres ds les premiers temps d~ leur noble dynastie, et sur ce point ils se sont mis d'accord avec les docteurs de la loi, ainsi qu'avec les principaux mailres en thologie de cette poque. J) Plus loin, Moulay Zidan renvoie l'ouvrage de l'Imam EI-Maouardi l, Al Ahktlm A, SouliQlligtl, pour des renseignements plus complets sur la questioD. Voici le rsum de ce que dit ce sujet EI-Mao\l~rdi,
1. "!lou-l-Ha.an ALI ben Mohammed ben Habib el~tJI),., el-<BoghdGtli el lIaouardi. Edition du Caire, lm de l'Hgire. EI-Maouardi vivait il la On da quatrime et au commenentent ducin-
miers ont t traduits par M. le comte Lon Ostrorog, lei trls premiers en 1801, les deux autres en 1906 (Ernest Leroux, diteur' Paria).
ARCH. MAROC.
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)IAROCAI~ES
pages 125 et suivantes, chapitre XIII. De l'imposition dela Djezya (capitation) et du Kharadj (impt foncier) : La Djezya et le Kharadj sont des impositions que Dieu a donn aux Musulmans le droit de percevoir sur les infidles. Ces deux impositions sont semblables par trois points, diffrentes par trois autres. Le premier point par lequel elles se ressemblent est que toutes deux elles sont imposes aux infidles pour les diminuer et les humilier. Le deuxime point, c'est qu'elles sont toutes deux fay, droit de conqute pay aux Musul-, mans par les infidles, ou plus exactement restitution par ces derniers aux Musulmans des biens qu'ils dtenaient et dont les Musulmans sont censs tre les seuls lgitimes. propritaires, de ~~ revenir, retoUMler, et qu'elles sont dpenses au bnfice des Ehl Fay, c'est--dire de ceux (lui ont repris possession de leurs biens, les Musulmans. Le troisime point commun, c'est que ces deux. impositions sont obligatoires, lorsque l'heure (de la restitution) est arrive, c'efilt--direlors de la yenue de -l'Islam dans le pays, et cfu'elles ne sauraient l'tre avant. Les trois points par lesquels ces impositions diffrent sont: 10 Que la Djezya est obligatoire d'aprs le Ntr~(. (le text de la loi), tandis que le Khal'adj procde de l' Idjlihtld' (dcision base sur l'interprtation des textes); , 0 De ce clue le minimum de la Iljez)'3 est rgl par le 2 Chl'A, tandis que son maximum procde de l'Idjtihd, et que le minimum, comme le maximum du KhI'adj, sOnt tablis par Idjtihdd; 30 Que la DjezJa est perc:ue sur les infidles et cesse de l'tre lorsqu'ils se sont faits ~J\lsulmans, tandis cfue le KhaI'adj est p('ru sur les infidles et sur Jes ~Jusulmans. Le J\haradj est un impt pC'I'rU 8111' la tel're. D'aprs les hlldith, 1('8 terres de I\haradj se distinguent
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des terres d'Achour dans leur tat et dans leur administration. Les territoires se divisent en quatre sortes: t 0 Ceux que les Musulmans ont crs, c'est--dire ceux que les premiers ils ont occups et mis en valeur; ces territoires payent l'Achour et ne sauraient tre soumis au Kharadj. 20 Ceux dont les habitants se sont faits Musulmans; ils conservent la proprit de leUl's terres et payent l'Achour, d'aprs l'Imam Ech-Chafi. D'aprs l'Imam Abou f{anifa, l'Imam a le droit de leur faire payer l'Achour et de leur imposer le Kharadj. S'Hleur a impos le Kharadj, il ne peut pas y substituer ensuite l'Achour; mais s'il a commenc pal' faire pa)'er l'Achour, il peut le remplacer par le Kharadj, 30 Les territoires conquis de force' par les Musulmans. Ils sont, d'aprs Ech-Chafi, partags eutre les conqurants, et payent l'Achour sans qu'il soit licite de leur imposer le Kharadj. D'aprs l'Imam )Ialik, ces territoires sont habous et les ~Iusulmans qui les occupent- pa)'ent le 'Kharadj. D'aprs Abou Hanifa, l'Imam peut choisir, 4 Ceux dont les habitants inlidles ont oapitul pour les conserver. C'est spcialement ce genre de territoire que s'applique le Khal'adj. Cette sorte de territoire se subdivise en deux classes: 10 Ceux dont les occupants se sont enfuis et que les Musulmans ont occups sallS combat. Ces territoires de:viennent habous au profit des Musulmans; les occupants en payent le Kharndj comme loyer sans que jamais ce Khal'adj puisse tre 6uppl'im, mme lit aucun terme n'est fix, c'est--diremme si aucun acte n'a t fait tablissant le temps de la location. Le seul fait d'occuper un bien hahous entranl' l'obligation d'en pnyer le loyer, Cette situation n'est pns modifie par la conver-
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sion des occupants l'Islam ni par leur situation de tributaires. Ces terres ne peuvent tre vendues cause du principe qui rgit les habous. La deuxime subdivision est celle dont les habitants sont rests et ont obtenu une capitulation leur conservant la jouissance de leurs terres. Cette subdivision se subdivise elle-mme en deux autres: 1. 0 Celle relative ceux qui, tout en restant, ont obtenu des capitulations en renonant la proprit de leurs terres qui deviennent haboUB au profit des Musulmans, comme celles dont les habitants se sont enfuis. Pour conserver la jouissance de leurs terres, ils payent le Kharadj comme loyer. Le Kharadj ne sera pas supprim par leur conversion 'l'Islam, et ils ne pourront pas vendre ces terres. 20 Celle relative ceux qui obtiennent des capitulations leur conservant la proprit de leurs terres dont ils ne pourront tre dpossds. Ils payeront un Kharadj qui sera comme une Djezya tant qu'ils resteront infidles et cesseront de payer ce droit s'ils se convertissent l'Islam. Ils ne payeront pas d'autre Djezya de capitulation; ils pourront vendre leurs terres qui bon leur semblera, soit les vendre entre eux, soit des Musulmans, soit d'autres tributaires. S'ils vendent leurs terres entre eux, l'acheteur continuera payer le Kharadj. S'ils les vendent un Musulman, le Kharadj sera supprim. S'il.s vendent leurs terres un autre tributaire, ou bien le Kharadj ne sera pas supprim, parce que l'acheteur sera encore un infidle, ou bien le Kharadj pourra tre supprim cause de la protection dont jouit l'acheteur et qui le fait sortir des conditions de la capitulation relative cette terre. Plus loin, pages 1.60 et suivantes, chapitre XIV Admi.
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nislralion des diffrents territoires , EI-Maouardi dit encore: Le territoire de l'Islam se divise en trois parties: .{o El-Hiram; c'est--dire la Mekke et ses environs; 2 El-Hidjaz ; 3 Les autres territoires. Ces autres ierritoires se divisent eux-mmes en quatre parties: 1.0 Ceux' dont les. habitants se sont faits Musulmans ; ils payent l'Achour ; 2 Ceux qui ont t crs par les Musulmans, c'est dire qui taient inhabits et o les Musulmans se sont tablis. Ils payent l'Achour; 3 CeuX qui ont t conquis de force (Anoua) par les Musulmans et, sous-entendu, dont les habitants se sont enfuis. Ils payent l'Achour ; AO Ceux enfin aux habitants desquels les Musulmans ont accord des capitulations (olha). Les habitants de ce territoire payent le Kharadj. Ces territoires de capitulations se subdivisent euxmmes en deux sortes : to Ceux dont les habitants ont capitul en abandonnant la proprit de leurs terres pour obtenir la capitulation. Ces terres ne peuvent plus tre \Tendues, puisque le Kharadj sera considr comme le loyer de cs terres et devra tre pay, mme si les habitants se font Musulmans. Ce Kharadj sera exig des Musulmans comme des tributai~es.
20 Ceux dont les habitants ont obtenu des capitula~~ons, eo. gardant la proprit cie .leurs terres. Ces terres peuvent tre vendues et leur Kharadj est considr comme une Djezya, qui cessera d'tre exige lorsque les habitants de ces territoires se seront convertis l'Islam. Ce Kharadj assimil la Djezya ne sera pay que par les sujets tributaires et non par les Musulmans.
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Dans ce cas, ajoute ElMaouardi, o la jouissance des terres conquises par la force (Anoua) a t rendue leurs premiers propritaires, aprs la conqute, ceux... ci payent comme loyer un droit de Kharadj. Les terres (Anoua) sont habous, et le produit de leur loyer doit tre employ pour le bien des Musulmans. Abderrahman ben Abdelqader el-Medjaci, dit,d'aprs l'Imam Malik, que le Sultan est le Nadir de ces habous, et ne saurait par consquent les vendre, sauf si le Bit el-Mal est vide. C'est lui qui en touche les revenus. C'est cela que fait allusion le Sultan Moulay Zidan lorsqu'il dit que li le Kharadj de ces terres dpend du bon plaisir du maitl'e du sol, qui est le Sultan . ' Les auteurs musulmans ont toujom's eu de la peine se mettre d'accord sur la situation des diffrents territoirs de l'Islam, et sur leur division en Bled el-Al\oua Il et en (( Dled ec-olha . Ils ne sont mme pas d'accord sur la situation exacte de la Mekke, que l'Imam Abou Hanifa considre comme Alloua, alors que l'Imam Ech-Chafi la considre comme olha. A plus forte raison, les auteurs ne sont-ils pas d'accord sur la situation exacte du Maroc. Cependant, l'Imam Malik considre le Maghreb tout entier comme Bled el-Anoua. D'aprs la .lettre du Sultan Zidan que nous citions tout l'heure, il semble que les docteurs ont admis que' certaines rgions de montagnes du Maroc sont pays de capi"" lulations. . Les habitants des montagnes le comprennent ainsi et ,paraissent se ranger dans la catgorie de ceux qui ont obtenu des capitulations en conservant la proprit de leurs terres, et qui, par le fait de leur conversion l'Islam, n'ont plus payer ni Djezya ni Kharadj, ou plut6t ,dans la catgorie de ceux qui se sont convertis pour con.servel' la proprit souveraine de leurs terres. D'autre part, d'aprs Lon l'Africain, les habitants du
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Habt payaient l'impot: Le roy de Fez les a rendus ses tributaires, au moyen de quoi il leur impose de grands subsides et tributs. Il semble donc probable que, soumis en principe au paiement du Kharadj, les Djebala se sont en fait soustraits cet impt, d'une part par l'impuissance o taient souvent les souverains de l'exiger d'eux, d'autre part par le.s exemptions que les divers prtendants qui se disputaient le trne leur accordaient; eux-mmes, ou aux nombreux Chol'fa qui habitaient leur territoire pour les attirer rciproquement dans leur parti. Postrieurement Lon, des dispenses d'impts ont d tre donnes aux Djebala par les Saadiens pour les entraner la guerre sainte contre les Portugais, et p'our les dtacher des Turcs qui cher, chaient pntrer dans cette rgion. Les luttes des descendants d'Ahmed el-~Ianour, qui se terminrent par la chute de la dynastie saadienne, permirent aux Djebala de reconqurir leur indpendance, que la vitoire de l'Oued el-Mkhazen, en consolidant le Sultan, avait compr~mise. C'est de cette poque, sans doute, que date leur prtention d'tre souverains de leur territoire, en tant que descendants de capitulaires ou de gens qui s'taient convertis l'Islam pour conserver cette sou'"erainet. Depuis, la question de principe n'a jamais t discute, ni mme pose. Livrs euxmmes, les Djebala al6rment leur indpendance et la libre et absolue proprit de leurs terres. Devant une' manifestation de force suffisante, ils s'inclinent, renoncent momentanment leurs prtenti<>Ds, t payent ce que l'on exige d'eux. En rsum, on peut dire que, jusqu' prsent, les Dje~ bala, lorsqu'ils payent l'impot, le payent comme des vaincus ~t non comme des administrs.
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Aperu historique.
L'tablissement dans les montagnes du Nord du Maroc d'un grand nombre de Chorfa Idrisites au commencement du quatrime sicle de l'Hgire, lorsqu'ils furent chasss de Fs par Mousa ben Abi-l-Afiya, a contribu galement donner la rgion o ils se rfugirent un caractre particulier. Le nom du premier de ces Chorfa, dontle tombeau dans la tribu des Soumata est enCOl'e l'objet d'une grande vnration, a disparu et il n'est connu que sous celui de Sidi el-Mezouar 1, mot berbre qui signifie le chef. Les Idrisites. chasss de Fs et perscuts trouvrent ds le premier jour chez les montagnards de chauds partisans, qui, en les dfendant, dfendaient en mme temps leur propre indpendance. Ils prfraient reconnaitre la suprmatie religieuse des descendants de Moulay Idris, dont la prsence sanctifiait leur sol sans attenter leur libert, que de se soumettre aux exigences du Makhzen. Les tombeaux des nombreux. descendants de Sidi elMezouar sont devenus autant de sanctuaires; la plupart se trouvent dans la tribu des Beni Arous. . Au sixime sicle de l'Hgire, le septime descendant de Sidi el-Mezouar, le Qotb Moulay Abdessalam ben Mechich, vint apporter la descendance de Moulay Idris un nouvel clat. Disciple du Cheikh Abou Median Choalb ben Hosein elAndalousi (Sidi Bou Medine el-Ghaout, le patron de Tlemcen), il fut lui-mme le professeur d'AbouIHasan Ali ech-Chadili, fondateur de la Tariqat ech-Cha dilia tablie sur les principes du Soufisme apports au
lait Mohammed el-Mezouar.
1. Bl-Mezouar lien Ali el-Hardara ben Mohammed ben Idris, etc. Il s'appe-
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Maroc par Abou Median. Nous tudierons plus loin l'influence purement r~ligieuse de Moulay Abdessalam chez les Djebala. Du vritable culte rendu ce Chrif est rsult galement une influence politique qui fait que tous les habitants des montagnes qui entourent le Djebel Ale~ o . es.t enterr Moulay Abdessalam, le considrrent comme leur seul souverain: Soultan el-Djehala, comme ils l'appellent. La croyance populaire est que la protection de Moulay Abdessalam s'tend sur toute la. rgion qui est considre comme son royaume, et que les Sultans de Fs .seraient impuissants y tablir leur autorit et y percevoirdes impts rgliers. . D'autre part, la pauvret relative de la rgion a toujours empch les Sultans de diriger contre elle des expditions sr'euses. Le Makhzen, dont le seul souci est de runir de l'argent, estime que. les ftais d'une semblable expdition ne seraient pas couverts par les bnfices qui en rsulteraient, et qu'eUe serait en outre assez meurtrire, tant donn le caractre belliqueux des habitants et la facilit qu'ils auraient se dfendre dans un pays montagneux et bois. La dynastie saadienne, aprs la victoire de l'Oued el Mkhazen sur les Portugais, qui lui donna pendant quelque temps un prestige considrable, y a cependant exerc une certaine autorit et a pu y percevoir des impts. Ls luttes. intestines de la fin des; Saadiens et des premiers te~ps des Filala, el les dsordres qui eil furent les consquences donnrent aux Djebala l'occasion de reprendre leur indpendance, et ls Pont conserve pl'esqu entire jusque aujourd'hui. Vers le milieu du diX-neuvime sicle, sous rergne d'e Moulay Abderrahman, le gouverneur de Larache, Si Bouselhant Astot, qui avait dans son gouvernement toute ta rgion des Djebal, y exerait une relle autorit.L'influence qu'il avait acquise, par son nergie et sa justice,
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qu'un seul de ses Mokhaznia arrachait des grilles du tombeau de Moulay Abdessalam les gens poursuivis -qui s'y rfugiaient, et les conduisait seul jusqu' Larache, . travers les tribus, sans que personne s'y oppost. A plus forte raison faisait-il sortir ceux qu'il voulait faire arrter des autres sanctuaires moins vnrs. L'autorit de Si Bouselham tait base, d'une part, sans doute sur les forces considrables dont il disposait, tant donn le nombre de tribus qu'il gouvernait, d'autre part, sur sa justice et son dsintressement; mais son habilet ~t son savoirfaire y taient aussi pour heaucoup. Tout en gouvernant effectivement les tribus de montagnes, il savait respecter leur indpendance, et les maintenait sans les -opprimer et sans' les craser d'imp6ts; de plus, il s'tait rendu favorables les nombreux Chorfa en satisfaisant leur avidit et en flattant leur vanit par des sacl'ifices qu'il envoyait faire aux tombeaux de leurs anctres. La famille Astot, d'origine rifaine, a d'ailleurs elle-mme des prtentions chrifiennes et se rattache la descendance de Sidi Ali ben Daoud, qui serait un Chrif Idrisi. Le successeur de Moulay Abderrahman, Sidi Mohammed, rduisit, aprs la mort de Si Bouselham, l'importance de 80n gouvernement. C'est de cette poque que date le morcellement de l'autorit entre les mains d'un grand nombre de Qaids, quia t une des causes principales .de l'affaihlissement du Makhzen. Pousse, d'une part, par la crainte de voir les grands Qards prendre une trop grande importance et de se trouver en tat de leur tenir tte, d'autre part afin de pouvoir battre monnaie en vendant un plus grand nombre de places, les Sultans ont morcel, les' anciens grands gouvernements. Sans doute, ils ont diminu ainsi les (orees de c:;hacun de leurs gouverneurs, mais leur autorit en a ~t amoindrie, et les tribus en ont profit pour reprendre leur indpendance, non seulement vis--vis des gouver-
~tait telle
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neurs devenus impuissants, mais vis--vis du Sultan luimme, priv <fe fait de moyens d'action suffisants contre -elle8. Si Bouselham Astot eut pour successeur son parent Si Et-Tahami, auquel succdrent galement sous le rgne de Sidi Mohammed, le Hadj Ali Astot et sop. fils Si Mohammed Ould el-Hadj Ali. Sous le rgne de MOlJlay el-Hasan, la famille Astot fut remplace dans le gouvernement de Larache par un membre d'une famille makhzen de la tribu guich des Cheraga, le Hadj M'hammed Ould Ba Mohammed ech-Chergui. Ce gouvernement ne se composait plus que des villes de Larache et d'EI-Qar, des deux tribus arabes du Khlot et du Tliq, du Sahel et de la seule tribu llIOlltagnal'de des Ehl Serif. Les autres tribus de montagnes qui faisaient autrefois partie du gouvernement de Si Bouselham Astot taient partages entre les gouverneurs du Gh.arb, de Ttouan et de Tanger. En tudiant chaque tribu sparment, nous indiquerons les diffrents gouvernements aux-quels elles ont t rattaches aux diffrentes poques. lAt faon nergique dont le Qafd Ould Ba Mohammed rprima une tentative de rvolte des Ehl Serif servt maintenir dans une obisaance relative les autres tribus montagnardes. A la mort du Hadj M'hammed Ould Ba Mohammd echChergui, la famille Astotrevint au pouvoir en la personne de Si EI:-~lekki, .qui gouverna peu de temps; sa mort, il fut remplac pa~80n neveu Si Ahmed benet1'ahami. La faiblesse de ce .dernier et la dfaite que lui infligrent -en 1893 les Eh! Serif qui s'taient soulevs contre lui et -contre lesquels il demanda l'appui des troupes du Sultan, marquent le commencement de la priode d'indpendance presque abEK>lue de tOU8 les Djebala. La mon de Moulay -el-Hasan, survenue en 1894, acheva ce que la dfaite de Si Aluned ben et-Tahami avait commenc.
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La capture du QaId Mac Lean par le Chrif Ralsouli provoqua contre les tribus montagnardes une expdition qui, semble-t-il, aurait pu russir si le Chrif Sidi Abdesselam el-M'rani, qui commandait le corps d'arme parti d'El Qar, avait tmoign de la mme nergie et de la mme franchise d'action que Si Mohammed Ould Boucheta belBaghdadi, qui commandait les troupes venues de Tanger, et qui avait victorieusement travers tout le massif montagneux jusqu' Chefchaouan (ou Ech-Chaoun).Que s'est-il pass, quelles ont t exactement les faiblesses et les trahi sons, et de qui proviennent-elles? Il sera, sans doute, toujours impossible de le sayoir.' Le Sultan Moulay Abd el-Hafid a nomm gouverneur des tribus montagnardes voisines de Tanger e mme Chrif Ralsouli, dont la ttetait mise prix. Est-ce afin'utiliser l'influence de ce Chrif pour soumettre la montagile au Makhzea, ou pour maintenir dans les environs de Tanger une atmosphre de xnophobie? :C'est peut-tre simplement pour profiter du prestige de Moulay Ahmed er-Ralsouli pour faire payer par les montagnards des sommes aussi importantes que possible, sous prtexte d'impts arrirs, ou sous des prtextes quelconques. Grce son indiscutable prestige, sa descendance inconteste du Prophte par, Sidi Youns ben Boubeker, oncle de Moulay Abdesselam, grce galement la situation de champion de l'Islam, qu'on lui avait un peu faite, contre les envahissements des Chrtiens de Tn.ger, il a pu pendant quelque temps faire payer de fortes contributions et envoyer au Sultan des sommes importantes. Maia les tribus crases n'ont pas tard se reprendre devant le peu de forces effectives dont dispose leur gOll'Verneur, 'EfUi devait d'ailleurs perdre beaucoup de sa popularit chez les montagnards par le seul fait qu'il tait investi de fonctions officielles. Il a fallu au Chrif le concours, non seulement de quel-
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ques centaines d'askars de la garnison de Tanger, mais celui de toute une Mehallapour rduire l'obissance ses administrs. Cette Mehalla, commande par le Qard Si MohamII).ed Ould Boucheta bel.Bllghdadi el-Djamar, de la tribu guich . des Oulad Djama, a pris les Djebala revers en venant . par les Beni Zeroual, et les Beni'Mezguilda. Campe pendant un certain temps Sidi Bou Douma entre l Djebel. Kourt, Ouezzan et les Beni Mestara, elle a soumis cette dernire tribu, a rduit ensuite les Rhona, les Ehl Serif . et les Beni Gorfet qui ont fait leur soumission Rarsouli. La crainte de l'invasion des Chrtienshaoilement propage par le Makhzn dans ces tribus, d'une part, la force et les intrigues de la Mehalla et deHalsouli, de l'autre, ont fait jusqu' prsent tomber toutes les rsistances. Il e.st impol'.sible de prvoir ce qui arrivera si le Makhzen entend rellement tablir solidement son autorit dans cette rgion; mais il est probable que,. comme toujours, tout se bornera des arrangements financiers qui ne constitueront pas une solution.
2. -
Les lmpdls.
En examinant dans l'histoire lasitation des tribus de la rgion des Djebala, on se rend compte: q'U'ils n'ont aucune ide d'appartenir un gouvernement constitu, et que les seules obligations qu'ils comprennent et atquelles ils consentent se 's~umettre sont les obligations religieuses. Rests maftres de leur sol, ils se considrent comme seuls souverains de ce sol qu'ils dfendent contre tous les envahisseurs, et pour la jouissance duquel ils ne peuvent
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pas admettre qu'ils aient payer ni droits ni impts. Le Sultan n'est pour eux cJue l'mir el-Moumenin, le chef des )fusulmans pour la guerre sainte, mais il n'est pas le souverain de leur sol. Ne reconnaissant et ne comprenant d'autre loi que la force, ils y cdent lorsqu'eUe s'impose eux, mais ils reprennent leur indpendance ds que la contrainte disparat; en un mot, ils ont pu tre vaincus, mais ils n'ont jamais t soumis, ni surtouLjamais administrs. L'organisation et le prlvement des impts sont forcment trs rudimentaires dans des rgions aussi peu rattaches au gouvernement central. N'aJant, par leur situation de capitulaires (Colha), ou en vertu de privilges concds par les Sultans pour les besoins du moment, aucun droit payer pour les terres qu'ils occupent, n'tant soumis aucun Meks (droits de marchs, droits de portes, rgie) qu'il serait d'ailleUl's impossible de prlever chez eux, les Djebala n'ont payer .clue l'aumne lgale, Zekat et Achour, et la Hedia, clon fait au Sultan chacune des trois grandes ftes musulmanes. Ils accluittent l'obligation religieuse en ver sant leur aumne lgale entre les mains des nombreux Chol'fa qui habitent les montagnes; quant la Hedia, c(~ sont les Qards des tribus de plaines, aux p;ouvernements lesquels les tJ'ibus montagnardes sont nominalement rat taches, qui acquittent pour elles cet impt, qu'ils prlvent sur leUl's contribuables. Tel est du moins J'tat de choses actuel. La lIedia "guli,'e de ChOqUA tribu de montagnes est de 100 mitqals, 30 oukias ou 3 mitqals le douro, ce qui re)lI'sellte 33 douros el 6 raux et demi, ou 16() pc.sctes 6;). En dnhors des poques o le gouvernement marocain, snrlisammellt tahli, a pu.soumettre au paiement de l'impt la ,'('ogion des Djebala, il en li,c cependant quelque p,'ofit au mOYl>n d'expditions militaires, Il est rare d'ailleurs
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que ces expditions en arrivent livrer des combats. Les troupes'chrifiennE;s ont deux chefs : un chef militaire, gnralement le Qaid d'une tribu guich, et un Chrif appartenant il la famille du Sultan. La petite arme qui se compose au maximum d'un millier d'homIiles, dont six' ou sept cents askars, fl1ntassins rguliers, et le reste de cavaliers du guich et des contingents des cavaliers des tribus de Naba voisines de la tribu de montagne objet de l'expdition, tablit son camp proximit de cette tribu, de faon ce que les nombreuses tentes tablies donnent l'ennemi une imposante ide des forces envo~'es contre lui. La disposition du camp est toujours la mme. Au centre, les qoubbas (grandes tentes rondes murailles) du Chrif et des Qaids. Devant la qoubba du commandant en chef, Kebir el-l\Iehalla, deux ou trois petites pices de montagne se dressent, enveloppes dans leurs tuis de cuir. Un petit obusier se chargeant par la bouche sert i\ annoncer le' lever et le coucher du soleil par une dt{)nation dont les vibrations rpercutes par les montagnes vont annoncer au loin la prsence des forces chrifiennes et branler les courages. Autour des 'qoubbas, les tentes des cavaliers du 'guih, devant lesquelles sont' entravs leurs chevaux; puis, formant le cercle extrieur de ce camp principal, les tentes des askars. Les contingents des tribus de Naba ont leur camp part avec leurs Qaids respectifs. Les gens de Na"rba ne campent pas avec les gens du :Makhzen. Il faut ajouter les tentes des nomhreuses prostitues et celles desmarc11nds. Ds l'arrive' delaNIeh~l1a chrifienne., les habitants des drhour (villages) les ptu~ exposs migrent dan,s pintrieur de la montagne avec leur bt~'il et tout ce qu'ils peuvent emporter. Si, au bout de quelques jours, la tribu montA~nr<1e n'a pas envoy de dputation, n'a' pas fnit acte d soumission, enfin n'a pas engag les pourp:ulers d'une ra~'on quel-
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conque, les chefs de la Mehalla dcident de faire une 80aga, une battue. Le matin avant le jour, cavaliers et fantassins se prcipitent sur les villages abandonns, y prennent ce qu'ils y trouvent, mettent ensuite le feu aux toits de chaum~ des maisons vides et reviennent triomphalement au camp; c'est une victoire. Il arrive parfois que des Djebala embusqus derrire des rochers ou des arbres ~irent de trs loin quelques coups de fusil, auxquels les troupes du Sultan rpondent par des feux de salve i trs rarement il y a un mort ou deux et quelques blesss. Lorsquele terrain le perlpet, la cavalerie cherche tourner les Djebala et parvient quelquefois s'emparer de quelques fuyards retardataires, qui sont ramens au camp o ils sont mis la chaine. . Ni d'un ct~ ni de l'autre d'ailleurs, on ne tient gnralement se battre, et on ne demande qu' s'arranger: du ct chri6en en obtenan.t le plus possible, du ct des Djebala au meilleur ma,rch, et toujours d'aprs la thorie opportuniste qui dirige toutes les actions des Marocains, qu'entre deux maux il faut choisir le moindre. Le lendemain, une dputation des notables de la tribu vient demander audience au Chrif, et les confrences com~encent, qui se prolongent en d'interminables palabres. Le rsultt des ngociations consiste en gnral ce que les montagnards remettent au Chrif pour impt$ en retard une somme d'argent calcule sur le nombre d'anne.s pendant lesquelles la tribu n'a.fien pay au Makhzen, et surtout sur la force de la Mehalla et la faiblesse relative de la tribu, qui donne, de pius, u.ne certaine quantit de mules; en change, la l\lehalla se retirera et la tribu retrouvera son'indpendance et sa tranquillit un moment menaces. Cet impt extraordinaire s'appelle ).l:.4JIEI-Qana~ir, les quintaux. C'est videmment un souvenir de l'ancien systme qui consistait faire payer par une ville ou par une tribu un certain poids d'arKent.
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A la fin de 1674, Moulay Ismal arriva Fs, o il exigea des habitants une contribution de cinquante quintaux d'argent trente-trois, ce qui fait deux cent mille livres. On voit dans Salluste que l'usage de payer les contributions en Afrique par un poids dtermin d'argent est trs ancien. Lorsque Jugurtha, roi de Numidie, rclama la clmence de Rome, Mtellus, qui co~mandait en Afrique, exigea qu'il livrerait provisoirement ~uxRomains deux cent mille livres pesant d'argent. Le quintal d'argent au Maroc est devenu un numraire de convention qui ~st fix mille ducats (mitqals) valant six mille six cents livres, quoiqu"un quintal d'argent monnay vaille plus de dix mille livres 1. 1. CHNIER, Recherche. hi.toriqueur le. Maure. Paris, 1734, t. III, p. 871.
Ce passage confirme ce que nous d!sions dans l'Organisation des Finances au Maroc ., Archive. Marocaine., ,vol. XI, fasc. Il, p. 201, que le douro valait, sous Moulay Ismal, 7 oukias et demi, c'est-A-dire que depuis 167-lle mitqal, base de la monnaie marocaine, a perdu 1700 p. 100 de sa valeur, puisque le douro vaut aujourd'hui 140 oukias, ou 14 milqals (il y a, comme on sait, 10 oukias au mitqal). On ne saurait expliquer cette dprciation extraordiqaire qu'en se rappelant que le mitqal' a t autrefois une monnaie d'or. Pour retrouver exactement la valeur lgale du mitqal, monnaie d'QI', et des autres pices divisionnaires, il faudrait faire l'historique de la monnaie musulmane. Contentons-nous dp. constater, d'aprs le tableau dress~ par M. Louis Masl\ignon, dans Ion ouvrage Le Maroc dan. le. premire. anne. du .eizime .icle, p. 102 : que le mitqal or, qoranique, pesait de , gr. 729 A, gr. 25 j que, sous les Almoravides, de 1130 A 1280, le mitqal or carr avait repris le poids qoranique et pesait' gr. 729 j que, sous les Saadiens, il pe~iL 8 gr. M8 et qu'enfin, au commencement de la dynastie des Filala, en 1671, il ne pesait plus que 8 grammes et disparaissait pour tre relllplac par un mltqal ,en ar gent du poids de 28 grammes. Cet talon de la monnaie marocaine qui s'appelait le mitqal et qui tait d'or, aprs avoir diminu petit A petit de poids, finissait donc par disparaltre comme monnaie d'or, et, tout en conservant le mme nom~ deve..; nait un talon d'argent. L'or accapar par les Juifs et, par le Makhzen, d'accord sans doute avec eux, avait t fondu, vendu, ou mis en rserve j de toutes faons, il avait t retir de la circulation. Toute la monnaie marocainll devait se ressentir de la disparition del'Lalon d'or et de sa transformation en talon d'argent. Ce mitqal argent lui-mme disparaissait, ainli Que les oukia. et mouzoilna' d'argent, au commencement du dix-neuvime sicle, sous le rgne de Moulay Sliman, et le mitqal, talon de la monnaie marocaine, n'tait plus reprs'ent que par des mouzouna. de cuivre j S3 valeur, devenue fictive, a pu tre A peu prs mainARCH. MARCC.
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ARCHlYES :\IAROC.\I:-iES
Il est J'are que ce nombre des qanatir impos la tribu au moment des arrangements, toujours verbaux, pris entre elle et le chef de la )Iehalla, soit intgralement pay. Des arrangements interviennent, des cadeaux personnels sont faits aux principaux personnages de la Mehalla, des Chorra de la tribu s'interposent, enfin quand une partie de la somme totale, dj rduite, est effectivement verse, un document d'Adoul est tabli, d'aprs lequel la tribu
lenue nr1Jitrairement tant que les l'elaUons commerciales avec l'Eu l'ope ont t l'cslreintes ('t maint.ennes exclu,;ivement dan.; les porti! 01)' se fai.;aient les oll~rnlions d'ap;iota!{e ha!,,'e.. l!ur la ,'aleur factice maintenue :'l ln monnaie loc.nle "is-i1-"is clu doul'o, ba,.e de la monnaie des importal('ur,. de mOI"'handi;;es h'an!C"'res et des acheleurs de produits indignes, On peul t1i1'e que la ynleU!' de la monnnie indigne a pu ,ih'e il peu prs mniutenue tant 'lue le :\laro,' el;I r('!'t fel'm et n'a pas t pl'is dalls t, systme des vases communicants du commerce universel. . Celte vnleur arbitl'ail'e de la monnaie marocaine, qui, depuis la disparition du milllai d'or ct du mitqal d'argent, n'avait plus de hase, ne pou, vait paR d'ailleur!' h-e longtemps maintenue, Malgr(' les efforts du Mnl\h, zen "t des capitalistes indignel'l mU!mlmans et juifil, pour circonscrire dans le;o ports l'inl1uence de la monnaie trangre, celle-ci pntrait dnns le pap', et cleynnt elle la monnuie indig,\ne diminuait de valeur; c'est lIin,.i qu,' le douro, (llli ,'alait ii oukias l't demi au dix-septime sicle, en valait 7 cl demi au dix-huitilome, 10 au commencement du dix-neuvime, puis 1;;, (,Il', Lu guerre de 18B, en ouvrant Mflnilivement le pay!! au commerce, ~ll'he\'n la ruine de la monnnie indiglone, ct le dom'o, apl'.. avoiJ' ,'alu 20 IIllkia8, \lui,. 30 el demi, a fini pl1l' arriver Aen valoir UO, c'est-A-dh'c 14 mit'I"is, l'OUI' pur," il ('ell,' ruine, le Sullan :\Ioulay el-Hasan et "on l'ucces""IJI', )Inllla~- .\lulclll1.i7., nnl ('I.. un doul'll mal-ocain; celle nouvelle monnaie. 'I"i lIIatUI"". c:ommc l'nrlf'i "11lIl't, d'lin tulon d'or, a t bientI, "i,,-it-,i~ ,Ic~ III Ulltlllll1je tI'Eul'OItl', ro1Jjet d'un cour;) de l'bange, qui, en ,'e tilli eon",'rll" la lIIounai.' 1'1':1II~:lIi,.c, ,-m'ie de WO li Ha p. ll1l1, En pa'eIIl1nl "C11I1I1'" 1I10YC'UII" un r.llUI'" ,le \;.0 p. liN. le ,loUl'O hasani ,'nIant l-l lIIil'IIII;j, III l'je'c', ,Ic ;. fl'unc!' l'I'antai''e vaut nujllurtl'hui 21 mUqal.., "oil :1111 ullki..". alOI'" 'lue la 1111\111 .. pii'l''' dc ii fl'oncil Wllllit, ,"OUi le rgne tI, :\luul:lY 1"lIIlll, ; oukiaFl lt ,1c'/IIi, c'llsl-i1-dirc qU'lIu point de \'Ul' du ,;~"I"'lIIe mUIl"'lail'" 1II1l1'u.'uin, 11:1,. 8\11' 1 mitctal, pom' repr(',;enler au.. joul',l'Il11i ;; rl':mc'" ell mOlllull' Illm'o,'ain,, il fnut donner ellactelll,-nl '-illl(t-llIIit roi" pllll'l cie 1,.. lIe lIIunnlli.. 'J1i la lin du clill-"epti,\ml' ..ii-cie, Cd {'''llIllll' cl,' lu '1IIl'"linll 1II11IlNuh', pel'mel cle cmupl'enclre III "il ua1i<1II ""'plul'ahll' oil ~,. Il'(lII\'enl uc~tll"lIcmelll les financ," nmr(ll'uint'" et. C"I\II'IIiC raltlllluH,;..elll(1I1 cllI l'a)'''- "'puisn par INl al1pnrent'e;; tle l'idu''''''' '11Je le :\lakhwlI li ,'oulll se dOlllll'I' IHI ,1,,It'illl'mt ,le la fOl'Iune dt' ,.:,." -lIj"''',
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doit au Makhzen le reste de la somme. Ce reliquat sera rclam par l'expdition suivante, ajout aux sommes nouvelles exiges par cette expdition; la tribu ne payera encore une fois qu'une partie de la somme totale, un second document d'Adoul sera tabli, et ainsi de suite, de sorte que les tribus non Naba sont toujours dbitrices du ~lakh zen; c'est un moyen pour lui de maintenir le principe de leur dpendance..\.utrefois, lorsque le ~Iakhzen avait plus de force et plus de prestige, il obligeait les tribus de montagnes lui remettre, outl'e les qanatir et les mules, des otages El-~Iarahin ~\..)1. Ces otages taient enchans dans une des prisons du l\Iakhzen en garantie du payement des sommes dues et de la soumission de la tribu; ils se relayaient de faon ce que le mme nombre ft toujours dans les prisons chrifiennes. Tant que ces otages taient entl'e les mains du ~Iakhzen, la tribu laquelle ils appartenaient I)ouvait tre administre comme une tribu de Naba; la solidarit de tous les gens de la tribu et la crainte de faire maltraiter un des leurs qui tait en pl'ison, les rduisaient une obissance ahsolue. On a,-ait donc l un moyen, primitif, sans doute, et rudimentail'e, mais trs simple, de rduire la sauvage indpendance des Djebala: il n'y avait qu' leUl' prendre des otages et les conserver. Malheureusement, la cupidit du ~Iakhzen finissait tol:.jours par se laisse l' tenter pal' les somnws offertes par la tribu en change de la libert de sps otages; les Chol'fa intel"'enaient enCOl'e, St' pOl'taient, pOUl' sam'er les appal'ences, garants de la soumissiull de lu tri/lU; hrer, on reml'Uait les otages en libert ct Lout (itait recommencer. Depuis longtemps, le ~hkhzell n'a plus la force nt,.ices saire pour exiger des otages; les chefs des explillitions en .parlent bien cnCOI'e 10rs(lue les tl'ihus 11'aitenL avec eux, mais on sait (lue cela n'est plus de leur /.al't (Iu'un moyeu
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ARCHIVES MAROCAINES
d'obtenir pour eux-mmes un cadeau d'une certaine importance qui ne tarde pas les faire renoncer leur prtention. Il arrive parfois, surtout depuis ces dernires annes, que les choses ne se passent pas aussi simplement que nous venons de le dire. Les tribus, fortifies par une longue indpendance qui leur a permis de s'enrichir et de s'approvisionner en armes et en munitions, refusent de traiter, se renferment dans leurs montagnes et attendent. Lorsque la Mehalla ne se sent pas assez forte, c'est elle son tour qui emploie les Chorra pour arriver un compromis qui lui permette de se retirer en conservant au moins les apparences de sa dignit. Rarement elle attaque la tribu, et dans ces derniers temps, lorsqu'elle l'a tent, elle a toujours t battue. Lorsque les Djebala font des prisonniers sur la Mehalla qui les combat, ils maltraitent et tuent le plus souvent ceux qui appartiennent aux tribus de Naiba, tandis qu'ils renvoient, aprs les avoir dsarms, les askars des troupes rgulires. Les premiers sont des gens de tribus, et le fait de leur part de combattre d'autres gens de tribus constitue, aux yeux des Djebala, une sorte de trahison, une violation de la solidarit du peuple. Les deuximes, au contraire, sont des soldats d'abord, qui vont o on les envoie, qui font leur mtier et qui sont considrs comme personnellement irresponsables; de plus, ce soilt des soldats de l'mir el-Moumenin, du chef religieux, auquel les Djebala rsistent sans doute pour dfendre contre lui leurs biens temporels 'et leur indpendance., mais dont ils redoutent d'attirer sur eux la maldiction. En effet, une tribu maudite par le Sultan, Maskhoutal es-Soullan, est une tribu voue par le fait mme toutes les calamits de Dieu et des hommes; elle se trouve dans la mme situation qu'un pays qui, au moyen ge, aurait t l'objet d'une excommunication gnrale. Il est arriv quelquefois que le Sultan a jet sa maldiction,
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Sakht, sur une tribu. Cette mesure a toujours eu comme consquence la destruction souvent complte de la tribu maudite. Les tribus voisines se jettent sur elle; les hommes sont massacrs, les femmes et les enfants vendus aux enchres, le btail et tous les objets ayant une valeur quelconque sont partags entre les assaillants, les rcoltes sont dtruites, les arbres sont coups. Ceux qui ont pu s'enfuir arr\'ent parfois se rfugier au loin et, aprs un long temps, reviennent petit petit OCcuper le 'territoire de la tribu dtruite qui se reforme; mais il arrive souvent que le territoire de cette tribu est ~artag entre les tribus voisines et que son nom' mme finit par disparaUre et par tre oubli. L'affaiblissement des tribus qui se sont faites les instru.. ments de la maldiction chrifienne, caus par leurs propres luttes pour se partager le butin, a souvent permis au Makhzen de les soumettre elles-mmes sans combat son autorit et de leur faire payer l'imp6t. Les consquences terribles de la maldiction prononce par le Sultan font qu'il n'a recours ce moyen radic,l pout:: soumettre une tribu que dans le cas d'une extrme gravit. Les Sultans l'ont toujours rarement employ et depuis de longues annes on, n'en cite pas d'exemple t. D'une part, l'abus d'un semblable procd n'aurait pas tard ruiner
1. Le d"rnier Sultan qui ait prononc la maldiction sur des tribus a t Sidi Mohammed, grand-p6re du Sultan actuel, et encore les effets de sa maldiction ont-ils t toujours attnus par un 'rapide pardoD, de telle sorte que 'les tribus qui, en ont t l'objet n'ont pas t dtruites, mais seulement partiellement ruines et incapables de se rvolter pendant Un certain t e m p s . , , ' . La maldiction dont nous venons de, p,arler est appele Sakhlat el-keblra, la grande maldiction. Il y a galement la maldiction simple, par laquelle le Sultan appelle sur la tribu un flau de Dieu. On raconte encore dans les villages la maldictiun dont la tribu des Beni M'tir a t l'objet de la part de Sidi Mohammed et qui a ell pour rsultat - disent srieusement les narrateurs - de remplir de veN - (ed-doud) - la pAte que ptrissaient les remmes de la tribu pour raire le pain. Ce flau ne disparut que lorsque la tribu des Beni M'tir rut venue raire au Sultan sa complte soumission.
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AIlCIIIVES NAROCAI:sa
le pays, et cela et t tue~ la poule aux ufs d'or; de l'autre, le moyen, s'il avait t employ frquemment, aurait perdu de son efficacit et il est mme possible qu'au- jourd'hui la maldiction prononce par le Sultan ne produirait plus les mmes effets qu'autrefois.
3. -
La Barka t.
La Barka, ainsi qu'on l'a vu dans Les tribus arabes de la valle du Lekkous , est le contingent fourni par chaque tribu de Naiba aux expditions militaires du Makhzen. Les Djehala, n'appartenant pas la catgorie des tribus de Naiba, ne sont pas partags en units imposables et corvables, et ne sont pas rgulirement soumis fournir des contingents de Harka. Cependant, lorsqu'une Mehalla chrifienne se trouve sur' la limite d'une tribu des Djebala, et que cette tribu, incapable de rsister, fait sa soumission, le chef de la Mehalla l'oblige fournir un contingent dont l'importance est relath'e celle de la tribu elle-mme, et qui varie de 100 600 fusils. Ce contingent ne prte son concours la ~Iehalla que pour les oprations militaires qui se font dans la rgion des Djebala, et n'accompagne jamais la Mehalla hors de cette rgion .. Dans le cas o le chef d'une Mahalla voudrait emmener les contingents des Djebala dans des. expditions qui les loigneraient de leur pays, il est d'usage que les tribus se rachtent moyennant le versement d'unesomme d'argent proportionne l'importance du contin- gent fourni. En rsum, les tribus des Djebala ne doivent pas la
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cr.
kOU8 ,
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Harka au Makhzen et ne sont soumis rgulirement aucun service militaire. Ce service ne leur est impos que pour les oprations militaires diriges dans leur rgion, lorsque l'importance des troupes du Sultan, d'une part, les dissensions des tribus entre elles, d'autre part, mettent certaines de ces tribus dans l'impossibilit d'opposer aux prtentions du Makhzen une rsistance efficace.
4. -
L'Armement.
L'armement des tribus des Djebala est sensiblement le mme que celui des Fahcya dcrit par Salmon t et que celui des Khlot et des Tliq 2. Comme dans tout le Maroc, l'ancien fusil pierre, Mouk'hala bou che(ar, tend de plus en plus disparaltre pour tre remplac par les fusils europens de diflrents systmes, dsigns sous le nom de qelata, au pluriel qlat. Contrairement aux gens des plaines dont les fusils sont toujours rouills et mal tenus, les Djebala ont grand soin de leurs armes, et ils ont toujours avec eux un chiffon gras pour netto~er leur fusil qu'ils ne quittent presque jamais. Les fusils indignes les plus usils par les Djebala sont: ElMouk'halat el-acharia, ainsi nomm parce que son canon a dix palmes (chebel') de longueur. La (palme pour la mesure des fusils est prise en tend!lnt -le pouce et l'inde:x: et peut s'valuer en moyenne 0 m. t.b) ; El-/l/ouk'halat es-se6a'ya, dont le 'canon a sept palmes; El-Mouk'halat es-sedasya, dont le canon a six palmes. Les fusils pierre de cinq et quatre palmes servent uni1. Arch.
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quement aux cavaliers, et ne sont pas employs par les Djebala. Toutes ces armes sont faites surtout ' Ttouan et Tarzout; quelques-unes viennent galement du Sous t. Les fusils europens que l'on rencontre le plus frquemment sont: le Remington, connu sous le nom gnrique de qelala, fusil se chargeant par la culasse, le Martini.Henry, appel Bou-Bofra, le Gras ou Bou Zeqroum. Les Djehala sont galement trs amateurs du Mauser, qui donne celui qui en possde un la rputation d'un guerrier invincible. Mais peu peuvent s'en procurer cause de l'lvation de leurs prix. On leur yend en effet pour cent douros des Mauser de fabrication espagnole assez mdiocre. Comme ces fusils sont cinq coups, on les appelle communment des khammasya. Quoique le nombre des armes europennes ait beaucoup augment depuis ces dernires annes, elles sont encore en minorit dans les tribus dont nous nous occupons. Outre les fusils, les Djebala ont galement des pistolets pierre, Qabou8, fabriqus Ttouan, Fs et Mkins. Ils n'ont jamais de revolvers ni de 'pistolets europens. Comme armes blanches, ils portent des sabres de toutes les provenances et de toutes les dimensions, depuis le sabre de cavalerie espagnole jusqu'au briquet du gardechamptre poigne et garde de cuivre, et qui yient galement d'Espagne. Ils ont aussi des sabres de fabrication indigne, et qui portent des noms diffrents: le sekin bou de/fa lame longue et trs large, peine recourbe; le bo~ri lame longue et troite. Ces deux espces de sabres sont fabriqus Fs et Mkins. Le sekin elabdallahoui, dont la lame longue et mince est d'un acier trs souple. Et les indignes prtendent que l'on peut s'en
1. Sur la fabrication deI fusils Ttouan, cf. Arch. maroc., t. XI, fasc. III : L'Industrie Ttouan ., p. 861.
entourer la taille comme d'une ceinture; leurs lames sont trempes Taroud~nt .. En outre, tout Djibeli porte attach sa chekara, sa sacoche, un long couteau appel cherra. Ces couteaux, qui ont 0 m. 50 de longueur, sont poigne de corne et . fourreau de bois recouvert de cuir ou de cuivre; ils sont faits Mkins ou Ouezzan.
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ment fraction. Par exemple pour dsigner la partie d'un dchar, village, habit par les membres d'une mme famille, on dit' que c'est le Khoums des Ou/ad fouldn, ce qui ne signifie pas que les gens de cette famille occupent. un cinquime du village, mais simplement que c'est la partie du village habite par eux.
6. -
Chaque tribu relve en principe du Qald d'une tribu de Nalba. Ce Qald nomme des Cheikhs dans les diffrentes fractions de la tribu de montagne dont il est le gouverneur, . souvent in partibu. L'autorit de ces Cheikhs, effective tant que celle du Makhzen existe dans la tribu, disparait avec cette autorit, moins que le Cheikh n'ait par lui-mme des moyens d'action suffisants pour la maintenir; dans ce cas, il administre naturellement sa fraction son propre profit et non celui du Makhzen. Il arrive frquemment qu'aprs le dpalt de l,a Mehalla qui avait impos une apparence de soumission la tribu,. les Cheikhs nomms par le Qaid soient renverss, leurs maisons dtruites, t qu'ils soient obligs eux-mmes de se rfugier dans une tribu voisine, s'ils ne sont pas tus, ce qui arrive quelquefois. Ce sont alors des luties de clans les uns contre les autres, chacun voulant imposer le Cheikh qui lui convient. Le clan le plus puissant impose son candidat, qui administre la fraction ou la tribu tout entire s'il a la lorce suffisante, jusqu' ce qu'il soit renvers son tour par un autre clan. L'autorit dont jouissent ces Cheikhs est d'ailleurs toujours assez prcaire, et ils sont exposs tre renverss par un soulvement, que le prtexte le plus futile sulfit provoquer.
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7. - Les Djemdas. Le pouvoir des Cheikhs est tempr, d'une part, et fortifi t d'autre part, par les dcisions des Djemdas, des Assembles de la tribu. Lorsque le pouvoir du Makhzen est suffisant, le Cheikh nomm par le Qard gouverne luimme sa fraction, conformment aux ordres du Qard dont il relve, et ne se soucie pas des Djemdas, rduites l'im puissance; il n'y a dans ce cas que peu de diffrence entre un Cheikh de tribu de Djebala et un Cheikh de pays de Narba. Mais cest l l'exception et en gnral les Cheikhs ne peuvent gouverner qu'avec l'aide des Djemas, dont ils sont pour ainsi dire les Prsidents.,.. Les Djemas elles-mmes n'ont d'ailleurs aucune organisation administrative; leur formation et leur composition ne sont soumises aucune rgle. Il y a trois espces de Djemas : celles des villages, celles des fractions et celles de la tribu. Les DjemBs des villages sont composes de tous les hommes de ce village. La runion se tient en' plein air, autour d'un figuier, en gnral. Les principaux :notables, c'est--dire les plus Ags et les plus influents, sont assis part, sous l'arbre mme;, les hommes plus jeunes et d'une influence moindre sont un peu plus bas; enfin, au troi sime plan se trouvent les jeunes gens. Lorsque l'Assemble se tient dan. le ,village habit par le Cbeikh, il y assiat avec les principaux notables. Cette Djemb de village ne traite que ;jes questiolls relatives au village luimme. Les Djemda, del fractions sont composes de deux notables de chaque villa~e qui se runissent . un endroit convenu, un march, dans un des villages, ou sur une hauteur, pour y traiter des affaires de la fraction. Enfin,
ARCIUVES IIAROCAI:"(ES
dans les cas graves, la Djemda de la tribu se runit, gnralement au principal march de cette tribu. Cette assemble gnrale se compose de la tribu tout entire (ElKabila kaffa); elle est annonce par des crieurs publics qui vont dans les diffrents villages, ou, dans les cas trs presss, par des feux (Menara). La Djema se runit soit l'endroit indiqu par le crieur, soit en suivant les feux qui s'allument successivement. Leur objet est en gnral la lecture d'une lettre du Sultan, du Qald ou d'une autre tribu et concerIlllnt la tribu tout entire laquelle elle est adresse. La lecture de cette lettre est faite par un faqih et souvent par le Q~di de la tribu. C'est dans ces assembles gnrales que se discute ~galements'n y a lieu ou non d'attaquer une tribu voisine, de destituer un Cheikh, de se rvolter. contre le Qald ou de .payer un impt exig par lui, et dans ce cas l'assemble partage le payement de l'impt entre les fractions dont les Djemas partagent ensuite la part qui leilr incombe entre les diffrents villages; les Djemas de chaque village en font alors la rpartition entre ses habitants proportionnellement la richesse de chacun. La Djema gnrale se runit galement dans le cas de l'arrive d'une Mehalla du Sultan sur la frontire de la tribu, d'un assassinat, d'un incendie ou d'un viol. Lorsqu'il s'agit d'une attaque soutenir, la discussion de l'Assemble a pour objet de dcider si on luttera, si on se soumettra, ou si on ira faire des sacrifices pour demander l'appui d'une tribu voisine. Si la rsistance est dcide, ou s'occupe de la faon de l'organiser, de distribuer les armes, les cartouches, la poudre, les balles et, en as de besoin, on prend sur les biens habous des mosques ce qui est ncessaire pour complter par de. achats d'armes et de munitions l'armement de la tribu. S'il s'agit de punir un assassinat, un incendie ou un viol. toutes les mesures sont prises pour arriver s'e01-
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parer tIu coupable. Celui-ci, s'il est pris, est condamn mort. On l'attache gnralement un arbre et on s'en sert comme d'une cible, en le tuant le plus lentement possible. Il arrive quelquefois-que la famille du coupable parvient _ obtenir l'intervention d'un Chrif ou d'un notable de la tribu en faveur du condamn, qui chappe la mort, mais qui est aveugl l'aide d'une faucille ou d'un couteau rougis au feu. Les tribus de Narba ont galement des Djemas e vil lage 'qui se runissent pour la division de l'impt, mais elles n'ont que trs rarement des Djemas de fractions, et la tribu ne se runit tout entire que .dans les circonstances tout fait exceptionnelles, comme la mort du Sultan, par exeIQple. On peut dire que les tribus de montagnes se gouvernent elles-mmes par leurs Djemas, tandis que les Djemas des tribus de Nalba ne servent qu' l'excution des ordres du Qald. Les Djemas des Djebala ntanifestent leur indpendance en se runissant; celles des tribus de Nalba ne discutent entre elles que sur la faon de tmoigner leur obissance au Makhzen et de s'en partager le poids. Il est arriv quelquefois que le Makhzen, au lieu de rattacher une tribu montagnarde au gouvernement d'lm Qald. de Nalba, lui ait donn un Qald propre, originaire de cette tribu. Le fait s'est prsent il ya une quinzaine d'annes pour la tribu des Ehl Serif et pour celle des Mamouda, mais ces essais ont t infructueux et les Qalds djebala n'ont, pas plus que les autres; rulilsi administrer leurs turbulents contribules.
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ARCHIVES MAROCAINES
8. -
Le Qadi.
Les Qadis des tribus montagnardes ne sont pas, comme ceux des villes, nomms par le Sultan; ceux des tribus de Naba sont nomms par le Qad; ceux des Djebala sont nomms par la Djemda de toute la tribu. Il y a un Qadi par tribu. Ce Qadi nomme, d'accord avec les Djemas de chaque fraction, des khalifas qui le supplent dans ces diffrentes fractions. Ces khalifas sont pris parmi les Adoa/. Lorsque la tribu est soumise, ne ft-ce qu'en apparence, l'autorit du l\Iakhzen, la Djema transmet au Qad de la tribu de Naba au gouvernement duquel est rattache la tribu de montagne, la dcision de la Djemda nommant le Qadi. Le Qad envoie une lettre ratifiant celte nomination. Si la tribu s'est dclare indpendante, la nomination est faite par la Djemda, purement et simplement. Les attributions du Qadi sont les mmes que dans les tribus de Naba, mais les Qadis des tribus de montagne ont, d'une part, une influence plus grande et d'autre part sont tenus d'appliquer plus strictement la loi, sous peine d'tre destitus par la Djema et de voir leurs biens confisqus et leur maison dtruite. Le Cheikh fait excuter les dcisions du Qadi, ou SQn dfaut la Djema eUe-mme si, ce qui arrive parfois dans les priodes de troubles, la trihu n'a plus mme de Cheikh et se gouverne elle-mme par le mo)'en de ses seules Djenlt2as. Le Qadi est choisi parmi les Oulemas de la tribu, et il est rare qu'une tribu de montagne n'en compte pas quel(Ines-uns. L'instruction, comme nous le verrons plus loin,
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en effet, beaucoup plus dveloppe chez les Djebala ~ue dans les pays de plaines.
9. -
Les Adoul.
Les Adoul, c'est--dire les notaires qui recueillent les tmoignages crits et tablissent les actes, sont galement choisis par la Djemda de la fraction ou de la tribu. Us sont beaucoup moins nombreux que' dans les villes, ou m~tne que dans les tribus de plaines. Chaque Qadi'n'a en effet avec lui que quatre Adoul; d'autres habitent dans les villages de la tribu et quelques-uns d'entre eux, plus ou moins nombreux, selon l'importance de la fraction, sont .dsigns par le Qadi pour le suppler avec le titre de khalifas du Qadi, ce qui correspond aux bach-adels d'Algrie. De mme que les Qadis, les Adoul sont tenus beaucoup plus de rectitude que leurs confrres des tribs de Naiba, et une incorrection pourrait leur collter la vie, ou tout au moins la confiscation de leurs biens. Ils sont choisis parmi les tolba les plus in~truits et les plus honorablement COIP nus, et les actes rdigs par eux le sont en gnral d'u~e faon plus rgulire et plus conforme aux vrais principes de la Char'fa que ceux des Adoul des tribus de Narba.
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une dcision juridique 1. Le rle du Moufti est analogue celui de la Cour de cassation j il juge en droit, tandis que le Qadi juge en fait, et il maintient la juste interprtation et la juste application des textes aux diffrents faits; il casse les jugements des Qadis bass sur une fausse interprtation des textes. Il n'y a pas au Maroc de Mouftis officiels, comme en Algrie; cela n'est pas une fonction et le Moufti n'est l'objet d'aucune nomination, ni d'aucune investiture. Tout Alem, savant en droit, dont la rputation est tablie par son seul savoir, peut rendre des {ataoui, dont la valeur dpend uniquement de la r~putation de science, de vertu et d'intgrit de celui qui les a rendues. Les Mouftis sont assez nombreux dans la rgion des Djebala, o l'instruction juridique est beaucoup plus dve.oppe que dans les pays d"e plaines. Certains d'entre eux, comme le faqih Ben Irmaq, dans la tribu des Soumata, ont une rputation qui s'tend au loin, et on vient leur demander des consultations de tribus loignes, et mme des villes. " Les Mouftis sont pays pour leur consultation, un peu en proportion de l'affaire qui leur est soumise et surtout en proportion de l'importance du client lui-mme. Le prix "n'est jamais trs lev et le ~oufti est toujours un homme simple, vivant modestement j sa pauvret e&t mme pour beaucoup dans la considration dont il est l'objet, et un Moufti rihe, vivant dans le luxe, n'inspirerait pas la confiance. " En dehors de leurs connaissances spciales, les Mouftis des montagnes sont absolument ignorants, trs renferms forcment dans un islamisme assez troit; ce sont d'ailleurs des gens de bien, vertueux et paisibles j ils sont
1. La Fetoua se compose de deux partie8
la question, 80u'al
J,;".
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profondment respects et les tribus qui les possdent en sont fires. Il est inutile d'ajouter que les Cheikhs et les Qadis n'ont P9int d'appointements. Ils ont toujours quelques biens dont ils vivent et ils augmentent leur bien-tre par les cadeaux qui leur sont faits. Les Cheikhs y ajoutent les produits des amendes qu'ils imposent et dont ils font galement profiter les notables de la tribu pour conserver leur appui. Les Adoul sont pays pour les actes qu'ils tablissent; les sommes trs modiques qu'ils reoivent ne leur permettraient pas de vivre s'ils n'avaient, comme tous les Djebala, quelques oliviers, des jardins, des vignes, un peu dE; culture et des troupeaux. Nous verrons, en parlant de la proprit, qu'il n'y a pour ainsi dire pas un habitant de la monta~e qui n'ait quelque chose lui. Les Cheikhs et les Qadis tiennent leurs assises aux souql (marchs). Chaque march a plusieurs oliviers sauvages (berrl) qui ont des destinations officielles. Il yale berri du Cheikh, celui du Qadi, celui des Adoul, celui des notables de la tribu. Prs du berri du Cheikh est le berri qui sert de prison. Lorsqu'une affaire est apporte devani le Cheikh entour de ses guerriers, arms de fusils, et qu'il a dcid qu'une des parties devait aller en prison, le condamn est amen dans le berri-pri,oh, o il reste sans tre attach jusqu' ce que des parents ou des amis viennent arranger l'affaire et payent au Cheikh une amende qui varie de 0 c. 25 i peseta. Le prisonnier ne s'chappe jamais; il sait que les guerriers l'arrteraient d'un coup de fusil. Un autre berri sert de prison au Qadi;ce ma-gistratn'a pas de guerriers son service; il demande ~ cas de besoin l'appui des fusils du Cheikh. Il est rare que les souqs soient troubls par des disputes graves ou des vols; chacun saH en effet que la sanction est dure. On se dispute,on crie, on s'agite, mais, tout compte fait, on finit par se calmer et par obir l'autorit qui reprsente la tribu.
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Le rgime de la respons~bi1it collective est courant. dans les tribus de montagnes. Par exemple un Rhoni est venu un march d'Ehl Serif. OB lui a vol sa mule et il n'a pas pu se la faire rendre. Il revient dans sa tribu, o il rend compte de ce qui lui est arriv et il attend. Si un Serifi vient passer avec une mule dans la tribu des Rhona porte du vol, celui-"ci s'empare de la mule du Serifi et ramne avec son propritaire devant sa, Djema. Inventaire est fait du contenu des chouaris; la Djema fait tablir un acte d'Adoul constatant qu'un tel de tel dchar des Rhona a en sa possession la mule d'un tel de tel dchar des Ehl Serif avec tels objets, et qu'il la gardera tant que sa propre mule et ce qui lui a t pris avec elle ne lui aura pas t rendu. Ce document est remis au, Serifi, qui rentre dans sa tribu et le communique sa! Djema. Des recherches sont faites et, en gnral, la mule vole est restitue, le voleur puni et le Serifi reprend sa mule et son bien. Mais il arrive quelquefois que le Serifi a mauvais caractre : au lieu de rechercher le voleur de la mule du Rhoni, il runit ses parents et ses amis et va voler un troupeau de chvres ou de moutons aux Rhona. Ceux-ci se fchent leur tour et la guerre est dclare. On se tue un peu en attendant l'interveption d'une autre tribu ou d'un Chrif influent. Il arrive quelquefois qu'un simple vol de mule est le point de dpart d'une fusillade terrible pendant des mois entre quatre ou cinq tribus prenant partie les unes pour ceUe du vol, les autres pour celle du voleur, et que l'on a beaucoup de peine retrouver, au milieu des batailles engages, le point de dput insignifiant qui les. a provoques.
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U. -
Il n'y a dans les tribus des Djebala ni Amin du Sultan puisqu'il n'y a pas de Meks (droits de marchs, droits des portes, rgie), ni Abi Maouarit (prpos aux droits des successions). Les mariages, contracts presque toujours dans la tribu, crent entre toutes les familles de cette tribu des alliance!:!, de telle sorte qu'il n'y a jamais de successions vacantes; il est mme trs rare clu'une sucees sion n'ait pas d'hritiers directs se partageant exactement la succession. Cependant, si le cas se prsente, la part affrente, d'aprs le Qoran, au cc Bit el-Mal est attribue la mosque du village, considre comme le c( Bit el Mal de la communaut. Il en est de mme pour le cas trs rare o un tranger inconnu vient mourir dans un village; ses vtements et son argent sont remis la mosque au bnfice des to/ha et de J'cole qoranique. On a dj vu que les Djebala remettent leurs Chorfa et leurs pauvres le montant de l'aumne lgale; de mme ils remettent leurs mosques la part des successions .qui doivent tre verses au Trsor; en rsum, ils semblent bien avoir le sentiment de la communaut musulmane; ils acquittent exactement tous les devoirs qui leult incombent comme membres de cette communaut, mais la communaut pour eux est restreinte la tribu et ils ne conoivent pas l'ide de la centralisation entre les mains du Makhzen des ressources runies de t~ute la communa~t musulmane. Leur comprhension semble d'ailleurs se conformer l'ide qui a prsid il l'tablissement de la communaut des ~Iusulmans,dont le trsor, form d'une part du butin, de l'aumne lgale et des droits de succession, doit ~tle
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administr par le souverain au mieux des intrts de teus les Musulmans et non pas servir, comme cela s'est toujours pass au Maroc, l'entretien du seul Makhien. Ne bnficiant aucunement de l'organisation de ce Makhzen, les Djebala refusent, dans la mesure de leurs forces, de contribuer son entretien et rservent l'entretien de leur propre communaut ce que la religion les oblige donner au Bit el-Mal )). Ainsi que nous le verrons plus loin, ils rservent galement leur communaut les revenus des biens habous de leur tribu qui ne sont pas administrs par des nadirs nomms par le Sultan.
Une des particularits les plus remarquables de la rgion d-es Djebala, c'est qu'il ne s'y trouve pas de Juifs. Cela peut donner l'ide du fanatisme farouche des habitants, de la pauvret du pays et du peu d'importance de ses transactions commerciales; d'autre part, c'est une preuve vidente que le Makhzen n'y exerce pas son pouvoir. En effet, le Juif est en mme temps ragent indispensable aux tribus et au Makhzen pour le paiement des impts, etl'intermdiaire de toutes les affaires d'une certaine importance. Dans les tribus de Nalba, le gouverneur qui v~ut frapper un imp6t sur ses contribules, afin de s'en assurer le paiement immdiat, s'arrange avec un commerant juif qui vient s'asseoir sa porte le jour o l'imp6t doit tre pay. Il attend les clients qui lui sont envoys par le Qad. Les Adoul sont l, tout prts rdiger les actes, et le prt s'effectue sous forme de vente de marchandises quelconques, 50 p. t 00 minimum pour trois
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mois. Le Qald a souvent sa part dans cette opration et de son ct, au moment de l'chance, il prte son concours au Juif pour le faire payer ou pour faire renouveler l'engagement et en faire reculer l'chance de trois nouveaux mois, moyennant un nouvel intrt de ':>0 p. lOO, de . sorte que pour une somme de cent douros effectifs, par exemple, l'engagement est de cent cinquante et est renouvel au bout de trois mois, moyennant un nouvel engagement qui est, cette fois, de deux cent vingt-cinq douros, et ainsi de suite. Le Juif est donc un des rouages indisp('nsables du Gou vernement marocain; c'est lui qui procure l'argent au contrilluable et, indirectement, au Trsor. Les trs gros intrts qu'il prlve lui permettent d'intresser la rentre de ses crances les gouverneurs, en conservant encore pour lui de larg~ bnfices. Ce systme de perception des impts au moyen d'une association entre les gouverneurs et les Juifs, qui permettait de donner cette perception une rgularit ,relative, s'est trouv petit petit dsorganis depuis la mort de Moulay el-Hasan. . D'une part, le peu de stabilit des gouverneurs dont les fonctions taient continuellement aux enchres,d'autre part les besoins d'argent de plus en plus imprieux du Makhzen, dtruisirent les garanties en rompant l'~quibre du fonctionnement financier. Les exigences du Makhzen sont telles aujourd'hui que tout l'argent disponible est absorb par les gouverneurs, sont qui le font parvenir au Sultan dont les demandes . mcessantes et pressantes. Les hesoiD.. d'argent du Gouvernement marocain: sont tels qu'il n'a pas t possible de faire relJloourser lei cranciers juifs depuis un certain temps, et que ceux-ci ie refusent faire de nouvelles avance. qui risqueraient de n'tre pas rembourses. Par des procds trs nergiques,
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Moulay Abd el-Hafid trou\"e moyen de faire payer les contribuables, malgr le refus des Juifs de faire des avances. Pris entre l'alternative de payer ou d'aller en prison, ils vendent leur btail pour se procurer de l'argent et ils payent. Il ne semble pas que ce systme puisse se prolonger sans ruiner dfinitivement le pays; en attendant, il a dj ruin un grand nombre de Juifs, dont le rllie d'une part est devenu inutile et qui, d'autre part, ne sont pas pays des sommes qui leur sont rellement dues, ni plus forte raison des intrts considrables dont ces sommes sont augmentes et qui continuent s'accumuler en attendant qu'une liquidation impose par l'Europe amne un rglement, qui sera, devant l'impossibilit des indignes de s'acquitter, le point de dpart de nouveaux engagements de leur part. Les Djebala, vivant dans une situation peu prs ind pendante vis--vis du Makhzen, ne sont pas soumis tous ces impllts; ils n'ont donc pas besoin des Juifs; de plus, le pay. produisant peu, le Juif n'a pas d chercher beaucoup ti'ytablir. Cependant, il est certain que quelques Juifs se seraient tablis dans les tribus de montagnes pour y exercer leurs diffrentes industries, li leur prsence y tait tolre; mais, contrairement ce qui se passe mme dans les rgions les plus fermes du Maroc, les Djebala refuSent absolument le droit de sjour aux Juifs sur leur territoire. Dans la rgion dont nous nous occupons, on ne trouve de Juifs qu' Ouezzan, o ils vivent SOUI la protection cotIteuse des Chorfa. Les premiers Juifs ont t admil ft Ouezzan par le Chrif Sidi Ali ben Ahmad, il y a un sicle environ, et encore ne les a-t-il pas autoriss f.ire enterrer leurl morts prs de la ville; aujovrd'hui encore, le cimetire juif est, Azdjen, plusieurs kilomtres d'Ouezzan. Sans doute, la situation des Juifs los le Rif ou dans les pays berbres n'est pas enviable; ils y sont presque
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-des esclaves appartenant un personnage, sous le Mezrag ) duquel ils vivent; ils ne peuvent pas quitter le pays; ils y sont mpriss, maltraits, parfois battus, rarement vols ou tus' cependant, eu gard au Mezrag sous lequel ils sont placs, mais enfin ils peuvent vivre sur le territoire des tribus, tandis que dans la rgion des Djebala {)n ne les tolre absolument pas. Le mpris de l'habitant de la montagne, le Djebili, pour le Juif dpasse tout ce que l'on peut imaginer; leurs sentiments pour les Chrtiens ne sont d'ailleurs gure diffrents; cependant, ils admettent la prsence des Juifs aux souqs les plus rapprochs de la plaine, l'Arbla de Sidi Bou Beker, et au Khemis de Bou Djedian, par exemple, dans la tribu d'Ehl Serif, o se rendent quelques colporteurs juifs d'EI-Qar qui ont des relations avec des gens de la tribu; ils admettent encote que des Juifsaccompa.gns de Zetata t ) traversent les tribus pour se rendre . certains marchs plus loigns que nous indiquerons en parlant des souqs, tandis qu'ils ne supportent en aucune faon la prsence du Chrtien, qu'ils considrent d'abord, de mme que le Juif, comme un tre immonde et comme un infidle, et de plus comme un ennemi et comme un -espion. L'ostracisme des Djebala est mme pouss si loin que tout tranger la tribu, mme Musulman: ne saurait y pntrer en scurit, moins d'y avoir des relations personnelles lui assurant une protection suffisante. En rsum, la rgion des Djebala est certainement la plus absolument ferme de tout le Maroc, et quoique
1. Le ft Zetat est un homme innuent d'une tribu avec lequel un tranger il cette tribu, flui veut la t.raverser, fait. un arrangement. moyennant une somme d'argent plus ou moins forte, pour tre couvert de sa prot.ection. C'est. ainsi que les t.roupeaux de buf. ou les caravanes qui, avant le souli'vement de Bou Hamara, allaient de Jo's en Algrie, payaient plusieurs droits de ft Zetat. pour pouvoir traverser les tribus insoumises .,nt.re Fs et la frontire. Il y avait mme il Fs une sorte d'agent avec lequel on s'arrangeait pour le paiement. des Zetata de tout. le parcoul'8.
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l'instruction qoranique y soit beaucoup plus rpandue que dans les tribus de la plaine, il est incontestable, ainsi que nous le verrons en tudiant leurs murs et leur mentalit, que les habitants de cette rgion sont d'une brutalit et d'une cruaut rvoltantes; ils ont tous les instincts d'une vritable sauvagerie et ne sont impressionns que par des manifestations de force et de violence. C'est ainsi que les cruels moyens de rpression employs par Moulay Abd el-Hafid, qui viennent de soulever en Europe une vri table indignation, ont profondment frapp les Djebala et ont excit de leur part une terreur admirative et respectueuse, et cette manifestation de force parait leur avoir fait oublier la dsillusion qu'ils avaient eue en i889, lors du passage de Moulay elHasan dans les Djebala, lorsqu'ils se sont aperus que le Sultan tait un homme comme eux, alors qu'ils se l'imaginaient comme un monst,re surnaturel et fantastique.
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CHAPITRE II
LA RELIGION
Les Djebala sont trs religieux, ou plus eKaotement exclusifs en matire de religion. Leurs sentiments religieux se ressentent naturellement de leur caractre brutal et farouche. Ils sont surtot pro. fondmentimbus,de la supriorit que leur donne sUr'le reste de l'humanit leurqualil de MU8ulmns. Les h.abitants des quel~s tribus dontn:()s nous oCCU'" pons connaissent peine les Europenst,les;'bhrtiens. Ceux qui habitent dans les .gions les plus)'Voiines de la plaine en ont aperu quelquefois, mais certainement Hi grande majoritri'en a jamais vtt et ils, e4ptott.eBt leur endroit un sentiment d'loignement compOlde haine,de uif;1pris, de dgbt et de orainte., " , QUlque exagre que la 1 chose puisse'pba!tte, il est certain que dans l'esprltlAes Djebala 'si ls' Chrtiens ne sont pas tout fait des' '4nimaux, cene' 'ltntptrs non plus tout fait des tres hamains :'ce sont eMtot et avant tout des ennemis, qu'il D faut aucun prix lisserpntrer dans lestribuspatbe 'qu~ils n'y viendndeiid :que pour se renseigner, en surptendre l'orgaaisatft)i1, elr vrifier les forces et en reconnaftre les accs et les routes i en uri mot, tout Chrtien q'lli'''essaierait de ,ptSnt..et dans tes
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tribus de montagnes, s'il n'tait pas arrt immdiatement et renvoy, ce qui est le cas le plus frquent, serait il peu prs sr d'tre tu, comme infidle d'une part et plus peut-tre encore comme espion. Ce n'est que par des relations personnelles tablies par le temps qu'il est possible de pntrer un peu dans cette rgion, absolument ferme, suffisamment pour pouvoir se rendre compte de l'impossibilit absolue de l'explorer rellement. Au point de vue purement religieux, les Djebala prsentent des particularits trs intressatltes. Sans doute leur haine pour l'tranger en gnral, et pour l'tranger non musulman en particulier, qui fait qu'ils n'en tolrent .absolument pas la prsence, mme passagre, sur leur territoire, est en grande partie cause par leur caractre mme et par la facon dont ]a religion musulmane devait -tre interprte par eux et applique leur ostracisme naturel; majs ces considrations s'en ajoute peut-tre une autre, c'est quejl'cole du chadilisme, Tariqat ech-Cha.. <iilia, est la seule suivie dans toute la rgion des Djebala, o il semble que le Qadirisme, Tariqat el-Qadiriga, n'a jamais pntr et o, en tout cas, il n'a laiss aucune trace. Toutes les confrl'es religieuses du :Maroc proviennent .des deux Qoutoub ou Aqtab (Ples) : :Mahi ed-Din Abou Mohammed Sidi Abdelqader el..Djilali, n en47t H.{tOi9J.-C.), mort en 66t H. (BOO J.-C.), fondateur de la Tar~qat el.-Qadiriya . Moulay Abdessalam ben .Mechich, n vers la fin du sixime sicle de l'Hgire. assassin par Abou Touadjin el-Ketami en 626 Il. Disciple de' Abou ChoarbAbou Median, Moulay AWeesalam fut le Cqeikh de Abou-I-Hasan Ali ~h-Chadili, qui donna son nom la te Tariqat echChadiliya Moulay Ahdelqader, n dans les environs de Baghdadp.
,il)
est le Qotb, le Ple, d'Orient; Moulay Abdessalam, n dans la tribu ds Beni Arous au dchar (village) de Lahoun. ()u EI-Hin, est le Qotb d'Occident. Son iqfluenpe est considrable dans le Maroc tout entier. dont il est considr ~~mme le matre et le protecteur, d'autant plus qu'il est, par Sidi el-Mezouar dont le tombeau se trouve dans la tribu des Soumata, descendant direct de Mo~lay Idris. Question de doctrines part, le Chadilisme devait tre plus populaire au Maroc que le Qadiril;Jme, puisqu'il mane :d'un Chrif maroca,in qui appartient la famille des Idrisites. Quoiqu'il y ai~ plus de mille ans: que la dynastie idrisite a t renverse, Moulay Idris est toujours consi<lr comme le fondateur et le gardie~ de l'indpendance .<lu Maroc. .' .Dans les montagnes du Nord Ma~cain qui avoisinent le Djebel Alem o se trouve le tombeau de ,Moulay A.R4essalam, la vnration pour le fi: QotQ est pousse ,aux proportions d'un vritable culte. L.f>s gells d'une certaine instruction qui habitent ,cette ~gion suivent les doctrines de l'cole chadili~a, mailil.lama$se,;~o.uten 'suivant les mmes ,doctrines, sous la direction des gens instruits, en ignore mme l'existence et considre seulemellt qu'elle lluit les prceptes de Moulay Abdessalam, Moulay Absam Il. ~omm~ prpnoncent les gen~ 4~)a montag~, Soultan elDjel1a la . Q~ns tout le Maroc, 1. Tariqat .eh-Cb61diliya, sous les :I10ms cl,es diffrentes confr~rielil qui proc4"nt .de cette .... ~riqa ,e,lt beaucoup plus rpandue que ~ Tariqa1 e.~ Qadiriy~; cependan~ dans les tribus arabes, sans ,qu'il y ait un grand,: no~J'~ de Zaol1fas' de MOl1lay Abdelqader., n pe'!t dire que la populationtou~eJ,1lire est djqlilla, c'~st--dire q~, sa~sAtre p~oprement parler affilie la eonfrrie de Mo"l"1 Abdelq~der el-D~ilani ,ou El-Djilali, elle est sous l'influence qadiriya, et il n'y' a pas un village arabe o ne se trouve une khaloua de ,Sidi Abdelqader~
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c'est--dire un amas de pierres o les femmes attachent des chiffons des roseaux plants entre les pierres et o elles brtilent du benjoin,djaoui, ou du styrax, asalaban, dans des fragments de poterie. Comme nous l'avons dit dans Les tribus arabes de la valle du Lekkous f ", Moulay Abdelqaderestconsidr parle peuple non pas comme 'un Chrif descendant du Prophte, ni comme le fondateur d'une Tariqa, mais comme le souverain des gnies (Djenoun), celui qui, commeSidna Souleiman (Salomon), est le maflre des puiss.nces invisibles ariennes et souterraines; c'est ainsi que la confrrie des Guenaoua(ngres de Guine) qui acomme patron Sidna BilaI, l'esclave du Prophte, est place sous l'invocation de Moulay Abdelqader. Les pratiques trs curieuses des Guenaoua dtit pour objetd'exorcisei'les possds etd'invoquerles dmons. On peut dire /que la confrrie de Moulay Abdelqader' se divise en deux branches :-'les Qadiriya, qui suivent rellement la Tariqa, quise runissent dans une de leurs ZaouIas et rcitent lehizb EI-Qadiri, et les Djilala, connus sous le nom de Djilala EI..Aouadaou Ech-Cheb6aba qui est une espce de flte dont ils accompagnent leurs exercices en scandant leur musique sur un' Bender, sorte de tambour' de basque sans grelots. Les Djilala ne rcitent pas le hizb, mais le dikr, ceux de villes avec accompagnement de tebilat, sortes de petits tambourins en terre cuite, de tahal et de ghalta; 'et ceux .des campa~ne8 avec accompagnement .de, bender et d'aouada. Le rsultat de ces hadra' est d'aIlleurs touj~urs le mme, c'est--dire un tat de surexcitation nerveuse extraordinaire de forme pileptique, que l'on appelle le halo C'est alors qu'interviennent les gnies mAles- et femelles, qui manifestent leur prsence dans certai~s des acteurs de la scne et qui parlent par leur bouche.
'1. Arch. maroc., t. VI,p. 328.
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On peut se rendre compte qu'il n'y a rien de commun entre ces pratiques ~niquement bases sur des croyances superstitieuses et les principes de philosophie religieuse de Moulay Abdelqader. On ne trouve dans les tribus de montagnes ni Qadi- . riya. ni Djilla; la dvotion Moulay Abdelqader y est mme trs rare et n'e~iste absolument pas dans certaines de es tribus. En tudint chacune d'elles sparment, nous indiquerons celles dans lesquelles se trouvent des traces, non pas de Qadirisme, les doctrines cette' cole ne sont pas en effet suivies chez les Djebala, mais de Dji/alisme; c'est--dire des pratiques ayant pour origine' des croyances superstitieuses et' comme les restes de cultes parenset dmoniaques islamiss par l'invocation de Moulay Abdelqader considr comme souv,erain des gnis et dguiss sous le vocable d'une confrrie reliKieuse procdant souvent elle-mme du Chadilisme, comme les Alssaoua on les Hamadchas. Ces 'confrries, comme tutes les autres confrries, soht d'aiUtmrs assez rares chez les' Djebala. Les nerqa.oua eu~ mmes, malg~ leurs principes xnophobes, .de nature les faire facilement accepter par la mentalittr des montagnards, so~t peu rpandus dans le groupe d DJebataqr fait l'objet de cette tude. Il y en a un. certain' n:ombre dansl ' la tribu des Mamouda o habite' tin Chrif Derqaoui et dans. la'tribu d'EM Serif; on les trOuve plutt dandes tribus au Nord, telles que les Andjera et le Djebel Habib, o l~B Oulad' ben Adjiba ont des ZaOUIas, et au Sud, chez les' Beni Zeronal, o se trUve la gr,1de ZaouIa Derqaoula de Bbtiberrih. ,. " Comme nous le disions, les 'DJbillaAnesoii~ pas chdi:'" liya au sens purement religieux du mot~ ils sOllt 'surtout les serviteurs de Moulay AbdsBalam, le, Qotb d'Opcidnt, leur Qotb national~ descenda'rit de Moul~y Idris;' dont tous les netrS, depuis Sidi el.Mezoa'ar;soni ertterrs dans
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leur territoire, qui y est n, qui y est enterr, ainsi. qu'un grand nomhre de ses descendants. Tout appartient Moulay Ahdessalam dans la rgion hnie qui nvironne son tomheau, le sol, les hahitants et jusqu' l'air qu'on y respire; Moulay Ahdessalam leur appartient comme ils lui appartiennent; il est l'manation de tous leurs sentiments nationaux, de tous leurs sentiments religieux, c'est leur protecteur contre l'tranger, contre le. Makhzen, contre les puissances infernales, contre les dmons, et on peut affirmer qu' leur insu les Djehala sont plutt les fidles d'une sorte de culte religieux dont Moulay Ahdessalam est l'ohjet principal que de la religion rvle par le Prophte. Il plait leurs sentiments de profonde affection pour leur sol d'y PQssder celui qu'ils considrent cause de cela mme comme celui qui leur a rvl la religion qui est celle du Prophte sans doute, mais qui pour eux est peut-tre plus encore celle de Moulay Ahdes,?alam luimme. C'est ce sentiment de particularisme pouss l'extrme qu'il faut attrihuer sans doute un fait trs frappant, c'est qu'il ya trs peu de Djehala qui fassent le plerinage de la Mekke; dp,ns la rgi~nmme o se trouve le tom~au de Moula)' Ahdesselam, il n'yen a pas du tout. Ils ne' 'sentent pas, comme tous les autres Musulmans, 'cet imprieu.x hesoin qui pren~ chez quelques-uns une forme presque maladive d'aller v~iter le tomheau du Prophte ~Idine, le temple de la Qaaha la Mekke et d'assister la prire au Djehel Arafa. Leurs exigences religieuses sont satisfaites par le plerinage Moulay Abdessalam, qui reprsente pour eux l'manation de la religion musulqlane. Il leur semblef~~t mme qu'en allant en plerinage la Mekke, ils manqueraient jusqu' un certain point d'gards celui qu'ils sont arrivs considrer comlDe' Jeur Prophte national, et qu'ils risqueraient.de l'offellser' ~,t de diminuer sa bienfaisante influence en leur
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faveur t -En un mot, l'Islam du Prophte est bien la religion de tous l'es Musulmans, les Djebala appartien~ent cette religion qui est la religion gnrale, mais ils ont eux seuis, si ce n'est un Prophte, au moins un rvlateur particulier de cette religion, qui est Moulay Abdessalam. Il peut tre intressant de remarquer que, de mrh~c[ue les Musulmans marocains rservent la qualification de Moulay prcdant le nom de Mohammed;' dsigner le Prophte, ils rservent galement cette 'qualification de Moulay, avec le nom d'Abdessalam, Moulay Abdessala~ ben Mechich. Pour dsigner un Chrif ou un' Sultan qui s'appelle Mohammed, on dit Sidi Mohammed et non Moulay Mohammed, appeIJation rser\"e au Prophte. De mme on ne dit pas Moulay Abdessalam, mis Sidi Abdessalam, sauf en parlant de Moulay Abdessalam ben ~Iechieh. Le nom du patron des Djebala est donc l'objet du mme privilge que celui du Prophte. Cependant, ct du culte, pour ainsi dire, q'ils ont pour le Qotb de l'Occident, ils professent galement une vnration profonde pour un autre marabout, qUI est peu prs inconnu dans l'histoire religieuse musulmane et qui occupe dans le Nord )iarocain une situation considrable~ c'est Sidi AUal el;'Hadj el-Baqqaliel-Medradeni el-Gheaoui el-Ghomari, dont le tombeau se trouve li glHaralaq dans la frection des Beni l\fedracen de la tribu des Cheaoua. Cette tribu fait partie du pays des G1101118ra dans le Djebel ez-Zabib (la montagne desraiBins secsr~. Sidi Allal el-Hadj vivait au dixime sicle de l'H~ije;
1. Une llutre ralso. qui empche 11'8 DJebala de faire le plerinage de la Mekke, c'est l'Obligation de faire le vOYll,e dlln8 d~~ ~aleaux chrtiens et en compagnie de CbrcUen8. Il. 80nt convaincus qU le taU de .lie reQcontrer ainsi avec <le_Infidles fait perdre eux plerin8 tout le bnfice du plerina(e. .. .... ,1 2. Le nom' dDjebel ez-Zablb, aujourd'hui tomb' en dsutude, s'appliquait a\,ltreCois tt. t9ut le groupe demontagae.,. cle l'extrme N01'll Marocain, La montagne o se tl'ouve la lt'i1lU de l'Andjera, ent~e Tangcl', Ceuta et Ttouan, rait galement parUe du Djebel ez-Iabib.
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il est mort en 981 (H)73 J.-C.). Ce personnage, aprs tre rest seize ans en Orient o il se rencontra avec diffrents Cheikhs, rentra' au Maghrib o il fut le disciple d'Abou Mo~mmed el-Habti et d'Abou' Abdallah Mohammed elKharrouby es-Sfaqsy, dont il finit par suivre les prceptesc C'tait un savant et un ~int homJlle, et de plus il avait auprs du Sultan Saadien Abou Mohammed Moulay Abdallah el-Ghalib Billah une situation considrable et il runit . ainsi de trs grandes richesses. Les historiens arabes ne parlent p!lS cependant de Sidi Allal ,,~l-Hadj el-Baqqali ni du rle qu'il aurait jou auprs du Sultan ElGhalib Billah, et on ne trouve pas aupremier abord les raillons de l'influence de,., ce marabout et de ses descendants dans les tribus des Djebala. L'origine chrifienne de Quladel-Baqqal, qui est aujour.d'hui absolument admise dans le peuple, et que l'on serait mal venu discuter, est trs conteste. par les savants. Les Oulad el-Baqqal prtendent descendre de Moulay Idris par ~on fils Sidi Hamza; mais, d'aprs l'auteur du Boudour ed-Daoua (Histoire de la Zaouia de Dila), Sidi Soulelman el-Haouat, qui ~tait Naqib des Chorfa sous le rgne de Moulay Sliman, la fin du dix-huitime sicle, le premier Baqqali qui a prtendu Il cette descendance tait Mohammed el-Moufadqal el-Hadj el-Baqqali, qui habitait EI-Haralaq, et se~ prtentoll8 auraient besoin d'tre appuyes sur des preu~es. Voici la lgend~ populaire sur laquelle est tablie l'origine chrifienne des Oulad el-Baqqal. . '' Au moment de la perscution des Idrisites par Moussa ibn Abi-l-Afiya, en 317 de l'Hgire (929 J.-C.) ou pendant les luttes des Omelades entre les descendants de' Moulay Idris, luttes qui se terminrent en 875 H.-985 J.-C. par la mort de Hasan ben Kannoun, un Chrif idriai encore enfant, press pardes soldats ennemis qui voulaient le tuer, se rfugia dans )a maison d'un baqqal (marchand d'huile
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et de savon) des Ghezaoua. Somm par les poursuivants de livrer le jeune Chrif, le baqqal, pour sauver un descen~ dant du Prophte, livra un de ses propres fils,qui fnt tu. Plus tard, la perscution contre les Idrisites .ayant cess, le baqqal rvla au Chrif, qu'il avait lev avec ses fils, sa vritable origine, et ce Chrif connu sous le nom de Sidi Ikhlef (de kha/afa, remplacer), parce qu'il avait remplac le fils du baqqal) Ou/ad e/-Baqqa/ ne tarda pas devenir l'objet de la vnration de tous les gens du pays et fut l'anctre des Chorfa Oll/ad e/-J!aqqa/. Les ,descendants des vritables fils du baqqal furent confondus avec ceux du Chrif et comme il est impossible aujourd'hui de distinguer les uns des autres, tous les Ou/ad e/-Baqqa/ indistinctement sont considrs COmme Chorfa, pard$ qu'il vaut mieux traiter comme un Chrif un homme qui ne l'est pas effectivement que de risquer de traiter un Chrif comme un hQmme ordinaire. Le tombeau de Sidi Ikhlef se trouve effectivement El. Haraiaq auprs de celui de Sidi :Allal elHadj et nous avons donn dans le tome II des Archives Marocaines, page 350, la traduction d'un dahir des Oulad el-Baqqai datant de Moulay Ismall (1118 de l'Hgire) et qui commence ainsi: Ce dahir noble, cet ordre imprieux confirme aux mains de ses porteurs, les descendants du saint; pieux, Sidi Ikhlef el-Baqqal, aleul de Sidi Allal el-Hadj el-GhzaoUI el-Medraceny, ce que pourra savoir, etc., raisons pour les((uelles nous avons t certains de leur qualit de Chorfa, etc., etc. D'autre part, le gnalogiste .bn Rahmoul1, SOI1!i le rgne du mme Moulay Ismall, affirme que Sidi Allal elHadj n'a aucun lien de parent avecSidi Ikhlef, et que ses descendants ne sont pas Chorfa. Quoi qu'il en soit, le prestige des Oulad elBaqqal chez les Djebala et dans une partie du Rif est incontstable, Sidi Allal elHadj est vnr non seulement comme Chrif et
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comme ouali, mais il est le patron des Remaia (tireurs) de toute la contre. Il est probable que les bons rapports de Sidi Allal avec le Sultan el-Ghalib Billah et la situation considrable qu'il occupait auprs de ce dernier taient motivs par le r61e jou par Sidi Allal dans l'intr~du Sultan auprs des montagnards des Ghomara au moment des tentatives des Turcs sur le Maghrib, sous le comman dement de ElHasan ben Kheir ed-Din, la fin du dixime sicle de l'Hgire. A cette poque, les Turcs d'Alger cherchaient tendre leur autorit sur les possessions du Sultan du Maroc, lems btiments croisaient jusque devant Tanger et ils dbar qurent Badis en Ghomara. En 965 H. (1558J,C,)El~Hasan ben Kheir ed-Din s'avana mme par terre sur Fs avec une arme considrable. Battus par le Sultan Abdallah elGhaJib Billah sur l'Oued el-Leben, peu de distance de Fs, les Turcs regagnrent Hadis par les montagnes des Ghomara, Il est impossible de retrouver dans les auteurs arabes le r61e exact que joua Sidi Allal el-Hadj dans les intrigues conduites cette poque par le Sultan EI-Ghalib Hillah pour se dfendre de la pntration turque qui le menaait; ces intrigues ellesmmes sont passes sous silence. ElIfrani, dans le iYozhat elHadi, rapporte, d'aprs un auteul' qu'il ne nomme pas, que Moulay Abdallah aurait donn Hadjar Hadis (le Pei\on de Velez) aux Espagno~s pour arrter les empitements des Turcs, mais il ajoute qu'il n'accorde aucune crance aux dires de cet auteur <lu'iI considre comme un ennemi de la dJnastie saadienne. Il parait certain que le Sultan El-Ghalih Billah s'est sel'yi de l'influence de Sidi Allal el-Hadj el-Ba(qal dans les Gho:nara pour combattre la pntration turque dans cette r~ion et pour y affirmer les doctrines du Chadilisme, tandis que les Turcs favorisaient le Qadirisme et voulaient s'en servil" pour soumettre les populations leur autorit.
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On ne saurait expliquer autrement la situation occupe par Sidi Allal el-Hadj auprs de ce Sultan, ainsi que les honneurs etles privilges qu'il accorda ce marabout. Les historiens sont galement silencieux sur le fils de Sidi Allal el-Hadj, Sidi Mohammed el.Hadj el-Baqqal qui semble avoir jou un rle considrable dans les montagnes des Ghomara pendant les luttes pour la succession au trne des fils et des cousins de Moulay Ahmed el-Manour et qui aurait mme cherch profiter de l'anarchie cause par les comptitions pOUl' se faire proclamer lui-mme. Sidi ~Iohammed el-Hadj tait l'lve de Moulay Boucheta el-Khammar, de son vrai nom Sidi :Mohammed echChaou, enterr Amergou, dans les montagnes de Fich.. tala. C'est ce fait sans doute qu'il faut attribuer l'erreur commise par des auteurs europens qui considrent Moulay Boucheta comme appartenant la famille des Oulad el-Baqqal. Moulay Boucheta tait luimme disciple du Cheikh EIGhazouani. Un des fils du Sultan Ahmed el-;\lanour,)Iohammed Cheikh el..~lamoun ben ~Ianour,s'tait enfui en Espagne avec sa famille pOUl' demander des secours Philippe lU contre ses comptiteufs au trne. Un accord eut lieu entl'e les deux souverains, d'aprs lequel Mohammed el-:Mal1loun donnait Larache l'Espagne en change de l'appui que devaient lui donner les troupes espagnoles. Un navire espagnol ramena ~IohalllUied ech-Cheik~ Hadis, o il dbarcllul. Il sc l'endit de l il ElQar et fit vacuer Lat'ache par lel:ll\lusulmanl:l l'our re~wttre la ville aux Espagnols. La remise aux infidles d'une ville musul mane provoqua au ~[aroc une indiglultion gnt'ale. Parmi ceux qui manifestrent 10 ;plus bru)'umment leur indignation, se trouvait Mohammed el-Hadj cl-Baqqali (lui tait EI.Haraaq dans la tribu des Ghazaoua el qui disait: Proclamez-moi! Proclamez-moi! Il Il tierivit mme, dit-on, Mohammed ech-Cheikh des lettres tl's dUI'es o
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il ne lui mnageait pas son indignation pour sa conduite. Le Sultan, dit Ibn el-Qad, dans le Nachar el-Malhani, auquel nous empruntons ces renseignements, fut etfray, fit venir Mohammed el-Hadj Fs et lui coupa la tte. Il fut enterr Soulqet ben Safi. Cela se passait, dit l'auteur, en lOi 7 H. (1608 J .-C.). Il doit y avoir l une erreur de date, attendu que Mohammed ech-Cheikh el-Mamoun a dbarqu Badis en i018 et n'a livr effecth'ementLarache aux Espagnols qu'en iOi9 d'aprs la Nozhal el-Badi. Il est mort lui-mme assassin Faddj el-Fars dans le Fah en 1022, sans tre retourn Fs. Enterr d'abord prs de Tetouan, le corps du Sultan Mohammed ech-Cheikh elMamoun a t exhum plus tard par les soins de sa mre pour tre transport Fs, mais il a t impossible de le transporter plus loin qu'EI-Qar el-Kebir, o il a t enterr dans le quartier de Tabya, Bab el-Oued o son tomb~au se voit encore aujourd'hui. Il semble donc cer tain que c'est entre 1018 et 1022 que le Sultan Mohammed ech-Cheikh el-Mamoun a fait tuer Sidi Mohammed el-Hadj et non en lOi 7, e~ que cette excution a d se faire dans les Djeba/a et non Fs. Au milieu de l'obscurit que les historiens arabes laissent planer sur tous les vnements qui entourent la remise de Larache aux Espagnols, considre par eux comme un acte honteux sur lequel il faut passer rapidement, on peut arriver reconstituer d'une faon probable le rle jou dans cette circonstance par Sidi Mohammed elHadj el-Baqqali. Profitant de l'indignation que la remise de Larache aux Espagnols avait cause, surtout dans les montSgnes du Nord Marocain o il habitait, ce marabout a d provoquer un soulvement contre le Sultan Mohammed ech..Cheikh et chercher se faire proclamer lui-mme comme Sultan' de guerre sainte. Battu et pris, il aura t dcapit par Mohammed ech-Cheikh. Ce qui rend cette version vraisemblable, c'est une
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lgende d'aprs laquelle la tte de Sidi Mohammed elHadj aurait pass par EI-Qcar, les uns disent: venant de Fs, les autres disent: y aUant,ca qui semhie plus prohahle. En arrivant la porte de la ville, l'endroit appel El-Hadjar el-Mouqaf, la mule qui portait la tte du marahout se serait arrte refusant ahsolument d'avancer. On aurait fait venir alors Sidi Mohammed el-Medjoul qui avait t le disciple de Sidi Mohammed el-Hadj et qui hahitait . non loin de l dans le quartier de Djenan er-Roumi, o il est enterr et ohahitent encore ses descendants. ElMedjoul aurait parl l'oreille de la mule, qui aurait alors repris sa marche sans difficults jusqu' Fs. Ce serait la tte de Sidi Mohammedel.Hadj qui serait. enterre Soulquet hen" Safi, dans la ZaouIa des Oulad el-Baqqal, et son corps serait enterr EI-Haralaq dans la trihu des Ghazaoua, d'aprs les uns, dans la trihu des Beni Hasan, d'aprs les autres. Son petit-fils, appel galement Sidi Mohammed el-Hadj,estenterr Tanger sur une hauteur don'tinant la ville; pour la protger l'venir contre toute tentative des infidles. Cela explique la vnration profonde dont est toujours l'ohjet le sanctuaire du patron de Tanger, Sidi Mohammed el-Hadj Bou Araqiai,
1. ;Araqia de ,J..r, transpiratioQ. Bonnet d'toJte blanche qui se met sous.Je tarbouche de laine rouge pour l'empcher de dteindre sur la tte par la transpiration; on l'appelle aus.i T(lgw(I ~u., ," Voici l'origine 4e la venue Tanger deSidi Mobauuned el-Badj Bou . Araqia: Les Musulmans tllnt rentrs .. Tanger aprs le dprt des Anglais, en 1097 de l'Hgire (1684: de J.-e.), s'aperurent au bout de qlque. annes qu'aucun Chrif n'tait tabli dans la ville. Ils rsolurent d'ex faire venir un pour attirer sur eux la bndiction du e~; et leur ehoin se flu sur lepetit.-llisde Sidi Mohammed el-Hadj elBaqqali, t par le Sultan flon 'Mohammed eeh-Cheikh el-Mamoult es-SAadi; qui avait autrefois vendu Larache aux Espagnols. Comme son aleul;' Il s'appelait Mohammed el-Hadj. C'tait un homme simple et illettr, mai. UD ami de Dieu (Ouall ADah). Sidi Mohammed el-Hadj vint li Tanger en 1110 de l'Hgire (1708 de
4..r.
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que la gnrosit des fidles permet d'agrandir et d'embellir tous les ans et qui, l'anne dernire, au moment o l'on parlait d'un dbarquement Tanger, a t rig en mosque de Khotba. La mort de Sidi Mohammed el-Hadj,. martyr de son dvouement l'Islam, assassin par un Sultan traitre sa religion et son pays et qui livrait une ville musulmane l'infidle, comme le Qotb Moulay Abdessalam avait t assassin par l'imposteur Abou Touadjin, a jet sur la famille des Oulad el-Baqqal un lustre incomparable et a dsign tous ses membres la vnration des Musulmans. On serait mal venu de contester aux Oulad el-Baqqal leur origine chrifienne qui est cependant des plus douteuses; la faon dont Sidi Mohammed el-Hadj est mort en moudjahid, en martyr pour sa religion et pour l'indpendance de son pays, assassin par un souverain indigne et dont le nom n'est prononc qu'avec horreur et avec mpris, qu'on vite mme de prononcer, fait pour le peuple, de lui et de tous les membres de sa famille, des Chorfa incontests. On peut se rendre compte par la popularit dont jouit Tanger le sanctuaire de son petit-fils, Sidi Mohammed el-Hadj ben Abdallah, de la vnration profonde dont lesOulad el-Baqqal sont l'objet dans toutes les montagnes du Nord Marocain. Si Moulay Abdessalam reprsente pour eux l'Islam d'Oecident, les Oulad el-Baqqal sont comme le gage de leur indpendance, mme si cette indpendance tait compromise par la complicit d'un Sultan avec l'tranger. Le tombeau de Sidi Mohammed el-Hadj Tanger, le soin et mme le luxe avec lesquels ce tombeau est entreJ.-C.) : il d81gna en 11116 de l'Hgire l'endroit il voulait tre enterr.; en dehor8 de laYilie, el il mourut en IllU de l'Hgire (1718 de J.-C.). Son frre" Si"i elGhuouani ben 4bdallab, qui e'" mort quelques nnne8 plWl.Lard, est enterr auprs de lui. C'tait un fnqlb, mais il n'avait pas la mme baraka. Les de8Cendan~ de Sidi Mohammed el-Hadj et de 8idi el.Ghazouani IIGnt nombreux. Tanger, o ils fJont l'objet d'une grande vnration.
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tenu, semblent un dfi aux prtentions de l'Europe, et la dvotion extraordinaire dont il est l'objet est presque un culte rendu au martyr de l'indpendance du pays, qui semble grandir mesure que cette indpendance est plus menace. Afin de matrialiser pour ainsi dire ce sentiment, les habitants de Tanger ont exhauss tout rcemment encore la hampe du pavillon rouge qui flotte au marabout de Sidi Mohammed el-Hadj, de faon telle qu'il domine les pavillons des Lgations europennes- bties depuis quelques annes hors de la ville non Join de ce marabout. On ne peut s'empcher de comparer l'empressement des habitants de Tanger et des environs se rendre tous les jours et surtout le vendredi au tombeau de Sidi Mohammed el-Hadj, d'une origine contestable, avec l'abandon presque complet dans lequel est laiss le tombeau de Sidi el-Hadj Abdessalam el-Ouezzani, descendant direct et incontest de Moulay Idris et du Prophte, et qui tait de son vivant, il y a peu d'annes, le dtenteur de la baraka de Moulay Abdallah Chrif, de Dar ed-Demana. La maison d'Ouezzan jouit cependant d'une certaine influence dans quelques-unes des tribus dont nous nous occupons, surtout dans les parties de ces tribus qui -avoisiBent Ollezzan et qui se trouvent par consquent dans la zone de la baraka d'une part et de l'action matrielle des Cnorfa de l'autre, et qui ont besoin d'entretenir dans cette ville de bonnes relations tant pour leur scurit que pour leurs transactions ommercidles. Cela n veut pas dire que les Chorfa d'Ouezzan ne soient pas universellement respect. et vnrs dans le Maroc tout entier, mais l'influence etrectiv~ de leurZaoura n'est pas dominante dans les tribus de montagnes du Nord Marocain, et nous verrons plus loin qu'il ne se trouve des affilis, Khouan, de la confrrie de Moulay et-Tayeb que dans la tribu de Mamouda, o se trouvent galement des Derqaoua. -
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ARCHIVES
MAR~NES
En rsum, les Djebala suivent uniquement la Tariqat ech-Chadiliya non sous la forme d'une c:Ies confrries qui procdent du Chadilisme, mais au-contraire d'aprs les principes desquels procde le Chadilisme lui-mme et qui ont t donns Tadj ed-Din Abou-l-Hasan Ali ech Chadili par son Cheikh Moulay Abdessalam bell Mechich, le Qotb de l'Islam d'Occident, qui est enterr au Djebel Alem en Beni Arous. On peut donc dire que les Djebala forment, pour ainsi dire,la confrrie de Moulay Abdessalam plutt qu'ils n'appartiennent celle du Chadilisme proprement dit, qui est issu lui-mme du disciple de Moulay Abdessalam; leur ouard 1) est l'ouard de Moulay Abdessalam, appel la Mechichiya qui est antrieur l'ouard
ech~Chadili.
Les Oulad el-Baqqal, qui, ainsi que nous l'avons dit, sont galement l'objet d'une grande vnration dans les tribus des Djebala, plus peut.tre comme moudjahidin que comme Cheikhs' religieux, se rattachent galement au chadilisme par Sidi Mohammed ben Sliman el-Djezouli, l'auteur des Dalail el-Khairat. En effet, Sidi Mohammed ben Ali el-Baqqali, enterr EI-Haraiaq, tait disciple de Sidi Mohammed el-Medjoul, enterr EI-Qar, disciple lui-mme de Sidi Mohammed el-Hadj Baqqali, tu par le Sultan Saadien Mohammed ech-Cheikh Mamoun bel-Manour. Sidi Mohammed el-Hadj avait eu pour Cheikh Boucheta. el-Khammar (Sidi Mohammed ech-Chaoul) enterr Amergou en Fichtala, qui tait disciple du Cheikh Abdallah el-Ghazouani, disciple de Sidi Abdelaziz et-Tabba eCeBh~dji, disciple lui-mme de Sidi Mohammed ben Sliman el-DjezQuli.
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~ 1. -
Les Rimaya.
On peut -galement comprendre dans l'tude des Djebala, au point de vue religieux; leur orgnisation en socit de Rimaya (tireurs). Tous les montagnards sans exception font partie des Rimaya. Quand un enfant arrive l'ge de dix ou douze ans, son pre lui achte un fusil et l'incorpore dans les tireul's du village. Nous avons dj donn dans Les A~abes de la valle du Lekkous t la description de l'armement et les usages de ces socites de tir, qui constituent un vritable rite. Lt's socits de tir, comme celles des cavaliers et des escrimeurs, son~ toujours places sous l'invocation suprieure de Sidna Ali , le gendre du Prophte, considr comm~ le premier conqurant musulman, et le vainqueur des infidles. En dessous de cette invocation, qui est gnrale toutes les corporations guerrires de l'Islam, celles du Maroc sont toutes places sous l'invocation de Sidi Ali ben Nacer, le frre de Sidi l\I'hammed ben Mohammed ben Nacer, le fondateur de la confrrie des Naciriya. En tant que Rimaya, tous les Djebala appartiennent donc la grande confrrie chadiliya des Naciriya, qui. tend ses ramifications dans le Maroc tout entier. Cependant, il n'y a chez les Djebala aucune ZaouIa naciriya, et les tireurs, dans leurs runions ou dans leurs exercices, ne rcitent ni dikr ni ouard d!aucune confrrie. Les diffrentes socits de tireurs sont places chacune sous l'atorit d'uri moqaddem, dsign par la socit ellemme. Il y a autant de moqaddeinin que de fractions (khoms) dans la tribu.
l, Arch, maroe., t. IV, ebap. V:
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Dans chaque tribu, les confrries de Rimaya sont places sous l'invocation du principal marabout de la tribu; il arrive parfois que des fractions diffrentes se placent chacune sous l'invocation du marabout de leur fraction, lorsque la tribu possde plusieurs marabouts d'une gale importance. Quelquefois, au contraire, les Rimaya de deux tribus sont placs sous l'invocation du mme marabout, si son importance l'emporte sur celle des marabouts locaux d'une de ces tribus; par exemple, les Rimaya de la tribu d'Ehl Serif se partagent en deux fractions, l'une qui invoque Sidi Boubeker el-Djenati, l'autre, le Faqih ben Abdallah. Les tireurs des Beni Gorlet sont sous l'invocation de Sidi Omar Ghalan, l'anctre du fameux moudjahid Abou-IAbbas elKhadir Ghalan, qui s'tait taille un tat indpendant entre Ttouan, Arzila et EI-Qcar, la fin des Saadiens, et qui a t vaincu pal' Moulay erRachid el-Filali et tu par sou fl're le Sultan Moulay Ismal. Les Rimaya de la tribu des )[iI~mouda sont partags entre Sidi Abdallah ben Bouheker et Sidi Ahmed ben Asa de Chab ; ceux de la tribu es Rhona sont sous l'invocation de Sidi Ahmed ben ?\Iebah; ceux des Beni Zekkar sous l'invocation de Moulay .\bdaHah el-Ghazouani; et les tireurs des deux tribus de Soumata et de Beni Ysef invoquent Sii el-Mezouar, l'arrire-petit-fils de Moulay Idris, l'anctre de Moulay Abessalam et dont le tombeau se trouve dans la tribu des Soumata. Chaque fraction (khoms) e tribu a un 4rapeau (alam) {lui est port pal' un es habitants du li.boms dsign cet eO'et et qui conserve le drapeau dans sa maison. Ce drapeau n'est pas, comme les bannires des confrries ou des marabouts, un morceau d'toffe plus ou moins riche et plus ou moins brod et d'une couleur laisse au caprice du donateul'; c'est un vritable drapeau d'une couleur dtermine et qui ne change pas, de telle faon que chaque fraction est recon,nue de loin par le drapeau qui est port
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avec elle. Sur ce drapeau est brode la profession de foi musulmane : La ilaha illa A llah et quelquefois le nom de la fraction. Cet alam est bien le drapeau de la fraction, et non pas celui de sa compagnie de tireurs. Lorsque les Rimaya vont faire leurs exercices, le drapeau ne marche pas avec eux; il est port en tte de la fraction de la tribu lorsque tout entire, y compris les Rimaya, elle se met en mouvement. Dans les combats, le drapeau de chaque fraction en accompagne les combattants et leur sert de point de ralliement. tant donn en effet que le costume de Djebala est peu prs le mme dans toutes les tribus, des confusions pourraient se faire. Ce qui est assez digne 'de remarque, c'est que les Djebala, dans leurs luttes entre tribus, cherchent rciproquement s'emparer du drapeau les uns des autres et que la prise d'un de ces drapeau est considre comme un 'triomphe pour ceux qui sont parvenus s'emparer de celui du parti ennemi et comme une honte pour ceux qui se sont laiss prendre le leur. Une fraction dont le drapeau a t pris est raille ce sujet par les autres Djebala. Le drapeau pris sur l'ennemi est ramen en triomphe par la fraction victorieuse avec accompagnement de musique de tabbal et de ghata (tambourins et hautbois). Il est apport la maison du Cheikh et plant dans un arbre devant cette maison comme un trophe. Il arrive gnralement que les ennemis sont rconcilis par l'entremise des Chorra influents dans les tribus, et que, parmi les clauses de la rconciliation, le rachat du drapeau est stipul certaines conditions. Il est intressant de remarquer que les tribus arabes n'ont pas de drapeau, personnels la tribu ou ses fractions. Lors de l'investiture d'un Qald de tribu arabe, le Sultan remet au nouveau gouverneur un cachet d'argent (taba) , une qoubba (tente ronde muraille), un cheval sell et un tendard; cet tendard s'appelle le,.,.ada et non alam, et sa couleur n'a aucune importance; c'est la le,.,.ada du Qald,
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simplement, et non pas l'alam, le drapeau de latrihu. Les trihus des Djehala sont, comme nous l'avons vu, administres par des Cheikhs qui relvent plus ou moins d'un Qad arabe de la plaine. Cependant, il est arriv quelquefois que le Sultan ait nomm un Qad d'une tribu de montagnards. Ce Qad, dans, ce cas reoit une terrada comme les Qads arahes, mais elle lui est personnelle et les fractions conservent leurs alams , qui continuent rester leurs seuls drapeaux. La terrada ne marchepas avec la tribu: elle ne marche qu'avec le Qaid et on n'y ajoute aucune importance. De mme, dans les tribus arabes, la terrada du Qad ne ma~che qu'avec lui et seulement lorsque, avec les contingents de la harka, il va rejoindre une arme du Sultan. Dans leurs combats, les Djehala font rarement des prisonniers. Tout individu pris est gnralement tu immdiatement. Si par hasard cependant quelques prisonniers ont t faits, ils sont rendus lors de la rconciliation ou changs s'il y a lieu. L'existence d'un vritable drapeau particulier chaque fraction de tribu dans les Djebala, le point d'honneur attach la dfense de ce drapeau, et la honte qu'il y a se laisser prendre, indiquent bien chez les montagnards une sorte de sentiment de patriotisme. Le fait que ce drapeau n'est pas celui d'un marabout ni d'une Zaouia et qu'aucune ide religieuse ne semble s'y rapporter dnote, de la part de. ceux qui sont susceptibles de cet attachement pour le drapeau en tant qu'emblme de la tribu ou de la fraction de tribu, un sentiment d'affection pour leur sol et de solidarit de race ct de la solidarit religieuse et de la vn. ration superstitieuse pour les marabouts locaux, morts ou vivants. Sans doute, ce patriotisme est trs restreint, puisqu'il ne s'tend qu'au petit territoire d'une fraction de trib, mais il n'en est pas moins le signe d'une mentalit qui
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n'est pas uniquement religieuse, et il dnote un sentiment d'autonomie d'auta,nt plus grand que les drapeaux des Djebala flottent au-dessus des combattants non seulement dans les luttes de tribu tribu, maisgalement dans leurs batailles contre les troupes du ~fakhzen et qu'ils se dres- . sent alors en face du drapeau rouge du Sultan.
Comme dans tout le Maroc, l'enseignement donn dans les tribus des Djebala est exclusivement religieux. L'enseignement est beaucoup plus rpandu dans les tribus de montagnes que chez les Arabes de la plaine. Chaque village compte plusieurs coles et tous les enfants en suivent les cours. Comme nous le verrons, les tribus des Djebala ont des coles' o sont enseignes quelques notions de droit; les cours de ces coles sont suivis par des lves originaires des tribus arabes de la plaine o ne se trouvent pas d'coles semblables. Ces lves trangers sont appels Tolha el-M'khanchyin, du sac cc Khancha Il qui leur sert transporter leurs vtements et leurs livres. Cet enseignement peut se diviser en enseignement primaire et enseignement secondaire. Ce qui pourrait correspondre l'enseignement suprieur. pour suivre cette classification, est donn uniquement Fs. L'enseignement primaire ne se compose que du Qoran, que les enfants apprennent de la faon suivante: Chaque enfant est porteur d'une planchette louh Cette planchette est faite de bois dur, dont l'essence varie forcment selon les rgions. Cependant dans la
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rgion dont nous nous occupons, on se sert plus spcialement du bois de qabqab ", de dardar et de tacht t . Pour attacher une bndiction spciale l'instruction donne aux enfants, beaucoup de parents se procurent des planchettes faites au sanctuaire de Moulay Abdessalam, en bois de tacht provenant de la fort du Djebel Alam. Cette planchette est en forme de trapze de 0 m. 40 environ de hauteur, de 0 m. 25 dans sa base la plus large, et de 0 m. 20 dans son ct le plus troit. Pour crire, l'enfant recouvre cette planchette d'un enduit d'argile dlaJe dans de l'eau que l'on appelle sansat. On crit sur cette sorte d'ardoise avec le qatem (plume de roseau) habituel, en se servant d'une encre appele smaq )) ou smagh 2 )). Lorsque renfant a appris crire les lettres, les relier entre elles et connaitre leur prononciation et leur valeur exacte, ainsi que toutes les voyelles etles signes orthographiques, le faqih commence lui apprendre et lui faire crire, en la .lui dictant, ta premire sourate do Qoran la }t'atilla )) flui oommeDCe par ces 1lI0ls : bi""illtthi',.-
rahmani'r-rahim.
Au fur et mesure que la planchette est couverte d\~Cl'i ture, l'enfant appl'end par cO'ur ce qu'il a crit; son aUention et sa mmoire sont fortement stimules par la crainte des coups de baguette de cognassiel' (lue le fa(lih lui appli(fue sur la plante des pieds pour COI'I'jge)' ses erreurs ou ses oublis. Danl'! ce cas, la "ictime est maintenue pm' deux de ses camarades (lui tiennent ses pieds III port(' de la ha~uette du faqih. Celte corl'ection est ('elle usile pour toulclti les faules des coliers, et elle leur est Ilu\lne sou\"cnl illl1ige Sl'r la deuHlIHle de leurs parentH s'ils sc cOlldllisenlmal en dehol's de l'cole.
1. JJ:\I'IIUI',
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Lorsque la phrase crite sur la planchette est compl~ tement apprise par l'enfant, elle est efface et remplace par la phrase suivante, et ainsi de suite jusqu' la fin du Qoran. Aprs que l'enfant a appris la fatiha, a\J.lieu de continuer par la deuxime sourate EI-Baqara ~ laVache qui est la plus longue du Qoran et qui contient deux cent quatre-vingt-six versets, on lui fait apprendre la dernire sourate En-Nas - les Hommes - et il continue ainsi rebours et termine par la deuxime sourate, qu'il apprend la dernire. . Tous les enfants n'arrivent pas d'ailleurs, et il s'en faut de beaucoup, apprendre le Qoran en entier. Un grand nombre, aprs avoir inutileplent, pendant des annes, frquent assidment l'cole et reu une quantit innombrable de coups de baguette, sans compter tous les petits supplices invents par les professeurs irascibles, comme de les pincer, de les mordre ou mme de les faire suspendre par les pieds et par les mains aux solives du plafond, comme le berger d'Ulysse, sont reconnus incapables de recevoir dans leur mmoire le livre sacr, et, au grand dsespoir de leurs parents, prennent un mtier quelconque ou font pattre les troupeaux. Aucune explication n'est donne aux enfants sur le Qoran. qu'ils apprennent aiJ~si par cur; l maUre qui leur apprend serait d'ailleurs trs embarrass d'expliquer le moindre passage de ce qu'il leur enseigne. Toute sa .science consiste savoir le QQran par cur d'un bout l'autre,d'enconnattre admirablement l'orthographe la plus exacte, toutes les intonations, tous les accents, mais il n'y comprend rien et ne cherche pas comprendre, pas plus que ses lves. Si l'un d'eux, ce qui n'arrive d'ailleurs jamais, s'avisait de demander des explications sur le sens des phrases qu'on lui fait apprendre par cur, par lambeaux, il serait d'abord battu, pour le bon exemple, et ensuite certainement exorcis, car seule la prsence en
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lui d'un dmon pourrait expliquer sa curiosit, et trs probablement renvoy ses parents. On n'apprend pas le Qoran pour le comprendre, mais pour le savoir, pour le possder, non parce que cela peut tre d'une utilit quelconque, dans la conduite de la vie, mais pour le mrite, el-Ajar, et pour la bndiction, el Baraka, qui sont attachs au fait de possder dans sa mmoire tout le livre sacr. La principale occupation et mme la principale proccupation de ceux qui sont arrivs, aprs bien des annes, raliser ce tour de force de mmoire, consiste, sauf les quelques rares exceptions de <eux qui poursuivent leurs tudes.secondaires, ne pas oublier ce qu'ils ont appris, et entretenir leur mmoire par une continuelle rcitation du Qoran, de faon n'en pas perdre un seul mot. Par une singulire interprtation de quelques versets du Qoran, les ~Iarocains en sont arrivs croire que ceux qui avaient appris le Qoran et qui l'avaient oubli seraient frapps de ccit dans l'autre monde. Voici les versets dont il s'agit: Un jour, la direction du chemin droit vous viendra de moi. Celui qui la suivra ne s'gare point et ne sera point malheureux. Mais celui qui se dtournera de mes avertissements mnera une vie misrable. Nous le ferons comparaltre aveugle aujour du Jugement. Il dira: Seigneur! Pourquoi m'as-tu fait comparattre aveugle, moi qui voyais auparavant? Il en sera ainsi: 'Nos signes vinrent toi, et tu le, as oublis: tu seras de mme oubli aujourd'hui!.
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Ces versets, qui visent les principes de la religion musulmane, sont appliqus par les Marocains non pas aux principes, mais la lettre du Qoran, et ils en tirent la conviction que quiconque savait le Qoran par cur et l'a oubli sera frapp de ccit le jour du Jugement dernier et restera aveugle pendant l'ternit. Le local rserv l'enseignement des coliers, les M'had,.a, qui apprenvent le Qoran est indpendant de la mosque du village. Ce local porte chez les Djebal~ le nom de la M'imra; c'est un btiment en pierres sches crpies Je chaux, et compos d'un seul rez-de-chausse sans fentre; la lumire vient par la porte. Cette construction trs primitive est recouverte d'un grand toit de chaume. Entre le plafond de l'cole et le toit, se trouve un grenier (lui s'appelle l'Aricha; on y monte par un escalier extrieur form de grosses pierres. Ce grenier sert emmagasiner les provisions d'huile ou de grains et souvent des rserves de poudre et de balles qui sont la proprit des hahous de la mosque du village. Nous examinerons plus loin cetle particularit en . tudiant l'organisation des habous. L'cole est htie par la communaut (la Djemaa) ; les nattes (lui la garnissent sont achetes par les lves, et l'huile (lui sert l'iodaiI'age est fournie par les hahous de la mosque. Le nombre des coles varie naturellement en proportion de l'importance du village. Les villages des Djehala, qui s"appellent des d(hars se divisent en qufti'tiers (haoum); chaque (Iuartier (haouma) a gntalcmcnt ulle cole. Le matre dcole s'appelle le {aqih el-moucha,.il, c'est--dire le faqih engag mOJennant certaines conditions, Les conditions les plus. habituelles sont les suivantes : 1" l;ne IUllZll, c'est--dil'C une corve qne s'impose tout
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le village ou le quartier du village qui traite avec le faqih; chaque habitant donne pouda touza ses animaux de labour, ses charrues et ses laboureurs; le ,terrain de labour, gnralement d'un seul tenant, est fourni souvent par le propritaire le plus riche ou par les propritaires ayant le plus de terres; la semence est fournie par le faqih. Tous les travaux postrieurs au labourage, sarclage. moisson, dpiquage et transports, sont faits par la communaut. 2 Toutes les semaines, chaque maison apporte au faqih une certaine quantit de beurre de vache, de brebis ou de chvre, selon ce que possde chacun. Cela s'appelle tantt Djemaial el- To/ba - le produit de la collecte des Tolba - tantt Khemis el-Ta/eb - le jeudi du Taleb parce qu'il est d'usage de remettre au faqih la quantit de beurre battu le jeudi et que ce sont ses lves qui profitent du cong pour battre ce beurre. D'aprs Abou-l-Adl el-Ouqbani, l'introduction de cette dause daM un contrat le rend D~ paree que l'OB ignore la quantit exacte de beurre que donnera la battue du jeudi, et que l'on se trouve de ce fait donner au faqih en change de son travail une chose dont la "aleur est inconnue, ce qui est contraire aux principes lgaux 1 La mme observation peut ta'e faite pour la cc touiza dont le produit est galement alatoire, On peut donc dire que le contrat d'engagement du faqih e/mullcharil est tabli d'aprs la coutume et non d'aprs les principes lgaux. 3" On remet de plus au faqih une petite SOlllllle annuelle d'argent, qui "al'ie de 50 60 mitqals, c'est-ii-dire au cours actuel du mitllal, (lui ,-nut environ 0 fI'. tao, Yingl' YillKt. cinq pesetas hasHani, llui repJ'sPllh~nt dl' '13 f,', 50 il if) f... 65.
1. Arch. /l1ll/'flC., ",,1. X\', fU81', 111: .. Ttluhl'uL AI (loIIII,llIl hi Hm! Masa'il .\1' Boni. ' lin fa'Jih Ahmet! AI \'Il'J"lIh~. Chlll" J,IV, p. ;101.
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4 Une certaine quantit de grains, gnralement deux moudds de bl, deux moudds d'orge et de~x moudds de dr. 9 La communaut donne au faqih l'animal, mouton ou bouc,qui est sacrifi la fte de l'Ad el-Kebir, le dixime jour de Doul-Hidja, le dernier mois de l'anne. Dans les tribus de montagnes, c'est en gnral un bouc qui sert ce sacrifice. 6 Enfin, une toison de mouton par chacun des troupeaux appartenant aux gens du village ou du quartier qui engage le faqih, doit tre remise ce dernier au moment de la tonte. Ces toisons servent au faqih se faire faire l'toffe de laine avec laquelle il coud; gnralement luimme, sa djellaba, grand vtement capuchon, et sa qachchaha, long gilet de laine sans manches qui se porte en hiver par-dessus la chemise. Ainsi que nous le verrons plus loin. les Djebala ne portent pas de vtements de drap. En dehors de ces conditions rgles par le contrat pass avec le faqih el-moucharit, il y en a d'autres tablies par l'usage et qui, sans faire l'objet d'aucune stipulation, constituent cependant des obligations pour la communaut. Ainsi, tous les mercredis, les lves font au faqih un petit cadeau appel er-reb'ia, de arb'a, le quatrime jour de la semaine, le mercredi; ce cadeau se compose de quelques sous: khamsa oudjou, setta oudjou, achra oudjou, environ cinq, six ou dix centimes; ceux qui n'ont pas d'argent".et c'est le plus grand nombre, apportent deux ou trois ufs, ou un peu de beurre. Il est d'usage galement, quand un enfant a appris par cur une des sourates du Qoran, qu'il donne au faqih une petite somme, qui ne dpasse pas un bilioun (25 centimes). De plus une petite fte est donne au faqih et aux coliers chaque khatma ou Boulka.
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Voici quelques observations ce sujet: Le Qoran se divise en soixante hizb i ces soixante hizb se partagent en quatre fractions. Chaque fois que l'enfant a achev d'apprendre et de retenir par cur une de ces fractions, cela constitue une sou/ka, qui donne lieu une khalma. Il ya quatre soulkas. Comme nous l'avons dit, les enfants, aprs avoir appris la fatiha, qui est la premire sourate, apprennent la dernire, les hommes, et continuent ainsi rebours. La premire souika va jusqu' la sourate Ar-Rahman et contient sept hizb. La deuxime sou/ka, qui contient vingt-trois hizb, forme trente hizb avec la premire, et s'arrte la moiti du Qoran: Qa/a a/a ma aqou/.' La troisime sou/ka s'arrte la fin de la sourate La famille d'Imran et contient vingt-cinq hizb. La quatrime sou/ka est forme de la seule sourate A /Baqara La vache , quj contient elle seule cinq hizb. La khalma est plus ou moins importante selon la fortune de la famille de l'colier. Les plus riches tuent un chevreau et fon~ un immense couscous; ils donnent au faqih nn douro (cinq pesetas) j les autres, selon ce qu'ils peuveni faire, donnent manger du pain et du miel, du pain et des fruits secs (figues ou raisins), du .pain et <le l'huile, et remettent JlU faqih une petite somme qui varie de dix deux biliouns (2 fr. 50 0 fr. 50). A ces quatre sou/kas, il faut ajouter la sou/kat e/-kebira, qui donne lieu une grande fte appele e/-khalmat e/kebira. C'est lorsque l'colier sait par cur le Qoran tout entier, c'est--dire lorsque aprs l'avoir rcit tout e.~tier, comme nous l'avons dit, en le commenant par laBn, aprs la faliha, il l'a rcit une deuxime fois en le commenant par la fatiha et en suivant l'ordre rgulier, et une troisime en reprenant les sourates rebours et en terminant par la sourate Al-Baqara. L'colier qui a ralis, ce tour de force de mmoire est taleb; il ne sait rien; souvent mme
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son intelligence naturelle est pour longtemps, si ce n'est dfinitivement dtruite, mais il est capable de rciter dans un sens ou dans l'autre le Qoran tout entier, sans commettre une erreur, il porte en lui la parole de Dieu, non seulement sans la comprendre, mais sans chercher la comprendre, sans se douter mme qu'elle puisse tre comprise. Comprendre n'est rien, peut-tre mme est-ce mal, savoir est tout. A partir de ce moment, l'enfant, ou plutt le jeune homme, car il faut des annes pour arrin",' retenir par cur le Qoran tout entier, devient un personnage, et il est entour de la considration universelle. Le nouveau taleb est triomphalement conduit de l'cole chez lui avec accompagnement de labbal et de ghata; il marche avec componction, le capuchon de sa djellaba haiss sur sa figure, de faon qu'il ne voit que le sol ses pieds, et il porte comme un livre ouvert, dans ses deux mains, la planchette qui lui a servi et sur laquelle sont crits au centre la faliha et les premiers versets de la sourate AI-Daqara )1 par untaleb ayant une belle criture. Sur les cts, en biais, sont inscrits les premiers versets de la sourate 48 La Victoire ou La Conqune qui commence par ces mots: 1nna fatahna laka fathan mOllbina (Nous avons fait pour vous une conqute vidente). Les femmes de sa famille, c'est--dire toutes les femmes du village, car toutes les familles sont allies entre elles, l'accompagnent en portant des foulards de couleurs varies attachs au bout de longs rOseaux et en poussant de strideuts ~ou ... you.. you... you... en signe de joie, Ces cris s'appellent zagharit t Les tireurs du village escortent le petit cortge en fai1. Dans I~ D;clion'!a;re de Kazimirski, l. l, p. 99-1, j plur, Ja.:... #.J e"l indiqu l'om me ..ignifianL les CI'i8 lied femmes lorsque quelque grand malheur leur arrive. Au Maroc, au contraire, le you fOU aigu eL prolong des femme... appel zagharif, est un ..igne de joie cl .Ie rp.jouissance.
.1.,;.
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sant parler la poudre et en invoquant chaque dcharge le marabout le plus illustre de la rgion. La famille de l'lve offre gnralement un couscous la communaut et tue un mouton ou un chevreau; une somme variant de dix un douro, selon les ressources de cette famille, est remise au faqih. A chacune des quatre khatmas, de mme que lors de la clbration de la soulkat el.kebira, l'lve, lorsqu'il est ramen chez lui, s'asseoit par terre, naturellement, entour de ses camarades qui psalmodient des versets du Qoran ; il tient sur ses genoux la planchette, en ayant toujours son capuchon abaiss sur le visage. Tous les gens de sa famille et ses amis passent tour de rle devant lui et dposent sur sa planchette une petite somme. Ces offrandes sont remises au faqih aprs la crmonie. Parmi les conditions poses par la communaut au faqih engag par elle, sont les suivantes. Si les habitants du village ou du quartier de village qui ont engag le faqih consentent donner des tolba trangers qui veulent suivre les cours, la nourriture qui leUl' est ncessaire, ce q"ue l'on appelle El-Mdarouf!j, le faqih est oblig de recevoir ces tolb. Il est stipul galement que le faqih doit faire la prire publique aux jours de ftes; dans le cas o il y a plusieurs foqaha dans le mme village, ce qui arrive frquemment, c'est le plus g d'entre eux qui fait la prire publique, laqut'lle les autres foqaha sont tenus d'assister. Ce n'est qu'aprs cette prire que les {oqaha qui n'habitent pas le Yillage peuvent aller chez eux. De mme, pour la fte de l'Ard el~Kebir, les foaqha ne s'en vont qu'aprs que l'un d'entre eux a gorg le mouton de la communaut. L~s foqaha doiyent galement rester dans les villages o ila sont engags, pour la nuit du 26 au 27 du mois de
l. Qoran,
~urale
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Ramadan, Lilal el-Qadr. C'est la nuit pendant laquelle le Qoran est descendu sur la terre. Dans cette nuit, les anges et l'esprit descendent dans le monde avec la permission de Dieu pour rgler toutes choses. Pendant t:ette nuit, les tolba runis dans la mosque rcitent le Qoran tout entier. Les foqaha engags dans les villages se partagent cette besogne en en rcitant chacun une partie. Il arrive rarement que des lves de Qoran trangers viennent suivre les cours en dehors de leurs villages; ils sont en gnral trop jeunes pour quitter seuls leurs familles et ils trouvent dans leurs propres villages l'instruction suffisante pour ce qu'ils cherchent apprendre. Il ya en effet au moins un faqih de Qoran par chaque village. Les lves trangers, qui sont en gnral des jeunes gens de quinze vingt-cinq ans, viennent suivre les cours des professeurs qui enseignent ce qui constitue pour ainsi dire l'instruction secondaire, c'est--dire les Mouannifs, tels que Ibn Achir, Ibn Acim, et les ouvrages de grammaire et de la syntaxe, tels que l'Adjourroumiga et l'A lflga. Il ,y a dans les tribus de$ Djebala quelques coles o professent des foqaha de cette catgorie et o viennent des tribus environnantes et souvent mme d'assez loin, du Rif et des tribus arabes, des lves pour suivre leurs cours. Cependant, il en vient galement, mme pour l'enseignement du Qoran. Cet enseignement en effet peut tre pouss plus ou moins loin, selon le dsir des lves, et tous les professeurs ne sont pas capables de le donner complet. COD,lme nous l'avons vu, la science du Qoran est uni quement une question de mmoire et de prononciation. Les foqaha el-moucharelin enseignent uniquement le texte du Qoran, sans se soucier d'en expliquer le sens; par contre, la prononciation ft une trs grande imporbmce. Cette prononciation, tout en restant orthodoxe, est sujette quelques variantes. La co~naissance de ces diffrentes
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manires de prononcer constitue ce que l'on appelle la science des Riouaga'. SeptChioukh ont pos les bases des sept diffrentes prononciations du Qoran. On les appelle: Chioukh er-Riouaga es-Saba. Au Maroc, on n'enseigne pas les sept prononciations; la lecture qui est enseigne dans toutes les coles qoraniques de toutes les tribus et de toutes les villes est celle de Ouarch, disciple de Nara. La lecture est celle qui est conforme au dialecte de Qoreich. La trs grande majorit des tolba marocains n'en connaissent pas d'autres. Ceux .qui veulent pousser plus loin l'tude du Qoran, continuent par la lecture de Qaloun, qui ne diffre pas grandement de celle d'Ouarch, attendu qu'il est comme lui lve de Nara. On continue ensuite par la lecture d'El-Mekki, (lui est conforme au dialecte de Hodeil, puis par El-Bari,quf se rapporte au dialecte des Haoudzil. Enfin,le plus haut degr de la science de la lecture du Qoran, au Maroc, est atteint par la prononciation de Hamza, qui est un dialecte des Beni Asad.. Ouarch, Qaloun, El-Mekki, El-Bari et Hamza sont les seuls des Chipukh er-Riouaga qui soient enseigns au Maroc, et le dernier est considr comme la perfection dans cette science. Un taleb Hamzaoui jouit d'une trs grande considration, et dans les rgions soumises au Makhzen les Tolba Hamzaougin sont exempts d'impts. . Tous les versets du Qoran ne doivent pas tre lus sui vant la prononciation du mme Cheikh et, pour arriver la science parfaite de la lecture du livre sacr, il faudrait savoir lire chaque verset avec la prononciation du Cheikh . qui lui convient. Pour connattre de quel Cheikh il faut employer la lecture pour chaque verset, on place en face de ce verset une lettre qui indique le Cheikh dont il faut suivre la prononcia1. Cf. Arch. maroc., .. La science des Riouaya ., vol. V, p. 481.
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tion. Ces Cheikhs, avec leurs disciples, ne sont pas moins de vingt. Comme nous l'avons dit, au Maroc, on n'enseigne gnralement que la lecture de cinq de ces Cheikhs. La lecture de Ouarch, qui est la plus courante, est indique, en marge des versets du Qoran, par un Djim; Qaloun, par un Bn; El-Mekki, par un Dai; El-Bari, par un Ha; et Hamza, par un Fa. Quelques rares lnlba lisent galement d'aprs les autres Cheikhs. Les jeunes gens qui ont appris le Qoran sous la direction d'un faqih Ollarchy et qui, par consquent, ne connaissent que la lecture d'Ollarch, s'ils veulent pousser leurs tudes de lecture et de prononciation pour arriver celle de Hamza, vont suivre dans les coles souvent loignes de che7. eux les leons de professeurs qui enseignent les diffrentes lectures; on appelle ces professeurs foqaha er,..rlOllaya. Les tribus de Djebala en comptent un certain nombre et les lves viennent des tribus loignes pour suivre leurs cours. Ces lves, logs dans l'cole mme, sont nourris par la charit des habitants du village o se trouve l'cole. C'est un acte mritoire que de donner le Mdarollf a lin laleb ou plusieurs lalha. La nourriture qu'on leur donne est d'ailleurs peu cOlteuse et ne suffirait certainequantit ni pal' sa qunlit, au plus modeste ment, ni par et au moins exigeant de nos tudiants pauvres. Les lalba trangers, dsigns sous le nom de Mekhanchin, chargent tour de r6le l'un d'eux, qui Ya tous les ~oirs frapper aux portes <les maisons 'lui don"nent le "Mdarouf ct qui recueille la maigre pitance qu'il rapporte il l'cole o elle est mange en commun par les lalha. Voici comment sont rgles les classes de toutes les coles ~ Les enfants vont l'cole le matin, au lever du soleil; ils y restent jusqu' midi; aprs avoir djeun chez eux, ils retournent l'cole, o ils dorment jusqu' une heure
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et demie (dohor). Le faqih les rveille alors, et la classe reprend jusqu;au moghrib, le coucher du soleil. Ils sortent pendant que le faqih fait la prire du moghrib, et reviennent ensuite l'cole, o ils restent jusqu' l'achd, une heure et demie aprs le coucher du soleil. Le mercredi, l'acer, l'heure qui partage par la moiti le temps qui s'coule entre dohor, une heure et demie, et le coucher du soleil, et qui varie par consquent selon les saisons, les lves quittent l'cole; ils ont cong le jeudi pendant toute la journe et reviennent le vendredi aprs la prire d'une heure. Il y a dans l'anne plusieurs congs, Aouachir, qui sont: 1" du15 du mois de "Ramadan au 8 Chao liaI ; 2 du 1. C, de DOlll-Hidja au lendemain du Saba l'Aid el-Kebir, c'est--dire du 18 du mme mois; 3 du 10 ' de Rebi enlVabaoui au lendemain de Saba el-.llilolld, le 20 du mme mois. Pendant ces congs, les enfants vont tous les jours, le matin, l'cole, mais sans leur planchette, et simplement pour rciter ce qu'ils ont dj appris afin de ne pas l'oublier et sans apprendre autre chose. Pendant les sept jours compris entre les ftes et les octaves, ils ne yont pas l'cole du tout; l"Achour, le 'lO du mois de J/oharrem, le premier mois de l'anne, ils ont deux jours de cong: le jour de l'Achour et le lendemain. Les lves trangers couchent il l'cole et y prennent leurs rt'pa!'\. Pendant les congs, ils rentrent hahitlH'llc- . ment chez eux moins qu'ils ne viennent de trs loin. Les lolba de la montagne ne nomment pas de Sllltrrll des lolba; ils font de temps en temps des nezaha (parties de plaisir) dans le genre de ce que les tolba de la plaine appellent la pelile nezaha, c'est~-dire que les lolba de (luelques villages voisins les uns des autres runissent un peu d'argent et quelques victuailles et vont faire un repas sous les arbres, avec musique de labbal et ghata, danses de jeunes garons, etc. Cela se passe beaucoup
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plus modestement que chez les lolba de la plaine et il n'y a jamais de gT'ande nezaha t. Comme nous ....avons dit, il existe entre les coles de Qoran des coles o des foqaha plus instruits enseignent ce que l'on appelle les mouannifs, c'est--dire Ibn AchiT', l'AdjouT'T'oumiga, l'Alflga et la Touhfal el-Houkkam de Ibn Acim. Malheureusement, comme pour le Qoran, il ne s'agit pas d'une tude intelligente, ni de l'explication des textes, mais toujours d'un travail de mAmoire, et les tudiants apprennent tout par cur sans rien comprendre.' Nous avons connu un taleb qui sav~it la AdjouT'T'oumiga par cur et qui tait incapable de distinguer dans une phrase un verbe d'un substantif ; cependant, il pouvait crire une lettre, ce que la majorit des tolba est incapable de faire. Les exemples de ce genre sont trs frquents. Les rsultats de cette instruction sont forcment loin de dvelopper les facults des jeunes gens et de leur ouvrir les ides. Il semble au contraire que plus ils apprennent, plus leurs ides deviennent troites et plus ils s'appliquent aux pratiques extrieures de leur religion qu'ils n'arrivent jamais comprendre. On pourrait croire que le but de l'instruction qui leur est donne est de tuer compltement chez eux tous les germes d'une pense quelconque, d'une part, par un effort de mmoire absolument disproportionn, d'autre part par l'observance de pratiques matrielles qui finissent par absorber toute la vie d'un homme et la transforment en une srie de petites crmonies rituelles pour toutes ses actions les plus simples. C'est ainsi qu'en observant exactement les instructions de l'ouvrage de Ibn AchiT', qui indique la faon d'accomplir les faT'a'id, les obligations religieuses, on
1. Grande Nezaba. Cf. Arch. maroc. Les tribus arabes de la valle
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arrive ce rsultat qu'on ne se lave pas pour tre propre, mais pour s'tre l~vd'une certaine faon. Le but recherch en se lavant n'est plus la propret elle-mme, mais simplement l'excution stricte de certaines formules rituelles dans l'acte de se laver. L'esprit des pauvres tudiants arrive ainsi tre compltement fauss pour le reste, de leur existence, et leur proccupation d'viter toute impuret et toute souillure matrielle finit par les transformer en maniaques incurables. Nous avons connu un Chrif Djezouli, descendant du Cheikh Mohammed ben Souleiman el-Djezouli, l'auteur du Dalail el-Kharal, qui avait fait ss tudes dans la tribu des Rhona. Dj vieux, il avait conserv l'empreinte indlbile de l'instruction qu'il avait reue. Venu Tanger pour ses aifairea, il avait voulu faire laver son linge, mais il y avait renonc, parce qu'il ne trouvait Tanger que du sav~n roumi et non pas le savon mou fait dans les montagnes, loin de toute influence chrtienne. Le pauvre Chrif tait convaincu que les prires qu'il dirait aprs avoir revtu .du linge lav avec ce savon, d'aprs lui impur, ne seraient pas agres de Dieu, tandis qu'elles seraient agres certainement s'il les faisait avec du linge sale. Aprs avoir pass quelques jours Tanger, il est reparti pour son pays, sans avoir fait laver son linge et, sans avoir d'ailleurs manqu aucune des prires prescrites. Un autre exemple donnera galement l'ide des sentiments tranges qu'une instruction mal digre peut faire germer dans des cerveaux videmment simples. Des gens de III montagne venus Tanger et camps au plateau du Marchan, l'ouest de la ville, cherchrent un endroit pur pour y faire' leur prire. Ils commencrent par s'loigner des maisons, toutes habites par des Juifs ou par des chrtiens, et se dcidrent enfin se placer au milieu
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de la route qui traverse le plateau, parce que, disaient-ils, cette route, tant un passage, pouvait tre assimile une rivire et que l'eau d'une rivire est toujours considre comme pure. Le sol de cet endroit passager pouvait donc tre considr comme exempt de toute souillure. Leur prire faite, ils s'aperurent qu'un chien tait couch entre eux et la direction de la Mekke ; une inquitude les prit et ils demandrent quelqu'un qui passait si ce chien tait roumi ou beldi, c'est--dire europen ou indigne. Sur l'affirmation que ce chien tait beldi et qu'il n'appartenait ('ertainement pas un Chrtien, ils se rassurrent. Si le chien avait t roumi, ils seraient alls refail'e leurs ablutions et auraif'nt recommenc leurs prires. Nous avons dj dit combien le Chrtien tait un objet d'horreur pour les Djebala. La ville de Tanger elle-mme, comme habite par des Chrtiens, est considre par beaucoup de Djebala comme absolument souille; ils sont cOD\'aincus que les prires qi y sont ditt's ne sont pas agres de Dieu, et les Musulmans eux-mmes qui y habitent sont em'elopps dans le mme mpris, parce qu'ils consentent habiter dans la mme ville que des Chrtiens; ils sont forcment (>ux aussi souills et impurs et ne sont plus considrs comme des Musulmans. Un grand nombre de Djebala, peut-tre mme la majorit, ne n'ulcnt pas ycnir Tanger, dans la crainte d')' contracter au voisinage des Chrtiens une souillure indlbile, que toute l'eau de leurs sources serait impuissante cfl'acl'r jamai~ et qui compromettrait leur salut tPl'nel. A cot de Ct~tte manie de puret (Tahara), qui apP"oelle de la folie, ils ont des murs trs corrompues, qui ont dj t dcrites dans le ltlal'oc lm'onna d'une faon qui n'a rien d'exagr 1. Il semble que les vices
1. Le .Varoc Inconnu . Let! DjelJala ., par A. MOULlRAS.
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les plus honteux, du moment o les choses se passent entre Musulmns, n'ont rien de rprhensible. Pour terminer cette tude sur les tolba, il nous faut dire galement deux mots de leurs murs, qui sont une preuve de plus qUE' l'talage religieux des Musulmans du Maroc en gnral et des Djebala en particulier ne procde pas d'autre chose que d'une hypocrisie gnrale, qui corn mence aux plus humbles tolba et que l'on retrouve chez les Oulma les plus illustres. Chez les uns, comme chez les autres, la religion sert de manteau pour dguiser toutes les turpitudes contre nature et toutes les avidits. Sans doute il y a des exceptions, mais elles sont trs rares. Nous avons dj parl dans cc Les tribus arabes de la valle du Lekkous )) des murs des tolba des tribus de la plaine. A ce sujet, nous disions que les murs spciales et corrompues des tolba du Khlot n'y existaient pas autrefois, ct (Ju'elles y avaient t importes par les tolba de la montagne venant professer dans la plaine, d'une part, et d'autre part par les tolba: arabes qui taient alls continuer leurs tudes dans la montagne. Il semble bien en effet que ce sont les coles de la montagne (lui ont apport celles de la plaine la contagion de leurs vices contre nature. Ces vices, chez les Djebala, font partie intgrante de l'instruction; les tolba affirment mme qu'ils sont la condition sine qua non du succs dans les tudes; ce qui est certain, c'est que tous les tudiants d'un certain ge abusent de leurs condisciples plus jeuns, par persuasion, par une sorte de soumission naturelle des petits pour les grands, parce que, comme nous le disions, c'est un moyen d'apprendre et surtout, enfin, parce que leI est l'usage et qu'il serait dplac et ridicule de Ile pas s'y conformer. Les parents le savent et ne s'en fchent pas: c'est la coutume des tolha et tout est dit. Il arl'ive parfois que des
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jalousies passionnelles se manifestent entre les grands pour un petit, et il n'est pas l'are que cela occasionne des disputes et quelquefois mme des meurtres. La satisfaction de leur vice devient pour certains tolba une habitude tellement invtre qu'ils n'y peuvent plus renoncer et que, sous prtexte d'interminables tudes, qui ne leur apprennent rien, ils continuent toute leur vie mener l'existence des tolba, roulant d'coles en coles, s'arrtant dans celles o ils trouvent un enfant qui leur plait, s'en allant, quand ils en sont las, en chercher un autre, vivant du Mdarouf, n'ayant d'autre domicile que les coles ou les mosques et p~rtageant leur vie entre des ablutions compliques, des rcitations insipides,et des amours monstrueuses. Ce n'est pas cependant une vie bien agrable que cette vie des tolba, o tout est en commun, o jamais on ne peut avoir un instant soi, ni faire un pas sans tre surveill, espionn. La dfiance des tolba, surtout vis--vis des tudiants trangers, dpasse tout ce que l'on peut imaginer; ils souponnent toujours l'espion, surtout chez les tudiants qui viennent des rgions o se trouvent des Chrtiens, et particulirement de Tanger. Un taleb tranger ne peut pas recevoir une lettre sans la montrer ses camarades; il ne peut pas en crire une sans qu'on vienne la lire et sans tre accabl de questions: qui crit-il, ou pourquoi? Il est d'ailleurs trs difficile de recevoir ou d'envoyer une lettre, les moyens de communication manquant totalement. Seuls les Chorla ou les gens d'une certaine importance crivent quelquefois et envoient leurs lettres par un de leurs serviteurs, qui rapporte la rponse. Mais un simple taleb, un pauvre diable la recherche de la science sacre, qui doit tre compltement dtach de toutes les choses de ce monde, et borner son horizon ce qui l'entoure directement, parattrait commettre un acte absolument en dehors de
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ses attributions et au-dessus de l'importance de son personnage en entretenant une correspondance, mme avec sa famille; il deviendrait, immdiatement suspect et on le congdierait brutalement, si on ne le tuait pas, purement et simplement. Ce sentiment de dfiance est d'ailleurs inhrent au caractre des Djebala, et ils le conservent mme en dehors de leur tribu, surtout s'ils se runissent quelque part en un nouveau groupement. Un exemple frappant de cet tat d'esprit peut tre observ Tanger mme, la ville la plus europenne du Maroc, et o l'on pourrait croire que les sentiments de particularisme ont disparu au contact de la civilisation. Il y a au bout du plateau du Marchan, du ct de la ri vire des Juifs, deux villages, Marchan et Adradeb, qui sont entirement et exclusivement habits par des Dje bala des environs de Tanger. Les habitants de ces villages vivent presque exclusivement de la fabrication de poteries communes appeles afrour, qui sont faites par les Cemmes. Le seul travail des hommes consiste aller chercher le bois qui sert cuire les poteries. Non seulement les habitants de ces villages refusent absolument de laisser habiter chez eux des domestiques au service d'Eu ropens, mais ils refusent mme d'admettre dans leurs coles les enfants de ces domestiques. Au milieu du mouvement de civilisation qui transformf3 Tanger depuis des amies, ces deux villages de montagnards ont conserv leurs habitudes, leur misre, leur nourriture primitive, leur sauvagerie et leur intol!~nce farouche. De mme que les tolba du Khlot, dont nous avons.. dj donn l'organisation, ceux de la montagne ont leur tte des moqaddems qui sont chargs de maintenir un peu d'ordre parmi eux, de trancher leurs diffrends et surtout de prsider leurs rjouissances. Il y a un moqaddem
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par tribu. Le titre de moqaddem est gnralement hrditaire dans une famille. Dans le cas O, la mort d'un moqaddem, aucun de ses fils n'est en tat de lui succder, les tolba en dsignent un. Le moqaddem de la tribu a au-dessous de lui trois ou quatre khalifas dans les diffrentes fractions de cette tribu. En outre, dans les coles o il y a un grand nombre de tolba trangers, ces tolba nomment eux-mmes un mo(faddem spcial pour trancher leurs diffrends et pour maintenir l'ordre dans l'cole. Toutes les petites affaires qui surgissent entre les tolba sont rgles soit par le moqaddem spcial, soit par le moqaddem de la tribu, ou par un de ses khalifas. Dans le cas de meurtre d'un taleb par un autre, les tolba, avec le moqaddem et la Djema du village, tchent d'arranger et d'touffer l'affaire j s'ils n'y parviennent pas, elle est porte devant le Makhzen, ou devant le Cheikh de la tribu, si, ce qui est le cas le plus frquent pour les tribus des Djebala, la tribu est en tat d'insoumission. Si c'est un taleb tranger qui est tu et que sa famille habite trop loin pour pou,"oir intervenir, les tolba et la Djema arrangent l'affaire, font payer ladia, le prix du sang, par la famille du meurtrier et se partagent cette somme. En terminant cette tude sur les tolba des montagnes, il peut tre intressant de signaler ce fait assez singulier, c'est qu'il vient quelquefois, an~ les coles des tribus dont nous nous occupons, des tolba d'Algrie, plus particulirement de la province 'OI'an. Le dernier que nous ayons connu tait all la Zaoua des Oulad el-Baqqal, Dar el-.\llar, en Ehl Serif, d'o il est all suivre les cours dans plusieurs tribus. Il est rentl' en Algrie, il ya un an, aprs avoir pass cinq ou six ans ans les tribus de montagnes.
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3. - Les Chorra.
On peut dire que le pays des Ghomara, auquel appartient en partie la rgion du Habt, est le pays des Chorfa. Avant l'migration de Fs des descendants de Moulay Idris, au commencement du quatrime sicle de l'Hgire, devant les perscutions de Mousa ibn Abi-l-Afiya elMiknasy, les fils du deuxime Imam du Moghreb s'taient rpandus dans les diffrentes rgions du Maroc, pour se partager le gouvernement de l'tat constitu par leur pre. Les auteurs arabes ne sont pas d'accord sur la faon dont ce partage a t fait, ni sur les attributions des diffrentes rgions aux fils d'Idris. Ils s'accordent cependant tous dire que Tanger et ses environs avaient' t donns Qasem. Aucun auteur n'indique dans ce partage la rgion du Habt, et le pays des Ghomara est gnralement indiqu comme ayant t donn en partage Omar. Seul le gnalogiste Ech-Chabii i, charg par Moulayer-Rechid de rechercher l'authenticit des prtentions de certains Chorfa, dit que le pays du Habt a t donn Ahmed ben Idris. On voit donc que, ds l'origine, des 'divergences se produisent entre les diffrents auteurs arabes sur les localits o se sont tablis tels ou tels Chorfa qui Bont les souches des familles chrifiennes actuelles. Il est ais de comprendre, ds lors, les difficults qu'il peut y avoir il retrouver aujourd'hui, d'une faon positive et incontestable, les gnalogies authentiques des nombreuses familles qui prtendent au Chrifat.
1. Abdelqader ech-Chabii el-Hasani el-Djoutl. Manuscrit, p. 1.
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Quoi qu'il en soit, il est certain que des fils de Moulay Idris se sont tablis au commencement du troisime sicle de l'Hgire (neuvime sicle aprs J .-C.), il y a un millier d'annes, dans la rgion dont fait partie celle des Djebala. Une centaine d'annes pIns tard, au commencement du quatrime sicle de l'Hgire,dixime sicle de Jsus-Christ, les Idrisites fuyaient devant les perscutions de Mousa ibn Abi-I-Afiya, l'ennemi de Dieu qui tuait les Idrisites partout o il les trouvait , dit Ech-Chabii 1, de telle sorte, ajoute-t-il, que sept cents convois de ces Chorfa s'enfuirent devant l'ennemi de Dieu, jusque dans les montagnes des Ghomara. Au nombre de ces Chorfa, se trouvait Sidi el-Mezouar ben Ali el-Haidara ben Mohammed ben Idris 2, qui vint s'tablir dans la tribu des Soumata, l'endroit appel Hadjar ech-Chorfa, ou Qalat en-Nasr 3, ou Hadjar enNasr 4, qui fut pendant prs d'un sicle la capitale du second empire idrisite. , Comme nous l'avons dit, il serait impossible de retrouver les gnalogies certaines de toutes les familles chrifieimes ou se prtendant tellel:;l qui habitent aujourd'hui les. montagnes de la rgion du Habt. Cependant on peut affirmer que toutes ces familles chrifiennes sont d'origine idrisite, soit qu'elles descendent des fils de Moulay Idris, qui vinrent s'tablir dans cette rgion la mort de leur pre, comme les Chorfa Belachich de l'Andjera (Oulad Ben Abi-I-Aich) descendants de Sidi
1. Abdelqader eeh-Chabil el-Ha.ani el-Djouti. Manuscrit, p. 8. 2. D'aprs ce que rappolte la Saloual el-An{a., ainsi que nous le verrons plus loin, certains auteurs prtendent que Sidi el-Mel.ouar est mort et enterr Fs; d'autres, qu'il a quitt cette ville de son plein gr, pendant le rgne de son 'pre, Ali el-Hadara, avant la fuile des Idrisites. 3. Qalat en-Nasr, Abddadaq ben Reisoun. Arch. maroe., t. Il, p.2N. 4. Ibn Rahmoun. Arch. maroe., t. III, p. 235.
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Omar ben Idris ., les Oulad Abi-I-Aich des Beni Arous, descendants de Sidi el-Qasem ben Idris 2, ou bien qu'elles aient comme anctre un de.s Chorfa ayant quitt Fs pour fuir Mousa ibn Abi-I-Afiya. Au milieu des contradictions des auteurs arabes, on arrive se rendre compte que la grande majorit des Chorfa des Djebala sont des descendants des Choda du Djebel Alem en Beni Arous. Ces Chorfa du Djebel Alem eux-mmes descendent tous de Sidi Aboubeker ben Ali ben Homra ben Alsa ben Sellam ben Mezouar ben Ali el-Haldara ben Mohammed ben Idris 3 , l'exception des Beni Amran~. )) Tous les Chorfa des provinces du Habt descendent d'Abou Bekr 5~ Toutes les familles qui ont lev des prtentions au Chrifat, depuis l'Ouargha, jusqu' Targha, ont t admises, l'exception de trois gro'upes: 10 Celui qui comprend les compagnons d'Abou-t-Touadjin, meurtrier de Moulay Abdessalam; 20 Celui qui comprend les compagnons de Mendil elYboudi de la tribu des Beni Zekkar ; Le troisime groupe descend de Nemrod et habite Hameim des Beni Hassan. D'aprs cette dclaration faite par les deux gnalogistes chargs, l'un, Ecb-Chabii 6, par Moulay er-Rechid, en iOSO de l'Hgire (t669 av. J.-C.); l'aub'e, Ibn Rahmoun 7, en BOl> (1693 J.-C.), par l'ordre de Moulay lamall, de rechercher les familles chrifiennes et d'carter celles dont les prtentions taient injustifies, suffit donner une
1. Arch. maroe., t. III, Ibn Rahmoun, p. 216. 2. Id., p. 208. ' S. Id., ~. lit, Ibn Rahmoun, p. JU. ,. D'aprs Ibn Rahmoun, les Aranyin, ou Imranyin descendent d'Omar ben Idris; d'aprs Qadirl et Zemmouri, 118 descendent d'Abd Allah ben Idri. Il. Ibn Rahmoun, op. cil., p. 2'1. 6. Abdelqader eeh-Chabil tl-Ha.ant ,'-Djouli. Manuecrit, p. 10. 7. Op. cil., p. 2'9.
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ide de la quantit de Chorfa qui se trouvent actuellement encore dans les Djebala du pays du Habt. " De ces nombreuses familles chrifiennes, quelques-unes seulement, telles que les Chorfa d'Ouezzan de la branche des Oulad Aisa de la descendance de Sidi Yamlah ben Mechich, les Oulad Berrisoul de la descendance de Sidi Younes ben Aboubeker, ont une situation prpondrante et une certaine influence. Le nombre mme de Chorfa, qui se trouvent dans cette rgion, a diminu leur importance. Comme dans un pays o tout le monde serait gentilhomme, la qualit ne donne chez les Djebala aucun privilge. Quelques Choria, par leur fortune, leur savoir, ou leur prestige personnel, jouissent d'une considration particulire, les autres sont perdus dans la masse, et rien ne distingue ces hidalgos musulmans du commun du peuple, si ce n'est qu'on les appelle gnralement Sidi et les femmes Lalla, ou simplement la ou mme na : on dit pal' exemple na Fatima, na Aicha pour Lalla Fatima ou Lalla A icha. Cette appellation respectueuse est elle-mme souvent nglige, et beaucoup de Chorfa et de Chrifas sont appels simplement par leur nom tout court. Les Chriras, comme les autres femmes, vont pieds nus couper le bois dans la fort et chercher l'eau la source; les Chorfa font galement les m~mes travaux (lue les autres. et ils n'ont pas dans les Djemas une place spciale ni une influence prpondrante par le seul fait de leur naissanc"e. Ce <lui est asseT. sing-ulier, ce sont les gards dont sont entolll's dans toute cette rgion les Oulad el-Baqqal, qui, ainsi que nous l'avons dit, n'ont pas une origine bien claire. Il y en a dans toutes les tt'ibus, mais celles o ils comptent le plus de Khoddam sont la tt'ibu des Ghezaoua o se trouve leur Zaoua-mt'e El-Haraiaq, celle des Rhona o ils n'ont pas de Zaoua, Ehl Serif o ils ont deux Zaouas, Dar el-.\ttar et il El-Oharraf, et dans la tribu
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de Mamouda. Parmi leurs Khoddam se trouve mme un grand nombre de Chorfa Alamyin. En rsum, chez les Djebala, le Chrifat ne constitue pas une aristocratie, mais l'aristocratie est le plus souvent compose de gens appartenant au Chrifat. En tudiant chaque tribu en particulier, nous indiquerons les principales familles chrifiennes qui se trouvent dans chacune d'elles.
CHAPITRE III
1. -L'Habitat. -
Le Costume. -
L'Alimentation.
Les habitants des rgions de montagnes habitent dans des villages, qui quelquefois prennent l'importance de vritables bourgades. Ces villages s'appellent dchour (sing. dchar).. . \ Les luttes entre les tribus rendant leurs parties limitrophes peu sOres habiter, les dchour sont rarement tablis sur les limites, mais plutt une certaine distance dans l'intrieur de la tribu, moins, comme cela se produit assez souvent dans les tribus dont nous nous occupons, que les territoires de deux tribus ne soient spars par une rivire assez importante pour prvenir des sur prises rciproques. Un dchar n'est pas une agglomration de maisons et ne ressemble en aucune faon aux douars des arabes de la plaine dont les tentes (khiam) ou les chambres (biouE) sont groupes et souvent disposes en cercle. Dans les d~hour, au contraire, les habitations sont trs espaces les unes des autres et bties sans aucun ordre ni sans aucun alignement, et comme le permettent les irrgula-
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rits du terrain; c'est ainsi qu'il arrive souvent que des maisons du mme dchar sont spares les unes des autres par des quartiers de rochers, par des taillis ou mme par des portions de fort. Un dchar comprenant assez peu de maisons et comportant un petit nombre d'habitants peut donc occuper une tendue de terrain considrable. Les habitations des dchour de montagnes s'appellent des maisons - diar - (au sing. dar). Il n'y a jamais de tentes dans les pays de montagnes. Une maison - dar - se compose d'un certain nombre de pices isoles les unes des autres, mais toujours relies entre elles par des murs; les chambres sont disposes de faon former un enclos, dans l'intrieur duquel s'ouvrent les portes de toutes les chambres qui composent la maison. La forme de la maison dpena de la conformation du terrain. Lorsque le terrain le permet, les chambres sont bties de faon ce que la maison forme un carr; si au contraire le terrain est accident, elles son t bties l o il est possible de onstruire, et l'ensemble de la maison a une fo~me quelconque, mais la disposition gnrale est toujours telle que cette maison forme une enceinte ferme par le dos des chambres et par les murs qui les relient. Les chambres dont se compose une maison porte le nom de stah ou de 'amara ~ selon les tribus. Le. nom de stah est employ dans les tribus dont nous nous occupons; dans les tribus qui se' rapprochent du Rif, telles que les Akhmas, les Ghzaoua, ces chambres sont appeles 'amara. Comme nous l'avons dit, la maison, dar, se compose d'une srie de chambres, stah, isoles les unes des autres, mais relies entre elles .par des murailles et disposes carr ou en cercle, de faon former une enceinte ferme, qui s'appelle qaour..)} et qui forme une cour intrieure Sur laquelle s'ouvren.t les chambres.
cl-
en
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C'est dans le qaour qu'est enferm, la nuit, le btail appartenant aux habitants de la maison. On pntre dans cette enceinte par une ouverture mnage entre les diffrentes chambres. Gnralement cette porte ne donne pas directement- dans le qaour. Elle est pratique au milieu d'une longue pice qui s'tend droite et gauche de cette porte et qui s'appelle le selouan, ~~I le vestibule, qui sert loger les htes, de faon ce qu'ils soient l'abri, sans cependant pntrer dans la maison. En face de la porte du selouan qui~' donne entre de l'extrieur, se trouve une autre porte, qui donne dans le qaour. Ces deux portes se ferment le soir l'aide de battants en bois ferms par des verrous (chaque porte n'a qu'un battant). La porte donnant sui' l'extrieur est verrouille du ct du selouan ; celle qui donne accs dans le qaour est verrouille dans l'intrieur de la maison, de faon .ce que les htes, tout en recevant l'hospitalit, restent en dehors de la maison. Toutes les constructions qui composent la maison sont faites en pierres non tailles, tantt ramasses simplement sur le sol, tantt brises dans les rochers saillants audessus du sol, ou, si ces rochers sont recouverts d'une certaine paisseur de terre, extraites de carrires peu profondes pratiques cet eftet. Pour faire les murailles, on place les pierres les unes SUI' les autres, en les maintenant et en les runissant entre elles avec un mortier compos uniquement de terre mouille, sans chaux. Les murs ainsi construits ont environ 60 70 centimtres d'paisseur et ne dpassent pas 2 mtres de hauteur, Les challlbl'es ont une longueur qui varie entre 3 et 8 mtres; leur largeur ne dpasse jamais 2 Ill. 00 j elle est limite en effet par la dimension des poutrelles du plafond, qui n'ont pas plus de 2 m. 50 de longueur. Ces poutrelles ne sont ni rgulires, ni quarries; ce sont de simples branches d'arbres, de diffrentes
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grosseurs et de formes quelconques, places 20 ou 30 centimtreg de distance les unes des autres et sur lesquelles, comme plancher, sont placs des roseaux dans
Chambre
paille de drd. Ces plafonds ne sont pas tablis trs s~li dement, car ils ne sont pas destins supporter des
lOS
ARCHIVES MAROC..AlNES
poids considrables: les maisons n'ont pas d'tage; il se trouve seulement, au-dessus du rez-de-chausse, une sorte de grenier, appel aricha, qui se trouve entre le plafond de la chambre et le toit; le toit est form de branches d'arbres poses en chevrons et recouvertes de chaume; le chaume de la toiture est de la paille longue d'une espce de bl, qui donne un grain blanc trs petit et qui s'appelle chqallia . On parvient ce grenier, soit par un escalier extrieur form de grosses pierres, soit par une chelle, et il sert surtout de dbarras pour les ustensiles qui ne sont pas d'un usage- journalier, tels que les instrumen~s de labour, lorsqu'on a fini de s'en servir. Afin que l'enceinte forme par la maison soit continue, les chambres sont relies, comme on l'a vu, par des murs de pierres sches ; ces murs sont placs en continuation du mur intrieur des chambres, du ct du qaour. Les murs extrieurs des chambres sont relis entre eux par des haies faites gnralement en branches d'oliviers, de telle sorte que l'on ne puisse pas pntrer dans le vide qui se trouve entre les chambres, ni atteindre les murs de pierres sches. Le toit descend trs bas, de faon protger les murs et former autour de la maison un abri, o l'on met les chvres en hiver; ces animaux, enefJet, ne supportent pas la pluie. Cette prolongation-du toit s'appelle chriba. Tout aulour de la maison, il rgne le long du mur, sous la chriba, un banc de maonnerie form de pierres recouvertes d'un mortier fait de terre mouille. Dans l'intrieur du qaour, ce mur est souvent blanchi la chaux. Le sol des chambres est lev de prs d'un mtre au-dessus du niveau du qaour, de telle faon que, pour pntrer dans les chambres, il faut monter plusieurs marches faites de grosses pierres. On pntre dans les chambres par une porte trs bass~, d'un mtre environ de hauteur, ferme
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par un battant de planches. La diffrence de niveau entre le sol du qaour et celui des chambres est forme par plusieurs couches de pierres runies par de la terre mouille et recouvertes, pour faire le sol de la chambre, par une couche de terre argileuse fortement battue, de faon former une surface absolument unie, sur laquelle on passe frquemment une couche de lait de chaux; les murs intrieurs de la chambre sont galement crpis avec de la terre argileuse et blanchis la chaux. Les chambres n'ont pas de fentres et ne sont claires que par la porte basse qui sert d'entre. Un grand nombre de niches sont pratiques dans les murs pour y dposer diffrents objets. La niche qui se trouve auprs de la tte du lit sert spcialement placer la lampe huile, qandil, dont la description sera donne plus loin. Dans chaque chambre, une de ses extrmits, se trouve ce que l'on appAlle le medjiri, ~~\ (lieu o quelque chose coule). C'est un endroit d'un mtre de large environ o le sol est un peu plus bas que celui du reste de la chambre; un trou y est mnag pour l'coulement de l'eau. C'est l que les femmes maries font leurs grandes ablutions, c'est--dire se lavent compltement. Les hommes s'y lavent galement quelquefois, mais le plus gnralement ils font leurs grandes ablutions le matin de trs bonne heure la rivire, s'il y en a une dans le voisinage, ou la source la plus proche. Contrairement aux Arabes des plaines, qui, hommes et femmes, restent souvent des mois sans se laver, les Djebala, trs fidles observateurs de toutes les pratiques religieuses, ne manquent jamais de se purifier, de faon tre toujours a/a oudou, en tat de puret. Presque tous, en effet, hommes et femmes, font rgulirement les cinq prires journalires prescrites, et les prires ne peuventtre faites que si l'on est en tat de puret, c'est--dire qu'aprs avoir fait les grandes et les petites ablutions.
III
Le Mobilier.
Le mobilier d'une chambre de montagnard est des plus simples; une extrmit se trouve le medjiri; l'autre extrmit, se trouve le lit, srir, qui se compose de deux poutrelles parallles places au fond de la chambre dans le sens de la largeur. Ces poutrelles sont maonnes dans les deux murs chaque extrmit ; d'autres. pou- ' trelles trapsversales sont places sur ces deux poutrelles longitudinales, comme les chelons d'une chelle. Cette sorte d'chelle a environ 1 m. 50 de largeur et est place i mtre du sol; elle constitue le fond du lit, sur lequel sont placs des bottes de roseaux et une natte de jonc. La tte de ce lit est du ct du mur qui fait le fond de la pice en face de la porte. Du ct oppos, au bout de ce lit, et sur le mme cadre de bois qui vient d'tre dcrit, est plac un grand coffre de bois, andouq, qui sert ranger les vtements et le linge. Ce coffre, ainsi qu'on le verra plus loin, est apport par la femme lorsqu'elle se marie. Un rideau de cotonnade de couleur est gnralement accroch devant le srir pour cacher le lit. Le dessous de ce srir sert emmagasiner les provisions de la consommation journalire, bl, dr, huile, etc. Pour garder les grains qu'ils conservent en dehors du silo, les Djebala se servent, soit d'un rcipient en sparterie, oudifa de doum (feuilles de palmier nain tresses), soit d'un rcipient en terre cuite au soleil. Ces rcipients ont la mme forme, qui est celle d'une bouteille fond plat et large. Les rcipients en sparterie s'appellent askil, au pluriel askelan.Ils sont ferms par un couvercle en forme d'tui, qui s'embotte sur le goulot, et sont attachs par une corde en palmier nain galement qui est fixe aux flancs de
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l'askil et qui passe dans deux anneaux de la mme corde, fixs sur les cts du couvercle. La corde est dispose de faon passer au-dessus de ce couvercle et servir d'anse pour porter l'askil. Le couvercle s'ouvre en restant maintenu par ses anneaux la ficelle. Les rcipients en terre cuite au soleil s'appellent tabtoaba, au pluriel labloabal, ou albaloab. Les uns et les autres sont d'une taille qui varie entre 0 m. 70 et 1 m.25. Les plus petits sont placs sous le srir ; les autres, le long du mur. On mel galement des grains ou des provisions dans des rcipients en terre cuite, que les Arabes appellent gaedra et les Djebala diaba ; ce sont des espces de marmites sans couvercles. Les murs n'ont d'autres ornements que des plats de Fs de diffrentes couleurs, gllralements verts ou hleus, qui y sont suspendus par des ficelles. Ce sont des plats en terre cuite, vernis au four; ils ne vont pas au feu et SeI'vent apporter la nourriture, couscous ou ragouts dans les grandes circonstances, telles qu'un mariage ou une naissance. Ces plats, appels dans les villes lobeil, pluriellebaeil, chez les Arabes, khetal', pluriel khelaral, sont appels par les Djchala lOllghedal', pluriel loaghdmat. Les fusils sont galement suspendus au mur, soit sur des porte-fusils peints et fabriqus Ech-Chaouen, soit simplement sur es piquets de bois enfoncs dans le mur. Chaque maison est habite par les membres d'une mme famille. 'Il arrive quelquefois que les fils maris continuent habiter avec leur pre, et que des frres continuent vivre ensemble aprs la mort de leur pre; ce n'est pas d'ailleurs une rgle absolue, et souvent un fils, au moment de son mariage, construit une maison pour lui. D'autres fois, au contraire, la mme maison est habite, non seulement par des frres, mais par des cou-
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sins, qui continuent vivre dans les chambres qui avaient t habites par leurs parents. Il y a une cuisine commune par maison; cette cuisine est appele quelquefois qoutchina, quelquefois m'imera den-nar. Le plus souvent, c'est une chambre comme les autres chambres de la maison, place comme elles autour du qaour Il. La construction est la mme, avec cette diffrence qu'il n'y a pas de grenier aricha Il et que la pice elle-mme n'est pas spare du toit de chaume par un plafond. Il ne se trouve dans cette pice ni fourneau ni chemine. La cuisine est faite au feu de bois; le feu est allum simplement dans un trou pratiqu dans le sol; autour de ce trou, de grosses pierres permettent de placer sur le feu le rcipient contenant ce que l'on veut faire cuire. Ce sont les femmes de la maison qui font la cuisine; elles surveillent et entretiennent le feu en ajoutant des branches de bois jusqu' ce que la cuisson soit amene point. La fume remplit la cuisine et s'chappe par la porte et travers le toit de chaume. Quelquefois, la cuisine n'a pas de mur de pierres, mais est forme de branchages sur lesquels est plac le toit. Il arrive souvent que le feu prenne au chaume du toit et de l se communique aux toits des autres chambres et provoque l'incendie de toute la maison. Pour viter ces accidents, les femmes, aprs avoir fini de se servir du feu, l'teignent toujours en y jetant de l'eau. Si, malgr cette prcaution, le feu prend, la femme (lui en est la cause est battue pal' Son mari. Comme les Arabes, les Djebala conservent leurs grains dans des Elilos, qui sont souvent creuss dans le roc. En gnral, les silos sont placs dans le qaour de IR maison. L'huile est conserve dans des vases de terre cuite et de cuivre. Les VRses de terre sont des jarres de trois espces: 10 Celles appeles dans les villes et dans les tribus arabes
ARCH. MAROC.
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khabia, plur. khouabi, et que les Djebala appellent lounna, au plur. lenen. Leur taille varie de 0 m. 50 1 m.:50 de hauteur. Elles sont fabriques Ttouan, EI-Qar et Fs.
a
1. Allkil. - 2. Tablouba. -
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S. TouDna. - . KhanDou8.
Les plus petites ont deux anses, les grandes en ont (uatre ; elles ne sont pas vernisses. 20 Les khannous, au plur. khananes, qui sont vernisses l'intrieur; elles sont fabriques galement Ttouan, EI-Qar et Fs. Les khananes ont de 0 m. 60 0 m. 80 de hauteur.
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3 La guenboura, plur. guenaber, en terre cuite, fabrique par les Arabes de la plaine; les Djebala vont les acheter aux marchs du Gharb et des marchands les transportent galement aux marchs de la montagne. La guenboura a environ 0 m. 70 de hauteur. L'huile est galement conserve dans des rcipients en cuivre appels qamqoum en-nhas, au plur qamaqim; ce sont de grandes aiguires fabriques Fs; il Y en a de diffrentes tailles; les plus grandes ont 1 mtre de hauteur, les plus petites 0 m. 50; elles sont fermes par un couvercle galement en cuivre, qui est fix par son sommet l'anse de l'aiguire par une chanette. Les montagnards conservent l'huile, en partie dans leurs chambres, sous le srir, et s'ils en ont de grandes quantits, ils l'emmagasinent sous terre, quelquefois dans le qaouI' de la maison, quelquefois en dehors. Dans ce cas, aprs avoir enfoui sous terre la rserve d'huile, ils recouvrent l'endroit avec de gl'osses pierres et des quartiers de rochers. Pour conserver l'huile dans des chambres, les Djebala l'enferment dans des vases vernisss appels khannous I l ; ces vases ne s'enterrent jamais. Pour tre enterre, l'huile est enferme soit dans une tounna, soit dans un vase de cuivre, qamqoum. On enterre galement quelquefois le guenaber, mais la cuisson imparfaite de ces rcipients les rendant moins rsistants que les tenen, on prend la prcaution d'entourer la guenbour(l d'une enveloppe de paille assez paisse, pour empcher son contact direct avec la terre. Qu'ils soient enterrs ou non, les vases remplis d'huile sont ferms au moyen d'une couche de terre dtrempe, mlange d'argile. Les femmes fabriquent galement dans les villages quelques poteries communes pour les usages courants. On les appelle poteries d'Afrour. Ce sont des poteries faites la main, sans tour, et cuites au four. J.Jes plus rpandues sont des sortes de cruches pour chercher de
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l'eau et d'autres pour boire. Les premires, qui ont environ 0 m. 80 de hauteur, s'appellent ahber; elles ont deux anses. Les deuximes ont environ 0 m. 25 de hauteur; elles ont la mme forme, mais avec une seule anse. Pour chercher l'eau soit la rivire, soit la source, les femmes de la montagne, comme les femmes arabes, portent l'ahber sur le dos en l'appuyant sur le bas des reins. Un autre vase d'Arrour couramment employ est une sorte de casserole sans manche, appele lagra. Les plus grandes ont jusqu' 0 m. 50 de de diamtre et 0 m. 20 de hauteur; les plus petites ont 0 m. 20 de diamtre etO m. 08
dehauteur.~
L'clairage.
Les Djebala s'clairent gnralement l'huile. Depuis quelques annes seulement l'usage des bougies de paraf,:, fine a pntr chez eux; il est encore trs peu rpandu et uniquement chez les gens aiss, dans les circonstances exceptionnelles; quant au ptrole, il ne saurait en tre question. Les Djebala.le considrent en eft'et comme une matire impure, qui souille l'endroit o il est employ et le rend impropre ce que l'on y fasse la prire. Mme dans les villes, o l'usage du ptrole s'est trs rpandu depuis ces dernires annes, on trouve encore des gens qui refusent de s'en servir pour cette raison. D'autre part, Tanger, les bougies de cire, qui seules pouvaient s'al huner dans les sanctuaires, sont aujourd'hui remplaces par des bougies de paraffine.. L'huile d'olive seule est usite chez les Djebala p.our l'clairage, et la raison en est la mme que celle qui fait couramment employer cette huile dans les villages du
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Midi de la France qui produisent des olives: c'est--dire que c'est l'clairage le moins coteux et que les moyens de transport ne permettent pas de vendre l'huile d'olive au loin et de faire venir, pour la remplacer, des produits moins chers. L'huile est hrtlle dans une lampe appele qandil, au plur, qanadil, Les qanadil les plus usits sont en terre cuite vernisse et viennent de Fs et de Ttouan. Ils ont environ 30 centimtres de hauteur, Les Dje. bala se servent galement encore des anciennes lampes de cuivre, fabriques Fs; ces lampes, qui taient autrefois d'un usage gnral, sont depuis longtemps abandonnes dans les villes et remplaces .par les bougies; elles ont quelquefois plus d'un mtre de hauteur et se composent d'un grand plateau de cuivre au milieu duquel est plant un montant de bois recouvert de cuivre; sur ce montant est plac le godet en cuivre galement qui reoit l'huile et o se place la mche, Il est fait galement usage d'une autre lampe de cuivre quatre becs, qui est gnralement suspendue. Cette lampe, qui a 25 ou 30 centimtres de hauteur, est galement forme d'un plateau de cuivr.e reposant sur quatre pieds; au milieu de ce plateau est fixe une tige de cuivre sur laquelle s'enfile le rcipient l'huile qui est fix de la faon sui"ante: le couvercle est perc d'un trou au milieu et est enfil sur ln tige de cuivre qui forme le support de la lampe; un tube de cuivre est enfil galement sur cette tige et vient s'appuyer sur les contours du trou par lequel est enfil le couvercle; ce tuhe est lui-mme fix par une ,ois qui s'adapte au haut de la tige centrale et qui, en se serrant, maintient le tube appuy contre le couvercle et empclwainsi ce couvercle de se mouvoir. Pour remplir la lampe, on dvisse la parlie suprieure de la tige, on l'etire le tube, puis le couvercle; aprs avoir rempli la lampe, on replace le tout et on serl'e la vis. La partie sup-
rieure de la vis est pourvue d'un anneau qui permet d'accrocher la lampe. Toutes ces diffrentes lampes portent le nom de qandil, au plur. qanadil. On retrouve encore dans la rgion des Djebala les anciens accessGires d'clairage qui accompagnaient autrefois les lampes huile et les chandelles, et que l'on retrouve encore quelquefois dans nos campagn~s; ce sont: la mouchette, appele meqas ed-debla, l'teignoir, tetai, et enfin l'pingle ou le clou, qui sert faire avancer la mche mesure qu'elle se consume, e.t qui est appele near; ces diffrents instruments sont en cuivre et sont fabriqus Fs.
L'Alimentation.
L'alimentation des Djebala est des plus primitive.s. Ils ne mangent presque jamais de viand~; les plus fortuns en mangent une fois par semairie, au maximum. Dans les ftes et les circonstances exceptionnelles, les gens des montagnes mangent les mmes plats que ceux des villes: ragotts de viande ou couscous; ils font gale. ment alors du pain de froment. Nous ne nous occuperons que de la partie de leur alimentation qui constitue leur nourriture habituelle et qui leur est spciale. Les Djebala font deux espces de pain: l'un, d'un mlange de farine d'orge, de fves, de pois chiches et d'achentil ~\ (sorte de bl paille courte et trs petit grain); ce pain s'appelle amorkeB. L'autre, qui s'appelle khlet, est fait d'un mlange de farine d'ac"entil, de dr et de mas. Ces deux espces de pain sont tantt cuits au four: tantt sur le feu. Lorsque le pain doit tre cuit
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au four, on y met du levain; s'il doit tre cuit sur le feu, on n'en met pas. Le pain cuit sur le feu s'appelle khobz el-maqla, parce qu'il est cuit sur une pole maqla )) renverse. Les femmes font ce pain lorsqu'elles sont presses et que le temps leur manque pour le laisser lever. Il n'y a pas de four dans chaque maison, mais un par trois ou quatre maisons. Le four se trouve plac dans le qaour. Le vritable plat national des Djebala est la baiara; il se compose de fves concasses, mises dans une guedra de frour, casserole en terre, avec de l'eau; on ajoute de l'ail, du piment, du cumin et du sel, et on fait bouillir; on cume, on mlange avec une longue fourchette de bois trois dents, appele merrag. Lorsque les fves sont rduites l'tat de bouillie, et que cette bouillie a atteint la consistance du beurre, on retire la guedra du feu et on la recouvre avec une peau ficele autour de son ouverture, afin que la baiara n'aigrisse pas. Sauf les jours de ftes, ou lors d'un mariage, d'une naissance, d'une circoncision ou d'un enterrement, il n'y a pas de repas en commun. Les gens de la maison qui ont faim prennent un morceau de pain et une touigra, diminutif de tagra, sorte de petite assiette en terre cuite; ils dcouvrent la guedra o se trouve la baiara, y puisent avec une cuiller de bois, moghrof, mettent ce qu'il leur faut dans la touigra et referment la guedra. Ils mangent ensuite leur baiara aprs y avoir ajout de l'huile crue, en y trempant leur pain. S'il n'y a pas de baiara prte, les Djebala mangent avec leur pain, soit des olives noires, soit des olives conserves dans du vinaigre, dont il y a toujours des provisions, soit de l'oignon cru, ou de l'ail cru, avec ou sans sel, des figues ou des raisins secs, ou bien ils tremplment sinlplement leur pain dans de l'huile. Les olives se conservent de deux manires: tantt on
prenel des olives dj trs mreS et on les entasse dans une corbeille en rosE?au, soalia, en mettant alternativement une couche d'olives et une couche de sel; les olives ainsi consel'ves sont noires et ont un got trs prononc; tantt on prend des olives qui ne sont pas tout fait. mres, on les entaille et on les fait mariner dans du vinaigre avec des morceaux de citron: c'est ce que l'on appelle ziloan moaraqqad; ces olives restent vertes et ont un got agrable; elles constituent pour les Djebala un vritable rgal. Les montagnards font galement un plat appel mraq; il est fait de pois chiches concasss, d'oignons, de beurre sal, de choux et de poivre, le tout cuit dims l'eau; ou bien ils font cuire des haricots dans l'huile. Ils font aussi une baiara avec une graine appele kerfala et un. couscous gros grains qu'ils appellent abazin; aprs avoir cuit la vapeur comme le couscous ordinaire, l'abazin est cuit de nou:veau dans du lait; on y ajoute ensuite du beurre ou de l'huile, et quelquefois on y verse aussi du miel. Il est ais de se rendre compte par ce rapide expos que la . nourriture des Djebala est des plus frugales; ils boivent rarement du th, quelquefois du vin, qu'ils font eux-mmes; nous tu.d.ierons plus loin cette fabrication.
Le
V~lemenl.
Le costume des habitants des diffrentes tribus de montagnel;J dont nous nous occupons est le mme pour les diffrentes tribus; il,se compose, pour les hommes, d'une ch~.mise, Iclzamria, de cotonnade blanche, par-dessus laquelle ils mettent en hiver une qachchaba, sorte de long gilet en grosse laine, sans manches, ferm sur l'paule'par
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une ganse; d'un pantalon, ceroual, trs court, qui s'arrte au-dessus du genou. Contrairement aux Arabes, les Djebala portent presque tous des pantalons. Par-dessus ce costume, ils portent une ou deux, et quelquefois trois djellabas. Ces djellabas sont courtes et s'arrtent un peu au-dessus du genou. On emploie, pour les faire la mme longueur de tissu que pour les djellabas longues des Arabes et des citadins; ce qui est enlev la longueur du vtement sert doubler le capuchon et le corps de la djellaba jusqu' la taille, de sorte que la djellaba est faite de deux toffes superposes depuis le haut, y compris le capuchon, jusqu' la taille, et d'une seule paisseur d'toffe depuis la taille jusqu'audessus du genou. Ces djellabas n'ont rien de commun avec les djellabas des Rifains, capuchon troit et manches courtes et serres; elles ont un capuchon large et de grandes dimensions, tel point Clue, pour certaines djellabas, trs courtes, le capuchon constitue la moiti du vtement. Les djellabas de dessous sont gnralement en laine blanche; celle de dessus est toujours noire. Souvent, avant d'entrer dans une ville, les Djebala mettent une de leurs djellabas blanches par-dessus la djellaba noire, surtout lorsqu'un vol a t commis au dtriment d'un citadin par des gens de la montagne, et qu'ils peuvent redouter d'attirer sur eux l'attent.ion du ~Iakhzen par leur costume spcial. Les djellabas blanches ne sont pas en laine fine, mais d'un tissu pais; sauf celles des pauvres, elles sont toujours cousues en soies de couleurs. Les hommes maris et les gens srieux ne portent pS de broderies sur la lchamira ni sur la qachchaba, ni sur le ceroual, et les broderies de leurs djellabas sont sobres. Par contre, les jeunes, que l'on appelle Aou/ad ou Qouaza, -poI'tent des broderies de soies de couleurs varies sur leurs {chamira et leur font mettre deux ou trois cols superposs, se
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fermant chacun par une ganse part, de facon qu'ils paraissent avoir deux ou trois lchamiras, tandis qu'en ralit ils n'en ont qu'une avec deux ou trois cols distincts. Leur qachchaba de laine est galement brode de soies de couleurs sur la poitrine j ils la portentun peu lche au col, de faon laisser voir les broderies de la lchamira. Leurs djellabas blanches portent sur les paules, sur le capuchon et sur la poitrine, des pompons de soie, gnralement blancs, quelquefois de couleurs. Leurs djellabas noires sont d'un noir plus fonc et couvertes de broderies de soies multicolores, lal'ges de 2 centimtres, aux manches, aux paules et sur le devant du vtement j le capuchon en est partieulierement charg et au milieu se trouve gnralement une espce de mdaillon multicolore de ucentimtres d~ diamtre. Une djellaba bien couverte de broderies s'appelle djellaba lchdchd. Les jeunes gens de la montagne sont trs fiers d'avoir une de ces djellabas et com,me elles colitent relativement cher, et valent quelquefois jusqu' quinze douros, ce qui est une somme considrable dans la montagne, il al'rive souvent qu'ils volent pour pouvoir se faire faire la djellaba la plus brode du Village, Elles sont faites par des ouvriers qui sont de vritables artistes j les plus renomms brodent leur nom l'intrieur du bas des djellabas qu'ils ont cousues. Les djellabas des jeunes lgants sont plui courtes que celles des gens srieux et s'al'rte~tasse~.haut audessus du genQu, de faon Jaisser voir le pantalon, qui s'arrte lui-mule au-dessus du genou et qui est,' dans le bas, couvertdebrodli'ries d'une quinzaine de centimtres de hauteur. Les Djebala sont gnralement tte nue, par tous les teUlpS; seuls, les geJ,ls gs ou d'une certaine importancE" PQ~t un gros turban, rezza, et encore. au lieu de portel' 'abi-.uellement ce turban SUI' la tte, le portent.,ils gnra~ l~tnt IIQul dans leur capuchon; ils ne le mettent sur leur tte qu'au moment de pntrer dans une assemble
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de gens considrables, ou de se prsenter devant un fonctionnaire du Makhzen ; lorsqu'il leur faut quitter leur capuchon, ils tirent alors leur turban en avant et le placent sur leur tte, tant bien que mal. En rsum, le turban est une exception chez lesDjebala, qui gnralement ne se couvrent la tte qu'en mettant le capuchon d'une de leurs djellabas. Les Qouaza, que l'on pourrait traduire assez exactement par cc farauds li, roulent sur leur tte l'tui de leur fusil Ghelaf el'Mouk-hala li, qui est gnralemeilt en drap rouge, quelquefois bleu ou noir. Les tribus ne se distinguent pas d'une faon absolue par les couleurs des tuis de fusil; cependant Beni Go~fet, Beni Ysef, Soumata, Beni Arous, Akhmas, le Khoms de Beni Derqoun des Ghezaoua, les Ghomara, toutes cas tribus portent uniquement l'lui roug~. Les autres tribus le portent bleu ou noir ou de laine grise, mme rouge, tandis que les tribus que nous avons indiques, le portent exclusivemenl rouge. Quelquefois, au lieu de l'tui du fusil, les Qouaza enroulent simplement autour de leur tte des feuilles sches de palmier nain, attaches les unes aux autres, que l'on appelle chrik ed-doum; ils suspendent souvent ces feuilles la mchoire infrieure d'un hrisson, pour se protger contre le mauvais il. Les djellabas portes par les habitants des tribus qui font l'objet de cette tude, sont tisses, pour les djellabas ordinaires, dans les tribus mmes, par des tisserands locaux; leI djellabas plus fines et de meilleure qualit sont tisses Ouezzan. Les Djebala vont les y acheter et elles sont galement apportes' par des marchands aux diffrents marchs. La chaussure est la mme pour tods les .homme. des diffrentes classes. Ce sont des babouches en cuir jaune, que les montagnards appellent sebhal, dites sebhal me,ail. Ce sont des babouches dont la semelle est forme d'une seule paisseur de cuir.
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Les Djebala chaussent leurs babouches comme des souliers, en relevant le quartier de derrire sur le talon, con.. trairement aux citadins et aux habitants de plaines qui entrent simplement le pied dans la babouche. Les femmes de la montagnes portent une lchamira de . cotonnade ouverte sur le devant jusqu' la ceinture. Cette cotonnade est rarement blanche, mais plutt imprime de couleur; elles portent une ceinture de laine rouge appele kourzi ou kourzia, plur. krazi. Ces ceintures sont tisses et teintes dans la montagne. Dans les ftes et dans les crmonies, elles s'enveloppent d'un voile appel izar, comme les femmes arabes, et attach sur la poitrine par deux broches d'argent, que les Arabes appellent bezim ou kelfial et que les Djebala appellent quelquefois aoughnas; ce terme est plus particulirement employ pour dsigner des pingles de bois dont se servent les femmes qui n'ont pas de broche d'argent, ou dont elles se servent journellement pour attacher la pice d'toffe dont elles recouvrent ieur chemise, tandis que les broches d'argent sont rserves au costume de crmonie. Par-dessus ,ce costume, elles portent un petit hak de huit codes seulement, tandis que celui des Arabes et des femmes des villes en mesure onze. Ce petit hak s'appelle adienah ou aguedouar, c'est pour attacher ce hak qu~elles se servent des pingles de bois dont nous. venons de parler. Sur la tte, les femmes portent un mouchoir ou un foulard de coton ou de soie, qui s'appelle adama, etsix coudes de mousseline blanche qu'elles s'en. roulent autour du cou, de faon pouvoir en ramener une partie devant la figure si elles rencontrent un homme ou au moment o elles entrent dans une. ville. Les Djibliat portent, comme toutes les femmes marocain~s, leurs cheveux coiffs en bandeaux et tresss derrire Ja tte en deux nattes; ces nattes, elles ajoutent des cordons de laine noire qu'elles tressent avec leurs cheveux depuis
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la nuque et qui tombent jusqu'au bas des reins. Ces cordons, appels qrara, sont orns de passementeries de soie de couleurs varies; ils sont relis entre eux par dp.s Kanseset termins par des franges de soie galement multicolores. Depuis quelques annes, un certain luxe commence pntrer dans les tribus de montagnes, et les femmes qui, autrefois, ne mettaient que les vtements trs simples que nous venons de dcrire, portent aujourd'hui, dans les grandes circonstances, des caftans de drap et de soie, des grandes ceintures de soie et d'or fabriques Fs (hazam), des Irin (transparents qui recouvrent le caftan) de mousse line fleurs et de tulle brochs. Par contre, elles ne portent jamais de pantalons et rarement des chaussures. Dam'! la maison, la femme est toujours pieds nus et mme dehors, en temps habituel. La chaussure est pour elle un objet de luxe, qu'elle ne porte que pour faire des visites de crmonie, et f'ncore dans ce cas ne les metelle souvent qu'au moment d'arriver la maison o elle se rend, comme autrefois nos paysans ne mettaient leurs souliers, qu'ils portaient au hout d'un bton, que lorsqu'ils entraient en "ille. Les chaussures des femmes de la montagne sont des babouches appeles rehia; elles sont en cuir rouge ou noir. Ce}les en cuir noir sont fabriques par les cordonniers des tribus; celles en cuir rouge viennent d'EI-Qcar ou d'Ouezzan. Les babouches noires qui viennent de Fs sont rserves spcialement aux femmes des villes, et une femme de la montagne ne pourrait pas en porter sans se faire moquer d'elle. Les femmes de la montagne ne restent jamais chausses devant un homme, par respect, et si des femmes ayant des babouches aux pieds sont obliges de passer devant des hommes assis sur la route, elles se dchaussent et passent devant les hommes en portant leurs babouches dans la
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main et en disant: .. Hachakoum ya ridjal! (Sauf votre respect, hommes!) Elles enlvent aussi gnralement leurs reha en passant devant un sanctuaire. D'ailleurs, ainsi que nous le disions, elles sont trs rarement chausses. POUl' aller travailler dans les taillis, ou faire de la route, les femmes entourent leurs jambes, de la cheville aux genoux, de jambires en cuir de chvre tann i ces jambires, appeles lrabaq, sont attaches par un cordon, galement en cuir; c'est une pice de cuir, termine par un cordon de cuir plat et enroule autour de la jambe. Il arrive souvent, quand les chemins sont dtremps parla pluie, de voir des femmes de la montagne arriver en ville, les jambes soigneusement enveloppes dans leurs trabaq et leurs pieds nus, pour conomiser leurs reha.
Le l'rlariage
El-Ars l .
Le plus souvent, les mariages sont contracts entre gens du mme village; il Ya cependant quelquefois des unions entre des personnes de villages diffrents, mais trs rarement de tribu tribu. Comme dans les villes et che~ les Arabes de la plaine, un mariage donne lieu quelques crmonies prparatoires. Des parents du jeune homme Vont faire la demande, khilab, la famille de la jeune flUe. La dmarche n'est jamais faite par le pre; ce sont des oncles, des frres ou des cousins qui en sont chargs. Un~ dputation de femmes est galement envoye; elle se com~ pose de la mre, des surs maries et des tantes du jeune
t. :\ftn de ae rendre compte de8 dltl'rence8 entre le8 c6rm~nle8'du mariage dana les trlbu8 de mon'&gne8, dan8 les ville8 et daDs le. trtbU8 arabes, OD peut se reporter aux de8cript.ion8 de ce8 crmoniel. ~ El-Qll,r elI(eblr " Arch. maroe., t. Il, p. 66, et dans. Les Arabes de a valle du LekkoUB " Arch. maroe., t. VI, p. 228.
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homme. Les hommes sont reus par les hommes; les femmes, par les femmes. Les hommes se rencontrent avec le pre de la jeune fille; les femmes, avec sa mre. Hommes et femmes prennent, chacun de leur ct, un lger repas, et, aprs force circonlocutions, on arrive entamer les ngociations. C'est le pre qui donne ou CIui refuse sa fille, mais il ne prend gnralement aucune dcision sans avoir' auparavant consult sa femme. L'accord tant intervenu entre les hommes, et la mre de la jeune fille ayant galement consenti, les hommes disent la fatiha , l~ premire .sourate du Qoran. Le mariage une fois dcid en principe, la discussion recommence sur les dtails de l'excution, savoir: sur la composition et l'importance de la hedia, cadeau fait par le fianc, et qui comprend une certaine cluantit de bl, de beurre, un taur~au, une ceinture de soie, hazam. L'usage veut, en outre, que le fianc donne toutes les proches parentes de sa future quelques pices d'habillement, telles que un f~ulard, adama, une chemise, tchamira, qachchaba, ou gandoura, aux hommes proches parents de la future; il donne chacun une paire de babouches; au pre et aux oncles, outre les babouches, il donne un turban (rezza ) de cinq coudes de haiati (mousseline). Ces cadeaux sont apports leurs destinataires le premier jour des ftes du mariage. .Au moment de la demande, on discute galement l'importance de la dot, cedaq, apporte par le mari. Le cedaq varie de 50 1.000 mitqals, c'est--dire de 20 400 pesetas environ, selon la fortune des conjoints. Le cedaq est toujours stipul en monnaie marocaine, c'est--dire en mitqals, jamais eq douros ou en pesetas. L'argent du cedaq sert au pre acheter' ce que l'on appelle le chouar de la fiance, qui peut tre considr comme un quivalent de ce que nous appelons la corbeille. Le pre ajoute gnralement une cer.taine somme d;argent au cedaq pour acheter les objets qui composent le chouar.
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Ces objets sont habituellement les suivants: un hark de m'harbel (tissu de laine gros grains); un autre hark appel adjentlh, avec des raies et des pompons de soie aux deux extrmits; deux couvertures paisses de laine, appeles farrach, qui servent de couverture de lit; un tapis, tellis t , de Rabat, plus ou moins grand, raies jaunes et noires; un caftan de drap, de soie et mme de brocart d'or; une ceinture, des foulards, des cordons' de soie, appels mechamar, qui servent retrousser, chemar, les larges manches des chemises; des serviettes, fouta, au plur. fout., etmendil, au plur. menadil. Les fout sont des serviettes de coton, de fabrication europenne; elles sont apportes par des marchands' aux diffrents marchs de la montagne. Les menadil sont de fabrication indigne. Ce sont des serviettes de fil de lin, kittan, avec des jours, chebbak, et des broderies de couleur. On fabrique des me'nadil dans toutes les tribus de montagnes et nous en tudierons plus loin la fabrication. Les fout servent surtout nouer la taille, de faon envelopper les jambes. Les menadil sont employs plus gnralement couvrir la tte et les paules comme un chAle. La fiance apporte galement un grand chapeau' de paille orn de broderies et de pompons de laine, et appel taraza; des bracelets et des broches d'argent; des colliers de corail; quelquefois des khalkhal, bracelets de pieds. . Le chouar est port la maison du mari, derrire la fianCe, le dernier jour des noces. Les objets sont contenus dans un grand coffre appel cendouq. Ces coffres Sont fabriqus Ech-Chaouen ; ils ont environ 1 m. :ln de
1. Le t,m. est. une toffe grossire de laine, dont on fuit de graods blsSllcsqui servent transporter les gralnt! sur I~ btes de charge. En te~P8 Ordinaire, le tellls dcousu serL de tapis. Les tellis de Rabat, 8Uprte..... ceux fabriqus dans les tribus, sont rarement em~loys au transport des grains et sont employs uniquement comme tapts par les campagnards et les citadins pauvres. Les gens riches se servent des tapis de Rabat hau'" laine appels z,rbia, plur. ::rabi.
AileR. MAROC.
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long sur 1. mtre de hauteur et de largeur, et sont peints en rouge. Sur trois cts, des ornements de couleurs vives, jaunes, verts, bleus et blancs, sont peints sur le fond rouge; le quatrime-ct, celui qui doit tre tourn contre le mur, seul, n'est pas orn. Il y a galement des dessins coloris dans l'intrieur du couvercle, qui se voient lorsqu'on ouvre. Dans l'intrieur du coffre, en haut, se trouvent, droite et gauche, des petits compartiments couvercles, pour mettre les bijoux. Le fond du cendouq ne r~pose pas directement par terre ; deux traverses de bois, de la largeur du coffre et d'une paisseur de 7 8 centimtres, l'isolent du sol, pOUT le prserver de l'humidit. Le coffre est apport sur une mule, derrire celle qui amne la fiance. Sur le couvercle, est pli le tellis, mais sans le recouvrir, de faon ce que le cendouq soit bien visible. Le premier jour de la noce est appel Nahar el-Hedia, le jour du cadeau: c'est alors que le fianc envoie la maison de la future le bl, le beurre, l'huile, le henn, un taureau ou un mouton, ou mme une chvre ; on appelle cet animal gzoul'. Le cortge qui apporte ces diffrents cadeaux est accompagn de la musique habituelle, des labbals et des ghalas, et d'une esco~ade de jeunes gens qui tirent des coups de fusil. Tout ce monde pntre dans le qaoul' de la maison de la fiance. Les tabbals et les ghartas font un Y&carme assourdissant, les fusils font retentir une dernire dcharge, et porteurs, musiciens et tireurs font un repas compos gnralement de pain et de miel. Quelques jours aprs, lorsue le bl est moulu et que tout est prt, la famille de la femme prvient le fianc, (lui fixe lui-mme le jour du mariage; il manifeste ainsi pour la premire fois son autorit d'homme, en indiquant le jouI' o sa femme doit lui tre amene. Si, pour une raison quelconque, un deuil, par exemple, dans la famille du
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futur, celui-ci retarde de fixer le jour des noces pendant un temps assez long, la famille de la future mange lee:. provisions qu'il ya envoyes le jour de la Redia, et il est oblig d'en renvoyer de nouvelles. Si un deuil survient dans la famille de la fiance, le futur exige, au bout de sept ou huit jours, que sa femme lui soit envoye, et on est oblig de lui obir. Les noces proprement dites-durent trois jours, pendant lesquels, chaque jour, la fiance va au bain dans le medjiri paternel. Le premier jour s'appelle El-Bedou le commencement ; ce premier jour, les familles des fiancs festoient chacune chez elles; les tolba du village du fianc viennent le trouver et lui demandent un cadeau, en le menaant, s'il refuse, de lui nouer l'aiguillette ; le fianc leur donne gnralement un chevreau. Le deuxime jour s'appelle Nahar el-Renna, le jour du henn. Pour l'homme, le henn n'est qu'unecrrnonie traditionnelle, une espce de simulacre: on lui met simplement un peu de teinture de henn dans la paume des ,mains, il l'enlve immdiatement et il en reste peine une trace trs lgre. Pour la femme, au contraire, c'est une opration assez complique et, assez longue, car on teint littralement les mains et les pieds de la fiance, jusqu' ce qu'ils conservent une couleur d'un brun rouge assez fonc. Le troisime jour s'appelle Nahar el-A mmariga ou Nahar er-Rouha: le jour de l'Ammariya l ou le jour de l'arrive. L:Ammariya des Djebala est plus pri~iti"e que celle des villes; la jeune fille est transporte chez son mari sur une mule de bAt. Le bt sur lequel elle est assise est entoul' de branches d'arbres replies par le baut et J'ecou1 1. L'Ammariga elll une sorte de boite en hois, toit polatu, dans llquelle la fiance lJierge est transporte chez Il.0n mari.
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vertes d'un hak, de faon former une espce de bolte analogue celles employes dans les villes. L'A mmariya sur sa mule est amene vide dans la maison de la fiance par les proches du fianc et ramene la maison de celuici avec la jeune fille par les proches de celle-ci. Lorsque la fiance n'est pas du mme village que son futur, les gamins de son village, arms de frondes, la poursuivent coups de pierres lorsqu'elle s'en va dans l'Ammariya. Les parents qui l'accompagnent sont quelquefois tus, il arrivE\ que la jeune fille soit blesse ou mme tue par les pierres. L'Ammariya est accompagne, tant l'aller vide qu'au retour, par les labbals et les ghalas et par les tireurs. Le vacarme redouble, tant son arrive dans le qaour de la maison paternelle lorsqu'on vient la chercher, qu' son entre dans le qaour de la maison de son mari. Lorsque l'Ammariya entre dans cette maison, les femmes en font descendre la jeune fille et la conduisent dans la chambre de son mari. On retient coucher la famille de la fiance; le pre de celle-ci n'accompa~ne jamais sa fille et reste chez lui. La fiance reste seule dans la chambre et attend. Sous la chriba, quelque distance de la p~rte, en dehors, est assise une femme, charge, au cas chant, du service des poux j on l'appelle, comme dans les villes, negga{a ou moqaddemal el-arsdn, locution spciale aux Djebala. Lorsque tout le monde est endormi et que personne ne peut le voir, le futur, qui festoyait dans une maison voisine avec ses amis, se glisse comme un voleur dans la chambre nuptiale, o l'attend sa fiance, vtue d'une chemise et d'un ceroual, pantalon en cotonnade "'blanche, sans loukka t et fendu par devant. Ce ceroual est le premier que porte la jeune fille et sera le dernier, car les femmes de la monlllgne n'en portent jamais. Le mariage consomm, le mari se sauve et va
1. La loukka dsigne la fois la coulisse qui est au haut du pantalon et le cordon qui passe dans cette coulisse, et qui sert le fermer.
gnralement terminer sa nuit avec ses amis, qui festoient dans une autre maison, boivent du vin, et regardent danser ' des garons ou des filles en tenant des propos obscnes. Si le nouveau mari est un homme modeste et timide, il va se rfugier la mosque, o il termine sa nuit. La moqaddema pntre dans la chambre, s'empare du ceT'oual souill de la jeune femme et sort avec son trophe dans le qaouT' en poussant des zaghaT'it (cris aigus et moduls qui manifestent la joie), qui sont rpts par les femmes de la maison ; les proches du mari tirent des coups de fusil pour clbrer la consommation du ma riage. Les -hommes parents de la marie s'en vont dans la nuit, ds que les coups de fusil ont t tirs par les parents du mari. Ils sont rassurs sur l'honneur de leur maison, puisque la jeune fille tait vierge, mais il ne serait pas convenable qu'ils fussent le lendemain matin "dans la .maison du mari. Les femmes restent deux ou trois jours. Le matin, toutes les femmes du village apportent la fiance le djeuner, qui se compose de pain et de miel, d'olives et de viande. Elles restent runies dans s chambl'e, chanter en s'accompagnant de tambourins en terre cuite, goual, et en bois, tT'OUT', pluriel de taT'. Pendant gept jours, la nouvelle marie ne sort pas de sa chambre; le septime jour s'appelle NahaT' hazam el-aT'oua, le jour de la ceinture de la marie. On habille la marie et on lui met sa ceinture, pendant que tabbals etghai'tas jouent dans l~ qaouT' de la maison. La famille de la marie vient passer cette journe chez la jeune femme, puis chacun ,":~ntre chez soi. Les ftes du mariage sont termines, et ds le lendemain la marie commence son existence de fe~me, existenced'tre infrieur, laquelle la maternit seule apporte quelque joie. Les choses se passent ainsi lorsque le mari trouve sa femme vierge; mais il peut arriver qu'il en soit autre-
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ment, et dans ce cas les noces ont gnralement un dnouement tragique. Le mari sort alors de la chambre nuptiale et va conter sa msaventure aux membres de sa propre famille. L'indignation est gnrale j la famille de la jeune femme est informe; quelquefois le pre arrive, moyennant une certaine somme d'argent, calmer les scrupules du mari; les coups de fusil sont tirs et l'affaire est touffe. S'il dplat au mari de conserver sa femme, il la rpudie au bout de quelques jours, sous un prtexte quelconque; mais si le mari ne veut pas accepter de compensation pcuniaire, ou que le pre irrit se refuse rien offrir et tienne venger l'honneur de sa famille, on rend simplement au mari ce qu'il a dpens pour la noce et le montant du cedaq, et la jeune femme est rendue aux siens, qui, selon leur degr de frocit, la tuent d'un ou de plusieurs coups de fusil, ou la reprennent chez eux, o (lle est journellement battue et condamne aux plus durs tI'avaux, jusqu' ce qu'elle trouve quelqu'un pour l'pouser au rabais. Il arrive aussi quelquefois que la jeune femme, se rendant compte de ce qui va arriver, puisse s'chapper il la faveur de la nuit et du dsordre, et se rfugie soit dans un sanctuaire, soit dans la maison d'un Chrif ou de quelque notable. Dans ce cas, elle a g1lralement la vie sauve, mais sa condition devient il peu prs celle d'une esclave jusqu' ce qu'elle trouve se marier. Si le mari n'arrive pas il consommer le mariage la premire nuit de ses noces, il est le lendemain la rise de tous les garons du village j ils s'emparent de lui, lui mettent un ht sur le dos, une longe autour du cou, l'obligent marcher quatre pattes et le promnent ainsi dans tout le village, les uns le tirant, is autres montant sur le bt j c'est d'ailleurs un cas excessivement rare.
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La Naissance.
Le jour de la naissance de l'enfant, si c'est une fille, on tue ~n coq; si c'est un garon, une poule, et on en fait du bouillon pour l'accouche, Nafisa, qui,en principe, doit rester sept jours dans sa chambre; le plus souvent la femme est trop pauvre pour pouvoir rester sans sortir de chez elle pendant les jours rglementaires; au bout de deux ou tro"is jours, elle se lve pour vaquer ses occupations dans la maison. Que le nouveau-n soit un garon ou une fille, quelques coups de fusil sont tirs dans le qaour de la maison par les parents du mari. La naissance est clbre le septime jour, Nahar essaba, et la faon de clbrer une naissance dans les pays de montagnes est analogue celle usite dans les villes et dans les tribus arabes de la plaine 1. Le septime jour, le pre immole un mouton ou, plus gnralement, un chevreau, et donne l'enfant le nom qu'il doit porter. Les parents du pre et de la mre et tous les gens du village Sont invits un repas, les homnles le matin, au moment o le nom est donn l'enfant; les femmes ensuite. Selon l'usage gnral, les invits apportent aux parents du nouveau n un cadeau, . Ces cadeaux se compo hedia. . sent de quelques pains, d'une certaine quantit de farine, 'd'huile, de poules, d'ufs. On retrouve. chez les Djebaha la mme coutume que chez les tribus des plaines et que d~nR les villes, d'aprs laquelle les cadeaux que l'on se fait aux ditrrentes ftes de famille, telles que naissances, mariages, etc., constituent une dette contracte par celui qui reoit et l'obligation de rendre la premire ocea.
1. Af'elr. maroe., t. II, " EI-Qc;ar el-Kebir ., p. 72, et t. VI, Les Tribus arabes de la valle du Lekkous ", p. 283.
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sion, au moins l'quivalent du cadeau reu. On peut dire que ces cadeaux constituent une vritable contribution de tous les membres de la communaut celui d'entre eux que les circonstances obligent des dpenses extraordinaires. Quarante jours aprs la naissance, on coupe un peu les cheveux de l'enfant sur le front. C'est l'occasion d'une petite fte de famille, laquelle les parents les plus . rapprochs assistent seuls. On y mange des galettes l'huile, que les Djebala appellent fetiar ; ces mmes galettes sont appeles ghaif dans les tribus arabes et dans les villes. Les Djebala les dsignent galement sous le nom de trid, mot employ Tanger, Fs et Mkins pour dsigner des espces de crpes trs minces, appeles ftit EI-Qar et dans les tribus arabes 1. Les Djebala ne font pas cette sorte de ptisserie.
La Circoncision.
Pour dsigner la circoncision on emploie dans les tribus de montagnes le mot tahara, puret, purification - au lieu du mot khetana, qui exprime plus exactement l'opration dont il s'agit. La purification tant le but de la circoncision, les Djebala emploient le mot de l'effet pour dsigner la cause. Chez les montagnards, la circoncision se fait uniquement . la fte du Mouloud, le jour anniversaire de la naissance du Prophte, le 12 de Rebi el-Aouel, le troisime mois de l'anne. La circoncision est toujours pratique dans un des principaux sanctuaires, Sigd, de la tribu. L'opration est
1. ,1rch. maroc., t. II, .. EI-Qar el-Kebir u, p. 701, et t. VI : .. Les tribus arabes de la valle du Lekkous ", p. 235.
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faite par un maalem el-hdjam, ~n mailre batbier; ils SOl;1t plusieurs runis dans la qoubba du Sigd, o les enfants leur sont apports. Les Djebala pratiquent la circoncision des enfants quand ils sont encore trs jeunes: l'Age varie, selon l'usage de chaque famille, entre dix mois et cinq ans, au maximum. L'enfant qui doit tre circoncis est habill de neuf; contrajrement ce qui se passe dans .les villes et dans les tribus arabes, les enfants des Djebala sont gnralement revtus d'une djellaba pour la circoncision; les plus riches seuls portent le selham. Les mains et les pieds teints de henn, la cheville droite un cordon de soie rouge auquel sont attachs une petite pice d'argent, un grain de. corail, et un petit sachet contenant du s~l, de l'alun, chab, et de la rue, harmel, l'enfan\ est port, avec accompagnement de , ~bbal) et de ghalta et de dcharges de coups de fusil, au sanctuaire ose tr(in.\vent ~es barbiers. On porte derrire lui un bol o se trouve de la poudre de henn, dans laquelle onplante un uf cru. La poudre de henn sert ciatriser la plaie aprs l'opration; "uf ~st pour l'oprateur. Outre, les ufs ainsi rec'Jeillis, les barbiers sont pays par l~ moqaddem du sanctuaire o les circoncisions ont eu lieu et sur, l'ar.g~nt du tronc de ce sanctuaire. Lienfaniest rapport~chez lUI avec le mme crmonial qu' l'aller, c'est.-dir~,accom. pagn de deux ou trois femmes de la famill~ porta))\, des roseaux auxque\s sont attaohs d~s foulard. C)u>d.e"cei~ t~res; les fepunes pOllssent des you yo~;stridents(~,Q6h(l ~t), le (c tabbal etla (c ghalta acco,mpagnent le ,corge. . ~,repasqui suit les circpnci~~nsest tQujoul'tillemme, et se compose uniqueme~t: de pa~n ~~ de D,liel. ~;pain e.~ a~po~ par les genl du village, el Pilr les ,"'"'I.l,t;.; le IIlle1 elt fourni par le pre du circoncis. , Outre la hedia haJ;itueUe, qui, ab..i que nous 1aVOns dit, n'est souvent que l remboursement de ca
las
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deaux prcdents, les femmes donnent chacune la mre du circoncis une petite somme d'argent, qui ne dpasse pas cinquante centimes. L'enfant conserve sa cheville droite le cordon de soie avec la pice d'argent, le grain de corail et le petit sachet contenant du sel, de l'alun et de la rue, jusqu' ce qu'il soit compltement guri.
L'Enterrement 1.
Ds qu'une personne est morte, les Djemas du village du dfunt et des villages voisins viennent dire la famille la formule habituelle Allah iadem el-adjar. Les hommes restent la porte, les femmes entrent dans la maison. On attache les deux gros orteils du mort avec une ficelle, on lui maintient la tnachoire avec un linge, on lui ferme les yeux et on le recouvre. On apporte ensuite le meghsel, grande planche qui sert laver les morts et qui se trouve avec le ndch, la civire, dans la mosque du village. Ces deux objets sont gnralement. faits avec l'argent des habous de cette mosque; il arrive cependant assez souvent qu'un habitant du village fasse faire pour lui, avant de mourir, le meghsel et le ndclz et les lgue la mosque. Si, ce qui se produit quelquefois dans les petits villages, la mosque n'a pas de habous, c'est la Djema, c'est--dire la communaut du village, qui fait faire ces deux objets ses frais. Le mort est plac sur le meghsel Il avec ses vtements. La Djema dsigne ensuite des habitants du village qui vont creuser la fosse. Il n'y a aucune rmunration pour
1. Arch. maroc., t: Il : Il El-Qar el-Kebir ., p. 76, et t. VI: arabe8 de la valle du LekkoU8 ., p. 286.
Il
Les tribu8
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ce travail: c'est un service gratuit, qui incombe aux membres de la communaut de chaque village. Le cimetire est gnralement sur la lisire du village, autour du Siyd, s'il y en a un j sinon, ct de la mosque. . On achte dans le village ou dans un village voisin la. cotonnade pour faire le linceul, kefen, un cheveau de fil, mededja el-khail, et l'aiguille pour coudre ce linceul. Les aiguilles et le fil qui se trouvent dans la maison mortuaire ou chez des voisins ne peuvent pas servir; il faut qu'on les achte neufs pour cet usage. On emploie seize coudes de cotonnade pour faire le linceul, qui se compose de plusieurs pices, comme nous l'avons dit dans la monographie d'EI-Qar. Pour les pauvres, qui ne peuvent pas acheter seize coudes de cotonnade, on n'en emploie que huit, dont on fait une sorte de sac li sous les pieds et au-dessus de la tte, et dans lequel le corps est cousu tant bien que mal. Le linceul n'est pas cousu dans la maison mortuaire, mais en dehors, par un ouvrier spcial, ou, Son dfaut, par le faqih de la mosque. On achte galement ce que l'on appelle le drour ), c'est--dire des bougies, du ghassoul (terre saponifre), du safran, des clous de girofle, de l'ouard el-FilaU (roses sches du Tafilelt), du sambel (lavande) et de l'atar, parfum trs fort. 'irous les tolba du village et ceux des villages voisins se runissent la maison mortuaire. On fait chauffer plusieurs marmites d'eau, et deux des tolba entrent dans la chambre mortuair'e, allument une bougie et lavent le Gorps, aprs l'avoir dshabill, en ayant soin de' . recouvrir ses parties sexuelles d'un linge. Si c'est une fe~me qui,est morte, le corps est lav par des femmes qUI savent dire les prires ncessaires. On fait au cor:ps les grandes et les petites ablutions, et on le lave avec du g,~a8~oul et de l'eau tide; puis on le barbouillle de hen~ 8 11 s en trouve dans le village; on redt le corps du bnCeul,que l'on asperge avec l'atar, et sur lequel on crit
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avec du safran: La ilaha illa Allah, Mohammed rasoul Allah(U fi.'y a de diyinit que Dieu; Mohammed est l'envoy de Dieu). Dans le linceul sont placs les clous de girofle, ouard el-Filali et la lavande. On asperge galement le linceul avec de l'eau de fleurs d'oranger ou de l'eau ~e rose, s'il s'en trouve. Pendant ce templil, les parents, dans la maison, gorgent, selon la fortune du dfunt, un buf 'ou un ou plusieurs moutons, ou des chevreaux, appartnant au dfunt. Ils ouvrent les silos, qui se trouvent gnralement dans le qaour , ). prennent du bl et le partagent entre les maisons du village pour le faire moudre. Il y a un moulin main dans presque toutes les maisons. La mouture est rapporte de suite la maison mortuaire, o les femmes runies font immdiatement du couscous assez gros et le font cuire avec la viande. Avant de recouvrir la figure du mort, on fait venir la famille: la femme ou le mari, les enfants, les ascendants s'il yen a, les oncles, les tantes, les cousins, qui viennent faire leurs adieux au dfunt. Les enfants en bas ge n'assistent pas ce dernier adieu. Les habitants des montagnes se tiennent avec beaucoup plus de dignit et d'une faon plus conforme aux prescriptions musulmanes dans les crmonies 'funbres que les gens des tribus arabes et mme que certains habitants des villes. Un enterrement ne donlle pas lieu chez les Djebala aux scnes repoussantes d'un dsespoir sauvage que l'on remarque chez les Arabes. On n'entend ni cris, ni hurlements; le8 femmes ne se dchirent pal le visage et la poitrine; en un mot, les enterrements des Djebala' ne sont pas le prtexte de manifestationsextrieurel de caractre smitique, comme ceux des Arabes. Lorsque la famille a fait sesatiieux au dfunt, elle se retire; on ferme ensuite le linceul 'et on place le corps sur une sedjada , natte de prire ell palmier-nain. On
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le recouvre d'un hak, et on le met sur la civire Il ou nAch , dans le qaour , au milieu des tolba qui, pendant le lavage du corps, y taient rests et rcitaient le Qoran tout entier en se partageant les soixante hizbs dont chacun dit .une partie. Lorsqu'ils ont termin, . ils disent la fatiha et se retirent dans un angle du qaour. Les femmes viennent nettoyer la' chambre du mort et y brlent du benjoin. La bougie allume pourle lavage du corps continue brler jusqu' ce qu'elle soit comSUIne: on ne l'teint pas. Si le dc.s survient le soir, une bougie reste allume pendant toute la nuit auprs du corps, qui est plac sur le meghsel Il que l'on a envoy chercher immdiatement. Le reste de la crmonie ne se fait que le lendemain. Lorsque la chambre du mort est nettoye, les tolba sortent de la maison et on les paye selon la fortune du dfunt j la somme dpasse rarement quinze douros; ils partagent. ce qui leur est donn, et comme ils sont trs no~breux, la part qui revient chacun est assez minime, et Ils manifestent gnralement leur mcontentement de n'avoir pas assez reu. Tous ls hommes, y compris les tolba, mangent alors hors de la maison le couscous prpar pendant le lavage du corps. Le repas termin, on emporte le corps et on l'enterre. L'enterrementlui-mme ne diffre en rien de ce qui a t dit dj ce sujet dans. la description de l'enterrement EI-Qar. AprS l'enterre~ent, un homme rapporte la maison mortuaire "la ~dJada et le hak. Le retour de ces deux objets sont le . Signe pour les femmes, qui n'accompagnent jamais le Corps, que la crmonie est termine. A leur tour les femmes font alors le repas mortuaire. Aprs l'enterre ment, les trangers se retirent directement du cimetire, ~es hommes de la famille seuls reviennent la maison; Ils y restent une demi-heure environ, puis se retirent leur tour.
m'hamel
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Le lendemain matin, et pendant trois jours, les tolba du village vont rciter des prires sur la tombe; au bout de ce temps, on leur sert un repas au cimetire et on les paye. Pendant ces trois jours et pendant quatre jours de plus, en tout pendant sept jours, les hommes de la famille vont visiter le tombeau; les femmes y vont galement pendant ces sept jours, mais aprs les hommes. Les tombeaux des Djebala ne sont jamais construits en maonnerie; on recouvre simplement la tombe de grosses pierres entoures d'un petit mur en pierres sches, pour contenir les pierres du milieu et les empcher de rouler. Il n'y a pas de diffrence entre l'enterrement d'une femme et celui d'un homme. Cependant, si la femme morte tait enceinte, on met en travers et au milieu du m'ham'el une ceinture de femme: si c'est une jeune fille, on met la ceinture en long. Si un homme meurt en laissant sa femme enceinte, on met la ceinture de sa femme au pied du m' hamel pour que tout le monde sache que la femme du dfunt est enceinte, et afin, d'une part, de bien tablir la lgitimit de l'enfant naitre, et, d'autre part, que ceux qui pourraient vouloir l'pouser l'expiration de quatre mois et dix jours d'adda soient prvenus que la femme est enceinte. A la sortie de la maison mortuaire du convoi d'une yierge ou d'un homme qui n'a jamais t mari, les femml's poussent des 'Zagharit, cris de joie, parce que cet enterrement est en mme temps le mariage de la personne qui "ient de mourir et qui n'en a jamais contra<'l sur la terre, et qu'il ne faut pas qu'elle quitte sans retoul' la maison paternelle sans tre accompagne des (~I'is de joie des pousailles,
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compte fait, n'est pas plus dvelopp chez eux que chez les autres Marocains, si l'on fait exception des m~rs spciales des tolba. Les tolba sont vicieux partout; i~s le sont plus encore dans les tribus de mCij1tagnes, et nous avons eu l'occasion dj de parler de ces murs spciales dans le chapitre de l'Enseignement. Les Djebala se distinguent surtout par leur amour de la (radja, le spectacle, la chose voir. La (radja consiste en danses, 14 chetih ', excutes, soit par des femmes, chettaha, soit par des garons. chetlah, au son de la musique. ,. Dans is grandes (radjal,.la musique se compose du tabbal et de la gharta ; dans les fradjas moindes, du guembri , petite guitare deux cordes, ~t du tar . tambour de basque. Comme toutes les danses africaines, celles des Djebala sont danses par un seul danseur ou par une seule danseuse; elles ne se composent pas seulement d'un pitinement sur place, mais de pas cadencs, en avant et en ar rire, qui ncessitent un certain emplacement. Parmi Jes trois genres dans lesquels on peut faire entrer toutes les danses, genre guerrier, genre voluptueux et genre sacr, on peut classer les danses des Djebala dans une catgorie qui runit en elle les dellx premiers genres. En admettant mme que ces danses soient la perptuation du souvenir d'un culte palen, ce culte n'existant plus, le caraco tl'e sacr que ces danses pouvaient avoir a forcment disparu et leur caractre purement profane a subsist seul. Les danses des DjebaIa, tout en affectant souvent des formes lascives, ne sont pas cependant uniquement d'un caractre voluptueux, et l'on y retrouve les mouvements d'un caractre guerrier, qui ont une assez grande allure. Danseurs ou danseuses, aprs avoir, en excutant leurs pas, fait tout le tour de l'assemble, s'agenouillent devant
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les principaux assistants, les uns aprs les autres. Celui devant lequel s'agenouille le danseur ou la danseuse, lui applique sur le front une pice de monnaie: ce sont les bnfices des propritaires des sujets. Le recrutement et l'organisation du persQnnel des danseurs et" des danseuses des Djebala constituent une des , particularits les plus remarquables des murs des tribus de montagnes et mritent d'tre examins. Jamais une danseuse n'appartient la tribu o elle danse. Elle est toujours vole, soit dans une ville, comme EI-Qar, Tanger, ou Ttouan, soit dans une autre tribu de montagne. Il en est gnralement de mme pour les danseurs; cependant il arrive quelquefois qu'un jeune garon d'une famille pauvre et sans influence est vol par des gens de sa propre tribu, et qu'il est vendu dans cette mme tribu, la condition toutefois que cela ne soit pas dans sa propre fraction. . Quelque pauvre et peu considre que soit une famille, les gens de sa fraction ne supporteraient pas qu'un jeune garon lui appartenant soit possd, mektoub , comme .chettah ou ail par des gens de la mme fraction; ou bien ils le reprendraient de force, ou bien ils le rachteraient; il pourrait dans ce cas tre utilis, comme danseur dans son propre village, afin que l'argent qu'on aurait donn pour le ravoir ne soit pas perdu, et du moment que sa famille serait trop pauvre pour rembourser cet ar gent.L'honneur serait sauf, puisque le garon serait la proprit de ses parents et de ses amis. L'honneur est d'~illeurs peu engag pour les garons, qui~ tout compte faIt,. n'ont rien perdre; quand ils grandissent, ils se lDarlent et on n'y pense plus; il n'en est pas de mme POur les filles. Le village, la fraction, quelquefois la tribu toute entire se considrent comme dshonors par l'enl~ement d'une fille. Aussi, ceux qui les volent, ont-ils SOin de les vendre le plus loin possible, sinon c'est une
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cause de guerre qui dure souvent des .annes, parce que les gens de la tribu de la fille vole se vengent en en volant une autre dans la tribu des voleurs, et ce sont alors des reprsailles successives qui n'en finissent pas. Pour se procurer des danseurs, les Djebala volent des jeunes gal'ons; pour avoir des danseuses, ils prennent indistinctement des jeunes filles, des jeunes veuves, ou mme des femmes en pouvoir de mari. Les femmes ou les garons ainsi vols deviennent la proprit de ceux qui les ont pris; le plus gnralement ils ne les gardent pas pour eux, mais les revendent et se partagent leur prix, comme s'il s'agissait d'un vol de btail. Il ne se produit presque jamais qu'un seul individu achte un danseur ou une danseuse: cela serait mal vu et il risquerait de se voir voler son tour son achat. Trois ou quatre notables d'un village s'associent pour acheter le jeune garon ou la jeune femme, qui devient alors leur proprit. Les vendeurs ont toujours soin de choisir des acheteurs qui loignent les pel'sonnes vendues de leur lieu d'origine, afin d'viter des complications et des ennuis. Les danseurs ou les danseuses (ces dernires sont de beaucoup les plus nombreuses, les danseurs se font de plus en plus rares et ne se trouvent plus gure que parmi les tolba) sont logs gnralement dans une grande chambre situe une des extrmits du village; quelquefois les danseuses sont loges dans la maison d'une veuve, oil ses propritaires lui louent une chambre. Il arri,e souvent que la malheureuse femme vole et vendue ne sait pas danser; c'est alors toute une ducation faire, Il serait inutile d'opposer une rsistance quelconque: les coups et les privations en viendraient rapidement bout. Le but de ceux qui ont achet la femme n'est pas d'avoir une QUe de joie, une courtisane; elle en sert, au cas chant, selon le caprice du moment d'un de
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ses propritaires, mais cela n'est qu' titre accessoire; ce qu'ils veulent avant tout, c'est une femme qui danse, et qui danse bien de faon leur faire honneur lorsqu'ils la produisent en public, dans une {radja ; il faut donc qu'elle apprenne danser de gr ou de force.' Afin de donner au pas de la danseuse la lgret ncessaire, les possesseurs usent d'un moyen trs simple, dans sa sauvagerie. La terre battue sur laquelle elle fait ses exercices est chauffe par de grands feux de broussailles; le terrain est balay ensuite et, les danses se faisant toujours pieds nus, la danseuse qui s'exerce sur le sol brlant lve rapidement les pieds pour viter les brli lures, suit sans efforts la cadence endiable de la guitare deux cordes et du tambourin, et ne tarde pas acqurir ainsi une lgret et une ,souplesse incomparables. La danseuse ne se livre aucun travail j elle danse la nuit et dort pendant le jour ; ses propritaires la nourris sent frais communs et l'habillent; ils la parent avec un certain luxe, par vanit plus que par tout autre senti ment. Outre les caftans et les foulards aux brillantes couleurs et les mousselines transparentes, il n'est pas rare de voir des danseuses dont les bras sont couverts de lourds bracelets d'argent, du coude au poignet, et qui ont, de plus, aux chevilles, d'pais khalkhal, de sorte que, lorsqu'elles dansent, elles font entendre chaque mouve ment des vibrations argentines qui augmentent la joie des spectateurs. Ces dpenses ne sont pas la charge des propritaires de la danseuse j ils les font sur l'argent qu'eUe gagne lorsqu'ils la produisent en public. Cet argent sert d'abord aux acheteurs de la femme 8e rembourser de leur achat, et ils se partagent ensuite ce qui n'est pas dpens pour son entretien. En rsum l'achat, d'une femme vole pour en faire une danseuse, constitue,' de la p~rt des acheteurs, non pas seulement la satisfac.tion d un plaisir, mais une vritable opration commerciale.
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Les propritaires de la danseuse sont en mme temps ses impresarios. On retrouve hien l les deux caractres distinctifs des murs des Djebala: l'amour de la domination dans des plaisirs gostes et grossiers, et celui de l'argent par tous les moyens/Quoique n'tant oblige aucun labeur, il arrive souvent que la danseuse, si elle ne dort pas tout le jour, s'ennuie dans son isolement; elle va alors dans une des maisons du village, de prfrence dans celle de ses propritaires; elle est bien accueillie par les femmes de la maison, qui n'en sont pas jalouses et ne lui tmoignent aucune antipathie ni aucun mpris; elle cause avec elles en les aidant dans leurs travaux d'intrieur. Il est remarquer d'ailleurs que les femmes marocaines sont en gnral trs tolrantes pour celles qui mnent une vie irrgulire, et ne font pas de difficults pour les recevoir et les traiter en gales; il semble que l'tat gnraI d'abaissement dans lequel les femmes sont maintenues sous la domination de l'homme, a cr entre elles une sorte d'galit, quelque classe ou quelque catgC?rie _ qu'elles appartiennent. .'\. peu prs tous les soirs, les propritaires de la danseuse, avec leurs amis, se runissent dans la chambre o habite celle-ci; on y fume du kif; souvent on y boit du amet 1 el-hdrami 'l, vin fort, qui enivre. Les musiciens, qui sont gnralement un joueur de guembri 8 et un joueur de tar', accompagnent les chanteurs et la danse. Dans ces petites runions intimes, on ne donne pas d'argent la ~anseuse; ce sont plutt des rptitions que de vf:'itables reprsentations.
1. amef, littralement pais. C'est le nom donn toutes les espces de vin dans la montagne, quoiqu'il semble s'appliquer plus exactement au amel el-ha/ou, qui a la consistance d'une sone de confiture. 2. Par oppollition au amel el-halou, qui est inolTenslf. Nous tudierons plus loin la fabrication du vin dans le Djebala et ses dilTrentes espces. 3. Petite guitare deux cordes. . Tambour de baSQue.
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1. AfoUl,m,
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taires d'une danseuse, chetlaha ou ala, ou d'un danseur, cheltah ou al, sont invits venir avec leur sujet. Ces runions constituent une grande fradia . Les propritaires de la danseuse se meltent en route avec les labbals et les ghalas du village; ils sont accompagns de plusieurs de leurs amis et portent tous des fusils. Au milieu d'eux marche la chettaha n, revtue d'une courte djellaba noire, portant aussi un fusil la main. En arrivant au lieu de la fte, la danseuse entre chez les femmes qui sont runies dans une chambre i elle y attend le moment d'entrer en scne. Quand tous les invits sont arrivs et que tout le monde est assis dans le qaou,. de la, ~aison, les labbalB et les ghailas attaquent un air de danse, ei la danseuse fait un premier tour revtue de sa djellaba, dont le capuchon lui tombe sur le visage ; elle vient ensuite s'agenouiller devant un de sel propritaires, qui lui ret~re sa djellaba en la tirant par le haut du capuchon. La cheltaha apparait alors revtue d'un caftan couvert d'un transparent d'toffe lgre, serr la taille par une ( m'damma , ceinture de cuir boucle d'argent et brode de soie; elle a sur la tte des foulards de soie de couleur voyante et ses cheveux sont tresss en deux nattes, prolonges. par deux nattes de laine ornes de passementerie de soie de diffrentes couleurs, Q,.d,.d. Deux gros cordons de soie se croisent sur sa poitrine et sur soil dO. Outre ses bracelets et ses khalkhal, elle porte aux oreilles ~e larges boucles d'argent. Ses paupires sont noircies de kohl, ses joues couvertes de rouge, akka,., et ses lvres fonces par le souaq, brou de noix. Ses pieds et ses mains sont teints de henn. Lorsque c'est un danseur, le costume est le mme, si ce n'est qu'il a la tte nue, qu'il ne porte comme bijou qu'une grande boucle d'argent l'oreille droite; il n'est pas fard comme les danseuses et n'a pas de henn. Le danseur joue souvent lui-mme d'un
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instrument en dansant, tar, guembri, tam~our et mme quelquefois de la ghaita. Il y avait, il y a quelques annes, un danseur rput du dchar de Zahdjouka, en Ehl Serif, qui dansait en s'accompagnant luimme d'un tambour. Il faisait partie des musiciens de Zahdjouka, qui, ainsi que nous le verrons plus loin; ont toujours un certain nombre d'entre eux avec le Sultan. Les tabbals et les gha'itas de Zahdjouka, en Ehl Serif, ont la rputation d'tre les meilleurs du Maroc. Sidi Ahmed echChouiyakh, qui y est enterr, est leur patron et leur communique sa ba. . raka. Les danseuses et les danseurs se 'succdent tour de r61e et, comme nous l'avons dit, vont, la fin de leur danse, s'agenouiller devant les notables, qui leurappli~ quent sur le front une pice d'argent. La fte se prolonge presque jusqu'au jour. Le plus souvent, les hommes y hoivent du vin, amet el-hdrami, que l'on apporte dans des outres. U arrive quelquefois, qu'excits par les lihations, les spectateurs se querellent, se disputent la. proprit des danseuses et que la rjouissance se termine par des coups de fusil et par un meurtre; mais ces accidents sont assez rares, et gnralement, un peu avant le point du jour, les propritaires de chaque danseuse la ,ramn~nt dans leur village. Les danseuses ne sont pas des filles publiques telles appartiennent uniquement . ceux qui les' ont achetes let q\li seuls ont quelquefois des rapports ~vec elles, et core ceu.x-ci voient.i1s en elles beaucoup plus l~ daneeu.e qU,e l~ femme. Une chellaha qui ne (ait pas honneur . 8p~ possesseur, qui danse mal, qui se fatigue, ou qui tmOigne d'Une mauvaise volont quelconque, est impitoya~le ment battue, quelquefois mme tue, dans un m~uV:e.1ll:ellt de dpit, par ses propritaires. moins qu'ils.fae soient. arrts par leur avarice naturelle, et qu'ils ne:~rent la .
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III!
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revendre. Au bout d'un certain temps, elles sont presque toujours revendues, soit que leurs pl'opritaires en soient las, soit qu'ils aient besoin d'argent, ou simplement qu'ils trouvent la revendre avec bnfice. Vendues et revendues, les danseuses, qui, heureusement pour elles, ont l'insouciance de la bte et qui de pins' se passionnent gnralement pour leur mtier, ne sont pas malheureuses tant qu'elles sont jeunes. Uses rapidement par leur genre de vie, elles ne durent dlaUleurs pas longtemps et meurent puises avant la vieillesse. Quelquefois, par un hasard, elles peuvent rentrer dans leur famille et se marier tant bien que mal; il arrive aussi qu'une danseuse plaise un de ses propritaires, qui rembourse alors ses associs de leur part et l'pOuse. Ces' mlll'iages ne sont pas mal vus t. ne dconsidrent pas le mari. AussiM't marie, la danseuse chllnge compltement son genre de vie. Elle va avec les autres femmes du village couper du bois dans la fort, chercher de l'eau la rivire. ou la source, ahandonne compltement la danse, et il lui arrive S'Ouvent de regretter sa vie d'autrefois, ou tout au moins de s'en souvenir avec une certaine doceur. Il y a deux sortes de musique chez les Djebala: te La musique avec des chants, sans danse, appele ElAla t ; 2- La musique de danse, El-Gu~bbahi 2. Tos les assistants accompagnent les musiciens eil chantant les paroles qui s'appliquent aux diffrents airs. Nous avons pu runir quelques-uns de ces chants, qui ~ont en prose rime et dont le sens est toujours sacrifi
1. El ki/a, cril de victoire ou de Joie. 1. BI-Gu.bbalal. Il noul a t Impoallble de retrouver la racine de ce mot, au moios dau le leDS il .stmplo1 Ici. Lei .s.lItanta, pour exciter leI lO~slci.nl, leur crient : Guebbab la el "a.aUem guebbab -. C'est peut-tre une dllformatlon de qebba t trompette ou de crier.
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* ....
2 L'Oued Settah 1 m'a plu et ses rochers taient sur son bord. Notre bien-aim, Mulay Abdessalam 1 C'est nous qui sommes 8es serviteurs !
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..
30 La source du village d'Ez-Zouaqin 2, la lune y est rflte. Je n'aurais jamais cru quetoul tre beau devait IUre poursuivi pour sa beaut.
* ....
50. La mosque, le Siyd, les tuiles sont gales. Rien ne m'a fait quitter mon pays si ce n'est des histoires de femmes., Des gerbes de fusils sont dreises'au march de l'Arba. C'est ce qU,e crie EI-Qaous et les ttes se coupent 3.
dl; Oued ~ttlah. C'est le nom du cours suprieur de l'Oud ~-Mkb4zen, 1ans la tribu des Beni Arous. Ce nom de rivire et le souyenlr de Mouay ~bdessalam laissent supposer que cette alla vl,nt de la tribu des Benl Arous. . . d ~ Cette arfa doit tre de la tribu des Deni Mes18ra, otJ se trouve le cat: ~:Ez-Zouaqin. La, tribu des Beni MelJtara est rpute pour &eS s':i Aila de la tribu d'Ehl Serif otJ se trouvent le march de l'Arba de l' 1 Boubeker et le dchar EI-Qaous. Les fusils et les ttes coupe~ eappellent l'expdition dirige en 1898 pal' leQad Ahmed ben et-Tahaml . ontre la tribu d'Ehl Serif. ' 1 1
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GUEBBAHI
1 Seigneur! ils m'ont pris ma gazelle la porte de ma maisoo, la porte de ma maison 1 ils m'ont laiss gmissant daos ma demcure, moi seul 1
0 Seigneur 1mon Di~u 1prpare-moi mon cheval blanc! Amne-moi mon cheval couleur de lune la porte d'Alger, il la pOl'te d'Alger.
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30 La femme aux bracelets m'a ravi mon cur 1 Sellez-moi mon cheval et apportez-moi son mors pour que je monte sur lui la qada Tamou 1 Sellez-moi mon cheval la porte d'El-~Ierisa pour que je monte sur lui la qalda Aicha 1elc.
La chanson continue ainsi avec tous les noms de femmes auxquels on trouve une rime. Outre ces deux genres .de musique il existe un autre chant appel Agiou t..J'f' usit par les femmes, eil dehors des ftes et des rjouissances, et qu'elles chantent lorsqu'elles vont au bois ou chercher de l'eau, ou pendant les rcoltes, c'est pour ainsi dire un chant de travail. Celi chants sont toujours placs dans un ton trs lev, et sont en gnral des improvisations; nous avons pu en recueillir quelques fragments, dont nous donnons ci-aprs la transcription et la traduction:
Dak el-djenan el-dU ou el-Iyrour fih ibalhou Elly bgha :in ikhar aU mta'ou. Dans ce jardin lev lcs oiseaux dorment, Celui qui l'ccberche la beaut dpensera pour elle tout co qu'il a.
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Linkaa, linkaa, lah ez-zhar min raa Dak el-mahboub"dialy iaMsel filtaa. Poirier, poirier, les Oeurs sont tombes de son fatte. Celui qui est mon bien-aim est comme du miel dans un vase. Aou ! ia el-benat hach ne8ma el-ghakoum Houkm er-ridjal aliya, ma ne.cibchi nelqakoum. Chantez, jeunes filles, afin que j'entende vos voix Je suis sous l'autorit des hommes,je ne puis vous rencontrer. Hia rebt' el-qda', na rebt' el-qaa' . Khally ez-zein noulouh, la ikounchi iemda. o herbe de l'aire, herbe de l'aire; L~isse la beuut qui la possde et ne sois pas prtentieuse. ILia ahdir en-nhal ou en-nhal ma ritha. Amrei belad en nas ou diali khalala. o bourdonnement des abeilles que fenlends sans les voir. Elles ont t chez les autres, et elles m'ont abandonn. Ti,. hamam mouali ou nzel dia ma habit El-Mahboub diali ichmda fi qaa el-bit. Vole. colombe, lve-loi et pose-toi sur celui que j'aime. Mon bien-aim est comme une lumire dans ma chambre. El-oued hamel" hamel haoued biqabou [roseaux) Allah i:id fi iamek ia d-mahboub ou ahbou La rivire est dbordante dbordante elle entratne avec elle les Q?e Dieu prolonR"e tes jo~r8, 0 bien-aim ainsi qge de tes fldlHes, Hia hadir en-nhal eUi dakhel fi djaba Khalli ez-zin nmoulih alach alik leddaha. o ~urdonnement des abeilles qui entrent dans la ruche . laIsse la beaul ceux qui l'ont ; pourquoi es-tu ,prlealieuse '1
:Les ~emmes entre elles pratiquent galement, pour se dIvertir, une danse accompagne de chants que l'on appelle A liai J~. Pour excuter cette danse, elles Be ~t~ te~~ en cercle, assises ou debout: deux d'~ntre elles, au m111cu du cercle chantent et dansent, tandie- que les autres les accomp~gnent de la voi~, en frappant des mains,
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ou sur des tambourins en terre, appels agoual (plur. goualat), ou sur des iambours de basque. Voii quelques exemples d'Allal: Hia Al/al el-haouaoui dir chemla kif dari Kif el-farroudj ei-bedjaolli ahia ouddi. o Allal le passionn, prends ta tournure habiluelle, Comme le coq vainqueur, mon amour.
Al/ali oul/ah ma nkhassar k'houli fik ia ech-chibanz al/ali oulla ma nkhassar-fik henneli, ia ech-chibani al/ali oul/ah ma nkhassar fik zinty ia e.ch-chibani Allal, mon Allal. ParDieu ce n'est pas pour loi que o vieillard. rj'userai mon kohl] o mon Allal, mon Allal. Par. Dieu, ce n'esl pas pour loi que o vieillard. [j'userai mon henn] o mon Allal, mon Allal. Par Dieu. ce n'esl pas pour toi que o vieillard. [j'userai ma parure l Le chant continue ainsi en numrant toutes les parties de la toilette et de la cosmtique des femmes, que la chanteuse jure de ne pas mettre en usage pour son mari, qui est le vieillard, et qu'elle rserve Allal.
Ahlarlou, Ahlarlou, ou li mandou ahlal"lou i h~chi ebou fi alnou. Ahlailou, Ahlailou, qui n'a pas d'Ahlailou n'a qu' se meUre le doigt dans l'il, etc. Dans un autre Allal on trouve ceci : On dil que le jeune homme est malade, allons le vir. Que lui ~pporlerons-nous ? du pelil sucre, de la pelite viande, rdu petit miel, elc.] Si le jeune homme ne veul pas ouvrir sa porle. Nous enfoncerons celle porte, etc.
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On dit que le vieux est malade, allons le voir. Que lui apporterons-nous ? Du pain d'orge, de la galette de bl noir, du couscous de mas, ete. Et s'il n'est pas I:latisfait, nous l'achverons de nos mains. Ces chants et ces danses ne sont pas excuts par les' chettaha, mais par les honntes femmes lorsqu'elles se runissent. Les jeunes filles et les jeunes femmes y prennent part seules. Les femmes ges n'y assistent pas, gnralement, afin de ne. pas gner par le.ur prsence les bals et les chants des jeunes.
Hommes et femmes se runissent assez frquemment; les hommes avec les homines, les femmes avec les femmes, sans que les deux sexes soient jamais mls, poul- clbrel" ce que.1'on appelle des hadra. La hadra, littralement I~ " prsence, est une runion faite en l'honneur de tel ou ~el Cheikh de Tariqa eto, par la rcitation du dikr et de l'oW~rd ~e la confrrie du Cheikh, se manifeste par le hal, excitatIon mystique, cause par la hadra, la prsence, de la parcelle de l'esprit divin qui constitue la baraka de ce Cheikh. Dans toutes les' tribus arabes les had,ras' sont g~rale me?t faites au nom du Cheikh Moulay Abd~lqder ~,~-p~i-. ~aD1 le Qotb d'Orient. Chez les 'Djebala, la hadra est touJours Chadeliya et invoque toujours directemnt, ou par l'entremise d'un des Cheikhs de sa chatne mystique, la prsence de l'esprit, du Cheikh Moulay Abdssalam. bell Mechich. La hadra la plus rpandue 'est c~~,le des Oulad el-Baqqal. No~s avons dj eu oc~asion .~~.~~ire re~ar quer, au commencement de cette tude, le vrItable culte dont les Oulad 'el~Baqqal sont l'objet-dans toute la rgion d tls Djebala. et Tanger mme.. -' '. . . t Les hadras sont'souvent prsides. par un membre :de
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la famille des Oulad el-Baqqal; c'est pour les descendants de Sidi Allal el-Hadj un prtexte recueillir des offrandes. La Hadra des Oulad el-Baqqal est trs longue, nous en citons seulement quelques versets :
Mella ghanna bi dikr Chikhou mi=anOll khatser Oua laou iharel taoui cimrou ma (pour la) ibani nader ma irbah min ni/ou qcira.
Celui qui ne chaule pas le dikr de son Cheikh a un mauvais [deslin.] Quand mme illabourerail loule sa vie,il n'lveraitpas de meule, Son peu de foi l'empche de raliser aucun profit.
Ana dil bik djeddek tazian el-hala Ould el-Baqqal ladj koul Hadra.
j'ai invoqu par ton entremise Lon anctre pour me rendre [le destin favorable], Delicendanl du Baqqal, diadme de toute hadra
A Moulay Bouchela f had ech-chaqour hinda Neqelta lJhi erqab dalma
~loi,
Contl'airement aux femmes des tribus arabes, qui, si elles ne sont pas toujours sans reproche, n'ont que des amours naturelles, les femmes de la montagne ont quelquefois entre elles, comme celles des villes, des affections qui sont en gnral considres comme l'apanage d'une civilisation raffine et que l'on est tonn de trouver au milieu des murs assez brutales des Djebala. La brutalit mme de ces murs serait, parait-il, la cause de ces affections. Plus fines que leurs maris, ne trouvant pa~ chez.
1. l\lollllOlIued ech-Cbaou, connu 8OU'" le nom de Moulay Bou~heta clKbamlnal', enterr A Amergo en Ficblala, avail t le Cheikh de Mohammed hen Ali el-Baqqal, dcapit par le Sultan Mohammed ellh-Cheikh el-l\lamoun bel-Manour es-S4adi.
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eux les dlica~esses de sentiments qu'elles recherchent, elles se consolent entre elles des platitudes de la vie laquelle elles sont condamnes. Sans tre absolument platoniques, ces affections SOIlt surtout sentimentals. Pour leurs maris, les femmes de la montagne ne sont mme pas des instruments de plaisir, ma,fsne servent qu' faire des enfants; les dangers qu'elles courraient prendre un amnt, que' ces dangers mmes ne leur permettraient d'ailleurs pas de trouv1', les poussent chercher a)lleurs la satisfaction de leurs besoins d"affection, et elles s'aiment entre elles. Cet tat de choses n'est pas gnral; il est mme l'tat d'exception dans beaucoup de tribus. La tribu d'Ehl Serif est rpute pour tre celle o ce vice est le plus rpandu. La polygamie est trs rare chez les Djebala et eUe y est mal vue. Il arrive cependant qu'un homme dont la femme a vieilli, veuille en pouser une plus jeune; il le fait gnralement du consentement de sa premire femme; le deuxime mariage a lieu souvent lorsque la premire femme n'a pas d'enfants. Le divorce est galement peu frquent. Le mari, en effet, tout en tant le maUre de sa femme, ne peut pas sans raison valable la renvoyer ses parents, qui demanderaient des explications et tireraient vengeance d'une rpudiation qui ne serait pas suffisamment motive et qui constituerait un affront pour la famille. Il n'est pas admis qu'une fille reste sans mari, ni qu'une jeune veuve ne se remarie pas j une femme doit tre en puissance de mari. L'adultre est trs rare; la faute com mise par une femme entachant non seulement l'honneur de son mari, mais celui de sa propre famille, il ne peut pas y avoir de maris complaisants. Les frres ou les cousins de la, femme coupable tueraient la femme, l'amant et mme le mari. .
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Il est d'usage que le frre pouse la veuve de son frre, surtout si cette veuve possde quelque bien. Ce souvenir du lvirat juif se retrouve d'ailleurs dans tout le Maroc. Cela n'est jamais pour les Musulmans une obligation d'pouser leur belle-sur veuve ; dans les tribus arabes et dans les villes, ce n'est pas une obligation non plus pour une veuve d'pouser son beau-frre, tandis que dans les tribus des Djebala, si ce n'est pour cette veuve une obligation lgale. c'est une vritable obligation sociale, laquelle elle peut difficilement se soustraire.
CHAPITRE IV
RGIME CONOMIQUB
1. - La Proprit.
Comme on l'a dj vu prcdemment, les habitants des tribus de montagnes se considrent aujourd'hui comme descendant, sot de capitulaires, soit' de gens qui se sont convertis l'Islam sans subir de capitulations, mais ayant dans les deux cas conserv la proprit souveraine de leu~ territoire. Ce territoire n'aurait donc jamais t conquis et ne ferait par consquent pas partie des biens de la communaut musulmane, mais il serait la proprit pleine et entire de ceux qui l'occupent, qui n'ont payer aucun droit ni aucune redevance pour la jouissance de leurs terres. Les tribus arabes des plaines, au contraire, qui occupent des terres conquises, appartenant par consquent la communaut musulmane, payent pour la jouissance de ces terres un droit de loyer, le Kharadj, que l'on appelle aujourd'hui la Narba. , Il y aurait l une diffrence (ondamentale entre la nature de la proprit chez les Djebala et chez les tribus des , 'plaines. Cette diffrence se retrouve dans la situation des Djebala vis-vis du pouvoir central. Ils se considrent, en
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tant que l\f usulmans, soumis l'autorit du Sultan comme mir el-Moumenin, comme chef religieux, mais ils prtendent tre rests souverains de leur sol.et ils ne paient que les impts religieux, c'est--dire l'aumne ll>gale, EzZekal et El-Achour. Il semblerait mme que ce droit de proprit absolue et cette indpendance relative ont t, dans certaines rgions au moins, apports aux indignes par la conqute musulmaine. Les Ghomara, par exemple, auxquels appartiennent les tribus dont nous faisons la description, ont dll subir en grande partie la domination des diffrents conqurants qui se sont succd sur la cte du Nord de l'Afrique, On les retrouve en efTet, au moment de la conqute musulmane, gouverns par le comte Julien, mir des Ghomal'a, (lui, tout en tant nominalement investi par l'empereur de Byzance, entl'etenait de frquentes relations avec les Wisigoths d'Espagne. Les Ghomara taient donc certainement tributaires de l'empereur: cc Quand les Romains ne laissaient pas un peuple vaincu sa libert, ses lois et ses terres, en lui imposant un simple tribut, comme signe de soumission, ils confisquaient son territoire qu'ils faisaient domaine public et qu'ils partageaient comme bon leur semblait. Quelquefois, tout en se rservant la disposition du sol conquis, ils en abandonnaient une partie la nation soumise 1. Il Quel qu'ait t le rgime appliqu aux GhomarR par les diffl'ents conclurants et en admettant qu'ils eussent conserv leur libert, leurs lois et leurs terres, ils taient soumis au paiement d'un tribut en signe de soumission, et la proprit de ces terres n'tait que conditionnelle et relative au paiement par eux de ce tribut. En se convertissant l'Islam, sans lutte1 ds l'arrive des conclurants arabes, les Ghomara auraient vit de
1. Af"ique ancienne ., par janvier 1870, p. 23.
FRDRIC LACROIX,
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devenir des tributaires vis-vis des Musulmans, et se seraient vu reconnatre la pleine et entire' proprit de leur territoire et leur indpendance en se soumettant aux seules obligations religieuses. Dans 'ces conditions, loin d'tre pour ces populations un asservissement, la conqute arabe aurait t pour elles une dlivrance et une mancipation. Elle aurait tabli la proprit des nouveaux convertis leur profit en constituant le territoire musulman, le Dar elIslam. Cependant, ainsi qu'on le verra plus loin, la plupart des tribus montagnardes taient administres par les Mrinides et par les Saadiens et payaient l'impt. Il serait difficile d'tablir nettement au point de vue juridique musulman quelle est la situation exacte de la proprit chez les Djebala; si elle est vraiment reste, comme le prtendent ses habitants, leur proprit depuis l'tablissement de l'Islam au l\1oghreb, ou si, aprs avoir t comprise dans la proprit de la communaut musulmane, elle a t plus tard, pour des causes de politique intrieure, exempte des charges qui incombent la jouissance de cette proprit. Ce qui est certain, c'est qu'actuellement et.en vertu d'une pratique assez longue 'pour tre devenue en usage constant, et mme un vritable tat coutumier l , les Djebala ne sont pas considrs comme des gens de Nalba et se prtendent les libres propritaires de leul' sol. Les limites des tribus de montagnes entre elles sont hien dfinies, et il ne peut y avoir de confusi0l! de territoires, Il en est de mme pour les limites des fractions de chaque tribu et pour le territoire appartenant aux difJrents vil. . lages de chaque fraction. Il n'existe pas de territoires sans maUres et n'appartE'. nant personne, non plus que de biens du :Makhzen.
1. A. LE CHATELIER, Reuue du Monde Murculman, fvl'let' 1910: Le Muroc Berbre eL les Mines europennes _, p. 18.
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Le territoire bien dlimit de chaque tribu est form des territoires galement dlimits de chaque fraction, qui se compose son tour des territoires de chaque village. Le territoire de chaque village est form des proprits particulires, des biens habous et de la proprit commune la Djemda de chaque village. Mais si les limites des tribus sont bien dfinies, elles ne sont pas toujours fixes; des villages ou mme des fractions peuvent tre conquis pal' des tribus voisines et changer de tribus. En recherchant dans les anciens ouvrages l'histoire des tribus, on s'aperoit de ces changements. C'est ainsi que le village de Zahdjouka, qui, d'aprs El Bekri, faisait autrefois partie de la tribu des Rhona, est aujourd'hui dans le Serif; que le village d'Azdjen appartient tantt aux Mamouda, tantOt aux Rhona, et que le Djebel arar est considr tantt comme Memoudi, tantt comme Serifi. La proprit particulire et les biens habous se composent de maisons, de jardins fruitiers et potagers, de vignes. de champs, et quelquefois d'une partie de fort. La proprit est trs morcele et il n'y a pour ainsi dire pas un habitant des montagnes qui ne soit propritaire au moins d'une maison et d'un jardin. Il n'y a pas de grandes proprits ni de grandes fortunes. Les gens relativement riches ont en somme peu de chose et surtout peu d'argent; mais, d'autre part, il ya peu de misre et on ne trouve que de trs rares mendiants dans toute la rgion des Djebala en dehors des Chorfa, des tolba et des haddaoua, dont c'est le mtier!. La proprit communale est uniquement forme de forts, qui, dans leurs parties les plus clairsemes, servent
l. Haddaoua, Khouan de la confrrie de Sidi Heddi, dont la ZaouIa se trouve dans la t.ribu des Beni Aroul, il peu de distance du tombeau de Moulay Abdelsalam.
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de pturages aux troupeaux du village, conduits le plus souvent par un berger commun t. Les parties touffues de ces for~ts, qui sont parfois presque impntrables, sont conserves avec soin dans leur tat sauvage; elles servent en effet de refuge aux habitants des villages et leurs troupeaux en cas de guerre. Les villages sont alors abandonns; les femmes, les enfants et les vieillards, emmenant avec eux les troupeaux et emportant leurs que1ques objets prcieux et la plus grande quantit possible de provisions, se cachent dans les endroits les plus impntrables de la fort, tandis que tous les hommes en tat de se battre attendent l'ennemi autour du village abandonn, s'embusquant derrire des arbres et des rochers de faon empcher dans la mesure du possible le pillage des silos et des magasins d'huile. Dans de semblables conditions, il faudrait une campagne organise et assez longue pour occuper sans danger les villages, chasser de leurs alentours les habitants transforms en gurillas et obliger la tribu faire sa soumission en revenant dans les villages. Au lieu de cela, les troupes du Makhzen se contentent de mettre le feu aux toits de chaume, de piller et de dvaster les jardins et d'emporter ce qu'ils trouvent; elles se retirent ensuite leur camp o elles sont l'abri de la fusillade, et, au bout d'un certain temps, par l'entremise de quelque Chrif, on fixe les con ditions pcuniaires auxquelles la Mehalla se retirera. Les for~ts sont donc pour les Djebala un asile et un refuge; il en tait de mme autrefois dans tout le Maroc, qui tait certainement beaucoup plus bois qu'il ne l'est aujourd'hui !.
1. Le Berger commun. Cf. Arch. maroc., faac. III, chap. VII, p. BU. 2. Strabon dit la Marulie, c'est--dire la rgion occidentale dont parle Hrodote, couverte d'arbres de trs grandel dlmenslonl, et qu'il en tait. de mme du mont Abylll (Djebel Mousa actuel, dans la tribu dei AndJera). Pline mentionne lei grandes fortl de la Mauritanie. 80lln galement:
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Dans les plaines, les forls ont t dtruites pour les besoins de l'agriculture, d'une part, et sans doute galement par les diffrents conqurants, afin de pouvoir soumettre plus aisment le paysl, Il y a une trentaine d'annes environ, deux forts d'une certaine importance ont t dtruites dans le Khlot par ordre du Sultan :Moulay el-Hasan, parce qu'elles servaient de refuge aux voleurs et aux coupeurs de routes, Ce sont les forts des Oulad Becem, entre Larache et Moulay Douselham. el du 1'leta de Riana, sur le plateau de Sidi Abdallah ben Ahmed, sur la rive droite de l'Oued cl-Mkhazen, Les tron~s des grands arbres de ces forts ont t transports aux chantip.rs de construction de barcasses de Larache, o on peut en voir encore aujourd'hui; les branches l't les laillis ont t utiliss par les fabricants de charbon de bois, Dans beaucoup de tribus de montagnes. et particulirement dans celles dont nous nous occupons, qui sont pour la plupart limitrophes des plaines, les forts communales sont galement depuis quelques annes dtl'uites par les
Nemol'ibus inhol'relicit Silius, lIalicus I:ouvre l'AtlM d'paisses fort8 : " Frontem quae immanibus umbri", ., Pinea 8i1va premit ., Soiunte vaisseaux pris pal'mi le8 .lulculaire. taient chargs de transporter du IJOill d'Afrhlue li Rome (Rfwue africaine 1860, Afrique anl'ienne, pal' M. FRt:DKIC LACIIOIX, p. 178 et suiv.), 1. I)'ulll'll lell aUleu"", al'lIlIeol, leH ~laul'ilanie8 taient cependant encol'e II's hoi",es ail litllltimc siclc,lll1 moment de l'inva''ion musulmane, " ~Ime cn faisllnt la part cte l'exagl'aLon famili~re ce8 crivainll, il "e"tel'a toujOUI'8 cel'tain 'IU'IIU moment de l'Invasion musulmane la Barbario pol'lsdait une vKlalillD urbol'el'lrente assez l'emllrquablc pour que Ics annllllltes Ilui ont ilcrit vers celle pl'iocle en lIient fait une mention riJlcialc. " Tout ce vuste espace (de Tanger Tripoli) n'tait. qu'un umbrage cpnlinu. Il Mohammed ben Ali erRaini 1l1l\airouoni, trauction Pliijsier et Hmll14/1I, Livre Il, p. 21i. Le", deslructiollil s)'"tmalques orl1ounell pal' I\ahina, l'hro'lne berhl'e. pOUl' chasl4cl' les lJl'elDier", conqllranL"! mu"lIlmanll ct dgotel' leurt! l'lUCCelilleurlil, durent multiplier les \'idett dans le8 forc.\ts, Lel'l Arabe.. ulle folt install.'l!l, lell hlllJiludlll'l d'un peuple palileur firent le resl.', ./tevue africaine 18611, OuvrlJ~c cit, p. 172 et lulv,)
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habitants et remplaces par des champs. Ces tribus sont d'ailleurs ingalement boises et, en tudian~ chacune d'elles en particulier, nous indiquerons l'importance de leurs forts et le dveloppement progressif de la culture etui s'y est accompli. Les essences les plus courantes dans les tribus que nous tudions sont les suivantes :
Be/oum
(A)
(.A.)
(A)
(A) collect.
~\. Le trbinthe.
~~ .....
afaf
De/la
Tremble ou peuplier.
j?,). Le laurier-rose.
Dardar Dardara
A melollal
..)b..),)!
lS.b.,)
~
(A) nom
(B)
Le frne.
d'usage'" ..,
JI;"\. Cet arbuste, que nous n'avons pas pu identifier, ressemble comme feuillage l'olivier sauvage. jlj\. D'aprs Beaussier, c'est le garou ou saint-bois. ~\. Ronce pineuse; son fruit. Toul el'euliiq, mre des ronces. ~. Chne grandes feuilles lisses. ;4\ J. ~ ~. Grand chne pineux qui donne un gland amer, que mangent les chvres. ..)Jfj. L'aubpine. Beaussier l'appelle azrolier. Dans les
Techt
(A)
Z'arour
iD)
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ARCHIVES MAROCAINES
Berri
(A)
Drou
(A)
.J~.
Le lentisque, les Djebala prononcent le Dad comme un ta, ce qui donne trou.J j.,.
Kourrich Senso
(B)
(B)
Dlem ou
(A)
cJ~~
r"
"'~
\
ghoua qui, usit par les Djehala, est une dfor-
169
Qr(lna
(A)
Khlendj
mation du berbre tasaleghoua. ~J.). Le mot qrona s'applique plus particulirement la caroube qui est en forme de corne; en (l.rahe kharroub est le nom du caroubier. ~. Mot persan. Le bois du khlendj sert faire des cuillers et des cuelles. Bruyre arborescente. .r."".J1. C'est la grande fougre arborescente. ~~,). Les myrtes.
U",>. Le ri.).
~.
~e
ricin.
,j~\. Le gent.
gent du Sahara.
Le buis. Se trouve surtout dans les Akhmas, les Ghomara et le Rif. Parmi .les tribus dontnou8 nous' occupons, on ne le trouve que chez 1es Beni YfJet et chez les Soumata t. Le charbon de bois, dont on fait une quantit considrable, provient surtout du lentisque, quoique les autres arbres y servent galement. Cette fabrication a contribu
1. D'aprs Lon l'Africain, t. Il, p. 168, il Y avait son poque UDe quantit de' buis chez les Beni Gorfe\. Il ne s'en trouve plus aujourd'hui d8.IUI cette tribu. '
, 2
17u
ARCHIVES MAROCAINES
pOUl' une large part au dboisement du pays, qui a luiIll~me modifi le rgime des rivires. D'aprs les hydrographes, le dboisement des montagnes, en permettant aux eaux de pluie de se runir plus rapidement et d'arriver en masse dans les rivires, a, si ce n'est compltement cr, ail moins notablement augment leur rgime torrentiel, (lui serait pour beaucoup dans la formation de la plupart des barres (lui se sont formes aux embouchures et empchent la navigation. Ces huit tribus ne fournissent pas de grands bois de t:onstruction et ne donnent que des poutrelles de 2 m. 50 3 mtres de longueur sur 5 12 centimtres d'paisseur. Ce sont des poutrelles mal quarries, irrgulires, et qui ne peuvent tre utilises que pour des constructions trs primitives. Ls proprits communales ne sont alinables que par le consentement de la Djemda du village il laquelle elles appartiennent. Le dboisement, qui n'est fait que par dcision de la Djenlfla, n'est pas accompagn d'une alination de la partie dboise. Voici comment il est procd ce dboisement: Lors(lue les habitants d'un village se trouvent trop l'troit dans leurs limites, la Djemda runie dcide de dboiser une certaine partie de la fort. Tout le village contribue il ce travail, qui est fait en commun. Le territoire dbois esl cmsuite partagt cn parties gales mesures au moyen d'une corde eutre les habitants du village. Chacun fait de la par't qui lui re\ient .l'usage qu'il veut. Les uns y font des plantations d'albl'es fruitiel's, d'autres des jardins potagers, d'aulres enlin les labourent. Il al'I'ive (lue certains habitants du village ne sont pas cn tut de mettre ell production la part qui leur revient; dans ce cas, ils la louent il d'autres ; cette location est tOUjOUl'S faite belk/wb:a, c'est--dire moyennant un paiemeut en nature sur lcs rcoltes. La quotit de la part de
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rcolte qui constitue le loyer peut varier, mais elle est en gnral du cinquime, le Khoms i. Il arrive aussi que, pouss par des besoins d'argent, un bnficiaire vende la jouissance de sa part; il ne peut pas en vendre la proprit, attendu que cette proprit reste toujours celle de la DjemCta, de la communaut. Ou retrouve l l'ide des hiens de la communaut musulmane, qui appartiennent toujours cette communaut, mais dont les pccupants successifs se vendent la jouissance; tandis que les hiens de la communaut musulmane, en tant que territoires conquis (AnOlla) sur les infidles, sont habous et ne peuvent tre occups que moyennant un loyer, le Kharadj devenu la Nai'ba; les biens communaux des villages des montagnes qui ne sont pas en territoire Anoua, et qui sont des terres libres, ne sont pas habous, et leur occupation par un mem'bre de la communaut du village n'entraine aucun droit de loyer. On peut se ren.<fre compte d'ailleurs, par la faon dont les Djebala acquittent l'aumne religieuse, la Zekat et l'Achour, en la versant leurs pauvres et leurs Chorfa, au lieu de la verser au Bit elMal el-Mouslimin, que leur comprhension de l'ide de communaut, qui est la hase de la religion musulmane, est restreinte leur commu naut pl'opre, c'est--dire celle de leur village. La runion de ces communauts forme les fractions, <lOTIt l'ensemble compose la tribu, mais l'ide de communaut ne va pas plus loin. Nous verrons les traces de ce mme particularisme en tudiant l'organisation des habous des Djebala. Nous avous vu que les parts de forts communles dboises et dfriches, revenant chacun des membres de la communaut du village, ne leur taient donnes en
1. cr. Les tribus arabes de la valle du Lekkou8, t. VI, chap. XV: La cullure et les coutumes agricoles, 1. La MouzAra'a, p. 181.
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ARCHIVES MAROCAINES
principe que comme usufruit et que la proprit de ces parcelles restait la communaut. A la mort du premier dtenteur, il est stipul dans l'acte de partage qui est fait de ces biens, que les parcelles communales dont iJ a reu ou achet la jouissance ne sont qu'un usufruit et que la proprit continue appartenir la Djemda. Mais le principe n'est pas maintenu, et aprs deux ou trois gnrations les parcelles de biens communaux sont considres comme la proprit de ceux qui les dtiennent, qui, dfaut de titres rguliers l'appui de leurs droits, font tablir une moulkiya, c'est--dire un document d'Adou1 relatant le tmoignage de douze. tmoins qui dclarent savoir qu'un tel, fils d'un tel, est leur connaissance depuis plus de dix ans le dtenteur incontest de telle terre, et qu'ils l'ont toujours connu usant de cette terre comme un propritaire use, de son bien. C'est ainsi que, dans les tribus de montagnes, les biens de la communaut des villages ~ont absorbs progressivement par la proprit particulire, comme dans les environs de Tanger les biens de la communaut musulmane et les biens du Makhzen. Aucun registre n'est tenu ni des biens communaux ni de l'attribution de leur usufruit telle personne, non plus qu'il n'est tabli aucun document ce sujet; il en est de mme pour les ventes d'usufruit entre les diffrents habitants. Toutes ces mutations sont faites par de simples dclarations verbales devant la Djemda. Les ventes de proprits particulires au contraire sont, si ce n'est enregistres, au moins tablies par des documents d'adoul. Toulesles transmissions de proprit par vente ou par hritage se font conformment la loi musulmane, la Charia, et les difficults qui y sont relatives sont portes devant le trihunal du Qadi. D'autre part, pour l'exploitation des terres, on retrouve des usages qui relven~ uniquement de la coutume. Par
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exemple, le propritaire d'une fort veut en mettre une partie en culture et ne veut pas fair les frais de dboisement et de nivellement; il s'adresse un de ses voisins et traite avec lui aux conditions suivantes: le voisin coupera les arbres, enlvera les racines, les roches et ni . vellera le terrain ; il aura comme paiement la jouissance entire du terrain pendant une dure qui, selon les conventions, varie de trois ~ cinq an~. Il peut pendant ce temps travailler lui-mme ou louer ce terrain son seul profit. Le dlai fix tant expir, le propritaire reprend possession de son terrain, mais celui qui l'a dbois conserve encore un .privilge sur lui, c'est--dire qu'il a le droit de le labourer de moiti avec le propritaire en contribuant la moiti de tous les frais de culture. Si cet homme n'est pas en tat de labourer avec le propritaire, il a droit une part en gnral d'un cinquime sur la rcolte du propritaire du terrain. Les ,contrats de ce genre, qui sont presque toujours verbaux, deviennent caducs par la mort de l'un des contractantEl,.e~ les hritiers du propritaire n'ont plus en supporter III charge, pas plus qu ceux de la personne qui a dbois n'en bnficient.
2. -
Le. Rabou.
Il ya dans les Djebala deux espces de biens habous : ceux de la mosque ou des mosques de chaque village, et ceux des marabouts, c'est-dire des saints personnages, Chorfa ou non, qui sont enterrs dans un village; . Quels que soient ces habous, le Sultan ou le Makhzen n'a aucune ingrence dans leur administration, contrairement ce qui se passe pour les habous des -villes, qui
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ARCHIVES
MAROCAI~ES
sont administrs par des nadirs nomms par le Sultan, et qui sont des fonctionnaires Makhzen. . Dans la rgion des Djebala, les nadirs des habous de mosque ou des habous de marabouts, 'lui sont distincts, sont dsigns par la Djemila de chaque village, moins qu'il ne s'agisse du nadir charg de l'administration des habous du principal marabout de toute une tribu ou d'une fraction, auquel cas ce nadir estdsign par la tribu toute entire on pa,' la fraction. Il se trouve en effet dans chaque tribu un ou quelquefois plusieurs marabouts d'une grande importance, qui sont considrs comme appartenant non pas au village o ils se trouvent, mais la tribu toute entire ou une fraction de cette tribu: Dans les tribus que nous tudions, ces marabouts sont les suivants : En Ehl Serif, la fraction des Oula'ougin ou Set/gin (ceux d'en bas), de la plaine, a pour marabout principal Sidi Bou Beke,' elDjanati, qui est au dchar de Gaza, on Djaza. La fraction des Fouqan)'in, de la montagne, le marabout de Sidi Ali ech Chelli, au dchar de Bou Djedian. La tribu des Rhona a Sidi Ahmed Mecbah; celle e arar, Sidi Ali ben Ahmed; celle de Memouda, Sidi Ahmed ben Assa ~Ioula Chab; les Beni Gorfet, Sidi Omar (;halan ; les Soumata, Sidi el-l\Iezouar; les Deni Ysef, Sidi Yser et-Tlidi ; et les Beni Zekkar, Moulay Abdallah el-Ghazouani. Les habous des biens de mosques sont en gnral plus imporlnnts que ceux des marabouts. Les donataires prfrent en efTet constituer des habous en faveur de la mosque du village qu'en faveur du marahout, parce que les habous de la mo~que sont, au cas chant, tout entiers la dilposition de la Djema; de la communaut, tandis que . les descendants du marabout prlvent une large part, en gnral la moiti, des revenus des habous de leurs anctres .. C'est un fait intressant constater que, malgr leurs sentiments religieux, ou plus exactement malgr
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leur croyance superstitieuse en la baraka du marabout de leur village o de leur tribu, les Djebala prfrent augmenter les habous de la mosque, qui constituent pour leur communaut une sorte de trsor, de Bit el-Mal particulier. On retrouve encore l le sentiment de communaut restreinte leur village, qui est une marque distinctive trs nette de la conception musulmane des Djebala. Un grand nombre de marabouts n'ont mme pas de habous; dans ce cas, ils n'ont pas de nadir, mais un simple moqaddem, qui recueille les offrandes des fidles et qui s'en sert pour l'entretien du tombeau du saint. Ce moqaddem est galement dsign par la Djemda du village ou, s'il s'agit d'un mara]JOut trs important, par la fraction ou par la tribu tout entire. Les biens habous des- mosques ou des marabouts se composent de champs, de jardins, d'oliviers, de vignes, de vergers et de troupeaux. L'exploitation de ces biens est dirig-e par leur nadir, qui loue les terres qu'il ne peut pas cultiver; cette location n'est jamais faite moyennant argent, mais toujours bel-khobza, c'est--dire moyennant une part proportionnelle' de la rcolte. Le nadir peutgltlement louer leB oliviers dans les mmes conditions; il aSSUl'e de mme l'exploitation des jardins et des vel'gers conformment aux usages locaux, que nous examinerons plus loin. Ainsi que nous l'avons dit, si le marabout enfa\"eur duquel ont t constitus les habous a une descendance, une partie du revenu de ces habous lui est attribue, mme si elle habite en dehors de la tribu; une partie de ce revenu est galement employe l'entretien du tombeau du saint, et le reste est vers au nadir des biens de la mosque et ajout par lui aux revenus de cette mosque. Il faut ajouter que, et c'est le cas le plus frquent, si les biens habous sont juste suffisants dans leur totalit il entretenir la descendance du marabout, ils lui sont com-
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ARCHIVES MAROCAINES
pitement attribus. Les revenus des biens habous de la mosque sont attribus l'entretien de cette mosque, la nourriture des htes; ils servent surtout la constitution d'un vritable trsor de guerre pour chaque village. Dans toutes les Djamdas, mosques, des villages de la montagne, se trouve emmagasine une provision de poudre, de balles, et maintenant de cartouches. De plus, la vente des produits des habous de la mosque, huile, crales, etc., sert acheter des armes aux habitants du village qui sont de notorit puhlique trop pauvres pour faire cette dpense. Les provisions d'huile et "de crales" runies par les soins du nadir des biens de la mosque sont administres par lui de la faon suivante: afin d'viter qu'avec le temps ces produits ne subissent un dommage et ne deviennent inutilisables, le nadir fait aux gens du village des prts en nature qui lui sont restitus la rcolte. De cette faon, les provisions de la mosque se composent toujours de produits frais et utilisables. Les revenus de la mosque comprennent galement des provisions d'olives sales, de figues et de raisins secs provenant des rcoltes de ses proprits; les fruits peuvent tre avancs pour tre rembourss en nature ou tre vendus, en cas de ncessit, avec le consentement de la Djemda. Le btail appartenant la mosque peut galement tre emprunt par les habitants. Les prts se font surtout dans le cas d'un mariage, d'une naissance, d'une circoncision, d'une rjouissance quelconque qui exige une consommation suprieure la consommation usuelle et des dpenses extraordinaires. De mme si, pour rgler certaines affaires, la Djemda du village doit recevoir une Djemda voisine, la fraction une autre fraction, ou la tribu tout entire, une dputation d'une autre tribu, pour parer aux dpenses extraordinaires de ce fait, chaque Djemda emprunte aux provisions de la
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mosque ce qui lui est ncessaire pour faire honneur ses htes ; on emprunte mme la poudre ncessaire aux salves de rjouissance pour les ftes. Toutes les avances ainsi faites aux habitants, y compris la poudre pour les rjouissances, sont religieusement rembourses aux biens de la mosque. Par contre, les provisions de guerre, poudre, balles, cartouches, fournis par les habous de la mosque pour la dfense du village ou de la tribu ne lui sont pas rembourses. En cas ~ de disette ou de famine, les provisions de ]a mosque sont distribues aux habitants du village selon leurs besoins; il est pris note des avances faites chacun, qui doivent tre rembourses. Seules les munitions employes pour la dfense du territoire ne constituent pas une avance, un prt fait la communaut, mais au contraire sont l'utilisation prvue des biens habous. Les Djebala ont l'habitude de dire que la mosque est comme une veuve riche qui habite au milieu d'eux. Ses biens sont sacrs; on peut lui emprunter, la condition de lui rendre scrupuleusement son bien ; mais d'autre part, comme elle est femme et qu'elle ne peut se battre, elle remplace l'impt du sang qu'elle ne peut payer, en contribuant de son argent sa propre dfense et celle du village. Cette contribution des habous, qui fait de leur trsor un Bit el-.Mal populaire s'levant pour ainsi dire en face du Bit el-Mal el-Mouslimin, devenu le trsor du Makhzen au lieu d'tre celui de la communaut musulmane, n'tait pas spciale aux tribus de montagnes. Dans les villes, les biens habous de chaque mo~que taient autrefois, comme ils le sont encore aujourd'hui chez les Djebala, administrs par un nadir particulier. Ce nadir tait investi de ses fonctions par les habitants du quartier o se trouvait la mosque.
ARCH. MAROC.
III
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ARCIIlVES MAROCAINES
De mme que dans les tribus de montagnes, ces habous formaient la communaut de chaque quartier un trsor, qui permettait aux villes d'acheter des armes et des munitions et d'organiser leur dfense en cas de guerre, et, plus souvent encore, de rsister l'autorit du Makhzen et de lutter contre lui. C'est avec les fonds des habous qu'ont t alimentes la plupart des rvoltes. Pour mettre Hn cet tat de choses, les Sultans Filala ont progressiyement remplac dans toutes les villes les nadirs de chaque mosque par un seul nadir, nomm par eux et n'ayant plus rendre compte des biens dont ils avaient l'administration qu'au Makhzen lui-mme. En un mot, les biens habous des villes ont t retirs la surveillance des communauts de quartiers et leurs revenus ont t pris dans l'engrenage du Makhzen, o ils n'ont pas tard disparaitre. Il y a longtemps que les ~villes ne possdent plus de tlsor leur permettant d'acheter des armes et des munitions et de lutter contre le Sultan. Chez les Djebala, cette organisation communale bas sur les biens de la mosclue est au contraire entirement conserve.
3. -
On a pu se rendre compte que les Djebala ne sont pas riches et qu'ils n'ont pas de besoins. Leurs transactions commerciales ne sont donc pas importantes et il ne s'y traite pas ce que l'on appelle propremf'nt parler des affaires. Tout le commerce se borne la vente des quelques produits du sol, qui sont, pour la plupart, utiliss par la conSOHl/lIation locall', et il l'achat de quelques objets de
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premire ncessit, qui, tant donne la manire de vivre trs simple des hahitants, ne suffisent pas constituer un march considrahle. De plus, le peu de scurit des rgions des montagnes et la moralit douteuse des hahitants, surtout dans leurs relations, avec les trangers la trihu, rendent impossihIes toutes garanties srieuses et par consquent le fonctionnement d'aucune espce de crdit. Tout se fait au comptant et, sans qu'il soit possihle d'valuer l'importance du numraire employ aux changes commerciaux, on peut affirmer qu'il est trs minime. En un mot, la rgion des Djehala, compltement ferme, est encore moins mise en production que le reste du Maroc, et le pays tant par lui-mme moins riche que les plaines, son importance commerciale est des plus mdiocres. Cependant, aux dires des anciens du pays, les hesoins des Djebala ont augment heaucoup depuis une vingtaine d'annes. Avant cette poque, il n'y pntrait ahsolument aucune marchandise europenne, et le paJs vivait entirement sur lui-mme, sans rien recevoir et sans rien donner. Depuis cette poque, les marchandises europennes ont commenc pntrer dans la rgion des Djehala. Il faut citer en premire ligne les fusils europens de diffrents modles et les cartouches; introduits en contrehande par Ttouan, Tanger, Larache et Arzila, ces fusils sont vendus des prix trs levs, pour couvrir les risques courus. :Malgr ces risques, il est ('crtain que la contrebande d'armes est encore aujourd'hui un des commerces les plus rmunrateurs. Outre les armes, ont galement pntr dans la montagne le sucre, le th, les bougies, les pices, les allumettes, les cotonnades et muH' des mousselines, du drap et c/uelques soieries.
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ARCHIVES MAROCAINES
On y apporte aussi du fer, de l'acier en barres, du soufre et du salptre. Les produits exports par les montagnards varient d'importance selon les tribus, ce que nous indiquerons plus loin; ce sont: les peaux de chvres, l'huile, la cire, les raisins secs, les figues sches, le bois btir et brler, les olives, les raisins, les figues, le charbon de bois, le tan, les ufs, les poules. Certains de ces produits taient apports au march d'EI-Qar, une assez petite quantit d'ailleurs, mais depuis que l'tat d'insoumission des tribus est presque nettement dclar, les Djebala vont surtout Tanger et Ttouan, o ils peuvent aller sans crainte d'tre inquits par le Makhzen. Les fruits frais, qui ne supporteraient pas un aussi long transport, sont vendus sur les marchs de la tribu. Pour les produits imports, les marchs des tribus sont aliments par les revendeurs appartenant eux-mmes ces tribus, et qui vont s'appro\'isionner EI-Qar, Ouezzan, Ech-Chaouen, Tanger et Ttouan. Des marchands trangers aux tribus apportent galement des marchandises aux souqs et y achtent des produits du pays. Les armes ne se vendent gnralement pas dans les marchs, et les Djebala vont eux-mmes les acheter dans les villes; cependant il arrive quelquefois qu'un Djiheli veuille vendre un fusil en vente publique; dans ce cas, il l'apporte au march, et afin que l'on sache que le fusil est vendre, il lui attache au-dessous du guidon un petit morceau de ficelle de palmier nain (cherkat ed-doum). Cela rappelle le nud de paille que l'on met dans nos marchs de France la queue des chevaux vendre. Les autres marchandises se vendent aux diffrents marchs et se trouvent galement dans les villages d'une certaine importance. Cela ne veut pas dire qu'il y ait dans les villages quoi que ce soit flui ressemble des maga-
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sins ou des boutiques. -On trouve simplement les quelques marchandises courantes dans les maisons de ceux qui vont les vendre aux marchs de la rgion. -Les marchs de la rgion des Djebala n'ont pas le mme aspect ni les mmes usages que ceux des tribus des plaines, que nous avons dcrits dans Les tribus arabes de la valle du Lekkous t . C'est ainsi que les marchs des montagnes, beaucoup moins importants que ceux des plaines, ne prsentent pas comme eux l'aspect d'une ville de tentes, qui s'lve le matin pour disparaftre le soir. Les quelques rares tentes qui se voient aux marchs des Djebala sont d'abord celles des marchands juifs aux deux seuls marchs o ils soient admis: l'Arbaa de Sidi Bou Beker, et le Khemis de Bou Djedian, en Ehl Serif, puis celles de quelques marchands trangers ne venant pas habituellement ces marchs. Quant aux marchands habituels, ils ont des nouailB, cabanes de roseaux recouvertes de chaume, tablies poste fixe. Sans tre propritaires du terrain, qui appar~ tient la tribu, chaque marchand a sa noua/a attitre, qu'il a fait construire ses frais, et qu'il occupe chaque jour de march. Contrairement ce qui se passe aux marchs des tribus arabes des plaines et des villes, les chevaux, nes, mules et mulets ne sont pas vendus aux enchres, mais de gr gr comme le btail. Comme nous l'avons vu, les autorits eUes-mmes n'ont pas de tentes; ces autorits se tiennent sous des oli viers sauvages, dans la partie leve du BoUq. Chaque olivier, berri, a ,a destination fixe; l'un est leberri du Cheikh, l'autre celui du Qadi; il y a celui des Adoul et celui des notables; il Ya enfin celui qui constitue la prison,
1. Arch. maroc., t. VI, p. 251.
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SOUS
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lequel vont s'asseoir les condamns du Cheikh ou du Qadi. Ces oliviers sont les seules prisons qui existent chez les Djebala. Dans les tribus arabes, au contraire, le Qard ou le Cheikh transporte a"ec lui dans les marchs une longue chane carcan, o il attache par le cou ses prisonniers. Ceux qui payent sont relchs; les autres sont trains en longs chapelets de marchs en marchs jusqu' ce que le Qard rentre chez lui; il les met alors en prison dans un grand bit, chambre construite en moqdar, briques crues, recouverte en chaume. Il fait mettre alors ses prisonniers les fers aux pieds, les kebal, et leur fait remettre la chane au cou pendant la nuit. Tout ce luxe de ferrailles n'existe pas chez les Djebala. Dans les cas trs gl'aves seulement, vol, assassinat ou adultre, si le coupable n'a pas ~t tu immdiatement, s'il n'a pas pu se rfugier dans quelclue sanctuaire et qu'il ait t arrt et conduit chez le Cheikh, c'est l qu'il est incarcr. Dans ce cas, le Cheikh, par mesure de prudence, met les fers aux pieds cIe son prisonnier. Comme il n'a pas de fers makhzen, les kebal, qui se composent de deux anneaux cIe fer qui se rivent aux chevilles et qui sont relis par une barre de fer de 0 m. 50 de longueur environ, il se sert des fers que l'on lIlet aux chevaux pour les empcher d'tre vols et que l'on appelle el-Gaid 4J1, et qui se composent de deux anneaux se fermant clef et relis par des chanons trs pais. Le pri:-;onnier, pencIant le jour, se tient hors cIe la maison l'lOUS ln chriba, prolongement du toit de chaume; il peut mme sortir a'"cc ses entraves et aller dans le village, si bon lui semble. Le soir, le Cheikh le fait coucher dans une chambre; il lui donne ce qui lui est ncessaire pour se couchc'r et le nourrit, tandis que les prisonniers des gouverneurs des villes et des tribus de plaines sont nourris par lenrs familles ou sont rduits mendiel' dans leur pI'isOIl ponr ne pas mourir de faim. Les affaires les
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plus graves s'arrangent gnralement, grce l'intervention des Chorfa et des notables, moyennant paiement d'une certaine somme d'argent. Cependant, si l'honneur d'un(~ famille est compromis et que cette famille ait une certaine importance, il est rare que le coupable ne soit pas tu d'un coup de fusil par un membre de cette famille offense, fLit-ce dans la maison mme du Cheikh. Pour les affaires de Chera, c'est-dire relevant du tribunal du Qadi, si une des parties refuse de comparaltre devant ce magistrat, il y est oblig par sa Djema sous peine de voir ses biens confisqus. De mme si, le jugement rendu, la partie condamne refuse d'excuter la sentence, le Qadi fait crire par les Adoul un document constatant le refus de lui obir, la .lJIenda Chrda, et fait excuter son jugement par la Djema du condamn ou, d'accord avec elle, exerce une saisie suffisante excuter le jugement rendu. Les procs qui se droulent aux souqs sous le berri du Cheikh ou du Qadi, les discussions relatives la rpartition des charges de la tribu, ou sur les mesures prendre dans son intrt, tout cela ne laisse pas que de donner ce coin du souq une animation particulirement bruyante. Les disputes sont frquentes qui, commences entre deux individus, finissent par se gnraliser tous les assistants. Il arrive mme qu'attirs par le bruit, tous les gens du souq refluent vers les oliviers; les uns crient, les autres interrogent, des incidents nouveaux se greffent sur l'incident initial qui est quelquefois compltement perdu de vue. Tout cela fait un vacarme aSSOut'dissant, il semble que cela va se terminer par une bataille gnrale, puis petit petit le bruit se calme, les'gens s'en vont, chacun retourne 8es petites tl-ansactions intel'roIDpues et tout rentre dans l'ordre, momentanment. Les choses cependant ne se passent pas toujours aussi bien; un coup de fusil maleDt~ontreux tir par un imprudenl.
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ou quelquefois simplement par un maladroit peut suffire, surtout si quelqu'un est atteint, pour produire une dtlagration gnrale. Mais il faut reconnatre que ces accidents sont assez rares et c'est vraiment miraculeux, tant donn le caractre irascible et la vritable brutalit des Djebala, qui arrivent tous aux marchs avec leurs fusils. La monnaie hasania (frappe sous le rgne de Moulay el-Hasan) a seule cours chez les Djebala. La monnaie aziziya, frappe sous le rgne de Moulay Abdelaziz, qui ne ressemble pas la monnaie hasania et dont les pices de un ral (0 fr. 25) et deux raux (0 fr. 50) portent un anneau e Salomon. est refuse. Les sous marocains, frapps par :Moulay Abdelaz~ et qui sont partout dprcis, n'ont absolument pas cours chez les Djebala, qui n'admettent comme monnaie de cuivre que les anciens felous qui sont compltement retirs e la circulation dans les ports et mme dans les villes de l'intrieur et dans la plupart des tribus des plaines soumises au Makhzen. En tudiant chaque tribu sparment, nous indiquerons les marchs qui se trouvent dans chacune d'elles, et nous examinerons les poids et les mesures de capacit et cie longueur employes respectivement dans les marchs. Ces poids et ces mesures sont en effet diffrents, non seulement dans chaque tribu, mais il arrive souvent que les poids et les mesures des' divers marchs de la mme tribu ne soient pas les mmes, ou que les mesures d'une denre soient semblables dans plusieurs marchs, alors que les mesures d'une autre denre sont diffrentes. Les' mesures des diffrents marchs du Khlot varient galement entre elles l, et il serait peut-tre possible, eD tudiant soigneusement toutes les diffrentes mesures qui
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cr.
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valle du Lekkou8.,
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se trouvent dans les marchs-de la mme tribu, de retrouver les divers ~lments dont se compose cette tribu, en admettant que ces lments aient conserv les mesures de leur tribu d'origine. On peut remarquer par exemple que le moudd de bl, du souq Djemid et-Tolba, dans le Khlot, est le mme que celui du souq du Khemis de Boudjedian, en Ehl Serif, et que ces deux marchs" quoique situs dans deux tribus diffrentes,' sont trs rapprochs l'un de l'autre. . D'autre part, les qollas,mesure pour l'huile, des trois marchs de la tribu d'Ehl Serif sont les mmes, alors que leurs mesures de grains diffrent.
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De mme que dans le Khlot, les terres de labours peuvent tre loues moyennant une somme d'argent, beL-kl'd, moyennant une part proportionnlle sur le produit de la rcolte, bel-khobza. Cette deuxime fOl'me de location est plus usite (lue la premire dans les tribus de montagnes. Il s'y fait galement de la culture par association, moucharaka, mais, tant donn que ni les Europens, ni les Juifs ne pntrent dans les tribus de montagnes et qu'ils ne peuvent pas y avoir d'intrts', l'association chez les Djebala n'existe qu'entl'e les indignes. Elle y revt les diffrentes formes que nous avons exposes dans Les tribus arahes de la valle du Lekkous l )). Les rgles qui rgissent les conditions des laboureurs, Khammas, sont galement les mmes que celles que nous avons indiques dans cette tude. La plupart des tribus dont nous nous occupons ont leurs labours dans les tribus arabes de la plaine. Les Djebala aiss sont propritaires de terres dans ces tribusde plaines; leurs laboureurs et les animaux de labours sont installs dans un village arabe proximit de ces terres; ils viennent eux-mmes s'~tablir dans ce village au moment des rcoltes et du dpiquage. Ils transportent ensuite les grains danl;l la montagpe. Ceux qui ne sont pas propritaires de torres dans la plai~e fOnt des associations de labour avec des .\rabos. Les h~bitants des Beni Gorfet, Ehl Serif, arcar, Soumata, Beni Ysef, labourent dans le Khlot; Me\~ mouda ;dans le Gharb; ceux des Rhona labourent daus leur .,f. , . 1 tribu; ils ont, ainsi <lue nous l'avons dit, fortement dbois depuis une vingtlain' d'annes pour augmenter l'tendue de leurs champs. :Mais les Djebala labourent galement dans la montagone ; le labour est fait <:plUme celui de la plaine, avec des mules ou des illureaux. ' , ,,
1...lIch. lIIuruc., 1. VI, p. 28,'i cl seq.
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A propos du labour fait par les taureaux, il est fail'e une remarque assez curieuse. Dans les tribus d'Ehl Serif, de Rhona, des Beni Gorfet, Memouda, Carcar, Beni Zekkar, le taureau du labour est attel par la nuque, comme dans le Khlot, les Beni Malek, les Sefian et dans les autres tribus nrabes. Dans les tribus des Beni Ysef et des Soumata, le taureau est attel par les cornes; 11 est attel par les cornes galement dans les tribus montagnardes des Ghezaoua.. des Akhmas, dans le Rif, dans les Chaouia, Abda, Doukala et chez les Guerouan. Il semblerait donc que le procd qui consiste atteler le taureau de labour par la nuque a t apport par l'lment arabe et que ce procd a pntr dans certaines rgions;' mais que les Berbres avaient l'habit'ude, qu'ils ont conserve; d'atteler leurs taureaux de labours par les cornes.' , Dans les terrains pierreux ou trs en pente, les gens pauvres, qui n'ont pas d'animaux et qui n'ont pas d'autres terrains, font les labours ;'la main aveo des hches recourbes, fas; hommes, femmes et enfants s'emploient , ce travail, et les familles s'entr'aident pour l'aCcolnplir. La culture dite bekri (prcoce), qui se fait en automne, comprend l'orge, le bl, le khlel, mlange de bl etd'orge sems en mme temps, les fves, et le iabacdans les jar.. dins. La culture tardive, ma::ouzi, (ui se fait au commencement du printemps, 00 plus exaCtement la fin de l'hh-eJ', comprend les poids chiches, hames, les lentilles, ad~"les pois, djoulban, le doara, le mals, lourk;a, le haricot 'blanc\ loubia, ainsi que quatre semences dont nous n'avons pM pu connattre la nature exacte :', l'achentil't la chqlia, sorte de petit bl; la kersanna et la kerfalla', 'qui sen'ent nourrir les taureaux et les mules de labou.. ; la k,rfall(( sert galement faire une ba;ar, Aorte de pure l'.huill' que mangent les Djebala.
1. Vesce.
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A la fin de la culture du mazouzi, on fait des semis de chanvre, qanneb, et de lin, kittan 1. A la mme poque se cultivent galement les melons, les pastques et les potirons. Cette culture, qui se fait dans les endroits appels beheirat 2, donne dans la montagne des rsultats assez mdiocres, comme d'ailleurs la plupart des labours qui y sont faits. Seuls le chanvre, le lin, le tabac et le kif sont d'un produit rmunrateur; les autres cultures suffisent 4 peine faire vivre ceux qui s'y livrent; le seul labour vraiment srieux est celui que les Djebala font dans les tribus arabes de la plaine. C'est galement au mois de mars que se fait la culture ~u kif dans les jardins; nous nous en occuperons, ainsi qy.e du tabac; en traitant des cultu res potagres. Le chanvre et le lin, les haricots blancs, sont irrigus: ces derniers sont cultivs dans les jardins; on fait aussi dans la montagne de la culture de coton qtoun, ~I, mais en trs petite quantit et dans les jardins. Ces petites plantations sont galement irrigues. Nous reparlerons de cette culture en nou's occupant des jardins, et de l'usage fait du coton en traitant des petites industries locales. . La rcolte, les moissons, le dpiquage, se font comme dans les tribus des plaines; nous les avons dcrites dan" Il Les tribus arabes de la vall~ du Lekkous )). .La chqallia et l'achenlil ne sont pas coups la faucille comme les autres crales, mais arrachs avec leurs racines. Us .ne se dpiquent pas comme le bl. Au lieu d~ les dpiquer l'aide de chevaux et de mules, on met au milieu de l'aire un tronc d'arbre d~ plusieurs mtres de longueur, ,couch horizontalement sur deux pices de bois, on prend les gerbes par la racine et on frappe l'pi
1. Le lin de ce pays servail taire des Unui qui s'expoflaienl 8D Ilalie. RelJue africaine, 1869, ouvrage ciU, p. lM. 2. cr. AI'ch. mal'Oc.,. Les tribus arabes de la valle du Lekkous., p. 98.
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sur ce tronc d'arbre jusqu' ce. que les grains s'en dtchent.
potag~re.
Il Y a deux espces de jardins: le ghara et le djendn. Les gharaci sont des jardins pOtagers; ils se trouvent dans l'intrieur des villages; chaque maison a son ghara, entour d'une haie forme de branches d'arbres relies entre elles par de la corde de palmier nain; ce jardin potgel' est contre la maison, avec laquelle il communique gnralement; une autre porte, pratique dans la haie, permet d'entrer dans le jardin sans entrer dans la maison. On cultive dans ces jardins des oignons, de rail, des choux, des navets, des radis, des carottes, des piments rouges; on y fait quelquefois, sans prjudice de la culture de la beheira, qui se trouve en dehors du village, quelques melons, pastques. citrouilles, un peu de fvel!l et de mals. C'est gltlement dans le ghara qu'est faite la culture du tbac et du kif (chanvre indien); il s'y trouve aussi quelques arbres- fr.uitiers, tels que pruniers, pbmmiers, poiriers, abricotiers, pchers, grenadiers, et quelques plants de vign~s. Les arbres fruitiers que nouS t'enons d'num, rer sont en trs petite quantit dans les jarins, il ne ~'y tr01,lve gure qu'un oud~ux arbres de chaque espce. '. Le coton est galement cultiv" (Jans les glittraci; ceux qui s'adoBnent particulirement li cette culture en font mme des jardins entiers, sans y cultiver antre chose. La culture du tbae et du kif a une certaine importance. Le tabac est plant en ppinires; il est sem au'cani-' mencement des liali (milieu de dcembre). Le terrain qui doit recevoir cette graine est beh avec soin et retourn plusieurs fois, puis' fumav~ de' l'ent 3 ..
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grais animal jon y sme la graine de tahac, pralablement mlange avec la terre; on l'tale avec un balai de hranchages et on recouvre la semence d'engrais, de faon cc qu'elle soit place entre deux couches de fumier. L'endroit ensemenc ~st ensuite recouvert de hranchages, pour empcher la semence, qui est trs lgre, d'tre enleve par le vent. Lorsque les pousses de tahac ont quatre feuilles, on les enlve avec prcaution de la ppinire et on les transporte dans un autre tel'rain labour deux fois la charrue et de plus bch avec soin de faon hriser les mottes de terre; ce terrain est alors fum et retourn la hche encore une fois pour mlanger l'engrais la terre, Quand les plants de tahac ainsi repiqus ont atteint une yingtaine de centimtres de hauteur, on les entoure de terre leur hase, afin d'empcher les racines d'tre dessches par le soleil et pour fair.e s'taler les feuilles, La culture du tabac se fait dans n'importe quel terrain; elle n'exige ni arrQsage, ni irrigation. A partir du mois de mai, les premires feuilles de tahac commencent jaunir; eUes .sont arraches au fur et mesure qu'elles jaunissent; onanache toujours les feuilles de tabac jaunies dans l'aprs-midi, afin qu'elles aient t sches par le soleil et dbarrasses de l'humidit de ln nuit, Sans cette prcaution, elles pourriraient. Cela dure jusqu'en juin. Les f(~uilles de tabac ainsi rcoltes sont runies par trente ou quarante feuilles places les, U,lles sur les autres plat et attaches ensemble par leur tige l'aide d'une ficelle de palmier p.ain. Les feuilles de tabac sont onserves de la faon suivante: on met, soit sur le sol mme de l'aricha, grenier de la nlaison, soit au.. .fond d'une aoulla, grande corbeille de roseau, une couche d feuilles de lentisque puis une couche de feuilles de tahac attaches comme nous l'avons dit prcde~mentt puis une autre couche de
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RGION DU HABT
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feuilles de lentisque et ainsi de suite, de faon ce que la couche suprieure ~oit de feuilles de lentisque, afin de protger le tabac. La tige des plants de tabac, dpouille de ses grandes feuilles ne donne plus que quelques petites feuilles dans le haut, que l'on laisse; elle fait une fleur jil1'.lft li sOn'sommet vers la fin de juin; on laisse la fleur tomber et lorsque la graine, qui est contenue dans une enveloppe, est sche, on coupe la tige 20 centimtres du sorl'net; les hauts de tige avec la graine sont runis dans Un couffin, qui est ensuite CO'9stt et suspendu; ce n'est qU'lItllnomnt de semer que l'on grne la semence qui, si eUe taitgrne auparavant, perdrait' de sa force et ne germerait plus. Il y a trois espces de tabac : Taba el-Kelamia (des Ketamaou Koutama), grandes feuilles de 0 m. ftO de long sur 0 m. 18 de large; ce tabac f:Jel't exclusivement aux fumeUrs de kif; il est jaune. Taba el-Meqabia.,:de Meqaceb, nom de deux villages d'o provi~nt c tabac;' Itun en Ghazaoua, l'autre en Beni Mestan.:' feuilles de 0 m. 15 d long sur 0 m. 08 de largeur. Sa feuille deV'fetrt noire en schant et sert li faire du tabac priser. Oudinat el-fa,' (l'Ol'eille de rat), de 0 m. 1.0 de long sur 0 m. 08 de largfmr, devient galement noire en schant t ne sert qu'au tabac priser. "' )~ , Un priseur consomme en m;oyenrie un quart d'onepar jour, 16 oncs la livre; 64 pri''ursc'onsommenF une livre de 500 grammes; 128 priseurs consomment tilt Idlo:' gramme. . "'.. En admettant qu'il y ait au Ma~oc' Mo.OOO priseurs, ceia ferait une consommation d'nviron'2.9lt5 kIogranunel!t par jour. Le nombre de fumeurs de kif qui consomment .du tabac indigne est peu prs le m~me, Itii' ilsonsomment' moiti moins de tabac' qu~ les priS'uri~'Jlrcon. sommation journalire s'lve donc
a~ =1.112,;). La
'. 235'
'~.. '
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consommation totale journalire du tabac indigne serait donc de 2.345+1.172,5 =3.517,5 kg., soit, par an : 3 517,5 X365 = 1..283.887,5 kilogrammes. Le tabac indigne en {euilles se vend dans notre rgion de une peseta hasani. 2 p. 50 la livre de 500 grammes selon sa qualit; le tabac priser, de il 5 pesetas hasani la livre de 500 grammes. Le commerce du tabac indigne en feuilles et pris~r s'lverait donc une dizaine de millions de pesel#ls hasani. Les principaux centres de production du tabac sont le Rif, les Cenhadja,les Ghomara, les Akhmas, les GheZaoua, les Beni M~stara, les RhoDl~. Ces trois dernires tribus cultivent le tabac et introduisent celui qui est produit par les autres tribus. Le tabac est galement cultiv, mais en moins grande quantit, dans toutes les a~tres tribus des Djebala. Le kif vient de. prfr.ence dans les terrains pierreux; on le sme la fin de l'hiver, l'poque appele Che/oua el-akhria, aprs les liali. Le terrain est labour; il est inutile de lefumer,la semence du kif doit tre galement mlange de terre, mais n'a pas besoin d'tre recouverte de branches. Vers le mois de mai, au moment o le kif fait son pi, il faut en chasser les moineaux, qui en sont trs friands. Lorsqu'il est m1ir, en juin, on arrache le kif, on ne le coupe pa$. Le kif ainsi arrach est runi en ballots et entour de pa~lle longue ou de jonc; il peut tre conserv ainsi pendant plusieur~ annes, condition d'tre protg oontre les rats et coutre l'humidit. Il y a plusieurs (IU~lits de kif; les plus rputes parmi ~. les fumeurs sont : Le kif Z ouaqi, qui tire son nom du dchar des Zouaqin, en Beni Mesta~a. Ce kif, do,J;lt la plante n'a pe,s plus de 50 centimtres de hauteur, semble tre le vritable chanvre nain, ou chanvre indien.
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Le Khaldi des Beni Khalled. Il y a deux villages de ce nom, l'un chez les Beni Mestara, l'autre au arcar. La plante de ce kif est plus haute que la prcdente. Il existe encore un grand nombre de qualits de kif, plus ordi. naires, dont la plante atteint une grande hauteur et ressemble au chanvre COplmun. Les fumeurs utilisent seulement l'extrmit suprieul' de la tige, avec quelques petites feuilles et la graine qu'ils hachent trs fin avec des feuilles de tabac; ils fument ce mlange dans une petite pipe de terre cuite appelecheqaf, emmanche au bout d'un long tuyau, ,eb,i. Les grandes feuilles, sches et piles et mlanges avec du sucre en poudre, constituent le hachich. La dcoction de graine de kif mlange des pices et du miel, le tout cuit ensemble, forme ce que l'on appelle le maad joun, confiture enivrante et excitante dont les Marocains, riches et pauvres, font une assez grande consommation.
Le Coton
t.
, Le coton, est cultiv dans les jardins (gharca) ou dans on endroit proximit d'un village, afin d'empcher les vols, d'une part, et, d'autre part, la destruction par les animaux sauvages ou par malveillance. Autant que possible, on sme le coton dans un terrain plac' dans le voisinage d'une source ou sur le passage d'un ruisseau en provenant et permettant l'irrigation.
1. Il est peu probable que le cotonnier ail exist en Afrique pendant la domination romaine..... Bien plus tard, c'est--dire pendant l'occupation muaulmane, oD voit paraUre le coton' en Afrique et cette fois avec toute certitude, car les chroniqueurs arabes sont unanimes sur ce point et dsignent les localits o cette culture est particulirement active. (R,uaafriealn" lt169, L'Afrique ancienne ., de M. F. LACROIX, pp. lM
et 186.)
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Cette irrigation n'est pas indispensable, mais elle est prfrable. Si la culture est importante, le labour est fait la charrue et les mottes de terre brises ensuite la bche; sinon, tout le travail est fait la bche, mais il est ncessaire que le terrain soit trs travaill. En gnral, le terrain est ensuite fum; il est arriv cependant qu'on ne mette pas d'engrais. Il faut que la semence soit lgre, c'est--dire peu abondante; on sme la vole, si le terrain est grand; s'il ne s'agit que d'un jardin de petites dimensions, les semences sont enterres la :main peu profondment etspare& l'une de l'autre d'une palme, c'est--dire de 0 m. 20 environ. Le labour pour la plantation du coton se fait vers le milieu de fvrier; les semailles se font en mars. On ne prend aucun soin de la plantation pendant l croissance du coton, si ce n'est d'enlever les mauvaises herbes. A la 6n mars ou au commencement avril, le plant commence monter en poussant des petites branches latrales; il se dveloppe ainsi jusqu' la fin mai; cette poelue il atteint son maximum de croissance et produit son extrmit supriem'c une petite fleur rouge. Des petites boules de la grosseur d'une noix environ poussent sur les branches latrales: ce sont les enveloppes du coton, au milieu duquel se trouve la semence. , La maturit commence par les branches infrieur~. On sail que les produits d'une branche sont mrs lorsque le coton brise son enveloppe et commence en sortir; on dtnche alors les cocons mlrs en les coupant avec des ciseaux ou un instrument tranchant i on ne les arrache pas. C'est au mois de juillet que commence cette rcolte, elui se continue au fur et mesure de la maturit des cocons jusqu'au mois d'aotH. I.es cocons ainsi rcolts sont placs avec soin shI' une lIulle, sur un tapis ou sur un hak, dans une chambre. On'
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les y laisse ainsi, sans les dpouiller de leurs enveloppes, pendant deux mois environ, jusqu' ce que le coton soit compltement sec. A ce moment d'ailleurs, le coton sort seul de son enveloppe; on en enlve les graines qui s'y trouvent; .en mme temps on tale le coton et on le place en l'empilant soit~ans des caisses de bois, soit dans des corbeilles (souUa), quelquefois aussi on en fait des ballots avec des lellis (plur. tlaUs), sortes de tapis de laine de qualit trs ordinaire. Nous verrons plus loin, en nous occupant des industries des villages, la faon dont on travaille le coton, qui est vendu au poids par livre attari (l'etai attarl), c'est la livre de 2OJdouros, ou de 500 grammes. Dans les villes, EI-Qar, Tanger, Ouezzan, Fs, etc., il est d'usage de se servir, pour la vente du coton, d'une livre qui pse la livre allari moins une once (oaquia), c'est--dire 468 gr. 75.
Les Orangers.
Les jardins d'orangers, d'ailleurs assez rares, portent aussi le nom de gharaci (plur. de ghara); on dit ghara de lekhin, et non djen.an. Les plantations d'orangers sont faites tantt auprs deI villages, tantt loin selon le p.assage des ruisseaux pouvant servir l'irrigation. .'L'irl'i~tion des jardins d'orangers dans les montagnes, comme ceU. des jardins potagers, est toujours faite au moyen d'eau de source courante ; dans les seules' tribus. de Rhona et de Memouda, on trouve quelques Bouani (plur. de sania), norias, pour lever l'eau d'un puits dans
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un bassin, d'o elle est employe l'irrigation, mais ces norias sont une exception. A l'poque dite Cheloual el-oulia, c'est--dire la fin d'octobre, on fume les jardins d'orangers aprs avoir labour le terrain et l'avoir travaill la bche sous les arbres. Aprs la floraison, lorsque les oranges commencent se former, c'est--dire la fin mai, on prpare les travaux d'irrigation en traant en terre les petits canaux qui doivent amener l'eau. En t, se font les irrigations; la plantation est divise en plusieurs fractions; chaque, fraction a son tour d'irrigation tous les huit jours; lorsque les orangers ont compltement jauni, on cesse les irrigations. La culture des oranges est faite par un jardinier appel rebbaa, c'est--dire travailleur engag moyennant le quarl du produit. Lorsque les oranges sont mres, elles sont vendues sur l'arbre en bloc; trois quarts du prix sont pour le propritaire, un quart pour le rebbaa. Les jardins d'orangers sont clturs soit par des haies, soit, s'il y a des pierres proximit, par des murs en pierres sches.
Le Djenan.
Il Ya quatre espces de djenan, que les Djebala appellent avec leui' prononciation spciale: djenan d' zeiloun, jardin d'oliviers; djenan d',edjar, jardin de figuiers; djena~ d'dalia, jardins de vignes; djenan d'romman, jardin de grenadiers. Ces jardins, contrairement aux gharaci (plar, de ghara), sont en dehors des villages, une certaine distance. Ils ne sont clos' ni par des haies, ni par des murs, ni par des fosss. Les limites des plantations d'oliviers sont indiques par
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des tas de pierres placs de distance en distance; les jardins de figuiers, de vignes et de grenadiers sont spars les uns des autres par des chemins mnags par les propritaires mitoyens et qui permettent de gagner les diffrentes proprits sans traverser les autres, tandis qu'il est consacr par l'usage que les diffrents propritaires de plantations d'oliviers peuvent rciproquement traverser leurs proprits.
.L'Olivier.
Les oliviers se trouvent en trs grande quantit 1 dans toutes les tribus de montagnes, sauf chez les BeniGorfet o ils sont moins nombreux; ce.tte tribu a t compltement dboise pour augmenter les terres de labour. Les jardins d'oliviers sont, comme les orangers, travaills par des rebbaa, ouvrier~ qui ont, comme salaire, le quart du produit. Il y a cinq espces d'oliviers: Le Qorlbi ~.)JI, qui tire sans doute son nom de Cordoue; Le Bou Chouika~..r~, qui a une petite pointe, chouka., diminutif de chouka, la tte de l'olive;
1. Sans nou' arrter l l'origine mytbologlqueattribue par Silius Ualieus il l'olivier afrlc:a.ln,'nous pre.ons pote seulement de II localit o ee pote place la premire naturalisation de cet arbre dans la tyble. Quant il l'poque de cette naturalisation, il est impoSllible de la dt.e~ miDer. Ce qu'U y a de plus probable, c'est que, dkles premiers temp. de leur immigration en Afriqu, les Phniciens, qui sortaient d'un paya 011 l'olivier tait cultiv depuis la plus baute antiquit, trDaportrent cette culture dans leurs nouvelles possessions (Revue africaine; 1869, ouvrage cit, p. 96). . Devant la quantit cOllldrable d'olivieN sauvagellqutl l'ontl'Ouve dans tout le Maroc, on est amen mme il 88. demander si cet arbre a t rellement import et s'il n'est pas dne des productions nturelles du pays. En admettant celte hypothse, les Phniciens auraient simplement introduit en Afrique la grefJ'e de l'olivier.
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La Meslala ~~1. Cette' olive donne peu d'huile et n'est bonne qu' manger; Le Bou Berri 1S...t..Jb petite olive ronde; Le Berri IS~\, olivier sauvage. Les seuls soins donns aux oliviers consistent les fumer et les monder; le fumage se fait de la faon sui vante: la fin de l'automne, on creuse autour de chaque olivier un petit foss de 0 m. 60 de profondeur environ. On met dans ce foss du fumie.' ancien de chevaux, mules, chvres ou moutons. On laisse ainsi ce fumier, sans le recouvrir. pendant la saison des pluies. Au mois de mars, on rejette la terre dans le foss et onen entoure le tronc de l'arbre jusqu' 30 centimtres de hauteur environ. On ne fume l'olivier que tous les trois ou quatre ans Il L'mondage se fait la mme poque. Les oliviers ne sont pas irrigus. La reproduction des oliviers se fait par plants de boutures (ouled), ou par greffes. . Les boutures sont prises 8ur des arbres sains et vigoul'eux; on choisit une branche pourvue de bou~geons, on la coupe d'une longueur de 0 m. 80 environ; on entoure la partie coupe de bouse de vache et on la plante dans un tl'OU l'empli d'engrais pralablement et fortement tass; la partie de cette houture qui dpasse le sol de 50 centimtreti est ensuite recouverte de terre; le tout est entoul' de roseaux plants en terre et relis par le haut, qui forment une p.otection la bouture. L'poque pour faire les boutures varie suivant les terrains; dans les terrains humideH, on peut planter depuis le mois d'aOlit
1. On fumait I~olivier avec toute espce d'.ngral.., except l'excrment humain; mais eeUe opl'alion ne devait se faire que, tous les trois ans, Cas"iu~ Denis, dans lb" I!l-Aouam, d. Ballqueri, t. l, P. 288' tHl!uul! (tr,'/caine, 114;0, L'Afrhlue ancienne. Procds agricoles ., par al. FRDRIC LACIlOIX, p. 11G.
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jusqu'en dcembre, l'poque liali. Dans les terrains secs, les plantations ne peuvent tre faites qu' partir des Cheloua, fin octobre, jusqu'aux liali galement 1, Les plants d'oliviers sont faits une distance d'environ 15 mtres les uns des autres dans tous les sens, parce que, disent les indignes, les oliviers plants en boutures poussent en largeur plus qu'en hauteur et qu'il ne faut pas qu'ils se gnent les uns les autres 2. La reproduction par la gl'efIe, telqim se fait de deux faons: Telqim beZ'aoud; Telqim dirhem.
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On ne greffe que l'olivier sauvage: el-ber,., 3. Pour les deux greffes, on commence par laguer toute& les branches du berri, en ne laissant que les deux ou trois fourches qui se sparent du tronc et les bases des branches partant de ces fourches. La greffe par telqim se pra.
1. Le moment recommand par l\Iagon pour la plantation de l'olivier tait l'intervalle compris enh'e l'quinoxe d'automne et le solstice d'hiver quand on choisissllit un terrain argileux, sur la penle d'un coteau et dans une localit sche. Si, au contraire, on ne pouvait disposer que d'une terre Corte et humide ou arrose, on devait planter depuis la moisson jusqu'au solstice d'hiver. Magoni autem placet sieciA locis olivam aut mop08t aequinoctium seri, aut ante brumam. COLUMELLE, De arboribu., chap. XVII, 1. IR~vue a(rlMine, 1870, ACrique ancienne. Procds agricoles ., par
M.
FRDRIC LACROIX,
p.
ll-l.
2. Il fallnit. !aj,;"el' enh'e,les plants un espace de, 75 pieds (22 m. 20) en tous lens; dltn>! un lol maigre, dur, expos aux vents, un Intervalle de 45 )lieds au moiM (13 m. 32) Itleo LXX\" pelles Mal!fo intervallo ~edit undique : aut hl. 1J1acro 1JP10 sc duro, alqueventoilo . quum minimum XLV .. (PUNit, l, XVII, chap. XIX, 2). Rellue a(ricaine, ouvrage cil, p. 115. S. C'tait un ussge particutler, dit Plin.,,d'apr>l Magon, de ne greft'er l'olivier que sur l'oliviel' sauvage. On Caisait pousser le l'ejeton le plus propre celle opration et l'on CallOait de mme toutell les Cois qu'il en tait besoin. Ainai l'arbre primiliC revivait en un arbre nouveau et filS mmel'1 plnntation,; d'olivier>! duraient des Sicles. L'olivier sauvage Ile grelTait car Hcion,; et pm' Inoclllation. :\Cries peculiare quldem III oleostro e"t nserere .. Pline'(Helltte a(ritaine, 1870, ouvrage cit, p. 115).
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tique en faisant une fente chaque branche, dans laquelle on introduit une petite branche d'olivier j on place galement sur le ct de la branche du berri ainsi greffe une autre petite branche d'olivier; le tout aprs avoir frott l'intrieur de la fente pratique et l'extrieur de la branche elle-mme du berri avec une pulpe d'ierna afin d'empcher le bois de scher. On recouvre chaque branche ainsi greffe de terre mouille, ou mieux de bouse de vache; on entoul'e le tout d'un chiffon attach par une ficelle. La greffe dite lelqim dirhem diffre de celle qui vient d'tre dcrite en ceci, qu'au lieu de fendre la branche du berri et d'introduire dans cette fente une petite branche d'olivier, on se contente de soulever l'corce du berri l'extrmit de chaque branche et d'introduire sous cette corce un morceau d'corce d'olivier j les autres dtails de l'opration sont les mmes. L'opration de la greffe se fait . la fin des Chetoua, c'est--dire au commencement de dcembre.
Le Figuier t.
La culture du figuier est trs rpandue; elle se fait par moiti avec le rebbaa qui en est cbarg; cependant si ce jardinier, qui a besoin d'aides, prfre laisser ces aides la charge du propritaire du jardin, il ne touche dans ce cas que le quart du produit. Il y a un grand nombre d'espces de figuiers:
Figue. blancM,.
EI-Mestari
Il
1. Le figuier d'Afrique tait en grande estime en Italie. R,v," africain" 1879, ouvrage cit, p. 170.
201
Et-Tabli
1/ 1/
EI-Oudenaksi
rouge. EI-Hamri / ~":J\ ..s..,-JI. Grosse et blanche. el-biad 1/ EI-Ghoudan ~ ~ .j\.J1. Longue et blanche. el-biad +. Ei-Metioui +. ..s~1. Moyenne, crase, blanche. EI-Qaral
+.
blanche et rouge, intrieur rouge. La Mella +. ":" Grosse, l'ouge et blanche, ~":J. intrieur rouge. (sans pareil) Cebal,l ou reqod+ . . J\J ~I. Trs grosse, blanche .et rouge, intrieur rouge.
EI-Khodeira +.
Figues noires.
EI-Ghoddan Eck (ord.) Ckdri + . EI-Gaouzi EI-Goulzi +
+.
..s ~1.
crase
..sj~1. crase
..s./..~\. Longue, noir jaune, int.
rieur rouge. EI-Hamri Il . lS..,-J1. Ronde, noir jaune, intrieur rouge. Chechiat el_. '1 wU Aplatie, noir jaune, intYhoudy + ..s,)~. . rieur rouge. . Ech-Chetoui t + ..sj::J\. Grosse figue de couleur verte, intrieur rouge.
1. Les noms marqus + sont ceux doot les arbres ne font que deI! figues fruits (qarmou.). Ceux marqus Il font des figue.. frulta et deR 1 4
2u2
ARCHIVES MAROCAINES
Il ya encore une autre espce de figue, qui ne se mange pas, mais qui sert, d'aprs les indignes, fortifier les autres figues et les empcher de tomber au moment de leur maturit; ces figues s'appellent doukar, et le figuier qui les produit s'appelle Chedjerat ed-doukar. Les jardins de figuiers se travaillent en hiver; on retourne le sol la charrue ou la bche, on monde et on branche, et tous les quatre ans on fume en recouvrant le fumier de terre. Parmi les soins donner aux figuiers, se trouve l'usage du doukar; nous rapportons intgralement ce que disent les indignes au sujet de la ncessit de ce procd. Au mois de mai, lorsque la figue fleur (el-bakour) est mre, c'est le moment o les figues (qarmous) ont besoin de l'influence du doukar. S'il y a dans un jardin de figuiers un arbre de doukar, sa prsence suffit, et voici, d'aprs les indignes, comment les choses se passent : Un petit moucheron noir prend naissance dans les graines du doukar. Lorsque ce doukar mrit, le moucheron en sort et s'em"ole ; il va se poser sur les figues des autres arhres et y pntre; il ressort de la premire figue pour pntrer dans une autre et ne meurt que dans la dixime ou douzime figue, o il reste. La figue o est mort le moucheron du dOllkpl' se reconnait en cela, que le haut de cette fi~ue est plus jaune l'extrieur et l'intrieur que les autres. S'il n'y a pas d'arbres de dOllkar dans un jardin de figuiers, le propritaire en achte et les paye quelquefois lln biliolln (25 centimes) la pice. 11 attache chaque figuier trois ou quatre paires de doukarj il vaut mieux attacher les doukar avec un crin qu'avec une ficelle de
ligues Beurs; ceux marqus en outre d'un . sont ceux pour lesquels la p"l'lence du douker est nce.selre.
208
palmier nain, parce que les fourmis ne peuvent pas passer sur le crin pour aller manger le doukar l Si les doukars ne sont pas suffisamment mrs au moment o l'on veut s'en servir, on creuse un trou que l'on garnit de paille, d'herbes sches ou de menthe sauvage, on y place les doukars et on les recouvre de menthe sauvage sans recouvrir de terre; on les laisse dans ce trou jusqu' maturit. Les figues fleurs n'ont pas besoin des doukars. Les figues fruits, el-qarmous, sont mres en juillet et en a06t. Nous examinerons plus loin la faon dont les Djebala conservent les figues.
'
La culture des vignes est une des plus importantes de la rgion des Djehala. Les conditions du rebbaa pour la culture de la vigne sont les mmes que celles pour la cul tur des figuiers. Il y a plusieurs espces de raisins, dont voici les noms:
1. La figue seule entre tous les rruiti'arrive d'une raon merveilleuse maturit ....... ...... On nomme capriflgue le ft~uier sauvage qui ne mllrlt jamais, mais qui donne ilux autres ce qu'il n'a pas lui-mme. Ce tlguiel' engendre des moucherontil; ces insectes volent sur le figuier cultiv et, criblant de morsures la figue, c'est--dire ouvrant les pores du fruit, ils intl'oJuillenL, le loleil et l'Ilir rcondant. C'est pou",uoi, dans le8 plantations de figuiers, on plante un capri{igue au-dessus du vent, pour que le soume emporte suries fi!!'ue8 l1l vol 4e8 moucberon... Partant de 11\. on a i.... gln d'apporter d'ailleurs des tiges de capriOgue, de les attaeher ensemble et 'de tes jeter sur 'le fltJuier domestique. PLINE. XIV, 21 (traduction Littr).
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Raisin blanc.
EI-Qari Sliman Bou Qeniar Ed-Djeniani EI-Meski EI-Khodri Bezoult elAouda EI-Berniqech grain blanc, peau paisse. ~l....:J.w. Unpeuallong,peau mince, ayant beaucoup de jus. .p .y.. Gros grains, peau paisse.
~~1. Gros grain allong,' peau
\$~\. Gros
Pt.
.r
-',Jo
paIsse.
Et-Tafrielt
EI-Baqci
pais et sucr; un autre du mme nom est violent, rond, peau mince. ~\. Rond, doux, peau paisse.
Ahmar Bou 'Amar .rs. .y.~1. Violet ros, ~ond, doux, gros, peau mince. EI-'Aseli. J-ll. Rose jaune, rond et long, trs doux, peau mince.
20;;
Er-Roumani
JL. )\.Rougetre,
allong, gros, peau paisse. Ses grappes sont grosses et les grains en sont trs serrs les uns contre les autres.
Les travaux de la vigne sont les suivants: En hiver, au mois de janvier, on 'monde la vigne, et on en laboure le sol la charrue ou la bche en fvrier. Le jardin est encore une fois travaill la bche en mars; on .ne fume pas les vignes. La plupart des vignes des Djebala sont rampantes t Un peu avant que le raisin ne soitmr, on recouvre de paille les grappes qui ne sont pas naturellement recouvertes par les feuilles 2. Les vendanges se font en septembre. Ce sont les hommes qui coupent les grappes avec des ciseaux ou avec un instrument tranchant. Les femmes ne peuvent vendanger sous aucun prtexte, ni mme pntrer dans les, vignobles, dans la crainte qu'elles ne soient pas en tat de puret. Les h~mmes eux-mmes ne font la vendange que le,s pieds nus, par respct pour la vigne. Il ya deux maladies connues pour les vignes; ce sont: le Belqoum et le Djedri ~~\.
rA!'
1. En Afrique, comme dans certaines parUes de la Gaule Narbonnaise, on se croyait obll~, cause de la frquence et de la violence du vent, de laillser la vigne Il"taler au ras du sol; on pensait que les grappes ainsi en contact avec la terre en pompaient le8 sucs et en profitaient singulirement. C'est cette int1uence que Pline attribue les dimensions monstrueuses de ces grappes, qui, dit-il, dans l'intrieur de l'Afrique, dpassaient en grosseur le corps d'un enfant: Sial provinciarum allqUtlrum per Ile vitis .ine ullo pedamento arluuo. in le colligen. et brevitale cra..iludinem pa.cen. Vetant hoc aliubi ven li, ul in Africa el in Narbonen.i. provincilJe partibu. - Afrique Romaine, de FRDRIC LACROIX, Revue africaine, J870, p. 112. 2. Aux approches de la vendange, on couvrait les grappes de paille, ou l'on employait tout autre moyen pour les garantir de l'action pernicieuse du vent et de la trop grande chaleur. COLUMELLE, 1, XI, chap..11, 61. Revue africaine, 1870, ouvrage cit, p. U8. 1 4
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Le Belqoum attaque la racine; les feuilles de la vigne deviennent noires et gluantes. Pour soigner cette maladie, on creuse autour du pied du plant malade de faon dcouvrir la racine, que l'on trouve couverte d'une vgtation qui ressemble des boutons remplis de sang corrompu. On enlve ces vgtations avec un instrument tranchant et on remplit le trou fait autour de la racine avec de la cendre et on recouvre de terre. Il parait que ce remde est presque infaillible. Le Djedri consiste en des vgtations qui poussent sur les feuilles et qui ont l'apparence de boutons de petite vrole. Pour combattre cette maladie, on fait sous le plant des fumigations en brlant des feuilles de palmier nain ou de la paille, et on enlve toutes les feuilles contamines. Ces maladies sont d'ailleurs assez bnignes, et se gurissent seules, si elles ne sont pas soignes; la seule consquence est que la rcolte de l'anne est perdue, mais le plant ne meurt pas; il gurit tout seul et donne une bonne l'colte l'anne suivante. Dans les vignes du arar et des Memouda, il vient quelquefois ce que l'on appelle Anqoud el-kimiya : c'est une grappe norme, qui a jusqu' t fi. 50 de hauteur sur 0 m. 80 de largeur. Les gens du pays prtendent qu'une grappe semblable vient plusitmrs annes de su.ite dans le mme jardin si personne ne la voit; si au contraire on la montre, elle ne revient plus et apparait dans un autre jardin. .
~07
EI-Baqsi
rouge, intrieur rouge et jaune (gorge de pigeon). J ~\ 0l:.... corce rouge, grains trs rouges et- g .o8. ~~1. Il Yen a duxespcp : l'une corce rouge, grains rouges i l'autre ' corce jaune~ grains jaune rose. Les deu:lf $pes sont acides,d 10iA leul"nom. ~\. corce verte mouchete de noir, grain 'allong blDc.
~l-~. corce
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ARCHIVES
MAR~NE8
au moment dit Cheiouai elAkhira, fin fvrier etcommencement de mars. Le travail consiste monder les arbres . et labourer le sol la charrue ou la bche. Lorsque la grenade commence se former, au commencement de juin, on travaille encore une fois le jardin la bche. Les indignes ont l'habitude de suspendre dans un jardin de grenadiers cinq ou six cornes de moutons, provenant des moutons de rAId el-Kebir; ils prtendent que cela empche les grenades de tomber et les protge des maladies. ' La rcolte des grenades s~ fait en septembre. Pour les consrver pendant quelques mois, on les suspend par la queue avec une ficelle.
L'levage.
Tout ce que nous avons dit relativement l'levage dans s'applique l'levage dans les pays de montagnes. Cependant; on remarque quelques diffrences qu'il est ncessaire d'indiquer. Par exemple, l'levage du chameau n'existe absolument pai che1: les Djebala. Celui des chevaux est trs rare. Les gens des montagnes ne se servent pour leurs transports que de mules et ne montent pas cheval. n se produit qu'au printemps les vaches poursuivies par les taureaux sont repousses par eux dans la fort et clU'ils Y restent par paires; les vaches y vlent et il se forme ainsi de vritables troupeaux de bufs sauvages. Pour s'emparer de ces animaux, les Djebala organisent
Les tribus arabes de la valle du Lekkous t
1)
209
quelquefois des chasses au fusil; ils les prennent galement en plaant des cordes avec des nuds coulants dans les endroits les plus fourrs de la fort et en rabattant le btail sauvage dans cette direction; quelquefois les animaux ainsi capturs peuvent tre ramens au village et ils y restent; d'autres fois ils s'tranglent en se dbattant. .Les propritaires des animaux devenus ainsi sauvages perdent leurs droits de proprit sur eux, et ces animaux appartienpent .l'ensemble de la communaut, de la Djema du village auquel appartient la fort. Les animaux sont chasss, pris et mangs par la communaut, sans que l'on s'occupe rechercher, ce qui. serait d'ailleurs impossible, quel est ou plutt quel tait leur propritaire. L'levage de la chvre est beaucoup plus considrable dans les montagnes que dans la plaine. Comme pour les labours, les Djebala font srtout l'levage des bufs, des moutons et des juments dans les plaines, en association avec les Arabes; les pays de montagnes n'ont pas de pturages suffisants, ils ne gardent auprs d'eux qu'une petite quantit de ces animaux. Mais les chvres restent dans lri. montagne, o elles trouvent dans les fOl'ts la nourriture qui leur convient. .
Le.
B~teauvage.
Les forts de la rgion des Djebala ne contiennent pas de btes froces; les seuls animaux sauvages qui s'y trouvent sont les sangliers, le chacal, le renard et l'cureuil. En fait de gibier, on y trouve du livre, du lapin, de la perdrix en grande quantit. On y trouve aussi quelques chats sauvages, Qat el-Rhla.
ARCH. MAROC.
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ARCHIVES MAROCAINES
Les Djebala chassent pour se distraire, tantt au fusil, tantt il la battue; ils prennent galement le gibier au pige. Ils disent ne pas manger de sanglier et prtendent que ce sont les Arabes qui en mangent, alors que les Arabes disent le contraire. Il est probable que si la viande de sanglier ne fait pas proprement parler partie de la nourriture habituelle des Djebala, les bergers en mangent en cachette, comme le dit Mouliras, en parlant des bergers de la tribu des Soumata t Par contre, ils ne se cachent pas pour manger tout autre gibier, livre, lapin, perdrix, et mme le chacal, le renard et l'cureuil, quoique la viande de ces animaux soit d'un gOLt peu agrable 2.
5. -L'lndustrie.
Un grand nombre d'industries locales sont exerces dans les tribus des Djebala. On y trouve des tisserands, des tanneurs, des cordonniers, des forgerons, etc. Les tisserands qui fabriquent les toffes de laine dont on fait les djellabas se servent de mtiers semblables ceux des tisserands d'EI-Qar 3, et qui sont galement
1. Le Maroc inconnu. Exploration des Djebala. - Tribu de Soumatha, p. 492. 2. Nous avons vu dans les pages prcdentes que certains bergers djebaliens n'prouvent au~ scrupule manger le sanglier. Quant la consommation de la viand de chacal, elle est trs la mode dans la pro\"lnce des Djebala, principalement parmi la jeunesse des coles. Le del"Vicbe se souvient encore des dlicieux r<l/as de dacal que lui et ses condisciples dvoraient allsez souvent la mosque d'Ikhellad'en et d'Asralh, deux villages de R'mara situs au sud de Tarer'a. (MOULlRAS, Le .llaroc inconnu Exploration des Djebela -, p. 795, noie 1. a. l,ch. maroc., vol. Il, EI-Qar el':Kebir ., p. W ; l'Indus/rie.
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appels meram, au sing. meramma. Les laines qui servent tisser ces toffes sont laves, peignes et tisses par les femmes comme EI-Qar. Les femmes travaillent galement le lin (kittan), le chanvre (qanneb), en les faisant rouir dans l'eau provenant des sources et dont elles arrtent le cours l'aide d'un barrage. Le lin fil est employ par les hommes et par les femmes tisser, avec des mtiers plus petits que ceux des tisse,rands en lines, des toffes dont elles font des chemises et surtout des serviettes, {out (au sing. (outa) ou menadil (au sing. mendil), gnralement ornes de broderies rouges. Quelques-unes de ces serviettes, d'assez grandes dimensions, sont faites jour leur extrmit et sont d'un joli travail dans leur rusticit. La dimension courante des serviettes ainsi fabriques est de 1 m. 25 1 m. 50 de long sur 0 m. 60 de largeur. Elles servent aux femmes s'envelopper les jambes en les nouant par-devant autour de leur taille et se couvrir la tte et les paules. Le chanvre sert surtout faire des cordes. Les Djebala fabriquent galement des cordes en poils de chvres. Le coton, dont nous avons d.crit plus haut la culture et la rcolte, est galement fil par Jes femmes et employ par les tisserands pour faire des haks, grandes couver turesdans le.squelles s'enveloppent les femmes, et des toffes pour djellabas, soit tout en coton, soit en laine et coton; dans ce dernier cas, la laio.e et le coton sont mlangs en les cardant et fils ensemble. Il n'y a pas de tanneries, ce que l'on appelle dans les villes dar debbagh. Chaque cordonnier tanne chez lui le cuir dont il se sert. Pour tanner le cuir, il faut qualt'e medjarl, fosses maonnes pour prparer J~~ cuirs. La premire sert dbarras~r les peaux de leur poil l'aide d'eau de chaux. La deuxime tanuer.les peallX de bufs; la troisime tanner les peaux de chvres; la quatrime tanner les peaux de moutons. On ne peut pas
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ARCHIVES MAROCAINES
tanner les diffrentes peaux dans le mme medjar, parce que chaque espce de peau ncessite un tannage particulier. Pour se procurer le tan, debbagh, qui provient d'un chne appel a(ernan, les tanneurs vont chercher dans la fort l'corce de tan et la rduisent en poudre en la pilant. Les peaux ainsi tannes sont employes par les tanneurs-cordonniers faire des babouches, sebbat, ordinaires, des sacoches que l'on appelle dans la montagne zaboula, et les espces de gutres appeles trabaqs dont les femmes se couvrent les jambes, de la cheville au genou. Les cordonniers font galement des babouches d'hommes plus soignes, en cuir jaune, tandis que les babouches ordinaires sont en cuir fauve, e~ les babouches de femmes en cuir rouge, que l'on appelle dans les villes rhea et que les Djebala appellent mechaa. Les peaux qui doivent servir faire ce genre de chaussures, et qui sont des peaux de chvres, aprs avoir t tannes, sont trempes ensuite dans de grandes jarres appeles qargas. Ces jarres sont remplies d'eau, -dans laquelle on jette des corces de grenades piles et des nids de pigeons. L'corce de grenade donne au cuir la couleur jaune et les nids de pigeons fixent la couleur sur le cuir. Le cuir ainsi prpar s'appelle ziouani. Pour teindre ce cuir en rouge, on l'enduit d'une ,dcoction de qchini, teinture rouge qui vient du Tafilelt par Fs. Les tanneurs-cordonniers se trouvent principalement dans les tribus des Soumata et des Beni Ysef, dont presque tous les habitants exercent cette profession. Les forgerons travaillent sur une enclume, appele mzibra, en frappant le fer d'un lourd marteau, doukkan. Le fer est rougi dans un foyer entretenu par un double soufflet appel kir. Ils fabriquent des objets trs grossiers, tels que des haches, chakour, des bches, (as, des espces de serpes
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appeles hadida pour couper les branches dans la fort ou dans les jardins; des faucilles, mindjel. Les forgerons font galement des clous, des fers pour les chevaux et les m'ules, des couteaux et des socs de charrues, sekka. Il n'y a pas de forgeron dans chaque village, mais un seulement pour huit ou dix villages.
L'Huile.
Une' des industries les plus importantes des tribus de montagnes est la fabrication de l'huile. En tudiant prcdemment les diftrentes espces d'oliviers et leur cul. ture, on a pu se rendre compte que les oliviers greffs et les oliviers sauvages sont en grand nombre dans ces tribus. Parmi celles que nous tudions, la tribu 'des Beni Gorfet est la moins riche en oliviers et la fabrication de l'huile y a par consquent moins d'importance. La rcolte des olives se fait en octobre; quand les olives sont sur le point d'tre bonnes cup.illir, le crieur public informe la tribu que personne ne doit plus pn trer dans les jardins d'oliviers jusqu'au mometlt de la rcolte. Le jour de la rcolte est galement annonc par le crieur public, de faon ce que les uns ne commencent pas rcolter avant les autre[l, La raison de cette mesure se trouve dans le grand morcellement de-la: proprit du territoire des Djebala. Les proprits immobilires, tout en restant presque toujours indivises dans leur entier entre les hritiers de plusieurs gnrations,soilt partages de fait l'infini entre ces mmes hriti~rs, tl point qu'au bout de plusieurs gnrations un individu peut tre propritaire de la moiti, du tiers ou du: quart d'un olivier. Le mme fait se produit pour tous les' Ilrbres frui-
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ARCHIVES MAROCAINES
tiers. Il semblerait facile de modifier ce partage de (aon rserver chaque intress la proprit d'un ou de plusieurs arbres au lieu d'un grand nombre de parts rparties sur plusieurs arbres diffrents; mais cette mthode, cependant simple, constituerait une modification aux usages et il est plus conforme la mentalit indigne de voir un individu possder par exemple trois tiers le tout arbres diffrents qu'un seul arbre qui runirait ces trois. La rcolte se fait de la faon suivante. Dans les terrains plats, pour obtenir de belles olives, on tend sous les arbres des lellis. Dans le Midi de la France, on tend galement des draps sous les oliviers pour empcher les olives de tomber terre. Lorsque le terrain est en pente, on fait de petits. l'emblais ,dans le bas de ce terrain pOUl' empcher les olives de rouler en dehors de la proprit. Hommes et femmes montent sur les oliviers, mais spa~ l'ment, c'est--dire que les hommes et les femmes ne montent pas dans le mme arbre. Ceux qui sont monts dans l'arbre frappent les branches coups de gaules ou de r9seaux, et ceux qui sont en dessous ramassent les olives et les mettent soit dans des chouaris, grands paniers doubles qui se mettent sur des bts, soit dans des lellis cousus en bissacs. Les o,lives sont ensuite transport~es dos de mules 9U dos d'nes la maison du propritaire, o elles sont mises en tas pal'. terre. Si l'on veut faire <te l'huile immdiatement, on laisse ainsi les olives jusqu' ce qu'on les porte au pressoiri si, au contraire, on ne yeut faire l'hu~le que pl~ tard, on place de la faon suivante les olives dans une 'Dulla (grand panier en forme d'amphore, en roseaux coups ou en jonc): on place au fond de la soulla une couche d'olives, puis.une couche de gros seli puis llne couche <J'olives, et ainsi de suit~ jusq u' ce que la soulia soit remplie et de faon ce que la couche suprieure soit une couche de
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sel. La soulla est auparavant leve sur trois ou quatt'e pierres de faon ce qu'elle ne touche pas le sol et que l'eau qui sort des olives puisse s'couler ; cette eau s'appelle mourdjan. On laisse ainsi les olives durant plusieurs mois, quelquefois pendant deux ans, jusqu'au moment o on veut faire de l'huile. C'est cette conservation prolonge des olives dans la saumure, o elles ont eu un commencement de fermentation, qui communique l'huile indigne son golit cre et indlbile 1. Au contraire, l'huile faite ayec des olives fraiches n'est pas dsagrable, tout en ayant un got de fruit trs prononc. Dans les grands villages, il y a au moins un moulin huile, rha, quelquefois jusqu' trois. Par contre il n'yen a pas dans tous les villages de moindre importance, qui se servent du mme moulin. pour trois ou quatre villages. Le moulin se compose d'un bassin en pie'tres relies entre elles avec de la boue; le fond de ce bassin est form de dalles plates. Une meule v~rticale, perce dans son milieu d'un trou dans lequel passe un pivot de bois, tOUl'ne dans ce bassin autour d'un axe en bois plant \'e"': ticalement au milieu du bassin. Cet "xe tourne sur luimme. Le pivot qui passe dans le trou de la meule et sur lequel elle tourne, est compos d'une pic'de bois qui,
1. L'huile d'Afriql,1e tait, du reste, de qualit infrieure et. point estime il Rome; on remployait danl! les gymnases et le8 bains publics. et les raffins du temps Ile Juvnal fuyaient sa lIllluvaise odur.
[p,e vena(ro pi,cem ptr(atidil, al hic qui Pallida, anertar mi,ero libi carlii., oleblt Lalernam; lllad enim ve,lrl. dalur al"eoU" qod Canna Micip,arum prora .abve.ril acala; Propler quod Romae cum Bocchat'i Remo ItllJfllur, Quod lulo. eliam faell a ,erpenllba, alri,
JUvt,c.L, IIllU~ 6.
Elle tait sans doute mal fabrique, car le.. oliviers d'AfriqUe.tant grells, au moins dims les localitl bien cultives, l'huile qui en Ill'ovenait aurait. dll tre bonne. Rtvue al'riraine, 1869, ouvrage cit, p. 99.'
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ARClIIVES .MAROCAINES
d'un ct, se l'attache l'axe central et se prolonge de l'autre ct de faon ce que l'on attache son extrmit l'animal, mule ou ne, qui, en tournant dans le mange qui est autour du bassin, met la meule en mouvement. Les olives places dans ce bassin sont ainsi crases par la meule; on les enlve ensuite du bassin et on les place dans des rcipients en sparterie en forme de coussins ronds, appels en France courtins ou escourlins, au Maroc chamia, plur. chouama. Les chouama remplis d'olives crases sont placs les uns sur les autres sous le pressoir ma'cera. Ce pressoir se compose d'une vis de grande dimension qui, serre l'aide de deux leviers, fait descendre sur les chouama une planche place entre deux montants. L'huile s'coule des chouama ainsi comprims et elle est recueillie, au bas du pressoir, dans un grand plat de bois appel guea'. Toutes les pices qui composent le pressoir sont en bois et sont faites par des ouvriers locaux. On presse les olives trois fois: la premire fois sans eau ; les olives crases sont ensuite remises sous la uteule avec de l'eau, puis represses ; puis remises encore so,us la meule avec de l'eau et represses une troisime fois. .Au milieu et au fond de la guea' est pratiqu un petit trou de faon ce que l'eau qui se trouve dans l'huile puisse s'couler. Afin d'viter que l'huile n'y tombe galement, on place sous la guea' une jarre, bouch, dont l'ouverture est place exactement sous le trou de la guea' et qui est scelle contre le fond de cette guea' avec de la boue de faon empcher l'air de passer. La jarre ellemme est perce d'un trou dans BOn milieu; ce trou est bouch l'aide d'un chiffon. Lorsqu'on s'aperoit que la jarre est pleine d'eau, on cesse de presser; on dbouche le trou pratiqu SUI' le Oancde la jarre; l'eau s'en chappe; on rebouche le trou et on recommence presser, Le" Djebala font galement avec des olives fraiches, en petite quantit, de l'huile l'aide d'un procd plus primitif.
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Les olives sont crases entre deux pierres ou passes sous la meule. Ain~i crase's, on les met dans mi 'Vase en terre appel qedra ou guedra; on y verse de l'eau bouillante et on remue avec un bton, jusq' ce que les olives crases "et l'eau formentne pAte consistante; on verse, ensuite cette pte dans un trou fait en terre et dont les parois ont t battues; de ,faon les durcir le plus possible. Ce trou a environ 0 m.80 de profonder et, avant d'y jeter fa pte d'olives crases, ony verse de l'eau froide jusqu' une hauteur de 0 nl; 50. Une femme y descend et, de ses pieds nus,' ptrit dans l'eau froide la pte forme avec les olives crases et l'eau bouillante. Lorsqe l'huile se dgage et remonte la~urface, elle est recueillie l'aide d'un chiffon qui est ensuite press et. tordu. L'huile qui sort de ce chiffon ainsi comprim est recueillie dans un vase de 'erre. Cette qualit d'huile est appele zitel-hofra, Phuile de trou. EUe est trs recherche et n'a pas en effet le 'got cre d l'huile faite. avec des olive~ qui ne 'sont plus 'fratches. , C'est par le mme pl'ocd que les Djebala font l'huile de lentisque .zit ed-droh Il, dont ils font une assez grande consommation t.
Le savon fabriqu par les Djeb'laest un savon mou,d couleur brune: il ne s'en fait point d'autre dans toute l'Afrique 2 1). '
1. On tirait dt' la graine de lentisque'uM luile qui se fabriquait aiDIt: une grande quantit, de ll'aio6.m6res,Q~'~la"t entasses pendant un jour et une nuit; on posalt sur un vase Un corbeille remplie de ces graineR et, aprs y avoir vers de l'eau ehaude,' on :pre.. sait. L'huile.l!IUrll4geait ~nB .Ie v,se ~toilla recueillait ave~ 8Oi~PALLA DJUS, liv. n, lit. xx, Januar;Ul,i Reuue africaine, 1870. ouvrageeit; p. U7. 2. 'MARIIOL, t. Il, p.IIU.' ..,
onp~~it
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Il est fait avec de l'huile d'olives et des cendres de bois vert de lentisque. Cette cendre se vend par moudd. Cette mesure, qui n'a rien de rgulier, a environ la capacit d'une trentaine de litres. Le fabricant de savon qui a achet de la cendre y remet le feu et la fait brler de nouveau afin d'tre bien assur qu'elle ne contient plus aucune matire combustible. On mlange ensuite cette cendre une chaux spciale connue dans le pays sous le nom de djir aboun, chaux savon. Le mlange se fait de la faon suivante. Aprs avoir mis la cendre en un tas, on fait un trou au centre de ce tas et on y met de la chaux; puis on verse de l'eau sur la chaux et on reCOUVl'e de cendre. Au fur et mesure que la chaux bout, on travaille l'teindre en la recouvrant de cendre. Lorsque la chauJ!; est compltement teinte, on la mlange la cendre l'aide d'une bche .. Ce mlange de chaux et de cendre est plac dans un grand vase cylindrique de terre d'un mtre environ de hauteur sur 0 m. 60 de diamtre; ce vase a la mme largeur dans le fond qu' l'ouvertur~; il s'appelle qaUara, de ..)d, qui tombe goutte goutte. A tO centimtres environ du fond de ce vase, est perc un trou dans lequel on introduit un roseau creux qui sert de robinet. La qaltara est remplie du mlange de cendre et de chaux jusqu' 30 centimtres environ de son ouverture; le mlange est fortement tass; puis on remplit d'eau la partie supri,eure 4u vase; cett~ e~u traverse petit petitIe mlange.~ts'coule,en entrahlant.en dissolution la soude et la potasse des cendres par le roseau; elle est recueillie dans un grand plat, guea', plac l'extrmit de ce roseau, puis verse dans. un grand rcipient de tertejbouch ou 'gutmboura. Cette :eau de cendres s'appelle lian. , Cette premire opration' termine, on prend une grande chaudire de cuivre, lnndjera, ou de terre cuite,
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diab; on place cette chaudire vide sur un grand feu de bois et, une fois qu'elle est chaude, on y verse de l'huile que l'on fait bouillir; on y ajoute alors une quantit de lian quivalente la moiti de celle d'huile, puis on laisse bouillir le mlange pendant deux heures en laissant la chaudire dcouverte, Afin de se rendre compte si la cuisson est suffisante, le fabricant de savon plonge dans la chaudire un roseau appel di.a, Sur la petite quantit de savon>qui reste sur le roseau, le fabricant apprcie s'il faut ajouter de l'huile ou du lian, si la proportion en 'est bonne, si la cuisson est ou non suf.fisante. '" On fait ensuite refroidir le savon dans de grands plats de terre appels fetalel, o oqle,met raide de grandes pelles de bois; mesure que le savon refroidit, le fabricant le ptrit l'aide d'un bton, tan,t qu'il est trs chaud, avec ses mains lorsqu'il esl suffisamm~nt refroidi. Aussit6~ qu'il est refroidi, le ,savon est immdiat~ment pes sur une balance, par peses, ouzen, de six, livres et quart (il s'agit de la livre de SOOgrammes, reliai haqqali, de faon ce que"seize peses quivalent un quintal de 100 livres, kintar. Le savon est ensuite mis dans des peaux, de chvres. Pour la vente, le savon ~'st cQmpt au poids net, c'est':"dire dfalcation faite 4-u poids de 1a peau de chvre dans laquelle il est contenu.,
Le Vin, aqaet.
Les Homains connaissaient le vin d'Afrique: Le l'aisin ,cie Numidie, dit ColurneUe, tait.renomll1par aolirendement considrable en vint. Il
1. R'fllU africaine, 1888, ouvrage ciU, p. 182.
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Virgile nous montre les Africains faisant aux Dieux des libations avec du vin t : ))
Jupiter omnipolenscui nunc marusia picUs Gen. epulala lori. Lenreum libal honorem. n;de, lib. IV.
La culture de la vigne dut cesser en Afrique l'poque o elle disparut des. autres provinces de l'Empire. Domiti~, croyant que la prfrence donne aux vignes faisait ngliger l'agriculture, en fit arracher la moiti dans les Provinces et dfendit d'en planter de nouvelles: Ad summam quandam uberlalem v;n, (rument; v.ero ;nop;am existimans nimio vinearum sfudio negligi aros edixit ne quis in Ilal;a novel/arel ul que iti Iprovinciis vinela succiderentur relieta. Ubi plurimum dimitia parte nec :exequ; ~rem perseveravit (SUTONE, Vita /Jomitiani, VI/). Philostrate, en mentionnant le mme fait, dit que toutes les vignes durent tre arraches :et non la moiti seillement: Prohibente sub idem 1empus Domitiano Imperatore ennuchi ne fierent neve uller;u. viles plantarentur et qu ante plantat fuissent e ut excinderentur. (PHILOSTRATE, Vie 'd'Apollonius de Tyane, lib. VI, c. 'XLII.) . L'dit de DODlitieu est de 92 aprs .J.-C... L'Afrique n'tant pas expressment mise en dehors de la loi de prosci-iptic>D, on doit en conclure qu'elle y fut omprise, car elle produisait du vin. , Ds que Probus eut abrog t'dit de Domitien, la culture de la vigne fut reprise 'u Afrique, comme dans la Gaule et dans d'autres provinces. Au sixime sicle (J.-C.) elle tait florissante et elle s'est maintenue 80~S la domination arahe 2 " Le dcret cie Domitien.'a pas'd~ailleurst strictement
~.
1. Revue africaine, 186!1, ouvrage cit, p. lU. Ibid., ouvrage cit, p. 168, 4:.
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appliqu partout, et il ne l'a probblement pas t dans les rgions montagneuses de la Tingitane, qui sont les Dje- / bala d'aujourd'hui, mais plutt dans les plaines et dans les rgions maritimes. qui taient plus immdiatement sous la domination romaine i Lon l'Africain, en parlant des populations de la rgion du Habt, dit qu' il s'y trouve huit montagnes renommes sur toutes les autres, qui sont habites du peuple de Gumera (Ghomara) dont tous les habitants mnent une mme vie et ne diffrent en rien quant la coutume, pour ce qu'ils vivent tous souz la loy de Mahommt, contre le commandement duquel ils boivent du vin ordinairement 2 . En parlant de la tribu de Rhona, le mme auteur dit galement: Ils recueillent -force vins blancs et vermeils, qui ne se transportent aucunement, mais se boivent tous sur le lieu 3. Dans sa description d'Ezagen(Azdjen), Marmol parle de cett~ habitude de boire du vin: Le roy leur permet de faire du vin et d'en boire, aussi le font-ils excellent et ont de grands vignobles. Il ' La faon de fabriquer le vin chez les indignes du Maroc n'a pas d subir de modifications depuis l'antiquit. Chez les Djebala, le vin s'appelle amet. Il y en a trois espces:
t Le Camet el Matboukh; 2 Le Roub el-Faqih ; 3 Le Carnet el-Halou.
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Aprs avoir laiss mrir le raisin sur pied de faon qu'il soit confit par le soleil, on le met en grappes dans une grande chaudire de terre cuite appele guedra, avec trs peu d'eau. On le fait cuire pendant une demi-heure environ. Puis on met ce raisin ainsi cuit dans un grand panier trs solide, lev de 0 m. 80 du sol l'aide de forts pieux fichs en terre. Ce panier est appel medoud. Un homme y monte et pitine le raisin; le jus est recueilli dans un vase, guea': plac sous le panier. Le vin ainsi fait est ensuite conserv dans des amphores de terre, khouabi, au sing. khabia. Le amet el-J/alboukh est aussi appel amel elHarami, le vin dfendu t parce qu'il <,nivre, ce qui n'empche d'ailleurs pas de le fabriquer et de le consommt'r couram ment, Cependant, les. hommes entre eux seulemt'nt en boivent et il n'est pas admis dans les familles. Le amel el-Malboukh se fait galement awc des raisins secs l, zabib, non pas eXactt'mentcomme le passum dont
une espce de raisin que les Grecs nommaient &ticha et les Romains apian (muscat). On laissait le raisin sur pied l,lus 10ngtemll8 que quand on voulait fnil'e (lu l'In ordinaire; il arrivait tre ainsi presque confit par le ,;oleil. QUClqllCR personnes, au lieu de laisser longtemps la grappe sur la l'loll('he, trempaient tout simplement le rai,:;in dans l'huile bouillante, D'uutres eml,lo)'aient toute espce de raisin blanc doux, pourvu qu'il mt trs m"r, et alns ravoir fait rduire et scher au soleil. PLINE, liv. XII, chap. XI. Revue africaine, 1870, ouv. cit., p. 113. l, Le pa88um, ou vin de raisin sec, se fabriquait ainsi, d'aprs les conseill'l de Magon: on prenait du raisin bAtif trs mllr, dont on jl.'tait les gruin.. desl'lchs ou gt!'. Les grappes taient expo>les au >'oleil, susIlendlle'" il un clayonnage fait de ro"eaux posl'l Rur des fourches ou des piellx. Pendant la nuit, on les gar:mtissait de 1. rose l'aide de pailIlIl'lson!'. I.e l'aisin bien sch, on l'lCrappait dans une futaille ou dans une cruelle )lleine (l'excellent IDO"t, Le sixime jour, quand Il.'s grains taient bien gonfls, on les fai!'ail passer sous le pressoir. Le jus qui en llOrtait, une fois mis en rserve, on verilait sur le marc du mot nouveau, avec du l'nj,sln sch au soleil pendant troi" jours. On foulait le tout, puis on pressait. Le vin tait mis dans des vases hermtiquement bouchs ; apl'tl vingt ou trente jours, quand la fermentation avait ces", on le soutirait dans d'autres vases, dont les couvercles, immdiatement enduilR de pltre, taient en outre recouverts de parchemin. COLCIIILI.E, liv. XII, chap, XXXIX, 1,2. On employait en Afrique une autre .mthode pour faire le pa&&um : on
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parle Columelle, qui tait fait avec des raisins fratchement schs, mais avec' des raisins secs de l'anne prcdente. La fabrication est la mme qu'avec les raisins frais. : Pour faire le Roub el-Faqih, on met des grappes entires de raisins dans un vase de terre trs solide, goulot un peu troit, bouch ou guemboura. On ferme ensuite hermtiquement ce vase avec un bouchon de lige que ron recouvre de terre mouille, et l'on fixe pardessus le tout un linge que l'on attache autour du goulot du rcipient: On enterre ensuite ce vase dans du fumier frais el on l'y laisse de quinze vingt jours. Le raisin fermente avec force et il arriye mme assez souvent que la fermentation fasse briser le vase. Au bout de quinze vingt jours, on retire le vase du fumier o il tait enterr, on l'ouvre et le jus du raisin est exprim ~ans un deuxime vase: on le verse ensuite dans un troisirtle vase en le faisant au travers d'un morc~au de linge pour le clarifier. Le Roub el Faqih est une boisson trs capiteuse et plus enivrante qUE' le .Valboukh, a.ussi etit-elle trs recherche. Le amet el-Halou se faitengrnant dans une chau dire des raisins fta.is 6u se. On rajoute une certaine quantit d'eau et on fait cuii'e en crasant et ell remuant le raisin jusqu' ce que l'eau soit compltement vapore et le raisin rduit en pAte. On met cette pte dans un morcea de toile grossire tissutrslAcheet on presse. Le jus trs pais est recueilli dans UDe guembOara~ qui, une fois pleine, est soigneusement fEn'm,' pour rilpplaait une grande quantit de grappes dans un panier de}onc li claire voie et on les battait vigoreusement avec des Ve:rgel. QoamHes gralnlll taient dtachs et crass par la violence, -.des coups, on, lei taisait passer au pressoir. La liqueur qui s'coulait tait renterme dans un vase ni plus ni moins que le miel. Ajoutons que le ptll.um africain passait poUl' tre d'excellente quaJil et. d'un goOt. t.rs agrable. PALLADIU8,t. XI;'t.IL XIX, Octok,.. - R,vu, afrlcaln, 1870, op. cil., p.lU.
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cher le contact de l'air qui ferait tourner le vin. Ce vin, ou plutt ce jus, devient, en se refroidissant, un sirop trs pais. Pour boire le amet el-Halou, on en met environ la valeur d'une cuiller soupe dans un grand verre d'eau et on dlaye. Cette boisson est inoffensive et n'enivre pas. Elle est compose surtout pour les malades et pour les femmes en couches. Les diffrentes espces de amet ne sont pas vendues dans les villes, ni sur les marchs. Dans la montagne, on le vend dans les maisons, sans mesure ni sans prIx dtermin. . Les Djebala font galement du vinaigre, khllll. Pour cela, on met des grappes de raisin dans un vase de terre que l'on ferme; on les laisse enfermes pendant quatre ou cinq mois, puis on les cr.aseet on en retire du vinaigre. On se sert galement, com~~ vinaigre, du amet aigri. Le vinaigre est ven4u dans les villes par qollas de 30 livres de 800 grammes~Dans la montagne, les Djebala entre eux vendent le vinaigre sans mesure dtermine, prix d'e~imation de la quantit contenue dans un vase quelconque. Si un revendeur vi~nt s'approvisionner dans la montagne, il ach~te le vinaigre par ka., comme l'huile. . On fait galement dans la nlont;agn.e une grande quan, tit de raisins secs t. Voici le procd employ: 01) comm~nce par Jairtl bouillir des cendres dans de l'eau, puis on trempe dans cette eau de cendres des grappes de raisins que l'on tale ensuite dans un endroit du jardin dont on a battu la terre comme celle d'une aire, et que l'on a recouvert de feuilles
1. Pline lui-mme ne se. borne pas' dire que les raisiM d'Afrique schs il la fume des forgea sont en vogue! Rome, etc. Reuue africaine, 1869, op. cil., p. 168.
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de palmier nain. Cet endroit. s'appelle el mounchar, le schoir. Le raisin reste sur le mounchar pendant quatre jour.s; on le retourne une seule fois; on grne ensuite le.s grappes, et les grains de raisins, ,zabib, sont emmagasins dans de grandes corbeilles, en' roseau, .lal (au sing. soulla). Le raisin sec se vend dans la montagne, soit au moudd, comme les grains, soit au chouari, sans mesure fixe. Dans les villes, il est vendu au kintar, quintal) d~ iOO livres de 800 grammes. Le prix de ce quintal varie,' s\li.. vant les annes, entre 8 et 12 douros hasani. Comme nous l'avons dit en parlant .de la Clulture du figuier, les Djebalafontscher les figues pour les conserver t. La figue sche n'est faite q\l'avec la figue fmi't. qarm.ous, et jamais avec la figue fleur, bakour,qui ne se conserverait pas. . JI Y a deux espces de figues sches: la cheriha et la meqfoula. Pour faire la cheriha, on cueille les .figue& Jllreset on !.es place sur le mounchar aprs les; avoir: ouver\~s, suivant leur dimension, en deux, .trois ,ou 'qu~tre, Jllaissans sparer les parties. Le mounchar estp"al.thlelilent recouvert de nattes. On les laisse pendant tr~ jOQrs sur, ce schoir; au bout de ce temps, on les lama'M,d~nsl'apr,... midi, afin que la chaleur du soleil. le&: ait compltement dbarrasses de l'humidit de la nuit.: Ollles;tJ:ansporte ensuitedans une chambre, o on les laisse e,Qoore scher fombl'e sur 4es nattes pendant qUlques jourfJ", p~is on
1. On euem.if. les ORtIes pendant. la plus grande ebaleur,~ Jour. parce que, disalt-oQ, c'est. le moment. o l'ardeur du soleil les ramollit. Aprs les avoir places les unel auprs do aut.rel. on les pressait. pour leor faire prendre la forme d'une toile, ou celle d'une petite fleur,.ou la figure d'un pain; aprl quoi, onleil fai88i\ eDcoreseherau soleil, puil on les meltalf. dans des \'ases pour les conserver. COLUILt.B, Uv. XII, ehap. xv, 5. Revu, a{rlcclne, 1810, ouvrage cit, p. 116.
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les place dans une corbeille de roseau, soulla, en alternant une couche de figues avec une lgre couche de thym, ,zalar, cras et mlang d'un peu de sel. Malgr cette prcaution, il arrive souvent que les figues, au bout d'un certain temps, s'agglomrent et ne fassent qu'un seul bloc, de telle faon que l'on est oblig de briser la soulla pour les en retirer. La cheriha se vend au quintal, kinlar, de 100 livres de 400 grammes.. Pour faire la meq(oula, on laisse les figues mtlrir sur rarbre jusqu' ce qu'elles commencent scher et qu'elles tombent, lorsqu'on agite les branclles du figuier; on les place entires sur le mounchar. Le lendemain, vers midi, on les retourne et on presse les plus belles de faon les aplatir; le troisime jour si le soleil est ardent, sinon le quatrime ou le cinquime, on les recueille. Les meilleures sont enfiles en chapelets de prs de 2 mtres de longueur, sur une ficelle mince de palmier nain, l'aide d'une grande aiguille de .})ourrelier, mikhil. Ces chapelets s'appellent gaid (au plur. guioud); ils sOllt vendus la pice. Lesl 8utres'figues sont conserves dans des ,oullll' et vendues au kinlar de 100 livres d~ 800 grammes. Leur prix est toujours plus ltw d'un tiers que celui des c~riluu. Les figues qui, pendant qu'elles taient places sur le mounchar pour scher, sont mouilles parla pluie, ou celles qui se gtent, sont verldues has prix aux Juifs pour en faire de l'eau-de'-vie, mahia. Les Djebla font aussi beaucoup de charbon de bois; leurs procds sont les mmes que ceux de noseharbonniers ; le ch8l'bon est peu consomm sur place; il est surtout transport dans les villes les pluBvoisines; qui, pour les tribus dont nous nous occupons, sont EI-Qcar et Ouezzan. Lon l'Africain et Marmol parlent tous les deux du huis, qui leur poque se trouvait en grande quantit dans la
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tribu des Beni Gorfet, d'o il tait envoy Fs, o il servait la fabrication des peignes. On ne trouve plus aujourd'hui de buis dans cette tribu; il Y en a en trs petite quantit chez les Beni Y sef et chez les Soumata, o on en fabrique des peignes trs communs. Le huis qui est employ par les fabricants de peignes Fs et Ttouan provient des Akhmas et surtout du Rif.
L'Apicultuf'e.
Les Djebala lvent aussi des abeilles l , nous aVOns dj trait cette question dans nos tudes prcdentes~. L'apiculture est faite sur une beaucoup plus grande chelle dans les tribus de la plaine que' dans la montagne~ et de plus, le miel des Djebala, tant donn la nourriture que trouvent les abeilles, a un gOt"lt anler et dsagrable, ce qui n'empche pas qu'ils en fassent une plus grande consommation que les Arabes, {lui vendent surtout le leur. Les Djebala ven4ent les' rayons de cir sur leurs marchs il des revendeurs; quelques-uns fondent la cre,en font ,des pains tl's grossiers et vont les vendre' I,'s. Ls revendeurs de cire font galement le commerce de peaUx de chvres qu'ils achtent sur les ,marchs de la pla~ne ou ceux des villes. Dans les marchs de la montagne et d'ns
1. L'ducation des. abeilles tenall un ra~g. imporlam.dans' l'conomie rurale dM Romains. Magon s'tendait longtitl&l1 llU'l' 'teUe matire, preuve que l'npicultur t4it tr$ rpandue en .Attique. ' . Le Foi Juba dit que dans ce pays on emr.1oyait de prfrence les ruches de bois. Revue africaine, 1870, ouva'age ml, 'pi 98. Encore aujourd'hui, les ruches, djebah. sont faite!! en corce de lif(e. 2. Cf. " Les tribus arabes de la valle llu LckkQull . Arch. marDe., t. VI, p. 298.
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ceux de la plaine, la cire et les peaux sont vendues au mme endroit du march; on peut dire que ces deux marchandises constituent une seule et mme branche de commerce. Les peaux de chvres constituent le commerce le plus important des Djebala et il n'y a pas de march o il ne s'en vende des quantits assez considrables.
Le Tabac priser.
La fabrication du tabac priser est galement une industrie trs rpllndue chez les Djebala. Voici comment elle se pratique. On met dans un grand mortier de bois 25 livres de feuilles de tabac, pr~lablement mouilles; on les pile l'aide d'un pilon de fer trs lourd; lorsque ces feuilles sOnt dj. en partie .rduites en -pte, on y ajoute une quantit de cendres de bois de lentisque, quivalant au tiers environ des feuilles de tabac; on pile ce mlange p~ndant un certain temps, puis on le retire du mortier et on le place dans un grand vase de terre cuite, appel djohara. C'e~t un 'Vase de terre nop vernie, dans l'intrieu~ duquel sont pratiques des rainures en spirales, qui forment rpe; on frotte COntre ces rainures, l'aide ci'un pilon de bois, le mlange de tabac et de cendres de lentisques dj broy dans le mortier. On fait ensuite scher et on tamise avec soin. Cette fabrication exige "beaucoup 4,e temps et un travail trs fatigant. Le tabac est ensuite enferm daDfil des vessies (neboula), de diffrentes dimensions: par poids 'de ft livres, 2 livres, 1 livre et demi-livre.
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L'occupation romaine a d certainement s'tendre dans les tribus des Djebala que nous dcrivons. Cependant, sauf des renseignements assez vagues, il est impossible d'en rien.retrouver. D'une part, les recherches, ainsi que' nous l'avons dit, sont impossibles faire, tant donn l'intolrance des habitants, et de plus les forts et surtout les taillis de lentisques recouvrant le sol empchent les vestiges de demeurer apparents. Les indignes prtendent que dans la tribu des Beni Gorfet, la akha, hab'itait autrefois un Roumi qui s'appelait Oucham et que l'on retrouve cet endroit des restes de constructions ancienns. Ils parlent galement de ruines qui se trouveraient au Djebel arar. D'aprs Tissot, Colonia JuliaBabba Campe,'ris ( aurait t situe sur le Lixus 12 ou 15 milles l'est d'OppiduDl novum (EI-Qar el-Kebir), probablement Es-Srif, point o la route directe de Tanger Ouezzan i~averse le Loukkos li. Le dchar du Srif qui se trouve en cet endroit s'appelle Cebbab. Faut-il retrouver dans ce nom le souvenir de Babba ? Des ruines de constructions en pierres sont encore visibles, quoique recouvertes de ronces, au bord du ruisseau qui coule droite de la route d'EI-Qar Ouezzan auprs de Sidi el-Qajjaj, un peu avant d'arriver Cebbab. D'aprs Marmol, tome II, page 2H, Baba ou Julia Campe,tre se serait trouve l'emplacement de Beni T.eudi, sur les bords de l'Ouargha. cc. Il n'y a plus, dit-il, que les murailles et les restes de quelques vieux et superbes difices. Il y a trois fontaines avec de grands bassins de marbre et d'albastre et quelques anciens tombeaux de mme, qui
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tmoignent que ce sont des spulcres de personnes de condition. Il n'y a pas de certitudes non plus en matire de mines. Quelques indignes prtendent qu'il se trouve une mine de plomb, dans le Srif, entre Sidi Bou Serra et Ramei moun, et que les gens du pays trouvent en cet endroit, presque fleur de terre, du minerai duquel ils extraient le plomb dont ils font leurs balles. Cette assertion n'a pu tre contrle et ne peut tre accepte qu'avec toutes tserves. Il semble impossible que les indignes soient en tat de savoir exactement s'il y a ou non des mines dans leur territoire, moins qu'il ne s'agisse de mines qui aient t l'objet d'un commencement d'exploitation une poque recule. .De plus, ils cacheraient avec soin les gisements qu'ils pourraient avoir dcouverts, non pas tant pour s'en rserver l'exploitation que dans la crainte d'attirer sur leur territoire la convoitise du l\lakhzen ou celle de l'tranger. Oh trouve des 1!alines dans les tribus des BeniYsef et des Memouda.
DEUXIME PARTIE
NOMENCLATURE DES TRIBUS
CHAPITRE PREMIER
~..).... jA\
EHL SRIF
Le nom de Srif ~..r la range de ceps de vignes l " n'est pas un nOID de tribu, mais un nom de lieu, Les ft Ehl Srif sont les habitants du Djebel Srif, comme les Il Ehl Gharb )) sont les habitants de la rgion du Gharb, appartenant aux tribUs arabes dS Sefian et'des Beni M'lek. Le Djebel Srif, d'aprs la table go'graphique de la traduction d'Ibn Khaldoun, pat' de Slane, page LXXVIII, est Il une montagne d~ Rif marocain situe entre El Casr el
l, On ne peut s'empcher d'tre frapp par la'trquence,d8u le N.-D. marocain, des noms de lieux rappelant le. vi~ ou l,es raisins. La rgion montagneuse qui se trouve au S,-E. de Tanger, porte le nom de Djebel 'zablh la montagne de. rall!I1l1 sec.; une douzaia de kilom&r.e8 de Tanser, par la l'OUle de< Fs, OA trouve 141' village d'Ain J;)aIia la source de. vignes D, Le cap Spartel taU dsign, par le. Grecs, sous le nom de Al1.1:aM:l!Jux ou de KtI)'r/lC UPOy; le. cap de. vignes . li Ptolme, dit M. Tissot,donne la l'orme pluriel. Kc,o,;.~. et semble dsigner, sous ce nomcolleelir, non llo8ulement le masllir du cap Spartel, mai, tout le plateau 'projet par lee montaRDes du Rif entre Tllagls et LixUI, Enfin la ville arabe qui s'est leve en race de Lixus, sur la rive gaucbe du Lekkous, porle le nom d'EI-Araleb, les treilleA D.
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Kebir et le pays des Ghomara . Il nous a t impossible de retrouver partir de quelle poque le nom de Ehl Srif a t appliqu comme nom de tribu aux populations qui habitent le Djebel Srif. EI-Bekri, au onzime sicle, ne parle ni de la rgion ni de la tribu de ce nom. Ibn Khaldoun, qui vivait au quatorzime sicle, ne cite le nom de Srif que comme celui d'une montagne habite, dit-il, par les Beni Mn et les Beni Ou-ZerouaI. D'aprs la Dohal en-Nachir, de Mohammed ibn Asker dans la vie de Sidi Ahmed ech-Chouakh, de Zahdjouka, les gens du Srif taient, au commencement du seizime sicle, gouverns par Talha el.Arousi, qui les pressurait. Il semble donc qu' cette poque le Srif faisait partie des Beni Arous. Au seizime sicle, Lon l'Africain ne cite le Srif ni comme tribu ni comme rgion. A la mme poque, Marmol n'en parle pas davantage. A propos de la tribu des Beni Arous, il dit : C'est de l qu'taient sortis les Laroees (EI-Arousin); ils taient gouverneurs d'Ezagen (Azdjen), d'Acaar-quivir et de Larache 1 1) Le Djebel Srif est compris dans cette rgion, entre El Qar.et Azdjen. . Il est donc probable que la. tribu a~tuelle des Ehl Srif est d'une formation relativement rcente et qu~elle est compose d'lments divers forms de diffrentes trll>us. La population. surtout berbre, est certainement mlange d'lments arabes, tant par le grand nombre de familles chrifiennes qui y sont tablies que par 1. pntration des envahisseurs arabes, Riah et Khlot. Les. Ehl Srif se considrent comme appartenant la grande famille berbre des Ghomara, mais il est. certain qu'il doit s'y trouver galement des lments Genhadja. Comme nous l'avons dj fait remarquer au commencement de ce travail, les auteurs arabes ne sont pas d'accord
1. MARIIOL,
t. Il, p. 248.
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eux-mmes sur les origines Cenhadjiennes ou Ghomariennes de certaines tribus de la rgion du Habt. A propos des populations qui habitent le Djebel Sl'if, Ibn Khaldoun se contredit lui-mme. Aprs avoir dit, page 124 du tome II, que le Djebel Srif tait habit par, les Beni Mn et les Beni Ou-Zeroual, autres populations Cenhadjiennes, il dit page 134 du mme volume: Les Ghomara se partagent en une quantit innombrable de branches et de familles, parmi lesquelles on distingue surtout les Beni Hamid, les Metioua, les Beni Nl, les Aghsaoua, les Beni Ou-Zeroual, et les Medjekia. Les Ghomara habitent les montagnes du Rif, rgion qui borde la Mditerrane; leur pays a une longueur de plus de cinq journes, depuis Ghassaa, au nord des plaines du Maghreb, jusqu' Tanger, et il renferme ces villes, ainsi que Nokour, Badis, Tikiras, Titawin (Ttouan), Ceuta et Casr. La l~r geur de ce territoire est aussi de cinq journes. depuis la mer jusqu'aux plaines qui avoisinent Casr Ketama et la rivire' Ouargha. 1) La tribu actuelle d'Ehl Srif est comprise dans cette rgion. Outre les diffrents lments berbres, il se trouve galement en Ehl Srif un lment arabe, compos d'abord des nombreuses familles chrifiennes des descendants de Moulay Idris et des infiltrations arabes venant de la plaine., Il serait aussi difficile aujourd'hui de distinguer les familles arabes des familles berbres que de retrouver les origines relles de ces tribus berbres elles-mmes. La langue arabe avec ,le mme accent et mlange des mmes ~xpressions berbres est employe par tous indistinctement, et la manire de vivre, se rapprochant plutt des coutumes berbres, est la mme pour tous.
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Historique.
La tribu des Ehl Srif n'existant au point de vue administratif que' depuis une poque relativement rapproche de nous, il est impossible de retrouver l'histoire des populations qui habitaient le Djebel ,Srif avant le sicle dernier. Vers 1845, les Ehl Srif faisaient partie des tribus places sous l'autorit du faqih Si Bouselham ben Ali Astot er-Rifi, gouverneur de Tanger, Larache, EI-Qar, de toutes les tribus du Fah, Gharbia, Sahel, Khlot, Tliq, et de toute la rgion des Djebala. Si Bouselham tait galement reprsentant du Sultan Tanger, o il rsidait. L'tende du territoire de ce gouvernement fut diminue la mort de Si Bouselham; celui de Tanger et des tribus environnantes en fut spar et POUl-V d'un gouverneur particulier qui habitait Tanger, tandis que le gouverneur des tribus du Khlot, Tliq, Ehl Srif, etc., rsidait Larache. ." ' Le successeur de Si Bouselham fut le Hadj Ali Astot, son neveu, qui gouverna pendant une trentaine d'annes. Il y a environ trente-cinq ans, sous le rgne de Moulay el-Hasan, Ehl Srif faisait partie du gouvernement du Qald ~fohammed Ould el-Hadj Ali Astot, Qald de Larache, d'ElQar, du Khlot, du Tliq et de plusieurs tribus des montagnes. Ce gouverneur avait sur ces tribus une autorit effective et les administrait. A sa mort, il y a une trentaine d'annes, le gouvernement de. Larache et des tribus qui en relevaient, sortit de la famille' Astot, o" iltaii rest pendant plusieurs gnrations, et fut donn au Hadj ~I'hammed Ould Ba Mohammed ech-Chergui, de la tribu guich des Cheraga. En 1.882, le Sultan 1\Ioulay el-Hasan
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runit une Mehalla considrable pour son expdition au Sous contre le Chrif de Tazeroualt, EI-Hosein Ou Hachem, descendant de Sirli Ahmed bou Mousa el Hasanr es-Semlali. Il ordonna au gouverneur de Larache d'envoyer ses contingents, y compris ceux des tribus montagnardes, ce qui, ainsi que nous l'avons vu en parlant de la harka, est contraire l'usage tabli. Les tribus des Rhona et du Srif, qui cette poque relevaient toutes les deux du gouverneur de Larache, refusrent d'envoyer leurs contingents et immolrent des taureaux la grande tribu des Ghezaoua pour obtenr son. appui contre le Makhzen. De:vant cette rsistance, le Qad Ould Ba Mohammed, qui avait runi au Minzah d'EI-Qar les contingents du Khlot et du Tliq et qui avait appris que les Ehl Srif, avec des fractions des Rhona, des Ghezaoua et des Beni Ysef venus leur aide, taient runis au dchar d'ElQaou en Srif, o habitait le Hadj Mohammed ezZiat, l'instigateur de la rvolte, envoya son infanterie sur la gauche par le village khlot des Debaryin afin d'attirer les Djebala dans la plaine, et partit lui-mme avec sa cavalerie par Sidi Embarek ben ech-Cheikh. Dissimul derrire les collines de Sidi Amar el-Qaltoun sur la limite du Srif et du Khlot, il attendit le mouvement en avant des Djebala contre son infanterie qui devait leur faire quitter le couvert de lentisques o ils taient l'abri. Entratns par leur combat contre l'infanterie qui les attirait en reculant,les Djebala descendirent dans la plaine. Le Qald Ould Ba Mohammed leur coupa la retraite avec sa cavalerie: il en tu~ un grand nombre et fit beaucoup de prisonniers, parmi lesquels le Hadj Mohammed ez-Ziat lui-m~~e; Une soixantaine de ttes de Djebala, sales pralableuent par les Juifs d'EI-Qar, furent envoyes au .Sultan Fs. La rsistance des Ehl Srif tait brise et leur soumission fut complte. A la mort du Qard El-Hadj M'hammed Ould Ba Moham-
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med, le gouvernement de Larache, des tribus du Khlot, du Tliq et de certaines. tribus de montagnes y compris celle d'Ehl Srif, retourna la famille Astot en la personne de Si EI-Mekki ben Abdesselam. Les ehl Srif, rduits par le gouvernement nergique du Qafd Ould Ba 'MohaII1med, ' restrent soumis Si' el-Mekki, mais la faiblesse d ce gouverneur leur permit de reprendre des habitudes d'indpendance qui se manifestrent sous son successeur, qui, . tait son 'neveu, Si Ahmed ben et-TahaIili Astot. Celui-ci avait comme secrtaire et comme conseiller un homtne d'un certain savoir et d'une certaine intelligence, mais d'une probit douteuse, Si Ahmed GhaIlan, briginaire des Beni Gorfet, et qui tait de l'ilIustrefamille des Gb:alan, laquelle appartient le fameux moudjahid AbouI-Abbas Ahmed el-Khadir beriiAli Gharlan'qui a tenu'une si grande place'da'ns l'histoire du Maroc au dix-septime sicle au moment de l'avnement de la dynastie des Filala. Nous reviendrons sur cette famille en tudiant la tribu des Gorfe!: Les conseils de Si Ahmed Gharlan, qui n'avaient d'autre but qU'e de favoriser ses intrigues personnelles dans les tribus de faon augmenter partons les moyens sa propre fortune, ne tardrent pas provoquer des II1esures qui cusrent dans les 'tribus relevant du gouverneur de , Larache une vritable exaspration. ..,' La tribu des Ehl Srif s'insurgea contre l'autorit de Si Ahmedben et-Tahami dans le courant de l'anne 1892, refusa de payer l'impt et de f~urnir les continghts d troupe pour une harka qui devait accompagner le Sultail dattE! son voyage au Tafilelt. On voit'q~e cette'qu'f5tion de la harka pour des expditions loignlf est BoUvn\ ,raison dterminante d'esoulvenints des Djbala. Le Qald Si Ahmd 'ben. et-Tahaitli vlilut recotnm'encer l'opration qui avait si 'bien russi OuM Ba Mohammed ech-Chergui. Comme lui, Havait runi au Minzah d'EI-
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Qcar les contingents des tribus arabes du Khlot et du Tliq. Mais, tandis que le Qad Ould Ba Mohammed avait toute la sympathie des Arabes qu'il administrait avec fermet mais avec justice, tandis qu'il tait lui-mme bon cavalier et courageux, Si Ahmed ben et-Tahami, grce aux mauvais csnseils de Si Ahmed Ghalan, n'tait pas aim et, de plus, il n'tait aucunement un homme de poudre. Il envoya contre les Ehl Srif son Khalifa, Si Ahmed Khannera, qui voulut refaire le mouvement tournant du Qad Ould Ba Mohammed. Trahi par les gens du Khlot qui avaient prvenu les Djebala, Khannera fut pris dans une embuscade entre EI-Qaouc et Dar el-ouzari, l'endroit o se sparent les deux routes dont l'une conduit au Souq de l'Arba de Sidi Boubeker. et l'autre Ouezzan par Cebbab. Les Djebala conduisirent leur prisonnier jusqu' l'emplacement du march de l'ArMa de Sidi Boubeker et l'attachrent un olivier sauvage au haut du march. Ils lui couprent alors avec leurs couteaux des tranches de sa propre chair qu'ils l'obligrent manger. Ensuite,ils le suspendirent aux branches de l'olivier et tirrent sur lui la cible. Quand le malheureux fut enfin mort, ils dcouprent son cadavre en morceaux qu'ils se partagrent et qu'ils jetrent aux chiens. . Devant cet chec, le Qad Si AhDled ben et-Tahami demanda au Sultan l'appui des tribus du Gharb et l'envoi d'une Mehalla. Les Qads Si Boubeker el-Habasi, des Beni Malek, H~dj Bouselham Rcmouch, des Sefian,' Idris Ould Ahmed hen Bouaza, des Oulad Aisa, M'hammed el-Gueddari, des Deni Hasen, vinren;t avec leurs contingents planter leurs tentes au Minzah d'EI-Qar. A ces gouverneurs de tribus de Naiha se joignirent les tribus G~ich Cheraga, Cherarda, Oulad Djama1 EI~Oudaia. Toute cette expdition, relativement considrable, qui comprenait environ cinq cents fantassins, deux mille cavaliers et quatre petites pices
d'artillerie, tait place sous le haut commandement de Moulay el-Amin, frre du Sultan Moulay el-Hasan. Aban donnant la partie de la tribu du Srif qu'il avait attaque la premire fois et o Khannera avait trouv la. terrible mort que nous avons raconte, Si Ahmed ben et-Tahami dirigea les troupes vers la partie nord de la tribu, du c6t du Souq elKhemis de Bou Djedian et du marabout de Sidi Ali ech-Choulli. Aprs quelques checs, les troupes du Sultan finirent par avoir le dessus et incendirent les dehors de Cafeaf et de Bou Djedian. Plusieurs ttes furent rapportes, entre autres celles de tous les enfants d'une cole et celles du faqih. On n'osa pas envoyer les tc\tes d'enfants Fs et elles furent enterrs EI-Qar, au sanctuaire de Sidi el-Hadj Ahmed etTlemsani. Pendant le sjour EI-Qar de la Mehalla runie contre les Ehl Srif, survint, au moment du passage EI-Qat du Ministre de France, comte d'Aubigny, un incident que nous avons rapport dans f( Les tribus arabes de lavane du Lekkous t . n s'agissait d'une infraction au protocole commise par Si Ahmed ben et-Tahami vis--vis du Ministre de France. Cet incident, joint l'tat d'anarchie de son gdvemement, provoqua la chute de Si Ahmed ben et-Tahami, qui fut remplac par le Qard Abdelqader bel-Hadj el-Hadi Khalkhali el-Yakoubi el-Kholti, ftllcien amin du tertib de 1881. Afin de calmer momentanment l'insurrection des Ehl Serif, que la campagne dirige cont1e eux n'avait pRS amens faire leur soumission, le Makhzen leur donna un gouverneur particulier appartenant 1\ leur propre tribu. le Qard Abdesselam ben Hammo, du dchar d'Ain Bou Amel'. Si Abdesselam bell Hammo commena par se mettre n l'abri de ses contribules en venant hitbiter le plus 'souvent EI-Qu. Il gouverna la tribu' tant bien que mal pen1.
cr..trch. maroe., t. V, p.
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dant une anne; au bout de ce temps, un soulvement se produisit tandis qu'il tait dans sa maison de Ain Bou Amer, en Srif. .JI eut tout juste le temps de se sauver et de se rfugier chez les Oulad Ali (Khlot. Oulad Amran). Sa maison d'Am Bou Amer fut incendie, ses troupeaux razzis. Le Makhzen le destitua et s'empara en outre des biens qu'il possdait EI-Qar; sa femme et ses enfants qui s'y trouvaient dUl'e~t s'chapper par les terrasses pour n'tre pas arrts. Pendant un certain temps, Abdesselam hen Hammo et sa famille, qui tait parvenue l'y rejoindre, restrent chez Mohammed ben Djilali, aux Dulad Ali; puis il se rconcilia ~vec sa tribu et retourna y vivre jusqu' sa mort. Si Abdesselam ben Hammo fut rem.plac dans le gouvernement du Sri.f pa.r le Qald Abdelmalek bel-Hachemi es-Sadi, gouverneur de la ville d'EI.Qar. Si Abdelmalek, ancien Khalifa du Pacha de Tanger, ancien Amel.d'Oudjda, ancien ambassadeur du Sultan Paris, o il s'tait rencontr avec M. Grvy, tait originaire des Beni Sald, du Rif, mai$ il tait n Tanger o sa famille tait tablie depuis: le retour des Musulmans dans cette ville a.prs. le dpart des Anglais en 1,684; il appartenait donc une famille du Makhzen de Tanger. C'tait un homme d'ulle certaine valeur, mais fatigu et vieilli; on lui avait d()nn le gouvernement d'EI-Qar comme une retraite. On ne l'y a d'ailleurs pas laiss longtemps. Envoy ensuite Larache, il a fini par tre envoy Taza, o il est mort quelque temps avant le premier .soulvement de Bou Hamara dans cette ville. Sans moyens d'action,.Si Ahdelmalek voulut user de diplomatie avec les gens du Srif qui se moqurent de lui. Ils le traitaient cependant avec une certaine considration cause de sa haute tenue et de son grand Age, mais ils ne lui payaient aucun impt. Le Qad Abdelqader el-Khalkhali, par des achats suc-
cessifs, finit par runir en un seul gouvernement, en 1896, les villes de Larache et d'EI-Qar, les tribus arabes du Khlot et du Tliq et les tribus de montagnes du Srif, des Beni Ysef, des Soumata et des Rhona. Son autorit effective ne s'exerait que sur les deux villes et sur les tribus arabes; il gouvernait un peu le Srif; quant aux trois autres tribus de montagnes, elles lui chappaient compltement. En 1902, dpouill de presque tous S8S gouvernements, il fut envoy Arzila; les tribus de mon-' tagnes ne furent donnes personne. et restrent nominalement au Qad EI-Khalkhali, avec Arzila o il rsidait, ~t les Oulad Yaqoub dans le Khlot. Lorsque, dans le courant de l'anne 1903, le Qad Abdelqader el-Khalkhali fut assassin pal' ses administrs Arzila, Ehl Srif et les autres tribus qui taient thoriquement places sous son autorit restrent quelque temps sans gouverneur. On a prtendu que son fils SiMohammed el-Khalkhali avait donn au Makhzen une c.ertainesomme pour obtenir le gouvernement. de ces tribus, mais il a toujours t impossible de rien savoir de positif ce sujet. Quoi qu'il en soit, un Srif! du dchar de Daim e/~ Ghemiq, .si el-Hachemi Cata, acheta .lego.uvernement de sa tribu. Le Makhzen lui envoya un sceau en argent qui lui fut remis EI-Qar par l'intermdiaire d'un ngociant de Fs, Si el-Diilani Bennis, moyennant mille douros. Aussit6tque Si el-Hachemi voulut gouverner ses contribules d'une manire effective, ceux-ci, habitus une complte indpendance depuis plusieurs annes, se soulevrent et brlrent la maison de leur nouveau gouverneur, qui n'eut.que le temps de se sauver dans la tribu des Rhona. La tribu du Srif resta. encore une fois. pendant quelques mois sans Qa4 .et s'administra elle-mme sous l'autorit de sa Djemda et de ses notables. Au mois de dcembre 1904, au moment o des difficults avec le Makhzen retardaient le dpart pour Fs de
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l'ambassade de M. Saint-Hen-Taillandier, des intrigues, diriges par les membres du Makhzen eux-mmes, avaient pour but d'empcher cette ambassade, qui tait annonce comme devant exiger des rformes de nature empcher ou tout au moins diminuer le pillage administratif. Pour essayer d'obtenir ce rsultat, et pour effrayer l'ambassadeur, le reprsentant du Sultan Tanger, le Hadj Mohammed et-Torrs, osait dclarer qu'il ne pouvait pas rpondre de la scurit de l'Ambassade entre Tanger et EI-Qar, sous prtexte des agissements de Ralsouli; en mme temps, l'instigation d'un Chrif du Srif, El.Hadj el-Mokhtar, qui revenait de Fs, la fraction des Outaouiyin de la tribu fit une manifestation contre la ville d'EI-Qar. SoJs le prtexte que les femmes du Srif qui venaient au march d'EI-Qar y taient instiltes, que le Hadj ElMokhtar lui-mme avait t maltrait par un Europen habitant la ville, sept ou huit cents fusils descendirent jusque dans les jardins d'oliviers qui se trouvent l'est de la ville, menaant d'exercer des reprsailles pour venger les insultes dont la tribu a\'8it t l'objet, Les trois Qalds qui habitaient EI-Qar, Bouselham bellJerredia, gouverneur du Tliq, Si Embarek el-Khammali, gouverneur du Khlot, Abderrahman el':'Yaqoubi, Khalifa pour EI-Qar du gouverneur de Larache, Si M'hammed elGueddari, au lieu de prendre des mesures de dfense, ce qui leur et'It t facile avec les moyens llont ils disposaient, traitrent avec les Djebala et achetrent leur dpart moyennant trois cents douros qu'ils firent ensuite payer la ville au quintuple. Les seuls Juifs d'EI-Qar payrent cette occasion six cents douros. Une ~rehalla conunandc"e par le Pacha des Cheragn, Si .\bdelkerim ben Larhi OuM Da Mohammed ech-Chel'gui cfui tait envoye par le SuJtan afin de rtablir les communications entre Tangel' et El-Qar, coupes par Raisouli, arrivait EI-Qar JK'1l de temps aprs ces vnements.
Au lieu de prendre vis--vis de la tribu des Ehl Srif les mesures nergiques qui convenaient, et qui seules auraient pu les soumettre, on traita a"ec elle, on parlementa, on intrigua, et tout se rgla moyennant quelques sommes d'argent remises au chef de la Mehalla et au Chrif Baraka qui l'accompagnait, Moulay Boubeker el-Filali, parent loign du Sultan. Afin de satisfaire les apparences et de sauvegarder la dignit du Makhzen, le gouvernement de la tribu fut vendu au Qad Bousselham bel-Herredia, gouverneur du Tliq, qui, peu de temps auparavant, avait dj achet le gouver nement de la ville d'EI-Qar. Son administration, qui consistait surtout se servir des Ehl Srif comme d'\Jn pouvantail pour El.. Qar, de telle sorte que la ville, attaque toutes les nuits par des bandes de Djebala arms, tait devenue presque inhabitable, ne fit qu'encourager ces derniers persvrer dans leur anarchie, de complicit avec leur complaisant gou'erneur. Dans le courant de l'anne 1906, les gouvernements -d'EI-Qar, du Khlot, du Tliq, du Srif, de Carar et des Memouda, furent achets par le Hadj Bouselhaul ben .\li er-Remiqi el-Djellouli el-Kholti, notable du Khlot 1. Les Ehl Srif refusrent positivement de reconnaltre le nouveau gouverneur, qui, impuissant pntrer dans la tribu, se contenta de f.aire arrter les gens du Srif qui venaient El-Qar; il en fit mme tuer un soir par ses soldats, de telle sorte qu'aucun Srifi ne venait pllls en ville et que les relations de la tribu .avec l~ur gouverneur taient compltement interrompues. Lorsqu'aprs la proclamation de 1\;Ioul8Y Abdelhafid cn aott 1908, le Qad Er-Remiqi fut arrt et remplac au
1 Cf. Arch. maroe., t. V. Les Trlbu8 arabcs de la valle de Lekkous , 18, el t. y\. p.3i7.
)1.
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gouvernement d'EI-Qar, du Khlot et du Tliq par le Qad Mohammed Ould Boucheta el-Baghdadi, de la tribu Guich des Oulad Djama, la tribu des Ehl Srif fut ratta che au gouvernement de Larache. Le Qad de cette ville tait alors Si Abderrahman ben Abdessadaq, ancien Amel d'Oudjda et ancien gouverneur de Fs el-Bali. Le pacha de Larache, spar des Ehl Srif par le Khlot et le Tliq, sans tribu, arabe, sans troupes, n'avait aucun moyen d'action sur cette tribu, qui, de fait, chappait compltement l'autorit du Makhzen et se gouvernait ellemme comme bon lui semblait. En 1909, le Hadj Bouselham er-Remiqi racheta moyennant un million environ les gouvernements d'EI-Qar, du Khlot et du Tliq, et la tribu du Srif fut donne ou vendue avec les autres tribus montagnardes au fameux Chrif Moulay Ahmed ben Mohammed er-Rasouli, qui, de bandit, tait devenu gouverneur. Jusqu' prsent, Rasouli n'a exerc aucune autorit effective sur les Ehl Sl'if; cependant, dans les premiers mois de 1910. une Mehalla chrifienne qui tait campe Sidi Bou Douma, au sud d'Ouezzan, sous le commandement de Si Mohammed Ould Boucheta hel-Baghdadi, aprs avoir soumis la tribu des Memouda, vint camper Azdjen ; de l, avec le concours des Beni Mestara, des Beni Mez guilda, des 'Memouda et des Ghezaoua, qui avaient dj fait leur soumission, elle razzia compltement et rduisit la tribu des Rhona et pntra dans lA Srif dont elle brla plusieurs villages: Dar Malzo, EI-Meghtir, AIn Hadjel et quelques maisons d'EI-Mendjera. Les Ehl Sriffirentalors leur soumission au Qad Mohammed el-Baghdadi, qui les envoya Arzila, leur gouverneur Moulay Ahmed erRasouli. C'est lui que la tribu du Srif verse actuellement l'impot (el-qanatir) fix par le Makhzen, tandis que la ~Iehalla de Baghdadi reste campe Azdjen; d'o elle va se diriger Cebbab, en Srif sur la rive droite du Lekkous.
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La soumission des Ehl Srif semble donc complte en ce moment; il est craindre que, conformment son dplorable systme, le Makhzen, aprs avoir dpouill la tribu, ne l'abandonne de nouveau l'insoumission et l'anarchie t.
Limites de la tribu.
La limite de la tribu des Ehl Srif avec celle du Khlot est indique en commenant par le Nord, du ct des Beni Gorfet, par la qoubba de Sidi Ali Bouloufa ; du dchar de E-afaf au dchar d'Ain El-Mir, la limite entre les deux tribus est forme par l'Oued el-Mkhazen pendant 1.500 mtres environ. On trouve ensuite'le dchar d'AIn Mamoun qui se trouve au-dessus du Souq el-Khemis de Boudjedian, audessus duquel se voit la qoubba de Sidi Ali ech-Choulli; puis le dchar d'EI-Meqbat, le. dchar d'El.Azib. Du petit village de Bir ed-Douar jusqu'au dchar de Dar el-oued, la limite est forme sur une longueur d'un kilomtre envirori par l'Oud Ouarour, qui sort du Srif .Dar el-Oued et
1. Dans le courant de l'anne 1910, le chrif Moulay Ahmed er-Ralsouli a t nomm gouverneur de la tribu du Kblot en remplacement du Hadj Bouselbam er-Remiqi destitu. Pendant quelques mols Ralsoull qui avait tabli EI-Qar el-Kebir le centre de son gouveruement, a pu continuer gouverner elYectivement la tribu du Srif laquelle il avait donn deux cheikhs: Si el-Hachemi Qriouar, voleur et recleur rput, du village des Beni Gueddour, pour la fraction des Oulaourin ; SI Mohammed ben Abdessalam ben Hamo, du village d'Ain bou Amer, dont le pre a t autrefois gouverneur du Srif, POIII' la fraction des Fouqanfin. Dernirement les OulaouYin se sont soulevs contre leur Cheikb et ont incendi les villages da Beni Gueddour, Ain Hadjel et EI-Mogbtir. Si-elHachemi Qriouar a pu l'chapper et s'est rfugi AnUa o rside Rai souli actuellement, aprs avoir quitt EI-Qar dfinitivement ou momentanment. Les Oulaoufin ont fait des sacrifices d'animaux aux tribus des Rhona, Ghezaoua et Beni Mestara, qui leur ont promis leur appui contre Ralsoull au e8S de besoin. Les Fouqanrin, avec leur chef Mohammed ben Abdessalam ben Hamo, ne se sont pas encore prononcs ouveltement contre Ralsouli et aLtendent les vnements.
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entre dans le Khlot en tournant vers l'ouest Bir ed-Douar. On trouve ensuite, sur la limite des deux tribus, les dchar de An Qrar, Dar af et Tagharabout en Srif, en face des Cherarka, dans le Khlot; puis le petit dchar de EdDjilia et celui de Bourkha en face des Oulad el-Bernia dans le Khlot; le dchar d'EI-Qaouc et celui d'EI-Outah, qui fait face au Debaryin du Khlot. D'EI-Qaou au dchar d'EI-~filianah, la limite est forme par le torrent (khandaq) de Et-Taraout qui, aprs EI-Milianah, entre dans le Khlot. En face du douar Khlot des Halalfa, se trouve en Srif le dchar du khandaq EI-Ramra, puis la limite du Srif est forme par l'Oued Lekkous l'endroit o cette rivire forme une boucle autour de Ez-Zahdjoudaka, dit Ez-Zahdjouka de l'Arab, pour le distinguer du village du mme nom en Srjf. En face d'Ez-Zahdjouka, qui est en territoire Tliq, se trouvent, sur la rive droite du Lekkous, le village srifi appel Dchar el-Maalem, et la colline boise des Ketama qui fait galement partie du Srif. La tribu du Srif, qui est limite l'ouest et au sudouest par le Khlot et le Tliq, est limite au sud par arar et Memouda; l'est par les Rhona; au nord-est pal' les Beni y sef et les Soumata ; au nord par les Beni Gorfet. Les Ehl Srif sont donc sur la rive droite de l'Oued Lekkous, sauf la colline des Ketama et le village d'El-Guisn, qui se trouvent sur la rive gauche, et ce dernier quatre kilomtres environ de l'Oued Lekkous, sur un mamelon lev et bois qui est au sud-est du Djebel Gheni et au nordouest du arar. Gographiquement, ce mamelon fait partie de cette montagne, mais administrativement la moiti du dchal" d'El-Gui~a, qui est son sommet, appal"tient au Srif, l'autre moiti relve de arar. La situation administrative de arear n'est d'ailleurs pas trs fixe ct il est rattach tantt la tribu des )Ie~~mouda, tantt au Srif. En face de ar~~ar, sur la rive droite du Lekkous, on
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trouve en Srif les dchars de BeDi Khaled, Mimouna, Beni Mafa. A partir de cet endroit, le Srif est limit sur une courte distance par la tribu des Memouda, dont il est spar par le Lekkous. Du dchar d'E-Cebbab celui de Tefer en Srif, le Lekkous forme la limite entre cette tribu et celle des Rhona. Sur ce parcours d'une dizaine de kilomtres, se trouvent les dcbars de EI-Megbtir, AIn Hadjel, Dar Maizo, DaIm el-Ghemiq, af Traoula. A partir de Tefer, le Lekkous cesse de limiter le Srif et Rhona et, tournant l'est, coule entre cette dernire tribu et celle des Beni Ysef. . La tribu des Srif est alors limite au nord-est par les deux tribus des Beni Ysef et des Soumata. En fa.ce de la premire de ces tribus, se trouvent en Srif les dchars des Beni Sefar, de l'Azib ou Anar el-~Ieriniin (el-Meriniicb, en dialecte djibeli) et cehii de af el-Khelaf. Entre les Beni Cefar et l'Azib el-Meriniin, la limite est traverse par l'Oued Ouarour, qui cet endroit porte le nom d'Oued Azela et qui descend de Sidi el-Mezouar en Soumata, traverse le Srif et en ressort, ainsi (lue nous l'avons vu, poui' pntrer dans le Khlot Bir ed-Douar, aprs avoir limit le Srif et le Khlot depuis Da1' el-Oued. A parth' de af el-Khelaf, c'est la tribu des Soumata qui, toujours au nordest, est en face du Srif. Les dchars de cette tribu qui sont vis--vis des Soumata sont: An Bou Kerchoum, EI-Qlhl, puis, au nord, vis--vis des Beni Godet, les villages d'An Manour" et de Tismelal. Nous sommes ainsi, en laisant le tour de la tri"u des Ehl Srif,. revenus au dchar d'Es-Souhlrin oil se :tfouye lu la qouhba de Sidi Ali Bou Loufa d'o nous somlll;es partis. Le cot nord d'Es-Souhlin est tourn vers les Beni Gorfe~, le cot est vers le Khlot. Ce villaKeest habit par des Khlot, mais se trouve en territoire Srifi, au point de jonction des trois tribus: Khlot, Ehl Sril et Bni Gorlet.
248
ARCHIVES MAROCAINES
Roules el Gus.
Il n'y a bien entendu pas plus de vritables routes en Ehl Srif que dans le reste du Maroc, mais de simples pistes plus ou moins frquentes. Les plus importantes sont : celle d'EI-Qcar qui conduit d'EI.Qar Ouezzan par Cebbab; celle d'EI-Qcar Ech-Chaouen, qui passe au sud des Zahdjouka d'Ehl Srif; celle d'EIQar Moulay Abdesselam, qui traverse Ehl Srif en bas et l'ouest du Khemis de Bou Djedian; une piste d'EI-Qar Ttouan par la mon tagne, qui passe Allag et aux Oulad Bou Maiza dans le ~hlot, entre en Ehl Srif EI.Qlia, passe An Bou Qerchoun, au Souq et-Tenin et pntre ensuite dans les Soumata, aprs avoir travers l'Oued el-Mkhazen. Les autres pistes ne servent qu' faire communiquer les dchars entre eux. Il n'y a pas dans les tribus des Djebala de nezail (sing. nezala), endroit dtermin o les voyageurs passent la nuit moyennant un droit qui est gnralement de un bilioun (0,25) par bte. Les voyageurs passent la nuit chez des gens qu'ils connaissent ou en demandant l'hospitalit (Daif Allah). Les pitons couchent la mosque du village. Les principaux gus qui permettent de traverser les trois rivires: EILekkous, et ses deux affluents, l'Oued elMkhazen et l'Oued Ouarour, sont les suivants: Sur' l'Oued ElMkhazen : EI-Mechra Oulad Bou Maza entre le Khlot et Ehl Srif, berges de il mtres en t t , lit pierreux, largeur 15 mtres.
1. En hiver, la hauteur des berges vllrie selon l'Importance des crues, el les gus deviennent le plus souvent inCrancbissables au moment des grandes pluies.
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EI-Mechra du Tenin d'Ehl Srif en face de EI-Khriba des Soumata. Pas de berges, fond de sable, plus de 25 mtres de largeur. Le torrent de Bou Ouadran tombe cet endroit dans l'Oued el-Mkhazen. D'autres gus se trouv~nt sur les pistes qui relient les. villages entre eux, mais ils sont tous d'un abord difficile et ne peuvent tre utiliss que par des pitons. Sur l'Oued Ouarour, qui porte dans la montagne le nom d'Oued Azela, entre le dchar d'Ehl S;rif Azib el-Merinlin et le dchar des Beni Yser, El-Feddan Dra, un gu sans berges mais que son fon" rocheux rend mauvais; 15 mtres de largeur. En approchant du Khlot, mais dans la tribu du Srif, l'Oued Ouarour qui porte en amont le nom d'Oued Azela, s'appelle Oued ech-ChekaouiTi. Il s'y trouve un gu avant d'arriver au Khemis de Bou Djedian. Pas de berges; fond de' sable; 10 mtres de largeur. Sur l'Oued Lekkous: Mechra des Ketama, .entre Zahd jouka de l'Arab et Ketama; sans berges, fond pierreux, tO mt~es de largeur. . Mechra de Mimouna, en face de ce village pour aller~ arear; ce gu se trouve sur la route d'EI-Qear Ouezzan, dite d'EI-Hammara du nom du dchar EI-Hamtnara en Meemouda; on passe ce gu aprs avoir long le flanc nord-ouest du Djebel arar; pas de berges, fond de sable; 10 mtr,es de largeur; bosquets de lauriers-roses sur les. deux rives. Mechra de Cebhab; sur la route d'EI-Qar Ouezzan dite route de Cebbab, au nord de la prcdente. Pas de berges, fond de sable; ce gu est partag par une petite . tle de 6 7 mtres de largeur; chaque branche du gu a de 5 6 mtres. Les deux rives et la petite lIe du milieu sont couvertes de lauriers-roses. Mechra de Ain, Hadjel, entre les deux tribus du Srif et des Rhona; au milieu de ce gu se trouve une Ile de plus de 60 mtres de largeur. Chaque bras du gu a une
1 7
250
ARCHIVES
~(AROCAINES
douzaine de mtres de largeur; fond de cailloux et de sable. C'est un des meilleurs gus de l'Oued Lekkous; tant donne sa largeur, il est franchissable lorsque les autres ne le sont pas. Mecllra de '.An el- 'Asel, qui tire son nom du dchar de '.\n el-'Asel, dans la tribu des Rhona; ce gu est sur la route d'El-Qar Ech-Chaouen. En face de 'An el-'Asel en Rhona se trouve en Ehl Srif le village de DaIm ElGhemiq. Aprs le gu de '.\n Hadjel, le meilleur gu du Lekkous, est cf'lui de Tefer, entre ce village en Ehl Srif et le dchar de El-Qloua en Rhona. Au milieu de ce gu se trouve une He de () 7 mtres de largeur. Chaque bras de la rivire a une dizaine de mtres de large; pasde berges, fond rocheux. Ces diffrents gus, sur les trois rivires, sont praticables en t, mais ils ne le sont plus aprs les fortes pluies et il arrive que des plerins revenant de Moulay Abdesselam soient arrts pf'ndant huit jours par l'Oued elMkhazen devenu infranchissable. Lf'S deux gus que nous avons signals, cf'lui de '~\n Hadjel et celui de Tefer, restent fl'anchissahles plus longtemps que les autres, mais cessent gall'ment de l'tre au moment des fortes crues. Les dl'oils de bacs et de pcheries, qui appartiennent au ~Iakhzf'n dans les tribus de plaine' n'f'xistent ni en Ehl Srif ni dans les autres trihus de montagnes. Il n'y a d'ailh'urs de bac sur aucune rivire et quant la pche, (lui ('st p('u pratique, die est rgle de la faon suivante: de lIl,me que les Djebala sc considrc'nt souverains de leur sol, ils se considr('nt souverains (les rivires qui traversent leur t("('itoire. Chaque village se rserve le droit exclusif de pcher au filet dans la partie de rivire dont son territoire est riverain; quant la pche la ligne, elle est li1JI'e (\t chacun pent s'y livrer o bon lui sem hie.
251
ou pltre.
Il n'existe pas en Srif de mines connues. D'aprs certains racontars, les gens de cette trihu y trouveraient SUl' place -le plomb avec lequel ils fondent leurs balles; vrification faite, ce renseignement est inexact et les habitants du Srif achtent le plomb dont ils se servent et qui est import. Il n'y a pas proprment parler de ca~rires de pierres, mais des roches en grande quantit, que les habitants brisent en morceaux irrguliers pour construire leurs maisons, lorsqu'ils ne trouvent pas sur le sol les pierres a8St'~ petites pour cet usage.' La seule carrire de chaux du Srif se trouv Sidi Al Bouloufa sur la limite du Khlot; on n'y connaU pas de carrires de pltre. Les gens du Srif tirent de terre, peu de profondeul', non pas de puits, mais de simples trous, une terre blanchtre dont ils se servent pour blanchir les murs, et qu'ils appellent Biada; ce d<>it tre de l'argile ou de la marne, c'est--dire de fargile naturellement mlange de chaux. Il n'y a dans la tribu du Srif aucun vestige apparent de constructions antiques. Lesgetl8 du pays racontent qu'il y a eu anciennement des constructions importantes .Demna d'Ehl Srif, mais il n'en reste plus trace. On trouve en Ehl Srif quelques familles trangl'os dissmines dans les villages, mais il n'existe pas de dchars entiers composs uniquement d'trangers. La trihu ne tolrerait pas une semblable' installation." Les familles qui n'appartiennent pas il la tribu et qui y
1
252
ARCHIVES MAROCAINES
vivent depuis longtemps, malgr les alliances qu'elles ont contractes avec les familles du pays, sont toujours considres comme trangres. On cite, entre autres, la famille des Ben Djada qui, aprs avoir habit EI-Garza et EI-Qaou, a fini par s'tablir ElQar et dans le Khlot. Cette famille serait originaire de Bou Djad en Tadla, d'o son nom. Lorsque Moulay Ismall tablit dans les diffrentes tribus insoumises des postes de Bouakhar (la garde noire), en affectant leur entretien la Zekat et l'Achour de ces tribus qu'ils taient chargs de percevoir, il plaa 'Zahdjouka du Srif ceux qui taie~t chargs de maintenir l'autorit du Makhzen dans toute l~ rgion dont nous nous occupons. L'organisation cre par Moulay Ismarl n~ tarda pas 1:Ie dsa~rger et les Bouakhar qu'il avait tablis dans les tribus, abandonns eux.-mmes, revinrent . Mkins, ou se dispersrent. Un grand nombre d'entre eux restrent dans les tribus o ils avaient t envoys. C'est ainsi que le dchar de Zahdjouka est presque entirement habit par des Bouakhar qui sont tous joueurs de tambourin ou de hautbois, tebbala et ghiata. Nous parlerons de l'organisation de ces musiciens en nous arrtant au village de Zahdjouka dans la description des dchars de la tribu. Mais ces Bouakhar ne sont pas rests au seul dchar de Zahdjouka et se sont disperss dans toute la tribu; on en trouve Demna elMendjera, akhat el-Qat, Zaza, EI-Biar, Bourkha, Beni aln, EI-Qaou, et EsSouhllin.
Le. Fraction,.
Comme nous l'avons dj vu, le mot khom" le cinquime, employ dans les tribus de montagnes pour dsi-
268
gner une fl'action, semblerait indiquer que les tribus sont toujours divises en cinq khems, ou cinq fractions; cependant il n'en est pas ainBi et il y a des tribus de deux, trois, quatre et mme six fractions, quoique cetteexpres sion soit en contradiction avec le sens du mot khoms lui- . mme. La tribu du Srif se divise en deux khems: Ehl Srif el-Fouqanrin ~ li ~I ~r Jal Ehl Srif el-Outaourin ~..JU."JI ~J"" Jal La premire fraction se divise en deux sous.fractions, la deuxime en quatre. La tribu du Srifcomprend 70 dchars ou villages; 24 dans le khoms EI-Fouqani, 44 dans le khoms EI-Outaoui, auxquels il faut ajoater le dchar des SouhIrin qui, tout en se trouvant en territoire Srifi, est en grande partie habit par des gens du Khlot et le dchard'EI-Guia au Djebel arar et dont la moiti appartient au Srif.
El-Djliia, WL Petit hameau de charbonniers' entre 'Arn edDib l'est et EIKhemis de Bou Djedian l'ouest. 4 maisons, 25 habitants. Pas de gros btail; une centaine de chvreSj pas d'attele de labour. Pas de mosque. A reporter.
, 7
5 fusils.
1)
fusils.
ARCHIVES IfAROCAINE8
Report.
5 fusils.
Medjeri el-Ma, W\ !s~. Au nord et 400 mtres environ du Khemis de Bou Djedian. hO maisons, 250 habitants. 80 bufs et vaches faOO moutons dans le Khlot. 15 atteles de labour 15 juments 800 chvres. 25 mules et mulets,
Sur la rive droite de l'Oued el-Mkhazen, vis--vis des Oulad Bou Malza, du Kblot. 10 maisons, 60 habitants . 30 bufs et vaches 300 moutons dans le Khlot. 6 at te 1ees d e 1 b our a 8 juments 600 chvres. tO mules et mulets. Cne mosque-cole; Hahous; Nadir.
60 fusils.
Tagharrabout f ,
~y..?
1.2 fusils.
Ech-Chara, i,WI. Au sud-ouest du Khemis de Bou Djedian, au sommet de la montagne. -, hO maisons, MO habitants 150 hufs et vaches J 1 1 K-II t 1.)00 mou t ons (ans e 1 0 o A reporler.
150 fusils.
227 fusils.
1. En dialecte rift'Ilill du Tcmsaman, Tagharabout est le diminutif de Agbarabo. b8l'que, dl'iv de farabe qarb.
255
Report.
20 atteles de labour ~ d ans 1e KhI 0 t t . 30 Jumen s 1.. 200 chvres. 70 mules et mulets. Deux mosques-coles avec leurs Mahous et leur Nadir.
227 fusils.
20 fusils.
'Ain Aqrar, .;\,}\~. En face des 80umata. 12 maisons, 80 habitants 20 bufs et vaches. 80 moutons. iOO chvres. 3 atteles de laboUl. 3 juments. 6 mules et mulets. Une mosque-cole; Hahous; Nadir. A repprtel.
15 fusils.
262 fusils.
256
ARCHIVES MAROCAINES
Report. Akhmalech, J-.l1...>\. Au sommet de la montagne, l'est et 3 kilomtres de Bou Djedian. 15 maisons, 85 habitants . 20 bufs et vaches , 100 moutons 3 atteles de labour \ dans le Khlot. fl juments 200 chvres. 8 mules et mulets. Une mosque-cole; Rabous; Nadir.
262 fusils.
20 fusils.
Dar el-Oued, ,)\jJl..)b. Sur l'Oued Azela (Ouarour), vis--vis des Allag, dans le Khlot. 100 maisons, 600 habitants . . 100 bufs et vachesl . 700 moutons . 25 atteles de labour dans le Khlot. 30 juments 1.500 chvres. 35 mules et mulets. Deux mosques-coles; Rabous; Nadir. Bou Ouadran, ~\"),)J,y.. Sur l'Oued Ouaror, au sud de Dar el-Oued, en face des Oulad Sard, du Khlot. 70 maisons, 400 habitants. 100 bufs et vaches 800 moutons . 18 atteles de labour dans le Khlot. 25 juments
120 fusils.
SOfusils.
A reporter.
682 fusils.
2111
Report.
1.200 chvres. 40 mules et mulets.
la82 fusils.
Ce village possde au haut de la montagne des jardins d'orangers qui taient autrefois rputs. Ces jardins dprissent depuis q\lelques anne., et les gens du pays prtendent que c'est un ver qui mange 'les racines des arbres. Ils font des plantations nouvelles. Une mosque-cole; Habous; Nadit.
'An'Bou Amer,~,y,~. 100 maisons, 600 habitants. . .. . 200 bufs et vaches ~ . t.OOO moutons '.' !JO atl e l' d e 1ab our dans le Khlot. ees 40 juments . ' .. .; , 2.000 chvres. 50 mules et mulets. Deux mosques-coles dont une de Khotba ; Habous; Nadir.
jJ
150 fusils.
,! ."
. Bou Djedian, ~~~,y,\. Au souq4u.Khe.,. ' mis; au-dessous de Sidi Ali ech-Choulli. 100 fusils. 100 maisons, 400 habitants. 300 bufs et vaches ," 1.200 moutons. dans le Khlot. 80 atteles de labour '. 40 juments 2.500 chvres. 50 mules et mulets. Deux mosques - coles, dont une de Khotba; Habous; Nadir. 732 fusils. A reporter.
)
ABCH. MABOC.
11
2&8
ARCHIVES MAROCAINES
Report.
732 fusils.
100 fusils.
El-Qazqaz, jt ,;AJ\. En face de Beni Ysef. 30 maisons, t 26 habitants. . 30 bufs et vaches ~ 200 moutons l:. tt l' d e 1a bour dans le Khlot. u a e ees 12 juments t .200 chvres. 20 Dl ules et mulets. Deux mosques-coles, Rabous; Nadir. A reporter. ..
40 fusils.
912 fusils.
259
Report. t , ~~t.-.1. Au sud-ouest et Ahmimoun 1 kilomtre environ du Khemis de Bo Djedian. 60 maisons, 350 habitants. 100 bufs et vaches \ 800 moutons , 15 a tlelees d e 1abour dans le Khlot. 25 juments 1.200 chvres. 30 mules et mulets. Deux mosques-coles; nabous; Nadir. Feddan el-Kebir, ~~'~. En face de Sidi el-Mezouar en S~umata, sur l'Oued Azela (Ouarour). C'est un village de bcherons. 20 maisons, 120 habitants . 20 bufs et vaches. 80 moutons. 600 chvres. 5 atteles de labour. 8 juments. t 0 mules et mulets. Une mosque-cole; nahous; Nadir. Azib el-MerinCin 2, ~..".Jt ':"!or. Dans la fort, sur l'Oued Azela (Ouaroul-) en face des Beni Ysef. . 90 maisons, 660 habitants. . A reporler.
eat. prononc Ahmlmen.
912 fusils.
100 fusils.
25 fusils.
260
ARCHIVES MAROCAINE8
Report.
150 bufs e~ vaches. 300 moutons. 1.600 chvres. 20 atteles de labour. 30.juments. 40 mules et mulets. Deux mosques-coles; Rabous, Nadir.
1.160 fusils.
Aouadja, ~'Jt u nordest, 4 kilomtres environ du Khemis de Bou Djedian.Village de charbonniers. Jardins d'orangers. i5 maisons, 70 habitants i5 bufs et vaches. iaO chvres. Pas de mules j quelques Anes pour le transport du charbon. Pas de labour la charrue. Une petite mosque-cole; Hahous; Nadir. a! el-Ehla!, ,-!~I ~. En face de Soumata, 8 kilomtres environ d'Aouadja. i5 maisons, 70 habitants
A report,r.
20 fusils.
30 bufs et vaches 400 moutons 'S atte1 ees d e 1a bour dans le Khlot. 10 juments 10 mules et mulets Une mosque-cole; Habous; Nadir.
261
Report.
1.21,0 fusils.
'Ain Bou Qerchoun. :.Jy.,} ..Y. c:.r.f. En face de Soumata, sur la route de Souq et-Tenin d'Ehl Srif, qui est sur la limite de Soumata, 5 ou ,6 kilomtres du Souq. Village de tisserands, de tanneurs et de cordonniers. 20 maisons, 1.26 habitan~.. 70 bufs et vaches \ en par t 'd'ans . le' 200. moutons le Khlot. 1.0 Juments Pas de labour la charrue. 600 chvres. 10 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir.
El-QUa, ~1. SurnommeS EI-Djama de Moulay Abdessalam parce que Moulay Abdessalam ben Mechich y a fait ses tudes coraniques. A cause de cette circonstance tout le village est horm (lieu d'asile). Sur la rive droite de l'Oued el-Mkhazen en face des Oulad Bou Malza, du Khlot. 10 maisons, 60 habitants . . 20 bufs et vaches. 60 moutons. 150 chvres.
25 fusils.
t2 fusils.
A reporter.
t.247 fusils.
ARCHIVES I\IAROCAINES
Report.
b juments.
6 atteles de labour.
1.247 fusils.
6 mules et mulets. Mosque-cole; dite DjamA de Moulay Abdessalam et qui constitue une ZaouIa; , Habous; Nadir.
'Ain Mir, ~ .:.r.!'. Vis--vis 4u Khlot, au sud-ouest de Sidi Ali Bouloufa. 30 maisons, 200 habitants. . . . . t 00 bufs et vaches ~ 600 moutons t2 atteles de labour dans le Khlot. -19 juments t.OOO chvres. 2a mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir.
50 fusils.
E-a/a{, .J~', Du ct Khlot, au sud-ouest d'AIn Mir, en face des Oulad Ali du Khlot. 70 maisons, boo habitants. . . 200 bufs et vacheSl .' Looo moutons 20 alte 1ees d e 1a bour dans le Khlot. 25 juments . -1.500 chvres. 20 mules et mulets. Trois mosques-coles, dont une de Khotba; Rabous; Nadir.
75 fusils.
------------------------
263
Report. Khom, el-Oulaoui, ou simplement ElOllta, ~J\l, "J' ~. EIGui,a, ~1. Ce village est sur la rive
gauche du Lekkous, en territoire arar; il est construit sur une colline leve et boise. La moiti des habitants sont du Srif, l'autre moiti, du Carar. 25 maisons, {OO habitants. DO bufs et vaches. 200 moutons. 300 chvres. 13 atteles de labour. 6 juments. Une mosque-cole; Habous; Nadir.
1.372 fusils.
30 fusils.
Ketama l ,
fusils.
1. Les Ketama, qui donnent leur nom un dchar du S4Jrir, sont un des restes de la grande tribu berbre de ce nom, qui "Int s'tablir au )laghrib dans les premiers sicles de l'Islam. Cette Irlbu, oont l'habitat primitif avaU t Constantine et l'Aurs, s'Hait groupe autour du Mahdi des Fatimides pour l'aider conqurir rlfrlqlya et l'tgypte. Peuttre accompagnl'ent-ils Djaubar ou Bologguln dans leur lutte contre les Idrisltes. Le premier auteur qui parle d'eux est EI-Bekri (mort en 1011(, J.-C.); il les signale dans la valle du Lekkous avec leur centre commercial Souq Ketama. ou Qar Ketama, aujourd'bui EJ-QOIr el Keblr. En llM, Edrisi cite les Ketama et les Dahadja comme deux tribus habitant la valle dei deux afOuenls du Lekkous (Ouarour et Oued ellIkhazen). Enfin, Ibn Khaldoun donne les anhadjn fixs autour d'El Qar comme une ramification des Ketama, mais il dcrl\ dj ceUX-l' comme les derniers vestiges d'un peuple hrtique et sauvage. (Ar't1lt1w. marocain", t. IV. Le. Tribus arabes de la valle du l.ekkous, p. 161 D'aprs l'emplacement Indiqu par EI-Bekri, dans l'itinraire de Ceuta Fs, l'ancienne ville d'Afll., ceUe l'Ille devait se trouver l'emplacement actuel des Ketomo: Au HadJer (HadJer ecb-Chorra en Soumatsl, le chemin rorme un embranchement; si l'on prt'nd la route de droite, 011
ARCHIVES MAROCAINES
Reporl. 1.402 fusils. la colline du Ketama ; vis--vis de Zahdjouka du Tliq. Ketama est sur la rive gauche :du Lekkous et fait partie gographiquement du massif du arar; on y arrive par une seule chausse, construite par les habitants avec des pierres pour franchir le ravin qui entoure la colline. Ce village n'e~t abordable que par un seul ct et par consquent facilement dfendable. C'est un dchar considrable. 300 maisons, 1.500 habitants. 300 fusils. 400 bufs et vaches 600 moutons en grande partie 60 atteles de labour dans le Gharb. SOjuments t.OOO chvres. 100 mules et mulets. Trois mosques-coles; Rabous; Nadir. Une mosque de Khotba avec son Imam.
Beni Khallad, ,)\>~. Sor l'Oued Lekkous, en face des Memouda. 20 maisons, 100 habitants. 30 bufs et vaches. 100 moutons. 250 chvres. A reporter.
20 fusils.
1.722 fusils.
du Ketama. Cette loealit est riehe et floris~nte ; elle est situe l'oue8t
du Hadjer et sur le bord du Lokkos, rivire dont nous avons dj foil mention et qui eoule de l'est l'ouest. Le voyageur la reneontre un peu avant d'arriver Afl De l, eette rivire descend jusqu' la ville de Soue Kotama... (EI-Bekri, Journal a.iatique, 1859, U, p. 881). L situation indique par EI-Bekri pour la vil1e dArt. corl'espond exoetement il eelle du vil1age des Ketama.
285
Report.
3 atteles de labour. 6 juments. 8 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir.
1.722 fusils.
Mimouna, ~.r-;:" Sur l'Oued Lekkous, en face du Carar. 60 maisons, 300 habita~ts. 1.50 bufs et vaches. 300 moutons. ," 500 chvres. 1.0 atteles de labour. 8 juments. to mules et mulets. Trs beaux jardins d'oliviers, grenadiers, figuiers et vignes. Deu~ mosques-coles; Habous; Na~ir.
50 fusils.
Dchar Arab, ,-:,..r..r~. A 500 mtres environ de l'Oued Lekkous, en face des Metmouda. , 10 maisons, 60 habitants 20 bufs et vaches. 60 moutons. 200 chvres. 3 atteles de labour. A juments. 6 mules et mulets. Une mosque-cole; Rabous; Nadir.,
,1
12 fusils.
E-Cebbab, -..IL..JI. Sur le Lekkous, en face .. des Memouda au sud-ouest et des Rhona BU nord-est sur la route d'EI-Qar Ouezzan.
1 8
A reporter.
1. 784 fusils.
ARCHIVES MAROCAINES
Report.
i 70 maisons, 800 habitants 200 bufs et vaches. 600 moutons. 900 chvres. 20 atteles de labour. 30 juments. 30 mules et mulets. Deux mosques-coles; Rabous; Nadir.
repo~/er.
2.014 fusils.
267
Report. " . 2.014 fusils. El-Gaiza, ~~l. Vers le milieu de' la tribu, au nord de la qoubba de Sidi Boubeker et du Souq de l'ArbAa. 80 fusils. iOO maisons, 600 habitants . 60 bufs et vaches. 600 moutons. 200 chvres. iO atteles de labour. 18 juments. 25 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir. Beni Gueddour, ..)J~~' Vers le milieu.' de la tribu, l'est de Sidi Boubeker; c'est le dchar des Oulad Qriouar ),y".) ~'JJ', vo- . leurs et recleurs connus dans la rgion. 60 maisons, 400 habitants. . . . 60 bufs et vaches. 400 moutons. 600 chvres. iO atteles de labour. iD juments. 20 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir. El-Qaous, """.all. Sur le versant Ouest dt' la tribu, dans la plaine, en face des Oulad Bernia, du Khlot. 70 maisons, 500 habitants. . . ioo bufs et vaches. 500 moutons. 300 chvres. A reporter.
80 fusils.
80 fusils.
"
. . . 2.2lJ4 fusils.
268
ARCHIVES MAROCAINES
R6port.
i5 atteles de labour. 20 juments. . 25 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir.
2.25& fusils.
El-Oullah, c:.l1-"'1. Sur le versant Ouest, en face des Khialta du Khlot, sur la rive gauche du khandaq de Taraout qui se jette dans le Lekkous, rive droite. Trs bon terrain de labour. 20 maisons, i 50 habitants~ 60 bufs et vaches. 400 moutons. 200 chvres. 20 atteles de labour. 8 juments. la mulets et mules. Une mosque-cole; Habous; Nadir.
e.
25 fusils.
Milianah, ~l:l-. Au nord-est et un kilomtre environ d'Outtah. 20 maisons, taO habitants. 60 bufs et vaches. .400 moutons. 200 chvres. 20 atteles de labour. t6- juments. iO mules et mulets. Une mosque.cole; Habous; Nadir. Tous les habitants de Milianah sont Derqaoua. Ils ont reu l'ouerd de Sidi El M'hedi qui habitait en Memouda. Il n'y a pas de A reporter.
50 fusils.
2.329 fusils.
J69
Reporl: ZaouIa, mais les foqara se runissent la mosque de Milianah, devenue de fait une espce de ZaouIa. Dar el-Ouzari, ~j\,j,.,Jt ),). Sur une hau. teur, au sud-est de Outtah, l'ou8st de Sidi Boubeker dont ce dchar est spar par la route d'EI-Qar Ouezzan qui passe par E-Cebah. C'est un dchar de voleurs j les plus connus sont les Oulad ech-Chaoula. 60 maisons, 400 habitants. ~. 100 bufs et vaches. 600 moutons. 400 chvres. 12 atteles de labour. 20 juments. 25 mules et muletS. Deux mosques-colesj Ullbous j Nadir.
El cAouch, ,}"l\. Plac comme un nid, d'o son nom, au sommet d'une montagne boise et escarpe l'est de Dar el-Ouzari et au sud-ouest de Sidi Boubeker. C'est un village trs riche. 60 maisons, 400 habitants. . 200 bufs et vaches. 600 moutons. 1.000 chvres. 15 atteles de labour. 20 juments. 25 mules et mulets. Deux mosques, l'une est une cole cora-
2.329 fusils.
60 fusils.
80 fusils.
A reporler.
1 8.
--~~-
2.469 fusils.
270
ARCHIVES MAROCAINES
Report. 2.469 fusils. nique, l'autre une mdersa d'Et-tm o l'on enseigne les commentateurs. Mabous; Nadir. Khandaq el-Hamra, ,~, J~. A l'ouest de Dar el-Ouzari, en face d'EI-Malalfa, du Khlot. C'est un dchar de voleurs. 40 maisons, 200 habitants. . 80 bufs et vaches. 400 moutons. 300 chvres. 20 atteles de labour. 25 mules et mulets. 20 juments. Une mosque-cole; Mabous; Nadir. Beni MiJata, ~'- cS'.. Sur le Lekkous, en face de Carar. Les habitants sont fabricants de balais, couffins, chouaris, cordes de doum (palmier nain). 20 maisons, i20 habitants. 20 bufs et vaches. t 00- moutons. 300 chvres. 3 atteles de labour. A juments. 8 mules et mulets. Une petite mosque-cole; Habous; Nadir. El-Biar, J~ Yl. Vers le milieu de la tribu, au sud-ouest des Zahdjouka du Srif. Les habitants prennent leur eau dans des puits, A reporler..
60 fusils.
20 fusils.
----2.004 fusils.
271
Report. 2.554 fusils. d'o le nom du village. 11 n'y a ni sources, ni rivire proximit.. 40 maisons,2aO habitants. 50 fusils. 50 bufs et vaches. 200 moutons. 300 chvres. 6 atteles de labour. 8 juments. 15 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir. Baqara, ~. Au nord d'El-Biar, dont il est spar par le chemin qui conduit Rhona. to maisons, 60 habitants . 20 bufs et vaches. 150 moutons. 250 chvres. 3 atteles de labour. 3 juments. 8 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir. Beni ain, ~ ci'.. A l'est d'El-Diar. 30 maisons, 200 habitants. . .. 20 bufs et \'aches. 300 chvres. 200 moutons. 3 atteles de labour. 5 juments. 8 mules et mulets. Une mosquecole; Habous; Nadir. Areporler. .
10 fusils.
,'85 fusils.
1
1."
. 2.669 fusils.
272
ARCHIVES IIABOCAINBS
Report.
2.649 fusils.
40 fusils.
E-Z'~z'd, tj~j\. A l'est de Beni CaIn. 30 maIsons, 170 habitants. . . . DO bufs et vaches; DO moutons. 600 chvres. 10 atteles de labour. 10 juments. 20 mules et mulets.
El-Mendjera, ~\. A l'est de Z'~'. L'Oued Lekkous coule 1.600 mtres environ l'est de ce village qui est sur une hauteur. EI-Mendjera est rput pour la fabrica. tion du savon. 70 maisons, 400 habitants . 100 bufs et vaches. 400 moutons. 800 chvres. 8 atteles de labour. iD juments. 20 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir.
. .
60 fusils.
Lekkous. 30 maisons, 160 habitants. 50 bufs et vaches. 300 moutons. 600 chvres. 6 atteles de labour.
. .
30 fusils.
A reporter.
. . . 2.779 fusils.
218
Report.
3 juments. 6 mules et mulets.
. 2.779 fusils.
Tefer, ~. Sur l'Oued Lekkous, l'est de la tribu, en face du dchar de Righa en Rhona. Le Lekkous, qui vient du nord-est, aprs avoir pass entre Rhona au sud et Beni Ysef au nord, tourne vers le sud entre Rhona et Ehl Srif, 600 ou 600 mtres au nord de Tefer. 60 maisons, 300 habitants. 100 bufs et vaches. taoo moutons. 600 chvres. 12 atteles de labour. 20 juments. 25 mules et mulets. U ne mosque-cole; "abous j Nadir.
affTraoula,,JJ\J-~. Sur l'Oued Lk-
60 fusils.
kous, un peu au nord de Tefer, en face du tournant du Lekkous et du gu qui cond.uit du Srif en Rhona. tao maisons, 220 habitants . 50 bufs et vaches. 300 moutons. 6 atteles de labour. 600 chvres. 10 juments. 20 mules et mulets. Une mosque-cole; Rabous; Nadir.
49 fu.ils.
A nporter.
ARCH ...AROC.
2.878 fusils.
18
ARCHIVES JlABOCAINBS
Report. . 2.878 fusils. Delm elGhemiq, J:-'ll A l'ouest de atrTraoula, sur une hauteur rocheuse. 70 maisons, 400 habitants. 80 fusils. 150 bufs et vaches. 600 moutons. 12 atteles de labour. 800 chvres. 20 juments. 25 mules et mulets. Une grande mosque-cole; Habous; Nadir.
ri,).
Dar el-cAilar, .)u.JI.)b. A l'ouest et audessus de Delm el-Ghemiq, sur une hauteur. iOO maisons, 600 habitants. 150 bufs et vaches. ~OO moutons. 2.200 chvres. Une cinquantaine d'atteles de labour dans le Khlot, AIn Maskr et EI-Qialra. 40 juments. . 60 mules et mulets. Dar el-Attar est une des deux ZaouIas des Oulad el-Baqqal en Srif. Il s'y trouve la maison de Sirli Mohammed ech-Chrif, btie en briques. Grande mosclue de Khotba et une mos'que-cole. Les hahous de ces mosques sont indpendants de ceux de la Zaoura et administrs par un N~dir particulier. A reporter.
80 fusils.
3.038 fusils.
271)
environ au sud etau bas de Dar el-Atter, sur le torrent appel abbel-ltfa. Ce torrent, qui vient de Dar Marzo, coule vers l'ouest et pntre dans le Khlot o il est connu sous le nom de Oued Frechqaoua, t tombe dans l'Oued Ouarour~ sur la rive gauche de cette rivire, aux Oulad el-Harti, en face des Oulad Djaber, dans le Khlot, droite de la route de Tanger en venant d'EI-Qar.
A reporter.
1. Pour Sidl Yousef.
S.U8 fusils.
276
ARCHIVES MAROCAIN88
Report. 3.138 fusils. Sur la rive droite du abb elMa, et un peu au nord de akhrat el-Qait, se trouve dans la plaine la Mezara de Sidi Ahmed Mebah. C'est un amoncellement de pierres au milieu duquel se trouve plant un bton surmont d'un chiffon. Chaque passant y ajoute un caillou. Le tombeau de Sidi Ahmed Mecbah est dans la tribu des Rhona. Le savon de cette localit est renomm. 100 maisons, 550 habitants 100 fusils. 150 bufs et vaches 800 moutons dans le Khlot. 15 atteles de labour 30 juments 1 1.500 chvres. 30 mules et mulets. Deux mosques-coles; Rabous; Nadir.
Demnat,':"'~.
A l'ouest de akhratel-Qatt. 15 maisons, 80 habitants . 30 bufs et vaches J 400 moutons f 4 atteles de labour ,dans le Khlot. l . 10 juments 600 chvres. 20 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir. A q'uelque distance de Demna se trouve
20 fusils.
A reporter.
3.258 fusils.
-----
1... OD trouve dans le vol. 1 de la traduction d'Ibn Khaldoun par de Blane, Ala page 65 : Table gographique ., l'indication suivante: Demna, ville sit.ue une journe de Ceuta, dans la plaine que Lraverse la route de Tanger Fs
271
Report, 3.258 fusils. la rauda (endroit entour d'un mur, en Souvenir du passage d'un saint personnage) de Sidi Ali ben Ahmed, de arar. Ce marabout, originaire des Beni Gorfet, construisit cet endroit un ermitage o il pas,sa quelque temps. De l, il se rendit au Djebel arar, o se trouve son tombeau. La rauda de Sidi Ali Demna est un lieu de plerinage et, lors du mousem de ce saint, les' plerins qui se rendent la ZaouIa font, en passant, des sacrifices cette rauda. Zahdjouka #J. A l'ouest de Demna. Ce village est entirement habit par des Bouakhar, qui sont pour la plupart tebbala ou ghaiata. 150 maisons, 850 habitants 300 bufs et vaches 30 atteles de labour d 1 Khi 0 . ans e ote a Jumen ts 800 moutons t .500 chvres.
f,"
l'
t 25 fusils.
A reparler.
l'avon~
3.383 fusils.
vu dans les Tribus arabes de la valle du LekkoU8 ... El-Bekri, dans la description de l'Afrique septentrionale (Journal a.lallque, trad. de Slane, p. 881), parle d'une ville de Zahdjouka entre Tanger et Fs. D'apris la position indique par EI-Bekri, il est dffflcile de savoir duquel cles deux Zabdjouka il veut parler. D'Afts, .4t-il,1e voyageurpuae Zehedjouka, ville d'Ib.'ahim ben Mohammed (Ben Idris). Ce fut de l que le prince partit avec ses tUs pour s'emparer de Tanger est du territoire qui s'tend jusqu' Ceuta. Zehedjouka appartient aux Zerhounll. Zerhouna est lans doute pris pour Rhona. Cette tribu n'est en etTet pa~ loigne de Zabdjouka et son territoire pouvait s'tendre autrefois vers l'est de 'faon comprendre ce dehar. cela est d'autant plus probable qu'en parlant de ce mme Ibrahim, seigneur de Z8hdjo.uka, EJ-Betrt, p. 816, dit qu'li lait mieuz connu parle ,u~nom.de Er-Rahounl, de Rhona.,
278
ARCHIVES
MAROCAL~ES
Rporl.
50 mules et mulets. Deux mosques-coles, dont une de
3.383 fusils.
125 fusils
A reporler.
3.508 fusils.
1. cr. Archive. marocaine Le8Tribus arabes de la valle du LekkouB., . VI, p. 8-15: ft On prtend que le territoire de la tribu d'Ehl Srir, Bur lequel ellt btie la ville d'EI-Qar, Ile prolongeait autreroisjuBqu' Sidi 'Allal EI-'Asri, inclu~ivement.
27lt
Report. . . 60 maisons, 3aO habitants. 150 hufs et vaches. 600 moutons. t 2 atteles de lahour. 25 juments. 1.000 chvres. 30 mules et mulets. Deux mosques-coles; Hahous; Nadir. EIGara ~Ltll. A 1..500 mtres environ au sud de Zahdjouka. 15 maisons; 90 hahitantS' . 20 bufs et vaches. 100 moutons. 300 chvres. li atteles de labour. 6 juments. 10 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir. El-Bourkha ~..r,J1. A 600 mtres environ au sud d'ElGara, dans la plaine. 14 maisons, 85 habitants . 30 bufs et vaches. 100 moutons. 300 chvres. 4 atteles de lahour. S juments. 8 mules et mulets. . Une mosque-cole; Habous; Nadir.
3.S08 fusils.
60 fusils.
20 fusils.
t5 fuails.
280
ARCHIVES MAROCAINES
Report.
'An ed-Dib ":-,,,~..tl\ &:f. A Il kilomtres environ du Khemis de Bou Djedian, sur le haut de la montagne. 850 maisons, 450 habitants . 100 bufs et vaches 400 moutons i5. a t te1ees d e 1a b our dans le Khlot. 20 juments . 800 chvres. 40 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir.
3.603 fusils.
80 fusils.
Bi,. Douar, .;\J:)~. Sur la rive drQite de l'Oued et...Mkhazen, en face des Oulad Bou Maza du Khlot. 8 maisons, 50 habitants. tl> bufs et vaches \ 60 moutons d ans 1e KIl t0 t . 2 aUe 1es d e 1ab ~ur . 2 juments 50 chvres. ft mules et mulets; Une mosque-cole; Habous; Nadir.
'Ai'n es-Smen, ~\ &:f. A 3 kilomtres envil'on du Khemis de Bou Djedian. 70 maisons, 400 habitants. 200 bufs el vaches ~ ,. 800 moulons . . 25 aUe1ees d e 1a b our . dans le Khlot. 20 juments . t .000 chvres.
10 fusils
70 fusils.
A reporter.
3.763 fusils,
281
Report.
30 mules et mulets. Une mosque-cole; Rabous; Nadir.
3.763 fusils.
Si Bou Cerro, J~ .Y./S'" A 4 kilomtres environ d'EI-Gharraf. 40 maisons, 220 habitants. 80 bufs et vaches ( , 80 maisons 00 a atte 1" d e 1ab our dans le Khlot. ees 20 juments . . 800 chvres. 26 mules et mulets. Deux mosques-colel; "abous; Nadir. 'Ain Mamoun, ~..,..l.~. Sur la rive gauche de l'Oued el-~Ikhazen, sur une hauteur au sud-ouest de EI-Qlia'. 50 maisons, 300 habitants. 100 bufs et vaches 500 moutons 20 atteles de labour dans le Khlot. 20 juments 600 chvres. 25 mules et mulets. Une grande mosque-cole; Habous; Nadir. 'Ain Jrlariour,..)~~. En face des Beni Gorfet, 2 kilomtres env,iron d'AIn Mamoun. 15 maisons, 100 habitants. 40 bufs et vaches.
9
hO fusils.
20 fusils.
A repor t er.
'.823 ,fusils. 3
282
ARCHIVES MAROCAINES
Report.
200 moutons. 5 atteles de labour. 6 juments. 400 chvres. to mules et mulets. UDe grande mosque-cole; Uabous; Nadir.
3.823 fusils.
Tasemiai t , J)\-;. En face des Beni Gorfet, 3 kilomtres environ d,cAin Manour. 10 maisons, 60 habitants . 20 bufs et vaches 60 moutons 1. tt l' d e 1ab our dans le Khlot. if a e ees 6 juments 20 chvres. 5 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous i Nadir.
1.2 fusils.
Beni Merqi, j~ "". En face du Khlot, sur une hauteur, au-dessus de Sidi Ali Bouloufa et au nord-est de ce marabout. 80 maisons, 600 habitants. 1.00 bufs et vaches } 600 moulons ( t6 atteles de labour \ dans le Khlot. 20 juments , t.ooo chvres. 30 mules et mulets. Deux mosques-coles, dont une des Khotba; Habous; Nadir. A reporter.
1. Drive teut-\re de amellal (blane).
3.836 fusils.
188
Report.. 3.835 fusils. Es-Souhlin, ~.JI. Entre 'AIn Mir et Sidi Ali Bouloufa, laisse afaf au sud.est. 20 maisons, 125 habitants, dont une moiti est Khlot, l'autre moiti est Srif. 20 fusils. 60 bufs et vaches. 200 moutons. 500 chvres. 8 atteles de labour. 10 juments. 15 mules et mulets.' Une mosque-cole; Habous; N~dir. Il y a de plus Es-Souhllin une Zaoura de Hamadcha, dont nous avons parl dans le Khlot f. Cette ZaouIa a ses habous particuliers, dont le Nadir est le moqadde de la ZaouIa. A l'ouest du dchar se trodve, dans une for~t d'oliviers sauvages, le sanctuaire 'de Sidi Ali Bouloufa!, qui indique la limite des territoires du Srif et du Khlot. . .:
rn
3.855tu,ils.
LB' 8000'
Uy a trois (marehs) dans la tribu d'Ehl Stif. _' El-ArMa de Sidi Boubeker, le mercredi; El..Khemisde Bou Djedian, le jeudi; Et-Tenin cI'Rhl Srif, le lundi. '
J. cr. Arehl"e. marooaiUl, les Tribus arabe. de-Ia valle dl'LkkOd -, t. VI, p. 386. __ " 2. cr. Archive. marocain,,; Mmoire cit, L. VI, pp. 885 eL aeq; et 888.
.ouq.
1,
28.
ARCHIVES IlAROCAINES
EI-Arba de Sidi Boubeker est le plus proche d'EIQar, dont il n'est distant que d'une dizaine de kilomtres l'ouest. C'est le march le plus important de la tribu. n est situ 1.500 mtres au sud-est du dchar de Milianah, 300 mtres l'ouest d'EI-Galza, 7 ou 800 mtres a'u nord d'ElAouch. La qoubba de Sidi Boubeker se trouve l'extrmit nord, au haut du march. EI-Khemis de Bou Djedian est une vingtaine de kilomtres au nord-ouest d'EI-Qar. Au-dessus du march, 3 kilomtres environ l'ouest, se trouve la Qoubba de Sidi Ali Ech-Choulli, qui e~t spare du march par un torrent appel le khandaq de Bou Djedian. Et-Tenin d'Ehl Srif est sur la rive gauche de l'Oued elMkhazen, en face du dchar d'EI-Kharba, de la tribu des Soumata, dont il est spar par l'Oued. Nous avons dj parl dans les tudes gnirales sur les tribus de Djebala, au commencement de ce travail,de l'aspect des souqs et de leur fonctionnement. Nous avons dcrit l'organisation administrative des Cheikhs et des Djemas et l'organisation judiciaire des Qadis, qui y sigent sous des oliviers sauvages (Berri) au haut du march. Cette organisation est la mme pour tous les souqs ; il est donc inutile d'y revenir, et nous ne nous occuperons (lue du point de vue commercial de chaque march. Le souq ElArbia de Sidi Boubeker et le SOUCI EI-Khemis de Bou Djedian sont les seuls marchs du Djebala o les Juifs soient admis. Ils y apportent des marchandises europennes, telles que sucre, bougies, th, cotonnades, . allumettes, etc., et ils y achtent surtOut des peaux de chvres. Ce sont des Juifs d'EI-Qtar. Les tisserands de cette ville viennent galement y chercher de la laine file loma(trame) et qgam (chatne). Les habitants des fractions de Bejelr et de Doualsa, dans le Khlot, et du Redour, dans;
2811
le Tliq, qui sont voisins d'Ehl Srif, frquentent galement ces deux marchs. Les gens de cette rgion qui, pour des raisons quelconques, redoutent de venir au march d'ElQar ou ceux de leur tribu, vont de prfrence aux marchs des Djebala qui ne sont pas trop loigns de chez eux, parce que leur QaYd n'y est pas reprsent et qu'ils sont slrs d'chapper ainsi aux vexations du Makhzen. Les souqs du Srif sont galement frquents par des gens des tribus de montagnes voisines de ce inarch. Outre les quelques marchandises europennes dont nous avons parl, les peaux et la laine file, on trouve galement sur les marchs de la montagne des fruits secs (raisins et figues), de l'huile, du charbon, des nattes, du tabac et du kif. Des bouchers tuent l'ArMa des bufs, des moutons et surtout des chvres, dont la viande est vendue au lof et non au poids, comme d'ailleurs dans les marchs des tribus arabes. Contrairement ce qui se passe dans les villes, on tue indistinctement aux marchs des tribus des animaux mles ou des femelles et mme des femelles notoirement pleines. Un march aux grains se trouve galement chaque souq. La seule monnaie d'argent ayant cours dans les tribus de montagnes est la monnaie marocaine. Nous donnons la reproduction des principaux types de cette monnaie. La monnaie de billon marocaine frappe sous le rgne de Moulay Abdelaziz, et qui n'est admise dans les villes que pour la moiti de sa valeur, n'a aucune valeur dans la mohtagne; comme monnaie de cuivre, les Djebala l'd... mettent que les vieux flous dont lS derniereont t fra.... ps sous le rgne de Sidi Mohammed. ComQle danl!ltout le Ma~oc, le douro vaut chez les Djebala t4 mitquals 6t ils eomptent parmouzounas, oukias et mitqals t.
1. Il Ya mouzoun l'oukia; 10 oukiae au mitqa.; il Ya par
con-
1 9
ARCHIVES MAROCAtNES
Il Ya chez les Djebala trois livres diffrentes: la livre atiari de 600 grammes pour tous les produits europens; La livre baqqali de SOO grammes pour tous les produits du pays qui se vendent au poids, savon, beurre, figues, raisins secs et olives en petites quantits. Les grandes quantits se vendent la mesure. La livre darrazi de 1.000 grammes, qui sert uniquement vendre la laine file. Il y a deux espces, de mesures de capacit : le moudd pour les grains, les fruits secs et les olives en grandes quantits; le ka., pour l'huile. Le moudd de l'ArbAa de Sidi Boubeker contient environ 66 litres ; celui du Khemis et du Tenin, qui est le mme, ne contient que la moiti du moudd de l'ArbAa, soit 2Slitres. Pour les trois marchs d'Ehl Srif, la mesure de l'huile, le ka., est la mme et contient environ le quart d'une qolla d'El.Qar, qui pse 2A kilogrammes, c'est--dire que le kas d'Ehl Srif c.ontientune quantit' d'huile pesant envirQn 6 kilogrammes. Les mesures de longueur sont les mmes dans la montagne que dans tout le Maroc. Ce sont : pour l'arpentage, la qama, longueur de deux bras tendus; pour les toffes de laine du pays, les tapis, les nattes, les halks, etc., le drda, ou coude, qui vaut deux palmes.; et pour les toffes importes, cotonnades ou soieries, la qdla, qui mesure Om.54. Outre ces trois souqs hebdomadaires, il y. galement quelques marchs annuels qui se tiennent la fte (amara ou mousem) du plerinage certains marabouts de la tribu. Nous en parlerons en tudiant ces marabouts euxmmes.
lquent au douro l' mitqals. UO oukias et MO mOl1%ounas. ta mouse compose de deu~ p~ de cui,,": une petite appele tinen10 flou et une grande appele arbda del-flou. ct. L'organisation des Finances au Maroc -. ArcltllJU marocaine., t. XI, rase. 2, p. lJ08 (noLe).
ZOUM
"'O~NAIE
D'ARGENT
N- l, cinq peset.es basaDi. - N~ 2, deux peseLes 50 c. basani. - N- S, uoe pesete viogt-cinq hasani. ;:II. -l, cioltuante ceotimes hasani.
MONNAIE D'ARGENT
~
cinq centimes basani.
..
Nt')
1\. 1, cinq peaetelil hallani. - N 2, deux pelletes cinquante basan\. - N S, une pelilCte vlngt-einq basani. - N f, cinquante centimes basani. - N 6, vingt-
MONNAIE D'ARGENT
~sete viDgt-cinq hasani. _ N f, ciDquante centimes baaani, - N Il, vingtCIRq centimes hallani. _ Les nO. 4 et IS de cette figure n'ont pas coura dans la montagne.
ARCII. MAROC.
19
MONNAIE DE BRONZE
N" 1,2,8 et " monule de billon frappe- BoUB le rgne de Moulay Abdelazlz : ~lIe n'a Rucune valeur dlins la montagne. - N" 5, Arbda delflou. - N" 6. Tmenia flou..
291
LBS ZAouiAS
to ZaouIa desOulad el-Baqqal, Dar el-Attar; 20 El-<iharraf; 3 de Sidi Ali ech-Choulli, prs le Kbemis de Bou Djedian ; 4 Zaouia de Sidi Ali Bouloufa, SouhIrin ; 5 Ahmed el-'Asri, Meggadi; 6 Ahme~ ech-Choulakh, Zahdjouka ; 7 du Faqih Ben Abdallah, Tefer.
0
Une Zaoua se compose gneralement du tombeau d'un saint personnage sous l'invocation duquel la Zaouia est place, d'une mosque qui sert galement d'cole, de la maison ou des maisons d'habitation des descendants du saint, et de grandes pices dispoMes en carr autour d'une cour pour recevoir les plerills (zouar) et loger les lves trangers quand on fait cette Zaolila des cours d'enseignement secondaire: il eB est ainsi lorsque le saint autour du tombeau duquel s'est forme la ZaOUia tait un alem (docteur) et qu'il y a dans sa descendance Un alem, ou plusieurs oul~ma qui continuellt ses enseignements. C'est ce qui se passe pOUl' la ZaouIa de Sidi Ali ech Choulli, celle de Sidi Ahmed el-Asri et celle du faqih Ben Abdallah. Il arrive galement que la maison du principal descendant du saint, qui est le chef d la ZaouIa, est prcde d'un long vestibule, .elouan, o sont lop les htes et les pleri.s. ''Ii lves et plerill8, peaclantleur 8jour la ,Zaouia, IOIlt, nourris par elle; la. nourriture est"d'aiUeUN frugale et peu cot\teuse. D'autre part, outre les cadeaux apports
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ARCHIVES MAROCAINES
par les plerins et qui constituent la ziara - don de sa visite - la Zaouia reoit les produits de ses propres biens habous et l'achour - dixime du produit des rcoltes du village o elle se trouve," des villages les plus rapprochs, et celui de tous les habitants de la tribu qui sont plus particulirement dvous cette Zaouia. Quelques-uns d'entre eux partagent leur achour entre les diffrentes Zaouas. . Les tombeaux de la plupart des saints personnages sont tous les ans l'objet d'une fte, que l'on appelle amara ou mousem et qui consiste en un plerinage fait par les habitants des rgions voisines. Les mousems les plus considrables sont ceux qui ont lieu aux tombeaux auprs desquels se trouve une Zaoua, et parmi ceux-ci les plus importants sont : Les mousems du Faqih Ben Abdallah, de Sidi Ali ech-Choulli, de Sidi Ah"med ech-Choulakh, et de Sidi Ahmad el'Asri. Ces quatre mousems constituent de vritables foires annuelles, et ils sont frquents non seulement par les gens du Srif, mais par ceux de toutes les tribus de la rgion. De plus, ces quatre mousems sont des rendezvous pour tous les tireurs (Rema) et tous les escrimeurs (Me,akriga) de toute la rgion des Djebala, qui y font des concours de tir la cible et d'exercices d'escrime.
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briques et de dpendances construites en pierres comme les autres maisons des Djebala. Tout le village est horm. Les Chorra de cette ZaouIa ont une grande influence dans la tribu, qui toute entire, contribue son entretien et l'alimentation de ses habitants. Ils y apportent de l'huile, du bl, des fruits, du charhon, etc. Le chef de cette Zaouia tait Sidi el-Hadj Mohammed Ould Sidi Mohammed ech-Ghrif. Il est mort dans le courant de l'anne 1909 et Il t templac par ses fils et' par son frre Sidi Ahmed, qui habite gnralement El:" Qar.
2 Zaouia des Oulad el-Baqqal, El-Gharraf.
Gette Zaouia a t cre environ la mme poque que celle de Dar el-Attar par un Baqqali venu d EI-Hararaq, dans la frac lion des Beni Medracen de la tribu ds Ghezaoua o se trouve, autour du tombeau de Sidi Allal elHadj el-Baqqal, la Zaouia-mre 'des Oulad el-Baqqal. La Zaouia d'EI-Gharraf est dirige par Sidi el-Mokhta~ el-Baqqali. Gomme celle de Dar el-Attar, elle relve de la Zaouia-mre des Oulad el-Baqqal El~Hara[aq. G'est la Zaouia d'EI-Gharraf que sont runis les dons de toute sorte apports par les Khoddmn du Srif, pour tre transports la Zaouia de Sidi Allal el-Hadj.
3 Zaouia de 8idi Ali ech-Choulli, ou EchChiMi :
(de
Sville).
Gette Zaouia, qui se trouve au-dessus d~, Khemis d, Bou Djedian, se compose de la qoubba hlanch, <o est enterr le 8id, d'une mosque btie en pierres,favec des piliers et des arcs, le tout blanchi ' la chaux et bien entretenu. La qouhba et la mosque sont entoures de maisons
ARCHIVES
MAR~NES
appartenant aux Chorfa descendants de Sidi Ali; qui fut, dit-on, un es combattants la bataille de l'Oued elMkhazen contre le roi Sbastien de Portugal en t578 J.-C. (986 Hg.).
t. VI, pp.
lI3 et ,;uiv.
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(1
Zalzdjouka.
Cette Zaouia a cela de particulier qu'elle est plutt une cole de musique (Iebbala et ghaila, tambourins et hautbois) qu'une cole religieuse. En effet, ainsi que nous le verrons plus loin, Sidi Ahmed ech-Chouiak est considr comme le patron des musiciens de ]a rgion, Habite presque entirement par des BOllakhar, descendants de ceux qui avaient t envoJ's dans les tribus par Moulay Ismail ou qui s'y taient rfup;is lorsque cette garde noire fut plusieurs reprises dcime par les successeurs de ce Sultan, le dchar de Zahdjouka paie l'impt au ~fakhzen, en entretenant toujours la cour des musiciens qui se relaient tour de rle; .c'est ce que l'on appelle El-Fard, c'est--dire l'obligation personnelle il accomplir pour un temps donn. En automne, grand mousem annuel a"ec souq.
jO
Cette Zaouia se trouve Tefer et sa cration .es.t asseJ rcente, puisque le Faqih Ben Abdallah vivait . .la fin du rgne de ~oulay Sliman ou au commenc~ent de .celui de .Moula)' Ab4errahman. ; . Le .Faqih Ue.n ~bdallah n'~tait p~s. Mulement.QD letU' l , mais surtout un tireur "rput. Il taitCheikher.jl6mo~1 Illaftre-tireur, ,et on -venait de loin PQur recevQir: ses leons,. Aujourd'hui ncore, soa mou,emcAonne lieu. u118. amara qui est la plus considrable d~tollte 1~ tribu d.u. Sl'if, Elle a lieu le 26 du mois ~e Reble,n-Nabaoui, (Iuinz~ jours aprs le Mouloud aJll1iv~saire. de la na~.. sance du Prophte, ce que l'on appelle le jour ete. 8abQ eS.Souaba, le septime jour aprs le septime jour qui . suit la Jftt.;:
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Cette amara est particulirement un rendez-vous pour tous les tireurs et pour tous les escrimeurs, qui y viennent de trs loin et s'y runissent en no~nbre considrable. Le souq qui s'y tient dure deux jours et son importance peut se comparer celle de l'amara de Moulay Bouselham t dans les tribus arabes.
LES MARABOUTS
~\J\~\~~~
Sidi Ali est le patron de fraction des Ehl SrifelFouqanlin. Son tombeau se trouve 3 kilomtres audessus du Souq elKhemis de Bou Djedian et l'on aperoit de loin sa qoubba blanche, mi-cte de la montgne. D'aprs les gens du pays, c'tait un Chrif alami et, diton, un des combattants de la bataille de l'Oued el-Mkhazen contre les Portugais en 1678. On rem8l"quera que la plupart des marabouts de cette rgion des Djebala appartiennent cette pliade de ChadHites du dixime sicle de l'Hgire, qui prchait la guerre sainte contre les Portugais et qui contribua crer le sentiment 3tnophobe qui est encore si vivace chez les Djebala. Les descendants de Sidi Ali sont pour la plus grande partie. des Oulma. Le Qadi des Ehl Srif est toujours un Choulli, ainsi qu'un grand nombre d'Adoul de la tribu. Les habous de ce marabout sont considrables; ils sont administrs par un moqaddem qui est un Chrif de sa descendance.
1. "Les Tribus de la valle du Lekkoui pp. SIS8 et suiv.
~,
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L'aumone religieuse, la Zekdt et l'Achour, des Chorfa Choul1rin est vers~ par eux la Zaoua de leur anctre; elle est employe recevoil'les htes et entretenir, par les soins du moqaddem, les Chorfa Choulllin ncessiteux. L'cole de Tolba de Sidi Ali ech-Choulli est une vri- . table mdersa, et des professeurs y expliquent les com-mentateurs du Qoran et des Hadit.Il arrive souvent que des tolba qui ont commenc leurs tudes cette cole aillent Fs pour les complter. Un grand mousem a lieu Sidi Ali en automne. Il y vient des plerins de toute la tribu du Srif et des tribus voisines. On trouve dans la Dohat en-Nachir que Abouel-Hasan Ali ech-Choulli (ou ech-Chibli) ech-Cheddadi. habitait la montagne du Srif; c'tait un Cheikh sou fi qui avait de nombreux disciples ..... C'tait un des compagnons du Cheikh Abou-l-Hajjaj (Yousef) et-Tlidi. Il mourut au commencement de la neuvime dcade (du dixime sicle de l'H~gire), c'est--dire entre 980 et 990; on pourrait supposer d'aprs cela que Sidi Ali aurait t tu la bataille de l'Oued el-~Ikhazen en 986 Hg.). Il fut enterr au village de Bou Qjedian dans la montagne du Srif. Le Moualti elA.ma 2 reproduit ce que dit la Dohat, avec cette diffrence que Sidi Ali, qui est dsign dans la Doha/sousle nom de Ech-Choulli, est appel Ech-Chibli dans le. Moualti el-A.ma. Le Moualti ajoute qu'une grande amiti runissait Sidi Ali au Cheikh Abderrahman elMedjdoub, ainsi qu' l'hritier (spirituel) de ce Cheikh, Sdi Yousouf el-Fasi.
1. Dohal en-Nachir li Mahain Man Kana bel-Maghrill min Macha'ikh eI-Qa,.n e/-Achi,., par ABOU 'ABDALLAH MOHAIOIBD 8B1'l ALI ~ 'OIlA. BaL-B08EIN BU Ma8AH, Cbrir el-HaBaDi, connu BOU8 le nom de Ibn A8kar. Lltb. F8, 1809 = Bg., p. 129. J. EI-Mouatti eI-A.ma Il dek,.i EI-Djaouli ou TelllHJ, oua ma lahouma min el.Illla, par ABOUL-MAHA8IN YOU80UF aL-FASI. Lith F8, 1118 = Bg't p. 129. .
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ARCllIVES lIfAROCAINES
:!, I/al,
1. El-.lloualli el-A.ma, Ouvr. cil, p.lii7, littralement lat. C'est l'tat de surexcitation cause par tl-
Ilnclra, c'cst-il-dire pal' III prsenee dans l'individu d'une parcelle dt: l'e.,;.-
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choses?- Oui rpondit l'Arabe.-Ilfaut, lui dit EI-Hanchi que tu me mettes en relations avec lui. Il se rendit alor~ en compagnie de l'Arabe auprs de Sidi Yousef et lorsque Sidi el-Hanchi l'eut vu, il prouva du soulagement et son hallui laissa du rpit. On a dit: (c Il lui arriva ce qui arrive il une lampe lorsqu'on l'approche d'un feu ardent; sa lumire est absorbe par lui. Il Lorsque cela lui arriva du fait de cet homme, il lui dit: C'est toi qui m'as mis en rapport avec ce Cheikh i demande,:,woi ce que tu voudras. L'homme lui dit; Je te demande les biens de ce monde. EI-Hanchi se rcusa et lui dit: Il Demande-moi l'autre monde. Mais l'homme persista; il ne voulait que les biens de ce monde. EI-Hanchi lui dit alors: Que Dieu te les donne. )1 Or, les richesses se mirent pieu~oir sur lui et il eut de l'or, des rcoltes et des troup~aux, 11 eut aussi de nombreux vaisseaux et beaucoup d',autres choses en abondance et que l'on ne~aurait numrer. Voici comment se termina sa vie: Il fut tu dans un guet-apens i ses biens furent disperli\s et tout ce qu'il avait fut perdu. )1 Sidi Ali el-Hanchi demeura attach Sidi Yousel elFasi qu'il allait voir souvent. Lorsque la nuit le surpre~ nait chez le Cheikh, celui qui allumait les lampes lui disait: Allume la lampe, un tel )1, et par son influence la pice se remplissait de lumire. 0", lui dit au luj~t de Son pouvoir mystrieux: Tu ~~ t gratifi du hill de Chadili, .avec cet,te diffrence q (J'il est trs puissont et, ; que tu ne l'es pas. )1 Sa peau se craquelait et il prenait l'apparen~,e,~'u .. lpreux tellement les influences qy'i1 recevlt.lA~ent fortes. Lorsqu'il entrait dans un lang,il Se t1'ol1vait ,Iubmerg, mais il en sortait sain et' sauf. Ce .Iutlui qui limita 25 ans le temps que Sidi YOllsef el-Fasi devait rester Fs. On parlait un jour devant lui de la question pose au
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ARCHIV&~
MAROCAINES
seuil de la tombe par les deux anges de la mort. Quelqu'un dit alors: J'ai peur de ces anges. 1 EI-Hanchi lui dit: Donne-moi un mouton et ils ne viendront pas ioi. L'homme reprit: Il Je n'ai pas de moutons. EI-Hanchi lui dit alors: Donne-moi un coq. L'homme le lui donna et il fut prserv par le saint - que Dieu soit satisfait de lui et nous le rende profitable - de la venue des deux anges. J'ai trouv un ouvrage crit de la main de mon aieul le Cheikh Abou-l-Abbas Ahmed ben Yousef, qui tait relatif la biographie de son pre. Il )r fait mention du Cheikh EI-Hanchi; j'y ai vu la confirmation de ses propres paroles: Parmi eux (les saints) se trouvait le Cheikh, le saint, l'illustre, le savant, qui apportait la confirmation de ce qu'il avanait, Abou-l-Hasan Ali el-Hanchi es-Serifi, enterr proximit du village de Bou Djedian dans la tribu du Srif. Mon pre me dit plusieurs fois que, parmi tous ceux qu'il avit rencontrs, il tait celui dont le hal tait le plus manifeste. Il se rattachait lui-mme plusieurs Cheikhs .de son poque. Lorsque son maUre eut reconnu en lui la puissance dont nous avons parl, il recourut lui-mme ses invocations pour lui, pour sa famille et pour ses enfants, et il se tenait vis--vis de lui dans une position d'humilit. C'est mon pre, que Dieu m'accorde son agrment, qui m'a racont ce fait. Il m'a racont galement - que Dieu so~t satisfait de lui - qu'un jour il tait assis dans une grande assemble en compagnie du Cheikh Abou Zeid Abderrahman t, lorsque tout coup le Cheikh Abou-lHasan el-Hanchi s'avana vers lui. Abou Zeid voulut le frapper d'un bton qui se trouvait sa porte pour lui communiquer ainsi sa baraka; ayant saisi ce bton, il lui
1. Sidi Abderrabman el-Medjdoub, qui tai' le Cbeikh de Sidi fouser el-Fui.
SOI
en porta un coup entre les deux paules (il raconte luimme de la sorte l~ suit de l'aventure) : Lorsque le coup l'atteignit, il s'cria: Eh l! voil le cavalier que j'ai suivi aujourd'hui. Mon pre m'apprit que telle fut la cause d la baraka, dont le'Cheikh Abou-I-Rasan fut gratifi par Dieu, par l'in termdiaire du Cheikh Abou Zeid Abderrahman. ' Il professait que tout ce qu'il ~vait deYertus surnaturelles il'le devait au seul Cheikh Abou Zeid Abderrahman, que Dieu soit satisfait d'eux! C'tait ce Cheikh qui lui servait de guide dans les sciences caches, et le secours qui lui tait apport' et qui pntrait tout soli tre venait du Cheikh Abou Zeid Abderrahman. Il voyait en songe ce Cheikh lui insuffler sa baraka par la cheville et il ne cessait cette opration que lorsqu'il tait rempli de lumire et de secrets divins, , tel point que cux-ei ne pouvaie~i plus trouver de place dans son tre. ' , Ce ~ut la cause de sa perte : sa chair tait devenue toute craquele; elle se dchirait; je le vi~ plusieurs fois -:- que Dieu soit sati15fit de lui! - ~orsqWilvenait de son Village' notre maison EI.Qar..Ces visit~8 'avaient lieu to.ute s les semaines, gnralement une seule fois. Que Dieu soit satisfait de lui et nous le r~lide pfofttble. D'aprs les renseignements verbaux pri;{dit'ns la tribu du Srif, Ali elUanehi, aujourd'hui pt.que ceDlplte-. ment oubli, et connu sous le nom de ,Ali 'Bou Qoba ......;. l'homme l'alouette - tait Chrjf'Hatimi.C'tait un ds combattants de la bataille de l'o.ued ei~Mkh~zri~ et' son surnom de Bou Qoba lui venait d~ cequ~" pJid~Dt;l~~a,';' taille, il lcha sur les chrtiens d'itinorlbtbl~ alouetti qui contriburent la dfaite ah tl s~~~~'." '
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SOS
rapport les tmoignages nombreux de ceux qui avaient vu un chacal garder les brebis et les empcher de manger les rcoltes. Ce chacal passait entre les brebis et les champs cultivs et les poussait sur les pAturages; il se plaait sur un endroit lev jusqu'au retour du Cheikh. Lorsque ces faits se divulgurent et devinrent notoires, Dieu rappela le Cheikh lui. Il fut enterr en cet endroit ( ct du village d'EI-Ga[~a), mais les miracles les plus extraordinaires continurent se produire" sur son tom., beau et il en est encore ainsi de nos jours. On venait en plerinage auprs de lui de l'Orient et de l'Occident, et tous ceux qui le visitaient emportaient une baraka contre les crises causes par les dmons; taient galement guris les impotents et les infirmes ~ ceux.-ci venaient auprs de sou tombeau et ne s'en loigaaient pas sans qUA Dieu - qu'il soit exalt! -les et gUris. Tous les jours, de nombreux plerins, hommes, femmes et ~JAlants, venaient visiter son tombeau. . , .: . Au nombre des miracles que je l'ai VU accomplir, il y a celui-ci: j'habitais Zahdjouka, dans le pay.s: du~rif, lorsque le Sultan EI-Ghalib Billah Abou M<iliammed Abdallah, fils du Sultan Abou Abdallah Mohammed ech-Cheikb ech-Chrif (de la dynastie slladienn),inve8tit~n QaJ,t ~Iousa ben Makhlouf el-Djezouli du gouvernement .'Elio Qar et de la province du Habl. Il s'y tablit et y demeura en~iron deux ans, puis il crut que le Sultan avait: de DiauV~l$eS penses son gard et il songea l' enfuiJ'.~a prin... ?lpale proccu pation tait de ...e faire quitter la rgioaCJ'W J'babitais et de m'obliger migrer au loi~ _il.pens"it qu'il ne pouvait y avoir de scurit pourJui ns l'.droil O ja me trouvais. Il envoya quelqu'uJl.)lMt,m~ameiler auprs de lui et pour me signifier l'ordre cie 41uittel' '! territoire qui dpendait de sa juridiction;c Quiu..rai+ ma maison et mes biens sans motifs? Il luidis-je. cc Ce pays. 'm'appartient, me rpondit-il; deux ttes ne. Pepventtre
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couvertes par une seule chchia. Je lui rpondis alors: Je suis un faqih (lettr) et vous tes un emir; qu'y a-t-il de commun entre nous? Il prit contre J.Iloi des mesures d'autorit et je lui dis : La rorce est dans la main de Dieu ; qu'il soit bni et exalt ! Je quittai donc ma demeure et tout ce qui s'y trouvait, et j'emmenai avec moi ma famille et mes enfants) et je pris la direction de Fs. Je passai, sur ma route, auprs du tombeau du Cheikh Boubeker; j'y fis mes dvotions, auxquelles s'associrent les membres de ma famille. Ensuite, je fis une invocation contre Mousa ben Makhlouf, et chaque invocation que je p~ononais, une femme de ma famille rpondait: Amin .J'ajoutai: 0 Sidi Boubeker, je suis mis, grce toi, en rapports avec Dieu, qu'il soit exalt 1 Mousa ben Makhlouf m'a fait sortir injustement et arbitrairement de ma- demeure; j'ai tout quitt; je me rends dans le pays des Musulmans. Je demande Dieu de lui faire quitter sa demeure et de le transporter dans le pays des chrtiens, de disperser tout ce qui tient lui et de ne laisser personne des siens dans le pays. Je vcus ensuite Fs et le temps s'coula. Mais. par Dieu f trois mois ne s'taient pas couls que la destine de Mousa ben Makhlouf lui devint funeste et que la terre devint trop troite pour lui, sans qu'il pt y trouver asile. n s'enfuit de nuit avec ses enfants, mais, malgr ses efl'orts pour se diriger en terre musulmane, il ne trouva aucun chemin pour l'y conduire... (A cet endroit, le texte porte une annotation indiquant une lacune dans le manuscrit original.) n resta entre.leurs mains (entre les ~ains des chrtiens) pendant cinq annes; il Y est encore aujourd'hui. C'est ainsi que fut exauce ma prire t.
1. Il est intre.lIant de rapprocher cette anecdote, raconte par Mohm-
S05
On n'a pas de certitude sur la date de la mort de Sidi Boubeker (que Dieu lui fasse misricorde !). Ons ait cependant qu'il mourut la fin du sicle dont nous crivons l'histoire (dixime sicle de l'Hgire). La Salouai el-Anfas, de Sidi Mohammed ben DJafar ,elKittanr(t. l, p. 3), dit seulement que le Cheikh Boubeker d'EI.Djarza habitait le village d'EI-Djafza, dans la tribu ' du Srif, et que c'est l qu'il est enterr. Le mousem de Sidi Boubeker a lieu en automne; il est' trs frquent par tous les gens du Srifet ds tribus voisines. Il y_a de mousem, de Sidi Boubekerdanslamme saison. Le premier est fait par les cordonniers d'El-Qar qui annoncent ce mousem par crieur public , ils s'y rendent tous en corps, avec beaucoup de gens de la ville. Les habitants du Srif y assistent galement, mais ils ont leur mousem particulier, quelques jours aprs.
ARCH. IIAROC.
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ARCHIVES MARO&lNES
'AIn Moulay Yaqoub, ou 'An Lalla Chafia, que l'on prtend tre la fille de Moulay Yaqoub. Une source du mme genre se trouve auprs du marabout de Sidi Embarek ben ech-Cheikh, dans le. Khlot t. Cette source est galement connue SOUI le nom de 'Arn Lalla Chafia. Sidi Embarek tant 5 ou 6 kilomtres l'ouest de Sidi Boubeker, il est probable qu'un gisement de soufre s'tend dans toute cette rgion. Il existe d'ailleurs de nombreuses sources sulfuFeuses au Maroc,. et certaines sont clbres dans tout le pays, comme les thermes de Mo~lay Yaqoub, entre Fs et le Djebel Zarhoun.
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I.S -
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Le tombeau de ce personnage, recouvert en tuiles, se trouve au village de Zahdjouka ; ct, se trouve une mosque en pierres sches, recouverte de chaume. C'est le patron des fameux musiciens de Zahdjouka (lebbala et ghaita tambourins et hautbois). Lorsqu'une femme du village de Zahdjouka est enceinte, elle va demander Sidi Ahmed que son fils soit ou tebbal ou ghaiat, baraka que le Sid accorde toujours. Aussi, ainsi que nous l'avons vu dans Ja liste es villages, les musiciens sontils trs nombreux Zahdjouka. Tous les vendredis, les musiciens, au nombre de soixante tebbala et quarante ghalta au moins, se runissent devant le tombeau de Sidi Ahmed et jouent leurs difFrents airs. Le mousem de Sidi Ahmed ech-Choulakh a lieu en
1. rchiuet morocqinu, LVI, Lee Tribue arabe. de la valle du Lekkoue ., p. lIlIO.
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automne ; il est trs frquent ; l'aumne lgale; la Zekat et l'Achour du village de Zahdjouka, est remise entirement la ZaouIa de Sidi Ahmed. Le tombeau de ce personnage est horm et ses habous sont administrs par un moqaddem. " " D'aprs la Dohal en-Nachir f, Abou-l-Abbas Ahmed, connu sous le nom de Ech-Choulakh (le petit Cheikh), tait un homme saint, connaissant Dieu. Il tait de la tribu du Srif et vivait dans un endroit appel Zahdjouka, O se trouve son tombeau. C'tait un pieux serviteur de Dieu; ses prires taient exauces et les miracls les plus merveilleux taient accomplis pal' son inftunc.' J Le {aqih Abou-l-Fadil. Qasim m'a racont ce qui suit: J'allais une fois au Souq es-Sebt des Heni Zekar. J'y fis ce que j'avais y faire, puis je l'entrai chez moi. Je conduisais une de mes juments sur laquelle 'tait' une charge de fruits. Je passai par Dahr e-agga et en cet endrC?it ma jument tomba du haut d'un rocher, puis elle . miU ~uler, tantt sur le dos, tantt SUI' le ventre, tantt sur leccn~~e dsesprais de l tirer de l, d'autant p'lns que lanuit~,t trs noire. Je dis alors: 0 Sidi Ahmed ecb-Choulakh, cc c'est toi qui es mon protecteur i je m'en remets Dieu et toi! Je m'assis par terre; mes forces taient pui..es i soudain, j'entendis du bruit derrire' moi et je vis un homme qui conduisait une jument i il me dit: ft Voici ta Ct Jument ;' elle n'a pas de mal, contiflue toncli8$iia'., puis il disparut. J'arnvai cette nuit mme .chezlJl()i,' Le lendemain, je rencontrai ,le Cheikh, qurm~ ;dit,'~ 0 fils de mon Seigneur! Les esclAves B6Dt..mr",n~B_ ton aide? lt Je rpondis: Oui, mon, Sfgnlm' ;'iflie Dieu en retour te rtribue par l bien:; if IF~e;'d,1~ 810rs ': Cf Ne l'aeonte ceci pel'8Onne.. ,', ." ,,: Lorsque les svices du Qald Talha e~Arld'i $8 mmi(C
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festrent violemment l'gard des habitants du Srif, ceux-ci vinrent le trouver et lui demandrent de prier Dieu contre ce Qard; il dit alors: J'avais dcid de prier Dieu contre lui, mais il m'a t dit: N'en fais rien, car il est le justicier des injustes. En rsum, ses miracles de son vivant n'ont pas cess de se manifester; j'en ai vu d'extraordinaires; je les rapporterais si je ne craignais de trop m'tendre. Il mourut entre les annes 910 et 920 - que Dieu lui fasse misricorde! Les malades cherchrent dans la terre de son tombeau les remdes toutes les maladies, et Dieu les gurissait par sa misricorde et par sa puissance miracu.leuse.
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Sidi Ahmed el-'Asri est le pre de Sidi 'Allal el-'Asri f, dont la qoubba au sud-ouest du Lekkous dans le Khlot tait autrefois, dit-on, la limite du territoire du Stif. Ce territoire, qui comprenait la ville d'EI-Qar;tait limit alors l'ouest et au sud-ouest, en partant du Djebel arar, par EI-Madda, 'Aroun Beal, Sidi 'Allal el-Asri, les Oulad 'Ammar, la limite remontait vrs le nord jusqu' Sidi Gueddar entre EI-Qar et Larache, sur l'Oued Lekkous. Toute cette rgion est occupe aujourd'hui par les' Khlot. lIserait difficile de prciser quelle poque le territoire du Srif a t rduit ses proportions actuelles; mais il semble probable que ce doit tre l'arrive des bandes des Riah, au sixiJlle sicle de l'hgire (douzime sicle J.-C.). Autour de la qoubba de Sidi Ahmed Be trouve une grande Zaouia, btie en pierres. runies .avec' de 1. terra mouille, comme toutes les constructiOll8 de la montagne; elle est recouverte en chaume. Il y a dans cette Zaoua des chambres pour les htes, une cole. de Qoran et UDe mdersa o sont expliqus les commentateurs ~ c'est un vritable collge, qui est trs frquent. Les plerins SODi toujours nombreux Sidi Ahmed; les',-nlytiques, les pileptiques, les convulsionnaires yvieanellt en grand nombre. Le moqaddem de la Zaouia ou u dei principaux ~ho~a fait tendre le malade par terre 8ur 1.veJltre~ .puil Il lUI monte sur le dos, le pitine, et presque toujours le malade revient g u r i . " Les habous de Sidi Ahmed sont considrables ; ils sont administrs par le moqaddem, qui estlui-mmeun Chrif 'Asri. Le village de Meggadi est d'ailleursptscjue entirelklent habit par des Chorfa 'Asara. Leur Zkat et leur Achour sont verss par eux .leur propre ZaouIa. ,
~k cr. Archive. marocainea,
kous ., p. 84l5.
&.
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ARCHIVES MAROCAINES
Le mousem de Sidi Ahmed el-'Asri est clbr au commencement de l't; il vient une affluence considrable non seulement du Srif et des tribus voisines, mais mme de tribus loignes.
Sidi Msellem,
rl- lS.J..::w
Origine inconnue. Se trouve au village de lt-Jend}era. Son tombeau et la mosque qui y est jointe sont construits en .pierres sans mortier et recouverts de toitures de chaume. Outre la mosque du marabout, le village de Mendjera a ulle autre mosque indpendante. Le horm de Sidi Msel1em, de 500 mtres de circonr~
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rence environ, est entour par une haie de branches d'oliviers. Les oliviers plants dans l'intrieur de ce horm appartiennent au Seyyid. Il y a en outre un habous considrable,administr par un moqaddem qui habite le dchar. Mousem l'automne, o viennent les gens du Srif et ceux des tribus voisines. Le horm de Sidi Msellem est trs respect.
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A l'est et proche du Souq et-Tenin, dane la fort. Mme construction que le prcdent;' iDosque ,;ha~~' ; ~orm; le moqaddem habite 'Ain Boukercho\I1,..'0rig~De InConnue = pas de mouseril. . ,.
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Au dchar d'Arn Mir; mme construction que le prcdent; mosque, habous, moqaddem;~gll.bqr~:".e8t,entOur d'un mur en pierres sche., OiJg1De,mccmnue ; IDOusem l'automne. '
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Au dchar des Beni Merqi. Mme construction que le prcdent; pas de mosque; horm entour d'un mur de pierres sches ;habous; moqaddem. Origine inconnue; mousem en automne.
Sidi el.'Asri,!S.",-JI !S~.
Au del d'Aouadja j mme construction que le prcdent j habous j moqaddem j horm. Ce personnage appartient sans doute la famille des Asara de Meggadi. Pas de mousem.
Sidi el-Faqih ben 'Abdallah,
~I ~ ~ ~I!s~.
Au dchar de Teler. C'est un des principaux marabouts du Srif. Le Faqih Ben 'Abdallah, qui s'appelait Mohammed f, tait, dit-on, Chrif Alami. Il tait de son vivant Cheikh er-Rema - des tireurs. Ses descendants habitent encore le dchar de Teler. Il vivait au commencement du dix-neuvime sicle j il est mort la fin du rgne de Moulay Sliman, ou au commencement de celui de Moula)' ,Abderrahman. Il avait tudi~ le Qoran dans un village de Fah appel Dar Zhero, non loin d'CAin Dalia sur la lace sud de la premire ligne de collines que l'on trouve en sortant de Tanger sur la route de Fs. Dar Zhero est droite de cette route, du
1. On vite de prononcer en entier le nom de quelqu'un qui s'appelIe Mohammed bell Abdallah parce que c'tait le nom du Prophte, et ron dit simplement Bell Abdallah.
RGION DU HABT
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ct de la mer, au-dessus de l'Oued M'harar. Le mousem de Sidi 'Abdallah en Ehl Srif a lieu le quinzime jour aprs le Mouloud, ce que 'l'on appelle Es-Sabd es-Souabd, c'est-dire sept jours aprs le septime. jour aprs la fte. C'est un des principau~ mousems de la rgion, o se tient. une vritable foire et o se donnent rendez-vous tous les tireurs de la contre. A Dar Zhero, un lllousem, qui s'!lppelle galement mousem du Faqih Ben 'Abdallah, a lieu le jour mme du Saba el-Mouloud, c'est-l-dire sept jours aprs la fte. Beaucoup de tolba et de tireurs viennent de diffrentes rgions des montagnes au mousem de Dar Zhero et se rendent ensuite au mousem qui est clbr ~u tombeau du ,Faqih Ben'Abdallah. Ce tombeau est construit en maonnerie et reco1,lvert en tuiles; son horm eHt entour d'un mur e~ pierres sches; ses biens habous, qui sont trs importants, soJll administrs par un moqaddem pris parmise~ de~e~~~is: A ct au tombeau du saint se trouve une, mosque, btie en pierres sans mortier et recouverte ,d'une tojt~re de chaume. L'en'lemble de ces constructio~s,qui cpmprennent galeme.nt des chambres pour loger les tolba et l~s htes. de pa~sage, B~appel1e la Zaouia du Faqih Ben 'Ahdallah.
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Sidi 'Ali ben Sliman, ~~ 0! j.&.lS~ A l'est de Zahdjouka, au milieu de jardins, prs de la som'ce d"Aln Taouguenat. Mur de pierres sches, sans toiture. Pas de hallous, pas de moqaddem, pas de mousem. Un petit horm. Sidi 'Ammar el-Qaiton, dit galement EI-Louah
c.!"u~ ~I ~M\J~ lS~
f.
Se trouve dans la campagne sans tre proximit d'aucun village, entre Sidi Embarek ben Cheikh, dans le Khlot, et Sidi Boubeker e1-Djenati, en Srif. A gauche, en allant d'EI-Qar au souq de l'ArMa de Sidi BOllbeker, prs du torre.nt e Taraout. Sidi 'Ammar el-Qartoun Iidique la limite du Khlot et du Srif. On trouve dans Je .Voualti el-Asma 2 que le Cheikh .\hou Hals Ammar el-Louah es-Serifi tait un grand saint Ct que Sidi 'Abderrahman ben M'hammed el-Fasi a crit (le sa propr(' main qu'il' tait du nombre des disciples du Cheikh EI-Ghnzouani. Peut-tre sa mort eut-elle lieu la fin du dixime sicle de l'Hgire, car Sidi Abderrahman el-Medidoub lut son hritier, et cela vers la fin de sa ,ie. Le tombeau de Sirli 'Am~ar se compose d'un simple mur de pierres sches, sans toiture; il s')" trouve des palmiers nains, qui, respects cause du. saint, sont devenus d'une assez grande hauteur. Ni babous, ni moqaddem, ni lfto;usem, ni IllQsque ; un petit horm.
l. cr. Archive. marocale" l.ekkoul4 -, Jl. :155.
2. Moutllli e/-,lBnw,
OU n'.
dl, p. 8a.
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Abou Abdallah Sidi ldohammed ben Mousa e.-Seri/i, ~~~ ~\ ~,.,...J\ IS'"Y ~ ~ ~~ ..u\ ~ y;\ connu sous le nom d~EI-Qajjaj.
Le tombeau de ce personnage, qui se compose d'un simple mur eD pierres sches, sans toiture, se trouve gauche de la route d'El.Qar Ouezzan, loign de tQut village, entre Dar el-Ouzari et Cebbah, auprs d'une source et d'un jardin d'orangers. Il n'y a ni habous, ni moqaddem, ni mousem. Voici ce que dit son sujet le Moualti el-Asrna 1 : Il L'auteur du Mir'al 2 a dit: C'tait un homme ~illlple pour les choses de ce monde, mais trs au C9urant de celles de l'au-del. Son hal tait celui de tout homme ngligent de ce qui conerne la vie de ce monde; il s~mblait vivre dans un autre univers, filais lorsqu'on Je tirait de sa rverie, il tait d'esprit trs :ouvert... Il f~t, d~aprs son propre tmoignage, UJl des disciples d'Abou-l-l\Iahasin, chez lequel il sjourna quelque temps Fs. JI) I,.'auteur du Moualli el-A.ma ajoute ensuite: Il y avait dan. la Zaouia du Cheikh Abou 'Abdallah e-Cebbagh une coutume permanente qui consistait ce que toute la nuit du vendredi ft consacre la veille par un grau.d l,lombre de ge~ qui r~ptaient le nom de Dieu. EI-Qaijaj passait.la uit avec eux-lorsqu'illes retrouvait en se rendant ~l~Qar. Il Une nuit, il passait la veille en cet endroit, et plusieurs de ceQ.X qui taieJlt avec lui me l'ont racont, lorsqu'au bout de quelque temps il se ,~it pleurer.borlJqu'on fit la prire du malin, il dit plusieurs de. ceux qui ~ trouvaient la runion: Vene~~oi en aide afin que.j'achte
1. Ouvre cit, p. lM. 2. Mirai el-Naha.in min Akhbar ech-Cheikh AbU-Naha.in, par SIDI
MOHAMMED n-'ARBI EL-FASI.
Lith. ,. PllA,
1314;
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un linceul et des aromates Il. On lui acheta ce qu'il demandait. Il se rendit alors en hte dans sa demeure, qui se trouvait dans le pays du Srif. Il rencontra en route plusieurs personnes, qui lui firent leurs condolances au sujet de son fils. Il leur dit alors: Le malheureux est mort 1 que Dieu lui fasse misricorde ll, comme quelqu'un qui aurait t inform du fait. Arriv dans son pays, il ensevelit sOn fils avec le linceul et les aromates qu'il s'tait procurs. II Voicicequi s'tait pass: Un homme voulait tu~r l'assassin d'un de ses nfants. On lui dit que cet assassin passait la nuit dans un certain endroit qu'on lui indiqua. Il y Yint donc une nuit dans l'intention de le tuer, mais, par erreur, il tua le fils de Qajjaj. Une chos bien connue des gens d'EI-Qar, est qu'il vint un j'Our s'asseoir au souq en s'adossant une boutique. Il plaa son bton devant lui en l'appuyant contre l'auvent de cette boutique. Lorsque EI-Qajjaj, s'tant lev, chercha son btton;il lie le trouva pas ;il le demanda au boutiquier.qui lui dit: Qu'il ne savait pas, qu'il avait d tomber dans le feu et tre brt\l. Le Cheikh lui dit alors: Le feu t le feu! Det rpta plusieurs fois ces mots, puis surIe-champ il se rendit chez un de ses amis qui se trouvait l dans une boutique, et il lui dit: Ne laisse rien cette nuit dans ta boutique. D Son interlocuteur se conforma sa prescription. Or il advint que celui qui avait drob le biton songea quelque chose quise trouvait dans sa boutiqU6 et s'y rendit la nuit, une lanterne la main; il l'ouvrit, et ayant trouv ce qu'il chrehait, il s'en alla. Mais des tincelles taient tombes de la lanterne et avaient mis le leu certains objets. Toute la boutique fut brle, et avec elle plusieurs autres. L'ayant interrog au sujet de cet vnement, il m'en confirma l'authenticit: cc J'avais senti l'odeur de la fume, me dit-il, et c'est pour cela que j'avais dit mon ami de vider sa boutique.
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EI-Qajjaj tenait son enseignement du Cheikh Aboli Ab dallah e-Cebagh el-Qari, lve du Cheikh Abou-I-Hasan Ali Fendrero 1, qui tait lui-mme lve de Moulay Ali Boughaleb. Il avait t galement lve du Cheikh Abou Chita (Moulay Boucheta EI-Khammar), enterr a Amargo.. Il mourut vers l'anne 1030 de l'Hgire. Le Nachr el-Mathani cite galement le Mirai el-Mahasin, et il ajoute: Les martres de .Qajjaj furent le Cheikh Abou Chita, enterr a Fechtala, et Abou-l-~Iahasin elFasi. Il semble bien tabli que la vritable date de sa mort est l'anf022. Dans le Moualli on la place la fin de la troisime dcade, c'est-a-dire vers {OSO.
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lUS
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Petit horm, .petit mousem, qui n'est frquent que par les gens d'EI-outtah et de quelques villages voisins. . Parmi ces marabouts, quelques-uns ont des tendards qui marchent avec la tribu ou avec la fraction de tribu au milieu de laquelle ils se trouvent, dans toutes les manifestations de ces fractions, ftes ou batailles. Ce sont : Sidi Boubeker el-Djenali, de EI-Galza; Sidi Ahmed echChouiakh, de Zahdjouka; Sidi Ahmed el-'Asri, de Meggadi; Sidi M'sellem, de Mendjera; Sidi Ali ech-Chou/li, au-dessus de Bou Djedian; Sidi Ali Bouloufa, aux Souhbine Chacun de ces marabouts a un tendard; la couleur n'en est pas dtermine, comme celle des tendards des fractions et dpend du caprice du donateur. . De plu8, chaque marabout 'a un horm, lieu d'asile pour les coupables ou pour ceux qui se considrent victimes d'une injustice. La limite de ce horm est en gnral indique par un petit mur de pierres sches ou par UDe haie. Lprsque le e8int a des .~escendants, c'est un ou plusieurs membres de cette famille qui interviennent poui arranger l'affaire du rfugi; sinon, c'est l~ moqaddem du Syid qui s'en occupe.
hii ne cite que les quelques familles de Chorfa suivantes en Eh! Srif : Oulad AlHlel-Hamid, 'Aln Semen et cAin'
Merzad (?) i t maisons. t Oulad Maro, 'Ain Smenl . Oulad Ben Khaunoun, Hameimoun 6
1. .VanllMril cU.
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Oulad el-Haddad, Hameimoun la maisons 2 Oulad Ben Zerroq, t Oulad el-Haddad, EI-Mendjera Tefer. 2 El-Ma. . t Oulad el-Moudden, Hameimoun t3 Mohammed ben Ali Terrach, EI-Mendjera. Le mme auteur, d'autre part, ajoute que les Oulad Chaboun, les Oulad el-Altas;, les Oalad ~l-Bekkak,.u, et tous ceux qui en proviennent et qui habitent dans la sousfractioIt des Beni Qemah du Srif, descendent des compagnons d'Abou't-Touadjin, le meurtrier du Qotb 'Abdessalam' ben Mechich, et ne peuvent avoir aucune pttention au Chrifat. , Ibn Rahmoun l,qui crivait en HOSde l'Hg. (1-698 J.-C.), donne sur les familles chrifiennes qui vivaient ea Ehl Srit son poque des dtails beaucoup plus circonstancis. Il 'cite les Oulad el-Ouardin El-QUA, puis, parmi les clescendants d'Omar ben Idris, qui se divisent en deux' branches, celles de Sidi Honaln et de Sidi Atiq~ parmi ceux de la pl'mire branche, deux maisons des Ou/ad e/-Djabaq, l'une Feddan el-Kebir, ,l'autre Hamimoun; une maison des Ou/ad 16ra";m ben el-Hasan CAIn El-Mir, au Djebel Kenfaoua, et dans le mme village, les Oul,uI e/-Djerag, si Mohammed ben Mohammed 'el-Kenfaouy et ses coufJns. Parmi ceux de la deuxime branche, il cite les cousins de Sidi Mohammed ben Ali ech-Cllerif, dans le Khams des Beni Idris ou Beni Idras. Ibn Rahmoun, d'aprs les documents qui lui ont t fournis par le naqib des Chorfa, cite galement les Ou/ad e/-Moudden, Oulad Zerrouq, Ou/ad Abdel-Hamid, prs
1. Arch"'" marocain.., triaducUoo Salmon, vol. 111, UIOG.
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d'Ain Merdaz entre EI-Qcar el-Kebir et le Djebel Srif; Ou/ad Ohoud (?), EI-Anar. Plus loin, le mme auteur publie les listes qui lui ont t remises par le Naqib Moulay Ahmed ben Abdelouahhab. Nous y relevons: Les Ou/ad e/-Harraq, Dar el-Oued; Oulad el-Mahdi, Oulad ech-Chlouchi; Oulad Abdelqaderel-'Amrani, Feddan el-Kelis ; les Amranelin, appels Oulad Sidi Omar ech-Cherif, af. Ibn Rahmoun donne ensuite la liste des Chorfa du Djebel Alam issus de Sidi Boubeker ben Ali ben Horma, etc. Parmi ces Chorfa nous rel~vons : Les Ou/ad Ben Halima, descendants de Mohammed .ben Abd.esselam ben Mechich EI-Khemis du Srif (EI-Khemis de Bou Djedian). Les Oulad el-Harraq, descendants de Mousa ben Mechich Qazqaz. et afcaf; les Oulad e/-Qad, de la mme descendance; Ou/ad Ben Yahia, Ou/ad Ben Moua, Ou/ad Ben Yaqoub, Oula'd, Chair et Ou/ad Dahman, Eaf; les Ou/ad er-Rahman, descendants de Yemlah ben Mechieb, afaf, et, dit-oll 4 ,les Oulad el-Moudden dits Ou/ad ech-Ch/ouohi, Ec..af, descendants de Sidi Youns ben Boubeker. A1,ljourd'hui, les principales familles de Chorfa sont les suivantes : . Ou/ad ech-Cheddadi, 'Ain Bou Amer. Les notables de. cette famille sont: Sidi Ahmed ben Sliman, adel; Sidi Mohammed Ould Sidi Ali; Sidi Abdallah; Sidi Mohammed Ould Cheikh Ayad; Sidi el-Mokhtar el-Kharraz. Les Hamadna. Le principal d'entre eux est Ould elFaqih ben El-Arabi, dont le pre tait Qadi Larache. Le Mezouar ou Naqib des Hamadna est Sidi Mohammed
l. Le mme doute est mis par Eeh-Cliabii sur les Oulad el-Moudden d'Hamimoun.
Ul
el-Hamdouni, qui habite EI-Qar. Les Chorla Hamadna sont rpandus dans plusieurs villages de la tribu.
El-Harraqin.
De la descendance de Sidi Moua .hen Mechich. frre de Moulay'Abdesselam. Ces Chona sont trs nombreux en Ehl Srif. On en trouve "AIn el-MA, il Qazqaz, Cafaf, o ils ont une sorte de Zaouia; Dar el-Oued; etc.
AIlCH. IlAllOC.
Il
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Les principaux sont : Sidi el-Hadj Ahmed; Sidi el-Hadj 'Abdesselam ben Ali; Sidi Abdessalam.
El-Kanfaouin.
Cl).orfa qui habitent les viUages du Djebel Kanfaoua, une des montagnes du Srif.
Oulad el-Baqqal.
Nous avons longuement parl de ces Chorla, au sujet desquels Ibn Rahmo~n dit : Les Oulad el-~adi elBaqqal el-Araoui, de la descendance de Sidi Ali el-Hadj, contrairement leurs prtentions, n'ont jamai. eu aucune attache ,chrifienne 1. Ils sont cependant universellement
1. Archi,," marocaina, Lili, ouvre cit, p.!.
as
reconnus comme Choria. Rpandus un peu partout dans la tribu, ils habitent surtout Dar el-Attar et EI-Gharraf. Leur influence est considrable dans la .tribu du Srif, dont tous les habitants sont leurs khoddam. Les principaux personnages de cette famille sont : . Sidi el-Mokhtar, EI-Gharraf. Les fils de Sidi el-Hadj Mohammed Ould Sidi Mohammed ech-Chrif, Dar el-Attar. Les fils de Sidi Bel-Qasem Sidi Mohammed ben el-Moufeddal Sidi EI-Moufeddal ben Ahmed, Dar el-Attar.
El-Guenaouna.
Au dchar de Delm EI-Ghemiq. Les principaux sont: Sidi el-Hachemi Cata, qui a t gouverneur de la tribu; Sidi el-Hasan. .
El-A,ara.
Se prtendent Chorla idrisites, venus du Figuig, d'une branche des Ourdrighlin. Ils soat nombreux et vivent tous Megga<li t o est enterr leur anctre, Sidi Ahmed., El-'Asri. Le plus notable est Sidi Abdesselam. Il existe encore ungrand nombre de familles de Choria moins importantes, dont nous citerons seulementles noms: Oulad Selarnj El-Ghazaouna; El.lrloudliinj Oulad BOil Qodja; Oulad Sidi Amar; El-Q,.dqrd.
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Oulad el-Medjdoub (descendants de Sidi Abderrahman): Zefara; Ain Semen; et aux ZAzA.. El-Hadaouda (Oulad el-Haddad), Zahdjouka. Oulad Merroun, Oulad el-Khanfous, Ain Bou Amer. E-amadin, descendants de Sidi Abdeamad, fils de Moulay Abdesselam; EI-Hamdlin. El-Halama, EI'"Outtah. El-Merinin, l'azib des Meriolin. Oulad Hadjaj; Oulad Ben 'Ato; les Rasounin; Oulad Be/-Mehdi; Oulad Zel>rouq,. Oalad Ben Yioub; Oulad Ben Djada; EI-Qaou, se prtendent Chorfa Cherqaoua, originaires de Rou-l-Djad. On peut se rendre compte, d'aprs cette numration des familles chrifiennes du Srif, que plus de la moiti des tribus se compose de Chorfa, en grande majorit Alamlin. Notables de la tribu (non Chorfa> Hadj Mohammed ben Abdelqader, Si el-Khamar et Si Ben Chrif, Si Ahmed be/-Hadj, Oulad Si Ahmed bel-Hosein, Hadj Mohammed ez-Ziat, Si Abdesselam ben Abdelqader, Si ech-Chaed, Hadj Hamo, Hadj Mohammed ech-Cheikh, Hadi Mohammed Bou Skif, Si Mohammed ben A bdessalain . btka Hamo (son pre a t gouverneur du Srif). Si el-Mokhtar Oald el-Hadja, Si Idris ben et- Taher,
EI-Mendjcra. Meghter. Dar Ma~o. ! Beni Cain. EI-Qaou. El-Biar. Zahdjouka. El-Galza. El-Qaou. Cakhat el-Qat. .'Am Bou Amer. . Milianah. Khandaq El-Hamra.
l ...
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Si Ahmed ben Abdessalam, Si Ahmed ben Ali ben el-Tahami, Si Ahmed ben Larbi, Si Ahmed ben el-Tahtr, Si Sadiq er-Rhoni, Si Ahmed ben Abdallah,
Beni Khallad. Mimouna. Beni Mafa. Mimouna. 'An Hadjel. 'An Qcab.
Le Qadi des Ehl Srif est; comme nous l'avons dit, Sidi Ahmed ben el-Moufeddal ech-Choulli. Les principaux Adoal sont:
Si Ahmed ben Abdessalam, eehChoulli, Zaou de Sidi Si el-Taher ben Ali, eeh-Choulli, Ali ech-Choulli. Si A bdessf?lam ben el-Moufeddal, eehChoulU, Si Ahmed Bou Selham, ech-Cheddadi, Si Mohammed ben Ali, .ech-Cheddadi, 'An Bou Amer. Si Abdallah, eeh-Chedaddi, Si Mohammed Ould Cheikh Ayad, ech-Cheddadi, Si el-Mokhlar el-Kharraz, ech-Cheddadi, EI-Anar. Si el-Taher ben Ali, Si el-Hmdouni, Moghter. Si el-Khammar, Si Jfohammed Ould el-Faqih, ez-l B D d ~ ou Je tan. Zerhouni, Si el-Ayachi, Milianah. El-Faqih el-Guemraou, Beni Gueddour. El-Faqih Si Ahmed ben Larbi, EI-Qaou.
CHAPITRE II
ARAR 1,.;L... "" J
cc Le Sarsar, dit EI-Bekri 2, qui crivait au cinquime sicle de l'Hgire (He sicle de J.-C.), montagne situe au sud de ce chAteau~ (Casr Denhadja), est occup par plusieurs peuplades appartenant aux tribus de Kotama et d'Assada 3 Ez-Ziani, dans sa Rihla, crite au dix-huitime sicle, parle de la Zaouia de arar: C'est, dit-il, une montagne avec des villages.)) , l.e Djebel arar est au sud du Srif, dont il est' spar par l'Oued Lekkous. C'est une montagne en forme de Cne, de 800 mtres de hauteur environ, qui est le point le plus lev de la rgion et qui, visible de l'Ocan une
1. Le~ ":hl Sersar sont Bjebala et habitenL des .!chour, I\s descendent d1une fraction de Berbres, servileUl'S religieux de Moulay 'Abdallah Chrir, nncLre des Chorea d'OUp.1;zan, Cc sont eux qui l'ont amen Ouezzan et 1'0111, nid :'\ s'y tablir, T.'ibu naiba, paye l'impl sans fournil' d'askar. EUe est relativement peu pressure en raison d.' son origine ct l'elve d'EI-Araicb. Les Ehl HersaI', sans lre prcisment Khedem des Chorfa actuels d'Oueuaaen raison de leur origine, n'cn appartiennent pas moins aux groupes l'eligieux et politiques flue dirige Dar Ouezzan. (A. LB ClfATBLIER, Nolu ,ur le, villes el lribus du Maroc en 1890,) 2. Traduction cie Slane, Journal a'ialique, 1859, j'j" srie, l. XIII, Description de l'Afrique septentrionale, p. 322. 3. Tl'ihu bm'hre de,;; M~l:moudll.
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certaine distance, sert de point de direction pour la navigation du c6t de Larache. Le territoire du Djebel arar est born au nord par l'Oued Lekkous; sur la rive droite de la rivire, se trouve, dans le Srif, le village des Beni Khallad, et en face de lui, sur la rive gauche, en territoire arar, le village de Demna.
Au Nord-Est, ce territoire est limit par le Djebel Gheni; l'est par les collinesdll Tliq, avec les douars des Kraza, Doumiin, Chetaouna et Chekatfa. Au sud, par les douars des Oulad Sard, Miloudat, }!aizrin, d~ la tribu des Sefian du Gharb; l'ouest, par la tribu des Memouda. .Au point de vue administratif, arar tait autrefois conRidr en entier comme ZaouIa de Sirli Ali ben Ahmed <fui y est enterr, et dont nous raconterons plus loin la vie. Depuis quelques annes,' fa ZaouIa de Sidi Ali a subi le sort de beaucoup d'autres Zaouias: elle a presque compltement perdu ses anciens privilges, et tOU8 les habi. tantsdu Djebel arar,sauf ceux qui habitent la Zaouia elle-mme, paient l'impt, lorsque la. trib~ il laquelle arar est rattach le paye galement. arar n'est en eilet jamais conaiclr comme une triba, mais fait gnralementpartie lIe celle des ~femouda, quelquefois du Srit Au point de vue gographique, arar forme le point de sparation entre le bassin du IJekkous et celui de
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Sebou. Les quelques torrents de son versant nord tombent dans l'Oued Lekkous; ceux du versant sud, dans l'Oued Mda~ qui se jette dans la mardja de Ras edDaoura. Il y a cinquante ans, la fin du rgne de Moulay 'Abderrahman et au commencement de celui de Sidi Mohammed, Carar, runi Memouda, tait gouvern par Si Abdessalam ben Aouda, Qald des Sefian. A la mort de ce gouverneur, tu pendant la guerre de Ttouan, son fils 'Abdelkerim lui succda. Il fut tu dans sa maison, la Qaria de Ben 'Aouda, sur l'Oued Mda, dans le Gharb, par le fameux Djilali er-Rogui, qui s'tait soulev contre le Sultan Sidi Mohammed, un peu aprs la guerre de Ttouan. Si Abdelkerim fut remplac par son frre Si Mohammed ben Abdessalam ben 'Aonda. Quelque temps aprs, Carar fut retir ce gouverneur, rattach la tribu du Slif et au gouvernement du Hadj Ali 'Astot, gouverneur de Larache, d'EI-Qar, du Khlot et du Tliq, mais deux mois aprs, Carar fut de nou'Veau rattache aux Memouda et rep.ac sous le, gouvernement du Qaid des Sefian, Si Mohammed ben 'Aouda, qui fut remplac sa mort par son .cousin le Hadj Bousselham er-Remouch, sous le rgne de :Moulay el.Hasan. A la mort de ce gouverneur, la tribu de Memouda, qui se plaignait des exactions dont elle tait victime de la part du gouverneur des Sefian, #ut, avec Carar, donne Si Mohammed Amkichet, gouverneur d'Arzila, et qui habitait Tanger; puis arar, Memouda et Rhona furent donns aU gouverneur ~e Tanger, Si Mohammed ben' 'Abdessadaq. Pour administrer les tribus de. montagnes qui relevaient de leur gouvernement, les gouverneurs d'Arzila et de Tanger avaient EI-Qar des Khalifas, qui furent successive-' ment le moqaddem Mohammed Mahioub, Ba Mohammed elFriali et Hadj Mohammed ben Larbi ben Dahmouna el-Khankhoumi. Si 'Allal ben 'Aouda, qui avait remplac
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Remouch comme gouverneur des Sefian, arriva par ses intrigues ohtenir le gouvernement de arar, Memouda et Rl;lona, qui avait t entre les mains des Qards du Sefian, ses prdcesseurs. Quelques annes aprs, en 1895, arar tait dtach des Memouda et faisait, avec. Ehl Srif et Rhona, partie du gouvernement de Si 'Ahdelmalek bel-Hachemi es-Sardi, .gouverneur de Larache et d'EI-Qar. Un peu plus tard, arar tait rattach de nouveau aux Memouda, sous le gouvernement du Qard Mohammed hel-Hosein el-Memoudi, dit Bou Khia (l'homme la petite houcle d'oreille). Ce gouverneur ne tarda pas tre destitu et la tribu des Memouda fut donne au Qald Ben 'Ahdallah el-Fedeli, des SefianRaouga, mais sans arar, qui fut rattach de nouveau au Srif, et donn Si A,hdelqader el-Khalkhali, gouverneUl' du Khlot, puis son fils M'hammed et enfin au Qad Er-. Remiqi. Lors de l'arrestation de ce dernier en 1908, au moment de la proclamation de Moulay Ahdelhafid, arar passa avec Ehl Srif au gouverneur de Larache, Si Ahderrahman hen Ahdessadaq, ancien gouverneur de Fs. Enfin, lorsqu'il y a quelques mois, le Srif fut donn au Chrif Ralsouli, gouverneur d'Arzila et de plusieurs trihus de montagnes, arar fut encore une fois rattach la trihu des Memouda, sous le gouvernement de Si Ahmed hen Ahdallah hel-Malek elRarti el-Memoudi. Celui-ci non seulement fait payer l'impt aux hahitants de arar qui le versaient la ZaouIa, mais il l'exige mme des descendants de Sidi Ali hen Ahmed eux-mmes.. Il vient dernirement de mettre en prison le Mezouar de ces Chorla, Sidi Ahdallah hel-Hadj Ahmed, qui refusait d'im~ poser les Chorfa, ses parents, d'une somme de miUe dou:" ros pour le compte du Qard. Plusieurs de ces Chorfa sont alls Fs porter leurs dolances au Sultan; le fils du Mezouar est venu Tanger la recherche d'une protection europenne. 22
Dohit' de Moulay lllDE'an en faveul' des Oulad Sidi Ali ben Ahmed de An 1301.
(:SI'3l'.
('/1
fllveul' Ile.. Ou"'" Sidi Ali bcn Ablllct! ,Il' 1:11 .....11. .. An 128i.
3M
On peut, d'aprs ce rapide expos historique, se rendre compte que, malgr les quelques priodes pendant lesquelles Carar a t rattach la trihudu Srif, cette rgion fait certainement partie de la tribu des Memoudalaquelle elle se rattache d'ailleurs gographiquement, Le Srif est en effet spar de Carar par l'Oued Lekkous, tandis que plusieurs villages des l\Ie.mouda sont construits sur les contreforts du Djehel arar,
Il n'y a pas de rivire dans le Carar qui ne se compose que d'un pic et des quelques mamelons qui l'entourent, mais seulement quelques torrents qui tomhent dans l'Oued Lekkous ou dans l'Oued l\Ida. Il ne s'y trouve non plus aucune route. Pu seul march, le Souq el-Khemis, du jeudi, qui se tient au sudest au-dessous de la Zaoua, 1 kilomtre plus has que le dchar des Berraqin. C'est un march peu important; les Juifs n'y yont pas. L~ moudd du Khemis du al'ar quivaut un peu plus qu'un dellli-moulid d'El-" Qar. La mesure de l'huile, EIKas, quivaut un demiKas de l'ArhAa de Sidi Bouheker en Srif. Ce march, outre les gens d'BI-Qar, est frquent par dl's Kens des parties avoisinantes du Srif, du "hlot, du Tli(l, du (iharh, et des Me~~mouda. Les gens du pn)'s prtendent que les Romains auraient occup le Djebel arnr, mai", ils Ile peu\'ent appuyer leur dire sur aucun lail, l't il ne reste plus aucune trae visible de I:ette oc('upatioll.
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El-Meghacen 1, 0""'l.W\
D'aprs le N achr el-Malhan;, le Moualli el-Asma et la Saloual el-Anras, le tombeau de Sidi 'Ali ben Ahmed, le patron de Carar, se trouve prs de ce village. Aujourd'hui, EI-Meghacen est abandonn et son nom mme est oubli. Le tombeau de Sidi 'Ali se trouve effectivement prs des ruines de ce village. Sans aucune construction, on le retrouve difficilement sous la vgtation qui couvre le sol et il n'est reconnaissable qu' un immense figuier, qui, d'aprs les gens du pays, aurait t plant par le saint lui-mme. Comme nous le verrons plus loin, Sidi 'Ali ben Ahmed tait originaire de la tribu des Beni Gorfet et appartenait la famille des Oulad Ghailan. Le discrdit dans lequel est tombe cette famille par la suite des luttes d'Abou-l-Abbas Ahmed Gha]an, contre les premiers Filala, de sa dfaite et de sa mort en combattant Moulay Ismarl prs d'EI-Qar, ft fait ~bandonner le tombeau de Sidi 'Ali et le village d'El-~Ieghacen lui-mme. Ce n'est que 'plus tard que les Chorfa d'Ouezzan, hritiers de la baraka de Sidi 'Ali ben Ahmed, ont fait construire une qoubba au Cheikh de Moulay 'Abdallah Chrif, plus peuttre par vanit que par pit vritable. La qoubba n'est d'ailleurs pas construite sur le tombeau lui-mme, mais.. (Iuelque distance plus bas. Auprs de cette qoubba s'est
1. Probablement du berbre Imghacen, au sing. amgha, 1eR edtrepts ou plus exactement l'endroit o sont runi'! des silos. Ce mot berbre semble venir de l'arabe mar/IQ, vulg. mer., qui eat employ dans le mme sens et qui signifie galement port. Le mot Imghacen, driv de l'arabe, a perdu IOn i, marque du pluriel, qui a t remplac par l'article arabe el lorsque ce mot berbris a repris UDe forme arabe.
333
leve la Zaoua, et autour d'elle se sont groupes des habitations qui ont (orm un village. La Zaoua ~\.;ll. Ce villa'ge se trouve non loin du sommet de la montagne, sur le versant sud, au sud-ouest et trs proche au-dessous du prcdent. 1.20 maisons, 700 habitants 200 bufs et vaches. 1.200 moutons. 2.000 chvres.. 25 atteles de labour. 30 juments. 40 mules et mulets. Jardins de figuiers, d'oliviers, de grenadiers, de pruniers, etc., vignes. Prs de la qoubba de Sidi Ali se trouve une source appele tAn Baraka l, qui sert arroser les jardins potagers. Une. mosque construite en briques et recouverte ed tuiles; sur les cts, plusieurs chambres, construites en pierres sans mortier et recouvertes en chaume, pour loger les plerins et les htes, constituent la Zaoua proprement dite. Une autre mosque sert d'cole aux enfants du village. Les biens habous de la ZaouIa sont administrs par un Nadir, qui est actuellement Sidi Abdallah, de la descendance de Sidi tAIi. L'aumne religieuse, la Zekat et l'Achour, des habitants du village est ver-
150 fusils.
A reporter
150 fusils.
J. La source qui se trouve prs du tombeau de Moulay, Abdesselam au Djebel Alem, porte galement le nom d'tAin Baraka.
2 2
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Report. .
se aux habous de la Zaoua. Il en tait autrefois de mme pour tous, les villages du Djebel arar, mais depuis quelques annes le Makhzen peroit l'aum6ne religieuse des autres dchars, et la Zaoua de arar qui, au dix-huitime sicle, comme le dit EI-Bekri, comprenait la montagne toute entire, est rduite aujourd'hui au seul dchar de la
1.50 fusils.
Zaouia.
Les Rabous d,e Sidi 'Ali ben Ahmed servent l'entretien de la Zaoua et le surplus est partag entre les descendants pauvres et les nombreuses descendantes du Cheikh. On appelle Chorfa les descendants de Sidi 'Ali, quoique, comme nous le verrons plus loin, l'.origine chrifienne de ce personnage ne soit nullement tablie. Un assez grand nombre de descendants cIe Sidi Abderrahman el-Medjdoub, appels Chorfa Oulad el-Medjdoub, habitent la Zaoua.
Ei-Berraqin, ~L.:JI. Dchar habit par des Chorfa Alamin. Sur le ftanc sud de la montagne, au-dessous de la ZaouIa. 50 maisons, 275 habitaJil.ts . i 00 bufs et vaches. 300 moutons. 800 chvres. 10 atteles de labour. tO juments, 1.5 mules et mulets. Mosque-cole; Rabous; Nadir. Oliviers, A reporter.
75 fusils.
---225 fusils.
33;;
Reporl. figuiers, cognassiers, etc. Vignes, jardins potagers, source. En-N'hal ~1. A l'est et au-dessous de la Zaoura. 40 maisons, 225 habitants. . SO bufs et vaches. 250 moutons. 500 chvres. 15 atteles de labour, en partie dans le Gharb. 10 juments. 12 mules et mulets. Mosque-cole; Habous'; Nadir. Oliviers, etc. Jardins potagel's o l'on cultive surtout l'oignon et l'ail. Source. El-Hadjaoudj, [.J~1. SUl' le flanc sud de la montagne, mi-cte, en face du Gharb.. 25 maisons, 150 habitants. . 30 bufs et vaches. 150 moutons. SOO chvres. 8 atteles de labour. 6 juments. 10 mules et mulets. Mosque-cole; Habous; Nadir. Ni oliviers, ni jardins. Un peu de vigne et quelques figuiers. Source. El-Guisa, .~\. A l'ouest, sur un mamelon spar, du ct des collines du Tliq. Le dchar est au sommet du mamelon, qui est A reparler.
225 fusils.
60 fusils.
hO fusik
S20 fusils.
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Report. couvert d'arbres. Le village d'EI-Guisa se divise en deux parties, peu distantes l'une de l'autre : l'une qui appartient au Srif et dont nous avons parl 4, l'autre qui est de arar. Cette partie comporte : 20 maisons, 125 habitants. 25 bufs et vaches. 100 moutons. 250 chvres. 5 atteles de labour. 6 juments. 8 mules et mulets. Une mosque-cole; avec Rabous et Nadir indpendamment de ceux de la partie Srif du village. Oliviers, etc., vignes, source.
Au sud-est de la montagn, sur le flanc qui regarde Memouda. 20 maisons, HO habitants. 30 bufs et vaches. t 20 moutons. 300 chvres. 6 atteles de labour. 7 juments. 8 mules et mulets. Mosque-cole; Rabous; Nadir. Oliviers, etc., vignes.
Demna,~~.
325 fusils.
30 fusils.
30 fusils.
El-Bellioun, ~~. Sur le flanc ouestaudessus du Djebel Gheni. Il est impossible A reporler.
1. cr. le Srir, Nom des dehour, p. 45.
385 fusils.
3S7
. Report.
de retrouver l'origine du nom de ce village, dont l'tymologie est certainement le mot bastion. Peut-tre a-t-il t donn par des prisonniers europens ou par des rengats. On ne retrouve d'ailleurs cet endroit au- . cune trace de fortifications. 8 maisons, 45 habitants 10 bufs et vaches. 60 moutons. tOO chvres. 2 atteles de labour. 5 juments. 5 mules et mulets. Petite mosque-cole, sans Habous; carrire de chaux.
386 fusils.
t2 fusils.
Nouf Ghomari i , I$.)~~: Sur le flanc ouest, au-dessus du Djebel Gheni. 6 maisons, 35 habitants 60 moutons. too chvres. 2 juments. 2 atteles de labour. 4 mules et mulets. Petite mosque-cole, sana Habous ni Nadir. Pas d'arbres ni de jardins. Grandes carrires de chaux. Les fours chaux sont au-dessous du village, l'est.
8 fusils:
A reporter.
406 fusils.
1. Un village du mme nom, qui es1 azib des Cborfa d'OuezzllD, se trouve dans le Tliq. cr. Arehiva marocain", vol. V, Les Tribus arabeH de la vaU" du Lekkous _, p. 90.
ABCH. JlAROC.
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Report.
Ras el-Meqil, ~l JI,;. Sur le flanc sudouest, au-dessus du Souq el-Khemis. & maisons, 25 habitants 5 bufs et vaches. 50 moutons. 100 chvres. 2 juments. 2 mules et mulets. Mosque-cole; Habous; Nadir. Vignes, figuiers, quelques oliviers, jardins potagers, source. Total approximatif des fusils du arar.
ft05 fusils.
& fusils.
&09 fusils.
MARABOUTS
Sidl Ali ben Ahmed,~1 ~ ~ <.5'>":Nous avon:J dj parl de ce personnage en racontant la vie de Moulay Abdallah Chrif, le fondateur de la maison d'Ouezzan 1. 8idi 'Ali ben Ahmed, lve de Sidi 'AIsa ben el-Hasan el-Mebahi, dont le tombeau se trouve au 80uq de l'ArMa de $idi 'AIsa, dans le Gharb, avait reu"de lui les prceptes du Chadelisme, qu'Havait transmis son lve Abdallah, devenu aprs lui le ebe~ de la Tariqa Chadeliya. Ayant reu de Sidi 'AIsa la baraka, Sidi 'Ali ,ben Ahmed l'avait transmise lui-mme Moulay Abdallah. Or cette . baraka tait celle de Moulay Abdesselam. anctre de Moulay Abdallah; Moulay Abdesselam tait en effet le Cheikh d'Aboul-I-Hasan 'Ali ech-Chadeli, fondateur de la
1. La Maililon d'Ouezzun.
n Rev~
889
Tariqa Chadeliya. C'est donc par Sidi 'Ali ben Ahmed que la baraka de Moulay Abdesselam, premier Qotb de l'Occident, le Qotb el-Qotaba, le Ple des Ples. est rentre dans la famille de Moulay Idris par Moulay Abdallah. Cette baraka est reste dans la famille d'Ouezzan dans la descendance de Moulay Abdallah, o elle se trouve encore en la personne de Moulay et-Tayeb ben Larbi ben Abdessalam ben Larbi ben 'Ali ben Ahmed ben etTaleb ben Mohammed ben Abdallah. Sidi 'Ali annonait que sa Zaouia n'aurait pas d'avenir: toute l'influence bienfaisante qu'il avait en lui passant Moulay Abdallah Chrif, qui el) tirerait profit pour sa propre descendance. cc Quoi qu'il en soit, la Zaouia de Sidi 'Ali ben AhJlu~d existe encore, mais elle est demeure strile, n:a produit ni saints ni illumins et son influence est nulle, tandi$ que la Zaouia d'Ouezzan, fonde par Moulay Abdallah Chrif, devenue la plus clbre au nord maro~in, compte des serviteurs dans tout l'ouest africain et jouit de revenus considrables f. Voici ce que dit, au sujet de ce personnage, le Na~hr el-Mathani 2 : Son nom est Abou-l-Hasan Sidi 'Ali ben Ahmed, enterr au dchard'El.Meg4aen, dans la montagne de arar. Ses Cheikhs ont t : Sidiel-Hasan .ben 'Alsa elMebahi, peut-tre galement le pre de celui-cilSidi 'Alsa ben elHasan) et Sidi rousef elFasi. Dans sa jeunesse,. il poussait des cris et tomuait en extase; ces crises cessrent vers la fin de Sa vie. Il a des disciples et une zaouIa. D'aprs le Mouatli el-Asma, il mourut la fin de l'anne 1027.
1. La Maison d'Ouezzan
j.
lO,
t. J. p. 139.
840
ARCHIVES MAROCAINES
.On trouve dans la Saloual el-Anlas i : Ali ben Ahmed e-arari, enterr au dchar d'EIMeghacen dans la montagne de arar:; il mourut en l'anne 1027.11 reut l'enseignement de Sidi 'Alsa ben elHasan, qui le tenait de son pre Sidi el-Hasan ben 'Alsa, lve du Cheikh Abou Abdallah Mohammed ben Abou Ariya el-Mebahi, lve du Cheikh Abou Mohammed Abdelaziz Tebba, lve d'EI-Djazouli. Ses vertus ont t dcrites dans la Tohfal el-Ikhouan et dans d'autres ouvrages. Le Mouatti el-Asma 2 dit, en parlant de Sidi 'AH ben Ahmed: Au nombre des compagnons du Cheikh Abou Mohammed el-Hasan ben'Alsa el-Mebahi se trouvait, dit-on, le Cheikh Abou-I-Hasan 'Ali ben Ahmed, enterr au dchar d'EI-Meghacen, dans la montagne de arar. On dit que Sidi 'Ali ne reut. l'enseignement que du fils' d'Abou Mohammed, c'est--dire du Cheikh Moudjahid Abou Mehdi 'Alsa ben el-Hasan. Il reut aussi l'enseignement -d Sidi Yousef el-Fasi. Il allait tous les jours le trouver EI-Qar, venant de son domicile qui tait hors de la ville; j'ignore si c'tait ou non dans la montagne de arar qu'il habitait. Ds sa jeunesse il eut des crises extatiques qui lui faisaient pousser des gmissements. Plus tard, ces crises se calmrent et il attribua cette gurison Sidi Yousef. Il avait des disciples et une Zaouia. Il mourut la fin de la troisime dizaine du onzime sicle (c'est--dire vers 1030). On ne trouve nulle part de renseignements sur l'origine de Sidi 'Ali ben Ahmad. Ses descendllnts sont appels Chorfa de Sidi 'Ali hen Ahmed, sans que leur origine chrifienne soit tablie.
p.
1. Salouat el-Anta., de SI DI MOHAMMED BEN DJAFAR EL-KI1TANI, l. l,
lOS.
ALI,
2. Le Mouattl el-A.ma, de MOIIAJoIMED EL-MAHDI DEN AHMED BEN flls de Abou-I-Mahasin Youeef el-Fasio Lith. it l<'s,1818, p. 152.
341
L'Ani, el-Molrib 1 l'appelle Sidi 'Ali ben Ahmed elGorfeti, c'est--dire originaire de la tribu des Beni Gorfet. Les descendants de Sidi 'Ali ben Ahmed disent qu'en effet leur. anctre tait Gorfeti et appartenait la famille des Oulad Ghailan qui revendique galement cette parent. D'aprs Ibn Rahmoun 2, cette famille n'est pas chrifienne. Nous tudierons dans la tribu des Beni Gorfet, o les Oulad Ghalan sont encore nombreux, le rle considrable jou au dix-septime sicle par un de ses membres, le fameux moqaddem de guerre sainte Abou-l-Abbas Ahmed el-Khadir ben 'Ali Ghailan, dans les luttes qui ont signal la fin des Saadiens et le commencement des Filala. On.- pourrait mme tre amen penser que cet Abou-l-Abbas Ahmed el-Khadir ben 'Ali tait le propre fils de Sidi 'Ali ben Ahmed el-Gorfeti de arar. Il a t tu en effet en 1084 de l'Hgire prsd'El.Qar,sous le rgne de Moulay Ismail, et sa tte a t envoye Fs. Ce serait son corps qui serait enterr avec un simple Mach (mur de pierres sches sans toit) auprs de la qoubba de son pre, dans la Zaouia dearar. D'aprs d'autres ronseignements, le corps dcapit d'Abou-l-Abbas aurait t enterr MOli lay 'Ali Abou Ghaleb, EI-Qar. Il nous a t impossible d'avoir aucune prcision ce sujet. Les diffrentes ZaouIas ont pris cette lutte une part qu'il est difficile le plus souvent de retrouver et de dfinir exactement. La ZaouIa de DHa chercha s'emparer du pouvoir par ses propres moyens; d'autrel, en demandant des secours aux Turcs d'Alger et mme aux chrtiens. Ghallan a cherch se tailler un royaume dans le territoire plac entre les trois villes de Ttouan, Arzila et ElQar, qu'il occupait, avec l'appui des Turcs d'Alger et des Anglais de Tanger. On pourrait trouver ainsi la raison de
1. BI-A,," el-MoIrib,de
ABOU ABDALLAH MOBAJUlIlD Ul'I ET-TAYa KL-
3~2
ARCIIIVES MAROCAINES
hi fortune de la Zaoua d'Ouezzan, au dtriment de celle de arar,et l'explication de la lgende de Moulay Abdal. lah Chrif emportant la baraka de Sidi 'Ali ben Ahmed. Tandis que Ghailan avait lutt contre Moulay er-Rechid et contre Moulay Ismal, les descendants de ~loqlay Abdallah contribuaient tablir le pouvoir des Filala dans les Djebala et en recevaient les privilges qui devaient assurer la puissance de leur maison. C'est ainsi que la Zaoua de arar a peine survcu son fondateur, dont le tom beau est lui-mme demeur longtemps oubli dans le village abandonn d'EI-Meghacen, et que l'on ne se souvient gure aujourd'hui de Sidi 'Ali ben Ahmed que parce qu'il a t le Cheikh de Moulay Abdallah Chrif, le fondateur de hi Zaoua d'Ouezzan, qui a bnfici de toutes les barakas temporelles dues son loyalisme pour la dynastie des Filala. La vritable baraka des Chorfa d'Ouezzan est surtout de l'opportunisme. Aprs avoir quitt la tribu des Deni Gorfet, Sidi 'Ali ben Ahmed s'tablit pendant un certain temps au dchar de Demna, dans le Srif. o, comme nous raYOnS YU, se trouve encore une rallda l'endroit oit il avait construit son ermitage. Il se rendit ensuite au Djebel arar. .\prs le triomphe des Filala et devant les perscutions dont les Oulad Ghalall vaincus ont t l'objet, le toroheall de Sidi 'Ali ben ~\hmed a t ahandonn ainsi que le yil lage cl'EI-~(eghacen. Ce n'est que plus tard, pal' les soins de!; Chorra d'Ouezzan, qu'a t construite ln qoubba actuelle! <l'li, ainsi que nous l'avons dit, ne s'lve pas SUI' le tomheau de SidVAli. Cette <Iouhha s'aperc:oit d'Ouezzall.
348
village de la Zaoua, o se trouvent les tombeaux de plusieurs de ses descendants. Le tombeau de Sidi Ahmed ben'Ali contient peut-tre le corps du fameux Abou-l-Abbas Ahmed el-Khadir hen 'Ali, si celui-ci tait le fils de Sidi 'Ali ben Ahmed. La tAte d'Abou-I-Abbas tu en 1081. prs d"El-Qar,avait t envoye Fs. Le habous de Sidi Ahmed est confondu avec celui de son pre.
Sidi .Ihmed t!ch-ChaOllf, I.S"L:JI~II.S.J..:.\ la Zaoua. Sans doute un disciple de Sidi '.\li bell :\hmed. :.\lur de pierl'C's : toilul'c de (haume. ~i hailolls, ni ulOliaddefl).
844
ARCHIVES MAROCAINES
Principaux Charra.
Ni Ech-Chabihi, ni Ibn Rahmoun ne signalent de familles chrifiennes tablies au Djebel arar. Ils ne parlent pas de la famille de Sidi 'Ali ben Ahmed. Ces deux gnalogistes ayant crit l'un sous le rgne de Moulayer-Rechid et l'autre sous celui de ~Ioulay Ismarl, on peut voir l une nouvelle preuve du discrdit o se trouvaient cette poque les membres de la famille Gharla.n.. Les principaux Chorfa qui habitent actuellement arar et qui appartiennent tous la famille de Sidi '.\li ben Ahmed sont: Sidi 'Abdallah bel-Hadj Ahmed, Mezouar ou Naqib des descendants de Sidi 'Ali t ; Son frre, Sidi 'Allal 2 ; Sidi 'Mohammed ben'Abdeldjelil ; 'Allal bel-Hadj; 'AbdeIdjeIii ; 'Allal ben Abdallah; 'Abdallah ed-Driouich ; Et-Tahami ben Abbou ; Ahmed ben 'Ali.
lUS
EI-Faqir Si 'Allal ed-Derqaoui; EI-Malem 'Abde~qaderben Boucheta ; Mohammed ben Hammo ; Ahmed belYs6 ; El-Hadj Mohammed el-Boukhari ; Ahmed el-Mestari.
Qadi.
Le qadi de arar est le khalifa de celui du Srif ou de .celui des Memouda, suivant que arar dpend de l'une ou l'autre de ces tribus. C'est aujourd~htii le faqih Sidi Ahmed bel-Hadj ed-Demni (de Demna de aral').
Adoul.
Le Faqih Si Ahmed ben Ahmed ed-Demni ; Le F.aqih Si et-Taher ez-Zahar ed-Demni ;
Adoul de la Zaouia.
Le laqih Si Bouselham bel-Hadj; Le faqih Si El-Hasan bel.Faqih; Le faqih Si Abdesselam ben 'Allal.
Cheikh.
Le Cheikh de arar est Mohammed ben Ahmed ben etTahami. Il habite la ZaouIa.
23
CHAPITRE III
MEMOUDA, li,)~
Les Memouda (El.Maamouda) sont un des plus grands peuples berbres qui habitent le !\Iaroc. Tous les Berbres, dit Ibn Khaldoun l, se rattachent, d'aprs les hommes verss dans les sciences des gnalogies, deux grandes souches: celle de Berns, et celle de Madghis. Les Memouda appartiennent la premire : enfants de Mamoud, fils de Berns, fils de Berl', ils for ment la plus nombreuse des tribus berbres. Parmi res branches de cette grande famille, on "emarque les Berghouata, les Ghomara, et les peuples de l'Atlas. Pendant une longue srie de sicles, les Memouda ont habit le Maghrib EI-Aqa 2. D'aprs les observations prcdentes on reconnaltra que les Mamouda sont, peu d'exceptions prs (l'auteur sous-entend ici les Cenhadja, ou Zenaga de l'Atlas), les .seuls habitants de la partie montagneuse du Maghrih ElAqc;a, car les plaines sont habites par d'autres periples. Les Ghomara sont rests sur leur territoire actuel, au moins depuis les premires invasions musulmanes, et nos connaissances au sujet de leur histoire ne remontent pas au del de cette poque 3. ))
1. IBN KHALDOUl'f1 trad. de Slane, t. 1, p. 168. 2. ID., Ibid., t. Il, p. 124. 3. ID., Ibid., t. Il, p. ISO.
QUELQUES TRIBUS
DE
sn
Prcdemment, Ibn Khaldoun tablit que les Ghomara sont une branche des Memouda : Ce qui prouve, ditil, que ce peuple"appartient la race mamoudienne, est le fait que quelques-unes de ses tribus, qui habitent entre Ceuta et Tanger, portent encore le nom de Mamouda. C'est mme d'elles que le Ca~r.EI-Medjaz, o l'on s'embarque pour Tarifa, a tir son appellation de Casr Masmouda i )). L'ancien Qar Masmouda, ou Qar el.Medjaz, est appel aujourd'hui EI-Qar e-Ceghir, par opposition Qar Ketama, ou Qar Abdelkerim, appel EI-Qar elKebir. Il n'y a plus entre Tanger et Ceuta de tribu portant le nom de Memouda. Cette rgion porte aujourd'hui le nom d'And jera, mais les Andjera appartiennent au IJoff Ghomal'i et les Gbomara, comme nous l'avons vu, sont une branche des Memouda. La seule tribu du Nord marocain qui porte encore le nom de Memouda est celle dont nous nous occupons. Berbre d'origine, cette tribu est aujourd'hui mlange d'lments arabes de la tribu des Sefian du Gharb, dont elle est voisine. Le territoire des Memouda s'tendait trs probablement autrefois plus loin dans la plaine du Gharb. On trouve en effet dans le Saloual el-Anfas 2 qu'Ali bell Ahmed el-Hasani el-Mollmenani es-Sidjlamasi, grand-pre de Sidi Malek ben Abdesselam ben Ali el.Moumenani, deuxime moqaddem des Chorfa d'Quezzan Fs est enterr Taguenaoulen J/emouda. La mre de Sidi Malek, reste veuve, avait pous en secondes noces le Chrif d'Ouezzan, Sidi Muhammed, fils de Moulay Abdallah Chrif et pre de }Ioulay et-Tahami et de Moulay et-Tayeb. Sidi Malek, nomm par Sidi Mohammed moqaddem de sa ZaouIa Fs, trallsporta dans cetttl
1. IBN KH"~LDOVN, trad.
de Hlane, t. Il. p.
t. l, p. 290.
M8
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ville sa famille qui vivait Taguenaoul. Or il n'y a actuellement dans la tribu des Memouda aucun village du nom de Taguenaoul. Le seul endroit de la rgion o ce nom se retrouve est au dechra de Lalla Mimouna Taguenaout, dans le Gharb, dans le prolongement direct l'ouest de la tribu de Memouda, une journe de marche environ d'Ouezzan. On est amen penser qu'avant l'arrive des tribus arabes et leur installation dans le Gharb, le pays qu'ils occupent aujourd'hui tait habit par les Memouda jusqu' l'Ocan. . Aujourd'hui, la tribu des Memouda, dont la partie nord-est appartient au bassin du Lekkous et la partie sudouest au bassin du Sebou, est limite de la faon suivante: l'Oued' Zaz, qui prend sa source en Beni Mestara et traverse une partie des Memouda dans la direction d!Ouezzan, se jette dans l'Oued Lekkous, dans la tribu des Rhona, au nord-est de Cebbab, aprs avoir servi, sur une distance de quelques kilomtres, de-limite entre Memouda et Rhona. Au nOl'd-ouest. la tribu des Memouda est limite par le Djebel Carear; au nord, par le Srif, dont elle es'~ spare par le Lekkous; au nord et l'est, par les Rhona; au sudest, par les Beni Mestara, dontelle est spare par l'Oued el-Bouit, qui prend sa source au Djebel Aouf. Au point de vue administratif, la tribu de Memouda esJ divise en trois fractions, dont une est forme du Dj~hel Carar et les deux autres sont les Memouda proprement dits. Il y a une quinzaine d'annes, lorsque l'administration. marocaine avait encore une apparence de rgularit, la Hedia, don fait au Sultal,l chacune des trois grandes ttes, s'levait pour Memouda trente douros pour chaque fte, dont vingt douros taient pays par les Memouda proprement dits et dix par Carear. Cette dernire fraction est quelquefois, comm nous l'avons vu,
MS
rattache la tribu du Srif. Il arrive souvent que la partie du territoire des Memouda voisine du Srif soit dans la dpendance de ctte tribu, de mme que les parties voisines des Rhona et des Beni Mestara sont vis--vis de ces tribus dans un tat de vassalit; c'est l'histoire de toutes les tribus de montagnes trop faibles pour con server leur indpendance complte vis--vis de voisins plus forts qu'elles. Ces tribus sont en mme temps soutenues et exploites par leurs voisins plus puissants, qui se battent entre eux, quelquefois pour se disputer la prpon.drance sur la tribu vassale et surtout les bnfices de cette vassalit. . Les gouverneurs des Memouda ont t depuis une cinquantaine d'annes il peu prs les mmes qe ceux de Carar dont nous avons donn la liste : aprs Si Abdessalam ben Aouda, gouverneur des Sefian, tu Ttouan, son fils Ahdelkerim, tu par le Rogai, puis son frre Si Mohammed ben Abdessalam ben Aouda. Donne ensuite pendant deux mois environ au gouverneur de Larache, le Hadj Ali Astot, Memouda revint Si Mohammed ben Aouda, puis, lIa mort de ce dernier, son cousin le Hadj Bouselham er-Remouch. Les Memouda furent ensuite enlevs aux Qatds des Sefian et donns Si Mohammed Amkichet, gouverneur d'Arzila, puis Si Mohammed ben Abdess"da, gouverneur de Tanger, puis furent encore une. fois rattachs aux Sefian avec le Qatd Si 'Allal ben Aouda. Enfin, en 1900, le Makhzen donna aux Memouda un Qald de leur propre tribu, Si Mohammed ben Hosein el-Memoudi, dit Bou Khria. Plus tard, pendant quelques mois, le Qald du Khlot, Si Ahdelqader el-Khalkhali, eut nominalement le gouvernement des Memouda; aprs sa mort, son fils lui succda, aussi nominalement. Les Memouda furent ensuite de nouveau rattachs aux Sefian avec le Qatd Ben Abdallah el-Fedeli. Aprs la mort de celui-ci, tu il y a environ deux ans dans un com2 3 ....
860
A.RCHIVES MAROCA.INES
bat contre les Cherarda, les Memouda restrent sans gouverneur bien dfini, et en dernier lieu, Si Ahmed ben Abdallah bel-Malek el-Harti el-~Iemoudi achetait le gouvernement de sa propre tribu. Si Ahmed ben Abdallah, qui est connu dans le pays pour sa mauvaise foi absolue et son manque total de scrupules, tait, ainsi que son pre autrefois, protg allemand. Les Bel-Malek, qui, d'aprs leur nom d'origine, ElHarti )),doivent tre Arabes Sefian (le Haret est .,ne fraction des Sefian), sont depuis plusieurs gnrations Cheikhs des Memouda. Ils habitent le village de Haret, prs du col de Cherichira, sur la lisire du Gharb, l'endroit o l'Oued Mda, qui prend sa source en Memouda, entre dans la plaine. Ils ont depuis 10ngtemps une grande influence dans leur tribu, o ils sont craints et dtests. Plusieurs fois ils ont d s'enfuir pour chapper aux vengeances provoques par leurs monstrueux ahus et leurs maisons ont t souvent incendies par leurs administrs. En trs mauvais termes avec les Chorfa d'Ouezzan, ils ont toujours fait tous leurs efforts pour empcher l'influence de la Zaouia de dominer dans la tribu. Des rconciliations, dont les Memouda payent les frais, ont lieu de temps en temps entre les chefs de la Zaouia et ceux des Oulad Bel-Malek.
Bien, du Makhzen.
Le Makhzen possde Haret en Memouda quelques bois d'oliviers, qui proviennent de la confiscation des biens cIe Si Abdelkerim ben Aouda, gouverneur des Sefian et des Metmouda. Il J a une vingtaine d'annes, ces biens laient administrs. par un ngociant d'EI-Q~ar, Si el.\rhi ez-Zemhili, puis par Si Mohammed el-Gharabli, d'EI-Qtar galement. En dernier lieu, ils taient adminis-
351
trs par Si Ahmed ben Abdallah bel-Malek, aujourd"hui Qald de la tribu. n n'y a pas proprement parler de forts en Memouda; le territoire de la tribu est presqu"e/entirement couvert de beaux oliviers et de vignes dont les raisins muscats sont renomms. Cependant il y a des parties couvertes de lentisques, dont on fait du charbon.
Routes et gus.
La tribu de Memouda est traverse de l'ouest l'est par une piste importante qui conduit du Gharb ' Ouezzan. Cette route entre en Memouda Cherichira, entre la cascade de l'Oued Mda main droite et la maison de Si Ahmed ben Abdallah bel-Malek main gauche. Vers le milieu de la tribu, aprs avoir dpass le tombeau de Sidi Abdallah ben Boubeker, qui est droite, la route descend une pente assez longue qui porte le nom d Aqba Dham;moun. La route traverse l'Oued Zaz, qui se jette dans le Lekkous. Avant d'arriver Ouezzan, elle traverse le bourg d'EI-Qechryin. Les routes d'EI-Qar Ouezzan, dites d'EI-Hammara et de Cebbab, traversent galement les Memouda, la premire partir du village des Hammara, la seconde, plus prs d'Ouezzan. La route d'Ouezzan Fs traverse l'extrmit est des Memouda du cOt des Beni Mestara, en passant l'est du Djebel Bou HalaI. Les rivires qui traversent les Memouda n'ont pas un dbit suffisant pour qu'il y ait lieu de s'occuper de leurs gus: elles sont 'en effet guables partout. Il n'y a par consquent pas de pcheries, sauf dans l'Oued Lekkous, qui spare sur une courte distance les Memouda du Srif.
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ARCHIVES MAROCAINES
VILLES ET VILLAGES
Ouezzan et El-Qechrin
l,
~.r-aJ' JZ>\jJ
La ville d'Ouezzan et le bourg d'EI-Qechriin se trouvent l'extrmit nord-est du territoire des Me~ouda, vis-':'vis de la tribu des Beni Mestari. . Ouezzan, o se trouvent la Zaoua des Chorfa de ce nom, de Dar ed-Demana et le tombeau de Moulay Abdallah Chrif, fondateur de la Zaoua, et ceux de ses descendants 2, s'accroche sur le flanc nord du Djebel Bou HalaI, l'extrmit nord-est de l tribu des Memouda. Avant d'arriver Ouezzan, on traverse le bourg d'ElQechrlin,habit en majorit pardes descendants de Moulay et-Tayeb. . \ Ce bourg se divise en cinq parties: {O El-Mers; 2 E-CebbniD; 3" Rif EI-Azef; 1&0 Er-Refasin ; 5 Bou Adan. Chaque quartier est pourvu d'un moqaddem, charg d'y assurer l'ordre. Uy a EI-Qechrlin deux mosques, dont une de Khotba, et plusieurs sanctuaires ; les principaux sont: Sidi et-Tayeb ben Ibrahim ben AbdalIah,et Sidi Ahmed Bou Adan. El.Qechrlin est travers par un ruisseau qui vient d"Aln Zouaoua, Ouezzan, et qui va tomber dans l'Oued Zaz, affluent du Lekkous. Aprs avoir travers ce ruisseau sur un petit pont de pierres, la route se dirige l'est vers Ouezzan. Entre EI-Qechrlin et Ouezzan, on ne trouvait il y a quel1. cr. La Maison d'Ouezzan Bevue da Monde Mtuwman, mai 1808, p. U. li. Voir la Gnalogie des Cborfa d'Ouezzan. Archiuu marocaine., LXV,
raBe, l, p. 192.
8lI8
ques annes que des oliviers. Il s'y lve maintenant un vritable quartier, Er-Remel, qui compte au moins deux cents maisons et deux mosques. Ce quartier se divise en deux fractions: Remel el-Fouki (suprieur), et Remel SSefli (infrieur). . En approchant d'Ouezzan, on a main gauche les tombeaux des plus illustres anctres des Chorfa: Sidi Moham med ben Abdallah, ses fils Moulay et-Tahami et Moulay et-Tayeb, Moulay Ahmed ben et-Tayeb et Sidi Ali ben' Ahmed. On entre Ouezzan par le' quartier de 'AIn Khattah, aprs lequel se trouve le Souq EI-Khemis (le march du jeudi), qui est le principal march des Memouda et de toute la rgion. En dehors du Khemis d'Ouezzan, le seul march des Memouda est le Sbi', le petit samedi; c'est un march sans importance. Son moudd quivaut moins .d'un tiers de celui d'EI-Qar. Le march d'Ouezzan porte le nom de Souq el-Khemis, march du jeudi, mais il commence le mercredi et se prolonge jusqu'au jeudi soir. Le moud d'Ouezzan vaut un moudd et un tomni (t/8-) de celui d'EI-Qar,c'est--dire qu'il contien~ 72 ltresetpse en bl environ 15 kilogrammes. Ses poide. sont les mmes qu' EI-Qar l sauf la livre des bouchers - retal elguezzary- qui pse 62 douros au lieu de 60, c'est-dire t .060 g...mm~s. La qolla, mesure de capacit pour l'huile, est beaucoup plus grande Ouezzan qu' EI-Qar; en effet, la qolla d'EIQar, qui pse 30 livres de 800 grammes (82 douros), se divise en t6 ka" tandis que 6 ka, d'Ouezzan quivalent une qolla d'EI-Qar. La proportion de la qolla d'Ouezzan avee celle d'EI-Qar eltdone comme de 6 t6. Les me.ures de longueur lont les mmes qu' EI-Qar 2
1. Arelai. . mtJroea;nel, t. Il. BI {Xar el-Kebir, p. 1". 1I.lbltl., LU, Bi {Xar el Kebir, p. 1".
ARCH. MAROC.
ARCHIVES MAROCAINES
A gauche de la place du march, se trouve une grande des Chorfa, que l'on appelle Gharsat es-Soul tan, le jardin du Sultan. C'est un vaste jardin d'orangers avec une pice d'eau et plusieurs pavillons. Le bAtiment principal est une grande maison carre construite l'europenne, c'est--dire avec des pices carres qui ont des fentres. Btie par Sidi el-Hadj Abdessalam, elle sert surtout loger les hOtes europens des Chorfa. Ouezzan se divise en treize quarliers: to Talloul; 2 BeniMancoura; 3 Beni Merin ; 4 Er~ouida ; aO Bir Bou Kechrad; 6 Ain Khattab; Aln Bou Fars; 8 Djenan Ali ; 9" Dar Sqaf; iO Djoumaa; Ho EI-Haddadin; t2- Djenan Allouch ; tao Oulad Amar. Chaque quartier est administr par un moqaddem responsable, nomm par Moulay Ali, fils de Sidi Mohammed Bou Zerouata, qui gouverne la ville depuis la mort de son frre Moulay Ahmed. Aux treize quartiers d'Oueznn, il faut ajouter la Zaouia proprement dite, o 8e trouve la maison btie par Sid elHadj EI-Arbi et que l'on appelle Dar ez-Zoua. Ouezzan compte six mosques, dont deux de Khotba. Djama El-Kebir, la grande mosque, renferme les tombeaux de Moulay Abdallah Chrif, fondateur de la maison d'Ouezzan, de son fils Sidi Ibrahim et d'un marabout qu'il a trouv en arrivant au Djebel Bou Allal, Sidi el-Hasan etTserouali. L'autre mosque de Khotba est la mosque de Sidi elHadj elArbi, du nom de celui qui l'a fait construire. Elle se trouve dans la Zaouia. Non loin de la grande mosque, on voit le tombeau de Sidi el-Hadj el.Arbi, pre de Sidi el.Hadj Abdessalam. Son frre Sidi Abdeldjelil est enterr avec lui. Quant Sidi el.Hadj Abdessalam, il est enterr Tanger, la Zaouia de Moulay et-Tayeb dans la hauma des 'Beni Jder. Il y avait autrefois Ouezzan, outre la ZaouIa de Dar
proprit~
'0
t.
3. 4. 5. 7
,-
ARCHIVES MAROCAINES
ed-Demana, une Zaouia d'AlsS8oua et une Zaouia de Hamadcha. Sidi Mohammed. ben Abdessalam, lorsqu'il s'empara arbitrairement de l'administration d'Ouezzan, il y a environ vingt-cinq ans, ferma ces deux Zaouias, qui n'ont pas t rouvertes depuis. Lorsque les quelques Hamadcha ou les quelques AlsS80ua qui se trouvent Ollezzan veulent faire leurs exercices, ils sont prvenus par leurs moqaddems et se runissent sur la place du quartier de Rouida, devant,la maison de Sidi Abdeldjebbar.
Le, Juif'.
Ouezzan est la seule ville des Djebala o habitent des Juifs; ils y ont t amens au commencement du dixneuvime sicle par Sidi 'Ali ben Ahmed. Pendant long-
867
temps les Juifs d'Ouezzan, parqus dans un fondaq qui constituait le Mellah, n'en pouvaient sortir que pieds DUS, la tte recouverte d'un mouchoir de coton nou d'un seul nud sous le menton, et en rasant les murs. Il leur lait interdit de porter d'autre blton.qu'un roseau etde monter dans la Yille sur un animal quelconque. Aprs avoir obtenu la protection franaise, Sidi el-Hadj Abdessalam autorisa les Juifs d'Ouezzan 8e chausser, la demande de M. Daim Benchimol. Quelques-uns au-' jourd'hui portent mme le costume europen. Petit petit, ils en vinrent sortir de chez eux et y rentrer monts sur des mules en traversant une partie de la ville. Mais, depuis quelques annes, les fils de Sidi Mohammed obligent de nouveau les Juifs descendre de leur~ montures en rentrant en ville. Leur nombre ayant augment, plusieurs fondaqs ont t mis leur disposition. Quelques-uns mme ayant fait de petites fortunes et voulant vivre plus commodment, il leur a t permis de construire des maisons. Cependant, le droit de proprit ne leur a jamais t concd; le terrain sur lequel les mai sons sont construites .par les Juifs reste la proprit des Chorfa, qui, par un systme d'amorti8se~ent sur le prix du loyer, arrivent, au bout d'un certain nombre d'annes, avoir rachet la maison elle-mme. Encore aujourd'hui, les Juifs n'ont pas de cimetire Ouezzan et doivent enterrer leurs morts Azdjen, plusieurs kilomtres de la ville sainte. Le Chrif dtenteur de la baraka de Moulay Abdallah Chrif habite galement Ouezzan. C'est. aujourd'hi Moulayet-Taleb ben Larbi ben AbdessaIam, qui n'a aucune influence, et qui est compltemeBt cras par son cousn Moulay Ali ben Mohammed ben Abdessalam. Quoique Ouezzan soit une des principales Zaou'a. de la Tariqa' ech-Chadeliga, il n'y est plu. donn auun enseignement religieux, en dehors de l'enseignement
ARCHIVES KAROalNES
coranique. Il n'y a ni enseignement suprieur, ni universit, et, sous ce rapport, la ville de Moulay Abdallah Chrif est infrieure bien des villages de la montagne. Les Chorfa ngligent absolument les choses intellectuelles, ne se proccupant au point de vue religieux que d'exploiter la baraka de leurs ~nctres, sans se soucier de la rpandre et sans connaltre peut-tre eux-mmes les principes qui ont contribu tablir cette baraka. Ils ne voient, comme la masse des Khouan, dans le mysticisme de Moulay Abdallah Chrif, que la cause du respect superstitieux qui continue faire sa descendance une profitable aurole.
lndullries.
La principale industrie d'Ouezzan est le travail de la laine. La plupart des femmes de la ville, y compris les Cherifas, lavent; peignent et filent la laine. Cette laine, file en trames (toma) et en fils (kyam), est ensuite tisse gal~ment Ouezzan, o se trouvent un grand nombre de tisserands. Les tissus de laine d'Ouezzan sont rputs, surtout ceux appels bau hobba et m'harbla; ce sont des tissus assez pais et formant des grains, d'o leur nom; ceux dits m'Beta en laine unie, et enfin lei BOUBdil, tissus fins et transparents, dont la trame et la chaIne sont en kyam. On y fait aussi des toffes de laines brunes, mme presque noires~ Ces toffes sont faites avec des laines de couleurs naturelles, qui ne sont pas teintes, contrairement aux toffes du mme genre faites Ttouan, Tanger et Fs. Depuis quelques annes, on fait galement Ouezzan un tissu mlang noir et blanc, qui s'appelle mzeguella, qui autrefois ne se faisait qu' M~rrakech. Toutes les autres industries gnralement exerces dans les villes du Maroc se trouvent Ouezzan. Il y a des
85.
tanneries Bir Bou Kechrad; des cordonniers, des fabricants de lame de sabres et de poignards, des armuriers qui commencent savoir rparer les armes europennes. Il y avait autrefois un fabricant de rchauds, de bouilloires et de cafetires en cuivre jaune et rouge qui jouissait d'une grande rputation et dont les travaux taient trs recherchs. Il est mort il y a quelques annes, et sa fille, qui tait son lve, a continu sa fabrication. On cultive dans les environs d'Ouezzan beaucoup de tabac et de kif. De plus, le tabac et le kif, cultivs en grande quantit dans les Ghezaoua, les Beni Mestara, les Akhmas et dans le Rif, sont en grande partie entreposs Ouezzan, d'o ils sont expdis pour la consommation aux r~gies d'EI-Qar, de Larache. de Tanger, de Ttouan et mme celles de Fs et de Rabat. De plus, Ouezzan a une spcialit pour la fabrication du tabac indigne. Le tabac 'priser d'Ouezzan est rput dans tout le Maroc et se vend un prix assez lev. Le commerce du kif, du tabac en feuilles et du tabac priser donne lieu naturellement beaucoup de fraud~s et ces produits ne sont pas envoys uniquement aux Rgies du gouvernement marocain. tant donn l'impuissance du Makbzen dans les tribus o le kif et le tabac sont cultivs, d'autre part l'impossibilit dexercer une surveillance suffisante dans la rgion o fonctionne la Rgie, il semble difficile d'empcher la fraude. La fabrication de l'huile est galement nne des industries d'Ouezzan et on trouve un 0811ain nombre de pressoirs dans les jardins d'oliviers qui entourent la ville. Il n'y a pas de moulins bl autres que les moulins bras qui se trouvent dans les maisons.
Fabrication de la poudre.
On fabrique de la poudre dans toutes les tribus, mais plus particulirement dans les tribus de- montagnes, o
ARCHIVES MAROCAtNES
cette fabrication a une relle importance. 8i nous en parlons propos de la ville d'Ouezzan, au lieu d'avoir trait cette question en parlant des industries des tribus, c'est que Ouezzan est la seule ville dans le nord du Maroc. o se fabrique de la poudre. On peut se rendre compte de l'importance de cette fabrication par ce fait qu' Ouezzan seulement il y a trois fabriques de poudre, une ErRemel, entre EI-Kechryin et Quezzan un endroit appel Zeitoun Derouich; une autre au nord de la Ghara es80ultan; la troisime sur la route de Bouhallal au-dessus de la ville. La fabrication se fait au moyen d'un grand mortier de pierre dans lequel on pile avec un pilon de bois un mlange, dans certaines proportions, de salptre, de soufre, de terreau et de charbon de lentisque. On peut remarquer en passant que l'importation du soufre et du salptre est rserve au Makhzen et constitue ua moaopole, et que malgr cela il en pntre au Maroc des quantits suffisantes pour entretenir un nombre considrable de fabriques de poudre~ Il semble que le Makhzen ferme assez volontiers les yeux sur cette contrebande comme sur celle des armes et des cartouches europennes, et qu'il ne lui dplatt pas que les populations du Maroc soient en tat de se dfendre. Il est d'ailleurs conforme aux prescriptions religieuses que les Musulmans soient toujours pourvus d'armes et de. munitions. Le prix de la poudre indigne varie, suivant qu'elle est plus ou moins demande, de deux cinqpestas la livre de 000 grammes. Il y a Ouezzan deux hammams (bains publics): l'un EI-Aqba (la monte) de DjoumAa, prs de la ZaouIa; l'autre Er-Roulda. Tous les Chorfa aiss ont des bains particuliers dans leur maison. Il y a galement un hammam EI-Qechryin.
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La Zaouia de Moulay el-Mehdi, cS~' cS'1,J'A ~jj Il Y a une trentai~e d'annes; un Chrif Derqaoui, . Moulay el-Mehdi, vint s'tablir entre Mersiou l'est et Khandaq el-Bir l'ouest, le village le plus important des Memouda, et y cra une Zaouia.. . Modeste dans les commencements, la ZaouIa de Moulayel-Mehdi ne tarda pas grandir. De nomb~eux plerins venaient, non seulement de la tribu des Memouda, mais du Gharb et de toutes les tribus des Djebala. Des fidles de toutes les. rgions abandonnrent leur .tribu pour s'tablir autour de l'ermitage du Chrif, et leurs habitations formrent un village, q\1i augmentait tous les ans. Moulay elMehdi fit venir des maons et des matriaux d'EI-Qar, fit btir une mosque, une maison et toutes les dpendance qui constituent une vritable ZaouIa. Les offrandes augmentaient sans cesse et les gens des tribus affilis la cO,nfrrie Derqaoula. co~mencrent oublier le chemin d'Ouezzan pour apporter 1.. Zaouia. de Moulay el-Mehdi l~ Zekal et l'Achour de leurs rcoltes. Les Chorfa d'Ouezzan, qui, danl les premiers temps, convaincus de leur influence et de leur prestige, n'avaient. attach' aucune importance la cration de la Zaouia d Moulay el-Mehdi, .comme.ncrent s'inquiter. Us firent plusieurs reprises prvenir indirectement le Chrif Derqaoui de. modrer ses agissements et de ne :pas empiter sur leurs prrogatives $culaires.Gl'is par le succs, il en tait peut-tre arl"iv croire qu'il :poul'rait sputenir la lutte contre Oue~zan; quoi qu'il ealOit, il ne tint. aUCUn compte des avertiS$em.~n~s.;ni nime des . menaces, et il continua distribuer rou~rtld~ sa confrrie et augmenter le nombre de sescUents.
2 4
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ARCHIVES MAROCAINES
Tant que vcut Sidi Mohammed b~T} Abdessalam, qui administrait Ouezzan, aucun clat ne se produisit. Peuttre Sidi ~Iohammed mourut-il trop tt pour pouvoir mettre excution le plan qu'il mrissait contre la ZaouIa de Moulay el-Mehdi. Il mourut en 1895. Il fut remplac dans l'administration effective d'Ouezzan par ses deux fils, Moulay Ali et Moulay Ahmed. Ces jeunes gens suivaient les errements de leur pre en les exagrant, et ils tablirent sur la ville d'Ouezzan un vritable rgime de terreur 1. Il serait impossible de savoir si des ordres prcis furent donns par les Chorfa d'Ouezzan, mais toujours est-il qu'en '1897 la ZaouIa des Derqaoua fut attaque par des gens des Memouda, incendie et dtruite. Moulay el-Mehdi put s'chapper, mais, revenu pour relever les ruines de sa ZaouIa et tmoignant par son attitude la "olont de reprendl'e la lutte et de rsister, il fut tu deux mois aprs. La ZaouIa de Moulayel-Mehdi n'existe plus; ses deux fils ont reconnu la suzerainet des Chorfa d'Ouezzan et se sont mis sous leur protection. L'ain, Sidi AbdaUah, habite mme Ouezzan avec sa famille; il remplit les fonctions d'Ade!. Son frre, Sidi Ali. aprs avoir essay de reconstituer'la ZaouIa, l'a abandonne son tour il y a peu de temps et "it aujourd'hui modestement au dchar d'Afersiou. Cet pisode esl intressant, en ce sens qu'il donne une icle des JuUes flui ont dli se produire frquemment entre les diffrentes Zaouias qui se partagent le Maroc, luttes sOU\'ent ignores el fi ui constituent cependant la vritable histoire intrieure du pays. . Le nombre dc's lentatives de crations de ZaOUIas est considrable; on ne connalt que celles que les circon1. Rruae ,lu Monde .llu.lIlman, mai 11108, p.62, la liaison d'OueZZAn
JO.
D.
LA RGION DU HART
36,'4
stances ont favorises et qui ne sont arrives se maintenir qu'en dtruisant ou en asservissant les autres. Les diffrentes dynasties, originaires souvent ellesmmes de Zaouias, se sont appuye~sur les plus puissantes d'entre elles pour parvenir au pouvoir, et tous leurs efforts, aprs y tre parvenues, ont tendu dtruire ces mmes Zaouias qui leur portaient omhrage et annuler les privilges qu'elles leur avaient accords pour ohtenir leur concours. Il semhle que toute l'histoire du Maroc, de ses dchirements et de ses luttes, peut se retrouver dans l'organisation de cette fodalit religieuie.
Afers;ou, .J::""'..At Au milieu de la trihu; au sud de Cherichira. 80 maisons, 450 hahitants. 70 hufs et vaches. 600 moutons. 1.000 chvres. 15 atteles de lahour. ~o juments. 40 mules et mulets. Une mosque-cole; Hahous; Nadir. El-Menazel, Jjl:.Jh Au milieu de latrihu, du cot d'Ouezzan. AO maisons, 225 hahitants . ' h5 hufs et riches: ilOO moutons. 800 chvres. 12 atteles de lahour. 10 juments. 20 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir. A reporler.
60 fusils.
30 fusils.
!H> fusils
ARCHIVES MAROCAINES
Report.
90 fusils.
ElGuenaouna, ~ J~I. Au milieu de la tribu, dans la direction du Djebel Kourt. Ce village est surtout habit par des Chorra Oulad GuenouD. 1.00 maisons, 600 habitants . . . 60 bufs et vaches. 800 moutons. 1.500 chvres. !5 atteles de labour. 30 juments. 50 mules et mulets. Une mosque-cole; Uabous;. Nadir.
80 fusils.
Dchar Qallal ou Aqallal, ~I.r~. Au nord-est du prcdent. 50 maisons, 300 habitants. 50 bufs et vaches. AO moutons. 900 chvres. 10 atteles de labour. 1. 2 juments. 30 mules et mulets. Une mosque. cole; Uaboul; Nadir.
Khandaq el-Bir, .;JI~. A l'ouest du precdent dans la direction du Chemmakha (Gharb). 200 maisons, 1.200 habitants. . . . . 200 bufs et vaches. 1..500 moutons. 2.500 chvres. 30 atteles de labour.
A reporter.
00 fusils.
280 fusils.
A20 fusils.
S6IS
Report. .
60 juments. 150 mules et mulets. Deux mosques-coles; Rabous; Nadir.
420 fusils.
Reinout,
A l'ouest du prcdent. 25 maisons, UO habitants. 20 bufs et vaches. 200 moutons. 700 chvres. 10 atteles de labour. 15 juments. 20 mules e~ mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir.
~~.
20 fusils.
Tasaleghoua, ~.".a..;. Au milieu de la tribu, du ct d'Ouezzan. 50 bufs et vaches. 400 moutons. 1.000 chvres. 12 atteles de labour. 16 juments. 30 mules et mulets. Une mosque-cole; Rabous; Nadir.
D'har,~. Au milieu de la ;tribu, l'ouest de Khandaq el-Bir. Le souq de Sbit de Mecmouda est entre les deux dchars, qui sont 3 kilomtres de distance l'un de l'autre environ. 30 maisons, t 70 habitants . 30 bufs et vaches. 300 moutons.
30 fusils.
A reporler.
2 4
. .
470 fusils.
S66
ARCHIVES MAROCAINES
Report.
chvres. i 3 atteles de labour. 10 juments. 20 mules et mulets. Une mosque,:"cole; Habous; Nadir.
800
470
fusils.
Bou Hamma, ~l> ,y.. Au milieu de la tribu, au nord de la grande piste d'Ouezzan, par Cherichira. 60 maisons, 300 habitants. 30 hufs et vaches. 600 moutons. -1.200 chvres. 15 atteles de labour. 18 juments. 20 mules et mulets. Une mosque-cole; "abous; Nadir. Gouma, W. Prs du Souq du Shit.
20 maisons, 100 habitants. '18 bufs et vaches. 150 moutons. 600 chvres.
80
fusils.
20 fusils.
867
Report.
300 moutons. 700 chvres. 6 atteles de labour. ta juments. 20 mules et mulets. Une mosque-cole; Rabous; Nadir.
620 fusils.
10 fusils.
t5 bufs et vaches. too moutons. 300 chvres. ta atteles de labour. 5 juments. 8 mules et mulets. Mosque-cole; Habous; Nadir.
JJ.,r l.f.1. Au milieu de la tribu, vers le sudouest.. tao maisons, 230 habitants.
taO fusils.
A reporter.
682 fusils.
ARCHIVES MAROCAINES
Reporl.
682 fusils.
00 bufs et vaches. 500 moutons. 1. 200 chvres. .. 5 atteles de labour. 12 juments. 20 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir.
60 fusils.
Er-RemaJ, J..JI. Au sud des Rehyin, dans la plaine au-dessus de ce village et au sud de la Qoubba de Sidi Ahmed ben Alsa de ch4ab. Er-Remal est habit par les descendants de ce Chrif. ' 70 maisons, 400 habitants. . . . . . 100 bufs'et vaches. 800 moutons. 1.500 chvres. 30 atteles de labour. A reporler.
80 fusils.
8'22 fusils.
869
Report.
juments. 50 mules et mulets. 'Une mosque-cole; Habous; Nadir..
25
822
fusils.
Bou Hasina,~ ,y,. A gauche de la route de Cherichira en allant vers Ouezzan, 1 kilomtre l'est de la cascade de l'Oued M'da. 30 maisons, 175 habitants. 50 bufs et vaches. 300 moutons. 500 chvres. 6 atteles de labour. 5 juments. 8 mules et mulets. Une mosque-cole; Mabous; Nadir.
Beni'Aacem'r-~~' D'aprs leur no~, doivent tre d'origine arabe Beni Malek. Au sud-ouest de la tribu, du ct de Gharb. 40 maisons, 220 habitants. 25 bufs et vaches. 400 moutons. 800 chvres. 8 atteles de labour. 10 juments. 12 mules et mulets. . Une mosque-cole; Habous; Nadir.
30 fUsils.
40 fusils.
Dchar'Alia,~~r~' La route d'EI-Qar Ouezzan par Cebbab en Srif traverse ce dchar, qui est considr comme tant moiti route entre les deux villes. Dchar
A reporter.
ARCH. MAROC.
892
fusils.
3iO
ARCHIVES MAROCAINES
Reporl.
'Alia est hahit par des voleurs et des receleurs. 80 maisons, 450 hahitants. 100 hufs et vaches. 600 moutons. '1.000 chvres. 12 atteles de lahour. 10 juments. 15 mules et mulets. Une mosque-cole; Hahous; Nadir.
892 fusils.
100 fusils.
La Zaouia, ~\J\. Ce village n'a plus d'une Zaouia que le nom. Il s'y trouvait jadis la Zaouia d'un Chrif d'Ouezzan. Il est sur la route d'EI-Qar Ouezzan pararar, au nord-est de cette montagne. Les habitants vivent de l'exploitation de salines. 20 maisons, U5 habitants. 25 bufs et vaches. '200 moutons. 500 chvres. n atteles de labour. 5 juments. 8 mules et mulets. 25 ines. Une mosque-cole; "ahous; Nadir. Amzefraoun ou Mezefraolln, .JJ~jAl. Prs du prcdent. Salines. '25 maisons, 140 hahitants . 20 hufs et vaches. :!50 moutons. A reparler.
15 fusils.
20 fusils.
1.027 fusils.
811
Report.
400 chvres. 8 atteles de labour. 10 juments. 15 mules et mulets. 30 nes. Une mosque-cole; Habous; Ndir.
1.027 fusils.
El-Hammara, i .)l-JI. Prs du prcdent; sur la route dite des Hammara, qui passe sur le flanc nord du arar, pour aller d'EIQar Ouezzan; le village est l'est de arar, moiti route environ entre EIQ~ar et Ouezzan. Salines. La plupart des salines exploites par ces trois villages appartiennent aux Chorfa d'Ouezzan. 70 maisons, 400 habitants. 100 bufs et vaches. 600 moutons. 1.500 chvres. 12 atteles de labour. t5 juments. 25 mules et mulets. DO nes. Mosque-cole; Habous; Nadir. Qciha, C'est le dernier village avant d'arriver Ouezzan par la route de Cebhah. 12 maisons, 70 habitants 1 il bufs et vaches. 100 moutOBS. 200 chvres. 3 atteles de labour. A ,oeporter.
80 fusils.
y.
1DfusHs.
. 1.122 fusils.
872
ARCHIVES MAROCAINES
Report.
!l juments. 6 mules et mulets. Mosque-cole; Habous; Nadir.
. 1.122 fusils.
25 fusils.
Touiret, .:,,1 J~.i. En face du prcdent, main droite de la route. 20 maisons, 110 habitants . 20 bufs et vaches. 200 moutons. 500 chvres. 5 atteles de labour. 6 juments. 10 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir. Oulad el-Medjdoub, ~J~I ,)'l,jl. Entre
Rehyin et Sidi Ahmed ben Alsa. Ce village est habit presque uniquement par les descendants de Sidi Abderrahman el-Medjdoub qui sont considrs comme Chorfa et qui
20 fusils.
A reporter.
1.167 fusils.
878
50 fusils.
A ,:eporter.
t .3h7 fusils.
1. Bl-Guezrou(. Ce village s'appelle galeoi~nL Chegra. C'st Il que Moulay Abdallah Chrit, fondateur de la Zaouia. 4'Ouezz!ln, s'estd'ord tabli en quiUant la Zaouia de Sidi 'Ali ben Ahmed, de arar, aprs la mon de ce Cheikh. CI. la Maison d'Ou8Uan ., Repue du JI/onde Jl/u.ulman, du mois du mai 1908, pp. 80 et suivantes.
ARCHIVES MAROCAINES
Reporl.
1.3A7 fusils.
l'Oued M'da, sur la limite du Gharh, au nord de la cascade de Cherichira. Le nom de ce village, qui est celui d'une fraction des Arabes Sefian dont plusieurs douars sont limitrophes de Memouda, fait supposer qu'il est habit par des Arahes Sefian qui se sont trouvs englohs dans la trihu montagnarde qui a conserv le nom herbre de Memouda. AO maisons, 250 habitants. no bufs et vaches. t.OOO chvres. 2.000 moutons. 21; atteles de lahour. '15 juments. 30 lnules et mulets. Deux mosques-coles; llahous; Nadir, etc. Nomhreux jardins de "ignes, d'oliviers, de figuiers, un jardin d'orangers au bas de la cas~de (le Cherichira, sur la rive droite. Trois maisons hties en briques : celle de feu Ahdallah hel-~Ialek, habile par son fils Si Ahmed <lui est aujourd'hui Qaid des l\Jecmouda; une unl1'e maison htie par Si Ahmed ben Abdullah du vivant de son
1>0 fusils.
A repurler.
1.397 fusils.
376
Reporl.
pre, et qui se trouve dans la mme enceinte que .la premire, et une troisime maison peu de distance, habite par les frres de Si Ahmed.
1.39 fusils.
El-Hait, ~6J1. Au milieu de la tribu, l'ouest et au-dessus du Souq es-S'bit. 1i) maisons, 80 habitants. 20 bufs et Yaches. 200 moutons. 300 chvres. 4 atteles de lahour. a juments. . 8 mules et mulets. Chaab, ~. Au sud-est de la tl'ibu, la limite du Gharb, dans la direction du Djehel Kourt. Qoubba et Zaoufa de Si(li Aillued ben 'Afsa, 60 maisons, 2i)0 hahitants . 1. 00 bufs et vaches. 300 moutons. t..aoo chvres. 20 atteles de lahour, dont une partie dans le Gharb. 15 juments. 25 mules et mulets. Outre ta Zaouia, ulle lUosqllH-colc, avet~ ses Hahous et son Nadir. Rellouln, .~. Au sud-ouest cie la tribu, du ct du Djebel Kourt. 20 maisons, 100 habitants.
t 2 fusils.
30 fusils.
tEl fuils.
'1,~7h
l-eporler.
rusHs,
376
ARCHIVES MAROCAINES
Report.
30 bufs et vaches. 200 moutons. 500 chvres. 6 atteles de labour. 8 juments. 10 mules et mulets.
L474 fusils.
Bou Ziri, ~.J..j~. Village habit en majorit par des Oulad el-Medjdoub. Prs d'Ouezzan, au Bud-ouest. 40 maisons, 250 habitants. 80 bufs et vaches. 200 moutons. 400 chvres. 19 atteles de labour. 15 juments. 25 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir. C'est au village de Bou Ziri qu'a habit le fameux. Cheikh Abderrahman el.Medjdoub, clbre par ses gnomes . D'aprs le Moualli el-Asma (p. 113), Il Abou Mohammed Abderrahman ben 'Aad 2 ben Yaqoub ben Salama ben Khachchan e-Cenhadji el-Faradji ed-Doukkali, dit EIMedjdoub, appartient a une famille d"An el-Feter, que l'on appelle Tit, dans le pays d'Azemmour. Il se rendit ensuite MkiA reporter.
50 fusils.
1..524 fusils.
J. cr. lu Gnomu de Sidi Abde,.,.ahman El MedJdollb, tradueLion dn comte Henry de Castries, Paris, 1896. 2. Aiad ben Yaqoub, pre d'Abderrabman el-Medjdoub, est enterr Raboua. prs du pont d"An Toto, dans le voisinage de El-M'hadouma, entre Fs et Mkins (Moualli el-Alma, p. 60).
37'1
. '&porl.
. . 1..524 fusils.
ns, puis Fs, o.il rencontra Sidi Ali e-' , ., Cenhadji, Sidi Abou Rouarniet le Qotb.~di Omar el-Khattab de ZerhoD, qui lui donna . le surnom de EI-Medjdoub c l'Illumin et l'envoya dans le pays de Habt J). On raconte qu'il habita ua certain temps EI-Qar qu'il quitta pour les Mettlouda sur l'ordre de Sidi Zoubeir el..)[ebahi, propos d'une dispute qu'il avait eue avee Sidi Ahmed ben Meebah. iCe dernier quitta galement la ville et.e re~~8 :chez les Rh~na, ainsi que nous le verrons n parlant de cette tribu. EI-Medjdoub tait au. dchar de Bou Ziri, d'aprs le Noualli el-Asma, : celui de Mezefraoungalementen Memouda d'aprs' d'autr~s, lorsqu'il se sentit mourir ; il d- .' manda tre tranBJ;ort Mkin~s .. Il fDo~. :. rut en route Merdacha au Djebel ~puf,' d'aprs le Mouatti,' entre l'Ouargha' t ~e. Sebou d'aprs l'opinion populaire, en 97~'de l'Hgire (t568 J.-C.).Il est enterr~'M~kips hors de la porte d'Arsa, dans la Qoubba de Moulay.lsmal t. .' Un grand nombre des descendants de. Sidi Abderrahman el-Medjdoub habitent les Memouda et le Gharb. Ils sont consid. rs comme Chorfa, quoique, .d'aprs ~ g~ nalogie, ce Cheikh tait certainement de famille berbre. " .; La grande majorit des Q~ad el..Medi-
" .
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A report'r. :. '.
1.
. t:524 fusils.
170.
Are1t.~c.
t. Il, p.
25
87R
ARCIIIVES MAROCAINE\;
Report.
douh est affilie la confrrie des Hamad cha. Nous n'avons pas pu retrouver la relation des descendants de Sidi Abderrahman el-Medjdouh avec la confrrie de Sidi Ali ben Hamdouch. L'opinion gnralement rpandue dans le peuple marocain est que Sidi Abderrahman tait lui-mme Hamdou chi, mais cette explication est inadmissible. attendu que Sidi Abderrahman est mort en 976 Hgire (1568 J.-C.) et Sidi Ali en 1135 Hgire (1722 J .-C.). Il semble plus probable que Sidi Ali qui, originaire du Srif, vivait au Djebel Zerhoun, o il est enterr, non loin de Mkins o se trouve le tombeau de Sidi Abderrahman, ait eu pour ce dernier uue dvotion quia attir, dans sa confrrie les Oulad el-Medjdoub.
1.524 fusils.
de distance d'EI-Qechr)'in. 30 maisons, 170 h~bitants. 40 hufs et vahes. 300 moutons. 600 ch,'res. ,; 8 atteles de labour. "0 juments. 15 mules et mulets.. Une mosque-cole; I1abous; Nadij'.
~
35 fusils.
\'
Sur la rive gauche de 1'( }ued Za1.. en face des nhona. 25. ma~80ns, 11.0 habitants.
Ta{ra'oun,
:J~~.
25 fusils.
A reporler.
1.584 fUl>ils.
81!1
Report.
35 bufs et vaches. 200 moutons. 600 chvres. 6 atteles de labour, 8 juments. , i 2 mules et mulets.
t .584 fusils.
1.
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Djebila, ~. Ce dchar est sur le flanc ~hl,'. Djebel Kourl, du c6t nord-est. '.','1 i ., .. 12 maisons, 70 habitants .' ... ; ,.t ',,,lB fueils. 20 hufs et vaches. ' ""'.; t 0 i50 moutons. , l ! , ; li, 400 chvres. ,.iJ.' -h'" , ; 'f .
'1.629 fusils.
'.
S80
ARCHIVES MAROCAINES
Report.
5 atteles de labour.
. . . 1.629 fusils.
A juments. 6 mules et mulets. Une mosque-cole-; Habous; Nadir. Trois jardins d'orangers, des vignes; sources nombreuses.
Asliar,..)w....1. Sur le -flanc du Djebel Kourt, au sud du prcdent. 15 maisons, SOhabitants . . 20 bufs et vaches. 200 moutons. 400 chvres. 6 atteles de labour. 5 juments. -8 mules et mulets. Une mosque-cole ; Habous; Nadir. Jar~ dins de figuiers. Vignes. -.
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15 fusils.
Dar ed-Debda,~' ),). Sur le flanc du .. , Djebel Kourt, un peu au-dessus d~ prcdent. Qoubba d SidrMohammed el-FeU.q; dont les descendants habitent les deux vil-lages voisins, dont l'un Sefian, l'autre Beni Malek.' ' ~O maisons, 120 habitants. . . . . . 25 fusils. 50 bufs et vaches. 300 mouto.,. 600 chvres. '8 atteles de labour. 6 juments. 10 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous ; Nadir. A reporler. . . . - 1.669 fusils.
'
381
Report. 1.669 fusils. Ghouaiba, ~~. Sur le plateau du Djebel Kourt, au-dessus du prcdent, mi-cte environ de la montagne, sur le flanc est. ,\0 maisons, 220 habitants. ,\0 fusils .. 50 bufs et vaches. 200 moutons. 500 chvres. 12 atteles de labour. 10 juments. 15 mules et mulets. Une mosque-cole f Rabous; Nadir.. Azibs des Chorfa d'Ouezzan en Mefn.ouda ' et dans le horm de la Zaouiatel-Moabarka )) 1. A djlaoulaoua, \",Jkt Entre les deux itoutes de' Cherichira et de Cebbab, prs d'ElQechryin, l'ouest. 15 maisons,,80 habitants 30 bufs et vaches. 100 moutons. 200 chvres. 6 atteles de labour. 8 juments. 12 mules et mulets. Uaemosque-cole; Rabous; Nadir. '
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15 fusils.
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A reporter.
1.72,\ ,fusils.
1. D'april. les Chorra d'Ouezzan, un horm l.I\alGglJe, eelu~ copcd aux tombeaux de Sidi el-Mezouar et de Moulay Abde.N am parle Sultan Saadien Mouiay Abmed elManour ed-Dabbi et que nous indiquerons dans la tribu des Soumata~ aurat t concd par Moulay Ismall A Moulay et-Tahami, petit-fils de Moulay Abdallah Chrif. Ce horm comprendrait .utour dOuezzan une partie de'8t Memouda et s'tendrait mme en Aoaf et dan le G h a r b . ' "
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2 5
'*
382
ARCI1IVES MAROCAINES
Report. 1. 724 fusils. Chaouia, ~..JU. A droite de la route de Cherichira, prs d'Ouezzan, en allant vers la ville. 10 maisons, 60 habitants 12 fusils. 20 bufs et vaches. 75 moutons. 150 chvres. 2 atteles de labour. 2 juments. 4 mules et mulets. .Une mosque-cole; Rahous; Nadir. Oulad Ben yrou f, ~ ~ ~YJL Sur le flanc sud-est du Djebel Bouhalal. 20 maisons, 120 habitants . 30 bufs et vaches. t 50 moutons. 300 chvres. 8 atteles de labour. 10 juments. 10 mules et mulets. Deux mosques-coles;Habous; Nadir. El-Ou/dja, ~ Sur le flanc ouest de Boubalal, prs d'Ouezzan. 12 maisons, 70 habitants 15 bufs et vaches. tOO moutons. 200 chvres. 6 atteles de labour.
20 fusils.
-"1.
15 fusils.
lt8:{
Report.
mules et mulets. '
10 juments.
1.771 fusils.
Krimat, ~~f. Sur la limite du Gharb, dans la direction de Chemmakha. 10 maisons, 60 habitants 15 bufs et vaches. 100 moutons. 200 chvres. 4 atteles de labour. ft juments. 5 mules et mulets. Une mosque-cole; Habotls; Nadir.
12 fusils.
El-Hitem, ~1. Sur laUsire du Gharb 'tiilJlsla direction du Djebel Kourt. D'aprs leur nom, les Hitem sont Sefian. Il yen a un douar considrable prs du Sebou, entre le gu de Bel-Qeciri et celui de Guebba. Les' Hitem des Memouda .ont d'ailleurs quelqu,es, . kheima., ce qui confirme leur origine arabe. '12 maisons, 70 habitants . :!o hufs et vaches. l, 200 moutons. 100 ehvres. 8:att~'e9 de labour. 6 juments. funulset rillets. 2 ("h~vauz de .elle.: Uti~98que;'coh~, .ah' hqbou. n;ntltl;r t . . . A reporl(Jr.,.. ~<.~ ,-1-.7 ..... .... o-f-u-si-ls-. '9
"
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BC
fait
ARCHIVES MAROCAINES
Report. Takrama, 'i..\.Ji. A l'ouest et prs du vil lage prcdent.. 10 maisons, dont quelques khiam (tentes), 60 habitants . 2 chevau de 8elle. 25 bufs et vaches. 400 moutons. 50 chvres. 8 atteles de labour. 1) mules et mulets. Une mosque-cole san8 haboU8. Oulad Chaib, ~ .)~J\. A l'ouest du prcdent. 15 maisons, dont quelques Ithiem t 80 habitants . . . . . .. i cheval de .elle. so bufs et vache aoo mouton.. 40 chvres. 8 atteles de labour. .8 juments. 6 mules et mulets . Une mosque-cole, 8an8 AaboU8.
A reporler.
t. 795 fusils.
10 fusils.
t5 fuaila.
sentir davantage, les mosqu'es n'ont pas de habQ~l. Dans les tribus arabes de la plaine, Di les mosqu'es des villages nr m'me lei marabouts n'ont de biens haboui. Lei terres oecu~es par 1. Vibusarabs, 'tant des terrel conquises, apparUenD8nl l la comQlunaut musulmane e& ne peuveDt pu &re const.ilue8 en babou8 par lei occupants, tandis que les terres des trIbu8 des monlagnes lont la proprit de ceux qui les occupent, qui peuvent en disposer lieur gr.
88lS
. Report. . . . t.820 fusils. El-Djiab ":,,,~I.Au sud-est du prcdent, . dans la direction du Djebel Koun. .t6 maisons, dont quelques khiam, 80 habitants. . . . . . . . . . . i6 fusils. 2 chevaux de selle. 30 bufs et vaches. 450 moutons. 60 chvres. 8 atteles de labour. 6 juments. 4 mules et mulets. ,Une mosque-cole, .an, Babou,.
Total approximatif des fusils de Memouda. 4.036' tllsils.
Azib. de. Charra d'Ouezzan, ~,,j'.J ~~.r ':"'!.~, qullesont pas eB territoire Memouda mais qui 80Bt compris dans le Borm de la.,Zeourat el-Moubaraka. Azib d'Aour, '""~ ':"'!.~. Sur le territoire: du Djebel Aou', la 1imite des Beni Me~ tara. 60 maisons, 220 hahitants: . . . . 6 chevaux de selle. 30 bufs et vaches. 500 moutons. t.OOO chvres. 15 atteles de labour. 20 juments. 25 mules et mulets.
ARCH. BROC.
60 tusils.
60 fusils.
Il
ARCHIVES MAROC.\I:-lES
Report.
l:ne mosque-cole; Uabous; Nadir. G l'ands jardins, vignes, oliviers, figuiers, ~I'enadiers, etc. Jardins potagers, belle
SOUlce.
50 fusils.
Ou/ad el- Touidjer, ~.,:J\ ,)YJI. Arabes Sefian, en territoire Gharb, sur la rive gau~ che et " kilomtres environ de l'Oued )l'da, 8 kilomtres l'ouest de Cherichira. 20 khiam, 120 habitants 2 chevaux de selle. 49 bufs et vaches. 500 moutons. :\0 chvres. iO atteles de lahour. 8 juments.. , , 6 mutes et mu'lets. ) .' l roe mosque-cole Mn. HabolU ni Nadir .
20 fusils.
,-
RL-MouLoadat, . .::"b."J."..J1. En ter.r.itoire Gharh, sur l'Oued ~l'da,.~lJ sud, du Djbel arl,.'ar. ' . 25 maisons et khiam, 1',0 hahibtnts _ ., " chevaux de selle. 60 hufs et vaches. faOO moutons. too chvres. 1:2 atteles de labour. 10 juments. () lIIules et mulets. A
,:~porter.
20 fusils.
'1
~,
~.
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90 fusils.
387
90 fusils.
et des Memouda, ~n territoire Gharb. L'Azib du Malzyin doit remonter une date recule; c'est en effet un Azib des Chorfa de nar Sqaf, qui est le plus ancien quartier d'Ouezzan, et qi correspond sans doute l'ancien village d'Ouezzan, o vint habiter' Moulay Abdallah Chrif, dans la maison de " Si Bouselham. 20 maisons et khiam, 1. 20 habitants 3 chevaux de selle. hO bufs et vaches. 300 moutons. 1.00 chvres. 8 atteles de labour. 6 juments. tO mules et mulets. Une mosque-cole .an." Rabou,. Jardins, olivie..., ftguie..., vignes~ .
.
'
20 fusils.
Total pproximatif des fusils des Memouda, y compris les Azi,bs des Ghorfa . d'Ouezzan . .
2.0&6 fusils.
En 1.080 de l'Hgire (t669 de Jlu.~CUi8t), l'Imam Ab-. delqader ech-Chabihi el-Hasani J, charg par Moulay er1. lIanUICril cUI.
S88
ARCHIVES MAROCAINES
Rechid de rechercher les familles chrifiennes, relevait en Memouda : Les Chorfa Hamoudyin, . Khandaq el-Bir; les Oulad Zouag', au mme dchar, Afersiou et une maison de ces Chorfa EI-Menazel, celle de Ben Ali Ibn Rahmoun ; les Oulad Yousouf, EI-Qalla. !J' En HOa de l'Hgire (1693 de Jsus-Christ),sQUS le rgne de Moulay Ismarl, Ibn Rahmoun, dans les Choudour edDahab, cite en Memouda les familles chrifiennes sui: , ; vantes Les Oulad Ben ChAib, Khandaq el-Bir; ce ,sont les Oulad Ben Rahmoun. Les Oulad Zouag, au mme village. Les Oulad Hadjadj, EI-Qala. Le Cheikh Sidi Abdallah ben Ibrahim Chrif, Ouezzan (Moulay Abdallah Chrif, le fondateur de la Zaouia d'Ouezzan). Aujourd'hui, on trouve en Memouda les descendants de SidiAmar Zouag, Khandaq el-Bir. Ce sont des Chorfa Alamyin, dit-on. Ils sont connus sous le nom de ' Oulad ed-D'babi. Des Chorfa Alamyin dans les villages d'EI-Menazel, Afersiou, et des Guenaouna. Les Oulad Sidi Ahmed ben AI... de Cblab ; Les Oulad el-Medjdoub, Rehyin, Bou,ziri, Mezafraoun ; .." 'l' Les Oulad siai Mousa la' ZaouIa' de ce' no~ ; Ls Azouzyin (descendants de Sidi Ali ben A2ouz) ; Les.Oulad el-FeUaq, Dahar; Les Oulad Sidi Abdallah ben Boubeker, q~i habitent autour de la 'Qoub1>a de lur anc'tre," d'roite de la route de Chet'ichira Ouezzan ; enfin, les Chorfa d'Ouezzan, descendants de Moolay Abdallah Chrif. .
.1
lI8t
LBS MARABOUTS
Ilnous a t impossible de retrouver exactement. I"origine de ce persOilnage, qui a une grande importance locale. Les gens du pays prtendeat que ce serait un frre de Sidi M'ha,mmed ben Alsa de Mkil, le fondate.ur de la confrrie des Alsa9ua, mais cette af6rmation,n'est tablie Bur aucun d o c u m e n t . . '.. . Le tombeau de Sidi Ahmed est reeouv:erl- d'une Qoubba trs bien entretenue, et entQur. de conlb'Jlcm.onl fOJ!mat une ZaOUia. Un Moqaddem..est charg del'.-dministnltion ,4es Rabous du saiatetclela .urveillallCB du Borna ....... droit d'asile. . On amne de loin au tombeau de Sidi Ahmed_ hell AI8a les rous, les convulsionnaires et les pileptiques. Ils soni logs et souvent eacl;1atns dans les chambres de la ZaouIa. Il y a trois moule"" au sanctuaire de Sidi Ahmed ben Ar.a, un ehacune cls grands ftes,' mais le plus important e8t celui qui 8e clbre au Mouloud et qui donne li.,. Une Amerra con84rable, o,vjennent, de nombre.. plerins de la montagne et du Gharb.
~ ..., ~ ~~ ,
, Origine incoDllUe. A moiti route entr Cherichiraet O\1ezzan, main droite a allant .Oueuan. Grande Qoubba recoUvrte eD tuiles vertes. ZaoUIa, Babous, Moqaddem et Horm.
ARCHIVES MAROCAINES
Parmi les nombreuses tent~tives de cration de Zaouias, qui se sont manifestes partir du dixime sicle de l'Hgire, un petit nombre a russi s'tablir d'une faon dfinitive, comme les Zaouias d'Ouezzan, d'EI-Haraiaq, de Tamelouht, de Tamegrout, etc. Le plus grand nombre a avort compltement et leur souvenir mme a disparu; quelques-unes, sans parvenir tendre leur influence au loin, ont conserv une petite existence purement locale, telles que celle de Sidi Ali ben Ahmed, arar, des Oulad el-Medjhol, des QOdjiryin, EI-Qar, ' " de Sidi Malek ben Khadda, dans le Gharb, etc", La ZaouIa de Sidi Abdallah ben AM Beker appartient cette dernire catgorie. Fonde 8'8.ns doute par un disciple d'un des Cheikhs du Chadelislil, elle !l'a pas pu prendre d'essor, et les de~cendant8 du marabout conti. nuent vivre autour du tombeau d~ leur anctre en' recevant les quelques ziaras des habitants du voistneg. Le mousem de Sidi Abdallah ben Abi Beker ft lieu "u Mouloud; il n'est pas trs important et n'est frquent~,t'Jue pa? les gens de la rgion imltldiate.
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3&1
La vie de Moulay Bou Cheta est raconte dans la Salouai elAnfal (tome l, page U5) et dans le lt/ouatti elAlma (page 86). Voici le rsum de ces rcits : Connu sous le nom d'El-Khammar, on dit que son nom tait Mohammed ben Mousa et qu'il tait originaire des Chaouia.. Il a t l'lve. du Cheikh Abdallah el-Ghazouani, qui est enterr Marrakech. Son surnom de Bou Cheta lui a t donn par le Cheikh Abou Zeid Abderrahman Berrisoun. JI tait auprs du Cheikh au Djebel Alem, une anne que la pluie manquait. Le Cheikh le montra ceux qui venaient lui demander d'interc~er pour obtenir de la pluie, en leur disant : Voici Abou'ch-Chita, l'homme la pluie. Prenez-le par le pan de son vtement et ne le lAchez pas avant que la plute ne tombe. Il Ils firent ainsi et la pluie tomba. D'aprs le Moualli el-Alma, Bou Cheta aurait pass un certain temps avec les Chrtiens ATaoger ou Ceuta: on ignore s'il Y tait comme prisonnier 00 autrement. Les C~tiens le vnraient, pourvoyaient Bes besoins et Be le chargeaient d'aucun travail. Moulay Bou Cbeta.el-Khalllluar mourut en 997. et Cut enterr AAmargo dans le pays de Fechtala, entre l'Ouargha et le Sebou. La mon'-gn8 O il est e.terr porteaujourd'hui le nom de Djebel M~ay Bou Cb4,ta, et son tombeau e8tun lieu de plerinage trs oounu ~ttl'8 frqoeut. Il ~vait un gran~ .nombre de disciples, parmi lesquels Sidi Mohamme,d, fils de Sidi AU",1 el-Hadj el-Baqqal ~l Gheaoui. C'e..t \e .mme Sidi Mohammed el-Beqqal elui fu.\ tu par le Sultan Sidi l\Iohamuledech-eheikhelMamoun, qui, en 101U H. (1010 J.-C.), Rnit remis Larache aux Espagnols pour obtenir le secours de Philippe III contre son Cr.e le ,SultanZidan. Moulay Bou Cheta fait donc partie de cette pliade de marabouts que. la . raction musulmane produiliKt au dixime sicle de l'llgire COntre l'occupation portugaise,
892
ARCHIVES MAROCAINES
et le fait de sa prsence Tanger ou Ceuta peut faite supposer qu'il a jou un rle actif dans ce mouvement contre les Chrtiens. Nous donnons ci-aprs la liste des diffrents marabouts des Memouda dont nous avons pu retrouver la gnalogie; leurs tombeaux se composent d'une muraille de pierres sches avec une couverture de chaume. Tous ont leurs biens habous administrs par un Moqaddem, et leur mOll,em, exclusivement local, est en automne. Sidi el-Qouch, Dahar. Sidi Abdallah er-RefAa, Dchar Qallal. Sidi Amar ez-Zouag, Chrif Alami, Khaildaq el-Bir~ Sidi Allal ben Idris, Khandaq el-Bir. Sidi Abdallah, Khandaq el-Bir.. Sidi Abdallah bel-Moqaddem, Khandaqel-Bir. Sidi Abdennebi, Souq es-Sbit. :. .Sidi Mousa, Souq es-Sbit. \ Sidi er-Razi, Rekouna. Sidi Mousa,avec une Qoubba,la ZaouIa de Sidi MouB', prs de la cascade. de Cherichira. Sidi Ahmed el-Khadir, aux Guenaouna. . Moulay et-Tahami, I>char Qallal. ~,' Sidi Ali ben Azouz', aux Oulad Ben 'Azouz. Entre Azdjen et Ouezzim, se trotiv t!e. louibeau de Abou' Abdallah MohamDi~del~Gbaz'oui.D'aprs .la IJohat 6ftNachi,. (page t.OO), il tait disciple du Ch~JcJl Mohammed el-Habd. 11 mprisait tous les biens e~i'tOu8"le8';plaisirs de ce :monde. Il mourut au cOmmencem'iu:'4~ la huitime dcad~du dixime sicle,' c'est---direentre 970 et! 915' de l'Hgire.
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393
Sidi Ahmed Ould el-Qadi, Tasaleghoua. Les principaux Adoulsont: Si Abdessalam, qi tait secrtaire du Qald Mohammed bel-Hasein et qui habite Khandaq el-Bir. Le Hadj Abdessalam, Belnout. Si Amar, Khandaq el-:Bir.
Le Qaid.
Est actuellement Si Ahmed ben Abdallah ben Malek el.Harti, qui habite El-Haret, prs de la cascade de Cherichira.
Les Notables.
:Parmi les notables, il faut indiquer en Premier, lieu eux qui dirigent la tribu comme Qaid er-Rebia, c'sf-~ dire chefs poplaires, dans le cas o la tribu est n tat d'insoumissio~; ce sont: Si Ali' ben Abdessalam,de Khandaq el-Bir. Si Ahmed bel-KJidii~'.~~:Tasleghoua. Les autres notables sont : Les Oulad el-FeUaq, D~har. Si Abdallah bel-Khadir;' Tsaleghoua~ Si Mohammed ben Ahmed, Goums. , Si Mohammed bel-Baseili.{qi l't Qaldde Memouda, 1'Er-Remel. ' ' El-Hadj Mohammd ed-D~bi, l Khandaq el~Bir~ "Si"Ahmed ben Abdessalin, Rekouna. Si Et-Taber el-Djehari, Dehar Qallal. Si Bammo Ould el-Baddadiya, aux Guenaouna.
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CHAPITRE IV
~"".J
RHONA,
Historique.
EI-Bekri 1 parle de cette tribu dans son premier itinraire de Ceuta Fez: cc Plus loin, dit-il, on trouve Hadjar Ell-Necer, le rocher de l'Aigle, rsidence des B~ni 'Mohammed (famille Idriside)~ A l'occident de ce lieu .est situ le canton de Rehouna et l'orient, l~ territoire des Beni Feterkan (Beni Zekkar), tribu ghomaride. )) Tel est encore l'emplacement des Rhona. Ibn Khaldoun 2 dit, en parlant des tribus memoudiennes du Deren : On dit - mais Dieu sait avec quel degr de certitude - que les Ghomara, les Rell.oun et les A.moul descendent d'Assada. Les Assaden sont une tribu des Memouda. .. . La tribu des Hhona serait donc une tribu MemoudienneGhomarienne, quoi qu'elle fasse aujourd'hui JHlrtie 4" of Cenhadji. Lon l'Afrieaiu, daus sa descriptiqn de l'Afrique, dit que Rahona est une montagne prochl,line d'Ezzagen (AzdjC'n), qui a en longueur trente mille et
1. EL-BEKRI; Description de l'Afrique :seplentrionaIe. traduction de Slanr.. Journal aaialiqut, 18119, vol. l, p. lISO. 2. hlN KBALDOUN, I1h1oir, Jea B,,,Wna, trad. de Slane, t. Il, p. 160.
89lI
dou;t;e en largeur, abondante en huile, miel et vin. Les habitants ne s'adonnent autre chose qu' faire le save)U et nettoyer la cyre. Ils recueillent force vins hlanclf et vermeils, qui ne se transportent aucunement, mais. se boyvent toua sur le lieu. Cette montagne rend all ro)", tous les ans, de revenus trois mille ducatz, qui sont assigns au capitaine et gouverneur d'Ezzagen, pour entretenir quatre cens chevaux au, service de S. Majest )Iarmol l ajmlte la description de Lon que les gens d'Arhon sont de la tribu dea Gomres (Ghomara), que. ce sont des gens robustes et 'patients dans le travail, mais pauvres parce qu'il$ soni(lcc.abls d'impt1ts... Us sont ennemis mortels des Chrtiens et o'taient les meilleures troupes qu'eussent les rois. de Grenl!de daJls les guerres d'Espagne. Ils sont sujets du gouv~eurd'Ezagen{Azdjen) qui entretient ses troupes de ce qu'il tire de ces peUples, et se .sert d'eux dans l'occasion, car ils"font .diz"miUe comballCll.... l' . , . ''"' : On ne les emploie gure au serviee ducaJUpj parce qu'illiJ n.tout. p~~ de chevaux fort peu. ,d'irIDies; de sorte ,qu~~ leur en fournit quand on veut les employer.t ,on les reprend quand l'entreprise est finie, p.Fculi~. ment les arquebuses et les arbaltes. .) . Encore aujourd'hui, le savon des ahonaest renomm ainsi que leu.. h1Jw, mais ils ne produiaell$~pluj};de.,cj.'e;; ils font eocOJ'e dll vin blanc et rouge, maja,8aquJl$ mdiocre. Au PQint de ,vue cles .impts, leur mtualQl1 a chang .complAemeat,;~epuispJ's.de 400 anllftt ;ils: n'en payent plus. ~l est intressaut de constater. que. sous. les Sa~idn.1es trihus montagnardes .taient S9l1111ises l'impt el qu'elles taieDtadministres, tan4is~qu'elles vivent aujourd!hw dauun tat presque complet d'ind6pendane. et d'insou)J.
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ARCHIVES MAROCAINES
mission. Le systme d'administration qui consistait faire entretenir par chaque tribu un certain nombre de cavaliers et que l'on croit gnralement avoir t inaugur par Moulay Ismall, tait, d'aprs ce que nous venons de voir, pratiqu dj par la dynastie prcdente avec succs. De mme, la mesure tente par Moulay IsmaII de retirer les armes aux tribus pour ne les laisser qu'aux troupes rgulires, et qui lui avait t reproche par les Oulma de son temps, tait dj mise en pratique avant lui puisque les Rhona n'avaient que fort peu d'armes, de sorte qu'on leur en fournissait quand on Doulait les employer et qa' on les reprenait quand rentreprise lait finie. Tout cela dnote dans l'administration marocaine du seizime sicle une organisation ei un Ol'dre que l'on ne retrouve plus de nos jours. On peut supposer que la dsorganisation a t cause par la victoire del'Oued,el";Mkhazen reinporte sur-lesPortugais en 1.578. Pour runir les troupes ncessaires, le Sultan Abou Merouan Abdelmalek es--Saadi avait d sans doute armer tous les Dje})ala, et son successeur Abou-l-Abbas Ahmed el-Manollr, proclam sur l challlp de bataille, n'a pas eu le moyen de dsarmer les vainqueurs trop nombreux, plus qu'il n'a pu les obliger "erser u Bit el-malle cinquime du butin. D'autre part, ne p'ou'"ant pas payer 8es80ldats victorieux, il a d, non seulement leurabandonn:er le butin, mais leur donner des prh"ilges et des exemptions d'impts, ainsi qu;aux nombreux Chorfa etmaraboute qui les avaient amens, pour se dbarrasser des rclamations et des prtentions dS UllS et des autres. On retrouve la trace de ces concessions dans le Horm semblable celui de La Mecque, acord par Moulay Ahmed el-Mancour aux tombeaux de Moulay Abdessalam et de Sidi el-MezouaF; descendant de Sidi Mohammed ben Idris et anctre ,de tous les chorfa du Djebel Alem, et qui se trouvent l'un dans la tribu des Beni Arous, et l'autre dans la tribu des Soumata dont nous parlerons plus loin.
397
Il Ya une cinquantaine d'annes, les Rhona taient relis au gouvernement d'Abdelkerim ben Aouda, Qald des Sfian, et leur Che~kh nomm par le Qard tait Si Ali Douahr. Lorsque Si Abdelkerim fut tu par le prtendant Dji- . lani er-Rogui, les RI~ona s'tant mis en tat de rvolte avec tout le gouvernement du Qald Ben Aouda, le Cheikh Ali Douahr dut s'enfuir Ouezzan, o il resta jusqu' sa mort. Si Mohammed ben Abdessalam ben Aouda, frre de Si Abdelkerim, lui succda dans le gouvernement des Sefian, Memouda et Rhona, et fut remplac aprs sa mort par le Qard El-Hadj Bouselham ben Aouda, surnomm Remouch. Il y a une vingtine d'annes, le ..gouvernement des Rhona passa Si Mohammed ben Abdessadaq, gouverneur de Tanger. Son Khalifa pour Rhona et Memouda tait cette poque EI-Qar un charpentier nomm Ba Mohammed el-Friali er-Rift, parent d'Abdessadaq. Ce fut ensuite le Hadj Mohammed ben D~mOun es-Serifi, q1,li habitait EI-Qar, et qui tait Khalifa du Pacha de Tanger pour les RhoOil seulement; le dernier Khalifa d'Abdessadaq pour les Rhona fut Si Mohammed ~uld el-Hadj Mohammed Mahyoub er-Rifi, qui tait Moqaddem des tolba E1-Qar. Il y. a un quinzaine d'annes, le. gouvern.ement des. Rhona fut donn au Qald Abdelmalek ben Ali bel-Ifachemi es-Saldi er-Rifi, gouverneur d'EI-Qar, dl! Srif et de .Carar, dont nous avons dj parl.' . . Le Qard Abdelqader el-Khalkhali.runit ensuite dans un' seul gouvernement les tribus du I,{l1lot, ~liq, Beni Ysel, Soumata et Rhona et les villes de Larache et d'EIQar. JI ya une dizaine d'annes, lorsque le Makh&en envoya une expdition contre .les Dje,b~ . ~ropos du rapt, prs d'Anila, d'un jeune garon et d'une jeune: fille espagnols, qui se trouvaient chez les Beni Mesta...., le Qald
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398
ARCHIVES MAROCAINES
EI-Khalkhali faisait partie avec ses contingents de la MehaUa campe Sidi Bou Douma dans le Gharb, entre Ouezzan,le Djebel Kourt et 'Aouf, vis--vis de Hadjar Ben 'Arch, dans les Beni Mestara. Le Qad EI-Khalkhali profita de cette circonstance pour faire payer l'impt ses administrs des Rhona et pour leur donner un Cheikh, Si Abdessalam Douahr, parent de .l'ancien Cheikh Si Abdelkerim ben Aouda. Aussitt aprs le dpart de la Mehalla de Sidi Bou Douma, les Rhona reprirent leur indpen. dance ~t la manifestrent en brlant la maison et en pillant les biens du Cheikh Abdessalam Douabr, qui s'enfuit Ouezzan. Il fut remplac pendant un mois environ par le Cheikh Si el-Hasan Ould el-Qat du dchar d'ElBour. Celui ci, se voyant sans autorit, rsigna purement et simplement ses fonctions pour n'tre pas J'azzi par ses. admi nistrs. Pendant plusieurs annes, les Rhona n'eurent pas de gouverneur; le Qard EI-Khalkhali, leur gouverneur in partibus, n'avait pas t remplac sa mort lorsqu'il fut assassin par ses administrs Arzila. La tribu se gouvernait elle-mme et avait nomm un Cheikh er-rebia, ou Cheikh e.-siba. Cette nomination n'est pas faite, proprement parler, l'lection, mais par le consentement gn raI de la Djemilat elKebira, ce que l'on appelle la Djemdat el-Qabila Kaffa, la r~nion de la iribu toute entire. Ce Cheikh tait Sidi Mohammed ben Larhi, Chrif Yahyaoui (des Oulad Sidi Yah.).') du dchardes Beni~(o hammed. Il administrait' la tribu avec sagesse et son autorit tait universellement respecte. llpr.levait 'une amende d'un douro pour un cheval ou pou~,lP.le mule entre dalls un champ; pour un buf ou une.vaChe, un demi-douro; un quart de dpuro pour un Ane; n mouton ou une chvre. Le montant de ces amendes tait remis au propritair,e du champ, qui en laissait une, petite part. au Cheikh.
lIU9
En dernier lieu, le Sultan Moulay Ahdelhafid: a nomm Qard laba (cachet) de la trihu des Rhona, le fils de l'ancien Cheikh du Qard Ahdelkerim ben Aouda, Si Abdessalam ben Ali Douahr. La prsence Sidi Bou Douma et Azdjen d'une Mehalla du Sultan a permis jusqu' prsent au nouveau gouverneur de se maintenir; il est probable qu'aprs le dpart des troupes chrifiennes, il sera, comme les aniens Cheikhs, ohlig de se rfugier il Oezzan pour chapper li ses administrs. La situation de la Mehalla envoye dans les Djebala raI' M-oulay Abdelhatid, d'abord sous le commandement du Qaid EIJ.Mahboub, ensuit6sous celui~du Qald Mohammed OuM Bou Cheta hel.Daghdadi, 'semhle d'aiUeu~sassez"I)"caire. ' Aprs avoir razzi les Deni l\Ie1'.guiMa, obtenu le cOllcours de contingents des Beni Mstara et des Ghtttfua, la Mehalla avait soumis ls' Rhona et les Ehl Stif:' D~L vant les abus commis par les troupes chrifiennes, les Djehala 'Se' sont repris : ,les deux grandes tribus de's-Akhmas et des Ghezaoua ont'foit alliance et les b-oupes do Sltan, devant le dpart des contingents des 1)jebaIa~:'oilt jug prud'l'lt d&retourner sur leurs pas etde''itaMit- ' Azd je., OO8e trouve enterr le rabbin"A.mran-Rertdayail. Les chefs dM tribus confdres ont crit'a' ~ald Mohammed ben Bou Checa bel-Dagbdadi qneleur:h~tefttiC)Ji faif de l'atblqu8I" et de le ChaSSI' de leuh' iIldntagnee:" lDai. que, du moltleM' o il s'tait rfugi: auptsd'anmartibo,Jt ja;f, ils n~ l'inqiteraient pas' tant q1i'~1resternit dans ce
BONn., . , , '
Cetteironieselle iDdi~tter qae l'enthousiasm dWl11 pJ'emil'e heat pt)Ur Monlay Abd'lha6d a dinlino j'Sqoe chez les Djehala, qui commencent partager le sentiment gnral de dsilla8OWl de tous ce~~ ''lui 'se rendCl~eompte aujourd'hui qe le&appels de fondS, fails SOU8 .,ttexte
.00
ARCHIVES
JlAROCAI~
de payer les Chrtiens et de les chasser du territoire, servent exclusivement entretenir la Cour et le Makhzen t
Limite,.
La tribu des Rhona est l'est de celle. du Sril, dont elle 8st spare par l'Oued Lekkous. Au sud et au sudouest, les Rhona sont limits par la tribu des Memouda. Au nord d'Ouezzan, une pointe du territoire des. Rhona avance jusqu' la tribu des Beni Meslara prs du dehar d'Azemourin, de cette dernire tribu. La tribu des Ghe zaoua limite les Rhona au nord; la petite tribu des Beni Zekkar les limite au nord galement; l'Oued Lekkous, qui les spare, retourne ensuit.e au nord-est entre les Beni Zekkar et les Ghazaoua. Au nord-ouest, les Rhona sont borns par les Beni Ysel, dont ils sont spars par le Lek
mus.
Aucun dchar ni aucun sanctuaire ne se trouvent sur la limite nord des Rhona. Comme nous l'avons dit, cette tribu pntre jusqu' AzemouriB en Beni Mestan, au nord-est d'Ouezzan. De l sa limite revient dans "ouest et le sud ouest en longeant la)ribu des Memouda; surcette limite, se trouve [e dchar d'Azdjen. La situation de ce vil 18ge n'est pas bien dfinie; tan16t il appartient aux MeIpQuda, tantt aux Rhona, auxquels il est rattach aujour. d'hui. La limite entre Rhona et Memouda coBtinue ainsi dans la direction du sud-ouest jusq-u'au Lekkolls, o elle rencontre la tribu du Sril, qui limite Rhona l'ouest de cette dernire tribu. Le Srif et Rhona sont spars par l'Oued Lekkous. On rencontre SUl' cette limite, au bord
1. La Meballa du QaldMobammed Ould Bou Cheta bel.Bqbdadi a &6 rappele l Fs au moment. de8 t.roUble8 oecaBioDD. par le. soulvement. de Moulay el-Kebir daD8 les environ8 de TaZA. . .
401
du Lekkous, en remontant son cours, c'est--dire en allant du sud au nord, le dchar d'An Ben Chello, vis--vis du dchar de Cebbab, en Srif, sur la rive droite du Lekkous, et le dchar dtoAln eI-Hasan, en face du dchar Serifi de Del el-Ghemiq. En remontant le cours de cette rivire du sud au nord, entre les deux tribus, on parvient au tournant du Lekkous entre les Beni Ysef, rive droite, et les Rhona,rive gauche ; puis on revient au point de dpart la tribu des BeniZekkar. .
R~gims
de. ealU:.
La tribu des Rhona est entirement situe dans le bassin de l'Oued Lekkous. Les quelques rivires, ou plus exactement les quelques torrents qui la traversent, se jettent tous en effet dans le Lekkous oU' dans un de ses affluents. Les principaux cours d'eau sont: L'Oued ech-Chehbi ~ ~\J, qui prend sa source au . . dciar Addamin et tombe dau le Lekkou8 prs de Souq es-Sebt. L'Oued er..Rqaa r:;l;.) ,,~, q prend sa Muree aU. dchar de Cedaq, passe prs des Beni Mohammed et tombe dans leLekk.ous prs du Souq es-Sebt. Ed-Daia ~L;.JI, c'est, comme son nom l'indi(,ue, unpetittapg ou se dvenent plusieurs torrents. Il s trouve entre le Souq es-Sebt et l'Oued Lekkoua, o U se dverse en ~s de forte. pluie., lorsqu'il dborde. En temps ordinaire, il ne.coD.lJDD.nique pa. avec cette rivire; il reste tOujO.UD de feau dans cet tang, mme en t'; on 1 trou"ed~ a.guill~s. Oaed Tdida ~l; "),, en faeedes Beni Zekbr; il prend sa source au dchar des Bdadjin, traverse la tribu et va tomber dans l'Oued Zliz, rendrait o cette rivire coule entre Rhona et Memouda. L'Oued Zaz toInbe dans l'Oued Lekkous.
ARCH. MAROC.
ARCHIVES MAROCAINES
Maniagne.
Les princi pales montagnes de la tribu des Rhona sont: le Djebel e-amma t.-J\ ~,entre Zegtaoua et E/-A ddamin. C'est une montagne leve, mais dboise. Djebel Righa, au-dessus du dchar du mme nom ; lev et bois. Djebel Ain el-Hasan ~\~~, audessus dudchar du mme nom, prs de l'OuedLe~ous; trs lev et bois. Djebel Azarn .J.)j\~, prs du dchar de Farha.
ARCHIVES MAROCAINES
Khom! el-Oulaougin, ~-,u.,n~. Ain ben Chelia ;.:. ~~. Sur la rive gauche du Lekkous, en face de Cebbab en Srif. 80 maisons, 650 habitants '. 80 bufs et vaches. 600 moutons. f.200 chvres. t 5 atteles de labour. 20 juments. 80 mules et mulets. . Une mosque-cole; Haboul; Nadir. Vignes, oliviers, figuiers.
. .
80 fusils.
Alou. Au sud-estd;Atn Ben Chello, . sur la pente de la montagne. . 40 maisons, 230 maisons . . . . . 50 bufs et vaches. A reparler.
lJ",n.
Report.
300 moutons. 500 chvres. 8 atteles de labour. 6 juments. 12 mules et mulets. 2 mosques-coles; Rabous; Nadir. Vignes, oliviers, figuiers.
130 fusils.
Amezou ".;.1.
60 maisons, 350 habitants. . . . t 00 bufs et vaches. 600 moutons. 1.000 chvres. 20 atteles de labour. 30 juments. 50 mules et mulets. . t. mosque-cole; Habous; Nfldir. 60 fusils.
Vignes, etc.
Dar el-Abba. <fl:-ll.Jb. A rst d~Ar~ . Ben Chello, sur le flanc de la montagne, audessus du Lekkous, rive gauche. 90 maisons, 550 habitants. 50 bufs et vaches. 800 moutons. t.500 chvres. 25 atteles de labour. 30 juments. 60 mules et mulets. Mosque-cole; Habous; Nadir. Vignes. etc. C'est Dar el-Abbas que campait en H56 A reporter.
100 f"Jsils .
290 fusils
ARCHIVES MAROCAINES
Report. del'Hgire(1743 J.-C.) le sultan Abdallah ben Ismail lorsqu'il livra bataille prs d'EI-Qar au Pacha de Tanger Ahmed ben Ali er.Rifi, partisan de Moulay el-Mostadi. Dans cette ba taille le Pacha Ahmed er-Rifi fut vaincu ettu. Dchar el-Aar ..;Wl f ,). Au nord-ouest d'Ouezzan, sur le flanc de la montagne. 50 maisons, 2S0 habitants. 50 bufs et vaches. hOO moutons. SOO chvres. 12 atteles de labour. 15 juments. 20 mules et mulets. 1 mosque-cole; IIabous; Nadir. Vignes, etc. a! Smar ..;l.....t\~, vis-vis du dchar d'Azemmourin en Beni-Mestara. 40 maisons, 220 hahitants. . hO bufs et vaches. 300 moutons. 500 chvres. 10 atteles de labour. S juments. 15 mules et mulets. 1 mosque.cole; Habous; Nadir. Vignes, etc. Ain el-Ghit ~~. A l'ouest de (.:af Smar, au haut de la montagne. 50 maisons, 300 habitallts. A reporter.
290 fusils.
50 fusils.
40 fusils.
nu
HABT
407
Report.
50 bufs et vaches. 1\00 moutons. 800 chvres. 15 atteles de labour. 1.2 juments. 20 mules et mulets. 2 mosques-coles; Habous; Nadir. Vignes, oliviers, figuiers. 'An el-Hasan ~ c):f. A l'ouest de la tribu, en face de Delm' el-Ghemiq et de Dar Mazo, en Srif. Au-dessus du Lekkous, rive gauche, sur un mamelon bois. 80 maisons, 450 habitants. 90 bufs et vaches. 600 moutons. ".200 chvres. 18 atteles de labour. t5 juments. 25 mules et mulets. 2 mosques-coles; Habous; un Nadir. Grands jardins de vignes, d'oliviers et de figuiers.
430 fusils.
80 fusils.
Zeidour .)~j. Dans la plaine, au milie.qe la tribu. .' '. 90 maisons, 500 habitants. . ,,;. 100 bufs et vaches. 8Ol} moutons. ' , 1.500 chvres. 20 atteles de labour. 25 juments. A 'repf!rler.
lOOillisilf.
610 fusils.
ARCHIVES MAROCAINES
Report.
40 mules et mulets. 2 mosques-coles j Habeus; Nadir. Beaux jardins; c'est un village trs riche.
610 fusils.
Aguentour JAl. Au milieu de la tribu, dans la direction du sud est. 30 maisons, 170 habitants. 45 bufs et vaches. 350 moutons. 600 chvres.' 8 atteles de labour. 12 mules et mulets. 10 juments. 1 mosque-cole; Uabous; Nadir. Jardins peu importants. Sqi(a ~. Au milieu de la tribu j direction d'Ouezzan. 30 maisons, 170 "habitants. 40 bufs et vaches. 400 moutons. 700 chvres. 7 atteles de labour. 10 juments. 15 mules et Iilulets. 1. mosque-cole; Uabous j Nadir. Jardins peu importants. Marsala ~L.-.,r' Au milieu de la tribu t direction de Ghezaoua. 25 maisons, 140 habitants. 30 bufs et vaches. A reporter.
Il,'
30 fusils.
30 fusils.
t09
Report.
250 moutons. 400 chvres. , 5 atteles de labour.
695 fusils.
l'
Qat/ara iJl1i. Au milieu de la tribu; di- ' rection de Ghezaoua. 30 fusils. 30 maisons, 170 habitanis . 40 bufs et vaches. ,-, i 350 moutons. :t' 600 chvres. ,~ 8 atteles de labour. ah 10 juments. 15 mules et mulets. 1 mosquecole; Habous; Nadir. Jardins peu importants.
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Meghoua8a ~!"a.-. Au nord et 1 'dl- : mtre environ d'Azdjen', i t.600 mtresd ) : i l'Oued Zaz, rive droit&.a'1" ' '40 'fusils. 40 maisons, 220 hblbnts . 60 bufs et vaches. 450 moutons:'" 800 chvres. ~t . ' ; 10 atteles de labtfur. 15 juments. ':; ',! J'o " lB mules et mul~t8/1' ii 1;.J mosque-cole iU.'O"I;! Nit\iir: ::, CI"j , , ' ," ,! ,1 Vignes, olivierl!J, fig'ien, Jardlhs pota~ . , j':Ii' gers. "" '::;" " \ ; n ' . ' '_"_'_ _ "'_
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A 'f.eporte,..
27
765 fusils.
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ARCHIVES MAROCAINES
Rtport. Tazerout '::".J..f"'li. Au sud-ouest du dchar des Addamin, au sommet de la montagne. 20 maisons, t 20 habitants. 25 bufs et vaches. too moutons. 200 chvres. A atteles de labour. 6 juments. 8 mules et mulets. .. mosque-cole; Rabous; Nadir. Fedj ed-Demna ~\~. Au milieu de la tribu, au haut de la montagne. 50 maisons, 300 habitants. AO huOi et Yaches. 300 moutons. 600 chvres. 6 atteles de labour. 5 juments. 8 mules et mulets. . t mosque-cole; Rabous; Nadir, . Peu de vignes et peu de figuie~8X:igraBds : boi15 d'oliviers; pas de jardins potagers. Zeitouna ~~j. Au centre de la tribu, au.,'. sommet de la montagne; l'est de ce village, entre lui et les Ghezaoua, se :AA'p~ve; une montagne rocheuse et couverte de taillis remplis de serpents; on l'appelle ,la montagne des serpents ,: iPjebel,elrJlaiay. Personne ne passe par cet endroit et tous les ans on met le feu aux taillis qui couvrent A ,.epol[t,..
765 fusils.
20 fusils.
:>0 fusils.
835 fusils.
-Ill
Report.
835 fusils.
la montagne pour dtruire les serpents qui s'y trouvent; cette destruction n'est jamais complte. do fusils. 60 maisons, 350 habitants. 60 bufs et vaches. 500 moutons. 1.200 chvres. . !, t5 atteles de labour. 20 juments. 30 mules et mulets. " 2 mosques-coles; "abotls; Nadir. ,yignes, oliviers, figuiers, potage..s,.~,. sources. ,j Khoms de Beni Zerhoun, .:,.".,. J j ~ ~. Khandaq ezZiara i J~ )I~. Au . , , milieu ",.-t
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de la tribu. ',.. , ' . 1 \ ru";~tls. 30 maisons, t iO habitnts. "'1 ~ AO bufs et vaches. ., ,,,' ! . U : l ' ' '. 300 moutons. -:-t.'~ l,,); ~ 600 chvres. " l ' . n,. 8 atteles de labour. l, ,J ;; " tO juments. " , ;n.: \Ji t5 mules et mulets. ,il', 'l 1 mosque-cole; Habous; Nadir. ,"".; , ,.,' Pas de jardins ni de vignes; oliviers. 'Qlc.. ;.1-)" i', Hti :'
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Tiamma ~I..i. Au milieu de la triJll'"daQl; '. . ! . ,,; f\r.' " j la direction d'Ouezzan. . ).t!~ il fusls. 20 maisons, HO habitants. . Al ,.~,.te,.. 9Ao fusils.
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ARCHIvas
MAROCAINES
Report.
9A5 fusils.
35 bufs et vaches. 200 moutons.. AOO chvres. 5 atteles de labour. 6 juments. tO mules et mulets. t mosque-cole; Habous; Nadir. . Peu de vignes, d'oliviers et de 6guiera; pas de potagers.
Tala ~u.. Au milieu de l~ tribu; ~lirection d'Ouezzan. 200 maisons, 100 habitants 30 bufs et vaches. 200 moutons. AOO chvres. 3 atteles de labour. 5 juments. 8 mules et mulets. 1 mosque-cole; Rabous; Nadir. Peu de vignes, d'oliviers, etc.. ~ Boulnou ,,:J.,y.. Au milieu de la tribu, direction de Ghezaoua. 30 maisons, 175 habitants. 00 bufs et vaches. 300 moutons. 1)00 chvres. 6 atteles de labour. 8 juments. im 10 mules et mulets. 1 mosque-cole; Rabous; Nadirr, . Peu de vignes, etc... Areporler.
20 fusils.
30 fusils.
995 fusils.
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A louar ..r"JI. tion du Srif. 20 maisons, ft {) habitants. 40 bufs et vaches. 200 moutons. 500 chvres. 4 atteles de labour.. {) juments. fO mules et mulets. 2 mosques-coles, dont une de khotbaj Uabous; Nadir. Vignes, oliviers, figuiers, potager., sources.
995 fusils.
Bou A lIoun ;;~ ~. Au milieu de la tribu; ;: ,. direction du Srif. En amont des dchars de Cebbah et de Dar Maizo de cette tribu f dont ils sont spars par le Lekkous. 40 fusils. 40 maisons, 220 habitants. '. 20 bufs etvaches. 400 moutons. 900 chvres. 7 atteles de labour. 9 juments. .' '.. ' .\ L ta mules et mulet&.' .' 1 mosque-ole'. Raboul; Nadi.~1 Peu de vignes; oliviers, figuiers; pas de potagers. " !,
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En-Nechcharin ~.)l:.:Jl. 'Au milieu de la' tribu, au sommet de la montagne. 80 maisons, 450 h a b i t a n t s . . .
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"M'mils.
t.tao fusils.
AIlCHIVESJL\ROCAJ:'iES
Report.
80 bufs et vaches. 600 moutons. f .. 200 chvres. 15 atteles de labour. to juments. t2 mules et mulets. 2 mosques-coles; Habous; Nadir. Vignes, oliviers, figuiers, potagers, sources.
. t.U5 fusils.
El-Badjin ~l:J1. A l'est des Nechcharin, au centre de la tribu.. 40 maisons, 220 habitants . la5 bufs et vaches. 400 moutons. 700 chvres. 8 atteles deJabour. t2juments. 20 mules et mulets. 1. mosquecole; "abous; Nadir. Vignes, oliviers, figuiers; pas de potagers. El-Anar ..,.,...;JI. Au milieu de la tribu, au sommet de la montagne, une certaine distance et vis--vis du dchar de Cakhat eJ-Qat du S r i f . , 20 maisons, t20 habitants'25 bufs et vaches. 200 moutons. 500 chvres. " atteles de labour.
A Np(Jrler..
taO fusils.
25 fusils.
t.200 fusils.
fl6
Reporl.
5 juments. 8 mules et mulets. t mosque-cole; Rabous; Nadir.
1.200 fusils.
!.'
t2 fusils.
El-Qalda WJI. En face d'AIn' Hadjel en Srif. 30 maisons, 170 habitants. : '. ' 30 fusils. 45 bufs et vaches. 300 moutons.,; ,. iOO chvres., '. r t, 12 juments. Il,'' '15 mules et molet'l., ". <c"'" " ) t mosque-~ j H.bouIH N.f.. " .,; Vignes, oliv~.ra, fipj,rsj":P'8i:de ~.,.,l'" gers. . ,', ,1' ' :i;;, ' il.;,: Ed-Dchiar .J,,:!-.JJ1. 'Al'ouSt ~. i kilo mtres environ d~ Zitouna.'J l': \, , : .:! ',,', 1 tO mai80QS, 60 habitanla ," ::.
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10 fusils.
fUI-
AllCHIVES MAROCAINES'
Report.
1.252 fusils.
6 hufs et vaches. 50 moutons. 1.50 chvres. 2 atteles de labour; 4 juments, mules et mulets. Mosque.cole; Habous; Nadir. Jardins, vignes, etc. EI-Gharra i..;aJ1. Au sud et audessus de Boutenou, au sommet de la montagne. 20 maisons, 120 hahitants ." 30 hufs et vaches. 150 moutons. 300 chvres. 8 atteles de lahou!'.: 10 juments. t.2 mules et mulets. 1 mosque-cole; Hahous; Nadir. .,- '. KhoTM de Fatah.a, L:..:t. ~
il
20 fusils.
Azdjen ~ jL Azdjen n'est plus aujour.. d'hui qu'un village d'une trentaine de maisons hahites par environ 200 habitants. Cette localit a t autrefois heaucoup plus . importante; il s'y trouve etes ruinS 'qni sont" peut-tre d'ori~ine romaiee.; TislOt n'en parle pas dans les Recherches sur la Gographie compare de la.M.a'UrilQllie Tingitane. Ezaggen, dit Lon l'Africai~ t,est une " A reportm-.
1; LtoN
L'AFRICAIN,
1.272 fusils.
et 221.
.11
Report. . . t.272 fusils. cit distante de Fs environ septante deux milles, contenant environ cinq cents feux; elie fut difie par les anciens africans sur la cte d'une montagne prochaine d fleuve Guarga, environ deux milles qui sont en plat pays, auquel ~e fait le labourage et jardinage ; mais le terroir de la montagne est beaucoup plus ample. Le territoire d'icelle peut rendre de revenu jusqu' dix mille ducatz et celui qui en' est jouissant doit tenit , pour le roi de Fs quatre cents -heva~~ , pour seure garde et tuition du pafs,'U1" l~ qUl le, Portugalai, font ,ouvent de, course' ,oudaine, de quarante cinqu~nte m'llel'. La cit n'est pas fort civile, combien qu'il y ait assez d'artisans de toutes choses ncessaires; mais elle est fort belle et embellie par la vive source des eaux cristallines de plusieurs fontaines qui sourdent en iceil. Les habitants sont fott 'opulens, mais il ne se trouve personne d'~ntreux qi ;port ' tat de bourgeoys. Les rois de Fs leur ont octroy ce privilgequ'il puverit boire du vin, qui est dfendu ~tt. 'loi mal1omfane,' mais on n'en trouvioa 'un sul qui en veuille gOlter et quine s'en abstienne, ta~t ils' sont consciencieux et pleins d'e religion. Marmol l dit qu' ' trois lieues de la'!. /:. rivire d'Eergaile, sur la pente d'une montagne, est une ville bAtie par ceux du pys.~. Elle est vingt-trois lieues de Fs et a A reporter. . 1.272 fusils. 1. MARIIOL, r Afriqut, t. Il, p. 210.
l ,
'
ARCH. IfAROC.
"8
ARCHIVES MAROCAINES
Report. t.272 fusils. quelques sept cents habitants... mais le gouverneur est oblig d'entretenir cinq cents chevauz pour la garde de la province cause des Portugais de la frontire.. . Gette place a de bonnes murailles et belles voir... Il s'y tient un march tous les mardis o accourent les Arabes et les Brbres de la contre, avec des marchandises et des vivres. lt Tous ces renseignements concordent peu avec l'actuel Azdjen, qui, comme .nous l'avons dit, compte environ: 30 maisons, 200 habitants. 30 fusils. 50 bufs et vaches. 300 moutons. 800 chvres. D atteles de labour. 6 juments. 10 mules et mulets. 1 mosque-cole; Dabous; N,dir. Ce qui peut caractriser el1~ore l'a'lcenne richesse d'Azdjen, c'est que sa mosque est construite en mao~~e~ie .,f a un minaret, ce qui est tout fait. dis~ropor tionn avec son importance actueUe.'Gomme toutes les mosques de la mont:agne, ~lle,a ses habous administr~ par un nadir. Les jardins d'Azdjen sont trs beaux, ainsi que. ses vergers; on y trouve beaucoup de vignes, .' de nombreux figuiers et, de vritables bois' d'oliviers. Les sources y sont aussi nombreuses ete
,.
'
A reporter .
t.302 fusils.
nu
Report. t .302 fusils. trouvent pour la plupart dans la mosque d'o elles sortent pour S8 runir en un seul ruisseau qui tombe dans un torrent appel Khandaq Bou Mlih; ce torrent se verse dans l'Oued Zaz, qui est lui-mme un affluent de l'Oued Lekkous. On peut se demander si la ville d'Ezaggen dont parlent Lon l'Africain et Marmol correspond au village actuel d'Azdjen, ou s'ils n'entendent pas plutt parler de l'ancienne ville de Iou-Iddjadjen dont parle E1-'Bekri t : Plus loin, on trouve Medina Iou-Iddjadjen, ville riche et agrable, situe sur une rivire d'eau douee et renfermant un dJame, plusieurs hazars et un hain. Elle porte aussi le nom de Djebel El-Acheheb c la montagne gristre . La rivire qui la baigne et qui s'appelle Ouadi Souac est aussi grande que celle de CordOUe. Iou-fddjadjen .est situe dans le canton de Djengara; elle possde plusieurs saurces et appartient Guennoun Ibn MohamiJled. La population 0, se compose de BeoniMessRra, l'ribu memoudienne..... On amveensuite il Medjal El-Khacheba - le pssage de la poutre lieu o on traverse r' Oual"gla. Il est possible que Lon et ~ral'mol d'aprs' lui aient confondU Azdjen a~c l()~Idjddjen: .)' 01;1 il existe encored1ls la tribu des Beni Mestara, dans le Khomsdes Beni Qai decett
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0 0 0 0
420
ARCHIVES MAROCAINES
Reporl. 1.302 fusils. tribu, un village qui porte le nom de 10uIdjadjin, et il est habit par des Chorla Ou.,. lad Guennoun, qui sont assez nombreux chez les Beni Mestara. Les distances indiques par Lon et par Marmol entre Ezaggen et la rivire Ouargha et entre Ezaggen et Fs se rapportent davantage au lou.Jddjajin des Beni Mestara qu' l'Azdje~ des Rhona. . Le Medjaz el-Khacheb a exist encore sous le nom de Mecherda el-Khacheba - le gu de la poutre. - 'est le gu o l'on traverse l'Ouargha pour se rendre Moulay Bou Cheta en venant par la route des Beni Mestara. Que Lon et Marmol aient entendu parler d'Azdjen ou de 10u-lddjadjin, qui ne sont d'ailleurs pas trs distants l'un de l'autre, il est toujours intressant de constater qu'au seizime sicle (dixime., sicle de l'Hgire) les tribus des montagnes payaient.. l'impt et contribuaient entretenir des . cavaliers destins empcher les i~ursions des Portugais dans l'intrieur du pays. On retrouve l les traces d'une vritable organisation de rsistance contre. l'envahisse- : , ment des chrtiens, et le procd qui con... siste faire entretenir par les tribus I~I troupes destines repousser l'invasion peut tre intressant tudier. Il semble,\ en rsulter que les tribus elles-mmes n'taient pas armes comme elles l'ont t
l'l,
A reporter.
. t.302 fusils.
guELOUES
al
Report. 1.302 fusils. depuis et que, comme nous l'avons dj fait remarquer, leur attitude indpendante ne date probablement que de la bataille de l'Oued el-Mkhazen en t578 (984 Hg.). Le village d'Azdjen prsente C6tt~ particularit qu'il possde un marabout}uill : c'est Rabbi Amran Bendagan, natif d'Hbron en Palestine, mort Ouezzan il y. a, prs d'un sicle et enterr Azdjen o se trouve, comme nous l'avons dit en parlant d'Ouezzan, le cimetire juif de cette ville. Les Juifs de Tanger, d'EI-Qar, de Fs, de Mkins, de Rabat, de Larache et de Ttouan viennent ~n plerinage. a~tom~eau de Rabbi A mraia aux Illois de Elloul et Agar. Ce plerinage est d'un bon rapport non seulement pour le Moqaddem du marabout qui habite Ouezzan, mais pout les musul mans d'Azdjeli, qui exploitent' les plerins sous prtexte de les garder. Ils leur font payer un demi-douro (2 fr. 50) par nuit et par tte de Juif et de Juive et par bte. 118 simulent quelquefois des attaques pour exciter la gnrosit des plerins qui, en en-:tendant les coups de fusil, ouvrebt birgement les cordons de leurs bourses. Les pferins juifs restent Azdjen une huitaine de jours. . Azdjen est sou"ent disput entre les deux . tribus des Rhona et des Memouda et A reporter..
1.
t.302 fusils.
ARCHIVES MAROCAL"'lBS
Report. 1.302 fusils. appartient tantt une de ces tribus, tantt l'autre. Depuis quelques annes, ce village fait partie des Rhona. Ez-Zghaougin ~-J~}t Dans la plaine, t.MO mtres l'ouest d'Azdjen. 6 maisons, 35 habitants. 10 bufs et vaches. 70 moutons. 150 chvres. 2 atteles de labour. Ajuments, mules et mulets. t mosque-cole; Habous; Nadir. Vignes, olivie~s, figuiers, jardins p~ta gers.
6 fusils.
Ech-Chan ~W\. En face des. Beni Zekkar" c'est-dire au ~ord de la tribu, au haut " d'une montagne. 75 maisons, AOO habitants. . :. " 80 fusils. tOO bufs et vaches. 800 moutons. 1.500 chvres. , 25 atteles de ,labour., 30 juments. 35 mules et mulets. 2 mosques-coles; liabous ; Nadir; Grands jardins de vignes et de .figuiers ';' grands bois d'oliviers; Trois moulins huile; Petite Zaouia du Cheikh Ahmed elHalloti. A reporte,..
{.388, fusils.
Report. Douaher ~\."J;. Au sud et 2 kilomtres environ de Souq es-Sebt. 80 maisons, 450 habitants . . . . 125 bufs et vaches. 800 moutons. 1.600 chvres. 35 juments. 40 mules et mulets. 2 mosques-coles. dont une de khotba; Habous; Nadir. Vignes, oliviers, figuiers, jardins potagers. Sources. C'est le village des Oulad Douaher, dont plusieurs ont t Cheikhs de toute la tribu et auxquels appartient Abdessalam ben Ali J>ouaher, qui est aujourd'hui Qard Tabd du Rhona.
Ferha~~.
1.388 fusils.
1.00 fusils.
:"Ii
40 maisons, 225 habitants. 60 bufs et vaches. 500 moutons. 900 chvres. 12 atteles de labour. 10 juments. 15 mules et mulets. 2 mosques dont une de khotba; lIabous; Nadir. Vignes, oliviers, figuiers, jardins potltgers.
'
. . ..
'
50 fusils.
A reportl.
1.538fusifs.
ARCHIVES MAROCAINES
Report.
. 1.538 fusils.
Khom. dell Oulad Bou Randa ~.),? ~'JJ\ ~. Abou Nidar j:i;,?\. A l'est du dchar d'Amezou, au haut de la montagne. 30 maisons, 170 habitants. 40 bufs et vaches. 300 moutons. 500 chvres. 5 atteles de labour. 6 juments. 9 mules et mulets. 2 mosques-coles; Habous;unseuINadir. Vignes, oliviers, figuiers. Z ektaouat ~u.s j. Ce dchar se divise en deux parties: Zektouat el-Fouqia, qui est sur la hauteur; Zektaouat es-SeOia, qui est en bas. L~s deux parties sont distantes l'une de l'autre de 200 mtres environ. A l'est. 1.200 mtres environ d'El-Adamin. 20 maisons, 120 habitants. 30 bufs et vaches. 250 moutons. 400' chvres. la atteles de labour. 5 juments. 6 mules et mulets. '1 mosque-cole par fraction ; chaque A reporter.
30 fusils.
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, 25 fusils.
; ri
1.593 fusils.
Dl)
t.593 fusils. Report. . . mosque a ses habous qui sont administrs par un seul Nadir. Peu de vignes, d'oliviers et de figuiers.
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El-Meab'ha ~Wl. Dans la plaine, l'est du Souq esSeb~ etdes;BeniM,~inmed. Ce village est presque uniquement habit par les descendants de Sidi Ahmed ben Meb'ah qui est enterr etendroit, et o se trouve encor~ Sil' ZaouIa, dont nous parle. rons plus loin. 60 maisons, 350 habitants. too bufs et vaches. 600 moutons. t.200 chvres. 20 atteles de labour. 25 juments. 30 mules et mulets. 2 mosques.coles, donf' une d'e khotba. Les deux mosques ont lUrs bU~ns' habous indpendants de"ceux de la ZaouIa et admi-' nistrs par un seul Nadir. Vignes, olimrs, figuien. Jardins potagers. Trois jardins d'orangers. Soarces nom.. breuses. Zeradoun ~pl.),j. A l'est eU 200 mtres environ du dchar des Meabha. ., 80 maisons, 150 habitants. . . . . t 25 bufs et vaches. ;, ' 600 moutons. ,,;, '_, i
60 fusils.
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A reporter. .
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t. 788 fusils.
ARCHIV ES MAROCAINES
Report.
900 chvres. 25 atteles de labour. 20 juments. 30 mules et mulets. 2 mosques-coles; Habous; un Nadir.
. 1.733 fusils.
60 fusils.
ut
R6port.
t.8t8 fusils.
8&, fusils.
El-Ibabra i.J.~1. A l'oueat-et 800 mWes' ;';';'!h de Brikcha enviroB, 8tfest2tilom'tt88 Li de Zerradoun. ; t S maisons, 80 hahitants. ,. 'SO'hmuts et vaches. tso moutons. 300 chvres. .& atteles de lahour. : ; <'t/j' S juments, mules et mulets. '' or 1 mosque-cole; Hahous; Nadir. .,.'1',,' . Vignes, figuiers, oliviers. ., .. 'h
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Brikcha ~.J.' A l'~uest t.SOOmtresd' :,' ,', ..:.l"!;~.~ Bellouta. ,',,,,il, '. ,', :..,;1 !.! ,J; .."'i t"'"l,' 20 maisons;t20 lalitaals! :., . .; ');L... i _tsil8'. 30 hufs et 'vach~. .:d) ':Jp , 8,lhshc" d
Npor/~r.
. t .933 fusils.
428
ARCHIVES MAROCAINES
Reporl.
200 moutons. 500 chvres. 5 atteles de labour. 7 juments, mules et mulets. 1 mosque-cole; Habous; Nadir. Jardins, vignes, etc.
1.933 fusils
r\..e. y, ~..,->.
Righa ~_..). A l'extrmit nord de la tribu, au tournant de l'Oued Lekkous, lorsqu'aprs avoir servi de limite entre le Srif et les Rhona, illimite ces derniers avec les Beni Ysef et les Beni Zekkar. Le village est au sommet d'une montagne boise, vis--vis et l'est du dchar de Tefer, en Srif, et au sud des Beni Zekkar, dont ils sont spars par le Lekkous. 150 maisons, 800 habitants 200 bufs et vaches. 800 moutons. 1.ftOO chvres. 30 atteles de labour. 35 juments. 40 mules et mulets. 2 mosques-coles et une mosque de khotba ; Habous; Nadir. Grande quantit de figuiers, d'oliviers et de vignes. La culture de la vigne est plus importante Righa que celle des oliviers et A reporler.
150 fusils.
2.083 fusils.
429
Reporl .
des figuiers. Beaux jardins potagers; deux sources.
~.083
fusils.
Beni M'hammed ~ c5'.. Le village des Beni M'hammed est environ 1.500 mtres au sud de l'Oued Lekkous non loin du Souq es-Sebt, qui est entre ce village et la rivire. Les Beni ~I'hammed sont arross par l'Oued ech-Chahbi, torrent qui tombe dans le Lekkous. 130 maisons, 750 habitants 180 bufs et vaches. 750 moutons. 1.500 chvres. 25 atteles de labour. 20 juments. 30 mules et mulets. li mosques-coles, dont deux de khotba ; Habous; Nadi'r. Importantes cultures de vignes. Nombreux jardins d'oliviers et de figuiers. Jardins potagers. Cedaq J'",,-. A l'ouest et 1 kilomtre environ es Beni M'hammed, sur un petit mamelon ans la plaine. 70 maisons, liOO habitants. i 00 bufs et vaches. 300 moutons. 600 chvres. 20 atteles de labour.
150 fusils.
70 fusils
A reporler.
2 8
2.303 fusils.
430
ARCHIVES MAROCAINES
Report.
10 juments. 15 mules et mulets. 2 mosques-coles; Habous; Nadir. Vignes, oliviers, figuiers, potagers. Un jardin d'orangers.
2.303 fusils.
El-Bour .)~,. Au nord-ouest et 500 mtres d'EI-.\ddamin. 20 maisons, 120 habitants. 30 bufs et vaches. 250 moutons. bOO chvres. 6 atteles de labour. 8 juments. 10 mules et mulets. 1 mosque-cole; Habous; Nadir. Peu de vignes, d'oliviers et de figuiers. El-Addamin ~L::.ll. Au sud-est de Cedaq, dans un vallon entre deux montagnes. On y arrive par un seul mauvais sentier rocheux qui borde un prcipice. 30 maisons, 170 habitants. 50 hufs et vaches. 300 moutons. 500 chvres. R atteles de labour. '10 juments. 12 mules et mulets. 2 mosques-coles; Hahous; Nadir. Vignes, oliviers, figuiers. Au milieu du dchar se trouve une belle
20 fusils.
30 fusils.
A reporter.
2.:~53
fusils.
431
Report.
source btie, ct de laquelle il y a un immense caroubier dont le tronc mesure environ 2 m. 50 de diamtre et qui couvre de son ombrage une immense circonfrence. C'est sous ce caroubier que se runit la Djema du village en t.
2.353 fusils.
El-Ouldja ~.,II. A l'est d'EI-Addamin, et spar de ce village par la montagne. La distance entre ces deux dchars'est de 1 kilomtre environ. 15 maisons, 80 habitants 20 bufs et ,aches. 150 moutons. 300 chvres. 3 atteles de labour. 5 juments, mules et mulets. 1 mosque-cole; Habous ; Nadir. Peu de vignes, d'oliviers et de figuiers.
Total approximatif des fusils des Rhona.
15 fusils.
2.368 fusils.
Les Azibs.
Les Chorfa d'Ouezzan ont deux .\zibs dans la tribu des Rhona: un Azdjen, l'autre Zghaouyin. Ces Azibs sont Moulay Ali, fils de Sidi Mohammed et aux enfants de son frre Sidi Ahmed, mort l'anne dernire. A Zghaouyin se trouvent quelques Oulad Ben Assas, de la fraction des Oulad Yaqoub du Khlot, dont nous avons parl en dcrivant cette tribu 1.
1. Archives marocaines. 1. V, n 1,
Les
TriIJU.~
-132
ARCHIVES MAROCAINES
LES ZAOUIA
que nous le verrons plus loin, n'ont t que des tentatives avortes, dont il ne reste plus que le souvenir. Il nous a t impossible de retrouver l'origine certaine de Sidi Ahmed ben Mebah, autour du tombeau duquel s'est forme la Zaoua qui porte son nom et s'est cr le village habit par ses descendants. Il appartient peut-tre aux Meab'ha du Gharb, d'EI-Qar et de Larache. Cette famille, ou cette runion de familles de Moudjahidin (combattants de guerre sainte), a jou un grand rle contre les Portugais. Sidi Asa ben el-Hasan, Cheikh de Sidi Ali ben Ahmed oe arar, tait un Mebahi. On dit que les Meab'ha, qui se prtendent Chorfa, sont d'origine Znte. Peut-tre tait-il parent de l'auteur de la Dohat en-Nachir Mohammed ben Ali ben Mebah, dit Ibn Askar, qui, ainsi qu'il le raconte lui-mme dans la vie de Sidi Boubeker el-Djenati, habitait Zahdjouka, dans le pays du Srif. Il serait dans ce cas Chrif Hasani et. peut-tre de la branche des Amgharyin. Dans Ibn Rahmoun on trouve en effet un Mebah dans la descendance d'Abdallah ben Idris, anctre des Chorfa 'Amgharyin. D'autre part, ce Mebah ne se trouve pas dans la gnalogie de la mme famille donne par le Cheikh EzZemmouri. Le Nachr el-Mathani 1 dit de lui: Abou-l-Abbas Ahmed ben Mebah, l'un des compa1. Nachr el-Malhani, ouvr. cit, p. 154.
433
gnons de Sidi Ali ech-Chibli t (vulgairement appel EchChoulli). Il tait possd par un hal (tat d'excitation mys tique) et avait des disciples. Il mourut dans les environs de l'anne 1039 de l'hgire (1629 J.-C.). C'tait donc un des nombreux cheikhs de l. Tariqal ech-Chadiliya, qui se sont manifests au dixime sicle de l'Hgire (seizime sicle de J.-C.) et qui ont fond des Zaouas dont beaucoup ont chou, plusieurs ont disparu et quelques-unes subsistent encore avec des influences diverses; celle de la Zaoua de Sidi Ahmed ben Mebah est purement locale. On raconte que Sidi Ahmed ben Me\'bah habitait EIQar et qu'il eut un jour une discussion qui dgnra en une vritable querelle avec le Cheikh Sidi Abderrahman el-Medjdoub, dont nous avons parl dans la tribu des Memouda. Le vieux Sidi Zouber el-Mebahi chassa de la ville d'EI-Qar les deux ennemis. Sidi Abdet'rahman alla s'tablir chez les Memouda; Sidi Ahmed, chez les Rhona o il construisit pI's du Souq es-Sebt un ermitage l'endroit o il fut enterr plus. tard et qui devint une Zaoua. Un horm trs tendu, dont les limites sont indiques par une enceinte forme d'un mur de pierres sches, entoure la Zaoua. Dans l'intrieur de ce mur, se trouvent la fJoubba blanche qui recouvre le tombeau Je Sidi Ahmed, une mosque construite en m3\:onnerie et recouverte de tuiles ct des chambres aux murs de piCl'res sches et recouvertes de chaume pour recevoir les plerins et les htes. Les biens ha bous de la Zaoua sont administrs par un Moqaddem, qui est un descendant de Sidi Ahmed. La Zekat et l'Achour du village des l\Ieab'ha sont verss aux habous de la Zaoua et servent nourrir les plerins et entretenir les Meab'ha pauvres. Il y a un mou1. Nous avons racont la vie de ce per,;onnage dans la decl'iption de la tribu du Srif o il est enterr au-dessus du Souq e1-Khemis de Bou Djedian.
ARCH. MAROC.
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ARClIIVES MAROCAINES
sem de Sidi Ahmed chacune des trois grandes ftes musulmanes, mais celui dont l'amara est la plus importante a lieu au Mouloud. Zaoui"a du Cheikh Ahmed el-Ha llo uii
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Il ya une cinquantaine d'annes, vivait au dchar d'EchChan un Cheikh er-Rema (professeur de tir) qui s'appelait le Cheikh Ahmed el-Hallouti. Il avait une rputation considrable dans toute la tribu des Rhona et dans les tribus voisines. Aprs sa mort, il a t enterr Ech-Chan ; on lui a construit un tombeau de pierres sches avec une couverture de chaume, et le respect public lui a constitu autour de son tomheau un petit horm, dont les limites ont t indiques par un mur de pierres sches. Les tireurs viennent en plerinage auprs du tombeau du Cheikh afin d'obtenir de lui la science du tir; des exercices de tir sont faits aux ftes par les gens d'Ech-Chan et des villages voisins. C'est une petite Zaoua de roumaa, tireurs. Le Cheikh Ahmed el-Hallouti n'a pas de biens habous, mais les tireurs apportent son fils des ziara (cadeaux de visite). Ce fils accompagne les tireurs et dirige les exercices de Lir, mais sans avoir la rputation paternelle.
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l'Islam, est intressante en ce sens qu'elle nous fait assister une de ces tentatives comme il y en eut un si grand nombre au dixime sicle, au moment o l'occupation par les Portugais d'un grand nombre de ports et leurs tentnlives de pntration avaient cr dans tout le pays un renouveau de fanatisme pour la dfense du territoire. Le prtexte invoqu par Sidi Ahmed pour exciter le sentiment religieux des populations tait le mme que celui qui servit aux nombreux Cheikhs du dixime sicle pour crer leurs Zaouas: la lutte contre l'envahissement tranger. C'tait en 1905, au moment des propositions de rformes faites au Gouvernement marocain par la France. Ces propositions, dont personne ne connaissait la teneur exacte, avaient t volontairement dnatures par le Makhzen et par les Choda, par tou~ ceux qui ont intrt maintenir au Maroc l'tat de choses existant et les abus dont ils vivent. Rpandues dans les Djebala, ces propositions avaient revtu les formes les plus extraordinaires. C'est ainsi que le mot hourria - la libert avait t interprt de la faon suivante: on disait que les Chrtiens voulaient donner aux femmes musulmanes toutes les liberts que les Musulmnns ignorants supposent tre le privilge des femmes europennes. Non seulement elles devaient tre libres de sortir quand bon leur semblnit et d'aller le visage dcouvert, mais cette libert devait aller jusqu' la suppression totale de l'autorit du mari sur sa femme, du pre sur sa fille. De semhlables ides devaient tre fort mal accueillies chez les Djebala, o l'autorit de l'homme sur la femme est absolue et dont l'honneur familial est trs chntouilleux. Les Chorfa pouvaient d'ailleurs avoil' de bonnes raisons de redouter l'influence europenne. Voici en efTet ce qu'crit Lon l'Africain au sujet de l'influence des POl'tugais sur la tl'ibu des Beni Arous, un tles cenll'es reli-
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ARCHIVES MAROCAINES
gieux les plus fanatiques du ~Iaroc: .Mais ces nobles (les Chorfa) exercrent une si grande tyrannie que, la nouvelle venue de la prinse d'Arzilla par les Portugalais, le populaire abandonna incontinent cette montagne (1) ... ) A ce propos, Marmol dit galement: Elle (la tribu des Beni Arous) payait tribut au roi de Portugallorsqul tait matre d'Arzilla et estait alors peuple d'une nation vaillante d'entre les Gomres (Ghomara). Elle abondait en toutes choses et avait un boul'g qui tait comme la capitale, o demeuraient plusieurs gentilshommes qui devinrent si grands tyrans du peuple que la plupart les ahandonna pour aller s'establir ailleurs. ) Il est intressant de constater que, pour chapper aux exactions des grands, un grand nombre de Djebala n'avaient pas hpsit se mettl'e sous la protection des Portugais et mme quitter leur pays pOUl' se rapprocher d'eux. On comprend aisment d'aprs cela que le gouvernement des .\lrinides et celui des Saadiens, non seulement aient autoris les prdications des Cheikhs chadilites, mais qu'ils aient mme encourag la cration de Zaouas, qui, sans cloute, diminuaient momentanment l'exercice de l'autorit centl'ale et qui cl'aient un tat de choses fcheux pour l'unit du gouvel'llement, mais qui, d'autre part, paraient au danger le plus pressant pour tous les exploiteurs des populations, qui tait de voir ces populations se jetel' dans les bras de la chrtient pour chapper aux exactions dont elles taient l'objet. De l galement les privilges accords aux Cheikhs, Chorfa ou non, et aux tribus elles-mmes pour obtenil' le concours des uns et le loyalisme des autres. Moulay Ahmed ben Ahmed el-Arousi habitait le dchar de Tadjeza, en Beni Arous. Cinq ou six ans auparavant, il avait dj tabli une Zaoua An Baraka dans la mme
1. LON L'AFRICAI:-l, ouvr. cit, t. Il, l'. 261.
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tribu. Cette Zaoua avait pris une grande importance et il s'tait form autour d'elle un vritable village. En 190ft, il vint El-Qloua pour y tablir sa nouvelle Zaoua. EI-Qloua est un terrain de pturage, dans une boucle de l'Oued Lekkous, entre les quatre tribus du Srif, des Rhona. des Beni Ysef et des Beni Zekkar, sur le territoire de cette dernire tribu sur la rive droite du Lekkous. La petite tribu des Beni Zekkar, ainsi que nous le verrons plus loin, qui ne contient que dix villages, est tantt sous la domination des Rhona, tantt sous celle des Ghezaoua; ces deux tribus se la disputent pour percevoir sur elle un tribut et des impts. Les Rhona avaient achet il y a plusieurs annes le pturage d'EI-Qloua et s'taient mme battus avec les Ghezaoua propos de la proprit de ce pturage qu'en dfinitive ils ont conserv. Les habitants du village de Righa, de la tribu des Rhona, qui avaient achet le pturage d'EJ-Qloua, l'ont donn Moulay Ahmed pour y tablir sa Zaoua E't l'ont aid. cet tablissement. Aprs avoir fond sa ZaouIa, le Chrif Arousi, dsil'eux sans doute d'y rattacher de nombreux privilges, convaincu peut-tre de la ralit de son rle de rgnrateur de l'Islam, se rendit Fs au moment o s'y trouvaient, en 1905, les trois ambassades, de France avec M. Saint-Ren TaiJ1andier, d'Angleterre, avec Sir Gerard Lowther, et d'Allemagne, avec le comte de Tattenbach. La population de Fs se prcipita la rencontre du Chrif, croyant trouver en lui l'homme de la situation qui cette poque d'ailleurs ne s'est trouv nulle part. Elle fut due par son l'aspect. ~foulay Ahmed, qui avait alors une trentaine d'annes, est assez vulgaire et peu lettr; il portait de plus le costume de tous les montagnards, c'est-dire la courte djellaba de laine noire sur la qachchaba de laine blanche. Ce paysan de la montagne, fruste d'aspect et de langage, n'enthousiasma pas, malgr son origine chri
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fienne incontestable et ses bonnes intentions, les citadi ns de Fs. Moulay Ahmed esprait, dans sa navet de CIH;rif montagnard, ignorant de toutes les ncessits de la diplomatie, tre reu par le Sultan comme un sauveur. Il ne le vit mme pas, et la Cour le maintint distance, sans s'en soucier. Du dans ses esprances de :\lusulman convaincu et de fondateur d'une Zaoua, le Chl;rif essaya de s'adresser directement l'opinion publique pOUl' la soulever en sa faveur. Il se rendit la gl'ande mosque de Qaraouyin et tonna contl'e les grands de la terre et leur corruption, disant qu'il tait venu du mausole de son anctre ~Iou lay Abdessalam pour (aire lln sultan, pour l'aider contI'e les envahissements de la chrt\tient; il sc rpandit en invectives contre les agissemenLs de la Cour, contre la prsence des ambassades Fs; I( tout cela, disait-il, Pl'Ovient du manrlue de foi religieuse, etc. . Il alla ensuite .Moulay Idris faire un discours analogue. Le Makhzen, qui avait commenClS par mpriser simplement le rgnrateur de l'Islam, commenl,:a s'inquider et dl;cida de le faire al'I'lHer. Prvenu temps, peut-Nre par des agents du ~Iakhzen lui-mme qui prdrait s'en dLal'rassel', le Chrif s'enfuit un matin la premire heure par Bab el-Guisa. Convaincu, tort sans doute, qu'il sel'ait poursuivi, Moulay Ahllled, laissant le chemin ordinaire, passa T,al' les Ilaayna, d'o il gagna les Beni Zeroual qu'il travel'sa en faisant de la IH'opagandc; il traversa ensuite les Beni }[esLal'a, dont lin certain nomhre se joignirent lui, et il arriva il El-Qloua accompagnfi d'un millier de fusils. Les provisions puisl;es, chacun renlra chez soi au bont d'une huitaine de jonrs. Mais toute cette agitation avait fait du bruit ct le :\leZOUaI' des Oulad el-Baqqal, Sidi ~Iohammell Len Targhi (1)
J. Le Mewll(l/' ou flvaqib des Oula<l clllacl'pl apparlienl tOlijollJ'" la branche des Oulad Targhi (le celle farnill(~.
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cl-Baqqali, qui habite dans la fraction des Beni Medr'acen, des Ghezaoua, El Haraaq, auprs du tombeau de Sidi Allal el-Hadj, commena prendre ombrage d0s agissements de Moula)' Ahmed, Il pouvait craindre en effet que l'influence que paraissait prendre le nouveau venu n'attirt lui les Ghezaoua, qui constituent la partie la plus importante des revenus de la Zaoua d'El-l'Haraaq. Peut-tre aussi le Mezouar des Oulad el-Baqqal avait-il l'CU avec quelque cadeau de la Cour l'expression du dsir de celle-ci d'tre dbarrasse de Moulay Ahmed et de son agitation. Quoi qu'il en soit, l'instigation de Sidi Mohammed hen Targhi, nne troupe de Ghezaoua arriva El-Qloua pour en expulser le Chr'if El-Arollsi. Les Bhona, qui avaient (;tahli ?Ioula)' Ahmed il cet endroit, snterposrent; aprs quelques pourparlers, les Ghezaoua, intimids, d'une part, par' l'attitude mena~'ant(' des Bhona, craignant d'autre part de porter la main SUl' un descendant authentique de ~Ioulay Ahdesselam, finirent par se retirer sans avoir rien fait. Le pr'e de l\Ioulay Ahmed, qui vivait au dehar d'Afernou en Beni Al'Ous, ohissant sans doute un sentiment de prudence caus par' des avel,tissements, ordonna son (ils de renoncer il ses tentatives, et ~Ioulay Ahmed rentra TadjcZ<l. La Zaoua d'El-Qloua, admiuistr'e par un Moqaddelll, continua fonctionner pendant quelque temps, puis les :iw'u (Jui la faisaient vine diminurent pr'ogl'essi\'elllt'nt et elle est aujourd'hui compltement ahandol1n(~e. Quant il la Zaoua que Moulay .'\hmed avait fondt' il 'An Baraka, clie dait elle-mme tomhe en ruines pendant que son fondateul' cherchait provoquel' dans les Jlopulations et au l\Iakhzen un mouvement de raction musulmane (,u'il aurait vo,du diriger il son profit.
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i~l'hammed.
Nous avons dj vu que les confrl'ies religieuses comptent peu d'adhrents dans les Djebala. Les montagnards sont le plus gnralement khoddam, serviteUl's de Moulay Abdessalam hen Mechich et des Oulad el-Baqqal; il Y a cependant quelques Derqaoua en Srif et en ~Ie mouda; les membres de cette confrrie sont nombreux dans les tribus du nord des Djebala, dans les Andjera, au Djebel Habib, o se trouvent des Zaouas des Oulad Ben djiba. On trouve chez les Rhona quelqueg Hamadcha (de la confrrie de Sidi Ali ben Hamdouch), surtout au dchar de Azanen ou Zanen, mais sans Zaoua. On y trouve galement quelques Assaoua. Il y a une trentaine d'annes, un de ces Assaoua, Et-Tahami, fonda au dchar des Beni M'hammed o il habitait, une Zaoua Assaoua. Son pre tait dj un des rares Aissaoua de la tribu. Et-Tahami avait toujours vcu en spculant sur la croyance et la navet des gens. Il affectait d'tre illumin et parcourait les villages en portant un chapelet gros grains au cou et une hallebarde la main. Il avait dans sa maison des serpents appl'ivoiss. Quand il jugea que son influence tait devenue suffisante, il improvisa une Zaoua d'Assaoua et s'en constitua le Moqaddem. Il se fit ensuite confirmeF cette qualit par les Chorfa descendants de Sidi M'hammed ben Asa de Mkins, auxquels il apportait une partie des ziara qu'il avait recueillies dans la tribu. Aucune construction n'a d'ailleurs t leve pour cette Zaoua. qui se composait uniquement de la maison du moqaddem Et-Tahami et la grande majorit des Rhona protestaient contre cette innovation.
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Le moqqadem Et-Tahami mourut il y a cinq ou six ans, et la Zaoua qu'il avait cre disparut avec lui.
On appelle galement Zaoua le tombeau de Sidi Asa :\foula Higha, construit au sommet de la montagne qui domine ce village. Il s'agit sans doute encore d'une tentative choue de cration de Zaoua. Le tombeau de Sidi Asa, dont J'origine est inconnue, se compose, d'une construction en pierres sches recouverte d'une toiture de chaume. Ce qui constitue la Zaoua se compose outre le tombeau lui-mme, d'une mosque et de trois chambres pour recevoir les plerins, le tout construit en pierres sches avec des toitures de chaume. Un horm d'une grande tendue est entoul' d'un mUI' bas en pierres sches. n appelle la Zaoua tout ce qui est compris dans cette enceinte. Sidi Asa a des biens habous importants administrs par un Moqaddem. Trois mOllsems y sont clbr~s, chacun l'une des grandes ftes, immdiatement aprs les mousems de Sidi Ahmed ben :\Iebah.
Les Jfarabouts.
Le sanctuaire le plus important de la tribu est celui de Sidi Ahmed Mebah, au dchar de Meab'ha et dont nous venons de parler. Sidi Alousa, origine inconnue, Zerradoun. Sidi es-Selfati (du Djebel Sellat, sur la rive gauche du Sebou, en allant Fs), Zerradoun galement. Ces deux marabouts ont un seul ha bous et un seul Mo qaddem; tous deux sont construits en pierres sches et recouverts d'un toit de chaume.
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Sidi el- Tahe!' ben A li, Bou Alloun. Sidi A hmed ben l'ahia, aux Necharyin. Sidi el-J/a!'rakchi, il Dchiar. Sidi Mohammed Bou Mendjil, Aguentour. 8idi YSl,r, Khandaq Ziara. Sidi Mcaoud, Bel/outa. 8idi Mohflmmcd cl-Hadj, Tiamma. 8idi el-Hasfln ben el-Afiga, Azdjen. Sidi Ali /Jol/harem, au milieu du dchar de Higha. Sidi J/o/llImmed ech-Chl'ir, au bas du dchar d'An elHasen dans un hois d'oliviers. Sidi Bou Hadjadj, EI-Badjin. Tous ces marahouts sont galement forms d'une construction en pierres sches, recouverte d'une toiture de chaume. Ils sont entours d'un horm plus ou moins tendu, dont la limite est indique par une muraille basse en pierres sches. Ils n'ont pour la plupart ni mousems, ni llahous, ni Moqaddcms. P!'il/l'ipau.r Chorra.
Abdelqader cch-Chahihi 1 cite parmi les horCa dcs nhona sous le rgne de ?\Ioulay er-Hechid : les Oulad Ben Chaqtir il Azdjen, et les Oulad Bcn Qtib. Ibn Hahmoun, qui vivait sous le ri~gne de Moulay Ismal, citc Ics Oulad Ben Hahmoun, de la descendance de Sidi Youni's ben nouhekcl', au dehar des l\Ieah'ha; lcs Olliad cn-Nedjal'. On cite alljoUl'd')lIIi : ~\1I dchal' de lligha : Sidi ~Iohammcd hen Larbi, dit Khamiso. Sii Ahessalam Ould cl-Faqih ben Ahmed.
1. !tIa/llIsc/'il ('il':.
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Sidi el-Hasan ben Ahmed. Sidi ~Iohammed ben Abdesselam ben Ali. Sidi ~Iohammed ben Mohammed. TOlls les cinq descendent de Sidi Yala, Chrif Idrisi, enterr Fs au quartier de Tala.
Dulad el-Baqqal.
Si di Abdessalam, aux Beni ~l'hamlUed. Si di el-~Iefeddal, aux Beni :\l'hammed. Sidi el-Ayachi, aux Beni ~I'hammed. Sidi :\Iohammed ben Ayad, aux Beni ~I'hammed. Sidi Bouselham, EI-Addamin. Sidi Abdessalam ben Ahmed, il EI-Addamin. Sidi Qlsem ben ~Iohammed, El-Adda min. Sidi Abdessalam ben Ahmed, il El-Chan. Sidi Ali ben Qasem, El-Chan. Sidi Abdessalam ben el-~lefeddal, El-Chan. Sidi Mohammed ben ~Iohammed, Uoutenou. Sidi Qasem ben Ali, Boulenou. Sidi Ahdessalam hen Abdessalam, il Boutenou. Sidi el-Tayeb ben Ilahmoun, aux Meab'ha .
.lleal/ha.
Sidi Mohammed hen ~Ie~~bah, aux ~Ie~~ah'ha. Sidi et-Taher ben Ahmed, aux Mec:ah'ha. Sidi Bouaza, aux Meab'ha. Sidi Allal hen Abdessalam, aux ~Ie('ab'ha. Sidi Qasem hen el-Djilani, aux ~Ie~~ah'ha.
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Les principaux Adoul sont: Si el-Hachemi ben el-Arbi, Cedaq. Si Abdessalam ben Ahmed, Alouar. Si ALdessalam ben Idris, Zetouna. Si Ben Qasem, Bou Alloun. Si Abdallah Ould Si el-Hachemi, EI-Badjin. Si Ben et-Tayeb ben Hahmoun, aux Mel,,~ab'ha. Si el-Hasen ben et- Tahami, Ech-Chan. Sidi Allal el-Baqqali, Ech-Clwn. Si Allal Ould EI-Halloti, Agda. Si Abdessalam Ould Chtit, Azanen.
Influences religieuses.
Il serait difficile de dlimiter exactement l'influence exacte de chaque Zaoua dans la tribu j cependant on remarque que les fractions des Beni Zekkoun, des Fatahna et des Outaouyin envoient Ouezzan la totalit de leur aum6ne religieuse (Zekat et Achour). Les fractions des Beni Hachem et des Oulad Bou Handa envoient une petite partie de leur aumne religieuse Ouezzan, mais en versent la plus grande partie aux Oulad el-Baqqal. Aprs la rcolte, les Oulad el-Baqqal de la Zaoua d'EIHaraaq envoient des serviteurs et des mules recueillir l'Achour dans les tribus, tandis que les Chorfa d'Ouezzan attendent que cet Achour leur soit apport. Plusieurs habitants des Rhona vont verser leur Achour la Zaoua des Oulad el-Baqqal de Dar el-Atlar dans le Srif. Tous les Rhona contribuent l'entretien de la Zaoua de Sidi Ahmed Mebah, mais ils prlvent ce qu'ils donnent cette Zaoua sur leurs biens personnels et non pas sur leur aumne lgale, qui est verse exclusivement aux Chorfa d'Ouezzan par les uns, aux Oulad el-Baqlfal par
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les autres, quelquefois aussi, partage entre les uns et les autres. Quant au Bit el-Mal, devenu aujourd'hui le Trsor Chrifien, au lieu d'tre demeur le Trsor de la Communaut musulmane, les Rhona, de mme que les autres Djebala, n'y versent absolument rien de leur aumme lgale, moins d'y tre contraints par la prsence d'une Mehalla contre laquelle ils ne peuvent pas lutter.
CHAPITRE V
&.
La tribu des Beni Zekkar est limite l'ouest par les Beni Ysef; leurs dchars en face de cette tribu sont: Dar el-Qedima, Khandaq el-Djenna; au nord par les Akhmas ; les dchars qui font face aux Akhmas sont: Ferara, Azemourin, Oulad Bou Melilah; l'est par les Ghezaoua; les dchars en face des Ghezaoua sont: Taoujel et Tazeroul, qui regarde les Ghezaoua et les Rhona; au sud par les Rhona; les dchars qui sont en face de cette tribu sont: jJfelraza et Anacel, qui sont en face du Souq es-Seht des Hhona, dont ils sont spars par l'Oued Lekkous. Les Beni Zekkar sont sur la rive droite du Lekkous, (lui, aprs avoir coul entre le Srif et les Rhona, spare ces derniers des Beni Zekkar sur un parcours peu tendu, aprs avoir touch l'extrme limite des Beni YseC. L'Oued Lekkous l'emonte ensuite vers le nord-est en sparant les Beni 'Zekkar des Ghezaoua, puis, tournant l't'st, il passe entre les Ghezaoua et les Akhmas, dont il sort. A l'endroit o il spare les Beni Zekkar des Rhona, le Lekkous Cait Ulle boucle dans laquelle se troU\'e le pturage de Qloua, <lui est SUl' la l'ive droite de la l'ivire et par consquent en tenitoire zekkal'i, mais qui a t achet il y a dj plu-
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sieurs annes par les habitants du village de Righa, de la tribu des Rhona. Les Beni Zekkar, qui sont aujourd'hui uniquement connus sous ce nom, sont appels par les auteurs et traducteurs europens Beni Felerkan, Beni Fensecare, Beni Fensacare, Beni Fenzikar et Beni Zekkal. Certains auteurs arabes, entre autres ceux de la Dohal en-Nachir, du Mouatti el-Asma et de la Saloual el-A nfas, les appellent les Beni Fezekar. Faut-il en conclure que tel est leur vritable nom, ou ne s'agit-il que d'une erreur de copiste qui a t reproduite dans tous les ouvrages arabes et dans les traductions? D'autre part, il existe encore aujourd'hui Ttouan plusieurs familles du nom de Oulad el-Fezekari. On pourrait conclure de cela que les Beni Zekkar ne correspondraient pas aux Beni Fenzikar ou Fensacar, etc. Cependant la situation indique par EI-Bekri t pour les Beni Felerkan est bien celle de la tribu actuelle des Beni Zekkar, et il est hors de doute que c'est de celle-ci qu'il entend parler lorsqu'il dit: A l'occident de ce lieu (Hadj al' en-Necer en Soumata) est situ le canton de Rehouna et, l'orient, le tel'l'itoire des Beni Felerkan, tribu Ghomaride. Lon l'Africain les appelle les Beni Fensecare. cc Cette montagne icy confine avec la prcdente (nhona) et contient, en longueur, environ 20 et 5 milles et 8 en largeur, tant beaucoup mieux habite que l'autre, et y a plusieurs tissiers de toiles, avec des tanneurs de cuir de vache en grand nombre. Les habitants d'icelle assemblent de la cyre en quantit et font le samedy un march o se trouvent des marchans de toute qualit, jusques aux Genevoys, lesquels s'y transportent pour acheter de la cyre et des cuirs de vache qu'ils font tenir en Portugal et Gennes.
1. Description de l'Afrique seplenlrionale, lraduction de Slane. Journal asiatique, 1859, t. l, p. 331.
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Cette montagne rend de rentes six mille ducatz dont la moiti revient au capitaine d'Ezzagen et l'autre est applique pour la chambre du Roy de Fez l . '1 Marmol ajoute ces renseignements que les Beni Zekkar ne recueillent que de mchante orge et peu de froment; mais ils ont force troupeaux et vivent plus leur aise que ceux de l'autre montagne parce qu'ils sont moins tour ments des rois de Fez. Ils ont quinze mille hommes de comhat, gens orgueilleux, barbares et de mauvaise humeur, qui s'entre-tuent souvent par jalousie. On les nomme Benizquers el ils sonl d'enlre les Ghomres 2 . On pourrait tre tent d'tablir un rapprochement entre les Beni Zekkar des Djebala et les Zkara qui sont voisins de la frontire algrienne et sur lesquels M. Mouliras a fait, il y a quelques annes, une si intressante tude 3. Mais d'aprs les documents de M. Mouliras, les Zkara sont Znles, tandis que les Beni Zekkar des Djebala sont Ghomara. D'autre part, les murs des Zkara semblent se rapprocher davantage de celles des Bedadoua' que de celles des Beni Zekkar. Cependant il faut remarquer un fait assez singulier et qui peut constituer un rapprochement entre les Zkara et les Deni Zekkar, outre la ressemblance de la consonnance de leur dnomination, c'est que les uns comme les autres sont l'objet d'un certain mpris de la part de leurs coreligionnaires des autres tribus, et c(u'ils sont considrs comme Musulmans douteux. M. Mouliras nous apprend que les Zkara sont considrs comme d'origine chrtienne et qu'eux-mmes ne semblent pas trs attachs l'Islam. Les Beni Zekkar ont la rputation
I. LON L'AFRICAIN, Hisloire el description de l'Afrique, t. Il, p. 260. 2. MARMOL, {"Afrique, t. Il, p. 241\. 3. fl Une tribu znte anti.musulmane au Maroc. (Les Zkara) , par AUGUSTE MOULIRAf', professeur de la chaire d'arabe Oran, laurat de l'Acadmie franaise, prsident de la Socit de gographie et d'archologie d'Oran. Paris, Augustin Challamel,1905. 4. Cf. Archives marocaines, l. Il, p. 358 fl Les fledadoua ., par G. SAI.MON.
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d'tre d'origine juive et d'avoir conserv tous les instincts de cette race. Comme nous l'avons vu, Bou-f- TiollT', dans les surnoms qu'il donne aux diffrentes tribus, a rserv celle des Beni Zekkar le nom de ROllb'Q - colporteur - c'est--dire celui d'un mtier presque exclusivement exerc par les Juifs peu considrs. On sait qu'un grand nombre de tribus berbres ont t chrtiennes ou juives avant d'tre islamises, et il n'y a rien de surprenant ce que les Zkara et les Beni Zekkar aient t jadis juifs ou chrtiens. L'exigut de la tribu des Beni Zekkar, leur petit nombre, qui les maintient dans un tat d'infriorit au milieu des tribus contre lesquelles ils sont dans l'impossihilit de lutter, l'obligation mme o ils sont d'tre toujours dans la vassalit d'un de leurs voisins pour ne pas tre dvors par les autres, toutes ces circonstances peuvent permettl'e de supposer que les Beni Zekkar des Djebala, tout en tant considrs comme Ghomara, par le fait qu'ils vivent au milieu de tribus ghomariennes} et qu'ils en sont vassaux, soient effectivement une colonie Znte qui, une poque recule, serait venue s'tahlir dans les montagnes des Ghomara. Les Beni Zekkar sont encore aujourd'hui rputs pour leur habilet commerciale. La production de la cire dont parlent Lon et Marmol, comme une des principales indus tries des Zekkal'a, n'a plus l'importance qu'elle avait alors, ni les tanneries. Ces deux industries de la cire et du cuir tann se trouvent dans toutes les tribus des Djebala, mais n'y tiennent pas la premire place, et les Beni Zekkar ne font pas exception la rgle gnrale. Par contre, il y a chez les Beni Zekkar de nombreux oliviers, et leur huile, dont ne parlent ni Lon ni Marmol, est la plus rpute de toute cette rgion des Djebala et se vend toujours un prix supl'ieur l'huile des autres tribus. Les Beni Zekkm' ont galement des vignes, des jardins
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potagers, des jardins d'orangers et de citronniers et de beaux vergers. Ils ont des troupeaux considrables et labourent suffisamment pour leurs besoins. Leurs montagnes sont remplies de sources abondantes. Comme nous l'avons dit, les Beni Zekkal' sont trs commerants; ils transportent leurs huiles, leurs ufs, leurs fruits secs Tanger, Ttouan, EI-Qar, et jusqu' Fs; ils louent galement leurs mules pour faire des transports. Le march du samedi dont parle Lon a exist jusqu' ces dernires annes. Il est inutile de dire que depuis longtemps les Chrtiens n'y peuvent plus aller et que les Genevoys ne pourraient plus faire aujourd'hui ce que faisaient leurs anctres il y a cinq cents ans. Ce march, que l'on appelait Sebi el-Qannar, est tomb en dsutude, et les Soumata vont faire leurs affaires au Souq es-Sebt des Rhona, de l'autre ct du Lekkous. Le Sebl el-Qannal' n'est rtabli que lorsque les relations sont mauvaises entre' les Soumata et les Rhona. Au point de vue administratif, les Beni Zekkar n'ont pas d'existence propre et vivent toujours dans la vassalit d'un de leurs voisins, les Ghezaoua ou les Rhona, qui se les disputent mme quelquefois par les armes. Depuis de longues annes, les Beni Zekkar sont dans la dpendance des Ghezaoua et suivent le sort de cette tribu, c'est--dire que depuis plus de vingt-cinq ans ils ne sont en ralit soumis l'autorit d'aucun fonctionnaire du l\[akhzen. Les Beni Zekkar payent tribut aux Ghezaoua sous la protection desquels ils vivent, mais ils ne payent aucun impt au Makhzen.
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Liste des villages. Ferrara ~\..;? Au nord de la tribu, en face des Akhmas. 20 maisons, 120 habitants. 30 bufs et vaches. 250 moutons. ftOO chvres. 6 atteles de labour. S juments. '15 mules et mulets. 1 mosque-cole, Habous, Nadir. Azemourill ~.) ..... jl. En face des Akhmas. 25 maisons, 130 habitants. '..0 bufs et vaches. 300 moutons. 600 chvres. 8 atteles de labour. 10 juments. 20 mules et mulets. 1 mosque-cole j Habous; Nadir. Oulad Bou Melilah
20 fusils.
25 fusils.
&.y. ,) Y-,\.
des Akhmas. 15 maisons, 80 habitants 25 bufs et vaches. 100 moutons. 250 chvres. ~ atteles de labour.
A reporter.
57 fusils.
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Reporl..
5 juments. 10 mules et mulets. 1 mosque-cole j Habous; Nadir.
57 fusils.
Toudjhil ~ y. En face des Ghezaoua. 12 maisons, 70 habitants 20 bufs et vaches. 100 moutons. 200 chvres. 2 atteles de labour. A juments. 8 mules et mulets. 1 mosque-cole; Habous j Nadir. Tazeroul ~J~. En face des Ghezaoua et des Rhona. 25 maisons, 1ft0 habitants. 50 bufs et vaches. 300 moutons. 500 chvres. 7 atteles de labour. 10 juments. 20 mules et mulets. 1 mosque-cole j Habous; Nadir. Zaoua de Moulay Abdallah el-Ghazouani. Melraza i)..,,:... En face des Rhona. 30 maisons, 160 haLitants. 50 hufs et vaches. 300 moutons. 600 chvres. 8 atteles de labour. A reporler.
to fusils.
~5
fusils.
30 fusils.
ARCHIVES l\IAROCAINES
Reporl.
10 juments. 25 mules et mulets. 1 mosque-cole; lIabous; Nadir.
122 fusils.
Anasel J...~1. En face et prs du Souq esSebt, du Srif. 40 maisons, 220 habitants. 50 bufs et vaches. 400 moutons. 800 chvres. 10 atteles de labour. 15 juments. 25 mules et mulets. 1 mosque-cole; Habous; Nadir. A ln ez-Zialen J~)' ,j-? En face du Dchar de Righa en Hhona. 50 maisons, 270 habitants. 70 bufs et vaches. 500 moutons. 1.000 chvres. 12 atteles de labour. 15 juments. 30 mules et mulets. :! mosques-coles (dont une mosque de Khotba) ; Habous; Nadir. Ed-Dar el-Qedima ~.A.Al')..J1. A l'ouest de la tribu, du ct des Beni Ysef. 1 il maisons, 80 habitants 20 bufs et vaches. '1 ;>0 moutons.
A reporler.
50 fusils.
50 fusils.
15 fusils.
237 fusils.
~55
Report.
250 chvres. 4 atteles de labour. 6 juments. 10 mules et mulets. 1 mosque-cole, Habous, Nadir.
237 fusils.
El-Qli'a ~1. En face du dchar d'Agrazen en Ghezaoua. 10 maisons, 60 habitants 50 bufs et vaches. 60 moutons. 1.500 chvres. 3 atteles de labour. 20 juments. 30 mules et mulets. Ce village est l'endroit de pturage de plusieurs villages de la tribu. 1 mosque-cole; Habous j Nadir.
Total des fusils .
10 fusils.
282 fusils.
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ARCHIVES MAROCAINES
Zaouias.
La seule Zaoua des Beni Zekkar est celle de Moulay Abdallah el-Ghazouani Tazerout. Quoique ce personnage n'y soit pas enterr, puisque son tombeau se trouve Marrakech, on lui a construit Tazerout une qoubba en mmoire de son sjour en cet endroit. Il est possible d'ailleurs que cette qoubba recouvre le tombeau du fils ou d'un descendant de Moulay Abdallah, et que le nom de leur illustre anctre ait prvalu sur le leur. Moulay Abdallah a d, en effet, se marier chez les Beni Zekkar et y laisser de la postrit, puisque l'on y trouve encore aujourd'hui de ses descendants. Le pre de Sidi Abdallah el-Ghazouani, Cheikh Adjal, est enterr EI-Qar el-Kebir, en dehors du quartier de Bab el-Oued, auprs du tombeau de Sidi Abdallah elMedloum. Il C'tait, dit la Dohal en-Nachir l, un saint homme, sans demeure fixe; il ne possdait rien; il errait dans les tribus et les villes et parcourait les Souqs et les runions en chantant. Mohammed Ibn Asker, l'auteur de la Dohal, raconte que sa mre leur disait que le Cheikh Adjal venait dans la maison de son pre quand elle tait petite et que tous les gens de la maison, y compris les femmes et les enfants, venaient sa rencontre pour lui baiser la main et lui demander sa bndiction. Il disait entre autres choses: J'ai un fils qui tudie les sciences sacr6s; il aura une rputation consiJrable et des disciples aussi nombreux qu'un monceau de raisins secs et, comme ces raisins, le plus petit d'entre eux sera aussi doux que le plus grand. Le Cheikh Adjal est mort vers l'an 915 de l'Hgire.
1. Ouvrage cU, p. 73.
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Voici le rsum de la vie de Sidi Abdallah elGhazouani d'aprs le Moualli el-Asma, la Dohal en-Nachir et la Saloual el-A n{as '. Parmi les disciples de Cheikh Abdelaziz et-Tebba, se troU\'ait le Cheikh .\bou Mohammed Abdallah ben ,/ Adjal el-Ghazouani; il tait oriJinaire des Ghazouan, tribu arabe du Maghrib; quelques-uns prtendent qu'il tait Chrif Alaoui. Il tait Qolb et Ghaoul, et il avait hrit de toutes les vertus de son Cheikh. Abou-l-ALbas el-Marabi dit, en parlant de lui, qu'il runissait en lui toutes les' qualits de Soufi accompli, qu'il tait le Qolb de son temps, que ses miracles innombrables et qu'un gl'and nombre de Cheikhs provinrent de lui. Abou-l-Abbas Ahmed ben A bdallah ben A bi MahaUi es-Sidjlamassi dit que l'influence d'EI-Ghazouani tait considrable et indniable et qu'elle s'est exerce dans les plaines et dans les montagnes du Gharb. Ibn Asker dit : Il El-Ghazouani est le, Cheikh des Cheikhs; il comprend la gloire et la grandeur de Dieu et il proclame sa prsence par toutes ses paroles et par toutes ses actions; et il ajoute: Cet homme est lui-mme un miracle des miracles de Dieu dans son royaume; c'est le premier des oualis et c'est celui 'fui conduit dans la vie de Dieu, etc. EI-Ghazouani tudia Fs, o il suivit les cours du Cheikh Abou-l-Hasan Ibn Salah el-Andalousi. II resta avec lui un certain temps et put se rendre compte de la puissance de sa baraka. Il lui demanda la manire de conduire ses disciples dans la voie du Prophte; El-Hasan lui rpondit : 0 mon enfant, le Matre de l'heure est Marrakech; va le trouver , et il l'envoya au Cheikh Abou Faris Abdelaziz elTebba, surnomm El-Harrar, parce qu'il travaillait la soie, et qui vivait Marrakech. ElGhazouani resta un cel'tain temps au service du Cheikh,
1. Ouvrages cits.
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ARCHIVES MAROCAINES
(lui le chargea de la garde de son jardin. Un jour, il dit ses disciples: Allons au jardin d'EI-Ghazouani ; entrezy, et lorsque vous rencontrerez un jardinier, frappez-le et enlevez tous les fruits du jardin. Ils taient plusieurs cen taines, et ils partirent; le Cheikh devait les rejoindre plus tard. Quand ils arrivrent au jardin, ils virent qu'il tait trs bien tenu; mais la porte tait solide et la haie trs fournie; ils ne purent entrer; ils demandrent EI-Ghazouani de leur ouvrir, mais il refusa; ils restrent ainsi devant la porte jusqu' l'arrive du Cheikh Abdelaziz, qui leur demanda ce qui les empchait d'entrer. Ils le lui dirent. On ne peut avoir de meilleur gardien qu'EI-Ghazouani, dit le Cheikh, et s'adressant celui-ci, il ajouta: Ya ! tu es arriv tes fins! c'est--dire tu as la part de haraka que tu cherchais. Sidi Abdallah runit alors des disciples et il partit pour une autre tribu du Habi que l'on appelle les Beni Fezekal' et il s'installa Tazerout, prs d'une source, et y resta longtemps avec ses disciples qui augmentaient de nombre tous les jours. Le propritaire de la source et du terrain o elle se trouvait en fit don El-Ghazouani; il accepta ce don et, avec ses disciples, construisit des maisons o ils s'tablirent. Le nombl'e de ses disciples augmentant toUjOUl'S et les gens venant lui de toutes contres, le faqih Abdelkehir el-Badisi, Sefiani d'origine, qui tait Qadi des Mehallas du Sultan Ahou Abdallah Mohammed ben ech-Cheikh el-Merini el-Berkassi, surnomm ElPortogalli, avertit son matre de l'importance que prenait EI-Ghazouani et de ses agissements. Sidi Ahdallah disait en effet qu'il tait le matre de l'heure et qu'il tait Sultan. Mohammed ben Cheikh, craignant pour son trne, donna l'ordre d'arrter EI-Ghazouani et de l'amener Fs. A la mme poque, Sidi Abdallah alla avec ses disciples en plerinage Moulay Bouselham 1. EI-Arousi,
1... l\Ioulay Bou8elham el son pll'rinllge. " Cf. Archives mm'ocaines,
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Qad d'EI-Qar el-Kebir, vint au-devant de lui Taguenaoul, o se runissent les plerins qui vont ~loulay Bouselham, et lui remit une lettre du Sultan lui ordonnant d'aller Fs. C'est un devoir que d'obir au Sultan >l, dit le Cheikh, et s'adressant ses disciples (lui l'accompagnaient : L'intention du plerinage suffit >l, leur dit-il. Le Qad le fit enchaner et il partit pour Fs accompagn de ses disciples, dont le nombre diminuait chaque couche, de telle sorte qu'il arriva seul il Fs ou peu [H's. Le Sultan, qui faisait lui-mme une expdition contre les Chrtiens d'Arzila, l'avait recommand la surveillance spciale du Qad Ben Chekroun, qui le mit dans la prison de Fs el-Bali. A son retour, le Sultan fit appeler Ben Chekroun, qui lui dit que chaque nuit EI-Ghazouani faisant tomber miraculeusement les fers dont il tait chal'g, qu'il s'en allait, qu'il revenait au jour, et qu'on le retrouvait avec ses fers. Frapp de ce miracle, l(~ Sultan fit mettre Si di Abdallah en libert, lui fit des excuses et le pria de rester Fs. Aprs tre rest quelque temps dans cette ville o il fonda une Zaoua prs de Bab el-Fetouh, l o est enterr maintenant son disciple Abou .\bdallah Mohammed ben Ali et-Taleh, EI-Ghazouani pm'tit pour )larrakech en disant: Du fait de mon dpart, le rgne des Mrinides est fini. Cela se passa vers t);30. ElGhazouani prit ensuite parti pour les Saadiens qui venaient de s'tablir ~Iarrakech, et il construisit dans ceUp ville une Zaoua: o se runirent autour de lui un nontlll'pconsidrable de disciples. D'aprs Ibn Asker, dans la Dohal en-Nach', Sidi Abdelaziz et-Tehba et son disciple Sidi Abdallah el-Ghazouani sont les deux Cheikhs qui ont le plus contribu rpandre la doctrine de Mohalllllle hen Souleiman el-Djezouli,
t. VI, " Les Tribus 31'a!JeS de la valle du Lekkolls" dwpill'c X1.\,
p.
3;'j~.
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ARCIllVES
~l.\ ROC.\l~ES
tel point que la Tariqa et la Trtl'fal el-Djl>zouliya sont surtout connues sous le nom de Tariqal ou de Tailrt! el-Tebbaya el-Ghazouaniga. Sidi Abdallah el-Ghazouani est mort en 9~5 il Marrakech, o il est enterr dans sa Zaoua au quartier des Qour. Les biens hahous de la Zaoua de Si di Abdallah el-Ghazouani, chez les Deni Zekkar, sont administrs par le ~loqaddem de cette Zaoua. Le mousem de Sidi Abdallah est c~lbr en automne par une amara considrable, o se runissent toutes les tribus montagnardes des environs et o se rendent galement des arabes de la plaine.
Les Chorfa.
Voici ce qu'crit Chabihi t propos des Chorfa des -Beni Zekkar : Toutes les prtentions chrifiennes des familles tablies depuis l'Oued Olwrfjlza jusqu' Targha peuvent tl'e examines, sauf trois groupes: le premier comprend les descendants des compagnons d'Abou-tTouadjin, le lneurtrier du Qolb Ahdessalam ben MechicQ; le second groupe comprend les compag/lons de IJandal
1. .\1l0El.Q.\OEn E<:JI-CIL\1l1ll1 EI.-I1.\".\'<1 EI.-DJOI:T1. ml/Ill/scril cil.
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le Juif 1 de la t"ibu des Beni Zekkar relgus Al'n Ziaten: ce sont les Oulad JJlebkout apparents aux Oulad Es-Sai1"i; les Beni Zekkar sont issus de quatre aeux: Al-Kaz, Ta/y, Tarn/n, et Khalouf. Le troisime groupe, etc ... Ibn Rahmoun:2 reproduit exactement les dires d'EchChabihi, qui dit galement que les Oulad Khalloq qui habitent les Beni Zekkar ne sont pas Chorfa, mais qu'ils sont descendants de l'Ouali alih Sidi Ahmed et-Tarradj. Parmi les Chorfa des Beni Zekkar, Ibn Rahmoun qui, nous l'avons vu, crivait en 1105 de l'Hgire (1693 J.-C.), cite: Parmi les descendants d'Omar ben Idris, les Ou/ad el-Aboudi Tacerout ou Tazerout et An Ziaten, le Sid Omar Chrif et son cousin Khanaq el-Djenna, qui sont des Beni Amran. Parmi les autres familles chrifiennes, il cite les Oulad Zerrouq, les Oulad ech-Chrif,auxquels appartient le Qadi Sidi Qasem ben Othman. D'aprs le registre du Naqib des Chorfa Moulay Ahmed hen ;\bdellouahhab, Ibn Rahmoun cite galement parmi les Chorfa des Beni Zekkar : les Oulad Ben Ath, les Oulad Ben Rahmo".n et les Oulad Ben Malek. Les principaux Chorfa connus aujourd'hui dans la tribu des Beni Zekkar sont: Sidi Ahdessalam elDjafni Ferrara. Son frre Sidi Ahmed, Ferrara. Sidi el-Alami, il An Ziaten. Sidi et-Tuher el-Alami, An Ziaten. Sidi ~lohaJllllled hen ,\hdessalam EI-.\lami, .\rn Ziaten. Sidi el-Ayachi el-Ghazouani, Tazerout.
1. Comme nous l'avons dt"j vu, la notorit publique donne aux Beni Zekkar une o.. i~ine juive. 2. Ouvrage cit, traduction Salmon . Irchives marocaines, t. III, fase. II, p. 249. 3 0 11
,162
ARCHIVES MAROCAINES
Sidi Qasem el-Ghazouani l, Tazerout. Sidi Abdessalam ben et-Taeb, Tazerout. Sidi el-Ghazouani ben Mohammed, Tazerout.
Les Nolables.
Si Abdessalam ech-Chetioui, An Ziaten. Si Ahmed Ben Ali Ben Qasem Ech-Chetioui, An Ziaten. Ahmed ben Ali el-Qasmi, An Ziaten. Si Abdessalam Ould Tribes, Khandaq el-Djenna. Si et-Taeb, Khandaq el-Djenna. Si el-Mokhtar, Dar el-Qedima. Si el-Ayachi ben Ahmed, Metraza. Si di Mohammed ben Chrif, Metraza. Si el-Alami, Ferrara.
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Si el-Alami ben Mohammed, Ferrara. Sidi Mohammed el-Arousi, Ferrara. Si Ahmed ez-Zelaoui, Tazerout. Si et-Tayeb ben Ahmed, An Ziaten. Si Ali ben Mohammed, Metraza. Le Cheikh est le Hadj et-Taeb du Khandaq el-Djenna. II est nomm par la tribu et ne relve en rien du Makhzen.
CHAPITRE VI
Le vritable nom de cette tribu est Beni Youser, qui est devenu Beni Yser, du fait de la prononciation particulire des Djebala. On ne trouve de traces d'une tribu de ce nom, dans la rgion du Habt, ni dans EI-Behi, ni dans Ibn Khaldoun, ni dans Lon, ni dans Marmol. Ces deux derniers auteurs parlent d'une tribu que Lon appelle les Beni Joseph l, et Marmolles Beni Josef2, mais ils la placent dans le Rif. Il est possible que la tribu actuelle des Beni Yser des Djebala soit compose d'migrants des Beni Yousef du Rif, ou peut-tre cette tribu montagnarde a-t-elle tir son nom de Sidi y sef et-Tlidi, qui en est le patron, quoique sa Zaoua et son tombeau se trouvent sur le territoire des Akhmas, peu de distance de la tribu des Beni Ysef. D'autre part, on ne parle plus des Beni Tlid, d'o Sidi y sei a tir son nom et qui se trouvaient dans cette rgion. Au point de vue administratif, les Deni Ysef ont suivi le sort des Soumata et du Srif. Comme les Soumata, il y a de longues annes qu'ils n'obissent effectivement aucune
1. LON L'AFRICAIN, t. Il, p. 285. 2. MARMOL, t. Il, p. 271.
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autorit, si ce n'est celle de leur Cheikh, et de puisla mort du Qard el-Khalkhali, ils n'ont mme plus de Qad nominal. Il n'y a dans la tribu des Beni Ysef qu'un seul march de mdiocre importance, le Souq et-Tleta des Beni Yahia. La principale industrie des Beni Ysef est le sel, qui s'y trouve en grande quantit. La tribu des Beni Ysef est limite, au nord et au nordest, par les Akhmas; au nord-ouest, par les Beni Arous et par les Soumata j l'ouest par le Srif j au sud-ouest par les Rhona j l'est et au sud-est par les Beni Zekkar. La limite entre les Beni Ysef et le Srif est forme, sur une certaine longueur, par l'Oued Azela (Ouarour), qui descend de Sidi el-Mezouar en Soumata et traverse le Srif pour en sortir dans le Khlot sous le nom d'Ouarour. Les villages du Srif et des Beni Ysef qui sont sur les deux rives de l'Oued Azela, l'un en face de l'autre, sont: Chebikat ed-Dib en Beni Ysef. Hamimoun en Srif. af Ouhr en Beni Ysef. Si Bou Cefro en Srif. Aguir et Oued Dar en B('n~ Ysef. Azib el-Merinyich en Srif. A partir du Dchar de Merchaq en Beni Ysef, l'Oued Azela pntre dans le pays du Srif. La limite entre les Beni Ysef et les Rhona est forme un moment, au nord de cette dernire tribu, par l'Oued Lekkous, la pointe sud des Beni Ysef, aprs que cette rivire a spar les Rhona des Beni Zekkar et avant qu'il ne forme la limite entre les Rhona et le Srif. Le torrent de Khandaq el-Djenna, qui prend sa source dans les Beni Ysef, les spare sur un certain parcours des Beni Zekkar qu'il traverse ensuite pour tomber dans le Lekkous avant que cette rivire ne forme la boucle d'El-Qloua en amont. Ce torrent prsente cette particularit que son eau est sale sur la rive droite et douce sur la rive gauche.
ARcn. MAROC.
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ARCHIVES MAROCAJ:\'ES
Sur les deux rives du Khandaq el-Djenna, se trouvent vis--vis les uns des autres, les villages suivants: EI-Meggadi et An Chaq, Beni Ysef. Khandaq el-Djenna et Dar el-Kedima, Beni Zekkar. El-Hama, Beni Ysef. An Ziaten, Beni Zekkar. A partir de l, le Khandaq el-Djenna entre dans la trihu des Beni Zekkar.
Les {raclions.
La tl'ibu des Beni Ysef se divise en quatre fractions: Xlaollyin, du ct des Rhona. Beni A bdallah, du ct des Akhmas. Reni Yahia, du ct des Soumata. /leni A selman, du ct des Beni Arous. Le:; Chorfa lIaraqyin sont compts en dehors de ces quatre fractions, sans cependant en former une cinquime, parce qu'ils sont rpandus dans toute la tribu.
Lisle des "iUages. Ameggadi \$,)6.:..\. Au-dessus du Khandaq el-Djenna, au" nord-est de la tribu, direction des Akhmas. 120 maisons, 650 habitants f 50 hufs et vaches. 1.000 moutons. ~.500 chvres. :W atteles de lahour. :!5 juments. A
l'l'portel'.
150 fusils.
150 fusils.
~67
Report.
hO mules et mulets. 2 mosques-coles; Habous; Nadir. La principale industrie de ce village est le sel.
'Ai"n ech-Chaq ~\~. 15 maisons, 80 habitants . 30 bufs et vaches. 80 moutons. 200 chvres. 2 atteles de labour. 3 juments. 5 mules et mulets. '1 mosque-cole; Habous; Nadir. El-Hamm a ~6J\. Au sud de la tribu, du ct des Rhona. 40 maisons, 200 habitants. 60 bufs et vaches. 300 moutons. 800 chvres. 10 juments. 20 mules et mulets. i mosque-cole; Habous; Nadir. Principales industries: le tan et les poutrelles. Taria ~.J. Prs du prcdent, en face des Rhona. 30 maisons, 170 habitants . 50 bufs et vaches. 300 moutons.
150 fusils.
20 fusils.
hO fusils.
as fusils.
A reporter.
2h5 fusils.
ARCHIVES MAROCAl:"ES
Report. 200 chvres. 6 atteles de labour. 10 juments. 20 mules et mulets. La principale industrie de ce village est la fabrication des fromages. Grands jardins d'orangers et de citronniers entre Taria et Merchaq. Une grande mosque-cole, qui est mosque de Khotba j Habous; Nadir. Merchaq J~J"'. Au nord et 500 mtres environ du prcdent. 12 maisons, 65 habitants 20 bufs et vaches. 100 chvres. 3 atteles de labour. ft juments. 8 mules et mulets. 1 mosque-cole; Habous; Nadir. Adder .)bl. Prs du prcdent, direction du Srif. 50 maisons, 80 habitants 12 bufs et vaches. 200 chvres. ft juments. 6 mules et mulets. 1 m~sque-cole; Habous; Nadir. Aguir ~1. A 200 mtres environ du prcdent. 12 maisons, 65 habitants . A repol'/('f'.
245 fusils.
12 fusils.
20 fusils.
469
Report.
10 bufs et vaches. 200 chvres. 4 juments. 5 mules et mulets. 1 mosque-cole; Habous; Nadir. Aguir et Adder out de grands jardins d'oliviers et de citronniers.
292 fusils.
Chebikal ed-Dib ,="".i.ll~. En face d'Hamimoun en Srif, sur l'Oued Azila. '.0 maisons, 220 habitants. 30 bufs et vaches. 150 moutons. 600 chvres. () atteles de labour. 10 juments. 12 mules et mulets. 1 mosque-cole; Habous; Nadir.
40 fusils.
.1
T't'P0l'lt'T'.
fusils .
470
ARCHIVES IItAROCAINES
Report.
10 bufs et vaches. 60 moutons. 400 chvres. 3 atteles de labour. 4 juments. 6 mules et mulets. 1 mosque-cole; Habous; Nadir.
377 fusils.
15 fusils.
'An Kelba ~~. A l'est du prcdent, en face des Beni Zekkar. '25 maisons, I!JO habitants.
'25 fusils.
,,:n
fusils .
4il
Report.
20 bufs et vaches. 200 moutons. 800 chvres. 5 atteles de labour. S juments. 12 mules et _nulets. 1 mosque-cole; Habous; Nadir.
'.3i fusils.
El-Kharba ~ ~1. Au milieu de la tribu. 80 maisons, 170 habitants. 25 bufs et vaches. 250 moutons. 800 chvres. 6 atteles de labour. 8 juments. 1ft mules et mulets. i mosque-cole; Habous; Nadir. Feddan el-Djebel ~I 01~. A l'ouestde la tribu, direction du Srif. 25 maisons, 140 habitants. 20 bufs et vaches. 200 moutons. 500 chvres. 6 atteles de labour. 10 juments. 15 mules et mulets. i mosque-cole; Habous; Nadir. Feddan Dra IJ ,) 01~. Sur l'Oued Azila, en face de Sidi el-Mezouar, en Soumata. 15 maisons, 80 habitants. A reporter.
30 fusils.
25 fusils.
'15 fusils.
aOi fusils.
ARCHlVES MAROCAINES
Report.
:W bufs et vaches. 250 moutons. 600 chvres. 4 atteles de labour. (j juments. 10 mules et mulets. 1 mosque-cole ; Habous; Nadir. Tezyall j~..i. Au milieu de la tribu. 10 maisons, 60 habitants 8 bufs et vaches. liO moutons. 200 chvres. 2juments. li mules et mulets. 1 mosque-cole; Habous; Nair.
507 fusils.
10 fusils.
Rmsila a...... Dans la direction des Beni Aro\ls. 2;) maisons, HO habitants. 20 bufs et vaches. '100 moutons. :>00 chvres. ft atteles de labour. 1) juments. 12 mules et mulets. 1 mosque-cole; Habous; Nadir. Uu ,grand nombre de sources, jardins potagers, vignes, figuiers, pas d'oliviers .
25 fusils.
.';{tra ~. A l'est du prcdent, en ,face e Sidi Ysef et-Tlidi, en Akhmas ftO maisons, 210 habitants.
A f'epol'i ('J'.
ftO fusils.
:>82 fusils.
1't'IlIIIIC
1
1)jilJlia
m,litt
474
ARCIIlVES MAROCAINES
RepoT'i.
582 fusils.
35 bufs et vaches. 250 moutons. 800 chvres. 8 atteles de labour. 10 juments. 15 mules et mulets. 2 mosques-coles; Habous; NadiI'. Sources, jardins potagers, vignes, figuiers, quelques oliviers.
Rihana ~b..:..). Au centre de la tribu. 20 maisons, 170 habitants. 25 bufs et vaches. 200 moutons. 700 chvres. 6 atteles de labour. 8 juments. 12 mules et mulets. 1 mosque-cole. Sources, jardins. Tamez/an (j'1jW. Au centre de la tribu. 35 maisons, 200 habitants. 30 bufs et vaches. 250 moutons. 800 chvres. 7 atteles de laboUl. 8juments. 15 mules et mulets. 1 mosque-cole; lia bous ; Nadir.
30 fu!';ils.
35 fusils.
A rcpoT'iel'.
6lt7 fusils.
.5
Report.
A kersan 0l-,,}1. En face de l'Akersan des Soumata. 20 maisons, 100 habitants. '15 bufs et vaches. 150 moutons. hOO chvres. !J atteles de labour. () juments. 10 mules et mulets. 1 mosque-cole; Babous; Nadir. El-Harcha ~..,=-JI. Prs d'Akersan, en face des Soumata. 25 maisons, 120 habitants. 20 bufs et vaches. 150 moutons. 500 chvres. 3 atteles de labour. 6 juments. 10 mules et mulets. 1 mosque-cole; Babous; Nadir.
6117 fusils.
20 fusils.
25 fusils.
Bou Berqaq Jl;...I. oYo' En face des Soumata. 15 maisons, 80 habitants. 12 bufs et vaches. 100 moutons. 300 chvres. 2 atteles de labour. ft juments. 8 mules et mulets. 1 mosque-cole; Babous; Nadir. A repurter.
15 fusils.
07 fusils.
Hli
.\RCHIVES lIIAROCAINES
Report. Ouary/zazen j . .:,li..)J. Ce village se divise en Ouarghazen el-Fouqyin et Ouarghazen es-Seflyin, spars par un ravin. En face des Akhmas, dans la direction de Sidi y sef etTlidi, ensemble: 60 maisons, 350 habitants. ;)0 bufs et vaches. 300 moutons. 700 chvres. 8 atteles de laboU!'. 12 juments. 20 mules et mulets. 2 mosques-coles; une dans chaque quaI" tipr : Habous: Nadir. 'Anal' Beni Abdallah ~\ """?ti'.~. Se divise en deux quartiers: El-Fouki et EsSerti. En face de Sidi y sef et-Tlidi. 80 maisons, 450 habitants. (\0 bufs et vaches. '100 moutons. 800 chvres. 10 atteles de laboul'. 15 juments. :!f> mules et mulets. 2 mosques.coles; une daus chaque quarlil'r; Hahous; Nadir. Sources, jardins. Ueni Se/man jL.J.....~. A l'cs(d'EI-Msila, ell face des Beni Arous. 2;) maisons, 140 habitants. . \ repurter.
707 fusils.
60 fusils.
100 fusils.
-!77
Reporl.
20 bufs et vaches. 125 moutons 500 chvres. 6 atteles de labour. 10 juments. 12 mules et mulets. 1 mosque-cole; Habous; Nadir.
1'192 fusils.
Beni Yahia ~ ~ Au sommet de la montagne, vers le milieu de la tribu, dans la direction des Soumata, prs du Souq etTlata des Beni Yahia. 80 maisons, !J50 habitants. 60 bufs et vaches. 400 moutons. 800 chvres. 15 atteles de labour. 20 jument3. 60 mules et mulets. 2 mosque!'t-coles ; Habous; Nadir. Grandes cultures de piments dans les jardins.
Adghous d~,)1. Au nord de la tribu, sur la limite des Akhmas. 30 maisons, 170 habitants. 20 bufs et vaches. 600chvres (pasde moutonsni de labours). 6 juments. 10 mules et mulets. 1 mosque-cole; Habous ; Nadir. Village trs pauvre, construit dans une plaine pierreuse. A reparle,..
3 1
'100 fusils.
30 fusils.
1.022 fusils.
ARCHIVES MAROCAIXES
1.02~
fusils.
:25 fusils.
'Aloils
If.."k-.
1 il fusils.
Haddadin ~~\.A>.
Sur la limite
des 20 fusils.
Akhmas. 20 maisons, 100 habitants. 15 bufs et vaches. 80 moutons. 250 chvres. 3 atteles de labour. 5 juments. 8 mules et mulets.
A reporter.
1.082 fusils.
479
Repor/.
1. 08~ fusils.
1 mosque-cole; Habous; Nadir. Sources, jardins potagers, vignes, etc., pas d'oliviers.
A bouda 1I.,)~1. Sur la limite des Akhmas. liO maisons, 220 habitants. 30 bufs et vaches. 200 moutons. 500 chvres. 6 atteles de labour. 8 juments. 15 mules et mulets. 1 mosque-cole; Habous; Nadir. Sources, jardins. 'Ai'n Khanra ~,;>~. Sur la limite des Akhmas. 35 maisons, 290 habitants. 30 bufs et vaches. 250 moutons. 600 chvres. 5 atteles de labour. juments. 12 mules et mulets. 2 mosques-coles; Habous; Nadir. A nasel J-~1. Sur la limite des Akhmas.
~o maisons, 100 habitants.
liO fusils.
35 fusils.
20 fusils.
1.177 fusils.
480
AllCHIVES MAROCAI"'ES
Report.
fi juments. 8 mules et mulets. 1 mosque-cole; Habous; Nadir. Sources, jardins.
'1.177 fusils.
Ghilman 0~. Au milieti. de la tribu, l'est du Souq et-Tleta. h maisons, 25 habitants .ft bufs et vaches. 25 moutons, 50 chvres. 6 juments, mules et mulets. '1 mosque-cole; Habous; Nadir. Ce village est uniquement habit par des Chorfa Oulad Ben Sman, ou Ismal, qui ont leur principale rsidence au dchar de Sfira. Il y a un certain nombre d'annes, des difficults s'tant produites entre ces Chorfa, l'un d'eux quitta Sfira et construisit une maison l'endroit qui est aujourd'hui Ghilman; quelques-uns de ses parents le rejoignirent en cet :endroit et cette branche de la famille y est encore tablie.
Total approximatif des fusils des Beni Ysef.
5 fusils;
1.182 fusils.
LEi'! MARABOUTS
481
cette tribu, mais sur celui des Akhmas, vis--vis et un peu plus de 2 kilomtres du village Ysfi d'EI- 'Anar Beni Abdallah, dont il est spar par une petite rivire. La Zaoua de Sidi Ysef constitue un gros bourg, presque une petite ville d'environ 500 maisons, assez bien bties et disposes en rues, au lieu d'tre disperses sans ordre comme celles des dchars; la plupart des maisons ont un tage; elles sont recouvertes en chaume. On peut estimer plus de 3.000 habitants la population de Sidi y sef etTlidi. Il se trouve dans cette petite ville une qacel'ia (bazar), avec de nombreuses boutiques, o se vendent des toffes; un grand nombre d'ateliers de tisserands, des cordonniers, bouchers, etc ... Un march important se tient Sidi Yser tous les vendredis: Souq el-Djouma. La Zaoua de Sidi Ysef se trouve au milieu de cette petite ville; elle se compose de la qoubba qui recouvre le tombeau du saint, d'une mosque avec un minaret et de plusieurs btiments pour recevoir les plerins. Voici ce que dit la Saloual el-A nfas 1 propos de Sidi Ysef e t- Tlidi : " Sidi Yousef ben el-Hosan et-Tlidi, enterr dans la trihu des Beni Tlid, une des tribus ghomariennes, une distance d'une demi-journe de Chefchaouen, dans la direction de l'ouest. Ce Tlidi mourut sans postrit au mois de Rebi' el-Aououel 98. Il reut l'enseignement du Cheikh Abou ~fohammed Abdallah el-Ghazollani. Il On trouve dans la Dohal en-Nachir 2 : Le Cheikh Abou-I-Hadjadj Yousef ben el-Hasan etTlidi, l'un des compagnons du Cheikh Abou Mohammed Abdallah elGhazouani, avait une grande clbrit. Il a une Zaoua auprs de son tombeau. Cette Zaoua est bien connue: elle est dans la tribu des Beni Tlid, qui fait partie
1. Sa/aual e/-Anfas
de Sml MOHAMMED
p. 197.
Allen.
AUIlOC.
31
482
AIlClIIVES MAIlOCAINES
des tribus ghomariennes. Cette tribu est, ainsi qu'on l'a dit, une distance d'une demi-journe de Chefchaouen du ct de l'ouest. Les plerins se rendaient en masse auprs de lui; il Y en avait des milliers et le nombre de ceux qui venaient le voir tait considrable. Il les hbergeait tous et donnait chacun manger selon sa faim. Il en tait ainsi toutes les nuits. Tous les curs taient ports sur lui. Je le vis une fois, qu'il tait Chefchaouen. Les gens taient sortis pour lui faire escorte; parmi eux se trouvaient le vizir Abou Salim Ibrahim ben Hached et le Qadi Bel-Hadj et d'autres personnages. Sidi Ysef marchait entour par eux et il invoquait le nom de Dieu au milieu de ses disciples; il parlait haute voix et ses disciples faisaient les rpons ainsi que font les {'ogara d'une confrrie. Le Qadi, le vizir et ceux qui taient avec eux taient nu-pieds et la tte dcouverte (c'est--diI'e sans capuchon), ainsi que le veut la discipline observe l'gard des Cheikhs par ceux qui viennent les trouver. Tous avaient des sanglots dans la voix et poussaient des soupirs. Les habitants des trihus dsiraient tous la prsence de Sidi Ysef, les femmes aussi bien que les hommes. Il crivait beaucoup aux habitants des diffrentes tribus; il leur ordonnait le retour Dieu, leur donnait le dsiI' de voir des miracles. Souvent, il indiquait l'endroit o se trouvait tel ou tel saint clhre. Le Cheikh Abou Mohammed elHabti le dsapprouvait frquemment et lui interdisait de dvoiler ainsi les mi,'acles; mais il ne se conformait pas il ces avertissements. Abou ~Iohammed fit alors une prire il Dieu contre lui et la langue d'Et-Tidli devint muette; il dut galement interrompre sa correspondance - et ceci jusqu' sa mort - Dieu lui fasse misricorde! Le Cheikh Aboli Mohammed el-Habti ne laissait personne mdire de lui. Je le vis, (lue Dieu lui fasse misricorde, alors que je Il'lltais pas encore puhre. Il invoqua Dieu en ma faveur.
Il savait par cur le livre de Dieu - qu'il soit glorifi et exalt! - il approfondit la doctrine oufiq ue et il accomplit plusieurs miracles. Les hommes vertueux qui faisaient partie de ses disciples m'en ont rapport plusieurs. Parmi eux se trouvaient : Abou Ali el-Hadj el-Manour, Abou-l-Hasan .\li ech-Chibli es-Serifi, Abou Abdallah ben el-Hosein el-Fezenqari, Abou Abdallah connu sous le nom d'El.Bouhdja el-Andalousi, .\bou-l-.\hbas Ahmed hen Olllar el-Andalousi, Il tait - que Dieu lui fasse misricorde! - du nombre de ceux qui sont agrs par tous les hommes sur la tetTe. Il mourut vers l'anne 1050 de l'Hgire (16lt0 J.-Co) et fut enterr dans sa Zaoua; il ne laissa pas e postrit. II constitua tous ses hiens en hahous pour les pauvres et pour les malheureux et il laissa un millier de disciples. Le Moualli el-Asma 1 reproduit ce que dit la Dohal ellNachir, et il ajoute: On trouvera crit de la propre main de Sidi Yser que Dieu soit satisfait de lui! - la gnalogie suivante: Il Yousouf ben el-Hasan ben Abdallah ben Abdelaziz ben Mohammed ben Abderrahman beu Abi lleker ben Souleyman.o. et il terminait cette gnalogie par Sidi Mohammed ben Soleyman el.Djezouli. Beaucoup de gens de sa famille, Ol'iginaires cumme lui des Belli Tlid, conclurent de cela qu'il tait Chl'if et mirent pour eux-mmes des prtentions au chrifat. Mais l'intention de Sidi Ysef tait de parler de sa chane mystique pal' Abdallah el-Ghazouani, par Abdelaziz Tebb, etco o. jusqu' EI-Djezouli Pl non de la gnalogi .. de' sa famille, qui clll'rcha crpr il CI' sujet une confusion. Sidi Ysef ne parle pas dl' son origilll' l'digieus(', c'l'sl1. MOllal/i el-.IHlIltl.
OIIVI',
dl., p.
j'IL
4114
ARClIlYES M.\ROCAINES
-dire de ceux qui lui ont appris sa religion, parce qu'il n'y a pas proprement parler de chane dans cet enseignement. Son pre, El-Hasan, ne prenait comme nom d'origine que celui de Et-Tlidi, parce qu'il tait de la tribu des Beni Tlid, sans y ajouter aucune indication d'originechrifienne. Sidi Ysef a laiss ces vers: Le faqir ne peut tre que Goufi. cc Il doit suivre la Sounna. Il ne doit pas s'occuper des choses de ce monde. Celui-l, je l'aimerai comme ma propre vup. Le mousem de Sidi Ysef et-Tlidi, qui donne lien il une amara considrable, o l'on vient de toutes les tribus des Djebala et mme df' quelques tribus arabes, est clbr le huitime jour aprs la fte du Mouloud, c'est-il-dire le 20 du mois de Rebi' en-Nabaoui. Il y a Chefchaouen une Zaoua de Sirli Ysef et-Tlidi, qui a habit cette villc pendant quelque temps.
Sidi Mousa I.S'"'Y 15",,:Non loin du prcdent, galement dans la fort. Mur en pierres sches; petit mousem l'automne. Les autres marabouts de la tribu sont galement peu importants et leur origine est inconnue. Ils se composent
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tous, sauf Sidi el-Ouacif, auquel on a hti une qouhba depuis (IUelques annes, d'un simple mur en pierres sches et tous ont un petit mousem l'automne. Cc sont: Sidi Aafif. au dchar d'Anace!. Sidi Sellam, au dchar de Bouda. Sidi Abdeldjehbar, au dchar de Derqaq. Sidi Ahmed el-Fasi, au dchar de 'An el-Khanzira. Sidi el-Ouacif, au dchar de Djebila.
Chorfa.
Comme nous l'avons vu dans la trihu des Beni Zekkal', le fait d'tre originaire de la tribu des Beni Ysef ne peut pas, d'aprs Ech-Chabihi 1, constituer des droits une ori gine chrifjpnne, moins d'appartenir aux Oulad Aml'an. Cependant le mme auteur cit!' dans cette tribu deux familles chrifiennes: Ips Oulad el-Qadjoudj et les Oulad Ahmed. Ihn Hahmoun, sous le rgne de Moulay lsmal, cite les familles suivantes: Les Oulad .'\Iunl'd, les w'ns de Selalem, les Oulad elHaouat, les Oulad el-Djabaq, les Oulad el-Hadj; une frac tion des Arnl'anyin, el les Oulad ldds ben Hammo. Aujourd'hui, les familles chrifiennes des Deni Ysef sont les Haraqyin, qui sont trs nombreux et qui sont dissmins dans loute la tribu; les Oulad Ben Atou 'An nch-Chaqq, lps Oulad Beiukht ."-nasel et les Oulad Ben lsmal Sfifa. Lf'S notables, les Oulad Ech-Char, lesOulad E1-Bouti, les Oulad Ben S'iman elles Oulad Ben Yaqouh. Le Qadi ('st le Chrif Sidi Mohammed ben Mohammed B<'11 .\alou, qui habite An Chaqq; et le Cheikh, Sid el Alami el-Karbach, au dcha,' de Bouda.
1.
:\IIIH:I.Q\ llEII E<:II-CII.\IIIIII,
Manuscrit cit.
ARCHIVES M.\ROC:AINES
D'aprs Ech-Chabihi l, c'est dans la tribu d('s Beni Ysef qu'aurait t tu le dernier souverain Idrisitf', El-Hasan hen Qannoun. Partisan de Nacer Ahderrahman, souverain Omade d'Espagne, El-Hasan avait t investi par lui du cOIllmandement du Hoyaume que les Beni ~IohamnH'd (Ben Idris) avaient fond dans les Ghomara. Lorsque le Fatimide EI-Mozz envoya au ~Iaghrib son gnral Djauh:lr el-Katib pour soumettre lA pays, El-Hasan hen Qannoun s'enferma dans la forteresse de Hadjar cnNasl', construite par Ibrahim ben Mohammed hen Qasem ben Idl'is d'aprs les uns, par son fils Mohammed ben Ibrahim d'aprs les autres, pour servir de refuge aux Idrisites; puis il dut faire sa soumission Djauhar; mais aprs le dpart du gnral fatimide, il reconnut de nouveau l'autorit de Nacer. A la IlIort df' Cf' dernier, son successeur El-Hakim rsolut de consolider l'influence omade au Maghrib avec l'appui des Zenata, d'o une lutte entre les Zenata et les Cenhadja. En 362 de l'Hgire (972 J.-C.), Bologguin ez-Ziri envoy par les Fatimides hattit les Zenata et obligea El-Hasan ben <2announ reconnatre l'autorit fatimide. Battu ensuite et pris dans Hadjar en-Nasr par le 'gnral omade El-Ghaleb, EIHasan fut emmen prisonnier en Espagne, puis envoy par El-Hakim ell l~gypte, o il fut accueilli par le Fatimide, EI-Aziz, fils d'El-l\IOzz, qui lui facilita les moyens de l'elourner au l\Iaghrib pour s'emparer du pouvoir qu'il a vait perdu. Battu par les troupes omades commandes pal' Abdel-l\Ialek, fils du grand vizir EI-~Ianour ben Abi Amer, il se rendit la condition d'tre ramen en Espagne comme la premire fois, mais il fut tu en route. Avec lui, ajoute Ibn Khaldoun, auquel nous emprunLons ce rsum, succomba la domination des Idrisites en
1. Jfanuscrit cit.
487
Afrique. Les membres de cette famille se dispersrent de tous cts et allrent se cacher dans les tribus, o ils se dpouillrent de toutes les marques de leur origine et adoptrent la vic nomade afin d'chapper aux dangers qui les entouraient. Le Roudh e/-Karlas place la mort d'El-Hasan ben Qannoun en 375 de l'Hgire (985 J.-C.); Abdelqader ech-Chabihi en 373 de l'Hgire. C'est donc dans la tribu des Beni Ysef que se serait produit l'vnement qui a mis fin dfinitivement au pouvoir des Idrisites au Maghrib.
CIL\PITfiE VII
~L...-.
LES
SOUMATA
D'aprs Ibn Khaldoun l, les Soumata appartiennent la gl'anJe famille berbre des Neflaoua, enfants de Loua l'an, de la famille des Addaa, enfants d'Addas, fils de Zahhik, qui appartient la famille des Botr, descendants de Madghis el-Abter, une des deu:.; grandes souches des Berbres. L'autre souche est Berns, d'o sortent les Brans. Les Soumata n'appartiennent donc pas la famille Memoudienne des Ghomara, camille la plupart des habitants de la rgion des Djehala. Un reste des Soumata, dit Ibn Khaldoun \ se trouve dans la plaine de Cairouan, et c'est d'eux, ce qu'il parat, (lue Mounder Ibn Sad, Qadi de Cordoue, sous le J'gne d'Ibn Nacer, tire son origine. Il semble donc que dj, l'poque d'Ibn Khaldoun, les Soumata ne se tl'Ouvaient plus runis leur lieu d'origine qui tait en Ifriqiya et (IU'ils avaient t dissmins. Il est probable que les Sou mata tablis au milieu des tribus Ghomariennes des Djebala y sont vcnus lors des guerres qui ont dchir le Maghrib pendant les
)
1. Ouvrage cit,
t. J, 171.
4R9
premiers sicles de l'Islam. Il serait impossible, au milieu de toutes les pripties de l'histoil'e du Maroc, de retrouver les Soumata aux dill'l'entes poques de cette histoire et de les sui\Te sous les difl'rentes dynasties. Les Soumata out partag le sort des Djebala et ils ont conserv comme eux une relative indpendance; d'ailleurs, ainsi {lue nous le verrons plus loin, lC'ur territoil'e tout entier est compris dans le horm de Sidi el-Mezouar, dont la qoubba s'lve au milieu de la tribu. Pendant plus de cinquante ans, l'histoire des Soumata, au point de vue administratif, est la mme que celle du Srif; les deux tribus ont eu les mmes gouverneurs, mais les Soumata u'ont pas t efl'ectivemeut gouvel'lls depuis Si Mohammed Ould el-Hadj Ali Astot. Le dernier gouverneur nominal a t le Qad Abdelqadcr el-Khalkhali et depuis la mort de ce demier, c'est--dire depuis prs de dix ans, ils n'en ont plus eu aucun. Dep!Iis quelques annes, les Soumata sont vassaux des Beni GOI'fet, leurs voisins, et sont mme, pour ainsi dil'e, incorpol's cette tribu; ils sont administrs en effet par deux Cheikh& de deux fractions des Beni Gorfet: Ould el.Hadj et-Tayeb, du dchar de Chefraouch, et Ould elMedjahdin (El-Moudjahidin), du dchar de Lahra. Les Soumata font aujourd'hui partie des tribus montagnardes places sous l'autorit du Qad d'Arzila, le fameux Chrif Moulay Ahmed er-Hasouli. Il serait impossible de prjuger des rsultats dfinitifs des expditions diriges pal' Hasouli contre ses administrs pOUl' les soumettre au Makhzen, ni mme de savoir si le Chrif ne cherche pas, en se servant des armes, des munitions et des troupes qui lui sont envoyes par le Sultan, tablir sa propre autorit et reconstituer son profit le fief de Ghalan, entre Ttouan, Tanger, Arzila et EIQar el-Kebir. Les Soumata sont limits au sud ouest et l'ouest pa l' 3 2
490
ARCHI\'ES MAROCAI:\ES
les Beni Godet; au sud par le Srif; l'est par les Beni Ysef; au nord pal' les Beni Arous. Sa limite avec cette del'llire tribu est faite sur un certain parcours raI' l'Oued Seta, qui, en traversant les Beni Godet, s'appelle l'Oued er-Heta, et dans le Khlot prend le nom d'Oued, el-.\Ikhazen. Ce COUI'S d'eau prend sa source dans la trihu des Beni Arous 'An Baraka, prs du tombeau de l\loulay Abdessalam, L'Oued Ouarour, sous le nom d'Oued Azela, prend sa source en Soumata prs du marabout de Sidi EI-l\Iezouar; il traverse la tribu et entre dans le Srif non loin du village de l'Azib el-ilferinyin, ou El-Merinyiclz, de cette tribu. La tribu des Soulllata est trs montagneuse, rocheuse et hoise; elle est assez paune. La principale industrie de la tribu est le tannage des peaux de moutons, chvres el bufs, et tout ce (lui concerne l'industrie des cuirs, les sacoches - ::dbolll - des Djehala, longues franges de ('uir - ::err -les lrabaqs, jambires de femmes, etc ... Les Soumata vendent aux marchs des tribus voisines les cuirs tanns et les ohjets de cuir confectionns; ils apportent galement il EI-Qar, ainsi que les Beni Yser, le tan, debagh t.~,), qui sert aux tanneries de cette ville. Il n'y a pas de march dans la trihu des Soumata; les gens de cette tribu frquentent les souqs du TleLa des Beni Ysef, du Sebt des Beni COl,ret, et les autres marchs les l'lus proches des tribus voisines.
491
Dar er-Rd fi
~1)1.)b. Au nord de la
tribu, non loin de Sidi Heddi, en Beni Arous. !JO maisons, 220 habitants. 30 bufs et vaches f. 100 moutons. 500 chvres. 10 atteles de labour~. 12 juments. 15 mules et mulets. Une mosque-cole; Hahous; Nadir.
'.0 fusils.
25 fusils.
A !'l'por/e,..
65 fusils.
1. La pluparl des hufs el de,. niches de 111 tribu des Soumata vivnnt l'lat pre,;que sauvage dans la l'orl. 2. Tout le 1<lllOur des Soumala est dans le Khlot, sauf quelques champs travaills il la tribu; les terres de la IIjbu son l, d'une palt trop en pente, d'autre part trop pielTeuses pour permettre le labour la charrue.
492
ARCIIIVES IIIAROCAINES
Report. Arkan j~1. AuNord,enfacede 'An Hadid. 25 maisons, 1,.0 habitants. 20 bufs et vaches. HO moutons. 300 chvres. ,. atteles de labour. 6 juments. 8 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir. 'A in el-Baida ~l~. A l'ouest de la trihu, en face de Dar el-Karmoud des Beni Gorfet. hO maisons, trs loignes les unes des autres, 230 habitants . hO bufs et vaches. 200 moutons. 600 chvres. 6 atteles de labour. S juments. 12 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir. C'est l'cole d"Ain el-Bada que professe le faqih Ahmed ben Irmaq, Aalem Moufti dont la rputation s'tend au-del de la rgion des Djebala ; les consultations (fataoui) du faqih Ben Irmaq sont prisps en considration mme Fs par les Oulema de Qaraouym. Zdroura ~'fj. A l'est d"An :Bada. 50 maisons, 270 habitants. A reporter.
65 fusils.
30 fusils.
50 fusils.
50 fusils.
195 fusils.
493
Report.
110 bUfs et vaches. 300 moutons. 700 chvres. 8 atteles de labour. 10 juments. 15 mules et mulets. Une mosque-cole j Habous j Nadit,.
195 fusils.
Dar en-Neqqach J-l.ci.:.ll).,). Au nord-est de la tribu, en face de Tazerout et de Sidi ~rousa des Beni Arous. A partir de ce village, qui est au Sud, on ent",e dans le hOl'm de Moulay Abdessalam, dont les descendants, le fusil au poing, arrtent les plerins qui pntrent dans ce horm et exigent d'eux la ziara (le don de plerinage) et dtroussent littralement ceux qui refusent de les satisfaire. 30 maisons, 170 habitants. 25 bufs et 'vaches. 200 moutons. !JOO chvres. ;) atteles de labour. S juments. 10 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous j Nadir. El-Ijarcha ~..rJ1. Au nord de Sidi elMezouar dans la direction des Beni Arous, '10 maisons-j 220 habitants. 250 moutons. 600, chvres. A reporler.
J2
25 fusils.
!JO fusils.
260 fusils.
4\14
ARCHIVES l\L\ROC.\lNES
R.epurt.
i)
260 fusils.
atteles de labour.
8 juments.
Zeilouna ~'y~j. Au nord de la tribu; du cot des Beni Arou8. 30 maisons, -170 habitants. 200 moutons. 500 chvres. 4 atteles de labour. 6 juments. ~ mules et mulets. Akersan 0L.. Au nord-ouest de la tribu, dans la direction de l'Arba d'Aacha. 30 maisons, 170 habitants. 25 bufs et vaches. 200 moutons. 500 chvres. 5 atteles de labour.' ~ juments. 10 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir'. Bou Hamei ~ .y-. Au milieu de la tribu, il main gauche de la route d'EI-Qar Moulay Abdessalam. 40 maisons, 220 habitants. 25 bufs et vaches. 250 moutons. l'lOO chvr'es.
.t reporter.
30 fusils.
. f\
30 fusils.
hO fusils.
360 fusils.
4!I.i
Report.
7 atteles de labour. '10 juments. 15 mules et mulets. Une mosque-cole; Habous; Nadir.
360 fusils.
Touaoula ~J\.i. A l'ouest de la tribu, direction des Beni Gorfet. 30 maisons, 170 habitants. 18 bufs et vaches. 200 moutons. [100 chnes. 8juments. 10 mules et mulets. Une nlOs(lue-cole ; Hahous; Nadir. El-Kharba ~..;JI. Au sud de la tribu,
sur l'Oued el<'lkhazen en face du Souq et-Tenin du Srif; ce village est travers par la route de Moulay Abdessalam. 100 maisons, 550 habitants 80 bufs et vaches. 500 moutons.
. 30 fusils.
100l'usils.
A reportel'.
AIlClIIVES 1I1AHOCAINES
Report.
1.200 chvres.
496 fusil:-;.
20 atteles de labour. 25 juments. mules et mulets. Deux lIlos(lues-coles; dont l'une trs importante est en mme temps mosque de kholba; Habous; Nadir.
'.0
El-Melab .....,.WI. A 500 mtres enVIron, au nord du prcdent. 12 maisons, 70 habitants 10 bufs et vaches. 100 moutons. 400 chvres. II atteles de lahoUl'. 6 juments. 8 mules et mulets. Une petite mosque-cole; Habous; Nadir. A quelques centaines de mtres au nord de ce village, sur la route de Moulay Abdesselam, se trouve un endroit dit EI-Meallah o les gens d'EI-Kharba se runissent pour la prire en COlIlmun, les jours de fte, sous un immense caroubier.
Total des fusils .
12 fusils.
508 fusils.
JELQllES
t97
saints qui peuvent se trouver dans la tribu et dont on ne parle pas. Sidi el-Mezouar est considr en effet comme le premier des descendants de Moulay hh'is venu s'tablir dans les Djebala, comme la souche de tous les Chorra des Djehel Alem, comme l'anctre du Qotb Moulay Ahdessalam ben Mechich ben Aboubekr ben Ali ben Horma ben A[sa ben Sellam ben EI-Mezouar, dont la gloire a mme effac la sienne. Il est galement l'anctre de Moulay Abdallah Chrif, le fondateur de la maison d'Ouezzan, de Sidi M'hammed ben Ali ben Rasoun, et d'une foule d'autres moins illustres. Aprs la bataille de l'Oued el-Mkhazen en 98~ Hg. (1578 J.-C.) le Sultan Ahmed el-~fanour es-Sadi, pour rcompenser les Chorfa du concours qu'ils lui avaient prt contre les Portugais, leur donna un horm qui comprenait les deux sanctuaires de Sidi elMezouar et de Moulay Abdessalam. Ce horm tait analogue celui de la Mecque et il fut l'objet d'un dahel' chrifien. Les agents du Mahkzen ne pouvaient y pntrer ni se promener aux alentours; il tait interdit d'y chasser les btes sauvages qui y pntraient et on ne pouvait y couper d'arbres. Ce horm tait limit par le Srif, les Beni Ysef et comprenait les Beni Arous et une grande partie des Soumata. Le tombeau de Sidi el-~Iezouar est construit presque au sommet de la plus haute montagne des Sou mata, il peu de distance du village de DaI" ou A n el/ladjar, dans un endroit couvert de pierres et d'immenses quartiers de rochers. Le tombeau, de forme hexagone, est compose de sept qoubbas, une grande au centre, entoure de si x plus petites, toutes runies en un seul btiment; la porte est du ct de l'Orient. Derrire le tombeau, au nord, s'lve le sommet de la montagne, form de gros blocs de rochers.
ARcn. MAROC.
32
AHCIIIVES MAROCAl"iES
Il Y a tout lieu de cl'oire que c'est sur ce sommet que s'levait la Qa/da - forteresse - de Radjar en-Neser, construite, d'aprs EI-Bekri t, en 317 de l'Hgire (929J.-C.) par Ibrahim ben Mohammed ben Qasem ben Idris, et qui fut le refuge des Idrisites chasss de Fs pal' Mousa Ibn Abi-l- 'Afiya et la capitale du royaume qu'ils fondrent dans les Ghomara. On a plac cette fOl'teresse, tantt prs de Ceuta, dans L\ndjera, tant6t dans le Hif, Alhucernas, tant6t mme au Djebel Habib. Cependant, d'aprs plusieurs textes, il pal'ait vident que la Qala des Idrisites se trouvait dans la tribu des Soumata. El-Bekri t dit: Il Plus loin, on trouve Hadjer en-Necer le rocher de l'aigle - rsidence des Beni Mohammed (famille idrisite); il l'occident de ce lieu, est silu le canton de nehouna et il l'orient le territoire des Beni Feterkan, tribu ghornaride. Sans doute, ce qui arrive d'ailleurs souvent chez les auteurs arabes, l'orientation ne correspond pas exactement la situation de la tribu des Soumata, qui, si elle a les Beni Z ekkal' (Feterkan) l'est, il les llhona (Hehouna), plu lot au sud qu' l'ouest; cependant l'approximation est suffisante pour qu'il ne puisse pas tre douteux que Iladjar en-Neser se trouvait prs de la tl'ibu des Hhona et prs dcs Beni Zekkar. La Sa/oual e/-Anfas 3 est encore plus explicite dans la biographie de Sidi el-l\le7.0uar, que nous rapportons plus loin; elle dit en eH'et que Sidi el-l\lezouar aurait t enterr il la Qalat lIadjar en-Neser dans la tribu des Soumata n. Il y a un doute sur le fait de savoir si EI-Mezoual' a t enlcl'!'(; l, mais il y a affirmation SUl' l'existence de la Qalat Hadjar en-Neser chez les Soumata. On s'explique ainsi fort bien El-Hasan ben (lannoun menac par le gnral omade EI-Chalib, quittant Bara, qui est en
1. ()uvru!le cit, p, ilii!!. 2. Id., p. :!:!O.
OI1\T:lg-e
dl, t. l, p. !I:!.
499
plaine, allant enfermer ses richesses Hadjar en-Neser, au sommet de la montagne des Soumata, et allant attendre l'ennemi Qar' j\famouda, ou Qar e-ghir. One journe de route spare Ba~'I'a des Soumata, et une autre journe les spare eux-mmes de Qar Memouda. Comme l'a dt"j fait remarquer Salmon 1 qui pensait gaIement que la Qala! Hadja,. en-Neser se tl'ou\'ait chez les Soumata, il ne faut pas confondre cet endroit avec la akh/'{tf el-Go,.feliya, que nous verrons plus loin dans les Beni Codet, et que dans le pays on n'appelle pas akhrrtf en-.Yesel', mais akh,.a tout simplement. D'aprs la Saloual el-A nf'as~, le Seigneur saint et vertueux, mine de pit, lumire brillante, le personnage parfait, trs lev et craignant Dieu, l'ascte, le trs pieux, Abou Selham Sidi Mohammed el-l\fezouar, fils de l'Imam Ali el-Iladara ben Mohammed ben Idris - que Dieu soit satisfait d'eux! - fut surnomm - que Dieu soit satisfait de lui! - EI-M ezoual', parce qu'il tait le premier n de son pre; tel est le sens de ce mot en langue berbre: il s'emploie frquemment pour dsigner le chef d'une communaut dtermine, au lieu de la locution Naqib el-Ach,.af', le chef des Chorfa, ou de la locution Rct'is el-IJ1ouaddinin, le chef des moueddins, ou de la locution, Mouaqf/il el-Mouaddinin, celui qui fixe les moments de l'appel il la pril'e j il dsigne aussi le Hadjib, chambellan du Sultan. Dans la Raouda! d-J/aqfoudu, il est dit cc qui suit: Le mot ilfezoullr est rapport pour la forme mif'al; il est driv de ...'-'j>. ) j zar izour j c'est un augmentatif du mot...r..\j - zar, - etc. Sidi el-l\fezouar tait - que Dieu soit satisfait de lui!
l. Traducl.ion d'/hn Ra/ulJoun. Arc"ilJt~s marocaille.~, l. II/, fase. 2, p, 23;;, noIe 1.
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ARCHIVES MAROCAINES
- un des aeux du qolb le plus illusll'e, Ju ghaollf le plu:.> clbre, notre matre Abdessalam - que Dieu soit satisfait de lui! - La gnalogie de celuici est en efret : Abou Mohammed Abdessalam ben Mechich ben Ahi Bekr hen Ali hen Horma ben Asa hen Sellam ben ilfe::Ollar hen Ali hen Mohammed be;, Idris. On trouve, crit de la main de l'un d(;3 savants distingus qui transcrivaient ce qu'avait dit son sujet le trs savant, le vertueux Abou-l- 'Abhas Ahmed ben Ali echCherif el-Hasaniel-Alami, ce dont le texte suit: Les anctres de Moulay Abdessalam - que Dieu soit satisfait d'eux! - sont tous clbres, auprs de leurs co III patriotes; leurs lieux de spulture sont connus; leurs tOlllheaux sont le hut de plerinages trs frquents. Chacun d'entre eux tait au nomhre des plus grands saints de Dieu - qu'il soit exalt6 ! - tel point qu'ils ont des territoires clbres et des spultures qui sont le hut e plerinages fameux. Le personnage dont nous donnons la hiographie tait au nombre des hommes qui s'abstinrent du pouvoir et de la royaut, et qui s'cartrent de l'clat de ce monde et de ses hiens pour s'attacher aux actes d'adoration. Il tait connu pour sa pit, sa religion et sa vertu. On le dsignait comme un saint et il eut en partage l'clat de cette saintet durant sa vie et aprs sa mort. Il mourut - que Dieu soit satisfait de lui! - d'aprs la commune renomme, Fs, en l'anne 250 de l'Hgil'e ou vers cette poque; il fut enterr dans cette ville avec son pre, auprs de leur anctre l'Imam :Moulay Idrisque Dieu soit satisfait de lui! - Le mme Abou-l- 'Abbas Ahmed ben Ali dit ensuite: Il Quant notre Seigneur EI-Mezouar et notre Seigneur l'Imam, le Khalifa, notre matre Ali, appel aussi Hadara et notre matre, l'j~mir des croyants, Mohammed fils de notre matre l'mir des croyants, Mohammed fils
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de notre matre Idris, la spulture de ces illustres personnages auxquels Dieu a tmoign sa munificence, est situe en face de la mosque de notre matre Idris, aux environs de Dar el-(latoun, dans la ville de Fs - que Dieu, qu'il soit exalt, la protge! - On a dit que Sidi el-.\Iezouar - que Dieu soit satisfait de lui! - sortit de Fs et qu'il s'tablit Qalaf Hadjar enNeser J dans la tribu des Soumata; c'est l qu'il serait mort et qu'il aurait t enterr; c'est la version courante parmi les habitants de la contre. L'endroit o l'on accomplit son plerinage est bien connu des gens du pays et des trangers. Dans un trait d'histoire, on trouve le texte sui"ant : Lorsque 'Ali, surnomm Ha dara , fut investi de la royaut, son fils EI-Mezouar sortit de Fs, renonant au pouvoir. Il se rendit dans la monlagne, o il Jevint fameux par ses actes d'adoration son Seigneur. Lorsque son pre mourut, son peuple l'appela pour rgner sa place, mais il refusa et continua aJorer son Seigneur Hadjar en-Neser dans Il' pays des Soumata, jusqu' ce que l'vnement certain (la mort) vint le trouvel'; c'est cet endroit qu'il fut enterr; son plerinage est clbre parmi les gens de la rgion. Sa mort aniva l'anne 250; il ne laissa qu'un fils unique: Sellam ben el-.\[ezouar. L'auteur de la Toh(af el-Hadi, EI-.\Iotrib, a dit ce qui suit: Le premier des descendants de Mohammed ben Idris qui quitta Fs et renona au pouvoir souverain et aux biens de ce monde fut EI-.\Iezonar ben Ali Hadara, qui rgnait Fs. Il tait le fils du Heprsentant de Dieu sur la tel're, le sultan Mohammed ben Idris; cet vnement (la sortie de Fs de Sidi el-.\Iezouar) se produisit aprs l'anne 220. Il demeura dans le dsert en adorant son Seigneur jusqu' sa mort. Il fut enterr Hadjar enNeser dans la tribu des Soumata et de nombreux plerins viennent visiter son tombeau. On a dit <lu'il tait mort il
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Fs et qu'il y aurait t enterr avec son pl'e c\li et sun grand-pre ~Iohammed. l) L'auteur de la fJorra! el-J/a{akhir a rapport ces d('ux versions relatives l'endroit o Sidi el-~ll'zOltar est mort et o il a t l'ntl'rr, apri,s avoil' parl de Sidi Sel1am, fils du personnagl' dont nous px posons la biographie, pt il dit: LI' pre de Sellam l'st EI-:\rl'zoual'; on a l'appOl't\; que celui-ci serait sorti dl' Fs ct c'est la vI'I'sion la plus vraisemhlable ... ... Certains dis!'nt qu'il est ('nterr Fs avec son prl', la plus PUI'\' d!'s [hnes. Je n'ai rapport cctt!' seconde version quI' pal' df(;rence, d Dil'u le sait mieux que tous. l) Dans lin autre ouvl'age t, Sidi ~Iohammed IH'n Djafar elKiUalli dit au sujd de Sidi el-~rf'zoU:11' Cf' qu'il dit dans la Saloua! l'l-.lll{as, pt il ajoute: J'ai t moi-mllle d(,rnii'r('lllelit visil!'r son tomheau il l!WUI/I' t'Il-Nl'ser et je l'ai vu. C'f'st uu lif'u df' pl<'l'inag(' tl's f"(;qu('nt. Il s'y tl'Oll H' IlIH' gra ndf' fjoubfJll et un dl/r/JOu::'! l't de nom br<'ux plt'rins s'y 1'f'lIdent pOlll' a,'oir sa bndiction. Nous venons de ,'oir qlle Sidi el-~rezollal' est ('onsidl'(~ pal' tous les aukurs qll<' 1I0US avons cits comme l'ane<\tre de Lous les Choda du Djebel .\lelll, les Choda ri lamyill. Voici ce que dit il cc sujf't le gi'll<;alogiste Ihn Ilahmoun, dans le (:flOlldfwur ed-fJfutflll/1 li A'hnr I\'I/sali, qll'il CI'ivaiL en '110;) de l'lIgi,'e :
.\LI"I.
Les Choda,\lamyin descendent tOliS Je Sidi .')wu Bekl', ou Bouhekcl', fils d'.\li, fils de florlna, (ils d"Isa, fils
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de Sallam, fils de ~Iezouar, fils d'.Ui Hadara, fils de Moharnrnf)d, fils de Idr'is II. Mohammed et son fils Ali Ihdara, aprs avoir rgn il Fs, furent ensC'velis il l'est de la mosque des Chorfa il Fs, ~Iezollar, fils d'.\li Hadara, s'chappa de la capital", fuyant Ibn .\bil- '.\fiya, et vint habiter la forteresse de /far/jar En-Nl'ser, dans la tribu de Soumata; il Y fut enseveli aprs sa mort. Son HIs Sallam vint hnhiter le Dje}wl Alalll, tribu des Beni Al'ous, et fut enseveli sllr l'Oued EI-Khnrnis. 'Isa fut enterr il BOil .\mar, de la mme tr'ihu; Horrna, il AI.~Indjazelyin des Beni .\rous; '.\Ii, SUI' le bord de l'Oued. \I-Kharnis, nu-dessus du mal'ch des Beni Arous; Bou Beker, dans un lieu appel Ad-Dik, non loin du march des Beni ;\rous, en face d"An c\I-Hadid, prs de Maisnra. Bou Bekel'Iaissa sept fils: ~rechich, Younous, Ahrned, Ali et Melhy, qui elIrent postr'il; Fotouh et .\larnoun, qui n'en eurent pns. (C Sidy '\Iechich, enterr il .\r'il (Beni c\rous), laissa trois fils (le Pole .\bd-as-Snlam, Sidi Yamlah et Sidi Mousa'. Abdessalam ben .\Iechich, enterr' nlI DjeLel MOlIlay Abdessalam, laissa son tOUI' quntl'e fils : .\lohaIllllled, Ahmed, .\lInl et .\hd-a-amnd '. La gnalogie des ChoI'fa dlI Djehel :\Ielll semble dOliC bien (;Iablie et elle est d'ailleurs universellement admise. CepQndant, si l'on se donne la peine de rerrendl'c, les uns a prs les a Il tres, les \'nemelll s hisloriq ues du r(\gnc des Idr'isites, ('1 si l'on s'on rapporle alIx dales, on ne lar,de pas il se trouver en face de contr'adiclions telles qlIe l'on esl appel il se demander si celle gnalogil' impeccable ct incontesle SUI' laquelle est lahli 10111 le cht'ifat du Djebel .\Ielll n'est pas une simple lgende presque mylhologique.
1. I/I!I/
(J. 2.;4.
HAIUIOV:-I,
cil."
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Il est difficile de comprendre que toutes les familles chrifiennes du Djebel Alem descendent du seul Mezouar, c'est--dire de Sidi Mohammed ben Idris, lorsque l'on sait que deux des frres de Sidi Mohammed, Qasem et Yahia hen Idris, reurent, la mort de leur pre, le premier le gouvernement de Tanger, de Cehta (Ceuta), de la Qaldal, Hadjal' en-Neser, de Ttouan et de Memouda (probablement Qar Memouda ou Qar e-Ceghir entre Tanger et Ceuta) et des tribus campes entre ces diffrentes villes. Le second, le gouvernement de Bara t, d'Aila (Arzila), d'EI-Arach (Larache) jusqu'au territoire d'uargha 2. Ces deux fils d'Idris ont certainement laiss dans cette rgion une postrit dont la descendance c10it encore exister. Nous avons dj vu que, d'aprs El-Bekri, la forteresse de Hadjar en-Neser aurait t btie en 317 par Ibrahim ben Mohammed ben Qasem hen Idris. Hadjar en-Neser existait cependant auparavant, puisque cette localit faisait partie du gouvernement <tonn au grand. pre d'Ibrahim qui sans doute n'a fait que la fortifier:J, Quoi qu'il en soit, en 317, des descendants
1. Les mines de Bara sont encore visibles dans le Gharb prs de l'ancienne Qaria de Djirafi, une demi-journe d'El-Qt,:ar el-Kebir, sur la route de Fs, 2, El-Anis el-Mo/rib, Hl-Qar/as fi Alihbar Mouloul. el-Maghrib ou Tarilih Medina/ Fas, d'ABou AunALLAII MOIlAlUIED nEN ABDELIL\LUI, connu sous le nom de Abi Zara, p, 17. Lith. Fs, 1303, 3. Voici ce qu'crit. Fournel dans les Berbers, t. 11, pp, 164 et 165, p.opos de la fOI'leres~e de Hadjar en-Neser : En apprl'nant la mort d'EI-Hadjam (Mohammed ben Qasem ben Idris), les frres de ce vaillant guerrier avaient reconnu pour chef leur frre ain, Ihrahim ibn ~Iohamllled ihn Kacim (ben Idris) et le groupe form par celte br'anche ;;el'a dt'sormais dsign par le nom de Beni Mohammed, Une ault'e branche, celle des Beni Omal' (les Amranyin), eut pour chef Mohammed-Ahi-'l-Aich ibn Edris ibn Omar; il tait plus connu sous le nom de Ibn Mea/a 011 Me/hala ... H parat mme qu'un partage eut lieu entre les deux bl'anche,;: les Beni Mohammed, obtinrent la porlion la [,lu,; grandf', dont le chef-lieu tait Bas'rah ct les Beni Omar l'es(Ment mail l'es du pays des Romamh depuis Tilii('as jusqu' Ceuta et Illme jusqu' Tanger, " Ce fut alors en l'an 317, ajoute Hm Khaldoun, qu'Ibrahim bMit le f'hMl'all d.. Il'arfjarm-Nasl' pour servir de refllge il sa famille, "
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de Qasem ben Idris habitaient Hadjar en-Neser. Plus tard El-Hasan ben Qannoun ou Guennoun, hen Mohammed ben Qasem ben Idris occupa Hadjar en-Neser une premire fois Je 343 363 et lorsqu'il se rendit ail gnral omade Ghalib pour aller rsiJer Cordoue: Cl Ghalib, prenant le commandement de la (o1'leresse d'Hadjar enNeser, y fit transporter tOIlS les alides (descendants de Moulay Idris) qui se trollvaient sllr tes terres Oll dans les villes de L'Adolla (j~faroc septentrional), sans en excepter un seuil. D'aprs ce texte du Qa1'las, tous les descendants de Moulay Idris qui se trouvaient dans cette rgion du Mal'oc ont a donc celle poque, postrieure celle de leur migration de Fs, (lui Jate de 313 environ, lors de la prise de cette ville par MOllsa Ibn Abi-I- 'Afp, t "unis Hadjar en-Neser sans aucune exception. On ne saurait donc s'expliquer que tous les Chol'fa de la rgion descendent du seul Mohammed ben Idl's par Sidi EI-~Iezoua", Apres son retour d'gypte, El-Hasan ben GllennOlln occupa une deuxime fois Hadja,' en-Neser, de 3i3 l'poque de sp mort en 375.
En note, FournI'l ajoute: "Cette date videmment errone, allriilue la construction de Hadjar en-Nasr est donne par El Bekl'i; elle est reproduite par Ibn El Adzari et pal' Ibn Abd el-ll'alim, avet: "addition d'une erreur, CIlI' il attribue la fondation de cette dtadell!', 'lui. dit-il, touchait pres(tue les nuages, Mohammed ibn Ibrahim Ibn el h:acilll ibn Idris, au lieu de dire Ibrahim-Mohammed et Ibn h:haldoun, aggravant cette erreur au lieu de la relevel', dit Mohammed ibn Ibrahim ibn J/ohammed ibn el A'acim, Suivant Ibn Hauk 'al, Iladjar en Nasr fut fondi' pat' Ibn Idris, et ce qui confirme l'assertion de ce gographe qui Cl'ivait en 366, c'est que lladjar en Na.r fut compl'is dans le pal'Inge de l'empire edrisite en :.113, comme le dit notamment l'auteul' du Ilar'las et Ibn Khaldoun. Tout ce que je puis admettre, c'est qu'Ibrahim ibn Mohammed ibn el Ilacim fortifia davantage en :1l7 ceUe citadelle, dj presque imprenable par sa position, On remarquera qu'il n'est aucunement question, dans ce rcit tir des historiens arabes, de l'arrive lladjar en-Neser de Sidi Mohammed el-Mezoullr ben Ali Haidara ben Mohammed ben Idris, qui y serait venu aprs 220 et y serait mort en 2;;0, 1. Roud e/Qarlas, lJ'l\(luction Bcaumiel', p. 125,
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Ce qui a trait il Sidi el-~Iezouar, le grand anctre de tous les Choda de Djehel Alem, est galement rempli de contradictions et de confusions de dates qui font natre des dOlltes d'ulle relle gravit sur l'authenticit de la plupart des gnalogies chrifiennes de celle rgion. D'apl's la Tohfal el-!ladi, cite par la Salollal el-Anfas, El-Mezouar aurait quiLl Fs aprs l'an 220. D'autre part, si l'on se reporte au Roud el-Qartas, on trouve que le pre de Sidi el-~Iezouar, Sidi Ali lIadara hen Mohammed ben Idris a succd il son -pre en 221 et qu'il tait luimme il celte poque g de nellf ans el quatre mois. Il est mme inutile d'insister sur l'invraisemblance du dpart de Fs (le Sidi el-Mezouar, alors (llle son pl'e n'ayait pas encore dix ans. De plus, la Raoudat el-Jlaqouda et d'autres ouvrages cits dans la Salollatel-.lnfas fixent l'anne 250 la mort d'El-Mezouar, qui, disentils, avait quill Fs lors de l'avnement de son pre Ali Hadara pour se consacrer au Seigneur. Ibn Hahmoun, comme nous l'avons YII, dit que Sidi el-Mezollal', fils d'.\li Hadara s'chappa de la capitale, fuyant Ibn .Ibi-l-.lf:qia, et vint habiter la forteresse de lIadjal' (Jn-~esel' dans la trihu des Sou mata, o il fut enseveli. Or la Cuite des descendants de ~Iolllay Idris apri~s l'occupation de Fi~s pal' ~Iousa Ibn .\bi-l- ';\Cp, s'est produite Cil :a:l de l'Ilgire, c'est--dire soixante-trois ans apI's la dale indique pal' les historiens pour la mOl't de Sidi pl-'Iezollar. De 1'1115, celte fllite de Fi~s d'El-)(ezouar hen Ali lIadal'a cl son tablissement il !ladJal' cn-Neser ne sont rapports pal' allClln historien. Le plus moderne, Ahmed hen Khaled en-Naciri \ qui "ivait sous le rgne de Moulay el-Hasan, dit (lU' Ali Hadara est la souche des
1. [{ilal, l:-lsIiJu, l. 1, p. iG du texte,
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Charra .\lamyin; parmi ceux-ci se tl'Ouvent les Mechichyin, descendants de Moulay Abdel'l'ahman ben ~Iechich, les Ollazzanyin, descendants de .'\foulay .\bdallah Chrif, de la descendance de Sidi Yamlah ben .'\Iechich, frre de Moulny Abdessalnm. L'nllteur njoute que .\li IIndara avait neuf ans et (Illatre mois IOl'squ'il succda en :2:2'1 son pl'e .'\Iohalllmed hen Idris; il reproduit exactement ce que dit le Roud el-Qarlas son sujet, sans dire un mot de son fils EI-.'\Ipzoual' ni du dpal't de celni-ci de F('s pour rIadjar en-~eser. Seuls les hagiogl'aphes en parlent, et encore heaucoup d'entre eux, ainsi qne nous l'anllls vu dans la vie de Sidi El-.'\Iezoual', Jans la Saloual el-Allfm;, indiquent qu'il est enterr Fs avec son pre Ali Hadal'a et son grand. pl'e .'\Johalllllled ben Idris, aupri's du tomheau de \Iaulay Idris, l'est de Dai' el-Qalonn. En l'sum, l'identit d'EI-.'\Iezoual', dont le tombeau se trouve en Soumata avec EI-.'\Jezoual' ben .\li lIadara ben .'\Jahnmmed ben Jdl'is, est loin d'tre cel'Iaine. On se rendra compte, d'auti'e part, que les ouvrages d'hagiographie qui sont en contradiction avec les li\'l'ns d'histoire ne remontent pas au del du dixime sicLP de l'Hgire..\ celte poque, la pousse des doctrines chadilites, excite par l'occupation pOl'tugaise, avait provoqu dans tout le :\Iaroc, et pal,ticulircment dans la l'l;gion de Djehala, l'appal'ition de nomhrPII'i Cheikhs ellariqa fondnnt une quantit de Zaollas, et ces Cheikhs, s'ils ne prtendaient pas tous eUX-llllUeS au cht;I'ifat, taient considl;I'l;s comllle f:horfa l'l \nrs l'gal des descendant du PI'ophte pal' leurs fidles. Il tait rl'snll de cet tat de choses une dcentl'alisation d'autoritl; qui constituait pour le pouvoir du .'\Iakhzen un vl'itable danger, ct on peut se demander si, (l0UI' callaliser pOUl' ainsi llire le chl,ifat et l'eHlpl\cher de se rl'palllll'f' dans les tribus sans direction el salls eontrll', le .'\laldIZl'1I
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n'a pas cr aux Chorfa du Djebel Alem une gnalogie officielle de faon pouvoir l'opposer aux prtentions de tous les Cheikhs, Chorfa ou non qui peuplaient le pays de leurs Zaouas. On peut retrouver un procd analogue dans la conscration officielle que les Sultans Filalas ont donn la Zaoua d'Ouezzan, dans l'esprance, sans doute, de se servir d'elle pour annuler les nombreuses Zaouas qui pouvaient gner l'extension de son autorit. Ne pouvant pas encore faire de la concentration absolue, le gouvernement marocain a cherch faire de la concentration partielle, et il a prfr crer sur des preuves gnalogiques douteuses un chrifat officiel sur lequel il pouvait exercer une certaine influence, laisser les nombreux Chorfa, vrais ou faux, se tailler, tout fait en dehors de lui, des petits fiefs religieux qui auraient absorb leur profit ce qui devrait tre vers au Bit el-Mal. Ce mouvement de centralisation se resserre d'ailleurs depuis plus d'un sicle. Le Sultan Moulay el-Hasan avait cherch dtruire l'influence du chrifat officiel lui-mme, et aujourd'hui son fils Moulay Ahdelhafid a donn comme gouverneur une grande partie de Djebala un descendant du Sidi el-Mezouar d'Hadjar en-Neser, le Chrif ~Ioulay Ahmed er-Hasouli qui, la tte de troupes rgulires du Sultan et de contingents de Djebala dj rduits, cherche soumettre par la force les autres Djebala au pouvoir central. Les montagnards comptent sur l'intervention surnaturelle de Moulay Abdessalam ben ~Iechich pour les dfendre contre les empitements du Makhzen, et si cette intervention ne se manifeste pas, l'indpendance des Djebala pourrait hien disparatre avec le Chrifat officiellui-mme. La dnomination de Hadjar en-Neser, ou Hadjar echChorra n'est plus connue dans le pays pour dsigner l'endroit o se trouve le tombeau de Sidi el-Mezouar. On appelle simplement cet endroit Dar, ou Afn el-Hadjar.
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Les Chorfa.
Voici ce qu'crit sous le rgne de Moulay Er-Rechid le gnalogiste Chabihi 1 propos des Chorfa de la tribu des SouIllata : Un grand nombre de gens se sont prsents avec des documents o se trouvaient des noms des Ou/ad er-
Rouas, Ou/ad Ben S/iman, Ou/ad Khamkhin, Ou/ad e/Arbi, Ou/ad Ou/ad e/~Habaq, Ou/ad Zouggan, Ou/ad e/Hic/wu, Ou/ad f)ah Dah, etc ... Tous ces documents sont
faux et tous ces noms sont inconnus dans la descendance d'Idris, dans celle de Souleyman, dans celle de Mousa el-Djaoun, et dans celle de En-Nefs ez-Zakiya, de mme que dans la descendance d'El-llosen en Iraq, et Hs sont inconnus au Maghrib. Il Les ,seules familles chrifiennes cites en SouIllata pal' Chabihi sont les Ou/ad ech-Chan/ouf et les Ou/ad echChrif. En 1105 de l'Hgire, sous le rgne de ~Ioulay Ismal, Ibn Hahmoun 2 cite dans cette tribu les familles suivantes comme ayant fait les preuves de leur origine chrifienne : Les gens d'E/.Kharba; les Uu/ad Bou Zid et les Ou/ad Ibrahim ben el-Hasan An Baida pt Touaoula, les Oulad Ben Irmaq, les Ou/ad en-Nedjaf', et les Amf'anyin, Hadjar Chorfa (les Oulad Irmaq sont d'ailleurs euxmmes Amranyin) et d'autres membres de ces familles n'pand ues dans la tl'ibu; les Oulad el-lrIoudden Akersan; les Oulad Ben Irmaq et leurs cousins les Oulad QachchaIll 'An Baida et Touaoula. On tl'o",'e encore aujoul'd'hui chez les Soumata les mmes familles chri
J. Malll/scrif cit. 2. Ol/urage cit.
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.\RCIIIYES MAHOCAINES
(iennes, Il est remarquer que le faqih Ben] mlaq dont nous avons dj parl, et qui habite 'An Baida, apparlient une famille reconnue chrifienne par Ibn Hah/IIoun il y a plus de deux cents ans. Aujourd'hui cependant, le faqih Ben Irlllaq n'est pas considr comme Chrif, mme par les tolba de sa tribu qui ont pour lui une profonde vnration, On peut retrouver l le sentiment dont nous avons parl d'un chrifat officiel se composant uniquement des descendants de Sidi el-Mezoual'. Les Oulad Ben Irmaq descendent en efTet de SiJi Omar hen Idris et n'appartiennent pas aux Chorfa du Djebel ;\lem, entre lesquels seuls sont partages tous les ans les aumones recueillies au sanctuaire de Moulay Abdessalam Soulian el-Djebala. Le Qadi des Soumata est Si el-Ghali; il hahite 'An Baida.
CHAPITHE VIII
D'aprs plusieurs lo/ba de la rgion, le nom primitif de cette tribu aurait t Beni Irf'ad ou Beni Ar(ed et ses habitants seraient d'origine ccnhadjicnnc. Lon l'Africain l'appelle les Beni Guedar(elh. Cette montagne, dit-il, est prochaine de Tetteguin (Ttouan) et bien habite; mais dIe est de petite tendue, dont les habitants sont vaillants hommes et de qualit qui sont sous la charge du capitaine de Tetteguin auquel ils portent grande obissance, d'autant qu'ils l'accompagnent au pillage quand il va sur' les apertenances de la cit que tiennent les chrtiens . .\u moyen de quoy ils sont exens de tous illlpos et subsides envers le roy de Fez, fors que d'un petit cens pour leurs terres. Mais cela leur est de peu au respect des gr'ans deniers que leuI' rend la montagne, pour ce qu'en icelle y a grande quantit de buys de quoy se servent les pigniers
1. Beni Guer/arI'e/Il (Lon l'AfJ'icain). nalli Ouad ,Il F%ull 'MlIl'Illlll). Formc llI'abis,"e des neJ'l.Jl'res Bani G'our(o/Il .. I3enig,nfale " (D.HI/AlI, ,JI. 9; FAllU, VII, 4!l), Bani JlIl'fadh (EZZIANI, 141-72). Leul' n01l1 vient-il d.. Ga/l'cil (.\,) /relrousscl', MOULlIIA", JI. 750) ou dc l/ued Filell (lIIlrmol)"! Les actuels Beni n01'1it (l'lolle) (Le Maroc dans les premires ail lies du seizime sicle. Tableau gogTaphiquc d'aprs Loll l'.\f''icaiu, /,lIl' 1."[J~ MASSIGNOX, p. 24:"1.)
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de Fez faire leurs ouvrages et en prennent tous les ans une grande quantit '. Marmolles appelle les Beni Hued Fileh ou Beni Gued el Fetoh. Il rpte ce que dit Lon en ajoutant que la garnison de Ceute les a tourmentez quelque tems, particulirement la mort d'Almandari, qu'elle courut jusqu'aux portes de Ttouan 2. Il Il semblerait, d'aprs ce que disent Lon et Marlllol, que les Beni Gorfet devaient tre tablis autrefois sur un territoire plus rapproch de Ttouan que celui qu'ils habitent aujourd'hui. En effet, le territoire actuel des Beni Gorfet est spar de Ceuta par la montagne du Djebel Alem en Deni Arous par le Djebel Habib, les Beni Ider, les Beni Meaouer, les Beni Hasan, et il semble difficile que les troupes des chrtiens de Ceuta qui, d'aprs Marmol, arrivaient dans leurs courses jusqu'aux portes de Ttouan, aient pu tourmenter les habitants des Beni Godet dans la rgion qu'ils habitent actuellement. Il est prohable que, pour chapper aux incursions des garnisons chrtiennes de Ceuta, les Beni Gorfet se soient retirs dans l'intrieur du pays, comme d'ailleurs d'autres tribus. On retrouve encore un souvenir de l'poque o les Beni Gorfet faisaient partie du gouvernement de Ttouan par le fait que, ainsi que nous le verrons plus loin, une partie de cette tribu fut, il y a une trentaine d'annes, rattache au gouvernement de cette ville malgl' la distance qui l'en spare actuellement. Il est intressant de constater galement qu' l'poque de Lon, c'est--dire au seizime sicle, les Beni Gorfet payaient l( un petit cens pour leurs terres , c'est--dire la naba, tandis qu'ils se considrent aujourd'hui comme proprital'es de leurs terres et qu'ils ne payent plus aucun droit.
1. LON L'AFRICAIN, Ouvrage cit,
2.
MARMUL,
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La tribu des Beni Gorfet est limite l'ouest par les Khlot j au sud par le Srif, dont elle est spare sur un parcours assez long par un torrent appel J'Oued elHamam, qui tombe dans l'Oued el-Mkhazen, aprs avoir pass auprs de Sidi Ali Bouloufa. Au sud-est et l'est, les Beni Gorfet sont borns par les Soumata j au nord par les Beni Arous. Le principal cours d'eau des Beni Gorlet est l'Oued er-Reta, le long duquel se trouvent les seuls jardins de la tribu. Cette rivire, qui prend sa source 'An Baraka dans les Beni Arous, s'appelle alors Oued Seta j elle s'appelle Oued er-Reta dans les Beni Gorlet et prend le nom d'Oued el-Mkhazen dans le Khlot; eUe tombe dans le Lekkous prs de Sidi Embarek ben Amran. En dehors d'un certain nombre de bois d'oliviers, les Beni Godet ne sont pas boiss comme les autres tribus des Djebala. Il s'y trouve, comme nous l'avons dit, des jardins fruitiers, des vignes, et des jardins potagers sur les bords de l'Oued er-Reta, mais il y a surtout beaucoup de terrains de labour.
Aperu historique.
La tribu des Beni Gorfet est une vritable tribu de lrJoudjahidin, combattants de guerre sainte. La famille de cette tribu, qui s'est particulirement distingue dans les guerres contre les chrtiens et qui en a tir le plus de profit pendant un certain temps, est celle des Oulad Ghalan, tfui est encore aujourd'hui nombreuse et qui jouit d'une situation locale considrable. Les Ghalan se prtendent Chorra et sont gnralement considrs comme tels. Ibn Hahmoun affirme catgoriARC. MAROC.
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quement qu'ils ne sont nullement d'origine chrifienne 1. Quelques lettrs supposent qu'ils tirent leur origine de Qa Ghalan, l'anctre de tous les Berbreg : 0 toi qui dsires connatre nos aeux! Descendants Je Qa GhaLan, nous sommes les enfants de la noblesse la plus ancienne 2. Il Quelques-uns prtendent que les Ghalan des Beni (;01' fet tirent leur origine du Qadi de Moulay Ith'is ben Idl'is le Faqih Amal' hen :Mohammed ben Sad el-Qaci, descendant de Qar Ghalan. Les descendants de ce Qadi auraient quitt Fs avec les Idrisites et se seraient refugis avec eux chez les Beni Gorfet, d'o plusieurs d'entre eux seraient alls en Andalousie; leurs descendants seraient revenus chez les Beni Gorfet aprs la prise de Grenade, d'o le surnom de ff EI-.\ndalousi donn Abou Haf Sidi Omar ben Ibrahim, qui est considr comme le premier de cette famille tabli chez les Beni Gorfet; il venait sans doute d'Andalousie, comme l'indique son surnom d'origine. De plus, il tait le compagnon et l'lve d'un autre Andalou, Sidi Ali ech-Chibli (de Sville) vulgo Ech-Chaulli, qui est enterr, comme nous l'avons vu, dans le Srif. Sidi Omar ben Ibrahim Ghalan est mort en 1026 selon le Nachr el-Mathani:l, en 1027 d'aprs le Maualti elAsma", et ulleqoubba est leve sur son tombeau au village de Zerraq. Le personnage historique de la famille Ghallan estle fameux .\I>ou-IAbbas Ahmed el-Khadil' ben Ali ;'.
1. III~ RAHMOU:-;, ouvr. cit, Archives marocaines, t. Ill, l'ase. 2, p. :lU. 2. 111:-1 I\n.\LDOl'N, tmduction de Slane, t. l, pp. li~-17!l. 3. Ouvrage cit, p. l:l:l. 4. Ouvrage cit, p. Hill. ii. " Il tait andalot de nalion, c'est-il-dire de;;eemlant des Maures (lui SOI'tirent d'Espagne aprs la prise de Grenade; il lait fort bien fait de sa personne et son regard tait doux et afl'able envers tout le monde; il port(lit une grande mOll"t:ll:he blonde, estait bon soldat et grand capitaine, issu de Illu"tre l'aIllilie des Z('g'l'is, ",j renomme dan,.. les guerres civiles
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Amal' Ghalan, l'anctre d'Abou '-l'-Abbas, faisait partie, comme son matre Ali ech-Chibli, de cette plade de marabouts que l'occupation portugaise avait fait naitre dans tout le )Ial'Oc et (lui soulevaient contre l'tranger le fanatisme des populations. Tous cherchaient profitel' de l'enthousiasme religieux provoqu pal' leurs prdications pOUl' fonder des Zaou:ls o se runissaient leurs fidles en leur apportant leurs ofTl'andes. Les tentatives de fondations de' Zaouas cette poque sont innombl'ables. Quelques-unes ont pu prolonger leUl' existence j le plus grand nombre n'a pas tard dispal'aHre. Parmi les chefs de guerre sainte, un des plus illustres fut )Iohammed ben Ahmed el-~falki ez-Ziani, connu sous le nom de Mohammed el- 'Ayachi f, qui exera une vritablc souvel'ainet SUI' les environs de Sal, dans le Gharh et presque jusqu' Tanger. Il avait comme lieutenant, avec le titrc de Moqaddem el-Djihad, chef pour la guerre' sainte, pour la rgion du Habt, Abou-l-Abbas Ahmed elKhadir ben Ali Ghalan d'aprs les uns, son pre Ali d'apl's les autres. Lorsque El- 'Ayachi fut assassinl' par les gens du Khlot 'An el-Qab en 1058 de l'Hg. (10lt1 J.-C.), Ghalan le remplal,:a comme chef de guelTc sainte dans le NOl'd marocain Oll il ne tarda pas se cre.' une situation considl'able, aprs l'avoir repris aux marabouts de Dila qui s'en taicut cmpars aprs la mort d'El'Ayachi. En 1657 il fit une pl'el!lil'e incul'sion infrnctueuse contI'/.' Tanger qui tait occupe par les Portugais et commande par Don Fernando de Menezcs, Une deuxime attaque dt' Ghalan contre cette ville n'eut pas plus de succs. Cependant Don Fernanuo de )[enezes surveillait toujours allentle ce royanme pOUl' le,; dilT.'elllls 'Iu'elle eul avec les .\ben Cenages, ~es il'l','onl'i1illhles ennemis, Relation de la captivit du sil'ul' .1/0ul'lIe dan.. les ROYI/ume. tie Fez el dl' .l/ul'or. Pil/'i,;, 168:J, pp. !J"2-!l:i. 1. (:r. No:/wl l'I-llmli, tl':ldudion III1Utlll"', p. 4:J1 et suiv.
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ARCHIVES MAROCAINES
tivement les agissements de Gharlan qu'il considrait comme une perptuelle menace pour la scurit de Tanger. Des tentatives d'accord entre Ghalan et le gouverneur de Tanger n'aboutirent aucun rsultat, et, en 1661, il faisait tomber dans un pige la garnison de Tanger 1. Ghalan ne s'occupait pas seulement lutter contre les chrtiens de Tanger; suivant l'exemple de son ancien chef, Mohammed el- 'Ayachi, il combattait les marabouts de Dila et prenait une large part aux luttes qui dchiraient le ~laroc entre les derniers Saadiens, les premiers Filala, les marabouts de Dila et lui-mme, chacun cherchant se tailler aux dpens des autres un royaume plus tendu. Ghalan possdait Ttouan, Arzila et EI-Qar el-Kebir o il s'tait fait btir un palais qui existe encore en partie; il chercha s'emparer de Fs (t070 Hg., 1659 J.-C.), mais fut repouss par Mohammed el-Hadj ed-Dila et dut s'enfuir et se rfugier au marabout de 1\1 oulay Bouselham 2. Pendant ce temps, en 1662, pal' le mariage de Catherine de Bragance, fille de Jean IV de Portugal, a vec Charles II, roi d'Angleterre, Tanger devenait possession anglaise. Aprs avoir trait avec le comte de Tiveot, gouverneur de Tanger, aprs avoir mme crit directement Charles II, roi d'Angleterre, Ghalan n'ayant pas obtenu sans doute les avantages qu'il dsirait, attira le comte de Tiveot dans une embuscade non loin de Tanger et le massacra avec son escorte. Cela se passait en 16611. " Les progrs de :'IIoulay er-Rachid rapprochrent Ghalan des Anglais de Tanger et en 1666 lord Belassize put traiter avec lui. Il rsulta de ce trait que lorsque Moulay er-Hachid, qui s'tait empar de Fs en 1667 et y avait t proclam, voulut assiger Ghalan dans Arzila, aprs l'avoir chass d'EI-Qar, dont il s'tait empar, il se trouva
1. IlisilJria de Tangere, de lion FERNANDO DE ~fENEZEZ, p. 217 et suiv. 2. Cf. Archives marocaines, " Les Tribus arabes de la valle du Lekkous", VI, t. p. 358.
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en face de cannoniers anglais qui l'obligrent rebrousser chemin. Ghalan tait galement aid par les Turcs d'Alger, qui voyaient en lui un excellent moyen d'empcher l'autorit de Moulay er-Rachid, qui gnait leurs projets, de s'tablir sur ce pays. Cependant lorsqu'aprs avoir dtruit la Zaoua de Dila (107Q Hg., 1668 J.-C.) et renvers Marrakech le pouvoir de Kroum El-Hadj, Moulay er-Rachid marcha de nouveau sur Arzila, Ghalan s'enfuit Alger. Il revint au Maroc sous le rgne de ~Ioulay Ismal en 1083 de l'Hgire (1672 J.-C.) et dbarqua Ttouan, o il tait arriv sur des bateaux d'Alger. Il ne tarda pas il reconqurir Arzila, El.Qal' el-Kebir et le Gharb et se mit en marche sur Fs. ~loulay Ismal se dirigea sur le pays du Habt pour le combattre; il l'atteignit et le tua prs d'EI-Qar le lundi 20 Djoumada 1er 108ft (1673 J.-C.). Il fut lchement abandonn par les siens dans la bataille o il fut tu aprs avoir donn des marques d'une im'incible valeur et aprs que cinq chevaux eurent t abattus sous lui. La tte luy fut coupe par un noir qui la prsenta Moulay Semin, lequel l'envoya incontinent Moulay Hachem, son frre, vice-roy de Fs, comme une marque plus authentique de sa victoire. Ainsi finit ce brave prince, aprs avoir fait mille actions hroques t. Le corps d'Abou-l-'Abbas Ahmed el-Khadir hen Ali Ghalan est enterr trs probahlement sous une qoubba adjacente au sanctuaire de Moulay Ali Bou Ghaleb EIQar, moins, comme nous l'avons dit dans la description du Djebel arar, que ce ne soit son tombeau qui se trouve ct de celui de Sidi Ali ben Ahmed, le patron de arar, qui appartenait la famille Ghalan des Beni Gorlet et qui aurait t'le pre du fameux moudjahid. On peut voir, par ce rapide apel'Cu, le rle considrabl~
1. MOUETTE, Ouvrage cit,
p. !J:l.
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ARCIIIYES
MAnOCA'~ES
jou au dix-septime sicle dans le Nord du ~Jaroc pa,' Chalan, quc les Anglais appelaient Prince of ''''est Barbary et qui explique la situation dont jouissent encore aujounl'hui les Oulad Chalan dans la tribu des Beni CorCet. De plus, la famille Ghilan est uue famille de tolba et mme de lettrs. Le faqih Si Ahmed Chalan qui tait le secrtal'c du Pacha de Larache, Si Ahllled ben et-Tahami Astot, avait t charg par Moulay ('1Basan de rechercher et de racheter au Maroc tous It-'s manuscrits .\l'abes d'une certaine valeur, et il possde III imme une bibliothque importante. Sous le rgne de Sidi Mohammed ben Abdallah, les Franais allrent attaquer la place de Larache. Cette attaque eut lieu le premier jour de l'anne 1179 (juin 1765). Ap"s avoir bombard(' la ville, les Fran<,'ais entrrent dans le port (l'emhouclnll'e du Lekkous) avec cluinze cauots monts par un millier d'hommes. Puis, remonlanlle COlll'S de la rivire, ils s'avancrent sur les bateaux du Sultan qui taient l'ancre et mirent le feu il l'un d'eux qui I;lait prcisment celui que les :M usulmans lelll' avaient caplur, Ils s'attaqurent ensuite il un autre vaisseau avec d(,s barres de fer el des haches. Mais les Musulmans l(s entourrent : les Belli Gurrel et les gens du Salll,l h'lIl' livrrent combat et les forci~reut il se retirer, ele. 1. Ou retrouve les Beni CO\'ret en 1208 0793 J ,-C.) sous le rgne de ~Ioulay Slimau lors du soulvement provoqu dans la tribu des AldlllWH des montagnes des Gholllal'a pal' ~Iohammed ben Abdessalalll cl-I\.homsi, sUrJIolllm Zeitau, L'insurrection de la tribu des Akhlllas, cause pal' les abus du Qad El-(;henimi, ne tarda pas il s'tendre dans tous les Djebala et daus le IJ'lht. l'ne arme du Sultan ('ommandc pal' ('C (Jaid EI-Clll'nilni l'Ill battue dans la lrilm des (; llCzaoua, l'l's d' UUI'zzan. Lp Su lta Il donna
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alors le commandement d~s tribus du Djebel son frre Moulay et-Tayeh, lui laissant pleins pouvoirs en ce qui concernait les ports, et lui assigna Tanger comme rsidence. Moulay et-Taeb commena par lutter contre les tribus du Fah qui se soumirent, puis il comhattit les hahitants des environs de Tanger et d'Arzila, comme les Beni Ider et les Akhmas, etc., pari isans de Zeitan. La guerre ne cessait pas. En 1209 (179!1 J .-C.), Moulay et-Tareb, ayant reu du Sultan son frre une colonne de renfort qui vint se joindre lui Tanger, partit avec les soldats de cette ville et ceux de Larache pour attaquer les Beni Gorre/ qui taient le repaire des rvolts. Il s'tablit chez eux, les combattit jusqu'au cur de leurs maisons, brlla leurs villages, pilla leurs biens et les mit en pices, si bien qu'ils vinrent humblement lui exprimer leur repentir et qu'il leur pardonna t.
A dm in is/ration.
Il y a une quarantaine d'annes, les Beni Godet relevaient du Qad Si Boubeker el-Habassi, gouverneur des Beni Malek (Gharb); puis ils furent rattachs au goU\'ernement de Larache avec les Qalds Hadj M'hammed Ould Ba Mohammed ech-Chergui, Si el-Mekki Astot, et Si Ahmed ben et-Tahami Asto1. Puis le gouvernement de la trihu fut partag en deux: une des moitis fut donne encore une fois Si Bouheker el- Habassi, l'autre l\Iohammed ben Abdessadaq. gouverneur de Tanger. Quelque temps aprs, ces deux gouverneurs taient changs ct les Beni Godet partags entre Mohammed AUlqiched, gouverneur d'Arzila, et Si Ahmed hel-Khadir, gouverneur de Ttouan. Puis, Mohammed
1. lsliqra. traduction FunH'~, AI'chit,ts mal'ol"aine.'. l. IX. p.
a!Jtc
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ARCIIlVES MAROCAINES
Amqiched runit le gouvernement de toute le tribu. A sa mort, il y a huit ans environ, le ~Iakhzen donna aux Beni Gorfet deux gouverneurs de la tribu mme : Hammor el-Djebari, du village de akllI'a, et Ould Cerrokh, de Lahra. Mais la tribu ne voulut pas les reconnatre et, l'instigation des Oulad Ghalan, une rvolte clata. lIammor fut tu et l'autre Qad dut s'enfuir et se rfugier Ouezzan. Le Qad Abdelqader bel-Hadj el-Hadi el-Khalkhali, gouverneur du Khlot, acheta alors le gouvernement des Beni Gorfet et (it contre eux une expdition qui ne fut d'ailleurs pas meurtl'ire. Il se contenta d'aller camper avec ses contingents au village d'EI-Khtout, de percevoir quelques impts et de nOIumer des Cheikhs. Il resta gouvemeur nominatif des Beni Gorfet jusqu' sa mort, mais sans exercer sur eux la moindre autorit. Le gouvemement des Beni Gorfet fut alors donn ail Qad d'Arzila, Si Mohammed ben Abdelkhaleq, mais les vritables chefs de la tribu taient toujours les Oulad Ghalan,qui intL'iguaient, dit-on, avec le Chrif Rasouli, en qui ils voyaient un champion de l'Islam et un appui pour leurs amuilions personnelles. Il y a deux ans, Si Mohammed ben Audelkhaleq fut chass d'Arzila pal' Rasouli et les Beni Gorfet restrent pendant quelque temps sans gouverneur. Depuis quel1lues mois, comme nous l'avons dit prcdemment, le Chrif Ahmed er-Hasouli a t nomm, par l'Ioulay Abdelhafid, gouverneur d'une grande partie des tL'ibus des Djebala, et il s'efl'orce de les soumettre. Aprs avoir, sinon rduit compltement, au moins fortement impos les tribus voisines de Tanger, Rasouli a dernirement attaqu les Beni Gorfet, qui avaient tu une partie des soldats envoys par lui pour y recueillir l'impt, et malmen les autres. Monlay Ahmd dirigea lui-mme l'expdition contre les Beni Gorfet et s'y rendit avec un millier d'hommes fournis pal' les autres tribus montagnardes de son gouvernement,
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Beni Meaouer, Djebel Habib, Ouedl'as, etc., et quelques pices d'artillerie de montagne. Malgr le surnom de Oeuch ez-Zembull1' - nid de gupes - que leur donne l'auteur du BO/ls/an, les Beni Gortet ne firent pas une longue rsistance. Rasouli les attaqua vigoureusement et bl'lila plusieurs villages, entre autres Bou Bani, EI-Kifan, El-Khtout et Sadana. Les Beni Godet firent leur soumission et versent actuellement l'impt ou plutt le tl'ibut, qui est exig d'eux et qui s'lve plusieurs centaines de mille pesetas. Cette soumission sera-t-elle de longue dure, Rasouli veut-il rellement faire cesse!' l'anarchie des tribus des Djehala; s'il le veut, aura-t-il les moyells de le faire: 1 Autant de questions auxquelles il est impossible de rpondre. l~tant donn la pe"sonnalit inquitante du Chrif Moulay :\hmed er-Hasouli, dont le pass, mme en le dpouillant de toutes les exagrations voulues, n'est pas fait pour inspirer une absolue confiance, on peut toujours SI.' demander pour qui il travaille, si c'est pour Moulay .\hdelhatld, pour un autre ou pour' lui-mme. Cela dpend probahlement des circonstances et de l'occasion.
Il n'y a pas chez les Beni Godet un gr'and nombre de villages, mais chacun d'eux constitue une aggloml'Htion assez considrable, beaucoup plus importante que ne le sont en gnral les dc!l([f's des Djehala. Ces villages se divisent tous par lI"a!'til'I's qlli forment eUX-JII(\mes de Yl'itahll's ,illaw's, de telle so!'t(' qu'il est souvent malais(; d'tahli!' si ulle localit est 1111 Yillag(' par eIlc-m(\me ou si elle Il'est qlle 1(' lfllartier d'lI1l alltl'I'
" 4
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ARCHIVES IIIAROCAIXES
village. Il est difficile dans ces conditions de fixer exactement le nombre des villages proprement dits et nous avons indiqu les quatorze principales agglomrations des Beni C;orfet sous les noms qui servent le plus gnralement les dsigner, en spcifiant, au cas chant, les grou pements des localits qui sont considres comme un seul village, tout en pOl'tant chacune un nom diffrent.
akhra i~. Au sud-ouest de la lI'ibll, dans la direction des Khlot. Cette localil,que les auteurs arabes dsignent gnralement sous le nom akhar en-Na sel' - le roche.' du vautour- n'est connue dans le pays que sous le nom de akhra. Elle se partage en quatre quartiers qui comprennent ensemble: 300 maisons, 1.600 habitants. 300 hufs et vaches. 1.800 moutons, 3.000 chvres. 60 atteles de labour. 80 juments. ., aO mules ct mulets. ;) mosques-coles, dont lIne de Khotba.
Les notables de akhra sont: 1 Les Ou/ad Djouaouda, Chorfa Anll'llnyin, parmi lesquels: El-Hadj el-llachir, Si BOllchta, Si Ahmed Ould Ech-Cheikh Ali. 2 Les Djebaryin, c10nt Si et-Taeb et son frre, Si Ahmed ben Ali. 3 Les Ou/al! Ben' Omar. c10nt Si el-Khadir. '1 Les Ou/ad e/-Qflsmi, dont le Chrif Sidi
35ll fusils.
A reporler.
350 fusils.
523
Report.
Ahdessalam OuM el-Mahdi, Sidi Abdessalam Ould Lalla Hiba 1. Les Oulma sont: Sidi Et-Taher ben Amar, le faqih Sidi Ahmed, des Oulad l\fesnaou, le faqih Si Mohammed hen Abdessalam, le faqih Si etTaeb Hamdan. Ces Oulma enseignent dans les mosqlles du village.
350 fusils.
Mal'abouls.
Les saints personnages enlerrs akhra sont : Sidi Embarek, Sidi Ahmed ez-Zerhouni, Sidi Gueddar, Sidiel-Bahri, Sidi Youns, et les Saha Ridjal, appels gaIement Ridjal ech-Chal'q. Voici ce que dit ce sujet Ibn Rahmoun 2.
A reporlel'.
350 fusils.
1. Le gt"n"'alogislc Abtlel<Jadcr ech-Chabihi (p. 23) di l, il propos .Ie la tribu tics Beni Gorfet: " Il n'y a pas de Chorra Alam~'in dans cette Il'ibu cn tlehor.. des Oulad Sidi El Mekki qui sont des Oulad Haddad et tics Oulad Marso descendMIL8 de Sitli r ouns ben /loubeker i mais il s',\' trouve des Chorfa Amranioun, descendanls de Sidi Omar ben Idris, el de.. Ghorfa Akhounioun, descendanls de Sidi (lasem hen Idris. Il ajoul(' : " Le,; Oulad 'Omal' de l..:akhl'll sont tic,", Oulad Ben Sliman ('1 ils ;;ont ChOl'fa. ft Ihn RahmOlill "t'pHe ce que diL Ech-Chabibi relatil'ement aux famille.chrifiennes des Beni Go rofet , et il .. ite particulirement au village de Cakhr'a le" familles ,;uivantes : .. EI/)asmioun, pp. 1;{S et 141 dll texle: les cOII"ins du fa'lih EI-I\hadir bell .\Ii. p. Hf;: Oulad el-Touil .. 1 Oul:ld Abdallah, deseendanls de \lohalll1I\('d bell Idris, p, 153. 2. Ill:\' HAIUIOl':", VI/VI'. rift; .. Irrhil'r,' marocailles, l. III. fa ..c. Il, JI. :1:1"'.
52!
ARCHIVES MAROCAINES
Reporl.
Lorsque Mousa ben Al- 'Afiya le ~likna site perscuta les Idrisites et confisqua leurs biens, ils s'enfuirent vers le Fah et runirent autour d'eux les tribus des Beni Arous et de la Ghal'biya. Quelques-uns montrent au Djebel Beni Gorlet, la akhrat An-Nase l' et Ach-Chanayla " le Djebel Addar. Ils y trouvl'ent une grande fort peuple de btes sauvages, de gupards et d'aigles; ils la dfrichrent et y construisirent des habitations, qui se multiplirent au point de prendre l'importance d'un gros bourg; mais un grand nombre d'entre eux mourUl'ent de la peste et y fUl'ent ensevelis; on les appelle : Ridjal Ach-Charq (les hommes de l'Orient). Plus tard, le sultan Moulay Ahmed Dhahaby engloba ce lieu dans le horm qu'il tablit aux Alamyin, depuis la tribu de Srif jusqu' lIadjar Mezouar et ~Ioulay Abdessalam ben :\lechich. Il y a akhra un grand nombre de sources dont la plus importante est 'An Chelala. Au-dessus du village de akhra s'lve un rocher o l'on apel'oit encore des traces de constructions probablement trs anciennes. Au sommet de ce rocher se t1'ouve une sorte de grotte assez profonde, o, d'aprs la croyance populail'e, habitait autrefois un Roumi qui s'appelait El-Oucham.
350 fusils.
A reporler.
J. Ainsi que nous le verrons plus loin, le pr,.; de la limite des Beni Arous,
f)l'Il3l'
350 fusils,
de Chenayla se tt'ollve
;;25
Repor/. Aouarmoul ':"'Y.)JI. Au sud-est de la tribu, en face des Soumata. 200 maisons, 1.200 habitants. 150 bufs et vaches. 1.200 moutons. 2.000 chvres. 40 atteles de labour. 50 juments. 80 mules et mulets. 2 grandes mosques-coles, dont une de Khotba, et cinq petites coles de Qoran. C'est Aouarmout que professait autrefois le faqih Ahmed ben Irmaq, avant que son grand ge ne l'obliget rester dans son village 'An el-Bada, dans la tribu des Soumata, o il fait encore quelques cours. Un seul marabout: Sidi elGhorri avec une simple cabane de roseaux recouverte d'un toit de chaume. Les Nolables.
Oulad el-Hadj, Mohammed Chrif erRegrahoui, EI.Ghorryin, Oulad Ben Sliman, Chorfa, dont Sidi el-Mamonn. Oulad Labouri, dont Ben Ali. Oulad Chabo, dont Ould el-Hadj 'Amar 1.
350 fusils.
250 fusils.
A reporler.
600 fusils,
I. Ech-Chabihi, p. 23: " Les Oulad Ben Abbou du dchar d'Aouarmout ,;ont Chorfa Amranyin. Les Oulad Ben Sliman du mme village prtendent tre des Oulad Sliman qui sont Chorfa. Ibn Rahmoun, p. 146: " Les Chorfa d'Aouarmout sont: Les Oulad En-
3 4
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AHCIIlVES MAHOCAll"ES
Repol'/.
El-Haou/a ~..,..J\. Au milieu e la tribu: 50 maisons, 250 habitants. 50 bufs et vaches. 250 moutons. f.OO chvres. 10 atteles de lahoui'. 20 juments. 25 mules et mulets. 2 mosflues-coles, dont une de Khotba , Habous; Nadii.
Les No/ables.
Chrif Sidi Mohammed el-Alami. Oulad Chetiar, dontAhmed. Lahl'a et Z oua,/ JI,j runis. Au milieu de la tribu: 300 maisons, 1.600 habitants. 200 bufs et vaches. 1.;)00 moutons. :!.500 ehucs. 50 attele!'> cie labour. 70juments. 125 mules et mulets. fa gmnrfes mosques dont deux de Khotba ; lIabou!'>: Nadir; et trois coles de Qoran.
A l'('por/el'.
:'oIa(~er,
i..rJ
300 fu!'>ils.
950 fusils.
uonl le Fa'lilt le Sid EI-Kltadir' ben Ali i ils ont une maisoll
;;27
9,jO fusils.
Oulma.
Sidi Ahdessalam hel-Hadj. Les Oulad el-Faqih ben Ahmed. Les Oulad el-Faqih Sidi "\hderrahman
Jfara6ouls.
Sidi el-Amrani. Sidi Ben U'khout, dont les tombeaux se composent de simples murailles de piel'res recoU\'ertes de toitures de chaume.
Zef'mq ou Zerraqin ~l.)j JI JI.)j. Ali milieu de la tI'ibu. Les trois villages de Lahra, de Zouaq Pl de Zerraq ne fOl'ment proprement parlel' qu'un seul bourg, divis en tI'ois quartiel's. ,jO maisons, 250 habitants. A reporler.
50 fusils.
1.000 fusils.
1. Ibn Rahmoun, p. 18;{: ... \u villllge de Labl'a des Beni GOI[t'l. le,; Chorfa Oulad Chenlouf descendent IL\bdeamad hen AlJdes~alalJl hl'n Mechirh. " P. 18(;: .. Les Ou/ad Ben 1Ifousa, descendanls de Sidi Y('f11lah hl'II l'Ifeehich.
,i2H
ARCHIVES
MAROC.\INE~
Report.
60 bufs et vaches. 300 moutons.. 600 chvres. 10 atteles de labour. 20 juments. 30 mules et mulets. 2 mosques-coles, dont une de Khotba; lIabous; Nadir.
'1.000 fusils.
Marabout.
C'est Zerraq que se trouve la qoubba du premier anctre connu des Oulad Ghalan, Sidi Amal' ben Ibrahim el-Andalousi, mort en 1026 ou 1027 de l'Hgire (1617 J.-C.).
Chorra et Oulma.
Sidi Mohammed bel-Ghazouani. Les Oulad Ghalan, dont Sidi Ahmed et Sidi Mohammed Ould Sidi el-Bachir. Le Qadi de la tribu habite ce village. C'tait il y a quelques annes Sidi Ahmed Ghalan, qui avait t nomm par le Sultan. Au bout de quelque temps, il a t chass par la tribu, qui l'a remplac par un Qadi de son choix: Sidi Mohammed Ould Sidi el-Hachemi, qui habite galement Zerraq.
A reporter.
1.000 fusils.
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Report. Bou Hani Jl.A.,y.. Du ct nord de la tribu, dans la direction des Soumata. . 200 maisons, t.200 habitants. 60 bufs et vaches. 1.000 moutons. 1.800 chvres. 35 atteles de labour. 50juments. 90 muleb et mulets 1. a mosques-coles, dont une de Khotba ; Habous; Nadir. Notables.
Oulad el-Baqqal, dont Sidi Mohammed. Oulad el-Alami, dont Sidi et-Taeb. Le principal A lem est Sidi Ali Ould Azouza 2.
1.000 fusils.
200 fusils.
Marabout.
Sidi Mohammed Tada, dont le fils, encore vivant, administre la baraka et les habous.
A reporter.
1.200 fusils.
I. Ce village a t dernirement (mai HlIO) en partie dtruit par le" troupes de Rasouli. Les chiffres indiqus avaient t relevs avant la destruction partielle du village. 2. Ech-Chabihi, p. 23: Ali Ben 'Omar el-GorfeU el-Karli demeuranl aux Nouaryin Fs et son frre demeurant Miqal (prs Ouezzan) se prtendent Chorfa Amranyin de Bouhani. Ils ont t remis jusqu' ('C qu'ils apportent des preuves. b Ibn Rahmoun, p. 146: Chorfa de Bouhani: Oulad Ibrahim, Oulad Ben Irmal). Les descendants de Sidi Asa Chrif et de son cousin Sidi Ali... Les Beni Amran, p. 183: Les Oulad Tribaq et une maison des Oulatl AtIlal, descendants d'Ahmed ben Abdessalam ben Mechich P. lB,; Les Oulad Haddad, descendants d'El-Melhi ben Boubeker ..
ARCH. MAROC.
ARCHIVES
~IAROCAINES
Report. El-Kifan 04:CJ1. A l'est de akhra. toO maisons, 1.100 habitants. 80 bufs et vaches. ~)OO moutons. 1.500 chvres. 30 atteles de labour. 50 juments. 80 mules et mulets. ft mosques-coles, dont deux de Khotba; Ilabous; Nadir. Les Nolables.
Oulad el- Bahar, dont Ould Sii el- Ha('hemi. Oulad el-Khtira, dont Si Abdelqader. Oulad ez-Zekakra, dont le faqih Si Ben .\sa.
Les Marabouts. -"idi Olhman et 8idi Bechbel, murs en pierres sches; toitures de chaume. D'aprs la croyance populaire, El-Kifan (les cavernes) d'o le village tire son nom, auraient t occupes par le mme Roumi qui habitait la akh1'a. El-Khloul .1.".kl\ et EI-M'he1..J'..~1. Au sud de la tribu, dans la direction du Khlot. '.50 maisons, 2.500 habitants. A reporter.
QUELQL'ES Till BU
531
Report.
300 bufs et vaches. 2.000 moutons. .\.000 chvres. tOO atteles de labour. t50 juments. 200 mules et mulets. 6 mosques dont deux de Khotba ; Habous; Nadir. Il y a El-Khtout une vritable Medersa, collge de l'A lem, o viennent des tudiants des tribus de montagnes et des tribus arahes de la plaine.
1 .900 fusils.
No/ables et Oulma.
OuIad Ghalan, dont Sidi Ahmet!. Sidi Mohammed ben Sliman. Chorfa Ouled Derho, dont Ould Sidi Abdessalam et Ould Sirli el-Arbi. Oulad Ben et-Taieb, dont Sidi ~IohaJllmed hel-Hadj et-Taleh. Oulad Ech-Chqaqla, dont Sidi Ahmed ben Abdessalam et son frre Sidi Abdelqacler. Si Abdallah bel-Hachemi, frre du Qadi (le la tribu, Sidi Mohammed bel-Hacheni, (lui habite Zerraq, remplit El-Khtout les fonctions de KllIllifa de son frre '.
A reporter.
1 .900 fusils.
1. Illn Rahmoun, p. 145: .. Oulad Ibr;,hilll, p. 187: Oulad Mara, descendant" dc Sidi Youn.\s hen Boubekcr-Oulad Qammor, deFcendanls de Sirli Ahmcd ben flouhcker...
632
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Report. Marahouts.
Sidi Ali ech-Chrif ben Sliman. Sidi Ahmed ben Slimail. Sidi Ahmed Ghalan. Murs de pierres sches j toitures de chaume.
1.900 fusils.
Sadana ~1.A-. Au nord et prs des pr~cdents. ' 200 maisons, 1.200 habitants. 500 moutons. 80 bufs et vaches. 1.200 chvres. 30 atteles de labour. 40 juments. 60 mules et mulets. 2mosques, dont une de Khotba j Habous; Nadir. Les Notables.
Oulad Ali, dont EI- Hasan et)e Hadj Abdessalam. Oulad el-Hadj, dont Sidi Mohammed belHadj .. Oulad el-Baqqal, dont Sidi el-Mokhtar 1.
200 fusils.
A reporter.
2.100 fusils.
1. Ech-Chabihi, p. 23: " AbdesRalam ben Mousa, Chrif de Sadana des Beni Gorfet, se dit de la famille des Oulad et-Terraf, qui sont Chorfa Amranyin ...
511ll
Report.
Les trois villages d'EI-Khtout, M'heir et Sadana composent un seul groupement, qui forme un gros bourg comptant neuf mosques l .
'2.100 fusils
af ~. Au nord-est du prcdent,dans la direction des Beni Arous. ftO maisons, 200 habitants. 30 bufs et vaches. SOO moutons. SOO chvres. 10 atteles de labour. 15 juments. 20 mules et mulets. 2 mosques dont une de Khotba; Habous ; Nadir. Les notables.
Oulad el-'A!,'a/,'. dont Et-Taieb et .\Ii. Oulad es-Sqaqla, dont QuIet cl-Fadi!. Oulad el-Flalda. dont AhnlPd Hammam et son frreMoharnmed ~. Il Y a au vilIage d Il (.:af des SOli t'ces nombreuses et ahondantes.
40 fusils.
Chefrnouch
J- .l.)~. EnfacedesChcnatfa,
250 fusils.
A reporter.
'2.390 fusils.
1. Ces trois villages ont t in,'enolit',s cl dtruits par lIasouli au conlIllcnccment de mai HlIII. 2. Ibn lIahmoun, p. Ii':! : "Au vill<lge de l..:<lf de;; Belli GOl'fe!, les Uulad .\Ii hen elTaleh, dl',.renolant,. de l\loh<lmllled hen Ahdess<llalll hen Mel'hidJ."
534
ARCHIVES MAROCAINES
Report.
100 bufs et vaches. 600 moutons. 1.200 chvres. 35 atteles de labour. 70 mules et mulets. 2 mosques-coles, dont une de Khotba; Hahous; Nadir.
2.39fusils.
Les .'Vo/ables.
Oulad el-Baqqal, tlont Sidi ElBachiI'. Oulad Chefl'aouch, dont El-Hadj Ahdelqader, Ahmed, Abdelkerilll. Qoubba de Sidi Abderrahmun ech-Chrif dans la plaine, l'est du village. Pas de sources; un cours d'eau, appel Oued e-eghir.
Remla. tL..). Au milieu de la tribu. 40 maisons, 200 habitants. 30 bufs et vaches. 200 moutons. 500 chvres. H atteles de labour. 10 juments. 15 juments. 20 mules et mulets. 2 mosques-coles, dont une de Khotba ; Habous; Nadir.
Ml fusils.
Les Nolables.
Chorfn Oulad Cerrokh, dont Sidi et-Tayeb et le Hadj Ali.
.l l'epol'/el'.
2.430 fusils .
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Repu!'/.
2.430 fusils.
Chellaila ~L:.;. Au milieu de la tribu des Beni Arous. 50 maisons, 270 habitants. 35 bufs et vaches. 250 moutons. 600 chvres. 10 atteles de labour. 15 juments. :W mules et mulets. 2 mosques-coles, dont une de Khotba ; Hahous; Nadir. .volables.
01llad el-Hdjadji, dont Sidi Abdessalam et SicH Ahmed. Oulad Cerrokh, dont Sidi Abdelkerim 1
60 fusils.
Oulma.
EI-Faqih Sirli Mohammed Cerl'okh.
/If"rabouls.
Sidi r"'10ub Ghalafl. toiture de chaume.
~flll'
de pierres,
2,490 fusils.
A reporter.
1. Ihn Hllhmoun, pp. 73 et liU: .. A Chenaila des Beni Gorfel, le,; Chorfa Oasmioun; p. 142: les Oulad Youns ; p. 172: les Oulad Abdallah, d..scend?lOts de Mohammed ben ldri,,; p. 187: les Oulad EI-Melhi hen Boubeker hen Ali; ee sont les descendants de Sidi Ali el-Haddad. Ali, EI.Hasan, Qascm et leurs cousins...
.-.:Iii
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Report. SirliMohammed Ghalan,avecuneqoubba . .\insi qu'onl'a vu prcdemment, le village d('s Chenala est une des deux localits indiques par Ibn Rahmoun avec akhra, colIlme ayant servi de refuge Hne fraction d('s Idrisites fuyant Fs devant la perscution de MOllsa ibn Ahi-l- 'Af-ya El-~Iiknasi, ail commencement du quatrime sicle de l'Hgire, il y a un peu plus de mille ans. Dar el-Qarmoud ,,).JAyill.,;b. Au milieu de ia tribu, ail sommet de la montagne, en face des Sou mata et du village des Chenatfa en B(~ni Arolls . .\u-dessus de Dar el-Qarmoud passe un Im'rent appel Oued el-Hamam, qui vient des Ikni Arous, o il prend sa source et qui lOIlIhe un peu plus bas dans l'Oued er-Ret<\H, qui devient plus loin l'Oued el-Mkhazen. :WO maisons, 1.200 habitants. 100 bufs et vaches. liDO moutons. \.500 chvres. ;~O atteles de labouI'. !IO juments. 70 mules et mulets. 3 mosclucs-coles, donl une de Khotha; lIa"ous ; Nadir.
il /'eporte/'.
2.'.90 fusils.
200 fusils.
2.1)90 fusils.
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Report. Notables.
Oulad Sidi Amar Ghalan, <1ont les Oulad Sidi El-Moustafa 1.
2.690 fusils.
lVarabouts.
Qouhha de Sidi Larhi Gharlan. Sidi Ihrahim Gharlan. Sidi Mohammed Gharlan. Sidi Ahmed Marco, de la descend8nce de Youns Ben Bouheker, et qui est enterr dans la qouhha de Sidi Darhi GharIan. Des professeurs font au dchar de Dar ElQarmoud de vritahles cours de droit IllUsulman. Total des fusils . 2.690 fusils.
Marchs.
Il n'y a dans la tribu des Beni Gorlet qu'un seul mal'ch, le samedi, Es-Sebt. Ce n'est pas un march trs important. Le moudd estle mme qu' Fs, c'est--dire qu'il contient environ trente litres. La mesure pour l'huile est le Il kas qui pse trois livres de 800 grammes. Les habitants de la tribu frquentent galement le march de l'Arhan (mcrcre<1 il de Lalla Zara, dit galement
I. Ibn Rahmoun, p. 186; " Au village de Dar el-Qarmoud, les Oulad Mal'o, descendants de Sidi Youns lien Bouhekel'. 1 5
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.\rLa d'Aacha, OU des Bedadoua, eu teJTitoir(~ Khlot sur l'Oued Aacha; celui du Tenin (lundi) de Sidi El- Yamani ; du TeIata (mardi) de Raana et de Djemia (petit vendredi) des Tolba galement dans le Khlot; du Bad (dimanche) de la Gharbia, du Tenin d'Ehl Srif; du Khemis (jeudi) de Rou Djedian, galement en Srif; du Tenin de Sidi Heddi en Beni Arous, et du Teleta des Beni Ysef. On remarquera, en examinant la liste des dchars des Beni Godet, que dans chacun d'eux et mme dans chaque quartieI', il y a une mosque de Khotba, c'est--dil'e une mosque o se fait la pril'e du vendredi, avec un sermon fait par un faqih, ce qui n'existe dans aucune des tribus que nous avons tudies. L'instruction y est galement plus rpandue; non seulement il y a dans chaque village plusieurs coles de Qoran, mais il se trouve dans plusieurs d'entre eux de vritables collges, Mdersas, o des 1)1'0fesseurs font des cours d'enseignement secondaire et mme d'enseignement supl'eur analogues aux cours qui sont faits Fs. On enseigne dans ces mdersas les commentateurs du Qoran: Sidi Khalil et ses commentateurs, l'Alfia, Ben Achir, Ben Acim, la I/ama et mme les Hadith de Boukhari, etc ... Jusqu' ces dernires annes, l'Alem le plus rput des Beni Gorfet dait le faqih Ben Irmaq, dont nous avons dj pad. Il professait dans une mosque d'Aouarmout. Son grand ge l'empche aujoUl'd'hui de quitter son village, cAn Bada, en Soumatn, o il donne encore des lec.~ons. Les professeurs sont pays sur les biens ha bous des diffrentes mosques et des diffl'ents marabouts, qui servent galement entretenir les coles et les Mdersas. Le surplus de l'aI'gent des habous est employ il acheter de la poudre, des balles et des cartouches, comme dans toutes les tribus des montagnes, et s'il reste de l'argent aprs ces dpenses, il est employ augmenter les proprits des mosqu{>es.
,;3~1
On peut se rendre compte que la tribu des Beni Gol'fet est un vl'itable centre d'instruction religieuse. Le ni,'e:lu intellectuel des gens de cette tribu est certainement suprieur celui des autres tribus montagnardes. Leur fanatisme n'en est pas moindre, au contraire. D'autre part, le . loyalisme des Beni GorCet pour la dynastie des Filala est des plus douteux. Dirigs moralement par les Oulad GhnJan, auxquels appartenait Abou-l-Abbas Ahmed el-Khadir, dont nous avons parl, ils sont forcment entretenus d:ms cette ide que les Alaouyin sont des usul'pateurs, Plus instruits que les autres Djebala, ils savent davantage que le Makhzen outrepasse ses droits, qu'il n'applique pas la loi religieuse, et qu'il dilapide son seul profit les fonds du Bit el-Mal el-Mouslimin, du Trsor des Musulmans, qui Ile devrait tI'e dpens que dans le seul intrt de la communaut musulmane laquelle il appartient. En un mot. s'ils connaissent peut-tre mieux que d'autres leurs devoirs de Musulmans, mieux que d'autres galement ils connaissent les droits et les devoirs de l'Emir, de l'Imam des Musulmans "is--vis de la communaut musulmane laquelle ils ont plus le sentiment d'appartenir que celui d'tre les esclaves du SulLan, souverain absolu, lb viennent d'tre vaincus pal' le Chrif Moulay Ahmed er-llaisouli, Qad de Moulay Abdelhafid; comme tous les Djebala, ils cdent momentanment il la force et"payent le tribut, mais ils n'ont pas le sentiment d'accomplir une obligation lgale et, pour ne pas avoir maudire le Sultan, ils maudissent la Chrtient, qui, ils en sont convaincus, a mis le chef des Musulmans dans la ncessit de violer la loi de Dieu et du Prophte et de pressul'el' ses sujets pour satisfaire ses exigences chaque jour grandissantes, En,
MICHAUX-BELLAIRE,
MONNAIE D'ARGENT
:-
N 1, cinq p(~s('les hasani. - :\n 2, eux pesetes ('Inl!U,wte hasani. N 3, une pesele vingt-l'jllli hasani. - :'0/. ~. cinquante centimes hasani. N 0, vingt-drill centillles hasani.
INTRODUCTION.
PREMIRE PARTIE
tudes gnrales.
CHAPITRE 1". SITUATION POLITIQUE ET AD)lINI":TRATlVF.. I;{
24
211
38
3!1
. L'Armement. . . 5. Les Fractions (Akhmll"; 'Il 6. Le Qad et les Cheikh" " ~ 7. Les Djemas .,.. 8. Le Qadi . . 9. Les Acloul . 10. Le Moufti . 11. L'Amin. Abi Maouaril . 12. Les Juifs.
y
40
4'>
.3
4.. 4i 4i 51 52
57
CHAPITHE
Il. -
LA RELIGION
'1- ~
CHAPITRE
"
ii
!l9
104
III.
HU 14:{
ARCHIVES
MAROCAINE~
Pa~es.
CIUPITRE IV. -
*-
HGIME tCONOMIQUE. 1. La Proprit 2. Les Habous. 3. Le Commerce et les Souqs. 4. La Culture el les Coutumes agricoles. 5. L'Industrie . .... 6. Vestiges antiques et Mines. . . . .
161 161
173
178 18" 210 227
DEUXIME PARTIE
Ehl S,"rif . - ar'.,;al' , - Memouda. - Rhona . . - Les Beni Zekkar - Beni Ysef. . - Les Soumal'J. - Beni Gorfet .
2:n
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34'; 394
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l'ages.
Panorama des Djeballl. . . . . . . Triangulation de la rgion des Djeballl Taleb tics Ehl Srif.. . Habitations des DjelJalll Objets tlomestiques . Chellaha . . Enfant des Ehl Srif. Monnaies marocaines Vue des Kelama . . lieux Dahirs CMl'itlens. (iuel'l'ici' des Hhona. . Femmes des Beni Ysef. MOl1l1ai.~,.. marocaines .
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