Dictionnaire Final
Dictionnaire Final
Dictionnaire Final
s.
Le terme apparat dans un texte occitan un peu avant dtre repr en Italie, dans les Vidas (crites entre
1128 et 1242) mais cette poque les changes entre pays occitans et italiens (il ny avait pas
proprement parler dItalie ) taient bien plus frquents que les changes entre lItalie et la
France :
La dona ac paor, e fugi al balcon, e se laisset cazer jos, e fo morta. V. de Guillaume de Cabestaing. La dame eut peur, et fuit
au balcon, et se laissa cheoir en bas, et elle fut morte. LR.
Balze, (XX) adj.subst.masc. Bals [bals]
Le sens premier en occitan est fort, gaillard, costaud et le sens grotesque est simplement driv et
plus tardif. Le terme est pass en franais standard travers les usages argotiques qui en ont gauchi le
sens. Dans le francitan de Marseille (mais pas seulement, Marseille nest pas tout le Sud ) bals
est pratiquement synonyme de type . Ce bals commence me gonfler les alibofis ! . Cest aussi,
de faon sans doute immodeste, le sexe masculin. Je vais soulager le bals , je vais uriner.
Ballade, subst.fm. Balada [baladO] du verbe balar (danser) [bala]
Emprunt lancien occitan ballada (TLF) (DELF) (PDPF)
Dona nAuda, balladas ni chansons,/No vuelh faire que no y parle de vos Pons de Capdueil. Per joi damor. Dame
Aude, je ne veux faire ballades ni chansons que je ny parle de vous. LR.
NB. Pons de CAPDUELH, Troubadour (1190/1237)
Les jeunes prothenotaires sestudioient de dancer ausy bien et baler quun gentilhomme . BRANTME, II, 134
Banaste, subst.fm. Banasta (panier, nigaud) [banastO]
Au sens de panier depuis loccitan ancien. (PDPF)
Lextension du sens nigaud (ou pire !) se fait en occitan par la ressemblance avec banut, banarut,
porteur de banas [banOs] cest--dire de cornes : cocu .
Bande, subst.fm. (troupe) Banda (XIV s.) [bandO].
Ce mot doccitan ancien est dorigine germanique et dans un premier temps il signifie : tendard,
bannire . Le sens de troupe se comprend comme groupe assembl sous un tendard . (DELF)
(PDPF)
Avia faita tres bandas de sas gens . Chronique des Albigeois. Col. 53. Il avait fait trois bandes de ses gens. LR.
Bandire, subst.fm. Bandira (XIII s.) [bandjrO]
(Vieux). Bannire, pavois, Pavillon sur lequel sont brodes les armes du souverain et qui tait plac au
sommet d'un mt de navire. Front de bandire. La ligne des tendards, des drapeaux en tte d'un corps
darme campe. (DELF) (PDPF)
Cant viron las baneiras desplegadas . Guillaume de Tudela. Quand ils virent les banires dployes. LR.
NB. Guillaume de Tudela est lauteur de la premire partie de la Chanson de la Croisade ( des Albigeois ). Il est favorable
aux croiss. Il crit vers 1210.
Stant (Dragut) mis au large et arbor la bandire du rachaptement . BRANTME, II, 51.
Bandit, subst.masc. Bandit [bandit]
TLF. Empr. l'ital. bandito (KOHLM., p. 31; BRUNOT t. 3, p. 220; NYROP t. 1, 43 et 66) attest au sens littral de
banni, hors-la-loi dep. av. 1533 (ARIOSTE [1474-1533] 803 dans BATT.) et au sens de malfaiteur, vaurien dep. 1686
(BALDINUCCI, I-94, ibid.). L'ital. bandito est le part. pass substantiv de bandire proclamer, proscrire, bannir empr.
au got. bandwjan faire signe , dr. de bandwo signe autre forme de bandwa id. (bande* troupe ), v. FEIST, p.
79.
Le DHLF fait galement venir ce mot de litalien bandito , le banni, mais bandir (infinitif, et
bandit participe pass) est dj occitan, avec le mme sens (bannir, exiler, exclure, chasser, lcher) ds
le plus lointain Moyen-ge (PDPF).
Lune des peines appliques aux dlinquants tait le bannissement
Las terras dels banditz Tit. Du XIV sic. Doat, t. VIII, fol 219. Les terres des bannis. LR.
Loccitan, de la mme faon que les parlers du nord de lItalie a t influenc par le gotique, mais les
goths (visigoths ou ostrogothes taient des barbares dj grandement romaniss). Le franais la
davantage t par une autre langue germanique, le francique.
Comme bandir sest progressivement spcialis sur le sens de envoyer , loccitan qui pour des
raisons dexpressivit ne recule jamais devant ce qui est pour le franais un plonasme a trouv
frabandir, envoyer au dehors, pour bannir, exiler, renvoyer
Banquette, subst.fm. Banqueta (banc + diminutif) [baNketO]
De loccitan ancien (et toujours vivant) banqueta, diminutif de banc. (DELF) (PDPF)
Baraque, subst.fm. Barraca [barrakO]
Le mot serait pass (TLF) en franais par l'intermdiaire de l'ancien provenal (cf. baraca en 1381 dans
une charte lat. de Marseille) depuis le catalan de Valence o barraca petite construction primitive
servant d'abri est attest depuis 1249 (sous la forme barraqua)
Baratin, subst.masc. Driv de Barat [barat]
change, troc, tromperie. Au dbut du XVI s. (=1530) on trouve dans les chansons du Carrateyron
dAix-en-Provence :
Ellos morriau de lenrabbo/ Lou jourt que non faran baratz .
et aux environs de 1600 chez Claude BRUEYS :
Me faguet faire descuberto / Que tout mestier a per desserto / Veritablament lou barat (Ballet de Cridaires
daigardent ). (PDPF)
Mais, bien plus anciennement :
Peccatz cassa sanctor/E baratz simplessa . P. Cardinal. Falsedats. Le pch chasse la saintet et la tromperie simplesse.
LR.
Et ai ab vos fait maint cortes barat . Rambaud de Vaqueiras. Valen marques. Et jai fait avec vous mainte courtoise
tromperie. LR.
Barigoule, (18 s.) subst.fm. Berigola (champignon) [berigulO]
Emprunt loccitan de Provence berigola {barigola}, nom de divers champignons comestibles, en
particulier de lagaric du panicaut ou oreille de chardon.
Bardot, subst.masc. Bardot (XIV s.), petit mulet [bardOt] Celui qui porte le bard (le bt).
En occitan la barda (fminin augmentatif) est le bt, la bardla (comme lespagnol albarda ), est la
selle sans arons bardar, mettre le bt un mulet
Do le sens driv, en occitan et en argot franais : a va barder (DELF)
Il faut quelle (une digression) passe pour bardot sans payer page . BRANTME, IV, 14
Barque, subst.fm. Barca [barkO] (XIV s.) et bien entendu toute la famille de drivs : dbarquer,
embarquer, embarcadre. Barca existe en italien, en espagnol, en portugais et en catalan, tout
autant quen occitan. (DELF) (PDPF).
Trobero doas barcas pescant en lo ribage . V. de S. Honorat. Ils trouvrent deux barques pchant sur le rivage. LR.
(1300)
Naus en mar quant a perdut sa barja Bertrand de Born, Non estarai. Navire en mer quand il a perdu sa chaloupe. LR.
(XII s.)
Lancien franais dit plutt barge .
Lorigine occitane nest pas vritablement dmontrable (sinon par la proximit gographique et la
communaut nationale partir dune certaine poque. Les autres origines ne sont pas dmontrables
davantage, et pourtant ce sont elles litalienne surtout (dbut XIV) qui sont gnralement choisies.
Pourquoi ?
c
Bartavelle, (18 s.) subst.fm. Bartavla (perdrix) (dbut XIV s.) [bartavlO bartabelO]
Le terme est enregistr dans lAtlas Linguistique de Gascogne, (Franais) mais de Bordeaux Nice
interrogez les chasseurs daujourdhui, il est connu et employ partout. dfaut relisez le trs clbre
passage de La Gloire de mon Pre de Marcel PAGNOL.
La bartavelle est le traquet des moulins, ou le verrou des portes (verterelle) : le cri de la perdrix
grecque en rappelle le bruit. (DELF) (PDPF)
Basane, subst.fm. Basana (XIII s.) [bazanO]
Emprunt lancien occitan besana, basana (XIII s., Narbonne), lui-mme emprunt lespagnol
badana (XVe s). La forme basane issue de badana ne peut sexpliquer que par un intermdiaire
occitan. (TLF) (DELF) (DHLF)
Basque, subst.fm. Basca (pan de vtement) [baskO]
Emprunt probable loccitan basta troussis, rempli dtoffe (TDF.), seule langue romane du Sud,
avec le catalan, avoir ce sens : lital. basta, na en effet que le sens de faufilure qui ne suffit pas
expliquer le sens du mot franais, et il en est de mme pour lespagnol basta, attest depuis 1571. (TLF)
(DELF)
Baste, interj. Basta ! [bastO] Pour exprimer lindiffrence, la rsignation, limpatience ou la dception.
Il {a} suffit !
TLF. 1534 interj. baste (RABELAIS, Pantagruel, d. Marty-Laveaux, t. 1, chap. 26, p. 343 : ... on vous cheuauchera a grand
coup de picque & de lance. Baste, dist Epistemon).
Pour le TLF il sagit de la francisation de lexclamation italienne basta de mme sens, atteste depuis
la 1
re
moiti du XVI s. ( 3e pers. de l'ind. prs. de bastare suffire , v. baster. )
Accessoirement le verbe bastar en occitan signifie suffire, depuis le Moyen-ge (DELF) (PDPF).
Nostras tenzos pot ben hueimais bastar T. de Troubadours anonymes. Amics privats. Notre tenson peut bien dsormais
suffire. LR.
En espagnol galement. Et RABELAIS connaissait (entre autres) ces deux langues. Ses sjours italiens
lui ont beaucoup servi, son passage Montpellier et sa trs longue frquentation de son protecteur et
ami lagenais occitanophone Geoffroy dESTISSAC aussi.
Baste que cest un grand roy (Philippe II). BRANTME, VIII, 145
Bastide, subst.fm. Bastida [bastidO]
Ville nouvellement btie en Gascogne et Prigord surtout au XIII s. Chteau fort, forteresse. Maison
dans la campagne. Bastida en latin mdival. Le mot est attest en franais en 1305, et en occitan en
1263 (TLF), entre autres dans la Chanson de la Croisade (G. de TUDELA) (DELF) (PDPF)
Bastille, (14 s.) subst.fm. Bastilha [bastiO] (XIII s.)
Ouvrage de fortification. Driv de lancien occitan bastida avec substitution de suffixe. (TLF) (DELF)
Bastidon, subst.masc. Bastidon. [bastiduN] Diminutif de bastida.
Bastingue, subst.masc. Bastinga [bastiNgO]
Fminin de loccitan bastenc, cordage de sparterie. La bastenga tait une toile matelasse tendue autour
du plat-bord des navires pour parer les balles. Sur bastir (An mil): btir.
Volon mais de sai bastir / Que lai conquerre los felos P. CARDINAL. Quan vey lo. Veulent plus btir de que
conqurir l les flons. LR.
Le franais bastingage a la mme origine. (DELF)
Comme on aura loccasion de le constater en parcourant ce petit ouvrage, un nombre significatif de
mots est pass de loccitan au franais dans le champ smantique de la mer et de la navigation. Avec
des mots de dialecte normand ou picard, de langue bretonne ou flamande. Faut-il sen tonner ? Toutes
ces rgions possdent une faade maritme et une longue tradition marine. (DELF)
Bastonnade, subst.fm. Baston + suffixe-ada
Daprs le TLF Ce terme apparu en 1482 en franais serait un emprunt litalien bastonata attest
(entre 1348-1353) chez Boccace, soit lespagnol bastonada attest depuis le XIII s., soit loccitan
bastonada dans les Leys dAmor (1341).
Baudroie, subst.fm. (1927) Baudri [bOwdrOj] subst.masc. (XV s.)
En franais : lotte . Sur le march du Vieux Port de Marseille vous pouvez vous amuser et passer un
moment instructif en demandant la poissonnire (celle qui vend ses poissons vivants au prix des
morts de vous servir une lotte . Si possible, prononcez [l{t] avec laccent le plus luttien que vous
serez capable dimiter). Le sketch qui sensuivra risque de ne pas vous donner exactement le beau rle,
mais vous en aurez pour votre argent.
Baume, subst.fm. (13 s.) (grotte) Balma {bauma} (XII s.) [balmO bawmO]
Emprunt au gaulois balma. Caverne, grotte, et en particulier habite par des ermites : La Sainte Baume
prs de St Maximin en Provence. Le mot a disparu trs vite en franais et sest maintenu en occitan. Un
quartier de Toulouse sappelle BALMA (crit en graphie classique, sil vous plat). Le mot sest
conserv partout en pays occitan, dans la toponymie, on connat pour son excellent muscat Beaumes de
Venise au pied du Ventoux, mais aussi dans lusage courant. (DELF) (PDPF)
La taverna es balma de layros V. et Vert. Fol. 22. La taverne est caverne de voleurs. LR.
Bauxite, subst.fm. Baucita [bawsitO] (des Baux-de-Provence : Li Bau de Provena.) (DELF)
En pays occitan un bau [baws baw] est une falaise escarpe. Il sagit dun toponyme trs rpandu.
Le Beausset (francis au point que la transcription beau efface la rfrence au paysage) est un
village perch du Var.
A Toulon, lincomprhension ( ?) des auteurs franais de cartes de la rgion a fait nommer Beau de
Quatre Heures - ce qui ne veut pas dire grand chose - lminemment provenal Bau de quatre auras
autrement dit la montagne escarpe aux quatre vents . Mais la dformation est si systmatique quil
nest pas interdit dy voir la volont deffacer la marque de loccitan sur le paysage. Le btisier en ce
domaine remplirait des pages. On en rirait si par-del lignorance il ne sagissait pas de rendre
incomprhensible le rapport du pays aux hommes et leur histoire. LIGN semble aujourdhui revenir
sus ces aberrations.
Bellone, subst.fm. Bellona [belunO] Varit de grosse figue.
TLF. tymol. et Hist. 1838 hortic. (Ac. Compl. 1842 : Bellone, varit de figue). Empr. au prov. mod. belouno, dr. de bello
beau (MISTRAL).
Non ! bello (crit dans la graphie classique bella et prononc le plus souvent [blO]) nest pas un
masculin mais le fminin de ladjectif bl {bu} (beau) : Bellona est un diminutif fminin de sens
affectif. Il est vrai que les linguistes franais, dans leur splendide orgueil ont considr jusqu trs
rcemment que loccitan navait pas de grammaire . Pour mmoire les premires grammaires
franaises du franais apparaissent au XVI sicle, deux sicles aprs les Leys dAmor trait de posie
et de grammaire en occitan, sur loccitan .
Bret, (19 s.) subst.masc. Barret. [barret] (XIV)
Mot driv du bas latin birrum : sorte de capote capuchon, en usage dans toutes les classes de la
socit sous les derniers empereurs , peut-tre dorigine celte pour le TLF qui le dcrit comme tant
un emprunt au barnais, bien que le terme soit - au masculin et au fminin - largement panoccitan. Il
sagit dune spcialisation de lancien occitan ber/r/et au sens de bonnet . Voir le Pseudo-Turpin de
la fin du XIV s.
Ainsi donc par une ironie de lhistoire linguistique le symbole (avec la baguette de pain sous le bras) de
la francitude profonde est dorigine occitane ! Que seraient-ils sans nous ? Mme les ethnotypes les
plus tenaces (et les plus culs) y perdraient leur sens ! (DELF) (PDPF). En tout tat de cause, il existe
pour loccitan une occurrence plus ancienne que celle cite par le TLF, et celle-ci, provenale, est de
1300.
En son cap porta barreta. Del cap li osta la berreta . V. de S. Honorat. En son chef il porte une barrette. Il lui te la
barrette de la tte. LR.
NB. Lauteur de la Vida de Sant Honorat est Raymond FERAUD, niois, prieur de la Roque-dAnthon. Il mourut en 1328.
Il ntait pas barnais. Le mot est panoccitan, sous des transcriptions diffrentes parfois.
Si le mot pouvait tre celte ! Mais mme de cette faon, il nempcherait pas les populations occcitanes
(et pas seulement celles du Massif Central dtre aussi celtes que celles des pays dOl et bien
moins franques, cest--dire germaniques. Et il y a presque autant de menhirs en pays occitan quen
Bretagne.
Berlingot, (1604) subst.masc. Berlingt [berliNgOt] (1511)
Le mot est probablement pass de litalien (XV s.) au franais (1604) par lintermdiaire du provenal
(1511). noter que berlingau, en occitan, cest un osselet dont on se sert dans le jeu qui porte ce nom.
MISTRAL, TDF, T.I, p. 270b. (DELF)
Bernard lHermite, subst.masc. Bernat ermita [bernat ermitO]
Selon le TLF qui cite MISTRAL il sagit dun emprunt au languedocien bernat lermito ). Bernard
(du nom de Bernard de Cteaux) est trs usit comme sobriquet pour dsigner diffrents animaux :
bernat-blanc hron aigrette , bernat-pescaire hron , bernat-pudent tout insecte ou animal
exhalant une mauvaise odeur . (DELF)
Dans son TDF (T.I, p. 271b), MISTRAL ne prcise pas que le nom est languedocien . Il est de fait
tout autant provenal et en ralit panoccitan.
Biais, susbt.masc. Biais (XII)
TLF. Prob. empr. l'a. prov. biais direction oblique, dtour , XIIe s. (ds RAYN.), d'o le mot parat s'tre rpandu dans la
Romania. Orig. du prov. controverse. L'hyp. la plus vraisemblable est celle d'un lat. *biaxius qui a deux axes
(Holthausen dans Arch. St. n. Spr., t. 113, p. 36; v. COR., s.v. viaje II). (DELF)
Els van dizen quamors torn en biays . Bernard de Ventadorn. Quan la. Ils vont disant que lamour tourne en biais. LR.
Ar vau dretz et ar eb biais . Rambaud dOrange. Entre gel. Tantt je vais droit et tantt de biais. LR.
Il en faut certainement davantage pour assurer lorigine occitane de ce mot mais si lon en croit le
PDPF (p. 46b) dEmil LEVY, on constate les emplois suivants :
biais s. m. biais, manire, faon ; faute, dfaut ; de b., en b. de biais, en biais, obliquement ; adj. pointu, termin en pointe ;
qui ne convient pas, faux, impropre ; inconstant.
Biaisa s. f. Biais, dtour.
Biaisar v. n. et rfl. Biaiser, sincliner obliquement ; se dtourner ; biaisat louche.
Cest--dire que ds le Moyen-ge, le terme recouvre en occitan tous les emplois que le mot a connu
par la suite. Quant aux exemples cits par RAYNOUARD, voici celui qui concerne lauteur de la
premire partie de la Crosada. (XII s.)
La ciutatz se nespren, e leva se lesglais / La vila ars trastota de lonc e de biais Guillaume de TUDELA. La cit sen
embrase, et lpouvante se rpand, la ville brle toute en long et en biais. LR.
NB. Cest dire en franais moderne : en long en large et en travers .
Biasse, subst.fm. Biassa [bjasO] Sorte de besace. Le terme est rgional. Marthe avait prpar une
biasse abondante (BOSCO, Le Mas Thotime, 1945, p. 169). Lorigine est provenale, et
correspond au franais besace avec chute du s intervocalique. Son emploi chez Bosco na rien
dtonnant.
TLF. Terme occitan corresp. au fr. besace*, a. prov. beasa besace (XVe s., dans R. Lang. rom., t. 35, p. 55), prov. mod.
biasso, beasso id. (MISTRAL). (PDPF)
Bidasse, subst. masc. Pop. Soldat, troupier :
Quant on demandait aux soldats, surtout languedociens, comment se passait pour eux leur sjour sous
les drapeaux, ils avaient coutume de dire quils passaient du bon temps avec leur ami Bidasse . Ce
fut par la suite une faon de passer la censure militaire, et le terme fit flors pendant la Grande Guerre.
Bidasse , en occitan est vidassa [bidasO], un augmentatif dans ce cas pjoratif de vie , quivalent
salet de vie, vie de chien .
NB. Il sagit lorigine d'un nom propre tir de la chanson de comique troupier Avec Bidasse , cre par Bach en 1913,
sur un texte de Louis Bousquet, et une musique d'Henry Mailfait : Avec lami Bidasse, On nse quitte jamais, Attendu
quon est, Tous deux natifs dArras, Chef-lieu du Pas-dCalais.
Louis Bousquet tait natif de Parignargues dans le Gard occitanophone, il est donc probable que l'tymologie du nom propre
Bidasse soit le substantif occitan vidassa (prononc bidasse) qui signifie vie dsagrable, vie pnible.
Bigaille, subst. fm. Bigalha [bigaO]
TLF. prob. empr. au prov. mod. bigaio, bigalho bigarrure, tache nom gnrique des insectes ails, qui piquent; usit
dans les colonies franaises p. allus. la bigarrure des insectes (MISTRAL); le prov. bigalho se rattache au prov. jalho
tachet (d'un animal) cf. mouscho jalho taon (ibid.), dr. de jaiet, jalha tachet de blanc et de roux, grivel (d'un
animal) (ibid
Jalho (en graphie mistralienne , jalha en graphie classique, prononc dans tous les cas [dZajO])
et ses drivs sont du nord-occitan (pour la Provence, le pays Gavot) mais cest le mme mot que
galha [gajO]. Comme gau [gaw] (Provenal pour gal languedocien) donne jau [dZaw] en nord-
occitan,
Bigarade, subst.fm. Bigarada. [bigaradO] Varit dorange amre ou de grosse poire. Emprunt
loccitan bigarrat participe pass de bigarrar
Bigorne, subst.fm. Bigrna [bigOrnO] (1403) (DELF) Enclume deux pointes.
Bigue, subst.fm. Poutre. Biga [bigO] (XIII s.)
Selon le TLF. Cest un emprunt (controvers) loccitan biga joug (1
re
moiti XIIIes. Chez
Bernard Alahan de Narbonne dans LR.), Chevron, solive bigua vers 1200, Philomena, LR. (PDPF)
Totas las parets foro faytas e las biguas aparelhadas de pausar . Philomena. Toutes les murailles furent faites et les
chevrons prpars poser. LR.
Biner, v.trans. Travailler deux fois la terre. Binar [bina]
Du bas latin *binare, retourner la terre une seconde fois. Ancien occitan. (TLF) (DELF) (PDPF)
Biroulade, subst. fm. Virolada [biruladO]
TLF. Rgion. Biroulade. Festin de chtaignes rties qu'on mouille de vin blanc, et qui est en grand honneur dans les
Cvenne (H. MALOT, Sans famille, 1878, p. 68). Faire la biroulade. La manger (F. FABRE, Les Courbezon, 1862, p.
119).
Terme occitan, attest sous la forme viroulado par MISTRAL au sens de ce quon fait rtir de
chtaignes en une fois , du verbe viroula, biroula tourner (MISTRAL, PALAY), lui-mme dr. du
verbe vira, bira (MISTRAL), de mme orig. que virer*.
Blanquette, susbst.fm. Blanqueta [blaNketO]
DHLF. Est emprunt (1600) au provenal blanqueto, nom donn divers vgtaux de couleur blanche, une varit de
raisin blanc cultiv dans le Tarn et par mtonymie un vin blanc fait avec ce raisin, une varit dolive, de poire peau
blanche, de figue blanche et ronde ; le mot provenal dsigne aussi une chtaigne pele, une fricasse la sauce blanche et
sert dnommer plusieurs plantes blanchtres, il est driv de blanc, blanco (> blanc). Le mot a retenu en franais quelques
valeurs de son tymon : il dsigne une varit de vin blanc (par exemple la blanquette de Limoux) et la varit de raisin
avec lequel on la fabrique (1835)
1600 varit de vin blanc (O. DE SERRES, Thtre d'agric., III, 8 dans TLF. HUG.);
Larticle du DHLF reprend en partie les informations donnes par le TDF (T.I, p. 297c) de MISTRAL
qui est non seulement un dictionnaire mais une vritable encyclopdie dans bien des domaines.
Blanqueta, quelle que soit la forme graphique ou la prononciation du mot est un terme panoccitan.
Diminutif de blanca (au fminin). Du reste, le Tarn nest pas vraiment en Provence, quant aux
chtaignes peles dont parle MISTRAL, ce sont plutt celles des Cvennes, o lon parle un
languedocien de transition avec le provenal. Quant la Blanquette de Limoux, elle est native de
lAude.
NB. Que le terme soit pass en franais travers luvre dOlivier DE SERRES na rien dtonnant. Cet auteur est, dans le
domaine de lagriculture, le passeur de mots occitans en franais le plus prolifique. Il est vrai que, vivant de 1539 1619
Olivier de Serres autodidacte franais fut lun des premiers tudier de manire scientifique les techniques agricoles et en
rechercher lamlioration de manire exprimentale. De ce point de vue, on peut le considrer comme le pre de
lagronomie.
N Villeneuve-de-Berg dans le Vivarais (aujourdhui dpar-tement de lArdche), Olivier de Serres est issu dune famille
protestante aise, ayant fait fortune dans le commerce du drap. La position de sa famille permet Olivier de bnficier des
meilleurs enseignements et dun prcepteur priv. Il complte sa formation par de nombreux voyages en France, Italie,
Allemagne et Suisse.
Trs tt, il fait preuve dune curiosit intellectuelle proche de celle des humanistes de la Renaissance. 19 ans, il acquiert le
domaine du Pradel, dont il fait une ferme modle qui sera le thtre de nombreuses exprimentations pratiques. Son but est
de faire partager son savoir, tant aux paysans pour leur permettre dobtenir de meilleures rcoltes, quaux propritaires pour
faire fructifier leurs domaines. Reconnu et respect par ses pairs, il est ami de Claude Mollet (1563-1650), le jardinier
dHenri IV qui ralisa les jardins de Saint-Germain-en-Laye, de Fontainebleau, des Tuileries et de Blois. On lui doit
lintroduction de nombreuses plantes, telles que la garance, le houblon et le mas. Il fut le premier travailler lextraction
du sucre partir de la betterave, mais sans arriver un processus rentable.
Henri IV se faisait lire tous les soirs un chapitre de lun de ses livres les plus connus Le Thtre dagriculture et mesnage
des champs (1600) qui fourmille de termes emprunts son occitan natal (cf. Sur la sriculture). Cet apport linguistique,
comme pour MONTAIGNE, ou MONLUC, na jamais t tudi srieusement dun point de vue occitan.
Bogue, subst.masc, Bga (fminin en occitan)
Poisson long et ray de couleur clatante, de la famille des sparids, commun en Mditerrane et dans
le golfe de Gascogne,
TLF. 1554 (RONDELET, De Piscibus marinis, 137 dans BARB. Misc. 17, 7). Empr. l'a. prov. boga, XIII
e
s.
Tireron de la ret contra lor, / Non troban buga ni jarllet. V. de S. Honorat. Ils tirrent le filet vers eux, ils ne trouvent ni
bogue ni jarlet. LR.
Bolet, subst.masc. Bolet.
Apparat en franais au dbut du XIV s. Emprunt au latin boletus. (TLF). Le DHLF y voit un driv
de Boletum, nom dune ville dEspagne ( ???) les champignons se dnommant volontiers daprs des
lieux o ils se trouvent en abondance .
Es propri a peras tolre a boletz tota la maleza, ab els cuechas . Eluc. de las propr. Fol. 218 et 223 Il est propre poires
dter champignons toute mauvaiset, cuites avec eux. LR.
NB. LElucidari de las proprietats de totas rens naturals fut rdig sur commande de son pre Gaston II de Foix-Barn,
pour le futur Gaston PHEBUS. Cest une vritable encyclopdie de 20 volumes qui date de la seconde moiti du XIV s.
Gaston Phbus vcut de 1331 1391. On peut supposer que la rdaction du livre qui est une traduction de lOpus de
proprietatibus rerum crit vers 1250 par Barthlmy lAnglais, date des annes 1350.
Bonbonne, subst.fm. Bonbona [buMbunO]
TLF. 1845 (BESCH. Suppl. : Bonbonne. Sorte de grand flacon.); 1866 bombonne (Lar. 19e). Empr. au prov. mod.
boumbouno dame jeanne (MISTRAL) lui-mme dr. (avec suff. -ouno, lat. -one) du prov. boumbo flacon de terre rond
cou trs court (Ibid.) lui-mme empr. au fr. bombe id. , 1771 issu p. anal. de forme de bombe projectile v.
bombe1. La forme -onne p. attraction de l'adj. fm. bonne.
Bonasse, subst.fm. (calme plat) Bonaa [bunasO]
Le terme apparat au dbut du XII s. dans les langues romanes du sud (occitan, catalan, portugais,
espagnol et italien) la forme franaise bonache 1552 (RABELAIS, Quart livre) est le reflet de
litalien. Par contre la forme bounasse (avant 1266) pourrait tre celle du provenal (bonaa) dont
la forme bounao est note par MISTRAL). (TLF) (PDPF)
Bonite (espce de thon) bonita [bunitO] Appel aussi (bonica, bossica, pelamida). Considr par
beaucoup comme le meilleur des thonids.
Pour le TLF le mot est pass de lespagnol (Attest en 1505, bonito : joli) litalien puis au
franais (1525). Probablement par lintermdiaire de loccitan. Ce poisson en effet est relativement peu
commun en Atlantique, il se trouve surtout en Mditerrane et dans le Pacifique.
Bordel, subst.masc. Bordel [burdl]
En ancien franais comme en occitan existe le mot borde (de lancien franais bord , planche, au
pluriel borda soit maison de planches). Lancien occitan a bordel comme lieu de prostitution. On le
trouve entre autres occurrences dans un texte du XIII s. du grand troubadour Pire CARDENAL. Il est
antrieur litalien bordello. (DELF) (PDPF)
Mais volon tolre que lo lop no fan,/E mais mentir que tozas de bordel P. Cardinal. Tots temps. Ils veulent plus ravir que
ne font loups, et plus mentir que filles de bordel. LR.
Antan fez coblas duna bordeliera/ Ser Aimerics, e sen det alegransa H. de S.-Cyr. Antan fes. Jadis sire Aimeri fit des
couplets sur une prostitue, et il sen donna allgresse. LR.
NB. On aura reconnu le troubadour Uc de Sant CIRC (12171253)
Tres escoulans fan un escolo, commo tres putans un bourdeou . Claude BRUEYS, (avant 1628)
Bordigue, subst.fm. Bordiga. [burdigO] Enceinte forme avec des claies, compose de diffrents
rservoirs, et qui, au bord de la mer, sert prendre ou garder le poisson. Apparat dans lHistoire de
Provence (1613) de Csar de Nostredame. Cest un emprunt loccitan, attest ds 1225 encore
vivant sinon dans la pratique de pche, du moins dans la toponymie.
Bosquet, subst.masc. Bosquet. [busket] Diminutif de bsc.
Lancien franais possdait bosket (1173) mais cette forme ne sest pas maintenue et a t
remplace par boquet (cf : le driv encore en usage est boqueteau ) qui lui-mme na pas
survcu et sest vu substituer par un emprunt loccitan (1343). Pourquoi ?
NB. En occitan il ny a quun seul son : (ouvert) [O], laccent tonique se dplaant, il se ferme systmatiquement en
o [u].
Le mot occitan est attest dans les Leys dAmor (1343) (DELF) (PDPF)
Ver diminutiu son boscz, bosquetz . Leys damors, fol. 69. LR.
Bouillabaisse, subst.fm. (19 s.) Bolhabaissa, subst.masc. [bujabajsO]
On ne peut pas faire mieux pour expliquer le mot que de citer le TLF. Empr. au prov. mod. boui-abaisso
(boulh-abaisso, boulh-abais) attest chez Chailan (ds MISTRAL), compos pour le 1er lment soit de la 2e pers. du sing.
de l'impratif, soit de la 3e pers. du sing. de l'ind. prs. du verbe bouie bouillir , pour le 2e lment de la 2e pers. du sing.
de l'impr. du verbe abaissa abaisser (ou bien : bouie-abaissa, littralement bous et abaisse [adress au mets cuisant
dans la marmite] , ou bien : boui-abaissa elle [la marmite] bout, abaisse-l , parce qu'il ne faut qu'un bouillon pour cuire
ce mets)...
Le terme ilustre la perfection la rgle dor de la prparation de toute bouillabaisse : ds que le bouillon
bout, on arrte !
Boujaron, (18 s.) subst.masc. Bojaron [budZarun]
Mesure en fer-blanc contenant un seizime de litre pour la distribution des boissons aux marins.
Par mtonymie : ration deau-de-vie des marins. Un boujaron de ratafia . MISTRAL fait venir de
bojaron (bujarrn en espagnol) (bougre, sodomite) mais le rapport est loin dtre vident.
On peut penser aussi un driv du verbe occitan vojar (vider) prononc [budZa] en languedocien et
qui ferait bien mieux laffaire dun point de vue smantique. Le boujaron est un rcipient servant
verser.
Ah ! boujarron, rao de laire,/Ibrougne, desastra pendu , SEGUIN, Rolichon, (Thtre dAvignon, dbut XVII s.)
Boulbne, (19 s.) subst. fm. Bolbna [bulbnO]. En occitan de gascogne. Terre compose
principalement dargile et de sable, composant le sol de la rgion du Sud-Ouest de la France, plus
particulirement de la valle de la Garonne.
Bouque, (19 s.) subst. fm. Boca (XIII s.) [bukO]
TLF. Embouchure dune passe, dun canal, dun bras de mer`` (JAL1).Rem. Attest dans la plupart des dict. du XIXe et du
XXe sicle. Passage entre les chambres d'une bordigue. Embouchure d'une passe, d'un canal, d'un bras de mer. (DELF)
(PDPF)
Emprunt loccitan (ancien et moderne) boca la bouche, louverture , aujourdhui la boca cest
toujours la bouche. Lei Bocas de Rse : les Bouches-du-Rhne. Un quartier de Cannes sappelle La
Bocca . Voir aussi Port de Bouc
Bourde, subst.fm. Borda [burdO] Le mot a plusieurs sens : de mensonge, sottise perche, long
bton en occitan autant ancien que moderne.
TLF. 1180 conte forg pour abuser de la crdulit de qqn (JORD. FANTOSME, Chron., 1251 dans GDF. Compl.);
XVIIIe s. p. ext. faute lourde, bvue (d'apr. Lar. Lang. fr.); 1836 (STENDHAL, Lucien Leuwen, p. 839); dans la
lexicogr. partir de Ac. 1932. D'orig. obsc., de mme que l'a. prov. borda mensonge (apr. 1291, trad. prov. du Livre de
Sidrac dans RAYN.) (DELF) (PDPF)
TLF. 1381 borde poutre, bton (Indentura, Rym., 2e d., VII, 328 dans GDF., s.v. borde); demeure dans le parler
rgion., v. GDF. et en prov. mod. (MISTRAL); 1831 mar. (WILL.). Dr. rgr. de bourdon1* long bton .
Bourgade, subst.fm. Borgada (XIV) [burgadO] Petit village dont les maisons sont plus dissmines
que dans le bourg. Driv de lancien occitan borc. (DELF) (PDPF)
Bourride, (18 s.) subst. fm. Borrida (XVI s.) [buridO]
Plat de poisson (bouilli : borrida = bolida [bulidO])
TLF. Empr. au prov. bourride, bourrido, attest au mme sens fin XVIe s. dans PANSIER; issu de boulido ce qu'on fait
bouillir , part. pass substantiv de bouli (bouillir*), avec pour -rr- peut-tre infl. des reprsentants du b. lat. (bourre*) (cf.
bourri grumeau qui se forme dans la bouillie , MISTRAL), le changement spontan de -ll- en -r- tant seulement
caractristique du gasc. et non de la rgion mditerranenne (gasc. bourit, ide bouilli, -e, cuit totalement ; bourit, -ide
bouillon, bouillonnement , PALAY). )
Bien sr. ceci prs toutefois que le phnomne de rhotacisme est trs rpandu en Provence, en dehors
du parler rhodanien que MISTRAL utilise en priorit. En provenal martime (pas si bien nomm
puisquil comprend Aix, Marseille, Draguignan, jusquau Verdon, St Raphal). par exemple on
entendra canderon [kaNderuN] en lieu et place de candelon [kaNdelun] : petite chandelle. Et
inversement dailleurs parir (pareil, mme) [parje] sera prononc [palje]
Trop dailhet gasto borrido . Chansons du Carrateyron, Aix-en-Provence. (Entre 1518-1531). En 1763 le marseillais
Jean-Baptiste GERMAIN crit le pome parodique La Bourrido dei Dieoux.
NB. La bourride est un mets de poissons de mer, voisin de la bouillabaisse, originaire de Provence et du Languedoc. Elle est
connue en particulier Ste (Hrault).
Elle se prpare avec des poissons blancs, notamment la baudroie (nom mditerranen de la lotte), qui sont tuvs. Puis dans
le fumet est cuite une brunoise de lgumes (cleri, poireaux, carottes, oignons, etc.), le mme fumet tant allong dans une
mayonnaise lhuile d'olive qui nappe la queue de baudroie et ses petits lgumes. Le tout est mis sur table accompagn de
croutons frotts l'ail.
Prparation : 10mn. Cuisson : 20 mn. Faire revenir l'oignon, les lardons et la salade hache dans de l'huile.
Ajouter les pommes de terre coupes en gros cubes, le safran et couvrir d'eau. Saler, poivrer et cuire pendant 10 mn.
Couper les queues de baudroie en 3 gros morceaux et les faire revenir dans lhuile. Ajouter la baudroie aux pommes de terre
et cuire nouveau 10 mn. goutter la baudroie et les pommes de terre en conserver le jus de cuisson. Mlanger le jus de
cuisson (refroidi) laoli et au dernier moment, recouvrir la baudroie et les pommes de terre de sauce.
Pour prparer la rouille, pilez de lail avec un piment rouge, rajoutez du jaune duf, montez lhuile dolive puis ajoutez
un peu de soupe de poissons.
Boutade, subst .fm. Botada [butadO]
TLF. 1. 1580 caprice (MONTAIGNE, LIII, C. XII, p. 181 dans GDF. Compl.); 2. 1580 saillie d'esprit (ID., IV, 64
dans LITTR).
Soit dr. de bouter* tymol. 1; suff. -ade*; soit empr. au prov. boutado caprice, bouderie (fin XVIe [d. 1628], C. Brueys
dans MISTRAL); a vinc le m. fr. boute*. (DELF)
O lon retrouve MONTAIGNE (grand crivain occitan dexpression - presque - franaise !).
Lexemple tir de MISTRAL est : An de marits plens de boutados/ Que ly fan virar lesperit . de Claude
BRUEYS, Ordonansos de Caramentran, p 371.
Le livre de Brueys (n vers 1570) le Jardin deys Musos Provensalos fut publi en 1628 par Etienne
DAVID, Aix-en-Provence, mais il runit des pices crites bien avant 1600. ; Lauteur crit en effet
dans son adresse Au lecteur :
La prire de quelques uns de mes amis a tir cet ouvrage de la poussire, o il estoit depuis vingt-cinq ou trente ans, que
la fougue de la jeunesse me donnoit du temps, et de lhumeur pour my appliquer
Aussi : En quauquo part de ben per faire uno boutado . M. TRONC Estanssos XV. (1595)
Boutargue, subst.fm. Botarga {potarga} [butargO] Spcialit provenale compose d'ufs de mulet
presss, sals et schs au soleil ou fums. Cest le caviar provenal. Un bon peron pour la soif
dirait RABELAIS. Mot emprunt galement par litalien larabe buta@rih. (DELF)
Fazez quyou agy prestement,/de boutargos per mon usagy/ Que non ly a sollo, ni mellet,/ Ton, rouget, merlus, ny
sardino,/ Que my fasse tant per son tour, / Tirar de Bachus la licquour Belaud de la Belaudire, Passatens, LXV, (avant
1595)
Boute, (17 s.) subst.fm. Bota (XII s.) [butO]
Au XII s. le mot a le sens de barrique en ancien occitan et doutre au XVI s. (PDPF)
Per regardar las botas en las quals porton ayga . Cartulaire de Montpellier, in fine. Pour regarder les barriques dans
lesquelles ils portent eau. LR.
Saumada de botelhas dona I botelha id, fol. 106 Charge de bouteilles donne une bouteille.
E la femo communo bouto/Fau que simple per lou bondon . Claude BRUEYS. (avant 1600)
Boutique, subst.fm. Botiga (XIVs.) [butigO]
TLF. Empr. au gr. Apothk magasin, dpt attest chez Thucydide (LIDDELL-SCOTT) ; vraisemblablement, tant
donn cette orig., par l'intermdiaire de l'a. prov. botiga/-ca (1314 dans RAYN. II, 243b; cf. aussi boutiqua en 1492 d'apr.
PANSIER, t. 3, p. 27) avec i notant la prononc. de n en gr. tardif; (DELF) (PDPF)
La rfrence chez RAYNOUARD est la suivante :
Los mercadiers de convencions que tenon botigas Tit. De 1314. Hist. De Nimes, t.II ; pr, p. 17
Loccitan a attribu trs tt un ensemble complet de sens ce terme, y compris les plus grivois :
Mais quand vouestro mouiller aura pron ressauput,/De vous lou suc human, et ramplit sa boutigo . Belaud de la
Belaudire, Passatens, CXXIII (avant 1595)
Brague, subst.fm. Braga (XIII s.) [bragO]
Culotte. Du latin braca : braie. (DELF) (PDPF) Variante braya
Non lur laisson braya . Boniface de Castellane. Sitot no. Ils ne leur laissent pas culotte. LR.
NB. Bonifaci de CASTELLANA, Troubadour (1250-1262)
Braguette, susbt.fm. Bragueta [bragetO] diminutif de braga + diminutif fminin -eta
DHLF. Ce mot est emprunt au provenal braya (XIII s.) ou braga (fin XIV s.), lequel reprsente le latin braca qui a
donn le franais braie. (DELF)
Bramer, (16 s.) v.intr. Bramar [brama]
Mot dorigine gothique.
TLF. Terme bien vivant seulement en occitan, en franco-prov. et dans le domaine bourg.; parvenu dans le fr. du Nord
seulement au XVIe s., prob. grce des aut. tels que Cl. Marot, Rabelais, d'Aubign, largement influencs par la lang.
occitane. Empr. l'a. prov. bramar chanter (en parlant d'un homme) (XIIe s. dans Carl APPEL, Provenzalische
Chrestomathie, Leipzig, 1895, p. 52, no 12, 5e strophe), braire (de l'ne) , chanter (du rossignol) (id. dans RAYN.),
crier (1432 dans PANSIER t. 3), dsirer ardemment (Pt LEVY), (DELF) (PDPF)
Dic e man que chan e que bram Le comte de Poitiers Farai chansoneta. Je dis et je commande quil chante et quil
brame.
NB. GUILHEM neuvime duc dAquitaine, septime comte de Poitiers. (1071-1126)
E lazes quan brama eissamen . Pierre dAuvergne, Belha mes. Et lne quand il brait galement.
NB. Pire dALVERNHA, troubadour (1149-1170)
Brancard, subst.masc. driv de branca + augmentatif (s/an/at)
TLF. Sans doute de la mme orig. que branche* (FEW t. 1, p. 497 et REW3, no 1271) soit dr. de la forme norm. branque
(av. 1267 Lucid. dans GDF. Compl.) d'apr. BL.-W.5 et DAUZAT 1968, avec suff. -ard* dsignant des inanims (cf. billard,
buvard, placard, poignard, etc.) soit empr. au prov. mod. brancan, brancat, brancal brancard, grosse charrette, gourdin
(XVIe s. C. Brueys dans MISTRAL) d'apr. EWFS2, DG, NYROP t. 3, 354, avec assimilation au suff. -ard*. Dans l'une et
l'autre hyp., le fr. mod. brancal est empr. au provenal.
Branca [braNkO] en occitan cest la branche . Laugmentatif le plus courant en est brancs puis
brancassa. Les mots en -s occitans passs en franais (fminin en assa) ont souvent pris la
terminaison -ar cons (gros con) a donn connard.
TDF. brancan est : s. m. Brancard, litire, v. civiero ; niche portative dans laquelle on transporte le buste dun saint
aux processions ; haquet, grosse charrette, v. carriolo ; grosse branche, gourdin.
Mimpourtunes pas davantagi,/Si non voues aver dun brancan . ZERBIN (PDMCP, B, v. 260) (vers 1630) au sens de
gourdin .
Brandade, (18 s.) subst.fm. Brandada [brandadO]
Form sur brandar (XII s.) remuer, en vieux franais brander (trembler, sagiter) le mot vient de
loccitan ancien bran (pe).
Branle, secousse, agitation, avec connotation obscne souvent :
Vene pu leou, intren assin / Que te daray uno brandado . ZERBIN (PDMCP, A, v. 775) (vers 1630)
La brandade de morue est un mets base de poisson, spcialit de toute lOccitanie orientale, du
Languedoc la Ligurie en passant par la Provence ; en plus du Roussillon et des Pays Catalans en
Espagne.
NB. Elle est base de morue dssale et dhuile dolive. Il peut y avoir jus de citron, ail, persil ou d'autres herbes ou pices
(thym, laurier, onion, etc.). Dans certaines recettes, on ajoute de la pomme de terre et du lait ou de la crme et se sert
comme une sorte de parmentier, ou de pure la morue et aux pommes de terre gratin au four. Minorque on ajoute
parfois de l'artichaut la recette traditionnelle.
En France, la tradition veut quelle soit originaire de Nmes et on lappelle donc parfois brandade de Nmes. Un cuisinier
de larchevque dAls, Monsieur Durand, n Als en 1766, eut lide de la recette de la brandade de morue en mariant la
morue sale aux ingrdients rgulirement utiliss dans la cuisine mditerranenne. Durant la prparation, la morue et l'huile
d'olive doivent tre mulsionns, comme une mayonnaise, dans un mortier avec un pilon. (DELF)
Branque, subst.masc. Branca, subst.fm. [braNkO]
TLF. Arg. , Individu qui se laisse sottement berner ou par les filles ou par les hommes du milieu`` (J. LACASSAGNE,
L'Arg. du milieu , 1935, p. 29). Synon. cave. Emprunt du prov. branco tranard (SAIN. Sources Arg., t. 2, p. 296) et
du suisse romand branko (Valais) vieux cheval ou mulet hors de service (Pat. Suisse rom.).
Largot franais connat galement le driv branquignol et loccitan joue avec le nom dform
Pancraci devenu Brancaci pour indiquer un nigaud. Es coma Brancaci, trba pas plaa en galra .
Le terme est rapprocher de lancien barranca [baraNkO] (au sens de tranard, personne clope,
lendore , MISTRAL, TDF, T.I,233) on le trouve chez le dramaturge ZERBIN autour de 1630 :
Lou grand durbec/fa dau vaillent, may, la barranquo,/ Tout en un cop lou couer li manquo (PDMCP. A.I,2,754)
Bravade, (16) subst.fm. Bravada [bravadO]
TLF. Le mot arrive en franais en 1547 avec le sens de ostentation, parade (NOL DU FAIL, Propos rust., p. 81 dans
IGLF Litt.); 1553 magnificence Il est considr comme un emprunt litalien bravata attest au sens dentreprise
aventureuse, tmraire, accomplie par ostentation depuis 1536 (ARETINO, Ragionamenti. Litalien est driv de bravare
braver lui-mme driv du subst. bravo.
tant donn la faveur dont a joui le mot au XVI s. et les empr. faits l'ital. de brave et de bravoure, l'hyp. d'un empr.
l'esp. bravata, dep. 1526 d'apr. AL. (EWFS2, 2e hyp.; REW3, no 945) ne semble pas retenir. D'apr. COR. t. 1, s.v. bravo,
l'esp. serait lui-mme empr. l'ital .
Resolus sont vengus en blot,/Dounar lassaut au saucissot/ Et lan empourtat de bravado . Belaud de la Belaudire,
Passatens, CXVI. (Avant 1595).
Lemprunt litalien bravata : entreprise hasardeuse, tmraire accomplie avec ostentation semble
acquis, comme pour les mots bravo, bravare (brave, braver) mais le passage par loccitan demeure
possible en effet le mot brave [brave brabe] lui-mme est form partir de loccitan brau
[braw], adjectif, o il a les sens de : rude, dur, mauvais, farouche, sauvage ; brave et ce ds
lpoque mdivale. Cest dailleurs loccitan qui a influenc les autres langues romanes.
Ab lo brau temps et ab la gran freidor . Berenger de Palanol, Mai ai de. Avec le temps dur et avec la grande froidure.
LR.
Assatz paria/ De la bestia que non fos brava,/car per defendre no s girava . Roman de Jaufre, fol.3. Il paraissait asez de
la bte quelle ntait pas mchante, car elle ne se retournait pas pour se dfendre. LR.
Substantif : taureau (PDPF)
Aujourdhui encore brau dsigne le taureau.
Le mot a donc une longue histoire occitane : bravamen est dj enregistr en occitan mdival. Quant
bravada on le retrouve dans toute la littrature du XVI s. et du XVIIs. Comme en franais, en
espagnol ou en portugais.
Pour ce qui est de la Bravade actuelle il sagit dune fte votive avec dfil costum et tromblons qui se
tient dans plusieurs villages varois : Frjus, St Tropez, Ste Maxime, Cogolin, Varages, La Verdire
Brsiller v.tr. Bresilhar (XII s.) [brezia] Briser en petits morceaux.
De lancien occitan bresilhar tomber en dbris, se briser. Toujours usit.
Brigue, subst.masc. Brega. [bregO]
Le mot franais (apparu en 1314) est donn comme provenant de litalien (13 s.), partir
de briga querelle, dispute . Loccitan brega a mme sens, mme origine, et se retrouve mme
poque.
Guerra e trebalha e brega m platz . Boniface de Castellane. Guerra. La guerre, lagitation et la querelle me plat LR.
NB. Troubadour, autour de 1250.
Empero brega e tienl/ Vuelh aver tot temps . Folquet de Lunel. Si quan bo. Cest pourquoi je veux toujours avoir dispute
et querelle.
NB. Troubadour, entre 1230 e 1300.
Brigand, subst.masc. Bregand [bregan]
TLF. Brigand 1. 1350 soldat pied faisant partie d'une compagnie (Comptes de B. du Drach trsorier des guerres dans
DU CANGE, s.v. brigancii) - fin XIV
e
s. (FROISSART, part. 2, I, 1 ch. 329 dans GAY); 2. fin XV
e
s. voleur arm
(DUQUESNE, H. de J. d'Avesne, Ars., f
o
214 v
o
dans GDF. Compl.)
Driv de litalien ( ?) briga. lorigine soldat nappartenant pas une arme rgulire, puis soldat
indisciplin.
Un capitani dels Lombarts emena am si VIC bregans, e pren los gatges del Rey, VI francs per mes, per cascu dels
bregans . LArbre de batalhas. Fol. 220 Un capitaine des Lombards emmne avec lui six cents brigands, et prend less
gages du Roi, six francs par mois, pour chacun des brigands. LR.
NB. crit en franais par Honorat BOVET avant 1389, traduit en occitan au XV s..
Brignole, (19 s.) subst. fm. Prune sche. Brinhla (XVII s.) [briOlO]
Du nom de la ville de Brignoles (Var) do provenait cette prune.
Broc, subst.masc. Brc [brOk]
Du latin brocchus rcipient muni dun bec verseur. Pass de loccitan (E. LEVY) au franais. (DELF)
(PDPF)
Ar sai quieu ai begut del broc/ Don bec Tristans, quanc pois garir non poc . Augier. Per vos bella. Je sais maintenant
que jai bu du broc dont but Tristan, qui oncques depuis ne put gurir. LR
NB. Guillem AUGIER tait un troubadour du Dauphin qui sattacha Raimond Brenger V, comte de Provence, fin XII,
dbut XIII sicle.
Brousse, subst. fm. Brossa (1434) [brusO]
Caill de lait de brebis ou de chvre fabrique en Provence. Synonyme : recuite. Lune des plus
connues est celle du Rove, prs de Marseille. Le mot est attest en franco-provenal et son usage
stend la Corse : brcciu, bruccio, au nord de lItalie et la Catalogne.
Brugnon, subst.masc. Brunhon. (XV s.) [bryu bryuN] En occitan ancien brinh.
Varit de pche peau lisse, noyau adhrent, de belle couleur rouge et dore, dont la saveur rappelle
la prune. Apparat dans les Comptes Consulaires de Montagnac 1459-1460. Pour mmoire Montagnac
se situe dans le dpartement actuel de lHrault, et donc en plein territoire de parler languedocien. Pour
le TLF cest de l ancien provenal , selon une terminologie aujourdhui dpasse et trop imprcise.
(DELF)
Brume, (16 s.) subst.fm. Bruma (XIII s.) [brymO] brume, brouillard, cume.
Vai la clartatz del temps gen ;/E vei la bruma qui fuma . Alegret, Ara pareisson, La clart du temps agrable sen va, et je
vois la brume qui fume. LR.
NB. ALEGRET, troubadour gascon, contemporain de MARCABRU (= 1145)
Las vapors que so materia de nivol et de bruma . Eluc. De las propr. Fol. 127. Les vapeurs qui sont matire de nuage et
de brouillard. LR.
En occitan aujourdhui on emploie galement les mots : nbla, ou fum. Il me semble que ces termes
devraient servir un emploi plus prcis. Bruma pour un brouillard dhiver, nbla tant le terme
gnrique, et fum servant marquer plutt les brouillards lgers sur les eaux. Du latin classique bruma
le terme est pass au franais par lintermdiaire de loccitan. Le sens premier tant jour de lanne le
plus court du solstice dhiver , puis poque des froids, hiver , puis brouillard de mer . (DELF)
(PDPF) cf. Vendmiaire.
Busserole, subst.fm. Boisserla [bujserOlO] (de bois le buis) Arbrisseau (ricaces) rameaux
tranants, feuilles coriaces, toujours vertes, astringentes, et baies rouges, comestibles ; dit aussi
Bousserade, Petit buis, Raisin dours (Arctostaphylos uva-ursi L.) Pousse en altitude. Diurtique et
antiseptique.
C
Caban, subs.masc. Caban [kabaN] (XV s.) Vtement de marin capuchon lorigine est pass
TLF. 1448 (Cptes et mm. du roi Ren, art. 758, d. Lecoy de La Marche dans GAY). Empr. prob. par l'intermdiaire du
prov. caban (1485, Avignon dans PANSIER t. 3), au sicilien cabbanu id. (Vidos dans Z. fr. Spr. Lit., t. 58, 1934, p. 449
sqq.),
Le caban fait partie de la tenue rglementaire dans la Marine nationale depuis le Second empire. Il tait
autrefois ralis par les matelots eux mmes qui le rendaient impermable au moyen dun apprt
constitu de goudron, de suif et dhuile de trbenthine. Vtement devenu classique, le caban a t
repris par les grands couturiers et a fait son apparition gnralise dans les rues notamment pendant la
saison 2006/2007. La mode en est revenue par lAngleterre.
NB. Ren dAnjou, ou Ren I
er
dAnjou, ou encore Ren I
er
de Naples ou Ren de Sicile, surnomm par ses sujets
provenaux le Bon Roi Ren (n le 16 janvier 1409 Angers - mort le 10 juillet 1480 Aix-en-Provence).
Cabane, subst.fm. Cabana (XIII s.) [kabanO]
Du bas latin capanna mot dorigine prromane. Frquent comme toponyme. (DELF) (PDPF) (TLF)
Emprunt lancien occitan cabana cabane, chaumire, le terme est attest en 1253 dans
RAYNOUARD.
Mot dorigine probablement pr-romane.
Cabas, subst.masc. Cabs (XIV s.) [kabas]
Lorigine du mot est la pninsule ibrique : catalan ancien cabs ; portugais ancien cabaz ; espagnol
capao, capacho et le domaine doc. Du bas latin capacium. Le franais est emprunt loccitan o ce
terme dsigne particulirement un panier contenant des figues ou du raisin. (DELF) (PDPF)
Cabernet, (19 s.) subst.masc. Cabernet [kabernet]
Terme du Mdoc, peut-tre driv du latin caput, dsignant un cpage de vigne noire qu'on appelait au
Moyen ge vitis biturica. Aussi appel bouchet . Il appartient la famille des Carmenets, dont il est
le membre le plus proche des varits sauvages et proviendrait du ct espagnol du vignoble pyrnen.
Il aurait gagn le sud-ouest de la France grce aux plerins de retour de Saint Jacques de Compostelle.
Ce cpage est plant sur environ 36 000 ha en France, surtout en Aquitaine.
Cabestan, subst.masc. Cabestan [kabestaN]. Lautre nom de cet instrument (qui est donn aussi au
tour de charrette qui sert freiner) est largue.
TLF. Orig. obsc.; la plupart des dict. tymol. y voient un empr. au prov. cabestan, altration de cabestran : pour FEW t. 2,
pp. 252-253, BL.-W.5, MACH., s.v. cabrestante et NED, s.v. capstan, ce mot prov. serait le part. prs. substantiv au sens
de instrument enrouler les cbles d'un verbe cabestrar, cabestra, dr. de cabestre corde de poulie (v. chevtre).
Mais le prov. cabestan, cabestran n'est pas attest dans les anc. textes, non plus que cabestrar qui a pour seul sens mettre
le licou une bte (v. MISTRAL, s.v. cabestra et ALIB., s.v. cabestre). (DELF)
Lhypothse dun emprunt loccitan cabestan, altration de cabrestan instrument enrouler les
cables , participe prsent substantiv de cabrestar lui-mme de cabestre corde de poulie
(chevtre), se heurte un manque dattestations anciennes de ces mots provenaux.
Il suffisait dy penser, lhypothse la plus valable et la plus logique vu le degr demprunt des termes de
marine par le franais loccitan (ainsi quau normand ou au breton, mais plutt aux parlers romans
tout de mme) est repousse par manque de rfrences anciennes . Il faut dire que lcrit occitan, pas
seulement littraire mais juridique, administratif, diplomatique et priv (Livres de raison) fort vivant
jusque bien aprs ldit de Villers-Ctterets na jamais bnfici de la part des chercheurs franais
dune tude pousse et de la ralisation de bases de donnes fiables, comme cest le cas pour le moindre
texte franais. Comme il na pas t tudi de faon exhaustive, il nexiste pas ! raisonnement
scientifique imparable.
Cabot, subst.masc. Cabt [kabOt]. Poisson du genre mugil, grosse tte (cap + t), large et courte.
Version occitane de chabot . (PDPF)
Caboter, v.intr. Cabotar [kabuta]
Apparition en franais en 1678. Emprunt envisag lespagnol cabo (cap) qui est tardivement attest
(1634/1638), alors que caboter est antrieur. Le passage de p b en position intervocalique fait
penser un emprunt loccitan. (TLF) (DELF)
Cabrade, (19) subst.fm. Action de se cabrer. Cabrada [kabradO]. Le synonyme rare est :
cabrage .
TLF. 1883 action de se cabrer (G. FUSTIER, Suppl. au dict. d'A. Delvau, p. 502). Empr. au prov. mod. cabrada
(MISTRAL), dr. de cabrar (se) cabrer , suff. -ado (lat. -ata); ou dr. de cabrer*, suff. -ade* (cf. ruade, reculade).
(DELF)
Cabre, (16 s.) subst.fm. Cabra (XIII s.) [kabrO]
Chvre (emploi rgional) (1241-82) ou engin de levage (1497). (PDPF)
Daretz carn de petit anhel/ En lait de cabra freit moillada . Deudes de Prades. Auz. cass. Vous donnerez chair de petit
agneau mouille en lait de chvre froid. LR.
Cabrette, subst.fm. Cabreta [kabretO] (1318)
Cornemuse, musette. Ainsi nomme parce que linstrument est fait dune peau de cet animal. (PDPF)
En lait de cabreta . . Deudes de Prades. Auz. cass. En lait de chevrette. LR.
Cabrer, v.intr. Cabrar [kabra]
Comme cabri et cabrette, il sagit dun driv de cabra.
Cabri, subst.masc. Cabrit [kabrit]
TLF. 1362-94 cabrit petit de la chvre (FROISSART, Pastourelle dans LITTR); 1398 cabril (Somme Me Gautier, fo
36 vo dans DG); 1680 cabri (RICH.).
Empr. l'a. prov. cabrit id. , attest dep. fin XIIe-dbut XIIIe s. (P. Vidal dans RAYN.), du lat. vulg. capritus attest au
sens de bouc au VIIIe s. (763-98, Lex Salica dans Mittellat. W. s.v., p. 244, 33), dr. du lat. capra (chvre) (DELF)
(PDPF)
Cabriole,subst.fm. Cabrila [kabriOlO]
TLF. Empr. l'ital. capriola (proprement femelle du chevreuil XIVe s. Boccace dans BATT.) attest au XVIe s. d'abord
au sens 1 dep. 1536 (Aretino dans BATT., s.v. cavriola); au sens fig. 2 dep. 1545 (Id., III, 137, ibid.); comme terme de man.
dep. 1585 (Garzoni, ibid.), issu du b. lat. capreola chvre sauvage ; la forme fr. cabriole rsulte prob. d'un croisement
avec cabri, cabrer; cf. les formes capriole (la plus rpandue) et capreole au XVIe s. dans HUG.le chevreuil (italien
capriolo 1550).
Il existe peut-tre une autre solution. En occitan le chevreuil cest le cabirl {cabrl} [kabirol],
avec mtathse de r , et la cabriole se dit, indiffrement : cabirla/cabrila
Et des rfrences plus anciennes que celle qui se trouve chez Boccace.
Quesquirols/Non es ni cabirols/tans leus com ieu sui . Rambaud dOrange. Aras no. Qucureuil ni chevreuil nest aussi
lger que je suis. LR.
NB. Troubadour (1147-1I73)
Ieu vi cabirola ses melsa, quar tot jorn payshia tamarisc . Eluc. de las Propr. Fol. 225. Je vis une chevrette sans rate,
parce quelle paissait toujours le tamarisc. LR.
Loccitan a sans doute emprunt litalien ! Quant Cabrol ( Chabrol en Nord-occitan) cest un
nom de famille trs rpandu en pays dOc depuis le Moyen-ge.
Cabus, subst.masc. Cabs (XIII s.) [kabys] Chou grosse tte
En occitan on dit toujours, depuis le Moyen-ge (PDPF) cabussar pour plonger tte la premire et
cabs pour un plongeon. Lancien occitan est issu du latin, peut-tre par lintermdiaire des dialectes
italiens du Nord. (DELF)
Cacade/cagade, subst.fm. Cacada {cagada} [kagadO]
TLF. Fin XVIe s. caguade (BRANTME, Discours d'aucunes retraictes de guerre, d. L. Lalanne, t. 7, p. 282) 1616-20
cagade (D'AUBIGN, Hist. Univ., XV, 15 dans HUG.), forme encore note dans Trv. 1752; 1690 cacade (FUR.),
considr comme appartenant au style bas dep. Trv. 1704. (DELF)
Le mot bas latin fait cagar en occitan, et chier en franais.
Voil une belle retirade, ou pour mieux dire coyonade ou caguade . BRANTME, VII, 282
NB. Pierre de Bourdeille, dit BRANTME, abb de Brantme, n vers 1540 Bourdeilles, en Prigord, et mort le 15 juillet
1614, dans son chteau de Richemont Saint-Crpin-de-Richemont, abb commendataire et seigneur de Brantme, tait un
crivain franais, surtout connu pour ses crits lgers relatant sa vie de courtisan et de soldat. Il sillustra aussi bien par
les armes que par la plume. Il crivit beaucoup sur les grands personnages de son temps et des gnrations immdiatement
prcdentes. Mme sil nest pas considr comme un vritable historien, il est un chroniqueur du XVIe sicle, donnant une
vision mordante et vive de son temps.
Bien des occitanismes sont passs en franais travers son uvre.
Quant dAUBIGN, voici un petit extrait de son roman satirique : Les Aventures du baron de
Faeneste . (1619).
Livre II Chapitre XVI. - Combat de Corbineau.
Il ny a pas un mois jestois loug Nostre Dame, Xentes [Saintes] ; il avint questant un pu destremp du ventre, ye
mettois au soir le cul la fenestre. Un fadas de seryent, nomm Corvineau, dans la porte duquel alloent quauques ourdures,
maiant menac auparavant, mespia si perpaux, que lui et sa femme me tirrent tout dun temps, lui, une pistoulade sans
balle, et sa femme une seringade qui memplit chausses et perpunt de sang. Ye mescrie la lumire ! Yus lou barbier, qui,
aiant accomod son premier appareil, me lava toute la rgion du darr beau vin blanc tiede, et puch, ne trouvant rien, me
voulut quereller, me pourta lou pung prs lou visage, me disant quil nestoit poent veilet destubes [valet de bains], mais
chirurgien des bandes [chirurgien militaire], et que ye lui ferais raison. Cestoit un grand paillard, habile home, et yen
estois en pne ; mais ye seus par les voisins la beste qui avoit fait lou dommage : cestet ce Corvineau, dont, pource quil
estet estropi dun bras et dune yambe, ye lappelai cheval, au Pr lou Roi. Le courdelier qui ye me confessai avant aller
au combat me dit gouguetes de ce paillard, et me le despeignit come le fraudeur des ruses que vous voiez en Amadis. Il se
trouve donc lassignation, dit quil me vouloit visiter, de crainte que yeusse cuirasse, que fit lou despouderat [lestropi]
? Il mit bas la bride de mon roussi, et de mesme temps lui done de la bourde [perche, lance] sur beau nez pour lui faire
tourner la teste. Ye mis lespe la men, pensant lui donner un pic [coup de pointe] par dessus lespaule ; il pare de la
bourde et tourne pics sur moi ; et voil mon cheval dans lou fauxbourg des Dames : noutez que cest un yor de march, o
il y avoit force cabales. Voil mon diable aprs ; le bilen me suivoit tousjours pics et foissades avec sa bourde. En
chemin se trouve lou praube chanoine Roi, qui alloit Thrac ; cette meschante beste lui mit les jambes sur les espaules et
embesse sa yument. Voil lou puble rire, et mon Corvineau, me voiant assez enbesongn, me dit : Faittes, faittes, et vous
en venez. Encor lou pis fut des pitaux qui belles peyrades, et bastons volants, vouloyent sparer le cheval et la yument,
dont yeus par leschine force trucs et bastonades, ce que je ne pris pas au poent dhaunur, car ce nestoit pas bon escient
; daillurs force canailles qui chantaient au tour de moi Jehan Foutaquin... Que voulez-vous, ye ne peux pas tous les appeler
en duel. Joublie dire, comme il me poursuivoit, quil crioit victoire ! Ye neus patience de tout le monde que ye ne fusse
appoent. Lou maire, qui faiset laccord, habile home, malgue son estropiement, que jestais demur lou dernier sur le
lieu, et quenfin sil estoit moi, il se contenteroit ; ye fus donc pri doublier.
ma connaissance, personne na tudi de faon systmatique les occitanismes de la langue de
dAUBIGN. (Pas davantage que ceux de la langue de MAROT, RABELAIS ou MONTAIGNE.
Cacolet, subst.masc. Cacolet [kaku let]
DHLF. Est emprunt au barnais cacoulet, cacolet sige double dossier fix sur une monture pour transporter des
voyageurs, des blesss, des malades Ce mot dialectal est dorigine incertaine mais pourrait venir du basque kakoletak
sige en bois recourb , driv pluriel de kakola bton recourb qui serait lorigine du navarrais cacolas btons
que lon place sur les montures pour transporter des fromages, videmment parent du barnais cacoulet.
Cadastre, subst.masc. Cadastre [kadastre]
Selon le TLF cest un emprunt attest sous la forme cathastre (Libre del) en 1525 (Cadastre dAlbi
dans MISTRAL, TDF), cadastre 1527 (PANSIER). Emprunt lui-mme litalien catasto, catastro et
issu du vnitien catastico ds 1185 liste de citoyens possdant une proprit imposable .
Prcison intressante du DELF :
En fr. cadastre nest employ jusque vers 1760 que par rapport au Midi ; son usage semble tre devenu gnral grce
Turgot.
En occitan mdival cadastar signifie enchsser . (PDPF)
Cade, subst.masc. Cade (XIII s.) [kade] Genvrier
Le mot est occitan, cest une espce de genvrier .
Apparu en franais, selon le TLF en 1518. Mot occitan cade, XIIIe s. (chez DEUDES DE PRADES,
Auz. cass. dans RAYNOUARD, LR.), lui-mme issu dun lat. des gloses catanum , peut-tre dorig.
continentale pr-celt. en raison de son aire gographique dans le territoire gallo-roman (FEW t. 2, 1, p.
490) et en labsence de mot correspondant dans le celte insulaire. (DELF) (PDPF)
Prendetz la goma del genebre,/So es albre ; e sembla pebre/sa fruita, cant es ben madura ;/ Et, en la nostra parladura,/ A
nom cade . Deudes de Prades. Auz. cass. Prenez la gomme du genvrier, cest un arbre ; et son fruit, quand il est mr,
ressemble au poivre ; et, dans notre langage, il a nom : cade. LR
Le mot est toujours employ. Lhuile de cade (li de cade) que les bergers utilisaient pour soigner les
brebis galeuses, sert aujourdhui en cosmtique.
Cadeau, subst.masc. Cadl {Cadu} (XII s.) [kadl kadw]
TLF. De l'a. prov. capdel personnage plac en tte, capitaine (XIIe s.), lui-mme du lat. class. capitellum; l'a. prov. a d
signifier grande initiale ornementale (comprenant souvent une figure de personnage) place en tte d'un alina ; 2, 3
d'apr. l'ornementation de fantaisie de ces lettres (le cadeau comprenant peut-tre la lettre initiale de la dame). (DELF)
Voil qui est exemplaire. Demandez de nos jours un occitanophone comment il peut dire cadeau
et il vous rpondra : present [prezen] comme en anglais. Et le mot est juste, videmment,
comme lauraient t, avec dautres connotations un don , una dona . [dun dunO]
Les occitans daujourdhui hsitent employer ce mot cadl {cadu} pour dsigner un cadeau, alors
quil est dorigine occitane, tout simplement parce quils ont le sentiment de commettre un francisme.
Voil qui en dit long sur lalination linguistique, et lignorance dans laquelle nous sommes tenus. Au
fait, comment appelle-t-on (ailleurs !) lattitude qui consiste maintenir volontairement une population
donne dans lignorance ? Instruction Publique ou Obscurantisme Public ?
Caddie {Caddy}, (1898) subst.masc. Capdet [kadet] Jeune homme cherchant faire toutes sortes de
besognes (porteur, commissionnaire), puis plus rcemment chariot de supermarch .
TLF. 1825 porteur (A. PICHOT, Voy. hist. et litt. en Angleterre et en cosse, Paris, t. 3, pp. 474-475); 2. 1898 jeu de
golf (Vie au Gr. Air, p. 156, c 1 dans BONN.). Angl. caddie, caddy attest au sens de jeune homme cherchant faire toutes
sortes de besognes (porteur, commissionnaire) dep. 1730 dans NED, le terme de golf, dep. 1857. L'angl. est une adaptation
du fr. cadet*
Premire remarque, le mot franais cadet est lui-mme dorigine occitane. Quant caddie voil un mot
bien franais , en provenance de la perfide Albion. Il dsigne, avant de sappliquer aux chariots des
Super/Hypermarchs, un jeune garon charg de porter les clubs du golfeur.
Le premier terrain de golf sur le territoire franais fut ralis Pau (en 1856), et connut un grand succs
auprs de la clientle anglaise en villgiature. Ce fut le premier golf franais mais aussi le premier golf
du continent europen cr sous linfluence des anglais. Il offre un parcours de 18 trous et son club-
house (en franais protg par larticle 2 de la Constitution sil vous plat) de style victorien abrite un
restaurant et un bar lambiance britannique.
Les golfeurs, force dentendre les gens du pays appeler (en gascon) capdet [kaddet] (cest--dire :
gamin ) les jeunes garons chargs de retrouver les balles perdues ou de transporter les clubs finirent
par les appeler ainsi, en anglicisant quelque peu la prononciation : do caddie .
En occitan, on dit logiquement que le porteur de club est un gafet et le chariot un carreton dans la
langue standard, mais dans un registre plus populaire et plus imag, voire caricatural loccitan
emploie galement : butasseta ou butarla (Butar : pousser )
Cadenas, subst.masc. Cadenat [kadenat]
Emprunt avec substitution de suffixe. loccitan ancien cadenat chane servant fermer un accs
XIII s. (Crois. Alb., 6629 dans LEVY Prov.) au sens de serrure mobile 1453 (PANSIER),
Du bas latin catenatum cadenas driv de catena chane . VIe-VIIe s.
Els verials, e las portas, els cunhs, els cadenatz . Guillaume de Tudela. Et les vitraux, et les portes, et les coins et les
cadenas. LR.
Le DHLF, comme le TLF, reconnassent lorigine occitane de cadenas mais pas de cadne. Ils y voient
un emprunt litalien car on trouve en effet cathne chez RABELAIS. Cela nexplique pas la forme
apparue en 1540, et donc le DHLF lattribue : litalien du Nord qui a conserv la forme ancienne
cadena, gnois cadenna peine de la chane, laquelle sont condamns les soldats dlinquants ,
vnitien cadna : les contemporains considrent le mot comme italien ; lhypothse dun emprunt au
provenal cadena (fin XIII) est moins probable . (DELF) (PDPF)
Fin de la citation !
Ab suau cadena/Mi destrenh e m lia . Peyrols. Ab joi. Mtreint et me lie avec douce chane. LR.
Ell se veyria en las cadenas del dyable, en carcer del peccat V. et Vert. Fol. 69. Il se verrait dans les chanes du diable,
en prison de pch. LR.
On peut toutefois rappeler que le terme tait employ tel quel dans la marine du roi de France, plus
prcisment dans les galres de Mditerrane, dont le port dattache tait Marseille, o certes lon parle
un peu gnois, mais surtout occitan au XVI. Quel dommage que les spcialistes (?) franais du gnois
et du vnitien connaissent si mal loccitan !
signaler que les cadennes, ou encore les cadennettes, terme employ en argot classique pour
dsigner les menottes, sont une traduction exacte de loccitan cadenas, cadenetas et pas du
pimontais, du sarde ou du napolitain. Les truands marseillais monts Paris, se sont chargs de la
greffe !
Cadne, cadenne, subst.fm. Cadena [kadenO]
Le TLF considre quil sagit dun emprunt litalien catena, (latin catena) que lon retrouve chez
Rabelais (XVI s.). On retrouve le mot en gnois, en vnitien en espagnol et en catalan, en portugais,
cest cadeia. Il existe aussi.. depuis le XIII sicle en occitan (Breviari dAmor) et donc lhypothse de
lemprunt loccitan est moins probable. Le DELF toutefois nest pas de cet avis, mais il faut dire que
Von WARTBURG na pas la fibre nationaliste franaise, il est suisse ! : chane de forats , 1559. Empr. du
prov. Cadena chane ; on sait que les galres taient stationnes dans les ports de la Mditerrane
Par contre cadenas est donn comme emprunt certain loccitan par le TLF.
Cadenette, (XVII s.) subst. fm. Cadeneta [kadenetO]
Longue tresse de cheveux que les soldats de linfanterie franaise portaient de chaque ct des tempes.
Cheveux en cadenettes (Ac. 1835-1878) : Drive du nom dHonor dAlbert, seigneur de CADENET
(Vaucluse), frre de Charles, duc de Luynes, conntable de France (1578-1621) et qui aurait t le
premier porter de telles mches. (DELF) En franais on dit dreadlocks .
Cadet, subst.masc. Cabdet [kabdet kadet]
TLF. Empr. au gascon capdet chef, capitaine (attest au XVe s. dans LESPY-RAYM.; cf. aussi PALAY) corresp. au
prov. capdel (cadeau*), les capitaines gascons venus servir dans les armes fr. au XVe s. taient en effet des enfants puns
de familles nobles d'o les sens de pun et de gentilhomme ; cf. XVe s. Chronicon Ludovici XI, p. 308 dans DU
CANGE, s.v. capdets : un Capitaine Gascon, nomm le Capdet Remonnent). (DELF) (PDPF)
Existe bien sr en gascon , mais aussi dans tous les autres parlers doc. Au XVI s. tout ce qui est du
sud est gascon .
Cadire, subst. fm. Cadira [kadjrO kadjjrO] 1. Rgionalisme pour un tissu de laine du genre de la
bure ou de la flanelle, un chaise (XIV s.) ou encore une monnaie dor o les souverains sont
reprsents assis (XV s.). De cadera, 1456 florin d'or la chaire : il s'agit de la monnaie d'or
franaise appele chaise d'or (reprsentant le souverain assis sur un trne gothique) mise par Philippe
IV, Philippe VI et Charles VI.
En occitan une cadira est dabord une chaise, et ensuite un lieu plant de cades, cest--dire de
genvriers. Voir La Cadire dAzur, prs de Bandol et faisant face au Castellet, dans le Var.
Cadis, subst.masc. Cads [kadis]
Le terme apparat en 1352 en franais selon le TLF . Cest un emprunt loccitan cads (1330-1332)
toffe de laine grossire lui-mme emprunt au catalan cadirs (var. cadissos ou cadins) (1308). (TLF)
(DELF) (PDPF)
Cadole, (17 s.) subst. fm. Cadaula (1349) [kadawlO]
Mot rgional. Loquet d'une porte quon soulve avec un bouton pour ouvrir. Le mot est assurment
provenal et en fait panoccitan.
TLF. 1678 (FLIBIEN Dict. p. 215). Empr. au prov. cadaula loquet , 1349 (PANSIER, v. aussi LVY Prov.) issu par
emploi mton. du gr. action de jeter de haut en bas p. rf. au mouvement de haut en bas du loquet.
Cagna, subst.masc. canhard [kaar]
Driv de lancien occitan canha (chienne).
TLF. Terme originaire de la France mrid. (dr. de l'a. prov. canha chienne , v. cagne1) o il est fortement attest
(MISTRAL, s.v. cagnard, cagnas, et FEW t. 2, p. 185a); peut-tre d'abord avec le suff. -ale, au sens de niche, chenil ,
puis avec changement de suff. (NYROP t. 3, 354) et p. ext. endroit retir, abri , les chiens aimant dormir dans les
coins abrits.
On trouve chez BRANTME :
Estant jeune come il est (Henri II), il na garde sacaignarder en oisivett ny aux plaisirs de sa court, I, 29.
NB. Dans son par ailleurs remarquable Lexique des uvres de Brantme, 1880. Rdition : Slatkine Reprints, 1970. 236 p.
galement Brantme, sa vie, ses crits, 1896. Rdition : Slatkine Reprints, 1971. 390 p. Ludovic LALANNE qui connat
fort bien les origines prigourdines de son auteur na pas une connaissance suffisante de loccitan pour se mettre au niveau
de ses comptences en franais, en italien ou en espagnol. Et donc, les occitanismes de BRANTOME lui chappent le plus
souvent. Tmoin parmi bien dautres lexpression : ademal.
Ce mot crit ailleurs de mal na t employ que deux fois par Brantme et avec des acceptions un peu diffrentes ; il ne
se trouve, ma connaissance, dans aucun lexique et je ne lai rencontr dans aucun autre crivain, mais les deux sens que je
lui donne difficile, chagrinant ne semblent pas devoir soulever grande objection. Il parat, ce quon ma dit, quil est
encore en usage dans quelques provinces. Nous autres catholiques lappelions toujours M. le Cardinal (de Chastillon), car il
nous estoit fort ademal de luy changer de nom (V, 51-52).
Il sagit dune structure sser de bon, de mal (trouver bon, bien, mauvais, difficile) propre loccitan. On dit aussi, et
aujourdhui encore : mes de mal imaginar quicm atal. Il mest difficile (jai du mal ) dimaginer une chose pareille.
(p. 21)
Cagne, subst.fm. Canha [kaO] (de can chien = paresse)
TLF. Empr. l'a. prov. canha chienne (FEW t. 2, p. 183b) attest l'emploi fig. de puta canha de mauvaise race,
engeance, sorte , 1213, GUIL. DE TUDELE, Chanson de la croisade albigeoise, d. P. Meyer, 1802 ds LEVY Prov. (cf.
avec 1), mot maintenu dans les dial., en partic. ceux du Midi, au sens de chienne ; l'a. prov. canha est issu du lat. vulg.
*cania, dominant dans le domaine d'Italie du Nord et en prov. (REW3, s.v. cania; DEI, s.v. cagna), form sur canis chien
, (DELF)
Et propos du sens de prostitue remarquons que deux mots du vocabulaire argotique, dsignant de
faon trs pjorative les lesbiennes sont : gousse (de loccitan gossa [gusO] fminin de gos [gus]
(chienne, chien) et gouine de gorina [gurinO] cest-dire cochonne . Alors que le premier est
languedocien, le deuxime est probablement pass par le provenal (martime surtout) ou il y a
confusion souvent entre r et l intervocaliques, jusqu leffacement.
Cagnotte, subst.fm. Canhta [kaOtO]
TLF. Cagnotte. Petit cuvier pour fouler la vendange). Empr. au prov. cagnoto qui dans l'Agenais est attest au sens de
petite cuve utilise pour la vendange (CHESN. 1857
Lemprunt est rcent (19 s.). Le TLF lattribue au provenal et donne un exemple tir de
lAgenais , cest--dire dune zone languedocienne. Sil sagissait encore dancien occitan,
longtemps appel provenal , mais ce nest pas le cas. Ce manque de rigueur finit par tre
mprisant. (DELF)
Cagot, (1535) subst. et adj. Cagt (1488) [kagOt]
Lpreux. Hypocrite. Personne misrable appartenant un groupe proscrit pour des raisons mal dfinies
(lpre, etc.), tablie autrefois en Barn et en Gascogne : le mot qui dsignait des populations recules
des valles pyrnennes (peut-tre lorig. affectes de la lpre ou d'une autre maladie)
TLF. 1535 cagot hypocrite (RABELAIS, Gargantua, chap. 52, d. R. Calder, Genve-Paris, 1970, p. 289). Empr. au
barnais cagot lpreux blanc , d'orig. obsc. (dr. de cacare? cf. cagou) (1488 anthropon., d'apr. V. LESPY, P.
RAYMOND, Dict. barnais anc. et mod., Montpellier, 1887, s.v.; 1551, Fors de Bearn ds Nouv. Coutumier gn., t. 4, 1072
et 1093). (DELF) (PDPF)
Cagoule, subst.fm. Cagola [kagulO]
Du latin cuculla : vtement de moine. Ou cucullus voile, capuchon. En ancien occitan cogola.
DHLF. Ce mot est probablement emprunt lillyrien ou au gaulois (qui possde une dieu Cucullatus). Le maintien du c
intervocalique sous a forme g (au lieu de coule) serait d lorigine mridionale du mot (zone sud-ouest de la langue dol)
rapprocher de lancien provenal cogola ; le passage du o initial a sexpliquerait par dissimilation.
La cogola sia en yvern veluda trad. De la Rgl. de S. Benot, fol 27. Que le capuce soit en hiver fourr. LR.
Caillat, (19 s.) subst.masc. Calhat [kaat kajat] Vieux ou rgional. Lait caill. Emprunt loccitan
calhat (caill : participe pass masculin et substantif du verbe calhar)
TLF. 1838 (Ac. Compl. 1842). Empr. au prov. de mme sens cailhat (MISTRAL, s.v. caia) subst. issu du prov. calha se
coaguler (ibid.) de mme orig. que le verbe cailler*.
NB. Le TLF, ds quil sagit doccitan, manque dfinitivement de rigueur. MISTRAL enregistre, selon son systme de
transcription emprunt pour une large part au franais caia pour linfinitif [kaja]. Dans la plupart des parlers occitans le
r final de linfinitif, qui rapparat en drivation (futur, conditionnel..) nest pas prononc. Comme en provenal moderne
le t final du participe pass nest pas prononc, MISTRAL ne lcrit pas davantage. Lautre forme prsente dans larticle
est cailhat il sagit dun participe pass cette fois, mais se rfrant un autre dialecte que le provenal, puisque le t
final est cette fois marqu, ou un autre systme de transcription (HONORAT ? ALIBERT ?) ! Et le digraphe lh , []
propre la graphie de loccitan ancien et la graphie dite occitane qui en est la modernisation suffit pour traduire le son
[kaat] souvent rduit dans la plupart des parlers contemporains [ kajat]. De toute faon, le i de ce cailhat est
inutile. Et le manque de rigueur nest pas affecter au systme occitan de transcription, mais au TLF.
Lexpression argotique se cailler (les miches !) avec le sens de se geler correspond une
expression occitane de sens identique, par image.
Caisse, subst.fm. Caissa [kajsO] (XIII s.) Le mot latin capsa donne logiquement chsse en
franais, (en occitan ancien capsa) mot qui a t rserv au domaine religieux, le mot occitan prenant
lusage courant, avec tous ses drivs. Lancien occitan caissa, comme en latin, a eu le sens de caisse
pour garder des livres , puis de caisse pour garder toutes sortes de choses . (DELF) (PDPF)
En una cayssa dousamen/La mult bellament estuzat . Troubadour anonyme. Senior vos que. Doucement la trs bien
cach en une caisse. LR.
E poiran li a luocx valer mil tans/ Quen sa caissa dos ples sacs de besanhs G. Olivier dArles. Coblas triadas. Et dans
loccasion pourront lui valoir mille fois autant que deux pleins sacs de besants en sa caisse. LR.
Caisson, subst.masc. Caisson (XIV s.) [kjsu kjsun]
TLF. Empr. l'a. prov. caisson (1375 ds PANSIER t. 3), dr. de caissa (caisse*). L'ital. cassone grosse caisse, bote
(XIVe s. ds BATT.) peut seulement expliquer la forme casson de 1559. (DELF)
Calade, subst.fm. Calada (1229) [kaladO] Dans tous les pays doc cest une rue pave (et mme un
simple pav par mtonymie), mais surtout une rue en pente. Le nom joue de sa proximit avec le
verbe calar , descendre. Voir : Calanque
Plusieurs villages occitans dsireux de rappeler les origines (lalibi du patrimoine !) ont donc des rues
de la calade , ce qui frise le plonasme. Il y a mieux. Jai vu de mes propres yeux une place de la
placette , et une rue de landroune (cest--dire une rue de limpasse , en graphie francise (pour
les touristes ?)
Calandre, subst.fm. Calandra [kalandrO] alouette . Tous les occitans au moins connaissent les
coles associatives occitanes les Calandretas (+ -eta, diminutif), (quivalent des Ikastolas basques, des
Breoles catalanes ou des coles Diwan de Bretagne). (DELF) (PDPF)
Lo dolz chan quau de la calandra . P. Raimond de Toulouse. Lo dotz. Le doux chant de la calandre que jentends. LR.
Calanque, (17 s.) subst.fm. Calanc, calanca (XIII s.) [kalaNkO]
Pente rapide, ruelle troite, crique. De la base prindo-europenne *cala. Aussi abri de montagne et
aussi pente raide prob. par croisement avec calare, v. caler descendre. (DELF)
Difficile de trouver une origine autre quoccitane ce mot, pas de normanno-picard lhorizon !
Sur cette base *cala qui signifie aussi lieu abrit, le franco-provenal a cr : chalet , tabli dans la
langue franaise par Jean-Jacques ROUSSEAU dans la Nouvelle Hlose (1761)
Pour signifier un endroit labri du vent, sur la cte :
Car no y a ni cala ni port/on puesca star egur de mort . Deudes de Prades. Pome sur les vertus. Car il ny a ni cale ni
port o il puisse tre assur contre la mort. LR.
Cale, subst.fm. Cala [kalO]
TLF. Dverbal de caler* descendre, s'enfoncer [on descend les marchandises dans la cale]; l'hyp. d'un intermdiaire
prov. calo, dverbal de calar abaisser , v. caler1 (Vidos, loc. cit., p. 2; FEW t. 2, 1, p. 61b, note 2; BL.-W.5) est possible,
bien que le subst. prov. ne semble pas attest aux sens A et B av. MISTRAL; celle d'un intermdiaire ital. (EWFS2; DEI)
semble carter, cala, non attest dans ces mmes sens av. Carena [1778-1849] ds BATT., tant lui-mme un gallicisme
d'apr. Vidos, loc. cit. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 263. (DELF) (PDPF)
Mais si ! la cala [la kalO] existe (aux sens A et B) avant Mistral (le TDF est de 1878-1886) ! Voir ce
pome de Robert RUFFI pote marseillais (mort en 1580) :
Se liges dintre lous archious/ li troubares encaro mious/La donation tan liberalo/embe franquezos, libertas/estatus,
capitous de pas,/ May aros an ben pres la calo ( Prendre la cala : tre mis fond de cale , lcart, au rebut)
Posies provenales, p. 67
DELF. (Article caler), terme de marine, XIIs. Empr. du prov. Calar (cf. aussi it. Calare et lesp. Calar). Du grec chaln
abaisser la (voile) (Le lat. calare, empr. du grec, na jamais ce sens techn. que possdait dj le grec ; il sagit donc dun
lment de la terminologie maritime grecque conserve dans la Mditerrane occidentale.) Le lat. calare est conserv dans
la. pr. Calar abaisser do le dr. Cale partie du navire , 1671 (empr. du prov. Calo, id).
De la mme manire que la soute est une adaptation pure et simple au franais de loccitan (de
Provence !) sota [sutO] (adverbe et substantif : (le) dessous . Faut-il stonner de cette influence de
loccitan sur le vocabulaire franais de la mer ?
Caleil {chaleil}, subst.masc. Calelh {chalelh} (1240) [kall kalj]. Vieux ou rgional. Du latin
caliculus ( petite coupe , diminutif de calix)
TLF. subsiste ds certains dial. d'ol limitrophes du domaine d'oc et en franco-prov.; calen par substitution de suff. est une
forme de Nice et des Basses-Alpes (calenh dep. 1507 ds MEYER Doc., p. 362).
Calen se dit Nice certes mais aussi dans tout le domaine du provenal central ou maritme (dAix
Grasse) : Calen Lo Calen de Marselha est une association culturelle bien connue, fonde en 1928 par
le pote Jrgi REBOL.
Caler, v.tr. Calar (XIII s.) [kala]
Abaisser, tendre les filets (1430). Cest une survivance en occitan du grec.
TLF. Empr. l'a. prov. calar abaisser (1re moiti XIIIe s., Prise de Damiette ds K. STICHEL, Beitrge zur
Lexikographie des altprovenzalischen Verbums, Marburg, 1890, p. 24; Pt LEVY), tendre les filets mar. (1430 ds
PANSIER t. 5) du gr. dtendre, laisser aller en partic. abaisser le mt ; ce sens, non attest en lat., est sans doute en a.
prov. une survivance du gr.
On trouve chez BRANTME caler au sens de se taire. On peut le faire venir de lespagnol callar
mais aussi de loccitan calar, qui a exactement le mme sens.
L o sont les soldats espaignolz, tous les autres doivent caler et se taire devant eux . VII, 8.
Calfater, v.tr. (15 s.) Calafatar (XIII s.) [kalafata]
DELF. Calfat , 1371 (crit calefas) ; calfater, XV. Le verbe est empr. de larabe qalafa calfater , attest depuis le
IX s. et dont est probabl. Emprunt le grec bizantin kalaphatein ; aussi it. Calafatare, a. pr., esp, calafatar, all. Kalafatern.
Les mots fr. viennent sans doute des ports de la Provence, o ils sont attests ds le XIII s.
Emprunt de loccitan (et de litalien aussi au 15 s.) larabe qalfata. Larabe est probablement
emprunt au bas latin calefare (*calefectare) chauffer . On chauffe en effet le goudron pour calfater
les bateaux. Et dailleurs loccitan a toujours le verbe calfar {caufar} pour chauffer .
E quecx, quo s pot, calafata . Rambaud dOrange. Als durs. Et chacun calfeutre, comme il peut. LR.
NB. Raimbaut DAURENGA Troubadour ( 11471173).
Le terme est donc attest depuis le XII s.
Lou freteren embe de pego/Et de ceu per lou rendre lis,/Afin que fougues pus coulis,/Galafatat embe destrasso , Isaac
Despuch Les Folies du sieur Le Sage, Montpellier, 1636.
Calisson, subst.masc. Calisson [kalisuN] (1503) (Il existe une friandise italienne, mais le rapport avec
la provenale nest pas lucid). Le calisson est une confiserie faite d'une fine pte de melon confit et
damandes broys ensemble et nappe de glace royale. Cest une spcialit d'Aix-en-Provence depuis le
XVe sicle. Le mot est emprunt au provenal calisson [kalisuN], forme dissimile de canisson,
[kanisuN] Il sagit dabord dun clayon , sur laquelle les ptissiers portent diverses ptisseries . La
friandise porte le nom de son support.
Canisson est driv de canitz [kanis] clayon , issu du b. lat. *cannicium, neutre substantiv de l'adj. b. lat. cannicius
fait de roseaux , dr. de canna (canne*). (DELF) Voir aussi. Canisse.
Calotte, subst.fm. Calta (XV s.) [kalOtO]
TLF. Emprunt lancien occitan calota, attest au XIII s. (1253, Marseille) et au XVe s. ds LEVY
(E.) (DELF) (PDPF)
Camail, subst.masc. Capmalh (XII s.) [kapmaj]
Cuirasse malh [maj] revtant la tte cap [kap]. Driv du verbe capmalhar (armer la tte dune
cuirasse) et de malhar (1240)) fabriquer des armures de maille. (DELF) (PDPF)
Ni auberc ab capmail/No fon per els portat . Rambaud de Vaqueiras. Leu sonet. Ni haubert avec camail ne fut port par
eux. LR.
Cambrioler, (18 s.) v.tr. Cambriolar [kambriula] Form sur cambra + ila [kambrO] chambre +
diminutif. (DELF)
Et ab tan la donna s rescon/E torna e sa cambriola . Roman de Flamenca. Fol. 67. Et alors la dame se cache et retourne
sa cambriole. LR. (petite chambre)
NB. Le Roman de Flamenca ( roman de la jalousie punie comme lcrit R. LAFONT) a t crit vers 1240/1250 en
Rouergue.
Cambrousse, (19 s.) subst.fm. Cambrossa [kambrusO]
DELF. 1837 (alors cambrouse, -ousse depuis 1928). Empr. du pr. Cambro, du lat. camera. La signification actuelle est
probablement ne dans une expression courir la cambrouse courir les foires , do aller dun lieu un autre, courir la
campagne ; le mot campagne a srement contribu cette transformation smantique.
Camisade, subst.fm. Camisada [kamizadO]
TLF. 1552 (RABELAIS, IV, 32 ds HUG.); 1572 en camisade (MONLUC, Commentaires, 1. IV [II, 216], ibid.). Empr.
l'ital. camisada, forme dial. du Nord (ROHLFS t. 1, 287), corresp. au toscan camiciata (XVIe s.; dr. de camicia chemise
en raison de la chemise blanche que les soldats passaient par-dessus leurs armes, en signe de reconnaissance lors des
attaques nocturnes); l'hyp. d'un intermdiaire gascon, cf. Monluc (EWFS2; BL.-W.5), ne s'impose pas. (DELF)
Le TLF a tendance minimiser ds quil le peut toute influence occitane. Mais tout le monde nest pas
daccord. Dautant que le tmoignage de RABELAIS, antrieur de 20 ans celui de MONLUC certes
nest pas une preuve suffisante, car le franais lui doit une injection de termes italiens et occitans
(parfois bien difficile distinguer) peu prs quivalente. En outre il convient peut-tre de ne pas
sarrter la date de la publication des Mmoires de MONLUC, rdiges bien avant. Et ce dernier
ncrivait pas lui-mme, mais dictait un secrtaire charg de la mise en franais.
Pour ce qui est de litalien camisada forme dialectale du nord (en italien standard :
camicita ) cela ressemble furieusement de loccitan des valles alpines. Mais tout le monde nest
pas forcment au courant de lexistence de cette variante de loccitan (reconnue par ltat italien !).
DELF. 1552 (Rab.) Empr. dun prov. *camisada (v. chez Monluc en camisade en portant une chemise par-dessus
larmure
Camisard, subst.masc. Camisard [kamizar]
TLF. Dr. du languedocien camiso chemise (MISTRAL), les camisards, dans leurs attaques de nuit, mettant une
chemise blanche par-dessus leurs vtements, pour se reconnatre entre eux, v. chemise et camisade; suff. pj. -ard*. [Au
XIVe s. Lou Camisard tait d'apr. MISTRAL le surnom d'un condottire prov. qui ravagea les Basses-Alpes].
Camisole, subst.fm. Camisla (XVI s.) [kamizOlO]
Le terme est un emprunt loccitan camisola diminutif de camisa (suff. -ola), attest depuis 1524
(quamisolla danss PANSIER). Selon le TLF. Un empr. l'ital. camic(u)ola dimin. de camicia chemise
(REW3, no 1550; DAUZAT 1973; DG; DEI) attest dep. la fin du XVIe s. (d'apr. DEI), par l'intermdiaire d'une forme dial.
du nord de l'Italie (ROHLFS, t. 1, 287) est moins probable . (DELF)
Qui dcide (cf. camisade) que lemprunt litalien est moins probable cette fois que pour
camisade ?
Camp, subst.masc. Camp [kamp]
TLF. Plus prob. forme normanno-pic. ou prov. (E.L) de champ* qu'empr. l'ital. campo (WIND, p. 65; EWFS2) spc. terme
milit. au XIIIe s. (ds BATT.). (DELF) (PDPF)
Le terme existe effectivement en occitan mdival. Avec pratiquement tous les sens actuels.
E no y guardetz camp, ni vinha ni ort . Bertrand de Born Un sirventes farai. Et vous ny conservtes champ, ni vigne ni
jardin. LR.
E cobrarem el camp la vera croyz . Rambaud de Vaqueiras. Aras pot hom. Et nous recouvrerons sur le champ de
bataille la vraie croix. LR.
Pour ce qu'il n'est pas raisonnable que le Roy marche, toutes occasions qui se prsenteront, en camp et que c'est vous
Monluc. (Commentaires. Preambule.)
PDPF. Camp s.m. champ, champ de bataille, terme de blason ; camp ; c. claus champ clos ; c. florit lieu du jugement
dernier ; levar lo c. lemporter.
Les Espaignols condictionnrent le leur (leur camp) que jay dict cy-dessus contre les Franois, quils limitrent soubs tel
pache : qui passeroit outre le camp demeureroit vaincu et prisonnier , VI, 317. BRANTME.
NB. Et un occitanisme supplmentaire dans cette dernire phrase avec pache (pacte) en occitan pacha [patSO]
Campagne, subst.fm. Campanha [kampaO] en occitan mdival avec le sens de champ . (DELF)
(PDPF)
TLF. Forme prov. ou plus prob. normanno-pic. correspondant l'a. fr. champa(i)gne vaste tendue de pays plat (v.
champagne1) qu'elle a progressivement limin en ce sens; l'hyp. d'un empr. l'ital. campagna (REW3, no 1557; WIND, p.
148) n'est pas ncessaire pour le sens 1 tant donne l'existence des formes normanno-pic. en a. fr. (XIIe-XIIIe s. ds T.-L.).
En occitan le terme remonte au XII s. Le troubadour Bertrand de BORN produit entre 1159 et 1195.
Quan vei per campanhas rengatz/Cavalliers et cavals armatz . Bertrand de Born. Be m play lo. Quand je vois rangs dans
les campagnes cavaliers et chevaux arms. LR.
Par rapport au texte franais la proportion de textes occitans tudis est infime. Les spcialistes de
ltymologie se rfrent systmatiquement aux mmes ouvrages et vitent toute nouvelle recherche. Les
325 pages in folio conserves la bibliothque vaticane sous le numro 4030, correspondant aux
interrogatoires du 15 juillet 1318 au 9 octobre 1325 par la cour de justice prside par larigeois
Jacques FOURNIER, (le futur pape Benot XII) laquelle sigea 370 jours, donnant lieu 578
interrogations pour 98 dossiers nont dbouch sur aucun travail proprement linguistique. En dpit de
lnorme retentissement du livre dEmmanuel LE ROY LADURIE (1975) Montaillou, village occitan.
Et pas davantage le procs de Figanires (Var) paru sous le titre La Sorcire et lInquisiteur (1439)
par Roger AUBENAS et la multitude darchives notariales, municipales ou cclesiastiques. Dans ces
conditions, une moiti de la mmoire de la France demeure inexploite. Sans consquences ?
Campane, subst.fm. Campana [kampanO]
TLF. se dit encore dans les dial. du Centre (JAUB.), Anjou (VERR.-ON.), Bresse (GUILLEMAUT) et dans le domaine
franco-prov. au sens de clochette qui pend au cou d'animaux , v. FEW t. 2, 1, p. 150.
Se disait galement en ancien occitan pour la cloche (DELF) (PDPF) et se dit encore aujourdhui.
E sona l campana,/E lo vielhs comuns venc . Rambaud de Vaqueiras. Truan mala. Et ils sonnent la cloche.
Canaille, subst.fm. Canalha [kanajO]
TLF. Empr. l'ital. canaglia (dr., avec suff. pj. -aglia, de cane chien ), littralement troupe de chiens , attest dep.
le XIIIe-XIVe s. (Bonichi ds BATT.); a remplac l'a. fr. chienaille/chenaille (av. 1195, AMBROISE, Estoire de la guerre
sainte, 1132 ds T.-L. 1544 ds GDF. (PDPF)
Canaille est donn comme provenant de litalien canaglia mais le mot est attest anciennement en
portugais (canalha), en espagnol (canalla), en occitan. Les suffixes pjoratifs -aille franais, -alha
portugais, occitan, -alla espagnol, catalan ntant pas propres litalien ni issu de lui et tout
simplement communs aux langues romanes. (cf. PDPF pour loccitan mdival et pour lpoque baroque crit :
canaio la franaise cf. Zerbin = 1610).
Canisse, subst.fm.Canissa [kanisO] du bas lat. cannicius. Le mot existe galement en espagnol canizo
et en italien caniccio, avec un sens identique : cest une claie faite de roseaux utilise dans llevage des
vers soie, pour faire scher des fruits ou comme coupe-vent ou pare soleil.
Canonnade, (16 s.) subst.fm. Canonada On trouve le mot chez RABELAIS, Quart livre, chap. 67, )
et en italien ds 1518. Mais il apparat en occitan ds le Moyen-ge o la cannonada est la poudre
canon. (PDPF)
Canton, subst.masc. Canton (XIII s.) [kantu kantuN]
Emprunt loccitan mdival.
TLF. canton coin, angle (av. 1218 ds RAYN.), dr. de cant ct, bord , v. chant ct ; cf. au sens 4 l'indication de
LITTR, s.v. cantonnier sur l'organisation de l'entretien des routes tablie en Languedoc par le marquis de Nisas [1660-
1754]. B le mot est venu de l'Italie du Nord o cantone est pass du sens de coin celui de portion de territoire , ds
l'an 1000; le nom de canton aurait t employ pour dsigner les tats de l'ancienne Confdration suisse, par des
marchands et ambassadeurs italiens venus Fribourg, puis aurait t adopt par les chancelleries fribourgeoise (1467, supra)
puis genevoise (d'apr. Pat. Suisse rom.). (DELF) (PDPF)
Quel est le parler de cette Italie du Nord ? : la dfinition semble trs faible linguistiquement.
NB. Le nord de lItalie comprend outre le pimontais un parler proche de loccitan (et du franais) : le francoprovenal, et
un parler occitan. Quant au royasque (brigasque compris) il est un parler de transition avec loccitan. De mme le pimontais
prsente des traits intermdiaires entre loccitan et litalien standard. Pour ce qui est du parler genevois cest du
francoprovenal (arpitan) pur jus.
Par exemple, le romanche, le frioulan, loccitan et le catalan sont plus proches du pimontais que ne lest litalien standard.
Chez BRANTME : On nous avoit assur quon le vouloit (Bussy) tuer par les rues, o nous pensions nous battre
chaque canton . VI, 188.
Cantonade, subst.fm. Cantonada [kantu-nadO]
Emprunt loccitan cantonada angle, coin (1418 dans PANSIER t. 3) driv de canton (canton*)
introduit en franais par une des nombreuses troupes de thtre qui ont jou temporairement dans le
Midi. (DELF) (PDPF)
Cap, subst.masc. Cap [kap] (X s.) Tte. lment de locutions.
Emprunt loccitan ancien (Fin X Vie de saint Lger, 950/1050 Boce). (DELF) (PDPF)
Promunctoris o caps de rocas . Eluc. De las Propr. Fol. 81. Promontoires ou sommets de roches. LR
Au sens de chef emprunt au dbut du XIII sicle. Au sens dextrmit, employ dans le vocabulaire
maritme cest galement un emprunt loccitan moyen (1529).
En franais le caput latin a donn chef .
Cape, (15 s.) subst.fm. Capa (1200) [kapO]
Emprunt loccitan capa (avant 1200, Bertran de Born) ; le mot dsignant la cape lespagnole est
emprunt au XVIe s. lespagnol Capa.
Le correspondant franais est chape , qui, en tant que vtement, est un accessoire de la liturgie
chrtienne. (DELF) (PDPF)
Nos em tal trenta guerrier/Quascus ab capa traucada . Bertrand de Born. Rassa mes. Nous sommes tels trente guerriers
chacun avec la cape troue. LR.
Ab prims vestirs amples, ab capa tesa/Dun camelin destiu,dinvern espes P. CARDENAL. Ab votz dangel, Avec leurs
vtements fins et amples, leur cape qui est en laine lgre lt et paise lhiver. (Trad. G. GOUIRAN. Lo Ferm voler).
Capelan, (16) subst.masc. Capelan (XI s.) [kapela kapelaN]
Le mot a mme origine que chapelain. Il dsigne le bnficier dune chapelle. Les deux mots sont issus
du latin mdival capellanus. (DELF) (PDPF)
E ma de Guillem lo capela . Titre de 1090. En main de Guillaume le chapelain. LR.
Capeline, (1367) subst.fm. Capelina (1294) [kapelinO]
lorigine il sagit dun casque, chapeau de fer , dans la Cansson de la Crosada (1294). La
coiffure de femme, constitue dune calotte sur les paules (1635) serait plutt une drivation de capa.
(DELF) (PDPF)
Capisc(h)ol, subst.masc. Cabiscol [kabiskul]
Membre dun chapitre, charg de la direction dune cole cathdrale. De cap (tte, chef) et escla
cole.
Capitoul subst.masc. Capitol (XIII) [kapitul]
Titre port, au Moyen ge et jusqu la Rvolution, par les officiers municipaux de Toulouse. Emprunt
lancien occitan capitol magistrat de Toulouse (DELF) (PDPF)
Aisso fe ab consel et ab volontat de sept prusomes, que ero al adonc de vapitl de Montalba . Tit. De 1221. Hist. De
Languedoc, t. III, col. 272. Il fit cela avec le conseil et la volont de sept prudhommes, qui taient alors du conseil municipal
de Montauban. LR.
Capon, (19) subst.masc. Capon [kapun] Chapon. Castrat. Driv du verbe capar : chtrer
DELF. 1808. Mot dargot, dabord lche , 1628, ensuite colier fripon , 1690, emprunt dune forme occitanienne de
chapon. (PDPF)
Capo es gal per defauts de testilhs efeminat Eluc. De las propr. Fol. 146. LR.
E sai ben far de galh capo . Raymond dAvignon. Sirvens suy. Et je sais bien faire de coq chapon. LR.
NB. Bertran Folcon dAvinhon. -1202-1233
Capot, subst.masc. Capt [kapOt] dans les expressions tre capot, faire quelquun capot .
TLF. 1. a) 1642 adj. jeux (A. OUDIN, Recherches ital. et fr., ou Dict. ital. et fr., Paris); b) 1690 humili, frustr, confus
(FUR.);
Le DELF fait remarquer : Lall. Kaputt a t empr. du fr. lpoque de la guerre de Trente ans.
Pour ma part jai trouv dans LAutounado du pote marseillais Pierre PAUL, oncle et diteur de
Belaud de la Belaudire (manuscrit, avant 1595) : Bref agueron pic et capot XCVIII, vo. Avec le
sens ils ne firent aucune leve , cest un terme du jeu de piquet en vogue ds le XV s.
Capote, subst.fm. capta
Le TLF constate lapparition du terme en 1688 : grand manteau capuchon , puis en 1832 comme
terme militaire : sorte de redingote l'usage des soldats , en 1820 comme chapeau de femme et en
1839 en tant que couverture mobile de certains vhicules .
Capot est enregistr en 1541 comme terme de marine sous la forme chappot couverture
d'coutille et fin XIXe s. dans le lexique de lautomobile.
En occitan on trouve en 1576 cappot sorte de manteau, de cape (Comptes de la cour de Navarre,
Revue d'Aquitaine, t. XI, p. 296 ) form sur capa + suffixe -t. Capta tant le fminin (qui en occitan
joue souvent le rle daugmentatif : prat (pr) prada (prairie), sac (sac), saca (grand sac). Loccitan par
aileurs ne voit aucune contradiction combiner diminutifs et augmentatifs. Un cat (un chat), un caton
(un petit chat), un catons (un gros petit chat !).
Le TLF conclut : L'hyp. d'un empr. l'ital. cappotto sorte de manteau (1575, Cecchi ds BATT.; FEW t. 2, p. 278b,
s.v. cappa; REW3 no 1642; COR., s.v. capa) ne parat pas ncessaire; celle d'un empr. au prov. capot (FEW, loc. cit.)
suppose par la localisation de l'exemple de 1576, ne semble pas retenir.
Pour le TLF lattribution de ces deux termes loccitan ne semble pas retenir . Et donc il ny a pas
demprunt. Bien que lexemple cit, de 1576, soit tir des Comptes de la Cour de Navarre . Ce sont
pourtant deux termes drivs de cape , en occitan capa. On sait que le suffixe -t/-ta [Ot OtO] est
utilis en occitan comme diminutif : rat > ratt ; filha > filhta.
BRANTME ; Pareil traict de Denys le Tyran, quand il osta et arracha le capot dor son Appolo , III, 164.
Quant capot, (capt en occitan [kapOt ]) il sagit sans doute ici dun quivalent de cagot cagt.
Capts.
Jo som content quau cr destiu
haan peu bth arrajadiu
exercici aus qate pipts
aqueths adobadors capts. Pey de Garrs
Cagots no pagaran talhas . Fors de Bearn, p.1072. Les cagots ne payeront pas de tailles. LR.
Les capts ( idiots ), cagts (celte : cacots ; connotation avec cagar : chier) ou crestians (cf. fr.
crtins ), font partie dune population paria et dgnre, sans doute descendante de lpreux (Gilbert
Loubs, Lnigme des cagots, Luon, 1995, p. 37-46). Ils vivaient en marge des communauts. Ils
taient souvent confins dans les mtiers du bois au point que les mots capt ou cagt ont dsign
parfois la profession de charpentier. Ici, il sagit de tonneliers.
Capouli, subst.masc. Capolir [kapulj]
TLF. Prov. capouli id. (MISTRAL); issu de la forme marseillaise capouri, peut-tre form avec changement de finale
partir du prov. capourau caporal, chef (C. Favre ds MISTRAL) corresp. au fr. caporal*; v. aussi DU CANGE, s.v.
caporalis qui rapproche le prov. capouli du lat. mdiv. d'Italie caporalis.
Et plus probablement celui qui est la tte
Capulet, subst.masc. Capulet [kapylet] Coiffure en forme de capuchon.
TLF. Empr. au barnais capulet (PALAY; LESPY-RAYMOND) attest av. 1820 (J. Hatoulet ds MISTRAL), lui-mme
dimin. du barnais capule synon. (PALAY).
Au barnais trs srement, et aux autres parlers doc. Tmoin ce vieux Nol langue-docien (XVIII s.) :
Ai pres ma capta, e mon capulet, e mon cort mantl de droguet violet cantem Nadal, Nadal, Nadal, cantem Nadal
encara
Carabin, subst.masc. Carabin [karabin]
Escarrabin TLF. orig. incert.; 1 est peut-tre une altration du m. fr. (e) scarrabin ensevelisseur des pestifrs (dep. 1521,
Arch. munic. de Montlimar ds GDF.; devenu carabin au XVIIe s., ibid.), mot qui appartient prob., p. mtaph. iron., la
famille de escarbot*, certains de ces insectes fouillant la terre ou le fumier (v. FEW t. 11, s.v. scarabaeus; BL.-W5;
DAUZAT 1973; EWFS2).
Question : quelle langue pouvait-on bien parler Montlimar au XVI sicle, dans une rgion o le
grand Racine, un sicle plus tard narrivait pas se faire comprendre par la population ?
On trouve chez GODOLIN, cit par MISTRAL, TDF. T.I, 463a
Soun souldat, carabin, gendarmo,/E leu goujat bando-me last .
Carbonnade, (16 s.) subst.fm. Carbonada (XIV s.) [karbunadO] Viande cuite sur du charbon de
bois, grillade. RABELAIS, Gargantua, chap. 41). Emprunt soit loccitan carbonada viande grille
(XIV s.) soit litalien carbonata (1re moiti du XIV s.) chacun dr. du simple carbon (suff. -ada et -
ata, v. -ade, -e). La formation franaise correspondante est charbonne* et charbonnade (XIIIe sicle)
(DELF) (PDPF)
Une fois de plus on constate que la forme occitane (ou italienne) a remplac la forme franaise
existante. Effet de mode ?
De grands bastions de carbounados Claude BRUEYS (Aix-en-Provence, avant 1600) Ordonansos de Caramantran, p.
382
Carde {cardon}, (16 s.) subst.masc. Carda {cardon} (XIII s.) [kardO kardun]
TLF. empr. l'a. prov. cardo(n) attest ds la 2e moiti du XIIIe s. (V. et Vert., fol. 95 ds RAYN.), du b. lat. cardo, cardonis,
v. chardon. 1536 plante comestible (RABELAIS, Lettre Monseigneur de Maillezais, d. Marty-Laveaux, t. 3, p. 360).
(PDPF)
Le DELF fait remarquer que le sens actuel de cardon (lgume) qua pris loccitan moderne explique
que chardon, dans de nombreux parlers mridionaux, ait t remplac par caussida, proprement
chardon aux nes .
Le carde (cardon) est un lgume originaire des rgions mditerranenes et na t connu que plus tard
dans le nord de lEurope. Cest lun des plats traditionnels du rveillon de Nol, maigre en pays occitan,
bien loin de la grande bouffe qui prvaut de nos jours. Je parie que nous allons avoir des cardons au
jus et des concombres la crme! dit le jeune dput (ZOLA, Son Excellence E. Rougon, 1876, p.
163).
Cargaison, subst.fm. Cargason [kargazun] (gascon sic - DHLF)
TLF. Empr. l'a. gasc. cargueson (1516, Archives municipales de Bayonne, Registres gascons, t. II, p. 207 d'apr. K.
Baldinger ds R. Ling. rom., t. 20, p. 80), dr. de l'a. prov. cargar charger [un navire] (cf. Charte de 1177, Archives de St
Victor de Marseille ds DU CANGE), de mme orig. que charger*. (DELF) (PDPF)
Comme le franais charger, le mot est issu du bas latin carricare, lui-mme driv de carrus (chariot,
char) syncop en carcare. Le franais avait toute latitude de fabriquer son tour * chargaison . Il a
choisi chargement, et sagissant des transports, martimes notamment, le mot dorigine occitane.
Pourquoi ?
Carguer, v.tr. Cargar [karga]
DELF. 1611. Empr. du prov. Cargar, avec le sens spcial quil a pris dans le langage de la marine. (PDPF)
An fait cargar totz demanes/V cares trastotz de cendatz . Roman de Jaufre. Fol. 115. Ils ont fait charger tout de suite cinq
chars tous de taffetas. LR.
NB. Le Roman de Jaufre a t crit dans la deuxime moiti du XII s.
En occitan mdival on trouve dj : carga, cargadoira (corde pour fixer la charge), cargador
(chargeur, lieu o lon charge), cargadura (charge), cargamen, cargason (chargement), cargar
(charger), cargadaria (charge)
Carnage, subst.masc. Carnatge
Le sens militaire du mot est dat du XIII
s. pour le franais, sous la forme charnaige massacre, tuerie
. La forme actuelle carnage est de 1564.
Pour le TLF il sagit probablement dune forme : normanno-picarde de charnage, dr. de l'a. fr. char (chair*), cf.
norm. carnage charogne (DELBOUILLE), pic. id. temps o l'on mange de la viande (CORBLET); 3. a peut-tre au
XVI
e
s., t influenc par le prov. carnatge, attest au mme sens au XIII
e
s. (Peire Cardinal ds RAYN.) et non par l'ital.
carnaggio, attest trs tardivement (XVIII
e
-XIX
e
s. ds BATT.) en ce sens.
Admettons que le franais ait t influenc, trois sicles aprs, par une forme occitane, par del le
normand.
Clergues jeton cavaiers a carnatge . P. Cardinal. El mon non. Clercs jettent chevaliers destruction.
Cridan e forsenan com leons a carnatge . V. de S. Honorat. Ils crient et rugissent comme lions au carnage. LR.
Carnasse, subst.fm. Carnassa [karnasO]
TLF. Empr. au prov. mod. carnasso ortie de mer, acalphe et rognures de peaux qu'on prpare pour tanner
(MISTRAL);
Driv de loccitan ancien (1300) carn chair , avec suffixe augmentatif (fminin assa) (PDPF)
Et manjar la carnaza de las grantz mortaudatz . V. de S. Honorat. Et manger la chair des grandes mortalits. LR.
Carnassier, subst.masc.adj. Carnassir [karnasj] sur carn : chair (en franais carnis latin
donne chair )
Mme origine occitane pour carnassire , gibecire du chasseur : carnassira [karnasjrO]
TLF. Empr. au prov. carnacier-carnassier bourreau (dbut XIVe s. V. de S. Honorat ds RAYN.) qui se retrouve dans les
dial. franco-prov. (1368, Comm. s. le plaict gn. de Lausanne, Docum. de la Suisse rom., VII, 370 ds GDF.; v. aussi Pat.
Suisse rom.), v. carnasse. (DELF)
En cette deffaicte il (La Chastre) se montra grand meurtrier et carnacier . BRANTME, V, 427.
Carne, subst.fm. Carn [kar]
Carne viande (PDPF) attest ds lancien occitan et pass en franais par le monde des galres de
Mditerrane, puis par les soldats de la Rvolution et de lEmpire. Popularis par lintermdiaire de
largot. TLF.
Yeu sui homs e de carn e dos . G. Figueiras. Sirventes. Je suis homme de chair et dos LR.
NB. Guilhem FIGUEIRA, troubadour (12151240)
Carnier, subst.masc. Carnir (XIII) [karnj]
TLF. Empr. l'a. prov. carnier gibecire XIIIe s. (T. DE BONNEFOY et DE BLACAS, Seigner Blacas ds RAYN.) lui-
mme issu du lat. carnarium lieu o l'on conserve les viandes . (DELF) (PDPF)
Carraire, (18 s.) subst.masc. Carraira [karajrO] (XII s.) Chemin pour les troupeaux). Du latin
vulgaire via carraria, voie carrossable. (PDPF)
Carrire, subst.fm. Carrira [karjrO]. Mme origine que le prcdent. (DELF) (PDPF)
Es com lorbs que pissa en la carriera Lanza. Emperador. Il est comme laveugle qui pisse dans la rue. LR.
Au sens de carrire dont on tire des pierres :
DELF. Dr. Trs ancien du lat. Quadrus carr , au sens de pierre carre, moellon , sens qui nest plus attest en fr.
mais bien pour la.pr cayre.
On dit toujours un cairon [kjru]. Pour une pierre taille, et de nos jours pour un agglo de
bton.
Cest un nom de famille dailleurs. Les latinistes (anciens !) se souviennent encore des manuels du
divin Gaston CAYROU. Une variante est CAIROL [kjrOl] autre patronyme courant en pays doc.
Carriole, subst.fm. Carrila (XIV s.) [karjOlO]
Emprunt lancien occitan carriola, brouette, driv de carri, chariot.
DELF. XVI. Empr. de la. pro. Carriola, dim. De la. pr. Carri qui reprsente un lat. de basse p. *carrium, dr. De carri.
Lit. Carriola vient probablement de la.pr. (PDPF)
De carriera, carriola . Leys damors, fol. LR.
NB. Les Leys damor furent publies en 1356.
Cascade, subst.fm. Cascada [kaskadO]
TLF. 1640 (OUDIN, Recherches ital. et fr., s.v. cascata); 2. 1648 fig. chute, culbute (SCARRON, Virgile, V-205b ds
RICHARDSON). Empr. l'ital. cascata (part. pass substantiv de cascare tomber , v. casquer) boulement de rochers,
de lave , XVe s. chute d'eau , XVIe s. ds BATT.
Lorigine italienne est envisageable, mais non prouve cent pour cent. Et il faut passer de cascata
cascade .
On pourrait considrer srieusement lhypothse dun emprunt loccitan, qui couvre un territoire avec
quelques montagnes son actif (en fait les 4/5 des montagnes de lhexagone si lon tient compte du
francoprovenal si proche lexicalement) avec les cours deau qui vont avec. Loccitan a aussi, venant -
comme pour litalien - du latin cadere un verbe cascar [kaska] qui signifie secouer, faire tomber,
tomber et le mot cascada est courant (y compris dans loccitan parl dans les valles italiennes !).
Cascar est un verbe qui est dailleurs pass en argot franais (au sens de 1. faire passer la monnaie ,
2. Morfler (entre parenthse un autre emprunt de largot franais loccitan !).
Sans compter que cascalhar, en occitan cest faire un bruit deau qui tombe, un babil
Et sil tait finalement au moins envisageable dadmettre que le mot cascade est un emprunt
loccitan cascada (peut-tre renforc par la proximit exotique et annoblissante dune vritable langue,
litalien) ? moins que les montagnards occitans, pyrnens entre autres, aient aussi emprunt
litalien, ce qui est fort loin dtre prouv.
Case, subst.fm. Casa [kazO]
TLF. 1650 compartiment [ici, d'un jeu de trictrac] (MNAGE Empr. l'esp. casa compartiment d'un jeu d'checs
(dep. 1611, Covarrubias ds GILI), d'abord maison , du lat. casa (v. case1).
Le mot est donn par le DHLF comme emprunt (v. 1278) au latin populaire casa. Il a supplant domus
dans les langues romanes : italien, espagnol, portugais et occitan o il est courant ds le Moyen-ge :
voyons plutt,
Don ieu dirai, Dieus mo perdon,/Donei de mala casa. Bertrand dAlamanon. De larcivesque. Dont je dirai, Dieu me le
pardonne, courtoisie de mauvaise maison . LR.
NB. Bertrand dALAMANON, troubadour (1229-1266)
Abeilhas lors cazas formo artificialmen . Eluc. de las propr.. fol. 141. LR
avec un grand nombre de drivs.
PDPF : caza, s.f. maison, demeure. Cazadura, s.f. ensemble de constructions dune ferme, dune mtairie. Cazal, s.m.
maison, enclos qui entoure une maison, jardin ; terrain btir. Cazalatge, s.m. habitation. Cazaliera, s.f. terrain btir.
Cazatenen, s.m. propritaire dune maison. (PDPF).
Cest un mot qui est toujours utilis en occitan moderne.
Quant lonomastique, elle pourrait tre utile sans doute. Tout le monde connat le mmorialiste Las
CASES (de Lavaur, Tarn) francisation de LAS CASAS, quil faut prononcer Laskaz parat-il ! En
occitan : [lazkazOs]
Emmanuel-Augustin-Dieudonn-Joseph, comte de Las Cases (n le 21 juin 1766 prs de Revel dans le Tarn, dcd le 15
mai 1842 Passy-sur-Seine) tait un historien franais. Le nom de famille Las Cases se prononce /laskaz/ .
En franais le terme a disparu trs tt et la postrit du mot latin est chercher du ct de chez qui
en est lvolution phontique historiquement normale (cf. capra > chvre).
Au sens de maison en Afrique (1637) lemprunt est d au portugais, et au sens quil a pour le jeu
dchec par exemple, lespagnol (1611).
On peut au moins faire lhypothse que la grande permabilit entre le franais et loccitan a pu
favoriser, comme pour bien dautres mots, sa rintroduction puis son acclimatation en franais. moins
de considrer que le mouvement dchange entre les deux langues est univoque !
Caserne, (17 s .) subst.fm. Casrna (XIII s.) [kazrnO]
TLF. Ac. 1798; 2. 1680 btiment destin loger des troupes (RICH.). Empr. l'a. prov. cazerna, quazerna groupe de
quatre personnes (fin XIIIe s. ds LEVY Prov.), issu du lat. vulg. *quaderna, altration de quaterna plur. neutre de quaterni
(cahier*). (DELF) (PDPF)
Casquer, (19 s.) v. Cascar [kaska]
TLF. 1835 arg. tomber dans un pige ([RASPAIL], Rforme pnitentiaire, p. 2); d'o 2. 1844 arg. payer (F.
VIDOCQ, Les Vrais mystres de Paris, t. 7, p. 14). Empr. l'ital. du centre et du nord cascare attest ds BATT. t. 2 au sens
de tomber dep. le XIVe s. (Dante), plus rcemment cascarci [avec le pronom ci correspondant y accol] y tomber
(dans le pige, le panneau) dep. le XVIIIe s. (Goldoni); l'ital. est issu du lat. vulg. * dr. du rad. de casus ... (DELF)
Tous ces sens de cascar sont enregistrs dans le TDF par Frdric MISTRAL : Secouer, abattre en
secouant, faire tomber, V. espussa, chasser, mettre hors de partie, v. cassa, frapper, choquer, v. pica, motter
Cassenole, (17 s.) subst.fm. Cassanla [kasanOlO] Noix de galle de qualit infrieure que lon
recueillait sur les chnes en Europe occidentale. La rgion productrice tait le sud de la France, et en
particulier la rgion toulousaine. Cassanla (1637), du bas latin cassanus, chne. Synonyme : fausse
galle.
Les drogues colorantes qui doivent tre employes par les teinturiers du grand & bon teint, sont le pastel, voede, graine
dcarlate ou kerms, cochenille, garence, gaude, sarette, indigo, orcanette, bois jaune, carriatour, gnestrolle, fnugrec, brou
de noix, racine de noyer, corce daulne, noix de galle, &c. Encyclopdie de Diderot, Tome 16.
Cace, casserole, subst.fm. Caa, caairla [kasO kasjrOlO]
DELF. 1583. Dr. De casse, 1393, rpandu dans les parlers septentrionaux, empr. de la. pr. Cassa, rare aujourdhui, dun
type cattia, attest dans une glose, au sens de truelle, pole , du grec kythion , dim. De kyathos cuelle : ltape
* ciattia, la dissimilation a fait disparatre le premier i.
En occitan on passe de cassa cassla et casserla ou cassoleta en multipliant les suffixes
diminutifs. On pourrait dailleurs aller jusqu cassoletoneta et mme cassoletonetoneta.
Le diminutif est charg daffectivit, et les mres sen servent quand elles parlent leurs tout petits
enfants : ma drlla (ma petite fille), puis ma drolleta (ou ma drollona), et ensuite, drolletona,
drolletoneta, drolletonetona ad libitum.
Loccitan qui dans ce registre fonctionne comme les autres langues romanes prsente la particularit de
pouvoir mler diminutifs et augmentatifs, selon les besoins de lexpression : un cat (un chat) , un caton
(un petit chat) un cats (un gros chat), un catonet (un tout petit chat) un catonets (un tout petit chat
mais gros) !
NB. Cassolette, subst.fm. Caoleta [kasuletO]
DELF. 1420. Empr. de la. pr. Cassoleta petite casserole , dim. De casola ; v. casserole. (PDPF)
Pour le TLF. 1529 cassollette rcipient de mtal o l'on fait brler des parfums (Cpte des menus plaisirs du roi, fo 47 ds
GAY); 1561 cassolette (Inventaire des meubles du chteau de Pau, 13 ds IGLF Techn.) dbut XVe s. d'apr. GAY, GDF.
Compl., FEW t. 2, p. 1602, BL.-W.5, etc.; mais l'attest. justifiant cette date est tire de Don Flors de Grce de Herberay des
Essarts, auteur mort ca 1552. Prob. dr. de cassole petit rcipient servant divers usages (dep. XIVe s., Brun de Long
Borc ds GDF.), suff. dimin. -ette* (FEW t. 2, pp. 1602-1603). Cassole est lui-mme dr. de casse4*, suff. -ole*. Le recours
l'a. prov. casoleta (ds Pt LEVY; EWFS2; BL.-W.5) ou l'esp. cazoleta (dep. 1550, Cancionero de Horozco d'apr. AL.;
EWFS2; DAUZAT 1973) ne semble pas ncessaire.
Pour le TLF, plus on peut se passer dune rfrence loccitan, mieux cest. Et sinon, et bien il suffit
de ne prsenter que des morceaux. Voir cassoulet ! Pour lequel lemprunt nest sans doute pas
ncessaire non plus. Le DHLF qui sinspire trs largement du TLF en se contentant souvent de rendre
la lecture des articles plus accessible lhonnte homme non spcialiste, savre bien plus prudent
et objectif. Dans ce cas en particulier, mais cest loin dtre le seul.
Cassonade, subst.fm. Cassonada (XV s.) [kasunadO]
TLF. Prob. empr. l'a. prov. cassonada (1476 ds PANSIER t. 5, p. 167; cf. 1389 Marseille lat. mdiv. cassonata cit ds
Hist. du commerce de Marseille, t. II, p. 248,)
Cassoulet, subst.masc. Caolet [kasulet] Diminutif de cala
TLF. Mot languedocien, cassoulet plat cuit au four (MISTRAL), dimin. de cassolo mets qu'on met cuire dans une
terrine primitivement terrine (ibid.) dr. de casso polon (ibid.), forme masc. corresp. l'a. prov. cassa (casse*
rcipient ). (DELF)
Personne jusqu prsent ne stant aventur trouver ce mot une origine normannopicarde, francique
ou italienne, il faudra sans doute en conclure que les plus grandes chances sont du ct de ceux qui
affirment son occitanit.
Castagne, subst.fm. Castanha (L) Emploi familier et argotique : coup.
TLF. Empr. un dial. mrid., prob. au gasc. castagne coup , d'abord chtaigne (v. PALAY et chtaigne). (DELF)
(PDPF)
Totz sos afars no val una castanha . P. Vidal. Ges pel temps. Toute son affaire ne vaut une chtaigne. LR.
NB. Pire VIDAL, troubadour (1183-1204)
Le mot est bien videmment dans le dictionnaire de Simin PALAY et du pur gascon, mais il est tout
simplement panoccitan. Sauf pour les parlers nord-occitans o il devient chastanha comme
castl, devient chastl, puis chteau mais ceci est une autre histoire. Que veut dire
scientifiquement parlant : dialecte mridional
Au fait, en espagnol on dit : castaa, en portugais castanha, en catalan castanya et en italien castagna.
Pour tous ces dialectes mridionaux , la prononciation est identique pratiquement, par-del les
diffrences de transcription graphique..
Castel, subst.masc. Castl [kastl] (Employ par hyperbole ou par ironie)
TLF. Empr. au prov. castel, attest dep. le Xe s. (Titre de 960 ds RAYN.) de mme orig. que le fr. chteau*, ou parfois
emploi par archasme de l'a. forme normanno-pic. castel. (DELF)
Si emprunt au provenal il y avait, ce serait la forme castu [kastw]. Castl est la forme
languedocienne. Prov. Ici signifie occitan ancien . Et voil un exemple avec quelques titres
danciennet, repr au X sicle.
Lo castel de Berengs, nel castel de Caussac nel castel de Monteacuto. Titre de 960. Le chteau de Bereng, et le chteau
de Causac, et le chteau de Montaigu. LR.
Luenh es lo castelhs e la tors/ On elha jay e son maritz G. Rudel. Pro ai del. Loin est le chteau et la tour o elle couche
et son mari. LR
NB. Jaufre RUDEL, le pote de lamor de luenh. (1125-1148)
Castelet, subst.masc. Castelet. [kastelet]
Baraque de Polichinelle ou de Guignol. Le franais (ancien) chastelet existant, il serait peut-tre
intressant de savoir pourquoi cest la forme occitane qui a prvalu en franais standard. moins que le
normanno-picard
TLF. empr. au prov. castelet petit chteau (dr. de castel*) attest dep. le dbut XIIIe s. (Guillaume de Tudela ds
RAYN.) correspondant l'a. fr. chastelet chtelet (ca 1150 WACE, Rou, II, 466 ds T.-L.); 2 dr. de castel*.
E pren castels e vilas e borcs e castelets . Guillaume de Tudela. Et prend chteaux et villes et bourgs et chtelets. LR.
Castrat, (18 s.) subst.masc. Castrat (XIV s.) [kastrat]
TLF. 1749. Empr. l'ital. castrato (part. pass du verbe castrare, chtrer*) attest ds BATT. comme adj., terme vtr., dep.
fin XIIIe s. et comme subst. (d'un chanteur) dans la 1
re
moiti du XVIIe s. [Ds 1556 castrat mot rput gascon ds HUG.; a.
prov. castrat dep. XVIIe s. (PDPF)
Castrar {crastar}{crestar } est attest en ancien occitan (PDPF)
Capo, apres un an del temps el qual es castrat Home castrat viu plus longuament . Eluc. de las propr. Chapon, aprs
un an du temps auquel il est chtr. Homme chtr vit pluslonguement. LR. (XIV s.)
Catachrse, subst.fm. Catacrsi
Cest une figure de rhtorique consistant dtourner un mot du sens propre. Loccitan ne la pas
invente, bien entendu, mais le terme est employ dans un texte en occitan du XIV sicle, les Leys
dAmor (qui de fait contient pratiquement lintgralit du vocabulaire technique de la grammaire et de
la rhtorique). titre de comparaison, ce terme apparat pour la premire fois dans un texte en franais
en 1557.
Catachresis es abusios de nom e significar la causa que no ha nom . Leys damors, fol. 129. La catacrse (sic) est un
abus de nom pour signifier la chose qui na pas de nom. LR.
Causse, subst.masc. Causse [kawse]
TLF. Empr. au prov. causse plateau calcaire (Rouergue, Lozre ds MISTRAL; ca 1166 cauze Rouergue ds BRUNEL t.
1, no 110, 12) qui remonte la base pr-indo-europenne *cal(a) pierre, rocher (v. calanque) largie en *kal-s-, *kalso
(v. DAUZAT Topon., p. 100; L.-F. FLUTRE, Recherches sur les lments prgaulois dans la topon. de la Lozre, Paris,
Belles-Lettres, 1957, pp. 59-62).
Ltymologie ne cesse de progresser, preuve le trs savant article de Jean Pierre CHAMBON et
Hlne CARLES sur le sujet. Un modle de rigueur et de mthodologie. Il est possible de consulter ce
travail exmplaire qui laisse augurer dune srieuse amlioration des rubriques tymologiques du TLF
sur lInternet.
Jean-Pierre Chambon/Hlne Carles (Universit de Paris-Sorbonne)
propos du traitement tymologique des mots d'origine occitane (ou prtendus tels) dans le TLF (rsum de la
communication prsente lors de la Journe d'tude Lexicographie historique franaise : autour de la mise jour
des notices tymologiques du Trsor de la langue franaise informatise [Nancy/ATILF, 4 novembre 2005]) Date de
mise en ligne : 6 avril 2006
Cavalcade, subst.fm. Cavalcada [kavalkadO]
TLF. 1349 cavalcade course cheval faite par plusieurs personnes runies (Arch. du roi, B.N. 18.551, fo 151 ro ds GDF.
Compl.); 2. 1680 (RICH. : Cavalcade. Crmonie o l'on va cheval au devant d'une personne, o on l'accompagne
cheval). Prob. empr., comme de nombreux termes milit. ou de l'art questre, l'ital. du Nord cavalcata (de cavalcare
chevaucher ; sens 1 dep. XIVe s., sens 2 dep. 1565 ds BATT.; cf. forme fr. cavalcate fin XVe-dbut XVIe s., A. de la
Vigne ds GDF. Compl.). Il est cependant probable que le mot employ par Monluc et Brantme (v. HUG. et GDF. Compl.)
est d'orig. prov. (cavalcada bande cheval , fin XIIIe s. ds RAYN.; course cheval , XIVe s. ds LEVY). Et aussi
chevauche dans PDPF.
El vi venir gran cavalcada de cavaliers . Roman de Blandin de Cornouailles. Il vit venir grande cavalcade de cavaliers.
LR.
NB. Le Roman de Blandin de Cornouaille et de Guillot Ardit de Miramar, dat du XIVs, est un texte occitan (du cycle
arthurien finissant) constitu de 2386 vers.
Ben degratz aver desfizada/ Me e tota ma cavalcada Roman de Jaufre. Fol. 106. Vous devriez bien avoir provoqu moi
et toute ma cavalcade. LR.
NB. Le Roman de Jaufre est un roman (du cycle arthurien) de 10956 octosyllabes, crit la fin du XII sicle, ou au dbur
du XIII s.
Que dire en rsum ? probablement emprunt litalien, et peut-tre au provenal ancien (en
loccurrence au gascon de MONLUC ou au limousin de BRANTME) ? Alors que le mot existe depuis
au moins le XIII s. et que comme les hommes, le vocabulaire na pas cess de circuler sur un territoire
sur lequel la France tait sans doute en gestation. Est-ce si difficile reconnatre ? O se trouvent
sectarisme et chauvinisme ?
Il (Alviane) cuyda attraper ce grand marquis de Pescayre par une grande et longue cabvalcade quil fit un jour .
BRANTME, II, 195
noter quil existe en franais un cavalcadour , qui est une francisation pure et simple de loccitan
cavalcador [kavalka"du]. Pour ce mot aussi le TLF va dployer des trsors drudition passionants en
eux-mmes, mais qui sont trs relativement pertinents et convaincants. Pourquoi cet acharnement,
contre bon nombre dvidences ?
TLF. 1549 cavalcador cuyer prpos aux chevaux de selle (RABELAIS, d. Marty-Laveaux, t. III, p. 404 : Sciomachie
: le cavalcador du seigneur Robert [Strossi]; cont. ital. : la scne se passe Rome); 1556 cavalcadour cavalier
(RONSARD, Hymne de Pollux et de Castor, 579, d. Laumonier, VIII, 319); 1610 [date de l'd.] (Cl. GRUGET, Leons de
P. Messie [1re d. 1554; trad. de l'ouvrage esp. Silva de varia leccin de P. Mexia, 1540] 613 ds QUEM. cavalcador
d'Italie); 1585 chevaucheur (sens libre) (CHOLIRES, 5e Matine, p. 209 ds HUG.). Terme emprunt un corresp. rom.
de chevaucheur* qu'il est difficile de prciser. Du point de vue morphol., le mot parat emprunt l'a. prov. cavalgador
cavalier (XIVe s. ds LEVY; la finale -adur < - tant propre aux dial. limousins et auvergnats, v. RONJAT, t. 3, p. 375),
cependant le vocab. de l'quit. semble avoir peu emprunt l'occitan. tant donn le cont. ou l'orig. des 1res attest., ainsi que
le nombre des termes de l'art questre d'orig. ital. (carrousel, cavalier, cavalerie, cavalcade) ou esp. (caparaon, alzan,
caracoler) on peut peut-tre avancer l'hyp. d'un emprunt soit l'esp. cabalgador (XIIIe s. celui qui participe cette
cavalcade XIVe s. celui qui monte cheval ds AL.) soit l'ital. cavalcatore (XIVe s. cavalier et cuyer ds
BATT.) avec infl. morphol. du provenal.
Influence de loccitan dautant plus probable quon trouve chez Bertrand de BORN (1159-1195)
Amors vol drut cavalgador , B. de Born, Be m platz (lo gai temps de pascor)
Pour ce qui est de la rfrence RONJAT (T.III, p. 375) je suggre simplement au lecteur dsirant une
information de premire main, et fiable, daller voir du ct des suffixes : -ador, -edor, -idor [adu edu
idu ] pescador, vendedor, venidor. Ils sont constitutifs de la drivation verbe-substantif et se retrouvent
dans tous les parlers occitans.
Cavale, subst.fm. Cavala [kavalO kabalO]
TLF. 1552 jument (Coutume de Renaix [Belgique, arrt d'Audenarde], Gd Coutumier gnral, t. 1, p. 1142). Empr. soit
au prov. cavalo id. (ca 1628, Cl. Brueys ds MISTRAL) soit plutt l'ital. cavalla (ca 1340 ds BATT.), du lat. caballa
id. . Bbg. BARB. Misc. 1 1925-28, pp. 33-34. (PDPF)
Le terme est le fminin de caval depuis lpoque mdivale, et bien avant loccurrence tire de Brueys.
Cavalier, subst.masc. Cavalir [kavalj] Au sens de celui qui accompagne une dame. Celui qui va
cheval, dans un premier sens. Du latin caballus qui a donn cheval, et chevalier en franais.
TLF. empr. l'a. prov. cavalier (XIIe s.; au sens 1 c 1240 ds RAYN.) v. chevalier. Cavalier a progressivement vinc
chevalier dans la plupart de ses emplois, ce dernier mot correspondant alors d'autres notions, v. G. Gougenheim ds Ml.
Hoepffner, pp. 123-125 et uvres de P. Corneille, d. Marty-Laveaux, lexique, s.v. cavalier. (PDPF)
Quan vei per campanhas rengatz/Cavalliers et cavals armatz . Bertrand de Born. Be m play lo. Quand je vois rangs dans
les campagnes cavaliers et chevaux arms. LR
NB. Bertrand de BORN, Troubadour (1159-1195)
Au jeu dchec :
Mot say ab cavayer jogar gen . P. Bremond Ricas Novas. En la mar. Je sais jouer trs gentiment avec le cavalier. LR.
NB. Peire BREMOND dit Ricas Novas . XIII sicle. De la maison dAnduze, il joua un rle important la cour de
Raymond Brenger IV.
Cpe, subst.masc. Cep [sep]
TLF. Empr. au gascon cep id. (LESPY-RAYM.; PALAY) issu du lat. cippus v. cep.
Le mot est bien entendu connu et employ sur lensemble du territoire doc, mme si le TDF de
MISTRAL le donne comme propre la Guyenne et au Barn. Cest un terme employ en Languedoc et
en Provence (parfois ct de bolet ). Mais peut-tre lexcellente rputation culinaire des cpes la
bordelaise est-elle responsable de cette interprtation rductrice ? (DELF)
Cerf-volant, subst.masc. Srp-volaira. [srvulajrO]
La srp cest le serpent, mais aussi, dans les contes et les traditions populaires, le dragon. En ancien
franais on disait plutt oiseau volant. Lanalogie avec linsecte, parfois donne pour expliquer le
franais, est peu plausible.
Cers, subst.masc. (16 s.) Cr [srs] (XIII s.) Vent douest soufflant dans le Sud-Ouest de la France
et spcialement violent sur le bas Languedoc.
TLF. 1552 cyerce (RABELAIS, Le Quart Livre, Lille-Genve, d. R. Marichal, 1947, ch. 43, p. 183), forme isole; 1605
cers (LE LOYER, Hist. des Spectres, VIII, 10 ds HUG.). Mot du bas Languedoc (1167 ds G. MOUYNES, Ville de
Narbonne. Inventaire des Archives communales antrieures 1790. (PDPF)
E safronta.. devas cers ab las carreiras comunals Tit. de 1234. Arch. Du R. Toulouse, 322. Et se confronte devers le
couchant avec les chemins communaux. LR.
Dos vents collaterals primier apelam cers Eluc. de las propr. Fol. 134. Deux vents collatraux nous appelons
couchant le premier. LR.
RABELAIS, une fois de plus.
Cervelas, subst.masc. Cervelat [servelat]
TLF. 1552 cervelat (RABELAIS, Quart livre, chap. XLI, d. Marty-Laveaux, t. 2, p. 414) 1751, Encyclop. t. 2; 2. 1623
cervelas (SOREL, Francion, 3, 123 ds QUEM.). Empr. l'ital. cervellato, -a (XVIe s. ds BATT.), adaptation de l'a. milanais
zervelada (ital. cervello, lat. cerebellum, v. cerveau), cette charcuterie tant l'origine faite de viande et de cervelle de porc.
La graphie -as est due un changement de suff. cf. cadenas*, cannelas*, NYROP t. 3, 180, p. 309.
Donn comme provenant de litalien et plus prcisment du parler milanais . Pour les auteurs du
TLF, ce mot qui apparat chez RABELAIS (lun des grands crivains franais qui a le plus emprunt
loccitan quil connaissait bien pour lavoir pratiqu lors de son sjour Montpellier et dans la
frquentation de Geoffroy dEstissac, son protecteur, dont il sera la secrtaire) ne peut pas provenir de
loccitan cervelat [serve"lat] (littralement : fait avec de la cervelle, ressemblant de la cervelle)
bien quil ait le mme sens quen franais : pt fait de viande et de cervelle de porc , et le mrite
davoir une prononciation presque similaire celle du franais.
Pour mmoire le parler milanais est un dialecte gallo-italien spcifique qui fait partie avec le
bergamasque et le novarais notamment du groupe lombard . En italien standard on dit cervellta. En
outre, le mot est fminin.
Chabot, subst. masc. Chabot {cabt} [tSabOt]. Poisson deau douce grosse tte. On dit aussi
cabot .
TLF. 1380 cabot poisson grosse tte (Reg. aux publications, A. Tournai ds GDF. Compl.); relev sous cette forme en
norm. (MOISY) et en pic. (HCART); 1re moiti du XVIe s. chabot id. (MAROT, III, 10 ds LITTR), relev sous la
forme chavot en Franche-Comt (ROLL. Faune t. 3, p. 174). Orig. obsc. rapprocher de l'a. prov. cabotz poisson grosse
tte (mil. XIIIe s. ds LEVY; 1181 lat. mdiv. cabos, Toulouse ds DU CANGE t. 2, p. 9b), bien attest dans le sud-ouest
du domaine occitan (A. DAUZAT, Essais de gogr. ling. Noms d'animaux, Paris, 1921, p. 53), issu d'un lat. vulg. * (dr. de
caput tte ) littralement poisson grosse tte . Cependant un empr. du fr. au prov. (A. THOMAS Ml. Etymol., p. 51;
DAUZAT, loc. cit., pp. 52-58; BL.-W.5; Barbier ds R. Lang. rom., t. 58, 1915, p. 295 et ds R. Philol. fr., t. 20, p. 120) avec
restitution d'un sing. c(h)abot d'apr. les mots en -ot ayant leur plur. en -oz, fait difficult, l'anciennet du type cabot et la
prsence des deux types cabot/chabot dans le domaine fr. tant plutt caractristiques d'un mot autochtone. (DELF)
Les auteurs de larticle semblent ignorer que cette forme emprunte par le franais est galement nord-
occitane. Cabt {chabt} cest comme Cabra en languedocien ou en provenal, chabra en nord occitan
(Limousin, Auvergnat, Vivaro-Alpin), une variante.
Chabrol {Chabrot}, subst. masc. Chabrt {chabrl} [tSabrOt tSabrOl]
Mlange de bouillon et de vin rouge. Faire chabrol (ou chabrot). Verser du vin rouge dans la soupe et
boire ce mlange mme lassiette.
TLF. 1876 chabrol (A. DAUDET, Jack, t. 2, p. 50); 1876 chabrot (Gaz. des trib. ds LITTR Suppl.). Terme prob. originaire
du Prigord (fa chabro boire du vin dans du bouillon d'apr. FEW t. 2, p. 304b) d'o il a pass en Limousin : fa chabro,
fa chabrol (MISTRAL, s.v. cabro) et dans d'autres dial. occitans comme le gascon o il est relev par Lespy sous les
formes chabr, chabrl, chabrot; chabro (chabrol) proprement chevreuil (MISTRAL, loc. cit.) est issu du lat.
capreolus, la forme chabrot s'expliquant par substitution du suff. -ottu, v. -ot. Le syntagme fa chabro a tir sa signification
partic. de bue chabro littralement boire comme une chvre , c'est--dire boire dans son assiette .
Du Prigord, certes, et en fait terme nord-occitan, usit en Limousin, Auvergnat et Arpitan.
Nous nous souvenons tous de Jean-Pierre Chabrol, crivain et scnariste franais (occitanophone) n le
11 juin 1925 Chamborigaud (Gard) et mort le 1er dcembre 2001 Gnolhac (Gard). Le nom est trs
rpandu dans le domaine Nord-Occitan.
Chamois, subst. masc. Chams {cams} [tSamus kamus]
TLF. 1272 en Savoie, chamessius, 1389-90 Chamonix; le lat. mdiv. chamos (cognomen, Htes Alpes, 1135), l'a. dauph.
chamos, 1333, l'a. prov. camos [av. 1244 ds Rom. Forsch., t. 5, p. 409] .
Difficile daller chercher ce mot une origine normanno-picarde ! (DELF) (PDPF)
Charabia, (19 s.) subst. masc. Driv de charrar , bavarder.
TLF. tymol. et Hist. 1. 1802 sens non prcis (Courrier des spectacles, 26 brumaire an XI, cit par A. Weil ds Fr. mod., t.
13, 1945, p. 120 : premire reprsentation de Charabia); 2. av. 1835 migrant auvergnat (FR. DE MURAT, ms 532, Bibl.
municipale de Clermont-Ferrand, cit par P.-F. Fournier ds R. Lang. rom., 1935, p. 451 : migrants [auvergnats] que le
marquis de Saluces [1736-1813] avait batiss du sobriquet de charabiats) 1929, Lar. 20e; 3. dbut XIXe s. charabiat patois
auvergnat (FR. DE MURAT, ibid.); 1821 charabia (J. DESGRANGES, Petit dict. du peuple, Paris, p. 25 cit par Weil ds
R. de Philol. fr., t. 45, p. 13); 4. 1838 langage incomprhensible (Ac. Compl. 1842). Orig. obsc. L'hyp. la plus
vraisemblable parat tre celle d'une dr. du prov. charr causer, faire conversation (MISTRAL), issu d'un rad.
onomatopique - exprimant un bruit confus de paroles, largi par une finale exprimant l'embarras de paroles, le bgaiement
(FEW t. 13, 2, pp. 362-363; BL.-W.5); comme l'indique MISTRAL,
Dans le mme genre mprisant pour les parlers autres que le beau franais de la douce France
baragouin qualifiant la faon de parler des bretons, tir semble-t-il de leur expression favorite (ou
suppose telle) pain et vin (bara + gwin)
Charade, subst.fm. Charrada [tSaradO] De charrar bavarder . lorigine, jeu de langage au cours
des veilles
TLF. 1770 (A. SABATIER, Dict. de litt., Paris ds LITTR : ce mot vient de l'idiome languedocien et signifie, dans son
origine, un discours propre tuer le temps; on dit en Languedoc : allons faire des charades, pour allons passer l'aprs-soup,
ou allons veiller chez un tel). (DELF)
La rfrence est sans nul doute languedocienne, mais le terme est panoccitan. En franais rgional on
dit, quand on sest attard bavarder : jai rencontr une charrette .
Chavirer, v. Francisation de cap-virar [kapvira]
TLF. Issu du prov. cap-vira, cavira (se) tourner la tte en bas, (se) retourner, (se) renverser (MISTRAL; v. cap et virer)
soit par francisation, soit plus prob. par l'intermdiaire de dial. d'oc situs la limite du domaine d'oil ou du domaine fr.-
prov. o c + a > cha. Cf. W. von WARTBURG, La Fragmentation ling. de la Romania, Paris, Klincksieck. (DELF)
Encore un terme clairement nord-occitan.
Cheire, subst.fm. Cheira [tSirO] Auvergne : pierre volcanique
Coule de laves scoriaces, constituant un terrain hriss, rugueux et infertile. Cheires d'Auvergne (A.
DE LAPPARENT, Abr. de gol., 1886, p. 69).
TLF. Terme auvergnat; rapprocher de l'a. rouergat quier tas de pierre attest en 1525 (ds AFFRE, Dict. des institutions,
murs et coutumes du Rouergue d'apr. FEW t. 2, p. 409a), du forzien chr, cheir amoncellement de pierres (v.
MISTRAL, s.v. quier et chir; DAUZAT Topon., p. 84), du gascon qur (ROHLFS, Le Gascon, Tbingen-Pau, 1970, 84)
et du catalan quer rocher (lat. mdiv. kerus, anno 839; chera XIe s. ds GMLC, s.v. carius); ces mots remonteraient
une racine pr indo-europenne *kar(r)- pierre (leur forme supposant une var. *kariu, *karia) dont l'aire gogr. s'tend
dans le domaine gallo-roman (v. aussi garrigue), la zone alpine, l'Italie (v. DEI, s.v. carra), la pninsule ibrique (v. COR.,
s.v. carrasca) et qui se retrouve dans le basque karri, arri pierre (FEW t. 2, p. 408 sqq.; P. Fouch ds R. Lang. rom., t. 68,
pp. 295-326
La toponymie occitane porte des traces innombrables de cette racine : Carcassonne, Carcs, Carnoules,
le Caroux
Chiourme, subst.fm. Chorma [tSurmO] sur les galres.
TLF. Dbut XIVe s. chourme runion des rameurs d'une galre (Gestes des Chiprois, d. G. Raynaud, p. 275 ds GDF.
Compl.); 1544 chiorme (Amadis, V, 25 ds HUG.); av. 1600 ciourme (E. BINET, p. 101 ds GDF. Compl.); 1635 chiourme
(MONET, Abrg). Empr. l'ital. ciurma quipage d'une galre (1re moiti XIVe s. ds BATT.) issu, par l'intermdiaire
de l'a. gnois ciusma (XIIIe-XIVe s. ds VIDOS, p. 321) du b. lat. celeusma chant qui rythme le mouvement des rameurs
du gr. keleusma.
NB. Le mot est international dans le vocabulaire des galres. Pour information, nous renvoyons volontiers deux livres
particulirement excellents (parmi dautres) : Les galriens, vies et destins de 60 000 forats sur les galres de France, de
Andr Zysberg, 1987 - 479 pages, et : Vivre et mourir sur les galres du Roi-Soleil, Didier Chirat, LAncre de Marine, 2007.
Les galres, on le sait, ntaient utilises quen Mditerrane, avec Marseille, puis Toulon comme port dattache. Le
personnel dencadrement tait en grande partie provenal (et parfois mme turc), les rameurs (volontaires parfois ou
condamns) aussi.
Le vocabulaire tait commun avec celui des autres pays disposant de ce type de vaisseaux de guerre : lEspagne et lItalie.
Le lexique des galres est donc trs semblable entre ces langues, et il ny a pas de quoi sen tonner. Ainsi chiourme est-il
donn comme venant de litalien ciurma ce qui est plus que probable (en latin : turma, en espagnol chuzma et
chusma en portugais. En catalan, par del la transcription graphique diffrente, le mot est identique loccitan xurma.
Il est fort probable que ce mot, effectivement italien, soit pass au franais par lintermdiaire de loccitan, comme tant
dautres concernant les galres, et de faon gnrale la navigation.
Ciboule, subst.fm. Cebola {cibola} (XIV s.)[sebulO sibulO]
TLF. Empr. au prov. cebula (1re moiti du XIVe s. ds RAYN.) issu du b. lat. caepulla, cepulla, dimin. de caepa, v. cive; ds
ca 1230 p. anal. de forme l'a. pic. cibole partie renfle de la massue (D'Estormi, d. Montaiglon et Raynaud, t. 1, p. 204).
(PDPF)
Cigale, subst.fm. Cigala [sigalO]
TLF. Empr. au prov. cigala (singala 1re moiti du XIIIe s. ds LEVY, cigala 1470 ds PANSIER) issu du lat. imprial
cicada, avec changement de suff. dont les raisons ne sont pas claires. DR. Cigalon, subst. masc., rgion. Petit de la cigale.
(DELF) (PDPF)
Cigala cantan forma canso meravelhosa . Eluc. de las propr. Fol. 143. La cigale en chantant forme un chant merveilleux.
LR.
NB. Et soit dit en passant la cigale ne fait de petits . Cet insecte connat une longue gestation depuis la ponte, la larve a
une vie souterraine qui peut durer 10 mois, et ventuellement plusieurs annes. Ce nest que durant la dernire anne de sa
vie que commence la vie arienne de la cigale. La nymphe sort de terre et se fixe sur une tige ou un tronc, voire sur une
pierre et commence sa dernire mue ou mue imaginale . La cigale se transforme alors en insecte adulte dit parfait , ou
imago, pour se reproduire durant seulement un mois et demi. Le cigalon [sigalun] est une varit plus petite.
Cigogne, subst.fm. Cignha [sigOO]
TLF.. 1113 zool. cigogne (FEW t. 2, p. 665a, sans rf.); 1121 ciguigne (PH. THAON, Best., 2632 ds T.-L.). Prob. empr.
l'a. prov. cegonha id. (Pt LVY) avec infl. du lat. ciconia zool. (Pline ds TLL s.v., 1051, 17) et terme techn. p. anal. de
forme appareil puiser l'eau [fait d'une longue perche monte sur pivot] (Isidore, ibid., 1051, 69). (DELF) (PDPF)
Un auzel apelat ciconia o guanta Semblant a bec de ciconia . Trad. DAlbucasis, fol. 21 et 24. LR.
Circonflexe, adj. Circonflxe
TLF. 1529 accent circunflect gramm. gr. (G. TORY, Champ fleury, d. C. Bosse, Paris, 1931, L. III, f
o
LII), graphie isole;
1550 ton circonflexe (MEIGRET, Gramm. fr., 180, Foerster cit par Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 455); b) 1559-74
accent circumflex gramm. fr. (G. DES AUTELS, Mitistoire Barragouyne de Fanfreluche et Gaudichon, 45 ds Fr. mod., t.
12, p. 293). Empr. au b. lat. circumflexus [accentus] [accent] circonflexe , part. pass adj. de circumflectere (compos de
circum autour et de flectere courber, ployer ), dcrire autour (en parlant des chars dans l'arne) tec.
Les termes savants, dorigine greccque et latine employs notamment en grammaire sont passs en
occitan ds le XIV sicle. Beaucoup plus tard en franais. Ce qui ne veut pas dire que le franais les
aurait emprunts loccitan, encore que
Accens circonflecz Leys damors, fol. 9 Accent cirtconflexe. LR.
NB. Les Leys damors sont de 1356.
Civadire, subst.fm. Civadira [sivadjrO]
Cest une voile attache sous le beaupr (RABELAIS) et qui porte ce nom qui est celui du sac
davoine (civada) auquel elle fait penser par sa forme.
TLF. Empr., en raison de sa forme et de la localisation gogr. de la re attest., au prov. mod. civadiero id. , dr. de civado
avoine , substantivation du part. pass du lat. cibare nourrir (des animaux) . Civadiero, attest anciennement au sens de
champ d'avoine (Pt LEVY) a pu, comme le cat. civadera et l'esp. cebadera, signifier sac d'toffe servant transporter
le fourrage , d'o, p. compar., voile (EWFS2; v. ALC.-MOLL. et AL.).
Haou de la meistro ! haou dau trinquet ! / A la gabio ! Au parrouquet ! / Papafigo ! A la civadieiro , Isaac DESPUCH.
Les Folies du sieur Le Sage. 1636
Clafoutis, subst.masc. Claufots [klawfutis] Entremets, flan fait dun mlange de farine, de lait,
dufs et de sucre, que lon fait cuire au four dans une tourtire beurre aprs y avoir ajout des cerises
sucres.
TLF. Clafouti ds Lar. 19e, GURIN 1892, Nouv. Lar. ill. et Lar. 20e; clafoutis ds Lar. encyclop., DUB. et Lar. Lang. fr. Les
2 graph. sont admises ds ROB. et QUILLET 1965. tymol. et Hist. 1864 dial. du Centre (JAUB.); 1866 lang. commune
(Lar. 19e). Mot du Centre, poitevin et limousin (LALANNE) issu du croisement avec un dr. en -ez [-icium > -es, -is] de
foutre*, de l'a. fr. claufir fixer avec des clous (Xe s. Passion, d. d'Arco Silvio Avalle, 226 [en parlant du Christ en
croix], du lat. clavo figere), d'o le sens de remplir, parsemer de quelque chose relev en prov. (MISTRAL, s.v. cafi); v.
FEW t. 2, p. 768a et b. Frq. abs. littr. Clafoutis : 1. Bbg. ARBELLOT (S.). Truffes et clafoutis. Vie Lang. 1965, pp. 286-
287.,
En occitan claufir {cafir} : remplir en pressant, farcir, gorger, bonder, combler (TDF. I, 415b).
Cest manifestement un mot nord-occitan (du Centre ?, du Massif Central ?). Faire venir claufir
de clau (le clou, mais en occitan cest clavl - du latin clavus -) est peut-tre hasardeux. En occitan
clau du latin clavis - cest plutt la clef .
Clapier, subst.masc. Clapir [klapj]
lorigine tas de pierres, boulis . Attest en occitan ds le XII s. (PDPF). Une clapa en occitan
cest une pierre plate. Le mot a dsign par extension un endroit o les lapins sont nombreux nicher,
puis leur abri.
TLF. Terme alpin, largement attest dans la topon. des domaines franco-prov. et prov. pour dsigner un terrain pierreux
(DAUZAT-ROST. Lieux) attest comme subst. dans ces mmes domaines au sens de tas, monceau de pierre, boulis
(1058 lat. mdiv. claperius, Marseille ds DU CANGE; DUR., s.v. klap) et au sens dr. de garenne (1212 lat. mdiv.
claperius, Marseille ds DU CANGE, s.v. claperia; 1293 Charte de Gralou ds RAYN. t. 4, p. 21; DUR., loc. cit.). Clapier
est dr. de clap tas de pierres (mil. XIIIe s. ds LEVY) qui, de mme que ses correspondants d'Italie du Nord, est issu d'un
rad. pr-roman *klappo- roche, pierre se rattachant lui-mme une racine verbale *klapf- fendre (Hubschmid ds Z.
rom. Philol., t. 66. (DELF)
La toponymie pas seulement francoprovenale ou provenale et la langue pas seulement mdivale
utilisent un mot qui est dun usage courant en occitan. Le Claps (gros tas de pierres) est le surnom de
Montpellier, la montagne de la Clapa domine la rgion narbonnaise. Clapiers est un village prs de
Montpellier En occitan un aclapaire est un fossoyeur (celui qui vous dpose une pierre plate sur
lestomac) tre aclapat, cest tre accabl.
NB. Luc de CLAPIERS tait le nom patronymique du marquis de VAUVENARGUES (Aix-en-Provence, 1715/1747) grand
crivain occitan dexpression franaise.
Aquel que destrura clapier, ou prendra conils . Charte de Gralou, p. 110 Celui qui dtruira clapier, en prendra lapins.
LR. (1293)
En una gran clapiera . Vida de S. Honorat. En un grand tas de pierres. LR.
Claver, v. Clavar [klaba klava]
TLF. Rgion. (Provence). Fermer clef. Rem. Attest ds Lar. 19e, GURIN 1892. Fig. Se claver. Se taire (cf. prov. clavar
fermer d'un mot la bouche autrui ds MISTRAL)) : H, l-bas, snateurs et pupilles, si vous vous claviez un brin, nous
ourions l'intendant de cette maison. L. CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 261.
tymol. et Hist. Terme dial. : ang. claver fermer (VERR.-ON.); prov. clavar id. (RAYN. t. 2, p. 407a) v. FEW t. 2, p.
766a, rpertori par Lar. 19e et GURIN 1892, form partir du rad. lat. clavis de clef*. (PDPF)
E li borges si claven deviron . Bertrand de Born. Pus Ventedorn. Et que les bourgeois senferment lentour. LR.
Climax, subst.masc. Climax
Ce nest pas un mot occitan, mais un terme de rhtorique dorigine grecque commun toutes les
langues (et pas seulement romanes !). Mais son emploi dans un texte en langue vulgaire (et non pas
dans un trait en latin) se fait ds le XIV sicle en occitan. Pour le voir apparatre dans un texte en
franais, il faut attendre larticle Rhtorique dans lEncyclopdie de 1753.
Climax es gradatios so es cant hom procezish de gra en gra . Leys damors, fol. 130. Climax est gradation, cest--dire
quand on procde de degr en degr. LR.
Clovisse, subst.fm. Clauvissa {clausissa }, [klawvisO klauzisO] sur le verbe claure [klawre]
fermer, enclre Cest le nom rgional de la palourde.
TLF. tymol. et Hist. 1611 clousse (COTGR., not comme mot marseillais), attest. isole; 1838 clovis (STENDHAL,
Mmoires d'un touriste, t. 2, p. 386); 1846 clovisse (A. DUMAS Pre, Le Comte de Monte-Cristo, t. 1, p. 48). Empr. au
prov. clauvisso id. , attest au XVIIe s. (Reynier de Brianon ds MISTRAL), altration de clausisso (XVIIe s., D. Sage,
ibid.), dr. de claus, part. pass de claure (clore*). (DELF)
NB. Le Reynier de BRIANON (1598-1670) cit par MISTRAL est un auteur du XVII sicle provenal, auteur, entre
autres de : Lou Crebo-couer dun paysan sur la mouert de son ay ; eme la souffrano et la miseri dei foras que son en
galero . Le dernier pome constitue un document important sur les galres provenales.
Une fois francis dans la prononciation puis dans la graphie, le sens du mot est perdu : littralement
cest le coquillage troitement ferm .
Lemploi qui en est fait dans lexemple de ZOLA cit par le TLF : Ce dont je suis ravi, cest que ce bout de la
Bretagne rappelle la Provence sy mprendre. Imagine-toi que jai dcouvert dans la mer des bancs doursins, de clovisses
et darapdes (ZOLA, Correspondance [avec M. Roux], 1902, p. 449) nous rappelle que le grand crivain, n
Paris avait pass sa jeunesse Aix-en-Provence. Ses amis les plus proches Paris taient en grande
partie des aixois, CEZANNE notamment. Et, soit dit en passant, ZOLA parlait provenal : jeune
homme, il avait mme chant les chansons contestataires de Victor GELU.
Cocagne, subst.masc. de Cocanha . [kukaO] ?
TLF. Mil. XIIIe s., nom d'un pays imaginaire o tout est en abondance, seignor de Cocagne (Joufroi de Poitiers, d. P.-B.
Fay et J.-L. Grisby, 1373); 1533 pays de Cocaigne (Des Villains... ds Rec. posies fr. XVe-XVIe s., VII, 72). Orig. discute.
Les rapports du mot (qui est l'orig. de l'ital. cuccagna, XIVe s., DEI, de l'esp. cucaa XVIIe s., COR., de l'angl. cokaygne,
cockaigne dbut XIVe s., NED) avec le m. fr. cocagne pastel en pte (1463 quoquaigne Tarif de l'quivalent en
Languedoc ds A. Midi, t. III, 1891, p. 246), empr. au prov. cocanha coucagno id. (MISTRAL; la culture du pastel
engendra une grande prosprit dans le Haut-Languedoc) sont obscurs, la chronologie s'opposant, dans l'tat actuel de la
docum., un rapport de filiation. Le prov. est lui-mme d'orig. peu claire, le mot ayant t rapproch du prov. coca coque
(DG; mil. XIVe s. [ms.] ds Romania, t. 35, p. 361) ou du prov. de mme forme gteau (1391 coga ds FEW t. 21, p.
476b), d'orig. inconnue, peut tre prromane (v. FEW t. 16, p. 343a).
(Sur loccitan cca [kOkO], gteau, brioche) Lorigine du mot est controverse. Lhypothse occitane a
quelques arguments en sa faveur et cest en tout cas une rencontre. La cocanha dsignait lorigine les
pains de pastel qui ont amen la prosprit de la rgion de Toulouse, pays de Cocagne au Moyen
ge.
Cocon, subst.masc. Cocon [kuku kukuN]
TLF. Empr. au prov. coucoun coque (d'un uf) et cocon (MISTRAL) dr. du prov. coco coque, coquille (ibid.)
de mme orig. que coque*. (DELF)
En occitan cest aussi luf dans le vocabulaire des enfants. Coconar [kukuna] francis en
Coucouner , cest couver, dorloter un enfant. Le mot a eu un succs national, peut-tre aid par
langlosaxon cocooning dont les dictionnaires (eux !) reconnaissent lorigine provenale .
Codicille, subst.masc. Codicili
Le match est serr ! Bien entendu ces mots savants sont contemporains. Mais le TLF oublie loccitan !
TLF. 1269 codicelle (A. N. Mus., vit. 45, 263 ds GDF. Compl.); 1270 codicille (Layettes du trsor des chartes, IV, 453
2
ds
BARB. Misc. 18, n
o
9 : Par droit de codicilles). Empr. au b. lat. de mme sens codicillus, du lat. class. codicilli tablettes
crire qui a pris en lat. imprial le sens moderne.
La derreirana volontatz, sia testament o sia codicilles . Cout. de Gourdon de 1244. La dernire volont, soit testament
soit codicille. LR.
Comtat, subst.masc. Comtat [kuntat kunta] subst.fm. quivalent occitan du franais comt .
Semploie, au fminin, pour le Comtat venaissin
TLF. Rgion. (Provence). Comt. Comtat Venaissin; comtat d'Avignon. [XIVe s. d'apr. Lar. Lang. fr.]; 1721 comtat (Trv.).
Empr. l'a. prov. comtat comt (1136-50 Roman de Girart de Rossilho ds BARTSCH Prov., 42, 22), Coumtat Venessin,
par abrv. La Coumtat (MISTRAL). A supplant comt nom sous lequel le Comtat Venaissin se trouve encore dsign en
1806 (Ch. Cottier ds CHEV. Topo-), tous deux issus du lat. comitatus (comt*), cf. 1511 Statuta comitatus Venayssini ds
CHEV. Topo-. (PDPF)
Destruire tota la comtat . Chonique des Albigeois, col. 40. Dtruire tout le Comt. LR
Con, subst.masc. Con [kun]
Espagnol : coo, Catalan : cony. Ni litalien ni le portugais nont de descendants directs du latin cunnus.
TLF. Ca 1195-1200 physiol. subst. (Roman de Renart, d. M. Roques, 14568); 2. 1831 arg. adj. (Mrime Stendhal, Corr.
gn., 1, 90 ds QUEM.); 1872 conne (LARCH., p. 101). 1 du lat. class. cunnus physiol.
E qui-lh seu con laissa e lautrui pren/el fron len sors unestruma/Que lhi er jasse mentre viva parventz . Alegret. Ara
pareisson. Et celui qui dlaisse son con pour prendre celui dautrui, sur son front nat une tumeur qui lui restera l,
apparente tant quil vivra.
NB. ALEGRET, troubadour gascon, contemporain de MARCABRU (= 1145)
Et lexemple sans doute le plus ancien de GUILLAUME IX DAQUITAINE (1071-1126) dans un
pome dont cest le sujet principal :
E dir vos mentendensa de que es ;
No mazauta cons gardatz ni gorc ses peis,
Ni gabars de malvatz homes com de lor faitz non agues.
Snher Dieus, quez es del mon capdls e reis ,
Qui anc premier gardet con com non esteis ?
Canc no fo mestiers ni garda ca sidons estes sordeis.
Pero dirai vos de con, cals es sa leis,
Com sel hom que mal na fait e peitz na pres :
Si c[pm] autra res en merma, quin pana, e cons creis .
Mais vous je veux dire ce que jentends par l et de quoi il sagit :
Je naime ni les cons gards, ni les viviers sans poissons
Ni la vantardise des mesquins sans quon ne sache rien de ce quils font.
Seigneur Dieu, vous qui tes le matre et le roi du monde,
Pourquoi ne mourut-il pas [sur le champ] celui qui le premier garda un con ?
Car il ny eut jamais de service ni de garde qui ft plus dsagrable son seigneur.
Mais moi je vous dirai, quant au con, quelle est sa loi,
Comme quelquun qui en a mal us et en a reu pire encore :
Quand on vole une partie dune chose, elle diminue, alors que le con, lui, augmente.
Companho, tant ai agutz.
Texte et traduction de Pierre BEC. Le Comte de Poitiers, premier troubadour . Lo Gat Ros. Universit Paul Valry.
Montpellier III.
Concombre, subst.masc. Cogombre [kugumbre]
TLF. Prob. empr. au prov. cogombre (XIVe s. Eluc. de las propr. ds RAYN.), cocombre (XIVe s. [ms.] ds LEVY Prov.) cf.
FEW t. 2, p. 1457 et EWFS2, issu du lat. class. cucumis, -eris (v. aussi ANDR Bot.), avec maintien du 2e [k] par
redoublement expr. (v. RONJAT t. 2, 269) et assimilation de l'o prtonique l'o accentu nasalis [kk]. (DELF)
(PDPF)
Ha frug redon cum cogombre , Cogombre freg es ; laxa lo ventre Eluc. de las Propr. Fol. 204 et 205. Il a le fruit rond
comme concombre. Concombre est froid : il relche le ventre. LR.
Confetti, subst.masc.plur. Confetti
TLF. 1841 confetti drages de pltre [mot ital. cit] (STENDHAL, Correspondance, t. 3, p. 266); 1894 petits ronds
multicolores en papier (clair, mars cit ds G. DELESALLE, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., 1896). Mot ital. attest dep. le XIIIe
s. (au sens de bonbon ; confetti di gesso petites boules de pltre qu'on se lanait pendant les ftes de Carnaval dep. av.
1827, Foscolo ds BATT.), part. pass substantiv plur. de confetto (v. confit part. pass de confire*).
Mot italien naturalis chez Stendhal et en niois, popularis en France par le carnaval de Nice.
lorigine : des boulettes de pltre. Les modles actuels en papier dcoup taient appels confetti
parisiens Nice vers 1892. Leurs effets taient moins salissants et plus civiliss pour les touristes.
Consul, subst.masc. Cnsol [konsul]
Cnsol {Cnsul} dsignait en pays occitan les magistrats municipaux. Le cnsol (mger) aujourdhui
encore cest le maire, en occitan.
TLF. Empr. au lat. class. consul magistrat romain , attest en lat. mdiv. au sens de conseiller du roi (IXe s. ds
NIERM.), comte (Xe s., ibid.), chef lu d'une colonie marchande (1182, ibid.), magistrat lu d'une municipalit
(notamment en Italie) (1088, ibid.; v. aussi DU CANGE, s.v. 3); la forme concile est prob. ne de la confusion avec
concilium (concile*), v. FEW t. 2, p. 1093, note b. (DELF) (PDPF)
Parlon ab Sevi, consol de la ciptat V. de S. Honorat. Ils parlent avec Sevi, consul de la cit. LR.
Corsaire, subst.masc. Corsari [kursari]
Cest un emprunt, selon le TLF, litalien corsaro, par lintermdiaire de loccitan. Loccitan qui a
connu aussi la guerre de course disait corsari . Comme on dit : bibliotecari, discari pour
bibliothcaire, disquaire. Entre le franais et loccitan les passerelles sont aussi bien tablies, et aussi
anciennes quentre le franais et litalien. Loccitan ainsi a souvent servi dintermdiaire, non seulement
en raison de sa situation gographique mais aussi culturellement, phontiquement
TLF. 1. 1443 cursaire marin qui pratique la course, c'est--dire la capture des vaisseaux ennemis marchands (Lettres de
Ch. VII, B.N. 9178, fo 54 ds DG); 1477 corsaire (Comptes du roi Ren, d. Arnaud d'Agnel, II, 459 ds IGLF); 2. 1470 adj.
(galle) coursaire (navire) arm pour cette course (A.N. JJ 196, pice 46 ds GDF. Compl.); dbut XVIIe s. subst.
coursaire (E. BINET, Merv. de nat., p. 95 ds GDF. Compl.). Empr., prob. par l'intermdiaire de l'a. prov. corsari (au sens 1
dep. dbut XIVe s., Vie de St Honorat ds RAYN.), l'ital. corsaro (dep. ca 1315, DANTE, Purg. ds BATT.), du b. lat.
cursarius (cf. domaine ital., R. de S. Germano, ca 1243 ds DU CANGE), dr. de cursus (cours*). Frq. abs. littr. : 168.
Bbg. HOPE 1971, p. 35. KEMNA 1901, pp. 42-43. LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 403.
VIDOS 1939, p. 25, 34, 46, 73-74, 332-. (DELF) (PDPF)
Un oubli (de plus) sans doute du TLF.
En effet, le texte de Raymond FERAUD est dat de la fin du XIII sicle et antrieur celui de
DANTE. Il est ddi, en 1300, la Reine Marie de Hongrie, pouse de Charles II le Boteux, roi de
Naples, de Sicile, de Jrusalem et comte de Provence, mort en 1309. La reine mourut en 1323. En
rcompense de son uvre, FERAUD reut delle un prieur dpendant du monastre de Saint Honorat
dans les les de Lrins.
Corsari sarazi questavan aplatat/Els escuellz de la mar . V. de S. Honorat. Des corsaires sarrasins qui se tenaient cachs
aux rochers de la mer. LR.
NB. La Vida de Sant Honorat, est lune des uvres de Raymond FERAUD (n dans le Comt de Nice vers 1245, mort en
1325)
Il (de Termes) fut pris par quelques fustes de corsaires et aprs il fut rachapt . IV, 5. BRANTME.
Cotignac, subst.masc. Cotinhac (une catgorie de coings) [kuduat] Gele paissie ou pte faite avec
des coings :
Avant de faire venir dOrlans le meilleur cotignac, puisque vous vouliez redevenir enfant et goter au cotignac, besoin fut
d'une correspondance . BALZAC, Lettres ltrangre, t. 1, 1850, p. 82.
En occitan le terme gnrique codonh, avec un driv codonhat la pte de coings. Cotignac est un
village du Var.
TLF. 1530 cotignac GUROT, [Le Summaire de toute Medecine], 63 vo ds R. Ling. rom., t. 34, 1971, p. 179). Rfection
savante partir du lat. cotoneum (coing*) d'une anc. forme coudougnac (1389 d'apr. ROLL. Flore t. 5, p. 15), coudoignac
(1392-94 Mnagier, d. St Bibliophiles fr., t. 2, p. 247), coudignac (1534 RABELAIS, Gargantua, chap. 18, d. Ch. Marty-
Laveaux, t. I, p. 68); empr. au prov. quodonat ([1334 lat. mdiv. codonhatum, Nmes ds DU CANGE t. 2, p. 387 b]; 1354
ds Romania t. 14, 1885, p. 539) dr. de codonh coing , v. ce mot. La finale en -ac est peut-tre due l'influence du suff. -
ac trs frquent dans la toponymie mridionale (FEW t. 2, p. 1067). (DELF) (PDPF)
Couffe/couffin, subst.fm.masc. Cofa, cofin [kufO kufiN] (panier)
TLF. Empr. l'a. prov. que l'on peut dduire du m. fr. coffe baquet , attest au Languedoc de 1472 1497 (GDF.), prov.
coufo (MISTRAL), lui-mme empr. prob. par l'intermdiaire du cat. cofa panier, cabas (1331 ds ALC.-MOLL.) l'ar.
quffa id. , attest ds le Xe s. d'apr. COR., s.v. cofa. L'ar. lui-mme est son tour empr. au b. lat. cophinus ou au gr. (v.
coffre).
Couffin 1478 (Comptes du roi Ren, I, 102, d. G. Arnaud d'Agnel). Empr. l'a. prov. coffin, ca 1225, Prise de Damiette,
92-94 ds LEVY Prov. t. 1, p. 273, prov. couffin [sic] (MISTRAL), du lat. imprial cophinus corbeille, panier , lui-mme
empr. au gr. de mme sens. Sont directement empr. au lat., ds 1220, coffin panier . (DELF) (PDPF)
Culhiron XII cofins plens . Test. S. Jean. ch. 5. Ils cueillirent douze couffins pleins. LR.
Cougourde, subst.fm. Cogorda [kugurdO]
Le DHLF explique : n. f. (1673) forme moderne de coucourde (1273), aujourdhui usit dans le sud-
est de la France, il est issu de lancien provenal cogorda, de cucurbita. Dans les parlers
septentrionaux, le terme dominant est citrouille.
TLF. 1273 judo-fr. coucourde espce de concombre (Abraham ibn Ezra 42 a 23 ds R. LVY, The astrological works of
Abraham ibn Ezra, p. 88) 1673 potiron, citrouille (L. GUYON, Cours de mdecine en franois, Lyon ds ROLL. Flore t.
6, pp. 13 et 15); nouv. en 1838 courge (Ac. Compl. 1842); fin du XIVe s. cougourde (Gloss. gall.-lat., BN, 1. 1684 ds
GDF. Compl., s.v. courde) 1611, COTGR.; nouv. en 1838 (Ac. Compl. 1842). Mot prov., fin du XIIe ou XIIIe s., a. prov.
cogorda courge (Livre des privilges de Manosque... [1169-1315], p. 113 ds LVY Prov.), emploi fig. niais, imbcile
(MISTRAL); du lat. class. cucurbita courge (courge1*, gourde*).(PDPF)
Une premire remarque : tout occitanophone de base sait quen occitan on dit
indiffremment aujourdhui (et pas seulement au pass) : cocorda ou cogorda, comme on dira
galement : cat et gat (chat), camba et gamba (jambe)
Mais que de contorsions pour viter de dire que cogorda/ cocorda nest pas seulement de lancien
occitan mais de loccitan trs actuel. Que les linguistes du DHLF aillent interroger les marachers du
cours Lafayette Toulon ou du Cours Saleya Nice et les traitent ensuite de fossiles ! Ce qui me
semble trs (inconsciemment ?) pervers dans ce type de prsentation cest que le terme est donn
comme franais (plus ou moins rgional : du sud-est de la France mais nous sommes de fait au Nord-
Ouest de lItalie). Cougourde cest tout simplement de loccitan adapt en franais, et pas un
parler du sud-est .
NB. Le judo-franais dABRAHAM IBN EZRA (1092/1167) peut paratre un peu vague quand on sait que cet immense
savant et ce grand voyageur passa bien du temps en pays occitan, dans la seconde partie dune existence particulirement
riche et bien remplie :
IBN EZRA se rendit en Provence avant 1155, faisant halte dans la ville de Bziers, o il crivit un livre sur les Noms divins,
ddicac ses patrons, Abraham BEN HAYYIM et Isaac BEN JUDAH. Yedaia BEDERSI, natif de la ville, parle de son
sjour avec enthousiasme, plus de 150 ans aprs les faits. Juda IBN TIBBON de Lunel, contemporain dIBN EZRA, atteste
lui aussi de limportance historique que prit pour les Juifs de Provence le sjour dIBN EZRA dans le Sud de la France. Il
tait Narbonne en 1159 ou peu avant, et fit ensuite route vers le Nord de la France.
Deux chercheurs de la Frei Universitat de Berlin, Guido MENSCHING et Julia ZWINK ont tudi les
termes occitans (plus de 150) utiliss dans la traduction de larabe en hbreu du Zadal-musafir wa-qut-
al-hadir (XIII) par Moses ben Samuel ibn TIBBON. De mme que le troyen Rabbi Shlomo ben Itzhak
HaTzarfati dit Rachi (XI s.) introduit dans ses textes en hbreu des termes franais de la vie
quotidienne, les savants juifs, nombreux en pays occitans avant la conqute, ont truff leurs uvres de
termes dans la langue du lieu lorsquils faisaient dfaut lhbreu. Mais il vaut mieux tre chercheur
dans une universit allemande si lon dsire sinformer sur cette matire considrable, scandaleusement
ignore.
Couillon, subst.masc. Colhon [kujun]
TLF. Dbut XIIIe s. coillons (GERVAISE, Bestiaire, d. F. Meyer, 689); 2. 1813, 18 mars homme peureux, lche
(STENDHAL, Journal, t. 5, p. 21). B. 1560 coion homme mou, sans nergie (GRVIN, Les Esbahis, V, 4 ds GDF.
Compl.); 1592 coyon (MONTL., Comm., I, 7, ibid.), forme encore inscrite ds Lar. 20e avec renvoi couillon. A du b. lat.
*coleonem acc. de *coleo (CGL II, 103, 29), class. coleus testicule . B empr. l'ital. coglione proprement testicule , au
fig. homme mou, balourd, sot (1re moiti XVIe s., L'Artin ds BATT.); A 2 est prob. un dr. sm. de B.
Le mot existe en occitan (en espagnol, en catalan) la mme poque, et avec des sens identiques.
LArtin est certes une autorit en la matire, mais les occurrences mdivales sont prendre en
compte. (PDPF)
Courtier, subst.masc. Corratir [kuratj] Intermdiaire des oprations financires et commerciales.
Celui qui court, littralement.
TLF. tymol. et Hist. [Ca 1220 courretier d'apr. FEW t. 2, p. 1568 b] 1241 corretier (Ban de trf., bibl. Metz ds GDF.
Compl.); 1225-50 curratier, corratier ([J. Erart, artsien] ds BARTSCH, III, X, 21, 58) 1634 (CORNEILLE, Veuve, 1049
ds MARTY Corneille); mil. XIIIe s. coletier (G. DE METZ, Ym. du monde, B.N. 2021, fo 86d ds GDF. Compl.); 1538
courtier (EST., s.v. emissarius). Prob. dr. avec suff. -ier* largi en -(et)ier du verbe a. fr. corre, v. courir (le courtier servant
d'intermdiaire entre l'acheteur et le vendeur); le suff. -atier (-at + -ier, cf. puisatier) est surtout frquent en occitan (a. prov.
corratier ds RAYN.; v. THOMAS (A.) Nouv. Essais 1904, pp. 233-234) tandis que le type fr. corratier est surtout relev en
pic. (v. T.-L.). (DELF) (PDPF)
Courtine, subst.fm. Cortina [kurtinO]
Tenture et rideau de lit et partie de rempart comprise entre deux bastions ou deux tours.
Dins vergier o sotz cortina ,/Ab desirada companha . G. Rudel. Quan lo rius. Dans un verger ou sous la courtine, avec la
compagnie dsire. LR.
TLF. 1587 fortif. (LANOUE, 337 ds LITTR); b) 1704 archit. (Trv.). Issu de courtine1* p. anal.; ce sens est attest en a.
prov. dep. le XIVe s. (St Honorat ds LEVY). (PDPF)
Elle (Franoise de Rohan) se trouva grosse de six mois et confessa le tout sous la cortine de mariage . BRANTME,,
IX, 489
NB. La Courtine tait une le sur le Rhne, aujourdhui relie Avignon. Cest aussi, entre autres sites, le nom dun
oppidum celtoligure Ollioules, prs de Toulon, et un toponyme rpandu dans tout lespace occitan.
Courtisan, subst.masc. Cortesan [kurtezan]
Empr. lital. cortigiano id. attest dep. 1348-53 (Boccace ds BATT.), d'abord adj. qui appartient la cour dun pape,
d'un prince, etc. dep. dbut XIVe s. (G. Villani, propos du pape Benot XII, ibid.), dr. de corte (cour*); lempr. a d
seffectuer la cour des papes d'Avignon : cf. cortezan en 1350 ds PANSIER; 1 reprsente une forme plus adapte au
franais. (DELF)
En occitan ancien (et moderne au besoin !) cortejar {cortezar} signifie tenir cour , et aussi
courtiser . Il est dommage que linfluence linguistique de loccitan sur litalien travers la littrature
en particulier nait jamais t rellement tudie, part les refrains convenus sur DANTE qui aurait
dans un premier temps envisag dcrire sa Divina Commedia en occitan.
Et ce propos, quelle langue parlait-on, en dehors du latin, la cour des papes dAvignon ? Litalien,
bien entendu, et le franais sans doute et peut-tre aussi, au vu de lorigine de tous les pontifes, et
dune grande partie de leur entourage, loccitan ?
NB.
- Jean XXII. (Jacques DUZE, Cahors 1244, Avignon 1334)
- Benot XII. (Jacques FOURNIER, Saverdun Arige 1285- Avignon 1342) et son architecte Pierre PEYSSON dj
employ Mirepoix pour la conception du Palais, consacr en 1336 par son camrier, Gaspard de LAVAL {Gasbert de
Valle} Quercy 1297, Avignon 1347.
- Clment VI. (Pierre ROGER, Maumont, Corrze, 1291-1352. Avignon). Le nouvel architecte, Jean du Louvres vit mme
son nom occitanis en Jean de Loubires .
- Innocent VI. (tienne AUBERT, n Beyssac, Corrze, en 1282, mort en 1362, Avignon).
- Urbain V. (Guillaume de GRIMOARD, n en 1310 Grizac, Lozre, mort en 1370. Avignon) lu pape contre deux autres
candidats : Hugues ROGER un temps prieur de Pardailhan, Hrault (il tait le frre de Clment VI) et Raymond de
CANILLAC (Mende).
- Grgoire XI. (Pierre ROGER de BEAUFORT, neveu de Clment VI, n en 1329 ou 1331 Maumont en Corrze. Mort
en 1378 Rome. Il fut le dernier pape franais .
Il ne faut pas chercher trs loin pour trouver autour de ces papes un entourage occitan trs fourni. Et il
convient de ne pas oublier que loccitan, parmi les intellectuels de lpoque tait une langue rpandue et
prise, quils soient franais ou italiens (tous nourris de posie courtoise, de chansons de geste et de
romans chevaleresques). Le recensement des mots occitans passs en italien cette occasion est faire.
NB. Jacques FOURNIER.
Il dirigea le tribunal dInquisition en collaboration avec Gaillard de Pomis et Jean de Beaune, tous deux dominicains
Carcassonne.
Du 15 juillet 1318 au 9 octobre 1325 cette cour de justice sigea 370 jours, donnant lieu 578 interrogations pour 98
dossiers. Au cours de la comparution, lvque posa les questions, fit prciser tel ou tel point. Les interrogatoires quil
dirigea traduisent un inquisiteur expert dont la tche fut facilite par le fait quil connaissait bien le pays et surtout sa langue
contrairement aux inquisiteurs pontificaux qui taient souvent des Franais.
Les interrogatoires ont t transcrits en un certain nombre de volumes. Il subsiste un gros registre en parchemin de 325
pages in folio conserv la bibliothque vaticane sous le numro 4030. Divers rudits et historiens ont tudi ce document :
Dllinger, Molinier, Mgr Douais, J.M. Vidal et J. Duvernoy qui en a fourni la publication intgrale en 3 volumes (1965)
ainsi que la traduction de certains textes. (NB. Ltude linguistique reste faire !)
Utilisant lextraordinaire document quest ce registre dinquisition, qui donne une foule de renseignements sur la vie
quotidienne dhumbles villageois, Emmanuel Leroy Ladurie, professeur au collge de France et membre de lInstitut, a
publi un ouvrage historique Montaillou, village occitan de 1294 1324. Ce livre, publi en 1975, a eu un succs
mondial considrable et a t tir plus de deux millions dexemplaires.
Sa Lombers corteja el reys,/Tos temps mays er joy ab luy . Raymond de Miraval. Era ab la. Si le roi tient cour
Lombers, la joie sera jamais avec lui. LR.
NB. Raimon de MIRAVAL, troubadour (11911229)
Crpine, crpinette, subst.fm Crespina, crespineta [krespinO krespinetO]
Membrane graisseuse qui enveloppe les viscres du mouton, du porc ou du veau et qui est utilise en
boucherie pour recouvrir les morceaux de viande (en particulier les rognons) mis ltal.
(Quasi-)synonyme : coiffe, piploon, toilette. Les exemples cits par le TLF parlent deux-mmes.
Leurs auteurs sont tous des crivains franais, occitans et occitanophones. On dit aussi teleta [teletO]
en occitan.
TLF. Chaque famille, (...) pour faire une honntet son pasteur, lui envoyait des cochonnailles dans une assiette recouverte
d'une crpine et enveloppe d'une serviette blanche (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 71). (PDPF)
... des colliers de saucisses, de saucissons, de cervelas, pendaient, symtriques, semblables des cordons et des glands de
tentures riches; tandis que, derrire, des lambeaux de crpine mettaient leur dentelle, leur fond de guipure blanche et
charnue. ZOLA, Le Ventre de Paris, 1873, p. 637.
Driv. Crpinette, subst. fm., gastr. Petite saucisse plate compose d'une farce base de viande de porc, d'agneau ou de
volaille, etc., hache et enveloppe d'une crpine. Des crpinettes de lapereaux aux truffes et des niocchis [sic] au
parmesan circulaient (ZOLA, Nana, 1880, p. 1173). P. compar. Petit, rond et bossel comme une saucisse crpinette, assez
jovial, bien intentionn (...) il [Daudet] parlait avec volubilit (L. DAUDET, Salons, 1917, p. 60).
Croquant, subst.masc. Crocant [krukan]
Paysan rvolt en Limousin, en Prigord et en Quercy, la fin du XVI et au commencement du XVII
sicle. Par extension cest un homme pauvre, rustre et grossier.
TLF. 1603 pj. paysan (Discours sur l'entreprise de Genve, tir au vray par un croquan savoyar, Chambry ds
RITTER, Bulletin de l'institut genevois, t. 36, p. 389); 2. 1608 paysans rvolts du sud-ouest sous Henri IV (CAYET,
Chron. nov., p. 574 ds GDF. Compl.). Orig. obsc.; peut-tre rattacher au prov. *croucant paysan (1re moiti XVIIe s.,
G. Zerbin ds MISTRAL), de crouca arracher , dr. de croc croc (les paysans pillaient, ranonnaient); d'apr. de Thou et
Cayet (v. GDF. Compl.), serait rattacher croquer* : pour le premier parce que ces paysans faisaient de nombreuses
destructions, pour le second parce que ayant appel ainsi les seigneurs, qui croquaient le peuple, ceux-ci, par drision,
leur retournrent l'appellation.
Croustade, subst.fm. Crostada [krustadO] (driv de crosta [krustO] : la crote )
TLF. 1712 pt de croustade (F. MASSIALLOT, Nouv. cuisinier royal et bourgeois, 2, 55 ds QUEM.); 1735 croustade
pte garnie d'une viande, etc. (Cuisinier moderne, t. II, p. 139 ds Fr. mod., t. 24, p. 222 : paule de mouton en croustade).
Prob. empr., comme beaucoup de termes de cuisine (cf. caviar, cleri, cervelas, etc.), l'ital. crostata, attest dep. mil. XIIIe
s. (Novellino ds BATT. : crostata d'anguille), dr. de crosta (crote*), plutt qu'au languedocien croustado tourte , attest
dep. 1756.
Comme il ny a que trs peu de relevs, il est difficile de trouver des rfrences, donc elles nexistent
pas, et les attributions, litalien dans ce cas, se font contre toute vraisemblance. De nos jours
crostta en italien signifie plutt tarte : una crostta di mele , une tarte aux pommes. Quant
au sens du languedocien crostada il est exactement pt en crote .
Croustiller, v. Crostilhar [krustia] Manger la crote, grignoter. Chez Madame de Svign, la
croustille est une collation.
TLF. Empr. au prov. croustilha croustiller (MISTRAL), dr. de crousta, v. croter. Frq. abs. littr. : 2. (DELF)
La chre marquise se plaisait bien dans la Drme provenale, et elle aurait fait un guide touristique et
gastronomique expert en communication. Il serait intressant de relever le vocabulaire quelle a
emprunt au provenal de Grignan.
Lettre de Mme de Svign Coulanges, 9 septembre 1694
Mais puisque nous y sommes, parlons un peu de la cruelle et continuelle chre que l'on y fait, surtout en ces temps ci. Ce
ne sont pourtant que les mme choses que l'on mange partout. Des perdreaux, cela est commun, mais il n'est pas commun
qu'ils soient tous comme lorsque Paris chacun les approche de son nez avec une certaine mine, et criant:" Ah! quel fumet!
Sentez un peu. "Nous supprimons tous ces tonnements. Ces perdreaux sont nourris de thym, de marjolaine, et de tout ce qui
fait le parfum de nos sachets; il n'y a point choisir (...) Pour les melons les figues et les muscats, c'est une chose trange:
si nous voulions, par quelque bizarre fantaisie, trouver un mauvais melon nous serions obligs de le faire venir de Paris; il
ne s'en trouve point ici. Les figues blanches et sucres, les muscats comme des grains d'ambre que l'on peut croquer, et qui
vous feraient fort bien tourner la tte si vous en mangiez sans mesure, parce que c'est comme si l'on buvait petits traits du
plus exquis vin de Saint-Laurent (...)
mais aussi :
Lettre de Madame de Svign Coulange, 3 fvrier 1695
Mme de Chaulnes me mande que je suis trop heureuse d'tre ici avec un beau soleil; elle croit que nos jours sont cousus
d'or et de soie. Hlas mon cousin, nous avons cent fois plus froid ici qu' Paris. Nous sommes exposs tous les vents. C'est
le vent du midi, c'est la bise, c'est le diable, c'est qui nous insultera; ils se battent entr'eux pour avoir l'honneur de nous
renfermer dans nos chambres. Toutes nos rivires sont prises, le Rhne, ce Rhne si furieux n'y rsiste pas. Nos critoires
sont geles ; nos plumes ne sont plus conduites par nos doigts, qui sont transis. Nous ne respirons que la neige; nos
campagnes sont charmantes dans leur excs d'horreur. Je souhaite tous les jours un peintre pour bien reprsenter l'tendue
de toutes ces pouvantables beauts. Contez un peu cela notre duchesse de Chaulnes, qui nous croit dans ces prairies,
avec des parasols, nous promenant l'ombre des orangers.
D
Dail, subst.masc. Dalh [daj] Lame de faux, faux.
TLF. Terme spc. attest dans le Pimont, le domaine occitan, en fr.-prov. et dans le sud-ouest du domaine d'ol (a. prov.
dahl fin XIIIe s. ds RAYN.) d'orig. obscure, peut-tre du b. lat. daculum de mme sens (seulement attest ds CGL t. 1, 84,
91) lui-mme d'orig. obscure, v. ERN.-MEILLET, s.v. falx, REW3 no 2458 et FEW t. 3, p. 3b. Bbg. ARISTIDE. (PDPF)
Segan lo prat am lo dalh el ma . Brev. damor. Fol. 47. LR.
NB. Le Breviari dAmor du franciscain de Bziers Matfre ERMENGAUD (mort vers 1322) est imit du Speculum naturale
de Vincent de BEAUVAIS. Cest un norme pome encyclopdique de 34000 octosyllabes. Il fut commenc autour de
1288.
Damejeanne, subst.fm. Damajoana [damOdZuanO] bonbonne.
TLF. 1694 dame-jane (CORNEILLE); 1701 dame-jeanne (FUR.). Form de dame* et de jane bouteille, rcipient pour les
liquides attest en 1586 (LAUDONNIRE, L'Histoire notable de la Floride, 176 ds Fr. mod. t. 25, p. 306) et par COTGR.
1611, emploi humoristique du prnom fminin Jeanne p. allus. la forme rebondie de cette bouteille (cf. Christine grande
bouteille de grs pour l'eau-de-vie ds MOISY et Jacqueline bouteille , 1640, OUDIN Curiositez; v. FEW t. 3, p. 126a et
MIGL., p. 243) mot prob. forg par les marins du sud de la France, cf. prov. damajano, cat. damajana ds MISTRAL.
Dare-dare, loc.adv. Dara dara [darOdarO]
TLF. 1640 (OUDIN, Recherches ital. et franoises). tymol. obsc. Peut-tre redoublement expressif partir du verbe dial.
(se) darer s'lancer var. de darder* au sens de s'lancer (XVIe s. ds HUG.) [FEW t. 15, 2, p. 57 ab].
Il sagit probablement dune rencontre, et dun croisement fructueux, loccitan (des truands de la fin du
XIX s. venant revitaliser une expression franaise ancienne. Mais en occitan (aussi ancien que le
franais) dara-dara (loc adv) existe avec le sens littral de Maintenant-maintenant . La rptition
des adjectifs et des adverbes fonctionne en occitan comme procd intensif. Dun objet trs jaune on
dira : es jaune-jaune . Le sens est donc tout de suite, vite .
Tout de mme, on aurait pu aller voir du ct de loccitan ancien (XV s.) : Adoncz Jhesus a dich darre
doutra en outra tot labece . Alors Jsus a dit tout de suite doutre en outre tout labc. LR.
Datte, subst.fm. Dtil [datil]
DHLF. N.f. dabord crit date (v . 1180) est emprunt lancien provenal datil (apr. 1228) plutt qu litalien dattero (av.
1342) pour des raisons de convenance phontique ; cependant la graphie italienne a pu influencer lorthographe datte (1575)
qui la emport. Lancien provenal et litalien sont tous les deux issus du latin dactylus dsignant le fruit, lui-mme
emprunt au grec daktulos doigt (DELF) (PDPF)
I ram de palma que fo mot bels/ E de bos datils garnitz . Brev. damor, fol. 18. LR.
On dit aussi dtil en espagnol, dtil en catalan.
Daube, subst.fm. Dba [dObO] de adobar , prparer, apprter.
TLF. [1571 gigotz la dobe (texte relatif Lille, Annales Cercle arch. Soignies, 16, 1956, p. 128 ds HERB., p. 46); av. 1598
adobbe marinade (PH. DE MARNIX, uvres, vol. I, 1. V, p. 7 d'apr. A. Vollenweider ds Vox rom., t. 22, p. 401)]; 1640
daube ragot de viande cuit en sauce (A. OUDIN, Recherches ital. et fr., ibid.,); 1654 manire de cuire une viande dans
un liquide assaisonn (LA VARENNE, Le Cuisinier Franois, ibid., p. 402 : Membre de mouton la daube). Empr. l'ital.
dobba marinade , attest dep. 1549 (Messibugo, ibid., p. 399), adobbo (1570, B. Scappi, ibid., p. 400; le mot, frq. en ital.
jusqu'au XVIIIe s., n'existe plus auj. qu'en sicilien), lui-mme empr., en raison de la grande infl. qu'eut au XVIe s. la cuisine
cat. sur la cuisine de l'Italie du Sud, au cat. adob id. , dverbal d'adobar mariner (dep. 1494, Libre de doctrina pera
ben servir..., ibid., p. 408), proprement apprter un aliment (XIIIe s., Blaquerna, ibid., p. 398), d'abord armer chevalier
, qui, comme l'esp. adobar, est empr. au fr. adouber*. Voir FEW t. 15, 2, pp. 79 b-80 a. Les deux attest. du XVIe s. cites
supra sont prob., en raison de leur localisation gogr., des empr. phmres l'esp. adobo, attest au sens de marinade
dep. le XVe s. (d'apr. AL.).
Viendrait donc de litalien travers le catalan, mais ne peut pas venir du mot occitan ladba mal
coup en la dba (L). Loccitan mdival (E. LEVY) connat :
Adobador : (adj.) prparer.
Adobadura : (subst. fm) ajustement, raccommodage
Adobamen : (subst.masc.) ajustement, rparation, accom-modement, trait.
Adobar : (v.tr.) quiper, garnir, armer ; prparer, arranger ; accommoder, raccommoder, rtablir ; adouber (un chevalier) ;
affaiter (un faucon) (v. rfl) (s) shabiller, se prparer ; saccommoder.
Tous ces sens sont en usage en occitan moderne.
Dauphin, subst.masc. Dalfin {daufin} [dalfi dawfiN]
1. Ctac. 2. Titre du fils an des rois de France
Pour le ctac : TLF. Du lat. pop. *dalphinus (710 ds H. SCHUCHARDT, Der Vokalismus des Vulgrlateins, t. 1, 214), lat.
class. delphinus, gr. , de mme sens. L'hyp. d'un empr. l'a. prov. dalfi : XIIIe-XIVe s. ds RAYN. ne semble pas
ncessaire(DELF)
Pour le fils du roi : Cognomen des seigneurs du Dauphin (dep. 1110-40 ds Bibliothque de l'cole des Chartes, t. 54, 1893,
pp. 434-435) et d'Auvergne (dep. 1167, ibid., p. 449) devenu nom patronymique, puis titre (1281 en Auvergne, ibid., p. 450;
1282 en Dauphin, ibid., p. 442) qui fut attribu au fils an du roi de France dep. la cession du Dauphin la France en
1349; du prnom b. lat. dalphinus (Ve s. ds TLL onomasticon, s.v. Delphinus2, 93, 24), delphinus (IVe s., ibid., 93, 26)
port en particulier par un vque de Bordeaux de la fin du IVe s. L'apparition du dauphin sur les cus des comtes de Vienne
et d'Auvergne est due leur nom. (PDPF)
Senher Dalfi, tant sai vostres fags bos,/Que tot quan faitz platz et agrad als pros . Giraud le Roux. Aviatz la. Seigneur
Dauphin, tant je sais vos faits bons, que tout ce que vous faites plat et agre aux preux . LR.
Lo Dalfins si respondet el rei Richart, en un autre sirventes, a totas las razos quen Richartz el avia razonat V. de
Richard (1157-1199), roi dAngleterre. (Fils dAlinor dAquitaine, et auteur dun pome en occitan). LR.
Lhypothse dun emprunt loccitan nest sans doute pas ncessaire , mais on peut penser que
nommer les dauphins dans un parler dol ntait peut-tre pas une ncessit premire non plus.
Lemprunt loccitan est en tout cas soutenu par le DELF et le PDPF.
Algunas bestias dayga han respiracio, cum so dalphis. Eluc. de las Propr. Fol. 52
Dans ce cas le moins que lon puisse dire est que lattribution loccitan a quelques arguments. Cest
lopinion du DELF :
tait dabord le titre des seigneurs du Dauphin, issu du nom propre lat. Delphinus, Delfi(n), etc. (francis ensuite en
Dauphin, etc.), devenu ensuite patronymique, puis titre seigneurial, cf. lo comte dalfi le comte dauphin (dAuvergne))
dans un texte de 1200 environ
Daurade, subst.fm. Daurada [dawradO]
Poisson de mer chair fine, caractris par le croissant dor (daurade royale ) qui orne sa tte la
hauteur des yeux. Quand les mannes stalrent, Florent put croire quun banc de poissons venait dchouer l /.../ les
dorades grasses se teintaient dune pointe de carmin . ZOLA, Ventre de Paris, 1873. (DELF) (PDPF)
TLF. Ca 1525 dorade (A. FABRE, Le Voyage et navigation fait par les Espaignolz s Isles de Mollucques de A. Pigafetta
[trad. de l'ital.], ff. 12 vo-13 ro ds ARV., p. 101, s.v. bonite). II. 1550 daurade (A. PIERRE, L'Agriculture de Constantin,
236 vo d'apr. A. Delboulle ds Romania, t. 31, p. 352). I empr., par l'intermdiaire d'un texte ital., l'esp. dorada, attest dep.
1490 (Palencia d'apr. COR., s.v. oro), lui-mme issu, avec infl. de dorar dorer , du lat. imprial aurata dorade (v.
ARV., p. 214; REW3, no 789). II empr. l'a. prov. daurada (1397 ds PANSIER).
NB. La basilique de la Daurade de Toulouse fut ainsi nomme cause de ses mosaques fonds dors. Lglise fut
d'abord appele basilique Sainte-Marie de Toulouse . Elle fut intgre au IXe sicle un monastre bndictin. Au XIe
sicle, lglise, reste dodcagonale, fut prolonge par une nef romane. Elle fut rattache labbaye de Moissac en 1077, et
le monastre fut augment dun clotre. De ce qui fut lun des difices les plus originaux et les plus orns de la Gaule
chrtienne il ne reste plus que des plans, des descriptions, des collections de chapiteaux de marbre et un souvenir qui
saccroche au nom de la Daurade (la Dore) pour voquer un riche dcor de mosaques fond d'or.
Dbarcadre, dbarcadour subst.masc. Desbarcador [desbarkadu]
TLF. Dbarcadre dbarcadour (DESROCHES, Dict. des termes de marine, 168 ds Arveiller ds Fr. mod., t. 25, p. 309),
forme encore atteste ds Ac. 1798; 1773 dbarcadre (BOURD, Man., I, 162, ibid.). Dr. de dbarquer*, p. anal. avec
embarcadre*; la forme debarcadour prob. d'apr. le prov. desbarcadour (MISTRAL) moins prob. d'apr. le port.
desbarcadouro.
Dche, subst.fm. Dca [dkO]
TLF. 1. 1835 perte au jeu (Raspail ds Le Rformateur d'apr. ESN.); 2. 1846 dnuement (Arg. des dtenus, ibid.).
Prob. issu de dchet*, dchoir*. Cf. le limousin decho, deicho dfaut, dfectuosit (MISTRAL), a. prov. dec(h)a (XIIe s.
ds RAYN.) dverbal de dec(h)azer dchoir, tomber (XIIe s. ibid.). (DELF) (PDPF)
Et encar i pareis ses dec/Lo sanz setis on ela sec . V. de sainte nimie, fol. 17. Et encore y parat sans dtrioration le
saint sige o elle sassit. LR.
Femnas et enfans petitz/An una decha communau . Marcabrus. Dirai vos. Femmes et petits enfants ont une tare
commune. LR.
Le sens en occitan ancien est dfaut, dommage et en occitan moderne, dfaut, faute, tare, vice .
Dcha [dtSO] est plutt une forme nord-occitane. Le terme est pass en argot franais contemporain.
Dcize, subst.fm. Descisa [desizO] Action de descendre le fleuve la nage (cf. Lar. 19e-20e), cest--
dire sur un bateau m par des rames. Voil ce qui ne se produirait pas contre-mont, Lyon la marchande, la
brumeuse, la soyeuse, la dcize non plus, Avignon o les Papes commandent latmosphre. Vers Arles peut-tre... Et
encore (ARNOUX, Rhne, 1944, p. 142).
TLF. 1838 decise courant (Ac. Compl. 1842); 1870 dcize rgion. (Lar. 19e); 1845 sorte de bateau en usage sur la Loire
(BESCH.). Terme franco-prov. (spc. du Lyonnais et du Dauphin) et prov. (FEW t. 3, p. 51 b et 52 a) issu du lat. descensa,
part. pass subst. de descendre, v. descendre. Bbg. KEMNA 1901, p. 98.
Un des plus beaux pomes de limmense pote que fut le provenal MAX-Philippe DELAVOUT
sintitule : Istri du Ri mort quanavo la desciso. (Poumo 2) 1971.
Dpiquer, v. Depicar [depika].
TLF. Empr. au prov. depica id. . (MISTRAL); 1408 rgion. [Bigorre] piquer (GDF.) proprement frapper le bl sur
l'aire pour en faire sortir le grain qui parat s'tre confondu avec despiga id. (MISTRAL) dr. espigo, v. pi. L'a. fr.
depiquier piquer (R. DE CLARI, Constantinople, d. Ph. Lauer, XXV, 77) est dr. de piquer* avec prf. d-* exprimant
le renforcement (lat. de).
Draper, v. (marine) Derapar [derapa]
TLF. Av. 1637 rgion. (domaine prov.) se deraper s'arracher () ds DG]; 1. 1687 en parlant d'une ancre (DESROCHES,
Dict. de mar., 20 ds Fr. mod., t. 25, p. 310 : l'ancre est drape ou a quitt); p. ext. 1859 (BONN.-PARIS 1971 : un navire
Drape, au moment o, quand il appareille, quand il chasse sur son ancre [...], sa dernire ancre est arrache de la place o
elle tait mouille); 2. fig. 1870 (POULOT, loc. cit.); 3. 1896 (La France automobile, 274 ds Fr. mod., t. 42, p. 252). Empr.
au prov. derapa, derraba arracher, draciner (ds MISTRAL), a. prov. derrabar 1390, darrabar 1402 ds PANSIER t. 3;
dr. de rapar saisir, enlever , issu du germ. rapn arracher, enlever , FEW t. 16, p. 664 a. (DELF)
Dsastre, subst.masc. Desastre [dezastre]
Se trouve chez Scve en 1544, et provient de litalien disastro , mais bien entendu pour le TLF qui
repre le mot en 1537 en franais et dans la premire moiti du XIV s. en italien ne peut pas venir de
loccitan bien quil soit attest dans cette langue bien avant la Renaissance, ds le Moyen ge
(PDPF/DELF) sous la forme dezastrat, dezastre , o il signifie, comme litalien du reste, plac
sous une mauvaise toile .
E auviatz, senher, cal desastre/Li avenc per da gilosia . R. Vidal de Bezaudun. Unas novas. Maintenant, coutez,
seigneurs, quel dsastre lui advint par sa jalousie. LR.
NB. Raimond VIDAL de BESAUDU(n), troubadour catalan, auteur de surcrot dun trait de grammaire (1196-1252).
Diaphanit, subst.fm. Diafanitat [djafanitat]
TLF. 1507-11 diaphanit (G. DE DIGULLEV., Trois plerin., f
o
155
d
ds GDF. Compl.) seulement au XVI
e
s. (HUG.),
nouveau en 1936 (supra ex. 2); b) 1552 diaphanit (RABELAIS, Tiers livre, d. Marty-Laveaux, t. 2, chap. 13, p. 71). Dr.
de diaphane*; suff. -it*, -it* d'apr. des termes tels que homognit.
No tropa transparencia et dyaphanitat . Eluc. de las propr. Fol. 15. Non grande transparence et diaphanit. LR.
NB. LElucidari de las proprietats de totas rens naturals fut rdig pour le futur Gaston PHEBUS. Cest une vritable
encyclopdie de 20 volumes, et qui date de la seconde moiti du XIV s.
Dirse, subst.masc. Diersi. [djerzi]
TLF. 1529 prosodie dirse est division d'une syllabe en deux (Trait de l'art d'orthographie gallicane, Mlanges Picot, t.
II, ds Fr. mod. t. 5, p. 74); 2. 18chir. (A.-F. CHOMEL, Elmens de pathologie gn., 646 C. H. ds QUEM. Fichi. Empr. au gr.
division, sparation , terme de phon. et terme de prosodie. Bbg. TOURNEMILLE (J.). Dirse. Vie Lang. 1961, pp. 447-
448.
Pour ce qui est du vocabulaire technique de la grammaire et de la rhtorique, loccitan a deux sicles
davance sur lusage franais, en franais (et non en latin). Il en va de mme pour un certain nombre de
traits ou de documents techniques qui parurent en langue vulgaire en franais avant leurs quivalents
franais. Comme le trait darpentage de larlsien Bertrand BOYSSET (1350-1415), des ouvrages
de mathmatique des niois PELLOS (1492) FULCONIS (1562), etc.
Dyeresis es divisios duna sillaba en doas. Leys damor, fol. 121. La dirse est la division dune syllabe en deux. LR.
NB. Les Leys damors sont du XIV s..
Douane, subst.fm. (1281) Doana [dwanO] (1258)
TLF. 1281 dohanne difice o sont perus les droits d'entre et de sortie des marchandises (Doc. en fr. des Arch.
Angevines de Naples, 2, 169 d'apr. M. Hfler ds Z. rom. Philol. t. 83, p. 53); 2. 1441 doana droits d'entre et de sortie des
marchandises (Trait d'Emmanuel Piloti, 105 d'apr. R. Arveiller, ibid., t. 88, p. 419 : La doana, c'est--dire la gabelle des
espices); 3. id. doane administration de ces droits (Trait d'Emmanuel Piloti, 166, ibid., p. 418). Empr. l'a. ital. doana,
dovana (attest au sens 1 dep. fin XII
e
s., lat. mdiv. de Sicile, Hugo Falcandus ds DU CANGE; au sens dep1264 Trattato
di pace ds BATT.; ital. mod. dogana), empr. l'ar. vulg., altration de l'ar, empr. au persan douane et divan (v. FEW
t. 19, pp. 40-41; cf. divan).
Si son en terra de Sarrazis, en doana o pauzon . Statuts de Montpellier de 1258. Sils sont en terre de Sarrasins, ils le
posent en douane. LR.
Doncelle, subst.fm. Donzla [dunzlO]
TLF. Ca 1160 donzele jeune fille (Eneas, 1147 ds T.-L.); 1643 iron. (SCARRON, Recueil de quelques vers burlesques,
Paris, 1643, p. 91 : Vis--vis de quelque Donzelle Qui l'amuse de sa prunelle Et de son affett caquet). Du lat. pop.
*dom(i)nicella (v. demoiselle). Il ne semble pas ncessaire de recourir l'intermdiaire de l'a. prov. donzel(l)a jeune fille
(dep. XIe s., Pome sur Boce ds BARTSCH Prov., p. 6). (PDPF)
Anc no vitz plus bel parelh/Del donzel e de la donzela . P. Vidal, Lai on cobra. Oncques vous ne vtes plus beau couple
du damoisel et de la demoiselle . LR. (1180-1205)
Pour le TLF il nest pas indispensable de recourir linfluence possible de loccitan, et mme quand le
mot existe un sicle avant son apparition dans un texte franais (cf. Bartsch). Lo Poema de Boecis est
un manuscrit trs ancien, rdig vers lan 1000 en dialecte occitan limousin. Cest le premier pome
connu en langue d'Oc, et lun des premiers documents crits rdigs dans cette langue. Ce pome a t
inspir par le trait De consolatione philosophiae du pote, philosophe et politicien latin Boce (~480-
524).
Dot, v. Dta {dt} [dOt dOtO]
Emprunt au latin classique dos, dotis de mme sens ; le mot est employ au masculin jusquau XVII s.
Mot utilis dabord en occitan (PDPF : dot s.m. et f. dot ; biens antiphernaux ; revenu, rente.) et en
franco-provenal, le mot franais, la mme poque tait douaire , quil a finalement remplac.
(DELF)
Et encor (Catherine de Mdicis) pour son dot heut plus de deux cens mil escus avecques les plus belles et plus grosses
perles quon ait veu jamais, que despuis elle donna la reyne dEscosse, sa nore . V, 83. BRANTME.
NB. Dans la mme phrase, deux occitanismes ( dot et nore : bru, belle-fille : nra [nOrO] comme
en italien. Espagnol : nuera.
E
bourrifer, v. Esborrifar {Esborrissar} [esburifa esburisa]
TLF. Prob. rattacher, de mme que le prov. esbourrifa, esbourrifla, esburifia bouriff, drang, parpill (cf. aussi
esbourrassa, esbourrissat houspill, bouriff, chevel, battu , MISTRAL) au b. lat. burra, fr. bourre*, prov. bourro,
bouro; cependant le mode de formation demeure obscur; le prov. esbourrassa traner par les cheveux, houspiller (prf.
es-, bourro, suff. verbal -assa, RONJAT t. 3, * 713) est peut-tre le point de dpart, altr en esbourrifla d'apr. rifla rcler,
ratisser, se froncer d'o esbourrifa, bouriffer..
cueil, subst.masc. Esculh [eskl esk]
Emprunt indniable loccitan (1300) escueyll, au sens propre et au sens fig. Comme litalien scoglio et le catalan
escull remonte au latin vulgaire. (TLF) (DELF)
Donavan am ponchas et am pics sus lescueyll . V. de S. Honorat. Donnaient avec pioches et avec pics sur lcueil. LR.
Corsaris sarrasi questavan aplatat/Els escuells de la mar (idem) Corsaires sarrasins qui taient cachs aux cueils de la
mer. LR.
NB. Raymond FERAUD lauteur de la Vida de Sant Honorat - ddie la Reine Marie de Hongrie en 1300 - est mort en
1325.
Embarder, v. Embardar [embarda] (Faire une embarde)
TLF. Empr. au prov. embarda, de mme sens (MISTRAL), proprement embourber , p. ext., en parlant d'un navire qui
subit un brusque mouvement de rotation sur lui-mme; dr. de bard (ibid.), a. prov. bart (mil. XIIIe s. Donat provenal ds
LEVY (E.) Prov.), se rattachant d'apr. FEW t. 1, p. 263b au lat. vulg. (DELF)
Embrocation, subst.fm. Embrocacion
TLF. 1377 embrocacion (Prat. de B. de Gordon, II, 10, p. 126 ds GDF. Compl.). Empr. au lat. mdiv. embrochatio (av.
1250 ds LATHAM), dr. du b. lat. embrocha enveloppe humide
Pour RAYNOUARD, qui se fonde sur le texte dAlbucasis dans sa version occitane, le mot est form
sur broc (brc).
Embroca al comensament la camba amb aygua cauda . Trad. DAlbucasis, fol. 47. Lave abondamment au
commencement la jambe avec eau chaude. LR.
E continua enbrocacio am aygua tebeza E sia curat am embrocacio . Trad. DAlbucasis. Fol. 66 et 23. Et continue
lembrocation avec eau tide. Et quil soit soign avec embrocation. LR.
Embrouille, subst.fm. Embrolha [embruO]
Situation confuse, difficile. Sac dembrouilles.
TLF. 1747 (CAYLUS, uvres badines, X, 32); 1768 embrouille gasconisme (DESGROUAIS, Les Gasconismes corrigs ds
FR. Crit., s.v. embrouillage). Dverbal de embrouiller*, il est difficile au XVIIIe s. de distinguer embrouille, des formes
francises d'embroglio, imbroglio* (FR. Crit. t. 2 1787). Bbg. SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 135.
Lorsque le divin MALHERBE parlait de dgasconiser la Cour, il voulait dire dsoccitaniser la
Cour. cette poque tout ce qui tait occitan tait gascon . Comme aujourdhui nous sommes tous
marseillais . On sait ce quil advint par la suite. Le franais version RABELAIS et MONTAIGNE
fut remplac par une version plus soft comme le dit le franais contemporain, cest--dire en
loccurrence appauvrie. Lequel franais, comme toutes les langues, a horreur du vide et remplace par
dautres mots demprunt ceux que la biensance supprime.
Embrouille a dailleurs un successeur plus branch, cest engatse , lui aussi argotique et lui aussi
dorigine occitane.
NB. Engatse : Francisation de engara [eNgarsO] nm) escroquerie, manipulation, combine,
complication. Dverbal de : Engarar (vt) Tromper, escroquer. [eNgarsa]. Pour certains linguistes bien
intentionns le mot argotique franais provient du franais rgional , (adapt par des occitans parlant
mal le franais, ou par des franais parlant mal loccitan ?). Une faon lgante deffacer loccitan du
paysage. Une engatse en fait !
Embrun, subst.masc. Embrum [embrun]
TLF. Dbut XVIe s. anbrun (J. LEMAIRE DE BELGES, Posies attribues, d. Stecher, t. IV, p. 368 : Donc plaise dieu
que monseigneur dambrum Face de temps nubileux et danbrun. Une saison si belle ... Que les brouillas de discorde hors en
gecte) ex. isol; 1828 embrun (LAV.). Empr. au prov. embrum, dverbal de embruma bruiner (MISTRAL),
correspondant embrumer*. (DELF)
Confirmation, sil en tait besoin, de la prsence massive de vocabulaire dorigine occitane dans le
champ smantique de la mer. (cf. cueil, embarde, embrun)
Embusquer, v, Emboscar [embuska]
TLF. [XV
e
s. poster dans un lieu pour surprendre l'ennemi (Chron. de Neuchtel ds DG)]; 1620 rfl. se cacher,
s'abriter (A. D'AUBIGN, Les Tragiques, IV, 102 ds HUG.); spc. 1855 arg. milit. se planquer (ds ESN.); d'o 1883
embusqu part. pass subst. (FUSTIER, Suppl. Dict. A. Delvau, p. 515). Rfection de l'a. fr. embuschier (embche*) sur le
modle de l'ital. imboscare, attest dep. le XIII
e
s. (pitres de Snque vulgarises ds BATT., au sens de se cacher ;
tendre une embuscade dep. 1
re
moiti XIV
e
, Dcades de Tite-Live vulgarises, ibid.), et dr. de bosco (bois*).
Admettons cette rfection de lancien franais sur litalien, mais pourquoi ne pas envisager pour le
franais [embyske] le plus proche et tout aussi ancien occitan (emboscar [embuska]) ct de
litalien imboscre [imbOskare] ? Et loccitan connat aussi le terme, au dbut du XII s.
Quant la rfrence dAUBIGN elle est intressante, son uvre, et pas seulement Les aventures du
baron de Faeneste est riche en occitanismes (assums) .
X melia Sarrazis fetz els bruels enboscar . Roman de Fierabras, v. 3065. Il fit embusquer dans les bois dix mille
Sarrasins.
NB. La version occitane du Fierabras a tt compose entre 1218 et 1230. Cest un roman (incomplet) de 8085
octosyllabes) qui a t imit en franais.
Los a totz emboscatz en un defes . Roman de Gerard de Roussillon. Fol. 74. Il les a tous embusqus dans un bois. LR.
Emparer (s) v. Semparar [ampara]
Form sur amparar protger, fortifier .
TLF. 1323 enparer dfendre, fortifier (Arch. JJ 62, fo 28 ro ds GDF., s.v. emparance) 1549 ds GDF.; 2. a) 1470
amparer prendre, occuper (Proc.-verbal, Cabinet de M. de Lachassaigne, ibid.) 1636, MONET; b) 1514 pronom. se
rendre matre de quelque chose (Coutumier General, IV, p. 860, Coutumes de la Rochelle, ch. 21); fig. av. 1672 exercer
une domination entire sur quelque chose (BOILEAU, Art potique, III ds LITTR). Empr. l'a. prov. emparar
protger, dfendre (dep. 1183, Albigeois ds BRUNEL t. 1, 204, 10 au sens de rclamer, prendre possession ), du lat.
*im-parare (cf. antrieurement l'a. prov. antparar, amparar, mil. XIe s. Vie de Ste Foy, d. E. Hpffner, 129, du lat. *ante-
parare, v. FEW t. 7, p. 637b, note 65). (DELF)
NB. Dat de 1060 environ, la Chanson de Sainte Foy qui est le plus ancien texte occitan connu
comporte 593 vers octosyllabes. Il conte la vie de la sainte, son supplice et le chtiment qui frappa
Diocltien et Maximien, ses tortionnaires. Sa relique est Conques, sur le chemin de Saint Jacques.
Emphase, (16 s.) subst.fm. Enfasi [enfazi] (XIV s.)
TLF. 1543 rht. (PASQUIER, Rech., II, 3, p. 53 ds GDF. Compl); 2. av. 1655 exagration dans la manire de s'exprimer
(DESMARETS, Visionnaires, III, 4 ds LITTR); av. 1741 solennit exagre (ST SIMON, 49, 77, ibid.). Empr. au gr.
Emphazis es cant hom vol assinhar susubrabondansa dacciden, etc. Leys damors. Fol. 42. Lemphase est lorsquon veut
assigner surabondance daccidents. LR. (1356)
Encan, subst.masc. Enquant [eNkan]
TLF. 1319 lat. mdiv. incantus (Charta Ph. V. ds DU CANGE, t. 4, p. 319b)]; ca 1389 a l'enchant (MAIZ., Songe du vieil
pel., I, 5, Ars. ds GDF. Compl.). Adaptation du lat. inquantum pour combien , peut-tre, tant donn l'anciennet et
l'implantation du mot dans le domaine mridional (v. DU CANGE, s.v. incantare) par l'intermdiaire de l'a. prov. encan
(XIIIe s. d'apr. FEW t. 2, p. 1419b; cf. lat. mdiv. incantus, Marseille, ca 1253 ds Ml. Wartburg t. 2, 1968, p. 227; ds
1244, le dr. incantare, Venise ds Fr. mod. t. 36, p. 62). Frq. abs. littr. : 41. Bbg. HOYBYE (P.). Notes lexicol. et tymol.
Fr. mod. 1968, t. 36, p. 62.
Aprs sa mort (de Saint Andr) on les a veu (ses meubles) vendre Paris aux enquans . BRANTME, V, 30
* Enter, v, ensertar [enserta] Il sagit dun cas, assez rare pour tre not o le mot existe conjointement en occitan
ancien et en franais, et o il disparat en occitan.
TLF. Fin XIe s. judo-fr. greffer (RASCHI, Gl., d. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 47); 1er quart XIIIe s.
fig. (RECLUS DE MOLLIENS, Carit, 169, 6, ds T.-L. : [Carits] ... en son cuer autrui mal ente). Du lat. vulg. greffer
attest dans les gloses (TLL s.v. imputare, 732, 64) dr. de inpotus greffe, ente attest ds la Loi Salique (loc. cit. 733, 29
[lire ]) form partir du gr. implant ; le mot (le gr. tant rendu par p et non par f) s'est probablement transmis avec la
pratique de la greffe par l'intermdiaire des colonies grecques de Provence avant la venue des Romains en Gaule.
penthse, (17 s.) subst.fm. Epentsi [epentzi] (XIV s.)
TLF. 1607 (MONTLYARD, Mythologie, 769, d. 1607 ds DELBOULLE, Notes lexicol. ds HUG. : Une figure qu'on
appelle en rhetorique epenthese); 1624 (CSAR NOSTRADAMUS, Chron. de prov., 283 ds DELBOULLE, Notes lexicol.,
ibid. : il avoit seeu couper et cacher son nom par un si galant epenthese). Empr. au b. lat. epenthesis, du grec intercalation
(d'une lettre), penthse .
Epenthesis es ajustamens e creyssshemens de letra o de sillaba en lo mieg de dictio . Leys damors, fol. 120. Lpenthse
est ajustement ou accroissement de lettre ou de syllabe au milieu dun mot. LR. (1356)
pinard, subst.masc. Espinarc [espinar]
TLF. 1660, OUDIN Fr.-Esp.; 1636 pinart (MONET, s.v. espinart.) Empr. par l'intermdiaire du lat. mdiv.spinarchia (av.
1250, LATHAM), spinachium (1270, ibid.); et peut-tre de l'a. prov. spinarch (1150, PANSIER), l'ar. d'Espagne , ar.
oriental , isbinh, (ce dernier la fin du IXe s. d'apr. COR., s.v. espinaca), et celui-ci au persan , ispanag. (DELF) (PDPF)
pistolaire, adj.subst. Epistolar [epistular]
TLF. 1487 subst. livre d'ptres (Archives du Nord, B 3501, n
o
123744, f
o
65 : ung epistolaire et ung euvangeliaire). II.
1. 1542 adj. relatif la correspondance par lettres (E. DOLET, Eptres familires de Cicron ds GDF. Compl.); 2. 1622
subst. auteur de lettres (SOREL, Francion, p. 175 ds IGLF). I empr. au lat. mdiv. epistolarium, id. (ca 1100 ds
NIERM.), dr. de epistola (ptre*). II empr. au b. lat. epistolaris, adj. relatif la correspondance , subst. secrtaire
imprial epistolarius adj. relatif la correspondance , subst. porteur de lettres .
Emprunt de loccitan au latin, attest dans un pome dArnaud DANIEL (1180-1195), troubadour
port aux nues par PTRARQUE. Le franais pour sa part empruntera le terme, au latin sans doute,
bien plus tard.
Letras epistolars . Eluc. de la propr. Fol. 218. Lettres pistolaires. LR.
Form sur (e)pistola ptre, lettre :
Anc pus sans Pauls fetz pistola . A. Daniel, Aut et e bas. Oncques depuis que saint Paul fit ptre. LR.
Aisso es la pistola que trames fraires Matfres a sa sor. Ep. de Matfre Ermengaud sa sur. Ceci est la lettre que frre
Matfre transmit sa sur.
NB. Le franciscain bitterois Matfre ERMENGAUD (mort vers 1322) auteur du Breviari damor imitation du Speculum
naturale. Cest un immense pome de 34000 vers octosyllabes.
ponge, subst.fm. Esponga [espuNgO]
TLF. Du lat. vulg. *sponga, class. spongia (d'o l'agn. espoigne), gr. lui-mme dr. de ponge ; *sponga pourrait
s'expliquer par un nouveau contact avec le gr. spongia la suite du commerce des ponges, venues surtout des les grecques,
Marseille (cf. FEW t. 12, 208z). (DELF) (PDPF)
Per tot lo cors mintra samors/Si com fai laigua en lesponja . P. DAuvergne ou PEYROLS. Mantas gens. Son amour
mentre par tout le corps comme fait leau en ponge. LR.
NB. Pire dALVERNHA. Troubadour, (1149-1170 )
Esbigner, v. Esbinhar (s) [esbia]
TLF. 1810 s'esbigner s'enfuir en hte (DSAUGIERS, Parodie de la Vestale, acte II, couplet 7 ds SAIN. Lang. par., p.
512). Empr. au fourbesque [arg. ital.] sbignare courir (dep. 1619, Il Nuovo modo di intendere la lingua zerga d'apr.
DAUZAT Ling. fr., p. 272; cf. 1640, OUDIN, Recherches ital. et fr.), altration de l'ital. svignare fuir en se cachant (dep.
XVIe s. d'apr. DEI), lui-mme prob. dr. de vigna (vigne*), au sens de s'enfuir de la vigne comme un maraudeur ; le
passage de v b fait cependant difficult : v. explications contradictoires donnes ds FEW t. 14, p. 477 et par ROHLFS t. 1,
191.
Esviar (s) (PDPF) Sacheminer, se diriger ?
En occitan par contre le passage de v b ne fait pas vraiment problme.
Esbrouffe, subst.fm. Esbrofa [esbrufO]
TLF. Prob. empr. au prov. mod. esbroufe, niois esbrouf, propr. brouement , aussi gestes brusques, tapage, embarras
(cf. faire sis esbroufe, faire d'esbroufe se donner de grands airs ; v. MISTRAL), dverbal de esbroufa (esbrouffer*).
(DELF)
Escabeau, subst.masc. Escabl [eskabl]
TLF. 1419 scabel sige de bois sans bras ni dossier (Inventaire de Nicolas de Baye, d. A. Tuetey, p. 56 ds IGLF); 1461
escabeaulx au plur. (Comptes du roi Ren, d. G. Arnaud d'Agnel, t. 2, p. 300); 2. ca 1460 marchepied o l'on pose les
pieds lorsqu'on est assis scabeau de tes pieds (G. CHASTELLAIN, Verit mal prise, d. Kervyn de Lettenhove, uvres, t.
VI, p. 421); 1564 escabeau de tes pieds (Indice et recueil universel de tous les mots principaux des livres de la Bible, Ps.
110 a I, p. 120 r
o
). Empr. au lat. class. scabellum petit banc (cf. cheveau).
De fait il semble bien que lancien franais eschame issu du latin scamnum se soit vu substituer par
escabel quil est possible de retrouver en ancien occitan (PDPF) ou chez RAYNOUARD :
Entro que ieu pauze tos ennemicx al escabel de tos pes . Trad . des actes des Aptres, ch. 2. Jusqu ce que je pose tes
ennemis lescabeau de tes pieds. (XIV s.) LR.
Un oubli du TLF qui fait pourtant remarquer fort justement la rubrique cheveau : Orig. discute.
Prob. issu du lat. class. scabellum escabeau (REW3, no 7633; FEW t. 11, pp. 259-262) qui aurait t employ pour
dsigner les dvidoirs ressemblant certains escabeaux en X, puis, p. mton., on serait pass du dvidoir l'cheveau (cf.
partir du lat. *scamnium pour scamnum escabeau l'a. prov. escanh banc, escabeau et le fm. escanha dvidoir ds
Pt LEVY ainsi que l'a. fr. escagne, escaigne ds T.-L. et GDF.). L'a. prov. escavel (XIIIe s. Don. Prov. 4665 ds LEVY Prov.
et Pt LEVY), le prov. escavel et escabel signifiant la fois dvidoir et cheveau et, pour escabel escabeau
(Limousin ds MISTRAL) illustrent cette volution sm. (PDPF)
Escagasser, (1902) v. Escagaar [eskagasa]
TLF. Empr. au prov. escagassa affaisser, craser (MISTRAL); issu de l'a. prov. cagar aller la selle . Mais peut-tre
croisement avec escacar (PDPF) : chiqueter. (DHLF)
Escalabreux, adj. Escalabrs [eskalabrus] Vieux . Hardi, imptueux.
TLF. Empr. au prov. escalabrous difficile, bizarre, rude (MISTRAL; cf. forme escalabrous chez Brantme ds HUG.),
issu du croisement de escabrous (MISTRAL; cf. escabroux chez Brantme ds HUG.; du b. lat. scabrosus rude , v.
scabreux) avec l'a. prov. escalar escalader, prendre d'assaut (v. LVY Prov. et RAYN.; FEW t. 11, p. 262b).
Et bien quil (le frre de Brantme) fust un jeunhomme fort escallabreux, querelleux et prompt de la main ,
BRANTME , II, 236
M. le vidame (de Chartres) disoit quil en avoit veu de fort belles et chaudes (escarmouches) en son temps, mais nen
avoit jamais veu une si scalabreuse que cela . iIII, 370. Id.
Escalade, subst.fm. Escalada [eskaladO] cf. escala chelle
TLF. Empr. au prov. escalada id. qui, bien que n'tant attest qu'au XVIIe s. (escalado en 1678, J. Doujat, dict. publi
en annexe aux uvres de P. Goudelin), est prob. plus anc. (le verbe escalar escalader [dr. de escala, chelle*] dont
escalada est dr., tant attest dep. le XIIIe s., Crois. Albig. ds BARTSCH Prov., p. 205, 3); un empr. l'ital. scalata id. ,
attest peine plus tt que le prov. (1614 ds TOMM.-BELL) est moins probable; cf. FEW t. 11, p. 269b, note 14 et
GEBHARDT, Das Okzitanische Lehngut im Franzsischen, Bern-Frankfurt, 1974, p. 128, 131, 349. (DHLF)
Ceci tant, luvre de GODOLIN a t crite entre 1610 et 1648. Le DELF fait remarquer que le verbe
escalar :
est attest en occitan depuis le XIII s. et que le substantif correspondant escalado (en graphie franaise), attest depuis le
XVII s., comme du reste litalien escalata, peut fort bien avoir t form beaucoup plus tt. Cest pourquoi un emprunt
loccitan, pendant la guerre de Cent Ans, est beaucoup plus probable .
Per escalar la villa a escalar per intrar dedins. Chronique des Albigeois. p. 15 et 35. Pour escalader une ville
escalader pour entrer dedans. LR.
Le comte de Brissac, dsespr du fruict de son amour, avoit un jour rsolu descaller en pleine court de son roy la
chambre de sa matress. BRANTME, VI, 142
Escalier, subst.masc. Escalir [eskalj]
TLF. Empr. par la voie crite (le mot dsigna d'abord les escaliers de pierre caractristiques de la Renaissance, puis
remplaa peu peu degrs* et monte* ds la lang. commune) au prov. escalier (dep. 1188, scalerium ds une charte lat. de
Montpellier ds DU CANGE; v. autres attest. prov. des XIIIe et XIVe s. ap. K. Jaberg ds R. Ling. rom. t. 6, p. 108, note 1 et
ds RAYN.; cf. judo-fr. esjaliere, fr.-prov. eschalier ds FEW t. 11, p. 270 et ap. K. Jaberg, loc. cit., p. 111, n. 3) issu du b.
lat. scalarium escalier , attest dans des inscriptions (v. K. Jaberg, loc. cit., p. 106) et form par substantivation partir de
l'adj. scalaris appartenant l'escalier (cf. scalaria, plur. escalier chez Vitruve), dr. de scala chelle et escalier
; un emprunt direct au lat. imprial de Vitruve (K. Jaberg) ne convient pas : lat. -arium > -aire dans les emprunts sav. V. K.
Jaberg ds R. Ling. rom. t. 6, pp. 96-113 et FEW t. 11, pp. 270-272. (DELF)
Montar lescalier per isir de la carcer V. et Vert., fol. 12. Monter lescalier pour sortir de la prison. LR.
Loccitan ancien connat galement escalon marche descalier (PDPF) au sens propre et au sens
figur.
Ja no creatz quom ressis/Puig de pretz dos escalos . Bertrand de Born. Be m platz car. Ne croyez jamais quun homme
lche monte deux chelons de mrite. LR.
Escamoter, v. Escamotar [eskamuta]
TLF. Prob. empr. un prov. escamo(u)tar qui n'est attest qu'en prov. mod. (1785 d'apr. FEW t. 12, p. 216a), dr. de
escamar effilocher qu'on suppose avoir signifi d'abord cailler (cf. ital. squamare, esp. port. escamar cailler ),
dr. de escama caill (dep. XIIIe s. d'apr. PANSIER), issu d'un lat. vulg. d'abord *scama pour lat. class. squama
(caille*); l'appui de cette hyp., v. ds FEW t. 12, p. 215b et 216a d'autres dr. occitans de escamar ayant tous en commun
le sens faire disparatre, ter quelque chose . (DELF)(DHLF)
Escamper, v. Escampar [eskampa] (XII s.)
Rgional (sud de la France), fam. Le verbe a exist en moyen franais avant de disparatre au profit de
la forme occitane (Pourquoi ? En raison de quel effet de mode ?). (PDPF)
Le sens actuel est jeter, sesquiver, dcamper . Le verbe italien (13 s.) a par contre le sens, trs
diffrent, de retirer, cacher quelque chose . Tous deux sont cependant forms sur le latin ex +
campo .
Assurez-vous que si le gentilhomme neust sitost escamp, il estoit trs mal . BRANTME, IX, 492
En occitan lescampa [eskampO] cest la fuite, et escampeta [eskampetO] est le mot affect dun
diminutif.
Le driv escampette survit dans lexpression prendre la poudre descampette , pour senfuir .
La fameuse poudre est prise non pas au sens de cocane mais de poussire, qui est sa
signification premire. En occitan on dit : jogar de las escampetas, prene la descampeta, prene de
(faire de) podra descampeta . On dit aussi : levar de polsa : soulever de la poussire, qui claire
bien le sens de lexpression.
Escapade, v. Escapada [eskapadO] participe pass substantiv de escapar [eskapa] chap-per.
TLF. 1575 action de s'chapper (BRANTME, Couronnels franois, VI, 99-100 ds HUG.). Empr., malgr le lger
dcalage chronol., l'esp. escapada id. (dep. 1630, H. Paravicino ds AL.) plutt qu' l'ital. scappata dont le sens au
XVIe s. tait erreur (B. Davanzati ds TOMM.-BELL.). Escapada et scappata sont rciproquement part. passs fm.
substantivs de escapar et scappare (chapper*).
Italien : scappare, scampare.
Le verbe escapar existe en occitan depuis le Moyen ge (PDPF). Le TLF prfre lattribution
lespagnol, qui apparat pourtant aprs que le mot ait t emprunt en franais, et alors quil drive trs
logiquement de lemploi du verbe occitan, mme si les lacunes des bases de donnes de loccitan ne le
font pas apparatre en ltat actuel de la recherche.
BRANTME est un rcidiviste de lemploi de termes occitans franciss pour les mots qui lui font
dfaut, ou quil estime trop plats.
Voir PDPF. Escapar v.n. chapper ; se dtacher ; v.a. sauver ; esser escapatz chapper la punition, tre pargn.
Escarcelle, subst.fm. Escarsla [eskarslO]
TLF. Empr., soit l'a. prov. escarcela bourse (dep. XIVe s. ds RAYN. et LVY Prov.), dr. de escars avare (dep.
fin XIIe s., B. de Born ds LVY Prov.), soit l'ital. scarsella bourse (dep. 1215, lat. mdiv. de Bologne ds DU
CANGE), dr. de scarso avare ; escars et scarso sont prob. issus du lat. vulg. *excarpsus resserr , part. pass de
*excarpere, lat. class. excerpere mettre part . Escarcela issu d'un *scerpicella, dimin. de *scerpa, v. charpe (EWFS2)
fait difficult du point de vue morphol. et suppose ncessairement l'infl. morphol. de l'a. prov. escars. (DELF) (PDPF)
A lescarcella/Ten apcha o astella . P. Cardinal. Un sirventes. A lescarcelle il tient hache ou lance. LR.
NB. Pire CARDENAL, troubadour, (1205-1272)
En occitan aujourdhui encore escars {escs} [eskas] avec les sens de rare, modique, avare, troit
est toujours en usage.
Nostre roy (Louis XII) estoyt, au contraire, fort escarse et fort espargnant . BRANTME, I, 75.
lpoque baroque, il a signifi femme laide (ride comme une bourse vide !) :
Dont sailles tu vieill escarcello . Claude BRUEYS. Harengo Funebro. (JDMP)
et bien entendu les parties sexuelles :
My permette beizar, manejar lescarcelle,/Puis apres non vou pas que ly bouto aquo miou . Michel TRONC. Sonnets
XLIII.
Escargot, subst.masc. Escaragl [eskaragOl]
TLF. Empr. au prov. escargol id. (cf. av. 1649, glossaire des uvres de P. Goudelin, d. J.-B. Noulet; l'emploi culinaire
des escargots vient du Sud), issu du type caragol (v. formes dial. occitanes ds FEW t. 2, p. 1005a) transform prob. sous
l'infl. des descendants occitans du lat. scarabaeus (v. a. prov. escaravat, etc. escarbot ds FEW t. 11, p. 288b); caragol
est issu par mtathse de cagarol, cacalaou escargot (v. caracol). (DELF)
Le DHLF fait remarquer fort justement : La consommation des escargots est trs ancienne en Languedoc et en
Catalogne ; le mot a t introduit en franais avec la prparation culinaire et sest substitu limaon *, colimaon.
NB. Cest tellement vrai que bon nombre de sites prhistoriques de la rgion ont mis jour des quantits considrables de
coquilles descargots, plus faciles chasser sans doute et dlicieux coup sr. Personne ne devrait ignorer la subtile
cargolada catalane ou le vritablement palolithique et delteilhien cagaraulat languedocien : plat descargots cuits
(craquants sous la dent) au gril sur un feu de sarments de vigne, et peine arross dhuile dolive et dun peu de sel.
Escarmouche, subst.fm. Escarmussa [eskarmysO]
TLF. 1360 (ms. du XV
e
s.) escharmuches petit engagement entre des tirailleurs isols ou des dtachements de deux
armes (J. LE BEL, Chronique, d. J. Viard et E. Dprez, t. 1, p. 118); 1369-77 escarmuche (G. DE MACHAUT, Prise
d'Alexandrie, d. Mas-Latrie, 4706); ca 1393 escarmouche (Mnagier de Paris, I, 68 ds T.-L.). L'orig. du mot dpend en
grande partie de la chronol. relative de ses attest. en fr. et en ital. Il est assur qu'en fr. il se rpand dans les annes 1360-70;
si l'ital. scaramuccia (dbut du XIV
e
s. schermugio, scaramugi plur. [Giovanni Villani ds DEI; TOMM.-BELL.]; XIV
e
s.
scaramucce plur. [Matteo Villani, ibid.] d'orig. obsc., se rattachant peut-tre au longobard *skirmjan protger , v.
escrime, avec une finale mal explique [v. les hyp. ds DEI, PRATI, DEVOTO, EWFS
2
]) est rellement antrieur, il se
pourrait que le fr. l'ait empr. par voie crite (cf. le maintien du -u-). Dans le cas contraire, le mot fr. serait dr. d'escremie,
esquermie lutte, combat (FEW t. 17, p. 119), avec un suff. inexpliqu.
On trouve en occitan, galement au XIV s.
Los que eran morts en la dita escarmussa . Ch. des Albigeois. Col. 48.Ceux qui taient morts dans ladite escarmouche.
LR.
Escarpe, subst.fm. Escarpa [eskarpO]
TLF. 1549 (RABELAIS, La Sciomachie ds uvres, d. Marty-Laveaux, t. III, p. 409 : l'escarpe de la muraille). Empr.
l'ital. scarpa talus de rempart (cf. prov. escarpa id. en 1552, Comptes relatifs la fortification du chteau de Puget-
Thniers [Alpes-Marit., rgion limitrophe de l'Italie] ds P. MEYER, Doc. ling. du Midi de la France, p. 580, no 23), attest
dep. 1537-40 (F. Guicciardini ds TOMM.-BELL.), prob. issu p. mtaph. de scarpa chaussure (dep. XIIIe s. d'apr. DEI),
le talus du rempart pouvant avoir t vu comme le soulier du rempart (FEW t. 17, p. 101). Scarpa chaussure (d'o fr.
escarpe au XVIe s. ds HUG. et GDF. Compl.; cf. escarpin) reprsente prob. un gotique *skarp adj. qui se termine en
pointe , cf. all. scharf pointu, tranchant (FEW t. 17, p. 101b). (DELF)
Voil un exemple trs significatif : le mot est dorigine gothique (adjectif : qui se termine en
pointe ), il est pass litalien sous la forme scarpa pour dsigner un talus de rempart (1553-
1540), on le retrouve en Provence en 1552), et il passe en France, par lintermdiaire de RABELAIS
qui lenregistrait dj en 1549.
Escarpolette, subst.fm. Escarpoleta [eskar-puletO]
TLF. Orig. incertaine; peut-tre issu p. mtaph. de escarpoulette, attest au XVIe s. au sens de muraille de terre
surplombant le foss d'une place forte (1592, Livre de raison de L. Selves, bourgeois et marchand de Sarlat ds GDF.
Compl.), qui serait empr. un dimin. du prov. escarpa (v. escarpe1; BL.-W.3-5; FEW t. 17, p. 102a).
La logique de certaines raisonnements chappe parfois. Escarpa est donn comme occitan servant pour
la formation d escarpolette mais pas pour escarpe ? Quelle langue pouvait-on parler (en
dehors du franais bien entendu) Sarlat, en plein Prigord Noir, aux XVI s. ?
Escient, subst.masc. Escient [esjn]
TLF. Ca 1100 mon escient (Roland, d. J. Bdier, 524); ca 1150 bon escient (ds FEW t. 11, p. 306a); ca 1200 de bon
escient (JEAN BODEL, La Chanson des Saxons, d. Menzel et E. Stengel, 463). Empr. au lat. class. sciente dans des loc.
telles que me sciente (ablatif abs. compos de l'ablatif de ego moi et de l'ablatif du part. prs. de scire savoir ), prob.
devenu en lat. vulg. *meo sciente.
Franais et occitan sont strictement contemporains pour ladoption de ce latinisme.
Mout mi semblatz de bel aizi / mon escient. Guillaume IX dAQUITAINE, (1071-1126) Vous mavez tout fait lair
dtre de bonne naissance, ce quil me semble . (Traduction : Grard GOUIRAN. Lo Ferm Voler . CRDP Montpellier)
Esclaffer, v. Esclafar [esklafa]
TLF. Empr. aux parlers mridionaux : a. toulousain (s')esclafa s'cacher, s'craser, clater (XVIIe s. DOUJAT, Dict.
langue toulousaine, publ. en annexe des uvres de P. Goudelin, d. J.-B. Noulet; v. aussi MISTRAL) dr. de l'onomat.
klapp exprimant le bruit d'un coup, d'un claquement, cf. aussi a. franco-prov. s'esclaffer clater . (DELF)
Pas seulement de la langue toulousaine . Quel linguiste srieux pourrait sans faire rire parler de
l ancienne langue troyenne pour le Lancelot ou pour le Chevalier de la Charrette ?
Li vau esclafar sus la testo Zerbin, (D. 1069 ou pour le) vers 1630, Aix-en-Provence.
Escoffier, v. Escofir [eskufi] tuer et Escofiar [eskufja] dpouiller (sens driv).
Le verbe franais, demploi vulgaire et argotique, hrite en quelque sorte du sens de deux verbes
diffrents, mais proches morphologiquement.
Escofir (TDF. v. Dconfire, dfaire, tuer, supprimer. V. descounfi) et Escofiar (TDF. V. a. t. de berger. Enlever ou tondre la
laine qui est autour des mamelles des brebis et qui gne pour les traire, v. desempoussa ; dpouiller compltement, mettre un
joueur sec, dcaver, dvaster, drober, voler ).
Ils conviennent tous deux du point de vue smantique, la diffrence de litalien et de lespagnol.
Les dictionnaires tymologiques franais, fascins par les pays voisins dont les bases de donnes il est
vrai ne sont pas laisses en friche ngligent la proximit de civilisation avec la culture et la langue
occitanes qui souvent se trouvent plus proches smantiquement. Cest aussi ce qui explique sans doute
le fait que bien des mots dorigine italienne ou espagnole soient passs dabord par le filtre occitan.
TLF. Voler (ESN. 1966). Songe que je m'en remets toi qui es fine comme l'ambre pour l'escoffier au profit du susdit
frre (BALZAC, Corresp., 1819, p. 49).
B. Tuer (ESN. 1966). As-tu remarqu la gueule d'assassin (...) du camarade ministre (...) Ce doit tre lui qui a fait escoffier
ce malheureux Castaing (L. DAUDET, Cur brl, 1929, p. 31).
Prononc. et Orth. : []. Ds Ac. 1932, sous la forme escoffier (cf. aussi LITTR, GURIN 1892, ROB., Lar. Lang. fr.). On
rencontre escofier, voir DG, Lar. Lang. fr. tymol. et Hist. 1725 arg. coffier tuer (N. GRANDVAL, Le Vice puni, p.
107); 1797 escoffier (P. LECLAIR, Hist. brig. et assass. Orgres, II-1-322, ro 4, janvier 1797). Adaptation, avec changement
de conjug., du prov. esco(u)fir dfaire, vaincre (dep. av. 1391, Elucidari de las proprietatz ds RAYN., p. 277), d'un lat.
vulg. *exconficere dtruire , dr. du lat. class. conficere achever (cf. confire; v. FEW t. 3, p. 280). L'ital. scuffiare
bfrer (ESN.) ou l'esp. escofiar coiffer (DAUZAT, t. de ling. fr., pp. 272-273) ne conviennent pas du point de vue
smantique. (DELF)
noter que loccitan ancien connat escofier avec le sens douvrier en cuirs, marchand de cuirs
(PDPF)
Espadon, subst.masc. Espadon [espadun]
TLF. 1611 espadon grande pe deux poignes (COTGR.); 2. p. anal. [1646 spadon poisson des mers chaudes dont
la mchoire suprieure se prolonge en forme d'pe (S. GAUDON, Ambassades et voyages en Turquie et Amasie de M.
Busbequius, trad. du lat., p. 89 ds QUEM. DDL t. 1)]; 1694 espadon (CORNEILLE). Empr. l'ital. spadone grande pe
(dep. av. 1584, A. F. Grazzini ds TOMM.-BELL.), dr. augm. de spada (pe*).
Le problme ici est quen italien le terme usit pour le poisson nest pas spadone qui est rserv une
grande pe, mais pesce spada. Et cest la mme chose en espagnol espadn est utilis pour lpe,
quant au poisson il est appel pez espada. Par contre loccitan espadon [espadun] connat les deux
sens, celui de granda espasa [grandespazO] et celui de poisson-pe (quon nomme aussi srra de mar
[srO de mar], cest--dire : scie de mer.)
Espadrille, subst.fm. Espardilha [espardiO] driv de espart sparte.
TLF. Issu par mtathse de espardille (1723, Savary des Bruslons d'apr. FEW t. 12, p. 136a), empr. au prov. espardi(l)hos
sandales de sparte (ds MISTRAL), dr. de l'a. prov. espart sparterie , du gr. sparte . (DELF)
Espagnol, subst.masc.adj. Espanhl [espaOl]
DHLF. est sans doute un emprunt (1181-1191, espaignol) lancien languedocien espanol ou espainol (1
re
moiti XII
s. comme nom propre) issu dun latin populaire *Hispaniolus driv du latin classique Hispanus, lui-mme de Hispanoa
Espagne . Spanus, forme abrge basse poque de Hispanus avait abouti en ancien franais espan (1080).
Espale, subst. fm. Espatla [espallO]
Vx. Il sagit de la plate-forme comprise entre la poupe et le banc de rameurs qui en est le plus proche,
sur une galre ou une embarcation rames.
Le spcialiste du lexique de BRANTME (LALANNE, op. cit. p. 109) ne voit pas lorigine du mot
espalverade : (La Curne de Sainte-Palaye rend par espalm (palm) ce mot que je nai trouv
dans aucun lexique, et auquel il donne la signification de enduit de graisse, qui ne me parat gure
satisfaisante. Peut-tre faudrait-il lire palvesade) :
Et bien que lon trouva les gallres franoyses trs belles et bien espalvrades et surtout la Ralle, laquelle ny avoit rien
redire . IX, 365.
Le sens est probablement : dotes dune belle plateforme de proue juste avant le premier banc de
rameurs . (cf. ci-dessous espatlier ).
TLF. Empr. l'ital. spalla attest comme terme de mar. dep. 1607 (B. Crescentio ds VIDOS, p. 369), proprement paule
(v. ce mot). Bbg. HOPE 1971, p. 191. LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 409. VIDOS 1939, p.
26, 48, 369, 370.
Ds lancien occitan paule se dit espatla.
la mme poque en occitan, le terme correspondait au premier banc de nage dune galre et on
appelait de ce fait espatlir [espalj] le premier rameur dun banc celui qui forait le plus.
Un personnage dune comdie de ZERBIN, (Aix en Provence, autour de 1630) craignant dtre pris la
main dans le sac dclare :
Me metrien pron per espali/ Si me troubavoun sus loubragi (C149).
Toute la littrature baroque, provenale surtout, est pleine dallusions au monde des galres.
Espalier, subst.masc. Espatlir [espalj]
DELF. 1553 comme terme darchitecture, do le sens moderne ds 1600 chez O. de SERRES. Emprunt de litalien
spalliera, driv de spalla paule au sens d appui ; francis en ier, probablement daprs chalier.
Oui mais. Provenant de luvre dO. de SERRES (voir plus bas esparcette ) dont on connat les
origines occitanes et la propension de cet auteur franciser des termes occitans lorsque le mot franais
lui manque, il nest sans doute pas totalement indispensable denvisager le dtour par litalien.
Espatlir [espallj] est galement form sur espatla [espallO] paule. Et la proximit des termes
semble bien plus vidente. Cf. Espale.
Espalmer, v. Espalmar {espaumar} [espalma espawma] vx. Nettoyer la carne dun navire et
lenduire dun mlange de suif et de goudron pour le calfater.
TLF. Empr., plutt qu' l'a. prov. espalmar (FEW t. 7, 513, n. 23) qui n'est attest qu'une seule fois (1220-31, DAUDES DE
PRADES, Roman sur les quatre vertus cardinales, d. A. Stickney, Florence, 1879, 524), l'ital. spalmare enduire de suif
[un bateau] , attest dep. le XIVe s. (Ptrarque ds TOMM.-BELL.; cf. lat. mdiv. palmicare, palmisare id. , 1255, et
palmare id. , 1379, Venise ds JAL) qui comme le prov. et le cat. espalmar (dep. dbut XIVe s. ds ALC.-MOLL, d'o
l'esp. espalmar), est dr. de palma paume de la main . (PDPF)
Mmes causes, mmes effets que pour espale Ce verbe, sous la variante provenale espaumar, a
le sens de attifer, rendre exquis et fastueux , TDF.
Dautro part aven fach una chiero espaumado,/ Et au son dey vioulonns danssavian nuech & jour BELAUD de La
BELAUDIERE (Passatens, CV, p. 82) Avant 1595.
Et la mme poque, dans une satire contre les vieilles coquettes : Uno vilho bn espalmado /Ressmblo un
diable desguisat . Claude BRUEYS.
Esparcette, subst.fm. Esparceta {esparcet} [esparsetO]
Rgional. Lgumineuse. Synonyme : sainfoin.
MISTRAL rappelle quOlivier de SERRES crivait, sous Henri IV : le pays ou lesparcet est aujourdhui le
plus en usage est le Dauphin, vers les quartiers de Die, o elle se vend le double prix de lavoine (TDF. T.I, 1024a)
TLF. Mot rgional particulirement bien attest dans le Dauphin et la Suisse romande (v. A. Franois ds Annales J. J.
Rousseau, t. 3, pp. 37-38), dr. de l'a. fr.-prov. esparz adj. espac (Girart de Roussillon, d. W. M. Hackett, 9729),
correspondant pars*. V. FEW t. 12, pp. 134b-135a. (DELF)
Espre ( l) subst.fm. A lespra [a lesprO] lafft. Terme de chasse.
TLF. Empr. l'a. prov. espera attente (XIIe s. Cercamon ds BARTSCH Prov. 52, 24) dverbal de esperar attendre
(Xe s. Pome sur Boce, ibid. 1, 3) de mme orig. que le fr. esprer*; cf. l'a. fr. espoire esprance , male espere
dsespoir (mil. XIVe s. Entre d'Espagne, 9191 et 15304 ds T.-L.) formes fm. parallles au terme masc. espoir*, esper. V.
FEW t. 12, pp. 165b-166a et 168a. (PDPF)
Espingole. Subst.fm. Espingla [espiNgOlO] Cest une arme monte comme le fusil, et qui nen
diffre que par le canon. En ancien occitan lespingala est une grande arbalte et lespringala une
machine lancer des pierres (PDPF).
TLF. Altration, prob. d'apr. l'a. prov. espingola (1346, Arch. du chteau de Bioule, XVIII, 395 ds Bull. Soc. archol. Tarn-
et-Garonne, t. 9, p. 21, n. 1) de l'a. fr. m. fr. esp(r)ingale, attest au sens 1 dep. 1258 (Arch. admin. de la ville de Reims ds
GDF.), d'abord danse (1225-29, G. de Montreuil ds T.-L.), dr., malgr l'cart chronol., de espringaller danser (1330,
G. de Digulleville ds T.-L.), prob. issu d'un verbe germ. correspondant au m. nerl. *springelen sauter, bondir attest par
le compos nederspringelen dvaler en bondissant (en parlant de l'eau) (VERDAM, s.v. springelen); *springelen est le
frquentatif du m. nerl. springen sauter , auquel correspond l'a. b. frq. *springan (d'o l'a. fr. espringuier) (DELF)
Dartz et espingalas traire . Leys damors, fol. 131. Tirer dards et grandes arbaltes. LR.
Esplanade, subst.fm. Esplanada [esplanadO]
TLF. 1477-83 vaste espace dcouvert [dans une ville] (MARTIAL D'AUVERGNE, Vigiles de Charles VII, II, p. 31, d.
1724 ds GDF. Compl.). Empr. l'ital. spianata id. (dep. le XIVe s., G. Villani ds TOMM.-BELL.), part. pass
substantiv de spianare aplanir , du lat. class. id. , dr. de uni, gal .(PDPF)
Il (Annibal) fit rembarquer par terre tous les vaiseaux par la ville et les rues, esplanade en estant trs bien auparadvant
faicte .BRANTME, II, 57
Aplanar existe en occitan ds le Moyen-ge (PDPF), ainsi que esplanar avec les sens d craser,
aplanir, raser, expliquer
Esquine, subst. fm. Esquina [eskinO] vx. Reins du cheval. Un cheval fort, faible desquine (Ac. 1835,
1878).
TLF. Prob. empr. comme terme d'quit. l'ital. schiena chine (cf. ital. giocare di schiena ruer en parlant du cheval,
1516, l'Arioste ds TOMM.-BELL.), du longobard *skna troit morceau de bois , correspondant au frq. *skina (d'o
chine1*).
Certes. Mais esquina est connu en ancien occitan (PDPF : chine, dos ) et toujours employ en
occitan moderne. Quant aux dates dapparition du mot, malgr loubli ( ?) du TLF, elles plaident pour
loccitan.
Amors ses pro non es frug que engrays,/Que als plus forts fa magresir lesquina . G. de Berguedan. Quant vey. Amour
sans profit nest pas fruit qui engraisse, vu quaux plus forts il fait maigrir lchine. LR.
NB. Guilhm de BERGUEDAN (.1138-1192)
Esquinter, v. Esquintar {esquinsar} [eskinta eskinsa]
TLF. Empr. au prov. esquinta dchirer, fatiguer (a. prov. esquintar dchirer , P. Cardenal ds BARTSCH
Chrestomathie, p. 193, 22) qui suppose un lat. vulg. *exquintare proprement mettre en cinq (lat. quintus cinquime ,
prf. ex-). (DELF) (PDPF)
Que esquinton e pesseion per pessas totz los capels . Cartulaire de Montpellier, fol. 144. Quils dchirent et dpcent
par pices tous les chapeaux. LR.
Esquiver, v. Esquivar [eskiva]
TLF. Empr., soit l'esp. esquivar viter, rejeter, luder (dep. 1330-43, J. Ruiz; dj en 1250 au part. pass, Poema de
Alexandre d'apr. COR.), soit l'ital. schivare viter, fuir (dep. fin XIVe s., Fioretti de S. Francesco d'apr. DEI) : A.
Hardy s'est inspir aussi bien des auteurs esp. qu'ital. (v. R. Garapon ds Dict. Lettres XVIIe s., p. 490). L'esp. esquivar est
dr. de esquivo ddaigneux , prob. issu d'un got. *skiuhs signifiant la fois craintif et insolent (v. COR.); l'ital.
schivare est empr. l'a. fr. eschuir, eschiver viter, fuir (dep. ca 1100, Roland, 1096). (PDPF)
Pour le TLF lorigine occitane nest mme pas envisage. Or le verbe existe en occitan mdival ds le
XII s. (PDPF) avec les sens de : viter, refuser ; dfendre, empcher ; loigner, blmer .
La comtessa non lesquivet, sus entendet sos precs . V. dArnaud de Marueil. La comtesse ne lvita pas, mais entendit
ses prires. LR.
Per quieu coselh a quascun que s nesquiu . Lanfranc Cigala. Escur prim. Cest pourquoi je conseille chacun quil sen
esquive. LR.
NB. Lanfranc CIGALA, troubadour italien (Gnois !) (1235- 1258)
Que sapchesquivar sos dans . Giraud Riquier. Gauch ai quar. Quil sache viter ses dommages. LR.
NB. Guiraud RIQUIER, troubadour, (1254-1292)
Mas dretz es que dona esquiu/So don plus vol com la plaidei . Arnaud daniel. Ab plasers. Mais droit est que dame refuse
ce dont plus elle veut quon la sollicite. LR.
NB. Arnaud DANIEL. Troubadour (1180-1195)
Mas, segon quay de vos apres,/Esquivat li fon malamen . R. Vidal de Bezaudun. En aquel. Mais, selon ce que jai appris
de vous, lui fut refus durement. LR
NB. Raimond VIDAL de BESAUDU(n), (1196-1252) troubadour catalan, auteur de surcrot dun trait de grammaire,
comme Uc FAIDIT.
Il nous renvoie ladjectif esquiu (DELF) fminin esquiva [eskiw eskivO] dont le sens est dj
(PDPF) : farouche, effarouch, froid, peu accueillant, hostile, aigu, douloureux, sauvage (contre),
difficile (chemin) ; fougueux, violent ; dsagrable, rebutant.
Las montanhas so feras els pasatges esquius . Guillaume de Tudela. Les montagnes sont ardues et les passages
difficiles. LR.
On retrouve le terme au niveau de toponymes fort anciens : les Montesquieux (transcrits la
franaise) abondent. Au fait, o peut bien se situer le chteau de La Brde o naquit Charles-Louis de
Secondat baron de la Brde et de MONTESQUIEU ?
Essorer, v. Essaurar [esawra] Avec le sens de arer .
En ancien occitan : eissaurar (PDPF) v.a. exposer lair. v.rfl. prendre lair .
Estagnon, subst.masc. Estanhon [estaun]
Form sur estanh [estan] : tain. Rcipient cylindrique en cuivre ou fer tam, souvent cliss, utilis
dans le midi de la France pour contenir les huiles, les essences aromatiques.
TLF. 1844 (Journ. de chimie md., 643 ds QUEM. DDL t. 3). Empr. au prov. estagnoun (MISTRAL), dr. avec suff. lat. -
one (-on*) de l'a. prov. estanh tain correspondant au fr. tain*.
Estivage, subst.masc. Estivatge [estivadZe].
Saison d't que les troupeaux passent dans les montagnes .
Emprunt loccitan ancien estivage transhumance; pacage d't (1460 au sens de droit de pacage
estival , PANSIER, MISTRAL), driv de estivar (estiver*). TLF.
Estivant, subst.masc. Estivant [estivan] Emprunt du participe prsent du verbe occitan estivar : passer
lt. (DELF)
Estive, subst.fm. Estiva [estivO] Pturage de haute montagne et sjour dans ces pturages.
TLF. 1876 dans l'Aubrac, unit exprimant la valeur de la consommation d'une tte de btail pendant une saison (Journal
officiel, 24 mars, p. 2070, 1re col. ds LITTR Suppl.); 2. 1933 pturage de montagne o l'on met les btes pendant l't
(MALGUE, Augustin, t. 2, p. 251). Empr. au dial. occitan du Puy-de-Dme, forme fm. de estieu, estiu t , du lat.
[tempus] aestivum t , substantivation de l'adj. aestivus d't , dr. de aestas (t*); cf. l'a. prov. estiva rcolte,
travaux d't (XIVe s. ds FEW t. 24, p. 235a; v. aussi LEVY Prov., s.v.).
Fidle son habitude le TLF vite de chercher plus loin que la datation qui lui semble la plus ancienne,
et si possible la plus locale. Estiva existe dans tous les parlers occitans, de lAubrac, de la Haute
Provence, du Barn, de lArige, des Cvennes et de larrire pays niois. Le mot est panoccitan. Il est
aussi rpandu que les troupeaux, y compris en plaine, en raison des changes lis la transhumance.
Lemprunt nest pas au dialecte occitan du Puy de Dme (ce dialecte nord-occitan sappelle aussi
auvergnat semble-t-il !) mais loccitan tout court. Estiu [estiw] (t) fait logiquement estivar
[estiva] (dont le sens premier, en occitan ancien (PDPF) est moissonner, rcolter , forcment en
t) et les drivs en dcoulent non moins logiquement : estivant [estivan], estivatge (on dit aussi
amontanhatge [amuntaadZe]), estival [estival], estivada [estivadO] (travail dt), estivador
[estivadu] (ouvrier pour les travaux dt saisonniers) dune rgion lautre la prononciation peut
varier comme en franais du reste. Et v tre prononc [v] ou [b] par exemple
Estoufade, subst.fm. Estofada [estufadO]
TLF. 1648-52 touffade (SCARRON, Virgile travesty, V, 202a ds RICHARDSON : Les chairs seront en touffade); 1651
estoffade (LAVARENNE, Le cuisinier Franois, p. 37 d'apr. A. Vollenweider ds Vox rom. t. 22, p. 412 : poitrine de veau
l'estoffade). Empr. l'ital. stuf(f)ata id. (dep. 1570, B. Scappi d'apr. A. Vollenweider, ibid.), part. pass fm. substantiv
de stufare cuire l'tuve (cf. 1549, carne stufala chez Messibugo, ibid.), dr. de stufa fourneau
Est-il ncessaire de rappeler que loccitan ancien (PDPF) a galement le verbe estofar, touffer,
prononc [estufa]. Lespagnol aussi, du reste. Depuis le Moyen ge, la trilogie bitteroise du bien
manger a toujours t : estofat, tripat, cagaraulat (daube, plat de tripes, escargots au gril), et constitue
un redoutable rite de passage.
Estrade, subst. fm. Dans des expressions (militaires) vieillies Batteur destrade . claireur dune
troupe, coureur daventures.
TLF. Empr. l'ital. strada route, rue , attest dep. 1317-21 (DANTE, Paradis ds TOMM.-BELL.), du b. lat. strata id.
proprement part. pass fm. substantiv du lat. class. sternere paver (via strata chemin pav ). Estrade a remplac l'a.
m. fr. estree (dep. ca 1100, Roland, d. J. Bdier, 3326). Bbg. HOPE 1971, pp. 38-39.
Le mot est srement ( ?) dorigine italienne, et sans doute pass par un intermdiaire occitan ds le
Moyen ge (PDPF) : estrada : grande route, chemin .
Mais il est toutefois attest en occitan bien avant dapparatre chez DANTE :
Veus vostrestrada . G. Riquier. Gays. Voici votre chemin. LR.
NB. Guiraud RIQUIER. Troubadour (1254-1292)
Estrambord, subst. masc. Estrambrd [estrambor] Expansion, dbordement du caractre,
enthousiasme.
TLF. 1917 (L. DAUDET, Salons et journaux, p. 260). Empr. l'occitan estrambord, de mme sens (1723 estramb S. A.
PELLAS, Dictionnaire prov. et fr. ds FEW t. 12, p. 284a), prob. croisement d'un reprsentant du lat. class. strabus, b. lat.
strambus (ERN.-MEILLET) qui louche , avec trasport (fr. transport*), cf. l'a. prov. rima estrampa mot final d'un vers
qui n'a pas de rime dans la mme strophe (fin XIIe s.-dbut XIIIe s., A. Daniel ds LEVY (E.) Prov.), estrampir rendre
laid; faner (une fleur) (1re moiti XIIIe s., Chardon ds Z. rom. Philol. t. 31, p. 150). Bbg. SAINT-GOR (C.). Pt lex.
flibren. Vie Lang. 1954, pp. 522-523.
Estrapade, subst.fm. Estrapada [estrapadO]
Supplice originellement en usage dans larme et la marine qui consistait hisser un patient un mt ou
une potence, les membres lis derrire le dos, et le laisser retomber plusieurs fois prs du sol ou
dans la mer.
TLF. 1482 [ms. de 1507] mettre en l'estrapade supplicier (un soldat ou un matelot) en l'levant au haut d'un mt et en le
laissant tomber brusquement (G. FLAMANG, Vie et passion St Didier, d. J. Carnandet, p. 288). Prob. empr., malgr le
rapp. chronol. inverse, l'ital. strappata id. (dep. XVIe s. d'apr. DEI), part. pass substantiv de strappare arracher
(dep. XIVe s., Boccace ds TOMM.-BELL.) prob. issu du got. *strappan lier solidement (cf. all. straffen tendre ). V.
FEW t. 17, p. 251.
Le DHLF est plus circonspect :
estrapade ; 1482, en outre strapade. Semble empr. de lit. Strappata, dr. du verbe strappare tirer violemment ; mais
lit. Strappata nest jamais attest avec le sens du mot fr., et lorigine de lit. Strappare est inconnue.
En dsespoir de cause pourquoi ne pas aller voir du ct de loccitan ? Et en particulier de lancien
occitan (PDPF) trepar ( foltrer, jouer des mains, trpigner, sauter, danser ) et de son intensif :
estrepar : pitiner . Mais ce verbe qui est toujours en usage en moyen occitan et en occitan moderne
prend les sens divers de : pitiner, gratter la terre avec les pieds, fouler, bouger par secousses En
raison des ractions du supplici ?
Un mince rappel : En Avignon, il existe une Torre de lestrapada o les accuss, dit-on, taient soumis
la question. Quant la Plaa de lEstrapada cest une place du Toulouse mdival.
On peut rappeler aussi le fait qu la prtonique le e atone est instable, et depuis bien longtemps,
mme si les textes ne lenregistrent pas toujours. Et le mme locuteur peut dire ser (il sera) [sera]
aussi bien que sar [sara], terrible [teriple] aussi bien que tarrible [tariple]
F
Fadaise, subst.fm. Fadesa [fadezO] du latin fatuus (insens). Et de lancien occitan
fadeza (sottise). Se dit dune chose ou dun propos sans intrt.
TLF. Empr. au prov. fadeza, fadeso sottise, fatuit (XIIIe s., v. LEVY (E.) Prov.; RAYN.), dr. de fat fat, fou, sot,
imbcile (fat*) au moyen du suff. -eza (ANGLADE, p. 379) issu du lat. - (cf. NYROP III, 204, 218, 3213, BOURC.-
BOURC. 58 Rem. III, FOUCH, p. 282). (DELF)
Ab un ram de fadeza,/Del portar temeros/Estara vergonhos G. Riquier. Si m fos. Avec un rameau de fatuit, il restera
honteux du porter modeste. LR.
Tu mores de fadezo . Francs de Corteta, (1583/1667)
Fada, subst.masc. Fadat [fada fadat]
Du latin fatuus (insens), qui a donn fat (fou) en occitan. Mais plus probablement de loccitan
moderne fadat, littralement : hant, enchant par les fes (las fadas [fadOs] ) desses des
destines .
En aissi m fadet mos pairis/Quieu ames e no fos amatz . G. Rudel. Pus mos. Ainsi mon parrain me fat que
jaimasse et ne fusse aim. LR.
Le fadat en occitan nest pas un fou ordinaire : dans la socit traditionnelle, il tait protg et vivait en
libert, sous la surveillance implicite de la collectivit qui lui attribuait par ailleurs des moments
dhyperlucidit, voire de gnie.
TLF. Av. 1614 sot badautz et fadatz (BRANTME, Rodomontades espaignolles [VII, 110] ds HUG.) 1611, COTGR.;
repris au XXe s. 1931 (PAGNOL, loc. cit.). Empr. au prov. fadatz, fadas fou, niais , 1343 ds LEVY (E.) Prov. dr. de l'a.
prov. fat (fat*) au moyen du suff. -atz, -as (ANGLADE, p. 377) issu du lat. -aceus, cf. NYROP III 178-180 et 183).
(DELF)
NB. BRANTME est un crivain occitan dexpression franaise. Il crit une poque o Malherbe puis lAcadmie et la
Cour nont pas encore svi pour purer (ethniquement !) le franais et les occitanismes sont frquents dans sa prose.
Pierre de Bourdeille, dit BRANTME, abb de Brantme, naquit le 14 avril 1535 Bourdeilles, en Prigord, et mourut le
15 juillet 1614, dans son chteau de Richemont Saint-Crpin-de-Richemont. Abb commendataire et seigneur de
Brantme, il fut un crivain franais, surtout connu pour ses crits lgers relatant sa vie de courtisan et de soldat. Il fut un
personnage plusieurs facettes. En effet, abb lac (ou sculier) de Brantme, il sillustra aussi bien par les armes (aux cts
de MONLUC soit dit en passant) que par la plume. Il crivit beaucoup sur les grands personnages de son temps et des
gnrations immdiatement prcdentes. Mme sil nest pas considr comme un historien, il est un chroniqueur
reprsentatif du XVIe sicle, donnant une vision mordante et vive de son temps.
Fader, v. Fadar [fada] Emploi argotique en franais : partager le produit dun vol , avantager
quelquun (dans le partage) cf. QD.
TLF. Empr. au prov. fadar, fada douer; enchanter, charmer ; (XIIe s. ds RAYN.) dr. de fada fe , v. fade3*; ce verbe
correspond l'a. fr. faer enchanter, ensorceler (XIIe s. ds T.-L., GDF.), fr. mod. fer. Frq. abs. littr. : 25. Bbg.
DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 289 (s.v. fad). SAIN. Lang. par. 1920, p. 517.
Falibourde, subst.fm. Falaborda [falaburdO]
Vieilli. Sottise, chose de peu de valeur (d'apr. FRANCE 1907). (Quasi-) synon. faribole.
TLF. 1544 fallebourde (M. SCVE, Delie, 137 ds HUG.). Prob. Compos tautologique form de bourde* et - soit de l'a. fr.
faille tromperie, illusion (faille
2
*; cf. forme du Dauphin faillibourda; v. FEW t. 1, p. 441; GUIR. tymol., p. 16), - soit
du rad. de faillir* (a. fr. falir) mentir l'orig. des formes plus anc. falourde tromperie; parole vaine (XII
e
-XV
e
s. ds
T.-L. et GDF.), fafelourde (XIV
e
s. ds GDF.) rimant souvent avec b
moins que le verbe dancien occitan falabordir (PDPF), avec bredouiller pour sens premier, ne
vienne nous suggrer une autre piste oublie :
Un non truep en cent garsos/Que gart sos,/Mas volon burdir/De chansos falaburdir . P. Cardinal. De sirventes. Un je ne
trouve en cent jongleurs qui garde air, mais ils veulent samuser bredouiller chansons. LR.
NB. Pire CARDENAL. Troubadour (12051272)
Fanandel, subst. masc. Farandl {Farandu} [faraNdl faraNdw] Argot des malfaiteurs, vx.
Camarade, compagnon.
TLF. 1628 camarade (CHEREAU, Jargon de l'argot rform ds SAIN. Sources arg. t. 1, p. 195). Peut-tre var. de
farandel camarade 1725 (Le Vice puni ou Cartouche ds SAIN. op. cit. t. 1, p. 332), cf. prov. farandeu, farandel,
barandet gauche, niais; cervel (MISTRAL), d'orig. obsc., peut-tre rapprocher de farandoulo, barandello, v.
farandole [cf. le prov. barandelaire danseur de barandello; inconsidr, tourdi , MISTRAL].
Farandole, subst.fm. Farandola [faraNdulO]
TLF. Empr. au prov. mod. farandoulo d'orig. incertaine; peut-tre altration du prov. barandello, brandello farandole
dr. de branda remuer, branler , de mme orig. que brandir*, sous l'infl. de dr. occitans tels que flandina cajoler ,
flandrina lambiner , flandrin fainant (FEW t. 15, 1, p. 252, note 14 et t. 15, 2, p. 96b; v. aussi COR.). (DELF)
(DHLF)
Farfadet, subst.masc. Farfadet [farfadet]
TLF. Empr. au prov. farfadet lutin (Languedoc et Quercy d'apr. MISTRAL), issu du croisement de fadet (v. ce mot)
avec un autre mot qui pourrait tre : soit l'ital. farfarello id. , d'abord nom d'un dmon dans l'Enfer de Dante (XXI-123 ds
BATT.), ce mot tant peut-tre rapprocher de l'ar. bavard, frivole (v. BL. -W.5 et DEI), soit une particule d'orig. inc.
exprimant le renforcement (cf. farfouiller; v. GUIR. tymol., p. 16). (DELF)
Faribole, subst.fm. Faribla [faribOlO]
TLF. 1532 faribolle (RABELAIS, Pantagruel, d. V. L. Saulnier, prol., p. 4). Mot de formation prob. analogue celle de
falibourde*, dont les lments restent identifier, et dans lequel K. GEBHARDT (Das Okzitanische Lehngut im
Franzsischen, 1974, pp. 148-149) voit un emprunt au prov. faribolo (attest au XVIIe s., P. Goudelin d'apr. J.-B. NOULET,
d. des uvres de P. Goudelin, Gloss.) en raison de la finale. (DELF)
Fayot, subst.masc. Fail {faiu} [fajOl fajOw]
TLF. [1721 fayol ou fayole haricot sec (Trv.)] 1784 arg. des marins (Mm. de la Soc. royale de mdecine, p. 237 ds Fr.
mod. t. 15, p. 193). B. 1. 1833 rengag de la marine (d'apr. ESN.); 2. 1885 celui qui fait du zle (VALLS, J.
Vingtras, Insurg, p. 1). Empr. au prov. faiol, fayol (1470 ds PANSIER t. 3), du lat. class. phaseolus, fasiolus, v. fasole.
Le terme est bien plus ancien (dbut XIII s.) que dans la rfrence tire de Pansier.
A lui no dol ni sirais/Sil datz faisols ab oignos,/Senes autra bandisos . R. de Miraval. Glos. Occit. P. 37. Il ne lui fait
peine ni se fche si vous lui donnez haricots avec oignons, sans autre apprt. LR.
NB. Raimon de MIRAVAL, Troubadour (1191-1229)
Frigoule, farigoule, frigoule, subst.fm. Ferigola, {farigola, frigola} [ferigulO farigulO frigulO]
Mot rgional.
TLF. 1528 frigole (PLATINE, De honneste volupt, fo 36 ro ds GDF. : le thym ou ferigole), attest. isole; nouv. en 1838
farigoule (Ac. Compl. 1842 : vieux nom du Serpolet) et en 1869 frigoule (A. DAUDET, Lettres de mon Moulin, d.
Fasquelle, p. 327 ds BURNS, p. 27). II. 1548 frigole (PLATINE, Honneste volupt, p. 69 ds ROLL. Flore t. 9, p. 26); 1600
frigoule (O. DE SERRES, Thtre d'agric., V, 11, p. 411). I empr. au prov. ferigoulo, farigoulo id. (MISTRAL), a. prov.
ferigola (1150, Commentarium magistri Bernardi provincialis super Tabulas Salerni ds PANSIER t. 3, p. VIII), ferrigola
(fin du XIIIe s., MATFRE ERMENGAUD, Breviari d'amor, d. G. Azas, 7061, t. 1, p. 242) qui vient d'un b. lat. *fericula
[plante] sauvage (du lat. ferus sauvage ). Fericula est attest au VIIe s. ds CGL t. 2, p. 328, 29 comme quivalent de
petit insecte . Selon une autre hyp. (v. Bertoldi ds R. Ling. rom. t. 2, pp. 154-156), l'a. prov. fer(r)igola remonterait un b.
lat. ou lat. mdiv. *ferricula, form partir du rad. du lat. ferrum fer , sur le modle de noms bot. comme auricula,
lenticula, sanicula et reprsentant, de mme que la forme atteste en b. lat. ferraria sauge verveine; piaire (ANDR
Bot., TLL s.v.), un essai de trad. du gr. qui dsigne diverses plantes, dont quelques labies comme la crapaudine, l'piaire, le
petit pin (LIDDELL-SCOTT, ANDR Bot.). *Ferricula a trs bien pu dsigner le thym qui est aussi une labie. II empr. au
prov. frigoulo (1549, H. SOLERIUS, Scholiae... ds ROLL. Flore t. 9, p. 27).
Et, en passant, un bon exemple du traitement du e prtonique qui alterne avec a ou disparat
carrment. Ferigola / farigola / frigola.
Farigoulette, subst. fm. Farigoleta [fariguletO]
Rgion. (Provence). Petit pied de thym.
TLF. 1914 thym (CLAUDEL, Prote, 1re version, p. 316). II. 1925 lieu plant de thym (GIONO, Naissance de
l'Odysse, p. 83 ds ROB. Suppl.) I empr. au prov. ferigouleto, id. (MISTRAL), dimin. avec le suff. -eto (-ette*) de
ferigoulo, farigoulo (farigoule*). II dr. de farigoule*; suff. -ette* (cf. aulnette, coudrette, s.v. coudraie, olivette). Cf. prov.
ferigoulet, frigoulet dans les topon. lieu o pousse le thym .
Fat, adj.subst.masc. Fat [fat] Lemprunt du franais loccitan est dat de 1534, RABELAIS Fat est
un vocable de Languegoth . Le fat tait dabord un sot et un niais. Le mot, en occitan moderne a pris
plutt le sens de fou .
TLF. Empr. l'a. prov. fat sot (XIIe s. ds LEVY), mod. fou (MISTRAL), du lat. class. fatuus fade; insens,
extravagant . (DELF) (PDPF)
Cela ft est bon si M. de Bourbon ft est un fat , BRANTME, III, 89
NB. Loccitanisme dans lemploi de sser comme son propre auxiliaire. (Aqu fugusse estat bon se M. de Borbon fugusse
estat un fat)
Fayard, subst.masc. Faiard [fajar] Lun des noms occitans du htre : fag [fatS] faja [fadZO] fane.
TLF. Mot franco-prov., et s'tendant jusqu' la mer par la valle du Rhne; dr. de l'a. fr. fou htre (v. fouet), suff. -ard*.
TUAILLON (G.). Rflexions sur le fr. rgion. In : Colloque sur le Fr. parl ds les Villages de Vignerons. 1976. 18-20 nov.
Dijon, Paris, 1977, p. 18.
Franco-provenal certes mais aussi nord-occitan.
Fculent, adj. Feculent [fekylen]
TLF. 1520 qui dpose une lie, des sdiments sang feculant (Grande Chirurgie de Guy de Chauliac, f
o
212 ds SIGURS,
p. 437); 2. 1825 qui contient de la fcule lments fculents et farineux (BRILLAT-SAV., Physiol. got, p. 220); 1845
subst. (BESCH.). Empr. au lat. imprial faeculentus plein de vase, de boue (de faex, faecis, v. fces).
O lon retrouve le montpellirain Guy de CHAULIAC.
Si sanc es mot feculent . Trad. dAlbucasis, fol. 55. Si le sang est trs pais. LR.
NB. La traduction occitane de luvre (Al-Tasrif : La chirurgie) DALBUCASIS (AB AL-QSIM KHALAF
IBNABBAS AL-ZAHRW) n Cordoue en 936 vient aprs celle de Grard de CREMONE en latin, et se trouve
pratiquement contemporaine de la traduction franaise de 1318.
Flibre, subst.masc. Felibre [felibre]
TLF. Mot prov., empr. en 1854 une posie pop. par les promoteurs de la renaissance littr. de la lang. d'oc.; d'orig. inc.,
aucune des hyp. proposes ne paraissant satisfaisante : b. lat. fellibris nourrisson var. de fellebris, dr. du lat. class.
fellare sucer , les potes tant les nourrissons des muses (MISTRAL); combinaison des deux termes dsignant le livre :
hbreu sefer et prov. libre (Ronjat ds R. Lang. rom. t. 57, p. 525; R. Lafont, ibid. v. Bbg.; H. E. Keller; v. aussi FEW t. 20, p.
27b) ou esp. feligres paroissien (Jeanroy ds Romania t. 23, pp. 463-465), v. aussi FEW t. 3, pp. 446-447 et t. 20, p. 27b.
(DELF)
NB. Le Flibrige est une association littraire fonde au chteau de Font-Sgugne ( Chteauneuf-de-Gadagne, Vaucluse), le
21 mai 1854 par Frdric Mistral et six autres potes provenaux pour assurer la dfense des cultures rgionales
traditionnelles et la sauvegarde de la langue doc. Le Flibrige a t cr le jour de la sainte Estelle, par sept jeunes potes :
Frdric Mistral, Joseph Roumanille, Thodore Aubanel, Jean Brunet, Paul Gira, Anselme Mathieu et Alphonse Tavan.
Ensemble, ils entendaient restaurer la langue provenale et en codifier lusage et lorthographe.
Son action sest applique au provenal dans un premier temps et sest tendue trs rapidement lensemble des parlers
d'oc, ds la fin du XIXe sicle
Ferrade, subst.fm. Ferrada [feradO] La ferrade consiste marquer au fer rouge les taureaux ou les
chevaux, spcialement en Camargue et en Petite Camargue. Par extension, le mot dsigne galement la
fte donne cette occasion. TLF. Empr. au prov. ferrado id. , dr. de ferra ferrer, marquer au fer rouge
(MISTRAL).
Ftu, subst.masc. Festuc [festyk]
TLF. Ca 1170 brin de paille [ici au fig. pour dsigner une chose de peu de valeur] (CHR. DE TROYES, Erec, 1646 ds
T.-L.). Du b. lat. festucum (TLL s.v., 625, 75, sqq.), class. festuca, v. ftuque.
Pratiquement contemporain du texte franais de Chrtien de TROYES :
Mortz son li bon arbre premier,/El vins son ramils e festucs . Marcabrus, Al despartir. Les bons arbres sont morts les
premiers, et les vivants sont rames et scions. LR.
NB. MARCABRU, Troubadour (1130-1149)
Fignoler, v. Finholar [fiula]
Raffiner, polir, perfectionner, embellir ; subtiliser, parler en termes recherchs ; avoir une mise
lgante
TLF. Dr. de fin* formation pop., peut-tre d'orig. mridionale (BL.-W.1-5). (DELF)
Figue, subst.fm. Figa [figO] Du latin populaire * fica. Lancien franais avait : fie (1170). Cest le
mot occitan qui sest impos. Faire la figue au sens de : se moquer de quelquun, vient dun geste
obscne (sens reprsenter le sexe fminin), connu ds la Rome antique et rpandu dans tout le bassin
mditerranen, qui consiste pointer vers son interlocuteur la main avec le pouce pris entre lindex et le
majeur. Un anctre du bras (ou du doigt) dhonneur en quelque sorte.
TLF. 1 empr. l'a. prov. figa (XIIe s. ds RAYN.), issu du lat. class. ficus fm. figue, figuier , devenu fica* en lat. vulg.
d'apr. de nombreux noms de fruits en -a, d'o l'a. fr. fie figue (ca 1170, B. DE STE-MAURE, Chron., d. C. Fahlin,
11240); 2 calque de l'ital. far la fica, attest dep. mil. XIIIe s. (Novellino ds BATT.), fica dsignant en ital. la vulve de la
femme, ce sens tant lui-mme un calque du gr. id. (chez Aristophane, v. BAILLY et DEI); 3 aurait pour orig. une
fraude dont des marchands vnitiens, qui achetaient du raisin de Corinthe rare et cher, auraient t victimes (BL.-W.5).
(DELF)
On ne stonnera pas den trouver de nombreux exemples dans la littrature doc.
Mais am freidura e montagne/No fas figa ni castagna . P. Rogiers. Dousa amiga. Jaime mieux froidure et montagne que
je ne fais figue et chtaigne . LR.
NB. Pire ROGIER, Troubadour, co-seigneur de Cabaret et viguier de Carcassonne. (XII s.)
Ab lait duna salvatja figa . Deudes de Prades. Auz. cass. Avec le lait dune figue sauvage.
El mezel al facha la figa . Roman de Jaufre., fol. 26. Le msel lui a fait la figue.
Una molt bela figuiera . Brev. Damor. fol. 160. Un moult beau figuier. LR.
Filtration, subst.fm. Filtracion [filtrasjun filtrasju]
TLF. 1578 opration par laquelle on fait passer un liquide travers un filtre (La Presse mdicale, t. 58, 1950, p. 934); 2.
1690 passage d'un liquide travers un milieu permable (FUR.). Dr. de filtrer*; suff. -(a)tion*.
Osta aquo que es en aquela de filtracio . Trad. DAlbucasis. Fol. 44. te ce qui est en celle-l de suppuration. LR.
Flamant, subst.masc. Flamenc [flameNk] ( couleur de flamme ).
Flamant rose, on dit aussi becarut.
Emprunt au provenal flamen(c) (MISTRAL, TDF) driv l'aide du suffixe dorigine germanique -enc
(-an*), de flamma (flamme*) cause de la couleur des ailes de cet oiseau (Le grec avait dj
phoinikopteros littralement aux ailes d'un rouge pourpre . (TLF) (DELF)
Flapi, adj. Flapit [flapit] Devenu flasque.
1932. Forme flappi, avec la gmine hist., ds J. DAUVEN, Jean Cocteau chez les sirnes, Monaco, d. du Rochet, 1956, p.
64. tymol. et Hist. 1486 [date de l'd.] flappye abattue (Les Cent nouvelles nouvelles, d. Franklin P. Sweetser, II, 39,
var.); 1890 fatigu (ds DU PUITSP.). Mot fr.-prov. dr. d'un adj. flap qui est fltri attest dans ce domaine (cf. FEW
t. 3, p. 399b) issu prob. d'un lat. pop. *falappa, altration du lat. mdiv. faluppa balle de bl (Xe s. ds CGL t. 5, p. 525,
32). (DELF)
Du francoprovenal, et du nord-occitan. (TDF) Peut-tre lien avec flac (maigre, flasque)et ses drivs
(a)flaquir, aflaquit)
Floche, adj. Flche [flOtSe]
TLF. 1611 soye floche (COTGR.). Plus vraisemblablement venu (avec l'industrie de la soie) dans le syntagme soie floche,
de l'a. gasc. floche (Chronique Bordelaise, XVIe s. ds DG) lui-mme de l'adj. lat. fluxus mou, flasque (FEW t. 3, p. 646b)
qu'adj. verbal de flocher/floquer friser (XIIe-XVIe s. ds GDF., T.-L. HUG.), dr. de floc* petite touffe de laine
(EWFS2, REW3). (DELF)
El gibres el neus son a flocx . P. Raimond de Toulouse. Era pus. Et le givre et la neige sont flocons. LR.
NB. Pire RAIMON de TOLOSA, Troubadour (1180-1221)
Le TDF de MISTRAL (T. I, p. 1146b) donne :
Flo, Floc (g.l. d.), Flouoc (rouerg .) (rom, floc, folc, fluc, cat. floc, all. Flock, esp. Flucco, port. Froco, it, fiocco, lat. flocus)
s ;m. Houppe, flocon, bouffette (v. mouscal) : touffe, bouquet, en Gascogne, v. Bouquet : extrmit dfile de la mche dun
fouet, v. chasso ; gland dor, de fil ; loque, lopin, morceau, v. platu, tros ; quantit, tas, v. mouloun
Flors (faire ) emprunt lexpression occitane : Faire flrit [fajre flOri] (tre, triomphant)
TLF. Orig. incertaine; peut-tre du prov. faire flori tre dans un tat de prosprit (MISTRAL), o flori est empr. au lat.
class. floridus fleuri, couvert de fleurs , par l'intermdiaire de l'arg. des coliers qui aurait latinis la forme (FEW t. 3, p.
637b), ou moins prob. de Flors de Grce, hros d'un roman de chevalerie de Nicolas de Herberay (1552). (DELF)(DHLF)
Fltet, subst.masc. Flatet [flatet]
Galoubet provenal. Des paysans, des mnagers, des gens qui, de pre en fils, jouaient du fltet dans
les ftes de village (A. DAUDET, N. Roumestan, 1881, p. 66). Le flageolet et le fltet ou galoubet
(...) sont les derniers descendants de la flte bec.
TLF. 1768 fltet (ROUSSEAU, Dict. de mus. ds QUEM. DDL t. 9). Empr. la forme dauphinoise flutet (dj au XVIe s.
Avignon d'apr. PANSIER) correspondant au prov. flahutet galoubet (cf. MISTRAL) dr. de l'a. prov. flat flageolet ,
de flata (cf. flte). (PDPF)
For, subst.masc. Fr [fOr]
Tribunal ; Juridiction temporelle de lglise. For intrieur. Pouvoir, autorit que lglise exerce sur les
choses spirituelles.
TLF. empr. l'a. gascon for loi, coutume, privilge (1235, Ste Croix de Bordeaux, ds A. LUCHAIRE, Rec. de textes de
l'a. dial. gascon, p. 120; 1290 Oloron, ibid., p. 54), de mme orig.; cf. aux XIe-XIIe s. le lat. mdiv. forum privilge
dans le domaine hispanique ds DU CANGE, s.v. forus 2; v. aussi fur.
For est tout simplement de loccitan ancien, connu de la Gascogne la Provence avec le sens de :
juridiction, loi, coutume, manire, faon, cours, prix, amende. (PDPF)
Las leis e los drets e lors fors. Tit. De 1080. Les lois et les droits et leurs usages. LR.
Teno lo for dels principals . Leys damors. Fol. 115. Ils suivent la loi des principaux. LR.
Forat, subst.masc. Forat [fursat]
Emprunt litalien forzato, galrien (XVI s.) selon le TLF. Ne peut pas venir de loccitan forat,
mme si les galres royales de France ne se trouvaient quen Mditerrane (voir Chiourme ) avec
Marseille pour port dattache dabord, puis Toulon Si emprunt litalien il y a eu, le mot a bien pu
passer en franais par loccitan. Il est prsent ds le XVI s. en Provence. Cest le partiicipe pass du
verbe forar employ comme adjectif, puis substantiv.
TLF. 1528 (La Grande bataille et victoire du seigneur Conte Philippin Doria contre l'arme du roy d'Espaigne ds V.-L.
BOURRILLY, Le Journal d'un bourgeois de Paris, Paris, 1910, p. 298 d'apr. J. FENNIS, La Stolonomie, Amsterdam, 1978,
p. 347). Empr. l'ital. forzato galrien , attest dep. le XVIe s. (Guicciardini ds BATT.), part. pass subst. de forzare
(forcer*) pris au sens partic. de condamner attest dep. le XVIe s. (Pasqualigo ibid.). Le mot ital. a aussi t adapt sous
la forme forc au XVIe s. (1534, RABELAIS, Gargantua, d. R. Calder, M. A. Screech, V. L. Saulnier, p. 214); cf. aussi
forsaire forat , attest au XVIe s. (ds 1521) et empr. l'ital. forzaro id. , prob. d'orig. vnitienne (v. J. FENNIS, op.
cit., pp. 346-347).
Tu sies a coumparar ou fourssat de cadeno . Michel TRONC, Sonnet XLI (vers 1595)
Forfan, subst.masc. Forfant [furfan] de forfaire [furfajre] : faire le mal.
TLF. 1578 oppos poltronnerie et prsent comme un empr. l'ital. (H. ESTIENNE, Deux dialogues du nouveau langage
franois italianiz, d. P. Ristelhuber, t. 1, p. 110); 1582 imposture, tromperie (F. BRETIN, trad. de LUCIEN,
Alexandre, 37-38 ds HUG.); 2. 1669 fanfaronnade (MOLIRE, Tartuffe, III, 2 ds LIVET). Dr. de forfant coquin
(dep. 1546, RABELAIS, Tiers Livre, d. M. A. Screech, chap. 48, p. 321), empr. l'ital. forfante, furfante id. (dep. 1re
moiti du XVIe s., Sabba de Castiglione ds BATT.), part. prs. adjectiv de furfare, lui-mme empr., d'apr. DEVOTO et
BATT., au fr. forfaire*. Le mot fr. a prob. subi l'infl. sm. de fanfaron* pour le passage de 1 2 (v. COR., s.v. farfante). L'a.
prov. forfan, propos comme tymon par BL.-W.3-5 et FEW t. 3, p. 351b, semble peu attest (mentionn seulement ds Pt
LEVY); le m. fr. forffault (XVe s., Myst. de St Etienne, 412, d. G. A. Runnalls, p. 79), que DG propose de corriger en
forfant et sur lequel cette hyp. s'appuie, reste douteux. (PDPF)
Lhypothse occitane est soutenue par DELF :
Forfanterie dr. de forfant qui est probabl. Empr. de la . pr. Forfan, mais avec, au XVI s., influence de lit. Furfante,
qui est, lui aussi, empr. de la.pr. La. pr. Forfan est le part. prs. De forfaire faire du mal .
Dautant que le terme est connu en occitan ancien (PDPF) : Forfan : coquin, vaurien .
Comme quoi, en matire dtymologie la plus grande prudence, et la plus grande modestie, simposent.
Les influences peuvent savrer multiples, et tage dans la chronologie. Lexemple suivant, tir du
thtre aixois (vers 1630) se trouve chez un auteur (dont les anctres taient des banquiers italiens fixs
Aix-en-Provence) qui introduit dans ses comdies les apports de la Commedia dell Arte :
Fourfan, maquareou, fiou de puto G. ZERBIN (vers 1630) PDMCP. Au sens de vantard, hbleur .
Fougasse, subst.fm. (16 s.) Fogassa [fugasO] (XII s.)
TLF. 1596 foucasse (Hulsius); 1601 fougasse (O. DE SERRES, Thtre d'agric., VIII, 1 ds HUG.). Empr. l'a. prov.
fogatza de mme sens (1135 ds RAYN.), fogasa (1182 ds BRUNEL, no 196, ligne 14), d'un lat. pop. *focacia, v. fouace.
NB. Olivier de SERRES (1539-1619). Ardchois (occitan donc !) Il ne faut pas stonner que celui que lon considre
comme le pre de lagronomie utilise dans sa (remarquable) prose franaise des mots et expressions qui sont de purs
occitanismes peine franciss... ds que le terme en franais lu fait dfaut.
Il publie en 1600 Le Thtre dagriculture et mesnage des champs (Paris : Jamet Mettayer), un quart de sicle aprs
LAgriculture et Maison Rustique de Charles Estienne (Paris : chez Jacques du Puys, 1564). On comptera 19 ditions de
louvrage de 1600 1675.
Foulard, subst.masc. peut-tre de loccitan Folat [fulat] (toffe de drap lgre utilise en t )
TLF. Orig. inc., peut-tre rattacher la famille de fouler* (FEW t. 3, p. 844 et 849, note 3), par l'intermdiaire du part.
prov. foulat foul aprs changement de suff., le part. pass fr. subst. foul drap lger d't tant attest au XIXe s.
(DHLF)
Foulque, subst.fm. Folca [fulkO]. Cest un oiseau proche de la poule deau.
TLF. [Ca 1265 fulica (BR. LATINI, Trsor, d. F. J. Carmody, I, 145, 3 [mot latin dans un contexte a. fr.])]; ca 1393
fourque (Mnagier de Paris, d. St des Bibliophiles Fr., t. II, p. 144); 1534 foulque (RABELAIS, Gargantua, chap. 35, d.
R. Calder, p. 216). Du lat. class. fulica id. , prob. par l'intermdiaire de l'a. prov. folca (fin XIIIe ds RAYN.). (DELF)
(DHLF)(PDPF)
Vendo folcas o autres auzels marins . Cartulaire de Montpellier, fol. 186. Vendent foulques ou autres oiseaux
marins. LR.
Fourguer, v. Furgar [fyrga] fouiller.
En argot franais : vendre des produits dun vol.
En occitan, aujourdhui comme hier, le fur [fyr] cest : la fouille, la perquisition. Lorigine du mot est
la mme que pour litalien, mais sa forme est plus proche du franais et na pas besoin de recourir
lhypothse dune mtathse. Et on nignore plus quune partie notable de largot franais est issu de
loccitan.
TLF. 1821 acheter des objets vols (d'un receleur) (ANSIAUME, Arg. Bagne Brest, fo 9ro 173); 1835, 20 sept. les
vendre ([RASPAIL], Rf. pnit., p. 2); p. ext. av. 1901 vendre, cder bas prix quelque chose pour s'en dbarrasser (L.
de BERCY ds BRUANT, p. 59 : j'ai pus un rotin... faut que j'fourgue Ma limace et mon culbutant); 1958 dnoncer la
police (ds ESN.). Prob. issu par mtathse du -r- de l'ital. frugare chercher avec minutie, fouiller (XIVe s. ds DEI) lui-
mme du lat. pop. *furicare fureter, fouiller , dr. du lat. class. fur voleur , furari voler ; v. aussi fourgon.
En fai fur o rap o tragina . Roman de Gerard de Roussillon , fol. 7. En fait vol ou rapt ou tumulte . LR.
Tan cantet dela e tant la onret e la servi que al domna se laisset furar ad el . V. de Pierre de Maensac. Var. Tant chanta
delle et tant lhonora et la servit que la dame se laissa enlever par lui. LR. (XIV s.)
Fourme, subst.fm. Forma [furmO]
TLF. Terme de l'Auvergne, empr. l'a. prov. forma meule de fromage (Regist. S. Flour, S. 90 Z. 24 ds LEVY Prov.),
lui-mme empr. au lat. forma moule fromage . (PDPF).
On dit toujours aujourdhui, en occitan : forma (forme) et formatge [furmadZe]. Le terme est certes
auvergnat, et tout bonnement panoccitan.
Foutre, v. Fotre [futre]
TLF. 1175-80 vulg. trans. possder charnellement (Renart, d. M. Roques, br. XVII, 1568); d'o 1731, avr. pop. se faire
f... (cit ds BRUNOT t. 6, 1124 et note 2);
Il ne sert rien de se glorifier par avance. Le terme se retrouve (dj) chez le premier troubadour connu,
un sicle avant.
Entro que pro fotut agues . Le Comte de Poitiers. En Alvernhe. Jusqu ce que jeusse assez cot. LR.
Tant la fotei com auziretz/cent e quatre vintz et ueit vetz/que a pauc no-i rompei mos corretz / e mos arnes . (id.
Guillaume IX dAquitaine, VII Comte de Poitiers : 1071-1126). Je vais vous dire combien de fois je les ai foutues : cent
quatre vingt-huit fois et jai failli y briser mon quipement et mes armes.
Le terme est commun aux deux langues mais il napparat pas forcment en premier en franais, mme
si le TLF et sa suite tous les autres ouvrages tymologiques qui le reprennent ou linspirent oublient
de signaler cet exemple (et qui nest ni le seul ni le moindre), tir du premier et de lun des plus
prestigieux de nos troubadours..
NB. Guillaume IX Duc dAquitaine, VII
me
Comte de Poitiers. Troubadour (1071-1126)
Fredon / fredaine, subst.fm. Fredon [fredun fredu] air, motif
TLF. XVe s. (Parnasse satyrique du XVe s., XLV, 31, 2 ds IGLF); 1546 (Palmerin d'Olive, 228b ds Rom. Forsch. t. 32, p.
68). Sans doute d'orig. mridionale, cf. prov. fredoun, fredou motif d'air (MISTRAL), prob. issu avec changement de
suff., dj attest en lat., d'un lat. fritinnire class. gazouiller , puis chanter (d'un oiseau) (Brch ds Z. fr. Spr. Lit. t. 52,
pp. 475-476; FEW t. 3, p. 813; REW3 no 3521a) plutt que d'un tymon germ. *verdonen non attest (Barbier ds R. Ling.
rom. t. 6, p. 26).
Roussignou, remplit daize,/Que desgorges ton cant en de millo fassons,/Remplis de cent millo fredons . Michel TRONC.
(avant 1600) Cansson I.V.
Frgate, subst.fm. Fregata [fregatO] emprunt litalien fregata, probablement par lintermdiaire de
loccitan fregata (provenal martime ) ou fragata (provenal rhodanien )
TLF. 1525 fregate petit bateau rames, souvent au service d'un grand navire (Invent. de Marseille, ms. Arch. Nat. X-1 A
8621, fo 205 vo ds J. FENNIS, La Stolonomie, Amsterdam 1978, p. 347); id. fraguate (ibid., ms. B. N. Clairambault 325, fo
9397, ibid.); 1536 frgatte (CH. DE HMARD ds CHARRIRE, Ng., I, 312 d'apr. R. ARVEILLER ds Fr. mod. t. 26, p.
52); 2. 1637 p. anal. fregate sorte d'oiseau de mer (A. BEAULIEU, Mm. du Voy. aux Indes Orient., p. 119 ds ARV., p.
234). Empr., (prob. par l'intermdiaire du prov., v.J. FENNIS, op. cit., p. 351) l'ital. fregata (au sens 1 dep. 1348-53,
BOCCACE, Dcamron ds BATT., avec rf. la Sicile), la forme frag(u)ate tant empr. au sicilien fragata qui est prob. la
forme originelle (cf. prov. fragato, cat. esp. port. fragata), d'orig. controverse. (DELF)
Frontignan, subst. masc. Frontinhan [fruntia]
Vin muscat d'appellation contrle, rcolt dans la rgion de Frontignan. Produit par le cpage dit
muscat dor , le frontignan, fait aprs un an de tonneau, est trs sucr, liquoreux mme, avec un got
musqu accentu.
TLF. 1688 (MIEGE Suppl. : Frontignac, Vin de Frontignac); 1758 le frontignan (VOLT., Pauvre diable ds LITTR). Du
nom de la ville de l'Hrault prs de laquelle est cultiv ce cpage.
Fuste, subst.fm. Fusta [fystO]
Petit bateau du Moyen ge, long et de bas bord, qui naviguait la voile et la rame. Une fuste lgre
(Ac. 1798-1878).
TLF.. 1392-93 (J. D'ARRAS, Mlusine, d. L. Stouff, p. 90). Prob. empr. l'ital. fusta, attest au sens d' embarcation
lgre et rapide dep. av. 1304 (Plutarco volgar. ds BATT.), qui doit tre l'orig. du mot dans toutes les lang. rom. (cf. a.
prov. fusta dep. le XVe s. avec rf. Venise ds LEVY (E.) Prov.; cat. fusta, 1378 ds ALC.-MOLL; port. fusta, 1397 ds
MACH.3; esp. fusta, 1428 ds COR.), issu du lat. vulg. fusta, lat. mdiv. fusta poutre, tonneau (au XIIIe s. d'apr.
NIERM.; d'o l'a. m. fr. fuste pice de bois, futaie ds GDF.), fm. valeur collective tir du plur. de fustum arbre
(apr. 1147 ds LATHAM), neutre refait sur le lat. class. fustis (ft*). Bbg. KEMNA 1901, pp. 200-201. KOHLM. 1901, p.
21. VIDOS 1939, p. 413
Le terme existe en occitan ancien : poutre, bois, vaisseau, navire. (PDPF) et caractrise un type
dembarcation commun tous les pays latins. Lorigine est forcment la langue latine, et il est plus que
probable que le terme soit pass de litalien au franais par lintermdiaire de loccitan. (Voir. Galre)
Fustet, subst.masc. Fustet [fystet] Varit de sumac, pistachir.
TLF. Empr. l'a. prov. fustet id. (XIVe s., Evang. de l'Enfance ds RAYN.; cf. aussi LEVY (E.) Prov.; cf. prov. mod.
fustel cit ds FEW t. 19, p. 49a), lui-mme empr. au cat. fustet (dep. 1249 ds ALC.-MOLL), empr. l'ar. fstuq, fstaq
pistachier (pour l'volution phon. des mots hispano-ar. de ce type, v. COR., s.v. fustete).
Pastel e fustet issamen . Evang. de lEnfance. Pastel et fustet galement. LR.
Fustier, subst. masc. Fustir [fystj] Charpentier (de marine)
Vieux et rare. Charpentier constructeur de bateaux (notamment sur le Rhne).
TLF. Av 1327 agn. fuster (Lib. Custum., I, 80, 2 Edw. II. Rer, brit. script. ds GDF.). Dr. l'aide du suff. -ier*, de l'a. fr.
fust (ft*), spc. au sens de bille, poutre de bois (ca 1200 S. de Freine ds T.-L.). (PDPF)
Quel fabre o l fustier/El sartrel sabatier . G. Riquier. Pus Diesu m. Que les forgerons ou les charpentiers et les
tailleurs et les cordonniers. LR.
NB. Guiraud RIQUIER. Troubadour (1254-1292)
G
Gabarit, subst.masc. Gabarrit [gabarit] modle de bateau construire. Voir gabarre .
TLF. Empr. au prov. gabarrit modle de construction d'un vaisseau (MISTRAL), altration de garbi id. (ibid.) par
croisement avec gabarra (v. gabarre); garbi est prob. issu du got. *garwi prparation , dr. de *garwon arranger que
l'on peut restituer d'apr. le m. nerl. gerwen mettre en ordre , l'a. h. all. garawi prparation , garawian prparer , all.
gerben prparer (notamment le cuir) , d'o tanner . (DELF) (DHLF)
Gabarre, subst.fm. Gabarra [gabarO] Cest aujourdhui une sorte de pniche, bateau fond plat,
rames et voiles.
TLF. 1338 (Comptes du trsorier des Guerres, Cout. de Bordeaux, art. 116 ds GDF. Compl. : nefs, gabarres et autres choses
necessaires aus pons et passages sur la riviere de Garonne). Terme de la rgion de la Garonne et de la rgion ouest entre
Loire et Garonne (cf. 1339, 1394, 1442 gabaro(t)tus, rgion de la Garonne ds DU CANGE; 1400 gabarre, rgion de Saint-
Jean-d'Angly, ibid.), empr. l'a. prov. gabarra, guabarra bateau plat voiles et rames (1379-82, Livre de Vie de
Bergerac; 1408, 12 sept., Jurade de Bordeaux ds LEVY Prov.), lui-mme prob. empr., comme l'esp. gabarra (dep. XVe s.,
doc. lat. de Fontarabie ds JAL), au basque Kabarra id. (ds Griera), gabarra, issu avec mtathse du lat. tardif barque
recouverte de peaux (cf. caravelle) : d'apr. FEW t. 2, p. 353 et COR., le mot basque explique la fois la localisation gogr.
des plus anc. attest., le dplacement de l'accent, k > g, la mtathse et le suffixe. (DELF) (PDPF)
Que hom lur prestes un guabarot que los mezes a Guardona Docum. de 1410. Ville de Bergerac. Quon leur prtt un
batelet qui les mit Guardonne. LR. (NB. Guardonne : la Garonne).
Gabier, subst.masc. Gabir [gabj] La gbia [gabjO] cest la cage, et par extension la hune. Sur les
vaisseaux on disait la hune, gbia tait rserve aux galres (qui taient toutes en Mditerrane).
A la gabio ! Au parrouquet ! Isaac DESPUCH-SAGE. Op. Cit.
TLF. Dr. du m. fr. gabie hune (1480 ds Fr. mod. t. 26, 1958, p. 52), empr. l'a. prov. gabia proprement cage (1re
moiti XIVe s. Elucidari ds RAYN.) et p. ext. charpente jour, lanterne d'un clocher (1447, Petit Thalamus de
Montpellier ds LEVY (E.) Prov.) et terme de mar. (MISTRAL), du lat. class. cavea cage ; cf. aussi l'a. ital. gabbia hune
XIIIe s., le lat. mdiv. gab(b)ia Gnes 1264, Pise 1269, et le dr. gabbiere XIVe s. ds DEI. Frq. abs. littr. : 64. Bbg. LA
LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 43, 203, 215. (DELF) (PDPF)
Leo troba gabia ayzinada que soptament si clau quan el es dins intrat . Eluc. de las propr. Fol, 253. Lion trouve
cage prpare qui soudainement se ferme quand il est entr dedans. LR. (XIV s.)
Gabion, subst.masc. Gabion [gabjun]
TLF. [1525 d'apr. BL.-W.3-5]; 1543 fortif. (L'Aigle qui a faict la poule devant le Coq Landreci dds Anc. posies fr. t. IV,
p. 62 : Gabions prend pour estre en seuret). Empr. l'ital. gabbione, attest comme terme de fortif. dep. dbut XVIe s.
(Machiavel ds BATT.), dr., l'aide du suff. augm. -one, de gabbia (cage*). Frq. abs. littr. : 12. Bbg. HOPE 1971, p. 195,
198. - LENOBLE-PINSON (M.).
Lemprunt est trs certainement litalien, mais comme la plupart du temps pour le vocabulaire
guerrier, la proximit avec loccitan a sans doute jou dans son adoption en franais. Dautant que
gabion est en occitan galement un driv de gbia Dans un texte burlesque du dbut du XVII sicle,
Isaac DESPUCH fait le tour des termes de marine et de la guerre.
Aqui vous vesias de bastions, / De palissados, de gabions, / Dun autre costat uno mino, / Un rampart tout plen de faisino,
/ de coffres et de galaries, / Pioy apres, per las bataries, / De balouars, de miges lunos, / De contrescarpos non communos, /
De paropets, de ravelins / En sas casamatos dedins, / Fournels, foussats et faussos brayos, / Foro paus a travez las hayos /
Et tant dautres empachamens . LEmbarquement, les conquestes et lheureux retour de Caramantran. Isaac
DESPUCH. Les Folies du sieur Le Sage, 1636.
Gaffe, subst.fm. Gafa [gafO]
TLF. [1393 ds BL.-W.1-5]; 1455 perche munie d'un croc (A.N. J.J. 183, pice 61 ds GDF. Compl. : ung baston, nomm
gaffe, ayant ung crocq de fer au bout). Empr. l'a. prov. gaf crochet, perche (XIVe s. ds LEVY (E.) Prov.), dr. de gafar
saisir (s.v. gaffer1). Bbg. ESNAULT (G.). Avaler sa gaffe. Vie Lang. 1955, pp. 307-310. - LA LANDELLE (G. de). Le
Lang. des marins. Paris, 1859, p. 167, 333. - QUEM. DDL t. 13. - SAIN. Arg. 1972 [1907], pp. 199-200. - SCHUCHARDT
(H.). Trouver. Z. rom. Philol. 1904, t. (DELF) (PDPF)
Dverbal de loccitan (a)gafar saisir, attraper . La gaffe est une perche qui sert manuvrer une
embarcation.
Gaffe en argot, vient du vocabulaire des nrvis marseillais chez qui le terme servait dsigner les
policiers. Au cri de gafas ! un quivalent trs XIX s. de (vingt deux) les flics , tout le monde se
sauvait. Do les expressions argotiques drives : faire gaffe .
Un lop rauchos lo gafet . V. de S. Flors. Doat, t. CXXIII, fol. 276. Un loup enrag le saisit. LR.
Gaffer, v. Gafar [gafa]
TLF. 1687 accrocher avec une gaffe (DESROCHES, Dictionnaire des termes propres de marine, 254 ds Fr. mod. t. 26,
p. 52). Empr. l'a. prov. gafar saisir (XIIIe s. ds E. LEVY Prov.) issu du lat. mdiv. *gaffare saisir (DU CANGE)
qui remonte prob. au got. *gaffn de mme sens (cf. FEW t. 16, p. 6b), mot expressif de la mme famille que l'a. nord.
gabba (v. gaber) (d'apr. Frings, ibid.). Bbg. STRAKA (G.). En relisant Menaud, matre-draveur. Ml. Imbs (P.) 1973, p. 294.
(DELF) (PDPF)
Viscoza superfluitat de uelhs que si gafa ab las pallas . Eluc. de las propr. Fol. 83. Superfluit visqueuse des yeux qui
sattache avec les paupires. LR.
Gai, adj. Gai [gaj] emprunt probable lancien occitan et notamment au registre troubadouresque.
Cest un des mots-cls de la pense courtoise.
TLF. 2e moiti du XIe s. qui est d'humeur riante (en parlant d'une personne); qui exprime la gaiet (visage, etc.) (LEVY
Trsor, p. 121); ca 1155 id. (WACE, Brut, d. I. Arnold, 1564); 2. ca 1225 tens ... gais qui inspire la gaiet, temps
agrable et doux (Durmart le Gallois, d. J. Gildea, 924); 3. ca 1300 vert gay vert clair, jauntre (en parlant d'un
bouillon) (TAILLEVENT, Viandier, d. P. Aebischer, p. 94). Peut-tre empr. de l'a. occitan gai ptulant, gai (dep.
Guillaume IX ds FEW t. 16, p. 9 a; v. aussi LEVY (E.) Prov.), lui-mme issu du got. *gaheis imptueux (cf. a. h. all.
id. , all. jh brusque ), provenance qui serait due l'infl. des troubadours (FEW, loc. cit.), ou plus vraisemblablement
mot issu directement de l'a. h. all. d'o la forme attendue jai (XIIIe s., Pastourelles, d. J. Cl. Rivires, CIX, 8). La
prdominance de la forme avec g- s'explique en particulier par les interfrences constantes entre gai et gaillard (v. DEAF,
col. 35, s.v. gai). (DELF) (PDPF)
Mout ai estat cuendes e gai . Guillaume IX dAquitaine, Comte de Poitiers. Pus de chantar. Moult jai t gracieux et
gai. LR.
NB. Guillaume IX dAquitaine, Comte de Poitiers, Troubadour (le premier !) (1071-1126)
Quar mos amics es lo plus guais/Per quieu sui cuendeta e guaia . La Comtesse de Die. Ab joi et ab. Car mon ami est le
plus gai, cest pourquoi je suis accorte et gaie. LR.
NB. Comtesse de Die, femme troubadour (vers 1200)
Galapiat, subst.masc. Galapian [galapjaN galapja]
TLF. Pop., vieilli. [Surtout en parlant de jeunes gens] Individu grossier, vaurien. a te regarde, ce que nous disons, petit
galapiat ? (PAGNOL, Marius, 1931, II, 2, p. 104) :
Qu'est-ce qu'elle dira ma moman si elle apprenait que tu me laisses insulter par un galapiat, un gougnafier et peut-tre
mme un conducteur du dimanche .
QUENEAU, Zazie, 1959, p. 88.
TLF. Dans les patois, galapiat prsente de nombreuses var. phont. concernant aussi bien la voyelle du rad. de laper (on a
indiffremment -i-/-a-/-(o)u-; cf. FEW t. 17, p. 478a) que le suff. -iat, ct de -iau(d), -in; ibid. Ces flottements qui
s'expliquent dans la grande majorit des cas par un croisement de galapiat avec un terme de sens voisin (cf. l'ang. galopias
et le niois galapin qui ont tous deux subi l'infl. de galopin) avaient amen DAUZAT voir dans galapiat une altration du
prov. mod. galapian, empr. dform de galopin*. Bbg. DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 235. (DHLF)
Les patois ? Quels patois ? Le TLF pourrait tre politiquement (et hypocritement) correct tout de
mme !
DAUZAT a sans doute raison. En effet la prononciation de Galapian diffre selon que le locuteur est
provenal ( n nasalis) ou languedocien ( n effac).
Galjade, subst.fm. Galejada [galedZadO] Emprunt popularis par A. Daudet (1881) et Galger.
TLF. Du prov. galejado plaisanterie, badinage, raillerie (v. MISTRAL), dr. du verbe galeja plaisanter, railler, berner
(ibid.), lui-mme de se gala se rjouir (cf. FEW t. 17, p. 474b), correspondant l'a. fr. galer (v. galant). Bbg. QUEM.
DDL t. 13. (DELF) (DHLF)
Galre, subst.fm. Galera [galerO]
Empr. au cat. galera, attest au sens 1 dep. 1237 (gualera, d'apr. H. et R. Kahane ds Ml. Wartburg (W. von) 1958, p. 437),
(navire de guerre rames)issu de galea (gale*) par adaptation du suff. V. Vidos ds Z. fr. Spr. Lit. t. 58, pp. 462-476;
KAHANE Byzanz, I, 412. Frq. abs. littr. : 541. Frq. rel. littr. : XIXe s. : a) 1 036, b) 1 278; XXe s. : a) 409, b) 484. Bbg.
KEMNA 1901, pp. 126-128. - LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 33, 72, 116. - POTTIER (B.).
Mots d'emprunt : galre. Fr. mod. 1949, t. 17, p. 64 - QUEM. DDL t. 1, 5, 10. - VIDOS 1939, p. 284, 421. (DELF)
Qui est capable de distinguer un texte occitan dun texte catalan de 1237 ?
Dans les Mmoires de Jean de Nostredame ( la date de MCCLXV-IV) : car el non volguet donar
batalha que son frayre Carle, nouvel rey de Sicilla, non fussa arribat quel esperava de jour en jour embe granda armada
de galeras e fustas .
En ralit le terme est prsent sous diverses formes en occitan ancien.
XXXV. Galeas del rei de Frana . Cartulaire de Montpellier, fol. 71. Trente-cinq galaces du roi de France . LR.
Naus, linhs e gales e nautors . Leys damors. Fol. 15. Navires, barques et galres et nautonniers. LR.
Lemperador ac sos navelis aparelhatz, entre naus e guales, dos melis . Roman de la Prise de Jrusalem. LEmpereur eut
ses btiments appareills, entre navires et galres, deux mille. LR.
An portat/En galleras los preysoniers . V. de S. Honorat. Ont port dans les galres les prisonniers. LR.
NB. La Vida de Sant Honorat, de Raymond FERAUD fut acheve autour de lan 1300.
Voir site de la ville dArles : www.patrimoine.ville-arles.fr
Si au XIVe sicle, le danger tait continental, au XVe sicle, les menaces viennent de la mer. Le territoire arlsien, mal
protg et facilement accessible par les bras du Rhne, est une proie facile pour les tous les pirates qui cument les ctes. En
1417, le snchal de Provence, devant le danger des oprations de pirateries, demandent aux communauts de remettre en
tat leurs murailles. En 1431, deux galiotes florentines remontent un bras du fleuve et font prisonniers plusieurs Arlsiens.
En 1435 puis en 1453, des Gnois remontent le Rhne et commettent des actes de violence et de rapines en Camargue.
Mais la plus grande menace ce sont les Catalans. Pendant plus d'un demi-sicle, la cit vit avec la menace des Catalans,
c'est--dire des galres aragonaises qui pillent la Camargue et qui sont un danger permanent pour les Arlsiens. Les
incursions des corsaires catalans sur le territoire dArles devenaient si menaantes que toute la population rurale des bords
du Rhne fuyait leur approche et que la ville dArles, lasse de rclamer en vain le secours du comte de Provence, se dcida
lever sa milice et prit sa solde 50 arbaltriers avec quelques navires. Charles de Castillon, tant venu prendre le
commandement de ces troupes, surprit les ennemis qui remontaient le Rhne avec des galres tranes par des chevaux,
fondit sur eux, les pourchassa et tailla en pices, mit en fuite leurs navires et pour quelque temps ramena la srnit sur les
deux rives du Rhne.
Vingt ans plus tard, en 1470, la menace est toujours prsente. Par lettre patente du 16 juin de cette anne, le roi Ren
autorise la construction d'une tour de dfense l'embouchure du Rhne, dnomme par la suite Tour du Lion, Tour du
Balouard ; elle est termine le 15 juin 1477 lors de la visite du duc de Calabre. Lors de sa construction, il faut envoyer le 11
juillet 1473 des renforts, les ouvriers ayant failli tre enlevs par une galre catalane. Le voyageur allemand Hans von
Waltheym fait galement rfrence cette menace lors de son voyage en 1474 ; il crit : ... notre plus grande crainte et
peur c'taient les Catalans qui habitent trs prs (NDLR : des Saintes-Maries-de-la-Mer). Ils prennent les gens, ils les
enchanent sur des bateaux. Ils doivent ensuite ramer et rester prisonniers vie .
Le livre dict quil avoit unze carraques, deux cents gallres et vingt-six galles voiles . BRANTME, II, 300.
Chez le mme BRANTME se trouve une expression qui ne figure dans aucun dictionnaire franais
(mais dans le TDF de MISTRAL, T. I, 1136c) et qui est du pur occitan. Qui ne doit rien litalien :
La galre capitainesse verte soudain, toute force de rames et vogue rancade, vint investir lautre capitainesse
blanche, noire et rouge . III, 255.
vogue rancade pour loccitan a vga rancada [a vOgO raNkadO] signifie simplement toute
rames . Rancada est le participe pass du verbe (ar)rancar arracher . rame arrache , il est
difficile de trouver une formulation plus expressive.
De fait BRANTME (ou son secrtaire, aussi prigourdin que lui !) traduit trs souvent les expressions
occitanes en fanais, ou accompagne une expression franaise dune tournure occitane francise quil
trouve plus pittoresque.
Galiote, subst.fm. Galita [galjOtO]
cette poque et sur tout le littoral provenal, et particulirement en Camargue, on dut se dfendre contre les pirates de
Brganon, aujourdhui sjour dt des Prsidents franais. Install dans la forteresse de Brganon prs de Hyres,
Baldassare Spinola ex-snchal de Charles de Duras lanait des raids dans la valle du Rhne et attaquait les pcheurs de
Martigues et Arles. En 1394, cependant, la riposte fut contondante : une galiote de Brganon fut prise dassaut par les gens
de Martigues qui semparrent de tout lquipage, pendu aussitt aprs ; seul lcrivain du navire fut relax pour lexemple.
Un an plus tard, ce sont les Arlsiens qui capturrent une autre galiote venant de Brganon, aprs de lourdes pertes les
survivants furent emmens en prison o les Arlsiens les ranonnrent. Au bout de deux mois, tous furent relchs. (PDPF)
Ce type de bateau tait le prfr des pirates.
Damor vey que neys la pus complida/Sap plus denjan que galiotz . T. de G. Riquier et dun anonyme. Aras. Damour je
vis que mme la plus accomplie sait plus de tromperie que forban. LR.
Fon raubat per layros galiotz . V. et Vert. Fut drob par larrons pirates. LR.
Galion, subst.masc. Galion [galjun]
TLF. 1208 petit navire de guerre (VILLEHARDOUIN, Conqute de Constantinople, d. E. Faral, 466); 2. 1626 grand
navire utilis autrefois par les Espagnols pour ramener l'or d'Amrique (A. DE NOVEL, Lettres indites, p. 40 ds REINH.,
p. 358). Dr. de galie (dep. ca 1100, Roland, d. J. Bdier, 2625), var. de gale*; suff. -on*. Le sens 2 est prob. d l'infl. de
l'esp. galen id. , attest dep. 1528 et lui-mme empr. au fr. (v. COR., s.v. galera), le mot ayant pris en esp. le sens de
grand navire en raison du sens augm. qu'a dans cette langue le suff. n.
En occitan pourrait tre un diminutif de galea (-on, est diminutif en occitan : ostal > ostalon) (le
franais pour galea est galie ). On peut se poser des questions, on trouve en effet chez Jean de
NOSTREDAME (voir supra) :
Lou dich Carle sen montet a Maselha embe XXX gallions e dautras naux en grand nombre ( la date de : MCCCLXIII).
Galoubet, subst.masc. Galobet [galube galubet]
Flte trois trous, joue de la main gauche et utilise avec accompagnement de tambourin.
TLF. 1765 galoub (Encyclop. t. 15, p. 877b, s.v. tambourin). Empr. au prov. galoubet, attest dep. 1723 (S. A. PELLAS,
Dict. prov. et fr. ds FEW t. 16, p. 748a), qui est prob. dr. d'un verbe *galaubar jouer magnifiquement (d'un instrument) ,
refait sur l'a. prov. galaubeiar bien agir (fin du XIIe s. GIRAUT DE BORNELH, uvres, d. A. Kolsen, 68, 28), lui-
mme du got. *galaubei grande valeur , cf. le got. galaufs prcieux . (DELF) (DHLF)
Gambade, subst.fm. Cambada {Gambada} [cambadO gambadO] et gambader, v.
cambadar/gambadar jouer des jambes, sauter, sbattre. Litalien galement gambta alors quen
occitan on dit gambeta.
TLF. Considr souvent comme un empr. l'ital. gambata (DG; EWFS1-2; HOPE, p. 40) bien que ce dernier ne soit attest
que dep. le XVIe s. (d'apr. DEI), le fr. gambade peut aussi bien avoir t empr. au prov. cambado, gambado (FEW t. 2, p.
119b; BL.-W.3-5) qui, sans tre attest, semble-t-il, antrieurement au mot fr., doit pourtant tre ancien tant donn son
extension dial. dans une grande partie du domaine d'oc (v. MISTRAL; cf. aussi attest. litt. de Saboly, XVIIe s., ibid.); sur les
var. K/G (en a. prov., seulement camba, mais quelques dr. en gamb-), v. MISTRAL, loc. cit. et RONJAT 257. Frq. abs.
littr. : 53. Bbg. HOPE 1971, p. 40, 149. - LEW. 1960, p. 22. (DELF) (DHLF)
Gambe (au sens de double cordage) de loccitan gamba/camba : jambe et cordage.
NB. Lhomme politique franais Lon Gambetta (1838-1882) tait issu d'une famille de commerants aiss de Cahors : son
grand-pre Michel tait originaire de Ligurie. Il avait pous Benedetta Galeano et tenait une picerie, le Bazar gnois .
Gambetta est une forme ligure (et diminutive) de litalien gamba et signifie, comme loccitan gambeta petite
jambe, croc-en-jambe. Gambta est la forme standard italienne et signifie : longue enjambe, croc-en-jambe . Le
ligure est souvent plus prs de loccitan que de litalien.
Et au fait, Gambetta parlait occitan, il tait donc capable de comprendre la chanson que ses compatriotes lui avaient (pas trs
gentiment) consacr : Gambeta lo brnhe, avi dos catons/ Navi un de brnhe, lautre de laganhs (Gambetta le
borgne avait deux chatons, un de borgne et lautre chssieux)
Ganse, subst.fm. Gansa [gansO] boucle, nud, anse.
TLF. 1611 gance, ganse (COTGR.). Prob. empr. au prov. ganso boucle, ganse (MISTRAL) reprsentant l'adj. gr.
courb (FEW t. 4, p. 51 a). (DELF) (DHLF)
Garbure, subst.fm. Garbura [garbyrO] emprunt loccitan (gascon) garbura, soupe base de choux,
de pain, de jambon, de lard et de confit doie ou de canard, bien connue pour ses vertus particulirement
roboratives.
TLF. Empr. au gasc. garburo soupe aux choux et au confit d'oie ou de canard , d'orig. inc., peut-tre prromane (cf. esp.
garbas plat de blettes, fromage frais, pices et saindoux , attest dep. 1525 d'apr. COR.; v. FEW t. 21, p. 489b et
ROHLFS Gasc., p. 233, add. au 85). Bbg. GOHIN 1903, p. 326. (DELF) (DHLF)
Gardian, subst.masc. Gardian [gardjan]
TLF. Empr. au prov. gardian, de mme sens (attest dep. 1409 ap. MEYER Doc., p. 379 [ds 1339 en lat. mdiv., cf. DU
CANGE t. 4, p. 125a]), lui-mme prob. issu du got. wardja gardien , latinis l'aide du suff. -anu (-ien*) (FEW t. 17, p.
523b). (PDPF) (DHLF)
Et mme avant !
Un home quera gardian/Del monestier et habitan . V. de S. Alexis. Un homme qui tait gardien et habitant du monastre.
LR.
Gardian dels fraires menors . Tit. de 1287. Doat, t. CLXXV, fol, 17. Gardien des frres mineurs. LR.
Gargamelle, subst.fm. Gargamela [gargamelO] Gorge, gosier. Lemprunt le plus connu est celui de
RABELAIS qui donne ce nom significatif lpouse de Grandgousier. Pass au masculin dans les
histoires des Schtroumpfs !
TLF. 1468 (doc. ds DU CANGE, s.v. gargalio : la gargamelle ou gosier). Empr. au prov. gargamella gorge, gosier
(XIIIe s. Daude de Pradas ds RAYN.), croisement de calamella chalumeau (XIVe s. [ms. XVe s.] ds Rom. Forsch. t. 5,
414, 27; caramela 1re moiti XIVe s., caramel XIIe s. ds RAYN.; v. chalumeau) avec la racine onomat. garg- (v.
gargouille), les 2 mots tant en rapport sm. troit, v. BL.-W.5 et FEW t. 4, p. 61b. (DELF) (PDPF) (DHLF)
De gargamela de mouto/Li datz soven a manjar pro . Deudes de Prades, Auz.cass. Donnez-lui souvent manger de la
gorge de mouton. LR.
NB. Daude {Deudes} de PRADES, troubadour (1214-1282) et auteur de Auzels cassadors, ouvrage de fauconnerie.*
Del bran/Per la gargamella/Empenh si son trenchan . P. Cardinal. Un sirventes trametrai. De lpe par la gorge il
pousse tellement son tranchant. LR.
NB. Pire CARDENAL. Troubadour (1205-1272)
Gargoulette, subst.fm. Gargoleta [garguletO] Le mot existait en vieux franais avec le sens de
petite gargouille (1377) ; au sens actuel (1686) qui est celui de vase poreux destin garder leau
frache , il provient de loccitan gargoleta.
TLF. 1337 petite gargouille (doc. Tournai ds GDF. Compl.); 1397 bec verseur (ds Romania t. 33, p. 361 : couppe... a
.iii. gargoulettes par deseure); 2. 1686 cruche de terre poreuse (Chevalier [ALEXANDRE] DE CHAUMONT, Des
prsens du Roi de Siam au Roi de France, p. 4 ds Trv. 1752); 3. 1824 garguelotte gosier (Mm. de la socit des
antiquaires de France, t. 6, p. 155); 1879 gargoulette (HUYSMANS, Surs Vatard, p. 49). Dr. de l'a. fr. gargoule
(gargouille*); suff. -ette*; au sens 2, rapprocher du prov. gargouleto cruchon (MISTRAL). (DHLF)
Gargousse, subst.fm. Emprunt (1687) loccitan Gargossa : [gargusO] charge de poudre canon ou
fusil dans son tui. Loccitan alterne souvent en dbut de mot c [k] et g [g].
TLF. Prob. empr. au prov. cargousso, gargousso gargousse (MISTRAL), dr. de carga, corresp. charger*, suff. -
ousso, v. RONJAT, 678; la forme gargouche, par croisement avec cartouche*. (DELF) (DHLF)
Garrigue de loccitan Garriga [garigO] (sur garric , le chne kerms), terrain aride pourvu dune
vgtation spcifique.
Le mot se retrouve en espagnol et en italien, o il correspond un type de vgtation frquent dans le
sud.
TLF. Empr. au prov. garriga garrigue (ca 1120, Quercy ds BRUNEL, no 23, 2; cf. lat. mdiv. garrica, garriga dep.
817 [Couserans] et jusqu'au mil. du XIIe s. dans tout le domaine d'oc, NIERM., v. aussi BAMBECK Boden, 2; cf. le masc.
correspondant : a. prov. garric chne kerms 1177, Rouergue ds BRUNEL, no 160, 4), auquel correspond ds le domaine
d'oil, jarrie (1150-80 fr.-prov. chne kerms , G. de Roussillon, d. W. M. Hackett, 8492; a.fr. terre inculte ca 1315
typonyme La Jarrie, Arch. du Loiret ds GDF., cf. aussi les toponymes cits par LONGNON, 33, notamment en Charente-
Mar., Loire-Atlantique et Touraine); cf. l'a. fr. jarris (-icius v. -is) ca 1170 bton taill ds un chne kerms (BROUL,
Tristan, d. E. Muret, 1260 : jarri). Ces mots se rattachent un vaste ensemble lexicologique dsignant des plantes
pineuses, des terres incultes, dont on relve les reprsentants de la Pninsule Ibrique jusqu' l'Italie du sud. Cet ensemble
serait dr. d'un type prroman *carra- pour l'identification duquel les avis divergent : pour FEW t. 2, p. 411, BL.-W.5,
DAUZAT Topon., d. 1971, p. 85, ce type serait identifier avec la base prromane *carra- pierre (d'o le dr. gasc.
carroc, garroc rocher , PALAY, LESPY-RAYM.), les sols pierreux donnant naissance une vgtation rabougrie et
pineuse; J. HUBSCHMID, Sardische Studien, 1953, p. 97 prfre, notamment pour des raisons phon., sparer la base
prromane, *karr- chne (d'o les dnominations de plantes pineuses, de landes v. ID., op. cit., pp. 93-96 et
HUBSCHMID fasc. 2, p. 95), de la base prromane *karri- pierre (J. HUBSCHMID, op. cit., pp. 108-112). (DELF)
(PDPF) (DHLF)
Pos dels vertz folhs vei clarzir los guarrics , Pierre dAuvergne. De jostala. Puisque je vois les chnes sclaircir des
vertes feuilles. LR.
NB. Pire dALVERNHA. Troubadour, (1149-1170)
La gariga de Puy de Peira . Tit. De 1247. Arch. Du Roy, j. 302. La chnaie du Pui-de-Pierre. LR.
Garrot subst.masc. Garrt [garOt] entre lpaule et lencolure. Form sur garra , la jambe, le jarret.
Avec un augmentatif.
TLF. Empr. du prov. garrot id. (E. LEVY Prov.) dr. en -ot* de l'a. prov. garra jambe, jarret (peu attest, v. E.
LEVY Prov.), lui-mme issu du gaulois *garra partie de la jambe (cf. jarret). (PDPF)
Garde se que mal non dis,/Quar autramen gran drech seria/Que om li ne trenches la garr . Brev. damor. Rochegude,
Glos. Ms. Quil se garde quil ne dise mal, car autrement grande justice serait quon lui en coupt la jambe. LR.
Certes, garra [garO] est peu attest, mais cest tout de mme le nom donn la jambe, au jarret, et
los du jambon. Cest aussi un patronyme rpandu en pays doc. Dun boteux on dit toujours quil
est garrl.
Cest dailleurs un patronyme relativement courant.
Gascon, adj.subst.masc. Gascon [gaskun]
TLF. 1100 subst. li Guascuinz (Roland, d. J. Bdier, 1289); ca 1180-90 adj. (d'un cheval) (A. DE PARIS, Alexandre, I, 868
in Elliott Monographs, 37 p. 20). Du lat. de l'poque impriale Vascones, nom d'orig. prromane dsignant un peuple tabli
sur les deux versants des Pyrnes, devenu Wascones (VIe s. Grg. de Tours, Frdgaire ds ROHLFS Gasc.3, p. 19); cette
forme est gn. explique par l'infl. de la prononc. wisigot. (ibid., pp. 18-19; EWFS2; BL.-W.5), tandis que DEAF en rend
compte par le caractre bilabial du v, considrant inutile le recours l'infl. germ.; cf. l'a. prov. gasco (XIIe s. ds RAYN.).
(PDPF)
Tal dompna don sui amaire,/Non ges a la lei gascona . Pierre dAuvergne. Ab fins joia. Telle dame dont je suis
amoureux, non point la manire gasconne. LR.
Quar li Frances no son Gasco . A. Daniel. Dautra guisa. Car les franais ne sont pas les gascons. LR.
NB. Arnaut DANIEL, Troubadour (11801195).
Pour les franais, au XVI et au XVII sicle, les occitans sont tous gascons (et ce nest jamais un
compliment !).
Au XIX sicle, les hros emblmatiques des romans de cape et dpe dun Michel Zvaco sont tous
gascons : mais Capestang et Pardailhan sont des villages de lHrault, en Bas-Languedoc.
Gaspiller, v. Gaspilhar [gaspija]
Si lon suit le TLF, voil un mot intressant, issu dun mariage inattendu. Mais la gaspa [gaspO] en
occitan ce nest pas seulement le petit lait, cest aussi la rafle du raisin.
TLF. 1549 (EST.). Gaspiller est prob. issu du croisement de gaspailler, terme dial. de l'Ouest (Nantes, FEW t. 14, p. 195a)
rejeter les balles de bl puis rpandre la paille (du bl) avec le prov. gaspilha grapiller, gaspiller (MISTRAL), cf. le
m. fr. gapiller (1578, La Boderie ds GDF. Compl.). Gaspailler est dr. de l'a.fr. *gaspail, attest dans le syntagme jeter
waspail (forme hypercorrecte de la rgion picarde ou influence par waster [gter*]) gaspiller (ca 1200, J. RENART,
L'Escoufle, d. F. Sweetser, 1517), cf. lat. mdiv. vaspale balles de bl (1194), gaspalium (1121 Le Mans ds DU
CANGE, s.v. gaspaleum), wallon de Jalhay et de Sart-lez-Spa [sud de Verviers, Belgique] wspa (quivalant wespail)
dchets de paille, faisceau de dchets (E. Legros ds Ml. Roques (M.) t. 4, 1952, pp. 164-165), poit. gaspailles balles de
bl rejetes par le van (1516 ds GDF.). *Gaspail est dr. d'un type *waspa dchets (cf. l'a. prov. gaspa fromage de
[petit] lait caill 1450, PANSIER, t. 3), d'orig. discute. Pour FEW, loc. cit., p. 196 ab (v. aussi BL.-W.5; DEAF, s.v.
gaspail) reprenant l'hypothse de J.V. Hubschmied (ds Festschrift L. Gauchat, 1926, pp. 435-38), *waspa serait un mot
gaulois signifiant nourriture puis seulement nourriture du btail, dchet (de *wes- nourrir , avec suff. -pa), auquel
se rattacherait un type secondaire *kaspa (par croisement avec des mots smantiquement voisins), base de mots dsignant
diffrentes sortes de dchets dans la Pninsule Ibrique, l'Italie du Nord, la Corse, la Sicile, le Pays basque. Pour
HUBSCHMID fasc. 1, p. 26, *waspa serait un mot de formation prromaine tymologiquement diffrent du type *kaspa,
tous deux tant seulement forms l'aide du mme suff. prindo-europen, p- ayant ici valeur diminutive. (DELF) (DHLF)
Gavache, subst.masc. Peu usit, vieux. Gavach [gabatS]
A. Personne lche. Synon. poltron, (fam.) couard :
B. Rgion. (Sud-Ouest). Nom ddaigneux donn des personnes dorigine trangre au pays. Voir
gavot .
TLF. 1546 guavasche vaurien (RABELAIS, Tiers Livre, d. M. A. Screech, chap. 28, p. 198); 1555 gavache (DES
PRIERS, l'Andrie, I, 5 ds HUG.). Empr. (de mme que le cat. gavatx et l'esp. gabacho, surnoms pj. appliqus aux
Franais) l'a. prov. gavach rustre, montagnard , d'abord tranger (1468 Cahors d'apr. FEW t. 4, p. 4a; gavag en
1436, Montagnac, ibid.), dr. iron. du prroman *gaba goitre; gsier; gorge (cf. gaver), le goitre tant une maladie
frquente chez les montagnards (cf. a. prov. gavier gosier et goitre , barn. gauerut goitreux ds FEW t. 4, p. 1b; v.
COR., s.v. gabacho). Bbg. REINH. 1963, p. 252. - SAIN. Sources t. 3 1972 [1930] p. 350.
En occitan ancien gavach signifie : jabot doiseau .
Gave, subst.masc. Gave [gabe] cours deau torrentiel.
DHLF. est un emprunt (fin XIV s., Froissart ; rare av. 1614 ; variante gaure 1532) lancien gascon gave, gabe (1188 ;
cf. galement gaver, XI s. gauer, 1160) ; ces mots semblent issus dune base prromane gabaru, gabarru quattestent le
latin mdival gabarus (fin VIII s. db. IXs ;) et les drivs Gabarret, Gabarrot. On a aussi propos une base preromane
gava cours deau .
TLF. Fin XIVe s. gave (FROISSART, Chron., d. L. Mirot, livre III, chap. 4, 15, t. 12, p. 64 : il y a trs mauvais pays
[rgion pyrnenne entre Tarbes et Pau] chevauchier, pour les gaves [paroles du Chevalier d'Espan de Lion, conseiller de
Gaston Phbus, Comte de Foix, rapportes par Froissart]), attest. isole; 1562 Pau gaure (ds DAG 217, 2-1); 1614 Bigorre
gave (ibid.). Empr. l'a. gasc. gave, gabe ([1188] gave Fors de Barn, 274 ds DAG; 1319 gaves Rles gasc. ds Raymond,
Dict. topogr. B.-Pyr., s.v. Gave de Pau; 1489 Pau gabe ds DAG), galement attest sous des formes de type gaver (XIe-XIIe
s. lat. mdiv. gaver Cart. Lucq ds DAG; 1160 gauer Cart. abbaye Sorde ds LESPY-RAYM.; XIIe s. gavarensis adj. Cart.
Lescar ds RAYMOND, op. et loc. cit.; 1388 Navarrenx Lo Gaver ds RAYMOND op. cit., s.v. Gave d'Oloron). D'apr. leur
forme et celle de leurs dr. Gabarret, Gabarrot (v. RAYMOND, op. cit.), ces mots semblent reposer sur une base prromane
*gabaru, *gabarru (ROHLFS Gasc.3, 69, 479; cf. fin VIIIe-dbut IXe s. lat. mdiv. gabarus Thodulfe d'apr. DAUZAT
Topon. d. 1971, p. 138); v. aussi J. HUBSCHMID, Pyrenanwrter vorrom. Ursprungs, 42 qui rapproche les termes
pyrnens de l'a. prov. gaudre ravin, ruisseau reposant sur une base prromane *gabatro laquelle il rattache le lat. imp.
gabata, gavata jatte, cuelle [v. jatte] - et Id., Sardische Studien, 23. Une base prromane *gava cours d'eau (FEW
t. 4, p. 83a) parat moins satisfaisante. Bbg. PGORIER (A.). travers le Lavedan. Vie Lang. 1962, p. 468. (DELF)
(DHLF)
Gavot/gavotte de loccitan : Gavt [gavot], gavta [gavOtO]. Habitant du Nord de la Provence, et
danse originaire de cette rgion, puis air de musique de cour.
TLF. 1588 danse (THOINOT ARBEAU, Orchsographie, fo 93 ds GAY); 2. 1674 musique sur laquelle on danse
(LA FONTAINE, Daphn, I, 2). Empr. du prov. gavoto, proprement danse des gavots (BL.-W., cf. Mistral) dr. de
Gavot habitant de la partie montagneuse de la Provence (1398 ds PANSIER t. 5; cf. aussi la forme latinise gavotus,
1268 ds DU CANGE) dr. du pr-roman *gaba, *gava qui dsignait primitivement la gorge, puis goitre, gsier (v.
gavache); les gavots tant les goitreux des montagnes sans iode (FEW t. 4, p. 9b). (DELF) (DHLF)
Le parler gavot fait partie, comme le limousin et lauvergnat, avec lesquels il prsente bien des traits
communs, des dialectes nord-occitans. Le terme gavach utilis dans le reste du territoire occitan a
mme sens et probablement mme origine.
Gel, substmasc. Gel [dZel]
TLF. ca 1100 froid qui provoque la gele (Roland, d. J. Bdier, 2533 : Veit les tuneires e les venz e les giels); b) 1584
fait d'tre gel (en parlant de l'eau) (Luc de la Porte, trad. d'HORACE, Odes, 1, 9); c) 1939 p. anal. con. pol. Gel des
monnaies. (supra, ex. 3). Du lat. gelu gele, glace, grand froid
La nostr amor va enaissi/com la brancha de lalbespi/Qusta sobre larbre en crema,/la nuoit ab la ploiet al gel .
Guillaume dAQUITAINE. Ab la douor. Il en va de notre amour comme de la branche de laubpine, qui reste trembler
sur larbre, la nuit la pluie et au gel. (Troubadour : 1071-1126)
(Traduction : Grard GOUIRAN. Lo ferm voler)
Le mot apparat simultanment, partir du latin, en franais et en occitan, ce qui advient dans la plupart
des cas.
Gesse, subst.fm. Geissa [dZjsO] Plante grimpante gousses fournissant du fourrage vert.
TLF. [Fin XIe s. jesse (RASCHI, Gl., d. A. Darmesteter et D.S. Blondheim, t. 1, p. 84, no 608 et t. 2, p. 162, no 608)];
1400, 2 juill. jaisse (Inventaire de meubles de la mairie de Dijon, A. Cte-d'Or ds GDF. Compl.); 1457 gesse (Arch. JJ 189,
pice 163 ds GDF.). Empr. au prov. gieissa (XIIIe s., Costumas del pont de Tarn d'Albi ds R. Lang. rom. t. 44, p. 486) cf.
ds 1107 (Rouergue) lat. mdiv. geissas caninas vesces de mauvaise qualit , Cartulaire de Conques, 385 (d'apr. FEW t.
21, p. 139b) qui pourrait tre issu du lat. (faba) Aegyptia fve d'gypte [Glose du Xe s. ds CGL t. 3, 574], d'apr. Aless.
(DELF) (PDPF) (DHLF)
Mesura de geichas e de sexes redons Cout. de Moissac du XIII sicle. Doat, t. CXXVII, fol.8. Mesures de gesses et de
pois ronds. LR.
Giboule, subst.fm. Gibolada [dZibuladO]
TLF. tymol. obscure; l'orig. gogr. du mot est difficile dterminer : en faveur d'une orig. mrid., son implantation ds le
domaine d'Oc : giboulado giboule et surtout gibourna grsiller , gibournado giboule (MISTRAL). (DHLF)
Marcejada, marcencada, cabrada, ramada sont des quivalents pour une langue qui ne manque pas
de ressources.
Gcler, v. Gisclar [dZiskla]
TLF. 1542 faire jaillir (ARETIN, Gen., p. 194, d. 1542 [traduction par le Lyonnais J. de Vauzelles] ds GDF.), attest.
isole; nouv. en 1810 (MOLARD, Mauv. lang. corr., p. 136). Emprunt, en juger d'apr. les attest. supra, au fr.-prov.
jicler, gigler (cf. jiclia, jiclio ds DU PUITSP.); ce mot est apparent toute une famille atteste dans une grande partie du
domaine gallo-roman avec des formes et des sens divers. La comparaison des formes cisclar a prov. (mil. XIIIe ds LEVY)
crier haute voix; siffler; pleuvoir et venter ; cisler a. fr. fouetter (ca 1120 ds T.-L.) et gisclar (de mme sens que
cisclar, mil. XIIIe ds LEVY), justifie un tymon commun *cisculare, d'orig. inc.; on a avanc l'hyp. d'une altration de
fistulare jouer de la flte , soit sous l'infl. de sibilare produire un sifflement, siffler (mais les rsultats du traitement
phont. de l'initiale ci-, si- donnant toujours ci- rendent impossible ce croisement, cf. FEW t. 2, 1, p. 714b), soit sous une
infl. onomatopique (cf. JUD. R. 44. 131). (DELF) (DHLF)
En ancien occitan (PDPF) cisclar {gisclar} a pour sens : crier haute voix, pousser des cris aigus ;
siffler ; rsonner ; pleuvoir et venter ensemble .
Gisclar a pour sens particuliers : cingler, frapper et le terme giscle signifie aussi bien : pousse, jet,
verge .
Pels fuels, pels rams e pels giscles./ E m paron fulhat li giscle./No i val bastons ni giscles . Rambaud dOrange. Ar
sespan. Par feuilles, par rameaux et par pousses. Et me paraissent feuilles les branches. Ni vaut bton ni gaule. LR.
NB. Rambaut dAURENGA, Troubadour (1147-1173)
Gimblette, subst.fm. Gimbleta [dZimbletO] Petite ptisserie dure et sche en forme danneau... Driv
du verbe gimblar [dZimbla] ployer, plier, tordre .
TLF. 1680 (RICH. : les bonnes gimblettes viennent de Languedoc). Empr. au prov. gimbeleto, gimbleto [d'Albi]
(MISTRAL), d'orig. obsc. : peut-tre dr. du verbe langued. [toulousain] gimbla, tordre, plier, courber , prov. gibla, d'un
lat. vulg. *gibb(u)lare (v. RONJAT t. 3, p. 403), dr. du b. lat. gibbula (VGCE au sens de excroissance, tumeur de
certaines btes de somme ), dimin. de gibba bosse (FEW t. 4, p. 133a) cf. les formes b. lat. en -m- ds TLL, s.v. gibbus
adj. et gibberosus Le mot est rattach par EWFS2 au prov. gibelet petit foret (1re moiti XVIIe s. Goudelin ds
MISTRAL; v. gibelet), cette ptisserie en forme de couronne tant troue en son milieu comme avec un foret. Bbg. SAIN.
Sources t. 1 1972 [1925], p. 329. (DELF)
Girelle, subst.fm. Girla [dZirelO] Poisson de petite taille, aux couleurs vives, commun en
Mditerrane, et qui entre notamment dans la prparation de la bouillabaisse.
TLF. 1561 (DU PINET, Dioscoride, II, 32, d. 1605 ds GDF.). Prob. empr. au prov. girello, dr. de gir tournoiement , du
lat. gyrus cercle (le corps de ce poisson porte un anneau color; v. BARB. jr Poissons, no 462 et FEW t. 4, p. 359a). Bbg.
ARVEILLER (R.). R. Ling. rom. 1975, t. 39, p. 210.
Le terme est dailleurs pass du francitan largot franais o il signifie, comme en occitan populaire,
jeune et jolie fille (DAF). Que le mot soit dorigine occitane nest pas tonnant. Pas plus que
dapprendre que goland (gwelan) et gomon (goumon) sont des emprunts au breton.
Girolle, subst.fm. Girla [dZirOlO] Champignon comestible du genre Chanterelle.
TLF. 1513 (d'apr. BL.-W.1-5); XVIe s. [1592 d'apr. ROLL. Flore t. 11, p. 141] girolles et champignons (ds Cab. hist., II, 29
ds GDF.). Mot se rattachant au lat. gyrus cercle , la tte de ce champignon en forme de corolle semblant dcrire un
mouvement de rvolution (cf. all. Drehling, v. FEW t. 4, p. 359b en note); le procd de dr. est discut : peut-tre
adaptation l'aide du suff. -olle*, de l'a. prov. giroilla sorte de champignon (1397 ds PANSIER, t. 3), dr. au moyen du
suff. -ucula de l'a. prov. gir tournoiement (dbut XIIIe s., A. DE PEGUILHAN ds RAYN.), du lat. gyrus. (DHLF)
Givre, subst.masc. Gibre {Gelibre} [dZibre dZelibre]
TLF. [Dbut XIV
e
s. geuvrieuse couverte de givre (Ovide moralis, d. C. de Boer, III, 1180) d'o *geuvre (ibid., 1177,
cf. cependant var. III, 1177 et 1180)]; 1. XV
e
s. joivre (De quaillot lay Fondue, ms. Epinal 189, Bull. A. T. 1876, p. 104 ds
GDF. Compl.); 2. 1611 givre (COTGR.). La rpartition gogr. du mot dans la Romania (cf. FEW t. 4, p. 130b) s'accorde bien
avec une base pr-lat. *gev(e)ro (d'o 1, partic. reprsent en fr. -prov. mod. et aussi dans tout le quart sud-est du domaine
d'ol) et *givro (d'o 2 qui parat venir du domaine d'oc), d'orig. inc. Pour la rfutation d'une orig. francique ou gaul., v.
FEW, loc. cit. Tend progressivement vincer frimas*.
Le TLF oublie les rfrences ci-dessous loccitan, bien antrieures.
Lancan son passat li givre . A. Daniel. Lancan son. Lorsque les givres sont passs. LR.
NB. Arnaut DANIEL, Troubadour (1180-1195)
El gibres el neus son a flocx . P. Raimond de Toulouse. Era pus. Et le givre et la neige sont flocons. LR.
NB. Pire RAIMON de TOLOSA, Troubadour (1180-1221)
Glauque, adj. (XIII s.) ) Glauc [glawk] (dbut XII s.)
TLF. 2e moiti XIIIe s. couleur noire ou glauke (Introd. d'Astron. B.N. 1353, fol. 35d ds GDF. Compl.). Empr. au lat.
glaucus glauque, verdtre ; cf. a. fr.-prov. glauc (1er tiers XIIe s. ds GDF. Compl.), galement emprunt.
Le latin glaucus est lui-mme emprunt au grec glaukos dont le sens nest pas pjoratif et se dit de ce
qui est la fois clair et brillant (mer, lune, yeux). Loccitan moderne dit plutt glas (verdal).
Glbe, subst.fm. Glba [glbO]
TLF. XV
e
s [ms.] motte de terre (Chron. et hist. sainte et profane, Ars. 3515, fol. 10 r
o
ds GDF. Compl. et DG); 2. a)
1611 dr. fod. (COTGR.); b) 1767 style soutenu, terre qu'on travaille (VOLTAIRE, Scythes, IV, 2 ds LITTR). Empr.
au lat. class. gleba boule, morceau ; spc. dans la langue rustique motte de terre , de l dans la langue potique sol,
terrain et basse poque dans la langue juridique bien-fonds, domaine .
Une fois de plus le TLF oublie des rfrences loccitan ancien bien antrieures celles quil prsente
pour le franais.
Las glevas e la terra ab las unglas foggan . Eluc. de las propr. Fol. 245. Que les glbes et la terre avec les ongles ils
fouillent. LR.
Plaideyar armatz sobre la gleba . Bertrand de Born. Pus li baron. Disputer arms sur la glbe. LR.
Le premier texte cit est du XIV sicle. Le deuxime de la seconde moiti du XII sicle.
Gobelet, subst.masc. Gobel [gObl] (rcipient pour boire) et de son diminutif gobelet
TLF. Dr. de l'a. prov. gobel [1310 ds LEVY (E.) Prov.]; suff. -et*; ds le dbut XIVe s. la forme gobeloz atteste en
Franche-Comt (Voc. lat. fr., ms. 8653 A, BN ds Bibl. c. Chartes t. 34, 1873, p. 36). (DELF) (PDPF)
O Dieu incarnadin, Diou de touto bouteillo,/ Diou de tout goubelet, de pouot, & de flascon . Belaud de la Belaudire,
Obros et Rimos, XI (avant 1595)
Goulet, subst.masc. Golet. [gulet] Gorge, dfil, chenal troit.
TLF. 1358 (Ordonn., III, 311 ds DG : le ruissel ou goulet qui est au bout du grand pont); b) 1506 embouchure d'un cours
d'eau (Min. de not. de la Rochelle cit ds MUSSET); c) 1743 entre troite d'un port (Trv.); 2. 1544 goulot d'une
bouteille (J. LE BLOND, Liv. de pol. hum., f
o
53 v
o
ds GDF. Compl.), surtout attest au XVI
e
s., RICH. 1680 prcise :
l'usage est pour goulot``; 3. 1555 passage troit (POPPE, p. 33); 4. 1752 trou de la bombe o l'on introduit la fuse
(Trv.); 5. 1759 pche ouverture de la nasse (RICH.). Dimin. de goule, gueule*; suff.
Le TLF nenvisage mme pas la possibilit dune influence occitane, le mot est pourtant en usage, bien
avant le XIV sicle
Escrevantet lo mortz latz un golet . Roman de Gerard de Roussillon. Fol. 81. Le renversa mort ct dun goulet. LR.
NB. Ce texte qui donna lieu une imitation franaise est dat de la fin du XII
me
sicle.
Amelhurar lo gra e la goleta . Cartulaire de Montpellier, fol. 123. Amliorer le degr et la goulette. LR.
NB. Liber instrumentorum memorialium, Cartulaire des Guillems de Montpellier. (1201/1226)
Gonfler, v. Conflar {Gonflar} (1559) [kufla kunfla]
TLF. Mot originaire du Sud-Ouest, issu du lat. conflare, proprement activer (le feu) en soufflant , qui prit en b. lat. le
sens enfler (v. TLL). Le fait que le mot soit bien attest dans les dial. (v. FEW t. 2, p. 1040b) s'oppose l'hyp. d'un empr.
l'ital. gonfiare (REW3, no 2135; EWFS2; DEI). (DELF)
Mot originaire du Sud-Ouest ! On est tent de demander, du Sud-Ouest de quoi ? Conflar et sa
variante gonflar sont usits dans tous les parlers doc sans exception (ce qui nexclut en rien une
influence italienne dailleurs, le raisonnement semble ici bien spcieux). Voici ce quen prsente le
TDF de MISTRAL dont le systme graphique emprunt au franais transpose peu ou prou (cest en ce
sens un API rudimentaire trs utile) les prononciations locales.
Gounfla, counfla (a.) Glounfa (m.) Goufla (bord.) coufla, cloufa, gloufa (l.) gounfa, confla (d.), (it. Gonfiare, lat.
conflare) v. a. Gonfler , enfler, enorgueillir, bouffer, souffler une bte tue pour en rendre la chair plus belle ; battre, rosser,
tuer ; exciter la vengeance ; emplir les oreilles de quelquun ; mystifier ; renfler, augmenter de volume. (T.II, p. 70c)
Gouape, subst.masc. Goapa (voyou) [gwapO] est pass de lespagnol guapo (au sens beau, lgant,
vaillant puis bagarreur, et finalement brigand) loccitan goapa homme riche, gros bonnet, homme
influent, puis viveur et libertin et finalement voyou dans le registre argotique, acception par
laquelle il est pass en franais
Gouge, subst.fm. Goja [gudZO] : au sens de fille , femme puis fille facile . Lemploi de ce mot
est rgional, argotique ou vieilli. On trouve dailleurs galement : gojat, gojata.
TLF. A. Rgion. (Sud-Ouest). Servante. Elle avait t douze ans servante de mtayer, domestique de domestiques, ce qui
s'appelle dans la Lande une gouge (MAURIAC, Gnitrix, 1923, p. 381). (DELF)
Dans la Lande de Mauriac, outre le franais et le franais rgional (du Sud-Ouest !) illustr par
gouge , on parle une variante doccitan gascon. Un parler magnifi par le trs grand pote que fut
Bernard MANCIET.
TLF. 1456-67 fille, femme porte l'amour (Cent nouvelles nouvelles, d. F. P. Sweetser, I, 27, p. 23). Empr. un dial.
d'oc (a. barnais goge fille, femme non marie XVe s. ds LESPY-RAYM., s.v. gouge; a. prov. gouge 1473 ds PANSIER
t. 3, p. 94; a. gasc. goya, gotya fille 1483 ds P. DRUILHET, Archives de la ville de Lectoure, p. 117 et 118), de l'hbr.
chrtienne, servante chrtienne , fm. de (goy*). V. FEW t. 4, pp. 190-191, s.v. goja. Bbg. SAIN. Sources t. 1 1972 [1925],
p. 184, 190; t. 3 1972 [1930], p. 367.
Les rfrences du TLF se trouvent toutes lOuest des pays dOc, mais avec un peu de curiosit on
aurait trouv dans le TDF de MISTRAL des rfrences languedociennes (T.II, p. 68b) ou provenales
sous lentre Goujardo ( Gojarda [gudZardO] en graphie classique) qui est une stricte variante.
Le mot est attest en occitan ancien. (PDPF)
Comme gojat, ces termes demeurent encore courants dans certains parlers occitans modernes. Il est vrai
que notre langue na pas survolu comme la fait le franais, et laccs aux textes du pass, y
compris lointain, est bien moins ardu pour qui connat bien la langue actuelle.
Goujat, susbt.masc. Gojat [gudZat]
TLF. Empr. l'a. prov. gojat jeune homme (1339 ds L. CONSTANS, Le Livre de l'Epervier, Montpellier-Paris, 1882, p.
133), dr. de goya, goja (gouge1*); suff. dimin. -at (cf. NYROP t. 3, 185; L. ALIBRT, Gramatica occitana, 1976, p.
365). (DELF) (PDPF) (DHLF)
Et ceux qui les portoient (les mousquets) les nommoit-on mousquetaires, tres bien appoinctez et respectez, jusques avoir
de grands et forts gojatz qui les leur portoient , BRANTME, II, 289
Gour, subst. masc. Gorg [gur gurk] Rgional. Partie creuse d'un cours deau, remplie deau mme en
priode sche.
TLF. Dbut XIIe s. gort cours d'eau (Saint Brendan, d. E. G. R. Waters, 168); 1160-70 trou d'eau (G. DE SAINT-
PAIR, Roman du Mont-Saint-Michel, d. P. Redlich, 432); 1385 dial. des Dombes gour tourbillon d'eau (Doc. ms. de A.
DURAFFOUR ds FEW t. 4, p. 330b, s.v . gurges). Mot actuellement particulirement rpandu le long du cours de la Loire et
dans les dial. prov. et fr. prov. Du lat. class. gurges, gurgitis tourbillon d'eau, masse d'eau; gouffre, abme (v. gorge,
ingurgiter). (PDPF)
Ni gorc ses peis . Guillaume IX dAquitaine, Comte de Poitiers. Companho tant. Ni gour sans poisson. LR. (1071-1126)
Gorc es loc preon dins fluvi . Eluc. de las propr. Fol. 152. Gour est lieu profond dans un fleuve. LR.
Tou les pays occitans ont un gour (sous diffrentes graphies) dans leurs toponymes. Marseillan
(Hrault) le Gourg de Maldormir prs de ltang de Thau (ce qui ne veut rien dire, il sagit de lestanh
del Taur tang du taureau ); le Gourg de lAntre (Aude) Cubires sur Cinoble (prendre la direction
de Soulatg/Tuchan, aprs le col dEn Guilhm, la route traverse un pont troit. Le chemin daccs au
Gourg de lAntre est le suivant qui part sur la droite ! (Cest une rsurgence de type vauclusien). Le
Gourg Nre (un lac de montagne prs du Nouvielle dans les Hautes-Pyrnes) et pas trs loin le Gourg
du Rabas (Gourguet de Madameto)
Pour vous assurer de lactualit du mot en territoire occitan, tapez donc Gourg sus Google ! Et ne
soyez pas trop hrisss par les transcriptions la franaise qui font perdre la signification de ces
toponymes.
Gourdin, subst.masc. Cordin {Gordin} [gurdin]
Bout de corde dont les comites des galres frappaient les gens de la chiourme (quivalent :
garcette ), et par extension : bton gros et court. Synon. matraque, trique.
TLF. 1526 [peut-tre 1512] gordin cordage (ms. B 1232 [peut-tre B 1260], fo 16 vo, Arch. Bouches-du-Rhne ds J.
FENNIS, La Stolonomie, Amsterdam 1978, p. 359); 2. 1622 gourdin gros bton servant punir les forats (HOBIER,
Construction d'une gallaire, p. 49 ds VIDOS, p. 434). Empr., par l'intermdiaire du prov. ( cf. lat. mdiv. de Marseille
gordinum en 1298), une forme septentr. *gordino de l'ital. cordino (lui-mme attest dans les 2 sens du fr. en 1614,
PANTERO PANTERA ds BATT.), dr. de corda corde . V. J. FENNIS, op. cit., pp. 359-360. (DHLF)
MISTRAL signale dans son TDF (T.II, p. 642a) la variante courdin (graphie classique cordin
[curdiN] )
Fassas pas lou badin,/Diguidin,/Tastarias dau gourdin . Nicolas FIZES (1648-1718) LOpra de Frontignan.
En occitan, la mme personne peut dire deux phrases de distance : cat et gat, camba et gamba. Cest
une attitude insupportable intellectuellement pour un linguiste franais pour qui a est a et b
est b . Mais qui ne frmit pas dentendre : cest un sall de quat mt de larj
Gousse, subst.fm. Gossa (chienne) [gusO] fminin de Gos. Et aussi : Lesbienne.
TLF. SAIN. Sources t. 1, pp. 139-140 y voit un emploi mtaph. de l'a. fr. gousse petite chienne (non attest mais cf. l'a.
prov. gossa chienne , mil. XIIe s., BERNART MARTI, Posies, d. E. Hoepffner, II, 27), v. FEW t. 2, pp. 1591-1592,
s.v. ; hyp. corrobore par les crations mtaph. analogues caeu* et roum. de usturoiu gousse d'ail ( petit chien ).
Contre l'hyp. de Sainan, v. GAMILLSCHEG ds Z. fr. Spr. Lit. t. 54, pp. 207-210. (PDPF) (DHLF)
Non tem glat ni crit ni jaup de gossa . Guillaume de Berguedan. Amicx. Je ne crains glapissement, ni cri ni jappement de
chienne. LR.
NB. Guilhem de BERGUEDAN (1138-1192) est lun des premiers troubadours vivant au sud des Pyrnes. Ctait
aussi un grand seigneur, ami de Bertrand de BORN. Quil rencontra lors de lentrevue entre le roi dAragon et Richard Cur
de Lion (un autre troubadour) le 11 avril 1185 Najac.
Graal, subst.masc. Grasal. [grazal] Emprunt probable loccitan mdival (milieu du XII s.) connu
sous les formes gr/grau, grial en franais et sous la forme, quil a encore de nos jours de
grazal/grasal avec chute du [z] intervocalique.
Du latin mdival gradalis (latin classique cratalis). Ctait (et cest toujours en occitan moderne) un
plat large et creux, avant de devenir, dans les romans courtois, le plat de la Cne.
(PDPF) Grazal s.m. sbile, terrine, grand plat. Grazala, -alhas.f. jale, petite jatte ; vase destin faire la qute ? grazalet
s.m. petit baquet, (petit) plat. Grazaleta s.f. petite jale, petite jatte.
No remanra a donar aurs ni deniers/Ni enabs ni grasals ni candeliers . Roman de Gerard de Roussillon., fol. 114. Ne
restera donner or ni deniers ni coupe ni vase ni chandelier. LR. (XII sicle)
Que sesbaic desguardar/tan, que no saup demandar/De que servis/la lansa ni grazaus . Richard de Barbezieux. Atressi
cum Persevaus.
NB. Ce troubadour (Rigaud DE BARBEZIEUX 1150~1220) tait un cadet de la famille des Viguiers de Barbezieux,
arrire-vassaux des comtes dAngoulme. Il se fit moine vers la fin de sa vie. On dit de lui, dans sa Vida, quil chantait
bien et excutait bien les mlodies . Son activit littraire se droula peu prs entre 1170 et 1210. Il fut donc
contemporain de la fin de carrire de Marcabru et de Cercamon et connut les dbuts de Peire dAlvernha et de Bernard de
Ventadorn. Il fait allusion, en mme temps que son contemporain Chrtien de Troyes, la lgende du Graal et de Perceval
(1180).
Grau, subst.masc. Grau. [graw] Emprunt loccitan grau, chenal par lequel un tang ou une rivire
dbouchent dans la mer : Le Grau du Roi, Le Grau dAgde. Le sens primitif est grve . (TLF) (DHLF)
Grgue, subst.fm. Grgas [grgOs] cest--dire grecques . Il sagit dun pantalon large.
TLF. Empr. au prov. mod. grgo, -a (MISTRAL) grec (v. ce mot); ce pantalon large a t ainsi appel, tort ou raison,
d'aprs les Grecs, et a disparu au XVIIe s.; cf. chausses la gregesque (1578, H. ESTIENNE, Deux dialogues..., d. P.
Ristelhuber, t. 1, p. 281) et l'esp. gregescos sorte de culotte large ( la mode aux XVIe et XVIIe s.) . (DELF) (DHLF)
Grigou, subst.masc. Grigon/Gregon [grigu] (grec). Le sens premier est celui de filou et, depuis
Molire, davare.
TLF. 1650 fam. (MOLIRE, La Jalousie du Barbouill, sc. 5). Empr. au langued. et lim. grigou gredin (MISTRAL)
corresp. (avec i d vraisemblablement l'infl. de filou*) au gasc. gregoun id. 1610 (G. ADER, Posies, d. A. Vignau et
A. Jeanroy, 40 ds FEW t. 4, p. 210b), dr. de grec* qui a pris le sens de filou dans le Midi, d'o il est possible que
Molire l'ait lui-mme emprunt. (DELF) (DHLF)
NB. Entre janvier 1646 et mars 1657, la troupe de Molire joue Nantes, Albi, Toulouse, Carcassonne, Poitiers, Vienne,
Narbonne, Agen, Pzenas, Grenoble, Lyon, Montpellier, Dijon, Avignon, Bordeaux, Bziers, Rouen. Molire a sjourn
trois reprises Pzenas
- 1649, Le troupe vient en Languedoc.
- 17 dcembre 1650, une quittance atteste la prsence de Molire Pzenas pendant la session des tats gnraux du
Languedoc, du 24 octobre 1650 au 14 janvier 1651.
- 1653, Molire et ses compagnons prennent le titre de Comdiens de son Altesse srnissime le prince de Conti .
- 1654, reprsentation du ballet des Incompatibles Montpellier
- 1655, la troupe de Molire est, au dbut de lhiver, Pzenas o sigent les tats gnraux du Languedoc du 4 novembre
1655 au 22 fvrier 1656 deuxime quittance signe par Molire.
1656, la troupe joue Bziers le Dpit amoureux
Molire renonce ses prtentions tragiques : il est une grande vedette comique et redevient chef de troupe en 1650. Il
compose des farces sur le modle italien, avec un seul canevas. Il cre le personnage de Mascarille dans ses premires vraies
pices : Ltourdi (Lyon, 1655), Le Dpit amoureux (Bziers, 1656).
Que Molire ait appris loccitan au cours de son long sjour en Languedoc, qui en douterait avec cet
extrait de Pourceaugnac (II, 8) ? Par del les erreurs de transcription et la francisation de la graphie :
Lucette (contrefaisant une languedocienne) Ah ! tu es assi, et la fy yeu te trobi aprs ab fait tant de passs Podes-tu,
sclrat, podes-tu sousteni ma bisto ?
M . de Pourceaugnac. Quest-ce que veut cette femme l ?
Lucette. Que te boli, infame ? Tu fas semblan de non me pas connouisse, et nos rougisses pas, impudint que tu sios, tu ne
rougisses pas de me beyre ( Oronte). Non sabi pas, mousur, saques (saqus) bous dont man dit que bouillo espousa la
fillo ; may yeu bous dclari que yeu soun sa fenno, et que y a set ans, moussur, quen passent Pznas, el auguet ladresse,
damb sas mignardisos, commo saptabla (sap tan plan) fayre, de me gagna lou cor, et moubligel (mobligt) pra quel (per
aquel) mouyen ly donna la man per lespousa.
Oronte. Oh ! Oh !
M. de Pourceaugnac. Que diable est-ce ci ?
Lucette. Lou trayt me quitel (quitt) tres ans aprs, sul pretest de qualques affayres que lapelabon dins soun pays, et
despey non ly resau put quaso (non ay ressauput quasi ) de noubelo ; may dins lo tens quy soungeabi lou mens, man
dounat abist que begnio dins aquesto billo per se remarida damb un autro jouena fillo, que sous parens ly an procurado,
seense saupr res de soun premier mariatge. Yeu ai tout quittat en diligensso, et me souy rendudo dins aqueste loc, lo pu leu
quay pouscut per moupousa en aquel criminel mariatge, et confondre as elys de tout le mounde lou plus mchant day
hommes.
M. de Pourceaugnac. Voil une trange effronte !
Lucette. Impudint, nas pas honte de minjuria allc dtre confus day reproches secrets que ta conssiensso te deu fayre ?
M. de Pourceaugnac. Moi, je suis votre mari ?
Lucette. Infame, gausoss-tu dire lou contrairi ? H ! tu sabes b, per ma penno, que nes que trop bertat ; et plaguesso al cel
quaco nous (non) fouguesso pas, et que mauquesso (maguesses) layssado dins ltat dinnouesseno et dins la tranquillitat
oun moun amo bibio daban que tous charmes et tas tromparis oun (non) men benguesson malheurousomen fayre sourtir !
yeu nou scrio serio) pas rduito fayre lou trist persounatge que fave (fau) presentemen ; beyre un marit cruel mespresa
tout lardou que yeu ay per el, et me laissa sensse cap de pitat abandounado las mourtles doulous que yeu ressenti de sas
perfidos accius.
(NB. En italiques les corrections indispensables)
Le dialogue se poursuit dans la scne suivante (II, 9 et 10) avec lintervention de la picarde Nrine qui
vient son tour accabler Pourceaugnac.
Griffon, subst.masc. Grifol [griful] Tout orifice dmergence bien individualisable et localisable (
grande chelle) d'une source.
TLF. Prob. tir du prov. mod. grifo, grifoul jet d'eau, fontaine jaillissante (MISTRAL), corresp. l'a. prov. grifol
fontaine publique jaillissante (LVY Prov.), que l'on fait remonter un b. lat. *grifoulus de mme sens (DU CANGE),
dimin. de gryphus (v. griffon1), les anc. fontaines des places publiques tant souvent ornes de ttes de griffons. (PDPF)
Griotte, subst.fm. Agrita [agrjOtO] (XIII s. cerise aigre, acide )
TLF. Empr. au prov. agriota [XIIIe s. ds LEVY], prov. mod. agrioto, grioto (MISTRAL), sous la forme agriotte (XVe s.
d'apr. BL.-W.5), puis avec dglutination de l'article, griotte, dr. de l'adj. agre (v. aigre, FEW, 24, p. 956, 96a, cf. aussi
aigriotte*), lat. class. acer pre, piquant, aigre .(DELF) (PDPF)
Chez O. de SERRES (encore lui) on trouve encore agriote .
Lui estant grief et amer davaler ceste griotte , BRANTME, X, 114
Grolle {grole}, subst.fm. Chaussure en parler argotique. En occitan grlla {grolla} [grOlO grulO] (ds
le milieu du XIII s. avec le sens de vieux soulier quil a encore de nos jours.
TLF. grole savate, vieux soulier , du XIIIe s. vu l'existence de son dr. groliers savetier 1289 (Cart. de l'vch
d'Autun, 1re p., LXXXV, Charmasse ds GDF.).]; 1574 (Invent. de Barbe d'Amboise, 334, Seyssel, Cr. ds DELB. Notes mss.
) D'un lat. pop. *grolla (cf. a. prov. grola vieux soulier , mil. XIIIe s. ds LEVY) d'orig. inc.; mot bien vivant en occitan,
en fr.-prov. et dans l'Ouest d'o il est pass dans l'arg. parisien la fin du XIXe s. (DELF) (PDPF) (DHLF)
Guide, subst.masc. Guida [gidO] subst.fm.
TLF. Empr. l'a. prov. guida celui qui conduit (av. 1292 ds RAYN.) et conduite (XIIIe s. Mariengebet ds APPEL
102, 31) dverbal de guidar conduire (2e moiti XIe s. Ste Foy, d. E. Hoepffner, 202) ou l'ital. guida de mmes sens
(1300-10 ds BATT.) dverbal de guidare accompagner quelqu'un (XIIIe s., ibid.), du got. *widan, attest dans le dr. ga-
widan attacher, atteler ensemble (FEW t. 17, p. 604 a); a supplant l'a. fr. guie chef, guide (XIIIe s. ds T.-L. et GDF.),
dverbal de guier, v. guider; aux sens A 1 et 2 le mot a t employ au fm. jusqu'au XVIIe s., cf. LITTR rem. (PDPF).
Le TLF est fidle une ligne qui depuis Henri ESTIENNE imprimeur, philologue et grand
humaniste (1578) et ses Deux dialogues du nouveau langage franois italianiz et autrement desguiz
principalement entre les courtisans de ce temps. De plusieurs nouveautez qui ont accompagn ceste
nouveaut de langage. De quelques courtisianismes modernes et de quelques singularitez
courtisianesques voit de litalien partout !
Loccitan tant manifestement antrieur, la question ne devrait pas se poser.
Jhesuss Crist nos a mostrada/Via, ques del ver gaug guida . G. Riquier. Vertatz es. Jsus-Christ qui est guide du vrai
bonheur nous a montr la voie. LR.
NB. Guiraud RIQUIER. Troubadour (1254-1292)
Et une occurrence antrieure encore !
Quab vostre filh nos siatz bona guia . P. Cardinal. Un Sirventes. Quavec votre filh vous nous soyez bon guide. LR.
NB. Pire CARDENAL, Troubadour, (1205-1272)
Guillemet, subst.masc. de loccitan Guilhemet [giemet]
Du nom de linventeur. Cest le diminutif -et de loccitan Guilhem [gin].
En franais, Guillaume , diminutif : Guillaumet . Le signe apparat en 1527, mais le nom lui est
donn plus tard (Selon MNAGE, daprs Thomas CORNEILLE. 1677).
Guimbarde, subst.fm. Guimbarda [gimbardO] Mot trs polysmique : instrument, outil (1622)
mauvaise barque, et danse (Toulouse, 1617) ou chanson (1622). Le verbe correspondant est guimbar
[gimba] sauter, gambader, bondir.
TLF. Empr. au prov. mod. guimbardo instrument; outil; barque (en mauvaise part) attest ds le XVIIe s. au sens de
danse Toulouse (1617, GOUDELIN, cf. SAIN. Autour Sources, p. 60 et MISTRAL), prob. dr. de guimba sauter
(XVIIe s., GOUDELIN ds MISTRAL), correspondant l'a. prov. guimar bondir (1150-73 fig., RAIMBAUD
D'ORANGE ds RAYN.), dont il est une forme hypercorrecte toulousaine (on y a vu une forme gasc., le gascon tant
caractris par le passage de -mb- -m-). Le prov. guimar reprsente un got. *wmon (correspondant l'a. sax. up-wimon
s'lever , a. h. all. wemn flotter, ondoyer ) cf. FEW t. 17, p. 586. Ds 1620 le nom s'applique une hrone de roman
(cf. BARB. Misc. t. 4, no 13, p. 41); de l la dsignation de cartes jouer et de certaines modes vestimentaires, puis de la
danse. 2 issu de 1 b parce que les cahots donnent l'impression que la voiture danse; 3 et 4 issu de 3 p. anal. de forme avec les
ridelles des voitures. (DELF)
Cest le nom de lhrone dune des pices joues loccasion des ftes des Caritats de Bziers : Les
Amours de la Guimbarde. Titre en franais, pice en occitan. dite en 1628 par Jean MARTEL.
Guirlande, subst.fm. Guirlanda [girlandO]
TLF. 1403 guerlande couronne de mtal prcieux (CHRISTINE DE PISAN, Dit de la pastoure, 1123 ds uvres, d. M.
Roy, t. 2, p. 258); 1540 Guirlande chapelet de fleurs port dans les cheveux (N. HERBERAY DES ESSARS, Premier
Livre de Amadis de Gaule [trad. de l'esp.], d. H. Vaganay, p. 1); 1549 girlande (RABELAIS, Sciomachie ds uvres, d.
Marty-Laveaux, t. 3, p. 401); 1553 ghirlande (RONSARD, Amours ds uvres, d. P. Laumonier, t. 4, p. 87, var.). Empr.
l'ital. ghirlanda couronne, surtout de fleurs ou de feuillages tresss , attest dep. le XIIIe s. (Cronica fiorentina ds
BATT.), lui-mme prob. empr. l'a. prov. guirlanda couronne de fils d'or (2e moiti XIIIe s. [date des mss], BERTRAN
DE BORN d'apr. DEAF, s.v. garlande; aussi dr. guirlandar affubler d'une coiffure , ca 1200, BLACATZ, ibid.), d'orig.
frq., comme l'a. fr. garlande (attest du XIIIe au XVe s., v. GDF. Compl., T.-L. et DEAF) et l'a. prov. garlanda (aussi XIIIe-
XVe s., v. RAYN. et LEVY Prov.) : la base se trouve un a. b. frq. * qui, vers l'an 800, serait devenu *weara (d'o garlande,
-anda) et *wiara (d'o guirlanda), le sens tant fourni par l'a. h. all. wiara, wiera bijou d'or fin que l'on portait sur la tte
comme couronne ou ornement du heaume ; la formation de ces mots est complexe : il s'agirait de dr. en -anda (cf. lat.
mdiv. vivanda nourriture ) d'un anc. verbe en -eler, -elar (cf. tinceler) form sur a. b. frq. *, *, dr. des deux subst. (v.
FEW t. 17, pp. 574-575 et DEAF, loc. cit.). COR., s.v. guirnalda a propos une hyp. plus simple : garlande, -anda seraient
issus par dissimilation de *garnande, -anda, dr. en -anda du verbe garnir* (peut-tre dj forms en frq. : v. COR. t. IV,
Adiciones), mais il lui faut recourir l'explication peu convaincante d'un croisement avec d'autres mots tels que guinsalh
corde ou guimpla guimpe pour expliquer l'a. prov. guirlanda. Pour la rfutation d'autres hyp., v. encore COR. et
EWFS2. Dans l'attest. supra 1540, le mot a peut-tre t introduit par l'intermdiaire de l'a. esp. guirlanda (attest dep. 1300
d'apr. COR.)
En occitan ancien garlanda (PDPF)
H
Hirondelle, subst.fm. de loccitan ancien (et moderne) irondela, [irundelO] diminutif de ironda
[irundO]. {aronda}
TLF. 1546 hyrondelle (RABELAIS, Tiers Livre, chapitre 49, d. M. A. Screech, p. 330). Empr. l'a. prov. irondela
hirondelle , attest au XIIe s. (RAYN.), dimin. de irunda id. (XIIe s., ibid.) qui remonte au lat. hirundo; hirondelle a
supplant apr. le XVIe s. l'a. fr. arondelle, v. aronde. (DELF) (DHLF)
Ai ! Dieus, ar sembles yrunda,/Que voles per laire . B. de Ventadour. Tant si mos. Ah ! Dieu, que maintenant je
ressemblasse hirondelle, que je volasse par lair. LR.
Per laire va com lirondella . V. de S. Honorat. LR.
Plus tost no vola ysrundella . Guillaume de BERGUEDAN. Lai on. Plus vite ne vole hirondelle. LR.
NB. Guilhem de BERGUEDAN, Troubadour catalan (1138-1192)
Un mot de plus dont lemprunt (reprable) est d RABELAIS. Pourtant, ce dernier ntait pas rest
trs longtemps Montpellier (1530/1532, mais le passage avait t fructueux). Par contre, il convient de
se souvenir quil tait un familier de Geoffroy dEstissac (prigourdin) son protecteur, prieur de
labbaye bndictine de Ligug et vque de Maillezais, dont il tait le secrtaire particulier. Il suffit de
lire de prs luvre de RABELAIS pour se rendre compte quil avait de loccitan de son poque une
connaissance bien plus que livresque.
On sme cestuy Pantagruelion la nouvelle venue des hyrondelles ; on le tire de terre lorsque les cigalles commencent
senrouer. (Tiers Livre, XLIX)
(Et deux mots dorigine occitane : hirondelle et cigale dans la mme phrase).
Hpital, subst.masc. Ospital ancien occitan [uspital] Espital [espital] occitan moderne.
Le mot est commun en occitan, en franais et dans toutes les langues romanes, avec des sens parfois
lgrement diffrents. La premire mention en occitan concerne lhpital Saint Raymond dpendant du
monastre Saint Sernin autour de 1075-78, (Cart. S. Sernin de Toulouse, d. C. Douais, no 546, p. 379).
En franais le terme apparat dans un livre de Chrtien de Troyes, rec et nide aux environs de 1170.
Il est impossible den dduire que loccitan a influenc le franais, bien entendu, mais dans le cas
contraire cest l une dmarche que les spcialistes franais de ltymologie nhsitent pas adopter
trop souvent en labsence de rfrences occitanes. Une grande partie du corpus occitan est tout
simplement moins tudi et dort dans les archives, alors que tout ou presque a t fait, et trs bien fait,
pour le texte franais, littraire, administratif, diplomatique
TLF. 1170 ospital tablissement charitable [le plus souvent dpendant d'un monastre] o l'on accueille les pauvres, les
voyageurs (CHR. DE TROYES, Erec, d. M. Roques, 3132); 2. 1671 hpital pour les malades : nosocomium,
valetudinarium (POMEY). B. 1181 maison de l'Ospital de Jerusalem (ap. LE GRAND, Statuts d'htels-Dieu, 14 ds QUEM.
DDL t. 4); 1195 (AMBROISE, Guerre sainte, 2967 ds T.-L.). Empr. au b. lat. hospitalis [domus] subst. lieu de refuge,
d'accueil [ diversorium, receptorium, xenodochium ], hospitale id. (TLL s.v. hospitalis, 3035, 7), qui, l'poque
mdiv. se spcialisa dans les milieux monastiques au sens A 1 (1re moiti VIIIe s., BDE ds NIERM.); cf. a. prov. hospital
dsignant l'hpital S. Raymond dpendant du monastre S. Sernin (1075-78, Cart. S. Sernin de Toulouse, d. C. Douais, no
546, p. 379).
I
Igue, subst. fm. Iga [igO] Rgional (Quercy). Excavation naturelle creuse dans le calcaire et
aboutissant un cours deau souterrain. Synonyme daven.
TLF. Mot dial. du Quercy : igo dpression karstique dans le Tarn et le Lot d'apr. FEW t. 21, p. 18a, rgion o ce type de
relief est bien reprsent, et o le terme subsiste au sens de prcipice, ravin (cf. VAYSSIER, Dict. patois-fr. de
l'Aveyron, s.v. hgo et MISTRAL, s.v. igo) ainsi que comme topon. : les Igues (Lot, Tarn), l'Igal (Tarn), Igon (Aveyron)
d'apr. NGRE, Les Noms de lieux en France, Paris, 1963, p. 30. Attest en a. rouergat ds le XIe-XIIe s. dans la topon. : Iga
dans le Cartulaire de Conques, 330 et en 1399 Yga au sens de ravin ds AFFRE, Dict. des institutions, murs et coutumes
du Rouergue, Rodez, 1903, s.v. patois), le terme est prob. d'orig. prromane : *ika ravin d'apr. FEW, loc. cit., et mme
prceltique (NGRE, Toponyme du Canton de Rabastens, Paris, 1959, 415).
Mais quest-ce donc quun mot du Quercy ? de patois de lAveyron ? ou mieux, dancien
rouergat (entre le XI et le XII sicles sil vous plat) !
Indiquer, v. Indicar [indika]
TLF. [1510 (BL.-W.
3-5
); 1512 (BL.-W.
1
)] 1611 (COTGR.); av. 1803 esquisser (LA HARPE ds GURIN). Empr. au lat.
indicare indiquer, dnoncer, rvler .
Om no pot pas indicar Trad. du Tr. de lArpentage. 2 part. 1
er
. On ne peut pas indiquer.
Indication, subst.fm. Indicacion [indikasju indikasjun]
TLF. 1333 action d'indiquer, ce qui est indiqu (Bibliothque de la Facult des Lettres de Paris, 7, 169 d'apr. FEW t. 4,
p. 643a); 1478 signe, symptme (Le Guidon en francoys, f
o
2, trad. par N. Panis ds SIGURS, p.565); 1853 traits,
bauche d'un dessin, d'une peinture (DELACROIX, Journal, p. 24). Empr. au lat. indicatio indication de prix, taxe .
Usatz en la curacio de tots vostres malautes de pronosticacio e indicatio . Trad. DAlbucasis. Usez dans la cure de tous
vos malades de pronostication et indication. LR. (XIV s.)
Infirmerie, subst.fm. Infirmari [infirmarjO]
TLF. 1509 (doc. ds M. VACHON, La Renaissance franaise, Paris, 1910, p. 111). Dr. de infirmier*; suff. -erie*; a
remplac enfermerie, attest du XIII
e
s. (v. FEW t. 4, p. 670b) 1675 (OUDIN Esp. -Fr., qui donne les 2 formes), dr. de
enfermier, anc. forme de infirmier*.
Form sur enferm {eferm}, malade .
O es eferms, o a afan agut . Pome sur Boce. Ou il est infirme, ou il a eu un chagrin. LR.
Ad home enferm, la carns de moto es plus sana . Liv. de Sydrac. Fol. 80. Pour lhomme malade, la chair de mouton est
plus aine. LR.
Del refrechor ni de lefermaria Tit. de 1319. Doat, t. CXXXII, fol. 342. Du rfectoire et de linfirmerie. LR.
Isard, subst.masc. Isard [izar] Cest le chamois des Pyrnes. Non, le chamois, cest lisard des
Alpes !
TLF. Terme attest de part et d'autre des Pyrnes : dans le domaine ibr. : cat. isard (XIVe s. ds ALC.-MOLL), aragonais
sisardo, chizardo et sarrio (d'o le cast. sarrio 1625 ds COR. s.v.); dans le domaine gallo-rom. o l'on peut distinguer 2
types de formes rparties de part et d'autre de la limite entre Pyrnes-atlantiques et Hautes-Pyrnes, passant par le
Balatous (v. J. SGUY, Atlas ling. de la Gascogne, carte no 16) : le type sarri l'ouest (valles de Bartous, d'Aspe,
d'Ossau, haute valle du gave de Pau, avec les dr. sarride troupe d'isards , sarri adj. de l'isard , sarriat petit de
l'isard , PALAY, LESPY-RAYM. s.v. sarri; v. aussi ROLL. Faune t. 7, p. 218); le type isart l'est (XIVe s. Arige uzars,
uzarns plur., Elucidari, ms. Ste Genevive, fol. 127 et 166 ds RAYN. t. 5, p. 455 b; hautes valles de la Garonne et du Salat,
valles du Lez et de l'Arige isart, valles d'Aure et de Luchon idart, v. (ROHLFS Gasc., 41). L'ensemble de ces mots,
d'orig. prrom., semble issu d'une base izarr-, de sens mal lucid, appartenant au substrat pyr., peut-tre ant. au basque
(l'absence du mot en basque mod. s'expliquant par le fait que l'isard n'appartient qu' la faune des hauts sommets dont est
dpourvu l'actuel territoire basque); d'apr. ROHLFS op. cit. 466, v. aussi ds Z. rom. Philol. t. 47, 1927, p. 401, la
dissimilation -rr-rd- que prsentent un certain nombre de mots de l'anc. substrat est un fait hisp. remontant l'articulation
prrom. la suite de BERTOLDI ds Z. rom. Philol. t. 57, 1937,p. 146-47, certains (notamment FEW t. 4, p. 826 b)
admettent un rattachement au basque izar toile en raison de la tache blanche que portent les tout jeunes isards sur le
front; le type isar-t s'expliquerait dans ce cas par le suff. basque -di exprimant la prsence de quelque chose : *isar-di l o
se trouve une toile (cf. le basque izar-dun toile; cheval qui a une toile au front ds LHANDE, p. 567); cette hyp. est
rvoque en doute par ROHLFS op. cit. 41 et COR. loc. cit. Frq. abs. littr. : 35. Bbg. LENOBLE-PINSON (M.). Le
Lang. de la chasse. Bruxelles, 1977, p. 14, 23, 44, 48, 76, 90. - SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 85; t. 3 1972 [1930], p.
87, 90, 110, 314. (DELF) (DHLF)
Uzars et cabirols./En salvagginas, quals so usarns, bubalis o bizons . Isards et chevreuils. En sauvagines, telles que sont
isards, buffles ou bisons. Eluc. de las propr. Fol 127 et 166. LR.
J
Jabot, subst.masc. jabt Forme nord-occitane (Auvergnat et Limousin) Premire apparition chez
RABELAIS. De la mme famille que le verbe gavar.
TLF. Terme prob. empr. aux parlers de la partie septentr. du domaine occitan (cf. les formes cites par FEW t. 4, p. 3b pour
le dpartement de l'Allier, ainsi que pour le Cantal; [jbo] relev par GARDETTE, Atlas ling. du Lyonnais, carte jabot-
gsier Vollore-Montagne, Puy-de-Dme, et par DHR. dans le Limousin), dr. de la base prlat. *gaba gorge, gosier ,
v. gaver, gavot. (DELF)
Jaloux, adj.subst.masc. De loccitan (1140) Gels [dZelus]. Comme pour amour les tymologistes
franais du TLF ont du mal accepter lorigine occitane du mot et notamment, travers la posie des
troubadours, le sens quil a pris aujourdhui. Pathtique !
TLF. Du b. lat. plein d'amour et de prvenance attest au Ve ou VIe s. (v. FEW t. 14, p. 660a), dr. du lat. *zelosus
jalousie, zle surtout attest en lat. chrt. (v. BLAISE Lat. chrt.), du gr. empressement, ardeur, rivalit, envie . Pour
justifier la finale, au lieu de la forme en -eux attendue, on a invoqu dep. E. BOEHMER (ds Romanische Studien t. 3, pp.
581-599) et H. SUCHIER (Alt-franz. Gramm., p. 14) un empr. l'a. prov. gelos jaloux attest ds le vocab. amoureux
dep. 1135-45 (gilos ds CERCAMON d'apr. E. KHLER in Ml. J. Frappier, 1970, p. 547); le mot serait pass en fr. (comme
amour*) par l'intermdiaire de la lyrique d'ol influence par celle d'oc. Wartburg (FEW t. 14, pp. 659b-660a) a pouss plus
loin encore cette hyp. en expliquant que zelus vient directement du gr. zelos, plus riche de sens, et qui serait pass dans le lat.
de la Narbonnaise. Cependant la diversit et l'anciennet des sens du mot en a. fr., o il n'est pas limit au vocab. amoureux
contrairement l'a. prov., rendent douteuse l'hyp. d'un empr. cette langue. D'autres solutions ont t proposes :
hypothses dialectales : le mot viendrait (comme amour*) de la Champagne orientale, centre courtois de premire
importance (FOUCH, p. 307); pour G. HILTY (ds Ml. A. Kuhn, 1963, pp. 237-254), il serait issu du croisement entre le
norm. jeloux (dep. ca 1280, Clef d'amours ds T.-L.) et la forme du Centre et du Nord-est jaleux (qui n'est atteste qu'au XVIe
s. ds HUG.). (DELF) (PDPF)
Ah, la Champagne orientale, surtout si elle est croise avec la Normandie ! Bien mieux que cette " Zone
Sud, peuple de btards mditerranens, de Narbonodes dgnrs, de nervis, Flibres gteux, parasites
arabiques que la France aurait eu tout intrt jeter par-dessus bord. Au dessous de la Loire, rien que
pourriture, fainantise, infect mtissage ngrifi ". Louis Ferdinand Cline, novembre an de grce 1942.
Le DHLF qui prsente, comme presque toujours, un plagiat peine dmarqu (est-ce bien lgal ?) est
plus soft dans sa forme que le TLF.
Ban pauc ama drutz que non es gelos . B. de Ventadour. Bels Monruels. Bien peu aime amant qui nest pas jaloux. LR.
NB. Bernart de VENTADORN, troubadour, (1147-1170)
E auviatz, senher, cal desastre/Li avenc per da gilosia . R. Vidal de Bezaudun. Unas novas. Maintenant, coutez,
seigneurs, quel dsastre lui advint par sa jalousie. LR.
NB. Raimond VIDAL de BESAUDU(n), troubadour catalan, auteur de surcrot dun trait de grammaire (1196-1252).
Japper, v. Japar [dZapa]: aboyer (1150)
TLF. Terme dr. en -er de l'onomat. jap- traduisant un aboiement, un jappement, et originaire des domaines occitan et fr.-
prov. (a. prov. japar japper, aboyer 2e moiti XIIIe s. ds RAYN. t. 3, p. 581b; XVIe s. ds PANSIER t. 3; d'o le dverbal
a. prov. jap, jaup 2e moiti XIIe s. ds RAYN. t. 3, p. 581a; mil. XIIIe s. ds LEVY [E.] Prov.); pass en fr. et maintenu au
sens plus large de aboyer en norm., dans les parlers du Centre et en fr.-prov. (FEW t. 5, p. 30a; cf. DUR., no 9898;
GARDETTE, ) (PDPF) (DHLF)
Negus can non pot layrar ni japar . V. et Vert. Fol. 71. Nul chien ne peut aboyer ni japper. LR.
Par mon japer, jay chass les larrons IX, 528. BRANTME.
Jaquemart, subst.masc. Jacomart [dZakumar]
TLF. 1534 Jacquemart figure d'homme arm d'un marteau qui frappe les heures sur une cloche ou un timbre
(RABELAIS, Gargantua, d. R. Calder, M. A. Screech, V. L. Saulnier, chap. 2, 109). Empr. l'a. prov. jacomart, jaquomart
(1472 d'apr. PANSIER), dr., l'aide du suff. -art (-ard*), de Jaqueme, forme prov. du prnom Jacques (jacques1*). V.
FEW t. 5, p. 10a et 11b. Bbg. REGULA (M.). Etymologisches und Syntaktisches zu frz. jaquemart. Z. fr. Spr. Lit. 1943-44,
t. 65, pp. 234-235. - SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 318. (DELF) (PDPF) (DHLF)
Jardin, subst.masc. Jardin [dZardin]
Le mot (dorigine gotique) est pass de lancien franais aux autres langues europennes. Le moins que
lon puisse dire est que ce passage a d seffectuer de faon quasiment instantane. La premire
mention se trouve dans un texte Grand mal fit Adam dat entre 1120/1150.
TLF. 2e quart du XIIe s. terrain, gnralement clos, o l'on cultive des vgtaux utiles ou d'agrment (Grand mal fit
Adam, d. H. Suchier, 88 // Remonte prob. un gallo-rom. *hortus gardinus (gardinium attest au IXe s. en lat. mdiv.
ds NIERM.) jardin entour d'une clture , dont le second lm. est issu de l'a. b. frq. *gart ou *gardo clture , cf., pour
le sens, le got. garda clture ainsi que, pour la forme, l'a. h. all. gart, garto jardin , all. Garten, et le m. nerl. gaert
(attest dans des composs, boomgaert jardin; verger , wijngaert vignoble ), ainsi que l'a. fr. et le m. fr. jart, gart
jardin (dep. le XIIe s. ds T.-L.; GDF.). Du fr., jardin s'est rpandu dans les autres lang. rom. (v. FEW t. 16, p. 21a; G.
ROHLFS, Romanische Sprachgeographie, p. 110-111, 285) et en angl. ( partir de l'agn. gardin), cf. garden-party.
Dduire de toutes ces passionantes remarques que le mot, partir du franais, sest rpandu dans les
autres langues romanes est peut-tre prmatur ! En occitan on trouve en effet la mme poque des
attestations tout aussi convaincantes, dans des textes hautement littraires de surcrot. Voil qui devrait
permettre denvisager (et cest souvent le cas entre le franais et loccitan, car la primaut de lun sur
lautre est une illusion doptique de une interprtation myope des seules dates) une apparition
simultane. Mais la fibre chauvine est sans doute trop forte, trop insconsciente !
Quant estei en aquel bels jardin,/Lai maparec la bella flor de lis . Giraud de Borneil. Ar si gran. Quand je fus dans ces
beaux jardins, l mapparut la belle fleur de lis. LR.
NB. Giraut de BORNELH, Troubadour (1162-1199)
Bon frug eys de bon jardin . Marcabrus. Dirai vos. Bon fruit sort de bon jardin. LR.
NB. MARCABRUN, Troubadour (1130-1149)
Si que la cambra el jardis/ mi ressembles totz temps palatz . Si bien que la chambre et le jardin me paraissent toujours un
palais. Jaufre RUDEL. Amor de lonh lanquan li jorn
NB. Jaufre RUDEL, troubadour (1125-1148)
Del caval lo trabuca, e chay sus los jardis . Roman de Fierabras, v. 344. Le renverse du cheval et il tombe sur les
gazons. LR.
NB. La version occitane du Fierabras a t compose entre 1218 et 1230. Cest un roman (incomplet) de 8085 octosyllabes)
qui a t imit du franais.
En occitan mdival, jardin alterne avec vergier (PDPF). De nos jours, comme en castillan, le terme est
rserv lagrment, le potager tant represent par rt.
Jarre, subst.fm. Jarra [dZarO]
TLF. Extraits des Comptes et Mm. du roi Ren, no 714); 2. 1820 lectr. cloche de verre ou de cristal dont on forme des
batteries lectriques (LAV.); 1857 jarre lectrique (CHESN., s.v. Bouteille de Leyde). Empr. l'ar. djarra grand vase de
terre ; cf. esp. jarra (XIIIe s.), ital. giarra (XIVe s.). Le texte de ca 1200 atteste l'emploi de jare comme terme usuel du fr.
parl dans le royaume franc de Jrusalem. Le mot est ensuite parvenu en France par un intermdiaire ital. (1441) et un
intermdiaire prov. (jarra) (1449). Voir R. ARVEILLER, op. cit., pp. 104-105. (DELF)
Sans doute. Mais ce terme est attest en ancien occitan (cf. PDPF p. 217a) et il est possible de le
trouver dans un texte littraire de 1300 bien avant les comptes du Roi Ren (1409-1480). En Provence
du moins il est peut-tre parvenu comme terme usuel du franais parl dans le royaume de
Jrusalem !
Jarra ni bacin/No fos plen doli bon e fin . V. de S. Honorat. Jarre ni bassin qui ne ft plein dhuile bonne et fine. LR.
NB. La Vida de Sant Honorat, est de Raymond FERAUD (1245-1324 ) qui acheva cette uvre autour de lan 1300.
NB. Le Royaume de Jrusalem fut cr aprs la premire croisade (Godefroy de Bouillon) en 1099, aprs la perte de
Jrusalem en 1187 le royaume garda le nom mais passa Saint Jean dAcre, qui fut prise en 1291.
Jas, subst.masc. Ja [dZas] Deux sens possibles : pices dune ancre et gte, bergerie
TLF. 1643 (FOURNIER, Hydrographie ds JAL1). Terme originaire des rives de la Mditerrane, empr. au prov. jas joug
d'une ancre , de mme tymon que jas2*.
2. Empr. au prov. jas gte (d'un livre) (fin XIIe-dbut XIIIe s. jatz ds RAYN.; fig. faire jas s'enraciner, se nicher
XIIIe s. ds LEVY [E.] Prov.); spc. terme de la vie pastorale des Alpes de Provence parc entour d'une petite muraille de
pierres sches, gnralement situ sur un mamelon, o, de juin octobre, on faisait coucher les troupeaux d'ovins (1208
Charte de Durbon [commune de St-Julien-Beauchaine, Htes-Alpes] ds Annales des Alpes, t. 5 [et non 6, FEW t. 5, p. 6b], p.
240) et bergerie, bercail, cabane o on enferme le troupeau (1465 Avignon ds PANSIER t. 3; MISTRAL), issu d'un b.
lat. *jacium proprement lieu o l'on gt, o l'on est couch (du lat. jacere, gsir*; v. THOMAS [A.] Nouv. Essais, p. 228)
dont les reprsentants rom. sont relevs dans les domaines ital., cat., occitan, REW3 4566; cf. le lat. mdiv. jassium ovile
1460, 1522 Marseille et le dr. jassile 1341 ds DU CANGE, s.v. jassium. terme prob. originaire des ctes de la
Mditerrane, empr. au prov. jas rservoir d'une saline (MISTRAL), de mme tymon que jas2*. (DELF) (PDPF)
(DHLF)
Javart, subst.masc. Gavarri [gavari]
Affection inflammatoire qui atteint la partie infrieure des membres des chevaux ou des bovins, se
manifestant sous forme de tumeur, dabcs, de ncrose.
TLF. 1393 (Mnagier, d. St Bibliophile fr., t. 2, p. 75). Mot issu, avec substitution du suff. -ard la finale -arri, de
l'occitan septentrional gavarri sorte de chancre qui se rattache la famille de gaver*. Le javart des animaux a, sans doute
cause de son aspect, t compar un goitre (cf. BL.-W.5). (DELF)
Jujube, subst.fm Zusuba [zyzybO]
TLF. tant donn l'aire mditerranenne du jujubier, il est probable que le mot est parvenu en fr. travers le prov., mais de
celui-ci on ne relve aucune forme du type jujube. Les types attests dans le domaine d'oc sont : 1. jousibo, relev dans
l'Hrault, MISTRAL, s.v., et aux confins de Gascogne, Languedoc et Pays de Foix, AXEL DUBOUL, Las plantos as camps,
2e d., 1980, p. 50, issu d'une forme mtathtique *; 2. gigoulo, chichoulo, MISTRAL, s.v. ginjourlo, d'un lat. vulg.
*zinzula, dr. , suff. -ula, prob. travers des formes liguriennes (v. FEW t. 14, p. 665 b); 3. ginjourlo (cf. 1549 m.fr.
gingiole, A. DU MOULIN ds HUG.), chinchourlo, MISTRAL. (DELF)
Julep, subst.masc. Julep [dZylep]
Prparation pharmaceutique, base deau distille, deau de fleur doranger, de sirop, de gomme
arabique, etc., servant dexcipient certaines substances mdicamenteuses.
TLF. Dbut XIVe s. judo-fr. gulbe (d'apr. LEVY Trsor, p. 127); ca 1350 juleph (Compendium de epidemia, trad., ms.
B.N. 2001, fo 101 vo b d'aprs R. ARVEILLER ds Romania t. 94, p. 163 : cyrop de juleph, ou cyrop rosat); XIVe s. julep
(Somme Me Gautier, B.N. 1288, fo 14a ds GDF. Compl.). Empr., prob. par l'intermdiaire du lat. mdiv. (gilebum, XIe s.,
DIOSCORIDE d'apr. S. SGUAITAMATTI-BASSI, Les Emprunts directs faits par le fr. l'ar., 1974, p. 117; julep, 1076-87
ds DU CANGE; cf. sirop julevi, dbut XIVe s., Antidotaire Nicolas [trad. du lat.], d. P. Dorveaux, 23), l'ar. potion
compose d'eau et de sirop . V. S. SGUAITAMATTI-BASSI, op. cit., pp. 117-118. (PDPF)(jolep)
Pour le DELF : vers 1300. Empr. par lintermdiaire de la. pr. Julep ou de lespagnol julepe, de larabe djulb, empr. lui-
mme du persan gul-b eau de rose : on employait cette eau pour diverses prparations mdicamenteuses .
Loccitan emprunte le mot la mme poque que le franais, et sans doute la mme source.
Causas infrigidans ayssi cum julep . Trad. dAlbucasis, fol. 55. Choses rafrachissantes ainsi comme julep. LR.
Jumart, subst.masc. Gimerre [dZimre]
Animal lgendaire que lon supposait issu du croisement des espces bovine et chevaline. (Ds Ac.
1798-1878; dict. XIX s.). La croyance lexistence du jumart, qui aurait t le produit de lunion dun
taureau avec une jument ou dun ne avec une vache, a t rpandue en France au XVIII sicle. En
occitan on nomme ainsi un mulet de haute taille, et un homme brutal, maniaque, rebours, rtif,
indocile, sournois et boudeur (TDF. T.II, p. 54a)
TLF. Empr. au fr.-prov. jumar(e), du prov. jumere (cf. jumerle en 1470 d'apr. PANSIER t. 3), d'abord jimere, du gr.
chimre . V. P. GARDETTE, op. cit., pp. 166-180.
L
Labri(t), subst.masc. Labrit [labrit] Chien de berger poil demi-long utilis dans le midi de la France
pour la garde des troupeaux. Labrit ou Albret. Le TDF (T.II., p. 175a) prcise : chien de berger
originaire de ce pays, nom quon donne aux chiens de berger, ordinairement de couleur noire, en
Provence, Gascogne, Velay, Dauphin et Vende .
En occitan, Joana de Labrit : Jeanne dAlbret (fille dHenri dAlbret, roi de Navarre, marie en
secondes noces Antoine de Bourbon (1548) et mre dHenri IV.
TLF. 1877 Labry (LITTR Suppl.). Du nom propre Labrit, village des Landes o ce chien est trs rpandu.
Lamie, subst.fm. Lmia [lamjO] Petit requin.
TLF. 1527 mythol. (J. BOUCHET ds R. Lang. rom. t. 52, p. 114); 2. 1551 ichtyol. (BELON, Histoire naturelle des
estranges poissons marins, 21). Empr. du lat. lamia sorte de vampire dont on menaait les enfants; genre de poisson , du
gr. monstre fminin qui dvorait les hommes et les enfants, croquemitaine ; cf. au sens 2, la forme amie atteste en 1551
(BELON, op. cit., 21).
En occitan, le terme est connu depuis au moins le XIV s et toujours en usage. Et pour cause, il sagit
dun requin comestible et apprci. Cest aussi un tre fantastique.
Bestias chimericas cum so lamias que han cap virginal . Eluc. de las Propr. Fol. 357. Btes chimriques comme sont
lamies qui ont tte de vierge.
Dans un texte aixois (autour de 1630) un personnage commande son valet :
Adus de ton, de ronds, de solos, /Desturjon, de lami, de marlus . (Apporte du thon, du turbot, des soles, de lesturgeon,
de la lamie, du merlan (ZERBIN, PDMCP, E.80)
Lampante (huile), adj. (li) lampant [Oli lampan]
TLF. Empr., de mme que l'ital. lampante (dep. 1er quart XVIe s., SODERINI ds BATT. : olio lampante), au prov. lampant,
part. prs. adj. de lampa briller, clairer (MISTRAL), du gr. briller, faire resplendir (v. FEW t. 5, p. 145 b). (DELF)
En ancien (et moderne) occitan : lamp : clair, clat de lumire :
Tramet Dieus sovent en terra/Lams e fozer e tempesta . Brev. damor, fol. 127, LR.
Lamparo, subst.masc. Lampart [lamparOt]
Forte lampe actylne (ou batteries !) fixe lavant dun bateau, dont se servent les pcheurs des
rgions mditerranennes pour attirer le poisson en surface. Par mtonymie : filet flottant utilis dans ce
genre de pche. Le lamparo (senne tournante) est utilis de nuit avec laide de projecteurs pour faire
remonter le poisson. Bateau de pche utilisant cette lampe et ce filet.
TLF. Adaptation de l'esp. lmpara lampe (dep. ca 1280 d'apr. COR.), altration d'un plus anc. lmpada (lampe*); v.
LANLY, pp. 146-147; cf. bolinche.
En pays occitan o cette pche a t longtemps pratique, un lampart (lampa + (ar) + t savoir deux
suffixes augmentatifs successifs), cest dabord une grosse lampe. Puis le bateau portant les projecteurs.
Pourquoi aller chercher en Espagne ce qui existe sur place ? le mrite du linguiste en est-il augment ?
Les pemiers intresss ont-ils t sollicits ?
Lampion, subst.masc. Lampion [lampjun]
Le mot lampe est franais, son driv lampion est donn comme venant de litalien grosse
lanterne (XVII sicle). Mais on le trouve au sens de lanterne de bateau dans un document en
franais concernant des galres marseillaises, texte de 1510). Le problme, relev par von
WARTBURG, est que laugmentatif de lampa en italien est lampada . En effet Lampine a
pour sens : reverbre , (di carrozza) lanterne, (alla veneziana) lanterne vnitienne. Or les
lampions ne sont pas de grosses lampes .
Par contre, le suffixe -on, en occitan, sert de diminutif : cat > caton, ostal > ostalon. Linterprtation,
en tymologie, se doit dtre prudente, et linfluence est rarement univoque.
TLF. Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1718. tymol. et Hist. 1. 1510 lanterne de bateau (Compte des dpenses
faites pour la mise en tat et le ravitaillement de quatre galres, par Pierre de Rollot, ms B 2551, Arch. Bouches-du-Rhne,
fo 166 ds J. FENNIS, La Stolonomie, Amsterdam, 1978, p. 373); 2. 1750 lanterne vnitienne (VOLTAIRE, Corresp., d.
Th. Besterman, t. 18, lettre 3610, p. 112); 3. 1826 chapeau trois cornes ([BALZAC], Petit dict. critique et anecdotique
des enseignes de Paris, pp. 79-80 ds QUEM. DDL t. 16). Empr. l'ital. lampione grosse lanterne (XVIIe s. ds BATT.),
dr., l'aide du suff. augm. -(i)one, de lampa lampe , lui-mme empr. au fr. lampe*.
Lampourde subst.fm. Lamporda [lampurdO] Plante des champs de la famille des Composes
poussant au Sud de la France dans des endroits incultes. Une de ses espces est nomme communment
petite bardane. O nous retrouvons loccitan Olivier de SERRES, crivain en franais, certes, mais
ayant recours loccitan, francis au besoin.
TLF. 1600 (O. DE SERRES, Thtre d'agriculture, L. 6, chap. 5, p. 614). Empr. au prov. lampourdo bardane
(MISTRAL), var. de l'a. prov. laporda (XVe s. ds LEVY (E.) Prov.), lui-mme dr. de l'a. prov. lapa [Pt LEVY (E.)], lappa
(mil. XIVe s. ds RAYN.), du lat.
Langouste, subst.fm. Langosta [laNgustO]
TLF. Empr. l'a. prov. langosta sauterelle (fin XIIe-1er quart XIIIe s. DAUPHIN D'AUVERGNE ds RAYN.) et
crustac, langouste (XVe s. Lettre du Prtre Jean, Bibl. nat. fr. 6115 [anc. 10535] ibid.), issu, avec nasalisation secondaire
(v. RONJAT, 179), d'un lat. vulg. *lacusta, altration, prob. par dissimilation vocalique, du class. locusta sauterelle et
langouste . De *lacusta, la forme rg. a. fr. laste sauterelle : XIIIe s. lastes (Lapidaire de Marbode, version de
Cambridge, d. cite, 816, p. 182), fin XIIIe s. laouste (Gloss. abavus, 1628 ds ROQUES t. 1, p. 42), dont on relve les
corresp. dans les domaines ital., esp., cat. et roum. (FEW t. 5, p. 397 a). Cf. l'a. fr. locuste sauterelle (1re moiti XIIe s.,
Ps. Oxford, 108, 22 ds T.-L.), locuste marine crustac, crevette (dbut XIIIe s. Lapidaire des pierres graves, 1re version,
d. P. Studer et J. Evans, L, p. 286), empr. au latin. (DELF) (PDPF)(DHLF)
Languir (se) (vp) (se) languir [laNgi] :
TLF. La forme pronom. se languir est due l'infl. du prov. se langui s'ennuyer, avoir le mal du pays (MISTRAL). Frq.
abs. littr. : 669. Frq. rel. littr. : XIXe s. : a) 1 654, b) 936; XXe s. : a) 670, b) 527.
Lause {lauze}, subst.fm. Lausa [lawzO]
Rgional. (Sud, Sud-Est). Pierre plate dtache par lits et utilise comme dalle ou pour couvrir les
btiments ; la lausa est une pierre plate, et plus gnralement une ardoise. Lemprunt franais est dat
de 1801 (Stendhal). Cela est bien connu, ce qui lest moins cest que ce mot est trs probablement
lorigine de la dnomination de la figure gomtrique le losange .
Jamais non auran pausa, / Si nol meton tot viu de sot la lausa . Bertrand dAllamanon, Del arcivesque. Jamais ils
nauront pause, sils ne le mettent pas tout vif dessous la pierre. LR.
NB. Bertran dALAMANON. Troubadour, (1229-1266)
Entro la plana lauza an cavat a poder . V. de S. Honorat. LR. Jusqu la plane roche ils ont creus la terre.
TLF. Empr. l'a. prov. lauza, lausa dalle, pierre plate , 1174 ds PANSIER, lui-mme issu du gaul. *lausa peut-tre
empr. une lang. prcelt. (FEW t. 5, p. 212 b); le mot vit encore en occitan cf. prov. mod. lauso, loso pierre plate et mince
servant couvrir les maisons, dalle, ardoise ds MISTRAL et en fr. prov. o ds 1573 une pierre loze Vevey dsigne une
ardoise (FEW, loc. cit., p. 211 a); il s'est tendu au nord, jusqu'en Lorraine; cf. le dr. lauzire poutre qui supporte les
ardoises 1624 Coutume de Gorze, XIII, 24 ds Nouv. Coutumier gnr., d. Ch. A. Bourdot de Richebourg, II, 1090. Bbg.
DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 200. - DAUZAT (A.). Notes tymol. et lexicol. Fr. mod. 1938, t. 6, pp. 105-106. - GEBHARDT
(K.). Les Francoprovenalismes de la lang. fr. R. Ling. rom. 1974, t. 38, p. 192. (PDPF)(DHLF)
Lavasse, subst.fm. Lavaci [lavasi labasi]
Terme vieilli. Averse de pluie subite, abondante et imptueuse. Il vint tout coup une grande
lavasse (Ac. 1798-1935).
TLF. 1447 pluie torrentielle (Girart de Rossillon, ms. de Beaune, d. L. de Montille, p. 379 ds GDF. Compl.); 2. 1829
aliment liquide trop tendu d'eau (BOISTE); 3. 1866 mauvais caf (DELVAU, p. 223). Dr. de laver*; suff. -asse, -
ace*.
Ploia soptament fazen lavaci, /Trameto lavacis a terras planas . Eluc. de las propr. Fol. 135 et 161. LR. (XIV s.)
Lentisque, subst.masc. Lentiscle {rentiscle} [lentiscle rentiscle]
TLF. tant donn l'aire gogr. de l'arbre, lentisque est prob. empr. l'a. prov. lentiscle (XVe s. Floretus ds R. Lang. rom. t.
35, p. 71 b), issu d'un lat. vulg. *lentisculus, dimin. du lat. class. lentiscus lentisque ; ce dernier est l'orig. de l'a. fr.
lentisc (XIIIe s. Simples mdecines, d. P. Dorveaux, 650), prob. par l'intermdiaire de l'a. prov. lentisc (XIVe s. Eluc. de
las propr. [ms. Ste Genevive 1029], fol. 211 ds RAYN.), v. RONJAT, 439. (DELF)(DHLF)
Levant, subst.masc. Levant [levan leban] ; Le TLF reconnat le substantif ponant comme tant
dorigine occitane, mais ne dit rien pour son pendant ncessaire levant pourtant usit ds le Moyen-
ge.
PDPF. levan s. m. lever (du soleil) ; levant, orient ; vent dest .
TLF. Ca 1265 ct de l'horizon o le soleil se lve (BRUNET LATIN, Trsor, d. F. J. Carmody, I, 106, 10); 2. 1343
vent d'est (NIC. DE VERONE, Pharsale, 2147, d. H. Wahle ds GDF. Compl.); 3. 1528 pays qui sont au levant
(Ngociations de la France dans le Levant, I, 137, ibid.). Part. prs. subst. de lever1* (cf. ca 1100, part. prs. adj. soleill
levant ds Roland, 3098).
Los principals aissi nomnam/En nostra lengua romana/Levan, grec e trasmontana. Brev. damor, fol. 41. Les principaux
(vents) nous nommons ainsi dans notre langue romane : Levant, grec et tramontane. LR.
Ligot, subst.masc. Ligt [ligOt] du verbe ligar [liga]
Argotique : Grande ficelle dont se servaient les agents de police et qui entourait le poignet droit puis le
corps la ceinture. Faisceau de bchettes enduites de rsine ou de bois gras en provenance dun pin
(tu par un excs de rsine) afin de servir d'allume-feu.
TLF. Empr. au gasc. ligot Landes lien de gerbe (ALG, carte 692, points 656, 664, 665, 674, 680) et lien de fagot
(ibid., carte 124, points 656, 664, 665, 674, 682; cf. ALF, cartes 292 et 1609), dr. en -ot du gasc. ligo lien, attache, chane
(XIVe s., Comptes de Riscle ds LEVY Prov.; LESPY; PALAY), dverbal de liga lier (LESPY, PALAY; cf. le part.
pass adj. liguat masc. sing. li [fin XIIe-dbut XIIIe s. GAUCELM FAIDIT ds RAYN.], liguadas fm. plur. [femmes]
habilles [XVe s. ds LEVY Prov.], ligar attacher [une liasse de papiers] [1517, FORCALQUIER ds MEYER Doc., p.
356]), forme savante (RONJAT, 278; v. aussi FEW t. 5, p. 330 a, note 1), correspondant l'a. prov. liar (1re moiti XIIe s.
retenir les pchs MARCABRU ds RAYN.; XIIe s. habiller PEIRE ROGIER et 1re moiti XIIIe s. attacher, lier
DAUDE DE PRADAS ds LEVY Prov.), v. lier.
Ligoter, v. de ligar [liga]: lier.
TLF. 1605 ligotter la vigne monder, nettoyer, tailler la vigne [ l'origine prob. : la lier] (O. DE SERRES, Thtre
d'Agric., III, 4 ds HUG.), sens not par COTGR. 1611; 2. 1800 part. prs. fm. substantiv ligotandes cordages Hist. des
brigands chauffeurs ds SAIN. (Sources arg. t. 2, p. 91); 1815 lier, garotter (Chanson du malfaiteur Winter ds ESN.);
1837 (VIDOCQ, Mm., Suppl., I, 61 ds SAIN., op. cit., t. 2, p. 139). Dr., avec ds. -er, de ligote, attest ds l'a. fr. au sens
de courroie intrieure du bouclier 3e quart XIIIe s. [ms] (A. DE PARIS, Alexandre, d. Elliott Monographs, Br. II, 10,
172, leon ms N), puis en arg. mod. au sens de corde mince pour attacher le poignet de la main droite des dtenus (1837
VIDOCQ, Voleurs; vocab. ds SAIN., op. cit., t. 2, p. 139), prob. d'origine mrid. (cf. ligot et l'utilisation de ligoter par O. de
Serres), mais non attest dans les dict. d'occitan.
Loccitan fabrique encore des verbes : partir de poton (baiser) on a potonar , et avec le
frquentatif (-ejar) potonejar . Un autre suffixe qui joue un rle identique est -otar , qui autorise :
espigotar (glaner des pis), gorgotar (bouillir gros bouillons), vivotar (vivoter) Et il est
vrai que les dictionnaires occitans sont (encore) incomplets. La rfrence Olivier de SERRES est tout
de mme la garantie que le mot tait vraiment en usage, et quil a toutes les chances de ne pas tre
picard, toute rvrence garde pour ce magnifique parler dol.
Lingot, subst.masc. Lingt [liNgOt]
TLF. 1392 (Reg. du Cht., II, 448 ds GDF. Compl. : Tout fu fondu en un lingot qui pesoit deux mars d'argent); 1395, sept.
(doc. A. Cte-d'Or, ibid. : En or fondu, en lingot); fin XIVe s. judo-fr. langot (ds R. LEVY, Rech. lexicogr. sur d'anc. textes
fr. d'orig. juive, no 533, p. 62a, ms. Bibl. nat. fonds hbr. 86); 2. 1721 projectile servant armer le fusil pour la chasse au
gros gibier (Trv.); 3. 1832 typogr. (RAYMOND). Orig. discute, les rapports du mot fr. avec l'angl. ingot (ca 1386 ingot
lingotire ; 1488 lingot lingot , 1583 ingot id. ds NED) tant difficiles tablir, notamment en raison de la
pauvret des dpouillements. D'aprs FEW t. 5, p. 365b, note 33, l'angl. serait plus prob. empr. au fr. avec dglutination de l-
, le fr. tant prob. dans ce cas empr. au prov. lingot (1403 au sens de lingotire ds PANSIER t. 3) dr. de lenga langue
, ainsi nomme cause de la forme allonge donne ces morceaux de mtal, v. aussi R. LEVY ds Mediaeval St. t. 8,
1946, pp. 310-315; d'aprs EWFS2, le fr. serait au contraire, empr., avec agglutination de l'art. df., l'angl. ingot
lingotire , form de la prp. in dans et de goten, part. pass de geotan verser , v. aussi KLEIN Etymol., s.v. ingot.
(DELF)
De lenga langue + suffixe diminutif t.
cf. can chien , canht petit chien , libre livre librt, avec souvent une nuance pjorative.
Loffe, adj. Lfa {lfi}
Argotique. Niais, imbcile, maladroit. Synonyme. bte.
TLF. [Ca 1740 lof comme le rabouin profane en diable (arg. des comdiens d'apr. ESN.)]; 1790 loffe stupide (Le Rat
du Chtelet, p. 18). Prob. empr. au prov. lofi, lofio nigaud, imbcile (v. MISTRAL), de lofi, loufo vesse (ibid.), trs
rpandu dans les dial. du Sud, d'orig. onomatopique (cf. ital. loff(i)o stupide, etc. , loffa vesse ds DEI et BATT.; v.
FEW t. 5, p. 398). Bbg. DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 275. - SAIN. Arg. 1972 [1907] pp. 47, 239.
NB. A donn un driv argotique : Loufiat (garon de caf)
Loriot, subst.masc. Auril [awrjOl awrjow] Cest un oiseau un peu plus grand quun merle, le mle a
le corps dun jaune or clatant (en occitan lor se dit aur [awr]), les ailes noires, le bec vieux rose et
liris rouge cerise. Les femelles dont le plumage est un mlange de vert olive, jaune et brun, est plus
mimtique. Cest un toponyme AURIOL (Bouches-du-Rhne) trs rpandu dans les pays doc, et un
patronyme illustr par un prsident de la Rpublique : Vincent AURIOL (1884, Revel, Haute-Garonne ;
1966, Muret, Haute-Garonne).
TLF. Fin XIVe s. ornith. (E. DESCHAMPS, Miroir de mariage, 149 ds uvres compltes, d. G. Raynaud, t. 9, p. 8 :
paons, pymars, et lorios : < ryos >); 2. 1834 orgelet (HCART, Dictionnaire rouchi-franais). 1 altration par
substitution de suff., de *loriol (attest de nos jours, sous diffrentes formes, dans les patois, cf. FEW t. 1, p. 178a), issu par
agglutination de l'art. dfini l'anc. subst. oriol oiseau (ca 1140 oroel, Plerinage de Charlemagne, 290 ds T.-L.), de
l'adj. lat. aureolus d'or, de couleur d'or (dimin. de aureus id. , dr. de aurum or ), en raison de la couleur jaune vif
du plumage de cet oiseau; 2 v. compre-loriot, tymol. et hist. (dj sous la forme leuriel vers 1465, loc. cit.). (DELF)
(PDPF)
Losange, subst.masc. Lausange [lawzandZe] sur lausa [lawzO] pierre plate, ardoise.
TLF. Un rattachement au gaul. *lausa dalle de pierre, pierre plate (FEW t. 5, p. 212a, v. lause), satisfaisant du point de
vue sm., fait difficult du point de vue gogr., les reprsentants du gaul. (cf. cependant le dr. lauziere, XVIe s. Lorraine,
ibid., p. 211b) tant groups dans les domaines prov. et franco-prov. L'hyp. d'une orig. orientale se heurte, en l'tat actuel de
la docum., au manque d'information sur le cheminement du mot (il se trouve ca 1300 dans la trad. lat. par JAMBOBINO de
CRMONE, d'un trait de dittique du mdecin de Bagdad Ibn Gazla) et au fait que le sens de gteau ne se trouve
attest en fr. qu' la fin du XIVe s.; cf. aussi les rem. de A. VOLLENWEIDER ds Vox rom. t. 22, 1963-64, pp. 441-43, qui,
rapprochant de losange gteau , lasagne* et son synon. prov. lausan (1505, Platine en fr. [cf. FEW, loc. cit., p. 211 b],
mot auquel semble se rattacher l'angl. lozen, lozeyn gteau ca 1390, ca 1420 ds NED) admet pour ces mots la possibilit
de l'orig. ar. propose par M. Rodinson. (DELF)
Loup/louve. Subst.masc.fm. Lop/loba [lup lubO]
Pour le mot loup le DELF fait remarquer que :
Loup est probabl. une forme dialectale. La forme correcte leu, frquente en a. fr. survit dans lexpression la queue leu
leu et dans des noms de lieu .
Les premires mentions dans des textes franais sont extraites de lIsopet de Lyon TLF. proverbes XIIIe
s. Isopet ds Lyon, 3361, ibid.: Vous avez fait dou lou bergier) .
Le texte est crit dans une forme dialectale du franais, qui prsente bon nombre de traits communs
avec le francoprovenal. Cest donc au XIII sicle que la forme loup fait son apparition en franais,
et cohabite avec leu qui ne disparat vraiment quau XVI sicle. Linfluence de loccitan aurait pu
au moins tre discute, puisque le terme apparat au sicle prcdent.
La forme lop en occitan [lup] date en effet du plus haut Moyen-ge (PDPF). La carrire potique du
troubadour Pire VIDAL se droula entre 1180 et 1205. Commence dans le Pays Toulousain et le
Carcasss, elle se poursuivit en Espagne, Provence, Terre Sainte, Hongrie, Italie et Malte. Ses
protecteurs furent nombreux : Alfonse II dAragon, Alfonse VIII de Castille, Raimon V de Toulouse,
Richard Cur de Lion... Peire Vidal fut un singulier personnage, sorte dhumoriste, raillant ses
confrres et lui-mme. Ses amours furent nombreuses selon son biographe. Lune dentre elles faillit
mal tourner : Et il aima la Louve de Pennautier (Loba). Il se faisait appeler loup (Lop) pour elle, et
il revtit une peau de loup... Les chasseurs avec leurs chiens le chassrent et le maltraitrent de telle
faon qu'il fut port pour mort chez la Louve de Pennautier...".
Se fes cassar als pastors ab cas et ab mastis et ab lebriers, si com hom fac lop Traduction des Vidas. LR.
NB. On considre gnralement que la plus grande partie des Vidas et Razos est luvre du troubadour UC de SANT CIRC
et fut ralise entre 1227 et 1230.
Le lop depuis lancien occitan cest un poisson particulirement vorace quen franais on nomme bar.
Comme pour le mammifre, le terme provient du latin lupus.
Cest un vieux prnom, occitan entre autres (En espagnol, cest Lope). Lhypothse occitane nest
jamais envisage.
Pour mmoire voici ce quen crit RAYNOUARD. Tous les textes cits sont antrieurs au XIV s.
LUP, Lop, s. m., lat. LUPUS, loup.
Domna, en vos trobei tal guierdos,/ Com fai al lup lo cabrol e l'agnel. P. MILON : Pois que. Dame, en vous je trouvai tel
profit , comme fait au loup le chevreuil et l'agneau.
Fig. Vers es que nostre pastor / Son tornat lop raubador. G. FIGUEIRAS : No m laissarai. Il est vrai que nos pasteurs sout
devenus loups ravisseurs.
NB. Guilhem FIGUERA. Troubadour, (1215-1240)
Loc. Entre ca e lop, a la fin del jorn. Cat. dels apost. de Roma , fol. 150. Entre chien et loup, la fin du jour.
CAT. Llop. ESP. PORT. Lobo . IT. Lupo.
2. Loba, s.f., lat. LUPA, louve.
Las lobas noyrisson los efans gitatz. V. et Vert., fol. -/1. Les louves nourrissent les enfants exposs.
Foron noyritz en aquel loc per una loba. LArbre de Bataillas, fol. 36.
CAT. ESP. PORT. Loba. IT. Lupa.
3. Lobat, s. m., louveteau.
Lop ha merce del lobat, et devora lanhel. /Lop quan noyrish lobatz. Eluc, de las propr., fol. 18 et 254. Loup a merci du
louveteau, et dvore l'agneau. /Loup quand il nourrit louveteau.
4. Lobeira , s.f., louvire, tanire du loup.
Kes plus temsutz que laire ni lobeira. T. DE BONNEFOY ET DE BLACAS : SeingnEn. Est plus craint que larron et
louvire.
Va fort luenh de sa lobeira. Naturas dalcunas bestias. Va fort loin de sa louvire.
ESP. Lobera.
5. Loberna , S.f., peau de loup.
La dotzena de lobernas, II. d. Cartulaire de Montpellier, fol. 113. La douzaine de peaux de loups, 2 deniers.
Luserne, subst.fm. Lusrna [lyzernO]
TLF. 1566 lauserne (A. de PINET, trad. de l'Hist. nat. de Pline, XVII, IX d'apr. DELBOULLE ds FEW t. 5, p. 433b); 1600
luzerne (O. DE SERRES, Le Thtre d'agriculture, IV, 4, p. 270: l'herbe appele en France Sain-Foin, (...) en Provence &
Languedoc, Luzerne). Empr. au prov. luzerno, de mme sens, emploi mtaph., en raison de l'aspect brillant des graines de la
plante, de luzerno ver luisant (encore attest dans les patois, v. FEW t. 5, p. 433b), issu de l'a. prov. luzerna lampe
(RAYN. t. 4, p. 109a), du lat. lucer.
Dejuns ses almorna... es lucerna ses oli .Trad. de Bede, fol. 52. Jene sans aumne... cest lampe sans lhuile.
Fo trobada una iluzerna... que per ven ni per aigua no s podia escantir. Cat. dels apost. de Roma, fol. 142. Fut trouve
une lampe... qui par vent ni par eau ne se pouvait teindre. LR.
Il est toujours possible de compter sur O. de SERRES pour franciser des mots occitans. Mais il est vrai
que ce sont peut-tre des mots de franais rgional (passs de loccitan au franais des coloniss ,
ou qui sait des colonisateurs ?). Catgorie qui permet lgamment dliminer toute rfrence
loccitan. Variante soft dun certain rvisionnisme linguistique.
M
Macarelle, interj. Macarl [makarl ] [makarl]
TLF. Pop. [Juron mridional] Eh ben oui, on est rest l, dit Fouillade, bagasse, nom de Dieu, macarelle ! (BARBUSSE,
Feu, 1916, p. 60).
tymol. et Hist. 1916 (BARBUSSE, loc. cit.). Francisation de macarla maquerelle, rpandu comme juron dans le midi
de la France, a. prov. macarela id. (XVe s. ds E. LEVY Prov.), empr. au fr. maquerelle, v. maquereau2.
Voici un exemple significatif du traitement approximatif du rapport de loccitan (pardon, du
mridional ) au franais.
En occitan, il faut distinguer macarl, (fminin macarla) au sens respectivement de maquereau et
maquerelle (proxntes), de macarl ! , pure interjection.
Francis en macarelle le premier, du reste, est non pas un juron, mais une insulte, ce qui nest pas
tout fait la mme chose, mme pour un Trsor de la Langue Franaise.
Quant linterjection, elle vient en ligne directe du grec makrios (Mooto;) dont le sens est
heureux, bienheureux . En occitan cette interjection marque ltonnement, ladmiration, avec une
intonation trs particulire [makarl] qui fait de ce mot un proparoxyton, accentuation tonique rare en
occitan aujourdhui et qui ne subsiste en fait quen niard (dimnegue, msica)
Lintonation nest pas la mme selon le cas et lintention. Une connaissance strictement livresque dune
langue est insuffisante.
Moralit : quand on ne sait pas (ce qui peut arriver), on demande, et on ne fait pas semblant de savoir !
Madrague, subst.fm. Madraga [madragO]
Emprunt de loccitan lhispano-arabe (dernier tiers du XIV sicle almadraba), le mot est ensuite
pass au franais selon une trajectoire bien connue. (TLF)(DELF)(DHLF)
Un tableau clbre de S. DAL, Roberto ROSSELINI, dans son film Stromboli (1950), ont mis en scne
cette pche spectaculaire et sanglante. Une proprit non moins clbre dans un quartier de St Tropez
porte ce nom. De nombreuses madragues ont perdur sur la cte mditerranenne de France (madragues
de Giens, de Marseille, de Niolon (Nioulon), de Sausset, de Gignac (Ginas), de Carry, et de Saint-
Tropez, etc.) jusquau dbut du XX sicle. Elles relevaient souvent dun privilge dtenu par les
seigneurs locaux.
NB. La madrague est une technique de pche au thon rouge traditionnelle en Mditerrane. Elle consiste piger les bancs
de au cours de leurs migrations le long des ctes. Les filets de grandes dimensions sont disposs de manire former un
pige tages successifs, et diriger et rassembler les thons vers la chambre de mort . Les filets sont ancrs au fond et
retenus en surface par des flotteurs. Lorsque les poissons sont pris, des bateaux viennent se placer tout autour de la chambre
de mort, puis les filets sont relevs progressivement de manire resserrer les thons sur quelques mtres carrs et la mise
mort (mattanza en italien) intervient. (tonnara).
Madrier, subst.masc. Madir [madj] En occitan cest aussi la quille dun navire.
Selon le TLF. Empr. (avec adjonction d'un r-, peut-tre sous l'infl. de madr*) l'a. prov. madier attest au XIVe s. au
sens de couvercle de ptrin (Inventaires du 14es., p.31, 15 ds LEVY Prov.) ou un dial. de l'Italie du Nord, rgion o
semble s'tre dveloppe l'acception maritime du mot (cf. lat. mdiv. maderium 1319 Venise, 1344 dans un doc. du
Vatican ds Stolonomie, d. cite, p.377; vnitien mader, XIVe-XVes. ds JAL); du b. lat. et lat. mdiv. materium bois de
construction (VIes. ds TLL 448, 56-60; IXes. ds Nov. Gloss. 251, 19-23), tir du lat. class. materia id. (matire*). Cf.
aussi cat. madero au sens 1 en 1443 ds ALC.-MOLL. (DELF) (DHLF)
Emprunt probable loccitan (XVI DAUBIGN), ou un dialecte de lItalie du Nord . Lequel ?
(cf. Canton )
Magasin, subst.masc. Magasin [magaziN]
Emprunt larabe Makhzin, plur. de mahhzin entrept, soit par l'intermdiaire du prov. (cf. lat.
mdiv. magazenum en 1228 dans une loi sur les contrats permettant aux Marseillais dtablir des
entrepts dans les ports du Maghreb, daprs FEW t.19, p.115a; v.aussi BL.-W.2-5). Le terme est
attest en italien entre 1308-1348. (TLF) (DELF) (DHLF)
Fery de rimaillons tout un plen magazin Belaud de La Belaudire, Obros et Rimos, XIII. (avant 1595)
Magnanerie, subst.fm. Manhanari [maanarjO maanarje ]
TLF. 1859 (F. MISTRAL, Mirio, chant II, 1, p. 49 [trad. fr. en regard du texte prov.]: chantez, chantez, magnanarelles).
Empr. au prov. magnanarello celle qui lve des vers soie, dr. de magnan (v. ce mot).1721 (Trv.). Empr. au prov.
magnan ver soie (MISTRAL), d'orig. incertaine: C. NIGRA (Archivio glottologico italiano t. 14, pp. 279-281), suivi
par L. SAINAN (Sources t.1, p.60), BL.-W.1-5 et REW3 no 5581, le rapproche de l'ital. du Nord mignanna chatte, mino
chat, magnatto ver soie, et de l'ital. mignatta sangsue, ces mots remontant la racine expressive mi- l'orig. des
noms du chat dans les dial. du nord de l'Italie; il cite l'appui de cette hyp. les dnominations de la chenille issues de mots
dsignant le chat, telles que ital. du Nord gat(t)a, gattina, gattola, a. fr. chatte-peleuse, angl. caterpillar, cf. fr. chenille; pour
EWFS1-2, le prov. magnan est empr. l'ital. magnatto ver soie (d'o seraient alors directement issues les formes
maignat, 1551, Dclaration de Henri II, 14 juill. ds ISAMBERT, Rec. anc. lois fr., t.13, p.209, et magniaux, plur., 1600, O.
DE SERRES, Thtre d'agriculture, p.460, et 1611, COTGR.), qui serait dr. par tymol. pop. du dial. magnar manger, en
raison de la grande voracit du ver soie. En tout tat de cause, il est probable que le mot a t introduit sur le territoire
gallo-roman partir de l'Italie, comme l'a t la technique de l'levage du ver soie (v. Lar. encyclop., s.v. sriciculture).
(DELF) (DHLF)
NB. La venue des papes Avignon au dbut du XIVe sicle introduisit la culture du mrier dans la rgion. Louis XI (1423-
1483) invita des artisans italiens et grecs sinstaller Tours, ville qui compta 8 000 mtiers tisser en 1546 et qui devint
ainsi un centre sricicole plus important que Lyon, Montpellier ou Paris. Dautres mesures furent prises par la royaut,
notamment par Franois I
er
qui signa en 1544 une ordonnance encourageant la culture du mrier.
Mais cest surtout Henri IV qui donna une forte impulsion la sriciculture grce son illustre conseiller, lagronome
Olivier de SERRES. Des mriers furent plants jusque dans le jardin des Tuileries. Franois TRAUCAT de son ct fit
planter plus de 4 millions de mriers en Provence et en Languedoc. Cest grce lui que la production de la soie fut
introduite grande chelle en France, via le dveloppement de plantations de mriers dont les vers soie se nourrissent. Il
fit paratre en 1599 son Art de la cueillette des vers soie. Vivarois, il vcut non loin de Plussin o la famille Benay, venue
de Bologne avait install la mme poque des moulins soie utilisant la technique dite pimontaise, permettant de mieux
valoriser la production des mriers, par un dvidage automatique des cocons.
Magret {maigret}, subst.masc. Magret [magret]
Le terme est enregistr en franais depuis peu de temps. (1976, selon le TLF). Et dabord sous la forme
maigret . (ID., ibid.: un maigret de canard). Pour le TLF toujours cest un :
Mot gasc., dr. de magre, qui correspond au fr. maigre*, magret dsignant la partie maigre de la poitrine de canards
engraisss .
Eh oui ! mais magre {maigre}, tout comme son diminutif magret {maigret} sont des mots panoccitans,
et pas seulement gascons, et trs anciens (PDPF).
Un grand chef parisien (des noms !) a mis au point une intressante recette typique mais lusage
exclusif de ses compatriotes soucieux dauthentique : le magret la lavande . Du ct dAuch et de
Condom, on dit quavec une savonnette, cest pareil. (DHLF)
Prendetz una jove galina/Non ges magreta . Deudes de Prades, Auz. cass. Vous prenez une jeune poule non point
maigrelette. LR.
Maison, subst.fm. Maison [majzu mjzun ]
Du latin ma(n)sionem, accusatif de mansio sjour, lieu de sjour, habitation, demeure, auberge (de
manere rester, demeurer , v. manoir) nexiste au sens de maison quen gallo-roman et dans les
parlers septentrionaux. (TDF) (PDPF)
En occitan au sens le plus gnral on dit : ostal. Cependant maison [mjzu] existe trs anciennement
(PDPF) avec le sens de demeure, manoir , ou dans des expressions du type : Maison de Vila :
mairie, Maison drdre : maison religieuse. (DELF)
De faon plus spcifique le mot sert aussi indiquer : lensemble des activits et des affaires
domestiques, le mnage (1300) cest cet usage trs particulier de loccitan qui a en quelque sorte
dteint sur lusage franais, ajoutant un sens de plus au mot.
De nombreux toponymes anciens en tmoignent galement : et en particulier toutes les Maisonneuve,
Mazon, Maisons (Aude) Bonnemason, Maisonnave, o les Mayons (Var, avec chute rgulire du [z]
intervocalique en provenal central et en niard)
Am mais boscx e boisso/No fauc palaitz ni maizo. P. Vidal, De chautar mera. Jaime mieux bois et buisson que je ne
fais palais ni maison. LR.
S'enfug a sa maizo de santz. P. Cardinal : Una cieutat. Senfuit sa maison la course. LR.
Malon, subst.masc. Malon [maluN]. Carreau de terre cuite, carr ou hexagonal.
TLF. 1812 (BOISTE). Mot prov. (ca 1490, Floretus ds E. LEVY Prov.) qui a peut-tre t form l'poque rom. Il est sans
doute rapprocher du basque mala terre entrane par un torrent et du toponyme Malausanne (arrondissement Orthez)
qui reprsentent vraisemblablement un mot prlat. *malla (ou *mala) glaise ; cf. les toponymes Malaucena (dans le
dpartement du Vaucluse, att. ds 988) et la Malaucia (dans le Cantal, att. ds 1266). FEW t. 6, 1, p. 115a.NB
ne pas confondre avec tomette !
Malotru, subst.masc. Malastruc [malastryk]
Apparat en 1175 en franais ( chaitis, dolenz e malostruz (BENOT DE STE-MAURE, Ducs
Normandie); avec le sens de malheureux et en occitan la mme poque.
Astruc et benastruc n sous une bonne toile, malastruc malheureux .
(TLF) (PDPF) (DHLF)
E fis be malastruc jornal,/Quanc nuilhs malastrucs no l fetz tal Rambaud dOrange, Er no sui ges. Et je fis bien
malheureuse journe, tellement que jamais nul malheureux ne la fit telle. LR.
NB. Rambaut dAURENGA, trobador (1147-1173)
Manade, subst.fm. Manade [manadO]
TLF. Empr. au prov. manado troupeau de chevaux ou de taureaux sauvages (1859, MISTRAL, Mireio, chant XII, d. R.
Berengui, p. 465 : dins uno grand manado), dr. de mano main ; du lat. manus, v. main et signifiant proprement ce que
la main peut contenir, poigne ; d'o l'a. fr. mane, l'a. prov. manada poigne (cf. E. LEVY Prov., RAYN. t. 4, p. 141 et
PANSIER) et encore, avec ce mme sens, manado dans certains parlers mridionaux (MISTRAL, ibid., chant IX, p. 336).
(PDPF)
DR. Manadier, subst. masc. leveur de troupeaux de chevaux et de taureaux en Camargue. [manadje]. 1re attest. 1955
(Mt.); de manade, suff. -ier*.
Avec une petite remarque, le TLF a tendance voir de litalien (ou de lespagnol partout). En occitan
on ne dit pas mano (en espagnol et en italien, oui) pour la main, mais man prononc [ma maN]
selon les parlers.
Chez le pote de Salon, Michel TRONC (avant 1600) :
Sy vous voules saber so ques de la manado/ Cinq des a uno man tousjour iston enssen Per saber, p. 361 (au sens ici des
cinq amis unis comme les doigts de la main).
Una manada disop. Abr. de l'A. et du N.-T., fol. 10. Une poigne dhysope. LR.
Mander, v. Mandar [manda]
TLF. Du lat. mandare donner en mission, bien que ce terme soit surtout de la lang. crite, galement att. en lat. tardif aux
sens de envoyer demander, faire demander (492-496 ds NIERM.), faire savoir par message (643, ibid.); cf. ds le XIIe
s. au sens de commander, donner l'ordre l'esp. mandar (ds AL.), l'ital. mandare (ds BATT.), l'a. prov. mandar ds RAYN.
et l'emploi usuel de ce terme au sens de envoyer dans la valle du Rhne (v. FEW t. 6, 1, p. 148b et MISTRAL),
galement att. en a. prov. mandar (fin XIIe s. ds LEVY Prov.), a. fr. mander dans le domaine md. (1314 Chirurgie Henri de
Mondeville, d. A. Bos, 457; v. aussi GDF.), m. fr. (1534 RABELAIS, Gargantua, d. R. Calder, p. 42), ital. mandare (1574
ds BATT.), esp. mandar (XVIe s. ds AL.), sens que connat dj le lat.: mandare envoyer ca 840 ds Nov. Gloss., v. aussi
BLAISE Latin. Med. Aev. et NIERM. (DELF) (PDPF)
Per so ns cal, bona dona, temer Qu'els vostres mans no m tenha per senhors . Arnaud de Marueil : Tot quant ieu. Pour
cela, bonne dame , il ne vous faut pas craindre... que je ne tienne vos ordres pour suprmes. LR.
NB. Arnaud de MAROLH (1195)
Mandrin, subst.masc. Mandrin [mandri mandrin] (XIV s.)
TLF. 1676 sorte de poinon pour percer le fer et outil du tourneur (FLIBIEN). Empr. l'occitan mandrin tige de
fer; poinon du serrurier; instrument de tourneur , dr. de l'a. prov. mandre att. en 1389 au sens de pivot, tourillon , en
1403 au sens de outil pour percer , v. PANSIER t. 3 et 5, LEVY Prov. (DELF) (DHLF)
Manette, subst.fm. Maneta [manetO] (XV s.)
TLF. tymol. et Hist. 1803 (BOISTE). Dr. sav. de manus main; suff. -ette*; cf. le prov. maneta att. au sens de
manivelle ds 1447 ds PANSIER; v. aussi FEW t. 6, p. 296b, note 12. Cf. l'a. m. fr. manete petite main (ca 1225, PAN
GATINEAU, St Martin, d. W. Sderhjelm, 8376 1611, COTGR.).
Manigance, subst.fm. Manigana [manigansO] form sur manegar (cf. Manille) manier,
manipuler . (PDPF)
TLF. Att. ds Ac. dep. 1694. tymol. et Hist. 1543 (CALVIN, Traict des reliques VI, 433 ds HUG.). Orig. obsc.; sans
doute dr. de manus main (cf. le m. fr. manigant ouvrier 1556 SALIAT, trad. d'HRODOTE, II, 24 ds HUG. alors
qu'O. Janicke ds Ml. Hubschmid, p. 774, note 6 prfre le rapprocher de l'a. m. fr. maniance administration 1275 ds
GDF. XVIe s. ibid., v. aussi HUG.) avec un suff. inexpliqu; peut-tre, bien que l'on n'ait pu dterminer le mot qui aurait
servi de modle, de l'occitan qui possde un suff. verbal -iga b -icare (FEW t. 6, 1, p. 297a, note 21). L'hyp. d'une drivation
du prov. mod. *manigo manche, ou de son dr. verbal *maniga faire disparatre dans sa manche de la lang. des
bateleurs (EWFS2) est peu vraisemblable, ces formes n'tant pas att. On ne peut non plus y voir un dr. de manique b
manica (DIEZ p. 623), cette var. de manicle*, n'tant pas att. av. le XVIIe s. Frq. abs. littr.: 105. Bbg. SAIN. Sources t. 1
1972 [1925] pp. 12-13. (DELF)
Certes. Et pourtant voici parmi dautrss deux exemples occitans antrieurs :
Ils (les ambassadeurs de robe longue Rome) samusoient faire leurs affaires //, et soubs ceste menigance complaire
si fort au pape et aux uns et aux autres que les affaires du roy se laissoient en croupe . III, 97. BRANTME.
La manigana feito, a qu li servirio ? Francs de Cortte. (1586/1667)
NB. Francs de Cortte, dune famille de magistrats agenais, soldat dAdrien de Montluc. Ses fils publirent en 1648 son
uvre : Sanco pana al Palais del Duc (comdie-farce), Ramounet ou lo pasan agenez tournat de la guerro et La
Miramoundo (crite entre 1620 et 1625). Texte qui dit-on influena plus tard Jean RACINE (amours contraries par des
passions extrieures, chanes damours impossibles, comdies qui souvent ont une tonalit tragique).
Manille, subst.fm. Manilha [manijO maniO]
Anneau auquel on attache la chane dun forat, anneau dune chane destine retenir lancre, anneau
ou trier reliant deux longueurs de chane.
TLF. Empr. l'a. prov. manellie anneau auquel on attache la chane d'un galrien (1512 ds FENNIS, La Stolonomie, p.
381; aussi 1548 manilhe, ibid.; 1551 manille, ibid. et 1680 ds JAL., s.v. manille2); issu d'un plus anc. manelha anse (XVe
s. ds R. Lang. rom. t. 35, 1891, p. 72b; 1451 ds PANSIER, s.v. manega id., ce dernier dj att. en 1350), lui-mme du lat.
manicula, v. manique. Le sens de anse est galement att. en fr. au XVIIe s. et survit de nos jours dans le domaine fr.-prov.,
occitan (cf. FEW t. 6, 1, p. 215b).
Mante, subst.fm. Manta [mantO] lorigine, grand voile noir trs long que les dames de la cour
portent dans les deuils.
TLF. Empr. de l'a. prov. manta manteau (ca 1200-XVe s. ds FEW t. 6, 1, p. 277b) qui reprsente soit le b. lat. manta (att.
vers 800 ds DU CANGE), fm. de mantum (manteau*), soit le rad. prindo-europen mant- avec suff. (cf. les
dveloppements sm. du basque mantar chemise; couverture de barque; mucosit des yeux; crasse sur les habits et la
lettre de Theodemarus de Montecassino Charlemagne o manta est oppos cuculla qui tait le terme en usage dans le lat.
du nord de la France). Mante a dsign en outre une espce de couverture (1514, doc. ds GAY), sens conserv dans certains
dial. (FEW t. 6, 1, pp. 276b-278). (DELF) (PDPF) (DHLF)
Us vay dolan ab tal ayssa/Que no ns te pro cot ni manta. B. Alanhan de Narbonne : No puesc. Vous va dolant avec telle
hache que ne vous tient profit cotte ni mante.
NB. Bernard ALANHAN de NARBONNE. Troubadour (1239-1245)
Manta portey mantas ves. Raimond dAvignon : Sirvens sui. Manteau je portai maintes fois. LR.
NB. Raimond dAVINHON. Troubadour (1209-1250)
Marin, adj, subst.masc. Marin [mari mariN] Vent de la mer
TLF. Substantivation de marin adj., empr. l'a. prov. marin vent du sud; sud (cf. FEW t. 6, p.346b) de mme orig. que
le fr., le lat. marinus, -a, -um, tant lui-mme att. fin Ve s. dans un emploi subst. dsignant le vent de la mer sur la cte
africaine (TTL s.v. 398, 40). Bbg. QUEM. DDL t.16. (PDPF)
Viu dauzels maris. Eluc. de las propr., fol. 141. Vit d'oiseaux marins.
L'air, segon natura ,/Espeissat d'aiga marina,/Pluia fai e nevolina. Brev. damor, fol. 38. L'air, selon nature, condens
d'eau de mer, produit pluie et brouillard. LR.
Marina, subst.fm. Marina [marinO] Le littoral, en Provence, comme en Corse. Le terme vaut
quasiment pour toute la cte mditerranenne, Languedoc, Catalogne et Valence compris.
TLF. 1966 (Grand dictionnaire d'amricanismes ds GILB.); 1968 (Le Monde, 13 janv., ibid.). Terme introd. prob. d'apr.
l'usage anglo-amr. (cf. NED et NED Suppl.2) qui l'aurait empr. soit l'ital. soit l'esp., mais aussi prob. en relation directe
avec l'ital. (dans la rgion nioise) et les formes prov. (v. marine3). (PDPF).
Devenu marina [marina] et accentu sur la dernire syllabe, pour faire plus exotique sans doute
(mais avec une accentuation tonique bien franaise et qui na rien voir avec laccentuation tonique des
autres langues romanes).
Trameton espias soven a la marina./Velas an e bon vent, van s'en per la marina./Lur pregan que las barcas metan a la
marina . V. de S. Honorat. Envoient souvent des espions la cte. Ont voiles et bon vent, s'en vont par la cte. Leur prient
qu'ils mettent les barques la mer. LR.
Estant une grosse escarmouche attaque par une grandsaillie que firent ceux de la ville (Alger) sur les Espaignolz le long
de la marine . II, 43. BRANTME.
Mariner, v. Marinar [marina]
TLF. 1552 (RABELAIS, Quart Livre, chap. 60, d. R. Marichal, p. 244: Lancerons marinez, pour lesquelz cuyre et digerer
facillement vinaige estoit multipli). Prob. empr. l'ital. marinare prparer des poissons ou des viandes en les faisant
tremper dans de l'huile sale et aromatise d'herbes et d'pices (av. 1535, marinato, F. BERNI ds BATT.), dr. du lat.
(aqua) marina saumure (dj chez APICIUS, IIIE s. d'apr. FEW t. 6, 1, p. 347a), proprement eau de mer (marin1*).
Voir A. VOLLENWEIDER ds Vox rom., t. 22, pp. 404-407.
Va pour litalien ! Marinade, (1651)
Martellire, subst. fm. Martelira [marteljrO]
Rgional. (Midi). Ouvrage de pierre o sadapte une vanne permettant de contrler le dbit deau dans
un canal dirrigation.
TLF. 1600 (O. DE SERRES, 120 ds LITTR). Empr. au prov. marteliera (XIVe s., Le Muse, 1876-77, 229b ds LEVY;
1467 martilhera ds PANSIER), dr. de l'a. prov. martel, v. marteau. (PDPF)
O nous retrouvons une fois de plus Olivier de SERRES, dans un exercice familier, la francisation des
mots occitans qui nexistent pas en franais et dont il a besoin pour son expos technique.
Martingale, subst.fm. Martegala {Martengala} [marteNgalO]
TLF. combinaison plus ou moins scientifique destine assurer des gains (L. B. PICARD, Les Provinciaux Paris, II, 1
ds LITTR). Prob. issu, avec insertion d'un n, frq. en lang. d'oc (v. RONJAT t. 2, pp.363-364), du prov. martegalo, fm. de
martegal habitant de Martigues, les Martigaux ayant eu, en raison de la situation isole de leur ville l'embouchure de
l'tang de Berre, une rputation de navet, de bizarrerie et d'extravagance (cf. prov. martegau naf, qui s'tonne de tout,
martegalado navet, badauderie ds MISTRAL; cf. l'expr. la martingal(l)e d'une manire absurde att. au XVIe s. ds
HUG.): des chausses dont le pont est plac l'arrire, c'est un vtement conu de manire absurde, de mme que jouer le
double de ce qu'on a perdu, c'est une manire absurde de jouer. (DELF) (DHLF)
La {martengala} est un cordage fix au-dessous du beaupr, pour maintenir le mt de clin-foc, invent
probablement par les marins de Martigue (cest aussi une danse anime, une faon de jouer, un bateau
voile, et le synonyme de navet, de btise, de conte pour rire.
Mas, subst.masc. Mas [mas ma] Maison de campagne, mtairie, exploitation gricole, ferme en
Basse-Provence et en Languedoc. Figure dans un nombre considrable de noms de lieux, (Mas-Thibert,
Mas Blanc, Mas-dAzil, Mas-Saintes-Puelles, Mas-Mjan) ou de noms de personnes (Delmas,
Daumas, Mas, Dumas, Delmazes)
TLF. 1552 (RABELAIS, Quart Livre, Prologue, d. R. Marichal, p.27). Mot pro. (Xe s., Pome sur Boce, 164, d. P.
Meyer, Recueil d'anc. textes, p.29), du lat. mansum (v. manse). (DELF) (PDPF) (DHLF)
Driv. Maset, mazet, subst.masc., rgional. (Languedoc, Basse-Provence). Petit abri de pierres sches
l'usage des hommes et des btes en cas d'orage ou pour ranger des outils en principe. Dans le
Lubron ils ont bien grandi et se sont passablement perfectionns.
Mascotte, subst.fm. Mascta [maskOtO]
TLF. 1867 (E. ZOLA, Les Mystres de Marseille, d. Charpentier 1909, p.223 cit par G. GOUGENHEIM ds Fr. mod. t.
14, 253). Empr. au prov. mascoto sortilge, ensorcellement au jeu (1re moiti du XIXe s. ds MISTRAL); dr. de masco
sorcire, magicienne (ibid.). (DELF) (DHLF)
Le mot doit sa popularit loprette La Mascotte dEdmond AUDRAN. Ce dernier tait n Lyon en
1842, mais avait vcu Marseille partir de 1861. Parmi ses grands succs on relve des chansons en
provenal, des oprettes au titre vocateur : Les Noces dOlivette (1879), Gilette de Narbonne (1882),
La Fille Cacolet (1889)
La masca [maskO] cest la sorcire, et son rle nest pas systmatiquement ressenti comme
ngatif : on se souvient de La Masco Taven, dans Mirio. Mascta en est trs exactement le diminutif,
dans un premier temps.
Une fois de plus voici un crivain de langue franaise mais trs li biographiquement la Provence
cette fois, qui utilise (on peut penser volontairement, ZOLA nayant pas particulirement la rputation
davoir une criture nglige) un terme dorigine occitane, dans un contexte qui nest pas forcment
rgionaliste , en dpit du titre.
Masque, subst.masc. Masc [mask] sorcier, fminin masca [maskO] sorcire.
Pour masque loccitan moderne emploie plutt masqueta, careta.
TLF. Empr. lital. Maschera faux visage (dep. 1348-53, BOCCACE ds BATT.), dorig. Prromane. Le rad. Prroman
*maska noir est lorig. De deux groupes de mots : a) un type masca signifiant masque en lat. tard., mais surtout
sorcire ou spectre, dmon reprsent en lat. mdiv. (dep. 643, Lois de Rotharis ds NIERM. ; cf. 680 en Angleterre,
chez lvque Adhelm), en Italie (Pise, Pimont et Sicile), en gallo-roman (sous la forme du compos talamasca, att. Ds le
lat. mdiv.) et en a. prov. (v. masque2), les notions de noir et de sorcier, dmon tant troitement associes dans
limagination populaire ; b) un type largi *maskara, trs rpandu dans les domaines ibro-roman (cat. Mascara tache
noire, salissure, galement vivant en aragonais, navarrais, valencien et Majorque ; port. Mascarra tache etc.), ital.
(maschera masque sexpliquant par le fait que les plus anciens dguisements consistaient simplement se noircir le
visage et parfois le corps) et gallo-roman (v. mchurer1 ; cf. appellatifs et toponymes). Voir J.HUBSCHMID ds Actas do IX
Congr. Intern. De ling. Rom., I, Boletim de Filol. T.18, pp.37-55 et FEW t. 6, 1,
En occitan (gallo-roman mridional) galement : ancien (PDPF) et moderne (TDF) mascarar signifie :
charbonner , noircir, barbouiller.
Massepain, subst.masc. Massapan [masapan]
TLF. 1449. Altration, daprs masse, de marcepain, encore en 1636, altration qui sest peut-tre produite dabord en a.
pr. O massapan est attest ds 1337 ; empr. de lit. Marzapane (DELF) (PDPF)
Matagot, subst. masc. Martegau [martegaw]
TLF. Jumelle de bois renforant l'antenne au portage contre le mt. (Ds BESCH. 1845, Lar. 19e, LITTR, Lar. encyclop.,
QUILLET 1965, Lar. Lang. fr.)... 1773 martegau, mattegau jumelle de brasseyage (BOURDE DE LA VILLEHUET,
Manuel des marins, t.2, p.93); 1845 matagot ou matagau (BESCH.). De Martigues, nom d'un port franais des Bouches-du-
Rhne, qui fut un lieu de construction navale important (cf. DUHAMEL DU MONCEAU, Trait gn. des pches, 1769-71,
t.1, p.55 cit par FEW t.6, 1, p.383: Le Port de Martigues a toujours pass pour un de ceux de la Mditerrane o l'on en
[une certaine sorte de bateau] fait le mieux la construction).
Le Matagt en occitan cest aussi un chat sorcier (il enrichit ceux qui prennent soin de lui comme
dans le conte Le Chat bott) un lutin, un follet.
Mauresque, subst.fm. Mauresca [mawreskO]
TLF. Empr. l'esp. morisco maure (ca 1140 ds COR.-PASC., s.v. moro; dj comme nom propre en 966, ibid.), lui-
mme issu du lat. mdiv. mauriscus id. (cf. BLAISE Latin Med. Aev.), noirtre (av. 1101 ds Nov. gloss.). La forme
moresque, qui apparat ct de morisque au XIVe s. (cf. FEW t.6, 1, p.555a) s'explique prob. par l'infl. des mots drivs
l'aide du suff. -esque et trouve l'appui des formes occitanes (cf. 1453, moresqua danse ds PANSIER t.3, v. aussi FEW t.6,
1, pp.553a-553b), o -esc rsulte d'une volution normale du lat. -iscus (voir W. MEYER-LBKE, Gramm. des lang. rom.,
t.2, 520). Il n'est donc pas ncessaire de faire remonter la forme en -esque l'ital. moresco, qui n'est d'ailleurs att. qu'au
XVe s. (v. BATT.). La forme mauresque, avec au, apparat vers 1640 (voir GAY).
Aujourdhui, notamment en Provence, cest (aussi !) une boisson apritive : recette : 6 cl danis (Gras,
Pastis, Casanis, Ricard etc., publicit gratuite !) que lon verse dabord, puis 1 cl de sirop dorgeat, et
de leau avec des glaons. Certains prfrent du Perrier (eau occitane dailleurs puisque la source de
Vergze se trouve prs de Nmes ).
Mlasse, subst.fm. melassa [melasO]
TLF. 1441 mellaci rsidu sirupeux de la cristallisation du sucre (Trait d'Emmanuel Piloti, d. P.-H. Dopp, p.147 ds Ml.
Horrent (J.), p.9), trad. de l'ital. (?); 1508 meslache (Stat. des apothic., ds DELB. Notes mss); 1588 mellasse (Doc. in H.
CASTRIES, Sources indites de l'Histoire du Maroc ds Ml. Horrent (J.), p.9); 2. 1878 tomber dans la mlasse (RIGAUD,
Dict. jargon paris., p.220). D'un lat. mdiv. *mellacea (plur.) rsidus sirupeux et non cristallisables qui restent aprs la
cristallisation de la canne sucre (cf. le cat. melassa, l'esp. melaza), sens qui s'est dvelopp au Moyen ge, lors de
l'expansion de la canne sucre. *Mellacea est issu du b. lat. mellacium vin cuit jusqu' la rduction de la moiti
(mellaceum en lat. class.). On trouve aussi melassa, mellessa rsidu sirupeux de la cristallisation du sucre en 1467 en
prov. (cf. PANSIER, Hist. de la langue prov. Avignon du XIIe au XIXe s., t.5, p.183). (DHLF)
Pourquoi ne pas envisager la formation partir de mel (miel) (PDPF) (DELF) + assa (suffixe
augmentatif et pjoratif le plus souvent) dun mot dont la premire occurrence connue (1467) nest pas
trs loigne de celle du mot italien choisi (1441) ? noter quen occitan ancien melat (adjectif) est
utilis dans des expressions comme figa melada (figue sche) (PDPF)
Mlze, subst.masc. Mlze [mlze]
En France, on trouve cet arbre magnifique surtout dans le Brianonnais, le Queyras, lUbaye, le
Dvoluy, le Mercantour.
TLF. Empr. l'a. dauph. melese (attest en 1313, v. J. HUBSCHMID, Alpenwrter romanischen und vorromanischen
Ursprungs, Berne, 1951, p.55) qui remonte une forme *melice, issue, aprs changement d'accentuation propre aux parlers
de cette aire gogr. (cf. > rumeze dans les parlers de la Drme, HUBSCHMID, loc. cit. et FEW t.10, p.557b), de *melice
(d'o a. prov. melse ca 1540, v. P. MEYER, Doc. ling. des Basses-Alpes ds Romania, t.27, p.376; cf. encore RABELAIS,
Tiers Livre, chapitre 52, d. M. A. Screech, p.352 qui atteste melze comme mot employ par les Alpinois), form du
croisement d'un rad. gaul. mel- dsignant cet arbre, avec le mot lat. larix qui le dsignait (PDPF) (DHLF)
Ancien dauphinois ne veut pas dire grand chose, cest aussi bien du francoprovenal que du nord
occitan, appel aussi occitan alpin, et plus prosaquement gavot . Les deux parlers qui cohabitent en
Dauphin ont la mme ralit de rfrence, et les mots quils utilisent sont trs proches la plupart du
temps. Le DELF semble mieux renseign :
1552 ; cf. aussi melze chez Rab., qui le donne comme mot des Alpinois ; en effet melze se dit dans les Alpes
provenales
Merlot, subst.masc. Merlt [merlOt]
TLF. Cpage raisin bleu-noir des grands vins rouges du Bordelais. [Les] cpages du Sud-Ouest: le Cabernet, le Merlot, le
Verdot ou le groupe des Noiriens (LEVADOUX, Vigne, 1961, p. 30).
Merluche, subst.fm. Merlussa {merlucha, marlussa} [merlysO]
TLF. 1589 morlusse (J. BUREL, Mmoires, 159, Chassaing ds DELB. Notes mss); 1603 merluche (Exil de Mardy-Gras,
Var. hist. et litt., V, 123, Bibl. Elz., ibid.) Prob. mot de la mme famille que merlus*; cf. a. prov. merluces plur. espce de
poisson, 1200, Albi et merlussa, 1445, Nice (v. FEW t.5, p.436).
Le terme est donc commun depuis le Moyen-ge, au moins, de Nice Albi. Comment refuser de voir
la communaut de langue ?
Merlus, subst.masc. Merlus [merlys]
TLF. CRESPIN, Thresor des trois langues, espagnole, franoise et italienne, 1637 d'apr. FEW t.5, p.436), lui-mme du b.
lat. lucius (IVe s.). FEW, loc. cit., suggre que le fr. est empr. l'a. prov. merlus qui est att. ds le milieu du XIIIe s. (v.
RAYN.); cependant, dans ce cas, l'origine de l'a. prov. reste obscure, merlan n'tant att. en prov. qu' l'poque moderne. Bbg.
JORET (Ch.). tymol. fr. Merlus. Romania. 1880, t.9, pp.122-125. QUEM. DDL t.4. (PDPF)
Cinq cens merlus. . Tit. de 1249. Doat, t. LXXVIII , fol. 385. Cinq cents merluches. LR.
Adus de ton, de ronds, de solos, / Desturjon, de lami, de marlus . Gaspard ZERBIN, (PDMCP. E.79) (Aix-en-Provence,
vers 1630)
Que non si parle jamai plus/ De marlusso ni de marlus Claudi BRUEYS (Aix-en-Provence, avant 1610)
Mrou, subst.masc. Mra {mro} [mrO mru]
TLF. 1752 mero (RESTAUT, Trait de l'orth. franoise, p. 382); 1808 mrou (BOISTE). Empr. l'esp. mero (1611, S. DE
COVARRUBIAS ds COR.-PASC. et Al., s.v. mero I); d'orig. obsc. (v. la discussion ds COR.-PASC.). Bbg. SAIN. Sources
t. 1 1972 [1925] p. 412.
En occitan on dit mra [mrO] mro [mru] et cest un poisson incontournable dans toute bonne
bourride ou dans toute bouillabaisse qui se respecte. Commun dans toute la Mditerrane. Cest un nom
de famille, notamment en Provence. On dit mero en espagnol, en catalan et en portugais
Les occitans nont pas attendu 1611 pour le pcher et le manger, mme si les franais lont dcouvert
tardivement avec Jojo le Mrou vedette du film de J-Y Cousteau Le Monde du silence en 1955.
Les chercheurs du TLF ne lont pas trouv dans leur base de donne occitane (limite et bien mal
conue), cela ne veut pas dire quil nexistait pas, et quil na pas influenc le franais avant lespagnol,
ou simultanment.
Mesquin, adj. subst.masc. Mesquin [meskiN meski]
TLF. tymol. et Hist. 1. 1604 au fig. qui manque de grandeur (MONTCHRESTIEN, Hector ds Tragdies, d. L. Petit de
Julleville, p.12); 2. 1645 chiche, ladre (CYRANO DE BERGERAC, Le Pdant jou, III, 2 ds ROB.). Empr. soit l'ital.
meschino, att. aux sens 1 et 2 dep. le XIIIe s. (PUCCIANDONE MARTELLI et Libro della natura degli animali ds BATT.),
proprement pauvre, chtif (dbut XIVe s., Intelligenza, ibid.) soit l'esp. mezquino, att. au sens 2 dep. 1526 (Lazarillo de
Tormes ds AL.), proprement pauvre, indigent (dep. ca 950, Glosas Emilianenses ds COR.-PASC.), tous deux empr. l'ar.
miskin pauvre ( l'orig. de l'a. prov. mesquin id., a. fr. meschin jeune homme, serviteur), v. FEW t.19, pp.127-128.
On trouve galement le terme en occitan mdival (pour mmoire le Comte de Poitiers (1071-1126)
Guilllaume IX dAquitaine cit par LR est le premier troubadour connu. Comment le TLF peut-il
ignorer quil emploie mesquin et de faon bien antrieure (XII s.) aux autres occurrences ? Et pas
seulement dans le sens de jeune homme ! Voir galement les autres exemples cits par
RAYNOUARD (LR)
PDPF : adj. pauvre ; faible, caduc ; maigre, chtif ; faible, sans valeur, piteux ; misrable, malheureux ; misrable,
mprisable ; jeune ; s. m. garon.
Mal li faran tug li plusor/Qu'el veyran jovenet, meschi. Le comte de Poitiers : Pus de chantar. Mal lui feront tous les
plusieurs qui le verront jeunet , faible. LR.
Que m fissiez ric de mesqui. Aimeri de Peguilain : Eissamen. Que vous me fissiez de pauvre riche.
NB. Aimeric de PEGULHAN. Troubadour (1190-1221)
Tu es caitius e mesqis. Trad. de l'Apoc. , ch . 3. Tu es malheureux et chtif.
Bueus e bosx e cabra autressi/Engraisson tot anzel mesqui. Deudes de Prades, Auz. cass. Boeuf et bouc et chvre
pareillement engraissent tout oiseau chtif.
Qui vos ve la cara mesquina. V. de S. Honorat. Qui vous voit la figure chtive.
Lavare va recercant sa vergogno,/ Quan si dis paure e sara ben poissant,/ Vivent mesquin, controfasent dau sant PP, p.
47, Robrt RUFFI (1542/1634)
NB. Pote, secrtaire et confident de Charles de Casaulx et premier archivaire rmunr de la ville de Marseille (1596).
Mestre(-)de(-)camp, subst.masc. Mstre de camp [mstre de kan]
TLF. mestre de camp (Corresp. pol. d'O. de Selve, d. G. Lefvre-Pontalis, p.75); 1553 maistre de camp (DU BELLAY,
Instr. sur le faict de la guerre, fo 57 vo ds BARB. Misc. 2, 199). Mot d'orig. discute. D'apr. DG il serait empr. l'ital.
mastro (di campo), modifi d'apr. le prov. mestre et le fr. matre, auquel il correspond.
Voir Camp
Mestre, subst. masc. Mstre [mstre]
Mestre ou arbre de mestre. Grand mt des anciennes galres et des btiments voiles latines. Lantenne
de mestre, la vergue de mestre, la voile de mestre.
TLF. Ac. 1762: meistre, 1798-1878: meistre, mestre. tymol. et Hist. a) Subst. fm. 1609 maistre grand voile (Mm. de
Philippe Prvost de Beaulieu-Persac, d. Ch. de la Roncire, p. 82); 1640 maestre (OUDIN Ital.-Fr.); 1848 mestre (JAL.); b)
1688 arbre de mestre grand mt de btiments voiles latines (MIEGE); 1757 mestre subst. fm. (Encyclop. t.7, p. 437);
1762 meistre subst. masc. (Ac.). Empr. l'ital. maestra de mmes sens (JAL., Dizionario di marina medievale e moderno).
(PDPF)
Forcment, emprunter litalien cest mieux, mme si loccitan correspondant est mstre {maestre}
(pour le mt, et mstra {maestra} pour la grand voile) et si les galres (comme les voiles latines)
ntaient pas strictement occitanes sur le territoire franais. Comme souvent, le mot est commun toute
la Romania du Sud.
Micocoulier, subst.masc. micocolir [mikukulj]
TLF. 1547 (CH. ESTIENNE, De lat. et graec. nomin. arb. ds GDF. Compl. : Lotos est un arbre nomm en Provence
micacoulier); 1557 micocoulier (L'ESCLUSE, Traduction de DODOENS, Histoire des plantes cit par ROLL. Flore t. 10, p.
94). Mot prov. issu du gr. mod. (TH. V. HELDREICH, Die Nutzpflanzen Griechenlands, p. 19 d'apr. H. SCHUCHARDT ds
Z. rom. Philol. t. 28, p. 194) par dissimilation du 3e k en l et perte du peut-tre par dissimilation en face de ce l (v. FEW t.
20, p. 20b).
(DELF)
Aujourdhui, dailleurs, on dit peu prs partout falabreguir . Le Mas des Falabrgues est le
nom port par la proprit du pre de Mireille. Mauvais prsage, le micocoulier a une rputation
mitige, il sme partout des graines qui envahissent et gtent les jardins ! Ceci dit, cest un arbre
magnifique, increvable, jamais malade. Et bien plus authentique que les palmiers que les tenants du
paysage pseudo mditerranen imposent partout dans nos villes, pour faire Cte dAzur ou Floride
Occitane .
Milan, subst.masc. Milan [milan]
TLF. Empr. de l'a. prov. milan ornith. (XIIIe s. ds RAYN.), lat. pop. *milanus (cf. esp. milano), altration de *milvanus, lui-
mme issu du lat. class. milvinus relatif au milan, dr. de milvus/miluus milan (oiseau de proie et poisson marin). L'a. fr.
disait escoufle (1re moiti XIIe s., escufle, Psautier Cambridge, 103, 17 ds T.-L.), empr. d'une forme de b. bret. *skouvl que
l'on peut restituer d'apr. le bret. mod. skoul (BL.-W.5). (DELF) (PDPF) (DHLF)
Millas, subst.masc. Milhs [mias]. (MILH + S)
TLF. Millas [...] Sorte de gteau qu'on fait dans le sud-ouest de la France avec de la pte roule, au centre de laquelle on
place du miel). Dr. anc. de mil* selon un type lat. *miliaceus (cf. l'ital. migliaccio dsignant un gteau base de farine et de
sang de porc XIVe s. ds BATT. et le lat. mdiv. miliaccium pain de millet Naples au XIe s. d'apr. DEI, l'a. barnais
milhasou rcolte de millet ds LESPY-RAYM. ainsi que les formes dial. dsignant le millet ou le panic et diffrents
aliments farine, bouillie, pte, gteaux dans le Sud, le Centre, le Nord, v. FEW t.6, 2, p.84b).
NB. Lintroduction de la culture du mas partir du XVI s. et la rgression de la culture des crales comme le millet ont
contribu au transfert sur mil du sens de mas, qui sest opr galement sur les drivs notamment les formes du Sud-
Ouest, rgion de grande culture du mas, lorigine de la diffusion du terme en franais au XIX
lorigine cest un pain de farine de millet. Puis celui-ci tant remplac par le mas ( partir du XVI s. et notamment dans
le Sud-Ouest) cest la bouillie - solidifie une fois refroidie - qui a adopt le nom. Le milhs [mias], appel aussi
milhasson [miasu] est fait avec du mas blanc. Gascon ou languedocien cest la mme recette. 750 gr de farine de mas
blanc. Quatre litres deau. Deux feuilles de laurier. Une poigne de gros sel. Dans une cocotte fond pais, porter
bullition leau avec le sel et les feuilles de laurier. Rduire le feu pour maintenir une lgre bullition et verser
progressivement la farine sans faire des grumeaux, remuer au dbut avec un fouet puis avec une cuillre de bois pendant 1
heure 15 environ. Vers la fin de la cuisson retirer les feuilles de laurier. Verser le millas dans un plat rectangulaire assez haut
et laisser refroidir. Dcouper des rectangles de deux cm dpaisseur, faire frire pour accompagner civet ou daube, peut tre
servi en dessert, frit et sucr ou avec de la confiture. Il sagit dun aliment roboratif ! Cest un plat proche de la pollenta
italienne, mais aussi ancr dans limaginaire culinaire que la socca de Nice ou les panisses de Marseille (les deux derniers
base de farine de pois chiche).
Mirabelle, subst.fm. Mirabla [mirablO]
TLF. petit prune (LE LECTIER, Catalogue des arbres cultivs dans le jardin du sieur Le Lectier, Orlans ds ROLL. Flore
t.5, p.389). Prob. du nom de la localit prov. Mirabel, topon. assez rpandu dans le sud de la France (Drme, Ardche, Tarn-
et-Garonne, cf. DAUZAT-ROST. Lieux, s.v. Mirabeau), cf. l'attest. prune de mirabel 1649 COMENIUS, Janua linguarum
ds ROLL. Flore t.5, p.389, ce fruit ayant t d'abord cultiv dans le Midi.
(DELF) (DHLF)
Aujourdhui, 90% de la production mondiale de ce fruit se fait en Lorraine dont elle est le fruit
emblmatique : fruit de bouche dlicieux, elle donne dexcellentes confitures, et une eau-de-vie
remarquable. Mais le nom franais est dorigine occitane. Tout le monde connat la chanson
traditionnelle Jol pont de Mirabl !
Mirailler, verbe intrans. Miralhar [miraja miraa]
Rgional. (moiti sud de la France). Synonyme de miroiter.
On voyait mirailler la rivire au pied des hauteurs et des rocs de Ribes (TOULET, J. fille verte, 1918, p.118). Les
tournants deau de la Dore miraillaient sous leurs grands chnes (POURRAT, Gaspard, 1922, p.247).
TLF. 1918 (TOULET, loc. cit.). Empr. au terme du sud de la France cf. dauph. , niois miraia, lim. miralhar, gasc. miralh,
mirailha miroiter, briller d'un clat ondoyant ds FEW t.6, 2, p.152) dr. de miralh, correspondant mrid. de l'a. et m. fr.
mirail miroie issu d'un dr. miraculum du lat. mirari (mirer*), v. FEW, loc. cit. et p.151a, T.-L. et LITTR Suppl. (qui en
donne une df. errone), et dont est directement dr. le terme d'hrald. miraill, adj. (1615, E. BINET, Essay sur les
Merveilles de nature d'apr. TOLMER ds Fr. mod. t.14, p.284; 1644, VULSON DE LA COLOMBIRE, Science hroque,
p.7 ds DG). (PDPF)
Le mot est rgional, et employ surtout par des auteurs rgionaux cits du reste par le TLF
(TOULET, POURRAT). Lintrt dans cette affaire cest la subtile sinon savante distinction :
dauphinois (= franco-provenal), niard, limousin, gascon. Or, si le mot est transcrit de faon diffrente,
selon des graphies patoisantes plus ou moins calques sur le franais, la prononciation est pratiquement
la mme : [miraja]. Mme si la situation de diglossie dans laquelle loccitan se trouve (la faute qui ?)
est responsable des monstres graphiques : quand on crit une langue avec le systme fait pour une autre,
le rsultat est catastrophique. Imaginons un instant aprs Leon CRDAS (Los Macarls 1) que le III
Reich a gagn la Seconde Guerre Mondiale. Et quau bout de quelques annes le franais soit crit avec
le systme graphique de lallemand, en suivant - peu prs - les ralisations phontiques rgionales !
RAPPEL : Paul-Jean TOULET, n Pau (Pyrnes-Atlantiques) le 5 juin 1867 et mort Guthary (Pyrnes-Atlantiques)
le 6 septembre 1920, crivain et pote franais, clbre par ses Contrerimes, une forme potique qu'il avait cre.
Henri POURRAT, n Ambert (Puy-de-Dme) le 7 mai 1887 et mort Ambert le 16 juillet 1959, crivain franais,
ethnologue a recueilli la littrature orale de l'Auvergne.
On aurait donc pu ajouter pour tre exact : languedocien (du nord, du sud, de louest et de lest,
provenal (central, rhodanien, martime, gavot) et qui sait : marseillais (de la Bellede-Mai et mme de
lEstaque). Pourquoi ne pas dire tout simplement : occitan ? Par ignorance ou pour ne pas mettre en
vidence lunit de la langue dans la diversit de ses parlers ? Nous ne sommes plus dans la stricte
science, mais dans lidologie (sournoise). Autre question souleve par ce mot, sil est si rgional ,
pourquoi lannexer un Trsor de la langue Franaise ? Pour accrotre le troupeau ?
Mistenflute, subst.masc. Mistoflet, mistanflet, bistanflut [mistuflet mistanflet bistanflyt]
DELF. 1642, au sens de jeune garon trop dlicat . Mot fam. empr. avec une altration burlesque, voulue, du prov.
Mistouflet poupin , dj signal par Mnage (aujourdhui aussi mistanflet, daprs le fr.) dr. Fantaisiste de
misto mioche , mme mot que la. fr. miste joli, gentil, etc. , qui est peut-tre une variante de mite, un des noms pop.
Du chat.
Dans son TDF, MISTRAL rappelle :
Mistouflet, mistanflet , eto (v. fr. mistouflet) s. et adj. Poupin, ine, mignon, onne, dlicat, aate, enjou, e, en Languedoc, v.
poupin ; freluquet, godelureau, v. bistanflut. Sa mistoufleto ma fadejo de moun cor . P. Goudoulin.
Miston, subst.masc. Miston/niston de mist [mistun nistun] : mignon
TLF. Pop., vieilli ou rgion. (Provence). Gamin(e); jeune homme; jeune fille.. tymol. et Hist. 1790 miston individu, jeune
homme (Le Rat du Chtelet ds SAIN. Sources Arg. t. 1, p.339); 1844 mistonne demoiselle pouser (Dictionnaire
complet ds ESN.). Prob. dr., l'aide du suff. -on*, -onne, de l'anc. adj. miste doux (de caractre) (XVe s. [date du ms.],
Modus et Ratio, d. G.Tilander, 66, 40, var.); v. mistigri.
Lemploi actuel est argotique ou familier. En occitan (moyen et moderne) le mot est form sur mist
(TDF) Affable, avenant, caressant, grcieux, -euse, qui a un air de bonhommie propre, bien mis, -ise.
Touto fremo que si ten misto (Claudi BRUEYS, avant 1610)
Segoundamen un mist present vous mandi (BELAUD de la BELAUDIRE , avant 1595)
Les drivs sont : mistoflet [mistuflet] :
Sa mistoufleto ma fadejo de moun cor (GODOLIN, 1579/1649).
Adjectif : poupin, mignon, dlicat et aussi substantif : freluquet, godelureau ,
mistolin /mistaudin [mistulin mistawdin] Adjectif : Fluet, dlicat, grle, mignon :
Quand ma mouiller seri cent fs plus mistaudino que non s ZERBIN (vers 1630), mists [mistus] Adjectif : doux,
affable, caressant, flatteur et miston [mistus] : bambin, petit mioche.
Il existe mme un verbe mistonar [mistuna] : caresser, apprivoiser, amadouer.
Il y a aujourdhui trs souvent confusion avec niston [nistun] (bambin), form sur nis : le nid.
Mistral, subst.masc. Mistral {mistrau} [mistral mistraw]
TLF. Empr. l'a. prov. maestral magistral (XIIe s. ds RAYN.) proprement vent matre (soufflant du nord-ouest) (cf. le
prov. mod. mistral, s.v. mastrau, les parlers du sud-est de la France ds FEW t.6, 1, pp.43b-44a, mais aussi l'a. prov. mastre
XIIe s. ds R. Lang. rom. t.32, p.551, le cat. mestral ds Romania t.44, p.293), du b. lat. magistralis de matre (IVe s.), dr.
de magister matre. Au sens de nord-ouest on trouve l'a. prov. maestral fin XVe s. (Livre de comptes des ouvriers de
ND la major, fo144 ro ds R. Lang. rom. t.39, p.163, l.8) et le cat. mestral (Atlas catalan, Ms. de 1375 ds JAL). (DELF)
L, il est difficile de trouver une origine picarde ou normande.
Mle, subst.fm. Mla [mOlO] Nomm aussi poisson lune , lespce typique est la mle de la
Mditerrane. Ses autres noms occitans sont : cardilaga [kardilagO] molena [mulenO] pis luna
[pjs lynO].
En occitan, la mla cest la meule comme en latin. Pour les pcheurs occitans du Moyen-ge qui
donnaient ce nom au poisson quils pchaient il suffisait de prendre la suite .
TLF. tymol. et Hist. 1554 Marseille (RONDELET, Libri de piscibus marinis, chap. 10, p.186). Empr. au lat. mola
(meule*), ce poisson ayant t ainsi nomm cause de sa forme qui rappelle celle d'une meule broyer. (PDPF)
Morailles, subst.fm. Morralha [muraO] Driv de morre, museau.
TLF. Empr. au prov. mor(r)alha pice de fer adapte au battant d'une porte, etc. pour la fermer (ca 1240 Donat provensal,
63b ds LEVY Prov.) et tenailles avec lesquelles on pince les naseaux d'un cheval en a. dauph. (1530, Mystre de Sant
Anthoni de Vienns, 3582, ibid.), dr. du prov. morre museau, groin (1222-1232, Jaufr, ibid., s.v. mor; encore en usage
au sud de la ligne allant des Vosges l'embouchure de la Gironde, v. FEW t.6, 3, pp.231b-232a) // Moraille a t empr.
une 1re fois au sens de pice de fer charnire fixant la visire du casque en 1285 (JACQUES BRETEL, Tournoi
Chauvency, 2858 ds T.-L.). (DELF) (PDPF)
NOTA. Cest aussi un nom de famille : Jean-Raymond Pierre MOURAILLE n Marseille le 20 novembre 1721 et dcd
dans cette mme ville le 30 dcembre 1808 tait un mathmaticien, astronome, secrtaire perptuel de lAcadmie de
Marseille et maire de Marseille du 14 novembre 1791 au 16 avril 1793.
Moraillon, subst.masc. Morralhon [murau murauN]
Pice mtallique plate et mobile d'un dispositif de fermeture charnire, munie dun demi-anneau dans
lequel joue le pne de la serrure. La plupart des coffres, malles, valises, etc., sont munis de serrures
moraillons. Diminutif de moraille qui a eu le mme sens en ancien occitan et en moyen franais.
Moraine, subst.fm. Morrena [murenO]
Du francoprovenal et du nord-occitan, form sur morre [mure] (tertre). Le TLF donne le mot comme
tant tir du savoyard morna . Le lexique occitan et francoprovenal (qui est par bien des aspects
un parler de transition avec le franais) se ressemblent beaucoup, et pour cause, seule la prononciation
diffre trs souvent.
NB. Le francoprovenal appel galement arpitan est une langue romane parle en France, en Suisse et en Italie. Cest lune
des langues distinctes du groupe linguistique gallo-roman, il prsente certains traits communs avec le franais et avec
loccitan.
Qualifier le francoprovenal de savoyard linguistiquement parlant manque pour le moins de rigueur scientifique, en effet
laire de ce dialecte comprend la majeure partie de la rgion Rhne-Alpes, soit : le Forez (dpartement de la Loire), la
Bresse, la Dombes, le Revermont, le Bugey, lagglomration de Lyon, le Dauphin, la Savoie et une partie de la Franche-
Comt et de la Sane et Loire.
Morille, subst.fm. Morilha [muriO]
DELF. 1500. Dun lat. *mauricula, dr. De maurus brun fonc (v.morelle), postul aussi par loccitan moourilho ; la
dnomination est due la couleur sombre de ce champignon.
Moourilho est une transcription demi francise et patoisante (le o pour transcrire la finale
fminine, ralise [a O ] selon les parlers, le oo pour transcrire le son [Ow]), le lh rappelant par
contre la graphie classique de loccitan [].
Morve, subst.fm. Mrva {grma, vrma} [mOrbO gOrmO bOrmO]
TLF. Ca 1380 humeur visqueuse qui s'coule du nez de l'homme (JEAN LE FVRE, Trad. La Vieille, 131 ds T.-L.); 2.
1495 md. vtr. (Coutume de Sens ds Z. rom. Philol. t. 67, 1951, p.32); 3. 1701 maladie qui fait couler les laitues
(FUR.); 4. 1896 tat d'un sirop arriv une certaine consistance (AUDOT, loc. cit.). Peut-tre altration, par mtathse
consonantique, ne dans le domaine d'oc, de vorm morve (du cheval) (ca 1240, Donat prov., 57b, 10 ds Romania t. 39,
1910, p.186), forme mridionale de gourme*. (DELF) (PDPF)
NB. Le Donatz proensals (vers 1240) est luvre de Uc FAIDIT. Avec les Rasos de Trobar de Raimond VIDAL de
BESAL (1196-1252) cest lune des toutes premires grammaires consacres loccitan, en occitan. Pour mmoire, la
premire grammaire franaise en langue vulgaire est de 1555.
Ceci explique-t-il cela ? savoir la volont, quon peut esprer inconsciente, de rduire une langue au
rang de patois inculte et atomis, den effacer jusquaux racines ? Surtout lorsquelle est perue comme
concurrente. Ce quelle na jamais t ! Effet pervers dun chauvinisme dplac ou dun complexe
dinfriorit mal digr ?
Mousse, subst.masc. Mssi (Prov.) Mssa (Lg. Gs) [mOsi mOsO]
TLF. Empr., peut-tre par l'intermdiaire de l'occitan, soit l'esp. mozo ( garonnet depuis 1182, puis jeune homme
depuis 1330-43, J. RUIZ, serviteur depuis 1350, doc. aragonais d'apr. COR.-PASC., et apprenti marin depuis 1492,
COLOMB, ibid., s.v. grumete), soit au cat. mosso ( jeune homme depuis 1342, JAUME I ds ALC.-MOLL, et apprenti
marin depuis 1406 ds JAL, s.v. moo), lui-mme empr. (de mme que l'ital. mozzo apprenti marin depuis 1602 d'apr.
DEI) l'esp. mozo; le fr. mousse jeune fille , att. de faon isole dans une chanson de Gascogne du XVe s. (Chansons, d.
G. Paris, p. 7) est une adaptation de l'esp. moza id. , fm. de mozo; l'esp. mozo est issu du lat. vulg. *muttiu mouss
(mousse4*) cause de la coutume qui consistait raser la tte des garonnets et des jeunes gens, cf. aussi l'a. prov. tos
jeune homme et l'a. prov. toza jeune fille , (d'o l'a. fr. to(u)se) du lat. tonsus tondu . V. FEW t. 6, 3, p. 302, COR.-
PASC., et J. FENNIS, La Stolonomie, pp. 395-399.
DELF. Dans le Sud-Ouest le mot est attest ds le XV s., et cest des ports de cette rgion que le mot a pass en fran.
Nest donc pas emprunt de lesp. mozo garon , qui a la mme origine.
Muge, subst.masc. Muge {Mujol} [mydZe mydZul]
TLF. 1396 muglhes poisson de mer, mulet (Compt. de dpenses, Arch. mun. Poitiers ds GDF.); 1546 muges (J.
MARTIN, trad. F. COLONNA, Discours du songe de Poliphile, fo 26 vo ds QUEM. DDL t. 12). Empr. au prov. muge
mulet, poisson de mer (v. MISTRAL) d'un type * (cf. ital. muggine), altration du lat. mugil muge ou mulet , qui vit
encore sous la forme meuille (1396 muglhes en Poitou ds GDF.) dans les patois de l'Ouest. (DELF) (PDPF)
Mujol, quan ve lors agaytz... torna arreyra. Eluc, de las propr., fol. |55. Le mulet , quand il voit leurs piges... retourne
arrire. LR. (Seconde moiti du XIV s.)
Avec les ufs de muge, on fait la poutargue, le caviar occitan. Pourvu que les snobs nen mangent
jamais ! et que la potarga, prononce [putargo] ne devienne pas la mode !
Muscade, subst.fm. Muscada [myskadO]
TLF. Att. ds Ac. dep. 1694. tymol. et Hist. 1. a) Ca 1165 nois muscade ([CHRTIEN DE TROYES], Guillaume
d'Angleterre, d. M. Wilmotte, 1355); b) ca 1485 muscade (Myst. du V. Testament, d. J. de Rothschild, 17597); 2. 1554
rose muscade (O.DE MAGNY, Gayetez, d'un bouq. de s'amie ds GDF. Compl.); 3. 1701 petite boule de lige utilise par
les escamoteurs dans leurs tours de passe-passe (FUR.) 4. a) 1808 partez, muscade expr. dont se sert le prestidigitateur pour
annoncer que son tour est russi (HAUTEL); 1835 passez, muscade (Ac.); b) 1906 loc. fig. (Pt Lar.). Empr. l'a. prov. notz
muscada (XIVe s. ds LEVY Prov.), dr. de musc musc. (PDPF) (DHLF)
Mystre insondable de ltymologie ou caprice de lespace-temps le mot apparat en franais en 1165,
mais est prsent comme emprunt au provenal au XIV s.
Muscat, adj.subst.masc. Muscat [myskat]
TLF. Empr. au prov. muscat, qui n'est cependant pas att. date anc., dr. de musc musc. (DELF)
Muscat nest pas attest en occitan. Cest, faut-il le rappeler un participe pass masculin singulier
(muscat, fminin muscada) dun verbe (muscar) driv dun nom (musc) et employ comme adjectif,
puis substantiv selon un procd trs courant. Faire le rapprochement entre ladjectif muscat et
muscade est impossible ?
Pus flayret doussament que canela muscada. Roman de Fierabras., v. (4981). Sentit plus suavement que cannelle
muscade. LR. La version occitane de Fierebras fut crite entre 1218 et 1230.
N
Narguer, v. Nhargar {nargar} [arga narga]
TLF. Prob. issu d'un lat. vulg. *naricare, dr. du class. naris, plus frquemment nares, narium, plur. narines, nez (A.
HORNING ds Z. rom. Philol. t.28, p.609; L. SPITZER, ibid., t.44, p.200: hyp. reprise par FEW t.7, p.14 a), cf. le lat.
mdiv. naricare tre morveux 1483 ds LATHAM. Narguer, non att. dans la lang. littr. av. le XVIe s., semble parvenu
en fr. par l'intermdiaire du fr.-prov. et de l'occitan dont les reprsentants offrent des sens proches de celui de l'tymon:
stphanois nargouss nasiller (P. DUPLAY, La cla do parla gaga, 1896, p.312), haut-dauph. nargusy id. (FEW, loc.
cit., p.13b), dr. du dauph. nrgi morve au nez (DUR., no 6669), narga id. (J.-B. MARTIN et G. TUAILLON, Atlas
ling. du Jura et des Alpes du nord, t.3, 1978, carte 1405 morve, point 70); dial. de Vinzelles [Puy-de-Dme] nasiller (A.
DAUZAT, Gloss. pat. Vinzelles, no 2994); cf. le prov. nargous qui nasille (XVIIIe s. A. PEYROL ds MISTRAL). De
nasiller, seraient issus les sens de se moquer; narguer, encore largement attests dans les domaines fr.-prov. et occitan
(FEW, ibid., p.13b et 14a; MISTRAL s.v. narga)
On retrouve cette racine dans une des Chansons nouvelles en lengaige provensal ( dites du
Carrateyron dAix-en-Provence : autour de 1530 )
Non podrio anar plus mau/ Nyga nyga nyga ( cela ne pourrait pas plus mal aller, nique, nique )
DELF. Vers 1450. Dans les parlers dauphinois et provenaux les mots de la famille de narguer signifient aussi parler du
nez et morveux . Les sens du mot fr. en sont drivs. Le mot provenal a t trs probablement introduit en fr. par des
mercenaires venant du Midi au temps de la guerre de Cent Ans.
Nasitort, subst. masc. Nasitrt [nazitOrt] Synonyme rare de cresson des jardins.
TLF. 1505 naritort (DESDIER CHRISTOL, Platine en franoys, 32 vo b d'apr. R. ARVEILLER ds Ml. Sguy (J.), p.74);
1536 Nasecord (RABELAIS, Lettre Mgr de Maillezais, 15 fv. ds uvres, d. Ch. Marty-Laveaux, t.3, p.360); 1556
nasitort (B. DESSEN, De Compositione medicamentorum hodierno oevo apud pharmacopolas passim extantium, p.78 d'apr.
A. BOUCHERIE ds R. Lang rom. t.19, p.124). Issu, de mme que l'a. prov. nazitort (hapax du XIIIe s. ds LEVY Prov.), du
lat. nasturtium cresson alnois avec contamination par tymol. pop. de naris/nasus et de tordre* en raison du picotement
que le cresson provoque au nez et au palais. Nasturtium est galement l'orig. du m. fr. nostois (ca 1375, Modus et Ratio,
d. G. Tilander, 105, 4, t.1, p.209), nastor (Nmes, XVe s.).
Cest une faon trs occitane de composer des mots : cambatrt (aux jambes tordues), cambacort,
cltrt (cou tordu, hypocrite) Un personnage de RABELAIS se nomme Nas de cabre .
Nautonier, subst.masc. Nautonir [nawtunj]
TLF. Empr. l'a. prov. nautanier id., dbut XIIe s. (Chanson d'Antioche, 181 ds APPEL, p.35), dr. d'un simple *nauto
qui vit dans l'a. fr. noton, ca 1200 (Chanson d'Antioche, d. S. Duparc-Quioc, 7468), form sur l'acc. *nautonem d'un lat. *,
de nauta id., dclin nauta, -anis d'o la forme de l'a. prov.; l'a. fr. a galement la forme normale noon 1re moiti XIIe s.
(Alexandre [ms de Venise], 13 ds Elliott Monographs, no 36, p.3) ct de noton. (DELF) (PDPF)
NB. Gregori BOCHADA, auteur de la Chanson dAntioche, vivait vers 1130.
Nervi, subst.masc. Nrvi [nrvi] mauvais garon.
TLF. [1804 (Rapport du prfet de Marseille d'apr. DAUZAT Ling. fr., p.281)] 1877 (A. DAUDET, loc. cit.). Mot
marseillais signifiant voyou, issu p.mton. du prov. nervi nerf, tendon (att. ds l'a. prov., v. RAYN.), force, vigueur
(v. MISTRAL), du lat. nervium, var. de nervus nerf (v. FEW t.7, p.100a). (DELF) (PDPF)(DHLF)
Ops i auriatz ortiga/Qu'el nervi vos estendes. Guillaume de Berguedan : Cansoneta. Vous y auriez besoin dortie qui
vous tendt le nerf.
NB. Guilhem de BERGUEDAN (Catalogne). Troubadour, (1138-1192)
Contranhamen de nervis. Deudes de Prades, Auz. cass. Contraction de nerfs. LR.
Le nrvi cest bien entendu le nerf . Mais en occitan cest aussi et depuis longtemps - le terme qui
sert argotiquement dsigner le pnis (cf. supra. G. de Berguedan). Dans cette acception lusage est
ancien, on le retrouve plus tard chez une courtisane de Claude BRUEYS :
Quantous nervis ay destendut,/ Senso mespargnar uno brigo . JDMP p. 232 (autour de 1600) .
Il a servi par la suite dsigner dabord un voyou, puis, notamment Marseille dans les annes 30 un
homme de main des partis dextrme droite, souvent li la pgre. Par exemple les hommes de main de
Simon Sabiani. En 1936, ce dernier est la tte de la section locale du PPF de Jacques Doriot. Proche
de la pgre, Sabiani travaille avec le milieu marseillais, notamment ses agents lectoraux Paul Carbone
et Franois Spirito, ainsi que, dj, Antoine Gurini.
Nv, subst.masc. Nevir [nevj] {nevat}
Trs curieusement langlais a emprunt au francoprovenal le terme nvi qui est la forme
savoyarde. Avant le franais, en raison de la prsence de nombreux excursionnistes et touristes anglais
dans les Alpes. Mais le mot est lorigine francoprovenal et occitan.
TLF. 1840 (L. AGASSIZ, t. sur les glaciers, Neuchtel, p.33). Mot fr.-prov. Dans cette aire gogr. nv a t dr. de la
forme dial. reprsentant le lat. nix, nivis, neige cf. lat. nivatus rafrachi avec de la neige (v. FEW t.7, pp.156-157 et
BALDINGER ds Ml. Gardette, p.69), cf. nvat chute de neige, amas de neige dep. 1707 (neiva) ds PIERREH. Bbg.
GREDIG (S.). Essai sur la formation du vocab. du skieur fr. Davos, 1939, p.52. (Thse. Zurich. 1939). (PDPF)
DHLF. n.m. est un mot (1840) dorigine provenale. Dans cette aire gographique, il a t driv de la forme dialectale
reprsentant le latin nix, nivis neige (> neiger). On rencontre galement nevat chute, amas de neige (1707) : le latin a
ladjectif nivatus rafrachi avec de la neige .
En ancien occitan la neviera est une nappe de neige, cest avec un fminin qui sert daugmentatif, un
driv de nevier.
Una bergeira/Lai vi, ab fresca color,/ Blanca cum nevieyra. Joyeux de Toulouse : Lautr ier. Une bergre je vis l, avec
fraiche couleur, blanche comme nappe de neige. LR.
Niston, nistonne, subst. Niston, nistona [nistuN nistunO]
En Provence (largie !) il a comme sens : jeune enfant, fils, fille. Pass en argot franais il signifie :
voyou en herbe et prostitue dbutante. Lorigine est inconnue des spcialistes de loccitan du TLF.
Le mot est form sur loccitan nis le nid . Du petit dernier de la niche et de la famille on dit trs
familirement es lo cagans [kaganis]. ( Celui qui fait ses besoins dans le nid parce quil na pas la
force den sortir pour ce faire ).
TLF. 1918 nistonne fillette (d'apr. ESN.); 1929 niston (GIONO, loc. cit.). Empr. au prov. nistoun, nitoun petit, bambin,
enfant d'orig. inc. (rapproch du nmois mistoun par MISTRAL).
Nougat, subst.masc. Nogat [nugat]
Emprunt au provenal nogat driv de noga [nugO] : noix.
(Latin populaire nucatum, driv de nux noix) confiserie faite de noix ou d'amandes et de miel . (DELF). En occitan
ancien (PDPF) il sagit dun tourteau de noix.
Le mot apparat au XVII