Projet de Thèse en Économie - Final
Projet de Thèse en Économie - Final
Projet de Thèse en Économie - Final
PENISSON Bruno
Ces questions de temporalité et de spatialité sont presque toujours négligées dans les
protocoles des méthodes de détermination de la valeur ; or, elles peuvent avoir une incidence
capitale sur le résultat final.
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Par ailleurs, la réflexion engagée va se concentrer sur les services délivrés par les zones
humides avec une attention particulière portée aux espèces migratrices à potentiel halieutique.
Ce choix s’explique par l’existence de deux programmes de recherche du GREThA. Le
programme Eel Scope (de dimension européenne), montre ainsi l’intérêt de prêter une
attention particulière à une espèce migratrice halieutique (en l’occurrence l’anguille) afin
d’évaluer la vulnérabilité de l’estuaire de la gironde et permettre une évaluation économique
de ces vulnérabilités). Le programme Gouvernance à pour objectif de décrire les flux
économiques des services délivrés par les zones humides estuariennes.
Ces deux programmes utilisent pour leurs réflexions une ou des populations de poissons
migrateurs jugées explicatives du milieu à analyser.
Ainsi le choix d’axer l’application de la réflexion autour des espèces migratrices à potentiel
halieutique en lien avec les services délivrés par les zones humides offre la possibilité de se
servir des données et résultats de ces programmes pour nourrir notre propre réflexion d’où un
gain de temps certain. Cela permet enfin de savoir que la réflexion qui s’apprête à être
entamée et susceptible d’intéresser une partie de la communauté scientifique et peut
intéresser, par les applications qui peuvent en découler, les décideurs politiques.
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sociologique (Walters, B. B., P. Rönnbäck, et al., 2008). Néanmoins pour une approche
purement économique de la question, il peut être très intéressant de se référer aux travaux
d’Hotelling (1931) et aux amples développements ayant eut après le premier choc pétrolier fin
1973.
Les questions liées à la spatialité ont connues des développements beaucoup plus récents, on
peut s’orienter vers les travaux tournant autour de l’économétrie spatiale (Anselin L., 2001) et
ce afin de prendre en compte dans l’analyse les individus qui ont réellement un rapport avec
le service que dont on cherche à déterminer la valeur. En effet, il est illusoire de croire que
seule la population vivant à proximité immédiate du service est la seule à même de s’exprimer
directement (via par exemple une question contingente) ou indirectement (grâce à l’analyse
conjointe) sur la valeur que revêt ce service.
Enfin, il convient de s’interroger sur les facteurs qui orientent le comportement de l’utilisateur
dans les situations économiques. En effet, cela permettrai d’améliorer l’analyse en y incluant
une dimension sociologique, psychologique. L'économie comportementale en tant que champ
de la science économique, et sa composante expérimentale via l’économie expérimentale,
apparaît comme la plus à même de remplir ce rôle. En tentant de décrire et d'expliquer
pourquoi, dans certaines situations, les êtres humains adoptent un comportement qui peut
sembler paradoxal ou non-rationnel, l’économie expérimentale offre des interprétations aux
biais cognitifs qui impactent la forme temporelle et spatiale de l’étude. Par ailleurs,
l’utilisation de l’économie comportementale permettrait de déterminer aussi si ces biais
résultent de comportements individuels ou d'effets de groupe.
L’objectif central de la thèse est alors de répondre à un certain nombre de questions clefs :
Quels sont les éléments qui conditionnent le choix des échelles spatiale et
temporelle ? Sont-elles indépendantes l’une de l’autre ?
Ces choix ont-ils une réelle incidence sur la détermination de la valeur d’un
service indépendamment de la méthode utilisée ?
• Méthodologie
Pour accomplir l’objectif fixé, nous tenterons dans un premier lieu de mettre en lumière la
façon dont l’application des méthodes actuelle de détermination de la valeur des services
environnementaux s’écarte de certaines préconisations venues à la fois de la théorie et de la
connaissance de terrain. Par cette démarche nous tenterons de montrer que les méthodes ont
certains problèmes communs inhérents à la façon qu’elles ont de définir le cadre de leurs
analyses. Ceci conduira ensuite à établir et hiérarchiser les critères communs essentiels à
prendre en compte lors de la mise en œuvre des méthodes. C’est ainsi que les concepts de
spatialité et de temporalité peuvent apparaitre comme déterminant sur tout les autres car ce
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sont eux qui vont conditionner le territoire sur lequel va s’effectuer l’étude (et donc de la
pertinence de ce territoire) ainsi que toute les notions de durée qui peuvent exister (période sur
laquelle se déroule l’étude, acceptabilité dans le temps des conclusions et des moyens mis en
œuvre,…).
Ensuite nous opèrerons une réflexion poussée sur le concept de temporalité en nous
interrogeant sur son importance dans chacune des méthodes ; ainsi que sur les éléments dont
se basent les agents pour choisir sa valeur, sa durée. Il en est de même autour de celui de
spatialité (Soja, 1988), incluant le concept de spatialité propre (Rosier & Dockès, 1983 ;
Lipietz & Benko, 2000), où seront mobilisées les réflexions théoriques sur l’économétrie
spatiale, la méthode du coût de transport (Hotelling, 1929) et les facteurs de détermination
d’une échelle d’étude spatiale optimale. L’idée étant d’avoir une vision d’ensemble de ces
concepts utilisés par les méthodes de détermination de la valeur de service(s) tant dans la
littérature.
Enfin pour confronter ces réflexions à la réalité, une étude sur le terrain sera réalisée. Cette
confrontation s’opèrera en plusieurs temps. Tout d’abord il sera procédé l’étude proprement
dite en jouant sur la variation du facteur temporel et du facteur spatial, de manière
indépendante puis simultanée. La méthode retenue pour l’étude est celle de l’évaluation
contingente, car elle serait plus à même d’apprécier les différents types de valeurs (Luchini,
2002). Ensuite ce résultat sera comparé avec les résultats issues des méthodes « standards »
ou traditionnelles afin de mettre en évidence la présence ou non de différences entre les
méthodes et au sein d’une même méthode, différences qui feront alors l’objet d’une analyse.
C’est là où l’intérêt du choix porté aux espèces migratrices à potentiel halieutique se fait
particulièrement sentir, car du fait de leur nature migratoire ces espèces ont des liens très forts
avec les notions de temporalité et de spatialité.
Néanmoins, différents problèmes existent dans le cadre d’une telle réflexion. Même si
économiquement parlant, il n’y a pas de réelle limites imposées par les connaissances ; les
raisonnements qui sont tenues sont fait sur des bases qui elles sont sujettes à des limites. En
effets, pour déterminer les limites, les capacités, la composition d’un milieu, on fait appel à
des scientifiques venant d’autres disciplines telles que la biologie, la géologie, la physique, la
chimie, etc. Ce sont leurs observations qui serviront le raisonnement économique ; néanmoins
il peut exister des discordes dans ces disciplines quand à la place à accorde à l’importance
d’un facteur précis dans l’écosystème d’où des problèmes de modélisation par la suite. En
outre, inventorier, classer l’ensemble du vivant peut être une tâche longue et compliquée,
ainsi faire appel à biologiste par exemple pour connaître la composition d’un espace peut
donner lieu à des approximations qui peuvent conduire là encore à des modélisations et une
analyse erronée.
De plus, l’analyse peut aussi avoir besoin d’un éclairage juridique et là encore des limites
peuvent survenir ; cela peut être due à l’absence d’une réglementation ou bien la présence de
nombreuses réglementation se chevauchant (tant horizontalement que verticalement) et créant
par là même une difficulté supplémentaire pour appréhender correctement l’espace étudié.
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Enfin le problème principal posé par l'évaluation contingente est sa sensibilité à des biais.
C'est-à-dire que des paramètres, qui en théorie ne devraient pas influer sur les réponses, ont en
pratique une influence (Flachaire & Hollard, 2005). Ainsi, les individus sont interrogés sur
leur capacité à payer pour, par exemple, la mise en place d’un programme de réhabilitation
d’espèces migratrices à potentiel halieutique, mais, bien souvent lors de la présentation dudit
programmes aux individus, les mécanismes qui le régissent sont souvent assez flous. Nous ne
savons souvent pas si les individus comprennent réellement l’état de l’espèce ou la
procédure utilisée pour la réhabilitation. Par ailleurs, il n’est souvent pas précisé quel territoire
de l’espèce considérée fait l’objet de la procédure de réhabilitation, sans compter le fait que la
population qui réside sur ce territoire n’est pas toujours la seule à même de pouvoir répondre
correctement à l’évaluation contingente. Enfin quand il est question de durée ; il n’est que peu
souvent précisé combien de temps va prendre la réhabilitation, combien de temps les
individus devront payer, ou encore la durée de vie de la réhabilitation que l’on escompte.
L’ensemble des investigations conduira à des résultats directement utiles aux personnes
désireuses de réaliser une évaluation de la valeur de service(s) écosystémique(s). Ainsi, selon
le type de service que l’on cherche à étudier et la méthode que l’on souhaite appliquer, en
dehors de toute considérations pratiques ou théoriques ; on aura les données suffisante pour
déterminer les frontières spatiale et temporelle de l’étude qui offrent le meilleur compromis
entre accès à une information exhaustive mais très lourde à obtenir et à manipuler et des
données faciles à obtenir mais génératrice d’incertitudes importantes.
Le travail s’effectuera en utilisant les ressources dont dispose le GREThA, est en particulier
avec l’équipe du programme B « Environnement, Bien-être et Développement ». Plus
particulièrement, la thématique de la thèse est en relation avec le sous-programme
B1 (Économie du patrimoine naturel et innovations environnementales). La thèse sera réalisée
sous la direction conjointe de S. Ferrari et P. Point.
En outre, ce travail amènera à côtoyer les participants au projet européen EEL-scope (Eco-
toxicological and Economical Liability of eel exposed to Seasonal and global Change-induced
O2-depletion and Pollution in Estuaries) car ce projet interdisciplinaire est susceptibles de
produire nombre de données pertinentes pour la réalisation du troisième objectif fixé plus
haut.
Enfin, il existe une réponse à l’APR Programme « EAUX & TERRITOIRES » : Gouvernance
des zones humides estuariennes, fonctionnalités environnementales, flux financiers et
économiques - l’exemple de l’estuaire de la Gironde. La volonté de renforcer la connaissance
et la compréhension des enjeux et des mécanismes d’action sur le territoire défini de l’estuaire
de la Gironde, permettra d’alimenter notre propre réflexion.
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Bibliographie
• Barbier, E. B., M. Acreman, et al., Évaluation économique des zones humides Bureau
de la Convention de Ramsar, 1997
• Gowdy J. M., Behavioral economics and climate change policy, Journal of Economic
Behavior & Organization, 2008
• Hotelling H., Stability in Competition Economic Journal, vol. xxxix, 41-57, 1929
• Lipietz A., Benko G., La richesse des régions. Pour une géographie socio-économique,
PUF, Paris, 2000, Chapitre 1
• Rosier B., Dockès P., Rythmes économiques, crises et changement social, une
perspective historique, Paris, La Découverte/Maspéro, 1983
• Soja E. W., Postmodern geographies, The reassertion of space in critical social theory,
Londres, Verso, 1988
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• Thaler R., Toward a positive theory of consumer choice, Journal of Economic
Behavior & Organization, Volume 1, Issue 1, March 1980, Pages 39-60
• Weitzman, M.L. (2007) Rapport Stern sur l’économie du changement climatique. Yale
University, New Haven, Mimeo