Le Controle Interne A L Epreuve de L Analyse de Discours
Le Controle Interne A L Epreuve de L Analyse de Discours
Le Controle Interne A L Epreuve de L Analyse de Discours
Résumé Abstract
Cet article explore la fonction du rapport This article is about internal control’s report
sur le contrôle interne au travers d’une analyse produced by CEOs from French firms listed in
lexicale des rapports rédigés par les présidents CAC 40. While the American regulator recom-
des groupes cotés du CAC 40. Le législateur mends COSO, the French law prescribes no
français, au contraire de la loi américaine, peculiar framework for the required report.
n’ayant pas recommandé de trame conduc- Thus, the writers enjoy more freedom, which
trice, la liberté du rédacteur et la diversité de should lead to more diversity of the content, and
contenu qui en découle permettent de nous therefore more richness for lexical analysis. The
interroger sur la pertinence de cet instrument latter shows the actionnarial conception of inter-
en matière de transparence financière. Notre nal reports and a subtle equilibrium between
étude met en évidence la vision actionnariale what is hidden and what is shown. Such a work,
des rapports de contrôle interne et un équi- based on disclosures published in 2005, should
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libre subtil entre ce qui est caché et ce qui est extend former surveys and prefigure further
montré. Cette analyse basée sur les rapports researches.
parus en 2005 est à la fois un prolongement
des études antérieures et un point de départ
pour des recherches ultérieures.
MOTS CLÉS. – CONTRÔLE INTERNE – LOI – RISQUES KEYWORDS. – INTERNAL CONTROL – LAW – RISKS –
– ANALYSE LEXICALE – RAPPORT LEXICAL ANALYSIS – REPORT
Introduction
La loi de sécurité financière (LSF), modifiée par la loi de modernisation du 26 juillet 2005, a rendu
obligatoire, pour chaque société cotée, la publication d’un rapport sur le contrôle interne.
Appréhendé essentiellement jusqu’aux années soixante-dix comme un dispositif destiné à prévenir les
erreurs et les fraudes dans le domaine comptable (Bénédict & Kéravel, 1990), le contrôle interne a
revêtu, depuis cette date, des ambitions plus globales. En effet, il est défini dès 1977 par l’Ordre des
experts-comptables français (OEC 1977) comme l’ensemble des sécurités contribuant à une meilleure
maîtrise de l’entreprise. Dans ce contexte, l’analyse lexicale des rapports des dirigeants sur le contrôle
interne pourrait nous permettre de préciser la définition et la place assignée au concept de contrôle
interne dans les entreprises françaises et de vérifier si nous tendons vers une normalisation des
pratiques de contrôle interne (Berlizon et Colatrella, 2003 ; Cappelletti, 2004). Ce travail de
recherche a ainsi une finalité exploratoire. Son objectif est d’analyser les enjeux et les modalités opéra-
toires d’une nouvelle pratique, imposée par le législateur : l’obligation pour le dirigeant de rendre des
comptes sur le contrôle interne. Cet impératif légal permet d’expliciter le concept de contrôle interne,
jusqu’ici polysémique et aux contours flous. Il fournit des indications utiles pour répondre aux ques-
tions suivantes : comment les dirigeants définissent-ils le contrôle interne ? Quels contours lui confè-
rent-ils ? À qui s’adresse ce rapport ? Que souhaite-t-on communiquer ou ne pas communiquer ? Cet
article n’a pas de vocation normative. Il ne préconise en aucun cas ce que devraient contenir les
rapports, et ne jugera jamais de la cohérence ou de la pertinence des propos qui y sont tenus. Notre
ambition est, en revanche, de fournir une vision plus complète quant à ce que représente le contrôle
interne pour les dirigeants d’entreprises, en nous centrant sur le marché français.1
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sur la qualité du contrôle interne et s’assurer de l’accessibilité des informations opportunes diffusées
aux marchés par l’intermédiaire d’un rapport. La loi SOX va au-delà de la Foreign Corrupt Practices Act
de 1977 qui imposait déjà aux entreprises cotées de mettre en place un système de contrôle interne
adéquat. Mais celle-ci ne précisait ni ses modalités de mise en œuvre, ni les conditions opérationnelles
d’un contrôle efficace. La loi SOX constitue une rupture par rapport à la tradition américaine basée
sur l’autorégulation des marchés et des professionnels (Conac, 2003). Le contrôle interne a pour fina-
lité de fournir une assurance raisonnable quant à l’exécution correcte des décisions managériales et à
la conformité des états financiers aux principes comptables en vigueur. La loi SOX se révèle ainsi
exigeante en imposant aux sociétés cotées aux États-Unis non seulement une description mais égale-
ment une évaluation de leurs procédures de contrôle interne concernant les informations comptables
et financières. Dans leur démarche, les entreprises doivent en outre se fonder sur un référentiel
reconnu. Le COSO (Committee Of Sponsoring Organizations of the Treadway Commission) est
mentionné par l’autorité des marchés américains, la SEC, comme le modèle à privilégier.
Le législateur français a suivi l’exemple du législateur américain en mettant à la charge du président
du conseil d’administration (ou du président du conseil de surveillance) l’obligation de rédiger un
rapport sur le contrôle interne. Ce rapport doit être lui-même l’objet d’un autre rapport rédigé par le
commissaire aux comptes. L’article 117 de la LSF prévoit ainsi : « Le Président du conseil d’adminis-
tration rend compte dans un rapport joint au rapport mentionné aux articles L. 225-100, L. 225-102,
L. 225-102-1 et L. 233-26 des conditions de préparation et d’organisation des travaux du conseil ainsi
que des procédures de contrôle interne mises en place par la société. » Si l’objectif global de la LSF est
assez proche de la loi SOX, sa philosophie se révèle spécifique. L’ambition du législateur français est
plutôt d’inciter les entreprises françaises à s’engager dans une démarche dynamique d’amélioration du
contrôle interne et de leur gestion des risques. Les manipulations comptables détectées dans certaines
entreprises françaises comme Vivendi ou Marionnaud semblent en effet sans aucune commune
mesure avec les scandales financiers qui se sont produits aux États-Unis. C’est pourquoi Philippe
Marini (2004, p. 125) présente le rapport sur le contrôle interne comme un « outil méthodologique ».
Au contraire, le législateur américain a fait le choix d’une « régulation par la peur » en imposant des
règles plus strictes et fortement sanctionnées en cas de manquement (Conac, 2003). Ainsi l’approche
de la LSF est à la fois plus globale et plus floue. Elle est plus globale dans la mesure où le rapport doit
rendre compte des procédures de contrôle interne dans son ensemble sans se limiter aux seules procé-
dures de fiabilisation des informations financières. Et elle est également plus floue car elle ne définit
ni le référentiel utilisable ni la démarche concrète de mise en œuvre de ce rapport. Le silence du légis-
lateur français en ce qui concerne les sanctions éventuelles s’appliquant aux entreprises qui s’abstien-
draient de produire un tel rapport a en outre alimenté un débat relatif à l’effectivité de cette disposi-
tion.
Le tableau 1 résume les principales différences de la loi SOX et de la LSF.
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Définition et périmètre du contrôle Non défini explicitement. Défini et limité au contrôle interne
interne relatif à l’information financière
et aux procédures de communication
des informations aux marchés.
Référentiel de contrôle interne Pas d’utilisation obligatoire Utilisation obligatoire d’un référentiel
d’un référentiel reconnu. reconnu. COSO cité comme exemple
par la SEC.
Obligation de documentation Non explicite Explicite
et de tests de contrôle
Emetteur du rapport Président du Conseil d’administration Chief Executive Officer
ou du Conseil de Surveillance et Chief Financial Officer
Sanction de tout manquement Imprécis Sanctions pénales très lourdes
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de l’approche de la Commission européenne, qui ne retient pas la notion clé de contrôle interne mais
évoque plus largement la notion de risk management. La LSF laisse donc aux entreprises françaises une
grande liberté dans l’appréciation du contenu du rapport. Cette liberté a été confirmée par le comité
juridique de l’ANSA (Association Nationale des Sociétés par Actions). Si l’objet de l’obligation légale
est précis, le contenu du rapport dépendra de la méthodologie mise en œuvre par l’entreprise. En l’ab-
sence de recommandation légale, les entreprises doivent donc choisir un référentiel susceptible de
guider leur analyse. En l’absence de référentiel français ou européen faisant l’unanimité, elles auraient
pu majoritairement adopter l’angle d’analyse du COSO. Cela ne semble pas être le cas. Au contraire,
elles ont largement adopté l’angle d’analyse du MEDEF (Mouvement des entreprises des France) et
de l’AFEP (Association Française des Entreprises Privées), (Deloitte, 2005).
Dans le cadre de notre démarche, cette marge de manœuvre laissée aux dirigeants est précieuse : le
contenu du contrôle interne n’étant pas bridé par la loi, on devrait retrouver dans le rapport la concep-
tion du contrôle interne propre au dirigeant2. Dès lors, les spécificités sectorielles (liées aux métiers de
la firme) devraient ressortir, constituant pour nous un indice de « concrétion3 ». En quelque sorte, s’il
n’y avait pas de spécificités lexicales contingentes à la nature de l’activité des sociétés concernées, on
pourrait craindre que le dirigeant se soit contenté de reprendre une conception juridico-comptable du
contrôle interne, au détriment des mesures opérationnelles qui resteraient cachées.
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Évaluation
des risques
Environnement Activités de
de contrôle contrôle
= =
Valeurs de Règles et
l'entreprise CONTRÔLE procédures
INTERNE
Pilotage Information
du contrôle et
communication
À ce jour, il n’existe pas de modèle du contrôle interne d’inspiration française. Cependant, des
groupes de travail sont à l’œuvre au sein d’organismes tels que l’Académie des sciences comptables,
l’AMF, la CNCC (Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes) ou l’IFACI (Institut
Français de l’Audit et du Contrôle Interne). D’autre part, de nombreux auteurs se sont intéressés à la
question. Certains (Pigé 1997) insistent sur le caractère délégataire du contrôle interne qui consiste à
s’assurer de la bonne application des décisions prises en amont : « le contrôle interne permet de s’as-
surer que les salariés qui représentent l’entreprise vis-à-vis de l’extérieur agissent dans l’intérêt de l’en-
treprise. Il permet de vérifier que la coordination hiérarchique, formelle et informelle fonctionne
correctement et assure une coordination efficace entre les individus. Il garantit que les décisions prises
par les dirigeants sont mises en œuvre par l’ensemble des salariés de l’entreprise » (pp. 5-6). Une telle
conception est évidemment très large, et l’on remarquera au passage qu’elle n’accorde pas d’emblée un
rôle spécifique à la dimension financière ou comptable. On trouve une autre conception étendue chez
Bouquin (1998), qui reprend le triptyque cher à Anthony4 : le contrôle stratégique, le contrôle de
gestion, le contrôle opérationnel (ou d’exécution). Le contrôle interne serait la somme de ces trois
segments, ce qui renvoie également à une conceptualisation hiérarchique et délégataire du système de
contrôle. À l’instar d’Ouchi (1979), Bouquin parle également de « contrôle organisationnel » qui
« peut être renforcé par des mécanismes informels comme la culture d’entreprise » (Bouquin 1998,
p. 37). En ce sens, on peut s’interroger sur les limites du contrôle interne. Ces définitions sont telle-
ment larges qu’il est possible de se demander qu’est-ce qui ne serait pas du contrôle interne. Ébondo
& Pigé (2002, p. 52) tranchent d’une manière originale : « l’activité de contrôle interne apparaît
comme constitutive de l’organisation dans sa différence par rapport au marché ». Le contrôle serait
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alors un outil de réduction des coûts de transaction, outil qui tendrait à se renforcer naturellement
dans une entreprise très intégrée, mais dont les limites deviendraient floues dès lors que les opérations
d’externalisation conduisent à des business models interorganisationnels.
On ne s’étonnera pas enfin de trouver auprès de la CNCC (norme 2102 et commentaires) une
conception (CNCC 2002) qui, tout en présentant des similarités avec les approches mentionnées ci-
dessus, met en avant d’une manière explicite la problématique comptable (régularité, sincérité, image
fidèle). Étant donné le rôle actif des cabinets d’audit dans la mise en œuvre de la loi LSF, cette concep-
tion pourrait exercer une certaine influence auprès des entreprises.
Cette confrontation de définitions nous permet de penser qu’une lecture attentive des rapports
rédigés par les dirigeants risque de révéler des diversités d’approches liées à cette co-existence de cadres
conceptuels. Comme nous allons le voir, les premières études publiées sur les rapports des dirigeants
sur le contrôle interne n’ont pas encore permis de mettre à jour la conception du contrôle interne
dominante dans les entreprises françaises.
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prenantes secondaires qui, sans être en relation contractuelle avec l’entreprise, voient leur action
impactée par ses décisions. D’autres distinguent les parties prenantes internes et les parties prenantes
externes (Pellé Culpin, 1998).
L’approche développée par Freeman et Werhane (1999) assimile la responsabilité managériale au fait
de traiter les parties prenantes, avec respect et honnêteté, parce qu’elles sont liées à l’organisation. Il en
découle l’obligation de leur communiquer une information financière fiable, sur laquelle elles pourront
se fonder avant de prendre toute décision. En définitive, la fonction des dirigeants ne consisterait pas
seulement à accroître la richesse économique des actionnaires, elle impliquerait également la nécessité de
dire la vérité à l’ensemble des parties prenantes. L’obligation à la charge du dirigeant de communiquer
sur le contrôle interne devrait ainsi être analysée comme une mesure destinée à favoriser la transparence
financière. En effet, la transparence financière implique de « clarifier et d’affiner la notion de contrôle »
et ses modalités opérationnelles (Marini, 1998). Mais se pose dès lors la question des destinataires de l’in-
formation diffusée dans le rapport sur le contrôle interne. Ces rapports sont-ils axés sur le point de vue
des seuls actionnaires ou au contraire sont-ils construits sur un point de vue plus large : celui des parties
prenantes ? Et dans ce cas, certaines parties prenantes sont-elles privilégiées ? En d’autres termes, de quelle
vision du gouvernement d’entreprise les rapports sur le contrôle interne sont-ils porteurs ?
Il est classique d’opposer la vision actionnariale et la vision partenariale du gouvernement d’entre-
prise. Dans la vision actionnariale, les actionnaires sont considérés comme les seules parties prenantes
légitimes, la maximisation de la valeur actionnariale entraînant nécessairement le bien-être de l’en-
semble des parties prenantes (Jensen, 2002). Le rapport sur le contrôle interne serait dans cette pers-
pective un outil de réduction de l’asymétrie d’information entre les dirigeants et les actionnaires.
L’obligation de soumettre le rapport à la validation de l’auditeur externe permettrait en outre de lui
conférer un surcroît de crédibilité et de force symbolique. Rédigé à l’intention des actionnaires, le
rapport sur le contrôle interne devrait essentiellement se présenter comme un supplément d’informa-
tion à leur intention et serait ainsi orienté sur les mécanismes de contrôle de l’information financière.
Dans l’approche partenariale, les dirigeants ont des obligations juridiques et éthiques envers l’en-
semble des parties prenantes et ils ne sauraient être uniquement motivés par la maximisation de la
richesse des actionnaires. Cette approche suppose notamment de faire de l’ensemble des parties
prenantes les destinataires des informations diffusées par l’entreprise et d’élargir le rapport à des
dimensions non purement financières, telles que la responsabilité sociale et sociétale de l’entreprise ou
encore l’éthique et la déontologie. Dans cette optique, le rapport sur le contrôle interne serait destiné
à rassurer l’ensemble des parties prenantes sur la manière dont les risques sont contrôlés au sein de
l’entreprise. Un premier niveau d’analyse lexicale des rapports produits devrait ainsi nous permettre
de déterminer s’ils relèvent davantage d’une vision actionnariale ou au contraire d’une vision partena-
riale du gouvernement d’entreprise.
Notre analyse se propose d’étudier le positionnement du rapport sur le contrôle interne en terme
de gouvernement d’entreprise en testant les deux hypothèses suivantes.
H1 : Le rapport sur le contrôle interne relève d’une vision actionnariale du gouvernement d’entreprise.
H2 : Le rapport sur le contrôle interne relève d’une vision partenariale du gouvernement d’entreprise.
Mais au-delà du point de vue adopté dans les rapports, nous avons précisé qu’il ne peut y avoir de
transparence effective qu’à la seule condition que l’information soit exhaustive, ce qui implique que le
dirigeant n’élude volontairement pas certains aspects. Cela nous amène à nous interroger sur ce qui est
montré ou au contraire caché dans les rapports sur le contrôle interne.
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Tableau 2
Le détail des variables
Intitulé Nature Détail
Nom Texte Nom du groupe
Contenu du rapport
Contrôle interne Texte
sur le contrôle interne
Secteur d’activité Fermée (une seule rép.) Nomenclature Les Échos
Mentionne ou non
CDG Fermée (une seule rép.)
le contrôle de gestion
COSO Fermée (une seule rép.) Se réfère ou non au COSO7
Se réfère, ou non,
Stake Fermée (une seule rép.) soit aux « parties prenantes »,
soit au « développement durable »
Se réfère, ou non,
Share Fermée (une seule rép.)
aux « actionnaires »
Se réfère, ou non, à des « valeurs »
Valeurs Fermée (une seule rép.)
(au sens moral du terme)
Déontologie Fermée (une seule rép.) Évoque la notion de « déontologie »
Affirme, ou non,
Test Fermée (une seule rép.)
pratiquer des « tests »
Évoque, ou non,
Budget Fermée (une seule rép.)
la pratique budgétaire
Évoque, ou non,
Éthique Fermée (une seule rép.)
la notion d’« éthique »
Affirme, ou non,
Autoéval Fermée (une seule rép.)
pratiquer l’« autoévaluation »
Coté US Fermée (une seule rép.) Groupe coté, ou non, aux États-Unis8
Taille du rapport Échelle 4 segments, selon la taille du rapport9
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GRAPHIQUE A VENIR
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outil est abondamment évoqué (comme chez Arcelor), il demeure peu détaillé dans la description de
ses modalités, et renvoie, à l’instar des termes cités plus hauts, à une traduction conceptuelle de l’ap-
proche par les risques dont les auditeurs externes sont coutumiers.
Dans notre recherche des dimensions occultées dans les rapports sur le contrôle interne, nous nous
sommes intéressés aux traces de révélation des failles du contrôle interne et à l’évaluation du contrôle
interne.
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par la société, ce qui signifie qu’il les relate, qu’il les explique. Il n’est pas tenu de les évaluer ni de
porter un jugement sur elles » (p. 3).
Ce dernier point nous envoie précisément sur une autre piste de notre analyse : l’évaluation. Pour
n’être pas obligatoire, elle n’en demeure pas moins possible. Comme le groupe lexical #évaluation est
à la fois polysémique et fréquent (194 occurrences dans 41 rapports), il nous a fallu élaguer par le biais
des lexiques relatifs, ne serait ce que pour ne pas confondre l’évaluation des risques (ou des actifs…)
avec l’évaluation du contrôle interne. Il appert clairement que plusieurs présidents font état de procé-
dures d’évaluation, qui consistent souvent (dans 19 rapports) à conduire des autoévaluations (ou
auto-évaluations, voire auto-diagnostics). Parfois, comme chez Vinci, on évoque un outil précis :
« Des questionnaires d’auto-évaluation de l’environnement du contrôle interne, validés par le comité
exécutif, ont été adressés fin 2003 aux responsables d’un échantillon de 23 entités, sélectionnées parmi
les plus importantes et les plus représentatives. Les réponses à ces questionnaires ont été analysées, puis
un recensement des principales procédures existantes a été effectué ». Le « processus d’auto-évaluation
du contrôle interne » est souvent attribué à la fonction d’audit interne, sans qu’il n’y ait de communi-
cation quant aux résultats des évaluations menées.
L’existence d’une évaluation des procédures de contrôle interne ne semble pas liée au choix d’un
référentiel. Ainsi, il y a certes une dépendance entre les variables COSO et Autoéval, mais elle est peu
significative (Chi 2 = 2,77, ddl = 1, 1-p = 90,41 %). Il n’y a pas de liaison du tout entre COSO et Test.
Preuve n’est donc pas faite que les groupes ayant fait le choix du référentiel COSO soient davantage
portés sur les pratiques d’évaluation du contrôle interne.
Tableau 3
Récapitulatif des liaisons significatives entre variables14
US Éth Déonto
COSO + (9,91) + (7,82)
Stake + (4,91) + (5,40)
Val + (6,18)
Une analyse des spécificités lexicales (Moscarola & al., 2002) a été menée, mais n’a pas apporté
d’éclairage intéressant. Il est vrai que la taille des corpus et les nombreuses références spécifiques
(noms propres, sigles, jargons maison…) ne facilitent pas une telle analyse. En revanche, nous avons
résumé l’ensemble du champ des variables dans une analyse factorielle des correspondances (Benzécri,
1973) présentée en figure 2. Si une telle carte permet bien de repérer des associations ou des opposi-
tions vues plus haut (éthique / valeurs, COSO / US, Finances / déontologie…), il est en revanche
difficile de caractériser les deux axes. Il n’y a pas véritablement de groupes se détachant par des carac-
téristiques qui lui seraient propres, à l’exception des établissements de crédit.
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GRAPHIQUE A VENIR
Conclusion
Notre lecture approfondie des rapports n’est pas sans présenter des limites en termes de méthodolo-
gie. D’une part, la nature de l’échantillon peut être discutée. D’autre part, le fait d’avoir dû scinder
certaines observations introduit un biais de représentativité qui n’enlève cependant pas sa pertinence
à notre étude exploratoire. Il s’agit donc d’une observation ponctuelle qui, dans un premier temps, a
confirmé l’essentiel des observations intuitives formulées par ailleurs, à savoir la prédominance des
aspects juridiques, comptables et financiers, ainsi que l’importance de la notion de risque. Nous
sommes davantage circonspects quant à d’autres points révélés par l’analyse lexicale. Tout d’abord, les
problématiques d’évaluation sont très souvent évoquées, et parfois même détaillées, au travers notam-
ment d’outils tels que « les questionnaires d’évaluation ». Un grand nombre de rapports conclut en
promettant pour les exercices à venir de nouveaux efforts en ce sens. Dès lors, le débat – stérile selon
Marini – entre le descriptif et l’évaluatif, est plus avancé qu’il n’y paraissait jusqu’ici, les dirigeants
reconnaissant généralement (et pas seulement dans le cadre du COSO) la nécessité d’évaluer les
procédures de contrôle interne. Cependant, à part quelques rares et brèves exceptions, il n’y a pas
d’aveu quant à des problèmes concrets rencontrés, qui pourraient remettre en cause, de façon critique,
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la fiabilité de la communication financière de la firme. Cela nous conduit à penser que les failles
potentielles du contrôle interne demeurent du domaine du caché, l’objectif de cet outil étant de rassu-
rer les actionnaires. On peut s’interroger dès lors quant au rôle effectif du rapport sur le contrôle
interne en tant qu’instrument de transparence financière. En outre, le discours développé par les diri-
geants est pour l’essentiel orienté vers les actionnaires et le souci de garantir la fiabilité de l’informa-
tion financière qui leur est communiquée. Les autres parties prenantes semblent relativement en
retrait. Cette tendance est confirmée par la déconnexion du contrôle interne avec des thématiques
pourtant en vogue telles que la responsabilité sociale de l’entreprise et le développement durable. Les
hypothèses de travail H1 et H3 sont donc plus franchement confirmées que H2, même si on trouve
certaines traces de cette dernière dans les rapports.
Cette tendance n’est cependant pas homogène. Deux groupes émergent ainsi dans l’ensemble des
rapports produits par les entreprises du CAC 40 : les entreprises cotées sur le marché américain qui
ont majoritairement adopté le référentiel COSO et présentent une conception élargie en associant par
exemple au contrôle interne une dimension éthique, et les autres qui en général n’ont pas choisi
d’adopter le référentiel du COSO et sont tendanciellement caractérisées par une absence de la dimen-
sion éthique. L’explication de cette différenciation est sujette à questionnement. Ainsi la dimension
éthique présente dans certains rapports pourrait être liée à la présence d’une entreprise sur le marché
américain. Bien entendu, une telle analyse de contenu, limitée dans le temps et l’espace, ne permet pas
de dresser des conclusions définitives. Elle apporte des éléments utiles au débat, qui prend parfois une
tournure polémique (Gatinois 2005), quant à l’évolution souhaitable du contenu des rapports. Il peut
servir aussi d’appui à des recherches ultérieures, qu’elles soient de nature longitudinale (analyse de
l’évolution du contrôle interne au travers de l’analyse de l’évolution du corpus lexical des rapports),
ou en profondeur (traitement de thèmes précis comme les acteurs du contrôle interne, la dimension
juridique, le contrôle de gestion…).
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Annexe 2
Principaux quasi-segments répétés
(les noms d’entreprises ont été éliminés)
contrôle interne 785 mises place 49
audit interne 287 financière groupe 48
direction générale 189 système contrôle interne 48
procédures contrôle 154 directeur financier 46
comité audit 152 financière comptable 46
conseil administration 148 contrôle interne groupe 44
mise place 121 président directeur général 42
procédures contrôle interne 120 conseil surveillance 41
information financière 112 environnement contrôle 40
commissaires comptes 106 comité direction 39
contrôle gestion 100 crédit local 39
mis place 99 sarbanes oxley 39
comptes consolidés 88 entités opérationnelles 36
comité exécutif 84 missions audit 36
sein groupe 84 société mère 35
directeur général 82 direction générale groupe 33
système contrôle 81 comptable financière 32
interne groupe 80 consolidés groupe 32
direction financière 79 direction contrôle 32
gestion risques 76 états financiers 32
unités opérationnelles 75 exercice 2004 32
mise oeuvre 74 risques groupe 32
dispositif contrôle 66 sociétés groupe 32
maîtrise risques 66 activités contrôle 31
entités groupe 64 information comptable 31
générale groupe 62 mettre place 31
niveau groupe 61 contrôle risques 30
mise œuvre 60 document référence 30
fait objet 59 réalisation objectifs 30
ressources humaines 58 communication financière 29
normes ifrs 57 engagements bilan 29
direction audit 55 évaluation risques 29
font objet 55 information financière comptable 29
informations financières 54 lois règlements 29
dispositif contrôle interne 53 matière contrôle 29
président directeur 53 normes comptables 29
systèmes information 53 plan audit 29
ensemble groupe 50 plans action 29
comité comptes 49 principes comptables 29
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Annexe 3
Liaisons significatives entre variables
Les firmes cotées aux États-Unis ont une nette propension à utiliser le référentiel COSO. Les deux
populations ne se recoupent toutefois pas en totalité.
– Croisement des variables COSO et Coté US
GRAPHIQUE A VENIR
En dehors de l’outil Budget, la variable CDG n’est pas fortement associée à une autre. Cela ne fait
que confirmer le poids du processus budgétaire dans le rôle du contrôle de gestion.
– Croisement des variables CDG et Budget
GRAPHIQUE A VENIR
En revanche, les tableaux qui suivent révèlent des liaisons significatives entre les concepts de
Déontologie et d’éthique d’une part, et la variable Stake2 d’autre part. à noter aussi qu’il y a une forte
spécificité sectorielle relative à la Déontologie, toutes les entreprises financières ayant évoqué la
notion.
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GRAPHIQUE A VENIR
GRAPHIQUE A VENIR
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métier d’assureur dans lequel plusieurs sociétés du 13. D’autres rapports évoquent cependant les procé-
CAC 40 sont directement engagées, ou de la fonc- dures d’alerte lorsqu’il est question des auditeurs
tion générique d’assurance impliquant toute externes ou du comité d’audit. Quant à la pra-
entreprise ?). D’autres groupes ont été « retra- tique du whistleblowing, elle devrait progresser
vaillés » pour éviter de confondre des notions tout dans les prochaines années sous l’impulsion des
à fait différentes comme « direct, directive, direc- décisions récentes de la CNIL qui après avoir
tion »… Les mots de moins de trois lettres, ainsi sanctionné deux systèmes de procédure d’alerte en
que les « mots-outils » (afin, ainsi, car, ceci, octobre 2005 a émis courant novembre 2005 des
certes…) ont été éliminés du dictionnaire. recommandations à l’intention des entreprises qui
11. On peut noter aussi à ce sujet qu’un thème pour- souhaiteraient mettre en place de telles procé-
tant populaire comme le « développement dures.
durable » n’est cité que dans 5 rapports, et géné- 14. Sont répertoriées ici toutes les dépendances dotées
ralement de façon anecdotique. De même, il y a d’un Chi2 ÅÑ 4,5. On trouvera en Annexe 4 les
une seule référence à une notion comme la détails des liaisons relevées, ainsi que les commen-
« citoyenneté » (Sanofi-Aventis), de même qu’à la taires y afférant. Dans ce tableau 3, toutes les liai-
notion de « responsabilité sociale » (Carrefour). sons sont positives, et le Chi2 associé à chaque
12. Cela signifie que ces termes sont ceux que l’on liaison est indiqué entre parenthèses.
retrouve le plus fréquemment un ou deux mots
avant le mot #risque.
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