1 Introduction CEM

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Compatibilité électromagnétique

Eté 2004
Notes de cours

Introduction à la
CEM

F. Rachidi

École Polytechnique Fédérale de Lausanne


EPFL-DE-LRE
CH-1015 Lausanne
[email protected]

-1-
Historique
- Début des années 30 : début des communications radio

- Apparition des problèmes d’interférences radio (dus aux moteurs


électriques etc.)

- 1933 : Création du CISPR (Comité International Spécial des


Perturbations Radioélectriques) par la CEI (Commission
électrotechnique internationale) qui développe des normes pour éviter
les interférences.

- Durant la deuxième guerre mondiale, l’utilisation d’appareils


électroniques (radio, navigation, radar) s’est accélérée. Beaucoup de cas
d’interférences entre radios et systèmes de navigation aérienne.

- Le CISPR continue son activité en produisant plusieurs publications


techniques présentant des techniques de mesure des perturbations, et
recommandant des valeurs limites d’émissions. Plusieurs pays
européens ont adopté ces valeurs limites recommandées par le CISPR.

- L’augmentation la plus significative des problèmes d’interférences est


apparue avec l’invention des composants électroniques à haute densité,
tels que le transistor bipolaire dans les années 1950, le circuit intégré
dans les années 1960, et les puces à microprocesseur dans les années
1970. Par ailleurs, le spectre fréquentiel utilisé devient beaucoup plus
large, ce pour subvenir aux besoins de plus en plus croissants de
transmission d’information.

- Due à la sensibilité de plus en plus accrue des circuits électroniques,


l’American Federal Communications Commission (FCC) a publié en 1979 des
normes limitant les émissions électromagnétiques de tous les appareils
électroniques. Les valeurs limites définies par la FCC correspondent
dans l’ensemble à celles recommandées par le CISPR.

-2-
- Tout produit mis sur le marché européen à partir du 1 janvier 1996
doit également satisfaire aux exigences des normes CEM d’émission et
d’immunité.

Évolution du seuil d’énergie de destruction des


composantes électroniques les plus sensibles

Fig. 1

-3-
Compatibilité électromagnétique : définition

La compatibilité électromagnétique (CEM) est un domaine dont


le but est de rendre compatible le fonctionnement d'un système
électronique sensible dans un environnement électro-magnétique
perturbé.

Un système « électromagnétiquement compatible » respecte 3


critères :

- Il ne produit aucune interférence avec d’autres systèmes


- Il n’est pas susceptible aux émissions d’autres systèmes
- Il ne produit aucune interférence avec lui-même.

Décomposition d’un problème de CEM

Couplage
Sourc Victime
(récepteur)

On parle d’interférence lorsque l’énergie transmise dépasse un


niveau critique qui entrave le bon fonctionnement du ‘récepteur’.

⇒ 3 moyens de protection contre les interférences :

1. Supprimer l’émission à la source.

2. Rendre le couplage le plus inefficace possible.

3. Rendre le récepteur moins susceptible aux émissions.

-4-
Exemples (réduire l’émission à la source)
Signaux numériques
x(t)

A/2 τ

t
τr τr T

Enveloppe du spectre

2Ατ/T
-20 dB/décade

-40 dB/décade

f
1/(πτ) 1/(πτr)

Fig. 2

-5-
Les variations rapides du signal (montée et descente) sont les
principales causes du contenu haute fréquence du spectre. En
général, plus le spectre du signal s’étend vers les hautes fréquences,
plus le couplage devient efficace. En diminuant le contenu haute
fréquence du spectre, on pourra alors réduire l’efficacité du couplage
et donc le niveau du signal perturbateur dans le circuit récepteur.
Par conséquent, pour rendre le couplage moins efficace, on devrait
rendre le moins rapide les temps de montée/descente des signaux
numériques. Par exemple, il n’y a pas de raison d’utiliser des signaux
avec des temps de commutation de 1 ns alors que le système peut
fonctionner correctement avec un temps de 10 ns.

-6-
Exemple : CEM dans un système complexe

Tiré de IEEE Spectrum, Sept. 1996.

-7-
Autres exemples de CEM

Décharge électrostatique

Impulsion EM d’origine nucléaire

Décharge orageuse

Sécurité de communications

Fig. 3

-8-
4 problèmes de base en CEM

Le transfert de l’énergie électromagnétique peut être schématisé en


quatre catégories:

a) émission par rayonnement

Composant
perturbateur

Fig. 4a

b) émission conduite

Composant
perturbateur

Fig. 4b

-9-
c) susceptibilité au rayonnement

Composant
potentiellement
susceptible

Fig. 4c

d) susceptibilité conduite

Composant
potentiellement
susceptible

Fig. 4d

Les câbles d’alimentation et d’interconnexion ont le potentiel


d’émettre ou de capter l’énergie électromagnétique. Les signaux
perturbateurs peuvent également passer directement entre différentes
parties du système par conduction directe.
Des émissions électromagnétiques peuvent être également
engendrées par une composante électronique dans une enceinte non-
métallique (Fig. 4.a).
Les problèmes d’émission ou de susceptibilité interviennent
également lorsque les signaux perturbateurs circulent par conduction
le long des conducteurs (Figs. 4.b et 4.d). Pour bloquer la
transmission de ce type de perturbations, on utilise généralement des
filtres.
- 10 -
Il est enfin important de réaliser que les problèmes d’interférences
vont au-delà des schémas de la Fig. 4 et souvent on est en présence
d’au moins deux des quatre catégories illustrées.

Classification des sources de perturbations


Suivant leur nature :

Naturelles

Exemple :
- Orages.
- Activités solaires
- Bruits cosmiques

Artificielles (Man made noise) :

- intentionelles (applications militaires)


- non-intentionelles

Exemples Typiques :

• perturbations dues à des sources de courant :

- kAmp : surtensions induites par des court-circuits dans


les réseaux à haute tension dans des circuits électroniques.
- centaines d'Ampères (électronique de puissance) : les
installation de contrôle et de protection des chemins de
fer perturbés par les locomotives à thyristors.
- dizaines d'Ampères (décharges électrostatiques) :
destruction de diodes sensibles.
- milliampères : diaphonie

- 11 -
• perturbations dues à des sources de champ électromagnétique

- interférences radio : panne des circuits de contrôle d'un


avion due à un émetteur radio puissant ou à des appareils
électronique à l'intérieur de l'avion.

- effets biologiques : - lignes à haute tension


- communication mobile
- radars

Sources de perturbations EM permanentes et


transitoires
Sources permanentes (fréquence fixe)

- Emetteurs radio
- Radars
- Bruits des moteurs électriques
- Communications fixes et mobiles
- Ordinateurs, écrans, imprimantes
- Redresseurs
- Etc.

Sources transitoires (large de bande de fréquence)

- La foudre
- Impulsion nucléaire d’origine orageuse (NEMP : Nuclear
Electromagnetic Pulse)
- Défauts dans les lignes d’énergie
- Interruption de courant (disjoncteurs)
- Décharge électrostatique
- Etc.

- 12 -
Fréquences et niveaux de bruit associés aux
différentes sources de perturbations typiques

Type de source Commentaires

Réseau électrique Transitoires de type double-exponentielle,


temps de montée de l’ordre de 1 ms, durée
de quelques dizaines de ms, amplitude
d’environ 10 kV.
Formes d’onde oscillatoires 100 kHz.
Creux de tension (jusqu’à une durée de 100
ms)
Harmoniques jusqu’à environ 2 kHz
Etc.
Appareils de coupure Transitoires rapides (temps de montée
du courant quelques ns, amplitude de quelques kV)

Décharge Temps de montée de 1 à 10 ns


électrostatique
Moteurs à collecteur Fréquences jusqu’à environ 300 MHz
(bruit de
commutation)
Alimentation à Spectre de bruit continu de 1 kHz à 100
découpage MHz

Circuits logiques Bruit continu de quelques kHz à 500 MHz

- 13 -
Puissances rayonnées et amplitudes de champ des
services autorisés

Service Fréquence Puissance Distances de Amplitude


rayonnée séparation du champ
(effective) typiques E estimée
(MHz) (dBW) (km) (V/m)
Systèmes de
communications
et d’aide à la 0.014-0.5 54 5-20 0.25-1.0
navigation BF

Transmission AM 0.5-1.6 47-50 0.5-2 0.2-6.0

Communications 1.6-30 40 4-20 0.001-0.25


HF

Télévision (VHF) 54-216 50-55 0.5-2 1.0-7.3

Transmission FM 88-108 50 0.25-1 2.0-8.3

Télévision (UHF) 470-890 67 0.5-3 1-3

Communications 900-1100 17-21 0.04-0.2 0.2-1.5


mobiles

Radar 1000- 90-97 2-20 0.1-90


10’000

- 14 -
Intervention CEM
Pour quel produit et à quel moment faut-il tenir compte des
problèmes de compatibilité ?

- Pour tout produit :


- qui risque de se trouver dans un environnement perturbé.
- qui est particulièrement sensible.
- Au moment de la conception du produit.

Cette approche donne de bons résultats :


• du point de vue technique
• du point de vue économique.

On estime que si la CEM est prise en considération :


- à la conception ⇒ coût majoré de 5%.
- après la construction du prototype ⇒ coût majoré de 50%.
- quand le produit est sur le marché ⇒ coût majoré de 100%.

Actuellement, beaucoup de produits n’ont pas été conçus en tenant


compte de la CEM.
phase de phase de phase de
conception test production

coût
moyens
techniques

Développement du produit, échelle du temps


La situation a changé d’une manière sensible dans ces dernières années
- 15 -
⇒ Directive de la Commission de l’Union Européenne :

Tout produit mis sur le marché européen à partir du 1 janvier


1996 doit satisfaire aux exigences des normes CEM d’émission et
d’immunité.

Exemple : Essai d’immunité dans une chambre semi-


anéchoïque

- 16 -
Moyens d’action contre les problèmes
d’interférences
- Blindage
- Mise à la terre
- Filtrage
- Isolation
- Symétrisation (balancing)
- Conception du câblage
- etc.

Décibels
Les grandeurs utilisées en CEM sont souvent exprimées en quantité
logarithmique dB (décibel). Ceci est dû d’une part au fait que les
calculs deviennent plus simples : les produits se transforment en
additions et les quotients en soustractions. D’autre part, dans les
problèmes d’interférences, il est souvent nécessaire de comparer des
signaux de très grande et de très faible amplitudes. Le rapport des
amplitudes se transforme alors en leur différence en dB.
Le dB représente un rapport logarithmique de deux valeurs. Il est donc
sans unité.
Initialement, le dB a été utilisé pour exprimer le rapport de deux
puissances P1 et P2 :

 P1   U12 / R  U 
r = 10 log10   = 10 log10  2  = 20 log10  1 
 P2  U / R  U2 
 2 

où U1 et U2 sont les tensions associées aux puissances P1 et P2,


déterminées aux bornes de la même résistance R.

- 17 -
Si le rapport se réfère à une valeur spécifique de référence, par
exemple U2 = 1 µV, on dit alors que la tension est exprimée en dBµV :

U1 (dBµ V ) = 20 log10 [U1 (µV )]

Exemple numérique : U1 = 120 dBµV ⇔ U1 = 106 µV= 1 V

D’une manière générale, pour une grandeur X, exprimée en unité y, on


a

X (dB y ) = 20 log10 [ X ( y )]

Les valeurs de références communes dans la CEM :

Grandeur ‘unité’ Valeur de référence


Tension dBµV 1 µV
Courant dBµA µA
Puissance dBm mW
Champ E dBµV/m µV/m
Champ H dBµA/m µA/m

Règles et normes de CEM


Il est possible d'établir des normes concernant les limites admissibles
de perturbation, déterminées à partir des limites de susceptibilité des
équipements.

Il est impossible d'établir des "règles de cuisine" proposant des


solutions "sûres et faciles" aux problèmes de compatibilité EM.

- 18 -
Les problèmes de CEM nécessitent un raisonnement d'ingénieur et
une approche de cas en cas, car :

1) Par exemple, en ce qui concerne les perturbations conduites par le


réseau électrique, il est difficile voire impossible de localiser un
perturbateur dans le réseau.

2) les sources de perturbation sont souvent impulsionnelles ⇒ large


bande de fréquences.

3) dans le cas de phénomènes hautes fréquences ou impulsionnels


rapides, les notions de "terre équipotentielle", "plan de masse" perdent
leur signification ⇒ il est nécessaire de tenir compte de la propagation
des phénomènes.

Exemple : un phénomène ayant un front de montée de 5 ns (décharge


électrostatique) se propageant à la vitesse de la lumière (c = 3·108 m/s)
"occupe" dans l'espace une distance de 1.5 m. Tout observateur situé à
une distance plus grande n'est pas au courant qu'un tel front se
propage sur le "plan de masse". Un point du plan de masse situé à 1.5
m de la décharge aura un potentiel différent et la notion de "plan
équipotentiel" n'existe plus.

4) les phénomènes sont souvent non-linéaires à cause des effets de


saturation de matériaux ferromagnétiques ou diélectriques.

- 19 -
Aspects légaux
Les aspects légaux représentent un problème juridique épineux à cause
de la multiplicité des responsabilités.

La jurisprudence : la personne juridique qui construit ou qui met sur le


marché un nouveau produit est responsable des
perturbations produites par celui-ci.

Elle doit prendre toutes les mesures pour empêcher ou réduire ces
perturbations

Exemples :
• la structure métallique d’un bâtiment reflète les ondes
électromagnétiques d’un émetteur de TV.
Le propriétaire du bâtiment doit :
• changer la structure du bâtiment.
• payer l’installation de TV par câble.

• L’antenne de l’émetteur sur ondes moyennes de Sottens


perturbe l’allumage électronique des tracteurs des paysans qui
travaillent à proximité de l’émetteur ⇒ les PTT payent un
ingénieur conseil en CEM pour blinder l’électronique de
commande de l’allumage.

Épilogue
Chacun de nous est un petit émetteur-récepteur qui s'ignore. Si nos
ondes se heurtent violemment, naît le ressentiment.

Michelle Guérin, Romancière canadiennne


Extrait de Le ruban de Maebius

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Formes d’onde typiques et leur spectre fréquentiel

Signal Forme d’onde Spectre


1. A

... A/2 δ(fo)


...
Sinusoïde f(t) 0 Time |f(ω)|

-A
T = 1/fo fo Frequency
2. A

Impulsion |f( ω)|


f(t) 0
sinusoïdale to t1 Time

-A Frequency fo

3. A

Impulsion f(t) |f(ω)|


unique
0
to Time Frequency
4.
A

Train f(t) |f(ω)|


d’impulsions
0
Time
T=1/fo Frequency
5. A δ(t) A

Impulsion de f(t) |f(ω)|


Dirac
0
to Time
Frequency
6.
A
Bruit avec une
composante |f(ω)|
f(t)
DC
0
Time Frequency

Fig. 6

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Références

F.M. Tesche, M. Ianoz, T. Karlsson, "EMC Analysis Methods and Computational Models",
Wiley Interscience, 1997.
C.R. Paul, "Introduction to Electromagnetic Compatibility", Wiley InterScience, 1992.
J. Goedbloed, “Electromagnetic Compatibility”, Prentice Hall, 1992.

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