Association Acier-Béton
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1/ Définition de l'adhérence
Les conditions de résistance d'un élément en béton armé supposent que les armatures ne
glissent pas à l'intérieur du béton. C'est le phénomène d'adhérence qui empêche ou limite ces
glissements.
Cette propriété physique permet la transmission des efforts et un fonctionnement rationnel : le
béton suit alors les armatures dans leurs déformations. Les justifications que nous effectuerons en
ELU (A6 du BAEL) porteront sur :
- la limitation de l'entraînement des armatures de façon à ne pas endommager le béton les
entourant,
- les ancrages des extrémités de barres,
- les jonctions,
- les recouvrements,
- les coutures des barres.
La transmission des efforts du béton aux armatures s'effectue par le phénomène d'adhérence
mais aussi par la courbure que l'on pourra donner aux barres.
La liaison entre le béton et l'acier est caractérisée par la résistance à l'arrachement de la barre
sous l'effet de l'effort F.
Dans le cas d'une armature HA, la résistance à l'arrachement varie avec l'état de surface de la
barre. Pour un acier uniquement nervuré, il y a une amorce de glissement comme pour le RL qui est
ensuite stoppée par les nervures vers 1,5mm et ces nervures permettent d'atteindre 10 MPa avant le
glissement du point B. Pour un acier avec des nervures et verrous, l'amorce de glissement n'a pas
lieu et la résistance atteinte est beaucoup plus forte (environ 11MPa). On remarque aussi que le
glissement de A lorsque B amorce le sien est de l'ordre de 0,8mm, soit beaucoup plus faible.
Dans le cas des ronds lisses, l'étude expérimentale conduit à supposer qu'il se forme dans le
béton, sous l'action de F, une série de cônes emboîtés les uns dans les autres et sensiblement
inclinés à 45° sur l'axe de la barre. L'enveloppe de ces cônes décrit une surface cylindrique.
Les cônes sont assimilés à des bielles articulées qui tendent à coincer la barre. L'égalisation
des déformations du béton et de l'acier est rendue possible par ce phénomène. L'adhérence est
donc assimilable à un phénomène de frottement.
Pour qu'il y ait formation de ces cônes, il faut que les barres soient suffisamment enrobées par
le béton. Les bielles ainsi créées forment des sortes de cliquets réagissant par frottement. Deux cas
peuvent se produire:
- les efforts inclinés à 45° sont insuffisants: il y a rupture d'adhérence car l'effort F dans la
barre ne peut pas être équilibré et la barre glisse dans le béton qui ne peut s'y opposer.
- l'effort F génère dans la barre des contraintes qu'elle ne peut supporter: il y a rupture de
l'acier car la résistance en traction de la barre est épuisée.
Dans le cas des barres à haute adhérence, le comportement du béton est identique. Le béton
entre les créneaux et les verrous s'oppose au glissement par l'intermédiaire des efforts à 45° mais
lorsque le glissement est en mesure de s'amorcer, ces créneaux et verrous le bloquent.
4/ Contrainte d'adhérence
La liaison entre une armature et le béton est mesurée par la contrainte d'adhérence τs (article
A.6.1,1 du BAEL91).
Soit une barre rectiligne scellée dans un bloc de béton. Appliquons à cette barre un effort de
traction F et étudions l'équilibre statique.
barre HA de diamètre
τs
F F
l l
La barre est donc soumise :
- à l'effort de traction F,
- à la contrainte d’adhérence τ s correspondant aux efforts du béton incliné à 45°. La
contrainte est constante sur toute la longueur l de la barre et est répartie tout autour de celle-ci, sur
une surface égale à πφ.
Le principe d’équilibre nous permet de dire que la contrainte d’adhérence s’oppose à l’effort
de traction dans la barre donc : F = τ s ⋅π ⋅φ ⋅ l
Ce qui nous donne :
F
τs =
π ⋅φ ⋅ l
Une valeur limite pour la contrainte d'adhérence est fixée par l'article A.6.1,21 du BAEL91.
Cette contrainte intègre à la fois les caractéristiques de l’acier, avec le coefficient de scellement ψs,
et celles du béton, avec sa résistance à la traction ftj :
τ su = 0,6 ⋅ψ s2 ⋅ f tj
ψs = 1 pour les RL
= 1,5 pour les armatures HA
Le BAEL donne les valeurs de τsu pour quelques valeurs courantes de fc28.
Du point de vue mécanique, le béton est caractérisé par sa faible capacité d'allongement et sa
faible résistance en traction. L'acier est donc utilisé dans les zones tendues. Son allongement sous
l'effet des tractions entraîne donc la fissuration du béton tendu.
Nous verrons, plus loin, que si ce dernier est négligé dans les calculs, il n'en reste pas moins
présent. Nous pouvons décomposer le comportement du béton armé en zone tendue en 4 phases:
- En phase 1, le béton et l'acier travaillent ensembles puisque la résistance d'aucun des deux
matériaux n'est épuisée.
- En phase 2, la résistance du béton est dépassée mais ce dernier peut suivre l’acier de façon
plastique.
- En phase 3, le béton est au delà de sa rupture et est donc fissuré. Il ne peut donc plus suivre
l'acier qui travaille seul.
- En phase 4, la limite élastique de l'acier est dépassée (10.10-4). Nous ne pouvons pas faire
travailler le matériau béton armé dans ce domaine.
Lorsque nous sommes en phase 3, soit en phase courante et si nous avons utilisé des aciers
ronds lisses, nous remarquerons que les fissures sont larges car elles prennent en compte
l'allongement de l'acier glissant dans le béton.
Par contre, dans le cas d'armatures à haute adhérence, les fissures seront fines et étroitement
espacées. Cela résulte des multiples points d'ancrages constitués par les crénelures qui égalisent la
distribution des contraintes.
Il faudra donc limiter la contrainte admissible en traction des aciers, disposer judicieusement
les armatures en utilisant autant que possible des barres de petit diamètre et en les enrobant de façon
optimale dans le béton.
Le règlement précise que les dispositions a) et b) sont nettement plus défavorables que les
dispositions c) et d) qui assurent une meilleure répartition des fissures (article A.4.5,323 du BAEL).
Une barre est dite "ancrée" lorsque l'effort F de traction exercé sur cette barre est entièrement
équilibré par l'adhérence entre le béton et l'acier dans la zone d'ancrage.
Par définition, nous désignerons par ls la longueur de scellement droit, c'est à dire la longueur
d'une barre de diamètre φ capable d'équilibrer avec une contrainte d'adhérence τsu, l'effort F
provoquant dans cette barre une contrainte de traction égale à la limite élastique de l'acier fe.
barre HA de section A
Nous aurons donc:
τs f e ⋅ πφ 2
F, fe F = fe ⋅ A =
4
et F = τ su ⋅ π ⋅ φ ⋅ l s
ls
φ ⋅ fe
Ce qui donne : ls =
4τ su
A défaut de calcul précis, le BAEL (article A.6.1,221) permet d'adopter les valeurs forfaitaires
suivantes:
ls = 40φ pour les aciers HA Fe E 400 où ψs≥1,5
ls = 50φ pour les aciers HA Fe E 500 où ψs≥1,5
pour les aciers RL Fe E 215 et Fe E 235
L’article A.6.1,222 précise que lorsque l'aire réelle Ar de la section droite d'une barre est plus
grande que l'aire strictement nécessaire déterminée par le calcul Acal, la longueur d'ancrage ls peut
être réduite dans le rapport Acal / Ar sans pouvoir être inférieure à 10 fois le diamètre de la barre.
A
longueur d'ancrage : l = sup(ls cal ;10φ )
Ar
Les articles A.6.1,251 et A.6.1,252 donnent les valeurs minimales des rayons de courbure r :
1/ Objectif et principe
Les armatures trouvées dans le commerce ayant une longueur limitée, il est parfois nécessaire
pour certains éléments de plus grande longueur, d'utiliser plusieurs barres. Pour établir la continuité
entre les barres, nous effectuerons un recouvrement, c'est à dire que nous ferons chevaucher les
barres sur une longueur lr, dite longueur de recouvrement.
Cette longueur sera donc la longueur nécessaire pour assurer la transmission des efforts qui
sollicitent l'armature. Il faut assurer la continuité mécanique au niveau du recouvrement en
mobilisant l'adhérence et le frottement du béton sur l'armature.
Les efforts sont transmis d'une barre à l'autre par le jeu de l'adhérence du béton.
La transmission des efforts se fait toujours par des bielles inclinées à 45° sur l'axe de
l'armature.
Nous pouvons décomposer l'effort de traction :
F = As ⋅ f e
en un composante oblique Fb équilibrée par les bielles de béton et une composante verticale
Ft équilibrée par ces armatures de couture.
Nous aurons : At ⋅ f et = As ⋅ f e
ΣAt.fet = effort de traction dans les armatures de couture égal et opposé à la composante Ft
fet = limite élastique des aciers utilisés comme armatures de couture
At = section totale des brins d'une nappe d'armatures de couture
As = section des armatures à recouvrir et fe leur limite élastique
Les armatures de couture auront des petits diamètres de manière à assurer une bonne
répartition de ces armatures sur la jonction.
3/ Jonction de barres tendues avec crochets normaux aux extrémités (article A.6.1,253)
lr
si c ≤ 5φ lr = la
si c > 5φ lr = la + c
avec : l a = 0,6l s pour les aciers RL
l a = 0,4l s pour les aciers HA
Pour les armatures de couture, il faudra se reporter au chapitre sur les poteaux en compression
centrée.
Nous pourrons souder les barres bout à bout ou effectuer une soudure par recouvrement mais
nous pourrons aussi utiliser des manchons sous réserve d'essais probants.