Perregaux Ets A File
Perregaux Ets A File
Perregaux Ets A File
JBJ17<I
UiOMBTi
PERREQAUX
et
sa
flle
la
duchesse de Ra^use
PERREQAUX
et sa
fille
la
duchesse de Ra^use
p?:rregaux
d'aprs
le
Baron Grard
/E^JV LTfOMETi
PERREQAUX
et
sa
fille
la
duchesse de Raguse
PARIS
IMPRIMERIE GNRALE LAHURE
9,
rue de Fleurus, 9
9o5
VI
INTRODUCTION,
fut
pas seule-
ment un
de grands services
France;
et
il
fut aussi la
il
le thtre;
mon-
venaient
lui
y a quelques annes, d'une partie des papiers de sa fille, la marchale Marmont, duchesse de
Raguse. L'examen de ces documents nous
vla
r-
at-
celle
de
la
duchesse
son pre,
Mme
il
de Raguse
fut,
sans contredit,
du Premier
la faire
Nous tenons
adresser
ici
l'expression de
INTRODUCTION.
vu
ments
qu'il
de ce vole
lume
le
baron Grard;
propritaire
Mme
Polonceau,
l'aimable
et
du chteau de Viry-Chtillon
M.
le
muniqu
la
pays; M. Fr-
renseignements
M. Lorimy, prsident de
dans
Socit archolo-
ville.
PERREGAUX
CHAPITRE r
LE
Le
des
intimement mls aux affaires publiques; ce sont gens d'importance dont on cherche s'attirer les faveurs, car on les
financiers;
sont
sait
gnreux
et
grce un peu de ce
mtal dont
le
besoin se
fait
4.
Sources imprimes
\
E. de
E. et
sicle.
Les htels historiques de Paris, 4852. Catalogues des collections d'autographes Trmont et Dubrunfaut.
3
Bonnefons
PERREGAUX.
le
banquier de
la
Cour,
allant
:
recom-
Necker Mais, dit le ministre, la personne que vous me recommandez n'est pas riche. Qui donc fournira son cautionneOh! Moi, rpond firement Beaujon. ment?
mander un de
ses protgs
s'exclame son
le
tour
le
contrleur gnral.
Et voil
banquier
de
la
enflamm de colre, une fois dans l'antichambre Voyez ce Mais ce ne ministre qui me traite de corneille sont l que de lgers travers qui disparaissent aux yeux du monde bloui par les prodigalits des financiers. Ils engloutissent des sommes normes dans la construction de vritables palais qu'ils emplissent d'objets prcieux architectes en renom,
sort en claquant la porte et s'crie tout
: !
dcorateurs
ingnieux,
tapissiers
habiles,
tous
on y mange des plats raffins qui font pmer de joie les gastronomes turbot au coulis de homard, ortolans la financire, potage Samuel Bernard dpense par an bisque, etc....
lentes;
:
Joyeux viveurs
1.
et
prodigues,
les
financiers
Thirion.
p. 263.
PERREGAUX.
savent surtout s'attirer les suffrages des
femmes
pour
poistait
plaire
une
la
jolie
femme
en
lui
demandant des
de Pompadour
excuter
six
sons de
seule
Chine, que
Mme
fait
possder,
et
en
or
le
maill,
construits
mcaniquement;
fait
c'est
mme
disposer
pour chaque dame, dans deux verres diffrents, un bouquet de fleurs et une aigrette de diamants. A ces prodigalits, beaucoup se ruinent en
:
Roussel
mange
12 millions, Savallette se
40 millions, s'empoisonne.
n'est
tin,
Ainsi
leur fortune
comme Bou-
accumules contre
gnraux.
banquiers
les
ratre ds le
dbut du xvni
sicle les
dous pour
Londres et Paris; ils fondent rapidement de nombreuses maisons dont la plus clbre est, sans
contredit, celle
qui prend
comme
le
comme
successeur,
son comptable,
fameux Necker.
les
Encourag par
les
PERREGAUX.
un jeune
homme
n
le
se sentait
allait
contribuer;
sa
nombreux
famille qui
:
taient en effet
les
membres de
son
trs
jeune Mulhouse
le
il
lac
de Neu-
Ble en barque et de
pied.
ville,
l s'tait
Aprs quelques mois de sjour dans cette il passait plusieurs annes en Hollande et en
la
pratique des
protection de son
1. La famille Perregaux tait ds le xv* sicle une des premires de Neuchtel. Jean-Frdric Perregaux tait l'an de sept enfants, trois garons et quatre filles. Il tait de Franois-Frdric Perregaux, n en 1716, officier fils au service de la Fraace jusqu'en 1740, lieutenant-colonel du Dpartement du Val-de-Ruz.
PERREGAUX.
annes
qu'il
passa Paris
que mentionne pour la premire fois rue SaintSauveur, dans l'Almanach royal de 1781, et, ds 1783, sa maison avait dj acquis une grande
prosprit.
Perregaux avait pous, le 20 janvier 1779, une trs jolie femme, Adlade de Pral, dont la beaut
et l'lgance taient vantes
par
la socit pari-
sienne.
Banquier prudent
et avis,
possdant une
intel-
beaucoup de la gnrosit des fermiers gnraux. Mcne clair, il aimait les artistes, dont il tait le banquier et l'ami, mais surtout le confident discret des embarras pcuniaires. Les acteurs et les actrices les plus renomet
ms
correspondaient
le
amicalement avec
lui.
Il
chargeait
fameux danseur de l'Opra, Noverre, de lui procurer un chien d'une espce rare, et voici la rponse que l'artiste lui adressait de Londres le 50 dcembre 1782
:
Monsieur,
m'avez donne;
sibles
pu y parvenir; je vous dirai, monsieur, que l'espce de chien que vous dsirez est trs rare il n'y a que le duc de Marlborough et mon frre qui aient de la race, et
pour
la remplir, sans avoir
;
PERREGAUX.
donc pu aucun prix en que ceux que j'ai donns la reine. Si
n'ai
galement jaloux; je
trouver tels
cependant
couple de
la
de chien veut
la
pourra avoir
un
mon frre, bas dans trois semaines; comme petits l'poque de mon dpart,
chienne de
seront trop
commencement de
juin. Je n'ai
fvrier,
pour
les
emporter,
le
mon
lui-mme dans
courant de
votre lettre,
remettrai la
venir.
pu voir M. Syndon qui m'a apport mais j'y retournerai demain et lui mienne afin qu'il vous la fasse parla
proposition que
je
vous
chance que
plaisir
de faire quelque
J'ai
humble
et
NOVERRE.
C'est ce
mme
lettre
veille
adresse Perregaux
Ce dimanche matin,
Il
du lundi o
dit-il, lui
comptait,
il
et
pour l'gayer,
mais,
le
hasard
PERREGAUX.
qui dispose de tout depuis que
la
Providence ne
:
en mangeant
le
la
soupe,
elle
un cloyre
vu de
et
me
pria de
micile. Ainsi, je
en attendant qu'elle
Nous tcherons de
Perregaux
la
et
de semer quelques
rendre service et
les
danseuses
;
Duth
:
mire
Ma
chre Manon,
Je donne la commission
deux douze francs, les deux derniers de rouge de blonde pour la lumire. Il faudra demander quatre louis M. Perregaux pour cette emplette; tu mettras cela dans une petite caisse que tu achteras, et tu chargeras M. Perregaux de me la faire passer tout de
louis
les derniers et
un
comme
Duth.
PERREGAUX.
et
banquier
d-
Ah! mon
voisin,
venue? Je ne
s'en faut
me
du
Ah!
les co-
le repaire
com-
mencer par II signor Barelli,... et un petit brin notre ami Gallini, que je n'ai cru qu'une bonne bte jusqu' ce moment, mais qui vient de se dclarer quelque chose de plus.
Et
elle
raconte
que l'Opra de Londres ayant brl, elle a d considrer son engagement comme rompu, et les
525 guines qui
puis
elle
lui taient
dues,
comme
perdues;
numre tous les moyens employs pour lui faire abandonner ses droits et la faire jouer au rabais au thtre de Covent Garden, qui venant
d'entrer en vacances, a t mis la disposition de
la
Le 16
avril 1789, la
Guimard
crit
son ami
Perregaux qu'elle est ordonnatrice des modes Londres, o elle a reu un accueil empress de la duchesse de Devonshire on vient la consulter sur
;
les
le
Grand-Thtre.
sont aussi
franaises. Donc,
au moment o je
arrive
descendue de voiture,
j'ai
mon
Londres,
assomme de mar-
PERREGAUX.
chandes de modes
la
et
de tailleurs pour
me
prier,
de
mon
habits.
de
faons.
Perregaux est aussi l'ami de Dauberval, de Vestris, le Diou de la Danse, de Mme Dugazon, qui
lui crit
en 1789 pour
le
remercier de l'argent
le
de venir
recevoir chez
vicomte de
comme
^hritier
on conoit que nul ne soit mieux renseign que Perregaux sur tout ce qui touche au thtre et que les nouvelles et les potins de
ces conditions,
coulisses lui soient familiers.
les
acteurs et
c'est aussi
avec les
grands personnages qui recherchent son amiti et ses conseils. Le comte de Lauraguais lui annonce
le
1^"^
pour ne plus les nourrir; 1^ parce que leurs productions ne peuvent pas lui donner les esprances que lui donnent les juments qu'il a gardes; S pour avoir de l'argent. Le marchal
vaux
1"
Roumiantzew,
s'adresse lui
l'illustre
gnral de Catherine
II,
pour
le prier
de
lui
envoyer un cui-
Le gnral an:
Henry Dalrynaple,
lui crit
10
PERREGAUX.
Londres,
mai
1786.
Monsieur,
Je profite de ce que
mon
ami,
sir
Robert Herj'ai
ries,
eu
fois.
Le com-
que je prends la libert de vous prsenter un grand banquier de cette ville et il est juste-
suffi-
si
longtemps dsho-
vous
y a environ six semaines) nous n'avons pas eu de nouvelle publication sur le commerce
crire
;
quand quelque chose sur ce sujet apparatra, je ne manquerai pas de vous l'envoyer. J'espre que le trait est en bonne voie. Je pense que vous avez dj vu M. jEden que vous vouliez trouver pour
les ngociations.
Si
mes
quelque
savoir.
affaire
je
vous prie de
me
le faire
PERREGAUX.
M. Jefferson dont
le livre
a beaucoup
je
intress quelques-uns de
l'ai
res-
humble
serviteur.
Les
affaires
entre
Londres passent
le
les
mains de Perregaux;
marquis
Leitrin,
Moira,
grandmatre de
l'artillerie
la
et
Wiliam
pour
des
Gray
de
le la
les ngocier,
la
brillants
Reine, paient
une
lettre
banque de
Cf.
la
la
1.
Funck-Brentano
L'Affaire
du
Collier, p. 186.
12
lier,
PERREGAUX.
Perregaux
le
s'tait
l'troit
dans
nouveau
de
la
local;
1786,
l'htel
La Guimard, dont
tait le
donnait
petits
indpendamment des
s'tait fait btir
Guimard
rue de
la
Chausse d'Antin, presque au coin du boulevard, un ravissant htel qu'elle avait baptis Temple de
Terpsichore. L'architecte
Le Doux
Fragonard.
Grimm
danseuse tant venue se fcher avec Fragonard, celui-ci, qui avait reprsent sur un
panneau
colre.
la
Guimard en Terpsichore,
effaa le
ftes splendides
dans
l qu'elle avait
prpar, le jour
cause du prix de
Roi.
la
du
Lorsque,
la fin
de Gumne entrana
PERHEGAUX.
le
13
plus
modestes
il
militaires
domesti-
ques, etc.),
finances de la
sieurs annes,
danseuse et
faisait
le
elle et lui
Dans son embarras qui ne fit que s'accrotre en quelques annes, la Guimard rsolut de mettre
son htel en
loterie.
Les 2500
billets,
cun 120
eut lieu
livres, s'enlevrent
le
rapidement;
mai 1786 en l'htel des Menus, rue Bergre, en prsence du commissaire De Ser22
de
la
mena
du matin devant une foule considrable. Les 2500 billets numrots taient placs dans une roue et les 2499 billets en blanc avec le billet portant le mot Lot, taient placs
:
dans l'autre
le
gagnant ft
le
comme
il
tait 2 heures, et
que
heures,
ils
taient
le
levs sur
rquisition
de
Mlle Guimard, et
C'tait
seulement aprs
de 2267
billets
14
PERREGAUX.
que
sortait le billet
tirs
gagnant,
le billet
2175*.
Ce
billet
avait pris
qu'un;
elle
s'empressa
d'ailleurs
de
luxueuse demeure
et ses
ments
la
bureaux^;
n'tait
du
reste pas le
le quartier
de
ds 1775, M. de Sainte-Foix,
s'tait fait btir
tout prs,
dans
la
Dugazon, etc., vinrent donner des reprsentations sur le thtre qui tait un vritable bijou
;
on
le
vit
mme
lui
la
charmante Carline
'faire
changer
venir
jouer chez
Ce gaux
jeune
s'tait
que Perreconnue le
:
solliciter
heurt
un
refus;
sortait dcourag,
quand, apercevant une pingle par terre, il se baissa pour la ramasser. Frapp de ce geste qui
E. de Goncourt LaGuimard, p. 233. Aprs la mort de Perregaux, Thtel abrita la banque Laffitte il fut dtruit sous Louis-Philippe et remplac par un magasin de nouveauts, qui disparut lui-mme lors du percement de la rue Meyerbeer.
1.
:
2.
PERREGAUX.
dnotait un esprit d'ordre et d'conomie,
le
15
ban-
quier rappela
le
jeune
qu'il
homme
soit
et le prit
dans ses
bureaux.
Quoi
en
de l'authenticit de
que Per-
regaux discerna
grands
vite
dans
la
le
financiers
de
xix sicle.
Au moment o
avait
la
:
Anne-Marie Hortense,
fils
ne Paris
octobre 1779 et un
Claudeville
le
Charles-Bernardin,
29 mars 1785.
n dans
la
mme
CHAPITRE ir
UN BANQUIER SOUS LA RVOLUTION
Rvolution clata, Perregaux s'en montra partisan avec sagesse et modration. D'une
la
Lorsque
il
comprit qu' un
moment o
il, et
o beaucoup
il
jets
en prison,
tait
donner des gages de son patriotisme aussitt aprs le 14 juillet 1789, nous relevons son nom
sur la
liste
des
membres de
la
Magloire; ds que
1
.
2 3
II,
219.
Portraits intimes
du
xviii
E. et J. de Goncourt Histoire de la Socit franaise pendant la Rvolution. 3 Moniteur universel. 4 Catalogues des collections d'autographes Benjamin
Fillon, Gharavay, Lajarriette,
Dubrunfaut, Hervey.
18
il
PERREGAUX.
a
soin
de se faire
nommer
capitaine de la
premire compagnie de
tt
pour
devient com-
mandant du
1^'^
janvier 1792.
Dans ces temps troubls, nombreuses sont les demandes d'argent. C'est Sara Lescot, de la Comdie Italienne qui remercie Perregaux, en
1792, de bien vouloir s'intresser son sort et lui
du thtre
qui
le
remercie,
en priant Dieu
.
:
de
le tenir
le
cur en
C'est encore la
lui crit
l'argent,
mot. Je renvoie
faut.
ma femme
de chambre et
il
m'en
Ne
ce que je ferai.
billet est le frre
en
laid)
de Nivelon
lui
*
;
ainsi
et la
remettre
et
l'argent. Bonjour,
et
1. Nivelon, clbre danseur de l'Opra, tait le mari de Carline, une des actrices les plus rputes de l'ancienne Comdie Italienne.
PERREGAUX.
va
lui
19
Tout
le
monde
le
Parmi
la
frapper
porte
du banquier,
plus
importune est
demande
puis
Italie
elle
d'abord,
venue
en
l'un tudie la
commerce.
Comme
qui
trois
sont
dans
le
mille livres
ou
livres et
demie
pour acheter une place de contrleur mon frre an, afin que le revenu de cette petite
place fournisse ses besoins pendant qu'il tudiera
dans un comptoir.
de
la
Dans une
mme
anne,
elle prie le
de
le
placer
comme
corres-
pondant Lige.
De
se
mle toutes
meutes, conduit
les
femmes
Chtelet
20
PERREGAUX.
lui
pour
dire
combien
elle
surprise,
en
apprenant qu'elle
tait dcrte
de prise de corps.
fait partir, ajoute-
Ce
n'est pas la
t-elle,
c'est plutt la
mdiocrit de
ma
fortune,
qui
m'a
force,
mang
tous
mes
mon
Toutefois,
charge de
la
tenir
au courant de
la
elle; c'est
du Mont-de-Pit.
s'apprte rentrer
Au moment o Throigne
en France et manifeste plus que jamais ses sentimonts dmocrates et rpublicains, voici que sur
elle est
enleve de Lige
par des soldats autrichiens, dans la nuit du 15 au 16 fvrier 1791, et conduite dans la capitale
impriale. C'est encore Perregaux que le frre
aux dmarches du puissant financier, la on la traite fort est douce pour elle
:
captivit
bien, lui
crit-elle le 15
septembre 1791,
elle n'est
plus en
surle
une maison
particulire,
nanmoins
elle
Remise
ruine,
enfin
en
libert,
mais compltement
suppliques
la
elle
adresse
car
elle
d'ternelles
Perregaux,
ne russit
gure dans
PERREGAUX.
et Peltier,
21
perd
la
raison et est
enferme
la
Salptrire
elle
mourra
le
8 juin 1815.
De tous
les
pendant
la
Hambourg,
le
seul
signature
inspire
et
on demeure
tmoigner
les plus
c'est
membres du
rendre; aussi
le
gouvernement
est
sans
Perregaux qui
faussaires
charg
tant
de
rechercher
d'assignats,
en
France
qu'
l'tranger,
jusqu'au jour
un
bureau spcial
Comit de Salut public est organis, c'est lui qui prend ce titre singulirement suggestif de banquier du Comit de Salut
Nationale; quand
22
PERREGAUX.
chotte envoie des agents en Suisse pour y acheter des armes, c'est Perregaux qu'il choisit pour
ouvrir les crdits ncessaires
le
et, le
16 mai 1795,
une
lettre
de
telle
lui
somme
les
c'est
suisses
celui-ci
la
agents
du gouvernement, permet
lui enfin
Rpublique;
qui,
en mai 1793,
Comit de
sommes
dont
la
Rpublique a besoin ^
les
hommes
de
la
En
pleine Terreur,
bourse s'ouvre
nette
Beaumarchais, propritaire de 52 345 fusils baondposs en Zlande, avait trait avec le gouver-
le 3 avril 1792, puis, ce trait n'ayant pu tre excut, les avait vendus un ngociant anglais nomm Lecointe, en se rservant la facult de rmrerla vente et de reprendre ses armes pour son compte dans les deux mois. Beaumarchais fut alors charg de les racheter pour le compte du gouvernement (Cf. ce sujet aux Archives
nement
Nationales AF^
219).
PERREGAUX.
Perregaux avait cependant des
essayrent de
le
23
ennemis
qui
un
ami du ministre anglais Pitt; voici ce qu'ils imaginrent une nomme Marie-Madeleine Pitt, connue dans le monde galant sous le nom de
:
Lger;
nom
de Pitt
la suite
du 26
par
avril
1786,
service
devait tre
fait
Perregaux.
et
Au
un
lettres
du banquier,
anonyme
la
le
de Sret gnrale
et
comme un
.
agent de Pitt
de
cour d'Angleterre
C'tait
une accusan'tait
que Pitt
il
pas
septembre 1793,
par
le
nomms
Comit
gences
qu'il avait
la
avec
la
citoyenne Pitt
Pitt, ministre
qu'on
supposait tre
terre, qui
femme de
d'Angle-
bon Franais qu'un objet d'horreur . Perregaux tait trop fin pour ne pas tirer son pingle du jeu aussi en rponse ces accusations s'empressa-t-il d'adresser au Comit de
;
24
PERREGAUX.
:
i^
une Rpublique,
de
la libert,
il
qu'il a t lev
dans
les principes
il
la
France pour
rsidence, y ayant
et
femme
tablissement, fruit de son industrie, et y ayant pendant prs de 30 annes cherch par
un
l'estime
de
la libert
dans lesquels
il
a t
buer au succs de
la
Rvolution,
il
n'est
gure
de trahir sa patrie adoptive, en devenant l'agent et secondant les projets d'un homme dont les
principes sont
si
de
la
Rpublique.
Les commissaires dlgus par le Comit de Sret gnrale, aprs s'tre rendus chez le
banquier, dclarrent n'avoir rien dcouvert de
suspect,
les
preuves
tout
le
cours de
Rvolution
et
des sacrifices
la libert
gnreux
pour assurer
de sa patrie adoptive
Le 12 septembre 1795,
PERREGAUX.
banquier ne fut plus inquit.
25
En homme
utile
et, le
avis,
Perregaux jugea
qu'il
tait
suivante
Citoyens,
que pour celle de mon associ Gumpelzhaimer, pour les frais qu'a occasionn la section le dpart pour la Vende en mai dernier de nos frres d'armes et pour vous mettre mme de remplir envers eux et les leurs les engagements que vous avez pris. Vous voudrez bien, citoyens, nous faire donner une reconnaissance de cette somme dans la mme forme que celle des 1200 livres que nous vous
contribution,
tant pour
ma
donnmes
le
le
mme
objet.
fraternit.
J.-F.
Perregaux.
Les ennemis du banquier revinrent bientt la charge profitant de l'absence de Perregaux, envoy
;
en Suisse au mois de novembre 1793, pour y conclure de nombreux et importants marchs au nom
du gouvernement,
ils
obtinrent du
Comit de
:
Vu
la dclaration faite
au Comit aujourd'hui
26
PERREGAUX.
dont
le
et autres pices
bordereau est
ci-joint.
Vu
Le Comit
arrte
que
les citoyens
Perregaux,
dont
il
gaux
et
Gumpelzhaimer
saisis
en quelque lieu
suffi-
sous bonne et
Panis;
La Vicomterie
Rhin; M.
Cette
Bayle;
Vadier;
Louis du Voullan.
Bas-
>
En
trois
le
tionnaire de la Section
du Mont-Blanc,
que
tait
banquier
tait
4. Louis-Marie Florent duc du Chtelet, officier gnral, dput de la noblesse aux tals gnraux, fut arrt en Picardie, condamn mort par le tribunal rvolutionnaire et excut le 13 dcembre 1795. 2. Jean-Albert Gumpelzhaimer, n Ratisbonne, en
PERREGAUX.
sorti
27
arriva sur ces entrefaites et les guida dans la maison. Les commissaires apposrent les scells sur
les
meubles
soir,
et se retirrent cinq
heures
et
demie
du
la
Section du Mont-Blanc, o
la
l'enfermrent
dans
chambre
son
portefeuille et
ses papiers.
Gumpelzhaimer de-
manda
le
quelques
il
le-champ Paris
public. Quels
et
arguments ft-il valoir? Quels moyens employa-t-il pour se concilier ces hommes redoulongtemps Perregaux, dont
il
Gumpelzhaimer fut crou la prison de la Force le Le 25 frimaire, 15 dcembre 1795; voici son crou la Rpublique, l'an II de a t amen es prisons de
1.
:
l'hpital de la Force, par les citoyens Marchal et Laine, commissaires et membres du Comit rvolutionnaire, section du Mont-Rlanc, le nomm Jean-Albert Gumpelzhaimer, banquier, de l'ordonnance des citoyens commissaires et membres du Comit susdit, sans explication de Sign, Bault. cause.
28
PERREGAUX.
Mais, ce que nous savons, c'est
tables? Mystre!
que les poursuites cessrent comme par enchantement; le 50 frimaire an II (20 dcembre 1795), le Comit de Sret gnrale dcida que Gumpelzhaimer serait extrait de
arrestation
la
Force
et resterait
en
chez
lui,
sous
la
surveillance
d'un
gendarme qui veillerait en mme temps sur Perregaux; deux jours aprs, les scells furent levs,
et
voici
en quels termes
les papiers
la
Cambon
le 5
an, charg
de vrifier
de sa mission
(25
Convention
dcembre 1795):
Nomm
la
commissaire par
les
Comits de Salut
un objet
fait
de
con-
natre
une sclratesse commise par un noble, condamn pour crime d'migration, je me suis
Duchtelet,
tenta,
se soustraire
les
pour gendarmes
ils
qui
le
gardaient;
leur offrit
00 000 livres;
pa-
en
faute.
Duchtelet
leur
signa
un bon de
banquiers
:
et associ,
difficile,
leur rpondit-il,
PERREGAUX.
puisque
j'ai
*i9
soustrait
ma
fortune,
et
que
j'ai
il
Perregaux
dont
de Salut public a ordonn aussitt l'arrestation de Perregaux; on n'a trouv que son associ. Les
scells ont t
mis sur
les papiers
de cette maison
personne ne
s'y attendait,
ainsi rien
ne pouvait
Perregaux
tait
la frontire
de Suisse.
voulant connatre
la vrit, lui
demande si
ses livres
sont en rgle,
Duchtelet,
s'il
s'il
lui.
Perregaux rpond qu'il n'a jamais pay pour lui que 10890 livres, en 1790 et 1791, mais que le nom
de Duchtelet n'a jamais t mis sur ses
livres, et
que
dnonc, c'est parce qu'il y a six mois, Duchtelet lui offrit une opration d'change de
s'il
l'a
Perregaux se refusa. Les Comits de Salut public et de Sret gnrale nous chargrent, Mose Bayle, Johannot
lui
et
moi,
de poursuivre
la
vrification
des
faits;
On
on
lui
demande
est
Perregaux?
En Suisse,
sa patrie,
pour des
affaires particu-
30
lires.
PERREGAUX.
De-
que
celle
o je
demandais
de
au
les motifs
mon
arres-
Nous commenmes d'avoir quelques doutes sur la dnonciation. Nous requmes du Comit rvolutionnaire de la Section du Mont-Blanc
la
leve
les papiers
de
Perregaux.
Comme
ils
nous avaient
dit
que leurs
six.
Ils
livres taient
nous en prsentrent
et
ce qui
vous surprendra, c'est que depuis 1789, ils n'ont jamais eu en dbit ni en crdit pour 4 millions. Nous examinmes quelle tait la fortune de Perre-
gaux en
l'avaient
1789,
sa progression,
les
moyens qui
augmente. Sa fortune est bien loin d'tre de 4 millions. Il est riche pour un banquier, mais, comme le Comit a pris tous les renseignements ncessaires, la Convention me dispensera sans doute de faire connatre le bilan de ce particulier*.
a t
chez
La
vrit est
chaque anne,
les
communes
mot Duch-
1.
L'Assemble
Oui! Oui!
(Note du Moniteur.)
PERREGAUX.
telet se trouvait
31
il
dans
les bilans;
ne
s'y trouvait
ils
nulle part.
la
caisse;
en
ce
les
borde-
uns aux autres. Le 30 frimaire, il y avait en caisse 700000 livres en assignats. Nous avons recherch sur les grands livres,
y avait des oprations avec Duchtelet, nous n'avons rien trouv, pas plus dans
depuis 1789,
s'il
banque avec la Caisse d'escompte. Nous leur avons demand s'ils avaient satisfait la loi relative aux sommes que les ngociants franais peuvent devoir ou qui peuvent leur tre dues par l'tranger. Ils nous ont rpondu
les
relations
de
cette
y devaient plus qu'il ne leur tait d. Ils nous ont reprsent une dclaration bien en rgle,
qu'ils
faite
cet
gard
le
lendemain
mme
de votre
dcret.
a produit que
10 890 livres
trouve abso-
lument concordante et dans la mme progression que celle de Perregaux. Nous avons port au Comit de Sret gnrale tous les bordereaux. Il a
t
ficatif*.
1.
On
applaudit.
(Note du Moniteur.)
52
PERREGAUX.
la suite
de ce discours,
la
Convention dcida
contre
Perregaux
et
Gumpelzhaimer; comme on avait procd d'une manire un peu vive l'gard de ce dernier,
on voulut le lui faire oublier, ainsi qu'en tmoigne la lettre suivante adresse Fouquier-Tinville
:
la
Convention
citoyen Perre-
gaux
avait
et
un
un paquet de
te prions
lettres qui
t'ont t adresss,
effets
nous
de rendre ces
terie.
Le farouche Fouquier s'excuta aussitt de la meilleure grce du monde et rendit Gumpelzhaimer ses papiers et son portefeuille. Quant Perregaux qui venait de gagner une partie o un autre
et laiss sa tte,
il
des Piques.
PERREGAUX.
33
Citoyens,
Vous avez sans doute appris avec surprise Tvnement qui avait suspendu quelques moments
l'opinion publique
que
j'ai
ma
la
vie.
en exposer
les dtails
donn
de
ma
l'on re-
connat
la justice.
F. Perregaux.
P. -S.
mon temps n'et pas t entirement absorb par les occupations que ma qualit de commissaire pour les rquisitions faites aux banquiers me donne
tt, si
Cependant,
pas
:
les
dnonciateurs ne se lassaient
le
si
banquier,
disaient-ils, c'tait
un maon nomm
Stouff.
Une enqute
3
54
PERREGAUX.
le
eut lieu
soins
22 nivse an
II (11
du commissaire du Comit rvolutionnaire de la section du Musum. Stouff dclara qu'un jour, Perregaux tant de garde la Convention nationale, l'ancienne salle du Mange, l'avait envoy chercher pour lui communiquer le projet de faire placer une armoire dans un coin auprs de son cabinet, mais que Perregaux, attendu qu'il
fallait
pour
faire cet
le cabinet,
lui a
manifest
par quelqu'un
de sr
demand
s'il
ne pourrait
il
r-
pondit affirmativement
lui avait dit
:
. Il
ajouta que
le
banquier
Ce
n'est pas
rien pour
ma
Sur
l'ordre
du Comit de
la
section
du Musum,
maison, leur
gaux qui
les
la
montrant notamment une armoire pratique dans un pan de mur derrire une tapisserie; les commissaires
se prcipitrent et trouvrent...
des
lit .
Perregaux, qui avait mis depuis longtemps l'abri, en Angleterre, la plus grande partie de sa fortune
et
de
celle
riant.
On
il
lui
ft
demanda
monter
s'il
chette;
les
commissaires au premier
PERREGAUX.
timents pratique dans un
35
mur
et
dans laquelle
se
il
dclarrent
difficiles!)
absolument
pas
et se retirrent.
Sur ces entrefaites, la femme de Perregaux mourut le 22 janvier 1794 la suite de ce deuil, le banquier alla passer quelques mois en Suisse dans sa famille, laissant en pension Paris sa fille Hortense, ge de quatorze ans; le fidle Gumpelzhaimer tait d'ailleurs charg d'aller souvent voir
;
la
jeune
fille
et
de
lui
pre.
Celui-ci
correspondait
rgulirement avec
Lanon, que
le
drame sanglant de
si
la
Terreur ne
la
l'on
en juge par
deux
lettres
de
la
citoyenne
Hortense.
ntre du
Nous
5, ainsi
vous
dire.
Le Rpublicain n<* 565 vous sera envoy. Le citoyen Du Peyron est rabonn pour trois mois au Moniteur. Il ne le sera point au Journal de la Montagne. Le dernier dcret sur les rentes viagres, ainsi que les livres et bien d'autres petits
36
PERREGAUX.
la
que
premire occasion.
Ils
cept
<c
le
les 35 livres.
pour Philippin, il y a mme 5000 de bon sur les 15000 d'engagement au 10 juillet. Votre observation sur le moral de ce citoyen
marques
l'im-
La citoyenne Murt vous en a envoy un que nous ne pouvons vous expdier et qui est dj trop vieux pour attendre votre retour. Le citoyen Gumpelzhaimer en profitera. Il n'avait pas besoin de ce stimulant pour boire votre sant, ni nous non plus car sans l'entamer aujourd'hui, nous choquerons
de
le faire
sortir
de
la
Suisse.
ci-
rapprocher de nous, et
faire des avances.
Il
il
est si
doux de
voir rgner la
on doit vivre
PERREGAUX.
des motifs d'estime et d'attachement.
57
Le dpart des courriers pour la Suisse n'a pas chang avec le calendrier. Vous devez le voir la
vous en connaissez
Il
le
motif
comme nous
est
traite
de
qu'on
lui a
s.
vres, 10
donn dessus. P. Montjoi doit 831 pour des avances faites depuis le 7
li-
f-
vrier 1793.
Vous en aurez
Il
la
autres comptes.
fallait
jeune Gardiner ou
c
le laisser prir
de misre.
cur
et
en faisant des
se servir des
vux pour
mots.
mme
sentiment on doit
mmes
Jacques Laffitte
Lanon.
Aprs
faillit
le 9
et reprit la direction
de sa maison de banque.
cette poque
Il
avoir
comme employ
:
un
18 nivse an
III,
de
ploi
38
PERREGAUX.
il
mais
grce
Par ses nombreux amis et ses correspondants, Perregaux tait un des hommes les mieux renseigns de Paris. C'est ainsi qu'il fut
un des
pre-
les
descente Quiberon;
15 juin ^17C5,
:
Beaumar-
Ami Perregaux,
suit
au Comit de Salut public. Rien n'est aussi certain que cet avis que je reois dans Londres, ce 2 juin 1795. Les l'instant de Londres corps cVmigrs franais la solde de V Angleterre ont ordre de se tenir prts s' embarquer pour Jersey
le
:
mot qui
et
cet avis
une descente
trs
on
croit que le
de cet embar-
quement,
il
vous embrasse.
CHAPITRE
Iir
LE DIRECTOIRE
Au lendemain
de Thermidor,
le
il
semble que
les
tragique souvenir
les ftes
la
Terreur dans
longtemps
de
la socit.
on danse cinq
livres
citoyen
Travers, 1258, rue de la Loi; on danse vingtSources manuscrites : Papiers de la duchesse de Raguse. 2 Archives nationales F' 6214.
J
:
:
Sources imprimes
1 E. et J.
de Goncourt
le
aise pendant
2
3
4
Directoire.
Lacour: Les Salons sous le Directoire. Lettres de Swinburne. Madame de Bawr Mes Souvenirs. Arnault Souvenirs d'un Sexagnaire.
Babeau
40
PERREGAUX.
compala
o vient trner
que
la
meilleure danseuse et
plus
Mme
Hamelin, pendant
sous
les
l'ivresse et le tour-
comme
des roses
^
et
Mme
affluence en t Biron,
Monceaux
Les thtres ne dsemplissent pas Talma, Mole, Saint-Prix, La Rive, Mmes Contt, Thnard, Rau:
du
il
public.
A
Loi.
l'heure
chez Garchy,
le
glacier la
mode de
la
y a foule rue de la
bois
et
Dans
la
glaces
encastres
Le patron
si
va,
on
aux amandes
p. 144.
et
de ses
1.
E. et
J.
de Goncourt: Op.
cit.
PERREGAUX.
jeunes gens lorgnent
les lgantes qui
41
arborent
la
heures du matin; on y mange des poulardes truffes du Mans, des roastbeefs saignants, des
ou
le
:
Directoire est le
le
gnral Junot
mange
au commencement de
chacun de
o Tal-
nymphes vtues d'une toffe lgre. Cette socit nouvelle compose surtout de parvenus se presse dans les salons du Luxembourg o la gracieuse Mme Tallien prche l'lgance et l'amour. On y rencontre Mme Hamelin et Mme Rservis par des
camier; on y voit la spirituelle Mme de Stal, la belle Mme Hainguerlot, la gracieuse citoyenne
au milieu de ce monde bizarre, dont l'lgance a gard quelque chose de cru et de canaille, que Perregaux reprend la direction de sa maison
C'est
les
il
qumandeurs
af-
42
PERREGAUX.
l'hiver
dant
de 1796, o
le
thermomtre marque
nombreux sont ceux qui meurent d'puisement; on mange du sang de cheval cuit et on boit du sirop de racines Les journaux annoncent qu'il n'y a plus de sucre pour les ma10 degrs de froid,
1
le
prix
de
les
la
On ne compte
!
plus
Rvolution
Les artistes viennent comme autrefois recourir aux bons offices du banquier Perregaux. Ceux qui
ont quelque argent
le lui
confient pour
un
pla-
cement avantageux; ceux qui n'ont rien lui content leurs embarras pcuniaires, et tout de suite, il les comprend demi-mot; il a l'air de prter, alors qu'en ralit il obhge. Personne, parmi ceux qui
ont recours son inpuisable gnrosit, ne s'en
va
les
mains vides.
l'an IV, Mlle
En
pour
demande
Mme
pour
lui
Vestris, premire
danseuse l'Opra et
femme du Diou
recommander un de ses parents. Dans une lettre date de Londres, le 23 octobre 1796, la Duth l'appelle son cher tuteur
et l'entretient de ses affaires.
Il
est
dans
l'ordre,
PERREGAUX.
dit-elle,
que mes amants aient toujours affaire mon tuteur . Et en tmoignage de reconnaissance, elle lui annonce l'envoi des ouvrages du chat
qu'expire (Shakespeare)
Mais de
assidue est
toutes
la
ses
correspondantes, la plus
charmante Louise Contt, qui envoie de Genve son cher bon ami M. Perregaux ses remerciements affectueux pour les aimables relations qu'il lui a procures. Le 28 septembre 1 797,
elle lui
siaste
annonce qu'elle a reu un accueil enthou Bordeaux et, comme elle a gagn quelque
de remettre de sa part 1200 livres Maupeou. Quelques mois aprs, c'est de
le prie
argent, elle
son
fils
au banquier
mon cher Perregaux, de toute l'obligeance que vous me montrez, je la regarde comme une preuve d'amiti, et, par cela mme, elle me devient plus prcieuse. Hlas
de
malheurs
les artistes
sont-ils poursuivis!
et
que j'envie ceux qui peuvent abandonner une carrire aussi dsastreuse Le hasard m'a bien servie en m'loignant de Paris en ces circonstances, je mets profit un temps que les autres perdent, dans un trompeur espoir, mais le produit de mes
!
efforts se trouve
1.
Le thtre de l'Odon
avait brl le 18
mars
1799.
44
PERREGAUX.
il
ne m'en reste presque que la satisfaction de faire honneur tout; enfin, c'en est une dont mon cur et ma dlicatesse sentent tout le
prix. Je vais
de famille;
puisque vous
remettre
mon
si les
J'en aurais eu
beaucoup
davantage,
fait
languir et gagner
mais cepen-
dant je suis contente; il s'en faut de tout que Mole en puisse dire autant, car il a t totalement
je voudrais
que
me montrer un
mes
sensible. Faites-lui
amitis,
mon
trs cher,
vous-mme.
a
Louise Contt.
il
Parny vous
dit mille
choses affectueuses,
et Mlle
Deshays
Duchemin
dbutent
ici le 15.
lettre
de
la
mme
anne, crite
de Montpellier, Mlle Contt tient son correspondant au courant de ses engagements et de ses reprsentations en province.
les artistes
que
l'abb Morellet,
PERREGAUX.
45
gouv sont de ses amis; Hugues Maret, le futur duc de Bassano, lui recommande un ami en ces
termes
Je
:
me
suis
le
citoyen
je
Perregaux,
mon
me
me
bienveillance.
C'est le citoyen
Depuis
de
le
ma
famille
avec
la
sienne
des
liaisons d'affaires et
constamment mrite a
Mme
Peterincks'est
Cardon
la
mre,
la
et le ci-
pour sa mre, s'occupe dsintresser son frre, pour devenir, par des arrangements qui conviennent
sa famille, l'unique chef de la maison.
Un nom
moyens sur
l'appui
lesquels
il
d'accroissement
ses
y joignait
l'abri
du
citoyen
Perregaux,
il
d'un
tra-
se livrerait ses
46
PERREGAUX.
rien
ne pourrait
me donner
citoyen Peterinck-Gardon
Salut et amiti.
Hugues B. Maret.
24 pluvise an VI.
On
dit 'qu'un
Le citoyen
Perregaux en
sait-il
quelque chose ?
Perregaux
l'Angleterre, ainsi
que
le
....
J'ai
quier Perigot
mme
le seul
pour envoyer ou tirer de l'argent d Paris.... Un voyageur anglais, Henry Swinburne, qui
visite Paris
pendant
l'hiver
on
:
lit
dans ses
du
27 janvier 1797
Rencontr
PERREGAUX.
Talleyrand, revenu
47
rcemment d'Amrique. Nous avons renouvel connaissance. Tout diable boiteux qu'il est, c'est un homme trs agrable. Il remue
pour tre employ par le Directoire. Il y avait aussi l mon vieil ami Saint-Foix, aujourd'hui compre et compagnon de Talleyrand, et
ciel et terre
Simon Dumesny,
ques jours aprs,
petit-fils d'Helvtius.
le
Quel-
nouveau chez
aussi
le
brillante
Perregaux se distinguait de ses collgues de la banque, les Hainguerlot, les Ouvrard, les VanderBerghe,
ordre,
les
dou d'une intelligence suprieure, il avait beaucoup d'esprit et des rparties mordantes. Il supportait la plaisanterie de la meilleure grce du
1. C'est Perregaux que Beaumarchais avait d sa radiation de la liste des migrs; Mme de Beaumarchais s'tait en effet adresse au banquier qui tait l'ami de l'crivain, pour le prier d'intercder auprs de Cambacrs afin d'obtenir le retour de son mari. Nous devons , lui crivait-elle, tous runir nos efforts pour amener bien cette radiation. Plus elle tarde, plus le feu se met ses affaires, et aprs tout, cette demande est d'une justice si troite, que je ne sais plus aujourd'hui ce qui pourrait retenir nos lgislateurs. Et puis le pauvre
bon ami
finirait
48
PERREGAUX.
:
monde
il
fut le hros et
que rapporte Mme de Bawr en est la preuve. A l'poque du Directoire, il tait de mode d'inviter
sa table certains personnages dont le mtier tait
de mystifier
le
livrait, et ce,
pour
la
secret
parmi
hommes
M. Perregaux,|le banquier, qui ne connaissait Musson que de nom, tant venu dner chez M. Lenoir^ l'homme de Paris, je crois, qui aimait
s'amuser,) aperut dans
vieillard
le
plus
un coin du salon un
la
dont
les
regards hbts et
contenance
taient
si
pour demander au matre du logis qui tait cet C'est mon oncle, rpondit M. Lenoir; homme.... il loge avec moi, et par son testament il m'a laiss
toute
sa
fortune
il
qui
est
est
assez
considrable.
Malheureusement,
d'tre
pouvez
Paris.
dner,
Nous ne
le laissons
jamais sortir
les
ne reconnat plus
rues dans
On
i. Lenoir recevait beaucoup, et ses salons taient frquents par l'lite intellectuelle du monde parisien Talma y jouait des comdies improvises, et Andrieux rcitait des
;
fables.
PERREGAUX.
49
du
vieillard,
modle de contorsions grotesques, mais qui ne cessait de se mler la conversation par quelques
mots
efforts
si
que M. Perregaux faisait des inous pour ne pas clater, tandis que les
risibles
retenue.
retour 'au
et,
salon
le
dlivra
il
de cette
contrainte,
se retira de
bonne heure, sans tre dsabus. Quelques semaines aprs, comme il passait sur le boulevard dans sa voiture avec un de ses amis, il reconnut Musson qui se promenait seul dans la contre-alle. mon Dieu s'cria-t-il, voil l'oncle de Lenoir
Gomment?
homme
si
dit
son ami, ne
lui.
Oui,
le
cordon pour
;
pauvre
a perdu la raison
va s'garer dans
Et,
il
la ville,
je ne le reconduis
pas.
donnant
l'ordre
son
cocher de
le
suivre,
descendit de voiture
l'accompagnait, joignit
Musson
proposa
avec
la
rle.
Non,
non, lui
dit-il,
Et pourquoi?
Parce que je veux en acheter un pour m'amuser avec. Je ne suis sorti que pour cela. Votre neveu
50
PERREGAUX.
que vous serez retourn chez lui. Il n'y a pas de jolis polichinelles dans notre quartier. Je
soir.
Le mot de
hommes de
gnant de
et se
faire scne,
prit
par
le
bras Musson,
lui la
ils
recherche d'un
;
marchand de joujoux.
Enfin,
en trouvrent un
M. Perregaux entra dans la boutique, acheta le plus beau polichinelle et le remettant aux mains
de Musson
dit-il,
:
satisfait, lui
et
ne se sentit
:
pas
courage de pousser la plaisanterie plus loin Je vous remercie, monsieur, rpondit-il du ton
le
le plus raisonnable,
bont
je
me nomme Musson.
Ah
s'cria
en
le
me
charm d'avoir
connu
en victime, un aussi admirable talent. Et, serrant la main de Musson, il remonta dans sa
voiture.
mme
CHAPITRE
IV*
LE MARIAGE DE MARMONT
Hortense Perregaux venait d'achever son ducation dans la maison fonde par Mme Campan
y avait eu pour camarades gl Auguier qui allait bientt pouser le marSaint-Germain;
elle
ment, en pleine jeunesse, dans un accident de montagne, enfin Hortense de Beauharnais. Trs gte
saillies vives
En novembre
1795, l'abb
il
Morellet de-
pourrait jouir
du
Sources manuscrites : Papiers de la duchesse de Raguse. 2 Archives de la Bibliothque de Chtillon-sur-Seine papiers du marchal Marmont.
1.
Sources imprimes
1
1841.
Paris
52
PERREGAUX.
plaisir
connaissance avec
mademoiselle sa
A
tel
la fin la
de
la
plus belle fut sans contredit celle qu'il oftrit en l'honneur de la prsentation au Directoire des
gnral Bonaparte.
C'tait
que
le
vernement. Issu d'une vieille famille noble de Bourgogne, fils d'un ancien capitaine au rgiment de
Hainaut, retir du service depuis 1763, AugusteFrdric-Louis Viesse de Marmont avait t remar-
qu au sige de Toulon par Bonaparte; aussi quand celui-ci fut nomm gnral en chef de l'arme de l'Intrieur, il se souvint du jeune officier et le prit comme aide de camp. Depuis, Bonaparte n'avait pas cess de lui tmoigner la plus sincre affection, et c'tait pour lui en donner une preuve qu'il l'avait envoy Paris prsenter au Directoire
les
le
l^""
octo-
voiture du minisoffi-
de
la
ciers
de
garnison
le
portant
les
trophes;
le
ministre prsenta
jeune
officier,
rappelait les
PERREGAUX.
hauts
faits
SS
le
de l'arme
d'Italie
prsident du Di-
rectoire
Larevellire-Lpeaux
rpondit
en
ces
termes
la
Renomme, l'arme
elle,
d'Italie vole
chaque jour
de
faits
clatant.
Tant
rendue galement chre aux amants de la gloire, et aux amis de l'humanit, car si ses victoires ont honor jamais les armes franaises, elles doivent
aussi forcer nos ennemis la paix. Grces soient
donc rendues
la
brave arme
nom
vive
de
la
plus
satisfaction
vous charge de porter vos braves frres d'armes les tmoignages de la reconnaissance nationale. Et vous, jeune guerrier,
d'actions tonnantes;
bonne conduite et le courage, recevez ces armes comme une marque de l'estime du Directoire, et n'oubliez jamais qu'il est tout aussi glorieux de les faire servir au dedans pour le maintien de notre constitution rpublicaine que de les employer anantir ses ennemis extrieurs, car le rgne des lois n'est pas moins ncessaire au maintien des Rpubliques que l'clat
dont
le
gnral atteste
la
de
la victoire.
lire
remit
et lui
54
PERREGAUX.
Marmont
tait le
hros de
l*'^
la
journe; et quand,
il
octobre 1796,
fit
son en-
tmoin du got de
cents
la
Guimard, o plus de
la
trois
femmes
de beaut voquaient
thique sur l'aide de
camp de Bonaparte,
curs battirent pour le jeune officier, qui semblait nimb d'une aurole de gloire. Hortense Perregaux dansa avec ce charmant cavalier, et pensa que
c'tait
bien
l le
mari
le
plus aimable et
le
plus s-
re-
command de
et rveuse.
jeune
fille
amoureuse
Perregaux devina rapidement les sentiments de sa fille, mais il pensa que ce n'tait l qu'une amourette romanesque, et qu'il tait temps de choisir un gendre susceptible de mener sa maison de banque;
l'abb Morellet fut
mme
dcem-
bre 1796,
il
crivait
au banquier
Mme
gur,
lequel elle
les
me mande
qu'elle a reu de
Mme
de S-
renseignements
PERREGAUX.
jeune
55
vous avez tant d'intrt bien connatre. Je m'empresse de vous faire part de
cette nouvelle confirmation des ides qu'on
homme que
vous
en avait dj donnes. Vous en ferez usage en bon pre de famille et de mon ct je me fliciterai d'avoir eu cette petite occasion de vous montrer, par
mon
vous
tout
votre aimable
servir. Je
tout le
de
mon
cur.
Ce mardi.
MORELLET.
la
jeune
sur une mince chelle, Une pe la main, un manteau sur les yeux, Qu'une enfant de quinze ans rve ses amoureux.
les nuits d't,
dans
Avant de se montrer, il faut leur apparatre. Le pre ouvre la porte au matriel poux, Mais toujours l'idal entre par la fentre.
Perregaux essaya de lutter contre ce qu'il considrait comme un caprice, mais la jeune fille crivit
alors son pre cette lettre plore, le
23 mai
1797
56
PERREGAUX.
Il
est
re-
mon
pre,
mais puisque vous vous refusez vouloir rien entendre, rien couter en ma faveur, je crois pouvoir
me
mes sentiments
tre tendresse et
plus heureux o
cur me l'indiquerait et
puissiez
(c'est
me
reprocher) je
ma
sensibilit, je
mais digne de votre estime), esprant voir mon choix approuv par vous aujourd'hui, changeant tout coup de sentiments mon gard, vous voulez que je renonce
(noirci
dans
votre
mon bonheur
ter
pour un
tel sacrifice
il
cur
votre
vous ne voulez rien faire pour elle, vous la privez de toute espce de consolation il ne lui reste pas mme une amie, encore l'avez vous contrainte ne
;
me
me
loin, je l'ignore,
mais
ne
PERREGAUX.
de
57
mon
le
cur, que
silence
me
reste-t-il
prsent? gmir
dans
sans avoir
mme
quelqu'un qui
puisse
me
consoler.
vous paraissez dcid ne pas consentir me rendre heureuse, vous tes mon pre et vous avez le
droit de disposer de moi; je ne ferai
mme
me
que vous avez sur moi ne peuvent s'tendre jusqu' commander mon cur; il s'est malheureusement donn un tre qui aurait pu faire mon
bonheur. Puisque vous n'y voulez pas consentir,
je
au devoir le sacrifice entier de mon existence; il m'en cotera plus que la vie en vous dplaisant, mais ma
votre volont et je fais
me soumets
doute
et je
les motifs
pour
que vous ne croyiez pas que l'enttement ou un caprice passager en soit le fondement; la seule chose que j'aie jamais ambitionne a t de trouver la satisfaction et le
choix et de
me
;
de
mon
pre
aucun calcul
tte,
entr dans
ma
cause
58
PERREGAUX.
ne puis esprer non plus en un d'inclination, ce que je souffre prsent
;
je
un sr prservatif pour ne plus m'exposer de nouveaux chagrins et je n'ai point de raison pour croire que vous voudrez m'accorder, dans un autre temps et pour une autre personne laquelle peut-tre je pourrais m'attacher, ce que vous me refusez aujourd'hui. Vous ayant ouvert mon cur,
sera
me
la rsolution
je suis
de ne
me
flatte
que
s-
de
ma
que mme sans vouloir revenir sur les privations que vous avez jug propos de me faire prouver, la seule chose que je vous demande est de ne point m'loignerde vous.
vrit
au point o
me
mes
instances et
iso-
terrer dans
un
le
lieu qui
ne
ferait qu'ajouter
mon
chagrin sans
diminuer.
que l'expression du chagrin dans lequel est mon cur, car mon intention n'est point de manquer au respect que je vous dois. Si votre me n'est pas trangre au sentiment qu'une fille est toujours dans le droit de rclamer de son pre, je
n'y voyez
PERREGAUX.
puis vous rappeler qu'il fut
59
un temps o
l'ide
de
rendre heureuse vous occupait tout entire, et que mon affreuse situation ne peut que me donner de nouveaux droits votre tendresse, et vous ne
me
m'en voudrez pas d'avoir laiss natre un sentiment qui ne peut plus que me rendre malheureuse votre
;
pauvre
fille
en est
la victime, et les
maux
qui
l'ac-
Ah! mon
pre,
mon
il
enfant,
en est
que changer.
Perregaux se
de sa
fille
laissa
toucher par
les supplications
et lui
promit de
lui laisser
pouser
le
Marmont
le
cur de
la
jeune
fille.
Il
menait
mme
fort
dpches Bonaparte,
il
il
s'tait arrt
mante
le service, le
mais en raison de
la
grande amiti
60
PERREGAUX.
avait
qu'il
il
lui par-
donna.
Pendant
campagne
d'Italie,
Marmont
se
Tagliamento
il
d'enthousiasme,
comme on
sait ses
parents
Au
an
de
la
Rpublique une
et indivisible.
Milan,
mon
tendre
o nous gotons quelques instants le repos. L'arme d'Ralie a donc termin son illustre carpre,
rire et fini d'immortels travaux
;
il
sera permis
un
fils
parents et
La Lombardie
il
libre
ofi're
un spectacle bien
la
satisfaisant;
France
si la
pt l'abandonner. Le gnie de
Libert a protg
affects
du mauvais
PERREGAUX.
assez
perfides
61
pour vouloir branler notre gouvernement? Nous serons l, nous autres, qui avons tout sacrifi pour la cause de la libert, et nous saurons encore la dfendre. Adieu, mon
ils
mon
tendre
que
ma
tendre mre,
ma
chre tante
mes aimables
cousines.
Marmont.
Milan, le 4 thermidor
(5'
anne).
Je vous
ai crit
ma
dernire lettre,
ma
tendre
mre, au
moment o
je partais
pour
faire le tour
au moment de
partir.
Nous
la
allons tous
proclama-
prsentes. Elle
est
coin;
nous
sommes vivement
en France
quelle
notre destine!
appartiendra
la
Rpublique.
mon
admiration pour
le
mme
de voir
C2
PERREGAUX.
la
comme moi
la
grandeur
et la sret
de ses plans,
le
conce-
voir.
homme
vous
Vous avez d avoir la visite d'un de mes camarades qui a d s'acquitter d'une commission dont je l'avais charg pour vous.
J'embrasse
mon
tendre pre et
les
le prie ainsi
tmoignages de
mon
respectueux attachement.
J'embrasse
ma
tante et
mes
cousines.
Marmont.
Rastadt, le 6 frimaire
(6*
anne).
Nous sommes arrivs ici hier, ma tendre mre, aprs un voyage de huit jours; nous avons travers toute la Suisse; j'ai vu avec intrt ce beau
pays et je dsire que
les circonstances
me
mettent
mme
a II
de
le
une saison
plus douce.
serait
difficile
que
le
gnral Bonaparte
il
a pass. Rien ne
fait
Nous
sommes
;
arrivs
Chambry
heures du soir
PERREGAUX.
demi-lieue de la
ville
65
gnral.
un
de
triomphe
et
guirlandes de laurier et
avait
Chaque maison
devant
elle
un
Chaque maison
ment flatteuses. J'en ai remarqu deux; l'une Il m'a rendu la lumire l'autre Que mes enfants
:
; :
le
les
plus reculs.
:
Vive Bonaparte!
Vive
sauveur de
la
une ide de l'emploi du temps que nous avons pass Chambry. Nous avons eu des ftes semblables Annecy, Andilly et tous les villages du dpartement du
Mont-Blanc.
est possible.
Tous
les
deux grandes choses, le grand homme qui a couvert d'un nouveau lustre le nom franais et qui a donn la Repu-
fait
64
PERREGAUX.
la
blique la puissance et
jouit.
Nous sommes
;
arrivs
!
heures du matin
eh bien
diminuer le nombre des spectateurs, il n'y en a pas eu moins grand nombre, ni moins d'enthousiasme.
Berne, Ble,
villes et
avec
le
et d'admiration le
grand
homme
de notre
sicle.
Nous avons
fait
rapidit,
sommes venus de Milan ici sans nous Nous resterons ici au moins, je environ un mois. Nous irons de l
que je pourrai, moment, je vous
plaisir.
prsume,
Paris, et ds
ma
le
tendre mre,
disposer d'un
consacrerai avec
un bien grand
Adieu,
ainsi
ma que mon
tendre
tendre
mes aimables
cousines.
Votre
fils.
Marmont.
Par ces
lettres,
Marmont
avait
camp
PERREGAUX.
la
65
main de
le
sa
sur Pauline,
et
mais
jeune
Rentr Paris
s'tait
charg de seconder
la
jeune
et
en devint
perdument amoureux.
lors
une des
du grand vnement qui rvolutionna la capitale en 1797, l'arrive de l'ambassadeur ottoman Paris, elle avait figur parmi les plus jolies femmes prsentes ce noble seigneur voici comment un des journaux les plus spirituels du
;
Directoire,
le
Th, raconte
la
numro du
aot 1797
M.
l'ambassadeur
ottoman
reoit
chaque
Nos femmes
ses
yeux
la
nez
la
trs
ont t admises indistinctement l'audience d'Esseid Effendi. Celles qui ont le plus fix l'attention
Mme Mme
de Noailles.
de Fleurieu.
66
PERREGAUX.
Mme Tallien. Mme de Lchaud (suspecte, nez retrouss). Mme de Gervaiso. Mme de Lansalle.
Mlle Perregaux.
nez retrouss).
M. l'ambassadeur leur a
odorantes
fait distribuer
des
pastilles
du
srail,
des
essences de
et leur a dit
muphti
il
jolies,
aimables, charmantes;
ajoutera adorables
quand
citer,
il
en saura davantage,
et, certes,
il
parmi
les
n'y en a pas
le
genoux
Marmont
tense
fit
donc sa cour
le
la
charmante Horconquis
par
officier,
Perregaux, et
banquier,
l'intelligence et l'esprit
les
du jeune
fiana
Ce
1798 que
les
Mlle Perregaux.
Tous
adressaient
notamment ce qu'on lisait dans le numro du Bien-Inform du Le citoyen Marmont aide 27 germinal an VI de camp du gnral Bonaparte, vient d'pouser la
voici
PERREGAUX.
fille
67
nites!
Une
verains,
une note discordante Tous les journaux nous ont appris le mariage du citoyen Marmont, aide-de-camp de Bonaparte
percer
la
avec
citoyenne Perregaux.
les
Nous sommes
per-
deux poux sont fort aimables, mais nous ne croyons pas que la publicit donne
suads que
leur union ft ncessaire leur bonheur.
l'ancien
Dans
rgime,
on
annonait
ainsi
certains
mariages;
aujourd'hui,
Bonaparte avait voulu donner une preuve de son affection son aide-de-camp en lui constituant
une
dot
de 500000 francs;
c'tait
le
d'autant plus
gnreux que
femme
mari.
elle
apportait
Les jeunes maris semblaient appels goter un bonheur parfait. D'un physique agrable,
lanc, portant bien l'uniforme,
Marmont joignait
intelligence
ces
qualits
physiques
une
de
premier ordre,
versation
elle n'tait
un
une con-
attrayante.
Quant
sa jeune
femme
tait
pas seulement jolie et gracieuse; elle en outre gaie et rieuse, mlant un esprit
68
PERREGAUX.
de
taquinerie.
et
Tout
semblait
donc
devoir
vie,
l'esprance dans le
les lvres.
cur
et des paroles
d'amour sur
CHAPITRE
LE JEUNE MNAGE
Aussitt le mariage clbr,
Marmont
que
lui
rsolut
laissait
de
profiter
des
courts
loisirs
femme go-
douceurs de
la
sur-Seine.
les
Marmont habitaient
le
Bourgogne
il
avait
allait
quitt
se
le
service.
trouver la
rigide
:
et trop
enferm dans
:
habitudes de province
1.
Sources manuscrites
1*
2*
Anne
1899.
70
PERREGAUX.
aussi Hortense
fois
Marmont
dans
les
laisse-t-elle
plus
d'une
apparatre
le
lettres
qu'elle
la vie
adresse
son pre,
de pro-
Chtillon, ce 1"
mai
1798.
Je m'empresse
mon
le
tants de
ma
toi
a t d'y penser
mon
de
de
te le
mes
mon
amour, de
en
bonts
me
continuellement au regret
vif
que
j'ai
prouv
que j'ai trouvs ici, quoique remplis d'attention pour moi, ne peuvent compenser l'loignement qui existe prsent entre nous, et aucun ne remplit dans mon cur la place de celui si cher qui j'ai vou toutes mes affections et pour qui je suis pntr de
te quittant; les parents
reconnaissance.
dimanche sur les deux heures sans aucun accident, fort incommods
Nous sommes
la
arrivs
seulement de
chaleur et de
la
poussire,
et
moi enchante d'tre dlivre des mauvais chemins et des cahots qui m'ont fait trembler et
plir
j'ai hrit
PERREGAUX.
un
certain degr de poltronnerie et
11
mon
militaire
pas encore venu bout de m'inspirer sa bravoure; il a mieux russi par exemple me
n'est
faire
trouver
la
le
soin qu'il
a mis m'amuser et
et ses soins
me
distraire.
Son amour
m'ont t d'un grand secours aprs t'avoir quitt. Aussi n'a-t-il rien pargn pour me les prodiguer, et j'ai eu plaisir lui tmoigner
combien
reviens toujours
mon
refrain
ici,
on
n'est
En
arrivant
nous avons
bien accueillis
comme
son
fils
tu penses.
Ma
depuis
si
longtemps a t
en
le
marqu
combien il tait dsir; c'est bien une chose qui prouve en sa faveur que la manire dont il est aim et mme considr dans sa famille; mais une chose fort comique, c'est l'empressement
qu'il
y avait sur la route depuis Troyes. Nous tions je ne sais comment annoncs, et partout depuis l on courait aprs les postillons pour
leur
demander
si
c'tait
M. Marmont
et
dans
tantt j'tais la
sur de Buona-
1.
On
a vu plus haut
qu'il avait t
question du mariage
72
PERREGAUX.
nous tions courus et salus comme jadis un grand seigneur allant dans ses terres. Dans la
grande
ville
de Ghtillon, tous
ville
*
;
les
habitants taient
suivis jusqu'
et
nous ont
tu
enfin
le
d'une manire
oubliais, c'est
Et
les galas
donc
je les
assommant! trois heures de suite des dners o on parle de la pluie et du beau temps. Il faut bien que tu me pardonnes cette petite sortie-l, mais en vrit je ne me sens pas du tout de
disposition devenir
fais
dame de province
tu ne te
mais
la
pris
mon grand
est,
srieux et force de
politesse j'ai
grandement
russi. J'ai
une fort elle m'adore dj parce que je me suis marie l'glise, que j'ai t au couvent et que je n'ai
dvote qui
foi,
ma
beaucoup d'honntets
et
de Marmont avec Pauline Bonaparte; de l sans doute la confusion produite dans l'esprit populaire. 1. Le chteau de Chtillon-sur-Seine habit par les parents de Marmont et ensuite par le marchal, a t incendi pendant la guerre de 1870, et le chteau actuel n'y ressemble nullement. Le chteau de Marmont, d'allure bourgeoise, se composait de deux grands corps de btiments relis par une faade avec fronton surmont d'un lger campanile et au centre de laquelle s'ouvrait un large passage donnant accs la cour intrieure.
PERREGAUX.
elle est
73
un peu guinde; nous nous arrangerons cependant bien ensemble parce que j'y mettrai mes soins. Le papa s'est un peu drid, j'ai par exemple le talent de lui plaire bien compltement. Au total mon mari est bien ce qu'il y a de mieux
dans sa famille,
et tu le croiras
deux
cousines
sont
fort
aimables,
une entre
la
poste
ma
la
ville
pour dner
rserve la
tard.
et
A ma
celle-l
premire
lettre je
te
t'ai
description
parl
du chteau dont
sera d'un
je
ne
pas encore
te
certain genre et
fera plaisir.
Marmont
il
au prochain courrier, il me charge en attendant de te faire mille compliments Dis-en autant de ma part au et amitis.
de remettre sa
lettre
Compre*
l'autre
et
incessamment.
Adieu,
mon
ments
et sois toujours sr
a
du cur de
ta
fille.
H. P. Marmont.
1.
C'est
74
PERREGAUX.
L'homme
est
ici
qui te remettra ce
billet,
papa
pas
une espce de
roulier qui
d'apporter
mon
pour
dj fait partir
lui,
prix avec
et
le
P. Marmont.
Chtillon, ce
samedi 16
floral.
Chtillon, ce 18 floral.
mon
prie de
mais avant tu voudras bien prendre dans l'armoire o j'ai laiss des effets le paquet des robes pour
Mme
de
Bloest,
en couper un chantillon de
chaque
la lettre
et les
que
que
le
je lui
moi au Compre en
il
priant
de
la
mettre
elle
la poste,
car
n'est
pas
encore parvenue;
suis
madame
qu'elle avait t
PERREGAUX.
par ce retard de garder
les
75
donc celle-ci le plutt possible, informe-toi aussi du Compre si ma lettre est partie dans son temps,
robes. Envoie
elle
m'a demands
il
est
elle
m'a
dit d'adresser
j'ai
mes
la
lettres
mis
mienne
que tu
la vois;
dans tous
s'il
les cas
en
y a autre
Je t'embrasse.
P. Marmont.
Chtillon, ce 18 floral.
Tu
recevras,
mon cher
papa, par
le
courrier de
la
d'crevisses
que Marmont
et
chercher
la diligence
qui en se-
charge dans
le
pu
v>
76
l'tre.
PERREGAUX.
Je ne t'en dis pas davantage car je suis mavient de partir et
j'ai le
lade,
Marmont
cur
navr.
P.
Marmont.
Marmont ne
les
auprs de
La jeune femme
avec
les lui
restait
donc seule
son
Chtillon-sur-Seine
le
parents de
mari;
temps
par
son pre.
Chtillon, ce 24 floral
(6'
anne).
J'ai reu,
mon
mon
mari
et le pa-
quet de
mais,
quant
pour
la lui
porter
moi-mme
car
il
si
me
paraissait dsirer ce
le
manteau
et
que je
lui faire
expdier
Toulon avant cet embarquement; cet envoi ne pourrait avoir lieu que dans le cas o il serait retard.
fait
aussi
promptement ma commission pour Rastadt, je te prie encore, aussitt qu'il viendra une lettre pour
PERREGAUX.
moi, de
77
me
la
faire passer
promptement. Donne-
mon
piano,
r-
demand
et tu
ne m'as pas
pondu l-dessus
trouv les
je t'ai adress
un homme qui me
l'apporterait en cas
un dans le pays et que d'ailleurs toute ma musique se trouve emballe avec l'instrument. Ce serait une grande ressource pour moi que de l'avoir et un moyen agrable de distraction. J'espre que tous nos amis se portent bien.
parce qu'il
serait impossible d'en trouver
me
Assure-les de
mon
souvenir et de
mon
amiti.
J'ai
crit
Mme
Delamarre.
Lorsque tu
pour moi
parents.
et
de prsenter mes
civilits
aux grands -
Adieu,
mon
rance de toute
ma
tendresse et je t'embrasse
P. Marmont.
comme
je t'aime.
j>
dis-
lui
Chtillon, ce 4 prairial
(6*
anne).
J'ai
reu hier,
le
mon
cher papa,
et le
le
piano et
le
la
caisse contenant
papier
chocolat;
tout
78
PERREGAUX.
bon port
et je t'en
est arriv
remercie beaucoup.
Je suis dsole que les crevisses soien* arrives gtes, ce n'est pas
ma faute,
mais
celle
de
mon
beau-
bon
tat,
il
Une
ferai partir
ma
manire; j'en
demander
demander des
et elles
homme
faire un.
ici
qui
fait
guilles, si tu
en es tent dis-le-moi
et je t'en ferai
de
mon mari
Toulon, j'ignore
s'ils
sont dj
vu dans quelques gazettes des nouvelles qui feraient presque croire que l'embarquement n'aura pas lieu, mais je n'ose m'arrter aucune de ces esprances jusqu' ce que Marmont m'ait crit. Si tu savais quelque chose de
embarqus.
J'ai
l'incerti-
m'crivit seulement
deux
fois
en route
et sa
me
plais croire
que
c'est
vient ce retard; je ne sais pourquoi cette expdition a quelque chose qui m'effraye, je ne serai
l'aie rejoint
ou
qu'il
ne
PERREGAUX.
soit
79
s'lever entre
nous
suffirait seule
lui,
du
dsir vain de
chers,
me
me
sont
mon me
me
mmes
intrts; ils
l'autre, et leurs
me
me
norme
il
qu'il
y a de
eux
et d'eux leur
fils.
La mre
est froide
ne peut y
charme dans leur socit parce qu'il n'y a pas d'abandon tu te rappelles que tout ce que je craignais tait une belle-mre, parce que je presavoir de
;
ses
parents
naturels;
j'esprais
ne jamais
reusement
je
me
80
PERREGAUX.
mon
carac-
du plaisir marques d'un attachement qui n'tait pas feint, mon cur se trouvait satisfait d'une expansion qui lui tait ncessaire et mettait son bonheur t'en J'abrge autant que je rendre le dpositaire. le puis ce temps si difficile s'couler, par l'espoir
du terme prochain de notre rapprochement, je me dis que cette privation est ncessaire puisque
mon
loir
pre et
mon
mari
l'ont
me
contente
mon
amiti et remercie-le
Mme Dior ira chez toi pour une commission pour Mme de Bloest, elle te priera aussi de me faire
parvenir
un paquet par
la diligence, je
voudrais
bien que tu y joignes des cahiers de papiers crits que tu trouveras dans mon armoire dans un carton
y en a d'tude de langue italienne; pour passer le temps, je veux continuer m'occuper de cette langue; j'ai ici les livres qu'il
et
parmi lesquels
il
me
Adieu,
mon cher
papa, ta
fille
te
demande avec
PERREGAUX.
lion
81
que tu
lui
tmoignais.
que
j'crirai
Perregaux-Marmont.
Chtillon, ce 6 prairial
(6*
anne).
J'ai enfin
reu hier,
mon
de
mon mari, et comme je suis sre que tu l'apprendras avec plaisir je me hte de t'en instruire. Sa
du 24
et
il
lettre est
devait s'embarquer
la voile. Il est
le
lende-
main
et
mettre aussitt
possible
qu'il soit
deux, mais
c'est
cette poque
il
que leur rsidence sera fixe pour un certain temps dans le pays et alors le Gnral^ dpchera un courrier sa femme pour lui dire de le venir joindre; elle m'crira alors de Plombires, o elle va aller, pour me rendre Paris, elle y viendra aussi, nous ferons route ensemble jusqu' Toulon,
et l
et
nous irons
82
PERREGAUX.
Gnral, sa
femme
et
mon
;
mari, je
le
prfre au
premier qui avait t d'abord form, qui tait de partir avec Mme Blanc il y aura plus d'avantage
pour moi d'entreprendre un aussi long voyage avec la femme du Gnral, parce que certainement il ne
le lui fera faire
lit
la possibi-
sans inconvnient.
Tu recevras sans doute bientt une lettre de Marmont qui t'expliquera plus au long ces projets.
Adieu,
mon
drement, et je
joindre
finis
que
j'ai
d'aller
bientt
mon
mari.
P.
Marmont
Chtillon, ce 8 prairial
(6*
anne).
J'ai
mon
mari,
mon
cher papa,
seau;
ils
taient
embarqus le
mis
qu'il
la voile. Voici
en abrg
lettre tait
me mande. Sa
commence
la
premire
nouvelle qu'il
me mande
mari; car les journalistes la placent en mme temps Pise, Naples, Lyon, Plombires, Toulon sur la seconde escadre; il n'y a que Dieu qui sache o elle n'est pas . Clef du Cabinet des Souverains, 29 prairial an VI.
PERREGAUX.
au gnral Bonaparte
Anglaise
et il
85
la
a rsolu d'attendre des nouvelles avant de partir avec Varme et le convoi^ et pour en avoir
il
Voil ce
en
le lisant
me donna
beaucoup
et
d'effroi,
le
mais
:
sa lettre crite
en deux
fois
termine
29 disait
le
Ma
les
bablement
et
me donner
nous cherchons depuis 2 jours viennent enfin de^ s' approcher a,u lieu d'Anglaises que nous avions suppos qu'elles pouvaient tre., au lieu de prpa-^
ratifs de combats, ce
Espa-
la certitude qu'il
aura
le
mme
sort,
Le Gnral sera
ma
lettre
sans doute
que tu
1. Le dpart de Toulon avait eu lieu le 19 Mai 1798. Marmont tait embarqu sur la Diane, bord de laquelle se trouvait l'amiral Decrs, commandant l'escadre lgre.
bord de
la
Diane, le 29 floral,
ai quitt. J'ai
anne.
Nous avons
mon
rienne, depuis
que
vous
84
PERREGAUX.
J'ai
un service te demander pour une de mes cousines et si tu peux le lui rendre, tu m'obligeras
autant qu'elle, car je lui suis bien redevable pour
les soins et l'amiti qu'elle
me tmoigne
la
tu trou-
veras dans
qu'elle
le
papier ci-joint
:
substance de ce
et tre
demande
c'est
un de
sre que
bonne
et
que
tes
amis
et les
toi.
miens tchent de
me
remplacer auprs de
Quant moi
je n'ai pas la
mme consolation et
Marseille, et malgr le gros temps que nous avons eu, je me suis port comme terre, une accroissance d'apptit prs. Nous avons rencontr les frgates que nous avons t reconnatre, et comme elles pouvaient
fait tous les prparatifs du sont trouves Espagnoles et nous avons remis le sabre dans le fourreau. Faites-moi le plaisir, mon cher ami, de faire partir la lettre ci-jointe, et de remettre au porteur de la prsente celles que vous pouvez avoir reu pour moi. Je compte, mon cher Bourrienne, sur votre complaisance et votre amiti ordinaires. Si vous tes assez aimable pour ne pas m'oublier et pour m'crire un mot, vous consolerez un malheureux dans son exil, exil cependant aussi agrable que possible, car il n'y a rien de si aimable que le citoyen Decrs et tous les officiers qui sont bord. Donnez-moi donc quelques nouvelles; embrassez tous nos camarades pour moi; rappelez-moi au souvenir du Gnral, et recevez encore les tmoignages de toute l'amiti que je vous ai vou
tre Anglaises,
nous avons
combat;
elles se
pour
la vie.
A.
Marmont.
PERREGAUX.
de
toi.
85
Adieu,
mon
fois.
HORTENSE
Chtillon, ce 26 prairial
(6*
anne).
!
Tu
t'avises
donc aussi
il
d'tre
fallait
que je
sois
dit
auprs de
toi
pour
te frotter le ventre,
M. Swinburne. Il existe une sympathie bien dcide entre nous et qui opre mme la distance o nous sommes, car tandis que tu grelottais la fivre je
comme
Je ne conois rien
de cent ans et
les
m'accommode pas du
il
qui y rgne et
me
rend presque
pour
me
dlivrer de tous
mes maux,
et
cependant
je n'en reois
silence-l
aucune nouvelle;
beaucoup.
le
me pse
compre est avare de poulets, j'ai recours toi pour te prier de me rendre rponse sur quelque chose que je lui ai demand le portrait de mon mari est-il au Salon? L'exposition a-t-elle eu ou va-t-elle avoir lieu? Ma belle-mre qui
Puisque
:
le portrait
de son
fils
dsile
o tout
cela en
est
parce que
68
PERREGAUX.
question que j'avais faite au compre et lail
quelle
me
rpondre; du
reste je
ne
lui
jours.
Bourgogne premire qualit, il y a ici quelqu'un qui en a un muid vendre, ce qui est la valeur de 240 bouteilles. M. Marmont l'estime parfait; si tu
tais tent d'en acheter, dis-moi quel prix tu
vou-
drais y mettre et
le
;
mon
beau-pre se chargerait de
marchander tu peux t'en rapporter lui pour un bon march, car que je ne sache pas quelqu'un
qui
mnage
plus l'argent;
il
faire parvenir
du pays.
moi; je
lui
ne
le
peut prouver auprs de ses nobles parents il y a de plus nombre de vieux garons de la taille du
gnral Sauvier, et
elle
un
parti; enfin,
part, qu'il
pour
de
ma
1.
Egl et Adle Auguier, nices de Mme Campan, avaient t leves Saint- Germain avec Mme Marmont.
PERREGAUX.
87
que sans doute quand nous nous reverrons, nous aurons la bouche agrandie de moiti, je te laisse deviner pour quoi... Dis-moi un peu s'il est vrai que tu connaisses une certaine dame De Damas qui se dit trs connue de toi et qui prtend aussi m'avoir vue dans mon enfance; c'est une petite femme bossue trs spirituelle et dont le mari a t aux
Isles; tu
vas peut-tre
de
la
me
ne t'attends pas des nouvelles plus intressantes de ma part, l'esprit n'est pas fcond dans ce
pays.
Adieu, car
le
temps
me
ment.
H. P. Marmont.
venir et assure-les de
mon
amiti.
Voici,
mon
de
ma
mme de
ma
der-
accompagne d'un pt et qu'il t'aura eu ces jours passs une petite lettre de
88
PERREGAX.
frre* qui
mon
cela
me
il
appelle
une petite cartade; j'ai trouv le mot si plaisant que je t'en fais part. Dis au Compre que je crois qu'il m'a renonc pour Commre il me tient rigueur au point de ne pas rpondre mes poulets; une autre fois je
;
mon
secrtaire.
fois.
Adieu,
mon
H.-P.-M.
ncessaire de dcacheter les lettres, tu
les ouvrir,
la
S'il est
voudras bien
mais
ma
cousine les a
confusion de plusieurs
de garder
le
qu'elles te font.
Chtillon, ce 3 messidor
(6'
anne).
J'aurais
rpondu plus
si
tt ta lettre
rial,
pu te seignements que tu me demandes sur le vin en question, mais quoique je m'en sois occup tout de suite, mon beau-pre n'a pu les avoir, attendu que
cher papa,
j'avais
mon
Paris, le 29
Alphonse-Claude-Charles-Bernardin Perregaux, n mars 1785, mort le 9 juin 1841, pair des CentJours, pousa en novembre 1813, Adle-Ehsabeth-Macdonald, ne en 1794, morte en 182Q. le 16 novembre,
1.
PERREGAUX.
le
89
possesseur de
lui et
la
chez
je
qu'on a de
peine
le
rencontrer, mais
compte aujourd'hui savoir tous les dtails que tu demandes et t'en rendre compte avant de fermer
cette lettre.
Comme ce
dont
fait
j'ai
Tu m'as
grand
tait
moi
mon
point
la
bien
de
la
peine prendre
le
me
au
del, puisqu'au
bout de plus de
;
six
semaines je
me
elle
mon
tude de se consoler de
mon
verbe
Pas de
veux
bien y croire pour ma tranquillit, mais comme mon impatience ne s'accommode pas de ce rgime,
j'ai
donnes sur
il
m'a russi
90
PERREGAUX.
des nouvelles directes de
ai
eu
par
qu'il
:
m'avait
donnes
lors
il
de son embarquement
c'est
Mme
aussi
Blanc;
curiosit de
ma
y avait d'abord un petit motif de part, pour savoir si son mari s'tait
embarqu comme il en avait le projet et l'esprance; l'espoir du gain et un emploi que lui avait fait avoir mon mari dans une bonne entreprise sont les motifs qui l'ont dcid suivre le
Cependant
en
Monsieur Blanc tait un ngociant de Marseille, trs avec Marmont qui l'avait prsent Bonaparte. S'tant ruin dans des spculations malheureuses, il crut trouver dans l'expdition d'Egypte une occasion favorable de refaire sa fortune et obtint, grce la protection de Marmont, l'emploi d'ordonnateur des lazarets. Quand il vit que l'Egypte ne lui offrait pas les moyens de s'enrichir, il supplia Marmont de l'aider prendre passage sur un navire, lors du retour de Bonaparte. Dguis en matelot, il avait russi se glisser sur un des trois avisos dsigns pour partir avec les frgates; mais peine hors du port, ce navire reut l'ordre de rentrer; perdant alors la tte. Blanc se jeta dans une barque et gagna la Muiron qui portait le Gnral en chef. Celui-ci, mis au courant, le menaa d'un conseil de guerre, en disant Je pars en vertu des ordres du gouvernement, pour aller combattre l'ennemi victorieux et secourir la France attaque; je m'expose aux plus grands dangers par devoir et par dvouement, tandis que vous, vous n'tes qu'un lche. Blanc pleura et mut Bonaparte qui le renvoya Alexandrie, mais le nomma, deux mois aprs, consul gnral Naples.
1.
li
:
>
PERREGAUX.
suspens lors du dpart de
91
mon
mari, et
comme
il
lettres, j'ignorais
le fin
Provenal;
le
femme pour
mon
voie
mari
si
ils
et esprant
en
effet
crivis.
m'a
dit avoir
mer en
o
il
travers de la Corse,
par un malentendu
au moment de l'embarquement, ils sont chacun sur une frgate diffrente lui, M. Blanc est sur r Arthmise et Marmont sur la Diane qui
arriv
:
de l'escadre. La
;
lettre lui
parvenue
Gnral au Directoire.
fait partie
de l'escadre lgre et
lieues en avant,
il
consquences que
donns.
J'ai
j'ai tires
et j'ai t tonne
d'italien,
;
de ne pas trouver
lettre
les cahiers
mais ta
du
j'ai
1'
m'a expliqu ce
les enverras, d'y
me
demande
Selvaggi;
effets
remercie d'avoir
fait
partir les
de
Mme De
92
PERREGAUX.
le prie
longtemps; je
la lettre
de
lui
expdier incessamment
que je joins ici; si l'adresse n'est pas bien, tu voudras bien y ajouter une enveloppe. Tu devrais bien
me
faire
belle-
mre
mais
et
elle est
est difficile
de Suisse; tu l'obligerais beaucoup et tu me mettrais dans le cas de lui faire une honntet.
Tu
de
si
la saint
dernire tu tais
bien heu-
ri; j'tais
temps sont bien changs, il ne me reste aujourd'hui que la triste ressource de le faire par crit un compliment de bonne fte bien rebattu et peu propre
l'inspirer la gat qu'avaient produit alors les
com-
bonne volont qui me manque, reois ici tous les vux que mon cur forme pour ton bonheur, la sant, et au lieu de bouquet, rcicueille les baisers que je t'envoie et que je voudrais pouvoir l'aller donner moi-mme. J'cris au Compre malgr ses rigueurs. Si tu vois le matre du jeune Jasmin, tu lui diras des douceurs de ma part, et que, bien heureux sont ceux
n'importe,
comme
ce n'est pas
la
PERREGAUX.
qui
le
93
voient et
le
mon compte,
il
comme lui
pour rendre ce sjour-ci supportable; il y fait depuis quelques jours un temps de chien, il n'y a pas
moyen de mettre
pas
les
le
nez dehors
les
mes htes
n'tant
gens du monde
pour diversion que la triste ressource de promener mes yeux sur les vilaines et antiques tapisseries qui
ornent
mon immense
appartement.
sont de
mode
car on en-
mu-
manire que chacun se rpondant cela forme chos. Mon beau-pre surtout, nous en gratifie d'une manire indcente.
cette
Oh! l'ennui est un fief attach maison-ci, car on en est en pleine possession
;
si jamais elle
venait m'appar-
m'en
te le
peur de
fte.
pour un jour de
Adieu,
mon
ma
que
je
ici.
Je t'embrasse
comme
H. -P. Marmont.
94
PERHEGAUX.
Chtillon, ce 12 messidor
(6^
anne).
Grande et bonne nouvelle! tu partageras ma joie, mon bon pre, j'en suis sre; je suis heureuse prsent et amplement paye des deux mois de souffrance que j'ai passs loin de toi et de mon mari. J'ai reu ce matin par un courrier envoy exprs un norme paquet de lui il m'annonce la
;
il
a coo-
nomm
avec
gnral,
il
me
Mme
partir
pour Paris o
peu de jours j'aurai le plaisir de t'embrasser. Quelle joie! quel bonheur! tu vas dj recevoir des flicitations de toutes parts sur ton gendre et sur ses
nouveaux succs, car il sera srement question de lui dans le rapport du Gnral; il est le premier qui soit descendu terre et enfin il a tout l'honneur
empar de l'le de jusque l, pass pour imprenable. Le 10 juin 1798, le drapeau franais flottait sur les murs de la forteresse et Bonaparte demandait au Directoire le grade de gnral de brigade pour Marmont qui s'tait empar du drapeau de l'Ordre des Chevaliers de Malte. 2. Il tait convenu que Josphine irait rejoindre son mari ds qu'il aurait conquis l'Egypte; aprs la prise de Malte, elle fut sur le point de partir et changea une correspondance avec Madame Marmont; mais finalement elle s'effraya l'ide de ce voyage et renona aller retrouver son mari.
1.
En deux
qui
Malte
avait,
PERREGAUX.
de
la victoire.
95
Tu
fille,
bien su diriger;
c'est
ma
reconnais-
elle s'accrot
mesure
donne pas prsent tous les dtails de la prise, parce que je n'ai pas le temps de les copier, mais je te les
j'en sens l'tendue. Je
que
ne
te
moi-mme sur
ton
visage
ton
courage de
mon
vu unanime pour
si
flatteurs
Il
pour moi
pour
partir,
me recommande
inutile,
de ne
il
attendre,
c'tait
car
devait juger
il
sien;
ne manquera
le
pouvoir faire
voyage
m'eut t doux de runir ainsi tous objets de mon affection et de partager mes
entre
moments
l'espoir
mon
pre
et
mon
mari,
mais
mon
cur.
Si je n'ai pas de
lit
pendant
le
peu de
96
PERREGAUX.
Adieu,
mon
et
de t'embrasser.
Madame
la
gnrale
Marmont
ouvre
la
(sic).
Si
Riegbourg
lui
la lettre
de faire
commission
que je
recommande.
L'espoir de la jeune
femme ne
se ralisa pas,
Bonaparte prfra rester en France. Hortense Marmont dut donc son grand regret renoncer au voyage projet et attendre Paris le retour de son mari. Plus d'un an s'coula ainsi
car
;
Mme
campagne
qu'il
enfin,
non sans
plaisir,
France avec Bonaparte. Le dpart eut lieu le 10 septembre 1799, cinq heures du matin. Marmont embarqu sur la Carrre avec Murt,
Lannes, Denon et Parseval-Grandmaison, se montrait enchant la pense de revoir sa femme.
J'avais
, dit-il
des motifs
de joie particuliers, j'tais parti fort amoureux; j'avais emport avec moi des ides de bonheur
domestique, de
l'tat
fidlit,
et je revenais
digne par
de
mon cur
et par
ma
Mme Marmont
rue de
la
PERREGAUX.
son pre qui tait d'ailleurs pour
excellent
lui
;
97
elle
un guide
lui et
elle
ne cessait de s'adresser
conseil
de
.
demander
mme
rceptions
il
lui fallait
du
mme
genre, on
j'ai
Que me
de
le
Toutes
les
8 s'y
difficile
faire.
pas qu'on
femmes qui
parte, sa
Mme
d'Ossmon,
Mme
Buona-
fille,
Mme
Mme
toi.
Delarue,
etc....
Ce que je
qti'un
a
avec
elle
Adieu, je t'embrasse.
Aussitt que
Marmont
jeune mnage
alla s'installer
faubourg Poissonnire
1.
98
PERREGAUX.
Marmont
le
tait alors
constate avec
Mmoires
moi accompagn de Marmont qui semble lui tenir lieu de tout, mme de valet de chambre en ces premiers moments, car il en remplit tout fait l'office envers le gnral Bonaparte, quand ils
vinrent au Luxembourg.
Marmont
il
soutient son
il
quand monte l'escalier, il lui te sa redingote quand entre, la lui remet quand il sort.
matre descendant de voiture,
l'aide
il
Aprs
le
offrit
Marmont
Tartillerie
choix entre
la
le
commandement de
dclare dans ses
de
conseiller d'tat;
Marmont
m-
moires
qu'il
Lannes, et ensuite parce que le titre de conseiller d'tat le sduisait. Il n'eut gure le temps d'ailleurs de siger la section
il
de
la
guerre, car
le
fut presque
d'aller
aussitt
charg par
premier
Consul
1.
Barras, Mmoires,
t.
IV, p. 31.
PERREGAUX.
de douze millions pour
le
99
compte du gouvernement qui offrait en gage des coupes de bois, et comme supplment le diamant le Rgent. Il faut convenir, dit-il, que la manire de procder tait insolite; j'aurais eu plus de chance de succs si
j'tais
venu comme gendre de M. Perregaux avec des pouvoirs de lui prs de ses correspondants. Le
premier Consul apprcia
mon
zle et
garda tou-
Marmont
campagne
d'Italie; le
lui tait
commandement de
confi.
les
l'artillerie
de rserve
Les
presque
toutes
amour
regaux^
Je
avait alors
il
23 pluvise an IX,
:
recommande toujours
sollicitude paternelle
ma
souffrances
ajoutent
bonheur que j'ai passs prs d'elle me paraissent un songe. Il ne me reste plus que les traces pro-
1. 2.
Marmont, Mmoires,
Carnet historique et
t.
II,
p. 108.
littraire.
Anne
1899, p. 273.
100
PERREGAUX,
amour
et le
mien ont
faites
dans
le
mon
cur.
J'ose entrevoir dans
l'avenir,
monsieur,
moment
prix.
qui
me
grand
;
consolez
mon
vous
prie,
de
ma
constance, de
ma
fidlit et
du
affaires
publiques,
la
je
me
porte bien.
N'aurai-je
lettres
de
ma
mon
les
Hortense.... Je vous
offrirai
en
change
la plus sincre
Le 14 germinal an IX, il s'impatiente de ne pas rentrer en France et prie Perregaux de hter son
retour
:
J'ai
j'ai
PERREGAUX.
raisons suffisantes faire valoir.
Il
101
me
semble,
vous donne
le
lui
je dsire vivement.
Le
ma demande
s'il
vous
en dire
les motifs*.
En
Marmont
lui;
se
femme auprs de
mais
Paris.
regagnrent donc
mais leur voyage ne s'effectua pas sans incidents. Marmont raconte en ces termes
ensemble
l'accident qui
faillit
leur arriver*
Je
fis
aucune suite fcheuse. Je voyageais la nuit entre Turin et Suze dans une grande berline avec ma femme et deux aides-de-camp. Le Pimont
elle n'eut
d'armes.
deux
un
le lit
d'un torrent,
;
la
roue droite
la caisse fit
le
poids de
1.
2.
Carnet historique et
littraire.
t. II,
Anne
1899, p. 275.
Marmont, Mmoires,
p. 195.
102
PERREGAUX.
la
rompre
roue
la
voiture
tomba sur
et,
l'impriale
un
pistolet
partit de
lui-mme
pera
la
voi-
ture.
Personne n'eut
la
Il
tait dit
douceurs du foyer
il
cong l'occasion des couches de sa femme Je n'approuve pas toutes les observations que vous me faites. Un soldat doit rester fidle sa femme,
que lorsqu'il n'y a plus rien faire. Or, Bonaparte trouvait qu'il y avait beaucoup faire, et nommait Marmont, en mars 1804, au commandement de l'arme de
mais ne dsirer
la revoir
Hollande.
A
la
partir de 1804,
le
un changement
trs sensible se
produit dans
commencent
le
le dominer, et
bien.
dnote
A
le
fait
entendre
que
laiss
en dsordre, et que
qu'il
l'arme
soit
l,
lui
encore dans
la
lettre
suivante
sa
femme
PERREGAUX.
Samedi
103
15.
Ma
j'ai
;
quitt Berthier
que
j'ai
emball pour
la
France
il
a fait
un
et
mais
il
il
a beaucoup
couru
avons
part extrmement
favorable,
et
il
mes
le
soins,
rcit le
m'a paru dans l'intention d'en faire plus flatteur pour moi au Premier
Consul.
ois rien
frre
;
en vrit son
que cette bizarrerie lui passera, au surplus, tant pis pour lui. Je t'attends incessamment, et je dsire que tu ne tardes pas ton voyage, parce que je ne compte pas te garder lorsque mon arme sera sous la toile, ayant le projet de camper aussi, et cependant je dsire que nous puissions passer quelque temps
opinion est d'un ridicule achev
j'espre
ensemble.
Adieu,
ma
que je suis fatigu; j'ai pass trois nuits sans me coucher et j'ai besoin d'un peu de repos. Je ne t'crirai plus, parce que sans doute mes lettres ne te
trouveraient plus Paris. Je vais aprs-demain
La Haye, d'o
j'irai
104
PEHREGAUX.
du jour de ton dpart. Je t'embrasse
serai instruit
mille fois.
Marmont.
effet
passer quelques
de sa prsence pour
offrir
au jeune couple
pendant
mont
restait
en Hollande. Ce fut
promode
lieu lors
une des
nominations qui
sires.
pagnons d'armes, Marmont ne devait plus tre heureux partir de cette poque,
et
son loignement
infidlits allaient
peu
femme
qui s'tait
CHAPITRE Vr
LES DERNIRES ANNES DE PERREGAUX
Perregaux fut un des premiers snateurs nomms par Bonaparte, le 4 nivse an VIII (26 dcembre 1799); cette marque d'estime tait d'autant plus significative qu'aucun autre banquier n'tait
appel faire partie du Snat.
On
sait
combien
la fin
du Directoire
on
le dficit
tait considrable;
sait
quel
Au lendemain du
18 brumaire,
:
il
y avait une grande tche remplir il fallait ramener l'ordre dans les finances et redonner conSources manuscrites
1
1.
2*
Sources imprimes : i" Flour de Saint-Genis; La Banque de France travers les sicles, 1896. 2 Stourm Les finances du Consulat. S" D'Hrisson Les girouettes politiques. 4 Catalogues des collections d'autographes Lajarriette,
;
:
Hervey, Dubrunfaut.
106
PERREGAUX.
aux citoyens.
fiance
Il
fallait
sauver le pays
Sauveur et fondateur, rien ne convenait mieux au gnie de Bonaparte. Il remplit merveilleusement l'un et l'autre rle*. Pour cette uvre colossale, le Premier Consul sut s'entourer de
collaborateurs de premier ordre
:
Gaudin, Mollien,
Perregaux.
Barb-Marbois, Lebrun,
projet qu'il
tion de la
Crtet,
Ce un
Banque de France,
dbuts du
Le gouvernement , raconte Thiers dans son Histoire du consulat, a suscita les principaux
banquiers de
plaa M.
rattache
l'tat,
la
capitale
la
tte
desquels se
le
nom
se
services
rendus
on forma une association de riches capitalistes pour la cration d'une banque nationale ^. Grce l'activit dploye par notre
et
financier, la
Banque de France
et
le
tait
fonde
la
le
28 nivse
an VIII,
24 pluvise,
pre-
miers rgents
1.
2.
Thiers
PERREGAUX.
teulx-Canteleu
Robillard*.
,
107
De Mautort,
Perrier,
Perre et
Perregaux
chaient, car
s'tait
savait
ses contemporains,
lit et
Aussi
ne
faut-il
cratie anglaise ts
en
mme
du monde
artistique. Voici la
1805,
fils
:
en maudissant
la
d'elle
son
La
paix, la paix
vu de
paci-
maux de
la
guerre.
C'est le
mme vu
la dli-
Toujours se battre!
Ah mon
!
ami,
le
vu
gnral, le
les
vu
de paix
si
fortement
bouches ne sera-t-il donc jamais ralis?... Je vous envoie un baiser dont vous ferez ce que vous voudrez.
exprim par toutes
Audoin, l'ancien dput montagnard de Seine-etOise
la
faiteur et lui
demande
le
17 pluvise an X,
une
1. Parmi les premiers actionnaires figurent: Bonaparte pour 30 actions, Bourrienne pour 5 actions, Murt pour 2 actions, Joseph Bonaparte pour 1 action, etc
108
PERREGAUX.
:
Veuillez ne pas
;
me
perdre de vue
dans vos choix vous tes certain que ma nomination ne psera jamais sur votre conscience les
;
conseils
fruit
de l'exprience,
mon got
particulier,
mon
propre
de ma famille, tout vous rpond de moi. Mounier, l'ancien membre de la Constituante, qui a d s'expatrier pendant la Terreur et
fonder une institution Weimar, insiste auprs de
Perregaux pour obtenir sa radiation de la liste des migrs le banquier qui vient de lui envoyer son
;
pour apprendre l'allemand russit obtenir cette radiation et le 17 juillet 1801, Mounier en lui annonant qu'il rentrera Paris en octobre, lui
fils
homme
:
en Alle-
magne o
qu'il
il
murs
fils
Vous savez
dans
que de
lui
son bon-
heur
Pour ne vous rien dguiser, les Allemands sont en gnral un bon peuple mais la
et le vtre....
;
Philosophie
malheureux
et si nuisibles
aux autres, ds
PERREGAUX.
109
Les
tenir
val,
artistes continuent
comme
autrefois entre-
Perregaux de leurs petites affaires. Dauberle danseur de l'Opra lui crit le 22 brumaire
:
an XI Vos ordres me mettront en voiture, daignez m'crire J'attends Dauberval tel jour et tel
:
quantime.
un
sort
mon
me
souviens de
correspondants de
Perregaux
le
serait impossible
plus en
:
le
savants
comme
des gnraux
artistes
comme Gouvion
des
comme Grard et Isabey, des crivains comme Morellet, des hommes politiques comme
Fouch, Champagny, Barb-Marbois, Maret, les snateurs Lambrechts et Franois de Neufchteau
;
voici ce
que ce dernier
lui crit
410
PERREGAUX.
Gand,
le 28
aot an 1806.
Monsieur
et cher collgue,
y a un mois et demi que je suis absent du Snat; mais c'est pour lui que je travaille dans le plus beau pays du monde, et, ce qu'on
Il
une snatorerie, dont la dotation avait t forme au rebours du bon sens et de toutes les convenances. Ce n'est pas petite besogne, de recommencer celle qui a d'abord t mal faite. Pour s'en faire une ide, il fallait venir sur les lieux, et descendre dans les dtails.
n'aurait pas devin, dans
Je m'applaudis chaque pas d'avoir pris ce parti mais pour y russir, il faut aussi chaque pas, et
;
de l'argent et du crdit. Mon notaire, M. Le Brun, vous remettra ma lettre avec une prire de me faire toucher, vers le 7 septembre, Bruxelles,
le
le
prsent
mois d'aot; et d'y ajouter s'il se peut une lettre pressante quelque bon banquier, dans le cas o
changement de ma dotation exigerait quelques avances, extrmement presses, pour ne pas manquer un march qui pourrait tre avanle
me
continuer
moi ma
femme
mon
petit
veille les
PERREGAUX.
lui
111
montrer
le
la
mer
et
quelques grandes
Il
villes
avant de
mettre au collge.
a ramass des
bord de l'Ocan, de quoi faire une grotte Paris. Excusez-moi, mon cher collgue, de ces pauvres dtails. Donnez-moi plutt des nouvelles de Paris, de vous,
coquilles au
du Snat, auquel
je suis
tendrement
et sans formules.
Franois de Neufchateau.
du Directoire, Perregaux avait achet le chteau que M. de Sartines possdait dans le dpartement de Seine-et-Oise, Viry-Chtillon. Il aimait s'y reposer du souci des affaires et recevoir ses nombreux amis sa fille Hortense venait
Vers
la fin
;
souvent
neurs de
l'y
la
maison. La jeune
femme
entretenait
son pre des petites proccupations de sa vie mondaine, projetant des parties de thtre, des dners, etc....
((
Veux-tu que
j'aille te
,
prendre sept
crivait-elle le
lui
j'ai
une loge
et le spectacle sera
curieux*. Veux-tu
mme
Le
d'ar-
et la
112
PERREGAUX.
allait lui tre
gent qui
rembourse,
mari
cette
gnral Marqu'il
brches
La sant de Perregaux chancelante depuis plusieurs annes s'altra plus gravement en 1807; les mdecins lui ayant ordonn les voyages et la campagne, il cessa peu prs compltement de s'occuper des affaires, partageant son temps entre Neuchtel, sa ville natale, et Viry-Chtillon. Ce fut dans cette commune qu'il mourut le 17 fvrier 1808*. Dtail macabre, l'artiste que Mme Marmont avait charg de mouler la figure du dfunt,
ne
la
prit
pas toutes
les
prcautions ncessaires,
le
masque de
pltre,
s'ar-
peau y
tait tellement
adhrente qu'elle
racha.
lieu le 22 f-
1.
Chtillon.
Extrait des actes de l'tat civil de la commune de Viry Du 17 fvrier dix-huit cent huit, 7 heures du
matin. Acte de dcs de Jean Frdric Perregaux dcd ce jourd'hui 17 fvrier 1808, 3 heures et demie du matin.
et commandans {sic) de Lgion d'honneur n Neuchtel en Suisse le 4 septembre 1744, g de 63 ans 5 mois et 12 jours. Cet acte fut dress par M. Botterel Quintin, maire de Viry-
Chtillon.
PERREGAUX.
au milieu d'une grande affluence corps fut inhum au Panthon*.
vrier 1808
1.
113
et
son
Voici en
mort de Perregaux
M. Perregaux, snateur, un des premiers banquiers de Paris, est mort hier matin. {Courrier de VEurope et des
spectacles, n
du
19 fvrier 1808.)
Le snat a perdu l'un de ses membres, M. Perregaux, banquier, la suite d'une longue maladie. Les obsques ont eu lieu hier avec le crmonial accoutum. [Moniteur du mercredi 24 fvrier 1808.) Les obsques du snateur Perregaux se sont faites
Paris, le 23 fvrier.
aujourd'hui avec la pompe rserve son rang de snateur. Ses relations d'homme priv avaient aussi contribu augmenter son cortge funbre qui a travers presque toute la ville pour se rendre de la rue du MontBlanc au Panthon. [Courrier de VEurope et des spectacles,
n"
du 23 fvrier
1808.)
CHAPITRE
Vil*
Mme
de Raguse*.
je voyais trs souvent et avec
Papiers de la duchesse de Raguse. 2 Bibliothque Nationale manuscrit 5931 nouv. acq. franc. grand-livre de Leroi.
: :
Sources imprimes
\
dition.
Paris 1835. 3 Lavallette Mmoires et souvenirs pubhs par sa famille. Paris 1831. 4 Rapetti La dfection de Marmont en 1814. Paris,
:
1858.
b"
Turquan Turquan
le
Consulat et l'Empire.
Duchesse d'Abrants, Mmoires, t. IV, p. 283. Marmont t levs ensemble au collge de Ghtillon-sur-Seine, d'oii une grande intimit entre les jeunes gens qui se retrouvrent tous deux comme aides de camp de Bonaparte l'arme d'Italie.
2.
et
Junot avaient
116
PERREGAUX.
un charme toujours nouveau, c'tait la duchesse de Raguse. Nous tions lies aussi intimement que deux femmes peuvent l'tre, et je l'aimais
autant qu'on peut aimer une amie.... Charmante,
gaie, vive, spirituelle, trs instruite, naturelle et
possdant tous
les
dans
le
monde
social, jusqu'
poque*
la
plus chre de
mes amies,
et
nom, il me faisait le mme effet que celui de M. de Narbonne l'amie tait heureuse, la matresse de maison contente. L'esprit de la duchesse de Raguse est d'une nature remarquablement attachante, lorsqu'on en a la clef; non pas qu'elle soit difficile trouver, la duchesse est trop naturelle pour cela, mais elle est peu facile contenter, et ds que les gens ne lui plaisent pas, elle devient silencieuse et se met biller. Mais qu'elle soit au milieu de gens qui lui conviennent ou qu'elle aime, alors son esprit a des clats, des jets d'une lumire non seulement
:
brillante,
mais chaleureuse;
j'ai
questions, elle
se dit...
Que
de journes dlicieuses
seules toutes
elle a fait
passes avec
elle!...
un
entendre et voir.
1.
En
1804f
PERREGAUX.
117
Tout en tant moins dpensire que Josphine, Mme de Raguse figure cependant parmi les femmes les plus lgantes de la cour impriale. Ses fournisseurs sont
:
Lesueur,
le
marchand de
bonnetier
dentelles
la
renomm, Frankaert,
Mlle Thonville,
le
mode,
la lingre
la
chez Herbault,
modiste de l'impratrice, se
le
fameux couturier Leroi. Le grand-livre de ce dernier, que conserve la Bibliothque nationale, est le Gotha de l'lgance parisienne sous le Premier Empire; il sufft de feuilleter les pages pour relever les noms
gante chez Lubin et s'habille chez
suivants
la reine
:
de Naples,
la
Hortense,
la reine
de
Westphalie,
de Trvise,
duchesse de Rovigo,
la
duchesse
la
la
Borghse,
comtesse Bertrand,
la
la
princesse de
Schwartzenberg,
la
princesse de Metternich, la
princesse lisa,
Mmes
Mollien, de Mortemart,
etc....
Ouvrons
le
Mme
En
et
de
Raguse
parcourons-le
rapidement.
commande un domino en
lui
taffetas blanc
un masque 3 francs. En fvrier elle se fait faire un corsage en velours, une robe de tulle lame d'argent et une coiffure en lilas blanc pour aller avec une robe de satin blanc garnie de satin
118
PERREGAUX.
,
coquille paille
un
une
En
mai,
elle paie
garnie ruches d,
robe de crpe
marccline
lilas,
157
fr.
65 centimes une
paille
robe
lilas,
bord en satin
dedans, corsage
doubl
et 109
francs une
petite marceline
.
Au mois
de
taf-
une robe de
deux ruches, manches longues, boutons, toffe forte dans le col, blonde au col, tulle aux manches , et au mois de septembre, pour 350 francs, une redingote de voyage velours ras vert, trois rangs de boutons devant, boutons aux manches, crpe et blonde au col, lisere en satin, ceinture corsage, manches doubles . En dcembre, Leroi lui fournit une redingote levantine gros jaune et une redingote de velours pris
une redingote de satin blanc revers pluche ponceau et un une robe de tulle tablier en ruban en fvrier
cerise
boutons
en janvier 1813
<
Enfin en
:
1814
le
une une
d'toffe grise et
PERREGAUX.
lgante
et fte,
119
Mme
de Raguse adorait
le
Aprs
la
elle s'tait
applique
et
en faire un
l't,
rue de Paradis-Poissonnire*.
la
du-
c'tait
d'abord
le
Mme
d'Abrants, qui
elle avait
donn
surnomme chchre^ c'taient ensuite Mme Gampan, Mme de Lavallette et son mari, la marchale Ney, Denon et Gumpelzet qui
de son ct
gat de la matresse de
mon-
le
50 oc-
29 juin 1808
considrables
en
Illyrie,
il
campagne de Wagram
1. Cet htel existe encore au numro 51 de la rue de Paradis. C'est l que fut signe, dans la nuit du 30 mars 1814, la capitulation de Paris.
120 et, le
PERREGAUX.
12 juillet 1809, tait
nomm
marchal d'Emles
pire.
C'est de cette
pre-
duc
et
la
duchesse de
Le marchal (Marmont), le lendemain de son arrive, vint me voir. Nous tions amis depuis longtemps, sa confiance en moi tait sans bornes, et il me parla de sa femme en termes fort mcon
tents. Je
l'ai
manqu de
habiter avec
m'en avoir
homme qui
ne voulait plus
me
lui prodi-
posa de
les
laisser
un nom comme
les
le
familles
plus leves de
France une femme qui donnera des successeurs votre rang et vos dignits. Le marchal, en me faisant cette confidence et en me demandant mon
conseil, tait aussi loin
le
fait
parler l'Empereur. Je ne
i.
Mmoires,
t.
II, p. 39.
PERREGAUX.
doutais pas
cle la
121
sagesse de sa
femme
elle avait
je lui conseillai de
ne point
mon
avis, et je
crois qu'il
fit
bien.
Une
que passagre eut lieu en effet entre les deux poux. Marmont, qui avait quitt l'Autriche le 15 octobre 1809 pour venir prendre Paris les instructions de Napolon sur l'administration des provinces illyriennes dont il venait d'tre nomm gouverneur, repartait ds le 4 novembre pour l'Illyrie, emmenant avec lui sa femme* Pendant toute l'anne 1810, le duc de Raguse mena une vie de
faste et
de plaisir qui
tait bien
l'hiver,
menait de front,
dit-il
:
Chaque
jour, avant
mon
mes
d-
cisions
prises,
toutes
depuis ce
moment jusqu'au
Il
m'occupais de
royal et savou-
promenades, de chasses, de
toute espce.
vivait sur
:
ftes et de plaisirs de
un pied
du pouvoir
de
Je ne devais corres-
pour toutes
les affaires
l'Illyrie, et
avec
le
mi-
122
PERREGAUX.
pour l'arme franaise qui y place. En un mot j'tais, dans toute l'tendue
vice-roi dont le pouvoir n'avait pas
nistre de la guerre
tait
du terme, un
de bornes*.
folles
;
Le marchal
il
faisait
des dpenses
il
un splendide cabinet
expriences en
de chimie o
Pass.
se livrait des
Le temps s'coulait rapidement la duchesse de Raguse partageait les honneurs que l'on rendait
:
son mari
elle
lui,
Le marchal Ou:
suivante adresse
Marmont'
Amsterdam,
le 10 juillet 1810.
L'intrt
est
venu
surpris,
me mon
Margnage auquel j'ai d'ailleurs t sensible. mont est un homme de cour qui ne manque pas de
m^rite et qui grille de l'envie de faire parler de lui.
1. 2.
t.
III, p. 338.
Appendice,
p. 291.
PERREGAUX.
Il est
123
brave
et actif.
main
et qu'il
et
moins
utile
au poste
qu'il occupe.
et
mon
Ce sont, que je me
que peutpuisqu'on
m'ont chatouill
tre
les oreilles
de plaisir
on
me
les disait
avec intention
ct, dites
Mme
la
duchesse que
m'annonce
la reine
Raguse,et que
de
d'elle
et loyalement.
continuation de notre
vieil
crivez
comme un
je
chat,
mon
lise
ment que
ma
btarde ^
Illyrie la satisfaction
de
L..., j'espre
1.
L'criture
du marchal Marmont
est
en
effet
trs
difficile
lire.
124
PERREGAUX.
!
et
embras-
La
femme,
retour
d'Illyrie.
allait la fin
de
fvrier
18H prendre
la
commandement de
et
Tarme de Portugal,
geait ses loisirs
entre Paris
ne
allaient
Marmont dans
dit-il,
ses
Mmoires
s'est
montr
trs
svre l'gard de sa
j'ai
femme ^
En
l'pousant
ma
n'a
vie
24 ans un jeune
homme
le
pas
la
prix
du bonheur
domestique;
fougueuses pour
;
ne pas l'entraner le compromettre d'un autre ct une sparation prolonge donnant une jeune
femme
1.
t. I,
p. 548.
PERREGAUX.
elle reste
125
sduire.
moins qu'il me sera possible, quoiqu'elle ait jou un grand rle dans l'histoire de ma vie souvent elle a t pour moi un obstacle en aggravant mes maux, mes chagrins, mes embarras jamais elle ne m'a apport de joie, de secours ou de consolation, mais elle a toujours contrari et obscurci ma destine. Mlle Perregaux, avec une grande ingalit de caractre, avait tous les
union,
le
: ;
elle n'tait
pas inca-
de
bons
saient
les
effets.
Plus
tard
les
flatteurs
l'ont
perdue
et
de toute nature.
le
Mmoires,
qui
le
marchal raconte
circonstances
vement de
femme.
et
Mme
de Raguse
avaient
mon
partage.
j'y
trouvai
des habi-
que je ne pouvais supporter, habitudes tellement prises qu'il tait impossible de les combattre avec succs. Je
me
bornai vouloir de
la
la
part de
culai
Mme
de Raguse de
rserve. Je cal:
mais
126
PERREGAUX.
son caractre tait peu propre la conciliation et elle trouva le moyen de me rendre la vie insupportable.
Tout en
elle
tait passion
et draison.
Alors je rsolus de
et
me
sans clat. Je
poussai la dlicatesse de
ma
aux
conduite
jusqu'
renoncer
volontairement
elle....
Ds ce moment
furent
il
distincts.
J'allai
me
loger
loin d'elle
fut
convenu
seulement que ne
Ma
qui
Elle
en rsulteraient
aurait
la
pour
elle
dans
l'opinion.
trouv
commode
si
d'avoir
auprs du
monde
cependant
elle
succs sociaux.
Un jour, quand
Nous
en rsultera de
cour,
elle
la
me
Ah! vous
de marchepied!
Rponse o
haine se montre
mme
sur ses
du
mes ennemis
politiques afin
PERREGAUX.
d'avoir des amis et des prneurs.
le seul
127
moyen pour
elle d'avoir
incompatible
exige
un cur tendre, gnreux, de la justice, de la raison, de l'indulgence et une sorte d'galit au moins dans les rapports, si elle n'est
divin
pas dans
la
la
non des gaux. Du moment femme portant mon nom, qui de prs ou de
existence, s'unissait
elle
donnait
le
Mme
de Raguse
que je ne saurais jamais lui pardonner. Elle a tent de fltrir ma vie, mais si elle n'y a pas russi elle est parvenue au moins
la dchirer.
Ces lignes sont bien dures et bien svres pour Mme de Raguse, mais elles ne sont pas justes. Ici,
la
haine et
la
jalousie.
du duc
et
de
la
duchesse de
si
heureux
128
PERREGAUX.
Soult,
il
vcurent
en
parfaite
harmonie,
mme du mnage
surtout,
Marmont.
Instruit
qui la faute?
la
Au marchal
trs
au
hasard beaucoup,
et
intelligent,
fourni
s'tait
:
Marmont
peu peu dominer par deux sentiments l'orgueil et la jalousie de tous ceux qui l'entouraient. Il n'tait plus le charmant cavalier plein
d'ardeurs juvniles qu'il avait t au dbut de sa
vie militaire
;
ou de demander un concours, il mritait tout fait ce surnom de Marmont premier que lui avait donn l'Empereur. Il tait
trations rivales
il
tait
aussi
ne maniait pas les deniers publics sans que ses mains ne fussent suspectes , a dit un de ses
historiens*.
l'orgueil,
Marmont
joignait
une
;
jalousie haineuse
profondment vex de voir ses compagnons d'armes devenus marchaux d'Empire avant lui, il tait rong par l'envie et exhalait sa mauvaise humeur
Rapetti,
1.
La dcfeclion de Marmont en
1814.
PERREGAUX.
en dnigrant
les
429
deux poux. Peut-tre si le marchal tait revenu en France, les malentendus auraient cess; mais Marmont fut un des gnraux de l'empire qui voyagrent le plus de 1804 1814, en dix ans, il passa six semaines
devenaient peu frquentes entre
les
;
femme
depuis
livre
la
elle-mme
et
sans
conseiller,
mort de Perregaux;
qu'elle ait
dans ces
conditions
commis quelques
lgrets, qu'elle se
le tort
Pendant un de ses rares voyages Paris en 1810, le marchal arriva l'improviste dans
de
la
l'htel
rue
de
Paradis-Poissonnire, au
rentrait en calche;
moment o
sa
femme
il
sans
autre explication,
Mme
de Raguse
Dsormais,
sible.
de jamais y rentrer; furieuse, la duchesse partit pour Viry o elle s'enferma dans sa chambre.
la vie
commune
tait
devenue impos-
si
svre envers sa
9
130
PERREGAUX.
tait
femme,
tait
dj mari, et
il
les
coup de
satisfaction;
parlant
notamment
des
difficults qu'il
prouva
la
comme
me avec un
plaisanterie
fonctionnaire
civil, il
femme de
celui-ci,
d'assez
mauvais got
Il
ne put
plus m'accuser de
manquer de
soin et de compter
mes
visites
avec lui^
duc
et
la
duchesse de
que trop quelle fut la coupable Marmont en et triste conduite du marchal ces heures douloureuses o la France envahie entendait sonner le glas de l'Empire. Marmont, pour qui l'Empereur avait toujours eu la plus grande amiti, oublia la reconnaissace qu'il devait
Raguse.
celui qui l'avait cr duc et marchal d'Empire
trahissant l'honneur de l'arme,
il
;
On ne
la
discrtion
de
une rcompense. La rcompense du tratre d'Essonnes, ce furent des honneurs et des titres mais
;
le
chtiment ne se
fit
pas attendre;
le
mot
ragu-
ser
devint
synonyme de
t.
trahison, et le marchal
1.
Marmont, Mmoires,
II, p. 58.
PERREGAUX.
sur son passage.
131
lui-mme dans ses Mmoires que sa femme lui tmoigna tout le mpris qu'il lui inspirait et il l'en blme svreIl
avoue
Mme
de Ra-
guse
les
restait
fidle
fidle
dans
des
honntes
gens,
estime
allait
qu'il
d'ailleurs et
la
commencer pour
il
le
marchal,
jusque dans
crit
l'exil
rprobation de
la
conscience publique.
M. Henri Houssaye quand le vieux marchal songeant la France o il aurait voulu aller mourir passait sur la riva dei Schia^ voni, les enfants du peuple le montraient au doigt Ecco colu ga tradi Napolon! Voil et criaient
Venise
:
Napolon M
1.
CHAPITRE VHP
VIRY-CHATILLON
Tout prs de Juvisy, sur le penchant d'un coteau verdoyant, s'lve un petit bourg d'aspect ais et paisible c'est Viry-Chtillon, dont on aperoit de
:
trs
loin
la
vieille
glise
gothique,
dominant
l'glise,
A quelques
pas de
du
par
xvni*^ sicle, et
remarquable; mais
le jardinier
1.
la
Rvolution franaise,
4
Buchon
Correspondance indite de
Mme
Campan,
1835.
5 Biographie des dames de la cour et du faubourg Saint-Germain par un valet de chambre congdi, Paris,
1826.
134
PERREGAUX.
est merveilleux.
et reposant,
premiers drames de
s'y
joua
le
22 juillet 1789
en
effet,
chez son
ami M. de
grilles
du chteau
un bouquet de chardons
il
et
une botte de
jusqu' Paris o
La duchesse de Raguse, tout en conservant cette superbe proprit l'aspect que lui avaient donn ses prcdents possesseurs, n'avait cess de
l'agrandir et de l'embellir. C'est elle que l'on
doit le
s'lve
de meubler
lire et
aimait venir y
le
mort de la marchale Marmont, on y trouve cependant encore quelques souvenirs notamment une superbe jardinire en acajou avec de trs beaux ornements en cuivre, un curieux fauteuil du plus pur style Empire orn d'une bande reprsentant des danses
chteau aient t disperss
:
PERREGAUX.
grecques,
peint par
155
Mme
une vue du chteau prise du jardin et de l'autre une vue de Suisse; enfin dans le pavillon bleu situ au fond du jardin, on peut contempler une
fresque trs fine reprsentant des joueurs de flte.
Ce
fut
Viry que
Mme
de Raguse apprit
rtablissement
la
le
dsastre
de Waterloo et
elle
le
des
Bourbons. Ds lors
consacrant
la
vcut loigne de
toujours
taient
cour,
chteau
qu'elle
et
:
La
musique
favorites
la
lecture
ses
occupations
fit
bibliophile
passionne
(elle
partie
de
la
1845),
runissait
exemplaires de luxe.
pour
la
Mme
de Vatry
Il
celle qui
n'est
donne de
si
qu'un
chantillon
futures
et
Vous
madame, qu'il y a quelques annes vous doutiez du succs de certaines planavez peut-tre oubli,
tations de cdrats et limons, et
que
je
vous promis
de vous
off'rir
136
PERKEGAUX.
le
tiers
de
la rcolte
me
permet-
bonne pour manger des perdrix mon intention et convenez que mes limons valent ceux des les Borromes. Vous ignorez srement que je suis malade depuis trois mois, que je me couche
dix heures, sans quoi vous ne m'auriez pas donn
le
la
nom
chez
mon
portier
vous
prie,
La duchesse de Raguse recevait beaucoup Viry o venait frquemment sa jolie et tourdie belle-sur Mme Alphonse Perregaux, ne Macdonald. Cette dernire avait
failli
d'couen par
des circonstances
M. d'Hrisson*
Mme
de Smonville
'
Au
dessert, le chapitre de la
:
Elle de rpondre
1.
D'Hrisson:
Souvenirs intimes du
baron Mounier.
p. 42.
PERREGAUX.
en jetant sa serviette au nez de
la
157
respectable
dame.
Sur
cette
tentative
malheureuse,
s'il
La demoiselle
confiance
:
vous y prendre,
lui plaire
il
laissez-moi la cajoler.
puis
les
Peu
il
peu,
hasarde
On
l'coute;
de ce
Enfin
Je m'en
moque
rponse habituelle).
il
ment. Et
ma
chre, tu
certainement,
mon
:
tranquille.
Je ne dirai plus
je m'en
moque! je
dirai seule-
ment
je m'en fous!
la
duchesse
Horace Vernet,
on dansait
Denon,
et
Mme
parfois
du pays,
certains
une
telle
exubrance
chapeaux par
les fentres.
Quelquefois
Mme
de
Raguse
pour prendre
par exemple.
Isabey
crit
Mme Campan
138
PERREGAUX.
le 27 fvrier
Hortense de Beauharnais
n'tait pas
1819 \
touil
meilleur
ou du plus bizarre got, et dont les simples dominos taient proscrits. Plus que l'galit rgnait dans cette assemble, et vous en
la liste
jugerez par
de quelques noms.
Il
y avait
noms
Mme
Gail, l'auteur
de romances;
Mme
la
duchesse
de Raguse,
Mme
Gavaudan
et sa
mre;
princesse de Chimay,
Mme
Belmont;
mand; Levasseur, de
l'Opra;
Mmes
Mon
s'y est
La marchale Marmont
qu'en
fait
le
aime de tous
le portrait
ouvrage publi en
la
1826 sous
le titre
cour
du faubourg Saint-Germain par un valet C'est une grande et belle de chambre congdi femme, trs douce et trs charitable. Tout ce qui
et
:
son mari,
le
1.
Buchon Correspondance
:
indite de
Mme
Campan,
1855,
t.
II,
p. 212.
PERREGAUX.
TEmpereur,
elle
139
comme
lui
le
joug importun de la reconnaissance et a su, malgr les chances de la fortune, rester fidle ses premiers souvenirs. C'est de l que vient leur division. L'interrgne la fit clater. Le cur du
duc penchait vers Louis XVIIL celui de la duchesse se prononait pour Napolon. La cour de Gand
vit le premier, celle
de Paris accueillit
la
seconde.
Tout rapprochement devint ds lors impossible. Mme de Raguse entretenait une correspondance amicale avec les fidles de l'Empire. Eugne de
en juin et aot 1823 son sjour Marienbad et ses projets de voyage sur le lac de Constance dont il esprait beaucoup pour sa sant. Lavallette, rfugi en Bavire aprs sa
Beauharnais
lui racontait
miraculeuse vasion,
la
suppliait de
lui
crire
souvent et
Starnberg*
Je ne
lui
confiait sa
il
femme
et sa fille; le
28 juillet 1816,
:
lui crivait
sais
vue et la lecture de votre lettre. On m'avait dit que vous tiez de ce ct-ci; je n'osais le croire. Mais une
prouv
la
lettre
et je suis si loin
me
fait
une impression
p. 363.
Depuis
1.
Lavallette, Mmoires,
t. II,
140
PERREGAUX.
l'ai
ce malin je contient
m'ont
pleurer
comme un
enfant.
me donne
funeste poque
une navet
si
vous y avez mis un tel charme, vraie que j'ai retrouv en la lisant
;
et
si
ce dnouement
si
extraordinaire.
Il
est
ma
pauvre Emilie se
porte bien; on
me
l'avait dit,
mais pas
comme
rapproches.
et
Ils
Vous
Ils
de l'aimer.
calme,
tranquille et
si
la
ne
souffrez pas
C'est
que
les
misrables
tourmentent.
un
tre sacr,
expier
si
si
noble et
j'ai
pass
une nergie de cur et une hauteur d'me dont je ne savais que faire (c'est assez vous dire que je n'tais pas dcourag), mais avec une douleur
qui
je
me
jetait
dans
les convulsions.
Et cependant
Parents,
PERREGAUX.
a l parfait pour moi.
je
141
n'aurais qu'
la
me Aommer pour
des
amis; et
ma
consolation.
si
Mais
mon
malade,
me
faut
un courage qui
pour supporter
les
ma
pour
me
distraire. Je vis
monpour compagnon
habile et avec
tudes
de
ma
malheur avec tant de noblesse et de grce. Je prie et je pleure en pensant tout ce que j'aime et ma pauvre patrie tombe dans un avilissement tel que je n'ose plus la nommer. J'apprends la langue du pays, car mon compagnon ne sait pas
un mot de
la
mon nom
ni
mes
infortunes,
d'un mchant
homme,
et
que je leur
fais
du
bien.
142
PERREGAUX.
Les misrables qui m'ont si cruellement trait ne se doutaient pas que cette femme si faible, si
malheureuse,
si
courageuse qu'eux tous. Je ne leur veux aucun mal, le plus profond mpris m'a fait justice, mais
je
doute
qu'ils se
j'ai ici
moins bon, moins gnreux. Je le vois, lui et sa famille, souvent depuis quelque temps. Ce sont des anges de bont il est heureux! et ce spectacle de bonheur me fait grand bien. Vous avez donc vu ma pauvre petite Josphine.
un
deviendra-t-elle
Je frmis en pen-
il
m'et t
si
me
que
avec une noble amie qui a t si admirable pour moi * et qui voyage aussi de ce ct rptez-moi
;
toutes que je vous reverrai, que je jouirai de votre bonheur. Car pour le mien tout est fini, et j'ai le pressentiment qu'un petit coin de terre m'attend
Aimable Caroline!'
Eugne de Beauharnais. La reine Hortense. La gnrale Lallemand.
elle
est
1.
2. 3.
PERREGAUX.
145
route de TOrient?
va-t-il? cela
m'in-
un des plus nobles caractres que j'aie trouvs. Vous reverrez nos bons amis Mollien. Dites-lui que je l'aime et que je pense lui tous les jours et longtemps chaque jour. Embrassez sa douce compagne; je lui souhaite du bonheur. C'est la dernire personne que j'aie vue, car c'est en sortant de chez elle que j'ai perdu ma libert, et sa
quite, car c'est
m'a donn une preuve d'amiti dont j'ai gard un doux souvenir. Pensez tous moi, et vous surtout, chre amie, dont j'aime tant le noble caractre et l'me si couil
qu'une
si
une
si
odieuse perscution.
Que
vont-ils devenir?
malheur de Bruce est rel, que cela me rendra malheureux moi-mme. On paie cher une
Si le
noble conduite
adieu!
le
ma
part. Voil
un mot
pour
elle.
les
tmoigner
144
PERREGAUX.
pension,
Hortense
de Beauharnais.
de
son
fils,
la
faveur de Louis-Napolon
mais
le
gouvernement
de sa pr-
de Louis-Philippe, ds
Vainement
Mme
de Raguse
et
la
baronne de
d'Hortense de
flexible, et la
Beauharnais;
le
mre de Napolon HI dut regagner Arenenberg o elle n'allait pas tarder mourir. C'est ces vnements que la marchale Marmont faisait allusion quand elle crivait M. Gochelet
:
Paris, ce 25
mai
1857.
que vous m'avez fait l'honneur de m'crire, monsieur, ne m'est parvenue que ces
La
lettre
PERREGAUX.
145
On vous
j'tais
que
l'ai
bonheur, ni
pleine de
douleur de soigner
la
Reine, je ne
elle
mois; alors
tait
de force
et
terribles anxits!
que
d'elle
ou par
les
personnes
mdecins ne le dissimulent pas et ils ont prononc un arrt que j'ai peine croire possible, mais que les accidents qui se renouvellent sans
cesse
ne
rendent que
depuis
trop
probable.
Elle
est
pourtant mieux
un peu
on
la
Mais
elle
ne se lve pas
et
rassurants, et
ils
pour les amis de la Reine, qui n'y peuvent puiser aucun espoir pour l'avenir*. Je regrette, monsieur, de n'avoir pas de meilleures nouvelles
vous
elle tait
tablie chez
les
lui faciliter
tous
1.
mourut
le 5
octobre 1837.
10
146
PERREGAUX.
moyens de vous en donner de
certaines et de
les
rcentes.
mes
senti-
ments distingus.
de Raguse qui, en 1815, possdait encore 2 millions, avait vu peu peu son patrimoine diminuer; ds 1827, elle tait oblige d'entamer un
procs en sparation de biens contre son mari
;
Mme
le
procs fut interminable, mais, finalement, la marchale obtint gain de cause en. premire instance,
de banque
Laffitte, la
des pertes considrables qui l'obligrent restreindre son train de maison et vendre son bel
htel de la rue de Paradis-Poissonnire pour aller
s'installer 65,
ment d'un
vait-elle,
jusqu' sa mort.
cri-
de
me
gent.
Ma
compter strictement avec moi-mme. C'est un fait assez connu pour que mon patronage, qui ne peut plus contribuer la russite d'aucune
force de
entreprise, ne ft,
confiance qu'avant
PERREGAUX.
tout,
cs.
147
le
on
doit rechercher
pour en assurer
suc-
Au lendemain
Marmont
crivit
de
la
femme
au duc Decazes et Pasquier pour intercder en sa faveur. Ne manquez pas, mon cher duc , crivait-elle Decazes le 29 septembre 1830, de parler au duc de Broglie dans le sens dont nous sommes convenus et de lui faire sentir l'absurdit
position d'un
homme
jugement
y aurait
manque de gnro-
y aurait de
la part
de quelques individus
Conseil qui lui ont
le
pendant
le
les
fameuses journes.
voir.
marchal
alla le
Raguse
Les vnements qui m'ont fait quitter la France , crit Marmont, ont sembl rappeler en
pour moi. J'ai tant de peine har, je trouve tant de douceur dans les sentiments opposs la haine que je me
elle
quelques
bons
sentiments
148
PERREGAUX.
montr sensible son
intrt.
<
suis
Ce
fut la
Il
est encore
et saute
les
duchesse de Raguse
elle avait
encore des
deux cochers, un jardinier, un matre d'htel et un valet de chambre nomm Vidal, dont la mre tait depuis longtemps son service en qualit de femme de chambre. Ce
personnel arrivait
trs
la
difficilement
se
faire
payer
et
:
taxait
marchale
lui
d'avarisme
et
d'gosme
laisse Viry
fait
o on
la
de largesses
les
commune
de n'avoir donn
le village
pendant
deux bannires; sa mort elle laissa pourtant 2000 francs aux pauvres. *Peut-tre, comme beaucoup de vieillards, la marchale Marmont tait-elle devenue un peu goste et d'une humeur difficile la fin de sa vie, mais on ne saurait lui en faire un crime d'ailleurs elle tait oblige de compter pour conserver sa proprit de
;
Viry qui
PERREGAUX.
149
Marmont
ne
lui
tait
docteur Larrey,
et
on
lui avait
faisait dire
Elle a
un nez
La duchesse de Raguse
mourut Paris dans son appartement de la rue de Varenne le 25 aot 1855, ge de 78 ans, et fut enterre au Pre-Lachaise o on peut contempler
son
magnifique
monument surmont
de
ses
armes.
FIN
Introduction
Chapitre
Chapitre Chapitre
Chapitre
Chapitre
I.
Le
la
monde
financier la veille de
1
.
Rvolution
Chapitre
Chapitre
Un banquier sous la Rvolution. Le Directoire IV. Le mariage de Marmont V. Le jeune mnage VI. Les dernires annes de Perregaux. VIL Le mnage Marmont sous l'Empire.
II.
17
III.
39
51
69
105
115
133
Chapitre
VIII.
Viry-Chtillon
54627.
9, Paris.
'W
....il||
1197 1^2397
Il 7429