Pédagogie
Pédagogie
Pédagogie
La pdagogie (du grec , direction ou ducation des enfants1) dsigne l'art d'duquer. Le terme rassemble les mthodes et pratiques d'enseignement et d'ducation ainsi que toutes les qualits requises pour transmettre une connaissance, un savoir ou un savoir-faire. Plus gnralement, l'expression Faire preuve de pdagogie signifie l'aptitude enseigner et transmettre un individu ou un groupe d'individus -de tous ges et de toutes conditions- un savoir ou une exprience par l'usage des mthodes les plus adaptes l'audience concerne.
Dfinitions
Le mot pdagogie drive du grec , de (/'pads/), l'enfant , et (/'a.g/), conduire, mener, accompagner, lever . Dans l'Antiquit, le pdagogue tait un esclave qui accompagnait l'enfant l'cole, lui portait ses affaires, mais aussi lui faisait rciter ses leons et faire ses devoirs2. Pdagogie est un mot remontant 1495 d'aprs le dictionnaire Le Robert. L'Acadmie franaise l'admet depuis 1762. Ferdinand Buisson, qui fut inspecteur gnral de l'instruction publique, donne cette dfinition : "science de l'ducation, tant physique qu'intellectuelle et morale" (Dictionnaire de pdagogie, 1887, col. 2 238 a). mile Durkheim : la pdagogie est une "rflexion applique aussi mthodiquement que possible aux choses de l'ducation" (L'volution pdagogique en France, Paris, PUF, 1938, p. 10). "L'ducation est l'action exerce par les gnrations adultes sur celles qui ne sont pas encore mres pour la vie sociale. Elle a pour objectif de susciter et de dvelopper chez l'enfant un certain nombre d'tats physiques, intellectuels et mentaux que rclament de lui et la socit politique dans son ensemble et le milieu social auquel il est particulirement destin" (article "ducation", in F. Buisson, Nouveau dictionnaire de pdagogie, Paris, Hachette, 1911, p. 532. Reproduit dans "L'ducation, sa nature, son rle", in ducation et sociologie, PUF, coll. "Quadrige", p. 51).3 Pour . Durkheim - et cette ide fera fortune "la pdagogie est une thorie pratique", comme la mdecine ou la politique. La pdagogie est la fois une thorie et une pratique : une thorie ayant pour objet de rflchir sur les systmes et sur les procds d'ducation, en vue d'en apprcier la valeur et, par l, d'clairer et de diriger l'action des ducateurs. Franoise Clerc : la pdagogie est "l'ensemble des savoirs scientifiques et pratiques, des comptences relationnelles et sociales qui sont mobilises pour concevoir et mettre en uvre des stratgies d'enseignement". Franc Morandi : la pdagogie est "tude et mise en uvre des conditions d'apprendre"4. Quelles diffrences entre pdagogie et didactique ? "'Pdagogique' rfre plus l'enfant et 'didactique' plus l'enseignement, en raison de leurs tymologies respectives."5 D'autre part, la pdagogie est gnraliste, tandis que la didactique est spcifique, elle concerne telle ou
telle discipline ("didactique des mathmatiques", "didactique du franais langue trangre"...) : la didactique porte sur l'enseignement d'un contenu particulier. "La didactique fait l'hypothse que la spcificit des contenus est dterminante dans l'appropriation des connaissances, tandis que la pdagogie porte son attention sur les relations entre l'enseignant et les lves, et entre les lves eux-mmes."6 Selon Marguerite Altet7, "L'enseignement couvre donc deux champs de pratiques : 1. celui de la gestion de l'information, de la structuration du savoir par l'enseignant et de leur appropriation par l'apprenant, domaine de la Didactique 2. celui du traitement et de la transformation de l'Information en Savoir par la pratique relationnelle et l'action de l'enseignant en classe, par l'organisation de situations pdagogiques pour l'apprenant, c'est le domaine de la Pdagogie."
Distinctions
Dans l'histoire de la pdagogie, il faudrait distinguer mthodes, systmes, mouvements, dmarches, dispositifs, modles, approches, pratiques...
Le contrat pdagogique est une notion introduite pour signifier que l'enseignement ne peut produire ses fruits que si il y a accord entre l'enseign et l'enseignant sur les objectifs mmes de la formation, les comportements attendus des enseignants et enseigns ressortant, eux, du contrat didactique8. les dmarches pdagogiques sont des attitudes mthodologiques et progressives de pense insistant soit sur les phases, les moments d'un travail, soit sur les formes, les aspects d'un objet de recherche, en matire d'enseignement. Par ex., l'approche ou dmarche exprimentale se droule en au moins trois phases (observation, hypothse, contrle)9 et se concentre sur au moins deux points (la reproduction du phnomne, la modification des variables). On peut citer les dmarches comparative, dductive, historique, scientifique, transversale, complexe10, innovante, systmique11... que l'on trouve autant chez les lves que chez les professeurs ou les pdagogues. les dispositifs pdagogiques 12 sont des structures administratives, des agencements au sein du systme ducatif, en lieux, personnels, finances, rglements, matriels. Comme exemples, on peut citer les ZEP (1981), l'organisation de l'cole primaire en trois cycles (loi Lionel Jospin, 1989), "le socle commun des connaissances" (Gilles de Robien, 2006), les stages de remise niveau (Xavier Darcos, 2008), la prvention du piratage informatique (Christine Albanel, 2009), le dispositif d'valuation des acquis des lves en C.E.1 et C.M.2 (2009). les doctrines pdagogiques13,14 sont de grands ensembles thoriques, complexes, mlant thories et procdures. Ce sont des philosophies, des visions du monde, des idologies. Elles supposent, clairement identifies, une psychologie de l'enfant, une philosophie de l'ducation, une sociologie de l'institution scolaire ou universitaire. Les principes comptent. Ds La Rpublique de Platon on trouve des doctrines. On peut considrer comme "doctrines pdagogiques" la pdagogie traditionnelle, la pdagogie ngative (Jean-Jacques Rousseau)15 ou non directive (Carl Rogers,
1969)16, la pdagogie sovitique (A. Makarenko, 1917), l'ducation nouvelle (dont Freinet), la pdagogie Steiner-Waldorf. les mthodes pdagogiques consistent en rgles et en procds pour mettre en uvre un enseignement du matre ou un apprentissage de l'lve, de faon thorique ou pratique17. On s'en sert pour grer, expliquer, dcouvrir, valuer. Les ralisations comptent plus que les principes. En ce sens, la maeutique de Socrate (dite "mthode interrogative"), la pdagogie de projet (project-based learning), la pdagogie de contrat, la pdagogie diffrencie18, l'enseignement programm (Skinner, 1958), la pdagogie par objectifs, la pdagogie par situation-problme (problem-based learning), l'enseignement assist par ordinateur19 sont des mthodes pdagogiques. les modles pdagogiques 20 sont des types, des rfrences, des idaux, des principes utiliss dans l'acte pdagogique, plutt que des professeurs idaliss ou des recettes d'enseignement toutes faites, prtes tre utilises21. Marcel Lesne (1977) cite : transmission, incitation, appropriation. Jean-Pierre Astolfi (1992)22 : empreinte, conditionnement, construction. Franc Morandi (1997) : tradition, pdagogies actives, matrise, diffrenciation, autonomisation. Selon Labdie et Amoss : transmission (pdagogie traditionnelle), stimulus-rponse (pdagogie bhavioriste), construction (pdagogie active), socio-construction, mtacognition23. les mouvements pdagogiques sont des "organisations militantes, inspires par une idologie ducative novatrice, regroupant des enseignants mus par le mme idal"24. Ex. : le Groupe franais d'ducation nouvelle (1921, Paul Langevin et Henri Wallon)25, l'Institut coopratif pour l'cole moderne (1948, inspir de Freinet). les notions pdagogiques 26 sont des concepts, ides, reprsentations, des objets abstraits de connaissance. Exemples : apprentissage, auto-formation, comptence, criture, ducabilit, entranement, imitation, mtacognition27, rglement intrieur, rythmes scolaires. Organises, les notions forment des thories. les pratiques pdagogiques 28 concernent les activits volontaires but ducatif. Elles couvrent un champ trs large : les consignes, les tches et les activits, les interactions, les rituels et routines, les notations et valuations, les stimulations, les supports d'activit (comme l'usage de l'ardoise, le recours l'ordinateur, l'utilisation de la voix)... les styles pdagogiques (ou profils) sont les attitudes du matre qui enseigne. Jerome Bruner, le premier (en 1956), y a prt attention, chez l'lve29. Il y a les pdagogies formelles (structures) ou informelles (souples), directives (autoritaires) ou non directives (dmocratiques ou permissives)... On distingue habituellement les styles transmissif (le matre dispense des savoirs), appropriatif (le matre aide l'lve construire son savoir), modlisant (l'lve reproduit ou imite un modle, ou bien il labore une reprsentation formelle). Marguerite Altet distingue ces "styles didactiques" : expositif (information, organisation, gestion), interrogatif (interrogation, valuation), incitatif (stimulation), animateur (guidance), guide (guidance, rgulation), mixte-flexible30. Aux styles d'enseignement des matres sont parallles les styles d'apprentissage des lves : visuel ou auditif ou kinesthsique, rflchi ou impulsif... les thories pdagogiques 31 forment chacune un ensemble cohrent de notions. Une thorie pdagogique est suppose expliquer ce qu'est l'ducation, l'apprentissage, l'instruction, l'lve, l'enseignant, le savoir scolaire. Par exemple, la
thorie constructiviste de Piaget32 avance de nombreuses notions : stade, assimilation, accommodation, invariance des quantits physiques... (mais Piaget refuse d'tre pris pour un pdagogue, il est psychologue). Parmi les thories pdagogiques on trouve : le traditionalisme (tienne Gilson, 1954 ; Alain Finkielkraut, 1988), le marxisme sovitique (A. Makarenko, 1917), le bhaviorisme (John B. Watson, 1925), le constructivisme (J. Piaget, 1923), le socioconstructivisme (L. Vygotski, 1934), le spiritualisme (Abraham Maslow, Krishnamurti), la thorie de la reproduction de Pierre Bourdieu (1970)33, le cognitivisme (Robert Mills Gagn, 1976)34,35... Une thorie combine des notions, et si des thories se combinent elles forment une doctrine. Mais, en ralit, les choses sont moins nettes..
Histoire de la pdagogie
Pralablement, il faut rappeler que les normes pdagogiques sont ancres dans l'histoire et donc historiquement situes. Chaque poque secrte des dbats sur ce qu'il faut enseigner (valeurs, connaissances...) et comment les enseigner 36.
Les prcurseurs
L'humanisme de la Renaissance voit natre quelques prcurseurs de la pdagogie. En territoire germanique, Martin Luther est un initiateur fondamental de l'enseignement moderne : ses motivations puisent leur source au cur mme de sa thologie, mais aussi dans le contexte religieux, conomique et social de son temps. Le Rformateur implique l'ensemble du tissu social dans cette mission ducative37. En France Rabelais propose un idal du dpassement de soi. Il dcrit la fin de Gargantua (1534) une abbaye utopique, l'abbaye de Thlme. Rabelais, moine de son tat, connat bien la vie monacale, et dans la description de cette abbaye fictive il expose son ide d'une abbaye humaniste o de beaux jeunes gens, des deux sexes, viendraient tudier dans un cadre de vie idal. L'accent est alors mis sur l'aspect moral, plutt que religieux. On raffirme l'importance de l'ducation physique. la mme poque (1547), Ignace de Loyola donne l'ordre qu'il fonde une vocation d'enseignement sur la base du nouveau programme d'enseignement, le Ratio Studiorum. Les collges qui seront ouverts par les Jsuites en Italie, en France (collge de Clermont Paris, collge de La Flche, o Descartes fera ses tudes, collge de Mauriac et de Billom en Auvergne, etc..), puis progressivement dans toute l'Europe, seront le modle de l'enseignement secondaire des lyces du XIXe sicle38. Pour le tchque Comenius, la pdagogie doit tre utile et pour tous39. Au XVIIe sicle, Jean-Baptiste de La Salle fonde un ordre lac pour enseigner gratuitement dans les coles de village. Il rdige pour les matres un trait de civilit l'usage des enfants
des deux sexes, et un programme d'tudes, la Conduite des coles chrtiennes, qui servira de base l'organisation de l'enseignement primaire jusqu'au dbut du XXe sicle. Au XVIIIe sicle, on revient contre l'enfermement. On veut former les jeunes au monde contemporain.
XIXe sicle
En Allemagne : Paul Natorp et Georg Kerschensteiner. Chaque individu doit se former une fonction dtermine. La communaut doit dvelopper la solidarit, l'instruction civique le respect de l'autorit, et le sentiment patriotique. En Angleterre : Robert Owen. Le choix des professeurs se fait sur leur capacit veiller la curiosit des enfants, leur patience, leur amour de l'enfant41.
XXe sicle
Au XXe sicle, la notion de pdagogie change. La pdagogie devient une pratique, un ensemble de mthodes. Les pdagogues s'efforcent d'utiliser des lments de psychologie, c'est notamment l'closion du mouvement de l'ducation nouvelle qui considre l'ducation comme un acte global de construction de la personne et non comme une simple retransmission de connaissances.
En Europe occidentale, on prend en compte l'enfant. En URSS, c'est la dimension sociale. Aux tats-Unis, avec John Dewey, elle est pragmatique, exprimentale, volontariste et socialisante. Dewey est, ds 1900, l'origine de l'ducation nouvelle (pdagogie active, coute des besoins de l'enfant, projet, apprendre en faisant...). La mdecine vient aider la pdagogie. Mdecin elle-mme, Maria Montessori, Rome, 1907, avec sa Casei dei bambini, cre la mthode portant son nom pour influencer la psychologie sensori-motrice des coles maternelles.
En France, ds 1918, Adolphe Ferrire, Clestin Freinet, en Belgique Ovide Decroly, instaurent l'ducation nouvelle, inspire de John Dewey, o l'enfant est actif, social. L'inspecteur Roger Cousinet propose "une mthode de travail libre par groupes" (1943), effectif : observations, collections, travaux manuels, classement des connaissances acquises ; il cherche tablir un climat de confiance et de comprhension rciproque42. De nos jours, le sens de pdagogie renvoie davantage la manire dont va se faire la formation d'un enfant qu'au contenu proprement dit de cette formation. Il s'agit tantt des processus mis en uvre dans l'acquisition de connaissances, tantt de l'attitude et de l'action du pdagogue, de celui qui accompagne. C'est partir de ces conceptions que se comprennent et se classent les diffrents courants de pdagogies. En ce sens, il s'agit des techniques mises en uvre dans une action formative ou d'enseignement. Le mot technique englobant ici l'usage que le pdagogue fait de son premier outil : lui-mme. partir de l, les principales voies qui s'ouvrent l'laboration d'une pdagogie sont de distinguer les savoirs instruits un lve des savoirs construits par une personne. Les savoirs instruits sont relis la notion d'enseignement, alors que les savoirs construits font appel l'autonomie de l'enfant. En ce sens, la pdagogie n'est pas uniquement l'uvre de l'enseignant. Elle serait plutt l'ensemble des moyens consciemment mis en uvre ou non de la communaut ducative - les coducateurs. Ainsi, la famille, l'cole, les centres de loisirs, les clubs, sont autant de sphres o l'enfant frquente des pdagogues . C'est le dbat qu'a lanc l'quipe des Carrefours de l'ducation , Perpignan, en octobre 2003.
la limite, chaque pdagogue a sa pdagogie. Mais, selon Marguerite Altet, on classe habituellement les diverses pdagogies en trois ou quatre types45, avec toujours les mmes cinq lments : l'apprenant, l'enseignant, le savoir, la communication, la situation, le tout ordonn vers une finalit (instruire ou duquer, former... du ct du matre ; apprendre ou se socialiser, s'panouir, s'autonomiser... du ct de l'lve). 1. les pdagogies traditionnelles. Elles sont centres sur les savoirs constitus transmettre et sur le matre (magistro-centrisme), qui enseigne. Elles fonctionnent la transmission de contenus dj structurs ou l'empreinte, assimilation passive. On attend de l'lve "rponses, performances, savoirs". On a l les diverses pdagogies dfendues par les congrgations religieuses (les jsuites, etc.) et les pdagogues transmissifs (Comenius, Alain46, etc.). 2. les pdagogies actives. Elles sont centres sur l'lve comme enfant (purocentrisme), un lve qui "construit" son savoir, s'approprie personnellement les connaissances et les procdures. C'est le mouvement pdagogique de l'ducation nouvelle, avec la pdagogie fonctionnelle de John Dewey (1897)47, l'cole nouvelle d'Adolphe Ferrire (1899)48, l'cole nouvelle d'Ovide Decroly (1921)49, la pdagogie cooprative de Clestin Freinet (1924), la pdagogie de la libert de Roger Cousinet (1959)50. 3. les pdagogies technologiques. Elles sont centres sur l'lve en tant qu'apprenant et sur les moyens techniques, opratoires, d'acqurir effectivement des savoir, savoir-faire, savoir-tre (techno-centrisme), en temps voulu. Il s'agit de rendre l'lve actif en lui proposant un savoir programm dcouvrir ou reconstruire. On obtient la pdagogie par objectifs (1935) qui articule objectifmthode-valuation-objectif dans une optique de rationalisation et d'efficacit. On trouve galement l'enseignement programm de B. F. Skinner (1958) bases de rcompenses, de "conditionnement oprant". 4. les pdagogies socialises. Elles sont centres sur un enfant membre de la communaut sociale et sujet social (socio-centrisme). Elles entendent former un homme social, duquer socialement. Ici figurent la pdagogie marxiste de A. Makarenko (1917), la pdagogie institutionnelle de Fernand Oury (1963)51, la "pdagogie progressiste" de G. Snyders (1976)52. Il existe galement d'autres mthodes non prsentes dans cette classification, telles les pdagogies cognitives. Ces pdagogies sont bases sur les recherches en psychologie cognitive, qu'elles utilisent afin de rendre l'enseignement plus efficace et/ou efficient. Elles utilisent notamment les recherches sur la mmoire, la mta-cognition et l'expertise pour dduire des mthodes et pratiques pdagogiques adaptes. Parmi ces pdagogies, on trouve notamment la pdagogie explicite, et l'apprentissage multi-pisodique d'Alain Lieury.
procder du gnral au particulier et du facile au plus difficile , placer toute chose sous les sens, en faire apparatre l'utilit immdiate, suivre toujours la mme mthode , rgler son enseignement sur les capacits des lves , agir sur le savoir , le faire et le parler , rdiger des manuels correspondant aux matires enseignes dans chaque classe, n'enseigner que deux heures le matin (science ou art privilgi) et deux l'aprs-midi (histoire, puis exercices de style et de diction, travaux manuels) (le reste du temps : exercices physiques, travaux domestiques, prparation des devoirs), sanctionner par des examens publics... La pdagogie traditionnelle est celle du modle transmissif. Sur le triangle pdagogique de Jean Houssaye elle se situe du ct du savoir, elle privilgie ainsi la dmarche didactique de l'enseignant. Le terme de pdagogie traditionnelle est employ par ceux qui souhaitent s'en dmarquer. On oppose alors la pdagogie traditionnelle l'ducation nouvelle ou moderne. La pdagogie traditionnelle est celle du savoir, du modle, de l'autorit, de l'effort, de l'individualisme et de la sanction.
Freinet, ds 1924, est un autre acteur important de l'volution des pratiques pdagogiques franaises. Il institue les "promenades scolaires" (1922), "la mthode nouvelle d'ducation populaire base sur l'expression libre par l'imprimerie l'cole" (1924)66, la cooprative scolaire (1924), la correspondance inter-scolaire (1926), la publication de textes et de dessins d'enfants (1927), le dessin libre (1931), les fichiers auto-correctifs (1932), le ttonnement exprimental (1943)67, etc. Freinet est engag politiquement (pacifiste, marxiste, libertaire aussi), il est membre du parti communiste (de 1926 1948) ; ce militantisme a retard sa reconnaissance officielle, venue en 1991, quand l'tat achte son cole de Vence. Il crit en 1964 dans ses invariants pdagogiques : "La voie normale de lacquisition nest nullement lobservation, lexplication et la dmonstration, processus essentiel de lcole, mais le ttonnement exprimental, dmarche naturelle et universelle." "Les acquisitions ne se font pas comme lon croit parfois, par ltude des rgles et des lois, mais par lexprience. tudier dabord ces rgles et ces lois, en franais, en art, en mathmatiques, en sciences, cest placer la charrue devant les bufs." Aujourd'hui, on a tendance classer abusivement sous l'expression mthodes actives toutes les mthodes qui impliquent rellement l'lve par des exercices ou des mises en situation.
ou htrognes, alatoires ou dcids par l'enseignant. On distingue les groupes de niveaux, de besoins, d'affinit, de comptition, etc. Les techniques de groupes d'apprentissage sont diverses70 : brain-storming (remue-mninges), panel (discussion), Phillips 6.6. (six personnes, six minutes), intergroupes (nouveaux regroupements des membres des quipes prcdentes)...
besoins et valeurs de la socit, vrifiables par des comportements attendus, et non pas de chercher lever son niveau de conscience. La pdagogie par objectifs se veut rationnellement construite et immdiatement valuable sur des critres quantifis. L'valuation des rsultats de l'apprenant y constitue le moyen de contrle et de validation de la justesse des critres et moyens de la formation. Elle permet aux partenaires en prsence (forms, formateurs, et commanditaires de la formation) une vision trs explicite des buts de la formation, qui peuvent tre traduits sous une forme contractuelle. Cela facilite tant l'adhsion des futurs apprenants et commanditaires au contenu de la formation (le commanditaire pouvant ngocier le contenu), que le rle du formateur dans sa conception du cursus propos. l'inverse, elle prsente des risques tels que coupure de la formation avec le contexte social de l'apprenant, limination des valeurs humaines au profit d'un cadre dit rationnel, coupures de sens des apprentissages du fait de leur morcellement, et faible investissement intellectuel de l'apprenant dans un contexte balis. Initialement destin en 1920 enseigner aux tats-Unis des gestes rptitifs simples dans des usines d'automobiles sur du travail la chane, ce type de pdagogie s'est par la suite rpandu en Europe, dans les annes 1970, dans le cadre d'enseignement professionnel de type CAP. Dans le dbut des annes 1980, il a gagn l'enseignement technique pour toucher la fin de la mme dcennie, notamment en France et en Belgique, l'ensemble des enseignements dans des voies plus gnrales, dans le primaire, les collges et lyces. Par ailleurs, aprs avoir un moment t remis en cause pour les actions de formation permanente, il a retrouv une place de choix dans les actions visant le couple formation/emploi. Robert Mager a codifi la pdagogie par objectifs : Comment dfinir des objectifs pdagogiques ? (1962), trad., Dunod, coll. "Psycho", 200576.
Notons galement Daniel Hameline "Les objectifs pdagogiques".
Pdagogie archtypale
L'archetypal pedagogy, ou pdagogie archtypale, est une pdagogie fonde sur la psychologie analytique dveloppe ds 1956 par Carl Gustav Jung (1875 - 1961), partir de son recueil Psychologie et ducation77, qui groupe des articles de 1916 1942, et des recherches sur l'application jungienne la pdagogie78. Ainsi peut-on situer une concomitance entre les approches de la psychologie analytique et un intrt pour l'ducation, chez les jungiens, dans les annes 1960. La pdagogie archtypale, sous cette dnomination stricte, a t mise en thorie aux U.S.A. dans les annes 2000, par Clifford Mayes, Docteur et Professeur en sciences de l'ducation la Brigham Young University, pdagogue jungien et chercheur en sciences de l'ducation. Ce n'est qu'en 2007 et 2009 que Clifford Mayes dans Jung And Education: Elements Of An Archetypal Pedagogy, suivant la pense de Jung [Quoi ?] :
Notre problme ducatif souffre en somme de ne viser unilatralement que lenfant quil faut lever et de ngliger aussi unilatralement le fait que les ducateurs adultes nont pas t eux-mmes duqus. Aprs avoir termin le cycle de ses tudes, chacun a limpression den avoir fini avec lducation, dtre, en un mot, un adulte. Il ne peut certes en tre autrement ; il faut quil soit fermement persuad de sa comptence pour pouvoir affronter la lutte pour lexistence. Le doute et le sentiment dincertitude le paralyseraient et lentraveraient, ils enfouiraient la foi si ncessaire en sa propre autorit et le rendraient inapte lexercice de sa profession. On veut lentendre dire quil connat son affaire et quil en est sr, et non quil doute de lui-mme et de sa comptence. Le spcialiste est condamn de faon absolue la comptence. Personne ne peut dvelopper la personnalit qui nen a pas lui-mme. Et ce nest pas lenfant, cest uniquement ladulte qui peut atteindre la personnalit comme fruit mr dune activit de vie oriente vers ce but. Car dans laccs la personnalit, il ny a rien moins que le dploiement le meilleur possible de la totalit dun tre unique et particulier. On ne saurait prvoir le nombre infini de conditions quil faut remplir pour cela. Toute une vie humaine avec ses aspects biologique, social et psychique y est ncessaire. La personnalit, cest la suprme ralisation des caractristiques innes de ltre vivant particulier. La personnalit, cest laction du plus grand courage de vivre, de laffirmation absolue de lexistant individuel et de ladaptation la plus parfaite au donn universel avec la plus grande libert possible de dcision personnelle. Elever quelquun en vue de cela me semble ntre pas une petite affaire. Cest sans doute la tche la plus haute que se soit donne le monde moderne de lesprit 79.
6. Le renforcement intermittent d'un acte allonge la priode pendant laquelle l'lve ou le patient poursuivra une tche sans autre renforcement. 7. Le comportement d'apprentissage d'un lve ou d'un patient peut tre dvelopp ou structur graduellement par un renforcement diffrenciel , c'est--dire en renforant les comportements que l'on dsire voir se rpter, et ne renforant pas les actions que l'on veut viter ou encore en les renforant de faon ngative par des rprimandes ou d'autres punitions. 8. En plus du fait qu'il rend plus probable la rptition d'un acte, le renforcement produit des effets motivants. 9. Le comportement d'un lve ou d'un patient peut tre amen jusqu' un grand degr de complexit, en structurant son comportement en actes simples, puis en groupant ces derniers en une longue chane. Ce dernier conduit identifier et dfinir le comportement recherch installer chez l'lve ou le patient et le lui rendre dsirable. C'est la "motivation" dans son expression la plus simple. Ce comportement recherch est fractionn ou analys en fragments de plus en plus menus et de plus en plus simples avec leurs relations qui ne sont pas toujours videntes pour l'lve ou le patient, car la progression dans les acquisitions va du plus simple au plus complexe81. Un enseignement programm ou une thrapie behaviorale prsente la matire apprendre ou le comportement recherch en fragments menus de difficult progressivement chelonne de telle sorte que le comportement que l'on veut installer soit acquis avec la mme sret qu'une rponse obtenue par le dressage ("shaping") chez l'animal. L'cart entre les fragments successifs ne doit pas tre laiss au hasard, quant la difficult, car, trop grand ou trop court, il compromettra l'apprentissage. travers, donc, la notion d'apprentissage, en tant que processus de changement de comportement, on passe aux applications pdagogiques et thrapeutiques. Les premires sont formatrices et les secondes sont correctrices pour des prtendus "troubles de comportement" et autres "retards scolaires" sans autre souci pour le rapport avec la "normalit", le contexte social et culturel qui donne sens en tant qu'orientation, pertinence et signification82. Au niveau de la technicit, les procdures de l'enseignement programm et de la thrapie behaviorale ne sont pas sans intrt. Elles ont donn des rsultats probants et d'une efficacit indiscutable, mais les thories qui les fondent souffrent de limitations graves dans l'lmentarisme du court terme et de l'individu en contraste au globalisme de la longue chance et du milieu de vie. Que l'on songe aux horribles mfaits de la suppression behaviorale de l'nursie nocturne o la solution est source de problmes beaucoup plus graves de sentiment d'inscurit, d'anxit et d'angoisse et de la solution behaviorale l'anorexie qui ne fait que dplacer le moyen d'action sur l'entourage et le moyen d'autodestruction sans s'attaquer aux problmes de la relation de soi soi et de celle avec l'entourage qui sont la source. Il est de mme des succs de l'enseignement programm qui a fait le choix de remplir des cruches vides plutt que d'allumer des lanternes en
transformant des illettrs en analphabtes! Lapproche cosystmique est lantidote de cet lmentarisme83.
Maurice de Montmollin, "L'enseignement programm", PUF, coll. "Que sais-je?", Paris, 1965. Principes, techniques de programmation, machines enseigner et applications.
En troisime lieu, cette pdagogie met en place une structure de leons identiques, qui part d'un rappel des acquis, d'une courte phase de prsentation de la notion et des objectifs attendus en fin de sance, suivie par un moment de pratique guide, puis d'un temps de pratique autonome, enfin d'un bilan et d'un rappel des acquis ; par la suite, des rvisions rgulires et des valuations viennent clore ce processus et permettent un maintien en mmoire sur le long terme85. Enfin, l'objectif des leons est de permettre la comprhension des notions abordes : au sein de la pdagogie explicite, la comprhension est considre comme tant l'intgration de nouvelles connaissances et leur mise en rseau avec celles dj en mmoire long terme afin qu'elles soient disponibles tout moment.
Pdagogie PNL
La Programmation Neuro-Linguistique (PNL) cherche modliser les comptences cognitives et relationnelles de gens de talent pour les transmettre d'autres. Dans le domaine de la pdagogie, les intervenants en PNL ont observ des lves brillants dans leur manire de procder mentalement pour raliser des tches scolaires. Ils ont conclu que ceux-ci, face une mme tche scolaire, ralisaient les mmes oprations mentales. Par exemple pour la mmorisation de l'orthographe, visualiser le mot (c'est le visuel remmor ) puis le ressentir comme juste ( contrle kinesthsique ) est un exemple de stratgie plus efficace que celle d'peler auditivement86. Les PNListes ont dcod cinq stratgies (outils mentaux) chez ces apprenants : comprendre, mmoriser, rflchir, prononcer et transfrer87. La spcificit de la pdagogie PNL repose sur l'exprimentation par les enfants, au travers d'exercices et de consignes trs concrets, de comment apprendre apprendre. Lorsque ces stratgies sont intgres, les enfants sont invits les utiliser dans toutes leurs leons. Ces stratgies PNL d'apprentissage donnent galement des indications aux enseignants sur la manire d'aborder les contenus.
pdagogie de matrise issue des tats-Unis, qui consiste, partir de programmes identiques, traiter les lves en fonction de leurs besoins."88 La pdagogie diffrencie part du constat que dans une classe, un professeur doit enseigner des lves ou des tudiants ayant des capacits et des modes d'apprentissages trs diffrents. Elle tente de donner une rponse cette htrognit des classes par des pratiques adaptant chaque lve les programmes d'tudes, l'enseignement et le milieu scolaire. Bien souvent, l'enseignant ne va plus tre le centre de la classe mais va mettre l'enfant ou l'activit comme intrt central.
Pdagogie spiralaire
Cette pdagogie, l'image d'une spirale, revient sur des notions similaires mais en approfondissant ces notions chaque passage.
Pdagogie cooprative
Une mthode d'ducation active, ou chacun apprend par les autres, avec les autres et pour les autres. L'enseignant est la fois animateur et gestionnaire des relations, des projets d'activits et des apprentissages.
Platon (-427 -346) Jean-Louis Vivs (1492-1540) Mathurin Cordier (1479-1564) les jsuites (1548) Jan Amos Komensk - Comenius (1592-1670) John Locke (1632-1704) Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) Condorcet (1743-1794) Johann Heinrich Pestalozzi (1746-1827) Robert Owen (1771-1858) Friedrich Frbel (1782-1852) Thomas Arnold (17951842) Jean Bosco (1815-1888) Lon Tolsto (1828-1910) Paul Lafargue ? (1842-1911) Georg Kerschensteiner (1854-1932) Francisco Ferrer (1859-1909) John Dewey (1859-1952) Rudolf Steiner (1861-1925) Pierre de Coubertin (1863-1937) Maria Montessori (1870-1952) Ovide Decroly (1871-1932) Paul Langevin (1872-1946) douard Claparde (1873-1940) Janusz Korczak (1878-1942) Henri Wallon (1879-1962) Adolphe Ferrire (1879-1960) Roger Cousinet (1881-1973) Alexander Sutherland Neill (1883-1973) Anton Makarenko (1888-1939) Andras Pet (1893-1961) Clestin Freinet (1896-1966) Jean Piaget (1896-1980) Joan Puig i Elias (1898-1972)
Carl Rogers (1902-1987) Emmi Pikler (1902-1984) Jean Zay (1904-1944) Robert Gloton (1906-1986) Andr de Peretti (n en 1916) Gaston Mialaret (n en 1918) Fernand Oury (1920-1998) Antoine de la Garanderie (1920-2010) Philippe Meirieu (n en 1949)