Intégrales Impropres

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Lycee Laetitia Bonaparte Spe PT

Chapitre 3 - Integrales impropres


Le but de ce chapitre est de generaliser la notion dintegration `a un intervalle autre quun segment, cest-`a-dire `a une fonction
continue par morceaux sur un intervalle non borne ou sur un intervalle (semi-)ouvert.
On veut par exemple donner un sens au calcul suivant :
_
1
1
dt

1 t
2
=
_
arcsint
_
1
1
= .
Le probl`eme ici est que la fonction t
1

1 t
2
ne peut etre prolongee en une fonction
continue par morceaux sur [1, 1] (elle nest pas bornee).
Graphiquement on calcule laire de la partie (non bornee) du plan delimitee par
la courbe dequation y =
1

1 x
2
et les droites dequations x = 1, x = 1 et y = 0.
1 1
1
2
3
0
Autre exemple, on va justier lexistence dune integrale sur lintervalle [0, +[ de la fonction t
1
1 + t
2
.
1 2 3
1
0 x
Pour x 0 on a
_
x
0
dt
1 + t
2
=
_
arctant
_
x
0
= arctanx
x+

2
.
On ecrira donc par la suite
_
+
0
dt
1 + t
2
=

2
.
1. Nature dune integrale impropre
a) Denition, exemples
On donne ici la denition pour lintervalle [a, b[ o` u < a < b < +. Le lecteur adaptera facilement cette denition pour
les intervalles suivants : [a, +[ , ] , b] et ]a, b].
K designe R ou C et on rappelle quune fonction est dite continue par morceaux sur [a, b[ si elle est continue par morceaux
sur chaque segment inclus dans [a, b[ .
Denition
Soit f CM([a, b[, K).
On dit que lintegrale de f sur [a, b[ est convergente (ou converge, ou existe) lorsque lintegrale partielle F(x) =
_
x
a
f(t) dt
poss`ede une limite nie lorsque x b

. Si cest le cas, on note cette limite


_
b
a
f(t) dt ou
_
[a,b[
f(t) dt voire
_
b
a
f(t) dt.
Dans le cas contraire on dit que lintegrale de f sur [a, b[ est divergente ou quelle na pas de sens.
Remarques :
Une integrale impropre, quon appelle aussi integrale generalisee, est donc une limite dintegrales propres. Dans la plupart
des preuves de ce chapitre, et pour de nombreux exercices, on reviendra `a cette denition en calculant des integrales sur un
segment puis en passant `a la limite.
1
Dans le cas tr`es frequent o` u f est continue sur [a, b[, lintegrale partielle de f nest autre que la primitive de f qui sannule
en a. Dans ce cas, on peut reecrire la denition en
Lintegrale de f sur [a, b[ est convergente ssi il existe une primitive de f qui poss`ede une limite nie en b

ssi toute primitive de f poss`ede une limite nie en b

Si on est de plus dans le cas de la convergence, et en notant F une primitive quelconque de f sur [a, b[, on utilisera la notation
_
b
a
f(t) dt =
_
F(t)

b
a
= lim
tb

(F(t)) F(a)
Dans le cas des intervalles ]a, b] ou ] , b], lintegrale partielle est alors F(x) =
_
b
x
f .
La notation
_
b
a
f nest pas universelle ... elle sera utilisee dans ce chapitre pour indiquer quon manipule des integrales
impropres, et preciser quelle(s) borne(s) pose(nt) probl`eme.
La nature dune integrale impropre est son caract`ere convergent ou divergent. Par exemple, on dira que deux integrales
impropres sont de la meme nature si elles sont toutes deux convergentes ou bien toutes deux divergentes.
Imaginons que f soit continue par morceaux sur le segment [a, b]. Sa restriction `a [a, b[ est encore continue par morceaux et
donc f poss`ede deux integrales : une propre et une impropre. Heureusement celles-ci sont egales : en eet, on sait depuis
le chapitre precedent que
_
x
a
f
xb

_
b
a
f ce qui prouve que
_
b
a
f existe et vaut
_
b
a
f.
La nature de
_
b
a
f ne depend que du comportement de f au voisinage de bbb. Citons par exemple une propriete dusage
constant et sous-entendu :
Proposition 1
Soit f CM([a, b[, K) et c [a, b[ .
_
b
a
f converge
_
b
c
f converge.
Preuve : Pour x [c, b [ notons F(x) =
_
x
a
f ; G(x) =
_
x
c
f et =
_
c
a
f. Dapr`es la relation de Chasles pour les
integrales sur un segment, on a : F(x) = G(x) + . Donc F converge en b

ssi G converge en b

Premiers exemples :
Soit f denie sur [1, +[ par f(t) =
1
t
2
. Pour x 1 on a :
_
x
1
1
t
2
dt =
_

1
t
_
x
1
= 1
1
x

x+
1 donc lintegrale de f sur
[1, +[ est convergente et on ecrit
_
+
1
dt
t
2
= 1.
Soit g denie sur [1, +[ par g(t) =
1
t
. Pour x 1 on a :
_
x
1
1
t
dt =
_
ln t

x
1
= ln x
x+
+ donc lintegrale de g
sur [1, +[ est divergente.
Considerons la fonction cosinus sur R
+
. On a pour tout x 0 :
_
x
0
cos t dt =
_
sin t

x
0
= sin x qui nadmet pas de limite
lorsque x tend vers +, donc lintegrale
_
+
0
cos t dt na pas de sens.
Soit h denie sur ]0, 1] par h(t) =
1

t
. Pour 0 < x 1 on a :
_
1
x
dt

t
=
_
2

1
x
= 2 2

x
x0
+
2 et donc lintegrale
_
1
0
dt

t
existe et vaut 2.
Montrons que
_
1
0
ln t dt converge et vaut 1. Pour 0 < x 1 on a :
_
1
x
ln t dt =
ipp
_
t ln t

1
x

_
1
x
dt = x 1 xln x
x0
1
do` u le resultat.
2
b) Cas dun probl`eme aux deux bornes
On sinteresse ici au cas des intervalles ]a, b[ , ] , b[ , ]a, +[ et R, cest `a dire au cas des integrales doublement impropres.
Donnons par exemple la denition sur ]a, b[ .
Denition
Soit f CM(]a, b[, K) et c ]a, b[.
On dit que lintegrale de f sur ]a, b[ est convergente lorsque les deux integrales
_
c
a
f(t) dt et
_
b
c
f(t) dt convergent.
Si cest le cas, on note
_
b
a
f(t) dt =
_
c
a
f(t) dt +
_
b
c
f(t) dt . Sinon on dit que lintegrale de f sur ]a, b[ est divergente.
Remarques :
Cette denition est coherente puisque ni la nature de
_
b
a
f ni sa valeur en cas de convergence ne dependent du point c
o` u on coupe. On peut le constater facilement grace `a la proposition 1 et la relation de Chasles sur un segment.
Il faut couper pour connatre la nature dune integrale impropre. On retiendra par exemple que
0 =
_
x
x
sin t dt
x+
0 et pourtant
_
+

sin t dt na pas de sens puisque


_
+
0
sint dt diverge.
Exemple : On a dej` a montre que
_
+
1
dt
t
2
est convergente. Pour x ]0, 1] on a
_
1
x
dt
t
2
=
1
x
1
x0
+
+ donc
_
1
0
dt
t
2
diverge. Ainsi lintegrale
_
+
0
dt
t
2
est divergente.
c) Integrales faussement impropres
On se place ici sur lintervalle [a, b[ o` u < a < b < + < + < +.
Proposition 2
Soit f C([a, b[, K). Si f admet une limite nie en b

alors
_
b
a
f converge.
On dit dans ce cas que lintegrale est faussement impropre (ou mal ecrite) en b.
Preuve : Il sut de prolonger f par continuite en b. Notons

f ce prolongement.

f est continue sur [a, b] et pour a x < b
on a :
_
x
a
f =
_
x
a

f
xb

_
b
a

f ce qui prouve que


_
b
a
f converge et vaut
_
b
a

f .

Remarques :
Pas dintegrale faussement impropre en ! Cest reserve `a une borne nie.
Si f est seulement continue par morceaux sur [a, b[ (et non pas continue), il faut rajouter comme hypoth`ese que son
prolongement

f en b soit continu par morceaux sur [a, b], ce qui nest pas automatique.
Exemple : Lintegrale
_
/2
0
sin t
t
dt est faussement impropre en 0, donc convergente. En eet,
sin t
t

t0
+
1.
d) Exemples de reference
Les integrales impropres de reference sont les integrales de Riemann :
Theor`eme 3 (Crit`ere de Riemann)
(i)
_
+
1
dt
t

converge > 1 (ii)


_
1
0
dt
t

converge < 1
3
Preuve : Si = 1, une primitive de
1
t
sur R

+
est ln t qui nadmet de limite nie ni en + ni en 0
+
, donc
_
+
1
dt
t
et
_
1
0
dt
t
divergent. Supposons desormais = 1. On ecrit :
(i) x 1 ,
_
x
1
dt
t

=
1
1
_
t
1

x
1
=
x
1
1
1
qui tend, lorsque x +, vers + si < 1 et vers
1
1
si > 1.
(ii) x ]0, 1] ,
_
1
x
dt
t

=
1
1
_
t
1

1
x
=
1 x
1
1
qui tend, lorsque x 0
+
, vers +si > 1 et vers
1
1
si < 1.

Remarques :
Dans la preuve on a aussi obtenu les valeurs des integrales en cas de convergence :
Si > 1 ,
_
+
1
dt
t

=
1
1
et si < 1 ,
_
1
0
dt
t

=
1
1
Il nest pas indispensable de les retenir car elles se retrouvent tr`es facilement.
On notera que
_
+
0
dt
t

est toujours divergente car les conditions > 1 et < 1 sont incompatibles.
Theor`eme 4
_
+
0
e
t
dt converge > 0.
Preuve : Pour = 0 lintegrale est bien s ur divergente, on suppose donc que = 0. On a alors, pour tout x 0 :
_
x
0
e
t
dt =
_

e
t
_
x
0
=
1

_
1 e
x
_
ce qui, lorsque x +, tend vers + si < 0 et vers
1

si > 0.

Remarques :
Plus generalement, on va montrer par recurrence sur n le resultat suivant (qui nest pas exigible) :
> 0 , n N,
_
+
0
t
n
e
t
dt converge et vaut
n!

n+1
.
La propriete est vraie pour n = 0 dapr`es le theor`eme precedent. On la suppose vraie au rang n, on a alors pour x 0,
_
x
0
t
n+1
e
t
dt =
ipp
_

t
n+1
e
t
_
x
0
+
n + 1

_
x
0
t
n
e
t
dt. Lorsque x tend vers +, la derni`ere integrale ecrite tend vers
n!

n+1
par hypoth`ese de recurrence et le terme tout integre tend vers 0 dapr`es la croissance comparee des fonctions puissance
et exponentielle. Ainsi
_
+
0
t
n+1
e
t
dt converge et vaut
n + 1

.
n!

n+1
=
(n + 1)!

n+2
ce qui ach`eve la recurrence.
En anticipant un peu sur les theor`emes `a venir (par exemple les theor`emes 5 et 9), on peut annoncer :
Pour tout polynome P non nul,
_
+
0
P(t)e
t
dt converge > 0.
2. Premi`eres proprietes
a) Linearite
On lenonce ici sur [a, b[ , le lecteur adaptera facilement sur tout type dintervalle.
Theor`eme 5
Soient f et g deux elements de CM([a, b[, K) et K.
(i) Si
_
b
a
f converge et
_
b
a
g converge alors
_
b
a
(f + g) converge et on a :
_
b
a
(f + g) =
_
b
a
f +
_
b
a
g .
(ii) Si
_
b
a
f converge alors
_
b
a
f converge et vaut
_
b
a
f.
Preuve : Trivial, il sut decrire, pour a x < b,
_
x
a
(f + g) =
_
x
a
f +
_
x
a
g et
_
x
a
f =
_
x
a
f .
4
Remarques :
On peut retenir le point (i) sous la forme plus souple suivante :
Si deux des trois integrales
_
b
a
f ;
_
b
a
g et
_
b
a
(f + g) convergent, alors la troisi`eme converge egalement et on a
droit `a la formule daddition.
Noter que par contraposition, si lune des trois integrales diverge, alors il y en a au moins une seconde qui diverge.
Attention aux eclatements illicites ! En faisant du calcul automatique on pourrait ecrire :
1 =
_
+
1
dt
t
2
=
_
+
1
_
1 + t
t
2

1
t
_
dt =
_
+
1
1 + t
t
2
dt
_
+
1
1
t
dt
Or ca na aucun sens car les deux derni`eres integrales ecrites sont divergentes.
b) Integration par parties
Comme dhabitude, lenonce porte sur [a, b[ et le lecteur se charge dadapter sur un autre intervalle.
Theor`eme 6
Soient f et g deux fonctions de classe C
1
sur [a, b[ `a valeurs dans K.
Si fg poss`ede une limite nie en b

, alors les integrales


_
b
a
f

g et
_
b
a
f g

sont de la meme nature.


Si de plus elles sont convergentes, alors :
_
b
a
f

g =
_
fg

b
a

_
b
a
f g

.
Preuve : Il sut `a nouveau decrire que, pour a x < b,
_
x
a
f

g =
_
fg

x
a

_
x
a
f g

et detudier les dierents cas.


Remarques :
De meme que pour la linearite, si deux des trois objets
_
b
a
f

g ;
_
b
a
f g

et
_
fg

b
a
existent, alors il en va de meme du
troisi`eme et on a droit `a la formule dintegration par parties.
On applique ce theor`eme en deux temps : on verie dabord la convergence dau moins deux des trois objets, et seulement
ensuite on ecrit la formule.
Contrairement `a la formule dintegration par parties sur un segment, ici le choix de la constante dintegration qui apparat
quand on primitive f

nest pas toujours neutre ! En eet, il se peut que fg poss`ede une limite nie en b

pour un certain
choix de la constante et pas pour un autre.
Exemple : Montrons que lintegrale
_
1
0
2t ln t
(1 + t
2
)
2
dt converge et calculons sa valeur.
On remarque dabord que t ln t
t0
+
0 et donc lintegrale est faussement impropre en 0, donc convergente.
Une primitive de
2t
(1 + t
2
)
2
est
1
1 + t
2
mais si on fait ce choix, le terme tout integre devient
_
lnt
1 + t
2
_
1
0
qui na pas de sens.
Il faut choisir la primitive de
2t
(1 + t
2
)
2
qui sannule en 0, cest-`a-dire 1
1
1 + t
2
=
t
2
1 + t
2
. Les trois objets de la formule ont
alors un sens et on peut ecrire :
_
1
0
2t lnt
(1 + t
2
)
2
dt =
_
t
2
ln t
1 + t
2
_
1
0

_
1
0
t
1 + t
2
dt = 0
1
2
_
ln(1 + t
2
)

1
0
=
ln2
2
.
c) Changement de variable
Soient a et b deux reels tels que a < b +. Rappelons que pour quune fonction continue sur ]a, b[ soit une
bijection sur son image, il faut et il sut quelle soit strictement monotone. Elle admet alors en a et b des limites (nies ou
non) que lon notera abusivement (a) et (b). Limage ( ]a, b[ ) de est alors ](a), (b)[ dans le cas o` u est strictement
croissante et ](b), (a)[ dans le cas o` u est strictement decroissante.
5
Theor`eme 7
Soient a et b deux reels tels que a < b +; une bijection de classe C
1
de ]a, b[ sur son image et f une fonction
continue sur ( ]a, b[ ).
Les integrales
_
(b)
(a)
f(t) dt et
_
b
a
f
_
(u)
_

(u) du sont de la meme nature, et egales si convergentes.


Preuve : Soit F une primitive de f sur lintervalle ( ]a, b[ ). Une primitive de

f sur ]a, b[ est F et donc, pour tous


reels x et y tels que a < x < y < b, on a :
_
y
x
f
_
(u)
_

(u) du = F
_
(y)
_
F
_
(x)
_
=
_
(y)
(x)
f(t) dt
Ainsi la convergence de
_
b
a
f
_
(u)
_

(u) du equivaut `a lexistence dune limite nie pour F en a


+
et en b

ou encore,
puisque admet une limite en a
+
et en b

, `a lexistence dune limite nie pour F en (a


+
) et en (b

), cest-`a-dire `a
la convergence de
_
(b)
(a)
f(t) dt. En cas dexistence, on passe `a la limite pour obtenir legalite des integrales.

Remarques :
Ne pas oublier de verier les hypoth`eses sur et la convergence des integrales avant decrire la formule. Dans la pratique
quand on ecrit t = (u), t est lancienne variable et u la nouvelle. Si on veut poser u = (t) il faut alors verier les hypoth`eses
pour
1
qui nest pas automatiquement C
1
. On rappelle que
1
est de classe C
1
si et seulement si t ,

(t) = 0 et on dit
dans ce cas que est un C
1
-dieomorphisme.
On peut se servir de ce theor`eme pour calculer des integrales propres (il ny a alors pas de probl`eme de convergence) comme
dans le premier exemple ci-dessous.
Exemple 1 : Calculons I =
_

0
dt
2 + cos t
.
La r`egle de Bioche nous invite `a poser u = tan
t
2
cest-`a-dire en fait t = 2arctanu =
not.
(u). La fonction etablit une
bijection C
1
de [0, +[ sur [0, [ et la fonction f : t
1
2 + cos t
est continue sur [0, [ donc on peut appliquer le theor`eme
du changement de variable. On rappelle les formules suivantes :
Pour u = tan
t
2
; cos t =
1 u
2
1 + u
2
; sin t =
2u
1 + u
2
; dt =
2du
1 + u
2

On a donc : I =
_
+
0
1
2 +
1 u
2
1 + u
2
2du
1 + u
2
=
_
+
0
2
3 + u
2
du =
2

3
_
arctan
_
u

3
__
+
0
=

3
.
Exemple 2 : Pour a < b, calculons I =
_
b
a
dt
_
(t a)(b t)
.
On met dabord le trinome (t a)(b t) sous forme canonique :
(t a)(b t) = t
2
+ (a + b)t ab =
_
t
a + b
2
_
2
+
a
2
+ b
2
2ab
4
=
_
t
a + b
2
_
2
+
_
b a
2
_
2
.
On a donc pour a < t < b :
1
_
(t a)(b t)
=
2
b a
1

1 u
2
o` u on a pose u =
2
b a
t
a + b
b a
cest-`a-dire en fait
t = (u) =
b a
2
u+
a + b
2
. On note que est lapplication ane croissante qui transforme lintervalle ] 1, 1[ en lintervalle
]a, b[ et elle a donc les qualites requises. Dapr`es le theor`eme precedent, I a meme nature (et meme valeur en cas de
convergence) que lintegrale :
J =
2
b a
_
1
1
1

1 u
2
(b a)du
2
=
_
1
1
du

1 u
2
=
_
arcsinu

1
1
= .
On en deduit que I converge et vaut .
Noter quen faisant attention `a la redaction, il est inutile de montrer separement la convergence de I.
6
d) Lien avec la limite
Dans le cas dun intervalle non borne, par exemple [0, +[ , il ny a pas de relation entre la convergence de
_
+
0
f et le
fait que f tende ou non vers 0 en +. Citons notamment :
Le fait que f tende vers 0 en + nentrane pas la convergence de
_
+
0
f.
Il sut de considerer la fonction f : t
1
1 + t
pour sen convaincre.
Le fait que
_
+
0
f converge nentrane pas que f tende vers 0 en +. Voici deux exemples pour sen persuader :
La fonction t e
t/2
sin(e
t
) ne tend pas vers 0 en +(elle nest meme pas bornee) et pourtant lintegrale
_
+
0
e
t/2
sin(e
t
) dt
est convergente. En eet, en utilisant le changement de variable C
1
et bijectif : t = ln u, on voit quelle a meme nature que
lintegrale
_
+
1
sinu

u
du dont on montrera bient ot quelle converge.
1 2 3
1
2
3
4
0 4
t e
t/2
sin(e
t
) : compensation des aires Pics
Meme si on elimine le phenom`ene de compensation des aires en supposant que f est positive on na pas mieux.
On construit une fonction f `a laide de pics comme sur le schema : f est ane par morceaux et continue, le triangle du
segment [n, n + 1] a pour hauteur n + 1 et pour base
1
(n + 1)2
n
et donc pour aire
1
2
n+1
.
Notons F(x) =
_
x
0
f, on a pour tout entier n N

: F(n) =
n1

k=0
1
2
k+1
= 1
1
2
n
1. De plus F est croissante car f est
positive, donc si x R
+
et en choisissant un entier n x on a : F(x) F(n) 1 ce qui prouve que la fonction croissante
F est majoree donc convergente. Ainsi
_
+
0
f converge.
On pourrait raner lexemple en changeant les pics en bosses de sorte que f soit en plus de classe C

.
On a tout de meme un resultat positif :
Soit f CM([0, +[, R) telle que f(t)
t+
. Si = 0 alors
_
+
0
f diverge.
Preuve : Supposons par exemple que > 0. On a alors par denition de la limite :
> 0 , x
0
> 0 , x > x
0
, < f(x) < +
avec =

2
> 0 on obtient : x
0
> 0 , x > x
0
,

2
< f(x) . On a alors, pour x > x
0
:
_
x
0
f(t) dt =
_
x0
0
f(t) dt +
_
x
x0
f(t) dt
_
x0
0
f(t) dt + (x x
0
)

2

x+
+ .

7
3. Theor`emes de convergence, fonctions integrables
a) Theor`emes de convergence
Dans ce paragraphe on se place sur lintervalle [a, b[ et on consid`ere des fonctions f et g reelles positives. Pour etudier
des fonctions negatives, on pourra appliquer les theor`emes `a f et g. Puisque la nature de
_
b
a
f ne depend que du
comportement de f sur un voisinage de b

, on pourra se limiter `a faire lhypoth`ese que f et g gardent un signe constant sur


un voisinage de b

.
Theor`eme 8 (Theor`eme de comparaison)
Soient f et g deux elements de CM([a, b[, R). On suppose que : t [a, b[ , 0 f(t) g(t).
(i) Si
_
b
a
g converge alors
_
b
a
f converge et 0
_
b
a
f
_
b
a
g.
(ii) Si
_
b
a
f diverge alors
_
b
a
g diverge.
Preuve : (ii) est lenonce contrapose de (i).
(i) Pour x [a, b[, notons F(x) =
_
x
a
f et G(x) =
_
x
a
g les integrales partielles des fonctions f et g.
Les fonctions F et G sont croissantes car f et g sont positives. G admet par hypoth`ese une limite nie en b

qui est
_
b
a
g. En integrant lencadrement 0 f(t) g(t) sur [a, x] on a : x [a, b[ , 0 F(x) G(x)
_
b
a
g, ce qui prouve
que la fonction F est majoree, et puisquelle est croissante, elle admet une limite en b

. En faisant tendre x vers b dans


lencadrement precedent, on obtient : 0
_
b
a
f
_
b
a
g.

Remarques :
Le theor`eme precedent ne dit pas que les integrales de f et de g sont de la meme nature. Par exemple lenonce

_
b
a
f converge =
_
b
a
g converge est faux, de meme que
_
b
a
g diverge =
_
b
a
f diverge .
Lorsquon applique ce theor`eme, on ecrira toujours linegalite 0 f(t) meme si elle est evidente.
Pour la redaction, on evitera absolument decrire : t [a, b[ , 0 f(t) g(t) = 0
_
b
a
f
_
b
a
g puis de disserter
ensuite sur la convergence des integrales de f et de g. En eet le dernier encadrement ecrit suppose dej` a que ces integrales
sont convergentes.
Exemple : Montrons que
_
+
0
sin
2
t
1 + t
2
dt est convergente.
On a : t [0, +[ , 0
sin
2
t
1 + t
2

1
1 + t
2
. Or lintegrale
_
+
0
1
1 + t
2
dt est convergente et vaut

2
.
Dapr`es le theor`eme de comparaison, on en deduit que
_
+
0
sin
2
t
1 + t
2
dt est convergente et que 0
_
+
0
sin
2
t
1 + t
2
dt

2
.
Corollaire
Soient f et g deux fonctions continues par morceaux et positives sur [a, b[.
(i) On suppose que f =
b
O(g). Si
_
b
a
g converge alors
_
b
a
f converge. Si
_
b
a
f diverge alors
_
b
a
g diverge.
(ii) On suppose que f =
b
(g). Si
_
b
a
g converge alors
_
b
a
f converge. Si
_
b
a
f diverge alors
_
b
a
g diverge.
8
Preuve : (i) f =
b
O(g) signie quil existe un reel M > 0 et un voisinage de b sur lequel on a : (0 )f(t) Mg(t).
On peut donc appliquer le theor`eme de comparaison sur ce voisinage.
(ii) f =
b
(g) = f =
b
O(g).

Exemple :

Etudions la convergence des integrales de Bertrand :
_
+
2
dt
t

(ln t)

o` u (, ) R
2
.
Si > 1. On choisit un reel de sorte que 1 < < (par exemple =
1+
2
). La croissance comparee des fonctions
logarithme et puissance secrit : a R, b > 0 , (ln t)
a
=
+
(t
b
). On en deduit que
1
t

(ln t)

=
+

_
1
t

_
. Puisque > 1,
lintegrale de Riemann
_
+
2
dt
t

est convergente, et puisquil sagit de fonctions positives, on peut appliquer le corollaire


precedent :
_
+
2
dt
t

(ln t)

converge.
Si < 1. On choisit de meme un reel tel que < < 1 et on peut ecrire :
1
t

=
+

_
1
t

(ln t)

_
. Lintegrale de Rie-
mann
_
+
2
dt
t

est divergente car < 1, les fonctions considerees etant positives, on peut conclure que
_
+
2
dt
t

(ln t)

diverge.
Si = 1 et = 1. Une primitive de
1
t ln t
est ln(ln t) qui tend vers + en +, donc lintegrale diverge dans ce cas.
Si = 1 et = 1. Une primitive de
1
t (ln t)

est
(ln t)
1
1
qui tend vers 0 en + lorsque > 1 et vers + lorsque < 1.
En conclusion :
_
+
2
dt
t

(ln t)

converge
_
> 1 ou
= 1 et > 1
Theor`eme 9 (Crit`ere dequivalence)
Soient f et g deux elements de CM([a, b[, R). On suppose que f(t)
b
g(t) et que f garde un signe constant au voisinage
de b. Alors les integrales
_
b
a
f et
_
b
a
g ont la meme nature.
Preuve : On a f =
b
O(g) et g =
b
O(f). De plus, f(t)
b
g(t) signie lexistence dune fonction : [a, b[R qui tend vers 0 en b

et lexistence dun voisinage de b sur lequel on a f(t) = g(t)(1 + (t)) et ainsi f et g ont le meme signe (constant) au
voisinage de b. On peut appliquer le corollaire precedent deux fois et conclure que les integrales ont meme nature.

Remarques :
On verie indieremment que f ou g a un signe constant au voisinage de b puisque, comme cest explique dans la preuve,
deux fonctions equivalentes en b ont le meme signe sur un voisinage de b. On ecrira f(t)
b
g(t) 0 ou bien 0 f(t)
b
g(t)
meme lorsque la positivite est evidente.
Le theor`eme tombe bien evidemment en defaut si on supprime lhypoth`ese sur le signe. Par exemple si on pose f(t) =
sin t

t
pour t 1 et g(t) = ln(1 + f(t)), on prouve facilement que f(t)
+
g(t) ,
_
+
1
f converge et
_
+
1
g diverge.
Exemple : Determiner la nature de
_
1
0
t

[ln(1 + t)]

dt o` u (, ) R
2
.
Il sut de remarquer que
t

[ln(1 + t)]


0
+
1
t

0 et donc lintegrale etudiee a la meme nature que lintegrale de Riemann


_
1
0
dt
t

qui converge si et seulement si < 1.


9
b) Fonctions integrables
On se place encore sur lintervalle [a, b[, et on consid`ere des fonctions non plus positives mais `a valeurs dans K = R ou C.
Denition
Soit f CM([a, b[, K). On dit que lintegrale de f sur [a, b[ est absolument convergente ou encore que f est integrable sur
[a, b[ lorsque
_
b
a
|f(t)| dt est convergente.
Remarques :
|f(t)| designe la valeur absolue ou le module de f(t) suivant que f est `a valeurs reelles ou complexes.
Dans ces conditions, on dit parfois que f est integrable au sens fort sur [a, b[. Bien noter que f est integrable nest
pas synonyme de lintegrale de f existe mais de lintegrale de |f| existe .
Le theor`eme fondamental est le suivant :
Theor`eme 10
Toute integrale absolument convergente est convergente.
Preuve : (Hors-programme) Commencons par prouver le resultat dans le cas o` u f est `a valeurs reelles. On suppose donc que
_
b
a
|f| converge. On a lencadrement |f| f |f| donc 0 f + |f| 2|f| et on peut appliquer le theor`eme de
comparaison :
_
b
a
(f +|f|) converge. On en deduit, dapr`es le theor`eme 5 (linearite) que
_
b
a
[(f +|f|) |f|]
. .
=f
converge.
Si maintenant f est `a valeurs complexes, on va montrer que les deux integrales
_
b
a
e(f) et
_
b
a
m(f) sont toutes deux
convergentes. On a lencadrement 0 |e(f)| |f| donc dapr`es le theor`eme de comparaison,
_
b
a
|e(f)| converge.
Ainsi lintegrale
_
b
a
e(f) est absolument convergente, donc convergente dapr`es ce qui prec`ede (la fonction e(f) est
` a valeurs reelles). On proc`ede de meme pour la partie imaginaire.

Ce theor`eme permet de ramener letude `a celle dune fonction reelle et positive et dappliquer tous les theor`emes qui precedent.
Si on obtient la convergence de lintegrale de |f| on peut alors conclure `a la convergence de celle de f.
La reciproque du theor`eme 10 est fausse, comme on va le voir dans lexemple qui suit. Ainsi il existe des integrales qui sont
convergentes mais pas absolument convergentes, on les appelle semi-convergentes.
Exemple :

Etudions, pour > 0, la nature de
_
+
1
sin t
t

dt.
Si > 1. On a alors t [1, +[ , 0

sin t
t

1
t

. De plus lintegrale de Riemann


_
+
1
1
t

est convergente car > 1,


donc lintegrale
_
+
1
sin t
t

dt est absolument convergente (donc convergente).


Si 0 < 1. Montrons que lintegrale
_
+
1
sin t
t

dt est convergente.
On applique le theor`eme dintegration par parties : puisque
cos t
t


t+
0, lintegrale etudiee a meme nature que
_
+
1
cos t
t
+1
dt or cette derni`ere est absolument convergente (donc convergente) : en eet, t [1, +[ , 0

cos t
t
+1

1
t
+1
et lintegrale de Riemann
_
+
1
dt
t
+1
est convergente car + 1 > 1.
Si 0 < 1. Montrons que lintegrale
_
+
1
| sin t|
t

dt diverge.
On utilise la minoration suivante : | sin t| sin
2
t . On a donc : t [1, +[ , 0
sin
2
t
t


| sint|
t

. Il sut donc de
10
demontrer, dapr`es le theor`eme de comparaison, que lintegrale
_
+
1
sin
2
t
t

dt est divergente. Or on a
sin
2
t
t

=
1
2t


cos 2t
2t

.
On etudie donc la nature des deux integrales suivantes :

_
+
1
1
2t

dt : elle est divergente dapr`es le crit`ere de Riemann ( 1).

_
+
1
cos 2t
2t

dt : elle est convergente comme le montre une integration par parties identique `a celle faite precedemment.
On en deduit, par le theor`eme 5 (linearite) que
_
+
1
sin
2
t
t

dt diverge et donc que


_
+
1
| sin t|
t

dt diverge egalement.
Conclusion :
0 < 1 =
_
+
1
sin t
t

dt est semi-convergente,
> 1 =
_
+
1
sin t
t

dt est absolument convergente.


En particulier on voit que lintegrale
_
+
0
sin t
t
dt , qui est faussement impropre en 0, est semi-convergente et de nombreuses
methodes permettent de prouver quelle vaut

2
.
1
1

0 2 3 4 5 6
11

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