Krafft-Ebing, R. - Traité 2 PDF
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TRAIT CLINIQUE
DE
PSYCHIATRIE
l'AR
Le
D'
R.
C
von
N
s
KRAFFT-EBING
DE COUR.
NEUR
PATH L
E I L L ER
PROFESSEUR DE PSYCHIATRIE ET DE
A l'uni VEPvSIT DE
VIENNE
Le
D'
Emile
LAURENT
PARIS
A.
MALOINE, DITEUR
1897
TRAIT CLINIQUE
DE
PSYCHIATRIE
TRAIT CLINIQUE
DE
PSYCHIATRIE.
PAR
Le
D^
R.
von
KRAFFT-EBING
PA
TH
GIE
Traduit
sw
la
Le
D'
Emile LAUREiNT
-<=e=S3g=5'=!>-
PARIS
A.
21,
MALOINE, DITEUR
PLACE DE l'cole-de-mdecine, 21
'J897
PREFACE
Dans
de ce
prcdentes, l'auteur
difficile
trait s'est
des tudes et
que pour
le
mdecin
praticien.
En vue
d'arriver
ce
rsultat,
:
employer un langage
sible
les
la
viter autant
;
que pos-
noter surtout
ce
que
comme
;
faits
les classer
dans un tableau
La
spcialisation de cette
ainsi
que son
les traits
note personnelle
lit
des malades et
les
la description
des
que l'exprience
multiples avec les faits observs par d'autres spcialistes sont une
la
clinique
des maladies de
la
y a pourtant une
loi
gn-
VI
PRFACE
et
raie
et
empiri-
quement
les nouvelles
s'acqurir de
nom-
breux amis
LIVRE PREMIER
INTRODUCTION
A L'TUDE DE LA PSYCHIATRIE
PSYCHIATRIE.
PREMIERE PARTIE
LE TERRAIN D'EXPLORATION ET LES SCIENCES AUXILIAIRES
CHAPITRE PREMIER
NATURE ET CARACTRE DES MAf.ADIES PSYCHIQUES
La psychiatrie clinique est une science empirique qui fait partie du domaine de la pathologie crbrale et nerveuse. L'objet de son tude est d'tablir les raisons et les phnomnes qui font dvier les fonctions psychiques de leur tat normal; puis de chercher par quels moyens on pourrait ramener ces fonctions leur premier tat. Ces affections du cerveau o dominent les troubles des fonctions psychiques sont appeles maladies de l'esprit ou psychopathies.
Discuter sur l'essence et la
la
Pour elle le mot me n'est qu'une dsignation gnrale des fonctions psychiques qui se manifestent pendant la priode d'existence des individus. Elle abandonne la mtaphysique et la thologie la question de savoir quel est l'tat de l'me avant qu'elle se manifeste par ses fonctions et si l'me continue son existence et de quelle manire quand le corps a cess
de vivre.
Au
jet
lieu
de choisir
le
l'ob-
est prfrable
et
d'adopter
celui
d'alination,
mot rigoureusement
objectif
scientifique
qui ne prfonc-
juge rien.
comme un symptme
amne
CHAPITRE
II
Les recherches scientifiques indiquent comme organe des fonctions psychiques l'corce du cerveau sans prjuger des autres parties du systme nerveux central et des nerfs priphriques, voies conductrices et mcanismes secondaires dans la production et la marche des faits psychiques.
En dsignant
l'corce
du cerveau comme
le sige
de la production des
fonctions psychiques dans le sens le plus troit du mot, la science se fonde sur un grand nombre de faits puiss dans l'anatomie descriptive et
microscopique da cerveau humain, dans l'anatomie compare, dans la pathologie et surtout dans les plus rcentes expriences de la physiologie, faits qui prouvent que Fcorce du cerveau est le sige o se produisent les perceptions et o les impulsions motrices volontaires aboutissent. Cette corce s'imprgne en mme temps des images des souvenirs,
comme
autant de rsidus des sensations prcdentes, des perceptions et des mouvements volontaires. Comme tout travail intellectuel provient d'une perception sensorielle qui lui sert de point de dpart, le laboratoire de la pense (perception ou fusion d'une nouvelle impression sensorielle avec l'image des souvenirs d'une impression prcdente, mmoire ou reconstitution des
les
venirs
l'corce
disparates
d'utiliser
cette
association)
ne
peut
du cerveau. L'anatomie compare nous a dj appris depuis longtemps que les hmisphres crbraux sont le lieu de production des fonctions psychiques elle a, pour justifier cette affirmation, dmontr que le volume des hmisphres crbraux compar au volume des ganglions de la base (tubercales quadrijumeaux) augmente au profit des hmisphres mesure que les fonctions psychiques des diverses espces
;
se perfectionnent.
Joannes Mller a dmontr ce fait l'aide de l'anatomie compare. Ainsi, par exemple, chez la grenouille, les tubercules quadrijumeaux sont la partie la plus volumineuse du cerveau et prvalent de beaucoup sur les hmisphres qui ont peine leur volume.
Chez la tortue, les hmisphres crbraux, dj plus dvelopps, atteignent le volume du cervelet et recouvrent eu partie les tubercules quadrichez le chien, ces derniers sont dj relativement petits et compltement recouverts par les hmisphres. Une confirmation trs intressante de ce fait a t fournie par Meynert qui a tabli que dans la srie animale jusqu' l'homme, la relation proportionnelle qui existe entre la base et le sonimet des pdoncules crbraux correspond au rapport de dveloppement qui existe entre l'hmisphre et le msocphale. Il a constat qu' mesure que la grosseur des hmisphres augmente, la base du pdoncule (voie directe du cerveau antrieur et voie conductrice des mouvements volontaires) se dveloppe et que le sommet du pdoncule crbral (voie directe pour le msocphale) diminue de volume en mme temps que les tubercules quadrijumeaux et les couches
;
'
jumeaux
optiques.
Ces faits d'anatomie compare permettent de conclure que le dveloppement d'une partie du cerveau est directement proportionnel l'importance physiologique de cette partie dans le rle spcial qui lui est attribu. Comme preuve l'appui de cette thse on pourrait signaler l'importance des lobules olfactifs chez certains animaux qui se distinguent par l'acuit de leur sens olfactif, surtout si l'on compare ce volume la petitesse relative
le
des
mmes
lobes chez
l'homme dans
trs
la
vie
intellectuelle
duquel
le
A remarquer
encore
dveloppement relativement
meaux
chez
les
acuit visuelle.
De ltude compare des hmisphres crbraux des mammifres de il ressort que le dveloppement considrable de ces hmisphres est particulier au cerveau antrieur et que les circonvolutions crbrales places autour de la scissure de Sylvius, circonvolutions que la
divers degrs
comme
le sige
de
du langage, sont tout spcialement dveloppes chez l'homme. Voil pourquoi d'excellents exprimentateurs, tels que Meynert et
la facult
comme
l'organe essentiel de la
L'importance considrable du cerveau antrieur au point de vue intelprouve par l'augmentation proportionnelle de son volume mesure que l'individu ou la race arrivent un niveau intellectuel plus lev; elle rsulte aussi des peses de cerveaux faites par
lectuel est encore
Meynert l'autopsie des alins et qui, dans la plupart des cas, ont fait constater une diminution du cerveau antrieur. La surface du cerveau est flasque, avec des sillons ^ Si on compare la
'
Rapport
Ecker,
sijsline
la
2 sept. 1869
H irnwmdunf/en
nerveux,
du
liuguenin, Pal/iolof/ie fjn. des maladie.^des Menschen, 1869. Pansch, Die Furc/ieii uiid Wiilste uni Grosshirn des 1873.
Ihomme avec celle des diffrents mammifres, on voit degr de dveloppement psychique de l'espce est lev, plus la surface crbrale est lobe et sillonne, en mme temps que le dveloppement en volume du cerveau antrieur augmente graduellement. De cette manire on peut tablir une srie progressive d'organisations crbrales qui, commenant par les types les plus primitifs, va graduellement jusqu'aux types les plus perfectionns c'est une constatation faite par Gratiolet qui l'a utilise avec beaucoup de succs. Les insectivores (rongeurs, chauves-souris, etc.; sont les plus infrieurs
surface crbrale de
le
que plus
(les
prsence de
de Sylvius. y a sur chaque hmisphre trois sillons placs en forme d'arc autour de la scissure de Sylvius, ce qui forme quatre circonvolutions. Telle est aussi la segmentation crbrale qu'on trouve d'abord chez le ftus humain ces circonvolutions constituant la base des systmes de circonvolutions de toutes les classes animales, on les a appeles circonvolutions primordiales. A partir de l'lphant, en s'levant vers les espces suprieures, le cerveau prsente un type suprieur dans ce sens qu'il y a un grand sillon qui part de la scissure de Sylvius l'occiput et s'tend jusque vers la fente de Sylvius; par consquent ce sillon coupe transversalement toutes les circonvolutions primordiales qui vont du cerveau frontal au cerveau temporal, c'est--dire qui sont places autour de l:i fente de Sylvius c'est la scissure de Roland. Elle partage l'corce crbrale en deux nouveaux groupes de circonvolutions la circonvolution centrale antrieure et la circonvolution centrale postrieure. Sur le cerveau des singes des espces suprieures, on trouve encore deux nouveaux sillons l:i scissure occipitale, sillon profond qui part de la scissure longitudinale, traverse la surface crbrale de dedans au dehors en formant une convexit du ct postrieur, et coupe presque la pointe occipitale de l'hmisphre, enfin le sillon de l'hippocampe, un sillon qui se dirige plus loin, vers la partie postrieure, prs de la pointe occipitale. La segmentation de la surface crbrale humaine suit le mme schme q ae celle des singes et des fauves d'espce suprieure seulement on y trouA'e encore une srie de plis secondaires et chacun d'eux diffre des sillons primaires. De plus les lobes frontaux ont un dveloppement qu'on ne retrouve aucun des degrs prcdents de l'espce animale. Ce qui caractrise ces segmentations, c'est qu'elles sont recouvertes d'une couche grise. Plus une surface crbrale est abondamment plisse et silloane, plus ses dimensions sont grandes et plus le cerveau est riche en substance grise. 11 est tout indiqu de supposer que l'accroissement de la substance grise est en corrlation avec l'augmentation de la puissance psychique et que celle-ci marche de pair avec l'augmentation de cette substance.
sillon longitudinal et parallle la scissure
outre
un
Chez
le
renard,
le
chien,
le
loup,
il
Cette conclusion qu'imposent les recherches de l'auatomie et de la psychologie compares est encore confirme par l'anthropologie et la psychologie humaines, car plus une race est suprieure, plus, chez ses reprsentants, la surface crbrale est perfectionne et riche en circonvolutions. Mme chez les individus d'une mme race, on note aussi ce rapport entre le volume de l'corce crbrale et Ja puissance intellectuelle autre;
une plus grande capacit intellectuelle va toujours de pair avec une plus grande quantit de circonvolutions secondaires et tertiaires, notamment dans le cerveau antrieur. Ainsi l'embryognie nous apprend que la diffrenciation des segmentations et des circonvolutions de la surface crbrale chez le nouveau-n est trs incomplte, qu'elles se dveloppent mesure que l'intelligence de l'individu progresse et qu'elles ne sont compltement dveloppes que vers Tge de vingt et un ans. Enfin on est encore forc de reconnatre l'importance des circonvolutions crbrales quand on examine les cerveaux d'idiots trs pauvres en circonvolutions; on constate que celles-ci sont restes stationnaires, presque l'tat ftal, ce qui donne la raison de leur nullit intellectuelle. La structure* de l'corce grise du cerveau est excessivement complique. D'aprs
dit
ment
rpandues dans ce stromade tissu conjonctif trs riche en sang. Il est probable que ces millions de cellules sont relies entre elles. Dans tous les cas, des territoires, des groupes cellulaires appartenant la mme fonction, en gnral des portions entires de circonvolutions crbrales sont en communication les uns avec les autres par des fibres arques qui vont d'une circonvolution l'autre (fibrae arcuatae Arnoldi
fibres d'association de Meynert).
En outre des systmes de fibres (commissures) qui s'tendent transversalement entre les deux hmisphres et y rayonnent, tablissent une communication entre les deux moitis du cerveau. Il est probable que de chaque cellule ganglionnaire de l'corce crbrale part un appendice qui va dans le cylindre-axe d'une fibre nerveuse et en sort. Ces fibres nerveuses se runissent en faisceaux que l'on peut suivre en partie sur un cerveau durci. Ces donnes d'anatomie macroscopique sur les tractus fibreux sont confirmes par les faits de dgnrescence secondaire dans les maladies
localises, ainsi
que par
les belles
recherches
de Flechsig d'aprs
les-
la vie
Gudden
certaines parties
fonctionnel.
du cerveau) dmontrent
Meynert. Vierleljahrsschvifl
Geireben, p.
(len
fiir Psychiatrie, 1867, fasc. 1 ; ensuite SIrichers Lehre von 703; Ja/irb. fur Psychiatrie, II, fasc. 2 et 4 ; Arch. fiir Psychiatrie et
Klin. Psyc/iiatrie.
En raison de la grande somme de travail qu'il a fournir, le cerveau, et particulirement Tcorce crbrale, a besoin d'un afflux de sang facile et abondant en mme temps qu'il lui faut des conditions favorables l'vacuation des produits de la mutation intraorganique.
Les principales voies vasculaires
sont les carotides.
'
le
cerveau
La
crbrale antrieure ou
la surface infrieure et
:
m-
et se
a,
pour la deuxime
laire, le trabcule, la
premire
central; c, pour le lobe carr et artre crbrale mdiane ou de la scissure de Sylvius. Cette dernire alimente le reste du lobe frontale en
se divisant
a, la
b, la
frontale antro-infrieure
paritale antrieure
pour
la
pour
et
c,
la
circonvolution
courbe
pour
la
premire
rale).
Pour les autres lobes (surface infrieure du cerveau, lobes occipitaux, circonvolutions temporales le sang est fourni par l'artre crbrale postrieure ou profonde qui sort de l'artre basilaire et qui est forme de trois
,
\a, pour la circonvolution courbe; porale infrieure et pour le lobe fusiforme; triangulaire et pour les lobes occipitaux).
branches
b,
c,
dans l'espace subarachnodien, ensuite dans la pie-mre sans former entre d'anastomoses rgulires. Elles se divisent en forme de faisceaux et envoient de la face intrieure de la pie -mre des artres d'alimentation qui s'enfoncent verticalement dans l'corce crbrale et qui, contrairement aux artres terminales de la base, prennent bientt aprs leur origine la forme capillaire. Une partie de ces vaisseaux se termine dans la partie corticale eu y formant des mailles vasculaires cuniformes. Les vaisseaux qui ne se terminent pas dans l'corce crbrale pntrent jusqu' 3 4 centimtres dans la couronne rayonnante (artres mdullaires). Chaque circonvolution crbrale en prsente environ io. Ces artrioles mdullaires ne forment que trs peu d'anastomoses entre elles et seulement avec les extrmits terminales du territoire vasculaire qui s'tend des ganglions de la base du cerveau jusqu' l'ensemble des circonvolutions des hmisphres. Cette rpartition des vaisseaux par rgions donne une autonomie relative aux diverses parties du cerveau; elle favorise
'
Die
Duret, Pror/rs mdicaU 1873, janv., fv., nov. ; Ai-cli. de pIiijsioL, 1877. Heubner. luet. Erl-rankunrj der Hirnarterien, 1874. >'olhnagel, Ziemssens Handb.. 1876. XI.
!.'
l'-
mme
possible la pro-
duction des hyperhmies circonscrites (fonctionnelles, par exemple, dans la couche corticale). L'corce crbrale parat tre spcialement protge contre les hyperhmies lluxionnaires par ce plinomne dj constat par Schrder, van der Holk et rcemment confirm par Heubner, qu'une grande
partie des artres de la pie-mre se rendent directement dans les veines
crbrale).
sive
rbraux.
capillaire.
L'espace subdure-mrien n'a d'autre signification que celle d'un espace Il communique par l'intermdiaire des granulations de Pacchioni
(appendices du sinus et des veines) avec les veines du sinus et du diplo. L'espace arachuodal reprsente un sac rempli de lymphe et muni d'un systme mailles ce dernier fait est du ce que l'arachnode et la duremre sont rattaches lgrement l'une l'autre par un systme rticulaire.
;
la
et
repr-
Rey
et Retzius.)
L'espace arachnodal
Sliidien zia-
communiqne avec
les ventricules et
Archiv.
fii'
10
optique et acoustique, et par l en mme temps avec le liquide prilymphatique du labyrinthe. L'espace subdure-mrien et l'espace arachuodal n'ont entre eux aucune communication directe. Mais quand l'augmentation de pression est considrable, le srum subarachnodal peut passer par filtration dans l'espace subdure-mrien et de l dans le sinus des veines.
CHAPITRE
III
le
chapitre prcdent,
histologiquement par la grande abondance des cellules ganglionnaires. Comme on trouve une accumulation de substance grise, riche eu cellules ganglionnaires, dans toutes les parties du systme nerveux central o se produisent des phnomnes fonctionnels particuliers, depuis
devenue l'objet de recherches et d'tudes partiderniers temps on avait suppos que les diverses culires. Jusqu' ces parties de l'corce crbrale taient quivalentes les unes aux autres au longtemps
l'corce grise est
mme
se
remplacer l'une
de la localisation de
crbrale.
la facult
du tout avec la dmonstration faite par Broca du langage un endroit dtermin de l'corce
En outre, des diffrences morphologiques dans la structure de l'corce indiquaient aussi une diffrence fonctionnelle variant avec les rgions. Ainsi Betz trouvait en 1874 {Centralbl. f. d. mecl. Wissenschaft p. 578) des
,
trouvait de petites cellules, ressemblant plutt celles des cornes postrieures de la moelle pinire, dans l'corce des lobes paritaux et occipitaux, phnomne analogue
frontal, par contre
la diffrenciation de forme qui' existe entre les cellules ganglionnaires des cornes antrieures et celles des cornes postrieures de la moelle pinire. Ces cellules doivent sans doute prsenter aussi des diffrences au point de
du cerveau
vue physiologique.
D'ailleurs les cellules gantes de Betz ne se trouvent qu'en trs petit
nombre dans
le
damment
^
cerveau des petits enfants et elles ne se dveloppent abonle cerveau se perfectionne. Il faut citer ce
partie
193.
t.
II,
II,
urg's
Hilzig, Untersiicla/nf/eu iibcr Cerveau. Munk, ber die FunklloFerrier, Les Fondions du cerveau.
dition.
Article
p.
12
propos une dcouverte trs intressante de Soltmann (Jahrb. f. Kinderkrankheiten,^,. F. IX). lia remarqu que les parties corticales o se trouvent surtout ces cellules ne sont pas encore excitables exprimentalement chez les jeunes animaux et que ce n'est que plus tard qu elles deviennent excitables dans le sens de leur fonction. Un autre phnomne prouve encore l'ingalit fonctionnelle de l'corce crbrale c'est que les voies de l'innervation musculaire volontaire partent du cerveau frontal, les voies sensorielles se terminent exclusivement dans le cerveau occipital et dans les rgions voisines du cerveau parital. Grce aux recherches remarquables de Fritsch, Hitzig, Ferrier, Munk et autres sur les animaux, recherches dont les rsultats concordent avec de nombreuses ncropsies pathologiques de cerveaux humains, nous commenons aujourd'hui connatre les fonctions de l'corce crbrale ainsi que l'importance et le rle diffrents de chaq_ue rgion cj3rticale. Mais, tant donn que la structure et les fonctions du cerveau animal sont foncirement diffrentes de celles du cerveau humain, il est incontestable que toutes ces recherches de la physiologie exprimentale ne peuvent pas tre applicables sans restriction la pathologie du cerveau humain et qu'on ne peut s'en servir que cum grano salis pour l'tude des fonctions psychiques. Toutefois ou peut considrer comme bases d'une physiologie de l'corce crbrale les expriences sur l'excitation ou la destruction limites, surtout quand elles ont t faites sur des animaux d'une espce suprieure (chiens, singes et qu'on les compare avec les cas prcis de maladies en foyer de la
:
,
pathologie humaine.
sont trs remarquables en ce qui concerne le technique et de l'interprtation rigoureuse des rsultats des expriences. Nous en indiquerons ici sommairement les
la
Munk
Rolando (Gyrus central antrieur, postedu prcuneus) provoque des mouvements dans certains groupes de muscles. Ainsi l'excitation du tiers infrieur des circonvolutions centrales provoque une contraction des muscles dans la rgion du nerf facial et de l'hypoglosse; l'excitation du tiers moyen provoque une contraction des muscles du bras, une excitation du tiers suprieur et de la surface mdiane amne une contraction des muscles
sillon de
du
forte de ces rgions motrices de l'corce produit des convulsions dans les groupes de muscles en question, ce qui peut amener des convulsions gnrales (phnomne explicable par l'irradiation de l'excitation).
La destruction de ces
territoires a
pour consquence
la
suppression
mouvements volontaires dans les groupes de muscles correspondants, tandis que les mouvements rflexes et les mouvements communiqus
des
13
peuvent tre conservs, mais alors ces derniers s'oprent avec maladresse.
l'ther, le chloral, le
chloroforme,
d'o
mane
il
la
on a conde l'innervation volontaire, les centres centres psychomoteurs. Mais avec la paralysie sensorielle, perte de la notion de la
En
On
fait
plusieurs reprises la
mme
remarque chez des hommes atteints de paralysies corticales. Si l'on considre que rien ne prouve que l'corce crbrale serve
d'inter-
mdiaire d'autres fonctions psychiques qu' celle de la sensation (Meynert) dans le sens plus tendu, et celle de la perception et de la reconstitution des perceptions antrieures, il est tout naturel de rapporter la paralysie motrice la paralysie sensorielle et de l'expliquer par cette
dernire.
des mouvements volonmcanisme de leur production. Les causes des mouvements dits volontaires sont des ides de mouvement (images et souvenirs de mouvements antrieurs; d'aprs Meynert, ces images sont produites par des sensations nerveuses dues des mouVoici quels seraient, d'aprs
la thorie
Munk,
taires, l'explication
de leur disparition
et le
vements rflexes qui se sont produits dans les centres subcorticaux probablement dans le thalamus opticus). Ds que ces ides de mouvement se manifestent avec une force de stimulation suffisante, elles provoquent le mouvement volontaire, si aucune entrave n'intervient. La disparition des mouvements volontaires, aprs l'extirpation de certaines parties de l'corce, s'explique, d'aprs Munk, par la perte des ides, des sensations et des mouvements correspondants (paralysie de l'me, c'est--dire insensibilit de l'me et perte de la facult de percevoir l'ide
de mouvement!. Ce savant a, en effet, prouv que les parties corticales motrices sont les foyers centraux du sens du toucher (sensation d'attouchement, de pression, sensations musculaires avec le symptme local correspondant' ainsi que des ides de toucher et de mouvement qui rsultent de ce sens. Il a dmontr, en outre, que l'extirpation des parties corticales susiudiques amne toujours la perte de ces ides, et que, lorsqu'il y a destruction
plus tendue,
il
en rsulte
mme
la perte
permanente de toutes
les sensaet
tions et conceptions
mouvements
des sensations d'origine corticale). D'aprs cet expos, si, la suite de l'extirpation des rgions corticales motrices, il y a perte des mouvements volontaires, il s'agit d'une destruction
mouvements
donc tre considres comme des rgions sensorielles. La maladresse dans l'excution des mouvements communiqus qui pourraient subsister encore s'explique par l'absence du sens musculaire et des perceptions tactiles qui pourraient contrler et rgler ces mouvements.
corticales doivent
est
amene
14
aux muscles, partent des rgions corticales en question, passent travers couronne rayonnante, n'ont probablement aucune communication avec les ganglions de la base, traversent les deux tiers antrieurs du pdoncule postrieur de la capsule interne, le tiers moyen du pied du pdoncule crbral, descendent vers les pyramides (au pont elles sont probablement interrompues par des foyers de cellules ganglionnaires), se croisent l avec les voies de l'autre moiti du cerveau, vont principalement dans les cordons latraux de la moelle pinire en bas, traversent
la
antrieures et atteignent, par les racines antrieures, les Les voies conductrices de l'innervation involontaire (voies rflexes) passent des rgions corticales aux couches optiques et aux tubercules quadrijumeaux, au sommet des pdoncules crbraux, ne participent pas au croisement des pyramides, traversent par les cordons de Ttirk la
les
cornes
muscles.
moelle pinire qu'elles quittent par les racines antrieures. Les voies conductrices des nerfs sensitifs du torse et des extrmits,
aprs leur rayonnement dans les racines postrieures, les cordons latraux
postrieurs et les cornes postrieures de la moelle pinire, se croisent
bientt aprs leur pntration dans la moelle (ainsi que le dmontre la
maladie hmilatrale de Brown-Sequard). Plus haut la voie sensorielle gagne les fascicules grles, puis la calotte des pdoncules crbraux (spare du pied par la substance grise). De l, elle traverse le tiers postrieur du pdoncule postrieur de la capsule interne, endroit o se
rencontrent toutes les voies conductrices des nerfs sensoriels et des nerfs trijumeaux sensitifs (carrefour sensitif), et gagne par la couronne rayon-
En
aucune conclusion des images optiques qui se prsentaient eux, car ces images leur taient devenues incomprhensibles. Ils taient revenus l'tat de leur premire enfance, en ce sens que les images et les souvenirs que les images observes avaient laisss comme rsidus avaient disparu par suite de la perte de ce groupe de cellules ganglionnaires qui conservent les souvenirs et sont capables de les
la
ception tout
la
fait
nouvelle et inconnue, et
il
fallait la
images de souvenir, ce qui tait possible chez le chien, la condition que destruction de la sphre visuelle corticale ne ft pas trop tendue. Les voies conductrices des nerfs optiques ne se croisent qu'en partie dans le chiasma et ce sont les filaments intrieurs qui se croisent. La voie conductrice visuelle passe dans le tractus optique, prs des corps gniculs, traverse la couroune rayonnante et arrive ainsi la surface latrale du lobe occipital. Ou ne sait pas encore si les filaments du tractus optique qui rayonnent dans les corps gniculs externes ainsi que dans la couche optique et dans le corps stri, y subissent uue interruption quelconque. Mais les expriences sur les animaux ont tabli avec certitude que la
duit la ccit psychique, et qu'une destruction
destruction restreinte des sphres optiques des deux lobes occipitaux proplus tendue produit la
ccit corticale. Une lsion hmilatrale du cerveau occipital occasionne une suppression fonctionnelle (hmianopie) des parties des deux rtines places du ct de la lsion; donc dans le cas de destruction de l'corce
occipitale droite,
chaque
rtine.
le
Le
optique dans
y a suppression fonctionnelle de la partie droite de rsultat est obtenu par la destruction de la voie cerveau ou par la destruction du tractus optique droit.
il
mme
le
Centre auditif et centre du langage. Ferrier a cherch et a trouv centre auditif dans le lobe temporal. Munk a dmontr que ce centre se trouve dans la partie infrieure du lobe temporal (sillon temporal suprieur et moyen), puisque la destruction de cette partie de l'corce amne une surdit psychique. Les animaux mutils de cette faon entendent encore, mais ils ne comprennent pas ce qu'ils entendent. On a fait des expriences la destruction de la pointe infrieure du lobe analogues sur l'homme temporal ne les privait pas de la facult d'entendre mais de celle de comprendre ce qu'ils entendaient. Une langue qui autrefois leur tait
:
de l
le
sommet du
le
lobe
temporal.
sinus
rhom-
du nerf acoustique,
est attribue
et contribuent maintenir l'quilibre, fonction qui " au cervelet. Le croisement des voies acoustiques tant complet, la destruction hmilatrale de la sphre auditive amne une surdit latrale du centre oppos (surdit corticale). Le centre auditif est le centre sensoriel du langage et, quand sa destruction a lieu avant que la conception du langage se soit forme, elle amne une incapacit acqurir cette conception. Le centre de reprsentation des mouvements du langage se trouve prs du centre auditif qui est un centre sensoriel et auquel il est intimement
'
'
16
li
anatomiquement et fonctionnellement. Broca a donn comme sige de ce centre du langage moteur la rgion de la troisime circonvolution frontale (celle du lobe frontal gauche chez le droitier). La destruction de
cette rgion
amne
FerrieP SUpCliNTRE DU GOUT, DE l'oDORAT ET DES PERCEPTIONS GNRALES. pose que le gyrus unciuatus est le centre du sens du got dont la voie conductrice probablement passe exclusivement dans le trijumeau (Gowers). Les recherches de Munk plaident au moins, en ce qui concerne le chien et le singe, en faveur d'une localisation dans de petites rgions corticales
de la base, en avant la scissure de Sylvius. Ferrier dsigne comme centre de la perception olfactive et des conceptions olfactive le gyrus uncinatus, qui est tout particulirement dvelopp chez les animaux (chien, chati qui se distinguent par la grande acuit de leur sens olfactif. Munk suppose que rcorce du gyrus hippocampi renferme le centre olfactif, tant donn que des raisons anatomiques tmoignent en faveur de cette supposition, et que dans un cas de destruction des deux gyri hippocampi chez un chien, le sens olfactif a compltement disparu chez cet animal. Zuckerkandl {Uher das Rieclicentriun) se fondant sur des recherches d'anatomie compare, prtend que la corne d'Amnon appartient au centre olfactif. Le centre des ides gnitales est plac par Ferrier dans la rgion du centre olfactif. Etant donn le rapport fonctionnel qui existe entre le sens gnsique et le sens olfactif aussi bien chez l'homme que chez l'animal, bien des circonstances plaident en faveur de cette thorie de Ferrier. Quant au centre de la perception gnrale (lobe occipital?!, la question de savoir
quel est son sige est encore fort discute. Il n'est pas douteux que l'corce crbrale exerce aussi son influence sur les fonctions vaso-motrices, thermiques et scrtoires. Concernant ces centres et les voies conductrices de ces fonctions, ainsi que pour la question de savoir si l'corce exerce sur ces dernires une influence directe ou indirecte,
on n'a
fait jusqu'ici
de la physiologie exprimentale moderne ne laissent plus subsister aucun doute sur le fait que les processus lmentaires de la perception et du
mouvement
Les rsidus (images et souvenirs) des perceptions et des mouvements antrieurs sont les lments qui forment les points de dpart pour le dveloppement de la vie psychique. La condition de ce dveloppement est que les rsidus qui s'accumulent dans les divers territoires de perception, entrent en rapport entre eux et que de ces rapports il se forme des ides gnrales contenant des caractres de diverses perceptions de la mme sphre sensorielle en mme
temps que des caractres d'autres rgions sensorielles. Pour cela, il est ncessaire que les diverses rgions corticales soient en communication anatomique entre elles par des voies d'association (d'aprs Meynert et qu'elles entrent eu rapport fonctionnel les unes avec les autres.
..
17
Cela devient plus aisment possible quand les centres se trouvent trs rapprochs les uns des autres (sens du got et de l'odorat; sens olfactivognsique; centre du langage moteur et sensoriel; sens musculaire et
mouvement
musculairei.
Les travaux compliqus des muscles ainsi que la dextrit des mouvements ont pour condition le fonctionnement de certaines voies d'association. Une des conditions les plus importantes pour le dveloppement de la vie intellectuelle, c'est d'apprendre la langue, produit des ides acquises par la longue activit intellectuelle d'un peuple, et le mot comme signe de la pense condense qui contient des sries de conceptions isoles. Une autre liaison associative trs importante est celle des perceptions du toucher et du sens de la vue c'est la base des premiers lments pour constituer l'image d'ensemble de son propre corps et dvelopper la conscience de sa propre personnalit. Il s'y ajoute ensuite l'ide de la sparation de cette personnalit du monde extrieur et les dimensions de ce dernier ne parviennent la conscience de l'individu que par le concours associatif des centres du mouvement des muscles oculaires avec le centre visuel, ce qui fait natre la conception de l'espace. A remarquer la facilit avec laquelle ces liaisons associatives s'tablissent dans le cerveau de l'enfant et des jeunes gens, tandis que pour un cerveau adulte, il devient excessivement difficile d'apprendre des langues trangres ou d'acqurir des aptitudes
;
techniques.
Les voies d'association ainsi que la possibilit de les relier et de les utisont trs nombreuses. Plus ces centres et ces voies sont bien organiss, plutt on commence les relier associativement et les exercer plus fructueuse est la mthode employe (ducation mthodique), et plus le bagage de la vie intellectuelle de l'individu sera riche et fourni. / Il rsulte de ces faits qu'on ne doit considrer l'intelligence de l'individu \ que comme la somme et la rsultante de toutes les conceptions provenant
liser
:
donc aussi absurde de reprsenter la raison, le caractre, la chacun comme une facult spciale de l'me, que de chercher, comme les phrnologues, une localisation pour chacune des manifestations intellectuelles. La vie intellectuelle est une et indivisible. Comment les impressions physiques peuvent-ellesproduire des faits psychiques dans les cellules ganglionnaires de l'corce crbrale, lments et substrata de l'activit psychique. Voil ce qui chappe aux recherches de la science exprimentale. On peut admettre comme derniers fondements matriels et imaginables de la vie psychique, les mouvements molculaires dans les cellules ganglionnaires. La grande capacit de travail intensivement et qualitativement de l'corce crbrale est possible, d'une part, grce la grande abondance de sang et la facilit de sa distribution d'autre part, grce la grande abondance des substances grasses (crbrine, lcithine, etc.) qui contiennent beaucoup de carbone et dhydrogne, substances dont la compoIl
est
volont,
PSYCHI.\TRIE.
18
silion
complique
et
qui par
Evidemment
veux
et
somme
de travail, c'est--dire de force animale. En outre le cerveau subit priodiquement par le sommeil un abaissement de son activit, surtout de son activit psychique.
Des thories intressantes sur la transmutation des processus physicochimiques (dans les cellules ganglionnaires) en force psychique ont t exposes par Pfliiger (Arc/i. der PhysioL, X) et Wundt (Physiol Psychologie, p. 260 et Untersuchungen sur Mechmiik der Ncrven, 1871).
CHAPITRE
IV
Toute la vie intellectuelle consiste en conceptions et dans l'action rciproque qu'exercent ces conceptions les unes sur les autres. Tons les phnomnes fonctionnels de la vie psychique, les lmentaires aussi bien que les compliqus, trouvent leur concentration dans la conscience que l'individu a de lui-mme (le Moi). La conscience est reprsente par les ides qui, pendant l'unit de temps, se trouvent prsentes dans le Moi conscient. Tout ce qui ne rside pas directement dans la conscience est une ide latente, virtuelle. Toute conception d'ide provient originairement de sensations sensorielles et reoit une stimulation constante de ces dernires. Les sensations sont des conceptions lmentaires. Elles ont diffrents degrs d'intensit et de qualit. L'intensit dpend de l'excitabilit de celui qui prouve la sensation (cette excitabilit se mesure d'aprs le minimum d'excitation qu'un individu est encore capable de sentir) l'excitabilit est une quantit variable qui dpend de l'tat d'excitabilit de l'organe priphrique sensoriel, du centre sensoriel de Tcorce crbrale (attention, sommeil, tat de veille) et de l'action simultane des
;
autres stimulants.
Mais
elle diffre
manire psycho-physique. La qualit d'une sensation dpend du mcanisme et de la forme du mouvement (nombre et longueur de l'ondulation) qui est la base de l'excitation extrieure. Conformment leur organisation anatomico-physiologique, les divers appareils des sens ne rpondent par une sensation que lorsque la vitesse de l'ondulation se meut dans certaines
limites.
'.Nous ne pouvons ici qu'indiquer simplement les notions psychologiques et psycho-physiques ley plus ncessaires. Les principaux ouvraires pour l'tude de la psychologie empirique sont le Onnutzi/ge der pJit/siolof/ischen Psycholor/ie, 1873, de Vu'ndt; le Traite de Psycholor/ie de Ilerbart, 1834; Die psi/ch. Zustunde, 1849, par Domwich; Versuch etiier Wissenschafll. Ber/riindung der Psychologie, 1885, par Jessen; Lellfaden d. physiol. Psy c/tologte, 1893, 2 dition, par Ziehen.
:
20
par la fusion de de celles qui sont htrognes, des conceptions sensitives qui selient entre elles, qui se dtachent de leur source originaire sensorielle et qui forment les ides gnrales, les notions, les jugements et les conclusions. Relies ensemble par la conscience de l'unit corporelle, elles deviennent finalement un eusemble complexe de conceptions (le Moi) qui se juxtaposent au monde extrieur et chaque nouvelle conception en voie de formation. Toutes les conceptions (sensitives) se produisent dans la conscience par rapport l'ide de temps et d'espace. Toute reprsentation qui a dj t recueillie une fois par la conscience, peut tre reproduite, 'et cette reconstitution peut tre reconnue identique la reprsentation originale (mmoire). La reproduction est spontane (excitation physiologique), ou elle est directement provoque par une impression sensitive (aperception) ou indirectement par des faits d'association qui se rattachent une percepla
il
De
somme norme
se forme,
homognes
par
la diffrenciation
tion.
Plus la conception originale a t frquente, claire et annote par une impression, plus sa reproduction est facile et possible. La reprsentation reconstitue peut tre identique l'original ou modifie (imagination).
L'imagination ne cre jamais rien d'absolument nouveau, mais forme seulement une nouvelle combinaison avec ce qui existait dj. L'activit cratrice de l'imagination est en partie involontaire, en partie influence par la volont. L"image sensitive est, lors de sa reproduction, accompagne d'une faible irradiation sensitive (image sensitive), de mme que l'image est toujours entretenue par la sensibilit et stimule par cette dernire entrer en
activit.
Nos conceptions (ides) concrtes sont toujours accompagnes de mouvements psychiques qu'on appelle des sentiments. Cette accentuation des images par des sentiments est un fait qu'on attribue au caractre. Le caractre de l'accentuation (plaisir, dplaisir) dpend en partie de la
nature de la reprsentation concrte, de l'intensit et de la dure de cette dernire (les stimulants agrables, mais dont l'action est trop intense ou trop prolonge, produisent un sentiment de dplaisir) en partie de l'espce de reprsentation (sensitive, abstraite, de souvenir), puisque les reprsentations produites par des impressions sensorielles iperceptions des sens, perceptions gnrales) provoquent des sentiments intenses dans
la conscience.
Pour
la
la
manire dont
se
forme
la concep-
Une reprsentation
saisir
ralentie ou entrave de fait de ne pas comprendre, une chose, de ne pas se rappeler) produit des sentiments de dplaisir
trs vifs,
de
mme
le
manque de
varit
mlancolie;; tandis qu'une reprsentation acclre et aise (le fait de trouver la solution d'une question, de se rappeler un nom oubli), un
21
changement rapide des reprsentaiions fdistraction, manie, elc), pioduisent des sentiments de plaisir. La rsultante de tous les sentiments
qui,
la conscience, reprsente Ce dernier est dtermin par le contenu des reprsentations concrtes, par la manire dont se droule le processus formatif de la reprsentation et dont se produit la perception gnrale. L'motion est un mode de raction des sentiments sur des reprsentations violentes qui
l'tat d'esprit.
branlent
Elle est
la
la conscience.
occasionne par l'apparition brusque de reprsentations qui provoquent par leur contenu, leur signification particulire pour le for intrieur de l'individu fie Moij et leur dure. Mais l'excitabilit du sujet qui conoit une ide, est aussi d'une grande importance. (Cette excitabilit est cause par des impressions antrieures, par le tonus habituel
temprament de l'individu. Les motions peuvent aussi bien venir de reprsentations reproduites que de perceptions sensorielles. Les reprsentations produites par le rflexe de faits inconscients dans l'organe psychique, sont trs importantes pour la pathologie (par exemple, l'irritation des organes priphriques dans Thypocondrie les troubles de l'alimentation dans l'organe psychique mme; le fait que l'individu s'aperoit de l'arrt du fonctionnement de cet organe). Ces reprsentations peuvent provoquer des motions vives sans mme prsenter un contenu concret et sans que l'individu s'en rende nettement compte. Le mode selon lequel se droule le processus formateur de la reprsentation joue aussi un rle trs important dans la production des motions. Les motions les plus violentes sont provoques parce que la production de la reprsentation a t trouble (image, ide obsdante) ou
et le
;
facilite.
est particulirement violente quand, par Tadjonction d'un sentiment, une reprsentation devient un effort et que cet tat de ten sion n'amne pas une solution immdiate. Il se produit alors des tats de
vif
L'motion
une solution brusque de la tension ralisaprovoque une motion de plaisir. Au point de vue de leur nature on distingue des motions de plaisir et des motions de dplaisir. Les motions ragissent sur la circulation, sur le tonus des muscles
tion de l'effort,
du
dsir)
et
elles amnent des changements dans en est ainsi aussi bien des motions de l'homme sain que des tats passionnels de l'alin (mlancolie, manie). Trs remarquables ce sujet sont certaines sensations prcordiales (angoisse prcor-
ces fonctions.
certains
phnomnes
scrtoires (pleurs) et
moteurs
frire, etc.).
Les sentiments et les motions thiques constituent une catgorie particulirement importante. L tout se rapporte exclusivement la personnalit, soit la sienne propre (gosme), soit celle d'un autre faltruisme'i.
22
Ces sentiments et ces motions naissent de reprsentations qui impressionnent la partie la plus intime de la personnalit intellectuelle, la somme de reprsentations dont se forme la conscience du moi. La sympathie reprsente un degr suprieur du sentiment de soi-mme. Elle est Lase sur ce fait que nous transmettons une autre personnalit une partie de nous-mmes, et que nous sentons avec cette personnalit. La sympathie,
un degr de dveloppement
noble
fleur
infrieur,
se
elle
puis,
de
la
civilisation,
borne peut
de l'accomplissement de ce principe qui est aussi la base de toutes les prescriptions morales. Les faire valoir subjectivement, voil sur quoi se
basent les phnomnes de
voil ce qui fait le
la
fondement des murs et de la morale. Ces dernires deviennent loi quand la collectivit des individus (socit, tat; les proclame comme des prceptes rigoureux et en impose l'observation l'individu. Dans leur essence, les sentiments thiques et les mouvements motifs ainsi que les motions en gnral apparaissent sous deux formes
:
sentiments de plaisir (estime de soi-mme, respect, participation la joie d'autrui; et sentiments de dplaisir (mpris de soi-mme, mpris des
autres, piti).
caractre
de conception et nous verrons que leur de se subordonner certaines notions gnrales d'espace et de temps. La conception gnrale de l'espace est produite originairement par l'orientation que donnent le sens du toucher et le sens musculaire; l'ide gnrale de temps se base sur la succession des reprsentations qui viennent tour tour, se chassent l'une l'autre et dfilent devant la conscience. Le temps le plus court pendant lequel une reprsentation succde l'autre peut tre mesur psycho-physiquement et dure en moyenne un huitime de seconde. La reprsentation qui se trouve en ce moment prcis dans la conscience en attire une des nombreuses autres qui sont latentes et se trouvent en dehors du domaine de la conscience, et elle est pour ainsi dire remplace par cette dernire. Ce processus est le plus souvent involontaire et ce n'est que dans une mesure trs restreinte que l'attention volontaire peut intervenir pour modifier la marche de la
commun
c'est
reprsentation.
Cependant dans leur mode de succession les reprsentations obissent une certaine loi. La pense abstraite se manifeste sous forme de jugements
qui, revtus de mots, se prsentent et se se suivent
comme
des phnomnes
logiquement coordonns (construction de la phrase). A ct de cette srie de conceptions logiques il s'en trouve une autre, machinale, l'association
des ides.
Les reprsentations peuvent se provoquer l'une l'autre par un moyen purement mcanique par le rapport qui existe entre le tout et ses parties (une partie du corps, un fragment de statue veillent l'ide compltive de
23
rapport qui
fusil
coup de
de chasseur et de fusil), par la ressemblance et le contraste (un visage qui incite se reprsenter des figures semblables pour les comparer avec la premire, l'ide du ciel laquelle se lie l'ide contraire qui d'enfer), par la liaison qui est le produit d'une habitude (notre pre au ciel), par l'apparition simultane des reprsentations qui se sont tes produites dans le mme endroit (reproduction d'vnements disparates qui ont lieu simultanment, souvenir de certaines personnes au moment de revoir l'endroit o l'on a fait leur connaissance), enfin par Fhomonymie tente, nice pice). A l'tat normal, une ou les assonances (tante ide concrte ne demeure que peu de temps dans la conscience malgr
remplacent l'tat pathologique (association des ides entrave) l'ide concrte peut persister avec une intensit et une dure morbides dans la conscience et par consquent entraner des troubles funestes (ide obs;
dante).
psychique offre divers phnomnes avec les divers degrs de son dveloppement. La forme la plus primitive du mouvement est le mouvement rflexe. Etabli qu'il est d'avance par la disposition anatomique du systme nerveux central, il existe dj chez le nouveau-n. Il s'accomplit inconsciemment. Ses stimulants sont des excitations sensorielles. Il y a ensuite une forme de mouvement un peu suprieure, mais encore assez voisine du mouvement rflexe, c'est le mouvement sensitivo-moteur qui se manifeste par des sensations sensorielles. Il est la limite de dmarcation de la conscience. A un degr plus lev, on a le mouvement instinctif. Ses mobiles sont des sensations organiques. Il reprsente un degr primitif de la
Le ct moteur de
la vie
conscience.
la
est un acte psychomoteur perfectionn, qui s'accomplit dans sphre de la conscience. Son primum moveus est une reprsentation appuye par un sentiment. Plus ce sentiment li une conception est vif et intensif, plus il se transforme aisment en dsir. Le mouvement entrepris dans le but de satisfaire un dsir s'appelle une action. On se reprsente
La volont
chose qui est accessible. Si l'objet ne l'est pas, il y a dsir nostalgique. L'acte suppose toujours des reprsentations (conceptions) comme mobiles; ces dernires peuvent tre plus eu moins nettes dans la conscience de l'individu. Une action dont les mobiles ne
alors l'objet dsir
comme une
est
un
acte impulsif.
Dans
une catgorie trs voisine on trouve les actes motifs. Ils se produisent inconsciemment et involontairement; cependant la volont peut les supprimer dans une certaine mesure (ducation). Le degr le plus lev de l'action est reprsent par l'acte libre. Il est d des conceptions trs compliques d'utilit et de moralit et dont la conscience se rend nettement compte, la rflexion sur les diverses possibilits de vouloir et de non vouloir dtermines par des raisons logiques et
24
la
manire
faut
du
par l'exprience et l'ducation, et qui se sont figes en un ensemble constant de reprsentations, de sentiments et d'impulsions. Cet assemblage n'existe pas encore chez l'enfant il est souvent dtruit ou du moins troubl par les maladies mentales.
;
CHAPITRE V
PLAGE PARTICULIRE DES AFFECTIONS PSYCHIQUES DANS LE DOMAINE DES AFFECTIONS CRBRALES
D'aprs ce que nous venons de dire, on ne peut douter que les troubles
des fonctions psychiques, tels qu'ils se prsentent dans la folie, ne soient l'expression de modifications dans l'organe o s'accomplissent les processus
psychiques
l'tat
comme
les affections
que de supprimer certaines fonctions suivant le point qui est atteint (maladies en foyer), il est vident que celles-l ne peuvent tre occasionnes que par un trouble diffus et tendu
pour
effet
de l'corce crbrale. Les alTections psychiques sont des maladies diffuses de toute l'corce
crbrale.
Cette hypothse parat au premier abord en contradiction avec les rsultats
tant
ncropsiques relevs chez les personnes mortes d'alination mentale, donn que dans la plupart des cas on ne procde pas une autopsie
microscopique. Mais comme la thse que nous venons de formuler est la conclusion logique des faits exprimentaux, on a, pour expliquer la contradiction apparente, recours la supposition que les troubles d'alimentation qui
peuvent se produire intra vitam sur l'corce crbrale (organe excessivesensible ainsi que le prouvent les dlires toxiques et fbriles) doivent tre si tnus et si imperceptibles qu'il est impossible de les dceler post mortem l'aide des moyens et des instruments ordinairement usits. La plupart des maladies psychiques, de mme que beaucoup de maladies du systme nerveux central qui donnent un rsultat ngatif l'autopsie, semblent tre une maladie fonctionnelle, un changement molcu-
ment
laire,
un trouble d'alimentation.
Mais il ne faut pas aller trop loin et envisager la plupart des processus psychosiques comme des maladies purement fonctionnelles; il ne faut pas renoncer rechercher les bases anatomo-palhologiques de ces processus. Il ne faut pas oublier que dans bien des cas d'affections psychiques on constate des tats anatomo-pathologiques qui sont presque
26
identiques les uns aux autres, que ce n'est que depuis relativement peu de temps qu'on a commenc dcouper, pour nous servir d'une expression de Griesinger,
le
le
couteau
et la four-
physiquement
des
malade
reste
rapports de la nvroglie avec la substance nerveuse proprement dite, est encore fort incomplte et prsente des lacunes considrables.
Il faut aussi tenir compte de ce que la cause des symptmes cliniques peut consister en anomalies de l'innervation vasculaire qui peut produire l'anmie, Thyperhmie, l'dme, un changement de pression, et que ces anomalies disparaissent avec la mort. Eafin, il faut considrer que ces symptmes cliniques peuvent tre causs par des modifications chroniques, que la chimie normale du cerveau n'est connue qu'imparfaitement et que la chimie pathologique crbrale est absolument inconnue. L'exprience nous apprend que c'est presque exclusivement dans les
formes primaires, au dbut de l'alination mentale, qu'on ne trouve rien post mortem nous sommes obligs de nous contenter de l'hypothse d'anomalies dans l'innervation, dans la rpartition du sang et dans sa composition chimique. Par contre, dans les tats secondaires et terminaux de la folie, on trouve rgulirement des modifications qui consistent souvent en rsidus de processus d'inflammation et de dgnrescence, sur les mninges et sur l'corce crbrale ces changements ont t videmment prcds de
;
;
troubles de la nutrition.
Dans tous les cas, nous pouvons ds aujourd'hui formuler cette thse que dans l'corce crbrale grise, il n'y a pas un seul changement diffus, soit hyperhmie, soit anmie, dme ou inflammation, qui ne doive cliniquement se manifester par un trouble des fonctions psychiques (Griesioger). Au point de vue anatomique on peut dfinir la maladie psychique une affection diffuse de l'corce crbrale grise, entranant des changements nutritifs allant jusqu'aux altrations inflammatoires et dgnratives.
maladies psychiques les troules accessoires de troubles aigus graves de la nutrition gnrale (intoxication, fivre) on ne considre comme tels que les drangements psychiques qui sont la manifestation de processus spontans, se dveloppant uniquement dans l'corce crbrale, et qui, en gnral, voluent sans fivre et avec une marche chronique.
les
que
Cette distinction est pratique, mais elle est arbitraire et est loin d'tre rigoureusement scientifique, tant donn que des troubles de nutrition symptomatiques et aigus de l'corce crbrale peuvent devenir indpendants et subsister mme aprs que le processus originaire a cess d'exister ils peuvent passer l'tat de vritables psychoses. En tout cas il y a des transitions peine sensibles entre les dlires d'inanition, d'intoxication, fbriles, et les psychoses (folie). D'autre part, ces psychoses
;
27
peuvent prendre une marche aigu et mme suraigu. La dfinition ainsi formule les maladies psychiques sont des maladies diffuses de l'corce crbrale, indpendantes et en gnral volution chronique et sans fivre, contient donc une part de vrit et une part de convention. Envisages au point de vue clinique, les maladies psychiques nous apparaissent comme appartenant au domaine de la pathologie crbrale. Ce fait est d'ailleurs dmontr d'une manire irrfutable par l'tude de ltiologie de ces maladies car les lois d'origine des maladies mentales sont au fond les mmes que celles de l'origine des autres maladies du cerveau, des nerfs, et ici la loi de l'hrdit a une importance capitale. Les maladies mentales se transmettent souvent aux descendants, mais les maladies les plus diverses du cerveau et des nerfs chez les procrateurs peuvent amener la prdisposition la folie de la gnration suivante. A ct de cette tendance trs accentue se transmettre par hrdit, ces maladies ont encore la facult particulire de rapparatre en se mtamorphosant sous les formes les plus varies de la nvrose, de sorte que, au point de vue tiologique, les maladies les plus diverses du cerveau et des nerfs peuvent tre considres comme les membres d'une mme
:
famille pathologique.
On observe
mme
on voit chez diffrents individus de la mme famille, chez qui il y a une prdisposition, qu'une cause occasionnelle, comme la peur (suivant les circonstances individuelles ou accidentelles), produit par exemple chez
l'unl'pilepsie et chez l'autre l'alination mentale.
Au point de vue de la symptomatologie clinique, on peut dsigner les psychoses comme une classe spciale de maladies crbrales caractrises par la prdominance des troubles des fonctions psychiques. Mais il n'y a pas que ces troubles qui se manifestent selon l'importance directe ou indirecte de l'corce crbrale sur les fonctions sensitives, sen:
trophiques ou rgulatrices des symptmes correspondants peuvent se produire ct des symptmes psychiques. D'autre part, il faut se rappeler que les troubles psychiques ne se manide
la chaleur,
festent pas seulement dans les cas de psychoses, mais aussi, bien que sous une forme primitive, dans toutes les autres maladies crbrales possibles. De plus, par suite d'une influence sympathique ou anatomique secondaire
maladies crbrales en gnral peuvent entraner des troubles gnraux psychiques, temporaires ou durables; tandis que, dans les cas de maladie crbrale en foyer, les troubles des fonctions non psychiques, motrices,
sensitives, sont
Il
au premier plan du tableau clinique. ces considrations que la sparation des maladies psychiques des autres maladies crbrales n'est qu'artificielle et arbitraire ce ne sont que des raisons d'utilit pratique (importance sociale, riche symptomatologie, terrain eu partie inexplor, particularit des moyens
rsulte de
;
28
d'exploration) qui peuvent justifier la place spciale qu'on a donne ce genre de maladies crbrales o prdominent les troubles psychiques. C'est dans la pratique surtout que s'impose la ncessit d'tudier et d'envisager les psychoses comme les autres maladies crbrales sans perdre de
vue toutefois leur caractre spcial. Les troubles des fonctions psychiques prdominent, c'est vrai, mais dans la plupart des cas ce ne sont pas eux qui permettent d'tablir le diagnostic
ou
un sens
trs large et
com-
prendre tous les troubles des fonctions non psychiques qu'elle doit utiliser pour le diagnostic et le pronostic. D'autres points de vue et d'autres problmes d'une plus grande porte dcoulent encore de la nature de ces maladies spciales du cerveau. L'corce crbrale, comme organe des fonctions psychiques, constitue la condition indispensable pour l'existence de ce que nous appelons psychologiquement le moi et la conscience. Une maladie faisant diffusion sur l'corce crbrale doit ncessairement entraner un changement dans la conscience et dans la personnalit psychique. Ainsi la psychose ne se prsente pas seulement comme une maladie du cerveau, mais en mme temps comme une modification pathologique de la personnalit. Au point de vue de la pratique mdicale, il en rsulte la ncessit de soumettre la personne malade un traitement psychique. et individuel; au point de vue social et juridique, il en rsulte un changement important dans la situation de l'individu dans le domaine lgal et social. Par l la psychiatrie acquiert une trs haute importance sociale. Un des points de vue les plus importants ce sujet est la question des soins que l'tat doit donner aux alins dont le nombre s'accrot, depuis dix ans, dans tous les pays. Une intervention utile en faveur de ces malades, leur gurison ou les soins humanitaires leur donner quand ils sont ingurissables, constituent des questions trs importantes pour les autorits et les mdecins, d'autant plus que, d'aprs les renseignements fournis par l'exprience, les asiles ferms ne suffisent plus recevoir tous ces malades et que beaucoup d'entre eux peuvent tre traits avec un rgime qui leur laisse plus de libert (soins dans une famille ou dans une colonie, rgime sur la valeur duquel au point de vue conomique et technique Tavenir se prononcera). Ce qui est tabli pour le moment, c'est que les asiles ferms sont absolument ncessaires pour les malades gurissables et les malades dangereux.
dans ses
jurisprudence.
les priver
de leur
2'.)
Mais
comme ils
ils
leurs affaires,
eux-mmes
et
pour
leurs intrts. Toutes ces circonstances font natre une srie de questions
en partie ressortissant la lgislation gnrale, quescomme psycho-pathologie mdico-lgale, est appele donner une rponse scientifiquement fonde. Ces questions sont trs importantes aussi bien pour l'ordre et la scurit publique, que pour l'honneur, la vie et la libert des malades eux-mmes. Sans doute le problme le plus difficile de ce genre est de prciser l'tat mental d'un en partie spciales
et
homme
le
au moment o
et la folie tant
il
commis un
acte dlictueux.
Sur ce terrain
Malgr cela
la
bien des problmes sont encore rsoudre, les lignes de dmarcation entre
crime
et flottantes.
mme
dans ces
cas,
pourvu
reusement sur
quels
l'tat
le
terrain
clinique,
qu'elle
s'abstienne de se payer de
phrases, et qu'elle donne sans hsiter un non liquet pour les cas sur lesactuel de la science ne permet pas de se prononcer.
CHAPITRE YI
IMPORTANCE DE L'TUDE DE LA PSYCHIATRIE
Malgr le dveloppement imparfait del psychiatrie en tant que science, son importance parmi les autres sciences est grande. La psychiatrie a donc le droit d'avoir une chaire dans les facults. En tudiant l'tiologie
des maladies psychiques qui constituent un mal social trs grave, elle est d'un grand intrt pour l'hygine dont la tche est de prserver des maladies.
Elle touche aussi au domaine de la pdagogie, puisque, dans beaucoup de cas, le trouble mental est la consquence d'une ducation dfectueuse qui n'a pas tenu compte ni des prdispositions spciales ni des parlicularits du temprament. Si la pdagogie tudiait plus profondment les conditions normales et pathologiques de l'humanit, bien des dfauts et des erreurs d'ducation seraient supprims, les exemples de carrires mal choisies seraient moins frquents et par suite bien des existences psy-
La psychiatrie
n'offre
elle
dcle l'origine psychopathique de bien des aberrations et de bien des sectes religieuses, et aussi pour l'histoire en expliquant le caractre nig-
La psychologie en tant que science de Tesprit humain peut trouver une source de renseignements importants dans la pathologie de l'esprit, de mme que la pathologie elle-mme est une source de renseignements pour
Dans tous les cas, la psychiatrie est une science indispensable et au mdecin qui aspirent une culture d'esprit gnrale; elle leur est indispensable s'ils veulent acqurir une culture plus tendue de l'esprit et du cur, et elle constitue un moyen trs efficace pour leur
la physiologie.
au naturaliste
1 Bird, AJhjem. Zeltschr. f. Psycli., V, p. 1.51 (Jeanne de Castille); p. 159 (Charles VI de France); IV, p. \i (Charles IX de France); VU, p. 45,218; VIII, 17, 209 (diverses personnalits historiques). Dielrich, dans le mme journal, IX, p. 558 (Philippe V et Ferdinand VI). Bergrath, Ihid., X, p. 2i9, 366. Winslow, Obscure diseases of the Brain, p. I0I-16. RiholjUhrdll (la famille des Borgia, des Wiedemeister, Der Csai-enwahnsinn, iS8o. Bourbons, Catherine de Mdicis, etc.).
31
Pour la vie commune aussi permet d'apprcier et de juger les individus d'esprit anormal qui grouillent en si grand nombre dans la socit. Maintenant reste savoir pourquoi le mdecin praticien a
donner un esprit philosophique plus
lev.
que l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie, l'tat n'exige pas de connaissances psychiatriques du mdecin praticien, mais seulement du mdecin lgiste. La psychiatrie ne rentre pas dans le programme des examens officiels ncessaires pour obtenir le diplme. Bien que pour le moment l'tat n'exige pas des connaissances psychiasation, tels
grand public cependant suppose que chaque praticien les posmanque de probit s'il se donnait l'air de savoir une chose qu'il ignore au fond. On ne peut pas apprendre la psychiatrie dans les livres. Le mdecin dpourvu de connaissances psychiatriques et qui malgr cette ignorance se charge de soigner un pychosique, endosse une responsabilit trs grave et compromet les intrts les plus importants de son client (sant, vie, honneur, fortune). On pourrait encore invoquer les raisons suivantes pour dcider le mdecin se familiariser avec les maladies psychiques, quand mme l'tat ne
triques, le
l'y
obligerait pas.
i'5
la clientle
de chaque mde-
cin occup, car ces maladies sont trs frquentes (on peut compter
un
nombreuses dans
est vrai
Le mdecin praticien a aussi des devoirs remplir l'gard des malades qu'on transporte dans une maison d'alins. Il doit tout d'abord savoir partir de quel moment le malade aura besoin d'tre trait par des spcialistes et avec le rgime de lasile, de mme que
32
chaque mdecin, sans, tre ophtalmologiste ou chirurgien, doit tre en mesure de reconnatre temps, par exemple, un glaucome, et de savoir quand le malade aura besoin de l'intervention du spcialiste ou du chirurgien. En outre, le mdecin, dans le cas o c'est une ncessit, a non seulement faire transporter le psychosique dans un asile, mais il doit attesde la ncessit de l'internement et avant tout maladie et en quelque sorte prparer scientifiquement la besogne du mdecin de l'asile. L'anamnse et la pathognie sont des conditions fondamentales pour apprcier et traiter rationnellement ces cas. Le malade est, dans la plupart des cas, trop troubl pour pouvoir fournir une anamnse utilisable et la maladie est souvent dj trop avance pour que l'aliniste puisse, sans le concours de son collgue du dehors, tablir l'histoire du dveloppement de la maladie. Puis une bonne observation nosographique est un bienfait inapprciable aussi bien pour le mdecin que pour le malade. Un grand nombre de malades chroniques sont d'ailleurs renvoys des asiles et pourraient tre trs bien soigns au dehors, car souvent ils n'ont besoin que d'un traitement temporaire. Si les mdecins praticiens possdaient les connaissances psychiatriques ncessaires, on pourrait plus facilement dgrever les asiles dj trop encombrs partout et rendre possible le traitement au dehors qui pour beaucoup de malades comporterait une plus grande libert et un plus
ter la
maladie,
justifier
tablir l'anamnse de la
grand confort. Souvent les tribunaux ont se prononcer sur des questions juridiques concernant des psychosiques et cet effet ils se voient obligs de demander un certificat ou un rapport un mdecin. Aucun mdecin ne peut lgalement se soustraire ce devoir. Quel triste rle peut jouer in foro un mdecin incomptent dans les questions de mdecine mentale, et de quel acabit seront ses rapports, voil ce que nous ne voulons pas trop approfondir. Un mdecin qui n'a pas de connaissances psychiatriques pratiques ne peut figurer comme expert que pour la forme. Voil les avantages directs que l'tude de la psychiatrie offre au pra'2''
ticien.
elle comporte aussi des avantages indirects. La mdecine pratique^! ordinaire ne fait gure attention la personnalit du malade bien que, dans les maladies physiques graves, la personne psychique, comme porteur du processus de la maladie, souffre avec le corps et a besoin d'gards. Cette partie importante de la mdecine pratique (homiltique mdicale, traitement psychique ou moral) incombe naturellement la psychiatrie et la clinique psychiatrique. Par l'tude des malades psychiques on acquiert cet avantage trs prcieux du coup d'il pntrant et rapide qui fait reconnatre les besoins du malade, et Fart d'exercer sur lui une influence psychique bienfaisante. 2'^ Un trs grand nombre de nvroses ne sont que des nvro-psychoses, c'est--dire que l'me est atteinte. Seul le diagnostic psychiatrique permet de reconnatre quelle est la part psychique dans le tableau morbide d'une
Mais
1"
33
d'une hypocondrie, d'une neurasthnie, etc.; c'est seulement en tenant compte de la ncessit du traitement moral que la thrapeutique pourra combattre avec succs ces tats morbides. 3" Une srie de maladies fbriles, chroniques, constitutionnelles, ainsi quun grand nombre de maladies crbrales en foyer entranent des anomalies psychiques lmentaires. On n'arrive que par l'tude de la psychiatrie pouvoir apprcier avec justesse ces troubles importants. Dans ce sens la psychiatrie est une branche importante et intgrante de la pathologie gnrale du systme nerveux central.
PSYCHIATRIE.
CHAPITRE VU
DIFFICULTS ET POINTS DE VUE GNRAUX POUR L"TUDE DE LA PSYCHIATRIE
que l'observation clinique ont fait assimiler la psychiatrie mme mthode d'observation et de traitement que pour cette dernire en mme temps que l'abandon des ides inspires par l'exclusivisme psychologique ou mme mtaphysique. Malgr cette corrlation intime, Ttude des maladies psychiques parat
L'tiologie ainsi
entoure de dificults particulires. Au premier aspect ces maladies n'ont rien d'analogue avec les troubles des fonctions des autres centres du systme nerveux elles font l'effet de
:
processus tout
les
fait part.
ici,
car
phnomnes cliniques
et les
que bien rarement tre mis d'accord; les moyens auxiliaires usits et suivis pour faire le diagnostic ne sont absolument d'aucun service nous n'avons que faire de Fauscultation, de la percussion, de la chimie pathologique sur le terrain psycho-pathologique. Ici nous nous trouvons pour la plupart du temps en prsence de phnomnes d'un nouvel ordre, de phnomnes psychologiques. Des hsitations de la conscience, des troubles de la mmoire, des sentiments anormaux, au point de vue quantitatif et qualitatif, des conceptions, des dsirs, etc., voil les faits dont nous devons tirer nos conclusions sur la nature et la gravit de la maladie
:
crbrale.
La
maladies mentales sont rellement des maladies crbrales, malgr le caractre particulier de leurs symptmes et de leurs groupes de symptmes, suivre les lois gnrales de la physiologie et de la pathologie du systme nerveux. Les lois de l'excitabilit et de l'excitation, de l'puisement, de la transmission rflexe de l'effet vicariant, de l'irradiation et de la propagation, de la projection excentrique des phnomnes d'excitation, etc., doivent exister aussi pour ces fonctions. Cette supposition est pleinement confirme en efe', partout nous rencontrons des symptmes d'excitabilit et de transmission rflexe facilites ou entraves; la loi de l'apparition excentrique se montre chaque pas.
rente. Si les
elles doivent,
;
:jo
correspond
celle
des
la
phnomnes psychopathiques plus la porte dpouiller quelque peu de leur caractre trange, nous essayons d'tablir une certaine analogie entre eux et d'autres phles
les
et si
nomnes pathologiques de la fonction nerveuse que nous connaissons mieux nous appliquons aux premiers la terminologie de ces derniers. Ainsi nous avons jusqu' un certain point le droit de parler d'hyperesthsie ou d'anesthsie psychique, de contracture ou de paralysie psychique,
de laugmentation ou la diminution de la rsistance par l'augmentation ou labolition de l'excitabilit du rflexe psychique. Mais l'hypothse que
la folie est
renseignements.
La maladie est la vie dans des conditions anormales; maladie et sant ne sont pas des choses absolument opposes l'une l'autre. Les faits psychopathiques ne peuvent donc tre fondamentalement diffrents de ceux de la vie physiologique; il doit exister entre ces deux parties de la vie des analogies et des transitions prcieuses. Cette supposition se trouve aussi confirme. Les lments dont se compose la vie psychique morbide sont les mmes que ceux de la vie normale; il n'y a que les conditions de leur origine qui aient chang.
Dans
la vie intellectuelle
normale
f
les conditions
la
pour l'accomplissement
excitation
part
du dehors
des
aux stimulants venus de l'extrieur. C'est la garantie de l'accord complet entre les faits perus dans la conscience et les faits du monde extrieur. Le cerveau de l'alin se trouve dans des conditions anormales. Son corce crbrale est le sige d'un processus morbide qui fait que des phnomnes
intrieurs (excitations et irritations
la
mettent en activit.
Son organe psychique produit spontanment, par consquent sans tre motiv par les faits et les influences du monde extrieur, des tats d'esprit,
des perceptions, des reprsentations, des dsirs, etc. Par l
le
malade,
se
la vie
extrieure
Mais
la
rieur, est la
nature de ces phnomnes psychiques morbides ns dans l'intmme au fond que celle des phnomnes psychiques produits
faits
par des stimulants venus du dehors. Ce n'est pas d'aprs la qualit des
mode
Ces excitations intrieures centrales spontanes sont la consquence des troubles de la nutrition qui se sont produits dans l'corce crbrale et qui ont la facult d'exercer une action irritante. Ces troubles de la nutrition
entrainent en outre deux troubles graves dans l'corce crbrale.
36
Les conditions de la raction produite par les excitations venant du dehors (excitabilit transforme, augmente ou diminue, ou changement qualitatif; changent.
la
y a ensuite un trouble de la conscience ^sans prjudice du trouble de conscience amen par des excitations subjectives et spontanes;. Alors il est craindre que la conscience trouble donne l'excitation
Il
iotrieure subjective la mme importance qu' l'excitation objective externe (hallucination, manie ce qui contribue crer ce danger c'est prcisment la loi de l'apparition excentrique et en gnral l'habitude
;
([u'on a
faits objectifs
du monde extrieur.
Ce trouble de la conscience (trouble de la raison, de l'espritj est fondamental pour la comprhension des phnomnes de l'alination mentale. Il consiste particulirement dans l'absence ou l'arrt des phnomnes d'exprience antrieure (trs important, quand il s'agit de l'origine des ides dlirantes), dans la confusion (hallucination ou dans le mlange (illusion) des impressions objectives avec celles qui partent des centres nerveux, dans la fausse interprtation des impressions reues par la consi
Comme
le
mystre de
la
la
matire, les
On ne peut
arrt ou absence des images des souvenirs par exemple ccit psychique, surdit psychique i; arrt ou al>seuce de sries entires de phnomnes de la vie normale. L'abolition, dans ce cas, peut tre cause par une abolition dfinitive des phnomnes ('perte de la mmoire l'arrt par des tats passionnels de l'me (troubles dans l'association des ides, dans la marche des conceptions); on peut aussi noter comme causes l'abolition ou l'absence des sensations qui habituellement accompagnent le processus de la reprsentation, les troubles de la perception illusions) et la production de perceptions subjectives (hallucination) cot des perceptions objec-
de la conscience
et
tives.
CHAPITRE
YIII
Le travail physiologique de l'organe de l'activit psychique consiste dans la production des sentiments, des reprsentations, des aspirations. Quand ces faits psychiques se produisent spontanment et d'une manire qui n'est pas adquate aux stimulants extrieurs, il y a l en gnral un symptme d'excitation intrieure et de raction anormale dont la dure, l'intensit et la disproportion ne nous laissent pas longtemps dans le doute sur leur origine pathologique. Ce mode d'origine se prsente donc comme le premier symptme clinique important pour reconnatre l'alination mentale.
l'alin peuvent se prsenter chez l'homme normal. Ce n'est qu'en analysant l'origine et les mobiles des faits psychiques, que nous pouvons savoir si nous avons affaire un alin ou un individu sain. Mais, comme l'tat dlirant renferme les mmes lments que la vie
comme
intellectuelle normale,
comme
les
mmes
lois
rgissent la liaison et la
ces lments, l'observation des processus psychiques l'tat physiologique, ainsi que dans certaines conditions pathologiques de plus en plus frquentes, nous fournit une srie d'analogies prcieuses l'aide desquelles nous arrivons pouvoir nous orienter dans la pathologie de
marche de
l'me, et
comprendre comment
morbides,
les ides
ment dite ont pris naissance. La vie quotidienne et ordinaire nous offre de ces analogies en nombre suffisant. De mme que la sant et la maladie ne peuvent tre spares par une ligne de dmarcation prcise dans le domaine somatique o cependant des moyens physiques trs prcis servent d'chelle de diagnostic, de mme, dans le domaine psychique, nous ne pouvons pas non
plus tracer cette dmarcation prcise; au contraire, nous avons tout sujet de ne pas fixer trop nettement cette limite du domaine physiologique. Dans la plupart des cas, au dbut des maladies psychiques, le point
capital
tuels,
du tableau symptomatologique n'est pas dans les troubles intellecmais dans des motions, dans des tats d'esprit non motivs ou
38
insuffisamment motivs, dans des passions, des phnomnes d'irritabilit anormale. Il est tout indiqu de comparer ces tats pathologiques du caractre aux motions qui se produisent dans la vie physiologique ^ Notre caractre ordinaire, la marche tranquille de nos sentiments peuvent subir un branlement tumultueux. Nous parlons alors d'motions et nous distinguons, selon que le fait causal amne un arrt ou une exaltation de nos forces psychiques, des motions dpressives (de la consternation, de la honte, du souci, du chagrin, de l'ennui), ou des motions expansives (de la joie, de la gat bruyante, de la jubilation). Correspondant ces deux tats motifs de la vie physiologique, il y a aussi dans le domaine pathologique deux tats motifs l'tat mlancolique et l'tat maniaque. Mettons en prsence l'un de l'autre un homme normal plong dans l'motion douloureuse et un mlancolique; au premier abord nous ne trouverons entre les deux aucune diffrence sensible, du moins en ce qui concerne les symptmes extrieurs. Chez tous les deux on trouve la mme expression physiologique de la douleur morale, le mme abattement douloureux. Tous deux sont livrs l'obsession de leurs ides et de leurs sentiments douloureux, tous deux sont incapables de s'intresser quoi que ce soit en dehors de la sphre de ces ides obsdantes, incapables de vaquer leurs affaires et de remplir leurs devoirs quotidiens; chez tous les deux le sommeil s'en ressent, l'apptit diminue, l'aclivit des mouvements pristaltiques intestinaux s'abaisse ainsi que la nutrition gnrale. La diffrence essentielle entre l'homme normal qui est douloureusement affect et le mlancolique consiste tout d'abord dans le fait que chez le premier la douleur mentale est motive et qu'elle est la raction physiologique d'un lment extrieur, tandis que chez le second la douleur n'est pas motive ou l'est insuffisamment par un fait extrieur et par consquent est cre par des phnomnes intrieurs le mlancolique s'imagine quelque chose, son organe psychique devenu malade lui montre des tableaux et des reprsentations qui ne correspondent pas la ralit et sa conscience est trop obscurcie pour qu'il puisse reconnatre la fausse monnaie avec laquelle il compte. Cette confusion entre la douleur psychique motive et la lypmanie est trop souvent commise par les profanes qui ne s'en tiennent qu'aux traits extrieurs et aux analogies du phnomne. Cette confusion est d'autant plus facile que souvent la lypmanie est due une motion dpressive bien motive, physiologique au dbut; elle passe imperceptiblement l'tat pathologique et alors disparat la diffrence fondamentale qui existe entre le processus physiologique motiv et le fait spontan psychique et pathologique. La diffrence fondamentale qui existe entre ces deux tats ressort aussi de l'insuccs des profanes qui prennent la dpression pour un tat physiologique et qui comptent sur l'influence du temps, sur la disparition de la cause dprimante, sur la renaissance [de l'espoir, sur la distraction et l'gaiement du dprim.
:
und
39
Tandis que cet espoir se ralise chez l'individu physiologiquement dprim, c'est le contraire qui se produit chez le mlancolique. Les paroles consolantes ne font que l'aigrir davantage, la distraction ne produit aucun effet ou mme l'irrite; quand on tente de le convaincre par la logique qu'il n'est pas ruin, qu'aucun danger ne le menace, etc., le calme peut revenir momentanment, mais un instant aprs il manifeste une nouvelle ide fixe, par exemple qu'il est un grand criminel. C'est que la cause de ses sentiments et de ses ides morbides est une maladie crbrale organique et non psychologique. Les mmes analogies se prsentent quand on compare l'motion expansive de l'homme normal avec l'tat du maniaque, quand cette motion a atteint un certain degr; pourtant nous ne devons pas prendre comme objet de notre observation l'homme trs civilis qui a l'habitude de matriser ses sentiments; mais il faut considrer un enfant ou un homme naturel qui n'est pas encore expriment dans l'art de dompter ses sentiments ou du moins un homme civilis chez qui l'motion est devenue si
puissante,
si
convenances l'exubrance de la manifestation. Mettonsnous la place de l'amoureux qui sans s'y attendre arrive tout d'un coup au but de ses dsirs, dans la situation d'un homme vou une mort certaine et qui est sauv inopinment, dans celle d'un avare qui apprend qu'il a gagn le gros lot; tous ces tres pendant un instant au moins ne diffreront dans leur apparence en rien du maniaque; leur joie dbordante se manifestera par des sauts, des foltreries, une jubilation effrne, un dboret les
murs
dement
d'ivresse;
il
y a
mme un
Chez l'homme heureux l'orage passe vite, l'influence du temps se fait sentir rapidement; chez le maniaque le trouble, d une cause organique, dure pendant des semaines, des mois et mme jusqu' l'puisement du malade. L'tude des motions physiologiques fournit dans tous les cas des points de repre et de comparaison trs prcieux pour ce qui se passe dans la folie motive; et mme, quand on examine de plus prs, on ne trouve pas une ligne de dmarcation prcise entre les motions qui sont encore du domaine physiologique et celles qui, bien qu'ayant en apparence un motif futile, prennent par leur intensit, leur dure et la perte temporaire de la conscience de l'individu, un caractre pathologique, motions telles qu'on en observe dans certaines organisations morbides du cerveau et dans les
maladies nerveuses (pilepsie, etc.). On se convaincra encore combien est vague la frontire qui spare l'esprit sain de la maladie mentale si l'on observe une catgorie d'hommes trs nombreux dans la vie publique comme dans la vie prive et qui sont trs diffremment jugs dans le monde, de sorte que l'apprciation qu'on en fait va aux deux extrmes on les prend pour des fous ou pour des gnies'.
:
et
et le fou,
40
On trouve chez cette catgorie d'individus des particularits dans leur manire de penser, de sentir, d'agir ils ragissent sous l'influence de stimulants qui pour d'autres n'existent pas, et cette raction se fait d'une manire insolite, trange, qui fait mriter ces individus le nom d'excentriques sinon de fous, uniquement par la seule raison que l'immense majorit des hommes sent et agit autrement qu'eux. Les associations d'ides
;
ils
nouveaux,
quelquefois intressants
mme
ils
indi-
mme
dans
plus favorables,
pas capables de tirer profit de ces nouvelles ides. Ces hommes encore des alins, mais il y a chez eux quelque chose qui cloche. Ils sont arrivs au seuil de l'alination mentale et reprsentent la transition vers
elle.
On n'arrive la comprhension de ces natures problmatiques qu'en explorant leur origine. Ordinairement ce sont des descendants de fous, ou
du moins il y a des alins parmi leurs consanguins. Par l'tude et la comprhension de cette catgorie de gens, la psychiatrie s'lve bien au-dessus de l'horizon troit d'une science spciale et devient une science auxiliaire importante pour l'histoire naturelle de l'esprit humain. On trouve un nombre considrable de ces pseudo-gnies dans la vie publique, tantt dans le domaine inofeusif des auteurs d'inventions importantes, de projets d'utilit publique, impossibles raliser, tantt I sur le terrain de la politique d'Etat et d'Eglise.
rangs sortent ces inventeurs brouillons, utopistes, hros de aux projets desquels une poque agite prte une oreille complaisante mais dont l'aurore est fatalement fragile car ils ne sont que l'clair d'esprit d'une tte inductive mais confuse et non pas le produit d'un esprit de gnie mri et dvelopp par la culture (Maudsley). L'tude de ces natures problmatiques nous rend plus facile la comprhension de certaines formes de folie (paranoa) dans lesquelles aussi ou remarque que certains efforts ne visent qu'un ct de la chose et
leurs
De
la prdominance sur toutes les autres penses et arrivent l'tat d'ide fixe. Souvent, chez ces tres
ceptiblement au cours de leur vie. Les phnomnes observs dans les songes offrent une analogie trs intressante avec l'tat dlirante
existe, il est vrai, une diffrence fondamentale entre le rve et la folie, premier tant un phnomne du sommeil et le second de l'tat de veille cependant il ne faut pas oublier que nos rves sont plus vifs quand nous nous trouvons dans le demi- sommeil et que les tats de somnolence et de
Il
le
somnambulisme
veille.
le
sommeil
et l'tat
de
Ce qui rend
phnomnes de
la vie
'
cil.,
Moreau, Anal. md. psychoL, 1855, p. 361. Maury, Ibid., p. 404. Spitta, Schlaf-und Tmumzustande, T dition, 1892. p. 108.
Griesinger, Op.
41
pour
la
comprhension de certains
circonstance que dans les deux cas la production des reprsentations et des phnomnes sensitifs a lieu la plupart du temps par une excitation
intrieure spontane, tandis que, l'tat de veille et l'tat de sant
mentale,
d'ides.
elle
automatique
crbraux, certaines excitations intrieures (modifications du sang); les effets de ce genre d'excitation sont des reprsentations qui ne rpondent point la ralit (dlires) et des hallucinations.
Dans
les
deux
tats l'excitation
automatique
et
cons-
en outre trs rduite dans ses effets, ne peut plus lier les conceptions l'une l'autre d'aprs leur contenu logique; elle peut tout au plus les ranger l'une aprs l'autre d'aprs une similitude superficielle (qui souvent ne consiste que dans l'assonance des mots), et c'est ce qui donne lieu cette confusion et cette incohrence qui caractrisent aussi bien le rve que certains tats de folie. Une autre analogie frappante entre ces deux tats consiste dans la transformation et l'exagration fantastiques que subissent chez l'homme qui rve aussi bien que chez l'alin certaines impressions provenant du monde extrieur ou physique et parvenant la conscience. En rve, un coup d'pingle devient un coup d'pe, le poids d'une couverture le poids d'une montagne; un membre engourdi devient un membre paralys, les angoisses physiques provenant de troubles de la respiration donnent lieu des histoires fantastiques, des cauchemars o l'on se croit enterr vivant; il en est de mme des sensations des alins qui souvent,
tamment drange
et
aprs laboration et transformation, deviennent des ides monomaniaques des plus fantastiques. Une autre analogie entre ces deux tats existe dans le cas trs frquent o la personnalit de l'individu se scinde en deux. L'alin attribue quelquefois ses propres ides une autre personnalit
(dmonomanie), de mme que dans nos songes nous prtons d'autres personnes des conceptions contradictoires manant de nous et nous discutons ce sujet. Ce qui est surtout curieux chez l'alin c'est que, en dpit du tmoignage des sens et malgr toutes les expriences acquises, il soutient les choses les plus fictives; il ne peut pas rectifier ni redresser les choses les plus insenses et physiquement les plus absurdes que son cerveau malade lui
fait voir.
les
mme phnomne arrive dans nos rves. Nous assistons aux choses plus absurdes, les plus contradictoires, sans en mettre en doute la ralit; tout au plus nous eu tonnons-nous comme l'alin; nous avons,
Le
il
par moments, le soupon que ce qui se passe doit tre un rve, de mme que l'alin, dans un moment passager de lucidum intervallum, arrive reconnatre ses erreurs et avoir conscience de sa maladie.
est vrai,
42
Dans le rve, la cause de ce phnomne, c'est l'abolition de l'activit suprieure psychique qui produit les processus de conclusion et de jugement, ainsi que l'absence de contrle des sens qui sont ferms au
monde
extrieur.
Chez l'alin la rectification de l'erreur est impossible cause de la maladie de l'organe psychique, cause du trouble de la conscience qui en rsulte et du faussement de celle-ci par des perceptions sensorielles subjectives, c'est--dire par des hallucinations. Il faut encore remarquer tout particulirement que les rves agrables de l'homme sain, de mme que les dlires joyeux de l'alin, sont beaucoup
plus rares que les rves et les dlires tristes. D'aprs l'exprience les rves agrables sont les plus frquents aux priodes d'puisement physique et intellectuel. Nous retrouvons le mme phnomne chez l'alin chez qui le
accompagne dans la plupart des cas des processus crbraux trs graves conduisant la dcadence et la dmence, et devient ainsi un symptme trs dangereux. L'analogie des tats de conscience dans le rve et dans certaines formes de la folie semble tre confirme par la dclaration de beaucoup d'alins guris qui disent que toute l'histoire de leur maladie passe est prsente
dlire des grandeurs
leur
mmoire comme
le
La gurison de la folie aussi ressemble en beaucoup de points au rveil au sortir d'un rve. Parfois elle est subite; c'est comme si des cailles tombaient des yeux du malade qui reconnat tout de suite qu'il tait en dlire: plus souvent ce retour ne se fait que peu peu. Comme dans les tableaux des rves de la somnolence, des lambeaux de conceptions dlirantes s'effilochent et passent travers la lucidit revenue, de sorte que le convalescent n'arrive se rendre compte de la maladie et de ses effets qu'au moyen d'un travail d'puration pnible et laborieux, aprs une
lutte entre le
monde
et celui
des con-
ceptions relles.
l'tat dlirant, nous est nous retrouvons toutes les formes de la folie, depuis ces tats lgrement mlancoliques tels que nous les prsente parfois l'ivresse, sous forme de tristesse noire, jusqu' ces phases extrmes avec suppression complte des fonctions psychiques
Ici
mme dans l'tat d'idiotie terminale. plus grave de l'alination mentale, la dmence paralytique se trouve aussi souvent fidlement reproduite dans le tableau de l'ivresse que dans les cas accidentels; seule l'anamnse nous permet de dire
comme
Mais
cela n'existe pas
la
forme
la
si
nous avons
ou
la
para-
lysie incurable
du
fou.
Au
fond, l'ivresse n'est pas autre chose qu'une folie artificielle et nous
faits
psychiatriques fondamentaux
le
premier
md. psycit., p.
* Casper, Lehrb. d. gerichfl. med. Biol. Theil., p. 454. Lasgue, Archiv gnr., 1853, I,p. 49. choL, 1856, p. 433.
411.
43
constitutionnelles, la mme cause peut produire des types de maladies tout fait diffrentes les uns des autres le second, c'est que des tats d'agitation prcdent ces tats de paralysie psychique qui se prsentent dans les priodes de l'ivresse complte et de
;
l'idiotie
terminale, dnouement fatal de l'alination mentale. Dans la plul'effet de l'alcool se manifeste au dbut par une lgre exci-
tation maniaque.
Tous les mouvements physiques et intellectuels sont anims, le cours des penses est plus rapide. Le taciturne devient bavard, le calme s'agite. La confiance en soi-mme mne l'audace, aux manires hardies, la
gaiet.
vritable pousse de
On prouve un plus grand besoin de mouvement musculaire, une mouvement se manifeste par des chants, des cris,
des rires, des danses et toutes sortes d'actes espigles souvent inutiles. On connat encore les lois de la convenance, ou tient compte de la forme,
des murs, et l'on exerce un certain empire sur soi-mme. Mais, mesure que les effets de l'alcool augmentent, on voit s'effacer, chez l'ivrogne aussi
bien que chez le fou furieux, une srie de reprsentations esthtiques et de jugements moraux qui d'habitude servent de contrle et de frein au
se laisse
compltement aller,
et
outre la morale et
violent.
se croit aussi
le
se fche
si
on
lui
donne
Enfin il arrive un tat de faiblesse psychique, un trouble grave de la conscience; des hallucinations, une confusion et un tat de profonde stupeur, d'idiotie avec bgaiement, dmarche chancelante, mouvements incertains,
fait
comme
chez
le
paraly-
tique.
de ce
toire,
encore
volue ds
le dbut comme un dlire aigu ou comme une frnsie transide mme que par-ci par-l un cas d'brit devient la premire cause d'une alination mentale durable qui en nat directement.
DEUXIEME PARTIE
COUP D'IL RTROSPECTIF SUR L'HISTOIRE DU DVELOPPEMENT DE LA PSYCHIATRIE COMME SCIENCE
Cette opinion claire d'aprs laquelle le cerveau est l'organe des phno-
mnes psychiques
conqutes de
et l'alination
humain.
en nous montrant cette grande et lumineuse mthode, nous fait connatre les difTicults qu'il a fallu surmonter et fait pardonner ce jeune rameau de la science mdicale de ne disposer que d'une quantit relativement minime de science positive. Elle nous fait en outre mieux comprendre bien des questions discutes et souleves notre poque et nous ouvre des perspectives vers les aspirations et les expriences de l'avenir. L'histoire de l'art de gurir la folie est en mme temps une des pages les plus intressantes de l'histoire de la civilisation humaine. Elle nous explique les erreurs les plus grossires, les individus torturs, possds, ensorcels, qui cependant n'taient que des malades crbraux; la barbarie des sicles passs qui a laiss pourrir dans les prisous les alins enferms avec les plus grands criminels, chargs de fers, ils taient livrs la merci, la brutalit et l'ignorance d'un gelier qui ne comprenait pas le langage de la souffrance ou qui n'avait pas de piti pour les douleurs d'autrui et fouettait sans misricorde ces malheureux. Elle nous racontera aussi le combat long et difficile, mais finalement victorieux, que la science et l'humanitarisme ont livr contre l'erreur, la
L'histoire de la
psychiatrie,
brutalit et la superstition.
Il
s'agissait de
rien
et
' Lasgue. Annal, mdicoFriedreich, Lifeirirr/eschichte der psych. Kran/cheifen, 1830. Bucknill and Tuke, psi/choL, 1835. Semelaigne, Joiirn. de ind. mentale, 1863-1865. Falk, Allfj. Zeilschr. f. Psyc/i., 23. Manual of psychol. medlcine, 1862.
46
abruti,
un mort
un criminel. Les
rsultats
de cette campagne furent l'tablissement de la psychiatrie comme science et les soins donns aux plus malheureux de nos frres dans des tablisse-
ments
utiles et humanitaires.
mentaux de
les
la race
La
mme aux
poques
un
ceux qui, dans ces temps d'erreur, ont succomb sous leur propre dlire leur propre aberration mentale.
CHAPITRE PREMIER
LA PSYCHIATRIE DANS L'ANTIQUIT
Ce que nous savons des maladies mentales de ces poques lointaines, borne aux indications incidemment donnes dans l'Ancien Testament et dans les ouvrages des potes. Ainsi, il y est dit que l'esprit du Seigneur s'loigna de Sal et qu'un esprit mchant l'inquitait; qu'ensuite, dans ses accs de trouble d'esprit, David le calmait en jouant de la harpe. Le livre de Daniel rapporte que Nabuchodonosor, roi de Babylone, se croyait chang en bte, qu'il fut rpudi par les hommes, qu'il mangeait de l'herbe comme les bufs, qu'il couchait en plein air et que son corps fut mouill par la rose, que ses cheveux poussrent comme des plumes d'aigle et que ses ongles devinrent comme des griffes d'oiseau. Un exemple qui montre que dj dans l'antiquit on simulait la folie, est celui de David qui, par peur de la colre du roi Aschisch, a simul la folie et a russi dans ses desseins. Les ouvrages des potes ne sont pas moins riches en exemples. Le rus Ulysse aussi fait le fou pour ne pas tre oblig de prendre part la campagne de Troie Ajax, le hros de VIliade, est tourment par des Furies, c'est--dire pris de dlire furieux, et il se prcipite sur son glaive; des exemples de mlancolie sont offerts par OEdipe et Oreste qui, d'aprs les ides potiques de cette poque, sont poursuivis par les Eumnides enfin la folie du roi Lycaon d'Arcadie est un cas de lycanthropie. Nous pouvons supposer qu' une poque o les sciences naturelles taient si peu dveloppes, l'apprciation juste de ces tats intellectuels anormaux manquait absolument et que l'tat morbide fut dans la plupart des cas attribu l'influence surnaturelle de puissances mystrieuses, de dieux ou de mchants dmons. Le traitement de ces malades, si traitement il y avait, se bornait donc des crmonies religieuses, des conjurations, des procds de sorcellerie. Ces malades ont t vnrs comme des saints ainsi que cela a encore lieu notre poque dans certains pays de l'Orient. On essayait de les influencer religieusement, comme dans l'ancienue Egypte o l'on envoyait les mlancoliques dans des temples consacrs Saturne.
le.
se
48
dans
il
cet
d'Hippocrate
scientifique
;
(460
que resta la psychiatrie jusqu' l'avnement Avec lui elle prend un dveloppement l'arrache aux mains des prtres qui traitaient les malades
tat
av.
J.-C.)-
dans des temples consacrs Asclepias et qui donnaient des consultations sous forme d'oracles. La thorie hippocratique des maladies mentales peut se rsumer et se traduire dans notre langage scientifique moderne par les propositions suivantes le cerveau est le sige de l'activit de l'me et, comme tous les autres organes, il est expos aux causes naturelles de maladie. Les maladies mentales proviennent d'anomalies du cerveau. Hippocrate est, comme on sait, le pre de la pathologie humorale. Les changements morbides dans ce qu'il suppose tre les quatre humeurs car:
dinales (sang, glaire, bile noire et bile jaune) sont, selon lui, les causes principales de la folie. L'importance de la prdisposition hrditaire n'a
il admet aussi les maladies chropas chapp son coup d'oeil guial aigus des organes vgtatifs comme causes des troubles psyniques et chiques. Evidemment Hippocrate ne spare pas la folie proprement dite du dlire fbrile et il les comprend toutes les deux dans la dsignation
;
de phrenitis. La folie se manifeste brusquement et finit rapidement, ou bien elle dure longtemps. Il y a aussi des individus qui sont aux frontires de la folie, mais qu'on ne peut pas appeler proprement des alins. Parmi les maladies mentales, douil connat la mlancolie, les tats de folie furieuse et l'imbcillit. Des leurs nerveuses, notamment des crampes, s'ajoutent facilement la folie, les maladies mentales et alors le pronostic est dfavorable. Du reste sont pour la plupart gurissables et rarement mortelles. La cure est soinatique, c'est--dire qu'on emploie des drogues et la dite. Maison ne doit jamais laisser hors de compte les tempraments sur le terrain desquels le trouble mental se dveloppe. Dans la plupart des^cas c'est le temprament mlancolique, c'est--dire bile noire, qui prvaut; voil pourquoi Hippodans crate emploie un traitement drivatif au moyen de l'ellbore qui a jou un rle important dans les maladies psychiques. Les l'antiquit, autres moyens sont la saigne, les vomitifs, une dite rigoureuse et le
commune
repos.
que le mdecin de gnie de l'antiquit de notre manire de voir actuelle. Dans tous les cas, il fut le premier qui reconnut clairement que, dans les cas de maladies mentales, c'est le cerveau qui est atteint, et que ces maladies, loin d'tre des phnomnes surnaturels, ne sont que des troubles physiques, comme
ressort de
ces indications
les autres
fixe
pour
ses successeurs
maladies. La doctrine hippocratique est devenue une thorie mais un certain progrs se fait sentir dans cette
;
voie d'une manire incontestable. Arte (60 ap. J.-C.) nous donne une bonne description de la mlancolie et de la manie il largit le diagnostic et le pronostic. Pour l'tiologie il s'est plac tout fait sur le terrain de
;
son grand prdcesseur. Galien (160 ap. J.-C.) aussi s'attache cette thse que l'alination men-
49
fait
un progrs dans ce
maladie primaladie d'origine deutropathique par ulcration d'autres organes, notammeut les organes abdominaux. lia aussi tabli une distinction nette entre les dlires lbriles (pbrenitisj et la folie proprement dite. Glius Aurelianus, contemporain de Trajan et d'Adrien, fait une apparition remarquable dans le domaine psychiatrique. Il considre les diverses formes des maladies chroniques comme n'tant au fond que des varits de la mme maladie; de plus, il s'est heureusement mancip del thorie hippocratique des humeurs cardinales. Il n'admet pour les maladies que des causes somatiques et psychiques. Sa mthode thrapeutique est plus nette et plus prcise que celle de tous ses prdcesseurs. Il repousse presque compltement les moyens coercitifs. Il insiste avec nergie sur cette thse que les maladies mentales ne sont que des maladies crbrales dans lesquelles prdominent les symptmes psychiques et que par consquent elles rentrent dans le domaine du mdecin aucun philosophe n'ayant encore pu obtenir une gurison. Avec Glius Aurelianus s'arrte cet essor plein de promesses qu'avait pris si vite la psychiatrie avec ces remarquables mdecins grecs et romains.
mitive du cerveau que
comme une
comme une
PSYCHIATRIE.
CHAPITRE
II
La disparition de l'ancien empire romain avec sa civilisation, la migraaux progrs des sciences. tombe en dcadence et vgte pniblement dans les couvents, La mdecine chez les Arabes et dans les coles professionnelles, comme celle de Salerne. Bien entendu la raction se fait surtout sentir sur le terrain le plus
tion des peuples n'taient nullement propices
obscur de la mdecine, la psychiatrie. Les recherches empiriques et scientifiques sont remplaces par la charlatanerie, le mysticisme et la superstition la plus grossire. Les ides du Nouveau Testament, qui considre l'alin comme un possd du dmon, ne sont gure favorables aux ides claires; aussi ne devons-nous pas nous tonner de ce que la thrapeutique comprit alors des exorcisme?, des jenes, des formules de conjuration, des remdes de bourreau, mmo des tortures et la peine de mort. Aussi les illusions de ces sicles d'obscurantisme se refltaient fidlement dans Je dlire des malheureux malades c[ui, au moyen ge, prsentaient pour la plupart les symptmes de la dmonomanie. Le traitement des alins fut confi aux prtres qui, pleins d'un fanatisme aveugle, ont rpondu par le bcher et la torture aux prtendues hantises des sorciers et du diable, ou bien ont essay de chasser par de vigoureux exorcismes le mchant dmon. Innombrables sont les procs intents pour sorcellerie, innombrables sont les malheureux, pour la plupart des mlancoliques, qui y ont trouv la mort. Ainsi, dans la principaut lectorale de Trves, on excuta en quelques annes 6,o00 individus qu'on prtendait ensorcels. Quant aux fous furieux qui ne sont pas moins dignes de piti, on les tenait enchans comme des btes fauves dans des cachots tnbreux, jusqu' ce qu'ils prissent dans la misre et dans l'ordure. Seul un petit nombre de malades, dont l'ide fixe n'avait rien de choquant pour l'Eglise, trouvaient parfois un refuge dans les couvents et dans les tablissements
religieux.
Ainsi
le sort
le
mme
pendant des
sicles.
Bien que
VA
Charlemagne et dj dfendu de brler les sorcires et que le noble Wier, en lolo, et adress l'Empereur et aux Etats de l'Empire une ptition demandant d'pargner le sang des sorcires qui ne sont que des mlancoliques, des folles, des hystriques, ces voix isoles n'taient pas capables
encore entretenus
de convertir la masse inerte et superstitieuse dont les prjugs furent et aliments par l'Eglise. De l vient que l'usage des
rforme commence aussi pour la mdecine une priode il a fallu longtemps pour qu'elle sortt victorieuse de sa lutte contre la superstition, le mysticisme et la scolastique, qu'elle se dlivrt des liens de l'Eglise et que la foi aveugle dans l'autorit des anciens ft dmolie par les recherches positives dun Vsaleet la polmique d'un Paracelse. Dj, au xvi'^ sicle, des opinions plus saines commencent poindre dacs le domaine de la psychiatrie. Les efforts brillants de Wier trouvent un appui chez Porta et Zacchia. On trouve un commencement d'analyse scieutifique de la psychiatrie dans les ouvrages de Prosper Alpin, Mercurialis, Bellini, Fernelius. Flix Plater (io37-16i4j tente mme dfaire une classification des maladies mentales. L'influence de Bacon et de Harvey marque le dbut d'un essor des
l'poque de
la
sciences naturelles.
Dans le domaine de la psychiatrie ces dbuts sont purils. Pendant longtemps encore on discute la question de savoir si l'alin est un tre possd de mauvais esprits et qu'on doit abandonner aux soins des prtres ou si c'est un malade qui relve de la mdecine. Les plus clairs parmi les mdecins sont encore diviss sur la question de savoir si l'alination mentale n'est pas au fond la consquence de la corruption des humeurs cardinales d'Hippocrate. On ne fait pas de tentatives de gurison ou l'on en fait de bien ineptes ces essais montrent
;
De mme
qu'autrefois on chassait le
ils
un tableau qui
52
tourment par
lui
fit
Quand, dans un accs d'angoisse, il avait assailli et bless plusieurs gens la cour, on tait oblig de l'enfermer. Sur le conseil d'un prtre et d'une religieuse, on fit coudre l'Evangile de saint Jean dans la doublure du pourpoint du duc, on lui donna des hosties consacres avec sa nourriture, mais tout cela resta sans effet; les exorcismes des moines, bien pays d'ailleurs, taient aussi infructueux. Ou demanda conseil aux mdecins, mais ceux-ci ne surent rien proposer contre le mal. Alors on abandonna le duc lui-mme, et il demeura enferm jusqu' ce que la mort le dlivrt. Tel tait l'tat de la thrapeutique, il y a quelques sicles; la plupart des alins restaient abandonns eux-mmes, sans dfense, sans droits, livrs la mort, faute de soins, ou mme la perscution. En 1573, une dcision du Parlement anglais permettait encore aux paysans de faire une chasse ceux qu'on appelait alors des loups-garous, parce que, dans leur monomanie, ils disaient tre des btes sauvages et erraient dans les forts. Un malade de Padoue croyait tre un loup-garou; pour rpondre aux objections qu'on lui faisait, il prtendit que sa fourrure tait tourne en dedans; les mdecins, pour voir s'il disait vrai, lui couprent les bras et les jambes, et il mourut de la perte de sang. Dans certains pays, on appelait les alins hommes d'Abraham . On les vitait en gnral par-ci par-l un sentiment de piti mlang de peur superstitieuse se manifestait leur gard et leur faisait donner quelque nourriture et un gte. Les bourreaux et les exorcistes remplaaient prs de la plus grande partie des alins de cette poque les mdecins alinistes
de
;
d'aujourd'hui.
La richesse
les
et les
et
prjugs
les
hautes positions sociales ne pouvaient protger contre l'ignorance de cette poque; nous en trouvons la preuve
dans
biographies de personnages considrables que nous a gardes la malheureuse Jeanne de Castille, la fondatrice de la dynastie autrichienne, qui, aprs la mort de son mari Philippe le Bel, devint
l'histoire
:
morte dans fordure si le cardinal Ximens ne l'avait prise sous sa protection; son arrire-petit-fils Rodolphe II qui n'eut gure un meilleur sort.
folle, et serait
CHAPITRE
III
Jusqu'au milieu du xviii'' sicle le sort des alins fut bien triste. Bien qu'on ft dj arriv des ides plus claires sur la nature de cette maladie mystrieuse et que des mdecins intelligents eussent pressenti qu'il ne s'agissait l que de troubles morbides de l'activit crbrale et nerveuse, on ignorait pourtant ce fait important que ces maladies sont gurissables comme beaucoup d'autres, quand on les reconnat temps et qu'on les soumet un traitement rationnel. Tant que cette vrit ne fut pas reconnue, la socit considra les alins comme des membres perdus l'Etat voyait en eux une charge et un danger et se sentait tout fait rassur quand, guid par le prjug qu'ils taient ingurissables, il les savait enferms comme des tres dangereux et confis la garde des geliers. Telle tait la situation l'poque des petites-maisons et des prisons de fous, dont Kaulbachnous a fait un tableau curieux *. Mais les temps devaient changer. De plus en plus nergique et pressante devint la voix des mdecins et des philanthropes qui, tout d'abord, au point de vue humanitaire, exigrent qu'on considrt dans le fou,
;
En France les premires initiatives pour transformer les petites-maisons de maisons de correction et de prisons qu'elles taient en sanatoria, datent de 1780. Il parat que la premire impulsion dans ce sens a t donne par les philanthropes John Howard et l'empereur Joseph qui, cette poque, Taisait un voyage en France. Le christianisme ne portait aucun intrt aux alins qu'il considrait, dans la plupart des cas, comme des tres possds du diable. L'habitude de soigner les alins fut emprunte aux Turcs, qui longtemps avant les chrtiens, avaient des endroits pour garder les fous. Les moines de l'ordre de la Mersi qui, cause du rachat des prisonniers chrtiens, taient en relations frquentes avec les Musulmans, apprirent connatre ces tablissements et ils fondrent Valence, en Espagne, en 1409, le premier asile d'alins, d'aprs le modle oriental. Bientt Saragosse, Sville, Valladolid et Tolde suivirent cet exemple. Le premier asile musulman fut celui de Fez qui, d"aprs Lon l'Africain, existait dj au vu" sicle. Grce aux Espagnols, l'usage de soigner les alins se rpandit en Italie o l'on fonda des asiles Bergame vers l'an 13,52, Florence en 1387, Uome en 1584. Au commencement du xvii* sicle, les hpitaux, en France, commencrent recueillir les fous pour les garder. En 1660, on affecta l'Iltel-Dieu cet ellet. A cette poque la ville de Paris ne faisait garder qu'environ 40 alins. En 1818 encore, Esquirol, dans un rapport au ministre, dit qu'en France les alins sont plus maltraits que les criminels et
'
les btes
p, 2).
r;4
Uotre humain, et qui, rappelant quelques cas isols de gurisons que la nature avait opres mme dans les conditions trs dfavorables des petitesmaisons, crurent la possibilit de gurir les fous par l'amlioration de
leur sort, amlioration qu'ils rclamrent avec insistance
indolentes.
L'iingleterre fut le premier pays o l'on fit des tentatives de gurison en masse des alins vers le milieu du sicle pass on fonda, bien que d'une manire trs primitive, l'hpital de Saint-Luc Londres. Cette fondation a eu lieu une poque o sur le continent on ne connaissait que les maisons de correction, les prisons et les petites-maisons, pour garder les alins. Le succs de l'tablissement de Saint-Luc dcida peu de temps aprs la communaut des Quakers de York crer un asile spcial pour ses coreligionnaires, la Retreat, dans les environs de York. En mme temps, vers 1777, Cullen prit l'initiative de donner en Angleterre un dveloppement scientifique la psychiatrie il fut second et suivi dans ses efforts par des mdecins comme Arnold, Pargeter, Haslam,
; ;
aux
autorits
Perfect
trs
la
mais ce
maladies
psychiques.
Au
dbut,
il
est vrai,
ides philosophiques de
Locke
et
les
Son mrite imprissable c'est malades de leurs chanes, qu'il a appris que par l il a donn la premire impulsion
des fous, rforme qui a
cales en Prusse, a
fait le
il fit ses recherches sous l'influence des de Condillac. que, comme mdecin, il a en 1792 dlivr
les traiter
la rforme
humainement et du traitement
directeur des affaires mdibeaucoup fait pour la rforme des alins et a donn des travaux qui aidrent au dveloppement scientifique de la psychiatrie. Chez les Italiens, Chiarugi mrite une mention particulire son trait mme de psychiatrie a joui pendant longtemps d'une grande autorit
;
;
avant Pinel,
alins.
il
le
traitement des
Ce n'est qu'au
xix''
qu'on a pu voir
la
psychiatrie prendre
un essor
comme
science.
fit
Le savant Esquirol
clinicien franais.
il
a trait
Aprs
lui,
1 On trouve dans le Rapport du service des alins de 1874, p. 18-38, des renseignemenLs intressants sur le traitement de la folie et la lgislation concernant les alins en
5o
apport de prcieuses tudes de dtails cliniques et anatomiques nous devons aussi aux mdecins franais les premires connaissances exactes sur la paralysie des alins. Comme alinistes minents de l'poque con-
temporaine nous pouvons citer Morel, Falret pre et fils, Brierre de Boismont, Legrand du SauUe et d'autres Ferrus et Parchappe se sont surtout distingus dans le domaine administratif. La psychiatrie anglaise a produit une poque antrieure des travaux remarquables dus Cox, Willis, Ellis Prichard, et tout rcemment, Bucknill, Bobertson, Maudsley, tandis que Conolly avait le mrite de faire le premier pas pour abolir la contrainte physique dans le traitement. Dans les Pays-Bas, la psychiatrie a fait des progrs avec Schrder van der Kolk, un remarquable anatomo-physiologiste et neuropathologue en Belgique, avec Guislain en Russie, avec Babinsky en Sude, avec OEhrstrm, Kjellberg, Sandberg. En Allemagne des obstacles multiples s'opposrent au dveloppement de la psychiatrie comme science naturelle, notamment la tendance exclusivement mtaphysique et psychologique qui s'est dveloppe sous l'influence des doctrines de Kant et de la philosophie
;
naturelle de Schelling.
Nous voyons
travailler
logique des hommes comme Hoffbauer, Reil, Blumrder, et avant tous Heinroth, professeur de psychiatrie Leipzig. Il suffit d'esquisser les tho-
de ce dernier pour caractriser toute l'cole. Heinroth considrait l'me comme une force libre, excitable par des stimulants, mais doue de la facult de se diriger elle-mme. Le corps pour lui n'tait pas un tre indpendant existant par lui-mme, mais l'me devenue organe physique. Le principe fondamental de l'me est la libert la source de son existence, c'est la raison. L'tiologie de Heinroth est thique et religieuse. Tous les maux de l'homme viennent du pch, par consquent les troubles de l'me aussi. L'me se rend malade elle-mme.
ries principales
;
Les passions et le pch, c'est--dire le renoncement Dieu, sont les causes des maladies psychiques. La partie la plus importante de la thrapeutique de ces maladies, c'est le traitement psychique, notamment la vie religieuse, le dvouement entier Dieu et au bien. D'aprs Heinroth, la seule prophylaxie de l'alination mentale est la foi chrtienne. Ce qui est curieux c'est que, malgr cette tendance mystico-religieuse, Heinroth a trouv des partisans tout d'abord dans la personne de Beneke,
qui ne se rallie pas, il est vrai, cette manire de voir religieuse, mais qui cherche et trouve dans le domaine psychique pur ce qu'est l'alination
mentale et qui par consquent traite les psychoses un point de vue psychologique trop exclusif. malheureuseUn autre reprsentant de cette tendance c'est Ideler qui, envisage les troubles menment avec trop de dialectique et de subtilit, taux au point de vue purement thique et les reprsente comme rien autre chose que des passions d'une exubrance morbide. Ces erreurs ne pouvaient manquer de provoquer une raction lgitime. Les principaux reprsentants de l'cole scientifique qui luttrent contre cette tendance spiri-
S6
Bonn
Amelung
qui,
que le cerveau est le sige des maladies psychiques, et surtout Jacobi qui, dans son dsir de trouver le terrain somatique de la folie, est all jusqu' placer le sige des maladies psychiques dans les organes extra-cphaliques. Jacobi n'a admis le trouble mental que comme un symptme pouvant accompagner chaque maladie des organes vgtatifs il n'a attribu qu'une importance relative l'affection du cerveau qui, selon lui, n'est qu'une maladie secondaire. Malgr cette troitesse de vues, il a le mrite d'avoir prpar la voie une mthode d'observation clinique et anatomique, base sur les sciences naturelles, mthode qui fut riche en rsultats. Grce lui l'attention fut dirige sur les maladies et les troubles fonctionnels des organes vgtatifs, maladies qui accompagnent l'tat dlirant et qui, au point de vue pathognique, sont trs importantes. Ainsi Jacobi a mis fm la mthode d'observation philosophique et morale, spculative et mtaphysique. Dans ces dernires annes une activit trs vive a t dploye sur le terrain de la science psychiatrique qui jusque-l tait rest strile et avait t si peu cultiv. Le sentiment humanitaire, en faisant des progrs, a
;
cr des asiles d'alins bien dirigs, endroits trs propices l'observation des alins sur une vaste chelle les mdecins de ces tablissements,
;
et bien forms par cette brillamment ses preuves dans les autres sciences naturelles, ont partout fait des efforts pour utiliser, en vue de rformer la psychiatrie, les documents fournis par l'anatomie pathologique, la physiologie et la pathologie du systme nerveux, Tanthropologie et la psychophysique. Flemming, Jessen et Zeller sont des observateurs de grand mrite sur le terrain purement mdico-somatique c'est Zeller qui le premier a soutenu la thse que les diverses formes de la folie ne sont que des priodes d'un mme processus morbide, Il faut encore citer l'lve remarquable de Zeller, Griesinger dont le trait mmorable a t publi pour la premire fois en 1845 dans ce livre l'auteur a d'une manire trs ingnieuse runi et rassembl dans un systme d'enseignement tous les rsultats obtenus jusqu'alors par la mthode d'observation rigoureusement
moyens de diagnostic
fait si
scientifique.
Ainsi, aprs une lutte longue et dure, la psychiatrie a conquis la place qui lui est due parmi les sciences naturelles et s'est pure des scories philosophiques et mtaphysiques dont elle tait encore entache.
Mais il faudra encore beaucoup travailler pour que la psychiatrie qui pour le moment ne peut prtendre qu'au titre de science descriptive, s'lve la hauteur d'une science explicative. Il est vrai que, sur ce terrain, des problmes en apparence insolubles se posent l'intelligence humaine mais les rsultats qu'on a obtenus depuis qu'on applique la mthode scientifique exprimentale, et les efforts des cliniciens remarquables de tous les pays dans les parties les plus divers de la psychiatrie, garantissent son
;
57
d'heureux progrs, qui auront pour premier but ralidu moins au point de vue de l'observation scientifique, avec la pathologie crbrale. A ct de la mthode d'observation clinique, malheureusement trop peu suivie encore, qui cherche aussi tudier dans l'tat dlirant les phnomnes somatiques et spcialement les phnomnes pathologiques crbraux et qui, par ce fait, devient une mthode d'observation neuropathologique, ct de l'observation biologique et anthropologique qui pntre dans les mystres de l'tiologie et de la pathognie, ce sont les recherches anatomiques qui prpareront la voie pour la comprhension pathologique et qui conduiront la psychiatrie au but que nous venons d'indiquer plus
sable de fusionner compltement la psychiatrie,
haut.
dcouverte des espaces lymphatiques, par l'tude de la circulal'tude de l'innervation de ses vaisseaux, la nouvelle mthode anatomico-physiologique a fait la lumire sur la circulation et sur la nutrition du cerveau. Malheureusement la chimie n'est
Par
la
tion
crbrale, par
pas encore en mesure de donner les lois et les rsultats des mutations intraorganiques. La psychologie empirique, en partant d'une base psychologique exacte, prpare la comprhension des phnomnes psychologiques
de
les
la vie
expriences de toute
psychique, tandis que la psychiatrie clinique, en se basant sur la neuropathologie, cherche explorer, par la
moyens
et la
Tensemble des phnomnes crbraux pathologiques utiliser les rsultats cliniques pour tablir des types de maladies folie relles exprimentalement et pour les classer.
Les recherches
les
probablement une grande importance pour la psychiatrie. Tandis que, d'une part, elles confirment la tlise qu'il faut des maladies diffuses de l'corce crbrale pour provoquer des psychoses, elles permettent d'autre part de comprendre comment peuvent subsister certains ti'oubles lmentaires psychiques, comme phnomnes d'excitation et d'abolition, en mme temps que les fonctions psychiques restent intactes dans leur ensemble, de sorte que ces troubles lmentaires sont pour ainsi dire des phnomnes fonctionnels en foyer (aphasie, ccit d'me, hallucina-
un certain point lgiphnomnes psychopathiques en se basant sur les faits de localisation constats rcemment. Ainsi Weruike {ber den wissenschaftlichen Stand fun/d in der Psychiatrie, 1880) explique la dmence
tions isoles, etc.).
On
paralytique par les pertes progressives des images de souvenir et des conceptions de mouvement qu'ont reues les divers centres moteurs et sensoriels de l'corce crbrale atrophie (phnomnes d'absence, les troubles
;
moteurs sont interprts comme une perte des conceptions de mouvement. L'explication de la monomanie des grandeurs par un tat d'excita-
58
tion
tuent la personnalit,
domaine des reprsentations des souvenirs qui constiest un peu risque. Une thse beaucoup plus
le
manque
ganglionnaires.
Envisages sous
centres
sensoriels
le
des phnomnes d'irritation produits dans les correspondants (Wernike, Tamburini, Westphal), et l'impulsion motrice du fou furieux ne serait que l'effet des excitations des centres sensitivo-moteurs du cerveau antrieur (Wernike et autres). Crichthon Brov^ne {Brain, oct. 1880) explique mme l'agitation motrice de certains groupes de muscles chez les fous furieux par l'irritation des centres moteurs et comme une consquence de l'hyperhmie locale. Malheureusement les faits trop peu nombreux acquis par les recherches de l'anatomie pathologique, ne nous permettent pas de placer en face des types cliniques des constatations anatomo-pathologiques uniformes et de remplacer les dnominations clinico-symptomatologiques par une terminologie anatomo-pathologique.
les hallucinations seraient
LIVRE
II
DE LA FOLIE
PREMIERE PARTIE
TROUBLES LMENTAIRES DES FONCTIONS CRBRALES DANS LE DLIRE
CHAPITRE PREMIER
CLASSIFICATION DES TROUBLES LMENTAIRES PSYCHIQUES^
L'observation
comme
des formes de la
folie,
des troubles lmentaires dont le concours et l'action rciproque produisent prcisment ces tats psychopathiques. Au premier plan on trouve
anomalies psychiques, et, prcisment parce qu'elles prdominent, elles donnent la psychiatrie une place toute spciale dans le domaine de la
les
pathologie crbrale.
fait
mieux comprendre
les
processus mor-
quand
;
importante aussi pour la pathologie gnpeuvent se prsenter isolment et passagrement dans d'autres affections crbrales et nerveuses qu'on ne peut rigoureusement classer parmi les maladies psychiques proelle est
complets de maladies
du systme' nerveux
prement
dans
la
dites.
Tel est surtout le cas pour les hallucinations et les illusions, les troubles
reproduction des reprsentations, dans leur volution, dans la perphnomnes d'motivit anormale, etc. Mais la psychiatrie clinique ne doit pas se borner l'tude des phnomnes psychiques de la folie, car souvent le point principal pour le diagnostic, le pronostic et la pathognie, est moins dans ces phnomnes que dans les troubles des fonctions motrices, sensitives, vaso-motrices.
ception et enfin pour les
* Comparez Griesinger, Op. cit., p. 61. Brosius, Die Elemente des Irreseins,\%&o. Schle, Handbucli dev Geisteskrankheiten, p. 39. Emminghaus, Allgein. Psychopatlw:
lof/ie, p. 61.
62
et trophiques,
distinguer
1
Des processus dans la sphre affective de la vie psychique, tats d'esprit et motions; 2"" Des processus dans la sphre reprsentative, qui comprend toute l'activit attribue la raison, la
3
mmoire
et l'imagination
Des processus dans la sphre psychomotrice de la vie psychique, dans la sphre des instincts et des actes volontaires. Nous parlerons donc des anomalies des sentiments, des reprsentations et de la volont. Cette classification n'a qu'une signification didactique. Elle ne tombe pas dans les errements de l'ancienne psychologie mtaphysique qui admettait une trinit de facults psychiques, chacune indpendante et isole, ce qui a donn lieu aux erreurs les plus graves (monomanies, maladies mentales partielles). La psychologie empirique n'admet qu'une vie psychique unique dans laquelle les diverses facults, en travaillant solidairement et ensemble. ne reprsentent chacune qu'une forme active du travail psychique.
CHAPITRE
TROUBLES LMENTAIRES PSYCHIQUES.
(SENSIBILIT)
II
ANOMALIES
1
DES SENTIMENTS
L'exprience clinique nous montre que, clans la plupart des cas de folie, ne se manifestent pas ds le dbut par des jugements faux^ du dlire et des hallucinations, ma^is par une humeur et des motions morbides. C'est ce qui nous engage tudier avant tout les anomalies de la
les troubles
tions dans le
mode de
I.
Troubles essentiels
n'est
Un
morbide par
produit spontanment,
Son origine
nique.
11
est la manifestation
donc pas de nature psychologique mais de nature orgad'un trouble de la nutrition dans l'organe
psychique.
C'est par l que cet tat d'esprit se distingue de prime abord du changement d'humeur physiologique qui est toujours motiv. Il ne faut pas non plus perdre de vue cette distinction quand il s'agit d'un tat dlirant. Il y a beaucoup d'tats d'esprit qui, bien que provoqus par des causes morbides, ne sont pas pathologiques par eux-mmes mais
;
ils
un individu
devient
de
la
monomanie de
paralytique, le
un mauvais
le
Le fou,
perscution entend des voix qui menac de mort, etc., il en dlirant qui ont des ides de granla
Comparez
p. 325.
'-t
serait un tat pathologique et indiquerait une dcadence beaucoup plus complte de la vie psychique si ces malades ne ragissaient pas d"une manire correspondante. Ces tats d'esprit ractionnels,. dpressifs et expansifs, dans la folie, ne doivent donc pas tre confondus avec les tats d'esprit primitifs, spontans, non motivs et par consquent morbides des mlancoliques. On trouve dans la folie les mmes tats d'esprit qu'on rencontre dans hi vie
physiologique.
Au
1
il
morbides
caractre douloureux
morbides
caractre gai.
Vtat
iTesprit
dprim
Il
dlirants mlancoliques.
se passe
s'agit l
dans
et
phnomne fondamental dans les tats d'un phnomne analogue celui qui affects morbidement par un trouble de
nutrition
Mais, tandis que dans les nerfs affects de nvralgie la conscience ragit simplement sous forme d'un sentiment commun la douleur l'efiet est
.
beaucoup plus compliqu quand l'organe de la conscience mme devient malade. Etant donn la solidarit des processus psychiques, les troubles
lmentaires doivent fatalement engendrer d'autres troubles. Ainsi la douleur psychique, primitivement due une cause organique, se complique de phnomnes produits par des causes psychologiques.
Une importante source de douleurs vient tout d'abord du contact de la conscience dprime avec le monde extrieur. La faon de comprendre ce dernier dpend entirement de la nature de notre humeur et du sentiment que nous avons de nous-mmes. Le mme vnement nous touche d'une manire diffrente selon que nous sommes d'une humeur gaie ou triste. Selon que nous le regardons avec des yeux pleins de chagrin ou de j'oie, le mme paysage nous met dans diffrents tats d'esprit, voque diffrentes considrations et nous apparat mme avec des couleurs tout fait diffrentes. La loi physiologique continue agir mme avec des conditions
pathologiques.
Pour
le
mlancolique
le
monde
chang, revtu
mme
impression agrable, paraissent dans le miroir palhologiquement altr du sentiment comme des objets dsagrables dyesthsie psychique Une autre source de douleur psychicjue consiste en ce fait que l'acte de se reprsenter ciuelque chose s'accomplit sous l'influence de l'tat momentan de l'esprit et des sentiments et que seules les reprsentations qui rpondent cet tat peuvent se maintenir dans la conscience. Par suite de cette loi, il ne peut exister dans la conscience des mlancoliques que des images douloureuses et des conceptions tourmentantes. La premire consquence, c'est la monotonie des reprsentations et par consquent l'ennui.
i
65
la
dpression mlancolique
la
formation du processus de
la
dans
sphre psychomotrice de
la vie
psychique.
Cette entrave dans les aspirations, cet arrt dans la dcharge de la ten-
sion psychique fournissent un nouveau contingent de sentiments nombreux de dplaisir et l'tat s'aggrave parce que le malade s'y abandonne sans rsistance, cras qu'il est par le drangement subit de son mcanisme psychique. A l'apoge de la maladie il surgit une source nouvelle et abondante de douleurs le malade s'aperoit que ses reprsentations ne sont plus annotes par les sentiments habituels de plaisir ou de dplaisir, qu'il est devenu incapable de se rjouir ou de s'affliger de quoi que ce soit (anesthsie psychique). Son existence manque alors de tout charme.
:
souvent des troubles sensouvent aussi les fonctions vgtatives ainsi que le tonus musculaire souffrent. Ces troubles varis, vu la disposition gnrale, constituent encore une autre source abondante de douleurs dans la conscience dprime. Si cette dernire source de douleurs prvaut, la dpression morale prend un caractre hypocondriaque. La dpression morbide et douloureuse est en ellemme sans objet. Dans les cas de maladie lgre et passagre, elle garde ce caractre et on la considre aussi comme morbide. A mesure que sa maladie progresse et que son esprit s'obscurcit davantage, le malade cherche motiver sa dpression morale et, comme il en voit la cause partout ailleurs (monde extrieur, rapports sociaux antrieurs, etc.) plutt que dans une affection de son systme nerveux central, il en arrive
ce trouble tant gnral,
il
se produit
anesthsies
driaque va de pair avec les Bien que sa manire de comprendre ses rapports avec le monde extrieur reste normale, le malade arrive pourtant avoir des opinions fausses sur son tat physique et il croit qu'il existe chez lui des altrations incurables alors qu'il n'y a que des troubles fonctionnels. 2) La gait morbide (amnomanie, hdonie psychique, Emminghaus) qui prsente une analogie avec le plaisir physiologique motiv et avec l'tat joyeux provoqu par certains toxiques (alcool gaz
hilarant,
etc.),
maniaques
et est diamtralement oppose la dpression mlancolique. Par suite des altrations organiques intrieures, le caractre est gai, expansif; l'appareil psychique n'est dans ce cas accord que pour la note
du
plaisir.
dans ce sens que se manifestent les impressions du monde extdans la conscience il n'existe et il ne se maintient que des images et des reprsentations conformes cet tat d'esprit; l'volution de la reprsentation est plus vive, sa nature trop
C'est
PSYCHIATRIE.
06
mme
facilite.
cette facilit
de cette acclration de ses reprsentations et de ses aspirations, prouve autant de sensations de plaisir que le mlancolique prouve de douleur en se rendant compte des antinomies de certaines situations et de
certains tats.
IL
Troubles dans
la
que
le
troubles
dans
le
mode de
gnrales,
anomalies dans
Anomalies
tre
impressionn au
ou de dplaisir, il y a motions se produisent avec une facilit anormale, la limite de l'irritabilit tant beaucoup plus restreinte que dans la vie normale; ou bien les motions ne se produisent que trs difficilement ou
mme
1
pas du tout.
(hyperesthsie psychique,
motivit'.
Ces tats sont toujours le signe d'un cerveau ls dans sa nutrition et par consquent plus ou moins puis, le symptme d'une faiblesse fonctionnelle de la vie des sentiments. Cette faiblesse motive arrive son plus haut degr se manifeste en ce sens que l'ide seule suffit produire
une motion.
pour cela que l'motion soit particulirephnomnes, contrairement aux motions du cerveau sain, ne restent pas longtemps dans la conscience. La courte dure du processus motionnel s'explique en partie par
Il
l'puisement rapide de la facult motive (faiblesse excitable) en partie par l'oubli rapide de la reprsentation qui a caus l'motion, ou par le fait que cette reprsentation a t supplante par une autre qui la suivait.
Si donc cette facilit anormale de raction continue subsister, il se produit un changement d'humeur continuel; car, suivant la nature des reprsentations qui se succdent, il se produit des motions correspon.
dantes. Cette faiblesse irritable, cette motivit est surtout trs dvelop-
pe chez les convalescents dont les forces crbrales ont t affaiblies par une maladie grave, telle que le typhus, chez les individus qui ont une tare hrditaire ou qui sont nvropathes, chez les hystriques, les hypo-
07
condriaques, les neurasthniques, dans certaines maladies crbrales organiques fdmence suile. apoplectique, paralytique, lues cerebralis, dans les premires priodes de tous ces tats). Il y a l encore un symptme trs significatif qui indique que les centres nerveux les mieux organiss n'ont plus la mme facult d'arrt et d'entrave de vifs mouvements de mimique, en gnral des phnomnes moteurs, vaso-moteurs et scrtoires, accompagnent le processus psychique. Au point de vue clinique, cette faiblesse du moral se manifeste par la sensiblerie de ces malades, la facilit avec laquelle se produisent chez eux, surtout chez les hystriques, les pleurs et le rire qui peuvent dgnrer en convulsions. Quant la nature de ces impressions motives, ce sont des sensations de plaisir ou de dplaisir (hyperhdonie psychique Emminghaus). et hypralgie Selon le caractre et la valeur des reprsentations qui rsultent de ces motions, on distingue des hyperesthsies sensorielles, les perceptions du monde extrieur ou venant du corps lui-mme sont accompagnes de sensations dsagrables (chez hysthriques, hypocondriaques, fivreux, mlancoliques) ou par des sensations de plaisir (plus grand plaisir manger, boire, sentiments d'euphorie dans le cas de manie;; Vhypereson est pniblement touch par le manque de beaut thsie esthtique, artistique, par l'aspect d'une figure rpugnante, par des manires rpugnantes, par la malpropret du milieu, etc. par contre, accentuation du plaisir en face de reproductions artistiques de personnes et objets, ce qui fait natre des sympathies, des antipathies, des idio;
malheur ou
thique, compassion trs vive pour le bonheur d'autrui, violent dgot pour les actes vils et enthousiasme pour les nobles actions, se manifestant par une raction motive excessivement violente la suite d'une offense ou d'une distinc-
syncrasies
Yhyperesthsie
le
production facile de tristesses et d'enthousiasmes la suite comme par exemple, une accentuation du sentiment de la pudeur allant jus([u' une pruderie qui rend insupportable l'aspect d'un pied de chaise non vtu (certains hystriques). 2" Difficult ou mme suppression de la raction motive (apathie du
tion,
par
la
d'ides adquates,
La diminution ou mme l'absence complte de la raction motive en prsence des impressions de nature provoquer des ractions ^anesth sie psychique,! est un symptme psychique lmentaire frquent et trs important. On peut l'interprter comme un phnomne d'arrt ou de lacune dans le mcanisme psychique. Cette diffrence doit tre prise en considration aussi bien au point de vue clinique qu'au point de vue du
pronostic.
si
Un
malade se rend compte lui-mme de l'absence de sa facult motive, ou bien s'il en ressent douloureusement l'absence (anesthsie psychique douloureuse 'j.
le
'
cit.,
68
Ce dernier fait se produit gnralement chez le mlancolique. Son psychique est uu phnomne d'entrave. La production des impressions motives joyeuses est arrte par sa dpression douloureuse morbide et organique mais son tat d'esprit, du moins l'apoge de la maladie, reste tout aussi indiffrent aux impressions qui ordinaireanesthsie
;
t pniblement ressenties. Cette impassibilit provient douleur psychique spontane exerce une vive action qui s'mousse, de sorte que les impressions venues du dehors sont trop faibles pour se faire sentir. On voit parfois se produire le mme fait dans les tats de dpression physiologique trs violents, lorsque, la suite d'un grand nombre d'impressions douloureuses, il se produit un tat d'moussement et de torpeur dans lequel, au moins pour un instant, le malade n'est plus touch par aucun vnement douloureux nouveau. L'apathie du mlancolique, dans le domaine thique ou religieux, constitue un phnomne particulirement important. Elle se manifeste par une indiffrence dsespre pour les lois de la religion, autrefois trs respectes, pour les devoirs de la vie de famille, les devoirs professionnels, les devoirs envers les amis et la socit. Les malades eux-mmes en sont pniblement affects et commencent douter s'ils sont encore dignes d'tre appels des hommes, puisqu'ils n'ont plus de sentiments humains. Ils prouvent douloureusement cette absence du calme et de la consolation religieuses que donne la prire. Ces phnomnes d'entrave peuvent devenir les lments d'ides dlirantes dmonomaniaques et zoanthropiques qui se dvelopperont ultrieurement. Dans une autre catgorie de maladies psychiques l'apathie est en partie un phnomne d'entrave et en partie un phnomne produit par l'absence d'une facult quelconque. L'impression motive est absente dans toutes les sphres du monde des reprsentations ou bien elle ne manque que dans la sphre thique. Ainsi, chez le maniaque, il y a une indiffrence remarquable pour les aspirations thiques et les devoirs thiques. Elle indique une absence de ce contrle esthtique et moral dont il disposait habituellement; elle s'explique en partie par ce fait que sa conscience a t fausse par des sensations ag^rables, par l'impossibilit, rsultant de l'obsession du sentiment agrable, de faire natre les reprsentations contraires qui montrent les dangers, l'immoralit, le chtiment avec des sensations dsagrables et d'opposer ces ides aux ides d'agrment elle est en partie cause par l'acclration de tous les processus psychiques, ce qui ne permet pas de s'arrter une reprsentation et ce qui empche de rflchir sur la signification d'un vnement ou d'une action. Dans la folie avec conceptions dlirantes systmatiques (paranoa), les ides dlirantes qui faussent la conscience du malade, l'empchent de saisir ses anciens intrts et les aspirations de sa vie. Dans son nouveau Moi morbide, il regarde le pass sain et normal comme quelque chose d'tranger qui n'a rien de commun avec lui. Chez certains malades de cette catgorie, par suite de la nature concrte de leur ide dlirante (mono-
ment auraient
la
de ce que
60
s'tablit
un
le
tat d'hostilit
pour
le
monde
Avec
le
malade
temps
la
c'est alors
un symptme de faiblesse psychique, de lacune et d'croulement profond du mcanisme psychique. L'apathie des sens apparat plus souvent comme symptme d'une lacune dans le domaine psychopathique. Dans tous les tats de faiblesse psychique
elle est
d'une signification trs importante pour le pronostic. Elle n'est qu'un symptme partiel de l'moussement gnral et de l'insuffisance des capacits psychiques. Le malade ne pouvant s'apercevoir qu'il a perdu une partie de ce qui fait la valeur de l'homme, n'prouve aucune douleur de cette perte. Ce manque d'excitabilit motive est la cause de l'indiffrence que prsentent la plupart des individus interns dans les asiles d'alins pour le sort de leurs parents et de leurs compagnons de douleur; c'est aussi une des causes pour lesquelles les alins interns sont si faciles
diriger.
nombreux
timents,
L'indolence motive de ces invalides psychiques prsente des degrs et varis et, tant donn l'immense varit du monde des sendes
nombreux domaines de
de
cette
sphre.
est l'absence
la vie thique.
symptme du dbut de la faiblesse d'esprit cause par les processus organiques graves du cerveau (dmence paralytique, snile) elle prcde pendant un laps de temps prolong la diminution de la mmoire et l'affaiblissement
Fait curieux, cette absence se trouve souvent tre le premier
;
intellectuel.
Souvent aussi
elle constitue
Les individus rentrent dans la vie et sont mme tout fait la hauteur de leurs devoirs sociaux; mais ils sont devenus des philistins et des
gostes, ce qu'ils n'taient point auparavant.
touche plus les anciens liens de famille et d'amiti se sont relchs et ne sont conservs que par pure habitude. Ne s'intressant plus aux cts esthtiques ou thiques de la vie civilise, ils sont compltement absorbs par la satisfaction de leurs besoins
les
supposent une organisation crbrale des plus fines et doivent par consquent tre les premiers affects dans le cas o l'organe psychique devient malade. Cet tat d'insensibilit morbide se dveloppe souvent de la mme faon chez les onanistes et les buveurs d'alcool.
70
On peut la rencontrer aussi comme une anomalie congnitale produite par des lments hrditaires dgnratifs. Dans ce cas on peut la considrer comme une idiotie morale, puisque le cerveau de ces malheureux a reu une organisation infrieure par le fait d'lments dgnratifs qui ont frapp le germe, et que cette organisation crbrale dfectueuse les prive de la facult de former des conceptions esthtiques et thiques et de les combiner pour obtenir des notions thiques. Schle {Manuel, p. 46) distingue dans cette maladie une forme grave o il y a absence complte de sentiments et d'ides morales, et une forme bnigne dans laquelle ces conceptions ont t acquises, mais n'ont pas pu se dvelopper
parce qu'elles ne produisent pas d'impressions motives.
vue pratique
lacune morale partielle, trs important au point de digne d'attention au point de vue mdico-lgal c'est le manque de dignit personnelle (sentiment d'honneur) ainsi que l'absence de remords quand on a commis une action immorale ou illgale.
Un symptme de
et
dans consom-
la contraction
d'habitudes dgotantes;
mo-
et le sans-
Cependant on ne sait pas si le sans-gne de certains hypocondriaques et hystriques dans la satisfaction de leurs besoins, dans la nonchalance avec
laquelle
ils
une absence du sentiment esthtique ou un phnomne d'entrave, tant donn que l'obsession des sentiments et la nature des reprsentations empchent la manifestation des ides opposes ces conceptions. L'arrt ou le manque de sentiments thiques et esthtiques mnent fatalement l'go'isme la frquence de cette anomalie chez les alins explique pourquoi la plupart d'entre eux sont en ralit des gostes.
;
B.
Anomalies
de la raction motive est certainement morbide quand l'motion qui accompagne une reprsentation s'lve la hauteur d'une passion, tandis que la mme cause agissant dans des circonstances phyL'intensit
trouble moral et
convulsive de l'organe psychique, nous devons citer les tats d'emportement qui se manifestent avec une intensit qui fait perdre conscience l'individu et qui, par leur dure extraordinairement prolonge,
peuvent aboutir un drangement complet de la vie psychique L'tat d'hyperesthsie psychique facilite l'closion des ractions intensit mor-
71
bide. Mais cette hyperestlisie n'en est pas toujours la condition essentielle.
preuve nous citerons ces emportements qui se produisent chez les du manque d'entrave, prennent un caractre joyeux ou dpressif trs prononc et surtout sont empreints d'une colre violente. Seules, les passions d'origine thique ou esthtique sont impossibles dans ce cas. En ralit, on peut attribuer l'intensit de la raction motive l'absence des processus d'arrt du centre; psychiquement la faiblesse
idiots et qui, par suite
Comme
fonctionnelle des rgions intellectuelles les plus leves, somatiquement au dfaut d'arrt des centres vaso-moteurs et moteurs qui sont touchs par le
processus motif, ce qui fait que les processus organiques qui leur sont simultans deviennent trs puissants. Il y a des individus chez lesquels il existe habituellement une irritabilit d'humeur anormale. Autrefois on en faisait une forme spciale de maladie psychique (excandescentia furibunda ou iracundia morbosa), alors
que ce phnomne
n'est
symptme
d'une maladie crbrale profonde. Celte irritabilit dnote un cerveau affaibli par l'anmie ou par des excs d'alcool ou par des lsions graves (maladie crbrale, lsions de la tte), ou atteint d'une nvrose grave ''tare hrditaire, pilepsie, hystrie), ou dfectueux dans son origine (idiotie;. Les moindres causes provoquent des emportements de colre violents et qui sont maiutenus cette tonalit par des reproductions douloureuses. Le mode d'motion dpend essentiellement de la nature de la reprsentation qui affecte l'individu et de l'tat de conscience qu'il a de lui-mme. Si cette reprsentation est de nature douloureuse et si la confiance en soimme a diminu (mlancolie), les impressions motives et respectivement les motions ne peuvent tre que douloureuses. L'motion peut tre provoque aussi bien par des reprsentations reproduites que par des perceptions sensitives venant du monde extrieur ou du corps de l'individu. Les ides mmes, qui dans les circonstances physiologiques provoqueraient du plaisir, ne produisent ici que des motions douloureuses. Au summum de la maladie, tout fait psychique, mme une simple perception des
douloureusement (hyperesthsie psychique); un fait analogue dans les nerfs atteints de nvralgie; l aussi, la limite de l'excitabilit a baiss, de sorte que des excitations mcaniques, thermiques, atmosphriques, qui ordinairement ne seraient pas perues, provoquent des paroxysmes de douleur. Souvent cet tat d"hyperesthsie psychique s'accompagne d'un tat d'hyperesthsie sensorielle et parfois aussi cutane. Les motions sont simplement douloureuses (tristesse, dsespoir), ou bien ce sont des motions de surprise (embarras, perplexit, consternation, honte), ou le plus souvent des motions d'attente (peur, angoissej. S'il y a une disposition aux motions gaies et une forte confiance en soimme (manie;, le trouble se manifeste par des emportements joyeux quand il ne devrait exister que des sentiments joyeux. L aussi, il y a, au summum de la maladie, des phases dans lesquelles il existe un tat de vritable hyperesthsie psychique, car chaque reprsens, affecte
se produit
72
sentation et mme chaque perception des sens se combine avec des motions, et le malade se rjouit de sentiments de plaisir continuels Emminghaus; hypermtamorphose, Neuman). (hyperhdouie, Si la conscience n'est pas dprime et si la reprsentation qui provoque
il
se produit alors
des motions de colre dites mixtes. Quand le caractre est enclin la colre, les prtextes les plus futiles, un regard, un geste, mme une parole d'apaisement, suffisent pour provo-
quer chez
le
malade de continuelles
et
C.
Il
ne
donne pas une impression motive physiologique semblable celle qui aurait t produite autrefois par la raction individuelle, mais elle produit un effet diffrent et mme inverse dans certaines circonstances (perversion du sentiment, paralgie (Emminghaus), par analogie avec les nerfs
d'une faon morbide). suppose que, l'tat normal, sauf prjudice pour le vieux proverbe de gustibus , certaines impressions produisent toujours chez les individus les plus divers la mme sensation. Il ne s'agit pas ici, comme dans le cas d'atonie motive, de l'absence de certaines impressions, qui devaient normalement se produire, mais de la production de ractions qui sont l'oppos des ractions normales qu'on observe chez l'individu en gnral. C'est pour cela que le caractre morbide des impressions per verses se manifeste d'une manire beaucoup plus nette que les anomalies
sensitifs qui ragissent
Cette anomalie
de l'intensit des ractions. Au point de vue pratique, elles trs important, car souvent ces perversions des impressions s'accompagnent facilement d'impulsion, ce qui peut amener des actes nuisibles aussi bien aux intrts de l'individu lui-mme qu' ceux de la socit. On peut citer comme exemples de ractions perverses sur le terrain des motions sensitives les idiosyncrasies des nvropathes et surtout des hystriques qui prouvent du dsagrment de choses qui physiologiquement produisent des sensations agrables (parfum des fleurs) et qui trouvent du de
la facult et
constituent
un phnomne
Comme
rac-
Ordinairement cette perversion des impressions se rattachent des hyperesthsies sensorielles et psychiques (vive susceptibilit et intensit anormale des ractions allant jusqu'aux emportements au point de vue
psychique, et jusqu'aux convulsions au point de vue somatique). Comme perversion des sentiments thiques citons le plaisir voir souffrir les hommes et les animaux avec le penchant qui en rsulte torturer les hommes, maltraiter les animaux, dtruire et profaner les
:
monuments artistiques
et religieux.
7:}
avec des anomalies du sens sexuel, base somatique des sentiments thiques
et sociaux.
le plaisir
bonheur conjugal et vital d'autrui, dfauts qu'on rencontre si souvent chez les dgnrs psychiques (folie morale), mais, il est vrai, combins ordinairement avec des phnomnes d'absence.
On peut classer aussi dans cette catgorie la particularit qui fait annoter par des motions de plaisir des reprsentations qui ordinairement ne donnent que des impressions douloureuses. Une de mes malades a perdu, pendant son tat de manie circulaire, son poux qu'elle aimait; elle a d faire de vritables efforts pour avoir peu prs l'apparence d'une personne
qui porte
le deuil.
Par opposition,
il
sujets de joie; ainsi, par exemple, en voyant leurs enfants qu'ils adoraient
ils n'ont que des impressions de rpusimplement passive (mixopdie, misangnance. La raction peut tre thropie) ou mme il y a des impulsions aux agressions hostiles par actes
et paroles.
les
mlancoliques, c'est
le
douloureux (Leidseligkeit) dcrit par Ideler et Emminghans; des reprsentations qui dans la vie intellectuelle normale seraient douloureusement ressenties, produisent une sorte de faible satisfaction par le fait mme que les mlancoliques prouvent une douleur qui alors est marque par une motion relativement agrable.
CHAPITRE
III
On
mode de formation
le
processus de la
la
I.
Troubles dans
le
Ils
ont la
mme
importance que
les troubles
comprennent les profanes. Au point de vue clinique et surtout mdico-lgal, il est remarquer que les troubles de ce genre peuvent constituer eux seuls tout le drangement de la facult des
reprsentations, les seuls que
reprsentations peuvent
et
se
la vitesse
dans
En
modes
En troubles dans la quantit des reprsentations, en tant que certaines reprsentations restent fixes dans la conscience avec une intensit et une
3'^
dure morbides
4
En
Brosius,
Psychiatr. Abliandl.,
II,
p. 87,
Op.
A.
Deux
possibilits
peuvent se prsenter
la
peut tre ralentie ou acclre d'une manire anormale. 1 Ralentissement des reprsentations. Cette trop grande lenteur se reprsenter quelque chose se rencontre dans diverses conditions dans les
Chez
le
mlancolique, cette lenteur a pour causes d'abord la nature resque les reprsentations conformes
se manifester
dans
la conscience,
et ensuite le fait
Le ralentissement des reprsentations dans la mlancolie peut en s'accentuant devenir un arrt temporaire qui se manifeste dans la conscience par un sentiment de dcouragement le malade se dit que ses penses se sont arrtes, qu'il est abruti, qu'il est sans ides. Le ralentissement des repr;
amne fatalement l'ennui, dont seplaiguent tant de mlancoliques. Le malade prouve ce que l'homme normal prouve dans la passion de l'attente. Le manque de variation des reprsentations fait dans les deux cas trouver le temps trs long et mne bien des actes inutiles, iustinctifs, qui sont provoqus par le seul besoin de faire cesser la tension de l'esprit
tations
et
de passer un autre ordre d'ides. La paresse des reprsentations dans les tats de faiblesse psychique est un phnomne partiel de la faiblesse gnrale des nergies psychiques, surtout de la mmoire; cette paresse intellectuelle provient aussi de l'absence des intrts intellectuels qui pourraient exciter l'appareil des reprsentations; elle a encore pour cause la dfectuosit de la perception. 2" Acclration des reprsentations. L'acclration dans l'acte de se
propre de tous les tats d'exaltation et le degr de la vitesse de production de la reprsentation est un moyen trs prcieux pour mesurer l'intensit du processus d'excitation crbrale. Les dbuts de l'exaltation maniaque sont caractriss par des degrs lgers de cet tat que nous venons de dcrire et qui sont analogues l'imagination expansive de l'homme normal et l'tat dans lequel le vin comreprsenter quelque chose est
le
dlier la langue. Ces degrs peu avancs sont un phnomne partiel de l'allgement et de l'acclration gnrale des mouvements psychiques telle qu'elle se manifeste chez le maniaque, surtout dans le domaine de la mmoire ils ont en partie
;
mence
pour cause un phnomne qui ranime des sentiments de plaisir qui existaient dj.
Cliniquement cet tat se manifeste par une plus grande richesse d'expresrapprochements spirituels, des bons mots bien trouvs, une loquacit et une loquence extraordinaires; imperceptiblement et peu peu la marche des ides devient brusque et dcousue.
sions, d'images, par des
7G
Avec son flot de paroles le malade en arrive aux choses disparates. La marche des associations d'ides devient inintelligible, probablement parce que, par suite de la marche prcipite des ides, les anneaux intermdiaires de leur enchanement existent encore dans la pense mais ne sont
plus exprims par le langage ou n'arrivent plus assez nettement la conscience pour trouver leur rflexe dans l'organe du langage. A un degr plus accentu, cette acclration des reprsentations peut tre
compare une course des ides, une fuite des penses. Le malade ne peut plus refrner le cours de ses penses, il passe d'une chose une autre, perd le fil de la conversation; il ne peut plus logiquement coordonner
les
ses,
lui arrivent en masse; il bredouille des choses insenphrases dtaches, des mots, des syllabes, suivant que ces derniers trouvent encore un rflexe dans le mcanisme du langage. Ordi-
matriaux qui
des
nairement on trouve encore dans ce tourbillon de reprsentations un lien une liaison des ides par les contrastes, la consonance et l'allitration. La pense logique a disparu et, comme' les reprsentations surgissent comme l'clair et ne peuvent plus tre coordonnes ni mises en rapports logiques les unes avec les autres, il en rsulte la confusion. Cependant la confusion' des penses et par suite celle des paroles n'est pas toujours le rsultat d'une acclration des reprsentations et le symptme d'un tat maniaque. Elle se rencontre aussi dans les maladies les plus diverses et l'on peut alors l'attribuer gnralement des troubles de la conscience et particud'association,
et d'association
des
La confusion ou l'garement d'esprit est tout d'abord un phnomne ordinaire dans les tats motifs, surtout lorsqu'il s'agit d'un cerveau tar
ou
aflaibli.
amne dans la conscience une masse de reprsentations contradictoires et empche pour un instant leur perception, leur association, leur enchanement logique. Il en est ainsi surtout dans les cas d'embarras o le sentiment pnible de Tincertitude, le danger de
L'excitation morale violente
l'chec troublent et quelquefois rendent impossibles le
dveloppement
et la
La confusion est un symptme important dans les tats d'puisement psychique. Dans ce dernier cas on peut l'attribuer une faiblesse fonctionnelle dans la liaison logique des associations, faiblesse qui fait
fil
que
le
des penses se rompt sans cesse, que la suite des ides prsente des lacunes et que souvent, par une sorte d'obsession, il s'intercale des reprsentations qui n'ont rien faire avec l'objet de la pense. Il arrive encore que, dans ces tats de faiblesse avec dlire, les reprsentations aient une
succession logique, mais qu'elles soient causes par des ides dlirantes, des perceptions illusoires, des hallucinations qui de leur cot provoquent
1
Fritscl,
II
Bd.
77
Ces tats sont souvent conscience et par suite de la perception (ccit et surdit psychiques). Les centres sont alors incapables de reproduire les anciennes images de souvenir les malades sont sans ou bien les images reproduites orientation dans le monde extrieur
la
ne correspondent pas aux impressions du prsent. La confusion existe aussi dans ces tats de faiblesse intellectuelle terminale, lorsque des sries de reprsentations sont devenues dfectueuses, que les mots et les notions ont subi une transformation pathologique, ou bien que le malade s'est compos de nouveaux mots et que des sries de reprsentations figes par l'habitude s'intercalent sans cesse dans la
marche des ides. Dans tous ces cas, il y a de la divagation et des actes incohrents. Cependant ces deux genres de troubles ne sont pas forcment runis. La confusion dans les paroles peut aussi avoir pour cause simplement la paraphasie et la surdit des mots. Dans ce cas la correction des actes montre alors l'existence du phnomne de la confusion des mots avec une intelligence reste intacte, phnomne qui se produit parfois dans
certaines maladies crbrales en foyer.
Meynert a dcrit sous le nom de confusion pseudo-aphasique, une forme particulire de la confusion, c'est--dire un manque d'orientation par suite de ccit psychique, de surdit des mots combine avec une baisse dans la production des reprsentations (formation des interprtations et des jugements), avec angoisse de la conscience trouble qui ne
comprend plus
les
faits
du monde^ extrieur,
et
;imnestico-aphasiques et paraphasiques.
B.
Troubles
d'ides.
Il
peut arriver que, chez les alins, les reprsentations se suivent et se nouent l'une l'autre par une assonance extrieure, par l'homonymie des mots, tandis que dans les conditions physiologiques, les reprsentations se produisent l'une aprs l'autre par leur connexit causale et que l'assonance et l'allitration n'ont qu'une
taines
associations
Il
Ce trouble dans l'association des ides qui fournit un superbe sujet d'observation dans les tats maniaques, peut tre appel logomachie. Le malade parle en vers qui bien entendu ne sont que des vers de mirliton,
ou bien
ne sont
'
il
du
tout et
lis
'^
Schiile,
Handb.,
97.
Billod,
p. 510.
a prsent la marche d'ides suivante (nous citons geben Ich lieg' an der le texte allemand pour faire ressortir les bouts rimes) ich und da gibt es viei Verdruss; Sie mir die Hand : geben Sie mir einen Kass:
2
Wand;
78
Une autre forme d'association morbide est celle o toute reprsentation perue ou reproduite s'ajoute sans cesse et avec obsession la question du pourquoi. Le caractre morbide de ce phnomne ressort encore de ce qu'il se prsente sous forme paroxystique et combin avec d'autres symptmes nerveux, qu'il est trs importun et trs pnible au malade et que, enfin, la rponse la question, le plus souvent oiseuse et touchant des choses
religieuses
ou mtaphysiques,
:
n'offre
aucun
'
mier
qu'il
appel
la
manie des
subtilits
(Griibelsucht).
Meschede
a,
pour complter cette observation, communiqu des cas qu'il a dsigns sous le nom de phrenolepsia erotematica, et dans lesquels l'acte de penser se faisait toujours sous forme interrogative; le malade s'occupait sans cesse de problmes, assaillait son entourage de questions sans que cette manie obsdante et pour mobile l'intrt connatre la solution de hi
question.
les
tars et surtout chez les individus puiss par les excs sexuels, forme
la
mme
espce.
C.
muss haben einen ^terz: und das Aus^e sieht himinehrarts legen Sie die Hand aut mein Herzl Ach, das macht mir Schmerz l (Je suis couche prs du mur, donnez-moi voire main; donnez-moi un baiser, et alors il y a beaucoup d'ennuis; il me faut un entremets de farine, et l'il regarde vers le ciel; posez la main sur mon curi Ah! cela
me
cas, on voit se suivre les mots sapin, pin, nice). Voir des exemples chez Brosius
'
I,
p.
626.
2
'
28.
bev
Du
n'
zur Erkennung krankhafler Gemiifhszustnde, 1867. Le mme. Sforungen des Vorstellens. Vierteljahrsschr. fur ger. Medicin, 1870. lorel, Westphal. Berlin. Klin. Wochenschrif1,1811, dlire motif. Arch. gn. de md., 1866. Brosius, Irrenfreund, 1881. Journal l'Encphale, 1881, mars. 45-i9. Buccola.
79
elle envahit brus^^uementlaconscieuce ou bienc'est un vnement extrieur motionnant qui l'a provoque (assassinat, excution capitale, incendie, suicide d'une personne aime, etc.)- Dans le premier
cas la formation de l'ide obsdante ne peut pas avoir lieu par la voie ordinaire, la provocation psychologique des reprsentations par association
d'ides,
mais
amene
et
int-
nature trange de cette reprsentation qui trouble les conceptions normales dans leur force de rsistance contre l'nergie d'association. Ces ides obsdantes ressemblent, quant leur origine, aux dlires primordiaux, contrairement aux ides dlirantes qui se sont formes par voie psychologique, par l'association et la rflexion. Ce sont des crations primitives et spontanes d'un cerveau malade ou organis d'une faon anormale, des produits immdiats rsultant du mcanisme d'une vie intellectuelle inconla
sciente, telles
que
le
le
terrain
psycho-sensoriel. Ces ides obsdantes trouvent des analogies dans cersouvent il arrive qu' nos rflexions tains faits de la vie physiologique
:
les
plus calmes se mlent d'une manire troublante des images, des reprsentations, des airs musicaux, qui n'ont absolument rien de commun avec
l'affaire
un
certain
de force de volont. Ici aussi il s'agit videmment de crations spontanes produites par l'excitation physiologique des centres reprsentatifs car c'est prcisment leur nature trange et troublante, et leur force de rsistance contre l'nergie de l'association, qui prouvent que ces reprsentations ne se sont pas produites par la voie psychologique de l'association des ides. Dans beaucoup de cas la motivation de l'ide obsdante reste obscure, dans d'autres cas il y a des sensations d'organes, des nvralgies qui sont entres dans la conscience simultanment avec l'ide obsdante, qui ont
dploiement d'nergie
et
amen cette dernire et qui sans cesse la fout renatre. Quand un vnement extrieur en a t la cause, il s'agit d'un organe central excessivement impressionnable,
rminiscence.
et le
la
Dans
cider,
ce cas aussi des sensations physiques dsagrables peuvent co'mse lier avec l'ide obsdante par des excitations
sensitives, et
par
l fixer la
Ces vritables ides fixes ou ides obsdantes se distinguent des ides dlirantes proprement dites par leur attitude en prsence de la conscience du malade qui sans cesse les juge comme des phnomnes morbides, et se
place au-dessus d'eux.
Leur nature peut tre aussi varie que celle des ides dlirantes. elle est provoque par une perception, la reprsentation obsdante consiste faire sans cesse valoir cette premire reprsentation mouvante qui a t produite par la perception, en mme temps que des craintes et des impulsions imitatrices se manifestent avec renforcement et mme avec
Quand
80
Texcitabilil trs accentue de la vie Imaginative de ces malades, les souvenirs les plus reculs et les perceptions les plus lointaines peuvent
provoquer
contraste.
J'ai
la
reprsentation obsdante.
Souvent
elle
est
amene par
communiqu
ailleurs [Vierteljahrsschr.
ce sujet.
f.
Souvent les malades de cette l'glise pendant le sermon, catgorie ont l'impulsion blasphmer prononcer dans leurs prires le mot enfer au lieu du mot ciel, etc.,
assassiner leurs proches parents rien qu'en les voyant, pousser les passants dans l'eau quaud ils se trouvent au bord de l'eau, se suicider en
voyant des armes, commettre des crimes horribles par rptition imitatrice, etc. Trs souvent, chez certains malades qui ont l'obsession de se creuser la tte sur des questions religieuses ou mtaphysiques, ou trouve la crainte de la malpropret en mme temps une autre ide obsdante des empoisonnements qui les empche de toucher aux objets mtalou liques, aux vtements, etc. (folie du doute avec dlire du toucher). Comme cas d'un intrt particulier, citons Tagoraphobie^ (Westphalj,
:
dans laquelle certains individus, aussitt qu'ils doivent traverser une place ou une rue dserte, sont envahis par l'ide obsdante qu'ils sont incapables de le faire, ce qui les met dans une angoisse et dans une agitation nerveuse telles qu'ils deviennent rellement incapables de faire cette traverse, tandis qu'en se glissant le long des murs ou en tant accompao-ns de quelqu'un, ils arrivent accomplir leur dplacement. Jolly a trs justement mis en parallle ces tats d'agoraphobie avec l'incertitude psychique de certains nvropathes appels accomplir un acte devant les autres ou avec l'impoteutia psychica coeundi. Emminghaus (op. cit., p. 79; range ce phnomne parmi les tats d'ano-oisse, mais la peur n'est videmment qu'un processus de raction accessoire; la cause primitive est l'ide obsdante de l'impossibilit de l'acte et du danger qui s'y attacherait. Cette obsession est encore cause par un (Cordes consentiment de faiblesse musculaire permanente ou durable ou par le soul'agoraphobie coinme une parsie par puisement) sidre venir d'une terreur, d'un malheur, d'un chec, qui se sont produits ant-
rieurement dans des circonstances analogues. Dans ce dernier cas, la conscience d'une faiblesse musculaire ancienne qui se fait encore sentir dans le moment, les troubles de l'tat gnral contribuent aussi produire ce phnomne. Le sentiment de l'incapacit ou la reprsentation d'un malheur pass rendent effectivement l'individu incapable de faire l'effort et vont jusqu' le paralyser. La situation pnible dans laquelle se trouve le malade, produit de l'angoisse, ce qui accentue encore la douleur. Alors il y a des
troubles vaso-moteurs, de la pleur, une transpiration subite, des battements de cur, un abaissement du tonus musculaire allant jusqu'au fla-
'
Jolly, Ziemssen's
llandbuch,
p.
81
des tremblements, des vertiges, de vritables Chez les nvropathes il y a toute une srie de phnomnes analogues ceux de l'agoraphobie comp. Beard, La faiblesse nerveuse, p. 37 et 38), parmi lesquels les plus frquents sont la crainte de sortir seul par ide d'un danger menaant par exemple, attaque d'apoplexie) et du manque de secours, la crainte de monter dans une voiture ferme, d'aller dans le monde, de rougir par peur relle ou imaginaire, la crainte des endroits clos, comme les salles de thtres et de concerts, moins d'avoir un sige de coin, la peur des orages et des clairs, etc. Toutes les fois que des reprsentations obsdantes et des phnomnes d'angoisse se produisent, il s'agit d'un tat de faiblesse irritable dans le systme nerveux central, d'un phnomne partiel d'un tat de faiblesse crbrale fonctionnelle durable ou temporaire neurasthnie). Tel est aussi le cas pour ces ides obsdantes physiologiques trs bien connues qui se manifestent par une impulsion se prcipiter du haut d'une tour ou d'un rocher, de jeter en bas d'autres personnes, etc. Elles se produisent quand relatif d au surmenage intellectuel, une nuit il y a un puisement blanche, un manque de nourriture, etc., et elles disparaissent aprs un de mme, par ces repas, aprs l'ingurgitation de boissons alcooliques moyens, des agoraphobes et d'autres malades du mme genre redeviennent temporairement sains. Les reprsentations obsdantes des nvropathes et des psychopathes ont toujours pour base la neurasthnie. Souvent il s'agit d'individus constitutionnelleraent nvropathes par prdisposition hrditaire; mais il y a aussi des cas nombreux o la neurasthnie est acquise. Les excs sexuels, notamment l'onanisme, ont ici une grande porte de mme le surmenage intellectuel, surtout quand s'y ajoutent des motions morales, des maladies puisantes, la puerpralit. Cordes cite, d'aprs ses observations, les troubles gastriques de longue dure, l'obsit avec cur gras, comme des maladies qui contribuent pour beaucoup produire l'tat psychique que nous venons d'indiquer. Comme indications trs prcieuses ce sujet, nous devons rappeler que souvent la reprsentation obsdante se manifeste pour la premire fois pendant une phase d'agitation particulire (rgles, grossesse, lactation ou simultanment avec un excs affaiblissant, et que le traitement tonique
i
employ avec succs. Les reprsentations obsdantes sont des troubles lmentaires qui accompagnent ou une maladie psychique (mlancolie, paranoa) ou une nvrose;
ou bien
mnent
prsentent en masse, sont constantes et anomalies secondaires des sentiments et des actes, de sorte qu'elles reprsentent un vritable tat dlirant auquel on doit consacrer une tude part dans la pathologie spciale.
des
Observation
I.
Ides
et
ans, chapelier, a t
amen
impulsions obsdantes aprs dbauches. B..., vingt-trois le 2.'^ fvrier 1882 la clinique psychiatrique de Gralz,
comme
ayant prsent des troubles mentaux et manifest une grande horreur de l'eau
6
PSYCHIATRIE.
82
Il
Pas d'hrdit, pas de maladies graves, genre de vie rgulier. Depuis un an le malade s'est senti plus faible, se fatiguait facilement, avait souvent des maux de tte avant de s'endormir, parfois un soubresaut avec le sentiment d'un afflux de sang la tte. Il attribuait ces malaises son travail fatigant, surtout au travail auprs d'un feu de charbon. Le 20 fvrier, le malade quitta son service pour chercher une
meilleure position Gratz ou Vienne.
il
fuma avec
excs,
mangea
le
pour
rien
se rendre
En route
il
ne
mangea
non
plus,
pendant la mais il ne
malin il s'aperut que la vue de l'eau, des collines escarpes, du malaise et une sensation trange. Il fut tortur par l'ide de se jeter l'eau ou dans les ravines, quand le train y passait; il s'pouvanta cette ide et chercha faire diversion en causant ou en fumant. Il n'y russit point. De plus en plus, tout en ayant le sentiment d'un afflux de sang la tte, il fut saisi par un tat de vertige et d'angoisse. Il s'aperut qu'il perdait la facult d'exercer un contrle personnel sur ces ides absurdes et sur ces impulsions. Il jeta donc par la fentre du wagon son mouchoir et une lettre qu'on lui avait confie et, comme cela ne lui procurait aucun soulagement, il fut sur le point de lancer par la fentre sa valise et de se prcipiter aprs; les autres voyageurs Ten empchrent. Il descendit la station de Marbourg et chercha d'abord dans une pharmacie un remde contre son pnible tat; il alla ensuite dans un restaurant manger quelque chose, mais il ne se sentit pas mieux; il se rendit auprs du prsident de sa corporation pour qu'il le fit recevoir l'hpital. On le rassura. Il rentra de nouveau au restaurant et commanda manger et boire. Tout d'un coup il fut saisi d'une peur terrible, il lui semblait qu'il allait s'affaisser immdiatement. Il sortit sans savoir pourquoi, alla dans un caf, demanda de quoi crire afin de raconter son tat son frre et le mais il ne put pas tracer un seul mot. II avait le vertige, il lui prier de venir semblait que le banc sur lequel il tait assis se mettait vaciller. Il paya, sortit pour prendre l'air et pour chercher Thpital. En route il passa sur un pont. Alors il fut de nouveau assailli par l'ide de se prcipiter dans le fleuve. Comme il devait traverser le pont, il prit deux commissionnaires comme escorte, courut avec eux pour passer le plus vite possible et eut soin de ne pas regarder l'eau. Gomme il n'y avait pas de place libre l'hpital, il dut rentrer et il repassa le pont en prenant les mmes prcautions. Il alla au bureau de police et demanda protection contre lui-mme. On le mit dans une chambre obscure; l il fut en proie une angoisse terrible qui ne se calma que lorsqu'on lui eut donn un compagnon. Celui-ci raconta que le malade, en dormant la nuit, avait souvent des tressaillements de peur et des soubresauts. Le 23, au matin, le malade se sentit remis et assez rassur pour pouvoir continuer seul son voyage Gratz. Le voyage se passa sans accident, mais, bientt aprs son arrive, le malade fut de nouveau harcel par des ides obsdantes et dsagrables, accompagnes de vertige et d'un sentiment d'angoisse. L'ide de l'eau, des prcipices, des couteaux, en gnral des moyens de suicide, le faisait frissonner. A leur aspect il prouvait l'impulsion de s'en servir pour se tuer; il se mit trembler, perdre tout contrle sur lui-mme et, tortur par l'angoisse qu'il pouvait mettre fin ses jours, il se mit courir. Il lui semblait qu' ce moment
cessa de fumer. Vers
des ponts,
lui causait
quelqu'un
lui criait
A
ou
plusieurs reprises
la
le
doigt
langue.
il
Comme
n'tait plus sr
de lui-mme,
il
se
prsenta au bureau de
police d'o
fut
envoy l'hpilal.
83
et sa
l'air
Il
intelligent,
mais boulevers
il
est
un peu anmique
nutrition abaiss.
Aucun trouble
le
sensitif ni
tait gris.
Il
qu'une maladie de
il
le faisait tressaillir,
l^""
mais
il
se rassurait facilement
pneumonie croupale avec fivre trs vive. Les ides obsdantes ont disparu et ne reviennent pas non plus pendant la convalescence, de sorte que le 17 mars le malade sent qu'il a repris possesau
6
Du
mars
il
eut une
il
D.
Troubles
de la perceptio.n^
Une impression sensorielle, pour pouvoir entrer dans la conscience, doit voquer dans les centres de perception de l'corce crbrale la reprsentation du souvenir correspondant. Ce rsultat est favoris par un processus d'innervation dans l'organe psychique qu'on appelle l'attention. L'intensit
de ce processus d'excitation varie sans cesse et par suite la limite minima du pouvoir d'irritabilit est sans cesse dplace. L'attente d'une impression sensorielle favorise la perception, tandis que certaines impressions
sensorielles ne sont jamais transformes en perceptions parce
tion
que Tatten-
manque ou
a t dtourne.
alins est modifie de
la'
mme
sur les phnomnes intrieurs (mlancolie avec stupeur, extase), comme chez l'homme normal absorb compltement par un travail intellectuel;
de sorte que seule la chose qui tombe dans le champ visuel trs restreint de l'objet que l'individu se reprsente, peut tre remarque. Un fait analogue a lieu chez les somnambules qui ne voient que les choses ayant un rapport avec les images de leurs rves, et dans le somnambulisme hypnotique o les perceptions n'ont lieu que par suggestion. La perception peut devenir impossible par le manque d'excitabilit de l'organe de perception (tat d'puisement, stupeur) ou par la perte de cet organe et la perte conscutive des reprsentations de souvenir qui y sont mises en dpt
(ccit et surdit psychiques, imbcillit).
Une accentuation de
la capacit
pendant les motions d'attente des individus de perception malades ou normaux, puis dans les tats d'excitation psychique lgre (exaltation maniaque, hystrisme, tats fivreux,. Elle se manifeste non seulement par une plus grande facilit de la perception sensorielle, mais
se produit
Emminghaus
remar-
rthisme crbral
Emminghaus, Op.
cit., p. 108,
110.
84
nuellement occupe par des phnomnes sensoriels. Par suite de cette proccupation de la conscience dirige exclusivement d'un seul cot, la facult intracentrale de la pense et du jugement doit fatalement subir un drangement (distractioji comme phnomne contraire de la concentration).
E.
La reproduction des reprsentations peut acqurir une facilit anormale ou se faire avec une difficult anormale. La reproduction facilite (hypermnsie) se rencontre dans les tats d'exaltation (manie) comme phnomue partiel de la marche rapide des processus psychiques. Ordinairement les reprsentations reproduites sont, dans le cas d'hypermnsie, annotes par les sentiments avec une intensit
la nettet
Un fait surprenant dans ces tats d'exaltation, c'est la facilit et avec laquelle une grande quantit d'images et de reprsentations qui semblaient disparues pour jamais, sont voques dans la conscience. Les lacunes de la mmoire constituent des phnomnes bien plus importants (amnsie). L'amnsie est due une simple entrave, le plus souvent temporaire, dans la reproduction de la reprsentation qu'on a virtuellement
anormale.
reue, ou bien elle est cause par une absence relle et durable
de
la
premier cas, il n'y a qu'un simple trouble fonctionnel dans l'ormmoire. La reproduction devenue difficile ou temporairement impossible, est un phnomne partiel de l'arrt gnral des processus psychiques (mlancolie, crbrasthnie) ou d'un puisement plus ou moins profond de l'organe psychique (tats de fatigue ou d'puisement intellecon peut attribuer ce phnomne en partie la faiblesse des imprestuel)
Dans
le
gane de
la
sions extrieures, la notation dfectueuse des reprsentations, l'affaiblissement ou l'arrt des associations d'ides. Le malade se rend compte
de ce trouble
et
en est pniblement
affect.
La
durable dans le domaine intellectuel et elle est cause par une maladie destructive grave de l'organe psychique (dmence paralytique snile, etc. Dans ce cas, il y a amnsie dans la vraie acception du mot. Au dbut de ces processus destructifs il n'y a qu'une faiblesse de reproduction en ce qui concerne les vnements du pass peu lointain. Ribot dmontre par
empiriques comment cette faiblesse de reproduction s'tend successivement jusqu'aux faits du pass le plus recul, mesure que la maladie du cerveau progresse (amnsie progressive), comment finalement l'individu perd mme les impressions de son enfance et jusqu'au souvenir
les lois
de son ancienne personnalit. Dans les cas trs rares o la mmoire revient (certains cas de stupidit et folie traumatique), la reconstitution des souvenirs se fait reculons, sui1
85
vant l'ordre dans lequel ils ont disparu successivement, de sorte que ce sont les vnements du pass le moins loign qui reviennent le plus tard dans la mmoire. Dans les cas o le pass le plus rcent s'est effac de la mmoire, le malade vit dans le pass le plus recul. Cette lacune peut s'tendre des annes et mme des dizaines d'annes. L'amnsie peut tre pisodique ou temporaire, quand les vnements arrivs pendant une maladie ne peuvent tre reproduits ou ne peuvent l'tre que trs incompltement. Ce qui est probablement dcisif pour la facult de se souvenir des faits arrivs pendant une maladie, c'est l'intensit du trouble de la conscience qui a t caus parla maladie elle-mme; du moins il y a une
marche peu prs parallle entre le trouble de la mmoire et le trouble de la conscience. Ce paralllisme subsiste aussi entre le trouble de la conscience et l'acuit du processus morbide. Dans les tats de folie suraigus, le souvenir disparat absolument (tats
dlires toxiques, manie transitoire, raptus mlancolique, grand mal des pileptiques, motions pathologiques, etc.). Dans d'autres formes de la folie, l'absence de la mmoire n'existe
alcooliques pathologiques,
qu'au
somnambulisme, certains tats pilepque pendant l'tat les phnomnes du monde extrieur ne sont plus perus ou que du moins les impressions sensorielles sont rares et faibles, tandis que les excitations cendlire (extase,
trales et spontanes (par excitation
moment du
Dans
les tats
organique physiologique) sont trs vives. de folie aigu (mlancolie aigu, mauie, folie, stupeur, cer-
Dans les cas chroniques le souvenir de tous les faits et de tous les vnements est conserv et souvent avec des dtails pnibles. Il est des cas trs intressants o l'amnsie concernant la priode de la maladie, s'tend une partie du temps qui a prcd l'accs morbide et
qui appartenait eucore
la vie intellectuelle normale. rapporte un exemple trs curieux de cette amnsie destructive temporaire . Une jeune femme est prise d'une longue syncope pendant le puerperium. Quand elle eut repris ses sens, elle avait
Ribot
le souvenir de tout ce qui s'tait pass depuis son mariage, tandis qu'elle se rappelait trs bieu toute la priode de sa vie antrieure son mariage. Ce n'est que sur l'affirmation de ses parents qu'elle finit par croire qu'elle tait marie. Cette amnsie rtroactive est moins rare aprs les trauma capitis. Ribol
exemples
trs intressants.
quand on
nouvelle physiologie de
le
l'-
sige
par
elle.
Ribot, Op.
cil.,
m.
86
(lies
'
ou par des maladies localises en foyer. sont des exemples de ce genre de maladies. Un exemple bien classique d'amnsie visuelle se trouve cit dans le nouveau cours de Charcot, 1886, p. 146. Ces amnsies partielles se rencontrent souvent d'une faon temporaire et pisodique dans les psychoses hystriques et pileptiques, ensuite comme amnsies durables et progressives dans les premJres phases de
L'aphasie, la surdit et la ccit psychiques,
la
nergies de la
les
dmence paralytique et de la dmence snile. Evidemment mmoire qui taient mal doues ou peu exerces
premires.
celles des
se perdent
Comme
mmoire
qui consiste en ce que les reprsentations de l'imagination se prsentent la conscience comme des souvenirs ou que les images des souvenirs rels sont fausses et travesties.
Ce trouble de
la
paramnsieS ou travestissement des souvenirs, d'aprs Krapelin, ou illusions del mmoire, d'aprs Sully. D'aprs l'analogie des hallucinations, Sully distingue avec beaucoup de justesse
:
1 Illusions de la
mmoire,
c est--dire
jamais
assist.
Dans ce cas,
le
malade
dfauts de critique et ont pour cause la faiblesse du jugement ou la vivacit particulire de l'impression prsente qui veille une image attribue faussement un souvenir. Cette confusion d'une reprsentation vive et actuelle avec un souvenir se produit communment chez les paralytiques qui parlent de prtendues visites, racontent des aventures imaginaires, font des contes bleus sur des pisodes entiers de leur vie et surpassent souvent les rcits du fameux baron Crac (hallucinations de la mmoire,
pseudo-hallucinations).
On peut encore la rigueur classer dans cette catgorie le simple dfaut de critique qui consiste confondre les choses rves, lues, apprises ou apparues dans le dlire, avec les choses rellement vcues. Cette paramnsie analogue la confusion entre les rves et les ralits qui se produit souvent chez les enfants, peut se rencontrer au dbut de la dmence snile, dans les tats d'puisement neurasthnique, dans la dmence paralytique. Cette erreur est assez insignifiante, car son objet tombe bientt totalement dans l'oubli. Il se produit des phnomnes analogues plus frquents et plus importants chez les mlancoliques qui confondent les crimes dont ils ont entendu
parler ou dont
ils
commis eux-mmes,
1
ont lu les rcits avec des crimes qu'ils croient avoir et qui, suivant les circonstances, s'accusent eux-
Krapelin,
-J;c/i.
f.
Sully,
Buccola, Rivlsta di filosofia PsychUifrie, XVll, 11,3, XVIII, II, 2. Illusions. Bibliothque scientifique internat.
TROUBLES DES
1-0.\CTI0NS
87
mmes de
les
forfaits. Il en est de mme de la confusion faite par les fous et paranoques entre les images du dlire et les vnements vcus. Krapeliu fait remarquer avec raison que ces erreurs de la critique (faussement des souvenirs, Krapelin) diffrent des illusions de la mmoire, crations purement Imaginatives, par la constance de leur objet, tandis que la nature de ces dernires varie et change souvent en entendant un nouveau rcit. restreint du mot, c'est--dire i'' Illusions de la mmoire dans le sens plus Ce trouble a pour cause un images de souvenirs fausses et travesties. dfaut de fidlit dans la reproduction combine une vive imagination ou bien l'influence trompeuse et illusoire d'un tat d'esprit momentan. Le pass apparat alors avec les tons, les couleurs du prsent Sully Le dernier moment joue un rle dans les illusions de la mmoire des mlancoliques et des maniaques. La premire des conditions numres, le manque de fidlit dans la reproduction, se trouve remplie surtout dans les tats de faiblesse psychique, chez les paranoques et les hystriques. Ces malades ainsi que les personnes atteintes de folie morale prsentent ce caractre particulier, le manque de fidlit dans la reproduction par suite duquel ils prennent pour identiques deux reprsentations dont l'une n'a t que ressemblante l'autre sans lui tre identique. Par ce fait mme ces malades deviennent fatalement des menteurs (inconscients;; ils prsentent sous un jour dfigur les choses qu'ils ont vcues. Comme cas de paramnsie tout fait particulier et appartenant cette ou souvenir catgorie, il faut mentionner l'illusion du souvenir fauss par identification (Krapelin c'est--dire identification d'une situation prsente avec une autre qu'on croit avoir dj traverse une fois dans le pass. Cette illusion bien curieuse se rencontre plus souvent chez les sujets aux facults mentales normales, dans les tats de fatigue ou d'puisement lger, que chez les alins (Paranoa, tats de faiblesse psychique,
i,
Les neurasthniques aussi sont sujets conscience reste intacte, un sentiment pnible d'incertitude se joint Fillusion. La faiblesse des impressions du prsent, en mme temps que la ressemblance de ces dernires avec une situation antrieure, semble tre la base de cette illusion. Cependant il se peut
Quand
la
pleur de l'image du souvenir qui exerce son influence dans ce cas, comme lorsque l'on confond deux personnes diffrentes.
aussi
que ce
soit la
F.
Comme dans les cas de troubles de la mmoire, d'imagination accentue et d'imagination affaiblie
'
ici
aussi
il
y a des tats
et
mme
anantie.
Dans
Krapelin, Arch.
f.
Psych.,X\'lU, fasc.
2, p.
documenls.
Kniininghaus, Psychopatholofj.,
p. 133, 176.
88
d'activit Imaginative accentue concident en gnral avec des tats d'excitation psychique et avec une plus grande facilit de l'association. La vivacit des reprsentations et l'augmentation de leur
intensit, cause souvent par leur origine physiologique, favorisent le travail
de l'imagination. Les crations de cette dernire frisent alors la fronsouvent ces reprsentations particulirement vives, que l'alin a en commun avec l'enfant et avec l'artiste, sont prises pour des hallucinations. L'activit de l'imagination est surtout trs augmente dans les tats d'excitation des paralytiques, dans certains tats pileptodes et dans la
notamment dans sa forme primitive. Les productions Imaginatives et plastiques de ces malades ne laissent rien dsirer en ce qui concerne l'essor de l'imagination, bien qu'elles
paranoa,
beaucoup dsirer en ce qui concerne la valeur esthtique et l'enchanement logique elles surpassent parfois l'imagination la plus hardie du pote. La perte de l'imagination, et plus encore le caractre baroque et monstrueux des crations, est un symptme de faiblesse psychique chez les artistes fous, c'est un ractif dlicat qui se montre au dbut de la dcadence psychique (disparition des sentimeuts esthtiques).
laissent
;
[I.
Troubles dans
la
(ides dlirantes)'
Parmi
de
les
phnomnes
les
il
y^
>v
la reprsentation par suite d'une maladie crbrale. L'opinion des profanes que le signe caractristique et manifeste de la folie est l'existence des ides dlirantes, est d'ailleurs absolument fausse. Au lieu d'ides dlirantes la maladie peut prsenter simplement des troubles dans le mode de formation des reprsentations ou des symptmes
La preuve de l'existence d'une ide dlirante comme symptme d'une maladie mentale est de la plus grande importance. Du fait qu'un individu manifeste une ide errone, on ne peut cependant pas en conclure que cet individu soit fou. L'homme sain d'esprit peut aussi faire des erreurs pouvantables et dpasser sur ce sujet mme le fou.
Krauss, Allgem. Zeitschr. f. Ps;/ch.. Malad. ment., p. 351. Flemming, Ibicl., 28, 30 (zur Genesis der Wa/insinnsdelirten). Emmiiighaus, Op. cit., p. '202. Schle, Hb., Hagen, Sludlen, 1874 (chap. F/.re Weew). Mendel., dans la Realencyclop. d'Eulenburg, Art. Del'irium. Spcialement sur les p. 69. Snell, Allgem. Zeitsch. dlires primordiaux, voir Griesinger, Arch. f. Psych., I, p. 148. - Sander, Arch. f. Psych., 1. Westplial, Allgem. Zeitschr f. Psych., f. Psych., 22. Sur la monomanie de la grandeur Tigres, Allgem. Zeitschr. f. Psych., 20. p. 34. Taguet, Annal, Falret, La folie paralytique, 14. Meschede, Wirchov/s Arch., 34. md. psych., 1873, janv. 1874, mai. Sur la monomanie de la perscution: Zenker. Legrand du SauUe, Le dlire des perscut., Paris, 1870. Irrenfreund, 1874, 2.
1
Ouvrages
Falret,
89
Par contre, l'illusion d'un alin ne contient pas forcment une ide objectivement impossible (croyaoce l'infidlit conjugale, au danger d'un empoisonnement); elle peut mme, prise objectivement, tre trs juste et pourtant avoir le caractre et la valeur d'une ide dlirante. Tel est le cas lorsque, par exemple, l'ide conue par un mlancolique hypocondriaque (syphilitique, je suppose) qu'il est malade, ne se base pas sur un fait de diagnostic obtenu par des connaissances mdicales, mais qu'elle est un essai d'explication donn par un individu dont l'esprit est troubl et qui, pour motiver ses sensations morbides, aurait aussi bien pu dsigner au hasard une autre maladie dont il ne souffre pas du tout. Pour constater l'existence d'une ide dlirante comme le veut la science psychiatrique, la nature de l'ide n'est pas dcisive, d'autant moins que mme la teneur la plus moustrueuse ne garantit point que l'individu soit convaincu de son opinion; car il peut s'agir aussi d'uu cas de simulation. Mme le fait qu'un individu agit dans le sens de son ide dlirante, ne peut donner aucune garantie. Ce n'est pas la nature de l'ide dlirante qui dtermine le caractre du symptme, mais c'est plutt son mode d'origine, puis son interprtation et son attitude en prsence de la conscience passe et prsente de
l'individu.
guer
l'ide dlirante
homme
sain d'esprit.
:
donc elle a une pathognie; c'est un phnomne partiel d'un tat gnral morbide donc elle est en connexit tiologique et clinique avec d'autres symptmes (motion, tats d'esprit morbides, sensations). Par contre l'erreur d'un individu normal provient d'une faute commise dans une conclusion logique et d'une prmisse fausse rsultant de l'ignorance, du manque d'attention ou
1 L'ide dlirante est le
etc.).
Prcisment parce que l'ide dlirante du fou est le symptme d'une maladie crbrale, ni la logique ni le raisonnement ne peuvent rien faire contre elle. L'ide dlirante reste debout et cesse avec la maladie qui l'a cause. Il est aussi impossible de dtruire par la discussion l'illusion d'un malade qu'il est impossible de gurir sa maladie par des discours. L'homme normal au contraire se convaincra de son erreur et en reviendra aussitt qu'on lui en aura prouv l'absurdit. 3 En tant que l'ide dlirante du malade a pour condition un trouble profond de ses fonctions intellectuelles, on comprend que cette ide peut se trouver en contradiction manifeste et clatante avec son Moi d'autrefois, de mme qu'avec son ancienne manire de raisonner et de profiter des expriences (un magicien qui croit pouvoir voler en l'air, un mathmaticien qui croit avoir trouv la quadrature du cercle, un chimiste prtendant avoir trouv le secret de faire de l'or). L'erreur d'un homme normal est explicable par ses anciennes manires de voir, son degr
d'instruction;
4" L'ide
du moins
il
n'existe
aucune contradiction.
90
LA.
FOLIE
un rapport intime avec ses intrts; l'illusion de l'homme normal apparat erreur purement objective. Tous les deux peuvent croire l'existence des sorcires, par exemple mais celui-ci n'y croit que par superstition, par troitesse d'esprit; tandis que celui-l y croit parce qu'il les voit, qu'il les sent et qu'il se croit menac par elles. Cela explique la raction difrente que l'illusion produit dans l'un et dans l'autre cas chez Thomme normal l'erreur n'aura pas une influence particulire sur sa manire d'agir; chez l'alin, tant que l'tat d'imbcillit ne se sera pas encore produit, l'illusion pourra amener les plus violentes
comme une
le
cas d'appliquer le
mot
Comment
mmes que
dans
la vie
Nous acqurons de nouvelles ides justes 1 en tirant des jugements et des conclusions de prmisses donnes, pourvu que les deux oprations
s'accomplissent d'une manire impeccable (combinaison et idation); S'^par
des perceptions nouvelles et justes des sens (voie perceptive). Par cons-
1 ou par la formation d'un faux juged'une fausse conclusion, respectivement de fausses prmisses (voie idatoire), ou 2 par de fausses perceptions (voie hallucinatoire). Selon l'origine idatoire ou hallucinatoire des ides dlirantes on peut
:
ment
et
et
amne
3
des conclusions fausses Confusion des choses rves, lues, etc., avec les choses vcues. Les cas des deux premiers groupes peuvent tre dsigns comme des dlires de jugements, ceux du 3*^ groupe comme des dlires de mmoire. Le deuxime mode d'origine dans la formation organique de l'illusion dans le domaine de l'inconscient peut tre central ou rflexe. Dans le premier cas, le dlire apparat comme le produit direct d'un trouble des processus de nutrition dans l'corce crbrale (fivre, intoxication, inanition); dans le deuxime cas, le dlire est produit indirectement par voie rflexe et par la transmission de l'excitation d'un organe priphrique. A ce sujet les troubles fonctionnels ou organiques de l'appareil
;
91
hypocondriaques) et de l'appareil gnital (dlires importance particulire. Ce qui est d'une grande erotiques) sont d'une Importance clinique, c'est le contraste qui existe entre les troubles dans la nature des reprsentations produites par une fausse motivation ou une fausse explication, donc non pas par combinaison et idation, dans la sphre de la conscience, et les troubles provenant d'une cause organique, rveills inconsciemment et transmis inconsciemment la conscience. Il faudrait recommander de se servir ce sujet de termes diffrents et de
dsigner les premiers
dlires.
et les
seconds
comme
des
mode
Les premiers se distinguent encore des derniers par le fait que leur d'origine psychologique est vident, qu'on peut remonter leur
qu'ils
gense,
correspondent l'tat d'esprit de l'individu, qu'ils se conforment la marche de l'association des ides, qu'ils deviennent un lment logique de la reprsentation et mnent des associations systmatiques d'ides dlirantes.
Les derniers (dlires) ne sont nullement conformes la manire de sentir et de concevoir habituelle; ils y sont mme opposs, suivant les circonstances. Ils ne satisfont pas au point de vue logique le malade au contraire, il lui causent de la surprise et de la stupfaction, font sur lui plutt une impression pnible, inquitante, semblable celle produite par les ides obsdantes. Au dbut, le malade ne sait pas quel
;
prendre avec ces intrus ce n'est que plus tard qu'il se les assimile et se les explique laborieusement, aprs qu'ils se sont imposs sa manire de penser et de sentir. Au dbut ils exercent un effet dprimant et non point un effet d'allgement. Une question intressante, c'est de savoir par quoi la nature des ides dliparti
;
qu'il
en ce qui concerne sa nature, se rgle sur la cause morale spciale qui a caus l'explosion de la folie, est errone car ce n'est que dans des cas rares que les vnements accablants qui ont prcd la maladie ou qui en ont t la cause, persistent pendant la maladie et continuent se manifester tant que leur souvenir ne s'est pas encore effac, ou bien quand ils sont constamment reproduits sous l'influence d'un lment physique tel, par exemple, qu'une nvralgie produite brusquement et associe avec une reprsentation tiologique importante. Ordinairement ils n'apparaissent pas dans la conscience morbide, puisqu'ils ne
L'avis des profanes
que
le dlire,
forment qu'un anneau dans la chane des lments tiologiques ou qu'ils n'apprennent rien au point de vue pathognique. Ce qui est important, c'est la maladie crbrale. Celle-ci amne un changement dans l'tat et dans la nature de la conscience, dtermine par son caractre particulier
la
La nature spciale des ides dlirantes parat dpendre 1 De la nature du processus morbide dans l'corce crbrale. Il est surprenant, et c'est avec raison que Griesiuger a particulirement insist sur
92
ce fait,
malades de peuples
et
d'poques
les
plus diff-
mmes
ides dlirantes
typiques c'est croire que tous ces malades ont lu le mme roman ou qu'ils ont t contagionns l'un par l'autre. Ce fait est particulirement vrai
pour les dlires primitifs et dnus de toute base hallucinatoire ou motive, tels que, par exemple, la paranoa (produisant du dlire de perscution ou des grandeurs], la dmence paralytique (produisant du dlire des grandeurs
primitif) la
lisme chronique
snile (se manifestant comme dlire nihiliste) l'alcoomanifestant par jalousie dlirante). C'est sans doute particularit du processus morbide qu'il faut chercher la raison
dmence
(se
les dlires
ont
le
mme
caractre.
primordiaux
, et
il
les
compare aux
des accs
comme aura on sait que, dans ce dernier cas, l'excitation centrale ne produit que trs peu de couleurs (rouge surtout) qui reviennent toujours les mmes chez tous les malades sujets l'aura, alors qu'il pourrait se produire un si grand nombre de tons des plus varis. Les dlires typiques dans le delirium tremens,dans l'ivresse par l'opium et dans quelques autres autres intoxications, semblent videmment causs eux aussi par des excitations spcifiques. En prsence de ces faits, on peut trs lgitimement poser la question de savoir si dans les processus des psychoses il y a des dlires typiques dont
dlires des couleurs qui se produisent chez les pileptiques
;
la
valeur diagnostique serait alors trs prcieuse. Cette question mrite un l'tat actuel de la science, nous pouvons citer des dlires et des combinaisons de dlires qui ont une valeur diagnostique
pour
le spcialiste
l'existence
moins d'un
les
micromaniaques
hypothses d'une psychose organique grave (dmence paralytique, snile), ou du moins d'une psychose du cerveau. Il faut aussi noter les monomanies typiques et romanesques de la perscution et des grandeurs runies dans la forme originaire de la paranoa (forme de Sanders) le dlire de la perscution physique dans la paranoa tardive sur base neurasthnique, notamment dans les cas produits par la neurasthnie sexuelle et quand ce dlire est accompagn d'hallucinations olfactives les hallucinations auditives de nature obscne ou perscutrice dans le cas de folie alcoolique le dlire de la perscution, religieux et expausif, chez certains pileptiques avec titres de dieux et dlire des grandeurs (Samt) les reprsentations obsdantes typiques de la folie du doute avec dlire du toucher, etc. 2 La nature spciale de la fausse reprsentation dpend de l'tat d'esprit et des tendances qui prvalent chez l'individu. Tel est surtout le cas pour toutes les ides dlirantes qui se sont produites par syllogisme ou par formation d'un jugement (essais d'explications errons d'tats mor;
0:t
dans la conscience pathologiquement altre). 3'' Le degr d'instruction, le milieu et le genre d'occupations du malade sont souvent dcisifs. Cela s'explique par le fait que la reprsentation morbide est alimente par la vie intellectuelle antrieure et que, en mme temps, l'activit de l'imagination, dans ses crations fantastiques, est sans bornes. Cette dpendance de l'ancien tat intellectuel se fait sentir bien nettement dans les dlires des paralytiques. Les opinions politiques et sociales des diffrents peuples et des diffrentes poques se refltent aussi dans les dlires des malades. Le dlire de perscution par le diable du moyen ge est aujourd'hui en grande partie remplac par le dlire de perscution par la police, par les
francs-maons, les jsuites, etc. 4 Enfin les troubles fonctionnels des organes extracphalique sont importants, qu'ils soient la cause ou les accessoires de la psychose. Ces troubles peuvent causer des dlires de deux faons a). Par une excitation organique directe de l'organe psychique dans le sens des dlires primordiaux qui ne parviennent pas la conscience
:
du malade (dlires erotiques, hypocondriaques) !). Le malade donne par la rflexion et en essayant de trouver une explication, une interprtation fausse, allgorique et imaginaire des
;
sensations qu'il prouve et qui sont causes par des maladies extracphaliques.
Ce dernier mode d'origine est trs important au point de vue prail nous amne poser la question de savoir quelle valeur clinique pourrait avoir la nature spciale des dlires et des ides dlirantes. L encore l'opinion des profanes diffre totalement de celle de la
tique et
science.
Le profane ne s'en
tient
que trop
la
peu ou pas du tout que le malade se croie Jules Csar, ou Napolon, ou Bismarck, ou le Messie, ou mme le Pre ternel. Au point de vue clinique, l'ide dlirante d'un malade a cependant une importance 1'^ Cette ide, pour subsister, a besoin d'un trouble profond de la raison, de la critique, du jugement, ou d'une atteinte grave de la conscience; par consquent elle constitue un symptme indiquant Lexistence d'une de
:
ces dfectuosits.
"2"
Elle indique
la
gravit
d'un
processus
dlires
mme des indications pathologiques spciales pour le diagnostic clinique spcial. 3 La nature d'une ide dlirante peut tre un symptme local de processus fonctionnels et organiques anormaux qui ont lieu dans les organes extracphaliques et qui sont importants au point de vue tiologique, diagnostique et thrapeuthique; soit que l'ide dlirante se mauimicromaniaques,
nihiliste) et elle contient
94
feste
comme
dlire primordial
ou
comme une
ont pntr dans la conscience. C'est la tche de la clinique de trouver ce noyau sous l'enveloppe de l'allgorie et de l'en dtacher. Les ides dlirantes des alins ne sont pas
cas pour les images des rves de
toujours des chimres sans signification; ce n'est pas non plus toujours l'homme qui dort.
le
De mme que, chez ce dernier, l'ide fantastique qu'on l'trangle par exemple peut se baser sur un commencement d'angine, l'ide d'un coup de lance sur une pleursie ou une pleurodynie de mme nous trouvons souvent chez l'alin comme noyau d'une ide dlirante des faits somatiques
;
et
Ainsi l'ide dlirante qu'on a perdu certaines parties du corps peut provenir de l'anesthsie de ces parties; l'ide qu'on est tortur par des tres
invisibles peut tre base sur des sensations paralgiques; l'ide qu'on a des
tre
due un ulcre
rond; l'ide qu'on est en tat de grossesse peut provenir d'une colique utrine. Ces dlires du jugement sont l'ordre du jour dans les maladies qui se dveloppent sur une base neurasthnique, hypocondriaque, hystrique.
peut encore tre importante comme signe d'un danger malade et son entourage, comme manifestation de passions qui le malade et comme motif d'tats desprit, d'motions, d'impulsions et d'actes qui autrement seraient inexplicables. 5 Enfin l'chafaudage particulier de l'ide dlirante est une chelle qui sert mesurer le niveau intellectuel du malade quand il tait en bonne
4 L'ide dlirante
le
menaant dominent
sant.
On peut
1
a).
citer
comme
:
Le
dlire dgressif'
il est motiv par un changement de condition survenu par sa propre faute, il y a de la micromanie mlancolique (crainte du pch, des crimes, dmonomanie.zoanthropie, dlire nihiliste et dlire des ngations). ^). Quand il est provoqu par un changement de condition d la faute d'autrui, ou du moins non sa propre faute, il se produit du dlire des perscutions, comme dans la paranoa et dans la folie. y). Dlire hypocondriaque (et micromaniaque). 2o Le dlire expansif (dlire des grandeurs) comme motivation ou comme essai d'explication d'tats d'esprit expansifs (manie) ou comme dlire primordial (dans les processus crbraux organiques graves, surtout dans la
Quand
la folie et la paranoa).
Le
dlire de perception
de
la perception.
faut ranger dans cette catgorie le dlire mtabolique (Mendel), dans lequel l'individu croit s'tre transform d'une faon gnrale, ide dlirante qui provient de l'inexactitude des images de souvenir et d'une
Il
nouvelle
notation
des perceptions,
des
illusions
ensuite
le
dlire
9o
palingnostique (Mendel), bas sur des erreurs de souvenir, compliques d'une fausse critique. Ces dlires de perception se rencontrent dans la paranoa, la paralysie, la mlancolie et la manie.
tuelle est puissante et trs importante.
L'influence des ides dlirantes sur les autres sphres de la vie intellecLa raction produite par l'ide dli-
mme que celle qui se produirait si cette ide tait une ralit de la vie normale. La connaissance de la personnalit prmorbide, de son temprament et de son caractre, est donc d'une grande valeur pour prsumer si un malade pourra ragir contre son ide dlirante est peu prs la
rante et de quelle faon. Etablir cette supposition, est chose d'une grande importance pratique. Gela se voit d'ailleurs bien nettement dans la para-
En gnral, on doit s'attendre de la part du malade des actes dans le sens de l'ide dlirante, tant que cette ide est encore nouvelle et provoque par des motions et des hallucinations. Les tats d'esprit morbides et les motions (surtout celles de l'angoisse) peuvent devenir trs puissants. La dmonstration que ces tats d'esprit et ces motions sont des phnomnes de raction produits par l'ide dlirante et non par des anomalies primitives ou des anomalies qui amnent la formation de l'ide dlirante, est trs importante pour le diagnostic diffrentiel.
important de bien distinguer entre le premier cas, il y a craindre que des sphres de reprsentations encore normales soient fausses ou du moins annihiles. Comme l'illusion a, au point de vue psychologique, la mme valeur fonctionnelle que la reprsentation juste, il est naturel qu'elle amne des associations, produise des sentiments et des dsirs, influence l'ancienne personnalit dans ses sentiments, ses conceptions et ses tendances. Cette influence peut aller jusqu' annihiler et mme jusqu' transformer l'ancienne personnalit. Rien ne fait mieux ressortir la terrible puissance psychologique de l'illusion, que ce fait qu'elle peut changer la masse des conceptions les plus solidement associes et, historiquement, les mieux tablies dans la conscience d'un individu. L'illusion qui s'est forme par explication et par combinaison, est fixe. Celle qui a t provoque par des hallucinations,
il
Au
est trs
Dans
phnomnes hallucinatoires persistent. ramene aux facteurs de son origine (changement d'tat de la conscience, sensations morbides). En gnral,
peut devenir
fixe, si les
elle
et
l'ensemble de
la
une
satisfac-
un soulagement psychologique. L'illusion passagre de l'illusion fixe qui, la plupart du temps, s'est forme par
pas forcment tre conforme
l'tat
peut
mme
aux autres conceptions de l'individu. Par un retour continuel (frquemment dans le dlire primordial), elle peut
tre tout fait trangre
96
Mais
l'illusion fixe,
la
consl'est
toujours dans
cerveau d'un homme normal. Elle peut devenir temporairement latente, elle peut mme se rectifier dans la priode qui existe entre la rmission et l'intermission. Cet tat ne doit pas tre confondu
le
le malade cache dessein son illusion (dissimulation). La dissimulation n'est possible que quand il y a encore une certaine lucidit de la conscience qui fait reconnatre au malade le caractre choquant et bizarre de son illusion. Il s'agit toujours alors d'une folie systmatique rentrant dans le cadre de la mlancolie et de la paranoa. C'est une supposition absolument fausse que de croire qu'un individu peut rester sain d'esprit en ayant une seule ide fixe. Cette supposition se base sur la confusion qu'on fait souvent entre une ide dlirante et les tics et les bizarreries qui sont encore dans la sphre physiologique (les ides fixes proprement dites, selon le langage des profanes ^ ou avec les
avec celui o
reprsentations obsdantes.
et
d'une irresponsabilit
Ainsi qu'il
une thorie fausse et dangereuse. ressort clairement de ce que nous avons prcdemment
un trouble grave de
la vie
l:i
conscience, de la raison et
Si
du jugement.
seule ide fixe tait rellement sain, la recon-
naissance de l'erreur et sa rectification devraient se faire immdiatement. La persistance de Tillusion malgr la bonne sant, prouve que la sant n'est qu'apparente et que l'individu est beaucoup plus malade qu'on ne le
suppose.
absolument indiffrent pour juger eu gnral d'un une seule ide fixe ou qu'il yen ait plusieurs; une seule suffit. Ce qui frappe le plus les profanes, c'est que dans l'ide fixe il y a de la logique et de la mthode, que les malades savent souvent dfendre, d'une manire trs ingnieuse, leurs ides dlirantes contre les
Voil pourquoi
il
est
dans le mcanisme de la pense, n'a rien de surprenant, quand on songe que l'exercice et l'habitude ont moul le mcanisme de la pense dans certaines formes logiques. Cette facult ne se perd que dans les tats terminaux de la faiblesse mentale, et c'est alors un symptme trs avanc de
l'branlement de l'organe psychique.
CHAPITRE IV
TROUBLES DANS LA SPHRE MOTRICE DE LA VIE PSYCHIQUE
(INSTINCT ET VOLONT)
I.
Troubles de l'instinct.
il y a uu instinct de la conservation et un morbide ne cre pas de nouveaux instincts, comme on l'avait suppos autrefois par erreur (instinct de l'assassinat, du vol, de l'incendie). Elle ne peut que diminuer les instincts naturels, ou les accentuer, ou les amener des manifestations perverses.
Dans
la vie physiologique,
.4.
le nerf vague et non pas sympathique (plexus cliaque qui transmet le sentiment gnral de la faim au sensorium. Le fait que mme des matires indigestes peuvent apaiser le sentiment de la faim, prouve que ce sentiment est localis dans
le
les
si
la
paroi stomacale.
On ne
sait
pas encore
noyaux des nerfs vagues qui transmettent cette sensation, ou si c'est rcorce crbrale. Ferrier suppose que les lobes occipitaux sont le sige des sensations gnrales, et Voit admet comme probable qu'une rgion de l'corce est le sige du sentiment de la soif.
ce sont les
1 L'accentuation de l'instinct de la nutrition (hyperore.rie) est
souvent obser-
ve pisodiquement ou d'une faon constante chez les hystriques, les neurasthniques, les hypocondriaques, de sorte que, peu de temps aprs leur repas,
ils
laises violents et
prouvent de nouveau un vif sentiment de la faim, accompagn de made sentiments de dplaisir gnral, besoin qui exige imprieusement d'tre satisfait et qu'on apaise immdiatement eu ingrant des quantits trs petites de nourriture (fringale morbide, boulimie). Siller attribue ce phnomne l'hyperesthsie des nerfs de la faim Rosenthal l'explique par l'hyperesthsie des centres gastriques du nerf vague. Il faut
;
70,
71.
Siller,
yeroOse Mafjenkrankhe'Uen,
186,
98
distinguer de ce
pliagie),
phnomne
le
l'absence
du sentiment de
la satit (poly-
rencontre souvent pisodiquement chez les imbciles, dans la dmence paralytique. Ce phnomne ne suppose ni un sentiment de la faim, ni un besoin frquent de nourriture. Seulement le malade, quand il se met manger, n'en a jamais assez. Rosenthal suppose, pour
comme on
expliquer ce
fait,
cette polyphagie
priphriques
dilatation).
une anesthsie des centres du nerf vague. Parfois aussi, peut tre cause par l'anesthsie des nerfs gastriques la suite d'un catarrhe chronique de l'estomac ou d'une
Ce dsir croissant d'ingrer des aliments peut tre aussi l'expression de du mlancolique, ou d'un dsir maniaque, ou bien il peut tre motiv par des ides dlirantes. Le malade a, par exemple, l'ide fixe qu'il a plusieurs enfants dans le ventre, qu'il est afflig d'un ver solitaire ou qu'il est un tre ddoubl, etc. La voracit qu'on observe dans la convalescence des psychoses graves, surtout des manies, est un phnomne physiologique, de mme que l'apptit dvorant qu'on observe dans la convalescence d'autres maladies graves; elle s'explique quand on tient compte de la perte de poids, de la consomption norme qui s'est faite pendant la maladie et laquelle il faut une compensation. Un phnomne qu'on pourrait encore classer dans cette catgorie, c'est le besoin trs vif qu'prouvent beaucoup de malades pour les articles de consommation dits de plaisir, tels que l'alcool, le tabac fumer et le tabac priser. Ce sont surtout dans les tats de surexcitation et dans les manies que l'on observe ce fait. Un sentiment d'puisement et aussi le plaisir trs vif qu'on prouve cette consommation sont probablement les causes de cette tendance. L'impulsion faire des abus d'alcool se rencontre frquemment, surtout dans les tats d'excitation maniaque avec base paralytique et snile, puis dans les manies priodiques. Dans les tats d'puisement physique, de mme que dans la dpression psychique, on cherche souvent un soulagement et un renouveau dans l'alcool qu'on suppose capable de dissiper les proccupations. Alors, avec cette base organique le malade peut arriver l'alcoolisme chronique. Tel est souvent le cas dans la mnopause. Des gens de constitution nvropathique, en voulant remdier leur faiblesse irritable, sont souvent aussi pousss l'abus de l'alcool et au morphinisme. 2 La diminution de l instinct de nutrition {anorexie), chez certains mlancoliques, chez les hypocondriaques, les hystriques, est base sur une hyperesthsie des nerfs gastriques qui fait qu'une petite quantit d'aliments cause tout de suite la sensation dsagrable de la satit, comme si
l'ennui
Plus souvent
l'apptit,
91)
les
intestins pourris;
ou bien
il
s'agit d'iiallu-
font croire
que
les
un grand
intrt.
telles
faut citer
comme
la
morceaux de chaux,
du sable, du sel, etc.), la prfrence des hystriques pour les matires d'un got et d'une odeur dsagrables (asa ftida, valriane, etc.), les envies de la grossesse qui peuvent produire les aberrations du got les plus tranges fjus de tabac, terre, paille, etc.). Pareillement on rencontre parfois chez les hypocondriaques', surtout quand la folie s'est dveloppe sur une base onaniste et dgnrative, une vritable avidit manger des choses rpugnantes, une vritable impulsion au rpugnant (araignes, crapauds, vers, sang humain, etc.). La cause semble parfois consister en ce que les malades attribuent aux objets dgotants une vertu curative. C'est sur cette base aussi que se
manifestent parfois les dsirs d'individus sains, mais superstitieux, d'avoir du sang d'excuts, d'enfants innocents, de vierges, etc., matires auxquelles la lgende populaire attribue une vertu curative (par exemple
l'pilepsie, la syphilis).
Un phnomne bien antiesthtique qu'on rencontre chez les alins est l'impulsion manger leurs propres excrments- (scatophagie coprophagie). Il s'observe chez les fous furieux, les mlancoliques, les idiots, et
,
suppose bien entendu un trouble profond de la conscience et une perverdu sens du got. Ces phnomnes de perversion de Tinstinct qui prsente comme dsirables des choses qui physiologiquement provoquent le dgot et sont mme abhorres en pense, indiquent plus ou moins une dgnrescence des lments nerveux les plus finement organiss.
sion
B.
Ce sont des troubles lmentaires trs importants, puisque c'est la nature des sentiments gnsiques qui en grande partie dtermine le caractre, la nature de la personnalit intellectuelle et particulirement ses sentiments thiques, esthtiques, ses tendances sociales. En outre les anomalies de la vie sexuelle mnent souvent des aberrations sexuelles qui peuvent devenir des causes importantes de folie. On constate des anomalies de l'instinct sexuel 1 quand cet instinct est
:
affaibli
est
au point de faire dfaut compltement (anesthsie) l" quand il accentu d'une manire anormale (hyperesthsie) 3 quand il se mani;
'
L.
Meyer, Arc/i.
/'.
l'sych.,
IL
1.
par Emile
100
satisfaction
quand
l'ins-
giques des organes gnitaux -paradoxie). 1 Anesthsie sexuelle. Toutes les impulsions organiques venant des organes gnitaux, de mme que toutes les reprsentations et impressions
au point de vue sexuel. Ce phnomne est physiologique dans l'enfance et dans la vieillesse. Pathologiquement elle se rencontre comme une anomalie congnitale ou acquise. Il y a des individus chez lesquels toute excitation sexuelle manque et a toujours fait dfaut, quoique les organes gnitaux soient dvelopps et fonctionnent d'une manire normale. Ces tres sont trs rares. Leur absence de fonction sexuelle est un phnomne de dgnrescence, de mme que toutes les anomalies congnitales de la vie sexuelle. Plus frquemment l'anesthsie sexuelle est une anomalie acquise organiquement par la dgnrescence des voies conductrices et du centre gnito-spinal (maladies de la moelle pinire) ou de l'corce crbrale (maladie diffuse au stade de l'atrophie;; fonctionnellement par les excs sexuels, par l'alcoolisme, l'hystrie, la mlancolie et l'hyposensitives, laissent l'individu impassible
:
condrie.
2 Hyperesthsie sexuelle.
Ici, il y a une tendance anormalement vive tendance provoque par des excitations organiques psychiques et sensorielles. Les transitions vers les tats physiologiques ne sont gure perceptibles et la ligue de dmarcation entre les deux tats n'est pas nette. On peut dsigner comme rellement morbide le rveil immdiat du dsir aprs qu'on vient de le satisfaire, rveil qui occupe toute l'attention de l'individu; il en est de mme du rveil du libido l'aspect de personnes ou de choses qui, au point de vue sexuel, sont abso-
la vie
sexuelle,
lument indiffrentes Emminghaus Dans ce cas, des sensations olfactives qui, non pas chez l'homme normal mais chez l'animal, ont une influence sur la vie sexuelle, peuvent avoir pour effet d'exciter sexuellement. Il est rare que le libido excessif soit provoqu par la voie priphrique, comme par exemple par le prurit, par l'eczma des parties gnitales. Dans la
.
et
dtail
ajouter,
c'est
^
un
hys-
phnomne
trisme, tats d'exaltation psychique; ou des maladies organiques du cerveau (dmence paralytique, snile). Mais il se peut que, dans ces cas, l'instinct gnital ne soit accru qu'en apparence et qu'il disparaisse aussitt que toutes les entraves de la vie intellectuelle normale disparaissent.
Quand des
exacte.
c'est
plutt la premire
de ces
On
nomm
satyriasis
chez l'homme)
nymphomanie
le
('chez la
femmej morbide
le
tableau de la maladie.
un
tat d hyperesthsie
101
de la sphre
sexuelle.
L'imagination
ne
prsente
que des images sexuelles, au point de provoquer des hallucinations et mme de vritables dlires hallucinatoires. Tout voque les rapports
sexuels; l'impression voluptueuse et agrable des reprsentations et des perceptions est trs accentue. Toutes les penses, tous les sentiments, toutes les tendances sont sous l'empire de cette puissante agitation psycho-
les
L'homme atteint de satyriasis recherche le cot tout prix; faute de mieux, il fait de l'onanisme ou des actes de sodomie. La femme nymphomane cherche attirer les hommes par exhibition ou par des gestes dnonant son ardent dsir; elle est, l'aspect des hommes, prise d'une vive motion qu'elle apaise par l'imitation du cot ou par la masturbation. Le satyriasis est rare la nymphomanie est plus frquente et se rencontre parfois la mnopause et mme dans la vieillesse. L'abstinence, quand il y a en mme temps un grand libido et que ce dernier est sans cesse excit, peut produire ces tats, mais probablement seulement chez les individus tars. Ces phnomnes se rencontrent aussi sous une forme chronique et attnue et mnent chez les hommes aux plus grandes perversits sexuelles,
;
chez les femmes la prostitution. L"hyperesthsie sexuelle ne se manifeste pas toujours sous une forme qui vise directement la satisfaction de l'instiDct gnital. On peut considrer comme des faits quivalents, au point de vue clinique,
notamment chez
la
les
femmes
la
tendance
la coquetterie, la
recherche de
compagnie des hommes, la manie de la toilette, la manie de suspecter sexuellement les autres femmes, l'usage des pommades, des parfums, les racontars continuels d'histoires de mariage ou de scandales. Devant le mdecin on vient sans cesse parler des choses qui touchent la sphre on exprime le besoin sexuelle, de la menstruation, de la grossesse
;
d'une exploration gyncologique, on allgue de la rtention d'urine et, quand des examens mdicaux sont ncessaires, on cherche autant que possible exhiber ses charmes fminins. On doit considrer aussi comme
un quivalent clinique
la
ferveur religieuse et
le
penchant s'absorber
dans les pratiques religieuses'. La conception religieuse de l'union sexuelle sous forme de mariage, les rapports entre l'glise et le Christ qu'on aime de prfrence dsigner comme analogues ceux de la fiance avec son futur mari, l'tat d'un esprit vierge qui, excit par des motions sexuelles restes encore dans le vague, s'objective facilement dans l'exaltation religieuse, les lgendes des saints o les tentations charnelles pullulent, les expriences faites chez certaines sectes religieuses dont les runions ont souvent dgnr en orgies abominables, sont encore la preuve qu'il y a une affinit organique
intrieure entre la ferveur religieuse et l'impulsion sexuelle.
l'sijch
.,
p. 80.
102
constate souvent
et
le
entre
le
dlire erotique
dlire
religieux chez
souvent de pair avec une vive excitation sexuelle et avec l'impulsion la masturbation, les masturbateurs prsentent souvent un dlire religieux
qui se manifeste par une union mystique avec la divinit, par des visions et des voix conformes cette union.
30 paresthsie sexuelle. Il existe une excitabilit provoque par des stimulants non adquats. Cette anomalie est de la plus grande importance clinique et mdico-lgale, tant donn qu'elle est souvent combine avec
l'iiyperestlisie.
Dans la paresthsie, les reprsentations normalement caractrises par des sentiments de dplaisir, sont accompagues de sensations de plaisir. Ces dernires peuvent s'accrotre au point de devenir des passions. Alors il faut s'attendre des actes sexuels pervers. L'hyperesthsie qui peut
alors exister ne peut
donner de signification
et
sexuelle
la satisfaction
les
La manifestation perverse de l'instinct avec l'autre sexe apparat dans formes cliniques du sadisme, du masochisme et du ftichisme. Le sadisme a pour base une association entre la volupt et la cruaut,
cette asso-
quand l'impres-
puissante.
Si, en outre, le sens moral a des lacunes et si par consquent le frein des contre-reprsentations manque, on s'explique les causes et l'origine des actes monstrueux destins satisfaire la sexualit perverse. Quant l'excution des actes sadiques, c'est la puissance du sadiste qui vient essentiellement en ligne de compte.
dans
le cot
cutifs
avec mauvais traitements prparatoires, simultans ou consdu consors, mauvais traitements qui vont mme jusqu' faire tuer la
victime des dsirs (assassinat avec viol, assassinat par volupt); ordinairement, dans ce dernier cas, la volupt n'tait pas compltement satisfaite par l'accomplissement du cot.
L'agitation voluptueuse qui persiste peut provoquer de nouvelles tortures, le
tions
dpcement du cadavre; le sadiste, entran par des reprsentadu got et de l'odorat qui sont reues avec un sentiment de volupt,
en arrive mme fouiller dans les intestins, les renifler, emporter des parties de cadavre et se livrer des actes d'anthropophagie.
impuissant au point de vue psychique et spinal, on a quivalents l'tranglement, les piqres pour faire saigner, la flagellation des femmes, ou bien, selon les circonstances, des actes de violence
Si le sadiste est
comme
lu:]
sur des objets vivants et sensibles quelconques f battre des lves, des apprentis, actes de cruaut envers les animaux, etc.). Le masocbisme est l'oppos du sadisme. Il est bas sur ce phnomne que
de subir des mauvais traitements de la part de son consors et de se sentir sa merci est reue avec des sensations voluptueuses. De l vient l'impulsion, due une vive passion, de se mettre en ralit dans cette situation qu'on a individuellement perue avec volupt, et, selon
l'ide
l'tat
moyen
la puissance sexuelle psychique et spinale, on la cre comme un prparatoire ou accessoire pour prouver del volupt dans le cot, ou pour l'accentuer, ou comme un quivalent de l'acte sexuel lui-mme. Il y a alors, suivant l'intensit de l'instinct pervers ou la puissance des
de
moraux et esthtiques, une gradation depuis les actes les plus rpugnants et les plus monstrueux jusqu'aux actes simplement ineptes idsir des mauvais traitements, des humiliations, surtout flagellation pascontre-motifs
sive, etc.).
reprsentation de certaines parties du corps ou mme de la toilette fminine s'associe des sensations voluptueuses. Le caractre pathologique de ce phnomne ressort dj de
Le ftichisme
que
la
du corps n'a jamais un rapport qu'une impression partielle et dtache de l'image direct avec d'ensemble de la personne de l'autre sexe concentre sur elle-mme tout l'intrt sexuel et qu'ordinairement l'absence du ftiche individuel rend le cot impossible ou n'en permet l'accomplissement que d'une manire factice, par l'vocation de scnes imaginaires en rapport avec cette tendance, et encore il ne procure pas, dans ce dernier cas, de satisfaction. Ce qui prouve tout particulirement le caractre pathologique de ce
ce fait
que
le
le sexe,
phnomne,
partie
c'est
que souvent
le ftichiste
y a
toujours comme point de dpart un incident fortuit qui a dtermin le rapport de cette impression isole avec des sensations voluptueuses. De mme que, dans la vie physiologique, la main, le pied, les cheveux ont une signification ftichiste trs remarquable, de mme, dans le domaine
pathologique, ces parties du corps sont prfres. Dans le ftichisme du vtement, la toilette, la couleur des vtements ou
certaines parties de la toilette fminine (surtout les pices de linge, les tabliers, les jupes, les mouchoirs) qui par hasard se sont rattachs une
le
rle le plus
impor-
mais alors
femme jouer le rle de ftiche, ftichisme s'est dvelopp sur un terrain et des conceptions
masochistes.
Enfin il y a des cas o le ftiche est reprsent par une matire quelconque (fourrure, velours, soie) et n'a aucun rapport avec le sexe. Le ftichisme pathologique peut mener aux actes les plus tranges, des
104
mme
des crimes
ou vol simple de pices de linge fminin, de mouchoirs, de tabliers, de bottines de femmes, d'toffes de soie. Comme dans les autres perversions de la vie sexuelle, c'est simplement de l'intensit de l'impulsion perverse et de la force relative des contre-motifs thiques que dpend la mesure dans
in loco indebito, vol de nattes, vol avec violence
femme
phal). Toutefois les parties gnitales sont normalement dveloppes, les glandes gnitales fonctionnent tout fait rgulirement et le type sexuel est parfaitement diffrenci. Quand l'anomalie est compltement dveloppe, les sentiments, la manire de penser, les aspirations, en somme le caractre, correspondent au sentiment sexuel particulier de l'individu, mais non pas au sexe que cet individu reprsente anatomiquement et physiologiquement. Mme dans le costume, les vtements et les occupations, cette manire anormale de sentir se manifeste et va jusqu' pousser s'habiller conformment au
rle sexuel
que
le
malade
s'attribue.
Ce phnomne anormal prsente au point de vue clinique et anthropologique divers degrs de dveloppement et respectivement divers modes
d'apparition.
1
psychosexuel)
T II
3
4''
y a penchant exclusif pour son propre sexe (homosexualit) Tout l'tre psychique se faonne sur le sentiment sexuel anormal
; ;
(efmination et viraginit)
La conformation du corps se rapproche de celle laquelle correspond le sentiment sexuel anormal. Cependant on ne trouve jamais de vritables transitions vers l'tat hermaphrodite au contraire, les organes gnitaux
;
comme
dans toutes
les per-
cerveau (androgynie et gynandrie). Cette perversion sexuelle est ordinairement congnitale et comme telle on ne l'a observe que chez des individus pathologiquement prdisposs. La rgle est qu'il y a alors une tare hrditaire qui se manifeste sous forme de nvropathie constitutionnelle (hystrie, neurasthnie). Comme la loi et la socit ont lev des barrires contre la ralisation des dsirs sexuels pervers, la plupart de ces individus deviennent, soit par masturbation
par abstinence, des neurasthniques sexuels; leur prdisposition morbide a de son ct contribu les amener cet tat. Sur la base de cette prdisposition ainsi que sur celle de la neurasthnie se produisent souvent
soit
des psychoses.
Trs souvent
il
une hyperesthsie
Id
On rencontre
mme
aime
cet instinct dgnr qui porte encore vers point de vue psychologique la situation est en gnral la que chez la femme qui aime l'homme ou que chez l'homme qui
Au
la
femme. L'amour
tourments
et ses jalousies
plus puissants puisque les porteurs de cette anomalie sont pour la plupart des hommes tars, excentriques, et qui ont
sont aussi violents et
mme
des besoins sexuels anormaux. Les natures frigides qui n'ont que de la sympathie pour les personnes de leur propre sexe et qui ne ragissent que platoniquement sont trs rares. Dans la plupart des cas il subsiste sur la base de l'hyperesthsie sexuelle une vive impulsion la satisfaction sexuelle. Les personnes de l'autre sexe sont apprcies tout au plus pour leurs qualits intellectuelles. Le rapport sexuel avec elles provoque du
dgot.
Si l'on se force au cot htrosexuel, cet acte rveille des nvroses ou accentue celles qui existent dj. La femme qui aime la femme tolre et
subit le cot marital. L'homme qui aime l'homme est vis--vis de la femme impuissant par dgot, ce qui agit comme ide d'arrt; il devient tout au plus temporairement puissant, quand il russit, pendant l'acte sexuel,
s'imaginer que la
Seul
le
femme
qu'il
aime
est
un homme.
rapport sexuel avec les personnes de son propre sexe donne la satisfaction et la sant l'inverti. Chez la femme le rapport sexuel consiste alors dans l'amour lesbien, chez les hommes dans la simple accolade
qui, dans le cas de faiblesse gnitale irritable, suft provoquer l'jacu-
masturbation passive ou mutuelle, dans le cot entre les dans la pdrastie (passive) et autres horreurs. Ce qui prouve combien l'inversion sexuelle est profondment enracine, c'est que les rves voluptueux de l'homme atteint de cette anomalie n'ont pour objet que des situations lascives avec des hommes, ceux de la femme htrosexuelle des situations lascives avec des femmes, et qu'aux troisime et quatrime degr de la dgnrescence la pudeur sexuelle n'existe que vis--vis des personnes de son propre sexe. L'inversion sexuelle peut se rencontrer aussi comme un phnomne morbide acquis et peut tre dans ce cas pisodique ou durable. Dans ce cas aussi, il faut apparemment une tare pour produire l'anomalie. Dans les cas que j'ai observs la cause qui avait donn lieu au phnomne tait une neurasthnie dveloppe par la masturbation. Ces gens taient impuissants l'ge o l'on est apte la gnration ils taient farouches et honteux en face de l'autre sexe, chouaient dans leurs essais de cot et fuyaient la femme. Un fort libido et une sduction occasionnelle les amenaient aux rapports sexuels avec des personnes de leur propre sexe, rapports auxquels ils prenaient got. Dans ces cas d'inversion crs par ducation il existe souvent un penchant la pdrastie. 4 Paradoxie sexuelle Dans l'enfance la plus tendre, donc bien avant le dveloppement anatomique des organes gnitaux, des pressentiments et des impulsions sexuels peuvent se manifester et alors amener la
lation,
la
ou dans
cuisses, ventuellement
106
masturbation si grave en consquences pour le corps et l'esprit. La manifestation prmature de l'instinct gnital ne se rencontre que chez les tars. Les mdecins spcialistes pour maladies d'enfants et maladies nerveuses savent d'ailleurs que, chez les enfants de prdisposition normale, l'excitation des parties gnitales amenant la masturbation peut tre provoque par une balanite, des oxyures, etc. Souvent on observe un retour du libido chez des vieillards dont la vie sexuelle s'tait teinte depuis longtemps et dont les organes gnitaux taient atrophis. Ce phnomne est en connexit avec des troubles organiques de l'corce crbrale (dmence snile). Leur puissance dfectueuse amne la satisfaction du libido par des actes obscnes avec des enfants, par la sodomie et autres horreurs dont l'accomplissement est d'ailleurs facilit par l'abaissement de la moralit et de l'intelligence de l'individu.
IL
Actes impulsifs ^
il y a des actes qui n'ont pas pour mobiles des conceptions entres nettement dans la conscience. La reprsentation qui pousse l'action se traduit par un acte avant qu'elle soit arrive clairement la conscience, ou bien elle n'arrive jamais la conscience avec une clart parfaite. L'acte parat donc sans mobile et incomprhensible aussi bien celui qui l'accomplit qu' celui qui l'observe et le juge; il produit de la surprise et de la stupfaction mme chez celui qui
Dans
le
domaine psycho-pathologique
l'accomplit. L'acte apparat comme une contrainte organique venant de la vie psychique inconsciente et qu'on peut comparer une convulsion dans la sphre psychomotrice. L'impulsion est voisine des actes motifs, mais elle en diffre essentiellement en ce qu'elle ne concide pas, par rapport au temps, avec une motion, bien que souvent elle ait une base motive. Elle indique une irritabilit anormale fconvulsibilitj de l'appareil psychomoteur; car alors il suffit d'une reprsentation l'tat naissant pour qu'elle se traduise immdiatement en acte en passant par-dessus la volont et la conscience. Ce phnomne dans la sphre la mieux organise du systme nerveux central apparat comme le produit infrieur d'un mcanisme destin une fonction suprieure et fait supposer la prsence d'une cause dgnrative. En effet ces actes impulsifs ne se rencontrent que dans les folies
Pour
les
documents voir
le
107
Les forces psychiques qui poussent l'action sont des sentiments organiques trs vifs, notamment des sentiments sexuels qui souvent se manifestent sous une forme perverse et amnent au viol, l'assassinat, la mutilation de la victime, et mme l'anthropophagie; ou bien ce sont des tats d'esprit motifs ('dpression morale, ennui, nostalgie, pessimisme sentimental) souvent renforcs par des troubles des sentiments gnraux, et qui provoquent des impulsions se dtruire ou dtruire autrui ou des
objets quelconques.
Au moment
de
l'acte, la
dans
d'une hallucination imprative mets le feu ou d'une hallucination de la vue f'sang, lueur rouge, flammes, etc.) et tre ainsi dirige vers un acte dtermin 'incendie, meurtre, etc. Dans d'autres cas l'impulsion organique (une perception sensitivC; veille une tendance instinctive hrditaire ou acquise (kleptomanie, dipsomanie, etc.) et en amne la manifestation l'Schle:. Ces actes impulsifs parmi lesquels les actes sexuels pervers, le viol, le suicide, l'assassinat, l'incendie sont les plus importants, et qui se combii.
nent avec les actes provoqus par l'angoisse excessive des mlancoliques, parlesimpulsionspathologiques et irrsistibles des maniaques ou parleurs ides obsdantes, ont fourni les lments pour chafauder la fausse thorie
des monomanies.
III.
Troubles psychomoteurs.
moteurs qui portent en eux-mmes le caractre d'actes du libre arbitre et qui arrivent aux centres psychomoteurs du cerveau, mais qui se produisent sous l'influence de la volont sur la base du
Ici
il
s'agit d'actes
A.
Arriv l'apoge de
ptuel.
Il
malade
est
en mouvement per-
danse, saute, brise, jusqu' ce qu'il arrive un puisement temporaire. Ces actes moteurs ont l'apparence de mouvements voulus, et ils apparaissent comme des actions mais, examins de plus prs, on voit que ce sont des actes soustraits l'influence de la
bavarde, chante,
crie,
volont du malade;
ils
mme
incon-
sciemment;
impulsifs.
ils
ont
le
caractre
instinctifs,
Les mobiles de ces mouvements ne sont plus des conceptions entres nettement dans la conscience et qui, motives par un intrt intellectuel ou par une perception des sens, poussent une action; il s'agit de processus d'excitation directe, intrieure et organique dans les centres psychomoteurs et qui, vu la grande facilit de la transformation des processus
108
les
psychiques, se traduisent immdiatement par des mouvements, sans que mobiles du mouvement aient besoin de devenir des reprsentations
conscientes. Ces
raissent
mouvements
ils
appa-
comme
furieux soit un
un
tat
que
les
(mouvement musculaire sans motif j, Mejnerii Die acuten Formen des WahnPsych., 1881. II, fasc. 2) envisage le phnomne comme un f.
processus d'excitation sensorielle hallucinatoire. Il regarde l'impulsion motrice du maniaque comme amene par des hallucinations du sens musculaire et des hallucinations de l'innervation.
Selon
lui, le
domaine
d'in-
mouvements
cerveau antrieur qui sans doute contiennent les images de souvenir des et des reprsentations de mouvement) serait aussi hallucin. D'aprs cette thorie l'impulsion motrice ne serait pas un phnomne
d'excitation spcialement motrice, mais une excitation sensorielle. Meynert appuie cette opinion, opinion justifie par la dmonstration que tous les mouvements peuvent tre ramens des actes de perception et que les cellules crbrales n'ont qu'une seule spcialit fonctionnelle les per:
ceptions.
Dans tous
le
produit d'une
un processus
morbide de l'organe psychique, irritation qui n'est pas fonctionnelle ni d'origine psychologique, mais analogue au dlire primordial, l'ide obsdante, l'hallucination, l'tat d'esprit morbide primitif non motiv par un fait extrieur. Le processus organique morbide voque des images de souvenirs d'anciens mouvements, images qui par leur origine organico-physiologique sont particulirement intenses. La rgion morbidement excite de l'corce crbrale rpond trs facilement l'excitation (image de mouvement) et la traduit immdiatement en un effort musculaire correspondant; cette transformation se fait d'autant plus facilement que tout processus d'arrt a cess d'exister dans le mcanisme psychique du maniaque. Autrefois on croyait que le fou furieux dployait plus de force musculaire qu' l'tat physiologique et, guid par ce prjug, on a enchan et dtenu dans des cachots solides de malheureux malades qui inspiraient vraiment de la peur. Cette opinion est d'ailleurs psychologiquement insoutenable. Il est vrai
lOU
le fou furieux accomplit des efforts dont l'homme normal en parat pas capable, mais cette surproduction de force musculaire n'est qu'apparente. Elle ne s'explique que par l'absence de toute crainte chez le
malade qui, dans sa conscience trouble, ne s'aperoit ni du danger, ni du sentiment de vertige, ni de la fatigue, et qui de cette faon devient capable de donner toute sa force musculaire, de mme que l'homme normal, dans l'emportement du dsespoir, en face de la mort, peut accomplir des efforts extraordinaires. Mais bien que la force absolue ne soit pas accrue, la dure du travail musculaire dpasse la mesure normale. Un fou furieux peut sauter, danser, grimper, rager durant des journes entires sans se lasser un simulateur ne et encore moins tomber dans un tat d'puisement pourrait le faire mme pendant une heure. La cause en est que chez le premier aucun sentiment de fatigue ne peut se faire jour (anesthsie musculaire, perception trouble dans l'organe de la conscience), mais surtout dans le fait que chez le simulateur c'est la volont qui est oblige de provoquer ces actes, tandis que chez le fou furieux toute volont est exclue et le mouvement n'est que le rsultat d'une excitation spontane. Le rsultat (le travail musculaire) peut bien tre le mme dans les deux cas, mais il y a pourtant une grande diffrence entre le cas o le travail du systme nerveux central est voulu, psychique, et le cas o ce travail est spontan et automatique. Nous voyons un phnomne analogue chez les hystriques, les hystro-pileptiques, les choriques, etc., qui durant des journes entires accomplissent un travail musculaire sous forme de convulsions sans se lasser, sans s'puiser. Evidemment les efforts volontaires et les efforts moteurs spontans ne sont pas d'une valeur gale et beaucoup d'quivalents d'un travail dynamique, grossier, mcanique, spontan, ne valent qu'un seul quivalent de travail dynamique psychique. malgr une action Ce fait est vrai aussi sous le rapport trophique motrice excessive et continuelle pendant des semaines entires, malgr l'insomnie, l'absorption insuffisante de nourriture et l'augmentation des pertes de calorique, le fou furieux est loin de subir cette grande diminution de poids que prsenterait un homme normal dans des circonstances
;
approximativement similaires.
B.
L'action motrice excessive qu'on rencontre dans certaines phases de la mlancolie (mlancolie active) et chez les dlirants diffre fondamentalement de l'impulsion motrice du fou furieux, bien qu'en apparence elle ressemble en beaucoup de points cette dernire. Le mlancolique dmolit
et rage
en certaines circonstances, mais son action motrice est un mouvepsychique caus par des tats motifs pnibles, notamment l'angoisse prcordiale; l'intensit du mouvement dpend donc compltement du degr d'acuit de ces tats d'emporteiiient. Cette inquitude
ment
rflexe
motrice du mlancolique
et
du dlirant
se distingue de l'action
purement
no
automatique du fou furieux par sou origine rflexe due des motions pnibles ou rsultant dhallucinations effrayantes elle trouve son pendant dans les actes destructifs et sans but que commet instinctivement l'individu tortur par l'motion physiologique du dsespoir pour amener une dtente de sa tension intrieure, un soulagement son tat motif pnible.
;
Q^
Mouvements
Il ne faut pas confondre enfin avec l'impulsion maniaque certains mouvements impulsifs qu'on peut observer dans les tats de faiblesse psychique. D'abord la monotonie de ces mouvements empche de faire cette confusion. Il s'agit ici de mouvements combins (se taper sur le corps,
essuyer dans tous les sens, etc.), qui se rptent indfiniment et dont l'individu n"a videmment pas conscience. Originairement ils ont t probablement provoqus par des sensations, des illusions, des hallucinations et excuts volontairement; peu peu ils sont devenus une habitude et l'individu les continue machinalement, mme aprs la disparition de l'impulsion consciente qui originairement les a provoqus il en est peu prs de mme de certains mouvements accompagnateurs, de certains gestes impulsifs dont les individus nerveux prennent l'habitude d'une manire ou d'une autre et qui deviennent finalement leur seconde nature,
tirailler,
;
inconsciemment. devons encore faire mention de deux formes particulires Enfin, nous de mouvements qui ne portent plus parfaitement l'empreinte de mouvements motivs psychiquement, mais qui sont sans doute produits par des excitations intrieures dans les centres psychomoteurs, ce sont la ttanie
c'est--dire qu'ils excutent
et la catalepsie.
D.
TTANIE
Les muscles sont contracts dans une lgre flexion qui acquiert une norme quand on intervient pour faire cesser la passivit du malade qui est dans cet tat cette rsistance ne peut tre brise que par l'emploi d'une certaine violence de la part de l'observateur. Le malade
rsistance
;
oppose alors ces essais de mouvements passifs une rsistance active mais peine consciente, et qui est probablement provoque par des impressions vagues d'hostilit ou des impressions douloureuses venant du
.
se limite toujours aux flchisseurs, adducteurs et proindemnes les extenseurs. nateurs et laisse Au point culminant de cet tat, les malades, selon la description juste
Psych., 30.
'
f.
Arndl, Allg.
ttanie dont
on
Kahlbaum, et autres. L'expression de Zeitschr. f. Psych., 30, p. 53. se sert ici ne doit pas tre confondue avec la nvrose qui porte le
mme nom.
genoux
ches
comme un paquet la tte est penche, les plies et serrs contre la poitrine, le clos vot, les paules rapprol'une de l'autre, les bras presss contre le thorax, les avant-bras
serrs sur la poitrine au point d'y enfoncer les ongles. En mme temps la figure est tire, avec un air de dpit, les sourcils froncs, les lvres
pinces et souvent allonges en forme de museau, les mchoires serres. Tel est l'image classique de cet tat. Souvent il n'y a que les muscles de la figure et les flchisseurs de la tte ou les flchisseurs de la main et des
doigts qui soient atteints
dans
les centres
d'excitation est
Sans doute il y a ici un processus d'excitation psychomoteurs reste encore savoir si ce processus direct ou s'il est produit par un rflexe sensitif, comme le
;
prtend Schiile.
Cette ttanie se rencontre dans la mlancolie et dans les tats d'imbcillit
qui
en sont
il
durables
indique toujours des processus Dans les cas prononcs y a toujours un trouble profond de la conscience et de la
la
,
consquence
elle
perception.
E.
Catalepsie
tion
Les muscles ne prsentent pas la mme rigidit et la mme contracque dans la ttanie. Ils n'opposent pas de rsistance aux mouvements
mais ils demeurent longtemps dans la position qu'ils ont occupe originairement ou dans celle qu'on leur donne. Le malade est incapable de changer de position de sa propre initiative ce n'est que la pesanteur des membres qui, eu se faisant sentir peu peu, les amne uue autre position. Mais en mme temps les membres peuvent
passifs,
avoir cette flexibilit qui est particulire la cire et qui les fait ressembler une statue en cire ils restent dans la position dans laquelle on les met
;
(catalepsia vera)
ou bien
les doigts
(catalepsia spuria).
L'tat cataleptique se produit par accs et quelquefois devient
nent.
Dans
ce dernier cas
il
est toujours
fond de la conscience. Dans l'tat cataleptique il y a toujours anesthsie cutane et musculaire. L'absence du sentiment musculaire, combine avec le trouble de la conscience, supprime la sensation de la fatigue et permet au malade de rester dans les positions les moins commodes. Mais le fait que malgr cela et en dpit de l'absence relle de l'innervation consciente, le membre n'obit pas immdiatement la loi de la pesanteur, indique qu'une innervation continuelle du territoire des muscles eu catalepsie se produit automatiquement ou par rflexe de la voie crbro-spinale (voie de la calotte des pdoncules crbraux ?). Il est probable que ce sont des excitations priphriques trs sensibles qui produisent l'tat cataleptique.
'
f.
Psycli., 30,
fasc.
1.
Schiile,
Manuel,
p. 55.
112
Schle {Ibid., p. M) considre ce phnomne comme un arrt des dans le domaine psycho-moteur, arrt caus par une excitation sensitive (souvent sexuelle), concidant avec une faiblesse de la fonction corticale (anmie crbrale aigu) en mme temps qu'avec une constitution nvropathique due l'hrdit, la masturbation, une maladie
rflexes
utrine, etc.
La catalepsie indique aussi parfois un degr profond de maladie psychique crbrale. Elle se rencontre dans la folie mlancolique, hystrique, pileptique, puis dans la folie furieuse et dans la dmence.
IV.
Troubles de la volont.
La sphre de la volont prsente chez l'alin beaucoup de phnomnes anormaux qui rsultent forcment d'tats d'esprit et d'motions morbides, d'anomalies de la conception, du mode de dveloppement et de la nature
de
la reprsentation.
Tout dabord
il
convient de rappeler ce
ide dlirante et commettent pourtant les actes les plus insenss qu'ils
savent ensuite dfendre avec beaucoup d'esprit et beaucoup de subtilit. La frquence de ces cas a amen crer des types de maladies part
qu'on a dsigns sous le nom de folie raisonnante ^ Voici l'explication de ce phnomne trange. 11 n'y a, c'est vrai, aucun dlire, mais le processus de la reprsentation est troubl dans sa forme. Il peut tre tellement acclr qu'il ne soit pas possible de faire une rflexion quelconque sur la reprsentation qui pousse l'acte concret. Tel est le cas chez le maniaque. Une conception quelconque se transforme en acte immdiatement et sans que des reprsentations de contraste aient examin et approuv le motif cet acte doit alors forcment avoir un caractre d'tourderie et de prcipitation. Aprs coup, le malade est parfaitement capable d'excuser cet acte qu'il juge lui-mme comme un contresens et de l'attribuer, sans se justifier, un motif raisonnable qu'il n'est jamais embarrass de trouver, tant donne l'acuit morbide de ses conceptions. Dans d'autres cas, l'acte insens est la consquence d'une reprsentation obsdante dont la transformation en acte n'a pas pu tre empche par le malade ou bien le malade se trouve dans un tat d'motion grce auquel la reprsentation ne peut pas lui arriver clairement ou du moins tre soumise la rflexion (mouvement rflexe psychique, action
;
;
impulsive).
Dans
les cas
commis sans
trouble de
Il
l'intelli-
y a des ides
juillet.
Voir -.Discussion de la Socit md. psi/ch. dans les Annales md. psijch., 1866, maiCampagne, Trait de la manie raisonnante, 1868. Brierre, De la folie raisonSchle, Manuel, p. 75. nante, Paris, 1867.' L^renfreund, 1866, 7.
li3
dlirantes, ce sont elles d'ailleurs qui sont les mobiles des actes insenss,
mais
malade sait dissimuler et cacher ces ides. C'est prcismeut pour que la nature des tendances et des actes d'un malade est importante au point de vue diagnostique, car elle peut fournir les autres lments de la maladie. Les profanes trouvent surprenant que des alins soient capables d'agir avec ruse et prmditation, mais ce phnomne s'explique par la circonstance que le mcanisme logique des jugements et des conclusions reste la disposition du malade tant qu'il ne s'est pas produit une dissolution
le
cette raison
gnrale des fonctions psychiques (hbtement, imbcillit). La volont peut prsenter chez l'alin deux genres de modifications morbides elle peut tre diminue et mme anantie ou bien augmente
:
jusqu' la licence.
1
La
faiblesse de volont se
et
chez
le
mlan-
colique.
Chez le premier, cette diminution de la volont est la triste consquence de la perte de tous les intrts intellectuels et thiques, de l'indiffrence morale et de la rduction des perceptions sensitives. Le malade, dans ces cas, comme par exemple dans l'imbcillit apathique, peut arriver une perte complte des conceptions. Alors forcment la volont trouve sa fin. Il ne reste que les fonctions de la vie animale ces dernires peuvent se
;
le
de l'imbcile, a une cause tout fait diffrente. Ici il peut exister une volont virtuelle trs vive, mais ses manifestations sont devenues impossibles par suite d'arrts divers. Ces entraves peuvent trouver leur cause a). Dans la conviction qu'il est impossible d'atteindre ce qu'on dsire. La volont est un dsir conscient dans lequel on se reprsente comme accessible l'objet dsir. Le mlancolique, par suite de la diminution de sa confiance en lui-mme, et du changement de son tat gnral (faiblesse i, n'a plus de confiance dans sa puissance raliser ses dsirs et il cesse de
:
vouloir.
p).
Dans un sentiment de
le
dplaisir.
Voil pourquoi
des douleurs physiques, par exemple une nvralgie, vite instinctivement de provoquer des mouvements dans la rgion douloureuse.
y). Dans des arrts particuliers au mcanisme psychique. La transformation des conceptions en actes moteurs est devenue plus difficile et l'on peut envisager cette difficult comme un point d'entrave dans l'arc rflexe psychique ou comme un arrt rflexe accentu. Alors la reprsentation n'est pas assez puissante pour pouvoir agir comme stimulus du mouvement. Le malade, chez qui on voit d'ailleurs combien est pnible cet arrt dans la dcharge de la tension psychique, essaie avec beaucoup de peine
PSYCHIATRIE.
114
faire le
ne russit pas ou ne russit qu'imparfaitement le mettre excution. Dans les tats d'motion violente (exagration du pouvoir d'excitation des reprsentations), il devient temporairement libre d'excuter des mouvements; alors il est dans ses actes
mouvement
dsir,
mais
il
imptueux que le fou furieux. Dans des troubles d'association. Parfois l'absence de volont du m5). lancolique n'est autre chose que de l'indcisiou amene par des reprsenpeut-tre plus
tations contradictoires qui sans cesse entravent et troublent la reprsenta-
mne aux actes. Le malade tiraill par l'effet tantt accru, diminu des diffrentes reprsentations qui se contredisent, ne peut pas arriver prendre un parti et reste plong dans le doute et dans une
tion qui
tantt
hsitation continuelle.
e).
Enfin
il
y a des cas o
la
un malade
debout la mme place sans bouger, parce qu'il croit que ses jambes sont en verre ou en bois, ou parce qu'il se croit au bord d'un prcipice, ou parce que des voix lui ont interdit de bouger ou de parler, faute de quoi il serait perdu. 2 L'augmentation et f accentuation sans limite de la volont (hyperboulie, Emminghaus) se rencontrent dans les tats maniaques. Les causes en doivent tre cherches a). Dans la confiance en soi-mme exagre d'une faon morbide, et sans cesse entretenue par le sentiment que les capacits physiques et intellectuelles sont augmentes et qu'on peut arriver tout. ^). Dans la suppression de toutes les reprsentations, d'entrave, de coordination et de contrle, telles que les ides d'utilit, de but, ides
:
qui, avec le
calme d'esprit
et
avec
la vitesse
ses dsirs.
y). Dans la variation des reprsentations qui sont augmentes d'une faon pathologique et dont l'association a t facilite. Il y a abondance de mobiles de mouvements, contrairement la monotonie des concep-
du mlancolique. En
La transformation des reprsentations en impulsions motrices est comme on en juge par la facilit et la promptitude normes avec lesquelles l'appareil moteur ragit aux causes de mouo).
vements. Ce phnomne pathologique peut tre considr comme une dissolution facilite des reprsentations, comme une augmentation de la facult mais on peut aussi se figurer que rceptive de l'organe psychique cette augmentation de Tirritabilit rflexe ne se produit que parce que le pouvoir d'arrt du rflexe sur certains centres psychomoteurs se trouve diminu ou mme supprim par des influences suprieures au
;
par analogie, la
et
il
se
11^
produit une accentuation de l'irritabilit rflexe quand cette influence est diminue par le sommeil ou par des tats pathologiques crbraux. Par suite de ce trouble de la volont, les actes du maniaque paraissent
irrflchis,
V.
Le trouble mental supprime le libre arbitre. Ce fait est admis dans les codes de tous les peuples civiliss. Le libre arbitre se trouve supprim chez l'alin 1 Par Je fait que ses actes sont provoqus et dtermins par des mo:
tions spontanes et par des tats d'esprit passionnels, des impulsions, des tendances, des ides dlirantes et des hallucinations provenant toutes
d'une affection crbrale, c'est--dire de causes organiques. 2'' Parce qu'il ne peut pas opposer des contre-motifs moraux ou judiciaires aux mobiles qui surgissent d'une manire quelconque, le poussent
une
a).
action, tant
donn
la
maladie crbrale, ces contre-reprsentations sont perdues jamais comme d'autres facults psychiques suprieures (tats de faiblesse psychique), ou qu'elles ne manquent que temporairement (troubles transitoires de la conscience); peuvent pas parvenir la conscience par (3). Que ces contre-motifs ne suite de troubles dans le processus des reprsentations, troubles causs par la maladie (mlancolie, manie). 3 Parce que les ides dlirantes et les hallucinations ont fauss la conscience et le sentiment que l'alin a du monde extrieur. Ce trouble peut aller jusqu' transformer toute la personnalit antrieure en une nouvelle personnalit morbide (paranoa, folie), de sorte que l'acte provient d'une personnalit psychique tout autre que celle qui existait antrieurement la personnalit juridique est la mme, c'est vrai, mais la personnalit psychique est devenue tout autre.
Que, par suite de
:
CHAPITRE V
TROUBLES DE LA CONSCIENCE
La conscience telle qu'elle est forme par la nature des reprsentations qui la remplissent pendant l'unit de temps, n'est pas une entit constante; selon la nettet des conceptions
il
conscience.
le sentiment de soi-mme, o celui qui se reprsente quelque chose a parfaitement conscience de sa facult de conception. Cet tat suppose une perception sensitive exacte et soumise compltement au libre arbitre (attention), et une reproduction puisant sans aucun trouble au trsor de la mmoire (souvenir). Quand le moi se rend clairement compte de ce qui se passe en lui, cela implique la conscience de sa propre personnalit; quand les reprsentations se droulent d'aprs les ides d'espace et de temps, elles impliquent chez l'individu la conscience de l'espace et du temps. A ce monde de la vie intellectuelle consciente est rattache par des transitions multiples une sphre de la vie psychique inconsciente, qui est de beaucoup plus tendue et plus importante que celle de la vie consciente. Elle est sans cesse eu activit, elle utilise les excitations que les nerfs sensitifs amnent de toutes les rgions du corps l'corce crbrale et en fait des tats d'esprit; elle rgularise le mouvement imprim par un acte de la conscience (volont), locomotion par exemple, l'aide d'un appareil de coordination, et le fait accomplir automatiquement avec autant de sret et de promptitude que s'il tait surveill par la volont. Elle utilise les reprsentations amenes par la voie physiologique dans les cellules ganglionnaires de l'corce crbrale la suite des processus de nutrition et des mutations intraorganiques, et les transforme en penses, impulsions, en processus psychiques compliqus dont le rsultat se prsente la conscience sous la forme d'opinions, de jugements, de passions. C'est cette activit inconsciente que nous devons notre individualit,
le
Le degr
c'est--dire
un
'
Weiss,
Le mme,
in
Ziistcinden
Allr/. Zeitsch., f.
Stuttgart, 1878.
p. 420; 35, p. 359.
117
nos dispositions psychiques, nos ides, nos impulsions. C'est un travail de l'activit de notre moi conscient. Dans certaines conditions pathologiques il peut se faire que ce travail du mcanisme crbral inconscient, qui consiste dans la reproduction de reprsentations sensitives ou d'impulsions motrices, n'arrive pas la conscience
une
il
est
peru secondairement par exemple, comme hallucination ou comme acte (impulsif; accompli. La cause de ce trouble consiste en changements morbides dans l'organe del conscience, changements qui peuvent aller jusqu' la suppression de
ses fonctions spciales (attention, rflexion, reproduction arbitraire, etc.j.
Mais alors ce travail du mcanisme crbral inconscient est absolument perdu pour la conscience l'individu ne sait absolument rien des phnomnes qui se sont produits (amnsie;; dans d'autres cas, la conscience n'apprend rien sur le mode d'origine du phnomne qui a t cr inconsciemment ce phnomne lui apparat comme appartenant un autre moi tranger (division de la personnalit, particulirement dans la dmonomanie, dans la folie) o elle lui apparat comme produite par le monde extrieur (hallucination qu'on ne reconnat pas comme telle). Cette activit de la sphre inconsciente peut se combiner et avoir un caractre cohrent; elle peut consister en hallucinations, en dlires et actes compliqus, et par l elle peut ressembler aux manifestations de la vie consciente. La preuve qu'elle n'a pas t consciente est fournie par l'amnsie qui subsiste ultrieurement pour tous les efforts inconscients car seuls les mouvements psychiques qui se droulent dans la sphre de la conscience, laissent une trace, le souvenir. Un grand nombre de phnomnes de la folie (beaucoup d'tats d'esprit, d'motions, d'ides dlirantes, d'actes, d'hallucinations) ne sont explicables qu'en admettant qu'ils reprsentent des phnomnes du mcanisme crbral inconscient, phnomnes nullement clairs par la lumire de la conscience, ou bien, s'ils le sont, l'individu ne reconnat pas en eux le travail inconscient de son propre mcanisme psychique. Les troubles de la conscience jouent dans la folie un rle remarquable, car ils ont pour effet de porter gravement atteinte la facult de critique du malade en prsence des tats d'esprit, des dlires, des perceptions subjectives, etc., provoqus par la maladie, et par l ils le font tomber dans l'erreur et dans l'illusion. Dans chaque processus psychosique on peut s'attendre priori un
:
En
effet
un signe constant dans la grande majorit des phnomnes cliniques. A chaque type empiriquement vrai de trouble psychique doit correspondre un genre particulier de trouble de la conscience gnrale qui est comme le rsum des troubles lmentaires psychiques dont ce type est compos et ce trouble particulier est class suivant le mode de suppression ou d'entrave des processus psychiques. Dans ce sens on peut parler d'un tat de conscience mlancolique, parauoque, maniaque, etc.
;
118
Les changements morbides de la conscience de la personnalit offrent un grand intrt au point de vue clinique. Ainsi nous observons des troubles profonds dans les notions de temps et de lieu s'garer en marchant) qui supposent une existence psychique crpusculaire due des processus dgnratifs graves dans le cerveau (dmence paralytique etsnilej. Ainsi il y a des malades chez qui la conscience de toute la priode de leur vie normale et passe a compltement disparu du moins ils attribuent cette phase une autre personnalit trangre, de sorte qu'ils ne font dater leur existence qu' partir du moment o leur maladie a commenc ou partir d'une certaine priode de cette maladie 'apparition des ides dlirantes reprsentant un nouveau Moi;. Il y a mme des cas o la conscience de la propre existence psychique a compltement disparu et o le malade se considre comme une chose et parle de lui la troisime personne. Dans ces cas, il y a, ct del transformation psychique, des troubles profonds de la conscience gnrale, des anesthsies qui souvent amnent chez le malade l'ide fixe qu'il est mort. Ce qui est encore du plus grand intrt, ce sont les cas o, ct du Moi morbide, des fragments de l'ancienne personnalit se sont maintenus et o le Moi s'est scind en plusieurs personnalits diffrentes qui prsentent chacune des conceptions dlirantes (Moi multipli; division de la personnalit). Dans ce dernier cas, il subsiste encore au moins une unit de la conscience qui n'a chang qu'au point de vue de sa nature il n'y a pas deux personnes, il n'y en a qu"une seule avec une intellectualit diffrente. Les divers moi sont faiblement rattachs les uns aux autres par le sentiment de l'unit du corps et par la conscience de l'ordre chronoi
logique.
le
malade
se sent
par accs une personnalit tout fait autre. Gomme aucun rayon de la conscience de l'poque de la vie normale ne se manifeste pendant la priode de l'accs morbide et que ce dernier ne laisse aucune trace ni aucun souvenir, le malade mne une vritable existence en partie double, et reprsente deux tres parfaitement distincts au point de vue chronologique (ddoublement de la personnalit, conscience alternante, double existence intellectuelle;. Ces tats ont t observs pour la plupart chez des femmes au moment de la pubert et comme phnomne partiel d'une nvrose hystrique. Ils se rapprochent beaucoup du somnambulisme
^
naturel.
C'est
du degr du trouble de
la
septembre Mil;
Voir les cas intressants d'Azam, Annal, md. psycJi., juillet 1876: et Berthier. Ibid., Ibid., octobre 1857. ^Vinslo\v, Obscure diseuses of the brain, p. 279. Jessen, Physiol. des menschl. Denkens, p. 66. Emminghaus, Psychopathol., p. 128 (citations des auteurs); Zeifschr. f. Psych., 40, fasc. 3, p. 399.
19
qu'on est psychiquement malade existe plus souvent qu'on ne le suppose ordinairement. Souvent un sentiment d'anxit, une crainte de perdre la raison existent
longtemps avant la maladie proprement dite, notamment chez les individus qui ont une tare hrditaire. Dans les priodes de dbut de la mlancolie, ce sentiment est ordinairement trs vif et souvent mme la cause que ces malades lucides demandent eux-mmes tre admis dans un asile. Dans la manie aussi, mme son apoge, le malade a assez souvent conscience de son trouble et il excuse mme ses actes insenss et instinctifs en disant lui-mme qu'il est fou et que par consquent tout lui est permis.
Dans les priodes plus avances de la folie, quand les ides dlirantes systmatiques ou la dcadence intellectuelle se sont produites, le malade ne se rend aucunement compte de son tat pathologique, bien qu'il puisse encore reconnatre avec nettet la maladie chez ses compagnons de douleur. De l vient que ces individus qui se prtendent normaux, rclament sans cesse pour faire cesser leur dtention qui, leur avis, n'est nullement justifie. Dans la convalescence le fait de reconnatre sa maladie est un des
premiers symptmes du retour la sant. Comme formes lmentaires spciales des troubles de la conscience chez les alins, nous devons, en dehors des formes de la somnolence, sopor, coma, etc., telles que nous les fait connatre la pathologie crbrale gnrale, tudier encore les suivantes i'' Les reprsentations n'arrivent Etats crpusculaires psychiques pas la conscience avec une clart parfaite, la notion du temps et de l'espace, ainsi que celle de sa propre personnalit, est considrablement ternie. La perception du monde extrieur est ple, dcousue et se fait comme travers un voile. Le souvenir des vnements de cette priode est tout fait sommaire. Ces tats crpusculaires se rencontrent chez les pileptiques entre les accs et la suite de ces derniers, mais aussi comme un obscurcissement temporaire de la conscience sans la moindre connexit avec les accs puis au cours de l'alcoolisme chronique, dans la dmence
:
.
paralytique et snile.
2'^
Etats de rrerie
l'tat
de
veille.
La conscience
est
trouble
jusqu' la suppression du sentiment de soi-mme ('perte de la conscience dans le sens mdico-lgal) la notion du monde extrieur et de sa propre
;
personnalit
s'est teinte
ou du moins
est
tombe
un minimum de
clart.
Alors les excitations sensorielles n'arrivent pins jusqu' la sphre de la conscience, les sensations sensitives ne deviennent plus des perceptions
nettement conscientes. Cet tat ressemble l'tat de rve, cette diffrence prs que la sphre psycho-motrice n'est pas entrave, de sorte que les reprsentations dues des excitations intrieures ('dlires et hallucinations se traduisent par des actes moteurs et peuvent devenir des mobiles d'action somnambulique dont l'auteur a aussi peu conscience qu'il eu a souvenir aprs leur accomplissement. Il faut tenir compte ici de certains dlires d'inanition et fbriles, des
i
120
du somnambulisme.
psychiques sont entraves, mais sans tre compltement supprimes. La conscience est trouble dans le sens que les reprsentations n'ont pas la nettet de celles de la vie normale la perception est ternie, ralentie, la marche de la reprsentation est devenue difficile, les associations sont paresseuses. L'entrave se manifeste surtout dans la sphre psycho-motrice. Le malade manque de toute spontanit, il reste pendant des heures entires debout au mme endroit, son facis prsente l'expression de l'indiffrence et de l'tonnement stupide. Des mouvements volontaires se produisent rarement, avec une difficult
;
visible et
une
il
trs
grande lenteur.
la
A
et
dcharge des
rflexes,
une entrave
et
vgtatifs est
diminue aussi;
la
bruits du
cur sont faibles, le pouls est peu dvelopp, petit, ralenti, les mouvements pristaltiques diminus (constipation), la circulation paresseuse (dme des pieds); passagrement des tats cataleptiques peuvent se
produire.
comme phnomnes postpileptiques comme phnomnes pisodiques dans la dmence paraet lytique, la paranoa; comme phnomnes d'alternance dans certains tats maniaques (folie circulaire); ils se rencontrent, comme phnomnes priCes tats de stupeur se rencontrent
postmaniaques;
un accs de peur trs vive, aprs des pertes graves de sang, aprs l'asphyxie par l'oxyde de carbone, aprs la strangulation; comme phnomnes accessoires des tats mlancoliques (mlancolie stupide) comme expression de l'puisement crbral aprs les maladies
mitifs et indpendants, aprs
;
aigus graves
(typhus),
aprs
les
excs
sexuels,
surtout
les
excs
d'onanisme. La cause commune de ces tats est probablement l'anmie crbrale par dme (strangulation), par constriction des vaso-moteurs (effroi, etc.),
par inanition (typhus, etc.). 4 Extase. La conscience est
comme en tat de rve et entirement absorbe par les phnomnes intrieurs. Elle est limite une sphre troite de reprsentations fixes et amenes par une vive passion, reprsentations nes spontanment et avec les couleurs vives de l'hallucination. Dans cette concentration intrieure, la rception des impressions du monde extrieur et de celles de son propre corps est suspendue ou restreinte aux choses qui ont un rapport avec l'ide du songe. La sphre psycho-motrice aussi est oriente exclusivement dans le sens
de
la
reprsentation (dlire d'extase). L'individu ressemble alors une pour un moment prsenter l'tat de flexibi-
femmes
et
surtout sur le
Les
anmies,
les
maladies
121
des
organes gnitaux,
et,
Souvent elle provient de convulsions (hystriques) ou bien elle en est Le sentiment de soi-mme manque ici compltement ou est trs obscurci, et par suite il y a absence complte de souvenir pour les vnements de l'accs ou tout au plus la mmoire se borne quelques rminiscences vagues du dlire hallucinatoire.
suivie.
CHAPITRE
VI
Le langage, intermdiaire des penses et fonction directe de l'corce crbrale, offre pour le mdecin aliniste des sources de renseignements importantes non seulement par l'expression des ides, mais aussi par le
mode de
langage
l'locution.
La langue peut
crit.
tre
un langage de
gestes,
de
sons, de mots ou
un
comprhension des mots (quand 3 dveloppement de la facult de penser il n'y a pas surdit des mots) par association, ce qui permet de formuler la rponse (phnomnepossible tant que ce pouvoir de formuler la rponse n'est pas entrav par une maladie mentale) 4 l'acte de revtir de mots les conceptions contenues dans la rponse (ce qui est possible tant qu'il n'y a pas aphasie amnsique) S transformation des conceptions de mots en conceptions de mouvements
a pas surdit); 2"
; ; ;
Voici quelles sont, d'aprs Exner, les conditions essentielles pour qu'une se faire entre personnes par le langage 1 audition
:
correspondants (ce qui est possible tant qu'il n'y a pas d'aphasie ataxique); 6 transmission de l'impulsion nerveuse avec la force et la coordination ncessaires aux muscles du langage (ce qui est possible tant qu'il n'y a pas de maladie du bulbe). Quand l'individu se trouve un niveau intellectuel trs bas (infriorit congnitale ou acquise), le langage peut se limiter un langage de gestes ou de sons (idiots, imbciles) comme manifestation des motions ou des
tats d'esprit.
A un
le
soit
peuvent rpter ce qu'on a prononc devant eux, soit une phrase entire, au moins le mol final de la phrase (langage d'cho). A un degr un peu plus lev encore, on trouve un langage de mots servant dsigner les
'Comparez l'ouvrage excellent de Kussmaul,
Spielmann, Diagnosti/c,
p. 26, 100.
i)/e Storungen der Sprache, 3' dition, 1855. Gonradi, Wiener med. Wocheiischr., XVIII, 70.
123
besoins les plus primitifs et les plus indispensables, langage qui peu peu
de forme grammaticale et de construction, devient extensivemeut de plus en plus riche, et s'lve jusqu' l'expression des principes. Le plus haut degr du langage est le langage crit.
Envisag de cette manire,
le
et
dans sa
nature
comme une
du mcanisme psychique. Renvoyant les troubles d'articulation pure du langage au domaine de la pathologie spciale (idiotie, paralysie, etc.), nous ne nous occuperons ici que des troubles qui sont occasionns par une altration del'corce crbrale, savoir
1
:
les
anomalies
a).
a)
5j
syntaxique,
facilit
y)
de
la diction
comme expression d'une plus grande dans le mouvement des penses et la manifestation de l'ide, se rencontre dans les tats d'exaltation psychique et surtout dans les tats maniaques (logorrhe, polyphrasie). La parole est plus aise, plus prompte, elle devient mme brillante (exaltation maniaque), jusqu' ce que par la prcipitation de plus en plus grande des reprsentations (course chevele des ides), par la suppression des anneaux qui les enchanent, il arrive que des mots dtachs et mme de simples images de sons soient seuls capables de provoquer encore des rflexes dans le mcanisme du langage. Alors arrive fatalement la confusion (apoge de la folie furieuse) et la disparition de la construction grammaticale des mots en phrases. La confusion du langage peut tre cause aussi par un simple trouble de l'association (embarras, motion), par l'volution d'ides qui se rattachent l'homonymie superficielle des mots (c'est le cas de beaucoup de maniaques et de fous), par des tats de faiblesse mentale o les mots ne sont que des sons et sont employs faux (certains fous), comme dans la paraphasie. Ces tats se distinguent au premier aspect de la confusion des fous furieux, par le simple fait qu'il n'y a pas d'acclration du langage, comme
L'acclration de l'locution,
:
c'est le cas
La lenteur du langage qui peut tre entrecoup se rencontre chez beaucoup de mlancoliques et d'individus tombs dans l'imbcillit. Dans le premier cas la cause en est dans le ralentissement et l'arrt de la reprsentation, dans rinfluence troublante des hallucinations et des motions dans le second cas, c'est l'incapacit de former une ide, incapacit rsul;
Ces deux troubles peuvent amener au mutisme complet la mlancolie, par l'augmentation des entraves, par l'absence de rflexes dans l'organe du la dmence par manque de conceplangage (mlancolie avec stupeur)
:
;
Cependant
stupeur acquise apathiquement). le mutisme est souvent caus par des ides dlirantes, par des
124
hallucinations impratives (paranoa religieuse), parfois, dans la folie hystrique, par des sensations de boule qui entrave.
anomalies intressantes, en ce qui concerne la forme du lanlangage pathtique des extatiques et des paranoques exalts (par le dbordement des sentiments, par l'excitation et l'exaltation bases sur une excessive confiance en soi-mme); ensuite la diction triviale et purile de certaines paranoques et hebphrniques qui se servent de prfrence des diminutifs, et le langage rim des maniaques. Il faut ranger encore dans cette catgorie la verbigration, phnomne dcrit pour la premire fois par Kahlbaum [Die Kakatonie, 1874, p. 39), dans laquelle le malade dbite des mots et des phrases sans signification aucune et n'ayant aucun rapport entre-eux, mais il les dbite de manire qu'on croirait entendre un discours. Kahlbaum distingue cette verbigration du bavardage trivial et du radotage confus de l'imbcile et des discours du fou furieux caractriss par la course des ides et qui ne revient jamais la mme liaison de mots, tandis que le verbigrant rpte jusqu' l'infini les mmes mots et les mmes phrases ^ La rptition ritre des mmes mots peut tre due aussi des motifs psychiques. Ainsi il y a des malades atteints de paranoa religieuse qui, par un respect particulier pour le nombre trois, rptent ce mot prononc ou crit trois fois. Il faut ranger dans cette catgorie une malade de Morel {Trait des malad. ment., p. 300) qui, par crainte hypocondriaque de perdre la facult du langage, rptait plusieurs fois chaque mot. y). Les fautes de diction syntaxiques se rencontrent chez les paranoques et les imbciles. Elles consistent en ce que les malades greffent un mot sur un autre, appliquent aux substantifs la conjugaison des verbes, ou omettent de dcliner et de conjuguer; comme dans le langage des petits enfants ou le langage du ngre, ils ne se servent plus que du substantif sans article, de l'infmitif ou du participe pass et emploient les noms au lieu des prnoms (par exemple Antoine pris des fleurs, gardienne venue, frapp Antoine).
[).
Parmi
les
:
gage, notons
le
Comparez Kussmaul,
8).
op. cit.
le terrain des dysphrasies, est du plus grand intrt, en dehors de la pauvret du langage dans sa teneur et dans la diction, la cration de termes nouveaux ^ cela n'a lieu que chez les paranoques et trs rarement chez les maniaques. Cette onomatoposie est le plus souvent d'origine hallucinatoire ou pro-
c'est,
'
62, p. 94; et
Irrenfreund, 1877, H. 5.
Voir Brosius, Allg Zeitschr. f. Psych., 33, fasc. 5, 6. J'ai observ une forme de cette verbigration qui allait jusqu' la manie de mcher les paroles, chez un paralytique qui, la priode avance de sa maladie, rptait pendant des heures entires le mme mot, le verbigrant avec de nombreuses permutations de syllabes et de sons (excitation corticale dans le mcanisme du langage, jointe un arrt dans la marche des reprsen2
tations?).
Snell, AUr/. Zeitsclir. f. Psych., 9, fasc. 4. Damerow, Sefeloge, p. 99. 11, li, 17.
^
fasc.
1.
Martini, 13, Brosius, Ibid., 14, fasc. 1. Schlager, Wietier medic. Wochenblatt., XIX,
125
le besoin de crer un nouveau mot pour dsigner soit une nouforme de penses et de sentiments morbides, ou bien l'hallucination est un phnomne nouveau pour le malade qui ne trouve dans sa langue aucun terme assez expressif. Cette cration de nouvelles expressions est
duite par
velle
un mcanisme inconscient du cerveau de de veille psychologique et dans l'tat de rve, des liaisons de sons sans ordre et sans signification peuvent se prsenter la
essentiellement produite par
que,
l'tat
mme
conscience.
^ Dysphasies \ D'aprs l'excellente classification de Kussmaul, il faut ranger dans ce groupe les aphasies, qui se rencontrent dans les affections crbrales avec symptmes physiques prdominants (folie traumatique,
il
il
apoplectique, paralytique) souvent aussi dans les pilepsies. Ordinairement s'agit d'aphasie amnsique et plus rarement d'aphasie ataxique. Souvent
ou aussi paralexie et paragraphie, La dmence qui, la plupart du temps, existe simultanment, rend difficile letude des symptmes aphasiques, tant donn que le malade n'a conscience ni de sa paralexie
alexie, agraphie
y a en
mme temps
ni de sa paragraphie.
'
Kussmaul, Op.
f.
cit., p.
153. Bergmann, Allg. Zeilschr. f. Psych., 6, p. 657. Falret, Archiv. yen., 1864; et Diction, encyclop., 1866.
Nasse,
Spamer,
Arch.
Psych., IV.
CHAPITRE
YIl
TROUBLES PSYCHO-SENSORIELS*
(hallucinations)
Parmi compter
anomalies lmentaires les plus importantes de la folie il faut dlires des sens ou hallucinations, c'est--dire les illusions produites dans le domaine des sens et causes par des impressions sensoles les
rielles (Hagen).
Depuis Esquirol qui, le premier, a donn une tude approfondie de ces phnomnes, on a l'habitude de distinguer ici deux sortes de processus
:
L'hallucination;
2 L'illusion.
Voici la diffrence qui existe entre ces deux processus dans l'hallucination aucune excitation sensitive extrieure n'a amen la perception sensorielle (subjective ), tandis que, dans l'illusion, une excitation de l'appareil
:
du dehors ou ayant surgi spontanment, a en se rendant l'organe de la perception et arrive fausse dans
Hallucination.
L'individu atteint d'hallucinations voit, entend, sent, gote, flaire des choses dnues de tout fondement, avec la mme nettet que s'il s'agissait d'une perception des sens objectivement justifie. Ce processus est certainement morbide. Comme toute maladie n'est au
fond autre chose qu'une fonction qui s'accomplit dans des conditions anormales, l'examen scientifique du phnomne doit tudier la fonction dans ses conditions normales et tablir l'anomalie de ces conditions.
'Voir S. Johannes MWer, andb. cl. Physiolorjie, 1, p. 129, et Uber pkanlastische Gesichtserscheinungen, 1826. Edigen, Die Sinnestaeuschungen, 1838. Le mme, Allg. Zeitschr. Brierre de Boismont, Des Hallucinations, f. Psych., 25. Esquirol, Arch. gnr., 1832. 2' ditioa, 1852. Kahlbaum, Allg. Zeitschr. f. Psych., 23. Lazarus, Die Lehre von
den Sinnestuschungen,
Trugwahmehmungen,
".
Kandinsky,
12.
Kreepelin,
A7xh.
Psych.,
XL
127
Le processus normal de la perception sensitive peut se dcomposer en temps 1 La rception d'une excitation physique du monde extrieur par l'organe terminal d'un appareil sensoriel (rtine, organe de Gorti, corps tactiles, etc.) et la transmission de ce processus moteur par la voie centritrois
:
La transmission du processus moteur qui a t modifi dans le centre subcortical au dernier centre sensoriel (centre cortical sensoriel, organe de la perception, centrum ideationisj en suivant les voies qui vont du centre
3
dans un certain tat d'excitation foncs'il contient des rsidus d'une ancienne excitation 'images sensitives de souvenirj.le processus d'excitation, en arrivant dans le centre terminal cortical, provoque le rveil de ces rsidus. Par la fusion d'une rminiscence ainsi rveille avec le processus centripte, il se produit une perception, c'est--dire l'interprtation d'une impression sensorielle comme image du souvenir d'une impression antrieure qui, selon la loi de l'apparition excentrique ou de la projection, est rapporte la source d'origine et renvoye de cette manire dans le monde extrieur. Ce processus trs compliqu de la perception sensorielle est pour nous un phnomne inconscient ce n'est que le rsultat tout fait de ce processus, la perception sensitive, qui arrive notre conscience. Suivant que le centre de perception est plus ou moins prpar, qu'il fonctionne plus ou moins
Si ce centre terminal se trouve
bien, le
comme
l'clair, intuitif,
ou lent
Si l'image
du souvenir
rpond au pro-
comme similaire de celle que l'image du soucomme rsidu, la perception apparat comme une
perception adquate et individuellement juste; dans l'autre cas fquand il n'y a pas concidence), le sujet chez qui se produit le processus est en proie
une illusion de perception (illusion psychiquej.
Grce
la facult
corticaux, l'image
de la mmoire, immanente dans les centres sensitifs du souvenir peut tre voque d'une manire passive ou
d'une manire active dans la conscience. La reproduction passive peut se faire organiquement par une excitation autochtone ou rflexe, fonctionnellement par un nouveau processus d'excitation centripte dans la voie sensitive, ou par une association d'ides,
faire
du souvenir.
Si la fonction de la
est garantie.
reproduction spontane, une reproduction sous une forme modifie (par laf usion avec d'autres images de souvenir) est impossible.
la
Dans
128
La
Sully) consiste eu ce
que
le
premier
produit seulement dans les circonstances ordinaires une image idale de souvenir et non pas une image sensorielle. C'est probablement pour cette raison que la conscience est capable de discerner toujours facilement une rminiscence d'une image de perception. La cause de ce phnomne ne
le fait
perception, tout l'appareil des sens est mis contribution, tandis que pour l'image de souvenir cet appareil n'y a aucune part ou du moins n'y con-
court pas d'une manire aussi intensive que pour l'image de perception. Quand une image de souvenir atteint la vigueur d'une perception sensitive (hallucination), on est amen supposer que l'appareil des sens qui se
trouve dans des conditions anormales a t mis par le centre dans un tat d'excitation fonctionnelle approximativement aussi fort que celui qui serait
produit par une perception sensitive physiquement justifie et venant du dehors. La cause de ce phnomne tient ou la force d'irritation anormale de l'image de souvenir, ou la rceptibilit augmente de l'appareil
des sens, once qui est encore possible, ces deux conditions la fois. Il est trs difficile de trancher cette question tant donn les lacunes
dans nos connaissances sur les diverses parties de l'appareil des sens. Le degr d'intensit del reprsentation de souvenir n'est pas sans importance cela ressort du fait que les conditions occasionnelles pour la production des hallucinations peuvent se rsumer en ce fait qu'elles doivent amener une irritation et une concentration intenses de la facult reprsentative. Fonctionnellement cela se produit dans les tats motionnels (peur, effroi, enthousiasme") ainsi que dans l'accentuation de l'attention (motions d'attente, vive absorption par un objet), quand il n'y a pas d'excitation des sens venant du dehors (obscurit, solitude, etc.). Ces conditions se trouvent surtout ralises dans les prisons cellulaires o se font sentir les motions, les remords, la nostalgie de la libert, voquant des rminiscences vivement annotes en outre l'absence d'excitations sensitives provenant du dehors fait que l'individu ne s'occupe que des tableaux que lui prsente son imagination. En effet, dans les prisons cellulaires, les hallucinations ne sont pas rares. Organiquement la formation des vives rminiscences est aide par le fait que, dans le cas de maladies de l'corce crbrale, ces images de souvenir ne sont pas amenes par la voie dynamo-fonctionnelle psychique du rveil associatif, mais provoques par des phnomnes organico-physiologiques. Comme irritations organiques intrieures dans le domaine de l'corce crbrale on a admis les troubles de la nutrition, comme il s'en produit facilement dans le processus qui est la base de la folie, dans les maladies fbriles, dans les tats d'inanition, dans les intoxications. Ce sont surtout les tats d'inanition (anmie) qui favorisent la formation des hallucinations (naufrags, voyageurs mourant dans le dsert, gens puiss par une maladie aigu, par des pertes de sang, asctiques pratiquant les jenes, etc.).
:
129
diff-
rences d'intensit daos les images de souvenirs. Ainsi on sait que le jeune homme a beaucoup plus d'imagination que le vieillard chez qui les images
visuelles de souvenir surtout sjnt
mal reproduites.
y a des individus qui par prdisposition originaire ont une mmoire des sens mauvaise ou partiellement mauvaise, contrairement d'autres dont les images sensitives de souvenir se reproduisent avec une vivacit extraordinaire. Ce don se rencontre chez les artistes, soit comme
Ainsi
il
simplement reproductive, soit comme facult oprant des transformations Imaginatives. C'est sur ce talent qu'est fond l'art des reprsentations mouvantes de certains grands artistes dramatiques, les crations plastiques ordinaires d'un Goethe, d'un Ossian, d'un Homre. Chez les compositeurs aussi la finesse de l'instrumentation les nuances de leurs uvres musicales proviennent probablement d'un pouvoir de reproduction subtil et vif de leur mmoire acoustique. Il faut admettre sans rserve que les individus dous d'une grande sensibilit sont plus ports aux hallucinations que les pauvres d'imagination qui se meuvent plutt dans le domaine des ides abstraites; ce qui plus est, chez les premiers, les images de souvenirs mmes peuvent prendre une nettet plastique qui frise l'hallucinafacult
,
manifestement des transitions peine perceptibles vers l'hallucinaet d'autre part les observations faites sur les alins nous apprenuenrt que leurs hallucinations n'ont pas toujours ou ont rarement ds le dbut
tent
tion
Dans tous
les cas
si
la
reproduction, quelque
si
une
puissante excitation du centre cortical suffisent donner l'image de souvenir la force d'une image de perception et la transformer en hallucination.
Tous
la
les faits
de
la
physiologie
moderne de
la
du
conservation des images de souvenir. L'image de souvenir, arrive son expression plastique (hallucination), ne peut tre reproduite dans une autre rgion de l'appareil des sens. Dans
perception et de
les centres
phnomne de
subcorticaux
atteindre l'intensit
d'une sensation relle, mais jamais le mme fait ne pourrait se produire pour des figures, des mots et en gnral pour des images de souvenir plus compliques. Pour que l'image de souvenir devienne hallucination, il faut, sans prjudice de l'intensit de cette image, qu'il y ait des conditions analogues celles qui sont ncessaires l'accomplissement de la perception sensitive,
c'est- dire
qu'il faut
le
trajet
130
Le changement des conditions consiste en ceci que ce n'est pas un pliextrieur physique, mais un phnomne intrieur psychologique qui fait rsonner l'appareil des sens. Dans la perception sensitive il s'agit d'un phnomne centripte, dans l'hallucination d'un phnomne centrifuge. Tous deux concordent en ce sens que, suivant la loi de la projection excentrique ou loi de la perception, la cause de l'excitation est reporte la priphrie du trajet sensoriel, dans le monde extrieur.
nomne
et la
reconnatre qu'indirectement.
sur
la
tions
On ne peut qu'mettre de pures supposiquestion de savoir sur quoi repose cette facult du trajet
On
comme une
En
gnral,
sorte d'hyperesthsie.
Dans tous
il
purement
fonctionnelles o l'on peut constater aussi dans d'autres fonctions des ph-
nomnes d'augment de
trie, l'pilepsie, la
l'excitation fonctionnelle.
les
x4.insi
s'explique la fr-
comme
la
des
hallucinations
autrement
un phnomne quotidien et ordinaire, car les condiqui amnent une intensit extraordinaire des rminiscences (motion, attention, concentration, tension volontaire de l'imagination) se produisent trs facilement. Si ces conditions conduisent rellement l'hallucination, on peut avec [certitude admettre
l'appareil sensoriel centro-priphrique.
faits
peut se former que dans le centre sensoriel cortical est fournie par les exprimentaux suivants
:
La disparition des phnomnes hallucinatoires aussitt que le centre sensoriel cortical a t dtruit et que cette destruction a amen la perte des
1
La
3Dans les processus d'excitation, l'appareil sensoriel priphrique, y comborne des sensations subjectives lmenmais
il
;
ne produit jamais des figures, des mots, etc. est souvent conforme la nature de la conception. Elle reprsente des conceptions visuelles devenues plastiques et des conceptions auditives devenues perceptibles. Ce n'est qu'ainsi qu'on peut s'expliquer que parfois des hallucinations portant sur le mme sujet, se rencontrent, comme par contagion, chez un
La nature de l'hallucination
grand nombre d'hommes proccups par les mmes conceptions trouvant en mme temps dans un tat d'excitation motionnelle.
et se
131
Cependant l'objet de l'hallucination et celui de la conception ne sont pas toujours conformes l'un l'autre. Pour comprendre ce fait il est ncessaire d'examiner de quelle manire les images de souvenir susceptibles de se transformer en hallucinations, peuvent tre voques.
Les circonstances sont tout
fait les
la
formation des
L'vocation de l'image de souvenir, destine devenir une hallucination, peut avoir lieu spontanment par la voie physiologique organique ou par
la voie
dynamo-associative.
le
la reprsentation de soude son rveil, devenir effective, de sorte que la conscience n'en tient compte que lorsque cette rminiscence est arrive l'tat d'hallucination.
il
Dans
premier cas
que
moment
sensoriel.
tre directe une excitation dans le centre Mais on peut aussi admettre que cette excitation soit amene au centre par un phnomne d'excitation soit dans la voie sensorielle priphrique, soit dans les voies sensitives d'un viscre quelconque. La reprsentation de souvenir produite par association et devenant hallucination, sera ordinairement une reprsentation consciente et s'intercalera dans la marche des conceptions concrtes et conscientes. Mais il n'est pas ncessaire qu'elle soit identique sa forme originelle au contraire, elle apparat souvent sous une forme travestie, imaginaire. Elle peut tre rveille par une reprsentation reproduite, par association ou par une perception sensitive ou mme par une hallucination. On dsigne ordinairement l'hallucination secondaire sous le nom d'hallucination rflexe (^Kahlbaum). La nature de l'hallucination peut tre stable (une reprsentation de souvenir associative, fixe par la concentration, l'motion, ou par une vocation continuelle et ritre, par suite d'une excitation organique ou priphrique d'une qualit dtermine), ou bien le sujet varie constamment comme dahs un kalidoscope. Il est trs rare que les hallucinations soient localises un il ou une oreille. Il s'agit alors d'illusions ou du moins d'excitations amenes par la voie sensitive au centre sensoriel. Il serait possible aussi qu'il n'y et qu'une excitation organique unilatrale dans un centre cortical. Toutes les fois que des reprsentations produites par le processus psychologique de l'association des ides et sjournant dans la conscience, sont capables d'exciter le centre sensoriel dans le sens d'une hallucination, il faut conclure un tat trs avanc d'hyperesthsie de l'appareil sensoriel
: ;
central et priphrique.
moment de
exemples l'appui de ce fait, il faut citer ces malades qui, au lire ou de penser quelque chose, entendent prononcer la mme chose dans le monde extrieur et qui se plaignent alors que leurs penses sont exprimes et devines par d'autres personnes. Quelques-uns de ces phnomnes sont probablement des pseudo-hallucinations c'est surtout le cas quand les malades arrivent se rendre compte
;
Comme
132
de l'origine subjective de leurs hallucinations et qu'ils les dsignent par le mot penser haute voix ainsi que le disait le malade de Leuret c'est un travail qui se fait dans ma tte . La signification nosologique de l'hallucination est celle d'un trouble lmentaire des fonctions psycho-sensorielles. Elle indique toujours un tat morbide du systme nerveux central. Elle se rencontre le plus souvent dans l'tat dlirant, mais, en elle-mme, elle ne constitue pas du tout le critrium de l'alination mentale. La signification psychologique de l'hallucination est celle d'une perception sensitive relle. Il ne semble pas seulement l'hallucin qu'il a telle ou
<^
;
telle
impression;
il
comme si un
objet
rel produisait
une impression
est
sensitive.
conscience
comme
de savoir ce que devient au cours du phsi elle est reconnue par la une hallucination ou si, n'tant pas juge comme telle,
;
autres
sphres sensorielles. La rectification est de rgle chez le nonrflexion et l'attention qui sont intactes, l'activit des autres alin. sens qui n'est point fausse et leur tmoignage exact, amnent presque
La
ncessairement
est
la rectification
fort
intressant d'observer
dire
sursensitif,
l'effet
pour
ainsi
produit
mme
chez
les
individus
sa nature
sains
et
d'esprit et
sa
gnralement confondue avec une les motions troublent la raison et le calme de la rflexion de plus il existe souvent simultanment des hallucinations de plusieurs sens, de sorte qu'une perception sensitive subjective en appuie une autre, en mme temps que les moyens de rectification et de contrle de la perception sont entravs. Cependant il arrive aussi que les alins rectifient et corrigent leurs
car la conscience est altre
; ;
quand
les hallucinations
portent sur
un
momentane de penses correspondantes ou de mots qu'il vient de lire. Dans la plupart des cas cependant les reprsentations q[ui provoquent les hallucinations, semblent natre d'une irritation crbrale spontane (non associative), ou du moins elles n'arrivent pas la conscience du malade avant d'tre transformes en hallucinations. De l vient que souvent le sujet des hallucinations ne correspond pas celui de la conception consciente du moment et que par consquent on le prend pour une chose trangre et on le reporte daus le monde extrieur. Une question pratique qui ne manque pas d'importance, se pose ce propos, c'est de savoir si les hallucinations qui ne sont pas reconnues
l'hallucination est la manifestation plastique
133
comme
auteurs,
par l'iudividu, constituent un symptme de folie. Certains Franais, n'ont pas hsit rpondre par l'affirmative cette question, mais c'est tort, car tout d'abord l'hallucination,
telles
notamment des
quand mme
elle serait
prise pour
une
ralit, n'est
qu'un phnomne
lmentaire qui ne nous dit rien par elle-mme ni sur l'tat gnral d'un individu, ni sur son tat crbral d'autre part, on a observ des personnes qui ont cru la ralit de leurs hallucinations et qu'il nous serait
;
(Mahomet, Napolon, une vision du soleil pendant que, dans sa prison, il priait Dieu de lui permettre de voir encore une fois la lumire du soleil Pascal, qui a vu devant lui un prcipice; la pucelle d'Orlans; Luther, qui jetait son encrier au diable, et d'autres). L'explication n'est pas difficile quand on songe que ces hallucins taient domins par l'illusion, la superstition de leur sicle, par leur tendance aux choses mystiques, et qu'ils n'avaient pas l'instruction ncessaire, ou n'taient pas prdisposs pour rectifier et corriger les crations de leur
bien
difficile
de considrer
comme
;
des
alins
dmon Benvenuto
;
imagination.
pour des
constituent des
l'intgrit des
rapports avec le monde extrieur rel. Quelque simple que paraisse la constatation d'une hallucination, il peut devenir difficile de se prmunir contre l'erreur et la confusion avec d'autres faits
Les rves de certains fous qui, dans leur imagination, se mettent, comme un acteur, dans un rle ou dans une situation, font des dialogues sans voir ni entendre rellement d'interlocuteurs iHagen) 6). La reproduction des images des songes et le fait de les reporter dans
;
le
monde rel comme des vuements rels. Cette absence de critique se rencontre dans des tats de faiblesse psychique y). La confusion d'une conception qui vient de natre avec le souvenir d'une perception qu'on croit avoir reue. Dans cette catgorie rentrent
;
les
dit sur
moment ils s'imaginent seulement que ces faits ont eu lieu. Les assertions des malades se distinguent dans ces cas par leur caractre vague de la vritable hallucichose, qu'on les a calomnis, alors que sur le
nation (Hagen).
hallucinatoires sont les suivants
Les symptmes qui indiquent assez siirement l'existence de phnomnes une attention haletante portant sur un objet dtermin, la fixit du regard dans une direction dtermine, le fait de se boucher les oreilles, de se voiler la face. Beaucoup de malades, sans y tre invits, rapportent ce que leur ont dit i leurs voix et dsignent souvent par un nom spcial l'objet de l'hallucination. La cration de mots nouveaux, le mutisme, le refus d'aliments sont des phnomnes trs souvent causs par des hallucinations.
:
434
Il
qui reflte les opinions religieuses. Les hallucinations ont t la cause d'importants vnements historiques (vision de la croix par Constantin le Grand) elles ont cr des religions
;
(Mahomet); elles ont amen aux aberrations les plus pitoyables dans les procs de sorcires, la superstition et la croyance aux revenants. Elles ont eu une part importante dans l'origine des contes et des lgendes (croyance en l'existence des fes, des nymphes, des diables, des fantmes,
des spectres), et ce n'est pas par hasard que les auteurs de ces lgendes sont de prfrence des campagnards, des bergers, des chasseurs, c'est-dire des hommes chez qui le vif contact avec la nature dveloppe une
prdominance de la vie sensitive et de l'imagination. Un exemple frappant de ce genre c'est le second sight (seconde vue) des montagnards cossais qui consiste en ce que des personnes particulirement prdisposes, c'est--dire nerveuses, ont le don de voir les autres dans certaines situations, par exemple tales dans un cercueil, ce qui, plus tard, peut par hasard devenir une ralit. Il faut ranger aussi dans cette catgorie l'apparition de mauvais augure de sa propre figure (vision gris-clair que Goethe eut de sa propre personne en allant cheval Drusenheim). Les hallucinations sont trs frquentes dans l'histoire des couvents o la prdisposition nerveuse, le jene, la mortification, la privation de som-
un
trs petit
nombre de
reprsentations et par suite une imagination surexcite, peut-tre aussi la masturbation sont runies pour les provoquer.
Dans
du plus grand
effet;
compte de
la signification
psycholo-
gique des hallucinations, ou peut-tre aussi par instinct, ont recours aux hallucinations quand ils veulent produire un effet mouvant. Sous ce rapport la vision de Macbeth dans la tragdie de Shakespeare produit un effet grandiose quand Macbeth trouve sa place table dj occupe par le spectre de Banco, Un exemple excellent de l'utilisation des hallucinations dans l'art potique nous est fourni par le Roi des Aolnes de Gthe.
II.
Illusion.
On
sensorielles qui,
distingue des hallucinations les illusions, c'est--dire les sensations dans leur trajet jusqu' l'organe de la perception,
133
un faussement
et
trompent
la
mne
sensationnel.
l'appareil sensoriel priphricfue leur
;
marche
le
caractre compliqu
du pro-
perception; en
Le
1
(illusion
physique);
'i"
L'organe cortical de la perception (illusion psychique). Les illusions dont la cause se trouve dans le monde extrieur sont souvent occasionnes par le changement de milieu que l'excitation extrieure doit traverser pour atteindre les organes des sens.
1
Ainsi les
mmes
quand
l'air
grands et plus rapprochs quand l'air est plus dense, la des rayons lumineux tant plus faible lors du passage d'un rfraction milieu rarfi dans un milieu plus dense et plus forte dans le cas inverse. C'est par suite de la nature physique et physiologique de notre organe visuel que, par exemple, les arbres et les poteaux tlgraphiques semblent passer comme un vol rapide devant nous quand nous nous trouvons dans un train en marche, tandis que c'est bien nous qui passons rapidement devant eux; un bton plong dans l'eau nous semble flchi; les objets clairs sur fond noir nous paraissent par irradiation plus grands qu'ils ne sont en ralit, etc. 2 Une source importante d'illusions c'est l'irritation des nerfs sensoriels par des stimulants inadquats ^ Par suite de son nergie spcifique l'appareil sensoriel rpond par la sensation qui lui est particulire aux excitations quelconques qui peuvent l'atteindre. L'excitation cause par une fluxion et par des exsudats tels qu'en produit l'inflammation dans la chorodite ou dans la rtinite, l'excitation cause par une pression sur l'il ont pour rponse une sensation lumineuse. Dans les catarrhes de l'oreille moyenne ou interne, il se produit des bruissements, des crpitements, des bourdonnements dans l'oreille. L'appareil des sens ne peut ragir devant ces excitations inadquates que d'aprs les qualits lmentaires de la sensation; mais la sensation subjective, amene jusqu' l'corce crbrale, peut en ce dernier endroit produire une reprsentation qui n'est pas adquate la sensation et par l mme crer une illusion. L'homme sain d'esprit et dont la raison est intacte, n'est pas expos cette illusion; il interprte d'une manire juste la sensation subjective, il
est rarfi, plus
'
Sully,
136
la
considre comme telle et en l'prouvant il coaclut l'existence d'une maladie de l'appareil des sens; il n'en est pas de mme chez l'alin dont la conscience est trouble et qui, vu le trouble de sa raison et ses motions morbides, n'est que trop facilement port transformer d'une manire imaginaire cette excitation subjective de ses organes sensoriels. Il est vident que, chez les alins, beaucoup de phnomnes considrs comme des hallucinations trouvent leur explication dans ce fait que le malade encore calme avait au dbut trs justement considr comme une excitation subjective des sens les sensations subjectives qu'il avait d'abord perues (scintillements lumineux, bourdonnements d'oreille) et que ce n'est que plus tard, avec les progrs du trouble de la conscience, qu'il les a pris pour des flammes, des diables, des menaces et des injures, et qu'il y a puis les lments de ses visions et de ses voix. Tel est le cas notamment quand la prtendue hallucination est due des phosphnes ou des bruits, qu'elle est constamment accompagne de ces tats d'excitation subjective de l'appareil des sens, quand le sujet de l'hallucination est stable, quand le phnomne est localis un il ou une oreille, donc unilatral, et quand la sensation disparat aussitt que l'individu ferme les yeux, La frquence et l'importance de ces illusions justifie la ncessit, toutes les fois qu'il se produit des illusions vagues ou stables, apparaissant simultanment avec des sensation^ lmentaires subjectives, de soumettre un examen physique trs minutieux l'organe sensoriel; cet effet, on se servira, du moins eu ce qui concerne l'organe auditif, avec beaucoup d'avantage du courant constant par le procd de Brenner. 3" Il arrive assez souvent que l'appareil sensoriel priphrique, y compris l'organe de la perception, ne laisse rien dsirer dans sa manire de fonctionner le faussement de la sensation ne se produit que dans le centre de la perception et l'illusion a une cause psychique. La cause de ces illusions d'origine psychique tient en partie au manque d'attention, en partie la dfectuosit de la perception et parfois ces deux causes la fois. Un phnomne frquent qu'on peut classer dans cette catgorie et qui existe aussi dans la vie physiologique, c'est celui des illusions motives. Dans ce cas l'exactitude de la perception est trouble par le fait que le monde des conceptions est proccup par un cadre d'ides dtermines. L'excitation des sens arrivant l'organe de la perception, produit une reprsentation qui rpond l'tat de l'esprit mais non la ralit cette reprsentation est accompagne d'une image sensitive qui, comme une perception, est extriorise sans que l'individu s'aperoive de son erreur. x\insi s'expliquent les faits pour le voyageur peureux qui traverse seul une fort le bruit d'une feuille devient le pas d'un brigand qui le poursuit ; l'homme qui a peur des spectres croit, quand il entre la nuit dans un cimetire, en voir surgir un derrire chaque pierre. C'est ainsi qu'un individu qui se trouve en tat d'exaltation religieuse voit se pencher vers lui l'image de la sainte Vierge, l'glise, le crucifix tourner les yeux, etc. c'est ainsi que, dans l'emportement de la colre, les
;
137
mots de celui qui a provoqu cet tat, bien qu'ils n'aient eu blessant, sont faussement interprts comme des ofeu-ses, des menaces, etc.; c'est ainsi que l'individu tourment par la jalousie interprte faussement et suspecte des faits absolument insiguifiants; c'est ainsi que l'individu enflamm d'un amour ardent n'aperoit qu'avec uoe
eux-mmes rien de
aurole idale l'objet banal de ses dsirs, en voit les laideurs sous le jour de la beaut (Don Quichotte et ses aventures avec Maritorne), ou que l'individu emport par l'enthousiasme prend des moulins vent pour des
gauts
et les
combat.
d'illusions est due au manque de nettet de l'impar l'absence d'attention, par distraction, ou par le caracpression cause tre phmre et imparfait de la sensation. Une grande quantit de phnomnes rentrent dans cette catgorie. Nous
apercevons, par exemple, l'horizon un nuage qui nous semble avoir la silhouette d'un gant, d'une maison, d'un navire. La perception fausse rveille notre attention et alors nous arrivons ne
plus voir autrement que sous ses contours rels le nuage fantastique; nous marchons d'un air distrait dans la rue, nous croyons rencontrer un ami et nous sommes dj sur le point de l'aborder, mais, en regardant attentic'est un tranger. Ces sortes d'illusions sont favorises par les phnomnes physiques qui rendent difficile la nettet de la sensation tels sont, par exemple, le cr-
de lune, le brouillard, etc. Alors on peut prendre un arbre pour un homme, un vtement suspendu une fentre pour le cadavre d'un pendu. Ce genre d'illusion est aussitt rectifi par l'attention. Mais si l'attention manque, si, par exemple, l'impression illusoire provoque l'motion de
puscule,
le clair
de l'pouvante, l'illusion n'est plus corrige. il faut ranger aussi celles qu'on observe si souvent dans l'tat maniaque o l'acclration norme des processus de la reprsentation rend impossibles l'examen calme, le triage et l'apprciation des
la
et
peur
Parmi
ces illusions
impressions venant du monde extrieur. Une autre source d'illusions, que nous pourrions appeler avec plus de justesse des dlires de jugement, vient de ce que l'individu n'a pas l'exprience ncessaire pour discerner les uns des autres les objets qui ont une certaine ressemblance (enfance) ou de ce qu'il a perdu cette exprience
(tat
de faiblesse psychique).
petit enfant
Le
il
prend tous
les
individus
l'air viril
;
lytique collectionnent des chiffons bigarrs, des cailloux luisants, parce qu'ils les prennent pour de l'or et des pierres prcieuses.
illusion trs frquente chez les alins est celle qui provient de ce perception nouvelle n'a qu'une ressemblance vague avec la perception originale et que l'individu les prend pour identiques. Ce phnomne suppose une faiblesse de la mmoire, une fidlit moindre dans la repro-
Une
que
la
138
les alins
confondent
si
souvent
personnes
cette
hommes normaux,
manque
d'attention et la distractiou,
par sa stabilit,
et
par
le
fait
qu'elle
personnes dtermines de l'entourage, pendant des semaines, des mois entiers et mme pendant toute la dure de la maladie. videmment, dans ce cas, ce sont des ressemblances, souvent bien vagues, entre l'image visuelle de la personne prsente et l'image de souvenir plie de personnes absentes qui produisent cette confusion. La signification psychologique de l'illusion est la mme que celle de
l'hallucination.
Si l'erreur des sens n'est pas rectifie,
il
en rsulte toutes
les
consquences
mmes que dans l'hallucination. de la raison et de l'activit des sens qui existent chez les alins, faussement de la conscience par les illusions est chose ordinaire.
cation sont les
nous
la folie.
dans leur manifestation clinique comme l ments morbides importants dans Il faut examiner le phnomne deux points de vue 1 D'aprs la frquence et les particularits des dlires dans les diffrents domaines des sens; 2 D'aprs leur frquence et leurs particularits dans les diffrentes formes de la folie. i Si nous posons tout d'abord la question de la frquence des dlires des sens dans la folie en gnral, nous rencontrons pour y rpondre de grandes difficults; car videmment les dlires des sens se produisent plus souvent qu'on ne les observe. Beaucoup de malades savent les cacher, ainsi qu'ils le font pour leurs ides dlirantes. Puis, il est difficile de distinguer les dlires des sens des imaginations simples, des dlires de jugement,
:
La question de leur frquence dans les divers domaines des sens est de beaucoup plus importante. Tandis que chez les hommes normaux, en dehors des illusions quotidiennes qui, parce qu'elles sont immdiatement corriges, restent sans consquence, il ne peut se produire que des hallucinations visuelles (visions) et trs rarement des hallucinations auditives; chez les alins, les dlires des sens portent sur d'autres domaines sensoriels, parfois
mme
Sne\],
p. ^h^.
139
Quant leur degr de frquence, les hallucinations visuelles et les hallucinations auditives sont peu prs eu balance, cependant on a remarqu que les premires se rencontrent surtout dans la folie, les
secondes plutt dans la folie chronique. Les hallucinations du sens olfactif ou du sens du got sont de beaucoup plus rares. Pour le sens tactile et la
perception gnrale,
il
est difficile
les hallucina-
deux derniers domaines sensoriels sont certainement plus frquents que ceux du sens olfactif et du sens du got. Les plus rares sont les illusions de tous les sens la
tions et les illusions. Les dlires dans ces
fois.
des sens reprsentent l'expression de penses de la vie intellectuelle consciente ou du moins des signes d'extriorisation de la vie intellectuelle inconsciente, et souvent influencs par l'tat d'esprit,
Quand
les dlires
ils
vidu est rempli un moment donn. Le mlancolique, dans ses motions d'angoisse anxieuse, voit les bourreaux qui vont le livrer la justice; la femme mlancolique, ronge par les soucis pour l'existence de ses enfants, entend leurs cris de dtresse et leurs rles; le maniaque, heureux dans son motion expansive, se rjouit l'aspect de chteaux et de plaisirs imaginaires; celui qui est atteint du dlire de la perscution, entend le chuchotement de ses ennemis qui se conle supprimer; dans les regards de son entourage, il lit des connivence; dans les paroles et les bruits insignifiants, il saisit des menaces et des injures; dans les aliments et dans la boisson, dans les sensations il reconnat la prsence de matires vnneuses cutanes dsagrables et dans les sensations de la perception gnrale, il reconnat les menes nocturnes de ses ennemis qui, avec des machines
certent pour
signes de
sa. vie et
chur
Ce qui
des personnes clestes, entend des anges, la voix divine qui lui dicte des ordres, des pro-
phties, etc.
est
remarquable,
rares,
c'est la
les hallucins
notamment quand
l'hallucination n'est
et
que
la
qu'elle est
conforme au sujet de
reprsentation du
moment,
le
son propre cerveau en est le lieu d'origine (c'est un travail qui se fait dans ma ttej d'aucuns de ces malades dsignent mme l'audition de leurs voix comme des penses parles ou comme un langage des penses. Mais, dans la plupart des cas, les hallucinations auditives sont entendues comme venant du monde extrieur et ont pour la conscience du malade la valeur d'une perception auditive relle. Parfois les voix se font entendre dans la plus grande proximit, elles sont cries dans l'oreille, circonstance qui rend vraisemblable que le lieu d'origine de ces pseudo;
dans ces
140
taires subjectives
comme
pareil sensoriel.
Dans d'autres cas plus rares, les malades localisent les voix dans les organes qui sont plus loigns du cerveau, par exemple dans la poitrine dans le ventre; videmment et comme cela a t prouv, il existe souvent
dans ces organes des sensations anormales qui y attirent l'attention
la cause de la localisation.
et sont
Mais ordinairement
les
le
monde
extrieur,
comme
et
si elles
Quant aux hallucinations visuelles, elles sont particulirement vives apparaissent souvent pendant la nuit, dans les tnbres; voil pourquoi on a adopt comme rgle de ne jamais laisser dans une obscurit complte les endroits o se trouvent les malades atteints d'hallucinations visuelles. Au dbut elles ne sont souvent que des ombres vagues, semblables aux silhouettes des ombres chinoises, et ce n'est qu' l'apoge de la maladie
qu'elles arrivent un degr de plasticit parfaite, quitte plir de nouveau mesure que la maladie baisse. Elles peuvent tre si constantes et malade se trouve transport dans le monde des si nombreuses que le
rves.
Les
traits
immobiles
comme ceux
d'un masque,
le
regard
fixe,
consti-
symptmes
caractristiques. Ces
symptmes
se rencontrent
dans les tats d'puisemeutaigus (anmie de l'organe central, dans les formes de la folie alcoolique. Les hallucinations de l'odorat et du got ne se trouvent gure isoles. Il est peine possible de distinguer les premires des sensations olfactives produites par l'hyperesthsie du nerf olfactif de mme les illusions du got ont souvent pour base une relle sensation du got, telle que pourrait en causer un catarrhe gastrique ou un catarrhe de la bouche. Les illusions qui se produisent dans les sens de l'odorat et du got ont toutes, presque sans exception, un caractre dsagrable. Le malade sent une odeur de cadavre, des vapeurs infernales, sulfureuses; la nourriture a un got de cuivre, d'arsenic, de matire fcale humaine, etc. Les hallucinations olfactives sont d'une frquence surprenante dans la folie dorigine masturbatoire, ainsi que dans les maladies sexuelles chez les femmes, surtout la mnopause.
;
Dans
le
il
est difficile
de tracer une
Le plus souvent
s'agit
les capillaires
des affections rhumatismales, des eczmas, des variations de pression dans de la peau, etc., qui constituent la base organique de cer-
taines illusions de perscution, telles que, par exemple, l'ide qu'on est magntis par des individus invisibles, qu'on est saupoudr de poison,
piqu, etc.
L'existence d'une anesthsie gnrale peut parfois se rencontrer
quand le
malade
se croit
il
141
bras et les jambes en verre, ou bien qu'il est priv de crne ou d'autres
du corps. Le malade atteint d'hmianesthsie a Tillusiou qu'une autre personne, un cadavre, est couch ct de lui dans son lit. Ainsi, un malade de Maudsley (paralytique avec hmianesthsie, ayant en mme temps des convulsions dans la partie du corps anesthsie) croyait qu'une autre personne tait couche avec lui et le frappait continuellement. L'illusion qu'on vole en l'air, qu'on est transport (sabbat des sorcires], que la pesanteur est modifie, pourrait peut-tre se rattacher des anomalies des sensations musculaires. Alors le volume, la grandeur de tout le corps ou de certains membres paraissent souvent changs. Dans le domaine de la perception gnrale les illusions et les hallucinaparties
tions jouent aussi
ques.
notamment chez les hypocondriade sparer les hallucinations des illusions. Il s'agit d'hallucinations quand l'imagination morbide agit comme stimulus et produit rellement dans le centre la sensation imaginaire; il s'agit d'une illusion quand une perception gnrale morbidement accentue ou
un
rle important,
Ici
il
est difficile
elle.
Ce rsultat peut se produire aussi bien parce que l'organe de la conscience hyperesthsie peroit des phnomnes vgtatifs qui normalement n'arrivent pas la conscience, que par ce fait qu'une sensation d'organe, accentue pathologiquement, dpasse le seuil de la conscience. Ordinairement alors on se trouve en prsence d'illusions. L'autopsie, ainsi qu'un examen clinique minutieux, font reconnatre assez souvent des changements de position et de texture des organes vgtatifs comme substrata
des sensations hypocondriaques; ce sont surtout les catarrhes des voies digestives, les flexions et les positions anormales des intestins, la consti-
du diaphragme (une malade d'Esquirol qui croyait avoir tout un concile dans le ventre et chez laquelle l'autopsie a fait dcouvrir une pritonite chronique), les coliques (un nomm Pierre Jurieu prenait ses coliques pour des combats que sept cavaliers se livraient dans son ventre), qui fournissent les substrata des
pation, les hmorro'ides, l'inflammation chronique
changements de position de
l'utrus, la
sexuelles morbides ont donn naisAinsi, au sance l'illusion des incubes et des succubes. Ainsi se produit chez les onanistes, sur la base de sensations anormales dans l'urthre, l'illusion que des tres invisibles leur soutirent leur semence.
illusoires exige
des divers organes. 2 Quant aux dlires des sens dans les diffrentes formes de la folie, il faut distinguer les tats aigus et les tats chroniques. Dans les premiers les dlires sont plus frquents que dans les seconds;
men minutieux
en outre,
l'ou'e.
Dans
les tats
mlancoliques
142
m-
Dans
les
manies aigus, de
mme
;
que dans
symptmes communs elles sont rares dans les manies chroniques, sauf dans la manie puerprale. Une chose trs remarquable, c'est la raret des dlires des sens dans la forme priodique de la manie ainsi que dans la folie circulaire. Dans la paranoa les dlires des sens sont trs frquents, d'abord les
sont des
illusions auditives, ensuite les illusions de perception gnrale; les illu-
du got et de Fodorat sont plus rares. Les hallucinations visuelles ne se rencontrent qu'pisodiquement, le plus souvent quand linfirmit a une base alcoolique.
sions
Dans
les cas
et auditives sont
de paranoa religieuse expansive les hallucinations visuelles choses ordinaires. Elles amnent parfois l'tat du malade
Dans les tats d'imbcillit, les hallucinations manquent. Des illusions peuvent cependant se produire sur la base d'une perception incomplte et par suite de la perte de toute facult de critique.
Dans la dmence paralytique aussi les illusions sont rares. On les observe encore souvent dans les tats d'motion intercurrente ou quand cette motion a
un caractre
dpressif.
CHAPITRE
YIII
TROUBLES DE LA SENSIBILIT
Ce sont des lments importants dans l'alination mentale, car ils deviennent le substratum des ides dlirantes, des illusions des sens et des motions et peuvent mme parfois amener des paroxysmes dans la folie. L'examen de la sensibilit chez les alins est en gnral trs difficile, en partie cause de leur attention trouble, des modifications de leur conscience, modifications qui font varier sans cesse la limite de l'irritabilit; en partie cause des variations de la tension sanguine de la peau,
l'anmie moussant la sensibilit tactile, l'hyperhmie l'affinant. On peut distinguer fonctionnellement
:
Des tats o l'excitabilit et l'excitation sont diminues et mme supprimes (anesthsies) Des tats o l'excitabilit et l'excitation sont augmentes (hypres1
;
!2'^
thsies et nvralgies).
I.
Anesthsies
^.
une cause psychique, la suppression de la perceppsychique, ou une cause organique, la destruction des tion dans l'organe voies conductrices de l'appareil sensoriel priphrique. Ordinairement il s'agit de troubles de la perception tandis que les voies
Elles peuvent avoir
due l'absence de
la sensation
impression sensitive. Les sensations de plaisir et de dplaisir peuvent tre perverties chez les hystriques (idiosyncrasies). Il faut encore faire mention de la suppression de la sensation elle-mme. Ordinairement c'est un trouble de la perception, caus par la suppression du processus psychique du phnomne de la sensation (absence de conscience, manque d'attention), comme dans la stupeur, la manie, l'imbcillit, les
toute
'
3.
Smoler,
144
est
ait
une
cause organique, due notamment la destruction des centres corticaux et des voies conductrices ou la dgnrescence des appareils sensoriels (amblyopie, amaurose comme expression de processus rtiniens dont la
connexit pathologique avec l'alination mentale doit tre recherche dans les affections vaso-motrices et sympathiques anosmie par dgnrescence des ganglions olfactifs, comme on l'a plusieurs fois constat chez les pa;
ralytiques).
2 Anesthsies de la sensibilit
cutane et musculaire. Les premires concerner les sensations de la douleur, du toucher, de la temppeuvent rature. Dans la plupart des cas elles ont une cause psychique; souvent elles sont un phnomne partiel d'une nvrose hystrique, plus rarement elles sont provoques par une maladie dgnratrice de la moelle pinire (dmence paralytique) ou par des affections localises de l'corce crbrale.
La suppression de la sensibilit la douleur a une grande importance dans l'alination mentale. Gnralement l'analgsie est amene psychiquement parce que l'organe psychique cesse d'tre excitable. On trouve des analogies dans la vie physiologique le soldat qui au milieu du combat ne s'aperoit pas de la blessure qu'il vient de recevoir, le martyr qui dans l'extase divine ne sent ni les blessures ni les tortures. L'importance clinique de l'analgsie dans la folie est trs grande, car c'est grce elle que les malades peuvent se faire des mutilations graves et prmdites, commettre des suicides horribles ou provoquer des accidents involontaires fils se brlent eux-mmes). Ainsi il y a des alins qui se sont crucifis, qui se sont masculs euxmmes, se sont fait dchirer en morceaux par des chevaux attels. L'insensibilit au froid a, dans la plupart des cas, une cause psychique et se rencontre chez les maniaques et les imbciles, c'est ce qui fait que ces malades se promnent sans vtements. Dans la plupart des cas cependant on rencontre, notamment chez les anmiques, un besoin de chaleur plus
:
prononc.
changement de la sensibilit musculaire, dans la plupart des cas diminution de cette sensibilit, qui est cause que certaines malades ont la sensation d'un changement dans leur pesanteur, qu'ils sont d'une lgret anormale, que leur corps ou leurs membres ont un volume anormal. Si la sensibilit cutane et musculaire est supprime simultanment, les malades ont la sensation que la partie atteinte de leur corps leur manque; si l'anesthsie est gnrale, la conscience de la personnalit peut tre compltement teinte, le malade peut s'imaginer qu'il est mort. 3 Anesthsies de la perception gnrale. On les a encore peu tudies ramener un lment psychique, un trouble et il faut pour la plupart les de la conscience. Il faut ranger dans cette catgorie l'absence du sentiment de la faim, de la soif, de la lassitude physique (manie), l'absence du sentiment qu'on est malade mme dans les maladies intercurrentes graves (typhus ambulatoire, pneumonie, etc.).
C'est le
la
145
Ces anesthsies sont probablement aussi la cause de certaines ides comme l'ide de la consomption .ou de l'absence d'organes intrieurs (dmence paralytique, snile, etc.). On n'a pas encore assez examin ni suffisamment tudi les plaintes si
dlirantes nihilisto-hypocondriaques,
se plaignent
un
du desschement de
Il
dans
faire.
le
cerveau, etc.
Certaines de ces sensations exprimes en partie directement, en partie sous forme allgorique, peuvent se ramener des anomalies de la sensibilit de l'enveloppe crnienne externe (sentiment de l'arrt des penses
dans les paralysies des nerfs occipitaux) ou peut-tre des nerfs rcurrents trijumeaux; d'autres sont des perceptions gnrales troubles qui ont leur cause dans le processus anatomique qui est la base de la psychose.
II.
Hyperesthsies.
que
les
:
des changements dans l'excitabilit des organes de rception priphriques, des voies conductrices ou
des appareils terminaux centraux. Elles sont caractrises par la baisse anormale de la limite infrieure de l'excitabilit pour les excitations ad-
ici
un
Il
l'annotation
du sentiment et l'intensit de la sensation. La premire se manifeste par une accentuation des sentiments de plaisir ou de dplaisir
et se
tation hystrique).
La sensation anormalement intense est habituellement accompagne du premier de ces phnomnes, souvent aussi de phnomnes d'irritation causs par des excitations inadquates qui atteignent l'organe sensoriel priphrique ou son trajet (hyperesthsies du nerf optique avec photopsie et chromopsie, hyperacousie avec bruits subjectifs). Le plus souvent l'hyperesthsie a pour cause une augmentation de l'excitabilit des organes des sens priphriques ou de leurs voies conductrices, rarement de l'excitabilit de l'organe de perception. On la rencontre comme phnomne partiel d'une augmentation gnrale de l'excitabilit crbrale dans la manie, le dlire aigu, l'hypocondrie, l'hystrie. 2 Hyperesthsies dans le domaine des sensations cutanes. Elles se rencontrent dans diffrentes formes de l'alination mentale. Leur cause est plus rarement psychique qu'organique (excitabilit augmente des organes terminaux priphriques et des voies conductrices). On rencontre souvent des hyperesthsies circonscrites chez les m-
PSYCHIATRIE.
10
146
phnomnes irradis d'tats d'excitation daus les organes sexuels chez femmes et les hommes la suite d'excs de masturbation.
dlirantes
;
les
on est poursuivi par des gens invisibles faisant agir l'lectricit magntisme, on est piqu par des aiguilles, on reoit des souffles, des vapeurs empoisonnes, etc.
et le
On pourrait peut-tre rapporter l'hyperesthsie des nervi vasorum le sentiment si dsagrable de la pulsation des vaisseaux quprouvent souvent les mlancoliques, les hypocondriaques et les hystriques; on peut attribuer une hyperesthsie des nerfs sensibles du plexus cardiaque certains battements de cur nerveux. L'hyperesthsie des nerfs musculaires est probablement la cause de cette inquitude musculaire pnible (anxietas tibiarum) dont les hystriques, les hypocondriaques et les mlancoliques sont souvent atteints. 3 Hyperesthsies dans le domaine des sensations de perception gnrale. C'est un trouble essentiellement lmentaire et qu'on rencontre dans l'hypocondrie. L'hypocondrie peut avoir une origine centrale, quand les sensations des nerfs vgtatifs qui ordinairement se refltent dans la conscience tout au plus comme un vague tat d'esprit, deviennent nettement conscientes; ou bien elle peut avoir une origine priphrique quand des affections locales des organes vgtatifs provoquent une excitation morbide de leurs nerfs, excitation qui se transmet alors la conscience. Le premier mode d'origine (mode psychique) des tats hypocondriaques est facilit par la. tension psychique et par l'attention de l'individu dirige vers ce qui se passe dans son corps; le second mode d'origine a pour causes les catarrhes gastro-intestinaux, les maladies sexuelles, surtout aprs l'onanisme, les blennorrhagies, etc., en gnral, les tats qui produisent plutt le sentiment d'une maladie localise que des douleurs
relles.
Dans ces cas l'hyperesthsie est originairement priphrique, mais peu de temps aprs, il se produit une hyperesthsie psychique par suite de l'irradiation des excitations (hyperesthsie secondaire), et par l on entre dans un cercle vicieux. Alors une simple ide suffit, tant donn ce degr d'hyperesthsie, pour provoquer immdiatement la sensation par irradiation dans le trajet des nerfs correspondants (cas d'origine psychique de l'hydrophobie; le malade mordu ou simplement touch par un chien qu'il croit enrag, s'imagine tre infect et, aprs un court dlai, il est atteint des symptmes de l'hydrophobie, vritable hypocondrie hydrophobique); de mme que, d'autre part, l'excitation priphrique des nerfs de perception gnrale la suite des maladies locales des organes, produit immdiatement et continuellement des reprsentations adquates dans la conscience.
DA.\S LE DLIRE
147
Romberg dit donc avec raison les sensations de ces malades sont imaginaires, mais elles viennent de l'esprit par la matire >k Pour la conscience il est problablement indiffrent que la sensation soit
objective ou subjective, que l'excitation vienne de l'extrmit priphrique ou centrale de l'appareil sensoriel. Etats (V excitation anormale dans le trajet des nerfs sensitifs {nvralgies). Souvent le dlire est accompagn de nvralgies. Elles peuvent tre tendues ou limites certains trajets isols. Trs frquentes et particu?>''
les
du trijumeau.
tion
dans
le
troubles
communs aux
symp-
tomatique dans l'ensemble du tableau morbide; ou bien elles sont en connexit fonctionnelle intime avec la psychose, et doivent tre envisages comme des symptmes en rapport avec cette dernire, probablement comme des phnomnes de projection excentrique. La valeur fonctionnelle de la nvralgie peut prsenter quatre degrs
diffrents
1
:
La nvralgie est presque insignifiante pour la vie psychique et exerce tout au plus une influence sur l'tat d'esprit et sur l'tat gnral, comme chez l'homme normal. La nvralgie s'installe ct de la psychose sans avoir aucune connexit
avec
elle.
forme le substratum organique d'une ide dlirante quelconque forme par allgorie, comme cela peut aussi se produire dans d'autres anomalies de la sensibilit. 3 Elle est en connexit avec d'autres troubles lmentaires psychiques et les produit par l'irradiation de l'excitation nvralgique sur les centres correspondants. Selon que ces centres sont sensoriels, reprsentatifs ou affectifs, il peut se produire, similairement l'irradiation dans le cas de
2 Elle
nvralgie simple, des hallucinations, des reprsentations accessoires qui alors ont le caractre d'ides obsdantes, ou bien il peut aussi en rsulter
Le
148
douleur L'poque des menstrues augmentation temporaire de l'organe central) retentit aussi sur l'tat d'esprit et de par l une exacerbation de la psychose. amne La recrudescence de la nvralgie couduit un vritable accs psychique, psychose rflexe, dysthymie ou dysphrnie nvralgique, dans le sens le plus restreint iSchle, Griesingerj. Cette irritabilit extraordinaire de l'organe central indique l'existence d'anomalies profondes de ce dernier organe. En effet, cette dysphrnie nvralgique ne se rencontre que chez les individus qui souffrent d'une nvrose hrditaire (tarei ou hystrique, hypocondriaque ou pileptique. Dans ces cas on pourrait considrer la nvralgie tantt comme un aura, tantt comme l'quivalent d'une crise de la nvrose pour les attaques nvralgiques des pileptiques, cette manire de voir ne saurait gure tre conteste) et l'on pourrait mettre tout le processus en analogie avec le dlire pileptique qui suit un accs con(irritation,
l'excitabilit
vulsif.
L'accs isol d'une dysphrnie nvralgique peut se manifester cliniquement sous forme de dlire aigu hallucinatoire, motion pathologique de
furieuse ou de raptus mlancolique. Ici aussi le facteur nvralgique peut servir l'allgorie, en formant le noyau des ides dlirantes qui reviennent typiques chaque accs suivant; un cercle vicieux peut encore
folie
se produire en tant
que
l'accs
trajet
CHAPITRE IX
TROUBLES DES FONCTIONS MOTRICES
En premire ligne et la suite des troubles de la sphre psycho-motrice, nous devons rappeler ici le l'ait que les phnomnes psychiques communiquent une excitation continuelle (font vibrer pour ainsi dire) le systme musculaire volontaire tout entier, et de cette excitation dpend non seulement l'expression physionomique, mais aussi l'attitude, l'intonation, le timbre de la voix, etc. Cette innervation psycho-motrice est change par les processus psychiques morbides et ces derniers se refltent dans l'aspect extrieur du malade. D'autre part, elle est perue et utilise par la conscience malade comme un changement dans la tonicit musculaire'. On peut prtendre qu' chaque tat psychopathique, comme dans les affections de la vie physiologique, correspond un facis spcial, une expression physionomique particulire^ et un tat d'ensemble des mouvements, signes qui permettent l'observateur expriment d'tablir un diagnostic approximatif dans une rencontre passagre. La description dtaille de ces types physionomiques, tels qu'ils se manifestent dans les changements du regard, de l'expression, des gestes et de l'attitude gnrale du corps, se drobe toute considration thorique les photographies mme ne peuvent remplacer que bien incompltement
;
l'observation directe.
On n'en peut pas non plus entreprendre ici l'analyse; ce n'est que pour donner des exemples que nous citons la mine chagrine et ride de Ihypocondriaque, la physionomie mobile et incertaine du maniaque dans toutes ses motions, l'expression fatigue du fou, les yeux plorsde l'hystrique et de l'erotique, la dmarche courbe et fuyante du mlancolique,
:
le
dmarche lourde
pas assur et hautain de l'individu atteint du dlire des grandeurs, la et maladroite ainsi que le sourire hbt de l'idiot. Dans les tats de faiblesse mentale (dmence paralytique, sclrose crbrale
'
f.
Piderit, Ibid., 18. Danierow, Ibid., 17. Krauss, Alli. Zeitschr. /'. Ps/jch., 10. Dagonet, Trail des nialad. ineaL., Laurent, Annal, nid. psychoL, 1863, mars, mai.
*
p. 70.
Oppenheim,
150
observ parfois de la paramimie, le malade mettant une une mine pleurnichante et vice versa. Un autre groupe important de trouble moteurs est form par les anomalies des fonctions des centres moteurs (y compris celles de l'corce crbrale qu'on n'a appris connatre que tout rcemment), par les anomultiple),
malies des fonctions des voies conductrices et enfin par les phnomnes
d'excitabilit rflexe anormale.
le
diagnostic et
comme phnomnes
etc..
comme
:
maladie psychique de complication causs par des souffrances gnrales (anmie,, des nvroses (chore, hystrie, pilepsie) ou par des maladies locales qui n'ont aucun rapport avec la psychose (tumeur crbrale,
Surgir avec
la
ai.
Comme symptmes
apoplexie,
&).
etc.).
qus
Ils
Comme troubles en rapport avec les symptmes psychiques et provopar le mme processus anatomique que les symptmes psychiques
dlire aigu, etc.;.
peuvent encore tre occasionns par des changements dans les centres rflexes anatomiques et psycho-moteurs, par des troubles dans les voies de conduction motrice, par des troubles des fonctions sensitives et des rflexes anormaux produits par ces troubles. Tous les troubles fonctionnels possibles peuvent tre observs 1 Paralysies comme suite de processus localiss ou diffus de la moelle pinire et du cerveau (dmence paralytique, snile, alcoolisme chronique, dlire aigu phnomne d'une importance particulire, les paralysies dans le domaine du nerf hypoglosse facial et oculomoteur; puis les troubles de dglutition, comme symptmes bulbaires dans le stade final de
:
;
la
dmence paralytique et du dlire aigu Crampes par anmie capillaire des rgions crbrales motrices (crampe vasculaire, dme, etc.), ou par l'augmentation de l'excitabilit
;
appartiennent certains troubles de la dglutition Une varit de crampe qui se rencontre assez souvent dans la folie, c'est le grincement de dents (portio minor trigemini; qu'on observe dans la dmence paralytique, dans l'idiotie hydrocphalique, dans le dlire aigu 3*^ Contractures chez les idiots, consquence des dfectuosits primitives et des maladies crbrales, ou bien se produisant dans les maladies localises (par exemple, apoplexie, sclrose), parfois aussi par suite d'une attitude accroupie trop longtemps prolonge ou par l'abus de la camisole de force
rflexe.
cette catgorie
dans
le dlire
aigu
et
loi
dmence
comme
,
expression d'une agitation psychique (peur) par Troubles de coordination 'dmence paralytique, dlire aigu) changements organiques dans le mcanisme de la coordination, par perte
'
'.
Les nombreuses expriences faites sur les alins pour tudier les conditions de leur excitabilit lectrique n'ont jusqu'ici donn aucun rsultat certain et semblent n'avoir au point de vue du diagnostic aucune importance.
'
CHAPITRE X
TROUBLES DANS LE DOMAINE DES NERFS VASO-MOTEURS
L'importance de cette sphre ressort dj du fait qu'elle est toujours mise contribution dans les mouvements psychiques de nature motive. Cette circonstance que les motions, notamment la peur, mais seulement quand il y a une prdisposition spciale, peuvent immdiatement produire une psychose, donne une valeur pathognique importante aux anomalies vaso-motrices qui sont le trait d'uniou entre la cause et l'effet. L'observation clinique plaide aussi en faveur de l'hypothse que beaucoup de psychoses sont causes par des angionvroses crbrales. Dans certaines affections mlancoliques avec pouls petit et irrgulier, avec froideur de la peau qui est sche, rude, pulvrulente, ride, c'est-il dire sans turgor, avec extrmits livides ou mme cyanotiques s'agit videmment de phnomnes neuro-spasmodiques des artres et de troubles de nutritiou de l'corce crbrale qui en sont la consquence (anmie) dans certains cas (mlancolie avec stupeur) il s'agit de stases veineuses secondaires causes par spasme vasculaire et allant jusqu' l'dme. Par contre, chez beaucoup de maniaques (manie grave des potators, agitation furieuse des paralytiques), il y a des phnomnes morbides qui indiquent des tats de paralysie vasculaire et la prsence de l'hyperhmie fluxionnaire du cerveau qui en rsulte. Dans la dmence paralytique les anomalies d'innervation vaso-motrice ont assurment une grande importance pour la pathognie et pour l'volution clinique. Il s'agit alors d'une paralysie vasculaire progressive qu'on
, ;
peut montrer au moyen du sphygmographe et qui peut dj se manifester dans les phases antrieures sous forme de pulsation monocrote tardive comme degr extrme de la paralysie vasculaire. Ces paralysies vasculaires, souvent unilatrales, se rencontrent aux divers stades de la paralysie du sympathique, et constituent des lments tiologiques importants pour les accs apoplectiformes qui proviennent des oscillations de la pression san-
guine chez ces malades, ainsi que pour leurs accs d'agitation furieuse qui souvent se manifestent sous forme de tempte vasculaire. Le nitrite d'amyle produit dans ces cas une paralysie des vaisseaux,
153
spasme vasculaire,
il
Un autre trouble lmentaire trs important dans l'alination mentale semble appartenir augroupedes anomalies vaso-motrices, car ces dernires semblent en provoquer le complexus symptomatique et en constituer les lments intgrants. Nous voulons parler de l'angoisse prcordiale S tat d'attente anxieuse qui s'accompagne de sensations pnibles, d'oppression, de constriction au creux pigastrique. Il faut d'abord examiner la connexit des deux phnomnes. On pourrait admettre que ces sensations paralgiques l'pigastre sont l'expression d'une excitation primitive des nerfs sensitifs, excitation qui, transmise la conscience, y produit de l'angoisse ou bien on pourrait aussi supposer que ce sont des tats d'excitation centrale des nerfs
;
simultans aux processus psychiques, et dont de la projection excentrique, se fait sentir l'extrmit priphrique de la voie conductrice. On peut admettre avec une certaine certitude que les cordons nerveux affects appartiennent au plexus cardiaque. Dj le fait que la sensation prcordiale est vague et pas nettement localise, indique qu'il y a une nvrose des cordons nerveux viscraux. Notons encore la localisation constante dans la rgion de cur des sensations qui accompagnent l'angoisse l'observation que l'angoisse prcordiale va toujours de pair avec des symptmes d'un trouble dans l'innervation cardiaque (battements de cur, irrgularit des contractions du cur, anomalies du pouls, douleurs fulgurantes); qu'il y a angoisse prcordiale dans le cas d'empoisonnement par certains poisons qui affectent de prfrence le cur (nicotine) enfin qu'elle existe comme symptme principal dans une nvrose du
sensitifs,
coordonns
et
l'excitation,
suivant la
loi
cur
mo-
par consquent par voie centrale, mais aussi aprs des nvralgies, donc par un processus priphrique.
Il est facile de comprendre le premier mode d'origine, car les nerfs cardiaques sont puissamment influencs par certains processus psychiques (battements de cur dans les motions), et puis, dans les conditions physiologiques, certaines motions s'accompagnent, suivant leur nature, d'un sentiment d'oppression prcordiale ou au contraire de lgret. L'origine priphrique ne peut s'expliquer que par l'irradiation d'une
En
effet
non dans
les affections
nvralgiques
Ntel, Flemming, Allg. Zeitschr. f. Psych., 5 p. 341. Arndt, Ibid., 30, p. 88. JbUL, 31, p. 603. Von Krafft, Die Meluncholie, p. 22. FlemminR, Psychosen,p. 379. Westphal, Danitsch, Die Praecord. Angst der Geisieskranken. Dissert. W'iirzburg, 1874. Arch. f. Psych., IIl, p. 138. Schle, //ft/if/6., p. 100.
'
lo4
des cordons des nerfs spinaux ^ Cette exclusion ainsi que l'affection concomitante et rgulire du plexus cardiaque dans le cas d'angoisse prcordiale ont, comme on sait, dcid Romberg en faire un moyen de diagnostic diffrentiel entre les affections nvralgiques des nerfs spinaux et des nerfs centraux.
L'angoisse prcordiale semble se produire quand, par suite d'une exci-
ou par la transmission d'un tat d'excitation dans les cordons des nerfs viscraux, les nerfs vaso-moteurs du myocarde sont mis dans un tat d'excitation violente et provoquent un spasme des vaisseaux.
tation psychique
Le trouble de
est
la fonction
du cur l'organe de la conssentiment de l'angoisse qui alors est excentriquement report au lieu d'origine. La douleur aigu qui se manifeste souvent dans l'angoisse prcordiale pourrait tre attribue l'excitation des fibres sensitives du nerf vague et du sympathique du plexus cardiaque, tandis que les battements de cur qui l'accompagnent s'expliquent facilement par la diminution de l'afflux de sang artriel au myocarde et par le trouble de l'innervation qui en rsulte. Le sentiment de constriction eu boule la gorge qui accompagne souvent l'angoisse prcordiale, ainsi que cette incertitude particulire de la voix allant quelquefois mme jusqu' l'aphonie, la respiration le plus souvent trouble, superficielle et frquente, peuvent tre envisags comme des phnomnes d'irradiation dans le trajet du nerf vague (rgion glossopharynge, nerf laryng suprieur) la scrtion de la sueur et de l'urine, qui cesse pendant l'accs et devient abondante aprs, pourrait s'expliquer par le trouble vaso-spasm,odique de la circulation. Ce fait surprenant que l'angoisse prcordiale ne se manifeste que rarement dans les reprsentations pnibles de l'homme normal, s'explique facilement quand ou pense que, de mme que dans la plupart des nvroses, il faut un lment prdisposant, une augmentation de l'excitation pour crer l'anomalie de la fonction. Cette excitation existe toujours quand des excitations psychiques provoquent une angoisse prcordiale d'une certaine dure. (Ainsi dans l'hystrie, l'pilepsie, la mlancolie, l'hypocondrie, l'alcoolisme chronique,
les fibres sensitives
communiqu par
cience et
l'hydrophobie.)
D'ailleurs l'angoisse prcordiale n'apparat ici
pathologique d'un processus des cordons nerveux qui sont ordinairement lis la vie psychique, processus qui se produit comme dans les conditions physiologiques, accompagnant les phnomnes psychiques de l'motion.
Les nvralgies intercostales intenses par le fait qu'elles entravent les mouvements du thorax, de mme les affections organiques du cur, les emphysmes pulmonaires et les autres obstacles mcaniques la dilatation des poumons, causent de l'oppression respiratoire, mais pas de l'angoisse precordiale. Dans le cas d'existence simultane d'une nvralgie intercostale, l'angoisse prcordiale peut tre ressentie et localise au sige de la nvralgie qui devient l'objet de l'attention.
loo
amne
le
domaine de
effet
ception et de
conscience
ou bien
elle
des
hallucinations terribles.
Au point de vue moteur, elle pousse imprieusement faire cesser l'tat de tension psychique qu'elle a provoqu suivant la brusquerie et l'intensit de son apparition, suivant la profondeur du trouble de la conscience, l'angoisse prcordiale se manifeste par des dplacements et des actes ins;
dnus de tout but, ou par des actes impulsifs presque inconsque par un besoin vague de changer tout prix la situation psychique, ou enfin par des emportements furieux et une rage aveugle, par de vritables convulsions psychiques comparables ces fortes dcharges motrices inconscientes que reprsente l'accs pileptique. Dans ces cas il arrive souvent que le malade commette sur lui-mme
tinctifs
d'horribles mutilations, qu'il y ait suicide, assassinat, destruction rageuse de tout ce qui tombe entre les mains, et tous ces faits s'expliquent par une frayeur terrible, par un trouble grave de la conscience et par l'analgsie. Ce qui est trs remarquable encore, c'est l'effet de dtente que ces actes de fureur produisent sur l'accs lui-mme. L'angoisse prcordiale se rencontre comme phnomne intercurrent dans les nvroses et les psychoses que nous avons mentionnes plus haut, ou comme un accs isol durant plusieurs minutes et mme plusieurs heures
(raptus mlancolique).
CHAPITRE XI
TROUBLES DANS LE DOMAINE DES FONCTIONS TROPHIQUESi
que
trs
la
La connexit des troubles trophiques avec les maladies des organes nerveux centraux ne doit pas tre dclare impossible. Au contraire, en faveur de cette connexit plaident une srie de dfectuosits corporelles congnitales chez les individus qui ont une organisation et un dveloppement crbral anormaux, le plus souvent par suite d'hrdit, et qui en outre se manifestent par une srie d'anomalies fonctionnelles.
Ces symptmes anatomiques- de dgnrescence sont certaines anola conformation crnienne, disproportion entre le crne facial et le crne crbral, dveloppement ingal des deux cts de la
:
malies dans
grandeur ou petitesse anormales des oreilles, transition immdiate du lobule de l'oreille la joue sous forme d'un pli semblable un pilier, dveloppement rudimentaire des oreilles, diffrenciation incomplte des dents, absence de la seconde dentition, grandeur ou petitesse anormale de la bouche, bec-de-livre, gueule de loup, hypertrophie de la lvre infrieure, os incisif saillant, palais trop troit, trop bomb, trop large, trop plat, ou aplati unilatralement, staphyloraphie du voile, obliquit du nez, de la fente oculaire, rtinite pigmentaire, ccit congnitale, coloboma de l'iris, albinisme, taille de nain, hypertrophie du tissu adipeux sous-cutan, pied bot, main bote, mains ingales, petitesse anormale du pnis, phimosis avec prpuce non hypertrophi, pi et hypospadias, anorchidie, micro-monorchidie, hermaphroditisme, utrus bicorne, absence
face, situation,
nexit entre
malement dvelopp, barbe chez les femmes, sourcils le trouble du dveloppement crbral et
le
runis, etc.
La con-
crtinisme.
krankheit.
Claude Bernard, Leons sur la chaleur animale. Eulenburg, Lehrb. der NervehIP d. Cimrotl, Leons clin. Binswanger, Zur Kenntniss der troph. Vorfjdnrje bei Geisteskranken, Diss. GLtingen, 1878.
JE57
En
il
faut bien
un dveloppement indpen-
Ainsi la microcphalie crnienne peut tre cause par un^e synostose prmature des sutures crniennes, mais aussi par un arrt de dveloppe-
ment du cerveau.
Les synostoses crniennes prmatures ne produisent ordinairement que
des arrts partiels de dveloppement.
Le
taires
fait le
origine
plus marquant ici, c'est la synostose tribasilaire prmature, du crtinisme. Il faut distinguer de ces anomalies souvent hrdiet pour la plupart existant dj virtuellement dans le germe gnra-
anomalies acquises et ayant pour base le rachitisme. Charcot a dmontr que les affections crbrales acquises peuvent aussi amener des troubles secondaires trophiques. Ce fait est prouv par le dcubitus acutus perniciosus qu'on observe sur la fesse, du ct hmiplgie, la suite de certaines maladies crbrales en foyer (apoplexie), et qui se produit indpendamment de l'anesthsie venteur, les
de la paralysie vaso-motrice et du manque de propret; puis par l'inflammation de la synoviale des articulations du ct paralys dans les foyers encphalo-malaciques et apoplectiques.
tuelle,
Ces influences trophiques sont dmontres aussi par les variations condu corps qu'on observe chez les alins, indpen-
damment de leur genre d'alimentation et de vie, ainsi, par exemple, l'augmentation surprenante de la graisse quand il y a transition d'un tat primaire un tat secondaire; eo suite parles troubles progressifs profonds dans la formation du sang qui apparaissent sans motif, qui accompagnent
souvent la dgnrescence graisseuse des organes qui forment le sang, et qui conduisent un dnouement fatal les anmies dites pernicieuses '. Il
:
faut encore rappeler la fragilit anormale- des os chez certains malades, fragilit
qui va souvent de pair avec une plus grande dperdition de la chaux, de l'acide phosphorique et de l'acide carbonique. Les os, notamment les
ctes, prsentent alors une dperdition des sels calcaires, une mollesse osto-malacique. Rindfleisch {Handbuch der patholog. Gewebelehre, p. o28) admet comme cause possible de la rsorption des sels calcaires une hyper-
hmie par engorgement des vaisseaux mdulaires osseux, cette hyperhmie pouvant de son ct tre occasionne par une innervation anormale
des vaso-moteurs.
Il faut noter encore chez les mlancoliques et les idiots certains troubles de la nutrition, des formations pidermiques (zoster, pidmie gerc, rugueux, ongles cassants; qui peuvent se rencontrer aussi chez les hyst-
'
Shiile,
AU. Zeifschr.
Arc/i.
3.
f. Ps-ijch.,
II,
32.
Laudahn, IbuL, III, 371. Williams, Ib'uL, More, 37te Lancet', 1870, 13 sept. Ibid., p. 201. Lindsay, Edinbari/ ined, Journ., 1870, nov. Rogers, science, 1874, avril. Ormerod, Ibkl., 1871,4 janvier. Laehr, AUq.
'
Gudden,
Arch., 72,
f.
Psych.,
683.
Zeilschr.
f. I's>jc/i.,
37, p. 72.
158
ropathes. Ils rappellent les processus analogues qui ont lieu dans la lpre mutilante dont la cause, dcouverte par Virchow, est une prinvrite. A une poque plus rcente on a publi des cas intressants de pigmentation chez les alins (nigrities. Annal, md. Psych.. mai 1877).
Enfin,
il
faut
remarquer
les lsions
qui se produisent dans les premiers stades de la dmence paralytique, ce qui est probablement d la paralysie vasculaire et la noformation des
vaisseaux, tandis que dans les stades terminaux de la maladie (dgnrescence des cornes postrieures de la moelle pinire les lsions ne guris,
sent plus et
le
CHAPITRE
XII
Ils
sont trs frquents chez les alins, mais trs peu connus.
la plupart de ces troubles sont dus des troubles causs par des anomalies dans l'innervation on peut supposer que d'autres sont produits par des phnomnes anormaux dans
de
certains centres
toires.
les fonctions
scr-
Les troubles scrtoires se rencontrent ordinairement dans les tats aigus de l'alination mentale, ils peuvent manquer dans les folies chroniques. Dans la folie mlancolique, les scrtions sont en gnral diminues dans les tats maniaques, elles sont ordinairement augmentes. Scrtion des larmes '. Un fait qui a dj frapp les observateurs d'une poque plus ancienne, c'est que souvent la scrtion des larmes manque Mes yeux sont secs comme mon cur. chez les mlancoliques. Ce n'est qu'au commencement de la convalescence que les pleurs s'accompagnent nouveau d'une scrtion lacrymale.
;
changements qualitatifs et dans des maladies crbrales. Ils peuvent tre (selon Mendel) l'expression d'une mutation intraorganique anormale dans le cerveau ou du trouble de la mutation intraorganique dans d'autres organes, causs par une maladie crbrale, ou bien ils peuvent tre la consquence de l'influence du cerveau malade sur les nerfs vaso-moteurs du rein ''lsions du pdoncule crbral, apoplexies
Scrtion de l'urine.
le sait, les
Comme on
L'examen des urines des alins est, cela s'explique naturellement, d'une grande importance, pour tudier la mutation intraorganique, mais les analyses quantitatives sont trs difficiles faire cause de la difficult qu'on a recueillir l'urine.
Rabow
(Arch.
f.
Psych., \ll,
ii,
d'accord en
Lombroso, trouve la diurse diminue dans la mlancolie. Elle peut, malgr une ingurgitation abondante de liquides, tomber 100 centimtres cubes.
'
160
On
mise dans
les tats
d'agitation psychique.
de chlorure que les individus sains. Dans la dmence progressive, quantit absolue de l'ure et des chlorures baissent, tandis que le poids spcifique est augment, et il est rare qu'il n'y ait pas de trouble d aux sels uriques. Dans les degrs extrmes de l'imbcillit secondaire, Rabow a constat que l'urine et les chlorures ne sont pas scrts proportionnellement la consommation abondante des aliments et que, par consquent, la mutation
d'ure
et
la quantit d'urine, la
intra-organique a subi un certain ralentissement. Mendel a fait des recherches concernant l'acide phosphorique. Il a constat habituellement que, chez les individus atteints d'une maladie chro-
nique du cerveau, la quantit absolue ou relative de l'acide phosphorique est moindre que chez les individus sains qui ont pris quantitativement et relativement la mme nourriture que les malades. Dans cette priode de la paralysie o, malgr le bon apptit et l'absence de fivre, on remarque une diminution rapide du poids, l'acide phosphorique et l'acide sulfurique sont considrablement augments par rapport
aux autres parties solides. Dans l'agitation de la folie furieuse on a trouv une diminution considrable de l'acide phosphorique (jusqu' 1 p. 100 et mme plus aussi bien au sens absolu que par rapport aux autres principes constants de l'urine. Huppert soutient que, dans les accs pileptiques, de l'albumine apparat
dans
l'urine, assertion
confirme par
Rabow
et d'autres.
Rabenau
nombre de
paralytiques et a confirm la dcouverte de Huppert que l'albumine mme combine avec des cylindres hyalins et des globules rouges sanguins, se montre aprs les ictus crbraux (apoplectiformes et pileptiformes).
Le dans
mme
fait
mania acutissima,
par lues cerebralis, ainsi que dans la dmence avec accs paralytiques, enfin dans l'apoplexie simple et rcente. snile Westphal a constat encore l'albuminurie dans le delirium tremens,
les accs pileptiques
Frstner [Arch. f. Psych., VI, 3) l'a trouve, comme phnomne transitoire et ordinairement en combinaison avec des cylindres de fibrine et des globules sanguins isols, dans l'alcoolisme chronique, sans qu'on ait pu trouver de nphrite la ncropsie. L'opinion de frstner que cette albuminurie transitoire doit tre ramene une affection du centre producteur de l'albumine (Claude Rernard),
161
cause par un trouble dans la circulation de ce centre, demande tre confirme. Dans les tats mlancoliques Anomalies dans la, scrtion de la salive K la scrtion de la salive parat ordinaijement diminue; dans les tats
souvent augmente. L'augmentation de la scrtion salivaire (ptyalisme) ne doit pas tre confondue avec le simple coulement de la salive, non anormale quantitativement, dans la paralysie de la dglutition ou quand la bouche est bante, ce qui arrive souvent chez les idiots
maniaques,
elle est
sait,
submaxillaire, du facial (nerf de la parotide et corde du tympan) et du sympathique (plexus maxillaire externe du ganglion cervical).
cette dernire
Le vritable nerf scrteur, c'est la corde du tympan. Quand on coupe ou qu'on la paralyse par l'atropine, la scrtion de la salive s'arrte compltement, bien que l'afflux du sang la glande salivaire continue toujours. L'influence du sympathique est vaso-motrice, le nerf
lingual agit par rflexe sur le facial laide
facial Eckhardt a dmontr que l'excitation en principes organiques, et que produisait une salive aqueuse et pauvre l'excitation du sympathique produisait une salive abondante en matires
Ces expriences peuvent se confirmer aussi au lit du malade. Les excitadu trijumeau donnent parfois un coulement de salive dlaye et aqueuse, tandis que l'excitation du sympathique par la grostions dans la rgion
sesse,
testin etc.,
maladies sexuelles, par les affections de l'estomac et de l'inla scrtion de la salive visqueuse. Stark a rapport l'observation d'alins qui confirment l'exprience physiologique les exacerbations d'une nvralgie du trijumeau s'accompagnaient d'un coulement de salive dlaye et aqueuse, tandis que les tats d'excitation sexuelle s'accompagnaient d'un coulement de salive visqueuse; de sorte que, selon les circonstances, la qualit mme de la
par
les
augmente
:
scrtion salivaire peut donner une indication sur la signification idiopathique ou sympathique d'un type morbide. Les expriences dOwsannikow, de Lpine, de Bacchi et de Bochefontaine, d'aprs lesquelles l'excitation de certaines parties de l'corce cr-
la salive, ont besoin d'tre confirmes. Elles expliqueraient la frquence de l'coulement salivaire dans certaines affections du cerveau antrieur (psychoses).
Menstruation^.
Souvent
il
Berthiei-, Gaz. des hp., 1864, n U9. Obernier. Allr/. Zeitschr. f. Psijch., 21, p. 278. Stark, Allfj. Zeitschr. f. P-mch., 27, p. 95. Tambiirini, liivista sperunentale dl frevih-ia, 1875, nov. {Irrenfreund., Is77, 5).
'
Les causes de
la folie
(anomalies de
la
menstruation).
Moral,
1
Op.
cit., p. 452.
PSYCHIATRIE.
162
(anmie) ou locale (maladies sexuelles) ou bien de troubles d'innervation vaso-motrice qui leur tour peuvent avoir des rapports tiologiques avec l'lment causal de la psychose ou avec le processus crbral morbide base de la psychose. Tandis que dans les stades secondaires de la folie, pourvu que des maladies locales ou gnrales ne soient pas en jeu, les troubles de la menstruation manquent ordinairement, il y en a trs souvent dans les tats primaires
Ordinairement, dans ce cas, il y a une amnorrhe temporaire ou le retour des menstrues concide ordinairement avec le retour la sant psychique. Parfois l'amnorrhe dure encore longtemps aprs la convalescence psychique. Mme dans les cas trs rares o une brusque suppression des menstrues concide avec l'explosion d'une psychose, leur retour n'a pas toujours une signification critique, car les deux phnomnes sont les effets coordonns et simultans d'une mme cause, mais la suppression des menstrues n'est point la cause de la
de la
folie.
psychose.
CHAPITRE
XIII
psychoses sont des maladies crun dveloppement de la chaleur spcifique du corps qui s'carte de celui observ chez les individus sains; on note des tempratures qui sont d'une lvation anormale de mme que des tempratures qui tombent au-dessous du minimum normal. Les recherches plus rcentes d'Eulenburg et de Landois ( Virchows Arch. 1868; Burkhardt, Arch.f. Psych., VIII, p. 333), montrent l'influence qu'exer^.
Chaleur du corps
En gnral
les
cent les destructions superficielles de certaines parties de l'corce crbrale (circonvolution frontale ascendante et extrmit frontale du gyrus formicatus)
sur la chaleur spcifique et expliquent comment des variations peuvent survenir dans les affections de la rgion corticale du cerveau
(psychoses).
ou une forte une augmentation de la temprature dans la moiti oppose du corps (Eulenburg, Hitzig); une faible excitation faradique de ces mmes rgions produit un abaissement
excitation faradique de ces rgions produisent
En gnral
de
la
temprature.
Ripping {AUg. Zeitschr. f. Psych., 37, 6) a observ une augmentation de la temprature dans la moiti oppose du corps dans le cas de fongus mdullaire la partie postrieure du gyrus formicatus, puis des diffrences de temp-rature unilatrale allant jusqu' 0,9 dans les cas de manie simple, de mlancolie, mlancolie avec stupeur et dmence paralytique, simultanment avec d'autres symptmes nerveux (ptyalisme, ingalit des pupilles,
tempratures leves peuvent, par exclusion des maladies de complication des organes vgtatifs, avoir pour cause des processus d'excitation dans certaines parties de l'corce crbrale. On les observe dans les attaques congestives, paralytiques et pileptiques, dans le dlirium
Les
Wachsmulh, Zeitschr. f. Psijdi., 14, p. 532. Albers, IbkL, Von Krairi, Gnlz, Lwenhardt., Ibid., 25, p. 685.
'
p. 184.
18.
Ziegler,
IbicL,
Ulrich, 26,
p.
76L
Clouston,
Journal of menlal
164-
tremens. dans l'tat pileptique et l'agonie des alins. Chez les nvropathes constitutionnellement trs affaiblis, une selle ou une miction entraves, donc une irritation priphrique, peuvent provoquer des tempratures phmres de 40, sans qu'il existe ncessairement
l'tat
un trouble de
la
Ordinairement on peut les attribuer une augmentation des pertes de la chaleur (malades nus, furieux, paralytiques ayant une paralysie gnrale des vaisseaux). Chez certains malades (mlancolie avec stupeur et passive) o chaque perte excessive de chaleur est compense par le repos au lit et une bonne couverture, on trouve tout de mme des tempratures au-dessous de la normale (36), des tempratures minima qui doivent tre attribues une diminution de la production de calorique due l'arrt de la mutation intra-organique, l'inanition, la respiration
normale dans
la folie.
incomplte.
Chez
travail
les fous
Psych., 2S) et Zenker (/6., 33) ont rencontr {Ally. Zeitschr. de vritables tempratures de collapsus descendant jusqu' i23dans la folie furieuse, et cette temprature qui menait Fpuisement se produisait bien avant la mort du malade'. Les malades jouissaient alors d'une certaine euphorie et d'un apptit excellent. J'ai fait des observations analogues chez des paralytiques, couchs et bien envelopps, peu de jours avant le dnouement fatal. On a pris dans le rectum des tempratures descendant jusqu' '24. Nous avons parl des anomalies qualitatives du pouls en Le pouls. tudiant les troubles vaso-moteurs. La frquence du pouls est trs variable. La frquence se rencontre souvent dans les tats d'agitation, surtout d'anxit, et doit dans ce cas tre attribue l'motion psychique.
Loewenhardt
est
Souvent, chez les fous furieux, l'acclration des contractions du cur remarquablement minime, malgr leur inquitude et leur jactance extraordinaire. Dans ces cas on trouve mme un ralentissement tombant
jusqu' 40 pulsations, ce qui peut s'expliquer par des processus d'irritation
anormaux dans
le trajet
troubles dans les tats Les troubles de ces fonctions sont souvent la cause de la maladie; ils peuvent en tre des complications frquentes ou parfois en tre la consquence et tre causs par l'abstinence.
Digestion
et assimilation'^.
aigus et primaires de
la folie.
Respiration.
Les troubles
de
la respiration se
rencontrent de prf-
grave, un dans
*
p. 671, trois
cas
(deux dans
la
manie alcoolique
Dagonet, Trait,
p.
72.
16S
La respiration est alors superficielle, insuffisante. Souvent une tuberculose pulmonaire se dveloppe comme consquence de la respiration insuffisante;
Zenker
tiques
{Allg. Zeitschr.
f.
un mode de respiration trange, intermittente, rmittente, et arythmique, dans le geure du phnomne de Cheyne-Stokes, dans le cas
Nutrition gnrale. Poids du corps.
et
d'attaques crbrales.
L'tat de la mutation intraorgade la nutrition gnrale dont le degr approximatif nous est donn par les peses du corps, est de la plus haute importance chez les
nique
alins.
Ils justifient cette hypothse de troubles profonds de toute la mutation intraorganique allant de pair avec la maladie psychique, la plupart des psychoses n'tant autre chose que l'expression de troubles graves de la
disposante de cet organe qui en fait un locus minoris resistentiae met les troubles psychiques au premier plan du tableau pathologique. Il rsulte des recherches faites ce sujet par Albers\ Nasse% Lombroso, Stiff et d'autres que, chez les mlancoliques et les maniaques, une dimi-
nution progressive du poids du corps accompagne les processus de la maladie psychique jusqu' sou apoge, qu'en gnral les rmissions concident avec une augmentation de poids, les exacerbations avec une diminution, qu' rentre en convalescence une augmentation ordinairement rapide du poids du corps concide avec la gurison psychique. Dans certains cas l'augmentation de poids a t d'une demi-livre et plus par
jour.
femmes de
Nasse a calcul que l'augmentation absolue est en moyenne chez les 21,6 p. 100, chez les hommes de 1S,8 p. 100. Si les psychoses primaires passeut 1 tat de faiblesse psychique secondaire, les diffrences de poids s'galisent et le poids du corps reste peu
prs stationnaire.
L'augmentation de poids dans les terminaisons malheureuses des psychoses n'est cependant pas constante. Mais quand elle se produit, elle est plus continue et plus lente que dans les cas qui sont en voie de gurison. Dans la folie priodique aussi le paroxysme se manifeste simultanment avec une diminution du poids du corps et dure aussi longtemps que celuici baisse.
L'amlioration de
poids.
l'tat
concide avec
le
retour de l'augmentation en
Ripping a not la haute importance de cette augmentation en poids (allant jusqu' 29 kilogrammes) dans la gurison de la folie puerprale.
Albers, Deutsche Klinik, 1854, 32.
Nasse, Allg. Zeitschr. f. Psych., 16, Schultz, Deutsche Klinik, 1855, 9. mars.
-
Erlenmeyer, Psijch. Corresp. BL, 1844. Lombroso, Ann. med. psych., 1867, p. 514. Stiff, Dissert. Marburg, 1822.
166
Les troubles du sommeil sont trs frquents chez les alins, presque de rgle dans les stades primaires de la folie. Le sommeil peut manquer pendant des semaines entires chez les mlancoliques et les maniaques. Chez les premiers le sommeil est troubl, parce qu'il n'est pas rparateur et que le malade alors le nie ou le place au mme rang que le sommeil artificiel provoqu par les narcotiques. Dans les stades secondaires de la folie le sommeil est ordinairement normal, quand il n'est pas troubl par des tats d'agitation intercurrente
Sommeil.'
et sont
ou par des hallucinations. Le sommeil est souvent extraordinairement long et profond chez imbciles ainsi que dans les cas d'puisement crbral aprs la manie.
les
DEUXIEME PiRTIE
LES CAUSES DE LA FOLIE'
La recherche des causes des maladies est d'une haute importance scientifique. Leur tude nous mne la pathognie et la prophylaxie. Un mal aussi grave, au point de vue individuel et social, que l'est la folie, a ds les premiers temps pouss les savants en rechercher les origines. Ainsi qu'on le verra par l'expos que nous ferons plus loin de l'tat actuel
de notre science, les recherches faites sur les causes de l'alination mentale n'ont pas t sans succs; ce qui plus est, l'tiologie de la folie est mieux connue que celle de la plupart des autres maladies bien que prcisment les difficults soient ici particulirement grandes. Ces difficults consistent tout d'abord dans cette circonstance qu'ordinairement, et c'est presque la rgle, une multiplicit de causes concourent
donn le manque de clart de la pathognse, il souvent presque impossible d'tablir ces facteurs variables et surtout d'valuer la valeur isole de chacun d'eux. Quand il s'agit d'lments tiologiques d'un effet plutt gnral, on ne doit pas ngliger l'appoint de la statistique. La statistique est un prcieux moyen auxiliaire pour les recherches tiologiques, mais la condition que les questions soient poses avec justesse et prcision, et que ses donnes brutes soient utilises avec soin et sans ide prconue. D'ailleurs la statistique ne nous donne jamais la cause d'un phnomne, mais seulement un encouragement rechercher cette cause (Hayem). Les chiffres
produire la folie. Etant
est
obtenus doivent tre interprts avec exactitude. Ainsi, par exemple, du fait statistique qu'il y a un plus grand nombre de malades femmes dans un asile, il n'en rsulte pas la conclusion que la morbidit du sexe fminin est plus grande que celle du sexe masculin, La principale cause de cette supriorit numrique est due plutt au degr moindre de mortalit des alins femmes.
'
IIap:en, Statist.
Untersuchunr/en.
f.
anne de
1889, fasc. 2,
-3,4.
iG8
Trop souvent il arrive que les profanes ou les mdecins inexpriments prennent le dernier anneau de la chane tiologique, qui est sans doute un facteur important, pour la cause unique, et ngligent tous les autres phnomnes antrieurs et un peu loigns, et qui, par consquent, sont moins vidents. Une perte dans les affaires, une grande motion morale, etc., sont censes avoir caus la maladie, tandis que l'examen vraiment scientifique monire l'hrdit, les maladies qui allaiblissent, etc. sur cette base seulement la dernire cause invoque a pu produire son
:
effet et
Il
amener
la
catastrophe.
n'a pas reconnu,
n'arrive que trop souvent encore qu'o prend les consquences et les
pour
la
fait
profanes eux-mmes reconnaissent bientt, attribue au chagrin ou cet chec dans les affaires, tandis que l'examen est scientifique russit dmontrer qu'il n'a fait de mauvaises spculations
que parce que son cerveau tait dj malade. On assure qu'un maniaque a t pris de folie furieuse la suite d'excs alcooliques et vnriens; un examen minutieux nous apprend que cet
que quand il a t atteint d'exaltation maniaque. Une paysanne rentre chez elle aprs avoir entendu le sermon d'un missionnaire et est prise de folie furieuse. Le sermon est cens avoir caus sa maladie. En ralit, quand elle est venue au sermon, elle tait dj malade mlancolique) et elle venait pour trouver le pardon de prtendus pchs. Le mdecin aliniste constate quotidiennement qu'on prend les symptmes ou les suites de la maladie pour sa cause; cela doit l'engager ne pas accepter sans rserve ce que disent les profanes. L'anamnse doit tenir compte de l'ensemble de l'individualit intellectuelle et physique, car souvent le trouble mental n'est que le rsultat final
de l'volution tout entire et de la vie antrieure. Il ne s'agit point de maladies qu'on peut anatomiquemeut prciser, mais d'individus malades
Schle,.
Avant de songer dterminer l'tiologie d'un cas concret, il faut soigneusement tablir l'histoire exacte du dveloppement pliysique et intellectuel du malade, son tat de sant habituel, ses dispositions morbides et
:
ses dispositions antrieures, la prdisposition originaire de son caractre, son degr d'ducation, ses penchants, ses tendances et son mode d'exis-
tence,
sa
et
des irritants extrieurs. Ordinairement il ne suffit pas de connatre l'histoire de la vie et de l'volution de l'individu.
et intellectuelles
particularits physiques
des ascendants; car, en dehors de la tuberculose, il n'y a pas une maladie qui soit aussi hrditaire et aussi puissamment base sur les anomalies physiques et intellectuelles, sur les conditions vitales des parents, que ne l'est l'alination mentale. Malheureusement la rponse
169
question tiologique des plus importantes est trop souvent loin malades tant de naissance illgitime ou bien des
gens de la couche la plus basse et dont l'ascendance n'a laiss aucune trace; ou bien il s'agit d'individus de la haute socit chez qui on nie absolument tout ce qui touche certains faits d'hrdit pnibles avouer. Eufm une statistique consciencieuse doit encore tenir compte de ce fait qu'au point de vue scientifique on ne peut pas toujours admettre cette thse juridique Pater est quem nuptiae demonstraut. L'tiologie des maladies mentales est au fond la mme que celle des autres maladies crbrales et nerveuses. Elles forment avec ces dernires une mme famille pathologique. Un premier classement des lments tiologiques nous permet de distinguer deux grands groupes les causes prdisposantes ou plutt exposantes 'd'aprs Hagen), et les causes accessoires, occasionnelles, souvent accidentelles. On ne peut pas toujours tablir une dmarcation prcise entre ces deux groupes quand on se trouve en prsence dun cas concret
:
une cause prdisposante ''organisation hrditaire anormale du cerveau, ducation manque, etc. peut devenir une cause occasionuelle de la maladie, en produisant dans l'existence des motions, des passions, de fausses situations qui provoquent l'explosion de la folie. En gnral, l'exprience nous apprend que les influences prdisposantes ont un poids de beaucoup plus considrable que les influences occasionnelles, que souvent les premires suffisent elles seules pour produire
l'alination mentale.
Dans la srie des causes prdisposantes il y a encore considrer les facteurs gnraux auxquels on doit attribuer une certaine influence qui
cependant ne peut tre value qu' l'aide de la statistique et d'une manire approximative; puis certains facteurs purement individuels reposant sur les dispositions physiques et intellectuelles, l'histoire du dveloppement, le genre de vie, les vnements de la vie, facteurs dont l'importance est de Ijeaucoup plus considrable que celle des facteurs gnraux. Les causes accessoires et occasionnelles sont habituellement divises en causes physiques et en causes morales, distinction qui n'a de valeur qu'en
tant qu'elle facilite le coup d'oeil d'ensemble sur le tableau tiologique et
la condition d'admettre que toute cause morale produit en dernire ligne son efet par la voie physique, soit qu'elle ait besoin d'une prdisposition organique pour pouvoir agir comme choc gnral, soit qu'elle ait provoqu le trouble de nutrition crbrale, base de
la psychose, directement
rectement en troublant
les
CHAPITRE PREMIER
CAUSES PRDISPOSANTES
I.
civilisation'
Un phnomne
la
statistique de presque
tous les pays et de tous les asiles d'alins, c'est la frquence progressive
La science
a).
se
demande
Si cet accroissement
s'il
il
est produit.
Pour la premire de ces deux questions il convient de faire remarA. quer que des chiffres comparatifs exacts entre les poques antrieures et l'poque moderne nous manquent, que les statistiques et les recensements des alins dans les temps passs laissaient beaucoup dsirer sous le rapport de l'exactitude, tandis qu'aujourd'hui le diagnostic perfectionn et le cantrle plus minutieux des alins font mieux connatre les cas de maladie, qu'ensuite les bons soins prolongent la vie des malades interns dans les asiles, ce qui fait que le nombre de ces derniers augmente et qu'enfin le chiffre total de leur population augmente aussi. Mais toutes ces sources d'erreurs ne suffisent pas expliquer le fait que dans tous les pays civiliss le chiffre des alins a presque doubl; en Angleterre,
par exemple,
il
est
mont de 14,300
Nous
convenir qu'en ralit il y a accroissement des cas de folie, bien qu'en proportions moins grandes que cela semble premire vue, mais nanmoins assez considrables pour donner robligs
sommes
de
flchir.
Bucknill et Brierre, JH. md. psych., 1853 p. 293. Parchappe, Ibid., p. 314. Tuke, Manuel of. psi/ch. med., p. 30. Uobertson, Journ. of mental science, 1871, janv. Legrand du Saulle,Grt:. des /idjD.,1871, p. 102,103. Jewell, Journ. of nervous and mental
'
171
'
On
remarquer que chez les peuples sauvages ou demi civiliss l'alination est un phnomne trs rare, tandis que dans une nation civilise sur 500 individus il y a effectivement un alin. C'est par les conditions d'existence des peuples non civiliss qui ne conaccroissement
fait
rendu et on
les
progrs de
la civilisation
responsables de cet
mnent un genre de
toutes
conforme
la nature,
qu'on a
que
ces considrations ne sont que d'une valeur bien minime tant nous n'aurons pas une statistique parallle des cas de folie chez les peuples sauvages et chez les peuples civiliss, et que la connaissance des maladies mentales chez les premiers se bornera aux notes occasionnelles fournies par les rcits de voyage des naturalistes et des missionnaires. Evidemment ces valuations puises dans les impressions de profanes et non dans des recensements faits par des hommes comptents, restent bien au-dessous des chiffres rels. Ainsi, d'aprs le tmoignage de Griesinger, beaucoup d'alins vagabondent en Orient comme saints et comme mendiants.
Mais quand mme nous admettrions le fait que les cas de folie augmendans la socit moderne et que cet accroissement est d aux facteurs de notre socit actuelle, facteurs dont l'ensemble est dsign par le mot de civilisation, il ne nous resterait autre chose faire que de dcomposer immdiatement en ces facteurs ce que nous appelons civilisation et de poser une srie de questions tiologiques de dtail auxquelles il est difficile de rpondre ou auxquelles on ne pourrait essayer de donner une rponse qu'en s'appuyant sur une vaste statistique soigneusement tablie. Il est incontestable que la civilisation en progressant offre des conditions qui sont directement dfavorables l'closion des maladies mentales. Il faut ranger parmi ces conditions une alimentation meilleure, une amlioration dans la faon de se vtir, de se loger, le peuple clair sur le terrain religieux et intellectuel, une ducation plus soigne et une plus
tent
:
grande moralit. Mais, ct de ces lments de rgnration, la civrlisation offre des inconvnients trs graves et sans doute d'une grande importance dans l'accroissement norme de la l'origine des maladies mentales. Tels sont population des grandes villes avec les prjudices qui en rsultent au point
:
de vue hyginique (tuberculose, scrofule, anmie) et moral, l'accumulation d'un proltariat dgnr physiquement et intellectuellement, le pauprisme, le nombre croissant des tres vivant dans les usines, le clibat, l'avidit de l'or et la vie luxueuse, les passions qui usent au point de vue
intellectuel et qui
corrompent
les
murs.
qui, pages
du service des alins de 1874) attribuent la civilisation et surtout l'influence des grandes l'alination, villes une grande part dans l'augmentation du nombre des alins dans sa frquence, suit la civilisation; elle en est le parasite; elle vit et s'accroit avec elle
'
et
ses
dpens
172
crent des
besoins plus raffins et que par suite la lutte pour la vie est plus accentue.
pour une existence plus aise, mais plus riche en besoins, cerveau qui doit la soutenir. Elle affine le cerveau dans son organisation elle le rend plus inventif, mais aussi plus vulnrable en mme temps il est expos des excitations qui ne mnent que trop facilement la surexcitation et partant 1 puisement, la maladie, la dgnrescence. Partout et toujours quand un organe est forc d'augmenter sa somme de travail fonctionnel, il est plus expos aux maladies, il s'use plus vite et tout effort devient facilement du surmenage. Les exigences, augmentes dans la lutte pour l'existence, se font sentir aujourd'hui chez l'individu ds l'cole, et la concurrence sur tous les terrains de l'art, de la science et de l'industrie, l'avidit des plaisirs et des richesses, maintiennent une grande partie de la socit moderne dans un tat de tension constante des forces nerveuses et dans une continuelle agiCette lutte,
c'est le
;
tation.
Il ffiut encore ajouter un autre facteur important paralllement l'augmentation de l'usure des forces nerveuses, se fait sentir le besoin croissant de certains produits de consommation qui sont propres augmenter arti:
L'augmentation de
cool, n'est certes pas
la consommation du caf, du th, du tabac, de l'alun phnomne d au hasard, mais c'est plus ou moins
un manomtre indiquant l'excdent de travail que le cerveau est forc d'accomplir notre poque. La consommation de ces stimulants peut, si
l'on veut, tre
compatible avec la conservation de la sant; mais leur abus ne l'est certainement point. De tous les articles de consommation, le plus important, celui dont on fait le plus souvent un abus excessif et qui, par l, est le plus dangereux, c'est l'alcool. Dans la lutte de la civilisation avec les peuples sauvages de l'Amrique, il devint, sous le nom d'eau de feu, un moyen pour exterminer les indignes, moyen plus puissant que les armes feu elles-mmes. Nos anctres, il est vrai, ont peut-tre quantitativement dpass la gnration moderne dans l'absorption des boissons alcooliques, mais ce qu'ils buvaient, c'tait du vin et encore tait-ce un vin infrieur eu pourcentage d'alcool. Aujourd'hui l'alcool apparat sous une autre forme, forme concentre, et l'industrie peut le fournir bon march aux gens du peuple. Mais ce qu'elle lui offre eu fait d'alcool, c'est de la pire espce il contient des thers, une des matires les plus dltres pour le systme ner;
veux central'.
La diffrence norme des effets de l'alcool thylique et de l'alcool amylique ne saumieux envisage que dans leurs composs azotiques. L'azotate d'lhyle est un liquide d'esprit faible, dont les vapeurs affectent peine le systme vasculaire, tandis que l'azotate d'amyle, pris aux plus petites doses, produit une paralysie vasculaire complte dans la rgion des carotides.
'
rait tre
I73
uu facteur qui prvaut largement contre tout ce que la pour prserver les hommes des maladies mentales. Toutes les observations semblent indiquer avec un grand degr de vraisemblance, que l'alination mentale devient de plus en plus frquente dans la socit moderne et que son origine est due une surexcitation du cerveau, par le surmenage et par l'abus excessif de certains produits de consommation.
civilisation fait
Ces inconvnients se manifestent tout d'abord par la frquence de plus en plus grande des constitutions nvropathiques dans la socit moderne qui a trop de nerfs, mais pas assez de nerf >.. La constitution nvropathique constitue la prdisposition la plus importante, non seulement aux maladies mentales, mais aussi toutes les nvroses possibles. Elle s'acquiert par le genre de vie irrationnel de l'individu elle est congnitale par suite du genre de vie fcheux dont l'ascendance s'est rendue coupable.
;
L'influence des orages politiques et des dsordres religieux' est relativetrs minime dans la vie sociale moderne. Elle doit tre, au point de vue de son importance et de l'effet produit, place au mme rang que les autres calamits publiques (tremblements de terre, famines, catastrophes financires, incendies, etc.). Sous l'impression de ces dsastres, la maladie psychique se dclare tout d'abord chez les individus qui, par suite d'une prdisposition, n'ont pu rsister l'effet bouleversant, dprimant de la peur pour leur propre vie ou pour celle des leurs, de la terreur et des scnes mouvantes des siges, de la guerre, des soucis de l'existence et des privations par suite du manque d'ouvrage. Ceux qui dirigent les rvolutions sont relativement trs souvent atteints de la maladie ^ Cela s'explique par le fait que souvent des individus tars
ment
hrditairement, des excentriques, des tres tranges se trouvent la tte de ces mouvements.
mme temps
mme exactitude dans tous les pays; elles ne sont pas dresses aux mmes points de vue, et ne peuvent satisfaire compltement les exigences scientifiques. En somme le pourcentage des cas de folie ne varie pas considrablement avec
statistiques des alins ne sont pas faites avec la
les diverses
degr de civilisation
et
de moralit.
nations civilises, pas plus qu'entre les peuples des zones torque peut causer la
Alli.
'
Flemming,
geisttr/e
janv., mai.
Wilkovvsky,
mme
die
Lnnier, Annal, md. psi/ch., 1857, f. Psijchiat.,\n, p. 35. Areh. f. Pst/ch. VI, Einftuss der Belageranf) von Stmssburg avf GesundheU: der Einwohner). Legrand du Saulle, Gaz. des hop., 181 [
Zeitschr,
* Irrenfreund, 1872, p. 770. Laboi-de, Les hommes devant la psychologie tiwrbide. Paris, 1872.
de Paris
174
chaleur chez les premiers, sont richement compenss parles excs d'alcool
que fout les habitants des pays septentrionaux. Dans certains pays o des miasmes telluriques exercent leur influence et conduisent la dgnrescence crtineuse, on trouve non seulement plus de maladies psychiques qu'ailleurs, mais encore une fraction considrable de la population est afflige d'infirmits psychiques idiotie j et somatiques fgoitre, etc.). L'influence d'une alimentation insuiisante et
i
non approprie aux besoins, se manifeste non seulement par la frquence de la scrofulose, du rachitisme, de la tuberculose, de la pellagre alimentation par le mas chez les paysans de la Haute Italie), mais aussi par
constitution nvropal'anmie constitutionnelle et ses consquences thique et psychopathique Comp. l'pidmie hystro-psychopatique de
:
l't
d'alins, notamment dans les pays malades pendant les mois d't mais il s'agit le plus souvent d'individus malades depuis longtemps et qui, pendant les mois d'hiver, taient moins gnants pour leurs familles que pendant l't,
En
les travaux des champsrclament toutes les forces, ce qui les a fait amener dans les asiles. Dans nos climats, la chaleur de l't aggrave l'tat des individus qui sont dj malades depuis longtemps, mais il est rare qu'elle produise direc-
tement
la maladie.
SEXE
Des observateurs anciens, comme Esquirol, Haslam et d'autres, ont admis que les femmes sont plus prdisposes aux maladies psychiques que les
hommes.
Chez elles, les poques dangereuses de la grossesse, de la puerpralit de la mnopause se font sentir; la femme a moins de force de rsistance physique et intellectuelle que l'homme; ensuite l'alination mentale se transmet par hrdit plutt la descendance fminine; ces faits semblent
et
hypothse.
dans le sexe fminin trouvent cependant un Ces causes fcondes de suffisant dans le sexe masculin par le fait que l'homme quivalent plus que est expos au surmenage de la lutte pour l'existence, soutenue dans la plupart des cas par lui seul et sans aucun concours; parce qu'il se livre l'abus de l'alcool, aux excs sexuels qui affectent beaucoup plus l'homme
folie
que
tence,
Si la femme est force de soutenir seule la lutte pour l'exispar exemple plus d'une veuve est oblige de le faire, elle succombe plus facilement et plus vite que l'homme. Il est une cause de folie pour la femme, cause dont il convient de ne pas dprcier l'importance, qui tient sa position sociale. La femme qui, de par son naturel, a plus besoin de la satisfaction sexuelle que l'homme, du
la
femme.
comme
175
ne trouve pas d'autre moyen honorable pour la que le mariage (Maudsley). C'est le mariage qui lui procure aussi son seul moyen d'existence. Le caractre de la femme s'est dvelopp dans ce sens travers de nombreuses gnrations. Dj la petite fille joue la maman avec sa poupe. La vie moderne, avec ses exigences plus grandes, offre de moins en moins de chances pour que cette satisfaction soit donne par le mariage. Tel est surtout le cas pour les classes suprieures o les mariages sont plus rares
moins au sens
idal,
satisfaction de ce besoin
et
plus tardifs.
Tandis que l'homme, tant le plus fort, se procure sans difficult des satisfactions sexuelles, grce sa plus grande force intellectuelle et physique, sa position sociale indpendante, ou qu'il trouve facilement un quivalent dans une carrire qui absorbe presque toutes ses forces, tous
moyens restent inaccessibles la femme non marie appartenant au meilleur monde. Cette circonstance la rend mcontente d'elle-mme et du monde tout entier; elle se creuse la tte et se livre aux rveries morbides. Pendant quelque temps elle cherche une compensation dans la religion,
ces
mais en vain. L'enthousiasme religieux, avec ou sans masturbation, dveloppe une foule de maladies nerveuses parmi lesquelles l'hystrie et la folie ne sont pas rares.
Voil ce qui explique la plus grande frquence de la
folie
chez les
et trente-cinq ans,
c'est--dire la
que chez
cinq
et la vie.
o s'panouissent les esprances de la vie, tandis montre plus frquemment entre trentecinquante ans, priode des plus grandes exigences de la lutte pour
les
hommes
la folie se
il
ressort
que souvent
c'est l'l-
ment fminin qui prdomine. Nous avons dj indiqu une des raisons de cette prdominance la mortalit moins grande chez les femmes parce que se produisent plus rarementchez elles lescasidiopathiques, notamment la dmence paralytique. Une autre raison est que la folie chez la femme
tant en gnral plus turbulente et se manifestant d'une manire plus
vent amener la
indcente que chez l'homme, on se dcide plus promptement et plus soufemme aline dans un asile. Enfin il faut encore tenir
fait
compte du
que
le chiffre
En somme la statistique nous apprend que la frquence de la folie est peu prs la mme dans les deux sexes et qu'elle est plutt un peu plus grande dans le sexe masculin par suite de l'ivrognerie et de lapins grande mise contribution de l'activit crbrale.
CULTES
La statistique s'est donn beaucoup de peine pour tablir quelle est la proportion des cas de folies dans les diffrents cultes et elle a, par exemple,
176
trouv que chez les juifs et chez certaines sectes la proportion des cas La folie n'a de rapports avec le
que quand
les
empchent
les fidles,
la race et
surtout
dogmes crent des empchements au mariage quand ils sont en petit nombre, de croiser
et restreinte entre
suffisamment
eux-mmes.
en prsence d'un phnomne analogue celui haute aristocratie et de la haute raisons d'tiquette ou d'argent, se marient continuelfinance qui, pour des lemeut entre elles et ont souvent de ce fait des descendants alins. Ici encore la cause n'est pas de nature thique, mais d"ordre anthropologique. En somme on doit admettre que la vraie religion, l'thique pure, en ennoblissant l'esprit humain, en l'levant vers l'idal et en prodiguant des consolations aux moments de dtresse, diminue les dangers et les menaces
On
se trouve
donc
ici
d'alination mentale.
Il
mme quand
le
un
zle
mystique
passions.
plus basses
Mais il est ncessaire que l encore il existe une forte prdisposition pour que ce facteur puisse produire occasionnellement un effet dcisif. Beaucoup de ceux qui perdent la tte confesse ou pendant le sermon, sont des idiots mlaDcoliques: beaucoup de ceux qui cherchent une protection et des consolations en se rfugiant dans la religion sont des naufrags des orages de la vie qui. en entrant dans
le port,
sont dj briss
physiquement et Souvent une religion excessive est dj le symptme d'une prdisposition originairement morbide du caractre ou le signe d'une maladie relle; il n'est pas rare que sous les dehors chastes de l'exaltation religieuse se cachent une sensualit morbide et une agitation sexuelle conduisant
des aberrations trs importantes
moralement.
CELIBAT
L'alination mentale est beaucoup plus frquente chez les clibataires
gens maris', ce qui, selon Hagen, s'explique par le fait que clibataires arrivs l'ge critique est plus considrable dans la population, qua cet ge ils sont plus sujets la maladie, que souvent c'est le trouble mental dj existant qui a empch la conclusion du mariage, et qu'enfin les meilleures conditions hyginiques de la vie con-
que chez
le
les
nombre des
un
effet
prophylactique.
Mais
'
pour
la sant
de
Maudsley, Op.
cit.. p.
i, 17.
Hagen, Recherches statistiques : Hommes: 54.9 25 p. 100 veufs ou divorcs. Femmes Hjl p. 100 veuves ou divorces.
:
p.
100 clibataires;
clibataires;
.35.8
p.
100
33,6
p.
177
poux sont incompatibles, quand il faut moyens d'existence pour une famille, ce fjui exige de plus grands elorts matriels et intellectuels, quand des revers de fortune de toutes sortes peuvent faire de hi lutte pour hi vie un combat dsespr. Chez l'homme, le calme de l'esprit et du caractre peut tre compromis
les caractres des
quand
se procurer des
I)ar les
dfauts de caractre,
efet
le gaspillage,
l'pouse, hystropathe
ou dsquilibre
la
mme
mari.
peut provenir de
Brosius {Irrenfreund) dcrit un genre de folie particulier aux femmes maries et qui souvent, hors des asiles, est la source de Ijien des malheurs de famille. C'est une dpression douloureuse chronique avec vive irritation contre
l'poux
dpression morale
jusqu' de violentes explosions de colre. Cette motive par des plaintes non fondes) contre la ngligence et l'infidlit de l'poux. Ou compromet et on insulte sans gards le mari et les prtendues rivales. La jalousie et la susceptibilit transforment ces femmes en vritables espionnes. La logique formelle et la possiliilit que leurs plaintes puissent tre fondes trompent souvent le public sur leur tat d'esprit morbide, bien que le sans-gne de leur conet allant parfois
est
AGE
Les conditions de morbidit des ditrents ges touchant l'alination mentale dillrent considrablement '. Elles montrent, comme le dit fort bien Tigges {Rapport sur Marsberg. p. ;288), la folie comme un processus organique surtout rattach aux conditions vitales intrieures de l'individu lui-mme. Il en rsulte un autre fait, c'est que l'intensit et la nature du type morbide doivent correspondre exactement au degr de dveloppement intellectuel et moral.
Les troubles psychiques dans l'enfance, c'est--dire ["Enfance -. depuis la naissance jusqu' la pubert, sont des phnomnes rares. Cela s'explique par le dveloppement psychique incomplet de l'enfant, et par l'absence des excitants efforts dans la lutte pour l'existence, motions, passions, excs, etc.) qui atteignent le cerveau de l'adulte.
'
(1,72
Ilagen, Recherches sfalistiques. Les malades au-dessous de quinze ans sont trs rare* pour 752 habitants), et plu dliommes ^^35) que de femmes (7i. La proportion monte
se assez rapidement dans les deux sexes (de seize vingt ans, l sur d'une manire gaie jusqu' trente-cinq ans. De trente-six jusqu' quarante-cinq ans, elle se maintient la mme hauteur chez les hommes, mais baisse presque de moiti chez les femmes; partir de quarante-six ans. la proportion baisse dans les deux sexes d'une manire gale. Les excellentes descriptions de Maudsley, tra'tuites par Bhm, p. 273, et Schle. Mller. Ilaiidb.. p. 222. Scherpf, Jahrb. f. Kinderhe'dky N. F XVI (documents). Arch. /'. Psych., XIll, fasc. 1; Emminghaus, Die psychischen Sfoi'ungen des Kindes parlir de cet
40, 10 habitants) et
=
alteis, 1887.
PSYCHI.\TRIE.
12
178
Les lments tiologiques des maladiespsychiques de l'enfant sont presque exclusivement de nature organique, somatique. Dans la grande majorit
des cas
il
s'agit d'organisations
le
germe. La folie apparat surtout sous forme d'idiotie congnitale en se dveloppant ds les premires annes de la vie, ou sous forme de folie morale se manifestant en mme temps qu'une nvrose
frappes dans
(chore, pilepsie).
En dehors de la constitution nvro-psychopathique originaire (tare), l'onanisme prcoce et frquent, consquence de cette tare, les maladies graves, aigus, surtout infectieuses, les efforts intellectuels, les lsions de la tte, et, dans quelques cas rares, l'excitation produite par les vers, ont
une importance tiologique. Les causes psychiques, notamment les motions, les passions, l'ducation manque, jouent un rle peu important dans l'tiologie de la folie chez les enfants. Elles peuvent exister, conduisant aussi quelquefois au suicide ', mais elles disparaissent plus vite que chez les adultes. La peur est plus importante comme cause occasionnelle. C'est ainsi que s'explique le fait que la folie de l'enfance, mme quand elle ne se prsente pas sous les formes dgnratives de l'idiotie intellectuelle ou morale ou du trouhle pileptique, porte de prfrence le cachet d'une infirmit idiopathique. Aussi le pronostic est difficile, mais ce qui l'aggrave beaucoup, c'est que la folie se produit dans une me qui n'est pas encore dveloppe et par l compromet grandement son volution normale
organique et psychologique. L'absence du dveloppement du moi ne permet pas le dveloppement des formes trs varies de la folie que l'on observe chez les adultes. Maudsley et Schle ont montr d'une manire trs ingnieuse quelles formes sont possibles et se rencontrent en ralit suivant l'tat de dveloppement de la vie intellectuelle de l'enfant. Dans les premires annes de la vie, des cas de folie sensitivo-motrice, furieuse et instinctive, semblable celle des animaux-, peuvent se produire (cas rapports par Maudsley, p. "21b). Avec le dveloppement de la sphre sensorielle, apparaissent des cas de folie hallucinatoire dus des fivres, des exanthmes aigus, et qui compliquent les nvroses chorique
et pileptique.
Avec
le
dveloppement de
la
il
ment jusqu'aux
comme dans
paranoa
des adultes, bien que les dbuts de cette varit pathologique (imagination fantastique, dlires primordiaux et passagers comme substrata des ides
fixes ultrieures) puissent
l'en-
fance. Les ides obsdantes aussi dbutent souvent avant lage de pubert.
1
'
faut ranger dans cette catgorie les accs furieux trs frquents chez les enfants cas rapport dans Henke's Zeitschrift o il est question d'une vaclie qui, aprs avoir vl, fut prise de folie furieuse.
179
La mlancolie et la manie sont rares chez les enfants; leur origine n'est presque jamais motive, mais presque toujours organique (Schiile). La mlancolie se manifeste alors sous forme de stupeur avec actes souvent impulsifs, notamment le suicide; la manie, comme un tatd'agitation caractris par une impulsion instinctive faire des mouvements en mme temps qu'il y a un trouble de la conscience et une grande confusion dans les conceptions, avec trace peine manifeste de la facult d'association; elle est due le plus souvent une cause organique (hyperhmie crbrale fluxionnaire); le cerveau est alors dfectueux aussi (idiotie). T Pubert ^. A l'ge du dveloppement sexuel, la proportion des cas de folie monte considrablement et rapidement comme dans toutes les phases de la vie physiologique. L'hrdit est l'lment de prdisposition le
plus important.
D'aprs les recherches de Hagen, la proportion des maladies chez les individus hrditairement prdisposs est surtout leve entre seize et
vingt ans.
D'aprs mes observations personnelles, les personnes du sexe fminin sont plus prdisposes que celles du sexe masculin; cela provient probablement de ce que la prdisposition hrditaire joue en gnral un plus grand
rle chez la
femme
plus radicale et
que chez cette dernire la priode d'volution est souvent accompagne de troubles graves de la nutrition
et
le
(anmie, chlorose).
Sur
la
dveloppement de
la
pubert, facteur accessoire, peut produire l'alination mentale sous diffrentes formes.
Dans nombre de
chez
les
cas, c'est
l'onanisme qui se
manifeste
si
facilement
individus tars, par suite de leur instinct gnital prcoce et puissant, qui prend alors le rle de cause occasionnelle. Chez les individus du sexe fminin, les dplacements de l'utrus, jusque-l sans consquence,
ou
l'arrt
tent directement leur influence sympathique rflexe sur l'corce crbrale ou indirectement en provoquant des troubles gnraux de la nutrition
les arrts
(anmie, chlorose). Le dveloppement anormalement rapide de la taille, de dveloppement du crne ont une importance non moins
considrable.
Dans d'autres cas nous n'avons pas encore trouv l'anneau intermdiaire
qui nous explique
comment
la
l'tat
mental. Sou-
vent
la
la rgularisation dfinitive
de la mens-
truation.
Les maladies psychiques de cet ge sont excessivement varies et ont une pathognie bien diffrente. La prdisposition hrditaire tant ici la cause prdominante, on doit
s'attendre ce que les formes dgnratives jouent le principal rle.
La
'
Maiulsley, Journ.
Ibid., 1874.
Sterz, Jahrb.
July,
Mania puhescenlium.
Skae,
t. II, p. 94.
180
paranoa, les ides obsdantes, la folie priodique, circulaire et mlancolique se montrent assez souvent; la folie morale aussi prend un essor
assez considrable.
La mlancolie et la manie se montrent aussi, rarement toutefois sous la forme bnigne d'une psycbo-nvrose due une cause motive (le plus souvent la peur), mais plutt d'origine organique, directe et primitive, comme c'est le cas dans l'enfance. La mlancolie apparat sous la forme grave de la stupeur o elle va
de pair avec des actes impulsifs, des reprsentations obsdantes et des hallucinations impratives qui sont dirigs contre la vie du malade; plus souvent encore ces impulsions poussent mettre le feu, ce qui a
donn
pyromanie de
la
pubert. La manie a
souvent
impulsifs.
En mme temps on trouve souvent, surtout quand le dveloppement du crne et du cerveau ont t retards, des folies furieuses graves ou des tats d'agitation dlirante et hallucinatoire avec tous les phnomnes de Thyperhmie crbrale; la marche est rapide et se termine gnralement par une imbcillit ou une idiotie permanentes; en gnral, cet ge, toutes
les
le
dveloppement
Les
l'ge de pubert.
Sur le terrain hystrique se manifestent alors des varits maniaques chroniques lgres qui ont pour la plupart un fond erotique (dsir d'aller dans un couvent, etc.) ou des tats de folie pisodique, en partie hallucinatoire, en partie cataleptique, enfin des cas de paranoa religieuse. Sous le nom d'hbphrnie Kahlbaum et Hecker ont dcrit une maladie juvnile particulire qui se dclare l'closion de la pubert, passe rapidement l'tat de dmence, et serait trs frquente. Cette maladie serait caractrise, outre l'poque insolite laquelle elle
'
montre, parles variations continuelles et protiques de ses diffrentes formes 'mlancolie, manie, incohrence) par sa terminaison extraordinairement rapide qui aboutit un tat de faiblesse psychique et par la forme particulire de cette imbcillit terminale (attitude stupide et prudhommesque) dont les signes sont dj apparents aux premiers stades de la maladie. En mme temps les motions ne sont que trs superficielles (rire et plaisanteries ineptes au plus fort de la dpression mlancolique), en sorte que les malades ont l'air de se jouer de leurs anomalies de caractre et d'y mettre quelque coquetterie. Dans les phases d'excitation il se manifeste une activit purile et sans but et un penchant la flnerie; en mme temps il y a une apparence de prmditation, de conscience des actes et des paroles stupides de ces malades. Leur locution aussi est insipide et pleine de phrases pompeuses
se
'
p. 394.
Irrenfreund, 1877,
4 et 5.
181
et vides, avec une prfrence pour les termes prcieux emprunts aux langues tragres, aux classiques, pour les grauds mots, une incapacit exprimer une ide sous une forme concise, prcise, une construction illogique et trange des phrases.
Les ides dlirantes sont, dit-on, rares et, quand il en existe, elles se comme des lments rudimentaires d'une ide de grief prconue; mais ordinairement elles se manifestent sous forme de saillies bizarres
prsentent
et ineptes.
et
Occasionnellement il y a aussi des tats d'agitation allant jusqu' la rage causs par la masturbation, par la menstruation ou par des halluciIl
nations.
me
l'hbphrnie
part.
une psychose dgnrative (pubert, aspect protiforme, actes impulsifs pour la plupart, troubles motifs, caractre primordial des ides dlirantes de nature trs complique et sans aucune motivation ou bases sur un raisonnement puril). La note d'imbcillit qui domine tout ce tableau pourrait s'expliquer en partie par l'imbcillit originaire de ces malades, fait sur lequel insiste aussi Hecker dans l'tiologie des cas qu'il a observs, en partie par la circonstance que, ainsi que
Dans tous
le
dmontre cet auteur dans un expos psychologique trs ingnieux, le processus morbide atteint une vie intellectuelle naissante, pour ainsi dire son ge ingrat, et arrte son dveloppement.
De mme que Schle {Handburh, p. 213) qui sur 600 cas n'a trouv que deux cas d'hbphrnie pure, je n'ai rencontr que rarement ce genre de psychose (8 sur 3,000). Dans tous les cas que j'ai observs il y avait une tare considrable (imbcillit originaire, signes de dgnrescence). Dans deux (chez des femmes il y avait microcphalie. Le pronostic n'est pas absolument mauvais. Dans un cas il y eut gurison, dans l'autre amlioration durable.
Des symptmes de folie hbphrnique se rencontrent aussi dans les psychoses maniaques de la pubert avec les symptmes caractristiques gnraux de la psycho-nvrose et avec une marche bnigne. L'hbphrnie n'est probablement qu'une forme de la folie de la pubert en gnral, base sur une tare grave; le caractre puril, prcocement prudhommesque du langage, des crits et de la conduite, est un phnomne qu'on doit attribuer la phase biologique particulire pendant laquelle la folie de la pubert se
mme psychose prsente un aspect particulier suivant l'ge auquel elle se produit; cela existe aussi dans les mlancolies et les manies qui, dans la vieillesse, sont d'un genre tout fait diffrent de celles de la jeunesse ou de l'ge adulte.
dveloppe. La
Observation IL
niques. Gurison.
M^'''
..,
dix-neuf ans, issue d'une famdle tare. La grand'mre du mre sont morts fous, un autre
La mre
tait
182
dprime par l'observation faite par elle-mme qu'elle tait infrieure en beaut et en esprit sa sur aine. La malade n'a jamais souffert de maladies graves. Les rgles sont apparues l'ge de dix-sept ans sans malaise et sont revenues rgulirement l'poque suivante. Depuis l'apparition de la pubert la malade paraissait
sentait
parfois
un peu
exalte,
agite, passionne.
et svre
Au mois de dcembre
le
fille
monde. Elle dbuta par un voyage en Italie. Ds le mois de janvier, Naples, elle frappait un observateur attentif par son instabilit, son agitation, son exaltation. Elle commenait avoir de l'enthousiasme pour tout ce qui est noble et beau, trouvait les beauts de Naples ravissantes, caressait des projets de mariage, voulant se
rendre indpendante, parce qu'elle n'tait plus un enfant et qu'elle s'tait laisse juspar les autres. Elle prenait des airs de protection avec sa grand'tante et sa
sur aine, lui donnait des conseils sages et prudhommesques, mais tait temps assez enfant pour jouer avec des petites filles aux jeux d'enfants et pour oublier un moment tous ses projets de faire la grande dame et de le devenit. Son humeur variait brusquement, passant d'une gait dbordante un pessimisme sentimental et une inquitude pleurarde pour sa sant. La malade est trs motive et un dsir non satisfait peut la mettre dans une motion violente. Bien qu'elle
en
mme
ft encore d'une navet tout enfantine en ce qui concernait ses vues et ses dsirs,
elle se plaisait
dame
qu'elle
son entourage, et
remarquer
ne se laisserait plus
en enfant.
juin 1880, l'poque prmenstruelle, la maladie lgrement indique
Au mois de
La malade dormait
mal, devenait inconstante, bavarde, avait des ides prcipites, tait amnomaniaque,
se dclarait
Avec l'apparition de
menstruation
la
maladie rtrograda
et
du mois de juillet une nouvelle exacerbation prmenstruelle se produisit, cette fois avec une teinte erotique. Elle croyait qu'un jeune homme, qui lui avait t en effet destin par ses parents, mais qu'elle n'avait pas revu depuis son enfance, tait cach dans la maison et que ses parents l'empchaient de le voir. Elle en demandait compte son entourage, et, trs irrite, cherchait son fianc dans tous les coins du vaste chteau. Aprs une rmission qui se manifesta avec l'apparition des rgles, il y eut un nouvel accs au mois d'aot et beaucoup plus accus. Elle tait inconstante, exalte, ne se mouvait qu'au milieu d'motions, se prenant d'une vive indignation cause d'une branche de bois mort du parc, ravie l'aspect d'une simple fleur des champs; elle montrait de frquents et brusques changements d'humeur, avait des dsirs sans nombre, changeant rapidement; elle tait trs loquace, avec des ides dcousues. A partir du commencement du mois d'aot on donna chaque jour la malade 4 grammes de bromure de sodium. L'tat prsent que j'ai dress au commencement de septembre 1880, l'occasion d'une consultation, n'a donn au physique aucun rsultat, sauf une lgre congestion un peu durable du cerveau, un retard des rgles, un sommeil troubl et des
antrieur. Vers le milieu
maux
il
183
d'exaltation maniaque lgre avec un cachet hbphrnique, exaltation qui pouvait encore avec peine tre contenue au salon, au milieu du monde. La malade bavarde sans fin, se perd dans des dtails fatigants, est brusque dans ses mouve-
et la srnit
tantt elle
rit,
tantt elle pleure. Devant les trangers et au salon, elle sait se contenir tant bien que
mal, mais parfois dans ses promenades au bois elle se roule de plaisir sur l'herbe. Pendant des heures entires elle marche d'un pas acclr au point qu'on ne peut
la suivre
sans se fatiguer.
offre un mlange bizarre de l'enfant et de la femme. On s'aperoit son aspect qu'elle est encore moiti enfant, qu'il n'y a pas longtemps qu'elle a quitt sa chambre d'enfant, tandis qu'en mme temps elle cherche jouer la dame
La malade
du monde, rle que pourtant elle n'est pas de taille jouer. Elle essaie d'en imposer aux autres, mais continuellement elle quitte son rle; elle cherche remplacer le grand air qui lui manque par une certaine nonchalance et par l'aplomb, mais dans ces efforts elle devient grotesque et d'un comique achev. Son trange tat de
transition et de formation biologico-psychique se manifeste aussi par sa conversation
qui, inpuisable et
dcousue
comme
chez
les
prcieux
et
affect,
mme
par
le
Au
trange
point de vue sexuel aussi la malade se trouve dans une phase de transition de l'tat d'enfant l'tat de vierge. Elle a un vague pressentiment des
:
elle
le
fianc
avec lequel
par
un badinage d'amour
sympamoins
qu'une affection passionne, srieuse, preuve de plus que son me d'enfant n'est pas encore tout fait dtruite et que son me nouvelle n'est pas encore dveloppe.
la vie intime
Le caractre hbphrnique de la maladie se dessine encore plus nettement dans de famille et dans les lettres de la malade. Elle comble sa sur aine de bons conseils, elle l'assure qu'on trouvera pour elle aussi un bon parti, elle prend
air de tutrice avec sa grand'tante; elle l'exhorte bien surveiller sa soeur ane
afin
un
que celle-ci ne donne pas son cur trop la lgre. Elle crit son frre de longues ptres pleines d'exhortations tre sage, comme si elle tait la grand'mre de ce jeune homme; elle crit des lettres puriles et prudhommesques la fois
pour les que maintenant elle est oblige de tenir lieu de mre sa sur et son frre; elle se plait morigner la gouvernante et d'autres personnes plus ges qu'elle et se met dans une colre extraordinaire quand on ne lui obit pas ou qu'on ose l'appeler chre enfant. Jusqu'ici j'tais trop bonne, je dois montrer un peu d'nergie, sans cela la maison ne marcherait pas je serai comme un homme. En mme temps elle fait des vers ineptes de mirliton contre sa gouvernante et se divertit normment en les lisant.
lui
une amie,
recommande de
et d'octobre, la se
malade
est
dans
irritable et se
maison, cherche partout imposer le respect, est ordinairement gaie, mais met en colre pour les causes les plus futiles; en mme temps elle est
tantt le
le
gamin mal lev tantt l'enfant. Elle court morceaux sur le piano, n'a de consisses lettres
fait
sont
184
La malade aime
comiques
les
elle
des poses
parmi les symptmes amnomaniaques il y a des heures d'humeur douloureuse et morose et de l'irritation, et elle dclare qu'elle sent qu'elle a chang de tte. Le sommeil est souvent troubl, la fluxion crbrale par moments nettement prononce. A partir de fin octobre la malade devient plus calme et plus range. Le caractre enfantin disparait. Elle devient plutt femme, mais assez souvent encore des rminiset grotesques. Parfois,
cences de sa vie enfantine, de larecherche dans l'expression, des phrases banales, des ides enfantines rapparaissent.
l'exaltation maniaque baisse, la malade reconnat sa malaen a honte et sait se dompter. Elle devient naturelle dans ses sentiments et ses conceptions, et abandonne tout fait ses badinages amoureux. Fin dcembre la famille trouve que la malade est redevenue tout fait normale, mais qu'elle n'a
die. Elle
Au mois de novembre
que
Il
le
nomnes
degr de dveloppement d'une jeune fille de quinze ans bien leve. Les phfluxionnaii-es ont disparu, les rgles sont rgulires.
et intellectuel.
La
priode
la
plus
propice
et intel-
de
la vie et
Chez
la
femme,
plus frquente; c'est probablement parce qu' cette poque des espoirs d'amour et de vie agitent le cur des femmes non maries, espoirs souvent dus et qui leur portent de graves atteintes intellectuelles,
tandis que chez
les femmes fonctionnant sexuellement les influences dpressives des accouchements et de la lactation se font sentir.
trente-cinquime et la cinquantime anne, priode o les soucis de la position sociale et de la famille, les efforts physiques et intellectuels dploys dans la lutte pour l'existence sont les plus grands et, en mme temps, que les excs in Bacho et Venere
c'est entre la
Chez l'homme,
parce que
c'est la
exercent sur
le cerveau leur effet puisant. Toutes les formes de la folie se rencontrent cet ge de la turgescence physiologique du cerveau, de la plus grande intensit et de la plus grande varit des excitations; la paralysie gnrale y est particulirement frquente.
4" Mnopause '. La priode d'involution chez la femme constitue aussi une cause soit prdisposante soit occasionnelle des maladies mentales. Sur 878 alines femmes que nous avons observes, il y en avait 60 (6,1 p. 100) chez lesquelles la mnopause avait t la cause de la maladie cette influence morbide peut tre de nature psychique (douleur qu'on prouve perdre les sentiments sociaux et thiques qui se basent sur les
; 1 Skae. Edinb. med. Journ., X, fvr., p. 703; Journal of mental science, 1874; Psychiatv. Centralbl., 187b, p. 182. Gonklin, Americ. Joiirn. of. insanifij, 1871, oct. Schlaf,^er, Aile/. Zeitschr. 15. Kisch, Das kUmakt. Aller der Frauen, 1874. Lochner, f. Psych., Dlss. Leipzig, 1870. Von Krail,Allg. Zeitschr. Psych., 34.
f.
183
sensations sexuelles, regret prouv surtout par les femmes sans enfants; constatation douloureuse de la disparition des charmes physiques) ou bien elle peut tre de nature mixte, les perceptions gnrales morbides
;
qui accompagnent le processus d'involution et la peur traditionnelle et quelque peu fonde du public de cette phase de la vie branlant l'quilibre intellectuel. La mnopause peul enfin devenir la cause de la maladie par voie purement somatique quand elle ne se borne pas mettre hors fonction les organes gnitaux et les atrophier, mais quand elle prsente en mme temps un processus d'involution de l'organisme tout entier, processus qui ne peut se traduire sans troubles fonctionnels considrables jusqu'au rtablissement de l'quilibre. Les troubles spciaux et d'une grande importance pour l'origine de l'alination mentale, consistent dans ce cas en scrtions profuses (mnorrhagies, leucorrhe) et en troubles de la nutrition (anmie) de l'organe psychique, dans la cessation brusque des rgles, en nvralgies, et gnralement en tats d'excitation nerveuse dans la rgion des nerfs gnitaux avec l'excitation des organes nerveux centraux qui en est la consquence (irradiation rflexe). L'importance de ces facteurs est augmente par les tares organiques et notamment par les tares hrditaires, par les causes d'afaiblissement qui prcdent la mnopause (accouchements frquents, maladies puisantes) ou qui concident avec elle (typhus et autres maladies gnrales graves, affections locales de l'utrus, notamment mtrite chronique et anomalies de position). S'il n'y a pas concidence de ces causes adjuvantes avec la mnopause, la maladie psychique ne peut gure se dvelopper. L'alination mentale la mnopause ne constitue pas une forme spciale de maladie, mais il est indniable que les psychoses qui se produisent cette priode prsentent leur dbut ainsi que dans leur cours des symptmes somatiques se ramenant la mnopause mme et que les tats d'excitation sexuelle provoqus par le processus involutif peuvent, soit par voie allgorique, soit inconsciemment par l'excitation de l'corce crbrale, donner au tableau clinique un aspect qui indique nettement
son origine
et sa
base sexuelle.
il
Parmi
ces
symptmes
de
ma
mention), des
hallucinations olfactives
et l'illusion d'tre
influence physiquement
(10),
que
les
60
cas
observs taient
dlire aigu
folie circulaire,
6 paranoa avec
4 mlancolie.
La mlancolie de
la
mnopause
der
'
la
mlancolie
Frauen
186
snile ou
du cerveau
car elle est ordinairement caractrise par des ides nihilistes (appauvrissement, anantissement gnral, souvent aussi avec une note hypocon-
du suicide sont
trs
frquents.
le sexe masculin^ ainsi que particulariser produisent cet ge (cinquante soixante ans), ne les psychoses qui se me parat admissible ni au point de vue biologique ni au point de vue
Etablir
clinique.
Les psychoses qu'on signale comme appartenant la mnopause mascudoivent videmment tre classes parmi les psychoses sniles et sont motives par un senium prcoce.
line,
5 Vieillesse.
Au
deux sexes. Par contre dans la vieillesse qui pour bien des gens uss avant le temps par la lutte pour l'existence, par les excs, par de graves maladies constitutionnelles, etc., commence parfois un peu avant cinquante ans (senium prcoce), un nouvel lment
baisse rapidement dans les
tiologique, l'involution snile
du cerveau,
se fait sentir.
rapidement et avec intensit, si elle se combine avec une dgnrescence graisseuse du cur, avec l'artrio-sclrose, ou si elle est complique par des maladies athromateuses en foyer de l'encphale, on voit, se dvelopper un tat de dbilit mentale qui, si la vie se prolonge assez longtemps, peut aller jusqu' l'imbcillit complte (dmence snilej. Les troubles de la nutrition et de la circulation qui se rattachent l'involution snile prdisposent beaucoup aux maladies psychiques. Les formes pathologiques qui se manifestent sur la base d'un cerveau snile et impuissant sont les mlancolies, les manies et les syndromes de la folie. La base organique dgnrative donne ces psychoses du cerveau impuissant un cachet particulier comparativement aux psycho-nvroses qui atteignent le cerveau jeune et non tar. Elles se signalent par leur caractre grave, idiopathique, organique, par les troubles sensitifs, vaso-moteurs, trophiques, moteurs, qui les accompagnent et qui vont parfois jusqu'aux attaques apoplectiformes et pileptiformes, par des symptmes de faiblesse psychique qui se manifestent dans tous les sens. Cette dbilit se manifeste dans la vie des sentiments, par le caractre superficiel des motions, ce qui n'empche point que des motions d'origine organique, comme l'angoisseprcordiale, puissentse produire sans entrave dans les reprsentations, il y a faiblesse de la mmoire, embrouillement, lacunes, baisse de la facult de conclusion, de jugement les ides dlirantes qui peuvent natre par hasard ne se produisent qu'exceptionnellement par rflexion ordinairement ce sont des dlires primordiaux. Les efforts de volont de ces malades sont faibles et dcousus. La mlancolie snile de ce genre est une mlancolie agite, vague. Son
Si cette involution se produit
;
;
'
p. 232.
{Schmidfs Jahrb.,
128, p. 326).
187
mobile est la peur. Cette augoisse n'est qu'exceptionnellement un phnomne de raction qui se rattache des ides dlirantes et des hallucinations elle constitue plutt un phnomne primaire et de cause organique. Les ractions motrices consistent en une inquitude instinctive, en actes de destruction, surtout dans le rongement des ongles, les gratigaures de la peau. A chaque moment l'motion de la peur peut s'lever au degr d'un raptus. Ces malades deviennent alors un danger pour eux-mmes et pour les
;
autres.
Ils
Le dlire qui consiste s'accuser soi-mme est rare, xlsa place on trouve et nihilistes dont le comble consiste nier sa propre existence et celle des autres, et mme celle du monde extrieur. Ordinairement l'ide dlirante que tout est perdu et que le malade est incapable de payer fait natre le refus de manger, mais on vient facilement bout de cette rsistance passive, tant donn le caractre superficiel de l'motion, et temporairement l'abstention fait place une
des dlires micromaniaques
vritable gloutonnerie.
mle aussi parfois des dlires hypocondriaques nihilistes (corps etc.). Des troubles de la sensibilit, de la perception gnrale et des illusions peuvent parfois se prsenter comme bases de ces dlires monstrueux mais ordinairement ce sont des crations primordiales d'un cerveau gravement atteint dans sa nutrition. Les manies qui se dveloppent sur la base de la dgnrescence snile ont le caractre des manies idiopathiques graves. Elles se rapprochent de la manie paralytique, car elles ont comme
Il
s'y
la manie de faire toutes sortes de projets sans plan, un empressement puril, des dlires des grandeurs insenss, une excitation erotique outrepassant toutes les convenances elles prsentent une faiblesse intellectuelle de tous les sens, des dfectuosits thiques passagrement elles arrivent une fureur accompagne de symptmes d'hyperhniie cr-
accessoires
brale fluxionnaire.
Les syndromes de folie qu'on pourrait peut-tre interprter des tals d'inanition pisodique ou finale du cerveau en involution
sont
comme
caractriss par la prdominance des dlires primordiaux nihilistes, souvent hypocondriaques, de nature monstrueuse et stupide et d un dcousu dsesprant. Les motions de raction sont faibles, puriles, moins que
l'angoisse prcordiale ne
rende
la situation
Ordinairement ce qui prdomine c'est la peur enfantine d'une mort horavec une motivation inepte et marque par un hurlement et des cris monotones, idiots. Il y a encore des perceptions hostiles et une mfiance extrme de l'entourage, pisodiquement des hallucinations terrifiantes (bains de sang, massacres gnraux, cercueils, cadavres, potences dlires d'empoisonnement, crainte de la fin du monde, etc.).
rible,
;
188
Ces psychoses du cerveau snile n'out pas naturellement un pronostic prodromes ou des pisodes d'une
snile.
Ce n'est que dans des cas rares qu'elles se terminent sans psychique apprciable. Outre ces psychoses sniles proprement dites, on rencontre jusqu' une vieillesse trs avance, chez des individus dont le cerveau tait rest jusque-l exempt de dgnrescence snile, des psychonvroses bnignes
dmence
qu'il reste
une
dbilit
'
METIERS E PROFESSIONS
C'est
rsultats satis-
faisants
tistique.
les efforts
de la sta-
Si, par exemple, les matelots, les tonneliers, les charretiers sont souvent frapps d'alination mentale, cela tient moins leur mtier qu'aux excs alcooliques amens par leurs occupations.
Chez
les ouvriers
vent provoque
la folie.
Les domestiques sont assez souvent atteintes d'alination mentale. On la nostalgie, les fcheuses a pu constater dans ces cas comme causes conditions sociales et familiales qui ont souvent pouss ces pauvres tres aller chez les autres, les rudes besognes qu'elles endurent, en gnral leur situation sociale d'opprimes, l'amour du, le surmenage dans leur
:
mtier.
Les maladies mentales sont frquentes aussi chez les prostitues chez
lesquelles la surexcitation nerveuse par excs sexuels, ainsi
la misre, la syphilis,
que
la boisson,
comme
causes.
de
Les couches sociales infrieures sont frappes du flau de la pauvret, la misre sociale, de l'insuffisance de nourriture, des habitations insa-
lubres, avecle rachitisme, la scrofule et la tuberculose commeconsquence de plus elles sont adonnes aux excs du plus mauvais et du plus dltre des alcools et elles sombrent facilement dans la lutte pour l'existence.
Dans
quivalents de ces
maux
soni
les
les iufluences
hrditaires, la nervosit,
dbauches de
Les personnes qui travaillent de tte sont plus prdisposes que les mais il est peu probable que le surmenage - intellectuel seul puisse produire l'alination mentale chez un adulte. A ct il y a toujours une constitution nvropathique ou un chagrin de mnage, des soucis, des humiliations venant de l'entourage ou de suprieurs hirarchiques ou bien il
artisans,
;
p. 142.
vieillard
de quatre-vingts
'
Comparez
189
d'hommes qui, en apparence enfants de la chance ou du favoritisme, ont obtenu une position qui est au-dessus de leurs moyens intellectuels
cherchent conserver par le surmenage, en se privant de sommeil, en ayant recours aux stimulants crbraux. La base des psychoses qui se dveloppent par ce surmenage excessif du cerveau, c'est la crbrasthnie. Si les vaisseaux sont d'une permabilit anormale, il se produit alors facilement un dlire aigu ou une dmence paralytique; la mlancolie, la dmence aigu et la folie peuvent se produire. On ne peut pas contester l'influeuce prjudiciable du surmenage intellectuel sur le cerveau jeune et envoie de dveloppement '. Il est indniable qu' notre poque nvrose on charge souvent dans nos lyces de trop de choses htrognes le cerveau de l'lve, en mme temps qu'on tient trop peu compte du physique. Les lyces ne sont essentiellement que des coles prparatoires de philologie et une rform de l'enseignement serait ncessaire. Hasse [Die Ueberburdung unserer Jugend,Br[inschw eig, 1881) a signal ce fait, mais il a peut-tre exagr linfluence nuisible du surmenage, car les causes prdisposantes subsistent toujours (tares hrditaires, constitution nvropathique, esprit born) de mme des causes adjuvantes (onanisme, traitement trop svre l'cole et la maison, ambition blesse parce qu'on n'a pas obtenu une bonne place, etc.). Les cas de maladie cits par Hasse sont surtout des cas d'puisement psychique avec phnomnes d'excitation. Gomp. Haunhorst, Ueber den Einfluss der Ueberburdung, etc., Greifswald, 1851 Lippmann, Ueberbiirdimgset qu'ils
;
;
On
les
remarqu
la
frquence de
'^
la folie
acteurs remarquables
L'organisation plus affine qui rend la plupart de ces individus nvropathes, capables de produire des crations extraordinaires, parat avoir
en mme temps pour cause un amoindrissement de la for -e de rsistance du cerveau contre les excitations; peut-tre faut-il aussi tenir compte de leur agitation nerveuse continuelle ainsi que de l'irrgularit de leur vie. Dans l'arme % les maladies mentales sont plus frquentes que dans la vie civile. La nostalgie, la mauvaise nourriture, la masturbation, le surmenage physique, les mauvais traitements de la part des suprieurs jouent un rle tiologique chez les troupiers. Chez les officiers la plus
les
'
Arndt,
Le/i/'6.
der Psyck.,
p.
305.
die
6.
Verwandtschaft
Zeilschr.
Uespiae, Psychologie
des
Gnies mit
dem
I,
Irresein.
p. 456.
Alhj.
naturelle,
' Uiifour (Ann. md. Psych., 1812, juillet) trouve que le suicide est plus frquent dans l'arme que dans la vie civile; le maximum de la frquence se rencontre entre vingt et trente ans; ce sont surtout les officiers qui sont souvent atteints (20 p. 100, tandis que la proportion numrique entre officiers et troupiers est de 3 4 p. 100) et exclusivement de
paralysie.
J'ai
3.
Sommer,
en sept ans
et
demi soign 30
190
dbauches, le clibat, les passe-droits, les humiliations dans le service supporter cause d'ane discipline rigoureuse. Le chiffre des maladies psychiques causes par l'accumulation de toutes ces causes prjudiciables au soldat est encore beaucoup plus lev pendant la guerre*. Les grandes campagnes de ces derniers temps ont fourni l'occasion d'observer ces psychoses de la guerre. Outre les psychoses ordiqu'il faut
de pronostic mauvais. La cause en est videmment dans En premire ligne il faut considrer le surmenage physique d au manque de sommeil, la chaleur, le froid, les marches forces, le mauvais gte et la nourriture souvent insuffisante qu'on cherche compenser en se livrant aux excs alcooliques en seconde ligne viennent en compte les plus grandes exigences et les plus grands efforts psychiques que ncessite un service dur et plein de respon-
ment
la paralysie)
les fatigues
puisantes de la guerre.
sabilits
batailles. Vient
en face de l'ennemi, puis les motions et les agitations des encore le souci de la famille qu'on a laisse la maison et le souci de son existence, la nostalgie, la perte des parents et des camarades tous ces lments psychiques s'accentuent dans l'arme battue par suite de la panique de la retraite, du chagrin patriotique de la cause
:
perdue, par
Enfin
il
la captivit.
y a encore les influences importantes et les prjudices causs par les maladies puisantes (typhus, dysenterie, etc.) et par les blessures. L'influence puisante et anantissante de la guerre ressort encore nettement de cette fine observation faite par Arndt, qu'au cours de la
guerre
il
un
certain tat
psychique qui donne lieu bien des excs, des actes d'insubordination, et ne disparat souvent qu'aprs des mois et mme des annes de repos. Arndt relve ce propos comme phnomnes d'puisement la facilit la fatigue, le manque de gat, une dtente gnrale, l'incapacit de travailler comme de coutume et par
d'irritabilit
nerveuse
et d'irritation
suite
et
contre tout
le
monde,
le
besoin de dormir et l'insomnie, une grande irritabilit, une impressionnabilit la peur, la production facile des sentiments d'angoisse, les ides
sombres, hypocondriaques, allant jusqu'au taedium vit. De cet tat neurasthnique la vritable maladie mentale il n'y a qu'un pas. Un accident minime et accessoire sufft alors pour la provoquer.
EMPRISONNEMENTC'est
un
fait
que
l'alination
mentale
est plus
Nasse, AUg. Zellschr. f. Psych., 27, 30. Ideler, Ibid., 28. Schrter, Ibld., 28. Arndt, IbuL, 30, p. 64. Lchner, IbicL, 37. Frhlich, Op. cit., p. 308. JoUy, Ai^ch. f. Psijch., III, p. 442.
'
p. 243.
p. 57.
Moriz, Caspers Vierteljahrsschr. 22, p. 297. Delbriick, Allg. Zeitschr. f. Psych., Il, Gutsch, Ibid., 19, p. 21. Sauze, Ann. med. psych., 21, p. 28. Delbrck, Vierteljahrsschr. f. yer. Med., 1886, avril. Nicholson, Journal of menf. science, 1873, juillet,
*
191
frquente dans les prisons ^ La cause en est non seulement dans la captivit elle-mme, mais essentiellement dans le genre de vie antrieur et dans certaines prdispositions des criminels. Beaucoup de criminels
moment de leur incarcration de troubles psychiques qui n'ont pas t reconnus-. Beaucoup ont une tare organique^ ou sont prdisposs la maladie par leur vie passe dans la misre, l'ignominie, la
sont atteints au
malpropret,
Il
la
la
la
captivit
la
peur de ne
pauvret, la misre, les scrupules avant l'acte criminel, la pas russir, la terreur d'tre dcouvert et apprhend au
condamna-
d'air frais, de
mouvement
le
chagrin, les
remords, le dsir de revoir son pays et sa famille, la discipline trop svre et en mme temps trop souvent bigote de l'tablissement qui n'individualise pas et enfin la duret du traitement. La plupart des maladies mentales se produisent pendant la premire et la seconde anne de la dtention et, d'aprs Delbrck, les cas chez les criminels d'occasion (passionnels) dpassent de 13 p. 100 le nombre des cas chez les criminels professionnels. Il faut en chercher la cause dans le repentir et les remords des premiers, sentiments compltement mousss chez les seconds. Dans les annes suivantes de la dtention il se produit une certaine accoutumance et un certain quilibre de la vie psychique. Ou a beaucoup discut sur l'influence des diffrentes mthodes dans l'application de la peine (prison cellulaire, prison collective). Autrefois l'isolement, d'aprs le svre systme pensylvanien, avec le mutisme absolu, la fermeture toute excitation du monde extrieur, a t sans doute cause de bien des cas d'alination mentale; mais si Ion applique la prison cellulaire d'une faon plus humaine, cest--dire si l'on tient compte des besoins physiques et intellectuels du condamn, Tefet qu'elle produit n'est pas plus nuisible que celui de la prison collective, moins qu'elle favorise l'closion d'une affection mentale dj en voie de formation. Malgr cela, la prison cellulaire ne convient pas chaque condamn. Elle est dangereuse pour les gens d'un esprit trs born qui ont besoin des
oct.; 1874, avril, juillet ; 1875, janv., avril (Monographie prcieuse des psychopathies des criminels). Hurel, Ann. med. psi/ch., 1875, mars, mai. Thomson, Joui'n. of mental science. 1886, oct. Reich, Allg. Zeitschr. f. Psych., 27. Bar, Die Gefngnisse, Strafanstallen iind Strafsystme, Berlin, 1871. Khler, Psychosen iceibllcher Stniflinge, Allgein. Zeitschr. f. Psych., 33, p. 676. Kirn. Ibid., 37. p. 713.
'
Thomson,
1, p.
50
Llut,
1,
p.
50
Gutsch,
3 p.
100
Bar,
3 p. 100.
'
gleterre.
Laycock, Juurn. of mental science, \%&9,, oct. Brierre, Les fous c/'iminels de l'AnThomson, Joitrn. uf mental science, 1870, octobre.
192
excentriques, qui,
tir et
Stimulants extrieurs, pour les individus orgueilleux, mfiants, taciturnes, mme dans la vie ordinaire, passent pour ne pas tre
et enfin
qui ont de lourds remords (Bar). Les formes de la folie dans les prisons sont les mmes que dans la vie ordinaire, mais modifies par les
ment.
Comme
nomanie.
et particulires
aux
motive 'remords)
et
l'hypocondrie (par
une folie qui se produit surtout dans les prisons cellulaires et qui dbute par des hallucinations auditives. Les malades entendent dire qu'ils sont gracis et que leur
suite des facteurs anti-hyginiques de l'tablissement),
peine est termine. Ils chicanent pour obtenir leur mise en libert, ils s'imaginent, leur demande n'tant pas accorde, qu'on les dtient illgalement. Le dlire de
la
perscution se dveloppe.
Si,
au dbut de leur maladie, on les transfre dans une prison collective, on obtient une gurison rapide, le trouble tant probablement occasionn
par
la solitude.
Chez
les
organique, on rencontre outre l'imbcillit avec instincts impulsifs, outre la moral insanity, l'pilepsie et les tats pileptiques ainsi que des formes de folie priodique, assez frquemment des tats d'excitatiou colreuse
(
Zuchthausknall,
avec
la
des
explosions
de
folie
de l'tablissement, grce
grande
irritabilit
de ces indi-
vidus tars.
IL
Causes
prdisposantes individuelles.
UEREDITE
La cause la plus importante de toutes dans le domaine de l'alination mentale c'est la transmissibilit des prdispositions psychopathiques et en gnral des infirmits crbrales par la voie hrditaire. Le fait de l'hrdit des infirmits psychiques et des maladies tait dj connu par Hippocrate. Il n'est, sur ce terrain, qu'un phnomne partiel d'une loi biologique qui joue un grand rle dans le monde organique et
Morel, Trait Lucas, Trait philosophique et physiologique de l'hrdit, Paris. 1874. Le mme. des dgnrescences, etc. l'aris, 1857. Le mme, Arch. gnr., 1859, sept. Le mme, De l'h/^dit morbide progresTrait des maladies 7nen taies, p. 114, 2-58. Legrand du SauUe, Jung, Allg. Zeitschr. f. Psych., 21, 23. sive. Arch. grir., I8fj7. Uagen, Statistiche Untersuchungen, Ribol, Llirdit. Le trouble mental hrditaire. Mbius, Zeitschr. Erlangen, !8T6. Bullinger, Ueber Vererbung von Krankheiten, 188'2. Bail et Rgis, Uencphale, 1883. f. Psych., 40, p. 228.
103
mme
humaine.
Eu dehors de
la
tuberculose
il
lequel l'hrdit se fasse aussi puissamment sentir que sur celui des maladies mentales; il n'y a des difrences d'opinion que sur le chiffre de la
p. 4) varient entre 4 et 9 p.
frquence de ce phnomne. Les statistiques (Legrand du Saulle, op. cit., 100 pour les cas hrditaires. Avec une telle latitude et un cart aussi considrable, un facteur dterminant, une loi
prcise ne peuvent gure tre poss.
avoir d'autre cause que la diffrence avec laquelle les uns et les autres
ont tabli leurs statistiques. Il importe beaucoup de savoir dans quelles couches de
statistiques.
la socit
on a
Dans les cercles aristocratiques, dans les puis les donnes groupes ferms au contact du monde, dans les communauts religieuses
fermes (juifs, sectaires, quakers) o il y a mariage et slection entre consanguins, la proportion de l'hrdit est plus grande que dans une population fluctuante. Les points de vue des diffrents statisticiens sont aussi diffrents les uns des autres. Certains observateurs n'ont admis l'hrdit que quand on pouvait tablir l'alination mentale chez les ascendants
hrdit directe et homologue). Mais on ne peut pas restreindre ce point
la
notion de l'hrdit.
Il
compte de trois faits L'organisation et les particularits physiques et intelAtavisme. lectuelles peuvent se transmettre de la premire la troisime gnration, sans que la seconde, qui est intercale, prsente les stigmates de la premire; partant, les conditions dvie et de sant des grands parents
faut tenir
:
nous intressent. 2 Ce n'est que dans des cas rares que la vritable maladie est transmise par la voie hrditaire (folie congnitale, syphilis hrditaire); la rgle est que le procrateur ne transmet que la prdisposition la maladie. La vritable maladie ne se dclare que lorsque, sur la base de la prdisposition, des causes
ligne de compte l'tat de sant des consanguins (oncles, tantes, cousins, cousines) et, comme l aussi la loi de l'atavisme existe, les maladies ventuelles des grands-oncles et des grandes-tants. 3 Ce n'est qu'exceptionnellement qu'une seule et mme maladie se dveloppe chez l'ascendant et chez le descendant par la transmission hrditaire des prdispositions morbides. Au contraire il existe une remarquable transformation des types morbides qu'on pourrait presque considrer comme une loi (loi du polymorphisme ou de transmutation). Les transmutations sont innombrables. Les nvroses et les psychoses les plus varies se rencontrent dans les familles hrditairement tares, simultanment aussi bien que conscutivement travers les gnrations, et elles nous apprennent qu'au point de vue biologico-liologique elles ne sont que les branches d'un mme arbre pathologique. Le fait de la transformation des maladies transmises par hrdit nous
PSYCHIATRIE.
13
194
porte examiner avec soin quelles formes et quelles manifestations de la vie nerveuse morbide se rattache la transmissibilit hrditaire d'aprs
son
mode
Il
a).
quand
les
psychoses exis-
Dans
deux gnrations
la
mme
la
forme
,8).
mmes
causes occasionnelles,
comme
Un phnomne
au suicide, qui
presque toujours due une mlancolie ou une cjui n'arrive pas s'orienter dans les situations embarrassantes de la vie. Les cas de suicide sont surtout probants quand l'ascendant et le descendant se suicident au mme ge et dans des circonstances analogues. Il existe mme des tableaux gnalogiques de familles tares entirement teintes par le suicide -. y). L'influence hrditaire des nvropathies constitutionnelles, qu'elles consistent seulement en migraines habituelles ou en hystrie, en neurasthnie ou pilepsie ^ ne peut pas tre mise en doute non plus. Le facteur hrditaire prjudiciable peut se manifester chez les descendants sous forme d'une simple constitution nvropathique, ou par la production de nvroses, ou aussi par des psychoses qui vont jusqu' l'idiotie, la forme la plus grave de la dgnrescence hrditaire.
sition
constitution nvropathique
5).
L'influence hrditaire,
comme
prdisposition la folie
et tablie
chez les
comme un
fait certain.
Certains exalts, esprits faux et excentriques, originaux, hypocondriaques, ont non seulement des ascendants et des collatraux atteints de
descendance d'une faon toute particulire. z). Enfin le crime et le vice^ sant en corrlation hrditaire avec
'
Tigges, Viet'teljahrsscl'.r.
f.
Morel, Trait des mal. md., p. 404. psych., 1844, mai, p. 389.
'
3, 4, p.
334.
Ribot, p. J47.
Lucas,
II,
780.
Ann. md.
Moreau a trouv que pour 364 pileptiques il y avait des ^-Trousseau, Clinique md. pileptiques. 62; hystriques, 17 apoplectiques, 37; fous, 38. 195 fois il y consanguins avait eu des convulsions, de la phtisie, de la scrofulose, de l'clampsie. de Fasthme, de l'ivrognerie, etc., chez les parents et les consanguins. Martin, .4?). ;eV/.73s.//c/h, 1878, nov., dmontre que les enfants d'pileptiques meurent en grand nombre de convulsions.
: ;
f.
Psych.,
Legrand du SauUe, Ann. d'hygine, 1868, oct. Verbrechen und Wahnsinn, 1867. Layeock, Journ. of Despine, Etude sur les facults intellect, et morales, Paris, 1868. Thomson, Journal Brierre, Les fous criminels de l'An/lelerz-e. mental science, 1868. of mental science, 1870. Voir la littrature dans la folie morale.
I,
p.
616.
Heinrich, Idld.,
5.
p.
538.
Solbrig,
195
du
fait
que
la
maladie mentale
les
et la
dgnrescence nerveuse
se rencontrent trs
criminels professionnels, chez leurs consanguins, leurs ascendants et leurs descendants. Le crime, comme phnomne de dgnrescence morale, et la folie, comme phnomne de
frquemment chez
restent pas moins deux choses opposes. uniquement celui-ci que l'alination mentale peut aussi se prsenter sous la forme clinique de la dpravation morale et que par erreur on la considre souvent comme telle. L'ivrognerie' aussi doit tre classe parmi les lments qui chargent hrditairement l'individu. Dans ce cas on rencontre rarement une hrdit homologue, mais ordinairement une hrdit htrogne, les ascendants dgnrs par excs alcooliques donnant la vie des enfants qui viennent au monde idiots, hydrocphales ou avec une constitution nvro-
dgnrescence organique,
est
nen
vivants, la constitution
l'hystrie, Talination
pathique, qui prissent trs tt de convulsions, tandis que, chez les surmorbide des centres nerveux produit l'pilepsie,
de
mentale et prcisment les formes les plus graves dgnrescence psychique. Ainsi Marc nous rapporte le cas d'un ivrogne qui a procr seize enfants. Quinze ont pri trs tt, le seul qui est rest vivant tait pileptique. D'aprs Darwin les familles d'ivrognes s'teignent la quatrime gnration. D'aprs Morel la marche de la dgnrescence est la suivante
la
:
IP
IIP
IV
Ivrognerie, accs maniaques, paralysie gnrale Hypocondrie, mlancolie, tcedium vitae, impulsion
;
l'as-
sassinat;
Imbcillit, idiotie, extinction de la famille.
Un fait surprenant, mais dmontr par les recherches de Flemming, Ruer, Demeaux, c'est que mme les enfants de parents ordinairement sobres sont fortement prdisposs l'alination mentale et aux maladies nerveuses en gnral si leur procration a concid avec l'heure fatale de l'ivresse. Cette funeste influence d'interfrence peut se faire sentir mme ds la naissance sous forme d'imbcillit et d'idiotie congnitales.
le fait que la gnialit est quelquecombine avec l'idiotie hrditaire. Moreau a mme t jusqu' dclarer que la gnialit est une nvrose. Il est hors de doute que les hommes de gnie ont souvent des parents et des allis alins ou dfectueux psychiquement (la grand'mre et un oncle de Schopenhauer taient
fois
Comparez l'excellent travail deTaguet, Sur les consquences Jirdi/aires de l'alcoolisme. Ann. ind. Psych., 1877, juillet. More!, Trait des df/nrescences, p. [ti6. Jung.
'
Allg. Zeilschr.
-
f.
Bar,
Comparez Ilagen,
f.
Maudsley,
Verwandtschaft des Gnie mit dem Ir resein. Allrj. Zeitsclir. Moreau, Psychologie morbide, 1859. p. 309.
196
qu'eux-mmes ils procrent des enfants faibles d'esprit et mme semble que l'organisation plus leve et plus affine des lments nerveux arrive un dveloppement suprieur quand il y a interfrence de conditions favorables, et la dgnrescence psychique quand
idiots) et
idiots.
Il
Une question* fort discute encore est celle de savoir si la parent consanguine trop proche doit tre considre comme un facteur de dgnrescence hrditaire. Les expriences des leveurs de btail qui, il est vrai, ne prennent pour leur slection que des animaux sans dfauts, ainsi que les arbres gnalogiques de la dynastie des Ptolmes, plaident contre cette thorie. 11 est possible que la parent consanguine reste longtemps sans influence tant que les individus qui s'accouplent sont indemnes d'lments dgnratifs. Dans le cas contraire, une dgnrescence rapide se produira certainement. D'aprs les recherches de Boudin les mariages entre consanguins ont la strilit, les fausses-couches, des descensouvent pour consquences dants nvropathes d'une petite vitalit et de constitution lymphatique, la scrofulose, la tuberculose; puis des monstruosits (doigts et orteils en trop, spina bifida, pied bot, bec-de-livre, etc.), l'albinisme (qu'on peut produire par voie exprimentale chez les animaux en accouplant sans cesse des consanguins;, la rtinite pigmentaire (Liebreich). la surdi-mutit et celle-ci est en rapport avec le degr de la parent consanguine. Si le risque de crer un enfant sourd-muet dans les mariages ordinaires est dsign par le chiffre 1, cette probabilit monte au chiffre 18 dans les mariages entre cousins, 37 dans les mariages entre oncle et nice et 70 dans les mariages entre neveu et tante, tandis que la transmission directe de la surdi-mutit par hrdit est trs rare (Mnire). Souvent aussi il existe chez les issus de mariages entre consanguins des maladies mentales Esquirol) et des pilepsies (Trousseau
:
i
Enfin on ne peut mettre en doute que tout ce qui affaiblit le systme nerveux et la force de procration du gnrateur, que ce soit l'ge trop
prcoce ou trop avanc, des maladies puisantes antrieures (typhus, syphilis, tuberculose), des cures mercurielles, des excs d'alcool ou des excs sexuels, le surmenage, etc., peut produire une constitution nvropathique et indirectement toutes sortes de maladies nerveuses chez les
descendants.
L'importance de l'hrdit en psychiatrie apparat bien nettement quand on suit travers les gnrations le sort des familles atteintes de maladies psychiques -.
* Darwin, Mariages consanguins, traduc. allemande de Velde, 1875. Devay, Du danger des mariages consanguins, Paris, 1857. Boudin, Ann. d'hyg., 2<^ sr., XVIII, p. 42. Mitchell, id., 1865; AUg. Zeitschrift f. Psych., 1850, p. 359. Bauregard, A)in. d'hyg., 1862,
p. 226.
Comparer les tableaux intressants de Bird, AUg. Zeifsch. f. Psychiat., 7, p. 227. Taguet, Ann. md. psych., 1877, juillet. Doutrebende, Ibid.., 1869, sept., nov. {Schtnid's
=
Jahrh., 145,
3).
197
nelles pourrait
Le tableau gnalogique ci-dessous pris dans mes observations personnous en fournir un exemple bien frappant
:
["gnration 2^ GNRATION
GNRATION
GNRATION
5e
GNRATION
l"
l'e fille,
fille,
sort inconnu.
aline.
y
7
fils,
manie-dmen-
Nant. Nant.
7
ce.
2" fille, saine.
1
enfants sains.
fils,
1"
l
alin, suicide.
'
Fille, en3<=
fille,
aline.
\ j
Mre
'
que.
1
4e
fille,
saine.
>
fils,
sort inconnu.
mentale.
f
f
Nant.
l"fils, sain. 'J fils, alin.
3e fille,
Nant.
9
Nant.
Fille aline
9 9
saine.
3 enfants sains.
5 enfants sains.
sur ces 37 individus issus d'anctres alins, il y en a 13 atteints de maladies mentales et 24 sains (?); cependant on ne possde sur quelques individus des deux dernires gnrations aucun renseignement et d'autres
x\iusi
Un coup
citer
comme un phnomne
de dgnres-
cence dont les causes doivent tre cherches dans des prdispositions morbides congnitales et transmises par le germe gnrateur, expression d'tats crbraux morbides hrits par l'ascendance, ou dans des lsions
de l'existence crbrale individuelle contractes pendant la vie. La prdisposition morbide, l'infirmit ou la vritable maladie, engendres par un de ces facteurs, montrent, suivant la loi biologique de l'hrdit, une tendance trs prononce se transmettre sous une forme quel-
conque la descendance. Le mode de transformation par la voie de la transmission hrditaire, la forme spciale de l'infirmit nerveuse ou psychique, dpendent de circonstances individuelles ou extrieures, et souvent accidentelles. Ici la science n'est pas encore arrive pouvoir formuler une loi. En gnral on peut seulement dire que si deux individus tars se runissent pour procrer ou si la constitution dfavorables d'un des gnraconditions dfavorables interfrentes (ivrognerie, la tare de la descendance devient de plus en influences dbilitantes, etc. transmission continuelle des lments psychopathiques plus lourde par la dgnratifs, la dgnrescence arrive progressivement au degr le plus
teurs
s'ajoutent des
),
grave. Alors les nvropathies font natre les psychoses qui, au dbut, sont
et conformes au type des psycho-nvroses, mais qui deviennent de plus en plus dgnratives (folie circulaire, priodique, morale, impulsive; jusqu' ce que finalement se produise l'idiotisme. Alors
198
la
perd
la
par
Par contre, un certain degr, uue rgnration est encore possible le croisement avec le sang sain d'une famille indemne, par l'interfrence de conditions d'existence favorables. Les formes de la maladie deviennnent alors de plus en plus bnignes, et si l'on continue le croisement, le gerrne dgnratif peut disparatre tout fait. Une prdisposition congnitale peut d'ailleurs se produire sans aucune influence hrditaire. Ainsi, par exemple, les anomalies de la forme du crne et du dveloppement crbral peuvent tre la consquence d'un rachitisme du bassin chez la mre (Zuckerkandl); la dgnrescence crbrale peut tre cause par des maladies crbrales ftales (porencphalie) par des traumatismes, peut-tre aussi par de vives motions de la mre pendant la grossesse, par l'ge trop prcoce ou trop avanc des gnrateurs
s'il existe une folie hrditaire comme forme clinique, n'est pas rsolue, bien que Morel y ait rpondu par l'affirmative ^ En ce qui concerne cette question il faut insister sur la diffrence qui existe entre la simple prdisposition hrditaire (prdisposition latente) et la tare hrditaire, c'est--dire le cas o le facteur hrditaire intervient d'une manire dterminante dans le dveloppement physique et
intellectuel de l'individu.
cas
La folie dans le cas de simple prdisposition hrditaire ne diffre des non hrditaires que par sa manifestation dans le jeune ge, par son
la suite
explosion
le
de causes accidentelles
et
et
brusque de l'explosion
par
la rapidit
les degrs de transition de la folie hrditaire dgnrative, les formes deviennent plus graves, plus organic|ues, et certains caractres de la dgnrescence (stupeur, actes impulsifs, priodicit), se manifestent.
Dans
CONSTITUTION N V R
Aprs
la prdisposition
P ATIIIQ
UE
la
nerveux qu'on dsigne sous le uom de constitution nvropathique et qui consiste en ce que l'quilibre des fonctions est excessivement instable et est troubl par les moindres excitations, puis en ce que la raction aux excitations quelconques est excessivement intense et prolonge, mais
bientt suivie de lassitude.
Comp. Emminghaus,
'
.-l//,7.
PsychopaloL,
p. 322.
Griesinger, Arch. f. Psychiat., I, p. 1.; pour les ouvrages plus rcents sur la neurasthnie surtout Beard, Die Nervenschwche, Leipzig, 1881.
'
199
faiblesse irritable
qui, chez les personnes qui ne sont pas nvropathes, ne produiraient aucun effet ou du moins pas un effet aussi intense; c'est ce qui explique aussi pourquoi les lsions les plus minimes peuvent si facilement provo-
quer
la
maladie.
est
La constitution nvropathique
premier cas
elle
le
fonctionnelle d'un
ner-
veux qui appartiennent l'organisation la plus suprieure. Elle peut cependant tre congnitale mme chez les descendants d'ascendants qui n'ont aucune tare hrditaire et alors elle est la consquence de facteurs qui affaiblissent les gnrateurs au moment de la procration (par exemple, les maladies graves rcentes, la syphilis et le traitement par le mercure chez le pre), ou de lsions qui se manifestent ds la vie ftale (maladies, troubles de la nutrition, dbauches de la mre, etc.). Souvent la constitution nvropathique est acquise aussi bien par des maladies puisantes graves comme le typhus, les accouchements frquents et difficiles, les hmorragies, les excs sexuels, notamment la masturbation, que par le surmenage physique et intellectuel aggrav par des motions. Les maladies aigus graves de l'enfance (exanthme aigu, affections crbrales, etc.) peuvent aussi la produire.
EDUCATION
En dehors de son
l'homme
mode
d'ducation que
ganisation et l'ducation cooprent former des prdispositions psychopathiques quand les parents ne se bornent pas lguer leurs enfants une
atteints
mauvaise constitution organique par la voie de la gnration, mais que, eux-mmes de passions morbides, de dfectuosits morales et
ils
trans-
mettent par
le
mauvais exemple
et
C'est ainsi que peuvent natre les causes de l'hystrie, de l'hypocondrie, de l'ivrognerie. Si nous nous demandons comment une mauvaise ducation peut crer des prdispositions l'alination mentale, nous devons citer en premire
ligne
l''
Un
le
cur est si sensible et a tant besoin d'affection. Par la duret et la brutalit non seulement on dtruit dans leur germe et on empche le dveloppement des sentiments, mais encore on produit un terrain propice aux rapports douloureux avec le monde extrieur, allant jusqu'au tdium vit,
et la
2"
Une ducation
formation d'un caractre renferm et farouche. trop indulgente qui ne sait rien refuser
et sait tout
200
des
passions
valeur.
et
d'abngation.
est rare
que
La
Quand
ces qualits
manquent,
amertumes
et
les
motions pnibles ne sont pas pargnes l'bomme. Parfois la rude cole de la vie corrige plus tard les dfauts de l'ducation et forme le caractre, mais cela ne se fait pas sans de grands bouleversements qui deviennent
funestes pour l'quilibre psycbique de bien des gens. 3 Rveil et mise contribution prcoces des forces intellectuelles au de l'ingnuit enfantine dtriment du dveloppement des sentiments
,
de la sant physique. Cette cause se fait doublement sentir quand des talents brillants souvent exclusifs, comme on en rencontre prcisment chez les enfants prdisposition nvropathique hrditaire, flattent l'amour-propre des parents et des tuteurs et les engagent maintenir en
et
tension les forces intellectuelles de l'enfant prodige. Ce n'est que rarement que ces enfants prcoces et si brillamment dous deviennent plus tard bons quelque chose, quand on les traite comme des plantes de serre
chaude. Dans les cas les plus favorables ils se dveloppent dans un sens exclusif et deviennent des gnies partiels avec un corps dbile; mais souvent ils s'arrtent subitement dans leur dveloppement, notamment l'poque de la pubert et ne font plus aucun progrs. En gnral, il faut considrer l'ducation des enfants des classes suprieures comme manque bien des points de vue. L'enfant connat trop tt la lutte pour l'existence sous la forme des exigences exorbitantes de l'cole qu'il est forc de satisfaire au dtriment de son sommeil et de son
dveloppement physique. C'est de cette faon que l'individu peut acqurir une constitution nvropathique et par l prparer le terrain d'une alination mentale qui se dclarera ultrieurement. Ce n'est pas une habitude moins dangereuse de mler les enfants trop tt la compagnie des adultes runis pour se distraire. L'enfant se blase trop tt, sduit par les plaisirs sexuels et par les excs anticips qui troublent fortement son dveloppement intellectuel et
physique.
CHAPITRE
II
I.
Causes psychiques
i.
Saus doute
qu'elles
les
la folie, de
mme
chore, de la paralysie, de l'aphasie, et qu'elles peuvent tuer ^ par paralysie brusque du cur et de la respiration; d'autre part, elles peuvent aussi
occasionnellement amener la gurison des maladies psychiques, des atrophies de la volont, des tats d'aphasie, etc. L'action puissante des motions sur les centres vaso-moteurs et
et c'est
Mais de
fanes,
il
y a encore loin l'alination mentale. L'opinion des proet des romanciers, qui font
y a des cas, c'est vrai, o une affec^ provoque presque immdiatement l'alination mentale (stupeur, dmence primaire, folie furieuse). Mais, comme dans les cas d'pilepsie analogues, il existe toujours une forte prdisposition nvropathique (ordinairement hrditaire) ou une excitabilit du cerveau temporairement accentue (menstrues, puerption violente, habituellement la terreur
ralit).
L'lment psychique agit comme un choc, trouble l'innervation vaso-motrice (spasme, atrophie), et par suite la circulation et la nutrition
du cerveau.
Ordinairement l'lment psychique motif qui a une importance tiologique n'est pas suivi immdiatement de la psychose il faut, pour que cette dernire se produise, un espace de temps plus ou moins long pendant lequel l'individu atteint parat, il est vrai, ressaisir son quilibre psychique; mais, en revanche, il devient maladif, dprit, souffre de troubles
;
1 Obersteiner, Schle, Ilandb., p. 248. Vieiieljahrsschr. f. l'.syclt., 1867. p. 17L Morel, Trait des mal. ment., p. 218. Vdie, Ann.md. psych. 1874, janvier.
Hoffmann, Lehrb.
Med.,
p. 809.
d. r/er.Med.,
2'=
dition, p. 693.
Schauenstein,.U5c/iA-rt's
Handb. d.
ger.
'
VI, p. 401.
Fritsch.
202
de la menstruation, d'anmie, d'insomnie, de tubercuLes intermdiaires entre la cause et l'efet sont prcisment ces troubles de la nutrition qui, finalement, entranent dans leur sphre d'action l'organe psychique. La prdisposition somatique ou psychique antrieure favorise l'explosion cependant, l'influence de l'lment psychique qui mine la constitu-
de
lose.
la
qu'il
ait
prdisposition
Cela est d'autant plus facilement ralisable que la cause psychique agit d'une faon chronique (chagrins de famille). Mme quand une seule motion ne mne qu'aprs des semaines ou des mois l'alination mentale, il existe gnralement une prdisposition, ou bien le choc motif est si brusque et si intense que le groupe des reprsentations motives provoque des nvralgies (Schiile) ou devient une reprsentation obsdante et prend un caractre fixe. L'exprience nous apprend que ce sont presque exclusivement les motions dprimantes
(dcs, perte de la fortune, graves atteintes l'honneur, etc.) qui
mnent
la folie.
Les causes diffrent suivant les sexes et l'individualit. Chez la femme, une atteinte brutale l'honneur sexuel' (viols) ou l'action lente mais d'autant plus troublante d'un amour malheureux, des malheurs conjugaux, de la jalousie, de la perte des enfants chez l'homme, ce sont les efforts qui restent striles, les vocations forces, l'amour-propre bless,
c'est
;
les
les mauvais traitements corporels et, notre poque, les accidents de chemin de fer provoquent des maladies psychiques (nvrose traumatique). Parfois les influences mcaniques ettraumatiques jouent un rle tiolo-
Souvent
gique, mais ordinairement c'est le choc psychique combin avec l'atteinte physique qui exerce une action dcisive. La pathognie est psychique par suite de l'motion douloureuse produite par les mauvais traitements son tour cette motion peut tre entretenue par la douleur d'une blessure, la crainte des consquences possibles, par le sentiment qu'on est ls dans son honneur, par l'influence motionnante des' dpositions devant les juges, etc. (mlancolie, dpression hypocondriaque, hystrie, etc.); oubien l'origine peut tre motrice par suite de la crampe vasculaire du de l'atrophie vasculaire produites par la terreur (stupeur, dmence primaire,
;
mlancolie atonita, folie furieuse aigu). Les cas dus des causes purement psychiques sont ceux qui se mani-
un stuprum. (Compulser le^)JanuiH depsychopathologie mdicode Y aLUteur, troisime dition, pages 409-412, et le chapitre Folie transitoire de ce trait.) Les hallucinations transitoires et les dlires avec hallucinations effrayantes qu'on observe chez certains malades aprs l'opration de la
festent aprs
lgale
,
'
f.
J,
p. 60.
203
mme quand ils ferment simplement les yeux ou se trouvent dans une chambre obscure, sont probablement le rsultat essentiel de l'pouvante. D'aprs mes observations, il s'agit, dans ce cas, d'imbciles d'une motivit anormale ou d'individus puiss par le senium, l'alcool ou des
influences dbilitantes.
Parmi
les
ter la transmission
causes psychiques de l'alination mentale, il faut aussi compde la maladie par imitation (contagion) -, comme les
dans
soit
la
pathologie nerveuse.
Dans
ces cas % il y a toujours une forte prdisposition, soit hrditaire, par l'homognit des conditions sociales (famine, agitation religieuse
ou politique), mais il est possible aussi, comme l'a constat Nasse, que les fatigues qu'on prouve soigner les alins, surtout des parents agits, brisent les forces physiques et intellectuelles.
Si la prdisposition
manque,
la
ou humanitaire, n'a gure d'influence prjudiciable sur la sant de l'esprit. En effet, les employs des asiles d'alins sont rarement atteints d'alination mentale et, quand le cas se prsente, la maladie se dclare dans des conditions qui sont bien en dehors de la sphre de leur mtier il est vrai cependant que la profession d'aliniste ou de gardemalade prsente des dangers pour la sant psychique des personnes
scientifique
;
un but
tares.
II.
Causes
physiques.
AFFECTIONS
Mningite.
CEREBRALES
est l'expression des troubles de
la
L'alination
mentale
nrescence.
La connexit anatomique et fonctionnelle qui existe entre les vaisseaux sanguins de la pie-mre et l'corce crbrale, explique le fait que les hyperhmies et les modifications histologiques de la pie-mre peuvent produire des troubles de la nutrition dans l'corce crbrale et par l des troubles psychiques.
Voir Frankl-Hoclnvart, Jahrb jusqu'en 1889).
'
f.
ouvrages
Finkelnburg,
la folie p. 591.
Allf/. Zeitschr. Psi/ch., 18. Lasgue et Falret, La folie deux ou f. communique. Ann. md. ps/jch.. 1877, nov. Nasse, Allg. Zeilschr. f. Psych.,28, Cramer, Ibid., 29, p. 218. Witkowsky, Ibid., 3.5, p. 491, Ueber Veitstanz des
Mittelalters
'
Infektion.
pidmies de folie dans les couvents, la folie de la perscution en Sude, l'pidmie hystro-dmonopathique de Morzine, l'pidmie liystropalhique rcemment dcrite par SeeligmtiUer dans VAlUj. Zeitschr. f. Psych., 33.
11
les
204
et
le cas dans la mningite quand elle prend une forme chronique que par ses exsudats elle provoque des troubles de nutrition et des phnomnes d'irritation dans l'corce crbrale (dmence et fureur intercur-
Tel est
rente).
La mningite tuberculeuse prend souvent chez les adultes une forme subaigu et prsente l'aspect d'une psychose presque sans fivre. La pachymningite interne hmorragique* peut aussi faire clater des troubles psychiques (dmence primaire progressive avec ataxie gnrale, parsie
et tats d'agitation
tiques).
Les changements anatomiques qui forde la maladie psychique, sont diffus et non localiss. Les maladies crbrales en foyer, si elles n'affectent pas l'corce, peuvent se produire sans amener aucun trouble psychique. Mais souvent cette complication a lieu, soit parce qu'elles sont multiples (sclrose, apoplexies capillaires, etc.), soit parce que par pression, excitation, dgnrescence secondaire du vaisseau, dme, etc., elles produisent des troubles de la circulation et de la nutrition dans l'corce crbrale, ou qu'elles atrophient
Maladies en foyer du cerveau.
la base
ment
zone crbrale atteinte y compris la zone corticale. est, dans ces cas, celui d'une imbcillit progressive avec atrophie et agitation priodique passagre cause par des irritations et des troubles de la circulation qui se produisent de temps en temps. Comme maladies de ce genre il faut citer l'apoplexie crbrale ^ l'athrome des artres crbrales avec foyers de ramollissement encphaliques \
la
Le tableau clinique
tumeurs %
nocoques^
Un groupe important au
'
Huguenin, Ziemssen's Handb., XI, p. 342. Rochoux, Recherches sur Vencphale. II peut s'agir de grands foyers apoplectiques isols ou d'embolies ou d'hmorragies miliaires multiples. (Uiniquement il y a imbcillit progressive avec des atrophies du foyer. Il y a d'une manire interrcurente des tals
*
d'agitation
tiques. Parfois
^ ^
psychique, des dlires, des hallucinations, de la peur, des accs pilepil se produit une gurison du foyer apoplectique avec atrophie conscutive du cerveau et dbilit psychique stationnaire.
Voir
Dmence
Sehiile, /(VZ., VII, VIII. 0\.lo,Deufsches Archiv.,X, p. 550. Leube, Ibid., VIII. p. 1. Dans ce cas, dbilit psychique constante, se dclarant trs tt avec caractre enfantin et pleurnicheur au cours de la maladie, souvent profonde mlancolie intercurrente avec tsdium vitae, parfois aussi dlires de perscution et de grandeur; idiotie terminale. > Ladame, Symptomatik iind Diagnostik der Hirngeschwi/lsfe, 1865. Obernier, Ziemssens Handb., XI, p. 195. Nohtnagel, Topische Diagnostik der Hirnkrankheiten, 1879. Wernicke, Lehrb. der Hirnkrankheiten. Ici dmence progressive avec paralysie gnrale et phnomnes en foyer (paralysies, convulsions). Folie furieuse intercurrente possible.
;
l'aspect clinique
SneW, Allg. Zeitschrf. Psych., IS. Meschede, 26, 30. Wendt, 25. Knoch, Ibid., 21. Le sige prfr du cysticerque est l'corce crbrale, celui des chinocoques est le ventricule. Ici dmence progressive avec accs intercurrents apoplectiques et pileptiques.
Otto, ZeitscJir.
f.
205
tique
la tte K Dans la pathognie de cette folie traumaprocessus chroniques mningitiques et encphaliques jouent certainement un rle considrable. Ce sont tantt les suites directes de l'irritation produite par le trauma, tantt des inflammations propages par
les
crnienne, des mninges ou du cerveau du cerveau), tantt des fluxions sans cesse ridu cerveau profondment troubl dans son tonus vasculaire, qui
la bote
provoquent ces changements. Les psychoses qui se produisent alors ont toutes le caractre d'une psychose idiopathique grave elles sont souvent compliques de troubles moteurs, vaso-moteurs, et sont sensitifs et gnralement de pronostic dfa;
vorable.
Elles suivent le trauma,
ou bien
elles
et
mme
des annes.
Dans le premier cas, aux phnomnes de la commotion s'ajoutent les symptmes d'une excitation crbrale (maux de tte, vertiges, sentiment
d'angoisse, hallucinations, pupilles troites, grincements des dents), avec
Dans quelques cas il y agurison (Huguenin, Wille), mais ordinairement reste une dmence (pri-encphalo- mningite chronique) avec une
grande irritabilit pouvant mme aller jusqu'aux stades extrmes de la dcadence psychique. Quand l'alination mentale ne complique pas immdiatement les symptmes du trauma capitis, la connexit entre les deux tats est tablie par un stade plus ou moins long d'excitation crbrale comme expression du
trouble cortical diffus (processus priencphaliques, calcification des cellules ganglionnaires, ecchymoses du glias, infiltration des cellules de
Durand-Fardel, etc.) et qui est provoque par les extravasats en voie de transformation, par les kystes, par l'irritation des esquilles osseuses, etc. ou bien le trouble cortical est provoqu par des congestions souvent rit;
trauma
est particulirement
prdispos.
de ce stade prodromique dans la sphre psychique, une irritabilit trs accentue, un changement du caractre dans le mauvais sens, un penchant au vagabondage et aux excs, ce qui hte l'explosion de la maladie. Dans les cas qui donnent lieu au dveloppement ultrieur de la dmence paralytique, les phnomnes prodromiques consistent en symptmes d'puisement crbral (faiblesse de la
il
Comme symptmes
existe d'abord
neii
Voir KrafTt, Ueber die durch Gehirnerschutteruni und Kopfcodetzunj hervorgerufejjsychischen Krankheiten. Erlangen, 1868 (citations des ouvrages). Guder, Die Geistessturungen nach Kopfverletzungen, lna, 1868 (prcieuse monographie clinique et mdico-lgale; citations des ouvrages modernes).
'
206
l'esprit). A ct de ces symptmes psychiques, il y a souvent des maux de tte, du vertige, des plaintes confuses, une difficult penser, des hyperesthsies optiques et acoustiques, des congestions spontanes ou se produisant pour des raisons insignifiantes, avec accentuation
mmoire, apathie de
symptmes
d'irritation crbrale.
Les psychoses que l'on observe alors ofrent un tableau clinique semblable celui de la dmence paralytique, ou bien ce sont des manies furieuses explosion subite, avec fluxions violentes, retour priodique ou souvent rechutes frquentes, ayant pour dnouement la dmence avec irritabilit violente, ou encore des folies pileptiques (trs souvent cicatrices calleuses et adhrence des mninges avec le crne). Le trauma capitis peut encore avoir une certaine consquence par ce fait, que bien qu'il ne provoque pas une vritable maladie mentale, il fait pour toujours du cerveau un locus minoris resistentiae et cre par l une prdisposition aux maladies mentales occasionnelles. Nous n'avons pas encore tabli clairement quoi tient l'influence dbilitante du trauma il atteint d'abord l'innervation des vaisseaux et diminue la force de rsistance des vaso-moteurs. Cette prdisposition, acquise par un ictus traumatique, se manifeste habituellement par une tendance aux fluxions, par l'intolrance pour les alcools et la chaleur, souvent aussi par une fatigue facile de l'esprit, et par une grande irritabilit d'humeur. Ordinairement les phnomnes occasionnels (motions, potus, troubles causs par la cha;
leur) qui
la
psychose.
Cette dernire peut voluer sous diffrentes formes (manie, dlire des per-
L encore on peut toujours reconnaitre plus ou moins nettement le et, ct des symptmes psychiques, phnomnes de congestion, des maux de tte, du y a notamment des
vertige.
Aux
cas
il
faut
'
du rocher
aux mninges
il
s'agit
au cerveau provoque des troubles psychide maladies idiopathiques graves qui pour la pluet
-
mnent la mort (manies). Des phnomnes caloriques (insolation, chaleur rayonnante des
foyers
de chauffage) peuvent causer aussi des maladies mentales (dlire aigu, dmence progressive avec grande irritabilit et agitation anxieuse intercurrente, dmence paralytique). La cause dans ces cas est probablement
les
qui,
p.
Schle, Handb., Jacobi, Die Tobsucht, p. 652. L. Meyer, Deutsche 'Kl'uiik, {18.55. 270 (cas trs intressant de paralysie classique gurie la suite de la production d'un coulement de l'oreille, pais, purulent et ftide). Cas de thrombose du sinus. Alh/. Zeitschr. f. Psych., 22, p. 444.
'
' Passauer, Vieiieljahrsschr. f. ger. Med., Skae, Edinb. med. Journ., 1865, fv. Bartens, Alh/. Zeitsch. f. Psych., 47, fasc. 3. Arndt, ^^"uchow's N. F. VI, fasc. 2. Archiv., 64. Victor, Zeitschr. f. Psych., 40, p. 55.
207
son tour, amne des processus inflammatoires dans le cerveau 'dme trouble prcurseur de l'encphalite parenchymateuse. Arndt, Wirchow's Archk) et les mninges pachy et leptomningite Les prodromes de la folie cause par la chaleur sont des phnomnes d'hyperhmie crbrale
(mal de
tte,
tuelle et incapacit
Au cours du tabs on observe souvent des troubles psychiques. A ct d'une dpression psychique lmentaire intercurrente et outre une dmence tabtique progressive qui parfois accompagne le tabs ds le dbut (Westphal, Wirchoic's Archiv, 1867; Simon, Arch.f.Psych., I., obs. 2,3, o
,
dans laquelle Simon a constat une sclrose del substance mdullaire, on trouve assez souvent des psychoses comme phnomnes terminaux du tabs, notamment la dmence (atrophie crbrale, pachymningite Simom, la dmence paralytique fWestphal, Allg. Zeitschrift. f. Psych.,
et
20, 21
1,
le dlire
des perscutions et la mlancolie. La cause productrice de probablement due aux troubles d'innervation vasole
processus tabtique.
Comme dans les cas de ttanos et d'pilepsie dus une lsion des nerfs priphriques, les psychoses peuvent aussi se produire par la transmission rflexe de l'excitation priphrique l'corce crbrale, soit directement,
soit
la suite
cas plus
anciens,
cits
Griesinger,
Koppe
choses rflexes sans qu'il existe aucune lsion du cerveau. Dans certains cas on a mme russi obtenir la gurison par l'excision de la cicatrice. Trs instructif est encore le cas de Wendt dans lequel, la suite d'une lsion du nerf auriculo-temporal gauche par un coup de fusil, des accs de
dlire pileptode se produisaient^ toutes les fois qu'il y avait recrudes-
cence des douleurs dans le trajet du nerf. Ordinairement on se trouve en prsence d'une constitution nvro-psycho-
Ps>/cli., '28.
p.
245.
Steinkiihler,
Rey, Ueber die Beziehungen von Gehirnkranhiieilen zi/r Tabs. Diss. Strasburg, 1872. Moeli, Zeifschr. f. Psychiatrie, 37. Ann. md. psijch., 1884, sept. Wendt, Allg. Zeitschr. f. Psych., 31. Kppe, Deutsches Arch. f. Klin. Med., XIIL Brodie, Lectures on certain local nei'vous Morel, Trait des malad. ment., p. 146.
affections.
3
folie
pileptode
f.
Psych., 38,
08
pathique qui rend l'corce crbrale vulnrable et accessible l'excitation priphrique. L'effet dbilitant que le trauma qui a provoqu la nvralgie, produit sur le cerveau tout entier, notamment sur l'innervation vasomotrice, doit tre ici pris en considration au point de vue pathognique. Dans quelques cas plus rares il faut aussi mettre en ligne de compte tiologique le facteur psychique, le choc motif (panique, colre) produit par
le
mauvais traitement. La preuve clinique de la connexit qui existe dans ces cas entre le traumatisme et la nvralgie rsulte de l'historique de leur origine, du retour de la nvralgie, comme aura, avant et aprs chacun des accs psychiques, de la possibilit de ramener parfois ces accs en provoquant artificiellement la nvralgie (par la pression) et enfin des succs du traitement
(excision de la cicatrice, anesthsie locale). L'explosion de la folie a lieu peu de temps aprs le trauma; le tableau clinique de la maladie n'est pas
uniforme; habituellement
elle a
un caractre
pileptode, hystro-pilep-
INTERVENTIONS OPRATOIRES^
Outre les psychoses qu'on a constates la suite des oprations sur les yeux, on en a encore observ souvent, aprs d'autres interventions opratoires, surtout la suite des castrations. La pathognie en est varie. Outre la constitution nvropathique et la nvrose qui agissent comme causes prdisposantes, la nvrose pouvant dans ce cas tre ou indpendante ou en corrlation avec la maladie qui a ncessit l'opration, il faut encore considrer comme trs importants l'agitation psychique qui souvent prcde et accompagne lintervention opratoire, le choc mcanique et la perte de
:
sang amens par l'opration, l'influence de la chloroformisation, l'effet toxique de certains produits (iodoforme) pendant le traitement ultrieur, et enfin, quand il s'agit de castration, la mnopause produite brusquement
par cette mutilation. Les psychoses qui se dclarent aprs les oprations sont pour la plupart prcoces et transitoires. Les tats maniaques sont de beaucoup les plus frquents (Gucci'.Le pronostic est douteux. Un autre groupe est reprsent par les cas de folie aigu qui sont videmment la manifestation d'une intoxication par l'iodoforme, ou la suite de la narcose chloroformique
(Savage.)
Les psychoses qui se manifestent aprs la castration chez les femmes ^ et qu'on pourrait considrer comme des psychoses de la mnopause arti* Dent, Journ. of mental science, 1889, avril. Gucci, Rivista sperunentale, XV, XVI. Savage, British. mecl. Journ., 1887, n 1405. = "Werth, Zeitschr. f. Psychiatrie, XLV, Gliivecke, rchiv. f. GyncoL, XXXV, 1. Kreutzman, ^ew-Yorker med. Monatschr., t. I, n" 2. Gaillard, New-York mecl, 1 et 2. Dufournier, A}'ch. gnr. de md., 1889, dc. 111, Pittsburcj. Journ., 1889, 25 mai. med. Journ., 1888, janv.
209
mense majorit
consiste en tats mlancoliques. Parfois on cite aussi des manies aigus (Gaillard). Des cas cits par Gucci {Op. cit.) et par Weiss {Wien. med. Press, 1890, 22) nous apprennent que chez l'homme aussi la mlancolie peut se
produire aprs
la castration.
2''
dit.,
p.
1329) dcrit
comme
dlire
trauma-
folie
du premier au troisime jour aprs l'opration ou la lsion. Le bless devient bavard, agit. Aprs une nuit sans sommeil ou trouble par des songes, les yeux deviennent luisants, la face rouge, les ides confuses. L'agitation augmente, le malade ne sent plus de douleur, commence s'exciter, chanter, crier il n'y a pas de fivre. Au et arracher ses bandages. Le pouls est calme bout de quelques jours le malade tombe dans un profond sommeil dont il se rveille avec un esprit lucide et sans souvenir de ce qui s'est pass. Parfois il y a aussi mort par puisement le troisime ou le sixime jour au
suite des oprations douloureuses, des panaris, etc. Elle clate
;
plus tard.
NVROSES GiNRALES
Souvent on observe du dlire comme phnomne accessoire ou comme consquence des nvroses gnrales. ChoreK On trouve presque rgulirement des troubles psychiques
lmentaires
(irritabilit,
apathie,
paresse
intellectuelle,
manque
de
mmoire,
mme
des tats psychiques complets (manie, mlancolie active, dlire de perscution dmonomaniaque) qu'on pourrait considrer comme des psychoses
d'inanition par puisement
et la pri-
vation de sommeil.
Les observations prouvent qu'il existe aussi des psychoses dans la malaBasedow^, psychoses d'ailleurs rares. Dans uu travail remarquable Hirschl a runi les observations (43; qui depuis 1862 ont t rapportes dans les publications mdicales sur
die de
les troubles
mentaux dans
la
maladie de Basedow,
et
il
a enrichi la science
communes de ces deux maladies combines trauma psychique. Le substratum anatomique de la psychose est probablement l'hyperhmie crbrale par dilatation vasculaire dans l'oblongata. Aprs avoir limin les cas dont la corrlation tiologique avec la maladie de Basedow tait fort douteuse (dlire alcoolique, folie du doute, dlire hystropathique
L'auteur trouve que les causes
:
sont
la tare hrditaire et le
'
Leidesdorf, Vievteljahrssch)'.
f.
Psych.,l, 309.
Meyer.
Ibid., 535.
Steinen, Antheil
der Psych
-
KrankheUsbild der Chorea. Strasbourg, 1875. Hirschl, Jahrbilcher f. P-ychiatrte. Vienne, 1873.
PSYCHIATRIE. 14
am
210
et dlire fbrile, folie hallucinatoire, dmence paralytique), on rencontre en majorit des tats maniaques et beaucoup plus rarement mlancoliques avec angoisse trs prononce. Les tats maniaques rpondent aux formes dgnratives et vont de pair avec un caractre trs irritable. Le pronostic est dfavorable. Sur 49 cas de psychoses dans la maladie de Basedow il n'y a eu que 6 gurisons; 18 cas ont t mortels. Comme anomalie lmentaire et presque typique de la psychose dans la maladie de Basedow, Hirschl a trouv une gait et une irritabilit morbides. Dans les cas avancs cet tat psychique rpondait un tat intermdiaire
entre la sant et l'exaltation maniaque base dgnrative. Bail a observ une frquence remarquable des troubles mentaux dans la paralysie agitante ',
Outre la dbilit psychique bien connue, qui habituellement se manifeste au cours de la maladie et qui pourrait bien tre le phnomne d'un senium prmatur, Bail a trouv chez la majorit de ses malades des anomalies psychiques lmentaires (irritabilit), souvent aussi des psychoses (la mlancolie avec hallucinations et impulsions au suicide prdominait) pour
la plupart intermittentes et concidant avec des exacerbations
de la nvrose
motrice.
Parent.(4wi. ivd. psijchot., 1863, juillet) dcrit un cas qui faitl'impression d'une dmence snile avec tats priodiques d'agitation hallucinatoire. Il
parat que dans ces cas guralement le senium prcoce joue au point de vue tiologique le rle le plus important. Des psychoses tantt transitoires, tantt permanentes et terminales, se
rencontrent trs souvent dans Vhystrie et dans V hypocondrie, Dans ces cas on peut presque toujours dmontrer l'existence d'une tare hrditaire et la psychose finale constitue alors la solution d'un processus morbide constitutionnel et qui s'tend progressivement aux centres les plus loigns.
Epilepsie -. Ce n'est que rarement que l'pileptique reste toute sa vie indemne de troubles psychiques. En dehors des troubles rguliers, lmen-
taires et souvent transitoires de la vie intellectuelle, l'activit intellectuelle subit souvent (61 p. 100 des cas, d'aprs Russel Reynolds) un trouble pro-
fond
et
donn que
durable, gnralement progressif (dgnrescence psychique), tant le caractre et la sphre thique en souffrent d'abord et l'intel-
ligence ensuite. Cette atteinte peut aller jusqu' l'idiotie la plus profonde. La cause de l'alination mentale dans l'pilepsie n'est pas connue. Il faut
chercher
la cause principale dans les troubles crbraux, congnitaux ou acquis, qui sont la base de l'pilepsie et qui, par leurs progrs, amnent dans leur sphre d'influence l'organe psychique.
Les troubles de
la circulation
que
la
forme
vertigineuse de l'pilepsie est plus funeste l'intgrit de la vie intellectuelle que la forme convulsive.
An7i. md. psych., 1881, sept. et VEncphale, 1882, mars. Russel Reynolds, Vpilepsie, dition allemande de Reigel, 1865, des ouvrages spciaux. Trousseau, Clinique mdicale.
1
;
p.
43,
avec citation
211
non seulement le dveloppement crbral, mais elles mnent aussi, au cours de la vie, l'imbcillit. La violence des accs parat tre moins dangereuse pour l'intgrit de la vie psychique que la grande frquence de ces accs. Les individus du sexe fminin sont plus menacs dans leur intgrit que ceux du sexe masculin.
Une cause
o des tempratures fbriles trs un brusque abaissement critique de la courbe terminale. Dans ce cas il se produit ordinairement des troubles lmentaires des processus intellectuels sous forme d'alicelles
notamment
nation consciente (somnolence, sopor), des troubles de la perception (illusions), de la sensation centrale (hallucinations) et des reprsentations
(troubles dans la forme, acclration dans la marche des conceptions, troubles de l'association, confusion, dlires). Cette excitation symptomatique ou sympathique de l'corce crbrale se borne produire ces troubles
lmentaires ou bien
il
se fait
et
complique
de l'organe psychique. Les types cliniques qu'il faut classer parmi les dlires se distinguent en gnral de ceux qu'on a l'habitude de rencontrer dans les maladies mentales par leur instabilit, par la profonde atteinte du sensorium, par l'incohrence et le dcousu des ides et par la participation prdominante de la sphre sensorielle centrale sous forme d'hallucinations. Ces tats dlirants sont essentiellement empreints du cachet de la confusion
hallucinatoire, car l'organe de reprsentation est irrgulirement excit par des stimulants non adquats et les facults psychiques d'ordre suprieur (attention, rflexion) ont singulirement baiss. Aussi dans ce cas il est rare qu'il se produise une folie systmatise, des anomalies permanentes de l'esprit, des ides dlirantes dtermines et amenant une transformation
totale de la personnalit. Toutefois les transitions sont imperceptibles, et
il
chroniques se greffent sur le dlire des maladies aigus et deviennent des maladies part. Dans les maladies aigus le dlire existe essentiellement deux stades l'apoge du processus morbide et pendant la de l'volution morbide priode de rsolution. Le dlire de l'acm ou dlire fbrile, au sens plus restreint du mot, se rencontre surtout dans les maladies aigus infectieuses et doit videmment son origine aux troubles de la circulation et de la nutrition que le processus fbrile produit dans le cerveau et dans le corps tout entier, notamment lorsqu'il y a des tempratures leves (action
n'est pas rare
que des
folies
favorable sur
1
le dlire
Comparez rexcellente monographie de Krtlpelin, Ueber den Einfluss acuter Krankheiavec beaucoup de citations d'ouvrages spciaux {Avch. f. Psych., t. XI et XIJ) et dont les conclusions sont rsumes dans l'expoque nous donnons plus loin.
len, etc.,
212
importants de ce genre qui apparaissent au dbut du processus fbrile, on note l'augmentation de l'action du cur, l'hyperhmie de l'corce crbrale, l'oxydation peu active des lments albumineux avec apport insuffisant au cours de la maladie, on voit prendre une importance particulire l'hyperhmie veineuse cause par la faiblesse fonctionnelle et la dgnrescence du myocarde, la thrombose des capillaires, l'engorgement, l'dme, l'accumulation des produits de dcomposition de la mutation intraorganique dans le cerveau. Ajoutons encore l'effet toxique des produits infectieux circulant dans le sang, agissant comme lments de fermentation et qui, indpendamment de la fivre (par exemple au stade d'incubation, quand il n'y a pas encore de fivre), peuvent produire des
:
;
dlires toxiques.
il
peut
comme
dlire furieux.
Le dlire qu'on rencontre au stade de rsolution dans les maladies fbriles (dlire d'inanition, de collapsus, d'puisement ou dlire asthnique) a pour base l'anmie et le trouble profond de la nutrition de l'corce crbrale. Il est particulirement frquent dans les maladies caractrises par la chute brusque de la temprature (pneumonie, exanthmes aigus) l'abaissement brusque fait que le myocarde, mis par la fivre dans un tat d'activit plus grande, se relche dans son nergie et par consquent n'alimente plus suffisamment l'corce crbrale puise par la combustion plus grande du stade fbrile et qui a besoin physiologiquement d'un afflux plus considrable. Les processus morbides qui s'accompagnent d'une
;
comme
le cholra,
de dlire d'inanition. Outre la faiblesse du cur et la dperdition des liquides il faut, d'aprs Krpelin, prendre encore en considration l'effet des modifications chi-
miques
et les
et peut-tre
produits de dcomposition de la mutation intraorganique dans le cerveau, notamment dans la malaria et le typhus. Les prdispositions
hrditaires et autres, qui dans le dlire fbrile ont peu d'importance,
jouent
ici
un
certain rle.
le
changement plus profond et p^us durable de symptmes plus nombreux que dans le
et
jusqu' la
aux
non rare par des psychoses qui prennent une allure chronique. Ces dlires d'inanition se manifestent donc cliniquement ou comme des troubles aigus lmentaires (hallucinations, dlires de nature indiffrente ou anxieux, incidemment angoisse, etc.) ou comme des formes plus compliques et confuses
dure, le pronostic moins favorable, et la terminaison
de
mlancolie,
de
manie hallucinatoire,
les
213
du
dlire de l'acm
accompagnent ou du
stadium decrementi ou se produire plus tard pendant la convalescence. Les psychoses qui se dveloppent pendant l'acm sont probablement dues une destruction des tissus, aux troubles graves de la circulation (thromboses, embolies pigmeutaires), aux hmorragies capillaires, suite de la dgnrescence aigu des parois vasculaires, ainsi qu'aux irritations parenchymateuses qui peuvent aller jusqu' l'inflammation. Pour les psychoses survenant au stadiun decrementi il faut incriminer la difficult compenser les troubles de la nutrition et de la circulation crbrale, la difficult dbarrasser le cerveau des produits de dcomposition, les processus anatomo-pathologiques provoqus par la fivre et qui
persistent, enfin les troubles de la nutrition crbrale par suite des modifi-
Enfin les maladies aigus fbriles peuvent, par leur action affaiblissante
et
puisante sur
le
psychiques,
et alors les
motions,
le
surmenage
la
intellectuel, l'alcool
et
amener
l'alination mentale.
Parmi
les
intermittente jouent
Typhus. Au stade prodromique et pendant la fivre initiale il se produit des dlires qu'on peut considrer comme toxiques et qui en voluant deviennent pour la plupart vertigineux. Ce sont des cas d'infection grave avec une mortalit allant jusqu' 61,5 p. 100. Les dlires com-
pneumonie
et la fivre
mencent par des hallucinations terrifiantes de la vue et de l'oue, prennent au cours de leur dveloppement des formes hallucinatoires et mlancoliques avec angoisse et peur de la mort, impulsions par raction au suicide et l'assassinat, dlire des perscutions, souvent aussi l'ide fixe du pch
mortel.
la
les
pro-
mateuse et la destruction des tissus nerveux ainsi que par les complications. Leur type fondamental, c'est la stupeur allant jusqu'au sopor par hyperhmie, dme, augmentation des liquides (Buhl) et augmentation de la pression intracranienne. Sur cette base on rencontre des illusions, des
hallucinations confuses avec incohrence des ides, souvent aussi avec des
d'irritation psychomotrice (typhomanie), de sorte qu'ils se rapprochent des formes maniaques. Le pronostic de ces dlires fbriles n'est pas dfavorable. Souvent ils se terminent par des complications du ct des organes vgtatifs, surtout la pneumonie, les hmorragies, le dcubitus, la pyohmie, par des obstructions veineuses dans le cerveau avec perte des globules blancs (le duc Charles-
phnomnes
Thodore).
Dans environ un tiers des cas le trouble psychique survit la fivre pendant des mois et mme des annes. Il reste comme rsidus du dlire
214
quelques ides dlirantes accompagnes d'hallucinations et d'un tat d'esprit trs sujet aux terreurs. Les malades deviennent abrutis intellectuellement, incohrents dmence aigu par suite de la destruction des tissus nerveux, de l'atrophie crbrale aigu dpt pigmentaire dans rcorce crbrale (Hoffmann diminution de la graisse Buhr Les troubles psychiques pendant la convalescence du typhus doivent, selon Krapelin, tre attribus l'anmie, la dcomposition du sang, Tencombrement du sang par des produits de dcomposition, dans les cas aigus la dgnrescence pigmentaire graisseuse et l'atrophie crbrale aigu dans les cas prenant une allure chronique.
',
,
:
On constate
1
Des tats dlirants calmes qui durent des journes et mme des semaines. Le pronostic est favorable. Le dlire des grandeurs est ici d'une frquence surprenante
;
Des tats d'agitation maniaque incohrente, avec dlire des grandeurs et souvent avec hallucinations allant jusqu' la folie furieuse. Dans la plupart des cas, gurison dans le premier mois la moiti gurissent pendant la premire anne. Ce dlai pass, le malade devient ingurissable. On rencontre plus rarement des tats mlancoliques avec agitation, incohrence et hallucinations visuelles et auditives;
2
;
Mlancolies calmes,
la et
mme
dlirantes;
;
c'est
;
la
forme
irritabilit
il
dlire
des perscutions
hallucinations.
de la culpabilit
dans 30
p.
y a aussi des
et fai-
blesse psychique. Dure pendant des mois. Gurison dans 6o p. 100 des cas.
la
terminaison par
idiots,
le
Dmence aigu
les
malades deviennent
enfantins, pleurniet
psy-
chiquement. Marche de la maladie lente. Dans 66 d'un an. Dans oO p. 100 des cas, pas de gurison.
Observation
III.
dure plus
Psychose dans
le
M"*^
Petrisch, trente et
jamais t malade, sauf de chlorose, Tpoque de la pubert; mre de quatre enfants; depuis trois mois enceinte de nouveau a t atteinte le 28 octobre 1881 de fivre avec un violent frisson initial. Le 30, dans un accs violent de fivre, elle se sauva de la maison le 2 novembre on la retrouva en dlire dans les environs de Gratz et on l'amena l'hpital. Lors de sa rception la malade tait en stupeur
; ;
lgre.
membres et d'une grande faiblesse. La malade n"a qu'un souvenir sommaire de ce qui s'est pass les jours prcdents. Elle se rappelle d'avoir quitt la maison la nuit sans savoir o elle allait et s'tre couche quelque part pour se rafrachir. Elle sait qu'elle tait dans un cimetire tout lui paraissait brouill et travaillait terriblement dans sa tte. Quelques heures aprs son entre l'hpital, la malade devient inquite, a de fausses perceptions, frappe son entourage, refuse de manger, ne peut plus tre
Elle se plaint de douleurs gnrales dans les
:
Temprature
39.
215
dans
le
le 3
novembre dans
le
quartier
psychiatrique.
La malade y arrive en stupeur. Temprature 40 40'', 4 pouls 120. Le gonflement le mtorisme, la sensibilit dans la rgion ilo-csecale permettent d'tablir le diagnostic de typhus. L'utrus se sent deux doigts au-dessus de la symphyse. Le 4 au soir avortement (ftus au commencement du quatrime mois). Forte perte de sang. Ensuite baisse de la temprature de 40 37, 4. Augmentation de la stupeur. Temprature irrgulire la suite de la perte de sang (37 40), grande prostration et anmie, stupeur profonde avec raction de terreur aux phnomnes du monde extrieur.
;
de la rate,
A partir du 11, avec des tempratures de 38 40, des lments mlancoliques se manifestent au milieu de la stupeur. La malade dclare qu'elle est oppresse par des remords, qu'on devrait la jeter dans la cour au milieu des ordures elle a commis les
:
crimes
les plus
abominables,
elle
appartient au diable,
elle n'a
pas de religion
elle
;
a mal confess ses pchs et cela lui pse sur la poitrine. Elle n'est plus M P... son mari attend qu'elle soit confesse pour l'assommer ensuite. Elle voit des hommes
noirs, des crapauds, des serpents, des scorpions, pousse souvent des cris de terreur
et se
lit.
rage dont
que
si
elle
ne mangeait pas
dlivrerait de pauvres
mes
et les symptmes du typhus malade n'a plus de livre, mais malgr une alimentation abondante, elle est anmique, puise, stupide. Parfois le repos de la nuit est troubl par des visions de morts et de figures noires elle entend des voix dire qu'elle est une mauvaise personne.
commence
la
partir
du milieu de dcembre
Au mois de
tance passive
fait
rement, on est oblig de lui faire ingrer des aliments de force. Les symptmes mlancoliques dlirants disparaissent sous le masque de la stupeur, ils ne se reproduisent que du 17 au 21 janvier avec relchement de la stupeur.
qu'elle est
La malade dclare
c'est l la
une mendiante,
manger qu'
sa foi religieuse.
le chagrin, peau d'une pleur de cire, nutrition gravement trouble, profondment abaiss. Troubles graves de la conscience. La malade se prend les gens de son entourage pour des saints et des anges, le mdecin pre elle croit qu'elle est la Madone.
;
du 20 janvier, de nouveau, stupeur profonde avec paroles trs rares et toujoui's accusations diriges contre elle-mme de temps en temps elle se met genoux en demandant qu'on lui fasse subir des tortures, qu'elle ne reniera point
partir
;
sa foi.
Au commencement de mars, la malade commence se remettre physiquement. Au mois de mai il existe encore un tat d'puisement psychique et par moments des accusations contre elle-mme. Elle commence s'occuper des travaux
manuels
faciles
;
de temps en temps
elle
rpond correctement
du
reste attitude
rveuse et somnolente.
l'tat intellectuel
Aux mois de
disparition de la peur,
tat physique
du volume du
corps).
Du
216
ressort que la
rappelle que
du
l'asile.
comme
Pour tous les autres faits il y a chez elle amnsie complte. Vers la fin du mois de juin sa conscience s'claircit peu peu. La malade s'oriente lentement sur le temps et les lieux, elle reconnat sa maladie et peut nouveau
penser clairement. Elle juge sa capacit physique
dpart de
l'asile l'aspect
et intellectuelle
comme
gale
celle qu'elle avait avant la maladie et prsente dans les derniers temps jusqu' son
dune complte
Variole. Ici encore on rencontre parfois des stades prodromiques, probablement par suite du processus d'intoxication, des tats d'incohrence, d'agitation furieuse mme qui durent jusqu'au stade de suppuration et qui peuvent mme passer l'tat de maladie mentale chronique. Les dlires de l'apoge de la maladie sont attribus par Krapelin une hyperhmie congestive, des processus infectieux, des troubles profonds de la mutation intraorganique et aux douleurs violentes causes par le processus variolique sur la peau et les muqueuses. Quand la fivre tombe, il se produit encore des tats dlirants hallucinatoires asthniques, d'une dure phmre, en connexit avec la baisse rapide de la temprature et avec une exsudation sreuse profuse des
pustules.
Les psychoses chroniques comme suite immdiate de la variole sont Krapelin n'en a trouv que 8 cas rapports dans les publications mdicales; la dure variait entre plusieurs mois et une anne. Elles se dclaraient au commencement de la troisime semaine de la maladie et c'taient pour la plupart des tats de mlancolie anxieuse. On a aussi observ des types de manie dlirante. Sont rarement cause de Scarlatine, rougeole, rysiple de la face. troubles psychiques. Dure des semaines et mme des mois. Le pronostic est ordinairement favorable. Fivre intermittente. Dans les deux tiers des cas rapports par les auteurs spciaux et appartenant cette catgorie, il s'agit d'une folie intermittente, l'intoxication malarienne remplaant l'accs de fivre et ayant une dure de plusieurs heures, tout au plus d'une journe, avec un retour quotidien, mais rarement tierce ou quarte, et avec des intermittences. Ces accs de psychose typique peuvent exister ds le dbut la place des accs de fivre intermittente (fivres intermittentes larves) souvent sans aucun phnomne fbrile. Parmi les formes cliniques les plus frquentes de cette psychose malarienne vicariante, Krapelin a trouv des tats dlirants mlancoliques avec agitation et angoisse violente, hallucinations terrifiantes, impulsions homicides et au suicide, en somme des tats trs semblables
rares.
spasmes ttaniques et pilepparoxysme, qui habituellement se terminait par un sommeil de plusieurs heures, et le malade se rveillait sans se rappeler les faits antrieurs ou tout au plus avec un vague souvenir comme le souvenir d'un rve. On rencontre plus rarement des tats d'exaltation
ceux de
l'agitation pileptique. Parfois des
le
tiformes accompagnaient
217
ma niaque avec du dlire confus des grandeurs ou des tats de dpression mlancolique calme, avec des ides de terreur vague et des illusions de l'oue, enfin des tats d'incohrence apathique allant jusqu' la stupeur complte. Une autre forme est reprsente par les psychoses (ordinairement tat d'exaltation maniaque) qui se substituent graduellement aux accs de fivre et finissent par les faire disparatre. Enfin une folie chronique peut se dvelopper aprs un dlai de plusieurs mois et mme de plusieurs annes sur la base d'une cachexie malarienne comme expression de l'anmie, de la mlanmie (embolie pigmentaire de l'corce crbrale, Griesinger). Les cas rapports par les auteurs nous montrent jusqu'ici comme prdominant la dmence et les tats aigus, plus rarement la folie furieuse, l'incohrence mlancolique dlirante avec hallucinations. Le pronostic, avec traitement fortifiant, n'est pas dfavorable. Rhumatisme articulaire aigu. Les mdecins anciens ont reconnu que le rhumatisme articulaire aigii peut se compliquer de symptmes crbraux graves et mme mortels. Doit-on expliquer ce fait par l'lvation de la fivre, par des influences toxmiques, par des complications hyperhmiques mninges, inflammatoires ou endocardiques ? C'est encore aujour-
Krpelin divise en deux groupes ces cas d'affection crbrale rhumatismale aigu. Le premier prsente des phnomnes crbraux graves durant des heures et mme des semaines entires par suite de l'hyperhmie des centres nerveux allant jusqu'aux processus transsudatifs ou jusqu'aux phnomnes de la mningite qui est cause par des processus emboliques pymiques. Dnoument fatal dans 70 p. 100 des cas. Le deuxime groupe est caractris par ce fait que, avec une augmentation rapide, hyperpyrtique de la temprature,
il
qui arrivent
bientt au collapsus et pour la plupart ont une terminaison fatale (apoplexie rhumatismale, rhumatisme typhode). Les rsultats de l'autopsie sont
en majorit ngatifs, de sorte qu'on peut penser des processus toxmiques par suite d'un ferment pyrognique rhumatismal pernicieux. D'ailleurs, dans la premire et la deuxime semaine de la maladie les dlires fbriles ordinaires peuvent se dvelopper dans 52 p. 100 des cas avec collapsus et dnouement fatal, avec hyperhmie simultane des m,
ninges
et
du cerveau.
la troisime
ou
mme
dans
la
sixime semaine,
conscutifs la fivre, des complications graves (endocardite, pricardite, pneumonie), souvent simultanment avec des rcidives du processus rhumatismal, des troubles psychiques qui disparaissent avec
la
comme phnomnes
chute de la fivre, mais qui peuvent persister quand l'organisme est trs
affaibli.
Krpelin a trouv des dlires hallucinatoires avec tats d'angoisse durant jusqu a trois semaines, des cas de dlire mlancolique avec agitation durant plusieurs mois, parfois avec des convulsions, de la chore, des accs vertigineux, puis des hallucinations incohrentes avec une nuance
218
la stupeur.
Chez les individus affaiblis dj antrieurement et puiss par la maladie, les psychoses aslhniques marche chronique et provoques par des causes occasionnelles insignifiantes, ne sont pas trs rares. Un groupe qu'on rencontre frquemment et qui appartient cette catles tats d'agitation mlancolique ou maniaque avec gorie, comprend grande incohrence, puisement psychique, illusions des sens, passage rapide la stupeur et avec 12 p. 100 de gurisons. Dans un autre groupe il s'agit d'tats de dpression mlancolique avec transition vers le dlire hallucinatoire ou bien la stupeur, souvent avec des troubles crbraux moteurs graves. Tous les malades ont guri au bout d'un mois. L'alternative entre l'affection articulaire et la psychose qu'on observe
:
il fait remarquer que, d'un ct, l'affection articulaire ne disparat qu'en apparence parce qu'avec l'apparition de la psychose, la douleur n'est pas ressentie comme autrefois et ne donne lieu aucune manifestation; que, d'autre part, la psychose peut, dans les rechutes de la maladie articulaire, se maintenir temporairement par suite de finfluence hyperhmiante de la fivre sur le cerveau anmi et puis. La chore est survenue dans 12 p. 100 des psychoses
asthniques.
Polynvrite^
Dans
cette
on
gine alcoolique;
il les attribue l'action des toxines et appelle ces psychoses qui, son avis, sont typiques (confusion gnrale avec ou sans hallucinations, avec amnsie pour les vnements rcents), cerebropathia
psychica toxsemica. Pneumonie. Ici l'affaiblissement de la constitution, notamment par le potatorium, a une importance considrable. Les dlires fbriles l'apoge de la maladie se rencontrent dans les cas graves, notamment dans les
pneumonies du sommet
et
quand
sionns par la congestion crbrale et trs rarement par la mningite ils clatent du quatrime au sixime jour, ne durent pour la plupart que 3o,4 p. 100. quelques jours et indiquent un danger srieux. Mortalit
:
On
observe
les
ici
furieux.
Chez
le
graves de
la nutrition crbrale,
du
cur
affaiblie,
sation).
Souvent il se dveloppe encore des psychoses sous forme d'agitation anxieuse, craintive, avec dlire des perscutions ou dlire des grandeurs, avec humeur gaie, hallucinations nombreuses, incohrence des ides,
1
Korsakow, Zeltschr.
f.
6, p. 54,
rapport du russe.
219
mme
naison favorable. Les dlires de la dfervescence sont des dlires de collapsus, amens par la faiblesse du cur qui se produit avec la chute de la fivre et rend possibles les obstructions veineuses et les excrtions dmateuses dans le
Ils se rencontrent surtout chez les individus dj affaiblis avant maladie, surtout par le potus ils se manifestent par des tats d'agitation hallucinatoire avec incohrence et inconstance des ides, insomnie, grande prostration, tempratures subnormales. Les hallucinations et les
cerveau.
la
nature terrifiante (perscutions, empoisonnements, pchs mortels), mais il y a aussi des dlires des grandeurs. Leur dure n'est ordinairement que de quelques jours, mais ils peuvent persister pendant des semaines et mme des mois entiers pour disparatre enfin avec les forces et un sommeil rparateur et suffisant. Gurison dans
84 p. 100 des cas.
Influena
cette
'.
affection gnrale
des troubles nerveux et physiologiques. Ces maladies bases sur l'puisement fonctionnel et l'inanition du systme nerveux central, doivent pro-
bablement
toxines.
rit
des troubles graves de la nutrition causs par des neurasthnie gnrale, Kirn a constat en majodes cas de dlire asthnique allant parfois jusqu' Mncohrence hallu-
tre
ramenes
la
En dehors de
cinatoire.
fivre et gurissaient
Ces dlires se dclaraient quatre ou huit jours aprs la cessation de la pour la plupart au bout de trois six semaines, passant rarement l'tat de folie chronique et se terminant encore plus rarement
par la mort. Exceptionnellement on a aussi constat une mlancolie par puisement, avec trouble du sorhmeil et dcadence physique trs accentue cependant, au bout de six huit semaines, on obtenait ordinairement la gurison. Trs rarement (6 fois sur 54 cas) la psychose a fait son appari;
manie
lgre.
Krapelin a observ dans les psychoses, suites de l'influenza, des tats dpressifs base neurasthnique, tantt de la mlancolie, tantt se rapprochant de la folie, puis del confusion hallucinatoire due au collapsus et
l'tat d'inanition.
Cholra.
Outre
les
tats soporeux,
comateux
et
le
se rencontrent parfois
dans
le
mentaux qui
se
comme
Il
profond de
la nutrition
de l'corce crbrale.
phmres avec grande confusion, des symptmes mlancoliques avec ides dlirantes et illusions des sens durant plusieurs semaines, et de la stupeur. Le pronostic est ici favorable sans exception.
*
Ilirn, Zeltschr. f.
et 2.
Krapelin, Deutsche
med. Wochenschri/f'f
220
nombre de maladies psydure et est plus ou moins constitutionnelle. De mme que l'anmique est en gnral plus accessible aux influences morbides, il l'est de mme dans la sphre de la vie psychique; son irritabilit devant les agents tiologiques des maladies (notamment les causes qui agissent sur les vaso-moteurs et sur le moral) est plus sensible. L'anmie constitue ici une prdisposition trs importante et par sa prsence
Anmie.
chic|ues, c'est l'anmie,
renforce toute autre prdisposition dj existante chez l'individu. Elle peut mme tre le vritable substratum anatomique de la maladie. L'anmie chronique provoque de la dpression intellectuelle, de lirritabilit, du dgot intellectuel et une incapacit allant jusqu' la stupeur; la fatigue intellectuelle amne dans ce cas un puisement rapide. Lliyperhmie veineuse est probablement due un phnomne analogue dans les cas de troubles du cur non compenss. Les psychoses qui se manifestent sur ce terrain sont des mlancolies simples ou des manies, ou bien, quand il y a une tare prexistante, des formes graves de la mlancolie stupide, de la dmence primaire, de la folie furieuse allant jusqu'au dlire aigu. La notion gnrale d'anmie est insuffisante, comme le fait remarquer Schle avec raison, et Ion ne saisit que d'une faon imparfaite comment l'anmie peut amener un trouble de la nutrition des cellules ganglionnaires
de l'corce crbrale (troubles de l'innervation vaso-motrice, de la vitesse circulatoire, de la pression du sang, de la diffusion, dgnrescence graisseuse des parois vasculaires du myocarde, notamment dans les anmies
pernicieuses).
L'anmie peut tre due des causes bien diffrentes les pertes de sang, maladies aigus et chroniques puisantes, l'inanition, les abcs, l'allaitement trop prolong, les couches ritres, les affections anmiantes, l'insomnie, les maladies graves des organes de la digestion, les maladies graves des organes gnitaux fminins, la chlorose, la pubert, les excs sexuels, etc., peuvent tre cits comme les causes principales de l'anmie. Il faut encore prendre en considration que, chez les individus tars, notamment chez les femmes, une anmie constitutionnelle qui commence ds l'ge de pubert et dfie tous les remdes, est un phnomne trs frquent; on peut le considrer comme le symptme d'une affection nerveuse trophique grave. L'anmie d'origine aigu (par pertes de sang, consomption fbrile) parat, d'aprs mes observations, provoquer des troubles psychiques (stupeur, dmence primaire, tats d'agitation maniaque aigu, plus souvent mlancolique, avec peur violente et illusions des sens, presque exclusivement du sens visuel) seulement chez les individus qui sont dj affaiblis ou prdisposs.
:
les
Schule,
Handbuch,
p. 333,
221
L'effet profond provoqu par les pertes de sang aigus chez les personnes dj affaiblies auparavant devient vident la suite des saignes qu'on fait aux alins lors mme d'une excitation maniaque ils tombent subi;
tement dans la stupeur ou bien, aprs un apaisement de courte dure, ils prsentent un tableau symptomatique beaucoup plus grave. Le retour des menstrues pendant la maladie psychique peut aussi produire un effet
semblable.
Tuberculose pulmonaire^ L'importance tiologique de la phtisie pulmonaire dans l'origine des maladies mentales est, ainsi que cela ressort des recherches statistiques de Hagen, moins grande qu'on le supposait
autrefois.
On connat
cependant une mlancolie qu'on la maladie pulmonaire consomptive, anmiante; cette mlancolie, quand la vie se prolonge assez longtemps, mne la dbilit psychique par suite de l'atrophie crbrale qui se dveloppe et du ramollissement dmateux du cerveau qui coexiste
il
compte de
souvent.
Skae
et
(phthisical insanity; et
Clouston trouvent cette mlancolie des caractres particuliers ils signalent spcialement les suivants irritabilit
:
de colre violente. Dans les peut se produire comme chez les autres puiss, les agonisants, les individus qui meurent de faim, etc. Ici le dlire a ordinairement un caractre mussitant et consiste surtout en conceptions et illusions des sens d'une nature gaie; cependant les illusions terrifiantes et amenant une raction dfensive peuvent aussi exister.
dlire d'inanition
Syphilis^.
La syphilis
bien (iomme dyscrasie que par sa localisation crbrale sous forme de troubles simplement inflammatoires et spcifiques, amener la folie.
L'importance de cette dernire cause nous impose le devoir de lui consacrer une tude spciale dans la pathologie spciale. Ici nous ne parlerons que des psychoses produites par la dyscrasie ellemme, par le trouble de la nutrition crbrale d la chlorose syphilitique. Ce que nous avons dit de l'importance de l'anmie constitutionnelle peut aussi s'appliquer dans son essence cette forme particulire de l'anmie.
La crase syphilitique
1
est
et
une prdisposition
Psych.,1, p. 253. Le mme, Siafistische Unterstichunr/en, etc. Clouston, Edhnb. med. Journal, p. 861. Le mme, Journal of ment, science. l\, avril. Skae et Clouston, Ibid. 1877, avril.
\ia.gen, Allf/. Zeitschr. f.
p.
245.
Voir Pathologie spciale : Lues cerebralis. Concernant les formes purement dyscrasiques consulter surtout Erlenmeyer, Die luetischen l'sijcliosen., 1877. Ripping, -I//.7. Zeitschr. /'. Fsych., 37, fasc. 6, trouve que le lues n'est que rarement un plinomne tiologique direcd'une psychose et admet avec raison comme causes accessoires importantes excs, sexuels, potus, vie irrgulire avec beaucoup d'motions, nourriture insuffisante, cures affaiblissantes et mdicamenteuses appliques dans le traitement de la syphilis.
' :
222
pour
le cerveau et peut mme amener une psychose grce au concours d'lments accessoires insignifiants (motions, trauma capitis, excs d'alcool). Ainsi Jolly et Emminghaus {Allg. Psychopath., p. 35o) ont observ chez des syphilitiques des accs de folie transitoire furieuse la suite de
causes insignifiantes.
On rencontre plus souvent des psychoses chroniques, notamment la mlancolie avec dlire du pch et syphilophobie, puis des manies violentes, graves, avec explosion subite et terminaison rapide et frquente par la dmence.
MALADIES LOCALES CHRONIQUES
Le cerveau reoit par la voie nerveuse splanchnique les impressions venues des organes les plus loigns et dont la nature exerce une influence particulire sur l'tat d'esprit. Dans ce cas il est trs remarquable de voir combien est diffrente l'influence des divers organes (euphorie bien connue des phtisiques et des tabtiques compare l'tat de malaise profond allant jusqu' la dpression mlancolique et hypocondriaque qu'on rencontre dans les maladies des parties gnitales et des organes gastriques). Outre l'influence sur l'humeur, sur l'tat des sentiments psychiques, les maladies des organes vgtatifs peuvent encore provoquer des sensations concrtes, exciter ou paralyser des centres vaso-moteurs par la transmission rflexe d'tats d'irritation des nerfs vgtatifs et par l troubler la circulation crbrale. En dehors de la voie motrice cet effet peut aussi tre produit par des phnomnes mcaniques (maladies du cur); enfin les maladies splanchniques peuvent, en troublant la composition du sang, en entravant ou en augmentant les scrtions, changer la composition chimique du sang, le nourricier du cerveau.
Affections gastriques K
Il
est
le
catarrhe gastrique
aigu
et
plus encore
le
grande influence sur l'tat d'esprit, mais provoquent assez souvent des psychoses qui alors prennent pour la plupart le caractre de la mlancolie avec nuance hypocondriaque. Mais il faut ici un diagnostic et une pathognie minutieux et exacts, et ne pas donner sans preuve des types morbides vagues tels que hmorrhodes, obstruction des veines-portes, congestion du foie, etc., ou mme des symptmes accidentels comme, par exemple, situation anormale des
intestins, laquelle autrefois et
rcemment encore (Schrder v. der Kolk) on attribuait une signification tiologique particulire. Dans ces cas la pathognie n'est pas nette. Schle (Hanclbucli, p. 275) invoque la relation nerveuse directe qui existe entre la rgion vasculaire
'
Flemming,
Allrj.
Zeitsclir. f. Psijch., 2.
Ziemsseiis,
Manuel, VIL
Le mme, Psychosen, etc., p. 138. Leube, Niemeyer, Deutsche Klmik, 1858, p. 473. Schrder v. der Kolk, 177. Psych. Centralbl., 1873, p. 78. ^ Glax, Rohitsch-Sauerbrunnen.
223
du cerveau
et les viscres
abdominaux par
cervicaux intrieurs, ainsi que par les nerfs qui proviennent directement du foie. Il faut encore y ajouter l'hyperhmie veineuse, peut-tre vaso-paralytique, des organes de la digestion, qui agit comme agent anmiant et par consquent atteint directement le cerveau dans sa nutrition, puis l'atteinte indirecte du cerveau par le trouble des processus de rsorption dans les
cas de catarrhe digestif par hyperhmie veineuse. La constipation qui existe toujours dans ces cas ne fait qu'augmenter l'intensit du catarrhe et contribue entraver la circulation. Il faut aussi admettre comme possible que l'acide actique et l'acide sulfhydrique qui se forment et sont rsorbs dans l'intestin rendent le sang toxique. Dans certains cas analogues il n'y a cependant pas de catarrhe gastrique, mais il existe une neurasthnie gastrique (nvrose du nerf vague), phnomne prcurseur partiel d'une neurasthnie gnrale et qui provoque videmment la psychose par voie
directement nerveuse.
Dans
on
cite
ou
causes des lombrics et parfois aussi des vers solitaires. Les premiers, diton, pourraient provoquer des tats d'agitation du genre des manies aigus. Avec le taenia on pourrait plutt songer au trouble de la nutrition qu'il cause qu' l'excitation rflexe sympathique (cas de mlancolie chronique chez un homme rapport par Maudsley, op. cit., p. 249). Les oxyures peuvent indirectement amener des psychoses par le fait qu'ils poussent la masturbation et que cette dernire engendre la maladie psychique. En somme les psychoses vermineuses sont des phnomnes rares qu'on rencontre le plus souvent chez des individus jeunes et presque toujours sur
un
terrain nvropathique.
Maladies du cur\
peut arriver l'embolie crbrale^ et la dmence apoplectique, il faut encore ici prendre en considration les lsions des valvules et les hypertrophies compensatrices du myocarde. Les congestions actives, quand la compensation est dfectueuse, comme l'hyperhmie veineuse dans le cerveau, le poumon (angoisse) et les organes vgtatifs (catarrhe, anmie), peuvent retentir dans le domaine psychique. D'autre part il est possible (Karrer, Gislain) que l'affection organique du cur (hypertrophie) ne survienne que secondairement des tats d'agitation chroniques, notam-
ment
donn que
ces tats
amnent une
sur-
activit
du cur;
il
est
Vix, Allr/.Zei/schr.
f.
Psych., 18.
Debout,
1873, IIL
f.
224
et l'atrophie
du cur se dveloppent conscutivement des psychoses qui mnent au marasme. On a souvent exagr l'importance tiologique des maladies organiques du cur dans l'origine des psychoses.
Karrer {Recherches statistiques de Hagen, 1876) a trouv 26
l'institut
p.
100 l'au-
topsie des alins d'Erlangen et 25 p. 100 chez ceux qui ont t dissqus
pathologique, d'anomalies du cur; donc il y avait entre les deux une diffrence minime. Mildner et d'autres encore trouvent que quand les affections organiques du cur ont une influence, les hypertrophies du ventricule gauche et les lsions des valvules aortiques provoquent ordinairement des tats d'agitation maniaque tandis que les hypertrophies du ventricule droit et les affections mitrales produisent de la mlancolie. Cependant les cas de manie observs par Mildner se comportent pour la grande majorit comme ceux de mlancolie avec agitation. En terminant un essai qui jette une vive lumire sur les difficults et la nature complexe de la question, Witkowsky conclut que, sauf dans les lsions aortiques, les affections organiques du cur chez les alins sont lies une inquitude et une inconstance continuelles (sentiments d'oppression?) dont les manifestations ont souvent une allure instinctive et s'accentuent
assez souvent jusqu'aux violences excessives contre leur propre personne
et celle d'autrui.
Affections rnales
et
de nombreux exemples de vritables maladies mentales (non seulement coma et dlires) au cours de la nphrite aigu et chronique. Il s'agirait ordinairement d'tats mlancoliques avec dlire de perscution et d'empoisonnement. Dans un cas, il y eut gurison; dans l'autre,
celle des autres, cite
mort due la maladie principale. On nous communique eu outre encore quatre cas de dgnrescence rnale chronique avec maladie mentale, mais ces cas ne sont pas clairs au point de vue tiologique et compliqus par la mnopause, une pneumonie, un ptosis, une hmorragie mninge. Hagen cherche la corrlation pathognique qui existe entre l'affection
rnale et la psychose dans l'urmie aigu et chronique.
Leur influence ne doit pas Maladies des organes sexuels chez- la femme-. tre nglige. Le rle principal est jou ici par les changements de texture et dposition (flexions, versions, descentes, prolapsus) de la matrice, quand
ceux-ci provoquent des troubles inflammatoires et irritatifs chroniques.
anomalies de sentiment et les anomalies Au point de vue de l'importance tiologique on peut ranger immdiatement aprs ces tats les affec-
Dans aucun de
ces cas,
les
f.
1880.
n"
6.
Raymond,
L. Meyer, Die Beziehungen der krankhaften Zustcinde und Vorgnge in den SexualAmann, Ueber Einfiuss der weiorganen des \Yeibes zu Geisfesstrungen, Berlin, 1870. Wiebecke, blichen Geschlechtskmnkheiten auf das Xerrensyslem. Munich, 1872, 2^ dition.
Allg. Zeitschr.
Zusammenhang
Hipping, 39. Hertz, 27. Millier, Ibid., 25. Psych., 23. der Geschlechtskrankheiter mit nervosen Leiden. Stuttgart, 1885.
f.
llegar,
>2o
lions nvralgiques et hyperesthsiques du vagin l'vaginisme), puis les catarrhes chroniques, les hypertrophies du col, les fistules et les troubles
les
et autres
amnent des troubles psychiques, tout au plus indirectement des mlancolies d'origine psychique ou des dlires d'inanition au stade de marasme. Les psychoses utrines ne se signalen t par aucun caractre morbide particulier. L'opinion qu'elles ont habituellement un caractre erotique ou hystrique est errone. Cette conclusion dcoule dj de la varit de la pathognie. La maladie sexuelle, lorsqu'elle cause des rgles profuses, de la leucorrhe, etc., ne produit dans la plupart des cas qu'un affaiblissement gnral de la constitution qui, par la suite, constitue une prdisposition aux
nvroses
cette prdisposition dj
Son
a).
effet alors
peut tre
strilit
avec la dpression
mo-
Directement nerveux par l'irradiation rflexe des excitations utou par voie indirecte par influence vaso-motrice ou encore par l'intermdiaire d'une neurasthnie sexuelle. Dans le premier cas, on observe gnralement de la paranoa avec dlire primordial erotique expansif ou de perscution, parfois aussi de la nymphomanie. Les cas de maladie occasionne par le vaginisme et
p).
clatant aprs la dfloration (dmonomanie, folie erotique hallucinatoire, Schiile) ont la mme origine.
colies qui
Les maladies du second genre aboutissent pour la plupart des mlanprennent un cours aigu, des manies avec trouble profond de la
et
conscience
comme
dmonomaniaques.
la
que
la
mlancolique. La constitution nvropathique comme condition tiologique de la maladie quand celle-ci a une origine nerveuse, est chose plus que probable, mon avis.
raisonnante chronique
et
Trouble humoral {)ar la production de l'anmie. Ici on observe presexclusivement des mlancolies, et comme Schle {Handb., p. 281 le que fait remarquer, souvent avec dlire du pch et dmonomanie. A propos des maladies sexuelles, nous devons aussi parler de la menstruation et de ses anomalies comme causes d'alination mentale.
y).
j
'
Schlager, Allri. Zeilschr. f. Psych., L. Mayer, Die Menstruation im Zasammenhang mil psycJiisc/ier Stcirung 15, p. 457. dans Beitrf/e zur Geburtsh. et Gyncol. von der Gesellschaft der Geburtshilfe in Berlin, 1872. Storer, Insanify of women. Schrder, Allg. Zeilschr. f. Psych., 30, 31. V. Krait, Arch. f. Psych. VIII, fasc. 1.
2,
p. 574.
PSYCHIATRIE.
15
226
Ici
veuse. L'absence
encore on peut admettre ime pathognie psychiqQe, humorale et nerdu processus menstruel amnorrhe) peut se faire sentir psychiquement en produisant la peur d'une maladie grave et ingurissable
ou de la gravidit (Mayer). Le trouble humoral se produit quand des rgles profuses amnent l'anmie et crent par l une prdisposition la maladie ou bien accentuent cette dernire si elle existe, ou encore agissent comme causes accessoires.
Les cas
prendre,
les
il
faut tenir
plus importants sont ceux d"origine nerveuse. Pour les comcompte du fait que mme physiologiquement le prole
d'irritabilit
les excitations
(Schrder,
Ziemssen's Handb., X, p. 30o). Si le systme nerveux a dj naturellement une prdisposition nvropathique, s'il est tar et dsquilibr, alors le
processus menstruel normal suffit, lui seul, pour provoquer des troubles dans l'organe nerveux central, troubles qui, selon la gravit de la tare, se manifestent sous forme d'une lgre migraine ou sous forme d'tats psychopatiques des plus graves. Il y a mme des cas o le retour rgulier del priode menstruelle amne des troubles psychiques et donne lieu une vritable folie priodique. Ce n'est pas Thmorragie menstruelle, mais l'irritation nerveuse complexe des nerfs ovariens due l'ovulation qui est importante; cela ressort des cas o les paroxysmes reviennent la priode menstruelle sans que l'hmorragie menstruelle se produise. Le phnomne nerveux doit probablement provenir des troubles vaso-moteurs du cerveau, produits par action rflexe par les nerfs ovariens. Dans quelques cas rares, on a observ la folie (ordinairement la folie furieuse aigu) conscutivement la suppression subite de l'hmorragie menstruelle, suppression cause par l'effroi ou par le froid, et l'on a admis la menstruatio suppressa comme cause de folie. Il est admissible qu'une congestion collatrale vicariaute du cot du cerveau tablisse cette
connexit.
Mais ordinairement la psychose et la menstruatio suppressa sont les simultans d'une mme cause et ont une origine vaso-motrice. L'amnorrhe chronique elle-mme qu'on accuse souvent d'tre la cause de la psychose, ne l'est pas, du moins au point de vue somatique elle n'est qu'un phnomne accessoire d'une maladie ^ui a pour cause commune avec elle un trouble dans le dveloppement, ou une maladie des parties gnitales, ou une cachexie, ou un trouble gnral de la nutrition.
effets
;
Vhomme
'.
symptmes d"un tat nvropathique congnital ou d'une nvropathie acquise par excs sexuels, souvent par onanisme. Tel est surtout le cas pour la spermatorrhe et l'impuissance. Le trouble
et
Comparer
l'excellent travail
et oct.
de
LX, p. 360.
Lisle,
(sur la spermatorrhe).
227
mental rel (mlancolie, mlancolie hypocondriaque) ne se rencontre dans probablement que sur le terrain d'une forte prdisposition congnitale ou acquise. L'impotentia psychicacoeundi, qui se manifeste chez les individus affaiblis sexuellement, qui se dfient de leur puissance par suite de l'chec qu'ils ont subi lors de leur premier cot, et chez qui la honte du premier insuccs agit comme ide d'entrave et comme ide obsdante empchant tout succs pour l'avenir, est dj par elle-mme un phnoce cas
mne
Il
pathologique.
comme digne d'attention, la mlancolie hypocondriaque qui se produit parfois chez certains individus nvropathes affaiblis par les excs sexuels avec l'ide dlirante qu'ils sont syphilitiques, ide provoque par des excoriations inofensives, par la balanite, la
faut encore rappeler,
blennorrhagie,
etc.
EXCES SEXUELS
L'importance des abus gnitaux dans l'origine des neuro-psychoses et comprend de soi-mme quand on considre les rapports importants qui existent entre le systme nerveux gnital et les autres rgions nerveuses y compris celles qui sont du domaine psychique. Les troubles des fonctions sexuelles de mme que ceux de la digestion, exercent une influence norme sur l'tat d'esprit qui alors est presque toujours dprim et a souvent un caractre hypocondriaque trs prononc. Les abus sexuels peuvent provoquer une prdisposition la maladie psychique, l'accentuer si elle existe dj, et en outre agir comme causes accessoires. Le phnomne intermdiaire dans la pathognie des maladies nerveuses et des maladies psychiques est reprsent par une neurasthnie provoque par l'abusus veneris. Le cas le plus dfavorable, c'est quand cette neurasthnie acquise se
des psychoses n'est pas mince, ce qui se
joint
dant
tal se
le
nombre d'individus
l'instinct gni-
manifeste avec une prcocit et une force anormales et souvent d'une manire perverse avec incitation se satisfaire dans ce sens. Ici l'abus
sexuel est moins une cause qu'un
conscutif
symptme ou du moins un phnomne morbide, de mme que dans les cas o une maladie psychique dj existante (manie, dmence paralytique ou snile) amne aux abus sexuels.
un
tat
il faut tenir compte de ce Les maladies psychiques survenant par abus sexuels, proviennent d'un tat neurasthnique et vont de pair avec les symptmes de
fait clinique.
Les excs sexuels provoquent d'autant plus facilement une maladie psychique que celui qui se livre ces excs est trs jeune ou qu'il a dj atteint le senium. Ce qui est encore d'une importance capitale, c'est la gravit de la
228
tare,
s'il
y en a une. Cela dpend encore beaucoup de la manire dont on satisfait ces excs sexuels. dans les plaisirs sexuels ont une action moins i" Les excs naturels
'
funeste que les excs contre nature. Leur influence est directement puisante et ordinairement crbrale. Les femmes supportent mieux les abus
sexuels, probablement parce que chez elles l'acte sexuel n'entrane pas une mise contribution aussi intense du systme nerveux que chez l'homme. Des crbrasthuies graves, le senium prcoce, la dmence paralytique, des mlancolies graves avec nuance hypocondriaque peuvent se dvelopper sous l'influence puisante des excs de cot, mais ordinairement
agent important pour la femme, est le cotus interruptus et le cotus Il mne une neurasthnie sexuelle avec les dangers que comporte cet tat pour l'intgrit psychique. 2 Ce qui est beaucoup plus nuisible et, au point de vue tiologique,
Un
reservatus.
beaucoup plus important, c'est la dbauche sexuelle contre nature, particulirement la masturbation ^ La cause en est probablement que souvent cet abus coexiste avec une constitution nvropathique, que souvent il est pratiqu un ge trs jeune et d'une manire excessive et qu'il reprsente une excitation inadquate et non physiologique du systme nerveux. C'est surtout le cas dans l'onanisme psychique o l'jaculation est provoque
par l'excitation de l'imagination (reprsentation de scnes lascives). L'effet de l'onanisme consiste dans la production d'une nvrose gnitale (pollutions) qui s'tend la moelle lombaire et qui amne la neurasthnie
gnrale.
se
dveloppent par
la
suite
diverses causes accessoires. D'aprs les observations assez nombreuses que j'ai faites jusqu'ici, il est probable que presque toujours il faut encore,
outre ces causes, une constitution nvropathique originaire (tare)) et que, chez les individus non tars, les excs d'onanisme ne dpassent gure le
domaine de
la nvro-psychose asthnique. Les observations des gyncologues, des neurologistes et des alinistes nous apprennent que dans le sexe fminin aussi la masturbation (voir plus bas observation LV) est souvent pratique et d'une faon prjudiciable. Les affections qui en rsultent ne semblent gure diffrer essentiellement
de celles qu'on observe chez l'homme. En se basant sur cette faiblesse irritable du systme nerveux central due l'onanisme (neurasthnie), la pathognie des psychoses onanistes peut
donc tre varie. Elle est psychique par l'intermdiaire des causes accessoires psychiques. Ce sont des ides spontanes de repentir, de honte, la peur des con1'^'
Flemming, Psychosen,
Ellinger,
Zeitschr.
f.
p. 541.
>'eumann, LeJirb.
2.
Psych.,
Flemminp, Psychosen,
science, 1868, juillet.
p.
Ellinger, Ibid.,
Lancet, 1.81.
V.
229
squences du vice jointe la conviction pnible de n'y pouvoir renoncer par sa propre force. Ces motions peuvent tre aussi provoques par la lecture de certains livres populaires dont l'auteur, par esprit de spculation, dcrit avec exagration les consquences de la masturbation. En outre, chez les candidats au mariage, l'impuissance relle ou relative, organique ou psychique, rsultant de la masturbation, peut devenir la cause psychique de la psychose. Dans ces cas il se produit des mlancolies avec une forte empreinte nosophobique, avec crainte du tabs, de la phtisie, des vsanies, selon les symptmes prdominants de la neurasthnie accessoire. 2" L'intermdiaire est de nature somatique quand il survient des causes affaiblissantes (nourriture insuffisante, insomnie, maladie physique, surmenage intellectuel ou physique, etc.). Le caractre du type morbide parat ici essentiellement dtermin par les lments constitutionnels qui l'ont provoqu.
Si ces tares sont
peu graves,
il
se produit de la stupidit
ou des
tats
mentaux comme de simples psycho-nvroses d'puisement. Sur la base dgnrative (peut-tre mme sans cela, quand il y a onanisme excessif un ge trs jeune), il se dveloppe des tats de dmence
primaire
et
progressive.
Il
Dans
pour
cet tat de
l'imbcillit morale,
la perte
les choses rpugnantes), indiffrence de cur absolue et aboulie avec terminaison par l'idiotie la plus complte. Comme autres maladies de nature nettement dgnrative, nous devons encore citer certains cas de paraoa et d'alination mentale avec ides
obsdantes.
Comme phnomnes
on peut
etc.)
citer
les
symptmes de
la
neu-
tmes pileptodes
et
ceux
dits catatoniques
qui manqueut rarement. Les sympne sont pas rares non plus.
On
mais dans
il
Idler,
I,
p.
233,
II,
p. 137.
I
Bail,
et 2.
230
psychose chez la femme est Fabstineiice sexuelle, ou ferait bieu d'examiuer de prs si ce n'est plutt la non-ralisation de sa vocation de mre et d'pouse et partant la non-satisfaction de ses besoins sociaux et thiques qui dans ce cas a t dcisive. Le rsultat de l'motion sexuelle non apaise par une satisfaction temporaire, consiste en une surexcitation de la sphre gnitale (rections, hyperhmies) et plus tard en une surexcitation de tout le systme nerveux. La non-satisfaction de l'instinct peut ici provoquer un vritable rut allant jusqu'aux tats de satyriasis et de nymphomanie, ou du moins
donner
Du
reste,
gues celles de l'onanisme. Une neurasthnie gnrale se dveloppe et sur cette base se produisent des tats de mlancolie (hypocondrie), de la paranoa et des folies avec ides
obsdantes.
aux excs sexuels chez les hommes phnomnes affaiblissants de la grossesse et de la puerpralit chez la femme. Ils ont chez elle une importance quivalente celle du surmenage, si dangereux chez les hommes, et ils constituent une cause prdisposante ou accessoire de la maladie chez 17,8 p. 100 des femmes alines qu'on envoie dans les asiles. La prdisposition a une importance comme dans tous les cas oles pro-
A ct des influences
dbilitantes dues
les
cessus physiologiques
deviennent
les
mentales.
Fiirstner a trouv
cas qu'il a traits, Rippiug seulement dans 44,2 p. 100. Par contre, cet
observateur reconnat
comme
suffisante
et
dcisive la
prdisposition
usines laquelle la majorit de ses malades taient exposes. Comme causes prdisposantes d'une grande porte notons, outre
le
germe
chements frquents
et difficiles, la lactation
priode, les maladies graves, les rgles profuses, bref toutes les
capables d'affaiblir la constitution. La folie puerprale (9,2 p. 100 de toutes les alines reues
ensuite la folie
enceintes
les trois
de
la
femmes
(3,1 p. 100).
La
ne
se dclare
Comparer le cas rapport d'aprs Biiffon par Mac-Ideler, roman La Faute de Vabb Moiiret, parat avoir song ce
'
p. 137.
Zola,
dans son
cas.
eiau.\}.
Ripping, Geisfessforungen, etc., 1S77 (avec de nombreuses citations des ouvrages spSchmidt, Arch. f.Psych., XI, fasc. 1.
231
derniers mois de la gravidit. Ripping attribue une grande valeur tiologique aux changements dans la circulation crbrale (anmie) produits par les liquides de l'utrus et l'intercalation du courant placentaire, ainsi qu'aux altrations chimiques du sang qui se produisent pendant la gravidit.
La frquence des cas de maladie chez les femmes devenant enceintes en dehors du mariage s'explique par les conditions de vie malheureuse que la plupart subissent de mme que par les proccupations que leur donne le souci de l'avenir. La forme morbide que prend la folie de la grossesse est ordiuairement la mlancolie, rarement la manie*. L'alination mentale, trs rare d'ailleurs, qui se dclare dans les premiers mois de la grossesse, est gnralement de courte dure et d'un pronostic favorable. La folie qui clate dans les derniers mois ne disparat point avec l'accouchement, mais se transforme souvent aprs les couches en manie. La dure moyenne de
la
maladie
^"
est
neuf mois;
les
trs frquentes,
qui surviennent pendant ^accouchement sont un trouble profond' de la conscience. Ce sont des motions pathologiques qu'on observe le plus frquemment dans ce cas, surtout chez les femmes qui accouchent d'enfants illgitimes,
-
motions causes par leur situation d'abandonnes, par la honte d'avoir perdu l'honneur sexuel, la peur prouve aux symptmes prcurseurs de l'accouchement, le souci de l'avenir; on rencontre aussi des tats
d'excitation furieuse avec dlire causs par la douleur de l'enfantement
et suivis
d'puisement, de
mme
transitoire,
des
La pathognie
commencement de la lactation, la mastite, l'inflammation de l'utrus et de ses annexes; dans les maladies qui clatent
dittique, les motions, le
Schmidt a trouv la manie chez 31,3 p. 100, la mlancolie chez 54,9 p. 100, la folie chez 10 p. 100, la dmence paralytique chez 5,8 p. 100. L'auteur de cet ouvrage a, sur 5 cas, constat 4 mlancolies et 1 dm. parai.
'
1868,
p. 116.
221
de
quatrime
Les
dans le
sixime semaine, ce sont les troubles causs par le les mnorrhagies. recherches faites par Ripping et Schmidt montrent la grande
la et
notamment
puerperium, car la diffrence de poids constate chez certaines malades entre le dbut et la fin de la maladie variait jusqu' :29 kilogrammes, e la psychose ne disparaissait qu'avec l'augmentation du poids du corps. La folie puerprale clate le plus frquemment entre le cinquime et le dixime jj-jr du puerperium. Elle ne constitue point une forme spciale de l'alination mentale. Il n'est pas exact de l'appeler manie puerprale. Toutefois la manie est la forme la plus frquente que prend la folie puerprale
'.
Dans les deux premires semaines du puerperium on a observ des cas de manie transitoire, de fivre puerprale avec dlire, de dlire d'inanition, des psychoses puerprales (gnralement manie ou folie, plus rarement mlancolie, parfois aussi de la dmence primaire et gurissable). La proportion de la manie la mlancolie est ici environ de 3 pour i. Les troubles psychiques qui se montrent dans les dernires semaines du puerperium consistent en manies ou mlancolies. Manie puerprale. Les symptmes prodromiques sont parfois ceux d'une dpression mlancolique, qui cependant n'est que lgrement marque et se borne une dpression morale et un penchant pleurer mais ordinairement les symptmes sont ceux d'une exaltation maniaque (inquitude dans les mouvements, air aiair, affluence d'ides, loquacit,
insomnie).
c'est la courte dure du stade prodromique et l'insymptmes en comparaison de ceux des psychoses analo-
Quand ce stade prodromique a dur de un plusieurs jours, il se dveloppe rapidement une folie furieuse allant jusqu' l'acm, marche continue mais rmittente.
Dans le dlire de la manie puerprale les illusions des sens jouent un grand rle. Elles ouvrent ordinairement la srie des symptmes de la folie furieuse et sont tellement au premier plan qu'on pourrait songer dans ce cas une folie hallucinatoire (Frstner). La dure de la maladie est de six huit mois, mais il y a aussi des cas abortifs. Le pronostic est assez favorable. Si la maladie se termine par la gurison, la malade a ordinairement une phase de stupeur qui ne parat manquer que dans les cas lgers (avortements). Le souvenir de cette phase de profond puisement intellectuel est incomplet. Ensuite la malade reprend ses sens tout d'un coup ou peu peu. La manie puerprale n'a pas de symptmes spcifiques. Il est inexact
Schmidt a trouv la manie chez 48 p. 100, la mlancolie chez 38,9 p. 100, la folie chez .^,5 p. 100, la dmence aigu chez 5,5 p. 100, la lolie circulaire chez 1,4 p. 100. L'auteur de cet ouvrage a, sur 38 cas, constat 17 manies, 4 mlancolies, 10 folies hallucinatoires, 1 paranoa, 6 dmences aigus.
'
233
la
que
le dlire ait
distingue
des manies non puerprales, c'est la courte dure du stade prodromique, l'insignifiance des symptmes psychiques prodromiques, de sorte que la
maladie dbute comme si elle tait primaire et s'accentue rapidement jusqu' l'acm; la manifestation primaire des illusions des sens et la prpondrance de ces dernires dans le tableau morbide (Fiirstnerj. En
gnral, ce sont des formes graves de la folie furieuse avec trouble con-
sidrable de l'intelligence. La longue dure et l'intensit de la maladie expliquent aussi, ce qui d'ailleurs a t relev par Furstner au point de vue du diagnostic, qu'au lendemain de la manie le stade d'puisement et
de stupeur ne manque jamais. La mlancolie puerprale, qui est plus rare, a un pronostic moins favorable; il faut aussi plus de temps pour qu'elle arrive rsolution, en moyenne neuf mois. Ici encore il faut remarquer un fait frappant le trouble
:
profond de l'intelligence d videmment l'puisement, et la nuance de dmence du tableau clinique. Schmidt fait remarquer que dans ce cas les malades sont distraites, moroses, rveuses, oublieuses, irrflchies, que les
hallucinations sont frquentes et les accs d'angoisse intercurrents.
folie
il cause des pertes de sang considrables, la puerprale peut aussi se dclarer. Celle-ci, comme en gnral les alinations provoques par les troubles aigus de la nutrition crbrale
fanmie), est caractrise par des illusions des sens nombreuses, notam-
non
La folie des femmes qui allaitent a probablement toujours une base anmique. Les accouchements difficiles, les mala4" Folie de la lactation.
comme
ment trop prolong et trop intense, ne rpondant pas aux forces de la femme, sont des causes dcisives. La psychose se dclare rarement avant le troisime mois. Comme tableau clinique, la manie prdomine avec une
grande frquence; on rencontre plus rarement la mlancolie'. Le pronostic n'est pas dfavorable, mais moins bon que dans la folie puerprale. La dure moyenne de la maladie est de neuf mois dans les hpitaux et les
asiles.
L'importance pratique de ce groupe tiologique de psychoses sera l'exque nous prenons de faire ici quelques
remarques thrapeutiques. Au dbut du traitement on doit avant tout visiter minutieusement le corps et appliquer le thermomtre, pour ne laisser passer inaperus aucun des processus puerpraux ou fbriles s'ils existent. La base videmment anmique des psychoses qui se produisent dans ces cas exige qu'autant que possible on prescrive la malade le repos au lit
* Schmidt a trouv 42 p. 100 de manie, iO p. 100 de mlancolie, 6,7 p. 100 de dmence aigu, 3,4 p. 100 de dmence paralytique. L'auteur de ce livre a constat, sur 2'J cas, 12 cas de manie, 6 de mlancolie, 3 de folie, 1 de dlire aigu.
234
et
une bonne nourriture. On ne doit pas tolrer trop longtemps le refus de prendre de la nourriture. Les lavements de pancratine de viande par le systme Leube peuvent rendre ici quelques services. Au point de vue des mdicaments, les toniques, surtout le fer (comme l'albuminate, le peptonate de fer, le fer dyalis), l'extrait de noix vomique, le quinquina (extrait mou) dans du vin de Malaga, le vin, la bire sont indiqus. L'insomnie n'est gure influence avec succs que par la morphine ou plutt par l'extrait d'opium. Le meilleur effet est produit par les spiritueux, surtout la bire; l'occasion aussi par l'hydrate de chloral ou la paraldliyde (en lavements), les enveloppements humides, les injections souscutanes de camphre. Quand l'anmie n'est pas trop grande et qu'il y a
fluxion vers
le
cerveau,
notamment avec
agitation cardiaque,
il
faut essayer
On
surveillera la
et leur
priphriques.
souvent profuses, ont ainsi une action affaiblissante et causent des rechutes. Il est alors ncessaire d'empcher temps par des moyens connus (ergotine, hydrastis) ces pertes de sang qui ne sont pas ncessaires.
Quand
ALCOOL
Parmi toutes
important.
les
le
action dltre, l'alcool, pris en trop grande quantit, tient le rang le plus
L'alcool est devenu une plaie populaire (pidmie alcoolique) qui non seulement appauvrit les individus et mme les peuples, mais porte aussi de graves atteintes leur prosprit morale, intellectuelle et somatique. Le penchant consommer l'alcool est renforc par l'habitude, et l'hrdit qui contribue la conservation de cet usage contract par habitude; elle agit directement ou indirectement, car la faiblesse de constitution produite chez les descendants par l'abus de l'alcool chez les ascendants, les amne, pour ainsi dire instinctivement, la consommation des boissons alcooliques (Bar). L'impulsion consommer de l'alcool, ne sur cette base, reste souvent l'tat latent, jusqu' ce que le systme nerveux devienne asthnique par suite d'une maladie grave aigu ou chronique, par suite
d'motions,
etc.
-.
En dehors
'
Map;nan, De Valcoolisme, Paris, 1874. Bhm, Ziemssen's Handb., XV. AlkohoUsmiis, Berlin, 1878 (excellente monographie).
Biir,
Der
2 C'est d'une manire analogue que les individus prdisposs sont arrivs l'abus de la morphine, du chloral, de l'opium. Il est surprenant de voir quelles doses normes de ces substances sont souvent supportes dans la neurasthnie.
235
lirdit,
qu'il
l'abus de
l'origine de certaines
Suivant l'tat social, la nationalit, le climat, etc., le nombre des alins a paru varier entre 1/9 et i/3 des personnes reues dans les asiles, sans
lectuelle, et qui,
comprendre ces ivrognes invtrs, en pleine dcadence physique et intelau dtriment de la famille, de la moralit et de la scurit
publiques, circulent encore librement.
C'est
par des procds bien difrents que l'alcool produit ses effets nuisystme nerveux central. En premire ligne il faut considrer l'action directe de l'alcool sur le cerveau, action qui, au point de vue clinique, est en partie excitante, altre les tissus, et qui, d'autre part, amne une paralysie vaso-motrice. Alors les petits vaisseaux se dilatent, les vaisseaux plus grands subissent une dgnrescence athromateuse, ce qui
sibles sur le
des voies vasculaires (tonus abaiss), par l'obstruction lymphatique, par la migration des globules blancs du sang et par l'paississement de l'arach-
node
et
de
la
pie-mre, ainsi que par la prolifration des granulations pacil se produit de lapachymuingite hmorragique.
Par
produit sur
le
le
cur,
la
l'alcool
provoque d'abord
Dans
les stades
suivants
myocarde subit
dgnrescence graisseuse,
La nutrition de l'organe psychique souffre indirectement du changement de composition du sang (hydrmie, diminution de la fibrine), de mme
que des troubles profonds de l'alimentation gnrale, des troubles de la mutation intraorganique causs par la dgnrescence graisseuse des organes (le foie), le catarrhe chronique de l'estomac avec dgnrescence graisseuse des glandes stomacales, la cirrhose du foie, la nphrite chronique interstitielle et parenchymateuse. Mais l'alcoolisme agit aussi psychiquement par les conflits sociaux dans
il entrane l'ivrogne, par la ruine de sa prosprit financire, de son bonheur familial, de son honneur civique. c'est que Enfin il y a encore une circonstance qui mrite l'attention souvent la boisson est un moyen pour teindre les chagrins, les soucis, les contrarits, les remords, et alors deux facteurs tiologiques puissants se
lesquels
Nous avons dj signal combien l'alcool amylique est plus dltre que thylique qui est beaucoup moins dangereux. L'absinthe, si rpandue en France et en Suisse', a aussi une action particulirement dltre.
l'alcool
*
Magnan, De
Le
et
236
des
.,
une existence de vagabond et d'aventurier passe dans la misre, le libertinage et les privations. Souvent cette existence aventurire ainsi que le penchant l'abus des boissons alcooliques constituent dj des symptmes de maladie mentale (imbcillit avec instincts pervers, folie morale Au point de vue tiologique, les excs dans la consommation de l'alcool agissent
.
en partie comme cause prdisposante, car ces abus affaiblissent le systme nerveux central et pour ainsi dire le transforment anatomiquement (alcoolisme chronique), de sorte qu'il est dou d'une force de rsistance moindre aux causes accessoires d'autre part, les excs alcooliques agissent comme causes accessoires sur tout cerveau dj prdispos d'une manire quelconque. Cette prdisposition peut tre due une tare hrditaire, une faiblesse
;
de maladies organiques du cerveau, d'affections douloureuses boire pour noyer le chagrin u Dans ces circonstances un seul excs alcoolique peut provoquer une psychose; car dans la plupart de ces tats prdisposants il n'existe qu'une
tte,
faible force de rsistance contre l'effet de l'alcool qui est directement toxi-
que
et
Quand
dmence paralytique), ils l'accentuent la dpression mlancolique devient une mlancolie active et un raptus mlancolique, l'exaltation maniaque devient de la folie furieuse). Les psychoses, l'origine desquelles l'abus de l'alcool joue un rle tio{mlancolie, manie,
logique, prsentent, ainsi
que
la varit
pathognique
est
et
l'importance de
;
un tableau
clinique vari
cependant
il
indniable
que-,
quand
l'abus de
l'alcool
la seule
cause de la
la cause prdominante, le tableau morbide revt un caractre clinique spcial et alors on a parfaitement le droit de parler de psychoses alcooliques. Leur description appartient la pathologie spciale et sera
maladie ou
faite
dans
le
Dans
les cas
la signification
d'une cause
les
occasionnelle et n'est pas la seule, les psychoses qui en rsultent ne prsentent aucun
symptme
excs
dune
nique de la maladie et qui rappellent les dlires des sens de l'alcoolisme chronique, surtout ceux du delirium tremens, donnant ainsi une nuance
particulire la maladie.
Quand les excs alcooliques ont t la seule cause occasionnelle ou la cause prdominante chez un individu tar hrditairement, ou par lsion de la tte ou par un autre phnomne quelconque, les symptmes par eux-
mmes ne
la
237
Mais la marche de ces cas qui pour la grande majorit voluent d'une manire aigu, clatent brusquement et se rsolvent aussi subitement, indique au moins la nature symptomatique de la maladie. S'il y a eu plus de phnomnes de fluxion du cot du cerveau et si l'on envisage ces symptmes d'ensemble avec les autres, il est au moins probable que l'origine de la maladie a pour cause prdominante lalcool.
AUTRES POISONS
Opium.
les nerfs et
en menant
produit chez les Orientaux et les Chinoise Le cannabis indica haschich produit aussi des dlires
et
des troubles
et
sommation de
la
jusqaiamc, de
la
du datura stramonimn
de
la
Lors de remploi eu mdecine de Vatropine^, on a aussi observ des troubles psychiques. Ainsi Micha, en prescrivant longtemps l'atropine
aux
donnait des doses allant jusqu' 1 centigramme, a constat de l'abrutissement intellectuel, de l'apathie, un langage hsitant, de la difficult prononcer certains mots, une lgre titubation, de la mapileptiques auxquels
il
Kowalevv^sky a observ une psychose due l'atropine (folie hallucinatoire chez un individu atteint d'une maladie des yeux et auquel ou avait fait une instillation d'atropine. Aprs l'emploi d'une grosse dose, le malade a vu
)
des rayons lumineux, des animaux, un peuple en foule. Sur son corps rampaient des insectes. Le malade tait tout entier ses hallucinations. A la suite se manifestrent les symptmes ordinaires de l'empoisonnement par l'atropine. La gurison eut lieu au bout de dix jours grce au traitement par la morphine. Les observations d'autres spcialistes de mme que les miennes nous apprennent que la cocaine qu'on emploie notre poque pour faire abandonner l'usage de la morphine et aussi comme tonique, peut provoquer des troubles psychiques dlire hallucinatoirej quand on s'en sert pendant longtemps et des doses dpassant une certaine mesure 0,3 par jour *.
Morel, Trait des //f/nresceixces, Paris, \Sbl. Tninsitor. Sturungeii des Selbslbeiruss/seins, p. Voir le livre de l'auteur intitul
:
'
40
3G,
et suivantes.
^
Micha,
Gaz.
des hpil.,
1861.
f.
l's/jch.,
p. 431.
Obersteiner, Wiener
med. Presse.
1885, 40.
:^38
dveloppe un vritable marasme physique et intellectuel. Souvent pisodiquement des dlires nettement toxiques qui pour la plupart consistent en hallncinations visuelles et auditives et prsentant beaucoup d'analogies avec celles de l'alcoolisme dlire de perscution, jalousie morbide, visions de petits animaux, etc.)- Je n'ai jamais vu de dlire d'abstinence, comme on en voit parfois chez les morphiniques, bien
Il
il
se produit alors
que, ordinairement, je cesse brusquement la cocane. On possde des observations analogues en ce qui concerne Yaci.de salicylique
'
.
jour 9
Un homme de vingt-cinq ans est atteint de pleursie il prend chaque grammes de salicylate de soude au bout de quelques jours il se
;
;
produit un dlire hallucinatoire d'abord gai et ensuite de nature terrifiante. Le malade voit un chafaud, entend son arrt de mort, sent des personnes qui se couchent sur lui. D'o peur, dpression, angoisse de la
:
mort. Aprs cessation du salicylate de soude, les hallucinations disparaissent au bout de huit jours, mais pendant plusieurs semaines encore il reste une lgre anxit et de l'apathie. On a vu souvent des troubles psychiques se produire pendant le traitement par Viodofonne. Ces psychoses iodoformiques- doivent tre considres comme des Fmotivit, l'incohdlires toxiques. Les principaux symptmes sont
:
rence des hallucinations terrifiantes allant jusqu'au dlire furieux. Dure de plusieurs jours et mme de plusieurs semaines. Dans la plupart des cas, gurison rapide aprs cessation du traitement iodoformique; parfois mort par paralysie de l'oblongata. Au point de vue du diagnostic
l'odeur iodoformique de l'haleine et la recherche des sels d'iode dans
l'urine ont
Les troubles psychiques causs par le seir/le ergot^, qui se manifestent quelquefois d'une manire pidmique, sont connus depuis longtemps.
onze cas dcrits rcemment par Siemens, il y en avait dix un prsentait le tableau de l'incohrence hallucinatoire toxique aigu 'marche rapide, nombreuses hallucinations de nature terrifiante). Les cas de stupeur taient caractriss par une grande
Parmi
le
les
ayant
caractre de la stupeur,
hbtude du sensorium et par une apathie gnrale des fonctions intellectuelles, avec crampes pileptiformes. En mme temps il y avait de la cachexie, suppression des menstrues, disparition du rflexe du genou, souvent aussi ataxie des extrmits et des syllabes. Comme prodromes de la stupeur on a trouv souvent des troubles sensoriels, de l'angoisse prcordiale, de l'excitation dlirante furieuse avec amnsie. Sur onze cas, neuf gurisons et deux dcs. La thrapeutique consista en dite fortifiante, vin lourd et bains chauds. On a souvent observ que la consommation exagre du tabac'', de
'
^ ^
^Vagner, Wien.Klin. Wochenschr., 1888, 38. Obersteiner, Wiener KUnik, 1886. fvrier. Citalions des ouvrages spciaux, Zeitschr. f. Psych., 40, fasc. 3, p. 436.
p.
Siemens. Arch. f. Psychiat., XI, fasc. 1 et 2. Wichter, Arch. f. Psych., X. fdiSC. i (Citations). 107. Clinens, Deutsche Klbilk, 1872, n'"' 27,
Tuczek, Laskievicz,
28.
239
mme
qu'elle
de la paralysie). Richter a trouv des douleurs de tte, de l'irritation spinale, de l'aniblyopie, de l'angine de poitrine en connexit avec des anomalies de l'tat d'esprit. On a chercli la pathoguie dans le trouble de la nutrition centrale (anmie) par l'eiet de la nicotine qui resserre les vaisseaux (excitation du centre des nerfs vasculaires dans la moelle allonge) et dans les troubles trophiques directs. Le pronostic est favorable dans le cas d'abstinence; la thrapeutique consiste en iodure de potassium, hydrothrapie et lectrothrapie. Parmi les mntih'es vgtales il faut encore mentionner le mais qui, frelat ou pris comme nourriture exclusive (haute Italie), produit souvent les phnomnes de la folie dite pellagreuse (mlancolie avec impulsions au suicide, dlire d'inanition, tats de faiblesse psychique, etc.). On a vu natre aussi des troubles psychiques par abus du chbrofonne^, troubles qui sont probablement produits par la paralysie vaso-motrice et par la diminution de l'activit du cur et de la pression du sang que provoque le chloroforme. On observe des dlires et mme des formes graves durables et dgnratives (manie priodique, moral insanity). L'abus du chloraP exerce d'une manire analogue une action nuisible sur la vie psychique, probablement par trouble de la nutrition, diminution de l'nergie cardiaque et de l'nergie du centre vasculaire. Certains individus prsentent une immunit tonnante contre ce poison. Mais chez beaucoup l'usage continu du chloral renrl l'esprit morose, amne une dpression et un abrutissement intellectuels. A plusieurs reprises on a, en supprimant la dose habituelle d'hydrate de chloral, vu clore des dlires hallucinatoires ayant les allures du delirium tremens. J'ai not des phnomnes tout fait analogues dans l'abus de la paral'
dhyde.
Chez un individu qui en consommait quotidiennement 35 grammes, il y eut du tremblement, diminution de la mmoire et de la vivacit intellectuelle. Il y eut des symptmes analogues dans un second cas o la consommalion quotidienne pendant un an environ allait 40 grammes. Lorsqu'on supprima la paraldhyde, il se produisit un tat rappelant le delirium tremens. qui dura peu prs cinq jours et se compliqua d'un accs pileptique grave.
p.
Lombroso, Kllnische BeUnif/e zur Psi/rliiafrip. 1.d7. Cazenave, Vl'nion ynd., 1851, 9b, 104. et Monifeur des
psijcli., 1859, p. 161.
Billod,
Annal, md.
^Vebster, Insanihj from chlovoforni. Jouvn. of psychol. met/., 1850, avril. Fleischel, Wiener med. Wochenschr., 1852, n 15. Bhm, Zienissen's Handb., XV, p. 139. Bchner (chez Iluxeman, l. c, p 682). Merie, Med. Times, 1855, nov. Schiile, Handb., Svetlin, Wiener med. Presse, 1882, 47, 48. Uelim, Zeilschr. f. Psych., 42, p. 358.
Rehm,. Irc/.
f.
Psych.,
1.
X.VII, fasc.
(citations d'ouvrages}.
240
Les efiets nuisibles produits par l'abus de V absinthe et des huiles thres de cette catgorie occasionnent des dlires toxiques graves, semblables ceux des alcooliques, avec des ides de perscution et de l'agitation furieuse; ils ont t dj tudis plusieurs reprises par les mdecins
franais.
Gauthier (i'^iw/- clinique sur l'absinthisme chronicpie, Paris, '188^),aobserv dans les cas d'abus continu d'absinthe irritabilit, changement de carac:
tre, faiblesse
et
auditives, ayant
terrifiant
rhuma-
Poisons mtalliques^.
et le
Chez
les ouvriers
le
plomb
mercure, il se peut qu' ct des phnomnes plus ou moins somatiques de l'empoisonnement chronique, la sphre psychique soit souvent aussi atteinte. Les prdispositions individuelles, le genre de vie, les causes affaiblissantes, comme les excs alcooliques et sexuels, sont ici importants
comme
causes accessoires.
et les
Psychoses saturnines^.
mineurs tantt avec tantt sans autres phnomnes d'intoxication saturnine. Bartens cite comme prodromes amaigrissement,
eu btiment
troubles gastriques, teint terreux, bords des gencives couleur d'ardoise.
Il
y a en
de tte, tintements d'oreilles, troubles du sommeil, dpression psychique, sentiment d'oppression, irritabilit allant jusqu'au dlire lmentaire de perscution,
des troubles sensoriels (vertiges,
mme temps
maux
par moments hallucinations terrifiantes. Des accs pileptiques, des paralysies, des convulsions, des tremblements peuvent constituer les prodromes de la maladie. Il y a aussi des cas aigus de dlire hallucinatoire transitoire (folie saturWunderlich) qui se produit spontanine, manie saturnine transitoire, nment ou qui succde une stupeur prodromique hallucinatoire. A l'apoge de la maladie il y a des accs de fureur avec excitation crbrale et insomnie. Dans la plupart des cas la dure ne dpasse pas quelques jours. Dans les cas favorables la terminaison se fait par un profond sommeil ou par stupeur; dans d'autres il se produit une volution vers l'incohrence chronique ou une issue fatale avec phnomnes pileptiques et
comateux. Les psychoses saturnines chroniques sont des formes de la hallucinatoire ou des types morbides qui se rapprochent de
la paralysie.
folie
toxique
trs prs de
'
Paris, 18o9.
Legrand du
Saulle,
La
Folie,
p. 540.
-
Falk, Wirchow's Handb., Il, p. 21i. Naunyn, Ziemssen's Handb., p. 278. ^Bltger et Gellhorn, Zeitschr. f. Psijch., 26. p. 224. Bartens, Ibid., 37. "Ullricb, Snell, Ibid., 41, p. 400. Ibid., 39, p. 240. Devouges, Ann. md. psychoL, 1150, p. 5"21. Monakow, Arch. f. Psych., fasc. 2. Rgis, Ibid., 1880., sept.
241
rendre compte
du got), du dlire de perd'intelligence au point de ne plus se de la situation et de l'entourage, accs d'angoisse avec
tentatives de suicide.
En mme temps
baisse rapide de
cas.
la
nutrition et
troubles moteurs.
Il
Les psychoses
saturnines pseudo-paralytiques
tte,
l'angoisse prcordiale, des hallucinations visuelles terrifiantes, dlire de perscution et d'empoisonnement, de sorte que cet tat (ivresse du plomb,
ressemble s"y mprendre certaines phases aigus de l'alcoolisme chronique. Aprs une dure plus ou moins longue de ces phnomnes d'excitation aigus, il se dveloppe une dmence, des troubles paralytiques,
Bail)
du marasme; mais dans les cas avec terminaison heureuse (sur dix cas que Rgis cite d'aprs des documents franais, il y aurait eu huit gurisons), ces symptmes disparaissent au bout de quelques mois. Les indications pour le diagnostic diffrentiel entre la paralysie saturnine
et la
terreuse de la peau et de la figure, la coloration ardoise des gencives, les phnomnes toxiques aigus, l'arrive rapide de la maladie son
apoge,
le
le
trouble particulier de
l'intelligence
entrave intellectuelle
du paralytique, mais qui parat plutt une qu'une dfectuosit, un trouble d'ensemble des
la
phnomnes
pace.
perdre
Observation
comme
fabrique de wagons.
est troubl,
une
1880,
et
il
devint dis-
oublieux;
il
terme propre
il
balbutiait par
moments.
Il
se sentait
de plus en plus de
faible.
Depuis
le
12 octobre
il
tait
devenu incapable de
travailler cause
la baisse
Le 26 octobre
se plaignit d'avoir
vertige, d'une vive douleur de tte dans la rgion frontale, de sentir ses
mains
comme
Il
main, couler le manger de sa bouche on le fit mettre au lit. Il ne dormait pas et se frottait sans cesse le front. Le 27, on le transporta l'hpital. Il tait lgrement soporeux. Temprature 38, 5. Pas de paralysie. Le 28, il devint agit, temptant parce qu'on lui donnait trop peu manger, ne reconnaissant pas son entourage; il voyait des brigands, se disait vol
:
menaantes.
16
242
29, on l'amne la clinique psychiatrique pour dlire inquiet. Le malade est dlirant, prsente du dlire de perscution vague; incohrence grave. Pas de phnomnes de paralysie des extrmits, pas de troubles de la sensi38, 7. Pouls bilit. Temprature 76, lent; tension des artres.
Le
mine
fatigue,
tionne.
Quand
la
congestion cesse,
le teint
des lvres,
de
langue
est
et
des mains;
dents
entoures
La parole
Le malade s'imagine tre dans une cave; il prend le garde-malade pour un du bois, se remue comme en somnolence, toujours en geignant, dchire le linge. Dmarche raide, un peu chancelante. Rflexes des genoux normaux.
bniste, cherche
Le 2 novembre on donne au malade 1 gramme d'iodure de potassium et des bains. Temprature normale. Aucun symptme vgtatif. La conscience s'claircit un peu, qu'il a eu la tte un peu malade. La dmarche est il fait remarquer lui-mme encore un peu incertaine; cette incertitude n'augmente point quand on lui bande
les
yeux.
La force musculaire est conserve partout. L'examen lectrique fait constater un tat normal. Au cours du mois de novembre, le malade est calme et se rend compte de son tat. Tous les processus intellectuels s'accomplissent lentement et difficilement. La dmarche devient plus assure, l'aphasie disparat; il a meilleure mine; le lisr ardois des gencives diminue. Au mois de dcembre, amlioration des fonctions psychiques; l'ataxie labiale et la parsie de la lvre droite persistent toujours. Le malade se rend compte de sa
maladie.
Le 13 dcembre, le malade chez qui on continue le traitement par l'iodure de potassium est renvoy aux soins de sa famille. L'amlioration progresse encore au dbut. Le malade est calme, rang, capable de faire de petits ouvrages la maison. On lui donne irrgulirement de l'iodure de potassium et finalement on ne lui en donne plus du tout. Lors de l't 1881 il y a exacerbation. Le malade est devenu oublieux, il a perdu les notions des mouvements les plus simples; il est redevenu inquiet pendant la nuit; il a eu, il y a deux mois, des accs d'angoisse avec l'ide hypocondriaque qu'il est
tout raide, qu'il prit, qu'il reste enfonc dans la glace.
A l'occasion
de ces accs,
il
un tintamarre
terrible.
Au mois
nette,
d'aot
le
malade
fut troubl
compltement;
il
se
souvent pris de peur, se plaignait que son corps ramolli. Le langage tait devenu tranant, balbutiant. Le 23 novembre 1881, il fut de nouveau reu l'asile.
tait
Il
fait
il
se
passe
plomb qui
a vu des
tte. C'est pour cela qu'il est devenu fou et qu'il Son cerveau, dit-il, est maintenant toujours chaud, il est tout fait tamis . Grande faiblesse psychique; tous les efforts psychiques lui sont devenus trs difficiles et ceux d'ordre suprieur peine possibles, mais sa dmence n'est pas la dmence ordinaire du paralytique; il s'agit plutt d'un ensemble de symptmes aphasiques (amnsie, aphasie ataxique, surdit des mots), d'une ccit d'me qu'on peut constater nettement. Le 17 janvier 1882, le malade est intern l'asile des alins. La dchance physique et intellectuelle se prononce de plus en plus, l'incertitude de la parole, sa
s'est
concentr dans sa
hommes
243
accs congestifs
avec
agitation psychique qui se manifeste par des hurlements et lui fait dchirer les objets,
ne permettent gure de distinguer dans son dernier stade le malade d'un paralytique ordinaire; mais il est remarquer qu'au mois de mai encore, l'occasion de la visite d'un mdecin qu'il n'avait pas revu depuis neuf mois, il l'a reconnu et cette poque il avait encore conscience du temps et des lieux.
Au mois de juin,
mort
le
le
malade
dui'e-mre;
dme
et
symptmes de phtisie pulmonaire; il est leptomningite diffuse chronique; hmatome de la atrophie crbrale; hydrocphalie interne; encphalite des
fut pris de
:
Psychoses mercarielles. Naunyn dcrit comme symptmes de l'empoisonnement mercuriel chronique* du systme nerveux central, une grande irritabilit psychique pour les impressions extrieures, une timidit extraordinaire, embarras, anxit, insomnie avec tendance aux hallucinations (rthisme mercuriel), simultanment avec les phnomnes de mer-
et stomacal, salivation, tremor). Ces tats peuvent donner lieu au dveloppement de la manie, de la mlancolie et de la faiblesse psychique.
Bromisme -. L'usage continu de fortes doses quotidiennes de sels de brome, dpassant 6 grammes, peut, vers la troisime semaine, amener une intoxication bromique. Cet empoisonnement produit une baisse de l'nergie du cur (effet de la
symptmes de l'intoxication par le brome sont au dbut faiblesse musculaire, tremblements, disparition des rflexes du palais et du larynx. Alors se manifeste la stupeur qui peut aller jusqu' la dmence la plus profonde (perception profondment troupotasse?) et de l'corce crbrale. Les
:
peut avoir beaucoup de ressemblance avec les tats avancs de la dmence paralytique, est complt par l'aphasie amnestique, un langage balbutiant, une dmarche titubante, une parsie gnrale avec conservation de la sensibilit cutane, par une figure abrutie, une baisse du tonus musculaire,
une
de la faiblesse cardiaque, des troubles gastriques, la ftidit de l'haleine, lenduit fuligineux des lvres et de la langue. Hameau et Falret ont observ des dcs causs par la
et irrgulier,
poids du corps,
un pouls rare
paralysie
du cur ou par la paralysie des centres nerveux. Quand on supprime Tusage du brome, les symptmes disparaissent au bout de huit quinze jours. La dite fortifiante, les boissons spiritueuses, les injec-
un effet favorable. Les enfants supportent le brome relativement mieux que les adultes, les femmes moins bien que les
hommes.
Naunyn,
Handb., p. 306.
'
Zlemsseti's
Zieinssen-s Handb., t. XV, p. 22. Butticher, Ibid., 35. Voisin, Truil de la 1880, 5, 6, 7.
2
Bhm,
2, p.
f.
135.
2tt
Gaz
ainsi
Dans
cette
qui,
que
les
expriences
et les
et au ramollissement. Eulenberg a observ de la manie transitoire comme consquence de lintoxication par l'oxyde de carbone; Simon a observ de Fencpbalomalacie, qui parfois ne se dclarait que quelques semaines aprs, prcde par des maux de tte et des vertiges. Moreau prtend avoir constat une intoxication cbronique par l'oxyde de carbone cliez les boulangers, les cuisiniers, etc., intoxication qui parfois, pendant des annes, se manifeste par de l'hyprmie crbrale maux de
tte,
manque
d'apptit, faiblesse
musculaire
pbosphnes,
minimes (notamment l'ivresse) amnent l'closion de la maladie proprement dite dlire vague de perscution avec illusions auditives et visuelles
:
anges, saints.
plus
avec hallucinations olfactives dsagrables). Reste encore savoir si ces tats morbides doivent tre mis uniquement sur le compte du gaz oxyde carbonique ou si ce ne sont plutt les troubles caloriques joints l'ivrognerie qui interviennent pour une grande part.
Sulfure de carbone
~.
dans
les
un
d'aprs Delpech, et
deux
maux
de
tte,
mits, dpression mlancolique suivie de manie avec hyperesthsie psychique gnrale et insomnie.
Intoxications autochtones
.
peler
le fait
que
les intoxications
la
Pour tre complet il faudrait encore rappeuvent tre amenes par les produits de
la rtention
dcomposition de
de ces pro-
(somnolence, coma, accs pileptiquesavec tat post-pileptique psychique); des tats d'excitation avec coma conscutif se produisent dans le diabte on a essay de les attribuer l'actonmie la dpression psychique se montre aussi la suite de la cholmie (ictres). Un phnomne bien curieux c'est la cachexie strumpriva-^. c'est--dire l'anmie profonde, la cachexie et la torpeur intellectuelles qu'on observe la suite de l'extirpation des glandes thyro'ides, surtout chez les individus trs jeunes. La suppression des glandes thyro'ides dont la fonction consisterait transformer les produits de la mutation intraorganiques et les rendre inoffensifs. serait la cause de ces phnomnes.
:
;
Hirt, Krankheiten der Arbelfer. 1873, p. 32. Eulenburg, Die Lehre von den schcidllchen Gasen, p. 41 et 121. Simon, Arch. iloreau, Des troubles f. Psych., I, p. 263. intellectuels dus l'intoxication lente par le gaz oxyde de carbone. Paris, 1876.
*
Voisin,
1884, mai.
1884.
TROISIEME PARTIE
MARCHE, DURE ET PRONOSTIC DES AFFECTIONS PSYCHIQUES
CHAPITRE PREMIER
MARCHE ET DURE DE LA FOLIE
Aprs les symptmes, c'est la marche d'une maladie qui constitue le phnomne le plus important. L'alination mentale, comme les maladies du cerveau, prsente des modes d'volution et des terminaisons diverses
qu'on peut tablir par voie empirique. En rsum, l'alination apparat comme un trouble chronique de l'organe psychique, trouble dont l'volution dure des mois et mme des annes cependant, il y a aussi par exception des psychonvroses, des formes aigus et subaigus, de sorte que l'volution de la maladie ne dure que quelques semaines.
;
I.
Comme
accs isol
^).
accs.
Comme
ici
dans toute autre maladie somatique d'une longue dure on peut distinguer aussi des prodromes, un stade de dveloppement del mala-
die et
un
stade terminal.
Pour
'
le
mdecin
prodromes
est de la plus
grande
Morel,
Traite' des
p. 107.
Uagonet, Trait,
Witkowsky,
Schiile,
brain.
f.
Winslow, Obscure diseuses of the Moreau, Annal, md psychol., 1852, p. 157. Hecker, Volkmanns Sainmlung Klin. Vortruf/e. n" 108. Miiller, Allf/em. Zeitschr. Psych., p. 33.
246
jeter un coup d'oeil sur la pathognie de la en faisant reconnatre temps le danger, la possibilit d'arrter chez l'individu l'explosion du mal. La psychiatrie ne sait que peu de choses positives sur les phnomnes prmonitoires de l'alination mentale. Tant que la mdecine mentale ne sera pas devenue le bien commun de tous les mdecins praticiens, ce stade important passera inaperu, sans tre tudi, et la pathognie ainsi que la prophylaxie resteront l'tat de pieux dsirs. Ce n'est que quand la maladie fait explosion et qu'elle stimule les souvenirs et fait rflchir aux antcdents, que des rminiscences vagues et incompltes fournissent une compensation bien pauvre pour suppler l'absence de l'anamnse scientifique. Ainsi les recherches scientifiques sur l'incubation restent ordinairement restreintes aux observations faites par les alinistes dans les asiles lors des rcidives et du retour priodique des accs. Quand on se trouve dans des conditions d'observation favorable, faite de bonne heure par des spcialistes comptents, on voit toujours, contrairement l'opinion des profanes et des mdecins non alinistes qui considrent la maladie comme clatant subitement, qu'il y a un trouble des fonctions crbrales et, dans un sens plus lev, des fonctions psychiques, trouble remontant des semaines, des mois et mme des annes, et qui a prpar lentement l'closion de la maladie. Les premiers signes discrets du trouble psychique sont souvent trs difficiles distinguer, mme pour les spcialistes, de certaines fluctuations de l'tat d'esprit, de l'irritabilit d'humeur, du got et de la capacit au travail, oscillations qui restenfencore dans le domaine de la sant psychique. Il y a encore cette circonstance que mme certains tats d'esprit psychiques et certains modes de raction nettement prononcs et nettement anormaux peuvent tre simplement un rflexe passager et sans signification, rsultant de troubles constitutionnels ou localiss, par exemple dpression et irritation psychiques dans les affections des voies digestives, paresse intellectuelle et manque d'nergie dans l'anmie et la chlorose, incohrence et inconstance psychiques au moment de la pubert. Bien que
importance.
il
permet de
maladie,
offre,
ces
et qu'ils soient
prennent de l'importance
d'une cons-
quand
le sujet a
titution nvropathique.
D'autres
ce fait
fois,
anormaux
est rduite
par
que des vnements antrieurs fcheux les laissent subsister comme l'effet d'une raction qui est encore du domaine physiologique. C'est alors l'intensit et la dure insolite de ces troubles motifs qui donnent les premiers soupons sur l'existence d'une cause pathologique. Assez frquemment, il est difficile d'apprcier cet tat de choses, parce que la psychose en voie de formation ne se dveloppe pas chez une personnalit parfaitement normale auparavant au point de vue psychique, mais elle n'apparat que
comme
247
qu'on a remarqus depuis longtemps (hypertrophie du caractre), et parce que l'individu ne diffre qu'au point de vue quantitatif de son ancienne
personnalit.
Enfin, il faut encore songer ces cas non rares o la psychose provient d'une nvrose gnrale et se dveloppe avec les anomalies psychiques
lmentaires particulires cette dernire. Le tact mdical et l'exprience spciale seront souvent seuls capables de
faire diagnostiquer le
dbut de la mlancolie l o un homme inexpriment ne verrait que de la chlorose, d'interprter la paresse comme une absence morbide de volont, la simple nervosit d'une hystrique comme une affection morale, les effets de la surexcitation crbrale comme les prodromes de la dmence paralytique, etc. Comme fait tabli par l'exprience, on peut formuler cette thse que la folie chronique ne dbute pas par des troubles dans la vie des conceptions (ides dlirantes, illusions des sens), mais par des troubles motifs, par des
tats d'esprit
anormaux et par un changement de l'motivit. L'opinion de Guislain que l'alination mentale dbute par un stade mlancolique, n'est exacte que dans un sens restreint. La crainte, l'irritation, la dpression d'humeur qui prcdent si souvent l'explosion de la maladie mentale, ne peuvent pas tre toujours interprtes dans le sens de
la
mlancolie. La dpression peut tre de nature physiologique, c'est-une cause dprimante qui a un rle tiologique ou
;
bien elle peut tre de nature patliologique, mais reprsenter un phnomne de raction produit par le pressentiment et la crainte d'une maladie mentale, par des phnomnes d'arrt dans les reprsentations, par la
Dans beaucoup de cas de manie, dans tous les cas de folie et de paranoa et aussi dans d'autres formes de dgnrescence psychique, on n'a constat aucun prodrome mlancolique. Par contre dans les cas qui se dveloppent sur une tare, la transition vers le domaine pathologique s'accomplit lentement, imperceptiblement et presque exclusivement par une gradation quantitative de l'ancienne personnalit, accentuation des sentiments, tendances et dsirs anormaux dj existants, ou parfois brusquement la suite d'une cause accidentelle; la date de l'invasion de la maladie peut tre tablie nettement quand l'alination mentale n'a pas son origine dans une prdisposition morbide, quand elle n'est pas favorise par un
germe
ou acquise par une cause accidentelle puissante. du changement des fonctions affectives dont nous avons dj parl et qui peut s'accentuer jusqu' amener une transformation complte du caractre, il y a des troubles essentiels dans la forme du processus
latent
ct
penser, reprsentations obsdantes). produisent des troubles dans la nature de la Ce n'est que plus tard que se conception, des associations d'ides nouvelles, tranges, pnibles ou surprenantes qui, souvent dj, veillent, au dbut de la maladie, le pressen-
timent et la crainte de l'alination mentale. Souvent ces nouvelles ides se manifestent dans la vie des songes, avant que les tats d'esprit et les
248
reprsentations
nettement
le
et
Comme
monde
le
mme que les sensations troubles qui y sont envoyes par les organes priphriques, se manifestent sans obstacle; d'abord dans la sphre inconsciente de la vie psychique.
en outre, des maux de tte, des vertiges, des troubles du sommeil, de la paresse intellectuelles, de l'irritabilit d'humeur ou de l'indiffrence morale, de l'apathie ou de l'inconstance, comme premire expression des troubles de la nutrition et de la circulation qui commencent se produire dans le cerveau. Comme symptmes des troubles des processus vgtatifs qui accompagnent les prcdents, il y a souvent des troubles gastriques, de l'anorexie, le dsir de mets qu'on n'avait jamais dsirs autrefois et de substances dont on n'avait jamais us jusque-l
Il
a,
de
la lassitude et
(alcool).
Comme
il
la
l'closion,
la veille de au malaise d'une maladie fbrile grave, sentiment de faiblesse physique, lassitude, hyperesthsie sensitive et sensorielle, sentiment de
se produit
chaleur.
La transformation de l'tat psychique se traduit de bonne heure par des changements dans l'expression des yeux, de la physionomie et de
l'attitude.
Ces phnomnes prodromiques existent plus ou moins dans tous les cas une personnalit
;
autrefois saine
mais avec
la
lorme de
l'affection spciale
marche chronique
elle s'accomplit le
et
tmes prodromiques.
La folie chronique, semblable en cela aux autres affections crbrales et nerveuses, prsente des alternatives de rmissions et d'exacerbations. Ces alternatives peuvent tre attribues en partie aux variations du
degr d'excitabilit de l'organe nerveux central par les irritations morbides (puisements priodiques, irritabilit augmente par le concours de toutes les excitations variations qui sont d'ailleurs causes par l'vo,
phnomnes
pisodiques du tableau clinique 'angoisse prcordiale chez les mlancoliques) cette oscillation dpend probablement aussi des conditions cosmiques extrieures. Les phnomnes physiologiques intercurrents exercent encore une influence, ainsi que le prouvent les exacerbations qui
;
personnes tares et les personnes atteintes de maladies de l'utrus. Parfois on rencontre (chez certains mlancoliques et dans certaines ma-
249
snile et paralytique) une alternative rigoureusepriodique des symptmes et des sries de symptmes, alternance qui se produit en un jour ou dans l'intervalle de plusieurs jours, et qui presque toujours pourrait tre considre comme de mauvais augure. De mme que la folie chronique se dveloppe lentement, de mme sa mtamorphose rgressive est successive et graduelle, avec des rmissions
dans
la
dmence
et
ment typique
qui deviennent de plus en plus profondes et srieuses. L'amlioration psychique peut concider avec celle des fonctions somatiques (alimentation, sommeil, retour des rgles, etc.); elle peut leur succder, mais elle
les
prcde rarement.
;
symptmes diminue les ides dlirantes, s'il y en a encore, deviennent plus ples, plus fragmentes, et sont branles par le pouvoir de critique que le malade vient de rcuprer les illusions des
L'intensit des
;
les diverses
recrudes-
cences
aprs avoir surmont des tats de torpeur et d'puisement intellectuels, l'ancienne personnalit finisse par se reconstituer. Un coup d"il rtrospectif sur la marche gnrale des maladies mentales
montre ce fait intressant qu'il y a des psychoses qui prsentent une marche progressive ct d'autres qui, aprs avoir atteint leur point culminant, restent stationnaires avec quelques oscillations, et qui, quelle que
soit leur dure, ne se terminent jamais par les tats secondaires de faiblesse psychique. Tel est le cas pour certaines psychoses motives constitutionnelles 'par exemple la mlancolie constitutionnelle) avec caractre raison-
nant,
dans une certaine limite, pour les formes de la paranoa. psychoses marche progressive, il y en a qui ont une marche typique, et d'autres une marche atypique. Les premires (vesania typica, Kahlbaum) ne se rencontrent que chez les individus qui ont une lourde tare. Elles commencent par une mlancolie qui passe Ttat de manie et qui arrive la gurison ou un tat de faiet,
Parmi
les
-.
Ces diffrentes
formes morbides reprsentent alors en quelque sorte les stades d'une maladie typique (psychonvrose). Psychoses combines^ Un fait trs important pour la comprhension clinique de ces cas et qui n'est connu que depuis peu, c'est la runion d'autres formes d'alination une maladie mentale dj existante qu'elles viennent compliquer dans ce cas, les deux ou trois maladies combines suivent chacune leur marche sans s'influencer l'une l'autre. Bien entendu, il ne s'agit point, dans ce cas, des symptmes alternants d'une psychose circulaire, ni des symptmes successifs d'une vsanie typique, ni de l'volution des phases d'une maladie complique, comme par exemple la dmence paralytique il s"agit de la simultanit de deux
dlires.
Maguan, De
la
coexlslence de jilusieurs
2o0
OU
mme
terrain pr-
mentale exemples, d'aprs les observations et d'aprs les rapports publis jusqu' aujourd'hui observai Des cas de parano'ia avec folie pisodique menstruelle
insauity
citer
,
ou de
la faiblesse
acquise
les cas
de Siemens
on doit
comme
Billod,
Ann. Med.
Pstjch., 1879,
;
sept.:
Ally.
parano'ia masturbatoire
Hoestermann,
Zeitschr. f.Psych., 3^, fasc. 3 et 4. trois cas de parano'ia avec paralysie,; des
deux observa-
avec manie priodique observation personnelle) La folie pileptique avec trouble mental du caractre de nature non pileptique Magnan, cas n" 8, folie pileptique avec dlires postpileppersonnelle
^'-'
,
du traitement par
le
bromure de
;
potassium
la folie
;
plus tard des ides obsdantes et du dlire alcoolique Magnan, cas n'^1^); folie pileptique et paralytique (Westphal. Berl. Klin. Wochenschr., 1877, 9; folie pileptique et paranoa
;
(Gnauk, Arch, f. Psych.., XII, 2 cas, 3, 4); dlire pileptique et delirium tremens observation personnelle; Magnan, observation n' 1, 2 et 3); alors le souvenir des faits pileptiques manque, mais celui des faits du delirium tremens peut subsister) 3'' Des cas de psychoses et de folie alcoolique abstraction faite des cas frquents o les excs alcooliques influencent et colorent de manie alcoolique le tableau clinique fondamental, par exemple la manie, la mhm;
paranoa chronique hallucinatoire et dlire alcoolique (Magnan, cas n'^" 3 et 5) dipsomanie et delirium tremens (Magnan, cas n* 6 et 7;. Nous ne pouvons nous engager ici dans les explications et les hypothses forces que Magnan nous donne. La connexit se montre de la faon la plus nette dans la combinaison des psychoses avec la folie alcoocolie, la paralysie;;
;
lique.
La dure de la folie chronique se prolonge, dans les cas de gurison, pendant des mois entiers et mme des annes. La dure du stade d'acm de la maladie ne dpend pas de celle du stade prodromique; par contre celle de la convalescence est habituellement en proportion de la dure et
de la violence du stade d'acm.
Les terminaisons de
tats
la folie
la
gurison
',
des
symptmes,
la
* Autrefois on voyait ces gurisons se produire souvent avec des excrtions dites critiques mais il s'agissait l probablement du rtablissement des fonctions trophiques et scrtoires, rtablissement qui a lieu avec la disparition de la maladie crbrale.
;
2ol
terminaison frquent dans les psychonvroses. Quand elle n'a pas lieu, il se produit dans ce cas des tats de faiblesse psychique. Dans la paranoa, les intermissions ne sont pas rares. La mort peut tre cause par le processus de la maladie lui-mme qui se propage aux cen-
(dmence paralytique, dlire aigu, dmence snile) ou indirectement par l'puisement, par l'inanition qui suit la maladie, par tubercutres vitaux
lose
le suicide et les
accidents.
Le changement pathologique
la
la
base de
maladie, se manifeste ici d'une manire analogue l'accs de la fivre intermittente, par le retour priodique des paroxysmes psychiques (ordi-
nairement la manie, plus rarement la mlancolie, ou les deux combins pour devenir la folie circulaire). Contrairement la marche des psychoses chroniques non priodiques, ici l'closion est brusque, l'arrive l'apoge de la maladie est rapide les rmissions pendant le stade culminant sont moins prononces; la rsolution de l'accs proprement dit est assez subite. Les prodromes de l'accs peuvent manquer compltement ou se produire dans un trs court espace de temps. Ils sont individuellement tout fait mais dans les cas isols ils sont tout fait typidifirents l'un de l'autre ques et souvent comparables sous ce rapport l'aura des accs pileptiques. Ces prodromes se manifestent dans la plupart des cas par des phnomnes fluxionnaires, par de l'insomnie, de l'irritabilit, parfois aussi par de l'oppression et un sentiment d'angoisse, par des maux de tte, des nvralgies, des paralgies, des troubles gastriques, de la constipation. La marche des paroxysmes isols est, en ce qui concerne l'volution des symptmes et la nature de la maladie, rigoureusement uniforme, typique, et ne prsente que des variations d'intensit. Quand le paroxysme a volu, l'ancienne personnalit intellectuelle se reconstitue immdiatement; ou
; ;
bien,
si les accs sont intenses et de longue dure, il y a la suite un stade d"puisement d'une dure variable. La priode de retour des accs peut comprendre des semaines, des mois et mme des annes. Le retour priodique n'est pas rigoureusement typique, des conditions intrieures et extrieures variables pouvant avoir une certaine influence. car aprs un accs L'intensit de l'accs vient aussi en ligne de compte dune violence particulire, celui qui suit est souvent retard. On a Ihabitude d'appeler lucides les intervalles compris entre les paroxysmes. Ils ne sont jamais compltement lucides. A cot des symptmes nerveux de la
;
maladie fondamentale, les symptmes psychiques (irritabilit, changement d'humeur) ne manquent pas ordinairement et il se produit de bonne heure de la faiblesse psychique comme trouble permanent.
1
1878.
252
que, dans
le
le
quand
elle a
pass
com-
plexus symptomatique de l'accs volue de nouveau en recommenant par le dbut. Ils se distinguent de la rcidive par le fait que, dans cette dernire, le nouvel accs est au point de vue clinique diffrent du premier, tandis que l'accs priodique est strotyp et ressemble au premier dans ses moindres dtails et, de plus, pendant l'intervalle, l'individu n'est pas tout fait normal, mais prsente des traces de la maladie fondamentale
varie.
devenue plus ou moins latente. La dure totale de la folie priodique Dans quelques castrs rares les accs ne reviennent plus, soit spontanment, soit sous l'influence de maladies constitutionnelles graves (typhus). Si cela a lieu une poque o les accs frquemment ritrs n'ont pas encore cr un tat de faiblesse mentale, on est en prsence d'une gurison il est plus frquent de voir les accs disparatre une poque o un tat de faiblesse mentale s'est dj produit et plus souvent encore celle-ci se dclare sans que les accs cessent pour cela, parfois mme ils deviennent de plus en plus longs jusqu' ce qu'ils se confondent et finissent par produire une alination mentale continue dans laquelle les accs qui reviennent sans cesse ne reprsentent que des exacerbatious.
;
;
II.
Folie transitoire'.
un mois et mme en un an, psychopalhiques dont la dure n'atteint que l'espace de quelques jours et mme de quelques heures. La dclaration brusque, l'lvation rapide du tableau morbide son apoge avec peu d'oscillations dans l'intensit pendant le stade culminant, la rsolution subite et pour ainsi dire critique de l'accs avec rtablissement immdiat du status psychique quo ante, constituent ainsi des diffrences considrables avec la folie ordinaire (chronique qui ne prsente que, dans certaines de ses formes priodiques, une marche semblable celle de la folie transitoire. On note encore dans cette dernire comme signe caractristique le trouble plus profond de la conscience pendant toute la dure de l'accs avec des absences de souvenir qui ne manquent jamais, et de plus le caractre dlirant de tous les phnomnes cliniques. Ces particularits dans la marche et l'volution de la folie transitoire s'expliquent tiologiquement en partie par le fait que ce genre de folie est toujours un phnomne de raction des influences puissantes, mais qui n'ont
cot de la folie dont l'volution se fait en
tats
on note certains
Voir KrafTt, Die transitorischen Strunffen des Selbsfbeirusstsei/is, 1868. Schwartzer, Tmnsitorisclie Tobsiicht, ^Vien. 1880. Le mme. Die Be>russflosigI:eits-Zi(sf(inde. Tiibingen, 1876. V. lirafTt, Lehrb. der ger. Psychopathol.. 3^ dition, p. 335.
'
MARCIU:.
2o3
cerveau (troubles de
la
circulation, poisons,
les anomalies focde ces phnomnes
motions, fivres).
De mme,
les troubles
de dveloppement congnitaux,
l'elet
anormaux. Souvent c'est un cerveau qui ragit d'une manire anormale dans ses fonctions vaso-motrices, et cette raction anormale (facilit de production d'une crampe vasculaire ou d'une paralysie vasculaire s'tendaut de vastes rgions vasculairesi peut reprsenter une anomalie congnitale, souvent hrditaire, ou bien acquise par des affections crbrales rcentes, par un trauma, par la syphilis, par des maladies en foyer du cerveau, par l'alcoolisme chronique, les tats d'puisement, etc., et
c'est
comme
telle
un phomne partiel de maladies complexes des nerfs et du cerveau. Dans tous les cas, il faut bien retenir cliniquement que la folie transitoire est un type clinique symptomatique. Dans les cas isols, il y a ncessit de chercher la ramener la nvrose spciale ou la maladie crbrale qui en est la cause. Xu point de vue pathognique les cas de folie transitoire peuvent se ramener aux changements brusques de la pression sanguine et de la rpartition du sang par paralysie ou par crampe vasculaire manie transitoire, tats d'anxit transitoires, motions pathologiques) '2" des troubles subits et radicaux dans la nutrition de l'organe psychique causs par le changement qualitatif du sang, c'est--dire par le mlange avec des matires trangres ou par la surcharge de matires d'excrtion ou par le manque de certaines parties constituantes normales qui ne sont
1'^
:
en somnolence, de sopor, de stupeur, et en tats crpusculaires. Dans trouble qui pourrait s'expliquer cette conscience profondment trouble, par des anomalies de la circulation, de la pression sanguine, de la nutrition, allant jusqu'aux phnomnes transsudatifs, peuvent se produire des phnomnes multiples d'excitation sous forme d'hallucinations, de dlires, d'angoisse, des phnomnes d'motion psycho-motrice. Il y a eu plus des phnomnes de raction anormaux. C'est ainsi que se produisent une srie de types cliniques diffrents les uns des autres, types remarquables par le groupement spcial des symptmes, ce qui leur donne une allure particula folie transitoire, consister
et d'inanition).
tats de
lire.
Les folies transitoires neurasthniques, pileptiques et hystriques qui appartiennent ce groupe, rentrent en mme temps dans la catgorie des maladies spciales; elles seront traits dans les chapitres correspondants de
la
et d'inanition
mentale.
sitoire
:
Il
la
nous reste donc ici traiter comme appartenant manie transitoire, les tats d'anxit transitoires,
et les ractions
les
motions
pathologiques
alcooliques pathologiques.
254
.4.
Manie transitoire^
ce
se pro-
duit en quelques heures, qui clate chez des personnes saines d'esprit aupa-
redeviennent aprs ce drangement, qui arrive subitement, est accompagn d'une profonde obuubilation de l'intelligence, de sorte qu'il ne reste aucun souvenir de la priode d'accs. Cette priode constitue donc une lacune formelle dans la contiqui
le
et qui,
la conscience. Sur la base de ce trouble profond de la conson trouve des phnomnes d'excitation psychique (dlires, illusions des sens, anomalies des mouvements) qui prennent l'aspect clinique tantt de la folie furieuse, tantt du dlire aigu hallucinatoire. Le nom de manie convient peu ce type morbide qui se rapproche plutt du dlire que de la manie avec laquelle il n'a tout au plus de commun que la fuite permanente des ides et les mouvements involontaires agressifs d'origine
nuit de
cience,
organique.
L'tat tout entier porte l'empreinte d'une puissante excitation crbrale
qui atteint les centres de la sensibilit, des images mentales et des mouvements, et qui supprime la conscience. Cette excitation est produite par une
violente hypermie crbrale fluxionnaire
;
du moins
de
,
(vertige,
maux
tte,
dissement allant jusqu' l'ictus apoplectique l'irritation, la sensibilit lumire et au bruit qui prcdent l'accs et qui l'accompagnent (tte rouge, chaude, conjonctives injectes, pouls carotidien plein et mou;.
Comme
autres
symptmes
d'irritation crbrale,
on observe parfois
la sali-
phnomnes de crampes partielles toniques et cloniques. Aprs de courts prodromes, l'tat morbide atteint rapidement son point culminant, la conscience disparat, et le malade commence dlirer et rager. Le sujet du dlire et des hallucinations est
vation, le grincement des dents, des
ordinairement de nature terrifiante, mais parfois il s'y mle aussi des dlires de nature gaie. L'agitation du malade, qui n'a plus conscience de lui-mme, est dmesure et sans but; c'est en partie une raction contre les faits dlirants et hallucinatoires, en partie l'expression de l'excitation violente des centres psycho-moteurs. Les rflexes qui se produisent sur les nerfs du langage se manifestent sous forme de hurlements et de cris inarticuls ce n'est que par-ci par-l que se forment des phrases ou des mots dtachs dans cette fuite confuse des images mentales. La respiration et la circulation sont acclres par suite de l'norme jactance le malade est souvent littralement baign de sueur. Aprs une demi-heure, au maximum aprs quelques heures, la crise se dtend, le pouls et la circulation reprennent leur marche normale; le malade puis
; ;
Selhsfbeiri/ssfseins, p. 76
Voir Krafft, Die Lehre von der Mania transiforia, 1865. Transitorische Strinu/en des (nombreuses citations d'ouvrages), et Irrenfreund, 1871, 12. KSchwartzer, Op. cit. Mendel, Die Manie, p. 69.
'
2oo
tombe dans un profond sommeil dont il se rveille parfaitement lucide quelques heures plus tard. Dans quelques cas rares il y a recrudescence du paroxysme aprs le sommeil. Aprs Taccs, quelques traces d'iiypermie crbrale subsistent tout au plus pendant quelques heures encore (vertige, mal de tte); comme suites naturelles du paroxysme, il y a de la lassitude et ua grand besoin de dormir.
il faut mentionner la jeunesse, la constemprament colreux et irritable, la tendance aux congestions cphaliques. Cette dernire tendance, qui constitue une diminution du pouvoir de rsistance des vaso-moteurs, peut tenir des condi-
Comme
causes prdisposantes,
titution plthorique, le
tions congnitales, ou peut tre acquise par les dbauches, les maladies,
les
accouchements frquents,
les
trauma
capitis, la
Comme
la paralysie des
vais-
seaux due aux motions, notamment la colre, aux excs de boisson, au sjour dans une chambre chaude, la chaleur du soleil. Les vrais cas de manie transitoire n'ont t jusqu'ici observs que chez des personnes l'tat de veille. Un accs qui se manifeste pendant le sommeil autorise admettre la prsence d'un dlire pileptique. La
supposition doit tre faite quand des rcidives se produisent. Les rechutes sont excessivement rares dans la vraie manie transitoire. Cette manie est rare et pour la majorit des cas qui figurent sous ce nom dans
il faut admettre une base pileptique et regarder Taccs comme un quivalent pileptique; souvent mme des motions pathologiques et des tats de raction alcoolique, le raptus mlancolique, des dlires hystriques, des accs de manie ordinaire, aigu et
mme
comme
:
Au point de vue du
diagnostic,
il
faut noter
die chez des individus sains avant et aprs l'accs et qui ne sont pas pi-
de
la
un profond sommeil, le trouble grave conscience avec absence totale de souvenir ensuite, les symptmes
et
accompagnent
le
tableau
L'ensemble des phnomnes peut, anatomiquement, se ramener un processus hyprmiant intense, mais transitoire, dans fcorce crbrale et
s'interprter dans ce sens.
Le pronostic est favorable. La terminaison par apoplexie ou par inflammation crbrale n"a jamais t observe jusqu'ici. J'ai dj parl de la grande raret des rechutes. Quant la thrapeutique, il est tout indiqu de s'assurer du malade qui est aussi dangereux pour lui-mme que pour son entourage, de provoquer le sommeil par l'hydrate de chloral, que dans ce cas on ne saurait donner autrement qu'en lavement. Les injections d'ergotiue mritent d'tre essayes ainsi que celles de duboisiue.
236
]y[me]\feii^bert,
Observation Y. Manie transitoire provor/tie par des phnomnes caloriqties. trente-six ans, n'a jamais t malade, sauf quelques rares accs de mi;
graine; vie sobre; sensible la chaleur; issue d'une famille saine pileptiques ni pileptiformes; a souffert depuis quinze jours d'un
violent et d'un catarrhe trachal, eut quelques frissons le 25
sans antcdents
rhume de cerveau
et
fit
novembre 1877
bien chauffer sa chambre o se trouvait un grand pole en fonte. Vers 11 heures du soir, elle sentit tout d'un coup son corps comme glac, ensuite elle prouva une
violente chaleur et
sentit le
sang
lui
monter
la tte. Elle se
mit
dlirer, fut
prise d'une agitation gaie, chantant des chansons, courant tort et travers dans
la
ses enfants.
fit
d'angoisse et
dans sa chambre. La malade tait prise de folie furieuse et elle cumait, rageait, en proie des terreurs. Episodiquement elle riait, chantait et faisait des bouts rimes. La tte tait chaude et rouge, les pupilles dilates, l'irritabilit rflexe trs accentue. Le mdecin
de 30
disait
Raumur
lui
(!)
qu'on
couperait la tte;
gr. 03 de morphine. Il n'y eut aucune dtente. Ce n'est que vers le matin malade s"endormit; elle se rveilla trs lucide aprs quelques heures de sommeil, et tout tonne, elle essaya de s'orienter dans l'hpital o elle se trouvait. La temprature du corps tait au-dessous de la normale. Elle n'avait pas la moindre connaissance de tout ce qui venait de se passer. Elle ne se rappelait que de s'tre endormie avec un sentiment de chaleur. Elle vomissait, se sentait trs lasse, prise de vertige (effet de la morphine); elle se remit compltement. En dehors du malaise catarrhal susmentionn, on n'a trouv aucune maladie
injecta
que
la
physique.
B.
On peut observer
du malade est profondment trouble, o il est importun par des sentiments de vive angoisse et par la crainte de dangers menaants. Ces tatspeuvent durer des heures et mme plusieurs jours. Selon le degr du trouble de rintelligence, le souvenir de la phase morbide est sommaire ou mme manque. L'angoisse peut prsenter les degrs d'intensit les plus
divers, et varier de la simple oppression anxieuse l'arrt complet de-
jective,
de sinistre qui menace et dans lesquelles la peur s'obmanquent rarement. Comme raction de l'angoisse et du dlire se
produisent des impulsions motrices qui de la simple inquitude motrice peuvent aller jusqu'aux violences inspires par une dfense dsespre contre un prtendu danger de mort. L'angoisse excessive et violente prouve ordinairement dans la rgion^ prcordiale avec trouble profond de l'intelligence durant des minutes
Erlemneyer, Melancholla IraisUor. Corr. Blalf. f Psych., \86', 8,9, iO. Schwartzer, Tobsuclit, p, 74. Bonnet, Folie transit, homicide; Ann. mdico-psychol.,.
Transit.
12 avril.
V.
Ij
psychiquement
raction des actes violents et habituellement par le terme de raptus mlancolique. Comme ils se rencontrent pour la plupart dans la mlancolie comme phnomnes pisodiques, ils seront tudis dans le chapitre traitant de cette dernire forme de l'alination mentale. Ici
heures",'
mme
des
provoquant
est
comme
rflexes,
dsigne
nous n'avons aflaire qu'aux tats d'angoisse transitoire qui se produisent isolment chez des individus sains avant et aprs l'accs. Les tats de petit mal pileptique qui s'en rapprochent de trs prs au point de vue symptomatologique, seront tudis dans la pathologie spciale.
tation
la
Pour les tats d'angoisse transitoire il faut aussi admettre une interprsymptomatique et rechercher sa pathognie dans des troubles de
circulation d'origine vaso-motrice et
aigu.
Pour une
srie de cas
comme
comme
des
phnomnes de spasme vasculaire existent dans les artres accessibles lexamen, il est probable que ces troubles fonctionnels existent aussi dans les vaisseaux du cerveau.
Comme
la
forme d'hystrie, d'hypocondrie, de neurasthnie. Cette dernire est d'une importance toute particulire quand elle rsulte de la masturbation. La pubert, la grossesse, la lactation, les menstrues semblent renforcer la prdisposition; puis le surmenage intellectuel et physique, et surtout les
veilles.
Comme
causes occasionnelles
il
faut citer
les
de sang,
Le pronostic est favorable. Les rcidives ne sont pas rares. Pendant malade est trs dangereux pour sa propre personne par suite de son tdium vit; il l'est galement pour son entourage. Les bains tides, les injections de morphine, l'hydrate^de chloral, l'azotite d'amyle
l'accs, le
Leifner,
au moment o il voulait se jeter dans la rivire et a t ensuite amen la clinique de Gratz o il a t reconnu atteint d'alination mentale. Le malade est confus, dlirant, avec entrave des fonctions psychiques; il a l'air boulevers. Il dclare qu'il prouve de l'angoisse, qu'il a vu des noys, qu'il en a frott un avec de la paille; celui-ci se serait rveill et l'aurait empoign. Il prtend alors voir continuellement un homme noir, qui a l'air d'un ouvrier en mtallurgie et qui le suit partout. Voil pourquoi il est toujours plein d'angoisse; enfin il n'a pu trouver d'autre moyen de se tirer de l que de se jeter l'eau. Un
soldat l'aurait empoign et l'aurait
amen
lit
ici.
Pour le moment on ne peut pas qui ramne la couverture de son monstre noir; il passe la nuit dans
quille.
tirer autre
chose de ce malade peureux, confus, par-dessus ses oreilles pour ne plus voir le
Le lendemain encore
(8
janvier 1882),
malade
se
PSYCHIATRIE.
238
Le
9,
mais
comme
mimique devient
travers
un
brouillard. Le 10 janvier, le
malade devient
s'oriente, se plaint
de pression et d'oppression sur la poitrine, que sa tte est tau. Les souvenirs lui reviennent par lambeau.x.
comme
prise dans
un
Le
o,
il
pendant son
travail.
6
sauver.
travail.
Il
La peur ne
rentra chez
lui,
fit
se sentait
irrsistible. Il
et le soir
Il
il
un
un
rda dans
il
les
rues
entra par hasard au thtre. Etant plac aux galeries, la caisse et prit
sortit, erra
passa
il
un
billet
de partei^e.
Il
dans
les
il connat le nom. Le 7, il eut la vagabonda; il se rappelle vaguement avoir vu quartiers par o il a pass et son arrestation. Des faits
du 8 il n'a gard aucun souvenir. Le malade n'a pas de tare hrditaire, pas d'antcdents pileptiques,
potator.
il
n'est
il
pas
en
En
Dans son travail il tait souvent expos la chaleur et il avait souvent prouv du vertige et des maux de tte. Son travail tait trs dur; il avait en outre beaucoup d'motions morales. Depuis trois semaines il avait senti crotre sa lassitude; il avait mal dormi, avait eu la nuit des rves d'incendie, de chute dans un prcipice. Le travail lui tait plus pnible, il tremblait facilement, se sentait fatigu le matin son rveil, transpirait mme par une temprature frache, prouvait une pression insupportable sur la
fut trs affaibli; avant
tte,
il
ne supportait plus
mme
se sentait tout
il avait eu une contrarit violente. Le malade est de taille mo}^enne, assez robuste, un peu anmique, sans fivre. Certaines apophyses pineuses des vertbres dorsales sont sensibles la pression. La rate n'est pas augmente de volume, les fonctions des organes vgtatifs ne prsentent aucun trouble. Il nie avoir jamais pratiqu la masturbation. Aucun soupon ce sujet. Le malade est maintenant lucide d'une faon durable il n'a plus peur. Il prsente comme auparavant des symptmes neurasthniques qui s'amliorent avec un traitement tonique. Le sommeil est troubl par des rves terrifiants. Le 28 janvier 1882 le malade est renvoy guri. Il n'y eut pas de rechute.
;
C.
motions patuologtques
une intensit anormale
et
Les
processus
pour disparatre.
et
On
quand la que ses ractions motrices perdent le caractre d'actes volontaires. Une motion pathologique peut durer pluparait d'une intensit anormale
mme
il
plusieurs jours.
s"agit
Rigoureusement
ne
plus
ici
2o9
provoqu par le choc motif. Celui-ci donne lieu des changements d'innervation vasculaire plus profonds et plus durables que n'en produisent les motions ordinaires, c'est--dire celles qui ne vont pas jusqu'
faire perdre conscience l'individu et qui disparaissent trs vite.
le
Suivant cause de l'motion fpar exemple la terreur), il s'agira de troubles d'innervation vaso-spasmodiques ou vaso-paralytiques (comme la colre). La grande intensit des troubles d'innervation indique que les centres vaso-moteurs ont t touchs par le choc motif. Dans toutes les
genre
et
la
du sang et la pression sanguine subissent un trouble subit et profond, et c'est ce qui explique ce symptme trs remarquable au point de vue clinique, l'obnubilation plus ou moins complte de la conscience, fait auquel correspond, aprs l'accs, un soucirconstances, la rpartition
venir vague ou le
manque absolu de tout souvenir. Le mode d'origine des motions pathologiques est variable. Tout d'abord la nature de l'motion est importante. Seules
les
motions
de nature dpressive, l'angoisse, l'horreur et la colre, amnent une raction pathologique et cette raction se produit d'autant plus facilement que l'motion a t plus inattendue et qu'elle a plus puissamment menac les
intrts de la personnalit (danger
pour
la vie, atteinte
grave l'honneur
civique ou sexuel).
dans lequel se trouvaient les Une irritabilit anormale ou une grande tendance l'puisement peuvent exister chez eux d'une manire permanente ou passagre. La raction anormale des centres vasculaires, quand elle se manifeste d'une manire durable, est souvent le phnomne partiel d'une tare hrditaire (irritabilit morbide d'humeur), d'un arrt de dveloppement du cerveau (imbcillit), d'une nvrose (hystrie, pilepsie, hypocondrie, neurasthnie, chore, etc.), d'un tat de faiblesse crbrale acquise aprs apoplexie (trauma capitis, maladie mentale, etc.), ou d'une maladie crbrale actuelle (commencement de trouble mental,
Cependant, ce qui est dcisif,
c'est
l'tat
centres vasculaires au
moment du choc
motif.
etc.).
Dans
ces tats
il
existe alors
Ractions alcooliques
nerveux vasculaires est provoque passagrement par l'influence dprimante des maladies consomptives douloureuses qui privent de sommeil, par le puerprium, par le surmenage
La
physique
et intellectuel,
par
le
manque
forme de stupeur (par crampe vasculaire ou par paradme conscutif), ou comme une sorte de trouble.
260
Les tats de trouble prsentent des nuances selon que les hallucinations et les dlires apparaissent pisodiquement et ordinairement comme des effets de l'impulsion motive ou bien selon que le trouble comme un plemle de reprsentations ayant le caractre des rves et dont l'association est entrave par suite d'un trouble profond de la perception) existe seul
sans aucune complication. Le trouble des fonctions intellectuelles peut ici encore se compliquer (la terreur) d'aphasie et de paraphasie. La terminaison de ces tats d'motion pathologique a lieu dans la plupart des cas subitement, aprs une dure de plusieurs heures et mme de
plusieurs jours.
ou
mme une
et
11 y a des cas qui provoquent un trouble mental chronique dcadence directe de la vie intellectuelle, une dmence pro-
fonde
durable.
Observation VII. Confusion des ides et ensuite stupeur j^ar suite de terreur. Gauber, onze ans, colier, n d'une mre nvropathe. Pas d'antcdents pileptiques. Le malade s'est bien dvelopp et n'a jamais t malade jusqu' il y a quatorze mois. C'est alors qu'il eut dans une chute un branlement crbral la suite duquel il serait rest sans connaissance pendant plusieurs jours. Depuis quelque temps dj, on observait chez lui une motivit et des frayeurs insolites. Le 22 septembre 1880, son pre le menaa de lui appliquer une verte correction. Il fut saisi d'une grande peur, se sauva par crainte et fut plus tard ramen la maison tout confus et boulevers. Il n'tait plus le mme l'cole et ne comprenait plus rien
25,
il avait toujours le regard vague et fix devant lui. Le 26, quand il est reu la clinique, le malade est tout troubl et ne parle pas. Il se dbat contre tout examen, la bouche ferme. Il n'a pas de fivre. Le pouls, 60, est trs petit. Aucun signe de dgnrescence. Le malade est dvelopp normalement pour son ge, un peu anmique. Abandonn lui-mme, il se met sur la tte, jambes en l'air, se couvre la figure avec les mains et les couvertures du lit, se roule sur le plancher. Trouble profond de l'intelligence. Par moments sa mine bouleverse est anime par un sourire. Les pupilles sont constamment trs dilates, mais elles ragissent. Les nuits sont calmes. Jusqu'au 30,1e malade est troubl et se blottit dans les coins. Le 28 et le 29, il a de la salivation pendant quelques heures; il dchire sa chemise, puis son chapeau, regarde d'un air goguenard, chante, siffle par moments. Quand on lui parle de l'tat de sa sant, il rpond par un sourire malin
je ne sais pas i. Le 30 au matin, le malade, aprs avoir bien dormi la nuit, est redevenu sain d'esprit. Il n'a qu'un souvenir trs sommaire de ce qui vient de se passer. Il ne peut rien dire de ses hallucinations et de son dlire. Il ne se connaissait plus, dit-il, il tait tout bte il se sent maintenant comme s'il venait de se rveiller d'un l've confus. Le malade est rest sain depuis.
en disant
D.
2C1
folie
comme une
de
la
comme une
transitoire.
La quantit
et la qualit
sont dterminantes dans ce cas. Dans tous les cas le mode d'origine de ces tats est moins directement chimique (troubles de la nutrition des cellules
ganglionnaires de l'corce crbrale, intoxication) que dynamique par suite d'une influence qui paralyse les vaisseaux, agit sur les centres vaso-
moteurs et cause ainsi un tat fluxionnaire. Les conditions tiologiques sont essentiellement les mmes que celles qu'on a notes pour les tats d'motion pathologique, mais c'est surtout
continus qui joue ici un rle important. Les causes occasionnelles sont, outre l'usage de l'alcool, les motions, les jenes, les nuits sans sommeil, les influences caloriques.
l'influence dbilitante des excs alcooliques
y a des tats crpusculaires dlirants et des tats d'excitation hallucinatoire dlirante, mais seulement quand l'abus alcoolique dure depuis longtemps on rencontre, en outre, des tats de manie transitoire. Le delirium acutum rappelle beaucoup le grand mal des pileptiques.
Il
;
symptmes plus ou moins nets d'une intoxication alcoolique, il une angoisse croissante ayant les allures d'un aura et des hallucinations terrifiantes de ioue et de la vue. La conscience s'teint. Le malade erre, vagabonde, tortur par une angoisse terrible et par des halAprs
les
se produit
lucinations nombreuses,
il
il
est
comme
rage quand son agitation anxieuse a atteint son apoge. Dans Fintervalle des rmissions une sorte de stupeur peut se produire. Aprs quelques heures et mme aprs quelques jours, le malade reprend conscience, mais avec une amnsie pour tout ce qui vient de se produire pendant l'accs. Au point de vue du diagnostic, il faut, pour distinguer cet tat d'une
ivresse ordinaire, prendre en considration
1 Qu'il
l'effet,
:
y a une disproportion entre la quantit de boisson ingre et parce que des conditions organiques intrieures ou accidentelles se
l'effet n'est
sont surajoutes
2'^
pas la
mme que
dans
gradation successive des symptmes alcooliques qui existe dans l'ivresse ordinaire. L'tat d'ivresse pathologique se manifeste tout de suite, au dbut de l'excs, ou longtemps aprs, la suite d'un phnomne motif qui augmente la congestion alcoolique latente.
manque
la
il y a aussi une diffrence entre cet tat produit un dlire plus ou moins incohrent, un trouble profond de la perception d des illusions des sens, des phnomnes maniaques avec actes instinctifs allant jusqu'aux explosions de
Au
et l'ivresse ordinaire. Il se
Les mouvements ne sont pas chancelants, ataxiques comme chez les gens ivres, mais ils ont un caractre maniaque; ils sont srs, vigoureux, nergiques.
2G2
Au trouble profond de l'intelligence correspond une absence de souvenir complte pour le temps du paroxysme. Le paroxysme est prcd par des symptmes de congestion crbrale (rougeur fluxionnaire, mal de tte, ces mmes symptmes racvertige, hyperesthsie des organes sensilifs) compagnent.
;
Observation
et
a prrit;nt
Planitz, Etat crpusculaire dlirant aprs usage d'alcool. il y a quelques annes, un typhus grave depuis une intolrance surprenante pour l'alcool. Pas d'antcdents
VIII.
pileptiques.
Le
alla
13
mars,
le
il
s'enivra en gaie
il
quitta le cabaret,
chez
caissier,
pendre si sa demande n'tait pas accueillie. Quand on lui eut dit de repasser dans une heure, il rentra chez lui, fit de ses meilleurs habits un paquet, et l'apporta au Voil mes effets, prends-les, moi je vais me pendre. cabaretier en lui disant Il sortit en courant, grimpa sur un enclos haut de sept pieds, ensuite sur un arbre, attacha celui-ci une corde et s'y pendit. On tait accouru derrire lui, on coupa vite la corde et le malade qui tait dj asphyxi fut rappel la vie. Alors il se mit rager, il tait inabordable et ce n'est qu'avec beaucoup de peine qu'on put le dompter. Le 16, il tait calme, puis, et c'est dans cet tat qu'il fut amen l'asile. L il reprit ses sens le 18 et parut tout tonn. Il ne savait rien de ce qui s'tait pass depuis qu'il avait quitt le cabaret. Sur son cou existait encore l'em:
preinte de la strangulation.
gnait de
Il
tait
maux
de
tte, avait
20
mars
et le
Mohrbeck,
que
lui
d'un
potator, autrefois sain, n'a jamais t pileptique; s'est depuis quatre mois souvent
enivr, par suite de la contrarit
et,
dans ces
anxieuse dlirante et prsent des symptmes d'alcoolisme au dbut (malaises gastriques, vertiges, mal de tte, mauvais sommeil troubl par des cauchemars, des
visions d'animaux).
le
qu'il
ne
fallait et
prsent des
alla chez
de
les
fit un prtexte son client dans la rue, alla avec lui dans un cabaret o M apporter une bouteille de vin. Tout d'un coup ce dernier devient agit, se met pousser des jurons et faire du tapage de sorte que la poUce dut intervenir. A l'arrive l'hpital il tait congestionn, gravement troubl dans son intelligence, agit, confus, en colre, dlirant, mais sans fivre. Bientt il s'endoi"mit; il se rveilla le 12 au matin tout faic lucide et n'ayant qu'un souvenir de rve de tout ce
Il
le
L'observation laquelle on
soumis par
dehors des symptmes d'un alcoolisme lger, qui disparurent bientt. Le 17 fvrier,
M... fut renvoy de la clinique d'observation.
CHAPITRE
MORTALIT.
II
normaux
moins aptes
rsister aux intempries extrieures; en partie par le fait que le trouble psychique donne lieu des irrgularits dans l'alimentation, dans le genre
de vie et qu'elle entrane des troubles profonds de la nutrition fanmie) par l'influence directe ou indirecte qu'elle exerce sur les organes vgtatifs; qu'elle rend les malades insensibles aux intempries extrieures (froid,
impressions douloureuses, etc.; et qu'ainsi elle les amne s'y exposer davantage. Chez les mlancoliques il y a de plus une respiration souvent dfectueuse et par consquent une dcarbonisation incomplte du sang chez beaucoup de dments les mouvements physiques sont insuffisants. De plus les alins qui ne sont pas soigns dans les asiles sont ordinairement ngligs, ou bien ils s'opposent ce qu'on les soigne; ensuite, dans les asiles, pour la plupart trop encombrs, la vie en commun avec beaucoup de personnes, dans un espace restreint, exerce une influence antihyginique enfin il faut encore tenir compte de ce que la maladie crbrale peut s tendre d'autres parties du systme nerveux qui ont une importance vitale. L'alination mentale n'ofire pas d'immunit contre aucune maladie. Toutes les maladies aigus ou chroniques qui se reucontreut chez les personnes normales sont observes aussi dans les asiles d'alins. Grce leur moindre capacit de rsistance, les alins sont plus facilement atteints par les maladies pidmiques, quand il s'en produit dans les asiles; aussi leur mortalit est-elle plus grande. Le carcinome parat se rencontrer un peu plus rarement chez les alins que chez les gens sains
;
;
d"esprit.
mme quand
le
parce que
trouble
de l'intelligence
et l'analgsie
les troubles
Tliore, Ann. md. psj/choL, 1844, 1846. Uagonet, Traite, Annall universali dl Medicina, 1879, voL 249.
117.
Seppilli
e Riva,
2G4
subjectifs de se manifester.
que
dans
pratique des maladies d'enfants o du moins le praticien voit se manifester des sentiments de douleur. Aussi le typhus, la pneumonie et d'autres maladies graves ont souvent une allure ambulatoire et ne sont
la
reconnues qu' l'agonie ou sur la table de dissection. Comme il s'agit ordinairement d'individus affaiblis, cachectiques, le pronostic est sans exception plus mauvais que chez les individus sains d'esprit. Un rle principal parmi les affections somatiques des alins revient l'anmie constitutionnelle, notamment chez les individus du sexe
fminin.
Beaucoup d'alins chroniques meurent simplement d'anmie et de marasme. Ou doit admettre des causes trophiques inconnues en connexit avec la maladie centrale (sympathique?) pour expliquer certaines de ces anmies qui rsistent tous les moyens dittiques et mdicamenteux, qui commencent avant la pubert et persistent pendant toute l'existence de
lindividu atteint.
Les affections inflammatoires des organes de la respiration sont trs importantes et trs frquentes. Les pneumonies sont la cause de la mort dans environ un sixime des cas. Les poeumonies hypostatiques sont particulirement frquentes dans les dmences marastiques et on peut les attribuer l'affaiblissement du cur et au ralentissement de la respiration.
Gaye, Allg.
569. La pneumonie croupale n'est pas rare non plus et son dveloppement est favoris par le chaud et le froid auquel s'exposent beaucoup de malades, notamment les fous furieux.
Comme
la
pneumonie
manque
les seuls
symptmes extrieurs
de
la
maladie au dbut.
l^2o;
La tuberculose
frquente dans les asiles d'alins. Dagonet a trouv sur 4-28 dcs 109 cas o la mort
Hagen confirment aussi ce fait que les alins succombent cinq fois plus frquemment la tuberculose pulmonaire que les individus sains d'esprit,
et
que, chez les tuberculeux, l'alination mentale est cinq fois plus frquente que chez les non tuberculeux. Ce fait s'explique probablement en partie par la constitution nvropathique qui est souvent la base de ces deux maladies, mais en grande partie par l'alimentation insuffisante des alins qui jenent et notamment des mlancoliques qui de plus respirent d'une manire incomplte, enfin par le manque d'hygine des asiles qui sont trop encombrs. La gangrne pulmonaire n'est pas rare comme phnomne d'inanition chez les malades qui jenent, mais elle peut tre souvent cause aussi par
265
rentre de parcelles alimentaires dans les voies ariennes par suite de Talinientation artificielle mal applique (L. Meyer La gangrne est aussi quelquefois un phnomne partiel de processus
.
et
Dans la gangrne d'inanition, la maladie prend la marche suivante dabord un amaigrissement se produit, il y a de la fivre, de la dyspne, du catarrhe, des douleurs thoraciques, une grande faiblesse muscules extrmits sont froides; ajoutez cela des sueurs, une teinte laire
:
tout
ple de la peau et la cyanose des joues . Les crachats et l'haleine deviennent d'une ftidit excessive; les signes
physiques de la condensation pulmonaire, la pleursie, mme le pneumothorax et des hmorragies pulmonaires peuvent se produire. Alors la mort a lieu par anmie, pymie, pneumothorax, hmorragies profuses, au bout de dix jours, tout au plus de trois semaines (Fischelj. Le catarrhe intestinal avec rosions catarrhales n'est pas rare chez les alins et est parfois la cause de la mort (marasme). Le manque d'apptit, le mtorisme, la chute rapide des forces, des diarrhes qu'on ne peut
arrter sont les
phnomnes
les
"-
plus importants.
Les affections chirurgicales qu'ils dterminent en se blessant eux-mmes ou par les blessures qu'ils reoivent, sont trs frquentes chez les alins. Le furoncle et l'anthrax sont assez souvent la consquence des infections et des lsions de la peau chez les malades malpropres, qui se barbouillent
avec leurs excrments et fouillent les ordures. L'introduction de corps trangers dans les cavits naturelles du corps par simple amusement, par excitation sexuelle ou par suite du tdium
vit, a lieu assez souvent.
tels
Des instruments qui servent l'alimentation, que des fourchettes, ont t avals par des alins. L'rysiple de la face se produit par suite de lsions ou de malpropret de la membrane pituitaire; les catarrhes oculaires sont souvent occasionns par le fait que les malades se souillent les yeux avec de l 'urine, des
glaires vaginales, etc.
Le dcubitus, comme phnomne neurotrophique, est favoris par la malpropret chez les alins paralytiques et ceux qui sont dans le marasme. Une grande fragilit des os n'est pas rare, notamment chez les paralytiques. Elle va souvent de pair avec une grande dperdition des sels calcaires, et se manifeste surtout aux crtes osseuses qu'on peut alors couper
au couteau. Des contusions insignifiantes suffisent pour produire des fractures de cotes qui alors entranent souvent une pleursie.
1 Comparez Guislain, qui a dj appel l'attention sur la couleur fonce, rouge brun, plus tard cyanotique, des joues, comme signe diagnostic.
Allen
Christian, Aiin
md.
f.
Psych., 39.
266
Les embolies graisseuses' des vaisseaux pulmonaires se montrent chez alins agits et sont causes par des contusions et des ruptures du pannicule adipeux. C'est Jolly qui a le premier indiqu ce fait. Il se
les
dyspne, de la cyanose, du collapsus et ensuite la mort. L'aul'examen microscopique, a fait constater que les vaisseaux pulmonaires taient remplis de gouttes de graisse jusque dans leurs plus fines ramifications. A l'endroit de la contusion o la rsorption de la graisse se fait, on a plusieurs fois trouv une inflammation gangreneuse ou purulente.
produit de
la
topsie, aide de
Un phnomne remarquable
et externe
laire,
(othmatoma du
et
auriculce qui se
montre
le
plus souvent
la partie
suprieure
conque, sur l'hlice et sur le conduit auriculaire ordinairement l'oreille gauche, plus rarement l'oreille droite, parfois toutes les deux. C'est une tumeur circonscrite, rouge bleutre, fluctuante, plus ou moins grande, au-dessus de laquelle la peau parat intacte. Elle se dveloppe rapidement, reste ensuite stationnai re pendant des semaines et mme des mois, et disparat en laissant comme traces une atrophie de l'oreille. Il s'agit d'une extra vasation de sang entre le pricondre et le cartilage; d'autres (Gudden, croient que cette extravasation se fait dans le cartilage lui-mme, qui n'est pas altr microscopiquement. Quand le sang se rsorbe, le pricondre se rtrcit et entrane avec lui l'autre partie de l'oreille. De l vient la dformation que laisse cette infirmit. Comme le pricondre produit sur sa face intrieure de nouvelles couches cartilagineuses, il se produit un paississement du cartilage auriexterne,
rarement dans
qui atteint
culaire.
y a deux versions. Un comme neurodyscrasique. Ils font observer que l'hmatome produit souvent des hyprmies neuro-paralytiques des oreilles (paralysie des vaisseaux des nerfs vasculaires de l'oreille externe qui suivent le trajet du trijumeau;, qu'en gnral il ne se rencontre presque jamais chez les individus normaux, mais presque exclusivement chez les alins et encore dans les tats graves et avancs (dmence paralytique, tats de faiblesse psychique secondaire) o il y a des troubles vaso-moteurs profonds des centres nerveux qui se manifestent par des dmes, des ecchymoses, du dcubitus, etc. Un trauma insignifiant, mme une petite augmentation de la pression vasculaire suffisent alors chez ces malades, dont les parois vasculaires sont souvent dans un tat cachectique et ont subi des troubles de nutrition, pour produire une extravasation de sang, tandis que chez les fous furieux
Quant
l'origine de cette
maladie intressante,
il
certain
cette affection
Jolly, Arch.
2
f.
1.
Fischer, Allg. Zeitschr. f. Psych., 5. Gudden, Ib'ul., 17. Damerow, Ibid., o. Jung, 18, Furstner, Arch. f. Psych., III, p. 353. Bouteille, Ann. md. psych., 1878,
juillet.
267
que l'otlimatome
se
paralytiques chez qui, la suite des hypermies neuroparalytiques, une no-formation de vaisseaux a lieu non seulement dans le cerveau, mais aussi dans d'autres organes. Les vaisseaux nouvellement
ment chez
forms ont peu de force de rsistance contre les forces extrieures et contre l'augmentation de la pression sanguine. Hoffmann a pris l'othmatome pour une inflammation hmorragique du cartilage analogue la pachymningite hmorragique. L. Meyer a admis comme cause de l'othmatome de petits enchoudromes du cartilage de l'oreille qui sont souvent trs riches en vaisseaux et amnent une extravasation du sang dans le cas de traumatisme insignifiant. Il l'a rencontr frquemment aussi chez des malades qui n'taient pas
des alins.
se sont dclars,
il
a toujours
pu
s'est
ensuite produit.
Tothmatome. A l'appui de
de
l'oreille est
on fait observer que le cartilage qu'une action mcanique violente peut provoquer l'othmatome chez les personnes saines d'esprit, ainsi que
cette opinion
(?j
toujours dchir
et
aux
oreilles
mutiles, que l'oreille gauche est plus souvent atteinte, parce qu'elle est
plus accessible aux coups ports en avant avec la main droite (le poing du garde-maladei, et que, dans les asiles o l'on sait empcher de frapper les malades et ceux-ci de se frapper eux-mmes, les cas d'othmatome ne se rencontrent gure. Stahl compare l'othmatome, au point de vue de sou
l'hmatome cphalique des nouveau-ns. La discussion sur ce sujet n'est pas encore close. La vrit se trouve probablement entre les deux extrmes. Si Ion pense qu'il faut une force mcanique considrable pour provoquer l'othmatome chez les indiorigine,
vidus sains,
il
il
y a
du moins une prdisposition considrable l'hmatome, que cette prdisposition soit due une maladie dyscrasique des vaisseaux ou des hypermies neuro-paralytiques ou des enchoudromes. La circonstance que l'othmatome existe surtout l'oreille gauche ne
prouve rien en faveur d'une interprtation traumatique dans le sens susdes maladies vgtatives comme les pneumonies, les nvralgies, etc., se manifestent ordinairement sur la moiti gauche du corps que sous un certain rapport on peut considrer comme un locus minoris resisindiqu;
tentiae.
En ce qui concerne l'othmatome des individus normaux, ou devrait, dornavant, bien examiner si, en ralit, ces derniers ne prsentent pas de tare. Un jour, j'ai fait la connaissance d'un collgue qui avait l'oreille gauche atrophie par suite d'une othmatome. Etant petit garon, il avait t un jour pris par l'oreille par l'instituteur. Mes recherches m'ont appris
268
qu'il
homme
y avait daus sa famille plusieurs alins, qu'il tait lui-mme un excentrique et originairement anormal. Le traitement expectatif est, d'aprs l'exprience, le parti le plus sage prendre en face de l'othmatome. Koeppe {De hmatom. cartilag. nas., thse de doctorat, 1867) a not des
faits
CHAPITRE
III
Uue des tches qui comporte les plus graves responsabilits pour l'aliniste, est l'tablissement du pronostic. On le demande souvent et pour les raisons les plus diverses. Tantt ce sont des membres de la famille qui, par
compassion ou cause d'intrts financiers en jeu (continuation de bail, conservation ou liquidation d'une afaire, etc.), demandent connatre l'issue de la maladie; tantt ce sont les autorits qui veulent s'instruire soit pour savoir s'il y a ncessit de mettre sous tutelle le malade, soit qu'il s'agisse de fonctionnaires et que l'on veuille tre fix sur la question de leur rintgration ou de leur mise la retraite, soit qu'il s'agisse de transporter des condamns dans une maison d'alins quand ils sont incurables, soit enfin dans certains pays o l'alination mentale incurable est une cause de divorce. A la responsabilit s'ajoute encore la difficult technique cause par les lacunes qui sont si frquentes dans les renseignements sur l'origine, la constitution, la vita ante acta, par l'incertitude de la pathognie, par la latence temporaire des symptmes morbides et par l'tat de la smiotique qui, jusqu'ici, consiste simplement en une certaine somme de faits obtenus par voie empirique. Voil pourquoi nous ne serons que rarement en mesure d'tablir le pronostic avec certitude et dans la plupart des cas nous devrons nous contenter d'une probabilit approchant la certitude. Le pronostic peut porter sur la probabilit de la conservation de la vie du malade, sur le retour de la sant psychique, sur les rechutes de la maladie et sa transmission par hrdit.
I.
Pour
le
l'alination
mentale abaisse
moyenne de
la
dure de
la vie,
La cause
1 Guislain, Maladies mentales: traduit en allemand par Lahr, p. 338 (citations des ouvrages anciens). Morel, Trait des mal. ment., p. 495. Flemming, l'si/chosen.
270
eu
en partie dans la plus grande mortalit de ces malades, notamla tuberculose, ainsi que dans le pronostic plus
les maladies qui viennent compliquer la folie; en partie aussi dans ce fait que le trouble nutritif du cerveau entrane facilement des troubles histologiques dlire aigu, etc.), ou de l'inanition du cerveau ou des complications dme crbral, convulsions). Ajoutons cette circonstance que souvent la psychose provoque des auto-blessures, le refus de nourriture, et qu'elle a une action puisante par les motions et rinsomnie. Le pronostic quoad vitam dpend directement P De la nature du processus morbide les maladies idiopathiques, la dmence paralytique et les processus analogues mnent toujours la mort; De l'ge un ge avanc il se produit facilement un puisement
: :
:2'-'
mortel
3"
Du
stade
et
est
orageuse
et
de la marche de la maladie plus la marche de la maladie plus la maladie est de rcente date, plus les cas de dcs
:
sont nombreux.
D'aprs Bhier sur 17,167 alins 12 p. 100 sont morts dans le premier mois-de la maladie, 7 p. 100 dans le second, 6 p. 100 dans le troisime. Dans les priodes suivantes de l'alination mentale la mortalit baisse considrablement, mais elle reste cinq fois plus grande que celle des individus normaux du mme ge Hagen, Statist., Untersuch., p. 281,. Chez certains individus, le fait que les motions disparaissent avec les
progrs de
genre de vie rgl, rgulier et purement pour effet de conserver la vie. Ainsi certains pensionnaires des maisons de sant ont atteint quatre-vingts quatre-vingtdix ans et ont t pendant cinquante soixante ans alins.
la
maladie, puis
le
II.
Pronostic
de la gurison.
Le pronostic quoad valetudinem parait particulirement difficile. Ici il ny a pas un seul critrium infaillible pour l'impossibilit de la gurison. L'anamnse, l'tiologie et la pathognie, la marche, l'accumulation de certains symptmes sont des points d'appui pour le cas examiner et qu'on doit toujours juger dune manire concrte '. En gnral, on doit considrer Talination mentale comme une maladie curable si elle est soumise
Paris, 1880.
Schle [Handb., p. 365) envisage les psychoses comme une affection des centres psychiques, qui, en gnral, se l'attache au legs hrditaire et aux volutions physiologiques des ges de la vie, spcialement au dveloppement crbral individuel et au degr d'intensit de la forme morbide qui peut se prsenter isolment.
271
Le pourcentage des gurisons oscille entre 20 et 60 p. 100 dans les meilLa difrence dpend de la frquence des accidents dgnratifs dans la population, du degr d'instruction des mdecins qui savent reconnatre et traiter temps la maladie, enfin du degr d'instruction du public qui reconnat la valeur de l'internement temps dans l'asile. Des points de repre gnraux pour le pronostic sont fournis par la dure, la marche, les symptmes isols et les conditions tiologiques de la
leurs asiles.
maladie.
y.).
Dure.
Ici
pronostic est dfavorable. La possibilit de la gurison est peu prs en raison inverse de la dure de la maladie^Les
gurisons les plus frquentes (jusqu' 60 p. IGOj sont obtenues dans les premiers mois dans le deuxime semestre il n'y en a plus que 2o p. 100 et dans
;
le chiffre est rduit 2 ou o p. iOO. D'ailleurs on ne peut pas fixer un dlai absolu pour la possibilit de la gurison. Il y a mme des cas rares o, aprs une dure de plusieurs annes, la gurison
la
deuxime anne
s'est
et
mme
la suite
d'un coup
la tte
-.
la
mnopause
encore influence par les condiun cas peut devenir incurable aprs une courte dure, cas qui, dans les conditions favorables qu'offrent la plupart des asiles, aurait eu encore pendant longtemps des chances de gurison. i). Marche. L'explosion brusque d'une psychose comporte en gnral
est
dur des annes, peuvent disparatre. La loi que nous venons de formuler
la
sous l'action continue d'agents nuisibles. Dans le premier cas, la maladie prend une marche plutt imptueuse, aigu, et ne permet pas aux symptmes isols de persister et de produire tout leur effet psychique;
dans
lit,
le second cas, il y a une transformation morbide de toute la personnamtamorphose qui s'accomplit successivement, avec une tendance
funeste systmatiser
alors s'attendre
C'est le contraire
les ides
dlirantes
qui se
la
forment. maladie.
On peut
quand
il
s'agit
de
la rsolution
du trouble la gurison est une lysis qui s'accomplit successivement avec des rmissions devenant de plus en plus considrables. Plus un tableau morbide est, dans ses dtails, empreint du caractre
bientt d'un retour
;
'
iiied.,
-
Belhomme. Aiui. uid. ps/jc/iol., 1849, oct. XXVI (avec lillrature presque complte).
Fiedler,
Deidsc/tes Arc/iic.
f.
Klin.
Schenk, Observt, med ;/., IIolTmann, Oper. sappl. seciind part., 10 et 15. Arnold, traduit par AUermann, 1788, p. 113; Alhi /'. l'si/ch., 8, 1, obs. 8 et 9. Stenger, Ihid .^ 37, p. 7*25 (gurison Javorsky, lijid., 35, p. 664. p. 274; 13, p. 254. d'une folie durant depuis des annes, aprs suppuration profuse la suite d'une foulure de jambe). Leppmann, Zeitschr. f. Psycli., 42, fasc. 5, p. 219.
lib.
272
plus le pronostic d'une psychose bnigne et incurable (psychonvrose" sera favorable. Une volution progressive des symptmes qui deviennent
comme
lorsque la folie est uue transformation qui une marche protiforme ou rigoureuse-
ment priodique en
en gnral de mauvais augure. Un changement des symptmes, pourvu qu'il ne soit ni protiforme ni priodique, comporte un pronostic plus favorable que leur tat stationnaire,
rantes, et
notamment un changement des illusions des sens, des ides dlidu systme dlirant. Au point de vue du pronostic, il est ici de la plus grande 7). Etiologie. importance de savoir si la psychose est due un hasard dfavorable qui a
agi
comme
cause ou
si elle
entire de
mentale se dveloppe sur une tare, si elle est en connexit pathognique avec un dveloppement et une formation du caractre anormale ab origine, si mme elle reprsente seulement une accentuation pathologique des anomalies du caractre, si elle prsente un dveloppement progressif des phnomnes psychopathiques qui au dbut n'taient que nerveux et lmentaires et qui par progression passent des formes de plus en plus graves, alors le pronostic est presque sans exception mauvais, surtout quand l'closion de la maladie n a pas t subite, mais qu'au contraire elle est ne imperceptiblement de la tare et de la formation psychique anormale de l'individu. C'est essentiellement ce point de vue qu'il faut envisager la question de Ihrdit qui souvent est trop gnralise quand il s'agit d'tablir un
Si l'alination
^
pronostic.
Si le facteur hrditaire consiste
la
maladie, ne
s'est
comme un
de dgnrescence fonctionnelle, le pronostic est assurment plus favorable que dans les cas o il n'y a pas de prdisposition hrditaire. Les causes accessoires agissent ici, il est vrai, et rendent malade lndividu, mais sans atteindre profondment lorgane psychique qui manque d'quilibre fonctionnel, et qui, aprs disparition du trouble provoqu, reprend facilement son quilibre normal; par contre, quand, sans aucune prdisposition,
^ Jung {Allr/. Zeilsclir. f. Psycli., XXI, p. 641) a' trouv en gnral dans les cas hrditaires 4.0,5 p. 100 de gurisons chez les hommes et 46,9 p. 100 chez les femmes, tandis que le chiffre des gurisons n'tait que de 38.37 p. 100 chez les hommes et 38.5 p. 100 chez
les
trouv, en divisant soigneusement en prdisposs, tars et congnitau.x, dans la premire catgorie. 58,4 p. iOOde gurisons chez les hommes, 57,7 p. 100 chez les femmes dans la deuxime catgorie, 16,1 p. 100 chez les hommes, 13,2 p. 100 chez les femmes; dans la ti'oisime calgorie, Op. 100 dans les deux sexes.
les cas hrditaires
,
femmes, quand la maladie n'tait pas hrditaire. Moi-mme MZ/ry. Zeitschr. f.Pi-ych.), 26, fasc. 4 et 5), j'ai
273
une cause accidentelle amne un trouble psychique, l'efet est bien plus profond et plus important et pour cette raison plus difficile gurir.
Le cas n'est plus le mme quand l'hrdit se traduit par des anomalies de caractre, des excentricits existant l'origine par suite du dveloppement ingal des diverses nergies psychiques, symptmes dus une tare, et que la maladie reprsente le dernier anneau de la srie des phnomnes
volutions psychopathiques. Le pronostic est mauvais. Dans le cas de maladie psychique congnitale (paranoa originaire, folie morale) il n'y a pas d'espoir. Quand la tare se manifeste par un tat de faiblesse psychique ongnitale et qu'une psychose se dveloppe chez ces individus qui sont des imbciles, le pronostic pour le rtablissement du statu quo ante est
et
les
ct de ces psychoses dues des tares se placent immdiatement, pour la gravit du pronostic, les troubles mentaux idiopa-
tte,
apoplexie, une mningite, etc., a dans la plupart des cas un pronostic dfavorable. Les cas les plus favorables paraissent encore tre ceux de syphilis crbrale, mais il est probable que dans la plupart des cas il ne
que de gurisons dfectueuses. Le pronostic des troubles mentaux sympathiques est bas essentiellement sur la question de savoir si la cause sympathique peut tre supprime ou non. Les cas les plus favorables sont les psychoses causes par anmie, par
s'agit l
des troubles menstruels, par des affections curables du tube digestif et des organes gnitaux. Les psychoses provenant d'une maladie de cur ou
d'une tuberculose pulmonaire ont un pronostic assez mauvais. La folie postfbrile a un pronostic variable selon qu'elle est base sur des complications crbrales graves ou qu'elle est simplement l'expression d"une anmie et d'un tat d'puisement.
La folie par excs alcooliques offre un pronostic favorable quand il s'agit d'un accs isol. Les rechutes sont naturellement l'ordre du jour. La folie chronique des buveurs constitue un trouble crbral idiopathique grave et comporte tout au plus une gurison laissant sa suite des dfectuosits. La folie par puisement sexuel et par onanisme ne permet d'oprer une gurison que dans les stades de dbut, lorsqu'elle affecte la forme d'un
trouble motif.
Les troubles mentaux de la grossesse, du puerprium et de la lactation terminent par la gurison dans la plupart des cas. La grossesse qui arrive au cours d'une psychose dj existante rendrait, d'aprs Marc, Ripping et Dittmar, le pronostic de celle-ci presque absoluse
'
Schmidt value pour ses observalions personnelles le pourcentage seulement 36,2 100; Holm 40 p. 100; Ripping 42,8 p. 100; Liibben 63,4 p. 100; Reid '; 71,5 p. 100; Macdonald 81 p. 100. Les psychoses de la grossesse, dit Schmidt, donnent 35,3 p. 100, celles des couches 39,3, celles de la lactation 31,7 p. 100 de gurisons. Dans toutes les circonstances la manie est plus favorable que la mlancolie. Ces statistiques ne comprennent que les cas graves traits dans les asiles.
'
p.
PSYCHIATRIE.
18
274
{Centralbl., 1882, n" J4) conteste cette opinion en invoquant quatre cas de son observation personnelle qui ont eu un
L'explosion d'une maladie psychique dans la jeunesse est beaucoup plus quand elle a lieu un ge trs avanc. Il est ici souvent
s'il
existe ou
du
mme quand
un ge avanc.
Les psychoses de l'enfance, probablement cause de leur tiologie base ordinairement sur une tare hrditaire et sur des phnomnes organiques, donnent un pronostic assez dfavorable et compromettent en outre le dveloppement rgulier de la vie psychique. Les psychoses qui apparaissent aux phases physiologiques de la pubert
et
de la mnopause ne comportent un pronostic favorable que quand elles simple prdisposition et non pas d'une
folie
La
elle a
un
base hystrique ou mieux nerveuse n'est favorable que quand quand elle ne reprsente qu'un
;
marche d'une neuropsychose, une psychose transforme, elle est de mauvais augure. On ne peut pas porter un pronostic en se basant sur le phnomne
stade de dveloppement dans la
somatique ou psychique qui a provoqu la maladie. Ce qui est plus important, c'est d'tablir si la cause psychique a agi subitement ou graduellement. Une cause passagre, mais d'un effet violent, comporte un pronostic beaucoup plus favorable que les phnomnes psychiques qui agissent pendant des annes, et sapent peu peu la constitution physique et intellectuelle.
non
sions violentes, voil des lments qui minent lentement mais srement la vie psychique. Ajoutons encore la misre physiologique, l'ivrognerie
et d'autres vices.
Dans
ces cas,
il
un
pro-
l'on loigne
temps
le
l'a
conta-
gionn.
symptmes isoles. Une grande obnubilation de l'intelligence se dveloppant graduellement et seulement au cours de la maladie indique un tat grave une apparition subite et ds le dbut du trouble intellectuel est
8).
D'aprs
les
1 Psychiques.
si elle
la
mala-
du dfavorable; si elle indique ordinairement le dbut d'un tat stade aigu et des motions, de faiblesse conscutif. La faiblesse de la mmoire, surtout quand elle est partielle et concerne les vnements rcents, indique une maladie idiopaest
elle continue persister aprs l'apparition
Ihique grave.
et
27^
tat
excentricits au cours d'une psycliose qui va disparatre, indiquent qu'un de faiblesse est sur le point de se produire, tandis qu'au contraire, le
retour des anciennes habitudes, des anciens penchants, des sentiments moraux permet d'esprer une gurison prochaine de la maladie.
esthtiques et des jugements
La perte du sentiment de la pudeur, la malpropret, la manie de se quand ces faits ne se produisent pas l'apoge d'une folie furieuse, indiquent une dcadence psychique. La consommation des excrments et des choses nausabondes en gnral ne se rencontre que dans le cas d'un trouble profond et grave de la consbarbouiller,
cience.
L'insensibilit la chaleur et au froid, la lumire vive du soleil, l'absence du sentiment de satit aprs avoir mang, sont des symptmes fcheux, de mme qu'en gnral les anesthsies.
L'motion sexuelle un ge trs jeune n'a pas de siguification fcheuse, elle se produit en dehors de l'ge de la puissance sexuelle. L'habitude de crer des mots nouveaux se rencontre presque exclusivement dans les tats d'alination mentale incurables. L'aphasie indique une maladie organique idiopathique. Les actes impulsifs et dus des obsessions sont pour la plupart des symptmes de psychoses dgnratives. La tendance collectionner est de mauvais augure,''quand elle n'est pas le prodrome ou le phnomne partiel d'une manie. Les ides dlirantes sont des phnomnes dfavorables quand elles sont primaires, sans base motive, mobile, avec caractre primordial.
comme quand
Quand
elles-mmes d'un pronostic dfavorable. Au point de vue de leur nature, les ides de grandeur sont d'un pronostic plus mauvais que les ides dpressives parmi ces dernires, celles qui sont provoques par un sentiment d'abaissement de soi-mme sont de
;
les ides de perscution. Les ides obsdantes se rencontrent exclusivement chez les tars. Les illusions des sens sont de mauvais augure quand elles sont stationnaires et qu'elles se manifestent dans le domaine de plusieurs sens.
Les illusions sont moins graves que les hallucinations parmi ces derdu got et du sens olfactif sont plus dfavorables
;
que
i2
Somatiques.
Les
mauvais augure, parce qu'ils indiquent des maladies idiopathiques graves. Tel est le cas notamment pour les convulsions, les paralysies et les troubles de coordination, quand
ils
ne constituent pas des phnomnes partiels d'une maladie hystrique. Les symptmes de la ttanie et de la catalepsie sont moins dfavo-
rables.
Le tremblement
se rencontre
276
nerveuse voil pourquoi il n'a pas de prime abord la signification fcheuse des autres troubles moteurs. L'ingalit des pupilles, le strabisme, peuvent tre accidentels ou habituels et ne doivent tre utiliss pour le pronostic que quand ils existent avec d'autres symptmes. Le trouble du langage ^embarras de la parole) a t considr par Esquirol comme un symptme fatal. Ce trouble indique toujours une maladie idiopathique grave 'paralysie; le grincement des
;
dents a la mme signification. Le regard, la mine, l'attitude sont au point de vue du pronostic des phnomnes trs importants. Le relchement des muscles, un menton tombant indiquent ordinairement une transition vers l'imbcillit, de mme
relchement des sphincters, l'coulement de la salive, sans qu'elle soit augmente en quantit. Les changements dans l'innervation mimique sont particulirement prcieux au point de vue du pronostic. Quand la folie est incurable, le dnouement malheureux est souvent assez vite indiqu par le regard abruti, fixe et atone, par les traits du visage tranges, grimaants, fatigus par une
le
L'insomnie et le refus de nourriture, s'ils ne sont pas passagers, sont de fcheux symptmes il en est de mme des troubles trophiques peu prode l'augmentation ou de la diminufonds (dcubitus, othmatome, etc. anormales de la chaleur du corps d'une manire permanente, ce tion qu'on ne saurait expliquer par des phnomnes nerveux. Le retour des menstrues n'a de signification critique que dans le cas o le trouble mental est d une suppressio mensium. Autrement, le retour de la menstruation indique plutt une amlioration de l'tat gnral, et il est favorable par ce fait; mais, dans beaucoup de cas, il est sans signifi;
cation.
Parmi les signes pronostics ayant une importante connexit avec les symptmes psychiques, il faut citer enfin les conditions de l'alimentation et le poids des malades. Nasse (.4%. Zeitschr.
f.
coup
au point de vue du pronostic. D'aprs les recherches de Nasse, une augmentation du poids du corps qui va paralllement avec l'amlioration psychique ou qui en est le. prlude, est, surtout quand cette augmentation est rapide, un symptme certain de convalescence. Une petite diminution du poids du corps, aprs
fait
pour
les utiliser,
maximum,
garantit la gurison.
Quand une amlioration psychique se produit sans augmentation notable du poids du corps, la gurison est douteuse, et l'on peut s'attendre des
rcidives.
Si la nutrition
la transition
un
la psychose s'amliore, cela indique psychique incurable. son apoge, elle est accompagne d'une
diminution
est rapide et norme, malgr une alimentation suffiune maladie progressive grave du cerveau ou une com-
277
exemple
la tuberculose.
III.
Pronostic
des rcidives.
Pour
le
dration ce
pronostic des rcidives ', il faut tout dabord prendre en consifait statistique que sur 100 individus renvoys comme guris
des asiles, environ 2o p. 100 retombent malades. Pour les cas isols tout dpend des conditions biologiques, tiologiques et extrieures de chaque
cas.
folie postfbrile,
typhus par exemple, et sans aucune prdisposition, ne se reproduit gure, tandis qu'un individu tar, surtout si sa tare est hrditaire, court risque de perdre de nouveau son quilibre mental sous l'influence de causes accessoires de toutes sortes et mme sous l'influence de phnoaprs
mnes physiologiques.
Mais des conditions sociales fcheuses, un traitement trop svre des malades dans les asiles, la perte de leur situation financire par suite de leur maladie et de leur absence, leur renvoi prmatur de l'asile, la reprise de mauvaises habitudes (boissons, etc.i, sont souvent aussi la cause des rcidives. L'immunisation produite par le mariage contre toute rechute de la psychose queDick' a constate chez les femmes guries, est mise en doute par d'autres spcialistes.
IV.
Pronostic de l'hrdit.
dlicate et laquelle on ne doit rpondre
faits
par des
concrets,
est
celle
du
pronostic
de
l'hrdit
Le point principal rside videmment dans la pathognie de la psychose dont on craint de voir l'influence se transmettre par hrdit. Si cette psychose a une origine constitutionnelle, plus ou moins dgnrative, et un caractre galement dgnratif il y a grand danger qu'elle soit transmise aux enfants; si, au contraire, la psychose a t acquise accidentellement et s'il n'y a aucune prdisposition, si, en outre, elle est bnigne et a guri sans laisser aucune dfectuosit, il n'est gure probable alors que la descendance soit atteinte par transmission hrditaire. Cette transmission est cependant possible si le descendant a t procr au moment o la psychose existait chez le gnrateur.
, '
lierlz,
Allr/.
Zel/.fchr.
f.
l'sijd,.,
25,
p. 410, 26,
p.
337 et 736.
Ilagen, Stulist.
Viilersuchuiif/en., p. 23..
2
Allf/. Zeitschr.
f.
Le
mme, Irreufreand,
1877,
6.
^asse,
Ibid., i877, 3.
'
p. 208 et 2t3
278
la possibilit ou la probabilit de l'action hrditaire de la tare ou de maladie de l'ascendant sur les descendants, il faut tenir compte de ce qui suit. Le cas le plus mauvais est celui o le pre et la mre sont tars, o ils taient dj tars psychiquement avant la procration de leur descendant, et quand le trouble psychique des gnrateurs est de nature dgnrative. Ici on peut s'attendre presque avec certitude avoir la maladie clater sous une forme quelconque chez le descendant. Seulement la loi de l'atavisme
Pour
la
peut intervenir
tution intacte.
Si seul le pre
et
le
sauver,
quand
les
ou seule la mre sont tars ou malades, tout dpendra de le descendant aura emprunt sa constitution physique. Dans une savante tude anthropologique, Richarz [Allgem. Zeitschr. fiir Psijch., 30, p. 658) a abord de plus prs cette question. Il prend comme point de dpart le fait que le sexe n'est pas une qualit que les parents peuvent lguer, mais que c'est une forme d'existence base sur le degr d'organisation de l'individu procr, de sorte que le degr suprieur est reprsent par le sexe masculin, l'infrieur parle sexe fminin. Le centre de gravit du processus del gnration rside dans l'organisme maternel. L'influence du sperme ne consiste que dans l'activit motrice pour le dveloppement qui est inhrent au germe, en mme temps dans la communication des particularits qualitatives du gnrateur masculin, mais sans influencer le sexe. Plus la facult gnrative sera grande chez la
l'ascendant auquel
mre, plus srement le nouveau-n sera un garon, et ce sera d'autant plus srement un garon qui ressemblera sa mre que l'influence qualitative paternelle sera moins grande. La ressemblance se base moins sur les traits de la figure et la conformation du corps que sur la couleur de la peau, des
cheveux et de l'iris, ce qui, au point de vue de la diffrenciation des races, est beaucoup plus important Huxley, Virchow). Le cas le plus favorable semble tre l'hrdit croise de ces particularits somatiques (le fils tenant de sa mre, la fille de son pre); il y a dj une lgre dgnrescence quand dans la transmission hrditaire il n'y a pas croisement au point de vue sexuel; mais ce que Richarz. d'accord avecMorel hrdit morbide progressive), considre comme nettement dgnratif et souvent comme la seule explication de la folie dans une famille jusque-l indemne, c'est le cas o le descendant ne ressemble aucun de ses gnrateurs. Tous les observateurs (Esquirol, Baillarger, Jung, et d'autres) s'accordent d'ailleurs sur ce point que l'alination mentale de la mre' est beaucoup plus dangereuse pour la descendance que celle du pre. Cela correspond cette loi de la nature, qui existe aussi pour les animaux, que le sexe fminin qui joue le rle prdominant dans la gnration, lgue plus facilement la descendance que le sexe masculin. Par la mme raison et ainsi que Richarz l'explique, la fille, tant de sexe infrieur, hrite plutt
*
plus
Jung (AUfj. Zeitschr. f. Psych.) trouve que la frquemment par la mre que par le pre.
folie est
tiers)
279
montre
femmes Jung a
le fils, ce qui explique que la statistique base hrditaire de 6 p. 100 plus frquente chez les que chez les hommes (Jung
la folie
ressemblance physique est impora formul la thse suivante si le descendant hrite de l'habitus somatique d'un ascendant tar, il en hrite aussi la constitution psychique, et, si l'ascendant tombe malade, il y a de grandes probabilits pour que le descendant devienne fou peu prs au mme ge et sous l'influence de causes occasionnelles approximativement semblables. Richarz, se plaant son point de vue, tablit l'chelle de probabilit suivante pour la transmission par hrdit des maladies psychiques I. Mre atteinte 1, fille ressemblant sa mre; 2, fils ressemblant sa mre; 3, fils ressemblant sou pre; 4, fille ressemblant son pre. II. Pre atteint 1, fils qui ressemble son pre; "2, fille qui ressemble au pre 3, fille qui ressemble la mre 4, fils qui ressemble la mre. Une fille qui ressemble sa mre malade a donc le plus de prdisdit
la
il
positions.
Le moins prdispos
pre est atteint.
est le fils
le
La dissemblance complte avec les types somatiques des gnrateurs est un signe de dgnrescence. La signification trs profonde et trs srieuse de ces problmes de pro-
comme pour celle des peuples mrite d'tre prise en considration. Les individus atteints d'une tare hrditaire nerveuse de mme que les personnes ayant une prdisposition la tuberculose devraient s'abstenir de faire des enfants. Malheureusement, il existe prcisment chez la plupart d'entre eux une accentuation de l'instinct gnital, et la nature a pris
nostic pour la dgnrescence des individus
soin que ces plaies de l'humanit dont la folie absorbe 1/300 et la tuberculose 1/320 des forces totales de l'humanit (Tigges), augmentent plutt
qu'elles ne dcroissent, en dpit de toutes les observations scientifiques.
QUATRIEME PARTIE
DIAGNOSTIC GNRAL
'
CHAPITRE PREMIER
DIAGNOSTIC DE LA MALADIE
La question gnrale de savoir si un individu est mentalement sain ou malade peut se poser pour le mdecin aussi bien devant les tribunaux qu'au chevet du malade. In foro elle est pose quand le magistrat a des doutes et veut s'assurer
si
insolites sont
simplement l'expression d'un esprit troubl par les motions et agit par les passioEs, le rsultat d'un abandon volontaire aux penchants et tendances immoraux, une tromperie et une ruse prmdites, ou bien si c'est
d'une maladie crbrale. Le jurisconsulte a besoin d'tre fix pour dterminer si un individu doit tre puni pour un acte illgal qu'il a commis, dclar dchu de la libert civique, ou s'il faut le priver de sa libert individuelle en l'internant dans un asile d'alins. Au lit du malade se pose la question de savoir si les symptmes psychopathiques qu'on observe existent par eux-mmes, c'est--dire s'ils ont l'expression d'une de ces maladies crbrales qu'on a cliniquement et traditionnellement l'habitude de dsigner par le nom de maladie mentale, ou s'ils n'existent que symptomatiquement comme phnomnes partiels d'une maladie gnrale (dlire fbrile, dlire d'inanition), d'un empoisonnement ou d'une autre maladie pseudo-crbrale. Bien que l'on porte facilement et srement dans beaucoup de cas, mme les profanes, un diagnostic gnral sur la question de savoir si un individu est atteint psychiquement, il y a pourtant des cas qui exigent tout le savoir du mdecin spcialiste et qui ne peuvent tre jugs immdiatement et
la suite
Griesinger, Pnlliol.
Ail;/.
u.
T/ierapie
psi/c/t.
Ki'aii/,/ieU('ii,
p.
116.
Emminghaus,
63.
V. KralTt,
Lelirb.
dei- ijei-iclnl.
l\sychupal/iol., p.
282
srement. La cause en est tout d'abord dans cette circonstance qu'en alination mentale il n'y a pas de symptmes spcifiques, que ceux qui se produisent admettent des interprtations multiples et ne peuvent tre utiliss
et
que quand on les examine et qu'on les interprte dans leur ensemble avec une apprciation juste de leur connexit. Si, sur le terrain des maladies physiques, o cependant le diagnostic dispose dj de moyens physiques auxiliaires exacts, il est souvent difficile de dterminer le point de transition entre la sant et la maladie, combien est-ce encore plus difficile sur le terrain psychique, o la normalit
de la sant psychique n'est imaginable que comme un idal, o aucun individu ne ressemble compltement l'autre et o des motions, des passions, des carts de sentiments, d'ides et de tendances diffrant de ceux de la majorit des autres homnes, o mme des erreurs de la raison et des
illusions des sens sont encore possibles dans les limites de la vie physiolo-
gique
et
la
lectuelle et
du
libre arbitre.
Les difficults rsultant de la nature du sujet sont souvent encore accrues par le fait que le dveloppement du trouble psychique et en gnral toute
ou bien parce que le trouble est n imperceptiblement de certaines anomalies habituelles du caractre, de passions, d'un genre dvie immoral, vicieux; ou bien parce qu'on souponne une tromperie voulue ou une dissimulation de certains symptmes chez l'individu examiner, enfin parce que le temps d'observation a t trop court et que partant les signes d'un tat psychopathique incompltement dvelopp et qui ne se dessinent nettement qu' certaines priodes ont pu chapper l'observation.
Comme rgles fondamentales pour tablir un diagnostic psychiatrique, notons les suivantes 1 Les troubles mentaux sont des affections crbrales avec prdominance des symptmes psychiques, mais sans cependant que tous les symptmes soient exclusivement psychiques. Bien que ces derniers soient dterminants pour l'apprciation de Ttat mental, le diagnostic ne doit pourtant pas tre entirement bas sur eux. Il faut chercher aussi tablir les autres signes d'une maladie crbrale ou nerveuse existante et le diagnostic psychologique doit tre approfondi et largi de faon devenir
:
un
diagnostic neuropathologique.
les
Il
et utile et
pour un instant de ct
la question gnrale
de laisser de se poser
de l'existence d'une maladie crbro-nerveuse (conou acquise). Si alors, ct des signes de dgnrescence anatomique et fonctionnelle, outre les troubles des fonctions sensitives, motrices, vaso-motrices qu'on peut ramener une cause centrale, il y a encore des symptmes psychiques dune valeur douteuse (irritabilit d'humeur, motions pathologiques, actes pervers, penchants immoraux, etc.), leur signification sera alors justement claire et la supposition qu'ils ont eux aussi une cause morbide (alcoolisme chronique, folie dgnrative, morale, pileptique, etc.) deviendra alors presque une certitude.
gnitale
DIAGNOSTIC GENERAL
283
2 Les maladies mentales, ainsi que Schiile l'a fait remarquer, ne sont pas seulement des maladies du cerveau, mais aussi et en mme temps des maladies de la personnalit. Il faut tudier toute Tancienne individualit, notamment son origine, et le diagnostic physiologique doit tre approfondi et mme devenir une tude anthropologique.
le
le dia-
gnostic spcial de l'alination mentale, est incontestablement dans l'anamnse. Le rle de cette dernire est d'abord d'examiner toute l'individualit,
d'tablir
ment
dveloppe jusqu' sa phase actuelle, comet notamment envisager la constitution psychique que l'individu peut avoir hrite ou qui peut chez lui
elle
s'est
comment
tre congnitale.
et
le
mode
de ces trois facteurs qu'il faut tenir compte quand on veut apprcier si un caractre morbide ou psycho-
avec
Les troubles intellectuels sont en gnral des maladies. Ils vont de pair les troubles vgtatifs. Aussi l'examen physique le plus minutieux doit aller de pair avec l'observation psychique. Celui-l seul nous met sou-
mme de pouvoir juger rapidement si l'on se trouve en prsence d'une psychose indpendante ou d'un trouble symptomatique des fonctions psychiques. Les symptmes somatiques d'une importance particulire sont : les troubles du sommeil, de la nutrition (peses du corps), des fonctions digestives et intestinales, des scrtions. Ils ont une valeur positive, mais seulement dans les stades de dbut de l'alination mentale. Dans les stades terminaux de la maladie ils peuvent disparatre compltement et alors leur absence ne prouve rien. 4 L'alination mentale, phnomne pathologique, a ses causes. Elle constitue par elle-mme un phnomne insolite. Elle doit tre suffisamment motive soit par une prdisposition puissante, soit par une grande et intense accumulation de causes accidentelles. L'observation psychologique doit tre approfondie et devenir une tude tiologico-pathognique. Plus les symptmes d'un trouble physique se rattachent de bonne heure leur cause, plus cette relation pathognique est claire, plus la signification de ces symptmes est importante. La valeur de l'examen tiologique est diminue, en apparence seulement, par ce seul fait que parfois aucune cause ne parat pouvoir tre dcele et que, quand une cause dprimante prcde, on se demande si le changement psychologique qui lui a succd est seulement la raction physiologique de cette cause ou un phnomne pathologique. Quand on ne peut trouver une cause dterminante, il y a toujours une prdisposition congnitale acquise ou mme une maladie congnitale. C'est prcisment l'anamnse qui, par l'examen anthropologique, tiologique et clinique, fait la lumire en nous apprenant reconnatre dans le tableau morbide souvent incertain le dveloppement d'une personnalit
vent
284
dfectueuse ds l'enfance et doue d'une prdisposition pathologique. Le quand la dpression psychique qu'on rencontre peut
comme
la
Lmotion douloureuse de l'individu normal, motion qui appartient encore au domaine physiologique; et le dbut d'une dpression morbide
peuvent souvent prsenter des traits de ressemblance. Ce qui est dcisif, c'est avant tout la marche du phnomne, la connaissance exacte du mode de raction habituelle de l'individu et l'observation minutieuse des symptmes de dtail. Si le phnomne motif est insignifiant et que l'effet sur l'individu soit d'une intensit et d'une dure extraordinaires, si la dpression s'accrot avec le temps au lieu de s'attnuer, si elle continue durer mme aprs que la cause de la dpression a disparu, alors on peut admettre l'existence d'un tat d'esprit pathologique. Les sensations douloureuses de l'individu normal ne sont pas du reste gnrales et il peut rester encore en partie accessible aux impressions agrables, tandis que la dpression douloureuse morbide transforme mme les sentiments d'habitude agrables en sensations dsagrables et ne peroit plus que des variations d'intensit de cette sensation. De plus, il se produit encore des accentuations spontanes de la dpression, des tats de peur, d'angoisse, des soucis, rsultant des processus intrieurs psychiques et organiques, et qui manquent chez l'individu normal ou qui se manifestent chez lui seulement la suite de motifs extrieurs. L'individu moralement dprim a le plus souvent conscience de la maladie qui va se dchaner sur lui il prsente des troubles des fonctions sensorielles (^mal de tte, vertige, insomnie, sentiment d'arrt des pen;
nvralgies
Les processus de la nutrition aussi souffrent chez lui beaucoup plus le poids du corps baisse beaucoup plus rapidement et d'une manire plus considrable que chez l'homme dprim physiologiquemeut.
:
o''
La chose
la
modes d'volution tablis par aux lois empiriques de la marche d'une psychose dtermine, il se prsente par ce fait comme un tat morbide incontestable, et cela d'autant mieux que les accs de la
sa marche. L'alination mentale aussi a des
maladie reviennent priodiquement et que de plus ils se rattachent des physiques avec lesquels ils concident menstrues). Quand le processus total de la maladie se manifeste par des symptmes de dtail, il est empiriquement rgulier, bien que notre connaissance de la rgularit des symptmes et des sries de symptmes prsente encore beaucoup de lacunes. Plus les symptmes isols ont nettement une corrlation intrieure entre eux et sont causs par une loi dtermine, plus on peut conclure srement que le processus est morbide. 6^ Dans l'alination mentale, comme dans toute autre maladie, il s'agit d'une vie dans des conditions anormales. Les fonctions n'ont pas totaletats
DIAGNOSTIC GENERAL
285
ment chang,
de
la
sont anormales.
changement que ce changement est d des conditions anormales. La diffrence entre l'homme sain d'esprit et l'alin consiste essentiellement en ce que chez le premier les faits
s'ensuit ncessairement
que ce
le
n'est pas le
fait
les
impressions
l'alin,
et les
condi-
au contraire, ils sont le rsultat de conditions intrieures organiques morbides. Ils sont l'expression d'vnements subjectifs qui se passent dans la conscience et ne sont pas du tout ou insuffisamment motivs par des faits
du monde
extrieur.
Ce n'est donc pas la nature des phnomnes psychiques qui est dterminante, mais leur origine et leur motivation. Il n'y a pas chez l'alin un seul trouble fonctionnel qui ne puisse se rencontrer dans le domaine de la sant psychique 7 Une maladie est toujours un fait complexe qui ne cadre jamais exclusivement avec un seul symptme. Tel est aussi le cas pour l'alination mentale. On ne peut avoir du tableau de la maladie qu'une conception synthtique. Le symptme isol n'a de valeur et ne mrite considration qu'envisag dans la liaison et la connexit que les symptmes prsentent entre eux suivant leur loi naturelle, que lorsqu'on rapproche et qu'on interprte avec justesse des phnomnes disparates, et, enfin qu'on fait une tude approfondie de la marche et de la liaison de ces mmes phno-
mnes. Dtacher analytiquement de l'ensemble un seul des phnomnes serait un procd qui n'amnerait jamais au but, d'autant plus que prcisment un symptme isol, quand mme ce serait une ide dlirante, admet des interprtations multiples; cela serait encore moins possible dans les cas d'anomalies d'humeur, d'motions, d'instincts pervers, d'actes criminels, de penchants immoraux, qu'on ne peut tudier qu'en connexit avec
d'autres
8''
symptmes
et
une apprciation individuelle des phnomnes concrets. Si duo dicunt idem, non est idem. Ici encore la connaissance de l'individualit est indispensable. Dans la bouche d'un homme la hauteur de la science moderne, la croyance l'existence des sorcires serait un symptme trs grave, de mme chez un astronome l'opinion que la terre est fixe cependant cette croyance et cette opinion n'offriraient rien de surprenant si on les rencontrait chez un paysan dnu de toute ins;
truction.
L'alination mentale, en tant que manifestation morbide, ncessite une tude personnelle du malade. Quand cet examen fait dfaut (avis de la facult de mdecine in absentia, recherche de l'tat mental d'un testateur dcd au moment o il faisait son testament), des lments d'apprciation directs et trs importants chappent au diagnostic (expression de la phy1)'^
etc.).
286
Si on peut faire un examen personnel', il est trs important de surprendre et d'observer le malade dans ses conditions d'existences habituelles. Rien que la faon dont il est log, dont il s'habille et s'occupe, peut fournir au mdecin comptent des indications trs importantes qui lui permettront non seulement de constater l'alination mentale, mais encore de reconnatre telle forme dtermine de la maladie. Le point principal pour le diagnostic psychique est dans la conversation avec le malade. Il faut non seulement savoir quelles sont les questions qu'on doit lui poser, mais encore comment on doit diriger la conversation. Le sujet examiner n"est pas un produit chimique, mais une conscience humaine variable qui est puissamment influence par la faon de procder et de questionner de
l'observateur.
On
examiner de
la
on l'engage dans la but de l'examen. Jamais il ne doit avoir le caractre d'un interrogatoire. Le mieux est de choisir comme point de dpart l'tat physique, le mtier ou les anciennes habitudes du malade, de lui montrer beaucoup de compassion et de gagner peu peu sa confiance. C'est ainsi qu'on arrive connatre les incidents de sa vie, ses opinions, ses dsirs, ses projets, son tat d'esprit, son degr d'intelligence et ses tendances. On amne la conversation sur son origine, sa famille, sur les questions sociales, politiques et religieuses, et oii note avec attention si on constate des changements qui pourraient donner la clef d'une ide dlirante. C'est une rgle que les alins, aussitt qu'on touche d'un mot leur ide dlirante, la rvlent et se livrent immdiatement. Pendant cette conversation, on a le temps d'tudier le regard, la mine, les gestes, l'attitude, et d'examiner le logement et l'entourage du malade. L'examen psychique est complt par l'examen minutieux de tous les organes et de toutes les fonctions physiques. Un moyen auxiliaire trs important pour l'observation est l'tude des crits- des malades. La maxime Le style, c'est l'homme est juste, mme dans ce cas. En gnral, on peut affirmer qu' chaque forme principale de l'alination mentale correspondent certaines particularits dans la manire d'crire et de s'exprimer et que, dans ses crits o il ne se sent pas observ, et o il peut se laisser aller, le malade se rvle plus qu'il ne le fait dans ses communications verbales. C'est le cas surtout pour les malades qui, toutes les tentatives, opposent un mutisme obstin que leur imposent le plus souvent une ide dlirante et des voix impratives. On est souvent tonn que des malades qui causent d'ailleurs tout fait raisonnablement, mettent les choses les plus insenses dans leurs crits intimes. Mais un crit dont
l'entretien sur les sujets les plus insignifiants,
le vritable
entame
'
Des indications excellentes ce sujet sont donnes par >'eumann, Ber Arzt und die
;
Bliklslnniilieilserldrung
-
et
par Griesinger,
Leli/'b., p.
127.
Marc, Annal, d'hyg. jnibl., 1864, avril. Gnlz, Der Geisteskrcake in seinen Schrif^e?i, 1861. Bacon, The Lancel, iS69, II, 4 juillet. Raggi, Gli scritfi dei pazzi, Bologna, 18'4. Tardieu, La Folie, Paris, 1872. Erlemmeyer. Die Schrift, 1879.
DIAGNOSTIC GENERAL
la
287
la folie,
sens. Les crits des alins peuvent, par leur teneur, aider dcouvrir
nous faire connatre, par leur en gnral, par leur aspect extrieur faciliter l'apprciation de l'tat de la conscience; enfin, examins au point de vue graphique, ils peuvent nous aider dcouvrir des drangements plus dlicats de la coordination. Les imbciles sont ceux qui crivent le moins. La construction enfantine de la phrase, la maladresse et le manque de clart du style montrent une faiblesse mentale trs avance. Pour crire il faut en gnral plus de clart dans les penses que pour parler les crits sont donc un ractif particulirement fin pour les tats de faiblesse psychique (Gntz). Le mlancolique galement crit peu. Sa paresse et son arrt intellectuels l'en empchent. La monotonie des conceptions se reflte dans la rptition continuelle des mmes plaintes, des mmes craintes et des mmes accusations lances contre soi-mme. L'criture n'est pas coule dun jet. On voit que le malade n'a surmont ses entraves que par secousses, et qu'il n'a pu exprimer ses ides que par fragments. Souvent les caractres sont tracs d'une main tremblante. Le maniaque crit beaucoup, d'une main sre, en grands caractres, d'une criture rapidement jete sur le papier. Celle-ci est une image fidle de ses conceptions acclres que la main peut souvent peine suivre, de sorte que des mois sont omis et des phrases restent inacheves. Si la fuite des ides augmente, l'criture devient un chaos peine dchiffrable de mots et de fragments de phrase qui se confondent et s'embrouillent.
les ides dlirantes qu'ils tiennent caches, style, leurs capacits intellectuelles
;
Dans
sa
manie
les
d'crire, le
malade
ne s'inquite
paranoques qui crivent surtout beaucoup, notamment les les rotomanes. Au point de vue graphique, il faut noter comme dignes d'attention les changements de l'criture, les paraphes et les ornements baroques, le soulignement des mots et des sylCe sont
qurulants fchicaneurs),
labes.
Le
pompeux ou
Marc
fait
mention d'un
Quant la teneur, ce sont les crits des paranoques qui ont la plus grande valeur, car ils rvlent des ides dlirantes soigneusement caches dans la conversation. Chez certains malades, les crits deviennent tout fait incomprhensibles par l'emploi de mots pris contresens, par la transposition des syllabes ou par l'adjonction de syllabes sans signification ou par le remplacement des caractres d'criture par des signes hiroglyphiques et symboliques. On peut alors noter des crations de mots nouveaux, et mme la cration de tout un nouvel idiome. Les crits des malades appartenant au groupe des paralytiques ont des particularits tout fait spciales. Le trouble de coordination qui existe
288
dans ce cas trouve une expression graphique dans lisible, criture d'colier, en zigzag, tremblotante,
les traits fins et les traits pleins.
;
alors on rencontre des mots Souvent il y a paragraphie et agraphie faux et des mots incompltement ou mal crits, ou bien l'omission de mots
entiers.
L'amnsie peut tre telle que le malade rpte plusieurs fois des mots qu'il vient d'crire, ou mme des phrases tout entires. Le grandtrouble delacouscienceles empche de s'apercevoir de ceslapsus. Il arrive souvent aussi qu'en crivant, le malade oublie son vritable but, de sorte que, dans le mme crit, il s'adresse en mme temps plusieurs personnes diffrentes. Par la mme raison, il arrive quelquefois qu'il emprunte un document ou un livre qui se trouve par hasard prs de lui des phrases tout entires pour les intercaler dans son texte, qu'il crit en plusieurs langues la fois, qu'il remet la lettre sans l'avoir
termine, oublie l'adresse, la date, la signature. La forme extrieure de l'crit, sur du papier qui a pu tre t ramass dans les ordures, tout tach d'encre, indique souvent, et d'une manire significative, le grand trouble de rintelligence de ces malades.
l'alination mentale
symptmes qui paraissent avoir pour le diagnostic gnral de une signification toute particulire, il faut citer la transformation de la personnalit caractre! en une individualit nouParmi
les
:
gnostic des profanes se borne habituellement ces derniers points. Le processus morbide qui est la base de a). Changement de caractre.
l'alination mentale occasionne des changements dans l'ancien caractre, c'est--dire dans les anciennes coutumes, les penchants, les tendances, les opinions la personnalit devient tout autre. Ce symptme est d'autant plus prcieux qu'il se manifeste de bonne heure, et qu'ordinairement il
;
arrive bien avant le dlire des ides et des actes. Ce changement pathologique du caractre, qui peut aller jusqu' une
inversion complte des anciennes ides et des anciennes tendances, est d'autant plus significatif que l'individu qui le prsente tait prdispos ou sous le coup d'influences qui, d'aprs l'observation, sont des causes importantes de folie.
P).
Ides dlirantes.
La constatation
se trouver
;
un
signe frquent mais nullement infaillible de folie. Ce serait une grande erreur de n'admettre l'existence d'une maladie mentale que quand elles
existent.
Le malade peut
un stade de dbut
(motif)
les
ides dlirantes n'existent pas encore il peut prsenter une forme d'alination mentale dans laquelle les ides dlirantes n'apparaissent jamais.
De
plus, le
malade peut dissimuler ses ides dlirantes et celles-ci, si elles constamment prsentes dans la conscience. Mais alors
elle a
mme
lui reconnatre le
DIAGNOSTIC GENERAL
289
y). Les hallucinations, non plus, ne sont pas par elles-mmes dterminantes pour la constatation d'une alination mentale, puisqu'elles peuvent se rencontrer dans d'autres maladies crbro-nerveuses, dans les livres et
bide.
ne prouvent que l'existence d'un tat crbral morLeur signification et leur importance comme phnomne partiel d'une psychose ne rsultent que de la dmonstration de l'existence de cette
les intoxications. Elles
psychose.
Ce n'est qu'alors que les hallucinations apparaissent sous leur vrai jour, elles sont en connexit avec d'autres troubles lmentaires (dpression, accs d'angoisse, etc.), qu'elles ne sont plus rectifies par la cons-
quand
du malade.
On
quand
souponner l'existence d'une maladie mentale y a des hallucinations, notamment quand elles se rencontrent dans
pu arriver
il
de la maladie mentale,
si
une autre question, celle de savoir on a affaire une maladie mentale indpendante ou un trouble symptomatique des fonctions intellectuelles. Le mode d'origine de la folie, la marche qu'elle a suivie jusqu'alors, l'examen physique le plus minutieux du malade aideront rsoudre ce problme. Il faut songer surtout une confusion possible avec le typhus, avec la mningite lente, la tuberculeuse et l'ivresse. Ce dernier tat sera en gnral facile distinguer: mais il faut songer que chez certains individus particulirement prdisposs l'ivresse peut prendre la marche de l'alination mentale aigu et devenir la cause accidentelle d'une folie chrose pose alors
nique.
a surmont les difficults et distingu la maladie mentale d'un trouble mental simplement symptomatique, il reste encore savoir si cette maladie a une cause idiopathique ou sympathique. L'tiologie et la pathognie nous fournissent avec l'ensemble et les dtails du tableau clinique quelques points de repre. Ce sont, dans ces cas, outre les troubles psychiques (baisse primitive des facults intellectuelles, troubles de la mmoire, trouble grave de la conscience, irritabilit extraordinaire, etc.), les troubles somatiques surtout (moteurs, sensitifs, notamment
effective
Quand on
l'anesthsie, trophiques, temprature fbrile et collapsus) qui permettent de dcider. Ce qui prouve qu'il s'agit d'une affection sympathique de l'organe psychique, ce sont en gnral, outre l'absence des lments qui plaident en faveur d'une origine idiopathique, la possibilit de ramener l'origine de la psychose une maladie priphrique (affection utrine, intestinale, etc.), et la dmonstration que celle-ci est intervenue dans l'volution de la psychose. La connexit est plus nette quand l'lment priphrique produit cet effet par retours priodiques (folie menstruelle).
i'Svciiiatrif;.
19
CHAPITRE
II
DIAGNOSTIC DE LA GURISON
Le diagnostic a encore, quand une maladie psychique a volu, pour mission de constater
Elle peut
si la
gurison'
s'est
produite.
de la question peut tre aussi pose par les autorits quand gration du malade guri dans ses droits civiques dont
incomber d'une faon prive au mdecin, par exemple au sujet mais la question du renvoi d'un pensionnaire de l'asile d'alins
;
il
il
s'agit
de
la rint-
a t priv pen-
dant sa maladie.
Le diagnostic de la gurison a surmonter des difficults non moins grandes que le diagnostic de l'closion de la maladie. C'est notamment chez
individus tars, dfectueux et imbciles ds leur origine, qu'il est souvent peine possible de dterminer ce qu'il faut considrer comme un rsidu de la maladie et ce qu'il faut considrer comme une anomalie
les
prexistante.
Le diagnostic de la gurison s'appuie en gnral sur le phnomne ngatif de la disparition de tous les symptmes de la maladie et sur le phnomne positif du rtablissement de l'ancienne personnalit psychique
avec toutes ses particularits de caractre, ses qualits, ses dfauts, ses penchants. Pour pouvoir trancher cette dernire question, il est indispensable de connatre exactement l'ancienne personnalit saine ou relativement saine; sous ce rapport, l'opinion de la famille du malade a souvent plus
de valeur que celle du mdecin de l'asile. Pour arriver dclarer que tous les symptmes de la maladie ont disparu, il faut une observation exacte de la marche de la maladie et du status praesens. On doit tenir compte de cette possibilit que la maladie peut n'tre que temporairement latente, mais surtout de la possibilit que le malade dissimule certains symptmes psychiques.
Il faut rechercher avec soin si lement avec le rtablissement de
la
ment comment
se fait l'accroissement
psychique, et examiner attentivedu poids du corps. important, c'est que le malade guri se rend
la sant
Allg, Zeitschr. f. Psych., 33, fasc.
1
Schlager,
et 5.
DIAGNOSTIC GENERAL
291
tre
compltement compte de la maladie dont il vient d'tre atteint. Cela doit pour lui une chose tout fait objective. Cependant ce critrium ne
;
peut tre accept sans restriction car il y a des malades qui ne gardent aucun souvenir de leur maladie folie transitoire) ou qui ont iionte d'avouer leur tat pass. La dissimulation des phnomnes morbides se rencontre
'
chez les mlancoliques et les paranoques qui veulent se faire dclarer sains et mettre en libert ou qui veulent chapper une tutelle. L'empire
et leur habilet
vue somatique
est
et
psychique
est la
chose
la
inconnue,
il
vement pour
dans une converphases de sa vie et de cette faon tter prudemment le terrain pour voir s'il n'y a pas d'anomalies motives ou d'ides dlirantes. Ici encore l'tude des crits peut donner des indications prcieuses. Il est aussi important de tenir compte de l'attitude, des penchants et des actes. Pour le spcialiste expriment les particularits de la mise, du genre de vie, de la mimique et des gestes peuvent devenir des lments d'apprciation prcieux.
ainsi dire dans la confiance
du malade
et,
'Ingels,
La
Folie
V.
dissunule.
Bulletin de la Soc. de
md
ANNEXE
SCHMA POUR EXAMINER L'TAT MENTAL
I.
Anamnse.
de la famille (ascendant, collatral ou descendant) a-t-il t maladie nerveuse ou d'une maladie mentale? Chez quel individu de la parent, la suite de quelle cause et quel ge a t observe la maladie nerveuse (maladie crbrale, de la moelle pinire, hystrie, hypocondrie, chore, hmicranie, neurasthnie) ou la maladie mentale (psychonvrose ou maladie psychique dgnrative) ? Y a-t-il eu dans la famille des cas de suicide, d'ivrognerie, d'excentricit, d'immoralit excessive (crimej, des arrts de dveloppement psychique, des morts subites avec symptmes crbraux (apoplexie, convulsions de la surdi-mutit, des dformations, et chez quels membres de la famille ? Les parents taient-ils consanguins? taient-ils lors de la procration jeunes ou gs, en tat d'ivresse, ou ont-ils eu peu de temps avant cet acte une maladie grave (par exemple typhus) ou support une cure fatigante (mercure) ou toute autre cause d'puisement? D'aprs lequel des deux gnrateurs s'est form le descendant au point de vue physique et intellectuel? La tuberculose et la scrofule existentatteint d'une
,
Un membre
elles
dans
la famille ?
B.
La naissance
a-t-il
a-t-elle
eu au
moment
? L'enfant
293
Accouchement.
etc.) ? Ont-ils eu une dveloppement physique et intellectuel? Quand les dents ont- elles perc? Quand l'enfant a-t-il commenc marcher et parler? Y a-t-il eu somnambulisme ou des soubresauts pendant la nuit ? Y a-t-il eu des maladies infantiles (notamment le rachitisme) ? Lesquelles? Avec quels accidents conscutifs ? L'enfant tait-il peureux, nerveux, excitable, irri-
influeucesur
Le dveloppement physique et intellectuel s'est-il fait de bonne heure ou tardivement? L'individu tait-il bien, mdiocrement ou mal dou au point de vue intellectuel? A quelle poque se manifesta la pubert? A quelle poque apparurent les menstrues ? Avec quels phnomnes physiques (douleurs, chlorose,
malaises nerveux)
tion religieuse) ?
L'instinct sexuel s'est-il manifest trop tt ou trop tard, ou pas du ou accentu un degr morbide ou d'une manire perverse ? A-t-il t
fait et
et
A
le
l'poque de la pubert
caractre ou
mme
s'est-il
4"
Age de
la capacit gnratrice.
? Y avait-il tendance de quels organes ? L'individu est-il rellement tomb malade par suite de lsions de la tte, de maladies aigus (typhus, fivre intermittente, etc.), notamment de maladies crbrales (mningite, etc.), de maladies chroniques (chlorose,
aux maladies
hypocondrie, pilepsie, etc.)? Quels furent leurs symptmes principaux, leur dure et leurs suites ? Dans quel tat se trouvaient les fonctions du systme nerveux? Y avait-il des signes de constitution nvropathique (tendance aux dlires et aux hallucinations dans les maladies, notamment dans les maladies
grande morbidit en gnral; raction extraordinaire aux influences atmosphriques, telluriques, alimentaires idiosyncrasies vive capacit motive des vaso-moteurs par excitations psychiques pleur,
fbriles;
: ;
:
rougeur, palpitations, sentiments d'angoisse prcordiale, ainsi que pour l'alcool intolrance pour les boissons spiritueuses, tat d'ivresse anormale;
:
facilit
anormale d'irritabilit des nerfs sensitifs et sensoriels degr d'excitation intense, dure de l'agitation trs longue, sensations interf:
294
rentes,
tation,
augmentation de l'irritabilit rflexe, signes de faiblesse, d'irritendance aux convulsions) ? Existait-il des signes d'une constitution psychopathique ? Grande irritabilit, motivit morale, motions pathologiques, grande mobilit de l'tat d'esprit, changement frquent et non motiv de l'humeur, sympathies et antipathies alternatives, grande excitabilit de l'imagination, grande excitabilit de la volont mais sans persvrance ? Comment se comporte l'ensemble de l'tre psychique comme caractre ?
Pusillanimit ou fermet, ides sobres ou excentricit et exaltation (politique, religieuse, bigoterie)? sociable ou non ? goste ou altruiste?
Temprament
Au
Harmonique
(gnial)
la
de
au-dessus de la
moyenne
ou au-dessous (born)
(le malade tait-il la hauteur de sa position, en tait-il satisfait?) et les conditions de famille, notamment dans la vie maritale ? Quel tait le genre d'occupation et de vie en tenant compte des influences nuisibles s'il y en avait (excs in venere, onanisme, abusus spirituorum,
surmenage) ? Spcialement chez les femmes Comment se comportaient les menstrues quant leur priodicit, leur quantit, les troubles nerveux et psychiques qui pouvaient les accompagner ? La malade a-t- elle t enceinte, quand pour la premire fois, combien de fois ? A quels intervalles les grossesses se sont-elles produites ? Quel tait pendant les grossesses l'tat physique et psychique de la malade? Les accouchements ont-ils eu lieu terme ou avant terme, avec des complications (accouchement artificiel, hmorragies, etc.;, furent-ils suivis de
:
?
fois et
La malade
a-t-elle allait?
combien de
combien de temps?
5 Causes de la
maladie actuelle.
Causes prsumables de la maladie actuelle? A quelle date s'est-elJe dclare? Citer les troubles fonctionnels qui se sont manifests la suite de ces causes. Corrlation dans le mode d'action des causes multiples qu'on a pu
trouver.
G"
Prodromes de
la
maladie actuelle.
La psychose actuelle est-elle le premier accs ou a-t-ou dj auparavant remarqu un trouble psychique ? Quand, par suite de quelles causes, avec quels symptmes? Quelle en fut la marche? le dnouement ? La maladie actuelle s'est-elle dclare brusquement ou peu peu ? Quand et avec quels prodromes ?
29r,
morale, emportements colreux, changement de caracimmoralit ? ?). Dpression douloureuse, tendresse anormale, irritabilit d'humeur, tristesse, peur de devenir fou, dgot de la vie, paresse intellectuelle? y). Expansion d'humeur, loquacit, habitude de se montrer affair, dsir de voyager, manie de la prodigalit ? o). Attitude hostile, mfiante, irrite, jalousie, plaintes qu'on vous dnigre, vous calomnie, vous menace ? ). Comment se comportaient le sommeil, l'alimentation, les scrtions, la menstruation ? Y avait-il des maux de tte, du vertige, des sensations prcordiales, des nvralgies, des troubles de la parole ? Des accs d'apoplexie, de vertige, d'pilepsie se sont-ils produits ? 9). Les symptmes prcurseurs taient-ils continus, rmittents ou intermittents ? Comment se sont-ils succd ?
lectuelle, inertie
tre,
II.
Status praesens.
Examen physique
A.
lu Taille, poids du corps, tat de l'alimentation, de la plthore, de la composition et de la rpartition du sang (cyanose, fluxion, anmie locale); ge, en notant particulirement chez les individus jeunes si le dveloppement physique correspond l'ge, chez les adultes si les phnomnes du senium et de la dcrpitude, s'ils existent, sont motivs par l'ge ? 2 Forme du crne et volume'. a). Priphrie mesure avec la bande centimtrique.
et
de l'espace
intersourcilier
l'homme o5
c.
la
femme
53
c.
physe mastodienne d'un ct travers la protubrance occipitale externe et allant jusqu' l'apophyse mastodienne de l'autre ct Ligne frontale du bord antrieur du conduit
auditif d'un ct et passant par l'espace intersourcilier
24
c.
22
c.
30
c.
28
c.
Les chiffres moyens que nous donnons sont pris d'aprs les mensurations de ^Velker. sur le crne de squelettes {Cnlersuchi/nf/en iiber \Vachsl/n/i und Bau des menschlicheu Schdels, 1862), modifis pour les vivants par Muhr. Les plus importantes sont les mesures craniomtriques faites sur les alins pour constater les proportions, les dimensions et les dformations crniennes, s'il y en a. Les crnes macrocphales, avec exclusion de la cphalonie, de mme les crnes microcphales font supposer des tats d'idiotisme ou d'imbcillit congnitaux ou datant de la premire jeunesse. Les dformations du crne et un dveloppement ingal des deux moitis, paraissent prdisposer aux maladies crbrales. Ces signes sont d'une frquence surprenante chez les paranoques; souvent ils ont une origine rachitique. Il faut noter les traces de rachitisme laisses sur les autres
'
parties
du squelette.
296
Thomme
36
c.
la
femme
34 33
c.
protubrance occipitale externe Ligne oreille-menton du conduit auditif d"un ct par le menton celui de l'autre ct
33
c.
c.
30
c.
28
c.
P).
Volume au compas
d'paisseur
Diamtre longitudinal de la racine du nez protubrance occipitale externe Plus grand diamtre en largeur
Distance des orifices du conduit auditif
Distance des apophyses zygomatiques
frontal
la
....
de
l'os
18
io 12
c.
c.
c.
17,
o
c.
14
11,
11 c.
11
1
1
c. c.
12
c.
Index de largeur, c'est--dire chiffre trouv en du diamtre en largeur par le diamtre longitudinal
80
70
Signes de dgnrescence
a
!.
:
Anomalies crniennes micro, macrocphalie (cphalonie et hydrocphalie;, rhombo, lepto et clinocphalie. ccit congnitale, rtinite pigmentaire, coloboma iridis, J). Les yeux albinisme, pigmentation ingale de l'iris, strabisme congnital, obliquit
:
de la fente oculaire.
y).
Nez
position oblique
du
nez, racine
du nez
nisme).
).
Oreilles
la
dant dans
l'anthlix,
t).
trop petites, trop grandes, lobule rudimentaire ou se perpeau d'alentour, diffrenciation dfectueuse de Ihlix et de
et
du tragus
de l'antitragus.
seconde dentition, position anormale des dents (rachitisme). 6 La bouche et le palais bouche trop grande, trop petite
'.
:
trop ogival, trop troit, trop plat, trop large ou trop aplati hmi-latrale-
ment, staphylorraphie limbeuse, bec-de-livre, gueule-de-loup, os incisif prominent. o). Squelette et extrmits dvetaille de nain, pied bot, main bote loppement ingal des mains, des doigts, orteils surnumraires. \i). Parties gnitales cryptorchidie, pi-hypospadias, hermaphroditisme, utrus infantile, bicorne, etc., phimosis et hypertropliie du prpuce. Poils systme pileux anormal chez les femmes, corps velu. 4 Temprature du corps (thermomtre). 5" Frquence du pouls sphygmoqualit du pouls (lent ou acclr
:.
;
'.).
graphe).
6
Examen
etc.).
cope,
297
(es-
Examen de
la sensibilit
'
Examen des rtlexes cutans et profonds. Examen des fonctions motrices innervation
:
faciale,
mydriase,
l'iris
nystagmus, strabisme, paralysie du nerf oculo-moteur, ptosis, langage (aphasie, ataxie, glossoplgie); ataxie, tremblement, parsie, paralysie des
extrmits, des sphincters, catalepsie et tension musculaire.
10
"
Fonctions scrtoires
salivation, sueurs,
examen des
urines.
Examen physique des organes pectoraux et femmes position, conditions vgtatives et forme de
1:2
:
Sommeil, alimentation.
vertige, sensations de changement de poids de l'avoir plus grande ou plus petite, etc.
:
lo Fonctions sensorielles
de
la tte,
B.
1 Etat d'esprit
:
Examen
psychique
humeur fondamentale, changement d'humeur, tat de d'humeur, mode de raction pour les vnements du monde extrieur, si la raction est augmente ou diminue prendre en considration s'il y a des sentiments psychiques qui annotent les perceptions des sens et de quel genre sont ces sentiments psychiques. 2 Reprsentation (image mentale) est-elle ralentie ou acclre, dcoul'irritabilit
; :
sue; y
3
lieu, 4
a-t-il fuite
:
Conscience est-elle obnubile et dans quel sens (notion du temps, du conscience de sa propre personnalit), ou libre? Mmoire aiguise ou affaiblie, perte partielle (faits rcents) ou gn:
rale?
5
sont-elles facilites
ou
ralenties, fausses
ou
absentes ?
6 Etat
des penses,
tat
de
la capacit
mode d'accomplissement des processus de logique, au travail psychique en gnral, son intensit fnettet,
:
clart) et sa
7
des notions
et
des jugements
8
9
:
moraux?
Les efforts sont- ils accentus (activit ardente) ou diminus (aboulie)? Existence des ides dlirantes, des hallucinations?
v,
'
Mthodes
CINQUIEME PARTIE
THRAPEUTIQUE GNRALE
CHAPITRE PREMIER
POINTS DE VUE GNRAUX
Il
gurissable. Au brale et que, reconnue temps et bien faisait enfermer les alins sicle dernier encore, une ignorance brutale gnants avec les criminels et les vagabonds dans les prisons centrales et
traite, elle est
les
dans
la
crasse et la
misre.
Etre criminel n'tait gure une plus grande honte que d'tre alin Il tait rserv aux temps modernes d'arriver des vues plus justes sur
!
nature et le traitement de ces tats morbides, mais aprs de nombreux errements sur la nature de l'alination mentale, aprs une longue et fcheuse dispute sur la question de savoir si c'est l'me ou le cerveau, ou tous les deux qui sont malades. L'tude scientifique de l'alination mentale comme maladie crbrale a amen la conviction humanitaire que, en prsence d'une si navrante misre, la socit est oblige de donner aide et protection et qu'il ne lui est point permis de se dbarrasser des plus malheureux de ses membres
la
et
humanitaires a t
la cration des asiles d'alins. C'est ainsi qu'on a inaugur l're d'une
thrapeutique rationnelle des maladies mentales. La thrapeutique, telle que nous la pratiquons aujourd'hui, ne s'inquite plus de la question nullement pratique, mais mtaphysique de savoir si
au-dessus du cerveau il y a encore une me isole, si la thrapeutique doit tre exclusivement somatique ou psychique. Ce fait admis que toutes les manifestations intellectuelles sont des fonctions crbrales, nous devons
'
Neumann,
llergt, All>i. Zeilsc/tr. f. Griesinger, Op. cit., p. 469. Mauiiel, p. 19i. Voisin, Traih' de la paralysie f/nrale, p. 472.
300
agir aussi bien sur la vie psychique du malade par notre influence psychique eu rveillant des sentiments, des Images mentales, des tendances,
que nous devons, forts de l'exprience qui nous apprend que des processus anatomiques crbraux sont les causes de la folie, chercher faire disparatre les troubles des fonctions crbrales par l'emploi des moyens somatiques et mdicamenteux. L'gale importance du traitement somatique et du traitement psychique ainsi que la ncessit de combiner ces deux mthodes, parat tre ainsi le principe suprme de la thrapeutique des psychoses. Pour l'appliquer, il est ncessaire d'examiner pralablement et d'une faon trs exacte la personnalit malade dans tous ses rapports avec le
ce qui permettra d'chafauder ensuite
son caractre, ses penchants, ses habitudes, un systme de thrapeutique qu'on ne peut comprendre qu'individuelle; puis il faut chercher tablir les antcdents somatiques, les maladies et les prdispositions morbides d'autrefois, les circonstances et les causes de la maladie, la marche qu'elle a
prsent
et le pass, d'tudier
phnomnes
si elle
actuels.
de
la
du cerveau pourraient
l'avoir cause,
ou
si elle
est
sympathique
et,
dans
pu
la
provoquer.
il
Si le diagnostic
est Impossible,
faut faire au
nique, mais
forme morbide n'a tout au plus qu'une valeur clinullement suffisant pour la thrapeutique, La psychiatrie n'a jamais affaire des formes morbides, mais uniquement et toujours des individus malades. Contrairement la plupart des maladies des organes vgtatifs, o le processus anatomico-pathologique et souvent aussi la constitution physique viennent en ligne de compte, la psychiatrie ne peut et ne doit tre que rigoureusement individualisante. Le point principal de la thrapeutique est dans l'anamnse, la pathognie
Le diagnostic de
il
la
n'est
et l'tiologie du cas individuel. Dans le domaine de la psychiatrie, les mthodes curatives spciales, les systmes thrapeutiques ne sont appliqus que par les routiniers ou les charlatans. C'est dans le traitement individuel de la personne psychiquement malade que rside tout l'intrt, mais aussi toute la difficult de la thrapeutique, surtout quand elle est purement psychique. Comme l'alination mentale reprsente dans la plupart des cas une maladie chronique, durant des mois et mme des annes, nous avons assez de temps pour tablir les circonstances et la nature du cas pour les interventions mdicales. Dans les cas rares o ralination mentale se dclare d'une manire aigu et a une marche aigu, une thrapeutique active n'a que peu d'action contre la maladie qui, ordinairement, a une volution typique. Mais quand mme le cas concret serait parfaitement net au point de vue pathognique et cli-
THERAPEUTIQUE GENERALE
301
nique, des limites trs troites sont traces pour Tintervention thrapeutique active.
Ce n'est que rarement qu'on arrivera un diagnostic anatomique et, quand mme on y arriverait, il resterait encore rsoudre ce problme fort douteux sommes-nous en tat et par quels moyens d'intervenir d'une manire efficace contre la marche du processus crbral. De l vient que la tche du mdecin-aliniste consiste essentiellement
:
complications des autres organes, et dittiques les conditions de circulation, d'excitation et de nutrition du cerveau malade, ainsi qu' influencer psychiquement ce dernier et d'une manire salutaire en rgularisant le repos et l'activit, en ranimant les tats d'esprit, les images men carter les influences tiologiques
les
ou
moyens somatiques
tales et les tendances de la volont, et enfin combattre certains troubles lmentaires (insomnie, refus de nourriture, hallucinations, etc.) qui peu-
Bien que des limites troites soient traces notre action thrapeutique la maladie est son apoge, la psychiatrie ne s'en trouve pas moins en prsence d'une noble tche, celle de faire connatre et appliquer la pro-
quand
CHAPITRE
II
PROPHYLAXIE DE LA FOLIE'
L'tiologie de l'alination mentale nous montre les causes funestes qui produisent cette maladie. Beaucoup de ces causes sont vitables. C'est l'affaire de la socit comme de l'individu de se prmuuir contre les plus efficaces de ces causes parmi lesquelles nous nous bornons citer la transmission hrditaire par l'acte gnrateur, les excs sexuels et alcooliques. Souvent le mdecin est mme de prserver d'un mal menaant des individus qui, par suite des tares de leurs gnrateurs, ont une prdisposi-
naissances psychiatriques solides. La prophylaxie a ici une belle tche et qui n'est point ingrate. Car la prdisposition en elle-mme n'est pas encore une maladie et il est dans le domaine de la possibilit de prserver de ce malheur en affaiblissant
la
prdisposition et en dveloppant la
force
de rsistance contre
les
L'ducation
et le
L'hygine doit commencer ds l'enfance. Il n'est pas permis d'lever ces enfants au biberon ou par d'autres moyens artificiels, mais ils ne doivent pas tre non plus allaits par la mre dont
le
que
corps nvropathe, anmique, donne une mauvaise alimentation. Autant possible il faut leur procurer une nourrice saine de corps et desprit
la fin
du neuvime mois.
chauds. La de peu de mois 23'' R. A la priode dangereuse de la premire dentition il faut appliquer avec une rigueur toute particulire tous les prceptes hyginiques afin d'viter autant que possible les hyperhmies crbrales et les convulsions si frquentes et si graves cette poque.
'
chauffes, ni les vtements trop temprature des bains doit tre de 26 R. et descendre au bout
chambres trop
Calmeil, Maladies inflammatoires du cerveau, II, malad. ment., p. 632. Engelken, Allg. Zeitschr. f. Psych., Walter, Irrenfreund. 1875. 6.'. Plagge, Memorab., 1863, VIII, p. 9, 10.
Esquirol,
I,
p. 156.
p.
630.
10, p. 353.
THRAPEUTIQUE GENERALE
C'est
303
de bonne heure qu'il faut endurcir les enfants par des ablutions froides et par le sjour eu plein air. Une nourriture vigoureuse, mais non excitante, en vitant le caf, le th et les spiritueux, est recommandable. On ne saurait s'occuper trop tt du dveloppement des sentiments et du caractre. Qu'on habitue de bonne heure les enfants l'obissance, qu'on cherche rendre sre leur morale, qu'on ne laisse pas natre chez
eux des
sensibilit
qu'on
cherche
amener au calme
l'empire sur
eux-mmes en
face des
pripties de la vie.
La majorit des enfants tars prsentent un dveloppement intellectuel anormal. Ou il est prmatur, et dans ce cas il faut le refrner; ou il est retard, et dans ce cas il faut avoir de la patience. Toute fatigue crbrale doit tre vite. Ces enfants ne doivent tre envoys que tard l'cole, et comme les efforts intellectuels ne sont pas leur affaire, il faut leur choisir
de bonne heure une carrire bourgeoise, un travail manuel, ce qui leur vite les dangers du lyce et plus tard ceux d'une activit sdentaire et du
surmenage
riques,
il
intellectuel.
hypocondriaques ou hyst-
vaudrait mieux ne pas lever l'enfant dans la maison paternelle et le prserver ainsi du danger d'une ducation manque ou d'une transmission des infirmits psychiques des parents par voie d'imitation. L'ducation dans les pensionnats ne convient pas non plus ces enfants et cela
pour diffrentes raisons le mieux serait l'ducation dans la maison d'un pdagogue ou d'un prtre la campagne. Il faut particulirement faire attention aux aberrations ventuelles de l'instinct gnital qui souvent, chez ces individus tars, se dveloppe avec une prcocit anormale et une intensit excessive. Tout ce qui somatiquement ou psychiquement peut aider au dveloppement de la sphre sexuelle doit tre soigneusement cart.
;
Les individus prdisposs ont besoin d'une surveillance mdicale toute particulire l'poque de la pubert qui est remplie de prils pour eux, ainsi qu'en gnral toutes les phases de la vie physiologique.
se dclarer pourrait ferqui enchane les lments tiologiques et faire clater Talination mentale. Chaque maladie de ce genre (chlorose, etc. a besoin d'tre
mer
soigneusement prise en considration et traite nergiquement. Au point de vue psychique, cest surtout la lecture des romans et les tendances religieuses trop vives et trop enthousiastes qui sont dangereuses. Chez les individus du sexe masculin, le mariage de bonne heure diminue les chances la maladie; chez ceux du sexe fminin, le mariage nest dsirable que quand l'individu a atteint la maturit physique. Autrement, il serait craindre que la grossesse et le puerprium trouvent un corps insuffisamment dvelopp et sans force, et provoquent l'alination
mentale.
L'allaitement aussi, autant qu'il est possible au point de vue mdical,
doit tre surveill et ne pas tre continu
304
pendant trois mois. Le traitement dittique _et mdical pendant le puerprium doit tre fortifiant. A l'apoge de la vie, une carrire bien choisie, c'est--dire un mtier exempt d'agitations et qui n'expose pas l'individu aux pripties de la finance et du commerce, serait la mieux approprie pour la conservation de l'quilibre des fonctions intellectuelles. En mme temps il faut suivre un genre de vie conforme la nature, viter l'abus des boissons, et tenir compte des fonctions des organes digestifs.
Dans certains
cas,
CHAPITRE
III
^
Il est rare que l'alination mentale arrive subitement, comme un clair dans un ciel serein. Dans la plupart des cas, elle se dveloppe lentement, pendant des mois entiers et mme des annes. Temps prcieux pendant lequel on peut ragir contre le mal en germe, si le mdecin-praticien est aussi un aliniste et s'il reconnat clairement le dbut de la folie l o des gens inexpriments ne voient qu'une dpression physiologique, peuttre un chagrin d'amour, ou la chlorose, l'hystrie, l'hypocondrie, de la
faiblesse nerveuse, de
l'agitation
nerveuse,
et autres
clichs
diagnos-
tiques connus.
l'on rencontre encore assez souvent de psychiatrie permet ce stade de passer inaperu dans la plupart des cas et sans tre utilis ce n'est que la maladie qui semble clater brusquement qui fait ouvrir enfin les yeux.
Quand la maladie en voie de dveloppement a t heureusement reconnue temps, il est encore possible dans bien des cas de prvenir la catastrophe.
La premire condition pour russir, c'est de rechercher les causes et de La thrapeutique psychique, aussi bien que la thrapeutique somatique, ont ici un champ vaste. Dans un cas, ce sont peut-tre des condans un autre, l'anmie, ditions vitales malheureuses ou le surmenage les troubles menstruels, une maladie utrine, un catarrhe gastrique, etc.,
les loigner.
;
C'est l'affaire
du
tact
du mdecin
et
du diagnostic de toucher
juste
:
dans
ce cas.
1
En
gnral, on
un
Leidesdorf,.l^/.7. Wiener nied. Ztg., Comparez Ricker, Nassaulsches con'efip.ld,,\862,\. Erlenmeyer, Wie sind die Maudsley, Med. Times and Gaz. avril, 1868. Yellowlees, Drit. Spclenslrunrjen in dirent Ueyinn zu behundeln'.' Neuwied, 1861.
'
1862, 8, 9, 10.
20
306
bruyantes.
Un changement
la
sont des conditions locales (alaires de famille ou sociales) qui ont provo-
qu ou favoris
maladie.
:
l'alination
mentale va de
Avoir une nourriture substantielle, mais non excitante. Les boissons, que lusage des cigares forts, doivent tre vits. 4 Avoir soin que les scrtions s'accomplissent rgulirement, notamment les selles quotidiennes. Il ne faut pas prescrire de drastiques, mais seulement des lavements, alos, prparations de rue, de podopbyline salins ou dittiques (crme de tartre, raisins, lait caill, etc. 0 Il faut tenir compte de l'tat des fonctions crbrales en gnral, particulirement du sommeil il faut combattre les troubles de la circulation crbrale s'il y en a. Contre l'insomnie, on peut employer avec utilit les bains, les enveloppements dans le drap humide, Thydrate d'amylne, le sulfonal ou le trional d'une faon passagre, les opiacs seuls ou en combinaison avec le quinquina, la digitale avec l'eau de laurier cerise, les sels de brome, selon les
3
ainsi
;.
ici
des hyperhmies fluxionnaires produites par une diminution de l'innervation vaso-motrice. Ils cdent un rgime tonique, et on peut les combattre
ventuellement par des pithraes froids, par des compresses de glace, par des ventouses sches ou des sinapismes la nuque, des bains tides (surtout quand le cur est agit), bains jusqu' ^o'\ des bains de pieds
et
de mains.
6'^
Le mdecin doit
tre
expriment dans
le
traitement psychique,
possder la confiance du malade, et savoir se faire obir. Il doit savoir produire de la diversion chez lui et l'gayer. Il faut donner des instructions
l'entourage sur la conduite observer vis--vis du malade, et veiller ce que ses avis soient suivis on trouve des prceptes et des indications exceli
*.
On ne
doit ni
morale au malade ni le critiquer. Il est aussi absurde de combattre par la logique et par la dialectique les ides errones du malade qu'il est blmable d'aborder ce sujet. Ces tentatives ne peuvent que nuire, car elles ne font qu'irriter et qu'aigrir le malade et le confirmer dans ses ides, qui reposent sur une affection crbrale.
En un mot,
alors
7"
il
faut laisser le
malade tranquille,
mme,
il
et il ne faut intervenir rgime sanitaire mais douceur, jamais par ruse. Il ne faut
;
malade.
Quand l'alination mentale dbute par un tat mlancolique et qu'il existe des phnomnes d'hypresthsie psychique avec ou sans angoisse
Ilecker, Anleituni
f.
THERAPEUTIQUE GENEHALE
prcordiale, l'opium est
cier.
307
Mais dans
qu'
l'tat
la
le mdecin a reconnu trop tard la maladie, il tombe sur certaines mthodes curatives absolues, toutes modeles sur le mme moule, srement nuisibles, mthodes que
de pieux dsirs. Si
reste perplexe
ou
il
Erlenmeyer, puisant dans sa riche exprience, a si vaillamment chties dans une excellente brochure {Wie sincl die Seelenstrungen in ihrem Beginn zu behandeln,iS6l)^. Le malade est trait ou plutt maltrait par une cure de privations, c'est--dire un rgime blanc, saignes, purges, dpuratifs, etc., ou bien on l'envoie dans un tablissement hydrothrapique o il gle, o on lui applique impitoyablement des douches froides et o on l'afiaiblit; ou bien on lui prescrit une cure qui l'braule au moyen du tartre stibi et de chocs psychiques, ou bien une cure de distraction dans laquelle le malade qui est agit, douloureusement dprim, et a besoin de repos, est tran en voyage, aux thtres, aux concerts, dans les socits. On complte dignement cette cure moderne d'abrutissement par lechloral et le sulfonal employs par certains mdecins ignorants des doses qui peuvent empoisonner
malade. malade devient fou furieux, stupide ou obstin. On voit que le traitement en libert n'est plus possible, et c'est alors qu'on se souvient du malheureux asile d'alins o on l'amne alors souvent dans un tat incurable. Tel est le sort des malheureux alins, dont la maladie, grce l'ignorance des mdecins et au prjug funeste qui rgne contre les asiles, est
le
Enfin
le
dj devenue
mains
quand le traitement en libert ne convient plus ment dans l'asile devient ncessaire.
'Comparez
et
quand
l'interne-
Slark, Wariuinf/
v.
Kal/wu.sserkur, Wurle)iiberr/
p. 74)
:
1.
Neumann dit avec raison {Psych., on demande une place l'asile, sont
partie des malades pour lesquels dj pour ainsi dire tout fait perdus. La faute en revient en partie la famille, en partie au mdecin. La premire met beaucoup de temps croire que l'individu est malade; le second enfin appel met beaucoup de temps
Une grande
croire que le malade est un alin et tous les deux mettent ensuite beaucoup de temps pour se convaincre que le secours d'un mdecin aliniste est ncessaire. Dans la premire priode on tourmente et on irrite le malade par des distractions, des essais de persuasion, des semonces, des critiques, etc.; la seconde priode on essaie de
combattre l'irritation par des saignes, des purgatifs, des stimulations de la peau, des suppurations artificielles; et la troisime priode on est tonn que tous ces moyens n'aient servi rien. Alors intervient le mdecin aliniste qui trouve les forces puises, la digestion mauvaise, l'irritation psychique arrive au plus haut degr ou tombe l'tat de la plus profonde dpression, souvent mme une folie au seuil de la dmence. C'est ce moment qu'on demande une gurison l'aliniste .
CHAPITRE IV
L'ASILE
1
Lieu de terreur pour les profanes, l'asile d'alins est pour Taliniste le moyen thrapeutique le plus important qu"il possde contre la maladie. Ce n'est que l que le malade trouve une protection efficace contre les dangers et notamment contre le suicide. A l'asile il peut se laisser aller sans tre semonce, corrig, endoctrin il trouve des mnagements et de la bienveillance, une plus grande mesure de libert que ne pourrait lui en laisser le traitement dans sa famille, un appareil thrapeutique complet, en mme temps de la distraction et de la drivation autant qu'il en est capable. Il est vrai qu'il doit se soumettre l'autorit du mdecin, la discipline
;
et
au rglement de la maison mais aussitt qu'il reprend ses sens, il reconnat l'esprit bienveillant dont le tout est anim. Protection contre les dangers, puissant ensemble de moyens somatiques et psychiques. voiltes
;
avantages que ces tablissements offrent sur le traitement en libert, qui du malade, le manque d'intelligence de l'en-
Mais souvent l'asile mme constitue le remde direct en tant que le transdu malade dans d'autres conditions qui lui sont adquates accomplit l'indication causale et supprime net l'influence morbide d'un genre de vie excdant ou des conditions familiales et professionnelles dfavorables. En gnral les malades reoivent la meilleure impression de l'tablissement et ordinairement ceux qui gurissent se souviennent avec gratitude de l'asile auquel ils doivent leur gurison. La statistique nous montre clairement- que plus le malade arrive tt l'asile, plus grande est la probabilit de sa gurison. Malheureusement de nombreux prjugs traditionnels s'opposent ce qu'on ait recours temps aux asiles comme
fert
1
I,
p. 9.
Rapport sur le service des alins, Paris, 1874 (excellent expos des exigences d'un asile moderne, p. 95). D'aprs Jensen [IrrenfreinuL 1877, 9', on a guri Alenberg seulement 16 p. 100 des ITjS personnes appartenant au monde du commerce, par contre 56,2 p. 100 des 206 domestiques; les premiers ne venaient l'asile que lorsque tous les moyens taient puiss; les derniers n'ayant ni domicile ni argent, y taient transports immdiatement aprs que leur maladie s'tait dclare.
THERAPEUTIQUE GENERALE
309
le
moyen de
malade
devenir incurable,
les
et
de
l vient
blent plutt des cimetires de la raison branle qu' des asiles pour les
maladies crbrales. On croit que le malade en vivant avec d'autres malades n'eu deviendra que plus malade encore. L'exprience nous apprend le contraire. Les malades, en voyant que les autres sont traits de la mme faon qu'eux, deviennent attentifs leur propre tat l'exemple des autres les stimule d'une manire salutaire et les amne l'ordre et la sou;
mission.
dans chaque asile. Cependant tous les malades n'ont pas besoin d'tre interns dans une maison d'alins. Tant que, chez le grand public, l'alination mentale passera pour une maladie dshonorante et que le sjour dans un asile portera prjudice au malade guri, on ne devrait interner le malade que quand l'urgence en a t mrement examine et pese. D'ailleurs les asiles ne suffiraient jamais recevoir tous les alins. Pour dcider si l'asile est ncessaire ou non, il faut adopter comme principe suprme de toujours examiner les chances de gurison. Si les confait
ditions de la vie de famille sont dfavorables, peut-tre mme la cause de la maladie, si le mdecin est inexpriment et l'entourage inapte au traitement psychique, si les moyens pcuniaires sont restreints, on ne
pourra gure viter l'asile. Si on trouve des conditions favorables, on pourra se passer de l'asile pendant un temps, mais alors il est ncessaire d'loigner le malade de son milieu habituel. Un deuxime point de vue est celui des dangers que le malade prsente pour lui-mme et son entourage. La surveillance dans le traitement priv ne protge pas suffisamment contre les accidents.
Un
lit
du malade aux
soins,
l'impossibi-
Enfin tout cela dpend beaucoup aussi de la nature de la maladie. L'asile que pour les cas chroniques. Le grand appareil
administratif d'un asile d'alins est absolument inutile pour une alina-
au bout de quelques jours ou de quelques semaines. Il suffit d'un hpital ordinaire si les soins donns dans la famille se trouvent insuffisants. Dans l'hpital de chaque ville on devrait prendre des dispositions pour hberger les cas aigus (delirium tremens, dlire pileptique, etc.). Parmi les malades chroniques qui doivent en gnral tre reus dans les asiles, il est indispensable d'interner les mlancoliques avec tdium vitae prononc ou avec impulsions destructives contre le monde extrieur, avec refus de nourriture, par suite de l'impossibilit de prvenir dans le Iraitement en libert les dangers qui rsultent de ces tats. Les maniaques et les fous furieux ont besoin de l'tablissement cause
310
de l'isolement ncessaire pour leur gurison et de leur caractre dangereux; de mme les pileptiques avec tats d'agitation frquents, les paranoques qui ont des ides dlirantes dangereuses, les paralytiques dans les premiers stades de la maladie. Il faut autant que possible viter l'internement des hypocondriaques et
des hystriques, des individus atteints de
ils
folie
raisonnante, surtout
quand
perscutions.
La place des individus atteints de faiblesse psychique secondaire, des paralytiques au stade terminal de leur maladie, des ivrognes, des fous criminels, n'est pas dans les asiles d'alins.
asile d'alins
il
pour empcher
abus
et
notam-
les
qu'un mdecin public constate par un certificat la maladie et de recevoir le malade et qu'enfin les autorits administratives et judiciaires soient prvenues de l'entre du malade dans
suffit
motive
l'asile.
la ncessit
Si l'on rend les conditions d'admission trop difficiles, c'est l'asile qui en
lui-mme dj tant
lutter contre
il
par exemple un voyage d'affaires, visite chez des parents. Dans les meilleurs cas cette supercherie empche souvent elle l'irrite, quand il le malade de se rendre compte de son tat s'aperoit ensuite de la ruse, et veille en lui des sentiments hostiles contre
;
malade avec beaucoup on ne doit pas le tromper en allguant un dpart pour les bains de mer, une
faut le dire au
;
l'asile et
contre sa famille.
CHAPITRE V
TRAITEMENT DE LA FOLIE A SA PRIODE D'TAT
I.
Thrapeutique
a tabli
somatique.
On
a)
comme
principes fondamentaux
Eviter
toute
intervention
qui
pourrait
affaiblir
l'organisme
de
l'alin.
Il faut considrer comme un vieux prjug l'opinion que les alins auraient besoin de plus grandes doses de mdicaments que les individus
sains d'esprit.
Ce n'est que dans des cas rares, notamment en prsence des narcotiques, qu'une mme dose produit chez le mme malade un effet diffrent suivan' que le mdicament est donn au moment de l'excitation psychique ou
aprs.
grande tolrance n'est qu'apparente, tant donn que de l'effet dsagrable du mdicament ou n'y prte pas attention, sans pour cela ragir au point de vue pharmacodynamique d'une autre manire que l'individu sain d'esprit. Quant aux tats crbraux, si importants au point de vue tiologique et thrapeutique, il faut renvoyer la pathologie et la thrapeutique gnrales des maladies somatiques. Celui qui veut comprendre et traiter les alins doit connatre toute la
reste cette plus
le
Du
malade ne
se plaint pas
science mdicale.
Les difficults qu'on a ici combattre au point de vue diagnostic et thrapeutique ne sont gure moins grandes que celles qu'on rencontre dans la pratique des maladies des enfants. Les connaissances approfondies en
ueuropathologie et en gyncologie sont trs prcieuses. L'intervention mdicale sur ce dernier terrain ne doit cependant se faire qu'avec prudence et tact. C'est avec raison que Ripping {Allg. Zeitschr. f. Psych., 39) prvient contre un trop grand empressement et Schle {Handb., 2 d., p. 624) contre les procds brutaux. En gnral on ne doit tenter un examen et agir au point de vue thrapeutique que quand les malades reviennent la raison
312
OU que
rieusement une intervention. Nous avons peu de remdes notre disposition pour combattre
psychopatliiques.
Le point principal
c'est d'avoir
des indications
justes".
A.
Moyens
1 En diminuant la quantit du sang. Saignes. Autrefois on a fait un grand abus des saignes chez les alins en se basant sur les thories de
l'inflammation.
Le temps
est pass
o l'on ne pouvait
se figurer
un
tat d'excitation
du cerveau et o l'on prenait la lancette ds qu'une folie furieuse tait diagnostique ou qu'un malade furieux se mettait dlirer. Depuis qu'on sait que l'alination mentale se produit souvent comme la
consquence directe d'une perte de sang ou par suite d'inanition, on est devenu prudent en ce qui concerne les saignes. Aujourd'hui l'usage de la saigne chez les alins est pour ainsi dire franchement proscrit et cette proscription a t mille fois justifie par l'exprience, car la saigne chez les mlancoliques et les foux furieux amenait une accentuation de l'agitation ou un puisement et de la stupeur, et on n'a presque jamais vu un cas amlior par ce moyen. Les rsultats plus favorables obtenus par la psychiatrie moderne sont dus moins la dcouverte et l'emploi plus rationnel des nouveaux remdes qu' l'abolition des interventions affaiblissantes parmi lesquelles il faut citer, outre les purgatifs, l'mtique, les vsicatoires, les moxas, les onguents vsicants et, en premire ligtie, les saignes gnrales. Comme rgulirement l'alination mentale provient de causes affaiblissantes, qu'elle marche de pair avec une diminution progressive du poids du corps, une accentuation de l'activit crbrale, de l'insomnie et une alimentation insuffisante, elle mne l'inanition et l'anmie dont l'expression nette est l'tat d'puisement et d'hbtude qui succdent aux troubles psychiques graves. Nous avons chez les alins assez souvent affaire des phnomnes nets d'hyperhmie crbrale; ce ne sont pas les consquences d'une plthore mais d'une faiblesse des processus neuroparalytiques dans le domaine des
nerfs vaso-moteurs.
Il est vident qu'ici la saigne est presque sans aucune valeur par suite de la dpltion phmre qu'elle cre, tandis que l'appauvrissement du sang qui en rsulte ne saurait tre compens que lentement ou pas du tout
et
qu'il
Dans
les circonstances
THERAPEUTIQUE GENERALE
ncessaire, au dbut
3i:!
la folie qui clate par dans certains cas de psychoses de la mnopause, il suffira de mettre des sangsues aux tempes, derrire les oreilles ou la cloison des fosses nasales ou des ventouses la nuque, pour remplir l'indication symptomatique. En gnral nous devons toujours tre trs conomes du sang des alins. 2 En diminuant l'activit du cur. En premire ligne il faut mentionner ici la digitale' (en infusion ou eu teinture). Sou action accumulante exige de la prudence dans son emploi. Une affection catarrhale
gastrique aigu et les tats d'excitation sexuelle accentus contredisent l'emploi continu et haute dose de ce mdicament.
L'azotate de soude, de petites doses de
cerise aident
peut encore tre calme par des compresses froides appliques sur la rgion cardiaque, par la diminution de la temprature du sang au moyen 16 R.) de demi-bains frais (21
3''
Par
A
lit
ct
du bain tide on emploiera utilement les frictions avec des draps de humides, l'enveloppement dans les draps, ensuite des bandages aux
jarrets (Winternitz).
Une drivation du ct des vaisseaux intestinaux au moyen des sels, des eaux minrales contenant du sel de Glauber, du sel de Carlsbad, del'alos, de la rhubarbe, du nerprun, peut tre indique. Les ventouses sches produisent une dpltion abondante du ct de la peau. 4 Par resserrement des roies vasculaires du cerveau. a) Hydrothrapie-. On peut resserrer les voies vasculaires du cerveau d'une manire rflexe par des compresses froides ou par des sacs de glace sur la tte, ou directement par des compresses ou des sacs appliqus le long des vaisseaux
du cou.
'^)
Excitations de la peau.
avec un stimulant sensitif une contraction des vaisseaux de tout le corps et par rflexe celle du centre vasculaire dans la moelle allonge. SchUer, l'aide des sinapismes, a provoqu chez des lapins d'abord une dilatation
des vaisseaux de la pie-mre, ensuite un rtrcissement durable de ces
vaisseaux. Ce
est
moyen de
restreindre l'afflux
du sang au cerveau
et,
est surtout
comme
la circulation
en mme temps acclre, l'excrtion des produits de la mutation intraorganique et l'oxydation dans le tissu crbral sont facilites. Il faut recommander les bains gnraux ou les bains de pieds la moutarde, ensuite les sinapismes couvrant de grandes surfaces de la peau. Buch {Arch. f. Psych., XII, fasc. 1) vante aussi les vertus du Baunscheidtisme.
'
juillet.
Rigot,
2''
Mickle, Joiirn.
Annal, med.
jjsi/chol.,
TirilJ, p. 599.
-
Comparez Winternilz,
Ihjdi-olherapie,
t.
II,
section, p. 445.
314
Mdicaments.
spasmodique sur
les
vaisseaux
la cafine, aux prparations de brome, l'opium et morphine petites doses, ainsi qu'au seigle ergot et ses prparations. Parmi tous ces moyens, le plus important et le plus remarquable est le seigle ergot* en infusion, mieux encore en extrait aqueux sous forme d'ergotine prpare par la mthode de Boujean, de Wernich ou de Bombelon, ce qui permet l'usage de la mthode sous-cutane.
quinine, au plomb,
la
B.
Moyens
1 En augmentant i'actuit du cur. Les spiritueux et les analeptiques exercent une action directe de ce genre. Comme les premiers favorisent
en
mme temps
la nutrition
du cerveau
et le
ils
ils
dans les tats de faiblesse psychique fonctionnelle et dans les tats d'puisement. Dans les cas ordinaires et quand il s'agit d'amener d'une manire constante plus de sang au cerveau, le bon vin vieux, la bire, les boissons
alcooliques chaudes (grog,
punch au vin, etc suffisent. Quand l'action du cur est trs affaiblie et quand la circulation est trs abaisse, il vaut mieux donner du th, du caf, du cognac, des thers, de l'alcool thylique (comp. Obermeyer, Arch. f. Psijch., IV). Dans le collapsus, s'il y a menace de syncope, les injections sous-cutanes d'ther sulfuriqne ou de camphre (1 p. iO d'huile dolives ont un effet excellent. 2'' Par la dilatation a, Hydrothrapie. des voies rasculaires. Les com)
presses chaudes sur la tte, les bonnets remplis d'eau chaude, les frictions courtes et froides, les douches d'un quart trois quarts de minute, les
demi-bains frais pendant trois quatre minutes Winternitz). On attribue une action vaso-dilatatrice l'ther, au ^) Mdicaments. chloroforme, l'opium et la morphine grosses doses, surtout l'azotite d'amyle - qui est en mme temps un excitant du cur. Il n'agit que par inhalation et non par la voie gastrique.
i
En
facilitant l'afflux
du sang au cerveau.
le
On rpond
les
le
mieux
cette
repos ou une position basse de la excellent pour tous les tats dus Linanition et qui souvent
narcotiques. La ralisation
de cette indication est difficile chez les malades agits et peureux. Avec de la patience on arrive souvent au but le malade se rassure et obit. Un lit en fer sans oreiller rend la chose plus facile.
;
Yeats, Med. Times and Gf/:., 1872. Van Andel, J//.7. Zetsch. f. Psych.. 32. Brown, Corr. Bl. f. Psi/ch., 1876. 6, 7. Schlangenhausen, Psych. Cenlralbl.. 1877, 2.
*
oselli, Allcj. Zeifschr. f. Psych.. 36, p. 90. - V'mk, Monographie, 2* d., Berlin, 1877.
1872, 46-48.
Otto,
f.
fasc.
1.
-l//r/.
Berger,
Schramm, Arch.
Psych., V, fasc.
THRAPEUTIQUE GNRALE
315
C.
agitation
1.
la
Clinants gnraux.
les
a)
Narcotiques.
Dans
un
narcotiques
jouent juste
titre
provoquent le sommeil. moyens, l'opium avec ses prparations diverses (opium pur, laudanum, extrait aqueux d'opium) est un des plus imporOpium^.
Parmi ces
tants.
On remploie de faon pratique et utile en injections sous-cutanes sous forme d'extrait aqueux (1 p. 20), puis en lavements ou en suppositoires. L'usage interne est moins recommandable et, quand il est ncessaire, des toniques, des il faut donner l'extrait aqueux en combinaison avec amers ou du vin d'Espagne.
Voici les effets de l'opium
1'^
:
calmant, abaisse l'hyperesthsie psychique et l'angoisse prcorPar l il agit souvent comme hypnotique en mme temps diale. 2 Il excite les nerfs vaso-moteurs et par l rtrcit les vaisseaux; 3 Il a une action trophique sur le systme nerveux central, il facilite
11
est
par consquent
la nutrition.
L'effet accessoire
sur
les
le
qui produit la constipation et la diminution des scrun emploi de longue dure son action paralytique cur qui amne une hyperhmie veineuse dans le cerveau et dans
;
poumons, existe, il est vrai, dans les tentatives d'empoisonnement, mais elle ne vient pas en ligne de compte quand il s'agit des doses
mdicinales habituelles.
On
du traitement par
ils
l'opium chez les alins, pourvu que Les tats fluxionnaires du cerveau eux-mmes, quand
sont de nature
nvro-paralytique, ne sont pas une contre-indication du traitement opiac; par contre, ce moyen parait dangereux dans tous les tats d'hyperhmie
veineuse.
Les anmiques, les hystriques et les hypocondriaques ragissent avec une intensit particulire aux opiacs, mais il existe rarement une idiosyncrasie telle qu'elle fasse chouer le traitement.
Comme
effet local
de
la
il
se produit
Micha, Gaz. med., Engelken, Allg. Zeilsch. f. Psijch., 3, fasc. 3; 41, fasc. 1, p. 89. Legrand du Saulle, Aiui. md. psych., 1669. Marc, Gaz. des Jlpit. 4, 8, 10. Nasse, bid., 32. L. Meyer, Allg. Zeilschr. f. Psi/ch., 16. Tigges, Ibld., 21. Kontny, 7'/r.s-.v. Ver. Zeilr/., 1862. 42. Erlenmeyer, Archit'. der deulschen Gesellschaf Ziehen, l'/ierapeut. MonatshefLe, 1889, Focke, Jbid., IV, 1. f. Ps-i/ch., m, 1 et 2. lvrier, mars.
1853,
316
souvent des abcs, mais qui gurissent avec une rapidit tonnante trophiques locaux de l'opium ?).
L'opium
dbut.
diale.
Il
est
A l'apoge de la mlancolie aussi, quand c'est une mlancolie active qui s'accompagne d'angoisse prcordiale, l'opium est un remde indiqu. Son effet est excellent dans les psychoses alcooliques aigus (mlancolie,
manie,
folie
de la perscution)
et
dans
et
Dans tous
il
de manie, de
mme que
dans
la mlancolie pas-
L'opium peut
trait
employ par
la voie
laudanum
et l'ex-
pour l'usage sous-cutan, ce dernier seulement. La solution d'extrait aqueux se conserve mieux si l'on y ajoute de petites quantits de, glycrine. Tel est aussi le cas pour les solutions de morphine. De plus la solution doit tre souvent renouvele ou du moins frquemment filtre. Alors on n'aura gure craindre les abcs l'endroit de l'injection. L'injection cause une douleur modre. On obtient l'effet calmant et psychiquement anesthsiant de l'opium quand on arrive aux doses moyennes de 0,1 0,2 donnes deux fois par jour. Ordinairement cela suffit et l'on s'en tiendra l. Parfois, il est vrai, on est forc de monter jusqu' la dose de 0,0 donne deux fois par jour. Quand l'apoge de la maladie est passe, il faut progressivement diminuer la dose traitement progressif). Il ne faut jamais cesser brusquement l'usage de l'opium. 11 est facile de s'en dsaccoutumer. On n'a jamais observ de phnomnes semblables ceux du morphinisme, tout au plus de la lassitude et de la paresse intellectuelle. Les doses minima et loignes ne valent rien dans le traitement par l'opium. Dose initiale 0,03, deux fois par jour, avec progression aussi rapide que possible. Morphine \ La morphine produit en gnral les effets de l'opium, sauf son action trophique, de sorte que dans tous les cas o l'on a le choix entre
;
:
aqueux
les
deux,
et
quand
c'est
Les petites doses (0,01 0,03) agissent en excitant les vaisseaux, de plus grandes f0.03 0.06) en les paralysant. L'effet local et gnralement sdatif est obtenu par des doses de 0,01 0,1
Reiner, Ibld.. 30 Hergt, Ibkl.,53. Die Dijsphi'eiua neuralf/ica, 1861, etHancIb. p. 636. WolfF, Arch. f. Ps/jch.. II, Knecht, Ib. III, p. 3. Witkowsky, Die Morphiifmwirkung, 1877 (avec littrap. 601. Salomon; Alh/. ZeilscJir. f. ture). Gscheidlen, ^yurlzb. phjjsiol. Untersuchunc/en, lll.
'
Schiile,
THERAPEUTIQUE GENERALE
ijH
L'auteur de ce livre emploie exclusivement des solutions d'un sel de morphine (ou l'extrait d'opiumj dans 10 parties d'eau distille additionne de i2 parties de glycrine. Au dbut du traitement l'action mtique du mdicament est gnante. La position horizontale, le caf noir, l'adjonction de petites quantits d'atropine, en triomphent bientt. Avec la mthode sous-cutane il se produit parfois des incidents fcheux ou immdiatement aprs l'injection ou une deux heures aprs. Dans le premier cas, ces phnomnes ne dpendent pas de la dose, ni de l'injection dans une veine, mais probablement de la piqre ou (quand la solution est acidule; de l'irritation chimique d'un nerf cutan et de la paralysie rtlexe des centres nerveux dans la moelle allonge qui en peut rsulter (arrt du cur et de la respiration). Une paralysie vasculaire de la peau (partant comme un clair de l'endroit o l'on a fait l'injection) peut prcder ou constituer tout l'accs (paralysie vaso-motrice). Dans ces cas, la
respiration artificielle, les stimulants, entre autres l'excitation lectrique des nerfs phrniques, sont ncessaires.
Dans le deuxime cas il s'agit d'un vritable empoisonnement qu'on doit combattre par une injection d'atropine, par la respiration artificielle, par les stimulants, ventuellement par une saigne. La morphine n'a jamais d'effets cumulatifs. Au bout de quelques heures son effet est termin. Quand on en use plusieurs mois et grosses doses, elle devient un besoin pour le systme nerveux central. Il se dveloppe
alors la
est la plus
i" Dans les tats mlancoliques avec symptmes nvralgiques ou vasopartiques, cause de son effet sdatif local et gnral et de son action vasculaire excitante
;
paranoa avec hyperesthsies, sensations nvralgiques et ides dlirantes dpendant de ces dernires (dlire de perscution physique) dans les hallucinations avec hyperesthsies ou provenant d'hyperesthsies des centres acoustiques, et surtout dans la parano'ia hallucinatoire;
2'^
Dans
la
3''
Dans
dans
la
manie violente o
la
grande
trouve continuellement des stimulants dans le monde extrieur, ce qui provoque des rechutes et retarde la convalescence, enfin dans les
irritabilit
motions colreuses des imbciles. La morphine agit tabilit psychique qui s'est effectue
;
ici
en abaissant
l'irri-
4" Dans les tats d'excitation intercurrents ifluxionnaires, maniaquesi des paralytiques, accompagns de paralysie vasculaire. Ici sont indiques les doses qui excitent les vaisseaux et allant jusqu' 0,03;
5'' Gomme calmant, dans les tats d'excitation intercurrents des formes chroniques qui pour la plupart sont causs par des fluxions, des hallucinations, des motions
;
6'
Dans
les tats
et
riodiquement
318
acclr, tendu)
Ici
le
mal. L'emploi de la morphine n'est pas recommandable quand il y a marasme, tendance au collapsus, quand il y a des lsions des valvules non compenses, cur gras, dans la manie son apoge et forme expansive. Les autres alcalodes de Fopium, la narcine introduite dans la thra'
peutique par Claude Bernard, ainsi que la papavrine - recommande par Leidesdorf et autres, ne sont pas indispensables et, abstraction faite de leur prix plus lev, ils ont moins d'action que la morphine. On devrait cependant faire une exception pour la codine qui, d'aprs mes observations, peut souvent remplacer l'opium et qui, en outre, offre
''
l'avantage de ne produire ni constipation ni abasourdissement. Sa valeur narcotique est environ au tiers de celle de la morphine. Pour l'emploi
recommande la codine muriatiqne (en pilules ou en mixture une codine muriatique, 0,3; eau distille, 130; sirop de menthe, 20; petite cuillere jusqu' dix fois par jour); pour l'usage sous cutan on emploie la codine phosphore soluble dans quatre parties d'eau.
interne on
:
Le stamonium
31, 32)
la
(Gar.
md. de Paris,
1853,
cigu (Crichton Browne, Lancet, 1872), l'acide cyanhydrique (Me Lead, Med. Times and Gaz., 1863, mars), le chloroforme, n'ont point justifi les esprances qu'on avait fondes sur eux. Les prparations de belladone aussi le cdent comme efficacit aux
opiacs; pourtant (Schille, //a?rf6., S'' dit., p. 638), les mlancolies graves avec motions d'angoisse instinctives paraissent parfois cder au traitement par l'extrait de belladone continu pendant une priode prolonge.
Dans
en gnral, et
plupart des cas cependant on emploie en mme temps l'opium, car, mes observations ,1e confirment, la combinaison de l'opium la belladone se montre utile dans certains cas graves et spciaux avec de mlancolie. Parmi les conqutes les plus importantes dans Prparations de brome'*. de la thrapeutique des maladies nerveuses, il faut compter les le domaine
la
sels
l'activit cr-
brale et
notamment
du systme
nerveux central. Par suite de leur action particulire sur l'organe central, leur emploi est indiqu dans les cas o l'irritabilit est accentue d'une manire anormale, notamment dans l'appareil rflexe. Les sels de brome doivent tre employs spcialement dans les psychoses
'
f.
Psych.,
24.
Slark, Ally. Breslauer, Vlerteljahrsschr. f. Psych.. 1868, p. 403. -Leidesdorf Kelp, Hoffmann, Wiener, med. Jahrb.. XX, p. 207. Zeitschr. f. Psych., 26, p. 121. Arch. f. Psych., Il, fasc. 1, p. 177. 3 Dornblulh, Therapeut. Monatshefte, 1889, aot. Rheiner, IbicL, septembre.
Drouel,
Ann
(rsultats
non
satisfaisants).
Slark, Ally.
THERAPEUTIQUE GNRALE
319
occasionnes par des excitations des organes pripliriques futrusj et qui comme des psychoses rflexes, irradies. Dans cette catgorie rentrent les mlancolies constitutionnelles avec hyperdoivent tre considres
esthsie spinale, les formes
de la paranoa sexuelle au moment de la hors de cette priode, de mme que le dlire de perscution physique bas sur des sensations. Le brome doit encore tre utilis dans la folie priodique accompagne d'tats d'excitation dans le systme des
mnopause
et
mme dans la manie avec excitation sexuelle, car il a une action antiaphrodisiaque. C'est enfin un narcotique pour beaucoup de malades quand on le donne la dose de 4 6 grammes. Parmi les maladies nerveuses, c'est surtout dans celles qui prsentent une accentuation de l'irritabilit rflexe spinale ou crbrale, comme l'pilepsie, la chore major et minor et certains tats dliystrie, que le bromure
nerfs gnitaux, de
de potassium est utile. La dose minima pour les adultes, pour amener un rsultat, doit aller 6 grammes. Dans la plupart des cas on peut sans prjudice et temporai-
grammes par jour; comme dose maxima on pourgrammes. Comme les femmes ragissent sous l'influence de ce mdicament d'une manire plus intense que les hommes, on doit pour elles admettre une dose quotidienne de 4 8 grammes. Les prparations de brome ont t d'une efficacit toute particulire en face de l'pilepsie', et non seulement dans les cas rcents produits par
rement
aller jusqu' 10
rait fixer lo
Le Piscidia erythrina qui, ds 1844, a t recommand comme somnifre par Hamilton, parat avoir une action analogue celle du brome, du moins
sdatif. De mme que le brome, ce mdicament (brome vgtal) parat abaisser d'une manire considrable l'irritabilit et l'agitation psychique et crbrale. Dose: 2 3 cuilleres caf d'extrait fluide. Pas d'effets
comme
secondaires dsagrables.
Le piscidia peut tre pris facilement dlay dans de l'eau avec adjonction de sirop de menthe. Combin aux prparations de brome, il parat particulirement utile.
Hyoscine^.
les
plus puissants.
Il
para-
provoque un relchement de l'innervation, de la titubation, du balbutiement, de la somnolence, et amne souvent un sommeil durant de six huit heures.
lyse passagrement l'corce crbrale,
il
Employ passagrement,
le
c'est
un
bienfait pour le
personnel qui le soigne, car il tablit la tranquillit chez les excits ayant la manie de salir et de dtruire, dans les cas de manie priodique, d'excitation pileptique et paralytique, de manie alcoolique grave, de dmence agite.
V, fasc. 1.
320
Comme
recommander pour
le
sauf
quand
il
s'agit
de rendre possible
transport des
fous furieux.
Chez
les
rairement.
Duboisine^.
moins dangereuse,
psychiatrie.
C'est
Suprieure Thyoscine comme action et beaucoup la duboisine a t introduite par Ostermayer dans la
sdatif qui agit souvent en
un puissant
nar-
cotique.
Son emploi
produit son
est en gnral
indiqu dans
les
l'hyoscine.
Pris par la bouche, elle n'agit que trs peu. Par la voie sous-cutane elle
effet au bout d'une demi-heure. Souvent une dose sous-cutane de 0,0008 0,001 suffit. On ne devra jamais dpasser 0,002. Dans ces limites elle n'influence pas essentiellement ni le pouls, ni la respiration, ni la temprature. L'effet cumulatif ne parat pas se produire.
IL
Calmants plnjslques
et
dittiques
Outre le repos au lit, l'isolement temporaire du malade, l'loignement des excitations vives des sens, il faut songer ici en premire ligne certains calmants bydrothrapiques. a) Bains tides de '2o i~" II. Non seulement ils raniment et stimulent les processus physico-chimiques dans l'organisme, produisent une drivalion par la dilatation des vaisseaux cutanes, facilitent la rsorption, abaissent le pouls et la chaleur du corps, mais encore ils calment parce qu'ils excitent d'une manire uniforme les nerfs de la peau et par l provoquent le sommeil. Ordinairement on les prescrit pour une dure d'une demi-heure une heure. Quand il y a en mme temps fluxion, il faut appliquer simultanment avec le bain des compresses froides sur la tte. On a tendu ce mode de thrapeutique par les bains prolongs - d'environ '2S"R. que Brierre a introduits et fait durer de dix douze et mme quatorze heures. En mme temps la tte du malade est arrose avec de
l'eau environ
15'^.
Brierre les a trouvs efficaces dans les manies rcentes chez les mlancoliques,
notamment chez
les alcooliques, et
fait dplac
cas,
il
faut, si
dans les manies puerprales. en cas d'anmie ou d'puisement on les emploie, donner une nourri-
heutsclie
Preininger, Ibid., 48. p. 134. Gellhorn. Ostermayer. ZeUschr. f. Psi/ch., p. 178. Lewald, Xeurolog. Centralbl., 1890, 19. med. Wochenschr., 1891, 30.
\%, fasc. 1.
mars.
jjsi/ch.,
Bail-
Brocard, Thse de
f. Psi/ch.. 34.
THERAPEUTIQUE GENERALE
ture tonique au malade. Les maniaques doivent tre surveills pendant
321
le
ils s'y
Les douches, les bains en pluie, comme on les emploie souvent dans les tablissements hydrothrapiques, doivent tre dconseills dans les psychoses, car ils ont pour eiet de soustraire trop de chaleur au corps et
dexciter les malades; les douches causent aussi un branlement mcanique; voil pourquoi ces moyens hydrothrapiques sont nuisibles. Un bon calmant qui agit souvent comme hypnotique, ce sont les enveloppements par le systme Priessnitz, d'une dure dune plusieurs heures ', et qu'on recommande nouveau depuis quelque temps, Le traitement de l'insomnie, si frquente chez les ). Hypnotiques -. alins et si nuisible au point de vue psychique et physique, est trs difficile. Il doit toujours tre individuel et viser l'loignement des causes qui ont amen l'agrypnie. Mais ces causes sont multiples et pas toujours faciles
reconnatre.
l'anmie cr-
du manque de sommeil. C'est prcisment dans ce cas qu'il faut chercher tout prix obtenir du sommeil. 11 faut alors le repos au lit, une nourriture abondante avec des spiritueux. La bire Wittich', un ])on vin vieux, le vin chaud, le punch au vin, les liqueurs fortes, amnent souvent dans ce cas un effet hypnotique suffisant. Si ces hypnotiques plutt dittiques ne suffisent pas, on essaie de la paraldhyde et mme du chloral. Dans les tats d'puisement psychique graves, les injections de camphre peuvent aussi donner quelques succs. La morphine et l'opium restent habituellement sans effet chez les malades trs anmiques. Parfois alors ces moyens combins avec la quinine, par la mthode sous-cutane, ont un certain succs. L'auteur de ce livre fait dissoudre O,iio de sel de morphine dans o grammes de glycrine et 1 gramme
de bisulfate de quinine dans 15 grammes d'eau distille; mlanger ces deux solutions et filtrer le mlange. Une seringue injections contient 0,01:2o de morphine et 0,0o de quinine. L'insomnie due une intoxication cde ordinairement quand la substance toxique est limine. Les antidotes (strychnine dans l'alcoolisme)
sont d'une grande valeur. Les tats asthniques avec insomnie, cons(lueuces ds abus alcooliques, cdent ordinairement l'opium.
dans
les
psychoses
si la
(dlire aigu,
dmence
paralytique) o
faut se
demander
Svetlin Leidesdorf, Psi/ch. SliKlien. 1877) vante la valeur des enveloppements dans des draps tremps dans de l'eau 18-20 (une heure deux heures) pour combattre l'agitalion des maniaques. Il prtend mme avoir coup au dbut des manies priodiques, avoir diminu l'intensit de l'excitation par l'abaissement de la temprature et de la rrquence du pouls. Ce qui est trs prcieux, c'est l'efTet hypnotique qui ne manque jamais. On doit commencer par des enveloppements durant deux heures deux heures et demie et continuer jusqu' ce que le sommeil devienne plus court et moins profond. Dans ce cas il faut abrj^er la dure de l'enveloppement. V. Roechlinr/ Dissert, Bonn^ 1876, Wu-kuni nasser E'mwiklunrjen bei mit Sfitpor be/iaftefen Melancholischen. V. Krait Schi'Le, Uandb. 2' dit. p. 656. Wittich, Archiv. f. Psych., VI, fasc. 2. Wiener Klin. Wochenschrift, 1890, n'" 2 et 3.
PSYCHIATRIE.
21
322
mutation iutraorganique, l'excitation crbrale, la douleur, etc., n'empchent pas le sommeil. Dans les tats fluxionnaires du cerveau conviennent surtout les bains tides avec compresses, la digitale, les injections d'ergotine. Dans le cas d'excitation crbrale, de petites doses de morphine
(mthode sous-cutane 0,01 0,015) sont salutaires. Dans les psychoses fonctionnelles l'insomnie peut tre cause par une srie de processus amenant un trouble psychique ou somatique. Les processus psychiques les plus importants sont l'hyperesthsie psychique de certaines zones d'images mentales pnibles, souvent avec le caractre d'ides obsdantes, les motions surtout, les tats d'angoisse. opium, Ici les anesthsiques et les calmants psychiques sont indiqus
:
morphine, notamment par la mthode sous-cutane; ensuite sulfonal, hydrate d'amylne, sels de brome et piscidia. En prsence des dlires et des illusions des sens comme lments d'excitation psychique, cette tlirapeutique ne donne que peu de chose. Parmi les causes somatiques importantes et excitantes sont les nvralgies,
les
paralgies
(acide
salicylique,
salol,
antipyrine,
phnactine,
recom-
mander); ensuite
les
les palpitations,
les
bains tides, la ceinture de Priessnitz, la valriane, l'eau de lauriercerise, le camphre monobrom en suppositoires, le brome, le piscidia, peu-
vent tre employs avec utilit); souvent l'excitation de la sphre sexuelle est une cause d'insomnie. Quand la cause est crbrale 'libido sexualis augment) le brome grosses doses doit tre employ, de mme dans le cas
d'excitation priphrique, mais dans ce dernier cas
on peut ventuelleet
il
ment y
ne reste
plus qu' exercer une action directement narcotisante sur l'corce crbrale. La valeur des moyens qui sont notre disposition (hydrate de chloral,
hydrate amylique, paraldhyde, etc.) est trs ingale. Quelques-uns offrent des inconvnients non sans gravit quand on les emploie pendant longtemps c'est pour cette raison, mais aussi parce que les moyens les plus hroques deviennent souvent inefficaces aprs quelque temps d'usage, qu'il est ncessaire de les varier frquemment. Le narcotique souverain est encore et toujours l'hydrate de chloral. Si on l'emploie passagrement, il produit d'excellents rsultats. Mais c'est un
;
quand on l'emploie pendant longtemps, mme doses grammes), il amne une intoxication chronique (vasoparsie, anmie, dme, tendance aux hmorragies, dcubitus, abrutissement intellectuel, etc.). Ce moyen est contre-indiqu quand il y a cur
et,
gras, lsions des valvules, athrome. L'hydrate de chloral est surtout utile
dans
les tats
L'adjonction de la
les phnomnes de crampe que rarement un effet excitant. morphine augmente l'efficacit du chloral. Ses doses
n'a
THERAPEUTIQUE GENERALE
323
moyennes sont de ^ 3 grammes. Au del de 4 grammes il est dangereux peut amener la mort par paralysie du cur. Il faut donner l'hydrate de chloral par la voie interne ou en lavement. Le chloral de croton ou de butyl parat moins compromettre le cur, mais il est infrieur l'hydrate.
et
L'alcoolat est essentiellement gal ce dernier en ce qui concerne l'efficacit et prfrable cause de son got moins dsagrable. Les prparations de chloral plus modernes (amide de chloral, urthane de chloral, etc.) prsentent en gnral les avantages et les inconvnients de l'hydrate de chloral, mais lui sont infrieures. Le chlorhydrate d'ammoniaque se dcompose vite et n'est pas utilisable dans la pratique. Des observateurs franais {Annal, md. psijchoL, 1886, juillet recommandent la strychnine par la voie sous-cutane comme le meilleur antidote de l'intoxication par le chloral. La belladone aussi serait utile dans ce
cas.
La paraldhyde
est infrieure
au chloral
comme
efficacit,
(8
mais
elle a
grammes pen-
dant longtemps, sans qu'elle manque jamais son effet. De plus, elle n'a pas de consquences nuisibles. Elle n'agit que rarement comme excitant. La paraldhyde est un hypnotique trs prcieux dans les tats d'inanition, puis dans les psychoses base hystrique ou neurasthnique. Si elle ne produit plus d'effet, il parat prfrable de la cesser pendant quelque temps, plutt que d'en augmenter la dose. Ce qui est toujours gnant, c'est son odeur et son got dsagrables, et aussi l'haleine paraldhydique du malade. Le meilleur correctif, pour moi, est la teinture d'orange. Le mlange se prend relativement facilement dans de l'eau sucre. L'usage en lavement, en la dlayant dans l'eau, est bon aussi. Comme le mdicament n'a pas une action dprimante sur le cur, on peut l'employer sans inconvnient dans
cas de cur gras, d'affections du cur, etc. Les troubles gastriques ne sont pas un obstacle, car la digestion n'eu est pas trouble. L'apptit n'en souffre pas non plus. Le sommeil paraldhydique ressemble au sommeil naturel, et dure quatre six heures. L'hydrate d'amylne tient le milieu entre le chloral et la paraldhyde. La dose est de 4 6 grammes le meilleur correctif est le cognac. Ce nouveau narcotique parat tre une conqute prcieuse Sulfonal.
le
pour
guine
le
la
c'est
un mdicament
effet.
qui,
compar au
il
chloral, est inofensif, surtout parce qu'il n'abaisse pas la pression sanet qu'il
De
plus,
;
quand
est pur,
il
mler aux aliments sans que le malade s'en aperoive. La plupart des malades s'endorment la dose de 1,5 2 grammes, au bout de une deux heures, et dorment six huit heures. Mme avec l'emploi continu, le sulfonal manque rarement son effet. Dans tous les cas, l'usage prolong,
mme
la dose de 2
grammes,
est inolensif.
Il
est sans
aucun
effet
sur
physique.
J'ai
appris l'apprcier
aussi
comme calmant
324
dans les cas de mlancolie, comme succdan de l'opium et de la codine. Le trional, qui se donne aux mmes doses, parait avoir un effet analogue. On a dj parl de Teffet hypnotique de l'opium, de la morphine et de rhyoscine. Je considre le cannabis comme sans valeur dans les psychoses, quand mme on le donnerait aux doses de O^^o et plus. Le cannabis est un mdicament douteux et non sans dangers. L'urthane, mme la dose de 4 grammes, ne donne gure de succs, d'aprs ce que j'ai pu observer personnellement. Le brome et le piscidia ne sont pas des hypnotiques directs il sont indirects eu ce sens qu'ils ragissent contre l'hyperesthsie psychique et seusorielle et qu'ils cartent par l les excitations somatiques et psychiques qui empchent le sommeil. Avant d'avoir recours aux hypnotiques nergiques, on ne devrait jamais oublier d'essayer tout d'abord des calmants physiques bains tides, enveloppements par le systme de Priessnitz, bandages aux jarrets, courants galvaniques travers la tte). Des cas lgers d'agrypnie peuvent disparatre avec une infusion de valriane froide, avec le valrianatede quinine iOs'',01 Un symptme trs frquent et trs gnant dans y). Antiaphrodisiaques. les maladies psychiques, c'est l'excitation de la sphre sexuelle avec la masturbation qui en rsulte souvent. Ordinairement, l'excitation sexuelle est produite par voie centrale. La matire mdicale indique de nombreux antiaphrodisiaques, mais leur succs est en gnral minime. On peut utiliser d'abord les prparations de brome, puis la belladone, le lupulin,le camphre et la teinture de veratrum viride. L'acide salicylique aussi parat produire, aprs un usage prolong, une baisse du dsir sexuel. Dans les cas d'hyperesthsie sexuelle rthisme sexuel l'azotate de soude, doses quotidiennes de 2 4 grammes, que recommandait rcemment Hammond, n'est pas sans valeur, La masturbation est une complication fcheuse et mrite l'attention du mdecin. Avec les mdicaments seuls on ne peut pas faire grand'chose contre cette tendance. Parfois, notamment chez les femmes, elle est cause par des excitations priphriques dues aux oxyures, au vaginisme, la leucorrhe, au prurit. A ct d'un traitement local bien choisi, o il est bon d'appliquer avec un pinceau de la teinture de cocane, des suppositoires calmants peuvent produire quelque effet. En gnral, les moyens les
;
de vin
lade et
fort, etc.),
moyens dittiques 'ablutions froides, frictions, un travail physique, abstention des plats pics, en mme temps qu'une surveillance minutieuse du ma la situation.
D.
Toniques
Des indications bien varies rsultent dans les psychoses de l'appauvrissement du sang et de la faiblesse physique, qu'ils soient les causes de la maladie ou qu'ils n'en soient qu'une complication. La principale chose ici,
THERAPEUTIQUE GENERALE
c'est la
320
boDoe cuisine, la bonne cave et le bon air, le tout combin avec remdes physiques. Parmi ces derniers, au premier rang viennent Ihydrothrapie et la faradisation gnrale' introduite dans la pratique par Beard et Rockwell. Par l'hydrothrapie, on obtient un effet tonique par les cures excitantes
les
on
combine avec une excitation mcanique (^yinternitz!, sous forme de bains en pluie, dune demi-heure trois quarts d'heure, de demi-bains frais de 24 iiO" R., avec un arrosage vigoureux et une friction durant quatre
cinq minutes, ablutions avec de l'eau de 20
frictions,
lO'',
suivies de vigoureuses
23
16''. Ces procds peuvent tre excuts mme dans les cas d'inanition, d'anmie, de chaleur du corps sous-normale, quand on fait la friction aprs avoir envelopp le corps pendant un quart d'heure ou une demi-heure dans des couvertures de laine et qu'alors seul l'excdent de chaleur est attnu. La faradisation gnrale peut tre recommande comme un tonique de premier ordre. Elle n'est pas douloureuse quand on l'emploie avec une technique parfaite et peut tre applique mme aux personnes allites. Une bouteille remplie d'eau chaude, munie d'un ple qui est reli avec le ple ngatif de l'appareil d'induction, et applique aux pieds, est d'un usage trs pratique. Il y a des indications importantes aussi pour les prparations de quinine et de fer, de mme que pour l'action tonique de l'ergotine et de la noix vomique recommande par 0. Millier, ds 1867.
humide, de
E.
Dittique somatique
-
Dans
non
gences des plus naturelles. Le genre dvie dans son ensemble doit tre rgl, et, cet effet, il y a un rglement spcial dans les asiles. La majorit des malades (Surtout les anmiques) ont un grand besoin de se rchauffer. Pour beaucoup d'entre eux, le repos au lit est une prescription trs importante. Elle s'impose dans toutes les psychoses offrant des symptmes d'anmie crbrale et de marasme, et chez tous les malades qui refusent de prendre
de la nourriture, car le repos au lit a ici une action calmante et fortifiante, parce que l'afflux du sang au cerveau est facilit, le travail musculaire
diminu et les pertes de chaleur rduites. Souvent l'tat et l'attitude des malades opposent de grandes
l'accomplissement de ces exigences
ditficults
de repos
et
d'alimentation.
' Beard et Tiockwell, l'rakl. AbUandhinr/ her die Vo'trendunfi der ElehlncUdt. Traduction allemande de Vater, Prague, 1874. Fischer, Arch. f. Psijch., XII, fasc. 3.
f.
V.Gellhorn,
326
Un grand nombre
l'hygine
un traitement individuel
Il faut alors se borner soigner ces malades, pendant la dure de leur agitation, dans une section spciale de la maison bien ventile, avec de bons appareils de chauffage, de Teau en abondance, des murs ciments, des planchers impermables, des lits construits exprs, avec des matelas en trois pices. Chez les malades qui se
Chez certains malades demi paralyss la malpropret est la suite d'un relchement des sphincters et l'on peut parfois remdier cette faiblesse d'innervation par l'emploi de la noix vomique qui augmente le tonus rflexe. Chez les mlancoliques et les hypocondriaques l'incontinence est parfois la consquence d'une hyperesthsie de la muqueuse rectale. Le sphincter ani se dilate alors sous l'influence de la moindre excitation. Dagonet recommande dans ce cas l'emploi de la belladone.
chambres des malades dpend de leur disposibeaucoup de malades se dbarrassent continuellement de leurs vlements, les dchirent parfois. Par l l'inventaire de l'asile subit des pertes graves et le malade court risque de prendre froid.
Le chauffage
suftisant des
Les vtements faits d'une pice, d'une toffe difticilement dchirable et avec une fermeture non accessible au malade, gants de cuir avec des boucles fermes, souliers avec des appareils de fermeture, vitent souvent ces incidents fcheux. Quand ces moyens ne suffisent pas, il faut tenir le malade dans une cellule chaude et lui donner, s'il ne tolre pas de vtement, un tas de varech
ou du crin de cheval pour se couvrir. La tranquillit du malade au lit ne peut parfois tre obtenue qu' l'aide de moyens de contrainte mcanique - 'camisole de force ou de protection). On a fait une guerre ces moyens et on a eu raison, car autrefois on en
a abus.
La contrainte mcanique "parat indispensable dans certains cas o le lit est ncessaire et qu'on ne peut y dcider le malade que par la force tel est le cas des malades agits, mais dcrpits, qui autrement prirepos au
;
raient d'puisement.
Quand
il
'Dag-onet, Tmif, p. 6i6. Schiile {AUg. Zeifschr. f. Psych., 37, p. 669) attribue la mal1 rabasourdissement psychique et rinsuffisance propret motrice (imbcillit et tats d'puisement psychique): '2 l'impulsion motrice rflexe (manie); 3 des reprsentations dlirantes (paranoques, mlancoliques); et il donne des conseils thrapeu:
tiques.
Trait, p. 625. Laehr, Ally. Zeitschr. Westphai, Ibid., p. 640. Schule, Handb.,
Canolly, Traitement des alins sous contrainte mcanique, traduit en allemand par Brosius, 1860. Dick, Allf/. Zeitschr. f. Psych., 13, p. 354. Smith, Med. Times. 1867, dc. Uamilton LeJoSitl, Essay on the use and abuse of restraint, Dublin, 1867. Dagonet,
'
f.
Psych., 36, p.
p. 643.
598.
THERAPEUTIQUE GENERALE
yeux,
327
il faut encore recourir la coercition afin de protger le malade et l'empcher d'atteindre les parties lses. Bien entendu c'est le mdecin qui doit dcider s'il y a lieu d'employer la coercition mcanique. On doit surveiller soigneusement, chez la plupart des alins, les selles et la scrtion urinaire, tant donn que certains troubles de la conscience, des ides dli-
mme que certains troubles d'innervation empchent l'accomplissement rgulier de ces fonctions. Suivant l'indication gnrale de ne faire aucune intervention affaiblissante, il faut viter les drastiques dans le cas de constipation et essayer
rantes de
d'activer les selles au
la glycrine,
moyen de lavements simples ou de suppositoires au moyen des eaux minrales naturelles ou artificielles. Si ces moyens ne suffisent pas, on essaiera le sn, la rhubarbe, le nerprun, l'huile de ricin, l'extrait fluide de cascara sagrada. Pour certains malades qui souffrent d'une constipation grave et qu'on ne peut dcider prendre un mdicament, nous recommandons l'emploi du calomel (0,o) en une seule dose, qu'on peut facilement donner dans du lait. Dans certaines psychoses accompagnes de stupeur, la respiration est incomplte. Le courant faradique peut produire un effet prcieux pour combattre les dangers qui rsultent d'une respiration trs abaisse.
F.
Une complication fcheuse peut rsulter de la du malade contre la prise de toute nourriture le refus de nourriture. Pour la combattre avec succs, il est ncessaire, avant tout,
1
Refus de nourriture K
rsistance positive
d'en connatre la cause. Elle peut avoir pour cause aussi bien des troubles
somatiques (catarrhe gastrique, angine, coprostasej que des phnomnes psychiques (ides dlirantes, hallucinations, etc. Il faut toujours dans ce cas faire un traitement individuel. Chaque fois qu'il y a refus de nourriture, il faut tout d'abord faire coucher le malade pour que la dpense de chaleur et de forces musculaires soit diminue. On aura soin de tenir propre la cavit buccale en la lavant avec du chlorate de potasse ou de l'acide salicylique. Le moment d'une intervention active ncessaire dpend de l'tat des
).
forces
du malade.
il
bouche
que l'tat de la nutrition est bon, quand la que le malade prend au moins de l'eau, on peut diffrer la nourriture par force jusqu'au sixime ou huitime jour. Si les lavements nutritifs -, l'ingestion d'aliments liquides par une
Quand
y a repos au
lit,
LeidesJessen, ^^"^en ined. Wochenschr., XI, 43, 44. Neamann, Lehrh. p. 205. ^Villiams, Juuni. of ment, science, 1864. dorf, Ibid., XVJ, 44-46. Irrenfreintd. 1870. Sutherland, Brif. SLilT, Ibid., III (nutrition par le nez). Moxey, The Lance/, J. 22. Richarz et ObeUe, Allf/. med. 'journ., 1872, mai; Annal, md. psijch., 1874, sept.
Zeitschr. f.
'
Psych., 30.
Siemens, Archiv.
Zeilschi-. f.
f.
I's!/cli.,
XIV.
l'sijch.,
83; Suppl.
p. 66.
328
brche des dents et l'emploi de la tasse bec n'arrivent pas au but, il faut procder l'introduction de la nourriture par force. On peut l'excuter sans difficult grce aux tuyaux en caoutchouc mou vulcanis qui depuis quelque temps sont devenus un article de commerce on introduit l'aide d'une seringue en caoutchouc durci ou d'un entonnoir les aliments par le nez. Avant d'introduire la nourriture, il faut s'assurer que la sonde a rellement pntr dans l'estomac et qu'elle n'est pas courbe dans le pharynx ou dans la cavit buccale ou mme qu'elle n'a pas pntr dans les voies ariennes. La toux, des accs de sufocatiou, d'angoisse, la cyanose, les bruits d'inspiration et ceux d'expiration fies bruits que cause l'air de l'estomac passant travers la sonde ne sont qu'expiratoires indiquent que
;
Krpelin indique
comme un moyen
(lait,
un tamis afin de ne boucher la sonde. J^e liquide, allant directement l'estomac sans tre refroidi dans la cavit buccale, doit tre donn tide. Pendant l'alimentation force il faut maintenir la bouche et le pharynx libres de tout liquide. Si, en versant quelques gouttes de liquide, on s'est assur que l'sophage est libre, il faut terminer le plus rapidement possible. En gnral, il suffit de faire deux fois par jour cette sorte de gavage. Chez les malades qui ont refus les aliments pendant longtemps et dont, par consquent, l'estomac supporte peu, il faut donner trs peu pour la premire fois et un aliment non excitant (du lait avec des ufs), autrement laliment serait rendu par vomissement. S'il y a tendance aux vomissements, il faut auparavant donner au malade quelques gouttes de chloroforme.
S'il
rgurgite en quantit,
la
si
le
le
pharynx,
la vie
il
sonde.
L'alimentation force est parfois le seul malade. Elle ne doit pas tre applique trop
plus.
Elle prsente le
moyen de sauver
tt,
du
gien peuvent pntrer dans les voies ariennes et par l provoquer des
pneumonies
2
lobulaires, ou
mme
Angoisse prcordiale. La premire exigence qui rsulte de ce symptme, c'est de surveiller sans cesse le malade qui chaque moment peut
faire des tentatives contre sa
propre personne ou commettre des actes de monde extrieur. Dans les cas lgers, il suffit de prescrire des bains tides, des sinapismes dans le creux de l'estomac, de l'eau de laurier cerise, de l'extrait de belladone. Les malades anmiques et dont la nutrition est trs abaisse, doivent tre maintenus au lit. Dans les cas graves, les opiacs soulagent. Quand le pouls est petit, dprim, sans frquence, on les prescrit en combinaison convenable avec
destruction contre le
THERAPEUTIQUE GENERALE
de l'ther actique; quand
tue,
le
329
et l'action
on
les
la teinture
notamment
sentiment
quand des
le
d'anxit (injection ad
locum dolentem).
les accs d'angoisse prcordiale,
masturbateurs et chez les neurasthniques en gnral. 3'^ Hallacinations Micha et d'autres mdecins plus anciens recommandaient la teinture de stramonium contre les hallucinations. Les modernes, connaissant la siguification et l'origine varies des hallucinations, ont renonc l'espoir de trouver un spcifique. La partie psychique des hallucinations n'est accessible aucun traitement direct et la lutte qu'on entreprend contre elles est la mme que celle qu'on entreprend contre les autres plinomnes psychiques. Contre les hallucinations auditives allant avec une hyperesthsie sensorielle, on pourrait essayer les courants constants qui ont un effet calmant et anlectrotonisant. Dans ces conditions (hallucinations mobiles avec rthismei, j'ai obtenu un rsultat favorable avec un traitement mthodique par la morphine. Ici la lumire et le son ne sont pas sans influence. Certains malades ont plus de visions dans l'obscurit (delirium tremeus). Les hallucins de l'oue entendent souvent plus de voix quand ils sont isols. Ces faits doivent tre pris en considration, cependant ils ne suffisent pas pour permettre d'tablir des rgles gnrales. Les hallucinations localises une oreille ou un il, si jamais ce sont des hallucinations, doivent faire songer une origine priphrique dans les nerfs sensitifs et provoquer un examen ophtalmoscopique ou otoscopique qui, selon les circonstances, peut fournir des indications pour le traitement.
les
.
notamment chez
IL
Traitement
psychique'.
Le traitement psychique est d'une importance non moins grande que le traitement somatique; de plus son domaine est encore plus vaste que celui du premier. Ici il ne s'agit plus de drogues que le mdecin fait venir de chez le pharmacien, mais de moyens qu'il puise eu lui-mme et qu"il
applique soit selon ses procds personnels, soit conformment au rglement de l'tablissement qu'il dirige. La clinique psychiatrique a pour mission d'clairer cette partie importante de la science et de l'homiltique mdicales.
Elle fait ncessairement partie de l'instruction
fruits
abondants
mme
freiaid, 1872,
Vierteljahrsschr. f. Psych., 1868, fasc. 3 et 4. p. 347. Hagen, Sfudien, 1870, Journ. of ment, science. 1874. Jaslrowilz, Allg. Zeitschr. f. Psych., 36, p. 602. Schiile, Handb., p. 656.
Obersteiner,
10.
330
et Tordonnance qui font le mdecin, cela dpend beaucoup aussi de sa manire de procder l'gard du malade et de
fait sur lui. Les succs rels des mdecins miracles, des plerinages, des images de la Vierge, des sources saintes, des conjurations, etc., montrent la puissance de la foi et de la confiance en la mdecine psychique. La scieuce du diagnostic et le savoir-faire thrapeutique de deux mdecins sont souvent gaux chez l'un et chez l'autre, et pourtant les rsultats sont diffrents parce que la mthode de traitement psychique n'est pas la
mme.
Certains mdecins la possdent grce un heureux don naturel et la pratiquent instinctivement; les plus grands mdecins ont toujours t ceux qui avec une science approfondie ont employ le traitement psychique
d'une manire consciente et selon les principes emprunts l'exprience. Il parat presque impossible de donner des rgles de conduite quand un individu entre en rapport intellectuel avec un autre individu et qu'il lui faut exercer une action psychique. Ces rgles peuvent se borner quelques points de vue gnraux en face de certaines phases morbides et devenir
comme
tels l'objet
d'une tude.
psychique
drobe aux prceptes gnraux; car la materia medica dans tel cas un regard, un mot bien plac, en d'autres occasions la satisfaction d'un dsir, le fait d'accorder une prise de
Le cas concret
se
est inpuisable, et
une influence
salutaire.
prcismeut cette tche individualisante qui rend le problme intressant, mais aussi bieu difficile. C'est l presque toute la difficult de l'art thrapeutique en psychiatrie, art qu'on peut apprendre mais qu"on ne
peut gure enseigner mthodiquement. Le traitement psychique des alins doit considrer bien distinctement deux phases dans la maladie d'une part, la priode de dveloppement et d'apoge, et d'autre part la terminaison de la maladie soit par lagurison,
:
par la dchance psychique. la priode de dveloppement et d'apoge de la maladie le traitement psychique a une mission presque exclusivement ngative, c'est d'loigner tentatives de distraction, de ravivement des sentiles causes psychiques influences religieuses ou mme menaces et exorcismes. ments,
soit
Toutes ces interventions ne peuvent que nuire, car elles agitent ou aigrissent le malade.
stades de la maladie, c'est de mettre le malade dans tranquille que possible.
La condition fondamentale de toute thrapeutique psychique dans ces un tat psychique aussi
Le mlancolique a besoin de
cette tranquillit, car
il
ne recueille que
des impressions douloureuses de tous les faits psychiques, mme de ceux qui ordinairement ont un caractre agrable; le maniaque en a besoin parce qu'autrement son excitation crbrale dj leve s'accentuerait
encore davantage; enfin l'puis, parce que toute intervention psychique l'atteint et l'puis davantage.
THERAPEUTIQUE GENERALE
331
La mesure la plus insense, c'est de vouloir par la persuasion faire renoncer le malade ses ides dlirantes. Ce sont les symptmes d'une maladie crbrale qui en sont la cause; ils se maintiennent et disparaissent avec elle. L il n'y a pas de dialectique ni de raisonnement logique qui tiennent. Le mieux est de rester passif en face de ces ides, de n'y pas faire attention, de dtourner la conversation sur un autre sujet et viter tout ce qui pourrait rveiller ces ides dans la conscience du malade. Il faut autant que possible l'isoler avec ses ides dlirantes. Mais ce serait une faute directe si l'on abordait directement les ides dlirantes, si on les approuvait et les consolidait par cette approbation. Dans beaucoup de cas le traitement purement passif qui se borne carter les influences psychiques ne suffit pas. Le malade a besoin d'un isolement absolu. Souvent il suffit, pour l'isoler contre les excitations nuisibles du monde extrieur, de l'interner dans l'asile qui a un rglement bas sur les conditions de la dittique physique
psychique. Le malade est enlev aux railleries des gens brutaux, aux influences irrationnelles de ses amis et de sa famille, aux agitations de la
et
et
inoppor-
d'un seul coup plac dans une situation nouvelle et adquate, dans l'isolement. Mais l'asile d'alins possde encore un autre remde important et radical, l'isolement complet du monde
tunes de la religion
:
il
est
le malade dans une chambre d'isolement. Souvent on a recours la cellule d'isolement pour des raisons adminisle malade tant dangereux pour lui-mme et pour sou entourage, tratives il se barbouille, rage, etc.; mais il ne faut pas oublier que la cellule est un des moyens les plus prcieux d'apaisement et de gurison entre les mains du mdecin, mais seulement du mdecin trs expriment, car elle peut aussi tre trs nuisible au malade si on l'applique un moment inopportun, ou pendant trop longtemps, ou contrairement aux indications de la maladie. Son emploi est indiqu dans les tats accentus d'hyperesthsie psychique ou sensorielle, d'irritabilit excessive du malade qui lui rend
extrieur en enfermant
le
monde
extrieur, contact
dans un
elle est
dans
la
manie. plus large et dans la mesure de son application plus ou moins rigoureuse, doit toujours tre rgl sur l'tat d'exciet
son apoge,
dans
la
L'isolement dans
le
sens
le
tation et d'irritabilit
l'apoge de la maladie et
du malade. quand l'hyperesthsie des organes des sens cellule doit tre protge contre les rayons du jour et
ne doit tre claire la nuit que dune lumire faible. Par des dispositions convenables il faut assourdir les bruits venant de l'entourage. (Il est vident que les ranges de cellules de furieux, comme on en trouve souvent dans les sections dites des furieux dans les asiles, ne peuvent servir qu' la dtention mais jamais la gurison.) Il faut dans ce cas limiter autant que possible les rapports du per-
332
il
est
de l'isolement
respondances avec
plus tard
le
monde
mme
celle
les
Au dclin de la maladie, quand celle-ci va avoir un dnouement hon ou mauvais, un rle actif revient la thrapeutique psychique. C'est l que se montre toute la science du mdecin psychiatre pour bien pntrer l'individualit du malade, le diriger et lui faire reprendre son ancienne personnalit intellectuelle ou au moins sauver les paves de son naufrage intellectuel. Chez un grand nombre de malades, l'ancienne individualit intellectuelle se rtablit promptement et spontanment, avec une tendance l'amlioration; un asile bien organis, avec sa bibliothque, ses salons de musique, de jeu, ses cultures, ses parcs, ses ateliers, etc., n'a qu' mettre leur disposition tous ces moyens et en surveiller le sage usage. Mais chez beaucoup de malades, arrivs la crise de leur maladie, une intervention positive est ncessaire pour les dlivrer de la contrarit habituelle dans laquelle la maladie a enserr leur mcanisme intellectuel.
Ici il faut branler les restes des ides dlirantes, non pas par la logique ou par la dialectique, mais par un badinage amical et par encouragement. Les surprises produites par des lettres ou la visite de parents que le malade croyait morts, etc,, contribuent souvent dissiper ses derniers doutes. Un des meilleurs moyens pour aider le malade se ressaisir et se dbarrasser des rsidus de sa maladie, c'est un travail conforme son ancienne profession ou condition, notamment les travaux dans -le jardin et dans les champs qui en mme temps fortifient aussi son tat physique. Parfois ou est oblig de recourir une douce violence, mme de faire une ducation pnible au moyen de rcompenses et de petites punitions pour reconstituer presque de toutes pices la personnalit psychique. Mme quand le dnoument est dfavorable et que la faiblesse psychique se produit, la thrapeutique psychique a un vaste champ. Il s'agit alors de sauver ce qui peut encore tre sauv et de prserver le malade d'une dchance plus profonde. Le principal moyen c'est d'occuper le malade et de lui faire prendre des habitudes d'ordre et de
propret.
Nombre de malheureux
qui,
THERAPEUTIQUE GENERALE
333
crasse et dans l'idiotisme, sont maintenus par la vie de l'asile un niveau intellectuel tolrable et qui les met dans la possibilit d'utiliser encore les restes de leurs facults intellectuelles. Parfois les ides dlirantes de gran-
deur (tre empereur, etc.) empchent ces malades de s'occuper un travail ou du moins donnent leurs manires un caractre insens de nature troubler leur entourage. Chez ces malades incurables, il peut tre bon parfois de rprimer les ides dlirantes qui les guident et de les dcider ne pas agir selon leur illusion. Leuret en a fait un traitement moral et croyait gurir ces malades par rintimidatipn.il ne s'agissait plus d'une cure mais d'un dressage psychique qui cependant peut avoir sa valeur et pour le malade et pour son entourage. Les moyens les plus commodes pour les discipliner sont le pinceau faradique et la douche en pluie.
comme
la
dispose.
En
effet ce
serait
un
rsultat
immense
si
diriger les sentiments, les penses, les tendances de ces malades, ou carter
et
dangereux,
comme
les hallu-
mdecin vers dans la psychiatrie et l'hypnotisme aura ds le premier abord des doutes sur la possibilit d'un 1 parce que les alins ne sont qu'exceptionnellement pareil rsultat dans cet tat intellectuel d'attention, d'ingnuit, de calme moral et de force de volont qui est ncessaire en gnral pour la russite de l'hypnose 2 parce que beaucoup de maladies psychiques sont causes par des altrations organiques du cerveau et que le traitement suggestif ne peut supprimer que des troubles fonctionnels 3'' parce que certains symptmes,
: ;
;
bien des ides dlirantes et des hallucinations, sont sinon la consquence dmontre de changements organiques mais la consquence de phnomnes si compliqus et si solidement tablis dans le mcanisme
comme
psychique qu'ils ne paraissent gure attaquables par la suggestion et que le choix des suggestions diriger contre eux serait excessivement difficile. Thoriquement il en rsulte que l'hypothse d'un succs par traitement
hypnotique ne peut tre espre que dans les psychoses fonctionnelles (psychonvroses), et encore essentiellement chez les malades qui ont conscience de leur maladie et chez lesquels l'aptitude psychologique l'hypnose
existe.
En gnral
la vie
V.
i'i
334
morale, troubles des formes de la reprsentation (images mentales), spcialement aux images mentales obsdantes, aux ides dlirantes quand ce sont seulement des ides fausses produites par auto-suggestion et que ce ne sont ni des dlires primordiaux ni des ides explicatives de mlancoliques enfin contre les instincts morbides acquis. Conformment la terminologie la mlancolie sine delirio, l'arme psychiatrique en usage ce serait donc des neuropsychoses, spcialement l'hystrie, l'hypocondrie, la neurasthnie, la psychose forme d'ides obsdantes, l'alcoolisme, le cocanisme, le chloralisme, lemorphinisme, lemcotinisme, l'impotence psychique, l'inversion
;
:
sexuelle.
En
thoriques.
D'aprs
bles
et celles
morbides,
les
motions,
conceptions morbides et les illusions des sens, mais aussi les troubles physiques, comme Fagrypnie,
les sentiments, les instincts
les
mme
Des succs ont t obtenus par les observateurs de tous les pays dans la mlancolie sine delirio, la folie alcoolique et hystrique, en gnral dans les psychoses hystriques, les intoxications chroniques, notamment l'alcoolisme et le morphinisme. Ce qui est particulirement remarquable, ce sont les rsultats de la thrapeutique hypnotique en face de la dipsomanie, de
l'inversion sexuelle (V. Schrenk-Notzing).
La folie du doute aussi se laisse souvent influencer dans un sens favorable. Au point devuesymptomatique, les instincts morbides, surtout sexuels, alcooliques, l'apptit de la morphine, de la cocane, sont attaquables par un traitement suggestif.
CHAPITRE
VI
Dans la priode de convalescence le malade a encore bien besoin des du mdecin. Le mode de rtablissement somatique et intellectuel doit tre surveill il faut tenir compte des avertissements discrets donns par
soins
;
maladie qu'on vient de traverser il faut achever la cure des troubles ngatifs qui n'ont pas encore tout fait disparu (anmie, maladies utrines, etc.), et qui sont trs importants. Souvent l'insomnie persiste encore pendant un long laps de temps et exige de la surveillance et des ordonnances mdicales appropries. Il suffit de rappeler simplement ce propos que l'affaiblissement et l'puisement physiques, comme c'est le cas aprs les maladies graves, ne doivent pas tre traits par les stimulants, mais seulement par la ditla
;
tique.
Le convalescent
et
au physique,
trs sensible
au moral
pourtant
il
Il s'agit alors de temporiser. Les visites prmatures de la famille doivent tre empches, car ordinairement elles enlvent trop tt le malade au traitement mdical et par l elles font craindre les rechutes.
Les renvois prmaturs sont toujours dangereux, notamment quand le peine guri retrouve chez lui la vieille misre, souvent mme la raillerie, la mfiance et un traitement sans tendresse. Chaque convalescent devrait tre maintenu quelque temps en quarantaine avant de quitter l'asile et ne devrait essayer que graduellement sa capacit au travail. Dans certains cas rares, chez certains individus l'esprit born, irritables et tourments par la nostalgie, une longue dtention l'asile est dangereuse*. Il faut alors de deux maux choisir le moindre et accorder le renvoi pour prvenir une rechute qui pourrait se produire l'asile mme. Toutes les fois que les conditions le permettent, le malade guri, avant de
malade
Sur l'utilit du renvoi avant le temps, voir Irrenfveund 1871, Annal, md. psychoL, 1879, sept.
2,
1871,
5,
6.
Taguet,
336
reprendre son ancienne carrire, devrait traverser une priode intermune famille amie, ou la campagne, ou en faisant un voyage. A cette mesure ou peut rattacher des prescriptions mdicales, telles que bains de mer, cure thermale, station climatrique, etc.
diaire en prenant sjour dans
LIVRE
III
DE L FOLIE
PSYCHIATRIE.
22
INTRODUCTION
FORMES DE LA FOLIE^
la classification et
si
le
La pathologie spciale de la folie est base sur groupement des types morbides individuellement
;
diffrents et
si
nombreuses tentatives de
n'a
pu
Malgr toutes les difficults d'un pareil essai, on ne peut pas y renoncer, d'abord dans l'intrt de la science, puis pour que l'auteur et le lecteur se
comprennent.
Reste savoir sur quelles bases on devrait, tant donn l'tat actuel de entreprendre cet essai. anatomique, d'aprs Il y a en pathologie trois modes de classification tiologique, les altrations anatomiques qui sont la base des maladies d'aprs les causes spciales qui amnent ces altrations anatomiques; clila psychiatrie,
:
nique
et fonctionnelle, d'aprs la
une
sont l'expression, et encore moins leurs diffrences anatomiques. Toutefois de la masse des psychoses qui, d'aprs nos recherches et nos
des maladies crbrales purement un groupe dans lequel les constatations anatomo-pathologiques ne manquent jamais. Quand ces constatations sont identiques pour certains groupes de symptmes, on peut remplacer la dsiides modernes, se prsentent
comme
1 Morel, Trait des mal. Kahlbaum, Die Gruppirung der psijchischen meuL, p. 249. Le mme, dans le Sammhaig klinisclier Voi-lntge de Kmnkheiten, Dantzig, 1863. Meynert, Alli. W'ien. med. Ze'tlg., Volkmann, n 126. Schle, Handb, 2 d., p. 326.
1880, 3,4, 6, 8.
340
gnatioii clinique
du tableau morbide par une dnomination anatomique, ou du moins on peut placer celle-ci ct de celle-l. Ces maladies crbrales avec troubles psychiques prdominants dans le sens restreint du mot ou psychoses organiques (le contraire des psychoses fonctionnelles) forment une transition entre la psychiatrie spciale et la pathologie crbrale dont elle n'est d'ailleurs spare que pour des raisons de pratique,. et par la prdominance des troubles psychiques. Mais ces troubles ne sont pas indpendants comme dans les psychoses (sensu l'extension strictiori), ils dpendent absolument de l'intensit et de du processus anatomique (Schle). Voil pourquoi ils ne suivent pas le mode de dveloppement psychologique ni la marche des psychoses ordinaires
reprsentent des sries de symptmes d'une affection accessoire de l'organe psychique due un processus crbral. Comme ce processus est ordinairement progressif, il se produit un trouble de plus en
;
ils
plus accentu de l'organe psychique, trouble qu'il n'est plus possible de faire disparatre (dmence), sauf quand, avant que les choses en arrivent l, Texteusion du processus anatomique aux centres vitaux amne un
dnouement
fatal.
Comme
se
maladie ne borne pas des phnomnes psychiques et psycho-moteurs, mais il prsente comme quivalents et combins avec ceux ci des troubles des fonctions motrices, sensorielles et vaso-motrices. Comme types morbides avec lsions crbrales apprciables, on peut citer le delirium acutum, la paralysie gnrale chronique des alins, la syphilis crbrale comme maladie diffuse de 1 ecorce, la dmence snile. Le principe de la classification tiologique semble promettre plus si on admet qu'une maladie mentale produite par des causes dtermines doit prsenter des particularits symptomatiques spciales et une marche partiaffecte les centres et les trajets intracorticaux, le tableau de la
:
culire qui permettront de retrouver avec certitude l'lment tiologique. Malheureusement cette hypothse, qu'une cause scientifique donne des
caractres spcifiques au tableau clinique, n'a pas t admise dans la pratique dans une mesure aussi large que cela serait ncessaire pour pouvoir
utiliser
d'une faon gnrale cette maxime. L'alination est, sauf de rares exceptions, l'effet du concours de causes multiples et il est difficile de faire une apprciation spciale pour chacune d'elles; leur mode d'action n'est pas toujours clair, leur expression clinique admet de nombreuses interprtations et est obscurcie encore par
des
effets interfrents.
Tout en rendant
hommage aux
il
efforts faits
Kahlbaum
et autres,
faut pour le
moment renoncer
On
de la
une cause dtermine, comme une lsion une maladie utrine, quand mme elle agirait seule,
FORMES DE LA FOLIE
341
et le dtail
un tableau clinique particulier pour la marche del maladie des symptmes. On peut cependant admettre que certains lsignification particulire, tels
que
l'hrdit, les
conditions constitutionnelles, les matires toxiques, donnent un cachet commun aux symptmes et la marche de tout le groupe clinique malgr
leurs diffrences
'.
il parait juste aussi et utile de faire entrer tiologique pour la slection de quelques grands groupes eu jeu le facteur de maladies mentales; dans une certaine mesure la pathognie, la marche
et les
une base
y a une diffrence fondamentale entre la production d'un un cerveau bien constitu, sain et fonctionnant d'une manire normale, et entre l'apparition d'une maladie mentale dans un cerveau atteint de tare hrditaire ou dfavorablement influenc par une cause quelconque, fonctionnant d'une manire anormale, tant en un mot dans un tat d'infriorit. Ce fait a t dj apprci par Morel avec toute l'importance qu'il mrite; il a t de nouveau relev par Schle; cela nous oblige sparer bien distinctement et soigneusement les psychoses crbrales en deux groupes selon qu'il y a prsence ou absence d'une tare, facteur si important au point de vue tiologique. Pour dsigner les troubles psychiques dont les individus cerveau sain sont atteints, nous choisirons le mot de psychonvroses, et ceux qui se dveloppent dans un cerveau tar, le terme de dgnrescences psytrouble psychique dans
En
chiques.
Ou
que ces deux grands groupes ne sont comme partout dans la vie orga-
nique,
il
si un individu n d'ascendants psychiquement malades, mais ayant t lui-mme normal jusqu'au moment de sa maladie, doit tre class dans l'un ou l'autre groupe. Ensuite un cerveau bien dou et bien organis peut acqurir une constitution dgnrative la suite d'un trauma capitis ou d'une autre
iVinsi,
y a aussi entre eux des transitions. par exemple, on peut parfaitement douter
influence prjudiciable (ivrognerie, excs sexuels, etc.) et par suite une psy-
chose due une cause occasionnelle peut revtir un caractre dgnratif. Ce n'est pas seulement le phnomne tiologique qui motive la sparation, mais ce sont aussi certaines particularits dans l'origine, la marche et le groupement des symptmes sur lesquels s'appuie le diagnostic
diffrentiel.
la folie
dg-
C'est un phnomne analogue l'importance qu'ont les conditions constitutionnelles dans l'origine et le dveloppement des processus morbides somatiqties. Une pleursie, par exemple, chez un tuberculeux ou un prdispos la tuberculose, a une autre signification et une autre forme (empyme, tuberculisation) que chez un individu qui n'a pas de prdisposition pour cette maladie.
'
34=
il les a exclusivement attribues la maladie hrditaire dgnrative. Cette manire de voir a besoin d'tre largie, car la dgnrescence hrditaire n'est qu un ct, bien entendu fort important, de la
nrative, mais
dgnrative en gnral, qui cependant peut provenir aussi d'une dgnrescence acquise trauma. maladies crbrales, anomalies de dveloppement, etc.'). Les signes diffrentiels tiologiques et cliniques entre les psychonvroses et les dgnrescences psychiques, telles que je les ai, depuis des annes, tablies ma clinique, d'une manire un peu dogmatique, mais dans un but d'enseignement, sont les suivantes
folie
:
I.
PSYCIIONVROSES
Maladies
parasitaires
1.
II.
Degnrescen'ces psychiques
el accidentellement acquises
par
le
maladie
2.
n'tait
pas
prvoir.
2.
Causes
accidentelles
insignifiantes,
mme
des
phnomnes physiologiques (pubert, menstrues, puerprium, mnopause) suffisent. La maladie est cause
surtout par des prdispositions pathologiques pour la
causes
occasion-
puissantes
conci-
elle s'est
produite sous
dant).
Les
prdispositions
hrditaires
ne
sont
pas
affecter,
ses fonctions.
3.
Tendance
maladie
la gurison
et raret des
de
la
rcidives.
4.
Peu de tendance
et,
la
transmission
par hrdit
(trauma capitis, maladies crbrales aigus, etc.) qui ont atteint le cerveau, qui tait le plus souvent encore en voie de dveloppement. Ici il y a aussi souvent maladie psychique comme dernier terme d'une srie d'tats nvropathiques qui deviennent de plus en plus graves et intenses (neurasthnie, hystrie, hypocondrie, pilepsie). 3. Tendance minime la gurison. Le plus souvent il n'y a qu'un retour temporaire au statu quo ante. Grande tendance aux rcidives et au dveloppement de maladies de plus en plus graves. 4. Grande tendance la transmission par hrdit sous forme de maladies progressives graves aux descendants (dgnrescence hrditaire progressive).
aux descendants,
se fait sous
quand
forme bnigne
typique
.
{psychonvrose).
5.
Marche
des
formes
se
cliniques
Manie
pr;
dveloppant
ordinaire-
les
les formes des psychonvroses sont ici mais alors elles apparaissent pour la plupart avec une forme organique grave. La marche est incalformes les culable variation bizarre et irrgulire plus diffrentes en mme temps qu'absence de motifs;
b.
Toutes
possibles,
comme
le
dnouement
symptmes; syndromes d'une dure phmre, en outre les tableaux cliniques ne sont pas purs, mais prsentent souvent un
FOmS
DE LA
-FOLIE
343
la
quand
il
apparat
comme un
syn-
mlange des formes les plus diffrentes. Toute maladie a donc un caractre protiforme et il
impossible de la classer d'aprs
fication physico-psychologique.
le
est
drome, a une certaine dure indpenet une certaine dance. La marche totale de la maladie est assez limite quant au temps et mne ou la gurison ou Finibcillit.
6.
La marche
nique
et
s'tend tout
le
reste de la vie
mais
elle
Aucune tendance
'symptmes.
et
la
ment et n'arrive point ou tard l'imbcillit complte, Dans d'autres cas de dgnrescences progressives graves, il y a par contre un dclin intellectuel i-apide. 6. Grande tendance la priodicit; la folie priodique est un phnomne dgnratif.
Souvent transition imperceptible d'un tat de pathologique une maladie relle, Mlange curieux de lucidit et de folie l'apoge de la maladie, au point que le malade peut mme recon7.
Maladie
sant sont
prdisposition
chronologiquement
et
sont
natre sa maladie.
la folie du cerveau adulte, phnomne tiologique ne joue pas un rle dterminant pour la production des symptmes et pour leur marche; quant aux dgnrescences psychiques, le facteur tiologique ne donne, du moins
cli-
niques au groupe, sans cependant permettre une autre diffrenciation de la dgnrescence selon les facteurs tiologiques. Tel est spcialement le cas pour la folie hrditaire qui, il est vrai, se manifeste de prfrence sous certaines formes (folie morale, priodique, succdant aux nvroses constitutionnelles, ides obsdantes), mais ne les prsente pas exclusivement.
Pour procder une classification plus dtaille des psychonvroses, il nous reste appliquer le principe clinique et fonctionnel, le seul possible dans cette circonstance. Il faut utiliser en premire ligne pour la classification le mode de groupement des symptmes, le dveloppement de ces tats typiques, ayant un cours dtermin et reprsentant un processus morbide systmatique dans le mcanisme psychique. Sous le rapport de la marche, on peut distinguer des tats primaires et des tats secondaires succdant aux premiers. Cette distinction est justifie aussi au point de vue du pronostic, car la possibilit de la gurison n'existe, en gnral, que dans les tats primaires. Dans la sphre des troubles primaires on peut encore distinguer selon
rtat des fonctions troubles
a).
:
Des tats o l'accomplissement des fonctions psychiques est devenu difficile et mme est arrt, et quand il existe en mme temps un sentiment douloureux allant jusqu' la micromanie comme motif de l'arrt et de la
dpression. La participation des sphres sensorielles centrales (hallucinations, illusions
i
est
les
344
Dans
1
Une forme
cieuce et
sphre de la mlancolie on peut distinguer lgre, quand il n'y a pas de trouble profond de la consque les processus d'entrave psycho-motrice sont ameus par voie
:
psychique (mlancolie simple). 2" Une forme grave, quand il y a un trouble plus profond de la conscience et que les processus d'entrave ont pour la plupart une cause organique (ttanie, catalepsie). Mlancolie avec stupeur. f j. Des tats o les fonctions psychiques s'accomplissent plus facilement, mme avec une certaine allure dgage; o il y a en mme temps des conceptions personnelles gaies allant jusqu'au dlire des grandeurs comme motivation des anomalies du mouvement psychique et de l'tat d'esprit. La participation de la sphre sensorielle centrale n'a qu'une importance secondaire. Tous les degrs du trouble de la conscience sont ici possibles. Manie. Ici encore on peut distinguer de mme que dans la mlancolie 1 Une forme lgre, quand il n'y a pas de trouble profond de la conscience et que les actes psycho-moteurs sont mis en excution psychiquement. Exaltation maniaque. 2 Une forme grave, dans laquelle il y a un trouble plus profond de la conscience; les actes psycho-moteurs (dplacement et mouvements instinctifs et impulsifs) sont pour la plupart mis en excution par voie organique la suite de processus d'excitation dans les centres psycho-moteurs.
:
Folie furieuse.
y).
Des
tats
les
abaisss et
mme
;
sup-
prims, y compris les mouvements d'humeur (manque d'humeun il y a mme suppression complte. Il en rsulte ncessairement un trouble grave
la stupidit.
Des tats o il y a prdominance d'une activit des sens centraux qui est excite d'une faon morbide en mme temps que subsiste la perception sensitive extrieure. De l rsulte ncessairement un trouble de la conscience (confusion). Les anomalies de l'humeur et du mouvement ne sont pas des phnomnes primaires, mais des phnomnes ractifs dpendant
du
sujet
du
dlire. Folie.
tranforment alors en tats par l'extinction des motions, la dsagrgation de la personnalit jusqu'ici unique, et en mme temps la destruction des rapports logiques entre les sentiments, les images mentales, les tendances, et en gnral la perte de la coordination des actes psychiques. Il vient encore s'y ajouter, comme signes de la faiblesse psychique qui s'est produite, la perte des sentiments thiques et esthtiques, la diminution des capacits intellectuelles, notamment logiques (tats de faiblesse psychique). Suivant que le mcanisme psychique a encore conserv un certain ensemble dcousu en raison de certains groupes d'illusions, ou qu'une dcadence gnrale, une faiblesse gnrale des capacits psychiques s'est produite, on peut distinguer ici des tats de folie et d'imSi ces tats primaires
ne gurissent pas,
ils
se
bcillit.
FORMES DE LA FOLIE
le
345
mcanisme
branl et que des reprsentations et des tendances confuses s'y produisent, ou bien suivant qu'il y a une tranquillit absolue et
un manque de
raction,
l'imbcillit en
Essayons maintenant de diffrencier les tats de dgnrescence psychique et de faire une classification analogue celle des psychonvroses nous verrons immdiatement que cet essai est impossible faire. Il n'y en a qu'un petit nombre chez lesquels le retour priodique des accs constitue un phnomne remarquable. Ces tats se prsentent comme des processus particuliers, comme une maladie de la personnalit prise dans le sens le plus rigoureux du mot, contrairement aux psychonvrosos qui sont des maladies des systmes psychiques, avec un dveloppement typique et avec une marche dont la loi a t nettement tablie par voie empirique. Ainsi que cela ressort de leur tiologie, base pour la plupart sur des influences hrditaires, ces tats demandent tre envisags au point de vue anthropologique et sont rfractaires toute classification faite d'aprs un principe psychologique. Mais comme le point de vue anthropologique ne peut tre utilis en gnral que pour la dlimitation du groupe entier et pour crer une ligne de dmarcation entre ce dernier et les psychonvroses, il est ncessaire d'essayer d'tablir une subdivision de ces tats morbides plus ou moins individuels d'aprs les particularits des symptmes, de la marche, du mode de dveloppement. On peut tablir ainsi les types suivants 7.). L'alination mentale constitutionnelle motive, caractrise par la stabilit du tableau morbide qui est essentiellement motif et ne prsente que des troubles dans la formation des images mentales. S). La paranoa (folie primaire) caractrise par un changement de la personnalit ou du moins des rapports de cette dernire avec le monde extrieur allant jusqu' la cration d'un nouveau Moi, l'aide des ides dlirantes primaires (sans base motive) qui se systmatisent rapidement. Ce caractre systmatique de l'illusion s'explique par le fait que la conscience ne subit pas de troubles profonds et que la facult de juger et de conclure est conserve. Les tats d'esprit et les actes sont des phnomnes de raction et sont motivs par des ides dlirantes. Yj. L'alination mentale provenant de nvroses constitutionnelles lpilepsie, hystrie, neurasthnie, hypocondrie). 0). La folie priodique caractrise par le retour priodique d'accs toujours les mmes en ce qui concerne leur nature et leur marche. A ces troubles qui atteignent le cerveau compltement dvelopp, il faut ajouter la dfectuosit psychique dont la cause doit tre recherche dans des altrations qui se sont produites pendant la vie ftale ou eu gnral dans la priode de dveloppement du cerveau et qui ont entrav le dveloppement de la vie intellectuelle arrts de dveloppement psychiques. Selon que le processus tiologique, qu'il soit local ou constitutionnel
; : :
346
(rachitisme affecte l'organe psychique seul ou produit aussi une dformation du squelette et des organes vgtatifs, ce groupe se divise en deux groupes l'un qui ressort au domaine de l'idiotie et l'autre qui fait partie de celui du crtinisme. Ces tats de faiblesse psychique originaire peuvent encore se manifester par un dveloppement dfectueux soit des fonctions intellectuelles, soit
:
des fonctions thiques avec divers degrs (tats originaires d'imbcillit, idiotie). Les cas o prdomine la dfectuosit des capacits thiques sont
le
morale).
Le schma de classification qui rsulte des principes de groupement que nous venons d'exposer est donc le suivant:
A.
Maladies
I.
Maladies sans
lsions
anatomo- pathologiques.
Psychoses
et
fonctionnelles.
I).
Psychonvroses,
1''
c'est--dire maladies
du cerveau sain
dou d'une
constitution normale.
Mlancolie (nvrose d'arrt de l'organe psychique).
a).
P).
Mlancolie simple.
Mlancolie avec stupeur.
Folie furieuse.
3 Stupidit,
4''
dmence aigu
et
psychonvrose hallucinatoire).
tats
Annexe.
dernire
II).
par
la
folie
incurable
(secondaire) et la
:
de cette
Dgnrescences psychiques
Paranoa.
cl).
(c'est--dire
raisonnante).
P).
Forme
typique.
Paranoia querulans. Paranoia expansive (primaire et prdominance des ides b). dlirantes que l'intrt de la personnalit a t augment).
pp).
FORMES DE LA FOLIE
341
YY)-
3 Folie priodique.
Alination
a).
'^).
Folle neurasthnique.
Folie pileptique.
Folie hystrique.
y).
S).
Alination hypocondriaque.
IL
Maladies avec lsions anatonio-patho logiques constantes. Maladies crprdominance des troubles psychiques. Psychoses organiques.
la
brales avec
1
priencphalite aigu).
2 Paralysie
diffuse chronique).
3 Syphilis crbrale.
Dmence snile (atrophie crbrale primaire). Annexe. Intoxications (groupe de transition entre 1 Alcoolisme chronique.
et II).
Morphinisme.
B.
crtinisme)
Prdominance des
idiotie originaire).
P). Prdominance des morale originaire).
tats de dfectuosit
morale (imbcillit
et idiotie
PREMIERE PARTIE
PSYCHONVROSES
TATS PRIMAIRES GURISSABLES
CHAPITRE PREMIER
MLANCOLIE
i
Le phnomne fondamental de la folie mlancolique, c'est une dpression douloureuse motive extrieurement par rien ou du moins par aucune raison suffisante, et une torpeur gnrale des mouvements psychiques
allant jusqu' leur arrt.
et la
le
counexit intrieures de ces deux anomalies fondamcanisme psychique des mlancoliques nous n'avons
la
comme
psychique
comme phnomne
conscutif l'arrl des processus intellectuels, une nouvelle conception psycho-physique considre l'arrt comme le phnomne primaire et la douleur psychique comme le phnomne secondaire
produit par le fait que l'individu a conscience de cet arrt. Ces deux manires de voir sont l'une et l'autre au moins trop exclusives. L'hypothse que la douleur psychique n'est qu'un effet secondaire ne rpond point l'exprience. Elle ne pourrait tre acceptable que si l'intensit de la douleur psychique tait en raison directe de la force de l'entrave, ce qui cependant n'est pas le cas, et si l'entrave prcdait chronologiquement la douleur psychique. Mais cette hypothse non plus ne rpond point aux
Wiinderlich, Palhol., 1854, IP partie, p. 337, Falret, Maladies mentales, p. 324. Morel, Trail des mal. ment., p. 439. Snell, AlUi. Zeitschr. f. Psi/ch., 2c, p. 222. Semelaigne, Dlar/nostic et traitement de la Met. dans Mm. de VAcad. de md. XXV, 1. l'.icliarz, Alli Pohl, Zeilsch. f. psych., 15, p. 28. Billod, Annal, md. psijchol., 1856. Die Melancholie, Prague, 1852. Meynert, De Smelh, De la ml., Bruxelles, 1873. Die primdren Formen des h'reseins, Oesterr. Zeitschr. f. prakt. Ifeilkde. 1871, 44-47. Frese, Allr/. Zeitschr. f. Psych. 28, p. 487. V. Krait, Die Melancholie, Erlangen, 1874, Schle, Handb., p. 407.
350
faits.
est la
il
qu'aprs
leur.
est vrai,
Les
faits
la
douleur psychique
et l'entrave
comme
Vautre, ce qui n'exclut point qu'il y ait rpercussion rciproque de l'un sur l'autre. On peut en mme temps son-
des phnomnes
commune, un
trouble de la nutrition du
la
Avec cette manire de voir plus large et moins prconue, on peut dsigner la mlancolie comme un tat morbide de l'organe psychique, caus par un trouble de nutrition et qui est caractris, d'une part, par le sentiment et la raction douloureux de la sensibilit gnrale nvralgie psychique;, d'autre part par un accomplissement plus difficile des mouvements psychiques (sentiments, conceptions, tendances), difficults qui peuvent aller jusqu' l'arrt de ces mouvements.
Symptomatologie.
La nature de la conscience mlancolique est la Symptmes psychiques. douleur psychique, la dpression, comme expression d'un trouble de nutrition de l'organe psychique. Cette dpression douloureuse ne diffre point, en ce qui concerne sa nature, de la douleur motive de l'homme normal. La solidarit des processus psychiques fait que la dpression devient totale l'organe psychique, tant que subsiste le trouble morbide et tiologique, ne peut produire que des processus psychiques douloureux. Cet tat de douleur psychique, d une cause organique, est encore renforc par les phnomnes physiologiques, par suite d'autres troubles qui existent en mme temps dans le mcanisme psychique et qui, pour la plupart, ne sont que la consquence de la dpression morale. Ces sources de douleur accessoires proviennent de la perception dsagrable du monde extrieur qui se reflte dans le miroir de la conscience douloureusement transforme (diesthsie psychique), par un sentiment d'accablement que le malade prouve dans son mcanisme psychique, enfin de ce qu'il se rend compte de l'entrave que subissent tous ses actes psychiques marche des conceptions, tendances). Il sent pniblement, l'apoge de sa maladie, que ses conceptions et ses perceptions sensitives ne sont plus annotes ni par des sentiments de plaisir ni par des sentiments de dgot (anesthsie psychique). L'effet total de ces processus douloureux psychiques est, au point de vue clinique, l'abattement, la tristesse, la dpression. La diesthsie psychique amne la solitude, l'horreur de la socit des hommes, ou une attitude hostile contre le monde extrieur l'anesthsie psychique produit une indiffrence pour tous les rapports de la vie, mme les plus importants.
; ;
PSYCHONVROSES
35
A
de
ct
du trouble
la
aussi bien que les de dplaisir extraordinaire, allant jusqu' devenir des motions et qu'en mme temps le seuil d'irritabilit pour les motions morales se trouve recul uu degr anormal.
uu trouble formatif dans la sphre que les conceptions perceptions sensitives sont accompagnes de sensations
substantiel,
Il
il
phnomne psychique
et
mme
Ces tats dliyperesthsie psychique, analogues aux phnomnes observs sur les nerfs atteints de nvralgie, prcdent les tats d'anesthsie psychique ou alternent avec eux.
ou
comme comme
,
surprise (embarras, confusion, consternation, effroi, honte motions d'attente fangoisse, oppression, peur). Cliniquemeut, cette irritabilit morbide se manifeste sous forme d'irritabilit, de sensiblerie, et, comme l'hyperesthsie et l'anesthsie alternent et
comme
le
des caprices.
malade se manifeste par recherche de la solitude, par le soin qu'il met viter les sensations et les motions. Les troubles sur le terrain de la conception atteignent en partie la forme, en partie la substance des reprsentations. Les premiers consistent en ce que la marche des reprsentations mentales demande plus de temps et que leur association ou combinaison est devenue plus difficile. Le ralentissement de leur marche est un phnomne partiel des difficults gnrales qui entravent les efforts psychiques; il dpend aussi en partie des sentiments de dplaisir qui se rattachent chaque mouvement
l'abandon de ses
affaires,
psychique.
L'entrave au cours libre des reprsentations est une source accessoire de douleurs psychiques qui a son importance. Elle se.manifeste cliniqueraent par un sentiment d'ennui, de vide intellectuel et de la diminution des capacits intellectuelles abrutissement, manque de mmoire, dont se plaignent tant de malades). L'arrt temporaire complet du cours des reprsentations provoque mme des motions de dsespoir. Le trouble dans l'association des conceptions est essentiellement caus par ce que. seules^
1
images mentales adquates au sentiment de douleur sont possibles dans par consquent la somme des images reproductibles se borne celles qui ont un caractre douloureux. L'arrt et le trouble de
les
la conscience, et
Il
dans la formation de la reprsentation chez tous les mlancoliques. Us peuvent tre les seuls dans ce domaine (mlancolie sine delirio), mais souvent il se produit aussi des troubles dans la nature des reprsentations, en un mot, des ides dlirantes. Dans l'immense majorit des cas, ces dernires se produisent par voie
existe des troubles
3b2
psychologique, en essayant d'expliquer l'tat morbide de la conscience; mais alors il n'est pas prcisment ncessaire que l'ide dlirante soit le produit d'une opration logique de la pense qui se fait dans la conscience,
peut tre aussi le rsultat d'associations d'ides inconscientes dont le rsultat a pntr dans la conscience. Les ides dlirantes dans la mlancolie viennent plus rarement d'illusions des sens, et elles constituent encore plus rarement des dlires prielle
mordiaux purs. La nature des ides dlirantes de la mlancolie est trs varie et comprend toutes les varits du chagrin humain, des soucis et des apprhensions.
Comme
il
il
dans
le
contenu de
la
conscience indivi-
duelle,
bien que certaines proccupations et certaines craintes permanentes de l'humanit donnent des traits de ressemblance nombre de mlancoliques de tous les pays et de toutes les poques (Griesingen. Le caractre commun de toutes les ides dlirantes mlancoliques, c'est celui de la souffrance; et, cotrairement au mme sentiment qui existe daus la parano'ia, combin avec un dlire de perscution, le mlancolique
croit
que ses douleurs lui arrivent par sa propre faute. Souvent des illusions des sens se produisent au cours de la mlancolie et dans ses formes graves. De mme que les conceptions dans la mlancolie ont un caractre douloureux et hostile, de mme le sujet des hallucinations aussi est
terrifiant.
trs
Les illusions des sens apparaissent avec une intensit particulire et sont nombreuses dans les motions et notamment dans les motions d'at-
tente anxieuse.
L'entrave des mouvements psychiques si particulire la mlancolie se manifeste avec une nettet particulire sur le terrain psycho-moteur de la
vie psychique.
la paresse, la tendance fuir tout ngligence de ses travaux professionnels, le penchant s'enfermer et se reposer au lit. Le manque de confiance en soi-mme fait paratre tout dsir comme irralisable et fait renoncer tout effort. Le mou-
difficile
des reprsenta-
par des sentiments de dplaisir, la suppression des intrts intellectuels qui pourraient alimenter leur activit, tout cela trouve son expression loquente dans la plainte du malade qu'il voudrait vouloir mais qu'il ne le peut plus. La reprsentation concrte qui ranime dans l'individu la volont est pniblement influence par des conceptions contradictoires venant de la conscience qu'on a de son abaissement, de la conviction de son manque de capacit, de l'impuissance intellectuelle qui fait nier toute possibilit de succs; ainsi, le malade, ballott entre ces deux courants, flotte sans cesse
PSYCIIONEVROSES
333
manque de
Le caractre fondamental de la mlancolie est celui de l'anergie, de la passivit. Cependant pisodiquement une action imptueuse, violente, allant jusqu' la furie, est possible. L'explication de cette explosion est que parfois une motion violente peut vaincre les entraves. Chez tous les mlancoliques, le sommeil disparait Symptmes nerveux. au dbut et l'apoge de la maladie. Il manque compltement ou il est
troubl par des rves terrifiants et des soubresauts frquents; les malades, bien qu'ils dorment, n'en prouvent ni soulagement ni restauration des forces, comme dans le sommeil des individus sains.
Le mal de tte est frquent, surtout chez les anmiques; souvent les malades se plaignent de sensation pnible de vide dans la tte, d'une pression, etc., ce qui est en partie l'expression des paralgies, en partie une explication allgorique des entraves psychiques. La sensibilit gnrale est trouble. Les malades se sentent las, abattus, mal leur aise, et cette baisse de l'nergie vitale trouve son expression classique dans l'attitude affaisse, dans le manque d'action musculaire, dans les mouvements hsitants, les paroles voix basse, la mollesse et la faiblesse del musculature. Outre les phnomnes psychiques (abaissement de la confiance en soi-mme, etc. qui interviennent ici, cette faiblesse d'innervation parait dpendre de sensations vitales troubles, de sensations musculaires altres (pesanteur,
,
sensibilit douloureuse).
Souvent
empirent
il
On rencontre
et
donnent
lieu
des
mme
ment
les instincts.
souvent l'anorexie
nourriture.
constipation
comme
Mme quand
nomnes
il
du poids du corps
des centres nerveux trophiques. Chez la plupart des malades les artres
sont contractes,
le
comme un
fil
de
fer.
Comme phnomnes
tions, une diminution du tonus vital, la peau est sche, dure, elle ple en formant des cailles semblables du son, elle est froide aux extrmits o on peut avoir des stases veineuses et des dmes. Les malades paraissent beaucoup plus gs qu'ils ne sont eu ralit. La chaleur du coi'ps est ordinairement au-dessous de la normale la respiration est superficielle, incomplte, bien que souvent acclre par l'angoisse. La frquence du pouls est variable et, pendant les tats d'agitation anxieuse, elle est considrablement augmente.
;
PSVCIIIATIIE.
23
354
La
et
mlancolique se manifeste sous deux formes cliniques qu'on noms de mlancolie simple et de mlancolie avec stupeur, demandent chacune une tude spciale. qui
I.
MLANCOLIE SIMPLE
dans lesquels les produits par une conscience qui ne processus conducteurs dans le trajet des nerfs psychomoteurs, entrave qui peut entraner un trouhle spasmodique de l'innervation musculaire (ttanie, catalepsie).. De mme, il n'y a pas, dans ces cas, de trouhle profond de l'intelligence. L'entrave se manifeste au moral comme une anesthsie dsesprante, dans la vie des conceptions comme une difficult pnible formuler ses penses, sur la volont comme une incapacit douloureuse se dcider un acte, incapacit allant jusqu' la paralysie de la volont comme consquence fatale de cet tat la confiance en soi-mme est considrablement
Les cas de mlancolie les moins graves sont ceux phnomnes d'entrave psychique sont essentiellement cause psychique, par des processus douloureux de la sont pas occasionns organiquement par l'entrave des
;
diminue.
Comme
la conscience des
toujours dbordante et qui va les anantir, les torturent, entretiennent et accentuent continuellement leur tat de tension douloureuse, leur situation devient d'autant plus pnible qu'ils ne se sentent pas capable ou du moins pas toujours capables
d'oser l'acte qui les dlivrerait ou les sauverait.
malades reprsente une source de douleurs que les motions, les ides d'un danger menaant
Le phnomne fondamental du tableau morbide, c'est la passivit, le sentiment pnible d'tre paralys dans ses mouvements psychiques. La passivit du mlancolique peut s'accentuer et amener un tat o la sphre psycho-motrice devient temporairement compltement paralyse. Non seulement les actes mais aussi les mouvements du langage et de la locomotion deviennent alors de plus en plus lents et difficiles et n'ont lieu que par
trs fortes; ils sont
secousses la suite d'excitations et de contraintes extrieures ritres et seulement dessins par l'intention, mais non accomplis, et finalement tout effort moteur devient impossible (mlancolie passive).
et
Ces cas, dans lesquels videmment l'entrave psychique est accentue complique par des rsistances qui augmentent avec la transmission
molculaire dans le trajet de la volont, reprsentent des transitions vers une forme plus grave, la mlancolie avec stupeur, d'autant plus que la conscience s'obnubile aussi et que le malade tombe dans un tat de cr-
puscule intellectuel. Sauf le cas o pisodiquement et lors de transition la mlancolie avec stupeur cette paralysie complte de la vie intellectuelle se produit, la conscience des malades n'est pas plus profondment trouble que dans la mlancolie simple, bien qu'elle soit proccupe d'images mentales et de
conceptions douloureuses.
PSYCHONEVROSES
353
La facult de penser est entrave, limite, mais la formation des conclusions et des jugements a toujours lieu, contrairement ce qui a lieu dans
mlancolie avec stupeur o il s'agit essentiellement d'un rve dlirant, o le dlire se manifeste spontanment, comme dans le cas de dlire fbrile ou d'intoxication, et o les associations ne sont plus utilises. Les malades atteints de mlancolie simple conservent la facult de former des conclusions, il en rsulte que les ides dlirantes qui se produisent peuvent se lier ensuite d'une manire systmatique et avec consquences
la
logiques.
tat d'agitation et d'activit continuel
chaque moment se changer en un pendant lequel il se soulage de ses douleurs et de sa tension psychiques avec emportement, par des pleurs, en se tordant les mains, en allant et en venant (mlancolie errabunda) et mme en commettant des actes de violence (mlancolie agite ou
L'attitude passive
du malade peut
active).
La cause de cette attitude ne provient pas de la facilit transformer les conceptions en impulsions de mouvement, comme c'est le cas dans la manie, mais seulement de la force norme avec laquelle les motifs des
mouvement
et
se font sentir
dans
la conscience, force
En effet, ces tats de mlancolie agite ne constituent que l'acm du tableau morbide ou bien des phnomnes pisodiques au cours de la mlancolie (passive). Ces explosions de dsespoir allures motives, capables de
surmonter temporairement l'entrave psychique du mlancolique, sont le rsultat de la situation psychique douloureuse qui pour un moment s'est accentue au point de devenir insupportable, situation due l'anesthsie psychique, l'hyperesthsie, l'arrt des penses, aux conceptions obsdantes, l'annergie, ensuite aux nvralgies complicantes, en gnral aux malaises physiques, l'angoisse prcordiale, aux illusions et aux ides dlirantes de nature terrifiante. Dans ces tats d'obsession psychique, le suicide est craindre.
l'entourage.
tion.
Il
frquemment
et
sous
l'ac-
La dyesthsie
et l'anesthsie
Le malade en proie une agitation violente est, dans ses paroxysmes, semblable un fou furieux il peut mme surpasser celui-ci dans ses actes de destruction. Ordinairement les mdecins non alinistes diagnostiquent comme folie furieuse ces tats de mlancolie avec agitation durable de
;
essentielle entre l'impulsion desmotrice du mlancolique, provoque par des tats de conscience douloureux. La fuite des ides peut se produire aussi dans la mlancolie active, mais
la volont
bien qu'il y
ait
une diffrence
tructive
du fou furieux
et la raction
encore cette fuite des ides a un caractre tout fait autre que dans la manie, ainsi que cela a t trs bien relev par Richarz {Allg. Zeilschr. f. Psych XV, p. 28.) Malgr l'acclration qui pourrait se produire daus la marche des reprici
,
336
quand mme monotone, dans sa nature; il se meut dans le cercle restreint purement douloureux de l'motion mlancolique, car il n'est qu'une variante continue d'un mme thme. La facult de former une srie continue de reprsentations relies par un processus d'association illimit, manque ici, contrairement ce qui a lieu dans la manie o les associations s'accomplissent avec une facilit
sentations, le dlire de la mlancolie active est
norme. Les conceptions du mlancolique ne sont que des fragments de sries de conceptions; il ne peut pas suivre jusqu'au bout dans sa pense la srie qu'il a commence la chane des penses se rompt chaque instant et il est toujours ramen au point de dpart de ses reprsentations. Voil pourquoi
;
ces malades se plaignent de leur contrainte de penses continuelle, pnible et sans rsultat, de l'impossibilit de persvrer dans une ide, de la suivre
Emminghaus
un
comme
en foule. La mlancolie simple est peut-tre la forme d'alination qu'on rencontre le plus frquemment. Cliuiquemeut elle prsente une grande srie de nuances sous le rapport du groupement des symptmes et de son intensit. A ce point de vue on peut tablir essentiellement trois varits ou plutt trois varits de degr suivant que la maladie les parcourt tous les trois ou qu'elle s'arrte un de ces degrs. Comme forme bnigne de cette
maladie, on peut citer
:
A.
Mlancolie
sine delirio
Le tableau morbide se borne ici des anomalies des sentiments et des tendances, et des anomalies dans la formation des conceptions. Elle ne va pas jusqu' produire des ides dlirantes ni des illusions des sens. Cette forme attnue de la mlancolie ne se rencontre qu'exceptionnellement
dans les asiles, mais trs frquemment dans la pratique prive. Souvent elle chappe pendant longtemps l'observation des profanes de mme qu' celle des mdecins, le malade sachant conserver l'apparence du calme et
de la raison.
irritabilit, sa
dpression
et le
changement
dans sa manire habituelle de penser et de sentir frappent le spectateur, c'est vrai, mais on trouve ou on suppose des raisons extrieures pour
expliquer cet
tat, et le
toutes sortes de raisons pour motiver ou excuser son manque d'gards, sa paresse, l'abandon de ses devoirs habituels. Ainsi on s'illusionne longtemps
PSYCIIONEVROSES
357
de tension douloureuse devenant insupportable, provoque un Le diagnostic mdical se borne souvent, en ngligeant l'anomalie psychique, tablir une anmie, une chlorose, une hystrie, une neurasthnie, etc. En effet la maladie se renl'tat
OU que
notamment en conpubert (nostalgie); puis chez les hypocondriaques, les neurasthniques et les nvropathes constitutionnels. Sur
contre souvent sur cette. base somatique nvrotique,
nexit avec les
phnomnes de
la
notamment quand elle est hrditaire, la maladie se complique souvent d'ides obsdantes (poussant l'assassinat, au suicide, l'incendie) avec troubles des fonctions somatiques, nerveuses, et surtout sensitives (paralgies, nvralgies). Alors le tableau se complique, devient plus difficile pronostiquer, et constitue une transition vers la folie raisonnante constitutionnelle mlancolique, maladie vraiment dgnrative.
cette base,
Observation X. Mlancolie sine deiino base sur un calarrlie chronique de V estomac sur une neurasthnie. Docteur-mdecin A..., trente-un ans, mari, est venu demander remde contre une maladie affectant son moral. Le pre tait ds son enfance adonn la boisson. Ce vice du pre a troubl le bonheur de la famille et a jet des ombres tristes sur la jeunesse du malade qui souffrit normment de la duret et de la brutalit de son pre et qui en a conserv un caractre peureux et
el
farouche.
Il
tait
moment o se dclara maladie psychique. Le malade est devenu tudiant en mdecine; il travaillait assidment et a d, pendant les vacances, aider son pre ivrogne soigner ses clients. Aprs avoir pass son premier examen, il a d se charger des malades de son pre qui tait devenu apoplectique. Bientt sa mre, qu'il aimait, tomba aussi gravement
un caractre chronique
encore au
la
la famille, delaclientle et
du gagne-pain quotidien,
Il
s'accentuait
il
tement
fiana.
faire de la clientle.
Il
passa son examen avec une bonne note. Il dut immdiaSon pre, peine rtabli, s'adonna de nouveaux excs
et
de boisson.
de soucis.
Un
comme
ivrogne et pileptique. Il en fut trs dprim. Aprs tre rest deux ans fianc, la jeune fille qu'il devait pouser dclara que son futur domicile lui dplaisait. Il y eut des conflits. Le malade se spara le cur gros de sa clientle pour s'en crer une autre. A la suite d'une opration de
hernie malheureuse, un collgue malveillant
s'accentua
:
le fit suspecter. Le catarrhe gasti-ique mauvaise humeur, dpression hypocondriaque, constipation opinitre, difficults de la digestion, maux de tte. Cela dcida le malade aller chercher Gratz du soulagement. Il frquentait la clinique psychiatrique. Dans tout ce que
le
professeur enseignait
il
il
tive
Il
sommeil, eut de l'angoisse prcordiale, des vertiges, des tintements d'oreille, des maux de tte. Rien ne lui faisait plus plaisir; il avait des ides de suicide. Sa fiance revint de meilleurs sentiments. En
358
mai 1875 le mariage fut clbr. Le malade esprait gurir, mais pendant son voyage de noces son trouble augmenta. Grce son anesthsie psychique, il sentait qu'il ne pouvait pas aimer sa femme; il se faisait des reproches de l'avoir rendue malheureuse; il eut la peur de devenir fou et un vif dgot de la vie. Il
essaya de l'opium (deux fois par jour 0,05 0,15). Son tat devint supportable. Il pouvait pratiquer sa profession d'une manire machinale, sans ardeur au travail, sans joie de vivre il soulageait sa douleur psychique en pleurant des heures entires.
;
rveil, la
Il
se
un mariage la lgre et d'avoir, par son dclin intellectuel, caus le malheur de sa femme, Plus tard il s'y ajouta la crainte de lguer ses enfants le germe de sa maladie.
sentait las, abattu, se reprochait d'avoir contract
Lors de l'examen mdical du 6 dcembre 1875, le malade parait boulevers et la maladie. Il se plaint de douleurs de tte et de pression frontale, comme se produisent s'il tait pris dans un tau; il se sent mal, abattu. Les selles ne
min par
Le malade a
froides.
Il
l'air
la 84,
langue blanche.
les
extrmits
a les larmes faciles, est sans courage, sans joie, et a horreur de la socit.
On rgularise la dite et les selles, on prescrit des bains et des frictions froides. Le malade prend de l'opium et, comme sa peau irritable ne supporte pas les injections, ni son estomac l'usage interne, il prend des suppositoires de 0,25 0,3 d'extrait d'opium deux fois par jour.
bannir les ides l'opium a cess, il
et
immdiatement. Le malade peut travailler avec plus de facilit sombre et de suicide. Mais aussitt que l'effet de est de nouveau hant par un vide intellectuel pnible, par une inquitude, un tdium vit, une dpression et une apathie terribles, des tintements d'oreilles, des maux de tte, une sensation de pression inquitante, comme si son cerveau tait trop grand et son crne trop petit. Un petit cart de dite, le mauvais temps, un effort intellectuel, une occupation produisent aussitt une aggravation trs pnible, de l'angoisse prcordiale et l'impulsion au suicide. Il ne pouvait vivre qu'avec de l'opium, mais il eut bientt des craintes quand, l'occasion du congrs des naturalistes Gratz, il entendit parler du morphinisme.
Son
tat s'amliore
tristes d'avenir
L't de 1876 se passa avec des amliorations et des rechutes alternatives, suivant
l'tat
de la maladie intestinale. Un sjour dans les montagnes, puis les bains de mer, l'usage rationnel et continu de l'opium dont les doses quotidiennes ont t portes jusqu' 1 gramme, ont produit enfin une volution favorable. Les malaises intestinaux disparurent, la dpression psychique diminua; il y eut des moments o
le
malade pouvait envisager l'avenir avec esprance et o la vie ne lui paraissait comme un lourd fardeau. Il resta encore pendant longtemps trs motif, ragissant avec une dpression douloureuse contre les motions morales, les lgers
plus
carts
de dite,
les
efforts intellectuels
il
se
sentait
incertain, pusillanime,
notamment
le
matin, dprim
et fatigu
jusqu' en prouver
est
du tsedium
inutile.
devenu
Au cours de l'anne 1877 les derniers symptmes de la maladie disparurent la mine du malade devint dgage, sa nutrition se rtablit, la joie de vivre et le got du travail revinrent. La gurison si laborieusement obtenue fut mise une rude preuve quand la femme d'A... mourut et que son enfant fut infect de syphilis par sa nourrice. La sant psychique du malade s'est tout de mme maintenue.
;
PSVCIIONVROSES
3o9
B.
MLANCOLIE
On voit souvent au cours de la mlancolie sine delirio apparatre les symptmes de l'angoisse prcordiale comme complication pisodique se manifestai.* plutt le matin, ou comme une complication de plus longue
dure
et
Dans ce dernier
qui se :iclare au dbut de la maladie (mlancolie prcordiale;. cas. il s'agit ordinairement de formes marche aigu ou
un des phnomnes accessoires les plus importants et les plus frquents des tats mlancoliques. Chaque fois
se manifeste, elle 'constitue une complication grave en ce sens comporte des dangers pour la vie du malade et pour son entourage, dangers qui proviennent de ce que l'accentuation tourmentante de l'tat douloureux et de la tension psychique peut entraner l'individu des actes impulsifs de dlivrance ou de salut. Aussi le malade ne doit pas tre laiss seul. L'angoisse prcordiale est, dans la mlancolie, l'lment le plus important qui fasse sortir le malade de sa passivit, qui le remue et l'agite, qui le pousse au dsespoir suivant la violence et la brusquerie de l'an-
qu'elle
Une explosion
subite et forte
d'an-
passagre de l'intelligence
et
mme
convulsifs
comme
On
appelle
ordinairement raptus mlancolique cette crise motrice de la brusque tension psychique qui est devenue insupportable. Cet tat peut apparatre au milieu de la passivit la plus absolue du mlancolique. Souvent l'accs proprement dit est prcd par des tats ayant l'allure d'aura et se prsentant sous forme de dpression morale, d'irritabilit, de maux de tte, de vertiges, de sensations nvralgiques et paralgiques. L'accs arrive avec une lvation rapide son point culminant aussitt que l'angoisse entre dans la conscience. Tous les processus psychiques
(perception, association des ides, reproduction) sont
bls et parfois
profondment trou-
mme
supprime, voque l'ide que tout a ne reste debout qu'un semblant du est momentanment suspendue ou bien il existe encore un chaos d'images mentales pnibles qu'on ne peut dominer, qu'on ne peut plus associer et au milieu desquelles peuvent apparatre des hallucinations terrifiantes, des dlires d'anantissement gnral, de la fin du monde, de possession par le diable. L'intelligence est profondment trouble et ce trouble peut aller jusqu' la suppression temporaire de la conscience de soi-mme. La sphre motrice prsente, selon l'intensit de laccs, les manifestations de l'emportement et du dsespoir (s'arracher les cheveux, dchirer ses vtements, actes de destruction, assassinat, suicide, destruction rageuse de tout ce qui tombe entre les mains du malade) qui ne sont motiperception, qui parfois
est
mme
qu'il
360
ves que par une impulsion obscure faire cesser l'tat de tension psy-
chique
ribles
les yeux de de pire violence contre autrui. Au summum de l'tat les actes incohrents et destructifs du malheureux reprsentent de vritables convulsions psychiques.
et o l'analgsie rend possibles les auto-mutilations malade de Bergmann qui s'est littralement arrach
psychique
les actes
Avec ces symptmes psychiques vont de pair des troubles remarquables la respiration et de la circulation. La respiration est entrave, superficielle, frquente; l'activit du cur est acclre, irrgulire; le pouls est
de
peau froide, ple; les scrtions sont supprimes pendant Vers la fin du paroxysme il se produit dans la plupart des cas une scrtion de sueur profuse. Les troubles de la circulation rendent probable l'hypothse d'une nvrose du sympathique comme cause du raptus. La cessation du raptus est brusque, de sorte que la marche de la maladie pourrait tre reprsente sous la forme d'une courbe montant rapidement avec une chute aussi rapide. L'angoisse s'vanouit, le malade respire avec soulagement, comme s'il s'veillait d'un mauvais rve. Suivant la gravit de l'accs, le souvenir des faits peut manquer absolument ou exister sous une forme vague et sommaire. La dure de l'tat varie de quelques minutes une demi- heure au
petit, rapide, la
l'accs.
maximum.
Observation
mlancolique.
XI.
Mlancolie chronique
cause
par puisement
et
avec raplus
le 10 sep-
M'-' Picliler,
tembre 1873, Tasile. Issue d'une famille saine et indemne de maladies, elle s'est marie l'ge de dix-neuf ans et a, jusqu' l'ge de quarante ans, donn normalement le jour dix enfants. Les accouchements qui se succdrent rapidement, l'allailement, un travail pnible, une mauvaise nourriture, la lutte pour l'existence l'avaient gravement atteinte au physique. D'anne en anne elle devint de plus en
plus faible, maigrit vue d'il, et
elle
le travail la fatiguait de plus en plus. En 1861, pidmie de typhus et fut atteinte de typhus abdominal. Elle se remit difficilement et elle dut bientt reprendre son ouvi-age avec une nourriture insuffisante. Ds ce moment, il exista chez elle une grande irritabilit, une sensibilit norme et de l'anmie. La malade prtend que, partir de cette poque, elle tait chaque hiver mlancolique pendant quelques semaines. Des accs
tomba malade
lors d'une
et,
comme
elle le pr-
tend, la suite de terreurs et d'motions. Elle tait alors triste, paresseuse, peuse
croyait
perscute,
condamne
l'enfer
des tortures horribles Tattendaient. Traite par des officiers de saut, avec des
purges, des frictions et des onguents, eUe s'affaiblit encore davantage au physique et son tat psychique empira! Les tats d"motion anxieuse et les ides dlirantes
le
temps,
c'est vrai,
mais
la
got ni la vie ni au travail. Elle dormait mal, avait peu d'apptit; sa nutrition tait mauvaise; elle tait anmique.
elle n'avait
plus de
187.3 la dnutrition augmenta et il se produisit de l'dme des pieds. Sa dpression psychique habituelle s'leva rapidement un degr considrable. Bientt, le matin, au rveil, il se produisit une angoisse terrible dans la rgion du cur. Elle prouvait la sensation d'une lourde pierre. La sueur de l'angoisse
En mars
PSYCUONEVROSES
lui
3G1
perlait et l'agitait en tous sens. Les accs d'angoisse matinaux devinrent de plus en plus violents, au point de lui faire perdre les sens. Elle se croit alors transporte en enfer, vit tout entoure d'une lueur rouge ou blanche. Elle croyait
ijue le
monde
un cataclysme;
elle
c'est elle
qui en tait
la
cause; ce sera
d'i-
En mme temps
un brouhaha confus de penses. Pendant les accs d'angoisse il se produisait un dgot de la vie et aussi l'impulsion aux actes destructifs. Alors, pleine de dsespoir, elle traversait en courant sa chambre, mordait et frappait son entourage, brisait tout ce qu'elle
Dans ces accs de raptus qui duraient jusqu' midi, on pice noire et on la liait avec des cordes.
L'aprs-midi
tait le
elle tait
cur
La malade est de taille moyenne, avec un front bas et troit. Le pannicule graisseux a disparu. Elle est trs anmique, les bruits du cur sont faibles, mais purs; le pouls est petit, facile supprimer; les parois artrielles prsentent peu de tenPas de troubles vgtatifs. La malade prend une nourriture substantielle, du du fer, et est traite par les injections d'extrait d'opium (jusqu' deux fois par jour, aux doses de 0,15). L_opium agit d'une manire vraiment spcifique contre l'angoisse et l'agitation anxieuse. L'angoisse ne se produit plus que le matin au rveil et se rduit bientt une sensation d'oppression modre. La nutrition s'amlioi^ant, le sommeil revient. La malade est plus dgage au physique, elle a repris espoiretapu de nouveau travailler. Peu peu on put mme supprimer l'opium. Aprs une privation d'opium de longue dure, une recrudescence de la maladie se produisit, mais elle disparut au bout de quelques jours la suite d'un nouvel usage de ce remde. D'autres essais pour cesser le remde ont dmontr qu'il est indispensable contre l'angoisse et l'insomnie finalement la malade a pu vivre avec de petites doses de 0,02 0,03. Avec ce rgime elle se sentait bien physiquement et n'avait qu'une lgre dpression morale; elle avait retrouv le got et la facult du
sion.
vin,
;
travail.
Le 30
avril d874 la
malade
fut
renvoye chez
et
elle
le
douloureuse
avec
de
Les ides dlirantes et les hallucinations se manifestent souvent au cours de la mlancolie. Elles naissent peu peu d'une mlancolie sans dlire et reprsentent le point culminant de tout le processus morbide, ou bien elles apparaissent de bonne heure, immdiatement aprs que la dpression morale s'est produite. Telle est la rgle dans les cas qui ont une
marche aigu ou suraigu. Comme les ides dlirantes du mlancolique, contrairement aux dlires du fou et du paranoque, sont presque exclusivement des essais d'explication des faits morbides dans la conscience, il
est possible
dans
la
cause.
3G2
Ainsi, par exemple, le changement profond cia sentiment, de soi-mme, qui n'est que l'effet dans la conscience de l'entrave dans les sentiments, les conceptions et les tendances, et qui se manifeste cliniquement par la dpression, le manque de confiance en soi-mme, amne le malade l'ide dlirante qu'il est ruin, rduit la mendicit, condamn mourir de
monde
extrieur sous
un jour
mirage de prtendues perscutions et de dangers menaants. Le sentiment de l'entrave et de l'accablement amne les individus trs borns d'esprit l'ide qu'ils sont tombs sous le pouvoir de puissances tnbreuses, qu'ils sont ensorcels. Cette anesthsie psychique qui n'admet plus aucun sentiment humanitaire ni esthtique, fait croire qu'on a perdu les attributs de la dignit humaine, qu'on est transform en un animal dans le domaine religieux, par l'absence de consolation dans la prire, par le doute sur la religion, elle mne facilement l'ide dlirante qu'on est abandonn de Dieu, qu'on a compromis le salut de son me, qu'on est possd par le dmon.
le
;
Aux
sensitives
mmes ne
le
monde
extrieur
d'ombres, un mirage, et veille de sombres ides dlirantes de cataclysme gnral et individuel. L'angoisse prcordiale et en gnral les motions d'attente anxieuse sont
comme un monde
qu'un danger vous menace rellement. Ce danger peut individuellement s'objectiver par l'ide d'une perscution imaginaire, de la mort imminente, de la perte de sa fortune. Le malade, par suite du sentiment trs abaiss qu'il a de lui-mme, arrive alors facilement l'illusion qu'il est un pcheur, un criminel qui mrite ce chtiment. Pour motiver davantage cette croyance, il s'en tient ensuite un dlit quelconque qu'il a rellement commis autrefois ou bien un acte ou une omission de la vie passe qui n'avait aucun caractre illgal, apparat la conscience hyperesthsie comme une violation de la loi. Les sensations morbides dans le domaine des nerfs sensitifs (paralgies, anesthsies, nvralgies de mme que les anomalies des sens du got, de l'olfaction, etc., peuvent aussi devenir des ides dlirantes par interprta l'illusion
;
,
tion allgorique.
fait
domaine de
un monde
Le malade qui languit dans une motion d'attente anxieuse, entend des voix qui lui annoncent une catastrophe imminente, la mort, la prison, la damnation de son me. Le monde extrieur lui parat hostile des mots,
;
des bruits insignifiants se transforment pour lui en menaces, injures, railleries, rires
moqueurs.
Les visions de ces malades sont galement terrifiantes. Ils se voient entours de spectres, de diables ils voient le bourreau qui les attend, des
;
PSYCUONVROSES
assassins qui les menacent. Les lialluciuations
:3G;j
du got produisent
l'illu-
tives font croire qu'on est entour de cadavres, qu'on se trouve dans les marais de soufre de l'enfer; des sensations nvralgico-paralgiques amnent l'illusion qu'on est tortur, hant par de mauvais esprits.
L'adjonction des ides dlirantes et des hallucinations peut, selon la nature de ces dernires, accentuer encore davantage la passivit; ainsi, par exemple, le malade entend des voix qui lui disent que s'il bouge il est perdu il se voit entour de prcipices ou bien des ractions dsesp;
agite.
Observation XII. Mlancolie avec ides dlirantes et hallucinations. Auto-descripphnomnes morbides. S..., cinquante-deux ans, mari, fonctionnaire en retraite, n d'une mre adonne la boisson. Un frre est mort alin, un autre s'est brl la cervelle. Le malade, bien portant, sauf typhus dont il fut atteint en 18C8; il tait viveur, franc buveur eut en 1877 un accs de delirium tremens; partir de ce moment, il s'est modr pour les boissons jusqu'au mois d'aot 1881. Alors il eut beaucoup de soucis et de contrarits et, la suite du chagrin que lui causa une spculation
tion des
manque, il se remit boire. Il y gagna un catarrhe gastrique chronique, sa nutrition diminua; il souffrait de congestions, avaitun sommeil troubl. Au mois d'avril le malade est devenu dprim, triste, irritable il se faisait des reproches cause de sa vie lgre et de ses mauvaises affaires, s'accusait d'impuissance et prtendait que pour cette dernire faute il serait traduit devant un conseil de guerre. Il prvoyait sa mort honteuse et conseillait sa femme de se remarier aussitt qu'elle serait dbar;
rasse de lui.
Le malade tait tout boulevers; il tait hant par l'angoisse prcordiale, ne vivait que dans des motions d'attente anxieuse, tressaillait toutes les fois que la porte s'ouvrait, croyant qu'on venait le prendre pour l'emmener devant le tribunal; il s'attendait ce que, cause de son impuissance qu'il attribuait ses excs sexuels et
alcooliques, on lui
famille
mourir
de faim.
supprima sa pension de retraite, ce qui le rduirait lui et sa Comme on craignait qu'il ne se suicidt, on l'amena le
Le malade y entre la mine bouleverse et presque paralys par la peur. Il se plaint de son sort dsespr et du malheur de sa famille, regrette sa libert, voit l'avenir sans espoir, prend l'hpital pour une prison prventive, les mdecins pour des magistrats, avoue ses pchs et implore sa grce. Autrefois, bien nourri et solidement
bti,
il
a dpri; sa langue est fortement saburrale, son haleine ftide, son estomac
que sous l'action des mdicaments. Le teint est jauntre. Le malade est sans apptit, sans sommeil. En traitant le catarrhe intestinal par les moyens dittiques et mdicamenteux appropris, et par l'opium en injections sous-cutanes (jusqu' 0,15 d'extrait d'opium deux fois par
gonil, dilat. Les selles sont arrtes et n'ont lieu
jour),
sommeil s'amliorent, malade semble dj reconnatre sa maladie. Contrairement l'avis pressant des mdecins, le malade est repris le 30 juillet par sa femme pour tre soign au sein de sa famille; alors il est saisi d'une angoisse terrible, fait une tentative de suicide en essayant de se briser la tte d'un coup de marteau on le ramne en toute hte l'asile. A la suite de cet
il
se produit
l'apptit et le
comme
l't
364
priode
dans un profond lat d'entrave anxieuse; il reste assis dans un coin; pendant une il laisse mme couler ses excrments sous lui, a besoin d'tre contraint pour tous les actes. Il dort peu et dprit de plus en plus, malgr les meilleurs soins.
Par-ci
par-l l'entrave cesse. Le
malade cause
alors, manifeste
des accusations
mme, crainte d'tre envoy aux travaux forcs). Avec les bains, l'opium, ment dittique du catarrhe intestinal, les symptmes, la dpression, la
l'entrave s'attnuent vers la fin
l'avenir;
il
le traite-
tristesse,
mme
la fin
mars 1882
il
y
le
un malade
tat de
grande prostration physique, d'puisement neurasthnique, dont sort parfaitement guri au physique et aa moral au mois d'avril 1882.
Le malade a donn de sa maladie Tauto-biographie suivante qui ne manque pas Quand je fus reu l'asile je croyais que les gens de la maison portaient mes vtements, que chaque personne de mon entourage me prenait pour un criminel cela ne faisait pour moi pas mme l'ombre d'un doute. Je croyais voir pomper dans le puits du jardin non pas de l'eau, mais du mercure. En buvant de l'eau je croyais non seulement sentir l'odeur de l'ammoniaque, mais aussi le poids spcifique du mercure.
d'intrt
: ;
A partir de ce moment mes forces intellectuelles et physiques diminurent de plus en plus, de sorte que jusqu'en dcembre 1881, le temps a pass sans que j'en aie gard beaucoup de souvenirs. Pendant ces mois je ne pouvais pas comprendre com-
ment on
l'eau et
avait
pu me prparer un
mme
de recevoir de
du pain et pour ce motif je ne voulais ni manger ni aller me coucher. Je croyais avoir perdu tout ce que j'avais possd, ma famille rduite la mendicit; dans mon ide, ma femme qui venait me voir, n'tait pas ma vritable pouse, mais une espionne, habille comme ma femme, et dont on se servait pour m'espionner afin de pouvoir dnoncer mes penses au directeur de l'asile.
<c
Pendant des mois entiers je me privai de boire de l'eau frache. Ce n'est qu'en ma toilette le malin ou au bain que je profitais des moments o je me croyais inaperu pour m'humecter d'eau sans m'inquiter si elle tait dj savonneuse ou si elle tait tide. Au jardin je regardais avec beaucoup de plaisir les eaux de pluie qui s'taient ramasses dans les creux du sol, et j'avais le dsir de les boire. Quand j'tais aux water-closets, j'tais toujours convaincu que j'infectais tout et qu'aprs moi personne ne pourrait plus s'en servir. Je croyais mme le monde entier infecl par moi. J'attendais une extinction complte de la race humaine dont
faisant
je resterais
comme
comme
et
derniers
voulu fendre
ma
bouche jusqu'aux
chat d'un
trait.
oreilles et enlever
mes
dents,
efforts
poing crisp que le lever et le coucher du soleil ainsi que d'autres phnomnes naturels et mtorologiques taient rgls par le bureau de l'asile. Les journes me paraissaient trs courtes, en revanche les nuits excessirestaient vains. Je croyais
mon
PSVCHONEVROSES
vement longues. D'aprs mon
XL\6 sicle.
;jt)o
longtemps
le
Ce qui m'occupait
le plus, c'tait
mon
la
marine. Je croyais
mme
la mer dessche et je croyais que j'en avais bu toute l'eau. Je croyais qu'on m'avait demand compte de cet acte, qu'on avait saisi ma fortune et que
devant moi
mon jugement,
Je regrettais
et
temps
j'tais
travaux forcs perptuit, serait prononc prochainement. seulement de n'avoir pas mis fin mes jours quand il en tait encore que j'avais encore le moyen de le faire. Je ne m'aperus pas du tout que
gravement malade au physique aussi bien qu'au moral. Ce qui me mettait le plus en colre, c'tait quand les mdecins me disaient que je recouvrerais la sant compltement et que ce n'tait qu'une question de temps. L'aspect de l'arbre de Nol n'a pas peu contribu amener une crise salutaire. Ce n'est qu' partir de ce moment que j'ai su que nous approchions des jours de fte que j'aimais tant depuis mon enfance. Le voile de penses tristes commena se dchirer, mais quelles sensations physiques! C'est partir de ce moment que je sentis combien mon corps avait dpri. Chaque pas, chaque mouvement me cotait les plus grands efforts; parfois j'tais envahi d'une faiblesse telle que je m'affaissais littralement; mon moral aussi tait tellement abattu que pendant des heures entires je ne pouvais
m'empcher de
pleurer.
Observation XIIL Mlancolie agitante. Succs de la thrapeutique par l'opium. Kroell, femme de fonctionnaire, ge de trente ans, reue le 14 mai 1875, est ne d'un pre sujet des colres violentes. La mre et la sur de cette dernire de mme que le frre de la malade taient des individus excentriques et des nvropathes. La malade tait lgrement rachitique, maladive ds son enfance, nvro-
M^
pathe, trs impressionnable. Elle tait somnambule, souffrait de cauchemars, avait des songes trs anims, avait, tant jeune fille, des conceptions obsdantes, entre
autres celle que pendant qu'elle dormait elle pourrait s'trangler, ce qui lui faisait loigner soigneusement tous les rubans
;
par la fentre.
pubert
commena
et hyst-
Son imagination devint de plus en plus agite; son caractre excentrique s'accentuait. Elle voulait embrasser la carrire d'actrice; elle essaya, mais son agiriques.
Le mariage, heureux, fut au bout de De mchantes langues prtendaient que la belle-fille en tait la cause, et cependant c'tait une maladie ingurissable qui avait pouss la pauvre femme se donner la mort. La malade devint enceinte. Le chagrin que lui causait la mdisance fut encore
suicide de sa belle-mre.
augment par
lieu
l'accouchement de
1873, cette
du
par
palais et
la famille. En 1871, au mois de fvrier, eut malade. L'enfant avait une gueule de loup et une fente donna bien des proccupations sa mre par suite d'une grave maladie.
la
femme, si sensible de cur, apprit des propos malveillants tenus parents de son mari qui lui disaient qu'il aurait pu faire un meilleur parti. Cette remarque resta grave chez elle.
les
En
mit se creuser la tte pour savoir si cette observation des parents tait son mari tait rellement heureux avec elle. Elle cherchait la solitude et s'abandonnait ses tristes penses.
Elle se
fonde,
si
En janvier 1873, elle tomba malade de la diphtrie, elle, son mari Au mois de fvrier, elle eut du rhumatisme articulaire; la suite de
et
son enfant.
cette maladie,
366
maison, augmentrent
Elle se sentait lasse et pourtant agite. Elle devenait mflante, trs susceptible;
se sentait de plus en plus indigne de son mari, perdait la joie d'avoir un enfant et de vivre, tait d'avis qu'elle rendait son mari malheureux, qu'elle devait lui faire le sacrifice de le dbarrasser d'elle en se suicidant. Mais elle se sentait encore
elle
Les nuits se passaient sans sommeil; il se produisait de l'angoisse prcordiale, des battements de cur pnibles, avec manque d'apptit. Elle ne pouvait plus voir personne; les propos amicaux lui faisaient du mal. Elle se sentait mprise, s'avouait tre voleuse, la plus mauvaise martre, un monstre indigne de fouler le sol, indigne du meilleur de tous les maris. Seule la mort par le bourreau pourrait lui faire
expier son crime.
elle
remar-
comme
tout
monde
la regardait
fixement
devant
elle
pour
c'tait
d'elle.
un grand couteau de cuisine. pour des expressions de mpris les regards chagrins de son entourage. Quand le mdecin refusa de lui donner du poison, elle essaya de s'trangler. Cette tentative ne russissant pas, elle enfona farmoire aux armes de son mari afin de pouvoir se brler la cervelle ou se poignarder. Cette tentative ayant aussi chou, elle se prcipita contre les vitres brises et s'enfona une pingle dans la poitrine.
Elle essaya de se sauver et de se noyer, de se tuer avec
Quand on la mettait au lit, elle croyait apercevoir dans la pice les prparatifs de son excution, car c'est elle qui a caus tous les malheurs de ce monde. Elle voyait lui donnait le bourreau dans le mdecin qui lui pansait ses blessures. Quand on boire elle croyait avoir bu le sang du cur de son mari et de son enfant. Lorsqu'on l'amena en voiture l'asile d'alins, elle croyait tre conduite sur une charrette son excution. Elle croyait qu'elle devait pendre tout d'abord ses parents et qu'ensuite elle serait excute.
dans une inquitude pnible et dans une mordre, de sorte qu'il fallut la
profondment bouleverse, anmique, pouls 126; elle souffre de nvralgie intercostale, constipation. Elle se plaint d'avoir une peur terrible; elle dclare tre
Elle est
un monstre, une drlesse de trottoir. Le traitement par l'extrait d'opium (injection sous-cutane, deux fois par jour, l'agi05 0,1) amne, au bout de quelques jours, du sommeil et une dtente dans malade se plaint que les injections la rendent trop lche pour pouvoir tation. La commettre un suicide, et que cependant c'est le seul moyen de sortir de sa situation.
motions d'attente anxieuse et les ides dlirantes peu peu. Elle dclare qu'elle n'est qu'une pchenes sur ce terrain s'attnuent endroit pour expier son pch. resse, et demande tre transporte dans un
L'angoisse, de
mme
que
les
Le 2 juin, la malade se dgage d'une manire surprenante, se met s'occuper de travaux s'informe de sa famille, tout en doutant si les membres de sa famille sont encore en vie. Elle conteste l'authenticit d'une lettre que son mari vient de lui
adresser. Elle
mange
et boit
le
du Vers fin juin la malade commence se rendre compte de sa maladie. Une visite lieu le 2 juillet, produit un effet favorable; la malade a une comprmari qui eut diminu, hension complte de sa maladie. Avec le traitement opiac, graduellement
PSYCHONEVROSES
la convalescence continue progresser sans interruption. est
367
Le 10 aot 1875, la malade sa maladie comme d'un rve lourd. De la priode culminante de la maladie, elle n'a gard qu'un souvenir gommaire. Le passage suivant pris dans le status retrospectivus mrite encore d'tre cit Je m'attendais toujours ce qu'on m'emmne l'chafaud et j'entendais des choses terribles. J'appris que mon enfant et que mes parents avaient t frapps
renvoye de
l'asile
gurie.
Elle
se
souvient
de
<c
du knout, j'entendais me jeter la ligure les plus terribles accusations. Je m'avouais coupable de tout et j'attendais ma fin de la main du bourreau, puisque ni en heurtant ma tte contre les murs, ni en me billonnant, ni en retenant mon haleine, je ne pouvais russir chapper la moi't infamante de l'chafaud. Je croyais, quand on me faisait des injections d'opium, que c'tait pour me
marquer au
celle
fer
rouge
et je
de
mon
moi tous
les discours de
puits pour celui que cause la guillomalades pour le bruit de la foule qui tait venue pour me honnir et me maltraiter au moment de ma marche ultime vers l'excution. Le bruissement et les bouillonnements que j'avais dans le tte, de mme ijue la sensation de froid qui m'envahissait de temps en temps, me semblaient les signes prcurseurs de la mort tant dsire. Plus tard j'ai cru que mon mari et ma famille m'avaient compltement abandonne puis je commenai comprendre que tout cela n'tait que le produit de mon esprit exalt et de mes nerfs surexcits. En
entourage; je prenais
bruit de la
pompe du
revoyant
mon
la mlancolie avec ides dlirantes il est, au point de vue pratique, important de relever certains tableaux cliniques d'ides dlirantes trs frquents et prsentant des particularits remarquables. Comme tels nous devons citer
Dans
trs
Le malade dvot par ducation et devenu mlancolique cherche, dans son oppression morale et dans son angoisse, se retremper par la prire. Mais les sentiments d'dification et de soulagement qu'il en prouve ordinairement sont entravs, ce qui fait paratre la prire ineCTicace. Il est
pouvant en s'en apercevant
sait alors
et
il
tombe dans
est
abandonn de Dieu,
il
me.
il
Il
est
le plus grand dsespoir. Il se convaincu de la perte du salut de son pcheur; il s'est trop rarement confess,
la
maladie
il
les
et
individus qui
manquent
du
ciel
de la grce divine signifie qu'on est livr l'enfer et au diable, une accentuation de l'tat par fillusion qu'ils sont possds par le diable ('mlancolie dmonomaniaque. Des nvralgies, des paralgies, des crampes frquentes sont la preuve que le Malin a pris possession du corps du pcheur. Elles sont interprtes dans un sens allgorique correspondant
:
comme
des tenta-
du diable pour arracher le cur; l'anesthsieetlaparesthsie, comme l'enlvement du cur remplac par une pierre les sensations paralgiques
;
brlantes de la peau
et
du
gosier,
comme
les
flammes de
l'enfer, etc.
3G8
Souvent Tillasioa dmonomaniaque nat ds la premire apparition d'une sensation (par exemple boule, paralgie). Des hallucinations (visions du maintenant je tiens ton me, etc Malin, odeur de soufre, voix criant viennent fortifier l'ide dlirante. Au plus haut degr de l'illusion dmonomaniaque etcomme phnomne de raction, il peut se produire des explo: ,
sions de dsespoir, de raptus, des convulsions, qui, leur tour, sont per-
comme
dans
corps et domine l'appareil muscnlo-moteur. La dmonomanie se termine ordinairement en passant par un stade de mlancolie religieuse avec rsignation douloureuse qui par suite peut
le
le
prendre
M'^''
le
1875.
La mre
est
En
moment
de ses rgles.
immdiatement, sont revenues au bout de deux mois d'une manire profuse et en lui causant beaucoup de douleurs. Elle souffrait alors de lourdeurs, de tremblements dans les extrmits infrieures, de froid aux pieds, de fluxions la tte. Au mois de lvrier 1874 elle eut toutes sortes d'motions par suite de ses fianailles et de l'abandon de sa carrire. Douleurs dans l'occiput, troubles de la circulation (fluxions la tte en mme temps que extrmits glaces).
Celles-ci ont cess
Au mois de mars
La malade
se plai-
sommeil;
le
monde
lui paraissait
vide et monotone, rien ne pouvait plus lui faire plaisir; elle ne pouvait plus faire
psychique trouva sa motivation dans une confession et une communion indignes; elle considrait son tat comme une punition de Dieu pour ce pch, se croyait condamne par Dieu et prouve par la perte de ses facults
mentales.
le
Cette dcouverte fut suivie d'explosions de dsespoir qui, plus tard, furent rem-
et
du salut de
son
me
perdus. Par
moment,
et
rgulirement pendant
goisse se
repousse
leurs
au milieu desquels elle maudit elle-mme, voit son entourage sous des formes et des coutransformes, surtout sous forme de diables, et fait des tentatives de suicide.
produisent
elle se
;
Elle rendit sa libert son fianc. Elle tait ixTite contre ses parents au point de
emporter des explosions de colre quand on ne la laissait pas tranquille. Le sommeil et falimentation taient peu prs passables. Le traitement ne fut qu'une srie de maladresses et de bvues la famille se tranait aux genoux de la malade, fit mme faire des exorcismes un prtre qui voulait faire le mtier d'aliniste, conjurait la malade et exerait une influence sur elle; de plus, elle fut trane dans diverses rgions et soumise un rgime homopathique.
se laisser
; ;
Quand on
les traits
la reut f asile,
Le pouls tait petit, les extrmits froides, la respiration frquente, superficielle. Les mains tremblaient, la langue tait saburrale. Pas de nvralgies. L'utrus tait
petit,
en antversion lgre.
PSYCHONEVRSES
La malade
priait
tait
369
et
mais l'me est morte. Opine voulait plus tre appele par son nom, mais simplement dsigne par un numro. Elle s'panchait en de nombreuses accusations contre elle-mme. Elle a manqu dans sa confession, a cach sa vanit et son
est sain,
elle
qu'on
son corps
orgueil
sainte
elle
a,
communion,
commis un
me
tant que son corps en prira. Cela la ronge de plus en plus jus-
me
comme un
;
une rage d"me a elle vit dans une colre et dans une haine continuelles fait explosion en elle que l'heure soit maudite o elle est venue au monde Chacune de ses respirations, chaque battement de son pouls est un pch en mme temps qu'une punition.
elle le
;
!
jugement
L'tat intellectuel de la
le
la
maladie se
reflte bien
C'est en vain
mon me
charge de pchs
et d'expiations
ma
propre faute
elle
jugement
le seul tre humain qui, anim d'une outrecuidance spimchancet contre nature, s'est, tout enfant, permis de s'lever au-dessus de toutes les lois humaines et divines et qui a t abaiss et jet dans les plus profondes tnbres. La crainte des hommes et la fausse honte m'ont entrane de plus en plus bas, de sorte que, au lieu d'obtenir les secours de la grce et les secours spirituels invisibles, je n'arrivais qu' augmenter mes pchs et mon chtiment. Sous l'apparence de l'innocence enfantine, je suis devenue un monstre sans Dieu, qui a commis tant de vols envers la divinit que la mesure est pleine et que maintenant les chtiments de l'me, les tortures, le sentiment de la punition et de la mort ternelle sont si grands que je ne suis plus capable de les cacher. Sans secours, sans appui et abandonne, puisqu'en secret je n'ai sacrifi qu'au vice,
maintenant,
corps et
rester
mon
Un
mon
veux
mon me
humain
et ncessaire.
Je
ici (dans l'asile) pour pouvoir supporter la vie terrestre o il y a tant de gens malheureux, coupables et punis par leur propre faute. Pour moi, tout est perdu. Donnez vos remdes ceux qui vous en demandent et qui en ont besoin quant moi, qui ai agi d'une manire sclrate contre le bonheur et la vie de mes parents et contre moi-mme, relguez-moi dans un cachot plein de dsespoir, jusqu' ce que mon horrible corps crve dans la putrfaction. Je n'ai besoin ni de soins ni de surveillance, puisque chacun devrait, pris de dgot, se dtourner de l'impie et puis qu'il est impossible que j'chappe au jugement de Dieu.
;
L'hyperesthsie psychique et la frquente angoisse prcordiale taient une indiEn outre, on prescrivit des frictions, des bains tides et
fer.
du
Quand on
arrive
fois
donnes deux
sa toilette.
aux injections sous-cutanes d'opium aux doses de 0,15 0,2 par jour, la malade devient plus calme, plus rsigne, dort bien
commence de nouveau
un
;
se dbarbouiller et soigner
donnant une occupation. au second plan les explosions de dsespoir anxieux qui provoquent de nouveau le dlire et pendant lesquelles elle demande tre envoye en
russit
On
mme
lui crer
drivatif en lui
prison et dsespre de sa rconciliation avec Dieu, se produisent plus rarement et ne se manifestent finalement qu' l'poque des rgles. Celles-ci sont toujours accomPSYCHIATRIE.
24
370
tale,
pagnes de douleurs de dos et de ventre. II y a souvent aussi de la nvralgie intercosmais sans interprtations psychiques, une douleur vive l'occiput, sensations d'absence du crne, sans cependant qu'on puisse dceler chez elle une anesthsie
proprement
il
dite.
Au cours de
est vrai,
La malade,
a encore pendant longtemps la mine bouleverse, est dprime-, elle ne veut plus aller dans le monde, repousse la religion, les membres de sa famille, dsespre de la misricorde divine. Enfin il est possible d'oprer un rapprochement
entre elle et sa famille. La malade rend des services aux autres malades on russit peu peu l'attirer dans* la socit. Au physique elle est rtablie vers la fin de 1876; l'opium est devenu inutile dj depuis longtemps. Au commencement de 1877, elle fait preuve d'une comprhension de sa propre maladie, mais elle a toujours une grande peur de l'Eglise et de la religion elle craint le retour dans le monde. Enfin elle surmonte aussi ces rsidus de la maladie. Le 2 avril 1877, la malade rentre gurie dans sa famille. Elle a retrouv sa paix avec Dieu et le monde.
;
Rasch, quarante-deux ans, Observation XV. Mlancolie dmonomaniaque. garon de ferme, clibataire, reu le 5 fvrier 1881, est n d'un pre ivrogne, mort alin. Un frre est idiot. Le malade, autrefois bien portant, avait beaucoup de il la perdit en 1879 et fut oblig d'aller en peine maintenir sa ferme endette condition il en conut un profond chagrin il fut oblig de travailler durement,
; ;
;
devint faible,
sans apptit,
triste,
mlancolique,
dprim (aot
Il
1880). L'angoisse
il
essaye de se
Il
s'accusait de s'tre
communion
En janvier
1881,
un sort parce qu'il avait commis de graves pchs. Il sentait alors le diable lui monter la gorge (boule), devint dsespr et lit des ides de suicide. Lorsqu'il fut reu l'asile, on constata chez lui un catarrhe gastrique chronique, de l'emphysme, une nutrition trs abaisse. Il sent l'oppression de ses pchs, demande un prtre, projette de se
s'aperut que Dieu l'avait
abandonn
que
le
couper
la
gorge parce
dedans.
La confession suivante, date du 22 fvrier 1881, caractrise son tat mental dans Mon me a t trop charge de pchs les premiers temps de son entre l'asile de sorte qu'en sentant ma conscience je suis devenu incertain et pusillanime; j'ai cependant pens en moi-mme que le ban Dieu ne me pardonnerait jamais
: ;
j'aimais aller encore confesse, mais je n'y tais jamais suffisamment prpar, ou
je
repentir
n confessais pas sincrement tout ce que j'avais dire, ou je n'prouvais aucun de ce dont je m'accusais. Ainsi Dieu m'a prouv par la peur et par
l'angoisse
cardiaque pour me chtier de mes nombreuses confessions et communions mauvaises. C'est aussi pour cette mme raison que Satan se trouve dans ma poitrine, car il y avait toujours de l'inquitude dans mon cur. Beaucoup d'ides
me
tourmentent la tte et dans mon cur il n'y a point de repos. Ces penses me rendent tout fait fou. Je dsire un prtre pour m'aider au salut de mon me, car je crains que plus tard tout cela s'aggrave. J'ai t un homme bien mchant et bien malin. Que la bont et la misricorde de Dieu soient encore une fois
graves
sur
moi
et
le
Avec
sur nous tous ensemble. traitement opiac, les bains, la bonne nourriture et
le
vin,
l'angoisse
prcordiale s'attnue bientt. Le malade devient plus calme, passe des nuits peu
Au commencement du mois
d'avril le
malade
voit s'exacerber de
nouveau
les
PSYCIIONEVROSES
symptmes d'angoisse
poiti'ine.
Il
371
dans
la
est
la gorge
les sens (paralgies), travaille d'une dans sa poitrine et lui oppresse le cur (oppression prcordiale). Il est souvent dsespr, et s'attend d'un moment l'autre ce que le Malin l'enlve et l'emporte en enfer. Souvent et surtout l'apoge de son oppression anxieuse, il prouve l'impulsion maudire et blasphmer Dieu.
du diable qui
l'trangle
manire
terrible
En accentuant
bnigne.
11
le
tt,
tableau clinique de la
s'est confess,
dmonomanie
communi
il
n'en a prouv
aucun soulagement (anesthsie psychique) par l il a commis un vol la divinit, il ne peut plus compter sur le salut de son me, sa conscience lui pse lourdement
(anxit prcordiale).
S'il
Les sensations
dmonomaniaque, ne lui semblent plus que le ver rongeur du remords. Il prie qu'on lui ouvre avec un couteau la poitrine afin d'en retirer le ver du remords. La fin de l'anne 1881 amne avec une amlioration de l'tat physique un heureux revirement dans le tableau de la maladie. Les sensations et avec elles les illusions qui
de mme l'anesthsie psychique et l'angoisse prcorLe malade se met travailler, essaie de faire sa prire et se sent soulag. Aprs une priode de nostalgie douloureuse, la psychose se termine parla gurison; et, au milieu de juillet 1882, le malade compltement guri peut tre renvoy de
s'y
rattachent disparaissent
diale.
l'asile.
l^-^
Mlancolie hypocondriaque.
l'attention
du malade
cfui
est
triste et
occupe par des troubles qui se manifestent vivement dans la sensibilit gnrale et oriente vers les phnomnes qui se produisent dans son propre corps. 11 arrive alors facilement qu'il cherche et trouve la cause de sa dpression dans ces troubles physiques, bien que ceux-ci ne soient que des symptmes accessoires et non pas les causes de sa tristesse mlancolique. Comme dans les autres varits de la mlancolie, il essaie pour cette raison d'expliquer les processus morbides, essais donnant lieu la naissance des ides dlirantes. Mais ici ces ides ne sont nullement bases sur des rapports imaginaires avec le monde extrieur; elles ont pour sujet une conception dlirante base sur l'tat physique ou sur ce qui se passe dans le corps. Cette varit hypocondriaque du tableau de la mlancolie se produit trs facilement, surtout quand des maladies gastrointestinales ou sexuelles constituent ou une cause ou une complication de la psychose. Une forme clinique trs frquente de la mlancolie hypocondriaque est la mlancolie syphilophobique. La cause en est dans les altrations morbides qui se sont produites autrefois aux parties gnitales ou qui existent encore, mais qui, selon les circonstances, peuvent avoir un caractre tout fait bnin. Il faut cependant relever comme un fait digne d'tre remarqu la frquence de cette syphilophobie chez les individus rellement syphilitiques ou chez les gens suspects de
372
syphilis.
la suite des
Comme
oppression anxieuse, avec l'illusion qu"il est infect du poison de il vit dans la crainte de voir clater cette maladie terrible ou de
la
rage
commu-
niquer rinfectiou autrui. Pendant l'agitation anxieuse des spasmes et des rflexes du pharynx peuvent mme se produire. Une morsure de chien relle datant de plusieurs annes ou un incident tout fait insignifiant sont souvent utiliss pour
motiver
l'ide dlirante.
sieurs annes.
Aucun traitement
souffrait de larges
l'anus.
les
mdecins
Il
priait
Au commencement du mois
de mai,
perdu, ingurissable,
de violence. Le 1"" janvier 1874, lors de sa rception l'asile, le malade tait profondment dprim, rempli de l'inquitude qu'avec son corps pourri il allait infecter tout le monde. Il regarde sans cesse ses parties gnitales,
craint qu'on ne les lui coupe, attend sa
e'
dcomposition, croit
que
le salut
de son
me
est
galement perdu.
Il vit dans des motions d'attente terribles, a besoin d'tre contraint pour prendre quelque nourrilure. Au physique, leptocphalie, grande anmie, nutrition abaisse, gonflement indolent des ganglions cervicaux. Du reste pas de traces de syphilis. Le malade prend chaque jour 4 grammes d'iodure de potassium, et deux fois par jour 20 45 gouttes de laudanum. Sous l'action de ce traitement la tension anxieuse disparait avec une rapidit tonnante. Le malade devient plus dgag dans sa mine, espre gurir, commence travailler et se remet au physique. Le 15 juillet 1879 on le renvoie guri. Les ganglions cervicaux restent tumfis comme auparavant.
IL
Comme forme clinique plus grave de la mlancolie, forme caractrise par un trouble plus profond de la conscience, par une contrainte complte des processus psychiques et par l'adjonction de troubles psycho-moteurs particuliers, nous citerons la mlancolie avec stupeur.
Baillarger. Aubanel, Ib., 1853. Baillarger, Annal, nid. psych., 1843. Littrature Dagonnet, Ib., 1872. Berthier, Ib., 1869, juillet. Delasiauve, Ib., 1843, oct. Frigerio. Arc/iiv. Newington, Journ. of ment, science, oct. 1874. Cullere, Ib.. 1873. Jude, Ib. Legrand du Saulle, Gaz. des Hp., 1869, 128, 130, 131. ital., 1874, mars.
' :
76., 1853.
1870.
PSYCHONEVROSES
373
Les malades sont tout fait absorbs ea eux-mmes, paraissent tout hors du monde rel et dnus de toute volont. Ils ressemblent extrieurement aux idiots; en effet, les observateurs anciens, jusqu' Baillarger, ont confondu cet tat avec l'imbcillit primaire et la stupeur. Baillarger fut le premier reconnatre la nature mlancolique de cette maladie en dcelant les dlires mlancoliques et en montrant que l'absence apparente de volont chez les malades doit tre envisage comme le degr
fait
plus avanc de l'entrave psycho-motrice. Le tableau morbide ne se dveloppe que rarement comme forme primaire ce mode d'origine, si jamais il a lieu, semble avoir pour causes un cerveau particulirement affaibli ou vulnrable (typhus, puerperium) et un phnomne accidentel brusque, mais agissant d'une manire intense (choc motif, effroi, etc.) ordinairement elle apparat secondairement et succde peu peu une mlancolie simple, et, dans la plupart des cas, par suite d'une explosion imptueuse d'angoisse, de dsespoir, ou la suite d'un acte de violence. Par suite de la suppression de toute possibilit de raction le trouble de l'intelligence parat chez ces malades beaucoup plus considrable qu'il ne l'est en ralit. Un observateur attentif reconnatra au froncement des sourcils, au clignotement des yeux, au regard anxieux, une intention de se retirer qui, il est vrai, ne produit qu'une plus forte contraction des musles perceptions venant du cles, pendant que le corps reste immobile
le
;
monde
Le fait que les malades gardent au moins un souvenir sommaire de cette priode de leur maladie, que parfois ils s'en rappellent mme les dtails les plus minutieux, prouve que leur stupeur ne peut tre considrable. Etant donn leur incapacit communiquer leurs impressions, on n'est renseign que pendant la convalescence sur les vnements psychiques
intrieurs qui se produisent pendant cet trange tat d'entrave doulou-
reuse.
Loin d'tre
ils
comme une
cutions capitales,
du massacre de
du
plus graves, leur vie Intrieure tait ils n'prouvaient que d'une manire confuse, nbuleuse et hostile les impressions objectives extrieures; une angoisse terrible, vague, sans sujet, mais paralysant toute nergie, avait captiv la conscience et les sens, et rendait impossible toute raction motrice
les cas
monde. Dans
devenue un
vri-
mme temps que la conviction terrible de ne plus pouvoir tre capable de rien, de vouloir mme, dcuplait la terreur. Par suite de cet tat de la conscience, les malades apparaissent avec une mine tonne, anxieuse,
en
rigide
comme un masque,
biles la
mme
place.
L'attitude est affaisse, les muscles sont tendus et dans une lgre contracture de flexion (^ttanie) qui, lors de l'intervention extrieure dans la
374
du malade, prend une rsistance norme qu'on ne saurait surmonter qu'en dployant une force excessive. Dans quelques cas plus rares, les muscles n'ont pas cette rigidit ni cette position flchie. Ils n'opposent pas de rsistance aux mouvements passifs, mais ils restent pendant longtemps dans la position qu'on leur a imprime (tat cataleptiforme), sans cependant prsenter la flexibilitas cerea. Dans un petit nombre de cas celle-ci peut se produire (catalepsie).
passivit
Gomme phnomne
produit de
la mutit.
il
se
Sous
le
tudier, car
rapport de la sensibilit, l'tat de ces malades est difficile ils ne peuvent pas parler, et de plus ils sont entravs dans
leurs ractions.
Dans
la
la sensibilit est
conserve
il
probablement empche
;
dans quelques cas mme, il existe temporairement de l'hyperesthsie dans quelques cas rares ^t particulirement graves, il y a une anesihsie due probablement des causes centrales. L'action du cur est ordinairement acclre, le pouls petit, l'artre est contracte, en forme de fil de fer. Le turgor vitalis manque la peau est sche, dure les malades paraissent plus vieux que leur ge. La respiration est ralentie, superficielle, et par consquent insuffisante; la temprature du corps est au-dessous del normale'; les scrtions sont diminues;
; ;
;
manquent. La nutrition baisse considrablement. Pour les alimenter, on se heurte une rsistance passive, qui souvent oblige recourir la force. Presque constamment il y a une constipation qui souvent est trs rebelle. Dans les cas plus graves, et quand la marche prend une tournure plutt dfavorable, Dagonet a observ aussi de la salivation. Si la maladie prend une allure dfavorable, la rigidit des traits et des membres se relche peu peu et fait place une mollesse avec quelques contractures partielles qui dnotent encore l'tat prcdent. Le malade s'abrutit, devient constamment malpropre, sa nutrition se relve, le pouls
les rgles
devient lent
mits.
il
se produit
du
froid,
del cyanose,
et
de
rdmedes
extr-
l'entrave
La marche est rmittente et exacerbante. Les priodes d'attnuation de pendant lesquelles le malade, par des gmissements et des paroles, voix basse et hsitante, il est vrai, peut se faire comprendre et pendant lesquelles il dploie aussi une certaine spontanit, par exemple pour manger, alternent avec des priodes d'immobilit complte et d'entrave revtant la forme de la stupeur. Soudain, au milieu de la plus profonde contrainte, ces malades peuvent se livrer des blessures sur eux-mmes ou se livrer des attaques contre
leur entourage, actes qui revtent les allures d'un raptus; ces explosions se
le
Lamoure, De rabaissement de
la
de Paris.
PSYCIIONEVROSES
373
anmie, engorgement veineux et Les constatations anatomiques sont de la pie-mre et du cerveau. Dans les cas qui ont tendance tournera l'imbcillit, on trouve aussi de l'atrophie de l'corce. Ces altrations de l'organe psychique, qui tout d'abord se manifestent sous forme d'anmie, plus tard sous forme de dgnrescence, rpondent des troubles profonds de la nutrition de ce mme organe, troubles qui probablement sont tout d'abord provoqus par une crampe vasculaire, plus tard par une paralysie vasculaire, l'ataiblissement de l'action du cur et l'hy:
dme
drmie.
Gaudentius, vingt-deux Observation XVII. Mlancolie avec stupeur. Tlanie. dans un couvent, d'une famille saine, est devenu mlancolique vers le 15 octobre 1875 et a t amen la clinique le 14 novembre 1875. Le malade n'a jamais eu de maladie grave autrefois. Ayant un got particulier pour l'tat monastique, il est entr, il y a quelque temps, dans un couvent, mais il en prouva bientt une forte dception. Vers le milieu du mois d'octobre, il se fit remarquer par son attitude taciturne, son abandon habituel aux rvasseries sombres, son dgot travailler et manger. Il devint muet, peureux, et refusa la nourriture. On l'amena
ans, frre lai
Gratz.
Le malade, au
moment
de son entre
l'asile,
moyenne,
grle
le
crne est un
La conscience est profondment trouble, dans une sorte d'tat de douloureusement tire, rigide. Le malade se couche en se blottissant dans son lit, dans un tat de contracture ttanique gnrale; les yeux sont ferms. Il ne parle pas, sauf pour dire qu'il lui est dfendu de parler. Parfois, il pousse un soupir. La respiration est superficielle, les tguments cutans sont secs, frais et lgrement cyanotiques. Le malade oppose une grande rsistance passive. On est oblig de le forcer manger. Le traitement consiste d'abord en repos au lit, fer, frictions, vin et bonne nourriture. Une tentative pour supprimer la contraction morbide des artres avec l'azotite d'amyle ne donne que peu de rsultat. La crampe vasculaire ne se rsout pas et la frquence du pouls, tombe 54, ne monte que passagrement 70. Le malade conserve un trouble profond de la conscience avec ttanie. Seuls la mine tire douloureusement et un soupir pouss de temps en temps indiquent l'tat douloureux de la conscience. Par moment, le malade devient anxieux, inquiet, se cache dessous son lit, s'agenouille ct de son chevet, demandant pardon. Il dort peu, dprit; il se produit mme du dcubitus au sacrum et aux crtes iliaques. 11 laisse couler sous lui son urine et ses selles. Tandis que le malade est stupide et passif dans la journe et refuse la nourriture, au cours du mois de
Constipation.
rve.
La mine
est
janvier 1876,
il
mange
nuits de son Ht, ttonne adroite et gauche, avec avidit les plats qu' dessein on lui a rendu
psychique
malade devient plus dgag au point de vue temps que sa nutrition s'amliore. 11 s'isole encore d'une manire farouche de son entourage, est encore profondment endolori et
Au commencement de mars
et
1876, le
moteur, en
mme
376
Au mois d'avril ces symptmes mlancoliques disparaissent, le pouls devient plus mou, plus plein et s'acclre. Le malade ouvre les yeux, commence parler, s'occuper, devient propre, se dbarbouille lui-mme et fait sa toilette. Pendant long-
temps encore il est trs entrav au point de vue moteur, fixe ses regards, comme dans un rve, devant lui. Au mois de mai il se prte enfin un examen. Il sait seulement qu'il fut saisi d'angoisse, frapp d'insomnie, que tout devint confus dans sa tte, qu'il avait peur d'tre assassin pour de prtendus grands pchs. De son entre lasile jusqu' la fin de mars 1876, il n'a qu'un souvenir obscur il prouvait une grande terreur et ne pouvait pas bouger. Il lui semble qu'il a pass tout ce temps dormir. La convalescence suit son cours sans interruption vei'S la fin de septembre 1876. le malade est renvoy guri.
:
Marche
Il
et
terminaisons de
la
mlancolie.
comme forme morbide mlancoliques qui peuvent se rencontrer dans les diffrentes nvroses et psychoses comme trouble prodromique ou intercurrent dans le tableau fondamental de la maladie. Des symptmes mlancoliques se rencontrent trs souvent comme phnomne prodromique dans la manie, comme phnomne intercurrent dans la dmence snile paralytique, chez les pileptiques, les hystriques, les hypocondriaques, les neurasthniques, parfois aussi dans la paranoa. Seule la mlancolie comme forme morbide peut tre l'objet d'une tude
faut soigneusement sparer de la mlancolie
les tats
clinique part.
la
La marche de la mlancolie est continue, subaigu ou chronique. Quand marche est subaigu, le tableau morbide arrive rapidement son apohallucinations se
tt.
manifestent trs
maladie prend une marche chronique, le dveloppement est lent. Le tableau morbide peut rester pendant des semaines et des mois dans le cadre d'une mlancolie sine delirio Tadjonction de l'angoisse prcordiale et l'intensit que prend cette dernire constituent alors une seconde phase jusqu' ce qu'enfin les ides dlirantes, souvent aussi les hallucinations amnent la maladie l'apoge de son dveloppement. Elle s'y maintient ordinairement pendant des mois. L'alination mlancolique prsente des rmissions et des e.xacerbations toutes ses phases. Elles sont causes en partie par des faits organiques, en partie par des faits psychologiques. Presque constamment les rmissions arrivent l'aprs-midi et le soir, les exacerbations le matin. La cause en est que, ordinairement, l'angoisse prcordiale, au cours de la journe, perd de son intensit. La terminaison de la maladie est lente et non pas subite, du moins dans les folies mlancoliques chroniques et essentielles. Les rmissions deviennent plus profondes et d'une plus longue dure, le sommeil et la nutrition s'amliorent, le malade commence mettre en doute la ralit de ses ides dlirantes et de ses hallucinations, tandis que celles-ci dispala
;
Quand
raissent
peu peu.
PSYCIONEVROSES
377
Dans certains cas rares, on a observ dans la mlancolie avec stupeur une rsolution de la maladie au bout de quelques jours, avec des symptmes indiquant un rtablissement des conditions normales de la circulation et une rsorption probable des dmes. La dure totale de la mlancolie comme forme morbide atteint des mois
et
mme
des annes.
est favorable si l'on tient
Le pronostic
qui se prsentent en dehors des asiles. Beaucoup de ces cas s'arrtent la mlancolie sine delirio ou prcordiale et arrivent ensuite la gurison
sans que jamais des ides dlirantes ou des hallucinatious se soient manifestes.
ils
psychique passe facilement la dbilit psychique. Cette consquence est encore plus craindre dans les tats de vritable mlancolie avec stupeur qui doit tre, au point de vue du pronostic, considre comme la forme la plus grave, mais qui, chez les individus jeunes, quand un traitement bien appropri intervient temps, donne souvent des rsultats favorables.
En
marche
mais dans
la
menacent le malade. Outre la terminaison par la gurison, qui se produit dans environ G p. 100 des cas de la pratique des asiles, outre la terminaison fatale qui se produit parfois par puisement, par diarrhes colliquatives ' la suite de
nition et l'puisement
stases veineuses
rare, par
dans
la
muqueuse
pulmo-
profondment trouble
une paralysie crbrale progressive, il faut encore faire mention de la terminaison par un tat de faiblesse psychique. La terminaison d'une mlancolie qui n'est pas arrive rsolution peut tre une folie secondaire ou l'imbcillit. Ce dernier tat est assez souvent le dnouement direct de la mlancolie avec stupeur, tandis qu'on observe plus souvent de la dmence quand la mlancolie simple a une terminaison dfavorable.
Thrapeutique.
Ou peut
1 Il faut
tablir
:
pour
le
gnraux suivants
carter
procurer au malade un repos physiqueet intellectuel absolu, les excitations, qu'elles consistent en prtendues distractions ou en admonestations, consolations de la religion, etc. et se bien rappeler que les influences qui dans les conditions normales produiraient des impressions joyeuses ne font ici qu'augmenter la douleur psychique. Cette indication est d'autant pi us importante que l'hy peresthsie psychique
du cerveau toutes
378
repos au
lit
est la prescription
bienfaisante. Surtout
2'^
pour
les
protger
Chaque mlancolique
vie; il est aussi dangereux pour le public. La surveillance doit tre exerce sans cesse. La ruse et la persvrance que ces malades dploient pour pouvoir raliser leur ide de suicide sont souvent tonnantes. La camisole de force ne prsente aucune garantie
contre
?)
le
suicide
*.
L'insomnie, les motions, la prise irrgulire des aliments, quand l'assimilation est souvent trouble par des affections catarrhales des voies digestives,
si
le
faut
cette catgorie
facile
Souvent cette indication ne peut tre suivie qu'avec beaucoup de diffidu malade pour la nourriture. Pour combattre
il est ncessaire d'en connatre les motifs. Les causes du refus de nourriture peuvent tre varies. Parfois il s'agit simplement d'un catarrhe de la bouche, gastrique ou intestinal, et l'on n'a qu' combattre ces malaises par un traitement mdical appropri pour faire disparatre l'horreur des aliments souvent aussi la cause rside dans une constipation intense et le traitement par vacuation mne rapidement au but. Mais plus souvent le motif du refus est purement psychique.
;
Dans certains cas, surtout quand la mlancolie atteint des individus borns d'esprit ds leur enfance, l'horreur de la nourriture vient simplement du dsir de se mettre en opposition avec le monde extrieur qui fait sur le malade une impression douloureuse et hostile. Si l'on ne fait pas attention cette vellit d'opposition, la rsistance est d'habitude bientt vaincue ou bien on russit nourrir suffisamment le malade en mettant comme par hasard des aliments sa porte, en les laissant comme par oubli, ce qui le met dans la possibilit de les prendre sans tre vu. Dans la mlancolie attonita, le refus de nourriture est la consquence du trouble de la perception et de l'entrave psychique gnrale. Le malade prira simplement de faim, parce qu'il ne peut plus reconnatre ses besoins matriels, ni former de conceptions ce sujet, ni les retenir et en faire les motifs d'un acte. Souvent dans ce cas une invitation nergique ne suffit pas pour dcider le malade prendre de la nourriture; si une intervention active est ncessaire, la rsistance est ordinairement facile vaincre l'aide d'une cuillre ou d'une tasse bec.
;
Neumann, Lehrb,
p. 203.
PSYCHONEVROSES
379
Chez certains mlancoliques qui repoussent la nourriture, il s'agit de motifs religieux, d'une ide de pch, d'une impulsion faire pnitence, etc.;
souvent on rencontre aussi comme motifs des conceptions nes d'une profonde humiliation de soi-mme, on ne se sent plus digne de prendre de la nourriture, on croit en priver des malheureux ou des personnes plus dignes; ou bien il existe un dlire nihiliste faisant croire au malade que rien n'existe plus, que tout a pri, qu'il n'est plus capable de rien payer. Chez d'autres des hallucinations de l'odorat et du got et le dlire de l'empoisonnement ou de la souillure de la nourriture qui en rsulte, font
refuser toute alimentation.
Dans
bouche
la
mlancolie hypocondriaque, les troubles de la sensibilit gnqu'on a par exemple la l'anus ferms, les intestins obstrus, que le corps est mort, les
organes pourris, que l'estomac a disparu, peuvent devenir la cause du refus de nourriture. Parfois le malade, en renonant toute nourriture, obit l'ordre de voix imprieuses; plus rarement il cherche mettre fm ses jours par la faim. Quand des ides dlirantes, des hallucinations ou
le
dgot de
4" Il faut
la vie
sont en jeu,
il
est
La morphine donne dans ce cas peu de rsultats le chloral agit mieux, mais on ne peut pas le donner aussi longtemps que l'on veut; l'opium, de mme que le sulfoual et le trional, valent beaucoup mieux. Les bains tides, notamment les bains prolongs, les bains de moutarde, les enveloppements de Priessnitz favorisent beaucoup l'action du remde. Chez les anmiques, les spiritueux, notamment la bire forte, amnent souvent un bon effet soporifique il est recommandable aussi dans ce cas de faire prendre le principal repas dans la soire. 5'^ Emploi des remdes exigs par les symptmes et qui ont fait leur preuve par voie empirique. En premire ligne on a les bains tides ^Q" ou ^2S, qui, selon les circonstances, doivent tre prolongs pendant des
fatigante et qui favorise la naissance des ides dlirantes.
; ;
heures entires, et ensuite l'opium. L'emploi de ce dernier est surtout indiqu dans la mlancolie agitante et prcordiale, ensuite dans les cas base anmique et alcoolique, quand la maladie est rcente et enfin quand l'individu atteint est du sexe fminin. Il faut commencer par des doses de 0,03 qu'on donne deux fois par jour et augmenter rapidement, environ de
0,01
chaque dose.
de ce remde, employ propos, se manifeste ordinairement au bout de peu de temps par le rtablissement du sommeil et du calme. Les effets toxiques sont rares, la constipation qui en rsulte d'abord disparat bientt et les selles deviennent pultaces et abondantes. Le mieux est encore de donner l'extrait aqueux d'opium par la voie sous-cutane on
L'effet favorable
;
mnage ainsi l'estomac et le dosage est sr. Les phnomnes congestifs ne contre-indiquent nullement l'emploi du remde. On ne peut pas fixer de doses maxima.
380
Si
il
pour une raison quelconque la mthode sous-cutane est impossible, aqueux en combinaison avec du vin du Midi. Plus que partout ailleurs l'accomplissement de tous les prceptes hyginiques est ncessaire dans les cas graves de la mlancolie passive et de la mlancolie avec stupeur. Tous ces malades doivent tre tenus d'une manire permanente au lit, ce qui vite les engorgements de sang et les
faut donner l'extrait
La dite doit
l'tat
Il
il
tant donn
mieux
du
lait.
n'est pas
selle quotidienne,
mais
faut
du diaphragme.
Si l'activit
du cur
et
selon les
le
mme temps
pouls est convulsif et contract, l'azotite d'amyle ou encore l'usage des grogs, de l'eau chaude mlange d'eau-de-vie, etc., peuvent rendre de bons services. Ces remdes amnent aussi le sommeil mieux que tous les
narcotiques. L'activit de la peau peut tre ranime par des bains de son savonneux, par des ablutions de vinaigre chaud. Dans ces cas l'opium ne
fait rien et
produit plutt un
effet nuisible.
CHAPITRE
MANIE
1
II
Comme phnomnes fondamentaux de l'alination maniaque, on note une altration du sentiment de soi-mme avec un tat d'esprit o la gat prdomine, une facilit et une acclration anormales dans la marche des actes psychiques allant jusqu' une licence complte de la vie psychomotrice psychique. La manie prsente donc un tableau morbide qui est juste l'oppos de celui de la mlancolie. Pas plus que dans cette dernire, les anomalies de l'humeur dans la manie ne peuvent s'expliquer exclusivement par le changement dans la marche des processus psychiques marche qui dans ce cas est facilite), bien qu'on ne puisse contester qu'en s'apercevant de cette facilit dans l'accomplissement de ses mouvements psychiques et de l'absence de toute entrave, le malade en reoive un fort supplment de sentiments joyeux-. Les deux phnomnes fondamen:
taux doivent tre envisags comme lis l'un l'autre, et ils s'expliquent fonctionnellement peut-tre par le dgagement plus facile des forces vives et anatomiquement par une plus grande abondance de sang dans l'organe psychique. Dans la sphre de la manie aussi on peut distinguer deux formes cliniques qui ne diffrent que par leur degr et qui ont beaucoup de points de
Spielmann, Diar/nostif,-. Littrature Jacobi, Die Baiiptformen der Seelenslriaf/. Wachsmuth, Allg. Zeitschr. f. Sessen, Berlin, encyldop. Wrferbuch,' XXW, 1740. Heilk, 1871 et Anzeijei- der Meynert, Oeslerr. Zeitschr. f. prakt Psych, 15, p. 325. Schiile, Handb, 416 et 464. Mendel, Die Manie. Gesellschaft der Aerzte in Wien, J875. Monographie, Vienne, 1818.
'
et
Mendel [op. cit., p. 173) dclare que l'anomalie d'humeur est un symptme accessoire secondaire qui dpend du sujet de l'image mentale, de la plus grande facilit avec laquelle cette image se produit et des entraves plus ou moins grandes que l'impulsion aux C'est une actes rencontre. Il donne par consquent de la manie la dfinition suivante maladie crbrale fonctionnelle caractrise par une acclration morbide au cours des reprsentations et par l'accentuation morbide de l'irritabilit des centres moteurs du cerveau. Il faut opposer cette dfinition le fait qu'il y a chez le maniaque des priodes o il est amnomaniaque sans prsenter prcisment le phnomne de la pousse d'ides ou de la fuite d'ides et que le degr du contentement joyeux de soi-mme ne correspond pas toujours au degr d'acclration de la conception. Puis il y a aussi fuite des ides chez les dlirants, les fbricitants, etc., sans qu'elle soit accompagne d'une humeur gaie et par contre l'absorption de l'alcool peut provoquer cette gat sans acclrer en mme temps la marche des penses.
"-
382
contact
un
lger,
l'exaltation
maniaque
et
un plus grave,
la
folie
furieuse.
I.
Exaltation maniaque*.
Symptmes psychiques.
le bien-tre
Le caractre de
est aussi
la
conscience, c'est
ici le plaisir,
peu motiv par les faits du monde extrieur que ne l'est l'tat de douleur psychique du mlancolique, et voil pourquoi on ne peut le rapporter qu' une cause organique intrieure. Le malade se meut pour ainsi dire dans des sentiments de plaisir et raconte au lendemain de sa gurison que pendant qu'il tait en bonne sant il ne s'est jamais senti aussi bien, aussi remont, aussi heureux que pendant sa
psychique.
Il
maladie. Cette joie spontane est considrablement accrue par un changement de la perception vis--vis du monde extrieur, par la remarque que les conceptions et les efforts s'accomplissent plus facilement, par les sentiments de plaisir intense qui accompagnent les conceptions et par une perception gnrale de bien-tre, surtout dans
le domaine de la sensibilit musculaire tonus musculaire augment;. Par suite, l'humeur gaie s'lve passagrement la hauteur des motions de plaisir (dbordement de joie, espiglerie) dont les manifestations motrices sont le chant, la danse, des sauts, les plaisanteries de gamin espigle. Avec ce trouble essentiel dans le domaine motif, vont de pair un trouble de production, une augmentation de l'excitabilit hyperesthsie psychique) caractrises par ce fait que les perceptions et les images mentales reproduites ne se combinent pas avec de simples sentiments mais avec des motions qui, par suite de l'tat d'esprit fondamental qui domine, sont pour la plupart des motions de plaisir et se produisent avec une facilit anormale. Il en rsulte ncessairement un changement dans la perception du monde extrieur. Au lieu du noir sous lequel ce monde apparat au mlancolique cause de sa dyesthsie psychique, il se prsente au maniaque avec des tons plus chauds, des couleurs plus vives et un aspect plus intressant. Voil pourquoi le maniaque le cherche, aime aller dans la socit, voyager et est sous ce rapport aussi l'oppos du mlancolique qui fuit et dteste le monde. La rsultante finale de cette altration des processus de perception du monde extrieur et de sa propre personnalit se rsume dans une augmentation de la confiance en soi-mme qui souvent se manifeste aussi par l'ornementation de la mise extrieure de l'individu. Bien que la gaiet constitue la base motive de l'alination maniaque, les tats d'esprit opposs n'en sont pas exclus non plus. Ces derniers peuvent tre provoqus par des reprsentations contradictoires qui se forment la suite de Fassociation illimite des conceptions et qui sont annotes par de vifs sentiments; mais souvent ces accs de mauvaise humeur sont produits artificiellement par la restriction de la libert du malade, par le
Synonymes
hypomanie (Mendel)
PSYGHONEVROSES
refus de lui accorder
383
un
normment
la
haute
de colre ne sont qu'pisodiques et, tant donn lu marche acclre des faits psychiques, sont bientt refouls par le fond gai de l'humeur. Sur le terrain de la reprsentation, l'acclration du mouvement des forces psychiques se manifeste par la facilit de la reproduction, de l'association et de la combinaison des conceptions, ce qui ncessairement mne
un encombrement de
et
le
la
monotonie
Par
cette entrave
conscience qui contraste vivement avec cette dans la marche des reprsentations qu'on
rencontre chez
mlancolique.
et de la perception, de la notation plus sensuelle et plus chaude de ses images mentales et de ses
il
aperoit
de son entourage, son esprit est plus prompt saisir et comprendre, et, quand l'association est acclre, il a la repartie pleine de verve, il est spirituel,
les cts
et les bizarreries
promptement
humoristique
et
mme
ironique.
Le
trop-plein de sa conscience
lui
norme des
oprations de conception au milieu de laquelle des chanons intermdiaires surgissent avec la rapidit de la pense, mais sans tre exprims par la
parole, fait croire
la
marche de
ses ides.
L'accentuation du sentiment de soi-mme fait alors souvent ddaigner l'accent ou le dialecte du pays natal et se plat une locution littraire.
Au
tel
que
la
plus pisodiquement et sous forme d'allgories objectives exprimant la haute opinion que l'individu a de lui-mme. Le malade se compare occasionnellement un personnage remarquable sans cependant s'identifier avec ce dernier. Pour aller aussi loin son intelligence est trop peu trouble. 11 exerce encore une critique sur son propre tat et prouve qu'il en reconnat l'anomalie par le fait par exemple que, pour excuser un de ses actes irrflchis,
il
il
un fou
tout est
permis.
ment
Les hallucinations aussi ne se produisent que tout au plus passagreet puis le malade les rectifie ou du moins il ne les utilise pas. Les
rations psychiques.
Du ct psycho-moteur de la vie psychique, le trouble se manifeste tout d'abord par nue accentuation de la volont et par une vive augmentation de l'activit mais tous les actes moteurs du malade sont encore, contrai;
la fureur, provoqus psychiquement et excuts dans la sphre de l'intelligence. Leurs motifs sont des processus de forme motive ou des conceptions dont Findividu se rend nettement compte. Ce sont des actes conformes ceux de la vie physiologique et ne paraissant tranges que parce qu'ils ont une
rement ceux de
384
mme
immorale, sans qu'on puisse les taxer d'insenss. Cliniquemeut, cette exaltation psycho-motrice se manifeste par le dsir de voyager, le penchant frquenter les cabarets, rechercher les vieux amis et les connaissances, voir des curiosits, par la manie pistolaire, par celle de faire des emplettes, etc. Le manque des reprsentations d'entrave et de contrle ou leur apparition tardive fait que ces actes, qui en eux-mmes ne sont pas insenss, n'apparaissent que comme inconvenants, irrflchis; souvent ils choquent la morale, car les reprsentations d'entrave thiques ou esthtiques font aussi dfaut. L'annotation vive de toutes les perceptions par des sentiments de plaisir rend ces malades envieux; leur sentiment d'eux-mmes, accentu un degr morbide, les rend ennuyeux, vantards et hbleurs; l'inconstance des motifs de leurs mouvements les rend inconstants et incapables, malgr toute leur activit, d'achever ce qu'ils ont commenc ou ce qu'ils ont projet. Tous les caractres du tableau clinique ne sont pas dvelopps compltement chez tous ces malades; chez certains, c'est l'impulsion parler;
chez d'autres, c'est l'accentuation de
la
l'humeur gaie (amnomaniei est le phnomne morbide qui ressort le mieux; cet autre- encore peut avoir ou une nuance d'exaltation, ou une nuance erotique, ou une teinte religieuse. 11 serait inutile de donner des dnominations particulires ces nuances
cliniques.
Presque rgulirement, et chez les individus du sexe fminin c'est presque toujours le cas, l'exaltation maniaque amne la sphre sexuelle au premier plan dans la conscience. L'impulsion sexuelle se fait encore jour sous une forme bourgeoisement tolrable et ne rpondant qu' un trouble superficiel de l'intelligence; chez les hommes, par l'empressement faire la cour, les promesses de mariage trop promptes, les propos quivoques dans la conversation, la frquentation des bordels chez les femmes, la tendance s'attifer, se maquiller, rechercher la socit des hommes, faire des coquetteries, parler d'histoires de mariages ou de scandales, ourdir des intrigues d'amour, suspecter d'autres femmes au point de vue sexuel, etc. Souvent dans cet tat d'exaltation, il existe aussi un plus grand besoin de consommer des stimulants nerveux, besoin qu'on satisfait avec des plats trs pics, avec du tabac fumer ou priser, avec du caf fort et notam;
ment avec
Ces excs amnent alors facilement une accentuation maniaque pouvant aller jusqu' la fureur.
de
l'exaltation
Symptmes somatiques.
'
impulsion trs importante au point de vue mdico voler en partie par une convoitise que rien n'entrave (surtout des aliments, des friandises, des bijoux ou mme de l'argent pour s'en procurer) en partie par espiglerie, par mchancet, par dsir de causer des embarras aux autres,^ par illusions, par excs d'activit.
lgale, collectionner et
On y rencontre souvent
mme
PSYCHONEVROSES
Les malades ne dorment que quelques heures, se lvent au milieu de
nuit et se dmnent affairs dans
la
385
la
maison ou dans
la rue.
Dans le domaine de la sensibilit gnrale, le sentiment de bien-tre physique augmente, La force et les capacits sont augmentes. Le malade ne peut pas trouver assez de paroles pour vanter son bien-tre maniaque, sa sant de fer. Le sentiment de fatigue physique ne se produit pas, pas mme aprs des marches pied forces ou d'autres surmenages. Le malade est plus gaillard effectivement. Il a l'air plus jeune qu'il n'est; son turgor vitalis est lev, sa mine est plus vive, ses fonctions vgtatives s'accomplissent plus promptement, son apptit est augment, seulement, pris d'inquitude motrice, il ne trouve pas le temps de le satisfaire. Malgr tous ces phnomnes d'augmentation de la mutation intraorganique et malgr la bonne assimilation, le poids du corps baisse. Ce qui est ici particulirement accentu, c'est le tonus musculaire. La musculature est plus ferme et plus turgescente, l'attitude est plus d'aplomb, la sret et la rapidit des mouvements sont plus grandes qu' l'tat normal. Les mouvements s'accomplissent avec une promptitude tonnante; il semble que l'excitation volontaire parvient plus rapidement aux centres des mouvements. Le malade se rend compte de cette facilit d'innervation et de coordination, et il y puise un nouveau stimulant pour sa bonne humeur et sou ardeur entreprenante. Dbut et volution de la maladie. L'exaltation maniaque apparat rarement comme une forme morbide comprenant toute la dure du trouble psychique, elle se prsente plus souvent comme un phnomne d'tat. Comme telle elle reprsente un stade prodromique ou de rmission de la folie furieuse, ou un stade de transition de la folie circulaire et hystrique. Comme phnomne prodromique, elle se rencontre dans la paralysie gnrale, mais alors elle est colore d'une manire particulire par les symptmes de dbilit psychique qui s'y mlent de bonne heure. Comme tableau morbide autonome, elle apparat encore plus souvent sous forme d'accs priodiques, mais alors, cause de sa base dgnrative, avec un caractre raisonnant et irritable. Dans les cas rares o l'exaltation maniaque se droule comme une psychose autonome et non priodique, elle est pour la plupart du temps prcde d'un stade prodromique mlancolique. Son volution est rmittente, exacerbante; sa dure s'tend des semaines et mme des mois. Elle peut avoir une marche rgressive; dans ce cas la rsolution est lente, non brusque comme le trouble est lger, quand il y a un stade d'puisement ensuite, il n'est que lgrement indiqu et de trs courte dure. Dans d'autres cas, notammentdans ceux qui sont la consquence d'excs sexuels et alcooliques, elle passe l'tat de fureur. Le pronostic est favorable dans cette forme bnigne de folie maniaque, et les dfectuosits psychiques ne sont pas craindre comme dans la folie furieuse. Traitement. Le remde le plus important est l'isolement appropri au degr de l'exaltation et en mme temps l'loignement des excitations morbides et notamment des excs. Dans beaucoup de cas l'hpital suffira,
PSYCHIATRIE,
25
386
mais passagrement une chambre d'isolement pourra devenir ncessaire. Contre l'insomnie et l'inquitude nocturne, l'hydrate de chloral, la morphine, le sulfonal et le trional peuvent donner des succs; les narcotiques, notamment l'opium et la morphine, quelque utiles qu'ils soient dans les cas priodiques, n'ont ici aucun effet favorable, mais ils sont plutt de nature augmenter l'agitation. Par contre, les bains tides et surtout les bains prolongs manquent rarement leur effet calmant sur le systme nerveux central; cependant cet effet ne dure d'ordinaire que pendant quelques heures. Dans les tats d'agitation venaut de la sphre sexuelle et ayant un caractre sexuel prdominant, il est bon de se servir des prparations de brome. Il est ncessaire en mme temps de surveiller soigneusement le malade cause de son penchant la masturbation.
M"^ L..., vingtObservation XVIII. Exaltation maniaque dans le puerperium. femme d'un peintre en btiments, a une mre qui, l'ge de trente-six ans, est devenue aline pendant ses couches, et une sur sourde-muette. La malade
huit ans,
n'a jamais t
malade
encore quatre autres enfants. L'avant-dernier a t allait pendant vingt mois. La malade fut affaiblie par ses couches et l'allaitement; de plus la famille avait les
du pain quotidien et se nourrissait pauvrement. Dans sa dernire grossesse novembre 1880, la malade prsentait souvent des accs de vertige et des phnomnes d'puisement psychique. L'accouchement s'est pass sans accident. La malade aUaita son enfant pendant quinze jours, jusqu'au 16. Aprs une vive frayeur cause par une maladie de son mari brusquement survenue le 15, elle devint confuse; le 16, quand elle sortit pour acheter des provisions pour elle perdit le sommeil, se la cuisine, elle apporta des jouets au lieu de comestibles mit dlirer, voyait ses parents dcds, l'esprit malin qui rpandait une puansoucis
teur eiroyable et la sainte Vierge qui la protgeait. Elle ne connaissait plus son entourage qu'elle considrait comme hostile, elle tait tout fait dsoriente,
courait sans but droite et gauche, une fois vers l'eau, une autre fois avec son nourrisson et un autre enfant au presbytre pour se confesser. Dans la nuit du
22
novembre elle essaya de descendre une armoire par l'escalier. Le 22, quand elle entra l'asile, le dlire puerpral initial avait disparu;
la
malade
sans livre, lucide, reconnaissait les faits de son dlire; mais elle prsentait des phnomnes d'une lgre exaltation maniaque qui semblrent une phase de rmission d'une fureur puerprale au dbut, fureur aigu et hallucinatoire. La suite de
l'volution de la maladie n'a pas justifi cette hypothse.
sa gait
La malade qui, lors de son entre l'asile, non motive, son excitation erotique
maniaque. Elle
tait
s'est
prsente
comme maniaque
la
par
facile, sa vive
mimique,
marche de
de tous
au degr de
l'exaltation
les faits
constamment
gaie,
chevele, n'avait
que des impressions agrables ou hilarantes, se plaisait aux plaisanteries, aux comparaisons humoristiques, se mlait toutes les conversations, faisait la coquette, l'amoureuse, dclarait qu'elle pouserait maintenant un autre homme; son mari aussi pourrait se choisir une autre femme. Elle pouserait le professeur ou
le docteur, disait-elle
En
trs
morbide.
PSYCIIONVROSES
mais
387
elle tait d'avis qu'elle tait archi-gaie et qu'un brin de dlire ne lui faisait pas de mal. Autrefois, il est vrai, elle tait devenue ioUe. Elle btit toutes sortes de chteaux en Espagne, est inpuisable en mauvais calembours; la marche de ses ides
est
transgresser les
limites de la dcence.
des autres malades. Elle n'a pas la nostalgie de sa famille; les siens, dit-elle, sauront
se dbrouiller. Autrefois, elle avait t
dans
la misre,
elle
mais
ici
l'hpital
elle
veut
maintenant
se la couler
fait
comestibles et de friandises.
du vin
de la bire,
le
sommeil
se produit.
La malade
est de taille
moyenne, sans stigmates de dgnrescence, sans maladies La nutrition gnrale n'a pas beaucoup souffert.
visite
L'utrus est bien involv. Le pouls est petit, l'artre faiblement remplie.
Passagrement
cinations.
la
la clinique
pour
prince hrditaire.
On n'observe pas
d'hallu-
Vers le milieu du mois de dcembre, la malade devient plus calme, range, s'informe de sa famille, rectifie ses illusions et demande travailler. Les visites des gens de sa famille produisent un effet salutaire. Le retour des rgles le 21 dcembre s'accomplit sans troubler la convalescence. Dans ce cas lger de manie puerprale le traitement s'est born isoler la malade, lui donner de la bonne
nourriture, des bains et des prparations de
fer.
Son poids,
le
malade
fut
en bonne sant.
II.
Folie furieuse.
Un degr de la manie suprieur celui que prsente l'exaltation maniaque est reprsent par la folie furieuse. La notion du dlire furieux qu'on s'est faite d'aprs l'attitude extrieure tumultueuse du malade, demande une restriction scientifique. La fureur n'est qu'un simple symptme; la folie furieuse est un tat morbide dtermin et appartenant au cadre de la manie. Les explosions furieuses du mlancolique par suite de la peur, celles du dlirant (pileptique, hystrique, alcoolique ou fivreux) par suite d'hallucinations terrifiantes, ne
la
fureur. Le
symptme dterminant
de la folie furieuse, c'est l'acclration des oprations psychiques qui peuvent devenir cheveles en mme temps que le Moi du malade a perdu toute direction et est devenu incapable d'intervenir dans la marche des
actes psychiques.
En mme temps
il
Dans les centres psycho-moteurs du cerveau antrieur, phnomnes d'excitation amenant des actes moteurs qui,
but, sans
consistent en
est vrai, por-
tent encore le caractre des actes psychiques, mais qui se produisent sans
aucune intervention de
la
volont
et
mme
de
la
conscience et
388
ci
que, par consquent, on doit dsigner comme des actes instinctifs. Ceuxrefoulent de plus en plus les actes volontaires du maniaque exalt, actes
phnomnes
d'excitation
encore chique
par consquent
le
plus profond.
plus attentif du tableau morbide permet de constater une motive trs accentue 'hyperesthsie psychique et, au point de vue de la production de la maladie, une hyperesthsie grce laquelle toutes les impressions subies par la conscience sont annotes et accompagnes par de vives motions. Ici encore, de mme que dans l'exaltation maniaque, les motions expansives prdominent, mais celles de nature oppose, notamment les emportements colreux, ne sont pas exclues il y a mme des cas rares o les motions de colre prdominent pendant toute la dure de la maladie (folie
irritabilit
;
Un examen
furieuse colreuse,
manie
furieuse). Cette
bide est occasionne en partie par une organisation originairement anor('caractre irascible et violent ds la naissance) en partie artificielle internement, camisole de force en partie un phnomne de raction provoqu par des dlires terrifiants, des hallucinations et des sentiments d'angoisse qui viennent la compliquer. Quand la colre est provoque chez le malade par un de ces phnomnes, elle amne, tant donne son irritabilit trs accentue, des reproductions douloureuses incessantes, des images mentales, mais qui, contrairement celle de la mlancolie agitante, ont le caractre de la fuite des ides et forment des sries. Elles maintiennent alors la disposition colreuse. Ces cas de folie exclusivement furieuse sont les plus rares; ceux de caractre purement expansif sont beaucoup plus frquents; mais le plus souvent on rencontre des cas de nature mixte, c'est--dire des cas o, par suite de la grande excitabilit et du changement rapide des conceptions avec association illimite, une variation bigarre des motions de nature des plus Comme la suite de Taccdiffrentes se manifeste (mutation d"humeur lration norme de tous les actes psychiques et de l'absence de toutes les entraves, le Moi est livr la merci de ce processus d'excitation, ces motions se manifestent en arrtant tout l'appareil mimique et moteur. Ainsi
;
du maniaque alternent avec des phases d'irriaux chants, aux cris, aux sifflements succdent les hurlements et la rage tumultueuse. Souvent une impression extrieure passagre, une reproduction quelconque suffisent, tant donne l'hyperesthsie psychique, pour changer brusquement l'hu-
meur
l'amener l'oppos de ce qu'elle tait. L'acclration norme de la marche des conceptions amne une avalanche d'ides et, comme aucune image mentale ne peut tre retenue isolment, qu'aucun lien logique ne peut plus runir les conceptions, il y a
et
PSYCIIOXEVROSES
et
389
ne se faisant que par l'assonance et l'allitration, rveil spontan, phynon associatif d'une foule d'images mentales. En raison de ce fait la liaison logique des conceptions et la forme grammaticale de l'locution disparaissent fatalement. Les fragments de phrases,
siologique et
les
mots dtachs
et
fmalemeat
sons articuls
manifestation du langage, marquent les diffrentes variations de degr dans l'avalanche des ides et dans la confusion de la folie
comme
furieuse.
incomplte cause du tourbillon immense des conil se produit facilement des illusions. Presque rgulirement des ides dlirantes se produisent aussi. Elles apparaissent pour la plupart aprs les hallucinations, mais alors comme dlires primordiaux, plus rarement comme un essai passager d'explication de l'tat de conscience et des sensations prouves. Leur sujet est Souillimit, mais de nature surtout expansive dlire des grandeurs vent, surtout chez les personnes du sexe fminin, le dlire a une couleur sexuelle ou religieuse. Dans cette dernire varit rentrent les ides suivantes on est la Madone, on a t couverte par le Saint-Esprit, ou a mis au monde l'enfant Jsus. Dans la folie furieuse avec colre, le dlire de perscution, notamment avec nuance dmouomaniaque, peut constituer le fond des illusions qui donnent lieu l'motion. Par suite du caractre passager des processus qui les font surgir et de l'acclration de tous les actes psychiques qui n'admettent aucune rflexion, ces ides dlirantes sont passagres et ne mnent que rarement un faussement durable de la conscience avec terminaison probable par une folie secondaire. Les phnomnes les plus importants sont reprsents par les symptmes de la sphre psycho-motrice qui a donn son nom la maladie. Quand il n'y a pas ai'rt par puisement, le malade est en activit continuelle et il n'y a pas un groupe de muscles volontaires qui ne soient mis tour tour en action. Les actes moteurs des malades sont trs diffremment motivs. Pendant la transition de l'exaltation maniaque la folie furieuse et pendant les rmissions de cette dernire les actions peuvent encore avoir lieu. Mais comme les conceptions qui font surgir ces dernires, deviennent de moins en moins claires pour l'intelligence par suite de l'acclration grandissante des faits psychiques et de l'obnubilation intellectuelle qui augmente, ces actions se changent dplus en plus en actes impulsifs en outre, il existe encore des actes psychiques rflexes causs par des motions de plaisirs (danse, chants, etc.) ou par des motions d'angoisse et de colre. A l'apoge de la maladie ces actes moteurs d'origine psychique ne se font plus jour que sporadiquement. Ils sont refouls par les mouvements forcs (impulsion au mouvement!, mis en excution par des excitations directes venant des centres psycho-moteurs en outre, il y a aussi des actions provoques par les ides dlirantes et les hallucinations. Trs souvent l'instinct gnital est excit dans la folie furieuse et les cas dans lesquels cet instinct occupe le premier plan dans le tableau clinique
La perception
est
390
ont t souvent dsigns par le nom spcial de satyriasis (chez l'homme, de nymphomanie (chez la femme;.
ce qui se passe
Le trouble profond de l'intelligence qui se produit ici, contrairement dans l'exaltation maniaque, fait que l'instinct sexuel se manifeste d'une faon ouverte et dlibre, sous forme d'attaques directes contre les personnes de l'autre sexe, de masturbation eu public, de mouvements de cot en se frottant le bassin, etc.
On
doit
considrer
qu'ont les
faire leurs
comme des phnomnes quivalents l'habitude femmes de lancer continuellement des crachats, de satisbesoins naturels
en prsence
du mdecin, d'arranger
le
les
murs
avec des excrments, de la salive, du sang menstruel, de l'urine, d'injurier l'entourage fminin en termes obscnes.
Le trouble de l'intelligence varie dans son intensit en gnral, il est d'autant plus profond que la marche de la maladie est plus aigu. La
;
furieuse chronique, la
maire quand la rencontre pas dans la vraie folie furieuse. Ici encore les troubles du sommeil sont consSymptmes somatiques. tants. L'insomnie peut durer des semaines entires. Souvent il y a des fluxions au cerveau c[u'on doit rarement considrer comme des phnomnes tiologiques, mais pour la plupart comme des phnomnes conscutifs 'vive activit par excitation fonctionnelle du cerveau ou aussi rsistance diminue par la vaso-parsie La frquence du pouls est trs peu influence par le mouvement et l'activit excessive. Malgr une folie furieuse trs violente, le pouls est souvent plutt ralenti qu'acclr, et plutt petit que plein. La chaleur du corps est normale, parfois mme subnormale, tant donn que la minime augmentation de chaleur produite par l'augmentation du travail musculaire se trouve plus que compense par l'augmentation de la dpense par suite de l'insuffisance de vtements. Une lvation calorique dpassant 38'', quand elle est durable, doit, moins qu'elle ne puisse tre ramene une maladie somatique complicante, faire srieusement douter si le cas doit tre encore considr comme une folie furieuse et se demander s'il n'y a pas lieu d'y voir peut-tre un dlire aigu ou un autre genre d'excitation psycho-motrice d une maladie organique du cerveau. Dans les premiers stades de la folie furieuse, le turgor vitalis est augment, le malade semble plus jeune et plus frais. Quand la folie furieuse dure longtemps, la nutrition et l'tat des forces baissent, et mme des phnomnes d'inanition peuvent se produire. Le processus morbide, arriv son apoge, est toujours accompagn par une diminution progressive du poids du corps. Les scrtions peuvent se faire d'une manire tout fait normale. Souvent l'urine est anormalement riche en phosphates. Un ph-
une marche parallle l'intensit. Dans la folie mmoire peut n'tre pas voile mais elle est sommaladie a une marche aigu. L'amnsie complte ne se
;
accompagne
sur-
PSYCIIONEVROSES
391
fois,
Les troubles sensitifs jouent un rle minime chez les fous furieux. Parpendant les rmissions, les malades se plaignent de maux de tte.
Les anestlisies qui se rencontrent par hasard et parmi lesquelles on froid, peuvent presque toujours tre
dans cette maladie. Les troubles moteurs des rgions infra-corticales, sous forme de spasmes, de convulsions partielles des muscles, de mouvements grimaants, etc., peuvent se produire dans la fureur grave, comme complications, l'apoge de la maladie; ils reprsentent des transitions vers le dlire aigu et les autres maladies crbrales. Dbut. La folie furieuse apparat beaucoup plus souvent comme une forme morbide autonome que comme forme d'un autre tat. Dans ce dernier cas, elle a habituellement une explosion brusque, une marche aigu, et il y a prdominance des troubles psychiques quand il s'agit de dmence paralytique et d'autres maladies crbrales elle se rencontre aussi dans l'hystrie, dans certaines formes de la folie circulaire volution brve, dans lesquelles les symptmes maniaques alternent avec des phnomnes
ttano-cataleptiformes.
Origine
et
marche.
Ici
il
La
folie
furieuse
;
plusieurs semaines
elle clate
aigu a une dure de quelques jours et mme de brusquement, aprs avoir t prcde par
maux
de
tte,
congestions,
sommeil troubl, angoisse, irritabilit). Ces phnomnes sont suivis de prs par des symptmes d'exaltation maniaque, ordinairement avec nuance d'irritabilit, qui, en augmentant trs rapidement, arrivent bientt la hauteur de la folie furieuse. Plus la marche est aigu, plus le trouble de l'intelligence est grave. La chute de la crise est d'ordinaire assez rapide. Des symptmes d'puisement fonctionnel qui peuvent aller jusqu' une stupeur lgre, prcdent le retour la sant. La folie furieuse aigu se droule souvent
irascible motive.
Quand
elle a
comme la folie colreuse ou une allure irascible, elle peut se terminer mais il y a facilement des recrudescences, de
qui se distinguent nettement des rmissions (priodes d'puisement fonctionnel avec irritabilit d'humeur;.
S). La folie furieuse chronique a une dure totale de plusieurs mois et peut se prolonger jusqu' un an. Dans la plupart des cas, elle est prcde par un stade prodromique mlancolique. La dure de ces prodromes varie entre quelques jours et plusieurs mois. Plus il dure longtemps, plus la manie qui lui succde est longue. Ce stade manque ou n'est que lgrement indiqu dans les cas dus au puerperium, aprs les pertes de sang aigus et dans la convalescence des
dans
les
le
folies furieuses
trauma
les
capitis,
que dans
provoques par
392
moins il y a de stade prodromique. D'ordinaire, les prodromes se bornent au complexus symptomatique d'une mlancolie sans dlire cependant, l'opinion de Hagen qui soutient que dans ce cas il y a en gnral absence
;
Les symptmes de ce stade prodromique mlancolique sont essentiellement ceux d'un trouble psychique et somatique de la perception gnrale (efforts intellectuels devenus difficiles, prostration gnrale, tte lourde, malaises gastriques, constipation, etc.), semblables ceux qui prcdent l'explosion des maladies physiques graves, et notamment les maladies infectieuses. Il se dveloppe, par suite, une dpression psychique qui a souvent une nuance hypocondriaque. Puis, avec le cours de la maladie, il se produit un examen douloureux de la vie antrieure, examen qui va souvent jusqu' des reproches que le malade se fait lui-mme et jusqu'au dgot de l'existence. Ce stade chappe souvent l'observation il est dissimul dessein par les malades, qui ont gard encore un certain empire sur eux-mmes, ou du moins qui savent allguer des motifs suffisants
tion.
;
(Alendel).
L'volution vers la manie est, dans la plupart des cas, subite, mais jamais aussi brusque que dans la folie circulaire. Parfois on observe une priode amphibologique durant des heures ou des jours et dans laquelle les lments mlancoliques et maniaques se mlangent, se disputent pour
ainsi dire le terrain jusqu' ce que le tableau de la manie apparaisse pur et sans mlange. Alors la folie furieuse se dveloppe; l'exaltation maniaque apparat tantt rapidement, tantt lentement; de mme la marche des ides
devient de plus en plus une fuite des ides, l'motion expansive devient un kalidoscope des excitations motives les plus varies, le mouvement
devient de plus en plus instinctif, et en outre, il se surajoute un trouble croissant de l'intelligence, du dlire et des hallucinations. La marche
totale de la folie furieuse
chronique
est rmittente
avec exacerbations.
Dans les rmissions, le tableau clinique tombe au degr d'une exaltation maniaque qui, il est vrai, est souvent dissimule par les symptmes d'puisement fonctionnel ce dernier peut, en outre, tre douloureusement ressenti et alors, tant donn la grande irritabilit, un tat morose d'esprit peut se produire et mme se faire jour sous forme d'explosions de colre.
;
Les terminaisons de
1
Lagurison^
Une
a t provoque par
Les tats de transition vers la gurison peuvent tre les suivants a). Un stade de dpression mlancolique semblable celle qui a t le prlude de la maladie. Cette terminaison est trs rare, moins qu'on ne
considre tort
'
comme mlancolique
155,
le
Mendel, op.
cit.. p.
compte 80
p. iOO
de gurisons.
PSYCHONEVROSES
tion ractive douloureuse
393
intellectuelle, suite de
l'puisement lui-mme.
stade de stupidit, d'imbcillit fonctionnelle, comme expression du profond puisement crbral qui succde fatalement aux cas graves ou affaiblissants de la folie furieuse chronique, surtout quand ils ont t
i).
Un
traits par les saignes. Ce stade dure parfois plusieurs mois. L'absence d'augmentation du poids du corps ou la lenteur de cette augmentation qu'on observe dans ces tats d'imbcillit symptomatique est, au point de vue du diagnostic diffrentiel, trs importante, surtout quand on la compare la rapidit de l'augmentation du poids du corps dans les tats d'imbcillit
terminale.
gnral l'intensit et la dure de ces tats d'puisement, qui varient entre la stupeur lgre et l'idiotie complte, rpondent l'intensit et la dure de la manie, de mme qu' l'intensit et la dure des causes qui
les ont produits, causes parmi lesquelles une constitution crbrale originairement tare et s'puisant avec une facilit anormale a une action particulirement dcisive. v). Le passage de la folie furieuse un stade d'exaltation maniaque attnue, avec phnomnes de faiblesse psychique qui se produisent en mme temps, mais qui sont susceptibles de disparatre. o). Une dtente successive de la folie furieuse, les rmissions devenant de plus en plus profondes et nettes, aucun phnomne srieux de faiblesse intellectuelle n'existant plus. Mais ici, c'est souvent le ct motif de la vie psychique qui est gravement atteint, se trouve dsquilibr, tant donn qu'il existe une accentuation de l'irritabilit d'humeur qui clate facilement sous forme d'motions de colre et mme de recrudescences. :2" La terminaison par dbilit mentale terminale et durable (imbcillit, idiotie, avec les deux tableaux cliniques de ces tats, rarement dmence). 3 Terminaison fatale par l'puisement ou par des maladies intercurrentes, par des lsions pouvant amener l'embolie graisseuse des vaisseaux pulmonaires Jollyj ou par l'aggravation du processus crbral allant jusqu'au delirium acutum. Le pronostic de la folie furieuse est en gnral favorable et d'autant plus favorable qu'elle a une marche aigu, avec troubles de la nutrition rparables (anmie puerprale), avec causes sympathiques, que le malade est jeune et a un cerveau qui n'est pas trop tar. Cependant il ne faut pas se dissimuler que la folie furieuse grave ne comporte que rarement une gurison complte et satisfaisante au point de vue scientifique, et souvent la lgre faiblesse intellectuelle notamment au point de vue de l'motivit;, qui reste comme rsidu, indique une gurison
*
En
dfectueuse.
Indications thrapeutiques. Isolement. Le fait clinique que les tats maniaques sont des tats d'excitation crbrale et vont surtout de pairavec une hyperesthsie des fonctions psychiques et sensorielles, exige comme
'1'^ *
Mendel, op.
cil.,
compLe 5
p. 100.
394
premire mesure le repos psychique et uue dittique du cerveau, c'est--dire loignement de toutes les impressions vives des sens et en gnral de toutes les excitations psychiques. Pour remplir cette indication, il faut un isolement du malade fait selon les exigences de la science, isolement dont le degr doit toujours tre conforme celui de l'hyperesthsie crbrale. Pour nombre de cas l'isolement seul suffit pour amener le malade
la gurison.
le malade et son entourage contre ses violences desqu'un malade se blesse lui-mme (les cabanons tapisss de coussins sont donc inutiles, d'autant plus qu'il est difficile de les maintenir en tat de propret Le fou furieux n'est pas aussi dangereux pour son entourage qu'on le suppose en gnral, except les cas de folie furieuse aigu avec trouble grave de l'intelligence et motions de colre. Beaucoup de fous furieux savent ce qu'ils fout, gardent un reste de lucidit, bien qu'ils soient incapables de refrner leurs actions. La croyance que les fous furieux auraient une force extraordinaire n"est qu'un prjug et le
tructives.
est rare
traitement par les chanes et les camisoles de force bas sur cette lgende,
n'est
qu'une barbarie. La contrainte mcanique ne s'impose que lorsil est ncessaire de maintenir le malade dans une position horizontale quand le cerveau est profondment anmi), ensuite dans le cas de masturbation continuelle et enfin dans Je cas de
que, en raison de la gurison,
blessures chirurgicales.
En essayant de modrer l'impulsion motrice par une contrainte mcanique et d'pargner ainsi la dpense de forces du malade, on n'obtient pas de rsultats. Au contraire, le malade, en se dmenant dans la camisole, se fatigue davantage. Beaucoup de cas de folie furieuse ne font que s'accentuer par l'application de la contrainte mcanique, surtout si l'on veut par ce moyen en imposer au malade. Il est un fait acquis, c'est que la violence de la folie furieuse s'est considrablement attnue mesure que le systme du no-restraint a gagn du terrain. Quant aux fous furieux qui dtruisent tout et qui se dshabillent sans cesse, il faut les laisser tout nus dans un cabanon chauff et o il faut leur donner du varech ou mieux encore des crins de cheval pour se couvrir. On enlve tous les objets de la cellule. Dans quelques cas rares on peut employer passagrement l'hyoscine ou la duboisine. Leur usage frquent n'est cependant pas recommandable parce
amne une baisse de la nutrition. Maintien du malade dans un bon tat de nutrition. La fureur, l'insomnie, le dlire consument les forces, et il faut trouver le moyen de
qu'il
3''
Souvent le succs dpend de cette question savoir si le trouble de la nutrition crbrale est rparable quand la folie furieuse a suivi son cours ou s'il amne l'atrophie. Qu'on donne au malade une nourles restaurer.
:
et
forte;
qu'on
le
laisse
manger autant
qu'il
PSYCHONEVROSES
4
3913
et l'insomnie.
d'inflammations ou de fluxions crbrales, et l'on s'eiorait d'appliquer au malade tout le systme curatif antiphlogistique et drivatif. Par l on ne fait qu'puiser le cerveau (saignes), l'irriter 'moxas, bains
en avalanche, douches, se tous, vsicatoires et nuire la digestion lmtique, sulfate de cuivre, actate de zino. Ces moyens doivent tous tre bannis de la thrapeutique. Il faut rejeter en gnral aussi les saignes,
notamment
Certes
les suites
il
les
saignes gnrales.
mais
elles
de l'excitation crbrale. Une saigne ne peut dans ce cas servir en augmentant la paralysie vasculaire et en
appauvrissant le sang. Dj le fait que la folie furieuse n'est souvent que la consquence d'excs pousss trop loin ou de pertes de sang (puerperium), devrait dcider le mdecin traiter le sang des malades avec beaucoup de mnagement, abstraction faite de cette circonstance que, dans la folie furieuse, la jactance, l'insomnie et les pertes caloriques nuisent par elles-mmes aux processus de la nutrition. Le traitement symptomatique de la folie furieuse ne peut tre qu'un
traitement individuel, car
il
de
folie furieuse
et
les
phnomnes d'augmentation de
grincements de dents,
excitation crbrale,
il
les
convulsions, les
etc., dnotent une grande permis dfaire des soustractions de sang, mais jamais gnrales, seulement locales (sangsues). Ici une drivation intestinale par le calomel, etc., peut tre indique. L'ergotine aussi, par la voie
est
Ordinairement dans ces cas aussi, comme dans les cas de folie furieuse, simplement fluxionaires, le bonnet de glace, les bains* avec compresses de glace et la digitale suffiront. Dans la folie furieuse avec prdominance
des excitations sexuelles, l'emploi du bromure de potassium, doses de 4
Dans
la folie furieuse
la folie
morphine qui conviendra. Dans la folie furieuse provenant de l'anmie crbrale ou ayant les symptmes de celle-ci, l'eau-de-vie, la bire, le vin et l'occasion aussi l'hydrate de chloral seront les meilleurs calmants. Le repos au lit peut avoir aussi dans ce cas un effet trs utile. Si l'agitation frntique prend l'allure d'un tat d'puisement ou de stupeur, tout le traitement consiste dans le repos au lit, la chaleur, l'alimentation substantielle, le vin et la patience.
colre, c'est l'application de l'opium et de la
1
l'.sjjclioneur6-e
l'esler ined.
396
Dans
amne facilement des motions de colre, meilleur moyen et ofire eu outre l'avantage d'abrger
dure de
la
convalescence.
Observation XIX. Folie furieuse aigu colreuse, dbutant par une motion de Wachs (Sraphine), dix-sept ans, a pour pre un ivrogne. Plusieurs de ses frres et surs eurent des convulsions. A l'ge d'un an elle eut le typhus, puis elle souffrit du rachitisme. Ce n'est qu'arrive sa quatrime anne qu'elle put marcher. Elle se dveloppa bien au point de vue intellectuel, mais eut de tout temps un caractre emport, irritable et sensible. Les rgles arrivrent l'ge de quinze ans, sans
colre.
malaises.
elle entra en apprentissage chez une couturire. Le 12, elle se mit une camarade qui lui demanda de laver la vaisselle. Elle considra cette invitation comme une offense grave et se mit dans une colre violente. Elle avait justement ses menstrues. L'irritation colreuse augmenta, elle en perdit le sommeil et, malgr elle, pensait toujours son conflit avec sa camarade. Le 19, elle fit une visite une famille amie bientt elle se mit parler de son incident, parut confuse et dans un tat d'agitation inquitante. Quand on lui fit des
Le 10 mai 1878
colre contre
en
elle
chicanait sur ce
fait,
elle se
mit dans
une colre excessive, maugra, jura et s'emporta contre tout ce monde qui la froissait, sortit brusquement au milieu du tumulte de son motion, ne rentra que tard le soir, le visage rouge, temptant, querellant, disant qu'elle ne se laisserait morigner par personne. Elle ne dormit pas ni ne mangea pas, voulut toute force partir et, quand on la retint, brisa tout ce qui se trouva sous sa main. Au moment o elle est reue la clinique, la malade est en proie un accs de folie furieuse empreinte de colre. Flot de paroles dmesures, ides dsagrables et nombreuses, incohrence, gesticulation trs vive. Tout essai pour la calmer ne fait
qu'accentuer son irritation. Elle accable son entourage d'injures. Elle n'est plus malade, bien que la nuit dernire, aprs avoir eu une contrarit, elle ait eu un accs de folie, prouv de la chaleur dans la tte et n'ait pu dormir. Lorsqu'on veut la dshabiller, elle se met dans une colre violente, crache, donne des coups de pieds, se dbat comme elle peut et menace de publier tout dans les journaux. Elle ne veut pas rester chez de pareils fous et, si elle a la condescendance de rester ici, au moins il faut qu'on la soigne d'une faon seigneuriale. La malade est d'une petitesse de taille tonnante, trs retarde dans son dveloppement. Le thorax, le crne gonfl comme une vessie avec bosses frontale et paritale trs saillantes, prsentent des traces du rachitisme dont elle a autrefois souffert. Les dents aussi sont irrgulirement implantes et canneles. Les organes vgtatifs ne prsentent aucun trouble. Pouls 100, plein, acclr; poids du corps 31 kg. 50. La malade reste en tat de folie furieuse colreuse jusqu' la fin du mois de juin. Elle dort peu et son poids tombe 29 kilogrammes.
:
Le phnomne le plus saillant dans ses priodes de rmission, est une opinion d'elle-mme trs leve qui se manifeste par un langage prcieux, par des attitudes de distinction et les grands airs qu'elle cherche se donner et qui parfois sont mls
aussi d'rotisme et de coquetterie. Ordinairement cependant la
malade
se
trouve
dans une irritation pleine de colre. Elle injurie, se dmne dans sa cellule, dchire, souille, dtruit parfois, se montre hostile son entourage, marche trs confuse des
PSYCHONEVROSES
ides qui roulent sur les offenses, les humiliations d'autrefois, avec
397
mcontentement
pour
il se produit des longue dure. La malade dort beaucoup, prend rgulirement de la nourriture qu'elle ddaignait souvent avant cette priode. Le poids monte rapidement 36 kilogrammes. Parfois, de lgres vellits d'irritation colreuse se manifestent encore, mais disparaissent spontanment, ou bien la suite d'une injection de morphine. Pendant la plus grande partie du mois de juillet, la malade reste au lit, tranquille, puise et chiche de paroles. Au mois d'aot, elle arrive reconnatre compltement sa maladie et retrouve ses anciennes aptitudes au travail. Au mois de septembre, elle sort gurie. Lors de sa sortie de l'asile, le poids de son corps tait de 41 kg. 500.
du mois de juin,
les
Observation XX. Folie furieuse chronique. Succs de l'hydrothrapie. M"'-' Kernle 9 mars 1878. La mre tait folle, la sur cadette est aline priodiquement depuis la pubert. La malade tait bien portante, bien doue, d'une vie rigoureusement morale, trs motive. La pubert, treize ans,
bach, seize ans, bonne, a t reue
se passa sans accident.
Le 2 mars, elle devint malade aprs un accs de frayeur (son amoureux tait tomb gravement malade). Elle avait justement ses menstrues. Elle perdit le
constata une exaltation gaie, de la loquacit profuse
Le mdecin, appel le 6, dans ses discours incohrents, la malade paHait d'amourettes, de rapports sexuels, de la perversion du monde et des hommes, de sa puret elle et de sa virginit. Passagrement, elle dclara tre le pape, le sauveur qui souffre pour toute l'humanit. Htivement, elle crivait des lettres sur des sujets analogues toutes les personnes imaginables. En
se
et rire.
;
mit chanter
mme
Ds
de
elle voulait
pas mme manger; en venant l'asile, embrasser les hommes, maudissait et bnissait son entourage. Quand on la reoit, la malade est in dulci jubilo, espigle, erotique, prend son entourage pour de vieilles connaissances, veut les embrasser. Souvent, revirement brusque un tat d'esprit douloureux pendant lequel elle s'arrache les cheveux^ hurle et crie (des hallucinations terrifiantes en sont la cause). Pousses d'ides dcousues et confuses, bavardage continu roulant sur des sujets erotiques et reli force d'agitation motrice,
elle n'arrivait
culbutes.
met rimailler (vers de mirliton). Elle saute, danse, fait des Dans son agitation confuse, elle ne songe pas mme manger. La malade est de taille moyenne, bien dveloppe, ne prsente aucune anomalie du squelette, aucune maladie vgtative; l'examen de l'utrus, non plus, ne fait
gieux. Parfois elle se
mimique
Poids
La malade
vtements, a de nombreuses hallucinations visuelles et auditives, se barbouille d'excrments, se vt d'une manire bizarre avec des chiffons. La confusion augmente. Il n'y a que des intervalles de repos rares et trs courts. L'humeur est expansive; elle ne
devient douloureuse ou pleine de colre que par pisodes rares. L'hydrate de chloral,
morphine, le bromure de potassium restent sans effet. Les bains et les enveloppements procurent du sommeil. Vers la premire quinzaine du mois d'avril, la malade devient plus calme pendant la journe, moins confuse, la salivation disparait et le trouble retombe au degr d'une exaltation maniaque (gaiet enfantine, espigle,
la
308
sans cohrence, chant, rires, manires coquettes et erotiques). Ce n'est que passagrement que se montre encore la fuite des ides et l'impulsion motrice qui se manifeste
le
malade dort spontanment. A la fin de juillet, l'exaltation maniaque tombe compltement. La malade traverse un lger stade d'puisement qui dure cinq semaines
renvoye gurie vers
la fin
et est
de septembre.
M"^ S..., vingtObservation XXI. Folie furieuse avec nymphomanie passagre. deux ans, fille de fonctionnaire, issue d'une famille tare le pre de sa mre tait exalt, le frre de sa mre alin, le frre de son pre excentrique, bizarre, la sur de son pre aline, sa sur et son frre alins. La malade s"est dveloppe d'une manire normale, exempte de toute tare. A l'ge de deux ans elle eut un typhus grave avec dlire. A Tge de quinze ans, les menstrues arrivrent sans malaises et revinrent rgulirement. Depuis quelque temps elle tait chlorotique et avait besoin de beaucoup de sommeil. Vers le milieu du mois de mai 1877, elle devint dprime sans cause manifeste, fuyant le monde, devenant taciturne, souffrant d'angoisse prcordiale, se plaignant
;
Le
septembre, la dpression mlancolique prit une allure maniaque; elle devint remuante, parlait de mariage, de mnage, de belles
robes, tapotait pendant la moiti de la nuit sur le piano; elle tait devenue trs sensible, irritable, se plaignait de maux de tte, avait l'air congestionne, avait la langue saburraie, ne voulait rien manger, tait constipe. Ls extrmits taient fraches, le pouls petit, 80, les pupilles, de largeur moyenne, ragissaient. Pendant
sifflait, riait. Avec les enveloppements, on obtenait un sommeil de plusieurs heures. Avec une fluxion violente et constante (l'ergoline et le bonnet de glace ont t employs sans succs), la malade atteignit, le 14, l'apoge de la folie furieuse, de
Le poids
tait
de 46 kilogrammes, la
taille
grande, svelte. Pas de fluxion. Le pouls 48, petit, acclr. Pas de stigmates de dgnrescence. Pas de maladies vgtatives; nvralgie intercostale du ct gauche.
L'hymen manque. La membrane muqueuse vaginale est relche, fluor albus modique, utrus en latroversion. Salivation profuse, mimique trs vive. La malade devient joyeuse, chante, crie, jubile. Le flot des penses, le dlire roulent sur des
choses erotiques.
Elle se dbarrasse de ses
vtements
mdecins. Quand
on
la
met au
lit,
sans sommeil, trs confuse, danse pendant la journe, tient des propos amoureux,
chante, rime, se barbouille, s'arrange les cheveux,
des
mouvements de
cot,
bat
son
entourage.
L'enveloppement
et
les
bains
quelques heures. La malade se promne nue, dchire tout, bavarde sans cesse,
n'arrive plus achever
en
une phrase, parle les langues les plus diverses qu'elle connat mlangeant tort et travers. En mme temps, penchant rimailler et renverser les mots. Le sujet du dlire porte essentiellement sur les choses erotiques. Entre autres, elle est l'pouse du mdecin et s'occupe d'un enfant. A l'poque des menstrues qui sont rgulires, mais toujours trs minimes, elle est vritablement
les
nympho-maniaque
et
inabordable. Alors
elle
de sang menstruel, se roule dans son urine, se place la tte en bas, les jambes en l'air, carte les jambes, fait des mouvements de co'it, se masturbe, salive.
PSYCHONEVROSES
La maladie
tivement par
tique.
n'offre
le
399
le
La malade ne dort pas spontanment. Elle a des hallucinations visuelles nombreuses, surtout pendant la nuit. Des hommes noirs, des tres fantastiques, etc., l'entourent et l'inquitent. A force d'agitation motrice, elle n'arrive jamais prendre
spontanment de
la nourriture.
La confusion dure,
ment
(poids
45 kilogrammes, au
commencement du mois de
maux de tte, de cardialgie, de nvralgie intercostale, s'informe du temps qu'elle a dj pass l'asile et demande si elle a t atteinte de typhus crbral. Elle est encore assez
confuse et se croit la femme du mdecin. Il y a encore des recrudescences maniaques qui durent des heures ou des jours, surtout l'poque des menstrues; elle se
rapproche encore passagrement de la nymphomanie. Puis les symptmes d'puisement intellectuel se montrent de plus en plus distinctement caractre sans consistance, facilit d'motion avec raction enfantine, grande irritabilit, penchant aux jeux enfantins. Les restes de l'agitation erotique se manifestent par son sans-gne devant les mdecins. Son poids monte progressivement 47 kilogrammes. Au commencement du mois de mars, la malade devient calme, range, dcente; elle reconnat compltement son tat morbide, se rappelle avec une exactitude pnible les
:
incidents de sa maladie.
Au milieu de mars, les menstrues se produisent, grce l'administration de grammes de bromure de potassium, avec une exaltation lgre et une faible motion
La malade
se sent
erotique.
au
travail.
Au commencement du mois d'avril, ces rsidus de la maladie disparaissent. Le poids monte 50 kilogrammes. Vers le milieu du mois d'avril, la malade est renvoye. Lors d'une visite faite au milieu du mois de mai, la jeune fille tait florissante et avait repris son poids normal de 60 kilogrammes.
CHAPITRE
III
La
difficult
jusqu' leur suppression et l'absence simultane de toute sensibilit morale, tels sont les symptmes clinico-psychologiques de cette psychonvrose.
Comme
troubles
la stupeur,
des anomalies de
de l'innervation motrice (catatouiques), des tats d'excitation psycho-motrice pisodiques, de mme que des hallucinations. L'entre de ces dernires en scne (delusional stupor) forme des transitions cliniques
vers la
monomanie.
Ces tats d'entrave de l'activit psychique et mme parfois sa suppression sont diffrents des phnomnes analogues de l'idiotie, des contrairement l'incapacit intellectuelle de la mlancolie tats acquis
;
de raction,
ils
manquent de
ils
et ayant la forme de la stupeur, des maladies primaires; et, contrairement aux tats de la dmence progressive primaire (snile, apoplectique, etc.) qui proviennent d'affections organiques profondes, ils
postmaniaque
reprsentent des maladies gurissables. On a constat que les causes de la suspension des fonctions de l'organe
psychique sont l'puisement trauma psychiques (motion) Dans les deux premiers cas un cerveau peu capable de devenu irritable ou puisable
rentes causes.
'
de ce dernier, puis la secousse due aux ou un trouble mcanique. il faudrait probablement une prdisposition,, rsistance, faiblement dou l'origine ou avec une facilit anormale par suite de diff-
Schle, Newington, Journal of mental science, 1874, octobre. reports, vol. IV, p. 265. Gambari, Sur la forme primaire stuplde de la vsanie et sur sa sparation Handb., p. 495. Taguet, Dmence simple primitive, 1872. de la lypmanle. Gazz. lombard., 1864, 14, 22.
Crichton-Browne,
West Riding
lunat.
asyL
Aldrige,
Psych. Centralbl., 1874, Wille, Arch. f. Psych., VIII, p. 219. Charit Annalen, i" anne, p. 412.
Schule, Zeitschr.
p.
198.
PSYCnONVROSES
401
Au point de vue pathognique et clinique on peut donc distinguer des cas de stupidit par inanition et des cas provoqus par choc motif et
par trauma capitis.
I.
Ce sont toujours les personnes jeunes, dlicates, faibles etuvropathiques, qui tombent dans cet tat d'puisement. Jai trouv avec une frquence frappante, comme lments prdisposants, la microcphalie et le crne rachitique. Aprs trente ans, cet tat d'puisement psychique ne parait plus se rencontrer. Une croissance rapide pendant les annes de la pubert,
surtoiit
quand le surmenage intellectuel et physique est joint une alimentation insuffisante, cre aussi une condition favorable au dveloppement de cette maladie. Souvent cet tat reprsente l'apoge d'une crbrasthnie grave.
:
Comme causes accidentelles, il faut mentionner en premire ligne le puerprium avec pertes de sang considrables, puis les maladies aigus graves et les excs sexuels, surtout l'onanisme. A cette forme de la stupidit par puisement et par trouble de la nutrition se rattachent probablement aussi ces cas plus rcents o cet tat s'est produit par suite de l'extirpation d'un goitre (cachexie strumiprive) ou aprs les intoxications
par l'oxyde de carbone. Au point de vue de la gense, il faut ranger encore dans cette catgorie la stupeur par puisement postmaniaque. A plusieurs reprises j'ai vu la stupidit se produire artificiellement par le traitement rigoureux de la mlancolie et de la manie par saignes (saignes, sangsues). Le dveloppement de la maladie est progressif. Le malade devient de jour en jour plus lent et plus lourd dans ses penses et dans ses efforts comme absorb dans
,
;
ses penses,
il
s'arrte et reste
il
jours
s'endort au milieu de son ouvrage. Au bout de quelques de quelques semaines, il se produit un tat de dmence stupide dans lequel le malade a peine conscience de lui-mme et du monde extrieur; il a perdu toute sa spontanit et ne mne plus qu'une existence vgtative. Il faut le pousser tout, mme aux actes les plus ncessaires. Il aperoit peine la nourriture qu'on place devant lui, il faut la lui mettre dans la bouche afin que les rflexes soient stimuls et que Tacte de la dglutition s'accomplisse.
mme
point;
et
mme
La mine
402
cutans sont considrablement diminus, pour la plupart tout fait teints, de sorte que mme les fortes excitations lectriques ne produisent plus d'impression. Le tonus musculaire est abaiss, l'attitude molle. Aucune rsistance n'est oppose aux interventions venant du dehors. Dans certains cas rares
on se butte des tats de tension pisodique des muscles et une attitude cataleptiforme. Dans les cas graves, il y a tremor inanitionis. Si l'on russit dcider par voie d'imitation le malade montrer sa langue, on notera du tremblement et dans la plupart des cas aussi une
convulsion fibrillaire des muscles de la bouche. L'action du cur est faible, avec bruits sourds, le pouls ordinairement ralenti, petit, tardicrote et mme monocrote. Si l'on promne le malade, si on crie, le pouls devient trs frquent. Les extrmits sont gnralement froides et souvent mme cyanotiques. Si le malade persvre pendant des heures dans l'attitude debout, des dmes se produisent aux pieds, mais disparaissent bientt quand il
prend une position horizontale. Le matin, au rveil, la figure parat lgrement boursoufle. La chaleur du corps est subnormale. Malgr l'ingestion abondante et non
entrave d'aliments, la nutrition et le poids du corps baissent considrablement. A plusieurs reprises, j'ai constat des diffrences allant jusqu' 10 kilogrammes entre le poids de l'poque de l'entre l'asile et celui du
moment de
la sortie.
il y a constamment une augmentation souvent phosphates dans l'urine. Le trouble profond de la nutrition se manifeste aussi par la scheresse et la rigidit de la peau ; Browne a trouv chez ses malades une tendance au dcubitus. Chez les femmes les menstrues cessent pendant la dure de la maladie. Par suite d'obstructions veineuses il y a souvent des catarrhes intestinaux et
l'apoge de la maladie,
utrins.
Les cas d'origine masturbatoire se dveloppent sous l'influence de la neurasthnie avec nosophobie, avec phnomnes accessoires de neurasthnie, surtout d'irritation spinale, de sorte que, mme dans la plus profonde stupidit, les malades tressaillent encore quand on leur palpe la colonne vertbrale; il y a ensuite des phnomnes catatouiques assez frquents (tats de tension et d'engourdissement de la musculature,
crampes
locales toniques et cloniques allant jusqu'aux phnomnes pileptiformes gnraux); occasionnellement hallucinations olfactives, et explosions ayant un caractre de raptus. La respiration est superficielle, insuffisante. Par suite du trouble profond
de l'intelligence, le malade est malpropre, laisse couler ses urines et la salive de sa bouche, La marche de la stupidit, quand elle est l'expression de l'puisement du cerveau, est rmittente avec exacerbation, en tant qu'il y a des heureset mme des jours de vivacit intellectuelle, avec facult du langage, mobilit et facult de perception au milieu de l'tat ordinairement muet, stupide
et
sans raction.
PSYCHONEVROSES
403
pisodiquement une confusion terrifiante avec pousse aveugle se dplacer peut se produire (par suite d'hallucinations ou par une perception vague de cet tat pnible d'abandon). Comme phnomne intercurrent rare on note un tat d'excitation psycho-motrice durant pendant des heures et mme des jours, tat dans lequel
le
malade chante,
sillle,
tout fait impulsifs, tiraille ses vtements et devient parfois agressif contre
sou entourage. Ces tats d'excitation ne doivent pas tre confondus avec la manie. Si la maladie a une terminaison favorable, les rmissions deviennent plus durables et plus profondes. La mine se ranime, le malade commence
prononcer des
mots
il
et
tard spontanment
aussi ressentir
met excuter des mouvements. Il commence douloureusement son incapacit psycho-motrice. Ces
se
amliorations arrivent par secousses, parfois avec des tats d'puisement temporaire. Ce n'est que peu peu, avec l'amlioration de la nutrition,
l'augmentation considrable du poids du corps, la disparition des troubles de la circulation, l'excdent de phosphates dans l'urine et le rtablissement
de la chaleur animale, que la gurison s'accomplit. Le souvenir de maladie manque compltement ou n'est que trs sommaire. La dure de maladie peut s'tendre jusqu' des mois. Ce sont les cas provoqus par perte de sang qui semblent disparatre plus promptement. Le pronostic est favorable, tant donn l'ge jeune des malades et
caractre
la
la
le
le
irrparable
le
dnoue-
ment
par phtisie pulmonaire ou par pneumonie est plus rare encore. L'tiologie et les symptmes de la maladie indiquent un tat de profonde
fatal
anmie de l'organe psychique. Les constatations ophtalmoscopiques d'Aldvidge {West Riding lunat. reports, IV, p. 291) qui concordent avec les miennes, indiquent l'existence de l'anmie. Dans les stades ultrieurs
Aldridge
de
la
a trouv de l'dme du fond de l'il. Dans deux cas mortels, rapports par Cr. Browne, on a trouv dans l'un une hyperhmie veineuse
de quelques circonvolutions.
pie-mre et l'atrophie dans un cas de dmence aigu, succdant une fivre rcurrente, un gonflement trouble des cellules ganglionnaires de l'corce crbrale. Le diagnostic juste de ces tats, qu'autrefois on a souvent confondus avec la mlancolie attonita et mme avec l'idiotie, est d'une grande importance. Il est impossible de les prendre pour des cas d'idiotie quand on tient compte de l'anamnse. Ils se distinguent de la dmence primaire et progressive, par leur dbut brusque, par les troubles moteurs qui se manifestent comme expression de la maladie crbrale grave qui est leur base (apoplexie, athrome, etc.), ainsi que par la diffrence d'ge des malades. Des dilicults de diagnostic peuvent exister pour les cas primaires de
pie-mre, dans l'autre
la
un dme avanc de
Emminghaus
trouv
404
sclrose crbrale en foyers multiples ou diffuse, cas qui atteignent galele dveloppement lent de la maladie, la prsence de la paralysie psychique avec la conservation simultane et d'assez longue dure des fonctions motives et surtout thiques suprieures, la faiblesse irritable du moral, l'abondance des troubles moteurs, spcialement spinaux (ataxie, tremblement intentionnel, rigidit des muscles, augmentation norme des rflexes profonds, etc.), les troubles du langage, le nystagmus, etc., aideront clairer le diagnostic. Ce n'est que par l'observation de la marche de la maladie qu'on peut arriver distinguer la stupidit comme psychonvrose et la dmence primaire progressive cause par la sclrose diffuse. En prsence de la mlancolie avec stupeur, voici ce dont il faut tenir
jeunesse.
compte pour le diagnostic diffrentiel. Dans la stupidit, le dbut est gnralement brusque
lie
;
dans
la
mlanco-
avec stupeur, le dbut est progressif, se dveloppe aprs la mlancolie ordinaire dans la premire il y a absence d'impression sur le moral, dans la seconde il y a un tat excessivement douloureux de la conscience l
;
mine
l baisse
profonde de
l'activit des centres de la volont et pour cette raison attitude relche, tonus musculaire abaiss, absence de manifestations de la volont, manque de rsistance passive contre les interventions venant du dehors; par contre, dans la mlancolie avec stupeur, il y a un tat de tension particulire des muscles qui augmente normment chaque intervention provenant du dehors dans la stupidit il y a accidentellement des tats d'excitation psycho-automatique, tandis qu'ici il y a souvent des accs rflexes brusques,
;
qui surmontent l'entrave psycho-motrice et la tension et peuvent mener des actes de violence contre l'entourage ou sa propre personne l anesthsie de perception, ici la sensibilit est conserve et se manifeste nettement par une accentuation de la ttanie, par des froncements des rides, etc., occasionnellement il y a des excitations sensitives; l la conscience est supprime avec amnsie pour le temps de la maladie, ici la conscience est proccupe exclusivement par des reprsentations douloureuses avec sou;
l incapacit de prendre spontanment des aliments, incapacit rsultant de la faiblesse de perception ici refus positif de nourriture par suite d'illusions, de dgot et par consquent perte considrable du poids du corps l le froid, la cyanose, l'dme, apparaissent trs tt ici ces phnomnes ne se produisent que dans les stades ultrieurs l ordinairement grande malpropret ici gnralement propret et rtention des excrments par suite de Tinnervation augmente des sphincters; l convalescence lente; ici gurison parfois subite. La thrapeutique de ces tats doit chercher rtablir le fonctionnement de Tcorce crbrale trs abaiss par le trouble de la nutrition et elle doit employer dans ce but le bon air, une nourriture substantielle, le vin, la bire, le repos, les stimulants de la respiration, et viter les pertes caloriques inutiles. Le repos au lit est pour ainsi dire indispensable l'apoge
; ;
;
PSYCIIONEYROSES
de
la
405
maladie. La surveillance contre l'onanisme, assez frquent dans ce Le fer, l'arsenic, la noixvomique et les prparations de
foie de morue, les prparations de malt, trouvent ici La stimulation rflexe de l'innervation vasculaire par des frictions humides, mais pas trop froides de la peau, peuvent produire des effets utiles. Le massage lectrique aussi (faradisation gnrale) mrite attention comme tonique et comme moyen d'intervention pour stimuler la
quinquina, l'huile de
leurs indications.
mutation intraorganique et la respiration. Cr. Browne vante les effets de la galvanisation centrale (o 20 lments). Le mnagement du malade qui se fatigue facilement dans la convalescence, le dosage minutieux des travaux physiques et intellectuels sont aussi envisager dans ce traitement.
Observation XXII. Stupidit par suite de causes physiques
a t
et
affaiblissantes.
F..., vingt ans, ouvrier forgeron, autrefois trs laborieux, trs rang et intelligent,
amen le 25 fvrier 1881 par son patron la clinique psychiatrique. Le malade est d'une famille sans tare, n"a jamais t malade autrefois, a dans sa dernire place du mois de juillet jusqu' Nol de 1880, la grande
tion de son patron; a t toujours gai et content.
travaill
satisfacil
partir de ce
moment,
est
devenu trange. Il se renfermait la nuit dans sa chambre, sortait le matin difficilement du lit, avait toujours sommeil, billait beaucoup, devenait taciturne, ngligent dans son travail, restait debout, les yeux fixes et comme dans un rve. Dans les dernires semaines, il tait devenu chiche de paroles, mangeait de moins en moins et de plus en plus lentement, prfrait tout rester dans sa chambre, couch sur son lit, oubliait son service et de manger, tait devenu finalement tout fait passif, ne ragissait que lentement quand on l'appelait haute voix; c'est avec beaucoup de peine qu'on tira de lui la dclaration que quelque chose lui clochait dans la tte. Le malade arrive la clinique tout stupide et sans raction. Il se laisse mettre au lit, ne parait rien percevoir, se laisse introduire des aliments sans opposer aucune rsistance, ne parle pas et a une existence purement vgtative. Ce n'est qu'au bout de quelques jours et sur une insistance rpte qu'il donne voix basse et souvent hsitante quelques renseignements sur sa personne. On ne peut rien savoir de lui sur son dernier sjour, ni sur ce qui se passe en lui. Le malade est un garon fluet, de taille trs lance (1"",80), de constitution dlicate; nutrition trs abaisse, trs anmique. L'il a une expression nvropathique, vague. Le crne est de conformation normale (priphrie 0^,55); les traits
:
de
la figure
sont dlicats et plutt fminins. Les parties gnitales sont bien dve-
loppes. Le bassin se rapproche du type fminin (la distance des pines iliaques
regard
et
mine
fats,
pupilles
gales,
un peu
Le turgor vitalis manque, les extrmits sont froides, cyanophosphates terreux en quantit. La peau est sche, rigide et cailleuse. Le pouls est mou, retard, monocrote, facilement compressible. La sensibilit des tguments cutans est trs abaisse; ce n'est qu'aprs avoir t fortement frott avec le pinceau faradique que le malade fait une grimace douloureuse. Les membres sont lches, le tonus musculaire abaiss, la respiration superficielle. Le pouls est en moyenne 80; hors du lit, il monte au-dessus de 100; temprature 36 36,4. Traitement repos au lit, bonne nourriture, vin, fer. Le poids du corps tait, lors de l'entre l'asile, de 57 kg. 3. Le malade reste stupide avec absence de raction jusqu' la fin du mois de mars.
tiques. L'urine contient des
:
:
406
partir de ce
se
moment
se
la vie
intellectuelle.
La mine
ranime. Le malade sourit parfois. En le questionnant avec insistance, on apprend qu'il va mieux. Il devient propre, commence excuter les mouvements qu'on lui commande, d'abord lentement, souvent avec hsitation, comme s'il devait
telle
ou
telle
la nourriture
pour
satisfaire ses
La nutrition et la circulation se relvent lentement. Hors du lit, le malade prsente immdiatement des phnomnes de faiblesse cardiaque, avec extrmits glaces et
cyanotiques.
Au commencement du mois
devient vigoureuse,
le
de mai,
le
mits disparat, la peau devient chaude et humide, les joues rougissent, le poids du corps monte considrablement. Le malade devient plus libre au point de vue moteur,
fait
les
cartes.
facile.
Il
travaill,
y a des journes, surtout quand il est rest trop longtemps hors du lit et a o il redevient un peu ahuri, paresseux; mais en somme il gagne de
semaine en semaine des forces physiques et intellectuelles. Le 10 juin, il est renvoy compltement guri. En quittant l'asile, le poids de son corps tait de 63 kg 5. Le status retrospectivus a fourni les donnes suivantes depuis la fte de Nol 1880, il tait devenu las, ahuri, oublieux; il s'est senti faible sur ses membres et prouvait parfois de l'angoisse dans la rgion du cur. Finalement, il est devenu tout abruti et tout dsorient. De ce qui s'est pass ensuite, il n'a qu'un souvenir som:
le dlire et les
hallucinations n'ont
pu
tre dcels,
ne ressortent pas non plus de l'examen. Depuis Pques, il s'est senti plus dgag de la tte et s"est remis penser. Le malade attribue sa maladie au travail fatigant de forgeron, sa nourriture frugale et ses excs de masturbation; ajoutons en plus sa constitution nvropathique et la croissance rapide de sa taille dans ces dernires annes les manches de son veston, qu'il avait achet il y a deux ans, lui taient devenues trop courtes d'au moins 0^,06. La gurison s'est maintenue.
:
II.
vers
Ce groupe clinico-tiologique se lie au prcdent et forme la transition le groupe suivant. L'lment causal est une motion, ordinairement la terreur l'lment patliognique est probablement un trouble vasomoteur (crampe vasculaire) provoqu par le choc motif. Il y a toujours une prdisposition et celle-ci est encore plus dcisive ici que dans les cas du groupe prcdent. Quand la prdisposition est forte (cerveau tar, ordinairement neurasthnique ou puis autrement, hystrie, etc.) le choc psychique peut supprimer immdiatement l'intgrit des fonctions intel;
lectuelles.
Il
y a des maladies analogues, fonctionnellement mais limites telles et les monoplgies hystriques.
:
PSYCHONEVROSES
407
L'explosion de la maladie est toujours brusque. Elle dbute immdiatement par la stupeur, ou bien elle se dveloppe aprs un tat d'motion pathologique ou de confusion anxieuse qui dure des heures et mme des jours et qui se manifeste avec ou sans dlire et hallucinations. Il y a des cas lgers de simple confusion ou de torpeur intellectuelle et il y a des cas graves d'obnubilation intellectuelle profonde allant jusqu' la stupeur. Ces derniers sont caractriss par un pouls spasmodique qui alterne souvent avec des tats diamtralement diffrents de paralysie vasculaire (puis fluxion violente, et mme augmentation de la temprature allant jusqu' 39 et plus, inquitude anxieuse avec dlires vagues ou stupeur
profonde comme expression probable des phnomnes de transsudation j. Les cas lgers disparaissent d'ordinaire au bout de quelques semaines. Les cas graves, et il faut ranger dans cette catgorie tous ceux o la participation des vaso-moteurs est prononce et o la stupeur prdomine, peuvent se terminer au bout de plusieurs mois aprs des rmissions et des exacerbations, mais ils peuvent aussi, sous forme de phnomnes de paralysie vasculaire durable, passer l'tat d'imbcillit apathique. En face des cas de simple stupidit par puisement il faut encore noter, au point de vue du diagnostic, que souvent le phnomne qui a provoqu l'motion primitive provoque parfois, au cours de la maladie, des rminiscences, mais sous forme dlirante.
Observation XXIII.
le 15
juin 1887 la clinique psychiatrique. Les parents, dit-on, auraient t sains une sur est devenue pileptique la pubert et sans qu'on en sache la cause. Le malade tait bien dou, travailleur, rang dans sa vie et de cur tendre et sensible.
Il
il
profuses
il
il
eut,
dans son
Le 12 juin
il
Il
rentra chez lui boulevers, parla peu, se mit rvasser, alla pour se ragaillardir il but environ 3 4 litres de vin, eut de nouveau une scne irritante,
la nuit
du
12
au
13, sans
Le
13
il
alla
encore son atelier, mais on dut le ramener chez lui. Il tait ple et ne parlait pas.
le
lui,
car
il
regardait
La nuit d'avant
la nuit
14 se passa sans
il
sommeil,
et le
malade
prtre.
;
Dans
il
du 14 au
le
15
est
il
devint anxieux et
fivre,
le
demanda un
et les lieux.
Reu
15,
il
ple, sans
est
sur
temps
Il
rpond brivement et voix basse et hsitante. L'attitude est relche, fatigue, les yeux carquills, le regard fixe, les pupilles larges, ragissant avec paresse. Le pouls respiration superficielle, acclre. Le malade est de taille moyenne, trs a 72 amaigri; rien constater du ct des organes vgtatifs. Circonfrence du crne: 54. Rhombocphalie (diamtre diagonal, droite 12, gauche 13). Bosse frontale
;
il
muet,
et
il
a perdu
y a absence
408
il est anxieux. Le sommeil manque au dbut, mais se produit plus tard sous l'influence de la paraldhyde. Le 23, le malade se ranime au point de vue intellectuel, sa mine est plus vive, sa voix plus forte. Il nous raconte que le 13, aprs avoir eu une violente contrarit, il est devenu tout confus. Depuis deux jours, il se sent mieux de la tte. Il n'a qu'un souvenir sommaire de la priode de sa maladie qu'il value deux jours de folie. Le 30, aprs une rhinorrhe profuse, le malade se dgage de nouveau au point de vue psychique et mimique. 11 raconte qu'il tait dans une confusion anxieuse, qu'il ne se connaissait plus, qu'il ne pouvait pas avoir une pense. Le monde extrieur lui paraissait tout fait chang et incomprhensible. Il avait mal la tte et du Vertige.
ne
se rappelle
Il
est
renvoy guri
le 10 juillet
1887.
III.
rapprochent parfois et profonde torpeur intellectuelle pouvant aller jusqu' la disparition de la conscience de la personnalit, tats qu'on pourrait dsigner comme des psychoses dues la commotion traumatique et qu'on pourrait interprter comme la forme secondaire de la commotion de l'organe psychique aprs le rtablissement de la fonction des centres subcorticaux et automatiques. Ces tats de l'corce crbrale qui pourraient tre compars la stupeur par blessure sont probablement occasionns par un trouble des conditions molculaires produites par le trauma. Fonctionnellement on peut les considrer comme des processus d'entrave dans l'organe psychique, de mme qu'en gnil
commotion des
tats de
ral
la commotion crbrale apparat daprs l'observation scientifique moderne comme une nvrose d'arrt du cerveau. Des conditions ana-
-.
La stupidit dans ces cas traumatiques parat reprsenter l'ensemble des processus d'entrave dans les divers territoires et centres de l'corce crbrale du moins dans les cas classiques on observe une variation d'intensit dans les lacunes fonctionnelles des divers centres et une variabilit dans l'poque laquelle les fonctions de ces centres se raniment. Le pro;
Observation XXIV.
Gratz.
Il
Le 10 juin 1887, a
t reu
Hubmann,
valet
de ferme,
de chirurgie de l'hpital de
son
semble ne pas comprendre les questions, ne rien saisir, donne comme systme celui de Franz Mehlmauer pouls 64 n'a pas de fivre vgtatif tout fait normal. La joue gauche est sigille, l'oreille droite est remplie de caillots de sang, la membrane tympanique est intacte. Le malade titube en marchant comme un homme ivre et garde un calme stupide. Temprature 36,8 37,4.
nom
'
Wille, Arch.
'f.
Psych., VIII, p.
619.
Hartmann,
XV.
Kahlbaum
Cataionie
de Meding. {Sieben-
PSYCHONEVROSES
Dans
la nuit
409
;
du
14,
il
se lve, court
on
le
retrouve
son
lit.
Le crne est normal, sans traces de trauma, insensible la percussion. Pas de vomissements. La temprature est de 38,4 le IS au matin, 38,2 le soir, 37,4 le 16 et. partir de ce moment, normale. La sensibilit la douleur est intacte, mais le malade fait des mouvements de dfense mal appropris aux circonstances. Le rflexe
pupilles sont de largeur moyenne, gales, et ragissent bien. malade dort presque sans cesse et on est oblig de l'inviter tout faire, mme les actes les plus indispensables. Absence de toute spontanit, mais les conceptions de mouvement sont peu prs intactes. Le malade n'a aucune ide du monde extrieur. Si l'on vise avec une aiguille son il, il ne fait pas le mouvement palpbral protecteur. A l'attouchement du globe oculaire il y a rflexe palpbral.
patellaire
manque. Les
Le
16, le
malade est un peu plus dgag, montre des traces d'attention et de dmarche est plus sre. 11 commence parler. Il est ataxo-aphasique. Il dsigne un florin d'argent par le terme de losel . Il comprend une question faite sur sa sant. Cela ne va pas trop mal; il a fait une chute, il y a trois ans. Il saisit avec intrt les objets, mais il n'en connat pas la signification; il a de la surdit des mots et de la ccit psychique. Le rflexe patellaire dont l'absence constituait jusque-l un phnomne partiel du processus de l'entrave gnrale du cerveau, se manifeste aujourd'hui avec promptitude, s'accentue un peu les jours suivants pour revenir ensuite au degr normal. Le 21, otorrhe de l'oreille droite les centres optiques et acoustiques se remettent fonctionner. Le malade est encore aphasique. Par le dossier du parquet qui vient d'tre transmis, on apprend que le 6 juin 1887 le malade a reu d'un autre valet de ferme un coup de bche de bois sur la tte, qu'il s'est affaiss immdiatement sans connaissance et que le sang lui est sorti de l'oreille droite. Plus tard il se mit rendre la nourriture et vomir aussi des glaires sanglantes. Une ecchymose considrable s'est produite sur la tempe gauche. Le mdecin qu'on amena trouva le malade dans le coma, le pouls 80 ou 84, la temprature normale, le coin de la bouche tir gauche. Le 8 juin, le malade a t examin par les mdecins lgistes. Ils l'ont trouv sans
Le
17, le
spontanit. Sa
connaissance
et
le
il
malade devient vue d'oeil de plus en plus valide psychiquement reconnat l'heure indique sur une montre, devient plus dgag au point de vue du langage, parait en outre moins ataxo-aphasique, mais reste toujours dsoriente
Le 24 juin,
et confus.
Le
rien
26,
il
dans sa chronologie au 4 ou
"6
juin, ne sait
du coup
la tte.
Il
comprend
par leur
nom
(amnsie aphasique).
mais est souvent incapable de les dsigner ne peut non plus se souvenir des vnements entre autres d'une dmonstration clinique.
Il
penser se dgage de plus en plus, mais est toujours ralentie et Comme auparavant, il a toujours de l'amnsie pour l'poque du trauma et de la maladie.
Le
28, la facult de
410
Le
de s'orienter sur
les
le
temps
et
lui
revient, le
Dans
que
ture
la
le status
retrospectivus
il
du
14 juillet, le
avoir t frapp,
perditconnaissance.Cen'estquelelO,pendantsontransfertGratz,
lui revint juste assez
il
connaissance
village,
pour s'apercevoir
en voi-
ne reconnut ni sa sur ni un garon de ferme, son camarade, qui l'accompagnaient. A partir de ce moment il n'eut de nouveau connaissance de qu'il a eu contirien. De cette poque jusqu'au 23 juin, il ne peut dire que ceci
un
mais
nuellement du vertige, qu'il a eu sommeil et qu'il prouvait des douleurs la tte quand il se couchait sur le flanc droit. Le 22 juin, il s'est aperu tout d'un coup qu'on avait pos devant lui de la nourriture et qu'il se trouvait au lit. Le 23 et le 24 il a demand son entourage o il se
trouvait et qu'est-ce qui s'tait pass.
incidents.
Un examen
et
Peu peu il s'est rappel lui-mme tous les une observation minutieux permettent de constater qu'il
;
le
malade
est
donc renvoy
comme
guri
le
20 juillet.
CHAPITRE
IV
FOLIE HALLUCINATOIRE
Les formes de folie que nous allons dcrire ont essentiellement la mme base que la forme clinique de la stupidit que nous venons d'analyser dans le chapitre III, c'est--dire qu'ils reposent sur l'puisement fonctionnel,
sur l'asthnie du systme nerveux (psychonvroses asthniques). Il n'y a que cette diffrence que l'puisement crbral ne va pas ou va seulement pisodiquement jusqu' la suppression complte des processus
psychiques
lieu essentiellement
le cerveau puis, les processus d'excitation ont dans les centres sensitifs et accidentellement aussi dans les rgions psycho-motrices de l'corce crbrale. La description que nous allons donner ici fait rentrer dans le cadre des maladies dsignes par Meynert sous le nom de folie hallucinatoire, les psychoses par puisement fonctionnel qui se rapportent aux phnomnes psychiques suprieurs, la formation des conclusions et des jugements, et dont les symptmes principaux sont des hallucinations et des dlires qui rsultent pour la plupart de ces dernires, accompagns d'anomalies dans l'tat d"esprit et de phnomnes de raction. Les modes d'origine de cette maladie dlirante sont essentiellement les mmes que ceux des dlires d'inanition et fbriles, c'est--dire dus des troubles de nutrition dans l'corce crbrale en effet, ces formes de folie apparaissent souvent aprs les maladies fbriles, comme psychoses postfbriles. La transition de ces dlires, pour la plupart passagers et qui
et
que, dans
constituent des
fbriles,
aux
psychoses asthniques, postfbriles et secondaires, sont imperceptibles. Quand l'tat dlirant est indpendant de la maladie somatique causale,
quand
'
il
lui survit
ou
se
la
convalescence,
Lillratiire
Wochenschr., 1880, n 33. Tiling, Psychiat. CentralRipping, Die Geisfestorungen, etc., 1877, p. 49. Mendel, Die Manie, 1882, p. 5o. Meynert, /rt/;r6. f. Psych., 1881, t. II, fasc. 2 et 3, formes aigus de la folie. Kraepelin, Einfliiss acuLer Krankheilen ai/f die Eiilsle/utnr/ von Geisteskranhheilen, 1881 {Arch. f. Psych., XI et XII). Merklin, Sft/die iiber die primre Verrcktheit, Dorpat, 1879, p. 65. VVille, Arch. f- Psych., XIX, fasc. 2.
Westphal,
Allfi. Zeitschr.
f.
412
il
apparat
comme un
tat
autonome
marche
et
dveloppement de ses symptmes. La cause qui rend ce type morbide autonome rside probablement dans les prdispositions particulires du cerveau atteint de troubles gnraux
le
de la nutrition (fivre, processus d'inanition Ces prdispositions consistent dans le fait que le cerveau de l'individa malade est extraordinairement facile puiser et capable de trs peu de rsistance. Cette faiblesse irritable peut avoir pour cause spciale une constitution nvropathique souvent hrditaire, souvent avec stigmates palpables d'hydrocphalie rachitique (Meynerti; ou bien elle peut tre acquise par le surmenage intellectuel et physique, par des excs alcooliques et sexuels, par les mauvaises conditions d'existence, par les maladies chroniques qui atteignent la nutrition gnrale (par exemple, affections gastriques, anmies, suppurations), par les couches frquentes, la lactai.
tion, etc.
sur un tel terrain, des causes accidentelles telles par les accouchements, les hmorragies, les processus fbriles et autres affections aigus de l'organisme, provoquent des troubles de nutrition dans l'corce crbrale, troubles qui ne disparaissent pas tout de suite, mais qui, au contraire, occasionnent fatalement des troubles durables et profonds des fonctions psychiques. Dans cette catgorie rentrent une grande partie des psychoses dites postfbriles ou psychoses qui se produisent la suite des maladies aigus dbilitantes. Parmi celles-ci il faut citer notamment les cas de folie (hallucinatoire) qui se dveloppent dans la cachexie intermittente et peuvent durer pendant des annes, puis le dlire hallucinatoire secondaire avec confusion qui se produit dans la troisime ou sixime semaine du rhumatisme articulaire aigu. Il faut ajouter les folies postfbriles la suite de pneumonie, frquentes surtout chez les potatores, enfin les psychoses nombreuses de la convalescence du typhus. Ces tats d'inanition ne sont pas rares dans les prisons (certains cas de folie des prisons). A cette catgorie appartiennent aussi un grand nombre de psychoses puerprales qu'on classe souvent dans le groupe des manies
On comprend que
celles produites
que
(Fiirstner
folie hallucinatoire).
Au
le
point de vue purement symptomatologique on devrait y ranger aussi dlire de perscution alcoolique spcifique, puis les dlires pileptiques
et les dlires
Il
hystriques secondaires
et leurs
quivalents.
pisodiques ne sont pas trs rares non plus ni dans la paranoa ni dans les mlancolies et les manies qui se dveloppent et voluent sur le terrain d'un cerveau puis; car l'insomnie, le refus de nourriture, la dpense excessive des forces vitales sans compensation
est vident
que
les folies
prdominance des hallucinations s'intercalent et effacent le tableau mlancolique, maniaque et paranoque, qui ne rapparat comme forme originaire de la maladie que lorsqu'il se produit une amlioration de l'tat
constitutionnal.
PSYGHONEVROSES
41
Les maladies que nous appelons ici folie correspondent en grande partie que d'autres auteurs ont dcrites sous le nom de dmence primaire aigu (Westphal), de confusion hallucinatoire, manie hallucinatoire (Mendel), de delusional stupor (Newington). Le stade d'incubation de la folie est court et dpasse rarement quelques heures et surtout quelques jours, quand des phnomnes d'puisement
celles
nerveux ou de faiblesse irritable l'ont prcd depuis longtemps. L'insomnie ou un sommeil peu rparateur, accompagns de rves terrifiants et de soubresauts frquents, l'agitation nerveuse, l'irritation, l'oppression anxieuse, le mal de tte, les vertiges, la dpression, la difficult et la confusion dans la marche des conceptions, les hallucinations isoles, tels sont les phnomnes presque constants du tableau morbide en voie de dveloppement. L'ascension se fait rapidement et est accompagne par des dlires des sens qui s'accumulent. Le symptme principal, l'apoge de la maladie,
est constitu par
notamment dans
des hallucinations et des illusions. Elles intressent, d'abord la vue, puis l'oue, le toucher, l'odorat, la gustation. Souvent elles se manifestent dans toutes les rgions
les cas aigus,
la
sensorielles et en
de
nombre tel que bientt une obnubilation considrable conscience se produit. Les malades sont confus, et tout fait dsorients sur leur situation.
Dans les cas aigus avec agitation il se produit des changements continuels et varis dans les hallucinations et les illusions. Dans les cas qui
prennent plutt une marche chronique, les hallucinations ne sont pas aussi nombreuses ni aussi pisodiques que dans les cas aigus, de sorte que des dlires d'une certaine dure et d'une certaine cohsion peuvent se
dvelopper.
La nature des dlires est multiple et variable. Il y a des dlires de perscution, d'empoisonnement, de culpabilit, des dlires hypocondriaques, erotiques, religieux avec ides de grandeurs qui, dans leur objet, sont
analogues ceux des paranoques, mais ne sont pas systmatiques. Ils se rattachent presque exclusivement des hallucinations, ou bien ce sont des dlires primordiaux. Ce n'est qu'accidentellement qu'ils reprsentent des interprtations allgoriques de sensations relles.
Le malade, suivant le sujet qui occupe momentanment sa conscience obnubile, est absorb, anxieux, irrit, contrari, heureux, tonna, dlirant; il se prend aussi passagrement pour un possd, pour un saint, un
dieu,
une
passagrement aussi il donne une conclusion mais il n'arrive point chafauder un systme monomaniaque, ni transformer d'une manire durable sa personnalit dans le sens des dlires.
etc.
;
un empereur,
Dans
les cas
l'tat
d'puisement
est
pisodiquement
des grandeurs semble prdominer. Dans d'autres cas, le dlire roule presque exclusivement sur des situations terrifiantes. Mais diffrencier la maladie selon le sujet du dlire, nous parat ici inutile
et
plus profond,
inopportun.
414
autre fait clinique trs important, c'est l'obnubilation de l'intelli^ence du malade, sa dsorientation en ce qui concerne le temps et les lieux. Ce fait explique la confusion de ses paroles et de ses actes.
Un
Cette confusion peut se ramener essentiellement aux deux sries de symptmes fondamentaux du tableau morbide la faiblesse fonctionnelle
:
de
la
pense
et
sens.
Le premier trouble parat particulirement grave par ses consquences en ce qui concerne la perception et les processus de formation des conclusions et des jugements. La perception du cerveau puis peut, d'une part, tre simplement affaiblie, dbilite, et aller jusqu' la ccit et la surdit psychique; d'autre part, elle est trouble, parce que l'attention du malade
est absorbe par des
et trs varis.
phnomnes
Comme
la
monde
ext-
rieur n'est pas impossible et que souvent elle ne se manifeste dans la cons-
comme, en
outre, des
phnomnes purement
subjectifs
conscience ct des phnomnes objectifs exacts en existent dans partie, il se produit fatalement cette confusion et cette dsorientation qui sont pour ainsi dire la caractristique de ces tats morbides.
A ct des troubles de la perception il y a encore d'autres troubles importants dans la marche des conceptions l'intrusion continuelle des dlires et des hallucinations dans la marche des ides qui par hasard ont pu se dvelopper d'une faon logique, ce qui fait que le fil des ides
:
est
fait
et qu'il se fait
htrognes
d'assonance.
associe souvent des conceptions tout fait qui n'ont qu'une similitude superficielle d'homonymie ou
A tout cela s'ajoute encore la grande baisse de la facult de de juger, suite de la faiblesse fonctionnelle du cerveau. Voil ce qui explique aussi ce fait important que l'abondance des dlires et des hallucinations ne peut trouver une utilisation ni une liaison logique pour former des ides dlirantes systmatiques. Le trouble de l'intelligence du malade hallucin et confus n'est pas cependant aussi profond que chez le stupide, et voil ce qui fait probableconclure
et
ment que,
fidle
il a une mmoire assez, vnements dlirants de sa maladie, et que, dans les priodes de dtente, quand une perception juste lui revient et que temporairement il est capable de conclure, il a une comprhension juste de son tat, se dclare fou, somnambule, etc., parle d'alination mentale, d'asile ou du moins prtend tre envot, ensorcel, hypnotis. Les tats d'esprit et les motions qui ressortent souvent trs vivement dansle tableau morbide sont tous des phnomnes de raction contre les faits primaires de l'hallucination et du dlire. Mais ils sont trs passagers et variables, tant donn les variations rapides du sujet des hallucinations.
pour tous
Comme
PSYCIIONVROSES
413
On ne peut gure
il
De mme que les motions, les ment des phnomnes purement ractifs. Les
d'empoisonnement avec halactes des malades sont galeactes sont aussi violents et
incohrents que les dlires qui les motivent; tant donn la confusion des malades, ils sont comme ceux du dlire en gnral, souvent sans aucun
but
L'volution de la maladie se
fait
sions et des exacerbations. Les premires sont souvent tout fait inatten-
dues et arrivent jusqu' une lucidit relative. Les dernires sont souvent eu corrlation avec de nouvelles causes dbilitantes, telles que l'insomnie constante, le refus de nourriture. Les processus de la menstruation provoquent presque rgulirement des exacerbations, mme quand l'hmorragie menstruelle ne se produit pas et que la perte de sang n'existe pas
comme
Dans
cause dbilitante.
les
une anomalie d'humeur qurulante ou irascible. Dans les cas graves on observe, comme tats pisodiques, des tats de stupeur qui peuvent durer des semaines entires, ainsi que des tats maniaques dont la dure varie entre quelques heures et une journe. Ces derniers peuvent se rapprocher du tableau des manies graves de l'excitation
tions, dlires), le tableau de l'puisement crbral apparat avec
crbrale, mais
il
leur
manque
le flot
interprter
ils
comme
marchent ordinairement de pair avec la verbigration, les mouvements automatiques forme convulsive (siffler, grimacer, etc. Accidentellement des crampes toniques et cloniques, des tats cataleptiques ou
).
416
dure
les cas
puerpraux sont
moyenne.
Les terminaisons de ces tats vsaniques sont: la gurison, la transition tats de dbilit intellectuelle ingurissable, et la mort. Le pronostic est assez favorable. Il y eut gurison dans 70 p. 100 des cas que j'ai traits. Gomme prcurseurs de la gurison apparaissent les tats d'puisement cj[ui surviennent la priode d'excitation dlirante et qui sont souvent
aux
accompagns d'une anomalie d'humeur irritable dans les cas graves, une stupeur par puisement peut constituer la transition vers la gurison. Meynert a vu aussi la maladie disparatre la suite d tats maniaques. Il suppose que la manie, base sur une hyperlimie fonctionnelle, peut devenir un moyen pour restaurer le cerveau puis (par anmie) et troubl par les hallucinations en y amenant un afflux de sang artriel. La terminaison par la dbilit intellectuelle incurable se produit quand le cerveau puis ne se rtablit pas au point de vue de la nutrition, et qu'il subit des mtamorphoses rgressives aboutissant l'atrophie de l'corce crbrale. Il se produit alors des lacunes permanentes dans les
;
travaux psychiques, le cerveau devient de plus en plus incapable de perception juste et de former des jugements et des conclusions, bien que les dlires et les hallucinations deviennent de plus en plus rares et plissent.
Les ractions de l'tat d'esprit et des actes deviendront alors aussi de plus en plus faibles et se fragmenteront. Ainsi, il se forme peu peu un tat permanent de confusion gnrale.
Je n'ai jamais observ de cas de transition la paranoa systmatique. Gela n'est gure imaginable, mme en thorie, car, lapoge de la maladie, le
cerveau puis ne se rtablit jamais au point de pouvoir donner une liaison logique aux dlires, et faire usage de ces derniers d'autre part, quand la maladie prend une allure favorable, les dlires sont promptement corrigs et les hallucinations relgues au second plan. Aussi l'explication des phnomnes pathologiques dans le sens d"une paranoa aigu n'est pas admissible. Il s'agit ici de processus tout fait diffrents au point de vue
;
pathognique. clinique
et pronostics, processus,
dsi-
Le dnouement fatal est possible, par suite de l'puisement progressif et par suite des tats d'inanition fmale qui revtent les allures d'un delirium acutum, ensuite par des pneumonies, notamment par la phtisie pulmonaire, par suite de l'abaissement de la nutrition et de l'insuffisance de la
respiration.
tiel
Ces tats vsaniques peuvent oft'rir des difficults de diagnostic diffrenavec la manie, la mlancolie et les dlires pisodiques aigus de la
paranoa.
Pour la manie, il y a sur la base d'un profond puisement crbral des phnomnes morbides qui videmment se rapprochent de trs prs de la vsanie, tant donn que des hallucinations nombreuses et le dlire d'inanition peuvent faire leur apparition et dominer toute la scne d'autre part, dans la vsanie, riuquitude motrice souvent trs vive comme raction aux
;
PSYCHONEVROSES
dlires des sens, ainsi
417
complications par des phnomnes d'excitamaniaques qui, en outre, peuvent se produire pisodiquement comme complication (par exemple comme manie menstruelle), ensuite comme stade de passage la gurison. Pour le premier point, il convient de faire remarquer que les phnomnes d'impulsion motrice et la vritable fuite des ides manquent dans le
que
les
tableau de la vsanie, que les anomalies dans l'tat d'esprit et les mouvements reprsentent essentiellement des phnomnes de raction et que l'action motrice est mise excution, non pas comme un mouvement automatique, mais comme une impulsion provoque par le dlire et les
hallucinations.
La manie pisodique ou finale sera reconnue par l'observation minuLa vsanie peut aussi faire croire qu'on se trouve en prsence d'une mlancolie active, si l'on prend pour cette dernire la raction anxieuse provoque par les dlires et les hallucinations terrifiantes. Ici encore le diagnostic sera donn par l'observation de la maladie et par cette circonstance que l'agitation mlancolique n'est qu'nue exacerbation pisodique du tableau morbide de la mlancolie si nettement caractris par l'entrave et la douleur psychiques. La vsanie se distingue aussi de la paranoa par un symptme radicalement dcisif c'est que, dans la premire, quelque longue qu'en soit la dure, les dlires ne sont jamais runis en systme ni chafauds par suite d'une association logique, pour former un difice dlirant. Il faut convenir que, par-ci par-l, notamment dans les priodes de rmission et dans les cas qui prennent une allure chronique, le vsanique aussi tire certaines conclusions de son dlire et de ses hallucinations et que, chez lui aussi, des sries de conceptions dlirantes peuvent se mettre en rapport entre elles, mais tout cela arrive par hasard, pisodiquement, jamais d'aprs une rgle et d'une manire durable, comme c'est le cas dans la paranoa. Cette vsanie manque toujours de mthode. Les dlires restent des images mentales sans cohsion c'est un dlire purement hallucinatoire. Ajoutons encore le trouble considrable de la conscience, des processus de formation des conceptions, les transformations varies des dlires. Ce qui est encore dcisif pour le diagnostic, c'est le mode de dveloppement dans la vsanie, la marche est tumultueuse; dans la paranoa, il y a un stade d'incubation, des pressentiments, des craintes, qui durent pendant des mois et mme des annes. Seuls, les tats de confusion hallucinatoire dlirante qui se produisent frquemment peuvent prsenter des difficults et faire confondre la maladie avec le tableau clinique de la vsanie. La connaissance et l'apprciation de l'volution totale serviront dans ce casa lucider
tieuse de toute l'volution de la maladie.
:
;
la situation.
Au point de vue thrapeutique, il faut, dans la vsanie, considrer en premire ligne la base asthnique de la maladie, base qui ressort nettement de l'tiologie et du tableau clinique. A cette condition seulement, on pourra avoir un pronostic favorable. Celui qui saigne le malade, le purge, le nourrit mal, l'abandonne lui-mme, l'afflige d'onguents vsicants et
PSYCHIATRIE.
27
418
d'autres
rsultats satisfaisants
enregistrer.
Au
de l'asthnie et en la combattant
Quand
soins et la
lit,
pendant les maladies fbriles et puerprales. faut mettre en premire ligne les bons bonne alimentation. Les malades doivent tre tenus en repos, au
maladie a
clat,
il
et on doit les faire respirer de l'air frais. Une nourriture carne abondante, du lait, des ufs, du vin, s'imposent par suite de l'indication causale et symptomatique. Dans un cas grave, compliqu d'alimentation insuffisante, j'ai obtenu un succs trs net avec les lavements de pancratine, systme Leube. Il faut tenir compte de Talbuminurie, des hmorragies menstruelles, et il faut
combattre. L'insomnie, souvent tenace et trs dbilitante, sera le mieux combattue par la bire, le vin, les spiritueux, occasionnellement par le chloral, et,
les
quand
la nutrition s'est
serait de combiner avec la quinine, tonique du cerveau, au besoin par le camphre (mthode sous-cutane), en combinaison avec l'opium.
mieux
sont en
mme temps un
Gregodec,
seize ans,
de paysan, bien dou, d'une famille sans tare, bien portant, sauf le typhus l'ge de huit ans, retard un peu dans son dveloppement physique, de constitution dlicate, a t en 1883 agac parce qu'on le raillait d'avoir mis en tat de grossesse une
fille
de treize ans. il souffrit de cette calomnie, devint dprim, sans got au travail, anxieux perdait le sommeil, voyait une femme blanche sans tte, des jeunes gens arms de
Il
;
gourdins
cile
le
le
regarder en
le
menaant par
le
la fentre
il
domi-
monde
prirait dans
un cataclysme
son tat
et
que tout
manger
parfois
il
De temps en temps il se plaignait d'angoisse et de maux de tte. Episodiquement fait remarquer qu' cause de lui tout brlera, tout prira; d'autres fois il profre des menaces en disant qu'il brlera la cervelle tout le monde. Le malade est dlirant, confus, pleurnichard, anxieux, il est dsorient sur le temps et les heux. Il regarde son entourage avec hostilit, prend le lit pour une banquette sur laquelle on veut lui donner la bastonnade, demande grce.
il
facilement congestif,
il
rien cons-
Le
19, a
peu dormi
la nuit, a parl de
carnage coups de
fusil,
command
des
stupeur avec tte rouge, et extrmits froides, cyanotiques. Pendant des heures entires attitude ataleptiforme des muscles. Le 22, la stupeur a disparu. Le malade fait aujourd'hui le salut militaire il prend le mdecin pour l'empereur, exprime le dsir de devenir soldat, rapporte la
soldats.
Aujourd'hui
vu
la sainte Vierge.
PSYCIIONEVROSES
Le
24, agitation
419
:
dure pendant plusieurs heures cris joyeux, chants, aplomb, opinion de lui-mme trs releve. Immdiatement aprs le malade est calme et dsorient il se croit tantt dans la ville deX..., tantt dans un caveau spulcral. Confusion des personnes il voit partout de vieilles connaissances. Par suite du bon sommeil et d'une nourriture abondante, il devient tout l'ait lucide le 2 janvier 1884. II confirme l'anamnse que nous venons de donner et a un souvenir sommaire de sa maladie; il raconte qu'il a vu dans ses hallucinagaie
qui
tions des soldats en foule, des ttes noires et qu'il les a aperus avec
hostile et terrifiant
;
'
d'un incendie
qu'il a
vu autrefois.
le 6
cordonnier, de famille saine, non potator, de tout temps malingre, avec conformation crnienne rachitique, hydrocphalique (circonfrence
:
Il y a quelques jours, aprs avoir quitt l'hpital et repris son ouvrage, il devint confus (le 12 mars 1887), puis dlirant on l'arrta dans la rue o il regardait fixement devant lui comme s'il tait en extase il dclara, lorsqu'on lui demanda ce qu'il faisait, qu'il tait entr dans la vie ternelle. Arrt par la police, il devient anxieux, manifeste une vive crainte d'tre puni parce qu'il a men une mauvaise vie et pch contre la chastet avec des femmes. Le 14 mars 1887, quand il est reu la clinique, il est dlirant, confus, tout fait dsorient il prend le mdecin pour saint Elle, l'implore genoux de le protger contre le tonnerre et l'clair, puisqu'il est un honnte homme. Le malade est ensuite absorb, regarde fixement et avec un aird'ton; ;
;
nement
le
monde
extrieur
il
un interrogatoire.
;
Il
Il
a fait le
vu de devenir martyre, car confesse le prtre femmes il sera rcompens par la vie cleste.
rcite alors des prires, est tout fait en extase,
regardant vers le plafond. La sainte Vierge lui serait apparue plusieurs reprises, il a voulu l'embrasser, mais elle a disparu. Afin qu'elle rapparaisse, il a mordu l'endroit de son genou o
elle s'tait assise
(il
vgtatif.
dans le systme absorb par ses hallucinations il dort peu. On apprend de lui que la sainte Vierge lui apparat constamment. Elle lui a dit que son fils avait t tortur. Le malade pi'end les bandes de couleur rouge qui se trouvent sur
11
Le malade
le
mur de la cellule pour l'endroit o Jsus a t assassin. Le Christ lui apparat aussi et lui chante des cantiques clestes sur le martyre. Le malade est souvent en extase. Episodiquement il parat anxieux. Comme motivation de cet tat, on apprend de lui que quelqu'un lui serait apparu et lui aurait demand son me autrement il ne pourrait entrer au ciel. Il a d signer et ensuite
;
Alors
se sentit
me, ce qui lui fut accord. le malade est l'objet d'une Clinique. 11 se croit dans la maison de Dieu ou au Jugement tudiants pour les aptres, le professeur pour le bon Dieu, se
le prie
de
le
sauver de la prison.
En passant de bonnes
l'intelligence s'claircit
rapidement
420
venir exact de tout ce qui s"est pass pendant sa maladie, dclare que tout tait de
la
pure imagination et trouve la cause de sa maladie psychique dans le fait de remis au travail trop tt, alors qu'il tait encore tout affaibli par la fivre.
s'tre
Renvoy guri
le 14 avril 1887.
Hlne Jasper, trente ans, cliObservation XXVII. Vsanie aigu menstruelle. gravement malade, a eu sa premire menstruation l'ge de quatorze ans, a toujours eu de la migraine lors de ses rgles, n'a jamais t ni hystrique ni neurasthnique avait depuis Tge de vingt-cinq ans des rapports sexuels avec des hommes n'a jamais conu. Il y a trois semaines elle eut une vive motion (son amant l'avait abandonne). Depuis insomnie, manque d'apptit. Le 18 juillet 1883, au moment de ses rgles, elle tomba malade psychiquement.
bataire, enfant naturel, n"a jamais t
;
;
hommes
noirs,
elle
trouvait tout
elle se faisait
amene parla
la
police l'hpital.
elle est
Pendant
sorcires,
menstruation
lui
sent l'odeur des bougies et des cadavres, les morts se lvent et veulent
Il
l'embrasser.
t brise en
la nuit
semble que
ouvert
les prtres
morceaux
lui avait
et qu'elle est
le
qu'on
voudraient l'avoir. Elle croit aussi qu'elle a devenue une toute autre personne. Il lui sembla ventre pour y introduire l'Enfant-Jsus ou le Sacr-
violemment et lui pse comme un poids norme sur le ventre. Elle croit qu'on est maintenant en guerre. Tantt elle trouve tout ridicule, tantt sinistre et tout fait autrement que d'habitude. La malade est sans fivre, anmique; nutrition abaisse, puise; attitude relche. Crne anormal. (Eil nvropathique. Les pupilles, dilates plus que normalement, ragissent avec paresse. Tremblement des mains et de la langue. Pouls 72, hors du lit 130. Pas de sommeil; couche avec attitude puise, confuse, tonne. Laissez-moi sortir, s'crie-t-elle, il Le 19 juillet, pisode sous forme de raptus faut que j'aille chercher mon me; le diable l'a emporte. Angoisse trs accentue a cause de son me perdue dfense dsespre contre l'entourage qu'elle considre
Cur. Cela
la brla
:
comme
hostile.
La malade mord,
anxieuse.
bat,
se
calme que
Aprs ce raptus,
qui se lancent sur
elle reste
elle,
a des hallucinations terrifiantes de Fouie et de la vue. Les 21 juillet. Grce de bonnes nuits (paraldhyde), au repos
une bonne nourriture, la malade devient lucide ds le 30 juillet. Mais puise au point de vue physique et intellectuel, et a besoin de repos. Le status retrospectivus confirme l'anamnse que nous venons de donner. La maladie s'tait dclare brusquement avec terreur de la mort, hallucinations terriliantes et illusions de guerre, de massacre, de cataclysme gnral. Elle sentait une
au
lit
et
odeur de cadavre, se croyait entoure de cadavres, s'entendait appeler parfois L'impulsion au raptus a t provoque par la vision d'un chien voleuse, cochonne! noir. Elle le prenait pour Satan, se croyait perdue. Pour l'apoge de l'accs de terreur il y a amnsie. La malade ne comprend pas comment elle a pu devenir aussi folle. Renvoye gurie le 10 aoit 1883. Pas de rechute.
;
.
y>
Observation XXVIII.
D...,
trente-quatre
ans,
PSYCHONEVROSES
bniste, mari, a t
est
421
et hallucin la
Clinique
le 7
mai
1881. Le pre
pendant son enfance malingre, maladif, bien dou, d'une humeur se maria l'ge de vingt-quatre ans, procra cinq enfants qui moururent tous, et dont le dernier est mort le 17 janvier 1881 avec des symptmes
Le malade
gaie, pas bigot.
la
mort de
ce dernier,
il
fut pris
d'un tat
pendant plusieurs minutes ple, les yeux hagards, fixes, comme s'il tjait ptrifi. Quand on lui eut appliqu des compresses froides, il revint lui. Depuis il resta toujours dprim, prouvant un vif chagrin de la perte de son enfant, sentait souvent une douleur perante dans la tte quand il y pensait. Mais son tat restait nettement dans le cadre d'une douleur physiologique bien motive. Il devint souffrant, mangea et dormit moins, se sentit las il se fatiguait vite au travail, mais continuait vaquer ses affaires et consolait sa femme de la perle
cataleptiforme
;
il
resta
subie.
Par suite des progrs de sa faiblesse physique, il buvait, contrairement ses anciennes habitudes, beaucoup de vin, sans cependant se griser. Il lisait beaucoup
d'ouvrages religieux pour se rconforter
nuit cette lecture.
;
souvent
il
passait
mme
la moiti de la
partir
du mois
d'avril
il
et le sens
ouvrages religieux.
Vers
le
28
avril,
il
il
vit l'enfer
damns, ensuite
il
il
vit le ciel
ouvert
et
crut qu'il
ne dormait plus;
s'il vit, il
Il
ne
son entourage
promet
le
royaume du
se
ciel et la
batitude.
fait
il
Le malade
dsorient, avec un air troubl, avec des raconte dans un langage confus et avec onctaient
accompagnes d'une
Il s'irrite
la poitrine
et
facile-
un autre malade, disant que personne ne doit l'approcher; il arrache les couvertures du lit, il est rempli d'illusions et d'hallucinations, passe les deux nuits suivantes sans dormir, prsente la plupart du temps un dlire religieux expansif, mlang de dmonomanie, prend le mdecin pour Satan et crie avec une voix tonnante Arrire de moi Il devient agressif, de sorte qu'on est oblig de l'isoler. On le surprend tenant un cheveu trouv dans le pain; il dclare que c'est un cheveu de son pre dcd. Dans la nuit il est agit par des hallucinations visuelles nombreuses (jeux de prestidigitation, ombres chinoises, figures diaboliques sur le mur, de la grandeur d'enfants). Le malade est de taille moyenne; nutrition trs abaisse; ple, anmique. La langue prsente du tremor d'inanition, le pouls est petit, faiblement rempli, 108. Pas de
et jette
ment
une
cuillre
((
livre,
la suite de l'emploi de la
il
morphine
la
et
du
chloral, le
nuit du 8 au 9 mai. Le 9
malade a bien dormi dans la moins confus, parle des spectres qu'il
tait
a vus hier, de
sacrements
rveill.
de trs belles flammes qu'il a aperues quand il s'est Aprs de bonnes nuits et avec une nourriture abondante, l'intelligence
qu'il a reus,
s'claircit
rapidement
422
Ds le 12 mai il est possible d'tablir un status retrospectivus. Le malade trouve la cause de sa maladie dans la douleur qu'il pi'ouva la mort de son dernier enfant et dans le dclin de ses affaires matrielles. Il avait alors mang trs peu, avait mal dormi; ses forces dprissaient et il avait de plus en plus cd la religion et la boisson. Un jour, c'tait vers le 17 avril, tout lui sembla chang. La division du temps lui paraissait change tantt il trouvait la nuit trop longue, tantt la journe. Un jour il trouva un clou d'une forme trange, ensuite on dterra dans la cour une planche qui avait une trange odeur de cadavre. Les arbres en fleurs lui semblaient d'un genre tout fait nouveau, le soleil luisait d'une manire
;
fait le
cadavre.
Une
nuit,
par le tic-tac d'une pendule qui n'existait mme pas et il reconnut que sa dernire heure avait sonn. Il voyait des flammes, l'enfer ouvert, des mes damnes; il se confessa et communia le 29 au matin, devint de plus en pins confus; il vit la nuit suivante des figures diaboliques en foule, il se sentit tout oppress, d'autant plus que sa femme avait un aspect tout fait trange. Tout lui paraissait compltement chang. Il pensa la fin du monde, au jugement dernier, il avait constamment une odeur de putrfaction dans le nez; ensuite c'taient des parfums agrables; il lui semblait que les saints de l'antiquit ressuscitaient,,
fut rveill
qu'il tait attach
au globe
terresti'e
et s'envolait
l'univers.
Il
se croyait uni
Dieu;
il
Le malade raconte en outre que, craignant d'avoir encore des enfants, il s'est abstenu de cohabitation sexuelle depuis trois ans et que, pendant ce temps, il a satisfait son instinct gnital par la masturbation. Pas d'antcdents pileptiques. Le
malade
est
encore puis,
se
plaint
acquiert bientt une parfaite connaissance de son tat, se remet rapidement grce
La gurison
s'est
maintenue.
CHAPITRE V
FOLIE SECONDAIRE ET IDIOTIE TERMINALE
(terminaisons incurables des PSYCnONVROSES
;
DBILIT
PSYCHIQUE SECONDAIRE
'.)
La terminaison
disparatre, est
psychique, un croulement de la personnalit jusque-l unie au point de vue historique et au point de vue intellectuel. Ce tragique dclin psychique
l'expression d'altrations crbrales graves,
qui prcde la fin physique s'accomplit parfois trs rapidement, et il est comme il en existe notamment
dans la folie furieuse; dans d'autres cas, cette dcadence ne se produit que progressivement ce sont d'abord les fonctions thiques, ensuite les fonctions intellectuelles, spcialement la mmoire et les oprations de la logique qui deviennent dfectueuses, jusqu' ce que finalement les processus de la perception et tous les mouvements motifs baissent et que de l'ancienne existence humaine il ne reste que l'enveloppe physique avec ses fonctioDS automatiques et purement vgtatives. Un des premiers symptmes de la ruine psychique qui va clater, c'est la physionomie du malade. Elle prend un caractre de contorsion particulire cause en partie par l'innervation ingale des groupes musculaires homologues, en partie par la contracture mimique. L'expression du visage a un air vieilli, us par suite de modifications dans la tension de l'il, ce qui donne au regard une fixit trange, elle a mme un air
: ;
sinistre.
En
sans
entrant dans
le
aucune psychique ne
expression,
car
Les troubles des fonctions sensorielles, vaso-motrices et vgtatives, souvent trs nets dans les folies motives, sont, dans ces tats de dbilit psychique, relgus au second rang. Les processus vgtatifs, le sommeil,
la nutrition, etc.,
quand on ne se trouve pas eu prsence de complications somatiques, ne prsentent aucun trouble notable.
'
1, p.
Krtipelin,
Arch.
f. l'sych.,
XIU,
fasc. 2.
L'eber psychlsche
424
Par contre, il y a diffrents troubles trophiques, qu'on ne peut pas encore interprter exactement, et dont l'expression totale est la snilit prmature qui fait paratre ces malades plus vieux qu'ils ne sont en ralit.
Ces dystropliies
scheresse et
le
et ces
manque de
tion capillaire,
la tendance aux dmes, le pityriasis, l'hmatome de dgnrescence adipeuse des organes, notamment du cur, et l'oreille, la l'artrio-sclrose prmature. C'est l ce qui explique en partie le marasme et la courte dure de la
ce processus
parat presque impossible d'tablir des types cliniques gnraux de de dcomposition psychique si vari individuellement au
En somme, on peut
ici
distinguer
2 L'imbcillit
a).
p).
L'imbcillit apathique.
I.
Folie secondaire.
Sous cette dnomination on peut comprendre tous ces tats psychiques dans lesquels les conceptions dlirantes qui se sont formes pendant le stade motif primaire, continuent subsister comme des erreurs permanentes de la raison, mme aprs l'extinction des motions qui avaient contribu la formation de ces ides dlirantes, et forment une personnalit tout fait nouvelle, et en gnral une existence tout fait autre que celle du Moi normal. le Mais il existe encore en mme temps un autre trouble important
:
manque d'impulsion
En
gnral,
il
agir
la
dans
le
conscience.
n'y a pas dans ce cas cet accord entre les sentiments, les reprsentations et les efforts, qui est particulier la vsauie motive. Pas mme limit dans sa personnalit psychique, le Moi n'existe plus. Le
Moi primitif
et
historique s'est
qu'il y a
de groupes de conceptions dlirantes qui se sont maintenus, et, dans cette dsagrgation, on chercherait en vain un effort pour mettre en rapport, mme superficiel, toutes ces ides dlirantes dont le sujet peut tre contradictoire et mme diamtralement oppos aux lois du temps, de
l'espace, de la logique et de l'exprience.
absence du besoin d'aplanir les diffrences, de indique un affaiblissement profond de tous les processus intellectuels suprieurs, du jugement, de la logique, et souvent aussi de la mmoire.
Cette
inquitante
PSYCHONEVROSES
L'activit intellectuelle qui
425
existait avant la maladie, les efforts et le mthodique, sont devenus impossibles le malade se meut dans le cercle de ses ides fixes sa manire d'envisager les choses s'est totalement
travail
;
transforme.
encore un peu converser, car le mcanisme de la Il peut, il est vrai, formation des conceptions est conserv et n'est plus troubl par aucun processus motif, et, en outre, il dispose encore de nombreux rsidus de sa vie normale antrieure mais il ne peut plus tre question ni de subtilit proprement dite, ni d'esprit. Le fou secondaire n'est plus capable d'une activit intellectuelle mthodique, d'abord par ce motif qu'il revient toujours avec une persvrance morbide dans le cercle de ses ides fixes et qu'il s'y meut par obsession. Ce qui frappe surtout, c'est l'indiffrence thique et la mort des sentiments chez cette catgorie de malades. Toute la vie passe, les relations, ils sont le sentiment de la famille, l'amiti, leur sont devenus trangers insensibles au sort de leur entourage. Seules les choses qui touchent directement le fond de leurs ides dlirantes, soit les phnomnes favorables, soit les phnomnes d'entrave, peuvent au commencement provoquer encore des motions mais avec le temps l'excitabilit dans la sphre des ides morbides s'eface aussi, et l'illusion inepte, plie, obscurcie dans la conscience et finalement inconcevable, est reproduite sans motions aussitt que des impressions extrieures ou des oprations d'association
;
l'voquent.
Dans
les
degrs extrmes de la vsanie (lors de transition vers la confuun va-et-vient incohrent et insens
fixe.
de conceptions qui ne sont runies que lchement par l'unit de l'ide Chez ces malades il existe encore des hallucinations ou du moins de
sans cesse la sphre des ides
:
mais l encore se manifeste la dbilit rien de nouveau ne se produit plus, contrairement ce qui se passe dans la vsanie primaire et dans l'alination motive avec les illusions qui crent activement, dbordent d'une manire fantastique et se dveloppent de plus en plus en suivant une certaine logique. C'est que l'illusion du fou n'est qu'une masse de conceptions inerte, qui n'est plus susceptible d'aucune modification essentielle et qui, mesure que la vie intellectuelle devient plus vide, se rduit une simple phrase, un sujet indiffrent et n'ayant plus le pouvoir de donner l'impulsion la ralisation de ce que le malade a senti et pens dans son illusion. La vsanie est le dnouement rgulier de la folie mlancolique complique de conceptions dlirantes, moins qu'elle ne se termine par la gurison. Il est beaucoup plus rare que la vsanie soit le dnouement d'une manie, car dans cette dernire, tant donn l'volution rapide de tous les processus psychiques, la fixation des ides dlirantes et leur groupement systmatique n'est que rarement possible. Ces tats vsaniques secondaires se maintiennent parfois pendant des annes, toujours au mme niveau, jusqu' ce que, dans ce cas aussi, la
426
dbilit
et
que
de reconnatre ces tats comme tat terminal ne dispose pas de l'anamnse du cas. En continuant observer, on s'apercevra que la faiblesse intellectuelle progresse d'une manire visible l'indiffrence progressive en matire de sentiments, la confusion et l'incohrence croissantes de la vie psychique, la ngligence de toutes les lois esthtiques et sociales (malpropret; allant jusqu' la
l'on
;
bestialit,
Dans
les
donnent un cachet particulier ce trouble intellectuel. cas d'origine mlancolique on voit se surajouter des rsidus
s'y
dans les cas d'origine maniaque, il maniaques qui peuvent s'intercaler mme dans stades avancs de la dmence.
;
les
La
et irritable. Au commencement de l'anne 1876, elle se maria. Sans aucune cause connue, de l'excitation maniaque se produisit au commencement du mois d'aot 1886, aprs avoir t prcde par un stade mlancolique de seize
malade
Au moment o on
elle
parle l'allemand littraire au lieu de son patois, fait avec beaucoup de pathos
rage.
sermons improviss, se rpand en sentences bibliques et vanglise son entouTous ses discours taient mls d'allitrations et de rimailleries telles que der Himmel ist ein Schijnmel, der Schimmel ist ein Liimmel. Ailes soll klingen und singen und spritigeji. (Le ciel est un cheval blanc, le cheval blanc est un goujat. Tout le monde doit rsonner, chanter et sauter.) Dans la substance de ses conceptions expansives, il y a un noyau d'ides dlirantes de nature rotico-relireligieuse. Elle est la reine du ciel, la mre de Dieu, d'une sant de fer, pleine de dsirs et de force. Tout ce qui est autour d'elle est d'une beaut admirable, tout
des
:
elle
a travers toutes les situations, elle fat tour tour jeune a dlivr
homme,
et le
feu
Dieu se elle dans les nuages. Elle danse, chante, crie et frappe dans ses mains, pleine de joie. Front fuyant, oreilles petites, mal faites, pupilles larges, ragissant paresseusement, pouls 100, nutrition mauvaise, anmie prononce, utrus normal. La malade n'a pas de sommeil; facilement congestive; elle danse, prche, chante; elle est erotique, trs agite, aime se dcouvrir, s'occupe s'arranger les cheveux,
lche de l'urine sur
Elle a
ciel
;
elle
le
monde
entier.
teint l'enfer
et la
mre de
le
plancher au
moment
de la
visite.
;
donn naissance cinq enfants dont l'enfant Jsus elle est la reine du elle prend son entourage pour des personnes divines, a des hallucinations de
;
la
vue et de l'oue en quantit se dlecte dans des motions de plaisir, est prise passagrement d'tats d'extase pendant lesquels elle prononce des sermons.
Par
suite
du traitement avec
le chloral, le
lement, la
mais
elle
qui se traduit par un langage prcieux et littraire, par des allures de distinction
PSYCHONEVROSES
les ides dlirantes persistent aussi.
;
427
La malade devient calme et s'occupe de travaux manuels l'poque des rgles seulement, elle est trs agite; alors elle prche, se comporte comme si elle tait la sainte Vierge, la Reine du Ciel qui a enfant l'Enfant Jsus, prend les gens de son entourage pour des prostitues et des diables,
rage
et
devient agressive.
folie rotico-religieuse
secondaire durable se dveloppe de plus en plus nettement. Les ides dlirantes deviennent de plus en plus confuses. Elle tait, un ange elle s'est nourrie d'oeufs qu'elle a pondus elle-mme elle est pre et mre
Une
la fois.
Quand
elle tait
ange trompette,
elle fut
le
pres-
bytre o on
tait sa
l'a
mange pour
monte au
empereur. L'impratrice Marie-Thrse ciel sont faits entirement d'or et de pierres prcieuses. Quand ils descendent sur terre, ils se transforment en porcspics. Elle-mme est une sainte, elle a accouch de cinq anges, etc. Son ancien entourage et les faits de son pass normal lui sont devenus trangers. Ses ides dlirantes actuelles ne sont plus amenes par des motions vives. Seulement, quand on la contredit ou qu'on l'interpelle, elle se met dans une colre excessive, dclare que celui qui l'interpelle est Lucifer, Tadversaire, le comble d'injures,
grand'mre. Les anges trompette du
appelle sur lui la colre du
ciel, clate
manires empreintes sa tendance orner ses robes et son chapeau de toutes sortes de bimbeloteries, indiquent un trouble intellectuel profond. Il n'y a chez elle aucune motivation ni association logique des ides dlirantes qui, pour la plupart, sont probablement bases sur des tats extatiques, des visions, et sur des hallucinations depuis deux ans, la malade ne produit plus rien de nouses
et
prtentions littraires,
veau dans ce domaine; au contraire, les ides dlirantes deviennent de plus en plus faibles, fragmentes et moins excitables. L'tat de faiblesse mentale progressive se
reconnat sans peine.
II.
Idiotie terminale.
La terminaison des psychoses qui ne gurissent pas et quand la vie est conserve assez longtemps, c'est l'imbcillit. Cet tat est l'expression des processus de transformation dans Tcorce crbrale, processus que nous devons nous reprsenter sous l'image de
l'atrophie.
Suivant la nature du processus anatomique, le gtisme peut entrer en scne et se dvelopper trs rapidement, par exemple aprs une folie furieuse grave ou bienil peut se dvelopper progressivement, au cours des annes, par exemple comme dnouement de la vsanie. Au point de vue clinique,
;
il
lit
y a des nuances innombrables en ce qui concerne l'intensit de la dbimentale qui peut aller jusqu' l'idiotie apathique.
Dans
il
:
faut
la
examiner
production
de la vie
intellectuelle,
notamment
des phnomnes
manque
la lenteur
d'nergie plus ou moins grand de la volont, la promptitude ou de la perception, de la combinaison, de l'action la facult de la
;
428
men-
Les formes lgres, comme il s'en produit assez souvent aprs les cas graves de mlancolie et de manie, chappent souvent l'observation. Souvent cette diminution imperceptible de la facult mentale ne se trahit pas dans l'asile o le malade guri brille comme un grand esprit parmi les malades et s'est dj tout fait habitu aux usages et la vie del maison; elle ne se manifeste que quand le malade guri a quitt l'asile et qu'il essaie dans sa carrire ses forces retrouves. Plus la situation est leve et difficile occuper, plus se montre alors la dchance que l'individu a subie pendant sa maladie, bien que ses facults intellectuelles dpassent encore considrablement celles d'un individu qui n'est pas dou sous le
rapport de Seul un
l'esprit.
fin
menus
dtails l'an-
perdu de sa sensibilit thique, qu'il est devenu indiffrent des relations sociales dont il faisait autrefois grand cas, que ses sentiments sontmousss, que ses principes se sont relchs, qu'il est devenu plus accessible aux tentations et moins nergique dans ses efforts. S'il prsente une fidlit moins sre de la mmoire, un ralentissement dans la capacit du travail, un changement de caractre dans le sens de l'irritabilit, la dbilit psychique se dessine dj plus nettement et ce sera un lment important pour l'apprciation mdico-lgale, car les affaiblis de ce genre qui ont perdu beaucoup de leurs freins moraux deviennent plus faciles entraner certains actes et moins capables de rsister leurs motions. Quant aux tats terminaux prononcs de la dmence secondaire, on peut distinguer deux types trs distincts au point de vue clinique.
cienne personnalit, s'aperoit alors que cet
a
homme
A.
Il
domaine psychique
il
nisme intellectuel tout fait dlabr, dont les parties sont devenues chacune autonomes et ne sont plus relies pour faire l'unit de la conscience,
Moi. Les conceptions de ces malades sont tout fait vagues, sans plan, et arrivent au hasard, se rattachant des homonymies superficielles de mots, ou bien toute association d'ides manque compltement. Le malade a perdu mme le sens logique des mots qui pour lui sont sans aucune signification, de simples enveloppes de mots, des rsidus d'anciennes conceptions
le
d'anciennes images de mouvement. Par son agitation et sa loquacit incohrente, le malade ressemble souvent au maniaque, mais cette ressemblance n'est que trs superficielle. Au lieu de vives motions, comme il y en a chez le maniaque, on ne voit chez lui qu'une mimique idiote qui consiste en un sourire imbcile ou en ricaet
PSYCHONEVROSES
429
le
uements pleurnichards, une conduite purile et inepte. Tandis que, chez maniaque, mme l'apoge de son trouble, surgissent des masses de con-
ceptioDs cohrentes, des liaisons et des associations logiques, la confusion des idiots agits est sans fondement et ordinairement sans aucune association.
Tandis que, dans les rmissions de la manie, l'ancienne force intellecdans sa plnitude, ici, malgr tout le bruit et tout le fracas avec lequel se manifeste le mcanisme dfectueux, on ne voit apparatre que les tnbres de l'imbcillit. Malgr toute cette activit, l'effort, la liaison des conceptious disparates et dfectueuses pour en former un jugement, une conclusion, une action mthodique, deviennent impossibles. Enfiu la manie est un tat temporaire rmittent, l'idiotie agitante un tat terminal et permanent. Ces phnomnes terminaux de dmence sont en gnral les stades de dnouement de la vsanie ainsi que des manies qui ne sont pas arrives
tuelle reparat
gurir.
cillil agitante.
Observation XXX. Folie furieuse aprs une pneumonie. Terminaison par imbLa femme Beng, paysanne, vingt-huit ans, sans prdisposition
mre de trois enfants, autrefois saine, a t atteinte, vers le 15 septembre 1871, d'une pneumonie croupale droite. A l'acm de la maladie, il y eut un violent dlire fbrile; pendant le stade de rsolution, une excitation maniaque se produisit
hrditaire,
le
sommeil,
elle
faisait
rageait.
il
jusqu' la colre.
y avait de l'illusion dmonomaniaque avec hostilit contre l'entourage. Elle voyait des sorcires, des spectres, se croyait
dlire,
Comme noyau
du
possde par
le
tions confuses,
intervalles, elle
Au milieu de concepy avait souvent des rmissions profondes pendant un de ces demanda elle-mme tre interne dans un asile.
;
prise
l'asile, le 9 octobre 1891, elle tait l'apoge de la folie d'une impulsion motrice indomptable, trs confuse. Dans le tour-
membres de phrases dtachs et dans lesquels l'assonnance et jouaient un rle, surgissaient des fragments d'un dlire de perscution
des
])ar
(perscution
des sorcires,
le
dans
le
cerveau), ct de
grandeurs (son pre est un prince, illusion qu'elle a fait une promenade fait un hritage, etc.); cependant les conceptions dmonomaniaques et l'irritabilit de son esprit emport prdominaient. L'indlire des
profondment trouble
taille
;
le
sens des
conceptions dlirantes.
tives ni
moyenne;
l'os
cutans ples, ainsi que les membranes pituitaires. Pupille gauche dilate. Mouvements accessoires et fibrillaires des muscles de la figure strabisme passager. Ds le mois de novembre des rmissions se produisirent, mais la malade restait obnubile, confuse, et pendant les phases de repos qui taient plutt des phases d'puisement, elle se plaignait de lassitude, de faiblesse et demandait parfois aussi
;
430
boire du vin de
profuse, ne se
rgulirement
mais
en
ses tats
d'agitation
revtirent de plus
;
plus
dans
de calme relatif et d'puisement, on ne pouvait pas non plus se tromper sur les progrs de sa confusion et de sa dbilit intellectuelles. Le traitement par les bains et les injections sous-cutanes de morphine resta sans rsultat.
les priodes
Les explosions frntiques disparurent compltement au printemps de 1872. Une conduite trange, des ides confuses et domines par de nombreuses hallucinations visuelles et auditives se manifestaient. La malade allait et venait sans plan ni but,
tantt
maugrant
et
dmonomaniaques,
Quand on
lui
adres-
spontanment
elle dbitait
un galimatias
insens,
des fragments de ses anciennes ides dlirantes pour la plupart de nature dmonomaniaque, ou mme des mots tout fait inintelhgibles. La dcadence intellectuelle faisait des progrs de plus en plus considrables, les traits de la figure devenaient contorsionns et sniles la malade devenait malpropre et dut finalement tre
;
B.
Idiotie
apathique
constitu par l'idiotie
Le stade extrme de
la
dcadence psychique
est
graves qui n'ont pas guri, notamment la mlancolie active et la stupeur, les accs de dmence furieuse ainsi que de dmence aigu. Dans ce cas la physionomie a une expression de nullit complte, linnervation des extenseurs se paralyse compltement, de sorte que le corps
n'obit plus qu'aux lois de la pesanteur et qu'il
celles-ci.
rgle son
attitude sur
Le menton tombe sur la poitrine, les membres prennent une position lgrement flchie, la salive s'coule de la bouche. Dans le domaine psychique il y a calme plat. L'aperception baisse et devient une simple perception, la sensibilit et l'excitabilit rflexe sont rduites leur minimum. Avec la perte de toutes leurs facults intellectuelles ces malades ressemblent des animaux dont on a enlev le cerveau; en effet, leur corce crbrale est mise hors fonction. Ils ne s'aperoivent plus qu'ils ont besoin de manger, ni d'aucun danger il faut les gaver, les habiller, surveiller leurs vacuations, autrement ils priraient. Aux
;
Par suite le langage mme cesse d'exister, c'est une vritable aphasie amnsique. Cette mort intellectuelle dure parfois pendant des annes jusqu' ce que la dlivrance arrive par la mort physique. En gnral, les malheureux de cette catgorie ne vivent pas longtemps car ou
;
PSYCHONEVROSES
bien la paralysie des centres psychiques s'tend ceux de
et
la.
431
respiration
respiration,
de
la circulation
ou bien
le
manque de mouvement, de
amne uii trouble considrable de la circulation et de la nutrition, et le dnouement mortel se produit par pneumonie, diarrhe coUiquative, etc.
Observation XXXI, Folie furieuse. Terminaison par V idiotie apathique. Kampf, vingt-huit ans, cordonnier, enfant illgitime, sans prdisposition hrditaire, mais ds son enfance timide, peu sociable, facile pouvanter, bien dou cependant intellectuellement, eut l'ge de dix-neuf ans (pubert) un accs de mlancolie. II gurit alors compltement au bout de six mois. Vers la fin de juin 1873, il rentra un soir boulevers et agit la maison paternelle. II tait inconstant, sans sommeil, prcipit dans ses mouvements. Son agitation croissait vue d'oeil
le roi
;
il
d'Allemagne
Il
et
proclama
danseuse de cordes
siffler,
comme
;
la reine
qu'il voulait
pouser.
est
Adam,
il
saint Jean, le
Rdempteur du monde
du
la cloche
de Schiller est
diable qu"il
mit chanter,
ne mangeait
presque rien, avait grand soif et souffrait de constipation. Le malade fut reu le 2 juillet 1873, en tat de folie furieuse complte. La marche de ses ides tait acclre jusqu' la dbandade il y avait confusion par-ci par;
;
il
tait le
Sauveur, Jean-Baptiste.
L'intelligence tait trs trouble, l'impulsion motrice continuelle et dirige seulement vers les actes de destruction. Le malade avait de nombreuses hallucinations de la vue et de l'oue (le diable, Dieu, etc.). Il tait sans fivre, le pouls dpassait rarement 80 pulsations. Les organes vgtatifs taient intacts sauf une saillie prononce de l'occiput, il n'y avait pas d'anomalies crniennes. L'excitation motrice, la dbandade des ides, la confusion, les hallucinations se sont maintenues malgr des bains prolongs, pendant plusieurs semaines dans le mme tat ensuite il y eut des rmissions qui, bien que profondes, taient courtes
;
;
nutrition
DEUXIEME PARTIE
DGNRESCENCES PSYCHIQUES
CHAPITRE PREMIER
APERU CLIXIQUE GNRAL
Nous avons parl dans l'introduction de la place part qu'occupent, au point de vue tiologique et anthropologique, ces tats psycliopathiques, et nous avons fait remarquer leur volution particulire et leurs conditions cliniques diffrentes de celles des psychonvroses. Avant d'aborder la description spciale de ces tats de dgnrescence, si varis individuellement, il nous parait ncessaire d'envisager d'une manire succincte les phnomnes varis d'un systme nerveux central anormal et fonctionnant souvent d'une faon perverse.
Ces phnomnes se rsument pour
la
comme
l'a-
Les signes de cette constitution nvropathique sont individuellement En gnral, on peut dire seulement que chez ces tres morbidement organiss le systme nerveux central prsente une force de rsistance minime, qu'il a une susceptibilit et une facilit s'puiser anormales et que les fonctions crbrales, y compris les fonctions psychiques,
trs diffrents.
se manifestent
ou perverse.
Au
pour
la
point de vue tiologique, on doit faire ressortir que ces tres sont plupart issus d'ascendants alins, atteints de maladies nerveuses,
caractre,
comme
le
dveloppement du cerveau
du crne (processus
Morel, Trait des df/nr., 1857 Trait des mal. men/., 1860; Trait de la ind. lf/ale des alin., 1866. Le mme, De l'hrdit morbide proiressire, 1867. V. KralTL, Friedreichs Blatter, 1868, Legrand du Saulle, Le trouble mental hrditaire.
' ;
PSYCHIATRIE.
28
434
liydrocphaliques), que souvent aussi des affections crbrales graves fhyperhmies mninges et maladies encphalitiques) se sont produites soit
spontanment l'occasion de maladies infectieuses aigus soit la suite d'un traumatisme, ou qu'enfin les excitations de l'onanisme ont atteint le cerveau en voie de dveloppement au point de vue organique et fonctionnel. Si, comme c'est le cas dans les atteintes graves, il n'en rsulte pas un arrt de dveloppement dans le sens de l'idiotisme, le dveloppement se fait toujours d'une faon anormale et souvent perverse. Cette tare se reconnat par
des stigmates de dgnrescence fonctionnelle, et spcialement, au point de vue psychique, par des anomalies dans le dveloppement du caractre, de l'thique, de la vie des instincts, tandis que les capacits intellectuelles
peuvent se comporter assez bien. L'expression de dgnrescence psychique n'a pas la signification anatomique d'une dgnrescence de Tcorce crbrale comme organe des fonctions psychiques il ne sert qu' indiquer qu'il y a fonctionnellement une dviation progressive permanente, d'origine constitutionnelle pathologique, et souvent perverse de la vie crbrale et psychique normale, que la personnalit a t altre, qu'elle est par con;
squent dgnre. Cet abtardissement dans le sens d'une dgnrescence psychique a cependant une cause plus profonde et sans doute une cause pathologique, car il peut se ramener souvent certaines conditions crbrales pathologiques dtermines et il concide souvent avec des stigmates de dgnrescence anatomique. Anthropologiquement aussi cet abtardissement psychique prsente un phnomne trs significatif, car il ne reprsente chez l'individu que le phnomne partiel d'un processus de dgnrescence physique et psychique de toute la famille et on peut le suivre travers les gnrations sous forme de phnomnes varis et devenant de plus en plus
graves.
Le fonctionnement anormal
tral se
et
:
souvent
mme
:
par une grande mortalit, a). abaissement de la moyenne de la dure de la vie, raction insolite aux influences atmosphriques, telluriques, alimentaires, grande lvation et irrgularit frappante de la courbe de la temprature dans les maladies fbriles qui ont d'ailleurs une volution et une marche typiques; par une excitabilit nerveuse pouvant aller jusqu'aux phnomnes nvrosiques graves (convulsions, nvroses, psychoses), durant les phases physiologiques fdentition, pubert, menstruation, mnopause, p&'r une entre prcoce en pubert, en gnral par un dveloppement prmatur du corps et de l'esprit, mais avec un corps rest frle, souvent gracile, un teint fin, une constitution lymphatique, une tendance aux maladies scrofuleuses pendant l'enfance et plus tard une tendance la tuberculose. Souvent ou
rencontre
gurir.
&).
ici aussi des anmies profondes et des chloroses constitutionnelles qui datent de la pubert et qui sont pour cette raison trs difficiles
Dans
le
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
435
extraordinairement vive du systme nerveux central, qui se produit sous forme de somnolence, sopor, dlire, hallucinations, etc., la suite de lgres maladies physiques. y). Dans le trajet des nerfs sensibles il y a une facilit anormale l'excitabilit et une dure extraordinairement longue de l'motion et de l'irradiation qui agit sur des territoires nerveux tout fait loigns. o). Dans le domaine sensoriel, il y a tendance l'hyperesthsie, ct d'une notation extraordinairement vive des impressions par des sentiments de plaisir et de dplaisir, et quand ces premiers sont annots dans un sens pervers, il y a tendance aux idiosyncrasies. t). Le manque d'quilibre de l'innervation vaso-motrice se manifeste par sou intense participation aux motions psychiques (pleur, rougeur, palpitations, sensations prcordiales) et autres influences qui abaissent le tonus des
La rgle
est
ragis-
un penchant pour ce stimulant. Sous l'influence dltre de l'alcool, les formes les plus graves de la dgnrescence fonctionnelle se dveloppent alors sur la base de la tare organique. ;). Comme symptmes de dgnrescence fonctionnelle dans le domaine moteur on doit citer lenystagmus, le strabisme, le bgaiement, les contrac. tures et autres troubles d'innervation des muscles, notamment de la figure (grimacements, convulsions); puis comme symptmes d'une tare particu:
et pileptodes'.
Ce qui est particulirement frquent, c'est l'anomalie fonctionnelle de la vie sexuelle en tant que l'instinct gnital manque ou qu'il apparat avec une intensit excessive, sous forme de rut, ou qu'il se manifeste trop prmaturment, mme ds la premire enfance, et mne alors la masturbation, ou bien qu'il apparat d'une manire perverse, c'est--dire que son genre de satisfaction ne vise nullement la conservation de l'espce. La tare se trahit souvent par des nvropathies (neurasthnie, hypocondrie, hystrie, pilepsie) qui dbutent pour la plupart l'poque de la pubert et, en prenant une marche progressive et une tournure de plus en plus grave, mnent jusqu'aux formes extrmes de la dgnrescence
,.
fonctionnelle.
offre
et
comme
psychopathique. Quant aux sentiments, l'observateur est surpris tout d'abord par leur sensibilit et leur irritabilit surprenantes, par la facile production de la douleur et des motions psychiques qui peuvent d'ailleurs atteindre un degr pathologique et passer l'tat de confusion complte des sens. Chez beaucoup d'individus de ce genre il existe par moments une telle motivit que chaque pense devient immdiatement une motion et qu'un rien les met en motion. De lgres indispositions, la menstruation
organique
de
'
Comparez
Griesinser, Arcli.
f.
Psijch.,
I,
p. 320.
'Westphal, Ibid,,
III, p.
ID7.
436
et d'ciutres tats physiologiques, mme un simple changement de temps peuvent produire cet efet directement ou par l'intermdiaire d'une nvralgie eu assombrissant l'tat d'esprit. A ct de cette impressionnabilit et de cette motivit surprenantes il existe souvent une indiffrence de cur remarquable; il y a mme parfois une alternance nullement motive entre ces deux extrmes, alternance qui se manifeste par des sympathies et des antipathies tranges. Chez bon nombre de ces nvro-psychopathes la vie des sentiments oscille pour ainsi dire continuellement entre l'exaltation et la dpression, de sorte qu'il est impossible qu'un tat d'esprit neutre ou normal, c'est--dire exempt d'motions, se produise. Dans les phases d'exaltation se manifeste une activit ardente avec des dsirs, des instincts, des impulsions tranges, parfois mme dangereuses dans les phases dpressives, le malade souffre d'une indcision pnible, d'ides obsdantes qui le poussent notamment au suicide, de craintes ter;
caractrise tout
comme une anomalie particulire des sentiments qui un groupe d'tats de dgnrescence psychique, l'absence totale ou du moins Tinexcitabilit des sentiments thiques. Dans le domaine de la conception, c'est une facilit des reprsentations,
On
doit citer
une force d'imagination extraordinaire allant jusqu' produire des hallucinations, une promptitude des oprations, des associations, la manire souvent inductive de penser, qui frappent particulirement; mais, malgr
ces avantages qui rendent capables de travaux artistiques et scientifiques,
la faiblesse
irritable
empche
l'individu
d'arriver
succs scientifiques sont arrts par l'puisement rapide et par l'incapacit qui en rsulte de penser d'une manire continue et intense les rsultats artistiques deviennent impossibles par suite du manque trop frquent des
;
facults esthtiques et intellectuelles. Par suite de cette lacune, les productions artistiques de ces individus ont un cachet baroque, mme monstrueux, au moins laid. En mme temps il y a souvent un manque remar-
quable de fidlit dans la reproduction des conceptions. La marche de l'association des ides chez ces hommes-l frappe vraiment l'attention. Elle parat entrecoupe il y a des sauts brusques sans aucune transition dans la conversation. Penser d'une manire nette et logique, voil ce qui leur est absolument tranger. Souvent l'association se fait par l'assonnance des mots; les rapports entre les choses que le malade crit sont si loigns, si extraordinairement bizarres, que les sauts faits par la pense deviennent pour ainsi dire stupfiants, mais fatiguent aussi trs vite. Souvent on rencontre des conceptions obsdantes et mme des dlires primordiaux anticips qui ressuscitent plus tard quand le malade verse dans la paranoa. Dans la sphre de la volont on trouve aussi une grande excitabilit intellectuelle ct d'une dure minime de l'excitation. 11 en rsulte un enthousiasme qui disparait trs vite, une ardeur d'activit qui n'arrive jamais achever quelque chose. Cette faiblesse et cette inconsquence de la volont indiquent que le caractre est altr. Souvent, notamment chez les individus chargs hrditairement et
;
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
atteints
437
actes impulsifs;
de cette conslitutiou anormale, on trouve en mme temps des et, qui plus est, parfois mme ces individus se sentent
mmes
actes tranges, excentriques et mme immoraux, sans que, aprs les avoir accomplis, ils aient conscience du motif qui les y a dcids.
comme
des
Un
essai
manire de
voir.
Sur
c'est le
le
terrain
manque d'harmonie de
et les
marquants
une
intelligence
trs
les
et exclusif
(mme chez
allant parfois
du caractre qui se manifeste par un manque de fermet morale, par l'incapacit avoir une vie range, par l'abandon sans rsistance aux penchants immoraux, en mme temps la bizarrerie et l'exclusivisme de certaines tendances, de certains sentiments et ides qui font paratre ces individus baroques, exalts, passionns, comme des originaux, des misanthropes, des fanatiques religieux et politiques, enfin des sympathies et des antipathies capricieuses, l'exclusivisme de certains talents et de certaines tendances de la volont en mme temps que le manque d'intrt et l'indiffrence l'gard des questions et des devoirs sociaux qui les touchent de prs, un caractre inconstant, inquiet, instinctif, capricieux. Souvent l'anomalie de la personnalit se manifeste aussi par des gots grotesques dans les manires, dans les vtements, etc. La particularit de la personnalit se fait souvent aussi remarquer par une expression spciale (nvropathique) de l'il ainsi que par
faiblesse de la volont et
la
il
exis-
des influences nuisibles et constituent une preuve bien nette qu'il existe une dviation du type morphologique de l'espce, en un mot, une
Nombre d'individus tars de ce genre se maintiennent pendant toute leur existence sur cette lisire, entre la maladie prononce et la sant relative, du moins individuelle. A l'occasion ils perdent passagrement, en raison d'iulluences psychiques ou somatiques, leur quilibre psychique relatif, prsentent alors des tats d'esprit morbides, des motions pathologiques, de la folie transitoire, etc. S'ils subissent des atteintes durables ou ritres, ils tombent srement dans un trouble
dgnrescence.
438
mental grave qui, notamment dans la jeunesse, se termine souvent par l'idiotie. Dans tous les cas, la tendance de ces individus tars verser dans l'alination est trs grande. De simples changements dans leur genre de les mouvements vie, leur domicile, les coups, la mauvaise fortune, politiques et sociaux peuvent provoquer la folie. Les phases physiologiques de la vie mme suffisent souvent pour la faire natre. Une des poques les plus dangereuses est celle de la pubert La transition entre la prdisposition psychopathique et les psychoses est souvent amene par des anomalies psychiques prexistantes, par des excentricits et des paradoxies dans les ides, les tendances, les motifs et les jugements, tant donn que l'exclasivisme ou la faiblesse de l'instruction, la nature embrouille et travestie des sentiments et des tendances, des penchants permanents, des passions et des anomalies du caractre, fournissent toujours un terrain propice la cause accidentelle ou mnent par eux-mmes une vritable folie en donnant un dveloppement progressif la disposition morbide. Ou bien la maladie mentale suit une nvropathie constitutionnelle (hystrie, hypo!
condrie, neurasthnie).
est en gnral dfavorable. L'anatomie pathologique de ces abtardissements est encore inconnue en grande partie. Le substratum de la dgnrescence psychique est inconnu morphologiquement et cette notion ne doit tre retenue que par rapport au caractre fonctionnel. Dans tous les cas, les troubles si frquents et considrables du dveloppement du crne sont dignes d'tre nots. Stahl (Zeitschr. f. Psych., 16, 17) indique comme important l'arrt de dveloppement du crne (microcphalie) ou les troubles provoqus par l'hydrocphalie de Tenfance (macrocphalie). Meynert (Skizzen, etc., 1870) attache une importance la disproportion entre le cerveau et le crne d'un ct et le dveloppement du cur et des vaisseaux de l'autre ct. Arndt [Lehrb. der Psychiatrie, 1883, p. 325) a trouv les circonvolutions crbrales moins nombreuses et peu profondment accentues, des atrophies frquentes de certaines
Le pronostic
parties
cule postrieur
1861, p.
pdon-
Les dcouvertes d'Arndt sont aussi dignes d'attention {Yirchow's Archiv, 512; 1867, p. 41, 72); d'aprs lui, chez les individus originairement atteints d'une tare nvropathique, beaucoup de cellules de l'corce crbrale restent, mme dans le cerveau adulte, l'tat embryonnaire; l'enveloppe mdullaire du cylindre-axe reste incomplte; en outre, des imperfections de dveloppement des voies lymphatiques et vasculaires en connexit avec une anmie constitutionnelle se rencontrent souvent. La dgnrescence acquise peut en partie se ramener des troubles de nutrition des parois vasculaires et des troubles d'innervation motrice, comme il s'en produit dans les maladies graves, la chlorose, les excs alcooliques et sexuels, le senium, etc.
CHAPITRE
II
Elle se prsente sous deux formes la forme maniaque et la forme mlancolique. Comme la premire apparat presque exclusivement lors du retour priodique des accs et qu'elle sera pour ce motif traite dans le chapitre de la manie priodique, nous parlerons ici de la folie raisonnante mlancolique marche continue. Nous avons parl dans la pathologie gnrale du caractre raisonnant del maladie comme d'un symptme et non pas comme d'une forme pathologique. Le caractre dgnratif de ce symptme nous a servi en mme temps pour tablir la classification clinico-symptomatologique des tats de dgn:
rescence psychique et nous avons relev le fait que certains malades montrent souvent un curieux mlange de lucidit et de phnomnes morbides, qu'ils savent excellemment excuser leurs actions insenses, agissent et sentent l'envers du bon sens, mais pensent, au point de vue de la forme, d'une manire juste et logique. Les ides dlirantes et les hallucinations manquent tout fait ou s'ajoutent au tableau de la maladie tout au plus pisodiquement, provoques par un lment passager ou par une agitation motive. A ct de la forme raisonnante il faut encore remarquer le caractre stationnaire de la maladie, qui n'est pas du tout progressive, quand mme elle durerait des annes et mme toute la vie du malade. Ce caractre indique une affection profondment constitutionnelle.
MELANCOLIE RAISONNANTE^
Elle se rencontre surtout chez les individus
md.psych.), 1866.
Spielniann, Folie raisonnante, p. 318. Falret, Discussion sut- la folie raisonnanle (\nn. Griesinger, Op. cil., p. 288. V. Kraflt, Die Melancholie,p. 10.
440
pendant des annes la psychose et raccompagnent ensuite dans sa marche. Les affections de l'utrus, notamment les infarctus et les changements de position, sont souvent des lments occasionnels trs importants pour le dveloppement de la psychose. Quand il y a tare hrditaire, la maladie parat pouvoir se dvelopper mme sans l'intervention d'une cause accidentelle. Elle se manifeste avant la pubert ou avec celle-ci. et reste
alors constitutionnelle.
Les mdecins qui ne sont pas spcialistes diagnostiquent ordinairement seulement la nvrose qui est la base de la maladie, mais mconnaissent le ct psychique du tableau morbide. Dans la vie sociale on a adopt comme rgle d'apprcier Ttat uniquement au point de vue thique et on Tinterprte faussement comme le fait d'un mauvais caractre chez un individu capricieux. Fabre en a dcrit les traits principaux sous le nom d'hypocondrie morale avec conscience de son tat . Cliniquement il existe une mauvaise humeur habituelle, une dpression permanente qui se manifeste par de l'irritabilit, du mcontentement, une tendance quereller ou injurier, une disposition maltraiter son entourage. Ces malades qu'on prend assez souvent simplement pour des femmes mchantes, querelleuses, pour des pouses jalouses, des martres Boileau de Castelnau) ont souvent des obsessions cruelles (misopdie, douloureuses. Il y a chez eux une contrainte continuelle de reproduction douloureuse; leur dyesthsie et leur anesthsie psychiques ne leur fournissent que des impressions dsagrables du monde extrieur. Ils ne voient que les cts tristes de la vie, tout en noir, ils ne recueillent de tout que des impressions dsagrables et le moindre contre-temps aggrave considrablement leur tat. Ils sont abouliques, sans courage, sans entrain, incapables d'un travail suivi ou d'un effort intellectuel, malheureux, dsesprs jusqu'au tcedium vitae. Ils souffrent sans cesse du poids de leurs sentiments morbides et de leurs malaises physiques; ils sont livrs sans cesse une contrainte de reproduction. Souvent il y a aussi dans ce cas des conceptions obsdantes. La nature morbide du caractre qui en apparence n'a d'autre dfaut que d'tre difficile vivre, est prouve par la marche exacerbante et rmittente, par l'accentuation progressive des symptmes chaque accs, l'poque de la menstruation, par les plaintes des malades qui, dans les intervalles d'allgement, disent qu'ils se comportent ainsi contrairement leur conscience et leur volont, qu'ils sont contraints de faire du mal, de nuire aux autres. Il s'y
produisent rarement, il est vrai, mais qu'on peut observer dans les motions plus vives, enfin des complexus cliniques nvropathiques neurasthnie, irritation spinale, hystrisme) qui
accompagnent
les
paroxysmes
de mauvaise humeur et d'irritation. Souvent ces malades souffrent continuellement de la peur de devenir fous.
Au point de vue thrapeutique on peut recommander, outre le traitement des phnomnes nvrotiques existants et des maladies utrines frquentes, l'hydrothrapie bains tides, enveloppements avec le drap mouill; et les
DGNRESCENCES PSYCHIQUES
injections de
4U
morphine qui, il est vrai, n'agissent que comme palliatifs, mais qui, dans les priodes d'exacerbation, peuvent restreindre au minimum les souffrances morales et physiques de ces malades. 11 faut faire particulirement attention au danger de la morphiuomanie
qui pourrait se dvelopper.
Observation XXXII, Folie raisormante mlancolique. Description intressante par Josphine Dietrich, quarante ans, est issue d'une famille trs malade elle-mme.
1(1
tare.
Le frre du pre
moments
La
vie
premire apparition des rgles, l'ge de seize ans, hystrie qui passa l'tat d'hystro-pilepsie (crampes cloniques coordonnes, avec perte de conscience). A l'ge
la
de vingt-deux ans,
la
et
La malade est reste nvropathique (nvralpeu peu cette nvrose devint psychose qui aujourd'hui encore subsiste sans avoir chang, avec des rmissions
les accs disparurent.
;
des exacerbations.
et dysesthsie
existe de
vagues
un
La dysesthsie psychique
Une compassion amicale
Souvent
amis.
elle est,
se
manifeste par ce
que
le
monde
extrieur lui
mme
lui est
douloureuse.
mme
En mme temps il y a chez elle une anesthsie psychique trs prononce; elle est sans joie, la vie n'a pour elle aucun attrait; c'est pour elle une charge; la mort
serait considre
comme une
dlivrance heureuse.
elle
a en
mme
temps une
parfaite connais-
force de considrer
comme mauvais
tout ce
qui est cher et prcieux aux autres, augmente encore sa douleur. Ses conceptions dpendent entirement de ses sentiments morbides.
Sans cesse des penses tristes et torturantes lui viennent. Sur le terrain des efforts, il y a, chez notre malade, absence d'intrts, rsignation sourde avec un naturel farouche, ami de la solitude.
Parfois ce tableau morbide change. La malade devient agite, irrite,
extrieur,
ragit dans
un sens
hostile contre le
monde
demande qu'on
la renvoie, dsire la
mort.
L'agitation se manifeste par toutes sortes d'actes instinctifs et sans but. Les actes de nature hostile et destructive sont des actes rilexes psychiques, analogues la
crampe
les
dominer.
sont mis excution en partie par l'excs des sentiments pnibles, de la dyses
Ils
442
en partie par des sensations gnrales prcordiales et torturantes (angoisse); en partie par des conceptions obsdantes, importunes, dans lesquelles s'objective momentanment le sentiment douloureux.
cerbations d'une nvralgie
;
Ces paroxysmes viennent par accs. Avec cette hyperesthsie psychique qui se manifeste d'une manire rflexe vont de pair des hyperesthsies spinales analogues, de vagues douleurs nvralgiques, des tirements et des fourmillements agaants dans les extrmits.
tuelle,
Le sommeil est agit et troubl par des rves terrifiants. Une constipation habiune anmie constitutionnelle compltent le tableau morbide. Comme remde seules les injections de morphine ont donn des rsultats.
Elles n'agissent
palliative,
sentir,
il
y a
un
mais pendant que leur efi"et se fait pour lequel les malades s'puisent en remer-
ciments.
dcrit par la lettre suivante de la
tielles.
Mieux que par toute analyse clinique, cet tat de mlancolie sans dlire sera malade dont j'extrais les parties les plus essen
Excusez-moi
si
je
prends
la libert de
rpondre votre
peu
prs incapable de m'expliquer verbalement. Les ides viennent par escadrons, ce sont mes tyrans et je suis toujours porte penser.
les mauvaises penses. nombreuses, si varies et aussi inconstantes qu'il y a de quarts d'heure dans une journe, dans un mois, dans une anne, et celles-ci m'incitent autant de projets que je suis malheureusement pousse excuter
<t
((
puissantes,
si
immdiatement.
oc
et
il
faut
me
ce
me tourmentent sans cesse; mais quand le moment peux les vaincre avec beaucoup de peine. Deux fois j'ai succomb, mais heureusement ou malheureusement chaque fois je fus prise et arrte. Je fus mme pousse par une femme lgre boire l'urine d'une malade atteinte de fivre nerveuse l'agonie, et je crus que la mort ne pouvait manquer de venir,
Ces penses et ces ides
terrible est pass, je
mais ce
fut en vain.
dans de l'eau froide et j'ai fait une peur terrible d'tre condamne vivre longtemps; voil pourquoi je dsire vivement que vous me donniez un moyen qui me mne de la vie la mort. Si ma vie devenait plus supportable, je vous en serais toujours reconnaissante; mais si je mourais, je vous en saurais gr pendant toute l'ternit, car mes soufl'poque de la menstruation, je
suis assise
J'ai
me
Le
soleil, la socit gaie et les distractions me sont autant de tourments. L'orage, la tempte, les tremblements de ten-e, les tnbres, l'incendie seraient
mon
s'ils
bombardement
et
(Strasbourg).
le
aux malades
fois
encore tout fut vain. Depuis ces temps derniers je suis en proie aux penses les plus mchantes. Je puis parler raisonnablement, c'est vrai, mais je ne puis penser de mme, d'aprs les apparences, on ne s'en doute pas la plupart du temps.
et,
Je
me
faire
quelque chose
et je
ne sais pas ce
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
443
que je dois faire. Je n'ai jamais un moment de tranquillit, mais au fond j'ignore pourquoi. La plupart du temps je ne peux pas dormir la nuit, j'ai des rves terrifiants et dsesprs, et alors je frappe autour de moi tout en dormant.
Parfois je me sens pousse injurier les gens et mme mes suprieurs que j'estime beaucoup et les traiter avec ironie, souvent je suis porte sauter, et alors je ne puis pas m'en empcher; ensuite je suis prise d'une trs grande lassitude et d'une terrible mlancolie, et puis je ne peux plus bouger.
Ainsi,
au milieu de
la
mais toutefois je ne puis pas dormir longtemps. Aprs ce sommeil, mes tourments sont encore pires sans que je sache pourquoi. Et puis dans l'intervalle de ces souffrances je sens aussi, assez souvent, des malaises physiques, divers symptmes d'excitation dans mes membres, mais tout cela n'est rien en comparaison de mes souffrances intrieures. Mais maintenant j'ai bon espoir que les injections de morphine que vous m'avez lait parvenir gracieusement domineront et attnueront toujours ces priodes terribles. Je vous prie de m'en faire parvenir dans ma plus grande dtresse je n'abu;
serai
CHAPITRE
paranoa
1
III
La description qui va suivre comprend sous cette dnomination une maladie psychique chronique qui se rencontre exclusivement chez les tars, qui se dveloppe souvent au milieu des nvroses constitutionnelles, et dont le symptme principal est l'existence d'ides dlirantes 2. Ces ides dlirantes sont, contrairement celles qui se rencontrent dans la mlancolie et daus la manie, des crations primaires du cerveau qui manquent de toute base et origine motive contrairement aux dlires de la folie, ce sont des ides systmatiques mthodiques de prime abord, qui sont formes par des oprations de conclusion et de jugement et qui de cette faon s"chafaudent en un vritable difice d'illusions. Cette facult de dvelopper une activit psychique combinante et raisonnante est, contrairement encore la vsanie, garantie par le mnagement relatif que le processus de la maladie a eu pour la vie intellectuelle, du moins eu ce qui concerne le mcanisme (formation des jugements et des conclusions); de sorte que pour un observateur superficiel le calme et la logique du malade paraissent sauvegards (folie partielle). Malgr toute son apparence de lucidit, l'intelligence est pourtant trouble d'une manire particulire en ce sens qu'en dpit de l'absence d'motions, malgr la conservation de la facult de perception et de rflexion, le malade est incapable de rectifier ses imaginations, ses illusions, etc. il les accepte sans critique et comme des faits acquis, et il s'en sert dans ce sens. Par consquent il juge et conclut ncessairement sur la base de pr; ;
J'si/ch., 37,
Snell, Allr/. Zellschr. f. Psych., 22, p. 368; 30, p. 319. Uagen, Studieji, etc., 1870, p. 41. p. 252. Psych., 36, p. 254; 37, p. 55. --- Koch, Ib'uL, 36, fasc. 5.
'
Fritsch,
Jalirb. f. Psych.,
f.
f.
I,
Sfudien iiber die prim. Verr. Thse doctorale, Dorpat, 1879. Amadei e Tonnini, La Paranoa e le sue forme, Arch, ital., 1884. Morselli e Buccola, anzi e Contrib. clin, cdla dotlrina dlia pazzia sistematizzata pri)nitii'a, Torino, 1883.
1879, p. 40.
Merklin,
3.
Synonymes
(Arndl).
Monomanie
intellectuelle (Esquirol).
Paranoa
iiniversalis
DGNRESCENCES PSYCHIQUES
misses fausses,
les pierres
445
et il chafaude un difice d'illusions dont le loudement et ne sont que des fictions malgr toute la correction dans l'excu-
tion de l'architecture.
et les actes
et les hallucinations.
Le centre de gravit de l'ensemble pathologique n'est donc pas, comme dans la mlancolie et la manie, dans les troubles primaires motifs et psychomoteurs, mais dans les troubles de la sphre de conception (illusion et absence de critique). Le paranoque sent et agit comme si son illusion tait une ralit. Le dveloppement et la marche de la paranoa sont chroniques. Elle se dveloppe lentement, aprs un stade d'incubation qui dure des mois et mme des annes, avant d'arriver son apoge alors elle reste souvent, pendant des annes et mme des lustres, stationnaire, et ne se termine jamais par la dmence, fin des psychonvroses incu;
rables.
Parmi plus d'un millier de cas de mon observation personnelle, je n'ai jamais vu une seule gurison,mais bien des intervalles lucides, surtout au
commencement de
la maladie, et qui n'ont eu qu'une dure phmre, puis des rmissions profondes et durables pendant lesquelles les symptmes
de la maladie (ides dlirantes, illusions) taient tout fait latents. Les intermissions durant presque une anne, avec pleine connaissance de son tat et avec rectification de la part du malade, sont aussi assez frquentes. Ces intermissions peuvent se produire encore aprs des annes, et il ne faut pas les confondre avec les gurisons, car dans tous ces cas la paranoa se dclare nouveau aprs un temps plus ou moins long mais elle ne revient pas comme une rcidive qui parcourt tout le processus de la maladie ds son commencement; elle reprend sa marche l o elle l'avait interrompue. Il ne faut pas non plus confondre avec la rmission cette dissimulation parfois trs habile qu'emploient souvent les malades de ce genre. Ils savent si bien prendre empire sur eux-mmes, selon les circonstances, et donner l'apparence d'un tat normal, qu'ils se trahissent
;
tout au plus par des motions affectives et rvlent alors un nouveau fragment de leur histoire de souffrances ou d'exploits hroques.
Afin de pouvoir pntrer et comprendre cette forme de trouble psychique qui se meut essentiellement au milieu des ides dlirantes, il est d'une trs grande importance de connatre le mode d'origine des principaux symptmes de la maladie. Au dbut se dveloppent des ides dlirantes venant des imaginations, des conclusions fausses appuyes par une
de
la
mmoire
et l'occasion
mme
souvenir.
mordiales morbides de
Dj, cette priode, peuvent surgir pisodiquemeut des crations prila conception. Elles agissent sur le malade de la
mme
manire que les conceptions obsdantes, en l'importunant, en le terrifiant, en le dprimant; mais elles ne tiennent pas longtemps debout devant sa rflexion et sa critique intactes. Au cours du dveloppement,
446
dont l'utilisation pour la formation de l'ide dlirante se fait souvent sans entrave de la part de la conscience qui est devenue compltement paranoque (facult de critique disparue, etc.)- Les ides dlirantes, l'apoge del maladie, se dveloppent essentiellementd'aprs le mode d'origine que nous venons de dcrire. Les sources les plus importantes sont pour la gense directe les dlires comme expression de la fonction spontane et morbide des rgions de l'corce crbrale qui produisent les oprations de la con:
ception (dlires primordiaux; ainsi que les hallucinations. Il y a des cas, trs rares d'ailleurs, o, l'acm de la maladie, la formation de l'ide
dlirante est essentiellement primordiale et idative (paranoa combinatoy en a d'autres plus frquents o la rgion sensorielle hallucinatoire
ria); il
marche de
la
maladie
(paranoa hallucinatoria).
ments peuvent se dvelopper sans limites et se prter une nouvelle utilisation dans le sens des ides dlirantes secondaires. Avec le plein dveloppement de l'action de la conscience change dans le sens paranoque, arrivent les matriaux de la paranoa fournis par les paramnsies (par exemple confusion des choses rves et dlires avec des faits rels),
par
les illusions de la mmoire et par de vritables erreurs de souvenir. Une grande quantit de matriaux est fournie enfin par les nvroses constitutionnelles prmorbides dont les nombreux troubles de sensibilit,
dans la conscience paranoque physique mais par des influences venant du non pas par une maladie
motilil, etc., sont objectivs et motivs
monde
extrieur.
la
l'acm de
en conceptions dlirantes s'accomplit sans difficult et comme par obsession; d'autre part l'hyperesthsie des centres et des voies conductrices
se transformer
immdiatement en sen-
Ainsi le malade est transport dans un monde d'erreurs et d'illusions et, pour comble de malheur, sa logique continue rester juste quanta la forme et brode tout un tissu d'ides dlirantes. La signification dgnrative du tableau morbide, que Morel avait dj clairement reconnue, a t rcemment mise en doute plusieurs reprises par certains auteurs (Mendel et autres) qui ont considr la paranoa comme une forme chronique de la vsanie. Je n'ai jamais constat de paranoa chez des individus sans tare. Dans la grande majorit des cas, la tare tait hrditaire (caractre anormal, psy-
plus rarechoses, nvroses coustitutionnelles, ivrognerie des ascendants par maladies crbrales dans l'enfance ou par ment la tare tait acquise
,
un rachitisme qui
Tanzi
et
a troubl le dveloppement
du crne
et
du cerveau.
Riva
{op. cit.]
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
447
as hrditaires, 9,o p. 100 de troubles de dveloppement par maladie da cerveau chez l'eufaut. Chez 17 p. 100 des parauoques on ne put trouver d'antcdents hrditaires, mais leur possibilit n'tait pas exclue non
plus.
il est beaucoup plus impordans le cas isol. Sous ce rapport l'examen minutieux de la personnalit prmorbide et de la personnalit actuelle ne donne jamais de rsultat ngatif. On s'apercevra toujours que la nature intime et tout le dveloppement du caractre des candidats la paranoa sont anormaux il est mme incontestable que souvent la tendance spciale et anormale du caractre est dterminante pour la forme spciale c^ue prendra plus tard la folie primaire, de sorte que celle-ci reprsente pour ainsi dire une hypertrophie du caractre anormal. Ainsi voyons-nous par exemple un individu de tout temps mfiant, renferm et aimant la solitude, se croire un jour perscut; un homme brutal, irascible, goste et dfectueux dans ses ides, devient qurulant, chicaneur, et une personne dvote et excentrique devient une proie pour la paranoa religieuse. Ce dveloppement de la maladie, sorti du noyau le plus intime de la personnalit, se calquant sur le caractre de l'individu, jette ds maintenant un jour caractristique sur ce fait, qui plus tard se dessinera bien distinctement au cours de la maladie le rle prpondrant que joue chez ces malades la vie psychique inconsciente en face de la sphre de la vie
la question,
consciente.
Le caractre mme n'est essentiellement que l'expression de l'activit de de cette sphre intellectuelle inconsciente. La prdominance de cette dernire se produit par le caractre rveur,,
et
enthousiaste
en rve, des rminiscences de lectures ou du thtre continuent se tisser dans le plus profond de leur me, puis surgissent bientt comme un clair sous forme de conceptions obsdantes et de dlires primordiaux pour redevenir latents et pour trouver plus tard leur expression dfinitive dans les conceptions dlirantes de la maladie. D'ordinaire, l'activit de l'imagination de ces individus est trs vive et trs facile exciter. Les facults intellectuelles peuvent tre bonnes, mais elles sont souvent exclusivement dveloppes dans une direction. Le Moi succombant sans rsistance devant les crations de la maladie (ides dlirantes, illusions des sensj, malgr l'absence de troubles motifs, l'abandon simple et sans critique, dnu de toute rflexion et de tout contrle de ces ides, la rapidit tonnante avec laquelle elles se dveloppent pour constituer un chafaudage systmatique d'ides dlirantes, surtout les associations d'ides alogiques, baroques et archifolles, tout cela, indique une vie crbrale d'une organisation anormale.
448
d'une manire particulirement frappante de la tendance du malade rapporter sa propre personne tous les vnements du monde extrieur^ Sans recherche, saus aucune rflexion et avec une logique originairement fausse mais juste quant la forme, le malade tablit ces corrlations qui, pour la conscience, prennent immdiatement l'importance de faits rels et incontestables. Mme des mots insignifiants ^ qu'on a entendu prononcer par hasard restent souvent dans la mmoire, font une profonde impression, sont pris d'une manire baroque, contresens et, aprs avoir t torturs et interprts symboliquement et d'une manire absolument impossible pour un cerveau normal, ils sont rapports
Ce
continuelle
soi-mme.
Les constatations anatomo-pathologiques, dans cette forme de vsanie qui a sa racine dans le fond de la personnalit et du caractre, sont
On rencontre souvent des asymdans le dveloppement des carotides et des artres vertbrales, du crne et du cerveau ces constatations peuvent, au point de vue du caractre, ne pas manquer d'importance, mais, pour l'interprtation du vritable processus de la maladie, les autopsies des cadavres avec constatations pour la plupart ngatives sont bien infructueuses. L'absence de processus anatomiques grossiers pourrait peut-tre expliquer le fait que la maladie ne va pas jusqu'au gtisme, et qu'elle laisse intact le mcanisme de la formation des jugements et des concluactuellement encore trs insuffisantes.
tries
;
sions.
Les causes accidentelles qui amnent l'explosion de la maladie sont mentale en gnral la pubert, la mnopause, les maladies utrines, l'onanisme, paraissent cependant d'une trs grande importance.
celles de l'alination
;
Le dveloppement de la maladie est, dans la plupart des cas, successif pour ainsi dire, se forme en parasite sur la personnalit anormale et, par ce fait, chappe ordinairement l'observation. Le stade d'incubation peut tre dsign comme celui des pressentiments et des suppositions par opposition la phase de la maladie dveloppe o
les ides dlirantes et les illusions
Dans
intellectuelle inconsciente
du malade
1 Une de mes malades prit pour elle l'annonce d'un journal o une sage-femme faisait savoir qu'elle venait de s'lablir; elle en conclut qu'on la croyait... enceinte. Une autre avait fait insrer dans un journal une annonce de nature amoureuse. Ouand, le lendemain, elle vit un coin de rue raffiche du thtre annonant la pice bien connue Sie ist wahnsinnig (elle est folle), elle pensa en elle < Ah! cela te regarde, toi Un malade crut, en voyant sautiller les grenouilles dans l'eau, que c'tait un avis de quitter son domicile qui lui tait devenu antipathique. Une malade voyant sur l'affiche du thtre la pice Les Nouveaux Maris, prit cela pour une allusion olTensante et grossire une liaison d'amour qu'elle avait eu il y a vingt ans.
:
Un de mes malades passe auprs du calvaire {Calvarienberg, glise de plerinage Immdiatement il interprte le mot de la manire suivante cal call (fiance) vari vmr (tait) i Ignalz (frre cadet du malade), en est le symbole de la Russie et
*
Gratz).
mne
de grandes complications.
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
aux perceptions eu elles-mmes justes
elles
449
qu'il recueille
du monde extrieur:
y accourent par attraction. Derrire les phnomnes, il aperoit, cherche quelque chose qui n'appartient pas du tout ces phnomnes
(Hagen).
les
Comme le malade ne se rend pas compte de l'origine de ces fictions, rapports particuliers qu'il attribue ce qu'il a peru lui paraissent
faits
des
acquis
et,
il
comme
du
rapporte tout sa propre personne. Les motions occasionnelles de consternation ou d'excitation ne sont pas primaires, mais
secondaires. Par
revient et se
rectifier ces fictions,
malade mme,
moments, la logique est encore capable de corriger ou de mais toujours et toujours le faussement de la pense reproduit. L'imagination monte et l'attention plus tendue
;
des incidents de hasard confirment le soupon. d'un travestissement du monde extrieur amen par la rflexion et par des illusions, comme cela rsulte de l'tat d'esprit morbide du mlancolique et du maniaque, mais bien de fictions venant d'un fondement organique et inconscient et se liant aux perceptions du monde extrieur. Par ce fait, ces perceptions, ainsi que les propres ides du malade, apparaissent avec le mme caractre. L'activit inconsciente de l'me conaident cette erreur
Il
ne
s'agit
pas
ici
fils de la pense et permet aux suppositions de mrir de devenir des ides dlirantes primordiales.
et
La
du plein dveloppement de
la
phnomnes orageux (accs d'angoisse, de crampe, hallucinations s'imposant en foule et reprsentant un vritable dlire hallucinatoire) elle est dans la plupart des cas progressive, de faon que les fictions inconscientes qui se dveloppent deviennent d'abord des perceptions illusoires, jusqu' ce qu'un incident surprenant, bien que d au simple hasard, transforme d'un coup la supposition en certitude et que, avec une motion qui s'y joint, l'illusion entre dans la conscience. Alors c'en est fait de la facult de critique et de rflexion. Tout est interprt selon les circonstances dans un sens hostile ou favorable l'individu. Une perception non colore n'est plus gure possible. Passagrement, il se produit dj dans ce stade un dlire de transformation gnrale tout Mendel). est chang et contrefait, etc. (dlire mtabolique, Le mode d'origine des ides dlirantes qui dominent maintenant la scne est en partie un processus d'excitation directe dans les cellules de la pense, en partie une excitation des nerfs organiques priphriques qui, sans arriver jusqu' la claire conscience, excitent pourtant les cellules de la pense ou mme des centres psycho-sensoriels et provoquent des reprsentations dlirantes correspondantes (par exemple: sexuelles, hypocondriaques), ou des hallucinations. Le malade n'arrive pas avoir conscience de ces faits qui se produisent dans le mcanisne de sa vie intellectuelle inconsciente il n'en a connaissance que par un dtour, par voie indirecte, sous forme d'hallucinations et de dlires primordiaux. Dans le premier moment, ces crations produisent un efet surprenant, pour ainsi dire stupfiant. Mais le malade se les assimile bien vite elles
s'accomplit rarement avec des
;
:
PSYCHIATRIE.
29
450
agissent sur lui avec une obsession remarquable, comme une vrit absolue. La motivation n'a lieu que tard ou pas du tout. En prsence des contestations, le
malade invoque ce
qu'il croit
un
fait rel.
Souvent, au dbut, les dlires primordiaux tirent leur origine de l'activit cratrice qui s'accomplit dans la demi-somnolence et dans le dlire, de mme que des faits vus dans des rves ou des dlires antrieurs sont reproduits et peuvent tre utiliss. C'est cette origine qui explique en partie
le
caractre baroque, romanesque et fantastique des ides dlirantes (voyez plus loin paranoa originaire et hystrique). La source la plus importante pour la cration et le dveloppement des
ides dlirantes se trouve cependant dans les hallucinations qui ne manquent presque jamais l'apoge de la maladie. Les excitations de la conception qui les font clater appartiennent galement la sphre inconsciente et les hallucinations sont pour la conscience tranges, surprenantes, incomprhensibles, comme c'est le cas pour les dlires primordiaux leur
dbut.
Aux stades plus avancs de la maladie, les penses conscientes mme peuvent se transformer en voix. D'accord ce sujet avec Saint, je trouve que les hallucinations auditives sont les plus frquentes et les plus importantes, ensuite viennent les hallucinations tactiles, visuelles, et celles du got et du sens olfactif. On doit signaler comme particulirement intressant le fait que, malgr toutes les nuances individuelles, la nature des ides dlirantes primordiales est essentiellement la mme chez tous les malades. Les ides dlirantes, en ce qui concerne leur nature, sont bases sur un prjudice ou un avantage dans la position sociale du malade (dlire de
perscution et dlire des grandeurs). Les dlires de perscution sont beaucoup plus frquents que les dlires des grandeurs. Ces deux dlires primordiaux peuvent se rencontrer con-
scutivement ou simultanment dans le mme tableau morbide o ils peuvent subsister chacun seul et part. Quand le dlire dbute par la monomanie de la perscution, souvent des ides de grandeur viennent s'ajouter au cours de la maladie avec une telle puissance et en si grand nombre qu'elles refoulent presque compltement le dlire de perscution. Le perscut devient un personnage
illustre (transformation)
;
les
deux rameaux du dlire seront alors peu et, bien que le dlire secondaire prdomine,
la
dlire
maladie.
prcurseurs d'une transformation future se montrent de bonne primordiaux des grandeurs tout fait brusques et disparaissant aussi vite qu'ils sont apparus, en mme temps que les hallucinations correspondantes. Quand la paranoa dbute et volue avec dlire des grandeurs prdo-
Comme
heure
les dlires
minant, aucune transformation n"a lieu, mais les ides primordiales de perscution peuvent se rencontrer pisodiquement et occasionnellement.
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
4ol
Comme phnomnes
ractifs secondaires,
des explosions de dsespoir ou comme motions d'enthousiasme pouvant aller jusqu' l'extase. Les explosions de dsespoir peuvent tre annotes
La marche chronique
sauts (Westphal).
et totale
de
la
Les exacerbations vont souvent de pair avec des symptmes nettement somatiques (tats d'excitation et de fluxion crbrale avec insomnie, salivation, etc.) ou aussi avec des symptmes psychiques (absorption, rverie allant jusqu' l'extase, paralysie ayant la forme de la stupeur, confusion hallucinatoire avec dlires en foule, tats d'agitation du genre de la frnsie avec actes impulsifs, conceptions et
gration, etc.).
mouvements obsdants,
de
la
verbi-
sphre inconsciente prdomine, de nouvelles sries d'ides dlirantes se forment. Un fait trs important pour l'apprciation du cas clinique et de son volution, mais qui jusqu'ici a t trop peu pris en considration, c'est la
tats
l'activit
Dans ces
prsence des psychoses avec allure toute autre dans la marche totale de la paranoa. J'ai vu plusieurs reprises se dvelopper de la dmence paralytique l'alination mentale alcoolique et pileptique n'est pas rare non plus dans ce cas puis on note des formes priodiques, de la mlancolie
;
;
pisodique
et
de
la vsanie.
non moins remarquable, c'est qu'une forme clinique de la paranoa peut avoir une volution abortive en ce sens qu'elle est remplace par une autre forme. Ainsi, par exemple, la paranoa originaire devient
fait
Un
qui apparat. Il paranoa typica persecutoria tardiva se transforme sous l'influence des excs alcooliques en une paranoa alcoolique ou qu'une paranoa querulantum soit remplace par une paranoa persecutoria simple, qu'une paranoa persecutoria simple soit remplace par une paranoa erotique ou religieuse. Contrairement aux cas o ces substitutions se font comme une simple transformation du dlire, il faut
arrive
aussi
parfois
qu'une
remarquer qu'ici la forme originaire devient latente jusqu' l'intermission que la nouvelle forme se manifeste comme autonome par le fait que, semblable une forme originaire primitive, elle fait son entre avec un stade d'incubation net et part de l pour se dvelopper jusqu' Tapoge
et
de la maladie.
La terminaison de la paranoa est un tat de faiblesse psychique qui cependant se manifeste plutt par une indiffrence de cur que par des dfauts intellectuels et laisse dans tous les cas peu prs intactes les anciennes capacits artistiques ou professionnelles de ces malades, de mme que leur facult de juger et de conclure. Ces perscuts, hros, divinits et majests de l'asile, restent souvent jusqu' la fin de leur vie des artisans et des laboureurs trs apprcis au service de l'asile qui pour
452
devenu une seconde patrie ils sont d'autant plus capables de faire leur ouvrage que les ides dlirantes s'effacent successivement, que leurs hallucinations deviennent de plus en plus rares et que toutes deux
eux
perdent leur pouvoir de produire des motions. Dans tous les cas il n'est ni dans la nature ni dans la marche de la paranoa de mener la dmence. Quand les paranoques tombent dans
gtisme, il s'agit sans doute de complications, La dmence est ici la consquence et l'expression du snium prcoce ou des excs alcooliques ou masturbatoires, ou bien elle est le dnouement des psychoses de comle
plication.
Afin de pouvoir donner une description dtaille des tableaux cliniques de la paranoa, il est ncessaire d'en faire avant tout la classification. Cette classification ne peut tre que purement empirique, tant donne notre ignorance de la nature intime de ces tats elle doit tre base sur
;
de l'tiologie, de des dtails symptomatiques. Chose digne de remarque ce sujet, c'est que certains cas commencent ds l'enfance (originaire), et que d'autres n'clatent qu'au cours du complet dveloppement psychique (tardive). D'aprs les phnomnes tiologiques qui trouvent aussi leur expression dans le tableau morbide, on peut distinguer, dans le cadre des
l'poque du dbut de la maladie, sur les particularits
la
marche
et
formes tardives, une paranoa simple, voire typica, en face des formes de la paranoa neurasthnique, hystrique, hypocondriaque, alcoolique, etc. La nature des dlires n'est pas non plus sans importance clinique pour la dans tous les cas elle n'est pas le produit du hasard et classification demande tre prise en considration dans le travail de classement
;
I.
Paranoa originaire'.
antrieure la
comme oppos du groupe suivant de la paracomprends les cas dont l'origine remonte une poque pubert ou du moins la priode de dveloppement de la
Il s'agit toujours d'individus qui ont une tare grave et il faut ajouter ordinairement hrditaire, qui ds leur premire jeunesse ont ragi intellectuellement d'une manire anormale et chez lesquels, suivant l'expression juste de Sander, la maladie s'est dveloppe avec le dveloppement psychique comme la sant se dveloppe chez les personnes prdisposition normale. Cette forme est beaucoup plus rare que la forme tardive. Sur ooO cas de paranoa je l'ai rencontre 16 fois '10 femmes, 6 hommes). La tare se mani-
feste
se
Sander, Griesingers
Psych.,
I,
fasc. 2.
theit, 1879.
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
dclarent
4o3
la
rarement sans provoquer la masturbation, par tendance aux dlires, l'occasion des troubles somatiques tels que les processus fbriles, ou aussi l'occasion des exacerbations de la nvrose. La tare psychique se manifeste par un naturel mou, fade, sentimental, port l'hypocondrie et l'rotisme, par une sensibilit, une motivit et
verse, instinct qui s'veille
la
une
susceptibilit excessives.
J'ai
pu occasionnellement
faire
remonter
les
symptmes d'incubation
jusqu' la quatrime anne de l'individu. Les enfants ne se sentaient pas traits par leurs parents avec la mme affection qu'on prodiguait leurs
surs ils croyaient tre rduits l'tat de Cendrillon dans la maison. Le sentiment qu'ils taient ngligs leur tait douloureux au point de produire un dgot de la vie. En gnral, le ton qui rgnait dans la maison ne leur semblait pas assez distingu, ils se sentaient attirs vers les classes suprieures de la socit. Effectivement ces individus dlicats, ples, rveurs, sentimentaux, dvelopps avant le temps physiquement et psychiquemeut, trouvent des marques d'attention de la part de voisins ou d'trangers bienveillants. Les paroles aimables, les flatteries sans aucune importance, notamment si elles viennent de la part de personnes ayant une haute position sociale, font une profonde impression. Les sentiments se dveloppent avec l'ide qu'on est destin quelque chose de plus lev, qu'on a un talent extraordinaire. Dans les rves et dans les dlires surgit l'ide d'appartenir un monde social plus lev. Cette ide se manifeste l'tat de veille et devient le point de dpart pour l'chafaudage de chteaux en Espagne et de projets transcendentaux. Ds lors, des dlires primordiaux de haute extraction peuvent venir papilloter autour de l'individu pour rentrer aussitt et rapidement dans le nant. La croyance qu'on n'est pas trait affectueusement la maison, la prtendue ou relle prvenance qu'on rencontre chez les gens du dehors, alimentent sans cesse ces rveries. Le pressentiment qu'on est l'enfant d'autres personnes s'impose de plus en plus puissamment. Les malades dcouvrent une dissemblance entre leurs traits et ceux de leur famille, une ressemblance surprenante avec les portraits des membres de la dynastie rgnante ou de personnes haut places. A l'occasion d'une conversation sur ces personnes, les prtendus parents ont pli et sont devenus embarrasss. 11 y a l-dessous un mystre que les malades se sentent pousss claircir. De nouveaux tats d'exception dlirants (hystriques), mme des rves, des interprtations paralogiques des vnements de la vie l'tat de veille, des paroles de Tentourage, des annonces dans les journaux, des passages de romans, etc., tout leur fournit des matriaux pour la monomanie future. Pour le malade, il devient de plus en plus clair et vident qu'il n'est que l'enfant eu nourrice ou adoptif des gens qui se donnent comme ses
frres et
;
vritables parents.
la
part
4b4
mre nourrice
laissent l'occasion
chapper des allusions sur sa noble origine, sa grande fortune; ils montrent la lettre de noblesse, mais dans la plupart des cas quand ils sont l'agonie, et ils meurent au moment o ils taient sur le point de rvler le secret. Peu peu le malade l'apprend par des illusions auditives et par des hallucinations. Des rminiscences, des rves et des dlires sur ce sujet et qu'on prend pour des ralits (illusions de souvenir^, deviennent des aides importants pour composer le roman et solidifier l'illusion. L'imagination faonne cette origine mystrieuse et non dcouverte et en fait des romans typiques o il est dit qu'tant enfant, on a t enlev du chteau princier de ses parents par des brigands, des bohmiens, etc. Maintenant le malade s'explique le fait qu'on lui a toujours, selon son ide, prfr autrefois, tant enfant, ses prtendus frres et surs. La fixation de l'ide dlirante ne s'accomplit souvent que trs lentement. Ces malades sont souvent pendant des annes la recherche de la maison paterDelle, du chteau princier.
Chez les individus du sexe fminin un lment erotique, lambeau de paranoa erotique, apparat rgulirement au cours de la maladie souvent un amour romanesque pour un personnage haut plac. Il y a alors des scnes d'amour, des premires nuits de noces, des grossesses et des accou;
chements pendant
les rves et les tats hallucinatoires dlirants, surtout base hystrique. A l'tat de veille aussi des illusions des sens, des confusions de personnes, des interprtations paralogiques de choses lues jouent un rle important dans ce roman d'amour.
se prsentent l'observation,
comme
fait
part des cas, l'occasion des conflits et des obstacles que l'illusion paravritable noque rencontre dans le monde rel. La marche est ensuite essentiellement semblable la roman de perscutions et de grandeurs marche de la paranoa tardive, notamment la forme hystrique et masturbatoire. Il faut remarquer les intermissions qui peuvent durer pendant des annes. Notons comme importante au point de vue du diagnostic dans cette forme de la paranoa, abstraction faite du mode d'origine et du dbut avant la pubert, la nature romanesque et ferique des dlires avec prdominance de la monomanie des grandeurs, et lide dlirante, qui revient typique, qu'on est n d'une grande famille et qu'on n'est que l'enfant en nourrice ou adoptifde ses prtendus parents. Remarquons encore la nature trs varie du dlire, bien que le fond de l'illusion reste solidement fix, l'intervention puissante des nvroses constitutionnelles (surtout de l'hystrie) dans le processus, avec de nombreuses transformations psychiques des symptmes de la nvrose, enfin l'apparition prcoce de la confusion ( la suite des illusions de souvenir, des illusions, des hallucinations, etc.) de sorte que le status praesens peut mme simuler limage d'une vsanie.
non marie,
fille
de brasserie, a t reue
le
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
La mre
attire
4o5
tait psychopathe, deux frres de la mre taient fous. La malade arrive trangement, orne de rubans noirs et jaunes, d"images, dcore de bijoux en talc. Depuis un an, dit-on, elle se comporte en reine et impratrice, et aurait l'occasion menac les gens de son entourage de les faire mettre en prison ou de leur
couronnement.
;
fille, elle
toujours
comme
ne se trouvait pas heureuse la maison paternelle elle une trangre, une enfant de belle-mre. Elle dut souffrir
;
beaucoup, se trouvant esclave on la traitait durement et sans la moindre marque d'affection, on la raillait ou on la perscutait; elle a souvent pleur des journes entires et mdit sur sa triste situation. Les gens de sa famille rapportent que, ds
sa premire enfance, la
malade
n'tait
pas
comme
les
autres enfants
elle tait
romanesque.
eu l'ge de sept ans une vision terrifiante. A l'ge de haute extraction. Elle se sentait doue de talents extraordinaires, particulirement remarquables et bien au-dessus des camai^ades de son ge. En jouant, l'ide lui passait souvent par la tte qu'elle finirait un jour par devenir impratrice.
se rappelle avoir
La malade
de neuf ans
elle
l'attitude peu affectueuse de ses entourer son origine. Elle sentait que ses stirs
et frres l'enviaient. L'attitude des gens lui paraissait de plus en plus trange. Ses parents et certaines personnes de son enlourc-ge la traitaient avec rpulsion, d'autres au contraire taient aimables et respectueuses envers elle. Un jour, l'instituteur lui
dit
Victoria, tu es
une homonyme de
elle.
la reine d'Angleterre.
Cela
fit
une proelle
:
Plus tard
!
elle
et se livra
l'ge de quinze ans arrivrent les rgles avec des malaises chloro tiques et
er-
veux.
l'ge de seize
elle
Il lui
semblait alors que son sang se changeait de rouge en bleu et interprtait dans
ce
sens les taches livides qui se trouvaient sur sa peau. Elle s'aperut aussi que les
gens
tre
lui causaient
comme
si elle
tait reine.
A l'occasion
elle
remarqua
une
fille
de cette reine.
Les gens l'appelaient souvent Victoria du pays des Souabes. Elle apprit par des propos de son entourage, de mme que par les allusions que le cur fit lors d'une
procession, qu'elle tait la
avait t enleve sa
fille
mre
et
de la reine d'Angleterre, qu' l'ge de trois mois elle apporte sesparents nourriciers. Les allusions qu'elle
avait recueillies divers propos ne voulaient plus lui sortir de la tte, elle y voyait
A l'ge de vingt et un ans elle noua une liaison avec un instituteur. Aprs avoir couch une fois avec lui, elle eut un rve superbe dans lequel elle regardait en mre et avec tendresse un enfant Jsus. Dj, cette poque (en 1874), lui venait souvent l'ide que son amant pourrait bien tre le Kronprinz. Cette supposition devint une certitude un jour que l'instituteur lui mit une bague au doigt et la regarda, tantt elle, tantt les portraits de l'empereur et de l'impratrice suspendus dans la salle du cabaret. Alors elle dcouvrit immdiatement la grande ressemblance de son amant
avec l'empereur.
Les gens
qu'elle tait
du prince hrditaire
et qu'il savait
456
sions du
monde
la
commena
se comporter confor-
mment
Quelques mots saisis au vol dans une conversation, des notes de journaux, des morceaux de papier ramasss, des rves, etc., devenaient des matriaux pour la construction de l'difice de ses ides dlirantes. N'importe quels passages trouvs dans des romans et qu'elle cite encore maintenant, bien des annes aprs les avoir lus pour la premire fois ( Reine de toutes les reines, tu ressembles l'image d'une
Madone,
publi dans
tait bien
journal
illusti^ le
Heimgarten produisit sur elle une impression toute toute sa biographie. Le chapitre Le Pass y
sombre
et bien triste.
Quand
elle
voulut
lire le
chapitre intitul
L'Ave-
nir
tait
dont
pour
et
dans
le
mystre. Toutefois
savoir par des lectures qu'elle tait dj reine et qu'elle pourrait bien
monter
jus-
l'occasion
elle vit
dans ce rve son pre nourricier en prison, couch sur une botte de paille, ayant sa droite un chien, symbole de la fidlit, gauche un chat, symbole de la fausset (Katzian, de katz, chat); donc elle est une fausse Katzian. Comme en allant l'glise pour la messe de minuit du Nol de 1878, le fils de la maison, Joseph, l'admirait, elle conut l'ide qu'elle pouvait bien tre Marie, mre de Dieu. Quand plus tard, descendant la cave et pensant son amant, elle aperut une lumire, elle pensa que c'tait le feu de l'amour. Quand elle se coucha ensuite, elle eut des ides clestes. Sa bouche tait pleine de douceur, ses mains comme une fleur parfume. En dix minutes tout tait pass.
une Katzian.
Elle vit
l'asile, la
,
Con-
nom
indiqu dans la
Cloche
manire tout fait insense. Un ruban rouge autour de son cou signifie l'amour, un blanc l'innocence, un ruban noir et jaune son origine impriale. Une image d'enfant enchsse dans un cadre de cuivre jaune avec un chapiteau ayant la forme d'une couronne, signifie pour
impriale.
elle et l'enfant
;
Jsus et la couronne
La couronne
doit tre
un boulet
et
une croix
la
j'ai d souffrir dans ma vie le martyre et bien des peines. Son ide dlirante englobe bientt son nouvel entourage. La garde-malade en chef est la reine d'Angleterre, le professeur est l'empereur, un des mdecins le kronprinz. La garde-malade en chef a accept cette place par pur amour maternel. Une gardemalade devient son ancien amant, les autres malades sont des princes dguiss qui luttent pour obtenir sa main. La malade exige qu'on mette enfin un terme au scandale en faisant passer tout le monde devant un conseil de revision afin qu'on sache le sexe de chacun. Cela doit tre bien gnant pour des hommes d'aller toujours vtus en femmes. La malade est pendant des journes entires en tenue de gala, attendant ainsi son couronnement. Souvent des ambassadeurs impriaux viennent cause d'elle. Elle
irrite et
agite, parce qu'elle est toujours la recherche de sa haute famille et qu'elle ne peut
si
elle
Qu'on lui apporte donc le Heimgerten o tude est terrible pour elle.
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
457
La nouvelle (lue le kronprinz pousera une princesse belge ne lui fail nullement perdre contenance. Elle interprte tout d'une manire archi-folle. La princesse viendra
Salzbourg [Salz
(sel),
c'est
l'asile
devant
lequel se trouve
une
Brunnen)]
la
bndiction nuptiale
aura
lieu
ct
de
l'asile
et
la
malade se trouvait pour la dernire fois au mois d'aot]. La malade est grande, bien taille, sans aucun stigmate de dgnrescence anatomique, l'il nvropathique, le regard extatique. Les rgles sont habituellement
pro fuses, dysmnorrhiques. L'utrus est vierge, fortement antverti. L'apparence de la malade est tout fait celle d'une folle. Au cours de ces deux dernires annes les ides dlirantes n'ont pas chang. Elles deviennent plus rares et sont manifestes
avec moins d'affectation.
II.
L'explosion de cette forme ne se produit qu'aprs que le dveloppement de la pubert est termin souvent elle n'a lieu qu' cinquante ans et chez les individus du sexe fminin elle est ordinairement en corrlation avec la mnopause. Mais la maladie peut clater des poques antrieures et c'est une preuve bien caractristique de la gravit de la tare et combien minimes peuvent tre dans ce cas les causes accidentelles. Le fond du dlire de ces malades est form par des ides de perscution et de grandeur. Dans un grand nombre de cas, le tableau de la maladie se meut exclusivement ou presque exclusivement dans l'une ou dans l'autre forme du dlire primordial; mais plus souvent, obissant manifestement une loi dtermine, un dlire se dveloppe sur l'autre en refoulant le dlire originaire; alors il est drgle que le dlire de perscution ouvre la marche. Dans le premier cas le tableau de la maladie se borne ordinairement une ide de perscution (dlire de perscution), ce qui n'exclut pas les manifestations pisodiques d'un dlire des grandeurs complmentaire mais avort. On peut distinguer des formes avec illusion primaire et prdominante que la personnalit a t frustre (monomanie de la perscution, paranoa persecutoria) des formes avec l'illusion primaire et prdominante que les intrts de la personnalit sont augments (monomanie des grandeurs, paranoa expansiva).
; : ;
A.
1"
Paranoa
PERSECUTORIA
Forme typique
de la paranoa acquise.
Les sujets atteints de ce processus morbide sont pour la plupart des individus qui ds leur enfance furent toujours tranges, silencieux, fuyant
le
monde, renferms,
mouomanie de
458
Le fond du dlire de ce grand et important groupe de malades consiste dans l'illusion d'avoir t endommag dans sa sant, sa vie, son honneur ou sa proprit par de prtendus ennemis. Le stade d'incubation est ordinairement trs long et chappe presque toujours l'observation. Quand on peut l'observer, on trouve du ct somatique les symptmes cliniques d'une cause occasionnelle (catarrhe gastrique, maladie utrine, mnopause, neurasthnie la suite d'excs de masturbation ou les phnomnes d'une nvrose hypocondriaque ou hystrique qui dans la plupart des cas est constitutionnelle. Du ct psychique les imaginations que nous venons de dcrire arrivent la perception et deviennent mme des illusions. L'entourage parat chang au malade et mme suspect. Le monde extrieur apparat en gnral chang et en rapports particuliers avec la personnalit du malade. Il lui semble qu'on lui en veut, que quelque chose se trame contre lui. 11 se sent l'objet d'une attention importune et, comme il ledit, il devient attentif (^monomanie de la surveillance). 11 suppose que sa mise nglige, ses vices secrets qui se trahissent dans sa figure, ses anciennes fautes ou les dlits qu'il a commis etqui probablement sont parvenus la connaissance de certaines gens, sont les causes du changement d'attitude du monde extrieur son gard. Des remarques insignifiantes et faites par hasard par son entourage, le fait de rencontrer plus souvent une mme personne, le fait que quelqu'un se lve et quitte un local au moment o il y entre, que des passants se rangent devant lui ou s'arrtent, qu'ils toussent, tout cela confirme ses soupons et les consolide. Par moments il arrive reconnatre qu'il s'est tromp, mais grce son naturel originairement alogique son incertitude psychique et son esprit prconu, de nouvelles causes de soupons s'accumulent. Le prtre lui donne des coups d'pingle dans son sermon dans le journal et sur les affiches murales il dcouvre des allusions malveillantes
;
il
est ds-
honor dans l'opinion publique; on le prend pour un fou, un mchant homme, un imbcile. Les gens se le montrent au doigt, le raillent, le tournent en ridicule, le regardent d'un il de travers. Il dtache certains mots de conversations inofiensives de son entourage et les rapporte sa personne; plus tard il croit y dcouvrir des remarques ironiques. Les gamins, dans les rues, sifflent des airs o on l'a chansonn; l'absence de critique peut aller jusqu'au point que le malade croit reconnatre des railleries mme dans le gazouillement des oiseaux. On cherche le rendre suspect son suprieur hirarchique, on essaie de glisser parmi ses effets des papiers et des objets compromettants, de le faire le bouc missaire des
fautes d'autrui, etc.
il
Le malade est alarm par suite des prtendues observations qu'il a faites; montre un naturel encore plus farouche, plus renferm et plus irascible
;
qu'auparavant de plus en plus il dserte le monde extrieur, rflchissant en silence, s'abandonnant de sombres ides d'inimiti, d'oppression; parfois il reproche des personnes de son entourage leur attitude hostile son gard.
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
Le passage l'acmo de
la
io9
maladie peut tre brusque quand un accs la conscience toute une arme d'hallucinations et de dlires prpars depuis longtemps. Mais plus souvent la transition n'est que successive; les produits de l'imagination prennent de plus en plus l'importance des illusions, les causes de soupons s'accumulent jusqu' ce qu'un incident de pur hasard transforme en certitude ride dlirante qui tait jusqu'ici latente et jusqu' ce que des halluciuations se prsentent. Un lger trouble somatique, une maladie fbrile, une catarrhe gastrique, une accentuation des malaises utrins ou climatriques, des excs onanistes, quelques nuits blanches amnent souvent la maladie son apoge. Le malade acquiert tout d'un coup la certitude il entend des voix disant que sa vie est terrible d'avoir t empoisonn menace. L'ide dlirante produit un effet pour ainsi dire accablant. Ne contient-elle pas pour le malade la certitude pressentie et redoute depuis si longtemps ? 11 la met en systme avec une rapidit surprenante il faut ajouter que des hallucinations de l'oue y contribuent. Selon ses opinions politiques ou sa position sociale le malade est la victime d'une bande de jsuites, de francs-maons, de socialistes, de spirites, etc. ou bien il est perscut par la police secrte, par son voisin, par tel ou tel rival ou camarade de la maison, etc. Il s'effmie violemment et c'en est fait de sa rflexion. Le dlire de la perscution s'tend vite des imaginations, des
violent d'angoisse rveille dans
;
vnements
du monde extrieur.
Les hallucinations y contribuent dans la plus grande mesure. Elles ne trs rarement ou bien elles se bornent des illusions. Les voix jouent le rle le plus important. Elles viennent de prs ou de loin; parfois, quand la maladie est avance, elles sortent aussi de certaines parties du corps. Plus tard mme les penses conscientes se transforment en hallucinations (les ennemis devinent les penses, les espionnent, etc.). Les malades distinguent des voix de diverses origines et les dsignent par
manquent que
diffrents
noms\
Les voix, processus ractifs devenus rsonnants dans la sphre inconsciente, rvlent les plans secrets des perscuteurs, communiquent les noms de ces derniers et, cette occasion, souvent des liaisons de sons runis sans aucun sens donnent les noms en question. Aprs les voix, les illusions de la perception gnrale et cutane jouent le rle le plus important. Toutes les sensations physiologiques et pathologiques possibles sont prouves dans le sens de la perscution. Il y a des
insectes, des serpents sur la peau, des
animaux dans
le
cuteurs dtruisent la sant l'aide de vapeurs empoisonnes, de poudres, de machines mystrieuses ils escamotent des organes, font des abus
; ' Une de mes malades distingue des discours tlgraphiques , c'est--dire des voix qui sont entendues de loin, confusment et indistinctement, et l' ameublement >, c'est-dire le fait de deviner les penses. Tout ce qu'elle pense est immdiatement su par l'entourage l'enfant qu'elle porte depuis quatre ans dans son ventre lui parle dj, lui aussi, dans le langage tlgraphique.
;
460
le cot, etc. Les illusions du got et de l'odorat sont plus rares. Elles ont dans la plupart des cas un caractre hostile. Le manger a le got de l'arsenic, du chloroforme, des excrments, la boisson celui
sexuels scandaleux,
de l'urine. Tout sent la pourriture, les plumes roussies. Des sensations correspondantes confirment le malade dans sa conviction qu'il s'agit d'attentats contre sa sant et sa vie.
Les hallucinations visuelles sont les plus rares. Elles ne se prsentent qu'pisodiquement, peuvent avoir un sujet tout fait indiffrent et ne sont pas exploites pour le compte du dlire. Ce n'est que dans des cas excessivement rares que le malade arrive apercevoir mme l'ombre de
ses perscuteurs.
Des
vifs,
et hostiles
comme raction des phnomnes morbides qui se passent dans la conscience du malade. Ils peuvent tre trs mais, abstraction faite ^des accs d'angoisse se produisant parfois
tats motifs se produisent
comme phnomnes
spontans, ce sont des motions secondaires et qui constituent une raction naturelle, pour ainsi dire physiologique, corres-
pondant au changement du moi et de ses rapports avec le monde extrieur, changement qui a t caus principalement par les ides dlirantes. Dans ce mode d'origine primaire, non motive, ^et ne rsultant pas de la
baisse ni
du relvement de
la
la confiance
en soi-mme, rside
la diffrence
dcisive qui existe entre les ides dlirantes des paranoques et la mlancolie
ou
Les ides dlirantes peuvent tre, dans les deux cas, les mmes, mais elles sont motives d'une manire diffrente. Le paranoque ne sait pas comment il est arriv la situation de perscut il ne l'a pas mrit ce n'est que peu peu qu'il parvient logiquement conclure qu'il est victime d'une conspiration ou de quelque chose de semblable. Le mlancolique ne sait que trop bien pourquoi il est perscut, car, se dit-il, il est un' mauvais sujet. Ses ides dlirantes sont des produits secondaires de phnomnes motifs. Elles sont bases sur une confiance en soi-mme trs abaisse et y ont leurs racines micromanie, manie du pch) ^ Schle dit d'une faon trs significative que l'ide dlirante agit chez le paranoque comme tmoin dcharge, et chez le mlancolique qui veut expliquer sa situation comme un tmoin charge. Les actes aussi de celui qui souffre du dlire de la perscution ne sont que la raction essentielle, naturelle, logique, d'une conscience qui se
; ;
croit
menace dans son existence. Quant l'attitude des malades vis--vis de leur ide dlirante, on peut distinguer deux stades remarquables de passivit et d'activit. Les malades se comportent d'abord d'une manire passive ils prennent la dfensive contre le monde extrieur qui dans leur imagination a chang. Ils l'vitent, ferment les fentres et les portes, bouchent les trous des serrureS; changent sans cesse de logement; ils font leur cuisine eux-mmes
;
'
Pour
le
f.
Psijch.,
1879, fasc.
138, et
36, fasc. 5.
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
461
OU ne vivent que d'ufs crus, etc., se munissent d'antidotes, se rfugient dans des pays loigns, changent de nom pour se mettre l'abri de
leurs perscuteurs.
Quand leur tat de plus eu plus pnible devient insupportable, ils sortent de leur rle passif, mais avant de devenir un danger public, ils donnent ordinairement des signes d'alarme annonant l'orage imminent, signes qui malheureusement passent trop souvent inaperus.
Ils
aussi parfois les tribunaux pour tre protgs jusqu' ce que, aprs l'chec de leurs dmarches, ils arrivent cette triste conviction qu'ils ne peuvent
compter que sur eux-mmes et qu'ils se trouvent en cas de lgitime dfense. Dans ce stade le malade est excessivement dangereux. Des hallucinations, des illusions motives, souvent une mine qu'il croit suspecte, un chuchotement, un geste suspect lui sigualent un danger imminent et le mnent des meurtres qui portent le cachet d'une sorte de dfense lgitime. Les malades de ce groupe n'assassinent jamais en secret c'est eu plein jour, plutt devant des tmoins qu'ils gorgent leur victime. Ils ne cachent point leurs motifs, ils se rjouissent et se vantent du succs de leur acte. Parfois il arrive aussi qu'ils commettent un attentat contre un personnage tout fait indiffrent, qu'ils commettent un dlit quelconque, rien que pour avoir l'occasion de faire des rvlations devant les tribunaux et montrer de quelle manire sclrate ils sont perscuts et montrer que les autorits les ont laisss sans protection. Parfois ils vont aussi jusqu'au suicide pour mettre une fin ce tourment de la perscution devenu insupportable. L'tat du malade passe directement un stade de faiblesse psychique terminal ou bien il se produit auparavant une transformation du
;
dlire.
et
du
Ciel.
Cette intressante
moins dans un
observations
hrditaires.
personnelles,
se produit
exclusivement dans
les
cas
Il est hors de doute que le processus suit une loi dtermine, mais pour le moment on n'en peut pas encore indiquer nettement les causes. Dans un certain nombre de cas on peut observer que ce dlire des grandeurs, dlire de compeusation, se dveloppe d'une manire psychologique, consciente, parce que le malheureux malade cherche une fiche de consolation dans des chteaux d'Espagne ou dans la religion. Il faut aussi convenir qu'un malade qui se croit l'objet de l'observation de tout le monde, arrive facilement l'ide qu'il y a quelque chose de particulier en sa personne, de sorte que dans le dlire d'observation se trouve psychologiquement un lment du futur dlire des grandeurs. Mais ces essais d'explication psychologique ne peuvent pas donner satisfaction complte.
462
Bien des choses semblent indiquer que la transformation ne manque pas de base organique et qu'elle se fait directement, hors du mcanisme nerveux, d'une manire essentiellement inconsciente, intuitive. La transformation peut se produire brusquement, tout d'un coup il y a souvent au fond des erreurs de sensation (courant magntique tra:
molculaires dans l'organe cenconscience dans lesquels le malade se tral ?) ou bien aussi des tats de sent mort et d'o il se rveille brusquement une nouvelle vie et en mme temps transform. Dans d'autres cas la transformation s'opre dans un
versant le corps
changements d'tats
stupeur ou de l'extase, pendant une demiayant le caractre d'un rve, au cours d'un dlire hystrique. somnolence Plus souvent la transformation se fait lentement, aprs un stade d'incubation analogue celui qui prlude la priode du dlire de perscution. Le malade s'aperoit que les gens le regardent d'une manire significative; un haut personnage a fait arrter devant lui sa voiture dans la rue dans les journaux il y a des allusions sa haute naissance les passants et les gens de sa maison le croisent d'un air respectueux, il s'aperoit par leurs propos qu'il est un grand seigneur et qu'une grande fortune se trouve
tat ayant le caractre de la
; ;
dpose pour son compte. L'activit inconsciente de l'me continue broder sur ce fil. L'illusion se manifeste tout d'abord dans les images des rves on montre au malade sa lettre de noblesse et il mlange ses rves des rminiscences de romans
;
qu'il a lus
ou de dlires qu'il a traverss. Enfin l'illusion entre dans la conscience comme un fait acquis, directement, par des hallucinations qui annoncent pour lui la paternit d'un
prince rgnant ou qu'il est le fils de Dieu. On trouve une liaison logique avec le dlire de perscution qui subsiste. Le malade sait maintenant pourquoi ses ennemis avaient intrt l'loigner,
puisqu'il est prtendant la couronne; ou bien
il
cutions prcdentes
comme une
minant on rencontre encore pisodiquement au cours de la maladie des dlires de perscution. Les deux formes de dlire alternent, vont de pair, cte cte, ou sont parfois tout fait mis part. Enfin ici encore il se
produit un stade de dbilit terminale. Au point de vue diagnostique il faut retenir comme caractristique et comme tout fait diffrent d'une vsanie secondaire dveloppe la suite d'une manie, le mlange du dlire des grandeurs et du dlire de la perscution, l'intelligence assez bien conserve, la fixit de l'tat, la nature
romanesque des ides dlirantes. Comparativement aux autres dlires des grandeurs tels qu'on en rencontre dans la paralysie et qui ne sont pas moins romanesques, il faut noter comme signe diffrentiel le caractre fixe et mthodique des ides dlirantes des paranoques.
La thrapeutique
de^ cette
fait
DEGENERESCEXCES PSYCHIQUES
et
463
phnomes paralgiques, hallucinatoires et dlirants qui en brome grosses doses sont utiles. Les injections sous-cutanes de morphine aident produire l'efet utile
contre les
elles
calment considrablement
les souffrances
noa forme en
pause).
Aux
chique,
stades avancs de la maladie l'asile d'alins avec son appareil psyle drivatif qu'il procure par l'occupation, est un moyen important
pour prserver les malades et les empcher de s'absorber compltement dans leurs rveries; mais il est en mme temps un refuge o ils sont l'abri des railleries du monde extrieur et o ils ont l'occasion de faire valoir leurs talents intellectuels rests souvent encore trs prcieux.
Observation XXXIV. Forme typique de la paranoa acquise. Explosion la Schmelz Anna, quarante-sept ans, non marie, dame de compagnie, a t reue le 23 avril 1882. Le pre tait ivrogne, plusieurs surs et frres de la malade sont morts de convulsions. Toute la famille passe pour tre prdispose l'hypocondrie, pour exalte et irritable. La malade tait une enfant maladive, bien doue intellectuellement, de tout temps motive, facile pouvanter, ayant un penchant la solitude et la mfiance. A l'ge de dix ans, maladie grave avec symptmes crbraux. A l'ge de quinze ans, rgles avec beaucoup de malaises. Depuis, les rgles sont toujours accompagnes de
mnopause.
maux
de ventre, de douleurs de tte. Depuis l'ge de quatorze ans, la malade a t oblige de gagner son pain; de plus, elle Iravailla et se sacrifia pour ses surs et ses frres, la mre tant morte trs tt. La malade prtend avoir t bien portante jusqu'en 1876 et avoir gagn largement
sa vie jusqu' cette poque. Elle prtend n'avoir jamais eu
1876,
elle
arriva la
mnopause
de chaleur dans la tte, tintements d'oreilles, sentiments d'angoisse apparatre, lassitude gnrale). Elle accepta alors une place de garde-malade chez une femme atteinte d'une maladie trs grave et qui mourut
sensations
commenant
peu de temps aprs. La mort de cette femme l'a vivement affecte. La mourante lui aurait promis de lui lguer sa fortune si elle restait son service. La malade s'est bientt aperue que M"^*^ E... et elle taient entoures d'ennemis. Les gens de la maison taient tranges, peu aimables; un prtre cherchait sans cesse s'insinuer prs de la mourante. La cuisinire et un artisan de la maison l'aidaient dans ses tentatives. La cuisinire voulait prparer tout seule les confitures qu'on
;
chercher chez le ptissier arrivrent la boite ouverte probablement on avait mis du poison en route. La bire et le vin avaient mauvais got, au point
tait all
;
malade quand elle en buvait. Quand M"'^ E... in extremis envoya chercher le mdecin, le prtre, accompagn de quelques complices, vint dans la maison et fora M'^ E. lguer tout l'Eglise. La malade survint et surprit toute cette jolie compagnie. Aprs avoir fait son testament, ME... mourut subitement, sans doute d'une mort non naturelle et terrible. La malade sentait qu'elle avait reu aussi sa part de bire empoisonne du moins elle se sentait tout fait misrable et moiti paralyse
qu'elle s'en sentait toute
;
de
la
jambe gauche.
elle se
malade
et trs
agite chez sa
sur,
et
brouilla avec cette dernire qu'elle souponna aussi d'tre en intelligence avec ses ennemis. EUe se plaa comme garde d'enfants dans un pays
464
tranger. Les rgles ne revenaient plus. Elle souffrit encore jusqu'en 1878 de migraines, de sensations de brlure l'occiput, de sensations de chaleur, de tension dans le corps, de battements de cur, de douleurs dans le dos, d'odeurs
En
et froid alternatifs,
sensation
la nuit et
On cogne
aux carreaux de sa
est trs
en
est poursuivie
tmoin du crime commis sur M'"^ E..., parle prtre, qui tait que par tout l'ordre de la Socit de Jsus. Sa sur l'invite venir chez elle. Elle se rend cette invitation le 13 novembre 1881. A son entre son beau-frre plit. La lettre d'invitation n'tait qu'un pige pour l'attirer et pour se dbarrasser d'elle ensuite. Son beau-frre est un complice des jsuites. Sa sur et les enfants de celle-ci tombent malades par hasard. Elle en conclut qu'on veut se dbarrasser aussi de ces derniers comme de la malheureuse M'^^^E... L'enfant sent le phosphore, l'haleine de sa sur a une odeur pestilentielle, les closets puent d'une manire terrible, ils sont aussi empoisonns. Dans toute la maison il y a une vapeur touffante au fond de sa chambre il y a une porte mystrieuse, des tres noirs passent en glissant prs de la fentre, entrent invisibles dans la chambre en dpit de la porte ferme et dballent des instruments de torture. Des chiens hurlent toute la nuit. La malade ne dort plus la peurl'empche de dormir. Le 20 avril, elle se rfugie chez une parente Gratz. En route le train est enfrn d'une manire trange. En face d'elle, dans le wagon, est assis un homme aux yeux
; ;
c'est
videmment un
jsuite.
Il
parle avec
le
con-
ducteur et alors
Arrive
le
GratZj
ramne P... et on la rassure. AP..., elle fait de nouvelles constatations graves. Elle trouve un manche de parapluie qui reprsente une main tenant une boule noire. Ce manche a t perdu par le jsuite la boule est une pilule de poison avec
On
la
laquelle
il
il
d'elle.
nouveau Gratz
(le
22 avril). Dans
une
coup, voil de nouveau le jsuite qui l'observe sans cesse, tenant d'une main valise videmment remplie d'instruments de torture. A Gratz elle descend au
couvent des Frres de la Misricorde; videmment il en veut au Prieur de ce couvent de mme la sur aussi peut s'attendre une mort lente et horrible.
l'hpital,
puisque l
elle
se sent
pour
le
moment
Elle est de taille moyenne, sans stigmates de dgnrescence, anmique, sans maladies des organes vgtatifs. L'examen de l'utrus donne un rsultat ngatif. La malade se plaint de douleurs vagues, de sensations et de paralysie, d'tre enfle, de maux de tte, sans constatations objectives. Ds le lendemain elle aperoit
l'hpital aussi des choses louches, devient anxieuse, mfiante. Elle se doute
malades a
avec
elle
moment
Comme rcemment
le
un abasourdissement
et
hostiles la famille
impriale;
ils
ont assassin
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
l'empereur Joseph
II.
463
De mauvaises odeurs
qu'elle sent de
coucou
Le
D'"
et
le
le
temps en temps sont mme le cri du parc ont une corrlation avec la
perscution.
lui
son chien cela signifie qu'il qu'on va lui billonner la bouche. Une malade de l'hpital salue son mari qui part en agitant son mouchoir et son ombrelle. Elle fait signe aux jsuites. Cette femme lui demande un jour d'o elle est: videmL... lui
montra
est
dfendu
de parler
ment elle veut dresser une liste des malades et la liver aux jsuites. La gardemalade gratte un jour le mur, la malade interprte ce fait comme un signal pour relcher le grillage afin que les jsuites puissent plus facilement s'introduire par la lentre. Les visiteurs accidentels qui viennent dans cette section de l'hpital sont pris par elle pour des affdis des jsuites et de son beau-frre, car un des visiteurs avait une canne qui ressemblait celle de son beau-frre, et il la Lenait derrire le dos afin qu'elle ne la reconnut pas. Tout lui, rappelle et est fait pour lui rappeler que la puissance de ses ennemis s'tend mme dans cet endroit. Ses lettres ont t interceptes parle cabinet noir Vienne, soumises une censure et ensuite distribues de sorte que tout le monde connat maintenant ses secrets. La nuit on lance des pierres contre sa fentre, elle entend parler voix basse, elle entend un bruissement suspect. Les hallucinations de l'oue ne peuvent pas tre tablies avec certitude, mais bien des hallucinations olfactives et des illusions de l'oue et de la vue. Le dlire est habituellement un dlire primordial et n de faux jugements, de fictions rattaches des vnements rels. La malade vit dans une angoisse et une agitation perptuelles, n'ose gure s'endormir. La morphine et le bromure de potassium la calment, mais sont bientt refuss, la malade tant devenue mfiante aussi contre les mdecins. Le 12 juin f882, la
malade, juge ingurissable, a t conduite
l'asile
de son pays.
Observation XXXV.
a t
Paranoa
dcembre 1886 cause de folie religieuse. L'anamnse ne peut s'appuyer que sur les renseignements du malade luimme. Il n'a pas connu ses parents, il n'a jamais t adonn l'abus des boissons. Depuis quelques jours il est peureux, sans sommeil, fait sans cesse ses prires,
la clinique psychiatrique le 16
rit,
amen
de l'intelligence.
le
est boulevers, confus, et prsente une obnubilation grave entend des voix en quantit, entre autres celles de son patron doigt travei's un trou (l'enfer). Des gens disent qu'ils doivent inscrire
se
dmne,
Il
dans leurs notes tout ce qu'il pense. Cela se fait afin de savoir s'il est fou. Il voit des diables, des sorciers, une couronne de myrthes dans la fentre, en face une hostie dtourner de l'hostie. il doit choisir entre les deux. Le diable lui apparat pour le Il raconte la lutte terrible mais victorieuse qu'il a soutenue contre deux diables. L'un aurait bris la lampe qui signifie sa lumire; les dbris se seraient rouls de frisson; mais les diables n'ont pas eu de pouvoir sur la seconde lumii^e, celle de son amour. En venant ici en voiture les filles de son patron lui seraient apparues sous une forme mtamorphose. Il a vu Dieu le Pre sur une statue comme un squelette, la Madone ses cts, la chair pourrie et la figure contorsionne. Le malade refuse de faire d'autres communications, car Dieu le lui a dfendu. Une grande honte s'est appesantie sur lui; il a plong son poignard dans le cur de sa mre. Le malade reste peureux, confus, proccup, hallucin. A l'occasion il crase de ses pieds un
:
466
lifs
indemnes. Le crne est normaL Le sommeil est supprim. La nourriture et les mdicaments sont refuss comme tant du poison. A l'occasion il devient agressif contre les personnes de son entourage qu'il prend pour des diables. A partir du 19 le malade devient plus calme, commence dormir et manger. Le 22 il devient lucide, se souvient des vnements dlirants qu'il a traverss, reconnat que tout cela tait de la maladie. Evidemment il est fou parce qu'il y a plusieurs annes il a t mordu par un chien. Depuis quelques semaines il s'tait senti de plus en plus las, il n'a presque plus pu dormir et le travail ne marchait pas non plus. Sa tte a toujoui's t prise. De plus il avait de nombreuses pollutions. Masturbation
depuis la jeunesse.
malade reste lucide, reconnaissant sa maladie et exempt mais son attitude parat trange. Il est plong dans ses penses, se spare des autres, sourie souvent devant lui, de sorte que le soupon que derrire la vsanie aigu il y a une autre psychose (paranoa) se prononce de plus en plus et a donn lieu une nouvelle observation. Sur de nouvelles instances le malade raconte que ds le mois de juillet l'attitude des gens
Les jours suivants
il
le
d'hallucinations,
est vrai
son gard lui a paru tout fait nigmatique et change. On le regardait d'une manire trange, le patron l'a trait avec trop d'amabilit. Il y a longtemps dj qu'il tait tomb amoureux d'une des filles du patron. Un jour il entendit celle-ci dire Quand la seconde fille du patron se mit pleurer, Peut-tre bien qu'il est son fils mail en conclut tout de suite que cette supposition tait exacte et que jamais un riage entre frre et sur ne pourrait avoir lieu. Il en tait trs malheureux, car il aimait sincrement la jeune fille. Par moment il lui venait des doutes qui le cal Le patron maient, mais les gens continuaient l'observer; il les entendait dire l'a procr Vienne, il y a plusieurs annes; aussi il lui ressemble. Alors il songea en avoir le cur net en demandant la main de la jeune fiJle. Si elle est rellement sa sur, le patron ne la lui donnera pas pour femme.
:
!
Au
l'a pris.
Le malade continue considrer cet pisode de folie comme un tat intellectuel morbide; les dlires et les vnements de cet tat ne sont pas du tout utiliss au cours de la paranoa qui existe dj depuis plusieurs mois et qui prend maintenant
montrent
les
coudes pendant
la nuit. Ils
changent de physionomies, de noms, se transforment en d'autres figures. Du plafond il entend sortir sans cesse des voix en partie dsagrables. 11 entend aussi des voix qui sortent des autres malades. Ils savent ses penses, y rpondent, discutent entre autres le secret de son origine. Le malade est mfiant, morose, se tient l'cart des autres, est inquit par l'immixtion de son entourage dans ses ides et ses affaires, et parfois irrit au point de profrer des menaces. A l'occasion il se plaint de malaises neurasthniques (pression la tte, lassitude) et les motive d'une manire hypocondriaque parle fait qu'il a trop peu de sang. Des malaises dyspeptiques aprs les repas sont interprts par lui dans le sens d'un empoisonnement. Au commencement du mois d'avril, des signes de transformation se montrent il devient un personnage distingu. Il devient gai, a un certain aplomb, fait le salut militaire parce qu'il est devenu un militaire de haut rang. Au cours du mois d'avril il a t conduit l'asile de son pays pour y tre soign perptuit.
:
Le tableau morbide de forme typique prsente des varits cliniques remarquables, c'est- dire
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
que
de
les dlires et les hallucinations
467
et
une nature
Il
en est
pour les cas qui se dveloppent sur la base des nvroses constitutionnelles ou sous l'influence des maladies organiques, en tant que les processus soniatiques de la sphre inconsciente de l'esprit provoquent des dlires d'une nature particulire, ou que des sensations amenes par ces phnomnes somatiques sont appliques par l'intelligence paranoque avec une interprtation directement fausse. Les types de paranoa nvrotique produits de cette manire seront analyss dans les chapitres des nvroses correspondantes. Il reste tudier
:
mme
Paranoa sexualis avec ses types cliniques. La base de ces formes est une maladie gnitale fonctionnelle ou organique devenant la cause de la maladie psychique. Chez l'homme c'est presque exclusivement l'abus des organes gnitaux par la masturbation, plus rarement l'abstinence force malgr un grand libido, et plus rarement l'urthrite blennorrhagique chronique, c'est--dire la neurasthnie sexuelle et plus tard universelle produite par celle-ci, qui agissent comme lments tiologiques. Nous parlerons plus tard de cette paranoa neurasthnique (masturbatoria). Chez la femme existent les mmes causes que chez l'homme, ou bien il s'agit d'autres maladies gnitales qui agissent d'une manire irritative sur le systme nerveux et qui deviennent efficaces par l'intermdiaire d'une neurasthnie. Le tableau morbide qui se produit par l'interprtation alogique et consciemmenfallgorique des malaises gnitaux locaux ou neurasthniques gnraux, correspond compltement celui qu'on rencontre chez l'homme. L encore il y a des pollutions (faussement interprtes
comme
chez la
la
perscution physique,
femme
manie de la y a aussi des cas de paranoa sexuelle (particulirement frquente la mnopause) dans lesquels
Mais
il
maladie gnitale
fait clater
directement,
spinal irritatif, des dlires et des hallucinations dans le sens d'une perscution sexuelle. Ces malades s'aperoivent que des hommes les pour-
suivent de leurs assiduits en les prenant pour des prostitues. On a rpandu ces bruits sur elles videmment dans une intention mchante. De l le prtendu mpris de la part de la famille, des amis, des patrons, etc.
Avec la marche de la maladie, les malades entendent qu'on frappe la nuit aux volets de leurs fentres et qu'on leur fait des propositions immorales.
Mme au sermon du prtre, l'office, elles croient mme des hallucinations de Fouie
une drlesse, syphilitique, infanticide, avoir provoqu un avorteDe fausses perceptions de ce genre sont ensuite amplifies par combinaison par exemple, on veut attirer la malade dans un bordel. Profonde dpression ractive, l'occasion suicide mme, manie de la gravidit, toutes sortes d'efforts pour dfendre l'honneur sexuel menac (tampons dans le vagin, etc.). Ce dlire de perscution ne peut se transformer en un dlire erotique expansif. Dans ces tats de paranoa sexuelle
rnent).
:
468
fminine il y a souvent des lments hystriques qui trouvent leur utilisation paranoque. Alors des ^transitions cliniques vers le paranoa hystrique se produisent.
Observation XXXVI. non marie, servante, a
Gratz. Elle venait
a
Paranoa
sexuelle.
8
t reue le
avril
d'elle-mme pour tre reue, cherchant protection contre ses elle n'a jamais t graveest issue d'un pre ivrogne ment malade; fut menstrue pour la premire fois l'ge de quinze ans avait de gi'ands besoins sexuels a [eu beaucoup d'amants elle a accouch sept fois sans
souffrances .
La malade
;
difficults,
la dernire fois
en 1873. Depuis
elle
y a
mme
voix virile.
renona tout rapport sexuel. commena entendre des La malade l'entendait comme si elle lui
elle
On
enfants,
une prostitue, atteinte d'une maladie honteuse, une voleuse qu'on devrait fouetter et qui mriterait d'tre jete l'eau. Toute sa vie, toutes ses liaisons d'amour taient critiques; elle fut consterne et supposa que son ancien confesseur avait divulgu tous les secrets de la confession. Elle remarqua alors combien elle tait
mprise de tout
le
monde;
les
elle. Elle
mme mpris des gens. La malade tait trs fatigue et souffrait de cette perscution. A la voix d'homme se joignirent plus tard des voix fminines, toutes ayant le mme sujet sexuel et on connaissait ses perscutoire. On ne la laissait pas tranquille, mme la nuit
en essaya un autre; partout
mme
En
1878
elle
mme
ses penses,
un moment donn.
et
tourns en ridicule. Ce
On
lui
tait malade de la tte, mais elle non pas une maladie. On l'injuriait en l'ap-
tait
Dans les derniers mois elle tait aussi tourmente par des odeurs puantes qui passagrement l'avaient aussi tourmente au dbut de la perscution. Pour chapper aux tracasseries de ses perscuteurs inconnus, la malade erra pendant les derniers mois, sans but, dans le pays, jusqu' ce que, dnue de tout, elle vint chercher aide et
protection l'hpital de Gratz.
Elle a
un crne rhombocphale;
c'est
le
elle
est
remarquer,
femme
et
traits fins, sa
peau douce
son il vague
nerveux.
il
pomme;
difficilement mobile,
deux cts
mais des
la
ni d'hystrie,
sensations dans la rgion du plexus honteux et sacr. Elle les compare des vers
le derrire.
et se croit l'abri
reviennent et avec elles les anciennes souffrances. Le bromure de potassium et les injections de morphine produisent un effet calmant pour les voix. Avec le temps les voix sortent aussi du ventre de la malade. Cela fait des rumeurs l dedans, comme s'il y avait un chat. On lui reproche toutes les obscnits et toutes les vilenies possibles.
Comme
la
la
malade
est
envoye dans un
DGNRESCENCES PSYCHIQUES
409
paranoa persecutoria sexualis est reprchez les femmes paranoques. D'accord avec Kriipelin j'ai trouv cette ide dlirante eu majeure partie la mnopause et avec une origine combinatoire. Un court stade d'incubation, de dpression morale irritable base sur le sentiment qu'on est
varit
Uue
remarquable de
la
sente par la
monomanie de
la jalousie
qu'on peut ramener en partie aussi la constatacharmes physiques, prlude la formation de l'ide dlirante avec les symptmes d'une mfiance toujours croissante. Le soupon de l'infidlit conjugale du mari est confirm par des incinglige par
et
l'homme
dents insignifiants du
voisine,
il
monde
extrieur
(le
mari adresse
la
parole une
tarde rentrer
l'entourage, etc.).
des propos tout fait insignifiants de Le soupon devient del certitude, car l'pouse outrage
le soir,
surprend son mari la nuit des rendez-vous de femmes. Son impudence va jusqu' admettre des matresses dans la chambre conjugale. On frappe la fentre; le frou-frou des robes dans les corridors et dans les chambres sont des preuves irrcusables. En toussant, l'infidle fait signe sa maFinalement, la malade entend la nuit des femmes se glisser mme dans le lit conjugal auprs de son mari. Fait curieux, elle ne voit pas les concubines, mais elle les sent (rveil des sensations voluptueuses par des images mentales sur ce sujet, sensations qui mnent jusqu'aux pollutions) aussitt que son mari fait le cot avec ces femmes. L'entourage plaint la femme trompe, la raille pour cette raison. La paix du mnage est rompue.
tresse.
Suivant son caractre la malade devient martyre ou furie. Elle craint pour aux pires choses de la part de son mari. Souvent par dfense lgitime imaginaire elle commet des actes de violence contre son mari et mme des tentatives d'empoisonnement. Selon les circonstances il y a aussi des attentats sur les [parties gnitales du mari, acte inspir par la vensa vie, s'attend
geance.
Observation XXXYII.
Pm^anoa sexuelle
la
[Manie de la jalousie).
21 dcembre 1880,
W., femme
d'une
tait
le
est issue
mre
tait aline.
La malade
ds.
son
enfance nvropathe, souffrait souvent de migraines, avait passagrement des hallucinations de la vue. Elle se maria l'ge de vingt-trois ans, accoucha l'ge de
A la suite de cet accident elle eut de mtritechronique. Depuis elle est irritable, querelleuse, jalouse de son mari sans aucun motif. Au commencement de 1880, la malade arriva la mnopause (rgles minimes, irrgulires, sommeil agit, sentiments de vertige et d'bullition dans la tte). Elle devenait trs irascible, se brouillait sans cesse avec son entourage, accusait son mari d'avoir une liaison d'amour avec une vieille femme maladive,
vingt-cinq ans, avorta l'ge de vingt-six ans.
la
temptait
et
rageait
littralement
contre lui
et
contre diverses voisines qu'elle impliquait dans son dlire de jalousie. Des hallucinations de l'oue et de la vue la confirmaient dans son ide dlirante.
Elle entendait la nuit des chuchotements dans la chambre coucher de son mari, des souffles, des gmissements, elle devint alors trs agite sexuellement elle avait
;
des
pollutions
et
conut
la
le
cot avec
et la
d'auti'es
pendant
la
journe
malade
mme
470
mari
prtendues rivales;
elle se
un
le dlire
de la perscution largit son cadre. La malade s'imagina non seulement qu'elle tait
trompe sexuellement, mais qu'elle tait aussi menace dans sa vie, que son mari ourdissait un complot avec sa matresse pour se dbarrasser d'elle par le poison. Elle s'apercevait qu'on la regardait d'un air goguenard, qu'on se moquait d'elle. A l'asile la malade prit tout d'abord le rle d'pouse offense et perscute. Elle implora, pour obtenir sa mise en libert, la protection des autorits, l'arrestation de son mari, maintenant en tous points sa manie de la jalousie et de la perscution. Au cours de l'anne 1881, ce dlire fut relgu au second plan et sa place apparut le tableau d'une
nymphomanie chronique.
aimant
la toilette, erotique, insinuante envers les
mdecins
nuitamment
poursuivait
elle
elle les
prenait
et
mnes de
dbilit
demandait imptueusement l'enlacement des hommes. La les annes suivantes une nymphomanie chronique avec phnopsychique de plus en plus avance.
:
La manie de
l'alcoolisme.
la jalousie
Eu dehors de
rencontre occasionnelle-
ment chez des hommes disposs de tout temps la jalousie, intellectuellement borns, d'une puissance sexuelle minime, mais en mme temps,
selon les circonstances, libidineux, tout en n'prouvant aucune satisfaction
dans
l'acte sexuel.
amene par la frigiditas uxoris par l'absence du sentiment de la volupt chez l'homme, joue dans tous ou les cas le rle principal dans le dveloppement de l'ide dlirante. Cette dernire nat tout d'abord par voie de combinaison l'apparition accidentelle ou frquente d'hommes dans la maison vise la femme la petite toux
Cette dernire circonstance, qu'elle soit
:
de cette dernire est le signal pour l'amant qui se trouve cach tout prs. Chaque bruit pendant la nuit est interprt dans le mme sens. Les poux s'emportent de plus en plus l'un contre l'autre. Traitement brutal de l'pouse, allant jusqu'aux voies de fait. Des illusions de l'oue et parfois aussi de la vue fortifient la manie. Les gens, dans la rue, ont un air moqueur, font des gestes qui indiquent les cornes sur le front. Les enfants sont dtourns du pre par leur mre. Ils ne lui ressemblent pas; par consquent, ce ne sont pas ses enfants. Avec les progrs de la maladie,
il
se
par
la
femme
il
amants, d'tre empoisonn. Souvent y a des actes de violence grave contre la femme et les prtendus rivaux.
Observation XXXYUl. Pat^anoa sexualis. (Manie de la jalousie chez un homme.) P...,quarante-septans, i^eu le 29 novembre 1873, petit employ on le dit exempt de homme rang, sobre et d'esprit born, ayant eu de tout temps de toute tare grands besoins sexuels, pre de plusieurs enfants, jusque;l vivant en bonne intelligence avec sa femme a reu en 1877 un grave traumacapitis, ayant t assailli, renvers sur le pav et frapp la tte avec une canne plombe. Outre plusieurs bls; ; ;
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
sures lgres,
il
471
une grave avec contusion de l'os temporal; il resta et pendant plusieurs semaines au lit. Arriv la convalescence il parait chang psychiquement, irritable, affaibli intellectuellement. Il avait des besoins sexuels normes et devint importun sa femme dj prs de la mnopause et de laquelle il exigeait sans cesse l'accomplissement du devoir conjugal. Il se sentait dsagrablement affect par l'attitude vasive de sa femme d'ailleurs le cot ne lui procurait plus aucune satisfaction. 11 devint mfiant, exprima la pense que sa femme entretenait des relations avec d'autres hommes. Quand sa femme toussait lgrement ou qu'elle soupirait, il devenait agit et grossier, car voil, disait-il, l'amant qui pense maintenant ma femme . Les visites d'hommes n'ont lieu que pour sa femme. Episodiquement il prtendit que sa femme faisait venir ses amants la maison, faisait des scnes de dbauche avec eux et avait conu le projet de l'assassiner. A cause de ses ides, ses amis se moquaient et riaient de lui. Il s'en froissa vivement et son tat empira. Il prtendait que sa femme portait du combustible et des victuailles ses amants. A chaque bruit qu'il entendait la nuit, il croyait que quelqu'un se glissait auprs de sa femme. Il entendait ouvrir les portes, des voix parler il devenait de plus en plus agit et brutal; il menaait sa femme de la tuer d'un coup de fusil. Le 29 novembre 1878 il fit mine d'excuter cette ide et il fut arrt pour ce motif. A l'asile il maintient son ide dlirante. Sa femme tait d'une amabilit surprenante avec les hommes qui venaient la maison. Il en venait un nombre vraiment surprenant et sous toutes sortes de prtextes. Il s'aperut de disparitions dans la bote charbon et dans le garde-manger; quand il en fit l'observation sa femme, elle devint embarrasse et se mit pleurer. Le soir elle aimait s'occuper hors de la maison. Le malade est convaincu qu'elle se livre plusieurs hommes. A plusieurs reprises elle est rentre la maison avec sa toilette toute drange. Elle tait indiffrente au lit et n'accomplissait son devoir qu' contre-cur. 11 ne voulait pas lui brler la cervelle, mais il a voulu la menacer afin de faire cesser enfin sa conduite
en
reut
scandaleuse.
l'asile, la
manie de
la jalousie est
compltement corrige.
il
Le 28 dcembre 1878
est relch
comme
guri,
2 Folie des
qurulants
et des
chicaneurs
'
droit et
forme prcdente en ce sens que ce sont des intrts de non pas les intrts vitaux qui seraient compromis dans l'opinion du malade', que des faits rels et non imaginaires servent de point de dpart au dlire et que le malade prend de bonne heure le rle d'agresseur et non celui d'attaqu. Mais souvent dans cette folie des qurulants
Elle diffre de la
apparaissent episodiquement aussi les dlires des formes ordinaires de la paranoa parfois elle prend mme son point de dpart dans ces derniers.
;
Mais dans son essence, c'est une paranoa combinatoria. Les gens qui tombent dans l'alination des qurulants sont tous des individus tars, pour la plupart hrditairement prdisposs, atteints de
A^oir l'article de l'auteur dans VAllf/. Zeitschr. rature complte sur ce sujet.
'
f.
472
stigmates de dgnrescece somatique ''anomalies crniennes et d'anomalies et de dfauts psychiques qui se manifestent de bonne heure et d'une
manire constante. Leur dfaut le plus manifeste et le plus important est une atrophie de l'thique qui, malgr tout sentiment de droit, les empche d'avoir une conception profonde et morale du droit mme. Le droit ne leur parat que dans l'utilisation de sa forme comme moyen, comme arme lgale pour atteindre un but goste. De cette mme dfectuosit thique rsulte de bonne heure un gosme dmesur qui mprise le droit d'autrui, qui est dispos mettre en avant le sien, et qui ragit de la manire la plus violente la lsion vraie ou
imaginaire de sa propre sphre d'intrts. Les candidats cette forme morbide se font remarquer de bonne heure par leur enttement, leur emportement, leurs colres, leur obstination brutale vouloir toujours avoir raison et par leur prsomption dmesure; par ces mauvaises qualits de caractre, ils entrent toujours en conflit
avec leur entourage. Dans la plupart des cas, leurs dons intellectuels aussi sont au-dessous de la moyenne. Mais quand mme leurs capacits intellectuelles isoles ressortent d'une manire sduisante, il y a toujours une contorsion surprenante de la logique qui, malgr l'apparence de nettet
rigoureuse des conclusions, trahit des fautes de dveloppement graves et dgnre trop facilement en argutie. Souvent, la fidlit de la reproduction aussi est dfectueuse et prsente la conscience les faits sous une forme
travestie.
Nombre
naire du caractre et sont une plaie pour la socit dans leur rle de chi-
il
La cause accidentelle de
la vritable
procs dans lequel ces plaideurs ont perdu leur cause ou aussi le rejet de prtentions, lgitimes selon leur avis, mais en ralit audacieuses. Ce n'est
pas par un vif sentiment de droit, comme on l'a souvent cru, mais par suite de l'absence du sentiment de leurs torts, lacune due leur abtardissement thique et intellectuel, que ces gens se mettent dans un tat
d'irritation passionne
et qu'ils
pour une offense imaginaire, qu'ils perdent le sens ne poursuivent plus qu'un seul but rtablir leurs droits leur avis lss. Devant cette tche, mtier, devoirs de famille et aisance de la maison, tout doit disparatre. Quelque temps aprs, ils sortent de leur bouderie, mditant sur leur chec et brouills avec le monde. Dans leur confiance morbide en euxmmes, comptant sur leur propre force, et, par suite de leur mtiance, n'ayant plus confiance aux avocats, ils ont pris eux-mmes connaissance de la loi et de la procdure. Munis de ces armes, ils se mettent alors
:
existe encore
un
agitation passionne et
domptent quelque peu leur modrent leur langage. Par suite des insuccs de
leurs dmarches et des humiliations qu'ils subissent, ils deviennent de plus en plus obstins, de moins en moins clairvoyants, et perdent mme
DGNRESCENCES PSYCHIQUES
473
leur dernier reste de calme et de rflexion. Leur tat qui jusque-l pouvait encore passer pour une passion aux yeux d'un observateur psychologue, se dessine de plus en plus nettement comme une maladie psychique qui ne connat plus ni gards, ni raison. Au lieu de reconnatre que leur cause
voue Tcliec, parce qu'elle tait injuste, les malades, pleins de mfiance, voient la cause de leur insuccs dans la partialit, la corruption des juges; des incidents insignifiants sont pour eux des preuves, et la conviction s'implante chez eux de plus en plus solidement. Alors les derniers gards sont mis de cot. Leurs recours en appel de plus en plus volumineux, leurs requtes, leurs dnonciations sont bourrs d'invectives et d'offenses contre l'honneur des fonctionnaires et provoquent des rpressions de la part des tribunaux, ce qui augmente encore leur irritation
tait
passionne.
toute l'affaire judiciaire n'tait Ils se sentent alors martyrs et dupes qu'une comdie indigne. Avec un enttement fou, une logique de rabuliste et une insolence honte, ces gens contestent alors non seulement l'quit mais aussi la validit des arrts rendus contre eux. Ils refusent de payer l'amende, l'indemnit, les contributions ils se livrent des voies de fait contre les huissiers, appellent les magistrats et les plus hauts fonctionnaires de l'tat canailles, voleurs, parjures. Ils entrent en guerre contre la justice misrable et ses indignes reprsentants, comme les champions du droit et de la morale, comme les martyrs d'une force brutale.
;
Souvent
ils
s'imposent
d'
autres opprims
comme
protecteurs et
Buchner a fait une expertise (Friedreichs Bl., 187U, p. 163) qui, avec quelques individus du mme acabit, a fond une Socit des opprims, c'est--dire pour la protection des dni de justice, et qui a notifi au roi la constitution de cette socit. D'ordinaire, les malades de ce genre sont pendant longtemps mconnus et frapps de mesures judiciaires par les profanes car, malgr leur manque d'intelligence qui les empche de reconnatre l'insens et l'inconvenance de leur manire d'agir, ils possdent une dialectique remarquable, une connaissance tendue de la loi et plaident avec beaucoup d'habilet leur cause malheureusement folle. A peine punis, ils recommencent commettre les mmes dlits, habituellement des offenses contre
d'affaires, ainsi
hommes
que
l'a fait
ils ont l'air de malfaiteurs obstins qui ont encouru des circonstances aggravantes, tandis que leur attitude consquente et inflexible n'est que la consquence naturelle et fatale de leur maladie.
;
un asile, mesures si ncespour ces malades, ne sont mis excution malheureusement qu'aprs qu'ils ont gaspill leurs biens dans les procs, imporAinsi, la mise en tutelle et l'internement dans
saires et si salutaires
tun sans
loi et
fin les tribunaux, troubl l'ordre public, min le respect d la contagionn leur famille avec leur dlire ce qui arrive souvent) ou mme accompli une vengeance sanglante sur leurs ennemis.
:
cV empoisonnement
et
de
M''
S...,
quarante-trois ans,
femme
474
lement, est ne d'un pre alin. Etant enfant encore, eUe se faisait dj remarquer par son enttement et son sentiment du droit, dvelopp un degr extraordinaire.
Il y a vingt-trois ans, elle contracta un mariage sans inclination, mariage qui fut annul peu de temps aprs; la sparation avait eu lieu en partie parce que M^ S... tait atteinte d'incontinence nocturne, infirmit qu'elle conserva jusqu' son premier accouchement, et qu'elle lgua sa premire fille qui en souffrit jusqu' la
pubert.
irritabilit et
intriguer et plaider,
M^
S...
une tendance se mler des affaires d'autrui, ne prsentait dans les annes suivantes rien qui la
remarquer.
annes qui suivirent i870 son pre et son frre moururent. Elle ne se du partage de l'hritage, conut le soupon qu'elle avait t frustre de 6,000 florins par les membres de sa famille et par les gens de loi. Cette prtendue spoliation ne la laissait plus tranquille. Elle acheta des livres de droit qu'elle tudia avec d'acharnement et en se surmenant; par ruse elle sut se procurer des doubles des pices de la succession et des documents de famille ou en prendre connaissance. Ses suppositions n'taient pas errones. Elle acquit la cerles
Dans
titude que, au
moment
de traiter
et,
l'affaire
quand elle eut runi toutes les preuves, elle adressa une plainte au procureur. Malheureusement ses dmarches n'eurent pas de succs. Dans l'enqute de l'affaire on procda trop la lgre et, comme elle s'en aperut plus tard, avec beaucoup dparti pris; dans les procs-verbaux on n'a not que d'une manire trs imparfaite les preuves, on n'a pas cit les articles du code ncessaires,
taux, fauss des signatures
on l'empcha d'apporter les preuves, de sorte qu'elle ne put pas russir. Elle reconles tribunaux de premire instance taient intresss dans l'affaire, interjeta appel, fut dboute de nouveau, essaya alors une requte plus nergique se jeta de nouveau corps perdu dans l'tude des lois, car elle s'aperut que les avocats, ces renards russ et ces escrocs, ne valaient pas cher non plus mais comme elle ne trouvait partout que du parti pris et des sentiments dshonntes, elle ne put obtenir justice bien qu'elle ait eu recours toutes les instances.
nut que
;
;
|
Son langage devenait de plus en plus hautain et insolent; par sa connaissance minente des lois et son noble sentiment de la justice , elle se croyait appele faire triompher le droit opprim et dmasquer les imposteurs. Elle fut sur la voie de
cette rvlation d'imposture
pour
la
premire
quand
elle
dut
rpondre
la
chambre correctionnelle de
damne.
Malgr cela M S... continua recourir et quruler. Le 13 aot 1877 elle est de nouveau sur le banc des accuss pour rpondre d'un nouveau dlit d'offense de fonctionnaire.
un immense dossier, rpond chaque question du prsident en citant un article du code de procdure qu'elle connat par cur comme le Pte?' noster, soit en donnant lecture d'une pice du dossier, quand mme ce document et par hasard contenu le contraire de ce qu'elle voulait prouver.
Elle apparat avec
soit
Elle maintient ferme que les personnes qu'elle a injuries avaient largement mrit cette critique et qu'elle n'en retrancherait pas un iota. Je m'adresserai au ministre de la justice, s'crie avec un ton dclamatoire M""*^ S..., debout et en se ser-
vant du dossier de sa chaise comme d'un pupitre de tribune, je l'informerai personnellement des intrigues ourdies contre moi et si, contre toute supposition, il ne me rend pas justice non plus, je m'adresserai la haute cour de l'Empire qui. je l'es-
DGNRESCENCES PSYCHIQUES
pre,
473
le
l'imposture.
cassation. Je
On croit peut-tre que je ne saurai pas trouver demande mon droit et rien autre chose et je
che-
saurai
me l'aire rendre tout ce qui m'a t enlev d'une manire honteuse. Je ne resterai pas tranquille, j'lverai la voix, et finalement je dnoncerai tout l'empereur. Un avis mdico-lgal cit au coui's des dbats judiciaires conclut que M"'*' S... est
Pendant cet expos M S... est en proie une vive agidompter qu'en partie. Des exclamations ironiques demi-voix donc celui et c'est un mdecin lgiste qui a dit cela! lui chappent, telles que moi aline! rien que cela! l aussi est du complot; Quand l'expertise est termine elle s'crie avec un geste de vive indignation
atteinte de folie qurulante.
en saluant.
M'"" S...
fut acquitte
jour
elle insulte
par suite d'irresponsabilit. Elle continue quruler. Un grossirement ses parents dans la rue, ce qui provoque son arresta-
un
asile.
rpand en accusations les plus graves contre les magistrats, les avocats, et reprsente aussi les mdecins lgistes, cause de leur expertise, comme des complices corrompus du complot ourdi contre elle. Elle conserve son attitude, son grand air, insiste sur son bon droit, rdige des mmoires innombrables dans lesquels elle jongle pour ainsi dire avec tous les articles du code .pnal, du code civil et du code de procdure; en se pmant d'admiration Oh! je suis bien ferre sur toutes ces mapour sa propre personne, elle s'crie tires; il n'y a l rien reprendre, mme le compte rendu publi dans le journal sur mon procs me rend hommage en disant que j'tais trs au courant de toute la procdure du code pnal. Les preuves claireront mon esprit d'une lumire lectrique;
:
j'ai
rdig un recours en appel, c'tait admirable; l'audience du procs j'avais l'impression que la cour n'tait compose que d'accuss et que c'tait moi qui les jugeais.
lire
Dans les journaux on pouvait trembleront devant moi, ces tartufes astucieux. que les magistrats de Gr... avaient t bien reints au dernier conseil des ministres (!); du reste les loups ne se mangent pas entre eux.
Ils
Elle se dlecte dans le pressentiment de son futur triomphe, se compare un cheval pur sang qui se lance et qui renverse tout ce qu'il trouve sur son chemin. Elle attaquera tout le testament de son pre, car c'est une pice autographe, faite
sans l'assistance
d'un notaire et qui n'est pas rdige en bonne et due forme. Il aurait fallu y indiquer la raison pour laquelle les enfants ont t inscrits seulement
pour
le
minimum
de
la pai't
que
la
malade
se
monte
hautaine l'excs. En mme temps elle intrigue, qurule, se fait l'avocat des autres malades, critique le rglement de la maison qu'elle trouve mal fait, se comporte avec brutalit et insolence envers les fonctionnaires et les serviteurs de la maison. Combien profond est le trouble de son intelligence, en dpit
de toute sa dialectique et de sa subtilit dployes devant les tribunaux! Cela est prouv par son irritabilit trs avance qui, mme l'asile, rend la vie avec elle impossible et qui pour le motif le plus anodin se manifeste par des emportements de
colre dmesurs.
A l'occasion de ces explosions on a constat plusieurs reprises des dlires de perscution, ordinairement latents ou du moins cachs par dissimulation
nes).
M"" S... est
ici la
raison, on lui
une femme de taille moyenne, bien conserve. L'expression de une ruse calcule.
476
La moiti gauche de
que
moins
En dehors de
cette particularit,
du squelette. Les fonctions vgtatives no prsentent aucun trouble. Dans les deux dernires annes le dlire de la chicane fait de plus en plus place un dlire de perscution bas sur des menaces imaginaires contre sa sant et sa vie, ce qui est une preuve nette de l'affmit de ces tats. La malade ne faisait qu'effleurer occasionnellement ses anciennes affaires de justice dans les mmoires quelle adressait au directeur de l'asile; en revanche elle accusait son entourage de comploter contre sa vie. Elle voyait les gens de son entourage changer des regards de
connivence;
ils
ei
em-
barrasss; elle prenait des taches qui se trouvaient par hasard sur le plancher pour du poison, les gardes-malades pour les anciennes domestiques de ses parents enne-
mis ou pour des assassins pays. L'accs de catarrhe gastrique dont la malade souffrait souvent, tait toujours pour elle une preuve d'empoisonnement. Les plats avaient alors le got de la chaux et du mtal. Comme raction se manifestaient souvent des emportements de colre dmesurs dans lesquels elle demandait partir, aller devant les tribunaux, pendant lesquels elle brisait tout et ne pouvait tre
peine.
Dans
ces
tats
mme
ne jpouvait plus se souvenir de ce qui s'tait pass (motions pathologiques comme autre symptme d'une maladie grave du cerveau).
aprs coup,
elle
l'poque
et
migraine
des rgles la malade tait toujours trs agite, irrite et afflige de de malaises paralgiques. Transport dans un hospice d'incurables.
B.
Paranoa
expansive
beaucoup plus rare que la forme dpressive fperseutoire). tendance du dlire on peut distinguer 1 une paranoa inventoria ou reformatoria 2 une paranoa religieuse 3 une paranoa
Elle est de
Selou
le sujet et la
erotique.
1
Paranoa inventoria.
Les reprsentants de cette forme sont toujours des personnages tars, originairement bizarres, souvent intellectuellement infrieurs ou du moins qui ne sont dous que d'un talent isol et exclusif. L'illusion qu'on est un illustre personnage, illusion se basant sur une opinion de soi-mme trs exagre ou qui s'est dveloppe directement, voil le fond et l'ensemble de cette maladie. La future ide dlirante est dj contenue d'une manire latente dans le caractre de l'individu, dans sa manire de penser et de
voir. Cette forme de paranoa est essentiellement combinatoire. Le stade d'incubation est trs long, caractris par le caractre rveur, fantastique de l'individu, sa tendance causer d'inventions et de dcouvertes, ses rves de chteaux en Espagne, de future grandeur et puissance, ses pressentiments d'tre destin une haute mission, sa grande exagration de
du pro-
comme
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
477
de nouvelles religions, etc. Suivant le fond intellectuel de l'individu ces idss sont puriles, absurdes, ou bien elles sont originales, sduisantes au premier coup d'oeil et dnotent un certain talent malgr toute la bizarrerie
et la
intellectuelles.
que
la foule
mme
est arriv
commun
des pseudo-
gnies et des vrais gnies c'est une certaine originalit dans leur manire de voir, originalit base sur la particularit de leurs associations d'ides et
le mode de dduction et de dveloppement des penses. Mais c'est aux faits qu'on reconnat le vraie gnie et le pseudo-gnie. Le premier reprsente un poteau monumental qui marque la fin d'une poque et d'une civilisation et en inaugure une nouvelle et qui. rayonnant bien au del de la sphre de ses contemporains, n'est compris et apprci selon ses mrites que par la postrit. Le pseudo-gnie n'est que la caricature du vrai, car il en a bien les dehors, les apparences extrieures, mais sans en avoir la valeur intrinsque. Il lui manque la force intellectuelle, le calme, la volont d'aller un but bien dtermin, qualits du vrai gnie, et qui rsultent naturellement du dveloppement suprieur et surtout harmonique des facults intellectuelles. Quand mme l'ide qui guide le pseudo-gnie serait originale et promettrait beaucoup, il manque son porteur la capacit pour la faire valoir d'une manire logique et utile. 11 y a chez lui tout au plus une capacit exercer la critique, dmolir ce qui existe, mais non pas crer. Dans la socit pullulent ces pseudo-gnies, toujours mcontents de ce qui existe et toujours pousss rformer le monde. Ils se sentent continuellement malheureux, gnies mconnus. Souvent ils frisent de trs prs la paranoa et il ne faut que des circonstances particulires, par exemple une poque agite, pour leur faii'e perdre les derniers restes de leur rflexion. Alors ils dbutent comme inventeurs de nouveaux systmes sociaux et politiques qui, leur avis, doivent sauver la socit, comme fondateurs d'Etats idaux, de nouvelles sectes religieuses, etc. Il est intressant d'observer alors comment un fou en produit non seulement cent mais raille autres, comment les foules se laissent alors entraner, sduites par l'originalit et l'excentricit des ides de ces dmagogues fous, et attires par leur zle fanatique embras parfois par des hallucinations et une prtendue inspiration divine. Il est vraiment remarquable que ces gens bizarres, plus ou moins parano-
sur
ques, aient
fait,
comme
,
comme fonda-
malheur d'eux-mmes
Commune,
Paris, en 1871.
Les moyens et les voies sur la base desquels la paranoa se dveloppe chez ces individus sont, abstraction faite de l'origine rare par hallucinations, les
mmes que dans les autres formes; ce sont les fausses combinaisons appuyes par une paralogique originaire, les erreurs de souvenir,
l'apparition brusque des dlires primordiaux
i
inspirations).
478
Les rsistances que ces malheureux rencontrent chez les hommes raisonnables, leur internement final dans un asile sont compris par eux dans le sens d'une perscution, mais sans donner lieu au dveloppement d'un dlire de perscution proprement dit. Dans leur manie des grandeurs,
paralogique originaires, ils jugent ces manisimplement comme des vexations venant des adversaires, comme des manifestations de la jalousie, de la concurrence, de la peur de leur immense talent. A l'asile, ces malades continuent tisser
et leur
eux-mmes
et
le
moment
de
les raliser.
Au
cours
de l'anne cette personnalit se transforme souvent en une individualit tout fait dmente et il se produit des phnomnes de confusion et de
dbilit mentale.
M'"" R...^ quarante-huit ans, veuve Observation XL. Paranoa reformatovia. d'un ouvrier depuis huit ans, mre de deux enfants, est ne d'une famille prtendue sans tare. La sur de la mre est morte aline. La malade a eu l'ge de neuf ans la scarlatine, l'ge de treize ans le tj^phus elle fut conscutivement la pubert chlorolique, depuis sa treizime anne jusqu' elle se maria l'ge de vingt-six ans, fit un mariage mall'ge de vingt-six ans heureux et, aprs la mort de son mari, vcut en concubinage avec le tuteur de ses enfants. Etant encore enfant elle avait dj des projets transcendentaux. A l'ge de douze ans elle voulait aller au couvent pour communiquer la religion chrtienne aux sauvages . Lorsqu'elle quitta alors l'cole, on voulut tout de suite la placer
;
comme
institutrice
(!).
Etant jeune
lille elle
les autres,
Depuis 1872
elle
s'occupait de plans
communiqua
ses projets
ils
pour l'amlioration de l'instruction. Elle aux gens de sa famille, plus tard mme un dput du
Toutefois elle a
les
Reichstag, mais
journaux
s'taient
empars de
mme
inventions que personne n'a voulu accepter et qui pourtant ont t peu de temps
La malade qui
eut
l'hiver de
sacrifiait au potus (2 3 litres de bire, du rhum, des grogs, etc.) 1886-87 passagrement des visions alcooliques (des chiens noirs,
paranoa sexuelle
des parents morts, des anges, des diables). En 1887 elle arriva la mnopause. Une et perscutoire hallucinatoire se dveloppa, mais prit une^marche
abortive et est reste latente jusqu' Pques de 1888.
A cause de cette maladie pisodique, M"^*^ R... resta partir de fin janvier 1888 quelques mois l'asile. Cette paranoa commena par des voix qui lui disaient qu'il fallait qu'elle soit surveille pour s'amender. On finjuriait, on l'appelait putain
soldats,
on
lui
ses propres ides (consde fther, et en conclut qu'on voulait la narcotiser. Les plats du restaurant avaient un got trange, les voix parlaient d'empoisonnement. Elle sentait un fourmillement trange sur son corps, une pluie lectrique
Plus tard
elle
tombait sur
elle,
en
lui
donnant une toux et des battements de cur. Elle avait o elle avait la sensation du cot accompli
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
sur
479
elle. A l'automne de 1888 tous ces phnomnes restrent au second rang, mais malade n'avait pas acquis une comprhension de son tat cette poque. Elle se remit s'occuper de ses projets de rforme et de bonheur universel. Elle sentait une impulsion intrieure ces travaux et de nouvelles ides sublimes lui
la
venaient
comme
par inspiration.
de dcembre 1889 la malade fut de nouveau amene l'asile cause d'un tat d'brit pathologique. Sa paranoa expansive est reste telle.
Au mois
La malade est actuellement occupe de ses projets sociaux. Elle se sent l'toffe d'un orateur public, d'une rformatrice, quand mme elle devrait se placer sur les barricades . Elle veut rtablir la rehgion primitive et alors il n'y aura plus de guerres de religion ni de haines de races. Elle supprimera la pauvret et la misre simplement en supprimant l'argent. En quoi avons-nous besoin d'argent, puisque
pousse dehors S'il n'y avait pas d'argent, il n'y aurait pas d'impts. Les impts rendent la vie difficile. Ce que nous mangeons, c'est de l'impt. * Le monde sans Elle prtend avoir dvelopp ces ides dans un article intitul argent. Le manuscrit de cet article a disparu un jour. Evidemment le rdacteur en
tout
!
chef du journal... s'en est empar illgalement, car un jour elle a lu son travail dans ce journal. La mme chose lui est arrive pour ses autres ides, par exemple celle du
certificat
monarchie
et elle est
convaincue que
les
si elle
maladies en supprimant
nombre
(!).
Un jour
elle
un regard ironique. son devoir de faire des confrences publiques pour conqurir ses ides le peuple. Ses ides grandioses lui viennent souvent comme par inspiration souvent elle les entend sous foi^me de voix.
soldats quitter le
Elle
champ
d'exercice
elle
croit de
comme une
la
divinit et pourra,
s'il le
faut, vaincre le
monde.
pendant
La malade ddaigne
compagnie des
son sjour l'asile, travailler ces problmes sociaux, rdiger ses ides sur la solution de la question sociale. Celles-ci consistent essentiellement dans la ngation de toutes les institutions existantes (tat, religion, mariage, etc.), sans offrir quelque
chose de positif pour
les
remplacer.
Chacun doit se gouverner soi-mme. Un temps d'ter ses chanes l'humanit mettre l'amour libre alors il n'y aura plus de mnages
Il
est
l'Eglise
il
au
lieu des
messes,
il
faut
manger
(!).
Elle se pose en prophtesse d'un nouvel ordre de choses. Si les souverains et les
mes
ment, o
prires.
ils
me demanderont
avis, il viendra un temps, trop tard malheureusede sauver la socit, mais je serai sourde leurs
Sa future religion est la religion de la nature son unique Dieu, c'est la terre. emprisonne parce qu'on craint sa supriorit mais le jour de la revanche viendra. Elle lvera le masque des hypocrites, proclamera un nouvel ordre du monde et dlivrera les malheureux qu'on dtient illgalement sous prtexte qu'ils sont alins. Les plus fous se trouvent dehors le monde entier est frapp de folie. Elle a prdit bien des choses qui depuis se sont accomplies (illusions du souvenir). Cette prophtie aussi s'accomplira. Dans un nouveau Projet de dlivrance de FUnivers
;
480
elle
droit de
gou-
verner
les
elles qui
mettent
de plaisir et d'aplomb une confrence improvise. Elle dfend assez habilement ses ides insenses contre les objections qu'on lui oppose.
Elle ne prsente pas de stigmates de dgnrescence
;
bien conserve,
et
bien por-
tante au physique.
2"
Paranoa
religieuse
*.
Les antcdents de ces malades indiquent nettement une prdisposiaux maladies psychiques en gnral et cette forme de maladie en particulier. Souvent la maladie que nous allons dcrire n'est que la suite du dveloppement d'une tournure religieuse bizarre et excessive du
tion
caractre qui existe ds l'enfance; c'est donc pour ainsi dire une
<r
hyper-
trophie du caractre
Presque toujours les reprsentants de cette forme clinique sont originairement des imbciles dont l'esprit born ne peut comprendre le fond thique de la religion; ils sont occups uniquement des dehors et des formes brillantes du culte religieux; avec l'troitesse et la paresse intellectuelles des imbciles, ils se jettent exclusivement dans la pratique des commandements religieux mal compris. Ainsi la tendance exclusive et excessive qui existe ds le commencement s'accentue de plus en plus; une influence considrable est aussi exerce sur les faibles d'esprit par les missionnaires loquents et les prtres zls en gnral qui dpeignent sous des couleurs trop vives les souffrances de l'glise, les attaques de ses adversaires, le ciel et l'enfer, et qui
et la
mes dvotes
dans
riels.
les bras
de
la religion et les
loignent du
monde
Chez beaucoup de malades qui plus tard deviennent une proie pour la paranoa religieuse, il se produit dj la priode de la pubert des tats d'motion psychique qui se manifestent sous forme d'enthousiasme religieux, l'ardent dsir de se faire prtre, d'entrer dans un couvent, de faire des plerinages, etc., et auxquels se joignent occasionnellement aussi des
visions d'tres clestes.
affaiblissent le physique,
L'explosion de la maladie proprement dite est amene par des faits qui que ces affaiblissements soient causs par des
jenes.
'
maladies aigus ou par des excs sexuels ou par suite de pnitences et de Parmi les lments psychiques agissant comme causes, notons
Marc. Les maladies mentales. Le mme, -Der Ideler, Leltrb. d. f/e>\ Psych., p. 148. Dagonet, ^Yahnsinn, Halle, 1847. Daraerow, Alhj. Zeilschi-.. f. Psych., p. 375. Calmeii, De Trait, p. 278. Ideler, Vevsuch einer Thorie des relir/. Wahnsinns. 1859. la folie, t. 1". Maudsley, traduction de Bhm, Morel, Trait de md. lgale, p. 94. Sple\ma.nn, Diaynostik, p. 220. Dardel, Gaz. des hop.. 1862, 111. p. 218.
relif/.
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
les
481
qui provoquent des remords ou qui douteux le salut de l'me. Le stade d'incubation de cette maladie peut durer pendant des mois et mme des annes. Chez les individus du sexe fminin on observe souvent des phnomnes chlorotiques, de l'hystrisme, des troubles de la menstruation comme symptmes physiques; chez les individus du sexe masculin on constate des vellits hypocondriaques. Dans les deux sexes il existe en outre souvent des anomalies de l'instinct gnital qui est d'une intensit anormale, se rveille trs tt et conduit la masturbation. Les candidats la paranoa religieuse, quand ils se trouvent ce stade, perdent le got du travail, restent plongs dans leurs penses; ils lisent de prfrence la Sainte criture, les traits religieux, sont de tous les plerinages et offices de mission, ngligent leurs devoirs sociaux. Avec l'exaltation religieuse qui par moments s'accentue nettement 'chez les femmes toujours l'poque des rgles vont rgulirement des phnomnes d'rotisme qui se manifestent soit par l'onanisme, ou qui se traduisent plus ou moins par une sorte de dbauche mentale, l'enthousiasme pour certains prtres, pour un saint ou un autre, etc. Le commencement du stadium conclamatum morbi est marqu par
les
sermons enflamms
et les offices
reprsentent
comme
fort
tat d'exci-
l'insomnie.
Dans
de tous
les
est tra-
terrestres.
le
Un
sentiment de batification
comme
si
femmes il y a souvent en mme temps des sentiments d'excitation sexuelle allant jusqu'aux sensations de cot, ce qui est utilis plus tard dans les ides dlirantes elles ont accouch de l'enfant Jsus. Des phno:
se produire
Au commencement
malades voient
le
les hallucinations
les
ciel
ouvert,
la
madone
leur
ils
Plus tard, avec le retour de ces hallucinations enchanteresses et de forme extatique, ils entendent aussi des voix Voici mon fils en qui j'ai mis mon affection, des prophties, des promesses, des commandements, des missions pour la vocation de prophte, etc. Ces hallucinations durent jusqu'aux derniers stades de la maladie. L'asctisme, la masturbation sont les lments sous rinfluence desquels elles reviennent avec une vivacit particulire. Les produits de ces
:
processus pathologiques sont tout d'abord des ides dlirantes; chez les individus masculins le fond de ces ides est toujours d'tre le Sauveur du
monde, chez
les
femmes
d'tre la
la
482
personnalit habituellement bizarre originairement, perd bientt ses derniers restes de rflexion. L'opposition
ressentie
minime qui
s"y fait
comme
la contestation
de Satan
ment surmonte.
A ct des dlires primordiaux et des hallucinations, il y a une autre source importante d'ides dlirantes c'est la paralogique de ces malades grce laquelle ils interprtent faussement et d'une faon vraiment
:
personne.
par les motions et nourrie par malades sont disposs agir en conformit avec leurs ides, soit dans le rle inofensif de prcheur dans le dsert, dans celui de rformateur et de Sauveur du monde, ce qui ne les rend que ridicules et impossibles dans la socit, soit dans le rle plus dangereux de champion de la foi divine qui n'hsite pas svir contre les mcrants avec le feu et le glaive ad majorem Dei gloriam , l'instar de certains fanatiques normaux (?) des poques passes. Comme dans la paranoa de nature perscutoire dpressive, on peut aussi dans la paranoa religieuse expansive distinguer en gnral deux un premier, celui de la passivit o le malade se stades pathologiques comporte simplement comme observateur et rcepteur des sentiments sublimes qui germent en lui et se trouve en prsence des hallucinations; le second stade est celui d'activit o le dlire achev cherche se faire valoir, ce qui provoque des conflits avec le monde rel. Ce qui est digne d'tre remarqu dans le cours de la maladie de ces messies et de ces madones, c'est que, ct de priodes d'enthousiasme allant jusqu' l'extase, il y a chez eux des moments o ils sont en proie des paroxysmes de la contrition la plus profonde, d'anantissement du sentiment d'eux-mmes; des priodes de doute sur leur dignit pour remplir la mission divine, des priodes o ils ont la conviction d'tre de
Tant que
misrables pcheurs, d'avoir besoin de se purifier et de faire pnitence, priodes pendant lesquelles ils refusent la nourriture, s'imposent le silence, pratiquent le plus grand asctisme jusqu' se mutiler eux-mmes
de visions diaboliques, se par Satan. Ordinairement ces attaques dmonomaniaques passent bien vite et l'asctisme continu ainsi que la concentration religieuse produisent bientt de nouveau des visions clestes. La suite de la marche de la maladie est uniforme pour tous les cas.
et,
par
suite
de
l'angoisse prcordiale et
croient
mme menacs
Comme ces individus ne peuvent pas se maintenir dans la socit, on a souvent l'occasion d'tudier dans les asiles les terminaisons de la maladie. Dans les cas favorables on peut par l'isolement dans un asile et en ayant soin d'loigner tous les objets du culte et les occasions de pratiques religieuses, attnuer l'exaltation religieuse, rendre plus sobre le malade et arriver ce que par la cessation des hallucinations le trouble revienne son ancien degr d'excentricit religieuse. La prdisposition
une explosion nouvelle de
la
DGNRESCENCES PSYCHIQUES
483
somatiques et psychiques u'en continue pas moins subsister. Si ces malades sont interns dans un asile et que leur ide dlirante ne s'efface pas, la maison de sant avec la privation de la libert leur apparat bientt comme un lieu de martyr, une station d'preuves, etc. ils se plaisent dans ce rle de martyr noble et paresseux o ils se consolent soit par l'ide de leur prochaine mission messianique, ide entretenue par les hallucinations, soit par la conviction que leur temps n'est pas encore venu, etc. Au commencement ces malades troublent par-ci par-l la tranquillit des autres en voulant faire du proslytisme par des explosions de fanatisme contre l'entourage profane; plus tard ils deviennent des pensionnaires calmes et quelquefois mme laborieux (quand l'ide dlirante s'est suf;
samment
efface).
Dans leurs paroxysmes dpressifs, quand ils sont en lutte contre les tentations du diable, ou qu'ils pratiquent la pnitence et le jene, le refus de nourriture est un phnomne ordinaire, mais ce refus conduit rarement la ncessit de gaver le malade par force. Ces malades sont toujours dangereux pour eux-mmes par les mutilations
quils font sur leur propre corps soit spontanment, soit par suite d'un ordre de Dieu. Parfois mme ils tentent de se crucifier. Ils sont dangereux pour les autres cause de leurs actes de fanatisme, excution des ordres reus de Dieu, interprtations incomprises et insenses de passages
de
la Bible.
La terminaison de
et
la
la dbilit
malade qu'
sensations extatiques.
La terminaison par
dans
idiotie
complte
et
Observation
XLL
Paranoa religieuse.
Ehmann, quarante-deux
.
ans, paysan,
On dit qu'il a t amen le 3 juin i874 l'asile pour cause de folie religieuse n'a pas de prdispositions hrditaires, qu'il a toujours t sain de corps et d'esprit, sobre, mais il passait pour tre querelleur et chicaneur. 11 tait en outre souponn
d'avoir
fait une fois uq faux serment en justice. l'automne 1873, il y avait des offices de mission dans son village, services religieux que le malade frquentait assidment. Il fit une confession gnrale et, ce qu'on dit, une pnitence trs svre lui fut inflige. A partir de ce moment il
changea, ne
passant ses journes l'glise; il prit un ton onctueux, quelque chose d'lev, laissa pousser sa barbe et' ses cheveux, car son corps est sain et rien ne doit en tre coup. Un jour qu"il faisait sa prire l'glise, des fleurs artificielles tombrent d'une bougie. Il les prit, les mit sa boutonnire, dclara que c'tait un cadeau de fiance qui lui tait tomb du ciel; car il est le fianc de la mre de Dieu et destin gouverner prochainement le
ti'availlant plus,
monde, puisque
la
le
femme
et ses enfants
il
au
pouvoir.
Aprs un autre
office religieux
le
10
mai
1874, le
484
malade devint encore plus bizarre. Il ne s'habillait plus qu'avec ses vtements de orns de fleurs tombes du ciel, avait une dmarclre et une attitude poses et empreintes de dignit, prtendait ne faii-e que ce qui lui tait command d'en haut. Il ne lui est plus permis de travailler, car le missionnaire a dit qu'il a une vocation plus leve le bon Dieu se chargera de sa femme et de ses enfants. A l'asile, le malade se plat dans une fainantise seigneuriale. Il se tient l'cart des autres malades, se dlecte dans le sentiment de sa mission sublime, mais sur laquelle il ne rvle pas beaucoup. On le surprend souvent dans une embrasure de fentre la figure en extase. La nuit le malade dort peu; il a videmment des hallufte
;
cinations.
Le
jours
6 janvier 1873,
il
Il
se dclare tout-puissant et
Il
un mois
divin et
a connaissance de sa toute-puissance.
la Sainte Vierge.
d'elle,
Jugement
Notre-Dame
le
Elle
est,_
agenouille
pre est ct
d'autels.
II
coiff
Le
beau mais
fils
et plein
le
missionnaire lui a
l'occasion de sa confession
Pour
le
moment
racle,
un
du sang.
L'glise E...
lui. A l'heure qu'il est il ne pourrait encore oprer aucun mipuisque c'est le vieux Dieu le pre qui dure encore. Le Christ n'est autre que saint Jean, mais c'est lui (le malade) qui est le fils de Marie, lui le vritable fils de Dieu. Il ne mourra jamais, mais il fera avec son corps son ascension au ciel o il occupera la fonction de Dieu et sera assis droite de Dieu le pre. Prs de l'image de la Madone, une canne et une bague sont tombes du ciel l'glise c'taient des fleurs. La canne est la verge du chtiment qu'il doit manier, les fleurs sont les signes du vieux Dieu qui est maintenant destitu et dont il prendra
a t rserve pour
prochainement la place. Un vieux parapluie avait t (il le croyait srieusement) jet du ciel; il venait de l'inventaire du bon Dieu. Il dclare Marie sa femme cleste et il doit rester sur la terre jusqu' ce que sa femme terrestre meure, laquelle d'ailleurs il ne lui est plus permis de frquenter. Ses actes et son attitude sont tout fait inspirs d'en haut. Sa mission est de
visiter l'glise.
Il n'a pas d'autres travaux faire, puisqu'il est tout-puissant. Il prend l'asile des alins pour la maison du bon Dieu. Le malade se plait dans sa position noble, pieuse et contemplative et repousse poliment mais avec fermet tous les efforts pour l'amener une occupation utile. Etant d'une nature inoffensive on le confia l'assistance de sa commune. Deux ans plus tard j'eus l'occasion de le voir en passant. Il tait tranquillement couch dans son lit, attendant le moment o il pourrait dbuter dans sa mission divine. II gardait chez lui comme phnomnes trs intressants une anesthsie complte et une analgsie du corps l'exception de la muqueuse de la langue et d'un point de
Il ne sentait pas les plus fortes excitations lectiques. Quand il avait les yeux bands, il ne s'apercevait pas mme des changements de position qu'on avait donn ses extrmits, tandis qu'il tait capable d'excuter promptement et sans aucune ataxie tous les mouvements qu'on lui commandait,
l'occiput.
'.
La paranoa erotique
tudie
'
et
est une varit de paranoa encore trs peu qui en comparaison des autres se rencontre trs rarement.
II,
p. 128.
Dagonet, Trait,
p. 284.
DGNRESCENCES PSYCHIQUES
485
Dans toutes mes observations personnelles il s'agissait d'individus originairement excentriques dont le dveloppement psychique anormal a pu tre ramen l'influence de tares hrditaires ou une maladie du
cerveau pendant lenfance. Le fond de tout le trouble est l'illusion d'tre distingu et aim par une personne de l'autre sexe, qui d'ordinaire appartient une classe suprieure de la socit. L'amour pour cette personne est, ce qui mrite d'tre remarqu, une affection romanesque, tout fait platonique. Sous ce rapport ces malades rappellent les chevaliers errants et les mnestrels des temps anciens que Cervantes a si bien malmens dans son Don
Quichotte.
Ds
les
la
premire heure
ils
rapports avec l'autre sexe. C'est en vain qu'on cherche chez ces malades des manifestations vives d'un instinct gnital qui viserait la satisfaction sexuelle. Chez les malades hommes (la majorit] de mon observation personnelle il y avait mme presque absence d'instinct gnital ou un instinct perverti qui trouvait sa satisfaction dans la masturbation.
La conformation anormale du caractre se manifeste de bonne heure par une tendance molle et sentimentale. De bonne heure, du moins ds
car ces individus se crent
l'poque de la pubert, des traces du futur dlire primordial se produisent, un idal pour lequel ils s'enthousiasment, ou
s'amourachent d'une femme, gnralement plus ge qu'eux, vue ou qu'ils n'ont rencontre qu'en passant (Sander). Ils ont en mme temps un naturel rveur, mou, sans nergie, et des vellits de pessimisme universel, souvent aussi d'hypocondrie. Dans leurs songes t dans leurs rveries l'tat de veille ils continuent tisser et dvelopper leur roman d'amour. Des rminiscences de lectures, de contes de
bien
ils
images des rves l'alimentent. ils dcouvrent leur idal en la personne d'un individu de l'autre sexe qui occupe un rang social lev. Alors commence le stade d'incubation de la maladie proprement dite. Dans les regards, les gestes de la personne en question, ils croient remarquer qu'ils ne lui sont pas indiffrents. Avec une rapidit surprenante la rflexion disparait. Les incidents les plus insignifiants sont pour eux des marques d'amour et des encouragements s'approcher d'elle. Mme les petites annonces des journaux et qui concernent d'autres personnes, proviennent d'elle. Finalement apparaissent les hallucinations. Elles sont en corrlation avec l'objet de l'amour. En mme temps les illusions subsistent. Les conversations de l'entourage deviennent des communications touchant l'objet de leur amour. Le malade se sent heureux et relev dans son sentiment de lui-mme. Souvent d'autres dlires primordiaux des grandeurs surgissent, surtout quand l'objet de l'adoration occupe un rang suprieur c'est par ces dlires qu'on galise la
fe, les
Un
jour
486
par se compromettre, en agissant en conformit il devient ridicule et impossible dans la socit l'internement dans un asile en est la consquence fatale ou bien les difficults qu'il prouve faire triompher son amour le mnent assez souvent des dlires primordiaux de perscution qui cependant n'ont qu'une
Enfin
finit
malade
car
ici
les
encore entre des exacerbations et des rmissions, hallucinations font vigoureusement ressortir
fait
l'ide dlirante
plan.
rentrer au second
n'ai
pas constat
de
gurison.
Observation XLII.
L'anamnse se borne aux communications du malade qui passait dans son entourage pour un homme d'esprit born, trange, aimant la solitude, qui vivait retir et rang et ne s'tait jamais beaucoup occup de femmes. Le malade prtend avoir remarqu depuis plusieurs mois que la belle-sur du baron chez letiuel il tait en service l'avait pris en affection. Par des manires trs aimables et des regards encourageants elle lui avait donn entendre qu'elle voulait l'pouser. La nuit il entendait mme des voix qui lui disaient de monter chez Nous voulons lui faire plaisir et la baronne, ensuite il entendait le baron dire lui donner Resi pour femme. La femme du baron aussi exprima son approbation s'il continuait avoir une bonne conduite. Les domestiques de la maison en parlaient et taient contents de son bonheur; seule la cuisinire, qui avait jet son
clibataire, cocher, a t reu le 2 fvrier 1878 la clinique.
:
dvolu sur
lui, tait
le
privant de nourriture.
:
Les voix prdisant le bonheur ne cessaient point entre autres il entendait dire que le baron avait dj prsent l'empereur une demande pour le consentement au mariage. Gomme cette dame le regardait d'un il amoureux, qu'elle courait mme aprs lui dans la ville et que les matres taient videmment favorables
cette alliance,
il
alla
et lui
le
demanda
le
la
main de
sa belle-
sur.
son tonnement
sa grande douleur
matre
chassa grossirement
et l'envoya l'hpital.
Le malade apparat comme un homme de taille moyenne, vigoureux, sans stigmates de dgnrescence. Le pouls est trs lent, les artres accessibles sont rigides e t visiblement sclroses. Pas d'autres troubles importants des fonctions. Le malade a une attitude rserve, mfiante il est souvent plong dans une rverie et videmment occup par des hallucinations. Plus tard il raconta qu'il entendait chaque nuit le baron parler de cette affaire. Ainsi il prtend l'avoir entendu dire sa belle Epouse-le, uses-en tant que tu voudras, quitte le renvoyer aprs. Il sur s'aperut aussi que la famille avait charg quelqu'un de surveiller sa moralit. Gomme le malade se comportait d'une manire tranquille et range, qu'il convenait s'tre couvert de ridicule et qu'il promettait de ne plus importuner le baron, ses il fut remis en libert le 12 vrier 1878. Lorsque ce jour-l il voulut prendre effets laisss chez le baron, la baronne le suivit et voulut lui donner de l'argent pour qu'il puisse persvrer. Il entendit qu'elle le disait aux domestiques. Un tte--tte a t empch par le baron. Plus tard encore il entendait par-ci par-l les gens parler de son affaire de mariage. Deux jeunes messieurs lui rirent au nez dans la
;
rue en disant
S'il
l'pouse,
il
sera oblig
de
se faire
son valet.
Quand
il
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
487
:
chercha une nouvelle place, on ne voulait pas de lui el il entendait les gens dire On ne peut pas engager cet homme puisqu'il attend son mariage. A l'occasion il entendait dire aussi que Resi lui offrait 1,000 florins. Ensuite il entendait la nuit le baron dire sa femme Nous voudrions bien avoir de lui un enfant puisque c'est
:
un
joli
garon
et qu'il a le
corps blanc
comme
la neige.
:
Le 10 avril les gens de la maison racontaient Le baron a dit qu'il veut lui pr S'il revient il aura sa main , et ensuite s'il n'accepte parer une grande joie pas, je le dnonce aux autorits.
:
Le 11
le
Stadtpark. Arriv
dames
l'avaient cherch.
dames
ni le baron,
il
vint de
si
l'on aimait
celle-ci. Il serait prt aussi accepter les 1,000 florins qu'on lui avait offerts. Le baron le reut fort ddaigneusement et acclra la retraite du solliciteur en l'envoyant travers l'escalier. Profondment froiss, tout perdu de douleur, le malade rentra chez lui, se mit au lit et fondit en larmes. Alors les agents de police l'arrtrent et l'amenrent de nouveau l'hpital. Il arriva d'un air embarrass et pria qu'on laisst entrer la baronne si par hasard elle venait demander de ses nouvelles. Il apprit bientt des gens de son entourage qu'elle tait dj venue. Il l'entendait aussi faire des reproches son beau-fi^re parce que celui-ci l'avait mis la porte. Le malade tait tranquille, rgl en apparence, mais il tait souvent proccup par des voix, surtout la nuit, alors il se levait souvent du lit, s'agenouillait et rcitait des. prires. Il considrait sa dtention comme une chicane du baron qui lui avait jur vengeance et l'avait menac de le poursuivre jusqu' la mort s'il ne faisait pas amende honorable. Il entendait le Je baron dire travers le conduit (expression pour l'audition des voix) fouillerai tout, je me dmnerai tant et si bien que j'apprendrai quelque chose de
:
m'en coter toute ma fortune. malade apprenait tout ce qui se passait et ce qui se tramait dehors. On fit des enqutes sur sa personne. L'inimiti du baron provenait de ce cpu'il s'aperut que son futur beau-frre tait plus intelligent que lui, qu'il s'entendait trs bien l'agriculture, tandis que lui n'tait qu'un agronome fort
prjudiciable sur
lui, dt-il
Par
le
conduit
le
il
le
con-
que l'empereur lui a donn un titre de noblesse et son consentement au mariage. La baronne aussi lui lit savoir qu'elle l'affectionnait et le priait de lui rester fidle. Ensuite il entendait de nouveau parler d'un ddit qu'on lui payerait s'il renonait au mariage.
Le 3 juin 1878, le malade a t transfr Tasile des alins. Il tait au commencement d'habitudes trs rgulires et on l'employait pour soigner les chevaux. Pendant ce temps il fut prvenu plusieurs reprises par le conduit que la baronne
viendrait le visiter. Aussi la
vit-il
elle
donnait
manger aux poulets (illusion). Aprs un court laps de temps le malade s'aperut qu'il tait l'objet d'attentions de la part des dames de la maison. Voil que l'intrigue se mit en train par ces
femmes.
Elles le maltraitaient en lui
la
se
mlaient de
lui disait
baronne
et
des propositions.
On
maintenant
trois
fiances.
488
mariage
et la
Il prouvait des douleurs terribles dans les rgions dorsale et lombaire ainsi que dans les extrmits infrieures et entendait les femmes de la maison dire iNous le tourmenterons jusqu' ce qu'il pouse une de nous. Une nuit on lui mit une couronne sur la tte. Elle tait chaude et pendant trois jours lui brla la tte. Il en sentait son cerveau retourn. La femme du cocher aussi tait du complot. Un soir elle vint chez lui, l'asile,
:
<t
Il
sentait la
:
main chaude de
poussa un
cri et ft le
signe de la croix
tout disparut.
reproches sexuels
les
elle l'aurait
symptmes
de
et
d'agitation sexuelle
femmes
devenu
de la maison
raide,
malmen
s'est
, dit-il,
telle sorte
est
que l'jaculation
produite
qu'il a
femmes lui ont aspir tel point sa nature qu'il peut peine Son cerveau aussi a t comprim. Il entendait une de ces femmes aboyer comme un chien. Une nuit elle vint le trouver en passant travers le trou de ventilation. Il ne la voyait pas, mais il sentait son corps maigre. Elle lui demanda un baiser. Comme il la chassait, un tintamarre du diable se fit entendre, mais cessa aussitt qu'il se mit prier. C'tait videmment une tentation du diable qu'il prtend avoir vu plus tard en chair et en os. Le lendemain il apprit par le conduit que la femme tait morte et qu'elle le remerciait de ce qu'il l'avait dlivre. Depuis il n'entend plus que les voix des deux autres fiances. Mais elles ne le laissent pas tranquille. Elles lui demandent sans
(masturbation). Les
souffler.
Le 25 aot 1879,
le
malade a
son pays.
Observation XLIII. Paranoa erotique (femme). Latzko Rose, quarante-cinq employ, est ne d'un pre religieux, excentrique et psychopathe. La pubert s'est produite chez elle l'ge de douze ans et sans aucun malaise les rgles revenaient rgulirement. La malade n'a jamais conu. Elle se maria l'ge de seize ans; le mariage ne fut pas heureux. Elle prtend qu' la suite d'un conflit de mnage elle n'adressa pas pendant quatre ans la parole son mari. Aprs sept ans de mnage elle devint veuve. Elle vcut alors dans des conditions modestes mais bien ranges elle adopta deux enfants trangers, une fille qu'elleappelait son petit brillant et un garon qu'elle dsignait sous le nom de Cousin
ans, veuve d'un
;
;
dor .
La malade parat une personne exalte et originairement excentrique. De tout temps elle eut beaucoup de got pour la posie, la musique et le thtre, mais pourtant n'embrassa pas la carrire thtrale parce que la position de comdienne ne lui paraissait pas assez distingue. Elle se peint elle-mme comme une femme ayant le cur trs tendre, trs romanesque, sensible au bon et au noble. Elle aurait t toujours bien portante, sauf quelques accs d'apoplexie (c'est--dire fluxions la tte,
syncopes), pour lesquels on lui aurait fait quelques saignes. Sur les autres dtails de son naturel on n'a que trs peu de renseignements. Des traces d'hystrie ne peuvent pas tre dceles. La malade parat avoir men une vie convenable et
retire.
Il y a cinq ans grade suprieur.
elle fit
Il fit
dans
elle
(elle
le cercle
sur
bonne
et
gentille
femme
de ses amis la connaissance d'un officier de une profonde impression. Comme une fois il l'appela le prtend du moins), demanda plus tard de ses nou-
DGNRESCENCES PSYCHIQUES
489
velles,lui faisait dire le bonjour, elle crut qu'elle aussi ne lui tait point indiffrente.
rapprocha de lui, lui envoya sa photographie, son adresse, des cadeaux, lui lettres. Tout revenait sans avoir t dcachet et dans la rue ce monsieur vitait soigneusement de la rencontrer. Elle en prouva un profond chagrin et pourtant elle ne put vaincre son ardent 'amour pour son sanctuaire s. Un jour elle remarqua que cependant son sanctuaire la dsavouait publiquement; il y avait dans le journal des annonces adresses elle. Elle reconnut au style, de petits riens, par exemple les initiales des deux noms, que les annonces venaient de lui, et elle acquit immdiatement la certitude que ces annonces lui taient adresses (!). Peux-tu songer un cur saignant qui ne peut gurir Ainsi elle lut un jour que par ton traitement? Nouvelles tentatives de rapprochement, lettres, etc., dont le rsultat fut une annonce peu polie dans le journal Que ne me laissezvous tranquille! Pas de rponse est aussi une rponse. Alors elle fit insrer Dans mon cur il pourrait redevenir fort. Il y eut de nouveau rponse grossire et enfin une rconciliation par Myosotis . Comme rponse une nouvelle annonce
Elle se
crivit des
:
Conserve-moi
mon
sanctuaire,
ma lumire du
Je suis
ici,
je suis
Gratz.
sanctuaire
s, le
elle
Vache!
Alors
elle
s'vanouit de douleur. Ce qui est surprenant c'est que malgr tout elle
ragir, tellement
elle l'aimait.
:
avec la
mme
Ma chambre
est
ornements, mais l'amour pour le sanctuaire la remplit compltement. A sa grande douleur le sanctuaire ne faisait que passer devant la maison (illusion, c'est--dire confusion de personnes) sans y entrer jamais. Uu voyage d'affaires ncessita son absence temporaire. Quand elle rentra, ce monsieur tait parti. Elle dcouvrit son nouveau domicile et fit un voyage pour le rejoindre. Nouvelles humiliations, nouveaux refus bien qu'elle lui et donn toute son me. Vivement chagrine elle partit pour Budapest. A peine arrive, elle trouva dans le journal
trs petite et sans
cette
annonce
amener
rconciliation.
Elle revient,
Que
le
nous
de syncope. Sur la
dnonciation de ce monsieur, elle dut se justifier devant la police. aprs l'avoir sermone; elle rsolut d'viter l'infidle. Bientt aprs
veau dans
le
journal
Je vous attends.
congdia de nouLa malade, dit-on, a de nouveau en tenue aurait mme envoy des photographies
la
elle lit
On
L aussi
l'a mise l'hpital pour que son tat mental ft observ. annonces du journal continuent, annonces telle que Heureux avenir, tout est dj arrang La malade se rsigne au fait invitable. Elle ne peut pas s'expliquer la double nature de l'homme ni sa tromperie. Malgr toutes les dconvenues, elle aime toujours avec enthousiasme son sanctuaire Elle est incapable
les
de toute critique.
Les hallucinations manquent absolument dans le tableau morbide qui tourne uniquement autour des imaginations et des rapports illogiques entre les petites
annonces
et
intellectuel.
L'examen du corps ne fournit aucun indice pour expliquer ce cas. La malade est une femme bien conserve. La mine, le regard, le maintien portent
folie.
l'empreinte de la
CHAPITRE IV
FOLIE PRIODIQUEi
Aucienuement dj on
tale
men-
qui se manifeste par le retour d'accs priodiques. Cette forme d'alination indique qu'il y a dans l'organe psychique des changements qui reviennent priodiquement et toujours de la mme faon et que de plus
il
prdispos subir ces transformations. Selon toute probabilit, cette prdisposition en elle-mme devrait tre considre comme une altration morbide et durable de l'organe psychique,
est trs
analogue celle qui suppose un changement pileptique du cerveau comme condition de la production des accs pileptiques. Entre autres, il y a surtout une circonstance qui vient l'appui de cette manire de voir c'est que mme hors des priodes de paroxysmes, l'organe central ne fonctionne pas d'une faon normale, que par consquent il est affect d'une manire constante. C'est ainsi seulement qu'on peut s'expliquer que des influences extrieures insensibles ou trs minimes, ordinairement des phnomnes fonctionnels intrieurs, et mme des tats physiologiques (pubert, menstruation, mnopause; suffisent en eux-mmes pour faire natre la folie priodique ou en amener les accs. Quant la nature anatomique des altrations crbrales qui constituent la base de la folie priodique, nous avons aussi peu de donnes positives que sur celles qui sont la cause de l'pilepsie. Au point de vue purement fonctionnnel on peut supposer dans l'organe central un continuel quilibre instable qui temporai:
sur est encore plus sensible et une accentuation de l'irritabilit de ces deux causes, des processus dexcitation intra-crbrale ou priphrique provoquent l'accs par suite du retour priodique des excitations ou par suite de leur accumulation. Nous n'avons que des hypothses sur la nature des altrations crbrales qui sont la base de l'accs mme. Dans un des cas de mlancolie priodique qu'il a observs. Nef tel a not comme cause de la mlancolie un spasme des vaisseaux vaso-moteurs de certaines rgions corticales, spasme qui amena l'anmie, et il a, en par;
rement
la base
'
Kirn.
AlJfj. Zeilsclir.
gart, 1878.
Mendel,
f.
Psijch., 26.
p.
373.
Stutt-
Die Manie,
p. 73.
DEGEiNRESCEXCES PSYCHIQUES
tant de cette manire de voir, essay la galvanisation
4<Jl
du sympathique du
cou qui dans ce cas fut couronne de succs. Mais rcemment Meynert a insist sur la possibilit qu'il pourrait s'agir dun changement dans l'innervation des vaso-moteurs. Cet auteur suppose que, dans la forme circulaire de l'alination priodique, il y a anmie crbrale produite par crampe vaso-motrice pendant la phase mlancolique de la maladie et hyperhmie crbrale par suite de la cessation de la crampe et aflux du sang
phase maniaque. La folie circulaire devrait donc tre consinvrose crbrale vaso-motrice qui prsente tantt des troubles vaso-spasmodiques tantt des troubles vaso-paralytiques. Cette hypothse demande tre confirme par de longues et compltes recherches sphygmographiques. Les faits recueillis jusqu'ici montrent, il est vrai, une participation intense des nerf vaso-moteurs dans la maladie, mais les qualits du pouls spasmodique et du pouls paralytique ne correspondent pas compltement au point de vue du temps avec les tats de mlancolie et de manie, de sorte qu'on a toute raison de supposer que les anomalies vaso-motrices qui sans doute ne manquent pas d'importance, ne sont pas les causes des troubles psychiques mais des phnomnes coordonns ces derniers. Il est aussi peu admissible de donner aux variations du poids de corps que Meyer a constates dans la folie circulaire et que d'autres ont contestes, l'interprtation d'une tropho-nvrose cr-
pendant
la
dre
comme une
brale.
Nous ne savons presque rien de positif non plus sur les excitations qui paroxysmes ou les phases de la folie priodique, du moins nous n'avons gure de donnes ce sujet pour les cas idiopathiques. L'tiologie repose sur l'organisation pathologique ou tare du cerveau du malade dont l'accessibilit l'irritation est si facile que des excitations intrieures ou extrieures qui seraient insignifitmtes pour un cerveau normal, suffisent ici, comme pour le cerveau des pileptiques, faire clater
rveillent les
les accs.
ne faut pas remonter pour cela jusqu' l'poque de Paracelse, mais un peu avant notre poque, on a cru touver la nature de ces excitations dans des influences atmosphriques (Reil, Spurzheim, Gall, Friedreich, Carus, Forster, Guislain), mais surtout sidrales (la lune
Autrefois,
il
:
Koster;
Dans les cas d'origine priphrique (cas sympathiques ce sont dans l'immense majorit des cas des processus d'excitation partant des nerfs utrins (processus de la menstruation et de la puberti qui provoquent
i
l'accs.
La psychiatrie est mieux renseigne sur l'tiologie, la marche et la symptomatologie de ces psychoses priodiques. Morel est le premier qui ait nettement reconnu et apprci leur signification clinique et pronostique en tant que phnomne dgnratif. La grande majorit de ces malades est compose d'individus atteints d'une tare hrditaire. Ce n'est que rarement qu'on constate l'absence d'une prdisposition directe ou familiale, que la tare est acquise par des
492
maladies du cerveau du ftus ou de l'enfant ou des anomalies du cerveau, notamment la microcphalie mais il est encore plus rare que l'altration crbrale se soit produite par suite d'un trauma capitis ou d'excs
;
alcooliques.
Comme symptmes
dique
et
qui conviennent toutes les formes de la folie prioqui les distinguent des formes non priodiques ou peut tablir les
:
suivants
1 L'accord
et
nouveau
t constat
avec raison mis au premier plan du diagnostic ce fait qui avait dj par Falret {Maladies mentales, p. 458 et 462). Cette similitude
mme aux prodromes, la nature et chronologique des symptmes. Cet accord cepeudant ne s'tend pas sur toute la dure de la maladie qui, dans la plupart des cas, persiste pendant toute la vie du malade, ni sur la dure des accs isols. Quant au premier point il faut considrer que parfois la psychose priodique ne se dveloppe qu'aprs des rcidives ritres d'une psychose qui ne correspond nullement au tableau de la psychose ultrieure (priodique et que pendant une dure de plusieurs lustres elle varie dans ses manifestations, probablement sous l'influence d'altrations crbrales secondaires, qu'elle devient par exemple plus grave, prsente un plus grand nombre de symptmes de faiblesse psychique. La concidence strotype des accs n'est exacte que pour une longue phase de la maladie. La dure des accs aussi varie souvent essentiellement, sans prjudice de leur similitude complte car, par suite des causes extrieures ou intrieures, ces accs peuvent avoir une marche abortive ou prolonge de plus avec la dure de la maladie ils se prolongent ordinairement et plus le retour d'un accs se fait attendre plus la marche de cet accs devient
; ;
intense et prolonge.
2
L'ensemble de
fait
la
personnalit
le
est,
et
psy:
chique, tout
s'agit
autre pendant
l'intervalle
il
de deux personnalits diffrentes l'une de l'autre. 3 Il y a dans les intervalles des phnomnes plus ou moins distincts d'infirmit permanente du systme nerveux central, de sorte que les accs isols, analogues ceux d'une fivre intermittente ou ceux d'une pilepsie ne reprsentent que des symptmes saillants et particulirement marquants d'une maladie permanente. Ces symptmes intervallaires sont multiples et individuellement trs diffrents les uns des autres. Souvent ils reprsentent des phnomnes de tare fonctionnelle et apparaissent sous l'image de la constitution nvropathique ou comme des phnomnes partiels de nvroses considres comme des tares (hystrie, neurasthnie, pilepsie), ou bien ce sont des symptmes qui sont la suite des altrations secondaires du cerveau produites par les
accs ritrs (irritabilit, faiblesse psychique,
notamment sur
le terrain
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
psychique
:
49:}
apathie des sentiments), ou bien ce sont des tranards la remorque d'un accs qui vient de finir (puisement intellectuel), ou les prcurseurs d'un accs imminent, ou bien les phnomnes d'un accs
avort.
4 Les psychoses priodiques rapparaissent des espaces de temps peu prs gaux et souvent avec des conditions extrieures et intrieures toujours approximativement les mmes. La dure des intervalles peut s'tendre des semaines, des mois et mme des annes. Cette loi n'est contrarie que par les causes extrieures qui acclrent ou diffrent le retour des accs. 0 Le tableau de la maladie consiste surtout en anomalies affectives, en troubles concernant le processus de la formation des images mentales et dans les actes morbides qui en rsultent en mme temps les troubles dans la nature des conceptions (ides dlirantes) et les hallucinations manquent tout fait, ou du moins ne se dessinent que faiblement. Dans le premier cas, quand il y a absence totale de ce genre de troubles, le tableau de la maladie a souvent l'aspect d'un tat raisonnant, d'une sorte de moral insanity ou d'un tat impulsif. 6'' La dure moyenne des accs est en gnral plus courte que dans les cas o la maladie n'a pas une signification priodique. 70 Les paroxysmes de la folie priodique ont un court stade prodromique, atteignent rapidement l'acm, persvrent cette hauteur avec des oscillations d'intensit relativement minimes, et tombent rapidement souvent mme, ils ont une solution brusque. Le diagnostic doit tenir compte de tous ces symptmes. Comme il se base toujours sur la comparaison de plusieurs accs et sur l'observation du stade intervallaire, jamais un seul accs ne peut garantir la certitude du diagnostic il faut l'observation d'une priode d'volution
; ;
;
de toute la maladie.
Le pronostic de
la folie
priodique est en gnral mauvais, ainsi que La terminaison se fait parfois par la gurison
qu'on peut esprer plutt dans les cas dus des causes sympathiques accessibles la thrapeutique, ensuite dans les accs qui portent plutt
le
psychose, qui, en outre, sont de Dans la plupart des cas, la maladie aboutit des tats de faiblesse mentale conscutifs avec accs qui s'eiacent peu peu et qui se prolongent et se confondent, de sorte que
caractre
dlire
la
du
que celui de
finalement
lectuelles
il
se produit
intel-
comme
base.
La folie priodique peut se drouler cliniquement sous forme de la psychose ou du dlire, et, dans le premier cas, comme manie, mlancolie, vsanie, et, sous les deux formes, comme folie circulaire.
Au
tinguer des cas idiopathiques, c'est--dire d'origine centrale, et des cas sympathiques, c'est--dire produits par des processus d'excitation priph-
rique dans
le
cerveau.
494
I.
Cette folie idiopathique priodique prsente trois formes cliniques remarquables 1 Des accs qui se droulent sous les formes connues de la manie, de la mlancolie, ou en combinant ces deux formes, et gnralement en choisissant la forme cliniquement plus lgre de l'exaltation maniaque et de
:
la
ne se produisent qu'pisodiquement et qu'il n'y a pas d^ trouble profond de l'intelligence. Ces accs, ainsi que Kirn l'a fait remarquer, se distinguent de ceux de la seconde catgorie, par le fait qu'ils ont besoin, pour se produire, d'un laps de temps plus long, dans la plupart des cas plusieurs mois. 2 Des accs qui ne se droulent pas sous l'image d'une psychose empirique qu'on puisse classer dans un systme, mais avec le caractre du dlire. Ils vont en outre avec un trouble plus profond de l'intelligence et prsentent une marche suraigu ou aigu qui dure plusieurs jours, tout au plus plusieurs semaines. Leur apparition et leur rsolution sont en outre de beaucoup plus brusques que dans le groupe prcdent. 3" Accs sous forme d'instincts morbides. 4 Folie priodique idiopathique sous forme de psychonvrose. Elle apparat, du moins dans la pratique des asiles d'alins, le plus souvent comme une alination maniaque, plus rarement comme une folie circulaire ou mlancolique, et plus rarement encore sous forme de vsanie. La dure des accs s'tend des mois dans la plupart des cas. Elle varie
selon les conditions extrieures et intrieures.
Il y a aussi des accs abortifs. Le retour des accs a lieu au bout de quelques mois, et parfois mme aprs des annes. Le tableau de la maladie se prsente de prfrence sous lia forme cliniquement plus bnigne d'un trouble motif et d'an trouble dans la formation des conceptions et prend souvent le caractre raisonnant.
.1.
iMame
priodique
Contrairement aux observations d'autres auteurs (Spielmann, Schtile. un stade mlancolique constitue le prodrome de l'accs, je dois maintenir l'origine primaire des accs d'alination maniaque priodique, du moins en ce qui concerne mes observations l'asile. 11 peut y avoir des cas o le premier accs et mme les accs suivants de la maladie prsentent comme prlude un tat mlancolique, mais il est certain que cet tat disparat trs tt. D'ailleurs, tout dpend de cette question Qu'est-ce qu'il faut entendre par stade prodromique mlancolique?
Kirn), d'aprs lesquels
:
DEGE>iEi(ESCEXCES PSVCllloUES
iOo
Le sentiment de dpression, d'oppression de l'accs en imminence ne dans le sens de la mlancolie, pas plus que l'indisposition psychique et la sensation de trouble gnral, qui se manifestent aussi dans le stade d'incubation des maladies infectieuses aigus cette interprtation ne peut tre accepte, mme quand de l'irritation et de l'angoisse s'y ajoutent (Witkowsky). Les manies priodiques que j'ai observes personnellement, ont, il est vrai, un stade prcurseur, mais ce stade ressemble plutt un aura qu'aux prodromes d'une psychose. Les symptmes prcurseurs appartiennent en partie la sphre vaso-motrice ffluxiou, battements de cur, vertiges), en partie la sphre sensible (nvralgies, myodyuies, malaises paralgiques, maux de tte), en partie la sphre psychique ^augmentation de l'excitabilit morale), en partie la sphre du nerf vague (troubles gastriques) ou bien ils se manifestent aussi par de l'insomnie, par un malaise gnral, qui pourraient aussi bien servir de prodromes une maladie infectieuse grave qu' une psychose. L'explosion de la manie est assez brusque. Le tableau clinique est celui d'une exaltation maniaque, mais base dgnrative, ayant ordinairement un caractre raisonnant trs prononc, souvent aussi ayant les allures d'une moral insanity avec prdominance du delirium actionis qui, alors, a souvent un caractre impulsif et gnralement immoral. Parmi les troubles motifs, l'irritabilit d'humeur trs accentue occupe le premier rang, et par ce fait la manie apparat sous l'image d'un tat
doit pas tre interprt
;
d'esprit irritable.
Avec
le
la disparition
cachet raisonnant,
des troubles dans la nature des conceptions avec souvent immoral et impulsif de l'ensemble du
se poser comme un cas de perverseulement les actes au lieu d'apprcier l'ensemble de la personnalit et de la maladie ainsi que son caractre intermittent. Cela arrive surtout dans les cas frquents o le dlire impulsif occupe le premier plan et se manifeste comme impulsion commettre des excs sexuels, voler la proprit d'autrui, boire, incendier, vagabonder, etc. L'ensemble de la folie maniaque n'est souvent nettement reconnaissable que dans les exacerbations du tableau morbide. L'humeur gaie est refoule au second plan pour faire place l'humeur irritable. Cette dernire se manifeste par de la susceptibilit, un penchant
tableau, la conduite
sit,
du malade peut
quand on
se contente de juger
l'intrigue et
fminins
et
aux querelles. Alors un trait constant chez les individus qui est d l'agitation sexuelle, c'est le penchant suspecter diffamer sexuellement l'entourage fminin. L'exaltation des concepet
et les rend capables de de persiflage. Le tableau morbide se maintient ordinairement ce degr. Episodiquement des dlires motifs (motions pathologiques ou aussi des explosions de folie furieuse avec i'des dlirantes et hallucinations peuvent se produire par suite d'excs alcooliques, du refruement de dsirs excessifs, par
tions
donne
ces
raillerie, d'ironie et
496
suite d'motions de colre qui clatent trs facilement, tant donne la grande motivit de l'individu. Kirn a eu le mrite de dcrire les troubles des fonctions somatiques qui accompagnent cet tat. Ils appartiennent en majorit la sphre du systme nerveux et consistent en troubles vaso-moteurs tels que battements de cur, fluxions vers le cerveau avec pouls carotidien mou et plein
(paralysie vasculaire), alternant avec des phnomnes de spasme vasomoteur, de la pleur, un sentiment de froid, notamment aux extrmits, ensuite en troubles scrtoires (salivation, augmentation de la scrtion de l'urine et de la sueur), en troubles moteurs (changement dans l'innervation de l'iris, myosis, mydriasis, nystagmus), en symptmes venant du
nerf vague (anorexie, polydipsie, parfois polyphagie). Ces troubles sont individuellement trs varis, mais dans les cas isols les symptmes qui
conviennent chacun reviennent aussi typiquement que les symptmes psychiques. Le sommeil est troubl et ne dure que peu d'heures. Mme quand le malade prend une riche et abondante nourriture, la nutrition baisse considrablement et reste trs infrieure en comparaison du poids du corps pendant l'tat intervallaire. La baisse de poids au dbut et la reprise de l'augmentation de poids aprs la cessation dii paroxysme se
font trs rapidement.
D'ordinaire le paroxysme disparat presque aussi rapidement quil est apparu cela se fait dans l'espace de quelques heures ou de quelques jours. Lorsque l'intensit et la dure de l'accs sont considrables, il reste un stade d'puisement qui peut avoir encore une nuance maniaque (allures de moria) qui dure des journes et des semaines et qui mne l'tat intervallaire. Parfois ce stade d'puisement prend la forme plus grave de la stupeur. La conscience du malade qu'il a eu un accs ou qu'il est maintenant entrav au point de vue intellectuel, peut donner ce stade terminal un caractre douloureux sans qu'on doive conclure un
;
stade terminal mlancolique. Je n'ai jamais observ cela. Dans la forme bnigne et de plus courte dure des accs priodiques, stade d'puisement postmaniaque est loin d'tre aussi intense et durable qu'au lendemain d'une simple mlancolie. Dans l'tat intervallaire mme aprs un petit nombre d'accs, il se montre dj des dviations durables de l'tat psychique normal, car une grande irritabilit d'humeur et lmbcillit apparaissent. Des malaises nerveux multiples, semblables ceux qu'on observe dans le paroxysme, le retour pisodique d'un complexus symptomatique ayant les allures de l'aura (qu'on pourrait peut-tre interprter comme des accs abortifs), l'intolrance pour l'alcool, fournissent la preuve que mme pendant la priode intervallaire le cerveau n'est pas sain. Un premier accs de folie maniaque a-t-il ou non la signification d'une manie priodique ? Voil une question laquelle on ne peut rpondre avec certitude. On peut conclure avec quelque probabilit d'aprs les symptmes suivants explosion rapide et brusque avec des symptmes nvrotiques sous forme d'aura, maintien du trouble au niveau d'une
le
,
:
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
exaltation
497
maniaque durant une semaine environ sans passer l'tat de que dans la folie furieuse ordinaire, c'est--dire non priodique, l'exaltation maniaque ne reprsente qu'un court stade de
de plus il y a la nature raisonnante dpression irritable, avec un notable delirium actionis, des actes impulsifs (manie de collectionner, etc.), avec troubles des fonctions somatiques (nvrotiques, gastriques; trs pro;
du
prdominance de
la
la manie priodique on note encore la dure de que dans la manie ordinaire de mme qu'une lvation plus rapide vers l'acm, une plus courte dure de ce dernier et une plus courte dure du stade d'puisement postmaniaque. Vient encore la baisse d'une rapidit surprenante de l'agitation ainsi que l'existence des anomalies nvrotiques et psychiques (intervallaires) aprs que l'accs
noncs.
En faveur de
est pass.
Le pronostic de
cette
forme de
la folie priodique,
comme
en gnral
dure, est dfavorable. Dans les meilleurs cas et avec des conditions favorables les accs ne se produisent pas pendant des annes. Je n'ai jamais pu
constater une gurisou.
La thrapeutique
ct
des indications
le
gnrales,
maniaque en gnral,
ou de petites doses souvent ritres de morphine par la mthode souscutane, a souvent donn des succs, mais toujours condition qu'il entre en action ds que les premiers symptmes prcurseurs de l'accs imminent se manifestent. Si l'accs est dj compltement dvelopp, le traitement abortif arrive trop tard, car l'accs, sans tre atteint par les phnomnes extrieurs, se droule en suivant des lois immanentes. Mais alors l'effet de la morphine attnue l'intensit, notamment dans les cas de manie irritable, qui clate continuellement en motions et qui est accompagne d'une pousse d'ides douloureuses. Les antitypiques (arsenic et quinine) si efficaces dans les nvroses base d'infection malarienne, restent sans aucun effet dans la folie priodique base dgnrative. Je n'ai jamais vu non plus les sels de brome donner des succs notables dans cette forme de folie maniaque, tandis que Kohn [Archiv f. Psych.. XI fasc. 3) a constat un effet abortif produit par 4 6 grammes de bromure de potassium chez une femme. Mendel {op. cit.) a, dans un cas, obtenu une suppression durable des accs l'aide
.
d'injections d'ergotine.
Observation XLIV. Manie priodique longue dure et longs intervalles. de commerce, clibataire, trente et un ans, est n d'une mre psychopathe. Sa plus jeune sur eut des convulsions. Le malade tait bien dou,
Krainz, employ
En
il
eut
Le 24 novembre 1873,
il
498
avait
valeur
bavard jusqu' la confusion, gai, il se plaignait que ses mrites comme fonctionnaire n'taient pas assez apprcis, s'occupait de toutes sortes de bimbeloteries qu'il avait apportes avec lui et qu'il
;
;
il
manie d'crire en employant mme le plancher, les murs, ses cols de chequand il n'avait plus de papier. Il se croyait un grand chanteur, essayait souvent sa voix mtallique, tait infatigable pour dbiter des impromptus drles, de mauvais mots, etc. On ne put
avait la
etc.,
montrait manire
du mois de dcembre
folie furieuse
aucun stigmate de dgnresdu nerf abducteur droit il y avait du strabisme convergent avec diplopie pisodique. L'ophtalmoscope a permis de constater un commencement de staphylome postrieur de l'il droit. La sphre sexuelle est reste sans participation au tableau morbide. Il n'y avait ni troubles vgtatifs, ni fluxions. Le pouls variait souvent dans sa frquence et tait la plupart du temps au-dessus de 100. A la suite d'un traitement par la digitale, les bains et les injections de morphine, la maladie arriva au cours du mois de fvrier 1874 au niveau d'une lgre exaltation maniaque avec impulsion collectionner. Alors survint un tat intellectuel moyen qui dura deux mois et dont le malade est sorti sans aucune dfectuosit. Le 20 mai 1873 il tomba de nouveau malade sans avoir eu de prodromes mlancoliques. A son entre l'asile, il est le mme qu'il fut lors du premier accs. Il se dmne, est d'humeur gaie, salue avec jovialit les mdecins et les gens qu'il connat; il se prsente comme fonctionnaire d'une compagnie d'assurance impriale et royale, montre un petit aimant en fer cheval comme le moyen mystrieux avec lequel on peut tablir la symtrie pour appartenir la religion laquelle il a donn sa foi. Les dtails et la marche de cet accs sont semblables ceux de l'accs prcdent, seulement le caractre se manifeste plus nettement et le stade d'puisement conscutif a plutt le cachet d'une moria (jeux purils avec de la
Au
cence, ni
suite de parsie
etc.).
mais
il
une
faiblesse
psychique durable bien que peu intense, faiblesse dont le malade s'aperoit luimme et qui le dcide renoncer son mtier. Vers Nol de 1877 il eut un nouvel accs qui s'annona par une baisse rapide de la
nutrition, de l'insomnie, del sensibilit la lumire et
ides et par l'irritabilit, et qui suit la
la fin
mme marche
juin
;
que
Vers
fin
las,
sommeil frquent
ensuite retour
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
4^9
eu un branlement du cerveau l'ge de trois ans par suite d'une chute de voiture et l'ge de douze ans par une branche d'arbre qui lui tomba sur la tte. Quelque temps aprs le second accident, il resta pendant quelques jours dprim, silencieux,
triste,
il
ensuite
il
passa un tat d'exaltation maniaque qui dura deux mois. Ensuite dveloppant physiquement d'une manire satisfaisante. En
1879
se livrait depuis le
juillet
il
la
fm du
mois de
se plaignait sou-
vent de vertige.
la manie
La nuit le malade voit toutes sortes de choses bizarres (figures comiques, animaux). Ces fantmes, qui peut-tre sont d'origine alcoolique, ne sont plus observs plus tard pendant son sjour l'asile. Lors de son entre l'asile, il est en tat d'exaltation
maniaque, inconstant, bavard, plein de dsirs et de convoitises, gai, espigle, avec une haute ide de sa personne. Pendant des heures et mme des journes le tableau morbide s'lve la hauteur de la folie furieuse (impulsion motrice, destruction des
objets, barbouillage,
qu'il
ides), en
mme temps
Le 10 dcembre le malade devient tout d'un coup calme, rang, et prsente encore pendant quelques jours de lgers symptmes d'puisement. On observe de nouveaux accs qui concident d'une manire typique, du 24 dcembre 1879 au 5 janvier 1880, du 12 janvier au 23 janvier, du 31 janvier au 13 fvrier, du 6 mars au i2 juin 1880 (traitement par la morphine).
Comme prodromes on constate vertiges, mal de tte, langue sale, troubles de la mimique, sommeil mauvais, rves anxieux, congestion facile, il brillant, acclration et confusion dans la marche des penses le malade compare ce stade prodromique un tat d'ivresse. Aprs une dure de plusieurs heures et mme d'une journe l'exaltation maniaque se dveloppe. Le malade devient inconstant, loquace, gai, exigeant, irritable, querelleur; il perd le sommeil, il fait toutes sortes de farces par exemple, il vide les crachoirs, les brocs d'eau. En vingt-quatre heures, l'tat s'lve la hauteur de la folie furieuse le malade chante, pousse des cris joyeux, danse, saute, dchire, fouille dans la paille, se barbouille; il a une avalanche d'ides, une mine confuse et, comme s'il tait en tat d'ivresse, de la congestion, de l'augmentation de la frquence du pouls allant jusqu' 100 pulsations. Les bains avec compresses, les emmaillotements ont un effet calmant et hypnotique. La maladie redescend rapidement au degr de l'exaltation maniaque. Le malade sait excuser par des raisonnements ses excs frntiques; il reste d'une gaiet exubrante, pleine de drlerie, continuellement joyeux. Dans la baisse rapide de l'agitation il apparat calme, ple, avec un besoin de sommeil et de nourriture, las et dprim. Au bout de quelques jours ces symptmes d'puisement
:
; :
:
disparaissent.
Dans les intervalles, le malade est tranquille, rang, laborieux, mais irascible. Le souvenir des phnomnes de l'accs est sommaire. Les excs de la folie furieuse sont motivs par une impulsion intrieure et par des sensations de plaisir. La mdication par le bromure de potassium (jusqu' 8 grammes par jour) est reste infructueuse. Les injectinos de morphine (jusqu' 0,015, deux fois par jour) ont produit, et le malade lui-mme Ta ressenti, un effet salutaire. Objectivement ces injections ont prouv qu'elles attnuent et abrgent l'accs. Celui-ci se maintenait essentiellement au niveau de l'exaltation maniaque, prsentait une lvation plus lente vers l'acm et une dure plus courte de cet tat culminant. Com.me depuis
s'est
plus produit,
le
malade a
500
Il
entra au rgiment
et
eut de nouveau
l'occasion de boire.
une nouvelle srie d'accs semblables aux prdu 21 juillet jusqu'au 31 juillet, du 23 aot
jusqu'au
?,..)
B.
MLANCOLIE PRIODIQUE
*.
On rencontre la forme mlancolique de la folie priodique beaucoup plus rarement que la forme maniaque. Il serait videmment risqu de vouloir dterminer la proportion en chiffres des deux formes de la
maladie, car videmment de nombreux cas de mlancolie priodique se droulent d'une manire si bnigne qu'on n'a pas recours l'intervention du mdecin. Ceci explique dans tous les cas la grande raret de la mlancolie priodique dans la pratique des asiles. Sur treize cas de cette catgorie
il
que
j'ai
pu personnellement observer
et hallucinations.
hommes),
n'y en eut que quatre qui sjournrent l'asile d'alins, cas graves
Les ides
dlirantes roulaient
Il y avait une vioangoisse prcordiale avec dgot de la vie et qui menait de frlente quentes tentatives de suicides. Les cas plus lgers de la pratique prive ne dpassent pas le tableau
sur un abaissement de
l'opinion de soi-mme.
d'une mlancolie sans dlire. De mme que dans la phase mlancolique de la folie circulaire, dans la mlancolie priodique (sine delirio) prdominent les phnomnes d'entrave et de douleur psychique spontane. Ces phnomnes roulent de prfrence sur la conviction douloureuse que le cours des Rides et la volont sont entravs de mme que les sentiments, c'est--dire que l'image mentale des sentiments n'a plus de tonalit (anesthsie psychique). Le malade se livre une rflexion douloureuse sur cette absence de certaines de ses sensations ordinaires et arrive douter s'il doit encore se compter parmi les tres humains. Dans tous les cas de mlancolie priodique, des symptmes somatiques insomnie, mal de tte, prononcs accompagnent la maladie psychique artres contractes violemment avec pouls ordinairement frvertiges quent, anorexie, malaises gastriques, baisse rapide de la nutrition, cessation des rgles, paralysies, tats neurasthniques, et par suite troubles
:
intgrants de l'ensemble
comme phnomnes
Une
fois j'ai
observ
un herps
l'accs s'accompagne souvent de malaises gastriques et la rsolution se produit toujours brusquement. La dure des accs peut aller six semaines et mme plusieurs mois. Je n'ai jamais pu constater de stade maniaque
prcurseur
'
et
conscutif (Kirn).
d'iemed. Wissenschaflen, 1875, n 22 et AlU/. Zeifschr. f.Psych., f. Spielraann. Op. Kirn, Op. cit., p. .52. Tigges, Irrenfreund, 1870. p. 17. Morel, cit., p. 332, qui compte aussi dans cette catgorie une partie des dipsomanes. Trait des mal. ment., p. 477.
Neftel, Cenlralblatl
33, p. 91.
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
501
Dans tous mes cas il y avait une lourde tare ordinairement hrditaire. Le pronostic est dfavorable. Jamais la gurison, c'est--dire la suppression des accs pour plusieurs annes, n'a pu tre obtenue. Il semble qu'avec l'ge les accs se prolongent sans devenir pour cela plus graves. Dans plusieurs cas des phnomnes de faiblesse psychique se sont prsents trs tt et l'on a pu aussi dans les intervalles constater une lgre dpression psychique. Je n'ai obtenu qu'un succs symptomatique avec l'opium et la morphine mais jamais d'effet abortif et gnralement la maladie n'a pas
t abrge.
est issue
tait
le frre
de
la
mre
les
tait alin, la
mre
surs de la malade souffrent tous de nvropathies une sur est devenue malade physiquement pendant le puerperium. La malade tait nvropathe, a eu l'ge de quatre ans une encphalite, mais s'est bien dveloppe, tait gaie, sociable et intellectuellement bien doue. A l'ge de dix-huit ans elle s'est marie. Dans les premiers temps du mariage, la malade souffrit du cot par suite de vaginisme. Elle accoucha sans accident 6 fois (1867, 1869 fvrier, 1870 mars, 1871 mai, 1873, 1876 juin, 1877 octobre). Aprs les secondes couches la malade allaitant seule son enfant, s'est produit, censment la suite d'une motion (mort de sa sur, la cinquime semaine aprs l'accouchement), le premier accs de mlancolie qui a dur cinq mois, jusqu'au dbut de la grossesse suivante. Cet accs n'eut aucune connexit avec le premier retour des rgles. D'autres causes que celle dont il vient d'tre fait mention, n'ont
de ses jours. Les frres et
pu
tre dcouvertes
On
mmes et ne diffraient que par l'intensit et la dure en 1870 de mars septembre, en 1871 de mars aot, en 1872 d'avril aot, en 1873 de mars aot, en 1874 de septembre juiUet 1875, en 1875 de septembre avril 1876,
toujours les
avril,
en 1878 d'octobre
la
en 1879 d'octobre jusqu'en mars 1881. fait la connaissance de la malade en 1880, alors que, inquite de
elle
longue
me
consulta.
Les accs commencent brusquement, au milieu d'un parfait tat intellectuel et violente excitation sexuehe qui dans l'in:
masturbation ensuite manque battements de cur. Bientt et rapidement se produit une profonde entrave intellectuelle et de la dpression. La malade se sent indiffrente tout, ne trouve plaisir rien, malheureuse, ennuye. Elle sent la vie comme un fardeau pesant, prouve avec chagrin le sentiment qu'elle est devenue indiffrente ses devoirs de mre et de femme de mnage. Mais elle est incapable aussi de les remplir. Elle est sans (nergie, sans courage, incapable de n'importe quel
tervalle n'existe jamais, avec impulsion pnible la
;
le
matin,
comme
si
elle avait
pass une
sommeil
avec
elle est
tourmente par
que
cette fois
elle ne recouvrera plus la sant et appelle de ses vux la mort comme une dlivrance. Occasionnellement des explosions ractives de dsespoir se produisent et
se terminent par
une
crise de
larmes
manger;
elle se sent
immdiatement
502
rassasie, prouve
les
une scheresse tourmentante dans le gosier. Les selles sont rares, menstrues rgulires, mais faibles. La malade souffre presque constamment d'une pression torturante l'occiput, d'engourdissement des mains, de pression aux pieds, qui sont comme pris dans un cerceau, de douleurs le long de la surface
interne des cuisses.
Brusquement,
de vivre;
elle se
l'tat
le
sommeil,
l'apptit, la joie
comme
un stade maniaque conscutif ce sentiment de dlivrance du moins, cet tat de revirement n'apparat comme tel ni la dame, trs intelligente ailleurs, ni sa famille. Alors le poids du corps qui, au dbut de l'accs, baisse rapidement, et reste pendant la dure de l'accs de 59 61 kilogrammes, augmente rapidement et revient son chiffre normal (environ 70 kilogr.). Pendant les intervalles, la malade se porte bien physiquement et psychiquement seulement, par moments, elle est trouble par
;
reproduira de nouveau. Le dernier accs qui, d'aprs une communication par lettre, ne s'est termin que fin mars 1881, a t prolong par le fait que, l'poque de la fin prsume de l'accs, arriva la mort de son pre (avril 1880) et celle d'autres membres de la
l'ide
fatal se
La malade est de taille moyenne; pas de stigmates de dgnrescence; pas de maladies des organes vgtatifs. Quand, au mois de dcembre 1880, je l'examinai, le turgor vitalis tait trs abaiss, le pouls radial et carotidien tait trs petit, facile supprimer. La malade paraissait bien dix annes plus que son ge. Ses traits nerveux et dprims accusaient son pnible tat moral. La langue tait nette, mais elle dit que par moments elle tait saburrale. Il n'y avait pas de symptmes d'anmie. L'examen gyncologique n'a donn que des constatations ngatives.
La malade,
(
ainsi
la
vention gyncologique
cause de
Franzensbad firent empirer le mure de potassium ne servirent rien. Seuls les bains tides eurent une action calmante et parfois aussi hypnotique. Elle se sentit mieux encore du repos et d'un sjour la campagne. EUe n'a jamais t dans un asile d'alins.
nvrose gnitale), l'hydrothrapie, une cure mal; la quinine, l'arsenic, Tatropine, l'opium, le bro-
C.
Folie priodique
si
La
folie retours
l'on fait
forme dlirante, qui a une signification surtout symptomatique et laquelle le trouble profond de l'intelligence qui va jusqu' l'abolition des perceptions du monde extrieur, ainsi que l'amnsie pour la dure de l'accs, donnent un cachet clinique spcial. Mendel {Zeitsch. f. Psych., XLIV, fasc. 6) a rapport trois cas de folie priodique. Le tableau clinique et la comparaison de l'accs isol ne prsentent aucune diffrence avec les cas de folie non priodique, de sorte que seule la marche totale et surtout le retour des accs typiquement similaires des intervalles approximativement gaux permettent d'tablir le
diagnostic.
Observation XLYII. M<= H.... cinquante-quatre ans, femme de fonctionnaire, de tout temps irritable, nerveuse, d"un esprit born, ne d"uue famille qui serait
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
sans lare; accoucha en 1868 et en
(rgles irrgulicres, qui souvent
503
1870. Depuis un an, elle est la mnopause ne viennent pas pendant des mois entiers commencement d'obsit, chaleurs la tte, grande nervosit, motivil, irritabilit morale).
;
Au mois de septembre
ilu
ses
fils
et
ennuyeuses.
Le 10 novembre 1883,
la
maux de tte; elle par son mari, menaait de quitter maison, tait inconstante, s'alarmait facilement; dans la nuit du 10 au 11, elle
trouva trs mal, avec de violents
qu'il y avait du poison dans les mdicaments, mdecin et son mari d'tre des empoisonneurs, brisa une lampe qu'elle tre empoisonne, essaya de s'enfuir, devint agressive contre les gens de sa
le
;
accusa
ilisait
famille
il
fut
Le 18 novembre,
confuse la clinique o
elle
mconnut son
venir l'empe-
elle se
se plaignait
deux
distillateurs de poison
il
Son
fils
est
;
un mauvais
sujet;
fait
du tapage avec
mourra subitement
jamais de
Pas de fluxions, pas de maladies des organes vgtatifs. On prescrit des bains, des injections de morphine. Au commencement du mois de novembre,
fivre.
l'intelligence s'claircit.
La malade avoue
qu'elle a
;
tre trouble
elle se rap-
mais
le
se
puise psychiquement,
la
et
bon sommeil. On
renvoie gurie
26 dcembre 1883.
Deuxime entre
et avait et parlait
18 fvrier 1883.
La malade
portante
bien
elle se sentait
Au commencement du mois de
irritable,
un peu plus
sensible, plus
fils
ne
faisait
un bruit d'incendie;
le lo,
une
Le
17,
elle
en jouant aux
cartes.
Le
elle
18,
aprs avoir pass une mauvaise nuit, la malade devint inquite, anxieuse
partir pour une ville voisine, chez ses parents.
ce voyage.
demanda
;
pagna dans
dlirer
changea de Avagon, elle se mit gendarme en lui demandant d'arrter son. mari, qu'il portait du poison et de la dynamite sur lui, qu'il l'avait empoisonne dj une fois. On peut voir les traces du poison sur ses mains. Elle demande qu'on la dissque immdiatement, afin que la culpabilit de son mari soit
route,
En
une station o
l'on
prouve.
pour la seconde fois la clinique, la malade est dlirante, que son mari est un empoisonneur, et son fils un incendiaire. On veut l'empoisonner, la brler il faut que l'vque vienne elle veut se confesser et faire son testament. Ici tout est hant, tout est empoisonn. Il faut entourer la maison d'un cordon de troupes. Refus de nourriture elle ne se laisse pas toucher par peur du poison la nuit, elle a une soif intense le gaz d'clairage doit tre empoisonn.
Le 18
agite, dclare
504
L'eau sent mauvais et a un mauvais got. La malade n'a pas de sommeil, boulevera peur qu'on la fasse sauter en l'air avec un explosif. Vers le
16 mars, la psychose se rsout. Le 21 mars, le mari emmne de la clinique la malade qu'on considre comme gurie. Elle garde une allure normale et se sent bien jusqu'au 10 mars 1886, quand, tout d'un coup, et sans aucune cause apprciable, elle
les
mmes
absolument de la mme faon que deux premires fois. Fin avril 1886, rsolution rapide. Bien portante jusqu'au 18 mai 1887. Nouvel accs typique et semblable aux autres, durant jusqu'au 10 mai. Cinquime accs, du 18 novembre 1887 jusqu' fin janvier 1888. Sixime accs, du 11 fvrier jusqu'au commencement de mars 1888. Septime accs, de fin mars jusqu'au 15 avril 1888. Huitime accs, du 2o aot 1888 jusqu' fin septembre. Neuvime accs, du 15 novembre jusqu'au 15 dcembre 1888. Depuis que les accs se produisent plus frquemment, c'est--dire partir du o, il se produit une faiblesse psychique rapidement croissante. Les accs sont comme auparavant typiques et similaires, mais les derniers sont nuancs par une grande confusion et par de nombreuses hallucinations, notamment des hallucinations
les
olfactives.
La malade a
t interne
dans un
asile
D.
Folie circulaire
'
d'une apparition alternante, cyclique des types cliniques, mlanl'tat de manie par le fait que, pendant longtemps et mme durant toute la vie, ils se succdent tour tour (Falret, Folie circulaire; Baillarger, Folie
Il
s'agit
double forme).
fait
comme une
En
effet,
accentuation de cette
alternance pathologique de
l'on a
l'tat d'esprit.
dans tous
les cas
pu
circulaire s'est
prsente
comme une
190, n" 5 (avec indicacomplte). Pick, Circul. Irresein, EulenburrjS Realen cyclop., Ritti, Trait clinique de la folie double forme, 1883. Mordret, De la folie double forme, 1883. Dans les uvres des romanciers on trouve aussi des types de folie circulaire. Comparez Tourgenief, Le roi Lear de la steppe et Pre et Fils du mme auteur (la princesse).
'
littrature
-Bail (Ann. md. psychol., septembre 1880, p. tare chez lequel la maladie (depuis vingt-sept ans
deux
cependant un homme sans toujours dix mois de manie suivis de annes de dpression mlancolique) s"est produite la suite d'un trauma capitis.
192) cite
.
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
celles d'autres spcialistes ainsi
oOo
que les miennes, cette forme de folie femmes'. Souvent le dveloppement de la folie circulaire est prcd pendant des annes par des accs de manie simple ou priodique, ou aussi par des accs de mlancolie. La folie cyclique dbute dans la plupart des cas comme folie mlancolique, plus rarement sous la forme maniaque. Le tableau initial de la maladie ne se distingue pas des types similaires ni par une intensit extraordinaire ni par une plus grande dure. Dans la plupart des cas, dans des cas rares, le type clinique oppos lui succde immdiatement les deux tats alternants sont spars par un intervalle lucide. La marche de la maladie consiste dans le changement alternatif des deux tats qui forment le cycle et qui, dans la plupart des cas, sont nettement spars et prsentent rarement une transition confuse de l'un l'autre. Les deux tats se confondent pendant la transition, plutt dans les cas o les tats pathologiques ont une longue dure. On peut aussi observer le phnomne particulirement not par Meyer, c'est que des symptmes temporaires lmentaires de l'tat oppos celui du tableau prsent surgissent dans le tableau mlancolique ou maniaque. La marche des tats mlancolique ou maniaque peut toujours tre interrompue par un intervalle lucide qui s'intercale mais ce fait n'est pas aussi frquent ni aussi rgulier que le prtendent certains auteurs. On l'observe plus souvent aprs l'volution d'un ou plusieurs cycles, ensuite comme stade intermdiaire de deux phases d'tat, rarement comme interruption d'une phase maniaque ou mlancolique'. La dure de l'intervalle lucide est plus courte et la lucidit est moins nette, quand l'intervalle s'intercale entre deux phases d'tat. Il dure plus longtemps quand il spare deux cycles. La dure du cycle entier, ainsi que celle des tats qui le composent, varie chez les diffrents individus et chez le mme malade, et dpend souvent
atteint de prfrence les
; ;
temps que
la phase maniaque l'intervalle lucide, s'il y en a un entre les deux, est d'une dure infrieure chacune de ces deux phases. Il y a des cas, notamment ceux dont les tats cliniques ont une dure trs prolonge, o la dure des phases reste presque exactement la mme chaque retour il y en a d'autres o les phases les plus courtes alternent avec les plus longues.
; ;
'
Dans
la littrature, j'ai
j'ai
vations personnelles,
trouv sur 48 cas 28 femmes et 20 hommes trouv sur 24 cas 16 femmes et 8 hommes.
: :
2 Les cas oi^i l'tat maniaque et l'tat mlancolique se succdent immdiatement et sont spars du prochain cycle d'accs par un intervalle, sont dsigns ordinairement par le nom de folie double forme. Les cas oi^i chaque tat est spar par un intervalle de l'autre, sont appels folie circulaire. Les cas o il n'y a aucun intervalle aucune priode de la maladie, sont appels folie alternante. Cette folie alternante volue ordinairement avec des priodes d'tat tout fait phmres.
506
personnelles, les tats mlancolique et maniane prsentent rien de spcifique. Dans la plupart des cas, ces tats ne s'lvent pas au-dessus du niveau d'une simple dpression mlancolique ou d'une simple exaltation maniaque, et le caractre
D'aprs
mes observations
que de
la folie circulaire
raisonnant est trs frquent sur cette base dgnrative. Voil qui explique pourquoi on rencontre la folie circulaire plus souvent dans la pratique domicile que dans les asiles. Ce n'est que rarement qu'on voit les formes fonctionnelles graves de la stupeur mlancolique
et
de
la folie furieuse
et
hallucinations. Le tableau
une exactitude photographique, du moins avec une ressemblance essendans les cycles suivants, et il n'y a que des diffrences dans la dure
et l'intensit.
En
le
gnral, on peut dire que plus la dure de la phase est longue, plus
Le diagnostic de la folie circulaire ne peut tre tabli avec certitude que par l'observation de la marche de la maladie. Un accs maniaque ou mlancolique est toujours suspect quand il se dclare brusquement la pubert ou la mnopause, quand il se maintient pendant des semaines avec le mme caractre bnin, quand dans l'tat mlancolique ou maniaque des symptmes d'un caractre oppos cet tat surgissent pisodiquement. En outre, on remarquera l'tat gnral gravement troubl, le pouls chtif le turgor vitalis abaiss, la rduction rapide du poids du corps, l'air affaibli et vieilli, le changement des traits, de nombreux malaises nvralgiques et paralgiques dans l'tat mlancolique l'air dispos et content (Meyer), le pouls plein, vigoureux, le turgor vitalis extraordinairement lev, dans l'tat maniaque. Emerich (op. cit.) fait valoir avec raison que dans la mlancolie, image partielle de la folie circulaire, la dpression morale est beaucoup moins douloureuse (spontane) que dans la vraie mlancolie, et qu'elle reprsente cliniquement surtout une conscience douloureuse (ractive) de l'entrave intellectuelle. La folie circulaire, d'habitude profondment constitutionnelle, permet rarement d'esprer une gurison. On peut esprer encore dans les cas qui voluent en courtes phases, tandis que ceux qui voluent avec accs prolongs reviennent priodiquement avec une rgularit fatale jusqu' la fm de la vie mais, avec l'ge, ils prennent un caractre de plus en plus bnin. Des intermissions d'une plus longue dure peuvent cependant se produire aussi dans ces cas. Aprs une longue dure de la maladie, des phnomnes de faiblesse psychique se prsentent, mais je n'ai jamais observ de terminaisons par la
,
; ;
vritable dmence.
de prfrence symptomatique. effet dans certains cas courtes phases. L'opium et la morphine, par la voie sous-cutane, ont encore eu un effet plus favorable. Kratz {Allg. Zeitschr. Psijch., 39, p. 26) a constat que dans un cas l'hoscyamine avait arrt la maladie, et
tre
La thrapeutique se borne
Les sels de brome ne
me
/'.
DGNRESCENCES PSYCIIIOUES
que, dans deux autres cas, ce
la
507
moyen
avait
phase maniaque. L'observation de Schle {Iland., p. 437), dans laquelle le traitement heureux d'une maladie utrine chez une femme atteinte de folie circulaire a fait avorter la psychose, indique comme probable l'existence des excitations priphriques dans ce cas et l'importance de leur suppression. Digne d'attention est aussi l'exprience faite l'asile de Klingenmiinster et rapporte par Dittmar, d'aprs laquelle le repos au lit pendant le stade mlancolique retarde l'arrive de la phase maniaque, et rend la marche de
cette dernire plus bnigne.
Les tableaux Observation XLVIII. Folie circulaire {mlancoUque et maniaque). chacun une dure de plusieurs mois. Rokos, vingt ans, tudiant, a t amen l'asile le 23 fvrier J878. Le pre est tabtique, deux frres sont nvropathes et exalts. L'un, dit-on, serait atteint d'inversion sexuelle. Le malade n'a jamais t gravement malade, mais il est nerveux et motif. Ainsi il a d abandonner l'tude de la mdecine parce qu'il ne pouvait se faire l'aspect des cadavres. De trs bonne heure il s'est adonn la masturbation; depuis des annes il se faisait remarquer par ses manires molles et ses gaucheries dans la
d'tat ont
socit.
facilit
tivit
sensation de lourdeur dans les extrmits, manque d'acbattements de cur, etc.). Il fut pris d'une dpression hypocondriaque; il se croyait, cause de ses palpitations, afflig d'une maladie de cur, consulta un mdecin qui confirma ce diagnostic. 11 fuyait les gens, croyant s'apercevoir que chacun lisait sur sa figure son vice secret. Au commencement du mois de
se fatiguer,
intellectuelle,
l'aise,
intellectuellement impuissant,
trale le
devenait anxieux, agit, jouait d'une manire thdsespr qui est arriv au seuil de la folie, ne dormait plus, se roulait avec
il
lit, se plaignait et pleurait d'tre incapable de penser, se sentait ruin au physique et au moral par la masturbation. Qu'on examine ses parties gni-
comprime
le
l'asile, le malade parait tre l'acm d'une mlancolie passive; il profondment et douloureusement boulevers, peureux, entrav au point de vue moteur, psychique et locuiif. Des mots dtachs qu'il prononait il rsulte qu'il est dsespr de cet tat d'entrave pnible et qu'il a des remords
son entre
est farouche,
Comme raction cet tat de conscience de nombreuses traces d'gratignures sur tout le corps.
est
somatiquement puis, anmique; les yeux La mine est anxieuse, trouavec paresse, la figure est facilement La rgion cardiaque et l'pi;
mouvements d'ondulation les petites artres comme la prsentent des pulsations visibles. Les bruits du cur sont nets, la matit du cur n'est pas augmente; lger degr d'exophtalmie; pas de troubles des fonctions vgtatives, pas de spermatorrhe, pas de troubles sensitifs ni moteurs,
gastre prsentent des
maxillaire
constatation l'ophtalmoscope ngative. (On prescrit
glace sur la l'gion
:
repos au
lit,
compresses de
du cur,
digitale,
rgime
lact.)
Le malade reste
508
diale, profondment boulevers. On ne tire de lui que des mots dtachs: Oh! ma pauvre mre, ma tte, c'est devenir fou. Il est incapable de composer dans sa pense une seule phrase; le fil de sa pense se perd toujours. Ni la digitale ni la quinine grosses doses n'attnuent la grande frquence du pouls. Ce n'est qu'aprs avoir donn des bains prolongs (jusqu' trois heures de dure) que le pouls tombe 100 et que le sommeil se produit. A la moindre motion, chaque soupir,
chaque mouvement du corps, le pouls monte immdiatement. Au point de vue vgtatif le malade est tout fait normal; l'alimentation est suffisante. Aprs le bain du soir, il est toujours un peu plus dgag. Il se plaint alors de sa terrible angoisse
prcordiale et de son entrave intellectuelle
vivant,
il
;
il
ne
sait pas,
dit-il,
s'il
est
encore
tte;
s'il
sait
encore
lire et crire;
il
sent
un jour. Aux autres heures de la journe, inquitude fatiguante, peur et entrave intellectuelle. En mme temps impulsion excessive la masturbation qu'on ne peut rfrner que par une surveillance permanente de jour et de nuit. L'entrave s'accentue parfois jusqu'au degr d'une stupeur lgre et du mutisme. A ses moments plus libres, le malade demande qu'on lui donne du poicraint de
devenir fou
il
il
il
s'est
enlev lui-mme
le
maux
de
tte,
y a de son
membres.
du
Au mois de mai,
il
temps perdu
pu consacrer
ses tudes,
dit
que mainapparat
tou-
tenant
lui
comme un
ramenes
ment. On posa le diagnostic de mlancolie base neurasthnique masturbatoire et on renvoj-a le malade comme tout fait guri, mais avec un pouls 120,
23 juillet 1878.
et
le
Ds
le
le
malade montrant
la
des symptmes d'une exaltation maniaque que l'on ne pouvait interprter autre-
tant
donn que
mlancolie avait
disparu entirement et ne pouvait tre considre comme le prodrome mlancolique d'une manie, qu'en outre la manie avait un caractre raisonnant et que l'accentuation allant jusqu' la folie furieuse ne s'tait pas produite.
Le malade devint
gai,
il fit
de grandes emplettes
sans aucun motif, des excs de toutes sortes. Au moment o il tait sur le point de continuer sa tourne Paris et Londres, on l'amena de nouveau l'asile, le
20 aot 1878.
Au
lit
il
tait
La mine
tait
lgrement rouge, les yeux luisants, la nutrition brillante, le turgor vitalis augment. Le malade se sentait son aise comme jamais il ne l'avait t de sa vie, il vantait son rudition, sa force de mmoire et la perspicacit de ses penses, ses prtendus examens brillants. Il projetait d'tudier la fois la philosophie, la jurisprudence et la mdecine et de se faire inscrire en mme temps dans les Facults de Vienne et de Paris. 11 se dsignait comme candidat au Reichstag et la carrire diplomatique et disait que pour lui c'tait une bagatelle de russir. Il connaissait tout, savait tout, saisissait avec la rapidit de l'clair, tait l'me la plus gnreuse, le parent le plus tendre, bien qu'il dblatrt contre ses parents de la
anime, gaie,
DEGEXERESCEXCES PSYCHIQUES
manire
la plus
509
;
il
tait
du monde. Grande opinion de lui-mme qui est sans cesse alimente par la facilit norme des oprations psychiques. Humeur gaie, optimisme, bien-tre maniaque. Peu de sommeil, activit sans plan qui avec une vritable fureur et avec une prcipitation morbide embrasse tout sans jamais achever rien.
l'ami le plus dvou
Vie des conceptions trs anime, processus des reprsentations saccad, trs facilit et trs acclr, rage excessive d'crire et de parler, qui empche les autres de placer
un seul mot et qui passe d'une chose une autre. La diction est ampoule, pleine de grandes phrases, agrmente de termes nergiques et de clichs. Grand besoin d'alcool, de tabac, tandis que pendant sa priode normale il n'avait nullement ces
besoins.
Au
aucun motif, un
violent
tdium vitae et tentative de s'trangler. Le lendemain le malade lui-mme ne comprenait pas comment il avait pu tre en proie un pareil tat et il apparaissait de nouveau la hauteur de l'exaltation maniaque. Il insista pour partir
pour l'exposition de Paris, couvrait des feuilles de papier de sa biographie, faile matamore, cherchait noise tout le monde, montrait une logique et une dialectique raffines, faisait des mots d'esprit, raillait, chantait, sifflait, faisait
sait
toutes sortes de gamineries et savait tourner le rglement de la maison quand il le pouvait, toujours prt et habile s'excuser et motiver tout. Son humeur joviale
tait intarissable
mme
svre.
Au
et
ordinairement
point de vue physique, tendance aux fluxions, frquence du pouls dpassant 100 mme 120 pulsations, pupilles myotiques, air florissant, tat brillant
de la nutrition. Vers le milieu du mois de dcembre la manie rtrograde peu peu en mme temps que la frquence du pouls reste constamment 80 ou 90 pulsations.
Le
lo""
janvier 1879,
lui.
le
tat
maniaque, s'vada
et
rentra chez
Au commencement du mois
elle fut loin d'atteindre la
mme
elle
se
prcordiale
cadre d'une mlancolie sine delirio avec lgre angoisse d'aprs ce qu'on m'a rapport, elle se serait termine fin juin.
le
de juillet j'ai vu par hasard le malade. Il paraissait mlancolique ni maniaque. Vers la fin de juillet la manie reparut. De nouveau le malade se dmenait [pour des voyages sans but, faisait des
lucide, c'est--dire
ni
Au commencement du mois
pressantes chez
lui,
gaspillait l'argent et les vtements, envoyait des lettres avec menace de se brler la cervelle si l'on ne lui envoyait pas
immdiatement de l'argent. Dans les registres des htels il s'inscrivait sous le de comte Kristalnig, licenci en droit et docteur en mdecine. Le 27 aot 1879 on dut le transporter l'asile de Klagenfurt d'o il put s'vader adroitement le 26 octobre. Le journal des malades que l'asile a mis avec amabilit ma disposition a permis de constater un tableau clinique qui concorde avec l'tat maniaque qu'on
nom
le
le
malade.
et mlancoliques de paysan, a t reu l'asile le 30 dcembre 1874. Le pre est un buveur d'habitude, la mre est une imbcile, excessivement dvote et sujette de frquentes congestions crbrales. Un frre est un
(le
Jager,
dix-huit ans,
fils
homme
trs violent,
fameux par
ses rixes.
Le malade
l'ge de
310
grave.
que
le
oreilles et
que
le
malade
est rest
longtemps
sans recouvrer ni les sens ni la parole. Depuis cet accident grande tendance aux
congestions de la tte. A l'ge de treize ans s'veilla l'instinct gnital qu'il satisfaisait par une masturbation frquente. A l'ge de treize ans il fut atteint de maladie psychique; il devint sombre, taciturne, aboulique, peureux, sans sommeil, avait peur du Malin. Cet tat mlancolique dura un mois, puis le malade devint dans l'espace
stade
d'une nuit maniaque, gai, espigle, faisant de forts excs in Baccho et Venere. Ce maniaque aurait dur un an, ensuite il y eut mlancolie pendant quinze jours
et alors
de nouveau une manie d'une dure de quatre semaines. Depuis, il y a eu une Il fallait toujours pour l'vo-
la
phase mlancolique
tait
toujours plus courte que la phase maniaque et durait huit treize jours. Vers Pques de 1874, une mlancolie d'une dure de huit quatorze jours fut cependant
suivie d'une
manie qui dura jusqu'au 24 dcembre. La manie, dit-on, aurait toujours le malade devint tout d'un coup silencieux, triste, aboulique; le 29 il redevint maniaque. Lors de sa rception il tait encore maniaque. Vigoureux, bien dvelopp et bien
boursoufle;
constitu. Crne trop petit dans tous ses diamtres, front bas, fuyant. Tte conges-
tionne, lgrement
vier cet tat
maniaque
avait disparu.
silencieux,
Jusqu'au 24, conduite rgle, tranquille. Ce jour tout d'un coup il devient triste, aboulique. Le 6 fvrier il redevient lucide et libre de tout symptme
il
mlancolique. Le 15
il
devient maniaque
(grande gaiet, mauvais sommeil, loquacit) le 15 mars brusquement et profondment mlancolique. Le malade est en stupeur lgre, se tient immobile dans les
coins, ne veut pas
le
manger. La peau de
gauche
rtrcie,
Le 26
colie.
le
Comme
Il
malade devient plus libre dans sa mimique le 28 rsolution de la mlanle malade n'eut plus d'accs du 24 avril au 16 aot, il fut rendu sa
;
famille.
se plaa
quelques violents
jusqu'au 18
juillet 1876
sauf
parlait beaucoup,
et, aprs une nuit blanche, il devenait gai, chantait, vagabondait sans but, troublait l'office religieux et, ne se sentant pas tout fait normal, alla l'asile o il arriva le 26, gai, bruyant, lgrement maniaque, pris de la tte et visiblement fluxionnaire, dcor d'une manire fantas-
Ce jour-l
il
termina vers
renvoy
la fin
comme exaltation maniaque avec allure raisonnante du mois d'octobre. Le malade resta encore plusieurs mois
attendu de
la
en observation et
il
fut
lieu,
rest normal.
Conjointement cette alination qui volue avec une alternance cyclique il convient de rappeler aussi une forme plus rare du mme genre qui volue avec une alternance typique d'tats d'agitation allure maniaque et d'tats de stupeur. Kahlbaum s'est servi d'une partie de ces cas pour tablir une catatonie . Dittmar (op. cit.) qui en gnral n'attribue qu'une valeur secondaire l'anomalie d'tat d'esprit, fait aussi mention de ces cas de folie circulaire qui sont caractriss par une alternance rgulire des tats de manie et de stupeur.
des tats mlancolique et maniaque,
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
Cette varit est plus rare
oll
que
la
sivement
les
tares. Les excs motions furent les causes occasionnelles. Un stade prodromique de dpression mlancolique qui durait des journes et mme des mois servait d'introduction la folie cyclique. Cette alination dbutait par un tat de stupeur ou d'agitation maniaque qui alternaient au cours de la maladie. Parfois un intervalle lucide s'intercalait, mais dans la plupart des cas tait de courte dure. On a observ aussi de profondes rmissions, notamment dans le stade de stupeur. La dure des
Dans toutes
de masturbation ou
tats a vari chez les diffrents individus entre des journes et des mois.
La phase de stupeur est caractrise par des tats d'agitation psychomotrice intercurrents durant des heures entires, sous forme de conceptions obsdantes, de mouvements obsdants, de verbigration, de tendance parler un langage prcieux et sur des sujets religieux ou pathtiques. Contrairement ce qui a lieu dans la folie furieuse ordinaire, les tats maniaques apparaissent nuancs cliniquement par un pathos comique dans la dmarche et la diction, par la tendance la verbigration, par des actes
et des
mouvements
actes qui sont dus probablement des causes dgnratives masturbatoires et s'ajoutent aux phnomnes maniaques de l'impulsion au mouvement gmin. Dans la majorit de mes observations personnelles, la
s'est produite aprs une stupeur de longue dure qui terminait une srie d'tats et dans laquelle les tats d'agitation pisodiques taient devenus de plus en plus rares. La thrapeutique fut surtout symptomatique. Une attention tout fait particulire fut exige pour la masturbation qu'on pouvait remarquer chez tous les malades, mme dans le stade de stupeur, et qui avait toujours une influence funeste. Dans certains cas le bromure de potassium avec l'hydrothrapie semblrent tre de quelque utilit.
gurison
Observation L. Folie circulaire avec alternance d'lats maniaques et de stupeur. SctiafTer, vingt-deux ans, clibataire, val.et de ferme, est issu d"une famille prtendue saine cependant son pre fut quelque temps avant sa mort troubl mentalement et sa mre tait afflige de maux de tte habituels.
Le malade, dit-on, aurait t bien portant jusqu' l'poque de la pubert. A moment il est devenu maladif, il a souffert de faiblesse physique gnrale et de palpitations de cur, causes pour lesquelles il a t rform par le conseil
partir de ce
de revision.
Il
s'agissait
probablement des
.
effets funestes
de l'onanisme auquel
le
ma-
Il
il
dit qu'il
et nerv.
En
serait
Au bout
bien portant.
Le 2o aot 1873,
le
malade
s'est excit
sous l'orme o
dansaient;
il
il
but trop et essuya un affront trs grave de la part de son amante. Le 26,
se
mon-
512
trait
dprim
il
restait sans
bouger, profonIl
dment stupide.
Le
28,
il
prcher, rager.
le
dmolissait ce
par
terre,
demandant que
Le 30
le palais
il
Le malade
de
taille
moyenne, en
assez
bon
tat.
Le crne
est
rhombocphale,
bomb,
troit.
garde
les positions
qu'on
lui
imprime.
Le 31 aot, un tat d'agitation entre de nouveau en scne. Le malade verbigre allemand littraire des passages de la Bible, prche, agite les mains d'une manire thtrale, dbite toutes sortes de choses insenses avec grand pathos, par exemple 2 fois 6 font 12, 18 est mon frre, etc. Lorsqu'on veut le dshabiller, il se dbat d'une manire dsespre, pousse des cris terribles, grince des dents, fait des grimaces. Relch, il se plante le poing lev, l'air menaant, et crie Venez donc Pendant des heures il est de nouveau tranquille, assez lucide et mme reconnat ici son tat; parfois se montrent aussi des tats de stupeur durant plusieurs heures, avec poses thtrales et tats cataleptiques, mais jusqu'au 16 septembre il reste dans un tat d'agitation forme maniaque avec absence presque totale de sommeil, grande confusion, prenant les gens de l'entourage pour des membres de sa famille, avec impulsion aux discours confus et profus en langage littraire, avec une
rcite en
:
: !
il
est
la
mre de
Le 16 septembre, le malade redevient stupide et le reste jusqu'au 14 novembre. Il profondment troubl dans son intelligence, laisse couler tout sous lui, prsente parfois une attitude cataleptique et des positions obsdes, reste plant pendant des heures sur le mme point, fixant les yeux dans le vide, avec lger strabisme convergent. Il est muet la plupart du temps;, il ne parle que passagrement en prononant un galimatias pathtique et fait cette remarque Il y a un Dieu et trois personnes divines b. Il se produit une courte verbigration Flug, Fliege, Fleck, etc. (vol, mouche, tache, etc.) Au demeurant apathique, muet, regardant d'un air stupide. Vers le 13 il devient un peu plus dgag. Il nous raconte que le sang lui monte tellement la tte que cela le rend confus et vertigineux. En effet, souvent une rougeur en forme de rash existe sur sa figure. On constate qu'il se masturbe aussi dans son tat de stupeur et qu'alors la stupeur s'aggrave toujours (bromure de
est
: :
Le 14 novembre
la
il
C"est
maison du malheur,
:
je
ne
cochonnerie,
l'occasion
ver-
bigre
morue). Grande confusion, mots et phrases dtaches; grand trouble intellectuel: prend les gens de l'entourage pour le Pape, pour des vques. Parfois il crie aussi
ne peut tre question d'une tonalit prononce de son tat d'esprit il y a gais et des moments douloureux. Le malade se trouve dans une trange agitation motrice, il met en miettes le contenu de sa paillasse; pendant des heures il tourne autour de lui par obsession; chaque demi-tour il s'arrte en criant un mot comme pourquoi mdecin droite halte frre Antoine major non, etc. . Ensuite il a d'tranges positions contraintes, passagrement
feu. Il
:
au
des
moments
il
a l'obsession de questionner.
DEGENRESCExXCES PSYCHIQUES
Le 29 novembre,
ol3
le malade devient tranquille, stupide. La stupeur (tout comme au commencement du mois de dcembre, mais il y a encore une certaine contrainte de la mine et de l'attitude avec tendance prendre des positions tranges et bizarres. Le langage devient libre, mais reste encore pleine d'afTterie et de prciosit. Vers le milieu du mois de dcembre le malade devient tranquille, rang et libre au point de vue moteur. Il nous raconte qu'il se. rappelle tous les incidents de sa maladie. Il avait la tte tout fait trouble, tout a tourn autour de lui, il a vu aussi toutes sortes de figures. Il sentait des douleurs dans ses pieds et ses mains et parfois ses membres lui semblaient comme morts. Il tait forc de tourner en cercle, car en faisant ce mouvement il se sentait soulag de sa tte. Le 10 janvier 1879, le malade fut renvoy guri.
autrefois) disparat
E.
Il
comme
dlire et qui, par la courte dure des accs, le trouble profond de Tintelligence, par les troubles psycho-moteurs, se distinguent nettement des
tats de
manie, de mlancolie priodiques et de folie circulaire que nous venons de dcrire. Kirn a dcrit ces tats sous le nom de typoses centrales accs de courte dure . Pour ma part je considre comme le point principal du
diagnostic le caractre dlirant de ces accs.
Il
semble
si
cas
varis individuellement.
:
Les symptmes constants sont l'explosion brusque, la rsolution subite, trouble profond de l'intelligence, trouble qui reste au niveau d'un tat crpusculaire ou d'un tat de rve, le caractre confus du dlire, qui peut tre un dlire hypocondriaque, perscutoire ou un dlire des grandeurs, les troubles moteurs indiquant un processus d'excitation directe dans les
le
centres psychomoteurs
du cerveau antrieur,
ei se
manifestant
comme
troubles catatoniques ou automatiquement impulsifs ou obsdants par la mimique, le langage, l'attitude et les mouvements des extrmits, et qui se renouvellent chaque nouvel accs.
grimaants, les
les mmes mouvements mmes attitudes d'obsession tranges et rappelant celles des clowns de cirque, les mmes mouvements contraints. Souvent il y avait aussi
Certains de
une marche confuse et acclre des images mentales avec verbigration. Ces tats ont beaucoup de traits communs avec les quivalents psychiques de l'pilepsie -, notamment de l'pilepsie prolonge. Souvent il existait chez mes malades aussi des accidents pileptodes. Cependant il parait prudent de considrer tout d'abord ces tats sparment
^
Le mme. Trail des mal. Plck, Beitr. ztir Klinik der Geisteskranlcheilen, Arc/i. f. Psi/ch., XI, fasc. 1, rapporte pages 1-11 un cas de cette catgorie, cas dont la base pileptique tait incontestable,
2
ment., p. 480.
PSYCHIATRIE.
33
:il4
Le pronostic, comme celui de la folie priodique accs de courte dure, n'est pas absolument dfavorable. Parfois on constate des gurisons. Une longue absence des paroxysmes qui alors est racbete ordinairement par un retour intensif et accumulateur, est trs frquente. Le bromure de potassium parut, dans certains cas de mon exprience personnelle, empcber le retour des accs; la morpbiue en applications sous-cutanes sembla en abrger la dure et en attnuer la marche.
Observation
LI.
Bratschko,
cinquante et un ans, clibataire, cliarpentier, a t amen lTipital le 23 avril 1878; il s'tait fait remarquer au cabaret par ses discours et ses actes tout fait confus. Le malade est grand; le crne est normal, sans traces de lsions; la mine est
trouble, tout fait trange. Sauf de
cicatrice de
chancre sur le pnis et de Fhypospadia, on ne trouve rien noter sur le corps. Le malade se trouve dans un tat crpusculaire et est trs confus. Il prtend tre dj depuis cinq jours ici l'hpital o les hommes sont gorgs par les bouchers.
Qu'on
l'avait
le fasse
Il
un
ou de
le
dcapiter.
trois fils; le
mtamorphos en cheval et vendu sur le march. Le malade se dmne dans un rve, montre de la tendance collectionner, mconnat souvent Fentourage comme hostile, rpte qul est tu, dit des injures et donne des coups
comme
droite et gauche.
se produit brusquement une rsolution de malade n'a gard qu'un souvenir sommaire. Il dclare que son pre tait pileptique, trs port la colre et qu'il Fa souvent battu. Lui-mme serait devenu pileptique Fge de dix-sept ans, la suite d'une chute d'un chafaudage et de la frayeur qu'il en aurait prouve; que dans la suite il a eu souvent des accs de convulsion et qu' Ykge de vingt et un ans il a t pendant quelque temps tout fait troubl, qu'il avait alors rag au point qu'on avait t
oblig de le
lier.
il
rsulte
le
malade vagabondait
et
pileptiques
a t faite plus tard pendant quatre ans et demi n'a jamais pu fournir un soupon d'pilepsie. Cependant dans les intervalles le malade prsente l'image parfaite du
caractre pileptique. C'est
nant
les
yeux vers
le ciel,
un homme morose, irritable, violent, hypocrite, tourhomme qui souvent prsente les faits d'une manire tra-
vestie,
qui vit toujours en disputes et en querelles avec son entourage, qui est mconnanmoins affiche toujours Fhumilit
Le 31 octobre 1878, aprs une nuit blanche et une phase de grande irritabilit, le malade apparat profondment dfigur au point de vue mimique et gravement troubl dans son intelligence. Il dclare n'tre personne, tre un perroquet qui par suite de ses vastes tudes serait devenu fou. Maintenant tout est fini; il est le diable. Marche des penses vive, profondment confuse. Le malade bat la mesure sur le banc, fait une strangulation sur son pnis, grimace, se met debout sur un pied, prend des positions tout fait compliques, glisse sur le plancher avec les jambes cartes, conserve les positions qui lui ont t imprimes; parfois il s'tend par
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
terre,
515
imitcant le Christ
crucifi,
les
yeux ferms et la bouche ouverte. Etat de mme temps il mconnat l'entourage dans
un sens
tion
hostile;
il
Comme
rac-
moments
il
pousse des
cris,
des gmissements,
fait
du
tapage contre
Le malade est sans sommeil, prend peu de nourriture; le pouls est trs frquent, yeux sont anesthsiques, le coin droit de la bouche parsi. Avec un tat crpusculaire tout fait semblable au premier et qui dure pendant quelques jours, l'accs se termine le 15 novembre. Le malade n'en a gard qu'un souvenir tout fait sommaire, il motive ses menes clandestines par des voix qui lui commandent et par une peur violente. Il a appris qu'il doit tre soumis la torture. Comme auparavant, il reste toujours le mme tre irritable, mcontent, qurulant, fainant, bigot, mcontent de son entourage, mcrant et orgueilleux, aimant se dmener avec son livre de prires.
les
Le
et
mai
on
le
a piss
au
lit,
s'est
il
dantes
croit
et les
mouvements
l'en-
l'empereur:
dans un tablissement politique et imprial, demande cor et cris aprs Pourquoi permets-tu, seigneur empereur, qu'on me torture ainsi? 11 montre sa jambe, disant qu'on devrait la lui couper, demande s'il est rellement le
nomm
etc., tout comme dans l'accs prdans un rve. Le malade se bai'bouille avec les plats qu'on lui donne manger, lave son pnis dans la soupe, mord souvent d'une manire impulsive ses vtements, fait des culbutes, se met sur la tte, et puis reste couch sans bouger dans la position du Chiist crucifi, fait des mouvements en coups d'aviron,
B..., et parle
de nouveau d'gorgement,
cdent. Confusion
comme
comme
s'il
Le 23 mai il se produit une rmission de plusieurs heures avec une lucidit passable pendant laquelle il raconte qu'il tait agit par la peur d'tre assassin et par
suite d'une lueur d'incendie.
le
mdecin
est
nouvel accs qui dure jusqu'au 21 octobre et qui, dans son essence, fait semblable au prcdent. De nouveau le malade est profondment troubl et boulevers dans sa mimique. Il veut s'arracher les dents, s'accroche, pris de peur, au grillage de la fentre, demande qu'on lui dgage la langue, qu'on lui coupe son membre, parce que c'est lui qui a t l'quarrisseur. Il demande oDre brl ou ligott dans les montagnes; il parle beaucoup d'gorgement, de feu;- il dit qu'on pourrait lui couper la tte et que, au bout de trois jours, elle serait rempl^a-
Le
6 octobre,
se
prsente tout
ce.
il
a de nouveau des
les
mouvements
contraints
(glisse, sy.le
ei>^
plancher, se
violence,
le
met sur
la tte,
jambes en
l'air; culbutes,
mouvernents
caugs
marche prcipite et confuse des penses qui roulent sur' la mort, l sang, " '',' ""* mots de Dieu et de Majest. Le malade parle beaucoup de la Mre de Dieu il a t prophet/et' mainniit 11 est empereur; cette nuit l'empereur a tu l'impratrice d'un cJo^'dtdsil,'ii^me '^5if:..'; |ii .i. ').'>: ''' de nouveau le mdecin du titre de Majest.
feu et les
.
.
Le
il,
il
re^eM-'p<ii#'^
516
moment l'entourage. Ensuite, de nouveau profonde confusion dans laquelle il parle de sang, de feu, du diable, de l'amputation de sa main et de son pied. A partir du 14, le malade passe l'tat crpusculaire qui termine l'accs, et pendant lequel il est encore parfois question de Majest, de sang et de feu. Ainsi, il prtend, entre autres, que ce n'est pas sa faute s'il a t tmoin quand son pre a assassin sa mre, et qu'une grande mare de sang s'tait produite sur le sol.
Un fait digne d'tre remarqu est que, l'acm des accs, les artres taient toujours convulsivement contractes, les extrmits froides et lgrement cyanotiques, et qu'avec la rsolution de l'accs le spasme vasculaire cessait galement, que le
mou, et que les extrmits redevenaient chaudes. De nouveaux accs dlirants qui se ressemblent typiquement sont observs: du 11 novembre jusqu'au commencement du mois de dcembre 1879; du 24 dcembre 1879 jusqu'au 5 janvier 1880; du 11 fvrier jusqu'au 23 fvrier; du 6 juin jusqu'au 20 juin du 12 juillet jusqu'au 18 juillet du 3 aot jusqu'au 29 octobre (accs avec rechutes) du 17 novembre jusqu'au commencement de janvier 1881 du 29 janvier jusqu'au 12 juin; du 20 juin au 18 septembre; du 5 octobre au 25 fvrier 1882; du 12 mars au 7 avril, etc. Des injections de morphine faites au moment o les signes prcurseurs se montrent, font avorter l'accs; autrement elles en attnuent la marche. Le bromure de
pouls devenait plus plein, plus
;
potassium (jusqu' 8 gr.) n'a eu d'action ni prventive ni attnuante. Les fonctions intellectuelles ont, au cours des annes, subi une baisse modre,
F.
peu connue.
doute d'instincts qui sont organiquement mis en mouvement, qui poussent imprieusement leur satisfaction et qui forment le fond et l'essence du tableau de la maladie et ne sont pas, comme dans de nombreux cas d'alination simple ou priodique, un symptme accidentel
s'agit ici sans
et
secondaire.
La science
actuelle connat
comme phnomnes
nettement morbides
La signification morbide et particulirement dgnrative de ces tats est prouve cliniquement par leur retour priodique accompagn de tous les symptmes
cliniques de la folie priodique.
Il
que la personnalit psychique pendant Taccs n'est pas la mme que pendant l'intervalle et que la tendance morbide de l'instinct n'est le propre que de la personnalit psychopathique. D'autres lments dgnratifs peuvent encore se rencontrer notamment dans les tendances de l'instinct sexuel, en tant que ces tendances sont souvent perverses et leur satisfaction impulsive.
Quant aux cas de psychopathia sexualis priodique qui sont encore peu connus, il suffit ici de renvoyer le lecteur la monographie de l'auteur du prsent ouvrage. Par contre la dipsomanie priodique parat assez connue scientifiquement et au point de vue pratique assez importante pour qu'elle
soit traite ici.
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
Dipsomanie ou ivrognerie priodique K
!3i7
Il
diquement sont atteints d'un tat morbide au physique et au psychique, tat dans lequel le besoin de consommer de l'alcool se fait sentir d'une manire imprieuse, besoin auquel le malade, empch temporairement
par un trouble psychique de faire valoir ses capacits thiques et intellecne peut opposer aucune rsistance. Le dipsomane se distingue, au premier coup d'oeil, du buveur habituel et ordinaire, de l'ivrogne chronique, par le caractre rigoureusement pisodique de sa manie boire; du faible qui ne peut pas rsister la tentation de se livrer aux excs alcooliques et qui ne peut pas garder en poche sa paye de huit jours ou ses appointements du mois; le dipsomane en diffre
tuelles,
de prime abord par la contrainte organico-psychologique qui l'attaque et le subjugue sans gards pour le temps, le lieu, l'occasion et qui fait que, seul et l'cart, loin du cercle des gais buveurs, il se livre ses excs. Le dipsomane se distingue du maniaque qui, par une sensation de plaisir, dans une humeur de gaiet folle, etc., s'enivre, par la circonstance que son impulsion nat d'unevive sensation de dplaisir et quel'alcool qui chasse ordinairement les soucis ne produit pas chez lui l'effet physiologique de la gaiet. Le dipsomane diffre encore du buveur ordinaire par le fait que dans son avidit morbide il n'est rien moins que difficile, qu'il ne vise que la quantit et qu' dfaut d'une bonne boisson et, en proie une perversion morbide du got, il a, selon les circonstances, recours la cruche de vinaigre et mme la cannette de ptrole. Le dipsomane se rapproche dans ses manires encore plus du mlancolique physiologiquement dprim qui souvent cherche dans la bouteille de vin ou d'alcool la consolation et l'oubli de ses chagrins et de sa misre. En effet on peut tablir chez la grande majorit des dipsomanes que l'impulsion dipsomaniaque se produit au cours d'un accs neurasthnico-dysthymique aigu avec tendance aux retours priodiques et qu'elle est entretenue par cet tat de dpression physique et morale, car l'alcool est un moyen de jouissance et de stimulation pour le systme nerveux (analogue la morphine, la cocane etc.), et de nature rendre plus supportable l'tat de mal aux cheveux physique et moral. En outre il semble exister des cas o l'impulsion boire afflige l'individu d'une manire tout fait primaire et forme le fond du trouble. Une analyse plus minutieuse dmontre que ces cas sont des raptus impulsifs boire et retour priodique dans les tats de faiblesse mentale originaire (voir plus loin folie morale) tels queMendel a appris le connatre, ou des phnomnes gmins priodiques et dipsomaniaques dans lesquels le tableau de la folie furieuse empreinte de colre apparat si l'on rend impossible au malade la satisfaction de son impulsion dipsomaniaque.
Brhl-Gramer, Trunksuchl, 1819 (la meilleure monographie). Clarus, Beii.^ p. 129. llenke, Abhdl., IV, p. 304. Foville, Arch. giif. (notices historiques et biographiques). Lykken, Ho.sp.^ With, Ueber Dipsomanie, Thse de doctorat, Berlin, 1869. Ibid., 1878 [Schmidls Jahrb, 1899, 1). PraeRose, Deutsche dur., 1885, fasc. 7, p. 41. torius. Thse de doctorat, Berlin, 1882.
'
bl8
La dipsomanie ne se rencontre probablement que quand le cerveau est que s'explique aussi le fait qu'elle clate souvent dans les pbases physiologiques de la menstruation, de la grossesse, de la mnopause qui videmment produisent de nouvelles prdispositions cette maladie, et que, en outre, trs frquemment on constate la prsence des nvroses constitutionnelles 'neurasthnie, hystrie, pilepsiej. La premire cause occasionnelle est ordinairement une vive motion morale ou un surmenage physique et intellectuel. L'tat neurasthnico-dysthymique aigu qui en rsulte ou l'exacerbation de la nvrose existant dj depuis longtemps s'ajoutent immdiatement et reprsentent le stade prodromique
qui peut durer des heures
et
mme
des jours.
Le malade perd le sommeil, devient congestif; il se plaint de pression la tte, prouve une entrave intellectuelle et un dcouragement qui vont en augmentant, un ennui dsolant, une lassitude gnrale, une agitation et une inquitude nerveuses, une oppression anxieuse, des alternatives de chaud et de froid, des malaises paralgiques. Alors se produit une impulsion instinctive et imprieuse vers l'alcool laquelle il se livre aprs une lutte et une rsistance pnibles qui peuvent aller jusqu'au taedium vitae. Les premiers verres apportent un soulagement mais seulement d'une manire passagre; dans ce cas l'alcool fait ses preuves comme narcotique tourdissant, comme stimulant, sans que le malade eu prouve un plaisir proprement dit. Toujours et toujours le malade neurasthnico-dysthymique est pouss saisir de nouveau la bouteille, semblable en cela au morphinomane qui, une certaine phase, se fait injectioDS sur injections. Aux symptmes de la maladie se joignent peu peu ceux de Tintoxication alcoolique qui cependant, analogues au changement d'efiet toxique de la morphine dans certains tats psychiques exceptionnels, se montrent ordinairement plus tard et moins forts que dans l'tat normal. Les choses se passent ainsi pendant des jours et parfois mme des semaines; dans ce dernier cas cependant il est probable que des accs spars par des rmissions et par des intermissions doivent se manifester. Enfin et alors c'est presque toujours par une baisse rapide que l'accs fait sa rsolution. Le malade devient tranquille, puis; il n'prouve plus le besoin des spiritueux; il commence de nouveau dormir rgulirement
aprs un stade conscutif de torpeur intellectuelle avec phnomnes d'alcoolisme plus ou moins prononcs, il revient au statu quo ante pendant lequel souvent, durant quelques jours encore, il est tourment par les
et,
remords
et
et
la pros-
un Dans les accs qui se prolongent ou qui se rptent frquemment les symptmes du delirium tremens peuvent se joindre au paroxysme et ceux de l'alcoolisme eu gnral peuvent se dvelopper. Les accs de dipsomanie se rptent dans le dlai de plusieurs semaines ou de plusieurs mois (ivrognes trimestriels), parfois aussi au bout d'un an. Le pronostic est en gnral dfavorable. Avec l'internement durant des
tration intellectuelle et par
malaise gnral.
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
510
annes dans un asile et conjointement au traitement tonique et l'application empirique des moyens qui pourraient ventuellement arrter l'accs imminent (injections de morphine), on peut utiliser les calmants 'cure opiace, paraldhyde, hydrate d'amylne comme hypnotiques) quand
l'accs a clat.
K...,
ngociant,
cinquante-neuf ans,
homme
qui est arriv la force du poignet, dou de grandes qualits intellectuelles et d'une persvrance de fer au travail, m'a consult au mois de juin 1886, pour cause de dip-
tait
un
homme
homme
sentimental, tout
quand quelque chose ne marche pas comme il le veut, ne retrouvant que difficilement son quilibre et perdant le sommeil pendant une longue priode de temps. Un parent trouve qu'au fond le malade n'a jamais t en quilibre moral et qu'il paraissait toujours dprim ou exalt. Le malade avait beaucoup de
soucis et d'motions dans sa famille et dans son vaste ngoce.
En
il
embarras financier,
il
est
il
contrairement ses habitudes. Au bout de huit jours, il son quilibre. Dans la priode qui suivit, il se porta relativement bien, tait trs actif et trs rang dans sa vie. Il y a quatre ans et demi, la suite de violentes motions, un tat dipsomaniaque s'est produit qui, depuis, est revenu des intervalles de quatre cinq mois. Les phnomnes prmonitoires sous forme de faiblesse irritable du systme nerveux remontent, en faisant l'examen des faits, jusqu' deux ans avant cet accs, car, cette poque dj, le malade se fatiguait plus facilement au physique et au moral il dormait mal, il se sentait le malin las et extnu, montrait une motivit et une irritabilit croissantes, ets'moavait
repris
tionnait outre
niques,
il
de l'eau de Cologne. Les prodronies des accs durent jusqu' dix jours et consistent en phnomnes de neurasthnie exacerbante, en mme temps que de la dysthymie et des phnomnes
d'entrave psychique se manifestent.
mme
y a alors une grande lassitude, un puisement intellectuel et physique, un d'intrt pour tout allant jusqu' l'apathie dsespre et l'aboulie, et un grand besoin de dormir. Le malade lui-mme dsigne son tat dans ce stade comme un mal aux cheveux moral et psychique il est excessivement faible, morose, il a un dgot pour ses affaires les plus importantes, un ennui dsolant, il ne s'intresse
Il
manque
plus rien.
Pour
il
sortir de cet
embarras insupportable,
il
a dj
bu de
l'eau-de-vie ordinaire,
soif,
mme du
II
Lui-mme
pour cognac
tre gris.
Les gens de son entourage rapportent que quand on veut l'empcher de boire,
il se met en colre, qu'il quitte alors, mme en nglig, la maison et se livre son impulsion dans les cabarets les plus borgnes. Abandonn lui-mme, il passe
la
plus
grande partie
de sa journe au
lit,
et
de
520
vite toute
occupation intellectuelle,
lit
pour
la
reste
dans cet
y a des intermissions de deux dix jours, de sorte que les accs prolongs peuvent tre considrs comme une srie d'accs plusieurs fois rpts. A l'acm des accs, le malade est toujours sans sommeil. Le libido, ordinairement normal, manque compltement pendant ce temps.
tat
au
maximum
il
La rsolution de l'accs s'accomplit rapidement avec la disparition des malaises dysthymiques, abouliques et neurasthniques et avec le retour du sommeil qui cependant est au commencement troubl par des rves terrifiants. Les symptmes
d'alcoolisme manquent. Dans les intervalles, le malade se trouve bien, si l'on fait abstraction de sa nervosit habituelle et de son tat d'esprit irritable et oscillant sans
cesse entre les extrmes
;
il
L'examen du corps de
cet
n'prouve pas non plus aucun besoin de prendre de l'alcool. homme vigoureusement bti est ngatif. L'expression
nvropathique de l'il mrite d'tre note. Le traitement au dbut (hydrothrapie, bains de mer, climat des montagnes, etc.) a pour but d'agir comme tonique sur le systme nerveux. Toutefois, les accs reviennent typiquement, mais ont un cours trs attnu, par suite du traitement par l'opium (jusqu' Os^.io d'extrait aqueux), de sorte que deux verres de vin rouge et une bouteille de bire par jour suffisent satisfaire le besoin de l'alcool. La paraldhyde a eu une action fortement hypnotique.
II.
Folie priodique
produits
d'origine sympathique.
Il
s'agit
ici
d'tats
moments le cerveau. On s'explique que ces excitations puissent produire un pareil effet par une prdisposition morbide du
atteigueut par
cerveau qu'on rencontre sans exception dans ces cas et qui gnralement reprsente une tare hrditaire. Le plus souvent ces excitations partent du systme nerveux gnital et ce sont spcialement les processus de la menstruation ainsi que, d'aprs les recherches de Kirn, les maladies utrines qui donnent lieu ces paroxysmes d'alination qui se rptent frquem-
et
et
toujours similaires.
Folie menstruelle^
la plus pure de l'alination sympathique est reprsente par menstruelle, c'est--dire par des accs qui sont relis au temps et aux processus de la menstruation et qui se prsentent cliniquement en partie sous le schma d'une psychose (manie, plus souvent mlancolie)
La forme
la folie
en partie sous celui d'un dlire. Dans tous les cas de cette folie menstruelle il s'agit d'un cerveau excitable ds l'origine d'une manire anormale qui ragissait dj d'une faon pathologique dans la priode prmorbide, ainsi que dans les intervalles de ces accs. La plupart des individus atteints de cette maladie, avaient une tare hrditaire, mais tous sans
' Comparez le travail de Fauteur de ce livre dans VArchIv.f. Ps!/c/i.,\U], f&sc. 1. Schlager, Allg. Zeitschr. f. l'sych., 15, p. 457. Zehnder, Schroter, IbicL, 30, p. 551 et 31, fasc. 2. Wien.med. Presse, 38. \Yinge, Norsk. Magaz., 3, R. III, 6. ^Veiss,dans Leidesdorf, Ps'.yc/i. Stuclten, 1877. Ellen Powers, Thse de doctoral, Zurich, 1883 (littrature complte).
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
b21
exception prseutaient une constitution nvropathique, taient originairement imbciles ou affligs de stigmates de dgnrescence fonctionnelle
et
mme
somatique.
La constitution nvropathique se manifeste de bonne heure, mais srement partir de la pubert. Chez la plupart les rgles taient dj, pendant la priode de bonne sant, accompagnes de malaises nerveux, d'agitation psychique et de dpression. Chez quelques-unes des malades,
psychose sexuelle tait prcde par d'autres nvroses (hystrie, hystroou aussi par des accs d'alination non priodique. Dans un grand nombre de cas, quand existe cette prdisposition, des causes extrieures minimes (motions morales, excs alcooliques, maladies physiques) suffisent pour faire clater la maladie l'poque o les rgles arrivent. La maladie une fois dveloppe, le processus de la menstruation seule qui augmente dj l'tat physiologique l'excitabilit du systme nerveux central, suffit pour provoquer le paroxysme; car, comme dans le trouble pileptique, il s'est probablement dvelopp une altration fonctionnelle durable dans le cerveau. Ce qui est remarquable dans cette maladie c'est que, dans les cas compltement envelopps, l'accs peut se produire l'poque du retour priodique des rgles, quand mme l'hmorragie menstruelle n'aurait pas lieu. La premire explosion de la maladie peut avoir lieu une poque quelconque de la menstruation pendant la vie sexuelle elle se prsente d'autant plutt que la prdisposition est plus grande. Les maladies des parties gnitales, les irrgularits des rgles se rencontret souvent, mais ces malaises peuvent se produire aussi dans un appareil gnital normal au point de vue anatomique et fonctionnel. La pathognie doit tre cherche dans les troubles vaso-moteurs qui se produisent dans le cerveau d'une manire rflexe par les nerfs ovariens excits pendant le processus de l'ovulation. Que le processus physiologique de la menstruation soit capable de provoquer des rflexes aussi considrables, cela s'explique par la tare crbrale des individus qui ont une tendance l'alination menstruelle. Selon le degr de cette tare, il se produit des symptmes nerveux qui peuvent aller d'une simple migraine
la
pilepsie)
on peut supposer que les centres nerveux vasculaires ceux de l'utrus sont situs prs les uns des autres et qu'ils jj^-sentent une raction homogne les uns sur les autres. Comme prodromes de la folie menstruelle et la prcdant parfois pendant plusieurs jours, il faut mentionner l'insomnie et la grande irritabilit morale. Souvent un tat fluxiounaire avec mal de tte, vertige et sensation d'oppression l'pigastre, forment le dbut du complexus symptomatique.
L'alination est tantt postmenstruelle,
tantt prmenstruelle, tantt
intra-menstruelle. L'poque de l'apparition de l'accs pendant la menstruation peut changer au cours de la maladie sans que le tableau morbide
522
Dans
avec l'autre.
Il
arrive
que
les accs
manquent spontanment
et
temporairement
ce
fait se produit parfois par suite de maladies aigus graves (typhus) ou de l'apparition d'une amnorrhe probablement accompagne d'une suspension de l'ovulation, ce qui fait que la cause occasionnelle du retour des accs est supprime mais parfois cette absence des accs a lieu aussi sous
;
l'influence
du sjour dans un
hpital.
Le pronostic
et
quand
les accs
dans les cas qui ne sont pas invtrs ne reviennent pas rgulirement, bien que la prdispo-
Au
la constitution
nvropathique, c'est--dire l'excitabilit augmente du cerveau, l'aide d'un rgime psychique, en vitant les excitations sexuelles, en relevant la constitution (hydrothrapie), en soignant l'anmie (fer), les maladies utrines qui peuvent exister, les anomalies des rgles (traitement
gyncologique).
qu'on note exactement les poques de la menstruation, qu'on tablisse si l'accs se produit une poque prmenstruelJe ou post-menstruelle et qu'on essaie d'abaisser artificiellement l'excitabilit anormale au moment critique en employant les sels de
La prophylaxie de
et
en augmentant selon
les
DEGENERESCENCES PSYCHIQUES
523
circonstances la dose jusqu' 10 grammes. Dans la priode intermenst.ruelle il faut interrompre le traitement afin d'viter l'empoisonnement
bromure. Dans
le
il
faut, cela
permanente du bromure de potassium plus petites doses (4 6 grammes). Il faut monter jusqu' 8 grammes aussitt que les rgles se mettent couler. L'atropine recommande parWeiss {op cit.) de mme que l'ergotiue recommande par Schlangenhausen (Psych. Centralblatt, 1877, 2) n'ont eu, dans les cas de mon observation
s'entend, se servir d'une manire
lit et
l'isolement lors de
Le brome n'arrte pas dans ce cas, c'est vrai, mais attnue l'accs. Quand il y a une fluxion violente, les compresses de glace, les bains sont utiles. Dans certains cas invtrs, les injections de morphine ont une action attnuante et abrgent l'accs. Elles sont sans valeur au point de vue prophylactique.
Observation LUI. Manie menstruelle priodique.
d'une famille trs tare, tait
M^i" A.
;
S...,
s'est
temps excentrique,
porte au romanesque, nerveuse et trs motive. Les rgles apparurent Tge de seize ans; elles taient aux priodes suivantes toujours rgulires, mais souvent profuses.
l'ge
s'en doutait
mme
entra dans un tat d'esprit romanesque et exalt; elle fut enfm arrache par ses parents ses illusions; elle devint alors hypocondriaque, mlancolique, dprime, aboulique; elle croyait qu'elle tait atteinte d'une maladie de cur et
pas;
elle
qu'elle
mourrait bientt. Le 20 octobre, elle eut ses rgles; ensuite tat d'esprit exalt, manires espigles, remuantes, insomnie. Le 30 octobre, le tableau d'une folie frntique trs avance se dveloppa en quelques heures. motion gaie allant jusqu' l'extase, grande impulsion motrice, fuite des ides, confusion, accentuation des syllabes, rimailleries, tendance erotique dans le dlire. Elle est enceinte, elle parle toujours de maux de cur, de gage d'amour, d'Uhland, de son divin Thodore, auquel elle a vou son cur et sa main. Rien que pour le plaisir de se donner du mouvement, elle bat et foule aux pieds les gens de
son entourage.
En mme temps
salivation; pas de
phnomnes de fluxion
vers le
cerveau. Le pouls est petit, 80; pas d'anmie; pas de troubles des fonctions motrices ni sensitives; constipation. Bains prolongs. Bromure de potassium (4 gr.).
Le
la folie furieuse
et optiques, trs lasse; elle venir sommaire de sa R^aladie. Le mal de tte, la pousse des penses et l'insomnie cdent avec les bains prolongs pris le soir. Le 12 novembre, rgles profuses jus-
acoustiques
au calme; lucidit avec reconmme aux irritations a besoin du repos au lit. Elle n'a qu'un sou-
qu'au 18 novembre. Le 16 novembre, on cesse de lui donner du bromure de potassium. Le 25 novembre, la malade, sans aucune cause, redevient frntique, aprs un
mal de
tte qui
comme
le
premier; motion
524
confusion,
mme
comme
la
premire
fois.
dcembre, cessation brusque de la folie furieuse mmes phnomnes intervallaires qu'au lendemain du premier accs. A partir du 2o novembre jusqu'au 6 dcembre, on donne la malade, chaque jour, du bromure de potassium (8 gr.). Ce moyen n'a t employ que symptomatiquement lors de l'explosion du paroxysme, Le
6
donn aucun rsultat. dcembre jusqu'au 16, elle eut ses rgles; le 20 dcembre, aprs une nuit sans sommeil et un peu de mal de tte, nouvel accs de folie furieuse durant jusqu'au 28 et fidle image du premier accs. Comme la signification priodique et menstruelle du cas tait alors tablie jusqu' l'vidence, on continua de donner le bromure de potassium partir du 20 dcembre la dose de 8 grammes, esprant obtenir une action prventive. Le 7 janvier, ides graves, rves anxieux, mais pas de folie furieuse; partir du 13, on donne 12 grammes de bromure de potassium; le 15 janvier, mal de tte, nvralgie intercostale. La priode critique passe sans accs; mais, partir du 20 janvier, il y a des symptmes d'un commencement d'intoxication par le bromure de potassium; grand besoin de sommeil, faiblesse musculaii-e, pouls petit et rare, bruits du cur faibles. Le 5 fvrier, rgles; les phnomnes
et n'a
Du
11
d'intoxication
s'accentuent.
Stupeur,
parsie
gnrale
avec
sensibilit
rflexe
bouche,
l'usage continu
de 12
passe bien.
partir
partir
du 20
du
13 fvrier
du cur faibles, pouls 114, filiforme. A on cesse de donner le bromure de potassium. A partir du
27 fvrier la stupeur, la faiblesse musculaire et cardiaque disparaissent. Le 10 mars, les phnomnes de l'intoxication par le bromure de potassium ont compltement
disparu. Le 10 mars, menstruation, 2
le
13 mars, 8
grammes;
le
17 mars.
Le 22 mars, le bromure de potassium, qui celte aucune trace d'intoxication, est supprim. Sauf quelques lgers malaises nerveux, la malade se porte tout fait bien pendant l'intervalle. Le 4 avril, 4 grammes de bromure; rgles le 6 avril; le 9 avril, 6 grammes. Le 11 avril, les rgles sont passes; le 13 avril, 4 grammes; le 16 avril on cesse de donner du bromure. Sauf un peu de mal de tte on n'a pu cette fois remarquer rien de morbide;
d'oscillations dans l'tat gnral.
fois n'a laiss
dans la suite il y eut souvent des sensations de boule, de la nvralgie intercostale. Le 3 mai, menstruation, 4 grammes de bromure, en augmentant chaque jour de 1 gramme. Le 8 mai, les rgles sont passes le 10 mai, on donne encore 6 grammes le 14 mai, 4 grammes; le 18 mai, suppression du bromure la malade se trouve tout fait bien. Le 26 mai, menstruation en avance de quelques jours, 4 grammes de bromure de potassium; les jours suivants, boule et spasme, pleurs; le 29 mai, 6 grammes; le 30 mai, rgles passes; le l^'' juin, bromure supprim. Elle fut renvoye comme guie dans les premiers jours de juin. Dans la priode suivante son tat physique est excellent, les malaises hystriques disparaissent compltement. On n'observe plus chez elle aucun trouble psychique. A l'poque de la menstruation qui est rgulire, on donne encore, par mesure de prcaution, du bromure de potassium de la mme manire qu'on Ta donn jusqu'ici. A partir du mois de janvier 1876, mme aprs la suppression de ce mdicament, on n'a plus constat
;
d'tats
psychopathiques conscutifs
la
menstruation.
TROISIEME PARTIE
ALINATION MENTALE DUE AUX NVROSES CONSTITUTIONNELLES
En faisant l'expos gnral des prdispositions morbides, nous avons rappel la frquence avec laquelle les nvroses se rencontrent chez les individus prdisposs et dont on peut souvent suivre la filire travers
toute leur existence.
C'est particulirement le cas
pour
la
neurasthnie, l'hystrie,
l'hypo.
condrie.
due au hasard c'est un phnoLa nvrose est un facteur intgrant dans la prdisposition et dans le dveloppement de la personnalit physico-intellectuelle, un fardeau dans la vritable acception du mot, que le porteur est forc de traner avec lui pendant la plus grande partie de son existence, dont il ne peut se dbarrasser que rarement et passagrement, et qui amne souvent une infirmit intellectuelle. La nvrose a une signification profondment constitutionnelle elle est videmment cause par des anomalies dans la disposition et le dveloppement du systme nerveux central; par l, elle est le contraire manifeste et diffre profondment au point de vue du pronostic des nvroses qui peuvent atteindre d'une manire bnigne et pisodique un systme nerveux bien dou et accessible aux tentatives de gurison. Ce sont
Cette prsence des nvroses n'est point
;
mne
des diffrences tiologiques, cliniques et pronostiques analogues celles qu'on constate dans les psychoses, suivant que ces dernires se sont dveloppes sur une tare ou non. Qu'on songe la diffrence qui existe entre une folie raisonnante mlancolique, constitutionnelle bien que se manifestant d'une manire bnigne, et une mlancolie forme de psychonvrose. Dans tous les cas l'analogie est parfaite en ce qui concerne la diffrence entre une neurasthnie postpuerprale ou postfbrile aigu ou subaigu et une neurasthnie constitutionnelle bien que bnigne en elle-mme qui s'est manifeste ds le premier ge, qui s'est dveloppe avec les processus de la pubert, qui vous accompagne toute la vie comme le lot fatal d'un systme nerveux central prdisposition morbide, qui de temps en temps devient latent, mais toujours rapparat par suite d'accidents minimes. Une telle personnalit est, durant toute sa vie, menace de verser dans une maladie mentale qui doit tre souvent interprte comme le stade terminal d'un tat morbide tendant prendre un dveloppement de plus en plus vaste et dgnratif.
CHAPITRE PREMIER
ALINATION A BASE NEURASTHNIQUE
KEUROPSYCnOSE ASTHNIQUE
^
Sous la dnomination de neurasthnie ou faiblesse nerveuse on peut comprendre un tat du systme nerveux tout entier, qui, avec nos conditions de civilisation moderne, se manifeste de plus en plus frquemment et dont les phnomnes fondamentaux consistent cliniquement en une susceptibilit anormale et un puisement trs rapide des fonctions nerveuses. Cet tat est trs probablement l'expression d'un trouble de la nutrition du systme nerveux central qui amne une insuffisance dans l'accumulation des forces de tension et qui pour ranimer les forces de tension puises n'offre qu'une compensation trop lente et
insuffisante.
intraorganique
asthniques qui prsentent ce phnomne de la mutation et des capacits fonctionnelles, mangent et digrent bien dans certaines circonstances et peuvent mme avoir lair florissant et bien portant, le trouble de la nutrition de leurs centres nerveux doit tre d'une nature trs tnue, peut-tre une anomalie trophique des
les
Comme
cellules ganglionnaires,
la suite
de laquelle
ils
ne peuvent
tirer
de
est
que
le
travail
d'arrt
des centres suprieurs est insuffisant. C'est ce qui explique la facilit anormale avec laquelle se produisent les irradiations et les rflexes qui
se manifestent surtout
et le
dans
la
cerveau.
et
le systme systme nerveux cardiaque, ce qui fait que la pression et la tension du sang sont continuellement exposes des oscillations. On peut discuter sur la question de savoir si la
vaso-moteur
dans
le
' Axenfeld, Trait des nvroses, Paris, 1883 (littrature complte jusLittrature Beard, La faiblesse nerveuse, traduit en allemand par JN'eisser, J881. Beard, qu'en 1884). La neurasthnie sexuelle, 1885. Arndt, Die Neurasthnie, Vienne, 1885.
:
o27
neurasthnie est une nvrose part ou si elle reprsente un mode de raction pathologique particulier du systuie nerveux central. Tout spcialiste expriment conviendra que la neurasthnie prsente un
groupement de symptmes cliniques qui lui sont particuliers etqui (sans prjudice des diffrents symptmes qu'on rencontre aussi dans les autres nvroses et qu'on pourrait considrer comme emprunts elle, qui se confondent souvent avec ces derniers et qui donnent mme lieu des prsentent un tableau clicomplications d'hypocondrie et d'hystrie)
nique i^rcis et facile reconnatre. La neurasthnie est gnral-e, c'est--dire estune nvrose qui atteint tout les troubles psychiques y jouent un le systme nerveux et, comme rle remarquable, on peut la considrer comme une neuropsychose. Comme nvrose bnigne, sans prdisposition, mais produite uniquement et accidentellement par une atteinte passagre et qu'on peut faire cesser, elle a une marche subaigu et arrive, au plus tard au bout de quelques mois, se terminer par la gurison. La maladie constitulionnelle dont nous nous occupons ici reprsente une nvrose chronique qui dure des annes et mme des lustres, qui est rmittente et exacerbante, et qui se termine souvent par une infirmit ou une maladie mentale. Ce n'est que rarement que le dbut est brusque, mais alors il l'est par suite d'une puissante prdisposition et d'une occasion accidentelle qui agit la manire d'un choc violent. D'ordinaire la maladie se dveloppe avec des phnomnes successifs d'irritation et d'puisement du systme nerveux, phnomnes qu'au dbut on peut faire disparatre par le repos et le sommeil, mais qui finalement deviennent permanents, car l'organe central est devenu incapable de rtablir l'quilibre entre la production et la dpense des forces nerveuses. Les phnomnes de lassitude sont des perceptions gnrales troubles lassitude gnrale, caducit, sentiment d'entrave, de dcouragement, travail intellectuel alourdi, besoin de sommeil, de nourriture, de boissons et mme de stimulants. L'esprit souffre de trs bonne heure et le sentiment anxieux de l'imminence d'une grave maladie s'empare du malade. De bonne heure des phnomnes d'excitation s'ajoutent ces phnomnes de lassitude il y a une excitabilit motive, un rthisme de l'corce crbrale par suite duquel la vie de l'imagination se manifeste avec une intensit anormale; certains groupes d'ides pour la plupart de nature pnible apparaissent toujours au premier plan, ne laissent prendre aucun repos au cerveau et persistent mme pendant le sommeil. Par ce fait le sommeil devient plus lger, souvent interrompu; il ressemble de plus en plus une demi-somnolence avec rves confus et devient fatiguant. Les symptmes qui se manifestent encore de bonne heure sont symptmes vaso-moteurs de plthore sanguine qui change de rgion (tte serre, fluxion au cerveau, palpitations de cur, sensation d'oppression, etc.) et anmie (crampe vasculaire allant jusqu' l'asphyxie locale, sensations
: : :
de froid,
etc.).
y28
Le symptme commun le plus important au cours de la maladie, c'est le sentiment d'puisement des forces physiques et psychiques et la dpression qui rsulte de cette conviction, avec ides tristes pour l'avenir, et allant jusqu' l'abattement nosophobique et au dsespoir. Au cours de la maladie fondamentale les groupes de symptmes et les manifestations priphriques du malaise peuvent changer. Souvent des causes accidentelles dterminent cette modification; par exemple, une faute de dittique donne aux malaises gastriques une prdominance temporaire, une motion fait prdominer l'anxit des nerfs cardiaques, le surmenage intellectuel amne la prdominance des malaises crbraux.
Toute description dtaille des symptmes lmentaires du trouble des fonctions nerveuses dans la neurasthnie doit considrer en premire ligne
psychiques. Les troubles psychiques sont constants et en ce qui concerne la nature ceux de la et en ce qui concerne le mode de production des sentiments manifestent comme un tat de tristesse motiv par premire catgorie se ceux du second le sentiment qu'on est gravement malade au physique par la facilite dans la production des motions qui, genre se manifestent en outre, sont d'une dure et d'une force anormales, et qui exercent encore
les troubles
:
;
un
effet
si
Une source principale d'motions provient du sentiment qu'on est malade sensations dsagrables nombreuses, tonus musculaire abaiss, diminution de la capacit pour le travail physique et intellectuel, avec altration grave de la confiance en soi-mme). Les images mentales sont ncessairement sous la domination de ces sentiments; elles deviennent par l des conceptions nosophobiques qui passagrement peuvent prendre le caractre de vritables reprsentations obsdantes '. La substance concrte de ces reprsentations peut d'ordinaire se ramener des phnomnes
physiques.
c'est l'ide
Une reprsentation de
qu'on perd
la raison, ide
ce genre et qui
est trs
frquente,
qui se produit par une fausse interprtation nosophobique d'une pression la tte, d'une entrave dans l'opration de la pense; les ides d'apoplexie imminente, de danger subit en gnral, se rattachent des palpitations, des sensations d'oppression, de boule, etc. Ces malades n'osent gure quitter alors la maison, ni monter
ni rester dans un espace clos, ni marcher sur une place D'une faon analogue des images mentales de danger peuvent dserte. se prsenter l'approche d'un orage, l'aspect d'un poison, d'un mtaL
en. voiture,
des chiens, etc. Ce qui est digne de remarque, c'est l'effet produit par ces conceptions sur le moral (angoisse, oppression), sur la pense (confusion), sur la volont (incapacit pour les efortsi, sur le systme vasculaire (crampe
:
'Comparez V. KrafTt, Leber formule Storungen des Vorstellens. VierfeIJahr's.s-chr. f. ger. Ibid., Ueber ZvjcaigsvorsteUungen bei Xe/venkranken dans MecL. 1870 (avec littrature). les Mittheilungen des Vereins der Aerzle in Steiennca-k, 1SS3.
d!?9
appareils scrtoires
diminution de la scrtion salivaire, sueurs; sur le tonus musculaire (flageollement des jambes, tremblements), etc. A l'acm de l'alection, l'ide de danger peut s'accentuer et devenir mme une illusion faisant croire que la situation redoute s'est rellement produite; mais avec l'apaisement cette illusion cde la rectification faite par l'esprit devenu plus calme. La marche des conceptions est alourdie par
la vessie,
spasme de
y a temporairement absence de
La perception aussi est ple et parfois mme la tonalit que donnent ordinairement les
seusatiousaccompagnantlapereeption. L'opration de penser est rendue plus difficile et va jusqu'au manque complet de comprhension; en outre elle fatigue trs vite. Les reproductions sont ples, difficilement retrouves (faiblesse de la mmoire); l'opration pour conclure et juger est plus difficile et manque de sret. Le sentiment de leur faiblesse et de leur maladie paralyse l'nergie et la force d'initiative de ces malades, les rend dcourags, indcis, inconstants, pusillanimes, mous, hsitants jusqu' l'incapacit temporaire de se guider eux-mmes. Le sommeil en soulre presque toujours, car l'organe psychique arrive difficilement au repos; il en est empch par la dure continue des excitations psychiques (motions, reprsentations, ides imaginaires allant jusqu' un vritable rthisme crbral; ou bien par des pro-
gnral
sommeil,est lger, fatigant, ressemblant plutt une demil'obtient artificiellement l'aide des narcotique. est d'une profondeur anormale et dure longtemps
Les troubles sensoriels consistent soit en phnomnes de faiblesse irri(hyperesthsie, tonalit des impressions d'une force anormale, relchement excessivement rapide de la fonction allant jusqu' l'puisement temporaire), soit en phnomnes d'excitation subjective (mouches volantes, acusmes, etc.). Un symptme particulirement gnant, c'est l'asthnopie neurasthnique. Les troubles sensibles, aussi bien cutans que musculaires et viscraux,
table
symptmes e.xtr-aordinairement frquents. Les plus frquents sont les paralgies; aprs celles-ci viennent, suivant leur degr de frquence, les nvralgies, les paresthsies. Les anesthsies sont rares. Ces troubles sensitifs ne se localisent pas un trajet nerveux dtermin. Un
sont des
et
Comme expression du trouble de la perception gnrale, on peut noter la grande lassitude, la caducit, l'puisement rapide des malades. Cet puisement ne peut tre interprt comme un symptme de fatigue: souvent, le matin, aprs le rveil, il est son plus haut degr; en gnral il dpend
d'influences psychiques.
PSYCHIATRIE.
3i
a30
trouve trs frquemment des phnomnes sympathiques centraux boulimie alternante, anorexie, troubles gastriques, digestifs et scrtoires.
Il existe souvent un besoin remarquable pour certaines substances de consommation qui amliorent temporairement l'tat nvrotique (alcool, tabac, coca, etcj. Avec ce besoin existe le danger d'abus et d'intoxication chronique. L'idiosyncrasie pour certains aliments, l'intolrance pour certains mdicaments (fer, narcotiques) ne sont pas rares non plus. La vita sexualis est gnralement teinte, sans prjudice de quelques
Un rle important est jou dans tous les cas par les troubles vasomoteurs. La couleur variable de la figure, le changement de la rpartition du sang dans les diffrentes rgions (aux extrmits souvent pouls spasmodique allant jusqu' l'asphyxie locale), l'alternance des sensations de chaleur et de froid, des serrements de cur allant jusqu' l'angine de poitrine et l'angoisse prcordiale (crampe vasculaire dans la rgion des
artres cardiaques ?) indiquent la faiblesse irritable, c'est--dire la facilit
de leur puisement locale qui est la cause de cette sensation pnible de pression sur la tte qui dans la plupart des cas va de pair avec les paralgies et l'augmentation de l'entrave psychique, en mme temps qu'avec la dpression morale.
anormale de
la
et
Comme
la
phosphaturie,
l'oxalurie, l'hypridrose
de la scrtion des glandes sbaces 'peau sche) et de la synovie (grincement des articulations). Comme troubles moteurs on doit citer diminution du tonus muscu:
laire, puisement rapide avec sensation d'engourdissement des groupes de muscles puiss et raction dfectueuse, diminution effective de l'innervation (voix faible, basse, etc.), trmor, convulsions fibrillaires. Les rflexes sont en gnral augments par suite de la faiblesse fonction-
nelle
des mcanismes d'arrt 'convulsions au moment de s'endormir, augmentation des rflexes de la peau et des rflexes patellaires, crampes dans les jarrets, jaculation prcoce, pollutions, cystospasme, etc. La neurasthnie chronique se rencontre presque exclusivement sur un terrain tare nvropathique; elle est une des importantes manifestations cliniques de cette dernire, et en mme temps la base sur laquelle d'autres nvroses et psychoses se dveloppent (hypocondrie surtout chez l'homme,
.
hystrie chez la
femme.
nvrose peut tre aussi acquise par suite d'une maladie
Sans doute
>
la
aigu grave, par le surmenage intellectuel et physique, par un choc moral ou physique raihvay spine), par les accouchements frquents, par les
abus sexuels, notamment la masturbation. Comme formes spciales de la neurasthnie, on peut distinguer la forme crbrale, spinale et viscrale. Ces formes peuvent exister simultanment (neurasthnie universelle', ou en combinaisons varies, ou conscutivement
chez l'individu prdispos.
:J3I
Des cignsies rgiouaires, au sens d'Arndt, peuvent, chez l'individu, neurasthnie dtermine. Sans doute les causes occasionnelles particulires sont dcisives aussi dans ce cas. La forme crbrale se produit facilement par fatigues crbrales de toutes sortes (surmenage intellectuel, surtout quand il est aggrav par des motions, etc.). Le tableau morbide est reprsent en grande partie et d'une manire trs caractristique par des troubles des fonctions psychiques et sensorielles. L'entrave intellectuelle peut aller jusqu' l'incapacit, l'arrt des sentiments jusqu' l'anesthsie psychique, l'entrave de la perception jusqu' la ccit et la surdit psychiques temporaires. J'ai mme observ de l'aphasie amnsique et de l'agraphie. La tristesse, qui ne fait jamais dfaut, est ractive, contrairement celle de la mlancolie mais on rencontre parfois des transitions peine perceptibles vers cette
constituer la prdisposition tre atteint d'une forme de
;
dernire.
soires fortement dysthymiques, et
Les reprsentations obsdantes sont frquentes, avec phnomnes accesmme avec tendance au suicide ou aux
monde
extrieur.
ne fait presque jamais dfaut, et elle entretient d'ordinaire des ides nosophobiques de ramollissement crbral, de folie imminente, ides qui alarment le moral l'excs. Souvent il existe de l'asthnopie le cystospasme n'est pas rare. La neurasthnie spinale est, la plupart du temps, une consquence du surmenage physique, des maladies graves, du puerprium, des excs sexuels, des motions. Les malades se fatiguent vite, se sentent abattus, se plaignent de paralysies dans la peau, les muscles, les articulations, sont puiss au moindre effort; alors, par l'irradiation aux nerfs vasomoteurs, scrtoires et cardiaques, ils sont pris de palpitations, de sueurs, de sentiments d'oppression et d'angoisse. Les rflexes profonds sont augments, le sommeil est troubl par des soubresauts. Souvent il y a des sensations d'assourdissement, raction de l'entrave musculaire la stimulation de la volont, des paresthsies et mme des anesthsles cirla tte
;
La pression de
conscrites.
Frquemment, l'irritation spinale avec les divers autres troubles fonctionnels spinaux devient le fondement de l'ide qu'on est malade de la moelle pinire, ide qui souvent se maintient avec une opinitret dsesprante.
Parmi les neurasthnies viscrales, il faut relever particulirement la neurasthnie cardiaque. Elle se produit chez les tars, ou mme chez les asthniques par suite d'motions, de l'usage de bains trop chauds, de l'abus
excessif
tion cardiaque et en
par
le
la
La maladie consiste en accs de troubles dans l'innervasymptmes intervallaires. Les accs se manifestent sensation d'arrt du cur avec douleurs paralgiques, serrements,
tabac.
il
du
glosso-pharyng,
se produit
etc., etc.
532
croit que sa fin est proche par apoplexie il est pris de dsesaggrave sou tat par cette influeuce motionuelle. Au bout de quelque temps, la situation arrive rsolution. Le malade est las, puis, il reste motif, dsquilibr dans ses fonctions vaso-motrices, prdispos de nouveaux accs, vivement alarm par l'ide qu'il a une maladie de cur, d'autant plus que des malaises paralgiques dans la rgion cardiaque entretiennent les ides nosophobiques et sa tristesse. La neurasthnie gastrique consiste soit en phnomnes de raction dans le processus de la digestion et qui dpassent la mesure physiologique (ce qui s'explique par la facilit anormale de l'excitabilit rflexe et de la transmission des excitations, spcialement sur le systme nerveux vaso-moteur), soit en malaises qui sont indpendants de la digestion (gastralgie, pyrosis, ructations, vomissements occasionnels d'eau avec des glaires, sensations de boule, boulimie alternant avec anorexie, constipation, pouls retard, sommeil troubl, irritabilit motive et tristesse). Les malaises digestifs et les ractions sont: abasourdissement, pression, bruissement dans la tte avec fluxion, scintillement dans les yeux, bourdonnement dans les oreilles, agitation nerveuse, palpitations de cur, sensations alternantes de chaleur et de froid, somnolence. En outre, il y a des malaises dyspeptiques (plnitude dans le creux de l'estomac, pulsation pigastrique, ructations, gonflement, mal au cur, pyrosis). Un de mes malades disait d'une manire trs caractristique Tous les processus
Le malade
il
poir, et
de la digestion arrivent ma conscience. On comprend aisment que ces malades mangent aussi peu que possible, ce
qui peut
mme amener un
tat d'inanition.
Le surmenage
mme
pendant
le
repas, et qui
causes importantes.
les plus remarquables est la neurasthnie sexuelle. Chez cause par les excs sexuels, surtout la masturbation, par l'abstinence des plaisirs sexuels, quand il y a en mme temps un vif libido qui souvent a pour consquence l'onanisme psychique parfois la cause consiste aussi en une blennorrhagie chronique dans la rgion urthrale
l'homme,
postrieure.
tation
Au dbut, il y a des pollutions. C'est le signe d'une augmendu pouvoir de raction du centre jaculatoire dans la moelle lombaire, qu'elle soit primaire (originaire ou la suite d'abus non sexuels) ou secondaire, provoque par des excitations priphriques (hyperesthsie de l'urthre, de la prostate, du plexus sacr). Dans ce stade (nvrose locale gnitale), la faiblesse irritable du centre se manifeste aussi sous forme d'jaculation prcoce, lors du cot. Cette dernire rend le cot impossible et agit d'une manire dprimante sur le sentiment qu'on a de soi-mme. Les pollutions ont un effet semblable un choc et nuisible pour l'organe central elles rveillent chez le malade les craintes d'un commencement de maladie de la moelle pinire, d'autant plus que les symptmes de la nvrose
;
condrie
de la moelle lombaire se dveloppent de plus en plus. Une profonde hypoet la mlancolie peuvent tre la consquence de cet tat de choses.
b33
Dans la suite, il se produit un degr plus avanc de faiblesse irritable des centres de la moelle lombaire (nvrose de la moelle lombaire Les excitations de toutes sortes provoquent des pollutions et la faiblesse irritable les rend de plus en plus frquentes. Le libido qui, dans la plupart des cas, est trs grand, provoque des rections, mais le centre se trouvant en tat de faiblesse irritable, ne permet pas une rection suffisante pour le cot. Les pollutions et le cot mnent une neurasthnie spinale qui devient de plus en plus prononce. Avec l'impuissance, elle produit un effet trs
.
dprimant et engendre l'ide du tabs et des tristesses hypocondriaques. Des paralgies et des nvralgies dans le domaiue du plexus lombo-sacr compltent le tableau de la neurasthnie spinale sexuelle. Quand il y a tare, cette neurasthnie devient une neurasthnie gnrale dans laquelle, suivant la nature des conditions accidentelles, les formes crbrales ou gastriques
prdominent. La neurasthnie base sexuelle est caractrise par un un sentiment de soi-mme trs abaiss, par une tristesse hypocondriaque avec peur du tabs, par un maintien mou, un tonus musculaire abaiss, un teint livide malgr une bonne nutrition gnrale, le tremblement d'intention et d'embarras allant jusqu' la maladresse et Tataxie des mouvements aussitt que le malade se sait
air timide et oppress, par
observ.
En
outre,
il
y a une tendance
la
dyspepsie, la flatulence, la
constipation, grand
qu' 120 instable de la fonction vaso-motrice allant jusqu' des accs occasionnels
changement dans la frquence du pouls, qui bat jusl'occasion d'une motion ou d'une fatigue physique, quilibre
de crampe vasculaire gnrale avec palpitations violentes, angoisse paroxystique et serrement dans la rgion cardiaque. Viennent encore s'y ajouter
des phnomnes de la nvrose priphrique, gnitale, et de la moelle lombaire, avec accentuation de tous les malaises, notamment des malaises
psychiques, par suite des nouvelles jaculatious. La neurasthnie sexuelle prsente chez la femme une pathognie et des symptmes analogues celle de l'homme. L aussi l'abusus Veneris, parti-
masturbation et l'onanisme psychique, jouent un rle assez mme que le cotus reservatus et interruptus. Comme quivalent de la pollution il y a des spasmes provoqus par les images de rves lascifs, ce qui amne une scrtion du conduit gnital accompagne d'motion voluptueuse. L'effet de ces processus est analogue celui que la pollution produit chez l'homme asthnique. Il y a encore des affections organiques et fonctionnelles, trs importantes au point de vue
culirement
la
considrable, de
tiologique,
du vagin, de
car elles
et
mnent
la
des
de l'urthre
de
prostate
chez l'homme).
Anatomiquement
tion, les rosions
les
tumeurs,
changements de posi-
de l'appareil gnital ont une action irritante en comprimant ou en tiraillant les nerfs (Hegar). D'autres organes aussi qui sont innervs par le plexus honteux et sacr (maladies de la vessie, fissures
o3i
la mme importance. Les phases nvrose locale gnitale, nvrose de la moelle lombaire avec irritation spinale qui ne manque jamais, et nvrose gnrale (neurasthnie avec des symptmes d'hystrie qui s'y ajoutent de temps en tempsj. Souvent l'tat pathologique date de l'poque du dveloppement de la pubert (agnsies et anomalies de position congnitales de l'utrusi ou de celle de la mnopause. A la priode menstruelle les malaises nvrotiques
la
Dbut de la maladie par des symptmes du ct de la moelle lombaire, Texteusion partant de la moelle lombaire apparition de symptmes surtout dans des rgions qui sont en connexit sensitive avec les sphres sexuelles (estomac, gosier, poitrine, larynx, glande thyrode, trijumeau^; accs commenant par des symptmes d'aura sur le trajet des nerfs du plexus lombaire et sacr, absence d'anomalies ou de maladies d'autres parties du
;
corps
comme
causes de la nvrose.
La thrapeutique de ces formes multiples et varies de la neurasthnie doit tre d"abord psychique et tenir compte des causes. Les interventions
thrapeutiques directes doivent ragir contre la faiblesse irritable l'aide
des toniques dans l'acception la plus large du mot.
Le rgime doit tre fortifiant autant C[ue possible, riche en protine et en Les stimulants et les articles de consommation dits de plaisir doivent tre vits en gnral. Parmi les phnomnes physiques l'arothrapie (sjour dans les montagnes), l'hydrothrapie (frictions, demi-bain, bains de rivire et de mer), l'lectricit (faradisation gnrale, bain lectrique) jouent un rle considrable. La thrapeutique mdicamenteuse doit utiliser selon les cas le fer, l'arsenic, la strychnine, le phosphore, l'ergotine, l'opium, le zinc, la cocane, la quinine. Symptomatiquement on peut considrer comme des sdatifs prcieux le piscidia (extrait fluide) et les sels de brome. Comme hypnotique, on peut citer en premire ligne la paraldhyde, ensuite l'hydrate d'amylne et le sulfonal. L'hydrate de chloral ne devrait tre employ que tout fait pisodiquement. Dans le cas o la nutrition est trs abaisse (certaines formes de la neurasthnie
graisse.
:
:
la
thrapeutique dtaille de
533
base d'une tare grave dont prcisment la neurasthnie constitutionnelle et chronique reprsente un symptme principal.
Le groupe psychonvrotique comprend les cas dans lesquels la tare est ou manque tout fait et dans lesquels l'tat neurasthnique est un tat acquis, plutt pisodique, mais dans tous les cas non constitutionnel. Les psychoses de ce groupe sont eo partie transitoires, en partie
miniriie
le
tableau pathologique de la
mlancolie, de la stupidit et de la vsanie, tableaux bien connus et qui ont dj t analyss dans le chapitre des psychonvroses. La grande majorit des cas
de stupidit et de vsanie se rencontre dans les cas base neurasthnique bnigne. Comme formes dgnratives de la neurasthnie nous tudierons la folie des obsessions et les formes de la paranoa qui, sur le terrain particulier de la neurasthnie, ont une allure clinique particulire. Les cas de folie raisonnante mlancolique rentrent en grande majorit dans cette catgorie.
.1.
PSYCnONVROSES A
BASE NEURASTHNIQUE
1 Folie transitoire^
apparat parfois Facm d'une neurasthnie crculminant d'un tat d'puisement crbral qui est aussi accompagn de signes extrieurs d'inanition et d'puisement (tremor, tempratures subnormales). La plupart du temps il s'agit de cas de neurasthnie acquise et qui sont survenus d'une manire plus ou moins aigu. Comme dernires causes de la folie transitoire on peut admettre les nuits blanches qui usent les derniers restes des forces de tension. Aussi avec le rtablissement du sommeil et une meilleure nutrition on obtient bien vite
Cette
forme de
folie
brale,
comme
tat
la rsolution.
L'puisement de l'organe psychique se manifeste par une obnubilation de la conscience allant jusqu' la perte des sens avec les dfectuosits de la mmoire correspondantes, phnomnes de lacune sur le terrain des fonctions sensorielles et qui vont jusqu' la suppression de la perception et
la perte des conceptions
du mouvement
et
reprsentations dlirantes et isoles surgissent dans cet tat d'puisement intellectuel qui frise souvent la stupeur, et mnent des actes insenss
allures
Il se produit aussi des tals crpusculaires, des de stupeur, ainsi que des tats dlirants qui peuvent parfaitement cadrer avec ceux de nature pileptique, mais qui doivent en tre bien distinctement spars en raison du pronostic, de la thrapeutique et de l'avenir social du malade. Avec la disparition de l'puisement crbral (qu'on obtient ordinairement avec le sommeil prolong;, la lucidit et la
somnambuliques.
tats de rve,
Comparez
freiind, 1883, n
Psycit.
V. KrafFt, Ueber fransifor. Irresein aiif neiirasIJienischer 8. Le mme, Wien. Klin. Wochen.schr., 1891, n" 50.
536
l'tat
anmique du cerveau
avec artre parfois songer la possibilit d'une anmie crbrale vaso-spasmodique. La dure de ces tats peut tre de quelques jours. Avant et aprs il y a des phnomnes nets de neurasthnie grave
est la
petit,
cause de cette
folie transitoire.
fil
Le pouls
contracte
comme un
de
fer, fait
Observation LIV.
Le 14 aot 1882, on a amen la clinique de Gratz, M. H..., iospecteur de gare, quaranle-un ans, mari; atteint le 12 de folie, il se croyait le chef de gare et se comportait en consquence. Le malade se dmne confus et irrit; il demande tre amen devant ses suphidique avec dlire de haute position sociale).
puisqu'il est chef de gare. Sa place n"est pas ici. II ignore qu'il se trouve dans un hpital, se sent tout fait bien portant et est irrit juste titre que l'ancien chef ne veuille pas lui transmettre ses fonctions de service. Le malade a le crne normal; il n'a pas de fivre; visiblement puis, il peut peine se tenir sur ses jambes. Pouls petit, frquent et facile supprimer. Tremblement des mains. Bientt le malade s'endort, fait un somme prolong; le 13, il est orient, mimiquement assez dgag, mais il se croit toujours chef de gare et prtend avoir trouv le dcret de nomination ce poste, il y a quelques jours, dans son armoire, chez lui. 11 n'a pas rflchi longuement sur la question de savoir comment ce dcret tait parvenu dans son armoire et pourquoi on ne le lui avait pas remis par la voie officielle rglementaire. Comme il y tait dit qu'il devait prendre immdiatement son nouveau service, il s'est rendu dans ce but au bureau, mais
rieurs,
somnam-
temps
accueilli grossires'est
ment
et n'avait
pas voulu
lui
est parti,
plaint chez
des gens de sa connaissance, est revenu vers l'ancien chef, mais celui-ci n'a pas
voulu cder. Froiss, irrit et perplexe, il femme. Celle-ci Fa dclar fou. Ensuite
calmer. Pour ce qui
maire.
Il
racont sa
mdecin
est
il
s'est
pass partir de ce
se
moment,
sait qu'il
a pass la nuit
il
du 13 sans sommeil, contrari et craignant de sentait tout fait malade par agitation et humini boire.
cur
ni
manger
Le
14,
on
l'a
amen
Gratz
o tout
Le 15, le malade est tranquille, mais toujours avec son illusion. Il motive sa prtendue promotion par le fait que le conseil de direction des chemins de fer veut lui offrir une compensation pour les mauvais traitements et la mauvaise situation matrielle qu'il
a d supporter dans le pass. Car depuis deux ans et demi il est trs surmen dans le service des chemins de fer et tlgraphes; il a une nombreuse famille et n'a qu'un petit salaire, des dettes, des soucis pour vivre et par-dessus le march un chef qui lui fait des misres et des collgues qui lui en veulent. Depuis quelque temps il est devenu las, puis, irritable, oublieux jusqu' perdre toute notion momentanment. Pour comble il avait encore cette proccupation que dans cet tat il ferait des bvues et s'attirerait des amendes.
il
souvent peine
n'tait plus
temps de
Le
16,
de dormir
de plus
le
sommeil
rparateur.
le
malade
demande d'un
lui. Il
voudrait savoir
si
l'histoire de sa
ALINATIOX
nomination
tait
:\IE.\TALE
Il
;j37
est exacte.
commence
ide fixe
et
que
si le
annonce il Dans la nuit du 12 il avait rv qu'il dcret de cette nomination se trouvait dans son
plein
armoire. Le matin
s'tait
alors lev
d'motion joyeuse
et
ne
s'tait
pas
donn
la peine de s'assurer
fait tait
Les paroles bienveillantes des mdecins, ainsi que leurs observations l'ont mis en provoqu sa critique. C'tait enfin comme si des cailles lui tombaient
des yeux. Le malade nie avoir une prdisposition hrditaire, avoir eu autre fois des maladies; il affirme formellement n'avoir jamais pratiqu le potus. Aucun indice pour pouvoir admettre l'existence d'une pilepsie Il est visiblement puis, a
.
beaucoup de mal rassembler ses ides et les exprimer. Grce de bons soins et un bon sommeil, il se remet rapidement et peut quitter la clinique le 20 aot, guri, sauf quelques lgers malaises neurasthniques. Bien que chez lui l'ancienne misre l'attendit et qu'il eut perdu sa place, il est rest psychiquement bien portant jusqu'au mois d'avril 1883; il fut alors amen de nouveau, mais cette fois atteint de dlirium tremens. Le malheureux, pour tuer son chagrin, ses soucis et tromper la
faim, s'est livr ces
le
temps derniers
l'alcool.
Un
rtablit de nouveau.
^"
cette
catgorie
stupidit
dmence aigu;
et
la
vsanie, du moins en majorit, tats qui, au point de vue de la classification, suivent de prs les tals d'puisement transitoire du cerveau neuras-
thnique. Les manies base neurasthnique par puisement crbral sont trs rares. Evidemment la quantit minime des forces de tension qui existe dans ce cas n'est pas suffisante pour produire des tats maniaques.
Les mlancolies base neurasthnique sont plus frquentes. Comme exemple de ces mlancolies qui sont caractrises plutt par l'entrave que par la douleur psychique, on peut citer la mlancolie masturbatoire.
Mlancolie maslurbatolre.
Elle se dveloppe sur la base d'une mlancolie crbro-spinale provoque par la neurasthnie sexuelle. Le stade d'incubation rpond au type de cette neuro-psychose dysthymique dans laquelle ne manque jamais l'explication nosophobique de la pression de la tte et de l'entrave des penses menace de folie ou aussi de l'irritation spinale tabs ou du trouble des fonctions sexuelles (impuissance incurable. La maladie se dveloppe lentement pour arriver l'acm de la psychose, ou d'une manire aigu par suite d'un choc psychique, etc. (surtout la peur le fait d'tre instruit sur les suites du vice Le sentiment de soi-mme est trs abaiss. Le malade croit qu'on lit sur sa figure son onanisme et que pour cette raison trs pnible l'objet de il est mpris de tous il se sent d'une manire l'attention gnrale. Par suite d'hallucinations olfactives, il croit que son
; . ;
b3S
corps pue et qu'on l'vite pour ce motif. La douleur psychique est moins un symptme spontan qu'une raction aux phnomnes d'entrave intellectuelle. Le malade est pathtique, thtral dans la faon dont il exprime
moins en souvent avec des vellits religieuses. Dans ses explosions de dsespoir souvent on remarque une grande irritation qui peut l'entraner mme des actes agressifs contre son entourage.
ses souffrances et la conscience de
sa culpabilit.
Il
se pose
la fatalit,
Comme phnomnes
il
angine de poitrine vaso-motrice) accs qui peuvent aller jusqu'au raptus mlancolique. Les tentatives de suicide sont tout fait ordinaires chez ces malades. Il faut toujours s'y attendre. Souvent il arrive que soit par pnitence, soit par le vif dsir de se sauver, le
les parties gnitales.
malade va jusqu'
se mutiler
pourtant si redoute de la masturbation, l'arrt pnible de lavolont et des penses sont souvent interprts dans le sens qu'on est possd par le diable, et dgnre en vritable dmonomanie avec dlire et hallucinations correspondantes.
Avec une tare plus profonde il y a souvent de la malpropret, impulsion aux choses rpugnantes (manger des excrments, des asticots, avaler le
contenu des crachoirs, etc.), raptus impulsifs, reprsentations obsdantes, dlires primordiaux, ayant pour la plupart un sujet religieux (messie). Des transitions pisodiques vers la vsanie (hallucinatoire) ne sont pas rares dans la forme neurasthnique de ces tats. Les traits communs qui indiquent la cause spciale de la maladie rsultent de l'attitude molle, brise au physique comme au point de vue intellectuel, du caractre insipide, du sentimentalisme qu'on rencontre souvent chez ces malades, de leur penchant la religion et au mysticisme somatiquement des malaises neurasthniques, surtout pression la tte, irritation spinale, ainsi que des hallucinations olfactives qui ne manquent gure. Le pronostic n'est pas dfavorable. Toniques avec opium qui dans ce cas produit la plupart du temps un excellent effet, traitement hydriatique, surveillance du malade en ce qui concerne la masturbation telles sont les principales indications de la thrapeutique. Je n'ai pas pu observer de diffrences tranches dans le tableau pathologique suivant qu'il s'agissait d'hommes ou de femmes.
; :
Mlle
l'asile
S...,
vingt-trois
ans,
ne
est
frre est
mort
d'alins.
Une sur
morte dans
La malade, dit-on, se serait dveloppe d'une manire normale, sauf une tendance aux colres violentes dans son caractre elle n'offrait rien d'anormal. La pubert apparut l'ge de quatorze ans, sans malaises. La malade avait du talent, surtout pour la musique a reu une ducation brillante n'a pas
les convulsions.
;
;
cette
(faci-
se fatiguer
le
de sommeil mauvais et non rparateur). La malade perdit sa gait ordinaire, maigrit, fut atteinte de malaises dyspeptiques, devint triste, irritable, rvassait souvent,
o39
musique qu'elle aimait malade devint de plus en plus aboulique, indiffrente, anmie, domine par un grand nombre de sensations paralgiques, hypocondriaque, dprime elle ne voulait pas manger, parce que rien
pour
la
mme
Au cours du printemps de
;
1883, la
ne pouvait passer dans son intestin, exprimait la crainte d'tre atteinte d'un cancer et d'infecter les autres, raison pour laquelle elle vitait de plus en plus tout contact
avec
les
gens de sa famille.
la nutrition
En mme temps
anmie profonde.
il
y avait
1883 se dclarrent des accs d'angoisse ayant les allures d'un dans un de ces accs, elle fait une tentative de suicide en se jetant l'eau. Quand elle fut sauve, elle manifesta un profond repentir et ft remarquer que son pch ne saurait lui tre pardonn; elle-mme serait la cause de son malheur; elle sent que sa raison s'en va de plus en plus, elle ne peut plus penser (pression la. tte). Elle perdra la raison, elle prira par suite d'une maladie cancreuse dont elle sent dj la mauvaise odeur. Elle se lamentait d'une manire sentimentale et insipide sur sa vie brise, sa mort prcoce, demandant qu'on ait piti d'elle, qu'on
Au mois de mai
:
raptus
Comme
au physique
elle
dprissait de plus en plus, qu'elle refusait souvent toute nourriture et que les accs
Lors de sa rception,
terreux,
et,
dans sa peur de ne pouvoir plus vivre ainsi, elle s'est jete l'eau. Elle sent son comme une pierre, tout fait bourr d'aliments. Son corps est compltement la dtruit elle ne peut plus penser, elle se sent comme un zro, pleine de poux gardienne l'a nourrie avec des parasites elle est lourde comme du plomb, elle s'est abme elle-mme, elle a commis quelque chose de terrible (masturbation), c'est elle qui est cause de tout. En mme temps elle se lamente et dit qu'elle voudrait bien avoir un mari qu'on lui coupe la gorge. Elle pue dj, elle est morte depuis longtemps. Elle ne comprend pas comment on veut la forcer manger puisqu'elle est morte et dj en putrfaction. Elle est une grande pcheresse. Il ne lui reste plus
corps
; :
que toute la ville de Gratz. Elle a des visions de diables, prend les gens de son entourage pour des diables, a des motions d'attente anxieuse pour sa descente en enfer. Episodiquement elle est prise d'une humeur sentimentale douloureuse, trs complique, et se raccroche alors la religion, prend le mdecin pour le Christ et une de ses compagnes de maladie pour la Mre de Dieu. La malade est tenue au lit, on la nourrit bien, on lui donne du fer et du quinquina. Le sommeil trs dfectueux est soutenu par de la paraldhyde.
Le tableau neurasthnique hypocondriaque et mlancolique se rapproche episodicelui de la vsanie dlire incohrent, tat d'puisement, visions de diables, illusions sur les gens de l'entourage qu'elle prend pour des personnages divins, voix perscuti'ices, accusatrices, consolatrices, hallucinations olfactives de
quement de
Au bout
le
340
premier tableau de
mlancolie rapparat
il
allgoriques.
La malade
Tout
est
mort. Elle aussi aimerait mieux tre enterre et mange par les souris. Elle sent dj comment elle est ronge par les vers (paralgies). Est-ce qu'elle ne sera pas bientt gorge et coupe en morceaux, puisque c'est elle qui est la cause de tout ? Au cours du mois d'octobre, amlioration dcisive. La malade reprend au point de vue physique, a de nouveau du turgor, des couleurs, reprend intrt au monde extrieur, demande des nouvelles de la maison paternelle. Episodiquement elle est de nouveau une grande pcheresse, son sort est encore meilleur qu'elle ne le mrite, on la soigne trop bien et cependant sa place serait en enfer. L'amlioration progresse avec les frictions avec le drap mouill, le rgime forbte, qu'elle ne sait plus ce qu'elle doit faire.
tifiant et la
mdication tonique.
les
remplaces par un tat d'esprit sentimental et mme pessimiste. La malade rentre dans la premire phase d'une nvrose hypocondriaque neurasthnique; penses troubles, tte lourde elle se plaint du manque de clart intellectuelle et abrutie, ides hypocondriaques de cancer et de fivre putride provenant des hal:
notamment de
cerveau
a disparu. Peu peu la malade arrive reconnatre son tat et elle reprend ses anciens penchants et ses anciennes occupations. Les exacerbations de l'tat d'entrave,
la tristesse et les malaises paralgiques neurasthniques ainsi que les nouvelles halluci-
l'aide
de l'hydrothrapie, du
fer,
d'une
En automne 1886
une jeune
fille
florissante et frache
au physique
l'esprit.
B.
Parmi les formes qui doivent tre tudis dans ce chapitre, on rencontre une forme particulire du trouble mental, caractrise par des reprsentations obsdantes et par le tableau clinique de la paranoa.
1"
Contrairement aux reprsentations obsdantes qu'on rencontre comme trouble lmentaire et pisodique chez les nvropathes et les mlanco' Synonymes folie abortive, folle du doute avec dlire du toucher, folie avec conscience, pseudo-monomanie, Impulsions intellectuelles, folle ides imposes, dlire motif. Littrature: Griesinger Arch. f. Psi/ch., I, p. 626. Berger, Ibid., VI, fasc. 1, Vil], fasc. 3. Salomon, VIII, fasc. 3. Falret, Ann. md. psi/choL, 1866. ^Yille, Xil, fasc. 1. Legrand du Saulle, La folie du doute, etc., Paris, 1875. V. Krafft. Allg. Zeilschr.
:
f.
Psych., 35. Claus, Ibid., Schafer, Ibid., 36, p. 272. Brosius, Irrenfreiind, 1881. 1830, no 21 (avec la preuve intressante que le pote Jean-Paul a longtemps avant les recherches scientifiques dcrit dans son aumnier Schmelzle un cas typique de reprTamburini, sentations obsdantes et d'actions imposes). Bail, YEncphale, 1882, n 2.
I, 2,
3.
o41
s'agit ici
L'influence sur la pense est entravante, sur les sentiments elle est branmme des motions de dsespoir; au point de vue psy-
cho-moteur elle produit des impulsions des actes dans le sens des ides imposes ou bien empche des actes qu'on a l'intention d'accomplir. Cette alination reprsentations obsdantes a une base neurasthnique. Ordinairement celle-ci peut tre considre comme une neurasthnie constitutionnelle et de cause hrditaire et sur cette base peut en outre se dvelopper un tableau hystropathique ou hypocondriaque comme nvrose accompagnant les processus de la reprsentation obsdante. Ce n'est que dans des cas rares (Berger, loc. cit.) que la neurasthnie avec ou sans phnomnes hystriques ou hypocondriaques prononcs est une affection acquise par le surmenage intellectuel, par les motions, par les maladies graves et puisantes, les accouchements qui se suivent de prs, la lactation", les excs sexuels, surtout l'onanisme, etc.), et alors elle peut selon les circonstances avoir une dure phmre. Les causes d'affaiblissement que nous venons d'numrer constituent des causes occasionnelles pour
l'explosion de la maladie.
Dans les cas qui se dveloppent sur une tare (hrditaire), les phnomnes physiologiques seuls (pubert, mnopausej suffisent pour provoquer
la
comme
maladie souvent mme elle clate avant la pubert, dans l'enfance, la paranoa originaire. La maladie volue sur le terrain neurasthnique; cela est dmontr par ce fait que l'closion est provoque directement, par des lments affaiblissants qui abaissent le tonus crbral, tels que, par exemple, les motions, les pertes de sang (comme les rgles), les indispositions, les dbauches, les recrudescences et les exacerbations de la maladie etc. Autre preuve vont de pair avec les recrudescences et les exacerbations de la nvrose qui l'accompagne, et par contre la thrapeutique de la faiblesse nerveuse amliore aussi l'tat psychique. La maladie se rencontre peu prs avec la mme frquence dans les deux sexes'. Les ides imposes ont bien des traits communs avec les dlires primordiaux de la paranoa, car ils sont primaires et manquent de toute base motive; bien qu'appuys par des motions, ils surgissent des profondeurs de la vie mentale inconsciente en surprenant les conceptions conscientes et logiques, en les troublant, en s'y juxtaposant d'une manire trange et en prenant finalement une force obsdante et accablante. Il y a cependant une diffrence fondamentale dans ce sens que les dlires primordiaux de la paranoa sont vite accepts, assi; :
'
Ma
femmes
casuistique personnelle comprend 23 hommes, 34 femmes celle de ^Vilde, 7 hommes, dans les autres cas de la littrature, on trouve 13 hommes, 14 femmes.
;
o42
miles et faonns pour devenir des illusions (systmatiques), tandis que les reprsentations obsdantes, gnralement du moins, se trouvent en face de la conscience constamment comme des intrus qu'on sent morbides, qui ne sont pas assimilables et qui troublent. Eu ce qui concerne la marche il y a encore des analogies en ce sens que la folie ides imposes
a avec la paranoa ceci de commun que ces tats vritablement constitutionnels, durables et en somme stationnaires, ne progressent pas au point d'amener des tats de dbilit psychique graves.
aucun stade d'incubation. Au milieu du malades sont tout d'un coup pris par des ides bien-tre intellectuel, les qui n'ont aucun rapport avec leur tat et qui n'ont t provoques ni soutenues par aucune motion, ides qui, avec une intensit et une
Du
ct psychique
il
n'y a
obstination morbides, en dpit de toute l'nergie de la volont et de l'association, demeurent dans la conscience jusqu' ce qu'elles en sortent
spontanment. Le malade a alors un moment de tranquillit ou bien un nouveau cycle d'ides fixes, importunes et tourmentantes, prend la place de
celui qui vient de disparatre. Cette substitution est d'autant plus craindre que l'tat de raction motive produit par les reprsentations obs-
dantes abaisse la capacit d'arrt des efforts de la volont et de l'association et qu'en gnral l'excs du travail crbral provoqu par l'accs met l'organe de la pense dans un tat de neurasthnie et de faiblesse irritable
encore plus prononc. La cause immdiate de l'apparition de la conception obsdante concrte ne peut tre dcele que dans quelques cas exceptionnels. Le rveil des ides imposes peut avoir lieu psychologiquement, par la voie de l'association des ides, la suite d'une perception des sens, d'un vnement surprenant, d'un mot rencontr dans une lecture, d'une prire rcite, d'une
conversation,
et,
comme image
de contraste. D'ordi-
naire le mode nique, analogue celui des dlires primordiaux et alors le primum movens du dveloppement de la conception obsdante est difficile dcouvrir.
Parfois on peut trouver
cives et les
une connexit entre les conceptions erotiques lasphnomnes de la menstruation, une corrlation entre les ides destructives et une sensation physique dsagrable, par exemple une nvralgie avec laquelle se noue la reprsentation obsdante au statu nas-
cendi. Le sujet des ides obsdantes est trs vari, selon la richesse de la vie intellectuelle gnrale et la tendance individuelle. Sous ce rapport, il
est indniable
que
les
l'ap-
parition de telle ou telle reprsentation obsdante; par exemple, la manie de creuser les ides religieuses se rencontre chez les personnes bigotes,
de souillure chez les individus prdisposs l'hystrie, les ides de proccuper si tout est bien fait et mis sa juste place chez les personnes qui de bonne heure se sont fait remarquer par leur pdantisme et leur sentiment mticuleux de l'ordre. D'autre part, ou note ce phnomne surprenant que souvent les reprsentations obsdantes prsentent un accord typique quant leur sujet et mme leur ordre chronologique chez
l'ide
se
543
par leur position sociale, par leur sexe, fait analogue a t d'ailleurs observ pour les dlires primordiaux typiques de la paranoa originaire. Toutefois on peut prsenter ces cas dans lesquels se manifeste typiquement d'abord l'obsession mditer (gnralement sur des sujets religieux par leur degr d'instruction,
etc.
Un
et
le
mtal, les
animaux, etc., comme un tableau clinique particulier (folie du doute avec dlire du toucher, Legrand du Saullej dans le cadre de tout le groupe.
Ce genre de reprsentations obsdantes est le plus frquent. Les conceptions de nature religieuse tournent autour des questions qii'est-ce que Dieu ? y a-t-il un Dieu ? qu'est-ce que l'ternit ? pourquoi y a-t-il un
:
vraiment des diables ? y a-t-il une ternit, une provianalogues on a des problmes mtaphysiques tels que quelle est l'origine de l'homme, du monde ? Certains malades sont obsds et tourments sans cesse par des questions de mathmatique, faisant dans leur tte les calculs les plus difficiles jusqu' ce qu'ils en soient extnus. Chez d'autres chaque perception des sens se rattache la question de savoir pourquoi ce phnomne s'est produit ou celle de savoir ce qui aurait lieu si le malade, par exemple l'aspect d'un couteau, coupait la gorge lui ou aux siens, ou si, au bord d'un fleuve, il poussait quelqu'un l'eau si dans le premier cas la mort serait instantane et comment elle se produirait ? par hmorragie excessive ? si dans le dernier cas l'homme jet l'eau pourrait se sauver la nage ? Ou bien il s'agit de reprsentations obsdantes inoiensives si les dames qu'il rencontre sont belles ou laides, maries ou non ? A d'autres s'impose au milieu des occupations ordinaires et journalires la question de savoir s'ils s'acquittent bien de leur tche, si par exemple une lettre est bien rdige, c'est--dire assez claire, s'il n'y a pas de fautes d'orthographe, pas de taches d'encre, si l'adresse est crite d'une manire lisible, si la lettre n'est pas reste accroche dans la bote aux lettres ? Puis, si une somme d'argent a t bien compte, un compte bien sold, les portes- rellement fermes, les lumires teintes, si aucun voleur ne
diable ? y a-t
?
il
dence
Comme
s'est introduit ?
Il y a encore des reprsentations obsdantes d'une nature plus tourmentante, des scrupules propos de tel ou tel acte, telle ou telle omission qui pourrait porter prjudice sa propre sant ou celle des
autres. L'ide d'avoir port atteinte la sant et la vie des autres avec
une allumette, une pingle, en brisant du verre, une tache d'encre, tourmente ces malades, et leur imagination leur dpeint les consquences les plus absurdes de leur ngligence hypothtique; en passant un pont ils
sont pris de l'ide qu'ils ont pouss quelqu'un dans l'eau; ils sont obligs de s'assurer si aucun des passants n'est pas tomb l'eau la situation s'accentue au point de devenir une reprsentation obsdante tourmentante (avoir sur la conscience un assassinat). En faisant les prires surgissent des conceptions de contraste on voit maudit au lieu de bni , enfer au lieu de ciel , ivilde sait
;
:
<
544
(sanglier sauvage) au lieu de liebe frau ( Notre-Dame ), et elle revient avec persistance toutes les fois qu'on essaie de redire le passage de la prire. Aprs la confession, le malade est tourment par l'ide d'avoir oubli des pchs, d'tre indigne de recevoir la communion, d'avoir laiss
la sainte hostie; d'une dposition devant tribunaux vient l'ide obsdante qu'on a fait une dposition inexacte, qu'on a t parjure; quand on se trouve en compagnie de gens de sa connaissance ou dans un salon, il vient l'ide pnible d'avoir dit ou fait quelque chose de compromettant; dans les relations d'affaires, celle d'avoir perdu des papiers compromettants dans un magasin ces malades sont torturs par l'ide d'avoir pris des marchandises ou que des objets se soient accrochs leurs vtements et aient t enlevs par eux. Dans la rue il leur vient l'ide obsdante de rougir et de se rendre par l ridicules, d'avoir pouss et fait tomber de son chelle un allumeur de lanternes. Ils sont forcs de se mettre en observation pendant des heures et de veiller si un enfant n'est pas cras par une voiture, si un couvreur ne tombe pas
des
toits, si
un pont ne
s'croule pas,
si
au contraire tous
les
passants rus-
Avec la marche de la maladie il se manifeste souvent des ides obsdantes de souillure par des ordures, par du poison. L'aspect des chats, des chiens veillent l'image mentale du virus de tarage, del'hydrophobie; la vue d'une vaisselle en cuivre ou d'un loquet en mtal veillent l'image mentale du vert-de-gris. Le malade est empoisonn, il transmet le poison tous sont empoisonns, etc. sa famille Les reprsentations obsdantes ne sont pas toujours absurdes; elles
;
peuvent tourner aussi autour de dangers rels et possibles, de problmes philosophiques et mathmatiques bien poss, etc. Ainsi un de mes malades se voyait forc de creuser pendant plusieurs mois la cj[uestion de savoir si sa fortune place en rentes sur l'Etat tait rellement en scurit. Dans tous les cas, ce qui frappe immdiatement, c'est l'incapacit d'amener ces
mditations une conclusion, l'obsession avec laquelle elles s'imposent continuellement bien que le malade reconnaisse que ses apprhensions n'ont aucune probabilit, qu'elles sont mme impossibles. Le trouble dans la forme des conceptions, ainsi que le reprsente
l'ide dlirante,
il entrave le libre jeu de l'association et ne permet pas aux conceptions qui remontent, calment ou rectifient, de faire leur
L'influence
et
du trouble
est
pour
les
que
l'ide
obsdante
de creuser sans cesse, de questionner, de voir pour s'assurer, de se reprsenter l'vnement, de peser la probabilit, de lutter pour trouver le terme juste d'un passage d'une prire, etc., mais c'est en vain. Avec le temps des impulsions
34:5
obsdante, poussant
le
le
amenant
la
Le malade se voit oblig de se protger lui-mme et de protger les autres contre des dangers, de dfaire les plis du tapis au salon, d'enlever les cailloux ou les pierres dans la rue, afin que personne ne se casse la
jambe; sa grande pouvante il se sent pouss par des obsessions de nature destructive, se tuer ou tuer les autres, commettre un forfait, profrer un blasphme, mordre l'hostie, la recracher, etc., s'accuser devant les tribunaux comme parjure ou assassin. Ou bien, chose plus inoffensive, il se voit forc de ranger continuellement tout, de mettre les objets leur place, de se dbarbouiller sans cesse, d'enlever de ses vtements la poussire ou le poison imaginaire. Avec ces proccupations imaginaires le malade perd beaucoup de temps inutilement et peu peu il devient incapable de remplir ses devoirs professionnels. La contrainte qui l'oblige s'abstenir de certains actes le rend aussi de plus en plus incapable de remplir ses obligations sociales. Il n'ose plus toucher aux loquets, aux vases de mtal, ni frquenter l'glise ou le thtre, de crainte qu'il ne commette un sacrilge ou qu'il ne se compromette; il n'ose plus se montrer dans la rue, ni traverser les ponts, car il craint de faire du mal autrui, ou bien il veut viter l'aspect des rues et des objets qui pourraient provoquer ses terribles ides obsdantes. Au commencement il russit encore sortir, en choisissant les rues dsertes ou en ne descendant dans la rue que le soir ou en passant les ponts au pas de course, etc. La raction de la reprsentation obsdante sur la vie motive du malade est particulirement importante. L'obsession provoque une angoisse ractive violente allant jusqu'aux explosions de dsespoir et aux crises nerveuses (pouls spasmodique, tremblement, palpitations de cur,
syncopes).
l'tat
cette contrainte, par le sujet pnible de l'ide obsdante en tant que ce sujet peut tre un sacrilge, un outrage la moralt, un crime; il s'y ajoute encore la peur de succomber, par suite du relchemetit de la force de rsistance, l'impulsion qui se joint l'ide impose et qui pousse une action pouvant tre ridicule, compromettante, sacrilge ou criminelle; enfin, ce qui accentue encore l'angoisse, c'est le danger
rompre
de laisser voir cet tat pnible, la crainte de devenir alin. Si le malade peut cder aux ides imposes, s'il peut satisfaire sans inconvnient les impulsions qui se produisent, si ces dernires sont de nature inofensive, s'il peut s'pancher en pleurant, la crise pnible passe vite, grce cette raction motrice et scrtoire, et il prouve bientt du soulagement. La marche de la maladie prsente des rmissions et des exacerbations. Les intermissions durant de longues annes ne sont pas rares. Les
PSYCHIATRIE.
35
546
accs sont brusques et leur rsolution Test aussi. Une accumulation de paroxysmes isols, formant srie, est ordinairement suivie par un plus
et
accompagnent la maladie appartiennent la nvrose qui en est la base. Ainsi que dans les nvroses en gnral, ici encore des accs spontans d'angoisse et des phnomnes pileptiques se produisent souvent. La mlancolie peut faire son apparition pisodiquement. J'ai observ un cas de folie ides imposes compliqu de mlancolie priodique. Temporairement la critique du malade l'gard de ses conceptions obsdantes peut se relcher et celles-ci peuvent prendre le caractre d'quivalence des ides dlirantes. Les terminaisons del maladie sont ou la gurison ou des tats de torpeur intellectuelle. Dans les cas acquis, non constitutionnels, j'ai vu plusieurs fois la gurison se produire; dans d'autres, j'ai vu en revanche des intermissions qui ont dur des annes. Les tats terminaux de torpeur intellectuelle ne doivent pas tre confondus avec l'imbcillit.
jusqu'ici'.
Virtuellement ces malades restent parfaitement capables d'efforts intelmais l'obsession creuser, vrifier, ranger, laver, ne leur permet pas d'arriver l'accomplissement de leurs devoirs professionnels leur horreur pour tout ce qui pourrait voquer leurs ides obsdantes, les empche de franchir le seuil de leur chambre, de sortir de leur maison,
lectuels,
;
de s'occuper de lectures ou de toucher certains objets. L'inactivit, leur perplexit dsolante, la faiblesse de leur volont et leur motivit aigrissent finalement la vie de ces malades, les livrent une contemplation sourde,
les
rendent inaccessibles aux drivatifs et la distraction bienfaisante et crent ainsi la situation la plus propice au retour continuel des conceptions
obsdantes tant redoutes. Pour expliquer ce trouble psychique intressant, on peut fonctionnellement invoquer
:
l'motivit dans la vie des conceptions avec la tendance rapporter immdiatement la perception ou le souveni son propre moi (comme le paranoque), avec une trs vive impression
1
sensitive de la conception
2"
Une augmentation de
l'activit
de l'imagination qui, de
l'ide obs-
dante concrte,
la liaison
de cycles d'ides
;
et
loin,
stimule
dans
la lutte
de la pense et de la volont (travail du cerveau antrieur) contre les conceptions obsdantes par la provocation arbi-
1 Berger a constat chez une malade une intgrit absolue de l'intelligence aprs une dure de vingt annes de la maladie, Kelp aprs une dure de trente-huit annes.
- Exemple une malade de Sander qui, l'aspect de n'importe quel homme, est tourmente de l'ide d'avoir fait avec lui le cot; une malade de Berger qui, l'aspect des botes, est immdiatement et sans rsistance obsde par l'ide qu'il pourrait y avoir du
:
poison qui pourrait porter prjudice quelqu'un et qu'elle pourrait en tre coupable.
:;47
traire des reprsentations est trs abaisse chez ces nvropathes (faiblesse
irritable).
cette maladie doit en premire ligne tenir compte base nvrotique, neurasthnique, physique de la maladie. Un renforcement du systme nerveux par les cures hydrothrapiqus et climat-
La thrapeutique de
la
de
riques, par les bains de mer, par la faradisation gnrale, par les mdicaments toniques (fer, quinine, ergotine, arsenic) est la principale chose et donne des succs temporaires mme dans les cas profondment constitutionnels.
Contre l'tat de souffrance psychique, les influences psychiques bienfaisantes de la socit, des voyages, des distractions, des occupations conformes au got du malade et qui ne le fatiguent ni au point de vue motif, ni
physique, ni intellectuel, sont les mesures les plus importantes prendre. L'impressionnabilit morbide de l'organe psychique est encore attnue par les sels de brome (4 6 grammes) ainsi que par l'hydrate d'amylne
qu'il faut employer longtemps. Par ces moyens on peut souvent viter ou du moins couper et rendre plus supportables les paroxysmes, notamment ceux qui se produisent au moment de la menstruation. Dans les accs les prparations de brome grosses doses (6 i grammes!, les injections de morphine, le chloral, l'alcool, mais surtout les paroles rconfortantes de l'entourage, l'assurance par une personne de confiance que la chose est telle ou ne l'est pas, exercent une action essentiellement
calmante.
Observation LVI. AUnalion me n laie par ides obsdantes. M. Von C..., banmre maladive avec faiblesse nerveuse; se dit lui-mme de constitution nerveuse; de tout temps irritable, sensible,
impressionnable,
comme
le
il
perdit ses parents l'ge de dix-huit ans il fut oblig de se metli-e la tte d'un gTand tablissement commercial et de travailler pour l'entretien de ses frres et de ses surs. De la plus haute probit et d'un caractre
au pdantisme, il s'est acquis une grande menait une vie trs sobre, mais tait fumeur passionn; n'a jamais eu de syphilis et vivait depuis l'ge de vingt-sept ans trs heureux en mnage. Bien que ti's surmen et trs actif, il se porta bien jusqu'en 1880, sauf quelques lgers malaises neurasthniques qu'il avait de temps en temps. Au commencement de 1880, il devint crbrasthnique par suite d'agitation cause de ses affaires et de vives motions (insomnie, pression la tte, travail intellectuel alourdi, anorexie, motivit). Au mois d'aot il eut deux accs pileptiformes qui se succdrent rapidement et dans lesquels il y eut prdominance des convulsions dans la moiti droite du corps. Alors il resta pendant quelques jours dans le coma, avec une hmiplgie du ct droit il se remit et dans la suite ne prsenta plus aucun symptme de maladie organique du cerveau. A la fin de 1880 son frre mourut. La crbrasthnie s'exacerba.
et
Il
Toutefois
le
malade
se fatiguait en
travailler jusqu'au
l'ide l'envahit
commencement de
le
que peut-tre
vaquant ses affaires il resta capable de un jour, en repassant un compte, calcul n'tait pas exact et qu'il s'tait tromp au
;
1884. Alors,
Si8
fut
toujours,
que ses anciens comptes taient il n'eut plus de tranquillit, fut forc d'examiner et de reviser ses livres inexacts de commerce et ses comptes depuis trente ans et de refaire ses calculs. Le malade lui-mme est d'avis que cet norme effort intellectuel l'a compltement puis.
mais
il
ne put pas
;
Il
n'osa plus ti-availler seul de peur de se tromper dans ses calculs et de porter Il s'y ajoutait encore la peur de se compromettre soit en cri-
vant, soit en parlant, et c'est pour cette raison qu'il ne pouvait plus se dcider ni
Quand il voyait un morceau de papier quelconque, il tait pris par obsdante que ce papier pourrait avoir quelque rapport avec sa personne. Il s'il a bien expdi ses affaires, s'il a agit, toujours tourment par des doutes
:
bien mis les adresses, bien rdig ses lettres, bien compt les sommes d'argent, bien et correctement inscrit tout sur ses livres. Finalement il n'osait plus conclure d'affaires qu'en prsence
il
d'hommes de
Quand
une
lui
en
fallait
par
Cette situation dj pnible par elle-mme, devint tout fait dsespre quand, quelques mois plus tard, il s'y ajouta l'ide qu'il pourrait causer prjudice aux autres. il ne pouvait plus Cela le mit dans une agitation violente, avec crises d'angoisse voir ses enfants, croyait dcouvrir dans chaque petite tache, dans chaque petite trace de poussire, des morceaux de verre, des aiguilles, du poison, et c.iuser par l des
;
cette
consquence funeste
il
tait
pouss se
dbarbouiller toute la journe, examiner les vtements et les ustensiles, changer de vtements continuellement, chercher partout les aiguiUes et les morceaux
de verre,
etc.
Finalement
et
il
n'tait
pas tranquille
le
si
sa
femme ne
faisait
pas de
tait
mme
[pro forma).
des journes,
malade reprenait sa
tranquillit.
Il
alors calme, rconfort, et avait une parfaite connaissance de son tat morbide. Le
il me fut amen par sa famille fort inquite. homme de taille moyenne, vigoureux et trs amaigri.
C'est
tatifs
un
ont t trouvs normaux. L'examen le plus minutieux n'a pu faire dcouvrir aucun signe de maladie organique du cerveau. Pas de stigmates de dgnrescence;
on ne trouve pas non plus de symptmes de dbilit psychique ou de mlancolie. Le malade donne un rsum clair de sa maladie momentanment il est pai^faitement au-dessus de ses ides obsdantes et fait remarquer que ses scrupules excessifs et pdantesques lui sont importuns lui-mme, de mme que son association d'ides qui reprend de trs loin les probabilits les moins possibles.
;
Il
voit
n'est
que de
la maladie, et
il
mais
il
ne peut pas en
sortir.
S'il l'essaie,
Du
matin au soir
est
tourment. Ses
Le doute sur
mon
Au
tte,
j"ai
sommeil peu
motivit).
Le malade
pour les autres; en mangeant il est forc d'examiner s'il n'y a pas de dbris de verre ou des aiguilles dans sa nourriture. Cette peur lui est venue il y a quelques mois en apercevant sur la table un verre fl. Il ne craint pas pour sa vie, mais pour celle
.iiO
un cortge funraire, il est saisi de la mort du dcd. En marchant il est tourment par l'ide qu'il pourrait rpandre des aiguilles, des dbris de verre, du poison, et causer par Ira du mal autrui voil pourquoi il ne peut jamais rester seul il a besoin d'tre assur continuellement qu'il se trompe. Son propre jugement, le tmoignage de ses sens n'ont pour lui aucune valeur. Dans son imagination trs monte, chaque
autres.
il
Quand
tache, chaque grain de sable ou de poussire, chaque fil, etc., lui apparaissent comme quelque chose qui porte un pril. Peu de temps avant de faire un voyage d'Orient (sa patrie) en Europe, il tenait un flacon de mdicaments entre les mains et en avait rpandu le contenu sur le sol. Tout d'un coup il fut saisi de la crainte que c'tait du
poison
(lu
inconsciemment.
partir de ce
moment
les
il
eut peur
le
et d'tre
contenu du flacon.
En route vers l'Europe, il fat tourment par l'ide d'avoir chez lui la maison tu tout le monde avec un poison hypothtique. Il tait souvent au dsespoir. Malgr tous les lavages il craignait d'tre un pril pour son entourage par le poison qui s'tait attach ses mains. Chaque tache sur les meubles, sur
lui
les
vtements,
fait
il
l'impression du poison.
soupirail d'une
y jeta un morceau de son ongle. Aussitt l'ide lui vint que l'ongle tait et serait un danger pour les gens de la gare. Pendant une heure il regarda travers la fentre du sous-sol, s'attendant un malheur, et les gens qui l'accompagnaient ne purent l'en retirer que de force. Ses ides de poison ont obtenu malheureusement un nouvel appui, car le malade a trouv un jour dans le gousset de son gilet quelque chose aspect mtallique, probablement des miettes de mine de crayon. C'tait videmment un mtal. En mangeant de la salade un peu de vinaigre lui est rest sans doute attach la main. En prenant l'objet mtallique entre ses doigts un sel mtallique vnneux et soluble s'est produit. C'est avec cela qu'il rpand autour de lui la mort et le malheur.
gare,
empoisonn
le
voil
tourment par
il
l'ide
de rpandre
avec son cure-dent un poison animal (par les miettes de viande qui s'y sont atta-
ches et qui sont en tat de putrfaction). Plein d'anxit, repas les verres pour voir
s'il
n'y a pas
un
petit
morceau qui
s'en dtache et
tombe
dans
le plat.
il
Rcemment
(on
Aussitt
:
il
aux pieds, de l'avoir fait s'vanouir ment qu'on vide le bassin, il craint qu'on
homicide par imprudence,
il
de la peur d'avoir foul ce garl'enfant est noy Le malade prie instamfut pris
lui
demande compte
d'avoir
commis un
est inconsolable.
surveill,
L'entourage du malade a beaucoup de mal avec lui. Il demande sans cesse tre qu'on examine ses vtements, ses poches, qu'on examine le plancher, les
s'il
meubles,
rassurent.
Sans cesse
a des scrupules, des proccupations et a besoin d'explications qui le le rassurer, qu'il recommence questionner,
Le traitement consiste combattre la neurasthnie par des demi-bains, des fricdu massage lectrique. Contre l'hyperesthsie on essaie l'emploi de l'extrait aqueux d'opium jusqu' Osi',05 par jour (en combinaison avec de la quinine). Dans les crises nerveuses plus aigu('is, le brome a t utile. Le plus important est cependant
tions et
S50
le
dique
traitement moral le rassurer patiemment, claircir ses doutes, drivation mthoet excution rigoureuse d'un programme quotidien.
Le malade devient plus calme, plus dgag et est mme de se livi'er une occude nouveaux scrupules lui viennent. Ainsi, par exemple, en crivant une lettre, il supposera que l'encre pourrait bien contenir de l'acide sulfurique ou de l'acide azotique, que par le contact avec la plume d'acier une substance nuisible pourrait se produire et que de cette faon l'criture pourrait prsenter un danger. Une autre fois il croit avoir perdu une aiguille dans le lit. Cette aiguille s'est videmment enfouie dans le lit. Un locataire futur courra le danger de prir par cette hypothtique aiguille qui pourrait s'enfoncer dans sa nuque. Le
pation quelconque. Par-ci par-l
malade s'puise en conjectures de toutes sortes, en possibilits et en soucis, et demande constamment au mdecin comment la mort se produit, etc. Au cours du mois d'aot, les symptmes neurasthniques reparaissent. Le malade il suffit de la simple affirmation arrive dominer de mieux en mieux ses ides que ce n'est rien pour Tapaiser; finalement, il ose rester seul dans sa chambre. La nostalgie du malade impose la ncessit de le laisser partir au mois d'octobre. Pendant quelque temps tout alla bien ensuite l'tat pnible de ce malheureux
;
s'exacerba.
Paranoa neurasthnique.
forme typique des malades ne reprsentent autre chose que la fausse et alogique interprtation de sensations appartenant la nvrose neurasthnique et en gnral de troubles dans la conscience paranoque
par
le fait
que
les dlires
transforme. Le malade les explique par des insuffisances venant du monde extrieur; il prend sa pression de tte pour des tentatives tratresses d'ennemis qui veulent l'asphyxier par des vapeurs mphytiques, le trouble des
oprations de sa pense pour
tion artificielle d'ennemis qui veulent lui faire perdre la raison et ainsi
l'amener l'asile d'alins. Ses malaises dyspeptiques sont la consquence de tentatives d'empoisonnement, ses nombreuses anomalies seusitives (irritation spinale, paralgies, hyperesthsies musculaires et cutanes, etc.) lui sont infliges par des moyens physico-chimiques. On lui enlve par l
sa force vitale, on le rend las, misrable, etc.
L'chafaudage du systme dlirant est encore complt par les hallucimme que dans les autres formes de la paranoa. Les symptmes cliniques sont particulirement nombreux quand le point de dpart de la nvrose est dans le systme nerveux sexuel, soit par abus, notamment la masturbation, soit par abstinence en dpit d'un vif libido ou aussi (chez les individus du sexe fminin) par suite de maladies gnitales irritatives et qui par l mme mnent la neurasthnie sexuelle (nvrose de la moelle
nations de
lombaire).
On
voit se dvelopper de la
la
mme
mnopausique. Dans
s'agit d'individus
551
du sexe fminin, les symptmes de la nvrose hystrique manquent rarement et ils fournissent aussi des matriaux l'difice du dlire. De l
rsultent des transitions cliniques vers le type voisin de la paranoa hyst-
La forme purement neurasthnique se dveloppe toujours la suite d'un stade prodromique nvrotique avec forte nuance nosophobique qui passe directement l'tat du dlire d'observation et de perscution. L'tat morbide qui se dveloppe la suite de la neurasthnie sexuelle apparat comme le plus net de ceux qu'on rencontre sur le terrain neurasthnique. Il est absolument analogue pratiquement la paranoa masturrique.
batoire.
3
Le stade d'incubation
conceptions nosophobiques roulent sur l'imminence du tabs, de l'alination mentale, du ramollissement crbral. Les traits caractristiques de la
maladie sont
le dlire
de perscution physique,
Le dbut de
lire
la
la
inaperu; L'incertitude psychique dans les relations sociales qui est particu-
aux masturbateurs,
le
monde lit
la
beaucoup l'explosion de
souvent
maladie. Le
malade
mme
regard de
:
les dis-
cours et les gestes des gens, mme les journaux et les affiches contiennent de mchantes attaques et des offenses. Par l, l'embarras psychique et la
mfiance vont croissant. Des hallucinations auditives et visuelles fournouveaux lments au dlire naissant souvent les hallucinations olfactives de puanteur qui se produisent ds le dbut sont utilises
nissent de
;
malade a peur, tout le monde le croit atteint d'une vilaine maladie, et c'est de cette manire qu'il motive la prtendue attitude des gens qui l'vitent ou qui font des gestes de dgot, etc. Aprs une incubation durant des mois et mme des annes, l'acm de la maladie est atteint progressivement ou subitement. Ce sont essentiellement des voix, des paroles de perscution qui l'amnent. Le malade entend dire c'est un mauvais sujet, on devrait dbarrasser le monde d'un pareil individu; une socit a ourdi un complot pour amener sa perte. Le dlire de perscution trouve de nombreux lments dans les malaises neurasthniques du malade. Les phnomnes dyspeptiques aprs le repas sont interprts comme des tentatives d'empoisonnement; les sentiments d'entrave intellectuelle se prsentent comme des tentatives pour le priver de sa raison, l'amener tre intern dans une maison d'alins les sensations d'abasourdissement, la pression la tte due une cause vaso-motrice, ont la mme signification ou sont, conjointement avec les hallucinations olfactives (chloroforme, acide prussique, etc.), la consquence des attentats.
le
:
;
oo2
a voulu le rendre inanim pour le voler, pour fouiller clans ses effets, pour y glisser des pices compromettantes, etc. Une importance particulire revient aux sensations nvralgico-paralgiques, comme phnomnes excentriques de la surexcitation fonctionnelle des nerfs dorsaux la suite de l'onanisme. Avec le temps l'hypresthsie s'tend aussi au domaine des fonctions sensitives et sensorielles. Chaque sensation veille alors des conceptions dlirantes qui correspondent cette sensation, chaque ide provoque des sensations correspondantes. Les organes des seus hyperesthsis produisent des hallucinations la moindre excitation. Une foule d'anomalies de sensation dans les domaines de la perception gnrale, des sensations cutanes et musculaires s'offrent l'interprtation alogique du malade. Les sentiments de pesanteur, d'engourdissement, de lgret jusqu' pouvoir s'lever en l'air, de creux des organes, de lourdeur comme du plomb, de sparation du corps et de l'me, de courant magntique, se manifestent, mettent en mouvement les rflexes moteurs qui vont jusqu'aux phnomnes spasmodiques locaux et gnraux (catatonie), et demandent des explications la conscience du malade. Avec une uniformit surprenante les malades appartenant aux classes instruites expliquent ces anomalies de sensation par l'influence de leurs ennemis, l'aide de mystrieuses machines magntiques et lectriques; les malades incultes y voient une perscution au moyen de la sympathie, de la sorcellerie ils croient qu'on a souffl sur eux des vapeurs mphytiques, qu'on leur a jet du poison, etc. Souvent des nvroses locales des parties gnitales testicule irritable, nvralgie spermatique, hyperesthsie de l'urthre) sont interprtes dans ce sens. Les ennemis font de la masturbation avec le malade, lui donnent des pollutions, tiraillent ou piquent ses testicules, etc. La maladie oscille entre des rmissions et des exacerbations. Ces dernires concident ordinairement avec de nouveaux excs de masturbation et sont souvent accompagnes d'hallucinations accumules, de sensations, d'une augmentation de l'excitabilit rflexe spinale allant jusqu'aux accs tonico-cloniques, cataleptiformes, pileptoides. La suite de la marche est la mme que dans les autres formes de la paranoa acquise typique. Souvent il y a transformation en dlire des grandeurs. Les tats de faiblesse psychique se produisent beaucoup plus tt et sont plus intenses sur la base masturbatoire que dans les autres varits tiologiques de la vsanie. Thrapeutiquement les phnomnes .de la neurasthnie et de l'irritation spinale sont accessibles au traitement tonique hydro-lectrothrapie, etc. La morphine et les sels de brome attnuent les hyperesthsis, les paralgies, les hallucinations et ne sont pas sans valeur symptomatique.
Ou
D....
ingnieur,
trente-huit
ans,
Une sur
;
est
Le malade
il
malade
il
nanmoins, jusqu' l'ge de trente-six ans, dans son mtier. Alors il commena devenir maigrit, eut un catarrhe pulmonaire suspect, des malaises neurasth-
53
reprit
tat.
Bientt aprs
il
s'y
pris
se
se fait des
gurison, fuit
le
monde
et devient irascible.
cours du dveloppement de la maladie, des sensations se produisent en foule. Use sent un feu lectrique dans le corps un courant part de son pied gauche; son lit s'isole; il sent son corps se scinder en deux moitis; s'il descend de voilure,
;
Au
a la sensation qu'il laisse derrire lui son corps l'tat arien. En mme temps pression la tte, susurrement dans la tte, insomnie durable. Un jour il entend une voix dire Je t'ai rendu lectrique positif et ngatif. Etant en voyage pour son service, il prouva tout d'un coup la sensation que la nourriture qu'il prenait glissait de sa bouche dans son pied gauche. Il entendit la nuit une voix disant: De quelle faon veux-tu mourir? i et il crut que sa dernire heure tait venue. Ses parents dcds et son mdecin lui apparaissent. Une autre fois, au moment de se mettre au lit, il voit de nombreuses figures qui lui sont tout fait inconnues et sur
il
:
lesquelles s'pand
Il
entend des voix impratives qui lui disent qu'il doit se confesser, prendre du musc dans la pharmacie. Etant couch sur un canap, il entend crier que c'est une table dissection. Dans la rue on l'insulte en l'appelant hypocrite, menteur, etc. La nuit, tant au lit, il a souvent la sensation que ses pieds et ses mains brlent et qu'on lui retire son pnis du corps. Il sent qu'on lui dissque le corps, qu'on en relire les tissus, qu'on introduit des objets dans diffrentes parties de son corps,
qu'on enlve des
os. Il se sent
nombreuses et pnibles a impos la ncessit d'interner le malade dans un asile, alors que la maladie avait dj dur deux ans. Le trouble continue progresser. Il est magntis, lectris; il n'a plus de boyaux, les mdecins lui font des passes lectriques sur le ventre; il sent une trompe d'lphant sur son dos; son manger descend dans ses testicules; une scie spirale scie son corps; on lui fait une perforation l'ombilic; des objets pointus s'enfoncent de tous les cts dans son corps; le lit oscille; des machines et des couteaux lui sont enfoncs dans le corps il a une quantit d'hameons de fer dans le
L'agitation croissante par suite de ces hallucinations
;
En mme temps
la fentre
nom. A
ses
mots on accroche
la
syllabe finale
Vieh
i^bte)
:
il
reoit
l'ordre
Tu es en banquede souffleter les gens de son entourage. La pendule lui crie route. Partout il entend des injures, il lui en vient mme du soleil. Des influences tlgraphiques sont videmment en jeu. Il entend tomber des excrments humains
du plafond.
Des hallucinations de la vue aussi se produisent au cours de la maladie. Il voit tout dans son esprit, mme l'intrieur de son corps. Il voit son nom flotter dans l'air. Tout dans la chambre est transparent. Il voit devant ses yeux les papillons d'une collection entomologique prendre leur vol et partir; quand il essaie de lire, les lettres se sauvent devant lui travers la fentre. Souvent ses visions ont aussi un des parties gnitales volent et planent dans Tair travers la caractre obscne
:
oo4
chambre;
il
voit
un
femme
il
un got mtallique dans la bouche, surtout quand il sent sur son corps des courants magntiques. La nourriture aussi a parfois un got de poison; il
sent des cadavres d'excuts.
Le malade
ouvrant
la
se
masturbe continuellement
il
et
forte
paupire
Il
a dj des visions.
Un
mal.
certains
immdiatement qu'en battant ce vtement on pense lui monter lui et lui faire du moments, quand il pousse ses excs trop loin, les troubles de la percepsent
monomanie
fils
lectro-magntique, occupent
premier plan.
lit. Il
Il
ngative,
comment on
qu'on
le
de fer magntiques. C'est travers lui pnis avec un couteau. Ses poumons,
son cerveau, sa mmoire lui sont enlevs par voie tlgraphique par l'administration de rasile qui les revend d'autres personnes. Ces sensations et perceptions
le
malade
faire des agressions violentes contre ces derniers; parfois elles sont acceptes par
le
temps
l'intensit
de la raction ces
totale de la maladie crbrale qui a essentiellement volu sous forme d'hallucinations a dur plus de douze ans. Le malade, qui jusqu' la fin de sa vie fut trs adonn la masturbation, a succomb une tuberculose pulmonaire.
La dure
Observation LYIII. Paranoa base de neurasthnie sexuelle la mnopause. Weinmeier, cinquante ans, reue le 8 septembre 1880, d'ascendance inconnue, de tout temps nvropathe, irritable, difficile vivre, originale, depuis dix-sept ans spare de son mari; l'poque menstruelle, toujours dprime et atteinte de migraine; mre de quatre enfants; est entre dans la mnopause l't de 1879 (rgles profuses et irrgulires, frquemment sang la tte, irritabilit accentue, accs de migraine frquents, tiraillements gnants dans la colonne vertbrale, dans les jambes, chair de poule sur le corps). Au cours de l'hiver 1879-80, elle se plaijXrae
gnit
de pressions la
souvent oppresse,
elle
Au mois
de fvrier 1880,
devint
elle avait
conu
fils
qui voulait conclure un mariage qu'elle ne trouvait pas contte aprs les repas) ont t interprts
le
venable, cherchait avec son amante attenter ses jours. Des malaises dyspeptiques
(pression la tte et
les suites
mal de
et
par
elle
comme
poison. Elle en
tait
devint
toute
extnue,
la
fut
prise
de
fivre.
La langue
comme
enduite de blanc de cruse. Dans son eau minrale on lui mettait du calomel, car
rgulirement
tait
elle
attrapait
elle
diarrhe et du mtorisme.
Comme
elle
ne se sen-
pas en sret,
nulle part elle ne put retrouver sa tranquillit. Partout o elle allait, eUe tait l'objet
d'une surveillance
et
elle apparaissait,
on ouvrait
les
fentres des petits cabinets, de sorte qu'elle ne pouvait plus se tenir cause de
5o5
si
fait
comme
on voulait
Comme
dans
les
amene pour tre reue l'asile. Habitas nvropathique la partie gauche de la figure est moins dveloppe que la partie droite. Oreilles d'une grandeur anormale. Vertbres dorsales sensibles la pression. Organes vgtatifs sains. L'examen de Tutrus est refus. La malade est toujours mfiante et irrite. Elle ne veut pas rester au lit, car le lit de fer et le tableau de son chevet lui sont suspects ils conduisent de l'lectricit, et lui causent des maux de tte et du vertige. Elle se croit constamment travaille par le spiritisme et l'lectricit; elle rdige de nombreuses protestations contre son internement et des ptitions au tribunal pour tre remise en libert. Ses ennemis (son fils et son amante) ont corrompu le professeur de physique. Avec des verres ardents et des machines celui-ci agit constamment sur elle. Elle est mdium pour toute la ville de Gratz. On la scrute l'aide d'un tube. Elle le sent ses deux et alors ses penses sont divuloreilles. Dans le cerveau on lui cause un tourbillon gues tout le monde. On lui serre la tte avec une vis; on presse le cours du sang. On lui excite les nerfs de la tte de sorte qu'elle est force de pencher la tte en arrire. Cela se fait en partie avec un miroir concave qui produit l'effet du magntisme distance, en partie avec une cloche de verre invisible et suspendue au-dessus de sa tte. A l'exception de la vessie elle n'a aucun point dans son corps qui soit l'abri des effets distance du spiritisme. Le vertex est le sige de sensations de brCdure et de tourbillonnements, on la perfore entre les deux sourcils, on lui suce les oreilles, on lui presse l'occiput. Les tempes sont prises dans un tau, on aspire le sang de ses joues, ses paupii-es sont tires par les nerfs vers le front. Sur la langue on agit par des poisons, sur le nez
entourage,
elle fut
; ,
par des odeurs dsagrables. La respiration est entrave par des sensations d'oppression et de serrement sur la poitrine; les battements du coeur sont irrguliers. Pas de
ou diarrhe. Les perscutions entretiennent la malade dans une agitation permanente. Elle refuse les mdicaments calmants, dclarant que ce sont des poisons. Gomme l'tat restait stationnaire et que la malade se montrait inaccessible tout traitement, elle fut envoye dans une maison d'alins.
selles
CHAPITRE
II
FOLIE PILEPTIQUE
i.
La notion clinique de Tpilepsie a t considrablement largie depuis Hippocrate. La pathologie nerveuse moderne sait qu'au lieu du spasme tonico-clonique gnral avec perte de la conscience peuvent apparatre des
accidents nerveux qui au premier aspect semblent n'avoir rien ou peu de commun avec l'accs pileptique classique et qui pourtant doivent tre
comme les quivalents d'une pilepsie existante. quivalents de ce genre on admet l" Les simples lacunes dans l'unit de la conscience, les pertes ou obuubilations de la conscience durant quelques secondes ou mme plusieurs
considrs
Comme
minutes avec pleur de la figure. 'Absences accompagnes d'aucun trouble moteur, spcialement spasmodique.) il" Les mmes dfectuosits ou obnubilations de la conscience en combinaison avec des spasmes musculaires partiels. Ces derniers peuvent consister en un strabisme momentan, en grimaces, contorsions de la tte ou des membres, balbutiement de mots incohrents pendant un court instant.
3 Le mme trouble de l'intelligence accompagn d'actes impulsifs, automatiques, somnambuliformes, par exemple uriner, ramasser les objets qu'on rencontre par hasard sous sa main, fuir aveuglment, etc.
:
f.
Psijcli., I,
p. 323), les
qui semblent monter des parties priphriques du corps vers la tte et par consquent ont un caractre auriforme, qui vont de pair avec de l'angoisse, avec un trouble momentan de la conscience, avec une confusion des ides semblable celle de l'ivresse, avec des
Esquirol, Les maladies mentales, traduit en allemand par Bernhard, I, p. 167. Falret, pil., Paris, 1861. Delasiauve, L'pilepsie, traduit en allemand par Theile, 18.30. Russe! Reynolds, L'pilepsie, traduit en allemand par Beigel, 1865. Sander, Berlin. Jdin. Wochenschr., 1873, 42. Legrand du Saulle, Etude mdico-lgale sur les pil., Paris, 1877. Nothnagel, Ziemssens Hdb., XII. 2. Samt, Arch. f. Psych., V,
'
mme
5U7
mouvements automatiques des lvres et des mouvements de dglutition, peuvent avoir la signification d'accs pileptiques, surtout lorsque le malade, dans son rve confus, court droite et gauche,
dit des choses insenses, accomplit des actes insenss et prsente dune laon ritre ces accs de vertige. Les observations d'Emminghaus (Arch. f. Psijch., IV, fasc. 3) montrent comme probable que les paroxysmes de sueurs, qui, sans aucune cause
manifestent avec un relchement de l'innervation motrice et avec des tremblements, doivent tre interprts comme phnomnes d'un accs de
la
nvrose pileptique.
Tel est aussi le cas pour ces accs tranges de somnolence que
Westphal
(Arch.
f.
Psijch.,
{^ibid.,
VIII, fasc. 1)
ont observs
chez des malades suspects d'pilepsie, puis pour les accs de nvralgie (gnralement intercostale) qu'on a galement observs chez les pileptiques et qui marchaient de pair avec l'obnubilation de l'intelligence et
phnomnes accessoires de l'accs classique et convulsif, puis pour les syncopes qui reviennent souvent avec perte subite et retour brusque de la conscience, et enfin pour certains cas de soubresauts nocturnes, de somnambulisme, chez des personnes qui plus tard ont prsent des accs
les
pileptiques.
Avec cet largissement de l'observation clinique qui n'en reste pas moins encore trs incomplte, la fixation des signes caractristiques de l'accs pileptique devient de plus en plus difficile et pourtant indispensable si on ne veut pas laisser s'vanouir la notion clinique de l'pilepsie.
culier
un mode de raction partidu cerveau morbidement altr, et en mme temps un complexus de symptmes qui ne peut pas se rsoudre en un seul symptme isol. Le tableau clinique de l'accs pileptique se rgle probablement en
L'accs pileptique reprsente sans doute
des processus crbraux qui par exemple, le vertige dpend d'un spasme vasculaire des hmisphres crbraux, l'accs classique dpend de l'envahissement par le processus des rgions corticales motrices des centres sous-corticaux. Dans l'tat actuel de la science, il semble tout indiqu de considrer les absences et les accs de vertige comme des phnomnes quivalents de
rgionale
;
ainsi,
comme
ou chez
cette rserve devrait tre observe au moins les gens suspects d'pilepsie jusqu' ce que la signification de ces derniers phnomnes comme quivalents des accs ordinaires soit suffisamment tablie. On peut dsigner comme phnomnes communs aux accs pileptiques ou pileptodes apparition ritre sous une des formes sus-indiques,
:
dant
la
dure de
l'accs,
circulation
vasculaire.
358
symptmes consistent dans la pleur de la figure ou du fond de ou en troubles spasmodiques moteurs partiels ou gnraux. Dans tous les cas, un seul sjnnptme ne suffit pas pour diagnostiquer l'pilepsie, ni un seul accs non plus. Mais dans la pratique on a non seulement lutter avec la dfectuosit de nos connaissances quand il s'agit d'tablir quels sont les accs qu'on peut prendre pour pileptiques, il y a encore les difficults dues l'immense varit de forme des accs ei puis le danger de laisser passer inaperus de vritables et incontestables accs pileptiques. Tel est surtout le cas pour les accs qui se produisent la nuit et ceux qui n'ont que des allures vertigineuses. Dans ces accs il peut se faire que ni le malade ni son entourage ne se doutent de l'existence de sa grave maladie nerveuse. On peut considrer comme symptmes pouvant donner le soupon d'une pilepsie nocturne les incontinences nocturnes qui reviennent de temps en temps, ainsi que les chutes du lit, les ecchymoses de la figure, notamment de la sclrotique, les lsions de la langue, les maux de tte, l'abrutissement et la confusion des penses, l'abattement, la dpression au rveil. Le fait que l'pileptique n'est pas malade seulement pendant ses accs, mais qu'il est malade constamment et qu'il a une maladie nerveuse chronique, est d'une grande importance diagnostique. Les accs ne sont que des phnomnes particulirement apparents d'un tat morbide du systme nerveux central, quand mme cet tat ne se manifesterait que par interque
l'il
:
valles.
Cet tat peut tre hrditaire ou provoqu par des causes qui ont atteint
le
cerveau, et c'est ce qui explique alors que des causes accessoires minimes, comme la peur, peuvent faire clater l'pilepsie. La pathologie exprimentale a russi, en blessant la moelle pinire ou des nerfs priphriques (Brown-Sequard), en provoquant un branlement
du cerveau (Westphali, en blessant des rgions de l'corce crbral (Hitzig) crer artificiellement l'tat crbral morbide (transformation pileptique)
qui est ncessaire pour que les accs pileptiques se produisent. Cet tat crbral se manifeste par une augmentation de l'excitabilit
fonctionnelle
et
du centre
spasmodique.
Comme
soit
symptmes
tat
intervallaires
morbide en gnral, soit pour l'existence de l'pilepsie, ainsi que l'a dmontr l'exprience, et qui peuvent donner un relief aux symptmes d'accs sur la signification despour l'existence d'un
crbral
pourrait y avoir encore des doutes signes de la maladie nerveuse, on peut citer de constitution nvropathique, de faiblesse irritable, les
il
quels
Comme
les
phnomnes
vertiges, l'intolrance
pour
tels
l'alcool,
maux
notamment
que
la
crampes du
et la
jarret, les
phnola
mnes vaso-moteurs,
rougeur
pleur alternatives de
nystagmus.
W6d
Certaines parlicalarits du caractre (dit caractre pileptique) qui se manifestent chez beaucoup d'pileptiques quand on les observe de prs, indiquent d'une manire prcise l'existence probable d'une nvrose pileptique.
Il faut compter parmi ces particularits du caractre une irritabilit anormale, un naturel capricieux, oscillant entre les extrmes, entre la dpression psychique (morosit, tristesse hypocondriaque avec ou sans conceptions obsdantes, apathie intellectuelle, relchement, embarras allant jusqu' l'angoisse dans les actes les plus indiffrents, dpression, anxit) et l'exaltation avec accentuation morbide de la volont, mais surtout un
:
caractre ironique, susceptible, entt, obstin dans ses ides et qui parait incapable de s'accommoder loyalement de certaines conditions donnes et
qui en outre fait des malades des tyrans dans la maison, des misanthropes, des amis sur lesquels on ne peut compter.
bigoterie
de beaucoup d'pileptiques prsente une nuance de une dvotion pathologique, un genre Tartufe et hypocrite qui, suivant que le malade est exalt ou dprim, se manifeste par une exaltation religieuse ou une profonde mortification. Cette bigoterie, cet air de martyr forme une contradiction curieuse avec l'irascibilit, la combativit, la brutalit et la dfectuosit morale de ces malheureux pileptiques qui portent un livre de prires dans leur poche, ont le bon Dieu sur les lvres et la dernire des canailleries dans le corps (Samt).
Le
caractre
',
comme
pro-
dromes de l'accs pileptique ou pileptode en prparation, en partie comme phnomnes conscutifs l'accs, des symptmes dont l'importance diagnostique est d'autant plus grande qu'ils se prsentent typiquement
avant et aprs les accs. Les symptmes qui prcdent de plusieurs minutes, de plusieurs heures et mme de plusieurs jours, ont souvent le caractre d'aura. A ct de sensations montant des extrmits ou de l'pigastre vers la tte, accompagnes de sentiments de froid et de vertige, il existe dans le domaine psychique et sensoriel des hallucinations terrifiantes de la vue, de l'oue, parfois aussi de l'odorat, puis des impressions subjectives des sens telles que bruissements dans les oreilles, photopsies et chromopsies, notamment une lueur rouge % de l'angoisse prcordiale avec impulsions courir, de
la
dpression psychique, de raugmentation de l'irritabilit ordinaire, de l'humeur, des troubles dans la forme des conceptions (confusion, marche des ides alourdie, reprsentations obsdantes), une obnubilation de la
Morel {Tvail des mal. menl., p. JOi) a indiqu la dvotion exagre et la tendance l'asctisme de beaucoup d'pileptiques. Le fait a t confirm par Ilowden {Journal of )nent. se, janv. 1873), Echeverria {Amer. Journ. of Insunlty, juillet, JS73) et Samt {Op.
'
cit.,
*
147).
la
Il
mon observation personnelle, l'aura sensorielle consiste toujours dans vision d'un homme au manteau et la barbe rouges. Alors le malade a mal au cur. voit vomir le fantme. Cet aspect lui donne lui aussi un vomissement et il perd conDans un cas de
naissance.
oGO
allures
conscience semblable une ivresse. Parfois aussi apparat uue gaiet maniaques avec une marche acclre des conceptions, et des impulsions cleptomaniaques.
Comme troubles psychiques la suite immdiate d'un accs pileptique, on trouve une grande prostration psychique avec incapacit de penser, une profonde confusion et un trouble profond de la perception allant mme jusqu' un tat de stupeur dont la dure peut varier entre une demi-heure et plusieurs jours. En mme temps une grande dpression morale avec irritabilit excessive du caractre peut subsister combine avec des impulsions allures de raptus qui leur tour sont les produits des hallucinations terrifiantes, des perceptions hostiles, de l'angoisse, et qui peuvent mener au suicide, l'assassinat et la pyromanie. Des impulsions cleptomaniaques peuvent se prsenter comme phnomne partiel d'un tat d'exaltation forme de manie. Ce stade postpileptique de trouble de la conscience, de stupeur et de malaise psychique passe ordinairement trs vite et l'ancien tat de lucidit intellectuelle
revient.
Cependant, quand il y a des accs pileptiques accumuls, il arrive souvent qu'un tat crpusculaire, semblable au somnambulisme, existe dans les intervalles pendant lesquels le malade est en apparence tout fait revenu lui, parle d'une manire cohrente, agit de mme, vaque ses affaires; cependant il n'a pas repris compltement ses sens, il n'est pas en possession de sa conscience, de sorte que plus tard il ne se rappelle plus ce qu'il a fait dans cet tat. Cet tat crpusculaire pileptique particulier peut durer plusieurs heures. L'pilepsie ne va pas seulement avec des troubles lmentaires psychiques, souvent elle porte une atteinte durable et plus profonde aux fonctions intellectuelles, atteinte sur la base de laquelle des dlires aigus, plus rarement de vritables psychoses, peuvent se montrer, soit comme complications de la nvrose, soit comme quivalents des accs pileptiques.
Cette altration durable de la personnalit psychique peut tre dsigne par le mot de dgnrescence psychique pileptique; l'opinion ancienne a gnralement rsum ces complexus de symptmes transitoires sous le
nom
manie
et
que ce nom
collectif
encore t prciss cliniquement et d'une manire dfinitive. La psychose pileptique, c'est--dire la psychose qui est spcifique l'pilepsie et qui ne se rencontre que chez les pileptiques, n'a encore t
tudie dans les temps modernes que par Samt.
Elle
a des points de
notamment
Tous ces
celle
tats
qui se manifeste par des accs de courte dure. psychopathiques soit durables, soit passagers, sont compris
dgnrescence pileptique
S61
3 les
I.
examine l'tat mental d'un grand nombre d'pileptiques on consque chez la plupart d'entre eux l'intgrit des fonctions psychiques est trouble. Parmi les symptmes les plus constants de cette altration intellectuelle profonde on note 1" Une diminution des fonctions intellectuelles qui dans les cas bnins consiste en une simple faiblesse de reproduction, de perception et de combinaison des conceptions, et qui se manifeste cliniquement sous forme de dfaillances de mmoire, de formation difficile des jugements et des notions, de perceptions incompltes, et en gnral comme faiblesse fonctionnelle du mcanisme psychique. Cette faiblesse psychique peut comprendre tous les degrs de l'imbcillit jusqu' l'hbtude complte.
Si l'on
tate
:
Parfois ce
phnomne dguratif
et se
de l'individu
immoraux
et
dans cet tat de choses, les instincts criminels peuvent apparatre priodiquement et avec un
;
cachet tout
fait
impulsif.
f.
dmence
XI, fasc. 3) a tudi minutieusement cette Tout d'abord l'moussement temporaire de l'intelligence qui suit les accs pileptiques devient de plus en plus durable. La perception s'mousse et il faut des stimulants de plus en plus
[Archiv
Psycli.,
Sommer
postpileptique.
forts
pour produire des perceptions. Il s'y ajoute encore des dfaillances de la mmoire, d'abord pour les faits du pass le plus rcent. Peu peu les impressions et les faits du pass le plus recul disparaissent galement. Cependant le malade sent encore pendant longtemps cette perte et cherche autant que possible la dissimuler. En gnral, il a conscience de son triste tat qui lui est charge lui-mme et aux autres. Cela explique en
partie,
la religion o il cherche une son abngation pour les autres. Ces tendances religieuses et altruistes tournent cependant souvent la caricature par leur caractre bien prononc d'gosme et par leur grande irri-
d'aprs
consolation, son
tabilit.
Comparer Bourneville et d'Olier {Arch. de Neurologie, 1882, n'' 2) qui condmence pileptique comme un tat particulier. 2 Une irritabilit excessive d'humeur qui pour les moindres choses clate en motions de colre pour ainsi dire accablantes et pouvant aller jusqu'au paroxysme de la rage.
PSYCHIATRIE.
36
a62
3
se montrent dj dans le l'humeur morose, l'apprciation ironique et mfiante du monde extrieur prennent de plus en plus le dessus, se manifestent aussi dans la mimique et donnent l'extrieur et la physionomie du malade une expression sinistre. 4 Dans ce tableau de la dgnrescence se rencontrent par-ci par-l des reprsentations obsdantes, des dlires primordiaux de la perscution, des hallucinations terrifiantes, des accs d'angoisse, des actes impulsifs qu'on peut considrer soit comme aura d'accs pileptiques qui ont chapp l'observation ou qui ont avort, soit comme des troubles psychiques lmentaires et autonomes. 0 Dans une srie de cas avancs ou apparaissant ds la jeunesse, ces phnomnes de dcadence psychique sont accompagns par des troubles moteurs qui, notamment dans l'pilepsie datant de l'enfance, ont souvent le caractre de paralysies graves forme hmiplgique, et se compliquent facilement de contractures et d'atrophies musculaires secondaires. Dans d'autres cas, il y a du trmor, du nystagmus, des ingalits dans l'innervation faciale, des troubles forme chorique, des glossoplgies et des symptmes aphasiques. Les troubles sensitifs sont frquents aussi dans la dgnrescence pileptique. Ils peuvent se manifester comme nvralgies de nerfs dtermins ou comme hyperesthsie gnrale. Dans les stades terminaux de la dgnrescence pileptique, les symptmes de la dcadence physique vont de pair avec ceux de la dcadence psychique. Les traits de la figure prennent alors une expression abrutie, le tissu adipeux sous-cutan s'hypertrophie et rend les traits grossiers, lourds,
II.
Ils
dont
ment
et se rsolvent
de
mme.
Ils
peuvent
se rencontrer
comme
prcur-
comme
accs qui ne se manifestent qu'au bout de quelques heures ou de quelques jours ils peuvent aussi, et ce cas est plus rare, se prsenter comme accs intervallaires, mais autonomes chez l'pileptique. Ils apparaissent de prfrence particulirement aprs les accs pileptiques accumuls, surtout lorsqu'une priode sans accs les a prcds. Parfois il arrive que les accs pileptiques vertigineux ou classiques ne se prsentent pas et ils sont refouls pour ainsi dire par ces accs psychiques qu'on peut alors considrer comme leurs quiaccs subits, soit
;
comme comme
valents.
Il
fait s'est
lj(j:\
On dsigne habituellement
nom
d'pilep-
ou pilepsie psychique'.
Comme cette transformation de la nvrose et par suite cette substitution des accs se fait trs facilement dans l'pilepsie qui n'est que vertigineuse, le tableau typique de l'pilepsie tend s'effacer. De mme que les formes cliniques de l'accs pileptique ordinaire ont vu leur nombre s'augmenter au cours des recherches scientifiques, il en a t de mme des
accs psychiques et des quivalents.
raison,
plus forte
que ces derniers ne nous sont pas encore tous connus, et que beaucoup de cas d'alination suraigu, notamment de manie transitoire et de
raptus mlancolique, de folie priodique avec accs de courte dure, sont
en corrlation pathognique avec la nvrose pileptique. Les tableaux cliniques qui se produisent ici sont trs varis. Ils le sont surtout par le fait que non seulement les divers quivalents peuvent alterner chez le mme individu, mais qu'encore ils peuveut se prsenter combins dans un mme accs. Ainsi que dans les formes somatiques les plus diffrentes de l'pilepsie, un symptme, l'obnubilation de l'intelligence, pouvant aller jusqu' la perte de la conscience, reste constant, il en est de
mme aussi de ces accs psychiques. Ils se produisent sur le terrain commun d'une obnubilation qui peut s'accentuer jusqu' la suppression de la
conscience, obnubilation laquelle correspond
dfecteux, ou
un souvenir sommaire
le
terni,
mme manque
tout
fait.
la
fondement de
[)
variables sont
a) la
stupeur,
les tats
des dlires, des hallucinations, des tats d'anxit et d'autres troubles lmentaires, comme complications. L'obnubilation de la conscience donne alors aux actes et aux dlires de ces malades un cachet caractristique, incohrent, rveur, confus.
On a
alors
portants,
complication
d'autres
La
stupeur.
Elle existe rarement comme phnomne autonome, mais habituellement comme phnomne succdant aux accs. Elle peut durer d'une demi-
heure plusieurs jours. Elle existe rarement seule et isole la plupart il y a des dlires et des hallucinations terrifiantes parfois ceux-ci sont remplacs par des dlires religieux de nature expansive, caractriss par une incohrence et une absurdit allures somnambu;
du temps,
Leffrand du Saulle,.!.
d'/ii/f/..
avril 1875.
1878, fasc. 1
de la Soc. de md. lgale. Ann. dlujj. publ., cet. 1877). Weiss, Wien. med. Wochenschi:, 1876, 17, 18. Ann. med.psych., janvier, mars, mai 1873, Des Iransformalions pilep tiques. Legraiid.. Elude, p. 84.
364
liques.
Samt a aussi observ de la verbigration avec un tat de profonde confusion semblable celle d'un songe. Habituellement cependant il y a mutisme. D'aprs le mme auteur, cette stupeur pileptique diffre de tous les autres genres de stupeur par la difficult de la perception, le
trouble de l'intelligence trs accentu, la confusion et les explosions de
violence subites.
Ganster,
s
imbcile,
le lui
avait
venu le com-
mand !
de pillage,
12 aot
Il
se trouvait
d'hostilits, tait
en tat de dlire, parlait avec confusion de diables, de Dieu, profondment troubl intellectuellement, anxieux, stu-
pide pendant des heures entires, regardant devant lui avec des yeux fixes.
il
Le
revenait lui;
il
l'asile
il
partie
consistant en
sans aura, durent plusieurs minutes et laissent derrire elles un tat crpusculaire
durant plusieurs heures. Par suite du traitement avec le bromure de potassium (6 gr.) deviennent rares et disparaissent compltement avec le temps. En revanche, depuis 1874, des tats curieux de stupeur se produisent des intervalles de trois quatre mois; le malade alors est couch, les yeux immobiles, carquills, avec des
elles
il
muet, sans raction, la figure grimaante. La peau et les muqueuses sont trs ples pendant ces accs qui durent huit jours; les artres sont fortement contractes. Dans cet tat cataleptiforme, le malade reste dans les positions qu'on lui imprime, cependant sans flexibilitas cerea. Il ne dort pas il faut le gaver. Il laisse couler sous lui ses excrments. Les excitations de la peau et des sens ne provoquent aucune raction. Au bout de huit jours il reprend ses sens et ne sait rien de ce qui s'est pass. En 1877, se montrent plusieurs reprises des accs vertigineux. Le 13 mai 1877, un tat d'excitation psycho-motrice de plusieurs jours se produit
;
au cours d'un accs de stupeur, tat pendant lequel le malade, sans conscience, danse, tourne en cercle comme par obsession, tremble de tout son corps, verbigre et parle sur le ton d'un sermon sans fin, un idiome nouveau, incomprhensible, et ne contenant que des fragments tronqus de mots allemands.
Le 24 mai 1877,
le
tat crpusculaire.
dans les intervalles qui sparent une mais on le rencontre aussi comme trouble psychique atitonome avec une dure variant entre plusieurs heures et plusieurs mois. Ces tats crpusculaires indiquent un changement dntensit dans la continuit du phnomne. Ils apparaissent rarement sous forme pure; ils sont, dans la plupart des cas, compliqus d'autres troubles lmentaires. Comme tats ayant une grande importance au point de vue clinique et
Il
attaque de l'autre
mdico-lgal,
a).
il
faut citer
Les tats crpusculaires avec angoisse (petit mal, selon Falret), c'est-
-dire
le
563
profonde douleur intellectuelle allant juset qui se combine avec de l'angoisse, de la confusion dans les ides, et avec une obsession et une reproduction douloureuses, ordinairement limites quelques groupes de conceptions anxieuses. Sous l'influence de cette obnubilalion anxieuse et de cette oppression, le malade devient vagabond, oJiass parla terreur d'un endroit un autre. Il a souvent une perception hostile de son entourage, ce qui fait qu'il s'irrite contre lui. Souvent il se produit des actes impulsifs destructifs dirigs contre sa propre personne et motivs par la peur et par des ides obsdantes ou bien ils sont, pour la mme raison et par suite d'une perception hostile, commis contre les gens de l'entourage. Ces actes destructifs se signalent par leur violence brutale et par leur inexorabilit. Conformment la profonde confusion intellectuelle et l'obnubilation de l'intelligence pendant la dure des accs, le souvenir de ces faits n'est que sommaire et dans tous les cas trs obscur. Ce trouble est plus rarement postpileptique qu'autonome, et, d'aprs les observations de Falret, il se rencontre plutt sous la forme vertigineuse que sous la forme convulsive de l'pilepsie.
qu' l'allgorie
prouve
comme uue
dmonomauiaque
Observation LX. Etais crpusculaires pileptiques avec angoisse (petit mal). Schmid, employ de commerce, vingt-neuf ans, est n d'une mre nvropathe, atteinte de convulsions, a souffert lui-mme de convulsions jusqu' l'ge de cinq ans. A partir de cette poque, jusqu' l'ge de neuf ans, on a observ chez lui des tats de somnambulisme. Dans la priode qui suivait, le malade tait trs nerveux, irritable et facile pouvanter.
l'ge
il eut de violents maux de tte, une grande irritabilit motive. de dix-huit ans, tentative de suicide non motive avec des allumettes. Jusqu'
il
malade
et
souffrit
Il
un com-
merce
et s'associa,
commencement du mois
difficult
d'avril 1876,
sommeil
maux
de
tte,
rves
terrifiants,
ralit
lorsqu'il
se rveillait le
Dans
lui et le
la nuit
du
au
mai
1876,
il
menaait.
Il
se rveilla, hors
de
lui,
rade qui couchait dans la mme chambre et que, dans sa confusion, il identifia avec le personnage du rve. Pendant qu'il cherchait sans succs une arme, il reprit ses sens et reconnut dans quel danger il s'tait trouv, ayant t sur le point de tuer un
innocent. Le
se
6,
au matin,
il
tait
dprim,
et l'aprs-midi,
voulant se distraire,
il
alla
promener dans le parc de la ville. Tout d'un coup, il fut pris de vertige, tout tait noir devant ses yeux, une peur terrible le saisit. Il lui sembla que les passants l'attaquaient et le poursuivaient. Pris d'une angoisse indicible, il se sauva toutes jambes, sans savoir o. Dans cette
fuite,
Il
il ne voyait plus son entourage qu'avec des contours vagues. ne saurait dire combien de temps il a couru. Enfin, il s'affaissa, hors d'haleine,
;;66
et pria
par
l,
de
le
protger.
Quand on l'amena
;
l'hpital, ce qui eut lieu immdiatement, il avait la mine anxieuse et bouleverse son intelligence tait visiblement obnubile. Le soir, il devint lucide et dgag de
58). Au ct gauche de la pointe son angoisse. Le crne est grand (circonfrence de la langue il y a une cicatrice. Le malade nie avoir eu des accs pileptiques proprement dits. Comme l'observation conscutive n'a permis de constater rien de
:
notable, sauf une certaine dpression, le malade fut relch sur sa demande.
Si). Comme aggravation de l'tat que nous venons de dcrire, aggravation cause par un trouble plus profond de l'intelligence et par des dlires et des hallucinations de complication, se prsente le grand mai (Falret), c'est-dire le dlire hallucinatoire, perscutoire, furieux, et qui clate brusque-
ment.
Le sujet
dlirantes,
sens qui
de mort), la confusion
pileptique
et le trouble
de
la conscience,
un
frquents pisodes de stupeur, parfois aussi par des apparitions passagres de dlire religieux primordial. Comme raction contre cette terreur intellectuelle avec trouble profond, on voit se produire de violentes dcharges psycho-motrices sous forme de lutte et de dfense aveugles contre des spectres, contre les gens de l'entourage qu'on peroit sous un jour hostile, des tats d'irritation furieuse dans lesquels le malade rage et devient inabordable, talonn par la peur de la mort et le dsespoir, donne des coups autour de lui, mord, crache et devient trs dangereux pour l'entourage, ainsi que le prouvent les annales de la mdecine lgale. Comme varit rare de ce dlire hallucinatoire terrifiant, j'ai observ des dlires hypocondriaques. La rsolution de ces tats de grand mal est brusque, du moins en ce qui concerne le dlire; cependant, ordinairement, l'tat crpusculaire confus lui survit encore pendant quelques heures et mme quelques jours, ou bien le malade, aprs une phase de stupeur, revient l'tat de lucidit. La dure totale des accs varie entre quelques heures et plusieurs jours. Les souvenirs du malade, qui semble sortir d'un rve pnible, sont trs sommaires. Dans la plupart des cas, il y a prcisment lacune dans les souvenirs pour toute la dure de l'accs. Ces dlires se rencontrent surtout dans l'pilepsie convulsive, et pour la plupart comme prcurseurs ou comme suite immdiate des accs classiques, notamment des accs en sries.
Morbach,
semaines,
un homme le malade
de fonctionnaire, a t reu la clinique le 9 juillet 187G. Le pi'e excessivement irascible et port aux colres violentes. A l'ge de six
lut atteint d'un
l'ge de quatorze
ans
et qui,
convulsions dans les extrmits suprieures, en mme temps que du vertige et une obnubilation de l'intelligence. Aprs quelques mois et conscutivement une attaque de cholra, eut lieu le premier accs d'pilepsie.
saient pisodiquement des
Depuis,
les
567
ment
intellectuel.
la fin
Depuis
de
187"),
il
tous les trois mois. Aprs des accs accumuls, un tat crpusculaire se dclara
let 1876, tat
pendant lequel le malade tait sans sommeil, et paraissait troubl dans dans son esprit. Le 11, pendant la nuit, un dlire furieux terrifiant vint s'y ajouter. Le malade devint trs anxieux, sauta tout d'un coup du lit, saisit un autre malade qu'il serra la gorge, cria, se mit en rage et se dbattit furieusement. Le lendemain matin, il se trouva, son grand tonnement, au cabanon d'isolement. Il tait encore dans un lger tat crpusculaire, et put raconter seulement qu'il avait eu peur des assassins, qu'il avait entendu du fracas et des coups de canon terribles et avait vu tout en sang et en flammes. Le 13, l'aprs-midi, le dlire se le malade prsenta le mme tat que dans dclara de nouveau et dura jusqu'au 21 la priode du 11 au 12. Il rageait, criait au secours. La tte tait congestionne. Pouls de 120 140. Jusqu'au 23, l'tat crpusculaire persista. Le malade est soumis un traitement parle bromure de potassium (6 12 gr. par jour). Les accs pileptiques -deviennent rares; plus rarement encore et peine une fois par an il arrive avoir du dlire postpileptique similaire celui des temps passs. Le caractre pileptique (irritabilit, humeur morose) et l'imbcillil ne changent pas. Par moments le malade devient tout d'un coup agressif avec son entourage, par suite d'illusions parfois, (les figures des gens de l'entourage se transforment en masques horribles) de lgers tats crpusculaires se montrent avec hallucinations subites (voix injurieuses, nouvelles de la mort de parents, etc.), qui peuvent tre interprts comme
son aspect
et
; ;
fils
de paysan, reu
le
14 fvrier 1875, a
;
une
n'a
sur pileptique
En 1858, rpilepsie se dclare sans aucune autre cause. Au dbut, les accs reviennent deux ou trois fois par jour, plus tard tous les quinze jours seulement, mais ils ont un caractre plus grave et une dure plus longue. Grande irritabilit d'humeur, baisse mentale progressive. Depuis
tats de l'ge
de vingt ans,
typiques;
il y a parfois des Ces tats sont tout fait accs pileptiques qui laissent
et durent jusqu' huit jours. II claquer ses doigts, voit son pre s'avancer sur lui menaant, mconnat son entourage dans un sens hostile; tel est le dbut du dlire. Pendant la dure du
un trouble profond de l'intelligence et de la confusion: Tout cela nous vous m'assassinez, le bon Dieu ne m'abandonnera pas, nous reverrons en enfer. Le malade rage, se bat avec les gardes-malades, se dfend
dlire,
il
existe
percera jour,
d'une faon dsespre, ne tolre pas de vtements, dchire tout, fouille dans la paille. Episodiquement, gnralement la fin du paroxysme, il chante, jubile,
se
de la paille et de ses bardes une sorte d'autel autour duquel il excute il se croit au ciel. L'tat crpusculaire dure quelques heures et mme des jours entiers aprs le dlire. Amnsie absolue pour tout ce qui se passe penfait
des danses
dant ce temps. Le malade souffre de strabisme convergent depuis son enfance la pupille gauche est plus large que la droite. Il fut impossible de donner rgulirement au malade du bromure de potassium. Aprs un court sjour l'hpital, status epilepticus et mort.
;
568
L'apprciation y). Etats crpusculaires avec dlire religieux expansifK clinique de ces dlires qui ne sont pas rares chez les pileptiques, date de notre poque. Ils peuvent tre considrs comme des quivalents des
prsentent aussi d'une manire paroxystique et Ils roulent sur des visions de divinits et de choses divines (nomenclature de Dieu, Samt). Les malades se croient Dieu, le Christ, les Prophtes, s'imaginent tre au ciel, et cette croyance
dlires
et se
sus-nomms
contribue probablement provoquer des anesthsies musculaires et les dlires d'ascension vers le ciel qui en rsultent. Pendant leur dlire les
malades sont en rapport hallucinatoire avec Dieu, reoivent des rvlations, des prophties, des ordres, etc., par exemple de tuer leurs parents pour qu'ils puissent entrer au paradis. Les gens de l'entourage sont souvent pris pour des juifs, des impurs, etc., et gravement menacs. Au milieu de ce dlire qui les rend heureux, la scne peut changer subitement; le malade voit devant lui l'enfer, le jugement dernier, il devient un pcheur contrit et veut faire pnitence; mais il sort de ces pisodes toujours comme une personne batifie. Ces dlires religieux se distinguent par leur monstruosit et par leurs allures feriques. Dans la plupart des cas, le trouble de la conscience n'est pas trs profond et alors les malades se rappellent au moins sommairement les vnements du dlire cependant il y a aussi des cas avec absence complte de souvenirs. Episodiquement l'tat peut s'accentuer jusqu' devenir de l'extase. On observe aussi des tats de stupeur intercurrents. Aprs un tat de stupeur ou de crpuscule, le malade revient l'tat de lucidit.
;
Observation LXIII. Dlire pileptique religieux expansif. Tscherny, cinquante ans, journalier, fut atteint de convulsions pendant son enfance; une pilepsie
s'ensuivit.
Au dbut
les
un
intervalle de quelques
Dans les dernires annes, des dlires religieux s'y ajoutrent, et pour ce motif que le malade a t reu l'asile le 4 aoit 1873. L'observation sur lui pendant six ans a fait constater des accs pileptiques gmins qui se
prsentaient des intervalles de quelques jours, prcds d'une irritabilit croissante et suivis d'une obnubilation intellectuelle et d'une confusion durant plusieurs
heures. Le
bromure de potassium n'eut qu'un succs douteux. II n'y a pas d'anomalies crniennes, ni de troubles vgtatifs de quelque importance. Il existe un degr modr d'imbcillit qui se manifeste d'une manire incontestable. Le malade
est le type
homme
morose,
bon Dieu aux lvres, un livre de prires dans sa poche, soupire cause des sacrilges du monde, tourne les yeux au ciel aussitt qu'on parle des choses divines, de l'amour et de la bont divine mais quand un autre malade le trouble le moins du monde dans sa contemplation et dans sa srnit de pharisien, il ragit de la manire la plus brutale; une lgre
;
Toselb', Sur la religiosit des pileptiques, Arch. tal., mars 1879. p. 98. Skae, Journ. of mental science. 1874, attire Tattention sur le fait que les visions pileptiques d'Anna Lee ont donn lieu la fondation de la secle des Sfiakers (trembleurs), que les dlires de Swedenborg ont fait natre des sectes en Sude et en Angleterre, et que les hallucinations de Mahomet ont produit l'islamisme.
*
o69
pendant
qu"il
fait
tombe sur
en danger.
les autres,
sa prire table, par exemple, suffit pour qu'il et des querelles, et dclare la religion
pense Il se tient avec orgueil l'cart des autres; il ne travaille pas, vit dans la de Dieu et du Paradis, et considre son sjour l'asile comme un martyre pour lequel Dieu le rcompensera un jour. Trois ou quatre fois par an, tantt avant, tantt aprs les accs accumuls, il tombe dans un tat d'irritation et d'agitation qui alternent cet tat est dans la plupart des cas amen par une contrarit. Il profre des injures violentes contre son entourage mcrant et sacrilge; son intelli;
il prend les gens qui sont autour de lui pour des diables, croit en danger, croit devoir la dfendre, exterminer les ennemis de Dieu; rage, donne aveuglment des coups autour de lui, demande tre crucifi pour la vraie foi. A l'acm du paroxysme il tombe en extase, voit Dieu face face, se frappe
gence s'obscurcit,
la religion
Homme-Dieu,
le Christ, le vrai
champion
a voulu se faire crucifier pour la vraie foi, mais de Dieu, prophte et quand il voulut mettre excution son ide, il s'aperut qu'un tre dj tait attach la croix. Episodiquement, il rage et se livre des actes de fureur contre les gens
martyre.
Il
de son entourage profane qu'il prend pour des diables, des pcheurs, des impnitents.
considrablement trouble, mais il n y a pas accessible encore aux impressions de lacune dans les souvenirs. Le malade se souvient de ses visions divines, mais ne
Pendant
du monde
Les accs sont typiquement similaires cette diffrence prs qu'ils durent tantt
un jour seulement,
Un
tat crpusculaire et
une grande
irri-
du somnambule. Il agit dans le sens de ses ides romanesques, accomplit un rle ou une mission puiss dans son dlire et se met par l en conflit grave avec le monde de la ralit et avec ses vrais intrts. Ainsi, il peut se faire qu'en marchant il s'gare, qu"il se livre au vagabondage, qu'il dserte, qu'il commette des escroqueries, des vols, etc., actes dont ensuite il n'a aucun souvenir ou un souvenir trs sommaire '. La dure de ces tats varie entre quelques heures et plusieurs mois. Il parait qu'ils ne se rencontrent que chez les individus qui n'ont pas eu ou
blable celui
n'ont eu ([ue rarement des attaques d'pilepsie classique, mais en revanche
du
est pileptique;
un
Legrand du Saulle
(/i/wr/e
md.
Icf/ale,
p. 110) cite
la
commerant qui
s'tait
voyages sans plan ni but et qui, un jour, bord d'un paquebot Bombay, au lieu d'tre Paris.
fait sans prcdent dans remarquer par ses nombreux son grand tonnement et elTroi, se retrouva
comme un
fait
dj
o70
Le malade tait, dans son enfance, chtif, eut des convulsions, se dveloppa lentement, apprenant l'cole trs difficilement. A l'ge de treize ans, trauma capitis
avec perte de connaissance. Depuis sa jeunesse, penchant romanesque pour les chimres et les imaginations. Il lisait de prfrence des romans, des contes de chevalerie
et
souvent
il
les
choses lues et la
ralit.
rvait de
fait incapable s'adonna l'onanisme qu'il pratiqua jusqu' ces temps derniers. Ds son enfance nerveux, trs motif; il a t pris de peur violente en 1869, cause d'un chien qui le mordit la jambe. Longtemps encore aprs cet accident il se sentait nerveux, trs agit. Depuis il ne put plus supil
avait lues
ou
qu'il avait
vues au thtre;
l'poque, de la pubert,
porter
il
tait pris
de bruissement
dans la
par
tte et
le
malade tombait
d'un aura et qui
une
se
crise
montrent des intervalles irrguliers de plusieurs mois malade lui-mme dsigne comme tats sans connaissance. Pendant
il
est
incapable de penser,
fait
il
ne garde de ce qui se
sommaire. Les signes prcurseurs de ces tats sont des visions d'tres hostiles, menaants, mauvaise odeur comme si on avait brl du soufre, et un vacarme assourdissant dans les oreilles.
malade a t en outre pris parfois d'un trouble de l'inpendant lequel il agissait en partie dans le sens de ses des romanesques qui lui taient tombes du ciel , ou bien il accomplissait des actes tout fait impulsifs, motivs par rien, et dont il n'avait conscience qu'aprs leur excution, ce qui lui causait alors beaucoup de dpit et de chagrin. Ainsi il lui arriva qu'au milieu de la nuit il fut pris de l'impulsion de faire une promenade, et il se mit flner sans aucun but. Un jour qu'il faisait une commission, l'ide lui vint sans aucun motif de partir pour Leoben. Il la mit excution aussitt et le lendemain son grand tonnement il se rveilla Leoben, ne comprit pas cette btise pour lui inexplicable et rentra tout honteux avec de l'argent qu'il emprunta. Il ft des excursions semblables et sans but Mai'burg, Fuerstenfeld, etc.
le
La guerre franco-allemande a produit sur le malade une profonde impression. Il journaux rapportant les victoires de l'arme allemande souvent il s'enivrait de l'ide qu'il tait un hros lui aussi, de l'ide de se faire soldat et ensuite empereur. Souvent il avait l'ide de devenir pi^ince rgnant, de fonder un royaume, de livrer des batailles, de se conqurir une belle fiance. Dans ces dernires annes, il lui arriva plusieurs reprises, environ une ou deux fois par an, et pendant une priode de cinq six semaines, de s'absorber compltement dans ses ides fantastiques qu'il dsigne lui-mme comme tombes des nuages alors, dans cet tat trange et crpusculaire de la conscience, il prenait pour la ralit tout ce qu'il avait considr jusque-l comme un jeu de son imagination. Quand mme alors sa conscience s'claircissait pour quelques heures, la simple mditation de ses ides romanesques suffisait pour qu'il transformt en ralit apparente ce que le monde de son imagination lui avait prsent. Alors il se croyait roi, chef d'arme et dirigeait des batailles. Tout d'un coup la comprhension du caractre insens de ses projets lui revenait et il comprenait qu'il n'avait que rv.
se dlecta la lecture des
;
;
571
Aprs ces accs il se sentait pendant longtemps las et puis intellectuellement. Le souvenir de cet tat de rves n'tait que trs sommaire.
Au cours de l'automne 1874, le malade eut des troubles des deux yeux, troubles accompagns de symptmes de mal de tte frontal et de sensations de brlure dans
les orbites.; cela le rendit
commen-
cement du mois de janvier 187o. Le sjour l'hpital ne lui tait pas agrable; l'aspect des malades le faisait souvent trembler de tout son corps; de plus, pendant la nuit, il tait hant par toutes sortes d'images terrifiantes. Le 18 mars 1875, au soir, le malade, jusqu'alors tout fait libre psychiquement, se mit crier subitement Je suis le roi Stuart. Donnez-moi une pe et le cadavre de ma mre. une injection de morphine de Gsr, 04; il redevint Il dlirait, rageait; on lui fit calme et, aprs un tat crpusculaire, il reprit ses sens le 19 au matin. Il se souvenait seulement que le 18 au soir, au moment de se mettre au lit, il avait t tout d'un coup entour d'une foule d'tres, avait entendu un vacarme terrible et avait t pris de vertige. Les jours suivants, le malade tait tout fait lucide, mais lgrement alourdi et il se plaignait de mal la tte. Le 29 mars, le malade est
:
coup de terreur
il
et
reste
que des convulsions se produisent. A produit chaque jour plusieurs accs de dlire strotyp. Les accs commencent ordinairement par un bruit de bataille. Le malade demande son pe, s'lance comme un gnral en chef la tte de ses troupes vers l'ennemi, s'escrime furieusement et
a le vertige, s'affaisse en respirant conpendant dix minutes dans cet tat sans partir de ce moment jusqu'au mois de mai il se
plit,
donne des coups d'estoc autour de lui, ranime les siens au combat. Il les mne la Te Deum, marche de la victoire, que le malade chante et tambourine. Puis banquet de gala avec toasts, il est proclam duc, on distribue les dcoravictoire, ensuite
tions gagnes sur le champ de bataille, discours adress l'arme, solennit commmorative en l'honneur des soldats morts, consolations leur famille; aprs quoi Son Altesse se retire avec sa fiance princire dans la chambre nuptiale et s'endort. Parfois il y a encore un pilogue il vante les charmes et les vertus de sa fiance
:
dant l'accs
sont
Les pupilles ordinairement d'une largeur moyenne se dilatent au maximum penla tte et les extrmits sont froides, le pouls ordinairement 60 monte 100; il est trs petit et acclr. Les impressions la douleur et au toucher
;
le malade y fasse provoque une prompte raction, mais n'a aucune influence sur l'volution de l'accs. Par contre, les injections de morphine aux doses de Os'',01 0s'-,02 agissent et coupent l'accs si on les fait ds le dbut. Les accs qui durent plusieurs heures, arrivent brusquement, irrgulirement l'impulsion est donne par le vacarme, un bruit de dtonations, etc., mais surtout par le fait que le malade
s'abandonne de lui-mme ses ides romanesques qui alors s'accentuent immdiatement jusqu' l'intensit d'hallucinations et le placent tout d'un coup dans le monde de ses rves. Pour cette raison il vite autant que possible de parler de ses ides , car autrement il se mettrait de nouveau dans son tat. Pour les incidents passs pendant l'accs ainsi que pour les faits du dlire, il n'y a chez lui aucun souvenir ou la plupart de temps un souvenir trs sommaire. Aprs l'accs le malade est lgrement stupide, son intelligence est un peu obnubile; il est trs irritable, se plaint (le mal de tte, de vertige. Si un accs nouveau se produit au bout de quelques
heures, l'intelligence ne s'claircit pas tout
fait
pendant
l'intervalle.
il
Dans
la
priode intervallaire
le
malade
est lucide,
mais rveur;
s'abandonne
Il
ses ides romanesques, hant par des rves nocturnes, plein d'angoisse.
se plaint
S72
souvent de
gination.
maux
monde
de son ima-
du 24 mars on lui donne chaque jour 6 grammes de bromure de potaspeu peu cette dose est porte \i grammes. Un succs bien net n'a pu tre constat. Fin mai, les accs dlirants devinrent plus rares. Le 6 juin, aprs un accs, alors que le malade paraissait lucide, il devint d'un coup douloureusement dprim, demanda vivement s'en aller et menaa de tout casser. L'intelligence tait profondment trouble, la mine dfigure. Deux tentatives de suicide se suivirent rapidement. Le M juin, cet tat de dpression aigu disparaissait subitement. Le malade ne savait absolument rien de ce qui s'tait pass. Jusqu'au 12 juillet, il n'eut pas d'accs il se trouvait bien, lucide, part ses maux de tte et son abandon ses
partir
et
sium
rveries.
Le mme jour des sensations nvralgiques se dclarrent la rgion temporale gauche, auxquelles se joignirent des hallucinations terrifiantes (vue de cadavres,
guet-apens de brigands, crasement par des machines). C'tait l'aura d'un accs pendant lequel le malade prit le mdecin pour un archiduc, se crut lui-mme un souverain et
commanda
mouvements spasmodiques
d'une demi-heure cet accs
Au bout
malade n'en
Avec cet incident le cycle des accs fut clos. Le malade resta partir de cette poque tout fait lucide et dclara avec joie qu'il tait dbarrass de son mal de tte agaant ainsi que de ses stupides ides romanesques. Jusqu'au milieu du mois de novembre 1875 on ne remarqua plus rien d'insolite chez H... Le 15 novembre, le mal de tte avec trouble du sommeil se manifesta. Le 17 au soir, il pensa au thtre. Tout d'un coup, il vit devant lui la scne, elle marcha vers lui; il se crut roi, cheval au milieu d'une fort. Alors on tira un coup de fusil sur lui; frapp, il tomba de cheval et le rideau fut baiss. Aussitt il s'est retrouv dans le monde
des ralits.
Dans
la nuit
du 17 au
18,
il
se leva,
rampa
le
long du
sans
mur
de la chambre pour
s'affaissa
brusquement, resta
pendant une heure et demie sans connaissance puis s'endormit. Amnsie pour cet incident.
Le 18 novembre dans l'aprs-midi, tat ayant
heures, avec dlire
symptmes spasmodiques,
d'un songe, durant trois
les allures
du
il
tement celle de l'accs du 17. Le malade n'a de cet accs qu'un souvenir sommaire sait que cette attaque dbuta par des bourdonnements d'oreilles et un mal de tte
Espagne, Paris,
etc.
Le 23 novembi-e, dans l'aprs-midi, le malade tout d'un coup regarde fixement devant lui. La figure a l'immobilit d'un masque, les joues sont injectes, roses. L'hypermie se rpand sur la nuque, sur les paules jusqu' la hauteur de la huitime vertbre dorsale. Les influences mcaniques sur la peau de ces parties provoquent une rougeur vive qui ne disparait qu'aprs un certain temps. Cette hypermie ne peut pas tre provoque sur les extrmits. Pouls 90, trs plein, mou. Le malade a perdu
les
sens et se met prorer dans un vritable pathos Catherine d'Ecosse, avez-vous dj l'uni vos preux cavaliers? Nous allons les faire partir. Rassemblez votre
:
mon pouse! Partons ensemble le jour de notre mariage, dussions-nous renoncer au plaisir qui appartient ce jour de grand bonheur! Qui
oserait rpandre le sang d'un roi? Ralliez-vous! C'est triste d'tre troubl le plus beau jour de sa vie. Que les lames fassent entendre leur cliquetis, les canons leur tonnerre,
o73
les
murs de
ne
les
avec
toi.
!
Faites
occuper
!
immdiatement
le le ciel!
monde chante
regards vers
peuple
Plantez les canons l sur cette colline Peuple Que tout Te Deum et, quand vous apeixevrez l'ennemi, tournez vos Peuple chri! Tiens ferme auprs de ton roi! Catherine, ceins
toi aussi, le
ton pe et dfends,
!...
bonheur
il
et prosprit
notre
Don Carlos doit se rendi'e, mort ou vivant, sus, tuez-le!... En avant, malade prenant une chaise frappe du ct de son entourage), Catherine d'Ecosse vit pour vous... Vous ne l'avez pas encore rejoint l'assassin? Mon peuple ne sera point ta victime! Comme ils se battent! Que Dieu vous bnisse! Votre sang vous sera compt richement. Je suis encore sans blessure. Catherine, ton cur mrite des couronnes de lauriers Un tat de stupeur s'est ajout ce dlire. La nuit du 23 au 24 le malade dormit bien. Le 24 au matin, il est encore en tat crpusculaire. Amnsie pour l'accs. Pouls 72. Artre contracte.
de Castiglione
(le
en avant
le
malade
quelques
maux
lit, il
de tte et
Le
18, l'aprs-midi, le
malade a
1
les
yeux
fixs
en haut. Mis au
un
tat
heure 5 heures du
soir.
Pas de
mation dtache
Le 19 au
malade tombe tout d'un coup vanoui, il reste par terre trois quarts d'heure immobile, les yeux flxs en haut, les membres relchs. Pouls petit, artre contracte. Tout d'un coup le dlire clate, roulant sur la mort des ennemis, la victoire, le mariage, et dure une heure. En mme temps, une rougeur se rpand de nouveau sur la figure, les oreilles, la nuque, la poitrine, le dos jusqu' la hauteur de la huitime vertbre dorsale. Le pouls devient plein, 88. Le front est couvert de
soir, le
un tat crpusculaire avec angoisse et visions de figures sommeil de plusieurs heures. Le malade se souvient seulement qu'au dbut de l'accs, il a vu des tres menaants qui demandaient son cadavre.
sueur.
dlire s'ajoute
Au
horribles. Aprs,
Il
ils
se
mirent sonner
les cloches
Une lutte s'engagea. Ce qu'il se passa ensuite, il du 20 janvier jusqu'au 18 mars, il n'a pas d'accs et
maux
de
tte.
bti, assez gras. Le crne est d'normes bourrelets. Le nez est dvi droite. L'il gauche s'carte de la ligne visuelle vers le ct gauche. Sur les paupires infrieures existent souvent des convulsions fibrillaires. Processus atrophique de la chorode aux deux yeux formant couronne autour de la pupille. Le fond de l'il, surtout la macula lutea, est intact. On remarque souvent du nystagmus. Comme les accs ne se reproduisaient plus, le malade fut remis en libert au mois de juillet 1876. Dans la priode qui suivit, il tait irritable, nerveux parfois tat crpusculaire et accs de douleur temporale; un moment il eut pendant deux jours la langue paralyse, c'est--dire qu'il tait muet. Au commencement du mois de septembre 1876, il fut de nouveau atteint d'ides romanesques, expansives. Il lui
est
Le malade
de
taille
moyenne, vigoureusement
il
lui
semblait qu'il
gens en habits de
fte.
Dans la rue il voyait Il croyait devoir rapporter sa personne ls ftes par hasard quelque part. Il erra de nouveau comme
Evviva
derrire lui,
quelquefois aussi
574
homme! Souvent il fut assailli par des sentiments d'angoisse avec tourmentante qu'on allait l'assassiner. Au commencement du mois d'octobre, son pre l'envoya pour rgler des affaires Unterstein et lui donna 40 florins pour les frais du voyage. En route il s'embarqua dans des ides politiques exaltes. Il lui semblait qu'il tait appel prendre part la guerre serbo-turque, assister la confrence de Berlin. Il se sentit alors dans la position d'un ambassadeur qui inspecte un pays il erra sans but, s'gara en marchant dans des forts, et arriva en Hongrie. L (fin novembre) se produisit un dlire pisodique terrifiant, alors qu'il se trouvait dans un restaurant. Avec de violents maux de tte il fut pris d'angoisse vive, se voyait entour de cadavres, entendait des cris et sonner le tocsin. Trois jours aprs il continuait errer comme dans un rve; et il fut alors ramass vanoui la gare des gens ayant eu piti de lui, lui donnrent un billet de chemin de fer pour Gratz, il partit, mais arriv il ne reconnut plus sa ville natale et alla sans but Obersteier. L, il y eut recrudescence du dlire terrifiant. Pendant deux jours ses yeux se voilrent compltement; il entendait un bruit terrible de canons, voyait des btes sauvages, ne comprenait pas la langue des gens, se croyait en Australie ou ailleurs. Aloi's lui vint lde que le bruit des canons tait des salves tires en son honneur, qu'il tait un trs haut personnage et qu'il visitait le pays, envoy en mission. Il reprit le ti'ain pour Gratz. Quand il arriva dans cette ville, les canons
l'ide
Il
il
doit persvrer,
mnera au
cembre, il revint lui, sortit de cet accs qui durait depuis le commencement du mois d'octobre; il n'avait qu'un souvenir sommaire de cet tat crpusculaire, avait la tte lourde, la bourse vide, et il ressentait une douleur profonde de ce qui venait
de
lui arriver.
Le 30 dcembre 1876, de nouveau reu la clinique, il ne prsenta rien d'insolite, sauf un sommeil agit, une humeur morose, irritable, des sensations olfactives pisodiques d'herbes brles. Ainsi on put de nouveau acquiescer sa demande de
rentrer chez
lui.
il
Le
6 juin 1879,
fut de
nouveau
reu. Jusqu'au
En janvier
il
s'gara et
;
mais Quelques semaines aprs, dans un voyage entrepris pour affaires, il eut une nouvelle odysse au cours de laquelle il tomba dans la neige et faillit mourir de froid; mais, aprs avoir perdu ses bagages,
eut pisodiquementun dlire hallucinatoire terrifiant
tait dj rentr chez lui.
il
malade disparut de la maison et ne rentra que le 3 juin de donner aucun motif pour ce voyage Vienne, et il n'a gard qu'un souvenir sommaire de son sjour dans cette capitale. Il a dans cette ville err en bientt aprs son arrive et une autre rve, sans but, fait de petites escroqueries fois vers la fin du mois d'avril, ileutun dlire pisodique hallucinatoire teiTifiant qui dura plusieurs jours. Il sait, en outre, qu' cette poque il se prenait pour un grand seigneur et avait l'occasion l'ide de se rendre Saint-Ptei'sbourg pour y mettre les choses en ordre, qu'il se croyait un grand crivain et crivait des romans. Dans son dlire terrifiant, il voyait des cadavres sanglants, l'croulement du plafond. Il entendait un vacarme terrible, la ptarade des coups de fusil; des boulets de canons frappaient les murs. Puis il entendait les lames de la mer se briser contre un obstacle, il se croyait sur un navire; on tira sur lui; des flammes le lchaient, etc.
Le
2
mars
Il
1879, le
sait
Vienne.
ne
Le 6 juin 1879
le
malade
tait arrt
pour une
saisi
d'une motion trs vive, prit un couteau qui tait sur la table
voulut se couper la
wm
On lui arracha le couteau, il se mit en rage, entra en appela ses hussards, livra une bataille contre ses ennemis et l'ut reu l'hpital en plein dlire de bataille. Le 7 juin il tait sans dlire, mais il tait encore en tat crpusculaire, se plaignait de violents maux de tte, avait tm souvenir sommaire, prtendait que tout un escadron avait charg contre lui. Il ne sait pas comment il est arriv l'hpital. 11 est encore sous l'impression qu'il est un grand personnage, un sorte de grand gnral, il se compare au roi Philippe de Macdoine dont les dbuts furent galement modestes. Le 11 juin, l'tat crpusculaire disparat. Dans la priode qui suit, le malade a des
rves pnibles d'incendie, qu'il est cras, pris entre
comme
fois
deux machines, etc. il est auparavant nerveux, irritable, mais constamment lucide, et il est remis une de plus en libert aprs avoir t soumis une observation de plusieurs mois.
;
Etats crpusculaires avec excitation forme de moria\ d'une dure variant entre plusieurs heures et plusieurs jours. Samt a observ plusieurs
t).
reprises cette forme qui est peut-tre la plus rare dans les troubles pilep-
tiques transitoires et dans laquelle le malade prsente le tableau d'une moria apparente (courses puriles, rire, plaisanteries btes, grimaces,
mais ce tableau se distingue nettement par le trouble profond de l'intelligence, les lacunes de la mmoire, de la forme transitoire analogue de la simple alination maniaque. Il a constat plusieurs fois qu'elle s'accompagne de stupeur conscutive ou pisodique.
farces, etc.),
BleiObservation LXV. Etals crpusculaires avec excilaUon allures de moria. muth, vingt-cinq ans, fille d'un journalier, ds son enfance pileptique et imbcile, a t trouve dans un champ, quelques heures de marche de son village nataj, dans un
profond tat crpusculaire, chantant et dansant; on l'amena l'asile d'alins. L'observation l'asile fait constater de frquents accs pileptiques qui, pour la plupart classiques et accumuls, reviennent des intervalles de quelques jours. Puis et en mme temps que ces accs, mais parfois aussi comme phnomnes autonomes, il y a des paroxysmes d'agitation allures de moria qui se ressemblent typiquement,
durent parfois jusqu' trois jours et qui ne se distinguent des tableaux analogues de la manie que par la profonde confusion intellectuelle et par le trouble de la conscience.
La malade
se
met
de
rire,
marche en
se dandinant,
prend
des attitudes grotesques, se roule par terre, dorlotte les malades et les mdecins qu'elle ne reconnat pas, se dbarrasse de ses vtements, s'arrange les cheveux, parcourt la salle d'un bout l'autre. Pouls petit, artre contracte, extrmits froides insomnie tant que dure l'tat d'agitation. Un profond tat crpusculaire persiste
;
aprs cette agitation pendant quelques heures et mme pendant un jour. Amnsie absolue pour ces paroxysmes qui se manifestent deux ou trois fois par mois. Le bro-
rsultat.
Eu face de ces tableaux protiformes il est de de reconnatre la nvrose qui en est la base. A cet effet, sont d'une grande importance
:
la
L'tiologie
du
cit.,
inter-
'
Falret,
Op.
p. 10.
Samt, Op.
cit.
576
vallaires, les
symptmes de
l'accs et la
il
faut considrer
comme
importants
la
l'existence
pass d'accs qu'on pourrait suspecter de caractre pileptique. dans Sous ce rapport les symptmes suivants sont d'une grande importance convulsions dans l'enfance, accs de soubresauts nocturnes, somnambu:
lisme et autres phnomnes reconnus par la science comme accs pileptiques ou pileptodes. Il faut particulirement faire attention aux indices des accs qui se produisent la nuit ou pendant le sommeil.
3
La nature pileptique d'un accs psychique est indique Par le fait que l'accs se prsente avec des symptmes allures d'aura, comme c'est le cas dans les attaques pileptiques ordinaires
:
2.
phnomnes qu'on rencontre ordinairement comme consquence immdiate des accs vertigineux et classiques, notamment la stupeur le carac3. Par les traits caractristiques suivants de l'accs lui-mme
;
ture de Dieu
surtout
quand
grave de l'intelligence, la mnes pisodiques de stupeur 4. Par le manque de souvenir pour les incidents de l'accs. Ainsi que Samt l'a dmontr, ce souvenir peut exister immdiatement aprs la fin
;
ou bien aussi la nomenclaaux dlires, ensuite le trouble confusion allure somnambulique, les phnoelle se joint
mais il disparat ensuite; Par la comparaison des accs, en tant qu'ils prsentent une parfaite ressemblance typique, ou du moins (il y a souvent des quivalents) quand on peut dceler le retour de certains accs semblables entre eux 6. Par les actes des malades pendant ces accs avec le degr de profonde
de
l'accs,
o.
;
rverie de l'tat crpusculaire, avec le ple-mle confus des conceptions, le caractre terrifiant des dlires et des hallucinations qui remplissent
la conscience; les actes,
du moins dans les formes du petit mal et du grand peuvent manquer de tout motif, de but, d'gards, tre brusques, mal, bruyants, sans examendes moyens, souvent impulsifs, avec des explosions
de rage aveugle
et
TH.
quivalents prolongs^
Chez les pileptiques il y a des accs de dlire qui durent plusieurs semaines et mme plusieurs mois et qui, par leurs caractres particuliers, indiquent nettement la base pileptique et trahissent leur caractre spcifique.
'
Comparez Samt
(0/j.
cit.),
groupe
II et IV,
577
Nous devons
cette constatation
Samt
mme quand
il
n'y a
Samt reconnat comme symptmes spcifiques de la folie pileptique: lexplosion brusque, la prdominance des tats d'angoisse avec dlires terrifiants ayant surtout pour sujet des dangers de mort et avec hallucinations du mme genre pour les hallucinations il faut remarquer cette
;
marche menaante de peuples assembls qui enveloppent le malade, apparition si frquente chez les pileptiques, et en mme temps l'intercalalion pisodique du dlire des grandeurs, surtout religieux (nomenclature de Dieu) ensuite une violente irritation, une lucidit relativement intacte avec un vritable tat crpusculaire, la dtente progressive de l'accs et les diffrents genres d'absence de mmoire pour les incidents qui se sont produits; ensuite une violence inexorable et excessive, la stupeur avec
;
raction caractristique dans le langage et d'une intensit variable; enfin divers degrs de confusion, allant de la lucidit partielle l'absurdit et
l'incohrence
allures de delirium
et
hallucinatoire
vent plusieurs reprises et dsigner aussi bien comme des tats de folie pileptique. En faisant abstraction des cas dans lesquels les antcdents pileptiques n'ont pas t srement tablis, rserve qui s'impose dans un manuel destin aux
les
ici reprsentent pour la plupart des quivaou plus exactement des quivalents qui rcidiqui en mme temps se prolongent. On pourrait
il y a dans la sphre de mes observations personnelles et en envisageant les choses comme nous venons de l'indiquer, des cas de petit mal
tudiants,
de grand mal, ainsi que des dlires religieux et de la stupeur. caractres communs ces tats on peut citer le trouble de l'intelligence (surtout de la perception), plus profond et plus durable que celui qu'on observe dans les psychoses ordinaires, ensuite la grande confusion des conceptions, les rmissions profondes allant jusqu' des iuteret
Comme
missions du dlire, mais dans lesquelles s'intercalent alors ordinairement et de stupeur, de plus le souvenir trs sommaire et mme nul pour les incidents de l'accs, enfin l'explosion brusque de
des tats crpusculaires
l'accs et sa rsolution par
Observation LXVI. Dlire postpileptique prolong. Coriary, vingt-cinq ans, dcembre 1881 la clinique psychiatrique. Il est n d'une mre aline, s'est dvelopp lentement; tait trs peu dou intellectuellement. A ]'ge de quinze ans il fut frapp d'alination mentale et passa deux ans dans un asile d'alins. D'aprs la description qu'il donne de son cas, il s'agissait d'accs se renouvelant chaque mois, pendant quinze jours et ressemblant ceux dont nous parlerons plus loin. Dans la priode qui suivit son sjour l'asile, il tait bien portant, rang et appliqu dans ses tudes. Dans la seconde quinzaine du mois de novembre 1881 il eut un rysiple de la tte avec fivre modre. Le 4 dcembre 1881
tudiant, a t reu le 7
il
Il
37
578
personne quelques passages du sermon traitant de la mort et du pch; il rentra lui, pleurant, dprim, boulevers, ple; il avait Tair fatigu et se plaignait d"un violent mal de tte. S'tant mis au lit, il vit toute la chambre souleve en l'air avec lui. Il lui semblait que Dieu le prenait par les cheveux et l'enlevait. Il sentait la partie infrieure de son corps glace; au-dessous de lui il voyait un abme noir. De peur il se mit rciter des prires; il sentait des animaux qui rongeaient son corps; il pria
chez
Dieu de ne pas le laisser tant souffrir. Alors il sentit qu'on le descendait de nouveau vers le sol et que les animaux taient engloutis par l'abme. Le o au matin il alla au cours des tudiants. Alors il entendit une voix crier Que feras-tu, toi qui as souffert pour tant d'mes (damnes) ? Comme il pleurait et qu'il avait la mine toute bouleverse, on le fit rentrer chez lui. Arriv la maison il fut pris d'angoisse. Il prit son livre de prires, lut quelque passage ayant trait la mort
:
et eut la chair
de poule.
resta au
lit,
Le
tait
6 et le 7
il
il avait l'air profondment boulevers, il par terre cause de ses douleurs de tte. Pas de points douloureux spciaux. Crne rgulier. Pas de fivre. Rien du ct des organes vgtatifs. Jusqu'au 18 dcembre le malade n'a pas de sommeil, sauf quelques nuits o on lui a donn du chloral; profondment confus, troubl, l'exception de quelques courts pisodes de lucidit relative de la conscience. Il chante souvent des cantiques, prie beaucoup en disant que cela le soulage et que le jour du jugement dernier est proche. Il raconte que des voix lui crient qu'il est un grand
se roulait
Il
femmes
assomm.
Il
le
et
des violettes.
il
Le 18 dcembre le malade a une figure dgage, il n'a plus d'hallucinations, mais reste encore dans un lger tat crpusculaire. Il a un souvenir sommaire des inciil
chur des
;
anges, avoir senti tantt des parfums agrables, tantt des odeurs dsagrables a cru comparatre au jugement dernier et a eu une sensation dlicieuse quand
class
il
il
fut
n"a
parmi les justes. Il nie avoir des antcdents |3ileptiques. D'un autre ct on pu malheureusement obtenir aucun renseignement sur lui.
partir
qu'il aurait t
1882, il est moins lucide, dprim, taciturne, et il met l'avis perdu s'il n'avait pas tant pri. Le 8 janvier au matin, on observe chez lui un accs pileptique gmin. Immdiatement aprs son intelligence est considrablement trouble et il se trouve dans un tat tout fait crpusculaire. Il se plaint lui-mme d'tre malade et d'avoir la tte confuse, de n'avoir pas dormi la nuit, d'avoir t pris de vertige quand il se levait pour uriner et d'tre tomb mme par terre une fois. Il avait entendu continuellement des grincements de dents, avait eu une sensation d'oppression comme si le jour du jugement dernier tait arriv. Le matin il a vu la fentre un rideau jaune fonc, dchir au milieu, comme le rideau du Temple qui s'est dchir la mort du
Christ.
du 4 janvier
(6
Au cours de la journe le malade devient de plus en plus troubl et grammes de bromure de potassium par jour). Le soir il est en plein
boulevers
dlire, voit
le ciel, l'enfer, le
purgatoire, le rideau jaune couvert des larmes des dcds. Il est sans sommeil, anxieux, oppress, chante des cantiques religieux, raconte, le 9 au matin, ses visions, les trompettes et les autres bruits, le parfum des violettes, les
pressentiments de sa dlivrance
et
il
oTO
Abraham,
il
comil
parut devant
le
fut
compt parmi
Malgr cela il est anxieux, oppress, boulevers, dclare d'un ton pleurnichard que c'est lui le Christ et prtend d'un ton irrit que ces maudites putains et les calolins l'ont dj martyris L...; il se met tout d'un coup lier conversation avec la mort qu'il voit dans un coin. Irrit, dlirant, confus, il se croit, l'aprs-midi, mis dans le Saint-Spulcre; il montei^a au ciel aussitt que le
les justes.
jugement dernier sera termin. Dans la nuit du 10 au il il n'a pas de sommeil, prche, chante YAUduia, se proclame le Christ, dit la messe, se couche pendant quelque temps dans la position du
des anges qu'il embrasse, se bat avec des diables. dclare pathtiquement tre le Christ, le seigneur de tous les empereurs et papes, tre l'empereur de l'univers, prononce des arrts, fait des
crucifi,
communique avec
Au
cours de la journe
il
sermons, annonce
voir la
les
mer Rouge
il
et la
mer
Bleue.
moment repris un peu ses sens, il reconnat les gens de son entourage, puis, aprs un mouvement spasmodique, il renverse la tte, ouvre la bouche toute large et dit Me voil mort Le reste de la journe, il est comme dans
Le 12
a pour un
:
!
un rve
vnements qui se passent en lui, se laisse couch alors dans la position du Christ crucifi.
le Christ,
Entre temps
il
prche, se donne
comme
Son grand-pre est l'Ancien Nouveau Testament. Le christianisme passe entre les mains des Paens, il n'y a qu'un Dieu et Mahomet est son prophte. Le malade prsente un trouble grave de l'intelligence, une irrilabiUt norme; parfois il donne des
Testament; lui-mme est
le
coups de poing contre le plancher et prend les gens de son entourage pour des diables. Dans la nuit du 12 au 13, il n"a pas de sommeil, chante, prche et souvent pousse des cris de colre.
la maison des ahns, ensuite dans le Saintprince hrditaire Rodolphe; les gens de l'entourage sont pris pour des empereurs et des aptres. L'aprs-midi il prend Tattilude de quelqu'un qui
Le
13
il
se croit
Il
momentanment dans
Spulcre.
est le
il
jugement
dernier';
tout repentant,
il
se jette
par
:
terre, glisse
sur
le
Je n'ai jamais assassin personne, j'ai folichonne Maison des fous je n'ai jamais t Dieu, ni empereur, ni Satan, je me suis fait passer pour le Christ; en effet c'est moi qui suis le Christ avec la couronne d'pines, car je n'ai jamais t faux monnayeur et je n'ai jamais vol 30 kreutzer. Il n"a toujours pas de sommeil, contrit, profondment troubl, prouve plusieurs reprises les peines du jugement dernier, se cache en se fourrant dans sa paillasse qu'il prend parfois pour le Saint -Spulcre, gmit dsesprment, prsente l'occasion un accs de crampes cloniques. Aprs une bonne nuit, le 20, le malade se trouve passagrement en rmission, mais il est trs puis.
Le 22 un dlire anxieux se dclare de nouveau; on le passe une fois de plus en jugement, des soldats tirent des coups de fusil sur lui, il voit une foule de diables de dcds avec des drapeaux rouges, Dieu le pre les anges apportent du vin pour le rconforter, mais il lui est interdit de rien prendre.
;
Le 26
esprits.
le dlire s'attnue.
La conscience
il
s'claire
voit encore de
dcor
et des
Le 28,
le
malade
se
580
mlange bigarr de situations terrifiantes et heureuses; ce sont les premires qui prdominent. Elles ont pour sujet des jugements, des tortures, le crucifiement, le sang et une guerre que le malade fait ct de Radetzky contre les Italiens-, ensuite il est pour un moment Satan, il parle des horreurs de l'enfer, comment on l'y a saign et brl. Episodiquement il redevient empereur, le Christ, se retrouve dans le Saint-Spulcre (enfonc dans sa paillasse), prend le mdecin pour le kronprinz et lui demande s'il voulait lui faire couper la tte; il a dj t dcapit sept fois. La
nuit
il
Comme
raction ses
gmissant de l'angoisse
de la mort, tantt en colre au point de devenir agressif, tantt dans les dlices, disant la messe et chantant des cantiques sacrs. Mais constamment il est irrit, la
mine bouleverse,
Le 18
fvrier,
il
l'air sinistre,
confus.
(40, 2)
est pris
de fivre
tte.
sensorium
est
particulirement pris.
Le
3908.
vomissements, rigidit musculaire, crainte de la lumire; diagnostic d'une mningite de la convexit de plus en plus net. Le 22, 4 heures du matin, srie d'accs pileptiques; pendant l'un de ces accs, heures, le malade meurt avec des symptmes d'dme pulmonaire. Rsultat de leptomningite purulente diffuse, hypermie crbrale, pneumonie hyposl'autopsie
Mal de
tte violent,
commenante.
IV.
mais relativement rarement, des Griesinger, Westphal, Gnauck psychoses ne se distinguent en rien de celles dont l'origine et autres) qui d'ailleurs est de nature non pileptique et qui par consquent ne peuvent tre considres comme pileptiques. Toutefois il y a des faits qui montrent que sur la base de l'pilepsie se dveloppent des psychoses ordinaires mais dont la marche et la symptomatologie sont modifies par la base
On observe chez
pileptiques,
chroniques (Esquirol,
Morel,
la dmence qui apparat souvent la suite de Sommer, Bourneville et d'Olier reconnaissent des
caractres particuliers,
d'ali-
observ des
cas similaires ceux que nous venons de dcrire plus haut et dans lesquels on a pu tablir avec certitude des antcdents pileptiques;
d'ailleurs Pick aussi a publi
fasc. 1).
un
f.
Psych.,
XI,
L'existence de la psychose pileptique est tablie avec certitude dans l'observation de folie circulaire que nous faisons suivre. Les cas de
Arch.
Magnan,
f.
;J8I
pritaire, reu le 29
Spess, trente ans, mari, proObservation LXVII. Folie circuhiire rpilepllquc dcembre 1873, est n d'un pre ivrogne. Sa sur tait pilep-
tique.
Etant enfant,
effray,
il
l'ge de
apparurent des accs pilepliques, qui, partir de ce moment, revinrent des intervalles variant entre plusieurs mois et plusieurs semaines. Dans ces dernires annes le malade s'est livr la boisson les accs se sont accumuls. Il se produisit des tats dlirants qui ncessitrent son internement dans un asile.
un jour
Le malade est dfectueux, intellectuellement affaibli. II trouve lui-mme qu'il est malade de la tte il se sent toujours comme gris. Pas de maladies des organes vgles bruits du cur sont nets, le pouls 72, lent. La flgure et les extrmits tatifs sont lgrement cyanoses. Le crne est de dimensions normales, cependant fort
;
;
muscles de
la lvre
L'observation
fait
malade
prsente une alternance cyclique entre ces tats d'exaltation et les tats de dpres-
Le trouble somnambuliforme de l'intelligence, la stupeur momentane, les typiquement semblables et de nature religieuse (nomenclature de Dieu) avec de nombreuses hallucinations correspondantes, montrent nettement l'existence d'une folie pileptique. Les phases de dpression ont en moyenne une dure plus
sion.
dlires
longue
parfois
(1
23 jours)
que
les
une alternance journalire de ces tats, une deuxfois dans l'espace de vingt-quatre heures, mais c'est toujours la phase dpressive qui prdomine. Des intervalles vritablement car dans les priodes qui reviennent tous les lucides ne se produisent jamais deux mois et pendant lesquelles le malade n'a pas de dlire et n'est pas exalt ni dprim, il parat tre dans un tat pathologique, un tat de conscience crpusculaire, avec grande irritabilit d'humeur et de la bigoterie. Parfois, aprs des tats d'exaltation d'une dure prolonge et allant avec de l'insomnie, il y a pendant un ou
Parfois se produit pendant quelque temps
mme
deux jours un
La phase dpressive de
tte,
la folie circu-
laire pileptique
une lourdeur dans la tte, une plus grande irritabilit et de la morosit, une augmentation de la cyanose habituelle. Le malade devient boulevers dans ses traits, dprim, regarde fixement devant lui, parle voix basse, les lvres tremblantes, dclare tre un grand pcheur
ne prend qu'une quantit minime de nourriture.
L'intelligence est trouble,
somnambuliforme. Le malade
tantt
l,
demande rgulirement un
coin de fer
pour
une cogne pour se couper les doigts afin de se rconcilier avec Dieu par ce sacrifice. Quelques cicatrices la main gauche proviennent d'une tentative pour se mutiler lui-mme. Souvent il dclare vouloir sacrifier un il, si ce sacrifice est agrable Dieu. Si on le trouble dans sa contrition, il ragit d'une manire hostile, donne des coups et mord son entourage. Dans cette phase dpresse dtacher le pied,
sive
il
est toujours
beaucoup plus cyanotique que d'habitude. comme un fil de fer et reste dans cet
;
tat
mme
aprs l'em-
pouls est lent, les extrmits et la figure sont froides, cyanotiques, les pupilles dilates et raction paresseuse. Dans ce stade des hallucinations se produisent en foule: le malade voit des crevisses, des serpents, des vaches, deux hommes grands et blancs, Dieu le Pre avec un air menaant, le diable
le
qui se mtamorphose devant ses yeux en divers animaux. A la fin des phases dpressives il y a des phnomnes d'exaltation (cris joyeux, chants, visions gaies) qui se
il
582
y a alors une attnuation considrable de la cyanose, le pouls devient plus plein et plus mou et en mme temps plus frquent. Souvent il y a aussi des phnomnes fluxionnaires vers le cerveau. Lamine se ranime, le malade devient loquace, exprime sa joie de se sentir si dgag dans la tte. Il se met chanter, danser, jubiler. Il voit Dieu, de belles toiles, une grande ville le ciel s'ouvre, il se voit transport au paradis. Devant ses yeux ravis, Dieu prend la forme d'un grand poisson superbe et monte vers le ciel. Le Saint-Esprit lui apparat sous la forme d"un garon qui tient une tablette blanche dans ses mains. Il prend les gens de son entourage pour des anges, Dieu le pre, le Christ tout est admirablement beau, brillant. Le bon Dieu lui apparat brillant, sous mille couleurs, comme un poisson aux cailles reluisantes; des poissons d'or dansent devant ses yeux. Il n'a pas de sommeil, jubile, chante les louanges de la grce et de la bont de Dieu. Ses yeux brillent, sa mine exprime l'enthousiasme; l'tat s'accentue momentanment jusqu' l'extase. Le pouls reste lent, mais il est plus plein, l'artre est plus molle que dans le stade dpressif. Le bromure de potassium et les injections de morphine restent impuissants contre la folie circulaire. Le premier diminue la frquence des accs pileptiques, c'est vrai, mais les injections restent sans aucune influence sur la marche et sur l'intensit de la folie cyclique. Le seul effet notable des accs pileptiques, c'est que la cyanose est accentue pendant quelques jours toutes les fois que les attaques s'accumulent. Les accs ont pour la plupart la forme classique, mais parfois ils se bornent un tremblement et un tiraillement gnral du corps sans que le malade perde compltement connaissance et sans qu'il se renverse par terre.
; ;
isols est
favorable.
et
Le pronostic
fois la
mauvais,
le
quand une
dclare,
Quant aux bases anatomiques de l'pilepsie, il rgne encore ce sujet une grande obscurit. On a fait les constatations les plus varies. Il est probable que les troubles du dveloppement crbral, souvent congnitaux, mais surtout les encphalites puis le gliome de Tcorce crbrale
,
fondamentales et qu'on doit rapporter ces dernires la sclrose de la corne d'Ammon releve particulirement par Meynert (Hemkes, Allg. Zeitschr. f. Psijcli., 34, p. 678;. Sur la base anatomique des troubles psychiques de l'pilepsie on ne peut non plus qu'mettre des hypothses, hypothses d'aprs lesquelles les troubles vaso-moteurs seraient la cause fondamentale, puisqu'en gnral l'pilepsie parat tre une nvrose vaso-motrice de l'organe central. On rencontre parfois de l'atrophie crbrale, des modifications de la duremre chez les individus qui ont t dissqus aux stades extrmes de la dgnrescence pileptique, modifications qui expliquent en quelque sorte la dcadence de la vie intellectuelle de ces malheureux. La thrapeutique moderne de l'pilepsie et implicitement celle de la folie pileptique s'efforcent de rduire l'excitabilit morbide du cerveau et de rendre ainsi impassibles les centres atteints en face des excitations qui pourraient provoquer des accs.
Cas de gurison, IbUL, 29, fasc. 5.
'
v. Kirn, Allg.
Zeitschr.
f.
Psych..
26, fasc.
et 2.
Wiedemeister,
o83
Parmi
il
les
[Edinh. med. Journ., ixrier \S8\) a constat les effets traitement bromure dans 12,1 p. 100 des cas il y eut suppression complte des accs, dans 83,3 p. 100 une attnuation considrable, dans 2,3 p. 100 pas de rsultat, dans 2,3 p. 100 une augmentation des accs. Il est
Hughes Bennett
le
suivants avec
hors de doute que dans certains cas isols des gurisons peuvent tre obtenues par le traitement bromure rationnel et poursuivi pendant plusieurs annes.
de brome sont utilisables, mais il est particulirement les donner en combinaisons avec de l'eau sature d'acide carbonique (eau bromure d'Erlenmeyer). Bail recommande la combinaison des sels de brome avec l'extrait aqueux de belladone. La dose quotidienne minima dont on peut attendre quelque succs
Tous
les sels
recommand de
serait de 6
pour
les pileptiques
grammes pour les pileptiques hommes adultes et de 4 grammes femmes adultes. Les solutions aqueuses sont les
grammes, en solution donnes plus rarement et tendue, sont prfrables aux grosses doses, prpares sous une forme concentre. En partant de la dose initiale il faut augmenter lentement tout en observant l'action sur les accs et sur l'organisme. Dans la plupart des cas on devra rester au-dessous de 10 grammes. Si, pour une raison quelconque, on est oblig de renoncer la thrapeutique bromure, il ne faudra jamais l'interrompre brusquement, car autrement on peut s'attendre aune reproduction accumule et
meilleures. Les doses quotidiennes rptes de 2 3
On
mme l'apparition d'un status epilepticus menaant peut, sans prjudice pour l'organisme, continuer la thrapeumoyennes pendant des annes. En prsence de
la
des quivalents prolongs et des psychoses chroniques des pileptiques, les antipileptiques ayant fait leurs meilleures preuves
restent sans
aucun
effet
Tous
les
autres antipileptiques
zinc,
nitrate
point de vue du rgime, les pileptiques doivent s'abstenir de caf, de th, d'alcool, *de tabac. Une nourriture en grande partie vgtale
Au
est
Dans les cas d'accs pileptiques qui reviennent en s'accumulant et qui amnent le coma, des tempratures hyperpyrtiques et un pril pour la vie (status epilepticus), Krueg a, par des expriences faites sur des marsouins rendus pileptiques ainsi que sur des hommes, constat l'effet favorable de l'hydrate de chloral (en lavement, mais aussi par voie souscutane en solution 1/20), constatation qui est d'accord avec celle de Wallis
(West. Rid. lunat.
asijl.
reports, V, 1875).
Otto, Arch.
f.
Psych., V, fasc.
bromure de polas-
CHAPITRE
III
FOLIE HYSTRIQUE!
le
manque
norme et l'intensit extraordinaire de la raction psychique, ainsi que le changement rapide des excitations (faiblesse irritable). Au premier plan se trouvent les anomalies psychic|ues. Les malades sont trs sensibles aux excitations psychiques intrieures et extrieures. A Tacm de la maladie, les sensations ne consistent plus en tats d'humeur, mais uniquement en motions (hyperesthsie psychique). Comme
susceptibilit
les processus
psychiques sont pour la plupart annots par des sensations de dplaisir, l'humeur et les motions sont le plus souvent dpressives mais, par suite du changement brusque des conceptions et cause de la grande motivit, l'humeur n'est pas stable; c'est une transformation bigarre des sentiments, des affections qui souvent se manifeste par un revirement brusque, un passage des pleurs au rire. Lestconceptions vivement annotes amnent des ides qui changent continuellement, et c'est ce cjui fait paratre les malades comme des tres capricieux, changeants dans leurs sympathies et leurs antipathies pour les personnes et les choses. Les dsirs peuvent tre trs violents (convoitises), et de mme des rpugnances. Comme les sentiments pervers sont possibles, il se produit des idiosyncrasies. Par suite de la prdominance des impressions douloureuses physiques et du grand nombre des sensations douloureuses, ces malades souffrent beaucoup. Ils deviennent par suite gostes, insensibles aux
;
sius, Irrenfreund,
fasc. 1.
Moreau, VJJnion md., 1865, 69 102. Falret, Ann. md. psych., mai 1866. - BroWunderlich, PathoL, 1854, p. 1490. 1866, 7. Morel, Trait de la md. lgale des alins. Briquet, De l'hyslrie. V. KrafTt, Friedreichs Bldtter, \.%'rl,
*
:J85
souffrances d'autrui. Proccups de leur propre salut et de leur mal, leurs sentiments thiques et sociaux s'moussent, ils deviennent indiffrents leurs devoirs ainsi qu'au bien de leur famille. Le monde extrieur restant de plus en plus froid leurs plaintes continuelles, ils en arrivent exagrer
leurs souffrances, simuler pour veiller tout prix l'intrt (avalent des
blessures portes contre eux-mmes, attentats dans ces efforts, leur imagination, morbidement accenleur moralit altre ne recule devant tue, leur rend de bons services aucune duperie, aucun mensonge. Ils ont des motions violentes, quand leurs efforts veiller la commisration et ils ne russissent pas dans qu'ils se voient abandonns et oublis. Alors leur mchancet et leur rancune ne connaissent plus de bornes. Comme troubles lmentaires de
aiguilles, stigmatisation,
simuls, etc.);
et,
la
conception,
il
aussi
du dcousu dans la marche des ides. L'impressionnabilit motive et intellectuelle du malade amne facilement des reprsentations obsdantes. L'infidlit de la reproduction, combine avec leur imagination exalte, fausse les souvenirs et les fait passer pour des menteurs. A l'occasion,
primordiaux de la perscution peuvent surgir. Souvent la sphre sexuelle aussi est morbidement
hallucinations de cot
:
affecte.
La sensation
(mme
des
incubes, succubes du
(se
moyen
ge) et se manifeste
par
tranges
mme
promener nu, manie de s'oindre avec avec de l'urine). Par moments, il peut
exister une frigidit gnrale ou seulement comme idiosyncrasie pour le mari ou pour l'amant; souvent aussi on rencontre temporairement des sentiments sexuels pervers avec des impulsions correspondantes ou encore
avec des phnomnes quivalents d'exaltation religieuse. La sphre vasomotrice qui est probablement toujours en jeu, donne souvent lieu des accs d'angoisse et surtout d'angoisse prcordiale. L'imagination de ces malades atteint gnralement une vivacit morbide,
de sorte qu'une image mentale trs vive devient facilement une hallucination; ou du moins les malades ne peuvent plus discerner leurs imagi-
il y a aussi des hallucinations qui surgissent spontanment; elles se produisent presque exclusivement dans la sphre du sens de la vue. Leur nature est gnralement dsagrable (crnes spectres, btes fantastiques, parents dcds, etc.). Les illusions de la vue (traits dfigurs des gens de l'entourage, les personnes paraissent plus petites ou plus grandes, etc.), ainsi que celles du sens cutan (serpents, crapauds, mouches dans le lit ou sur la peau), ne sont pas moins frquentes et proviennent probablement d'une fausse interprtation de sensa-
faiblesse
Le domaine du libre arbitre parat dans tous les cas diminu par la morale et la faiblesse de la volont, par le caractre passager et superficiel des conceptions, parle changement du mode de sensation, quant sa nature et sa forme, par des reprsentations obsdantes; le malade
586
n'est
les
plus importants, blesse les sentiments les plus sacrs, guid par des imaginations et les motifs les plus alDsurdes.
Sur cette base psychonvrotique, plus ou moins dgnrative, il se dveloppe naturellement des tats d'alination peu prononcs. La grande raotivit, la facilit d'excitation de la sphre des sens et des conceptions, ainsi que le manque d'quilibre des fonctions vaso-motrices, y prdisposent particulirement. Avec le caractre hystrique , avec tous
ces troubles des fonctions sensitives,
et
une utilisation frquente et illimite dans la formation des dlires, des formes psychiques se manifestent dont l'origine indique immdiatement la nvrose hystrique, et qui pour cette raison doivent figurer sous le nom d'alination hystrique dans la pathologie spciale. De mme que dans la folie pileptique les formes de la folie hystrique
se divisent
1
:
En
I.
Ils
peuvent apparatre comme consquence immdiate des accs convulsifs comme une affection auto-
nome. Leur forme clinique est trs variable, tant donn le caractre protiforme de la nvrose. L'observation rencontre avec une frquence toute
particulire des
la
tats
d'motion pathologique,
le
raptus mlancolique,
et religieuses, le
somnam-
bulisme,
ou
terrifiante,
La conscience
le
souvenir
que sommaire. Comme phnomnes prodromiques, on constate sensation de boule, anxit, humeur dprime, motivit accentue, myodynies l'pigastre. Les causes occasionnelles sont dans ce cas des impressions psychiques, la recrudescence de nvralgies, ainsi que les processus de la menstruation. Ces phnomnes psychopathiques transitoires durent des heures et quelquefois mme des jours. Ils sont souvent compliqus par des phnomnes de spasme tonique et clonique qui, de leur ct, peuvent se prsenter comme des phnomnes hystriques, hystro-pileptiques, cataleptiques ou
n'est
: :
manque ou
avec
'
les allures
d'une chore.
Comparez l'ouvrage Transitor. Sfrinigen d. Selbsfbewussfseins, p. 63, de l'auteur du prsent volume. Briquet, Op. cit., p. 428. Morel, Trait des mal. ment., p. 672. Wunderlicli, Pathol., 1854, p. 1490.
o87
Comme varits cliniques remarquables on a a). Comme analogues au petit mal des pileptiques,
:
de violents tats
(V angoisse
arec conscience
obnubile. Les
malades
se trouvent
dans une
angoisse mortelle, vagabondent, envisagent les gens de leur entourage sous un aspect terrifiant et se dfendent dsesprment contre eux. pisodiquemeut des hallucinations peuvent faire leur apparition figures
:
diaboliques, chiens qui aboient aprs le malade, mains glaces qui veulent
le saisir, etc.
|i).
Le souvenir
est
sommaire.
analogues au grand mal des pilepLe souvenir manque aprs l'accs.
Des
dlires hystro-pileptiques
Le fond du dlire
se
(viol,
rique dramatise.
une
En mme
temps
il
Comme
y).
moria et qui prcdent de plusieurs heures en se manifestant par des chants, des rires, des danses, de la manie collectionner, des cris, etc. Dans les cas de mon observation personnelle il y avait amnsie pour tout ce qui s'tait pass pendant l'accs. s). tats crpusculaires avec tendance la reproduction obsdante de choses vues ou lues. Le sujet de ce dlire logorrhique concerne de prfrence les vnements du pass le plus rcent, consiste dans une simple reproduction loquace des faits journaliers, mais avec un tat somnambulique de la conscience et avec un souvenir qui n'est que trs sommaire.
allures de
d'anxit dlirante.
Observation LXVIII. Hystrisme. tats d'exaltation forme d'extase avec tats Fruhwirth, vingt-sept ans, non marie, bonne, est ne d'un pre ivrogne et d'une mre sujette la migraine. Plusieurs frres et surs morts en bas ge et en prsentant des symptmes de convulsions. Dans sa premire
jeunesse, la malade a
failli
;
dans une situation trs gne; il y a quelques mois, elle tomba malade d'hj'strie. Depuis trois semaines, elle prsente, avec la boule hystrique et le clou hystrique,
d'autres malaises hystriques, puis des tats de dlire, tantt d'exaltation, tantt
588
La sphre
les
de dpression. Les premiers vont avec un sentiment d'allgement et de soulagement. sensorielle est tellement excite que la malade voit tout ce qu'elle pense
elle,
comme
si
En mme temps,
images mentales changent avec une vivacit et une rapidit vraiment surprenantes. La malade, une simple fille de la campagne, demi aveugle, ressemble une sorte de Pylhie, quand elle se trouve dans ces tats. Sa figure est transfigure, ses gestes et ses mouvements deviennent gracieux. Devant les yeux de son esprit passent des scnes superbes. Le prince des potes, Schiller, mort il y a tant d'annes , lui apparat en personne et cause avec elle. Il lui rcite ses posies. Alors elle se met, elle aussi, composer des posies, et elle rcite et improvise couramment en vers ce
qu'elle a lu, ce qu'elle a vu, ce qu'elle a pens. Enfin, fatigue, puise, avec
un mal
rel,
de tte
et
de l'oppression pigastrique,
elle
reprend connaissance du
monde
ne
gardant de son tat d'exaltation qu'un souvenir sommaire. Avant ou aprs les accs hystro-pileptiques, il y a parfois des tats de dlire anxieux pendant lesquels sa conscience est voile, et elle se trouve en proie une vive angoisse prcordiale; des fantmes qui lui prdisent des malheurs, des cortges
de
specli^es, des
elle.
Alors elle se
sent infiniment malheureuse, voue la mort; on la serre la gorge; elle voit ses
propres obsques, et essaie, "tourmente par une terreur indicible, de s'trangler; elle se dmne, inquite, et comme prise d'un cauchemar. Ordinairement, un accs
hystro-pilep'iique clt cette scne, dont elle sort trs malheureuse,
profondment
intervalles,
puise,
et
miction spasmodique.
Dans
les
facilite.
Observation LXIX. Etats (Vexaltation hystrique avec reproduction obsdante et W..., fille de fonctionnaire, seize ans, ne d'un pre enclin aux colres violentes et d'un caractre anormal. L'enfance et la pubert se sont passes sans
financiers. La malade eut beaucoup de chagrin, se nourrissant insuffisamment et se surmenant des ouvrages de couture. Elle commena devenir maladive, mal dormir; elle se plaignait d'tre extnue, d'avoir des agitations nerveuses, des palpitations de cur. Le 19 janvier 1878, peu de temps aprs la menstruation et aprs une insomnie de
phnomnes dignes d'tre relevs. Il y a quelques mois la famille eut des embarras
un accs de dlire hallucinatoire se produ matin 2 heures de l'aprs-midi et de 4 heures jusqu' 5 heures et demie. Comme prodromes immdiats, se produisaient une sensation d'oppression au cur avec de l'angoisse, de la fluxion vers la tte et du vertige. Le 10 fvrier, les accs revenaient de nouveau et cette fois aussi conscutivement aux rgles. Ils dbutrent par une sensation de raideur au bras, sensation qui se rpandit sur tout le corps; ensuite il y eut une violente congestion la tte, du vertige, de l'obnubilation de la conscience, de lgres convulsions dans les extrmits et des hallucinations. La malade entendait sonner des cloches, gazouiller des oiseaux; elle voyait du feu. Pendant que les convulsions musculaires augmentaient et que la malade remuait sans cesse, un tat particulier
plusieurs jours et de l'agitation nerveuse,
duisit
heures
mmoire tait si grande que la malade une posie de deux pages qu'elle avait lue peu de temps avant. Ces accs duraient plusieurs heui-es et revenaient encore deux fois les jours suivants. Depuis, la malade resta nerveuse, trs agite, sujette aux
dues, vcues et lues. L'accentuation de la
fluxions, trs sensible la lumire et au bruit, l'imagination
qu'elle lisait
si
quelque chose,
elle
les
choses lues
et la
589
romans
et cata-
monde
impressions confuses et se trouvait dans un tat crpusculaire somnambuliforme avec rigidit musculaire gnrale.
La malade est de taille moyenne, dlicate, parfaitement dveloppe; expression nvropathiqne de la figure; yeux vagues. L'utrus est vierge, lgrement hypertrophi, inclin droite. Dans la priode suivante elle eut frquemment des palpicur; innervation vaso-motrice instable; pouls trs variable dans sa rougissait avec une facilit anormale; frquents soubresauts d'pouvante pendant la nuit; une fois, accs de syncope prcd d'un spasme vasculaire. Le bromure de potassium, l'hydrothrapie et le rgime tonique ont agi favorablement. Les tats d'exaltation et les phnomnes spasmodiques ne se sont plus
tations de
frquence;
elle
reproduits.
Observation LXX. Nvralgie Iraumatique provoquant r/iystrisme, avec accs de magna et accompagns de dlire hallucinatoire terrifiant. Elise Horstig, fille de paysan, sans tare hrditaire ni aucune
cramjje hxjstro-pileptique allures de chore
brutalise; un voisin lui a assn plusieurs coups de poings violents sur la rgion du vertex gauche. Elle tomba parterre, mais se releva bientt avec du vertige et du mal de tte; se sentant affecte,
prdisposition,
'
au lit. A l'endroit du trauma, o il n'y avait d'ailleurs aucune trace des coups, se dveloppa une nvralgie cervico-occipitale trs douloureuse. En mme temps inquitude nerveuse, agitation, lger mouvement fbrile, vertige et sommeil agit. Ces symptmes s'tant d'abord graduellement accentus, il se produisit partir du 16 avril presque journellement des accs de crampe en
agite, elle dut se mettre
un
carac-
nettement hystrique ils taient toujours prcds par une recrudescence de la nvralgie. A l'automne les accs disparurent mais alors, d'aprs la dposition du mdecin qui l'a traite, il se produisit une confusion pisodique des
et
;
;
polymorphe
conceptions, du dlire religieux, des tats extatiques, des tats de coma. Dans les
intervalles elle avait de la nvralgie occipitale, de grands
motif. Aprs une rmission, pendant l't de 1862, une exacerbation se dclara avec modification du tableau de la maladie, car alors apparurent des tats allures
de grande chore avec dlire et hallucinations qui avaient pour sujet la brutalisation Dans ces accs qui allaient de pair avec un trouble profond de l'intelligence, qui laissaient derrire eux une amnsie complte et qui revenaient
subie, cause premire.
environ tous
les
fait
un sens
hostile
ment
rien qui puisse tre remarqu, sauf une nvralgie violente du nerf occipital gauche dont toutes les branches ragissent trs douloureusement la pression. Son tat d'esprit tait triste douloureux, en gnral sous la dpendance du degr
,
l'inti't et
commisration, tait toujours prte se plaindre quand elle s'apercevait que passagrement elle tait moins l'objet de l'attention mdicale. Les moindres excitations psychiques ou somatiques taient capables d'amener une exacerbation de la nvralil n'y avait qu'un pas modiques, en partie dlirants.
gie, et alors
faire
o90
Au milieu de douleur croissantes dans la rgion nvralgique, avec irradiation au trijumeau et aux nerfs cervicaux, il se produisait une sensation de boule, une inquitude et une anxit croissantes, une paralysie vasculaire dans la rgion du trajet des
nerfs affects,
ligence se troublait, et la
un mouvement spasmodique des yeux et du strabisme. Alors l'intelmalade elle-mme sentait comme un remue-mnage et
une confusion dans ses penses. Elle se mettait parler en phrases dtaches, se mprendre sur les gens de l'entourage, et aux paroles qu'on lui adressait elle ne faisait que des rponses brusques et confuses. La conscience s'teignait enfin compltement, la figure se convulsait. Elle avait tout d'un coup la vision de l'homme qui l'avait frappe; il la poursuivait, il menaait de la battre encore une fois; elle sentait les coups (perception des douleurs nvralgiques). Alors s'engageait une lutte dsespre avec l'tre imaginaire, lutte dans laquelle elle dployait une force et une habilet extraordinaires, sautant mme par-dessus les meubles et les lits. Elle entendait cet
tre imaginaire qui l'injuriait, la raillait, la menaait, et elle lui rendait ses injures.
Enfin
les actes
mais
parfois,
musculaires voulus prenaient le caractre d'actes allures choriques; au lieu de ces derniers ou conscutivement, des crampes toniques et
cloniques se produisaient.
un
Le dlire survivait l'accs pendant vingt trente minutes, pour passer ensuite tat de stupeur dont la malade sortait puise, gardant encore longtemps son intelhgence trouble avec une douleur violente, et sans avoir connaissance de ce qui
venait de se passer.
Des injections de morphine loco dolenti et la faradisation cutane nergique fait disparatre presque compltement la nvralgie, les accs et les anomalies d'humeur; mais, au mois d'aot 1865, une nvralgie intercostale se dclara et prit alors le rle jou autrefois par la nvralgie occipitale; avec les injections de morphine (jusqu' Os^jS par jour), la nvralgie secondaire disparut peu peu et avec elle les autres symptmes. Au mois de janvier 1866, on a pu renvoyer la malade, considrablement amliore. On dit que, rentre chez elle, elle a compltement recouvr la sant.
de la zone nvralgique ont
Observation' LXXI.
lerrifant, hallucinatoire.
Louise
L...,
a t, l'ge de quatorze ans, victime d'un attentat de la part de son pre adoptif.
remise de sa premire peur, elle se sentit mal son aise. Il lui point de devenir trs malade. Elle se plaignait d'tre lasse, se sentait incapable de travailler. Un mal de tte et une pression douloureuse la rgion cardiaque s'y ajoutrent. Rception l'hpital des Enfants, Strasbourg.
Quand
elle se fut
sembla
qu'elle
tait sur le
au bout de quelques semaines. L'amlioration de son tat ne dura point. Le trouble indfinissable du systme
nerveux central qui originairement avait t produit par le choc psychique, se dveloppa et devint un lat hystrique (vagues douleurs nvralgiques, notamment dans les rgions intercostales, myodynies, sensations de boule); avec l'exacerbation de ces symptmes l'tat psychique se dprimait et une iri-itabilit considrable se produisit. Avec le temps il se produisit des accs de crampes cloniques partielles avec perte de la conscience. A l'ge de dix-sept ans, hystro-pilepsie (crampes cloniques gnrales avec perte de la conscience) l'ge de dix-sept ans neuf mois, des troubles psychiques s'ajoutrent au tableau de la maladie. Elle avait de grands changements d'humeur sans motif. Aux tats de dpression psychique s'ajouta de l'an;
manifestaient.
Alors elle
dchirait
ses vtements,
se
iiOi
noyer
et
fit
un jour une tentative de suicide. Au cours de cet cela parlait dans sa tte; elle
;
entendait des voix qui lui disaient qu'elle aurait un enfant; puis ce furent des visions
de son pre adoptif qui essayait de renouveler son attentat. En mme temps elle se plaignait de ce qu'elle avait beaucoup de difficults penser, qu'elle manquait de
mmoire,
dans
la tte.
Lors de sa rception
l'asile,
au
commencement du mois
manifestait
d'octobre 1872,
et
elle avait
mme
temps
phnomnes de
du cou
qu'au bout des doigts), augmentation de l'excitabilit rflexe crbrale (convulsions rflexes quand on touchait certains points nvralgiques
allant
jusqu'au
tremblement
et
tressaillement gnral]
changements
d'humeur sans
de dlire dont la dure varie entre une demi-heure et deux heures, se produisent et
sont toujours provoqus par la vision de son pre adoptif qui veut rpter son ignoble attentat. Des
tielles,
tressaillement au
phnomnes moindre
qui
d'excitabilit rflexe
comme
dfense
un
dlire hallucinatoire
a pour sujet
tentative
de stupre
et
la
dbat
dsesprment
rflexes (convulsions
La malade fait un soubresaut, se mouvements sont coordonns parfois des crampes toniques et cloniques) ont lieu la fin, avec un mouvement
les
;
et
durant une demi-heure deux heures, la malade revient elle avec un mal de tte sourd, du vertige, une grande dpression, avec des myodynies tourmentantes, une grande irritabilit d'humeur, une amnsie complte pour toute la dure de l'accs. Pendant la priode d'observation qui suivit et qui dura plusieurs mois aucun chan.
gement ne
s'est
II.
Les dlires dus aux hallucinations qui'produisent un trouble gnral de ne systmatisent pas ne sont pas rares chez les hystriques, bien qu'il arrive parfois que des dlires isols soient relis les uns avec les autres et que des sensations (hystriques) soient interprtes dans
l'intelligence et
cet
tat
pathologique
folie
comme
ou plusieurs fois rpts de l'alination transitoire que nous venons de dcrire et mis en analogie avec les faits qui se produisent chez les pileptiques, car le petit mal et le grand mal, le dlire extatique visionnaire base hystrique se compliquant ou alternant, constituent le tableau de la maladie. Ces dlires hystriques prolongs se dclarent d'une manire aigu, ont une rsolution brusque, durent pendant des semaines et mme des mois; ils ont une marche exacerbante, rmittente, trs prononce, avec phases de lucidit relative, allant toujours pendant les exacerbations avec
un trouble considrable de
l'intelligence,
592
forme de confusion,
Au
est bas sur un puisement temporaire. Il conscutivement et conjointement une menstruation profuse, ensuite dans le puerprium, et avec une frquence particulire la mnopause. Les motions semblent hter son explosion. Il rcidive facilement, mais dans les dix-huit cas de mon observation personnelle il s'est toujours termin par la gurison. Le dlire prsente un mlange trs variable des dlires primordiaux (de perscution, de culpabilit, dlires sexuels et religieux). Le plus souvent ou y rencontre le dlire de la perscution avec une angoisse ractive souvent trs violente, ensuite le dlire religieux et erotique. Les hallucinations de tous les sens ne sont pas rares. Les plus frquentes et les plus importantes sont dans tous les cas les illusions de la vue, de l'odorat et du toucher. Les hallucinations visuelles ont trs souvent pour objet des animaux, des cortges de cadavres, des processions fantastiques dans lesquelles fourmillent pour ainsi dire les morts, les diables, les fantmes, etc. Les illusions consistent en mtamorphoses continuelles que subissent la figure et le corps des personnes de l'entourage (masques horribles, formes d'animaux, changements de couleur, etc.). Les illusions auditives sont simplement des bruits (cris, vacarme, dtonations) ou de vritables hallucinations souvent de nature sexuelle (propositions de mariage, accusations obscnes, accusations d'infanticide, etc.). Dans les illusions olfactives il s'agit d'odeurs de soufre, de tabac; il est rare qu'elles
aient
un
etc.).
comme
base sur ce que les hallucinations visuelles ainsi que les illusions ont
un
que les sensations et les malaises hystriques qui se produisent trouvent souvent une application allgorique dans la conscience trouble, et enfin sur les phnomnes pisodiques de convulsions, de spasmes, de pleurs et de rire, d'extase, etc. Quant au traitement, il suffira de rappeler les formes de la folie hallucinatoire.
j\P'^R..., vingt-
cinq ans, ne d'une famille tare. C'tait une enfant dlicate, bien doue, trs
mo-
romanesque, excentrique, idaliste, et tombait, partir de l'ge de vingt ans, juste aux extrmes. De tout temps elle fut trs motive, ragissait aux motions par de la fivre et des hallucinations. En 1875,
porte la colre; jeune
fille, elle
tait
elle
moment
elle
pendant
l'hiver, la suite
;j93
des dcs dans sa famille et par la maladie de son pre; bientt de lrritalion spinale s'y ajouta.
cher,
la
malade
tomba sur
accident
au dveloppement de l'hystrisme. Elle fut prise de maux de tte, de douleurs dans le dos, d'hyperesthsie optique; elle voyait des tincelles, des flammes, sentait des chocs lectriques qui du dos allaient jusque dans la tte, elle avait des spasmes, des cris, des accs d'angoisse. Au mois de juillet, une hyperesthsie cutane gnrale se produisit; il suffisait de mouiller le tgument cutan pour provoquer des maux de cur, une pression la tte et des crises de pleurs. Alors, elle avait en outre des sensations de chaud et de froid et la sensation que sa colonne vertbrale tait dessche et que du sable se trouvait entre ses ctes. Au mois de juillet, passagrement, spasmes cloniques et convulsions; aphasie. Elle voyait tout en vert, en jaune, les figures des gens contusionnes et de diffrentes couleurs, les objets des chambres obliques ou allongs. Le sommeil faisait dfaut depuis le commencement du mois de juin; a t amen l'aide du chloral par le mdecin de la famille, de sorte que la malade tait compltement dmalie quand je l'ai mise en traitement.
Cet
donna
Vers
le
mme
temps un
20 juillet, des hallucinations de tous les sens firent leur apparition et en tat dlirant qui ncessita l'internement de la malade dans un
;
magntise, enceinte elle voyait des araignes, des mouches, des serpents, entendait des accusations sexuelles, prouvait de mauvaises odeurs, dclarait qu'elle tait un crapaud, que la garde-malade tait le
asile d'alins. Elle prtendait tre
que sa tte et son cerveau taient ddoubls, que sa salive s'chappait du cerveau, qu'elle tait syphilitique, et demandait tre fusille et enterre.
.Juif-Errant, prtendait
n'a
Sauf une anmie trs accentue, l'dme de la figure et une grande maigreur, on pu faire aucune constatation somatique lors de son entre l'asile. Elle est
trs confuse, compltement dsoriente par les illusions des sens et ne se rend pas compte de sa situation. Le mdecin est pour elle un roi appel Jean, les gardesmalades sont des princesses. Elle prend le mdecin pour son mari, prpare le lit
conjugal
elle
et se dshabille. Elle entend son prtendu mari crier au secours dans la cave, apprend que ses surs l'empoisonnent; elle veut se couper le nez parce que les voix lui disent que c'est le moyen de se sauver; dans sa nourriture et dans son lit
elle voit des vers. Ils rampent en sortant de ses orteils. Elle entend des voix nombreuses qui continuellement contrecarrent la marche de ses ides, qui l'interrompent, la troublent et la poussent des actes insenss, comme de manger des araignes et
de btes monstrueuses.
l'poque de la menstruation, ce sont les dlires sexuels de viol, les accusations et les mauvaises odeurs qui prdominent. En mme temps, il y a des paralgies et des myodynies nombreuses, de la nvralgie intercostale, la sensation qu'on lui fend la tte et qu'on verse de l'eau dans son cerveau. Tout cela lui aurait t fait
infmes
par
l'lectricit et le
magntisme.
Grce une bonne nourriture, de bons soins, l'application du fer, du bromure de potassium jusqu' 6 grammes par jour et aux injections de morphine, l'tat s'amliore au cours du mois de novembre, physiquement aussi bien qu'intellectuellement. Les symptmes hystriques et les hallucinations deviennent plus rares.
La conscience s'claire. Fin dcembre, l'poque des rgles, il y a exacerbation; de nouveau la malade entend des voix parlant de choses sexuelles et dans un sens de
perscution. Elles lui disent qu'elle doit se faire religieuse, sauver ainsi ses surs,
PSYCHIATRIE.
38
594
qu'elle restera
durant sa
vie.
elle
saute par la
fentre
du rez-de-chausse, sans
se faire de
mal
d'ailleurs.
au cours du mois de janvier. La malade est encore le mois de fvrier, elle n'a pas de dlire ni
quelques lgers malaises hystriques prs.
compltement au cours de
l't,
III.
Psychoses hystriques
ici
rescence hystrique.
Dans le premier cas, il s'agit de psychonvroses (mlancolie, manie qui ont un pronostic assez favorable et qui se distinguent des cas analogues, mais non occasionns par l'hystrie, seulement par leur dure plus courte
en gnral, par l'immixtion et l'utilisation allgorique des symptmes de la nvrose hystrique. La mlancolie base hystrique se distingue particulirement par la prdominance de l'angoisse prcordiale, par la frquence du raptus mlancolique et de la tendance au suicide, par l'utilisation des sensations hystriques (notamment boule, nvralgies, myodynies) pour la formation des
ides dlirantes qui, trs
par
les hallucinations
manifestation th-
trale des
la souffrance et
La manie m'a frapp par l'absence du stade prodromique mlancolique, par sa marche subaigu, par les grands changements d'humeur, en gnral par la grande instabilit de l'tat d'esprit et par la prdominance des ides
dlirantes de nature religieuse et erotique.
fait autre
quand
elle
ne repr-
ment
notamment dans
sens de l'hystro-pilepsie, et
:
formes dgnratives de la folie raisonnante, la moral insanity, mais surtout la paranoa, ou bien aussi la dmence progressive. La paranoa apparat sous la forme perscutoire, ou bien aussi comme paranoa erotique ou religieuse. Les lois de l'volution sont les mmes que dans les cas dus une autre cause que l'hystrie. La forme perscutoire subit souvent des transformations dans le dlire (religieux, erotique). L'hystrisme prdispose la paranoa, spcialement la forme perscutoire, parce que, chez ces
malades
b9o
inaperus, humilis, se produit facilement, car la sphre sensorielle centrale est trs facile halluciuer, et les produits
les
capacits intellectuelles suprieures. Ajoutons encore maladie se trouve un tat avanc, la transformation directe des sensations en ides dlirantes se fait dans la conscience sans aucun obstacle et que, par suite de la grande excitabilit et de la grande vivacit des conceptions, les sensations accessoires (irradiations) prennent l'intensit des hallucinations et sont facilement provoques. La paranoa base hystrique prsente un caractre clinique particufonctionnelle des
que lorsque
la
lier
1-
Par
myodynies, nvralgies,
interprtations perscu-
paralgies, viscralgies,
toires,
irritation spinale,
avec
ordinairement par des moyens physiques, lectro-magntiques; l'air, qu'on est d'une lgret anormale, en combinaison avec de l'anesthsie cutane, viscrale, avec l'ide que des organes ont t escamots, etc.) 2 Par la frquence des hallucinations visuelles, contrairement aux formes de la paranoa qui ne sont pas de nature hystrique (visions d'animaux, de la mort, de cadavres, jeux de couleurs, etc.) 3 Par la frquence avec laquelle les ides dlirantes prennent pour point de dpart des tats dlirants pisodiques, spcifiquement hystriques le dveloppement de la maladie se fait pour ainsi dire par secousses, en partant de ces dlires transitoires 4 Par la participation prdominante de la sphre sexuelle. L'influence de cette dernire peut se manifester par voie organique directe en tant que les processus d'excitation gnitale font natre dans l'organe de la conscience des dlires erotiques ( nuance perscutoire ou expansive) et religieux, ou qu'ils arrivent la conscience et sont utiliss par voie allgoanesthsies musculaires avec l'ide qu'on plane dans
; ; ; ;
rique.
Les sensations crbro-spinales provoques par voie utrine (habituelleet des nvralgies) trouvent une semblable utilisation dans le sens de la perscution (magnto-lectrique) les anomalies gnitales sensitives sont interprtes dans le sens d'une grossesse, d'un cot heureux avec un amant ou avec des personnes divines, ou aussi dans le sens d'attentats l'honneur sexuel.
C'est cette origine qu'on doit videmment ramener les incubes et les succubes des temps passs et les rapports dmoniaques. Aujourd'hui encore, les femmes hystriques des asiles se plaignent souvent qu'on abuse d'elles la nuit. Les excitations utrines produisent souvent par voie rflexe sur les centres du nerf optique et du nerf acoustique des hallucinations correspondantes (injures ou propos sexuels, visions obscnes ou religieuses), mais surtout des hallusinations du sens olfactif. La nature des hallucinations olfactives est, dans la plupart des cas, trs dsagrable puanteur, sueur comme objet de rpugnance pour les gens de l'entourage ou comme
:
596
signe de perscution de la part de ces derniers (avec utilisation des sensations d'abasourdissement, des accs de syncope, etc.)
;
elle est
rarement
parfums de
paranoa fait son apparition, les phnomnes somatiques graves de l'hystrie, spcialement les convulsions, disparaissent ordinairement.
Quand
la
Des
mme, accompagnent
d'ailleurs trs
souvent dans sa marche la paranoa erotique ou religieuse. La maladie montre une tendance aux longues rmissions allant jusqu'aux iutermissions.
A Tacm du
Le bromure de potassium
les sensations et les excitations
malades.
Observation LXXIII. Paranoa originaire base hystrique. Transformation en Marie Wischnitz, quarante-deux ans, non marie, ne d'un pre
dlire hystrique.
ivrogne
et
d'une mre trs porte la colre et qui fut plusieurs reprises atteinte
La malade
a t ramasse dans un creux de rocher prs de Gratz o elle s'tait retire par dpit, parce que personne ne lui avait donn la reconnaissance et l'aide qu'elle mritait.
Ds son enfance,
tait
elle tait
maux
de
tte, se sen-
moins bien
traite
que
au second
parents.
De bonne heure
trois ans et
terie, lui
l'ge
de
demi,
demanda
si elle
impression sur
lui
elle.
Quand
crasa le nez sous ses pieds pour la rendre mconnaissable. Alors elle regretta beaucoup de n'tre pas partie avecle monsieur inconnu; elle devint si triste, conut un tel pessimisme romanesque qu'elle songea finir ses jours en se jetant l'eau. Ses rgles, prtend-on, sont venues ds l'ge de huit ans, furent ensuite supprimes pendant deux ans, puis revinrent trs rgulirement et toujours accompagnes de
douleurs dans
le
ventre et dans
le
dos.
A
fait
l'poque o
elle allait
encore
l'cole,
un sjour de
fit
lui
mme
une noble famille trangre avait une fois La dame fut trs aimable pour elle; elle sentait attire vers cette dame, il lui semblait
l'ge de trente-trois ans. La malade
La maladie proprement
qu'
dite a
commenc
comniena, s'apercevoir
on parlait
elle
tort et travers ,
que tous
les
envers
comme
fait
des assassins.
On
que son corps gonfla (mtorisme hystrique). A l'ge de trente-quatre ans on lui a appris (hallucination) que ses prtendus parents n'taient pas ses parents rels. Depuis elle ne les appelait que ses parents adoptifs. Depuis longtemps dj elle a t frappe par son peu de ressemblance avec
sonner. Elle s'en aperut par le
597
surs. Maintenant
elle
fut
de
On
y avait videmment des tats hystriques dlirants hallucinatoires qui ont produit de nouveaux dlires. Ainsi, elle raconte qu'il y a huit ans elle tait couche au milieu d'une mer de
an elle avait t enleve ses parents par une bande de reconnu la bande par l'odeur. Au dbut de la maladie
Plus tard
elle
flammes et plus tard dans une tombe. Elle s'en aperut par suite de l'odeur de cadavre. Lorsqu'elle se rveilla de son tat lthargique, elle entendit quelqu'un demander si elle tait encore vivante. Elle entendit ensuite une autre voix qui lui
mettre la main sur sa tte. Elle s'est aperue qu'elle avait une couronne, mais elle ne pouvait pas parler. Elle s'aperut encore qu'on avait essay de l'empoisonner pour cacher son tat et pour s'emparer de son hritage. Dans un autre moment d'exception psychique, elle entendit une fois dire Animal d'archiduc imprial et royal et elle s'aperut que cette injure s'adressait elle et la famille archiducale. Dans les tats dlirants qui se prsentrent plus tard, on lui avait propos des mariages. On l'avait mme marie. Elle ne vit personne cette crmonie, mais elle entendit tout. On la fit mettre sur son sant pendant qu'elle tait au lit et elle fut oblige de dire oui pour la premire fois, lors de son mariage avec un nomm W..., la seconde fois, quand elle fut marie l'empereur. Une troisime fois, la voix l'abandonna. Elle l'a lu aussi dans les journaux, mais ordinairement en lisant l'article ses yeux se voilaient tout d'un coup. Un jour qu'elle tait mme de pouvoir lire plus nettement, c'tait crit en lettres d'or dans le journal. Dans ses tats de sommeil hystrique et de mort apparente^ on s'tait ru
disait de
:
fait
un enfant.
(rel), deux petits accouchements (avortement) accouchements secrets (imaginaires). Ces derniers ont eu lieu avec escamotage des enfants. En gnral, on a opr sur son corps dans un sens hostile. C'est surtout son tyran de mre adoptive qui l'a charcute, qui l'a foule aux pieds, lui a arrach le bout du nez et l'a rendue, de cette faon, mconnaissable et si diffrente de sa noble et lgitime mre. Elle a maintenant tout fait l'air d'une trangre; elle a aussi un sommeil trange qui ne la soutient plus. Jusqu' ces temps derniers on l'a perscute, repousse, bien que ce soit elle qui devrait tre la
eu un accouchement public
et trois
Dans la dernire place o elle a t servante, la dame de la maison tait gentille bonne pour elle. Elle devina, par la ressemblance des traits, que c'tait cette dame
noble et lgitime mre. Elle avait recueilli chez elle tous les bouts de conversation qui avaient rapport cette noble dame et trouv que sa noble et lgitime maman s'appelait en ralit Pleine-Lune, Glad Sultan et qu'elle tait
qui tait sa
reine.
la tte
sant l'injonction de la voix, elle voulait y toucher, la couronne avait disparu. La malade est de taille moyenne, avec crne brachycphale la racine du nez,
;
comme
de
enfonce.
L'oreille
qui apparaissent
notamment
l'poque de la menstruation.
Elle prend une pose distingue, rserve; elle vit tout fait dans ses ides romanesques de perscution et de grandeur qu'elle ne divulgue que rarement. Lamaladie
Observation LXXIV.
tions hrditaires.
Paranoa
sujette
hystrique [Sensations).
Illatky, trente-neuf
au
Sur
aux spasmes.
moment
de
o98
la pubert, la
devenue chlorotique
jamais conu.
;
et hystrique.
On peut
retrouver les
La
malade
tait
marie;
elle n'a
elle
y a trois ans elle devint mfiante, crut tait lse, calomnie de divers cts. Elle cachait
Il
son argent; lanuit on lui disait o elle l'avait cach. Elle s'aperut qu'il lui manquait une partie de son argent et de ses valeurs. On lui mettait du poison dans ses plats, on lui enlevait des membres entiers (anesthsie temporaire). Elle changeait de loge-
ment
chaque instant, vivait toujours en querelle avec ses voisins auxquels elle
et
des hallucina-
tions se produisirent
on
le
vagin
la
et le derrire.
Comme
fait
dont
appelle
dsigne
le
nommant
foie,
l'organe qui en
est le sige et
en ajoutant
le
mot
du
de l'estomac, etc.).
Une de
sacrum
et
ses
le
sensations importantes est qu'on lui suce ses forces par l'anus, le
vagin. Elle n'est suce qu' certains moments, mais jusqu' ce qu'elle
en soit abrutie, comme en tat d'ivresse, et qu'elle ne voie plus rien. Son anus a t compltement abm. Il lui fourmille continuellement (prurit).
trs dsagrable.
Le succion a commenc depuis que le mdecin l'a explore. Cette sensation est Mme quand on ne la suce pas, elle prouve une sensation de douParfois
on
la suce
(
simultanment
s
la tte et l'estomac.
serbes d'ides
Quand on
la suce
prouve la
tte
un tiraillement douloureux. On
ville.
femmes
sensation en disant
que c'est comme si l'on exhalait travers le mur des souffles venimeux sur quelqu'un . On lui suce aussi travers les murs le sacrum, on lui coupe le cur en morceaux, on lui dilate par un coin la tte (fluxion) et on lui retire la cervelle par le nez (rhume de cerveau occasionnel). On la coupe, on la pique, on la tiraille dans les flancs et dans les hanches (nvralgie intercostale). On lui tire les ides de la tte, et, comme eUe prouve des fourmillements et des chaleurs la peau de la tte, elle appelle cela i Dachensud (bouilli cutan). On
fait bouillir
doctorer
On
tendendengs
, c'est--dire
qu'on
lui
implante d'autres
est
un grouillement de fourmis
<t
le
long de son dos; ce mouvement commence l'occiput, dans les cheveux, et va dack jusque dans l'anus. Voil pourquoi elle l'appelle le dack d'anus et le des cheveux. Souvent elle prouve aussi une secousse et un tremblement de tout le
corps. Alors,
comme
avec
elle
elle dit,
on
lui
on
la fait
mourir
temporairement du ct
tout.
droit. Elle a
dans
On
fait
un vritable jeu de
cabaret.
-399
se, se trouvent aussi de nomljreuscs hallucinations qui, dans les dernires annes, ont pris de plus en plus un caractre sexuel. l'entourage a videmment un " zeii' de la Elle entend des injures sexuelles
;
langue
des dents. La malade entend prononcer tout ce qu'elle pense (succion de ses penses). On l'appelle en secret putain; tu pourrais tre depuis longtemps
et
une papesse enceinte , lui disent les gardes-malades. On s'amuse la couvrir d'ombre. La nuit on lui travaille le vagin. Elle a t couverte en ombre par l'vque qui, la nuit, lui avait jet un drap de lit sur la
figure.
lui
envoie travers
le
mur
le nez.
Comme
de
fait
contre son
entourage, d'o
sensations et les
que passagrement l'occuper et lui procurer un drivatif. Le et les injections de morphine n'ont qu'un succs tempoi^aire. En plus de l'hystrie, l'examen du corps, fait avec beaucoup de difficults, n'a rien rvl, sauf un catarrhe chronique de l'utrus et du vagin avec flueurs abondantes, constatation trs importante au point de vue tiologique. Aucun traitement gyncologique n'a pu tre entrepris.
russit
On ne
bromure de potassium
CHAPITRE IV
FOLIE
HYPOCOXDRIAQUEi
La question de savoir si l'hypocondrie doit tre classe parmi les nvroses ou parmi les psychoses est gnralement rsolue dans le sens de cette seconde hypothse. Quelle place l'hypocondrie occupe-t-elle dans le domaine des psychoses ? Les opinions sont divises. Griesinger la considre comme une forme attnue de la mlancolie. De fait, il y a chez l'hypocondriaque de la douleur psychique et des phnomnes d'entrave cependant ce ne sont pas des phnomnes primaires, mais des phnomnes conscutifs, des ractions des sensations importunes, des paralgies et aux conceptions anxieuses qui s'y rattachent et qui, semblables aux reprsentations obsdantes, ne tolrent ct d'elles aucune autre ide et forcent le malade s'occuper sans cesse des troubles produits dans son corps. Cette obsession s'explique en partie par l'influence des sensations phy;
siques
(perception
gnrale)
sur
l'tat d'esprit
et
sur la conception,
;
influence qui,
en partie par la nature des images mentales qui remplissent la conscience et qui ont pour objet une maladie grave, un danger pour l'existence. On peut essentielle l'tat physiologique, se fait sentir
mme
ment dsigner l'hypocondrie comme une nvrose sensitive (nvrose de la perception gnrale) avec participation ractive de la sphre psychique,
participation qui ne
Si, la suite
manque
jamais.
la et
d'une disparition momentane de la nvrose sensitive, conscience n'est plus occupe par les perceptions gnrales morbides troubles, il n'y a alors ni entrave ni dpression.
C'est par l que l'hypocondrie diffre de la mlancolie hypocondriaque dans laquelle la dpression douloureuse et l'entrave (avec micromanie et dlire du pch ventuels) d'origine primaire, se rencontre avec une perception gnrale profondment altre (ordinairement cause des maladies psychiques causales ou accessoires), et o cette concidence est employe pour expliquer la dpression morbide et l'entrave. L'hypocondrie a beaucoup de points de contact avec la neurasthnie en ce sens que cette dernire est souvent la base somatique et le point de
Littrature V. le travail de Joly dans indications compltes de la littrature).
:
Tuczek,
le
001
la dpression hypocondriaque et de la formation des ides dliNanmoins, ces deux tats doivent tre spars l'un de l'autre, car
l'hypocondriaque n'est pas toujours neurasthnique, et le neurasthnique hypocondriaque, bien qu'il faille convenir qu'il est presque toujours nosophobique.
n'est pas toujours
Neuro-psychose rypocondriaque
Un des phnomnes lmentaires des plus importants dans la partie psychique du tableau de l'hypocondrie, c'est la facilit de perception de l'organe psychique, grce laquelle les processus d'excitation (souvent liologiques) dans les nerfs organiques (pour la plupart pathologiquement altrs;, arrivent nettement la conscience de l'individu. Ces excitations sont en mme temps annotes par de vifs sentiments de dplaisir allant jusqu'aux motions (hyperesthsie psychique). La conscience est non seulement sans cesse inquite par ces sensations pnibles, proccupe au point d'arrter tous les autres sentiments et reprsentations, mais elle est aussi pousse interprter ces sensations, ce qui, suivant l'individualit, l'tat d'intelligence du malade, ainsi que suivant la nature du mal physique causal, peut provoquer l'ide d'une maladie grave, mais parfois aussi des explications des plus absurdes sur la nature des sensations qui
existent rellement.
Avec
s'explique par les entraves que subissent toutes les oprations de la conception, et en
mme temps
le
pouvoir de critique
et
de rflexion, ensuite
par
le
driaque ressemble au paranoque. Ce n'est donc pas sans motif que Merklin, se fondant sur ces faits, a dsign l'hypocondrie comme une forme bnigne de la paranoa, c'est--dire une forme qui est encore compatible avec une apparence de conduite raisonnable. En effet, la transition de l'hypocondrie certains tats de la paranoa hypocondriaque, sont tout fait imperceptibles, A l'acm de l'hypocondrie, les images mentales reproduites sont aussi annotes par de vifs sentiments pouvant aller jusqu'aux motions, et il se dveloppe un tel tat d'hyperesthsie sensorielle que les images mentales peuvent provoquer des sensations correspondantes (hallucinations de la perception gnrale). Les consquences des proce.'^sus d'entrave amens par l'influence organique sensitive et toujours croissante sur la conscience se font sentir dans tous les sens de la vie psychique. Cette influence se fait remarquer du ct de l'intelligence, surtout par le fait que les interprtations et les allgories des sensations deviennent de plus en plus absurdes; du ct de la conception et des sentiments, une anesthsie psychique dsesprante se produit par suite de l'entrave des sentiments de plaisir, et cette anesthsie envahit mme la perception seu:
e02
sorielle
;
l'gosme se produit par suite de l'entrave des conceptions et des sentiments esthtiques complique par l'tat de souffrance du Moi; par suite du manque des sentiments et des conceptions esthtiques, il y a un sans-gne qui fait accomplir toutes les fonctions physiques devant les autres et les fait discuter. L'entrave de la capacit gnrale aux efforts se
manifeste par une apathie et une absence d'nergie dsesprantes. L'hypocondriaque n'a qu'une pense, une tendance, c'est de trouver un
remde son prtendu mal. Dans ce but il consulte une foule de mdecins, avale dcoctions sur dcoctions, se soumet tous les procds de traitement imaginables, s'abme de plus en plus, devient malade par les drogues, essaie alors de l'homopathie, du charlatanisme, des remdes mystiques, mais de tout en vain. Avec l'hyperesthsie croissante et qui s'tend tous les trajets sensitifs,
ses
maux
s'accentuent
morbide lui reprsents les maladies les plus horribles qui font immdiatement une impression sur le physique et provoquent des sensations correspondantes. A l'acm de sa maladie, il est incapable de s'occuper d'autre chose que des phnomnes de son corps dlabr il fouille dans ses excrments pour chercher des vers solitaires, dcouvre dans les papilles de
;
crachats, les preuves d'un calcul dans les sdiments de son urine. Des efflorescences insignifiantes sur la peau sont des preuves de syphilis, des palles symptmes d'une prochaine paralysie du cur; des un mal de tte malaises neurasthniques indiquent l'existence du tabs prouve sans aucun doute qu'un ramollissement du cerveau est sur le point de se produire, etc. Le malade est en proie une agitation motive
pitations sont
il se dpeint les souffrances de sa mort terrible et imminente. complication des sentiments d'angoisse spontane se produisent de temps en temps. Ils peuvent s'accentuer jusqu'au degr d'un raptus et
continuelle,
Comme
mener au
suicide.
troubles nvrotiques qui en partie occasionnent l'hypocondrie en partie l'accompagnent, il faut noter les hyperesthsies, les nvralgies, les paralgies, les paresthsies, l'occasion aussi les anesthsies des nerfs sensitifs, spinaux, crbraux et sympathiques, les hyperesthsies des organes des sens, pisodiquement mme des hallucinations, souvent aussi
et
Comme
complexus symptomatique de la neurasthnie crbrale et spinale. Les troubles moteurs (crampes rflexes, spasme respiratoire, toux), vaso-moteurs et scrtoires ne sont pas rares non plus. L'hypocondrie est une maladie trs frquente et qu'on rencontre surtout chez les hommes. Episodiquement et sous une forme bnigne, elle peut
le
atteindre n'importe quel individu, dont la sensation gnrale est trouble par une maladie physique mais ces cas sont insignifiants, en comparaison de ceux o l'hypocondrie reprsente une nvrose constitutionnelle, ayant habituellement sa racine dans une tare hrditaire, dont le dbut remonte la pubert sinon l'enfance et qui suit l'individu pendant toute la dure de sa vie, car elle est provoque par toutes sortes de causes organiques
;
G03
maladies chrouiques de l'estomac et des du cur, maladies des organes sexuels ou uriuaires, souvent tout fait insignifiantes, neurasthnie, etc.), ou par des causes psychiques (ennui, vie recluse, frquentation des hypoconvie,
intestins,
du
foie
et
driaques, lecture
dmies,
etc.).
Comme
et
pide certains ouvrages populaires de mdecine toutes les nvroses, l'hypocondrie prsente une
,
et
L'hypocondrie qui n'est pas due une tare est dans la plupart des cas une maladie passagre qui se termine par la gurison, et d'une dure variant entre quelques semaines et quelques mois. L'hypocondrie constitutionnelle ne prsente que des intermissions et se termine souvent par des
de dgnrescence mentale. ne faut pas confondre avec l'hypocondrie, maladie et nvrose autonomes, certains cas o elle se prsente comme forme clinique au cours des maladies crbrales graves (voir le chapitre de la Dmence paralytique). Au point de vue thrapeutique, il faut avant tout retenir que derrire l'hypocondrie il y a toujours une maladie physique qui doit tre dcele et traite. Dans la pratique on pche souvent contre ce principe, en prenant
tats graves
Il
l'hypocondriaque pour un malade imaginaire. En examinant rigoureusement les choses, il n'y a pas de malades imaginaires il n'y a que des malades qui ont une sensation pathologique disproportionne (hyperesthsie) et qui, devenant par ce fait mme gostes et trs sensibles, envisagent leurs maux avec exagration. Les sensations des hypocondriaques ne sont pas des fictions, leurs dlires manquent aussi peu de fondement somatique que ceux des autres individus atteints de troubles mentaux seulement l'interprtation qu'ils leur donnent est errone et souvent mme
:
absurde.
Le traitement des hypocondriaques doit tre psychique et somatique. Le traitement psychique du malade hyperesthsique doit viser en premire ligne l'apaisement, les drivatifs et la distraction, La condition fondamentale du traitement psychique, c'est que le malade ait confiance en son mdecin. Qu'on cherche la gagner en montrant de la compassion, en prenant en considration toutes ses plaintes, et en examinant soigneusement son corps. Une fois la confiance acquise, on peut user de svrit. La dcision et l'esprit de suite dans l'attitude eu imposent au malade, la raillerie l'irrite; quant la rfutation logique de ses erreurs, elle a aussi peu de prise sur lui que sur le paranoque. La drivation psychique par une occupation rgulire est un moyen trs important tant de gens tombent malades parce qu'ils ont quitt une vie laborieuse pour l'oisivet! L'activit qu'on prescrit ne doit pas cependant tre un travail fatigant pour l'esprit et le corps, ni un travail purement mcanique, sans but et ennuyeux. Souvent les petits voyages, les cures dans les villes d'eau, l'exercice cheval, etc., produisent un elet utile. A l'acm de la maladie et dans l'hyperesthsie gnrale le repos et temporairement le repos au lit sont ncessaires.
:
604
A l'indication psychique rpondent aussi les moyens mdicaux. Sans mdicaments l'hypocondriaque ne se sent pas rassur. S'il n'y a pas d'indications somatiques, il faut donner des semblants de mdicaments. Au moins on ne le rend pas malade par les drogues. Le point de dpart du traitement somatique est donn par les maladies physiques causales ou accessoires (affections intestinales, maladies sexuelles,
neurasthnie) dont la thrapeutique doit tre entreprise selon les prceptes de la pathologie spciale; mais il faut l'appliquer en prenant en considration la constitution individuelle, les conditions de l'existence et les
besoins psychiques.
difficult dans l'excution du traitement est constitue par psychique du malade qui souvent est psychiquement anormal ds l'origine. Les interventions affaiblissantes, l'emploi prolong des sels purgatifs, les cures de Carlsbad, qui interviennent profondment dans la mutation intraorganique, sont ordinairement nuisibles la constitution et l'tat nerveux de l'hypocondriaque (faiblesse irritable, neurasthnie).
l'tat
Une grande
En gnral l'hydrothrapie
les bains
et l'lectrothrapie, les
cures climatriques,
de mer, l'hygine,
la dittique, les
satisfaisant.
calmants passagers, surtout quand l'hyperil y a de l'insomnie et des accs d'angoisse, peuvent devenir ncessaires. En premire ligne il faut alors essayer des prparations de brome et d'acide cyanhydrique. En gnral, ils sont mieux indiqus dans ce cas que les opiacs.
les
Symptomatologiquement
quand
tre confondus avec la forme hypocondriaque de la dmence paralytique. Ils ne vont pas jusqu' l'idiotie complte. Le malade tombe 'dans une apathie dsespre et dans une aboulie qui ne sont refoules que passagrement par des sentiments d'angoisse qui se manifestent occasionnellement. Les motions, les efforts du malade pour trouver du secours se relchent. Son intrt pour le monde extrieur et pour ce qui autrefois lui tait cher s'teint. Il perd le dernier reste des gards esthtiques pour les autres il devient malpropre dans son extrieur, sans gards dans la satisfaction de ses besoins physiques, ne s'occupe que des fonctions troubles de son corps dlabr, prend toutes sortes d'habitudes maniaques, devient puril dans la manifestation des motions qui par hasard peuvent encore se produire et de plus en plus inepte dans la description et dans l'interprtation de ses souffrances. Avec le temps les traits s'usent, le corps tombe dans un marasme auquel videmment le cerveau participe dans une grande mesure (senium prcoce).
;
605
Faiblesse moniale
far
suite
dlnjpocoKlrie.
et
J...,
m-
une
femme
hystrique
aline depuis
excentrique,
des annes, sort d'une famille tare. De tout temps ce fut un individu anormal, irascible, querelleur et enclin l'hypocondrie. La maladie de sa
ainsi
femme
que la profession trs fatigante qu'il exerait dans un pays montadonnaient beaucoup de mal et des soucis. La maladie de sa femme et la concurrence dans son mtier faisaient beaucoup de tort sa situation matrielle. Au commencement de l'anne 1879, le malade prit un catarrhe chronique de l'estomac.
gneux,
lui
Il
un desquels
il
fit
une
Le peux
trs
aot 1879 il demanda tre reu la clinique psychiatrique. Panicule adidiminu, couleur jaune gristre, anmie, catarrhe intestinal chronique,
gras, pouls tardif,
phnomnes de snium
physique.
;
offrait
il
Au
il
se sentait
dnu de sensations
disait qu'il
et
de sentiments
il
se plaignait, pleurnichait
ne voyait plus aucune possibilit de se sauver. de l'estomac et de l'intestin mal de tte sensation d'une tte grosse comme une citrouille, paralgies nombreuses (sensation
,
de vers et autre vermine lui rongeant la peau), sensation d'avoir une balle de plomb dans le corps, d'tre sur le point d'accoucher, d'avoir les boyaux blesss,
dans un tau, brlure dans le rectum et allant jusqu'au cerveau. Aprs le repas malade prouve une angoisse prcordiale tourmentante. Il croit alors que sa fin est proche et demande qu'on tlgraphie sa famille. Il prsente pendant ces crises boule, spasme respiratoire, sueurs d'angoisse il se plaint d'avoir des crampes dans les mains et dans les pieds. Parfois il voit pendant ces accs d'anvisss
et aussi la nuit, le
: ;
goisse l'ange de la
l'enlever. Il se cramponne dsesprment aux gens de plancher, demandant du secours d'une voix dsespre.
et
les fautes commises contre le rgime, provoques par une boulimie qui apparat parfois, enfin avec l'usage du tabac par lequel le malade se laisse toujours tenter malgr l'interdiction du mdecin. C'est en vain qu'on essaie de tout ce que la cuisine et le trsor des mdicaments peuvent offrir pour amener
une tournure favorable de la maladie qui est en troite connexit avec le catarrhe chronique et intestinal. Dans les tats d'motion anxieuse, les opiaces, l'eau de laurier-cerise, le bromure de sodium et les bains produisent toujours un soulagement. L'tat physique et psychique s'amliore passagrement avec le rgime lact et la privation absolue du tabac; mais le malade enfi'eint toujours les prescriptions dittiques, s'approprie l'occasion des plats destins d'autres
malades
et
expie sa
Avec
le
temps
il
s'absorbe
il
se plaint
Il
en
larmoyant,
fait
fil
n'y a
il
est tout
cur
se brise, le
;
prouve la sensation devers rongeant son cerveau il sent Son corps est par moment vide de sang, sa circulation arrte; il sent l'anmie de son cerveau, son marasme, cela lui
de sa vie se rompt.
aussi ses forces intellectuelles diminuer.
606
lire la tte
une clampsie
partielle
les
sensations chan-
angoisse, peur, tristesse, oppression au cur, il n'a plus gent chaque instant d'ides, il est incapable d'crire une lettre, ses nerfs sont tellement irrits qu'ils agissent d'une manii^e hostile sur lui, il n'a plus de force vitale, il approche de sa
fin pas de course. horreur de la mort et Le point de dpart
Il
il
prfre la
mort
ce martyre, mais
il
a,
en
mme
temps;
moment
de son agonie.
et le centre
Le malade
se plaint d'avoir
une
toujours les processus de la formation des matires fcales et le pristaltisme. Il lui semble qu'il a le cerveau dans le ventre et les boyaux dans le cerveau. Il a un sen-
timent continuel de blessure dans les intestins. Dans le rectum cela brle comme du feu de l la sensation douloureuse monte au cur et ensuite au cerveau. L il a
;
souvent la sensation d'une main qui s'introduirait pour presser, c'est une de l'hmisphre; cela doit pourtant tre une maladie idiopathique,dit
d'une voix caverneuse. Quand l'vacuation tarde se
vents se poser sur son
faire,
il
le
crampe malade
il
cur
et s'attend
le
un
arrt des
mouvements du cur.
malade s'absorbe de plus en plus dans ses malaises monde extrieur et au sort des siens. L'intil ne demande rt vif qu'il portait autrefois aux questions de son mtier s'teint plus ni un journal ni d'autre lecture, il ne s'occupe que des palpitations de son
Au
et ses plaintes;
devient indiffi-ent au
selles,
il
reconnat
d'un dnouement fatal prochain. Il ne craint pas de porter avec lui de la matire fcale enveloppe dans du papier et de la montrer pendant le repas aux autres malades ou au mdecin.
Vers la
fin
lui,
motions
ineptes et enfantines, du
atrophie gnrale, diminution de son Le malade s'puise en plaintes monotones poids spcifique, atonie et duret de son abdomen. Le soupon, form au commencement et pendant le cours de la maladie, qu'il s'agit d'une forme hypocondriaque de la dmence paralytique ne se confirme pas. On n'a remarqu au cours de l'an-
la pupille droite.
Lorsque, la
fin d'octobre,
malade pour la dernire fois, il prsentait l'image d'un tat de faiblesse intellectuelle simplement hypocondriaque, qui ne se ranime que par de violents sentiments d'angoisse allant jusqu'aux motions du dsespoir et provoqus par un vu
le
Au commencement de l'anne 1881, le malade, pris d'un de ces accs d'angoisse, a mis fin ses jours, aprs avoir bris d'un de ses souhers un carreau de verre soi-disant incassable et aprs s'tre fait des blessures profondes avec un morceau de
verre, de sorte
que
la
mort
Paranoa hypocondriaque
L'hypocondrie peut encore se terminer par une paranoa (hypocondriaque).
Tandis que dans le cadre de l'hypocondrie simple les sensations anormales sont encore produites d'une manire logique et que le malade objec-
607
des maladies relles, il arrive souveut malade, perdant le reste de sa raison, arrive une interprtation physiquement et mdicalement absurde de ses sensations. La facilit avec laquelle les sensations se transforment ici en conceptions de nature dlirantes et d'autre part la facilit avec laquelle les conceptions amnent des sensations, aident beaucoup la cration de cette forme de paranoa hypocondriaque. Les transitions de l'hypocondrie qui raisonne plus ou moins convenablement vers cette forme de la paranoa
les limites
le
dans
dans
le
sont imperceptibles.
Dans d'autres cas, la paranoa hypocondriaque se produit en mme temps que la facult de critique du malade s'affaiblit, par le fait que les sensations objectives venant du monde extrieur sont attribues aux influences hostiles de ce dernier (forme perscutoire). L aussi, avec la marche de la maladie se produisent des hallucinations dans le sens de la forme ordinaire de la paranoa.
Observation LXXVI. Paranoa hypocondriaque [sensations). Castillon, serrucinquante et un ans, clibataire, cens n'avoir aucune prdisposition hrditaire, d'un esprit born, superstitieux, ayant soutTert de somnambulisme pendant son enfance, vita de tout temps la socit des hommes, fut toujours irascible, trange, adonn la masturbation perdit, il y a sept ans, toutes ses conomies dans une faillite. Il fut pris d'insomnie, devint hypocondriaque, dprim, souffrait de mauvaises digestions, de selles difficiles, prtendait que ses organes taient dlabrs, qul avait une cataracte, souffrait de nombreuses sensations paralgiques et nvralgiques. Il fut obsd par l'ide dlirante que toutes ses sensations lui taient donnes artificielrier,
;
lement.
C'tait notamment un voisin qu'il souponnait de ces pratiques. Des voix confirmaient ce soupon. II en demanda compte son voisin, celui-ci nia. Le malade acquit de plus en plus la conviction qu'il tait la victime de perscuteurs invisibles et l'interprtation de ses sensations morbides devint de plus en plus insense. Les sensations physiologiques elles-mmes lui semblaient provoques artificiellement. Quand, sept ans aprs la maladie, on tablit le status prsens, le malade est dans un coin de la chambre, la mine chagrine, les ti^aits fatigus et le maintien vot. Il n'est nullement idiot, mais il est aboulique et constamment proccup par ses sensations auxquelles il prte une attention soutenue. De temps en temps il fait une grimace douloureuse, respire profondment, donne un coup de poing en l'air pour se dfendre contre les invisibles qui de nouveau l'ont saisi par derrire. Ils lui causent des douleurs sur tout le corps. Quand par moments les homards se remuent dans sa tte, il est pris de douleur, et l'eau lui coule par le nez. Il y a deux ans un petit homard de ce genre lui est sorti par l'anus alors qu'il tait aux cabinets. Dans le lit il a dj senti des serpents. Quand il porte sa cuillre sa bouche, il s'aperoit que quelque chose de malpropre y entre. Il a senti toutes sortes de choses dans l'eau. Parfois ses perscuteurs lui tordent les doigts. L'autre jour, comme il voulait scier, son bras se raidit tout d'un coup et il aperut une effluve de la scie sur son corps. Il n'est plus capable de lire; car aussitt qu'il essaie, ses yeux
orbites.
se
608
il trouve que ce moyen est toujours efficace. Le malade est sans motion en prsence de ses sensations et de ses idesdlirantes. Sa journe est compltement remplie ragir contre elles. Au physique il est en dcrpitude. Il a l'air plus vieux qu'il n'est et prsente des
du ventre
dou-
faut supposer,
comme
genre, que les sensations (excentriques) ont une origine centrale. Les fonctions vgtatives se font sans trouble.
QUATRIEME PARTIE
INTOXICATIONS CHRONIQUES
CHAPITRE PREMIER
L'ALCOOLISME CHRONIQUE ET SES
C
OMPLICATIONS
chronique (ivrognerie) introduite dans par Magnus Huss, nous comprenons l'ensemble de tous les troubles durables des fonctions psychiques et physiques produits par l'abus habituel de l'alcool. Comme substrata anatomiques des symptmes psychiques de la maladie on a trouv des altrations chroniques inflammatoires des mninges et des processus atrophiques de l'corce crbrale causs par l'action chimique excitante de l'alcool et par ses produits de dcomposition sur le tissu cr-
Sous
la dsignation d'alcoolisme
la science
bral ainsi que par des processus de fluxion et d'obstruction dans les
vaisseaux, de
et les
mme que par des obstructions dans les voies lymphatiques enveloppes du cerveau. Comme consquences ou comme complications, il y a des anomalies dans la distribution du sang (hyperhmies et anmies), hydrocphalie externe et interne, hyprostose du crne et pachymningite interne; dans les autres organes il se produit de l'artrio-sclrose, de l'hypertrophie du cur, cur gras, du catarrhe intestinal chronique, de la dgnrescence
du
foie et des reins. Les altrations organiques de l'organe central et de ses enveloppes, dont nous venons de parler, ne se produisent qu'au bout d'un certain temps et non dans chaque cas. Elles apparaissent comme phnomnes terminaux
et
comme
(nutrition
troubles par suite de l'abus de l'alcool), et il cerveau est capable de rsistance (parois vaisseaux
Littrature
Magnan,
gie,
I,
Henke, Eludes, IV, p. 271. p. 3 (littrature ancienne). Alkoliolisinus, traduit du danois par Buscli, 1852. Voisin,
etc., 182H,
chron.
fasc. 2 (littrature).
Handb., XV.
Bohm, Ziemssens Magnan, De l'alcoolisme, Paris, 1874. Dagonet, Trail des malad. meiiL, 1875, p. 526. Bar, Der Alkoholisuius,
79, 82,
8.5.
100, 108.
Ann. md. ps>/ch., janv. 1864. Rose, Pitha und Billroths Chirur-
PSYCHIATRIE.
39
CIO
intactes), l'ivrognerie
En
psychoses organiques et seront analyses, car ces espces rares d'intoxication n'ont pas t mentionnes dans l'tiologie. 1 Le caractre fondamental des troubles psychiques qui en rsultent, c'est la faiblesse psychique et l'insuffisance croissante des facults thiques
et intellectuelles.
Les premiers symptmes se montrent ordinairement dans la sphre L'individu qui s'adonne la boisson a des ides relches sur tout ce qui concerne l'honneur, les murs, les convenances il est indiffrent aux conflits moraux, la ruine de sa famille, au mpris que lui il devient un goste brutal et un cynique prodiguent ses concitoyens (dgnrescence des murs et du temprament par ivrognerie inhumaa).
thique.
nitas ebriosa,
^).
Clarus).
Une
irritabilit
mme
donne
revtent
le caractre d'motions pathologiques (ferocitas ebriosa). Par moments, notamment le matin, se produisent des tats de proy). fonde dpression intellectuelle, de mauvaise humeur morbide, pouvant aller jusqu'au ta?dium vit, tats qui disparaissent temporairement avec une nouvelle absorption d'alcool morositas ebriosa). Un des premiers symptmes dans le domaine psychique, c'est une faiblesse de volont extraordinaire pour l'accomplissement des devoirs professionnels et civiques. Elle se manifeste le plus nettement par une impossibilit excuter les bonnes intentions, renoncer son vice on en trouve une preuve trs instructive dans ces cas assez frquents o les alcooliques demandent leur internement dans un asile, tant encore assez intelligents pour apercevoir l'abime dont ils approchent, mais sentant eu mme temps leur faiblesse de volont et leur dbilit morale qui les rend incapables de l'viter par leur propre force. ^;. Avec CCS symptmes, marche de pair une baisse progressive des capacits intellectuelles in toto et qui se manifeste de bonne heure par la faiblesse de la mmoire, par la difficult dans la marche des ides, par l'inertie de la perception, et qui peut aller jusqu' l'imbcillit. /.). Un phnomne frappant qu'on rencontre chez les alcooliques chroniques qui ont des rapports sexuels, c'est l'ide dlirante qu'ils sont tromps sexuellement soit par l'pouse (dlire d'infidlit conjugale' soit par la matresse dlire de jalousie
. ; , .
Liman,
f.
Psj/ch., 3 p. 620-639.
Casper, Trait
303, 320.
Nasse,
f.
Jahrhucher
INTOXICATIONS CHRONIQUES
J'ai
t5il
rencontr
le
100
des alcooliques
mles qui avaient encore des rapports sexuels. Il apparat aux stades avancs de l'alcoolisme et, sauf quelques cas rares, comme dlire isol presque monomaniaque. Par l mme et par le fait qu'il se produit presque exclusivement par la voie idatoire (combinatoire), il ne fait pas au premier aspect l'impression d'un dlire et mme l'examen psychiatrique n'a souvent d'autre moyen que de prendre d'abord des renseignements sur la ralit des faits, pour savoir si l'on se trouve en prsence d'une ide dlirante ou bien d'une
ralit.
manie de la jalousie, une fois ne, est excessivement stable et ce que trs exceptionnellement que je l'ai vue disparatre avec la gurison de l'alcoolisme. C'est ainsi que s'explique ce fait qu'on la rencontre dans les diverses formes des troubles mentaux aigus et chroniques qui peuvent se dvelopper sur la base de l'alcoolisme. Mais elle prexiste toujours l'explosion de l'alination et jamais elle n'est le produit de la psychose pisodique ou complicante. Cette ide dlirante fait partie de l'alcoolisme mme elle en est le stigmate dans le
Cette
n'est
;
cadre de ses symptmes psychiques, et son origine est primaire. Cependant, l'occasion, elle peut s'appuyer et tre alimente par des hallucinations et des illusions dont le sujet correspond au dlire. Mais
celles-ci n'ont
qu'une importance secondaire et n'appartiennent qu'aux et de dlire. La question de savoir quel est le mode d'origine de cette ide dlirante,
On pourrait
domaine sexuel.
Seul un examen minutieux psychique et physique, examen complt par les renseignements fournis par l'pouse sur les modalits des rapports
sexuels, pourrait faire la lumire sur la pathognie de cette ide dlirante.
Il faut tenir compte de ce que Fabus alcoolique produit au commencement et pendant longtemps un effet aphrodisiaque temporaire, et qu'il augmente l'excitabilit et l'excitation des centres gnitaux, jusqu'au
o, en vertu de la loi physiologique, une phase terminale d'puisement et de dclin de la fonction apparat. Dans une srie des cas que j'ai eu l'occasion d'approfondir, l'hyperesthsie sexuelle existait de tout temps. La grandeur anormale du besoin sexuel a t encore augmente dans la premire priode de l'alcoolisme, mais, lors de Texcution du cot, le sujet ne se trouvait pas satisfait, la sensation voluptueuse qu'il avait coutume d'prouver ne se produisant
pas.
moment
Ajoutons encore que l'pouse souvent ne se prte qu' contre-cur l'accomplissement du devoir conjugal et que le cot avec une pouse frigide ne satisfait pas moralement non plus l'poux. Les causes de la frigiditas uxoris sont sou ge avanc, son aversion
:
612
bat et lui
cot qui
pour l'homme brutal et grossier qui vit avec elle en dispute continuelle, demande souvent le cot en tat d'ivresse l'aversion pour
;
le
demand
par suite d'une jaculation tardive pathologique est trop souvent et devient dsagrable et douloureux pour la femme. A une priode plus avance de l'alcoolisme, l'impuissance absolue ou relative de l'homme peut avoir une influence importante. Tels sont les lments psychico-physiques qui provoquent la manie
et
thique
s'est
psychiquement affaibli, qui d'ailleurs vit femme, cherche et trouve la cause de sa non-satisfaction sexuelle dans l'infidlit de son pouse. Puis, par des combinaisons fausses, l'ide dlirante se consolide et s'largit. Les enfants ne ressemblent pas au pre, par consquent c'est un autre qui les a faits dans le mnage ou se prive de tout (parce que l'homme dpense
brutal,
L'homme
tout en boisson)
par consquent
;
la
la femme infidle porte de l'argent et femme soigne sa mise (pour des raisons
elle
bien innocentes)
prte qu' contre
par consquent
elle
ne se
un malaise gyncoloil
gique
y a des taches de
sperme
Ce sont
du
dant les motions, l'ivresse ou le dlire occasionnel, le malade a des perceptions illusoires ou hallucinatoires (regards amoureux et propos
La faiblesse psychique
souvent
2
et
le fait qu'il
prend
de sa
femme pour
ses souteneurs.
phnomnes psychiques apparaissent des troubles senpremiers symptmes de l'alcoolisme chronique. Ils se rapportent en majeure partie des troubles de la circulation dans le cerveau (hyperhmies chroniques) et se manifestent sous forme de mal de tte, de vertige, de lourdeur de tte, d'indisposition intellectuelle, de confusion dans l'esprit, d'embarras, de sommeil agit avec songes pnibles et terct des
soriels
comme
rifiants.
Les appareils des sens prsentent des troubles importants qui peuvent en partie tre ramens des troubles de la circulation dans ces appareils ils se manifestent au dbut par des hyperesthsies et par des sensations lmentaires subjectives allant jusqu'aux hallucinations, plus tard par des
;
anesthsies.
Le sens de
la
vue
et le
en seconde
Les fantasmes consistent en mouches volantes, tincelles, flammes, bruissements, tintements, sifflements. Souvent ils marchent de pair avec une hyperesthsie acoustique prononce.
INTOXICATIONS CHRONIQUES
Ces fantmes et ces bruits doimeat souvent lieu au dveloppement
lusions que parfois on dcrit faussement
613
d'il-
comme
des hallucinations.
De vritables hallucinations se rencontrent aussi, d'abord immdiatement avant que le malade s'endorme, plus tard pisodiquement, et parci
par-l au
cours
de
la
maladie, aprs
les
inlluences
dbilitantes
(manque d'alcool, sommeil troubl, alimentation insuffisante, etc.). La plus grande partie sont causes par l'anmie des appareils sensoriels centraux; elles se rencontrent presque exclusivement dans le domaine du sens visuel, rarement dans celui de l'audition, et ont gnralement un
caractre terrifiant et de nature provoquer l'angoisse (masques horribles,
figures de spectres, animaux;'.
des
Un de mes malades, pendant longtemps, au moment de s'endormir, voyait hommes vtus en gendarmes et arms de bayonnettes. Ils lui deman-
daient son
tard
ils le
nom
et ensuite ils le
il allait, de sorte qu'il s'adressa la police pour tre protg. Des illusions aussi se produisent tout d'un coup l'entourage apparat noir, avec des formes dfigures, transform en diables ou en animaux. Au cours de la maladie lamblyopie peut se produire ainsi que l'a dmontr entre autres Galezowski. Elle apparat brusquement l'acuit de la vue baisse considrablement. Les malades deviennent myopes; ils voient
partout o
mieux
le soir.
de
il
la
dischromatopsie temporaire. Les pupilles sont dilates et souvent ingales. A l'ophtalmoscope aucune constatation, tout au plus on note de l'dme de la rtine avec artres trs contractes. Le trouble de la vue peut disparatre au bout de quelques mois, si le malade renonce l'abus de l'alcool. Comme les malades ne satisfont gure cette exigence, il se produit dans la plupart des cas une atrophie des nerfs optiques, une amaurose. 4'" Chez les alcooliques l'intgrit des fonctions motrices est atteinte de
plus important, le plus frquent, le premier et le plus trmor des muscles volontaires. Il est surtout prononc la langue, aux lvres, la figure et aux mains. Mais passagrement ce trmor peut devenir universel et, en augmentant, devenir un spasme clonique. On observe assez souvent aussi du nystagmus. Un fait trs important pour ce trmor alcoolique, c'est que, outre sa forme et son mode d'extension, il est plus marqu pendant l'tat de sobrit et il s'attnue aussitt que le malade boit de l'alcool. Souvent, par suite de l'augmentation de l'excitabilit rflexe de la moelle spinale, des convulsions gnrales et des crampes locales dans les jarrets se
le
durable, c'est
le
* Ces fantmes sont gnralement multiples (animaux fantastiques, assassins brandissant leurs poignards, etc.).
614
le commencement de la maladie. Elles se manifestent surtout au moment o l'individu est sur le point de s'endormir et elles sont avec les fantmes la cause principale que les malades s'endorment difficilement. Aux stades avancs de l'alcoolisme chronique des phnomnes partiques se produisent dans le domaine du nerf facial ainsi qu'aux extrmits. Les mains deviennent sans force, les genoux flchissent, la dmarche devient vacillante. La cause de ces trouhles des mouvements n'a pas encore pu tre tablie, mais pour un certain nombre de cas elle provient d'une maladie des nerfs priphriques polynvrite). 5 Parmi les phnomnes frquents de l'alcoolisme chronique avanc
produisent ds
Au dbut il s'agit d'hyperesthsies et de nvralgies. Les premires peuvent tre cutanes ou musculaires. Magnus Huss donne mme la description
d'une forme hyperesthsique spciale de l'alcoolisme chronique. Cependant, dans la plupart des cas, les hyperesthsies ne sont pas gnrales,
l'irritabilit augmente des appareils rflexes de la moelle piuire, elles font clater des convulsions
spasmodiques semblables aux dcharges lectriques fulgurantes, ainsi que des crampes toniques dans les muscles des jarrets.
Dans
les stades
un ralentissement de
perception avec
sensation intacte.
Ces diffrentes sensations altres sont souvent interprtes faussement d'une manire allgorique par la conscience obnubile; par-l elles constituent la hase des conceptions dlirantes. Ainsi les douleurs nvralet
giques fulgurantes mnent parfois l'illusion qu'on est tortur par Tlecparalgiques et hyperesthsiques mnent l'ide que des serpents et des insectes rampent sur la peau, ce qui fait que ces malades essuient sans cesse leur peau, secouent leurs vtements, etc.
6"
Chez
il se produit de bonne heure des troubles de la cirdomaine vasculaire, en dehors des troubles de circucauss par l'artrio-sclrose, le cur gras, etc. Une paralysie vascu-
les alcooliques
dveloppe et se manifeste surtout par la dilatation des vaisseaux et ralentissement de la circulation la figure, ce qui avec l'obstruction lymphatique, amne des troubles de nutrition de la peau (acn rosace) en mme temps le pouls est souvent ralenti. Le cerveau affaibli, parsi dans son tonus vasculaire et devenu incapable de rsistance aux fluxions, supporte avec le temps de moins en
le
;
moins l'alcool, et des accs alcooliques trs relatifs provoquent aussitt des hyperhmies fluxionnaires avec phnomnes de pression et d'irritation.
7
Un phnomne qui
INTOXICATIONS CHRONIQUES
baisse
Clb
du libido
sexiialis et
de
la
cur gras,
le
catarrbe gastrique, la
dgnrescence du foie et des reins. La peau fltrie, ple, de teinte mauvaise, l'anmie cutane cot des ectasies capillaires et des stases veineuses, les yeux fatigus avec pupilles gnralement dilates, le regard sans expression, la mine dmente avec
l'innervation irrgulire de la face et pouvant aller jusqu'aux parsies,
dnotent la dgnrescence somatique de l'alcoolique. La marche de l'alcoolisme chronique est progressive jusqu'aux stades extrmes de la dcadence psychique et physique stupidit, parsie et
psychique
marasme
vgtatif.
L'ivrogne arrive rarement ces stades terminaux, car les maladies des organes vgtatifs, spcialement la cirrhose du foie, l'hydropisie, l'urmie, les attaques apoplectiques et pileptiques, les affections inflammatoires aigus, notamment celle des poumons, le delirium tremens, etc., mettent avant le temps fin ses jours. Toute maladie un peu grave de l'ivrogne, mme une simple bronchite,
peut devenir fatale et prend tout de suite un caractre adynamique. Le pronostic de l'alcoolisme chronique est gnralement dfavorable;
car ce n'est que rarement que
fatale
il
glisse
le malade peut tre dtourn de la pente avec les meilleures intentions il n'arrive gure de lui-
renoncer son vice. La thrapeutique doit tre d'abord causale. L'abstention de l'alcool est impossible dans le traitement domicile. On ne peut l'obtenir que dans les hpitaux, notamment dans les asiles d'alins. Dans certains pays qui sont particulirement dsols par la plaie de l'alcoolisme on a commenc construire des asiles* spciaux pour les ivrognes. Ils constituent un vritable bienfait pour les individus ainsi que pour la socit, diminuent le nombre des accidents et des crimes, amnent des gurisous auxquelles on ne s'attendait pas chez des ivrognes profondment dgnrs; ils ont encore cet important avantage de prserver de la transmission de l'infirmit alcoolique par la gnration. La cration de semblables asiles dans les pays civiliss ne saurait tre assez recommande. La contrainte et l'isolement appliqus aux ivrognes sont lgitimes quand on se place sur le terrain clinique et qu'on pse les bienfaits qui en rsultent pour ces individus dpourvus de libre arbitre, irresponsables, et au cerveau malade; mais, comme actuellement ces asiles nous manquent encore, les cas les plus graves d'alcoolisme sont envoys dans les asiles d'alins auxquels ils n'appartiennent pas de droit, mais
'
mme
V.
Baer, Op.
cit., p.
506.
616
seulement pendant les priodes d'agitation intercurrente, et d'o on les renvoie aprs la complication passe pour rcidiver peu de temps aprs leur libration.
Le seul remde
stimulant.
c'est le sjour
prolong dans
est
les asiles
le
malade
systmatiquement dshabitu de ce
Nous ne mentionnons qu'en passant les cures d'eau-de-vie en partie nuisibles en partie inutiles tentes avec la teinture de quinquina, l'acide sulfurique ou mme l'mtique et qui, dans la pratique prive, sont preset sans rsultat pour combattre ce vice. important pour le mdecin praticien, c'est que les interventions qui affaiblissent provoquent facilement des complications, notamment du delirium tremens, et que les maladies aigus prennent un caractre asthnique pernicieux.
crites
souvent
Un
fait trs
dgnrescence
Observation LXXYII. Alcoolisme chronique avec symptmes trs 'prononcs de morale et psychique {Inhumanitas et ferocitas ebriosa). Blessure
faite l'pouse
par
le
mari
adonns
la
De
vie.
treize enfants
hommes
.
union il n'y en a que deux (!) qui soient encore en violents, brutaux et adonns la boisson.
le
Ce sont des
Depuis sa jeunesse
malade
En
tion,
tait dj
il
en plus la consommation de Teau-de-vie. A partir de cette poque ses forces intellectuelles et physiques baissrent rapidement. Le malade tombait moralement de plus en plus bas, tenait les propos les plus orduriers, appelait devant tout le monde sa femme putain, lui passait la main sous les jupons, invitait annes
se livra de plus
d'autres personnes
se
mme
des voies de
Il
fait
sur
elles.
ngligeait ses affaires, flnait dans les cabarets, ne dgrisait presque jamais,
mme la nuit du quetsch quand il se rveillait, de sorte que le matin il ne pouvait plus se tenir sur ses jambes par suite d'ivresse. Il tait frapp lui-mme du
buvait
fait
les
vnements du pass
le
plus
il
Le malade devenait de plus en plus brutal, irascible et agit. Quand il avait bu, une impulsion tout briser. Ses tals d'ivresse prenaient de plus en plus des allures pathologiques. Il criait, injuriait, pleurait sans raison, parlait d'une manire incohrente, cassait tout ce qui lui tombait sous les mains, menaait son entourage avec des couteaux et un revolver, de sorte que tout le monde en tait terroris.
avait
Depuis quelques annes des troubles sensoriels et sensitifs se prsentaient la nuit il voulait s'endormir et le matin quand il se rveillait. Le lit dansait avec lui, il voyait des formes noires chevaucher et aller en voiture dans les airs, voyait voler en l'air dans la chambre des oiseaux, des souris, des rats, des chiens et des chats.
quand
En mme temps
entendait des
n'tait
il
confus et avait beaucoup de peine reconnatre que tout cela qu'une illusion. Le sommeil tait mauvais quand il se rveillait, il tait presque toujours couvert de sueur.
cris
;
INTOXICATIONS CHRONIQUES
617
En descendant du lit, il avait un vertige si violent qu'il tait oblig de s'appuyer des deux mains; il avait en outre mal la tte vomissements de glaires visqueuses et tremblement gnral au point qu'il ne pouvait pas porter sa cuillre sa bouche;
;
buvait de nouveau de l'alcool, il se sentait mieux elle tremblement disparaissait. Le 29 dcembre 1874, il absorba beaucoup d'eau-de-vie au cours de la journe il paraissait agit, colreux, violent, ivre. L'aprs-midi, en rentrant la maison, il demanda du lait caill sa femme. Comme elle n'en avait pas de tout prt sa disposition, il se mit dans une colre violente, tira deux coups de revolver dans le mur, et comme sa femme voulait le calmer, il lui logea une balle dans le corps.
s'il
;
Quand
il reprit ses sens, fut trs effray et voulut se pendre. ne se rappelait son acte que comme un rve. Il voulait videmment faire peur sa femme, mais il n'avait pas l'intention de la tuer. A la prison prventive, II... se prsente comme un homme profondment atteint au
elle s'affaissa,
il
Plus tard
point de vue thique et intellectuel. Il ne prend pas grand souci de son avenir, n'prouve aucun repentir de ce qu'il a fait. La mine est morose, abrutie; la langue, saburrale, tremble; la peau est fane, d'un jaune sale, la musculature lche, la
largis, les yeux cercls, la rgion faciale gauche moins innerve que la droite. Les mains et les extrmits infrieures prsentent un lger trmor. La sensibilit ne prsente aucun trouble. Le pouls est rare, petit, lent les bruits du cur sont sourds, la circonfrence du cur est un peu augmente, le foie saille au-dessous de l'arc costal. L'apptit est mauvais, les selles paresseuses. Le malade se plaint de lourdeurs de tte, de vertiges,
maux de tte, de bruissements dans les oreilles, notamment le matin. Catarrhe bronchique chronique. Le sommeil est mauvais, troubl par des tressaillements frquents et par des rves terrifiants. La renonciation force l'alcool pendant sa dtention et plus tard l'asile d'alins produisit une amlioration sur ses organes profondment endommags mais le malade resta affaibli thiquement et intellectuellement, incapable de se diriger lui-mme tout essai pour lui laisser un peu plus de libert amenait de nouveaux excs. Comme preuve de l'absence de sens moral chez le malade, il suffit de citer le fait qu'un jour, sa femme tant venue lui faire une visite et l'avait emmen promener, il lui demanda le cot sur la chausse o il y avait beaucoup de passants, ne voyant aucun inconvnient dans le choix de cet endroit public ni dans la prsence du gardien
de
; ; !
Sur
le
terrain cliDique
de
l'alcoolisme chronique on
et
srie d'affections
du cerveau intercurrentes
i le
;
grande importance.
11
faut citer
delirium tremens
2 l'illusion
psy-
choses alcooliques
I.
Delirium tremens
*,
Le delirium tremens est une des affections intercurrentes importantes et les plus frquentes de l'alcoolisme chronique.
'
:
les
plus
Littrature Siilton traduit par Ileinken, 1820. Barkhausen, Bemerkt/nr/p i/her dni (oeden. De t/el. frem., Berlin, 1825. Suferirahnsinn, Brme, 18"28. Ua.rl\n\, Bei/rar/. z. V. Franque, De del. /rem., Munich, 18.59. praklischen Ileilkunde. 1836, t. III. Foville, Rose, Op. cil. Arcli. f/u., 1867. LasRue, Ibl., 1869. Magnan. Op. cil. Sander. Arch. f. Psych, 1868, et Vsych. Correspondenzhlatl, 1877, 8,9.
618
Ainsi que l'indique dj son nom. les phnomnes principaux consistent en dlire et en trmor. Comme autres symptmes ne manquant jamais,
on peut encore citer lnsomnie et les hallucinations. La maladie n'clate que chez les individus qui se livrent habituellement la consommation exagre de l'alcool et qui prsentent dj plus ou moins les symptmes de l'alcoolisme chronique un excs alcoolique isol, quelque intense qu'il soit, n'amne pas de delirium tremens. Si la maladie crbrale qui est la base de l'alcoolisme chronique, cre la prdisposition pour l'apparition du delirium tremens, on peut cependant citer une srie de causes accidentelles qui en amnent l'exploelles constituent un lment sion. Ces causes ont toutes le mme effet d'affaiblissement pour le cerveau dj affaibli et devenu incapable de rsistance. Comme causes accidentelles les plus importantes on doit citer les excs alcooliques accumuls (a potu niraio), privation de l'alcool devenu un stimulant habituel a potu intermisso alimentation insuffisante par dfaut de nourriture ou la suite d'une accentuation du catarrhe chronique de l'estomac, violentes motions morales, maladies graves, surtout les pneumonies, diarrhes profuses, suppurations, pertes de sang, veilles, maladies douloureuses et blessures, notamment fractures osseuses. L'explosion du delirium tremens n"est jamais brusque. Comme pro;
:
dromes
tions
il
y a souvent
par des rves anxieux et de oppression dans le creux pigastrique allant jusqu' une violente angoisse prcordiale, tintements d'oreilles, bruits, hyperesthsies du nerf acoustique et du nerf optique, mal de tte, vertige, inquitude nerveuse, lger tremor des mains et de la
terrifiantes
ou un
sommeil
agit
irritalilit
langue.
La dure de ce stade d'incubation peut s'tendre jusqu' douze jours. Le paroxysme proprement dit consiste en une srie de troubles des fonctions psychiques, motrices et vgtatives. Par suite de l'insomnie
prolonge, de l'agitation psychique, des frquents tressaillements, de
tabilit sensorielle et
l'irri-
morale croissantes, des troubles dans l'opration de la pense, troubles que le malade dpeint comme une incapacit rallier ses ides, comme une confusion chevele dans sa tte, il se produit une obnubilation de la conscience suivie de dlire. La conscience est toujours superficielle, crpusculaire, comme dans l'tat somnambulique, et ce qui caractrise en quelque sorte ces tats, c'est que par une apostrophe nergique on peut momentanment amener le malade faire des rponses justes pour retomber aussitt aprs dans son dlire. Le dlire consiste surtout en hallucinations. Les malades se croient souvent au cabaret, commandent des consommations, ou bien ils croient
tre leurs affaires et font les efforts de ces occupations imaginaires.
visuel et
Les hallucinations qui, au dbut, se montrent dans le domaine du sens quand il fait nuit, et qui plus tard se prsentent aussi dans la journe, sont surtout de nature terrifiante et consistent de prfrence en * liions d'animaux; ce ne sont pas des animaux isols que le malade voit.
INTOXICATIONS CHRONIQUES
619
mais des troupeaux entiers de clievaux, de chiens, de rats, de souris, etc. Ils prennent des attitudes agressives, grouillent autour de lui, cherchent le bousculer, s'lancent contre lui, aboient aprs lui. En mme temps il voit des figures fantastiques, grimaantes, de vilains masques, mais toujours en foule.
Les sensations hyperesthtiques et paralgiques veillent chez le malade la perception illusoire de crapauds, de serpents, de vers, d'araignes siir sa peau, et c'est ce qui produit le tiraillement continuel des couvertures du lit, ce frottement de la peau qu'on observe ordinairement l'acm de
la
maladie. Des furoncles, des blessures, etc., sont souvent, conformment au sens du dlire, pris pour des morsures d'animaux, des tentatives d'assassinat, etc.
Toutes ces hallucinations de la vue se produisent en grand nombre dans l'obscurit et se produisent souvent encore pendant la priode de convalescence, aussitt que le malade, qui ne dlire plus, ferme les yeux. Au cours du dlire, des hallucinations auditives peuvent aussi appa-
forme de bruits confus, de bruissements, ou de voix tenant des propos terrifiants, souvent obscnes; cependant, comparativement aux hallucinations de la vue qui dominent la scne, elles ont un caractre
ratre sous
pisodique.
Ce sont essentiellement ces hallucinations qui mettent le riialade dans et mme le font tomber dans le dlire lmende perscution. Souvent
il
A
le
meubles sont pris pour des animaux, etc. personnes de l'entourage sont mconnues dans
terrifiant et menaant des hallucinations et des perceptions, lindividu peut tre entran se livrer des tentatives contre sa propre vie ou des actes de violence contre son entourage.
Souvent un dlire d'empoisonnement accompagn d'un refus temporaire de nourriture se produit comme consquence d'un catarrhe simultan de l'estomac et de la bouche. Les troubles moteurs consistent en un trmor qui se manifeste surtout aux doigts et la langue, mais qui souvent s'tend aussi aux muscles de la figure et aux extrmits, et qui, en s'acceutuant, peut devenir un tremblement spasmodique gnral. La dmarche du malade est chancelante, irrgulire, mal assure. La sensibilit la douleur est souvent supprime;
des tats d'analgsie peuvent alterner avec des tats dhyperesthsie. L'excitabilit rflexe est souvent accentue. Il se produit une agitation continue et sans but, des convulsions, des mouvements des extrmits allant jusqu'aux spasmes cloniques partiels ou gnraux. Le pouls est
frquent, atteint 100 pulsations et
mme
La scrtion sudorale
habituellement profuse, Furine diminue de quantit, concentre, d'un grand poids spcifique, et contient souvent une quantit considrable d'albumine. Les selles sont arrtes. Des complications gastriques se rencontrent rgulirement.
est
620
Le delirium tremens est, par lui-mme, une maladie sans fivre, cependant souvent il y a ici, comme en gnral dans les nvroses graves, des hausses brusques et trs considrables de la temprature; ces augmentations de chaleur, s'il n"y a pas de maladies complicautes des organes vgtatifs, ne peuvent tre attribues quaux anomalies d'innervation des
centres qui rgularisent la chaleur dans le cerveau.
nom de delirium tremens fbrile et, les particulirement grave, il les a opposs au delirium afbrile. Ce dernier peut se produire aussi sous la forme primaire. Dans le premier des spasmes pileptiques partiels cloniques et
Magnan
a dcrit ces tats
sous
le
considrant
gnraux se prsentent souvent. La chaleur du corps monte rapidement et atteint jusqu' 43^ La mort est le dnouement presque rgulier de ce dlire fbrile que, pour ma part et d'accord avec Schle {Manuel, p. 317), je ne classerais pas cliniquement dans la catgorie du delirium tremens mais dans celle du delirium acutum. Le delirium tremens prend souvent un caractre adynamique. Le pouls devient mou, petit; les bruits du cur deviennent sourds au point que le premier disparat; le malade transpire abondamment le dlire devient mussitant, rarement furieux, avec soubresauts des tendons, carphologie; la langue devient sche et fuligineuse; la conscience s'teint compltement
;
et arrive
mme
l'tat de sopor.
mais
est en moyenne de trois huit jours, y a souvent des rechutes qui prolongent la maladie pendant plusieurs semaines. La marche est rmittente, exacerbante. Le delirium tremens est une maladie grave qui dans lo p. iOO des cas
a une terminaison fatale. Le danger de la maladie rside dans la possibilit de l'puisement, des complications crbrales (dme, dlire aigu) et des
maladies vgtatives, notamment des pneumonies hypostatiques. Les terminaisons du delirium tremens sont la mort ou par puisement ou par des complications parmi lesquelles il faut surtout craindre l'dme ensuite le passage l'tat chronique (dlire crbral avec convulsions une alination chronique la gurison. Cette dernire peut d'inanition), avoir lieu presque critiquement par un sommeil profond et quand il s'agit de cas lgers dans la plupart des cas, le malade ne se remet que successivement par le fait que la jactance et le dlire restent au second plan
: : ,
;
et
verse alors
dlire
que des entr'actes de sommeil de plusieurs heures s'intercalent. Il traun stade de prostration physique et psychique (obnubilation de la conscience jusqu'au stupor, faiblesse de la perception; dans lequel
le
rectifi et
le
des hallucinations
la
malade reconnat nature de ces dernires et elles ne lui sont plus un sujet d'alarme. Les psychoses qu'on rencontre conscutivement au delirium tremens sont la vsanie, les tats de stupeur prolongs, ensuite les mlancolies et les manies. Elles ne se distinguent des autres psychoses, dues aux influences dbilitantes, que par les traces de l'alcoolisme chronique et par la persissurgir encore de temps en temps.
Avec
temps
le
INTOXICATIONS CHRONIQUES
621
on rencontre, en dehors chronique (obnubilatious, obstructions lymphatiques de la pie-mre, etc.), des hyperhmies veineuses et de l'dme dans la pie-mre et dans le cerveau. La thrapeutique' du delirium tremens doit tout d'abord tenir compte de l'indication causale et ensuite de l'indication symptomatique. Au point de vue de la cause, c'est la prophylaxie qui a la plus grande importance. Les mdecins des hpitaux publics et des prisons ont souvent l'occasion de la pratiquer. Si l'individu qu'on a reu est un ivrogne, il ne faut pas lui retirer compltement son stimulant accoutum, l'alcool, ou du moins il ne faut pas manquer de lui prescrire de l'alcool aussitt qu'il existe une maladie grave ou qu'on se trouve en prsence d'une des causes occasionnelles du dlire dont nous avons parl. Ajoutons encore cela la prcaution de ne pas traiter par les affaiblissants (saignes, drastiques, etc.) toute maladie grave ou douloureuse, toute lsion chez un ivrogne au contraire, il faut dans ces circonstances s'en tenir un rgime tonique, dittique et mdicamenteux. Comme dans les circonstances que nous venons de signaler, tout ivrogne est menac du danger imminent d'uue explosion de delirium tremens, il faut bien faire attention aux symptmes d'incubation qui pourraient se prsenter, notamment l'insomnie. Il faut alors immdiatement lui opposer les hypnotiques (opium avec ou sans spiritueux, hydrate de chloral avec ou sans morphine, paraldhyde, hydrate d'amylne, sulfonal). Les indications pour le traitement de la maladie quand elle a clat se rsument en deux points viter toutes les interventions affaiblissantes, amener le sommeil aussi promptement que possible. La premire de ces deux indications est justifie par le caractre nettement asthnique de ce dlire d'inanition ainsi que par les tristes rsultats de l'ancienne thrapeutique affaiblissante la seconde indication rsulte de l'exprience qui nous montre que le dlire disparait aussitt que le malade tombe dans un sommeil rparateur profond et prolong. Dans le choix de l'hypnotique appropri, il faut suivre le systme individualisant; il faut tenir compte de l'tat gnral, des complications qui pourraient exister (fivre, maladies inflammatoires), notamment de l'tat du cur (dgnrescence graisseuse, faiblesse du cur). Sous ce rapport on peut classer les cas en trois groupes 1 Il s'agit d'un premier accs, d'individus jeunes et forts, sans cur gras, ni artriosclrose, en gnral sans symptmes d'alcoolisme chronique avanc, sans complications ni fivre. L'hydrate de chloral est indiqu avec ou sans morphine, avec le vin doses mdicinales. De petites doses 1 Is', o; morphine (chloral 0, 01 j mais souvent rptes (toutes les trois ou quatre heures) sont d'aprs mon exprience personnelle prfrables aux grosses doses donnes intervalles loigns.
les
dnouement
fatal,
des
l'alcoolisme
'
Rose, Op.
cil., p. 101.
Fiirstner,
Allg.
Zcit-schr. f.
Psijcfi.,'ii, fasc. 2.
622
Si le cas doit tre influenc par le chloral, son effet hypnotique se montre ordinairement aprs la deuxime ou la troisime dose. Parfois il manque son eiet et augmente mme l'excitation. Alors les grosses doses mme continues ne servent rien, et paraissent mme dangereuses. Un moyen dont l'action est presque aussi vigoureuse que celle du chloral, qui n'agit pas aussi promptement, mais qui, en revanche, est moins dangereux et manque rarement son effet, c'est l'opium dont l'emploi est si rpandu. A la clinique nous prfrons l'usage sous-cutan l'usage interne; le dosage est plus exact; de plus, l'absorption par l'estomac parat fort pro-
blmatique et est insuffisante, tant donn le catarrhe gastrique souvent trs avanc qui existe dans l'alcoolisme chronique; on a observ que des doses normes d'opium sont supportes et mme ncessaires chez ces malades. Avec la mthode sous-cutane on vite aussi l'action irritante qu'exerce l'opium donn l'intrieur et qui est de nature aggraver le catarrhe gastrique; c'est un avantage important pour le malade pour qui une rapide convalescence ainsi que la suppression des rechutes dpendent essentiellement de la faon dont s'accomplissent la digestion et le travail
d'assimilation.
On
initiale
et
on
rpte l'injection toutes les trois ou quatre heures jusqu' ce que le somticiens
meil se produise. Si la mthode sous-cutane est impossible (pour les prade province), il faut le donner autant que possible sous forme de
lavements ou de suppositoires. Il y a encore une rgle trs importante observer c'est de ne pas supprimer immdiatement l'usage de l'opium aussitt que l'effet hypnotique est produit, autrement des rechutes et des rcidives se produiraient facilement. Le danger de ces dernires sera considrablement diminu si, aprs le sommeil critique, on continue pendant quelques jours encore le traitement opiac petites doses de 0,01 0,02, notamment le soir, mme aprs l'entre en convalescence. i2 Un deuxime groupe est caractris par la prsence de complications (pneumonie, lsions graves) ou bien aussi par le fait qu'il y a de la fivre, mme quand ces complications n'existent pas. Cette fivre doit tre considre comme un symptme nvrotique et assombrit considrablement le pronostic, ainsi que Magnan l'a remarqu trs justement. Dans ce groupe, il peut en outre s'agir d'individus prsentant des phnomnes de marasme alcoolique avanc avec dgnrescence graisseuse des organes, notamment du cur, et avec des symptmes de faiblesse du cur (bruits du cur sourds, choc du cur faible, frquence du pouls augmente, artres peu tendues). Le chloral, tant un poison cardiaque qui, parla moelle allonge, peut provoquer une paralysie du cur, est absolument contre-iudiqudans
:
ces cas.
'
il ne prsente aucun danger danger de faiblesse du cur en employant les excitants, de prfrence le vin ou les spiritueux doses pas trop petites et au besoin l'lher actique ou la liqueur ammoniacale anise.
si l'on
combat en
mme
temps
le
INTOXICATIONS CHRONIQUES
023
La llirapeutique hypnotique peut dans ce cas tre exagre si le mdedu cur et qu'avec les doses d'opium augmente en mme temps celle de l'excitant. La paraldhyde (jusqu' 12 grammes par jourj et l'hydrate d'amylne
3Un troisime groupe comprend
les cas,
laiss
traner la maladie, par suite de complication graves, par suite de fivre accentue, d'alcoolisme avanc, de rechutes ritres du dlire, le malade
tombe pendant le traitement dans un tat adynamique prononc, avec trouble grave de l'intelligence, avec langue fuligineuse, traits tirs, dlires mussitants, carphologie, subsultus tendinum, faiblesse du cur, pouls faible
d'une frquence dpassant 120, etc. Dans ces cas il n'y a rien esprer des narcotiques; leur emploi est mme dangereux. Seul un traitement foret
tifiant, rsolument analeptique, est capable de sauver la vie du malade gravement menace. Le meilleur hypnotique et le meilleur calmant est dans ce cas le vin riche en alcool et donn doses moyennes. Si l'action du cur devient insuffisante, il faut donner du camphre ou du musc. Si le sopor se produit, les embrocations froides dans un bassin sec constituent un bon moyen. Si l'on russit conjurer le danger menaant la vie, ou institue avec les prcautions recommandes pour le groupe 2, un traitement opiac ou avec la paraldhyde. A ct des elorts pour obtenir un sommeil rparateur, l'indication la plus importante est d'avoir soin que le malade soit aussi bien nourri que possible pendant le delirium tremens. L'tat de l'estomac rend cette tche
l'acm de la maladie
la
plus avantageuse
le
ou avec une eau acidule naturelle. Si le par sa jactance ou en quittant continuellement son lit, le repos forc au lit (dans les cas graves) avec lgre coercition devient invitable. Le caractre dangereux des malades, dangereux pour eux-mmes ainsi que pour leur entourage, ncessite leur isolement dans des chambres bien chauffes
et
une surveillance
troite.
cette
mesure
il
y a
enfonc malade.
le
n'est pas
dans
les
pays
viticoles, devrait
Quand
sant et
le
le
l'entretien d'un
sommeil
suffi-
suppression du catarrhe de l'estomac, constituent la tche la plus importante. A ct des moyens dittiques, des prparations de quinquina, de prfrence la dcoction de quinquina avec de l'acide muriatique, sont trs utiles, ensuite les
rtablissement de
de
mme
que
la
deux ou
trois
par jour.
G24
Observation
LXWUl. Delirium
et le'^hloral.
Schwarlz, trente-deux ans, ouvrier, sans tare, autrefois toujours bien portant, depuis des annes potator de vin et de bire, se sentit le 17 aot, aprs s'tre livr de forts
excs d'alcool, las, dprim, sans apptit, dormit mal, eut des songes terrifiants et de frquents soubresauts. Par suite d'une angoisse prcordiale croissante, il fit le
26 aot de grands excs d'eau-de-vie.
La
nuit
suivante
il
il
son lit. Il tait comme paralys de peur. Alors vinrent des diables et de grands scarabes formes tranges qui faisaient autour de lui une sarabande. Il sentait aussi qu'ils le piquaient et le mordaient. La chambre s"emplit d'une lgion de
voleurs, de brigands et
il
se
lit.
Le 27
il
erra tort et
il n'avait pas de sommeil. Lors de sa rception, le 2 septembre, il n"a pas de fivre, congeslif, boulevers de peur il tremble comme la feuille du peuplier, voit des animaux en masse et entend des voix terrifiantes. C'est un homme vigoureux, de grande taille. Sauf un catarrhe de
travers
festomac
et
un gonflement du foie, il ne prsente pas de troubles vgtatifs. Pouls grammes dechloral avec 1 centigramme de morphine.
du
2
Dans
la nuit
il
au
il
dort et alors
il
est dbarrass
de ses hallucinations de la
Des voix connues et trangres le traitent de mauvais sujet, lui reprochent d ne pas avoir de pnis, ni de chemise. Par suite du traitement morphino-chloral les nuits sont bonnes. Le 6 septembre les voix aussi cessent et il ne les entend finalement qu'au moment de s'endormir. Le malade est maintenant lucide, reconnat son tat, se remet, mais pendant quelques jours il se sent encore faible, dprim, et importun par des tintements d'oreilles. Le 16 septembre il est renvoy guri.
vue. Mais
souffre encore d'hallucinations de l'oue.
l'tat
de delirium acutum.
mre ivrogne,
de mars
il
Au commencement du mois
pour cause d'hypopyon et de catarrhe de l'estomac. Depuis son entre l'hpital il tait sans sommeil. Le 2.3, l'hypopyon a t ponctu. Dans la nuit du 23 au 24. le malade devint anxieux, agit, arracha le bandage et commena voir un grand nombre de chiens, de chats, de souris, de rats. Il s'enfuit de l'hpital en chemise et en caleon. Ramen, il tait trs anxieux, agit, inconstant, avait des visions d'animaux, tremblait de tout son corps. Pouls 108. Temprature 37, 5. Au cours de la journe le malade prend ?^, 18 d'extrait d'opium en injections il dort sans interruption. Le 25 au matin, dlire furieux, visions d'incendies, trouble profond de l'inleUi38'^, 2. Le malade prend un demi-litre de vin et gence. Pouls 130. Temprature ?. 2o d'extrait aqueux d'opium. Il dort pendant quelques heures en dehors de ce temps il est en jactance et en proie une inquitude instinctive, anxieuse. Le 26, nuit sans sommeil et avec des dlires terrifiants. Des convulsions musculaires se produisent scrtion de sueur l'excitabilit rflexe est augmente profuse. L'intelligence est profondment trouble. Les pupilles sont d'une largeur moyenne, sans raction, la langue est sale, sche. Pouls 130, facile supprimer; bruits du cur faibles. On supprime l'opium qu'on remplace par l'actate de zinc, 9 grammes dans 300 grammes d'eau, une cuillere toutes les deux heures. Le malade reoit une plus grande ration de vin.
:
INTOXICATIONS CHRONIQUES
Le 27, nuit sans sommeil, avec dlire
et jactance.
625
le
Le matin
malade commence
le sol
tourner par obsession autour de son axe longitudinal, frapper grimacer, crier, trpigner et sauter. Ces
avec sa tte,
mouvements
rapportera une profonde excitation crbrale deviennent de plus en plus frappants. Souvent le malade s'lance comme un poisson bondissant hors de l'eau, ronfle,
fait claquer sa langue, souille bruyamment, sort la langue, carquille les yeux et grimace violemment. En l'approchant ou en le touchant on provoque ou on accentue ces mouvements. Sa conscience se trouve en tat somnambulique prononc il est baign de sueur. Pouls 130. Temprature 40 4r. La teinte fluxionnaire de
;
:
la figure,
bruits
observe jusque-l, fait place de plus en plus une teinte cyanolique. Les du cur deviennent faibles, le pouls est peine perceptible au toucher (camphre, solution ammoniacale anise). La langue est sche comme du cuir, la
et
par suite de l'irradiation de l'excitation. La interrompue. Des dcharges motrices furieuses reviennent comme par assauts. Dans les intervalles il y a sopor avec respiration stertoreuse. Dans l'aprs-midi le malade tombe en catalepsie, le pouls ne peut plus se compter. Mort 11 heures et demie.
respiration devient irrgulire
riche en sang. Sinus remplis de sang liquide de couleur fonce. Pie-mre paissie la convexit, un peu trouble la base, en partie sous forme de stries blanchtres le
long des vaisseaux, en partie sous forme de petits points et de taches diffuses. Veines de la pie-mre trs dilates, gorges de sang. Cerveau gonfl, rempli de sang. La substance corticale, sauf la couche la plus externe, est d'un rouge fonc. Cavits
crbrales
trs
largies,
remplies de srum
dmateux dans les autres hyperhmi. Reins lgrement atrophis, granuls, jaune graisseux dans la substance corticale. Diagnostic anatomique hyperhmi crbrale, hydrocphalie chronique
:
clair. Ependyme paissi, visqueux. Poumons hyperhmis dans les parties infrieures, parties. Cur couleur jaune graisseux, mou. Foie veineux,
des potators.
II.
Halluciivations brieuses
E BR
I
(SENSUUM FALLACIA
S A)
'
que
d'une manire tout fait lmentaire et fragmentaire dans le tableau de la maladie; dans quelques cas rares elles se montrent accumules et
pour former un dlire hallucinatoire qui alors a un caracdure rarement au del de quelques heures. Les excs d'alcool accumuls et la colre peuvent prov^oquer ce dlire. Les lments du dlire sont des hallucinations de la vue et de l'oue; elles ont un caractre terrifiant. En mme temps il y a des bruits (bruits confus, bruissements] et de l'angoisse prcordiale. La conscience est un peu crpusculaire, comme dans un songe, et ne permet pas au malade de reconnatre la vritable nature de ses hallucinations, mais n'exclut point un
relies
comme
Cohen
v.
Baren, AlUi.
Zeil^ic/ir.
/'.
l'.sijc/i.,
3.
p. 132.
PSYCHIATRIE.
40
626
souvenir sommaire des incidents de la maladie. Des actes de violence graves contre le monde extrieur que les hallucinations et les illusions prsentent la conscience sous une forme travestie, peuvent se produire
facilement.
Observation LXXX. Hallucinations brleuses. Homicide commis sur l'pouse. Samsa, trente-six ans, de mme que sa femme potator excessif de vin et d'eau-devie, souffrait depuis des annes de manque de sommeil, de lourdeurs de tte, de ti'emblements, de vomissements, de maux de tte, de vertiges le matin son rveiL il avait souvent maltrait sa femme Il tait devenu de plus en plus brutal, irascible et l'avait mme menace de la tuer. Du l^"" au 8 dcembre le couple aurait consomm ensemble 12 pintes d'eau-de-vie et aurait t presque toujours ivre pendant cette priode. Du 8 au 16 dcembre, S... fut atteint de delirium tremens (il avait une peur terrible, voyait des processions
;
animaux
il
entendait
du 16 dcembre jusqu'au 4 janvier, S... n'eut pas d'hallucinations, c'est mais il se sentait faible, tremblant, incai)able de travail il avait un brouillard devant les yeux, dormait mal, avait des cauchemars dans lesquels il voyait des brigands qui voulaient entrer par la fentre, il se sentait pris de vertige, abasourdi, sans apptit, souffrait de bourdonnements d'oreilles.
partir
vrai,
;
Le 4 janvier il amena son fils chez des parents qui demeuraient deux heures de chemin de son domicile; l il but environ un litre de vin et en revenant il but encore en route deux trois quarts de litre. Quand il sortit du cabaret, il sentit sa
tte
en feu;
il
faisait,
il
vaux, de bufs, de
pris d'une
peur
terrible,
se
et
ne
avait
un peu recouvr
femme, but encore un peu de vin et se coucha pour dormir. S... fut rveill brusquement par un bruit confus de cris
il
humains
fusils
qu'il entendit;
lui,
vit la
sur
Pris
un brouillard tomba sur ses yeux. d'une frayeur terrible, il sauta du lit et puis, plus mort de peur que
ensuite
vif, il saisit
un
fusil
il
se souvient seu-
lement qu'il entendit une faible dtonation, qu'il vit ensuite la fentre deux anges jaune rougetre et que, lorsqu'il s'approcha de cette apparition, il trouva sa femme gisant terre dans son sang. Alors il ouvrit violemment la porte qui donnait dans la chambre des servantes, cria au secours, disant que sa femme s'tait tue d'un coup de fusil. Les servantes avaient entendu une dispute, aprs quoi tout serait rede-
venu calme. Un moment aprs elles entendirent trois coups sourds, puis ces paroles prononces par la femme Jsus Victor, que fais-tu, tu es donc fou! L-dessus le coup de fusil retentit. La balle avait travers la tte et, au bout de quelques
:
!
minutes, la
S...
femme
expira.
croyait que sa
femme
s'tait
fit
Il
se lamentait, cou-
rait
droite et
gauche, et
On
craignait qu'il ne mit fin ses jours. Les gendarmes, arrivs une heure et demie,
le
il
prtendit que sa
femme
S...
le teint livide; les veines de sa figure sont dilates, ses yeux cercls, ses paudmateuses, sa face est boursoufle, sa marche hsitante, ses mains sont tremblantes, son sommeil est agit et troubl par des rves. L'examen physique fait
pires
INTOXICATIONS CHRONIQUES
constater un gonllemcnt de la rate et du foie, ainsi qu'un catarrhe gastrique.
plaint d'avoir la tte lourde, des
vertiges.
627
S... se
maux
d'oreilles, des
Il est souvent pris d'angoisse prcordiale, entend la nuit la musique d'un orgue de Barbarie, se parle beaucoup lui-mme et souvent aussi il a des tressaillements. Pendant la journe, il tait taciturne, plong dans ses ides, apathique, ne manifestant ni repentir ni aucune autre motion. Une faiblesse de la mmoire et une dbilit intellectuelle existaient chez lui d'une faon manifeste et incontestable. Au commencement, S... soutenait encore que sa femme s'tait suicide; il n'avait qu'un souvenir trs sommaire des incidents de la nuit funeste.
la fin
du mois de
fvrier,
il
se sentit
mieux
le
il
se souvint alors de
lucin,
commena
il
suicide de sa
femme
et
supposer qu'il
de trouble brieux. Peu peu il arriva claircir sa ne prsentait plus rien de pathologique, sauf un lger affaiblissement de l'intelligence, un pouls monocrotone, lent, un lger tremor des mains, un somsituation, et
meil agit. Ses malaises subjectifs se bornaient des bourdonnements d'oreilles et une faiblesse de la mmoire; en outre, il ne pouvait plus supporter mme de petites
quantits de vin; cela lui faisait,
dit-il,
un
si
trange
effet
dans
la tte.
m.
Psychoses alcooliques
Les formes compltes de la maladie psychique se rencontrent souvent chez les ivrognes. Toutes ces maladies n'ont pas un cachet spcifique. Ainsi on observe des mlancolies et des manies qui ne diffrent des autres
et manies que par le fait que leur base organique leur donne un caractre idiopathique plus grave. Les mlancolies prsentent pour la grande majorit un caractre de stupeur; les manies sont pour la plupart violemment congestives avec trouble grave de l'intelligence ou bien elles se prsentent sous la forme d'une folie raisonnante.
mlancolies
Mais, ct de ces formes, il y a encore, sur la base de l'alcoolisme chronique, des psychoses qui sont aussi spcifiques que le delirium tremens,
qui ne sont jamais provoques par un seul excs d'alcool isol, quelque fort qu'il soit, mais qui se produisent mme tout fait indpendamment des excs, par suite d'une cause accessoire somatique ou psychique agissant sur le cerveau branl de l'ivrogne invtr.
Ces psychoses alcooliques spcifiques sont
:
1.
MclancoUe alcoolique'-.
une explosion brusque, par une marche aigu que huit dix jours, rarement
la
conscience,
cause par l'abus des boisso/t.s alcooliques, Paris, 1847. Gesellsch. d. Aerzle, 1854. Oalineil, (iaz. des hop.. riaberkorn, Alkoholinissbrauclt and Psi/chusen Disseii.. 1859. 1856,76. Dagonet, Ti-aile des mal. menl., p. 577.
Littrature
:
Marcel,
De
la folie
d.
Leiclesdorf,
Wlen. Zellschr.
'
Comparez
Lkhen,
628
par des hallucinations nombreuses, une violente angoisse prcordiale pouvant aller jusqu' la panpliobie, par le raptus mlancolique et les tentatives de suicide, par la terminaison prompte avec souvenir trs sommaire qui donne au malade l'illusion d'avoir eu un mauvais rve. Etant donn le trouble de l'intelligence et la marche aigu de la maladie, il est rare que des dlires systmatiques se dveloppent et que le malade arrive les motiver par une accusation formule contre lui-mme; cela pourrait tout au plus avoir lieu dans les cas qui se prolongent. Les hallucinations accumules, notamment dans les motions d'attente anxieuse,
sont en partie des voix accusatrices {assassin, voleur, accusations sexuelles,
comme
d'tre
masques hideux, animaux presque toujours en grand nombre). Ces dernires sont plutt pisodiques et ne sont pas utilises pour le dlire. Au point de vue somatique, il y a dans la plupart des cas des phnomnes de l'intoxication alcoolique aigu ou de l'alcoolisme chronique, des maux de tte, des fluxions violentes et de l'insomnie. Les causes les plus frquentes sont les motions morales, surtout la terreur et les excs alcooliques. Le pronostic est trs favorable. Au point de vue thrapeutique, l'opium est aussi efficace contre l'insomnie et l'angoisse qu'il l'est dans le cas de delirium tremens. Dans les cas de fluxions nous recommandons les bains avec compresses de glace si l'activit du cur est augmente, l'emploi de la digitale sera utile.
visions (formes blanches, diables, fantmes,
;
G..., quarante-neuf ans, mari, Observation LXXXI. Mlancolie alcoolique. patron boulanger, eut pour pre un ivrogne, tait lui-mme fort adonn la bois-
Dans ces dernires annes il tait devenu irascible dans ces derniers mois, son sommeil tait agit et le matin il avait souvent des tremblements. Au mois d'avril et de mai il eut beaucoup d'affaires et de tracas cause de l'achat d'un immeuble. Le 7 mai, effroi terrible l'occasion d'un feu de chemine. Aprs cet incident, il perdit le sommeil, devint anxieux, errabond, profondment dprim, dclara tre un grand criminel, avoir assassin son enfant, avoir le cur dur comme une pierre, tre indigne d'avoir sa femme auprs de lui et mriter la prison. Il prsentait une il voyait, le 9 et le 10 mai, par violente fluxion la tte, du trmor des mains moments, des rats et des souris en foule, ne dormait pas, tait trs agit, anxieux, s'entendait accuser d'avoir faut sexuellement avec des filles, d'avoir bu du sang d'enfants et d'tre destin, pour ce motif, une condamnation infamante. Il s'attendait ce que le bourreau vnt le chercher; il tait dans une angoisse mortelle, de sorte qu'on dut l'amener la clinique le 16 mai 1880.
son.
;
Le malade
rant, a de
est
il
est
anxieux, dli-
nombreuses hallucinations de
qu'il a
diables, entend des voix qui l'injurient, qui lui disent qu'il est
un individu ignoble,
des actes de sodoil
un chien,
masturb
commis
et
se dclare coupable;
men une
vie
immorale,
infme.
il
animaux
il
Le malade
la
est
de
taille
temprature
moyenne; graisse trs abondante; le pouls est petit, 120, du cur sourds, les mains et la langue tremblantes,
INTOXICATIONS CHRONIQUES
la tte
629
Il s'assoupit, mais bientt il est brusquement rveill Passagrement il a de la panphobie et des motions de dsespoir. Sous l'action de l'opium et du vin le sommeil se produit. Le 48 au matin, les congestions et l'angoisse s'attnuent un peu. Le malade rapporte qu'il a vu du feu et des animaux. 11 a t aussi au ciel, ensuite il a plan en l'air comme un oiseau de proie et en volant il s'tait accroch une flche d'glise. Il est descendu sur terre trop tard pour pouvoir empcher un terrible malheur. Quand il russit enfin se dgager, le ciel tait dj tomb par terre. 11 a mis toute la ville en feu, rendu mal-
chaude
et
congestionne.
terrifiants.
heureux une foule de gens, emmen une foule d'enfants ligots et fait drailler des trains de chemin de fer. Il entend toujours des voix lui disant qu'il devrait demander pardon Dieu, mais il ne peut pas faire sa prire, il y a une confusion terrible dans sa tte. 11 doit avoir un sosie, tre compos de deux personnalits; il entend toujours sa propre voix et l'autre accomplit tous les actes pour lui. Avec son imaginail parcourt tort et travers toute la maison. Par suite du traitement avec l'opium (deux fois par jour, 0,lo en injection souscutane), le malade devient plus calme, dort longtemps et se remet au physique. Jusqu' la fin du mois de mai, il demeure cependant anxieux, embarrass, hallucin, boulevers. Les gens disent du mal de lui, le regardent en le menaant par la fentre de sa chambre. Il lui semble qu'on lui a dj enlev les mains et les pieds. Son sosie a assassin des empereurs et des rois, et voil que c'est lui qu'on attribue la culpabilit de tous ces forfaits. A l'occasion il prend un autre malade pour le bon Dieu qui lui fait des reproches et qui l'appelle menteur. Un autre malade lui semble tre l'empereur de Russie et alors il craint d'tre pris son tour pour un nihiliste et d'tre puni. Il se plaint d'avoir la tte remplie de terribles ides qu'il ne
tion
il
lui
n'est qu'illusion,
Le 2 juin, aprs quelques bonnes nuits, les hallucinations ce.ssent. Le malade commence, aprs y avoir t aid, prendre connaissance de sa maladie. Parfois il est encore importun par des illusions terrifiantes. Pendant quelque temps il reste puis, dort beaucoup et se remet rapidement sous l'action des toniques et des frictions.
Le 26 juin, lorsqu'on tablit le status retrospectivus, il raconte que le 9 mai la maladie l'aurait pris tout d'un coup par des symptmes de vive angoisse et de confusion. Il avait l'impression que Dieu en personne le jugeait et prononait sa sentence. A partir de ce temps il n'a eu que peu de moments lucides, il avait pris les gens de l'entourage tantt pour des tres terribles, tantt pour des divinits et il croyait avoir assassin sa femme et sa fille. Ce fut comme si on lui enlevait un voile quand, leur visite, le 4 juin, il les revit vivantes. Il n'a qu'un souvenir trs vague de tous les incidents de la maladie. Le 30 juin, G... fut renvoy guri.
9
Le tableau maniaque spcial qui se dveloppe sur le terrain de l'alcoolisme chronique concorde en beaucoup de points avec celui que d'autres auteurs ont dcrit sous le nom de mania ambitiosa, congestiva, gravis (Scbde). Je
Comparez
fulie des
La
Allf/.
Foville. Dagonet, Trail, p. 580, Jlarc, Trait des mal. ment., p. 477. Lovenhardt, Schiile, Handb., T dit.. p. 106. grandeurs, Paris, 1871. SbJltzner, Irrenfretiml, 1877, 8. Zenker, Ibld., 33 Zeilschr. f. Psych., 2.j.
:
630
ne l'ai rencontre que sur la base de l'alcoolisme chronique et je trouve dans le groupement des symptmes, dans le dtail et dans l'volution, des particularits qui me la font considrer comme une forme spcifique. Jamais ce tableau n'est prcd par un stade prodromique mlancolique. L'explosion est brusque avec des phnomnes congestifs bien distincts, ou bien ressemble l'agitation maniaque initiale de la dmence paralytique, cette diffrence prs que la faiblesse psychique n'apparat pas aussi
irritabilit croissante, changement du sommeil troubl et parfois insomnie complte, inconstance, penchant au vagabondage et aux excs alcooliques ritrs. Une augmentation considrable de l'opinion de soi-mme se montre de bonne heure. La maladie atteint rapidement la hauteur de la folie furieuse ou elle y arrive en passant par un stade d'agitation maniaque. Cette agitation se distingue de l'exaltation maniaque bnigne par la grande augmentation du sentiment de soi-mme, la grande irritabilit du malade qui l'entrane
:
aux plus violentes brutalits contre son entourage, par la vantardise, la manie de faire des achats et du gaspillage, le vagabondage, un manque d'gards brutal, souvent aussi par un rotisme qui fait que le malade
s'attaque
mme
grandeurs se dveloppe bientt. A l'acm de la folie furieuse, la grande confusion, le trouble de l'intelligence, l'irascibilit, l'norme confiance en soi-mme et les actes moteurs presque exclusivement instinctifs, ensuite une salivation frquente, le tremor des lvres et de la langue, la parsie faciale, le myosis ou ingalit des pupilles, les troubles d'locution par ataxie labiale, indiquent la
nature organique trs grave du processus. Il s'y ajoute encore du dlire des grandeurs qui, en ce qui concerne sou normit, atteint celui du paralytique, sans tre cependant aussi trange ni aussi vari que chez ce dernier. Il est dans la majeure partie des cas de
nature religieuse. Les malades dclarent tre Dieu, le Christ; dans d'autres cas, ils sont empereurs, trs riches, etc. Parfois un dlire de perscution, notamment un dlire d'empoisonnement, se dveloppe aussi ou bien le malade prsente le dlire d'infidlit conjugale. A l'acm de la maladie, il y a des hallucinations en foule, et en
premire ligne presque exclusivement des hallucinations visuelles diables, anges, personnes divines, le paradis), en seconde ligne des hallucinations de l'oue sur des sujets analogues. Les actes de la folie furieuse se distinguent par une brutalit excessive et par l'impulsion la destruction, par les hurlements, les cris, la rage, le barbouillement, la destruction; des accs de folie furieuse se montrent
i
passagrement
et
pisodiquement.
point de vue somatique il y a dans la plupart des cas une fluxion trs prononce et de l'insomnie. Au stade de l'acm, la marche de la maladie est exacerbante et rmittente. Dans les rmissions on a le tableau
Au
le
la
INTOXICATIONS CHRONIQUES
631
manie collectionner, l'impulsion s'occuper, impulsion dont les vtements et la literie sont les victimes mais souvent c'est le tableau de l'puisement psychique qui prdomine. L'acm de la maladie dure en moyenne quelques semaines. Dans les cas favorables, le sommeil et une diminution de l'agitation font leur apparition. Les rmissions deviennent plus profondes, la frnsie passe par un stade de manie colreuse qui est suivi d'un tat de faiblesse psychique avec des phnomnes qui sont les derniers chos de l'exaltation maniaque et ont les allures d'une moria el un cachet raisonnant, ou bien par un tat de profond puisement intellectuel avec brutalit et irascibilit dmentes avant
;
d'arriver la gurison.
la maladie l'tat s'accentue jusqu'au que le malade meure rapidement. Autrement la maladie passe l'tat chronique l'agitation fait place une faiblesse intellectuelle croissante; les motions prennent de ce fait un caractre puril et impuissant, tombent brusquement de la hauteur du dlire des grandeurs aux pleurs enfantins. Parfois des accs de frnsie et de colre explosive ou simplement congestifs se montrent encore. Dans la priode qui suit, le trouble profond des centres psychiques et moteurs se manifeste de plus en plus nettement parles actes de destruction, de dchirement, le barbouillement avec des excrments, actes continuels, instinctifs et sans aucun but. Le dlire des grandeurs s'efface de plus en plus, se fragmente, les motions disparaissent ou rapparaissent sous forme d'une manifestation enfantine inepte. La gurison est encore possible mme dans ce stade, seulement l'organe psychique gravement atteint n'en sort plus intact, mais dfectueux, affaibli psychiquement et trs excitable en prsence des influences alcooliques et motives. Dans la plupart des cas, la maladie aboutit un processus de dgnrescence profonde du cerveau, la dmence progressive avec impulsions la destruction tout fait instinctives. En mme temps il y a une baisse rapide de la nutrition, un pouls lent, monocrote, les bruits du cur sont sourds, les artres peu tendues, la temprature subnormale puis viennent des furoncles, des phlegmons que le malade provoque en se barbouillant et en fouillant dans la paille et qui ne peuvent gurir compltement. Il se produit des paralysies faciales, nue ingalit des pupilles, des transpirations hmilatrales, del lourdeur et de l'incertitude dans les mouvements des extrmits. La mort a lieu aprs un dlai d'un mois ou dun an par suite du dcubitus, des diarrhes colliquatives,des pneumonies hypostatiques, et trouve le malade dans le marasme intellectuel et physique. Le pronostic est douteux. Dans la moiti des cas, mais seulement au
Il
se
delirium acutum
premier stade, la gurison se produit assez souvent, il est vrai, en laissant une dfect losit psychique. de l'hyperoslose crnienne Dans les cas avancs, lautopsie constate avec atrophie du diplo, de l'anmie de la pie-mre trouble par l'engorgement lymphatique, de ldme du cerveau, et de plus un commen:
632
les orifices
vascu-
dilats avec
pendyme
et
Au dbut
l'acm,
hyperhmie vaso-partique et dans ce stade la gurisonest encore possible. Avec la marche progressive de la maladie, il arrive que des lments du sang migrent dans les espaces privasculaires, qu'il y ait engorgement lymphatique et mtamorphoses rgressives du cerveau. Dans les premiers stades, les bains prolongs avec des compresses de dans le glace, les injections d'opium et d'ergotine sont recommandables cas o l'activit du cur monte considrablement, c'est la digitale qu'on peut recommander. Lors de la transition au stade secondaire, c'est le traitement fortifiant, l'opium, le quinquina qui sont tout indiqus. Dans les stades terminaux, le repos au lit, la chaleur, les stimulants de la circulation, la bonne nourriture et la lutte contre le decubitus sont ncessaires.
;
Observation LXXXII.
Gurison.
Hermann, cinquante-cinq ans, n d'un pre ivrogne. Un colie alcoolique. Le malade tait adonn ds sa jeunesse Fabus des spiritueux, notamment du vin et du rhum; il a eu trois courts accs de folie furieuse le prefrre tait atteint
:
de mlan-
y a trente ans, le second il y a vingt-cinq ans, et le troisime il y a douze ans. Dans ces dernires annes il a beaucoup bu et prsent des phnomnes manifestes
il
mier
d'alcoolisme chronique.
il tait devenu de plus en plus irascible, agit, inconstant, dormait mal la nuit. Aprs des excs alcooliques accumuls la folie furieuse clata brusquement dans les derniers jours du mois de septembre et l'amena le 7 octobre
et
1873
l'asile.
Le malade
se trouvait
momentanment en rmission;
:
il
arriva
comme un
triom-
phateur, se tenant debout sur un chariot ridelles, devant lui un valet qu'il voulait livrer la justice pour l'avoir maltrait c'est sous ce prtexte qu'on l'avait attir
la
maison des
Il
alins.
lui taient
empereur et pape, raconta ses visions dans lesquelles Dieu et le Christ apparus il les avait vus dans les nuages et il avait entendu une musique ravissante. Le malade prsente une grande pousse d'ides, passe en parlant d'un sujet mille autres, a une haute opinion de lui-mme. Le pouls est frquent, la tte congestionne. Lger emphysme pulmonaire. Le 9, le tableau pathologique s'lve de nouveau la hauteur de la folie furieuse.
se dclara
:
Insomnie, grande confusion de l'inteUigcnce, visions de la sainte Vierge, voix des parents. Le malade rage, dmolit, se barbouille, ne tolre pas d'habits sur son
corps.
pithmes,
Vers
le
l'opium (O?"", 15 jusqu' deux fois par jour) restent milieu du mois d'octobre la folie furieuse rtrograde et baisse
les ides
dli-
dans l'loge et dans le blme, alternance des tats motive au point que le malade peut tre touch aux larmes par une lecture, d'autre part explosions de colre d'une intensit et d'une dure inquitantes pendant lesquelles il veut se suicider, brler la cervelle aux mdecins: tels sont avec le mauvais sommeil et les phnomnes congestifs les symptmes les plus
excitabilit, exaltation
d'esprit, faiblesse
Grande
INTOXICATIONS CHRONIQUES
633
il
est
un diseur de propos obscnes et, pour peu qu'onlui laisse la moindre liljert, il est trs port aux excs alcooliques. Un trait de folie raisonnante consiste en ce que le malade est capable d'allguer toutes sortes de prtextes et de motifs pour excuser sa conduite.
bavard, enfantin, un paillasse
l't 1874 cet tat de faiblesse mentale disparat lentement et il ne que des phnomnes d'excitabilit et une lgre faiblesse thique et intellectuelle, de sorte que le la septembre on a pu renvoyer le malade guri et avec une
Au
cours de
reste
journalier, a une
mme
lisme chronique.
Vers le milieu du mois d'aot 1873 le malade perdit le sommeil, devint inconstant, vendait sa petite proprit pour un prix drisoire, ne travaillait plus, battait sa femme et menaait de mettre le feu dans la maison quand elle lui faisait des observations;
il
voulait agrandir
considrablement sa fortune par de riches mariages et des entreprises commerciales, poursuivait de ses assiduits les femmes dans la rue. Lors de sa rception l'asile, il prsentait un grand trouble de l'intelligence, une inquitude instinctive; il voulait aveuglment s'loigner et se mettait dmolir et
frapper autour de lui lorsqu'on ne voulait pas
sexuelle,
le laisser partir. Il
;
vantait sa puissance
prtendait tre
normment
riche
il
pousera,
dit-il,
plusieurs belles
femmes. Grande faiblesse psychique. Ides sans cohsion et sans motivation. figure boursoufle avec les vaisseaux Le malade prsente l'habitus d'un ivrogne dilats, yeux cercls, mine confuse, innervation faciale ingale, trmor des lvres et des mains. Artres rigides, pouls fort, sautillant, 96 et montant 130 pulsations quand le malade marche. Le choc du cur est en dehors de la ligne mamillaire. Ventricule gauche agrandi; au lieu du second son dans le ventricule gauche et dans
:
il y a un bruit de souffle. Le malade n'a pas de sommeil; il chante, siffle, dmolit instinctivement tout ce qui lui tombe sous les mains, fouille dans la paille, vante sa force norme, dit qu'il pourrait renverser de sa main 30 wagons de chemin de fer, arrter un train en pleine marche. Cette force immense lui vient de Dieu. Grands revirements d'humeur, la plupart du temps gaie, pisodiquement avec emportements de colre; le malade tombe brusquement de la hauteur d'une motion joyeuse avec chant du Te Dcumk des pleurs enfantins et parle de se pendre. Toute sa manie porte le cachet d'une faiblesse et d'une incohrence psychiques qu'indiquent aussi ses motions puriles. Le malade reste toujours sans sommeil, ni la digitale, ni l'opium, ni la morphine,
l'aorte
inconsciemment, tape sur la porte, se barbouille, dchire d'une Il se dmne manire vraiment impulsive. Son dlire des grandeurs (il a une origine divine, devient de il est Dieu lui-mme, prfet, prsident, le premier homme du monde)
634
est
une humeur
pouls devient petit, 60, faible; on observe des accs de transpiration hmilatrale
large,
le
facial
gauche
est
moins innerv;
il
se
une anmie progressive. (Repos au lit, vin, eau-de-vie.) Le malade dmence garde un caractre gai; il se croit au ciel, il est aussi bien portant que les anges du ciel. Quand il n'est pas au lit, il se dmne inconsciemment, se barbouille, dchire tout ce qui lui tombe sous les mains, a la manie de collectionner, mange des chiffons de toile, avale le contenu des crachoirs. La dcadence progresse. Dcubitus; mort le 4 juillet 1879. Autopsie. Crne avec hyperostose, sutures compltes, hydrocphalie externe. Trouble laiteux diffus, paississement de la pie-mre dans la rgion frontale et occipitale. Pie-mre dmateuse, anmie. Les vaisseaux de la base ont des parois rigides, athromateuses, paissies. La surface du cerveau est gonfle, les circonvolutions sont aplaties, l'corce crbrale est verdtre. Le cerveau est anmi, dmadevient de plus en plus dment; la
teux, le calibre des vaisseaux est fortement dilat. Les ventricules sont trs dilats,
remplis de srum
clair.
L'pendyme
le
absence de granulations.
lobe suprieur
gauche est trs lgrement graisseux. Valvules de l'aorte rtrcies, paissies. Aorte dilate; parois rigides par suite d'athrome. Reins veineux, hyperhmis.
;
3.
Ysanie
'.
C'est
un trouble
que Marcel a dj dcrits et que Nasse a trs bien dcrit comme dlire de perscution des buveurs alins Une particularit digne d'tre remarque en premire ligne, c'est la courte dure du stade d'incubation, note dj par Nasse, et qui consiste en maux de tte, vertiges, en un sommeil troubl et en phnomnes fluxionnaires un autre fait notable, c'est le caractre gnralement brusque de l'explosion de la psychose proprement dite avec apparition des hallucinations terrifiantes, notamment celles de l'oue. Dans le tableau de la maladie elle-mme il faut relever les hallucinations de la vision qui manquent rarement dans ce cas. Elles sont utilises pour alimenter le dlire et ont une certaine persistance. Elles ont pour objet des sujets terrifiants et mnent une peur violente, ractive. En mme temps des formes fantastiques et des visions d'animaux de nature inofensive peuvent faire leur apparition. Les hallucinations du got et de l'odorat sont rares. Elles ont aussi comme les autres un sujet dsagrable et engendrent le dlire de l'empoisonnement. Les plus importantes sont les hallucinations auditives.
;
' Marcel, Op. cil. Legrand du SauUe, Le dlire des j)erscutions, Paris, 1871. Allg. Zeitschr.f. Psych., 3i, fasc. 3.
>'asse,
INTOXICATIONS CHRONIQUES
Elles sont avec
63)
une frquence surprenante de nature obscne: les malades entendent des remarques de dnigrement sur l'tat de leurs parties gnitales (pas de pnis, trop petit membre, impuissance) ou des accusations ou des menaces concernant leur vie sexuelle (pdraste, sodomiste, sducteur d'enfants, onaniste, vnrien, castration imminente, etc.. Les dlires sont des dlires de perscution et des grandeurs. Les premiers sont les plus importants et sont primaires. Ces dlires aussi sont souvent de nature sexuelle et roulent sur l'illusion d'une infidlit conjugale originaire ou
la conduite indcente des gens de l'entourage ils peuvent encore prsenter d'autres dlires de perscution (menaces de mort, victime des voleurs, etc.) avec hallucinations correspondantes (criminels, excution capitale imminente, etc.). Ce sont surtout les tats paralgiques et hyperesthsiques, si frquents dans l'alcoolisme chronique, qui peuvent mnera l'illusion de la perscution physique (lectricit, etc.).
;
se produit
les dlires de perscution et les hallucinations, il souvent des accs d'angoisse ractive violente. Ces malades, ainsi que l'a dj constat Nasse, se distinguent encore par une absence frappante des motions. Des dlires des grandeurs peuvent se montrer pisodiquement ds le dbut, mais ils ne se produisent qu'au cours de la maladie et conjointement avec les hallucinations correspondantes. Ils ont pour sujet une grande fortune, une position princire, etc. d^insi un de mes malades a reu du bon Dieu la communication qu'il sera nomm bourgmestre. Plus rarement que ne l'a constat Nasse, j'ai observ des dlires de nature religieuse (illusion d'tre le Christ). Les troubles somatiques qui accompagnent cet tat appartiennent l'alcoolisme chronique. La marche est rapide et aboutit ou la gurison ou des tats terminaux de faiblesse psychique. Le pronostic est bon pour les cas marche aigu; il est douteux pour ceux qui prennent une forme chronique. Dans la plupart de ces derniers on n'a obtenu qu'une gurison laissant une dfectuosit (faiblesse psychique
Immdiatement aprs
persistant avec une reconnaissance incomplte de la maladie aprs que les ides dlirantes et les hallucinations ont disparu); cependant les gurisons
Wittmer,
il
trente-trois
ment
il
et
ans,
consomm
;
mang
l'alcool, ni la
chaleur du soleil
depuis
le
commence-
d'estomac, vomilus matutinus, tremblese levant le matin. L't de 1881, il fit une chute en trbuchant contre un tronc d'arbre; il perdit connaissance. Une heure aprs cette chute, il s'vanouit et fut ensuite pris pendant trois jours de folie furieuse; il avait de l'amnsie pour
ment de ment en
souffrait de
maux
cette priode
quand
il
il
se rtablit
compltement.
et
Depuis
rits
le
printemps de 1882,
de contra-
dans sa profession, ce qui l'amena boire encore plus qu'avant. Ces temps derniers, les maux d'estomac et le tremor se sont considrablement
636
par moments oppress; il d'aot, il dormait mal, se plaignait de bourdonnements d'oreilles, de vacarme nocturne, d'aboiements de chiens, d'oppression sur la poitrine, de congestions la tte et d'avoir le travail difficile. Son entourage fut frapp du fait que souvent il regardait fixement devant lui, et qu'il tait devenu mfiant, peureux et excessivement irritable.
accentus.
se sentait dj agit,
commencement du mois
Le 3 septembre, le malade ft un voyage Pest pour y rgler une affaire. Il parut aux autres passagers trange, excit, agit. Ainsi qu'il le raconta aprs sa gurison, il rapportait sa personne les conversations insignifiantes que les autres voyageurs tenaient dans le coup il crut comprendre qu'on parlait de lui comme d'un dserteur et d'un onaniste. (Le malade, ayant migr de son pays, n'avait pas satisfait l'obligation du service militaire.) Arriv Pest, il se sentit trs mal son aise, peu rassur et oppress. Le soir, en dnant au jardin de l'htel, il entendit lire un man;
demander aprs
il
lui.
Il
tait poursuivi
Il
comme
ne put pas trouver de sommeil. De toutes parts il entendait par voie tlphonique parler et faire la critique de son pass et de sa personne; il s'entendait aussi stigmatiser par le surnom de
s'empressa de monter dans sa chambre de dormir.
Il
chien noir
.
il
Le
4,
il
tait trs
oppress;
il
dans la rue, s'attendait d'un moment l'autre son arrestation, d'autant plus qu'il avait entendu dire que le mandat d'amener avait t insr dans les journaux.
Dans
la nuit
du 4 au
5,
il
vit des
formes
sinistres,
menaantes,
vit voler
travers la
:
critiquaient ses
Cochon, gredin, anarchiste; le voil qui se branle de nouveau. Il tait trs agit et indign de ces insultes ignobles. Quand le 5 il sortit dans la rue, il remarqua qu'il tait l'objet de l'attention gnrale. De tous les cts il entendait des cris tels que: Cochon, mauvais sujet, chien noir. Il se sauva Bude, se rendit la gare pour rentrer Gratz. Quand il fut dans le wagon, il
demander
si
chien noir
tait dj arriv.
Aux
stations,
.
il
la
foule,
chien noir
Il
compartiment, car on lanait des pierres contre les fentres du wagon et, lors d'un arrt du train, il entendit ces mots: Partez vite, autrement la foule va le mettre en pices Il entendait dans les compartiments voisins parler de sa vie dbauche. Arriv Gratz, il n'eut rien de plus press que de se placer sous la protection de
!
la police,
pas de fivre, prsente des phnoaugmentation de la matit du foie, tremblement de la langue et des mains, sensibilit diminue aux pieds jusqu'aux chevilles. Les nuits sont sans sommeil, les hallucinations et le dlire persistent. Il entend des bruissements et des cris comme venant d'un attroupement; ce sont les voix qui l'ont dj perscut Pest. Elles parlent en patois wurtembergeois (le
Le malade
dmne, anxieux
gastrique,
et troubl. Il n'a
mnes de catarrhe
ictre
lger,
malade
est originaire
du Wurtemberg),
lui
annoncent
en spectacle
honteux, mont sur un ne, pour tre puni de ses dlits sexuels. Il proteste verbalement et par crit contre ces accusations infmes il est anxieux, agit, prie qu'on ne le fasse pas escorter par des gendarmes et implore la protection des autorits contre
;
ses perscuteurs.
perscuteurs,
Pendant gendarmes)
la nuit
;
il
tressaille et a
se plaint
d'angoisse prcordiale.
INTOXICATIONS CHRONIQUES
637
A
fier
partir
du
10 septembre,
les
on commence
le
voix cessent. Ds
le
commence
;
recti-
son dlire:
dans
ma
tte.
y avait sans doute, dit-il, une sorte de manie de la perscution Le malade est encore puis, lgrement neurasthnique il finit par
Il
se remettre
compltement
la fin
Le status retrospectivus fournit les dtails qui ont t dj utiliss dans l'anamnse et confirme la prdominance des voix pei^scutrices de nature sexuelle dans le
tableau de la maladie, ainsi que l'absence des hallucinations de la vue.
II
n'y avait
les souvenirs.
4.
Parandia^
alcoolique.
dans le cadre transforme en dlire des d'un dlire de perscution et l'occasion elle se grandeurs. Ce qui distingue cette paranoa alcoolique, c'est le fond sexuel du dlire. Les malades entendent toutes sortes d'accusations sexuelles et s'imaginent tre sodomistes, pdrastes, violateurs de filles, etc., tre
La paranoa alcoolique
est
un phnomne
et attaqus comme tels par tout le monde. Il vient s'y ajouter symptmes somatiques et psychiques de l'alcoolisme, les hallucinations spcifiques, notamment les autres formes hallucinatoires de la
poursuivis
les
vision qui sont trangres la paranoa perscutoire. Les signes de faiblesse mentale qui apparaissent de bonne heure dans le tableau de la
maladie mritent d'tre nots. La brutalit et l'irascibilit qui se manifestent par des ractions brutales contre les perscuteurs imaginaires et
qui font de ces malades un danger public, mritent aussi d'attirer l'attention.
Cernak, cinquante-trois ans, cliObservation LXXXV. Paranoa alcoolique. pour menaces publiques de mettre le feu, ensuite extrait de la prison prventive comme alin dangereux et amen la clinique psychiatrique de Gratz. Il dclare que toute l'accusation n'est qu'une calomnie de la part de ses ennemis, le bourgmestre et la femme dont il a t le locataire c'est une
bataire, tailleur, a t arrt
;
manuvre de
rendre jamais incapable d'agir. Il s'est attir la haine de la logeuse, il y a un an, en la dnonant aux gendarmes parce qu'elle avait clandestinement accouch d'un enfant qu'elle avait ensuite tu et enfoui dans le jardin. Bien qu'il ait vu la criminelle accomplir cet infanticide et que la rumeur publique en parlt, la gendarmerie n'a pas tenu compte
ses perscuteurs qui veulent le
perdre et
le
de sa dnonciation. Bientt aprs le bourgmestre lui proposa d'pouser une fille mise en tat de grossesse par le frre de ce fonctionnaire. Il a repouss avec indignation cette otre, et depuis il est l'objet de perscutions de la part de la femme dont Tous deux le il est le sous-locataire ainsi que de la part du chef de la commune. ses clients et le calomnient au point de vue suivent chaque pas, lui dtournent
La nuit aussi il les entend parler de lui; ils disent entre autres qu'il est un hypocrite, qu'il se livre en secret des dbauches, qu'il est impuissant, etc., etc. Avant que la femme chez laquelle il tait log le prt en haine, il s'aperut qu'elle
sexuel.
lui faisait
de
V. Speyer, Die
dit., p. 409.
Schule. Klin.
l>s!jc/iialrie,
638
et coupables avec sa propre lille. Le malade croit que la femme est devenue son ennemie parce qu'il a repouss ses propositions amoureuses et qu'elle s'est jete ensuite dans les bras du bourgmestre. II l'entendait aussi dire que la nuit elle se
pour l'espionner
il
et
le surveiller.
Quand
le
il
eut
la justice,
cadavre de
dans im autre endroit rest inconnu. C'est ainsi qu'il A peine fut-il mis en prison lui-mme, qu'il y entendait nuit et jour la voix de ses ennemis. Evidemment ils se sont laiss enfermer avec lui pour l'espionner et le vilipender. La teneur de leurs propos tait essentiellement obscne. Ils s'entretenaient de ses prtendues aventures galantes et
l'enfant et l'avait enfoui
dnigraient sa puissance sexuelle parce que rien n'en sort . Le malade est issu d'un pre qui tait buveur d'eau-de-vie. Plusieurs de ses frres et surs moururent jeunes pi'obablement de convulsions. Le malade tait mal dou
et s'est livr de
bonne heure
la boisson.
il
est
manifestement
tomb dans
lourds, de frquents soubresauts et l'occasion des visions nocturnes d'animaux. Il est trs affaibli intellectuellement; il est content d'avoir trouv un asile l'hpital et de n'tre plus inquit par ses perscuteurs, car il n'entend plus leurs voix. Air fatigu, bucco-facial droit parsi, trmor, nuits agites, soubresauts par suite de rves d'animaux terribles et de perscution. Il persvre inbranlablement dans
asile
de son pays.
S.
Paralysie alcoolique^.
chronique aboutit uue dmence paralytique. Elle formes ordinaires de cette maladie qui tiologiquement n'ont diffre des absolument rien faire avec les excs alcooliques ou dans lesquelles ces excs ne sont qu'une cause adjuvante, car il faut, avec Schiile, noter comme signes diagnostiques diffrentiels la marche aigu qui dans la plupart des cas ne dure que quelques mois, le trmor trs accentu et gnralement universel, la frquence des accs apoplectiques et pileptiformes, la frquence des anesthsies ou des hyperesthsies qui sigent notamment aux extrmits infrieures, le mal de tte intense au dbut et pendant le cours de la maladie, la raret relative du dlire des grandeurs,
Parfois l'alcoolisme
:
les rsidus
les
frquentes hallu-
cinations de la vue qui ont une nuance nettement alcoolique, le trouble d'locution qui frappe moins et qui est d surtout l'ataxie labiale et
moins au tremblement des syllabes. De plus il faut remarquer son volution de moins mauvais augure, car ces paralysies alcooliques (pseudo-paralysies ?) peuvent suivre une marche nettement rgressive ou du moins gurir avec conservation d'une dfectuosit-.,
1 Nasse, Scluile, Manuel, 3 dit., p. 418. Fairet, De la folie paralytique, p. 106. Drr, Eine eif/enartige Farm, der parai. Geisstestoruny. Zeitschr. f. Psych., 42, p. 325. Camusel, Annal, md. psychoL. 1883, p. 201. bei Alkoholikern, thse doct., Bonn, 1883.
7.
1870,
4.
Brosius,
Ibid.,
1767,
1.
INTOXICATIONS CHRONIQUES
639
Aux autopsies j'ai trouv ment, et cela est frappant, ordinairement manquaient.
Schrottner, trente-un
mre
s'est
la variole qu'il a
Il
de bonne heui^e la boisson; tait devenu trs irascible depuis plusieurs annes, souffrait souvent de maux de tte, de vertige et de sommeil mauvais. Depuis quelques mois il tait deveim oublieux et nonchalant dans son service et
de travers. Depuis quelques jours il tait agit, ne dormait pas, se dmeinconsciemment, et manifestait du dlire des grandeurs. Lors de sa rception, son intelligence est considrablement trouble il n'est plus orient sur le temps ni les lieux; il se croit dans son moulin; il est incohrent, confus, dclare tre le propritaire du moulin; il pousera la meunire qui est devenue veuve; il a une fortune de 100,000 florins et il fera reconstruire le moulin d'une manire superbe. Au crne il a quelques cicatrices cutanes superficielles, nulle trace de syphilis; la partie droite de la figure est moins innerve que la partie gauche; convulsions fibrillaires des muscles de la figure; trmor des lvres et de la langue, locution trouble par une ataxie labiale considrable, cependant ne tremble pas les syllabes dmarche peu assure, lgrement chancelante. Pouls trs lent, 68 pupille droite ragit d'une manire plus paresseuse que la gauche. Les organes vgtatifs ne prsentent rien d'anormal. La sensibilit n'a pas chang. Le malade se dmne inconsciemment, fait des projets insenss et empreints de la monomanie des grandeurs, il veut acheter l'hpital, le reconstruire, attend la meunire qui est amoureuse de lui parce qu'il est beau et fort. Il se laisse facilement dtourner de son sujet. Les troubles moteurs sont variables mais en somme progressent. Le 27 et 28 janvier, accs pilcptiforme (convulsions gnrales avec suppression de la conscience); la dmence augmente avec des tats d'agitation intercurrents. Le sommeil s'amliore la suite des bains et de l'usage du chloral. Pour combattre les tats d'agitation on se sert d'injections de morphine. Le 20 mars nouvel accs pilcptiforme. Au cours du mois de mai l'intelligence s'lucide, les troubles moteurs disparaissent sauf la dilatation de la pupille gauche et les convulsions des muscles de la joue gauche lors des mouvements mimiques et d'loculion. Le malade arrive reconnatre son tat et il attriltue lui-mme sa maladie l'abus des boissons alcooliques. Sa faiblesse mentale aussi disparat, il redevient parfaitement capable de travailler, et comme aucun trouble ne se produit plus jusqu'au 13 janvier 1877, il est renvoy de l'hpital. La gurison s'est maintenue.
faisait tout
nait
Psenienigg, ouvrier dans Observation LXXXVII. Paralysie alcoolique. Mort. une usine, quarante-quatre ans, mari depuis neuf ans, n de parents qui tous les deux taient adonns la boisson. Depuis quelques annes lui aussi est devenu
buveur.
l'asile,
le
malade
11
tait
devenu
trs
irascible,
femme
qu'il accusait
de
le
tromper.
et se livrait plus
11
y a six semaines, il devenait agit, perdait le sommeil, tait anxieux; il se croyait perscut, voyait la nuit ses perscuteurs la fentre, des chiens, des chats qui le menaaient, entendait des cris, des gmissements et se sauvait souvent de
peur.
Il
de
maux
de
tte,
640
Lors de sa rception,
intelligence,
il
20
fvrier
se
1876,
le
malade
trois
est trs
se croit
dans
l'usine,
dmne inconsciemment,
s'habille. 11 se plaint
de
l'infidlit
;
de sa
femme
ou quatre
hommes
auraient
Dieu
toujours attendu devant la porte elle s'habille mieux qu'autrefois. La toilette est de sait qui. La nuit on l'a toujours perscut, on faisait du vacarme devant son
lui lanait
logement, on
et des bestiaux,
du pass
gauche
le
de sorte qu'il ne pouvait dormir. Il n'a qu'un souvenir trs vague plus rcent; marche des ides incohrente, mine trouble. L'expresd'un jaune ple,
fort
la
pupille
tremblement la langue, aux lvres et aux mains, catarrhe chronique de l'estomac, vomitus matutinus, pouls lent, faible, bruits du cur sourds, hyperesthsie cutane des extrmits infrieures et excitabilit rflexe augmente; dmarche peu assure, avec les jambes cartes locution lente, trouble par l'ataxie labiale, mais bien
large que la droite et
raction paresseuse;
articule.
Le malade devient calme; avec l'opium, il arrive dormir; il voit encore de temps en temps des animaux, des perscuteurs; il devient visiblement de plus en plus dment. A partir de fin mars de frquents accs pileptiformes se produisent aprs lesquels le langage et la dglutition deviennent trs difficiles pendant quelques jours. La dmarche devient alors fortement penche gauche, l'criture trs trouble
comme
voile
dans
le
cas de paralysie
la figure;
il
le
se produit une violente convulsion et un tremblelangage devient plus lent, nasillant (parsie du
s'puise;
trmolent. Au commencement du mois de novembre le malade forme un dcubitus qui s'tend rapidement; il se produit une diarrhe incoercible qui amne la mort le 14 novembre. Crne et dure-mre sans anomalies. La pie-mre, sauf au-dessus du Autopsie. lobe occipital, prsente un trouble diffus elle est paissie. La mme constatation est faite aussi la base. La pie-mre ne peut tre dtache sans perte de substance
se
corticale.
et occipital les
et
interne. Pas de
granulations pendymaires. Le
cerveau est anmi, dmateux. Les vaisseaux de la base prsentent un cement d'athrome.
commen-
IV.
pilepsie alcoolique'
aussi
Les altrations du cerveau causes par les excs alcooliques peuvent mener l'pilepsie. Les causes qui favorisent l'origine de l'pilepsie la prdisposition hrditaire, les convulcliez les buveurs sont souvent sions dans l'enfance et les traumatismes. L'affirmation de Magnan, que l'pilepsie alcoolique ne se rencontre que chez les buveurs d'absinthe,
:
et
peut se produire avec toutes les boissons capiteuses. Comme l'pilepsie suppose fonctionnellement une innervation anormale durable de certains centres crbraux, qu'on appelle altration pilep:
' Littrature Magnan, De l'alcoolisme, 1874. Percy, Dict. des sciences mcl., 26. Drouet, Aiui. md. psych., mars 1875. Weiss (Leidesdorf, Psi/ch. Stadien, 18771. Legrand du Saulle, Efi/de mdico-lgale sm^ les pileptiques. Paris, 1877. Echeverria, Raab, Wien. med. BltUter, 1882, n' 8-10. Journal of mental science, janv. 1881.
LXTOXICATIONS CHRONIQUES
641
tique, ou s'explique uaturellemeut que, comme le delirium tremens, elle ne puisse pas uon plus se produire la suite d'uu seul excs alcoolique isol,
ft-il trs violent, et
que pour
la faire natre
il
pendant longtemps.
d'uu accs pileptique sous l'influence accidentelle de prouve toujours que l'altration pileptique, c'est--dire l'pilepsie, existait dj auparavant; car le retour des accs, chez les pileptiques sous l'influence d'un abus alcoolique occasionnel, a lieu assez
L'apparition
l'ivresse
souvent.
L'pilepsie alcoolique une fois dveloppe, la cause accidentelle la plus importante pour le retour des accs est alors l'excs alcoolique. Environ 10 p. 100 des alcooliques prsentent des accidents pileptiques. En gnral ce sont des phnomnes tardifs de l'alcoolisme chronique. Souvent ces attaques pileptiques ne sont qu'incompltes, car elles n'atteignent que certains groupes de muscles ou seulement une moite du corps. Un fait remarquable dans ces cas c'est qu'elles sont prcdes et accompagnes presque toujours par une congestion violente. Souvent aussi pendant l'attaque l'individu perd conscience. Cependant, outre ces sortes d'accs incomplets, on en rencontre aussi d'autres qui ne diffrent en rien du tableau vertigineux ou convulsif ordinaire de l'pilepsie. La faon dont ces accs se produisent est au point de vue diagnostique plus importante que leur forme, car ils se produisent de plus grands intervalles et ils reviennent sous forme accumule et en connexit avec les excs alcooliques. Trs souvent ces sries d'accs sont suivies par des troubles sous forme de dlire pileptique ou par un tat crpusculaire somnambuliforme ou aussi de stupeur. Parfois on observe une complication simultane de delirium tremens ou d'hallucination brieuse. Avec l'entre en scne de l'pilepsie alcoolique, la dgnrescence intellectuelle des malades fait des progrs rapides. Le pronostic est dfavorable, en partie en lui-mme, en partie par suite des excs alcooliques toujours ritrs qui accentuent la prdisposition et provoquent de nouveaux accs. Le bromure de potassium parat faire preuve d'utilit en prsence de l'pilepsie alcoolique. Beaucoup d'ivrognes cependant restent sans accs, mme sans l'emploi du bromure de potassium, pendant leur sjour l'hpital, grce aux conditions hyginiques favorables de l'tablissement et la privation des spiritueux.
,
Observation' LXXXVIII.
Epilcpsie alcoolique.
JJclin'uni
combins.
Pirch,
tremens
el
pileptique
trente-sept ans,
adonn
la boisson depuis
a jeunesse, a eu en 1859 un accs de delirium tremens, en 1860 un typhus grave avec symptmes crbraux, et a t atteint il y a neuf ans de son premier accs pileptique aprs avoir fait des excs alcooliques. Ces accs revenaient isolment environ tous les quatre mois, ordinairement aprs des excs de boisson. Ils commenaient par un mal de tte violent et taient suivis par des tats de stu-
peur duiant plusieurs heures et pendant lesquels le malade tait anxieux, voj'ait des ligures menaantes, des animaux, des tincelles, etc. Depuis cinq ans ils ne se renouvelrent pas, mais le 22 octobre 1876, ils revinrent aprs un excs alcoolique. Le
PSYCTIIATRIE.
41
642
tte vio-
yeux
se voilrent et
l'hpital o il arriva saignant d'une l'accs se rpta. Le soir morsure qu'il s'tait faite la langue et dans un tat de lgre stupeur. Il donne d'une manire exacte son nom et son tat civil, parait anxieux, inconstant, agit. Trmor gnral; pas de fivre; pouls 88, trs mou, lent, bruits du cur sourds, foie gonfl. Le malade dort un peu. Le 23 au matin il constate avec tonnement qu'il est l'hpital. Ses souvenirs ne remontent que jusqu'au 22 au matin.
Au
cours de l'aprs-midi
il
commence
hommes
en caoutchouc qui tous s'lvent en l'air. Inquitude croissante, trmor violent. Malgr
il
le
chloral,
il
passe la nuit du
2i-
sans sommeil,
est
Le 24 au
il
soir,
se dclare,
comme
peur terrible, rage aveugle et insistance Le malade voit des assassins, il est gorg, sa tte est coupe sur un banc, il sent des trous d'un pied de profondeur dans son corps. Entre temps il a de nouveau des visions d'animaux; il se croit au cabai'et, boit de la bire, tend son verre vide au garon, le gronde parce qu'il tarde revenir. Le s'", 15 d'extrait chloral ne donne pas de succs. Dans la journe du 25 on lui donne d'opium par la voie sous-cutane. Le malade dort toute la nuit du 25 au 26 il devient promptement lucide et a gard un souvenir sommaire des incidents de sa
tique. Trouble profond de l'intelligence,
partir.
pour
maladie.
Il nous raconte avoir eu, il y a neuf ans, pour la premire fois, ensuite il y a cinq ans, des accs dlirants terrifiants postpileptiques et qui ont dur environ cinq
jours. Le
et le 30
malade
se
remet rapidement
renvoy.
la suite
octobre
il
est
CHAPITRE
II
MORPHINISMEi
La morphine qu'on emploie aujourd'hui dans beaucoup de cas comme calmant, surtout sous forme d'injections sous-cutanes, produit chez beaucoup de gens non seulement un apaisement de la douleur mais aussi un sentiment de bien-tre intellectuel et physique qui augmente la force de
physique tant que dure son action. Grce ces promorphine n'est pas seulement un sdatif (narcotique, hypnotique), mais en mme temps un stimulant et une consommation de plaisir. Ce dernier effet parat tre produit par la morphine surtout sur les constitutions nvropathiques (Erlenmeyer). La morphine, quand on en fait un usage continu, n'est pas un agent inoffensif. De mme que l'abus continuel de l'alcool, l'abus de la morphine produit aussi des phnomnes d'intoxication chronique et, sous l'influence du poison, les centres nerveux sont tellement influencs dans leur nutrition et leur fonctionnement que des accidents graves et mme mortels (phnomne d'abstinence) peuvent se produire quand on diminue dans une proportion trop grande la dose habituelle du morphinique ou quand on le prive brusquement de morphine. En raison des malaises d'abstinence qui se prsentent immdiatement, du besoin et du dsir d'avoir de la morphine qu'il prend comme stimulant
travail intellectuel et
prits la
agrable en raison de sa faiblesse morale, consquence de l'abus, il est trs difficile de dlivrer le malade de sa mauvaise passion et ce rsultat
ne peut gure tre obtenu que dans des hpitaux. Toutefois il arrive chez presque tous les morphiniques un moment o les malaises de l'intoxication chronique l'emportent sur les effets euphoriques et o ces derniers ne peuvent plus tre obtenus qu'en prenant des doses exagres. Alors il est temps que le secours mdical intervienne, car des dangers graves menacent la sant et la vie de l'individu atteint. Les conditions tiologiques de l'origine du morphinisme consistent en premire
Fiedler, Zeil.sc/ir. f. pnikl. Med., 1874, 27, fasc. 3. f. Psi/ch., 1872, Erlenmeyer, Die Morphiumsuchl Die Morphiionsuc/il, 2" dil. 1880. Obersleiner, Der c/n-oii. Morp/iinismus. clinique de iiiid ilire Behandlutif/, 2"= dit., 1880 Le mme, Burkart, Die cliron. Morphittmverf/ifliiiif/, Bonn, 1880. Vienne, 1883, III.
'
28.
Levinstein,
Lahr, ZeUscIu:
644
morphine provoque une sensation agrable. On est pouss prendre de la morphine dans les maladies qui causent des douleurs ou de l'insomnie et quand les souffrances durent trs longtemps. Si par lgret le mdecin abandonne la disposition de son client le remde ou si le malade en raison de sa situation peut se procurer
laquelle l'absorption de la
facilement de la morphine,
il
devient morphinique.
SyMPTOMATOLOGIE du MOIlPniNISME
Dans
l'tude des
symptmes
il
phnomnes de
ceux de l'abstinence. Symptmes d'intoxication. Ils se montrent rarement avant la fm du troisime mois; chez les personnes doues d'une certaine force de rsis-
l'intoxication chronique de
tance 'autrefois bien portantes, sans tares), le phnomne se prsente souvent aprs un dlai encore plus long et d'une faon si attnue que
morbide des centres nerveux ne se rvle qu'au moment de Il semble qu'ici il y a des conditions analogues celles de l'alcoolisme dont les lsions graves et dgnratives supposent une individualit plus ou moins morbidement prdispose. Dans tous les cas ce n'est pas la dose quotidienne ni la dure de l'abus qui sont dcisives, mais l'individualit. Les symptmes de l'intoxication chronique morphinique sont
l'altration
l'abstinence.
les
int-
La morphine
ne
le fait l'alcool,
mais
je n'ai
examen minutieux,
est
ft intact
psychiquement. L'intelligence,
les
est vrai,
le caractre, l'thique,
la capacit
intellectuelle, la force
est
Le morphinique
un homme sans
auquel
il
un
homme
bnfice
des circonstances attnuantes et qui, pour la sauvegarde de ses intrts et de ses devoirs, aurait toujours besoin d'un aide.
Dans les cas plus graves on constate en outre une faiblesse de la mmoire, notamment un manque d'exactitude dans la reproduction, un alourdissement dans la capacit au travail intellectuel allant jusqu' la torpeur, par moments une dpression psychique allant jusqu' la dysthymie prononce et au taedium vit, une grande motivit, en gnral une grande baisse de la force de rsistance contre les motions. Il vient encore s'y ajouter une inquitude nerveuse pisodique, de l'agitation, des accs d'angoisse probablement produits par la voie vaso-motrice, des
hallucinations occasionnelles de la vue. Une grande partie des symptmes somatiques peut se ramener l'action
LXTXIGATIONS CHRONIQUES
de
la
64a
les scrtions et qui, dans un sens plus Par suite de la diminution de la scrtion de la salive, il se produit une scheresse importune dans la houche et dans le gosier; par suite de la diminution de la scrtion des glandes shaces, la peau devient sche, rigide et la stagnation de l'enduit sbac de la peau dans les glandes donne lieu la formation de furoncles. Par suite de la
et
du suc pancratique,
la
la
digestion
diminution coucomittante du pristaltisme, la dfcation aussi est atteinte. Souvent l'amnorrhe se produit de bonne heure, mais il n'y a que rarement suppression de l'ovulation ainsi que le prouvent les nombreux cas de grossesse qui se produisent malgr l'existence de l'amnorrhe. On observe aussi de l'aspermie. Ce qui par contre est frappant, c'est la grande augmentation de la scrtion sudorale qu'on constate souvent. Ajoutons encore de nombreux troubles moteurs tonus musculaire abaiss, trmor, troubles de la coordination allant jusqu' l'ataxie prononce, faiblesse des sphincters, myosis, parsie de l'accommodation, cysto-spasme, troubles de l'innervation du cur (asthnie cardiaque, accidents allures d'angine de poitrine). On doit rapporter en partie aux troubles de l'innervation vaso-spasmodique la
et,
: :
mal
par suite de
du turgor vitalis, la pleur des joues qui sont creuses, la froideur des tguments cutans et le grand besoin de chaleur de ces malades. La sphre sensitive y participe aussi sous forme d'hyperesthsies, de nvralgies, de paresthsies. Souvent le libido sexualis baisse de bonne heure et le pouvoir d'rection disparat aussi. Dans les stades avancs de l'intoxication l'anorexie et une insomnie tenace se produisent. Les phnomnes fbriles ne sont pas rares non plus (Levinstein, Berl. Klin. Wochenschrif't 1880, n" 6) sous forme de lgers mouvements fbriles le soir (parfois mme avec le tableau typhode, mais avec une temprature dpassant rarement 38, 3) ou sous forme d'accs de fivre intermittents qui ne peuvent pas tre cliniquement distingus d'une vraie fivre intermittente quotidienne ou tierce. Le rsultat de tous ces troubles est un marasme croissant, un senium prcoce qui parfois finit brusquement par une dgnrescence graisseuse du myocarde et par une paralysie du cur. Symptmes d'abstinence. Ils sont diffrents suivant qu'on supprime brusquement ou successivement la morphine. Au fond il s'agit l de diffrences quantitatives. Les phnomnes d'abstinence peuvent se prsenter ds qu'on rduit considrablement la dose. Les premiers phnomnes de l'abstinence (relative; ou de la faim morphiuique sont des billements, des dmaugeaisons la peau, une inquitude nerveuse, de l'angoisse, des vomissements, de la diarrhe. Il s'y ajoute une caducit extrme, du trmor, des nvralgies des extrmits et des viscres, des frissons, un grand besoin de chaleur, des transpirations profuses, un fonctionnement irrgulier des vaso-moteurs, une frquence du pouls trs variable, de l'augmentation de l'excitabilit rllexe en gnral, une hyperesthsie sensorielle, des phosphnes et des acusmes allant jusqu'aux hallucinations, de l'agrypnie, une obnubilatiou de la conscience avec rectification incombaisse
,
646
plte des hallucinations et des actes irrguliers qui en rsultent, une inquitude pnible, une confusion anxieuse, une dysthymie allant jusqu'au taedium vitae, un trouble particulier de la mmoire (localisation inexacte
dans
le pass).
Des
tremeus peuvent
mme
se
produire,
comme
qui mrite d'tre relev (comparez les deux derniers cas de Rehm),
mme
lorsque la marche est subaigu et prolonge, un vritable dlire hallucinatoire (vsanie) peut se prsenter, ce qui, dans un de mes cas, a eu lieu bien aprs qu'on eut cru avoir surmont les difficults de l'abstinence. Ce
dlire
est
Les phnomnes de l'abstinence totale brusque se manifestent au bout de six heures environ. Les malades deviennent las, faibles, incapables de se tenir sur leurs jambes; ils sont pris de symptmes allures de cholra nostras, de sueurs profuses, de trmor gnral, d'angoisse pnible, d'inquitude au point de pleurer, de rager et de demander imprieusement de la morphine qui en effet supprime immdiatement toutes les souffrances de l'abstinence et pour l'obtention de laquelle le malade serait capable mme de commettre
un crime.
Souvent ces symptmes d'abstinence se joint un dlire hallucinatoire qui habituellement dure plusieurs jours, vritable dlire d'inanition que l'on a appel le delirium tremens de la morphiuomanie, cause de ses
nombreuses analogies avec le delirium tremeus alcoolique (visions d'animaux, pisodiquement aussi dlires obscnes, prdominance des sujets terrifiants dans le dlire, agrypnie, trmor). Dans les cas graves les phnomnes d'abstinence et d'inanition peuvent mme aller jusqu' une grave faiblesse du cur et de la respiration, au collapsus, un tat comateux, et le retour la morphine devenir une indicatio vitalis. Des symptmes d'intoxication et d'abstinence sous forme de troubles
lmentaires psychiques, d'anorexie, d'asthnie, persistent souvent encore
plusieurs mois aprs qu'on a supprim la morphine.
Traitement du morphixisme
La premire indication remplir c'est de supprimer le poison systmatiquement et sous la direction d'un mdecin, dans un hpital. La suppression n'est contre-indique que quand une maladie trs douloureuse et ingurissable exige imprieusement l'usage de la morphine. Dans ces circonstances, le morphinisme est des deux maux le moindre. La mthode employe depuis des annes par l'auteur de ce livre est celle de la suppression graduelle et successive. La suppression brusque est une mesure cruelle, elle offre des dangers et fait craindre davantage les
INTOXICATIONS CHRONIQUES
rechutes.
Il
647
minimum
ncessaire, c'est--dire la
ration quotidienne avec laquelle le malade se porte peu prs bien. Cette
premire rduction peut tre trs considrable la moiti et jusqu'au tiers de la dose quotidienne employe auparavant), car les morpliiniques en consomment beaucoup plus qu'ils n'en ont besoin. Partant de cette dose rduite, on fait, avec toutes les prcautions possibles, des rductions, de sorte qu'au bout de dix vingt jours on arrive zro; il faut procder en compensant le manque de la quantit ordinaire de morphine, selon la nature de l'individualit, par de la morphine l'intrieur, mieux encore par des injections de codine ou d'extrait aqueux d'opium ou par l'usage interne de l'extrait d'opium. Le repos au lit, une bonne nourriture surtout du lait avec cognac, etc., car dans la plupart des cas, il y a de l'aversion pour la viande), la prise des repas pendant le temps de l'euphorie, aprs l'injection, vin vigoureux en assez grande quantit. Des bains 28'^ R. aident le malade supporter les souffrances de la cure suppressive. Il faut toujours faire attention l'tat du cur du malade. Contre l'agrypnie, le brome (3 grammes avec du laudanum, Erlenmeyer)a fait ses preuves d'utilit, parfois aussi Ihydrate d'amylue et l'hypnoue. L'hydrate de chloral doit tre vit. La suppression des dernires doses de morphine cote souvent beaucoup de peine. Cela dpend surtout des circonstances psychiques. On peut souvent calmer le malade avec des injections d'eau distille. Quand on lui apprend ensuite cette supercherie bienveillante,
il faut faire disparatre les dernires traces de l'intoxication de l'abstinence et rendre l'individualit plus capable de rsistance morale et physique. A cet effet on a besoin de faire subir au malade une cure supplmentaire d'une dure de plusieurs semaines et mme de plusieurs mois. S'il est impossible d'accomplir ces indications, les rcidives se produisent fatalement.
morphinique;
et
Observation LXXXIX.
famille sans tare, a reu,
C.
il
P....
vingt-neuf ans,
y a quatre ans, de son mari, plusieurs reprises, des injections de morphine cause d'un violent mal de dents. Elle en prouvait une
dans la priode qui succda, elle eut beaucoup de chamaux de dents, et que, femme d'un mdecin de campagne qui avait chez lui une petite pharmacie de maison, elle pouvait facilement se procurer de la morphine, elle devint morphinique. Elle arriva prendre des quantits de plus en plus grandes et, lorsque des phnomnes d'intoxication chronique se prsentrent,' elle eut en outre recours la cocane qu'on lui avait donne alors pour essayer de la dsaccoutumer de la morphine. La malade ne peut pas prciser les doses dont elle a us. Dans les derniers mois elle en a toujours grande euphorie.
grins et de soucis et aussi de frquents
pris
Comme
et
faisait
dis-
Depuis un an des phnomnes d'intexication s'taient produits (agrypnie, anoamnorrhe, anmie, trmbr, amaigrissement). Elle ne pouvait plus se passer de morphine et, aussitt qu'elle manquait d'injecter temps la dose accoutume,
648
de phnomnes d'abstinence sous forme de malaise pnible, de sentiment de grande faiblesse, d'angoisse, de dpression. Dans les dernires semaines des accs d'anxit, des hallucinations terrifiantes de l'oue et de la vue (effet de la
elle tait prise
temps en temps. Le 20
avril 1887 la
malade
maladies ner-
veuses Gratz pour s'y soumettre une cure de privation. Elle apporta avec elle des quantits considrables de morphine et de cocane on lui enleva la cocane
;
2 de morphine par jour. Grande, vigoureusement btie, mais marasme et anmie; peau fane, sche, ple; teint sale, tonus musculaire abaiss; attitude molle, expression nerveuse, allures dprimes, pupilles troites; tremor manuum, rflexe patellaire peine excitable, bruits du cur nets, vigoureux; pas de troubles vgtatifs, urine sans albu-
immdiatement
et sans inconvnient, et
on
lui
donna
s'",
mine, tempratui^e normale. Ordonnance repos au lit, vin, nourriture substantielle, comme minimum ncess^, 22 de morphine. La dose de morphine est ensuite rduite (le saire on prescrit
:
05 par jour). A partir du 2 mai extrait aqueux d'opium l'intrieur en descendant OS', 01 de morphine. A partir du 7 mai injections d'eau. Les phnomnes d'abstinence se bornent de la lassitude, de la dpression et une indisposition intellectuelle. L'agrypnie disparat avec i gramme de bromure le soir et 20 gouttes de laudanum. Peu de jours aprs la suppression totale de la morphine, il y a une amlioration rapide de la nutrition (plusieurs kilogrammes), lvation du turgor vitalis, apptit, rtablissement du sommeil, bonne humeur, disparition de la lassitude. Le 21 mai on ne constate plus chez la malade aucune anomalie psychique ni somatique. Elle a l'air florissant, pour ainsi dire rajeuni. Elle n'a plus absolument besoin de la morphine. Bien que M""^ P... dut tre renvoye ds le 23 mai, elle est reste saine et exempte de toute rcidive. 27 avril seulement
Ob'",
12 et
le
mai
s'',
M^'^K..., quarante ans, femme d'employ, d'une famille Observation XG. nvropathique, bien portante autrefois a t atteinte d'hystrie grave, aprs de violentes motions pendant son premier accouchement. On lui fit des injections de morphine; ce procd supprima les spasmes et tous les malaises hystriques, mais la malade ne pouvait plus se passer de ce moyen sans tre prise aussitt de graves
commencement
elle
au bout de quelques annes ses rgles se supprimrent toutefois elle accoucha, il y a dix ans et il y a six ans. Le dernier enfant tait dbile et mourut de convulsions peu aprs sa naissance. Le libido sexualis disparut de bonne heure. Depuis quelques annes il s'est produit une baisse de la nutiition par suite de l'emploi sous-cutan s', 25 s', 5 de morphine par jour. La malade se sentait faible, d'une dose de vite fatigue et incapable de remplir ses devoirs de femme de mnage. Elle souffrait
d'une sensation de froid, de malaises nvralgiques graves, de palpitations, de tre-
mor, en 1884, pendant quelque temps, d'accs de fivre intermittente qu'on ne pouvait pas attribuer la malaria. Le sommeil restait bon. Ces malaises ont dcid la malade, le 28 avril 1883, st soumettre une cure de
suppression la clinique des maladies nerveuses. Taille moyenne, nutrition rduite, tonus musculaire abaiss, rflexes profonds
peine excitables, pupilles troites, pouls faible, bruits du
tremor
cur sourds mais nets, lingu tguments cutans secs, froids, anmie, anorexie, urine s'-, 35 sans albumine. Temprature: 36, 9. Comme minimum ncessaire on a donn de morphine par jour. Ordonnance repos au lit, alimentation force (lait). La tentative de diminution
manuum
et
INTOXICATIONS CHRONIQUES
049
de la quanlil de morphine provoque d'abord la sensation de boule, des spasmes cloniques du diaphragme et une inquitude anxieuse. En recourant l'extrait aqueux
;i
d'opium
phine
l'intrieur
0*^'',
li
mai
la
rduction de la mor-
1.
Avec l'limination de
morphine
se produit
un revirement consid-
rable de la nutrition. Les rgles supprimes depuis plus de dix ans se produisent le
22 mai et ont une marche normale. De lgres attaques hystriques se montrent de nouveau. Par suite de l'usage du valrianate de zinc et de l'extrait d'opium elles disparaissent et la convalescence progresse sans obstacle. Le 6 juin 1882 la malade rentre dans sa famille. Elle emploie encore pendant quelque temps les moyens susindiqus, elle n'a plus que par-ci par-l
elle n'a
plus besoin de la
morphine
et,
prsente, au
mois d'octobre 1885, florissante, et avec la meilleure sant. Menstruation normale. Le 27 novembre 1886, nouvel accouchement. Pendant le puerperium (huit jours), pouvante terrible. Graves accs hystriques. Le mdecin fait des injections de morphine (0 s'',02 par jour). Le 26 janvier 1881 la malade vient elle-mme nous demander de la priver de morphine. La suppression russit au bout de quelques jours par le
traitement avec l'opium l'intrieur. Depuis
elle se
porte bien.
CINQUIEME PARTIE
AFFECTIONS CRBRALES AVEC PRDOMINANCE DES SYMPTOMES PSYCHIQUES
CHAPITRE PREMIER
DLIRE AIGU'
Hyperbmie transsudative avec transition vers la priencphalite, aigu
Sous
cette
lant et sur
l'volution, la psychiatrie
la
gnral
de la sphre psychique occupent le premier plan. A l'autopsie on peut reconnatre premire vue des lsions qui, bien qu'elles ne soient pas toujours rigoureusement les mmes, manquent
que
les troubles
rarement.
Ces lsions constates l'autopsie sont la congestion du cerveau et l'hyperhmie de sa surface. L'hyperhmie s'tend dans la plupart des cas la moelle pinire. Elle est souvent masque ou difficile reconnatre par suite des scrtions dmateuses qui se sont produites dans les derniers jours ou dans les dernires heures de la vie. L'impression d'ensemble que produit l'autopsie est celle d'un engorgement veineux de l'organe
:
central.
Le cerveau est plus bomb, l'corce crbrale parat gonfle. Le grands vaisseaux dans la pie-mre est souvent accompagn de raies blanchtres qui probablement sont produites par obstruction lymphatique dans les gaines des vaisseaux. L'examen microscopique aussi fouruit les signes essentiels d'un engorgement sanguin avec migration des lments du sang, migration qui est la consquence de cet engorgement. Les gaines lymphatiques sont bourres de globules blancs au milieu desquels on trouve assez frquemment des globules rouges. Parfois on peut aussi trouver des extravasats capillaires.
trajet des
Jehn, Archiv. /". Psijch., VIII, fasc. 3 (avec indications de la littrature jusqu'en 1878 avec citations particulirement importantes de Scliiile, -1//'/. Zfiitsclir. f. l'sijch., 24el25). Mendel, Hcrlin. l;Hn. Wncltciischr., IST'.I. .nO. Schiile, Manuel, p. o0'2.
6o2
L'engorgement lymphatique s'tend travers les gaines vasculaires dans les espaces lymphatiques d'une part et d'autre part dans le systme rticulaire des cellulles plasmatiques de Deiters et mme dans les espaces priganglionnaires.
Les cellules ganglionnaires prsentent souvent un gonflement terne. Quant aux organes extra-cphaliques, on trouve souvent de l'hypostase des poumons, le cur flasque, les muscles du cur mous, ples, graisseux ou granuleux le sang est d'une couleur fonce prononce et trs liquide.
;
Frstner {Arch. f. Psych., XI, fasc. 2j a appel l'attention sur le fait qu'on rencontre une dgnrescence granuleuse et cireuse des muscles volontaires du squelette, phnomne analogue celui qu'on constate dans le
typhus et dans d'autres maladies aigus gnrales graves. Les causes de la maladie sont multiples, mais toutes concordent en ce sens qu'elles indiquent une atteinte directe du cerveau. Il est probable que le premier phnomne qu'elles produisent, agit sur le systme nerveux vaso-moteur; l'hyperhmie active par laquelle dbute le processus morbide est produite par la paralysie vasculaire. La maladie atteint aussi frquemment les femmes que les hommes et elle se dclare l'apoge de les la vie'. -Les causes occasionnelles proprement dites semblent tre motions, les excs de boisson, les fatigues intellectuelles intenses, les influences caloriques les causes qui n'agissent pas directement mais qui prdisposent la maladie sont beaucoup plus importantes, comme le surmenage intellectuel et physique dans la lutte pour l'existence, un chagrin qui ronge pendant des annes, les soucis pour le pain quotidien, une nourriture insuffisante, l'influence affaiblissante des maladies graves et des accouchements difficiles, les phnomnes de la mnopause. Dans beaucoup d'autres cas il existait antrieurement des lsions du cerveau sous forme de blessures la tte, une insolation, un typhus avec complications crbrales, ou bien encore des affections crbrales ou psychiques non dtermines qui avaient laiss des traces videntes. Du moins les hyperostoses de la vote crnienne, les paississements chroniques de la pie-mre et les atrophies circonscrites de l'corce crbrale qu'on trouve si souventsur les cadavres des individus morts de delirium acutum semblent prouver ce fait. De plus, dans l'immense majorit des cas de mes observations personnelles il s'agissait de personnalits prdisposes par hrdit aux maladies nerveuses et qui taient particulirement excitables au point de vue motif et au point de vue vaso-moteur. L'influence affaiblissante d'un typhus, d'un delirium tremens, d'une folie furieuse avec dcrpitude crbrale, peut, au cours de ces maladies, provoquer le delirium acutum; Ce dlire peut encore faire son apparition comme complication d'une dmence paralytique, quand une des influences prcites est entre en action, ou comme complication d'une hystrie.
:
Sur 45 cas primaires de mon observation personnelle, il y avait 22 hommes dont l'ge variait entre trente et quarante-sept ans et 23 femmes entre vingt-sept et quarante-six
'
ans.
6o3
que
caractre pernicieux qui constitue l'essence de la maladie hyperhmique est bas sur la constitution prmorbide de l'organe atteint et que le delirium acutum reprsente une forme de raction particulire d'un
cerveau tar ou puis, profondment atteint dans son tonus vasculaire, raction provoque par un processus byperhmiant.
patbognie nous montre des influences qui abaissent le et nous fait envisager l'hyperhmie comme une hyperlimie originairement artrielle et cause par la diminution des rsistances, la marche de la maladie nous montre une transition prompte de
la
Tandis que
tonus vasculaire
cet tat
le ralentis-
vaisseaux dilats passivement par suite de la faiblesse d'action du cur qui se fait sentir de bonne heure. Les consquences directes de l'hyperhmie veineuse sont le passage des lments du sang dans les voies lymphatiques de la pie-mre et du cerveau la dlicatesse congnitale des vaisseaux ou des troubles dans la
les
;
sement de
dans
peuvent
Alors apparaissent, ct des symptmes d'irritation, des symptmes de pression. Passagrement il se produit, c'est certain, une rsorption partielle des exsudats (rmissions), mais les fluxions, revenant toujours (exacerbations), produisent de nouveaux exsudats jusqu' ce que leur disparition, de mme que celle des produits de la mutation intraorganique
rares rmissions, cela s'explique en paississements prexistants dans la piemre (voies lymphatiques impraticables), peut-tre aussi par le dveloppepartie
cette dernire, en partie aussi par l'hyperostose si frquente (rtrcissement des missaires); mais en mme temps, il faut encore mettre en ligne de compte l'tat du cur (troitesse anormale de l'orifice jugulaire). Ce qui est d'une importance dcisive, c'est l'insuffisance d'action du cur qui existe de bonne heure et qui est probablement cause par une dgnrescence graisseuse prexistante dans les cas qui se produisent par suite d'inanition ou d'alcoolisme, ou par les troubles de nutrition qui se produisent au cours de la maladie si souvent accompagne d'une haute lvation de la temprature du corps.
ment anormal de
Le processus se termine par une stase veineuse dans le cerveau et il peut mme temps se produire une transsudation considrable (dme). La mort se produit avec des phnomnes de congestion crbrale croissante, dans le sopor, et par suite de la paralysie du cur. Les premiers symptmes du delirium Aspect clinique de la maladie. acutum sont ceux d'une violente hyperhmie active avec phnomnes d'exen
Comparez Jehn, Op. cit. (jui, dans les 4 cas qu'il a examins, a trouv de la dgnrescence graisseuse, de rpaississement, de la prolifration des noyaux de l'advenlice. des dpts de globules de graisse et de pigment.
' :
6o4
citation
Par suite d'une cause accidentelle qui agit trs vivement, sur un cerveau symptmes peuvent succder immdiatement aux premiers et se manifester d'une manire imptueuse, ou bien ils peuvent se dvelopper successivement dans un dlai de quelques jours ou mme de quelques semaines. Les malades se plaignent de mal de tte, que leur tte va clater, d'une obnubilation semblable l'ivresse, d'un abasourdissement et de difficult penser. Ils ont souvent le pressentiment^ d'une maladie crbrale grave. Ils deviennent irritables, agits, souvent aussi peureux, moroses, et se plaignent d'une angoisse violente. L'entrave intellectuelle qui, passagrement, peut s'accentuer jusqu' la stupeur, est souvent ressentie douloureusement. Objectivement, on trouve des phnomnes fluxionnaires, une mine trouble, bouleverse, un rtrcissement des pupilles, une dmarche mal assure, lgrement chancelante, un mauvais sommeil, avec de frquents soubresauts, et allant jusqu' l'insomnie, de la sensibilit pour la lumire et les bruits. Parfois il y a aussi des vomissements passagers.
Le passage l'acm est brusque, imptueux, et se fait avec de violents phnomnes congestifs. L'intelligence descend au niveau d'un tat somnambulique le malade commence dlirer et rager. Le tableau de la maladie peut, au commencemeut, se mouvoir dans le
;
cadre d'une folie frntique mixte ou furieuse (surtout lorsque la cause accidentelle a t une motion de colre). Dj la folie frntique se fait remarquer par le trouble grave de l'intelligence, par le relchement du m-
canisme psychique et la prdominance de l'impulsion instinctive aux mouvements imptueux le tableau morbide prend aprs ce stade de plus en plus le caractre d'un dlire incohrent et de mouvements obsdants dus des causes organiques expression de la violente irritation psychomotrice et psychique du cerveau avec fluxion violente et trouble profond
; :
de rintelligence.
est trs acclre, confuse tout au plus cerveau fait encore des associations d'ides, d'aprs l'assonance et l'allitration des mots. Le dlire devient excessivement dcousu et, l'apoge de l'agitation, il ne se manifeste plus que par des mots dtachs, des syllabes,
;
le
cris. Le lien des penses se rompt chaque instant et sous l'impulsion psycho-motrice continuelle il se produit passagrement de la verbigration.
Les dlires sont surtout de nature anxieuse et terrifiante. La plupart des malades dlirent sur la fin du inonde, l'extermination gnrale, sur la mort, les empoisonnements. Ils voient tout s'crouler autour d'eux, tout brler, ils se voient ensevelis sous les dcombres. Ils n'ont jamais t de ce
Deux de mes malades ont tout de
crbrale
>-
l'inflammation
dont
ils
moururent.
61;:;
monde,
nalit).
ils
En mme temps du
n'ont jamais exist (destruction de la conscience de la persondlire des grandeurs peut apparatre spontan-
ment et pisodiquement. Les visions de sang et de feu sont particulirement frquentes. Comme phnomnes de raction motrice, il y a des tentapour chapper au sinistre menaant. Ces actes moteurs, bien qu'ils soient produits par un mobile psychique, ont quelque chose de particulirement incohrent, d'incertain, d'impulsif, par suite du trouble
tives dsespres
profond de l'intelligence et de la perte des sensations musculaires et des images motrices. Des phnomnes d'excitation dans les centres psychomoteurs s'y ajoutent de bonne heure le malade se roule sans but ni fin, trpigne des pieds, enfouit sa tte dans les oreillers, halte, souffle parla bouche, souffle par le nez, respire spasmodiquement, avec un rythme de plus en plus acclr. A ces phnomnes psycho-moteurs qui se manifestent par des mouvements ayant encore une apparence volontaire, s'ajoutent, au cours de la maladie, des symptmes d'excitation dans les centres infra-corticaux. Il peut se produire des grincements de dents, un jeu grimaant des muscles de la figure, du strabisme, du spasme tonique des muscles maxillaires, des spasmes du nez, des mouvements convulsifs des extrmits allant jusqu'aux spasmes gnraux toniques et cloniques. Le langage aussi est trou;
musculaire, scheresse de
la cavit
du
voile
du
palais).
Dans nombre de cas, l'excitabilit rflexe est en gnral augmente. Les contorsions du malade qui se roule doivent tre attribues en partie
mme que chez les hydrophobiques ou les individus empoisonns par la strychnine, les mouvements vont jusqu'aux dcharges convulsives gnrales, rien que par le simple
cette excitabilit et cette mobilit, de
pas augmente, de nourriture se fait sans obstacle, moins qu'il y ait constriction maxillaire temporaire ou que le malade, par peur d'tre empoisonn,
l'excitabilit rflexe n'est
la prise
Quand
ne serre les dents. La sensibilit de la peau et des sens est, dans ce stade, trs souvent accentue, le sommeil manque tout fait ou se borne un court assoupissement interrompu par de nombreux soubresauts. Ds les premiers jours de] la maladie, on constate des phnomnes d'une profonde afection physique gnrale. Chez la plupart des malades, la chaleur du corps est leve dsle dbut, ou du moins s'lve pendant les exacerbations del maladie. La temprature peut se maintenir entre 38 et 39 mais souvent, elle atteint de 40 41, et mme plus. La marche de la temprature est trs
;
La nutrition baisse rapidement, mme quand la fivre manque et que l'alimentation est satisfaisante. Au bout de quelques jours, la couche graisseuse et le turgor vitalis disparaissent. De bonne heure les lvres et la
langue sont sches, la cavit buccale se couvre d'une couche fuligineuse, le pouls devient petit, mou, frquent (dans la plupart des cas au-dessus
656
;
de 100) l'tat est adyuamique, avec des signes de faiblesse du cur et avec une tendance auxhypostases dans les poumons. La figure des malades, jusqu'ici congestive, devient alors ple et parfois mme cyanotique pour quelques moments. Si le malade conserve assez longtemps la vie, il se produit alors, dans la plupart des cas, des ptchies, des sigillations, du dcubitus. La salivation n'est pas rare non plus un phnomne rgulier au dbut, c'est la constipation. Dans l'urine se trouve souvent de l'albumine ^
;
cours de la maladie se montrent constamment de profondes rmissions durant des heures et mme des jours, pendant lesquelles le dlire disparait et est mme rectifi par le malade l'intelligence s'lucide, la chaleur du corps s'attnue et descend mme au degr normal les phno-
Au
malade, trs lucide, et dont la stupeur n'est que trs lgre, prsente l'aspect d'un individu simplement puis, ne se plaint tout au plus que d'un mal de tte et semble marcher
mnes
le
vers la convalescence.
Cet espoir ne se ralise que rarement, quand les rmissions deviennent de plus en plus profondes et prolonges dans la plupart des cas, ce n'est qu'une amlioration trompeuse suivie d'exacerbalions plus violentes. C'est au milieu de ces alternatives d'exacerbations^ Huxionnaires et de rmissions avec puisement, qu'volue par la suite la maladie mais les forces du malade diminuent dplus en plus, et la maladie prend un carac;
adynamique. Aprs le tableau de l'excitation crbrale fluxionnaire, active, se dveloppe de plus en plus nettement celui d'une hyperhmie transsudative
tre
La stupeur est remplace par le sopor, les phnomnes d'excitation motrice par des ataxies, des insuffisances musculaires et des parsies (carphologie, ttonnements, trmor dans la figure et aux mains, difficult avaler, etc.) les dlires imptueux deviennent mussitants, les pupilles
;
qui jusque-l taient gnralement rtrcies, se dilatent, deviennent paresseuses dans leur raction, les yeux et les tguments cutans deviennent
anesthsiques,
les
du cur sourds;
qu' 150 coups et
avec une nuance cyanotique, les bruits pouls devient de plus en plus mou et frquent (jusmme plus) la peau se couvre de sueur visqueuse le
joues ples
le
; ;
Les formes isoles de cet tat prsentent des varits, des combinaisons de symptmes selon les conditions constitutionnelles particulires et les causes. Ainsi on observe des casa marche imptueuse avec de violents phnomnes d'excitation de la sphre psychique et motrice (dlires furieux, violente jactance, grincements de dents, coups, trpignements, etc.), avec fivre accentue, etc.; par contre, des cas oii de bonne heure un
*
phnomnes de pression crbrale (stupeur, sopor), d'excitation, les dlires manquent compltement ou n'ont qu'une allure de radotage, de rverie mussitant, les troubles moteurs se manifestent surtout par des ataxies, des insuffisances musculaires, des parsies, la fivre manque ou n'est que minime et la marche de la maladie est plutt lente. C'est sur ce fait que se base la distinction faite par Schle entre la forme mningitique ou maniaque et la forme par inanition ou mlancolique, ce qui n'empche pas cet auteur de reconnatre
se manifeste, oii les
les
phnomnes
657
des hypostases pulmonaires se forment, la chaleur du corps du collapsus pour s'lever dans l'agonie jusqu' 40 et au-dessus. La mort se produit par suite d'un arrt du cur dans le sopor profond, aprs avoir t prcde dans la majorit des cas
baisse jusqu'aux tempratures
par une dernire exacerbation avec phnomnes fluxionnaires. La dure de la maladie jusqu'au dnouement fatal, est rarement moins de dix jours, rarement plus de vingt et un jours. Quand les malades chappent la mort, il faut plusieurs semaines et
mme
le
cerveau ne peut
morbide sans avoir contract pur jamais une lgre faiblesse mentale et une grande motivit. Certains mdecins ont observ aussi des cas qui se terminrent par la dmence. Jehn {Zeitschr. f. Psycli., 36, p. 27 et 37, p. 676j dcrit de la manire suivante la manifestation clinique des tats ractionnels des dlires aigus. Le malade commence prsenter un tat d'esprit pleurnichard, l'acclration des ides s'attnue, l'inquitude motrice fait place une lenteur et une lourdeur dans les mouvements. Les malades gisent pendant des semaines
sortir de ce grave processus
comme
Il
briss.
On
de
les
gaver
comme
des enfants.
;
(chute des cheveux augmentation insuffisante de la nutrition), moteurs (persistance cataleptique des attitudes qu'on a imprimes aux malades, rigidit des muscles du cou et de la nuque comme dans le ttanos), vaso-moteurs (bulles ressemblant au pemphigus, surtout au dos des mains et des pieds, phlegmons, dcubitus, excoriations, cyanose, dme des extrmits); ct de cela faiblesse du cur, vide intellectuel et immobilit mentale allant
;
y a en mme temps des troubles trophiques exfoliation de la peau les ongles ne poussent plus
Dnouement
pro-
que
l'tat d'atro-
phie.
Dans
les cas
plus lgers,
je n'ai
semaines et plusieurs mois et qui ont reprsent la transition vers la gurison (comp. Observation XGIlj. Il est de la plus grande importance de reconnatre temps cette maladie pernicieuse du cerveau que des mdecins sans exprience confondent trop facilement avec la folie furieuse ou qu'ils traitent trop lgrement sous le diagnostic trs vague de typhus crbral . Voici les signes par lesquels elle difire de la folie furieuse la maladie dbute par des phnomnes de malaise central grave bien que non encore tout fait dtermins le trouble de l'intelligence est grave une confusion profonde existe ds le dbut et nest pas motive par la fuite des ides les phnomnes d'excitation motrice se montrent de trs bonne heure, n'ont plus un caractre psychique, n'appartiennent plus l'corce crbrale seule, mais doivent tre considrs comme des phnomnes d'excitation directe, spcialement comme l'expression d'une participation des
:
centres infra-corticaux.
PSYCHIATRIE.
42
6o8
Au cours de la maladie, le diaguostic devient absolument certain par la profonde atteinte de l'tat gnral du malade, par la fivre, lalternance surprenante entre les profondes rmissions arrivant jusqu' la lucidit et les priodes de trouble profond de l'intelligence accompagns de phnomnes d'excitation psycho-motrice. On est trop facilement tent de la confondre avec une mningite spontane de la convexit. Cependant on peut la distinguer par le fait qu'elle est plus frquente chez les hommes par son dbut suraigu, le frisson qui existe frquemment au dbut, les phnomnes de sopor qui se prsentent
de trs bonne 'heure, la rigidit du cou, l'hyperesthsie gnrale, les convulsions violentes, les rmissions moins prononces. Le pronostic du delirium acutum est assez dfavorable. Sur 45 cas de ma pratique, il y eut 26 morts dont 15 hommes sur 22, et 11 femmes
Le pronostic
s'est
sur 23. Ainsi le pronostic se montrerait plus favorable pour les femmes. est particulirement mauvais quand le delirium acutum
dvelopp
sur
la
La maladie
est
le
d'autant plus grave que sa marche est plus aigu et plus imptueuse,
trouble de l'intelligence et la confusion plus prononcs, que les phnomnes d'excitation motrice se montrent plus tt, sont plus frquents et plus ten-
dus, que la participation de l'organisme tout entier est plus importante et l'insomnie plus persistante. L'absence des rmissions longues et profondes
riture.
persistante pour la nourcependant les tempratures qui atteignent ou dpassent 40- de mme que les tempratures de collapsus sont de mauvais symptmes, ainsi que la frquence du pouls, quand il continue dpasser le chiffre de 100 pulsations. Au stade de fluxion et des phnomnes d'excitation, la thrapeutique aura combattre tout d'abord l'hyperhmie avec le bonnet de glace, les bains tides, l'usage prudent des sangsues derrire les oreilles, les drivations vers la peau et le canal intestinal. L'opium, si utile dans la mningite aigu, n'a donn aucun rsultat. De petites injections de morphine (0,01 0,015) plusieurs fois par jour, ont attnu les phnomnes d'excitation psychique ainsi que la jactance elles ont enray la marche de la maladie notamment dans les cas accompagns d'un trouble de l'exciest
de mauvais augure, de
La
tabilit rflexe.
Les rsultats que Solivetti a obtenus avec les injections d'ergotine sont dignes d'attention. Solivetti (Airhiv. italian., 1881, fasc. 1) s'est servi d'ergotine deBonjean.
Il
dlaye
gramme
avec 6
grammes
tion en trois doses quotidiennes. Tandis que auparavant tous ses malades
mouraient, avec ce traitement il n'en aurait plus perdu un seul. Avec 4 grammes (le quatrime jour) le danger tait conjur dans la plupart des cas. Ds le deuxime jour il se produisait, avec une baisse de la congestion une disparition des dlires, un grand calme, et la fivre rtrogradait. Le quatrime jour, arrivait la convalescence avec un puisement qui, il est vrai, tait profond et de longue dure. Depuis la communication de Soli>
ObU
nombre de
acutum etj'aiobteuu
les
mmes
peau
rsultats favorables. L'ergotine (Wernicli) a t injecte sous la sans avoir t dlaye et sans produire d'eiets fcheux et on
l'appliquait
fois
tielle
Le repos absolu, une lumire attnue, une nourriture aussi substanque possible mais non excitante (des ufs, du lait, du bouillon etc.), sont encore des agents ncessaires du traitement. Si le malade entre dans le stade d'engorgement veineux et d'puisement, il faut essayer du vin, du quinquina et, dans le cas dinsuffisance de l'action du cur et de phnomnes de collapsus, on donnera du Champagne, de l'ther, au besoin du camphre et du musc.
OBSERVATiOiN
XCI.
Delirium acutum.
Madame
Mesaritz,
trenle-sept
ans
auparavant bien portante; elle s'est marie en 1863, a accouch jusqu'en 1874 de quatre enfants sans aucun accident notable, a t atteinte de mlancolie sans dlire son quatrime puerperium, en 1874 fut amene, le 10 juillet 1873, au troi;
l'iipital,
et
demi. Le
Le 3 juillet,
et ensuite
elle
se produit de la
un violent dlire. Lors de son entre la clinique, le 6, elle avait des rgles profuses, du dlire d'inanition (puisement profond, nutrition misrable, hallucinations nombreuses de la vue). Vers le milieu du mois de juillet il se produit une gurison rapide. Dans la priode qui suit elle se porte bien. Le 28 juillet 1877 elle apprend avec beaucoup de rsignation la mort de son mari. Le 2 mars 1878, la malade perd le sommeil, se plaint de
stupeur
vertiges et de
maux
plonge dans
l'tat d'esprit,
la douleur.
Le
3,
rmission profonde. Le
4,
de nouveau variation de
Le
mars,
il
tte violent,
un trouble profond de
l'intel-
ligence.
Lors de sa rception,
le 6
mars,
elle est
vaguement
Des phases de stupeur et d'immobilit alternent avec des priodes pendant lesquelles elle chante, danse et, pousse par une agitation motrice instinctive, met tout sens dessus sens dessous. Ensuite il y a de nouveau pisodiquement une agitation anxieuse pendant laquelle elle appelle son mari dcd, le voit, lui fait des reproches de l'avoir laisse seule, voit brler la maison et mconnat l'entourage dans
9, le
phnomnes
acutum.
Le 9 mars
soupon d'une maladie profonde, mais il n'y a ni lluxion, ni fivre, ni d'excitation motrice pour pouvoir tablir le diagnostic de delirium
la scne
change en
mme
temps que
La malade pr-
comme
660
tour de son axe longitudinal, se voit sans cesse entoure de flammes, dans le purgatoire, arrache ses vtements et essaie d'teindre ce feu imaginaire. Pendant des
heures entires
il y a de profondes rmissions o elle reconnat les gens de son entourage. Ce qui frappe pendant ces priodes de rmission, c'est son langage path-
allant jusqu'aux
phnomnes
il
d'extase.
Persistance de
les
se produit, le 10
au matin, avec
symptmes de
fluxion,
un
dans lequel
tte contre le sol, crie, verbigre, grimace et pi'sente mus. Temprature 37. Pouls 100. (Bonnet de glace). Au bout d'une demi-heure, en mme temps que la fluxion se relche, la malade git puise et tranquille avec une mine bouleverse et anxieuse. Par-ci par-l elle fait des grimaces. La prise de
:
nourriture se
11
fait
mars
Le 12 mars, nuit tranquille par suite dune injection de morphine (0,01). Temp39. Au cours de la journe profonde rmission avec baisse de la temprature 38, rmission qui par suite de l'emploi de la morphine et des sangsues (le 13 et le 15 quatre sangsues) se maintient jusqu'au 16 mars. Les tats d'excitation fluxionnaire deviennent plus rares et s'attnuent; entre temps il y a des l'missions profondes avec baisse de la temprature de 39 38. Le 16, nuit tranquille aprs une violente exacerbation. Bat des mains, happe et souffle avec la bouche, grimace strabisme; elle s'tire et se roule. Temprature 39, pouls 84, acclr, vigoureux langue crouteuse, sche dlires confus d'enfer et de feu. Le 17, caducit, tat adynamique, soubresauts des tendons, ttonnements maladroits, grand trouble dans les images mentales motrices. Grimaces, accentuation des syllabes, verbigration. Tel fut jusqu'au 10 son tat interrompu par des rmissions pisodiques mais qui ne reprsentaient plus que des tats d'puisement et de stupeur (vin, quinquina).
rature
: :
Le 20,
froides,
la
le
ataxie
mouvements
:
tactiles
s'tire, se
elle
redresse.
voudrait une
le
fois
ciel d'tre
mon
mari!
demande
puisqu'elle
sa
nourriture
avec
lombrics.
neuf heures,
mort subite.
Vote crnienne d'une paisseur ordinaire, trs compacte; dans la droite, un peu bombe, mninges intrieures infiltres de srosit; les grosses veines abondamment remplies de sang noir, liquide, petites veines modrment injectes et lgrement troubles, seulement le long du bord mdian. Cerveau gonfl. Substance corticale raye par des vaisseaux injects, finement ponctue et certains endroits lgrement rouge. Cerveau pteux, substance mdullaire assez riche en sang, traverse par des vaisseaux injects. Hypostase des poumons. Cur peu contract, contenant du sang noir, liquide. Myocarde ple, relch . Rate augmente de moiti, brune, ple, molle. Moelle pinire en gnral trs riche en sang, surtout dans la substance grise.
Autopsie
:
rgion de
l'os occipital,
Observation XCII. Deirium acutum. Trailement par Hlne Baumann, trente-sept ans, servante, non marie,
souffrait de rachitisme; tait trs
l'ergot ine.
Gurison.
le
a t reue
23 f-
ivrogne,
mal doue
et se
G6i
intellectuel, apprit tard marclier et parler, l'ut rgle l'ge de dix-sept ans avec beaucoup de douleurs. Les rgles furent toujours rgulires. Pas de maladies graves; elle tait trs prdispose aux congestions, intolrante pour les alcools.
Au
Elle
milieu du mois de janvier i882, la malade entra dans un nouveau service. se sentait depuis longtemps fatigue, avec faiblesse nerveuse. Le nouveau
elle
l'abandonner.
devenue de plus en plus oublieuse et malamaux de tte, ne touchait pas au vin distribu aux domestiques disant qu'il lui montait trop la tte. Le 27 fvrier, elle a t gronde par sa matresse pour son inaptitude au service. Elle en devint aussitt toute trouble, ne se connaissant plus, et se mit l'aprs-midi dlirer. On l'a trouve debout dans l'tre, criant, frappant avec les poings contre le mur; elle parlait
le
Depuis
13 fvrier la
malade
d'arrestation, disant
Madame
est innocente.
Aprs avoir pass une nuit en dlire, et sans sommeil, le 23 la malade se comporte d'une manire bruyante, profondment confuse et montrant des signes manifestes
de trouble de l'intelligence. Elle mconnat l'entourage dans un sens
terrifiant, disant
qu'elle a peur, et parfois elle dclarait aussi qu'elle tait tout fait folle.
La malade
les
n'a pas de fivre; elle n'est pas congestive; le crne est hydrocphale,
Le 27
malade
reste avec
un trouble grave de
l'intelligence et en confu-
ment
de
il
y a rotisme
proccupe
chloral (2
grammes)
le
la nuit
du 28
fvrier
au
mars
se passe
lement.
Le
1*^''
mars
et irrite, trouble profond de l'intellilangue sche. Jactance, verbigration; elle s'enfonce dans les oreillers. Temprature de 39 39, 5, pouls 96 et liO. (Chambre obscui-e, deux sangsues derrire les oreilles, deux fois par jour Osi^jOl de morphine eu injections, bonnet de
Le
gence,
glace).
mars, nuit blanche, jactance norme, elle s'enfonce la tte dans les oreillers, tambourine d'une manire rythmique avec les jambes. Fluxion violente la tte. Prise d'alimentation suffisante. Temprature 38, 6, 39, pouls
Le
jac-
tance, s'enfonce la tte dans les oreillers, cris, hurlements, elle ne veut pas se laisser
couper en morceaux. Temprature 39, pouls 120. Decubitus. On continue lui faire des injections de morphine, et le mme jour on lui donne deux fois 1 gramme d'ergotine de Wernich en injection sous-cutane.
et
5 mars, avec ce remde, le sommeil s'est produit; relchement de la iluxion de l'excitation crbrale. Temprature 38, 5; pouls 96; la langue commence devenir humide. Un trouble grave de l'intelligence persiste toujours. Vers le soir
Le
il
On
fait
tion d'ergotine.
Le
mars,
elle
lntelligence.
662
phnomnes La malade devient lucide et essaie de s'orienter. Toutefois elle est trs puise physiquement et intellectuellement, a un grand besoin de repos et de sommeil; se sent comme brise partout le corps, lasse, caduque, ne supporte pas le moindre bruit, se plaint de sensations alternatives de chaud et de froid, est trs motive, pleurnicheuse, et constate avec douleur et de temps en temps son incapacit intellectuelle. Quand elle ferme les yeux, des fantmes et une foule d'ides confuses et pnibles se prsentent. Avec le repos au lit, le quinquina, du vin, de la bonne nourriture, des bains tides, la malade se rtablit physiquement et intellectuellement. Vers la fin du mois de mars elle est en tat de passer quelques heures hors du lit. A cet tat se joint un tat d'asthnie crbrale et spinale avec pression la tte et irritation spinale, tat qui dure plusieurs mois
7
37'^, 2
du
mars, temprature
et
l't.
Quand
venons de
le
elle fut
renvoye,
le
le
28
avril,
la
citer,
notamment
surmenage
et les contrarits
eu ni repos, ni sommeil rparateur, et elle avait senti dans sa tte une confusion et une lourdeur croissantes. Aprs la scne du 24 fvrier, elle est devenue peureuse; elle ne pouvait plus s'orienter. De tout ce qui
20 fvrier,
elle
n'avait plus
pass depuis jusqu'au milieu du mois de mars, elle n'a qu'un souvenir tout sommaire; elle tait couche dans l'eau, la ville de Gratz tait en feu, elle voyageait en chemin de fer, voyait la guerre, des meurtres, le diable, elle sentait
s'est
fait
CHAPITRE
II
DMENCE PARALYTIQUE'
PRIEN C P
l
A L
NGIT E
DIFFUSE)
On peut dfinir cliuiqiiement cette maladie une maladie crbrale ordinairement chronique avec troubles des fonctions psychiques et troubles vaso-moteurs, marche progressive, d'une dure moyenne de deux trois ans, et ayant presque toujours une terminaison fatale. Les troubles psychiques consistent dans une baisse progressive de toutes les facults intellectuelles, baisse qui peut aller jusqu'aux stades extrmes de l'imbcillit apathique. Sur cette base se rencontrent des tats variant entre la mlancolie, la manie, la folie frntique, les dlires des grandeurs, d'anantissement, de perscution, caractre hypocondriaque,
:
la
stupeur, etc.
Les troubles moteurs consistent en troubles gnraux, variables, mais progressifs, de la coordination des mouvements et allant jusqu' l'incapacit complte de la coordination. D'une manire intercurrente, on rencontre des insuffisances musculaires, des parsies allant jusqu'aux paralysies, des accs apoplectiformes
et pileptif ormes.
vertige, de congestion,
de frnsie, etc. Au point de vue anatomique ou a envisag cette maladie comme une mningite chronique (Aleyer), une atrophie crbrale (Erlenmeyer), une crbrite corticale gnrale (Parchappe), une priencphalo-mniugile
diffuse chronique (Calmeil).
664
tes cas de paralysie classique. Chez les profanes l'expression d'ailleurs ramollissement crbral a cours. Cliniquement on l'a \Ts inexacte de "dsigne tantt comme une dmence avec paralysie (inexactement, car les
<i
troubles moteurs ne sont pas des complications mais des symptmes intgrants de la maladie), tantt comme ataxie motrice gnrale et progressive
tica).
des alins,
comme une
alination paralytique
(dementia paraly-
un aperu gnral de
la
marche
et
il nous du groupe-
ment symptomatique de la maladie. Les symptmes vaso-moteurs sont les premiers qui apparaissent, aprs viennent les symptmes psychiques et moteurs. Les symptmes psychiques peuvent arriver simultanment avec les symptmes moteurs ou les prce n'est que rarement qu'ils leur succdent. Les altrations de l'corce crbrale qui provoquent ces symptmes se dveloppent dans l'immense majorit des cas progressivement et ce n'est qu'aprs avoir atteint un certain degr d'intensit et dextension, qu'elles provoquent des phnomnes notables d'excitation et de lacune dans la sphre psychique et motrice. Cette priode de dveloppement de la maladie jusqu' l'acm (manie, dlire des grandeurs, etc.) et jusqu' la destruction de la vie sociale et psychique, peut durer plusieurs annes. Les
cder
phnomnes de
tent
ce stade
que
le
diagnostic
Mme
la
organique de celle-ci peut tre douteuse au dbut, car les symptmes peuvent tout d'abord rpondre ceux d'une neurasthnie crbrale grave (puisement intellectuel, difficult du travail intellectuel, facilit de la fatigue intellectuelle, attention se fatiguant promptement,
signification
mmoire
se produisent
lesquelles la
capacit virtuelle, spcialement celle de la mmoire, se montre encore intacte, et que d'un autre ct la dpression hypocondriaque qui manque rarement chez le neurasthnique avec l'observation minutieuse de lui-mme et l'exagration de ses maux, peuvent donner l'ide d'un ramollissement imminent; le taedium vitae qui se manifeste galement dans ces cas simule les symptmes d'une paralysie hypocon-
driaque.
les
maux
de
tte, vertiges
6Go
ciliaires,
qui se distinguent de ceux de l'hmicranie ordinaire par des scotomes de l'iimianopsie, des douleurs violentes aux tempes et des sensations de tension douloureuse dans l'il affect, comme dans un accs
de glaucome aigu (Gharcot). Peu peu la situation s'claire, il se produit lacune notables, durables et progressifs, dans l'ensemble de la personnalit psychique.
des phnomnes de
oive
Le malade devient un tout autre personnage sans qu'il s'en aper (Schiile). Sous ce rapport, le premier et le plus important phno-
mne qui se prsente, c'est l'obnubilation de la conscience, un tat crpusculaire de l'esprit qui, au dbut, permet encore souvent une lucidit temporaire, mais qui, dj ce stade, va pisodiquement jusqu' la
suppression du sentiment de soi-mme et rompt ainsi la continuit de l'existence psychique. Dans ce crpuscule croissant de l'intelligence, le malade na plus connaissance des troubles nombreux et des lacunes que son intelligence, sa
mmoire
et
dans deux parties principales de la conscience, dans le manque d'orientation concernant le temps et le lieu le malade arrive trop tt ou trop tard, fait de la nuit sa journe, se perd dans des rues bien connues, etc. Par la mme raison il commet une srie de bvues dans la vie sociale il se montre dans une toilette dfectueuse au salon, en robe de chambre dans la rue, fume au thtre, garde son chapeau sur la tte quand il est
:
:
l'glise, etc.
Au
phnomnes
les
de faiblesse concernant
jugement
et la
mmoire, avec
memoriae qui en rsultent. L'attention affaiblie suppose des lacunes et des inexactitudes dans la perception la faiblesse des images de souvenir donne lieu en mme temps des confusions de personnes et de situations, la facult de critique, la rflexion et la mmoire
judicii et
;
nombreux lapsus
affaiblies
mnent
De plus en plus
;
du cerveau malade
retenir
nouvelles
impressions
les faits
immdiatement
anecdote.
une
visite,
un
repas,
la
mme
mme
Avec
le
temps disparaissent non seulement des faits isols, mais des le plus rcent (jeune mari oubliant qu'il est
etc.).
mari, pre,
Des phnomnes de lacune concernant les fonctions thiques et esthindillrence tiques se montrent aussi d'assez bonne heure, tels que morale pour la profession, la famille, des intrts intellectuels autrefois
:
avec prfrence des plaisirs grossire(manger, boire, dormir), ce qui est deux fois significatif ment matriels quand le malade tait auparavant un homme de got dlicat et aimant
trs priss, l'art, la science, etc.,
666
avaut tout
loi, les
Dans la suite, au cours de la maladie, plus grossires contre les bonnes murs, la morale, la
devoirs professionnels et familiaux et les obligations sociales, peuvent se produire. Le malade, dj trs atteint dans ses facults intellectuelles les plus leves,
d'ailleurs,
et
combien
si
mme
brutale
ne s'aperoit pas, ce qui est trs caractristique compromet et il ragit d'une manire grossire des amis, des membres de sa famille, des suprieurs
il
se
hirarchiques lui font des observations sur sa conduite. Chez beaucoup de malades, la vie motive gravement atteinte ne se manifeste pas seulement par des phnomnes de lacune mais aussi par
des phnomnes de susceptibilit exagre, par exemple par une moti-
ou par une irritabilit extrme aux motions morales. Avec crpuscule intellectuel de plus en plus profond, avec l'insuffisance thique et intellectuelle, la faiblesse de la mmoire, la distraction, la
vit purile,
le
moraux, avec la ngligence de plus en plus grande des devoirs plus importants de la vie professionnelle et familiale, avec l'apparition ventuelle du pencliant aux dbauches et au gaspillage, l'existence sociale
tiques et
les
devieut de plus en plus prcaire et pourtant, chose bien caractristique, l'entourage souvent juge mal et avec un optimisme dplac les menes du
son grand dtriment et au dtriment de ses subordonns, longtemps encore son poste. Ainsi on a vu des officiers suprieurs, malgr leur malpropret et leur ngligence grossires, en dpit du traitement insens et souvent barbare
qui,
reste trs
qu'ils font subir leurs soldats, continuer faire
malade
qu'un tat d'excitation maniaque paralytique amne la dlivrance. Ainsi il arrive dans le monde bureaucratique que le fonctionnaire estim qui est aujourd'hui reu l'asile tait hier encore en fonctions, bien que depuis une anne dj il ne vnt que trs irrgulirement au bureau, restt en arrire pour ses travaux, oublit de les terminer, s'endormt pendant les sances, ne pt pendant des semaines entires retrouver des dossiers importants qui lui avaient t confis et qu'ensuite le garon de bureau retrouvait au panier. Chez un ngociant la faillite se dclare. Depuis longtemps il a t ngligent dans sa comptabilit; plusieurs reprises il a laiss dans la serrure la clef de la caisse, gar des correspondances, perdu des titres, des valeurs dans ses livres on trouve sur des pages qui remontent des mois des erreurs de date et de calcul, des lettres omises dans les mots ou des mots omis, des taches, des changements d'criture, etc. A ct de ces symptmes diffus et psychiques, on rencontre souvent de bonne heure des phnomnes en foyer dans le sens d'une aphasie temporaire, gnralement amnestique, plus rarement ataxique, et des maladresses insignes dans les mouvements appris, maladresse qui tonne mme le malade et qui est cause par le manque d'images mentales motrices. C'est probablement des faits analogues qu'est due la lourdeur occasionnelle de la langue, l'hsitation dans le langage, l'incapacit rpter
;
667
compltement les phrases dictes. Parmi les symptmes somatiques du stade prodromique, il faut citer le myosis, l'ingalit des pupilles, les symptmes tabtiques, une innervation ingale et variable des deux
:
la
langue,
le
pouls
mal de
pression la tte,
le vertige, les
vertige et
mme
trouble d'locution en mme temps qu'une rgression rapide des symptmes sans que des phnomnes de paralysie persistent.
Dans certains cas rares le tableau de la dmence paralytique n'volue pas en dbutant par ce stade prodromique de troubles vaso-moteurs et
phnomnes de lacunes psychiques mais par un tabs dorsalis (forme ascendante de la paralysie), ou bien il vient s'ajouter un trouble mental qui s'est dvelopp depuis longtemps et qui persiste ct de la paralysie (paralysie secondaire*), ou bien la maladie se dveloppe la suite
de
,
d'une psychonvrose ordinaire entirement gurie ou gurie eu laissant une dfectuosit (par suite des phnomnes de faiblesse psychique qui
rsidus). Dans le premier cas la paralysie apparat simple complication de la psychose, de mme qu'elle peut aussi atteindre un homme jusque-l bien portant. Dans le dernier cas cette question se pose la psychonvrose qui a prcd n'tait-elle pas dj le premier acte (Schule), le stade prodromique, de la maladie paralytique? Il devient ainsi difficile de juger certains cas de psychose, car on peut s'attendre ce que le tableau de la dmence paralytique se dveloppe au cours del maladie (comp. Schule, Beitrdge s. Kenntniss d. Paralysie). La fm du stade prodromique est souvent amene par un accs apoplec-
sont rests
comme
comme une
tiforme ou pileptiforme.
la
symptmes psychiques peut alors se faire, l'acm de maladie, de trois manires diffrentes 1 Aprs le stade prodromique que nous venons de dcrire, il se produit une excitation maniaque qui, par suite de causes extrieures et intrieures,
L'apparition des
:
s'accentue de plus en plus, s'allie avec le dlire des grandeurs et atteint rapidement la hauteur de la folie frntique. La folie frntique s'accentue son tour jusqu'au delirium acutum; le malade meurt ce moment ou bien, parce qu'il est plac dans les conditions hyginiques favorables d'un asile d'alins, la folie frntique
retombe au niveau d'une exaltation maniaque avec dlire des grandeurs. Cet tat d'excitation fait place une dmence progressive et alors des retours de l'excitation maniaque et du dlire des grandeurs peuvent
encore se prsenter.
Dans d'autres cas, par suite d'une rmission trs prononce qui peut durer des mois et des annes, une trve succde l'excitation maniaque
Comparez Uostermann,
'
:
Allr/.
Voisin, Trait, p. 18. Baillarser, Ann. md. psijch., 1877. p. 423. Psychoses coinbiZellschr. f. Psych., 32; cas 1, 2, 3, p. 220 du Trait
:
nes.
668
avec dlire des grandeurs. Tt ou tard l'agitation maniaque avec dlire des grandeurs clate de nouveau et la fin est la mme que dans le premier cas
('forme classique).
Aprs le stade prodromique il se produit un tat bypo.condriaque ou mlancolique de plus en plus envahi par la dmence ou qui se termine en apparence par une rmission profonde. Aprs une dure plus ou moins longue de cette dernire, le tableau de l'volution hypocondriaque ou classique de la paralysie se prsente de nouveau (forme mlancolique de la paralysie). Les dlires mlancolique ou mgalomaniaque peuvent alterner constamment et d'une manire typique; on a aussi tabli une forme circulaire de la paralysie. 3 Au stade prodromique succde une dmence primaire progressive. Ici il ne se produit pas de manie avec dlire des grandeurs, mais des rmissions ou des accs de frnsie peuvent se prsenter (forme simplement dmente de la paralysie). Ces trois modes d'volution de la dmence paralytique paraissent bass sur des diffrences anatomiques du processus, de sorte qu'il est possible que la dmence paralytique telle qu'on l'envisage encore aujourd'hui ne soit qu'une entit clinique collective. Pour la paralysie forme classique seule on peut admettre avec certitude l'existence d'une priencphalite, tandis que pour la forme dmente on pourrait admettre une simple maladie atrophique et non inflammatoire de l'corce, tat que Schle a admis pour la dmence paralytique en gnral. La forme mlancolique aussi mrite une place part au point de vue anatomique dans le sens d'un processus dgnratif tel que dgnrescence kystique de l'corce crbrale (par des kystes de la grosseur d'une tte d'pingle qui se produisent probablement par suite d'tranglement des troncs prilymphatiques, tranglement caus par l'envahissement du tissu conjonctif qui prolifre sur les parois des vaisseaux (Ripping) et par la dgnrescence collode des vaisseaux. A ct de l'volution psychique qui peut varier, il y a en grand nombre des troubles minemment vaso-moteurs et moteurs. Par moments des accs de congestion, de vertige, de syncope forme apoplectique sont amens par une paralysie passagre des vaisseaux dans le domaine du sympathique jugulaire; le langage devient hsitant, ralenti, maladroit, mal articul, balbutiant; les mouvements des mains deviennent ttonnants, maladroits; la marche devient peu assure, chancelante, trbuchante; comme rsidu des accs apoplectiques et pileptiques, le malade peut garder une tendance se pencher dun ct; la mine devient atone, sans expression; certaines rgions faciales deviennent partiques; du trmor de la langue,
2
des doigts, un tremblement des lvres se produisent; les pupilles paraissent ingales, tantt mydriatiques, tantt myotiques.
trs saillants,
notamment aprs
sont progressifs.
609
est
une
et la
mme
pour tous
les
malades,
Les malades sont devenus apathiques, idiots; ils n'ont plus la notion ni ni des lieux; leur langage n'est plus qu'un balbutiement et un avalement de syllabes inintelligibles, effet combin d'une aphasie amnestique et d'une paralysie complte de la coordination; la dmarche devient de plus en plus pnible et la fin impossible, bien que la force des muscles
du temps,
conserve; les mains sont devenues inutilisables par suite de l'ataxie de la perte des images mentales des mouvements, de sorte que les malades doivent tre gavs comme de petits enfants. Par suite du trouble de
soit
et
l'intelligence et de l'insuffisance des sphincters, ils deviennent malpropres; la paralysie vasculaire a atteint son apoge et se manifeste aux
le pouls monocrote. par une baisse anormale de la chaleur du corps par suite de l'augmentation des pertes de chaleur).
Par- ci par-l
il
se produit
le
domaine du sympathique
Dans ce stade il y a presque constamment un grincement spasmodique des dents souvent continuel. Alors apparaissent aussi les troubles troalimentation; les ctes deviennent fragiles;
maintenue disparat malgr une riche il se produit des tumeurs aux oreilles, du dcubitus, des pneumonies hypostatiques, des inflammations de la vessie et le malade prit par suite du dcubitus qui peut ouvrir mme la cavit vertbrale, par la pymie, par la pneumonie, la cystite avec pyphiques. La corpulence qui
s'tait
caus par un morceau de nourriture rest dans le pharynx, ou encore par suite d'un accs pileptiforme ou apoplectiforme. L'autopsie fait constater dans le cas de paralysie classique les symptmes d'une maladie chronique diffuse des mninges et de la substance crbrale, maladie laquelle s'ajoutent encore certaines modifications de
'
de
comme
domaine de
la carotide
rarement dans la rgion vasculaire de l'artre vertbrale. Il s'agit donc essentiellement d'une priencphalo-mningite diffuse chronique du cerveau antrieur. Tantt ce sont les phnomnes de la mningite (opacits blanchtres et paississement de la pie-mre, intenses
'
Tigges,
AJIjj.
Zellschr.
f.
Psucli., 20.
Z/r/..
Meschede, Allr/. ZeHschi: f. l'uyc/i., 29. (eljahrsschv. f. Psi/ch., 1867, 2, 1868, 3 et 4. Magnan et Mierzejewsky, Arch. de P/iysioL, 1873. p. 587 et Virchows Arch., 34. 56. MierSchiile, Se/i-fionserr/ebnisse. Leipzig. 1874 et Allg. Zeitschv. f. Psych.,i2.. p. 581. LubinolL Vircltow's Arch., 57 et Arch. f. Psych.., IV, zejewsky, Arch. de pln/sioL, 1875.
p. 579.
670
surtout
d'atrophie corticale
forme de petites
le fait que l'indans les diverses rprouve que ces processus ne dpendent pas
qui prdominent, et
mme
directement l'un de l'autre. Comme complication et comme phnomnes conscutifs il se produit de la pachymningite hmorragique qui n'est pas limite au territoire de la leptomningite chronique, de l'atrophie et de la sclrose de la substance mdullaire des hmisphres crbraux, de l'pendymite chronique ventriculaire avec formation de granulations, de l'hydrocphalus e vacuo externe
et interne, parfois aussi
olfactifs.
et
terminaux et d'agonie on trouve des dmes de pie-mre et du cerveau. Les altrations microscopiques consistent dans la dilatation des vaisseaux et des espaces privasculaires, dans la migration des globules sanguins, la prolifration exubrante des noyaux de l'adventice, dans la noplasie et en partie dans l'oblitration des vaisla
*
Comme phnomnes
seaux.
Sur
la glia,
les
menant
et qui,
le
corps dent du
dans
la
et
autour des olives, et qui, d'aprs Magnan et Mierzejewsky, se propage soit de l'corce crbrale vers le centre, soit de lpendyme du ventricule paissi et couvert de granulations petits fibromes) dans la direction de la priphrie de la masse crbrale. Les altrations des ganglions sont en partie des processus d'excitation (prolifration des noyaux), en partie des processus de dgnrescence (pigmentation, graisse les fibres nerveuses prissent alors par une simple dsagrgation granuleuse et par dgnrescence amylode. Les altrations qui existent presque rgulirement dans la moelle pinire ont t pour la premire fois minutieusement tudies par Westphal -. Outre une pachymningite interne assez frquente et des altrations inflammatoires chroniques de la pie-mre, il s'agit ici essentiellement de deux sortes de processus a). D'une dgnrescence grise des cordons postrieurs dans toute leur longueur, dgnrescence qui se dveloppe toujours sur les cordons cuniformes de Goll et qui peut tre limite ceux-ci dans la rgion
;
:
jugulaire
'f;.
D'une mylite chronique de la partie postrieure des cordons latraux, c'est--dire d'un processus de prolifration du tissu conjonctif inters'
littrature
-
Scliule.
p.
526. avec
utilisation de toute la
IhuL,
m,
IV.
V. ensuite
Meyer, Ihkl.,
III.
Simon.
Ai-ch.
f.
Psycli.,
I,
II.
V. Rabenau,
f. Ps>jch., 29,
fasc. 2.
G71
nerveuses.
comme une
descendante^ par suite d'une maladie intense des rgions corticales motrices et trophiques comme centres de cette voie conductrice.
S YJIPTOMATOLOGIE SPCIALE
Symptmes psychiques. Le cadre fondamental de la maladie psychique dans les symptmes de dbilit psychique qui se trahissent particulirement par le caractre superQciel des motions, le manque d'nergie dans les efforts, l'affaiblissement de la logique, de la critique et de la mmoire, en gnral par la baisse des facults intellectuelles et thiques, par le trouble profond de l'intelligence. Ces dfectuosits donnent aux motions psychiques qui se dveloppent
\.
sur la base de la dmence paralytique des caractres particuliers qui permettent de les distinguer des dfectuosits qui ne se sont pas dveloppes sur la base de la faiblesse psychique. Dans certaines circonstances ces signes particuliers peuvent indiquer l'homme expert leur origine particulire
mme
il
l'agitation,
Les tats maniaques dans la paralysie passent par tous les degrs de et vont de la simple exaltation maniaque jusqu' la folie Ce qui distingue l'exaltation maniaque due
la paralysie
furieuse.
d'une exalta-
et en dehors de la prsence des troubles moteurs (myosisdes pupilles est un fait frquent et d'une grande importance) et vaso-moteurs, lopinion excessive que le malade a de lui-mme et qui peut aller jusqu'aux ides de grandeur dsultoires anticipes, la manie d'acheter et de spculer allie au caractre insens des entreprises et des projets (achats nombreux), le penchant aux plaisirs alcooliques et surtout sexuels. Le trouble grave de la raison chez les malades en apparence encore lucides se trahit alors par une lascivit frappante et par un sans-gne extraordinaire dans la satisfaction des besoins sexuels, puis par l'indiffrence morale qu'ils montrent quand on leur fait observer rinconvenance de leur conduite. En mme temps il subsiste un trouble de la conscience frappant et des lapsus mmorise par suite desquels ils oublient les noms et les faits, ils s'garent dans des rues connues, entrent dans le domicile d'trangers croyant que c'est le leur, perdent leur argent dans des excursions sans but, oublient leur malle et leur parapluie, jusqu' ce que, dvaliss et tout en guenilles, ils soieut parfois ramens par les agents de l'autorit comme des vagabonds. Souvent cet tat d'excitation est accompagn par la cleptomanie et l'aplomb bte montr dans l'enlvement des objets ainsi que dans la du-
prodromique suspect
672
galion du vol
il
est alors
de rintelligence
aussi cet tat
et la faiblesse
le
trouble
Ordinairement cette priode l'entourage commence reconnatre comme morbide. Malheureusement on ne s'aperoit pas de Textension des troubles; on se contente d'un voyage dans une station thermale, dans un tablissement hydrothrapique, d'une cure de distraction pour calmer les nerfs qu'on croit seulement agits et par l on donne au malade le temps de gaspiller son argent, de prparer la ruine financire de sa famille par des traits absurdes, des achats et autres spculations insenses, et de supprimer la dernire chance de gurison en laissant
persister l'excitation crbrale et les excs.
Les accs de
tation
folie furieuse
mais dans la plupart des cas ils apparaissent brusquement, immdiatement, atteignent rapidement leur acm pour retomber aussi promptement l'tat de calme. Ils peuvent se prsenter plusieurs reprises au cours de la maladie et apparatre encore dans le stade de dmence finale. Ils ont une dure de plusieurs jours qui peut aussi s'tendre plusieurs semaines, dbutent souvent par une paralysie vasculaire qui peut aussi les accompagner, vont parfois de pair avec de la fivre et des phnomnes d'excitation (grincements de dents et sont probablement l'expression de phnomnes fluxionnaires dans la pie -mre et dans l'corce
internes;
*
,
crbrale.
La folie furieuse des paralytiques est dans la plupart des cas excessisivement violente, conformment au caractre idiopathique grave de cette complication et au grand trouble de l'intelligence. Les hurlements, les cris, la destruction aveugle, le barbouillement, l'absorption d'excrments sont ici des phnomnes tout fait ordinaires. Il y a en mme temps une grande confusion mentale et un grave trouble de l'intelligence; dans la plupart des cas il y a aussi de la salivation. Les tats mlancoliques dans la paralysie ont le cachet d'un trouble grave de cause organique, car ils se prsentent sous la forme de mlancolie stupide ou de mlancolie agite, avec une angoisse violente allant jusqu' la pauphobie, et ils se compliquent de bonne heure de phnomnes de paralysie vasculaire avec troubles moteurs. Le trouble profond de la conscience, le caractre purement primordial des dlires avec ides d'anantissement et souvent aussi avec ides hypocondriaques, l'apparition rapide des phnomnes de faiblesse psychique, l'absence d'motions prof ondes quand l'angoisse et la panphobie, d'origine organique, ne se produisent pas, la raction dmente qui s'ensuit et qui se manifeste par des cris et des lamentations enfantines, l'apparition occasionnelle de dlires ambitieux au milieu de dlires mlancoliques nihilistes, donnent ces
Mais pas toujours, ainsi que l'a cru L. Meyer, qui a essay de les rattacher l'exacerbation d'une mningite chronique. Schle, dans son Manuel, conteste mme que les paroxysmes de folie furieuse de la forme classique de la paralysie soient accompagns de fivre.
'
GT3
un cachet
les
ici
moteurs
dans
muscles de
la figure,
tt,
Le relev des tempratures aussi peut tre important pour la diffrenciation des tableaux mlancoliques et maniaques des paralyti([ues d'avec ceux de la mlancolie et de la manie ordinaires, car, selon Reinhard, la temprature de la tte plus leve que la temprature axillaire, les oscillations extraordinaires de la chaleur du corps pendant la journe, la
prsence
lysie.
occasionnelle
de
un phnomne excessivement frquent au cependant ni primaire ni essentiel ni spcifique, comme on l'a souvent cru. Pourtant la faon dont il se manifeste sur le terrain de la faiblesse psychique a une importance diagnostique et peut elle seule indiquer la base paralytique de la maladie. a). Les dlires des grandeurs des paralytiques sont monstrueux, fantastiques, dpassent de loin la sphre du possible et se placent au-dessus des limites du temps et des lieux. La facult de critique des malades est tellement abaisse que chaque ide devient dsir, et que la chose dsire se transforme immdiatement en ralit; l'imagination est sans frein dans l'vocation des images de puissance et de grandeur, images dont la plastique et l'envergure sont cependant en contraste pitoyable et puril avec le
Le dlire des grandeurs*
est
cours de
la paralysie. Il n'est
dtail de l'chafaudage.
au ciel il malades se grisent d'ides formidables de puissance et de richesse. Ils se croient Napolon, Csar et Bismarck la fois. Dieu, la suprme divinit; autour d'eux tout est de l'or, tout se transforme en or, mme leurs excrments. Un malade prtendait avoir construit sur la terre des chausses dans tous les sens, et du point de dpart de toutes ces routes o se trouve sa demeure, un chteau en diamants, il gouverne le monde. Afin de pouvoir l'occasion se promener dans la lune, un autre malade prolongera son pnis l'infini, le lancera jusqu' la lune et y montera par cette voie
la nuit il est devenu cheveux bleus. Pour arriver fera construire un funiculaire qui l'y mnera. En gnral, ces
en se poussant lui-mme dans une brouette. faiblesse psychique le malade ne sait pas motiver ni coorP). Dans sa donner ses ides dlirantes: il ne s'aperoit pas de leur manque de logique, ni de leur caractre contradictoire qui fait que l'une exclut diamtrale-
ment
'
l'autre.
Comparez
tique.
Newmann,
PSYCHIATRIE.
la
Le/wbuch,
p. 123.
674
7).
Il
de sa puissance imaginaires, sans faire et, s'il assemble ses un effort srieux dans le forces pour cet effort, un prtexte puril suffit pour Fen dtourner, tant donn sa faiblesse de mmoire, le trouble de son intelligence et la baisse de sa facult exercer une critique. D'autre part, par suite de son jugement affaibli, une ide vive devient pour lui tout de suite une ralit et il n'est pas difficile d'amener ces malades crdules aux ides dlirantes les
sens de ses ides dlirantes
plus absurdes.
frquent mais dont la prsence est, au point de importante par le fait qu'il ne se rencontre que dans la dmence paralytique et snile, c'est que le dlire des grandeurs primordial alterne avec un dlire micromaniaque. L encore se montre la monstruosit du dlire ide de n'tre plus qu'un Nain haut d'un pouce peine, d'tre dcd plusieurs reprises, etc. Chez les femmes\ le dlire des grandeurs apparat moins; il est plus modeste. Il apparat plutt comme une lvation des conditions de la vie quotidienne. Les malades ont de belles robes de soie, beaucoup de bas;
'.
Un phnomne peu
trs
vue du diagnostic,
souvent l'ide dlirante a aussi une nuance sexuelle, elles ont donn naissance de beaux enfants, tous jumeaux; elles accouchent tous les
jours, etc. Dlire hypocondriaque.
fatal
L encore on rencontre ce caractre monstrueux de Tabsurde, rsultat du trouble profond de l'intelligence et du jugement. Tandis que l'hypocondriaque ordinaire dlire dans la sphre du possible, le dlire du paralytique se meut dans le domaine de l'impossible.
Les malades se croient plus
petits,
plus grands ou
mme
de forme trian-
gulaire; leur tte, leur langue ont disparu, leurs organes sont desschs,
ils ne peuvent plus manger ni dfquer depuis des mois entiers ils n'ont pas eu de selles. Un de mes malades s'tonnait de la longueur colossale de son corps, car autrefois il n'tait que de la grandeur d'un point. Il se plaignait que son cerveau n'tait plus qu'une bulle d'air, son ventre est rempli d'lectricit, c[ui lui tait descendue dans le ventre (rminiscence du plexus solaire) et son cerveau s'est transform en soleil c'est avec ce cerveau-soleil qu'il a incendi l'univers. Un autre malade se plaignait sans cesse que son larynx tait tomb dans son estomac, qu'aprs un lavement tous ses intestins taient partis, que sa langue ne tenait qu' un fil, que sa colonne vertbrale tait rompue, que son sang tait empoisonn avec de l'acide prussique, etc. Ces dlires sont en partie de nature primordiale, en partie l'allgorisation fausse et dmente de sensations relles anesthsies, etc.).
;
;
Sander, Berliner klin. A voir sur la dmence paralytique dans le sexe fminin Wocheiischr.. 1870. 7. V. Krafft, Arch. f. Psych.,\U. Jung, AU. Zeitschr.f. Psych., 35, p. 235 el 625; 36, p. 406.
' :
67o
La dmence primaire progressive', notre poque la forme dcidment la plus frquente de la paralysie, prsente des symptmes qui diffrent de ceux de la dmence ordinaire. La sensation individuelle et la perception du monde extrieur n'ont pas dans ce cas le caractre indiffrent qu'on rencontre dans la dmence ordinaire, mais elle est releve, optimiste; de bonne heure se montre un trouble profond de l'intelligence concernant les notions de temps, d'espace, de personnes; les malades mnent une
vritable existence crpusculaire. Souvent les formes extrieures des convenances, del politesse, de la bonne conduite militaire se conservent pendant une longue priode et masquent la dfectuosit. Le trouble de la mmoire aussi a un caractre particulier. Tandis que un pass trs recul sont encore fidlement les choses vcues dans reproduites, celles du pass rcent (repas, visites, etc.), sont aussitt
oublies.
Les rmissions^ au cours de la maladie peuvent se produire chaque et durer pendant des semaines, des mois et mmes des annes. Elles sont trs tendues, notamment dans les premiers stades de la maladie, et peuvent souvent tre prises pour des intermissions ou des gurisons.
moment
Cependant toujours se montrent des signes de faiblesse mentale, des conceptions troubles, une grande facilit subir un ascendant, une plus grande excitabilit, toutes sortes d'anomalies du caractre En mme
malade ne reconnat qu'imparfaitement le caractre morbide de de maladie qu'il a traverse. La physionomie aussi demeure change, morbide dans la plupart des cas. Des troubles moteurs, de lgers accs de vertige et de congestion se montrent par-ci par-l et dnotent la continuit de l'existence d'altrations graves du cerveau. 2 Troubles moteurs. Leurs signes gnraux sont leur grande extentemps
le
la priode
en ce qui concerne
l'in-
coordination.
Ils se
rencontrent dans
le
domaine du langage, de la voix, des muscles mimique, des extrmits. D'ordinaire c'est le
et la voix qui sont les premiers atteints. Le trouble du langage^ est essentiellement un trouble coordinateur (trbuchement des syllabes) lorsque, par suite de la conception dmente du mouvement du mot entier, l'image acoustique du mot ne sort qu'imparfaitement, ou par suite de troubles de l'appareil de coordination articulatoire de l'corce crbrale, la formation du mot comme unit de la loi du langage ne fonctionne plus que d'une manire incomplte tandis que la
langage
Ces cas qu'on a confondus avec d'autres qui n'appartiennent pas du tout cette catgoainsi que le fait d'avoir nglig de tenir compte de la baisse de l'intelligence, ont contribu essentiellement tablir la catgorie de la soi-disant paralysie gnrale sans Lunier, A nn. md. psjjcli.^ 1849. alination. Comparez
'
rie,
2.
1.
Doutrebente, Ann. md. ps/jchoL, mars-mai 1878. ^ Kussmaul, Die Sti'ungen der Sprnche, p. 206.
1876.
juillet
616
formation du son
de la syllabe se
fait
des voyelles et des consonnes similaires sont seulement prises les unes
le bgaiement, ainsi que l'aphasie temporaire eu connexit avec les accs fluxionnaires, enfin la glossoplgie, conscutive aux attaques apoplectiformes, peuvent survenir au cours de la maladie.
Dans
le
combin de
la
de l'aphasie
de
la paralysie
complte de
la coordination.
dmence, Pendant le
repos et dans la matine les troubles d'locution sont ordinairement plus prononcs; lorsque le mcanisme du langage est depuis quelque temps en action ou qu'il subit une impulsion accentue, par exemple cause par un moment d'agitation, le trouble du langage peut dans le premier stade
disparatre encore.
Au commencement
maladie
il
l'aphasie est
la
(mouvements accessoires, convulsions fibrillaires dans l'orbiculaire de la bouche, l'lvateur de la lvre suprieure et de l'aile du nez, l'lvateur du menton, plus tard aussi des parsies de la lvre suprieure) qui rend indistincte la diffrenciation exacte des sons labiaux et sifflants (r, ic, b, p, etc.); la parole est entrecoupe parce que le malade presse trop les
lvres l'une contre l'autre.
Plus
le
malade parle
il
vite,
plus
il
labiale
devient distincte;
peut cependant
nom
vement
surtout
la
dmence paralytique.
et
fait lire les
Ici il
malades (Rieger souvent avales ou incompltement prononces, tant donn que l'impulsion nerveuse pour la prononciation de la syllabe prcdente continue subsister ou qu'elle arrive trop prmaturment pour la syllabe suivante. Ou bien une syllabe est rpte (bgaiement) ou trane articulation trbuchante); dans le premier cas, les mouvements de prononciation se rptent pour ainsi dire d'une manire spasmodique dans le second cas le mcanisme du langage n"est pas suffisamment innerv. Souvent dans les stades terminaux le langage est tranant, ralenti, le malade cherchant instinctivement surmonter l'obstacle la coordination par un innervation plus lente et plus nergique. Mais on ne rencontre jamais le langage scand. En mme temps le trouble de la coordination se manifeste trs souvent aussi par le fait que les syllabes sont articules d'une manire ingale et incorrecte, que certaines syllabes sont avales et d'autres sont accenCertaines
syllabes
quand on
sont
077
Malgr ce trouble du langage trs avanc, les muscles de la langue et des lvres peuvent cependant rpondre tous les autres besoins fonctionnels.
aussi des
Les troubles du langage crit (Erleumeyer, Die Schrift, etc., 1879j sont symptmes prcoces et d'une grande importance, parce qu'ils indiquent une maladie corticale diffuse et spcialement l'existence d'une dmence paralytique; cependant, ainsi que le dmontre Scble {/citschr.
Psych., 36, p. 752), on rencontre aussi des cas de paralysie sans troubles de l'criture. Mais quand ces troubles existent, Erleumeyer insiste avec beaucoup de raison sur leur grande importance diagnostique en ce qui concerne la forme, l'amlioration ou l'aggravation de la maladie. D'aprs cet auteur, les troubles de l'criture sont en partie de nature psycho- sensorielle (dmence, perte des images de souvenir et des conceptions de mouvements) en partie de nature graphique mcanique (ataxie dans l'criture tremble). Dans le premier cas, les crits pchent par l'omission, la rptition inutile, la transposition ou la confusion des lettres, des syllabes, des mots (agraphie et paragraphie amnestique ou ataxique). Le trouble de la conscience des malades les empche de
/'.
s'apercevoir des contresens de leurs crits. Dans le deuxime cas, c'est le travail graphique seul, la forme des caractres qui est atteinte. Ordinai-
rement
le
graphique.
Dans
les stades
terminaux
les autres
compltement en
[Zeitschr.
f.
conceptions de mouvements.
p.
118)
et
rcemment Rabbas
ont attir l'attention sur un trouble particulier de la lecture. Ce trouble est analogue la paralexie, car les paralytiques, quand ils font une lecture, lisent, selon les circonstances, les plus grandes absurdits en remplaant le texte imprim par des mots tronqus ou
375)
apercevoir aucunement. Comme ce trouble de la lecture se prsente souvent de bonne heure, avant que les autres plinomnes d'aphasie et les troubles du langage se produisent et qu'il ne se rencontre probablement que dans la paralysie, il pourrait avoir
nouveaux
une certaine importance pour le diagnostic. Les fonctions des muscles de la voix aussi sont souvent troubles de bonne heure par l'ataxie et la parsie (Schulz Rauchfuss); la voix devient alors rauque, sourde, voile, prend un timbre chevrotant, fait facilement des couacs dans le chant. Par suite du trouble de l'innervation du voile du palais, elle prend souvent aussi un caractre nasillant. Du ct des muscles oculaires des paralysies passagres avec diplopie se produisent parfois, notamment dans la forme tabtique. On observe aussi du nystagmus et le ptosis comme symptmes passagers. Les anomalies d'innervation des muscles de Tiris' sont assez frquentes. Mais elles n'ont de valeur pour l'observateur que lorsqu'elles ont t
Auslin, Ann. tnd. ps'jch., avril 1862.
Seifert.
.I//.7.
ZcHschr.
f.
l'si/,-li..
10.
678
maladie
et
Au dbut, notamment dans le stade maniaque, il y a assez souvent du myosis, mais qui disparat sous l'action de l'atropine; on rencontre plus
la mydriase hmilatrale ne disparaissant pas sous l'action de la fve de Calabar. Mais ce qui est particulirement important, c'est l'ingalit des pupilles et l'alternance des troubles d'innervation de l'iris. Dans la rgion faciale, on rencontre souvent de bonne heure des parsies alternantes et limites quelques groupes de muscles, notamment aux muscles des lvres. Les paralysies tendues de la figure ne se rencontrent que temporairement aprs les accs apoplectiques et pileptiques. Un des premiers phnomnes est ordinairement une convulsion fibrillaire et un tremblement des muscles faciaux, notamment des muscles de la bouche, tremblement qui se manifeste surtout dans les mouvements mimiques et articulatoires et qui momentanment peut s'accentuer au point de devenir un tic convulsif. Dans les stades avancs de la maladie la partie infrieure du trijumeau participe aussi ces parsies. Alors des mouvements spasmodiques, tranges, automatiques de mastication et des grincements de dents se produisent. Dans les stades terminaux de la maladie les muscles de la dglutition aussi peuvent devenir temporairement insuffisants et par l occasionner des dangers de suffocation. Les troubles locomoteurs des extrmits sont en partie d'origine crbrale, en partie d'origine spinale. La lacune dans la capacit crbrale se manifeste par le trmor, les insuffisances musculaires, les ataxies, parfois aussi par le tremblement intentionnel, mais essentiellement par l'imperfection des conceptions de mouvements et par l'utilisation des sensations musculaires. Par suite de ces phnomnes les mouvements (appris) deviennent lourds, maladroits, peu gracieux la dmarche parait
.
frquemment
mal
quilibre.
Il
oculo-pupillaire,
la
dgnrescence
Plus frquemment la dmarche est lgrement spasmodique, raide, machinale, en frappant du talon. Les rflexes profonds sont alors accentus, parfois mme on peut provoquer le clonisme du pied. Ces allures se rencontrent surtout dans la forme classique de la paralysie et peuvent vraisemblablement tre ramenes un trouble dans l'arrt des rflexes par l'hydrocphalus ainsi qu'aux altrations de la rgion postrieure des cordons latraux.
Crump Beatly Brain, avril 1885), Bellencourt rencpliale, I880, 2 et d'autres encore ont tudi l'tat des rflexes profonds. Le premier a trouv,
sur 68 cas, 18 cas o
y avait absence et 26 o il y avait augmentation dernier a constat l'absence dans 11 cas et l'augmentation dans 4o cas sur 6S.
il
du
rflexe patellaire
le
G79
Les accs apoplectiformes et pileptiformes coustitueiU des phnoimportants. Les premiers sont incomplets et se bornent une perte de connaissance momentane avec relchement de
mnes pisodiques
ressemblent exactement aux attaques apoplecn'en dilreut que parla prompte rgression des paralysies avec augmentation simultane de la chaleur du corps. Les accs pileptiformes peuvent ressembler aux accs de Tpilepsie vraie. Plus frquemment ils ne sont que partiels, hmilatraux, ne sont pas accompagns d'une perte totale de connaissance, ont en outre une dure plus longue, pendant des heures et mme plusieurs jours dans certains cas rares, ils se bornent des accs de vertige momentans. Ces accs sont souvent amens par des phnomnes de paralysie vasculaire avec fluxion violente au cerveau et avec temprature de la tte dpassant de l^jO la temprature axillaire (Reinhard). Il se dveloppe souvent, conscutivement ces accs, des affections inflammatoires des poumons (pneumonies catarrhales et hyposta tiques) on ne sait pas encore au juste si elles sont dues une cause mcanique, c'est--dire lecoulement des scrtions de Tarrire-bouche et de la bouche dans les voies ariennes du malade priv du pouvoir de raction, ou une cause nvrotique, la paralysie vasculaire dans la rgion du sympathique thoracique. Gomme formes rares d'accs, il se produit des attaques ttaniformes et pileptiques. Ces attaques peuvent se rencontrer tous les stades de la maladie. Ils n'existent pas dans tous les cas, mais sont trs frquents et, dans la plupart des cas, ils se rptent souvent une fois quls sont entrs dans le tableau de la maladie. A la suite de ces accs les troubles moteurs sont accentus, souvent il reste pendant quelque temps des paralysies de l'hypoglosse facial et des hmiparsies qui, si elles succdent des convulsions, sont toujours du mme ct que ces dernires. Ordinairement elles disparaissent au bout de quelques heures ou de quelques jours. L'tat psychique empire toujours aprs ces accs et ne revient plus son ancien niveau. Dans tous les cas ces attaques ne sont pas amenes par des altrations anatomiques. Les attaques apoplectiformes sont produites probablement par des paralysies temporaires des vaisseaux avec dme conscutif de certaines rgions motrices du cerveau les accs pileptiformes pourraient bien tre occasionns par des processus d'excitation revenant priodiquement dans la zone motrice de l'corce. Ces excitations peuvent tre directes (Bechterew appelle l'attention sur la frquence des kystes entre l'arachnode et la surface crbrale; ou priphriques (par exemple tropplein de la vessie) dont l'effet s'explique par l'accentuation de l'excitabilit fonctionnelle des rgions corticales motrices.
ils
l'innervation, ou bien
ils
3.
Troubles tuomotenrs.
Ils se
le
carac-
tre
monocrote
et tardif
du
pouls.
s'agit
dune
Arch.
Baume, Ibid., 1862. p. 540. Westphal, Baillarger, .1. md. psycJi.. 1858. p. 168. Schiile. Handb.. p. 164. Bechterew {Mendel, Ceitlralblall, f. Psi/cli.. V. p. 337. Eikholt. Zeilschr. f. l'sijc/i.. 41, p. 51. 1883, n" 19).
*
680
sive
mne
totale des
rgion du sympathique du cou (souvent hmilatrale, d'aprs l'analogie des sections transversales de Claude-Bernard), avec des accs de vertige et d'apoplexie, lvation de la temprature locale et gn-
vaisseaux dans
mais qui
se manifeste aussi
sous forme de paralysies vasculaires circonscrites de la peau (tache mningitique). Dans le stade terminal cette paralysie vasculaire est gnrale et
poumon, dans la dans l'intestin, etc., de la cyanose, du froid, de l'dme de la peau et une temprature subnormale. 4. Comme troubles trophiques, il faut citer la frquence de l'herps zoster, les sueurs de sang observes pour la premire fois par Servaes, la baisse rapide de la nutrition dans le stade terminal, la fragilit des os avec augmentation des phosphates dans l'urine, le dcubitus final. 5. A ct des troubles vasomoteurs et moteurs, les troubles de la sensibicause, outre les hyperhmies nvroparalytiques dans le
vessie,
:
lit
au dbut les douleurs lancinantes dans rencontrent que dans la forme tabtique de la maladie. Dans les stades avancs de la paralysie la sensibilit est diminue, cependant un examen exact des fonctions est trs difficile cause
les
Le mal de
extrmits ne se
de
la
dmence
et
du trouble de
la conscience des
conserve et seule la sensibilit la douleur est supprime, iilors il y a danger d'auto-mutilation et les malades ont besoin d'tre surveills soigneusement. On a vu des paralytiques analgsiques se faire eux-mmes des brlures des plus graves, se trancher par
cas, la sensibilit tactile est
une morsure violente une partie de la langue et mcher ensuite ce morceau dtach, se promener avec une fracture de cuisse complique. 6. Troubles sensoriels. Les hallucinations sont d'une raret surprenante dans la dmence paralytique; elles sont si rares que lorsqu'on en rencontre il faut concevoir des doutes sur la justesse du diagnostic et songer tout d'abord la possibilit d'une paralysie alcoolique. Dans la forme classique de la paralysie on rencontre cependant des hallucinations du sens visuel, surtout dans les tats d'excitation. Frstner a montr des phnomnes intressants de lacune dans le champ cortical du nerf optique sous forme de perte de la facult de percevoir les objets vus par les yeux, perte qui s'attnuait parfois, mais qui d'ordinaire progressait au point de devenir une ccit corticale. L'amblyopie cause par les troubles infracorticaux dans le trajet du nerf optique n'est pas rare et se prsente soit comme symptme prodromique, soit comme symptme de dveloppement. A ct des constatations ngatives, l'ophtalmoscope montre de la nvrotnonite et de l'dme pripapillaire. Flemming, Westphal, Simon, Magnan ont constat aussi des cas d'anosmie. Dans certains cas on a trouv de la dgnrescence grise du nerf olfactif. 7 L'instinct gnital^ est, dans les premiers stades de la maladie ainsi
'
Conf. V. Krafft.Psyc/iopa^/n'rt
sej;MflZ/s, trad.
S.
Csapo.
Wi
et
la
puissance
U'inprriilurc^ qui s'carte de qu'on note chez l'individu normal. Reinliardta trouv les tempratures du raidi et du soir plus leves que celles du matin. Des augmentations pisodiques de la chaleur spcifique se rencontrent assez frquemment, mais elles n'iudiquent en aucune faon la nature inflammatoire du processus morbide; elles s'expliquent plutt par des troubles fonctionnels pisodiques des centres de l'corce crbrale destins rgler la chaleur. On peut admettre comme des tempratures (jusqu' 40") de nature nvrosique, celles qui retombent rapidement au niveau normal aussitt que la vessie ou l'intestin trop pleins sont vacus, puis les tempratures hyperpyrtiques de l'agonie. (Dans un cas que j'ai eu
celle
une qui
Les lvations de la temprature, mme jusqu' 40, sont trs ordinaires dans les tats d'excitation des paralytiques; en outre, il se produit comme
manifestent dix douze heures avant l'attaque (Reinhard) et durent plusieurs heures et mme des jours aprs sa disparition. Kromer a trouv
une baisse anormale de la chaleur spcitique surtout dans les formes hypocondriaque, tabtique et dmente de la paralysie. Dans les stades terminaux de la maladie, la chaleur spcifique est subnormale. Les diffrences de temprature hmilatrale (jusqu' 1'^) ne sont pas rares non plus dans ce cas, notamment aprs les accs. Dans l'tat pragonique on rencontre des tempratures de collapsus descendant jusqu' 24'' en mme temps que l'individu prouve un bien-tre
subjectif.
Diagnostic
Le diagnostic^ de la dmence paralytique est facile quand la maladie est dveloppe et qu'on en connat suffisamment l'anamnse aiusi que la marche depuis l'origine. Bien qu'il n'y ait pas un seul symptme qui soit pathognomouique, la dbilit psychique sur laquelle se dveloppent et voluent de prime abord tous les tats psychiques varis, la faon particulire dont se dveloppent et se groupent les symptmes vasomoteurs et moteurs, donnent des indications sres pour le diagnostic. 11 faut encore ajouter sou dbut par un
'
Arch.
1881.
Psych., X,
2.
/'. Ueinliard, Psi/c/i., 36, fasc. 2 et. 3 (avec lillralure). "Wirsch, Korperlenipera/iir in (1er proi/r. Parai., Thse Berlin,
f. Psijch., 23, p.
181.
llilzig-,
p.
SIO.
082
thique grave,
sions.
stade prodromiqae particulier qui dnote une maladie crbrale idiopale caractre progressif en mme temps que variable des
diffrentes sries de
Nous avons dj
fait la diffrenciation
dlire des grandeurs, la folie furieuse, etc., et les formes analogues qui
ne
sont pas paralytiques; quant la distinction d'avec certaines formes de l'alcoolisme chronique, nous renvoyons le lecteur au chapitre de lalcoolisme.
Pour les affections localises du cerveau avec troubles psychiques (dmence apoplectique, encphalite il faut considrer que les troubles moteurs de la paralysie ne sont pas des paralysies, mais des troubles de coordination, qu'ils sont gnraux et non pas circonscrits, qu'ils varient dans leur intensit et dans leur extension, qu'il sont progressifs et non
,
stationnaires.
Le diagnostic
et
une dgnrescence
des tissus. Outre les symptmes gnraux qui indiquent la syphilis crbrale, la raret du dlire des grandeurs, la prdominance particulire de la paralysie de certains nerfs crbraux, l'ge souvent trs prcoce dans le cas de syphilis crbrale, peuvent fournir des indications.
Un
dans
o une psychonvrose, en apparence ordinaire, consprodromique. De mme que Schiile, j'ai dans ma pratique personnelle des cas o aucun symptme n'indique la paralysie imminente, o tout soupon avait du tre abandonn et o pourtant, aprs la rsolution apparente de la psychose, la paralysie s'est dclare. Sous ce rapport je considre
titue le stade
comme suspectes de paralysie les psychoses chez les individus l'apoge de la vie, viveurs et en mme temps surmens intellectuellement, quand la psychose a t prcde de changement dans le caractre et d'asthnie
quand elle prsente au cours de son dveloppement le caracmaladie organique grave, quand, sous forme de mlancolie, elle surprend par exemple par son absence d'motion, va de pair avec des dlires nihilistes, prsente pisodiquement comme manie des phnomnes graves d'excitation crbrale au point de prendre parfois les allures du delirium acutum. Le soupon s'accentue mesure que les lats de stupeur, les paralysies vasculaires, les accs de vertige apparaissent d'une manire intercurrente, que des lapsus memoriae et judicii se manifestent parfois sans cause somatique explicable, que des lvations thermiques se produisent; enfin, quand la rsolution de la psychose n'est pas complte et que des phnomnes de dbilit psychique restent comme rsidus. La distinction entre le simple puisement fonctionnel du cerveau (neurasthnie crbrale et le dbut d'une paralysie n'en est pas moins difficile et non moins importante au point de vue du pronostic. Les symptmes de ces deux maladies peuvent, au dbut, tre presque
crbrale,
tre d'une
083
est
mme
liors
de doute que
la
paralysie peut
quand
les
parois vasculaires
ont une permabilit anormale et que par coasquent la nvrose vasomotrice du cerveau aboutit une maladie organique. En prsence de ces
cas douteux,
il
compte de
l'tiologie.
il
mme
habituellement hrtlitaires,
positions acquises,
comme
mais surtout
hommes
hommes
([ui
mais qui en
la
mme temps
travaillaient
beaucoup intellectuellement,
qui prsentent
des signes d'asthnie crbrale, il faut alors penser plutt d'une paralysie qu' celle d'une erbrasthuie.
prsence
Par contre, l'apparition de ces phnomnes pathologiques graves, un ge moins avanc, jusqu' la trente-cinquime anne environ, notamment chez les individus prdispositions nvropathiques, qui n'ont pas t exposs aux excs in potu et Yeuere, qui n'ont pas eu la syphilis, permet toujours de supposer qu'on se trouve en prsence d'une simple erbrasthuie.
Outre l'tiologie du cas, c'est son mode de dveloppement qui est d'une grande importance. Un croulement presque subit des facults de l'corce crbrale, surtout la suite d'un trauma psychique, plaide en faveur d'une neurasthnie; l'apparition lente ou par accs des symptmes indique la paralysie. Un changement profond et durable du caractre, des phnomnes de lacune dans la sphre thique, une dpression profonde, hypocondriaque, avec motivation absurde, tmoignent en faveur de l'existence del
paralysie la simple motivit, l'excitabilit allant jusqu'aux passions indomptables, l'gosme morbide au point de tourmenter l'entourage, les ides nosophobiques dans le sens d'un ramollissement du cerveau imminent avec dysthymie ractive, appartiennent la erbrasthuie. La faiblesse de la mmoire est le propre des deux maladies, mais celle du c'est un paralytique est plus apprciable, plus durable et progressive
;
;
vritable
de l'asthnique est objective, en disproportion avec ses plaintes, variable en intensit, un simple phnomne de fatigue (le trsor del mmoire restant virtuellement intact); aux phases d'puisement intellectuel, elle peut se manifester dans le langage parl ou
phnomne de lacune;
celle
qui devient trs difficile et peut aller jusqu'aux phnomnes d'aphasie. crbrasthnique ne prsente pas de troubles de l'intelligence, si Le l'on fait abstraction de son incapacit temporaire et variable mettre en circulation sa monnaie intellectuelle; il n'a pas non plus des obnubilations du sensorium. Par contre, ces phnomnes de lacune se montrent souvent de bonne heure et d'une faon pnible chez le paralytique et le rendent incapable d'avoir des relations sociales. Le crbrasthnique qui
crit,
684
continuellement ce qui est dj rellement arriv au paralytique; mais, il est virtuellement sain, les bvues contre les convenances, les ridicules dans l'criture et dans le langage ne se produisent pas. Il lui arrive,
comme
de commettre des lapsus calami, mais il s'aperoit des fautes commises par suite de son puisement, il les corrige lui-mme, et en cela il diffre du paralytique. Une agrypnie obstine, rsistant tous les moyens, le fait de s'endormir dans des endroits o cela est inconvenant, en socit, pendant la journe, peuvent faire souponner l'existence d'une paralysie.
c'est vrai,
Les attaques apoplectiformes, pileptiformes, les accs aphasiques, les monoplgies temporaires des extrmits, de la langue, avec paresthsie, l'hmicrauie ophtalmique qui apparat de bonne heure, ne rentrent pas dans le cadre de la neurasthnie et indiquent une maladie organique. La phosphaturie est trs frquente dans la paralysie initiale, l'uraturie et l'oxalurie le sont dans la neurasthnie.
Marche
et dure
La dure totale de la maladie est trs variable et difficile calculer, puisqu'on arrive rarement fixer le dbut des altrations prodromiques.
En moyenne,
les
la maladie exige trois annes pour achever son cours. Chez individus gs et chez les personnes du sexe fminin, elle dure plus longtemps. Les cas dus un puisement intellectuel ou untrauma capitis
semblent avoir une plus longue dure que ceux qui ont t amens par suite d'excs in Baccho et Venere. Parmi les symptmes de mauvais augure, c'est--dire prsageant une volution rapide sont les tempratures fbriles pisodiques, l'apparition prcoce des troubles dans l'criture et dans les mouvements, les attaques paralytiques apparaissant de bonne heure et frquentes. La forme hypocondriaque ou dmente fait prvoir une marche plus lente que la forme classique. La marche et la dure sont cependant dans les cas isols incalculables, car, mme aux stades avancs, des rmissions durant des semaines et mme des annes peuvent se produire.
:
dmence parad'un an
mois
et
au
maximum
Comme dans le dlire aigu, il s'agit toujours de cerveaux malades. Un nouvel excs grave, une trauma psychique ou somatique (insolation, etc.), peuvent amener l'explosion de la maladie. Les symptmes de lacune
sont essentiellement ceux de la forme chronique, seuont une marche et non une allure orageuse, conformment l'acuit des processus anatomiques. Le stade d'incubation dure des journes et mme des semaines (lluxion, mal de tte, insomnie, louret
d'excitation
ils
lement
deur
intellectuelle,
phnomnes
de
lacune
intellectuelle
et
notam-
o.s.;
meut
thique, graude niotivit). Uu jour la folie furieuse se dclare avec uu trouble profond de la couscience, une fuite chevele des ides, des dlires des grandeurs insenss, souvent entremls de dlires mi-
cromauiaques. Eu mme temps fluxion violeute, souvent fivre, mouvements fibrillaires des muscles allant jusqu' de lgres convulsions, grincements de dents comme signes de l'excitation crbrale grave. Au cours de la maladie, il y a une impulsion motrice dmesure avec barbouillement, destruction. Plusieurs jours ou plusieurs semaines aprs, il y a accalmie; puis dmence grave, parsies, ataxies, aphasie, langage hsitant, trbuchant, comme symptmes d'une atteinte profonde des rgions corticales motrices. Avec de nouveaux phnomnes d'excitation crbrale (explosions de manie furieuse, accs pileptiformes et apoplectiformes), il se produit, dans le dlai de quelques semaines ou quelques mois, un dclin intellectuel. Alors commence aussi la dsagrgation physique le marasme,
:
relchement de l'innervation, intressant finalement les centres vitaux, prparent le dnouement fatal qui se produit dans lpuisement le plus profond et parfois avec des convulsions.
le
dcubitus,
le
A l'autopsie
il
faut relever
brale, l'abondance
du sang,
le
volutions
centrales. Les apoplexies capillaires ne sont pas rares. Au microscope, les gaines lymphatiques apparaissent remplies de globules sanguins, rouges et blancs, la glia est condense (formation de cellules arach-
Prosostic
Le pronostic de la dmence paralytique est sombre, malgr les cas isols de gurison, dont la plupart sont discutables, soit en ce qui concerne le diagnostic de la maladie, soit sous le rapport de la gurison mme (simples rmissions). Nous ne pouvons cependant pas prononcer avec une certitude absolue un arrt de mort comme pronostic pour ces malades.
Dans la littrature moderne, les cas de gurison tenant tte toutes les exigences de la critique augmentent. Mais soventces cas sont trop prmaturment livrs la publicit pour qu'on puisse porter uu jugement dfinitif, ou bien la gurison n'tait pas complte, car des tats de dbilil psychique persistaient, ou bien il s'agissait de simples intermissions, tant donn que la maladie, quand elle rcidivait, ne recommenait pas par 1.^ commencement mais qu'au contraire elle reprenait son cours au stade o
elle tait
devenue
latente.
Ces objections sont applicables en grande partie aux cas nombreux d'.) rapports par Voisin dans sa monographie (p. 102, 1\) et par Doutrebente {Annal. Md. PsychoL, 1878, mars, mai), cas dans lesquels la gurison abcs, des s'est souvent prsente aprs des suppurations profuses, des
686
1).
Des cas de gurison incontestables ont t publis par Flemming [Irrenfreund, 1877, fasc. 1 et 2), par Schle {Zeitsclir. f.Psych., 32, fasc. 6); par Gauster (op. cit., p. 18, et Psychiatr. Centralb., 1875, 1 et 2), Oebeke {Zeitschr. f. Psijch., 36, fasc. 6). Conf. encore les Annal. Med. Pstjchol, 1879, Nasse {Ibid., mai {Irrenfreund, 1879,8); Siolzner {Irrenfreund, iSll, S) 1870,7); L. Meyer {Berlin. Klin. Woclienschr., 1878,21). Nasse {Zeitschr. Psych., 42, fasc. 4) donne, la suite des communications d'Oebeke, la littrature publie sur ce sujet depuis 1879 et, puisant dans sa riche exprience personnelle, il cite ce fait peu consolable que depuis 1872 il n'a pas eu un seul cas de gurison, et que de sept cas de gurison dont il avait rendu compte en 1870, six sont retombs malades ou sont morts dans de graves accs crbraux. Dans un seul cas la gurison s'est confirme; mais les troubles d'locution manqurent pendant la maladie, de sorte que le
;
/'.
tiologie
En
face d'une maladie aussi grave et qui tend devenir de plus en plus
'
mrite une attention toute particulire. Quelque varies que soient les causes, toutes peuvent se rsumer dans ce principe ce sont des influences dbilitantes agissant sur le cerveau, qui prsente une
frquente, l'tiologie
:
surmenage
intellectuel
ou physique, par
la littrature
les
maladies puisantes,
Rieger (Schmidt's Jahrb., t. 110, p. 88) a tabli, d'aprs les documents de dont il disposait, que celui qui est syphilitique a 16 ou 17 fois plus de chance d'tre atteint de dmence paralytique que celui qui ne l'est
pas. L'influence prdisposante de la syphilis est
probablement analogue
1885,
n**^
Wernek
et 34) a
Parmi
sexe
les
causes prdisposantes
il
un rle de beaucoup moins important que dans les autres psychoses. Elle n'apparat qu'environ dans 15 20 p. 100 des cas. La paralysie est une maladie du cerveau la priode de son dveloppement et de sa plus grande capacit de
et la
avant la trentime et aprs la soixantime anne, frquente surtout entre trente-cinq et cinquante-cinq ans. Elle atteint environ
'
1850.
GS7
frquemment
le
tout
degr de frquence de la maladie dans les couches sociales suprieures. La paralysie est excessivement rare cliez les dames de la haute socit. Elle constitue un phnomne d'une frquence surprenante chez les officiers et les fonctionnaires militaires. Les causes occasionnelles sont les excs d'alcool et in Venere, le surmenage intellectuel et physique, plus rarement les motions profondes et de longue dure (chagrins, soucis, offenses), les
:
trauma
capitis-.
Chez
les
comme
Dans
individus du sexe fminin on observe la maladie le plus souvent suite immdiate des accouchements laborieux et accumuls ainsi
l'tat actuel
qu' la mnopause.
et tiolo-
giques, la ncessit de connatre la pathognie de cette maladie redoute et devenant de plus en plus frquente^ se fait imprieusement sentir.
L'tiologie
srie de facteurs dbilitants qui sont en partie en partie occasionnels; l'observation clinique constate comme premiers phnomnes de la maladie en voie de dveloppement des troubles de l'innervation vasomotrice l'examen anatomique trouve les symptmes d'une inflammation chronique dans le cerveau et ses enve-
prdisposants,
loppes.
C'est la tche de la pathognie
^
faits
disparates.
est
Le premier phnomne qui se produit dans le processus de la paralysie videmment une parsie vasomotrice (Lubinoff, Schle) avec l'hyperhmie qui en rsulte. Les excs in potu et Venere, les influences caloriques et traumatiques, le surmenage intellectuel et les motions favorisent l'apparition de ce trouble fonctionnel et le provoquent. Il se produit d'autant plus facilement que le cerveau se trouve dj dans un tat de turgescence physiolole
que
la paralysie se dclare
la
rgion vas-
culaire de la carotide
transcendeutaux de l'me humaine, d'autre part le fait qu'elle n'apparat presque exclusivement qu' l'ge de la turgescence physiologique du cerveau (entre trente et soixante ans), qu'elle atteint de prfrence les individus du sexe masculin, en raison de leur plus grande proccupation dans la lutte pour l'existence, de leurs travaux crbraux, des iutlueuces trau' -
7.
,
Kraft,
JJeber die
Erkrankitnf/en.
Erlangen,
durch Ge/iirnerschill/enni;/
1868.
etc.,
/lervorf/erii/'eneu
psi/cfiiscfien
^ Le pourcentage de la paralysie dans les asiles est d'environ de 18 p. 100 de tous les malades; dans les grandes villes, comme Paris, il est de beaucoup plus lev encore. Ainsi, d'aprs Materne, Cliarenton, '26 p. 100 des malades taient paralytiques ^40 p. 100 la section des hommes, 6,5 p. 100 chez les femmes).
* Schle, Sektionserfjebnisse, p. 138, et AU(/. chow's Arch., bl.
Zeilschr.
/'.
Psijch., 32.
LubinolT.
Vir-
688
matiques plus frquentes, des influences caloriques, des excs in Baccho Yenere, ces derniers fatiguant beaucoup plus l'homme que la femme. L'hyperhmie nvroparalytique constitue le point de dpart des altrations des tissus dans le cerveau et dans les mninges. Tout d'abord il se produit un engorgement de lymphe dans les voies lymphatiques du cerveau et de la pie-mre, une migration des matires collodes et albumineuses ainsi que des globules du sang travers la paroi vasculaire dans les gaines lymphatiques privasculaires. Cette migration est favorise par des troubles de nutrition des parois vasculaires, rsultat des influences prdisposantes (prdisposition hrditaire, maladies affaiblissantes qui prcdent, et autres facteurs tels que syphilis, alcoolisme,
et
surmenage intellectuel, trauma capitis, influences caloriques). L'engorgement lymphatique dans les espaces privasculaires s'tend aux rseaux de cellules plasmatiques de Deiters et, comme l'a dmontr Boll, les voies lymphatiques de la pie-mre communiquent avec celles du cerveau il s'tend aussi aux rseaux de cellules plasmatiques de la piemre et amne alors des altrations de ses tissus, des opacits chroniques
;
inflammatoires,
centue. Ainsi
l'engorgement lymphatique du cerveau s'accercle vicieux. Dans certains cas, qui ne sont point rares, la mningite chronique est primaire et produit d'abord un engorgement lymphatique rcurrent dans le cerveau. L'engorgement lymphatique et le gonflement des tissus, spcialement des rseaux de cellules plasmatiques qui s'y rattachent, amnent alors la prolifration des tissus conjonctifs de la pie-mre, de la nvroglie et des vaisseaux; la glia se sclrose, les vaisseaux s'atrophient et les lments nerveux priclitent.
il
un
Thrapeutique
en prsence d'une pareille maladie de parler processus qui en est la base, puisque tous les malades atteints de ce mal meurent, sauf quelques cas rares et dont le diagnostic n'est pas tout fait incontestable. Cela ne peut nous dgager du devoir de discuter la thrapeutique de cette grave affection crbrale. Car il est probable que cette mortalit dsolante a pour cause le fait que la maladie est reconnue trop tard, que le malade au lieu d'tre
Il
le
mains expertes alors qu'il en est temps encore, devient l'objet d'interventions insenses et affaiblissantes (saignes, cures hydrothraconfi des
etc.) et qu'il a tout le temps de ruiner compltement sa sant par excs intellectuels, alcooliques et sexuels. Comme la connaissance de la dmence paralytique se rpand de plus en plus parmi les mdecins non
piques,
les
commun
de tous
les praticiens,
il
est
permis d'esprer qu'elle sera reconnue temps, premire condition pour pouvoir la combattre.
li^'.t
fois reconnue ou mme souponne, le IrailemenL doit avec toute l'nergie possible. Il peut se rsumer dans ce
principe qu'il faut viter toutes les iiilUiences dbilitantes parmi lesquelles il faut compter les cures hydrotiirapiques, qu'il faut empcher toute
fatigue intellectuelle, toute atteinte calorique ou fluxionnaire, donner une nourriture sche mais non excitante et avoir soin d'assurer le fonctionne-
ment des
les
selles
mme
temps
bains tides peuvent trouver leur indicatiou. On obtient souvent une amlioration surprenante, parfois mme dans les stades avancs, par l'emploi de l'iodure de potassium (1 i2 grammes par jouri, qui exerce probablement un effet rsorbant sur le cerveau. Ce moyen doit tre essay dans tous les cas. Le traitement mthodique avec l'extrait de seigle ergot'
{environ
Osr, 3 0g'',5
par jour)
me
maladie temps, on peut esprer un pronostic favorable. Les rmissions qui se produisent assez tardivement indiquent qu'il ne faut pas perdre tout espoir d'arrter la marche de la maladie. Quand les
malades arrivent
mortuum du
il ne s'agit plus ordinairement que du caput d'une thrapeutique purement symptomatique. Mais au point de vue de cette thrapeutique mme les malades donnent encore fort faire au mdecin. Pour combattre les paroxysmes de folie furieuse, les bains avec pi-
l'asile,
processus
et
thmes,
de morphine
et,
dans
les cas
d'augmenta-
tion de l'activit
du cur,
la digitale,
sont des
moyens particulirement
effet
appropris.
d'ergotine.
Quand des
la
accompagnent Pour
in No,
des injections
Aerzlc
les accs
Krueg
{Mittheil. des
Il
Vereins d.
188, p. 80)
recommande
l'hydrate de chloral.
prtend avoir eu
des succs
mme
Krueg le donnait en lavement avec un long tuyau en caoutchouc ou par mthode sous-cutane en solution 10 ou 20 grammes avec une seringue de Pravaz ordinaire dont on avait enlev le piston et qui par nu tuyau de caoutchouc tait en communication avec une seringue contenant 10 centila
mtres cubes. Je puis confirmer les rsultats favorables de Krueg. Ordinairement les lavements suffisent. Le traitement de la paralysie par les frictions avec la pommade stibie d'Authenrieth sur la tte, que L. Meyer [Berlin. Klin. Wochensclir., 1880, p. lo) a de nouveau recommand, n'a jamais donn aucun rsultat. Dans les stades terminaux de la maladie, les malades malpropres ont besoin qu'on les entretienne dans une propret minutieuse, qu'on com-
Girma {VEncphale, 1884, 2) rapporte les rsultats favorables le ses observations il il affirme qu'on pourrait nime donner 2 grammes gr. 6 allaitdes doses quotidiennes de 4 grammes pendant trois ou quatre mois sans provoquer d'ergolismc.
'
PSYCHIATRIE.
*'*
690
que le dcubitus et qu'on ait soin de les tenir chaudement vtus. Le gavage aussi doit tre employ avec soin (on ne donne que de petits morceaux tendres) pour viter que les malades touffent ou qu'ils contractent une pneumonie ou de la gangrne pulmonaire, grce aux particules alimentaires qui pourraient pntrer dans les voies ariennes.
ainsi
'
Observation XCIII.
officier
en retraite, quarante-un
mars 1878. Il avait pris part aux campagnes de 1859 et de 1866; pendant la premire campagne il souffrit d'une fivre intermittente grave, dans la seconde il ft une chute avec son cheval. En 1864, infection syphili-
tique avec plusieurs rcidives qui enfin cessrent sous l'action d'un traitement mer-
Le malade n'avait pas une intelligence suprieure; il tait entt il y a quelques annes, il avait fait de forts excs in Venere. Dans la famille, dit-on, il n'y a eu aucun cas d'alination mentale. Dans ces deux derniers mois il devint chicaneur et difficile vivre, parlait souvent politique d'une manire purile et se laissait aller quand il se trouvait en socit. devint congestif, sans sommeil, inQuelques jours avant son entre l'asile, H. constant, agit, faisait dans les maisons et dans les magasins des visites l'occasion desquelles il tenait souvent des propos tranges et inconvenants, pntra dans l'appartement d'une cantatrice de l'Opra, s'y comporta d'une manire importune et indcente, lui fit une dclaration d'amour et voulut l'pouser sance tenante. Lors de sa rception l'asile, folie iurieuse, bien-tre immense, dlire des grandeurs dmesur (il se dit le meilleur chanteur, l'ami le plus intime de l'empereur, fait chacune des personnes de son entourage cadeau d'un demi-million afhi que la misre cesse, attend son pouse la prima-donna, etc.). Il demande imptueusement partir, mais on peut l'apaiser avec des prtextes futiles. Il est congestif, sans sommeil; parfois il a une hsitation spasmodique en parlant. Le 21 mars le malade devient tranquille, reste au lit; mais il est gravement atteint dans son intelligence il int sans cesse devant lui et joue sans honte avec ses parties gnitales. Au commencement du mois de mai nouvelle agitation contenue qui dgnre de plus en plus en actes instinctifs et sans but. Il saute, se drape dans sa chambre, dchire ce qui lui tombe sous la main, porte tout sa bouche. Trouble de l'intelligence continu et profond; confusion norme. Le malade ne prononce que
curiel nergique.
et irascible.
Jusqu'
des fragments de phrase sans aucun sens, des agglomrations de mots inintelligibles,
par-ci par-l surgissent encore les restes d'un dlire des grandeurs sans motions.
Toutes
les tentatives
pour
manger des
excrments et du sable. Le malade se livre des actes de violence quand on veut l'en empcher. Il lui est arriv souvent de dvorer ses selles mles de sable et de s'en barbouiller la figure et les cheveux. Seule la contrainte mcanique a pu supprimer en partie ces actes. Des paroles dtaches qu'il prononait on peut savoir qu'il prenait Vers le milieu du mois de septembre, panaris le sable pour du chocolat dlicieux
.
au commencement du mois d'octobre diarrhes difficiles arrter, marasme progressant rapidement, dcubitus. Mort par suite de collapsus, le 19 octobre.
grave;
Rsultat de il'autopsie
:
non
Dure-mre solidement adhrente au crne, pas d'altrations sa surface interne; sur la pie-mre et l'arachnode, dans la rgion frontale et des circonvolutions centrales,
'
Reinhard
[Zeitschr. f. Psych.,
9,
p. 559) a
les
bains permanents.
C91
notamment le long des vaisseaux, opacits blanchtres. La pie-mre adhre solidement la couche corticale et ne peut en tre dtache sans pertes de substance. La corticale est bruntre, atrophie et anmie dans les circonvolutions frontales.
Couronne rayonnante des circonvolutions
atrophie.
frontales et centrales considrablement
dmateux,
toutefois de consistance
ferme.
Dans
les
et
intes-
tinal chronique.
Observation XCIV. Paralysie classirpic. Marche sitOaigu. S. .., docteur en mdecine, quarante ans, n de parents sains. La sur du pre tait aline. Le malade n'a pas eu de maladies graves, il n'a jamais t syphilitique; tant
clibataire
il
l'ge de trente-
quatre ans,
menait une vie range. 11 faisait bon mnage, procra trois enfants bien portants, tait trs surmen dans son mtier de mdecin de province, eut en 1869 une fivre gastrique et dut pendant sa convalescence se fatiguer beaucoup. Il se plaignait alors souvent de lassitude et dsirait vivement du repos. Au commencement de l'anne 1870 il changea d'allures et de caractre. Il devenaii distrait, manquait de mmoire, ngligeait son mtier, paraissait motif et irritable. Vers la fui du mois de fvrier, S... devint agit, inconstant, prcipit dans ses paroles et dans ses actes; il voyageait tort et travers, sans aucun but, voulait embellir sa maison et sa proprit, tout transformer. Il remua lui-mme, en la bchant, toute une vigne qu'il voulait transformer en jardin; il dtruisait les ceps, coupait les ppinires d'arbres fruit, oubliait d'une heure l'autre ce qu'il s'tait propos de faire, oubliait sa famille, sa profession, se trompait sur le temps et les lieux, ne reconnaissait pas le caractre insens de ses actes, devenait grossier, menaant mme quand les gens de sa famille le lui faisaient remarquer et voulaient mettre un terme ses actes insenss. Dans les derniers temps le malade avait presque compltement perdu le sommeil, le langage tait devenu tranant, la dmaixhe mal assure, la mine fatigue. En raison de son inquitude et de son agitation croissante, il fut amen l'asile vers la fin du mois de mai 1869. Il fallut l'ameil se sentit bientt comme chez lui dans sa nouvelle situation. Ses ner par force
il
;
son attitude molle, son intelligence trouble, ses pupilles troites et une maladie organique centrale g'-ave. Les fonctions vgtatives ne sont pas troubles, la temprature est normale, le pouls
traits fatigus,
lent, 70
ou 80. Le malade se trouve dans une grande surexcitation psychique et morale; il est bavard et a de la fuite des ides; c'est un faiseur de projets sans plan, mais il oublie
d'une heure l'autre ce qu'il
s'tait
propos.
Il
veut partir en
Italie,
en Orient,
mais avec des prtextes futiles on le dcide remettre ses voyages. Il demande la fois du vin, des cigares, des femmes, se met parfois en colre en allant jusqu'aux attaques contre son entourage si l'on ne satisfait pas immdiatement ses dsirs et pas au lit. ses projets, mais une ide chasse l'autre. Il n'a pas de sommeil, il ne reste produit du dlire des granDs les premiers jours aprs son entre l'asile il se deurs; il invite un million d'hommes l'accompagner dans son voyage en Orient, tlgrammes aux souverains, aux premiers savants, il comil crit
des centaines de
mande
devingt-huil des Lviathans pour son voyage en mer, convoque un meeting Il est construira une ville de plusieurs millions dMiabilanls. millions d'Allemands; il osl compltement dsorient en ce qui concerne le temps et les lieux son inlcUigcnce
;
croisverse la salade dans la soupe. Agitation devient de plus en flux de paroles. Le dlire des grandeurs sante, pousses d'ides,
il
692
plus monstrueux et dcousu. Le malade nage dans la joie, sa ville de plusieurs millions d'habitants est dj btie, chaque habitant aura la superbe tte de Goethe.
Il Il
convoque toutes
les plantes
de l'univers,
fait
paie ses projets gigantesques avec des banknotes qu'il fabrique avec des machines
Au milieu du mois de
tombe rapidement
et laisse
un
tat
de profonde dbilit intellectuelle dans lequel des dlires des grandeurs insenss
(possession d'un gilet de diamant, sac rempli de diamants dans la cave, sa
femme
un corset de diamant, etc.), n'apparaissent que de temps en temps. Le malade a de nombreuses illusions de souvenir; il tait dj ici il y a plusieurs mois; une image de Rome, ville o il n'a jamais t, lui fait voquer le souvenir imaginaire de cette
ville avec toute sorte de dtails. Il n'est pas orient sur le temps, il confond le djeuner avec le dner, il n'a dntrt que pour ses besoins physiques, ne se soucie
mal assure;
feste.
pupilles ingales, tantt c'est la droite, tantt c'est la gauche qui est
plus large; traits flasques et uss, trbuchement des syllabes de plus en plus
Au mois
Il
de novembre
il
se produit
un dchn psychique
de
mme.
dmne comme en
syllabes);
rve;
on
est oblig
le forcer
manger;
il
devient mal-
moments
les
tout
trbuche-
ment des
marche avec
il
jambes
cartes, trs
mal assur;
A partir du mois de dcembre, dmence apathique, perte des conceptions de mouvements, tiraillements maladroits et incohrents sur les vtements. A
partir de janvier 1871,
gris, le
il
se produit
du marasme, un
tempratures sont subnormales. Le malade reste continuellement au lit; il ne peut plus se tenir sur ses jambes. Il faut le gaver puisqu'il n'a plus l'ide de manger ni d'images mentales pour faire les moudeviennent
pouls est trs lent,
les
vements ncessaires. Au milieu du mois de mars de l'apne et de la dysphagie Le 19 mars le malade succombe une pneumonie.
Autopsie.
se
montrent.
Hyperostose
phalus externe; trouble laiteux et paississement des mninges au niveau du cerveau frontal et du vertex; il en existe aussi de petites traces la base; les enveloppes
corticales peuvent tre dtaches sans perte de substance; elles sont
dmaties. Les
couches extest
circonvolutions centrales.
La couche
La substance mdullaire
an-
Le ventricule
est dilat,
G9:
y a livpostasc.
la
parah/sie. \(niilirnix
mdecin, rpiaranle-ilcux ans, a t confi la clinique psychiatrique le 8 novembre 1875. Il avait perdu sa Temme, il y a quatre ans, en avait conu un profond chagrin, s'tait mis boire et se grisait dans ces dernires annes tous les jours. Il perdit son ancienne clientle, tomba avec ses enfants dans la plus profonde misre, cherchant toujours cl toujours dans la bouteille se consoler de sa dtresse. Depuis le milieu de l'anne 1874, le malade a
dchumenioit fnlal.
Karmiii,
accs rpi/f/ili-
montr une dcroissance rapide de ses facults intellectuelles; il est devenu trs oublieux et, il y a un mois, avant son entre la clinique, il s'est produit ciiez lui un tat de surexcitation. Il n'avait pas de sommeil, faisait des projets insenss, des projets de mariages; il comptait sur des gains fabuleux dans une loterie, allait comme en rve dans les cabarets et dans la rue, pntra une nuit dans le domicile
d'une famille trs honorable et voulut se coucher tout de suite avec sa prtendue
fiance.
Le 5 novembre, le malade vint au cabaret, titubant, incapable de prononcer un mot. Il tomba par terre en perdant connaissance, fut pris d'un accs pileptiforme, se remit aprs quelques minutes et rentra chez lui en courant. L, il cassa les carreaux pour les remplacer par de plus beaux, coupa en morceaux ses vtements, ravagea sa pharmacie, au point qu'on s'assura de sa personne.
Lors de sa rception, le malade semblait pris d'une folie furieuse paralytique, accompagne d'un trouble grave de l'intelligence, d'un dlire des grandeurs insens,
d'une grande inquitude motrice
et
blement des muscles faciaux, hsitation dans le langage, parsie faciale du ct gauche, dilatation de la pupille droite, dmarche mal assure, titubante, penchant
un peu vers le ct droit. Pas de traces de syphilis. Pas de maladies vgtatives. Pouls lent au dernier degr. Le 9 novembre commencent les attaques pileptiformes et on en compte IG7 jusqu'au Il novembre. Elles durent environ deux minutes, se limitent la moiti gauche du corps et consistent en convulsions des extrmits et des muscles faciaux, tandis que les muscles de la moiti gauche du torse sont pris de spasmes toniques et que les yeux sont tourns gauche. Le 11 ces phnomnes se produisent passagrement sur
39. L'urine
la moiti droite aussi. Le pouls est 80 et 90, ne contient pas d'albumine. Dans les intervalles
la
il
y a coma. Le
temprature accuse 11 au
soir les accs spasmodiques cessent; la rsolution gnrale des membres, la transpiration profuse, les difficults de la dglutition, le ronchus trachal, font supposer que le dnoument fatal est proche. Avec l'emploi du vin et de grosses doses de camse remet. Mais il est devenu compltement idiot, excessivement malamouvements. Un dcubitus aigu et trs profond se produit au sacrum, puis s'amliore nouveau. Le malade prenait les douleurs qu'il en ressentait pour les morsures d'un chien qu'il s'eflbrait sans cesse de chasser. Au commencement du mois de dcembre on observe un accs pileptiforme le
phre
le
malade
2S janvier 1876 plusieurs attaques pileptiformes qui se limitent la moili gauche du torse, avec une temprature de 38, 3. autres Le 23 fvrier accs de spasmes cloniques gnraux. Le 12 mars ISTd (|iiatro suivis du dcs du malade au milieu d'un accs du mme genre qui le soir sont
profond sopor.
Autopsie.
Crne
pie-mre
la
dure-mre normaux. Opacits et paississoment dilus de la convexit ( l'exception du lobe occipital) et aussi la base. I>es nerfs
et
694
optiques sont glatineux, altrs dans leur couche extrieure. Le lobe frontal est atrophi, les circonvolutions du lobe parital aussi sont rtrcies et aplaties. Les ventricules sont dilats. L'pendyme montre des granulations en masse. Le cerveau
est
Observation XGVI. Forme hypocondriaque de la paralysie. Aprs une rmission., forme classique entre en scne. Aprs une nouvelle rmission profonde., retour de Schelig, trente et un ans, brasseur; pas de prdisposila forme hypocondriaque.
la
temps d'un caractre excentrique et irritable est all en dans son mtier. Dans la capitale britannique il se livra aux excs alcooliques et sexuels, se laissa aller contracter un mariage contrairement la volont formelle de ses parents, se brouilla pour ce motif avec eux, tomba dans une situation prcaire, n'obtenant plus aucun subside de sa famille; dans cet tat pnible, plein de chagrin, il se livra plus que jamais l'abus des boissons alcooliques. Il y a cinq mois il perdit le sommeil, devint agit, souffrait souvent de vertige, de mal de tte, de congestions, avait pisodiquement du dlire des grandeurs, devenait irascible, triste, oublieux, distrait. Lorsqu'il y a deux mois, il
tions hrditaires; de tout
;
1873, Londres,
pour
se perfectionner
rentra la maison paternelle, il tait affaibli intellectuellement, bien bas physiquement, boulevers dans sa mine, douloureusement dprim, se croyait atteint d'une
maladie incurable. Dj, lors de son retour, il se faisait remarquer^par sa dmarche mal assure et son locution hsitante. Le tableau d'une mlancolie hypocondriaque se dveloppa
de plus en plus distinctement nourriture, il fallut l'amener
et,
comme
le
l'asile,
il
tait
une
tendues, du tremblement de la langue, une dmarche raide, lgrement titubante, de la salivation, de la rtention d'urine. Aprs quelques jours le malade commena
parler. L'locution n'tait pas trouble, mais ce qui tait remarquer c'tait le timbre nasillant de sa voix. Somatiquement il existait chez lui un catarrhe chro-
nique de l'estomac et de Tarrire-bouche avec scrtion muqueuse abondante. Constipation, grande anmie et amaigrissement considrable. Il fallut forcer le malade prendre de la nourriture. Comme motif du refus de nourriture on constate de
nombreuses sensations hypocondriaques et des ides dlirantes. Il sent dans le corps une pression qui monte jusqu' la poitrine, rien ne passe par
son gosier,
le ventre est en vibration continuelle, l'urine ne s'amliore pas, il souffre de l'arrt d'eau, tout son corps est en dsordre, il n'a plus de digestion, son corps est tout plein, on verse toujours des aliments dedans, rien n'en sort. En arrivera-t-on
lui ouvrir le
corps?
Il
la force
chancre.
Du pus sort de son gosier, tout est rempli de pus, son cerveau est imbib d'urine. Malgr toute la vivacit avec laquelle il manifestait toutes ses souffrances, il y avait pourtant chez lui une grande dbilit psychique. Une simple menace suffisait pour le dcider prendre de la nourriture. Souvent il ne pouvait uriner. Fin fvrier 1876, le dlire hypocondriaque disparut avec Tamlioration du catarrhe gastrique; il se produisit une rmission notable, mais la dure continue de la
dbilit ps3'chique, des troubles
moteurs
et
de
il
la salivation
montrrent
la gravit
de la maladie. Vers
langage,
et
le
se produisit de l'hsitation
dans
le
mimiques
et articulaires.
C/y:,
avril,
on liouva
le
l'inlelliyence
profond
et avec
violents
phnomnes
congestifs.
demeura dans
forme de stupeur jusqu'au 24 avril, jour o se produisit un tat d'excitation maniaque. Le malade devenait inconstant, dormait peu, bavardait confusment, manides ides de grandeur dsulloire, avait une impulsion collectionner, im grand trouble de l'inlelligence, un trbuchement norme des syllabes, une dmarche titubante, et souvent une paralysie vasculaire de la figure. Avec ces phnomnes
festait
il se produisit incidemment, au mois de mai, une folie avec dchirement, destruction, barbouillement d'excrments, ensuite la surexcitation retomba au niveau d'une exaltation maniaque avec dlire des gran-
d'une riche fiance, de noces splendides, de brasseries le milieu du mois d'aot, une seconde rmission et cette fois trs tendue s'intercala dans le cadre de cette paralysie classiquedeurs;
le
malade
parlait
fait
Le malade reconnut son tat, donna comme causes de sa maladie celles dont on a mention au dbut de cette observation, entra en correspondance avec sa famille ne prsentait rien de particulier si Ton fait abstraction de sa dbilit psychique, de son trouble d'locution et de sa frquente paralysie vasculaire de la figure.
Les choses allrent ainsi jusqu'au
qu'il
et
commencement du mois de janvier 1877, lorsy eut un retour surprenant du catarrhe de l'estomac et du larynx et lorsqu'un tat hypocondriaque et mlancolique entra de nouveau en scne, accompagnant
partir de ce
moment
et jusqu' la fin la
marche progressive de
la
Les ides dlirantes taient cette fois encore plus monstrueuses, plus dmentes qu'auparavant. Le malade dclarait n'avoir plus d'estomac, tre constip jusqu'au
et le pouls
ne marchent plus,
le
autres qu'il est encore un enfant, qu'il n'a que seize ans, etc. D'abord
malade
il
comme
dmence qui
l'envahissait
rapidement il devenait mme glouton et dnu d'motions malgr toutes ses plaintes hypocondriaques. Les troubles moteurs et vasomoteurs ont aussi augment de plus en plus. Par suite d'un norme trbuchement des syllabes et de l'ataxie labiale, le langage tait souvent peine intelligible; la dmarche tait mal assure, les mouvements des mains taient maladroits. La pupille gauche devint mydriatique. Souvent il y avait rtention d'urine. On a observ chez lui des accs de vertige, des phnomnes aphasiques, des accs congestifs. Le pouls devenait tardif un 1res haut degr, les extrmits froides, lgrement cyanoliques. Quand il restait longtemps debout, il se
produisait de l'dme des pieds.
Au cours de l'anne 1879, une baisse considrable de la nutrition se manifesta. Au commencement du mois de septembre, il se dclara une diarrhe profuse avec
qu'on ne put arrter. Le malatle refusa la nourriture, prsenta, outre des rsidus de dlire hypocondriaque nihiliste (pas de dents, ni de corps), dans les derniers jours de sa vie, des dlires d'inanition, et prit dans un marasme profond
fivre, diarrhe
le
17
septembre 1879.
normaux. Collection considrable de srosit dans La pie-mre, au niveau du cerveau frontal et parital, est trouble de faon diffuse, blanchtre et paissie, dmateuse et facile dtacher de l'corce crbrale. Les circonvolutions du cerveau antrieur sont conAulopsie.
l'espace arachnodien
Crne et dure-mre
extrieur.
096
pendyme fortement granuleux. L'corce crbrale est fortement atrophie. Le cerveau est du reste anmi, dmati et d'une consistance ferme. Les vaisseaux et les
nerfs de la base ne sont pas altrs.
Observation XCVII. Dmence paralytique primaire progressive aprs surmenage auditeur, quarante ans, mari, a t amen l'asile le S... 8 novembre 1877. Le pre est mort apoplectique, une sur de la mre tait aline, un frre du malade s'est suicid dans un accs d'alination mentale.
intellectuel.
Le malade
livrant
tait
un
homme
maux
de tte,
et
pas trs dou intellectuellement, mais trs laborieux, zl dans son devoir
ne se
aucun excs.
il
pendant onze mois excessivement surmen par les travaux il se manifesta de temps en temps des maux de tte, des malaises congeslifs et du vertige. Ce fonctionnaire qui autrefois crivait facilement ne pouvait plus faire qu'avec beaucoup de peine et d'efforts les travaux du service
Il y a trois ans de son service. A
fut
la suite
lourd. Malgr
un sjour
le
pour trouver
et des mnagements, l'insuffisance intellecLe malade, quand il travaillait, faisait des efforts terme propre et pourtant il n'arrivait plus rien terminer. Le
le
campagne
djeuner,
il
s'affaissa, pris
demeura
pendant plusieurs heures sans connaissance en prsentant des phnomnes fluxionnaires; il resta ensuite un moment tout fait confus, mais il se remit rapidement et sans conserver de phnomnes de paralysie; cependant depuis cet accident il eut une baisse norme de la mmoire et tait incapable de faire aucun
dans son service. Aprs un sjour de trois mois dans un tablissement hydrothrapique, un trouble de rlocution se manifesta et sa dbilit intellectuelle s'accentua. Vers la fin du mois d'octobre le malade sentit un froid glacial au doigt annulaire de la main gauche, froid qui gagna tout l'avant-bras. La motilit n'tait pas trouble, la sensibilit tait profondment abaisse. Le trouble (spasme vasculaire?) se renouvela plusieurs fois
travail
Le
2, il se
l'intelligence
profondment trouble,
dlirait, rageait;
heures,
il
Le 7, nouvel tat d'excitation qui l'a amen l'asile. Il ne reconnaissait pas son tat; il croyait qu'il n'avait qu'un trouble nerveux, et qu'il courait risque de devenir alin. Sa mmoire tait trs dfectueuse, son intelligence profondment trouble, son regard et sa mine dnotaient une dmence avance, sa diction tait lourde, souvent il ne pouvait trouver le terme propre et il en tait pniblement certaines syllabes taient affect. Le langage tait trs troubl quant l'articulation avales, d'autres accentues avec une force anormale et pousses comme par un effort spasmodique. Avec les mouvements articulatoires, une vive convulsion et un fort tremblement des muscles de la face se produisaient. Il y avait myosis des deux yeux. Les mouvements dlicats de la main manquaient de sret, les lignes de
:
dmarche tait raide, maladroite et lgrement chancelante quand il faisait demi-tour. Pas de troubles de la sensibilit. Pouls trs tardif. L'ophtalmoscope n'a montr en dehors d'un engorgement veineux aucun changement du fond de l'il. Les organes vgtatifs taient sains, sauf des
hmorro'ides et de la constipation.
La dmence
et le
G97
erre comme dans un rve, il se croit tantt chez lui, tantt dans un tablissement hydrothrapique. Sa mmoire est trs dfectueuse, les impressions du pass le plus rcent ne sont plus conserves. Il mle les faits anciens et les faits nouveaux. La communication des ides est devenue trs difficile par suite des phnomnes aphasiques et paraphasiques. Le malade se donne inutilement de la peine pendant des
journes entires pour faire des travaux d'criture ces efforts ne donnent aucun l'sultat, le fatiguent et l'puisent. Au milieu de cet tat crpusculaire surgissent
;
fragments de dlire des grandeurs (il est gnral, dcor, il doit de perscution (il a commis un adultre et sera traduit devant un conseil de guerre, etc.), mais ces dlires ne sont pas utiliss. Le trouble du langage varie, mais en gnral il est progressif, l'attitude devient de plus en
par-ci par-l des
aller chez l'empereur) et
plus molle, la dmarche de plus en plus raide et titubante. Parfois il se produit des accs de vertige et de congestion avec paralysie vasculaire bien caractrise, de la
fluxion, de l'incapacit parler et de l'excitation psychique qui se manifeste par
des dplacements inconscients et par des demandes imprieuses de s'en aller. Au mois de mai 1878 il eut neuf accs pileptiformes, au mois d'aot un accs apoplectique; aprs ces accs la
dmence
tels.
et le
augment
et
sont rests
Au cours de l'hiver 1878-79 se montrent pisodiquement et avec fluxion considrable des tats d'excitation gaie qui durent dix jours et qui se bornent aune opinion optimiste sur sa situation, une pousse d'ides et un besoin de mouvement continuel.
En
fvrier et en
se
montrent plusieurs
lui
reprises.
la
comme
A H
absorb, des accs pileptiformes ritrs se produisirent le soir 7 heures. heures du soir tout le ct gauche du corps tait paralys, tandis que les con-
Le 21, 6 heures du
matin,
la
mort eut
lieu.
:
Autopsie.
et paissies.
mninges sont
Les vaisseaux de la pie-mre sont trs sinueux et certains endroits fortement injects. Le sinus de la base est rempli de sang. La pie-mre est riche en sang, dmateuse. Au-dessus de la deuxime et de la troisime circonvolution frontale gauche, elle ne peut tre dtache qu'avec perte de substance. Les circonvolutions crbrales sont de forme grossire. Dans la rgion frontale et paritale
elles
Dans
la
la subs-
tance blanche du cerveau les orifices vasculaires sont bants. La surface de section
est partout aqueuse, brillante, surtout
dans
la
Observation XCVIII. Dmence paralytique chez une femme. Cause unique : Vabus du tabac. Sulitt, trente-quatre ans, non marie, fille d'un invalide, a t reue la clinique psychiatrique le 11 mars 1878. La malade n'a pas de prdispositions hrditaires; elle n'a jamais t malade, sauf une pritonite traumatique qu'elle a eu l'ge de huit ans. Elle n'a jamais accouch, n'a jamais t syphilitique, ni adonne la boisson, elle n'a jamais eu de
l'ge de
La seule cause possible de sa maladie est l'abus du tabac. On a tabli que depuis douze ans, elle a beaucoup fum et encore usait-elle des cigares les plus forts, pour la plupart des Virginia ordinaires, et jusqu' cinq par jour.
698
Dans
satisfaire sa passion.
deux dernires annes elle tait mal nourrie. Toutefois elle continuait Par suite de cet abus une faiblesse nerveuse se serait produite
souffrait de vertiges, de chaleurs la tte, de nvralgie inter-
La malade tremblait,
costale, et
commena
Il y a huit mois, elle tomba en montant un escalier, eut une contusion la joue, mais ne perdit pas connaissance. Depuis on a constat chez elle des accs de congestion accumuls, une douleur de tte frontale, une augmentation de la faiblesse de la mmoire, de la baisse de l'intelligence, de l'irritabilit. Le langage aussi devint mal assur, trbuchant, la dmarche raide, titubante; la malade devint incapable de faire ses travaux manuels
qu'ordinairement
facilement.
un grand trouble de l'intelligence, une dmence avance, une gaiet enfantine avec traces d'rotisme (elle veut se marier). La malade est fluette et anmique; le crne ne prsente pas de traces de traumatisme. Tremblement et forte vibration de la langue et des muscles faciaux, lger trmor des doigts. La pupille gauche est d'une largeur anormale, la mine dmente, les muscles de la figure sont mal innervs, le trouble de l'locution est trs avanc (trbuchement des syllabes, avalement des syllabes). La dmarche est titubante, mal assure. Pouls excessivement tardif. Aucune trace de syphilis. Pas de trouble
Lors de sa rception
elle
prsentait
fonctionnels des organes vgtatifs. Utrus en antflexion. Nombreux points douloureux intercostaux; les apophyses pineuses de toutes les vertbres dorsales sont
sensibles
mme
A
est
la
priode suivante la malade prsente du dlire des grandeurs, mais qui bientt
la
elle fait
rue X...,
dmence. Elle a une fortune de 100 millions, un palais dans la une promenade dans une voiture attele avec 20 lions et lphants; il faut qu'on se dcouvre devant elle puisqu'elle est la prieure de l'ordre des surs. Elle n'a que trois ans, elle a de trs belles robes de soie, des chevaux sells, etc. Elle a souvent une paralysie vasculaire de la figure; le 23 et le 25 mars, elle est prise de spasmes gnraux accompagns de lamentations et de cris d'angoisse, mais
dbord par
sans perte de connaissance. Dans la priode suivante la dmence progresse rapidement aphasie, langage peine intelligible qui finalement ne consiste qu'en sons
:
gutturaux
la
et
non
articuls, fort
et
de
la
langue, paralysie de
coordination gnrale.
Au mois de novembre
la tte contre le
1878,
se
non
pendant lesquels
la
malade
se
cogne
juillet,
mur. Jamais de
fivre.
ment
Autopsie (14 heures post mortem). Crne sans traces de traumatisme lgrepaissi la rgion frontale. Dure-mre rien constater; pie-mre diffuse,
; :
Cet tat s'tend aussi la base. La pie-mre est du reste fortement dmateuse, contenant peu de sang. Les lobes frontaux sont considrablement atrophis, d'une consistance extraordinairement ferme, notamment gauche. La substance corticale
lors de la section, elle contient
La substance mdullaire se resserre est dmateuse. Le ventricule est dilat, l'pendyme d'une fermet surprenante mais non granuleux. Le cur est petit, le tissu musculaire est ple, pigment en brun. Le foie est brun
est atrophie, dcolore, moiti translucide.
peu de sang
et
ple, atrophi.
La
rate est
augmente de yolume.
CHAPITRE
III
SYPHILIS CRBRALE!
fait
mention du
fait
peut provoquer des psychoses qui ne diffrent en rien de celles qui sont dues une autre cause. Outre ces cas, la syphilis peut cependant amener aussi des affections crbrales par altration des tissus du cerveau et de ses enveloppes, affections qui par suite du caractre diffus des altrations font prdominer les symptmes psychiques dans le tableau de la maladie et qui par consquent appartiennent au domaine de la psychiatrie. L'apparition de ces affections syphilitiques du cerveau se produisent quand celui-ci a t pralablement affaibli par une tare, le surmenage ou des excs de toutes sortes. Dans ces cas, la localisation dans le cerveau peut se produire de bonne heure, peu aprs l'infection. Dans d'autres cas, cette localisation ne se produit qu'aprs plusieurs annes et mme aprs des dcades d'annes par suite de l'influence prjudiciable d'une cause accidentelle, par exemple un traumatisme de la tte. Dans le premier cas, la localisation syphilitique est souvent accompagne d'un pilogue de la
syphilis dans d'autres organes; dans le dernier cas, elle apparat gnralement comme une maladie autonome. Les altrations crbrales qui sont la base de la syphilis crbrale sont trs varies et par leur localisation et par leur nature. A ct d'une priostite simple, sclrosante, sanieuse, purulente et gommeuse, d'une ostomylite gommeuse et de l'atrophie inflammatoire de Virchow caries sicca) des os frontaux, les processus en partie purement inflammatoires, en
1 LanceGriesinger, Ibid., 1860, p. 68. Wasner, Arch. der Ilellkunde, IV, p. 161. Jaksch. Prar/er med. Woclienschr., raux, Trait hist. et prat. de la Syph., Paris, 1866. Heubner, Arch. 1864, 1 52; Virchov/s Arch., XV. p. 217 et Geschiriilsfe, t. II, p. 457. Le mme, der Heilkiinde, XF. Le mme, Die luef. Ei'krankung der Hiriiarterien, 1874. Ziemssens Handbucli, XI, 1. Wunderlich. Volkmanns Samnilunfi klin. Vor(rr/e, n" 93. Schle, Sec/ionserf/ebnisse, p. 161. Esmarch et Jessen, Allfj. Zeilschr. f. Psych., 14. L. Meyer, Ibid., 18. Wille, Ibid^, 28. Westphal, Ibid., 20. Schle, bid., 28. rlenmeyer, Die litel. Psychosen, 2 dit., 1877. 'ilende\, Berlin. Jdin. Wochenschr., 1879, Rumpf, Die syph. Erkrankungeii des Xercensyslems, ^Viesbaden, 1887. 36. Fournier, La syphilis du cerveau, Paris, 1879.
700
du cerveau et des artres crbrales, sont dans ce cas d'une grande importance. Les altrations del dure-mre sont soit des pachymningites externes, soit des pachymningites internes, soit des mningites gommeuses qui se dveloppent de prfrence entre les feuillets de ces membranes et qui se terminent par des tumeurs caseuses. On trouve plus frquemment des processus spcifiques (syphilome) dans l'espace subarachnodal, processus qu'Heubner nous a montr comme des masses humides, rouge blanchtre ou gris rougetre ou grises, avec consistance glatineuse. Elles reprsentent des masses diffuses ou circonscrites, mais qui ne se dtachent jamais nettement de la substance crbrale qui est l'tat de ramollissement blanc ou rouge ces masses aboutissent probablement la dgnrescence caseuse (masses jaunes). A la convexit elles arrivent souder les membranes entre elles et avec la surface crbrale (ramollie). A la base du cerveau souvent les membranes ne sont pas atteintes par le processus qui apparat plutt comme une infiltration grise glatiniforme et dont l'aspect et l'extension ressemblent ceux d'une mningite tuberculeuse. Si une rsorption des masses syphilomateuses se produit, les mninges soudes forment comme une couenne qui persiste avec l'aspect d'une
partie spcifiques des mninges,
;
cicatrice.
Il est rare que les syphilomes soient des noplasies autonomes du cerveau; dans la plupart des cas, ils ne se rencontrent qu'en connexit avec des noplasmes des mninges. Les processus encphaliques diffus (Virchow, Schle) sont plus frquents. La circulation et la nutrition du cer-
veau subissent une autre atteinte importante par suite de l'endartrite trs frquente des artres de la base du cerveau, maladie qui a t dcrite par
Heubner
et la suite de laquelle ces artres, de prfrence la scissure de Sylviuset au corps calleux, peuvent devenir imperm>bles mais comme ces artres sont des artres terminales, il se produit facilement des pro;
alimentent (notamment noyau lenticulaire et noyau caud). Il s'y ajoute encore des altrations causes soit par des processus simplement inflammatoires, soit spcifiques des nerfs crbraux de la base (exsudats cicatriciels, syphilome). Etant donne la grande diversit des processus anatomiques et de leur
on comprend la variabilit et la diversit stupfiante des tableaux cliniques de la syphilis crbrale dans laquelle des symptmes diffus aussi bien que des symptmes de localisation peuvent se manifester successivement ou bien tre mlangs.
localisation,
Il est rare que la maladie se dveloppe d'une faon aigu et imptueuse. Presque toujours des symptmes de maladie crbrale en voie d'volution, symptmes qui se prsentent soit sous forme d'accs et localiss, soit d'une faon continue et indiquant des altrations diffuses, prcdent des mois entiers ou mme des annes la psychose. Ces symptmes ont au dbut un caractre trs vague. Outre des accs de mal de tte qui d'ordinaire
701
lit,
ct
symptmes aphasiques, de
dans une extrmit, de paralysie occasionun changement dans le caractre et rintelligence. Les malades deviennent souvent moroses, d'une irritabilit surprenante, dprims, souvent aussi hypocondriaques, tristes. Leur mmoire, leur facult de rpartie diminuent; leur capacit pour le
se produit encore
travail intellectuel baisse, ils sont plus vite fatigus; leurs sentiments s'moussent. L'expression de leur figure aussi devient indiffrente, fatigue, leur maintien mou. Ils ne supportent plus que trs mal les spiritueux, tombent certaines priodes dans une vritable lthargie pour tre ensuite tourments par une insomnie durant des semaines entires. Aprs une dure plus ou moins longue de ces prodromes, un accs de manie furieuse, de dlire hallucinatoire avec violente angoisse et hallucinations terrifiantes, ou un accs apoplectiforme ou pileptiforme, peuvent amener l'explosion proprement dite de la maladie. Aprs une rgression complte ou partielle des symptmes de l'attaque, le tableau de la dmence progressive se dveloppe ou bien celui d'une dmence paralytique. Ce n'est que dans des cas rares que ce tableau se dveloppe sous forme primaire aprs les phnomnes prodromiques. Dans cette volution d'une dmence progressive les formes les plus diverses des dlires de perscution et des grandeurs primordiaux, du dlire hallucinatoire, des tats crpusculaires et de la profonde somnolence, de la folie frntique grave allant jusqu'aux phnomnes dedelirium acutum peuvent alors faire leur apparition d'une faon intercurrente. La dbilit psychique qui est la condition causale, le grand trouble de
l'intelligence, l'apparition et la disparition
brusque du complexus symptomatique donnent ces derniers un cachet particulier et indiquent du moins la prsence certaine d'une maladie crbrale idiopathique. Erlenmeyer insiste sur le caractre partiel des dfectuosits psychiques dans la syphilis crbrale, entre autres, la perte totale de la facult faire un calcul, parler une langue trangre que le malade parlait autrefois couramment, comme si les malades n'avaient jamais eu auparavant ces connaissances'. Dans cette affection psychique les troubles moteurs ne manquent jamais. Ils offrent un mlange trs vari; ils ont en partie un caractre localis et pisodique; ils indiquent en partie des altrations
diffuses et sont continus et progressifs.
Sous le premier rapport on doit attribuer une importance particulire aux paralysies des nerfs crbraux parmi lesquelles celles de l'oculomoteur (ptosis), de l'abducteur, du grand oblique, de l'hypoglosse, et.les paralysies faciales se rencontrent avec une frquence dcroissante. Les hmiplgies
1 Schle aussi {Manuel, 3' dit., p. 397) trouve que cette idiotie syphilitique a un 1 elle se dveloppe avec une rapidit surprenante; caractre particulier, parce que 2 qu'elle prsente ct del dbilit psychique gnrale une partialit surprenante dans les dfectuosits intellectuelles et que 3 ces symptmes de lacune sont trs variables et alternent.
:
702
sout plus rares, les paralysies isoles des extrmits et enfm les paraplgies se rencontrent rarement. Comme expression des troubles diflus
dans
les
centres moteurs ou
trouve des troubles de coordination gnraux qui souvent atteignent aussi le domaine du langage et par ce fait rapprochent de trs prs le tableau
de la maladie de celui de la dmence paralytique. Dans les cas marche chronique le langage est atteint presque rgulirement. A ct des accs d'aphasie occasionnelle, de mutisme, il y a du trbuchement des syllabes, un trouble de l'locution qui est scande ou du moins bradyphasique. Dans toutes les phases de la maladie, quand elle volue comme une dmence progressive avec troubles moteurs, des attaques apoplectiques et pileptiformes peuvent se produire. Les premires vont rarement de pair avec une perte de connaissance,
laissent souvent derrire elles des paralysies (hmiplgies, aphasie, etc.;
qui cependant sont d'ordinaire incompltes et disparaissent bientt. Les attaques pileptiformes consistent en spasmes partiels toniques ou
ou bien aussi en spasmes gnraux. Elles sont souvent accumules, en sries. Il n'y a pas toujours perte de connaissance.
cloniques
Un trouble de l'intelligence qui se produit souvent aprs les attaques psychiques et motrices et que Heubner a avec raison particulirement relev, se prsente sous forme d'un tat particulier de somnolence allant jusqu'au coma ou la confusion allures d'ivresse tat dont ou peu momentanment tirer le malade, qui alors reprend pour un moment ses sens, comme un homme normalement assoupi. Ce trouble peut durer des jours et mme plusieurs semaines. Les tats que nous venons de signaler peuvent aussi se rencontrer comme troubles pisodiques et autonomes. Les causes probables de ces tats sont des troubles de la circulation dans l'corce crbrale, amens par une embolie ou une thrombose. On rencontre aussi assez frquemment une amblyopie, allant jusqu' l'amaurose pisodique et alors sans lsions notables, ou d'une faon durable et avec les symptmes d'une nvrite optique et d'une atrophie du nerf optique. Les troubles sensitifs (douleurs ostocopes, nvralgies et anesthsies dans la rgion du trijumeau, douleurs rhumatodes dans les extrmits) n'ont qu'une importance secondaire dans le tableau de la maladie. La marche de la syphilis crbrale est en somme progressive, procde souvent par secousses, des douleurs nouvelles d'un genre quelconque donnent un nouvel essor la maladie. Mais dans cette marche d'ensemble,
essentiellement progressive,
il
tmes
lich).
l'observe dans Thystrie (WuuderDes symptmes lgers et graves, forme localise ou diffuse, en combinaison bizarre et extraordinaire, se placent les uns ct des autres et rendent presque impossible le pronostic pour les jours ou les semaines qui vont suivre. La mort peut se produire inopinment par suite d'une nouvelle attaque, mais le malade peut aussi, aprs les phnomnes les plus menaants, continuer vivre. La dure totale de la syphilis crbrale varie entre plusieurs mois et plusieurs annes. La mort se produit bruset
comme on
703
quement dans une attaque et avec des phnomnes comateux ou bien par dprissement lent et dans le marasme gnral. Le pronostic est douteux. Des gurisous spontanes n'ont pas t constates jusqu'ici, mais l'art mdical intervenant temps russit dans plus de oO p. 100 des cas sauver la vie et souvent mme obtenir une gurison. Mais, dans la plupart des cas, on n'arrive qu' une gurison qui laisse une dfectuosit dans le domaine intellectuel. La syphilis imprime au cerveau un caractre indlbile fWnnderlich). Il devient moins capable de rsistance et il faut
toujours s'attendre aux rcidives.
c'est
de recon-
Malheureusement
elle
mais quand mme cette preuve serait faite, elle ne prouverait point par elle-mme la nature syphilitique de la maladie
l'existence de la syphilis
;
crbrale.
Ce qui
est
le
diagnostic, c'est
la syphilis,
que par
montrent un groupement insolite et qu'ils prsentent des variations irrgulires protif ormes. Sous le premier rapport l'apparition de phnomnes crbraux graves un ge souvent trs jeune et sans prdispositions de l'individu, ni cause occasionnelle ni maladie causale, doit veiller les soupons. Un malade s'affaisse, par exemple, apoplectique, sans avoir d'athrome ni de maladie de cur, ni de mal de Bright, etc., un autre est pris d'un accs pileptique sans aucune motivation. Quant au groupement des symptmes, le mlange des symptmes localiss et diffus, l'apparition simultane des troubles fonctionnels dans des cordons nerveux tout fait disparates et anatomiquement trs loigns les uns des autres, mritent d'tre particulirement remarqus. Ainsi on trouve, par exemple, des hmiplgies compliques de paralysie de l'oculomoteur et de l'abducteur, des hmiplgies du ct gauche combines avec de l'aphasie de l'pilepsie avec des paralysies, avec des douleurs ostocopes, des attaques apoplectiques suivies d'tats de somno;
lence.
La thrapeutique trouve ici un terrain favorable quand elle intervient temps et avec nergie, c'est--dire avec les spcifiques. Plus le diagnostic est vraisemblable, plus les phnomnes sont tumultueux et menaants, plus le traitement devra tre nergique. Dans les cas de diagnostic douteux, on fera bien d'essayer l'iodure de potassium. Dans les autres cas il faut avoir recours au traitement par les onctions, mais qu'on se garde bien de mettre le malade une dite trop maigre. Le cerveau du syphilitique ne supporte pas les traitements affaiblissants, et moins encore les saignes. Avec une bonne alimentation le traitement nergique par les onctions ne prsente aucun inconvnient. On peut le combiner avec une mdication par l'iodure de potassium ou ordonner ce
704
dernier par intervalles ou aprs la maladie. Si ce traitement par les onctions n'est pas possible, il faut recourir aux injections de sublim. Dans les cas chroniques et dont l'volution rentre plutt dans le cadre
de la dmence paralytique, c'est l'iodure de potassium qui est recommander. On peut le donner des doses quotidiennes de 8 10 grammes, en suivant le conseil d'Erlenmeyer de le donner par petites doses souvent
que possible tendues en mme temps on donne une calamus aromaticus. Dans la convalescence on recommande les toniques, une nourriture carne, le lait, etc., le sjour la campagne, les bains de mer, les cures
ritres et autant
forte infusion de
;
hydrothrapiques, l'usage continu de l'iodure de fer. Les bains sulfureux ne sont pas indispensables. Comme l'pede Damocls, un retour de la maladie est toujours suspendu au-dessus du cerveau
invalide
et intellectuelle
du
cer-
veau
est indispensable.
Observation XCIX. Syphilis crbrale forme de dmence paralytique. Amliopar le traitement antisyphilitique Exacerbation provoquant la mort. Schleger, quarante ans, sellier, sans prdispositions hrditaires, a eu, l'ge de vingt-sept ans, un chancre indur. Le traitement ne parait pas avoir t spcifique.
ration
.
On
n'a pas
pu
tablir
si
des
symptmes syphiUtiques
ment. Depuis 1870, le malade souffrait de frquents accs de vertige, se plaignait souvent aussi d'avoir la vue faible. Il y a sept mois il s'est mari. Bientt aprs on remarqua chez lui un changement de caractre, de l'irritabilit alternant avec de l'apathie, de la distraction, une diminution de sa facult de travail. Souvent il ne pouvait plus trouver le mot juste. Vers Pques de 1873 il aurait dlir pendant plusieurs jours.
Le 2 aoi^it 1873 un tat d'excitation maniaque se dclara; le 4, il y eut un affaissement apoplectiforme, mais sans qu'aucune paralysie en rsultt. Le 5 des vomisse-
ments violents se produisirent qui du 6 au lo se rptrent environ 120 fois et puisrent le malade tellement qu' moins de perdre connaissance il ne pouvait rester que couch. L'tat d'excitation maniaque persistant toujours (le malade voulait construire des maisons, partir pour l'Amrique, etc.), on dut l'amener l'asile
le 15
Il
aot 1873.
tait
profondment puis, ple comme de la cire, sans fivre. Les vomissements persistrent encore pendant quelques jours. L'intelligence tait profondment ti'ouble, son tat d'esprit tait trs anim, la marche de ses penses tait acclre; cependant le malade avait visiblement beaucoup de difficults exprimer ses penses. Il prsentait un dlire des grandeurs fantastique, spontan et alogique, comme on en voit dans la paralysie. Il voulait visiter toutes les mnageries du monde, achede gigantesques transactions la Bourse, Les mouvements des mains taient ataxiques, mal assurs, la dmarche lourde et jambes cartes, la pupille droite myo tique, les paupires suprieures taient tombantes, parsies, le muscle suprieur droit et le muscle interne de l'il taient
ter des sangliers et des lphants, faire
etc.
partiques
doubles.
et,
quand
corps
il
il
Sur tout
les
le
il
mme
temps que
il
la sensibilit
une
cicatrice
70o
comme un tendon. Au palais il existait un point blanchtre de la grandeur d'une fve, sans pithlium et entour d'un bord hyperhmique. Le malade avait
dans ces dernires annes perdu ses cheveux. Le diagnostic tablit la prsence de la syphilis crbrale et en prescrivit malgr le grand marasme le traitement par les onctions (4 grammes par jour) avec 4 grammes d'iodure de potassium par jour. En mme temps on tchait de nourrir le malade aussi substantiellement que possible et on le gardait au lit. Le dlire devenait de plus en plus dcousu; le malade ne pouvait plus discerner entre les produits fantastiques de son imagination et la ralit. L'enchanement des ides ne se faisait qu'avec difficult; souvent il lui tait difficile de trouver le terme voulu; les faits du pass le plus rcent taient aussitt oublis. Le malade disait qu'un ngre lui avait coup le cou l'aide d'un cordon fin et il demandait du fil pour le recoudra; il cherchait les plaques de fer ornes d'une couronne de comte en diamants dont M, de Bismarck lui avait fait cadeau; il se croyait comte.
Le 13 septembre on cessa le traitement par les onctions, mais on continua de donner de l'iodure de potassium (4 grammes). Au cours du mois d'octobre la syphilis buccale disparait compltement, la nutrition se relve, son crne chauve commence se couvrir d'une riche chevelure. Les symptmes psychiques ne s'amliorent pas au contraire la dbilit intellectuelle va croissant et le dlire prend un caractre alternant entre la mgalomanie et la micromanie. Le malade parle de deux millions dont on lui a fait cadeau; il se croit prince, lord, aide de camp de toutes les majests, navigue sur -des vaisseaux pousss par des arquebuses vent et qui filent avec une rapidit norme. Il est un grand magicien; il a visit le ple Nord par une voie souterraine en se glissant dans le Vsuve. Dans ses phases dpressives il a la phtisie, il se prpare la mort. Parfois il demande brutalement partir, se lance sur les gens de l'entourage pour les trangler, casse des carreaux; deux fois il a fait une tentative de suicide par strangulation la suite d'une motion enfantine cause par sa dtention.
ui
;
Du 1^"' au O novembre on applique le traitement par onctions (4 grammes), en continuant d'employer l'iodure de potassium. Le malade fait des progrs considrables pour la nutrition; ses joues se colorent. Le 21 novembre on supprime l'iodure de potassium. Malpropret passagre cause, ainsi qu'on l'a tabli, par l'anesthsie du rectum et de l'urtre. Parfois il se plaint de douleurs rhumatismales dans les extrmits infrieures. A partir du 21 dcembre le malade prend de nouveau 2 grammes d'iodure de potassium par jour jusqu'au 5 avril 1874; partir de cette date 4 grammes de sirop d'iodure de fer par jour. Au cours du mois de mars 1874 le malade devient tranquille, rang, l'intelligence
s'claircit,
il ne comprend pas comLe souvenir des faits vcus pendant sa maladie n'est que sommaire. Un examen minutieux fait cependant constater une imbcillit modre et permanente. Le malade n'arrive pas reconnatre clairement combien grave tait sa maladie, il juge avec trop d'optimisme la facult relative qu'il possde; ses rapports et ses sentiments l'gard de sa femme et de ses parents se sont mousss; en mme temps il subsiste chez lui une certaine irritabilit motive. Le ptosis et les phnomnes de paralysie de l'il droit persistent sans changements.
il
commence
ment
il
a pu dire de
telles absurdits.
On n'a pu constater des troubles du langage, de la sensibilit et de la motilit dans la priode suivante, pas plus que des phnomnes syphilitiques. Le 3 mai 1874 le malade reprend ses anciennes occupations et se montre capable de vaquer ses
affaires.
Le 10 aot 1874,
PSYCHIATRIE.
il
est de
nouveau amen
l'asile.
706
et alcooliques,
vomissements
violents,
tout fait semblable au premier, s'est produit vers la fin du mois de juillet.
Le malade prsentait au point de vue psychique le mme aspect que lors de sa l'asile, c'est--dire une grande dbilit psychique et de la confusion ainsi qu'un dlire des grandeurs monstrueux et manquant de tout jugement. Mais contrairement ce qui eut lieu dans sa premire maladie, sa nutrition tait
premire entre
cette fois excellente.
mme
faon. Cette
du traitement par les onctions et l'iodure de potassium n'a donn aucun rsultat. Le malade prsentait un trouble mimique tout fait particulier; il ressemblait un homme ivre, les muscles des joues et des lvres de la moiti gauche de la face taient souvent partiques.
reprise
partir du mois d'octobre amblyopie croissante des deux yeux, ce qui fait que malade exprime le dsir d'aller en Angleterre pour se faire poser de nouveaux yeux dans la tte . Au mois de mars 1875 se produisit un lger trbuchement des syllabes et l'habitude d'avaler les mots, qui depuis persista avec une intensit variable. Au commencement du mois d'avril, de l'ataxie et du tremblement se produisirent dans les extrmits suprieures. Le 11 mai 1875, il y eut deux accs de vertige. Au cours de l't il se dveloppa une chlorose (syphilitique) trs avance au mois de novembre il y eut passagrement rtention d'urine et des vomissements. Au mois de dcembre, le langage devient hsitant, ralenti, et manque tout fait dans les accs" d'motion. Les syllabes taient incorrectement accentues et souvent pousses comme par un effort. Des paralysies vasculaires dans la rgion du sympathique du cou se montraient aussi trs frquemment. Un ptosis se produisit la paupire suprieure de l'il gauche. Pendant cette longue priode il existait au point de vue psychique une dmence progressive et un dlire des grandeurs tout fait dcousu. Le malade dclarait tre un saint il aurait dcouvert un nouveau
le
;
;
continent travers
le
firmament,
il
il
tait le cuisinier le
plus habile et en
mme
Au cours de
Une profonde anmie et la difficult des mouvements imposrent la ncessit de maintenir le malade presque toujours au lit. Le trouble d'locution augmenta tellement que parfois, par suite du trbuchement des syllabes et du bgaiement, le malade ne pouvait se faire comprendre. Il s'y ajouta encore une aphasie amnestique. Au point de vue intellectuel il existait une dmence profonde avec des restes du dlire des grandeurs. Il prtendait avoir 7 vies, 7 parties gnitales et un ge de
77 millions d'annes. Les dieux viendront
disparatra.
partir
rtention d'urine,
le chercher ici dans sept jours et alors du mois de mai il avait par moments des vomissements, de du mtorisme avec phnomnes de collapsus.
il
la
Vote crnienne et dure-mre rien mninges sont excessivement tendres, l'exception de lgres opacits le long des grands vaisseaux au niveau du lobe parital et des paississements blanc jauntre de la grandeur d'un grain de mil de la pie-mre au niveau des lobes temporaux. Par contre, la base, les mninges, notamment droite, sont trs troubles et paissies. Le nerf oculomoteur droit a peine la moiti du volume du gauche et on est oblig de le sortir par une opration de l'arachnode
:
paissie. Les autres nerfs de la base sont intacts. L'artre vertbrale et celles
de
la
707
comme
la base et
du ct droit ainsi que le commencement de la basilaire sont mais nulle part impermables. Partout, la convexit mme l o la pie-mre n'est ni trouble ni paissie, il y a des
lobe frontal.
Les circonvolutions du lobe frontal sont partout trs petites et certains endroits enfonces et aplaties. L'coi'ce crbrale est trs amincie, gris jauntre, ramollie, imbibe de srosit. Le cerveau est du reste trs anmi, humide, luisant, et se
recroqueville sur la surface de section. Les vaisseaux sont dilats, les orifices vasculaires
et
remplis de
Toutes
du cadavre sont
la
le
trs anmies.
la surface piglottique
gauche infrieure
membrane muqueuse
nique. La pointe du
poumon gauche prsente un aspect cicatriciel, elle est poumon droit est l'tat d'hpatisation
porte intacte
;
en outre
grise.
La du
Le
mais sur
la surface antrieure
il
y a une callosit
le
parenchyme.
Pour
le
Observation
Walz, employ,
le
amen
l'asile
le
27
diagnostic
de dmence paralytique. Le malade est issu d'une famille de nvropathes excentriques. Le pre passait partout pour un alin. A l'ge de vingt-deux ans, le malade
contracta un chancre indur qui fut suivi de phnomnes syphilitiques gnraux. Le traitement semble avoir t spcifique, mais peu nergique. Un an aprs l'infection, un accs apoplectique s'est produit et a laiss derrire lui une paralysie faciale. A la priode suivante on n'aurait plus observ aucune trace de syphilis; cependant le malade tait souvent atteint de mal de tte, ne pouvait supporter l'alcool et se fatiguait vite par le travail intellectuel. En 1873, l'occasion de l'exposition universelle de Vienne, il aurait, dit-on, fait beaucoup d'excs in potu et Venere, il aurait t la suite de ces excs nerveux, trs agit et, pendant une longue priode de temps, priv de sommeil; il se serait ensuite remis dans un tablissement hydrothrapique. Il y a trois ans, une paralysie faciale du ct droit s'est produite. Le malade, dit-on, aurait cette poque bgay et zzay pendant quelque temps. L't de 1873, une poque o le malade tait trs surmen intellectuellement, de l'insomnie et une baisse rapide de la nutrition se sont produites. Au mois de mars 1876, le malade changea au psychique; il devint bizarre, irritable, distrait,
oublieux. Par
moments
il
tait anxieux,
fort inquiet de
il
son avenir;
il
craignait
Au mois de mai
1876,
de nouveau;
le
malade devint
l'asile,
au
bruit.
il est lgrement congestif, comme s'il tait ivre, avec lgrement dmente dans la physionomie et avec une ne reconnat pas l'endroit o il se trouve; le lendemain il
et
semaines
l'asile;
il
oublie
un moment aprs
les visites
T08
pour
le
pass
le
plus recul.
il
Il
priode de temps
tait incapable
trompait en comptant de l'argent, dans ses calculs, etc. Il est incapable de rpter son clocution est trouble, ralentie, les phrases un peu longues qu'on lui dicte
,
lgrement hsitante. Sa langue s'avance en tremblant; dans les mouvements mimiques et articulatoires les lvres aussi tremblent et des convulsions fibrillaires se montrent dans les muscles de la figure; la moiti droite de la figure, notamment la
bouche, est partique l'il gauche il se produit un lger ptosis et une parsie du muscle droit infrieur. Les pupilles sonl de grandeur moyenne et gales; elles ragissent promplement. Les mouvements des extrmits manquent un peu de sret; souvent de lgres convulsions se produisent. La dmarche est lgrement chancelante, maladroite, les jambes cartes. L'examen le plus minutieux ne peut
;
fait
un peu d'engorgement des veines; droite la moiti extrieure de la papille est gristre, terne (dme). Le malade est hyperesthsique pour les bruits; il dort peu. lierre comme en rve avec une notion trs vague des lieux et du temps; souvent il demande brns(jucment partir; plusieurs reprises il est pris d'une motion douloureuse et enfanline parce que sa femme ne vient pas le voir et qu'il est oblig, ici, dans la prison, de passer son temps attraper des mouches. Une autre fois il se lamente durant des heures parce qu'il est ruin et qu'on le traite avec du poison. Il est un homme perdu; qu'on lui apporte un cercueil pour qu'il puisse se coucher dedans. * Oh! que c'est dur d'tre condamn mourir sans pouvoir revoir sa
On
lui
fait
donn
les antcla
dose
progressivement jusqu' 6 grammes par jour jusqu' ce que l'acn iodiqne symptmes d'une lgre intoxication se manileslent.
et des
Dj, vers le milieu du mois de juin, l'intelligence s'claircit et les troubles moteurs baissent. La suite de l'observation est interronii)UC par le fait qu'on retire brusquement le malade de l'asile le 4 juillet 187G. Lors de sa sortie, il prsentait encore un lger degr de dbilit psychique, une locution maladroite et de lgres convulsions ainsi qu'un petit tremblement des muscles faciaux. Je dois l'obligeance de M. Birnbacher, directeur de l'asile, des renseignements complmentaires sur le malade. Bientt aprs son dpart de l'asile, un accs apoplecliforme s'est produit et fut suivi par une forte rgression des fonctions psychiques et une parsie hmilatrale, e L'homme tout entier tait comme un enfant imbcile et inepte. Au bout d'une demi-anne il s'est remis au point qu'il put tout d'abord faire un travail de copiste et bientt aprs des travaux faciles de rdaction. Depuis deux ans il travaille comme avocat et a une clientle assez nombreuse. Sauf sa lgre dmence, on pourrait parler d'un tat psyciiique intact.
CHAPITRE
(IMBCILLIT
lY
DMENCE SNILE
SNILE)
'
cerveau subit une mtamorphose rgressive qui ne reprpartiel du processus gnral de l'volution physique. Tandis que ce dernier se manifeste vgtativement comme marasme snile, laltration organique du cerveau se fait sentir par un changement dans la nature intellectuelle et le caractre de l'individu. L'homme dont le cerveau vieillit devient plus circonspect dans ses opinions et ses jugements; son pouvoir d'assimilation intellectuelle n'est plus aussi grand, son imagination aussi vive et aussi chaude que dans sa jeunesse les opra-
Avec lge,
le
sente qu'un
phnomne
mmoire
la
au contraire,
Le vieillard
innovations;
vit
il
de prfrence dans le pass; il est conservateur, se mfie des devient goste et laudator temporisacti (LegrandduSaulle).
choses ne s'en tiennent pas ce changement snile du de dbilit intellectuelle progressive se dveloppe, tat
Souvent
caractre
;
les
un
tat
qui peut aller jusqu'aux stades extrmes de l'imbcillit. A cette constatation clinique de la dmence snile correspond anamitoquement une atrophie des hmisphres crbraux avec athrome simultan des artres crbrales. Celte atrophie est toujours plus nette sur les circonvolutions frontales, circonvolutions dont les contours sont effacs
dans
tire
la
et
dont
la
sur
jaune.
par atrophie, anvrismes capillaires). Outre l'tal d'atrophie crbrale, on voit encore des paississements compensateurs de la boite crnienne, des collections de srosit dans l'espace arachnodien et dans les ventricules, de la pachymningite
Marc, Recherches cliniques sur la dmence Durand-Fardel. Maladies des vieillards. Wille, Ibid., Giin^, Zeitschr. f. Psych., 30, p. 102. md. de Paris. 1863. Weiss, Psychosen des Seniums, Wien. med. Presse, 1880, 9. 30, fasc. 3.
snile, Gaz.
710
externe et interne, de l'dme de la pie-mre; souvent aussi il y a, soit comme phnomnes tiologiques, soit comme complications, des maladies
localises sous
et
de ramollissement (enc-
phalite athromateuse).
Ainsi donc l'atrophie peut tre primaire ou bien elle peut se produire par suite de processus localiss, notamment quand ils sont multiples. Les phnomnes prodromiques de la maladie sont ceux du changement snile du caractre, qui s'accentuent de plus en plus et font apparatre surtout l'gosme, l'avarice, la mfiance, l'irritabilit, les lapsus judicii et mmorise (surtout pour les faits du pass le plus rcent). Souvent il s'y
ajoute des accs de vertige, d'apoplexie ou des accs pileptodes, de la
promenades nocturnes. Dans d'autres cas un relchement surprenant des sentiments, thiques se manifeste et, l'excitation sexuelle aidant, il se produit alors de graves atteintes aux bonnes murs, atteintes dont les victimes sont surtout les enfants. Aprs une dure plus ou moins longue de ce stade prodromique, le tableau du dlire de perscution snile ou celui de la manie snile peut se dvelopper et mener la dmence, ou bien cette dernire se dveloppe immdiatement, comme dmence primaire progressive, au stade prodromique. Alors les troubles de la mmoire se dveloppent rapidement et effacent surtout les souvenirs du pass le plus rcent, mais parfois mme ceux des choses vcues pendant les dernires annes, de sorte que les malades ne vivent que dans le pass le plus recul. Un trouble profond de l'intelligence touchant la fois et galement les notions de temps et d'espace, se fait sentir. Les malades se trompent de chemin et s'garent ils ne peuvent plus
lthargie ou de l'insomnie avec
;
dans leur propre maison, ils garent leurs effets et croient ensuite qu'on les leur a vols, ils prennent les objets d'autrui, etc. Dans la marche des conceptions il y a incohrence et confusion l'tat d'esprit devient instable une gaiet et des rires enfantins alternent avec des phases de dpression douloureuse souvent nuance hypocondriaque et allant jusqu'au tasdium vitae. Les malades se promnent la nuit comme dans un rve, fouillant sans rime ni raison dans leurs effets, cassent par maladresse tout ce qui tombe sous leurs mains, ne peuvent plus retrouver leur lit. La cause de cette hantise nocturne est souvent due des sentiments d'angoisse, des ides brusques de perscution et des illusions des sens. Dans ce tableau de la dcadence intellectuelle, des tats d'excitation mlancolique et maniaque ainsi que des dlires de perscution peuvent
s'orienter
la
dans
rue
et
mme
apparatre
comme phnomnes
d'autres
pisodiques.
et
il y a assez pileptiformes qui sont amens
,
Comme
soit par des foyers d'apoplexie et de ramollissement, soit par un trouble pisodique de la circulation et un dme localis. Conscutivement
ces accs,
localises.
il
facial,
hmiplgie)
malades deviennent
idiots, apathiques, malpropres, goinfres, et arrivent une paralysie psychique progressive ainsi qu' une paralysie motrice gnrale.
711
La marche de la dmence snile est chronique, se prolonge des annes; cependant il y a des cas rares o la marche est aigu et ne dure que quelques mois '. La mort se produit dans la plupart des cas la suite de complications crbrales, de pneumonies ou aussi d'affections de la vessie, du dcubitus, de diarrhes colliquatives. Au poiut de vue thrapeutique nous sommes impuissants en face du processus de dgnrescence qui est la base de la maladie. Tout ce qu'on peut faire c'est de nourrir le mieux possible le malade et de stimuler la circulation (vin). L'inquitude, de prfrence nocturne, du malade parat tre un phnomne d'inanition relative, car un dner abondant et l'usage des spiritueux produisent souvent un effet calmant. Dans les cas o les narcotiques sont indiqus, c'est l'opium qui se recommande comme sdatif et comme hypnotique, tandis que l'emploi de l'hydrate de chloral n'est pas sans inconvnients, tant donn l'tat fragile des vaisseaux et la dgnrescence graisseuse du cur qu'on rencontre dans la plupart des cas.
M.
Observation
X...,
CI.
Mlancolie snile.
Terminaison par
la
dmence
snile.
Depuis banquier, soixante-cinq ans, a t reu le 13 juillet 1864 le mois de mai on avait constat chez lui des symptmes d'une mlancolie avec tdium vitse et une agitation dvorante, des ides dlirantes nihilistes d'tre ruin, de ne pouvoir plus rien payer. En mme temps il existait un grand trouble de
l'asile.
Tintelligence et de la faiblesse de la
qu'il a fait des btises,
mmoire, parfois
escroqueries.
il
commis des
Lors de sa rception, mlancolie agite avec grand trouble de l'intelligence; tte chaude, rouge, congestionne. Inquitude tourmentante qui poussait le malade se
frotter et s'corcher le corps.
Grande rsistance douloureuse, plaintes qu'il ignore ce qui se passe autour de lui, que sa mmoire est bouleverse, qu'il ne sort pas d'un dilemme continuel de conceptions de contraste, qu'il ne sait plus rien de ce qui se passe dans le monde extrieur (trouble de la conscience et perception entrave). En mme temps dlire tout lait fragmentaire, exclamations continuelles Mais pour l'amour de Dieu, qu'est-ce que j'ai donc fait"? (pousse d'ides avec incapacit de terminer une srie de conceptions. A ce tableau d'une mlancolie agite, dvorante, avec grande confusion et trouble profond de l'intelligence, s'ajoutent la malpropret, le refus de manger et un dlire nihiliste. 11 se croit mort, incapable de courir, un tre de travers, vide, constip, pass l'tat de pourriture ses excrments sont arrts dans
: ;
son corps; tout l'univers est sens dessus dessous, tout est de la farce et de la btise, tout n'existe que pour la forme, tout est faux, tout est perdu, il n'y a plus aucun lit, plus de nourriture, les plats ne sont que des excrments de chats, qui ont dj t mangs. Il a perdu la mmoire; il est devenu un autre individu. Ces conceptions dlirantes indiquent un trouble profond de la conscience de soimme et du monde extrieur; elles sont expimes par fragments et dites sans cesse d'une voix monotone et sans aucune motion profonde. On a pu noter bien distinctement une alternance rgulire entre les journes relativement tranquilles et les journes relativement agites; aux dernires phases le malade tait tout la nga-
fbrile des
vieillards
(Virchow), voir
son
319.
712
ainsi
le
grattage continuel. Par-ci par-l plaintes de maux de tte, de vertige; il a la tte chaude, rouge par moments il entend des voix accusatrices et sent des odeurs puantes qui produisent en lui l'illusion que tout est pass l'tat de pourriture.
;
Vers la
fin de 1864, l'motion se relcha tandis que mais d'une manire de plus en plus fragmentaire
continuaient
et
sourds et troubls, les artres rigides. Au cours de l't de 1866, un marasme avanc s'est dvelopp au mois de juin un hmatome de l'oreille, au mois de juillet une furonculose gnrale. Au mois de mars 1867, le malade, en tat de dmence avance avec des restes de dlire nihiliste sans motion, a succomb une pneumonie. Crne un peu lourd, substance Autopsie (vingt-quatre heures post mortem).
;
osseuse compacte, dure, cassante; diplo disparu. Dans certaines parties des os frontaux et paritaux il existe des ostophytes du volume d'un grain de pavotSutures compltes. La dure-mre adhre solidement au crne, comme feutre sa
Sa surface intrieure est couverte de nomembranes formant plusieurs couches et ayant une couleur de rouille. Dans le sac arachnodien il n'y a que quelques gouttes de srosit. La pie-mre est anmie; au niveau du lobe frontal elle est dmateuse; au niveau du lobe postrieur droite elle est injecte d'une manire frappante; l'corce crbrale qui se trouve au-dessous est pulpeuse, ramollie;
surface.
en faisant une incision on lui trouve une couleur gris blanc; une zone de 3 centimtres environ de la substance blanche sous-jacente l'corce est galement gris blanchtre et ramollie (encphalo-malacie blanche). La pie-mre se dtache facilement de l'corce crbrale et n'est paissie nulle part. La premire et la seconde circonvolution frontale ainsi que la circonvolution antrieure et postrieure du lobe central sont profondment enfonces et aplaties. La couche corticale des hmisphres est partout d'une couleur jauntre, translucide la substance blanche, notamment dans le lobe postrieur, prsente des vaisseaux dilats. Les ventricules ne
;
un peu
paissi.
Les carotides sont athromateuses un degr trs avanc, avec ossification partielle, de mme l'artre basilaire, avec dilatation cirsode certains endroits. Les autres
parties du cerveau ainsi que la moelle pinire ne prsentent pas d'altration visible.
Le lobe infrieur du poumon droit est l'tat d'hpatisation grise. La valvule mitrale est paissie, retracte, les valvules de l'aorte sont athromateuses, mais suffisantes.
jaune brun, graisseux sur les sections transversales. A la il y a une plaque grande comme une pice de deux francs, rude, dure comme de l'os, athromateuse, des plaques similaires mais
Le myocarde
est
plus petites se trouvent sur l'aorte descendante. Le gros intestin est rtrci, gros
comme
un doigt
pouces au-dessus de l'anus et dans une longueur d'un demi-pouce. Atrophie crbrale; encphalite du lobe crbral posDiagnostic anatomique trieur droit; pachymningite interne; pneumonie croupale droite; athrome des
six
du cur.
Klug, artisan, soixanteObservation CIL Dmence snile. Manie intercurrente. dcembre 1875, a eu une sur aline et a t en 1848 maniaque pendant quelques semaines. C'tait un homme travailleur, rang dans ses affaires, et qui a su gagner une fortune assez considrable. Au cours de l'anne 187o, le malade devenait oublieux, distrait, mfiant, avare. Il souffrait souvent de malaises
urinaires (hypertrophie de la prostate).
partir de ce
sommeil;
il
se
promenait
tort
et travers,
il
n'eut plus de
713
lascives les
Quand
droit de jouir de la
vie sur ses vieux jours, et qu'il devenait tous les jours plus jeune et
A
est
mieux portant. du 10 dcembre, 7 accs pileptiibrmes se produisirent. Depuis le malade plus agit, plus remuant; il fait des projets sans aucun plan; ivrogne, gaspilleur
partir
11 nourrissait le projet de fonder des brasseries grandioses, de faire faire de grandes constructions, de faire btir des rues entires qui devraient porter son nom. Un jour il coupa tout d'abord les ailes aux oies de sa ferme, ensuite la tte et
d'argent.
il
finit
par menacer
les
membres de
sa famille.
Il
fut
amen
la clinique.
Lors de sa rception, le malade tait congestif, avait les yeux brillants, les pupilles myotiques.Tout d'abord il ne reconnaissait pas sa situation; il se plaisait chafauder des projets insenss; il importunait le personnel fminin de la maison et
devenait
mme
obscne;
il
Son caractre puril, ses motions superficielles, ses lapsus judicii et mmorise, une grande facilit oublier ainsi qu' se laisser dtourner d'un sujet, ont donn au tableau de la maladie, d'ailleurs maniaque, le cachet de la dbilit psychique. Au physique il prsentait, outre une fluxion bien nette la tte, des phnomnes de senium avanc, des artres rigides trs sinueuses, de l'emphytance, sans sommeil.
sme.
Le malade paraissait avoir vaguement les notions du temps et des lieux. Il dormait peu la nuit, faisait du vacarme dans la chambre, cherchait ses effets, ne pouvait les trouver, errait comme en rve pendant la journe, btissait des chteaux en Espagne tout l'hpital tait lui; il voulait le transformer en un palais. A part un lger tremblement des lvres il n'y avait pas de troubles moteurs.
trs
:
symptmes d'une
pendant laquelle
brusquement
mme
agressif contre le
A la suite du traitement par les bains et les injections de morphine (2 fois par jour 0,01) l'agitation diminua au commencement de janvier 1876. Le malade passait des nuits tranquilles, corrigeait lui-mme ses projets exubrants et montrait mme des traces de reconnaissance de son tat.
La dbilit psychique se manifesta alors encore plus nettement, surtout par des motions douloureuses puriles qui se produisirent parce qu'on ne lui permettait pas de rentrer dans sa famille. Vers la fin du mois de janvier, on put enfin le l'endre sa famille dfinitivement calm, mais prsentant des signes bien nets de dcadence intellectuelle.
Observation
trois
Clll.
Dmence
Miclosch, soixante-
il
mme
l'asile. Depuis devenu oublieux, distrait, dans son logement; garait ses
tait
duisit.
le
y a quatre mois, un accs apoplectilbrme se promalade tait devenu inquiet, mfiant, manifestait pi-
sodiquement du dlire d'empoisonnement, craignait les voleurs, tait souvent la nuit anxieux et sans sommeil. La dbilit intellectuelle faisait de grands progrs, les notions de temps et de lieux taient souvent trs troubles, et de frquentes oppressions la poitrine, des difficults de la respiration, du mal de tte, du vertige, de la faiblesse croissante des jambes ont t interprts par le malade en partie dans un sens hypocondriaque, en partie comme des menes hostiles son gard.
714
Peu de temps avant son entre l'asile il se produisit chez lui un dlire d'empoisonnement prononc; il accusait les membres de sa famille de vouloir attenter ses
jours;
il devenait de plus en plus agit dcida l'amener l'asile.
et finit
le
Le malade prsente l'image parfaite d'un marasme snile. Les artres sont rigides, pouls est irrgulier, interrompu, les lvres cyanotiques; il a de l'dme aux pieds et aux paupires, la matit du cur est considrablement augmente, le premier battement la rgion tricuspide est remplac par un bruit. Le malade est
taines; sa
trs dbile intellectuellement;
mmoire
du pass
le
plus rcent.
il
On peut facilement
le
il
est puril,
pleurniche. La nuit
anxieuse, craint les voleurs et les assassins et ne peut souvent retrouver son
Il
on a voulu l'empoisonner. Il a vu les membres de sa famille jeter de l'arsenic blanc sur son assiette. Il n'a pas senti le got du poison, mais il en a reconnu les effets dans ses malaises physiques multiples (causs par une affection organique du cur) et par le fait qu'il ne pouvait plus dormir.
raconte que chez
lui
montrait souvent de la mfiance, refusait de prendre les mdicacontenaient de la poudre insecticide vnneuse, refusait la nourriture parce qu'on y avait mis de l'arsenic; mais ont vient facilement bout de sa rsistance. On lui met souvent aussi quelque chose dans les plats pour qu'il ne puisse plus dormir. Les gens de sa famille le perscutent mme ici. C'est en employant la ruse qu'ils l'ont amen ici, pour pouvoir le dpouiller et dtourner
l'asile aussi
il
ments parce
qu'ils
moments, surtout
les ides dlirantes
la nuit,
il
dans sa conscience. Il crie au secours et pleure comme un enfant. Frquents accs de vertige. Baisse progressive de la mmoire et obnubilation crois-
sante de la conscience.
A partir du milieu de dcembre, il se produit une suffocation considrable et un dme gnral avec phnomnes de faiblesse cardiaque. Le 2b dcembre, la mort se produit avec les symptmes d'un dme pulmonaire.
Autopsie.
et
A la surface basilaire des lobes gauches de l'occiput et de la tempe, il y a un foyer encphalitique, tendu, rempli de srosit trouble et recouvert de la pie-mre; ce
foyer va d'un ct jusqu' la moiti intrieure de la troisime circonvolution tem.porale, de l'autre ct jusqu'au pdoncule postrieur et
dernier.
L'artre
tissu conjonctif et se
perd dans
le foyer.
de long, jauntre, calleux, occupe la moiti de forme le second sillon frontal; un troisime, analogue au deuxime et de la grandeur d'un sou, se trouve au point o la circonvolution angulaire gagne la seconde circonvolution occipitale, un quatrime dans la fissure calcarine. Le cerveau est du reste dmateux, anmi. Le cur est doubl de volume, la paroi gauche du ventricule est paissie. Les valvules de l'aorte et les
foyer, de 3 centimtres
la circonvolution transversale qui
Un deuxime
de l'aorte est
Le myocarde
SIXIEME PARTIE
ARRTS DE DVELOPPEMENT PSYCHIQUES
Dans chacune des phases que le systme nerveux central doit parcourir avant d'atteindre l'apoge de son dveloppement individuel, des circonstances peuvent intervenir qui entravent son dveloppement ou l'arrtent compltement. D'ordinaire ce phnomne se produit au dtriment des capacits de l'organe psychique et les atteint gravement. L'ensemble des dfectuosits et des lacunes qui en rsultent dans le domaine psychique est
dsign ordinairement par l'expression d'entraves dans
psychique.
11
le
dveloppement
dans un ensemble clinique toutes ces insuffisances psychiques, car on se trouve en prsence d'une immense varit de facults dont l'altration diffre en nature, en intensit et de plus se produit aux diffrentes phases chronologiques da dvelopest trs difficile d'apprcier et d'envisager
dans l'un
c'est la
domine par
l'autre
clinique
il
faut considrer
comme
processus de la pense, la facult de conclure et de juger (raison) sont peu prs pargns. Mais l'individu est priv de ce qu'on appelle en gnral l'intelligence, c'est--dire qu'il ne peut pas acqurir ni utiliser les principes fondamentaux et les vues d'ordre moral suprieur et par suite rationnels comme leitmotives d'un effort tendant un but comme condition
que
les
fondamentale de
la
la
comprhension
claire
716
de la valeur, de limportance et des devoirs de l'existence individuelle dans la socit. Cette forme d'insuffisance psychique, beaucoup plus bnigne en ellemme, prend au point de vue pratique et social un caractre beaucoup plus grave, car la dfectuosit morale suppose un manque d'indpendance intellectuelle allant jusqu' l'incapacit d'acqurir une position sociale et de s'y maintenir. Au point de vue anatomique aussi les cas d'idiotie morale apparaissent comme plus bnins, car les troubles crbraux qui en sont la cause ne doivent pas tre ncessairement macroscopiques ils ont rarement une importance tratologique et n'arrtent jamais le dveloppement de la vie psychique, mais ils ne font que l'atrophier ou bien encore ils lui donnent une tournure perverse (comme transition aux dgnrescences psychiques).
;
CHAPITRE PREMIER
IDIOTIE INTELLECTUELLE
Sous cette dsignation gnrale nous pouvons comprendre tous les tats de dbilit intellectuelle congnitaux on qui se sont produits d'une faon primaire la priode du dveloppement de l'organe psychique. Ces insuffisances psychiques reprsentent cliniquement une srie continue de formes qui de la nullit intellectuelle vont jusqu'aux tats d'imbcillit qui se rapprochent du degr de la pleine sant mentale. Comme sous-division de l'idiotie il faut noter des tats de dbilit intellectuelle congnitale dans lesquels, probablement par suite d'influences particulires, la dgnrescence physique suit une marche parallle dans son intensit et dans son extension avec le trouble psychique. Ces tats sont appels crtinisme. Ils constituent donc un genre particulier d'idiotie. Comme varit tiologique particulire, nous devons noter le crtinisme
alpin.
la
naissance;
Dans les annes qui suivent la naissance jusqu' la pubert. 1. Parmi les causes qui ont agi au moment de la procration ou pendant la vie utrine on doit citer tout d'abord certains facteursqui sigent dans le germe de la procration et qui amnent la dformation du cerveau ou du crne. Ces difformits consistent dans une synostose anormale et prmature des sutures crniennes dont la consquence est une entrave du dveloppement crbral, ou bien dans des arrts de dveloppement autonomes de cet organe ou de certaines de ses parties importantes pour l'accomplissement des phnomnes psychiques.
Les facteurs importants dans l'origine de l'idiotie et qui proviennent des procrateurs sont, d'aprs les constatations de la statistique l'pilepsie, les maladies crbrales, notamment les psychoses, les mariages consan:
Ruer et de Flemming, il peut arriver que des parents sans aucune tare procrent des idiots, quand le cot gnrateur a eu lieu en tat d'ivresse. Commes influences moins nettement tablies on peut admettre l'puiguins, l'ivrognerie. D'aprs les expriences de
:
718
sment intellectuel des procrateurs, l'inanition, les degrs avancs d'anmie, les motions de la mre pendant la grossesse, les branlements du
corps maternel, notamment les traumatismes de l'abdomen. La syphilis peut aussi avoir une influence; c'est du moins ce que nous apprend le cas rapport par Guislain [Leons orales, II, p. 93) un homme, pendant une cure mercurielle contre la syphilis, procra un enfant idiot ds son
:
enfance, tandis que tous les enfants procrs avant et aprs par individu taient bien portants et normaux intellectuellement.
les
le
mme
Malgr ces influences nuisibles rsidant dans le germe, il se peut que maladies crbrales qui en rsultent et qui mnent lidiotie ne se dveloppent qu'aprs la naissance, avant la troisime ou la septime
anne.
En dehors de
encore citer
il
faut
qui en grande partie sont la cause du crtinisme endmique et alpin. L'influence pernicieuse de certaines rgions telluriques est encore conteste. Les principales rgions o ce mal
les influences telluriques
grandes chanes de montagnes de notre plante tels sont en Europe les Alpes, en Asie l'Himalaya, en Amrique les Cordillres. Ces influences agissent dj pendant la vie ftale et non pas seulement aprs la naissance, cela est prouv par l'observation que le crtinisme se transmet aux descendants; mme dans les cas o l'enfant a t procr et lev loin de la rgion endmique, le mal est lgu bien que sous une forme dj attnue la descendance pendant plusieurs gnrations jusqu' ce que,par unloignement assez prolong de la rgion endmique et par le croisement avec des familles saines, les dernires traces du crtinisme disparaissent graduellement. Le croisement de la race seul ne fait pas disparatre le crtinisme; pour arriver ce rsultat il est absolument ncessaire que la famille s'loigne de la rgion endmique. Cela est corrobor par le fait que des individus tout fait sains qui immigrent dans une rgion endmique peuvent procrer des crtins. D'ailleurs un couple de crtins au plus haut degr ne donne pas de descendants, car les hommes sont presque toujours impuissants et les femmes ordinairement striles. Quand le crtinisme existe l'tat endmique il est srement l'expression de facteurs dgnratifs dont les traces se manifestent aussi dans la population non crtine par une plus courte dure moyenne de la vie, par une plus petite capacit au travail intellectuel et physique, par la dcroissance de la fcondit, par l'augmentation du pourcentage des difformits, des maladies nerveuses et mentales (Zillner). 2. Lors de la naissance, les traumatismes peuvent agir sur le cerveau de l'enfant et mener l'idiotisme tels par exemple les lsions dues un bassin trop troit, les accouchements au forceps, la chute sur la tte en sortant des parties gnitales de la femme dans le cas d'accouest
les
endmique sont
chement prcipit
*
'.
Mitchell,
juillet 1862.
Ramsbotham,
Ibid., 19 juillet.
719
les
la
influences que
naissance, dans
encore
il
Journal, avril 1866, p. 933) a trouv que chez 2 p. 100 de tous les idiots de l'Ecosse, la maladie a d tre attribue des causes extrieures parmi
lesquelles les lsions de la tte tenaient le premier rang.
chez des enfants dont la maladie a d tre exclusivement attribue une chute sur la tte.
Sans doute il y a aussi les miasmes qui se forment dans les demeures des proltaires des grandes villes par suite du manque de lumire et
soleil par suite de la malpropret du trop grand nombre de personnes entasss dans un mme logement, et ces miasmes peuvent sporadiquement produire l'idiotie et le crnitisme. Comme autres causes on peut citer les hyperhmies du cerveau qui se produisent par enveloppement de la tte, par le sommeil auprs d'un pole chaud, par l'abus des opiacs et de l'eau-de-vie comme moyens hypnotiques (Griesingerj. Viennent ensuite s'y ajouter le manque de soins, la malpropret de l'enfant qu'on ne nettoie pas, une alimentation insufTisante, les puisements de l'organisme de l'enfant par des influences de toutes sortes, enfin les maladies aigus graves, notamment les exanthmes aigus qui amnent des complications crbrales, ensuite l'pilepsie et la masturbation pratique de trop bonne heure. Chez les individus affligs d'une tare hrditaire, une maladie crbrale qui se dclare sans aucune cause extrieure (hyperhmie, dme inflammatoire?) peut encore l'poque de la pubert arrter le dveloppement du cerveau et causer une rgression dans le dveloppement psychique. Il reste alors un tat durable d'imbcillit et
de
mme
d'idiotie.
Quant aux processus pathologico-anatomiques de l'idiotie, on peut dire en gnral qu'ils ont rarement une marche aigu, mais dans la plupart des cas une marche chronique, et qu'ils consistent en troubles congestifs, inflammatoires ou en troubles de nutrition du cerveau, en mningites et souvent aussi eu inflammations du crne. Un tat uniforme des organes centraux n'existe pas dans ces tats, pas mme dans le crtinisme alpin; mais en gnral on peut formuler comme thse que les causes du crtinisme consistent primo loco en anomalies du
crne.
l'idiotie
atrophie
gnrale ou partielle du cerveau d'origine hyperhmique, inflammatoire, foyers de ramollissement du cerveau, extravasats mnings, hydropisie de
l'arachnode, hydrocphalus interne. Ces hyperhmies sont souvent dues
agents caloriques (coucher prs d'un pole chaud, chambre trs chaude, touffante, enveloppement trop chaud de la tte, insolation) ou des obstacles dans la respiration et la circulation dans les maladies des organes de la respiration et de la circulation (coqueluche) les extravasats
des
;
720
mnings
ils
synostoses prcoces.
L'examen microscopique des cerveaux didiots a jusqu'ici tabli une atrophie des ganglions de la couche corticale avec trouble de la masse intermdiaire des ganglions; gne de la circulation de la couche corticale par oblitration des petits troncs vasculaires capillaires qui entrent direc:
tement dans les veines. Si nous examinons de plus prs ces divers processus macroscopiques et microscopiques, nous trouvons tout d'abord comme entraves au dveloppement crbral ou comme rsidus des maladies prcdentes 1 Exigut anormale de tout le cerveau dans toutes ses dimensions. Ici il s'agit d"un simple arrt de croissance, d'un cerveau en miniature qui d'ailleurs est bien proportionn dans toutes ses parties, mais qui parfois peut tre ingalement dvelopp dans certaines parties. On trouve aussi des cas o avec un volume convenable il existe une grande pauvret de circonvolutions corticales. La cause de cet arrt de croissance du cerveau in toto peut souvent tre ramene une ossification primaire et prmature du crne mais on rencontre aussi des cas o les sutures restent ouvertes et o la cause de l'arrt de croissance sige dans le cerveau lui-mme. Dans ces cas, le crne est souvent paissi un degr anormal ou bien il y a hydrocephalus ou encore sclrose du
: ;
cerveau.
En
gnral
le
dveloppement du cerveau
et celui
souvent indpendamment l'un de l'autre. 2 Des cerveaux avec atrophie partielle. L'atrophie peut ici atteindre les lobes antrieurs, les lobes postrieurs, mais il peut s'agir aussi d'un retard dans le dveloppement de l'un des hmisphres crbraux par suite d'une synostose semilatrale du cerveau, d'un dveloppement incomplet originaire ou de phnomnes encphalitiques et apoplectiques. Les autres l'atrophie de la moelle allonge, la grandeur lsions qu'on constate sont
:
ingale et l'asymtrie
ouvert.
2'^
des rgions basilaires. Parfois l'atrophie atteint la moelle pinire. Alors il se peut que le canal mdullaire reste aussi
convolutions
La porencphalie S c'est--dire les cas o une grande partie des ciret du centre semi-ovale manquent, de sorte qu'on peut voir
le
librement
de srosit abondante renferme dans une poche ou dans un rseau des mninges intrieures. Parfois le crne aussi est bomb et vsiculeux en cet endroit. Ce processus semble provenir non pas d'un arrt de dveloppement mais d'une maladie destructive (gnralement fatale). Dans ces cas
il
y a ordinairement paralysie
*
et
contracture du ct oppos.
18.59.
Kundrat,
721
4" Absence de certaines parties du cerveau, telles que le cervelets la glande pinale, la trabcule -. 5 Une lsion qu'on constate trs frquemment, c'est l'hydrocphalie congnitale ou acquise dans les premires annes de l'enfance, notamment avec fontanelles ouvertes et macrocphalie. Elle est dans la plupart des cas primaire, parfois secondaire et in vacuo par suite de l'atrophie de cer-
taines parties
6'^
du cerveau.
Des processus encphalitiques, localiss ou diffus, surtout avec sclrose du cerveau conscutive et avec atrophie des rgions atteintes. Ces processus se rencontrent dj dans la vie ftale et aprs la naissance jusqu' la cinquime anne. Alors lidiotie est habituellement accompagne de parsie semilatrale, de contracture, souvent aussi d'pilepsie
(Griesinger).
Dans
les cas
s'tre
bien dvelopp, a t
mais est devenu idiot, il faut surtout admettre comme causes a). Des processus congestifs et mme inflammatoires des mninges qui laissent facilement comme rsidu une hydrocphalie -^ h). De l'encphalite qui, aprs l'volution du stade aigu, accompagude gonflement crbral, a arrt le dveloppement des rgions atteintes. L'existence de ces derniers processus doit tre admise surtout quand une moiti du corps est retarde dans sa croissance, quand des spasmes, des
:
Les cas
sont rares o
le
Baillarger, Robiuj.
8 Plus rarement on trouve comme unique anomalie une abondance surprenante de substance grise avec un dveloppement mme htrotopique de cette dernire ^ des endroits qui l'tat normal n'en ont pas, par exemple dpt mdullaire sur les hmisphres. Les anomalies qui atteignent le crne sont ou secondaires, ainsi qu'on les a indiques jusqu'ici, ou primaires. Les premires sont occasionnes par un arrt de dveloppement du cerveau dans sa totalit ou dans certaines parties. Les sutures du crne se ferment alors avec une prcocit anormale et s'ossifient, ce qui produit des atrophies du crne gnrales ou partielles. Les anomalies primaires du crne qui nous intressent surtout ici concernent la calotte crnienne, ou la base du crne, ou bien toutes les deux. Elles sont bases sur un arrt de la croissance des os par suite de troubles inflammatoires de la nutrition au niveau des sutures (Virchow, Welker) avec la synostose prmature qui en rsulte, ou sur insuffisance de nutrition des os crniens par oblitration prcoce de leurs vaisseaux (Gudden).
2
^
Sander, Arch.
V.
f.
Psych.,
I,
p. 128.
XI, p. 424.
Virchow,
Simon.
Meschede.
46
PSYCHIATRIE.
722
L. Meyer rend {Archiv. fur Psycli., V, p. 1) avec raison les processus rachitiques responsables d'une partie de ces anomalies crniennes. C'est ces processus que sont dues dans la suite les sclroses les plus varies
du crne avec ou sans synostose des sutures, selon la nature du phnomne tiologique (doliclio-lepto-sphno-klino-brachy ou
et les difformits
oxycphalie).
de dveloppement du crne est gnral et gal dans tous les sens, il se produit une simple microcphalie dans laquelle le crne reste bien proportionn. Mais si elle n'atteint que la calotte crnienne et non la base du crne, alors une forme toute particulire de la tte et du corps
Si
l'arrt
le type dit Aztque. Ce sont des de la vie intellectuelle se dveloppe microcphales qui, tout en restant petits, ont des formes bien proportionnes et parfois mme lgantes. La racine du nez est dans la plupart des cas trs haute, de sorte que le front fait une transition directe avec le
et
nez (Griesinger).
Gratiolet a examin quelques cas o il existait un tout petit crne avec des os trs pais et des synostoses la vote crnienne; par contre la base
du crne tait trs peu ossifie, les os basilaires taient presque entirement cartilagineux, le rocher et l'ethmode dpassaient leur grandeur
normale, l'espace qui logeait le cervelet tait trs tendu dans tous les sens. Par suite, le cervelet, la moelle allonge et la moelle pinire taient trs dvelopps, de mme les organes de sens et leurs nerfs, tandis que la surface du cerveau prsentait parfois moins de circonvolutions que celles du cerveau de l'orang-outang. Aussi la vie intellectuelle rpondait ce dveloppement norme des rgions crbrales qui servent plutt aux transmissions motrices avec atrophie des centres psychiques cause par l'agrandissement compensateur de la base du crne. Ce sont des tres trs vifs qui se meuvent avec la facilit de l'oiseau et dont les mouvements sont bien coordonns. Ils sont d'une humeur gaie, faciles mouvoir, curieux, mais trs capricieux, presque entirement privs de la facult d'attention et d'un esprit faible bien que quelques-uns d'entre eux sachent parler correctement. Griesinger les compare des oiseaux, et en effet certains d'entre eux rappellent la physionomie de l'oiseau par leur tte troite, basse ou courte, leur nez pointu racine trs leve et leurs yeux mobiles. Tout fait l'oppos de ces cas on rencontre la synostose basilaire produite par une ossification primaire prmature des symphyses de la base du crne, forme qui est de prfrence mais non exclusivement particulire au crtinisme endmique et alpin. Ainsi qu'on le sait, il y entre les os a trois disques cartilagineux dans la vie ftale, savoir cuniformes antrieurs et postrieurs et entre l'os cuniforme et l'os basilaire. Les deux premiers sont assez insignifiants et s'ossifient normalement peu aprs la naissance. Le cartilage qui existe entre l'os cuniforme et l'os basilaire ne s'ossifie qu' l'ge de quinze ans et chez certains individus mme l'ge de vingt ans, de sorte que la base du crne a au moins quinze ans pour s'accrotre. Si cette ossification se fait trop tt, elle produit une
:
723
la moiti de la priode crne crtiueux extrieur, c'est--dire une flexion plus forte de la base du crne vers le haut, un angle de jonction plus petit entre l'os cuniforme et l'os basilaire fcypliose sphno-
n'est
de
qui produit
un clivus plus prononc. en rsulte une physionomie trs caractristique et diamtralement oppose au type d'aztque, c'est--dire un nez retrouss avec racine trs enfonce et trs large, des yeux trs loigns l'un de l'autre, des orbites larges, mais peu profondes, des os zygomatiques et des mchoires avances (prognatisme).
dale),
Il
est
que
le
le
dveloppement du cer-
veau antrieur et moyen (Griesinger). La synostose tribasilaire est donc le point de dpart an atomique de cette forme spciale de crtinisme, notamment pour le crtinisrae alpin cependant ce n'est pas l'unique difformit crnienne qui puisse occasionner le crtinisme alpin toutes les autres formes possibles peuvent amener le
; ;
mme
rsultat.
Avec ces obstacles vont de pair d'autres anomalies du squelette ainsi que des dgnrescences d'autres parties du corps. Parfois on trouve une taille de nain, cause, ce qu'il parait, par une ossification trop prmature des cartilages piphysaires. La tte est d'ordinaire plus grande que ne le comporteraient les proportions du corps en gnral les traits de la figure sont vieillots la tte est pose sur un torse petit, moyenne, souvent enfantine; en mme temps on voit des lvres paisses, des paupires rides, un nez retrouss, large et enfonc profondment sa base; le corps est boursoufl et rid par suite de l'hypertrophie de la peau et du tissu graisseux. Ordinairement il existe aussi une dgnrescence goitreuse de la glande thyrode. La vie psychique a alors, contrairement celle du type aztque, un caractre apathique, torpide; les oprations intellectuelles peuvent tre rduites
;
langage peut manquer absolument. et des crtins doit tout d'abord tenir compte des troublesdes fonctions essentielles et importantes du domaine psychique.
zro;
le
Il
le
degr de l'infirmit
En somme, on peut
(imbciles) et de
mme
distinguer des idiots complets et des demi-idiots des crtins complets et des demi-crtins. On pour-
une subdivision en prenant comme signe distinctif du langage, critrium le plus important du dveloppement intellectuel. Ainsi Krauss distingue' 1 Comme degr le plus prononc de l'idiotie, l'tat insens o le lan:
Der
Crel'tn.
f.
vor
Gerlcht,
1853.
V.
Kussmaul,
p.
220.
Meyer, A7'ch.
P.fych., V, p. 4.
724
gage fait compltement dfaut ou est rduit au bgaiement de quelques sons inarticuls. :2 L'idiotie le langage est peu dvelopp, le vocabulaire trs restreint et limit uniquement aux mots de la sphre des besoins matriels les plus
:
primitifs.
4''
Hbtude
le
il
s'lve dj la
born aux conceptions sensorielles. langage devient plus riche et se rapproche de celui l'homme normal; mais il est pauvre et plein de lacunes aussitt qu'il de s'agit des notions mtaphysiques. Pour notre tude clinique, il suffit parfaitement de distinguer deux degrs celui de l'idiotie o la formation des conceptions abstraites (notions et jugements) manque totalement et par suite les mots qui y correspondent celui de l'imbcillit o cette capacit existe dans une mesure restreinte, mais o elle n'atteint jamais la hauteur et l'ampleur qu'on
qualitatif enfantin et
5''
L'imbcillit
le
moyenne des hommes normaux. Symptmes psychiques. Les oprations intellectuelles manquent presque compltement dans les formes les plus prononces de l'idiotie. La perception des impressions sensorielles se limite aux objets qui servent satisfaire les besoins de l'alimentation ce n'est que le besoin matriel de
rencontre chez la
faim qui dcide ces organisations infrieures un mouvement instinctif priv de tout but conscient. L'instinct gnital est absent ou n'est que rudimentaire. La satisfaction de l'instinct de la nutrition est le centre de tous les faits psychiques. Au lieu d'un effort conscient et qui se rattache un but conu, il n'y a qu'une impulsion motrice qui ne se manifeste que par suite d'une stimulation venue du dehors ou par suite d'un trs puissant besoin matriel, et que tout au plus le dressage, l'exercice et l'habitude rendent capable de travaux mcaniques. L'idiot reste dans un repos paresseux puisque les mobiles de mouvela
ment
lui
manquent.
;
il ne se forme aucune borne de purs mouvements rflexes et des actes automatiques auxquels s'ajoutent tout au plus une certaine impulsion motrice et l'instinct de nutrition. Mais dans la satisfaction instinctive de ce besoin, l'idiot n'est pas mme capable, comme l'animal, de choisir sa nourriture. Il porte sans choix sa bouche tous les objets qui lui tombent sous la main. Ces organisations infrieures sont absolument comme l'enfant nouveau-n incapables de s'aider en quoi que ce soit. Elles mourraient simplement de faim, si elles n'taient pas l'objet de soins. L'absence des stimulants donne aussi l'idiot d'un niveau plus lev un cachet caractristique dans tout son maintien qui est flasque et sans nergie ce maintien est en partie caus par le fait que ses muscles extenseurs sont moins innervs que chez l'homme normal. Mme sans qu'il y ait des paralysies ou des insuffisances musculaires, la dmarche et le
Au
conception sensorielle,
moteur de
la vie se
7?5.
maintieu ont pour cette raison quehiue chose de lourd, de maladroit, et d'incertain. Quelque dilrents que soient les degrs de l'idiotie, la limite qui la spare de l'imbcillit consiste toujours dans le fait que ses conceptions remplies de lacunes ne peuvent pas se dtacher de l'lment sensitif ni tre utilises pour la formation de conceptions abstraites comprhensibles, ni pour la formation des jugements et des notions. La reproduction des images mentales que l'individu s'est formes d'une manire quelconque, est incomplte et n'a lieu que par suite d'une stimulation extrieure ou d'un besoin matriel qui se fait sentir. Toutes les conceptions se droulent dans ce cas d'une manire machinale, telle qu'elle a t forme originairement. L'idiot parfait est incapable de tout mouvement motionnel; il est priv de compassion, de sentiments sociaux; il n'prouve pas mme le besoin de vivre en socit il bnficie seulement des bienfaits de la vie sociale sans en avoir aucune comprhension thique. Dans un seul cas, la raction devient possible quand sou moi prouve un besoin et subit un prjudice. Alors il ragit par de violentes explosions de colre qui peuvent devenir trs puissantes et se manifestent avec une brutalit qui dpasse de beaucoup le but. Ces explosions ont tout fait l'aspect de paroxysmes de fureur, dans lesquels la conscience disparat et dont l'individu ne se souvient plus aprs l'accs. Parfois des explosions de rage et de fureur spontanes et mme priodiques se prod'instable
;
duisent sous l'influence des hyperhmies fluxionnaires du cerveau, notamment quand les dimensions du crne sont rduites.
Les insuffisances de
imbciles.
l'activit
psychique
se
les
la
Dj l'activit sensorielle prsente des dfectuosits, car chez l'imbcile perception des impressions des sens est plus lente et beaucoup de per-
ceptions sensitives lui chappent. Il en rsulte fatalement que le nombre des images mentales est moins grand puisque les images perues par les sens ne sont pas utilises compltement comme chez l'homme normal, l'association et la reproduction s'accomplissant avec plus de paresse et
et
le
juge-
choses abstraites ne vise qu'un ct, n'est pas clair et est fortement influenc par l'autorit d'un tiers. L'imbcile est crdule, il est facilement dupe; il n'a pas d'opinion personnelle, mais s'appuie sur celle
les
ment dans
et
des autres. L'essence intime, les rapports subtils des choses lui chappent il est incapable, quand mme il aurait saisi le ct juste d'une chose,
la
de
Son vocabulaire
sphre matrielle qui lui est adquate. La tendance inne chez l'homme normal rechercher la raison et l'essence des choses et de leurs changements manque compltement l'imbcile il accepte les choses telles qu'elles sont ou bien il montre tout au plus une sorte de curiosit stupide.
;
726
un but lui sont trangers. Toute son existence est absorbe par la satisfaction des besoins matriels ordinaires del vie; il n'a pas le temps et encore moins l'envie de s'occuper des choses abstraites qui l'ennuient et qui lui cotent une fatigue dpassant ses moyens ordinaires. La mme insuffisance se montre aussi dans le domaine thique. L'imbcile est fatalement goste, exagre souvent la valeur de sa personne et de ses travaux et par l il provoque les railleries des autres, devient la cible de leurs plaisanteries, comme cela arrive si souvent dans la socit. Le bien ou le mal de son prochain ne le touchent pas; seuls les prjudices qu'on lui cause produisent des motions tumultueuses qui alors dpassent facilement la limite normale. Ses motions joyeuses passent l'tat d'une gaiet folle, ses motions dpressives en s'accentuant engendrent la rage ou la confusion qui succde facilement l'motion de la peur et dgnre en terreur. L'imbcile peut tre un membre utile la socit, car il fait bien un travail appris et habituel et s'en acquitte mme trs bien si ce travail est purement machinal, parce qu'il y met toute son attention et que rien ne peut l'en dtourner. Mais ce travail il le fait machinalement, sans tre capable de le modifier ni de combiner ou de produire quelque chose de nouveau. Il n'a pas d'ides lui, pas d'ides nouvelles; il vit du mince bagage de connaissances et d'expriences qu'il s'est acquises au prix de beaucoup de peine. Pour cette raison fatalement il n'a pas l'activit, la spontanit, les efforts mthodiques et visant un but de l'homme normal un lger obstacle suffit pour le jeter dans la perplexit, car il ne peut pas le surmonter, et, ne pouvant penser par lui-mme, il suffit souvent de lui dconseiller une chose pour faire chouer les efforts de sa volont, comme d'autre part l'autorit d'un tiers peut facilement l'amener faire tout son possible et
L'intrt intellectuel suprieur, l'effort vers
;
mme
place, il y a les jugements moraux des autres qu'il simplement appropris de mmoire et qu'il reproduit automatiquement. Presque toutes les notions esthtiques, religieuses et judiciaires ne sont que des efforts de mmoire et des rminiscences de l'cole qui, de plus, ne se prsentent, le cas donn, qu'avec des lacunes et des retards.
A leur
il
comme
c'est le cas
chez
l'homme normal.
C'est toujours
un mouvement
demi conscient
et l'ins-
piration d'une conscience qui utilise les jugements moraux des autres. Voil pourquoi le repentir d'un acte illgal que l'imbcile peut par hasard
commettre
n'est jamais
que
superficiel.
Un phnomne
maux, pour
comparables
l'instinct
de certains ani-
727
tant plus que le reste de la vie intellectuelle n'en est que plus infrieur.
Ces capacits se rencontrent surtout sous forme d'un talent remarquable la mcanique, le dessin, la musique. A ct de cette adresse artistique isole, on voit encore des cas o il existe une mmoire tonnante pour les
pour
mots ou pour les chiffres. Jamais ces dons isols ne se rencontrent dans l'idiotie accidentelle, mais uniquement dans l'idiotie produite par des causes hrditaires dgnratives.
Symptmes somatiques. A ces troubles des fonctions psychiques s'aun grand nombre de cas, d'autres troubles fonctionnels dus aux lsions des organes centraux. Dans le domaine des organes suprieurs, on trouve souvent de l'amblyopie, cause par l'atrophie du nerf optique ou la rtinite pigmentaire, ensuite de la duret de l'oue, une olfaction incomplte fdans certains de ces cas on
joutent, dans
La sensibilit de peau aussi est souvent mousse au point de devenir anesthsique. Souvent on rencontre du strabisme, caus quelquefois par un spasme, plus souvent par une paralysie des muscles oculaires pour les muscles du langage, il y a souvent bgaiement. Des troubles moteurs trs varis et provoqus par une cause centrale se rencontrent dans les extrmits ainsi a). Des spasmes, tantt partiels et limits aux orteils, au bras ou la jambe tantt gnraux et ayant les allures de la chore. On rencontre aussi de l'athtose dans ces cas. Les spasmes pileptiformes sont frquents. Ils peuvent avoir deux significations. Ou bien ce sont des symptmes rattachs l'infirmit psychique et produits par la mme cause anatomique ou bien l'pilepsie est la maladie primaire qui a amen l'idiotie. bi. Comme contractures on trouve: pied bot spasmodique, tte dvie, etc. Des phnomnes de paralysie spinale spasmodique ne sont pas rares non plus et peuvent, dans la plupart des cas, tre ramens la polienca trouv le bulbe olfactif atrophi; et le got incomplet.
la
;
; : ;
phalite (porencphalie
c).
Les tats paralytiques sont frquents. d'idiots infrieurs ne peuvent ni se tenir debout, ni marcher chez d'autres il y a difficult maintenir l'quilibre pendant qu'ils marchent. Souvent on trouve aussi des rsidus de polimylite antrieure sous forme de paralysie flasque avec atrophie musculaire, avec rflexes teints et disparition de l'excitabilit lectrique. La paralysie spasmodique due l'hydrocphalie est plus rare. d). A citer enfin les mouvements automatiques et obsdants qui se rencontrent encore, ainsi que les troubles allures de chore qui, selon Schle, devraient tre considrs comme l'expression de phnomnes d'excitation directe des centres psychomoteurs incompltement dve-
Beaucoup
lopps.
rations. Elles
Les fonctions sexuelles chez les idiots prsentent aussi de profondes altmanquent compltement chez les idiots infrieurs les par;
728
ties gnitales
y a impuissance
et
respectivement
strilit.
Chez
Chez
moyens
La taille de nain, la langue paisse, charnue, les lvres en bourrelets, les mauvaises dents se cariant vite, signes qu'on rencontre ordinairement dans la forme endmique, peuvent tre rattachs des anomalies trophiques
d'origine centrale.
Sur
la
observ que de
Chez
qu'on
les
rencontre
chez
les
sauf
avec conceptions dlirantes. La dmence paralytique aussi est rare dans cette catgorie. Les mlancolies, notamment les psychoses
l'alination
terrifiantes, sont frquentes.
la
les
La conscience mlancolique est objective avec une frquence particulire dans le sens des ides dlirantes caractre religieux ou dmonomaniaque; la panphobie, notamment lors de l'entre l'hpital ou l'asile, est un fait tout fait ordinaire. Les mlancoliques imbciles se rassurent difficilement, supportent mal l'isolement qu'il faut pour ce motif autant que possible viter. Etant donn leur trs mince bagage intellectuel, les psychoses avec dlire systmatique (mlancolie, paranoa) n'offrent, au point de vue clinique, qu'une matire trs pauvre de plus, les imbciles n'ont pas Tlocution assez dveloppe pour pouvoir exprimer d'une manire satisfaisante leur tat de conscience. Les psychoses des imbciles se rsolvent plus lentement et plus difficilement que celles des individus bien dvelopps. La conscience parait se ressaisir plus difficilement aussi bien dans ses conditions organiques que physiologiques, et le traitement psychique trouve un champ d'action non moins tendu. Toutefois le pronostic est ici plus difficile. Dans les cas o une rsolution de la maladie se produit, la nostalgie qui apparat avec la convalescence force souvent de relcher prmaturment le malade, comme le moindre des deux maux. Marche et pronostic. Quant la marche, on ne peut rien dire en gnral, tant donne la grande varit des processus anatomiques qui sont la
;
base de
l'idiotie.
Souvent les processus sont antrieurs la naissance ou datent des premiers temps de l'existence, ne progressent pas, et laissent derrire eux une idiotie stationnaire. Quand l'idiotie se dveloppe la suite de l'pilepsie ou de l'hydrocphalie, elle a souvent une marche progressive et les accs pileptiques isols ou les rsidus des hyperhmies inflammatoires constituent les degrs par
lesquels la vie intellectuelle est
amene
sa ruine complte.
729
La maladie crbrale causale mne rarement par elle-mme la mort, qui ne se produit que par suite des complications conscutives de l'hydrocphalie, des hyperhmies aigus, de l'atrophie crbrale, de la mningite, etc. mais, en gnral, les idiots n'atteignent pas un ge avanc, car chez eux le cerveau est un locus minoris resistentiaB et en gnral leur force de
;
rsistance physique est beaucoup plus faible que celle des individus qui ne sont pas atteints de cette infirmit. Le crtinisme endmique permet encore d'atteindre un ge assez avanc,
nanmoins de trouver des crtins arrivant soixante une amlioration durable de la maladie a lieu. Il s'agit probablement de cas lgers, causs par l'anmie, par l'puisement d au surmenage intellectuel et physique ou la masturbation. La gurison de l'idiotie est a priori inadmissible, car Thrapeutique. il s'agit ordinairement de maladies du cerveau ayant volu et contre lesmais
il
ans. Parfois
ne peut tre question d'un essai maladie est due une syphilis constitutionnelle ou l'pilepsie, quand elle est l'expression d'un puisement fonctionnel ou lorsque des troubles crbraux manifestes l'ont fait reconnatre ds le dbut. Alors les moyens hyginiques et mdicamenteux peuvent avoir un rle. Les essais faits pour amliorer avec les iodures l'idiotie hydrocphalique n'ont donn aucun rsultat. Bien entendu, dans les soins qu'on donne aux enfants, il faut tenir compte, dans l'intrt de la prophylaxie, de toutes les causes numres dans l'tiologie. La prophylaxie pourrait raliser les plus belles esprances quand on se trouve en prsence du crtinisme endmique. Outre l'loignement du lieu de l'endmie, dplacement qui, dans tous les cas, protge la descendance, mais qu'on peut rarement mettre excution, il s'agit essentiellement de supprimer, par l'amlioration des conditions telluriques, atmosphriques et hyginiques, les causes de cette dgnrescence gnrale. En effet, les efforts faits pour amliorer l'instruction populaire, habituer le peuple une plus grande propret, pour desscher les marcages, etc., ont donn sous ce rapport des succs considrables'.
quelles la thrapeutique arrive trop tard.
Il
la
Pour
il
s'agira ordinairement
de former
et
de
dresser mthodiquement et pdagogiquement les pauvres lments de la vie intellectuelle pour obtenir une existence psychique et sociale passable
rendre par l un grand service la socit, la famille et l'individu lui-mme. Cette mission difficile appartient aux tablissements d'idiots qui rpondent d'une faon mritoire ce besoin public.
et
' Nous ne rappelons que les expriences faites par Tourdes Strasbourg o, aprs la rgularisation du ilhin et le desschement des marcages de la contre, le nombre des crtins, autrefois si grand, est tomb un chiffre trs minime.
CHAPITRE
II
IDIOTIE MORALEi
(folie morale,
moral insanity)
Il y a des individus qui, bien qu'ils aient t levs au milieu d'un peuple trs civilis et qu'ils aient eu facilement l'occasion de bnficier
que l'homme normal civilis, acqurir des conceptions thiques (y compris les principes religieux et esthtiques) s'en servir pour se former des notions et des jugements moraux et les utiliser
arrivs, ainsi
facult intgrante chez les hommes au niveau du dveloppement moderne, est un cerveau infrieur ab origine dans sa constitution, dfectueux. Cette opinion est puissamment appuye par le fait que tous les eforts d'ducation, dploys par l'cole et la famille, pas plus que la triste exprience acquise plus tard dans la vie par un individu organis de cette faon, ne sont capables d'exercer la moindre influence salutaire sur sa conduite et ses sentiments
civiliss
leurs actions.
thiques.
C'est que la cause est de nature organique et qu'il faut, pour ces tats de dfectuosit congnitaux, la chercher habituellement dans l'hrdit parmi et surtout dans l'alination l'pilepsie de l'ivrognerie et
,
l'ascendance.
En
on observe des tats semblables chez des individus qui auparavant jouissaient compltement de leurs sens au point de vue thique et chez lesquels par consquent la dfectuosit est acquise. La dfectuosit est alors occasionne par des causes graves ou par des
intellectuelle,
' Grohmann, AVw^e's Zeifschr., 1819, p. 162. Prichard, T ralise on insanltu. 1842. Morel, Trait des dgnrescences, 1857. Le mme, Trait des mat. ment., p. 401, 540. Solbrig, Verbrechen und Wahnsinn, Munich. 1867. V. KrafTt, Friedreichs Blfter, 1871 (avec liltralure complte). Le mme, Verhreclien mut WaJinsinn, Allg. deutsche Stra-
frechtsztg., 1872. Stolz. Allg. Zeitschr. f. Psych., 33. fasc. 5 et 6. onent., 1876, fasc. 5 6. Tamassia, Ibid., 1877, p. 550. Gauster, llJe anne, n 4.
Livi,
^^'ien.
731
processus de dgnrescence du cerveau, soit par les phnomnes prodromiques, soit par les phnomnes accessoires de ces influences ou de ces processus. Les conditions tiologiques de la dfectuosit morale acquise sont les altrations anatomiques et fonctionnelles du cerveau telles que les
produisent
les lsions
la
graves de
du cerveau,
La
folie
dmence paralytique,
le
l'ivrognerie,
les
nvroses constitu-
morale atteint
noyau
le
laisse presque intacte la formation des jugements intellectuels sur l'utile et le prjudiciable, elle rend possible la critique et les conclusions logiques, fait qui masque pour les profanes le dfaut de tous les jugements moraux et de tous les sentiments thiques et qui fait paratre l'alin cliniquement sinon thiquement comme un homme
Comme elle
marche
la
immoral
exprim
tiennent
et
mme
le
criminel.
Stoltz (op.
cit.),
Ainsi que
dmontre
leur
Rgiomontanus
et
a dj
en lo31
l'ide qu'il
y a des
hommes mchants
immoraux qui ne
mchancet d'eux-mmes, que pourtant les juges que l'observateur des sciences naturelles du xvi'" sicle avait attribu l'influence des astres (natre dans le signe de Vnusj, notre poque cherche l'expliquer par les conditions anormales de l'organipas
livrent au gibet. Ce
sation individuelle.
En Allemagne, Grohmann (1819; est problablement le premier qui ait admis une dgnrescence thique de cause organique et il l'a dsigne sous le nom d'insanit morale congnitale ou idiotie morale. Une premire
tentative de description clinique et de dlimitation de la maladie a t faite
par Prichard (1892). C'est Morel qui a donn la signification tiologique de cet tat morbide comme tat dgnratif gnralement hrditaire. Les recherches cliniques de Brierre, Falret, Solbrig et autres ont complt nos connaissances sur la folie morale. En essayant d'esquisser en quelques traits les signes cliniques de cet tat de dfectuosit particulier, nous noterons comme un phnomne frappant et qui donne la maladie son caractre gnral, une insensibilit morale plus ou moins grande, une absence de jugements moraux et de notions thiques la place desquels rgnent les jugements de l'utile et du nuisible formuls par des oprations de logique pure. Sans doute les prescriptions des lois de la morale peuvent tre apprises par cur et reproduites mnmoniquement, mais si jamais elles pntrent dans la conscience, elles ne sont pas annotes par des sentiments et encore moins par des motions; elles restent comme des conceptions ptrifies, mortes, un poids inutile pour la conscience de l'individu dfectueux qui n'en sait tirer ni des motifs ni des contre-motifs pour ses actes. Avec cette dyschromatopsie morale , cette alination des sentiments altruistes (Schiile) la civilisation, l'ordre moral et public n'apparaissent que comme une barrire gnante pour les sentiments et les
732
efforts gostes, ce
amne fatalement
est
la
ngation
et
mme
la
noble
et
mouvements du cur,
leur absence d'amour
ces misrables
de tous
filial et d'affection pour leurs parents, par l'absence sociaux et sociables, par leur froideur de cur, par leur indiffrence pour le sort de leurs plus proches parents, par leur
les instincts
pour toutes les questions de la vie sociale. Naturelne sont point sensibles l'apprciation morale ni au blme d'autrui; ils n'ont aucune motion de scrupule ou de repentir. Ils ne comprennent pas les convenances; la loi n'a pour eux que la signification d'une ordonnance de police et le crime le plus grave leur parat, leur point de vue particulier et infrieur, comme apparat l'homme en pleine possession de son sens moral, une simple infraction un arrt de police. S'ils entrent en conflit avec un individu ou avec la socit, leur simple froideur de cur et leur ngation font alors place la haine, l'envie, la rancune et, tant donn leur idiotie morale, leur brutalit et leur absence d'gards ne connaissent plus de limites. Cette dfectuosit thique chez ces individus organisation infrieure les rend la longue incapables de se maintenir dans la socit et en fait des candidats pour les maisons de correction, les prisons ou les asiles d'alins. Ils n'arrivent dans ces lieux de dtention qu'aprs avoir t, enfants, par leur paresse, leurs habitudes de mensonge et leur vilenie, la terreur de leurs parents et des instituteurs; jeunes gens, par leur penchant au vagabondage, la dissipation, aux excs, aux vols, la honte des familles, la plaie des communes et des autorits, pour devenir ensuite la croix des maisons d'alins et les incorrigibles des prisons. A ct de cette absence des sentiments thiques altruistes qui fatalement engendre chez eux l'gosme, on trouve comme trouble motif une grande irritabilit motive qui, jointe au manque de sens moral, entrane aux plus grandes brutalits et aux cruauts et favorise mme l'explosion des motions pathologiques. Sur le terrain intellectuel le malade parat sain aux yeux de celui qui
d'intrt
manque
lement
ils
considre
la pense, la L'absence des ides dlirantes et des hallucinations dans le tableau de la maladie a t galement relev par Prichard. Malgr cette absence, ce qui est plus, en dpit mme de toute la ruse et de l'nergie dployes quand il s'agit de raliser leurs efforts immoraux, ces dgnrs sont tout de mme des dbiles intellectuels, des improductifs, incapables de suivre une vritable carrire, de dployer une
comme
dcisifs la
une aptitude dfectueuse pour l'instruction, ne voyant les choses que par un ct, bizarres dans leurs ides et d'un jugement trs born. Chez ces tres atrophis au point de vue moral, la dfectuosit intellectuelle ne manque jamais. Beaucoup d'entre eux sont prcisment des imbciles. Non seulement ils ne comprennent pas le caractre immoral de leurs faits et gestes, mais ils ne sont pas capables
activit systmatique; ils ont
733
et prjudi-
ciable leurs propres intrts. Malgr toutes les preuves de ruse instinc-
donnent, ils tonnent par le fait qu'ils ngligent en mme temps plus lmentaires de la prudence en commettant des actes criminels. Ces hommes dfectueux ne sont pas seulement irraisonnables, mais ils manquent aussi de sens pratique. Leurs travaux intellectuels les plus levs sont toujours dfectueux, mme quand ils possdent peu prs ce qu'on appelle vulgairement la raison. Ils n'ont pas certaines ides
les rgles les
que la facult de reconnatre le but de la vie. Ce fait se manifeste aussi dans les affaires d'argent. Ils connaissent la valeur de l'argent comme monnaie, mais non pas sa valeur et son importance dans les intrts matriels et sociaux. Ils le gaspillent et le dpensent en friandises comme des enfants. De ces dfauts rsulte fatalement le manque d'efforts vers un but dtermin. Sur le terrain des conceptions, il faut relever, outre l'incapacit de se former des conceptions thiques et de les associer pour en composer des
fondamentales
et les correctifs, ainsi
et la signification
le
manque
et intellectuelle se montre dans l'incapacit complte se conduire et se contrler soi-mme. En gnral, ces dgnrs se distinguent par leur mollesse et leur paresse intellectuelle qui n'est vaincue que lorsqu'il s'agit de satisfaire leurs
dsirs
immoraux
;
et criminels.
la
Ils
moraux. Le vagabondage,
favorites
le travail
leur fait
mendicit horreur.
occupations
Dj l'acte libre
ceptions morales,
non pas
libres
est, par suite du manque ou de l'inexcitabilitdes contomb chez eux au niveau des actes arbitraires mais moralement, et leurs yeux atteints de ccit morale les
commandements
les
plus levs de la
loi
morale
et
fait
et
de la justice ne sont
incomprises.
mouvement par
cerveau
Ils
les
soit
simplement bizarres,
immoraux
:
et criminels.
le
carac-
Comme des instincts naturels sont la cause des peuvent encore revtir un cachet de perversit. Tel est le cas notamment pour l'instinct gnital dont les perversions se rencontrent habituellement sur la base de la folie morale. Comme il s'agit ici d'tats de dgnrescence individuels, les phnomnes cliniques sont excessivement varis et se drobent une diffrenalcooliques et sexuels).
actes, ces instincts
ciation dtaille.
idiotie morales,
tuelles.
Suivant l'intensit du trouble, on peut distinguer une imbcillit et une comme dans les tats d'imbcillit et d'idiotie intellec^
734
Au
l'idiot
La folie morale est essentiellement une infirmit stationnaire. Les phnomnes de la pubert, les excs alcooliques et sexuels peuvent l'aggraver
impulsions perverses. Ces idiots moraux sont trs prdisposs aux psychopathies sous l'influence des causes occasionnelles. Notamment la privation de la libert suffit pour provoquer intercurremment une vritable alination mentale.
et rveiller les
A ct des motions et des tats d'alcoolisme pathologiques on constate souvent dans la moral insanity des psychoses priodiques comme complications j'ai mme rencontr des cas de paranoa. La folie morale tant une infirmit congnitale, le pronostic est sans espoir. Mais il faut remarquer que les symptmes de la folie morale de l'enfance ou de la jeunesse peuvent se dvelopper en connexit avec une pilepsie ou un trauma capitis et disparatre du moment que cette cause
;
supprime. Le pronostic de ces cas acquis et symptomatiques n'est donc pas absolument mauvais. Le diagnostic de ces tats, trs important surtout in foro, a pour mission de ramener les anomalies cliniques une organisation dfectueuse
est
et
congnitale du cerveau.
Il
est indispensable
que
psychique, la preuve de la
pas. Elles peuvent tre aussi bien le d'une mauvaise ducation que d'une organisation dfectueuse. Ici les critriums psychologiques gnraux ne servent pas grand'chose. L'examen doit tre rigoureusement clinique dans ce cas, et il est utile de laisser tout d'abord de ct le diagnostic spcial et d'tablir le diagnostic gnral de l'existence d'une anomalie crbrale.
Sont dcisifs pour la folie morale Les parents alins, ivrognes, pileptiques 2 Les signes de dgnrescence anatomiques et fonctionnels, en tenant particulirement compte des conditions de la vie sexuelle, la base organique la plus importante pour le dveloppement du sens moral 3" Les symptmes qui indiquent un tat morbide des fonctions vasomotrices (intolrance pour l'alcool, etc.) et motrices (spcialement les
:
symptmes
pileptodes si frquents dans ce cas Le diagnostic gnral d'une maladie crbrale, une
i.
fois
une poque o il ne pouvait nullement de l'influence du mauvais exemple et souvent mme en dpit des conditions extrieures les plus favorables (efforts positifs d'une bonne ducation). La preuve de l'existence d'une cause organique est
l'atrophie thique se manifestant
tre question
1 Ainsi ^Vigand {On the duality of m'uid) cite le cas d'un garon qu'un instituteur avait frapp avec une rgle sur la tte. Il s'ensuivit une transformation complte des sentiments moraux du malade. On le trpana l'endroit de la lsion et o existait une lgre pression crnienne on enleva une esquille osseuse qui pressait sur le cerveau et aprs cette opration l'enfant reprit son ancien caractre. /
;
735
que
le
malade
est
absolument
incorri-
encore mise en lumire par la preuve de la morbide, de l'inexactitude dans la reproduction des images mentales; enfin, par le caractre impulsif et souvent mme priodique des actes, caractre pervers aussi, c'est--dire bas sur la perversion des instincts et des sentiments naturels.
La dfectuosit morale
est
En prsence de
n'a
ces tats de
dfectuosit
effet,
morale,
la
thrapeutique
moins qu'il ne s'agisse d'tats masturbation, les trauma capitis. Ces t sauacquis par l'pilepsie, la vages de la civilisation ont besoin d'tre, gards dans un asile d'alins afin de les protger eux-mmes en mme temps que la socit. Dans les cas d'idiotie morale forme passive et torpide, un dressage psychique appliqu pendant des annes dans les tablissements peut lever ces hommes dfectueux parfois une indpendance relative dans la conduite de la vie et leur donner la facult de gagner leur existence en dehors de l'tablis-
sement.
Observation CIV. Folie morale.
est
F...,
trente-cinq ans,
Un
La malade
irritable,
venue au monde
faible; enfant,
elle
tait
maladive, tressaillait de
aux motions. Elle tait mal doue, indocile, mchante, entte, trs diflicile vivre, gourmande, inconstante, ne persvrant dans aucun
cur, ne songeant qu'
la
ne restait
aucun malaise. A l'ge de dix-neuf ans, parents, elle fut oblige de chercher une place comme domeslongtemps nulle part; ordinairement on la remerciait aprs un
court laps de temps, car elle tait paresseuse, menteuse, acharne. aprs les
et trs
hommes
adonne la prostitution. Toutes les tentatives de son honorable famille pour la ramener dans une bonne voie restrent infructueuses. Elle dpensait en friandises et en amusements l'argent et les vtements que ses frres et ses surs lui
soit
soit en travaillant par la prostitution. Les sentiments de respect pour elle-mme et de dvouement pour ses excellentes surs, lui taient absolument trangers. Ce n'est que quand
elle n'avait
plus rien qu'elle allait trouver ses frres et surs pour les mettre conelle
avait souvent des ataires avec la ne se souciait nullement des rglements de police. Elle ne trouvait rien de choquant dans sa conduite dshonorante.
tribution.
police, car elle offensait les
murs
publiques
et
Quand finalement
elle
elle se
murs, de
mes sur
avait l
F...
dchirs, sans tre dbarbouille, jetait sans faire attention des allumettes enflamle
le soir
devant
la
porte et
raccoler des
hommes. Finalement
les
membres de
et ils
dans
les
guinguettes
et
dans
elle ft
ramasse
736
par
Elle
se
dmena,
se
la
soumettre
L elle posa pour l'innocence outrage, se rvolta contre le rglement de la maison; elle cherchait exciter la rvolte les autres malades, tait, par suite de sa grande irritabilit, constamment en proie des motions furieuses qai avaient toujours pour sujet son affaire avec la police. Cette dernire lui est hostile, ne fait que lui chercher chicane alors qu'elle ne fait aucun mal personne. Elle ne se
rendait nullement compte de ses dfectuosits morales, d'o impossibilit de se conduire elle-mme dans la vie. Toutes les contrarits qu'elle avait d subir par
pour elle le fait de la mchancet des autres. moyenne, d'une laideur rpugnante, avec des traits grossiers et sensuels. La dgradation morale, la vilenie, la frivolit sont pour ainsi dire empreintes sur son front qui est troit, plat; la racine du nez est enfonce profondment, les os du nez sont larges, plats. Contracture mimique des muscles du coin gauche de la bouche. La malade est lourde dans ses mouvements, trane les savates en marchant, ne prenant pas la peine de lever convenablement les pieds. Pour un rien elle se met
suite de son genre de vie taient
La malade
est
de
taille
se quereller avec
son entourage, entre ensuite dans des motions furieuses qui par
leur intensit et leur dure dpassent de beaucoup la mesure physiologique. L'exactitude de reproduction est chez elle dfectueuse, la version qu'elle
donne des
faits
mme quand
les autres
elle n'a
aucun
un meilleur jour.
elle
cherche dtourner
pas
du
elle
travail, se
elle
dmne en drangeant
libert,
tout, en vocifelle
hommes;
quand
rclame sa mise en
mais
ne
sait
comment
elle vivra
un hospice
d'alins.
pilepto'ides aprs
trauma
capitis.
L.
.,
vingt-trois ans, clibataire, journalier, d'une famille sans tare, s'tait norl'ge de trois ans.
cette
poque
il
tomba de
la
hau des
commotion
partir de ce
moment
ou de plusieurs mois il avait des accs de dlire hallucinatoire qui taient prcds par un violent mal de tte et qui duraient plusieurs heures. Le sujet du dlire tait terrifiant; le malade se dbattait dsesprment contre des fantmes. Il se rveillait ensuite comme d"un profond sommeil et
intervalles de plusieurs semaines
vertige,
Par intervalles il souffrait souvent de mal de tte; il avait aussi des accs de mais jamais d"accs classiques d'pilepsie. Il ne faisait aucun progrs l'cole; il tait paresseux, menteur, mchant, sans cur, irritable, entt. A partir de la treizime anne les accs de vertige et de dlire disparaissaient. Le malade montra une irritabilit croissante, se livra une vie dissolue, ne pouvant se tenir nulle part il devenait apprenti maon, mousse, journalier, ne s'accordait avec personne et fut plusieurs reprises condamn pour rixes et bagarres. Dans ses
;
emportements
faire
il
les gens de son entourage. En 1870, il entra au rgiment pour son service militaire. Il s"y montra intraitable, indisciplin, s'attira punition sur punition, et un jour qu'un suprieur lui faisait des observations, il entra en rage, mordit la main de son suprieur et menaa de le poignarder. On l'envoya l'hpital et de l la maison de correction; il fut ensuite repris par sa famille, mais
737
lendemain de son retour il se prit de querelle avec son pre, lui lana un vasmenaa de le poignarder ainsi que son frre et mordit la main son pre qui voulait le calmer. Une enqute judiciaire fut ouverte contre lui; on le dclara irresponsable et on le transporta l'asile d'alins (1871). L il se montra paresseux, intraitable, excessivement port la colre, priv de tout sens moral, incapable de se diriger lui-mme. Il jetait partout la zizanie, ne se pliait aucun rglement et quand il fallait lui appliquer l'isolement et les autres mesures disciplinaires, il ragissait par des emportements furieux dans lesquels il rageait, dmolissait, menaait de tuer; une fois il mit le feu son lit. A plusieurs reprises sa famille le reprit, mais, aussitt rendu aux siens, il se livrait de nouveau au vagabondage, au vol, la mende nuit,
dicit, faisait
et,
comme
il
il
tait toujours
ramen par
motions pathologiques
d'ivresse et de colre, de ses menaces dangereuses, etc. Il disait lui-mme qu'il vaudrait mieux pour lui ne plus tre de ce monde, car il ne peut pas se retenir et aussitt qu'il boit c'en est fait de lui. Le 1^'' avril 1875 il s'vada avec beaucoup d'a-
dresse, trana ensuite, vagabondant et volant; mais quelques semaines aprs il fut de nouveau arrt. Aprs avoir purg sa peine, il se livra de nouveau aux excs alcooliques qui le ramenrent l'asile d'alins de son dpartement. En route il fit de concert avec un autre malade une tentative pour assassiner le gardien qui l'escortait. Le malade ne prsente pas de signes de dgnrescence, mais ses traits sont bru-
taux, grossiers, sensuels; les deux moitis du visage ont une innervation ingale.
Pendant
on n"a trouv, sauf une motivit maux de tte, aucun phnomne indiquant la nvrose pileptique ancienne. Malgr toute sa ruse et sa mchancet, il paraissait dfectueux intellectuellement, bien que son imbcillit ft peu
la
l'asile
prononce.
PSYCHIATRIE.
47
Prface
LIVRE PREMIER
INTRODUCTION A L'TUDE DE LA PSYCHIATRIE
PREMIRE PARTIE
LE TERRAIN
Chapitre premier.
Chapitre II. d'anatomie Chapitre
III.
'
Nature et caractre des maladies psychiques Les organes des fonctions psychiques. Notions prliminaires
Notions prliminaires de physiologie Chapitre IV. Notions prliminaires de psychologie Chapitre V. Place particulire des affections psychiques
des affections crbrales
19 19
dans
le
dorhaine
25 30
la
Chapitre VI.
psychiatrie
Importance de l'tude
Difficults et points
de la psychiatrie
Chapitre VII.
de vue
33
Chapitre VIII.
37
Chapitre Chapitre
II.
III.
La psychiatrie dans l'antiquit La psychiatrie au moyen ge Transformations de la psychiatrie partir du .wiii^ sicle
LIVRE
II
47
50
. .
53
PREMIRE PARTIE
TROUDLES lmentaires des FONCTIONS CRBRALES DANS LE DLIRE
Chapitre premier.
lmentaires psychiques.
-^
63
Chapitre
II.
Anomalies
des senti-
ments
(Sensibilit)
740
IL
l'esprit.
63 66 66
mode
mode
la
l'intensit de la raction
le
motive
la vie
70
72
Chapitre
I.
III.
Anomalies
le
dans
sphre reprsentative de
psychique.
74
Troubles dans
...
74
75
77
A. Troubles dans la vitesse de production des reprsentations B. Troubles dans le mode d'assimilation C. Troubles dans l'intensit et la dure des reprsentations. Ides
obsdantes
78
la
D. Troubles de
-]
perception
83
...
84
87 88
la la
Chapitre IV.
I.
Troubles
dans
tincts et volont)
97
99
106
II.
III.
107
.
y.
A. Impulsion motrice chez les fous furieux B. Actes rflexes psychiques chez les mlancoliques et les dlirants. C. Mouvements impulsifs dans les tats de faiblesse psychique ....
.
107
109
110
D. Ttanie
".
110
111
Catalepsie
Troubles de la volont V. Troubles du libre arbitre Chapitre V. Troubles de la conscience Chapitre VI. Troubles du langage dans la Chapitre VII. Troubles psycho-sensoriels Hallucination IL Illusion Dlires des sens dans la Chapitre VIII. Troubles de la sensibilit Anesthsies
IV.
I.
112
115 116
folie
122 126
126 134
138 143
143
III.
folie
I.
IL
Hyperesthsies
le le
145 149
152
Chapitre IX.
Troubles des fonctions motrices Troubles dans domaine des nerfs vaso-moteurs domaine des fonctions psychiques Chapitre XI. Troubles dans Chapitre XII. Troubles des fonctions scrtoires domaine des fonctions vitales Chapitre XIII. Troubles dans
Chapitre X.
le
DEUXIME PARTIE
LES CAUSES DE LA FOLIE
Chapitre premier.
167
170
170
741
192
-01
Chapitre
I.
Causes occasionnelles ou
adjuvantes
II.
201
203
TROISIME PARTIE
MARCHE, DURE ET PRONOSTIC DES AFFECTIONS PSYCHIQUES
Marche et dure de la folie Chapitre PREMIER. Folie chronique et subaigu I. A. Alination mentale chronique et subaigu comme accs B. Folie chronique avec retour priodique des accs
'.
245
24S
isol
245
251
II.
Folie
transitoire
252 254
256
A. Manie transitoire
B. Etats d'angoisse transitoires C. Emotions pathologiques
258
260 263 269 269 270
277
Chapitre
I.
III.
Pronostic de
mentale
II.
III.
Pronostic de la conservation Pronostic de la gurison Pronostic des rcidives IV. Pronostic de l'hrdit
de la vie
277
QUATRIME PARTIE
DIAGNOSTIC GNRAL
Chapitre PREMIER.
281
mental
290 292
CINQUIME PARTIE
THRAPEUTIQUE GNRALE
Chapitre premier.
Chapitre Chapitre
II.
III.
299
302
au dbut
305
308
Chapitre IV.
L'asile
folie sa
Chapitre V. I. Thrapeutique somatique. Remdes physiques et chimiques 4. Moyens pour empcher l'afflux du sang au cerveau 1. En diminuant la quantit du sang. Saignes 2. En diminuant l'activit du cur 3. Par dilatation des voies vasculaires priphriques. 4. Par i^esserrement des voies vasculaires du cerveau B. Moyens pour aider l'afflux du sang au cerveau
1. 2.
Traitement de la
priode d'tat
311
....
311
314
314 314 314
En augmentant
l'activit
du cur
3.
742
C.
et
315
Calmants gnraux
Y-
Hypnotiques Antiaphrodisiaques
D. Toniques E. Dittique somatique F. Traitement des symptmes isols importants II. Traitement psychique Traitement par la suggestion hypnotique Chapitre VI. Traitement pendant la convalescence
LIVRE
Introduction.
III
Formes de
la folie
339
PREMIRE PARTIE
PSYCHONVROSES
Chapitre PREMIER.
I.
349 354
356
A. Mlancolie sine delirio B. Mlancolie avec angoisse prcordiale C. Mlancolie avec ides dlirantes et hallucinations
1.
359
361 367 371
2.
'
II.
372
381
Chapitre
I.
Manie
Exaltation maniaque Fohe furieuse Stupidit avec dmence primaire curable Chapitre Stupidit rsultant de l'puisement de l'organe psychique Stupidit par choc psychique
II.
382 387
III.
400
401 406
I.
II.
III.
408
411
Folie hallucinatoire
II.
Folie
423
424
427 428
A. Imbcillit agitante
apathique
430
DEUXIME PARTIE
DGNRESCENCES PSYCHIQUES
Chapitre premier.
Chapitre
II.
433
(folie
raisonnante)
439
743 444
4;j2
III.
II.
Paranoa
4^7
A. Paranoa persecutoria
457
457 467
471
2.
Forme typique de la paranoa acquise Subdivisions Paranoa sexualis et ses types cliniques Folie des qurulants et des chicaneurs
:
B. Paranoa expansive
1.
476
2.
3.
Chapitre IV.
I.
Folie
priodique
A. Manie priodique
B. Mlancolie priodique
C. Folie priodique
D. Folie circulaire E. Folie idiopathique priodique forme de dlire F. Folie priodique forme d'instincts morbides Folie priodique d'origine sympathique. II. *
513
Folie menstruelle
TROISIME PARTIE
ALINATION .MENTALE DUE AUX NVROSES CONSTITUTIONNELLES.
Chapitre PREMIER. Alination base neurasthnique Psychoses base neurasthnique A. Psychonvroses base neurasthnique
1.
.
525
526 534
.
>
535
535 537 537
Folie transitoire
2.
Mlancolie masturbatoire
B. Dgnrescences psychiques base neurasthnique..
......
540
540 550
551
Trouble mental par suite d'ides obsdantes 2. Paranoa neurasthnique Paranoa sexuelle masturbatoire
1.
Chapitre
I.
II.
Folie pileptique
556
561
II.
transitoires
562
563 564 564 566 568
Stupeur
Etats crpusculaires
a.
p.
2.
Grand mal
Etats crpusculaires avec dhre religieux expansif Etats crpusculaires particuliers avec ides romanesques nature gnralement expansive Etats crpusculaires avec excitation forme de moria
v.
0.
de
569 575 576 580 584
586
591
Equivalents prolongs Psychoses pileptiques chroniques Folie hystrique Chapitre Etats d'alination transitoires Dlires hystriques prolongs Psychoses hystriques
m.
IV.
III.
I.
II.
III.
594
744
Folie hypocondriaque Chapitre IV. Neuro-psychose hypocondriaque Etats de faiblesse mentale dus l'hypocondrie Paranoa hypocondriaque
600
601
604 606
QUATRIME PARTIE
INTOXICATIONS CHRONIQUES
L'alcoolisme chronique Chapitre PREMIER. Delirium tremens I.
et ses
complications
609
617 62S 627 627 629 634 637 638 640 643
Mlancolie alcoolique
2.
3.
4. o.
CINQUIME PARTIE
affections CRRRALES avec prdominance des SYMPTOMES PSYCHIQUES
Chapitre premier.
Chapitre Chapitre Chapitre
II.
651
663
699 709
SIXIME PARTIE
arrts de dveloppement psychiques
Chapitre premier.
Chapitre IL
717
730
Observation
Observation
I.
II.
Ides et impulsions obsdantes aprs dbauches Folie maniaque l'ge de pubert avec symptmes Psychose dans
le
81
hb181
phrniques. Gurison
Observation
Observation
III.
la suite
du
214
241
"' '^
Observation
riques
IV. V.
tat d'angoisse transitoii'e base neurasthnique Confusion des ides et ensuite stupeur par suite de terreur. Observation VIII. tat crpusculaire dlirant aprs usage d'alcool .... Observation IX. Cas analogue Observation X. Mlancolie sine delirio base sur un catarrhe chronique de
Observation
VI.
.
257-'
Observation
VII.
260
262
''
262-
337^
et
Observation XI. Mlancolie chronique cause par puisement raptus mlancolique Observation
XII.
avec
360^
Auto363 365
et hallucinations.
description des
Observation
l'opium
XIII.
Mlancolie
MlancoUe religieuse
368 -^ 370
.
Mlancolie dmonomaniaque Observation XVI. Mlancolie syphilophobique chez un syphilitique. Observation XVII. Mlancolie avec stupeur. Vsanie
Observation XVIII.
Observation XIX.
tion de colre
"
'^
372^
375
le
puerprium
386"
Folie
mo396-^
.
.
Folie furieuse chronique. Succs de l'hydrothrapie. Observation XXI. Folie furieuse avec nymphomanie passagre Observation XXII. Stupidit par suite de causes physiques affaiblissantes. Observation XXIII. Stupidit par choc psychique Observation XXIV. Stupidit par choc mcanique Observ.uton XXV. Vsanie aigu avec stupeur pisodiquc Observation XXVI. Vsanie post-fbrile Observation XXVII. Vsanie aigu menstruelle Observation XXVIII. Vsanie hallucinatoire aigu
Observation XX.
397--
398"^
405
407
408
418-
419^
420
420
746
Folie furieuse. Terminaison par vsanie secondaire. Folie furieuse aprs une pneumonie. Terminaison par
.
.
426 429
imbcillit agitante
Folie furieuse, terminaison par idiotie apathique. Observation XXXII. Folie raisonnante mlancolique. Description int.
431
441
Observation XXXIII.
la
434
acquise. Explosion
463
Observation XXXV.
Paranoa acquise. Folie pisodique Observation XXXVI. Paranoa sexuelle Observation XXXVII. Paranoa sexuelle (manie de la jalousie) Observation XXXVIII. Paranoa sexuelle. Manie de la jalousie chez un homme.) Observation XXXIX. Alination qurulante, puis dlire d'empoisonnement
et
465 468
469
4"0
de perscution
473 478
483 486
488
Observation XL. Paranoa reformatoria Observation XLI. Paranoa religieuse Observation XLII. Paranoa erotique (homme) Observation XLIII. Paranoa erotique (femme) longs intervalles. Observation XLIV. Manie priodique longue dure Observation XLV. Manie priodique courte dure avec accs nombreux
et
497
et courts intervalles
498
oOl
Observation XL VI. Mlancolie priodique Observation XLVII. Folie priodique Observation XLVIII Folie circulaire (mlancolique et maniaque) .... mlanObservation XLIX. Folie circulaire avec alternances maniaques
.
502
307
et
509
d'tats
Observation
stupeur
L.
Folie
maniaques
et
de
311
Folie priodique idiopathique forme Observation LU. Dipsomanie Observation LUI. Manie menstruelle priodique
Observation LI.
de dlire
314
319
323
Observation LIV.
Folie
transitoire
neurasthnique
(tat
crpusculaire
somnambulique avec
Observation LV.
536
338 347
Mlancolie masturbatoire
Alination mentale par ides obsdantes Observation LVII. Paranoa masturbatoire Observation LVIII. Paranoa base de neurasthnie sexuelle la mnoObservation LVI.
pause
332
334
364
pileptiques
Etats crpusculaires dlirants postpileptiques Observation LXII. Etats crpusculaires; dlire terrifiant avec fragments
Observation LXI
.
566 367
de dlire religieux
Observation LXIII.
Observation LXIV.
568 369
747
o7d
Etals crpusculaires avec excitations allures de moria. Dlire postpileptique prolong Observation LXVII. Folie circulaire pileptique Observation LXVIII. Hystrisme. Etats d'exaltation forme d'extase avec
Observation LXV. Observation LXVI.
tats d'anxit dlirante
577
581
587
hystrique avec reproduction obs-
Observation LXIX.
dante et
facilite
Etats d'exaltation
588
Observation LXX.
Nvralgie traumatique provoquant l'hystrisme, avec accs de crampe hystro-pileptique allures de chore magna et accompagns de dlire hallucinatoire terrifiant
589
Observation LXXI.
Hystrisme
590
592
Observation LXXII.
Dlire hystrique hallucinatoire prolong LXXIII. Paranoa originaire base hystrique. Transforma-
596 597
605
Paranoa hystrique Observation LXXV. Faiblesse mentale par suite d'hypocondrie Observation LXXVI. Paranoa hypocondriaque Observation LXXVII. Alcoolisme chronique avec symptmes trs prononcs
de dgnrescence morale et psychique (Inhumanitas et ferocitas ebriosa). Blessure faite l'pouse par le mari en tat d'ivresse et d'motion
607
616 624
Observation LXXVIII.
chloral
et le
Observation LXXIX.
de delirium acu-
tum
624
Ivresse hallucinatoire Observation LXXXl. Mlancolie alcoolique Observation LXXXII. Mania gravis potatorum Observation LXXXIII. Mania gravis potatorum Observation LXXXIV. Dlire alcoolique de perscution Observation LXXXV. Paranoa alcoolique Observation LXXXVI. Paralysie alcoolique, gurison Observation LXXXVII. Paralysie alcoolique, mort. Observation LXXXVIII. Epilepsie alcoolique. Delirium tremens
Observation LXXX.
tique combins
;
626
628
632
633
635
637
639
639
et
pilep-
641
Morphinisme
.
647
648 659
660
Observation XCI.
Morphinisme Dehrium acutum Observation XCII. Delirium acutum. Traitement par l'ergotine, gurison Observation XCIII. Paralysie aigu Observation XCI V. Paralysie classique, marche subaigu Observation XCV. Forme ordinaire de la paralysie. Nombreux accs pileptiformes qui prcipitent
le
690
091
dnouement
fatal
693
Observation XCVI.
694
aprs sur-
696
Observation XCVIII.
748
dmence paralytique
704
707
Observation
Observation
GI.
Cil.
snilc.
7H
7(2
713 735
Dmence snile, manie intercurrente Observation cm. Dmence snilc. Dlire de perscution Observation CIV, Folie morale Observation GV. Folie morale avec symptmes pileptodes
capitis
aprs trauma
736
TABLE ALPHABTIQUE
Aboulie, 113.
Absence du sentiment de
Abstinence sexuelle, 229. Abus de l'opium, 237.
la satit, 97.
Alcoolisme, pronostic, 615. troubles de la vue, 612. senium prcoce, 615. troubles sensltifs, 614 troubles sensoriels, 612. puissance sexuelle, 614, thrapeutique, 615.
230.
Alexie, 124. Allgorisation des sensations, 90. Alination, mode d'origine. (V. Causes).
un but
Affections chirurgicales chez les alins, 265. Afflux du sang au cerveau, moyens pour le sti-
Age
muler, 314.
312.
terminaisons, 263. Alination chronique et subaigu, 245. par suite d'accouchement, 231. par insolation, 206. pronostic, 276. par les narcotiques, 237, par mningite, 203.
et alination,
77.
pronostic, 273.
Ame,
essence, 4.
65.
85.
organe. 5.
85, 118.
Amnomanie,
Amnsie,
Age
pronostic des psychoses, 274, Agitation musculaire, 146. Agoraphobie (Westphal), 80.
et
partielle,
Amylne
(hydrate), 323.
Analgsie, 144.
Alcoolisme chronique, 609. complications, 617. delirium tremens, 617. dlire de la jalousie, 610, cpilepsie potatorum, 640. symptmes fondamentaux psychiques, CIO. liallucinations, 612. manie grave potatorum, 620.
mlancolie potatorum, 627. troubles moteurs, 613, paralysie, 638, paranoa, 637.
Alcool, consommation moderne, 172, intoxication aigu, 42. raction pathologique, 260.
Analogies de l'alination, 37. Anamnse des psychoses, 292. Anatomie pathologique, 25, 339. Androgynie, 104.
Anmie,
179, 220.
psychique, 67. Anesthsie de la peau et des muscles, 144. des sensations gnrales, 144, des organes sensitifs, 145, Anesthsie sexuelle, 100. Angoisse, 71.
7o0
TABLE ALPHABETIQUE
Chaleur spcifique
163.
Angoisse, signiiication psychique, 153. chez les mlancoliques, 259, 317. - Traitement, 328. Anorexie, 98.
du corps,
ses
anomalies,
65.
Anosmie, 144.
Antiaphrodisiaques, 324. Anxietas tibiarum, 146. Apathie intellectuelle, 217. Aphasie, 125. Apoplexie crbrale, 204.
Artistes, 189.
Chloral, contre-indications, 322. comme hypnotique, 322. dans l'angoisse prcordiale, 329. abus, 239. Chlorose, 179, 22.
Assimilation et digestion mentale, 164. Association d'ides, 17. voies d'association, 17.
dans
Talination
psychique, 14.
Cerveau
237.
Atavisme, 193.
Athrome des
B
Bains tides. 320.
prolongs, 320.
de, 210.
la),
25. troubles des fonctions lmentaires dans l'alination, 74. poids, voies vasculaires, dilatation dans un but thrapeutique, 314. rtrcissement dans un but thrapeu5. 8.
(cellules ganglionnaires du), comme substance de la vie intellectuelle, 11. anatomie, histologie, 6. - segmentations, 6. organe de l'activit psychique, 5. rgions corticales motrices, 12. centre de perception, 14. altrations pathologiques dans l'alination,
Basedow, maladie
tique, 313.
antiaphrodisiaque, 324. contre l'hyperesthsie de la muqueuse rectale, 326. Boissons et alination, 172. Boulimie, 97. Brome, priDarations, 318. comme narcotique, 318.
237.
comme
au point de vue anatomique, 339. -au point de vue tiologique, 340. au point de vue clinico-fonctionnel,
343.
Bromisme,
243.
Compassion, 2J,
69.
Catarrhe intestinal chez les aUns, 265. Cachexie strumiprive, 244. Calmants narcotiques, 315. physiques et dittiques, 320.
en soi-mme
113.
morbidement abaisse,
71,
Confusion,
76, 123.
Consanguinit
nratif, 196.
comme
changement chez
pathologique, 194.
alternante, 118.
de la personnalit, 118.
Catalepsie, 111.
Causes de l'alination mentale, 167. somatiques de l'alination, 203. psychiques de l'alination, 201. prdisposantes de l'alination, 192. accidentelles,accessoires de l'alination, 201.
Coprophagie, 99. Corps trangers chez les alins, 265. Coup de soleil. (Y. Alination par insolation.) Convalescence de l'alination, 165.
TABLE ALPHABETIQUE
Convalescence de l'alination, traitement, 335. Crne, caries, 206. anomalies, 1^7, 720.
Dmence
D
Datura stramonium, 237, 320. Dcubitus chez les alins, 265. Dgnrescences psychiques, gnralits, 342. coup d'oeil gnral clinique, 433.
classification, 342.
stigmates, 156.
Dlire,
dans les maladies aigus, 211. - traumatique, 208. aigu, 651. sa dfinition, 651. lsions anatomiques, 651. tiologie, 652. aspect clinique de la maladie, 653. pathognie, 654. pronostic, 658. ~ thrapeutique, 658. diagnostic, 657. diagnostic diffrentiel avec la frntique, 657. diagnostic diffrentiel avec la mningite de la convexit, 658. terminaison, 656. des grandeurs, 92, 275. dans la paranoa par suite de la trans
sens.)
-r-
symptmes psychiques, 671. thrapeutique, 688. troubles de dglutition, 678. troubles graphologiques, 677. troubles moteurs, 675. troubles de l'locution, 675. troubles des mouvements des
la
paralytique, 663.
synonymie, 663.
nature, dfinition de la maladie, 663. tableau d'ensemble et volution, 664. stade prodromique, 664. explosion de la maladie proprement dite, 667. stade terminal, 669. accs apoplectiformes, 679. accs pileptiformes, 679. accs de folie furieuse, 672. dlire des grandeurs, 673.
dlire
dlire
diagnostic diffrentiel, 681. dure de la maladie, 684. tats maniaques, 671. tats mlancoliques, 672. tiologie, 686. gurisons, 685. instinct sexuel, 680. paralysie galopante, 684. pronostic, 685. rmissions, 675.
extr-
mits, 678.
folie
formation du dlire
des
perscu-
de couleurs,
fbrile,
tions, 450.
sensoriels, 680. trophiques, 680. anomalies de la temprature, troubles vaso-moteurs, 679. snile, 708. nature de la maladie, 708.
des muscles de la face, 678. des muscles vocaux, 676. oculo-moteurs, 677. de la sensibilit, 680.
681.
de
la
Dmonomanie,
dmono-
de jugement, 137. mtabolique (Mendel), 92. de perscution, 92. thrapeutique, brome, 318. morphine, 316. opium, 315. dans la paranoa, 451, 458. primordial (Griesinger), 92. des sens, 138. apparition dans les diverses formes
folie, 138.
470.
procs de sorcires, etc., 41. Dpression morbide, 64. hypocondriaque, 65. Dveloppement psychique, entraves, remarques
gnrales, 346, 717. (V. Idiotie.)
maniaque, noman.)
Melanc. dmo-
de la
Diagnostic gnral de l'alination idiopathique ou sympathique, 289. de la gurison, 290. in foro, 281. au chevet du malade, 281. changement de caractre, 288.
pathologie et thrapeutique, 620. traitement par l'opium, 621. Dmence primaire aigu, 400. (V. Stupidit.) paralytique, dmence primaire progressive, 675.
examen
individuel, 285.
TABLE ALPHABETIQUE
Dittique somatique, 325. Digestion et assimilation dans la folie, 164.
Digitale, 313.
et
maniaque, 382.
phnomnes de
194,
la maladie, 517. Disposition congnitale aux psychoses, 198. (V. Hrdit.) Dissimulation, 291. Distraction, 84. Domesticit et folie, 188. Double existence intellectuelle, 118.
Etiologie de l'alination mentale. (V. Causes.) Examen de l'tat mental. (Y. Exploration.) tiologico-pathogntique des alins, 283.
Douches, 320.
Dyesthsie psychique, Dysphasies, 125. Dysphrasies, 123.
6'i.
sexuels, causes des psychoses, pronostic, 273. Excitations cutanes, 313. sexuelles, anti-aphrodisiaques,
personnelle, 285. Extase, 120.
71.
227.
324.
292.
Dysthymie. 147.
Duboisine, 320. Dure de Falicnation
et
pronostic, 245.
E
Ecrits des alins, 286. (Y. Agraphie, Para-
Faim
(fringale), 97.
graphie.)
Faradisation gnrale, 325. Femmes maries (alination des), 177. Fer, prparations, 325.
Education, 199. des enfants tars, 303. Effmination, 104. Embolies graisseuses chez les alins, 265. Emmaillotements d'aprs le systme Priess-
nitz, 321.
Emotion.
physiologique, 21. pathologique, 39, 66, 258. d'attente, 71. de colre, 71. de surprise, 71. anomalies dans l'intensit, 70. troubles dans leur production normale, 70. comme cause, 201. pronostic, 274. Emotivit psychique, 66. accentue, 129. altrations dans les centres sensoriels, 127.
Enfants prodiges, 200.
Epilepsie, 210. Epouvante, 202.
21, 39.
504.
de la maladie,
constitutionnelle motive, 439. par empoisonnement, 234. dans l'enfance, 177. {\ smssi Age. Enfants prodiges.) pileptique, limites cliniques de la nvrose
.
pileptique, caractre pileptique ettroubles lmentaires psychiques des pileptiques, 556. pileptique, classification, 560. particularits du caractre, 559.
83.
Ergotine, 314. Erotomanie. (Y. Paranoa erotica.) Erysiple de la face chez les alins, 265. de la tte, psychoses causes par, 216.
symptmes
quivalents
intervallaires, 558.
et
critrium
des accs
Etats d'angoisse transitoires, 256. dans la folie hystrique (transit.), 587. crpusculaires psychiques, 119. pileptiques. (Y. Folie pileptique.) dhrants aprs consommation d'alcool,
_ 261. d'esprit. (Y. Etats d'humeur.) physiologiques pathologiques, 256. moral morbide, 61.
et
crpusculaire pilep-
31,
tique, 564.
avec
575.
agitation
allures
de
moria,
avec dlire religieux expansif, 568. avec ides rveuses romanesques de nature expansive, 569. transitoire, stupeur, 563.
TABLE ALPHABETIQUE
Folie cpileptique, accs transitoires de trouble psychique, 562. quivalents prolongs, 576.
Folie menstruelle priodique, 520.
753
chronique, psychoses pileptiques, 580. anatomie pathologique, 582. pronostic, 582. thrapeutique, 583. furieuse, 362, 387. anomalies de d'esprit et des conceptions, 388 389. aigu, 391. chronique, 391. colreuse, 388. dbuts, 391. dfinition, 387. excitation sexuelle, 389. gurison, 392. hallucinations, 389. ides dlirantes, 389. impulsion aux mouvements, 389, 391. indications thrapeutiques, 393. marche, 391. origine, 391 pronostic, 393. stade prodromique, 391. stade de transition vers la gurison, 392. symptmes somatiques, 390. terminaison, 392. hallucinatoire, 344, 411. hystrique, 584. caractre hystrique, troubles psychiques lmentaires, 584. classification, 586. transitoire, tats crpusculaire avec reproduction facile et impulsive, 587. transitoire, tats allure de moria, 587. transitoire, tats extatiques visionnaires, 587. transitoire, dlires hystro- pileptiques, 587. transitoire, tats d'angoisse avec intelligence obnubile, 586. dUres hystriques prolongs, 591. dgnrative, 594. par ides obsdantes, 540. origine, 542, 546. substratum des reprsentations obsdantes, 544. causes gnrales, 542. ^ mlancolie pisodique, 546. marche, 545. terminaison, 546. rpercussion sur d'esprit, 546. diffrence avec la paranoa, 541. angoisse, 545. influence sur les actes et sur les sentiments, 545. thrapeutique, 547. par into\ica.tion. {Y. Alinatio7 par empoil'tat et
mode d'origine, 520. pi'odromes, 521. cclosion de la maladie, retour typique, 522.
521.
cessation spontane et temporaire, 522. prophylaxie, 522. thrapeutique, 523. morale. (Y. Idiotie morale.)
morbides, 516. idiopathique sous forme de dlire, 513. d'origine sympathique, 520. des qurulants, 471. raisonnante, 112, 119, 440. snile, transitoire, 253. base neurasthnique, 536. dans l'pilepsie, 562.
pellagreuse, 239. priodique, 251, 490. signes diagnostiques, 492. pathognie, 490. pronostic, 493. idiopathique sous forme de psychonvrose, 494. idiopathique sous forme d'instincts
18i>.
Fragilit des os chez les alins, 265. Fuite des ides, 76. Furoncle chez les alins, 265.
Gaz toxiques,
244.
Gloutonnerie, 97.
Gravidit, 230.
Grincement de dents,
cence.)
152.
Gynandrie, 104.
H
Hallucinations,
mode
l'tat
symptmes, 133. leur signification nosologico-psychologique, 133. leur utilisation dans diagnostic des psychoses, 133. leur porte sociale historique, 134. impratives, 139. leur rectification, 132. leur apparition pidcmique, 131. diverses formes leur apparition dans
le
mentales et accidentelles, etc., 126. compatibles avec la sant mentale, 133. marche, 127.
et
les
sonnement .)
Folie de la lactation, 233, pronostic, 273.
olfactives, 140.
PSYCHIATRIE.
48
r54
Hallucinations de l'oue, 139. de la vue, 148.
et et
TABLE ALPHABTIQUE
Idiotie terminale, 427.
rflexes, 131. rves, 36 40. confusion de souvenirs. 131. thrapeutique, 329. thrapeutique par la morphine, 316.
le
intellectuelle, psychoses intercurrentes, 728. symptmes somatiques, 727. dfectuosits psychiques chez Timb
cile, 725, 726.
haschisch. 237.
65.
Hdonie (Emminghaus),
Hmianesthsie, 143. Hrdit, arbre gnalogique tar, 197. de Talination mentale, 193. des psj-choses, 192.
rgnration, 198. pronostic, 277. transmission du penchant criminel, 191. dans ses rai^ports avec la classification des
prophylaxie, 729. thrapeutique, 729. asiles d'idiots, 729. morale, 730. dfinition, 730. classification, 346. signes cliniques, 731. dfauts intellectuels, 732. passive apathique et active
examen clinique des idiots. 723. symptmes psychiques chez l'idiot, marche et pronostic, 728.
724.
irritable,
psychoses, 341. Hermaphrodisme psycho-sexuel, 104. Histoire de la psychiatrie, 45. Hydrophobie, origine psychique, 146.
734.
complications, 734.
diagnostic, 734. pronostic, 735. thrapeutique, 735.
Hydrothrapie, 313, 314, '320, 325, etc. (V. aussi Bains, douches, traitement jmr Veau froide.)
Idiosyncrasies, 72.
Illusions,
Hyoscyamine,
mode
237.
Hyoscine, emploi thrapeutique, 319. Hypralgie psychique (Emminghaus}, 67. Hyperboulie (Emminghaus), 114. Hyperesthsie des centres sensoriels, 129. dans le domaine de la perception gnrale,
l'ali-
146.
nation, 203.
cutanes, 145.
Hyperorexie, 97. Hypocondrie, 210, 600. pathologie et thrapeutique, 601. dbilit mentale rsultant de l'hypocon-
gnital,
drie, 604.
diminution et absence, 100. pervers [Paresthsie sexuelle), 102. accentuationlOO.(V. aussi te/sc^'ea.'Ctation, sexuelle.)
utilisation pour le diagnostic, 286. thrapeutique, 322. obsdantes, 78. Idiotie intellectuelle, dfinition, 717. classification, 346. causes, pendant l'acte de la gnration. 717. causes ia naissance, 718. causes pendant la priode comprise
eatre la naissance et la pubert, 719. Idiotie intellectuelle, lsions anatomiques, ano-
de nutrition, anomalies, 97. diminution, 98. Intelligence. 20. troubles lmentaires, 116.
Intervalles lucides, 252.
Intestin, maladies
comme
pronostic, 273. Inversion sexuelle, 104. lodoforme. 238. Iracundia morbide, 71. Irritabilit motive anormale, 71, Isolement des malades, 331.
Ivresse, 42.
223.
tare
des
descendants
procrs pendant
l'brit, 195.
apathique,
-130.
TABLE ALPHABETIQUE
ibb
d'ccho, 122.
Lsions de la tte et alination, 205. pronostic 273. Libre arbitre, sa suppression. 115. Localisations de Tcorce crbrale, 12, 57. Logorrhe, 123. Lupuline, 327. Lutte pour l'existence et alination, 172.
Mlancolie, 349. nature de la maladie, 349. symptmes psychiques, 350. somatiques, 351. illusions des sens, 362. troubles psychomoteurs, 353. dysesthsie psychique, 350. troubles des conceptions dans la forme,
M
Maisons de sant. (V. Asiles.) Maladie psychique, dfinition,
la
dans la nature;, 351. hyperesthsie psychique, 35i. conscience de l'entrave dans la mlanco350. anesthsie psychique, 350. suicide des mlancoliques, 355, 359. marche et terminaisons, 376.
lie,
place part, 25. de moelle pinire, 207. en foyer du cerveau, 204. du rein comme causes des psychoses, 224. de l'estomac, comme base des psychoses, 222. locales chroniques, comme causes des psychoses, 222. de cur, causes des psychoses, 223. pronostic, 273. constitutionnellesaigues, comme causes des psychoses, 211. 206.
d'oreille,
3.
pronostic, 377.
et illusions
des
359.
sans dlire, 356. active, fuite des ides, 355. diagnostic diffrentiel avec la vsanie,
Malpropret, 275, 326. Manie dans l'enfance, '179. criture des maniaques, 276. diagnostic diffrentiel avec l'idiotie agitante,
428.
symptmes psychiques, 382. dbut et marche, 385. anomalies des actes, 383. symptmes somatiques, 384. pronostic, 385. thrapeutique, 385.
i94.
avec stupeur, attonita, 372. hydrophobique, 372. masturVjatoire, 537. dans trouble mental caus par obsdantes, 546. active ou agitante, 363. syphilidophobique, 371.
le
les ides
Manie priodique,
thrapeutique, 497.
transitoire, 254.
Manie
errabunda, 359. Mmoire, 120. troubles, 84. faiblesse, 275. illusions, 86. fantasmes, 86. Mnopause, 184. du sexe masculin,
hypocondriaque, 371.
dmonomaniaque,
religieuse, 367.
370.
puerprale, 233.
snile, 187.
186.
Marche de
Mariage
et alination, 177.
consanguins, 196.
la
per-
sonnalit), 118.
ides
dlirantes reprsentant
un nouveau
moi, 118.
d6
TABLE ALPHABTIQUE
Paragraphie, 124. Paraldhyde, 323.
abus, 239. Paralexie dans la paralysie, 676. Paralgie, 71. Paralysie agitante, 210. saturnine progressive, 241.
contre-indications, 318. Morphinisme, 643. symptmes d'abstinence, 645. symptmes d'intoxication, 644. traitement, 646,
Moria, 392. Mortalit des alins, 263.
Paramimie, 150.
Paramnsie, 87. Paranoa, 444.
Mouvements
psychiques, 109. conceptions de, 12. motifs, H4. obsdants (impulsifs), 106. _ agitation chez les mlancoliques
lirants, 110.
rtiexes, 23.
stade
et les
d165.
les alins,
marche
N
Narcine, 318. Narcotiques dans la thrapeutique des
choses, 315. Nationalit et alination, 173. Nerfs, affections, 207.
psy-
lsions, 207. priphriques, affections, 207. Nvralgies, 147, 207. psychiques, 64. Nvroses, nvropathies, 282. leur transmission par hrdit, 193. pronostic des neuro-psychoses, 275. constitutionnelles comme base de l'alination mentale, 209, 525. Neurasthnie, 526. psychoses neurasthniques, 535.
anatomo-pathologie, 448. stade d'incubation, 448. causes accidentelles, t47. mode d'origine des ides dlirantes, 445, 449. thrapeutique, 462. masturbatoire neurasthnique, 551.
masturbatoire, 551.
sexuelle, 467.
erotique, 484.
originaire, 452.
mlancolie masturbatoire, 537. trouble mental par ides obsdantes, 540. paranoa neurasthnique, 550.
19.
hypocondriaque, 606.
alcoolique, 637.
Noix vomique, 326. Notions prparatoires psychologiques, Notion de lieu, troubles, 118.
Nymphomanie,
70.
Obsession questionner, 79. Onanisme. (V. Masturbation.) Oprations oculaires comme causes de dlire,203.
hyperesthsies, 141.
Opium,
315.
Perversion des sentiments, 72, 73. Phrnalgie, 64. Phrnolepsie rotmatique, 78, Physionomie dans les psychoses, 149. Physiologie exprimentale et pathologie, 19.
Pica, 72.
266.
psychoses dans la pneumonie, 218. Poids du corps dans l'alination, 165, 135, 276,
Papavrine, 318. Paradoxie sexuelle, 105.
284.
TABLE ALPHABETIQUE
Politique et alination, 173. Polynvrites et psychoses, 218. Polyphagie, 97. Polyphrasie, 123. Pouls, son tat dans. l'alination, 152, 164. Praticiens et l'tude de la psychiatrie, 30. Prison. (V. CaiHivU.)
loi
mercurielles, 243.
Procration dans l'ivresse, 195. Prodromes de l'alination, 246. mlancolique, 247. traitement 306. Profession comme cause, de maladie psychique,
Q
Quinine
comme
tonique, 325.
188.
Pronostic
269.
de
l'alination,
aperus gnraux,
R
Raptus mlancolique,
3.59.
selon l'ge, 274. de la conservation de la vie des alins, 269. selon la marche, 271. de la possibilit de gurison, 270. selon les symptmes psychiques isols,
274.
Rcidive, pronostic, 277. Refus de nourriture. (V. Gavage.) Rgnration des familles tares, 198. Religion et alination, 176.
Pv,epos
au
lit,
325.
22.
Reprsentations, 22.
-- selon les
symptmes somatiques
isols,
275.
marche,
acclres, 75.
marche entrave,
difficult
75.
de
les
transformer en actes
de
mouvement,
transformation
113.
ment
facilite, 114.
importance
Rves
historique, 45.
point de vues dans son tude, 34. buts dans l'avenir, 57.
et alination, 41.
tats de
rve dans l'tat de veille, 119. reproduction des images des rves, 86, 134.
articulaire aigu, 217.
Rhumatisme
pronostic, 273. de la syphilis, 221. pronostic, 273. de la tuberculose, 221, 274. mlancolie des tuberculeux, 221. par suite de maladies gnitales, pronostic, 273. hystriques, 594.
Psychoses de contagion. (V. Imitation.) dans la variole, 216. dans le typhus, 213. dans la scarlatine, 216. dans les maladies chroniques constitution-
leur pronostic, 273. absinthiques, 235. combines, 249. rflexes, 146. de la grossesse, 230.
Saignes comme moyen thrapeutique, 312. Saisons et alination, 174. Saturnisme (psychoses dues au), 240.
Satyriasis, 100.
Scatophagie, 99. Schma pour l'examen mental, 292. Sclrose multiple du cerveau, 204. Scrtions, troubles comme causes
dies, 159, 225.
de mala-
Scrtion lacrymale, absence chez les mlancoliques, 159. de la salive, anomalies, 161.
Sensations, 19. de plaisir et de dplaisir, 20. notation anormale, 72.
nelles, 220.
aprs le rhumatisme articulaire, 217. dues au cholra, 219. de la phtisie, 221. de la rougeole, 216.
-^
758
Sexe
TABLE ALPHABETIQUE
et alination, 174. et alination, 174.
et
des psychoses,
fminin
Trauma
Somnambulisme,
Souvenir, 118.
119.
d'locution, 123.
Sphre
Strammonium,
par puisement, 401. par choc psychique, 406. mcanique, 408. Suicide, 180, 194. chez mlancoliques, 355,
les
de la sensibilit, 143. sympathiques, pronostic, 273. trophiques, signes de dgnrescence anatomique, 156. conscutifsauxalectionscrbrales,156. vaso-moteurs, 152.
Tuberculose pulmonaire, 221, 264.
psychomoteurs, 107.
359.
U V
Urmie, 244.
Urine, troubles de la scrtion chez
les alins,
psychique, 14.
Surmenage
159.
Veratrum
viride, 324.
lsions anatomiques, 699. symptmes, 701. volution de la maladie, 700. marche, 703. diagnostic, 703. terminaisons, 702. gurisons, 703. thrapeutique, 703.
11.
Verbigration, 124. Vers, causes des psychoses, 178, 223. Vsanie, dfinition, 411.
mode
d'origine, 412.
412. 413.
rmissions
dlire, 414.
et
exacerbations, 415.
Tabac, abus, 238. Tabs dorsalis, 207. Tare hrditaire, 198. Temprature. (V. Chaleur spcifique.)
Ttanie, 110.
symptmes somatiques, 415. diagnostic diffrentiel, 416, 417. dure, 415. terminaisons, 416. gurison, 416. pronostic, 416. prophylaxie, 417. thrapeutique, 417. priodique, 502. secondaire, 424. typique (Kahlbaum), 249.
Vieillesse et alination, 186.
gnrale, 299.
Viraginit, 104.
324.
Toucher, anomalies, 67. Traitement par l'eau froide, 314, 325. (V. aussi Bains, douches, hydrothrapie.)
affaiblie,
Volupt morbide,
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le D''
,
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GARNAULT.
hygine et cart., 1896
Amblard, ouvrage
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recueillies la poly-
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SURBLED. --La
JOIRE
(U'
mariage,
in-18,
br., 1896
3 fr.
Faul).
Prcis thorique et pratique de neuro-hypnologie, tudi's sur phnomnes nerveux, physiologiques et pathologiques
physiologie,
pathologie, thrapeutique,
mdecine
lgale,
in-18,
4
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LEVILLAIN.
COURTADE.
189i
Manuel pratique de
interne
l'oreille,
par
le
docteur
in-12,
4
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A. Courlade, ancien
des Hpitaux,
membre
:
de la
Socit
d'otologie,
GILS (mdecin-major).
nhlitaire
et
Le mdecin militaire
en
Recrutement, instruction,
la vie
le
mdecin
4
fr.
dans l'arme
dehors de l'arme,
du miiecin
militaire, in-18,
1896
LAURENT.
sir
La mdecine des mes (thiapeiiti(iue spirituelle); comment ii faut choison mdecin; la mdecine spirituelle; la prire au point de vue thrapeutique l;
rel
2 fr. .oO
et
dgnrescence, un
fr.
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