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MTHODOLOGI E

PRINCIPES
Collection dirige PB' Annie REITHMANN
~
SAVOIR REDIGER
Ccile VAN DEN AVENNE
SOMMAIRE
PARTIE 1
Du mot au texte: matriser l'crit
1. Les mots sans mal
t Petit prcis d'orthographe
Orthographe lexicale
Orthographe grammaticale
Orthographe: conseils mthodologiques
le bon mot la bonne place
Quelques confusions classiques
Uste des paronymes les plus courants
2. De l'oral l'crit : la question du style ~
Problmes de syntaxe
Les phrasessegmentes
Lesanacoluthes ou ruptures de construction
Les structuresinterrogatives
Les digressions
l/ya
On/nous
Lathmatisation enfranais
DelajWdapositlon lacoordination et subordination
Les pronomsrelatifs :pronomsvagues/pronomsprcis
Problme de morphologie : la ngation
Problmes de lexique
Syntaxe et lexique : l'expression de ['abst raction
3. La cohsion textuelle
Cohrence smant ique : progress ion de l'information,
cont inuit, non-contradict ion
le systme anaphorique
Les expressions dpourvues derfrent clair
Accords engenre et ennombre
Reprises lexicales
7
9
9
9
16
lB
20
20
22
24
26
26
27
2B
29
30
30
31
32
33
37
3B
39
42
42
42
43
44
45
1 l es te mps du pan
L'opposition pau @simple/paucompos@
L'oppositionpau@ oupasscompos/imparfait
Usage duplus-que-parfaitet dupass
Problmes de dans l'utilisation des ;
observation d'exemples
1 La ponctuation
la virgule
Le deux-points
Le point-virgule
Problme de ponctuation
48
48
49
50
50
51
52
53
53
54
1 Quant ificateurs, apprciat ifs et argumentation
Peu/unpeu
Apeine
Presque

1 Nominalisat ion et argument at ion
1 Int errogat ion et argumentat ion
1 Application : cont rle d'orientat ion argument at ive
80
81
82
83
83
83
84
87
PARTIE III
Ecrits scolaires ou acadmiques :
matriser quelques techniques 91
.._-_..__ _ _ _ _ _ _ _ -- _ _ _ _ .. PARTIE Il
Argumenter: crire pour persuader 55
_....__.._-_.__.__._- -_...._-_...__._...- .._...._.__...._..._.-
L Le. procd logique. de l'argumentation :
micanlsme. de la rhtorique persuasive 59
1 l e syllogisme 60
1 la preuve 61
1 l' argument d'autorit 62
1 l e raisonnement par analogie 63
I l e raisonnement par l'absurde 63
2. L'argumentation dans la langu e :
le. outil. linguistique s de l'argumentation 65
Relier pour argumente r : des out ils de connexion 65
Marquerlacaure 65
Marquerlaconsquence, le but 68
Marquerlaconcession 69
MarqueruMopposition ou unerestriction:mais,cependant,
routefois, nanmoins, pourtant 73
Ponctuer les moments d'unraisonnement :or 75
Apporterd'autresarguments 77
Amsi n
L'utilisationdes connecteurs:observationd'unexemple SO
- .-
1. L' c:rlt a rgu me nt'
1 Pralable toute rdact ion : comprendre un sujet
Rep@fef'les termes ds
Reprerlesarticulations
Formulerlathse
Enjeu dusujet
Rcofterdes exemples :afferdansle sens de l'auteur
Rfuter
Confirmer sa these
Ile plan
Plans explicatifs
Plan d'une dmonstration
Applkation
1 l es t ransitions
1 Conclure
Une doublefonction :rcapitulationet prospection
la conclusion-action
1 Dvelopper une pense
Dlfinirunmot, une notion
Illustrer : utiliserdes eJCemples
- , -
95
95
95
97
98
99
100
101
103
103
104
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111
111
112
114
115
115
117
Introdu ire
Dbuterun teKte : l'ancrage fflondatif
Capterfa bienveillance(captatio benevotent iae)
Cernerle sujet
Formuler une position
Annoncer le plan
Applicat ion : const ruction de textes argumentatifs
Texte l :contrelagrammairescolaire
TexteZ : maispourquoimigrent-ils ?
2. Plst pour commenter un texte
Comprhension du t exte
Plan du comment aire
Untexte argumentatif
Untexte explicatif
Introduct ion
Conclusion
Applicat ion : un exemple de commentaire de texte
Comprhensiondu text e
Constructionduplan
Avous maintenant
BIBLIOGRAPHIE
INDEX
- .-
liB
119
120
122
122
122
726
726
727
731
131
132
132
132
133
133
733
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136
136
139
741
PARTIE 1
DU MOT
AU TEXTE:
MATRISER L'CRIT
Du mot au texte: matriser l'crit
1. Les mots sans mal
Petit prcis d'orthographe
Mme si t'ort hographe est dite science des nes , il n'en reste
pas moins qu'avoir une mauvaise ort hographe, pour un tudia nt
rendant un t ravail crit, de mme que plus t ard dans la prat ique
d' crits professionnels, est toujours pnalisant.
l' orthographe du franais est part iculirement complexe parce
qu' elle n'est pas t otalement univoque d'un point de vue phon-
t ique: un son n'est pas transcrit par une seule graphie et une seule
graphie ne transcrit pas un seul son. Par exemple, le son [f] peut
t re aussi bien t ranscrit par la graphie f que par la graphie ph. la
graphie r peut aussi bien not er le son It] dans nousrations, que le
son [sJ dans uneration.
D'autres langues ont une criture davantage phontique, l'espa-
gnol par exemple, ce qui en facilite l'apprent issage, notamment
par des t udiants t rangers. l 'orthographe du franais, qui se
prsente (et ce malgr les rformes) comme une sorte de super-
position de diffrent es couches de langues fossilises (les
fameuses ort hographes tymologiques), demande un long usage
et une longue familiarit pour tre enti rement matrise.
Cependant , ne dsesprons pas !
On dist ingue ort hographe lexicale et orthographe grammaticale.
l 'ort hographe lexicale est celle des mots proprement parler, telle
qu'elle est consigne dans les dictionnaires.
l 'orthographe grammaticale est cette des mots dans (a phrase, elle
concerne les phnomnes d'accord et de conjugaison.
Orthographe lexIcale
l' ort hographe du franais est si complexe qu' il est impossible de
rduire sa matr ise quelques trucs qu'il suffirait d'apprendre.
- , -
Savoir rdig.e ".'- _
la meilleure faon de se l'approprier de faon naturelle est d'en-
tretenir une relat ion quotidienne avec l' crit . Li re tous les jours,
diffrents types d'crits (litt rat ure, journaux, manuels), crire
galement un peu chaque jour, avec le dictionnaire porte de
main pour vrifier tout doute que vous pourriez avoir. Cette fami-
liarit quotid ienne avec l'crit vous sera ut ile galement pour
matriser peu peu tes codes de l' expression crite, ce que nous
verrons ultrieurement .
Au fil de vos lectures et de vos travaux d'criture, faites-vous des
fiches personnelles consignant vos faut es bien vous , celles
que vous fait es rgulirement, les mots qu' il vous arrive de
confondre... Avec un mmento de ce type, vous liminerez peu
peu les erreurs qui se glissent dans vos crits.
Si c'es t vous de fournir la plus grosse part ie du t ravail, voici
cependant quelques remarques sur des points classiques d'achop-
pement en ort hographe lexicale. l ors d'enqutes menes en
France, aprs examen de copies de premire anne l'universit, il
a t constat que tes quatre causes principales de fautes d'ortho-
graphe taient les suivantes :
l'accent circonflexe;
les consonnes doubles ;
les lettres grecques :
les fi nales -ant / -eer et e -eece / -ence.
Ce sont ces points que nous allons part iculirement observer. ainsi
que d'autres.
Lesaccents et le trma
l'accent aigu et l'accent grave sur le e
Placs sur le e. l'accent aigu ou l' accent grave changent le son
tran scrit : tran scrit le son [el, t ranscrit le son [E]. les copies
d'tudiants laissent voir une grande confusion dans l' emploi de ces
accent s (de nombreuses copies laissent voir aussi une absence
totale d'e mploi des accents, t out est crit e, au correct eur de
d mler ]. Un peu d'attention et de relect ure permettent d'vi-
t er les confusions.
- 10 -
Du mot au texte: matriser l'crit
Dans bl ou alle, la prononciation n'est pas la mme que dans
pre ou sme. Faites attention galement la diffrence entre des
prs et prs de...
De manire gnrale, on trouve lorsque la syllabe qui suit est
forme d'une consonne et d' un e muet, et dans le cas cont raire.
Exemptes : enlvement, discrtement. il smera et tmoin, lser.
tlphone...
Attent ion aux mots de la mmefamille, dont le e prononc lE] ne
comporte plus d' accent : enlever. semer, discret (ici. c' est la
prsence de t qui permet le son le]).
Remarque : le dernier rapport du Conseil suprieur de la langue
franaise sur les rect ificat ions de l'orthographe (1990) aut orise
que le mot vnement soit orthographi vnement, selon une
graphie en accord avec ta prononciation contemporaine. les deux
graphies sont consignes dans les dict ionnaires. Sachez cependant
que vous pouvez tomber sur un correcteu r te vieill e cole qui
aura fait de cett e perte rare son cheval de bataille...
It en est de mme pour les mots suivants : abrgement, aff terie,
allgement. allgrement. asschement. cleri. compltement,
crmerie. empitement, hbtement. rgfementaire, rglementai-
rement, rglementation. rglementer. scheresse...
L'accent grave pour distinguer des homonymes
l 'un des emplois de l'accent grave (quand il n'est pas sur un e) est
de permettre de diffrencier des homonymes.
Distinguez bien . la prposition, de a, la forme du verbe avoir ;
l, adverbe, et la. article ou pronom personnel ; . adverbe (dans
et l), de a, pronom dmonstratif.
Distinguez bien o. marquant le lieu, de ou, conjonct ion de coor-
dination.
Attent ion: les expressions lat ines a priori, a posteriori, a minima ne
comportent pas d' accent sur le a.
-11-
Savoir rdige..''- _
L'accent circonflexe
L' accent circonflexe est l'une des difficults de l'orthographe de la
tangue franaise parce qu' il est une trace historique d' un ancien
t at de langue (trace d'un ancien s. comme dans fort, s que l'on
ret rouve dans forestier : ou bien t race d' une ancienne voyelle en
hiatus, comme dans sr, qui s'crivait anciennement seur).
Il sert essentiellement de nos jours disti nguer des mots qui
seraient homographes (s' crivant de la mme manire).
Exemples
dO, part ici pe pass de devoir , et du, article;
mr, adject if, et mur, nom :
sr =certain, et sur =aigre ou sur prposition ;
tche = t ravail. et tache = souillure.
Prenez garde distinguer cr. participe pass du verbe crot re
et cru, participe pass du verbe croire ; les pronoms possessifs
le vtre, lantre et les dterminant s possessifs notre, votre (c'est
notreami/if est des ntres).
- ,, -
Du mot au texte: matriser l'crit
Rcapitulatif : l'accent circonfl exe
Terminaison de conjugaison Distinction d'homonymes
al pass simple al sur u
nous aimmes, nous suivmes, mr/mur : unfruit mrsur
nous voulmes unmur
vous aimtes, vous suivt es, dO/du : donne-moi dupain,
vous voult es c'est mond
sOr/sur : surcet arbre, lesfruits
sont sur.j'ensuis sOr
b) imparfait du subjonct if bl sur a
qu'il etmt . qu' il suivit, qu' il tche/ t ache : satAche est
voult d'effacerles taches
mtin/matin : ce matin,j'ai vu
ungros mAtin(chien)
cl plus-que-parfait du c) sur 0
subjonct if
cte/cote : sactedeporcala
qu'il e t aim, qu'il eOt suivi, cote
qu' il et voulu
ntre/notre : notrefrre n'est
pasle vtre
vtre/vot re : votre frre n'est
pasle ntre
-,, -
Savoir rdige !"'- _
Let rma
Il se place toujours sur la deuxime voyelle, qui se trouve ainsi
dtache de la voyelle prcdente.
Exemples: a/eul. na/t. sto/que, aigu, exigu, contigu , caphar-
nam...
Remarque: le rapport du Conseil suprieur de la langue franaise
sur les rectifications de l'orthographe prconise que dans les cas
de aige, exige, contige... le t rma se place sur le u qui est
prononc, et non sur le e, qui ne l'est pas.
Les finales muettes
De nombreuses consonnes finales en franais sont dites
muettes : elles ne sont pas prononces l' oral. Mai s on ne peut
(es oublier l'crit. Trs gnralement , elles ont pour fonction
d' assurer la cohsion au sein d'une famille de mots, c' est --dire
qu'elles vont appara tre prononces dans d'aut res mot s de la
mme famille.
Exemples: canard, canarder (tirer sur quelqu' un comme dans la
chasse aux canards) ; cafard, cafarder ; parlement, parlementer ;
teint. teinter, et c.
A chaque fois donc que vous hsitez sur une finale, pensez un
mot de la mme famille.
Il en va de mme pour les fi nales de participes passs : mettez-les
au fminin pour savoir s'ils comportent ou non une lettre muette :
crit/crite, comprislcomprise, mais fini/finie...
Les lettres tymologiques et les consonnes doubles
Le h latin (adhrence, inhalation), les rh, th, ph, ch, et y grecs
(chronomtre, psychologie, schizophrne...) : hritage de l'hist oire
et de la place accorde la t radition crite en France. Pas d'autre
solut ion que de les apprendre en attendant une bonne rforme de
l' orthographe qui nous en dbarrasse... Faites attent ion ne pas
t rop en rajouter : par exemple *thymologie mis pour tymologie 1
- 1. -
Du mot au texte: matriser l' crlt
Faites-vous vos fiches personnelles, n'hsitez pas vrifier dans le
dictionnaire.
Mme chose pour les consonnes doubles. Certaines ont une vraie
fonction, celle de distinguer des homonymes : cane et canne ;sale
et salle; vile et vilfe... Ce ne sont gnralement pas celles-l qui
posent problme. Ce sont les autres, celles qui ne sont ni pronon-
ces ni utiles pour la distinct ion d'homonymes , celles dont on
apprend des listes en classe primaire (mais qui bien souvent ont
rsist l'apprentissage...) : deux p dans apparatre, un seul dans
apercevoir... Avos fiches et dictionnaires!
Les adverbes en -ment
Ils sont trs souvent mal ort hographis. Deux principes sont
ret enir, l'un concerne la prononciat ion, l'aut re la finale de l'adjec-
tif sur lequel l'adverbe est form.
Si l'adverbe est prononc avec une finale -ament . l' orth o-
graphe de cett e finale est -amment ou -emment .
- Si l'adject if sur lequel l' adverbe est form se termine per -ant ,
l'adverbe se t ermine par -amment .
Exemple : constant/constamment
- Si l'adject if sur lequel t'adverbe est form se termine par -eer ,
l'adverbe se termine par -emment .
Exemple : vident/videmment
Si l'adverbe est prononc avec une finale - ment , t'ort ho-
graphe de cette finale est -ment .
Exemple : passionnment
Si l'adverbe est prononc avec une finale en -ement , cette
finale est ort hographie -ement .
Exemple : amoureusement
- ~ -
Savoir rdig.,e"-' _
Les finalesen -ance/ -eee, -ant l -eee
Ainsi que nous l'avons not en intr oduction, ces finales font partie
des quat re types de faut es les plus frquentes.
e -ence est un suffixe qui s'ajoute des verbes pour former des
noms marquant l'action ou le rsult at : souffrance, vengeance,
attirance,rousptance.
e -ence est un suffixe qui forme des noms correspondant soit
un verbe et un adjecti f en -ent :adhrence ;soit un adjecti f
seulement : intermittence, truculence. immanence ;soit un verbe
seulement : ingrence. C'est dans ce dernier cas qu'il peut y avoir
des confusions ent re les deux finales -ence et -ance .
Vrifiezsyst mat iquement dans le dictionnaire, ds que vous avez
un doute, et laissez faire vot re mmoire qui la longue impri-
mera la bonne forme.
-ant est un suffixe formant des adjectifs sur une base verbale
ou non : abracadabrant, itinrant, migrant.
-ent est un suffixe formant des adjectifs partir de noms en
-ence : rticent.
Orthographe grammaticale
On vous pardonnera beaucoup moins [es fautes d'ort hograp he
grammaticale que tes fautes d'ort hographe lexicale. Si les
secondes peuvent tre excuses par l' ignorance ou t'inadvertance
(on peut vous pardonner de ne pas connatre par cur l'int gralit
du dictionnaire...), les premires tmoigneront cont re vous d'une
mconnaissance du fonctionnement de la langue franaise.
Lesaccords
Fait es bien attent ion aux accords (sujet/verbe ; sujet/part icipe
pass : nom/adject if). Un peu d' attent ion et de relecture liminent
tes faut es d'accord.
- ,,-
_ __'- --'Du mot au texte: matriser l'crit
le cas de l' accord du participe pass est toujours dlicat.
Si le participe pass est employ avec tre, il s'accorde avec le
sujet. Ce n'est gnralement pas ce point qui pose problme.
Si le participe pass est employ avec avoir, et que le compl-
ment d'objet direct est placavant lui. il s'accorde avec celui-ci.
Exemple
Lescoups qu'ilm'adonns,je les lui ai rendus.
lorsque le participe pass est employ dans une forme pronomi
naie, on t rouve plusieurs cas de figure selon que le pronom rfl-
chi est objet direct ou non.
- Si le pronom rflchi est objet direct, le participe pass s'accorde
avec ce complment.
Exemples
Ils sesont injuris. (Ils ont injuri qui? : eux.)
Les coups d'ilqu'ilsse sont lancs enpassant.
- Si le pronom rflchi est complment d'objet indirect, le participe
pass est invariable.
Exemple
Us se sont pluaupremiercoupd'il.
- Si le pronom est inanalysable (nicomplment d'objet direct, ni
complment d'objet indirect), le participe pass s'accorde avec le
sujet.
Exemple
Elles'est dlecte depouvoir enfinfaire tout ce qui tait interdit.
Excepti on : te part icipe pass de se rire, se plaire, se dplaire, se
complaire est invariable.
- 11-
Savoir rdlge "r'- ~ _
Les terminaisons de conjugaison
Faites attention galement aux t erminaisons de conjugaison et
aux confusions possibles entre diffrentes termi naisons.
Les terminaisons -el ou -ais la premi re personne du
singulier
la premire est la t erminaison du pass simple, pour les verbes du
premier groupe, la seconde la terminaison de l'imparfait . la valeur
du t emps employ est diffrente : le pass simple s'emploie pour
une act ion ponctuelle, l' imparfait pour une act ion qui dure ou qui
est habituelle. l' identification peut se faire classiquement en chan-
geant de personne (il la place de je :je chantai/ if chanta ou je
chantais/ilchantait).
l es terminaisons -ra; ou -rais ta premi re personne du
singulier
la premire est la terminaison du futur de l'indicatif ; la seconde
celle du conditionnel prsent. Lesemplois sont bien entendu diff-
rents. l' ident ificat ion peut se faire comme prcdemment par
substitution de personne (tu la place de je :je pourrai/ tu pourras
ou je pourrais/tu pourrais).
la t erminaison d'infinitif -er et la terminaison de participe
pass -
Grand classique des copies , mme si l' erreur parait t riviale 1
Comme prcdemment, le t ruc a d t re appris en classe
primaire : on substit ue au participe pass du premier groupe un
participe pass d' un verbe du deuxime ou t roisime groupe (je
l'aientenducrier/je l'ai entendurire).
Orthographe: con..Us mthodologiques
L'attention et la relecture
l' essentie l en matire de correct ion ort hographique est de
t oujours garder un t emps pour la relecture avant de rend re un
devoir crit . l es faut es dues la prcipitat ion et au fait que l'on
-,, -
Du mot au texte ; matriser l'crit
s'attache plus poursuivre son ide qu' faire attention la faon
dont on crit ne rsist ent gnralement pas une bonne relec-
t ure : elles saut ent aux yeux. j'ent endais dernirement la radio
un professeur de philosophie t moigner : lorsqu'un lve lui avait
rendu une copie avec une faute chaque mot, il l'envoyait au
tabl eau rcrire les mmes phrases. Une fois au tableau, il crivait
dans une ort hographe parfaiteme nt correcte ...
Fairerelire pard'autres
l orsque vous produisez un crit, faites-le relire par d'autres ds
que vous en avez la poss ibilit (cela deviendra indispensable
lorsque vous aurez rdiger un crit long : rapport ou mmoire). Il
est parfois difficile de se relire soi-mme lorsqu'on connait trop ce
que l'on a crit. la relecture par un tiers devient alors plus efficace.
Mthode active:autocorrection et miseen fKhes
A l' issue de vot re propre relecture, ou de celle de quelqu 'un
d'autre, rpertoriez vos fautes , classez-les, et faites de la mise en
fiche (lexique/grammaire; y a-t -il des types de fautes qui revien-
nent constamment ? etc].
Cette mise en fiches vous aidera prendre conscience de vos
fautes. JI est parier qu'une fois mises en fiches, ces fautes dispa-
ratront d'el les-mmes de vos crits, du fait mme que vous en
avez pris conscience.
Faire travaitfersa mmoire
La correction orthograph ique est avant tout affaire de mmoire.
Relisez rgulirement vos fiches (notamment avant un devoir sur
ta ble), pour liminer progressivement les fautes rcalcitrant es. Et
surt out lisez ! C'est en lisant abondamment , quotidiennement ,
que vous exercez votre mmoire visuelle et gardez en t te l'image
graphique des mot s, qui ensuite viendront nat urellement sous
vot re plume. Un mot cent fois lu, un mot familier, ne pose gnra-
lement aucun problme : cririez-vous un homme, sans h et avec
un seul m ? ! A force de Ure tous types d'crits, mais surtout des
- 19 -
Savoir rdiger
crits littraires, tes mot s les moins frquents vous deviendront
galement familiers, et vous n'hsiterez plus sur l' ort hographe
d'hcat ombe ou d'tymologie...
Le bon mot l a bonne place
S'il import e d'crire les mot s sous leur bonne forme, il import e
encore plus de mettre te bon mot la bonne place. Il s'agit ici de
prendre garde aux paronymes, c' est --dire aux mots qui ont une
forme quasi identique mais qui ne veulent absolument pas dire la
mme chose.
quelques confusions cla ssIques
l es confusions les plus classiques t iennent des diffrences
d'ordre grammat ical : confusion entre adjectif et part icipe prsent,
adjectif et nom, adverbe et nom.
Fatiguant/fatigant
la premire forme est un part icipe prsent, elle est invariable (En
se fatiguant un peu, if pourrait arriver un meilleur rsultat ). l a
seconde forme est un adject if (fatigant/fatigante) .
Diffrant/diffrent
la premire forme est un participe prsent, invariable (Ne diffrant
en rien de son [rre. il est tout aussi insupportable). la seconde
forme est un adject if (diffrent/diffrente) .
Qu'elle/quellquefle
les deux dernires formes sont des formes d'adjectif s, soit inte r-
rogatif (Quelle mouche l'a piqu 7 ; Ne pas savoir sur quel pied
danser), soit exclamatif (Quelle horreur!; Quel crtin f). Ces deux
formes doivent donc t oujours tre accompagnes d'un nom.
- ~ -
Du mot au texte: matr iser l' crit
Dans la premire forme, le pronom personnel fminin est prcd
d'une forme qui peut tre un relatif (Sais-tu ce qu'eflem'adit 7) ou
une forme introduisant un ordre ou un souhait (Qu'elle parte 1).
Elle est donc forcment accompagne d'un verbe.
Quel que/quelque
la premire forme est un adject if suivi d'un relatif, elle sert
former une concessive avec le verbe .: tre au subjonct if : quel
que soit...
la seconde forme est un adject if, toujours accompagn d'un nom :
quelque chose.... ou un adverbe qua lifiant un adjectif : quelque
mchant qu'ilsoit...
Quoi que/quoique
Quoi que tu fasses. Quoique tu sois charmant...
l e premier introduit un complment d'objet, le second est une
conjonction int roduisant une opposition ou une concession.
Davantage/d'avantages
Elfe avait peu davantages. pouren avoirdavantage {...] Davantage
d'avantages avantagent davantage . chante Bobby t apclnt e.
Davantage est un adverbe, d'avantages le nom accompagn de son
dt erminanL
- 21-
Savoir _
Uste des paronymes les plus courants
Abjurer : abandonner solennel- Adj urer : supplier.
tement une religion ou une
opinion.
Affectation : manque de Affect ion : attachement,
natureL t endresse.
Allocat ion : somme d' argent Allocution : discours.
attribue quelqu' un.
Alternance : succession Alternative : sit uat ion o
rgulire de deux lments l'on doit choisir ent re deux
(ex : deux systmes politiques). solut ions.
Bibliographie : liste des Biographie : rcit d'une vie.
ouvrages crits sur un sujet.
Conjoncture : ensemble des Conjecture : hypothse,
facteurs qui dfinissent une supposition.
sit uation.
Dmyst ifier ; dtromper les Dmyt hifier : enlever ta
victimes d'une mystificat ion qualit de myt he.
(canular, dupe rie).
Dsint ressement : qualit Dsint rt : indiffrence,
d'un acte ou d'une personne dtachement .
qui ne cherche pas l' int rt
personnel ou le profit .
Humaniste : qualifie un mode Humanitaire : qui a pour souci
de pense ou une cult ure le bien des hommes (organisa-
cent rs sur l'panouissement tiens humanitaires).
de l'homme et les valeurs
humaines.
Eminent : qui est au- dessus Imminent : qui va se produire
du niveau commun. bientt.
-,,-
_ _____ ___ mat riser l' crit
Inclination : penchant concer-
Inclinaison : tat de ce qui est
nant la vie morale ou les senti- inclin, pench.
ments.
Oppress : gn dans ses fonc- Opprim : vict ime d' un
tions respirat oires par une
pouvoir tyrannique.
cause physique ou par l'an-
gcisse.
Perptrer : accomplir une
Perptuer : maintenir, faire
mauvaise act ion.
durer.
Romanesque : qui concerne le
Romanti que : qui a les t raits
roman.
caract rist iques de la litt ra-
ture romant ique.
- ,,-
Savoir rdlge.,' '--- _
2. De l'oral l'crit: la question
du s"'l e
_...._..__.__...._ ~ . ~ ....._....._...._...._..._..._....._...._...._....__.._...._...._..._...._....-
Beaucoup de fautes sanctionnes dans les copies d'tudiants tien-
nent au style. l es enseignants les relvent en indiquant :
style! , style oral ou style relch ... bien souvent sans
donner aux tudiants les moyens de comprendre et d'accder au
style attendu dans les crits de type acadmique.
On peut se demander s'il n'y a pas une concept ion litiste impli-
cite, savoir que le style serait en quelque sorte inn : certa ins
t udiants auraient du style et d'autres non. S'il semble ce qu' il y a
de plus complexe aborder. le sty le crit peut touj ours t re
amlior et t ravaill.
tes fautes de style t iennent en fait souvent des interfrences
entre style oral et style crit. En prenant conscience de caractris-
t iques propres au discours crit. qui font qu'il est fondamenta le-
ment diffrent du discours oraLon peut arriver le mat riser.
les fautes de style sont donc dues ce qu'on peut appeler des
rupt ures de cohrence stylistique 1) : l' tudiant fait usage de
t ournures ou variant es connot es comme orales et qui sont
rprouves par la norme de l'crit.
Pour prendre conscience de ce phnomne, voici un corpus d'ex-
tra its de copies. censures par des enseignants. Essayez, dans les
diffrents cas, d'expliquer ce qui cause la rupt ure de cohrence
stylistique.
1, Onremarque que Queneau crit comme quandon parle et voire
mme une langue plusenfantine.
2. Le statut phonologique de la diphtongue c'est qu'elle peut se
situerqu'aprslesconsonnes s. d, vet get en final.
3, Sil'auteurne l'utilise pasle latin, celadmontrequele latinn'est
plusconsidrou plutt n'aplus te mme statut qu'avant.
- 24 -
_ ~ D .. u mot au texte : matriser l'crft
4. Dans cetextrarr. ily aplusieurs fantaisiesorthographiquesde l'au-
teur.
5. Descartes s'exprime ici en franais sans doute pourla premire
fois et le problme de ce texte est justement qu'il est critiqu " en
faisant cela.
6. Lelatinn'est pluslalangue maternelle. aforsquele franais oui.
7. Descartes dit qu'il faut s'en dlivrer, pourquoi crire dans une
langue que personne ne parle couramment et tous les jours en
France, point de vue de lacommunication?
8. Au Xlf sicle, le latin est lalanguedes rudits, lalangue dusavoir,
tandisqueles diffrenteslangues vernaculaires sont mprises, elles
n'ont aucunprestigelittraire. c'est le langage du peuple. qui est
oral alors quele latinest lalangue de l'criture. d'osonprestige.
Toutes ces fautes de style sont dues des interfrences avec l'oral
Dans l' exemple 1, on remarque la tournure orale (avec j' utili sation
du pronom on) : comme quand onparle.
Dans l'exemple 2. on remarque deux t ournures orales : le dtache-
ment c'est que... et t'emploi d'une ngation qui omet le
morphme ne.
Dans l'exemple 3,l'utilisation du pronom l' dans ne l'utilise pasle
latin est redondante par la prsence du complment d'objet : le
latin. Il s'agit d'un phnomne de phrase segmente .
Dans l'exemple 4, c'est la t ournure vague ily a qui est plus parti-
culirement connote comme orale.
Dans l'exemple S, il s'agit d'un problme de lexique, avec t'emploi
du verbe critiquer qui est ici familier (('ut ilisation des guillemets,
qui le signale, n'excuse rien).
- ,, -
Savoir rdig;,o". _
Dans (es exemples 6 et 7,les tou rnures synta xiques sont propre-
ment orales avec des ruptures de const ruct ion (absence de lien
syntaxique : le franais oui, insert ion d'un nonc inte rrogat if non
introduit, comment aire sans lien avec ce qui prcde : point de vue
delacommunication).
Dans l' exemple . I'tnsertion de l'nonc c'est lelangagedupeuple
ent rane une rupture dans ta const ruct ion de ta phrase.
l es problmes d' int erfrence entre crit et oral jouent donc
plusieurs niveaux : au niveau syntaxique, au niveau lexical, mais
galement au niveau morphologique. Nous aUons passer en revue
les problmes spcifiques ces diffrent s niveaux.
Problmes de syntaxe
l e discours oral est caract ris par des courbes mlodiques, des
accent s d' int ensit, des pauses. 1\ prsente des hsitations, des
rptit ions. Certains noncs commencent et restent en l'air .
l e discours crit au cont raire est compos de phrases, commen-
ant de manire conventionnelle par une majuscule et se termi-
nant par un point . la ponctuat ion crite n'a que peu de choses
voir avec les pauses de l'oral. Chaque phrase par ailleurs doit avoir
une unit syntaxique. l es rptitions, (a redondance synta xique
sont proscrites. Comme nous l'avons soulign plus haut , les
phrases segmentes sont trs abondantes l' oral. Elles sont
absentes du code crit , qui valorise la prat ique de la subordinat ion
au sein de la phrase complexe .
Les phrases segmentes
l' crit ne peut comport er de phrases segment es. Prenez donc
garde t ous les phnomnes de redondance (un sujet ou un
complment rpt deux fois, l'un sous sa forme pleine, l'aut re
sous la forme d'un pronom de rappet).
- ~ -
Du mot au texte: matriser l'crit
Pour prendre conscience du phnomne, corrigez les phrases
suivantes (qui pourraient t re extraites de copies d't udiant s 1).
1. Dans le pays dit d'accueil, les immigrs en fait y sont mal
accueillis.
2. Lescrivains romantiquesserfugient danslanature. Lilsy trou
vent lebonheur.
3. Les immigrs, s'ils ne transmettent pas leur langue d'origine
leursenfants, ils sont encoreplusdracins.
Dans les phrases 1 et 2,y (complment de lieu) est redondant.
Dans ta phrase 3, le pronom ils, qui reprend le sujet lesimmigrs,
est redondant.
Les anacoluthes ou ruptures de construction
l e t erme anacolut he dsigne les ruptures de const ruction.
Frquent es l'oral. elles sont bannir de l'crit.
Observez les exemples suivants.
1. En 1539, l'dit de Viffers-Cotterts tablit que tous les papiers
administratifset autresseront enfranais, devenant ainsideplus en
pluslalanguehaute audtriment dulatin.
2. De plus, degrands crivains comme Ronsard ouencore Du Bellay
ont misen valeur lalanguefranaise avec notamment La Franciade
pour Ronsard, mais galement un enrichissement du vocabulaire
franais grAce sesdiffrentessouches latineset grecques.
3.Espronsquece triste bilan incitera lesautorits moderniser et
amliorer les quipements de l'aroport, notamment l'installation
d'unradar d'approchesophistiqu rclam depuis plusieurs annes
parlespilotes.
- 27-
Savoir r d i g e ~ r _
4. Dans lespremierstemps. lelatinclassique. parlque parune lite
occupait lafonctionde langue haute, c'tait lalanguede l'adminis-
tration. dupouvoir, dusavoir, desclercs, enopposition aveclalingua
matema, comme l'appellera Dante, toutes langues vernaculaires
qui avaient donc lestatut de languebasse. lalanguedupeuple.
Dans t'exemple 1, la proposition participiale utilise impliquerait
l'utilisation du mme sujet dans la proposition principale.
l'utilisation d' unsujet diffrent ent rane une rupture de construc-
tion.
Ainsi, il aurait fallu crire : (...] franais, qui devient ainsi...
Dans l'exemple Z, on ne sait avec quoi se construi t le syntagme
nominat unenrichissement... Peut-tre peut-on crire : [ }et ont
galement contribu l'enrichissement desonvocabulaire .
Dans l'exemple 3,Ia rupture de construction entrane une lncob -
renee smantique (au niveau du sens). Ainsi appos. l'instalfation
semble dvelopper le sujet triste bilan. Il aurait fallu crire : [.,.]
notammentraliser....sur te mme plan syntaxique que Amoder-
niseret amliorer.
Dans l'exemple 4, toutes langues vernaculaires ne peut reprendre
l'lment qui prcde linguamaterna, puisque ce groupe nominal
est au singulier, Il s'agit donc d'une rupture de construction.
Les structures Interrogatives
l'expression de t'interrogation n'est pas la mme li l'oral et li
l'crit. Al'oral on utilise la locution interrogative est-ce que , et
bien souvent l'intonation simplement suffit, At'crit, l'expression
de l'interrogat ion se fait par l'inversion du sujet.
Observez les phrases suivantes.
1. Les enfants martiniquais, qui depuisla petite enfance parlent
crole. qu'est-ce qu'ilsprouvent et qu'est-ce qu'ils font quand,
tout d'uncoup. ils se voient l'cole confronts avec une langue
franaise qui n'arien voiravecce qu'ifs entendent.
- ,, -
Du mot au texte : matriser l'crlt
Z. st-ce que cette approche s'applique-t-elledansuntel cas ?
Dans l'exemple 1, il faudrait avoir recours l'interrogat ion par
inversion (qu'prouvent-ils) la place de l'utilisation de la locu-
tion est-ce ece. typique de l'orall'inversion permettrait mme de
conserver la phrase segmente. de connotation orale mais qui
peut avoir ici une valeur expressive (les enfants martiniquais, qui
[...] quprouvent-ils... plus expressif mais galement plus oral que
qu'prouvent les enfantsmartiniquais...).
l'exempleZ prsente une redondance dans l'expression de l'inter-
rogation puisqu'il accumule l' utilisation de la locution est-ce que
et de l'lnverslcnt'lnverslon seule suffit. l'erreur est courante, elle
rvle une interfrence entre code oral et code crit.
Les digressions
les noncs oraux sont pleins de digressions.Al'crit, l'insertion
d'un commentaire caractre digressif est dlicat et ncessite
d'tre signal.
Observez t'exemple suivant.
L'apprentissagencessaire de lalanguefranaise. lesenfants marti-
niquaispeuvent n'avoirjamaisentenduparlerquelecrole, accen-
tueles difficultspourl'apprentissage delalecture.
l' nonc central ent re virgules peut tre considr comme un
nonc parenthtique.11 est insuffisamment marqu comme tell!
faut soit le noter entre parenthses, soit expliciter davantage le
lien de cause effet qu'il entretient avec le sujet de la principale :
L'apprentissage ncessaire de la langue franaise, dufait que les
enfants...
Autre exemple qui peut tre assimil li une digression ou un
remords : on ajoute li la fin d'une phrase une information, qui, de
ce fait, arrive mal rattache li ce qui prcde.
-,, -
Savoir rdlge"'. '- _
Descartes doitdonc sejustifiercartefait quele franais est mainte-
nant lalangue dupeuplen'est pas encore assimil parlesintellec-
tuels det'poquecarce passages'adresse eux.
Mieux vaut , dans cet exemple, construire une seconde phrase : En
effet, ce passage s'adresse eux. Ou const ruire une relat ive : les
intellectuelsdel'poqueauxquelss'adresse ce passage.
II y a
la formule il y a est surabondante l'oral de mme que voici,
voil, c'est, c'est... que. Toutes ces expressions jouent un rle
pr sentent et permettent de mettre en valeur un lment de la
phrase.
Il est parfois facile de substituer ces expressions vagues des
tournures plus prcises et plus crites .
Observez les exemples suivants.
1. Quand lesbureaux ont ferm, ily avait encore plusieurs dizaines
depersonnes qui faiS4ient laqueuedevant laporte.
2. Cela s'estpass ily a pasmat detemps.
On peut crire pour l'exemple 1 : plusieurs dizaines depersonnes
restaient [sirelaqueue... et pour l' exemple 2 : voil quelque
temps dj.
On/nous
l 'emploi de on la place de nous est frquent l'oral. A l'crit ,
distinguez bien la diffrence d' emploi et de sens ent re on et nous.
Et surt out vitez le mlange de on et de nous.
On a un sens indfini : il dsigne un groupe de personnes indt er-
mines dans lequel ne s' inclut pas forcment celui qui parle/ crit,
ou un individu qui reste dans l'anonymat. Il sert , not amment,
noncer des vrits gnrales, des locutions de types proverbiales,
rapport er des rumeurs...
- "' -
_ ~ u ~ o t au texte : matriser l'crit
Exemples
'En France, onaime s'asseoir laterrassedes cafs.
, Ondit qu'enFranceil y a beaucoup d'alcooliques.
Comme onfaitsonlit, onsecouche.
Nous reprsente au cont raire un groupe de personnes bien dt er-
mines, dont fait part ie celui qui parle.
Exemples
Nousaimons allerboire unverre lesoir ensemble.
Nousnesommespaspourautant alcooliques.
La thmatlsation en franais
le discours obit une rgle gnrale de progression. Oans une
phrase, on distingue, en terme d'analyse informat ionnelle (fonde
sur la progression de l'informat ion), entre ce que l'on nomme te
thme (ce qui est prsent comme dj connu) et le rhme (ou
focus, ce qui est prsent comme apportant le maximum de
nouvelles informations).
Exemples
Ernest s'est ridiculishier.
Hier, Ernest s'est ridiculis.
Oans le premier cas, hierest l'information nouvelle. On peut consi-
drer que la phrase rpond une question : quand Ernest s'est- il
ridiculis? Dans le second cas, Ernest s'est ridiculis est l' informa-
t ion nouveUe. On peut considrer que la phrase rpond une
quest ion : que s'est-il pass hier ?
la mise en relief du dj connu s'a ppelle t hmat isat ion . En
franais, l'oral, se t rouve frquemment la t ournure de thmati-
senon : ce qui... c'est.., du type cequi est vraiment incroyablec 'est
qu'ils continuent d'utiliser cettemachinequicoOte tellement cheret
n'est pas tellement efficace.
- 31-
Savoir r d i g v . ~ r _
A l'crit. vitez la prolifration de ce type de st ruct ure, tr op
marqu d'oralit. Prfrez pour l'exemple ci-dessus : qu'ils conti-
nuent d'uti/iser cette machine (...] est vraiment incroyable.
De la Juxtaposition la coordination et subordination
A l'oral, tes liens logiques ent re propositions sont parfois simple-
ment marqus par l'int onation et l' ordre des const it uants. l es
noncs sont t rs souvent juxtaposs sans connexion explici t e (je
suisparti/tun'taispasl). On parle ce sujet d' un phnomne de
parat axe. A l'crit. au cont raire. il est ncessaire d'expliciter ces
liens logiques et d'ut iliser pour cela des procds de coordination
et de subordinat ion (comme tu n'tais pasl. je suis parti/je suis
partipuisquequetun'taispasl...).
Pour prendre conscience du phnomne (nous reviendrons plus en
dt ail sur cette quest ion de la subordinat ion dans le chapit re
suivant ) et vous entraner. rcrivez selon les normes du code crit
cet ext rait d'entretien oral.
Bon le projet de jardin c'est - c' est elle qui a eu cette initiative
parce que c'est elle pendant l'hivernage elle partait - c'est tes
grandes vacances ici -l' t ici a correspond l'hivernage au Mali
- donc elle partait suivre euh - l' opration du t racteur - dans la
brousse - donc pendant (es campagnes elle a dcouvert des
villages au bord du fleuve - ben elle se disait bon - avec ta bonne
te rre au bord du fleuve - si on a - on arrive avoir - une portion
- bon on peut faire l'agricultu re - c' est de l l'ide est venue
donc.
Notez dans ce passage le nombre important d'embote ment
d'noncs, l'importance de ce que l'on nomme les phnomnes de
thmatisati on (c'est elle qui c'est elle [...) elle partait), les
phrases segmentes (c'est elfe [ ] elle partait), les redites et les
hsit at ions. Tous ces phnomnes sont caractrist iques de l'oralit
(voir chapit re 2).
- 32-
Du mot au texte: matriser l'crit
Voici une possibilit de rcriture.
C'est eUe qui a eu l'initiative du projet dejardin. En effet, c'est elle
qui, pendant la priode d'hivernage au Mali qui correspondaux
grandes vacances d't ici, partait suivrel'opration du tracteur
dans labrousse. Or, pendant les campagnes, elleadcouvertdes
villages aubord dufleuve. Elfe se disait alors qu'avec labonne terre
qu'ily aauborddufleuve, enobtenant uneportion de cette terre,
on pouvait fairedel'agriculture. C'est delquel'ide est venue.
Les pronoms ,elatlfs :
pronoms vagues/pronoms prcis
l e syst me de la relat ive en franais est extrmement complexe.
Tout d'abord. le pronom personnel simple (qui, que, quoi, dont, o)
est sensible une fonct ion (qui a une fonct ion de sujet , que a une
fonction de complment d'objet direct..). Par eilleurs.I'exlstence
d'une deuxime srie en lequel. laquelle, duquel, de laquelle,
desquels, auquel, laquelle, auxquels, auxquelles, etc., sensible au
genre (fminin/ masculin) et au nombre (singulier/ pluriel)
complique le systme.
la langue orale a t endance utiliser majoritairement un pronom
relatif vague que comme pronom relatif passe-partout.
Exemples
Un copainquef aipassmonenfanceaveclui.
j'ai vendu mapetitemaisonqueje tenaistant.
l es formes dont ou auquel sont rares l' oral.
A l' crit, il vous faut t re prcis.
Le pronomdont
le pronom relat if dont. qui retie un nom et son complment (la
filledont le pre...), un adjectif et son complment (sa fille dont
elleestfire...), ou un verbe et son complment (cettefille dontje
me mfie...), est souvent mat employ l' oral comme l'crit ,
soit, comme nous l'avons indiqu plus haut. par une substit ution
en que de dont ("la fille quej e te parte), soit par l'introduction
d' un second pronom redondant.
Savoir rdige ""'-- _
Observez les phrases suivantes.
1. Il ne faut pas blmer les gens trop audacieux dont leurenthou-
siasmen'apas connularussite.
2. Uneentreprise commerciale, dont l'image qu'ellerussit vhi-
culer d'elfe-mme enest l'instrument principal de concurrence sur
le march, a besoind'information surl'attitude des clients.
3. Lemanuel. dont il faut savoirenutiliserlesindications, dit tout de
sonfonctionnement.
4. j'aivisitdans le l.uberon votremaisondont vous tes lepropri-
taire.
On peut reprer chaque fois des phnomnes de redonda nce :
redondance avec le dterminant possessif (dans l'exemple 1 : leur
est redond ant ; dont l'enthousiasme suffit ; de m me dans
l'exemple 4 : votre) ; avec un pronom complment (en dans
l'exemple 2 et dans l'exemple 3).
1. Il ne faut pas blmer les gens trop audacieux dont l' ent hou-
siasme n' a pas connu la russite.
2. Une entr eprise commerciale. dont t'Inst rument principal de
concurrence sur le march qu'elle a est l'image qu'elle russit
vhiculer d'elle-mme, a besoin d' information sur t'attitude des
clients.
3. l e manuel. dont il faut savoir utiliser tes indications, dit t out de
son fonct ionnement.
4. J'ai visit dans le luberon la maison dont vous tes le propri-
ta ire.
- ~ -
Du mot au texte: matriser l'crit
Les pronomscomposs :auquel, duquel...
Faites attention l'utilisati on des pronoms composs. Ils s'ut ili-
sent avec des relatives int roduites par une prposit ion (dans. A) ou
contiennent eux-mmes une prposition (, de, que l' on retrouve
dans les pronoms masculins auquel, duquel, mais qui sont dte-
ches dans les formes fminines laquelle, de laquelle).
Exemples
Le cafdanslequelnous noussommes rencontrs a t dmoli ily
a quelquesannes.
Remarquez ici que ta forme compose peut tre remplace par une
forme simple : o.
je n'aijamais revu cette femme, laquelle pourtantje ne cesse
depuis depenser.
je n'aijamais revucet homme. auquelpourtant je ne cessedepuis
depenser.
Soyez particulirement attent if aux accords en genre et en
nombre. Soyez galeme nt attentif la prposit ion avec laquelle se
ccnstrult le relat if (les subst itutions de prpositions sont banales,
du type : ia femmede laquefleje pense...).
Exerckes
1. Corrigez les phrases su ivantes fau t ives, en rta blissant te
pronom adapt (il peut s'agir d' un problme de prposit ion).
1. 11 est impossible de tancer un produit dont on ne s' est pas proc-
cup d'abord de l'emballage.
2. Un film vient de sort ir dont j'a i un peu collabor l' laborat ion
du scnario.
3. les difficult s principales auxquelles on a pris les mesures
ncessaires.
~ ~ Y o l r rdlge "'r'-- ~ __
4. Compulsez les manuscrits par qui nous apprenons l'exist ence de
la licorne.
Corrig
Dans les deux premires phrases, il s'agit d'un emp loi faut if du
pronom dont qui vient ici relier la fois un nom et son compl-
ment , et un verbe et son complment.
Dans le premier exemple, on peut dire : unproduitdontonnes'est
pasproccup :dont sert alors relier le verbe et son complment.
Mais cela ne correspond pas au sens souhait. Il faut alors crire:
unproduit del'emballage duquel onnes'est pasproccup.,.
le rsult at peut sembler un peu lourd . On peut alors proposer
une rcrit ure, qui tourne diffremment la difficult : Ilest impos-
sible de lancer un produit sanss' tre proccup d'abord de son
emballage.
Dans le deu xime exemple, dont pourrait relier le nom et le
complment du nom : unfilmdontfai crit lescnario encollabo-
rationavec... l'utilisation du verbecollaborer ncessite l'introduc-
tion de la prposition pour int roduire le complment (un
scnario auquelf aicollabor). Il fallait donc crire : unfilm[...] au
scnario duquel f ai particip. Comme prcdemment, le rsult at
est un peu lourd et il vaudrait mieux proposer une rcrit ure.
Dans la troisime phrase, il s'agit d' un problme d' emploi de
prposition, Il falla it crire : pour lesquelles la place de
auxquelles.
Dans la quatrime phrase, il s' agit de l'emploi d' un relat if rserv
aux groupes humai ns et ici employ avec un ant cdent inanim.
Il fallait crire : les manuscritsparlesquels.
Z. Est-il t oujours possi ble de runir deux propositions au moyen
de dont ?Sur le modle propos. faites la bonne subordinati on.
Modle :
a. Ecoute l' mission de radio.
b. Ernest est le ralisat eur de l'mission de radio.
c. Ecoute l'mission de radio dont Boniface est le ralisat eur.
-,,-
Du mot au texte : matriser l'crit
1. b. Ernest a parl au ralisat eur de l'mission de radio.
c. Ecoute l'mission de radio...
Z. b. Ernest cannait le ralisateur de l' mission de radio.
c. Ecoute l'mission de radio...
3. b. Pendant l'enregist rement de l' mission de radio, Ernest a t
pris de bgaiements.
c. Ecoute l'mission de radio..
4. b. Ernest, le ralisateur, est t rs content.
c. Ecout e t'mission de radio...
S. b. Ernest a rencontr des auditeurs trs contents de l'mission
de radio.
c. Ecout e t'mission de radio...
6. b. le ralisateur de l'miss ion de radio s'appelle Ernest.
c. Ecoute l'miss ion de radio...
Corrig
On peut relier par dont dans t ous les cas sauf en 1 (auralisateur
duquel Ernest aparl) et en 3 (pendant le tournage duquel).
Problme de morphologie: la ngation
l es problmes d' int erfrence entre crit et oral, en ce qui concerne
la morphol ogie, se rsument en franais l' usage de la ngat ion.
Exami nez l'exemple suivant : On avait pas te temps des'ennuyer.
A l'or al, on tr ouve deux formes de nga tion: une for me dite
disjointe : ne... pas, ne... plus. et une forme simple, beaucoup
plus rpandue et couramment admise : pas ou plus. A l' crit, la
seule forme admi se est la ngat ion disjointe (on peut considrer
qu'il y a sur ce point une vritable diffrence entre norme crite et
norme orale).
- 37-
Savoir r d i g ~ , - r _
Il faut donc faire attent ion ne pas omettre la premire part ie de
la ngat ion, en t ant part iculirement attent if, comme dans le cas
prsent, aux formes qui, l'oral, sont ident iques du fait de liai-
sons en [n] : on avait pas le temps ou on n'avat pas le temps se
prononcent exact ement de la mme faon du fait de la liaison
obligato ire de on avec le mot qui suit , commenant par une
voyelle.
Problmes de lexique
l a prat ique du franais oral permet le recours des expressions de
la langue familire ou vulgaire.Al'crit, il est videmment t oujours
possible d'ut iliser ces expressions, mais il faut avoir clairement
conscience des effets qu'elles produisent . Une expression
famili re passant inaperue l' oral va t re fort ement connote
l'crit.
l'ut ili sat ion des guillemets ou des commenta ires que l' on nomme
mt adiscursifs (du type : comme on dit enargot, comme disent les
collgiens ou comme on dit Marseille/au Qubec... pour not er un
t rait de franais rgional) doivent gnralement accompagner ces
tournures l' crit, pour mont rer la conscience qu'on a de l'ht -
rognit stylist ique qu'engendre leur int roduction dans le t exte.
Cependant, l'usage de ces expressions particulires doit avoir une
fonct ion: volont de faire couleur locale , de parler d'un sujet
donn avec les mots appropris, de reprendre les mot s mmes de
la personne que l'on cite...
Ainsi, dans les exemples littraires suivant s, l'introduction d' un
mot non st andard est signale par une formule mtedlscurslve.
Ainsipassait la vie pourma tante Lonie, toujoursidentique dans la
douce uniformit de ce qu'elle appelait avec un ddainaffect, son
cc petit train-train . (M. Proust , Du ct de chez Swann)
-,,-
Du mot au texte: matriser l'crit
Si on va plus loin, on risquera d'atteindre ceux qu'on appelle
communment dans lacapitale gabonaise :lesmatitis.
Le maloche, ainsi l'appelle+ondans l'argot des matitis.
(H. F. Ndong Mbeng, auteur gabonais, Les Matitis).
Si l'int roduct ion matrise d' un mot non standard peut tre t out
fait pertinente , on ne vous pardonnera cependant pas un mot t rop
familier, mme signal par des guillemets ou un comme ntaire
mtadiscursif, s' il est mis manifestement pour pallier un manque
de vocabulaire plus littraire ou plus prcis.
Observez l'exemple suivant , tir d' une copie d't udiant .
Ce qui permettrait au franais d'cc engranger une caractristique
de plus.
Ici le mot est inappropri (on n'engrange pas des caractrist iques,
mme si l'on peut ut iliser le verbe engranger de manire mta-
phorique) ; la mise ent re guillemets n'excuse rien.
Syntaxe et lexique :
l'expression de l'abstraction
De nombreuses maladresses de style t iennent la difficile mait rise
de la phrase complexe, not amment pour l'expression de donnes
abstrait es.
l a phrase complexe [c'est- -dire une phrase qui cont ient des
propositions relatives et conjonct ives, par opposition la phrase
simple : sujet -verbe-compl ment) peut t re d'un maniement dli-
cat. On repre t rs souvent , dans les copies d' t udiants, des
phrases alambiques, mal quilibres, confuses, qui, sans t re
forcment syntaxiquement faut ives, t moignent cependant d'une
mauvaise matr ise de ces const ruct ions particulires, propres
l'crit . l es enseignant s les reprent souvent d'annot ations du
type : lourd ou ccmaladroit .
- ,,-
Savoir rdl_ge,,' _
Observez les exemples suivants, t irs de copies d'tudiants de
premireannede lettres. Nous avons soulign engrasce qui peut
tre lu comme particulirement lourd ou maladroit par un ensei-
gnant.
'l. Le franais, dans lapremire moitiduXVlf sicle, s'tait djbien
impos, et Descartes, mme si il connaissait le latin, voulait faire
place du renouveau plutt mal vu parles savants qui le prc-
daient. C'estpourquoi, il doitsejustifier, mme silesautresavaient
plutt tendance se raccrocher un idal qui tait pour eUKle
latin, comme si Descartesle trahissait.
Dans cet exemple, le premier groupe soulign correspond une
tournure familire. le second groupe soulign est mal tourn et
peu comprhensible. Aquoi rfre les autres, pourquoi peut-on
parler d'idal? Renouveauest vague. Se raccrocher est familier et
mal appropri. On note une rupture dans le systme des temps :
un prsent est insr dans un systme l'imparfait. les deux
phrases sont globalement mal construites, du point de vue du
sens.
Proposition de nettoyage .
Le franais, dans la premire moiti du XVlf sicle, s'tait dj bien
impos, sauf dans le domaine des sciences. Descartes, mme s'il
connaissait lelatin, envisageait une autreconceptionde lascience,
qui pouvait tre mal reue par les savants qui le prcdaient et
donnaient au latin le rlede langue mdiumdu savoir. C'est pour-
quoiil dut sejustifier.
2. Cetexte de Descartes extrait du Discours de la mthode a pour
fonction une justification, dans laquelle Descartes explique
pourquoiiln'apasemploy lelatindansson discoursphilosophique
duXVlf sicle mais le franais.
- ~ -
_________Du mot au texte: matriser l'crit
On peut vraiment faire plus simple ! Par exemple, en scindant les
deux phrases.
Cetexte de Descartes extrait du Discoursde la mthodeaunefonc-
tion de justification. Descartes y explique pourquoi il n'a pas
employ le latindansson discours philosophique du XVlf sicle mais
lefranais.
3. Decefait, partirdeceprincipe, ondfinira sonimportance [l'im-
portance de ta litt rature] dans l'essorde la langue franaise aux
dpens du latin, tout d'aborden dveloppant l'ide de la prove-
nance d'une volont s'opposer au latin, puis les changements
qu'elleprocure.
Ce troisimeexemple est la partied'une introduction qui annonce
le plan. l aussi, il s'agit de faire plus simple.
Dece fait, on montrera son importance [l'importance de la litt ra-
ture] dans l'essor de la langue franaise aux dpens du latin, nous
attachant tout d'abord comprendred'oest venue unevolont de
s'opposer au latin. Nous envisagerons ensuite les changements
apports.
- 41-
Savoir rdlg"'ec.' _
3. La cohsion textuelle
Untexte n'est pas qu'une suite de phrases grammaticalement bien
formes. Il doit obir une certaine cohs ion et une certaine
cohrence. Cette cohrence s'obt ient par le respect de cont raintes
lies au sens : un texte doit apporter toutes les informations
ncessaires au lecteur, il ne doit pas passer du coq l'ne . Elle
s'obt ient galement par le respect de cont raintes synt axiques :
coordinati on et subordinat ion, utilisation des diffrents te mps...
Cohrence smantique : progression de
l'information, continuit, non-contradiction
Pour qu'un t ext e soit bien form, il doit rpondre t rois rgles
concernant le sens :
' la rgle de progression de l'information : une phrase doit appor-
t er au moins un lment d'informat ion nouveau par rapport la
phrase prcdente;
la rgle de conti nuit : une phrase ne doit pas apporter que des
informati ons nouvelles par rapport la prcdente, elle doit s'ap-
puyer sur les informat ions de la prcdente, sinon il y a risque de
coq--l'ne ;
la rgle de non-contradiction : une phrase ne doit pas t re en
contradiction logique avec la phrase qui prcde.
Le systme anaphorique
Contrairement aux expressions dictiques qui renvoient l'ext-
rieur du texte, les expressions anaphoriques sont des expressions
qui reprenne nt un lment du texte, qui ne sont interprtables que
par rapport ce qu'on appelle le cotexre. ou contexte discursif Par
exemple, dans l'nonc il le lui donne Il, il faut revenir au cotexte
pour interprter il, le et lui.
- 42 -
Du mot au texte: matriser l'crit
Par opposit ion l'anaphore qui renvoie un lment prcdent
dans le t exte, la cataphore renvoie, par anticipation, ce qui va
suivre.
Exemple
Quandellem'aparl delui,j'aireconnusadescriptionqu'ils'agis-
sait d'Achille.
Lui renvoie par anticipat ion Achille.
les malformat ions t extuelles concernant les systmes anapho-
rique et cat aphorique, et faisant l'objet d'une censure l' crit
(alors qu'elles peuvent passer inaperues l'oral) sont particuli-
rement frquent es. Elles concernent aussi bien l'utili sati on des
dmonstratifs et pronoms de rappel, la reprise lexicale, les ques-
t ions d'accords en genre et en nombre.
Les eXPf'ess/ons dpourvues de rfrent clair
l'ut ilisat ion d'un dmonstratif ou d'un pronom doit pouvoir t re
immdiat ement interprtable parti r du cctext e immdiat.
Observez les ext raits de copies suivant s et reprez les problme s
de rfrence au cotexte.
t . Lorsque nouslisons. nous ne pensons pasque cette histoire se
construit travers notre lecture.
2. Peut-on facilement admettre qu'iJ suffirait d'interdire. Ces gens-
l devraient commencerparmettre en cause tout notre systme
conomiqueet de libre-change.
3. Le philosophe est avanttout un observateur attentif du monde.
Ainsi il acquiert unebonneconnaissance quiluipermetouplutt lui
impose d'yrflchir.
4. Un enseignant peut utiliser l'humour caren amusant l'lve il
arrive mieux tui fa ire comprendre sesides.
- c-
Savoir rdlg".' '--- _
S. Les faitsdivers resteront toujourspayantspour les quotidiens du
fait des gens pourles histoires sordides et ils garderont toujours
autant de lignespource type de reportage.
6. Lorsque deuxparents sont pris dansleurs propres activits, ils ne
songent pas queleursenfantssont livrs eux-mmes. Ils sont donc
trs influencs parle milieuqui les entoure et surlequel lesparents
n'ont pasprise.
Dans les cas 1 et 2, rien dans ce qui prcde ne peut tre rapport
au syntagme nominal accompagn d' un dt erminant d monst re-
t if. L' utilisation du dmonst ratif n' est donc ni clair ni logique. Il
aurait fallu crire en 1 : l'histoire que nous sommesentrainde lire,
et en 2 : ceuxquipensent cela.
Dans l'exemple 3, te pronom y est difficilement interprt able, il
aurait mieux valu l' omettre et crire simplement derflchir.
Dans l' exemple 4, l' ut ilisat ion du pronom il n'est pas claire dans la
mesure o il devrait rfrer logiquement au sujet de la proposition
prcdente, savoir l'humour.
De mme dans l'exemple S, o l' on ne peut savoir si te pronom ils
rfre lesquotidiens ou gens. Ilvaudrait mieux dans ce cas faire
une reprise plus explicite en cesquotidiens.
De mme dans l'exemple 6, o l'on ne peut savoir si ils rfre
parents ou enfants. Une reprise en cesenfants lverait l'ambt-
gutt.
Accord en genre et en nombre
Observez les ext rait s de copies suivants. QueUes anomalies
constatez-vous dans l'ut ilisat ion des pronoms anaphoriques ?
1. Lorsque vousallez dans unlieude distraction, lesgens en gnral
s'amusent. Pourtant certains s'ennuient. Qui sont ces personnes ?
Pourquoinese distraient-ils pas?
- -
Du mot au texte: mat riser l'crit
2. Mapremiresubdivisionvous semblerapeut-treinexistante. Elle
contient toutes les personnes qui ont un tel ennui qu'ils ne s'en
rendent mmeplus compte.
3. Onsait que 1933 est l'poque d'entre-guerres o chaque puis-
sancerecre leurpuissance,qu'ellesoit conomiqueoumilitaire.
Il s' agit de problmes d'accord en genre ou en nombre. Problme
d'accord en genre dans les exemples 1 et 2 : l' ut ilisat ion du
pronom ils est faut ive : il fallait mettre elles rfrant ces
personnes et lespersonnes.
Problme d' accord en nombre dans l'exempte 3,l'article possessif
leur ne peut rfrer un possesseur singulier, en l'occurrence ici
chaquepuissance : il fallait donc crire chaquepuissance recre sa
puissance (notons t out de mme que la rptition ici de puissance
est lourde et peu heureuse).
Reprise. le,,'ca/es
L' anaphore peut se faire par reprise lexicale.
Observez t'exemple suivant.
La biomasse (du grec bio, la vie, et de masse, qui dsigne un
ensemblede matire vivante) permet d'obtenirdel'nergieApartir
du bois (parcombustion) ou de dchets vgtaux (production de
gaz parfermentation). Cette nergie renouvelable apour prioci-
pale application le combustible pour le chauffage. (Le Monde,
16 novembre 2000)
Le groupe nominal cette nergie renouvelable rsume la phrase
descript ive prcdente et permet de faire le lien avec le dvelcp-
pement qui suit .
- 45-
Savoir rdig"e-:' _
Nous t rouvons le mme procd dans les exemples suivants.
1. l.a commune sudoise d'Eskilstuna (...] se dote d'un rseau de
chaleururbainfonctionnantaubois: uneimmensecentrale alimen-
te pardes bOches, des corces, des copeaux et des clats de bois
chauffe l'eau qui, via des canalisations souterraines, fournit la
chaleurncessaire ungrand nombre de foyers et d'entreprises. (...]
Grce ce systme de chauffage au bois. mais aussi des chau-
dires lectriques et des pompes chaleur. la commune de
quelque 90000habitantsparvient alors rduire 25 %ses besoins
en ptrole. (Le Monde, 16 novembre 2000)
2. La France s'est fix unvritabledfi endcidant de rglerlaques-
tiondusalaire des dputs europens au cours de saprsidence de
l'Union europenne. Cedossier. minemment sensible, suscite en
effet des tensions entre le Parlement europen et le Conseil
depuis 1998. (Le Monde, 16 novembre 2000)
l a reprise lexicale peut galement orient er l'int erprtation
donner une informat ion.
Autotal, 40 %des enseignants en activit en 1998 seront renouve-
lsdix ans plus tard, qu'ils partent laretraite (pourles trois quarts
d'entreeux), qu'ils accdent d'autres fonctions, ou qu'ils quittent
l'tducationnationale. Cette hmorragie vatred'autant plus diffi-
cile accompagner pour les responsables ducatifs qu'elle ne
touchera pas uniformment le territoire. (Le Monde, 16 novembre
2000)
l a reprise par le subst ant if hmorragie n'est pas neutre, ee donne
au texte un ton alarmist e.
Il faut savoir matriser ce procd anapho rique de reprise lexicale.
Certaines anaphores vont t re censures, lorsque la reprise n'est
pas reconnue par le lecteur comme synonyme du terme qu'elle
reprend.
- ~ -
Du mot au texte: matriser l'crit
Par exemple, dans l'exemple suivant , tir d'une copie d'tu diant, ta
reprise par ce pouvoir social et politique n'est pas claire, dans la
mesure o elle est une interprtation, sans doute pertinente, mais
qu'il faudrait just ifier :
En effet. parlerlatin cette poque revenait tre c, fitteratus , et
les clercs possdaient cepouvoirsocial et politique.
Par une procdure nomme nominalisation. on peut reprendre
sous la forme d'un substant if to ut e une phrase, voire t out un
nonc.
Exemple
Ernest a dcouvert un cadavredans le placard balais. Cette dcou-
verte ne l'apas tonn.
Pour prendre conscience de t'utili t de ce procd, restit uez-le
dans les exemples suivants.
1. Le conseil d'administration de t'universitde Panthon-Sorbonne
(Paris 1) a dcid l'unanimit, lundi 13 novembre. de suspendre
l'ensemble de ses activits mardi 21 novembre. Cette... a t prise
pourprotester contre les risques encourus parles tudiants et les
personnels lis la scurit des btiments . (Le Monde,
16 novembre 2000)
2. Le BelgePatrick de Radiguss'est choudans lanuit dumardi 14
au mercredi 15 novembre sur la cte portugaise hauteur de
Lisbonne et a abandonn le Vende Globe, la course autour du
monde la voite en solitaire sans escale et sans assistance. C'est le
premier... de la course. partiejeudi 9. (Le Monde. 16 novembre
2000)
Si ce procd de reprise est bien commode, il faut cependant
prendre garde au sens exact que peut avoir une nominalisation, qui
n'a pas forcment le mme champ d'application que le verbe dont
elle est drive.
- 47 -
Savoir rdlg... . __ r _
Dans l'exemple suivant , extrait d' une copie, quel est le problme
smant ique pos par la nominalisat ion ? Proposez une aut re
nominalisat ion.
L'uvre agit surmoi et parconsquent existe. Ces agissements
dpendant toutefois demoi.
Agissements est une nominalisation qui ne peut pas s'appliquer
t ous les sens d'agir. le terme dsigne toujours des actions et
procds ngat ifs et condamnables. Une nomina lisation plus
neut re d'un point de vue smantique, et donc plus appropr ie,
aurait t : cette action.
Les temps du pass
la coh sion textuelle est obt enue par l'emploi appropri des diff-
rents temps du pass (pass oomposlpass simptelimparfait) et
de leur combinaison. la matri se de ces emplois nait d'une fami-
liarit avec l'crit d'une part, qui permet de s'imprgner
d'exemples concrets. D'autre part , la comprhension des valeurs
des diffrents temps facilit e cette matrise. C'est ce que nous
allons observer ensemble.
L'opposnlon pa... simple/ pass composiJ
le pass simple, peu ut ilis l'oral o l'usage du pass compos
prdomine, n'est cependant pas un temps en voie de disparition en
franais.
le pass simple sert relater un vnement du pass rvolu, et
dont les suites ne sont pas envisages au moment de l'noncia-
tion. C'est un temps dpersonnalis , que l'on trouve majori-
tai rement la troisime personne. C'est le t emps du rcit des
cont es par exemple: ifs vcurent heureuxet eurentbeaucoup d'en-
fants.
Au cont raire, le pass compos a un rapport troit avec le prsent .
Soit il a une valeur de prsent de l'accompli.
- ~ -
Du mot au texte : maitrlser l'crit
Exempte
-Nonmerci,j'aimang (je suis dans l'tat de qui a mang =je suis
rassasi).
Soit il rapporte une action passe qui a des consquences dans te
prsent.
Exemple
j epeux dansertoutelanuit,j'aifai t lasieste cet aprs-midi.
Cont rairement au pass simple, c'est un te mps privilgi de la
premire personne. On tro uvera donc majoritairement le pass
compos, l'crit, dans le style pistolaire (les lettres) et l'auto-
biographie (relle ou fictive).
Ainsi, le dbut clbre de A larecherche dutempsperdu de Proust :
Longtemps,je mesuiscouch debonne heure.
l'emploi du pass simple dans un rcit de type aut obiographique
est possible, mais il donne un ton diffrent : (es vnements sont
rapports avec plus de distance. l'introduction d'un pass simple
dans un texte l'imparfait. ou l'inverse, implique une modification
de l'attitude de celui qui crit vis--vis des vnements qu' a
rapporte.
L'opposition pass simple
ou pass composiJ/lmparfalf
Pass compos ou pass simple expriment une action passe
ponctuelle. alors que l'imparfait exprime une act ion envisage
comme cadre ou dcor de la narrat ion.
Reprenons Proust, et le clbre passage de la madeleine.
JI Yavait biendes annesque, de Combray, tout ce qui n'tait pasle
tn treet ledrame demoncoucher, n'existait plus pourmoi, quand
unjourd'hiver, commeje rentrais famaison, ma mre voyant que
j'avais froid, meproposademefaire prendre, contremonhabitude,
unpeude th. jerefusai d'abord et.]enesaispourquoi, meravisai.
- 49 -
Savoir rdlg".r '--- ~ _
[...) Et bientt, machinalement, accabl parlamornejourne et fa
perspective d'untriste lendemain. je portai mes lvres une cuilfe-
re de th oj'avais laiss s'amollir unmorceau de madeleine. Mais
l'instant mme o lagorgemle des miettes du g ~ t e a u toucha
mon palais,je tressaillis, attentif ce quise passa;r d'extraordinaire
enmoi.
la premire phrase pose le cadre de l'pisode narr, l' imparfait.
la suite droule les diffrents moments de cet pisode part iculier
au pass simple.
Usage du plu.-.,ue-parfalt et du pass antrieur
l e pass antrieur se combine avec le pass simple pour exprimer
l'ant riorit d' une act ion par rapport une aut re : Lorsqu'ileut fini
de raconter, il se levaet partit.
l e plus-que-parfait peut se combiner aussi bien avec des passs
composs et avec des passs slmptes qu'evec des imparfaits. Out re
sa valeur d'antriorit, il a une valeur explicat ive (parce qu'ilavait
finide raconter, il se levaet partit), et sert not er une act ion qui a
une certaine dure (voir dans le passage de Proust reproduit ci-
dessus la valeur du plus-que-partatt :j'avaislaisss'amollir).
Problmes de cohrence dans l 'utilisation de. temps:
observation d'exemple.
Dans les exempl es suivants, extraits de copies d'tud iant s de
premire anne de lettres, on observe des incohrences dans l'uti-
lisation des tem ps. Corrigez-les.
1. Cependant le franais est toujours considr comme langue
vulgaire, paroppositionaulatinqui est vucomme lalangue haute,
et par consquent la langue du savoir. De plus, cette opposition
tait renforceparlefait que le franaisest pad et le latin crit.
2. De ce fait, dans lapremiremoiti duXVl f sicle, un auteurphilo-
sophique devait se justifier car un ouvrage philosophique est
- ~ -
Du mot au texte : matriser l'crit
considr comme important et donc aurait d tre prsent sous
forme d'une langue savante.
Ces deux exemples montrent des incohrences t rs frquentes,
savoir l'insertion d'un prsent l' intrieur d'un t exte historique
crit l'imparfait. Quand vous crivez un texte historique (dcri-
vant une poque, relatant des faits historiques), choisissez un
syst me cohrent : soit vous crivez t out vot re texte avec un
systme de temps pass (voir nos dveloppements prcdents) ,
soit vous l'crivez entirement au prsent , que l'on nomme le
prsent historique. Si vous choisissez d'crire au prsent , vitez
cependant l' usage du futur, qui dramatise les vnements. N@
faites pas comme si le lect eur ou vous-mme ne saviez pas les
suites dans le pass d'actes antrieurs.
PRCISIONS: LE PRSENT HISTORIQUE
On peut relat er des fait s passs au prsent , que l'on nomme
fi prsent hist orique . Cett e utilisat iondu prsent rduit la distance
entre le t emps de l' vnement et celui de la lect ure. En effet , Il
prsente les faiU comme s'ils taient contemporains de leur rk ep-
t ion-lect ure.
La ponctuation
la ponctuation, marque de l'crit par excellence, ne correspond
quasiment jamais aux pauses et articulat ions de l'oral. Si l' on
excepte le point d' inte rrogation et le point d'exclamation, qui
servent marquer ce qui l'est l'oral par l'intonation (la surprise,
la colre, l' intonation mont ant e de l'interrogation...), les autres
signes de ponctuat ion ont leur logique propre.
l es marques de fin de phrase (point, point d' exclamation, point
d' int errogati on, points de suspension) ne posent gnralement
aucun problme, et nous ne nous att arderons pas dessus. Ce qui
- !Il -
Savoir rdlg,.8... r _
pose davantage problme est l' utili sation de la virguleet du point-
vi rgule. Sans nous lancer dans un prcis de ponctuation franaise
(il en existe, et en entrant dans les dtails, les rgles peuvent tre
extrmement dlicates et subtiles), nous prciserons simplement
les fautes grossires viter.
La virgule
Gardez l'esprit qu'une virgule ne peut jamaissparer un sujet et
un verbe, un verbe et ses complments, le nom (ou pronom) et les
complments dunom. Si on intercale un lment qui est spardu
reste par une vi rgule, cet lment doit tre suivi d'une vi rgule.
Exemple
L:homme en question, celui dont j e ne cesse de vous parler, tait
ventru et moustachu.
Danstacoordination :on utilise unevirgule entre lestermescoor-
donnssans conjonction, mais pas devant laconjonction dans une
numration.
Exemple
Ilrevint. repartit. revint encore, repartit et ne revint plus.
On utilise la virgule devant la conjonction lorsqu'elle est utili se
plusieurs fois.
Exemple
Il revint. et repartit, et revint encore.
Dans la subordination : on spare par une virgule tout lment
ayant une valeur explicative, notamment une apposition, ou une
proposition participiale (participe prsent ou pass).
Exemples
L'homme au chapeau. ventruet moustachu, aimait se regarder
dansles vitrines.
Revenant sursespas, il lui dit un dernier mot.
-,,-
Du mot au texte: matriser l'crit
L8 deux.-po/nts
Ils annoncent soit une citation, soit une cause, consquence,
analyse ou explication de ce qui prcde.
Exemples
If revint surses pas: Viens demain ,dit-il.
If revint sursespas :il avait oublide luidirele plus important.
L8 pointvirgule
Dans une longue numration, il spare des groupes eux-mmes
subdiviss par des virgules, ayant un peu un rOle de supervlr-
gule .
Exemple
Cuisinez-lesavecdubasilic, des tomates, de l'ail, sivousaimez cette
faon; avec de lacrme. du curry, de lacoriandre, si vous prfrez
cette autre.
D'autre part.il spare desnoncs grammaticalement complets (qui
pourraient tre spars par un point), mais logiquement associs.
Finissons sur cette phrasede Proust, dont vous observerez la ponc-
tuation, en regardde tout ce que nous avons dit.
Ds le matin. la tte encore tournecontre le mur et avant d'avoir
vu. au-dessus des grands rideaux de la fentre, de quelle nuance
tait laraie dujour. je savais quel temps ilfaisait. Les premiersbruits
de larueme l'avaient appris, selon qu'ilsme parvenaient amortiset
dvis par t'humidit ou vibrants comme des flches dans t'aire
rsonnante et vide d'unmatinspacieux. glacial et pur; dsle roule-
ment dupremiertramway.j'avaisentendus'il tait morfondudansla
pluie ouenpartance pourl'azur. (Extrait de La Prisonnire)
-,, -
Problme de ponctuation
Une mauvaise ponct uation peut gner la comprhension d'un
texte, Observez-le dans l'exemple suivant. tir d'une copie d'tu-
diant. Rtablissez une ponctuation correcte.
Al'origine, commelemontre tetexte. ce sont lescontes. lesrcitsde
fictiondela antique qui sont traduitsenlangue vernacu-
laire. dans lamesure ocesont desrcits populaires, crits enprose
(on mpriselaprose). il$ne sont pas destins des maisau
peuple.
la virgule aprs vernaculaire laisse penser que ta propos ition
causale qui suit vient expliquer ce qui prcde, alors qu'e lle est lie
en fait ce qui suit. ll aurait fallu mettre un point et scinder la
phrase unique pour en faire deux.
Al'origine. commelemontre letexte, cesontles contes, lesrcitsde
fICtion dela antique quisont traduits enlangue vernacu-
laire. Dans lamesure ocesont desrcits populaires. crits enprose
(on laprose). ;1$ nesont pas destins desrudits. mais au
peuple.

PARTIE Il
ARGUMENTER:

ECRIRE POUR
PERSUADER
____ _ _ _ _ --'" Argument er : crlre pour persuader
l'essentiel des crits que l'on demande un tudiant de produire
sont des cri ts argumentatifs : il s'agit d'exposer un point de vue,
tesien propre ou celui d'un autre, dejust ifier. de rfuter, de nuan-
cer unjugement. de problmatiser ce qui peut paratre simple.
Cependant, tamatrise de l'argumentation n'est pasqu'un exercice
scolaire. les mdiasvhiculent continuellement des informations,
des problmes. qu'il faut savoir discuter. lorsqu'ils ne te sont pas
assez.
l'argumentation est une opration complexe parce qu'elle nces-
site la matrise la fois d'outils proprement linguistiques (ce qui,
dans une langue donne. en l'occurrence le franais, permet de
construi re de l'argumentation), et la matrise de procds logiques
(ce qui permet d'argumenter dans toute tangue).
Oans cette partie, nous multiplions les exemples rels pris dans la
presse essentiellement, mais galement dans diffrents ouvrages
argumentat ifs. lisez-les toujours avec soin. Soyez par ailleurs
atten tif dans vos lectures propres de la presse aux diffrents
procds d'argumentation mis en uvre. C'est par la familiarit
que l'acquisit ion des mcanismes se fait simplement.
- !l 1 -
________--" "' '''gument er : crire pour persuader
1. Les procds logiques de
l'argumentation: mcanismes
......... .. .. .. p.. .
Argumenter, c'est construire un discours dans lequel on value, on
dnonce, on met en question. on nonce un point de vue, on
dist ingue. et c. l e but tant de persuader son int erlocut eur (son
lecteur). c'est --dire l'amener adhrer ta conclusion vers
laquelle s'achemine le discours que t'on const ruit.
Laconst ruction du raisonnement se rapproche de ce que l'on peut
nommer le raisonnement formel , ut ilis en sciences, qui
consiste const ruire une squence d'noncs par t'application de
rgles d' infrence des noncs dmontrs ultrieurement .
PRCISIONS : L'INFRENCE OU DDUCTION
la dduct ion, ou infrence, est une oprat ion logique par laquelle,
partir d' une ou de plusieurs propositio ns donnes, t enu es pour vrai
(que l'on nom me prmisses), on conclut, logiquement, une propo-
sit ion qui en rsult e. On distingue gnralement la dd uct ion de l'in-
duction, qui consist e, part ir de cas singuliers, remont er des
proposit ions plus gn rales. On parle de relation d'infrence , ou
d'implicati on, pour la relat ion logique consist ant en ce qu'un e chose
en implique une aut re.
Dans te raisonneme nt formel, il est possible de raisonner sur n'tm-
porte quoi, du moment que la procdure logique est respect e
(voir le syllogisme, ci-dessous).
l e type de raisonnement qui nous intresse (qui n'est pas un
raisonnement de type mathmat ique) int gre des savoirs lmpli-
cites (voir ci-dessous ce que nous disons de l'implicit e). Par ailleurs,
sa conclusion n' est pas vraie du seul fait de l'application d' une
rgle.
Savoir rcng,ee!.' _
Le syllogisme
Le syllogisme est un raisonnement dduct if en trois temps
(majeure/mineu relcondusion), qui ne suppose aucun sous-
entendu (aucun implici te : tout est dit) sur le modle : Aest B, or
tout Best C, donc Aest C.
L' exemple canonique est le suivant :
Tout homme est mortel (majeure) .
Or Socrate est un homme (mineure).
Donc Socrate est mortel (conclusion).
La mat rise de ce type de raisonnement syllogist ique est utile pour
const ruire une argumentation imparable.
Evidemment. le raisonnement syllogistique permet galement de
const ruire des raisonnements absurdes, ce dont joue Lewis Carroll
dans La Logique sans peine:
Tous les chatscomprennentle franais
Quelquespoulets sont des chats
Quelquespouletscomprennent le franais.
Au point que le terme de syllogisme peut avoir un sens pjoratif
dans le sens de raisonnement purement formel, dcal du rel.
Ionesco l'utilise ainsi dans Rhinocros :
LELOGICIEN, au vieuxmonsieur
Voicidonc unsyllogisme exemplaire. Le chat a quatrepattes. Isidore
et Fricot ont chacun quatrepattes. Donc Isidore et Fricot sont des
chats.
LE VIEUX MONSIEUR. aulogicien
Mon chienaussi a quatrepattes
LE LOGICIEN. au vieuxmonsieur
Alors. c'est unchat.
Faites attention utiliser des propositions dont la vracit ne peut
tre mise en doute, et ne pas manipuler vot re lecteur [d'eu-
t ant plus que s' il est mat manipul , il s' en apercevra, vos
- ~ -
_ _ _ _ _ _ _ _ Ar "'gumenter : c r l r e ~ u r persuader
dpens l]. Ce que peuvent faire certains slogans publicitaires :
l'argent est fait pourtredpens- bidulevous permet de dpenser
votre argent - achetez bidule... Cela s' apparente alors ce qu'on
appelle la ptitio n de principe lt : une croyance de base non
remise en cause et pose comme partage par t ous.
Pour prendre conscience du fonctionnement syllogistique, et de
son utilisation dans t'argumentation, obse rvez les prmisses de
raisonnement dans les exemples qui suivent et infrez-en la
conclusion qui s' impose.
1. Le travail est une t orture.
Toute torture est condamnable.
Donc...
2. Tout homme dont la culpabilit n'a pas t dmontre doit tre
considr comme innocent.
la culpabilit d'un grand nombre de condamns mort aux Etats-
Unis n'a jamais t dmontre.
Donc,.
3. Le rgime crtois se caract rise par une consommation de
lgumes et de poisson, et l' utilisation de l'huile d' olive comme
unique corps gras.
Une alimentation compose en majorit de lgumes, de poisson et
d'huile d' olive comme unique corps gras est une alimentation
saine.
Oonc...
La preuve
C'est elle qui nourrit l'argumentation. Elle va t re introduite par un
connect eur de type car, eneffet. ainsi. puisque... (voir ci-dessous),
ou par deux points.
- &1 -
rdige"r__ _
La rpartition de l'eauest aise, carchaque targa' alimente une
surfacedechamp dtermine,quin'existerait passans elfe:quandil
ya beaucoupd'eau, chacun enprend volont. (Art icle de gogre-
phle, cit dans J.-B. Grize (d.), Smiologieduraisonnement, Pet er
Lang, 1984)
Dans cet exemple, ce qui est la conclusion du raisonnement est
pos d' emble : la rpartition est aise. La suite de l' nonc
consiste en la construction de la preuve, en deux t emps. Le premier
temps int roduit par car, le second temps introduit par le deux-
points.
L'argument d'autorit
A vite r dans la const ruct ion d' une argumentatio n, l' argument
d' autorit consiste s'appuyer sur l'opinion d' aut eurs estims,
faisant autorit , pour tayer un raisonnement : puisque machin
le dit, c'est que c'est vrai. l'opinion d' autorits ne peut venir
que pour appuyer un raisonnement bien const ruit, tay sur des
faits.
Ai nsi, dans l'exemple qui suit, l'appel l'argument d'autori t vient
appuyer un raisonnement const ruit, qui se rfre d'abord l'exp-
rience (l'observationsurle terrain).
L'observation, surle terrain, des causes del'migration tend prou-
verque les flux s'inscrivent dans le temps et l'espace, et qu'ils
dpendent largement des politiques menes dans d'autres sphres.
Denombreusestudesuniversitaires danslemondeentierl'attes
tent :ilnes'agitnid'invasion demasseni de mouvementsspontans
de lapauvret vers larichesse. (Saskia Sassen, Le Mondediploma-
tique, novembre 2000)
1. Une ta rga est une conduite d'eau .
- 62 -
________ : crire.pour persuader
Le raisonnement par analogie
Le raisonnement par analogie consiste aller chercher dans un
domaine autre des preuves pour le domaine considr. L'analogie
est int ressante dans la mesure o elle permet not amment la
vulgarisat ion, ou l'explication simple d'un phnomne complexe,
d'un domaine technique que le lecteur peut ou est considr ne
pas matriser. Il faut cependant prendre garde aux analogies excs-
slves ou non pert inentes .
l' analogie a un pouvoir vocate ur fort dans les int roduct ions en
particulier (voir notre t roisime partie). C'est te cas dans l'exemple
suivant.
Ji en va un peu de la grammaire comme du socialisme. Thorie
spculativeet pratiquesociale concrtesemlent enchacun deces
deux mots et les connotent d'une ambigut o s'alimentent
quetques-uns desplusriches dbats denotre temps. Il y a unsocia-
lismeimaginaire , comme dirait Castoriadis, quiprendsasource
quelques grands anctres, et dontonnesaurait dire s'il est ( scienti-
fique ou utopique ; et ily a unsocialisme rel, ancr dans
soixanteans d'histoire, et auquel onnesaurait refusersontitre :mais
quivoit encore enluil'incarnation dupremier ?
Il Ya de mme, incontestablement, deuxgrammaires :et lacompa-
raisons'arrtera l. (A. Cbervel, Etif fallut apprendre crire tous
lespetitsenfants. Histoire delagrammaire scolaire, Payot , 1977)
Le raisonnement par l'absurde
Le raisonnement par l'absurde permet de dmont rer qu' une thse
est rejeter car eUe implique une cont radiction avec les faits ou
que son applicat ion conduirait logiquement une absurdit.
Si l'on admet, comme voudraient nousle faire croire tous ceuxqui
ont quelque chose vendre, que l'homme contemporain a pour
vocation essentielle de consommer, on peut considrer que le

Savoir rcUg"e' '- _
bonheur passe parun pouvoir d'achat important. Encorefaut-il
souscrire cette proposition premire. L'argent ne fait pas le
bonheur, dit l'adage. Ds lors, quelleest lavocation de l'homme
contemporain? C'est contre ce modlede t'homme consumriste
qu'un groupe demilitants canadiens a lanc l'ide du Buy Nothi ng
Day(journe sansachat).
Cet exemple rejoint le tra itement par l'absurd e en rejet ant les
prmisses sur lesquels se fonde la t hse qui est combattue: si les
prmisses sont rejetes, alors la thse ne t ient plus.
l'utilisation de l'interrogation permet souvent de rejeter des argu-
ments prsents comme absurdes.
Observez l'exemple suivant .
Peut-elle[l'Union europenne] longtempsimposerauxpays duSud
lalevedesdroitsdedouanepoursespropres produitsindustrielset
refuser d'accepter une ouverture progressive de ses marchs en
faveur des produits agricoles du Sud ? (Le Monde diplomatique,
novembre 2000)
ce que rejette l'auteur ici est une sort e de toi de non-rciprc-
cit , dnonce comme int enable. Sadnonciation repose sur une
proposition en deux temps, prsente en miroir, qui oppose impo-
ser refuserd'accepter,
- .. -
_ ___ _ _ __-"' Argume nt e r ; crire pour persuader
2. L'argumentation dans la langue:
les outils linguistiques
de l'argumentation
......................................................................................................................................
Relier pour argumenter :
des outils de connexion
On parle de coordination argumentative lorsqu'un premier nonc
peut venir confirmer ou infirmer l'nonc qui le suit.
Deux noncs peuvent tre argumentati vement coordonns,
mme si aucun connecteur n'explicite ce rapport de coordinat ion.
Exemple
Ernest m'aposunlapin. jene viendrai plussesrendez-vous.
Cependant, donner une orientation argumentative un texte se
fait essentiellement grce la matrise d'un certain nombre d' ou-
t ils : conjonct ions de subordination et de coordination.
Marquer la cause
Ilexiste diffrentes manires de marquer la cause: coordinat ion en
car, subordonne part icipiale, subordonne relative dite explica-
t ive (exempte 4), subordonne int roduit e par comme, simple
juxtapos ition de propositions (exemple 3).
Observez ces diffrentes expressions de la cause dans les exemples
suivants.
1. 11 devait trefatigu et avoirrenonc l'ided'altervoirle clairde
tunecarif medemanda dedire aucocher de rentrer. (Proust )
2. MmedeVilleparisis voyant quej'aimaislesglisesme promettait
quenous Irionsvoir unefoisJ'une, une foisl'autre. (Proust)
Savoir rdi""e,-' _
3. L'ducation ne se borne pas l'enfance et l'adolescence.
L'enseignement ne se limite pas l'cole. Toute la vie, notremilieu
est notreducateur, et un ducateur la fois svre et dangereux.
(Paul Valry, Varit, Essais quasipolitiques)
4. Un curieux, qui avait du got pourles mets tranges, essaya ce
platinconnu.
5. Comme il avait du got pour lesmets tranges, il essayace plat
inconnu.
Parce que/puisque: cause oujustiftcation
Parceque indique la cause. Puisque sert intr oduire la just ificat ion
de ce que l'on dit . Si le sens semble proche, ces deux connecteurs
ne const ruisent pourtant pas le mme type d'noncs.
Parce que lie deux noncs par un lien de cause effet, il ne pose
en fait qu'une seule affirmati on. Avec puisque, au cont raire, on
apporte deux informatio ns successives, en prsupposant que
l'une just ifie l'autre .
Regardons cela partir d'exemples.
1. Tuast reu parce quetule mritais.
2.j'espre trereupuisquej'aibien travaill.
l'nonc 1 peut tre glos : c'est parce quetulemritais quetuas
treu, ce qui est impossible avec l'nonc 2. De mme, on peut
construire une int errogat ion totale : est-ceque tuas t reu parce
que tu le mritaisl (Si l' on suppose une rponse du genre : non,
c'est lachance ou non,j'aisoudoy l'examinateur!)
Avec la phrase 2, au cont raire, on procdera une interrogat ion en
deux temps : est-ce que tuespres tre reu ?puisque tuas bien
travaill ?
Par ailleurs, on peut t oujours remplacer parce que par car.
-M-
________-"Argument e r : crire pour persuade r
Procdez ces mmes transformations sur les exemples suivants.
1. Cequetudis est vrai parce que tul'asvrifi.
2. Ceque tu dis est vrai puisque tul'asvrifi.
l es deux formes parce que et puisque ne peuvent donc pas tre
utilises indiffremment aux mmes fins. la phrase de Pascal qui
suit joue sur cette diffrence argumentative entre puisque et parce
que.
Aulieudeconclure qu'ilny apoint de vrais miraclesparcequ'ilyen
a tant defaux, il faut dire aucontrairequ'ily a certainement devrais
miracles puisqu'ily enatant de faux.
Dans la premire parti e de l'nonc, parce que lie deux proposi-
t ions par un lien logique de cause effet (c'est parce qu' y e tant
defaux miraclesqu'il nyapointdevraismiracles). Dans la seconde
parti e de l'nonc, Pascal prsuppose que le fait qu'il y a t ant de
faux miracles just ifie qu'i l y en ait aussi de vrais. l 'argument ation
repose sur cette prsupposition : le lecteu r est cont raint prendre
ce rapport de just ificat ion pour accorder.
Exercke
En guise d'a pplication, choisissez.. dans les textes suivants, entre
parce que et puisque.
1, Pourquoi crivez-vous ? demande-t-on souvent l'crivain.
Vous devriez le savoir. Vous devriez le savoir vous nous fisez.
(I onesco, Noteset contrenotes)
2. Onrejoint lacolonie lessituationsy sont assures, les trai-
tements levs, les cems plus rapides et les affaires plus fruc-
tueuses, (A. Memmi , Portrait ducolonisateur, Gallimard, 1957)
3 il a dcouvert le colonis, son originalit existentielle,
. soudain le colonis a cess d' tre un lment d'un r ve
- 111 -
exotique pourdevenirune humanit vivante et souffrante, le coloni-
sateurrefuse de participer soncrasement, dcide de fui veniren
aide. (A. Memmi, Portrait ducolonisateur, Gallimard. 1957)
4. L'crivain est embarrass parles questionsqu'on lui pose il
se lespose lui-mmeet if s'enposebien d'autres. (Ionesco.
Notes et contrenotes)
S. Dans sasolitude I...J chaque homme. et l'crivain aussi, respire.
[ ) L'crivain nonseulement respire. mais il est crivain, il
crit. (Ionesco, Noteset contrenotes)
6.)e suisromaine, hlas......... monpouxl'est. (Corneitte. Horace)
Ma,que, la consquence, le but
Pourque/desorte que
Pour que note te but et de sorte que la consquence. Il existe la
mme diffrence entre pourqueet desorteque qu'entre parceque
et puisque :pourque liedeux noncs. desorteque apporte deux
informations successives.
Observons les exemples suivants.
1. II a fait cegestepourqueje lui pardonne.
2.11 afait cegestedesorte queje lui pardonne.
l'nonc 1 peut tre glos: c'est pourqueje luipardonne qu'ila fait
cegeste, ce qui est impossible pour l'nonc 2.
Pour que peut toujours tre remplac par de faonque. Tous deux
commandent une proposition subordonne au subjonctif :
j'aidplac ladate pourquetupuisses venir.
j'aidplacladatedefaonquetupuisses venir,
- 00-
________-"' Argument er : crire pour persuader
Diffrentes subordonnesde consquence
l es phrases suivant es montrent diverses manires de marquer la
consquence. :t t'ai de de subordonnes.
1.Mapassionpourluitaittellement folle quej'enaieudes aigreurs
d'estomac.
2. Mapassionpourluitaittelfequej'enaieudesaigreurs d'estomac.
3.j'avaispourluiunefolle passion, sibien quej'enai eudesaigreurs
d'estomac.
4. Ma passion pour lui tait si folle quej'en ai eu des aigreurs
d'estomac.
la consquence peut galement se marquer simplement par une
juxtaposition et diffrentes ponctuations.
l'utilisation du deux-points rendla relation de cause-consquence
explicite.
Exemple
Ma passion pourluitait folfe :j'enai eudes aigreurs d'estomac.
la simplejuxtapositionde deuxpropositionsspares par un point
est moins explicite :
Exemple
Ma passion pourluitait folle.J'en ai eudes aigreurs d'estomac.
Ma,que, la concession
l' introduction d'une proposition de concession indique qu'il n'y a
pas eu la relation logique attendue entre ce qu'elle exprime et ce
qu'exprime la proposition principale.
- ,,-
Savoir rdl ge"'. '--- _
Exemples \
Quoiquej'aiebeaucoupd'amitipour toi, tu m'agacestrssouvent
par tes propos sansqueue ni rre.
Bien qu'if tienne souvent des propos sans queue ni tt e. il est
cependant trsintelligent.
Malgr sonintelligence. il tient biensouvent despropos sans queue
ni tte.
Certes ifest trs intelligent, cependant. il tient souvent des propos
sansqueue ni tte.
Malgr/en dpit de
Malgr ladestruction deces quartiers. lesite reste empreint desstig-
mates de lapauvret. de lamaladie, de l'inscurit. (Le Pav, 23 au
23 novembre 2000)
Malgr est une prposit ion employe suivie d' un nom. EUe a le
mme emploi que la locution en dpit de.
Bien que/quoique/ malgr que
Ces tr ois conjonctions son t int erchangeables. Toutes les t rois
commandent le subjonctif. les puristes rsist ent l'emploi de
malgrque suivi du subjoncti f, il est cependant consign ainsi dans
Le BonUsage de Goose {le Grevisse ].
Par ailleurs, prenez garde la confusion quoique/quoi que (pour
cett e dist inction, report ez-vous ci-dessus. la premi re partie de
l'ouvrage). Vous pouvez ut iliser sans risque bienque, forme la plus
frquente l'crit.

1. Vhiculed'idologie certes, l'cole a t aussi. nous dit-on. un
remarquable instrument de progrsen gnralisant lapratique de la
Z. Pour cette analyse de ( ertes, nous ec us reportons l'art ide de Mi(he l Charolles
La gestion des orientations argumentatlves dens une activit rdactionnelle in
Pratiques, n
D
49, mal"!i 1986.
-10 -
_ -"' Argume nt er :
lecture. de t'criture et de l'arithmtique. (A. Chervel, Et il fallut
apprendrecrire tous les petits Franais. Histoirede lagrammaire
scolaire. Payot . 1977)
2. Certes. Euromditerrane a la volont de relancer l'offre
commercialesur ce primtre. La prochaineouvertured'unweb bar
dans cette rue se veut symbolique de cett e volont. Mais cette
nouvelle donne relve plus de l'incitation que de l'imposition. (Le
Pav. 23 au 23 novembre 2000)
Certes introduit une concession: celui qui crit reconnat la vrit
de la proposi ti on qu'il introduit ainsi.
Exemple
Certes les Franais ne sont pas radstes.
Une phrase qui commence par certes est incomplt e.
l'introduction par certes fait que le lecteur attend une correction.
gnra lement introduite par mais.
Exemple
Certes les Franais ne sont pas racistes, mais ils n'aiment pas les
trangers.
Cette correction peut gale ment tre introduite par cependant.
toutefois ou nanmoins.
Exemple
Certes fes Franais ne sont pas racistes. cependant/toutefois/
nanmoins ilsn'aiment pas les trangers.
Parce qu' il introd uit une concession, certes peut difficilement flgu-
rer au dbut d' un text e. Dans l'exempl e prsent, l'nonc d bu-
tant par certes ferait suit e une squence dveloppant que les
Franais ne sont pas racistes. Amoins de se rfrer une sort e de
discours ambiant , connu de t ous, affirmant que les Franais ne
sont pas racistes.
-11 -
Savoir _
Certes peut donc reprendre explicitement une proposition ant-
rieure.
Exemples
Les Franais ne sont pas racistes. Il s ont toujours accueilli des
rfugis. Ils... /ls...
Certes les Franais nesont pasracistes, mais...
Certes peut galement introduire un nonc rcapitulatif.
Exemples
Les Franaisont toujours des rfugis. Ils sont eux-m mes
pourbeaucoup fils oupetits-fils d'immigrs. Ils...
Certes lesFranaisnesontpasracistes mais...
Concessionintroduiteparsi
l a concession peut galement tre int roduite par si. Observez-le
sur l' exemple suivant .
Si l'Etst-netion disposetoujours dupouvoir d'crire le texte d'une
politiquede l'immigration, ses diffrentes obligations internatio-
nalesfont quesapolitique del'immigration. ausens conventionnel
decette expression, n'affecte qu' lamarge lesralits migratoires.
(Saskia Sassen, LeMonde diplomatique, novembre 2000).
l a concession aurait pu tre exprime en deux proposit ions :
certes/cependant.
Certes l'Etatnation dispose toujours [...1,cependant sesdiffrentes
obligationsinternationales I...J.
L'effet de sens est cependant diffrent , selon l'utilisat ion de l'une
ou l'aut re des deux formules. l a formule en si est plus lgre ,
elle permet de ne pas peser sur ta concession (et donc de ne pas
focaliser l'argument ation sur l'expression de la concession) .
Sechez choisir la formule adapte votre propos.
- 72-
_ --" At "'gumenter : crire pour persuader
Autre exemple tir du mme article, o si est coupl avec roure-
fois.
Si secondaires qu'ils puissent paratre, ces deuxcas reprsentent
toutefois une brche importante dans te rempart d'autonomie
construit autourdelapolitique d'immigration.
Marquer une opposition ou une restriction:
mals, cependant, toutefois, nanmoins, pourtant
Voici diffrents exemptes prsenta nt tous une cont radiction (deux
aspects d' une mme chose qui s'oppose) ou une restr iction (une
limit e la porte d'une affirmation).
1. Dans lesl EP, les chefs d'tablissement essaientde recruter des
personnes issues des mmesquartiers queles lves en postulant
que cette proximit facilite leur rle de mdiateur. Mais c'est
aussi unsigne de mconnaissance des comptences quetesaides
ducateurs doivent mettreenuvre, parce qu'il nesuffitpasd'tre
issudesmmes quartiers, de parler lamme tangue quelesjeunes
pourtreunbonducateur. (Le Pav. 23-29 novembre 2000)
2. Une pagese tourne au Proche-Orient et l'instabilit risque de
s'tendre. Pourtant, depuisplus de trente ans, les Palestiniens et
l'OLPavaient entam unelongue marche vers l'acceptation d'une
solution fondesurlacoexistence de deuxEtats. (E. Rouleau, Le
Monde diplomatique, novembre 2000)
3. Onn'exagrera pas, cependant, dans cette voie:c'est celle de fa
perdition. cellequiconduit tout droit auroman moderne. (A. Robbe-
Grillet, Pourunnouveauroman, 1962)
4. Neserait-ce pasaucontraire lapire absurdit quedeconsidrer
ces livres comme des tudes decaractre? (A. Robbe-Grillet, Pour
unnouveau roman, 1962)
Mais. employ seul (sans certes), et il en va de mme pour des
connecte urs proches comme cependant, toutefois, nanmoins....
cre une dynamique de l'int erprt ation part icutire.
- 73-
Savoir rdige""':.- _
Aprs avoir prononc/crit une premire proposition, le locuteur
(ou celui qui crit) prvoit que le destinataire (celui qui entend ou
lit) va en tirer une conclusion. Enintroduisant une seconde propo-
sition commenant par mais, il empche cette conclusion en
signalant un fait qui la cont redit .
Ainsi dans la phrase : Ernest louche, maisil a du charme, on peut
considrer que la conclusion ti rer de la premire proposit ion
Ernest louche est qu'il n'a pas de charme. L' int roduct ion d'une
seconde proposition commence par mais cont redit cette conclu-
sion.
Cette valeur de mais peut about ir des opposit ions malencon-
tr euses, qui rvlent les prsupposs de celui qui introduit cett e
opposit ion. Ainsi, ces formulations qui rvlent en fait le racisme
de ceux qui les prononcent (et qui s'en dfendent) : il est arabe,
mais il est instruit (le prsuppos est que les Arabes d'ordinaire ne
sont pas inst ruit s...), ifest noir, mais il est travailleur...
Faites donc attention l'emploi de mais et sechez manipuler l'im-
plicite qu'il suppose.
PRCISIONS: L'IMPUCITE
L'implicite, qui s'oppose 11 l'explicit e, est ce quI n'est pas clairement
nonc, formul, mais qui est virtuellement cont enu dans le fait
nonc et que le fait nonc laisse supposer. Dans le maniement du
discours, il y a t oujours beaucoup d'implicite. ll faut tre conscient,
pour la russit e de la commun ication, de l' implicite, et au besoin
savoir l' ut iliser (voir plus loin ce que nous disons de l'ironie).
Les questions introduit es par mais ont une valeur argumentative
particulire. Si l'on nonce :
Il me plait aujourd'hui, maisme plaira-t-il toujours ?
Mais sert disqualifi er la premire considrat ion (il me plait
aujourd'hui) en donnant une importance exclusive la seconde
considrat ion (me plaira-t-il toujours). On pourrait paraphraser
- 74 -
_ : crire
cette phrase en disant : peu m'importequ'ilme plaise aujourd'hui,
ce qui est important, c'est qu'il me plaise toujours.
Cette orient at ion argumentative int roduite par l'inter rogation
commenant par mais permet notamment de faire basculer l'ar-
gumentati on, d'amener une transit ion, entre par exemple l'opinion
commune, ou ce qui est immdiat ement perceptible pour t out un
chacun, et ce qui va venir probl mettser la quest ion. Elle permet
d'engager te dbat.
Exemple
Cet homme est vritablement charismatique, mais quel est son
projetpolitique ?
Ponctuer les moments d'un raisonnement: or
l e sens premier (maintenant vieilli) de or est un sens temp orel, il
signifie maintenant ou prsentement (d'une tymologie boes,
cette heure ]. l' emploi moderne de or garde cette connotation
t emporelle : il marque un moment parti culier d'une dure
(exemple 1), ou, ce qui nous intresse ici, d'un raisonnement
(exemples 2, 3, 4).
1. Le ciel tait parfaitement clairet le soleil donnait si fort queje ne
pouvais regarder dans sa direction. Or. if perdit brusquement son
clat, maisnon pas, notai-je, comme s'il se couvrait de nuages ;je
me retournaiet vit qu'unegrande masse opaquepassaitentremoi et
le soleil. U. Swift, Les Voyages de Gulliver, 1726)
2. L'ide prvaut, enEurope occidentale, enAmrique duNordet au
Japon, d'une crise du contrle de J'immigration. Or cette vision
interdittout dbat serein. La questionimportante, eneffet, ce n'est
pas t'efficacit du contr6le des Etats surleurs frontires, dont on
sait bien Je caractre ncessairement imparfait, mais plut t la
nature de ce contrle. (Seskte Sassen, Le Monde diplomatique,
novembre 2000)
-75 -
Savoir rdlge..,r '- _
3. If est assurment pluscompliqu de tenir compte de cet impact
[l'impact des act ivits extrieures des Etats sur les flux migre-
toires}quedevoirdanst'immigrationunesimple consquencedela
pauvret, le rsultat d'un choix individuel des migrants. Or il
importederattacherfesfaitsmigratoires auxpolitiques susceptibles
de lesavoirprovoques. Tout montre que c'est partir deschoixdes
pdyshautement dvelopps, importateurs demain-d'uvre, quese
construisent les tiens unissant pays d'migrationet pdysd'immigra
tion. (Ibid.)
4. L'ancienrgimea vuapparatre biendescourants grammaticaux
et unerflexion linguistique dont on apprcie. depuis peud'ailleurs,
larichesse multiforme et lamodernit. (...J La grammaire, cette
poque. an'existepas plus que laphilosophie. Or ce que l'cole
enseigne, ds le dbut du x/X" sicle, c'est une grammaire bien
prcise. (A. Chervel, Etil fallut apprendre crire touslespetits
Franais. Histoiredelagrammaire scolaire. Peyct, 1977)
Dansl'exemple Z.or int roduit une proposition qui s'oppose t'cpt-
nion commune, nonce dans la premire phrase. Il marque une
sorte de moment de bascule dans l'argumentation. La proposition
suivante, int roduit e par eneffet, vient appuyer celle qui est intro-
duite par or.
Ce rle (introduire le deu xime temps d'un raisonnement ) se
retrouve dans le syllogisme (voir ci-dessus). Il peut introduire une
object ion. Son emploi alors est proche de celui de cependant ou
pourtant.
Exemple
Vous ditesavoirraison, orvous n'avez riendmontr.
Apporterune preuve :eneffet
Eneffet int roduit une proposition qui vient confirmer ce qui a t
prcdemment nonc.
- 16-
_ : crire pour persuader
Exempte
Il nepeut m'tre d'aucune aide. En effet, if est totalement incom-
ptent.
Dans le texte argumentat if suivant, l'auteur (ou plutOt le t reduc-
teur, le t exte initial ta nt en anglais) n'ut ilise pas de connect eurs.
Int roduisez eneffet l o il permettrait d'appuyer l'argumentation.
Le fluxdeparoles et lechangement de distance entre deux individus
en interaction participent du processus de communication. Les
distances normales entre trangers lors d'une conversation illustrent
l'importance de ladynamiquede l'interactionspatiale. Si l'undes
interlocuteurss'approche de trop prs, laraction est immdiate et
automatique. L'autre recule. (E. T. Hall, Le Langage silencieux, Seuil
1984)
la troisime phrase vient confirmer. en donnant un exemple, ce
qui a t nonc dans les deux premires phrases. On peut la faire
dbuter par eneffet.
Attent ion, car eneffet est considr comme plonastique (don-
dant) et est davantage un trait de la langue parle.
AppoI'te, d'autre. arguments
Deplus/enoutre
l es locut ions adverbiales deplus et enoutre servent introduire
un lment qui vient s' ajouter, soit comme informat ion suppl-
mentaire, soit pour surenchrir dans le sens de ce qui a dj t
dit .
Parailleurs
Parailleurs int roduit un autre point de vue sur ce qui a t dit.
Exemple
Ce sujet m'intresse personnellement. Par ailleurs. c'est unsujet
important d'un pointde vue scientifique.
-71 -
Savoir rdige =-' _
Du reste/d'ailleurs
D'ailleurs sert toujours introduire un argument coorient avec un
autre argument prcdant d'ailleursl, Dureste a la mme fonction.
Exemple
Il n'est pas venu. Onne peut jamaiscomptersurlui. D'ailleurs, il ne
vientjamaisaux rendez-vous.
le troisime nonc donne un argument supplment aire qui
s'ajoute celui donn par le second nonc, tous deux orients
vers une conclusion commune: le premier nonc.
5i aucun nonc ne prcde celui introduit comme d'ailleurs, il
faut considrer qu' il est implicite.
Exemple
If n'est pas venu. D'ailleursje m'en doutais (implicit e : il ne vient
jamaisauxrendet-vcus ou bienilne veut pasme voir, etc.].
l'introduction d'une proposition commence par d'ailleurs
renforce t'affirmation de la proposition prcdent e, qui semble ds
lors aller de soi .
Exemple
Ce n'est pasdans ce nouveau quartierque cesfutursno-Marseillais
viendront tous habiter. D'ailleurs, la rvision du Plan d'occupation
dessolsmise en uvreparl'quipemunicipale prvoit l'ouverture
l'urbanisation des zones vertes la priphrie de la ville. (Le Pav,
23-29 novembre 2000)
AInsi
l' adverbe ainsi a plusieurs fonctions. Il est avant tout un adverbe
de manire (c'est ainsi), mais ce n'est pas cet aspe ct que nous
allons examiner ici.
3. Voir Ducrot et , /il, LesMotsdudiJCours. Paris. Minuit, 1980.
- 18-
_ -=Argument er : crire pour persuader
Il introduit une concl usion (quivalent par consquent,
exemple 1), un exemple (exemples 2, 3, 4), le second terme d' une
comparaison (exemple 5).
1. Cesateliersde rue pratiqus dans six cits Marseille sont des
espacesvivants o l'enfant est rceptif, maissurtout actif. L'enfant
n'est plus celuiqui apprend, il cre. Des peintres animateurs sont
leurdiapason. L'expression est fibre. Aucunjugement n'est portsur
les dessins. Il n'est pas question d'duquermais d'veiller. Ainsi,
chaqueenfant ae ce dont ilrve. (Le Pav, 23-29 novembre 2(00)
2. Les classes de CUN (d'initiation) ont t spcialement cres pour
les enfants primo-arrivants. Mais les enseignants de ces classes se
retrouvent face des situations d'autant plus diffrentes que les
migrations varient trsrapidement. Ainsi, depuis quelquesannes,
beaucoupde Comoriens arrivent Marseiffe, aprsavoirtransit par
Mayotte pourobtenirlanationalit franaise. Ifs sont franais, mais
neparlent pasnotrelangue. (Le Pav, 23-29 novembre 2000)
3. Ils laissrent entendreauxjournalistes que l'usageexcessif de la
force pourdisperser lesmanifestantsse rvlait ncessaire et justifi
dans lamesureodessoldatset descivils israliens se trouvaient en
danger. Ainsi, le vendredi 29 septembre, lorsde laprire al-Aqsa.
quand- selonleurversion- desjeunessurexcitsjetrent despierres
surlesjuifspriant devant lemurdeslamentations. (Le Mondediplo-
matique, novembre 2000)
4. La rue accompagne et prolonge galement l'effet de sas que
jouent lesquartiersduPanieret de Belsunce pourlesnouveaux arri-
vants. Ainsi, plusieurs vaguesd'immigration successives- corse,
italienne, maghrbine, vietnamienne - donnent la rue cet aspect
multiculturel qu'elle conserve encore aujourd'hui. (Le Pav, 23-
29 novembre 2000)
5. Demme qu'ilatoujours agiparle pass. ainsiagit-il aujourd'hui.
- 19-
Savoir r d i g ~ . ~ r _
l' inversion du sujet et du verbe est assez frquente aprs ainsi.
Exemple
Ainsi chaque enfant cr e-t-ll cedontil rve.
L'ut lIIsatl on des connecteurs :
observation d'un exemple
Observez ce passage argumentat if, extrait d'une copie d'tudiants.
Quels connecteu rs sont bien utiliss, quels connecteurs ne le sont
pas?
Cette nouvelle crationdelittrature romane a jouunrle moteur
dans lapromotiondelalangue franaise.
En effet cela acontribu assurer sonprestige. Or le fait qu'une
langueassure sasuprmatieest unedes caractristiques deslangues
hautes. En effet, avant cela, seul lelatintrouvait saplace dans t'ac-
tivitlittraire. Donc partirduxlr sicle, ily aunretournement de
situation :le latinest moinsapprci dumilieu littraire.
le second eneffet n'a pas lieu d'tre : la phrase qu'il introduit n'est
pas un argument en faveur de l'affirmation prcdente. On peut le
supprimer.
Quantificateurs, apprciatifs
et argumentatlon
4
l'utilisat ion des quant ificat eurs et apprciatifs (peu, un peu,
presque, peine, mme) donne une orientat ion argumentative
un nonc, orientat ion qu'il faut savoir matriser. C'est ce que nous
allons voir mainte nant .
4. Ducrot O.. Direet ne pasdire. Paris. Hermann. 1972 ; Anscombe j.-C. et Ducrot 0 ..
L'Argumentil tion dans /il/il ngue, Bruxelles, Mardaga. 1983.
- ~ -
_ --"' Argumenter : crire pour persuader
Peu/un peu
l es qua nt ificateurs peu/un peu, s' ils indiquent t ous deux une
petite quantit, n'indiquent cependant pas la mme apprciation
de cette quant it.
Comparez :
Cette situationest peugnante
et
Cette situation est unpeugnante.
Dans le premier cas, il s'agit quasiment d'une ngation : cette
situation n'est pas gnante. Peu en fait fonctio nne comme une
ngat ion attnue (il peut s'agir aussi d' une faon polied'exprimer
les choses : tonlivre est peuintressant est une faon moins forte
de formuler tonlivre n'est pasintressant. On nomme cette t our-
nure une litote).
Dans le second cas, il s'agit d'une affirmat ion : cette situation est
gnante.
Il faut donc prendre garde l'orientation argumentative que peut
donner respect ivement l'emploi de peu ou unpeu.
Ainsi, si aprs la seconde proposit ion vous pouvez enchaner de la
sorte : Cette situation est unpeugnante, je n'ai pas envie quecela
se reproduise, vous ne pouvez pas enchaner de la mme manire
aprs la premire proposit ion : Cette situation est peugnante, je
n'ai pas envie que cela se reproduise. la relat ion ici n'est pas
logique.
PRCISIONS: LA LnOTE
Lalitote est une formulat ion attnue, qui amne en fait li interpr-
ter un nonc comme disant plus que sa significati on littrale.
Gnralement , il s'agit de dire non-Apour laisser entendre A.
la litote la plus clbre de la litt rat ure franaise est le : va,jene te
haispoint de Chimne li Rodrigues. dans Le Cid, manire attnue (et
accept able, vu qu'il vient quand mme de t uer son pre) de lui dire
je t'aime.
- 81-
Savoir _
A peine
Considrons tes exemples suivants :
1. Cettedissertation est peinedigned'untudiant en lettres.
2. Cette dissertation est peu digned'untudianten lettres.
3. Il gagne peine millefrancs parmois.
A partir des exemples 1 et 2, on voit bien la diffrence de sens
qu'int roduit l'ut ilisat ion de peine par rapport peu. En effet , si
l'exemple 1 implique un jugement assez pessimist e sur les
tudiants en lett res, considrs comme n' t ant pas la norme
suivre, l'exemple 2 au cont raire implique qu'on les prend comme
modle.
Dans l'exemple 3, peine est presque synonyme de seulement.
On doit considrer que peine a un effet dvalorisant, il prsente
comme insignifiant le terme sur lequel il porte : tre un tudiant
en lettres, c' est peu de chose : gagner mille francs, c' est peu de
chose.
l 'uti lisat ion de peine peut avoir des effets ironiques , comme
dans la phrase : If gagne peineun million parmois.
PRCISION : L'IRONIE
l 'ironie consiste li dire A pour fare entendre non-A. Les marqueurs
de t'ironie li l'crit sont multiples, ils vont tre l'indice d'un jugement
ou d'une mise .li distance : point d'eKd amat ioo, points de suspen
sion, guillemets, it aliques. mais aussi des mots tels sic (que 1'00 met
entre parenth ses apres un terme cit, pour souligner qu'on le cite
quel, aussi bizarre ou inappropri ou faut if qu'il puisse paratre) ,
ft-idemment, bien sr, comme chacunu i t ..
L' ironie t ient en fait au dcalage ent re le propos tenu et ce que le
lecteur sait de ct qui u t dcrtt, Elle repose donc sur un ensemble de
savoirs qui doivent t tre communs .li cttui qui crit et au lect eur. Sans
cele. elle risque de ne pas tre comprise.
- u-
_ : crire pour persuader
Presque
Comparez :
l ,Il a peine vingt ans.
2. Il apresquevingt ans.
Presque souvent un sous-entendu majorant (qui apporte
du plus ), Inverse du sous-ent endu minorant (qui apporte du
moins ) li peine. l'nonc 1 sous-ent end que vingt ans, c'est
jeune. l' nonc 2 sous-ent end que vingt ans, ce n'est plus jeune.
Mme
Mme int roduit un argument qui va dans le mme sens (souvent
avec un surenchrissement) qu'un nonc qui le prcde.
Exemple
Peu de personnes mangent des escargots et des cuisses de
grenouille, ily en amme trspeu.
On ne pourrait pas dire : (...) ilyen a mme beaucoup. Ce serait
inconsistant.
Nomlnallsatlon et argumentation
Nous avons trait, dans la premire part ie. de la nominalisation qui
consiste reprendre un no nc verbal complet par un nom
(L'homme a t misen prison. Cet emprisonnement..}.
Nous avions signal que la reprise lexicale ou nomine setlon peut
orienter l'interprtation donner un nonc. Observons cela de
plus prs.
Les biologistes n'ont pas vraiment englob l'homme dans la btoio-
gie. Cette insuffisance. la plus importante de la connaissance
biologique. demande tre rectifie dans une perspectivevolu-
tionniste. (erne.op. cit.)
-,, -
Savoir rdlg"'e'-' _
l a nominalisati on s'accompagne ici d' une inte rprt at ion sur
l'nonc qui prcde : elle oriente le discours.
Si la reprise lexicale, ou la nominalisati on, est un instr ument
linguist ique de l'argumentation au mme t itre que tes connec-
teur s, prenez garde cependant aux nominalisations inte rprta t ives
qui ne seraient pas reues par vot re lecteur et ncessit eraient une
justif ication. Vous risqueriez une remarque du type : Encore
faudrait-il le dmontrer.
Observez cela sur l'exemple suivant, volontairement ext rme.
Lesfemmeset les hommes n'occupent gnralement pasles mmes
postes dans la socit. Cettejuste rpartition permet chacunde
trouver saplace.
Soyezdonc atte nt if au fait que la nominalisat ion permet de sous-
traire la discussion certaines parties d'un nonc.
Observez ainsi cette phrase.
Devant ces agissementsinqualifiables, nousrestonsimpuissants.
l e fait de nominaliser agissements inqualifiables empche la
discussion sur la nature inqua lifiable de ces agissement s. Il en
aurait t diffremment si on avait crit : On a agi defa onlnoue-
lifiabte.
Une t elle phrase demande une justification. Soyez ainsi attentif au
prsuppos que const ruit la norninalisetion
Interrogation et argumentation
les phrases interrogat ives (interrogat ions totales, c'est- -dire qui
portent sur la totalit de t'nonc) en franais ont une valeur argu-
mentatlve. qu'elles ont la mme orientat ion argumen-
tative que les phrases ngatives correspondantes' .
s. Voir Anscornbe J.-C et u crot O., L' Argumentation dans la langue. Bruxelles,
Mardaga, 1983.

___ _ ____-"' Af_gume nt er : crire pour persuader
Ainsi, si l' on pose la quest ion :
Les Marseillais nepensent-ils qu'au football et aupastis ?, ceta a la
mme valeur argumentative que la ngat ive :
Les Marseillais nepensent pastous aufootball et aupastis.
Cett e orientat ion argumentative qu' apporte l'interrogation t otale
est une ressource rht orique importante.
Observez tes exemples suivants.
1. Alors quela mondialisationconomique a profondment trans-
form les Etats et le systmeintertatique, peut-on continuer de
penserl'immigrationcomme s'ils'agissait d'une dynamique ind-
pendante des autres champs ; commesison traitement relevait
encore exclusivement d'une souverainet nationale unilatrale?
Peut-on persister, dans larflexion sur les migrations internatio-
nales, fairel'conomied'une interrogation surlestransformations
dcisives qui ont affect l'Etat, tafois surle plan domestique et
dans ses relations internationales? (Le Monde diplomatique,
novembre 2000)
2. Comment une mme langue pourrait donc engendrer deux ou
plusieurs grammaires diffrentes ?Est-ce quele fminin des adjec-
tifs ou les conjugaisons des verbessont susceptiblesdevariersuivant
lesauteurs et lesthories ?Evidemment non.
Dans l'exemple lia suite d'int errogations, auxquelles le tecteur se
t rouve forc de rpondre par la ngative, est l'introduct ion d'un
dveloppement argument qui va tayer ce qui est pos ici
comme vident. Nous reviendrons sur le ressort fourni par l'inter-
rogat ion dans la const ruct ion d'une introduction.
Dans t'exemple 2, I'auteur lui-mme rpond la srie de quest ions
qu' il introduit. l 'int roduct ion de l'interrogat ion sert ici se dbar-
rasser d' objections t raites comme absurdes et qu'on ne peut ds
lors lui imputer.
Savoir rdlg'!e!.' _
Rcapitulatif: les diffrents connecteursde l'argumentation
Marquer la cause parce que, car
Confirmer, introduire un argu- en effet
ment
Int rod uire une j ustification puisque
Marquer ta cons quence de sorte que, si bien que
donc
par consquent
Marquer le but pour que, afin que
Marquer la concession metgr . en dpi t de
bien que, quoique, malgr que
si
Marquer l'opposition ou la mais, cependant, toutefois,
restriction nanmoins, pourtant
Int roduire une objection 0'
Introduire un exemple par exemple
ainsi
Faire une comparaison de mme que.. de mme
de mme que... ainsi
comme
Introdui re une conclusion ainsi
par cons quent
cela tant

_______ _ : crire pour persuader
Application: contrle d'orientation
argumentative
1. Nous allons observer des nonc s o l'orientation argumen-
tative est mal contrle.
Exemple 1
Peu d'tudiants obtiennent leur Deugdu premier coup (presque
20 " ).
Tous ceux qui lisent cet nonc sont d'accord pour dire qu'il y a
quelque chose qui cloche . Le text e n'est pas cohrent.
Pourquoi ? Proposez une correction.
On Ut la parenthse comme t ant un argument venant appuyer ce
qui est dit dans la phrase principale. Or le quant ificateur peu et le
quantificateur presque n'indiquent pas la mme apprciation
d'une quantit. Presque apprcie une quantit en la considrant
comme import ante, ce qui contredit peu. l'expression attendue
serait :pas tout fait ou unpeumoinsde ou pas plusde.
Exemple 2 (extrait d'un art icle de Tframa, n 1 560)
Ledveloppement de l'informatique engendredesinquitudespour
l'emploi. L' informatique permet d'amliorerla productivit et les
conditions de travail (ainsi, la robotisation mise en place chez
Renault a supprim despostespniblesJ. Maisfera+ elfedisparaitre
plus d'emplois qu'elfen'encrera 7
Pointez l o a cloche . Proposez une correction. Proposez
une amlioration du texte en int grant des mots de liaison, des
ad verbes..
l a deuxime phrase est une concession par rapport la premi re.
l a phrase ent re parent hses est une ittustrat ion qui vient l'appui
de la concession. On att end de la phrase inte rrogative, int roduite
par mais, qu'eUe soit la correction de la concession. Or, ce n'est
pas le cas. et c'est ce qui cloche . Pourqu oi ?
- 8 7 -
Savoir rdlge""'- _
les que st ions du type est-ce que... ? ont ta mme valeur argu-
mentative que la ngative correspondante. Ici donc. l'interrogative
a la mme valeur que la ngative : elle neferapas disparaftre plus
d'emplois qu'ellen'en crera. Or, c' est t out le cont raire que veut
dire l'auteur,
Il aurait donc fallu faire la correction de la concession par l'inter-
rongative : mais ne fera+effe pas disparatre plus d'emplois
qu'elfe n'encrera.
On peut encore amliorer te texte en int rod uisant des connec-
teurs.
l.e dveloppement del'informatique engendre desinquitudespour
l'emploi. En effet, l'informatique permet certes d'amliorer ta
productivit et les conditions de travail (ainsi, la robotisation
mise en place chezRenault a supprim des postes pnibles). Mais
fera-t-elledisparaif.re plusd'emploisqu'eUe n'encrera ?
Z. Soit le texte suivant :
L'avenirprofessionnel desjeunessuscite biendes inquitudes. Des
mesures decration d'emploi ont tprises :emplois-jeunes, CES...
mesures quifont baisser lesstatistiques duchmage.
Proposez une prolongation ce texte, laquelle. parmi les
phrases suivant es. convient?
a) Maiscessolutions entraneront-elles longtermeune expan-
sionduchmageplus s(Jrement qu'elles n'yporteront remde ?
b) Mais ces solutions n'entraneront-elfes pas longterme une
expansion du cMmage plus s(Jrement qu'elfes ny porteront
remde ?
Pour les mmes raisons que prcdemment (l'interrogative totale
a la mme valeur que la ngat ive). la version logique est I'lnterrc-
ngative b).
- M-
____ _ _ _ _ : crire pour persuader
3. Mme exe rcice,
Onn'ajamais tant dit de livres. La oroducon-cooscmmsnon
d'crits semble enpleine expansion.
a) Mais ce dveloppement industriel de l'dition signifie une
productionde qualit?
b) Maisce dveloppement industriel de l'ditionne signifie+il pas
uneproduction de qualit?
-M-
PARTIE III
#
ECRITS SCOLAIRES
OU ACADMIQUES:
MATRISER
QUELQUES
TECHNIQUES
Ecrits scolai res ou acadmiques
l e but de cette part ie est de vous donner des repres pour russir
matriser (es exercices crits acadmiques . Ils sont essentielle-
ment de deux types (nous laissons de ct les exercices purement
littraires) : texte argumentatif ou commentaire de texte. Chaque
discipline a ses propres exigences concernant la rdaction de
commentaires de texte ou de textes ergumeotenfs. que l'on
nomme gnralement dissertation. En philosophie. en hist oire, en
littrature, les techniques et les requis diffrent. Nous n'entrerons
pas dans le dt ail de ces particularits disciplinaires. Ce que nous
allons voir ensemble dans cette partie, ce sont des techniques et
des outils gnraux. utilisables dans toute discipline. quelle qu'elle
soit.
- ,, -
Ecrits scolaires ou acadmiques
Nous avons vu dans la partie prcdente les techniques de l' argu-
mentation. Ce que nous abordons maintenant est la const ruction
d'u n devoir de t ype argumentatif du dbut la fin, depuis la
comprhension du sujet jusqu' la rdact ion complte (introduc-
t ion-dveloppement -conclusion). Ces mth odes sont valables
pour tout type d' crit argument atif, en lettres, sciences humaines
ou sciences sociales. Comme nous l'avons signal prcdemment ,
nous n'ent rerons pas dans les particularits propres chaque
discipline.
Pralable toute rdaction: comprendre
un sujet
Avant t out, avant de vous lancer dans le traitement d'un sujet, il
faut bien le comprendre et avancer pas pas. Plusieurs lectures
sont ncessaires, la plume la main. pour dcort iquer et ne rien
laisser passer de ce qui peut faire t out l'intrt et l'enjeu du sujet.
Reprer les fermes cl s
la premire chose faire pour analyse r un sujet qui vous est
propos est de le lire et le relire, au besoin, et si vous en avez la
possibilit avec un dictionnaire sous la main. Vous soulignez alors
les termes et phrases cls, part ir desquels vous const ruirez
ensuit e vot re argumentation.
Voici diffrents sujets, de diffrentes disciplines.
1. Sij'cris enfranais. qui est lalanguede mon pays, plut6t qu'en
latin, qui est celle de mes prcepteurs. c'est cause quej'espre
que ceux qui ne se serventque de leurraison naturelle toute pure
jugeront mieux de mes opinions que ceux qui ne croient qu'aux
livres anciens. Etpourceux qui joignent le bon sens avecl'tude.
- ~ -
Savoir rd.Jge,,' _
lesquelsseulsjesouhaitepourmesjuges, ilsneseront point,jem'as-
sure, sipartiaux, pourle latin, qu'ils refusent d'entendre mesraisons,
pourcequeje fesexplique enlangue vulgaire. (Descartes, Discours
de fa mthode)
On peut remarquer que ce texte fonctionne sur une srie d'eppe-
sitions :
franais/latin;
langue de monpays/languede mesprcepteurs ;
raisonnaturelle/livres anens.
l'opposit ion est efface dans : ceuxquijoignent le bonsens avec
l'tude.
l es termes expliquer seraient : langue vulgaire, raisonnaturelle.
Pour des text es antrieurs au XIX" sicle (comme c' est le cas ici, il
s'agit d'un texte du XVII' sicle), il n' est pas inutile de consult er un
dict ionnaire hist orique de la langue franaise' pour ret rouver le
sens exact des mots, t els qu'ils taient employs l' poque o
crit l'auteur.
2. Le racisme est lavalorisation, gnralise et dfinitive, de diff-
rences, relfes ouimaginaires, au profit del'accusateuret au dtri-
ment desa victime, afin dejustifier sesprivilges ou sonagression.
(A. Memmi, L'Homme domin)
Oans cette citation, parce qu'elle est une dfinition, chaque mot
compte.
Elle est compose de quatre proposit ions cls. qui donneront lieu
quatre temps de commentaire :
lesdiffrences relles ouimaginaires;
lavalorisationdesdiffrences ;
lagnralisation desdiffrences ;
justifierdes privilges ouuneagression.
1. Parexempte :A. Rey (dir.).LeRobeft. Dlctionnllirehistoriquedelafanguefranaise.
- ,,-
Ecrits acolalres ou
3. Le xvr est le temps pourla France d'une monarchie en passe
d'absolutisme. On s'intresse aujourd'huipoursavoir si l'dit de
Villers-Cotterits. mesurede centralisationlinguistique.judidaire
et administrative. a eu pour vise et pour effet de supplanter le
latindanscertainsectes publics. ou demarquerlasuprmatie du
francien surlesautresparlersrgionaux. (5. Auroux et G. Clrico,
Histoire desides linguistiques, t. 2, Lige, Mardaga, 1992)
les termes expliquer seraient :monarchieen passe d'absofutisme
et l'dit deVillers -Cotterts. mesure de centralisation linguistique.
judiciaire et administrative.
On peut reprer la double t hse: supplanter le latin/marquer la
suprmatiedufranen.
Reprer les articulations
l e reprage des art iculations va de pair avec l' t ape dcrite prc-
demment. Ne vous attachez pas seulement aux mot s, port eurs
d' ides cls, mais la manire dont s' articulent les diffrentes
ides : comment les phrases s'opposent-elles, comment les argu-
ments s'enchanent -ils? Pour cela, ut ilisant les outils prsent s
dans la partie prcdent e, soulignez t ous les connecte urs (or,
certes, cependant...) et retracez au brouiUon une sort e de schma
de l'argumentation.
Ainsi, dans les exemples suivants :
1. Lascience des choses extrieures ne me consolera pasdel'igno-
rance delamorale autemps d'affliction. maisla sencedes murs
me consolera toujours de l'ignorance des sciences extrieures.
(Pascal Penses)
Cet nonc repose sur une opposi t ion simple, signale par la
conjonction mais. On peut remarquer la construction en chiasme,
autour du verbe consoter, qui oppose science ignorance et
morale choses extrieures.
-111 -
Savoir r d i g , e , ~ r _
PRECISIONS: LE CHIASME
Le chiasme est une figure de style, f onde sur la symtrie. C'est
gnralement une expression compose de quatre termes, sur un
sch ma ABBA. l es deux derniers termes sont de mme nat ure que
les deux premiers mais prsent s en ordre inverse.
La const ruct ion en chiasme est un instr ument rht orique efficace
parce que frappant , pour prsent er une opposit ion.
2. La seule chose quinous console de nosmisres est le divertisse-
ment, et cependant c'est laplus grande de nosmisres. Car c'est
celaquinous empcheprincipalement desonger nous, et quinous
fait perdreinsensiblement. Sans cela nousserions dans l'ennui, et
cet ennuinous pousserait chercher un moyenplus solide d'en
sortir, maisledivertissement nous amuseet nous fait arriverinsensi-
blement lamort. (Pascal, Penses)
Si vous aviez commenter cette cit at ion, il faudrait rendre compte
du fait qu' elle exprime un paradoxe, qui se donne lire ds la
premire phrase dans la rest riction intr oduite par cependant. la
suite du t exte dveloppe une argument ation. la deuxime phrase
int roduit la cause justifiant l' affirmation de la premire phrase. la
quat rime phrase prsente l' opposit ion cl qui st ructu re la pense
de l' auteur : l'oppos ition du divertissement et de l'ennui.
Il serait bon d'aller rega rde r dans un dict ionnaire ce que peut
vouloir dire divertissement au XVII sicle et si le sens est ident ique
au sens moderne.
Formuler la thse
Une fois les mots cls et les grandes art iculations reprs, il s'agit
ma intenant de formuler, l'aide de synonymes ou d' une pri-
phrase, la thse de l' aut eur.
Sujet 1 : Descartes dit prfrer crire en franais plutt qu'en
latin, pour que son texte soit accessible t ous, et pas seulement
aux rudits. Il fait du franais la langue de la raison nat urelle ,
-,,-
Ecrits scolaires ou acadmiques
c'est --dire de la capacit de penser, propre t out homme, oppo-
se au lat in, langue de l'rudition.
Sujet 3 : les aut eurs prsentent deux inte rprtat ions possibles de
l'dit de vl ers-Cctterts : l'une o il s'oppose au lat in, l' aut re o
il s' oppose aux aut res langues de France que le francien.
Voici un autre exemple.
4. Tant quel'orthographeresterace qu'elfe est, aussi longtemps que
leprjugpublicattribueraunevaleur depremierordre laconnais-
sance depures conventions d'criture, l'enseignement vritable
dela tangueensouffrira ;il restera gn, touff, fauss, aumoins
dans lesclasseslmentaires. (F. Brunot, LaPense et lalangue)
l a t hse repose sur une oppositio n : pures conventions d'cri-
ture/ enseignement vritabledelalangue.
Proposez une reforrnutatlon de la thse de t'auteur.
Par exemple : la t rop grande importance donne l'orthographe
empche un enseignement efficace de la langue.
Enjeu du sujet
Une fois la thse reformule, il faut comprendre l'enjeu du sujet,
c'est--dire comprendre en quoi il est int ressant.
Reprenons les diffrents sujets proposs.
1. L' enjeu de ce sujet est de comprendre pourquoi, crivant un
texte scient ifique au XVII" sicle, Descartes se t rouve oblig de
just ifier son ut ilisat ion du franais et non du latin. Il s' agit donc de
rendre compt e du stat ut de la tangue franaise face au lat in cette
priode.
2. L'enjeu de ce texte est de proposer une dfinition fonct ionnelle
du racisme : le racisme n'est pas qu'une attitude de haine ou de
dnigrement grat uit , il a une fonction de j ust ification de privi -
lges.
-,,-
Savoir rdi."'o'-' _
3. L'enjeu de ce texte est de poser la question de l'interprt ation
donner l'dit de vtllers-Cctte rts, en tant que mesure politique
et linguistique.
4. l'enjeu de ce texte est de remettre en cause l'importance de
l'orthographe dans l'ducation des enfants.
Rcolter des eJtemp/es : aller dans le sens de l'auteur
Unefois la thse de l'auteur comprise, le travail de prparation du
devoir consiste en la collecte d'exemples/de preuves qui vont dans
le sens de cette thse. Cela fait appel, selon le type de devoi r, soit
des connaissances de cours (notamment pour un devoi r d'his-
toire), soit votre propre exprience et vos connaissances
personneUes (pour un devoir qui serai t principalement d'opi-
nion ).
Classez ensui te les exemples/les preuves: selon un ordre chrono-
logique ; en distinguant diffrents points de vue : indivi-
duel/soclologlque. etc.
Dans le texte qui suit, remarquez comme l'ide : une vision
plurielle du peuplement franais" est taye d'exemples
multiples.
Ainsi t'ventail politique franais, plutt que d'tre diffrenci selon
un clivage gauche-droite. pourrait-il tre organisle long d'un axe-
racisme de lapuret-racisme du mtissage. Du ct du racisme de la
puret se situerait le Front national, formationpolitique contamine
par l'idologie nazie et l'eugnisme, ainsi qu'une partie de la droite
classique . Du ct des tenants du mtissage, on trouverait la
gauche, ainsi que la fraction de la droite que l'on peut nommer
rpublicaine . Le racisme du mtissage ou de la diffrence
consacre ainsi le retour en force du polygnisme. c'est --dire d'une
vision plurielle du peuplement humain. L'engagement des
tirailleurs sngalais aux cts des soldats franai s dans les
tranches de Verdun. l'occupation de la Ruhr par des troupes
noires aprs la Premire Guerre mondiale. la prsence de
nombreux Antillais, Maghrbins ou Africains dans les quipes
-100-
Ecrits scolaires ou acadmiques
sportives. oubien encore lamultiplication de festivals de musique
ou de dfils de mode mtis " illustrent bien la dfinition d'une
France bariole et qui s'assumerait comme tell e, notamment par
rapport l'Allemagne. Cette ide d'une Francemtisse a servi de
source d'inspiration Jean -Paul Goude pour l'organisation du
dfil du 14juillet 1989 suries Champs-Elyses. commmorant le
bicentenaire de la Rvolution fran aise. U.-l. Amselle, Vers un
multiculturalisme franais, Aubier, 1996)
l'numrat ion d'exemples donne voir la const ruct ion d'une
reprsentation de la France comme France mt isse. l'ordre
adopt est un ordre chronologique. l e dernier exemple cit (le
dfil du bicentenaire conu par Goude) est l'exemple le plus spec-
taculaire pour rendre compte de cette construction d'une repr-
sentation.
Rfuter
Une fois la thse prsente comprise, et une fois que vous avez
trouv des arguments qui vont dans le sens de cett e thse, ils'agit,
puisqu'on vousdemande d'crire un texte argumentatif,de rfuter
cette thse, c'est--dire d'en montrer les limites. Cela se fait en
trouvant des contre-exemples, en construisant une dmonstrat ion
par l'absurde (voir partie Il), en montrant comment l'inverse de ce
qui est nonc peut tre galement vrai...
Soit la citation suivante, de PaulValry (Varit) :
Nous possdons en nous toute une rserve de formules, de dnomi-
nations, de locutions. toutes prtes, qui sont de pure imitation, qui
nous dlivrent du soinde penser.
On peut opposer comme contre-exempte : la parole pot ique, la
recherche scientifique, la rflexion philosophique... La limite de la
thse de Valry est qu'elle semble ne s'appliquer qu' ce que l'on
nomme l'opinion publique. S'il n'y avai t des individus qui, un
moment donn, expri maient une pense origi nale, selon cette
vision des choses, on utiliserait les mmes formules sans change-
ment depuis toujours.
- 101 -
_
Mont rez les limit es de ces adages, qui expriment ce que t' on
nomme parfois la sagesse populaire , mais que t'on peut quali-
fier aussi (reprenant Flaubert) d'ides reues.
1. L'argent ne fait pas le bonheur.
Certes, mais la misre peut rendre malheureux.
2. Orthographe: y croire comme aux ma thmatiques. N'est pas
ncessaire quand on a du style. (Flaubert, Catalogue des ides
It'ues)
l'orthographe franaise est trs peu rgulire, rien voir avec les
mathmatiques. le condit ionnement l'ort hographe conforme
masque trs souvent un style intressant .
Remarquez comment est const ruit e la rfutation de la th se
combattre (celle des inst itutions internat ionales, nonce dans la
premire phrase, appuye d'exemples st at ist iques), par reprises
d'exemples permettant de rduire cette t hse l'absurde. Chacun
des t rois points avancs va t re ensuit e dvelopp dans le fil du
texte l'alde d'argume nts positifs.
A queUe ralit se rfrent les institutions internationales de finan-
cement lorsqu'eUes prtendent. en dpi t de fa crise qui ravage la
plante, que l'Afrique se porte mieux puisque son PfSest pass de
0,9 %en 1994 5.6%en 1996etque trente et un pays. dont le Mati.
enregistrent maintenant une aosence positive par habitant ? La
dvaluati on du fra nc CFA, dans l'imprparation. auraiteUe
amliorle revenu et le niveau de vie des populations des pays de la
zone franc ? La compression de l'emploi et la diminution des
dpens es publiques auraient -eUes amlior la qualit de la vie et
l'accessibilit des services de base et sonteUes de nature le faire ?
Et quelle est donc fa ralit et la finali t des perfo rmances
conomiques ralises en Afrique et au Mali, si elles ne peuvent
pas attnuer la dtresse et la souffrance humaines ? (A. O. Traor,
L'Etau. L'Afrique dans un monde sans frontire, Actes Sud, 1999)
- 102 -
_ ou
Confirmer sa thse
Aprs avoir rfut la thse adverse, il faut avancer des arguments
positifs permettant de confirmer sa propre thse, puis trouver
dans un second temps ce qui va permettre d'art iculer la rfutation
la confirmat ion (quelle transition ?).
Reprenons par exemple le texte prcdent. la thse dveloppe
(nonce aprs la rfutat ion de la t hse adverse) est : il n'y a pas
de lien entre les performances macroconomiques dont fa Banque
mondiale ainsi que les pouvoirs publics font souvent tat et le vcu
des populations. le premier point cont r lors de la rfutation (la
dvaluation du franc CFA) permet d'embrayer, l' aide d'exemples
et d'arguments positifs, sur un point occult par la thse adverse
( savoir la malnut rit ion des enfants) :
La dvaluation, l'un des principaux mcanismes de la stabilisation
conomique court terme, ajoute la pnurie et au dsarroi des
couches sociales vulnrables, notamment les femmes, qui doivent
subvenirquotidiennement aux besoins des enfants dont l'tat nutri-
tionnel est dans l'en semble alarmant. Prs de 23 % des enfants
maliens sont maigres parrapport leur taille, tandis que 30 %souf
frent de malnutrition chronique. (A. O. Traor, L'Etau. L'Afrique dans
un monde sans frontire, Actes Sud, 1999)
Une fois le sujet compris. les exemples et contre-exemples rcol-
ts, les lments de la rfutation et de la confirmat ion mis en
place. il faut passer la rdaction du plan.
Le plan
On peut reprer diffrents types de plans. On distinguera deux
grandes cat gories selon qu' il s'agit d'expliquer ou de dmontrer.
- 103-
Savoir rdlge""'- _
Plans explicatifs
Le planparaddition, ouplan-inventaire
tl s'adapte des devoirs qui privilgient une opration de rcolte
de faits ou d'opinions. Il peut se construire par additiond'lment
simples: il se borne alors numrer les faits ; ou par addition
d'lments composs : classement par thmes, aspects, points de
vue...
Le plandfinitionnel
Il fait l'inventairedes diffrentes dfinitions d'un objet donn.
Le mouvement linaire
Il s'adapte notamment des devoirs de gographieou d'histoire.
la progression suit la description d'un espace, un ordre chronolo-
gique, etc.
Observons par exemple le plan d'un article de gographiesur les
grandes villes du monde'. Il s' agit d'un plan chronologique, qui
rend compte de ce qu'est une grande ville et des diffrentes
formes qu'elle prend au fil de l'histoire, et dbouchesur une mise
en question de type dfinitionnel ta perspective historique est
donc pri se dans une explication-argumentation de ce qu'est une
vitle, selon une thse expose en int roduction : il existe des seuils-
limites suprieurs de la taille dmographique des grandes villes
dans le temps, dfinis par le nombred'habitants qu'atteint la plus
grande ville du monde une poque donne de l'histoire. Il s'agit
donc chaque fois d'identifier des ruptures dans le continuum
diachronique de la taille des villes.
Le plan de l'art icle est le suivant. Vous remarquez deux grandes
parties, qui correspondent deux temps historiques, marquant le
2. F. MorlconlEbrard les grandes villes du monde. Sit uat ion gographiqu e et
cadrage historique /n E. Dorier-Apprlll (eoord.). tes Trs Crandes Villes dam le
mot1de, Editions du Temps, 2000.
-104 -
Ecrits scolaire. ou acadmiques
passage des dfinitionsdiffrentes de la grande ville: grande ville
- agglomration - airemtropolise. Chacune des sous-part ies
explique et donne des critres dfinissant ces diffrents objets. Il
s'agit donc biend'un plan explicatif,superposant approche dfini-
tionnelle et approche chronologique, en adquation avec l'ap-
proche propre t'auteur, de son objet.
Plande l'art icle:
1. Dela ville l'agglomration
1.1 De la ville la grande vitte
1.2 l'agglomration : nouvel objet. nouveaux outils
1.3 le seuil des deux millions d' habitants
2. Del'agglomration l'aire mtrcpclts e
2.1 Ralentissement de la croissance dmographique
et talement des agglomrations
2.2 Vers de nouvelles dfinitions de la grande ville
2.3 l'mergence d'un tiers-espace
Leplanfond sur une opposition
Il s'agit d'un plan en diptyque, fond sur une opposit ion, une
comparaison ou une alternative.
Plan d'une dmonstnrtlon
Le plan dialectique
Ils'agit du plan classique, thse, ant ithse, synthse, qui fait fonc-
tionner les oprations prcdemment dcrites : confirma-
tion/rfutation.
Attention, ce type de plan ne consiste pas affirmer fortement
une position, puis son contraire, pour arriver une position
moyenne. Cela n'aurait pas beaucoup de sens et serait assez vain.
Il s'agit en fait de proposer dans unpremier temps une conciliation
des contraires puis, dans un deuxime temps, de rendre compte du
caractre inconciliabledes deuxlments, pour dboucher en t roi-
sime partie sur une addition des deux positions.
- 105 -
Savoir _
En fait, chacune des de ux premires parties doit about ir une
conclus ion crdible mais incomplte. l e raisonnement doit
progresser peu peu.
Observez l'argumentation dveloppe par Pascal dans ce passage
des Penses, about issant la conclusion que le bonheur de
l'homme ne peut t re que dans la foi en Dieu.
(1) Tous les hommes cherchent tre heureux. Cela est sans
exception, quelques diffr ents moyens qu'ils y emploient. Ils
tendent tous ce but. Ce qui fait que les uns vont la querreet que
les autres n y vont pas est ce mme dsir qui est dans tous les deux,
accompagn de diffrentes vues. La volont ne fait jamais la
moindre dmarche que vers cet objet. C'est le motif de toutes les
actions de tous les hommes. Jusqu' ceux qui vont se pendre.
(2) Et cependant depuis un si grand nombre d'annes jamais
personne, sans la foi , n'est arriv ce point o tous visent conti-
nuellement. Tous se plaignent, princes, sujets, nobles, roturiers,
vieux, j eunes. forts. faibles, savants, ignorants, sains, malades. de
tous pays, de tous les temps. de tous Ages et de toutes conditions.
Une preuve si long ue, si continuelle et si uniforme devrait bien
nous convaincre de notre impuissance d'a"iver au bien par nos
efforts. Mais l'exemple nous instruit peu. fi n'est jamais si parfaite-
ment semblable qu'il n'ait quelque dlicate diffrence, et c'est de l
que nous attendons que notre attente ne sera pas due en cette
occasion comme en l'autre. Et ainsi, le prsent ne nous satisfaisant
j amais. l'exprience nous pipe, et de malheur en malheur nous
conduit jusqu'la mort qui en est un comble ternel.
(3) Qu'est-ce donc que nous crient cette avidit et cette impuis-
sance, sinon qu'iI y a eu autrefo is dans l'homme un vrit able
bonheur, dont il ne lui reste maintenant que la marque et la trace
tout e vide. et qu'ilessaie inutilement de rempfir de tout ce qui l'en-
vironne, recherchant des choses absentes le secours qu'il n'obtient
pas des prsentes. mais qui en sont toutes incapables, parce que ce
gouffre infini ne peut tre rempli que par un objet infini et
immuable, c'est--dire que par Dieu-m me.
Lui seul est son vritable bien. Etdep uis qu'il l'a quitt, c'est une
chose trange qu'il n y a rien dans la nature qui n'ait t capable
- 106-
_ .. = ola lre&ou acadmlq"!tt&
de lui en tenirla place :astres, ciel, terre, lments, plantes, choux,
poireaux, animaux, insectes, veaux, serpents, fivre, pest e, guerre,
famine, vices, adultre, inceste.
Sont nots en gras les diffrents te mps de l'argumentation.
Dans un premier te mps (1), Pascal pose la prmisse de la dmons-
trat ion : l'homme cherche depuis toujours tre heureux.
Dans un deuxime t emps (2), il dmontre l'impossi bilit de
l'homme t re heureux par lui-mme, alors mme qu' il cherche
constamment tre heureux.
1) l'homme cherche depuis toujours tre heureux.
2) Il n'y arrive jamais.
3) Donc il ne peut tre heureu x par lui-mme.
La troisime grande tape (3), qui rsout la cont radiction pose
dans les deux premiers temps, montre que l'impo ssibilit de
l'homme tre heureux est dans sa perte du lien avec Dieu.
1) Si l'homme cherche ainsi tre heureux, c'est parce qu'il y a en
lui un manque.
2) Ce manque, c'est la perte de Dieu.
Remarquez comme la dmonstration de Pascal est part iculire-
ment frappante par l'utilisation qu' il fait de l'accumulat ion
d'exemples (princes, sujets. nobles. roturiers... ; poireaux, veaux,
serpents... ), selon une classificati on reposant sur de grandes oppo-
sit ions Ueuneslvieux...}.
Au sein de vot re dmonstration, vous pouvez adopter diffrents
schmas d'argumentation
Argumentation-gigogne
l es arguments ne se suivent pas mais s'emboitent , de l'argument
le plus part iculier l'argument le plus gnral,ou l'inverse (ou t out
aut re emboitement : du plus extrieu r au plus intrieur, du plus
loign au plus proche...).
- 107 -
Savoir r d l g ~ . ~ r _
Ainsi. dans la premire partie du Discours de la mthode,
Descartes, pour constru ire son argumentation, passe d'abord en
revue les diffrentes disciplines qu'il a tudies (langues,
loquen ce, posie, mathmatiques, thologie, philosophie), puis
rend compte de ses voyages (<< le grand livre du monae }, et en
arrive ta conclusion qu'il lui a sembl ncessaire d'tudier en lui-
mme : je pris un jour rsolution d'tudieraussi en moi-mme, et
d'employer toutesles forces demon esprit choisir (es chemins que
je devaissuivre. Ce qui me russit mieux, ce me semble, quesije ne
me fussejamais loign, ni de monpays, ni de meslivres.
Argumentation dialectique
Un argument corrige celui qui prcde, et ainsi de suite jusqu' ta
fi n.
Observez cela dans l'exemple suivant , t ir du Discours de la
mthode de Descart es. le premier argument, ou prmisse du
raisonnement (1), est corrig par un second (2), qui le reprend en
en marquant les limites.
( 1) Le bon sens est la chose du monde la mieux partage car
chacun pense en tre si bienpourvu, que ceux mme qui sont les
plusdifficiles Acontenteren toute autrechose n'ont point coutume
d'endsirer plusqu'ilsen ont. En quoiil n'est pesvraisemblable que
tous se trompent ; mais plut6t cela tmoigne que la puissance de
bienjuger, et distinguerle vrai d'avec le faux, ce quiest proprement
ce qu'onnomme lebonsensou laraison, est naturellement galeen
tous les hommes ; et ainsi que ladiversit de nos opinions ne vient
pas de ce que les uns sont plus raisonnablesque les autres, mais
seulement de ce que nous conduisons nos penses par diverses
voies, et ne considrons paslesmmes choses. (2) Car ce n'est pas
assez d'avoirl'esprit bon, mais le principalest de l'appliquerbien.
Les plusgrandes amessont capables desplusgrands vices, aussi bien
que des plus grandes vertus; et ceux qui marchent que fort lente-
ment peuventavancerbeaucoupdavantage, s'ils suivent toujours le
droit chemin, quene font ceuxquicourent, et qui s'en loignent.
- 108 -
Ecrits scolalr.s ou acadmiques
Argumentationen spirale
Ce schma est une synthse des deux autres. Chaque argument
apport semble contredire ou corriger le prcdent, mais en fait,
on change peu peu de point de vue (gnraVparticulier...).
Application
Face l'innovation identitaire, c'est--dire la recompositiond'eth-
nies ou de communauts, la laicit rpublicaine, fonde sur une
conception atomistique de la citoyennet, craque de toutes parts.
Confronte cette prolifration d'identits, cette pclitlcel
correctness lafranaise, laposturerpublicaine se trouve carte-
le entreladfensedudroitdes peuples et ceft e desdroits desindi-
vidus. Toutepersonne a le droit de revendiquerl'identit de son
choix et l'on ne voit pas de quel droit celle-ci lui serait dnie. Il
existepourtant une limite l'expression des particularismes cultu-
rels, ethniquesou religieux :n'importequi aen effet le droit de s'at-
tribuer l'identit quilui convientds lors qu'elle nemenacepascefte
d'autrui, et c'est l quenousretrouvons laproblmatiquedesdroits
de l'homme ou, plus prcisment, celle des droits des individus.
O.-LAmseUe, Vers un multiculturalismefranais, Aubier, 1996)
Analysons d'abord brivement le sujet.
1. Thse de l'auteur : ce texte est une crit ique d'une position poli-
t iquement correcte qui consiste prendre en compte tes particu-
larismes ident it aires, alors que ceux-ci sont une menace pour
l'unit d'une nation. la thse de l'auteur est donc une dfense
d'une conception universelle de la nat ion.
2. Enjeu du suje t : cette prise de position s' inscrit dans une t radi-
tion politique franaise rpublicaine, qui, dep uis la Rvoluti on
franaise, repose sur une concept ion universalist e des droit s de
l'homme (cf Dclaration universelle des droit s de l'homme). Ce
qui est intressant ici est que cette prise de posit ion mane d'un
anthrop ologue africaniste qui a tr availl notamment mont rer
-"' -
Savoir _
comment les ethnies enAfrique sont des constructions historiques
(il est toujours bon, si vousen avez la possibilit, de vous rensei-
gner sur l'auteur du sujet qui vous est propos, si vous ne le
connaissez pas, et vent uellement d'aller regarder l'ouvrage
duquel est tire la citat ion).
3. Proposit ion de plan
1. Les communautarismes: menacepour l'unitd'unenation
limite : la nation franaise s'est effectivement construite en radi-
quant les particularismes rgionaux, parfois dans ta violence (qui
peut tre une violencesymbolique). la nation n'est pas un modle
universel. D'autres modles de nations existent.
2. D'autres modles de nations : du metting-pot au salad bowl.
Coexistencedecommunautsdiverses auseind'une mmenation.
Les individus sont pris dans des jeux d'identits multiples, d'une
appartenance familiale, locale, une appartenance nationale.
l'appartenance nationale n'est pas incompatible avec une appar-
tenance plus locale.
limite : Cette conception, qui est part iculirement celle sur
laquelle s'est construite la nat ion amricaine, pose problme
quant l'galeparticipation au jeu poli tique : lobbies, ghettos...
3. La nationest une communaut imaginaire (8. Anderson)
la nation est une construction hi storique, politique et idologique.
l e sentiment nat ional, i.e. le sentiment d'appartenance une
nation, nat d'une intriori sat ion de valeurs et de modles propres
cett e nation par l'individu, travers la socialisat ion (famille,
cole). Il s'agit moins de rflchir sur les modles de nation (ido-
logiques) que sur les instances de socialisation, et particulirement
l'cole, comme susceptibles de construire lesentiment d'apparte-
nance.
-110-
Ecrits scolaires ou acadmiques
Les transitions
Une fois te plan construit, il faut envisager la question des transi -
tions, qui vont articuler le passage d' une partie l'autre. Il est bon,
de mme que vous ferez un plan dtaill au brouillon, de rdiger
toutes tes transitions, au moins part iellement, avant de vous
mettre la rdaction proprement dite.
les transitions mettent en uvre lesconnecteurs de l'argumenta-
t ion dont nous avons vu le fonctionnement dans la deuxime
partie. la rfutation s'appuie sur des connecteurs d'opposition s'il
s'agit d' une rfutation totale, et sur des connecteurs de conces-
sion s'ils'agit d'une rfutation partielle. Reportez-vousau tableau
rcapitulat if.
Pour des exemples de transition, reportez-vous aux fragments de
texte analyss dans la partie prcdente.
Conclure
Normalement, vous devez pouvoir rdiger votre conclusion aprs
avoir rdig votre plan, avant la rdaction de l'introduct ion et
avant d'entamer la rdaction du dveloppement proprement dit.
En effet, vous ne rdigerez qu'une fois que vous saurez o vous
allez, et une fois que voussavez o vous allez, vous pouvez rdiger
la conclusion vers laquelle vatendre t'ensemble de votre dvelop-
pement.
Rdigezvotreconclusiond'emble proprement sur une feuille libre
quevouspourreztoujoursadjoindre votredevoir, si vous avez t
pris par le temps. Mieux vaut raccourcir la fin du
et avoir une bonne conclusion qui se tient que de rendre un devolr
qui n'a pas de fin ou une conclusion bcle.
- 111 -
Savoir rdig.e". _
Une double fonction: riH:apHulation et prospection
Lafonctionrcapitulative
la conclusion doit rappeler clairement les points principaux de la
question traite. Elle permet au lecteur de conserver une vue d' en-
semble, nette et globale. Cette rcapitulation doit cependant tre
brve.
Lafonctionprospective
JI est bon de finir une conclusion sur une ouvert ure . La conclu-
sion envisage ainsi l'avenir du problme soulev, suggre des solu-
t ions, pose des questions en s' appuyant sur le propos qui a t
dvelopp. Attentio n cependant au type d'ouverture propos:
vot re conclusion ne doit pas finir sur une pirouette rhtorique (du
type : j'ai dit a, mais ne pourrait-on pas dire t out fait autre
chose ?). Attention galement la conclusion-remord, o t out
coup surgit une dernire bonne ide qui n'a pas t traite dans le
dveloppement : on ne peut que vous le reprocher.
Voici un exemple de condusion. Elle est structu re en deux temps :
rcapitulation (1) et ouverture (2).
1. (7) En France, ladimension dynamique culturelle est fondamen-
taledans les oprations de dveloppement socialet pourle dve-
loppement conomique. Les discussions que nous avons eues ce
sujet et les recherches en cours montrent la complexit du
problme. Lasituation dumouvement associatif est proccupente,
car des formes sociales cres pour l'expression semblent tre
actuellement rcupres pour descombats de nature directement
politique. Dans les recherches-actions en France, la dynamique
culturelle reste souvent implicite, alors quedans larecherche inter-
nationale, l'oppositionentreprocessus de dominationet dynamique
culturelle est centrale. (2) La comparaison internationale permet-
trait de voircomment une autre formed'approche pourrait tre
envisage. Une ionue route parcourir. [ Dynamique culturelle
des communauts priurbaines , ent ret ien avec P.-H. Chombart
de Lauwe, Annales de (a recherche urbaine, n 26, avril 1985)
-112 -
Ecrits lIColalres ou acadmiques
Observez maintenant ces conclusions tires de copies d'tudiants
(il s'agit du mme devoir que celui prcdemment prsent dans
la partie sur l'introduct ion). Quelles en sont tes faiblesses ?
1. Ce texte de Descartes montrebienl'atmosphre de tensionqui
existeauXYlf sicle encoreentre le latin et le franais, situation de
diglossiequiexiste notammentpour l'crit.
2. Aucours denotretude, nous avons vuqueltaitlestatut dufran-
ais auXVlf sicle et cequ'if entait delaconcurrencelatin/franais.
Nous pouvons donc voirqueDescartes commet presque uneerreur
enreniant lalanguedesesprcepteurs enchoisissant lefranais.
Pour conclure, nous pouvons nous demander partir de quelle
poquelefranaissera l'uniquelangue det'crit?
3. Ainsi, en rdigeant son Discours de la mthode en franais,
Descartes semble conforterlaposition du franaiscomme langue
hauteenajoutant de lamatire sonhritagelittraire.
4. Si Descartesest l'undes premiers crire des ouvragesphiloso-
phiques en franais, c'est pour rendre le savoir accessible tous.
Cela va contribuer l'utilisationdufranaiscomme languecrite du
savoir.
Nous passerons sur les faiblesses stylist iques (n'hsitez pas, pour
vous entraner, rcrire ces condusi ons, selon la norme de l'crit
prsente dans la premire part ie).
la conclusion 1 est un simple rcapitulatif qui n'apporte ri en au
dveloppement et ne propose eucune ouverture.
La conclusion 2 semble bien st ruct ure en deux temps (rcapit u-
latif/prospecti f), mais l'ouvert ure n' en est pas une. En effet , la
question finale porte sur une priode historique passe et donc
connue des hist oriens et de qui a tudi l'histoire de la langue
franaise. On ne peut laisser croire au lecteur qu' il s'agit d'un
mystre, ou de conclure la manire d' un feuilleton : la suite au
prochain numro. l' ouvert ure peut effect ivement t re, dans un
- 113-
_
devoir historique de ce type, un bref aperu sur ce qui se passe
ta priode qui suit celle prsente dans le devoir. Mais les choses
ne doivent pas t re ainsi laisses en suspens.
l es conclusions 4 et 5 sont du mme type . Elles omettent toutes
deux la rcapit ulat ion et ne proposent en fait qu'une ouverture.
Cett e ouverture est intressante (le propos est similaire dans les
deux cas), mais t rs insuffisamment dveloppe. On peut presque
les lire comme des conclusions-remords ajoutant une dern ire
ide sans l'exploit er.
Voici, parmi d'aut res possibles, un exemple de conclusion sur ce
sujet.
Le xvf sicle avait vu l'mergence d'unelittrature en langue fran-
aise, paralflement son institution comme langue de l'adminis-
tration. AuXV/f sicle, le latin restelalangue de l'enseignement ainsi
que la langue scientifique et la langue de la philosophie. Onpeut
doncconsidrer l'entreprise de Descartes d'crire un trait philoso-
phique en franais, langue du peuple, comme une entreprise qui
rvolutionne le rapport ausavoirdans lamesure oce savoirdevient
accessible un plus grand nombre. De fa mme manire, au sicle
prcdent, l'entreprise de Calvin de traduirela Bible enfranais a-t-
elfe rvolutionn le rapport au texte sacr. Descartes, par ailleurs,
dmontre, par la pratique, que la philosophie peut s'crire en fran-
ais, que lalangue franaiseest propre l'abstraction, ajoutant une
pierreau patrimoine linguistique crit du franais. Il est ainsi le
prcurseur d'une tradition philosophique franaise en franais, qui
deviendra une vidence au XV/If siclepourlesphilosophes franais
des Lumires.
La conc/us/on-actlon
Il s' agit d' une conclusion qui propose un plan d' action. C'est le
type de conclusion attendu aprs un t exte exposant un problme
devant amener une prise de dcision dans un domaine concret.
-114-
Ecrits scolaires ou acadmiques
Ai nsi cet te conclusion d'un article de sociologie de l'urbanisme.
Dans untel contexte, l'interventionsurle cadrebti doit prendre en
compte non seulement l'efficience de groupes de convivialit et
d'entraide, mais encore l'identit communautaire - du moins la
revendication d'habilitationsociale dont elle tmoigne. (l. Gruel,
la cit d'urgence : une grande famille ? , in Annales de la
recherche urbaine, n" 26, avril 1985)
Dans ce genre de conclusion, on t rouvera souvent des formules
telles il faut , on doit , et c.
Dvelopper une pense
Une fois le sujet convenablement analys, le plan dt aill rdig
(avec les transit ions), ta conclusion prte sur une feuille libre, vous
pouvez vous lancer dans la rdact ion proprement dite du dvelop-
pement de vot re devoir. Habit uez-vous ne pas faire de brouillon
pour le dveloppement dans la mesure o vous n'avez pas mat-
riellement le temps d'en faire un si vous avez rdiger un devoir
en temps limit. l e brouillon ne concerne que l'int roduct ion, la
conclusion et le plan.
Nous envisageons ici quelques techniques facilita nt la rdact ion
du dveloppement .
Dfinir un mot, une notion
Adiffrent s moment s de vot re dveloppement, vous aurez dfi-
nir des t ermes : ceux de l'aute ur de la citati on que vous avez
comment er, ceux que vous employez. l a dfiniti on est une
formule qui relve la fois de l'expansion et de la condensation.
l'expansion est la possibilit d'exprimer en plusieurs mot s ce qui
vient d' t re dit en un mot , la condensat ion, au cont raire, est la
possibilit de pouvoir rsumer en un mot ce qui vient d't re dit en
plusieurs.
- 115-
Savoir rdlge,,' _
Diffrents types de dfinn:ions
La dfinition par la ngative : la premire manire de dfinir est
de circonscrire l champ du mot et de la not ion, en disant quoi il
ne s'applique pas, c'est--dire en le dfinissant par ta ngat ive, au
besoin par l'utilisation d'antonymes (de mots de sens contraire).
LapluraUt desvoixn'estpasunepreuve qui vaillerien pourlesvrits.
(Descartes, Discoursde lamthode)
Idal : tout fait inutile. (Flaubert, Dictionnairedes idesreues)
la dfinition par un synonyme : on peut dfinir un t erme en
proposant un autre te rme qui lui est synonyme, ou une srie de
t ermes synonymes. Cette manire de faire est conomique et lgi-
t ime lorsqu' il s'agit d'expliquer un synonyme moins usuel par un
synonyme plus usuel.
Ex : vergogne dfini par son synonyme honte,
Cette dfinition par un synonyme n'est en revanche pas lgitime
lorsqu'on dfinit un terme plus usuel par un te rme moins usuel.
l a dfinit ion par inclusion (ou genre procha in et diffrences
spcifiques) : elle consist e dfinir un t erme en l'incluant d'abord
dans un ensemble gnral. et en donnant ensuite ses diffrences
spcifiques.
Ex : canari:oiseau (genre prochain) domestique et plumesjaunes
(diffrences spcifi ques).
La dfinition partie int grant e de l'argumentation : la dfinition
d'un terme peut faire part ie int grant e de l' argument ati on.
Beaucoup de lutt es argumentati ves portent d'ailleurs sur la
tlon de mots. l es dfinitions de t ermes peuvent tre des enjeux
politiques (l'enjeu consist ant obliger l'autre admettre sa dfi-
nition d'un mot donn, et donc d'une concept ion, d'une vision du
monde).
- 116-
_ scolaires ou acadmiques
Observez l'utilisation argumentative de la dfinition dans cette
citation de Rousseau (Discours sur t'origine et les fondements de
l'ingalit parmiles hommes).
Je conois dansl'espce humainedeuxsortes d'ingalits;l'une que
j'appelle naturelle ou physique, parce qu'elle est tablie par la
nature, et qui consiste dansla diffrence des Ages, de lasant des
forces ducorps, et des qualits de {'esprit, ou de l'me, l'autre qu'on
peut appeler ingalit morale, ou politique. parce qu'elle dpend
d'une sorte de convention. et qu'elfe est tablie, ou dumoinsauto-
rise parle consentement des hommes.
Remarquez comme la dfinit ion des deux formes d'ingalits
humaines , propres Roussea u, est double d'une just ificat ion
(introduite par deux propositions dbutant par parce que...).
Illustrer: utiliser des exemples
l' ut ilisati on des exemples peut servir l' argument at ion, nous
l'avons vu. l'exemple peut t re un argument , il peut galement
servir d' illustrati on pour rendre une argumentat ion plus expres-
sive, plus att rayante. Sachez trouver l'exemple part iculirement
pertinent. Celuiqui permettra de rendre le mieux ce que vous tes
en train d'expliquer. Sachez dvelopper un exemple, le colorer ,
lui donner tout son pouvoir expressif. N'hsitez pas ajouter des
dt ails, raconter, pour permettre au lecteur de voir ou de
sent ir.
Dans l'exemple suivant . t ir du Monde diplomatique
(novembre 2(00), observez comment (es exemples sont la fois
des illustrat ions et des preuves de l'nonc premier le logement
dgrads'est considrablement dvelopp li.
l.e logement dgrad s'est considrablement dvelopp. Au Panier
d'abord, o des familles entires occupent des logements de 70
20 mtres carrs, maisaussi dans les bAtiments de la cit Bellevue,
coproprit construite lafindes annes 50, ol'eauet l'lectricit
-111-
Savoir rdig,_e__ ' _
sont distribues defa on anarchique, lesvide-ordures bouchset les
ascenseurs enpanne. Dans la rue Salengro, des familles sont entas-
ses dans des caves, n'ayant pourseule source lumineuse qu'un
regard au niveaudutrottoir.
Not ez les dtails dans la description, la notat ion prcise des noms
de lieux. Tout lment permettant de rendre prsent .
l' utilisat ion d' un exempte prsent comme archtype (modle)
d' une sit uat ion donne permet galement de rendre plus vivant un
discours.
Cett e technique est t rs utilise dans les journaux, utilisant une
personne particulire pour reprsenter une situat ion gnrale.
Ainsi dans l' exemple suivant, t ir du mme art icle, et illust rant
les condit ions de travail et de rmunrat ion du personnel de
rest aurat ion .
Abdou,Comorien, n'ayant pourtout papier qu'unrcpiss de trois
mois dlivr parla prfecture, prendsonservice 9 heures. Comme
lui, ilssont des centaines travailleraunoir,jusqu' quinze heures
parjour, assurant lamanutention, laplonge, le nettoyageet divers
travaux de commisdansdes locaux crasseux.
Observez comme on passe d' une personne part iculire un
groupe dont cette personne fait part ie : le passage du particulier
au gnral.
Introduire
L'introduction a pour fonct ion de capter l'attention et d'annoncer
le plan du dveloppement qui va suivre. Elle doit initier le mouve-
ment conduisant la conclusion. Ce qui fait que bien souvent il est
prfrable de la rdiger en dernier lieu, lorsque l' on (c sait o l'on
va .
- 118 -
________ _
L'introduct ion doit aborder t rois point s :
cerner le sujet ;
mont rer l'int rt du sujet ;
annoncer les points qui vont tre traits.
Vous allez utiliser pour const ruire votre introduction les points que
nous avons abords concernant la comprhension du sujet.
Evitez surtout :
les lieux communs et les phrases gnr ales passe- part out du
style detout temps, {es hommes . Il faut commencer inmedias
res, c'est--dire dans le vif du sujet , sans circonlocutions inutiles ;
les affirmatio ns premptoires ds l'introducti on : il s'agit de
poser un problme, non de le rsoudre.
Dbuter un texte: l'ancrage nonciatif
Un t exte crit n'est pas produit dans le mme type de sit uation
qu'un discours oral. Une personne qui parle peut toujours faire
rfrence ce qu' on nomme le contexte d'nonciation, c'est- -
dire tout ce qui l'ent oure au moment o elle parle (les lieux, le
moment , les gens prsents ), elle n'est pas oblige d' expliciter
certa ins lment s qui vont de soi, de par le contexte, mais gale-
ment de par les savoirs qu'elle partage avec ceux qui elle parle.
Ce qui peut rester implicit e l' oral doit t re explicit l'crit. En
effet, la rcept ion d'un crit (sa lecture) est diffre par rapport au
moment de sa product ion. D'aut re part , acte d'crit ure et act e de
lecture se passent rarement dans le mme espace. De la situat ion
d' crit ure dcoulent des contraint es de mise en t exte : celui qui
crit doit expliciter la sit uat ion d'nonciat ion et ne pas supposer
connues des donnes auxquelles le lecteur n' est pas cens avoir
accs.
Cela est particuli rement import ant dans la prsentati on du text e,
la manire dont te texte doit dbuter, et part iculirement pour les
crits scolaires: un correcteur censure bien souvent une int roduc-
t ion du fait qu'elle ne permet pas suffisamment l'accs l'infor-
mation ncessaire pour la comprhension de ce qui va t re
dvelopp.
- 119 -
Savoir _
Il faut toujours faire comme si le lecteur ne connaissait pas le sujet
du devoir. Et prendre garde aux erreurs suivantes :
ne pas prsenter l'auteur si le sujet est une citation ;
commencer discuter la cita tio n sans ravoir intgralemen t
prsent e ;
commencer argumenter sans avoir pralablement prsent la
cit ation part ir de laquelle peut se const ruire le dbat .
Capte, la bienveillance (captatlo benevolentlae)
Une int roduction doit dj avoir un pouvoir persuasif : elle doit
capter labienvei llancedu lecteu r, par ce que l'on nomme en rhto-
rique des procds captatiobenevolentiae. Il s'agit de trouver une
manire d'introdui re le sujet : formute paradoxale ou provocatrice,
comparaison, rappel de l'actualit, qui puisse mobiliser l'attention
du lecteur.
Une formule paTadoxale ou provocatrice
Observez les formules nonant un paradoxe (exempte 1) ou les
formutes provocatrices (exemple Z) employes dans tes introduc-
t ions suivantes. Remarquez. dans l'exemple 3, comment l'intro-
duction repose sur une r lnterpr tetlcn provocatrice du sicle des
Lumires (filant la mtaphore clairer , lumire du jour ., le
texte est extrait de Ecrire (a parole denuit). Dans l'exemple 4, l'in-
trod uct ion semble vincer le problme a priori, mais ce n'est que
pour reposer la quest ion t otalement diffremment.
1. Berceaud'antiques civilisations, lieuosont nslesarchtypes de
la polis et de l'urbs, l'aire culturelle mditerranenne, qui compte
une quinzaine d'agglomrations de plus de deux millions d'habi-
tants, n'en connait pas moins des processus d'urbanisationchap
pant toute rgle. (c, VaUat , l' urbanisation illgale dans les
grandes villes mdit erranennes : consolidation d'une prat ique
informell e , in E. Dorier-AppriU (coord.), Les Trs Grandes Villes
dans le monde, Edit ions du Temps, 2000)
Z. Le Sudiste seul a comptence pour parler de l'esclavage : c'est
qu'il connait le Ngre .. les gens du Nord, puritains abstraits, ne
-=-
Ecrits scolaires ou
connaissent quel'Homme, quiest uneentit. Cebeauraisonnement
sert encore: Houston, dans la presse de laNouvelle-Orlans et
puis, comme on est toujours le Nordiste de quelqu'un, en Algrie
franaise .. lesjournaux delbasnousrptentque lecolonseul
est qualifi pour parler de la colonie : nous autres, mtropolitains,
nous n'avons pas son exprience ; nous verrons la terrebrOlante
d'Afrique parses yeux ou nous ny verrons que dufeu. (J.-P, Sartre,
prface de POITTaitde colonis d'A. Memmi, 1957)
3. Depuis le siclede Voltaire et de Diderot, la lumire incarne la
mtaphore cl de la pense analytique vhicule par l'criture.
L'Europe a voulu clairer l'Afrique noire et les Antillesparla
colonisation et l'alphabtisation. La lumiredujourtait rserveau
tTavail, la cultureet la langue offICielle. Etjusqu' une priode
rcente, if tait strictement interdit aux enfants antilfais de parler
crole l'cole. (R. Ludwig. introduction Ecrire (a parole de nuit,
Gallimard,l994)
4. A priori laquestion de savoir pourquoi on crit en fTanaisn'ap-
partientqu'l"intimitet Ja singularit dechaquecrivain et regarde
l'extrmeparticularit dechaque projet, de chaque pulsionlittraire
singulire. C'est unesorte d'vidence inquestionne qui ne souffre
aucune remise en cause. (...) l'interrogation pourquoi crit-on en
franais en sous-entend d'autres, qu'on passe en gnral sous
silence (euphmisation littraire oblige) : ft' pourquoi crit-on en
fTanaisquandonn'estpasd'originefTanaise?, oumieux, pour-
quoi crit -on en franais quandon pourrait, au moins apparem-
ment, crire dans une autre langue ? , (P. Casanova, De la
singulire propension crire en frana is , in L'Espace de la
langue, ouvrage collectif dirig par M.Alphant et O. Corpet, IMEC,
2000)
Comparaison
1. Pareil au globe terrestre, l'ensemble que composent les diverses
thories del'acteuradeuxgrands pOles: celui del'unicit del'acteur
et celui de safragmentation. (Bernard Lahire, dbut de L'Homme
pluriel, Nathan, 1998)
- 121 -
Savoir _
2. Comme nous voyonsdes terres oisives. si elles sont grasses et
fertiles. foisonnerencent millesortesd'herbes sauvages et inutiles,
et que, pour les teniren office, il les faut assujettiret employer
certaines semences [...) : ainsi en est -il des esprits. Si on ne les
occupe certainsujet, quilesbride et contraigne, ilssejettent sans
rgle par-ci par-l, dans le vague champ des imaginations.
(Montaigne. Essais)
Rappelde l'actualit
Lorsqu'en dcembre J98J, Hubert Dubedout a t dsignpar le
Premier ministre pour proposer les lments d'une politique
permettant de lutt er contre la dgradation de certaines
banlieues des grandes villes, ni lui-m me ni les membres de fa
Commissionnationale pour fe dveloppement social des quartiers
qu'if a anime n'engagrent de fongs dbats surcette appellation,
dont lasignificationasuscit et suscitera maintscritsde chercheurs
et de sociologues. (A. Fourest, Quel dveloppement pour quels
quartiers? , Annales de larecherche urbaine. n 26, avril 1985)
Cerner le sujet
Il s'agit de formuler la problmatique et de justifier la rflexion
laquelle vous allez vous livrer dans vot re devoir.
Formuler une position
Une fois le sujet cern, vous formulez ce que sera vot re posit ion
sur te sujet.
Annoncer le plan
1\ s'agit moins de dtailler les parties de l'expos que d'en donner
la dmarche gnrale. Evit ez une annonce de plan trop scolaire :
dans unepremirepartienous verrons.... dans une deuxime partie,
etc.
-122-
Ecrits scolaires ou acadmiques
Application
Observo ns diffrentes int roduct ions de copies d' tudiant s, au
sujet n 1 propos ci-dessus. Quels sont les principaux problmes
que l'on peut relever ?
1. Dans ce texte, Descartes, philosophe franais du XVlf sicle,
explique pourquoi il crit en franais et non en latin. Pourtant, au
XVlf sicle, le franais constitueune langue parle mais aussi crite.
Il est reconnu par le roi et dans les crits offICiels tels que l'dit de
Vilters-Cottertsen 1539. De ce fait, une nouvelte diglossie se met
en place entre le franais du roiet les dialectes vernaculaires de la
France. Ainsi, on peut se demanderpourquoi Descartes, crivant en
franaiset nonen latin, tente dejustifierson choix.
2. Descartes doit effectivement se justifier de ne pas employer fe
latin dans son ouvrage philosophique dans la premire moiti du
xvlf sicle carune grande partie des intelfectuels se rvoltent de la
monte dufranais face au latin.
3. Ce texte, extrait du Discours de la mthode, crit par Ren
Descartes. philosophe et grand mathmaticien du XVlf sicle,
prsente lesraisons pourlesquelles l'auteura prfr opter pour fa
langue de son peuple . plutt que pour celle du savoir, en l'oc-
currence le latin.
Mais pourquoi devoir sejustifier de l'emploi du franais, dans une
uvre scientifique, alors qu'il est reconnu depuis l'dit de Vifiers
Cotterts (1539) comme devant trela langue dupays 7Comment
interprter cette opposition entre latin et franais qui semble trs
prsente au XVlf sicle ?
4. Lasituationde diglossiedu MoyenAge qui opposait le latinet les
vernaculaireslocauxa progressivement volu au{if dessiclespour
donnerlieu. au XV( sicle ci une nouvelle situation linguistique : une
diglossie base sur le franais du roy crit et les vernaculaires
locauxparls. Onpourrait ainsipenserque j'oppositionentrelelatin
et lanouvelle langue haute adisparu. mais c'est loind'tre le cas. En
effet, quellessont les fonctions que le latincontinue assurer dans
-123 -
Savoir rdig".r'--- ~ _
la premire moiti du XVlf sicle qui expliqueraient le fait que
Descartes ait eu sejustifier de ne pas employerle latin dans son
ouvrage philosophique Discours de la mthode ?
En premier lieu, nous verrons comment, durant cette priode, le
franoisduroy et lelatin (lesdeuxgrandes langues del'crit) se
partagent les fonctions de langue du savoir. Puis nous montrerons
que lesproblmes quepose lacodificationdufranais critlaissent
aulatinleprivilge d' tre latangue crite taplusestimedesrudits
de t'poque.
l'introduction 1 prsente insuffisamment le te xte. L'expression
nouveffe diglossie n' est pas clairement sit ue : quelle est t'an-
cienne ? 11 s'agit l d'un problme de savoir suppos part ag avec
le lecteur. Il faut t oujours vit er les implicites en introduction
(nous voquons cette quest ion dans la premire part ie, reportez-
vous-y).
L'introduction 2 n'en est pas une, elle aborde le sujet ex abrupto,
sans situer ni le texte ni l'auteu r, et semble d'emble rpondre
un problme qu'elle n'a pas pos.
L'introduction 3 (si on laisse de ct des problmes d' interprt a-
tions d' vnements hist oriques, not amment le contresens sur
l' dit de Vitlers-Cotterts) est globalement bien const ruite : le
t exte est prsent, replac dans le contexte sociolinguistique de
l'poque. Les deux questions prparent les deux temps du dve-
lcppeme nt.l t manque cependant cette int roduct ion de souligner
l'intrt du sujet . Elle est un peu plate et scolaire, peu sdul-
sante .
L'introduction 4, plus longue, prsent e d'abord la situation socio-
linguistique de l'poque, pour ensuite y situer le texte considr.
La question cependant qui problmat ise te propos du texte est mal
amene (la connexion logique avec eneffet est bancale).
Aucune de ces introduct ions ne reprend les termes mmes de la
citat ion.
Essayons de proposer une introduction.
- 124 -
____ _ _ _ _ _ _ E_crlt s scolaires ou acadmiq.ues
Le choix d'unelangue dans laquelle rdigerun ouvrage scientifique
ou philosophiquene vapas de soi, ou plutt vaparfoistellement de
soi qu'crire dans une autre langue que celle attendue par ta
communautscientifiquepeut ncessiterdesjustificationset appa
raitre comme un geste de revendication politique et linguistique.
Ainsi Descartes, philosopheet mathmaticienfranaisduXVlf sicle,
dans l'introduction de son Discours de la mt hode,premierouvrage
philosophique crit en languefranaise, sejustifie+il d'utiliser le
franais, langue vutgaire (c'estdire langue dupeuple) , et
non le latin, qui reste la langue de l'enseignement, langue de ses
prcepteurs. Comprendrecettejustification ncessite de resituerce
texte dans la situation sociolinguistique propre au xv'f sicle fra n-
ais. Nous sommes en effet une priode charnireo le franais,
langue crite, vapeu peu supplanter le latin comme langue de
savoir. Dans ce contexte, nous pourrons mieux apprcierle rle de
prcurseur de Descartes, et comprendre en quoi le choix d'une
langueautreque cellede ses prcepteurs, pourlui, est un choixqui
rvolutionne le rapport ausavoir.
L'introduction ouvre sur une formule paradoxale qui annonce l'en-
jeu du sujet propos (il ne s'agit pas que de Descartes et de la
sit uati on linguist ique de la France au XVU
O
sicle, il s' agit de
montrer que le savoir s'crit dans certaines langues et pas dans
d' autres : un Malien rdigera son doct orat en franais, langue offi-
cielle de son pays, et non en bambara ou en peul, un Indien crira
un art icle scient ifi que en anglais et non en urdu, en tamoul ou en
bengal i). Ensuite sont prsents l'auteur du texte et le t exte
mme. Cette prsentation reprend des mot s du t exte qu'elle
explique (langue vulgaire, o il ne s' agirait pas de faire un contre-
sens sur le mot vulgaire , de vulgus en lati n, le peuple ).
L'annonce du plan se fait sans lourdeur (vit er: dans la premire
part ie/dans la deuxime part ie). La premire partie est une mise
en perspective hist orique, qui explique la situation sociolinguis-
t ique de la France du XVlr sicle, la seconde montre en quoi ce
texte peut rvolutionner le rapport au savoir.
- 125 -

Application: construction de textes
argumentatlfs
Essayez maint enant, dans les textes suivants, de reprer les diff-
rent es techniques argumentatives.
1. Reprez les diffrents connect eurs d'argumentation.
2. Reprez les procds logiques de l'argument at ion.
Texte 1: contre la grammai r e scolaire
1) Dans un premier temps, l'aut eur expose ta t hse laquelle il
va s'opposer.
[l'analyse gramma ticale] est pare de toutes les vertus. Elle fad-
tite le progressif de la pense, f ait comprendre le
mcanisme de lalangue, facilite les moyens de l'crireet de la parler
correctement (Dalimier, LaPdagogie des coles rurales, 1843).
Excellent exercice intellectuel, ajout e F1andi n, un sicle plus tard,
parfaitement adapt aux cervelles de dix ans (Trait complet
d'analyse, 1935). Qu'en est-if en ralit?
2) Il dveloppe ensui te ses propres arguments.
La critique de la grammai re scolaire est pose d'embl e, le t on est
virulent: l'auteur dtruit point par point les arguments de la t hse
qu' il combat
Laformation de l'esprit, d'abord. On voit mal comment la pratique
d'une analyse aussi dfectueuse pourrait y contribuer dans un sens
rellement positif. Si la grammaire scolaire peut. sur ce plan, se
prvaloir d'une quelconque influence, c'est uniquement dans la
mesure o ell e enseigne ne j amais pousser un raisonnement
j usqu 'au bout, ne jamais considrer les prmisses comme
immuables, remett re en cause tout bout de champ ses proc-
dures pour les mo tifs les plus divers, et considrer que les classes
ou les catgories sur lesquelles on travaille peuvent tre remodeles
volont en fonction des conclusions qu'il va bien falloir tirer.
3) Remarquez ta fausse concessive : Si la grammaire peut...
l'auteur semble reprendre un argument de la thse adverse, mais
c'est pour mieux le dt ruire.
- 126-
Ecrits scolaires ou acadmiques
L'argument d' autorit reste majeur, dans la pratique de la gram-
maire scolaire: Brunot l'avait bien vu, qui l'accusait de pousser l'en-
fant l'obissance irraisonne. i.e rdle pdagogique rel de l'analyse
grammaticale et mme de l'analyse logique risque d'tre bien diff -
rent de celui qu'on lui prte gnralement.
4) Remarquez l'ut ilisat ion des auteurs : non pas argument d'au-
t orit (contre lequel en passant , l'aut eur s' insurge), mais venant
l'appui de la thse dfendue :
De bons observateurs, Lemare, 5udre , l'ont dit depuis longtemps :
l'analyse renverse les hirarchies dans l'esprit de l'enfant. Enfocali-
sant l'attention sur le mo t isol, elle le pousse perdre le sens des
ensembles, ngliger les contenus pour les formes , et attribuer,
contre tout bon sens, un intrt forcment majeur des phno-
menes d'ordre microscopique.
5) Dans la concessive finale, ce qui est concd est prsent
comme petit et ridicule.
Certes on dveloppe ainsi le got du calembour et de tous les jeux
sur les mots ; mais comme formation de l'esprit, c'est l'antithse
exacte de la rhtorique, qui disparat d'ailleurs des programmes au
cours du XJX' sicle.
(A. Chervel, Et il fallut apprendre crire tous les petits franais.
Histoirede la grammairescolaire, Payot, 1977)
Texte 2: mais pourquoi mlgrent-ll . ?
Ce t exte est en fait une longue introduct ion. Nous en avons dj
prsent de larges ext rait s. Il est intressant d'en observer la
totalit.
1) l'orientation argume ntative du texte est don ne par l'utili-
sation en introduction de la suite d'i nterrogat ives t otales, qul-
valentes smant iquement de ngations.
Alors que la mondialisation conomique a profondment trans-
form les Etats et le systme intertatique, peut-on continuer de
penser l'immigrat ion comme s'il s'agissait d'une dynamique ind-
pendante des aut res champs .. comme si son traitement relevait
encore exclusivement d'une souverainet nationale unilatrale?
- 127 -
Savoir rcUg"o'-, _
Peut-on persister, dans la rflexionsurles migrations internatio-
nales, faire l'conomie d'une interrogationsurlestransf ormations
dcisives quiont affect l'Etat, lafois surle plan domestiqueet
danssesrelations internationales?
2}la t hse cont re est prsente et mise en cause.
L'ide prvaut. en Europe occidentale, en Amrique du Nordet au
Japon, d'une crise du contr6le de l'immigration. Orcette vision
interdit tout dbat serein. La question importante, eneffet, cen'est
pasl'effICacit ducontr6le desEtats surleurs frontires, dont onsait
bienle caractrencessairement imparfait, maispluttlanature de
ce contrle.
REPREZ LES CONNECTEURS QUI ARTICULENT LE TEXTE
Or Introduit un nouveau t emps du raisonnement, aprs l'expos de
l'opinion commune, i s'oppose l'autetK. la deuxime propo-
sition connecte par en effe t dveloppe l'argument de l'aut eur
contre l'argument En deux temps :ce n'est pas.. introduit la
thke adverse, i laquelle s'oppose le deuxime terme de la proposi-
t ion, introduite par man pluMt, en effet vient appuye:r ce marquage
d'un nouveau temps du raisonnement.
3) Annonce du dveloppement par une interrogative, qui finit
de montrer tes limites de ta thse contre,
Comment les politiques migratoires s'intgrent-elfesau nouveau
coursmondial, avecsonintgration conomique, ses accords inter-
nationaux surles droits humains, avec l'extensionauximmigrants
rsidentsde diversdroits sociaux et politiques, lamultiplicationdes
acteurs politiques, etc. ?
4) Une dernire concessive (concession la thse adverse)
introduite par si...
SI I'Etatnation dispose toujours dupouvoird'crire le texte d'une
politique de l'immigration, ses diffrentes obligations internatio-
nales font quesapofitiquedel'immigration, ausens conventionnel
decette expression, n'affecte qu'lamarge les ralits migratoires.
-=-
Ecrits scolaires ou aadmlques
5}Prsentation du ptan du dveloppement .
Avant que d'voquer uneventuelle criseducontrle. il faut analy-
serles contraintes exterieures, toujoursplusnombreuses, qu'ont
acceptesles Etats, et qui dterminent leurpofitiquemigratoire
- autant, sinon plus, que leurs actions sur les frontires et surles
individus.
6) L'auteur dveloppe ses arguments,
Carlesmigrationsinternationales ne reprsentent pas des phno-
mnes autonomes. Parmi les acteurs majeurs, maisrarement identi-
fiscommetels, decesmigrations, relevons:
- certainessocits multinationales, qui, dufait de leurrle dans
l'internationalisation de la production, supplantent les petits
producteurslocaux, ce qui limite lesperspectives de surviede ces
derniers dans l'conomie traditionnelle et cre ainsi une msln-
d'uvre mobile. De plus, l'instaflationdepdlesdeproduction tour-
nsvers l'trangercontribue l'tablissement deliaisonsentre pays
demandeurs de capitaux et pays exportateurs decapitaux;
- desgouvernementsqui, parleursoprationsmilitaires, provoquent
des dplacements de populations et des flux de rfugis et de
migrants :
- les mesures d'austrit imposes parle Fonds montaire interna-
tional (FMI), qui obligent les pauvres envisager l'migration
(domestique ouinternationale) commestratgiedesurvie ;
- enfin, les accords delibre-changequi, renforant lesflux decapi-
taux, de services et d'informations transfrontaliers, impliquent la
circulationtransfrontalire detravailleurs spcialiss.
Remarquez la srie de proposit ions causales : car, du fait de, p.r...
ainsi que les relatives
7) Aprs avoir dvelopp ses diffrents arguments, l'auteur
conclut ta non-pertinence de ta posit ion laquell e elle
s'oppose.
Pourquoi larflexion des responsables politiques surlesmigrations
internationales parait-elle plus courte que dans les autres
- =-
Savoir rdlge..' _
domaines? Lorsqu'il faut valuer les consquences conomiques
destransformations du commerce et delapolitique internationaux,
lesexpertset lespolitiquespsent leseffetsde chaque dcisiondans
nombrede champs, et recherchent un certain compromisentreces
divers aspects. Maisl'immigration n'est jamais considre comme
l'unde cesdomaines :onlatraite isolment desautres champsd'ac-
tionpolitique. comme si onpouvait lapenserdemanireautonome.
Cet aveuglement explique l'inadquation des politiques mises en
place leurs objectifs- qu'onsoit d'accordou non avecceux-a.
8) le passage se clt sur une interrogation totale, quivalente
s mant iquement d' une ngat ion.
Tous lesparticipants l'immigrationne gagneraient-ils pas recon-
natre l'existence de ces interactions entre plusieurs champs poli-
tiques, et lesintgrer dans leurscalculs ?(Saskia Sassen, Le Monde
diplomatique, novembre 2000)

Ecrits scolaires ou
Selon les disciplines, le commentaire de t exte n'a pas la mme
fonct ion et ne se construit pas forcment de manire identique. le
commentaire d' un texte littraire va s' attacher au styte du texte,
ses qualits d'criture. le commentaire d'un texte philosophique
s' attache l'expression d'une pense par un auteur donn. Dans
d'autres disciplines (histoire, gographie), le commentaire de texte
s' attache davant age l' information apporte et la rflexion
qu'elle peut nourrir sur une quest ion donne.
Nous n'entrerons pas dans le dt ail des diffrences disciplinaires
dans le t raitement du commentaire de texte, et nous laisserons
tout part iculirement de ct la quest ion du commentaire d'un
t exte littrai re, dont la mthodologie est t out fait spcifique.
Nous apporterons ici des pist es valables pour t out type de
commenta ire, de ty pe informat if et argument at if. Tout ce que
nous avons dvelopp dans le chapit re prcdent sur les t ech-
niques de l' crit argumentat if sont rut iliser pour ce type d' crit
galement.
Comprhension du texte
la dmarche premire, celle de la comprhension du texte et de sa
porte, reprend la dmarche dcrite pour la comprhension d'un
sujet dans le chapit re prcdent : reprer (es mots ds. formuler la
thse, trouver l'enjeu du t exte, confirmer et rfuter.
Votre premire tche est de tire et relire le texte, un crayon la
main, en soulignant les mot s ds, en reprant tes mots qu' il
faudrait expliquer, et en reprant galement la st ructure du texte :
articulat ion des ides, usage des exemples...
Reprez ainsi l'ide force du texte, celle qui vous permettrait par
exemple de lui donner un t itre.
Not ez tout ce quoi ce texte vous fait penser : exemples concrets
qui illustrent ce que dit t'auteur, autres points de vue sur le mme
sujet dvelopps par d'aut res aute urs, que ce soit des point s de
-131 -

Savoir rcll.(. "'.'- _


vue similaires ou des points de vue diffrents, contre-exemples
concrets qui vont l'encontre de ce que dveloppe l'auteur. Un
mme auteur peut prsenter dans son texte diffrents points de
vue, argumenter, prendre position. Il faut alors rendre compt e de
cette argumentation, la suivre, la nourrir, et reprer les points o
le problme pourrait tre pris diffremment,
Vous allez ensuite const ruire vot re commentaire part ir de l' ide
force que vous avez repre.
Il faut prendre garde avant t out au fait qu'un commentaire de
texte n'est pas une gigantesque paraphrase du texte, il ne s'agit
pas de dire diffremment ce que l'aut eur aura sans doute mieux
dit que vous. l e text e comment er en fait doit servir une
rflexion, doit servir de support la const ruction d' une argumen-
tation.
Plan du commentaire
l e plan de votre commentaire peut t re induit par le plan du texte
qui vous est propos.
Un texte ,.,gumenflltlf
Si le texte expose une thse qu' ilcombat et une thse qu'il dfend,
vous opterez pour un plan confirmation/ rfut at ion, qui reprend (es
argument s de l'aut eur, en (es dveloppant et en (es nourrissant de
vot re propre rflexion.
Si le texte n'expose qu'un seul point de vue, il vous faut dvelop-
per te point de vue adverse : vous opt erez alors pour un plan
confirmation-rfutat ion qui, dans un premier temps, reprend la
thse de l'auteur et la dveloppe, et dans un deuxime temp s, la
rfute en argumentant.
Un texte explicatif
l e texte qui vous est propos n'est pas forcment argumentatif, il
peut t re simplement explicatif, rendre compte d'une question,
-132-
Ecrits scolalr ou a c a d m l q ~
dcrire une situation. C'est vous alors de l'utili ser comme
maillon d'une argumentation : quelle thse permet -il de nourrir,
dans quelle problmatique s'ins re-t -Il... ? Vous avez alors
const ruire toute l'argumentation (confirmation/rfut ation) en
montrant comment ce qui vous est prsent est un argument en
faveur de l'une ou l'autre thse. A vous de trouver les arguments
de la thse inverse.
Introduction
l' introduct ion doit sit uer trs prcisment l'auteur, l'poque, l'en-
jeu du texte et le contexte (polit ique, social historique, philoso-
phique...) dans lequel il s' insre. l ' introduct ion doit par ailleurs
prsenter la mme forme que ce que nous avons dcrit dans le
chapit re prcdent : captatio benevolentiae. enjeu du te xte,
annonce du plan.
Conclusion
Formellement, la ccnduslcn d'un comment aire ne diffre gure de
celle d'un texte argumentatif : elle rcapitule et propose une
ouverture.
Application: un exemple de commentaire
de texte
Soit ce t exte de Paul Valry.
je distinguerai deux sortes de ces leonsaccidentelles de tous les
instants :lesunes, quisont lesbonnes, ou, dumoins, qui pourraient
Ntre, ce sont les leonsdechoses, ce sont lesexpriences qui nous
sont imposes. ce sont les faits qui sont directement observs ou
subisparnous-mmes. Plus cette observationest directe, plus nous
- 133 -
Savoir rdlg"e' '-- _
percevons directement les choses ou les vnements, ou les tres.
sans traduireaussitt nos impressionsenclichs, enformules toutes
faites, et plus cesperceptions ontdevaleur.j'ajoute-ce n'est pasun
paradoxe- qu'uneperceptiondirecteest d'autantplusprcieuseque
nous savons moinsl'exprimer. Plus ellemet endfaut les ressources
denotre langage, plus ellenous contraint lesdvelopper.
Nous possdons ennoustoute unerserve deformules, dednomi-
nations, de locutions, toutespretes, quisont de pureimitation, qui
nous dlivrent du soinde penser, et que nous avons tendance
prendre pourdessolutions valables et appropries. Nous rpon-
drons leplus souvent cequi nous frappe pardes paroles dont nous
nesommes pasles vritablesauteurs. C'est pourquoiif
ment se croire soi-mme surparole. je veux direque laparole qui
nous vient l'esprit, gnralement, n'est pasdenous.
Mais d'o vient-elle? C'est iciquese manifeste le secondgenrede
leon dont je vous parlais. Ce sont celfes qui ne nous sont pas
donnes par notre exprience personnelle directe, mais quenous
tenons de noslectures oude labouched'autrui.
Vous lesavez, mais vous ne l'avezpeut-trepasassez mdit, quel
point t're moderneest parlante. Nos villessont couvertesde
tesques critures. La nuit mme est peuple de mots defeu. Ds le
matin, des feuilles imprimes innombrables sont aux mains des
passants, desvoyageursdanslestrains, et des paresseuxdans leurs
lirs. Il suffit detourner unboutondans sachambrepourentendre les
voixdumonde, et parfois, lavoix denosmaitres. Quant auxlivres, on
n'enajamaisautant publi. Onn'ajamais tant lu, ou plut6t tant
parcouru.
Quepeut-ilrsulterdecette grande dbauche ?
Les mmes effetsqueje vous dcrivaistout l'heure;maiscettefois,
c'est notresensibilit verbale qui est brutalise, moussedgra-
de... Le langage s'useennous.
L'pithte est dprcie. L'inflation de lapublicit a fait tomber
rien lapuissance des adjectifslesplus forts. La louangeet mme l'in-
juresont dans ladtresse ;on doit sefatiguer l'esprit chercherde
quoi glorifier ouinsulterlesgens!
D'ailleurs, laquantitdes publications, leurfrquence diurne, leflux
des choses quis'impriment ou se diffusent, emportent du matinau
soirlesjugementset lesimpressions, lesmlangent et lesmalaxent,
- "' -
Ecrits scolaires ou
et font de nos cervelles une substancevritablement grise, o rien
ne dure, rienne domine, et nous prouvons l'trange impression de
lamonotonie de lanouveaut, et de l'ennui des merveifles et des
extrmes.
Que conclurede cesconstatations1
Siincompltes qu'ellessoient-je pensequ'elles suffisent faire
concevoir des craintes srieuses surdes destinsdel'intelligence telle
quenouslaconnaissonsjusqu'ici. Nous sommes enpossession d'un
modle de l'espritde divers talonsde valeur intellectuelle qui,
quoique fort anciens - pourne pas dire immmoriaux- ne sont
peut-trepasternels.
Paul Valry, Varit, Essais quasi politiques.
ComP'henslon du texte
Ce t exte est un t exte argumentatif. It faut en comprendre la thse
et reprer comment il s'articule.
Valry distingue deux sortes de leons : les leons de l'exprience
et les leons apportes par les lectures et la bouche d'aut rui. Son
t exte est st ruct ur en deux grands temps. Dans un premier t emps,
il explique ce qu' il entend par leon de l'exprience, et ce qui fait
que ce sont les seules leons valables, auxquelles s'oppose le
second type de leons, qu'il prsente en en faisant la crit ique. l es
leons de l'exprience sont les Cl: bonnes leons parce qu'elles
nous forcent dvelopper (es ressources de notre langage pour
rendre compte de nos perceptions singulires. l e second type de
leon, au contraire. nous dispense de rflchir. Il condut son texte
sur un dout e : du fait de la prolifration d'crits et de messages, qui
sont aut ant de fi: prts penser , l'int elligence pourrait t re
amene disparatre.
On peut donc int erprter ce texte comme une crit ique de ce qu'on
peut appeler les fabriques d'opinion que sont t ous les texte s,
messages, images. circulant travers diffrents mdias dans une
socit donne ; ce sont autant de menaces pour t'inte lligence.
- 13!i -
Savoir rdi,:. ,,' _
Construction du plan
1. Illustrer et argumenter dans le sens de la thse de l'auteur : les
vraies leons sont ceiles de l'exprience, les lectures que l'on fait
fournissent un prt penser suspendant l'esprit critique.
Umite : l'exprience est bien souvent incomprise dans sa slngute-
rit.I'individu a alors recours pour en rendre compt e des stro-
types, des formules t outes faites (possibltit que Valry voque:
traduire aussitM nos impressions en clichs, en formules toutes
faites). On peut s'inte rroger sur les limites de l'exprience brute
dans la construct ion d' une intelligence rflexive et critique.
Z. la deuxime part ie dveloppe une thse inverse celle de
Valry : les lect ures peuvent apporter des cls de comprhension
pour des expriences personnelles dont un individu peut avoir du
mal rendre compt e.
3. Cette troisime part ie peut tre une ouverture sur des thma-
t iques plus contemporaines (Valry est mort en 1945) : Peut-tre
est -ce moins l'crit que l'image et la parole, vhicul par le mdia
te plus puissant , la t lvision, qui suspend l'esprit criti que. la
lect ure suppose du temps, contrairement l'assimilation du flux
d'images et de paroles de la t lvision. le temps de la lecture
permet l' exercice de la rflexion. la t lvision au contraire
imprime inconsciemment en nous mots et images, sans que l'es-
prit crit ique puisse pleinement s' exercer.
A vou s maintenant
Ce qui se pense bien s' nonce clairement. Gardez cette
maxime en tte. Ayez avant tout les ides claires et tachez de les
exprimer clairement, c' est--dire avec simplicit et prcision. la
maitri se de la langue crite - maitrise de la langue elle-mme,
c' est--dire matrise de la syntaxe, mais galement matrise des
techniques rhtoriques - est l'outil qui vous permet cette expres-
sion claire.
- uo-
Ecrits scolalr ou acadmique.
Mais elle n'est qu' un out il. Sachez t oujours ce que vous voulez
crire avant de vous lancer dans l'crit, vitez de penser au fit de la
plume, c'est ainsi que vous viterez rupt ures de construct ions,
gaucheries, coq--l'ne.
lorsque vous prat iquerez l'crit en t ota le familiarit, alors vous
pourrez prendre davantage de libert, allger les tapes prpara-
toires, vous lancer plus vite et sans garde-fou dans une rdaction.
Pour l'inst ant, allez lent ement et srement . Jusqu'au but fix,
- 137 -
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BIBLIOGRAPHIE
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eflegouvernable ?, Delachaux et Niestl , 1988.
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Index
INDEX
Articulations 97
Chi asme 98
Confirmation 103.132
Connecteurs 8Oetsuiv.. 111. 128
Cotexte 42
Dduction 59
Homonymes 17
Implicite 60. 78
Ironie 82
Interrogation 84
litote 81
Nominalisation 47 et suiv.. 83
Opposition 73. 105
Prmisses 61.64
Rfutation 102etsuiv., 111, 132
Restriction 73,86
Termescls 95
Redondance 26.34
Thmatisetion 31
Transition 171
- 141-
MTHODOLOGIE
DistriooliOn Dluseo
ISBN9782759006809 10

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