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La folie douce, qui s’oppose à la folie furieuse, c’est un moment d’égarement, de déraison, d’extravagance, de délire. Ça ne prête guère à conséquence, mais ça dérange les bonnes mœurs. Alors que la violence et le passage à l’acte sur autrui ou soi-même relèvent de l’inacceptable, il convient de penser l’accueil social de la folie comme un espace de création et d’invention.— (Joseph Rouzel, La folie douce — Psychose et création, éditions érès, 2018, page 4e de couv.).
En Guadeloupe, on distingue pour évoquer la folie deux catégories : la folie douce, et les autres qui incluent les formes violentes et graves avec le spectre du fou enragé.— (Marlyne Dabrion, Folie douce et fous enragés : une anthropologie créole, les éditions du Croquant, 2021, ISBN978-2365122863 [présentation en ligne]).
À peine sortis des intérêts sociaux les plus directs et les plus nécessaires à leur subsistance, on les voit avec étonnement s'élancer dans ce qu'ils appellent leur philosophie ; c'est une espèce de folie douce, aimable, et surtout sans fiel.— (Stendhal, De l'amour, 1822, page 162)[1].
Il y a quelque chose d’hypnotique dans l’écriture d’Anne Serre qui vous plonge dans une sorte de rêve éveillé dont on a du mal à se déprendre tant il est surprenant, drôle et envoûtant. Peut-être est-ce lié au rythme de sa phrase qui court de digression en digression, rebondit sur un détail et vous emporte par association d’images là où vous n’auriez jamais songé aller tout seul ? Ou bien est-ce sa manière candide de s’émerveiller et de jouer de presque rien, pour parler des choses terribles de la vie que l’on ne pourrait dire autrement ? [...] Ses lecteurs retrouveront avec joie les personnages familiers et récurrents de ses romans, et surtout une folie douce qui n’appartient qu’à elle. Une manière élégante de se sauver d’une folie plus terrible, folie familiale, emprise paternelle confondue avec celle de la fiction qui apparaissent en creux, au détour d’une phrase, l’air de rien.— (Nathalie Sarthou-Lajus, « Anne Serre, “Voyage avec Vila-Matas”, Mercure de France, coll. « Bleue », 2017, 144 pages », dans “Recensions” de la revue Études 2017/3 [texte intégral]. Consulté le 30/12/2023).
Joyeux charivari tumultueux dans une folie douce et inventive à la découverte de contrées sauvages, magnifiques ou mystérieuses. Les participants ont sauté, dansé, chanté, rampé. Dans la galère virtuelle, ils sont devenus sonneurs, figures de proue ou rameurs.— (« Servon-sur-Vilaine. La Rando secrète a offert un joli voyage aux inventifs », dans Ouest France, 29/09/2020 [texte intégral]. Consulté le 30/12/2023).
[À propos du deuxième enregistrement en 1981 des Variations Goldberg de Jean Sébastien Bach par Glenn Gould, comparé à sa première version de jeunesse, en 1955] : Le chant du cygne de 1981 est plus apaisé, plus convaincant, bien que certains traits de génie aient disparu en même temps que la folie douce de la jeunesse.— (Gil Delannoi, « Un sentier musical (en suivant Bach) : Lentus in umbra. — XVII », dans Commentaire 2016/4 (n° 156) [texte intégral]. Consulté le 30/12/2023).
Selon le contexte, désigne parfois une action très audacieuse, voire téméraire, périlleuse et tout à fait déraisonnable, mais qui a réussi. Dans ce cas, la locution nominale est incluse dans l'expression « [c'est] de la folie douce ». Si cela rate, on dira plutôt « c'était de la folie » tout court.
Survoler les Alpes à bord de cet avion, c'était de la folie douce. On risquait d'être entraîné dans un courant qui nous secouerait comme un shaker à cocktails.— (Claude Chabrol et Roger Hanin, Le Tigre aime la chair fraîche (film), 1964. Consulté le 30/12/2023).