Traduction par Augustin Crampon.
Texte établi par Société de S. Jean l’Évagéliste, Desclée..

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NOUVEAU TESTAMENT
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ÉVANGILE selon S. MATTHIEU

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PREMIÈRE PARTIE.

[I – II.]

ENFANCE DE JÉSUS.


Chap, i-ii. Généalogie de Jésus (i, 1-17). Sa conception et sa naissance (i, 18-25). — Adoration des Mages (ii, 1-12). Fuite en Égypte et retour (ii, 13-23).


Généalogie de Jésus-Christ, fils de David, fils d’Abraham[1]. 2Abraham engendra Isaac ; Isaac engendra Jacob ; Jacob engendra Juda et ses frères ; 3Juda, de Thamar, engendra Pharès et Zara ; Pharès engendra Esron ; Esron engendra Aram ; 4Aram engendra Aminadab ; Aminadab engendra Naasson ; Naasson engendra Salmon ; 5Salmon, de Rahab, engendra Booz ; Booz, de Ruth, engendra Obed ; Obed engendra Jessé ; Jessé engendra le roi David[2].

6David engendra Salomon, de celle qui fut la femme d’Urie[3] ; 7Salomon engendra Roboam ; Roboam engendra Abias ; Abias engendra Asa ; 8Asa engendra Josaphat ; Josaphat engendra Joram ; Joram engendra Ozias ; 9Ozias engendra Joathan ; Joathan engendra Achaz ; Achaz engendra Ezéchias ; 10Ezéchias engendra Manassé ; Manassé engendra Amon ; Amon engendra Josias ; 11Josias engendra Jéchonias et ses frères, au temps de la déportation à Babylone[4].

12Et après la déportation à Babylone, Jéchonias engendra Salathiel ; Salathiel engendra Zorobabel ; 13Zorobabel engendra Abiud ; Abiud engendra Éliacim ; Éliacim engendra Azor ; 14Azor engendra Sadoc ; Sadoc engendra Achim ; Achim engendra Éliud ; 15Éliud engendra Eléazar ; Eléazar engendra Mathan ; Mathan engendra Jacob ; 16Et Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qu’on appelle Christ[5]. 17Il y a donc en tout quatorze générations depuis Abraham jusqu’à David, quatorze générations depuis David jusqu’à la déportation à Babylone, quatorze générations depuis la déportation à Babylone jusqu’au Christ[6].

18Or la naissance de Jésus-Christ arriva ainsi. Marie, sa mère, étant fiancée à Joseph, il se trouva, avant qu’ils eussent habité ensemble, qu’elle avait conçu par la vertu du Saint-Esprit[7]. 19Joseph, son mari, qui était un homme juste, ne voulant pas la diffamer, résolut de la renvoyer secrètement. 20Comme il était dans cette pensée, voici qu’un ange du Seigneur lui apparut en songe, et lui dit : « Joseph, fils de David, ne craint point de prendre avec toi Marie ton épouse, car ce qui est formé en elle est l’ouvrage du Saint-Esprit. 21Et elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus[8] ; car il sauvera son peuple de ses péchés. » 22Or tout cela arriva afin que fût accompli ce qu’avait dit le Seigneur par le prophète : 23« Voici que la Vierge concevra et enfantera un fils ; et on le nommera Emmanuel,[9] » c’est à dire Dieu avec nous. 24Réveillé de son sommeil, Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait commandé : il prit avec lui[10] Marie son épouse. 25Mais il ne la connut point jusqu’à ce qu’elle enfantât son fils premier-né, à qui il donna le nom de Jésus.

Jésus étant né à Bethléem de Judée[11], aux jours du roi Hérode, voici que des Mages arrivèrent d’Orient à Jérusalem, 2disant : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l’adorer[12]. » 3Ce que le roi Hérode ayant appris, il fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. 4Il assembla tous les Princes des prêtres et les Scribes du peuple, et s’enquit auprès d’eux où devait naître le Christ. 5Ils lui dirent : « À Bethléem de Judée, selon ce qui a été écrit par le prophète : 6Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es pas la moindre parmi les principales villes de Juda, car de toi sortira un Chef qui doit paître Israël, mon peuple. »[13] 7Alors Hérode, ayant fait venir secrètement les Mages, apprit d’eux la date précise à laquelle l’étoile était apparue. 8Et il les envoya à Bethléem en disant : « Allez, informez-vous exactement de l’Enfant, et lorsque vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que moi aussi j’aille l’adorer. » 9Ayant entendu les paroles du roi, ils partirent. Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue en Orient allait devant eux, jusqu’à ce que, venant au-dessus du lieu où était l’Enfant, elle s’arrêta. 10À la vue de l’étoile, ils se réjouirent d’une grande joie. 11Ils entrèrent dans la maison[14], trouvèrent l’Enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils l’adorèrent ; puis, ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. 12Mais ayant été avertis en songe de ne point retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. 13Après leur départ, voici qu’un ange du Seigneur apparut à Joseph pendant son sommeil, et lui dit : « Lève-toi, prends l’Enfant et sa mère, fuis en Égypte et restes-y jusqu’à ce que je t’avertisse ; car Hérode va rechercher l’Enfant pour le faire périr. » 14Joseph se leva, et la nuit même, prenant l’Enfant avec sa mère, il se retira en Égypte. 15Et il y resta jusqu’à la mort d’Hérode, afin que s’accomplît ce qu’avait dit le Seigneur par le Prophète : « J’ai rappelé mon fils d’Égypte.[15] » 16Alors Hérode, voyant que les Mages s’étaient joués de lui, entra dans une grande colère, et envoya tuer tous les enfants qui étaient dans Bethléem et dans les environs, depuis l’âge de deux ans et au-dessous, d’après la date qu’il connaissait exactement par les Mages. 17Alors fut accompli l’oracle du prophète Jérémie disant : 18Une voix a été entendue dans Rama, des plaintes et des cris lamentables : Rachel[16] pleure ses enfants ; et elle n’a pas voulu être consolée, parce qu’ils ne sont plus. 19Hérode étant mort, voici qu’un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph dans la terre d’Égypte, 20et lui dit : « Lève-toi, prends l’Enfant et sa mère, et va dans la terre d’Israël, car ceux qui en voulaient[17] à la vie de l’Enfant sont morts. » 21Joseph s’étant levé, prit l’Enfant et sa mère, et vint dans la terre d’Israël. 22Mais, apprenant qu’Archélaüs régnait en Judée à la place d’Hérode, son père, il n’osa y aller, et, ayant été averti en songe, il se retira dans la Galilée 23et vint habiter une ville nommée Nazareth, afin que s’accomplît ce qu’avaient dit les prophètes : « Il sera appelé Nazaréen. »


DEUXIÈME PARTIE.

[III — XXV.]

VIE PUBLIQUE DE JÉSUS.

I — PÉRIODE DE PRÉPARATION.

[III — IV, 11.]

Chap. iii. Prédication de Jean-Baptiste (iii, 1-12). — Inauguration messianique de Jésus par le Baptême, le Jeûne et les Tentations (iii, 13 — iv, 11).

En ces jours-là parut Jean-Baptiste, prêchant dans le désert de Judée, 2et disant : « Repentez-vous[18], car le royaume des cieux est proche. » 3C’est lui qui a été annoncé par le prophète Isaïe, disant : « Une voix a retenti au désert : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers. »[19] 4Or Jean avait un vêtement de poils de chameau, et autour de ses reins une ceinture de cuir, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. 5Alors venaient à lui Jérusalem, et toute la Judée, et tout le pays qu’arrose le Jourdain. 6Et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le Jourdain.

7Voyant un grand nombre de Pharisiens et de Sadducéens venir à ce baptême il leur dit : « Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère qui vient ?[20] 8Faites donc de dignes fruits de repentir. 9Et n’essayez pas de dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car je vous dis que de ces pierres mêmes Dieu peut faire naître des enfants à Abraham. 10Déjà la cognée est à la racine des arbres : tout arbre donc qui ne porte pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu. 11Moi, je vous baptise dans l’eau pour le repentir ; mais celui qui doit venir après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter sa chaussure ; il vous baptisera dans l’Esprit-Saint et dans le feu. 12Sa main tient le van ; il nettoiera son aire, il amassera son froment dans le grenier, et il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint point. »

13Alors Jésus, venant de Galilée, alla trouver Jean au Jourdain pour être baptisé par lui. 14Jean s’en défendait en disant : « C’est moi qui doit être baptisé par vous, et vous venez à moi ! » 15Jésus lui répondit : « Laisse faire maintenant, car il convient que nous accomplissions ainsi toute justice. » Alors Jean le laissa faire. 16Jésus ayant été baptisé sortit aussitôt de l’eau, et voilà que les cieux lui furent ouverts, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. 17Et du ciel une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis mes complaisances. »

Alors Jésus fut conduit par l’Esprit dans le désert pour y être tenté par le diable.[21] 2Après avoir jeûné pendant quarante jours et quarante nuits, il eut faim. 3Et le tentateur, s’approchant, lui dit : « Si vous êtes le Fils de Dieu, commandez que ces pierres deviennent des pains. » 4Jésus lui répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »[22] 5Alors le diable le transporta dans la ville sainte, et l’ayant posé sur le pinacle du temple, 6il lui[23] dit : « Si vous êtes le Fils de Dieu, jetez-vous en bas ; car il est écrit : Il a donné pour vous des ordres à ses anges, et ils vous porteront dans leurs mains, de peur que votre pied ne heurte contre la pierre. » 7Jésus lui dit : « Il est écrit aussi : Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu. »[24] 8Le diable, de nouveau, le transporta sur une montagne très élevée, et lui montrant tous les royaumes du monde, avec leur gloire, 9il lui dit : « Je vous donnerai tout cela, si, tombant à mes pieds, vous m’adorez ». 10Alors Jésus lui dit : « Retire-toi, Satan[25] ; car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul. » 11Alors le diable le laissa ; aussitôt des anges s’approchèrent, et ils le servaient.

II. — MINISTÈRE DE JÉSUS EN GALILÉE.

[IV, 12 — XVIII, 35.]

A. — Jésus est le Messie envoyé de Dieu.

[IV, 12 — XI, 30.]

Sans s’astreindre à l’ordre chronologique, S. Matthieu montre en Jésus le Docteur, le Thaumaturge, le Fondateur du Royaume de Dieu.
1. Chap. iv : Débuts du ministère de Jésus. Vocation des quatre pêcheurs (12-22). Premier parcours en Galilée (23-25).

12Quand Jésus eut appris que Jean avait été mis en prison, il se retira en Galilée.[26] 13Et laissant la ville de Nazareth, il vint demeurer à Capharnaüm, sur les bords de la mer, aux confins de Zabulon et de Nephtali, 14afin que s’accomplît cette parole du prophète Isaïe : 15« Terre de Zabulon et terre de Nephtali, qui confines à la mer, pays au-delà du Jourdain, Galilée des Gentils ! 16Le peuple qui était assis dans les ténèbres a vu une grande lumière ; et sur ceux qui étaient assis dans la région de l’ombre de la mort, la lumière s’est levée ! 17Dès lors Jésus commença à prêcher, en disant : « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. »[27]

18Comme il marchait le long de la mer de Galilée, Jésus vit deux frères, Simon, appelé Pierre[28], et André son frère, qui jetaient leur filet dans la mer ; car ils étaient pêcheurs. 19Et il leur dit : « Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » 20Eux aussitôt, laissant leurs filets, le suivirent. 21S’avançant plus loin, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, dans une barque, avec leur père Zébédée, réparant leurs filets, et il les appela. 22Eux aussi, laissant à l’heure même leur barque[29] et leur père, le suivirent.

23Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, prêchant l’Évangile du royaume de Dieu, et guérissant toute maladie et toute infirmité parmi le peuple. 24Sa renommée se répandit dans toute la Syrie, et on lui présentait tous les malades atteints d’infirmités et de souffrances diverses, des possédés, des lunatiques[30], des paralytiques, et il les guérissait. 25Et une grande multitude le suivit de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée et d’au delà du Jourdain.

2. Chap. v-vii. Le Sermon sur la montagne. — a) Vertus fondamentales des citoyens et des chefs du royaume de Dieu (1-16). — b) La Loi nouvelle complément de la Loi ancienne (17-48). — c) Vices à éviter dans la vie chrétienne (vi, 1 — vii, 6). — d) Moyens de salut : prière, charité, renoncement, prudence (7-20). — e) Exhortation à mettre en pratique les enseignements du Sauveur (21-27).

Jésus, voyant cette foule, monta sur la montagne, et lorsqu’il se fut assis, ses disciples s’approchèrent de lui. 2Alors, ouvrant sa bouche, il se mit à les enseigner, en disant :

3« Heureux les pauvres en esprit[31], car le royaume des cieux est à eux !

4Heureux ceux qui sont doux, car ils posséderont la terre ![32]

5Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés !

6Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés !

7Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde !

8Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu !

9Heureux les pacifiques, car ils seront appelés enfants de Dieu !

10Heureux ceux qui souffrent persécution pour la justice, car le royaume des cieux est à eux !

11Heureux êtes-vous, lorsqu’on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. 12Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux : c’est ainsi qu’ils ont persécuté les prophètes qui ont été avant vous.

13Vous êtes le sel de la terre. Si le sel s’affadit, avec quoi lui rendra-t-on sa saveur ? Il n’est plus bon à rien qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds par les hommes. 14Vous êtes la lumière du monde. Une ville située au sommet d’une montagne ne peut être cachée ; 15et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. 16Qu’ainsi votre lumière brille devant les hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.


17Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes ; je ne suis pas venu les abolir, mais les accomplir. 18Car, je vous le dis en vérité, jusqu’à ce que passent le ciel et la terre, un seul iota[33] ou un seul trait de la Loi ne passera pas, que tout ne soit accompli. 19Celui donc qui aura violé un de ces moindres commandements, et appris aux hommes à faire de même, sera le moindre dans le royaume des cieux ; mais celui qui les aura pratiqués et enseignés, sera grand dans le royaume des cieux. 20Car je vous dis que si votre justice ne surpasse celle des Scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.

21Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : « Tu ne tueras point, et celui qui tuera mérite d’être puni par le tribunal. »[34] 22Et moi, je vous dis : Quiconque se met en colère contre son frère mérite d’être puni par le tribunal ; et celui qui dira à son frère : Raca, mérite d’être puni par le Conseil ; et celui qui lui dira : Fou, mérite d’être jeté dans la géhenne du feu.[35] 23Si donc, lorsque tu présentes ton offrande à l’autel, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, 24laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis viens présenter ton offrande.

25Accorde-toi au plus tôt avec ton adversaire, pendant que vous allez ensemble au tribunal, de peur qu’il ne te livre au juge, que le juge ne te livre à l’appariteur, et que tu ne sois jeté en prison. 26En vérité, je te le dis, tu n’en sortiras pas que tu n’aies payé jusqu’à la dernière obole. 27Vous avez appris qu’il a été dit : « Tu ne commettras point d’adultère. » 28Et moi, je vous dis que quiconque regarde une femme avec convoitise, a déjà commis l’adultère avec elle, dans son cœur. 29Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi ; car il vaut mieux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la géhenne. 30Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi ; car il vaut mieux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps tout entier ne soit pas jeté dans la géhenne.

31Il a été dit aussi : « Quiconque renvoie sa femme, qu’il lui donne un acte de divorce. »[36] 32Et moi, je vous dis : Quiconque renvoie sa femme, hors le cas d’impudicité, la rend adultère ; et quiconque épouse la femme renvoyée, commet un adultère. 33Vous avez encore appris qu’il a été dit aux anciens : « Tu ne te parjureras point, mais tu t’acquitteras envers le Seigneur de tes serments. » 34Et moi, je vous dis de ne faire aucune sorte de serments : ni par le ciel, parce que c’est le trône de Dieu ; 35ni par la terre, parce que c’est l’escabeau de ses pieds ; ni par Jérusalem, parce que c’est la ville du grand Roi. 36Ne jure pas non plus par ta tête, parce que tu ne peux en rendre un seul cheveu blanc ou noir. 37Mais que votre langage soit : Cela est, cela n’est pas. Ce qui se dit de plus vient du Malin. 38Vous avez appris qu’il a été dit : « Œil pour œil et dent pour dent. » 39Et moi, je vous dis de ne pas tenir tête au méchant ; mais si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui encore l’autre.[37] 40Et à celui qui veut t’appeler en justice pour avoir ta tunique, abandonne encore ton manteau. 41Et si quelqu’un veut t’obliger à faire mille pas, fais-en avec lui deux mille. 42Donne à qui te demande, et ne cherche pas à éviter celui qui veut te faire un emprunt.

43Vous avez appris qu’il a été dit : « Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. » 44Et moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent : 45afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et descendre sa pluie sur les justes et sur les injustes. 46Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains n’en font-ils pas autant ?[38] 47Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens même n’en font-ils pas autant ? 48Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait.

Gardez-vous de faire vos bonnes œuvres devant les hommes, pour être vus d’eux : autrement vous n’aurez pas de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux. 2Quand donc tu fais l’aumône, ne sonne pas de la trompette devant toi[39], comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin d’être honorés des hommes. En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. 3Pour toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite, 4afin que ton aumône soit dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. 5Lorsque vous priez, ne faites pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et au coin des rues, afin d’être vus des hommes. En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. 6Pour toi, quand tu veux prier, entre dans ta chambre, et, ayant fermé ta porte, prie ton Père qui est présent dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra[40]. 7Dans vos prières, ne multipliez pas les paroles, comme font les païens, qui s’imaginent être exaucés à force de paroles. 8Ne leur ressemblez pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez. 9Vous prierez donc ainsi :

Notre Père qui êtes aux cieux, que votre nom soit sanctifié. 10Que votre règne arrive ; que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel. 11Donnez-nous aujourd’hui le pain nécessaire à notre subsistance[41]. 12Remettez-nous nos dettes, comme nous remettons les leurs à ceux qui nous doivent. 13Et ne nous induisez point en tentation, mais délivrez-nous du mal. 14Car si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi. 15Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne pardonnera pas non plus vos offenses. 16Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air sombre, comme font les hypocrites, qui exténuent leur visage, pour faire paraître aux hommes qu’ils jeûnent. En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense. 17Pour toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, 18afin qu’il ne paraisse pas aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est présent dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. 19Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la rouille et les vers rongent, et où les voleurs percent les murs et dérobent. 20Mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où ni les vers ni la rouille ne rongent, et où les voleurs ne percent pas les murs ni ne dérobent. 21Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. 22La lampe du corps, c’est l’œil. Si ton œil est sain, tout ton corps sera dans la lumière ; 23mais si ton œil est mauvais, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien grandes seront les ténèbres ! 24Nul ne peut servir deux maîtres : car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et la Richesse[42]. 25C’est pourquoi je vous dis : Ne vous inquiétez pas pour votre vie, de ce que vous mangerez ou boirez ; ni pour votre corps, de quoi vous le vêtirez. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? 26Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? 27Qui de vous, à force de soucis, pourrait ajouter une coudée à la longueur de sa vie ?[43] 28Et pourquoi vous inquiétez-vous pour le vêtement ? Considérez les lis des champs, comment ils croissent : ils ne travaillent, ni ne filent. 29Et cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux. 30Que si Dieu revêt ainsi l’herbe des champs, qui est aujourd’hui et demain sera jetée au four, ne le fera-t-il pas bien plus pour vous, gens de peu de foi ? 31Ne vous mettez donc point en peine, disant : Que mangerons-nous, ou que boirons-nous, ou de quoi nous vêtirons-nous ? 32Car ce sont les Gentils qui recherchent toutes ces choses, et votre Père céleste sait que vous en avez besoin. 33Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus. 34N’ayez donc point de souci du lendemain, le lendemain aura souci de lui-même. À chaque jour suffit sa peine.

Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés. 2Car selon ce que vous aurez jugé, on vous jugera, et de la même mesure dont vous aurez mesuré, on vous mesurera. 3Pourquoi regardes-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? 4Ou comment peux-tu dire à ton frère : Laisse-moi ôter la paille de ton œil, lorsqu’il y a une poutre dans le tien ? 5Hypocrite, ôte d’abord la poutre de ton œil, et alors tu verras à ôter la paille de l’œil de ton frère. 6Ne donnez pas aux chiens ce qui est saint, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds, et que, se tournant contre vous, ils ne vous déchirent.

7Demandez, et l’on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l’on vous ouvrira. 8Car quiconque demande reçoit, qui cherche trouve, et l’on ouvrira à celui qui frappe. 9Qui de vous, si son fils lui demande du pain, lui donnera une pierre ? 10Ou, s’il lui demande un poisson, lui donnera un serpent ? 11Si donc vous, tout méchants que vous êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il ce qui est bon à ceux qui le prient ?

12Ainsi donc tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le aussi pour eux ; car c’est la Loi et les Prophètes. 13Entrez par la porte étroite ; car la porte large et la voie spacieuse conduisent à la perdition, et nombreux sont ceux qui y passent ; 14car elle est étroite la porte et resserrée la voie qui conduit à la vie, et il en est peu qui la trouvent !

15Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous sous des vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravissants. 16Vous les reconnaîtrez à leurs fruits : cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des ronces ? 17Ainsi tout bon arbre porte de bons fruits, et tout arbre mauvais de mauvais fruits. 18Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un arbre mauvais porter de bons fruits. 19Tout arbre qui ne porte pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu. 20Vous les reconnaîtrez donc à leurs fruits. 21Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux, mais bien celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux.[44] 22Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en votre nom que nous avons prophétisé ? n’est-ce pas en votre nom que nous avons chassé les démons ? et n’avons-nous pas, en votre nom, fait beaucoup de miracles ? 23Alors je leur dirai hautement : Je ne vous ai jamais connus. Retirez-vous de moi, ouvriers d’iniquité. 24Tout homme donc qui entend ces paroles que je viens de dire, et les met en pratique, sera comparé à un homme sage, qui a bâti sa maison sur la pierre. 25La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison, et elle n’a pas été renversée, car elle était fondée sur la pierre. 26Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met pas en pratique, sera semblable à un insensé qui a bâti sa maison sur le sable. 27La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et ont battu cette maison, et elle a été renversée, et grande a été sa ruine. » 28Jésus ayant achevé ce discours, le peuple était dans l’admiration de sa doctrine. 29Car il les enseignait comme ayant autorité, et non comme leurs Scribes.

3. Chap. viii — ix, 34 : Jésus prouve sa mission par des miracles. — Le lépreux (1-4). Le serviteur du centurion (5-13). La belle-mère de Pierre (14-15) Démoniaques guéris (16-17). Dispositions pour suivre Jésus (18-22). Tempête apaisée (23-27). Démons envoyés dans des pourceaux (28-34). Le paralytique (ix, 1-8). Vocation de Matthieu (9-13). Pourquoi les disciples de Jésus ne jeûnent pas (14-17). L’hémorroïsse (18-22). La fille de Jaïre (23-26). Les deux aveugles (27-31). Le muet (32-34).

Jésus étant descendu de la montagne, une grande multitude le suivit. 2Et un lépreux s’étant approché, se prosterna devant lui, en disant : « Seigneur, si vous voulez, vous pouvez me guérir. »[45] 3Jésus étendit la main, le toucha et dit : « Je le veux, sois guéri. « Et à l’instant sa lèpre fut guérie. 4Alors Jésus lui dit : « Garde-toi d’en parler à personne ; mais va te montrer au prêtre, et offre le don prescrit par Moïse pour attester au peuple ta guérison. » 5Comme Jésus entrait dans Capharnaüm, un centurion[46] l’aborda 6et lui fit cette prière : « Seigneur, mon serviteur est couché dans ma maison, frappé de paralysie, et il souffre cruellement. » 7Jésus lui dit : « J’irai et je le guérirai. — 8Seigneur, répondit le centurion, je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit ; mais dites seulement une parole, et mon serviteur sera guéri. 9Car moi qui suis soumis à des supérieurs, j’ai des soldats sous mes ordres, et je dis à l’un : Va, et il va ; et à un autre : Viens, et il vient ; et à mon serviteur : Fais cela, et il le fait. » 10En entendant ces paroles, Jésus fut dans l’admiration, et dit à ceux qui le suivaient : « Je vous le dis en vérité, dans Israël même, je n’ai pas trouvé une si grande foi. 11C’est pourquoi je vous dis que beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident, et auront place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux, 12tandis que les fils du royaume[47] seront jetés dans les ténèbres extérieures : c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents. » 13Alors Jésus dit au centurion : « Va, et qu’il te soit fait selon ta foi ; « et à l’heure même son serviteur fut guéri. 14Et Jésus étant venu dans la maison de Pierre, y trouva sa belle-mère qui était au lit, tourmentée par la fièvre.[48] 15Il lui toucha la main, et la fièvre la quitta ; aussitôt elle se leva, et se mit à les servir. 16Sur le soir, on lui présenta plusieurs démoniaques, et d’un mot il chassa les esprits et guérit tous les malades : 17accomplissant ainsi cette parole du prophète Isaïe : « Il a pris nos infirmités, et s’est chargé de nos maladies. » 18Jésus, voyant une grande multitude autour de lui, donna l’ordre de passer à l’autre bord du lac.[49] 19Alors un Scribe s’approcha et lui dit : « Maître, je vous suivrai partout où vous irez. »[50] 20Jésus lui répondit : « Les renards ont leurs tanières, et les oiseaux du ciel leurs nids ; mais le Fils de l’homme[51] n’a pas où reposer sa tête. » 21Un autre, du nombre des disciples, lui dit : « Seigneur, permettez-moi d’aller auparavant ensevelir mon père. » 22Mais Jésus lui répondit : « Suis-moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts. »

23Il entra alors dans la barque, suivi de ses disciples.[52] 24Et voilà qu’une grande agitation se fit dans la mer, de sorte que les flots couvraient la barque : lui, cependant, dormait. 25Ses disciples venant à lui l’éveillèrent et lui dirent : « Seigneur, sauvez-nous, nous périssons ! » 26Jésus leur dit : « Pourquoi craignez-vous, hommes de peu de foi ? « Alors il se leva, commanda aux vents et à la mer, et il se fit un grand calme. 27Et saisis d’admiration, tous disaient : « Quel est celui-ci, que les vents même et la mer lui obéissent ? »

28Jésus ayant abordé de l’autre côté du lac, dans le pays des Géraséniens[53], deux démoniaques sortirent des sépulcres et s’avancèrent vers lui ; ils étaient si furieux, que personne n’osait passer par ce chemin. 29Et ils se mirent à crier : « Qu’avons-nous à faire avec vous, Jésus, Fils de Dieu ? Êtes-vous venu ici pour nous tourmenter avant le temps ? »[54] 30Or il y avait, à quelque distance, un nombreux troupeau de porcs qui paissaient. 31Et les démons firent à Jésus cette prière : « Si vous nous chassez d’ici, envoyez-nous dans ce troupeau de porcs. » 32Il leur dit : « Allez. « Ils sortirent du corps des possédés, et entrèrent dans les pourceaux. Au même instant, tout le troupeau prenant sa course se précipita par les pentes escarpées dans la mer, et ils périrent dans les eaux. 33Les gardiens s’enfuirent, et ils vinrent dans la ville, où ils racontèrent toutes ces choses et ce qui était arrivé aux démoniaques. 34Aussitôt toute la ville sortit au-devant de Jésus, et dès qu’ils le virent, ils le supplièrent de quitter leur territoire.

Jésus étant donc monté dans la barque, repassa le lac et vint dans sa ville.[55] 2Et voilà qu’on lui présenta un paralytique, étendu sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : « Mon fils, aie confiance, tes péchés te sont remis. » 3Aussitôt quelques Scribes dirent en eux-mêmes : « Cet homme blasphème. » 4Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : « Pourquoi pensez-vous le mal dans vos cœurs ? 5Lequel est le plus aisé de dire : Tes péchés te sont remis ; ou de dire : Lève-toi et marche ? 6Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de remettre les péchés : Lève-toi, dit-il au paralytique, prends ton lit, et va dans ta maison. » 7Et il se leva, et s’en alla dans sa maison. 8La multitude voyant ce prodige fut saisie de crainte, et rendit gloire à Dieu, qui avait donné une telle puissance aux hommes.

9Étant parti de là, Jésus vit un homme, nommé Matthieu, assis au bureau de péage, et il lui dit : « Suis-moi. » Celui-ci se leva, et le suivit.[56] 10Or il arriva que Jésus étant à table dans la maison de Matthieu, un grand nombre de publicains et de pécheurs vinrent prendre place avec lui et ses disciples. 11Ce que voyant, les Pharisiens dirent à ses disciples : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » 12Jésus, entendant cela, leur dit : « Ce ne sont point les bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. 13Allez apprendre ce que signifie cette parole : Je veux[57] la miséricorde et non le sacrifice. Car je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. »

14Alors les disciples de Jean vinrent le trouver, et lui dirent : « Pourquoi, tandis que les Pharisiens et nous, nous jeûnons souvent, vos disciples ne jeûnent-ils pas ? » 15Jésus leur répondit : « Les amis de l’époux[58] peuvent-ils s’attrister pendant que l’époux est avec eux ? Mais viendront des jours où l’époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront. 16Personne ne met une pièce d’étoffe[59] neuve à un vieux vêtement ; car elle emporte quelque chose du vêtement, et la déchirure en est pire. 17On ne met pas non plus du vin nouveau dans des outres vieilles ; autrement, les outres se rompent, le vin se répand et les outres sont perdues. Mais on met le vin nouveau dans des outres neuves, et tous les deux se conservent. » 18Comme il leur parlait ainsi, un chef de la synagogue entra, et se prosternant devant lui, il lui dit : « Ma fille vient de mourir ; mais venez, imposez votre main sur elle, et elle vivra. »[60] 19Jésus se leva et le suivit avec ses disciples.

20Et voilà qu’une femme, affligée d’un flux de sang depuis douze années, s’approcha par derrière et toucha la houppe[61] de son manteau. 21Car elle disait en elle-même : « Si je touche seulement son manteau, je serai guérie. » 22Jésus se retourna, et la voyant, il lui dit : « Ayez confiance, ma fille, votre foi vous a guérie. « Et cette femme fut guérie à l’heure même.

23Lorsque Jésus fut arrivé à la maison du chef de la synagogue, voyant les joueurs de flûte et une foule qui faisait grand bruit, il leur dit : 24« Retirez-vous ; car la jeune fille n’est pas morte, mais elle dort » ; et ils se riaient de lui. 25Lorsqu’on eut fait sortir cette foule, il entra, prit la main de la jeune fille, et elle se leva. 26Et le bruit s’en répandit dans tout le pays.

27Comme Jésus poursuivait sa route, deux aveugles se mirent à le suivre, en disant à haute voix : « Fils de David, ayez pitié de nous. » 28Lorsqu’il fut entré dans la maison, les aveugles s’approchèrent de lui, et Jésus leur dit : « Croyez-vous que je puisse faire cela ? » Ils lui dirent : « Oui, Seigneur. » 29Alors il toucha leurs yeux en disant : « Qu’il vous soit fait selon votre foi. » 30Aussitôt leurs yeux furent ouverts, et Jésus leur dit d’un ton sévère : « Prenez garde que personne ne le sache. » 31Mais, s’en étant allés, ils publièrent ses louanges dans tout le pays.

32Après leur départ, on lui présenta un homme muet, possédé du démon. 33Le démon ayant été chassé, le muet parla, et la multitude, saisie d’admiration, disait : « Jamais rien de semblable ne s’est vu en Israël. » 34Mais les Pharisiens disaient : « C’est par le prince des démons qu’il chasse les démons. »

4. Chap. ix, 35 — x, 42. Jésus choisit ses Apôtres pour fonder sur terre le Royaume de Dieu. Moisson abondante, peu d’ouvriers (ix, 35-38). Election des douze Apôtres (x, 1-4). Jésus leur donne ses pouvoirs et ses instructions. a) pour la mission qu’ils vont immédiatement remplir (5-15). b) pour les missions à venir, où ils auront à souffrir toutes sortes de contradictions (16-42).

35Et Jésus parcourait toutes les villes et les bourgades, enseignant dans les synagogues, prêchant l’Évangile du royaume, et guérissant toute maladie et toute infirmité. 36Or, en voyant cette multitude d’hommes, il fut ému de compassion pour eux, parce qu’ils étaient harassés et abattus, comme des brebis sans pasteur. 37Alors il dit à ses disciples : « La moisson est grande, mais les ouvriers sont en petit nombre. 38Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. »

Puis, ayant appelé ses douze disciples, il leur donna pouvoir sur les esprits impurs, afin de les chasser et de guérir toute maladie et toute infirmité. 2Or voici les noms des douze Apôtres : le premier est Simon, appelé Pierre, puis André son frère ; Jacques fils de Zébédée, et Jean son frère ;[62] 3Philippe et Barthélemy ; Thomas et Matthieu le publicain ; Jacques, fils d’Alphée et Thaddée[63] ; 4Simon le Zélé[64], et Judas Iscariote, qui le trahit. 5Tels sont les douze que Jésus envoya, après leur avoir donné ses instructions : « N’allez point, leur dit-il, vers les Gentils, et n’entrez point dans les villes des Samaritains ;[65] 6allez plutôt aux brebis perdues de la maison d’Israël. 7Partout, sur votre chemin, annoncez que le royaume des cieux est proche. 8Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons : vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. 9Ne prenez ni or, ni argent, ni aucune monnaie dans vos ceintures, 10ni sac pour la route, ni deux tuniques, ni chaussure, ni bâton ; car l’ouvrier mérite sa nourriture. 11En quelque ville ou village que vous entriez, informez-vous qui y est digne, et demeurez chez lui jusqu’à votre départ. 12En entrant dans la maison, saluez-la [en disant : Paix à cette maison].[66] 13Et si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle ; mais si elle ne l’est pas, que votre paix revienne à vous. 14Si l’on refuse de vous recevoir et d’écouter votre parole, sortez de cette maison ou de cette ville en secouant la poussière de vos pieds. 15Je vous le dis en vérité, il y aura moins de rigueur, au jour du jugement, pour la terre de Sodome et de Gomorrhe que pour cette ville. 16Voyez, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes. 17Tenez-vous en garde contre les hommes ; car ils vous livreront à leurs tribunaux, et vous flagelleront dans leurs synagogues. 18Vous serez menés à cause de moi devant les gouverneurs et les rois, pour me rendre témoignage devant eux et devant les Gentils. 19Lorsqu’on vous livrera, ne pensez ni à la manière dont vous parlerez, ni à ce que vous devrez dire : ce que vous aurez à dire vous sera donné à l’heure même. 20Car ce n’est pas vous qui parlerez ; mais c’est l’Esprit de votre Père qui parlera en vous. 21Le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant, et les enfants s’élèveront contre leurs parents et les feront mourir. 22Vous serez en haine à tous à cause de mon nom ; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé. 23Lorsqu’on vous poursuivra dans une ville, fuyez dans une autre. En vérité, je vous le dis, vous n’aurez pas achevé de parcourir les villes d’Israël, que le Fils de l’homme sera venu.[67] 24Le disciple n’est pas au-dessus du maître, ni le serviteur au-dessus de son seigneur. 25Il suffit au disciple d’être comme son maître, et au serviteur comme son seigneur. S’ils ont appelé le père de famille Béelzébub[68], combien plus ceux de sa maison ? 26Ne les craignez donc point. Car il n’y a rien de caché qui ne se découvre, rien de secret qui ne finisse par être connu. 27Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le au grand jour, et ce qui vous est dit à l’oreille, publiez-le sur les toits. 28Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut perdre l’âme et le corps dans la géhenne. 29Deux passereaux ne se vendent-ils pas un as[69] ? Et il n’en tombe pas un sur la terre, sans la permission de votre Père. 30Les cheveux mêmes de votre tête sont tous comptés. 31Ne craignez donc point : vous êtes de plus de prix que beaucoup de passereaux. 32Celui donc qui m’aura confessé devant les hommes, moi aussi je le confesserai devant mon Père qui est dans les cieux ; 33et celui qui m’aura renié devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est dans les cieux. 34Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je suis venu apporter, non la paix, mais le glaive. 35Je suis venu mettre en lutte le fils avec son père, la fille avec sa mère, et la belle-fille avec sa belle-mère. 36On aura pour ennemis les gens de sa propre maison. 37Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi ; et celui qui aime son fils ou sa fille plus que moi, n’est pas digne de moi. 38Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas, n’est pas digne de moi. 39Celui qui sauvera sa vie, la perdra ; et celui qui perdra sa vie à cause de moi, la sauvera. 40Celui qui vous reçoit, me reçoit, et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé. 41Celui qui reçoit un prophète en qualité de prophète, recevra une récompense de prophète ; et celui qui reçoit un juste en qualité de juste, recevra une récompense de juste. 42Et quiconque donnera seulement un verre d’eau fraîche à l’un de ces petits parce qu’il est de mes disciples, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense. »

5. Chap. xi : Conclusion. — a) Jésus est donc le Messie, puisqu’il en fait les œuvres, et Jean-Baptiste, tout grand qu’il est, n’a été que le précurseur du Royaume de Dieu (1-15). — b) Reproches et menaces aux cœurs endurcis (16-24). — c) Bonheur des humbles qui répondent à l’appel de Jésus (25-30).

Quand Jésus eut achevé de donner ses instructions à ses douze disciples, il partit de là pour enseigner et prêcher dans leurs villes. 2Jean, dans sa prison[70], ayant entendu parler des œuvres du Christ, envoya deux de ses disciples lui dire : 3« Êtes-vous celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » 4Jésus leur répondit : « Allez, rapportez à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez : 5Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés.[71] 6Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute ! » 7Comme ils s’en allaient, Jésus se mit à parler de Jean à la foule : 8« Qu’êtes-vous allés voir au désert ? Un roseau agité par le vent ? Qu’êtes-vous donc aller voir ? Un homme vêtu d’habits somptueux ? Mais ceux qui portent des habits somptueux se trouvent dans les maisons des rois. 9Mais qu’êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète. 10Car c’est celui dont il est écrit : Voici que j’envoie mon messager[72] devant vous, pour vous précéder et vous préparer la voie. 11En vérité, je vous le dis, parmi les enfants des femmes, il n’en a point paru[73] de plus grand que Jean-Baptiste ; toutefois le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. 12Depuis les jours de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux est emporté de force, et les violents s’en emparent. 13Car tous les Prophètes et la Loi ont prophétisé jusqu’à Jean. 14Et si vous voulez le comprendre, lui-même est Élie qui doit venir.[74] 15Que celui qui a des oreilles entende ! » 16« À qui comparerai-je cette génération ? Elle ressemble à des enfants assis dans la place publique, et qui crient à leurs compagnons : 17Nous avons joué de la flûte, et vous n’avez point dansé ; nous avons chanté une lamentation, et vous n’avez point frappé votre poitrine. 18Jean est venu ne mangeant ni ne buvant, et ils disent : Il est possédé du démon ; 19le Fils de l’homme est venu mangeant et buvant, et ils disent : C’est un homme de bonne chère et un buveur de vin, un ami des publicains et des gens de mauvaise vie. Mais la Sagesse a été justifiée par ses enfants. » 20Alors Jésus se mit à reprocher aux villes où il avait opéré le plus grand nombre de ses miracles, de n’avoir pas fait pénitence. 21« Malheur à toi, Corozaïn[75] ! Malheur à toi, Bethsaïde ! Car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous, avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu’elles auraient fait pénitence sous le cilice et la cendre. 22Oui, je vous le dis, il y aura, au jour du jugement, moins de rigueur pour Tyr et pour Sidon, que pour vous. 23Et toi, Capharnaüm, qui t’élèves jusqu’ au ciel, tu seras abaissée jusqu’aux enfers[76] ; car si les miracles qui ont été faits dans tes murs, avaient été faits dans Sodome, elle serait restée debout jusqu’à ce jour. 24Oui, je te le dis, il y aura, au jour du jugement, moins de rigueur pour le pays de Sodome que pour toi. »

25En ce même temps, Jésus dit encore : « Je vous bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents, et les avez révélées aux petits.[77] 26Oui, Père, je vous bénis de ce qu’il vous a plu ainsi. 27Toutes choses m’ont été données par mon Père ; personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père, et personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils a voulu le révéler. 28Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai. 29Prenez sur vous mon joug, et recevez mes leçons[78], car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez le repos de vos âmes. 30Car mon joug est doux et mon fardeau léger. »


B. — Jésus exerce son ministère au milieu des contradictions.

[XII — XVIII.]

1. Chap. xii : Injuste hostilité des Pharisiens contre Jésus. L’observation du sabbat (1-13). Douceur et modestie de Jésus (14-21). Ce n’est pas par Béelzébub qu’il chasse les démons (22-30). Péché contre le S. Esprit (31-37). Reproches aux Pharisiens. Le signe de Jonas (38-42). Le démon qui revient (43-45). La mère et les frères de Jésus (46-50).

En ce temps-là, Jésus traversait des champs de blé un jour de sabbat, et ses disciples, ayant faim, se mirent à cueillir des épis et à les manger. 2Les Pharisiens, voyant cela, lui dirent : « Vos disciples font une chose qu’il n’est pas permis de faire pendant le sabbat. »[79] 3Mais il leur répondit : « N’avez-vous pas lu ce que fit David, lorsqu’il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui :[80] 4comment il entra dans la maison de Dieu[81] et mangea les pains de proposition, qu’il ne lui était pas permis de manger, non plus qu’à ceux qui étaient avec lui, mais aux prêtres seuls ? 5Ou n’avez-vous pas lu dans la Loi que, le jour du sabbat, les prêtres violent le sabbat dans le temple sans commettre de péché ? 6Or, je vous dis qu’il y a ici quelqu’un plus grand que le temple. 7Si vous compreniez cette parole : « Je veux la miséricorde, et non le sacrifice », vous n’auriez jamais condamné des innocents. 8Car le Fils de l’homme est maître même du sabbat. » 9Jésus, ayant quitté ce lieu, entra dans leur synagogue.[82] 10Or, il se trouvait là un homme qui avait la main desséchée, et ils demandèrent à Jésus : « Est-il permis de guérir, le jour du sabbat ? « C’était pour avoir un prétexte de l’accuser. 11Il leur répondit : « Quel est celui d’entre vous qui, n’ayant qu’une brebis, si elle tombe dans une fosse un jour de sabbat, ne la prend et ne l’en retire ? 12Or, combien un homme ne vaut-il pas plus qu’une brebis ? Il est donc permis de faire du bien les jours de sabbat. »[83] 13Alors il dit à cet homme : « Étends ta main. « Il l’étendit, et elle redevint saine comme l’autre.

14Les Pharisiens, étant sortis, tinrent conseil contre lui sur les moyens de le perdre. 15Mais Jésus, en ayant eu connaissance, s’éloigna de ces lieux. Une grande foule le suivit, et il guérit tous leurs malades. 16Et il leur commanda de ne pas le faire connaître : 17afin que s’accomplît la parole du prophète Isaïe[84] : 18« Voici mon serviteur que j’ai choisi, mon bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection. Je ferai reposer sur lui mon Esprit, et il annoncera la justice aux nations. 19Il ne disputera point, il ne criera point, et on n’entendra pas sa voix dans les places publiques. 20Il ne brisera point le roseau froissé et n’éteindra point la mèche qui fume encore, jusqu’à ce qu’il ait fait triompher la justice. 21En son nom, les nations mettront leur espérance. »


22On lui présenta alors un possédé aveugle et muet, et il le guérit, de sorte que cet homme parlait et voyait. 23Et tout le peuple, saisi d’étonnement, disait : « N’est-ce point là le fils de David ? » 24Mais les Pharisiens, entendant cela, dirent : « Il ne chasse les démons que par Béelzébub, prince des démons. »[85] 25Jésus, qui connaissait leurs pensées, leur dit : « Tout royaume divisé contre lui-même sera désolé, et toute ville ou maison divisée contre elle-même ne pourra subsister. 26Si Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même : comment donc son royaume subsistera-t-il ? 27Et si moi je chasse les démons par Béelzébub, par qui vos fils les chassent-ils ? C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges. 28Que si c’est par l’Esprit de Dieu[86] que je chasse les démons, le royaume de Dieu est donc venu à vous. 29Et comment peut-on entrer dans la maison de l’homme fort et piller ses meubles, sans avoir auparavant lié cet homme fort ? Alors seulement on pillera sa maison. 30Qui n’est pas avec moi est contre moi, et qui n’amasse pas avec moi disperse.

31« C’est pourquoi je vous dis : Tout péché et tout blasphème sera remis aux hommes ; mais le blasphème contre l’Esprit ne leur sera pas remis. 32Et quiconque aura parlé contre le Fils de l’homme, on le lui remettra ; mais à celui qui aura parlé contre l’Esprit-Saint, on ne le lui remettra ni dans ce siècle, ni dans le siècle à venir.

33Ou dites que l’arbre est bon, et son fruit bon ; ou dites que l’arbre est mauvais, et son fruit mauvais : car c’est par son fruit qu’on connaît l’arbre. 34Race de vipères, comment pourriez-vous dire des choses bonnes, méchants comme vous l’êtes ? Car la bouche parle de l’abondance du cœur. 35L’homme bon tire du bon trésor de son cœur des choses bonnes, et l’homme mauvais, d’un mauvais trésor, tire des choses mauvaises. 36Je vous le dis : au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu’ils auront dite. 37Car tu seras justifié par tes paroles, et tu seras condamné par tes paroles »


38Alors quelques-uns des Scribes et des Pharisiens prirent la parole et dirent : « Maître, nous voudrions voir un signe de vous. » 39Il leur répondit : « Cette race méchante et adultère demande un signe, et il ne lui sera pas donné d’autre signe que celui du prophète Jonas : 40de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre du poisson, ainsi le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits[87]. 41Les hommes de Ninive se dresseront, au jour du jugement, avec cette génération et la condamneront, parce qu’ils ont fait pénitence à la voix de Jonas, et il y a ici plus que Jonas. 42La reine du Midi[88] s’élèvera, au jour du jugement, avec cette génération et la condamnera, parce qu’elle est venue des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon, et il y a ici plus que Salomon.

43« Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point. 44Alors il dit : Je retournerai dans ma maison, d’où je suis sorti. Et revenant, il la trouve vide, nettoyée et ornée. 45Alors il s’en va prendre sept autres esprits plus méchants que lui, et, entrant dans cette maison, ils y fixent leur demeure, et le dernier état de cet homme est pire que le premier. Ainsi en sera-t-il de cette génération méchante. »

46Comme il parlait encore au peuple, sa mère et ses frères[89] étaient dehors, cherchant à lui parler. 47Quelqu’un lui dit : « Voici votre mère et vos frères qui sont là dehors, et ils cherchent à vous parler. » 48Jésus répondit à l’homme qui lui disait cela : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? » 49Et étendant la main vers ses disciples, il dit : « Voici ma mère et mes frères.

50Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère. »
2. Chap. xiii : Paraboles. — La semence (1-23). L’ivraie (24-30). Le grain de sénevé (31-33). Le levain (34-35). Explication de la parabole de l’ivraie (36-43). Le trésor caché. La perle. Le filet (44-53). Jésus méprisé dans sa patrie (54-58).

Ce jour-là, Jésus sortit de la maison et s’assit au bord de la mer. 2Une grande foule s’étant assemblée autour de lui, il dut monter dans une barque, où il s’assit, tandis que la foule se tenait sur le rivage ; 3et il leur dit beaucoup de choses en paraboles : — le semeur, dit-il, sortit pour semer.[90] 4Et pendant qu’il semait, des grains tombèrent le long du chemin, et les oiseaux du ciel vinrent et les mangèrent. 5D’autres grains tombèrent sur un sol pierreux, où ils n’avaient pas beaucoup de terre, et ils levèrent aussitôt, parce que la terre était peu profonde. 6Mais le soleil s’étant levé, la plante, frappée de ses feux et n’ayant pas de racine, sécha. 7D’autres tombèrent parmi les épines, et les épines crûrent et les étouffèrent. 8D’autres tombèrent dans la bonne terre, et ils produisirent du fruit, l’un cent, un autre soixante, et un autre trente. 9Que celui qui a des oreilles entende ! »[91]

10Alors ses disciples s’approchant lui dirent : « Pourquoi leur parlez-vous en paraboles ? »[92] 11Il leur répondit : « À vous, il a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux ; mais à eux, cela n’a pas été donné. 12Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance ; mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a.[93] 13C’est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu’en voyant, ils ne voient pas, et qu’en entendant, ils n’entendent ni ne comprennent. 14Pour eux s’accomplit la prophétie d’Isaïe : « Vous entendrez de vos oreilles et vous ne comprendrez point ; vous verrez de vos yeux, et vous ne verrez point.[94] 15Car le cœur de ce peuple s’est appesanti ; ils ont endurci leurs oreilles et fermé leurs yeux : de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent et que je ne les guérisse. » 16Pour vous, heureux vos yeux parce qu’ils voient, et vos oreilles parce qu’elles entendent ! 17Je vous le dis en vérité, beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez, et ne l’ont pas vu ; entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu. 18Vous donc, écoutez ce que signifie la parabole du semeur :

19« Quiconque entend la parole du royaume et ne la comprend pas, le Malin vient, et il enlève ce qui a été semé dans son cœur : c’est le chemin qui a reçu la semence. 20Le terrain pierreux où elle est tombée, c’est celui qui entend la parole et la reçoit aussitôt avec joie : 21mais il n’y a pas en lui de racines ; il est inconstant ; dès que survient la tribulation ou la persécution à cause de la parole, aussitôt il succombe. 22Les épines qui ont reçu la semence, c’est celui qui entend la parole ; mais les sollicitudes de ce siècle et la séduction des richesses étouffent la parole, et elle ne porte point de fruit. 23La bonne terre ensemencée, c’est celui qui entend la parole et la comprend ; il porte du fruit, et donne l’un cent, un autre soixante, un autre trente pour un. »


24Il leur proposa une autre parabole, en disant : « Le royaume des cieux est semblable à un homme qui avait semé de bon grain dans son champ. 25Mais, pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint et sema de l’ivraie au milieu du froment, et s’en alla. 26Quand l’herbe eut poussé et donné son fruit, alors apparut aussi l’ivraie. 27Et les serviteurs du père de famille vinrent lui dire : Seigneur, n’avez-vous pas semé de bon grain dans votre champ ? D’où vient donc qu’il s’y trouve de l’ivraie ? 28Il leur répondit : C’est un ennemi qui a fait cela. Les serviteurs lui dirent : Voulez-vous que nous allions la cueillir ? 29Non, leur dit-il, de peur qu’avec l’ivraie vous n’arrachiez aussi le froment. 30Laissez croître l’un et l’autre jusqu’à la moisson, et au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs : Cueillez d’abord l’ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, et amassez le froment dans mon grenier. »

31Il leur proposa une autre parabole, en disant : « Le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé, qu’un homme a pris et semé dans son champ. 32C’est la plus petite de toutes les semences ; mais, lorsqu’il a poussé, il est plus grand que toutes les plantes potagères, et devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent s’abriter dans ses rameaux. »[95]

33Il leur dit encore cette parabole : « Le royaume des cieux est semblable au levain qu’une femme prend et mêle dans trois mesures de farine, pour faire lever toute la pâte. »[96] 34Jésus dit à la foule toutes ces choses en paraboles, et il ne lui parlait qu’en paraboles,[97] 35accomplissant ainsi la parole du prophète : « J’ouvrirai ma bouche en paraboles, et je révélerai des choses cachées depuis la création du monde. »

36Puis, ayant renvoyé le peuple, il revint dans la maison ; ses disciples s’approchèrent et lui dirent : « Expliquez-nous la parabole de l’ivraie dans le champ. » 37Il répondit : « Celui qui sème le bon grain, c’est le Fils de l’homme ; 38le champ, c’est le monde ; le bon grain, ce sont les fils du royaume ; l’ivraie, les fils du Malin ; 39l’ennemi qui l’a semé, c’est le diable ; la moisson, la fin du monde ; les moissonneurs, ce sont les anges. 40Comme on cueille l’ivraie et qu’on la brûle dans le feu, ainsi en sera-t-il à la fin du monde. 41Le Fils de Dieu enverra ses anges, et ils enlèveront de son royaume tous les scandales, et ceux qui commettent l’iniquité, 42et ils les jetteront dans la fournaise ardente : c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents. 43Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Que celui qui a des oreilles entende !

44« Le royaume des cieux est encore semblable à un trésor enfoui dans un champ ; l’homme qui l’a trouvé l’y cache de nouveau, et, dans sa joie, il s’en va, vend tout ce qu’il a, et achète ce champ.

45« le royaume des cieux est encore semblable à un marchand qui cherchait de belles perles. 46Ayant trouvé une perle de grand prix, il s’en alla vendre tout ce qu’il avait, et l’acheta.[98]

47« le royaume des cieux est encore semblable à un filet qu’on a jeté dans la mer et qui ramasse des poissons de toutes sortes. 48Lorsqu’il est plein, les pêcheurs le retirent, et, s’asseyant sur le rivage, ils choisissent les bons pour les mettre dans des vases, et jettent les mauvais. 49Il en sera de même à la fin du monde : les anges viendront et sépareront les méchants d’avec les justes, 50et ils les jetteront dans la fournaise ardente : c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.

51« Avez-vous compris toutes ces choses ? « Ils lui dirent : « Oui, Seigneur. » 52Et il ajouta : « C’est pourquoi tout Scribe versé dans ce qui regarde le royaume des cieux, ressemble à un père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes. » 53Après que Jésus eut achevé ces paraboles, il partit de là.[99]

54Étant venu dans sa patrie, il enseignait dans la synagogue ; de sorte que, saisis d’étonnement, ils disaient : « D’où viennent à celui-ci cette sagesse et ces miracles ? 55N’est-ce pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères Jacques, Joseph, Simon et Jude ? 56Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes parmi nous ? D’où lui viennent donc toutes ces choses ? » 57Et il était pour eux une pierre d’achoppement. Mais Jésus leur dit : « Un prophète n’est sans honneur que dans sa patrie et dans sa maison. » 58Et il ne fit pas beaucoup de miracles dans ce lieu, à cause de leur incrédulité.

3. Chap. xiv — xvii, 20. A cause des soupçons d’Hérode, Jésus rayonne auteur de la Galilée. Martyre de S. Jean-Baptiste (xiv, 1-13). Jésus à Bethsaïde-Julias, première multiplication des pains (14-21). Il marche sur les flots (22-33). Guérisons et controverse sur les traditions (34 — xv, 20). Jésus en Phénicie, la Chananéenne (21-28). Jésus dans la Décapole, seconde multiplication des pains (29-38). Un signe du ciel (39 — xvi, 4). Le levain des Pharisiens (5-12). Jésus à Césarée de Philippe, primauté de S. Pierre, passion et résurrection prédites (13-28). Transfiguration (xvii, 1-9). Élie déjà venu (10-13). Le lunatique (14-20).

En ce temps-là, Hérode le Tétrarque apprit ce qui se publiait de Jésus.[100] 2Et il dit à ses serviteurs : « C’est Jean-Baptiste ! Il est ressuscité des morts : voilà pourquoi des miracles s’opèrent par lui. » 3Car Hérode ayant fait arrêter Jean, l’avait chargé de chaînes et jeté en prison, à cause d’Hérodiade, femme de son frère Philippe,[101] 4parce que Jean lui disait : « Il ne t’est pas permis de l’avoir pour femme. » 5Volontiers il l’eût fait mourir, mais il craignait le peuple, qui regardait Jean comme un prophète. 6Or, comme on célébrait le jour de naissance d’Hérode, la fille d’Hérodiade dansa devant les convives et plut à Hérode, 7de sorte qu’il promit avec serment de lui donner tout ce qu’elle demanderait. 8Elle, instruite d’abord par sa mère : « Donne-moi, dit-elle, ici sur un plateau, la tête de Jean-Baptiste. » 9Le roi fut contristé ; mais à cause de son serment et de ses convives, il commanda qu’on la lui donnât, 10et il envoya décapiter Jean dans sa prison. 11Et la tête, apportée sur un plateau, fut donnée à la jeune fille, qui la porta à sa mère. 12Les disciples de Jean vinrent prendre le corps et lui donnèrent la sépulture ; puis ils allèrent en informer Jésus.

13Jésus l’ayant appris, partit de là dans une barque et se retira à l’écart, dans un lieu solitaire ; mais le peuple le sut, et le suivit à pied des villes voisines.[102] 14Quand il débarqua, il vit une grande foule, et il en eut compassion, et il guérit leurs malades. 15Sur le soir, ses disciples s’approchèrent de lui en disant : « Ce lieu est désert, et déjà l’heure est avancée ; renvoyez cette foule, afin qu’ils aillent dans les villages s’acheter des vivres. » 16Mais Jésus leur dit : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller ; donnez-leur vous-mêmes à manger. » 17Ils lui répondirent : « Nous n’avons ici que cinq pains et deux poissons. » 18« Apportez-les-moi ici, « leur dit-il. 19Après avoir fait asseoir cette multitude sur l’herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et levant les yeux au ciel, il prononça une bénédiction ; puis, rompant les pains, il les donna a ses disciples, et les disciples les donnèrent au peuple. 20Tous mangèrent et furent rassasiés, et l’on emporta douze corbeilles pleines des morceaux qui restaient. 21Or, le nombre de ceux qui avaient mangé était environ de cinq mille hommes, sans les femmes et les enfants.

22Aussitôt après, Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque et à passer avant lui sur le bord opposé du lac, pendant qu’il renverrait la foule.[103] 23Quand il l’eut renvoyée, il monta sur la montagne pour prier à l’écart ; et, le soir étant venu, il était là seul. 24Cependant la barque, déjà au milieu de la mer, était battue par les flots, car le vent était contraire. 25À la quatrième veille de la nuit, Jésus alla vers ses disciples, en marchant sur la mer. 26Eux, le voyant marcher sur la mer, furent troublés, et dirent : « C’est un fantôme, « et ils poussèrent des cris de frayeur. 27Jésus leur parla aussitôt : « Ayez confiance, dit-il, c’est moi, ne craignez point. » 28Pierre prenant la parole : « Seigneur, dit-il, si c’est vous, ordonnez que j’aille à vous sur les eaux. » 29Il lui dit : « Viens ; » et Pierre étant sorti de la barque marchait sur les eaux pour aller à Jésus. 30Mais voyant la violence du vent, il eut peur, et comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauvez-moi ! » 31Aussitôt Jésus étendant la main le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » 32Et lorsqu’ils furent montés dans la barque, le vent s’apaisa. 33Alors ceux qui étaient dans la barque, vinrent se prosterner devant lui en disant : « Vous êtes vraiment le Fils de Dieu. »

34Ayant traversé le lac, ils abordèrent à la terre de Génésareth.[104] 35Les gens de l’endroit, l’ayant reconnu, envoyèrent des messagers dans tous les environs, et on lui amena tous les malades. 36Et ils le priaient de leur laisser seulement toucher la houppe de son manteau, et tous ceux qui la touchèrent furent guéris.

Alors des Scribes et des Pharisiens venus de Jérusalem s’approchèrent de Jésus, et lui dirent :

2« Pourquoi vos disciples transgressent-ils la tradition des anciens ? Car ils ne se lavent pas les mains lorsqu’ils prennent leur repas. »[105] 3Il leur répondit : « Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu par votre tradition ? 4Car Dieu a dit : Honore ton père et ta mère ; et : Quiconque maudira son père ou sa mère, qu’il soit puni de mort. 5Mais vous, vous dites : Quiconque dit à son père ou à sa mère : Ce dont j’aurais pu vous assister, j’en ait fait offrande,[106]6n’a pas besoin d’honorer autrement son père ou sa mère. Et vous mettez ainsi à néant le commandement de Dieu par votre tradition. 7Hypocrites, Isaïe a bien prophétisé de vous quand il a dit :[107] 8Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. 9C’est en vain qu’ils m’honorent, en donnant des préceptes qui ne sont que des commandements venant des hommes. »

10Puis, ayant fait approcher la foule, il leur dit : « Écoutez et comprenez. 11Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme ; mais ce qui sort de la bouche, voilà ce qui souille l’homme. »[108] 12Alors ses disciples venant à lui, lui dirent : « Savez-vous que les Pharisiens, en entendant cette parole, se sont scandalisés ? » 13Il répondit : « Toute plante que n’a pas plantée mon Père céleste, sera arrachée. 14Laissez-les ; ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles. Or, si un aveugle conduit un aveugle, ils tomberont tous deux dans la fosse. » 15Pierre, prenant la parole, lui dit : « Expliquez-nous cette parabole. » 16Jésus répondit : « Êtes-vous encore, vous aussi, sans intelligence ? 17Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche va au ventre, et est rejeté au lieu secret ? 18Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c’est là ce qui souille l’homme. 19Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les impudicités, les vols, les faux témoignages, les paroles injurieuses. 20Voilà ce qui souille l’homme ; mais manger sans s’être lavé les mains, cela ne souille point l’homme. »

21Jésus étant parti de là, se retira du côté de Tyr et de Sidon.[109] 22Et voilà qu’une femme cananéenne, de ce pays-là, sortit en criant à haute voix : « Ayez pitié de moi, Seigneur, fils de David ; ma fille est cruellement tourmentée par le démon. » 23Jésus ne lui répondit pas un mot. Alors ses disciples, s’étant approchés, le prièrent en disant : « Renvoyez-la, car elle nous poursuit de ses cris. » 24Il répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » 25Mais cette femme vint se prosterner devant lui, en disant : « Seigneur, secourez-moi. » 26Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens. » 27« Il est vrai, Seigneur, dit-elle ; mais les petits chiens mangent au moins les miettes qui tombent de la table de leur maître. »[110] 28Alors Jésus lui dit : « Ô femme, votre foi est grande : qu’il vous soit fait selon votre désir. « Et sa fille fut guérie à l’heure même.

29Jésus quitta ces lieux et vint près de la mer de Galilée[111]. Étant monté sur la montagne, il s’y assit. 30Et de grandes troupes de gens s’approchèrent de lui, ayant avec eux des boiteux, des aveugles, des sourds-muets[112], des estropiés et beaucoup d’autres malades. Ils les mirent à ses pieds, et il les guérit ; 31de sorte que la multitude était dans l’admiration, en voyant les muets parler, les estropiés guéris, les boiteux marcher, les aveugles voir, et elle glorifiait le Dieu d’Israël. 32Cependant Jésus, ayant appelé ses disciples, leur dit : « J’ai compassion de cette foule ; car voilà déjà trois jours qu’ils restent près de moi, et ils n’ont rien à manger. Je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur que les forces ne leur manquent en chemin. »[113] 33Les disciples lui dirent : « Où trouver dans un désert assez de pains pour rassasier une si grande foule ? » 34Jésus leur demanda : « Combien avez-vous de pains ? » « Sept, lui dirent-ils, et quelques petits poissons. »

35Alors il fit asseoir la foule par terre, 36prit les sept pains et les poissons, et, ayant rendu grâces, il les rompit et les donna à ses disciples, et ceux-ci au peuple. 37Tous mangèrent et furent rassasiés, et des morceaux qui restaient, on emporta sept corbeilles pleines. 38Or le nombre de ceux qui avaient mangé s’élevait à quatre mille, sans compter les femmes et les enfants. 39Après avoir renvoyé le peuple, Jésus monta dans la barque et vint dans le pays de Magédan[114].

Les Pharisiens et les Sadducéens abordèrent Jésus, et, pour le tenter, ils lui demandèrent de leur faire voir un signe venant du ciel.[115] 2Il leur répondit : « Le soir vous dites : Il fera beau, car le ciel est rouge ; 3et le matin : Il y aura aujourd’hui de l’orage, car le ciel est d’un rouge sombre. 4Hypocrites, vous savez donc discerner les aspects du ciel, et vous ne savez pas reconnaître les signes des temps ! Une race méchante et adultère demande un signe, et il ne lui sera pas donné d’autre signe que celui du prophète Jonas. « Et les laissant, il s’en alla.

5En passant de l’autre côté du lac, ses disciples avaient oublié de prendre des pains.[116] 6Jésus leur dit : « Gardez-vous avec soin du levain des Pharisiens et des Sadducéens. »[117] 7Et ils pensaient et disaient en eux-mêmes : « C’est parce que nous n’avons pas pris de pains. » 8Mais Jésus, qui voyait leur pensée, leur dit : « Hommes de peu de foi, pourquoi vous entretenez-vous en vous-mêmes de ce que vous n’avez pas pris de pains ? 9Êtes-vous encore sans intelligence, et ne vous rappelez-vous pas les cinq pains distribués à cinq mille hommes, et combien de paniers vous avez emportés ? 10Ni les sept pains distribués à quatre mille hommes, et combien de corbeilles vous avez emportées ? 11Comment ne comprenez-vous pas que je ne parlais pas de pains quand je vous ai dit : Gardez-vous du levain des Pharisiens et des Sadducéens ? » 12Alors ils comprirent qu’il avait dit de se garder, non du levain qu’on met dans le pain, mais de la doctrine des Pharisiens et des Sadducéens.

13Jésus étant venu dans le territoire de Césarée de Philippe, demanda à ses disciples : « Qui dit-on qu’est le Fils de l’homme ? »[118] 14Ils lui répondirent : « Les uns disent que vous êtes Jean-Baptiste, d’autres Élie, d’autres Jérémie ou quelqu’un des prophètes. — 15Et vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis ? » 16Simon Pierre, prenant la parole, dit : « Vous êtes le Christ, le Fils du Dieu vivant. » 17Jésus lui répondit : « Tu es heureux, Simon, fils de Jean[119], car ce n’est pas la chair et le sang qui te l’ont révélé, mais c’est mon Père qui est dans les cieux. 18Et moi je te dis que tu es Pierre[120], et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. 19Et je te donnerai les clefs[121] du royaume des cieux : et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. » 20Alors il défendit à ses disciples de dire à personne qu’il était le Christ.

21Jésus commença dès lors à découvrir à ses disciples qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem, qu’il souffrît beaucoup de la part des Anciens, des Scribes et des Princes des prêtres, qu’il fût mis à mort et qu’il ressuscitât le troisième jour.[122] 22Pierre, le prenant à part, se mit à le reprendre, en disant : « À Dieu ne plaise, Seigneur ! Cela ne vous arrivera pas. » 23Mais Jésus, se retournant, dit à Pierre : « Retire-toi de moi, Satan[123], tu m’es un scandale ; car tu n’as pas l’intelligence des choses de Dieu ; tu n’as que des pensées humaines. » 24Alors Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à soi-même, qu’il prenne sa croix et me suive.[124] 25Car celui qui voudra sauver sa vie, la perdra ; et celui qui perdra sa vie à cause de moi, la trouvera. 26Et que sert à un homme de gagner le monde entier, s’il vient à perdre son âme ? Ou que donnera un homme en échange de son âme ? 27Car le Fils de l’homme doit venir dans la gloire de son Père avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon ses œuvres.[125] 28Je vous le dis en vérité, plusieurs de ceux qui sont ici présents ne goûteront point la mort, qu’ils n’aient vu le Fils de l’homme venant dans son règne. »

Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et les conduisit à l’écart sur une haute montagne.[126] 2Et il fut transfiguré devant eux : son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière[127]. 3Et voilà que Moïse et Élie leur apparurent conversant avec lui.[128] 4Prenant la parole, Pierre dit à Jésus : « Seigneur, il nous est bon d’être ici ; si vous le voulez, faisons-y[129] trois tentes, une pour vous, une pour Moïse et une pour Élie. » 5Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit, et du sein de la nuée une voix se fit entendre, disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toutes mes complaisances : écoutez-le. » 6En entendant cette voix, les disciples tombèrent la face contre terre, et furent saisis d’une grande frayeur. 7Mais Jésus, s’approchant, les toucha et leur dit : « Levez-vous, ne craignez point. » 8Alors, levant les yeux, ils ne virent plus que Jésus seul. 9Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur fit ce commandement : « Ne parlez à personne de cette vision, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité des morts. »

10Ses disciples l’interrogèrent alors, et lui dirent : « Pourquoi donc les Scribes disent-ils qu’il faut qu’Élie vienne auparavant ? »[130] 11Il leur répondit : « Élie doit venir, en effet, et rétablir toutes choses. 12Mais je vous le dis, Élie est déjà venu ; ils ne l’ont pas connu, et ils l’ont traité comme ils ont voulu : ils feront souffrir de même le Fils de l’homme. » 13Les disciples comprirent alors qu’il leur avait parlé de Jean-Baptiste.

14Jésus étant retourné vers le peuple, un homme s’approcha, et, tombant à genoux devant lui, il lui dit : « Seigneur, ayez pitié de mon fils qui est lunatique et qui souffre cruellement ; il tombe souvent dans le feu et souvent dans l’eau.[131] 15Je l’ai présenté à vos disciples, et ils n’ont pas su le guérir. » 16Jésus répondit : « Ô race incrédule et perverse, jusques à quand serai-je avec vous ? Jusques à quand vous supporterai-je ? Amenez-le-moi ici. » 17Et Jésus commanda au démon avec menace, et le démon sortit de l’enfant, qui fut guéri à l’heure même. 18Alors les disciples vinrent trouver Jésus en particulier, et lui dirent : « Pourquoi n’avons-nous pas pu le chasser ? » 19Jésus leur dit : « À cause de votre manque de foi. En vérité, je vous le dis, si vous avez de la foi comme un grain de sénevé, vous direz à cette montagne : Passe d’ici là, et elle y passera, et rien ne vous sera impossible. 20Mais ce genre de démon n’est chassé que par le jeûne et la prière. »

4. Chap. xvii, 21 — xviii, 35 : Dernier séjour à Capharnaüm. — Le didrachme (21-26). Se faire petit enfant (xviii, 1-6). Le scandale (7-11). La brebis égarée (12-14). Correction fraternelle (15-18). Avantages de la concorde (19-20). Le pardon des injures, parabole du roi qui fait rendre compte à ses serviteurs (21-35).

21Comme ils parcouraient la Galilée, Jésus leur dit : « Le Fils de l’homme doit être livré entre les mains des hommes,[132] 22et ils le mettront à mort, et il ressuscitera le troisième jour. » Et ils en furent vivement attristés.

23Lorsqu’ils furent de retour à Capharnaüm, ceux qui recueillaient les didrachmes[133] s’approchèrent de Pierre et lui dirent : « Votre Maître ne paie-t-il pas les didrachmes ? » — 24« Oui, » dit Pierre. Et comme ils entraient dans la maison, Jésus le prévenant, lui dit : « Que t’en semble, Simon ? De qui les rois de la terre perçoivent-ils des tributs ou le cens ? De leurs fils, ou des étrangers ? » 25Pierre répondit : « Des étrangers[134], — Les fils, lui dit Jésus, en sont donc exempts. 26Mais pour ne pas les scandaliser, va à la mer, jette l’hameçon, tire le premier poisson qui montera ; puis, ouvrant sa bouche, tu y trouveras un statère[135]. 27Prends-le et donne-le-leur pour moi et pour toi. »

En ce moment-là, les disciples s’approchèrent de Jésus et lui dirent : « Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux ? »[136] 2Jésus, faisant venir un petit enfant, le plaça au milieu d’eux 3et leur dit : « Je vous le dis, en vérité, si vous ne vous changez de façon à devenir comme les petits enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux. 4Celui donc qui se fera humble comme ce petit enfant, est le plus grand dans le royaume des cieux. 5Et celui qui reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il reçoit. 6Mais celui qui scandalisera un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui attachât au cou la meule qu’un âne tourne, et qu’on le précipitât au fond de la mer.

7« Malheur au monde à cause des scandales ! Il est nécessaire qu’il arrive des scandales ; mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! 8Si ta main ou ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-les et jette-les loin de toi : il vaut mieux pour toi entrer dans la vie mutilé ou boiteux, que d’être jeté, ayant deux pieds ou deux mains, dans le feu éternel. 9Et si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi : il vaut mieux pour toi entrer dans la vie avec un seul œil, que d’être jeté, ayant deux yeux, dans la géhenne du feu.

10« Prenez garde de mépriser aucun de ces petits, car je vous dis que leurs anges dans le ciel voient sans cesse la face de mon Père qui est dans les cieux. » 11(Car le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu.)[137]

12« Que vous en semble ? Si un homme a cent brebis, et qu’une d’elles s’égare, ne laisse-t-il pas dans la montagne les quatre-vingt-dix-neuf autres, pour aller chercher celle qui s’est égarée ?[138] 13Et s’il a le bonheur de la trouver, je vous le dis en vérité, il a plus de joie pour elle que pour les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées. 14De même c’est la volonté de votre Père qui est dans les cieux, qu’il ne se perde pas un seul de ces petits.

15« Si ton frère a péché contre toi, va et reprends-le entre toi et lui seul ; s’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. 16S’il ne t’écoute pas, prends avec toi encore une ou deux personnes, afin que toute cause se décide sur la parole de deux ou trois témoins. 17S’il ne les écoute pas, dis-le à l’Église ; et s’il n’écoute pas non plus l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. 18En vérité, je vous le dis, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel.

19« Je vous le dis encore, si deux d’entre vous s’accordent sur la terre, quelque chose qu’ils demandent, ils l’obtiendront de mon Père qui est dans les cieux. 20Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux. » 21Alors Pierre s’approchant de lui : « Seigneur, dit-il, si mon frère pèche contre moi, combien de fois lui pardonnerai-je ? Sera-ce jusqu’à sept fois ? »[139]

22Jésus lui dit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à septante fois sept fois[140]. 23« C’est pourquoi le royaume des cieux est semblable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. 24Le règlement des comptes étant commencé, on lui amena un homme qui lui devait dix mille talents[141]. 25Comme il n’avait pas de quoi payer, son maître ordonna qu’on le vendît, lui, sa femme, ses enfants et tout ce qu’il avait pour acquitter sa dette. 26Le serviteur, se jetant à ses pieds, le conjurait en disant : Aie patience envers moi, et je te paierai tout. 27Touché de compassion, le maître de ce serviteur le laissa aller et lui remit sa dette. 28Le serviteur, à peine sorti, rencontra un de ses compagnons qui lui devait cent deniers[142]. Le saisissant à la gorge, il l’étouffait en disant : Paie ce que tu dois. 29Son compagnon, se jetant à ses pieds, le conjurait en disant : Aie patience envers moi, et je te paierai tout. 30Mais lui, sans vouloir l’entendre, s’en alla et le fit mettre en prison jusqu’à ce qu’il payât sa dette. 31Ce que voyant, les autres serviteurs en furent tout contristés, et ils vinrent raconter à leur maître ce qui s’était passé. 32Alors le maître l’appela et lui dit : Serviteur méchant, je t’avais remis toute ta dette, parce que tu m’en avais supplié. 33Ne devais-tu pas avoir pitié de ton compagnon, comme j’ai eu pitié de toi ? 34Et son maître irrité le livra aux exécuteurs, jusqu’à ce qu’il eût payé toute sa dette. 35Ainsi vous traitera mon Père céleste, si chacun de vous ne pardonne à son frère du fond de son cœur. »

III. — VOYAGE ET SÉJOUR À JÉRUSALEM À L’OCCASION
DE LA DERNIÈRE PÂQUE.

[XIX — XXV.]

A. — Le voyage de Galilée à Jérusalem.

[XIX — XX.]

1. Chap. xix, 1-29 : Les conseils évangéliques. — Indissolubilité du mariage, chasteté parfaite ; petits enfants bénis. Le jeune homme appelé à la perfection ; danger des richesses et récompenses de la pauvreté volontaire à la suite de Jésus.

Jésus ayant achevé ces discours, quitta la Galilée, et vint aux frontières de la Judée, au delà du Jourdain.[143] 2Une grande multitude le suivit, et là il guérit les malades.

3Alors les Pharisiens l’abordèrent pour le tenter ; ils lui dirent : « Est-il permis à un homme de répudier sa femme pour quelque motif que ce soit ? »[144] 4Il leur répondit : « N’avez-vous pas lu que le Créateur, au commencement, les fit homme et femme, et qu’il dit : 5À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront les deux une seule chair[145]. — 6Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni. » 7« Pourquoi donc, lui dirent-ils, Moïse a-t-il prescrit de donner un acte de divorce et de renvoyer la femme ? » 8Il leur répondit : « C’est à cause de la dureté de vos cœurs que Moïse vous a permis de répudier vos femmes : au commencement, il n’en fut pas ainsi. 9Mais je vous le dis, celui qui renvoie sa femme, si ce n’est pour impudicité[146], et en épouse une autre, commet un adultère ; et celui qui épouse une femme renvoyée, se rend adultère. »

10Ses disciples lui dirent : « Si telle est la condition de l’homme à l’égard de la femme, il vaut mieux ne pas se marier. » 11Il leur dit : « Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela a été donné. 12Car il y a des eunuques qui le sont de naissance, dès le sein de leur mère ; il y a aussi des eunuques qui le sont devenus par la main des hommes ; et il y en a qui se sont faits eunuques eux-mêmes[147] à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre, comprenne ! » 13Alors on lui présenta de petits enfants pour qu’il leur imposât les mains et priât pour eux. Et comme les disciples reprenaient ces gens, 14Jésus leur dit : « Laissez ces petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. » 15Et, leur ayant imposé les mains, il continua sa route. 16Et voici qu’un jeune homme, l’abordant, lui dit : « Bon Maître, quel bien dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? »[148] 17Jésus lui répondit : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Dieu seul est bon[149]. Que si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements. » — 18« Lesquels ? » dit-il. Jésus répondit : « Tu ne tueras point ; tu ne commettras point d’adultère ; tu ne déroberas point ; tu ne rendras point de faux témoignage. 19Honore ton père et ta mère, et aime ton prochain comme toi-même. » 20Le jeune homme lui dit : « J’ai observé tous ces commandements depuis mon enfance ; que me manque-t-il encore ? » 21Jésus lui dit : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens et suis-moi. » 22Lorsqu’il eut entendu ces paroles, le jeune homme s’en alla triste ; car il avait de grands biens. 23Et Jésus dit à ses disciples : « Je vous le dis en vérité, difficilement un riche entrera dans le royaume des cieux. 24Je vous le dis encore une fois, il est plus aisé qu’un chameau[150] passe par le trou d’une aiguille, qu’il ne l’est à un riche d’entrer dans le royaume des cieux. » 25En entendant ces paroles, les disciples étaient fort étonnés, et ils dirent : « Qui peut donc être sauvé ? » 26Jésus les regarda et leur dit : « Cela est impossible aux hommes ; mais tout est possible à Dieu. » 27Alors Pierre, prenant la parole : « Voici, dit-il, que nous avons tout quitté pour vous suivre ; qu’avons-nous donc à attendre ? » 28Jésus leur répondit : « Je vous le dis en vérité, lorsque, au jour du renouvellement, le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m’avez suivi, vous siégerez aussi sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël. 29Et quiconque aura quitté des maisons, ou des frères, ou des sœurs, ou un père, ou une mère, ou une femme, ou des enfants, ou des champs à cause de mon nom, il recevra le centuple[151] et possédera la vie éternelle. »

2. Chap, xix, 30 — xx, 34. Parabole des ouvriers : Les derniers devenus premiers. Passion prédite. Demande des fils de Zébédée. Les deux aveugles de Jéricho.

30« Et plusieurs qui sont les premiers seront les derniers, et plusieurs qui sont les derniers seront les premiers. »[152]

« Car le royaume des cieux est semblable à un père de famille qui sortit de grand matin afin de louer des ouvriers pour sa vigne. 2Étant convenu avec les ouvriers d’un denier par jour, il les envoya à sa vigne. 3Il sortit vers la troisième heure et en vit d’autres qui se tenaient sur la place sans rien faire. 4Il leur dit : Allez aussi à ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera juste ; 5et ils y allèrent. Il sortit encore vers la sixième et vers la neuvième heure, et fit la même chose. 6Enfin, étant sorti vers la onzième heure, il en trouva d’autres qui étaient là oisifs, et il leur dit : Pourquoi vous tenez-vous ici toute la journée sans rien faire ? 7Ils lui répondirent : C’est que personne ne nous a loués. Il leur dit : Allez, vous aussi, à ma vigne. 8Le soir étant venu, le maître de la vigne dit à son intendant : Appelle les ouvriers et paie leur salaire, en allant des derniers aux premiers. 9Ceux de la onzième heure vinrent et reçurent chacun un denier.[153] 10Les premiers, venant à leur tour, pensaient qu’ils recevraient davantage ; mais ils reçurent aussi chacun un denier. 11En le recevant, ils murmuraient contre le père de famille, 12en disant : Ces derniers n’ont travaillé qu’une heure, et tu leur donnes autant qu’à nous, qui avons porté le poids du jour et de la chaleur. 13Mais le Maître s’adressant à l’un d’eux, répondit : Mon ami, je ne te fais point d’injustice : n’es-tu pas convenu avec moi d’un denier ? 14Prends ce qui te revient, et va-t’en. Pour moi, je veux donner à ce dernier autant qu’à toi. 15Ne m’est-il pas permis de faire de mon bien ce que je veux ? Et ton œil sera-t-il mauvais parce que je suis bon ? 16Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers, les derniers ; car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus[154]. » 17Pendant que Jésus montait à Jérusalem, il prit à part les douze disciples et leur dit en chemin : 18« Voici que nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux Princes des prêtres et aux Scribes. Ils le condamneront à mort,[155] 19et le livreront aux Gentils pour être moqué, flagellé et crucifié ; et il ressuscitera le troisième jour. » 20Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de Jésus avec ses fils, et se prosterna devant lui pour lui demander quelque chose. 21Il lui dit : « Que voulez-vous ? « Elle répondit : « Ordonnez que mes deux fils, que voici, soient assis l’un à votre droite, l’autre à votre gauche, dans votre royaume. » 22Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire le calice que je dois boire ? — Nous le pouvons », lui dirent-ils. 23Il leur répondit : « Vous boirez en effet mon calice ; quant à être assis à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; si ce n’est à ceux à qui mon Père l’a préparé. » 24Ayant entendu cela, les dix autres furent indignés contre les deux frères. 25Mais Jésus les appela et leur dit : « Vous savez que les chefs des nations leur commandent en maîtres, et que les grands exercent l’empire sur elles. 26Il n’en sera pas ainsi parmi vous ; mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il se fasse votre serviteur ; 27et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il se fasse votre esclave. 28C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie pour la rançon de la multitude. »[156] 29Comme ils sortaient de Jéricho, une grande foule le suivit.[157] 30Et voilà que deux aveugles, qui étaient assis sur le bord du chemin, entendant dire que Jésus passait, se mirent à crier : « Seigneur, fils de David, ayez pitié de nous. » 31La foule les gourmandait pour les faire taire ; mais ils criaient plus fort : « Seigneur, fils de David, ayez pitié de nous. » 32Jésus, s’étant arrêté, les appela et dit : « Que voulez-vous que je vous fasse ? — 33Seigneur, lui dirent-ils, que nos yeux s’ouvrent. » 34Ému de compassion, Jésus toucha leurs yeux, et aussitôt ils recouvrèrent la vue et le suivirent.


B. — La prédication à Jérusalem

[XXI — XXV.]

1. Chap, xxi, 1-22. L’entrée triomphale. Le temple purifié. Le figuier maudit.[158]

Lorsqu’ils approchèrent de Jérusalem, et furent arrivés à Bethphagé, vers le mont des Oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples, 2en leur disant : « Allez au village qui est devant vous ; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et un ânon avec elle ; détachez-les, et amenez-les-moi. 3Et si l’on vous dit quelque chose, répondez que le Seigneur en a besoin, et à l’instant on les laissera aller. » 4Or ceci arriva, afin que s’accomplît la parole du prophète[159] : 5« Dites à la fille de Sion : Voici que ton roi vient à toi plein de douceur, assis sur une ânesse et sur un ânon, le petit de celle qui porte le joug. » 6Les disciples allèrent donc et firent ce que Jésus leur avait commandé. 7Ils amenèrent l’ânesse et l’ânon, mirent dessus leurs manteaux, et l’y firent asseoir. 8Le peuple en grand nombre étendit ses manteaux le long de la route ; d’autres coupaient des branches d’arbres et en jonchaient le chemin. 9Et toute cette multitude, en avant de Jésus et derrière lui, criait : « Hosanna[160] au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » 10Lorsqu’il entra dans Jérusalem, toute la ville fut en émoi ; on disait : « Qui est-ce ? » 11Et le peuple répondait : « C’est Jésus le prophète, de Nazareth en Galilée. »

12Jésus étant entré dans le temple, chassa tous ceux qui vendaient et achetaient dans le temple ; il renversa les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient les colombes,[161] 13et leur dit : « Il est écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière, et vous en faites une caverne de voleurs. »[162]

14Des aveugles et des boiteux vinrent à lui dans le temple, et il les guérit. 15Mais les Princes des prêtres et les Scribes, voyant les miracles qu’il faisait, et les enfants qui criaient dans le temple et disaient : « Hosanna au fils de David, « s’indignèrent, 16et ils lui dirent : « Entendez-vous ce qu’ils disent ? — Oui, leur répondit Jésus ; n’avez-vous jamais lu : De la bouche des enfants et de ceux qui sont à la mamelle, vous vous êtes préparé une louange ? »[163] 17Et les ayant laissés là, il sortit de la ville, et s’en alla dans la direction de Béthanie, où il passa la nuit en plein air.[164]

18Le lendemain matin, comme il retournait à la ville, il eut faim. 19Voyant un figuier près du chemin, il s’en approcha ; mais il n’y trouva que des feuilles, et il lui dit : « Que jamais aucun fruit ne naisse de toi ! « Et à l’instant le figuier sécha.[165] 20À cette vue, les disciples dirent avec étonnement : « Comment a-t-il séché en un instant ? » 21Jésus leur répondit : « En vérité, je vous le dis, si vous avez de la foi et que vous n’hésitiez point, non seulement vous ferez comme il a été fait à ce figuier ; mais quand même vous diriez à cette montagne : Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, cela se ferait. 22Tout ce que vous demanderez avec foi dans la prière, vous l’obtiendrez. »

2. Chap. xxi, 23 — xxii : Controverses avec les docteurs juifs. — Le baptême de Jean (23-27). Les deux fils (28-32). Les vignerons homicides et la pierre angulaire (33-46). Le festin des noces (xxii, 1-14). Le tribut à César (15-22). La résurrection (23-33). Le plus grand commandement (34-40). Le Messie fils et seigneur de David (41-46).

23Étant entré dans le temple, comme il enseignait, les Princes des prêtres et les Anciens s’approchèrent de lui et lui dirent : « De quel droit faites-vous ces choses, et qui vous a donné ce pouvoir ? »[166] 24Jésus leur répondit : « Je vous ferai, moi aussi, une question, et, si vous y répondez, je vous dirai de quel droit je fais ces choses : 25Le baptême de Jean, d’où était-il ? du ciel, ou des hommes ? « Mais ils faisaient en eux-mêmes cette réflexion : 26« Si nous répondons : Du ciel, il nous dira : Pourquoi donc n’avez-vous pas cru en lui ? Et si nous répondons : Des hommes, nous avons à craindre le peuple : car tout le monde tient Jean pour un prophète. » 27Ils répondirent à Jésus : « Nous ne savons. — Et moi, dit Jésus, je ne vous dis pas non plus de quel droit je fais ces choses. »

28« Mais que vous en semble ? Un homme avait deux fils ; s’adressant au premier, il lui dit : Mon fils, va travailler aujourd’hui à ma vigne. 29Celui-ci répondit : Je ne veux pas ; mais ensuite, touché de repentir, il y alla. 30Puis, s’adressant à l’autre, il lui fit le même commandement. Celui-ci répondit : J’y vais, seigneur ; et il n’y alla point. 31Lequel des deux a fait la volonté de son père ? — « Le premier », lui dirent-ils. Alors Jésus : « Je vous le dis en vérité, les publicains et les courtisanes vous devancent dans le royaume de Dieu.[167] 32Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous n’avez pas cru en lui ; mais les publicains et les courtisanes ont cru en lui, et vous, qui avez vu cela, vous ne vous êtes pas encore repentis pour croire en lui.

33« Écoutez une autre parabole. Il y avait un père de famille qui planta une vigne. Il l’entoura d’une haie, y creusa un pressoir et y bâtit une tour ; et l’ayant louée à des vignerons, il partit pour un voyage.[168] 34Quand vint le temps des fruits, il envoya aux vignerons ses serviteurs pour recevoir le produit de sa vigne. 35Les vignerons s’étant saisis de ses serviteurs, battirent l’un, tuèrent l’autre et lapidèrent le troisième. 36Il envoya de nouveau d’autres serviteurs en plus grand nombre que les premiers, et ils les traitèrent de même. 37Enfin il leur envoya son fils, en disant : ils respecteront mon fils. 38Mais quand les vignerons virent le fils, ils se dirent entre eux : Voici l’héritier ; venez, tuons-le, et nous aurons son héritage. 39Et s’étant saisis de lui, ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. 40Maintenant, lorsque le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? » 41Ils lui répondirent : « Il frappera sans pitié ces misérables, et louera sa vigne à d’autres vignerons, qui lui en donneront les fruits en leur temps. »

42Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu’ont rejetée ceux qui bâtissaient, est devenue le sommet de l’angle ? C’est le Seigneur qui a fait cela, et c’est un prodige à nos yeux. — 43C’est pourquoi je vous dis que le royaume de Dieu vous sera ôté et qu’il sera donné à un peuple qui en produira les fruits. 44Celui qui tombera sur cette pierre se brisera, et celui sur qui elle tombera sera écrasé. »

45Les Princes des prêtres et les Pharisiens ayant entendu ces paraboles, comprirent que Jésus parlait d’eux. 46Et ils cherchaient à se saisir de lui ; mais ils craignaient le peuple, qui le regardait comme un prophète.

Jésus, prenant la parole, leur parla de nouveau en paraboles, et il dit : 2« Le royaume des cieux est semblable à un roi qui faisait les noces de son fils. 3Il envoya ses serviteurs appeler ceux qui avaient été invités aux noces, et ils ne voulurent pas venir. 4Il envoya encore d’autres serviteurs, en disant : Dites aux conviés : Voilà que j’ai préparé mon festin ; on a tué mes bœufs et mes animaux engraissés ; tout est prêt, venez aux noces. 5Mais ils n’en tinrent pas compte, et ils s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son négoce ; 6et les autres se saisirent des serviteurs, et après les avoir injuriés, ils les tuèrent. 7Le roi, l’ayant appris, entra en colère ; il envoya ses armées, extermina ces meurtriers et brûla leur ville. 8Alors il dit à ses serviteurs : le festin des noces est prêt, mais les conviés n’en étaient pas dignes. 9Allez donc dans les carrefours, et tous ceux que vous trouverez, invitez-les aux noces. 10Ces serviteurs, s’étant répandus par les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, bons ou mauvais ; et la salle des noces fut remplie de convives. 11Le roi entra pour voir ceux qui étaient à table et ayant aperçu là un homme qui n’était point revêtu d’une robe nuptiale, 12il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir une robe de noces ? Et cet homme resta muet. 13Alors le roi dit à ses serviteurs : Liez-lui les mains et les pieds, et jetez-le dans les ténèbres extérieures : c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents. 14Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. »

15Alors les Pharisiens s’étant retirés, se concertèrent pour surprendre Jésus dans ses paroles.[169] 16Et ils lui envoyèrent quelques-uns de leurs disciples, avec des Hérodiens[170], lui dire : « Maître, nous savons que vous êtes vrai, et que vous enseignez la voie de Dieu dans la vérité, sans souci de personne ; car vous ne regardez pas à l’apparence des hommes. 17Dites-nous donc ce qu’il vous semble : Est-il permis, ou non, de payer le tribut à César ? » 18Jésus, connaissant leur malice, leur dit : « Hypocrites, pourquoi me tentez-vous ? 19Montrez-moi la monnaie du tribut. « Ils lui présentèrent un denier. 20Et Jésus leur dit : « De qui est cette image et cette inscription ? 21— De César, « lui dirent-ils. Alors Jésus leur répondit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » 22Cette réponse les remplit d’admiration, et, le quittant, ils s’en allèrent.

23Le même jour, des Sadducéens, qui nient la résurrection[171], vinrent à lui et lui proposèrent cette question : 24« Maître, Moïse a dit : Si un homme meurt sans laisser d’enfant, que son frère épouse sa femme et suscite des enfants à son frère[172]. 25Or, il y avait parmi nous sept frères ; le premier prit une femme et mourut, et comme il n’avait pas d’enfant, il laissa sa femme à son frère. 26La même chose arriva au second, puis au troisième, jusqu’au septième. 27Après eux tous, la femme aussi mourut. 28Au temps de la résurrection, duquel des sept frères sera-t-elle la femme ? Car tous l’ont eue ? » 29Jésus leur répondit : « Vous êtes dans l’erreur, ne comprenant ni les Écritures, ni la puissance de Dieu. 30Car, à la résurrection, les hommes n’ont point de femmes, ni les femmes de maris ; mais ils sont comme les anges de Dieu dans le ciel. 31Quant à la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu ce que Dieu vous a dit, en ces termes : 32Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob ? Or Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. »[173] 33Et le peuple, en l’écoutant, était rempli d’admiration pour sa doctrine.

34Les Pharisiens ayant appris que Jésus avait réduit au silence les Sadducéens, s’assemblèrent.[174] 35Et l’un d’eux, docteur de la loi, lui demanda pour le tenter : 36« Maître, quel est le plus grand commandement de la Loi ? » 37Jésus lui dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. 38C’est là le plus grand et le premier commandement. 39Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. 40À ces deux commandements se rattachent toute la Loi, et les Prophètes. »

41Les Pharisiens étant assemblés, Jésus leur fit cette question :[175] 42« Que vous semble du Christ ? De qui est-il fils ? « Ils lui répondirent : « De David. » — 43« Comment donc, leur dit-il, David inspiré d’en haut l’appelle-t-il Seigneur, en disant : 44Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis l’escabeau de tes pieds ?[176] 45Si donc David l’appelle Seigneur, comment est-il son fils ? » 46Nul ne pouvait rien lui répondre, et, depuis ce jour, personne n’osa plus l’interroger.

3. Chap. xxiii. Reproches aux Scribes et aux Pharisiens.

Alors Jésus, s’adressant au peuple et à ses disciples, parla ainsi :[177]

2« Les Scribes et les Pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse. 3Faites donc et observez tout ce qu’ils vous disent ; mais n’imitez pas leurs œuvres, car ils disent et ne font pas. 4Ils lient des fardeaux pesants[178] et difficiles à porter, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt. 5Ils font toutes leurs actions pour être vus des hommes, portant de plus larges phylactères et des houppes plus longues.[179] 6Ils aiment la première place dans les festins, les premiers sièges dans les synagogues, 7les salutations dans les places publiques, et à s’entendre appeler par les hommes Rabbi. 8Pour vous, ne vous faites point appeler Rabbi ; car vous n’avez qu’un seul Maître, et vous êtes tous frères. 9Et ne donnez à personne sur la terre le nom de Père ; car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est dans les cieux. 10Qu’on ne vous appelle pas non plus Maître ; car vous n’avez qu’un Maître, le Christ. 11Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. 12Mais quiconque s’élèvera sera abaissé, et quiconque s’abaissera sera élevé.

13« Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ! Vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous n’y laissez pas entrer ceux qui y viennent. 14« Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que, sous le semblant de vos longues prières, vous dévorez les maisons des veuves ! C’est pourquoi vous subirez une plus forte condamnation.[180]


15« Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous courez les mers et la terre pour faire un prosélyte, et, quand il l’est devenu, vous faites de lui un fils de la géhenne[181], deux fois plus que vous !

16« Malheur à vous, guides aveugles, qui dites : Si un homme jure par le temple, ce n’est rien ; mais s’il jure par l’or du temple, il est lié. 17Insensés et aveugles ! lequel est le plus grand, l’or, ou le temple qui sanctifie l’or ? 18Et encore : Si un homme jure par l’autel, ce n’est rien ; mais s’il jure par l’offrande qui est déposée sur l’autel, il est lié. 19Aveugles ! lequel est le plus grand, l’offrande, ou l’autel qui sanctifie l’offrande ? 20Celui donc qui jure par l’autel, jure par l’autel et par tout ce qui est dessus ; 21et celui qui jure par le temple, jure par le temple et par celui qui y habite ; 22et celui qui jure par le ciel, jure par le trône de Dieu et par celui qui y est assis. 23« Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, qui payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et qui négligez les points les plus graves de la Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi ! Ce sont ces choses qu’il fallait pratiquer, sans omettre les autres. 24Guides aveugles, qui filtrez le moucheron, et avalez le chameau !

25« Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, tandis que le dedans[182] est rempli de rapine et d’intempérance. 26Pharisien aveugle, nettoie d’abord le dedans de la coupe et du plat, afin que le dehors aussi soit pur.

27« Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis[183], qui au dehors paraissent beaux, mais au dedans sont pleins d’ossements de morts et de toute sorte de pourriture. 28Ainsi vous, au dehors, vous paraissez justes aux hommes, mais au dedans vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité.

29« Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, qui bâtissez les tombeaux des prophètes et ornez les monuments des justes, 30et qui dites : Si nous avions vécu aux jours de nos pères, nous n’aurions pas été leurs complices pour verser le sang des prophètes. 31Ainsi vous rendez contre vous-mêmes ce témoignage, que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes. 32Comblez donc la mesure de vos pères ! 33Serpents, race de vipères, comment éviterez-vous d’être condamnés à la géhenne ? 34C’est pourquoi voici que je vous envoie des prophètes, des sages et des docteurs. Vous tuerez et crucifierez les uns, vous battrez de verges les autres dans vos synagogues, et vous les poursuivrez de ville en ville : 35afin que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang du juste Abel jusqu’au sang de Zacharie[184], fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel. 36En vérité, je vous le dis, tout cela viendra sur cette génération.

37« Jérusalem, Jérusalem, qui tue les prophètes et lapides ceux qui lui sont envoyés ! Que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu ![185] 38Voici que votre maison vous est laissée solitaire. 39Car, je vous le dis, vous ne me verrez plus désormais jusqu’à ce que vous disiez : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »

4. Chap. xxiv — xxv : Discours aux Apôtres sur la ruine de Jérusalem et le second avènement du Christ. — a) Les signes avant-coureurs des deux grands événements (xxiv, 1-35). — b) Jour et heure cachés ; donc, vigilance : le mauvais serviteur ; les dix vierges (xxiv, 36 — xxv, 13). — c) Le jugement : parabole des talents. Séparation des bons et des méchants. Les deux sentences (xxv, 14-46).[186]

Comme Jésus s’en allait, au sortir du temple, ses disciples s’approchèrent de lui pour lui en faire remarquer les constructions. 2Mais, prenant la parole, il leur dit : « Voyez-vous tous ces bâtiments ? Je vous le dis en vérité, il n’y sera pas laissé pierre sur pierre qui ne soit renversée. »

3Lorsqu’il se fut assis sur la montagne des Oliviers, ses disciples s’approchèrent, et, seuls avec lui, lui dirent : « Dites-nous quand ces choses arriveront, et quel sera le signe de votre avènement et de la fin du monde ? »[187] 4Jésus leur répondit : « Prenez garde que nul ne vous séduise. 5Car plusieurs viendront sous mon nom, disant : C’est moi qui suis le Christ, et ils en séduiront un grand nombre. 6Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerre ; n’en soyez pas troublés, car il faut que ces choses arrivent ; mais ce ne sera pas encore la fin. 7On verra s’élever nation contre nation, royaume contre royaume, et il y aura des pestes, des famines et des tremblements de terre en divers lieux. 8Tout cela ne sera que le commencement des douleurs. 9Alors on vous livrera aux tortures et on vous fera mourir, et vous serez en haine à toutes les nations, à cause de mon nom. 10Alors aussi beaucoup failliront ; ils se trahiront et se haïront les uns les autres. 11Et il s’élèvera plusieurs faux prophètes qui en séduiront un grand nombre. 12Et à cause des progrès croissants de l’iniquité, la charité d’un grand nombre se refroidira. 13Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. 14Cet évangile du royaume sera prêché dans le monde entier, pour être un témoignage à toutes les nations ; alors viendra la fin.

15« Quand donc vous verrez l’abomination de la désolation[188], annoncée par le prophète Daniel, établie en lieu saint, — que celui qui lit, entende ! — 16alors que ceux qui sont dans la Judée s’enfuient dans les montagnes ; 17et que celui qui est sur le toit ne descende pas pour prendre ce qu’il a dans sa maison ; 18et que celui qui est dans les champs ne revienne pas pour prendre son vêtement. 19Malheur aux femmes qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là ! 20Priez pour que votre fuite n’arrive pas en hiver, ni un jour de sabbat ; 21car il y aura alors une si grande détresse, qu’il n’y en a point eu de semblable depuis le commencement du monde jusqu’ici, et qu’il n’y en aura jamais. 22Et si ces jours n’étaient abrégés, nul n’échapperait ; mais, à cause des élus, ces jours seront abrégés.

23Alors, si quelqu’un vous dit : Le Christ est ici, ou : Il est là, ne le croyez point. 24Car il s’élèvera de faux Christs et de faux prophètes, et ils feront de grands prodiges et des choses extraordinaires, jusqu’à séduire, s’il se pouvait, les élus mêmes. 25Voilà que je vous l’ai prédit. 26Si donc on vous dit : Le voici dans le désert, ne sortez point ; le voici dans le lieu le plus retiré de la maison, ne le croyez point. 27Car, comme l’éclair part de l’orient et brille jusqu’à l’occident, ainsi en sera-t-il de l’avènement du Fils de l’homme. 28Partout où sera le cadavre, là s’assembleront les aigles.

29« Aussitôt après ces jours d’affliction, le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées. 30Alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme, et toutes les tribus de la terre se frapperont la poitrine, et elles verront le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel avec une grande puissance et une grande majesté. 31Et il enverra ses anges avec la trompette retentissante, et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis une extrémité du ciel jusqu’à l’autre[189]. 32« Écoutez une comparaison prise du figuier. Dès que ses rameaux deviennent tendres, et qu’il pousse ses feuilles, vous savez que l’été est proche. 33Ainsi, lorsque vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l’homme est proche, qu’il est à la porte. 34Je vous le dis en vérité, cette génération ne passera point que toutes ces choses n’arrivent. 35Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. 36« Quant au jour et à l’heure, nul ne les connaît, pas même les anges du ciel, mais le Père seul.

37« Tels furent les jours de Noé, tel sera l’avènement du Fils de l’homme. 38Car dans les jours qui précédèrent le déluge, les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et mariaient leur filles, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; 39et ils ne surent rien, jusqu’à ce que le déluge survînt, qui les emporta tous : ainsi en sera-t-il à l’avènement du Fils de l’homme. 40Alors, de deux hommes qui seront dans un champ, l’un sera pris, l’autre laissé ; 41de deux femmes qui seront à moudre à la meule, l’une sera prise, l’autre laissée. 42Veillez donc, puisque vous ne savez à quel moment[190] votre Seigneur doit venir. 43Sachez-le bien, si le père de famille savait à quelle heure[191] le voleur doit venir, il veillerait et ne laisserait pas percer sa maison. 44Tenez-vous donc prêts, vous aussi ; car le Fils de l’homme viendra à l’heure où vous n’y penserez pas.

45« Quel est donc le serviteur fidèle et prudent que son maître a établi sur les gens de sa maison, pour leur distribuer la nourriture en son temps ? 46Heureux ce serviteur que son maître, à son retour, trouvera agissant ainsi ! 47En vérité, je vous le dis, il l’établira sur tous ses biens. 48Mais, si c’est un méchant serviteur, et que, disant en lui-même : Mon maître tarde à venir, 49il se mette à battre ses compagnons, à manger et à boire avec des gens adonnés au vin, 50le maître de ce serviteur viendra le jour où il ne l’attend pas, et à l’heure qu’il ne sait pas, 51et il le fera déchirer de coups, et lui assignera son lot avec les hypocrites : c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.

« Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, s’en allèrent au-devant de l’époux. 2Il y en avait cinq qui étaient folles, et cinq qui étaient sages. 3Les cinq folles, ayant pris leurs lampes, ne prirent pas d’huile avec elles ; 4mais les sages prirent de l’huile dans leurs vases avec leurs lampes. 5Comme l’époux tardait à venir, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. 6Au milieu de la nuit, un cri s’éleva : Voici l’époux qui vient, allez au-devant de lui. 7Alors toutes ces vierges se levèrent et préparèrent leurs lampes. 8Et les folles dirent aux sages : Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent. 9Les sages répondirent : De crainte qu’il n’y en ait pas assez pour nous et pour vous ; allez plutôt chez ceux qui en vendent, et achetez-en pour vous. 10Mais, pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva, et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée. 11Plus tard, les autres vierges vinrent aussi, disant : Seigneur, Seigneur, ouvrez-nous. 12Il leur répondit : En vérité, je vous le dis, je ne vous connais pas.

13« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour, ni l’heure.

14« Car il en sera comme d’un homme qui, partant pour un voyage, appela ses serviteurs et leur remit ses biens. 15À l’un il donna cinq talents, à un autre deux, à un autre un, selon la capacité de chacun, et il partit aussitôt. 16Celui qui avait reçu cinq talents, s’en étant allé, les fit valoir, et en gagna cinq autres. 17De la même manière, celui qui en avait reçu deux, en gagna deux autres. 18Mais celui qui n’en avait reçu qu’un, s’en alla creuser la terre, et y cacha l’argent de son maître. 19Longtemps après, le maître de ces serviteurs étant revenu, leur fit rendre compte. 20Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha et lui en présenta cinq autres, en disant : Seigneur, vous m’aviez remis cinq talents ; en voici de plus cinq autres que j’ai gagnés. 21Son maître lui dit : C’est bien, serviteur bon et fidèle ; parce que tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton maître. 22Celui qui avait reçu deux talents, vint aussi, et dit : Seigneur, vous m’aviez remis deux talents, en voici deux autres que j’ai gagnés. 23Son maître lui dit : C’est bien, serviteur bon et fidèle, parce que tu as été fidèle en peu de choses, je t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton maître. 24S’approchant à son tour, celui qui n’avait reçu qu’un talent, dit : Seigneur, je savais que vous êtes un homme dur, qui moissonnez où vous n’avez pas semé, et recueillez où vous n’avez pas vanné[192]. 25J’ai eu peur, et j’ai été cacher votre talent dans la terre ; le voici, je vous rends ce qui est à vous. 26Son maître lui répondit : Serviteur méchant et paresseux, tu savais que je moissonne où je n’ai pas semé, et que je recueille où je n’ai pas vanné ; 27il te fallait donc porter mon argent aux banquiers, et, à mon retour, j’aurais retiré ce qui m’appartient avec un intérêt. 28Ôtez-lui ce talent, et donnez-le à celui qui en a dix. 29Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance ; mais à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il a[193]. 30Et ce serviteur inutile, jetez-le dans les ténèbres extérieures : c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.

31« Lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, il s’assiéra sur le trône de sa gloire. 32Et, toutes les nations étant rassemblées devant lui, il séparera les uns d’avec les autres, comme le pasteur sépare les brebis d’avec les boucs. 33Et il mettra les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche[194]. 34Alors le Roi dira à ceux qui sont à sa droite : Venez, les bénis de mon Père : prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès l’origine du monde. 35Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ; 36nu, et vous m’avez vêtu ; malade, et vous m’avez visité ; en prison, et vous êtes venus à moi. 37Les justes lui répondront : Seigneur, quand vous avons-nous vu avoir faim, et vous avons-nous donné à manger ; avoir soif, et vous avons-nous donné à boire ? 38Quand vous avons-nous vu étranger, et vous avons-nous recueilli ; nu, et vous avons-nous vêtu ? 39Quand vous avons-nous vu malade ou en prison, et sommes-nous venus à vous ? 40Et le Roi leur répondra : En vérité, je vous le dis, toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. 41S’adressant ensuite à ceux qui seront à sa gauche, il dira : Retirez-vous de moi, maudits, allez au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et ses anges. 42Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; 43j’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli ; nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité. 44Alors eux aussi lui diront : Seigneur, quand vous avons-nous vu avoir faim ou soif, ou être étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et ne vous avons-nous pas assisté ? 45Et il leur répondra : En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait. 46Et ceux-ci s’en iront à l’éternel supplice, et les justes à la vie éternelle. »


TROISIÈME PARTIE.

[XXVI — XXVIII.]

VIE SOUFFRANTE ET GLORIEUSE DE JÉSUS

A. — La Passion.

[XXVI — XXVII.]

1. Chap. xxvi. 1-16. Le complot — repas de Béthanie.

Jésus ayant achevé tous ces discours, dit à ses disciples : 2« Vous savez que la Pâque a lieu dans deux jours, et que le Fils de l’homme va être livré pour être crucifié. »[195]

3Alors les Princes des prêtres et les Anciens du peuple se réunirent dans la cour du grand-prêtre, appelé Caïphe, 4et ils délibérèrent sur les moyens de s’emparer de Jésus par ruse et de le faire mourir. 5« Mais, disaient-ils, il ne faut pas que ce soit pendant la fête, de peur qu’il ne s’élève quelque tumulte parmi le peuple. »

6Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux,[196] 7une femme[197] s’approcha de lui, avec un vase d’albâtre contenant un parfum de grand prix ; et pendant qu’il était à table, elle répandit le parfum sur sa tête. 8Ce que voyant, les disciples dirent avec indignation : « À quoi bon cette perte ? 9On aurait pu vendre ce parfum très cher et en donner le prix aux pauvres. » 10Jésus, s’en étant aperçu, leur dit : « Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? C’est une bonne action qu’elle a faite à mon égard. 11Car vous avez toujours les pauvres avec vous ; mais moi, vous ne m’avez pas toujours. 12En répandant ce parfum sur mon corps, elle l’a fait pour ma sépulture. 13Je vous le dis, en vérité, partout où sera prêché cet évangile, dans le monde entier, ce qu’elle a fait sera raconté en mémoire d’elle. » 14Alors l’un des Douze, appelé Judas Iscariote, alla trouver les Princes des prêtres, 15et leur dit : « Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai ? » Et ils lui comptèrent trente pièces d’argent.[198] 16Depuis ce moment, il cherchait une occasion favorable pour livrer Jésus.

2. La sainte Cène — derniers avis (17-35).

17Le premier jour des Azymes, les disciples vinrent trouver Jésus, et lui dirent : « Où voulez-vous que nous préparions le repas pascal ? »[199] 18Jésus leur répondit : « Allez à la ville chez un tel, et dites-lui : Le Maître te fait dire : Mon temps est proche, je ferai chez toi la Pâque avec mes disciples. » 19Les disciples firent ce que Jésus leur avait commandé, et ils préparèrent la Pâque. 20Le soir étant venu, il se mit à table avec les Douze[200]. 21Pendant qu’ils mangeaient, il dit : « Je vous le dis en vérité, l’un de vous me trahira. » 22Ils en furent profondément attristés et chacun se mit à lui dire, : « Est-ce moi, Seigneur ? » 23Il répondit : « Celui qui a mis avec moi la main au plat, celui-là me trahira ![201] 24Le Fils de l’homme s’en va selon ce qui est écrit de lui ; mais malheur à l’homme par qui le Fils de l’homme est trahi ! Mieux vaudrait pour lui que cet homme-là ne fût pas né. » 25Judas, qui le trahissait, prit la parole et dit : « Est-ce moi, Maître ? » — « Tu l’as dit, » répondit Jésus. 26Pendant le repas, Jésus prit le pain ; et, ayant prononcé une bénédiction, il le rompit et le donna à ses disciples, en disant : « Prenez et mangez, ceci est mon corps. »[202] 27Il prit ensuite la coupe, et, ayant rendu grâces, il la leur donna en disant : « Buvez-en tous : 28car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, répandu pour la multitude en rémission des péchés[203]. 29Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. » 30Après le chant de l’hymne[204], ils s’en allèrent au mont des Oliviers. 31Alors Jésus leur dit : « Je vous serai à tous, cette nuit, une occasion de chute ; car il est écrit : Je frapperai le pasteur, et les brebis du troupeau seront dispersées.[205] 32Mais après que je serai ressuscité, je vous précéderai[206] en Galilée. » 33Pierre, prenant la parole, lui dit : « Quand vous seriez pour tous une occasion de chute, vous ne le serez jamais pour moi. » 34Jésus lui dit : « Je te le dis en vérité, cette nuit-même, avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. » 35Pierre lui répondit : « Quand il me faudrait mourir avec vous, je ne vous renierai pas. » Et tous les autres disciples dirent de même.

3. À Gethsémani (36-56).

36Alors Jésus arriva avec eux dans un domaine appelé Gethsémani, et il dit à ses disciples : « Asseyez-vous ici, pendant que je m’éloignerai pour prier. »[207] 37Ayant pris avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à éprouver de la tristesse et de l’angoisse. 38Et il leur dit : « Mon âme est triste jusqu’à la mort ; demeurez ici et veillez avec moi. » 39Et s’étant un peu avancé, il se prosterna la face contre terre, priant et disant : « Mon Père, s’il est possible, que ce calice passe loin de moi ! Cependant, non pas comme je veux, mais comme vous voulez. » 40Il vint ensuite à ses disciples, et, les trouvant endormis, il dit à Pierre : « Ainsi, vous n’avez pu veiller une heure avec moi ! 41Veillez et priez, afin que vous n’entriez point en tentation ; l’esprit est prompt, mais la chair est faible. » 42Il s’éloigna une seconde fois et pria ainsi : « Mon Père, si ce calice ne peut passer sans que je le boive, que votre volonté soit faite ! » 43Étant venu de nouveau, il les trouva encore endormis, car leurs yeux étaient appesantis. 44Il les laissa, et s’en alla encore prier pour la troisième fois, disant les mêmes paroles. 45Puis il revint à ses disciples et leur dit : « Dormez maintenant et reposez-vous ; voici que l’heure est proche, où le Fils de l’homme va être livré aux mains des pécheurs. — 46Levez-vous, allons, celui qui me trahit est près d’ici. » 47Il parlait encore, lorsque Judas, l’un des Douze, arriva, et avec lui une troupe nombreuse de gens armés d’épées et de bâtons, envoyée par les Princes des prêtres et les Anciens du peuple.[208] 48Le traître leur avait donné ce signe : « Celui que je baiserai, c’est lui, arrêtez-le. » 49Et aussitôt, s’approchant de Jésus, il dit : « Salut, Maître », et il le baisa. 50Jésus lui dit : « Mon ami, Pourquoi es-tu ici ? » En même temps, ils s’avancèrent, mirent la main sur Jésus et le saisirent. 51Et voilà qu’un de ceux[209] qui étaient avec Jésus, mettant l’épée à la main, en frappa le serviteur du grand prêtre et lui emporta l’oreille. 52Alors Jésus lui dit : « Remets ton épée à sa place ; car tous ceux qui se serviront de l’épée, périront par l’épée. 53Penses-tu que je ne puisse pas sur l’heure prier mon Père, qui me donnerait plus de douze légions d’anges ? 54Comment donc s’accompliront les Écritures, qui attestent qu’il en doit être ainsi ? » 55En même temps, Jésus dit à la foule : « Vous êtes venus, comme à un voleur, avec des épées et des bâtons pour me prendre. J’étais tous les jours assis parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m’avez pas saisi ; 56mais tout cela s’est fait, afin que s’accomplissent les oracles des prophètes. « Alors tous les disciples l’abandonnèrent et prirent la fuite.

4. Chez Caïphe (57-75).

57Ceux qui avaient arrêté Jésus l’emmenèrent chez Caïphe, le grand prêtre, où s’étaient assemblés les Scribes et les Anciens du peuple[210]. 58Pierre le suivit de loin jusqu’à la cour du grand prêtre, y entra, et s’assit avec les serviteurs pour voir la fin. 59Cependant les Princes des prêtres et tout le Conseil cherchaient quelque faux témoignage contre Jésus afin de le faire mourir ; 60et ils n’en trouvèrent point, quoique plusieurs faux témoins se fussent présentés. Enfin il en vint deux 61qui dirent : « Cet homme a dit : Je puis détruire le temple de Dieu et le rebâtir en trois jours. » 62Le grand prêtre, se levant, dit à Jésus : « Ne réponds-tu rien à ce que ces hommes déposent contre toi ? » 63Jésus gardait le silence. Et le grand prêtre lui dit : « Je t’adjure par le Dieu vivant de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu ? » 64Jésus lui répondit : « Tu l’as dit ; de plus, je vous le dis, dès ce jour vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant[211] et venir sur les nuées du ciel. » 65Alors le grand prêtre déchira ses vêtements, en disant : « Il a blasphémé, qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Vous venez d’entendre son blasphème : 66que vous en semble ? » Ils répondirent : « Il mérite la mort. » 67Alors ils lui crachèrent au visage, et le frappèrent avec le poing ; d’autres le souffletèrent, 68en disant : « Christ, devine qui t’a frappé. »

69Cependant Pierre était dehors, assis dans la cour. Une servante l’aborda et lui dit : « Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen. » 70Mais il le nia devant tous en disant : « Je ne sais ce que tu veux dire. » 71Comme il se dirigeait vers le vestibule, pour s’en aller, une autre servante le vit et dit à ceux qui se trouvaient là : « Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth. » 72Et Pierre le nia une seconde fois avec serment : « Je ne connais pas cet homme. » 73Peu après, ceux qui étaient là s’approchèrent de Pierre, et lui dirent : « Certainement, tu es aussi de ces gens-là ; car ton langage même te faire reconnaître. » 74Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer qu’il ne connaissait pas cet homme. Aussitôt le coq chanta.[212] 75Et Pierre se souvint de la parole que Jésus lui avait dite : « Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois[213] ; » et étant sorti, il pleura amèrement.

5. Devant Pilate (xxvii, 1-31).[214]

Dès le matin, tous les Princes des prêtres et les Anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus pour le faire mourir. 2Et, l’ayant lié, ils l’emmenèrent et le livrèrent au gouverneur Ponce Pilate.[215] 3Alors Judas, qui l’avait livré, voyant qu’il était condamné, fut touché de repentir, et rapporta les trente pièces d’argent aux Princes des prêtres et aux Anciens, 4disant : « J’ai péché en livrant le sang innocent. » Ils répondirent : « Que nous importe ? Cela te regarde. » 5Alors, ayant jeté les pièces d’argent dans le Sanctuaire, il se retira et alla se pendre. 6Mais les Princes des prêtres ramassèrent l’argent et dirent : « Il n’est pas permis de le mettre dans le trésor sacré, puisque c’est le prix du sang. » 7Et, après s’être consultés entre eux, ils achetèrent avec cet argent le champ du Potier pour la sépulture des étrangers. 8C’est pourquoi ce champ est encore aujourd’hui appelé Champ du sang.[216] 9Alors fut accomplie la parole du prophète Jérémie : « Ils ont reçu trente pièces d’argent, prix de celui dont les enfants d’Israël ont estimé la valeur ;[217] 10et ils les ont données pour le champ du Potier, comme le Seigneur me l’a ordonné. » 11Jésus comparut devant le gouverneur, et le gouverneur l’interrogea, en disant : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus lui répondit : « Tu le dis. »[218] 12Mais il ne répondait rien aux accusations des Princes des prêtres et des Anciens. 13Alors Pilate lui dit : « N’entends-tu pas de combien de choses ils t’accusent ? » 14Mais il ne lui répondit sur aucun grief, de sorte que le gouverneur était dans un grand étonnement.[219]

15À chaque fête de Pâque, le gouverneur avait coutume de relâcher un prisonnier, celui que demandait la foule. 16Or ils avaient alors un prisonnier fameux, nommé Barabbas. 17Pilate, ayant fait assembler le peuple, lui dit : « Lequel voulez-vous que je vous délivre, Barabbas ou Jésus qu’on appelle Christ ? » 18Car il savait que c’était par envie qu’ils avaient livré Jésus. 19Pendant qu’il siégeait sur son tribunal, sa femme lui envoya dire : « Qu’il n’y ait rien entre toi et ce juste ; car j’ai été aujourd’hui fort tourmentée en songe à cause de lui. » 20Mais les Princes des prêtres et les Anciens persuadèrent au peuple de demander Barabbas, et de faire périr Jésus. 21Le gouverneur, prenant la parole, leur dit : « Lequel des deux voulez-vous que je vous délivre ? » Ils répondirent : « Barabbas. » 22Pilate leur dit : « Que ferai-je donc de Jésus, appelé Christ ? » 23Ils lui répondirent : « Qu’il soit crucifié ! » Le gouverneur leur dit : « Quel mal a-t-il donc fait ? » Et ils crièrent encore plus fort : « Qu’il soit crucifié ! » 24Pilate, voyant qu’il ne gagnait rien, mais que le tumulte allait croissant, prit de l’eau et se lava les mains devant le peuple, en disant : « Je suis innocent du sang de ce juste ; à vous d’en répondre. » 25Et tout le peuple dit : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants ! » 26Alors il leur relâcha Barabbas ; et, après avoir fait battre de verges Jésus, il le livra pour être crucifié. 27Les soldats du gouverneur emmenèrent Jésus dans le prétoire, et ils assemblèrent autour de lui toute la cohorte. 28L’ayant dépouillé de ses vêtements, ils jetèrent sur lui un manteau d’écarlate. 29Ils tressèrent une couronne d’épines, qu’ils posèrent sur sa tête, et lui mirent un roseau dans la main droite ; puis, fléchissant le genou devant lui, ils lui disaient par dérision : « Salut, roi des Juifs. » 30Ils lui crachaient aussi au visage, et prenant le roseau, ils en frappaient sa tête. 31Après s’être ainsi joués de lui, ils lui ôtèrent le manteau, lui remirent ses vêtements et l’emmenèrent pour le crucifier.

6. Au Calvaire (vers. 32-56).

32Comme ils sortaient, ils rencontrèrent un homme de Cyrène, nommé Simon, qu’ils réquisitionnèrent pour porter la croix de Jésus.[220] 33Puis, étant arrivés au lieu appelé Golgotha[221], c’est-à-dire, le lieu du Crâne, 34ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel[222] ; mais, l’ayant goûté, il ne voulut pas le boire. 35Quand ils l’eurent crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en les tirant au sort, afin que s’accomplît la parole du Prophète : « Ils se sont partagés mes vêtements, et ils ont tiré ma robe au sort. » 36Et, s’étant assis, ils le gardaient. 37Au-dessus de sa tête ils mirent un écriteau indiquant la cause de son supplice : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs. » 38En même temps, on crucifia avec lui deux brigands, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche. 39Et les passants l’injuriaient, branlant la tête 40et disant : « Toi, qui détruis le temple et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même ! Si tu es Fils de Dieu, descends de la croix ![223] » 41Les Princes des prêtres, avec les Scribes et les Anciens, le raillaient aussi et disaient : 42« Il en a sauvé d’autres, et il ne peut se sauver lui-même ; s’il est roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui. 43Il s’est confié en Dieu ; si Dieu l’aime, qu’il le délivre maintenant ; car il a dit : Je suis Fils de Dieu. » 44Les brigands[224] qui étaient en croix avec lui, l’insultaient de la même manière. 45Depuis la sixième heure[225] jusqu’à la neuvième, il y eut des ténèbres sur toute la terre. 46Vers la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte : « Éli, Éli, lamma sabacthani, c’est-à-dire, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? »[226] 47Quelques-uns de ceux qui étaient là, l’ayant entendu, dirent : « Il appelle Élie. » 48Et aussitôt[227] l’un d’eux courut prendre une éponge qu’il emplit de vinaigre, et, l’ayant mise au bout d’un roseau, il lui présenta à boire. 49Les autres disaient : « Laisse ; voyons si Élie viendra le sauver. » 50Jésus poussa de nouveau un grand cri et rendit l’esprit. 51Et voilà que le voile[228] du sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas, la terre trembla, les rochers se fendirent, 52les sépulcres s’ouvrirent, et plusieurs saints, dont les corps y étaient couchés, ressuscitèrent. 53Étant sortis de leur tombeau, ils entrèrent, après la résurrection de Jésus, dans la ville sainte et apparurent à plusieurs. 54Le centurion et ceux qui étaient avec lui pour garder Jésus, voyant le tremblement de terre et tout ce qui se passait, furent saisis d’une grande frayeur, et dirent : « Cet homme était vraiment Fils de Dieu. » 55Il y avait là aussi plusieurs femmes qui regardaient de loin ; elles avaient suivi Jésus depuis la Galilée, pour le servir. 56Parmi elles étaient Marie-Madeleine, Marie mère de Jacques et de Joseph, et la mère des fils de Zébédée.

7. La sépulture (vers. 57-66).

57Sur le soir, arriva un homme riche d’Arimathie, nommé Joseph, qui était aussi un disciple de Jésus. 58Il alla trouver Pilate, et lui demanda le corps de Jésus. Et Pilate ordonna qu’on le lui remît. 59Joseph prit le corps, l’enveloppa d’un linceul blanc, 60et le déposa dans le sépulcre neuf, qu’il avait fait tailler dans le roc pour lui-même ; puis, ayant roulé une grosse pierre à l’entrée du sépulcre, il s’en alla. 61Or Marie-Madeleine et l’autre Marie étaient là, assises vis-à-vis du sépulcre.

62Le lendemain, qui était le samedi[229], les Princes des prêtres et les Pharisiens allèrent ensemble trouver Pilate, 63et lui dirent : « Seigneur, nous nous sommes rappelés que cet imposteur, lorsqu’il vivait encore, a dit : Après trois jours je ressusciterai ; 64commandez donc que son sépulcre soit gardé jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent dérober le corps et ne disent au peuple : Il est ressuscité des morts. Cette dernière imposture serait pire que la première. » 65Pilate leur répondit : « Vous avez une garde ; allez, gardez-le comme vous l’entendez. » 66Ils s’en allèrent donc et ils s’assurèrent du sépulcre en scellant la pierre et en y mettant des gardes.

B. — Jésus ressuscité.

[XXVIII.]


Les saintes femmes au tombeau ; Jésus leur apparaît (vers. 1-12). Les gardes soudoyés (13-15). Apparition en Galilée, mission des Apôtres (16-20).[230]

Après le sabbat, dès l’aube du premier jour de la semaine, Marie-Madeleine et l’autre Marie allèrent visiter le sépulcre. 2Et voilà qu’il se fit un grand tremblement de terre ; car un ange du Seigneur, étant descendu du ciel, vint rouler la pierre, et s’assit dessus. 3Son aspect ressemblait à l’éclair, et son vêtement était blanc comme la neige. 4À sa vue, les gardes furent frappés d’épouvante, et devinrent comme morts. 5Et l’ange, s’adressant aux femmes, dit : « Vous, ne craignez pas ; car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié. 6Il n’est point ici ; il est ressuscité comme il l’avait dit. Venez, et voyez le lieu où le Seigneur avait été mis ; 7et hâtez-vous d’aller dire à ses disciples qu’il est ressuscité des morts. Voici qu’il va se mettre à votre tête en Galilée ; là, vous le verrez ; je vous l’ai dit. » 8Aussitôt elles sortirent du sépulcre avec crainte et grande joie, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples. 9Et voilà que Jésus se présenta devant elles et leur dit : « Salut ! « Elles s’approchèrent, et embrassèrent ses pieds, se prosternant devant lui. 10Alors Jésus leur dit : « Ne craignez point ; allez dire à mes frères de se rendre en Galilée[231] : c’est là qu’ils me verront. » 11Pendant qu’elles étaient en chemin, quelques-uns des gardes vinrent dans la ville et annoncèrent aux Princes des prêtres tout ce qui était arrivé. 12Ceux-ci rassemblèrent les Anciens, et, ayant tenu conseil, ils donnèrent une grosse somme d’argent aux soldats, 13en leur disant : « Publiez que ses disciples sont venus de nuit, et l’ont enlevé pendant que vous dormiez. 14Et si le gouverneur vient à le savoir, nous l’apaiserons, et nous vous mettrons à couvert. » 15Les soldats prirent l’argent, et firent ce qu’on leur avait dit ; et ce bruit qu’ils répandirent se répète encore aujourd’hui parmi les Juifs. 16Les onze disciples s’en allèrent en Galilée, sur la montagne que Jésus leur avait désignée. 17En le voyant, ils[232] l’adorèrent, eux qui avaient hésité à croire. 18Et Jésus s’approchant, leur parla ainsi : « Toute puissance m’a été donnée dans le ciel et sur la terre. 19Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, 20leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé : et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde[233]. »

  1. La table généalogique de Jésus-Christ qui ouvre le Nouveau Testament, est comme le lien qui rattache l’ancienne alliance à la nouvelle (Gen. xii, 3 ; xviii, 18 ; II Sam. vii, 12 ; Luc, iii, 23-38).
  2. Jessé : le nom du père de David, en hébreu Ischat, a été transcrit Isai par S. Jérôme (I Sam. xvi, 1) ; mais les Septante ont lu Ιεσσαι, d’où Jessé dans les parties les plus anciennes de la Vulgate.
  3. Plusieurs mss. répètent ici « le roi » : « Le roi David engendra Salomon. »
  4. Jéchonias ou Joachim, petit-fils de Josias, n’a pas de frères nommés dans l’Écriture, tandis que Joakim, son père, en eut trois, dont deux régnèrent (II Rois, xxiii, 30 - xxiv, 17 ; I Par. iii, 15). Peut-être faudrait-il lire ici, avec quelques manuscrits : Josias engendra Joakim et ses frères ; Joakim engendra Jéchonias au temps de la déportation à Babylone.
  5. Christ du grec Χριστος ; répond au mot hébreu maschîah, d’où l’on a fait Messie, et signifie oint. Christ et Messie sont donc des appellations identiques pour le sens.
  6. S. Matthieu a voulu enfermer toute la généalogie de J.-C. dans un cadre symétrique, dont chaque période, composée de 14 générations, reproduisît 2 fois le nombre 7, sacré chez les Juifs ; et, en cela, il n’a fait que suivre la coutume des Orientaux, qui, pour aider la mémoire, divisaient les généalogies en groupes artificiels, omettant sans scrupule quelques anneaux de la chaîne. On trouve les trois séries de 14 générations, soit en intercalant Joakim (note du vers. 11), soit en comptant deux fois Jéchonias qui, engendré avant la transmigration et engendrant après, forme en quelque sorte une double personne par rapport à cet événement.
  7. Fiancée. Les fiancés n’habitaient point ensemble ; mais le lien qui les unissait était si étroit, qu’on les désignait déjà sous les noms de mari et de femme, et qu’il fallait pour le rompre, un écrit de répudiation, comme s’il se fût agi d’époux véritables (Deut. xxii, 24). Un an après les fiançailles, on conduisait en grande cérémonie la fiancée dans la maison de son époux, et le mariage était complet.
  8. 21. Jésus (de l’hébr. Yehoschouah, contracté après l’exil en Yêschouah, litt. Yahweh est sauveur) c.-à-d. Sauveur.
  9. 23. Is. vii, 14.
  10. 24. Il prit avec lui, chez lui : cette conduite de la fiancée dans la maison de l’époux était la cérémonie principale du mariage. Elle eut lieu après les trois mois que Marie passa chez sa cousine Élisabeth (Luc, i, 56).
  11. II, 1. De Judée, Vulg. de Juda.
  12. 2. L’adorer, lui rendre hommage en nous prosternant devant lui ; c’est le sens du verbe προσκυνῆσαι.
  13. 5-6. Le Prophète Michée (v. 1). L’hébreu porte : « Et toi, Bethléem Ephrata, tu es bien petite pour être comptée parmi les chefs-lieux de Juda (litt. les milliers, en hébr. ’alaphim, villes d’environ mille citoyens, ayant chacune un chef, en hébr. ’alouph, Vulg. princeps) ; cependant de toi sortira, » etc. S. Matthieu cite librement, en conservant le sens général.
  14. 11. La maison : Jésus n’était donc plus dans l’étable où il était né.
  15. 15. Osée, xi, 1. Ces paroles s’appliquent dans le sens historique et immédiat, au peuple juif, que Dieu appelle son fils premier-né (Exod. iv, 22. Comp. Jér. xxxi, 9), et, dans le sens typique, à J.-C., le véritable Fils de Dieu.
  16. 18. Rachel, la mère de Benjamin et des Benjamites, avait été inhumée non loin de Bethléem (Gen. xxxv, 19). Jér. xxi, 15 la représente, pleurant ses enfants réunis à Rama avant de partir pour l’exil de Babylone. D’après S. Matthieu, elle se lève encore une fois de son sépulcre, pour mêler ses cris aux cris des mères inconsolables.
  17. 20. Ceux qui en voulaient : pluriel de catégorie, désigne Hérode seul. Allusion à Exod. iv, 19.
  18. III. 2. Repentez-vous : littér, changez de sentiments, Μετανοεῖτε, c’est le convertissez-vous des anciens Prophètes. — Royaume des cieux : Voy. le Vocab.
  19. 3. Dans ce passage, Isaïe (xl, 3-5) contemple et décrit d’une manière dramatique le retour des Juifs après l’exil de Babylone : Yahweh, leur roi, s’avance à leur tête, suivant l’usage de l’Orient, un héraut le précède pour annoncer son passage et faire aplanir les chemins devant lui. Dans le sens typique, Israël revenant de la Chaldée représente les enfants de Dieu sortant, sous la conduite du Dieu Sauveur, de la captivité du péché ; le héraut, c’est Jean-Baptiste, le Précurseur. Les trois autres évangélistes ont également signalé ce rapport prophétique (Marc, i, 3 ; Luc, iii, 4 ; Jean, i, 23)
  20. 7. La colère qui vient, le dernier jugement (comp. Rom. i, 18 ; Eph. ii, 4), conçu dans l’Ancien Testament comme lié à l’avènement du Messie.
  21. IV. 1. Voir Marc, i, 12-13 ; Luc, iv, 1-13.
  22. 4. Deut. viii, 3. Sens : Toute parole créatrice de Dieu peut fournir, à qui manque de pain, une nourriture miraculeuse qui lui conserve la vie.
  23. 6. Ps. xci (héb.) 11, 12.
  24. 7. Deut. vi, 16.
  25. 10. Satan, litt. adversaire, contradicteur, est dans la Bible l’appellation personnelle du chef des démons (Job, i, 6 ; ii, 1). Ce n’est pas seulement comme un homme ordinaire, c’est comme Messie, que Jésus est tenté, et les images que l’esprit du mal fait passer sous ses yeux le prouvent bien. Satan ne fait, au désert, que résumer tout le programme du faux messianisme, tel que le rêvaient les Juifs charnels. Pour eux, le Messie devait, ceint de l’épée, abattre toute puissance rivale et faire régner sur la terre de Juda une abondance sans égale. En repoussant le rôle qu’on lui suggère, Jésus heurtera tous les préjugés de la nation, et soulèvera toute sa haine.
  26. 12. Marc, i, 14 ; Luc, iv, 14.
  27. 15-16. Citation libre d’Is. (viii, 23 et ix, 1), d’après l’hébreu.
  28. 18. Pierre (Jean, i, 42), traduction de l’araméen Kêpha, rocher (Marc, i, 16 ; Luc, v, 1).
  29. 22. Leur barque, Vulgate, leurs filets.
  30. 24. Lunatiques : on appelait ainsi les épileptiques, dont on regardait l’affection comme soumise aux influences de la lune.
  31. V, 3. Les pauvres en esprit : ceux qui n’ont pas l’esprit des richesses, le faste, l’orgueil, l’avidité insatiable ; mais qui ont l’esprit de pauvreté, sont humbles. (Luc, vi, 20.)
  32. 4. La terre promise, voy. le Ps. xxxvii (héb.).
  33. 18. Un seul iota, etc. Locution proverbiale pour exprimer la plus petite partie d’une chose. La lettre y, yod en hébreu, rendue par le iota grec, est la plus petite des lettres hébraïques ; un trait litt. une corne, une partie de lettre.
  34. 21. Il s’agit du tribunal établi dans chaque ville de province ; il jugeait sans appel les causes légères, et, sauf appel au Sanhédrin, les causes graves, même capitales.
  35. 22. D’après la loi, lue dans les synagogues, l’homicide relevait d’un tribunal pouvant porter la peine de mort. Le divin Maître ne proscrit pas seulement l’homicide, mais ce qui peut y conduire comme la haine, la colère. Il met en gradation les fautes : la simple colère, la colère accompagnée de paroles outrageantes, méprisantes et la colère accompagnée de la plus grave injure pour un membre du peuple de Dieu, l’accusation de cette folie religieuse qu’est l’impiété, l’athéisme (Ps. lii, 1). Les peines sont également en gradation avec les tribunaux qui les portent : le tribunal ordinaire établi dans les différentes parties du pays ; le tribunal supérieur, nommé conseil, sanhédrin, dont les sentences étaient plus graves. Enfin la Géhenne, gêhinnom, vallée d’Hinnom, figure de l’enfer.
  36. 31. Jésus s’adressait ici à des auditeurs juifs ; or, dans l’état social juif, renvoyer sa femme, s’en séparer, c’était l’exposer fatalement à l’adultère, la rendre adultère.
  37. 38-39. Œil pour œil : c’est la loi du talion. Inscrite dans la législation mosaïque (Ex. xxi, 23, 24 ; Lév. xxiv, 20), elle l’était aussi dans celle de Solon et dans les Douze Tables. Chez les Hébreux, les juges seuls en faisaient l’application et souvent ils se contentaient de satisfactions pécuniaires. Mais les docteurs juifs en avaient abusé pour ouvrir la voie aux vengeances privées.
  38. 46. Publicains : collecteurs d’impôts, chargés de les recueillir pour le compte des Romains. De là le mépris des Juifs pour eux.
  39. VI, 2. Sonner de la trompette doit s’entendre dans le sens métaphorique : n’agissez pas avec ostentation.
  40. 6. Vulg. Prie ton Père dans ce lieu secret.
  41. 11. Nécessaire à notre subsistance : c’est le même terme que la Vulgate a rendu en S. [[Bible_Crampon_1923/Luc#Bible_Crampon_1923/LucCH11|Luc xi, 3 par quotidien, équivalent pour le sens.
  42. 24, La Richesse personnifiée. La Vulg. comme le texte grec, a gardé ici le mot Mammona, ou plutôt Mamôna, nom syro-chaldaïque de la richesse.
  43. 27. La première et principale signification du mot grec est celle de durée, longueur de la vie. Le sens de croissance comme signe de l’âge (d’où taille, stature) n’est que secondaire. Ce dernier sens, adopté par la Vulgate, ne convint guère au contexte. Ajouter une coudée à sa taille, ce serait l’augmenter considérablement, et il paraît bien ici que le Sauveur veut parler d’une très faible mesure. Puis, quel intérêt peut-il y avoir à ajouter une coudée à sa taille ? Le contexte montre qu’il s’agit ici du souci quotidien de l’existence. Ajouter à la durée de sa vie la longueur d’une coudée, c’est ajouter aussi peu que possible. Ainsi dans le Ps. xxxix (Vulg. 38), 6, on applique à la durée les mesures de l’espace : « Quelques palmes (largeur de la main) c’est ce que vous m’avez donné de jours. »
  44. VII, 21-27. Ces versets forment l’épilogue du Sermon sur la montagne.
  45. VIII, 2. Cf. Luc, v, 12-16.
  46. 5. Centurion : officier qui commandait une compagnie de cent hommes. Cf. Luc, vii, 1-10.
  47. 12. Les fils du royaume, les Juifs, appelés les premiers à faire partie du royaume du Messie. — Ténèbres extérieures : c.-à-d. hors de la salle du festin.
  48. 14. Cf. Marc, i, 29-34 ; Luc, iv, 38-41.
  49. 18. Cf. Is. liii, 4.
  50. 19-22. Cf. Luc, ix, 57-62.
  51. 20. Le Fils de l’homme : un des titres du Messie dans le N.T. Cf. Dan. vii, 13.
  52. 23. Marc, iv, 35-40 ; Luc, viii, 22-25.
  53. 28. Géraséniens : ce nom est écrit diversement dans les manuscrits grecs : Gergéséniens, Géraséniens, Gadaréniens.
  54. 29. Mot à mot : Qu’y a-t-il à nous et à toi ? Cet hébraïsme, qui se rencontre une dizaine de fois dans l’A. et le N. Testament, a le sens général de soyez tranquilles, laissez-nous tranquilles, avec la nuance et l’accent particulier qu’y mêle la bienveillance ou le mécontentement. Au passage parallèle, S. Luc, iv, 34, donne à cette expression hébraïque son équivalent grec Ἔα, laissa.
  55. IX, 1. Marc, ii, 1-12 ; Luc, v, 17-26. Sa ville, Capharnaüm, où il faisait sa résidence ordinaire.
  56. 9. Marc, ii, 13-22 ; Luc, v, 27-39.
  57. 13. Je veux (Osée, vi, 6) : cette parole, d’après l’usage de la langue hébraïque, signifie : J’aime mieux la miséricorde que le sacrifice.
  58. 15. Les amis de l’époux ou du fiancé (litt. les fils de la chambre nuptiale), ses compagnons, les paranymphes, comme les Grecs les appelaient.
  59. 16. Étoffe neuve, en grec, non foulée, non assouplie par le travail du foulon ou par l’usage.
  60. 18. Marc, v, 22-43 ; Luc, viii, 41-56.
  61. 20. La houppe : d’après la loi (Nombr. xv, 38 ; Deut. xxii, 12), les Hébreux devaient porter, à chacun des coins de leur manteau (longue pièce de drap quadrangulaire), une houppe composée de fils de laine, comme un mémorial des commandements du Seigneur. C’est cette houppe que la plupart appellent improprement frange.
  62. X, 2. Cf. Marc, iii, 13-19 ; Luc, vi, 12-16. Apôtres, c’est-à-dire envoyés, ambassadeurs. Jésus appela ainsi les douze hommes qu’il choisit parmi tous ses disciples pour annoncer sa doctrine, établir son Église, et que le Saint-Esprit pourvut des dons nécessaires à cette fin. L’ancien peuple de Dieu descendait des douze fils de Jacob : l’Israël selon l’esprit, l’Église chrétienne, devait avoir aussi ses douze patriarches. Nous avons quatre listes officielles des membres du collège apostolique ; dans toutes S. Pierre figure au premier rang. Si nous partageons les Apôtres en trois groupes de quatre, les mêmes noms apparaissent dans chaque groupe, mais souvent avec une place différente. Premier groupe : Pierre, André, Jacques le Majeur et Jean (l’Évangéliste) ; deuxième : Philippe, Barthélémy (c.-à-d. fils de Tholmal, probablement le même que Nathanaël (Jean, i, 45 ; xxi, 2), Thomas (Didyme, comme traduit saint Jean, xi, 16, c.-à-d. jumeau) et Matthieu ; troisième : Jacques le Mineur, Simon, Thaddée et Judas.
  63. 3. Thaddée : beaucoup de manuscrits grecs portent : Lebbée surnommé Thaddée, et vraisemblablement Lebbée est la leçon originale de S. Matthieu. D’ailleurs, ces deux noms sont synonymes. Il est probable que l’apôtre, dont le vrai nom était Judas (Luc, vi, 16), fut appelé Thaddée, pour le distinguer de Judas le traître.
  64. 4. Le Zélé, ou le Zélote ; c’est le sens du mot Καναναῖος (Vulgate Cananœus) dérivé de l’hébreu qâna’, être enflammé de zèle. — Iscariote, c’est-à-dire homme de Karioth (Kérioth), ville de la tribu de Juda, à une journée au delà d’Hébron ; ce surnom servait à le distinguer de Thaddée, qui s’appelait aussi Jude ou Judas.
  65. 5. Cf. Marc, vi, 7, 13 ; Luc, ix, 1-6.
  66. 12. En disant : Paix à cette maison. Ces mots ne se lisent pas dans le grec. Ils auront été ajoutés dans la Vulgate d’après S. Luc, x, 5, pour expliquer saluez-la, qui précède, et qui dit implicitement la même chose ; car la formule ordinaire de salutation chez les Hébreux était : Paix à toi, et le texte araméen de S. Matthieu devait porter, comme la version syriaque : en entrant dans la maison invoquez la paix sur elle.
  67. 23. Conformément au langage biblique, toute manifestation spéciale de la puissance du Messie dans le monde peut être appelée un avènement du Fils de l’homme. Or, la plus éclatante de ces manifestations depuis la mort du Sauveur, c’est la ruine de Jérusalem.
  68. 25. Béelzébub, litt. Seigneur-Mouche. II Rois, i, 2. Les manuscrits grecs ont Beelzéboul, c.-à-d. maître de l’habitation. Quoi qu’il en soit de la forme, c’est le nom qu’on donnait au prince des démons.
  69. 29. As, monnaie romaine qui avait cours chez les Hébreux, et valait environ six centimes.
  70. XI, 2. Dans sa prison : voy. iv, 12 ; xix, 1 sv. Cf. Luc, vii, 18-35.
  71. 5. C’est sous ces traits que Isaïe décrit la venue du Messie (Is. xxxv, 5 ; lxi, 1-5).
  72. 10. Ἄγγελόν, d’où est venu notre mot ange, a le sens de messager, hérault.
  73. 11. Il n’en a point paru, litt. il n’en a pas été suscité de plus grand. Entre tous les hommes (juges, rois, prophètes) que Dieu avait jusqu’alors suscités, c’est-à-dire investis d’une mission providentielle, aucun n’avait été élevé à une fonction aussi haute que Jean-Baptiste. — Placé sur la limite des deux Testaments, Jean-Baptiste appartient et à l’ancienne loi comme précurseur du Messie, et à la nouvelle, comme disciple de Jésus-Christ. Mais on le considère ici uniquement comme précurseur ; et sous ce rapport (qui fait abstraction de sa sainteté personnelle) quoique aucun des saints personnages de l’Ancien Testament ne soit plus grand que lui, il est inférieur en dignité au plus petit des disciples de Jésus, tant la religion chrétienne l’emporte sur la religion mosaïque.
  74. 14. Voy. Luc, xvi, 16. Les meilleurs manuscrits grecs n’ont pas ici (comme dans Marc et Luc) ἀκούειν, audiendi.
  75. 21. Corozaïn, en grec et en syriaque : Corazin, ville de Galilée, sur le lac de Tibériade, non loin de Capharnaüm.
  76. 23. Les enfers, le Schéol des Hébreux, le Hadès des Grecs, c’est-à-dire le séjour des morts en général, que l’on se représentait comme une sombre région, située dans les profondeurs de la terre.
  77. 25. Cf. Luc, 21-22 et Jean, vi, 46 ; vii, 28 ; viii, 19 et x, 15.
  78. 29. Recevez mes leçons, devenez mes disciples. D’autres : Et apprenez de moi que je suis doux, etc. Le premier sens est mieux en rapport avec le contexte, car Jésus expose ici non l’objet de son enseignement, mais les motifs qui doivent nous engager à devenir ses disciples.
  79. XII. 2. La lutte entre Jésus et l’esprit étroit des Pharisiens va s’engager d’une façon plus décidée. Les divers faits groupés ici par S. Matthieu se rapportent à cette pensée commune. Cf. Marc, ii, 23-28. Luc, vi, 1-5.
  80. 3. Deut. xxiii, 26.
  81. 4. Dans la maison de Dieu, le tabernacle, alors à Nobé (I Sam. xxi, 6).
  82. 9. Marc, iii, 1-6 ; Luc, vi, 6-11.
  83. 12. Marc, iii, 7, 12 ; Luc, vi, 17-29.
  84. 17. Is. xlii, 1-4.
  85. 24. Cf. Marc, iii, 20-30.
  86. 28. L’Esprit de Dieu. S. Luc dit : le doigt de Dieu, c’est-à-dire la vertu de Dieu.
  87. 40. La résurrection de J.-C., le troisième jour après sa mort, sera le signe, la preuve incontestable de sa divinité. Pour les Hébreux, le mot jour désigne le temps de la lumière, opposé à la nuit (Gen. i, 5). Pour signifier le jour civil de 24 heures, ils disaient : jour et nuit (comp. le gr. νυκθήμερον). Ainsi trois jours et trois nuits sont trois jours civils, complets ou incomplets. Jésus, mis au tombeau le vendredi, devait ressusciter le troisième jour civil suivant, c’est-à-dire le dimanche. Comp. xx, 19.
  88. 42. La reine du Midi, de Saba (Arabie Heureuse). Voy. I Rois, x, 1 sv.
  89. 46. Le mot frère se prenait chez les Hébreux dans le sens de proche, en général, de là pour cousin, neveu, etc. Cf. Gen. xiii, 8 ; xiv, 6. Ceux qui portent ce nom de frères de Jésus sont Jacques, José ou Joseph, Simon et Jude dont la mère était une Marie distincte de la Sainte Vierge, sa sœur ou belle-sœur (Matth. xxviii, 56), femme de Cléophas ou Alphée (Jean, xix, 25 ; Matth. x, 3 ; Marc, iii, 18 ; Luc, vi, 15). (Clément d’Alexandrie, Origène, S. Jérôme.)
  90. XIII, 3. Marc, iv, 1-9 ; Luc, viii, 4, 8.
  91. 9. Cf. xi, 14.
  92. 10. Marc, iv, 10-12 ; Luc, viii, 10-11.
  93. 12. Pour comprendre les mystères du royaume de Dieu qu’il dévoile sous les symboles de ces paraboles spéciales, il faut une grâce d’en haut, et cette grâce n’est donnée qu’aux âmes droites et dociles. Il ne s’agit pas ici des paraboles morales, mais des paraboles relatives plus directement au royaume dont on ne pouvait bien saisir le sens sans en avoir la clef.
  94. 14. Isaïe, vi, 6, 9 et 10 ; Marc, iv, 13-20 ; Luc, viii, 12-16.
  95. 32. Marc, iv, 30-32 ; Luc, xiii, 18-19.
  96. 33. Luc, xiii, 20. La parabole du grain de sénevé et celle du levain ont la même signification, la merveilleuse expansion de l’Église ; avec une nuance cependant. La première marque les progrès futurs du royaume de Dieu par le côté extérieur et visible ; la parabole du levain laisse entrevoir la vertu secrète et puissante qui doit les opérer.
  97. 34. Marc, iv, 33.
  98. 46. L’excellence du nouveau royaume est exprimée dans les deux paraboles du trésor caché et de la perle. La seule différence est que le trésor caché a été trouvé sans le chercher : la perle au contraire a été cherchée avec ardeur. Cette circonstance complète l’enseignement de la parabole du trésor caché.
  99. 53. Marc, vi, 1-6.
  100. XIV, 1. Marc, vi, 14-16 ; Luc, x, 7-9.
  101. 3. Marc, ii, 17-29 ; Luc, iii, 19-20. En prison, dans la forteresse de Machéronte, près de la mer Morte.
  102. 13. Marc, vi, 30-39 ; Luc, ix, 10-17 ; Jean, vi, 1-15.
  103. 22. Marc, vi, 45-52 ; Jean, vi, 15-21.
  104. 34. Marc, vi, 53-56.
  105. XV, 2. Marc, vii, 1-13.
  106. 5. Quand un Juif voulait consacrer à Dieu ou au temple une propriété, une somme d’argent, un bien quelconque, il n’avait qu’à prononcer le mot qorban, c’est-à-dire don, offrande, ce bien était dès lors considéré connue appartenant irrévocablement à Dieu ; ni les parents dans le besoin, ni même les créanciers n’y avaient plus aucun droit. Sens des vers. 4-6 : Dieu vous commande d’honorer, et par suite d’assister vos parents. Or, ce précepte divin, vous le détruisez par une tradition absurde qui autorise un fils à répondre à ses parents dans le besoin : « Ce bien qui pourrait vous venir en aide, est qorban, je le voue (ou je l’ai voué) au temple : je suis donc quitte envers vous ; je n’ai pas besoin de vous assister autrement. » Vulgate : Toute offrande que je fais à Dieu te profitera, te viendra suffisamment en aide, etc. ; le sens reste le même.
  107. 7. Isaïe, xxix, 13.
  108. 11. Marc, vii, 14-25. C’est dans l’homme intérieur qu’il faut chercher la raison de la sainteté ou de la malice. Prise en soi et indépendamment de tout précepte divin, la nourriture est, au point de vue moral, chose indifférente.
  109. 21. Marc, vii, 24-30.
  110. 26. Notre-Seigneur s’exprime selon la manière de parler des Juifs, qui s’appelaient eux-mêmes enfants de Dieu, et donnaient aux païens, par mépris, le nom de chiens. Ce langage est moins dur qu’il ne paraît d’abord ; cette femme savait bien qu’elle était païenne ; pour le lui dire, Jésus emploie une locution proverbiale souvent en usage alors, et cela d’une voix et d’un visage où il y avait plus de bonté que de reproche, comme la suite le fait voir.
  111. 29. Près de la mer de Galilée : sur la rive orientale, dans la Décapole, Marc, vii, 31.
  112. 30. Des sourds-muets ; entre autres, celui dont S. Marc raconte, avec détails, la guérison (vii, 32 sv.).
  113. 32. Marc, viii, 1-10.
  114. 39. La Vulg. met ici Magédan ; le grec varie entre Magadan et Magdala. Cette dernière ville, aujourd’hui pauvre village nommé Medjdel, était la patrie de Marie Madeleine ou de Magdala. Voy. Marc, viii, 10.
  115. XVI, 1. Marc, viii, 11-13 ; Luc, xii, 54-56 .
  116. 5-12. Marc, viii, 14-21 .
  117. 6. Comp. la parabole du levain (xiii, 33) et les enseignements de S. Paul I Cor. v, 6 sv ; Gal. v, 9.
  118. 13. Marc, viii, 27-30 ; Luc, ix, 18-21 .
  119. 17. Simon, fils de Jean ou de Jonas (les manuscrits offrent les deux leçons) : il est probable que Jonas ici n’est qu’une forme abrégée de Johanan, Jean.
  120. 18. Pierre, c.-à-d. rocher, un homme rocher. Telle est, par rapport à l’édifice extérieur de l’Église, la signification précise du nom de Pierre (araméen Céphas), que le Sauveur avait promis à Simon, fils de Jean, la première fois qu’il le rencontra (Jean, i, 42). — Mon Église, litt. assemblée, réunion, société) l’Église chrétienne, seul et véritable royaume du Messie sur la terre. — Les portes : image de la puissance ; chez les anciens Orientaux, c’est aux portes des villes que les autorités du pays rendaient la justice. — Aucune des puissances hostiles à l’Église, ni le royaume de la mort, ni celui de Satan, ne prévaudra contre elle.
  121. 19. Les clefs sont, dans la Bible (Is. xxii, 22), le symbole de l’autorité souveraine ; comp. Apoc. iii, 7 . Dans le pouvoir de lier et de délier, il y a la même pensée sous une autre image. C’est comme si N.-S. disait à Pierre : Je te ferai, sur terre, le chef suprême de mon royaume, c.-à-d. d’après le contexte, de mon Église. Cette autorité, qui n’est ici que promise au prince des Apôtres, il la lui conféra en effet, après sa résurrection par l’ordre trois fois répété : Pais mes agneaux, pais mes brebis (Jean, xxi, 15).
  122. 21. Marc, viii, 31-32.
  123. 23. Satan, adversaire, tentateur, mauvais conseiller : comp. iv, 10.
  124. 24. Marc, viii, 34-39 ; Luc, ix, 23-27. Être mon disciple ; litt. Venir après moi.
  125. 27-28. Le vers. 27 désigne clairement le second avènement de J.-C., en qualité de juge suprême de tous les hommes, à la fin du monde. De quel avènement du Fils de Dieu s’agit-il au vers. 28 ? Deux circonstances le caractérisent : plusieurs des contemporains de Jésus le verront, et lui-même y signalera sa souveraine puissance, comme il est dit en S. Marc, viii, 39. Il s’agit de la ruine de Jérusalem et du judaïsme, à laquelle correspond l’établissement du christianisme dans les principales contrées de l’univers. Ce grand fait peut être considéré comme le premier acte de la puissance suprême du Roi-Messie, juge du monde, dans le grand drame de l’histoire de son royaume. Ce jour-là, quoique invisible, on peut dire qu’il est venu, puisqu’il a fait fonction de juge souverain. Le dernier acte du drame, dont le premier est comme la figure, s’accomplira à la fin des temps.
  126. XVII, 1. Marc, ix, 1, 9; Luc, ix, 28-36. Montagne : une tradition, qui remonte à S. Cyrille de Jérusalem et à S. Jérôme, désigne le mont Thabor, situé à 2 lieues au S. E. de Nazareth. Cependant le P. Patrizzi et beaucoup d’exégètes modernes opposent à ce sentiment de fortes raisons : ils indiquent une des cimes du grand Hermon, beaucoup plus au nord, et voisin de Césarée de Philippe.
  127. 2. Vulg., blancs comme la neige.
  128. 3. La transfiguration de Jésus est le point culminant de sa vie publique, comme le baptême en est le point de départ. Pour la seconde fois, Dieu le Père le reconnaît pour son Fils unique et bien-aimé. Tandis que le faux judaïsme le repousse, le judaïsme véritable, dans la personne de ses plus augustes représentants, Moïse et Élie, c’est-à-dire la Loi et les Prophètes, le reconnaît et l’adore. L’ancienne Alliance et la Nouvelle se rejoignent sur le mont glorieux, comme la justice et l’amour s’uniront sur une autre colline, qui est déjà à l’horizon de Jésus. (S. Chrys.)
  129. 4. Faisons-y. D’autres manuscrits, j’y ferai (dresserai).
  130. 10. Marc, ix, 10-12.
  131. 14. Marc, ix, 13-26 ; Luc, ix, 37-43.
  132. 21. Marc, ix, 29-31 ; Luc, ix, 36-45.
  133. 23. Didrachme, double drachme, impôt religieux et national, que tout Israélite âgé de vingt ans devait payer pour l’entretien du culte. Le texte porte les didrachmes, c’est-à-dire le didrachme de chaque année.
  134. 25. Des étrangers, de ceux qui n’appartiennent pas à la famille du roi. Jésus se dit donc fils de Dieu.
  135. 26. Statère, pièce d’argent de 4 drachmes, valant un sicle (3 fr. 60).
  136. XVIII, 1. Marc, ix, 32-41 ; Luc, ix, 46-48.
  137. 11. Ce verset manque dans plusieurs manuscrits grecs. Il paraît emprunté à Luc, xix, 10.
  138. 12. Luc, xv, 4-7.
  139. 21. Luc, xvii, 3-4.
  140. 22. Septante fois sept fois, nombre indéfini de fois, toujours.
  141. 24. Dix mille talents, environ 55 millions de francs : cette somme énorme est l’image de la dette du pécheur envers Dieu.
  142. 28. Cent deniers, un peu moins de 80 francs : somme insignifiante en comparaison de l’autre.
  143. XIX, 1. Commençant son dernier voyage à Jérusalem (Luc, xvii, 11), il vint aux frontières de la Judée, en longeant la rive gauche du fleuve, par la Pérée. Marc, x, 1.
  144. 3. Marc, x, 2-12 ; Luc, xvi, 14-18.
  145. 5. Gen. ii, 24.
  146. 9. Cf. Matth. v, 32. L’incidente, si ce n’est pour impudicité, apparaît dans les manuscrits sous quatre formes différentes, aussi bien en grec qu’en latin. Ces variantes rendent son authenticité douteuse : elle pourrait bien avoir été insérée ici, sous l’influence de v. 32, où elle se comprend mieux.
  147. 12. Se sont faits eunuques, s’abstiennent du mariage et embrassent la continence, comme étant un état de vie plus parfait et plus élevé dans l’Église (Concile de Trente, Sess. xxiv can. 10).
  148. 16. Cf. Marc, x, 17-31 ; Luc, xviii, 18-30.
  149. 17. Dans plusieurs manuscrits grecs (qui omettent généralement le mot bon au verset 16) on lit : Pourquoi m’interroges-tu au sujet du bien (à faire) ? Cette leçon, qui semble mieux sauvegarder la sainteté infinie de l’Homme-Dieu, a passé dans la Vulgate, mais elle ne paraît pas être la véritable, comme on le voit par le contexte et la comparaison avec Marc, x, 18 et Luc, xviii, 19. — Par cette réponse, Notre-Seigneur voulait élever plus haut les pensées du jeune homme et l’amener à se demander si ce Maître incomparable ne serait pas le Fils de Dieu. (Maldonat après S. Jérôme.)
  150. 24. Un chameau, etc. : image d’une chose impossible. Les écrivains du Talmud se servent d’une formule analogue : Un éléphant par le trou d’une aiguille.
  151. 29. Le centuple, dès ce monde (Marc, x, 30 ; Luc, xviii, 30), « non pas en même espèce, mais en mérite et en valeur. « D. Calmet.
  152. 30. Cette sentence, qui termine également la parabole suivante (ch. xx, 1-16), en est comme le cadre et en indique également le sujet.
  153. XX, 9. Pour les uns, le denier c’est la vie éternelle, pour d’autres et mieux, la grâce de la foi, de l’entrée dans l’Église ; car au point de vue de la grâce de la foi, la gratuité est absolue, tandis que par rapport à la vie éternelle, le mérite entre en ligne de compte.
  154. 16. Beaucoup d’appelés, peu d’élus, cette sentence ne se trouve pas ici dans un nombre de manuscrits grecs et des meilleurs. Il est d’ailleurs difficile de la rattacher à la sentence précédente, au lieu qu’elle vient très bien au chap. xxii, 14, où nous la retrouvons.
  155. 17. Cf. Marc, x, 32-35 ; Luc, xviii, 31-34.
  156. 28. On traduit souvent : Donner sa vie pour la rançon d’un grand nombre ou de plusieurs, et on explique ainsi cette expression : les écrivains du Nouveau Testament, pour exprimer cette pensée, disent tantôt pour tous, tantôt pour un grand nombre, selon qu’ils ont à l’esprit la volonté de Notre-Seigneur de mourir peur tous les hommes, ou bien les hommes qui devaient, par la foi et la charité, s’appliquer en effet le fruit de sa rédemption (S. Jérôme). Il faut cependant remarquer que πολλοὶ multi, n’a pas ici le sens restrictif d’un grand nombre par rapport au tout, mais la signification de la multitude, la masse par opposition à un seul. Il est souvent l’équivalent de οἱ πολλοὶ, comme dans Is. liii, 11-12 et Ep. Rom. v, 15-16.
  157. 29. Cf. Marc, x, 46-52 ; Luc, xvii, 35-43
  158. XXI, 1. Cf. Marc, xi, 1-10 ; Luc, xix, 29-41 ; Jean, xii, 12-19.
  159. 4. Du prophète. Cf. Zach. ix, 9, et Is. lxii, 11.
  160. 9. Hosanna, litt. Sauve ! cri de joie et de triomphe, que l’on pourrait traduire généralement en français par Salut ! Vive !
  161. 12. Cf. Marc, xi, 15-18 ; Luc, xix, 45-47.
  162. 13. Citation libre d’Is. lvi, 7 et de Jér. vii, 11. — Autre leçon : « vous en avez fait. »
  163. 16. Ps. viii, 3.
  164. 17. Cf. Marc, xi, 12-24. D’après Luc, xxi, 37, le Sauveur s’en allait vers le Mont des Oliviers où il passait la nuit en plein air.
  165. 19. Nous avons ici une parabole de choses, semblable à celle de paroles que l’on trouve en Luc, xiii, 6 ; ou, si l’on veut, une de ces actions symboliques sous lesquelles les Orientaux se plaisent à cacher quelque grave pensée. Le figuier représente la nation juive, comblée des faveurs divines : arbre verdoyant, mais où le Sauveur ne trouva que des feuilles, et point de fruit, et qui fut, en punition, frappé par la justice divine.
  166. 23. Cf. Marc, xi, 27-33 ; Luc, xx, 1-8.
  167. 31. Les deux fils sont, le premier, les publicains, les pécheurs publics, qui firent pénitence à la voix de Jean-Baptiste, et le second, les pharisiens qui se disaient justes sans l’être en effet.
  168. 33. Cf. Marc, xii, 1-12 ; Luc, xx, 9-19.
  169. XXII, 15. Cf. Marc, xii, 13-17 ; Luc, xx, 20-26.
  170. 16. Hérodiens, Juifs dévoués à la famille d’Hérode et favorables à la politique romaine.
  171. 23. Cf. Marc, xii, 18-27 ; Luc, xx, 27-40. — Les Sadducéens s’en tenaient à la Loi, à la pure justice légale, tsedaqah, par opposition aux observances traditionnelles des Pharisiens. Ils étaient pratiquement sceptiques et épicuriens ; ils niaient non seulement la résurrection des corps, mais l’immortalité de l’âme. L’esprit n’était pour eux qu’une matière subtile qui se dissolvait à la mort. Act. xxiii, 8 ; Joseph, Ant. Jud. xxviii, i, 4. L’esprit, selon eux, ne pouvant avoir une existence indépendante de celle du corps, qui prouvait la survivance personnelle, prouvait par conséquent la résurrection. (S. Jérôme.)
  172. 24. Deut. xxv, 5, 6. C’est la loi du lévirat, du lat. levir, beau-frère.
  173. 32. Exod. iii, 6. Dieu a promis de combler à jamais de ses bienfaits Abraham, Isaac et Jacob : il faut donc que ces saints personnages vivent devant lui ; et s’ils vivent dans leur âme, il n’y a plus de difficulté pour que leur corps leur soit un jour rendu. Dans la théologie judaïque, comme dans la pensée des Sadducéens, ces deux choses sont étroitement liées. Comp. Marc, xii, 27 ; Luc, xx, 38.
  174. 34. Cf. Marc, xii, 28-34.
  175. 41. Cf. Marc, xii, 35-37 ; Luc, xx, 41-44.
  176. 44. Ps. cx, (hébr.).
  177. XXIII, 1. Ce discours sur la justice purement extérieure des Pharisiens est la contrepartie du Sermon sur la montagne, où sont posés les principes de la justice chrétienne et véritable.
  178. 4. Fardeaux pesants : préceptes onéreux, surcharge d’observances.
  179. 5. Interprétant à la lettre certains passages du Pentateuque, où il est recommandé d’avoir toujours la Loi devant les yeux, les Juifs en écrivaient les maximes sur de petites bandes de parchemin, qu’ils renfermaient, pliées avec soin, dans une capsule ou étui en basane ; la capsule était elle-même fixée à un cordon de cuir qu’ils s’attachaient au front et au bras gauche : c’est ce qu’on appelait phylactère, c’est-à-dire mémorial de la loi du Seigneur : sur les houppes, voy. ix, 20, note.
  180. 14. Ce verset manque dans beaucoup de manuscrits ; dans quelques-uns, il se transpose avec le verset 13. Nous le trouvons en S. Marc, xii, 40.
  181. 15. Fils de la géhenne, hébraïsme, digne de la géhenne, de l’enfer.
  182. 25. Le dedans de ces vases est rempli du fruit de vos rapines, etc. Vulg., et au dedans vous êtes pleins de rapine, etc.
  183. 27. Sépulcres blanchis : Chaque année, à l’approche de la Pâque, les Juifs blanchissaient à la chaux les parois des sépulcres, moins pour les embellir que pour les rendre bien visibles, et empêcher qu’on ne contractât quelque souillure légale en les touchant par mégarde.
  184. 35. Du meurtre d’Abel, qui est le premier mentionné dans la Bible, le Christ descend à celui de Zacharie qui, dans l’ordre des livres de la Bible hébraïque, est le dernier meurtre de prophète mentionné, II Par. xxiv, 20-22. Il est vrai que dans les Chroniques ou Paralipomènes il est dit fils de Joïada. Serait-ce une erreur de copiste, due au souvenir de Zacharie, fils de Barachie, l’avant-dernier des petits prophètes ? S. Jérôme dit avoir lu : fils de Joïada dans l’évangile des Nazaréens. Du reste Joïada, qui avait alors 130 ans était-il bien le père et non pas plutôt le grand-père de Zacharie ?
  185. 37. Luc, xiii, 34. — Vous ne l’avez pas voulu, ô habitants de Jérusalem. Vulg. tu ne l’as pas voulu.
  186. XXIV, i. Marc, xiii, 33 ; Luc, xxi, 5-36.
  187. 3. Les temps du Messie étant appelés par les prophètes les derniers temps, les juifs ne distinguaient pas bien entre le commencement du règne messianique et sa consommation ou fin du monde. Dans la réponse de Jésus, la plupart des exégètes appliquent les signes précurseurs et les descriptions de la ruine, partie à Jérusalem, partie à la fin des temps. D’autres appliquent le tout à Jérusalem, et ne l’entendent de la fin du monde que dans un second sens spirituel, la ruine de Jérusalem étant l’image de la ruine finale.
  188. 15. Cf. Luc, xxi, 20-21, et Dan. ix, 27.
  189. 31. I Thess. iv, 17.
  190. 42. Le grec ὥρα ne signifie pas seulement heure, mais, en général : moment, époque.
  191. 43. À quelle heure, littér. à quelle veille de la nuit.
  192. XXV, 24. Vanné : litt. répandu, dispersé.
  193. 29. Même ce qu’il a : Vulg., ce qu’il semble avoir.
  194. 33. Les brebis et les boucs, litt. les chevreaux : cette espèce, moins docile et plus turbulente, figure les méchants, comme les brebis, douces et pacifiques sont le symbole des bons.
  195. XXVI, 2. Marc xiv, i ; Luc xxii, i.
  196. 6. Ce repas avait eu lieu le samedi précédent. Jean, xii, 1-8.
  197. 7. Une femme, Marie, sœur de Lazare et de Marthe. (Jean, xi, 2.)
  198. 15. Trente pièces d’argent, trente sicles ; le sicle valait quatre drachmes, environ 3 fr. 60. C’était le prix d’un esclave (Exod. xxi, 32) ; Joseph avait été vendu une somme pareille à des marchands Ismaélites (comp. xxvii, 9).
  199. 17. Marc, xiv, 12 ; Luc, xxii, 7.
  200. 20. Marc, xiv, 17 ; Luc, xxii, 14.
  201. 23. C’est-à-dire un de ceux qui mangent avec moi.
  202. 26. I Cor. xi, 25.
  203. 28. L’ancienne alliance fut scellée par le sang (Exod. xxiv, 5-8), de même la nouvelle alliance sera conclue, scellée et confirmée par mon sang.
  204. 30. L’hymne, le Hallil. Ps. cxiii à cxviii (héb.).
  205. 31. Voy Zach. xiii, 7.
  206. 32. Je vous précéderai, c’est-à-dire je me mettrai à votre tête, comme le pasteur marche en avant de son troupeau.
  207. 36. Marc, xiv, 32 ; Luc, xxii, 39 ; Jean, xviii, 1.
  208. 47. Marc, xiv, 43 ; Luc, xxii, 47  ; Jean, xviii, 2.
  209. 51. Un de ceux, S. Pierre, d’après Jean, xviii, 10.
  210. 57. Marc, xiv, 53 ; Luc, xxii, 54 ; Jean, xviii, 24.
  211. 64. Du Tout-Puissant, litt. de la Puissance suprême. La Vulg. ajoute de Dieu, d’après Luc, xxii, 70. Comp. Ps. cx (héb.), 1 ; Act. vii, 56 ; Dan. vii, 13.
  212. 74. Marc, xiv, 72.
  213. 75. Trois fois, c’est-à-dire à trois reprises, après un intervalle de temps plus ou moins considérable.
  214. XXVII. 1. Le Sanhédrin ne pouvait, d’après ses propres règlements, siéger, encore moins rendre une sentence capitale pendant la nuit ; voilà pourquoi il se réunit de nouveau le vendredi matin. Voy. Marc, xv, 1 ; Luc, xxii, 66.
  215. 2. Jean, xviii, 28.
  216. 8. La Vulgate ajoute Haceldama, c’est-à dire… d’après Act. i, 19.
  217. 9. Citation libre, empruntée à Zach. (xi, 13) ; quelques mots seulement sont de Jér. v, 9 ; peut-être ce dernier nom est-il une faute de copiste.
  218. 11. Le récit de S. Matthieu doit être complété par celui de S. Jean (xviii, 29 sv.).
  219. 14. Comp. Is. liii, 7 ; I Pier. ii, 23.
  220. 32. Marc, xv, 21 ; Luc, xxiii, 26.
  221. 33. En araméen Goulgoltha, en lat. calvaria, d’où le mot calvaire.
  222. 34. De fiel, c.‑à-d. d’une substance amère, que S. Marc appelle myrrhe, et qui était peut-être le pavot, le rosh hébreu.
  223. 40. Voy. xxvi, 61 ; Jean, ii, 19. — La Vulg. ajoute Vah ! qui ne se lit, en grec, que dans Marc, xv, 29.
  224. 44. Les brigands : saint Matthieu, pour abréger, s’exprime en termes généraux ; car S. Luc nous apprend (xxiii, 41 sv.) que l’un des deux se recommanda pieusement à Jésus.
  225. 45. Depuis la sixième heure, etc. : de midi à trois heures.
  226. 46. Ps. xxii (héb.) 2. Les deux premiers mots sont hébreux, le dernier araméen. Dans S. Marc (xv, 34). tout le passage est en araméen. — Jésus en appelle à Dieu, parce qu’il a confiance en lui comme l’indique la suite du Psaume, dont il se fait ici à lui même l’application. Cf. Luc, xxiii, 46.
  227. 48. Aussitôt : après que Jésus eut dit : « J’ai soif » Jean, xix, 28. — Ce vinaigre était la posca, boisson ordinaire des soldats romains, espèce de mauvais vin, ou de vinaigre mêlé d’eau.
  228. 51. Le voile étendu devant le Saint des saints. Hébr. ix, 3-8.
  229. 62. Le samedi, litt. le jour après la Préparation (du sabbat), c.‑à-d. après le vendredi.
  230. XXVIII, 1. ὀψί σαββάτων que la Vulgate traduit par Vespere sabbati, veut dire après le Sabbat, c’est-à-dire le dimanche matin d’après l’expression explicative, quæ lucescit in prima sabbati. Cf. Marc, xvi, 1 ; Luc, xxiv, 1 ; Jean, xx, 1.
  231. 10. Outre ce rendez-vous donné en Galilée à la généralité de ses disciples, Jésus se réservait de se montrer auparavant aux Apôtres et à quelques privilégiés, en des apparitions que saint Matthieu ne mentionne pas.
  232. 17. Οἱ δὲ, ceux ci, qui adoraient. (Vulgate : quidam dubitaverunt ; mais le grec n’a pas ici le sens partitif de τινές, quelques-uns). Par cette expression eux qui avaient hésité à croire, l’Évangéliste fait une allusion rapide aux apparitions de Jérusalem. Cf. E. Levesque Nos quatre Évangiles, Paris, 1917, p. 336.
  233. 20. La fin du monde, litt. du temps (voy. xiii, 39, 40, 49).