Scholarque
En Grèce antique, le scholarque (du grec ancien σχολάρχης / skholárkhês) est le directeur d'une école de philosophie, généralement garant de la cohérence de la doctrine[1]. C'est un recteur. On dit aussi « diadoque » (διάδοχος), « successeur », pour deux auteurs néoplatoniciens : Proclos le Diadoque, Damascios le Diadoque.
La tradition des écoles grecques veut que le premier scholarque soit désigné par le fondateur de l’école — pour l'Académie, Speusippe, neveu de Platon — et que les suivants soient élus par le collège des élèves et des maîtres. Le scholarque et les philosophes, étudiants et chercheurs qui l’entouraient, étaient unis par une relation de fraternité au sein de thiases dont Aristote avait codifié le cérémonial et les usages[Note 1].
Scholarques
modifierÀ l'Académie, se succédèrent Platon (fondateur vers [2]), Speusippe (premier scholarque en ), Xénocrate (), Polémon d'Athènes (), Cratès d'Athènes () : on réserve le nom d’ancienne Académie à l’école pendant la période où se succédèrent ces quatre premiers scholarques[3] ; Arcésilas de Pitane () qui fonda la Nouvelle Académie à tendance sceptique, Lacydès () qui démissionna pour raisons de santé en et laissa la place à un conseil dirigé par Évandre et Téléclès, tous deux considérés comme scholarques bien qu'ils ne fussent pas élus formellement, Hégésinous de Pergame (à la mort d'Évandre, qui vécut plus longtemps que Téléclès), Carnéade (à la mort d'Hégésinous) qui marqua le tournant probabiliste de l'Académie, Clitomaque de Carthage (), Philon de Larissa () qui fut faillibiliste[Quoi ?], et enfin Antiochos d'Ascalon (treizième et dernier scholarque de l'Académie en ), d'orientation syncrétique.
Au Lycée : Aristote (fondateur en ), Théophraste (premier scholarque en 322), Straton de Lampsaque (), Lycon de Troade (), Ariston de Céos (), Critolaos de Phasélis, Diodore de Tyr (), Xénarque de Séleucie (vers ) Andronicos de Rhodes (dixième et dernier scholarque du Lycée en ).
Au Jardin, chez les épicuriens, après qu'Épicure eut fondé son école en , le premier scholarque fut Hermarque de Mytilène, le deuxième Polystratos, puis Dionysios de Lamptrée et Basilide, mais « les figures des Épicuriens du IIe siècle av. J.-C. sont de plus en plus évanescentes »[Note 2].
Au Portique, chez les stoïciens, les premiers scholarques après Zénon de Kition (fondateur en ), sont Cléanthe (premier scholarque en ), Chrysippe de Soles () et Diogène de Babylone (), Antipater de Tarse (), Panétios de Rhodes (), Posidonios d'Apamée ()
L'école néoplatonicienne de Rome, fondée par Ammonios Saccas en , eut pour premier scholarque Plotin (en ), pour second Porphyre de Tyr (en ).
L'école néoplatonicienne d'Alexandrie eut pour premier scholarque, peut-être, Hiéroclès d'Alexandrie, et pour dernier scholarque Olympiodore le Jeune vers .
En , les Athéniens envoyèrent trois scholarques en ambassade à Rome, pour plaider leur cause : Carnéade, scholarque platonicien ; Critolaos, scholarque péripatéticien ; Diogène de Babylone, scholarque stoïcien[4].
Sens moderne
modifierEn 1525, les prédicateurs strasbourgeois proposent une institution décisive, la commission des trois scholarques, constitués de trois membres du gouvernement. Cette commission met en place entre 1528 et 1536 plusieurs réformes destinées à réorganiser le système scolaire. De nos jours (en 2016), le poste de scholarque auprès du Gymnase Jean Sturm existe toujours : ce représentant de la Fondation Saint-Thomas a son mot à dire quant aux nominations d'enseignants.
Notes et références
modifierNotes
modifier- Une mention d'Athénée de Naucratis indique qu’Aristote était l’auteur d'un ouvrage perdu, le Cérémonial des Banquets.
- Selon Graziano Arrighetti, professeur à l'université de Pise, membre du Conseil économique et social, ancien directeur général de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris.
Références
modifier- Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] (lire en ligne), Livres IV, V et VII.
- Luc Brisson, Lectures de Platon, Vrin, (ISBN 9782711614554, présentation en ligne)
- Jules Humbert et Henri Berguin, Histoire illustrée de la littérature grecque, Paris, Didier, 1966, p. 355.
- Jean-Louis Ferrary, Philhellénisme et impérialisme, coll. BEFAR, Paris, 1988, p. 351-363.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifierDiogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres (vers 200) trad. Le Livre de poche, 1999, Livres IV et V (L'Académie) (Aristote et le Lycée ; Livre VII (Les stoïciens).