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== Louis Dherse ==
 
'''Louis Charles Albert Dherse''' est un ancien dirigeant d'entreprise, qui a dirigé la réorganisation de la sidérurgie lorraine pendant les [[Trente Glorieuses]], en pilotant la création de la [[Sollac]], de [[Sacilor]] et de la [[Solmer]], des usines sidérurgiques modernes construites en impliquant les différents acteurs historiques du secteur.
 
Polytechnicien,
 
=== Biographie ===
 
Louis Charles Albert Dherse nait le {{date|19 février 1906}} aux [[Les Andelys|Andelys]], dans [[Eure (département)|Eure]]<ref name=GeneanetDherse>{{lien web
|titre= Louis Dherse
|url= https://gw.geneanet.org/pierfit?n=dherse&oc=&p=louis
|site= geneanet.org
|consulté le= 12-10-2024}}</ref>. Il est le fils d'Auguste Dherse, [[Intendance militaire (France)|intendant général]], et de Mariette Flamard<ref name=annales>{{lien web
|titre= Louis Charles Albert Dherse (1906-1994)
|url= https://www.annales.org/archives/x/dherse.html
|consulté le= 12-10-2024}}</ref>.
 
Il entre à l'[[École polytechnique (France)|École polytechnique]] en 1924, comme major de promotion. Il fait partie du [[Corps des ponts et chaussées]], dont il sort premier classé. Il obtient également une [[Diplôme national de licence|licence]] ès sciences<ref name=annales/>.
 
Le {{date|3 mai 1933}}, il épouse Évelyne Colonna-Ceccaldi (1908-1997)<ref name=GeneanetDherse/>. Le couple a deux enfants : Jean-Loup Marie Dherse (1933-2010) qui est également polytechnicien (promotion 1952) et membre du [[corps des mines]]. Il est ensuite directeur à [[Pechiney]] et vice-président de la [[Banque mondiale]]. Quant à sa fille Camille, elle épouse Bruno de Vitry d'Avaucourt<ref name=annales/>, polytechnicien (promotion 1995), membre du [[corps des mines]], employé à la société [[sidérurgie|sidérurgique]] Wendel en 1966<ref>{{lien web
|titre= Joseph-Marie-Raoul de Vitry d'Avaucourt (1895-1977)
|url= https://www.annales.org/archives/x/vitry.html
|consulté le= 12-10-2024}}</ref>.
 
Il débute sa carrière dans la construction des moyens de communication dans le sud marocain. Il travaille ensuite au [[Grand port maritime du Havre|Port Autonome du Havre]]. En 1933, il rejoint la [[Compagnie des chemins de fer de l'Ouest]], qui devient un élément de la [[Société nationale des chemins de fer français|SNCF]] en 1937. En 1940, il est directeur général de [[Groupe Poliet|Poliet et Chausson]]. Il rejoint ensuite l'Union des producteurs d'électricité des Pyrénées occidentales, qui devient, après sa nationalisation, un élément de l'[[Électricité de France|EDF]]<ref name=annales/>.
 
Il rentre à la [[Sollac]] qu'il développe grace au [[Plan Marshall]]. Il en est le directeur général de 1959 à 1973 et devient président de Wendel-Sidelor en 1971, succédant à [[Henri de Wendel (1913-1982)|Henri de Wendel]]. Pour moderniser la production de produits plats ([[tôle]]s), il préside la fondation de la [[Sollac]], le grand succès industriel de la sidérurgie lorraine. Puis il réorganise la production des [[Produit long|produits sidérurgiques longs]] de [[Moselle]] ([[rail]]s, [[Fil métallique|fils]], [[poutrelle]]s, [[profilé]]s, etc.) en créant Sidélor et l'[[usine sidérurgique de Gandrange-Rombas]]. Il comprend cependant bien l'intéret de la « sidérurgie sur l’eau » et pousse le projet de la [[Solmer]] à [[Fos-sur-Mer]]<ref name=annales/>.
 
Il meurt à Paris, dans le [[16e arrondissement de Paris|16{{e}} arrondissement]], le {{date|18 mai 1994}}, à l'âge de {{nombre|88|ans}}<ref name=GeneanetDherse/>.
 
== Sidérurgie ==
=== La Sollac ===
{{article détaillé|Sollac}}
 
Au lendemain de la [[Seconde Guerre mondiale]], la sidérurgie française bénéficie d'opportunités exceptionnelles :
* l'invention du [[Laminage#Laminoirs à chaud|laminage à chaud]] en continu aux [[États-Unis]] pendant la guerre est une rupture technologique qui permet de faire un bond sur les productivités et les qualités métallurgiques ;
* le plan Marshall donne les moyens de moderniser ;
* la [[Reconstruction en France après la Seconde Guerre mondiale]] pousse la demande en acier ;
* le marché bascule vers les produits plats, qui sont promis à un bel avenir, alors que les produits longs sont condamnés à stagner.
 
Par contre les défis sont nombreux. Le premier est le morcellement de l'industrie sidérurgique, incompatible avec les volumes et les investissements nécessaires à l'adoption laminage à chaud en continu. L'obtention des crédits Marshall imposent aussi de convaincre l'État français de la pertinence de la stratégie industrielle. En Lorraine, Louis Dherse est un « homme nouveau », sans passif, qui parvient à séduire les principaux acteurs età leur faire dépasser leurs rivalités.
 
Fondée ''ex nihilo'' en 1948 sous la forme d'une coopérative, la [[Sollac]] devient un succès industriel exceptionnel, alliant modernité et rentabilité. Louis Dherse parvient à fédérer les industriels et à séduire les talents<<ref name=annales/>.
 
=== Sacilor ===
{{article détaillé|Usine sidérurgique de Gandrange-Rombas}}
 
Le succès de la Sollac amène les industriels lorrains à reconduire l'expérience avec les produits longs. En effet, la situation de la sidérurgie des produits longs est gravement compromise par l'obsolescence et la fragmentation des usines. C'est la fondation de Sacilor, une coopérative présidée par Louis Dherse, qui est vue comme le nouvel élan de la sidérurgie. Positionnée stratégiquement dans la vallée de l'[[Orne (rivière)|Orne]], la nouvelle [[usine sidérurgique de Gandrange-Rombas]] est un ensemble alliant, lui aussi, gigantisme et procédés innovants.
 
Mais Louis Dherse va réaliser là, sous la pression de ses actionnaires {{citation|ce qui est sans doute sa seule erreur stratégique : construire une grande usine consommant de la [[Fonte brute|fonte]] et donc du minerai, alors que, pour ces produits, l'acier électrique produit dans de petites unités va prendre la plus grande partie du marché.}} Quinze ans après son démarrage, le pari est unanimement considéré comme perdu<ref name=annales/>.
 
Une autre conséquence fâcheuse de cette décision est la suspension du projet d'une grande usine sidérurgique maritime. Le projet de la [[Solmer]], auquel Louis Dherse n'a jamais cessé de croire, est reporté alors que le marché est encore capable de justifier ce type d'investissement<ref name=annales/>.
 
=== La Solmer ===
{{article détaillé|Solmer}}
 
Le projet de la Solmer est, pour Louis Dherse, un impératif pour la sauvegarde de la sidérurgie lorraine. Il va, {{citation|contre vents et marées, et un peu à contre-courant, la concevoir et construire à Fos ce qui est encore aujourd'hui l'une des meilleures usines mondiales. C'est après Sollac, l'aventure de Solmer avec le même enthousiasme}}<ref name=annales/>.
 
=== Démission ===
{{article général|Crise de la sidérurgie dans le bassin lorrain}}
 
Depuis 1971, Louis Dherse est le président du [[Directoire (entreprise)|directoire]] de Wendel-Sidélor, et le [[président du conseil d'administration]] des sociétés Sollac et Solmer. Mais le {{date|1 juillet 1973}}, il quitte ses fonctions pour devenir président du [[conseil de surveillance]] de ''Sacilor-Aciéries et laminoirs de Lorraine'', nouvelle société créée par la fusion de 4 sociétés contrôlée par la [[famille de Wendel]], ''Wendel-Sidélor'', ''Sidélor mosellanne'', ''Sacilor'' et ''de Wendel S.A.''<ref name=LeMonde>{{article
|titre= M. Louis Dherse quitte la direction du groupe Wendel-Sidélor
|périodique= [[Le Monde]]
|date= 26-05-1973
|auteur= Jean-Charles Bourdier
|url= https://www.lemonde.fr/archives/article/1973/05/26/m-louis-dherse-quitte-la-direction-du-groupe-wendel-sidelor_2571331_1819218.html
|consulté le 12-10-2024}}</ref>.
 
Louis Dherse succède ainsi à Henri de Wendel qui, lui, n'occupe plus aucun poste dirigeant dans le groupe. L'un comme l'autre cèdent la place à une nouvelle génération de dirigeants. La portée politique de cette réorganisation n'échappe à personne, et portant, les structurations énergiques de Louis Dherse sont bien reconnues comme des moments aussi douloureux que nécessaires<ref name=LeMonde/> :
 
{{début citation}}Le retrait de M. Louis Dherse, à l'âge de soixante-sept ans, prend à bien des égards l'allure d'une mise à l'écart. On lui reprochait de n'être guère favorable à un rapprochement avec le groupe [[Usinor]]. Dans les milieux proches du gouvernement, certaines de ses décisions ont été peu appréciées. Ainsi l'annonce, en {{date|novembre 1971}}, avec une certaine publicité, du plan de restructuration du groupe (suppression de mille deux cents emplois). Ce plan serait pour certains en partie à l'origine du recul de la majorité en [[Moselle (département)|Moselle]] lors des dernières élections.
 
On ne saurait cependant oublier que M. Dherse a évité à la sidérurgie lorraine une véritable catastrophe. En un peu plus de deux ans, il est en effet parvenu à faire entrer dans les faits les principes d'une fusion et du regroupement décidés en 1968 et restés lettre morte jusqu'à son arrivée<ref name=LeMonde/>.{{fin citation|[[Le Monde]], article du {{date|26 mai 1973}}|M. Louis Dherse quitte la direction du groupe Wendel-Sidélor}}
 
Malgré la rigeur des retructurations conduites par Louis Dherse, la sidérurgie est toujours fragile. Il prends sa retraite à au moment où elle entre dans une de ses crises les plus graves<ref name=annales/> : une année après son départ la [[crise de la sidérurgie dans le bassin lorrain]] atteint son paroxysme, frappée par les conséquences du [[premier choc pétrolier]]<ref name=AN1240>{{lien web |format électronique= pdf
|url= http://www.assemblee-nationale.fr/14/pdf/rap-enq/r1240.pdf
|prénom1= Jean |nom1= Grellier
|prénom2= Alain |nom2= Bocquet
|titre= Rapport de l'Assemblée Nationale
|date= 10-07-2013
|passage= 15-18}}</ref>.
 
== Notes et références ==
=== Notes ===