Eleanor
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À propos de ce livre électronique
Inverness, capitale des Highlands – Ecosse.
Un tueur en série passe ses nerfs sur la population féminine. Sa dernière victime, Eleanor, laisse une petite fille de six ans, Lucy. La fillette est aussitôt admise dans un orphelinat tenu pas des religieuses sans scrupules.
Un couple va l’adopter et dès lors tout commence.
Rien n’arrête une mère en colère, pas même la mort. Eleanor va faire vivre le pire au couple pourtant aimant, ainsi qu’à ceux et celles qu’elle trouvera sur son chemin.
Un medium athée et un prêtre venus de Chicago vont s’allier pour tenter l’impossible. Convaincre un esprit déchaîné de suivre son destin, et passer de l’autre côté.
La chose ne sera pas aisée car nul ne revient de l’au-delà, mais certains ne veulent pas partir.
En parallèle, les meurtres vont atteindre un point culminant dans l’horreur, dépassant le domaine du concevable.
Qui va pouvoir arrêter ce monstre ?
Comment stopper l’immatériel ?
À PROPOS DE L'AUTEURE
Marie-Pierre Nadal - Artiste Photographe et ancienne journaliste, Je me forme à l’étude des psychopathologies et à la criminologie.
Durant les longues journées laissées libres par un cancer, je décide de me mettre à l’écriture de cette étonnante aventure qu’est la maladie, avec l’humour pour arme complémentaire aux thérapies.
CANCER ASCENDANT CHIMIO voit le jour en 2015.
Inconditionnelle du cinéma noir, je tente, par la suite, l’exercice du récit policier. J’ai pu ainsi appliquer mes connaissances en psychologie criminelle.
Au fil des lignes et contre toute attente, j’ai glissé dans un tourbillon qui m’a menée tout droit vers le roman horrifique. La voie du thriller était tracée.
Découverte hasardeuse et belle surprise comme seule la vie sait vous en apporter.
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Aperçu du livre
Eleanor - Marie-Pierre Nadal
Éditions Encre Rouge
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174 avenue de la libération – 20600 BASTIA
Mail : [email protected]
ISBN papier : 978-2-37789-742-1
Dépôt légal : Avril 2023
Marie-P. NADAL
ELEANOR
Roman
À mes frères Marcel et Dominique,
des amours partis bien trop tôt.
Je sais que vous êtes à mes côtés.
Ce livre leur est dédié, ainsi qu'à tous ceux qui croient à un autre chemin...
En ce qui me concerne, je ne crois pas, croire, c’est douter.
Je ne doute pas,
Je sais.
Je tiens à remercier Nelly Topscher, pour sa correction et ses conseils qui ont donné plus de consistance à mon texte.
Merci également à Marie Occhi, pour ses sublimes et puissants dessins de couverture, qui ont donné une existence physique à mon Eleanor.
Et enfin, merci à tous les courageux qui ont supporté mes discours passionnés sur toute la longueur de mon histoire. Je pense à Paul, Marie-Claude, Patricia et Mumu, ou encore Alain, témoins de mes projections verbales, sonores et …imagées ! Je vous embrasse de tout mon cœur.
Pardon pour l’ivresse sonore !
Les morts ne reviennent pas.
Mais certains ne veulent pas partir …
« La série macabre continue, le tueur des Highlands vient de commettre son cinquième homicide. En effet, le corps d’une jeune femme a été retrouvé hier soir sur la rive gauche du Loch Ness. Plus de détails dans notr…. »
Eleanor tourna le bouton sur « Off », ne supportant plus les allégations de ces journalistes, heureux finalement d’avoir quelque chose à se mettre sur la langue. L’info du moment était consacrée à la folie humaine. Elle préférait, de loin, regarder sa fille jouer à poursuivre ses chimères dans le jardin.
Elle sortit sur le perron de sa maison, typique demeure de la campagne écossaise faite de pierres et de chaumes. Elle scruta le ciel. L’air était chargé d’eau, et les nuages, comme la radio, annonçaient eux aussi le pire. La journée était promesse de couleurs tristes et des premiers froids, prémisses de la saison automnale.
Eleanor adorait l’automne. Cette saison avait un parfum de liberté. Sa fraîcheur vivifiante posait ses jalons tels des pointillés qui vous menaient vers l’envie de commencer une nouvelle vie.
Elle gonfla ses poumons d’air vif comme on prend une dose de vitamines.
Depuis sa porte d’entrée, elle appela Lucy, sa fillette de six ans, afin qu’elle rentre pour son goûter. En outre, il était inutile d’attraper un mauvais rhume avant la rentrée des classes. La petite fille obéit, apportant une poignée de fleurs sauvages cueillies avec l’amour d’une enfant heureuse qui profitait des derniers jours de vacances en cette fin de mois d’août.
La soirée pointait ses heures et la porte de la chaumière se referma pour une nuit de plus, au creux de la chaleur bienfaitrice de l’âtre.
La maman borda son rejeton après l’inévitable histoire annonciatrice de beaux rêves.
Un baiser frontal ponctua une « bonne nuit, mon bébé, je t’aime ». Eleanor sortit sans bruit de la chambre, ne laissant qu’un filet de lumière rassurant, comme le veilleur d’un bon sommeil.
Elle regagna le salon après s’être servi un scotch pur malt, puis prit place entre les bras accueillants du fauteuil moelleux hérité de son grand-père, un roman d’amour devant ses yeux turquoise et sa longue chevelure rousse étalée par-dessus le dossier. L’idéal, pour une bonne fin de soirée était atteint.
Dehors, les coups de tonnerre rythmaient les illuminations orchestrées par l’orage qui sévissait depuis vingt minutes. Les flashes se déclenchaient çà et là au bon vouloir de mère Nature.
Un homme était figé devant la porte intermédiaire entre le garage et le salon. Nul n’avait pu entendre qu’il venait d’en crocheter la porte, le vacarme de la tempête couvrant tous les bruits d’où qu’ils viennent.
Toujours en silence, il pénétra dans le salon, la lame d’un rasoir prête à s’affairer.
Il s’approcha, doucement, pas à pas, tel un chat prêt à bondir sur une gourmandise.
Il s’arrêta devant le fauteuil, admirant la chevelure dense qui semblait couler le long de son dossier. Elle était si flamboyante qu’il hésita une seconde.
Eleanor prit son verre, et l’amenant à sa bouche, y aperçut le reflet d’une ombre humaine derrière elle, debout devant la clarté du feu de cheminée.
Elle sursauta, se leva brusquement et lâcha le verre qui se fracassa sur le sol de pierre, étalant le reste de whisky sous la table basse.
Elle tenta de courir vers la porte, mais l’homme fut le plus rapide. Il la saisit par les cheveux, et la tirant vers l’arrière, la fit tomber violemment à ses pieds.
Elle hurla, lutta, mais son agresseur était si fort. Il la releva, toujours ses mains agrippant la chevelure de la jeune femme. La tête de sa proie enfin à sa hauteur, il fit glisser la lame affilée sur sa gorge, libérant un flot de sang giclant au rythme des derniers battements de cœur.
Le corps de la malheureuse tomba lourdement.
L’homme sourit tout en essuyant son arme, satisfait de ses pulsions enfin assouvies.
Il tourna soudain la tête vers le couloir.
Lucy était debout devant l’entrée du salon, sa poupée au bout de son bras ballant.
1
Les Highlands. Bijou de l’Écosse profonde, berceau presque irréel de légendes et mystères ancestraux, où le froid pique la lande, livrée au vent de l’hiver. Les paysages semblent sortis de l’imaginaire fertile de sorciers séculaires. Des châteaux se dressent, au détour de chemins ou au bord des rives embrumées du Ness.
Les journées sont courtes en cette période hivernale, comme si la vie usait de ses plaisirs avec parcimonie, en laissant un peu pour le lendemain, éteignant lentement le jour pour une longue nuit.
Février était installé déjà depuis une semaine et comptait bien s’affirmer par sa froideur et ses épisodes pluvieux.
Joyce et Robbie étaient heureux. Ayant quitté l’ambiance par trop animée de Glasgow, ils avaient souhaité se rapprocher d’Inverness, en s’installant à une trentaine de kilomètres de ses abords, dans une ville appelée Nairn.
La bourgade coulait des jours heureux sur les bords de la mer du Nord. Le couple avait repéré puis acquis une petite maison sur la lande, à un ou deux kilomètres du village, entourée de verdure et surtout, de calme.
Ils s’y étaient établis il y a une semaine et aujourd’hui allait être à marquer d’une pierre blanche.
Il pleuvait en ce jeudi 8 février, d’une eau glacée et dense. Cela importait peu au couple de trentenaires. Leur cœur évoluait dans une chaleur estivale et leur tête ne quittait pas le soleil.
Le chemin côtier les amenait vers le bonheur. Ils se rendaient à l’orphelinat d’Inverness. Plus que quelques kilomètres encore les séparaient de leur vœu enfin exaucé.
Leur attente avait été si longue. D’abord, l’abattement d’entendre qu’ils ne pourraient jamais concevoir la vie, comme une gifle que l’on n’a pas méritée. Et puis les démarches pour une adoption. Long parcours semé d’embûches et d’espoirs suivis de déceptions.
Mais aujourd’hui, une porte s’ouvrait. Ils allaient faire la connaissance d’une petite fille que la joie avait oubliée là, laissée seule sans plus de maman pour la protéger et la câliner.
Ils prendraient place, désormais, dans son cœur qu’ils espéraient combler d’un amour sans failles.
C’était comme si deux malheurs se rapprochaient pour sceller un nouveau bonheur, une nouvelle et belle histoire de famille.
Joyce était nerveuse. Elle n’avait de cesse de gesticuler, de parler vite et fort, posant son regard sur la banquette arrière pour vérifier si les cadeaux étaient bien avec eux.
⸺ Calme-toi ! dit Robbie. On dirait que des punaises ont envahi ton siège.
⸺ Je suis si impatiente !
La jeune femme tenait une photo serrée entre ses doigts fébriles. La fillette ne souriait pas, ne souriait plus. Toutefois, elle arborait une chevelure si rousse, ses joues étaient si pleines et ses yeux si verts qu’on aurait pu croire que toute la beauté terrestre s’était déposée délicatement sur sa petite personne.
⸺ Je le suis aussi, confirma le futur papa. Mais nous allons juste faire connaissance. Souviens-toi, elle ne viendra pas encore avec nous. Il faut qu’elle nous adopte avant, on était d’accord.
⸺ Je sais, ne t’inquiète pas. Mais je n’y peux rien, je l’aime déjà.
Robbie sourit de voir son épouse si enjouée. Il y avait si longtemps…
La route n’en finissait pas. La jeune femme tenta de se concentrer sur le paysage pourtant somptueux qui défilait sous ses yeux. La nature les avait gâtés. Elle leur offrait le spectacle de couleurs verdoyantes, passant du gris au doré. La pluie se calmait et laissait apparaître la lande caressée par une brise légère. Un vrai tableau de Maître.
⸺ C’est vraiment magnifique, dit-elle enfin.
⸺ Oui, je ne regrette pas d’avoir déménagé. On sera bien, ici.
Joyce baissa la vitre et combla ses poumons d’un air nouveau.
***
La maison pour enfants d’Inverness ne comptait pas moins de trente-deux pensionnaires de tous âges. Du nouveau-né à l’adolescent boutonneux.
À sa direction, une mère supérieure que le temps n’avait pas épargnée. Sous des airs sévères et stricts, elle cachait tout de même un grand cœur.
Elle était aidée par une brochette de onze autres religieuses, également d’âges confondus.
On ne pouvait pas qualifier l’ambiance de festive, mais il y avait pire comme endroit. La bâtisse était un ancien château médiéval, magnifiquement modernisé et orné de fresques enfantines dans les pièces communes.
Certains murs avaient été abattus pour créer des dortoirs, les chambres étant réservées au personnel qui souhaitait séjourner sur place et aux religieuses, bien évidemment.
Tout autour s’étalait un parc, dérangeant pour certains, mystérieux pour d’autres. Des arbres plusieurs fois centenaires faisaient une haie d’honneur de chaque côté de l’allée depuis le portail jusqu’aux marches du château. Ce dernier semblait régner en maître sur l’immense jardin qui s’étirait telle une toile d’araignée maintenant ses occupants tout près d’elle.
La directrice avait convoqué la petite fille à son bureau pour l’informer de la bonne nouvelle. Elle allait enfin retrouver l’équilibre d’une famille aimante.
La fillette ne montra pourtant aucune joie, restant placide et d’une froideur déconcertante. Aucun mot, aucun sourire. La directrice en fut déstabilisée, peu coutumière de cette réaction à l’annonce d’un tel événement.
L’enfant opéra un demi-tour et sortit du bureau en courant, comme si la panique l’envahissait soudain.
***
La pluie avait cessé. Le voile brumeux se déchirait enfin devant le véhicule des parents en devenir. Le reste de leur vie s’amorçait comme une pièce de théâtre. L’imposant portail s’ouvrait sur le décor somptueux du manoir écossais.
⸺ On y est ! s’écria Joyce.
Robbie ne dit rien, se satisfaisant d’un sourire.
Le véhicule stoppa sur le parking proche. Ils eurent la plus grande difficulté à se retenir de courir vers l’entrée de la bâtisse.
La directrice était déjà sur le pas de la porte. Elle tendit la main pour les accueillir.
⸺ Monsieur et Madame Stevenson, je présume ? Je suis la mère Marie-Clémence.
Le couple s’approcha.
⸺ Je suis Robbie Stevenson et voici mon épouse, Joyce. Nous sommes enchantés.
⸺ Entrez, je vous en prie. Suivez-moi, mon bureau est par là.
Elle désigna une porte sur laquelle était inscrit « DIRECTRICE » en lettres d’or sur une plaque de plexiglass.
Une fois à l’intérieur, elle les pria de s’asseoir.
Devant elle, un dossier contenait la vie d’une petite fille. Elle tenait en quelques pages. La religieuse prit les documents et les présenta à ses invités.
⸺ Voilà ! dit-elle. Voilà ce que vous devez connaître de la petite. Lisez-le, le temps qu’elle arrive, je vais demander qu’on nous l’amène.
Le couple était fébrile. Joyce saisit le dossier et tous deux commencèrent à le parcourir.
La directrice appela le dortoir pour donner ses ordres.
⸺ Sœur Marie-Espérance, amenez la petite à mon bureau, s’il vous plaît, les adoptants sont arrivés, merci.
Plus formel aurait été superflu. Les paroles de cette femme claquaient les murs comme un fouet. Aucun sentiment ne s’échappait de son cœur. Les « adoptants » n’y firent aucun cas, trop absorbés par la lecture des feuilles volantes.
⸺ Vous avez des questions ? demanda-t-elle.
⸺ Sa vie n’a pas toujours été drôle, ironisa Robbie. On a attrapé le type qui a tué sa mère ?
⸺ Je ne pense pas, il a commis un autre méfait il y a un mois. La mort de sa mère remonte à six mois.
⸺ Elle va bien ? s’enquit Joyce.
⸺ Au mieux qu’on puisse être après une telle horreur.
On frappa à la porte. Sans attendre l’invitation à entrer, une jeune femme l’ouvrit, laissant apparaître devant elle, une petite fille aux cheveux roux et au teint blême.
⸺ Viens, mon enfant, dit la directrice, tendant son bras vers elle.
La fillette s’avança timidement, pour s’arrêter derrière les fauteuils de ses futurs parents.
Ces derniers se levèrent en même temps pour l’entourer et s’accroupir devant elle.
⸺ Je vous présente Lucy, précisa la maîtresse du manoir.
⸺ Bonjour, ma chérie, commença Joyce. Que tu es jolie ! Je m’appelle Joyce et j’espère devenir ta maman.
⸺ Et je suis Robbie, ajouta le papa.
La petite fille ne dit rien. Ses yeux étaient éteints. Elle semblait résignée.
⸺ Il fait beau, allez donc dehors faire une petite promenade, reprit la directrice. Lucy, montre-leur le jardin. Je vais faire préparer un goûter, rendez-vous dans un quart d’heure. Une domestique viendra vous chercher.
C’était entendu, Robbie n’aimait pas cette femme. Il acquiesça de la tête et se releva pour prendre l’enfant dans ses bras. Joyce la regardait déjà comme un bijou sans prix.
Ils sortirent à la faible lueur de l’hiver. Le soleil rasait le sol. Les branches des arbres s’étiraient vers le ciel comme en prière. Il faisait froid. La neige ne tarderait certainement plus à saupoudrer ses flocons pour ajouter une note supplémentaire au paysage féerique qui s’étalait à perte de