Dictionnaire du bon langage
Par N.J. Carpentier
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Dictionnaire du bon langage - N.J. Carpentier
N.J. Carpentier
Dictionnaire du bon langage
EAN 8596547456988
DigiCat, 2022
Contact: [email protected]
Table des matières
PRÉFACE.
OUVRAGES CONSULTÉS.
ERRATA.
DICTIONNAIRE DU BON LANGAGE.
A
B
C
D
E
F
G
H
I
J
K
L
M
N
O
P
Q
R
S
T
U
V
W
X
Y
Z
PRÉFACE.
Table des matières
La difficulté de se corriger des vices de prononciation et de langage est un fait généralement reconnu par les hommes de l'enseignement, et par les personnes qui ont fait une étude quelque peu approfondie de la langue française. L'un des plus grands écrivains dont s'honore la littérature française, se fondant sur son expérience personnelle, ne craint pas de dire qu'il est rare que l'on se défasse entièrement de la rouille du provincialisme, à moins que l'on n'ait reçu de bonne heure, là où la langue se parle le mieux, c'est-à-dire dans la capitale, une éducation soignée.
A quoi faut-il attribuer cette infériorité du provincial dans l'usage de la langue?
Nous pensons qu'une des causes principales de ce fait, sinon la principale, est que, jusqu'à présent, l'on ne s'est pas assez attaché, dans l'enseignement de la langue maternelle, à signaler les taches qui en ternissent la pureté dans la bouche ou sous la plume de ceux qui la parlent ou l'écrivent. Cette partie négative, et pourtant essentielle, d'un cours complet de langue française a été, il faut le dire, singulièrement négligée dans nos écoles primaires et nos établissements d'instruction moyenne. Sans doute les bons traités de prononciation, les bonnes grammaires et les bons dictionnaires ne nous manquent point. Grâce à ces guides éclairés, nous parvenons à connaître les règles du bon langage; mais n'est-il pas vrai que ces manuels, pour la plupart, oublient trop qu'ils s'adressent à des personnes qui ont à se corriger des défauts originels de terroir? Ce n'est pas assez, à notre sens, d'apprendre à bien parler et à bien écrire; il faut encore, et avant tout, désapprendre à mal parler et à mal écrire.
Nous nous sommes proposé de combler cette grave lacune de l'enseignement. Nous nous adressons donc aux wallons et aux flamands, voire même aux lecteurs que notre Dictionnaire pourrait rencontrer en France, et nous les avertissons de prendre garde à certains défauts de prononciation qu'ils semblent ne pas soupçonner; nous leur signalons une foule d'expressions, de termes, de tournures, que réprouve le bon langage, ou que condamne un goût sûr et sévère: nous cherchons, en un mot, à les déprovincialiser, s'il nous est permis de parler ainsi.
Mais ce n'est que la moitié de notre tâche. Voulant donner à notre ouvrage un caractère de généralité qui en fasse un véritable manuel, même pour les personnes qui ont reçu une éducation complète, nous avons passé en revue les difficultés de la langue française. Nous avons désiré qu'à l'aide de notre Dictionnaire on pût trouver la solution prompte et catégorique des doutes qui se présentent journellement touchant le genre des noms, la signification de certains mots risqués, la prononciation, la synonymie, la paronymie et les règles les plus controversées de la lexicologie et de la syntaxe.
C'est assez dire que notre ouvrage offre, à chaque page, deux parties bien distinctes: une partie négative, destinée à signaler les vices et les fautes de langage, et une partie positive, qui traite sommairement des difficultés qui sont de nature à embarrasser dans la conversation et dans la rédaction.
On nous demandera peut-être pourquoi nous avons cru devoir écarter la forme du manuel proprement dit, pour adopter celle du dictionnaire.
Si l'on veut bien tenir compte de notre but, on comprendra sans peine pourquoi nous avons accordé la préférence à cette dernière forme. Nous avons eu en vue, en effet, non-seulement les élèves, mais encore les personnes qui ont terminé leur éducation. Or, si les élèves peuvent s'accommoder d'un manuel et s'en servir avec fruit, il n'en est pas ainsi des gens du monde qui demanderont surtout à trouver dans notre ouvrage un répertoire utile qu'ils puissent consulter à toute heure et sans difficulté. Il y a plus: si même nous n'avions eu en vue, en rédigeant notre Dictionnaire, que les élèves de nos établissements d'instruction publique, il nous eût été difficile, sinon impossible, d'adopter un ordre logique quelconque, par exemple, un plan calqué sur les grandes divisions de la grammaire. Car enfin nous écrivons non seulement pour les élèves des écoles primaires, mais encore pour ceux qui fréquentent les cours de l'enseignement secondaire ou moyen. Or, tel plan qui eût été parfaitement approprié au degré d'instruction et d'intelligence de ceux-ci, aurait présenté pour ceux-là d'inévitables inconvénients.
Ces considérations justifient pleinement, ce nous semble, le choix que nous avons fait de l'ordre alphabétique. D'ailleurs les numéros par lesquels nous avons eu soin de distinguer nos remarques, permettront aux maîtres qui feront usage de notre Dictionnaire d'y joindre les avantages qui résultent d'une méthode plus logique et mieux adaptée aux besoins divers d'un enseignement gradué.
On nous reprochera peut-être d'avoir signalé certaines fautes de prononciation ou de langage, trop communes ou trop populaires. Ce reproche tombe de lui-même, si l'on veut bien ne pas oublier que nous écrivons pour les enfants des écoles primaires aussi bien que pour les élèves des établissements moyens ou pour les hommes instruits, et que, en définitive, le français est une langue à peu près étrangère pour tout le monde.
On n'est guère plus fondé, croyons-nous, à nous faire un grief de nos répétitions fréquentes. Qui ne sait, en effet, que la répétition est l'âme de l'instruction? Qui ignore que les élèves surtout ne savent bien que ce qu'on leur a fait répéter à satiété et sous toutes les formes? Nous en appelons ici à l'expérience de nos confrères dans l'enseignement.
Nous ne prétendons point donner notre Dictionnaire comme un code du langage de tout point irréprochable. Nous sommes des premiers à reconnaître toutes les difficultés inhérentes à la rédaction d'un ouvrage de ce genre; et partant nous conviendrons sans peine qu'il est loin encore d'avoir ce degré de perfection dont il est susceptible, et qu'une critique éclairée pourra y découvrir plus d'une lacune et y signaler peut-être des inexactitudes.
C'est pourquoi nous sommes disposé à tenir compte des observations que l'on voudra bien nous communiquer. Ces observations même nous les appelons de tous nos vœux, convaincu que nous sommes que pour arriver à faire un bon ouvrage classique, ce n'est pas trop du concours des lumières de tous ceux qui s'intéressent au sort des lettres et aux progrès de l'enseignement.
OUVRAGES CONSULTÉS.
Table des matières
Dictionnaire de l'Académie.
Dictionnaire universel de la langue française, par M. Bescherelle, aîné.
Nouveau Dictionnaire universel de la langue française, par M. J. Poitevin.
Dictionnaire flamand-français, etc., par l'abbé Olinger.
Dictionnaire wallon-français, etc., par J. Cambresier;—item, par L. Remacle, 2 vol.;—item, par Hubert;—Dictionnaire étymologique wallon, par Ch. Grandgagnage.
Grammaire française, par l'abbé J.-J. Péters;—item, par Poitevin, Noël et Chapsal, Napoléon Landais, Girault-Duvivier, Mauvy, etc., etc.
Cours de Prononciation, etc., par Fréd. Hennebert;—item, par L. Remacle; item, par Joseph de Malvin-Cazal;—item, par le R. P. Mansion, de la Compagnie de Jésus, etc., etc.
Synonymes français, par l'abbé Girard.
Dictionnaire synonymique de la langue française, par J.-Ch. Laveaux.
Dictionnaire des synonymes de la langue française, par M. Lafaye.
Dictionnaire raisonné des difficultés grammaticales et littéraires de la langue française, par J.-Ch. Laveaux, édition de Ch. Marty-Laveaux.
Dictionnaire raisonné des difficultés et exceptions de la langue française, par Th. Soulice et Sardou.
Dictionnaire des difficultés de la langue française, par C.-V. Boiste, édition de Ch. Nodier.
Remarques sur le Dictionnaire de l'Académie, par B. Pautex.
Les Omnibus du langage, par D. Lévi Alvarès et C.-L. Merle, dernière édition de Paris.
Dictionnaire wallon-français, à l'usage des habitants de la province de Luxembourg, par J.-B. Dasnoy.
Du bon Langage et des locutions à éviter, par Mme la comtesse Drohojowska.
Belgicismes ou les vices de langage et de prononciation les plus communs en Belgique, corrigés, etc., par Joseph Benoit.
Le Complément des grammaires et des dictionnaires français, par le même.
Nouveau manuel de la pureté du langage, par F. Biscarat, édition de A. Boniface.
Le Langage vicieux corrigé, par B. Jullien.
Flandricismes, Wallonnismes et expressions impropres de la langue française, par un ancien professeur (M. Poyart).
Dictionnaire des locutions vicieuses, etc., par M. D. R.
Manuel de la conversation ou traité de la pureté du langage; Bruxelles, chez Deprez-Parent.
Les Omnibus liégeois.
Les Omnibus montois, par L. Dethier, typographe.
ERRATA.
Table des matières
Chambrale, page 65, ligne 17: lisez chambranle.
Chambrale, page 65, ligne 19: lisez chambranle.
Estompe, page 153, ligne 15, dernier mot de l'alinéa: lisez estombe.
Alevain, page 258, ligne 34: lisez alevin.
DICTIONNAIRE
DU BON LANGAGE.
Table des matières
A
Table des matières
A, prép.—Ne dites pas: le cheval à mon père, le livre à mon frère, la fête à maman, etc.; dites, le cheval de mon père, le livre de mon frère, la fête de maman.—La barque à Caron fait exception à cette règle. (Acad.)
2. Ne dites pas: un ami à moi, à lui; dites, un de mes amis, un de ses amis; on disait autrefois, et bien gracieusement, un mien ami, un sien ami.
3. Ne dites pas: nous étions à dix à table; nous avons soupé à huit; dites, nous étions huit à table; nous étions huit à ce souper, ou nous avons soupé au nombre de huit.
4. Ne dites pas: il a mis son fils aux Jésuites; dites, chez les Jésuites, et mieux, au collége des Jésuites. (Wall. et Fland.)
5. Ne dites pas: je demeure à la rue Hors-Château; à quelle rue demeurez-vous; dites, je demeure dans la rue Hors-Château, ou simplement, je demeure rue Hors-Château; dans quelle rue demeurez-vous.
6. C'est à vous de parler, c'est à vous qu'il appartient, qu'il convient de parler, et, c'est à vous à parler, votre tour de parler est venu. (Acad.)
Cependant les bons écrivains n'ont pas toujours observé cette distinction: Dieu me l'a donné, c'est à moi à en prendre soin. (Bernardin de Saint-Pierre.)
7. La préposition à s'emploie entre deux noms de nombre, lorsque le sens permet d'augmenter le premier; ainsi on dit: il a fait cinq à six lieues; il a perdu quinze à vingt francs; il a invité trente à quarante personnes; il a perdu quinze francs et demi; il a fait cinq lieues et un quart; perdu quinze francs et demi, seize francs; invité trente et une, trente-deux personnes, etc.—Mais lorsque le sens ne permet pas d'augmenter le premier des deux nombres, c'est la conjonction ou qu'il faut employer; on dira donc: il a perdu quinze ou seize centimes; il a invité trente ou trente et une personnes, etc.
Aa.—Les deux a se prononcent et sont brefs: A-aron, Isa-ac, Ba-al.
Abaisser.—Ne dites pas: abaissez-vous pour ramasser ce qui est tombé; dites: baissez-vous.
Abasourdir, v. a., rendre sourd, étourdir: prononcez l's dure.
Abattoir, s. m., endroit où l'on tue les bestiaux; le mot abattage, dans ce sens, n'est pas français.
Abattue, dans le sens de remise, abri, n'est pas français.
Abbaye, s. f., couvent régi par un abbé, prononcez: Abé-î et non abai-ïe.
Abbé, s'écrit avec deux b, et fait au féminin abbesse: on ne prononce qu'un b dans abbaye, abbé, abbesse, abbatial.
Abîme, s. m.: on écrit aussi, mais plus rarement, abyme, abymer.
Abîmer.—Ce mot signifie gâter, et non salir, souiller, comme en wallon; vous pouvez donc dire: mon chapeau a été abîmé par la pluie; mais ne dites pas: mon pantalon est abîmé par la boue; vous direz dans ce cas: mon pantalon est crotté, éclaboussé, sali, couvert de boue.
Able, s. f., ablette, petit poisson; prononcez able (a bref.)
Able, terminaison qui a l'a long seulement dans les substantifs de deux syllabes: diable, fable (diâble, fâble), excepté table, qui a l'a bref. L'a est bref dans tous les autres cas: aimable, blamable, formidable, etc.—Les wallons sont exposés à supprimer l'l et à changer le b en p; les flamands de leur côté, prononcent trop souvent bèle au lieu de ble: ainsi les premiers diront: fâpe, tape, diâpe, aimape, estimape; les derniers diront fâbèle, tâbèle, diabèle, aimabèle, estimabèle. Il faut donc prononcer toutes ces lettres finales et particulièrement l'l, et les prononcer sans intercaler un e entre le b et l'l, et l'important, c'est d'y exercer impitoyablement les élèves dès leur plus tendre enfance.
Abloucner, attacher, serrer avec une boucle: ce mot n'est pas français; dites, boucler: bouclez vos jarretières. (Wall.)
Aboutonner, attacher avec des boutons: ce mot n'est pas français, dites boutonner. (Wall.)
Aboyer.—On ne doit pas dire: aboyer quelqu'un ou sur quelqu'un, mais aboyer à, contre ou après quelqu'un. Un chien qui aboie aux voleurs, contre tous les passants, après tout le monde; tous ses créanciers aboient après lui. En parlant des petits chiens, on emploie ordinairement le verbe japper: le chien ne fait que japper.
Abraham, n. pr.: prononcez Abrahame.
Abre, Abrer; Adre, Adrer; Avre, Avrer (terminaisons en): l'a est long dans ces terminaisons, sabre, sabrer, cadre, cadrer, navre, navrer. Cette règle s'applique aux dérivés de ces mots, auxquels il faut ajouter les analogues madré, madrée.
Abréviations.—Les principales abréviations sont les suivantes:
J.-C. Jésus-Christ.
N. S. Notre Seigneur.
N. S. J.-C. Notre Seigneur Jésus-Christ.
S. S. Sa Sainteté (le Pape).
S. P. Saint Père (le Pape).
S. M. Sa Majesté.
S. M. I. Sa majesté impériale (un empereur).
S. M. I. et R. Sa majesté impériale et royale.
S. M. B. Sa majesté britannique (le souverain de la Grande-Bretagne).
S. M. C. Sa majesté catholique (le souverain d'Espagne).
S. M. T. C. Sa majesté très-chrétienne (le souverain de France).
S. M. T. F. Sa majesté très-fidèle (le souverain de Portugal).
S. H. Sa Hautesse (le Sultan).
S. A. Son altesse. (Se dit d'un prince du sang ou d'un prince régnant).
S. A. I. Son altesse impériale. (Idem).
S. A. R. Son altesse royale. (Idem).
S. A. S. Son altesse sérénissime.
S. Exc. Son excellence. (Se dit d'un ministre, d'un ambassadeur).
S. Em. Son éminence (se dit d'un cardinal).
Mgr. Monseigneur. (Se dit d'un évêque, prince, etc.)
M. Monsieur.
Me Maître. (Se dit des notaires, avoués, avocats).
MM. Messieurs.—Mme ou Me Madame.
Mlle Mademoiselle.—Md Marchand.
Mde Marchande.—Ngt Négociant.
Acacia, s. m., arbre: prononcez acacia et non acazia.
Acalender, mot wallon; dites: cette boutique est bien achalandée, et non: acalendée.
Accessit, s. m.—Le t se prononce au singulier et au pluriel: l'Académie écrit au pluriel deux accessit, et fait remarquer que plusieurs écrivent des accessits: nous admettrions volontiers cette dernière orthographe.
Accourir, Apparaître, Disparaître et Résulter, prennent indifféremment avoir ou être: j'ai accouru, je suis accouru pour la fête; un spectre lui avait apparu, lui était apparu; mon argent a disparu, est disparu; qu'a-t-il résulté de là? qu'en est-il résulté? (Acad.)—Mais paraître, comparaître et reparaître ne prennent qu'avoir, ainsi que périr, contrevenir et subvenir: la troisième livraison de ce livre a paru; satan et ses anges ont péri par orgueil; on a subvenu à ses besoins. (Acad.)—C'est donc une faute de dire: ce livre est paru; cet ouvrage est paru depuis quinze jours.
Accroc, s. m., déchirure (le cinq des wallons); obstacle, embarras; on ne prononce pas le c final et on ne fait sentir qu'un des deux c: acrô (ô long).
Accroche, dans le sens d'agrafe, n'est pas français.
Acculé.—Ne dites pas des souliers acculés; dites des souliers éculés, pour signifier des souliers qui s'abaissent par derrière sur le talon.—On dit aussi: éculer ses souliers, ses bottes s'éculent.
A ce que.—Ne dites pas: j'arrangerai cette affaire de manière à ce que tout le monde soit content; dites simplement, de manière que tout le monde soit content.
Achéron, s. m., t. de mythol., fleuve des enfers: prononcez achéron et non akéron.
Acheter, v. a.—Ne dites pas: j'ai acheté ma maison pour dix mille francs; j'ai vendu mon cheval pour huit cents francs; mais dites: j'ai acheté ma maison dix mille francs; j'ai vendu mon cheval huit cents francs. (Wall.) Mais on dira bien: ce négociant a acheté hier pour mille francs; j'ai vendu des meubles pour deux cents francs.
Achever, v. a.—Prononcez achever, ach'ver et non ach'fer; il en est de même de échevin, cheville, écheveau, etc.—Voyez la lettre v.
Aclaircir, Raclaircir, ne sont pas français; c'est éclaircir qu'il faut dire.
Acolyte, s. m., clerc qui a reçu un des quatre ordres mineurs, nommé l'ordre des acolytes; ce mot ne figure pas dans les dictionnaires dans le sens de enfant de chœur; cependant, vu son usage fréquent dans notre pays, nous n'oserions pas le condamner absolument.—Choral, dans ce sens, n'est pas français.
Acte, s. masculin et non féminin; prononcez: ac-te, en faisant sentir le t et non ake; acte de foi, prononcez de même pacte, tact, compact, entr'acte, etc.
Actualité, s. f.—question palpitante d'actualité: cette expression, dit M. Francis Wey, est un des fruits de la révolution de Juillet; avant 1833, il n'était pas question de cette horrible façon de parler.
Addition.—Écrivez et prononcez les deux d.—Lorsqu'une consonne est doublée dans le même mot, ou se trouve à la fin d'un mot et répétée au commencement du mot suivant, les flamands n'en font ordinairement sentir qu'une; c'est une faute qu'ils doivent soigneusement éviter: ainsi ils prononceront: adition, alusion, aluvion, acessit, colaboration, peti table, aide-camp, au lieu de ad-dition, al-lusion, al-luvion, ac-cessit, col-laboration, petite table, aide de camp.
Adéquat, adj., entier, total, complet: prononcez adekoua.
Adjectif:—(prononcez ad-jectif, et non at-jectif ni ag'-jectif). Les wallons placent quelquefois abusivement l'adjectif devant son substantif; ainsi ils disent: un neuf chapeau, un blanc pantalon, une propre chemisette, etc.; il faut dire: un chapeau neuf, un pantalon blanc, une chemisette propre.
Certains adjectifs pourtant peuvent ou doivent précéder le substantif; l'essentiel est donc de bien les connaître; par ex.: on dit très-bien: une belle maison, un petit livre, un homme grand et un grand homme, etc.
Ad libitum, loc. adv., à volonté: prononcez ad libitome.
Administration, s. f.: ne dites pas: on a porté hier l'administration à M. Pierre; M. Pierre a reçu hier l'administration; dites: on a administré hier M. Pierre, M. Pierre a été administré hier; ou bien, on a porté hier le viatique, l'extrême-onction, les derniers sacrements à..... M. a reçu hier le viatique, l'extrême-onction, les derniers sacrements. (Fland.)
Adorer, v. n.—Ne dites pas: j'adore la musique; j'adore les asperges, les petits pois; dites: je raffole de la musique, je suis friand des asperges, des petits pois.
Ad patres, loc. lat., signifiant littéralement, vers les pères: aller ad patres, mourir; envoyer ad patres, faire mourir: prononcez patrèsse.
Age, s. masculin.—Ne dites pas: c'est à nos âges surtout qu'il faut éviter les excès; dites: c'est à notre âge surtout.... Cette faute est assez commune.
2. Age, dans le corps ou à la fin des mots, doit se prononcer age et non ache: âge, fromage, rivage, tapage, ménagement, déménagement, etc., et non ache, fromache, rivache, tapache, ménachement, déménachement. (Wall.)—Ache, d'un autre côté, doit se prononcer ache et non age: hache, vache, cravache, il crache, crachement, etc., et non hage, vage, cravage, il crage, cragement. (Fland.)
Aéré, adj., qui a de l'air, qui est en bel air.—Dites: cet appartement est bien aéré; ne dites pas: cet appartement est bien airé.
Affaire (Avoir).—Avoir affaire de, c'est avoir besoin de: j'ai affaire d'argent; j'ai affaire de vous, ne sortez pas.
2. Avoir affaire à quelqu'un, suppose pouvoir, autorité, force, supériorité de la part de ceux à qui on a affaire; et dépendance, infériorité, besoin de la part de ceux qui ont affaire; celui qui veut obtenir une grâce, une faveur, a affaire au ministre ou à ses commis, et non avec le ministre, etc.; il a affaire à un homme dur et méchant, à un homme plus rusé, plus fort que lui.
3. Avoir affaire avec quelqu'un, suppose concours d'affaires, discussions, différends, contestations: un commis a affaire avec le ministre; un associé a affaire avec son associé; il faut éviter d'avoir affaire avec les fripons; j'ai eu affaire avec cet homme-là au tribunal de commerce. Remarquez qu'avoir affaire s'écrit en deux mots (et non avoir à faire) dans les quatre acceptions qui précèdent.
Affiler, Effiler.—Affiler, signifie donner le fil à un tranchant; effiler, c'est défaire un tissu fil à fil: j'ai affilé la lame de mon canif; j'ai effilé ma cravate.
Affligé, adj.: ce mot ne peut pas s'employer comme synonyme d'estropié: c'est un estropié (et non un affligé) qui demande l'aumône.
Agace, s. f., oiseau qu'on nomme plus communément pie; quelques-uns écrivent, agasse. (Acad.)
Agenda, s. m., carnet où l'on inscrit jour par jour ce que l'on doit faire: le plur. est agendas: prononcez aginda et non agène-da.
Ag, Agde, Age, Agme, Agne, Agre, Agru, toutes finales brèves, excepté le seul mot âge. (M. J. Benoit, le Complément des Grammaires, etc.)
Agir.—Ne dites pas: il en a mal agi avec moi; dites: il a mal agi avec moi.
2. Ne dites pas: quand il a s'agi de parler; dites quand il s'est agi; dites de même: il se fût agi, il s'était agi, il se sera agi, il se serait agi, il se fût agi, qu'il se soit agi, qu'il se fût agi.
Agonisant: prononcez agonizant et non agonis-sant.
Ai, au lieu de oi.—Autrefois on écrivait: connoître, paroître, j'aimois, il vendroit, etc.: aujourd'hui on écrit communément: connaître, paraître, j'aimais, il vendrait.
Ai, Aie, Aye, (terminaisons en)—Généralement on fait trop sentir l'i et l'e des syllabes en ai, aie, aye. On prononce par exemple, que j'aiïe, hai-ïe, clai-ïe, gai-ïe, pai-ïe, etc., tandis qu'on doit dire: que j'aî, haî, claî, gaî, paî, (aî long). Il en est de même des mots en oie et en oye, tels que soie, voie, que je croie, etc., qu'il faut prononcer soî, voî, que je croî, etc., (oî long) et non: soi-ïe, voi-ïe, que je croi-ïe. (Wall.)
Aider, v. a.—Aider quelqu'un, c'est lui prêter plus ou moins d'assistance: il faut aider les pauvres; aidez-le à descendre.—Aider à quelqu'un, c'est, le plus souvent, l'assister en partageant ses efforts: aidez à cet homme à soulever ce fardeau.
Aide de camp, s. m.—Ce mot s'écrit sans trait d'union; faites sentir les deux d.
Aides, Aises.—Je connais les aides, les aises d'une maison, pour signifier les corridors, les chambres, les escaliers, la distribution d'une maison, n'est pas français; dites: je connais les êtres, subst. m. pl., et prononcez l'r fortement, ainsi que dans toutes les finales en dre, tre, gre, bre, fre, vre, cre, etc.
Aigle, s'emploie au féminin, 1o dans le sens d'enseigne militaire: les aigles romaines, (les enseignes des légions romaines); 2o dans le sens d'armoiries: l'aigle impériale (les armes de l'empire d'Autriche qui sont une aigle à deux têtes).—Dans tout autre sens, aigle, s'emploie au masculin: l'aigle fier et courageux, un aigle femelle;—c'est un aigle, c'est-à-dire, un homme qui a un esprit supérieur.
Aiguë, (tréma), fém. de aigu: voyez gu, guë.
Aiguière.—Prononcez: aighière; de même aiguiérée, anguille. Voyez gu.
Aiguiser, v. a.—Prononcez l'u et l'i séparément: aighuiser et non aighouiser, ou aighiser. Il en est de même de: aiguille, aiguillade, aiguillée, aiguillon, aiguillonner, aiguisement et de tous les dérivés du mot aigu. Voyez gu.
Aile ou Ale, s. f., espèce de bière anglaise: prononcez èle:—L'Académie écrit aile.
Aill.—La syllabe aill est longue au milieu des mots qui expriment une action, une chose plus ou moins méprisable ou ridicule, tels que brailler, bretailler, bretailleur, se chamailler, éraillure, haillon, railler, railleur, rimailler, rimailleur. Elle est brève dans les mots qui n'ont aucune signification désagréable: ailleurs, caillou, maillot, paillette, tressaillir, vaillant, vaillance: le mot poulailler a l'a long, parce qu'il dérive de l'ancien substantif féminin poulaille.
2. Les substantifs en aille, tous du genre féminin, ont généralement l'a long ainsi que leurs dérivés: bataille, batailler, (excepté bataillon); paille (les dérivés paillasse, paillasson exceptés); taille, tailler, etc.; excepté limaille, médaille, représaille.—Versailles, Noailles, la Fouraille, Aywaille, etc., ont aussi l'a long.
3. Les substantifs en ail, tous du genre masculin, ont au contraire l'a doux: ail, bail, corail, détail, éventail, travail, et leurs dérivés; il faut y ajouter les noms propres: Montmirail, Gail, etc. (Hennebert.)
Aimer. Ce verbe exige la préposition à devant un infinitif: ne dites pas: cet enfant aime de jouer, cet élève aime de lire: dites, cet enfant aime à jouer, cet élève aime à lire.
2. Ne dites pas: mon professeur aime à ce que mes devoirs soient bien écrits; dites: mon professeur aime que mes devoirs soient bien écrits.
3. Aimer mieux, devant un infinitif rejette toute préposition: il aime mieux jouer, il aime mieux étudier. Cependant on peut dire également: cet enfant aime mieux jouer qu'étudier, et cet enfant aime mieux jouer que d'étudier. (Acad.)
Aux temps composés, mieux précède le participe passé: j'ai mieux aimé.
4. Prononcez émer et non èmer: il en est de même de tous les mots où ai, première syllabe, est suivi d'une syllabe sonore: aisé, j'aidai, etc.
Ain.—L'n des substantifs terminés en ain ne se lie pas avec la voyelle du mot suivant: le pain est fort cher (et non le pain n'est fort cher); cet homme est vain et fier (et non vain n'et fier).
Aine, eine et ène.—Prononcez vène et non vain-ne:—huitaine, dizaine, douzaine, vaine, certaine, lointaine, veine, il mène, il amène, etc. (Wall.)
Ainsi.—Est-ce bien vrai? Oui, c'est ainsi: on dit plutôt, dans le style familier: c'est comme cela ou comme ça, forme abrégée de cela.
2. Ainsi n'est pas toujours synonyme de donc: ne dites pas: vous voilà ainsi, vous partez ainsi; dites: vous voilà donc, vous partez donc.
Air, s. m.: air frais, air chaud, air froid: v. avoir l'air.
Airer, pour aérer est un barbarisme: lieu aéré, aérer une pièce et non lieu airé, etc.
Ajamber, Ajambée, ne sont pas français; dites: enjamber, enjambée.
Ajoute.—Ce mot n'est pas français, et doit être remplacé par allonge, rallonge, ou addition, suivant le sens: mettre une allonge ou une rallonge à une jupe; la table est trop petite, mettez-y une allonge ou une rallonge; l'auteur a fait à son livre de nombreuses additions.—Prononcez allon-ge, et non: allon-che. Voyez les mots prononciation et finales.
Alargir, barb.: alargir une robe, un habit: dites élargir.
Albinos, s. m. et f., race d'hommes blafards.—Prononcez albinoce.
Alcoran, s. m., livre sacré des Mahométans.—Ne dites pas: l'Alcoran, mais le Coran. En effet, il est à remarquer que al en arabe correspond à notre article le, la; d'où il suit que vous ne pouvez pas plus dire l'Alcoran, que la labible, le lelivre, la laplume.
Alentour, autrefois préposition, est devenu adverbe; on dira donc: je me promène autour du parc; j'étais dans le parc, et mon ami se promenait alentour. Alentour ne peut avoir de complément et doit toujours s'employer adverbialement.
2. Ne dites pas: il travaille autour, à l'entour de sa maison, de son devoir; dites: il travaille à sa maison, à son devoir.
Alentours, s. m. pl., n'a pas de sing., et signifie les lieux circonvoisins: les alentours de Liége sont très-pittoresques.
A l'envi, expression adverbiale qui signifie avec émulation, à qui mieux mieux: c'est une faute très-commune que d'écrire à l'envie.
Alexandre, Alexandrine, Alexandrie; l'x est dure dans ces mots: Alekçandre et non Aleg-zandre.
A l'honneur.—Ne dites pas: Liége a érigé une statue à l'honneur de Grétry; dites en l'honneur de Grétry.
Aller.—L'Académie admet je vais et je vas, mais elle ajoute que cette dernière forme s'emploie rarement et seulement dans le langage familier.
2. Je fus, tu fus, il fut, etc., pour j'allai, tu allas, il alla, etc., se disent très-bien, quoi qu'en pensent Lévy, Boinvilliers, Chapsal, Poitevin, Girault-Duvivier, etc.: cette forme est consacrée par l'autorité de l'Académie et de plusieurs bons écrivains, notamment Corneille, Me de Sévigné: il ne peut donc rester l'ombre de doute sur cette question. Voyez la grammaire de M. l'abbé Péters, no 584, où l'auteur fait justice des raisons spécieuses de ses contradicteurs.
3. Employez: a été, lorsque vous croyez qu'on est de retour: Pierre a été à l'église, mais il n'y est resté qu'un instant. Employez: est allé, lorsque vous croyez qu'on n'est pas de retour. Mon père est allé à Paris, et il y séjournera trois mois. Le wallon ici est un bon guide.
4. Ne dites pas: Monsieur le baron a été ici (chez nous); dites: Monsieur le baron est venu ici.
5. Ne dites pas: je me suis en allé; on les a fait en aller; dites: je m'en suis allé; on les a fait partir. Ne dites pas: je m'y vais, mais j'y vais.
6. Ne dites pas: mon frère va sur vingt ans; dites: mon frère aura bientôt vingt ans, ou est dans sa vingtième année.
7. Ne dites pas: aller, voyager, revenir sur la terre, sur l'eau; dites: aller, voyager, revenir par eau, par terre: j'ai été à Namur et j'en suis revenu par eau.
8. Ne dites pas: il a voulu me faire aller; dites: se jouer de moi, se moquer de moi, me plaisanter, me faire poser, m'en faire accroire, selon le sens.
9. Ne dites pas: j'ai plusieurs endroits à aller; dites: je dois aller dans plusieurs endroits; j'ai plusieurs endroits à voir, à visiter; il faut que j'aille dans plusieurs endroits.
10. Allez! Allez! formule aussi inconvenante que: vous en avez menti; dites: vous plaisantez sans doute; parlez-vous sérieusement ou pour plaisanter; apparemment vous plaisantez.
11. Aller avec veut être suivi d'un régime: ne dites pas: vous partez, je m'en vais avec; dites: je m'en vais avec vous: avec est une préposition et non un adverbe. (Wall.)
12. Ne dites pas: comment va? comment vous va? comment va-t-il? dites: comment va votre santé? comment vous en va? et mieux, comment vous portez-vous? (Acad.) Ne dites pas non plus: Comment va-t-il avec vous? dites: comment vous portez-vous? (Fland.)
13. Par raison d'euphonie, on supprime ordinairement la particule y devant le futur irai, iras, ira, etc. Ira-t-il à Rome? Il ira? Mais ce ne serait pas une faute de l'exprimer.
Allocation, Allocution, Allodial, Allodialité, Alluvion, Allusion: dans tous ces mots, prononcez les deux ll.
Allonge, dans le sens d'élan, d'escousse, n'est pas français; ne dites pas j'ai pris mon allonge pour sauter; dites: mon élan, mon escousse.
Allonger (s').—Ne dites pas: les jours s'allongent; dites: les jours croissent.
Allumer.—Ne dites pas: allumez la lumière, le feu; dites: allumez la bougie, la lampe; faites du feu.
2. Allumer, dans le sens d'éclairer, n'est pas français. (Wall.)
Almanach est masculin et se prononce almana. Ne dites pas armanach ou almanak; ne dites pas non plus une almanach placante; dites: un almanach de comptoir.
Aloès, s. m.—Prononcez aloèce.
Alors pour ensuite: alors est un adverbe de temps qui signifie: à cette époque, dans ce temps-là, comme quand on dit: il était autrefois bien riche; alors il se voyait entouré de flatteurs; dans ce temps-là ou alors, nous étions heureux. Mais on emploie abusivement alors pour ensuite, puis, après, après cela, en disant par exemple: nous dinâmes, alors nous prîmes le café, alors nous nous promenâmes; il faut dire: ensuite nous prîmes le café, ensuite.... Dites encore: nous avons été à la messe, ensuite nous sommes venus déjeuner, puis nous sommes partis, etc., et non: alors, alors.... Prononcez alor et non alorse.
Alouette, s. f., oiseau.—Ne confondez pas ce mot avec luette, morceau de chair saillant placé à l'entrée du gosier: il a la luette enflée; remettre la luette: et non: il a l'alouette, etc.—Voyez oue.
Amadou, subst. masculin: votre amadou n'est pas sec et non votre amadou n'est pas sèche.—Ne dites pas amadoue.
Amancher.—Ne dites pas: amancher un balai; dites emmancher un balai.
Amande: voyez noix et noyaux.
Amateur, s. m.—L'Académie ne reconnaît point de féminin à ce mot. Beaucoup de personnes, à l'imitation de J.-J. Rousseau, disent amatrice.
Amblève, rivière de Belgique, qui prend sa source en Prusse et se jette dans l'Ourthe. On doit écrire Amblève et non Emblève: 1o parce qu'on prononce invariablement Amblève et non Imblève; 2o parce que l'a figure dans le mot latin Amblavia et dans le mot Amel qui en est le nom allemand; 3o parce que le mot Amblève vient du germain Ambla, aune (arbre) et Ahva, eau (rivière des aunes).—Il nous paraît donc tout-à-fait impossible de justifier la seconde orthographe (Emblève).
Amelette, pour omelette ou amulette, n'est pas français.
Amer, s., boisson, est masculin: cet amer n'est pas violent: écrivez amer et prononcez amère.
Ami, s. m.—On ne dit pas être ami avec quelqu'un, mais de quelqu'un: je suis l'ami de Pierre ou Pierre est mon ami; je suis son ami, il est mon ami.
Amical, ale, adj., n'a point de pluriel masculin (Acad.); quelques grammairiens disent amicals; Boiste et Boinvilliers disent amicaux: nous préférerions cette dernière forme, si le pluriel d'amical devenait nécessaire. (Soulice et Sardou).
Amict, s. masculin, sorte de linge bénit dont le prêtre se couvre les épaules: prononcez ami et non emike ni amik-te.
Amitié, s. f.—Prononcez amiti-é et non ami-tchi-é.—Voyez ti.
Amitieux.—Ce mot n'est pas français; remplacez-le par carressant, aimant, aimable, affectueux; cet enfant est fort carressant.
Amment, se prononce aman et non an-man: apparamment, constamment, précipitamment.—Il en est de même de emment: récemment, prudemment.
Amen: prononcez amène.
Amnistie, s. f., Armistice, s. m.—L'amnistie est un pardon accordé par le souverain.—L'armistice est une suspension d'armes: on faisait autrefois ce dernier mot du féminin.
Amont, s. m. Aval, s. m.—Amont est le côté (d'en haut) d'où vient la rivière; il est opposé à l'aval, côté vers lequel descend la rivière: ces bateaux viennent d'amont (descendent); ils viennent d'aval (ils montent).
Amour est masculin: l'amour des mères est le plus généreux de tous les amours; sculpter, peindre de petits amours.—Dans le sens de passion, il est ordinairement masculin au singulier et féminin au pluriel: un fol amour, de folles amours; et, par extension: mon pays, mon premier amour, mes plus chères amours.
Amouracher; ne dites pas: enmouracher.
An, s. m., année: ne dites pas à la nouvel an; dites: au nouvel an ou à la nouvelle année.
Ancêtres, subs. m. pl., ayeux, n'a pas de singulier: prononcez ancê-tres et non ancète ni ancè-tère.
Anche, s. féminin, tuyau pour pousser l'air dans les instruments à vent: une anche de clarinette.—Prononcez anche et non ange.
Anchois, s. masculin: de bons anchois.
Ancienne, fém. de ancien; prononcez anciène et non: ancien-ne.
Andain, s. m., rangée de foin qu'un faucheur coupe à la fois.
Andante, t. de musique: prononcez andanté et non andante.
Ane est masculin et fait ânesse au féminin: A laver la tête d'un âne on perd sa lessive.
Ange, s. masculin, esprit céleste: l'ange gardien; prononcez: an-ge, et non an-che, et appuyez fortement sur le g.
Angelus, s. m.—Ne dites pas: sonner les angelus; dites: sonner l'angelus: ce mot ne se prend pas au pluriel et se prononce angeluce.
Angora, s. m., chat; ne dites pas angola.
Anguille, s. f., poisson: prononcez anghille, en mouillant les l, et sans faire sentir l'u: voyez gu.
Anis, s. m., plante, graine, dragées: prononcez ani et non anizes.—Dites anisette et non anis pour désigner la boisson qui porte ce nom.
Annales, s. f. plur.—Faites sentir les deux n, an-nales, ainsi que dans les mots suivants: annal, annaliste, annate, Anna (subst. pr.), annexe, Annibal, annihiler, annoter, annuaire, annuel, annuité.
Année, s. f.—Prononcez a-né, é long, et non an-né ni a-néïe: voyez é, ie et an.
Anniversaire, cérémonie qui se fait le même jour chaque année, est un substantif masculin: le second anniversaire; un anniversaire solennel.
Annoté, part.—Ne dites pas: tous les articles de mon magasin sont annotés en chiffres connus; dites, sont marqués.
Anoblir et Ennoblir.—Anoblir, c'est rendre noble en donnant un titre de noblesse: le roi l'avait anobli. Ennoblir, c'est élever, donner de la noblesse: ces sentiments vous ennoblissent; les beaux arts ennoblissent une langue.—Ennoblir, prononcez an-noblir et non a-noblir.
Anonyme, qui est sans nom: ouvrage anonyme; pseudonyme, qui a un faux nom: le pseudonyme de cet ouvrage est N. (c'est-à-dire N. est un nom faux, il n'en est pas le véritable auteur).
Antechrist, s. m., en un seul mot: prononcez antecri;—Christ, Prononcez Chris-te;—Jésus-Christ, prononcez Jésucri.
Antichambre est féminin comme chambre: une belle antichambre.
Anticipativement: ce mot n'est pas français; dites donc, la rétribution est de 100 frs. par an, payable d'avance ou par avance et par trimestre, et non, payable anticipativement.
Antique est opposé à moderne;—ancien à nouveau;—vieux à neuf: dans une chapelle antique on voyait d'anciens règlements écrits sur de vieux parchemins.
Ao, Aon, Aou.—L'a est bref dans ces trois combinaisons: cacao, chaos, Lycaon, Phaon, Pharaon.—L'o est nul dans Craon (ville), faon, Laon (ville), paon; lisez donc Cran, fan, Lan, pan. Il en est de même des dérivés faonner, paonne, paonneau, paonnier, Laonais, Craonais qu'il faut prononcer faner, pane, paneau, panier, Lanais, Cranais.—C'est l'a qui s'élide dans aoriste (voyez ce mot), août, aoûteron, curaçao, Saône (rivière), Saonais, Saint-Laon (ville), saoul, saouler (on écrit généralement aujourd'hui soûl, souler) taon (insecte); on prononce donc oriste (quelques-uns prononcent aoriste et saône), oût, oûteron, sône, curaço, Sonais, Saint-Lon, sou, souler, ton.—L'a et l'o se prononcent dans aorte, aortique et dans aoûté, participe passé du verbe aoûter (qui ne s'emploie plus guère qu'à ce temps): pron. aorte, aortique, aoûté. (Hennebert).
Août, s. m., huitième mois de l'année: voyez ao, aon, aou.
Apercevoir, v. a., s'écrit avec un seul p.
Apothicaire ne se dit plus aujourd'hui; on dit pharmacien.
Apparution, Disparution: écrivez et prononcez, apparition, disparition;—cependant on dit comparution, action de comparaître en justice.
Appas ou Pas, dans le sens de marche, de degré d'un escalier, de seuil d'une porte, n'est pas français.
Appel, s. m.—Dites appeau, en parlant des instruments avec lesquels on imite le chant des oiseaux.
Appeler.—Dites appeler d'un jugement et non: rappeler.
Appendice, s. m.: on prononce ap'paindice et non apandice.
Applanter n'est pas français: ne dites donc pas: cette prairie est applantée d'arbres; dites: plantée d'arbres, garnie d'arbres.
Applaudir, v. a. et n.—Applaudir quelqu'un ou quelque chose, c'est, 1o battre des mains en signe d'approbation: on a vivement applaudi le poète; on a surtout applaudi le dernier vers; 2o louer: chacun l'a applaudi d'une si bonne action; on ne peut qu'applaudir un pareil trait. (Acad.)
2. Applaudir à quelqu'un ou à quelque chose, c'est l'approuver: s'il faisait cette bonne action, tout le monde lui applaudirait; j'applaudis à votre bonne conduite.
Appliquer, v. a.—Ne dites pas: une amende de cinq francs est appliquée à tout membre qui, etc.; dites, est infligée.
Appointements, s. m. pluriel: ses appointements (et non son appointement) sont de 2000 frs.: voyez gage.
Apprendre.—Ne dites pas: ma sœur s'est apprise elle-même à broder; dites: ma sœur a appris d'elle-même à broder.
2. On dit très-bien j'apprends la musique (j'enseigne) à cet enfant. (Acad.)
3. Ne dites pas: j'ai appris cela auprès de lui; dites de lui.
Apportez votre ami, votre frère, pour amenez votre ami, votre frère, est un flandricisme.
Apprenti, s. m., et non apprentif, fait au féminin apprentie et non apprentise ni apprentisse, apprentive.
Apprêt, s. m., préparatif: prononcez aprè.
Apprêter, v. a. et n. Ne dites pas: cela prête à rire, pour signifier que telle chose rend ridicule, donne à rire, donne une occasion de rire; dites: cela apprête à rire; si vous faites telle chose, vous apprêterez à rire à tout le monde. (Acad.)
Après.—Ne dites pas: on demande après vous; chercher après quelqu'un; dites: on vous demande, chercher quelqu'un.
2. On dit très-bien: courir, attendre après quelqu'un. (Acad.) Avis à certains grammairiens qui condamnent ces expressions.
3. Ne dites pas: il est en colère, il est fâché après vous, mais ... contre vous;—il est occupé après ce travail, mais ... à ce travail.
4. Ne dites pas: mettez les chevaux après la voiture; dites, mettez les chevaux à la voiture.
5. Ne dites pas: la clef est après la porte, dites, la clef est à la porte. (Fland.)
6. Par après n'est pas français; dites simplement après.
Après-dînée, Après-soupée sont des subst. féminins et s'emploient de préférence à après-dîné, après-dîner, ou après-soupé, après-souper qui sont du masculin. Le pluriel est après-dînées, après-soupées; l'Académie ne donne pas le plur. de après-midi. Après-midi est également du féminin, quoique plusieurs le fassent du masculin. (Acad.)
Aquatique, Aquarelle, Aquatile, Aquarium, Aqua-viva, Aquador, Aquariens, Aqua-tinta: prononcez akouatique, akouarelle, akouatile; etc. Voyez qu.
Aqueduc, s. m., canal pour conduire l'eau: prononcez akeduc et non akéduc, akèduc.
A quia, loc. adv.—Être, mettre à quia, être réduit, réduire quelqu'un à ne pouvoir répondre: cet élève a été dix fois à quia pendant la classe: prononcez akuia et non a kouia. Voyez qu.
Aquilin, Aquilon: prononcez akilin, akilon. Voyez qu.
Ar et Arr, au commencement des mots, sont brefs: arrondissement, prononcez arondissement, et non ârondissement; arroser, a-roser et non âroser.
Arbalète, s. f.—On dit une arbalète et un arbalétrier.
Arborer, dans le sens de d'arbres plantés, n'est pas français: ainsi ne dites pas, une prairie bien arborée; dites une prairie bien garnie d'arbres.
Arc, s. m., Arc de triomphe, s. m., (sans traits d'union), prononcez arke.—Arc-boutant, arc-bouter, arc-doubleau; prononcez arboutant, arbouter, ardoubleau. Arc-en-ciel se prononce arkenciel, même au pluriel, qui s'écrit arcs-en-ciel. (Acad.) Voyez c final.
Archaïsme, s. m.—Mot antique, tour de phrase suranné;—archange, s. m.;—archéologie, s. f., science des monuments de l'antiquité;—archéologique, adj.;—archéologue, s. m.;—archétype, s. m., terme didactique, original, patron, modèle;—archiépiscopal, ale, adj.;—archiépiscopat, s. m.;—archontat, s. m., dignité de l'archonte;—archonte, s. m., titre des principaux magistrats grecs, surtout à Athènes.—Dans tous ces mots ch se prononce comme k; partout ailleurs arch ou archi se prononce comme le ch français, dans franchise, chemise, etc.
Archal (fil d'), prononcez l'l.—Ne dites pas du fil d'archat ou d'aréchal, mais du fil d'archal.
Archelle, n'est pas français; c'est osier qu'il faut dire.
Ardoisier, s. m.: celui qui possède ou qui exploite une carrière d'ardoises; ne dites pas ardoisier pour désigner un ouvrier couvreur; mais dites couvreur en ardoise, comme on dit couvreur en chaume, en tuile.
Are, est un subst. masculin: un are de terre.
Are et Arre, ont l'a grave dans les substantifs de deux syllabes dont l'a n'est point initial; gare, barre, gare, tare, etc.—Ajoutez l'adjectif rare, le verbe je narre et tous les dérivés, à l'exception de narratif, narration, narrateur. L'a est moyen dans lares, mare, phare, tiare; il est bref dans les dérivés barrique, barricade, barricader. (Hennebert.)
Arêt.—Ne dites pas: j'ai manqué d'avaler une arêt (de poisson); dites une arête.
Argot, s. m.—Ne confondez pas argot avec ergot: argot est le jargon des filous qui n'est intelligible qu'entre eux; ergot est cette corne molle que les chevaux porte entre les jambes; ergot signifie encore une sorte de petit ongle pointu qui