Abrégé de l'histoire romaine
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Aperçu du livre
Abrégé de l'histoire romaine - Claude-François-Xavier Millot
Claude-François-Xavier Millot
Abrégé de l'histoire romaine
EAN 8596547427681
DigiCat, 2022
Contact: [email protected]
Table des matières
AVERTISSEMENT DU LIBRAIRE.
EXPLICATION DES ESTAMPES, Avec l’indication des pages auxquelles elles doivent être placées.
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.
PREMIERE ÉPOQUE. 753 ans avant Jesus-Christ. LES ROIS. (Espace de 244 ans.)
I. ROMULUS.
II. NUMA.
III. TULLUS-HOSTILIUS.
IV. ANCUS-MARTIUS.
V. TARQUIN L’ANCIEN.
VI. SERVIUS-TULLIUS.
VII. TARQUIN LE SUPERBE.
SECONDE ÉPOQUE. LA RÉPUBLIQUE, Depuis l’an de Rome 244 , jusqu’à la bataille d’Actium, en725.
I. Les rois chassés, le consulat établi.
II. Le peuple acquiert de l’autorité.
III. Les Décemvirs.
IV. Les Gaulois en Italie.
V. Consul plébéien. Révolte des Samnites&des Latins.
VI. Guerre des Samnites.
VII. Guerre de Pyrrhus.
VIII. De Carthage&de la Sicile, avant le commencement des guerres Puniques,
IX. Premiere guerre Punique.
X. Seconde guerre punique.
XI. Bataille de Cannes.
XII. Fin de la seconde guerre Punique.
XIII. Guerre contre Philippe, roi de Macédoine,&contre Antiochus, roi de Syrie.
XIV. Caton le Censeur Guerre de Persée.
XV. Troissieme guerre Punique. Carthage, Corinthe, Numance détruites.
XVI. Observations générales.
XVII. Les Gracques.
XVIII. Guerre de Jugurtha. Marius.
XIX. Invasion des Cimbres&des Teutons. Guerre sociale.
XX. Guerres civiles. Marins&Sylla.
XXI. Sylla dans la Grece&en Asie. Mithridate,
XXII. Retour de Sylla. Ses proscriptions, sa dictature, sa mort.
XXIII. Sertorius, Spartacus, Pompée.
XXIV. Fin de la Guerre de Mithridate.
XXV. Conjuration de Catilina. Triumvirat de Pompée, Crassus&César.
XXVI. Conquête des Gaules. Pompée se brouille avec César. Guerre civile.
XXVII. César maître de la république. Sa mort.
XXVIII. Octavius. Triumvirat. Bataille de Philippes.
XXIX. Fautes d’Antoine. Bataille d’Actium.
TROISIEME EPOQUE. LES EMPEREURS.
I. AUGUSTE.
II. TIBERE.
III. CAÏUS CALIGULA.
IV. CLAUDE.
V. NÉRON.
VI. GALBA.–OTHON.–VITELLIUS.
VII. VESPASIEN.
VIII. TITUS.
IX. DOMITIEN.
X. NERVA.
XI. TRAJAN.
XII. ADRIEN.
XIII. ANTONIN.
XIV. MARC-AURELE.
XV. COMMODE.
XVI. PERTINAX.–DIDIUS-JULIANUS.
XVII. SEPTIME-SÉVERE.
XVIII. CARACALLA&GÉTA.–MACRIN.
XIX. HÉLIOGABALE.
XX. ALEXANDRE SEVERE.
XXI. SUCCESSEURS d’Alexandre Sévere, jusqu’à Aurélien.
XXII. AURÉLIEN.
XXIII. TACITE-PROBUS, &c., jusqu’à DIOCLÉTIEN.
XXIV. DIOCLÉTIEN&MAXIMIEN. CONSTANCE-CHLORE&GALERIUS.
CONSTANTIN.
AVERTISSEMENT
DU LIBRAIRE.
Table des matières
CET Abrégé de l’Histoire Romaine est le même que celui qui avoit été fait par feu M. l’abbé Millot,& qui fait partie du Cours d’Etudes imprimé&publié par ordre du Roi à l’usage des Eleves de l’Ecole Royale Militaire. Ayant eu occasion d’acquérir les planches que feu M. Philippe de Prétot, Censeur Royal, avoit fait graver,&dont il avoit formé le Spectacle de l’Histoire Romaine, j’ai cru que les personnes chargées de l’éducation de la jeunesse, les verroient avec plaisir insérées dans une histoire abrégée, mais suivie, de cet Empire, de maniere à pouvoir instruire en amusant.
J’ai formé aussi pour la même histoire deux Atlas, l’un contenant uniquement les cartes les plus nécessaires, au nombre de13, l’autre qui est beaucoup plus considérable, puisqu’il est composé de49cartes; ils se vendent tous les deux séparément. Comme ces Atlas sont du même format que cet Abrégé, on peut y réunir celui que l’on jugera à propos, pour n’en former qu’un seul volume.
Les Médailles des familles Romaines recueillies par Vaillant, au nombre de1700, en152planches gravées avec la plus grande exactitude,&dont il a donné une explication latine très-détaillée, en3volumes petit in-folio, ont l’avantage de jetter beaucoup de lumieres sur Rome&de faire connoître ces fameux personnages dont on voit les portraits représentés, ainsi que les usages&cérémonies de cette ville célebre. Pour ne laisser rien à desirer far cette partie de l’Histoire, je me fais procuré ces planches,&je les ai réunies en je les ai réunies en un seul volume, avec une explication françoise abrégée du trait auquel chacune de ces Médailles a rapport. Ce volume, de même format que les précédens, est sous presse,&se vendra séparément.
EXPLICATION DES ESTAMPES,
Avec l’indication des pages auxquelles elles doivent être placées.
Table des matières
LE Frontispice, devant le titre.
Planche I. Fondation de Rome, page2
Pl. II. L’enlevement des Sabines pendant les jeux publics, 3
Pl. III. Combat des Romains&des Sabins, terminé par les Sabines, 5
Pl. IV. Apothéose de Romulus, ibid.
Pl. V. Couronne&sceptre offerts à. Numa, 6
Pl. VI. Combat des Horaces&des Curiaces, 8
Pl. VII. Expiation du jeune Horace après avoir tué sa sœur, ibid.
Pl. VIII. Destruction d’Albe sous les ordres d’Horace, ibid.
Pl. IX. Ancus-Martius envoie des Féciales déclarer la guerre aux Latins, 9
Pl. X. Victoire de Tarquin l’ancien sur les Sabins&les Etrusques, par l’incendie du pont de bateaux qui les joignoit, 10
Pl. XI. Accius-Névius, augure, assure à Tarquin l’ancien que sa pensée lui est connue, 11
Pl. XII. Tullie veut forcer le conducteur de son char à passer sur le cadavre de Servius-Tullius son pere, 14
Pl. XIII. Mort de Lucrece, 17
Pl. XIV. Le consul Junius-Brutus juge en présence du peuple ses deux fils qui avoient conspiré en faveur de Tarquin le Superbe,&les fait mettre à mort, 19
Pl. XV. Défense du Pont de Rome par Koratius-Coclès&deux autres guerriers intrépides, 20
Pl. XVI. Attentat de Mucius-Scevola sur la vie de Porsenna, ibid.
Pl. XVII. Présens de Porsenna à Clélie, 21
Pl. XVIII. Monumens érigés par les Romains à Horatius-Coclès, Scévola&Clélie, ibid.
Pl. XIX. Retraite du peuple sur le Mont-Sacré, 24
Pl. XX. Coriolan se retire chez les Volsques, 29
Pl. XXI. Coriolan fléchi par là mere, ibid.
Pl. XXII. Supplications pour une maladie contagieuse dont on attribua la fin au supplice de la vestale Urbinia, 30
Pl. XXIII. Imprudence du consul Minucius réparée par Cincinnatus, 32
Pl. XXIV. Virginie tuée par son pere pour la préserver d’Appius, 34
Pl. XXV. Mort de Mélius qui avoit formé une conspiration, 37
Pl. XXVI. Célébration du Lectisterne, ou fête générale en l’honneur des grands Dieux que l’on adoroit chez les Romains, ibid.
Pl. XXVII. Camille se rend maître de Véies que les Romains assiégeoient depuis dix ans, 38
Pl. XXVIII. Trahison d’un maître d’école pendant ce siége,&sa punition, ibid.
Pl. XXIX. Prise de Rome par les Gaulois, 40
Pl. XXX. Traité des Romains avec les Gaulois rompu par Camille, 41
Pl. XXXI. Dévouement volontaire de Curtius, 43
Pl. XXXII. Manlius-Torquatus fait ôter la vie à son fils, qui avoit combattu malgré sa défense, 44
Pl. XXXIII. Les Romains passent sous le joug des Samnites aux fourches Caudines, 46
Pl. XXXIV. Esculape amené à Rome sur une galère, 48
Pl. XXXV. Bataille d’Ecnome gagnée sur mer par les Romains, 56
Pl. XXXVI. Régulus condamné aux plus affreux supplices, 57
Pl. XXXVII. Victoire d’Annibal sur les Romains à la journée de Cannes, 62
Pl. XXXVIII. Bel exemple de vertu donné par Scipion en Espagne, 65
Pl. XXXIX. Triomphe de Pompée dans Rome, à l’imitation de celui de Paul-Emile, 103
Pl. XL. Pompe funebre&apothéose de César, III
Pl. XLI. Le Cirque, 117
Pl. XLII. Auguste s’occupe des embellissemens de Rome, 122
Pl. XLIII. Rome recevant l’hommage des nations étrangeres, 125
Pl. XLIV. Mort de Germanicus, 127
Pl. XLV. Barbarie de Caligula, qui fait précipiter dans la mer à Pouzoles le peuple que le spectacle de son triomphe y avoit attiré, 132
Pl. XLVI. Palais doré de Néron, 139
Pl. XLVII. Vitellius couvert d’opprobres, est conduit au supplice, 145
Pl. XLVIII. Trajan déchire ses vêtemens pour servir à bander les plaies des blessés, 152
OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES.
Table des matières
Les premiers siecles de Rome sont couverts de ténébres &d’incertitudes. Son premier historien, Fabius Pictor, vivoit du tems de la seconde guerre punique, plus de cinq cents ans après la fondation de cette ville. Combien de fables ont dû se répandre, lorsque l’ignorance aveugloit tous les esprits, lorsque la superstion croyoit tout, lorsque l’écriture étoit rare,&que les monumens étoient pleins de merveilleux! Encore ces monumens, au rapport de Tite-Live, périrent-ils presque tous dans l’incendie qu’allumerent les Gaulois. De-là, tant d’absurdes traditions reçues par les historiens; de-là, tant de prodiges accumulés sans ombre de vraisemblance. Rome se croyoit divine; elle adoptoit tout ce qui flattoit ses préjugés.
Fondation de Rome.
Suivant le récit de quelques historiens voici ce qui donna lieu à la fondation de Rome. Numitor, roi d’Albe, ville du Latium, petit canton de l’Italie, fut détrôné par son frere Amulius,&jetté dans les fers. L’usurpateur ajouta à son injustice la cruauté de faire exposer sur le rivage du Tibre, Rémus&Romulus, deux jumeaux dont étoit accouchée Rhéa Sylvia, fille de Numitor, lesquels furent allaités par une louve. Parvenus à l’adolescence,&instruits de la captivité de leur ayeul, ainsi que du danger qu’ils auroient couru de périr, sans la compassion du berger Faustulus, qui les a adoptés pour ses propres enfans, Rémus&Romulus réussirent à rétablir sur le trône leur ayeul. Celui-ci leur donna le conseil, ou approuva le dessein qu’avoient ses deux petits-fils, de fonder une ville au lieu même du rivage où ils ont été trouvés par Faustulus, qui leur a sauvé la vie. Numitor paroît ceint du diadême, environné d’un grouppe d’Albains, précédé du berger Faustulus, qui semble par sa physionomie &son signe de tête, désigner à Rémus&Romulus, qui sont en habits champêtres, l’endroit où ils avoient été exposés. Un prêtre revêtu de ses ornemens assortis au costume antique, conduit la charrue destinée à ouvrir le premier sillon de l’enceinte de Rome, dont on voit dans le lointain les collines qui l’environnoient. Ce prêtre attentif à ce qui se passe dans le ciel, apperçoit Jupiter&Vénus sa fille, portés sur des nuages, qui lisent dans le livre des destins ce que cette ville deviendra un jour. Vénus, devenue femme d’Anchyse, a été, suivant la fable, mere d Enée, par conséquent la très-grand mere de tous les rois d’Albe jusqu’à Numitor, &Rémus&Romulus étoient ses descendans.
Planche I.
Fondation de Rome.
Si la date de la fondation de Rome est incertaine, du moins elle ne varie que d’un petit nombre d’années. L’opinion la plus probable la fixe au commencement de la quatrième année de la sixieme olympiade, 753ans avant Jesus-Christ, environ120ans après que Lycurgue eût donné ses loix,&140avant que Solon donnât les siennes. On date communément,&de l’an de Rome,&de l’an avant Jesus-Christ. Pour éviter cette confusion de chiffres, on peut se borner à la premiere méthode, qu’il est facile de combiner avec la seconde. Il ne faut que soustraire de753le nombre qui exprime la date de Rome.
Cet Abrégé fera partagé en trois époques, les rois, la république, les empereurs.
PREMIERE ÉPOQUE.
753ans avant Jesus-Christ.
LES ROIS. (Espace de244ans.)
Table des matières
I.
ROMULUS.
Table des matières
An de Rome I.
Ses commencemens.
Rome, malgré toute sa grandeur, a eu la petite vanité, si commune aux nations, de jetter du merveilleux sur son origine. Elle vouloit descendre d’Enée; elle donnoit pour pere à Romulus, son fondateur, le Dieu Mars: elle le faisoit allaiter miraculeusement par une louve. Au milieu de ces fables, on voit Romulus, chef de brigands, meurtrier de Rémus, son frere, bâtir des cabanes sur un terrein dépendant de la ville d’Albe, en Italie,&fonder, avec environ trois mille hommes, un état qui devoit engloutir les plus vastes monarchies. On le voit augmenter le nombre de ses sujets, en ouvrant un asyle a tous les malfaiteurs étrangers, à tous les fugitifs qui voudroient lui obéir. Les Sabins lui refusent des femmes: il les attire à des jeux; il enleve leurs filles à main armée; il en fait les épouses de ses soldats. En remontant à la source de la plupart des empires, on ne trouvera de même que violences&brigandage.
Planche II.
L’enlevement des Sabines, pendant les jeux publics.
Politique de Romulus.
Si Romulus n’avoit été qu’un aventurier audacieux, les peuples voisins auroient sans doute renversé sa ville naissante. Mais il avoit des vues politiques,&il affermit son ouvrage par es loix comme par les armes. Le gouvernement de Rome, dès son enfance, mérite attention. Romulus, revêtu du titre de roi, sentit bien que le peuple ne se laisseroit pas subjuguer, &qu’il falloit lui donner parc au gouvernement, ou y renoncer soi-même.
Ses établissemens.
D’abord il divisa la colonie en trois tribus,&chaque tribu en dix curies. Il partagea le territoire en trois portions inégales, l’une pour le culte religieux, l’autre pour les besoins de l’état, la troisieme pour les citoyens, qui eurent chacun environ deux arpens de terre. Ensuite il établit un sénat composé de cent personnes, auquel il confia le foin de faire observer les loix, de délibérer sur les grandes affaires,&de porter les délibérations aux comices, ou aux assemblées du peuple. Le droit suprême de décider appartenoit au peuple; mais ses décisions devoient être confirmées par le sénat.
Pouvoir du peuple, du sénat.
pouvoir du roi.
Le commandement des armées, la convocation des comices &du sénat, le jugement des causes les plus importantes, la dignité de souverain pontise, étoient le partage du roi. Douze licteurs lui servoient de gardes, appareil utile à la royauté. Il y ajouta un corps militaire de trois cents hommes, qui combattoient à pied&à cheval. C’est l’origine des chevaliers nommés céleres au commencement.
Origine des chevaliers.
Patrons& clients.
Pour prévenir les divisions entre le sénat&le peuple, Romulus permit à chaque plébéien de se choisir un patron dans le sénat. Des devoirs réciproques unirent les patrons &les clients; ceux-là protégeoient les autres, dont ils étoient secourus en cas de besoin. Ces liens d’humanité inspirerent la concorde&la modération. Aussi n’y eut-il point de sang répandu dans les premiers troubles qu’excita la jalousie des ordres après l’établissement de la république.
Loix contre les femmes.
Loix en faveur des peres.
Les barbares ont peu de loix,&leurs loix portent une empreinte de barbarie. En voici deux de Romulus. La premiere permettoit aux hommes de répudier leurs femmes,&même de les faire mourir, non-seulement pour de grands crimes mais pour avoir bu du vin; elle défendoit aux femmes de se séparer de leurs maris, sous quelque prétexte que ce fût. La seconde rendoit les peres maîtres absolus. de leurs enfans; ils pouvoient les vendre jusqu’à trois fois à tout âge, les condamner même à la mort; ils pouvoient de plus exposer ceux qui naissoient extrêmement difformes, pourvu qu’ils prissent auparavant l’avis de cinq personnes du voisinage, encore ne les y obligeoit-on point par rapport aux filles cadettes.
No3.
No.4.
Etat de l’Italie,
L’Italie étoit alors, comme l’ancienne Grece, divisée en beaucoup de petits peuples, dont la plupart se ressembloient par un courage féroce,&n’avoient d’ailleurs rien de commun. Rome fut successivement en guerre avec tous, dans un long espace de tems. Il est facile de juger, en réfléchissant sur son origine, que, ni les siéges, ni les batailles d’alors, quelques effets qu’il dût en résulter pour l’avenir, ne méritoient les descriptions pompeuses qu’en font les historiens.
Premiere guerre des Romains.
Planche III.
Combat des Romains&des Sabins, terminé par les Sabines.
C’est contre les Sabins que la nouvelle colonie exerça d’abord sa valeur. Ils formoient une espece de république fédérative, dont les forces réunies pouvoient paroître redoutables: quelques-unes de leurs villes furent cependant réduites à se soumettre. Mais un de leurs princes, Tatius, roi de Cures, pénétra jusques dans Rome. Il l’auroit peut-être détruite, si les Sabines qu’avoient enlevées les Romains, n’eussent ménagé la paix entre leurs époux&leurs parens. Les deux peuples s’unirent aux dépens du pouvoir de Romulus; car il partagea la royauté avec Tatius,&admit dans le sénat cent des principaux Sabins. Tatius fut bientôt assassiné,&n’eut point de successeur.
Mort de Romulus.
Planche IV,
Apothéose de Romulus.
Après de nouvelles victoires, dont le fruit étoit toujours d’augmenter le nombre des citoyens, en y faisant entrer les vaincus, le roi, sûr de l’affection de ses soldats, comptant déjà quarante-sept mille sujets, se livra trop au goût de la domination: il voulut gouverner sans le sénat. Les sénateurs se défirent secrétement de lui. Pour cacher leur crime, ils publierent que ce prince avoit été enlevé au ciel. Ensuite, ils exercerent l’un après l’autre la puissance royale pendant un an d’interregne. Romulus avoit regné trente-sept ans.
II.
NUMA.
Table des matières
An de Rome
38.
Comment il succéda à Romulus,
Planche V.
Couronne& sceptre offerts à Numa.
Son caractere.
LE peuple se lassa d’obéir à tant de rois. Le sénat fut obligé de faire une élection. Comme il étoit composé de Romains &de Sabins en nombre égal, les deux partis se disputoient la couronne. On convint par accommodement que les Romains éliroient&que leur choix tomberoit sur un Sabin. Numa-Pompilius, retiré à la campagne, indifférent pour les honneurs, parut l’homme le plus capable de gouverner, ou le moins propre à inspirer de la crainte. Il fut élu,&accepta, malgré lui, un pouvoir dont il faisoit moins de cas que de la sagesse &de l’étude.
Ses établissemens de religion.
Autant Romulus avoir aimé la guerre, autant son successeur fut-il zélé pour la paix. Il réunissoit deux qualités qu’on voit rarement ensemble, la piété&la politique. L’une &l’autre lui servirent de regle. Il se donna pour inspiré, en supposant qu’il avoir des entretiens avec la nymphe Egérie. Cet artifice lui servit à répandre les sentimens religieux, dont il étoit pénétré lui-même. La religion fut le ressort principal qu’employa le nouveau roi, pour assujettir aux devoirs le caractere dur des Romains. Il grava profondément dans leur ame la crainte de l’être invisible, qui voit&punit le crime. Il érigea un autel à la Bonne-Foi, pour rendre les promesses sacrées,&il institua les fêtes du dieu Terme, pour que les limites des possessions fussent inviolables. Il établit les cérémonies du culte; il divisa les ministres de la religion en plusieurs classes, dont la premiere étoit celle