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L'air du temps
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Livre électronique128 pages1 heure

L'air du temps

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À propos de ce livre électronique

L’air du temps évoque le temps qu’il fait dans treize pays différents, et dans diverses circonstances. Ce tour du monde est l’occasion de découvrir, dans le cadre de douze nouvelles, que des événements climatiques peuvent être des aventures humaines remarquables. Ainsi est éclairée la capacité des femmes et des hommes à comprendre, à s’adapter, à subir, à résister et à lutter quand le climat est à la manœuvre.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Les vacances d’enfant de Jean-Claude Woillet, chez sa grand-mère, sont marquées par la lecture du seul livre disponible : un atlas scolaire qui préfigure déjà sa vie professionnelle. Plus tard, devenu géographe, il voyage dans une quarantaine de pays, sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies. Ces séjours vont alimenter une trentaine d’ouvrages, dont le recueil de nouvelles L’air du temps. La littérature de voyage est ainsi au cœur de l’écriture.
LangueFrançais
Date de sortie20 sept. 2022
ISBN9791037771315
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    Aperçu du livre

    L'air du temps - Jean-Claude Woillet

    Préface

    Il ne s’agit pas, ici, du temps qui passe mais du temps qu’il fait et Dieu sait qu’il en fait beaucoup : beau temps, sale temps, mauvais temps, temps frais, temps pluvieux, temps nuageux, temps orageux, temps d’hiver, etc.

    Ce recueil de nouvelles parcourt justement le temps qu’il fait dans toutes sortes de pays et de régions et dans toutes sortes de circonstances.

    Il ne s’agit jamais, bien sûr, du temps normal, modéré, quelconque. Il est, ici, toujours excessif : trop ceci, trop cela, le plus souvent porteur d’inconfort, voire de risques, mais aussi, parfois, surprenant, à la limite de la dérision. Pour les lieux, la palette est de rigueur, puisqu’il s’agit de parcourir le monde : France, Autriche, Lesotho, Maroc, Madagascar, Afghanistan, Mali, Djibouti, Mauritanie, Laos, Tristan da Cunha.

    Autant d’événements climatiques, autant d’aventures humaines.

    Le climat façonne, lui aussi, les sociétés, dans le monde, et lorsque le temps est redoutable et redouté, il éclaire les comportements et la capacité des femmes et des hommes à s’adapter, subir, résister, lutter.

    Les douze nouvelles, composant cet « Air du temps », forment un large éventail de situations, le plus souvent limites, toujours surprenantes.

    Orage

    Le trajet en train leur a pris sept heures. Partis de Metz à huit heures, une vingtaine de jeunes du foyer de jeunes de Devant-les-Ponts, un quartier de Metz, ont pris une correspondance à Strasbourg pour Bregenz, en Autriche où ils sont arrivés à 15 heures. Ils sont passés par l’Allemagne pour rejoindre le lac de Constance – le Bodensee – en allemand. Ils débarquent dans la petite gare de Bregenz, lourdement chargés de sacs à dos surmontés de matériel de camping. Il fait beau ce 5 juillet.

    Le regard est tout de suite attiré par les eaux du grand lac, qui brillent au soleil. Ils ont choisi de s’installer sur les bords de ce lac parce qu’on peut y accéder facilement par train, parce que l’Autriche fait un peu rêver comme lieu de vacances et parce que le séjour en camping devrait être économique.

    Ils se sont renseignés auprès d’un ami vacancier pour savoir où dresser leur tente, pas très loin de la ville. Ils ne sont toutefois sûrs de rien. Leur première démarche consiste à changer des francs contre des shillings autrichiens, à la gare. L’un d’entre eux s’en charge pour tout le monde. Une fois le change fait, les shillings sont redistribués.

    À la sortie de la gare, ils repèrent l’office du tourisme, où ils récupèrent un plan des environs puis se font expliquer l’endroit où le camping est possible et à qui il faut s’adresser.

    Ils s’engagent dans un chemin qui longe la rive du lac vers le nord. Au bout d’une demi-heure de marche, ils repèrent une vaste clairière située entre la plage et une zone boisée. Trois tentes y sont visibles.

    Ils posent leurs sacs et interrogent un jeune campeur qui sort heureusement de sa tente à ce moment-là. Il est suisse et il est déjà venu plusieurs fois camper sur place.

    « Ici il y a de la place, comme vous le voyez. Deux tentes sont occupées par des Allemands, en bas près de la rive. Vous pouvez vous installer mais allez demander l’accord du propriétaire. Il a sa ferme tout près, en montant derrière, entre les arbres. Le sentier qui y conduit est juste là, auprès de ma tente. C’est à 10 minutes, ou bien ? »

    Trois tentes sont dressées, en deux rangées de trois, en haut de la prairie, à la lisière de la forêt.

    Trois jeunes, dont Jean-Paul, l’aîné, se dirigent vers la ferme en question. Après 10 minutes de marche, ils débouchent dans une grande prairie sur laquelle se dresse une grande ferme aux allures de chalet. La vue sur le lac est magnifique et ça sent bon l’herbe fraîche coupée.

    Le fermier est là, qui se présente – Helmut – et les accueille aimablement : « Grüss Gott ». Il les autorise à camper gratuitement. Jean-Paul et le fermier s’expriment en franco-germano- anglais.

    « Vous savoir combien de time vous bleiben ? »

    « Une semaine, one week, Danke Schön ».

    Le fermier leur montre des bouteilles de lait, du beurre, des fromages et des œufs, posés sur une grande table, et leur fait comprendre qu’il les vend. Aussitôt Jean-Paul achète du fromage, des plaques de beurre, des œufs et des bouteilles de lait. Le prix est modeste. Ils promettent de revenir régulièrement s’approvisionner. Au moment où ils sortent, un troupeau de vaches arrive, avec de grosses sonnailles au cou.

    En redescendant, ils croisent une jeune fille poussant une brouette chargée de boissons et de produits alimentaires.

    « Grüss Gott ».

    Ils la trouvent jolie. C’est probablement la fille de la ferme.

    En bas, ils retrouvent les tentes en cours d’aménagement. Elles proviennent de surplus américains qu’ils ont achetés à bas prix. Chacune abrite quatre matelas pneumatiques gonflables et quatre sacs de couchage. Une sixième tente est destinée à abriter du matériel et des vivres. Maintenant, neuf tentes occupent la prairie.

    L’installation terminée, le groupe se précipite vers la rive du lac. C’est une plage de galets blancs qui borde une eau claire. En maillot de bain, ils pénètrent dans l’eau, en marchant délicatement sur les galets. Elle est à 20 °C, c’est-à-dire bonne. Dehors, il fait 23 °C, le ciel est bleu. Ils s’ébrouent copieusement dans l’eau ; certains s’éloignent du bord en nageant la brasse.

    Le temps des vacances est venu. C’est presque la mer tant le lac est vaste. On ne distingue pas l’autre rive.

    Il est hélas temps de se sécher et de se rhabiller. C’est aussi le temps de dîner. Pas question de repas, ils ne sont pas encore prêts pour ça. Ce sera des sandwiches préparés pour le voyage, auxquels s’ajoutent des pommes et des verres de lait, du fermier. Plusieurs recueillent des pierres et des galets et construisent un foyer sur lequel des casseroles pourront être posées, pendant que d’autres stockent des branches et des pommes de sapin bien sèches.

    À la nuit tombée, ils allument un feu, qui crépite et éclaire le groupe, assis en rond. Ils se sentent bien, presque silencieux.

    La plupart des jeunes ont entre 18 et 20 ans. La majorité est des apprentis et des employés stagiaires. L’un d’entre eux, Jean-Paul, qui a 19 ans, fait exception. Il est en faculté depuis deux ans. Ils se réunissent régulièrement pendant l’année, le samedi soir dans une petite pièce prêtée par la paroisse. Un baby-foot y coexiste avec une table et des chaises, pour des jeux de cartes. L’un d’entre eux, étudiant, s’occupe de passer régulièrement le même disque de jazz sur un tourne-disque. Il assure ainsi l’ambiance sonore pendant qu’un autre vend de la bière, des bonbons et du chocolat que lui procure son père, épicier. Le groupe n’a pas de leader, si ce n’est au baby-foot ou une équipe est redoutable. Il n’y a pas d’adulte présent.

    Dans l’ensemble, ils éprouvent du plaisir à passer ces soirées, même si de temps à autre, l’affrontement au baby-foot peut déborder un peu sur les relations amicales. C’est le cas pour un apprenti plus âgé qui traite les étudiants – ils sont deux dans le groupe – de « Jorlets », entendant ainsi « fainéants », ne gagnant pas leur vie. Les deux étudiants ont beau lui dire qu’ils sont boursiers, ce n’est pas vraiment gagner sa vie.

    Chaque année, ils partent ensemble en vacances, pendant une semaine. L’année dernière, c’était Saint-Tropez. Cette année c’est l’Autriche.

    Ils laissent le feu s’éteindre doucement et regagnent leurs tentes.

    Le jour se lève à six heures, à sept heures pour eux. Tous ont bien dormi et la journée s’annonce belle.

    Le feu est rallumé et des casseroles d’eau mises à bouillir. De quoi préparer un café instantané avec du lait, accompagné d’un morceau de fromage. Pour se laver, rien de mieux que l’eau douce du lac, même si c’est un peu sommaire.

    Il devient nécessaire de s’organiser pour la vie du groupe. Jean-Paul est chargé, à sa demande, des relations avec le fermier, achats compris. Fernand, dont le père est épicier, sera le trésorier chargé de la caisse commune, à qui chacun remet une bonne partie des shillings dont ils disposent. Jean-Paul en profite pour se faire rembourser les achats d’hier soir.

    Louis et René accompagneront Fernand pour les courses alimentaires. Henri et Michel sont responsables du camp et des tentes. Il y aura toutefois toujours quelqu’un de présent.

    Paul et Robert s’occuperont du feu et donc du bois à ramasser. Norbert et Gilbert, l’un d’eux apprenti boucher et l’autre apprenti boulanger, superviseront la cuisine. Jean est chargé de s’occuper des visites et promenades. Sa mère travaille dans une librairie.

    Tous les autres donneront évidemment un coup de main.

    Le groupe quitte le camp, à part Michel, pour Bregenz.

    Pendant qu’ils visitent la vieille ville, Fernand, Louis, René surnommés « FLR » font les courses : miches de pain, charcuterie, viande, fruits, bière, sucre, boîtes de conserve diverses, confiture, gâteaux, farine, huile, chocolat, café instantané, etc. Ils rangent tout dans leur sac à dos, que tous, en bon Mosellans, appellent des

    « rucksacs ». Ils utilisent des termes du vocabulaire allemand, qu’ils connaissent par la famille, l’école, la rue. Ils n’ont évidemment pas l’accent roulant autrichien et butent parfois sur l’écriture gothique des panneaux. Pour l’essentiel, ils montrent du doigt ce qu’ils veulent.

    Les autres se promènent dans les rues étroites bordées de belles

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