Une histoire de fou
Par Francois Becker
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Selon Francois Becker, l’écriture nous apporte de nouvelles subtilités que la raison et la logique ignorent. Ainsi donc, coucher des lettres sur du papier est, pour lui, le seul moyen de laisser toutes ses préoccupations et ses impressions s’exprimer dans leur liberté la plus authentique.
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Aperçu du livre
Une histoire de fou - Francois Becker
Proposition imposée : la résolution de la guerre,
ou comment allumer les passions
La lettre
(Écrite à partir du 29/02/2022, terminée le 02/03/2022)
Une petite lettre, une histoire que je dédie aux personnes que j’aime, ou plutôt aux personnes qui m’ont toujours impressionné dans la vie. Celles qui ont été les plus intimes pour moi, celles qui seront, je pense, capables de comprendre ce que je vais écrire. J’insiste sur le fait que je propose cette lecture, en aucun cas, vous ne devez vous sentir contraint par cette proposition. C’est bien une proposition. Si vous n’êtes pas sûr, alors, peut-être ferez-vous mieux de ne pas la lire.
J’écris aujourd’hui pour présenter mes excuses, faire des aveux et vous raconter ce que je viens de vivre ces dernières années. J’écris également cette lettre afin de vous proposer un contrat.
L’histoire commence en 2017, quelques jours après Noël que j’ai fêté en famille à La Rochelle avec mes parents, ma sœur et ses enfants. Je rentre alors vers Sumène, là où je vis depuis plus de deux ans. Je suis en fin de relation avec mon amie et forcément… C’est pas évident. Je dois reconnaître que les choses n’ont vraiment pas l’air d’aller bien.
Je suis seul dans mon appartement à Sumène au cours d’une de ces soirées après Noël, mélancolique et triste. J’en ai marre, je n’ai pas envie d’être triste… Qui en a envie ? Personne, non ? À ma connaissance dans ce monde je n’ai jamais entendu quelqu’un dire qu’il voulait être malheureux, même les salopards. Et je commence à chercher… Je cherche un moyen… d’être heureux… à tout prix, à n’importe quel prix même s’il le faut. Je sais alors que je dois me donner corps et âme à cette idée. J’en suis sûr, de toute façon rien d’autre ne m’intéresse. C’est seulement maintenant que je peux enfin décrire ce qu’il s’est passé à ce moment précis, cette journée deux jours après noël 2017.
Je vais décrire la suite de l’histoire avec les mots que j’ai su décoder il y a peu. En fait, à ce moment, il y a quatre ans je peux décrire tout à fait ce qui m’arrive mais pas du tout de la même manière, je commence déjà à prétendre l’inverse, je pense tout comprendre. Mais je n’ai pas les clefs, les mots, les concepts, ou le moindre paradigme sur lequel m’appuyer en ce moment. L’expérience commence :
À ce moment, ce que je fais sans le comprendre, c’est que je m’apprête à découvrir mon Mythe… Ce Mythe je l’ai bien identifié. Il est très clair devant moi, mais j’ignore ce qu’est un Mythe ! Sa nature m’est complètement étrangère, je ne sais tout simplement pas de quoi il est fait.
Cependant, il semblerait que je me mette subitement à y croire. Je crois par exemple :
À l’égalité, à l’amour, au partage, à la solidarité, à la fraternité, et à la liberté. Je ne crois pas au capitalisme, à la guerre, à la cruauté. Pour moi, je crois que les droits de l’homme sont fondamentaux. Pour être honnête, ce que je crois à ce moment se résumerait à ça :
Je crois aux droits de l’être en général. Je crois que tous les êtres ont le droit de bénéficier de la vie et de ce qu’elle offre ainsi que du droit à la recherche du plaisir du bien-être et/ou du bonheur. Mon Mythe dit aussi que tout être humain et où être vivant, ainsi que toute la vie hypothétique à travers l’univers, voir les multivers, et toutes les vies que nous ne connaissons pas ou ne connaîtrons jamais, que tous/toutes ont le droit d’exercer leur nature créatrice et de s’en servir librement sans entrave ni servilité. Ces êtres ont également le droit de jouir du corps des uns et des autres si leurs choix ou leur désir mutuel sont clairement exprimés. Et puis pas mal d’autres choses mais arrêtons-nous là.
Voilà c’est ça mon mythe… Je ne sais pas de quoi il est fait, mais je le vois bien, il est impérial, absolu…
Ce mythe ce n’est pas spécialement moi qui l’ai inventé, et on ne sait pas vraiment ni d’où ni comment les mythes viennent à nous, mais c’est celui auquel j’aimerais adhérer, c’est un conglomérat de plusieurs idées, c’est un paradigme à découvrir.
Sauf qu’à ce moment, il y a quatre ans, je confonds tout. Je n’y adhère pas, je me mets à y croire comme jamais j’aurais pu m’y attendre. En fait, je suis en train de tout donner, mon âme, mon corps, littéralement tout ce que j’ai pour croire à ce mythe. Je pense à ce moment précis que cela va me permettre d’être heureux… J’en suis persuadé.
Je fais une énorme erreur, absolument gigantesque. Je ne me rends absolument pas compte de ce qui m’arrive :
Je suis alors en train de penser que MON mythe est vrai. Qu’il a une réelle volonté dans le monde. Je crois alors à ce mythe sans y adhérer.
Autrement dit, je suis littéralement en train de penser que forcément, l’univers lui-même a des forces sous-jacentes basées sur les idées de MON mythe. Je pense que les droits de l’homme sont une expression normale de ce que veut le monde… le monde est comme ça… Je ne comprends rien… Je n’ai pas adhéré à ce Mythe, je suis juste en train d’y croire… Je n’ai pas la moindre foutue idée de savoir que peut-être il y a une différence entre le mot adhérer et croire, une différence fondamentale que j’ignore.
Pour moi, il n’y a que croire. Je me mets à y croire à fond.
Je pense à ce moment que ça y est, je peux enfin chercher le bonheur et le trouver de cette manière.
En 4 ans, j’ai déjà construit beaucoup de choses, impressionné et animé par les personnes que j’aime. Mais curieusement, petit à petit, rien ne semble fonctionner réellement, ou très peu, des relations difficiles, famille, amis, et travail dont j’ai strictement rien à faire…
Je rencontre tant de personnes si belles, elles sont heureuses, mais il semblerait qu’elles me rejettent. Après 2017, tout s’accélère un peu. Je pars en saison au ski à Ax les thermes, et je rencontre l’amour réciproque pour la première fois de ma vie.
Je n’en reviens pas ! C’est la première fois que je touche au bonheur depuis que je suis enfant. Il existe donc ? Là, j’en ai la preuve ! Être amoureux pour la première fois, c’est si bon de se sentir comme ça ! Je baisse ma garde, je me complais.
Je goûtais au bonheur… Mais voilà. Le monstre est là. Depuis quelques mois, il est là, il prend beaucoup de pouvoir. Progressivement, il envahit toute ma pensée. Je pense qu’il me laisse les commandes de ma vie, je suis heureux mais… La saison se termine mal, très mal ! Je tombe en ski, une entorse au genou, et j’ai le pouce retourné. Direction l’hôpital, opération chirurgicale… Anesthésie générale.
Une bulle, une bulle est en train de se former autour de moi ! Et tout le monde la voit ! Cette fille que j’aime tant me dit, me crie même : Mais sors de ta bulle putain, sors !
C’est foutu… Elle m’englobe complètement cette bulle, je refuse de sortir, je ne peux pas sortir, je ne sais plus ce que je suis. J’ai déjà perdu les commandes il y a un moment et je ne peux pas les reprendre.
Mon amour… Il n’existe plus, il vient de disparaître ! « L’autre » ne pouvait pas mentir plus longtemps. Je suis perdu, je souffre beaucoup. Je ne comprends tout simplement pas comment cela est possible. Là d’où je viens, c’est impossible d’en arriver là, Il va falloir trouver un moyen de justifier ça ! Le monstre à l’intérieur de moi commence à s’atteler à la tâche et est en train de fabriquer tous les justificatifs nécessaires à mon illusion. Je crois encore… à fond à mon Mythe, alors même que je viens de perdre l’amour.
C’est déjà incohérent. « Pourtant on pourrait aller plus loin non ? »
Jusqu’où suis-je capable d’aller dans le mensonge ? C’est complètement incohérent, pourtant une question subsiste en moi. Je viens de perdre l’amour, et le monde existe toujours. C’est impossible çà ! Pourquoi est-ce que je suis toujours en vie ? Il y a une raison à ça, forcément…
Suis-je actuellement en train de déambuler dans les vestiges de notre monde, est-ce ça le monde impitoyable ? Vais-je réellement assister à sa destruction ? Ou reste-t-il quelque part un peu d’amour ? Juste un peu d’amour ? Il faut juste que ça existe, et les proportions, on s’en fout.
Je continue, pas le choix. Cette fois-ci, je pars en Angleterre. Je souffre beaucoup sans m’en rendre compte. C’est normal de vivre comme ça. J’y passe six mois. Deux versions :
— Je vais en Angleterre pour essayer d’apprendre l’anglais, changer d’air, travailler, mettre des sous de côté pour payer une formation. J’ai l’intention de devenir Stewart.
Et l’autre version, la vraie, celle que je cache à tout le monde :
— J’y vais, pour trouver le plus vite possible la première prison venue et m’engouffrer dedans. Évidemment au bout de deux jours, je fais un entretien.
Je trouve du travail à Burger King, la prison est parfaite. Le verdict : 6 mois de travail forcé 50 h semaine. Je ne fais plus que ça. Rencontrer des gens est difficile quand on est un dictateur. J’ai bossé dans une taule qui a pour nom une des plus grandes multinationales du monde, et cette prison est gigantesque !
Pour autant, travailler là-bas me rassure. Je suis en compagnie de tous mes amis taulards, les immigrés surtout. Les petits, ceux qui sont tout en bas, qui viennent dans ce pays avec leurs espoirs, prêt à tout, même aller en prison s’il le faut. Je suis ici pour comprendre que je ne suis pas seul dans cette guerre. On se serre les coudes. Je suis avec mes copains, mes frères et sœurs d’armes. Et oui si on nous envoie faire la guerre, je