Les Nourritures terrestres
Par André Gide
()
À propos de ce livre électronique
André Gide
André Gide (1869-1951) was a celebrated French author and intellectual whose works have left an indelible mark on literature and philosophical discourse. His exploration of themes such as homosexuality and the search for authenticity pushed the boundaries of societal acceptance, further establishing his position as a trailblazer within French modernist literature.
Lié à Les Nourritures terrestres
Livres électroniques liés
L’éloge de ma connerie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL' IDEOLOGIE DU NAZISME DANS L'HISTOIRE DE L'ALLEMAGNE Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRegards sur le monde actuel et autres essais Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Dieux Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes voies de l’incertitude Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Retour des dieux des cavernes: Essai philosophique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa naissance et l'évanouissement de la matière Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Prostitution à Marseille: Histoire - Administration et Police - Hygiène Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Morts mystérieuses de l'Histoire: Tome I - Rois, reines et princes français de Charlemagne à Louis XIII Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Utopie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'humanité se meurt...: La Planète des Sages Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSchopenhauer éducateur: Considérations inactuelles vol 5, tome 2 Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPensée rationnelle et argumentation Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationGrandeur et Décadence de la Guerre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSouvenirs d'Égotisme : autobiographie et lettres inédites Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe crépuscule des idoles: ou Comment on philosophe avec un marteau Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationÀ la recherche de Sören (Nouvelle Édition) Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Éthique Aristote à Mandela: LA MÉTACOMPÉTENCE Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe spécisme, qu'est ce que c'est ? Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5La Promesse: Et si réussir sa vie n’était pas ce que nous pensions ? Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe génocide des cerveaux Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'énigme Jaccoud: Un procès il y a soixante ans Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Recycleur: L’histoire de Rod Terminator Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPourquoi j'ai refusé la religion de mon mari ?: Quand la foi interfère dans le couple Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe déclin, la crise et le chaos: Réflexions sur le désordre mondial Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Culture de la mémoire ou comment se débarrasser du passé? Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLeçons de leadership tirées de Mouammar Kadhafi Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'Histoire de l'Atlantide: Esquisse géographique, historique et ethnologique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationcitations étranges et bizarres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe livre marginal de Freud et Bullitt Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Conception pour vous
Comprendre la procrastination: Pour obtenir vos objectifs Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Mandala des étoiles Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5La Vie, etc.: Petit guide vers le bonheur intérieur Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMa vie et la psychanalyse Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Bauhaus Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5L'art d'aimer Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDe la démocratie en Amérique: Tome I Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationEssais Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMagellan Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Qu'est-ce que l'art ? Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL’ABC des Styles Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Marie-Antoinette Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationA chacun sa définition de l'amour: Quelle est la tienne? Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Comment dessiner un personnage - Méthode de dessin avec l'anatomie du corps humain Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL'étrange Défaite Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDésencombrer et organiser la maison: Remettez votre vie sur les rails pour profiter d'espaces magnifiques et inspirants Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Aménagements commerciaux: Se différencier pour réussir Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationManga Dessiner Pas à Pas: +200 modèles à suivre et reproduire (corps, visages, yeux, chevelures, expressions, postures) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTrop fauchée pour m'habiller bon marché: Les bons plans pour être chic à petits prix Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Chroniques de l'homme élégant Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationVie de Beethoven: édition intégrale avec correspondance Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationHistoire et composantes de la mode: Les Grands Articles d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNapoléon: Sa vie, son oeuvre, son temps Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationApprendre à écrire un livre: Étape par étape, de l'idée de livre à la publication - Devenir auteur, c'est facile Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMaison organisée quotidien simplifié: Comment désencombrer et se sentir mieux chez soi Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLingerie Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Mucha Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPeintures numériques expréssives sur Procreate Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Avis sur Les Nourritures terrestres
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Les Nourritures terrestres - André Gide
Les Nourritures terrestres
Les Nourritures terrestres
PRÉFACE DE L’ÉDITION DE 1927
LIVRE PREMIER
I
II
III
LIVRE DEUXIÈME
LIVRE TROISIÈME
LIVRE QUATRIÈME
I. 4
II. 4
III. 4
IV. 4
LIVRE CINQUIÈME
I. 5
II. 5
III. 5
LIVRE SIXIÈME
LIVRE SEPTIEME
LIVRE HUITIEME
HYMNE
ENVOI
Page de copyright
Les Nourritures terrestres
André Gide
Voici les fruits dont nous nous sommes nourris sur la terre.
Le Coran, II, 23
PRÉFACE DE L’ÉDITION DE 1927
Juillet 1926.
Ce manuel d’évasion, de délivrance, il est d’usage qu’on m’y enferme. Je profite de la réimpression que voici pour présenter à de nouveaux lecteurs quelques réflexions, qui permettront de réduire son importance, en le situant et en le motivant d’une manière plus précise.
1° Les Nourritures terrestres sont le livre, sinon d’un malade, du moins d’un convalescent, d’un guéri – de quelqu’un qui a été malade. Il y a, dans son lyrisme même, l’excès de celui qui embrasse la vie comme quelque chose qu’il a failli perdre ;
2° J’écrivais ce livre à un moment où la littérature sentait furieusement le factice et le renfermé ; où il me paraissait urgent de la faire à nouveau toucher terre et poser simplement sur le sol un pied nu.
À quel point ce livre heurtait le goût du jour, c’est ce que laissa voir son insuccès total. Aucun critique n’en parla. En dix ans, il s’en vendit tout juste cinq cents exemplaires ;
3° J’écrivais ce livre au moment où, par le mariage, je venais de fixer ma vie ; où j’aliénais volontairement une liberté que mon livre, œuvre d’art, revendiquait aussitôt d’autant plus. Et j’étais en l’écrivant, il va sans dire, parfaitement sincère ; mais sincère également dans le démenti de mon cœur ;
4° J’ajoute que je prétendais ne pas m’arrêter à ce livre. L’état flottant et disponible que je peignais, j’en fixais les traits comme un romancier fixe ceux d’un héros qui lui ressemble, mais qu’il invente ; et même il me paraît aujourd’hui que ces traits, je ne les fixais pas sans les détacher de moi, pour ainsi dire, ou, si l’on préfère, sans me détacher d’eux.
5° L’on me juge d’ordinaire d’après ce livre de jeunesse, comme si l’éthique des Nourritures avait été celle même de toute ma vie, comme si, moi tout le premier, je n’avais point suivi le conseil que je donne à mon jeune lecteur : « Jette mon livre et quitte-moi. » Oui, j’ai tout aussitôt quitté celui que j’étais quand j’écrivais Les Nourritures ; au point que si j’examine ma vie, le trait dominant que j’y remarque, bien loin d’être l’inconstance, c’est au contraire la fidélité. Cette fidélité profonde du cœur et de la pensée, je la crois infiniment rare. Ceux qui, devant que de mourir, peuvent voir accompli ce qu’ils s’étaient proposé d’accomplir, je demande qu’on me les nomme, et je prends ma place auprès d’eux ;
6° Un mot encore : Certains ne savent voir dans ce livre, ou ne consentent à y voir, qu’une glorification du désir et des instincts. Il me semble que c’est une vue un peu courte. Pour moi, lorsque je le rouvre, c’est plus encore une apologie du dénuement, que j’y vois. C’est là ce que j’en ai retenu, quittant le reste, et c’est à quoi précisément je demeure encore fidèle. Et c’est à cela que j’ai dû, comme je le raconterai par la suite, de rallier plus tard la doctrine de l’Évangile, pour trouver dans l’oubli de soi la réalisation de soi la plus parfaite, la plus, haute exigence, et la plus illimitée permission de bonheur.
« Que mon livre t’enseigne à t’intéresser plus à toi qu’à lui-même, – puis à tout le reste plus qu’à toi. » Voici ce que déjà tu pouvais lire dans l’avant-propos et dans les dernières phrases des Nourritures. Pourquoi me forcer à le répéter ?
A. G.
Ne te méprends pas, Nathanaël, au titre brutal qu’il m’a plu de donner à ce livre ; j’eusse pu l’appeler Ménalque, mais Ménalque n’a jamais, non plus que toi-même, existé. Le seul nom d’homme est le mien propre, dont ce livre eût pu se couvrir ; mais alors comment eussé-je osé le signer ?
Je m’y suis mis sans apprêts, sans pudeur ; et si parfois j’y parle de pays que je n’ai point vus, de parfums que je n’ai point sentis, d’actions que je n’ai point commises – ou de toi, mon Nathanaël, que je n’ai pas encore rencontré –, ce n’est point par hypocrisie, et ces choses ne sont pas plus des mensonges que ce nom, Nathanaël qui me liras, que je te donne, ignorant le tien à venir.
Et quand tu m’auras lu, jette ce livre – et sors. Je voudrais qu’il t’eût donné le désir de sortir – sortir de n’importe où, de ta ville, de ta famille, de ta chambre, de ta pensée. N’emporte pas mon livre avec toi. Si j’étais Ménalque, pour te conduire j’aurais pris ta main droite, mais ta main gauche l’eût ignoré, et cette main serrée, au plus tôt je l’eusse lâchée, dès qu’on eût été loin des villes, et que je t’eusse dit : oublie-moi.
Que mon livre t’enseigne à t’intéresser plus à toi qu’à lui-même, – puis à tout le reste plus qu’à toi.
LIVRE PREMIER
Mon paresseux bonheur qui longtemps sommeilla
S’éveille…
HAFIZ
I
Ne souhaite pas, Nathanaël, trouver Dieu ailleurs que partout.
Chaque créature indique Dieu, aucune ne le révèle.
Dès que notre regard s’arrête à elle, chaque créature nous détourne de Dieu.
Tandis que d’autres publient ou travaillent, j’ai passé trois années de voyage à oublier au contraire tout ce que j’avais appris par la tête. Cette désinstruction fut lente et difficile ; elle me fut plus utile que toutes les instructions imposées par les hommes, et vraiment le commencement d’une éducation.
Tu ne sauras jamais les efforts qu’il nous a fallu faire pour nous intéresser à la vie ; mais maintenant qu’elle nous intéresse, ce sera comme toute chose – passionnément.
Je châtiais allégrement ma chair, éprouvant plus de volupté dans le châtiment que dans la faute – tant je me grisais d’orgueil à ne pas pécher simplement.
Supprimer en soi l’idée de mérite ; il y a là un grand achoppement pour l’esprit.
… L’incertitude de nos voies nous tourmenta toute la vie. Que te dirais-je ? Tout choix est effrayant, quand on y songe : effrayante une liberté que ne guide plus un devoir. C’est une route à élire dans un pays de toutes parts inconnu, où chacun fait sa découverte et, remarque-le bien, ne la fait que pour soi ; de sorte que la plus incertaine trace dans la plus ignorée Afrique est moins douteuse encore… Des bocages ombreux nous attirent ; des mirages de sources pas encore taries… Mais plutôt les sources seront où les feront couler nos désirs ; car le pays n’existe qu’à mesure que le forme notre approche, et le paysage à l’entour, peu à peu, devant notre marche se dispose ; et nous ne voyons pas au bout de l’horizon ; et même près de nous ce n’est qu’une successive et modifiable apparence.
Mais pourquoi des comparaisons dans une matière si grave ? Nous croyons tous devoir découvrir Dieu. Nous ne savons, hélas ! en attendant de Le trouver, où nous devons adresser nos prières. Puis on se dit enfin qu’il est partout, n’importe où, l’Introuvable, et on s’agenouille au hasard.
Et tu seras pareil, Nathanaël, à qui suivrait pour se guider une lumière que lui-même tiendrait en sa main.
Où que tu ailles, tu ne peux rencontrer que Dieu. – Dieu, disait Ménalque : c’est ce qui est devant nous.
Nathanaël, tu regarderas tout en passant, et tu ne t’arrêteras nulle part. Dis-toi bien que Dieu seul n’est pas provisoire.
Que l’importance soit dans ton regard, non dans la chose regardée.
Tout ce que tu gardes en toi de connaissances distinctes restera distinct de toi jusques à la consommation des siècles. Pourquoi y attaches-tu tant de prix ?
Il y a profit aux désirs, et profit au rassasiement des désirs – parce qu’ils en sont augmentés. Car, je te le dis en vérité, Nathanaël, chaque désir m’a plus enrichi que la possession toujours fausse de l’objet même de mon désir.
Pour bien des choses délicieuses, Nathanaël, je me suis usé d’amour. Leur splendeur venait de ceci que j’ardais sans cesse pour elles. Je ne pouvais pas me lasser. Toute ferveur m’était une usure d’amour, une usure délicieuse.
Hérétique entre les hérétiques, toujours m’attirèrent les opinions écartées, les extrêmes détours des pensées, les divergences. Chaque esprit ne m’intéressait que par ce qui le faisait différer des autres. J’en arrivai à bannir de moi la sympathie, n’y voyant plus que la reconnaissance d’une émotion commune.
Non point la