Mémoire à la gloire de Normandie-Niémen
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
Passionné d’aéronautique, Claude R. Guiraud rend hommage aux pilotes du Normandie-Niémen par ce mémoire, après avoir vécu leur souvenir à la faveur d’une affectation à Moscou.
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Avis sur Mémoire à la gloire de Normandie-Niémen
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Aperçu du livre
Mémoire à la gloire de Normandie-Niémen - Claude R. Guiraud
Avertissement
Il me paraît tout d’abord nécessaire de révéler ici les raisons de cette composition à la mémoire du prestigieux Groupe de Chasse N° 3 « Normandie-Niémen » (parfois dénommé : Escadrille Normandie-Niémen)
Car tant de fois, parlant avec tellement de conviction, voire de précision sur ce sujet, j’éveillais un particulier étonnement, qui me faisait rétorquer des objections du genre : « Mais comment connais-tu et parles-tu de ça ? » « Tu n’es pas de cette génération ! », etc., etc. !
Eh oui, c’est bien vrai, je n’étais alors âgé que de neuf ans, lorsque ce Groupe de Chasse débuta ses combats sur le front de l’Est ! Et ce n’est que beaucoup plus tard que je commençais à me passionner à propos de ses péripéties. J’étais alors adolescent, en Tunisie, où mon père était officier de Marine. J’avais découvert Normandie-Niémen à la lecture du livre de Roger Sauvage (Un du Normandie-Niémen).
J’avais la fringale de ces récits d’Aviation et de guerre aérienne, à la lecture de : le grand Cirque, les carnets de René Mouchotte, la vie d’Henri Guillaumet, Feux du ciel, Jusqu’au bout sur nos Stukas, Retour à l’aube, Marins de métier, pilote de fortune, etc., etc.
J’avoue que « Un du Normandie-Niémen » fut pour moi celui qui me passionna le plus, parmi tous ces récits ! En outre, peu de temps auparavant s’était trouvé stationné tout près de Bizerte (où je résidais) et sur la base de Sidi-Ahmed, le II/6 Normandie-Niémen, équipé à l’époque de Bell P-63 « Kingcobra » ! J’ajouterai enfin que son commandant, le Colonel Jean Menu, habitait un étage au-dessus de chez moi et c’était un grand ami de mes parents… ! J’admirais alors cet As de 39/45, à la poitrine gauche couverte de décorations, une croix de guerre débordant de citations. Alors qu’il était Capitaine, en octobre 1944, il prit le commandement du groupe 2/3 Dauphiné, sur chasseur bombardier P-47 « Thunderbolt » !
En 1966, au cours de ma carrière militaire, je fus affecté, à ma demande, au Poste de l’Attaché des Forces Armées à Moscou ! Où donc mieux se trouver pour entendre parler de Normandie-Niémen… ?
J’ai donc passé quatre années à Moscou, ayant dans mes attributions les relations extérieures de la Mission, la charge de l’organisation des cérémonies ! J’ai eu donc maintes fois l’occasion de m’occuper des dépôts de gerbes au mémorial Normandie-Niémen, apposé sur le mur du palais Koutouzov, à l’époque siège de la Mission Militaire.
J’ai pu aussi constater durant ce séjour en URSS, combien le culte de la mémoire de ce prestigieux Régiment d’Aviation, venu combattre aux côtés des Forces Soviétiques, était assidûment entretenu. Combien d’articles dans la presse soviétique étaient publiés à son propos, que de conférences étaient faites dans les écoles par des vétérans soviétiques de la Seconde Guerre Mondiale, pour parler aux jeunes et aux moins jeunes, de ces pilotes français venus combattre à leur côté sur le front de l’Est !
Alors ai-je eu l’envie de collationner tout ce que je pouvais trouver sur Normandie-Niémen, et depuis 1966, combien ai-je pu accumuler d’informations diverses dans un press-book !
Je me promettais d’humblement déposer celui-ci au Musée Normandie-Niémen des Andelys (27), mais j’ai tout de même désiré produire un mémoire personnel à l’appui de cette documentation et de mes recherches personnelles.
Pour répondre aux personnes étonnées de tout ceci, je crois pouvoir affirmer que depuis j’ai appris à relativement bien connaître Normandie-Niémen, animé par mon admiration pour tout ce qui l’intéresse.
Ainsi doit-on considérer que réside là mon désir suprême d’en honorer, à mon tour, le souvenir de ces dignes et valeureux combattants volontaires français.
Préambule
Voici donc le récit de l’épopée d’une unité d’aviateurs volontaires français, pour aller combattre sur le Front de l’Est aux côtés des forces soviétiques, les épaulant ainsi dans la libération de leur territoire envahi par les troupes allemandes. Ces dernières étaient presque parvenues en hiver 1942, aux portes de Moscou, à seulement une centaine de kilomètres.
Ce récit du Normandie-Niémen débute courant 1942, lors de sa création ! La guerre avait effectivement débuté courant 1939, elle fut suivie pour les Français par un court intermède qui s’était produit avec l’Armistice.
C’est alors que progressivement des Français regagnèrent tour à tour Londres et la France Libre, après l’Appel du 18 juin 1940. Ce n’est que fin 1941 et début 1942 que commenceront à se constituer ce qu’on véritablement considérer comme Les Forces Françaises Libres.
Tous ces combattants volontaires qui auparavant avaient rallié Londres ou quelques rares territoires ayant rallié la France Libre, avaient été tout d’abord été enrôlés dans des unités anglaises, où ils avaient ainsi repris le combat libérateur face aux Forces de l’Axe (germano-italiennes).
Voici donc posé grosso modo, le tableau de la situation Générale au moment où va débuter notre relation.
Cependant nous parut-il utile de revenir sur certains faits historiques qui expliqueront ensuite l’émergence de certains événements surprenants face à la situation internationale du moment et qui feront paraître parfois un étonnant décalage avec celle-ci !
Tout d’abord, étant entendu que nous allons traiter un sujet intéressant principalement une unité de l’Armée de l’Air, il sera nécessaire de replacer cette Arme dans sa situation exacte du moment. Nous allons découvrir qu’en tant qu’Arme, elle était d’une création assez récente, avec évidemment les inévitables balbutiements des débuts… !
Puis, envisagerons-nous la situation internationale à partir de l’année 1939, ce qui placera le tableau de scène des évolutions ultérieures, permettra de comprendre bien des phénomènes étranges qui vont mettre en condition pour le démarrage de cette Seconde Guerre mondiale.
Puis tout au long de ce récit concernant plus particulièrement Normandie-Niémen, envisagerons-nous des situations parallèles du moment sur le territoire russe, tout comme quelques rappels historiques présentant une coïncidence étrange avec notre point d’intérêt principal, cette héroïque formation aérienne que fût le Groupe de Chasse N° 3 Normandie. C’était sa désignation d’origine ! Il allait plus tard recevoir, en novembre 1944, la prestigieuse appellation de Régiment d’Aviation du Niémen, par oukase de Josef Staline, en récompense de son héroïque traversée du fleuve frontalier Niémen à cette même époque ! Et cette unité de Chasse conservera ensuite, jusqu’à nos jours, l’appellation de Normandie-Niémen.
Voici donc l’explication de ces chapitres différents, qui pourraient paraître superflus, mais qui en réalité vont prendre place en entrée de matière, pour permettre une illustration plus complète de notre relation.
Nous avons enfin tenu à établir une bibliographie détaillée des 96 pilotes qui ont combattu au Normandie-Niémen. Le lecteur découvrira ces personnages venus de tous horizons, les éléments d’information de cette bibliographie mettent en exergue les conditions dans lesquelles chacun de ces combattants aura rejoint le combat de la Libération. On retrouvera au sein de ces valeureux aviateurs des personnes d’origine et conditions diverses, des Saint-Cyriens, une belle cohorte de ci-devant, de riches héritiers, côtoieront d’autres concitoyens de conditions plus modestes. De quelque manière que se soit produit leur ralliement à la France Libre, tous ensembles, sans distinction de classe, ils mettront en œuvre leur courage, leur talent d’aviateur et de combattant pour accomplir leur mission au coude à coude, parvenant ainsi à connaître cette célébrité, qu’ils méritaient grandement.
De même, on retrouvera dans cette bibliographie des personnages qui parallèlement jouèrent un rôle important dans la création et de le devenir de cette prestigieuse unité. Enfin nous apparut-il indispensable de porter à la connaissance du lecteur l’indéfectible attachement du pouvoir soviétique, puis russe et de la population, pour le Devoir de Mémoire à l’adresse de ces combattants français qui étaient venus se battre pour la libération de leur patrie ! Ce phénomène perdure à l’heure actuelle au sein des jeunes générations !
Ceci apparaît tout à fait surprenant, alors que chez nous, même au sein de l’Armée de l’Air, Normandie-Niémen ne représente aux yeux d’aviateurs, qu’une unité de chasse basée quelque part en France… ? J’ai personnellement fait l’expérience de ceci, en m’entretenant avec un Capitaine (!), chargé d’animer un stand de propagande de l’Armée de l’Air dans le cadre d’une exposition, il ne connaissait alors qu’ainsi le Normandie-Niémen… !
Nous souhaitons donc qu’à l’issue de la lecture de notre mémoire, nous serons parvenus à mieux faire connaître et apprécier, tout autant que nous-mêmes, cette prestigieuse unité et ses valeureux combattants, qui ont dignement représenté la France à un moment où notre Patrie avait grand besoin de retrouver une certaine reconnaissance internationale, après la rude expérience qu’elle venait de connaître en 39/40 !
Préface (en russe)
Уважаемые читатели !
Вы держите в руках уникальную книгу о французских лётчиках – интернационалистах авиационной эскадрильи «Нормандия – Неман».
В годы Второй мировой войны, когда решалась судьба человечества в ожесточённых, кровопролитных боях с германским фашизмом, группа лётчиков – интернационалистов вместе с советскими лётчиками вступила в бой с немецкими ассами. Это был достойный пример мужества и отваги,не покорившихся оккупантам сынов Франции, которые готовы были отдать жизнь вжестокой схватке с врагом.
В книге собраны малоизвестные факты и эпизоды боёв французских лётчиков с хвалёнными фашистскими ассами, систематизированы документы о взаимодействии эскадрильи и, в дальнейшем, полка «Нормандия – Неман» с авиационными частями Красной Армии.
Фронтовое братство советских и французских лётчиковзакалилосьв боях и получило достойное признание у нашего народа. Чем дальше в историю уходят события тех фронтовых лет, тем глубже они проникают в наше сознание.
Сохранение исторической памяти и правды о войне, о подвигах героев, рядовых гражданах является святой обязанностьюпослевоенного поколения. Это особенно актуально в наши дни, когда в мире нарастает информационная война, подвергаются ревизии причины, ход и исход войны. Не прекращаются попытки сформировать у народов Европы, в том числе и у французского народа негативное отношение к России.
Представляемая книга, служит хорошим примером сохранения верности интернациональным традициям, фронтовой дружбе, укреплению добрых отношений между нашими народами. Она вызовет несомненный интерес не только у французского, но и российского читателя.
Ветераны России уверены, что нынешнее поколение гражданбудет достойным памяти своих великих предков и возьмёт на себя ответственность за сохранение мира на нашей земле.
Председатель Ордена Отечественной войны I степени
Общероссийской общественной организации ветеранов
«Российский Союз ветеранов», доктор военных наук,
генерал армии М. Моисеев
Le Général d’Armée M. Moiseev
Préface (traduite en français)
Chers lecteurs !
Vous tenez entre vos mains un livre unique sur les pilotes français de l’Escadrille Aérienne « Normandie-Niémen ».
Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que le sort de l’humanité se décidait dans des batailles féroces et sanglantes contre l’Allemagne nazie, un groupe de pilotes français, ainsi que des pilotes soviétiques, entrèrent en bataille contre les meilleurs pilotes allemands. C’était un digne exemple de courage, les Fils de la France qui ne se soumettaient pas à l’Occupant, étaient prêts à donner de leur vie, sur un Théâtre d’Opération Extérieure, dans une bataille acharnée contre l’ennemi.
Ce livre contient des faits et des épisodes peu connus des batailles de pilotes français contre les meilleurs pilotes allemands tant vantés, des documents systématisés sur les interactions de l’Escadron Normandie et, plus tard du Régiment Normandie-Niémen, avec les unités de l’Aviation de l’Armée rouge.
Cette fraternité de première ligne des pilotes soviétiques et français a reçu la digne reconnaissance du peuple Russe. Plus les événements de ces années de première ligne avancent dans l’histoire, plus ils pénètrent profondément dans notre conscience.
Préserver la mémoire historique et la vérité sur la guerre, sur les exploits de ces héros, des citoyens ordinaires, est le devoir sacré de la génération d’après-guerre. Cela est particulièrement vrai aujourd’hui, alors que la guerre de l’information s’intensifie dans le monde, les raisons, le cours et l’issue de la guerre sont en train d’être révisés. Des tentatives visent à générer une tension entre la Russie et les peuples de l’Union européenne.
Ce livre présenté est là comme un bon exemple du maintien de la fidélité aux traditions internationales, de l’amitié de première ligne, du renforcement des bonnes relations entre nos peuples. Il suscitera sans aucun doute l’intérêt non seulement du lecteur français, mais aussi du lecteur russe !
Les anciens combattants russes sont convaincus que la génération actuelle de citoyens sera digne de la mémoire de leurs grands ancêtres et assumera la responsabilité de préserver la paix dans notre pays.
Président de l’Ordre de la Guerre patriotique du 1er degré
Organisation publique panrusse des Anciens Combattants
« Union Russe des Anciens Combattants », Docteur en sciences militaires,
Général d’Armée M. Moiseev
L’escadrille du tsar
Une surprenante coïncidence historique…
Nous avons estimé intéressant de rappeler ici un pareil soutien de la France à la Russie, mais alors ceci se passait en 1916… ! À l’exemple donc de ce qui fut réalisé en 1942, entre la France Libre et l’Union soviétique.
C’était tout juste avant le début de la Première Guerre mondiale, dans le cadre d’un plan d’aide, trois pays alliés d’Europe occidentale, envoyèrent en Russie des missions d’aide militaire.
La Belgique et la Grande-Bretagne vont assurer la fourniture de voitures blindées, la France va accomplir un effort considérable dans la fourniture de matériels aéronautiques et de personnels spécialistes.
En 1916, la Russie disposait certes d’une aviation militaire, mais celle-ci était faible en moyens par rapport à celle des pays de l’Europe occidentale, ceci en raison d’une industrie aéronautique modeste.
Outre cette fourniture de matériels, la France expédia une mission militaire, à la tête de laquelle se trouvait le Général Pau, qui sera ensuite relevé par le Général Janin. Ce fut plus de deux cents officiers, un millier de sous-officiers et hommes de troupe de toutes armes, qui furent détachés. Le détachement aéronautique représentera de son côté l’effectif de deux escadrilles.
C’était donc pour répondre aux demandes pressantes du gouvernement russe de Petrograd en matériels aéronautiques que la France va adresser des avions en caisses, ainsi que ce personnel militaire spécialiste.
L’accord fut signé le 30 avril 1916, à Paris entre le Général Roques, ministre de la Guerre et le comte Ignatieff, Attaché militaire russe en France.
Le détachement aviation de la mission française sera dirigé par le Commandant Berger, il sera tout d’abord basé à Kiev (Ukraine). Outre leurs missions de combat, les Français vont concourir à assurer un complément de formation aéronautique des pilotes russes, qui se trouveront au début, intégrés dans cette unité, en parfaite symbiose.
Mais la situation va se trouver perturbée dès février 1917, au moment où éclata la première révolution, qui voit l’abdication du Tsar Nicolas II. Le gouvernement de Kerensky va prendre dans un premier temps les commandes.
Devant cette perturbation, les soldats russes vont perdre de leur valeur guerrière et malgré tous ses efforts, la mission française ne parviendra pas à rendre aux armées russes cette qualité de combat.
Par ailleurs, vont intervenir des relèves à la tête de l’ensemble de notre mission d’aide militaire. Le Général Janin est remplacé par le Général Niessel. Le détachement aviation va être confié au Commandant Bordage, en remplacement du Commandant Berger. Parallèlement, un renfort en pilotes très expérimentés va étoffer nos deux escadrilles. La 581e sera commandée par le Capitaine Balavoine, la 582e par le Capitaine Lachmann, un Alsacien, spécialiste dans l’attaque des ballons « saucisses » ;
Les escadrilles sont toutes deux équipées d’avions Spad de chasse et d’avions Farmann de reconnaissance. L’effectif total de ces deux escadrilles représente alors 42 officiers, 25 sous-officiers, 200 hommes de troupe.
De Kiev, les aviateurs français vont se porter en Galicie, à Robrotsche, plus proche du front, où ils vont côtoyer le groupe russe du Capitaine Kasakov, un pilote déjà couvert de gloire. Il terminera la guerre avec un total de 15 victoires, son adjoint le Capitaine Toumianoff avec 17 victoires, le Lieutenant Smirnoff avec 9 victoires, le Lieutenant Arguev avec 4 victoires. Ils servaient tous sur des avions de fabrication française, des Nieuport. Les pilotes français surent aussi se distinguer, avec néanmoins des pertes au combat.
Courant 1917, les armées russes se montrèrent déstabilisées par les conflits politiques internes, de ce pays en pleine révolution Devant l’offensive allemande et austro-hongroise, ses armées opéreront plusieurs replis successifs. Le premier en fin juillet 1917, puis un second repli en septembre, de 110 km. En automne interviendra un troisième repli et enfin le quatrième repli, au moment même de la révolution d’octobre (7 novembre pour notre calendrier Julien !).
L’armée russe ne semble plus alors en condition du moindre acte de guerre. Les aviateurs français vont tenter un coup de force pour enrayer l’avance ennemie, ils vont réussir quelques brillants actes de guerre et c’est finalement l’Armistice de 1918 qui va stopper l’ardeur guerrière ennemie.
Durant l’année 1918, la mission française demeure en liaison radio quotidienne avec Paris. Sur ordre du Général Niessel, une partie des aviateurs de l’escadrille 582 se replie sur Simferopol, en Crimée.
La 581 démonte ses appareils et par voie ferrée regagne Loubny à 200 km de Kiev.
Lorsque les Bolcheviks prennent Kiev, au prix de durs combats, maison par maison et procèdent à des exécutions sommaires, les Français seront épargnés, que parce qu’ils portaient leur uniforme national ! C’est dire avec quelle sauvagerie se déroula cette période de l’histoire de la Russie !
Après un voyage épique, le détachement aviation français entreprend par Vologda à l’est de Petrograd (bientôt baptisée Leningrad…) et par Petrozavodsk, son déplacement vers la mer Blanche, pour être ensuite rapatrié sur la France.
Ce détachement aviation français n’aura pas démérité, il eut une conduite exemplaire en toutes circonstances, se trouvant tiraillé entre une guerre face aux envahisseurs germano-austro-hongrois et les conflits internes liés à cette Révolution Soviétique.
Le Général Niessel adressa en cette circonstance les suivantes sages directives :
« Le détachement en entier doit en toutes circonstances se considérer comme le porte-drapeau de l’Aviation française, et faire preuve, au milieu des pires difficultés, de sentiments intangibles de discipline, d’honneur et de sacrifice. »
Voici donc quels furent les précurseurs de Groupe Normandie !
La situation de l’aviation avant-guerre
À l’origine, le moyen de dominer le terrain fut l’apparition des premiers ballons en 1783 ! Il apparaît clairement, par nature même, que le défaut majeur de ces ballons résidait dans leur incapacité à se diriger, ils étaient reliés au sol par un guiderope, un cordage maintenu par un équipage. Ce qui permettait de contrôler le déplacement et de ramener au sol, le moment venu. Dans la nacelle suspendue sous le ballon se trouvait l’équipage de deux aérostiers qui notaient leurs observations pour ensuite les transmettre, tout en larguant un étui lesté, qu’ils expédiaient au sol. C’est donc dès 1783 que le savant Général Jean-Baptiste Marie Meusnier de La Place imagina les organes de direction et exposera ce qui sera à la base de l’aérostation de l’époque !
Par la suite, l’idée germa de mettre en œuvre ce moyen de domination du terrain, afin de permettre une meilleure observation lors de conflits guerriers. Ainsi pouvait-on à distance, mais en altitude suffisante, connaître la position de l’ennemi, apprécier l’importance de sa troupe de combattants, etc. !
Puis naquit un moyen encore plus efficace, dès la création du plus lourd que l’air, c’est-à-dire des premiers aéronefs à moteur ! Là, s’ajoutait à la possibilité de s’élever en altitude, celle de pouvoir se déplacer, donc avoir une meilleure appréciation du terrain et de l’objectif ! Lors de manœuvres de l’Est en 1911, se produisit le premier exercice d’observation aérienne, avec information des observations relevées aux troupes au sol. Comme il n’existait pas à l’époque de moyen radio, l’observateur larguait un petit container renfermant son message.
Ci-dessous, nous en produisons une vue. On observera le pilote en poste à l’arrière et à l’avant les deux observateurs : l’un observant avec ses jumelles, l’autre larguant le message d’informations à l’adresse des troupes au sol.
C’est ainsi que l’aviation devint un nouveau moyen de combat lors de la Première Guerre mondiale ! S’ajouta bien vite l’armement de ces aéronefs, non pas seulement pour attaquer les positions ennemies, mais aussi lutter contre l’aviation adverse, qui elle aussi prenait son essor !
La Première Guerre mondiale fut donc réellement l’origine d’utilisation de ce moyen aéronautique de combat. Ce n’était pas encore une Arme définie tout comme l’Armée de Terre, ou la Marine, mais elle sera rattachée à l’Armée de Terre pour en organiser son utilisation. Voici donc que nous allons à présent examiner et découvrir au fur et à mesure la véritable naissance de l’Aviation Militaire.
1933 – Naissance de l’Armée de l’Air
Une genèse contrariée…
Nous ne prétendons pas venir relater toutes les péripéties de cette genèse, mais apporter des informations qui permettront de mieux comprendre les raisons des déroulements ultérieurs, seulement 6 ans plus tard, lors de la mise en œuvre de cette Arme nouvelle dans le conflit de 39/40 !
Ceci confirmera que des lacunes dans les décisions politiques et les actes de commandement, ne faciliteront pas l’action de notre Armée de l’Air, face au rouleau compresseur d’une Deutsche Luftwaffe, bien armée et utilisée sous une forme de commandement autonome et moderne… !
Dijon, 13 mai 1916, présentation du 1er drapeau
de l’aviation par Georges Guynemer
Concernant l’Aviation Militaire, appelée à l’époque : Armée Aérienne Aviatrice Armée…, sa création remonte à la période qui suivit immédiatement le vol de Clément Ader à Gretz (château d’Armainvilliers), le 09/10/1890. Puis ce fut à Satory le 14/10/1897, toujours avec Clément Ader, suivi le 16/101906 par Santos-Dumont, etc. Cette arme nouvelle était encore intégrée dans l’Armée de Terre.
Ce n’est que le 31 janvier 1933 (décidément une année fertile en nouveautés de part et d’autre du Rhin… !), que Pierre Cot est nommé au poste de ministre de l’Air, dans le gouvernement d’Édouard Daladier.
Jusque-là, à ce poste les figures de proue de l’Aéronautique Militaire, au lendemain de la Première Guerre mondiale : Pierre-Etienne Flandin, Laurent Eynac, Paul Painlevé, vont céder leur place à ce jeune agrégé de Droit, qui ne dispose d’ailleurs que de très peu d’expérience de l’Aviation !
L’esprit vif de ce nouveau ministre va lui faire désigner dès le 7 février 1933, en qualité de Chef d’État-Major des forces aériennes, le Général Victor Denain. Un officier général de tempérament qui a déjà dirigé l’aéronautique militaire durant la Grande Guerre…
C’est donc à cet homme d’expérience que Pierre Cot va s’en remettre pour ce renouveau espéré de l’Armée de L’air.
En Europe se produit déjà une politique active de ce type de développement, le Général Denain a observé la doctrine italienne en ce sens, conduite par Guilio Douhet, qui prône la primauté de l’aviation dans la guerre moderne !
Nos deux responsables français vont donc reprendre ces idées et œuvrer de consorts. Car précisons que ce renouveau touchera simultanément la création de l’Armée de l’Air, mais aussi de l’Aéronautique Navale !
Tout ne se passera pas sans difficulté car les Généralissimes de l’Armée de Terre avaient leurs propres options, évidemment basées sur le passé, donc en contradiction avec une solution moderne et adaptée aux futurs conflits, où la donne allait grandement changer… !
On trouve déjà là ce qui se reproduisit une vingtaine d’années plus tard lors de la création de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre, où il fallut guerroyer face à la résistance conjointe de l’Armée de l’Air et de l’Artillerie. Cette dernière ne voulant croire à autre chose, qu’à un simple moyen aérien de repérage et d’aide au réglage de tirs d’Artillerie… !
Commentaire du côté Armée de l’Air, par le Haut Commandement :
« … on voyait un danger dans la constitution d’aviations indépendantes rattachées à des départements ministériels autres que l’Armée de l’Air… ».
Encore une fois nous trouvions-nous en totale contradiction avec ce qui se faisait partout ailleurs : aux USA, en Grande-Bretagne, en Italie, en Allemagne, etc. !
Mais alors concernant cette Armée de l’Air, ce qui incita à bouger dans le courant des années Trente, c’est qu’après la surprise de l’observation des progrès réalisés en aéronautique chez les Italiens, on découvrit qu’à leur tour les Allemands, qui venaient de perdre la guerre, créaient la surprise avec leur politique de développement d’une aviation moderne !
Ne manquons pas de rappeler que ces derniers venaient de faire une véritable démonstration de force dans leur concours efficace lors de la Guerre d’Espagne en 1936 ! Ils nous faisaient déjà découvrir leurs nouvelles armes !
Encore une fois la France, prenait la suite avec toujours la même prudence et les mêmes atermoiements de Généralissimes hyper prudents… Déclaration du Ministre de l’Air français en 1933 : « Pour que notre aéronautique soit en mesure de répondre à l’espoir que le pays met en elle, pour que les deniers publics ne soient pas consacrés à l’achat d’appareils déjà périmés quand ils sont remis aux utilisateurs, il importe de réduire au minimum le temps qui s’écoule entre la conception initiale et l’entrée en service. »
En effet en ce siècle de la vitesse il y avait longtemps à attendre pour voir arriver en unité un nouveau modèle d’appareil ! Un minimum de sept ans entre le moment où un programme d’avion nouveau était étudié et le moment où les utilisateurs pouvaient être mis en possession des premiers appareils de présérie… ! La conception et la réalisation d’un cuirassé de 12 000 tonnes exigeait bien moins de temps !
C’était le Service Technique qui mit longtemps à saisir ce grave problème. Au lieu de jouer le simple rôle de contrôle du produit livré, eut-il fallu qu’il entre en contact avec les constructeurs potentiels en concours, pour établir un véritable cahier des charges du type d’appareil désiré ? Et non pas laisser les constructeurs proposer des modèles issus de leur propre service d’étude, sans savoir s’ils répondaient à un véritable besoin tactique de