À propos de ce livre électronique
Le champion de ski Carl Lévesque évite de peu un câble d’acier tendu au travers d’une piste.
Des empreintes à proximité indiquent que le responsable de ce sabotage serait un planchiste. Carl apprend seul à faire de la planche à neige pour trouver le coupable. Quand il découvre que quelqu’un vole de l’équipement au Mont Charlevoix et que la fille qu’il vient de rencontrer pourrait être impliquée, il doit surmonter ses peurs et se lance dans une course effrénée en planche à neige pour se réfugier en sécurité.
Cet ouvrage en format ePub est entièrement accessible.
Sigmund Brouwer
Sigmund Brouwer is the award-winning author of over 100 books for young readers, with close to five million books in print. He has won a Christy Book of the Year and an Arthur Ellis Award, and some of his titles were finalists for the TD Canadian Children’s Literature Award (twice) and the Red Maple Award. For years, Sigmund has captivated students with his Story Ninja writing program during his school visits, reaching over one million students since 1990. His many books in the Orca Sports, Orca Soundings and Orca Currents lines have changed the lives of countless striving readers. Sigmund lives in Red Deer, Alberta.
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Aperçu du livre
Sabotage - Sigmund Brouwer
Chapitre un
Je suis au sommet de la montagne. Au-dessus de moi : un ciel bleu éclatant et le pâle soleil d’hiver. À mes pieds : une piste longue de mille six cents mètres. Steve, mon entraîneur, est à mes côtés. Il veut que je franchisse la ligne d’arrivée en moins de temps qu’il m’en faut pour manger un sandwich. Il me dit :
— Carl, tu as ton air.
— Quel air ?
— Tu penses à Grégoire. Ne fais pas ça.
Oui, c’est vrai. Je pense à Greg, un des coureurs de l’équipe. Il s’est cassé les deux jambes lors des essais chronométrés il y a quelques semaines. Et aujourd’hui, je m’apprête, à mon tour, à faire un essai. Il faut que je réussisse haut la main si je veux conserver la première place dans l’équipe de course. Mais pour cela, je dois aller très vite. Et si je vais très vite, je risque de me blesser comme Grégoire.
— Arrête de t’inquiéter de la vitesse, Carl. Détends-toi.
Évidemment, dès que quelqu’un nous dit de ne pas penser à quelque chose, c’est exactement cette chose-là qui nous envahit l’esprit.
La vitesse. Quand j’atteins ma vitesse maximale, mes skis vont à cent dix kilomètres à l’heure. Et comme je suis dessus, cela veut dire que, moi aussi, je me déplace à cent dix kilomètres à l’heure. C’est presque la vitesse des gens qui s’élancent en bas d’un avion avant d’ouvrir leur parachute.
Mais je n’ai pas de parachute. Pire encore : mes skis ne sont pas plus larges d’une carte de crédit et à peine plus épais. Mon rôle, comme skieur de descente, consiste à me tenir sur ces minces planches de plastique et de métal sans tomber.
Ce à quoi je n’aime pas du tout penser, c’est qu’une vitesse de cent dix kilomètres à l’heure équivaut à un déplacement de trente mètres à la seconde. C’est mon ami Nikos qui a fait le calcul. Il prend plaisir à m’effrayer. Ce qui est pire, c’est qu’il m’a donné le résultat de ses calculs. Alors, maintenant, je sais que, le temps d’une inspiration et d’une expiration, mon cœur va parcourir l’équivalent de la longueur d’un terrain de football.
Si je tombe de l’une de ces minces planches de plastique et de métal à cette vitesse-là, je vais passer le reste de mes jours à l’hôpital. À manger de la purée. À boire du lait chaud. Et à me faire crier après par des infirmières obèses et laides.
— Carl, tu as encore ton regard…
— Désolé, coach.
Je lui souris pour cacher ce que je cache toujours sur les pistes. Je suis un peureux.
— C’est mieux. Es-tu prêt ?
— Bien sûr.
Je mens, comme d’habitude. Je ne vais pas montrer à qui que ce soit que j’ai peur. Pas moi, Carl Lévesque, le champion provincial de ski de descente. Personne ne doit connaître mon plus grand secret.
— Maintenant, n’oublie pas. Quand tu franchis la ligne d’arrivée, tu dois confirmer au chronométreur que tu es notre dernier coureur aujourd’hui. On va rouvrir les pentes au public dès que tu seras au bas de la piste.
Je hoche la tête, et Steve continue avec ses instructions :
— Et rappelle aux officiels que tu n’as pas le bon numéro.
Par-dessus ma combinaison de ski, je porte un dossard avec de gros chiffres blancs. Un autre gars de l’équipe, Bobby McGee, a mis le mien par erreur. Je ne m’en suis pas rendu compte avant qu’il prenne le départ et j’ai donc dû enfiler son dossard. Mais ce n’est pas grave, pourvu que j’en informe les officiels au bas de la piste.
Je jette un coup d’œil au chronométreur au départ. Il hoche la tête.
— Vas-y ! crie mon entraîneur.
Je m’élance.
Je cligne les yeux deux fois. Le vent remplit mes poumons. Il gronde dans mes oreilles comme un train de marchandises.
Je coupe à gauche pour éviter un rocher qui émerge de la neige. Je me penche sous une branche. J’arrive sur une bosse à la vitesse d’une voiture sur l’autoroute, ce qui me propulse en l’air à au moins un étage au-dessus de la piste. Je me penche vers l’avant en m’assurant que mes skis restent parallèles.
En atterrissant sur la piste, je m’accroupis le plus possible pour ne pas faire obstacle au vent. À cette vitesse, les arbres de chaque côté de la piste défilent sous mes yeux comme des piquets de clôture.
Au milieu de la descente, je sais que je n’ai jamais skié aussi bien. Si je continue à pousser, je pourrai facilement conserver ma première position.
Sous mon casque, j’ai mon sourire de terreur. Et au moment d’amorcer un virage serré, je l’aperçois, mais je ne peux le croire.
Un câble. Un câble noir tendu entre deux arbres à la hauteur de ma taille. Je me dirige droit dessus à