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Tout ce que tu m'as laissé: Désarticulée
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Livre électronique223 pages3 heures

Tout ce que tu m'as laissé: Désarticulée

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À propos de ce livre électronique

« J’espère ce qui m’est interdit » disait Paul Éluard.
Camille, mère célibataire, la quarantaine et des espoirs plein la tête rencontre Guillaume. Avec lui, elle oscille entre l’ombre et la lumière. Quand les vents semblent contraires, fera-t-elle les bons choix ? Comment réussira-t-elle à lâcher prise pour atteindre sa quête ?
Ce récit est une introspection des émotions face au danger du pervers narcissique, ou comment trouver le bonheur tout en se construisant avec une bonne dose de positif ! L’objectif : mieux comprendre ce que l’on ne peut pas maîtriser, s’écouter et s’ouvrir au monde.
Un cheminement vers le développement personnel par la découverte de valeurs simples à portée de tous.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Née le 04 décembre 1974 à Poissy, Stéphanie Grassaud est une enfant du sud de la France depuis son tout jeune âge.
Dans un monde où l’on se crée perpétuellement, l’auteure a rebondit de secrétaire à aide-soignante, en passant par un CAP petite enfance. Aller chercher qui elle est vraiment, se tester et se remettre en question font partie de son parcours. Pourtant, le monde de l’écriture ne l’a jamais quitté. Au cours d’une adolescence tumultueuse, il a été un exutoire, un moyen de poser des mots sur les maux ou simplement d’embellir la vie par la poésie et l’écriture de quelques nouvelles qu’elle gardera comme un jardin secret.
Ce roman initiatique relate une tranche de vie dont certains éléments ont été volontairement modifiés. Et pourtant, le pire est bien réel…




LangueFrançais
Date de sortie20 janv. 2022
ISBN9782374643571
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    Aperçu du livre

    Tout ce que tu m'as laissé - Stephanie Grassaud

    RUPTURE

    -1-

    « Parlez-moi d’une souffrance qui se cache et reste ignorée. C’est celle-là que je voudrais secourir. »

    Henry Becke

    Jour 1

    Le petit clignement bleu du téléphone portable sortit Camille du sommeil. Volets fermés, rideaux tirés, rien ne laissait entrevoir la lumière du jour. Dans cette obscurité où elle se complaisait, elle poussa un gémissement désapprobateur tout en s’étirant. Son corps était engourdi et son cerveau n’envoyait que de faibles et lentes informations par séquences entrecoupées…

    Après un formidable effort de connexion entre le corps et l’esprit, elle y parvint enfin, déployant un bras qui lançait des tâtonnements hasardeux en direction de la table de chevet. Ah, ça y est, elle tenait son téléphone entre les mains ! Comme quoi, la curiosité peut vous faire accomplir quelques petits miracles… – Non ! Sans blague, et en plus, c’est de la pub ! Ils ne peuvent pas laisser les gens tranquilles le week-end ?!!! -

    Camille grommelait. Son émergence ne se faisait pas sans mal. Quelle heure était-il ? - Dix heures trente, déjà ! Quoique, un, deux, trois, un peu de mathématiques pour les méninges au réveil, on connecte là-haut s’il vous plaît ! Si l’on considère le point A représentant le coucher à une heure du matin, et le point B comme réveil à dix heures et trente minutes, le segment indique… Allez, je recalcule, j’ai dû me tromper ! Et non, pourtant ça va, je ne devrais pas être pochée avec tout ça dans le cornet. Il est peut-être temps de bouger mon corps et d’aller voir ce qui se passe ailleurs… -

    L’élan fut éphémère, et Camille replongeait tête la première dans l’oreiller.

    La vérité c’est qu’elle cherchait une dérobade au retour à la vie. Pas envie de sortir de sa torpeur. Elle n’aspirait à rien d’autre qu’à rester là, pelotonnée bien au chaud sous la couette, en allongeant son repos de quelques minutes supplémentaires. Ma foi ! Voilà bien un agrément que lui prodiguait le week-end, alors autant en profiter, non ?...

    Et pour être honnête, sa nuit avait été agitée et son sommeil assez peu réparateur. Elle s’était tournée et retournée sans cesse sous les draps. Et surtout n’allez pas incriminer les astres, la lune n’était même pas pleine (juste un petit croissant qui aurait dû la bercer) ! Ce n’était que l’influence d’une activité cérébrale beaucoup trop intense, un surmenage qui s’était nourrit de mochitude.

    Des cauchemars l’avaient happée dans d’obscurs combats contre des ombres. Maintes fois, elle s’était réveillée en sursaut. Elle s’entendait encore hurler de panique, avant de s’extirper de flashs oppressants pour se retrouver hébétée, assise dans son lit, des gouttes perlant sur le front et les draps trempés de sueur.

    Toute la nuit, son gosier avait été aussi sec qu’une barrique vide, et ses fréquents réveils l’avaient menée, telle un zombie, jusqu’au réfrigérateur en quête de quelques gorgées d’eau fraîche. Ça c’est sûr, elle n’avait pas compté ses verres de vin pétillant hier soir. Il fallait que ça swingue dans une joyeuse effervescence. - Les bulles, c’est bien connu, ça ne saoule pas, une copine à la maison ça se fête, et un chagrin ça se noie ! Voilà ! -

    L’objet de son chagrin d’ailleurs, celui qui était devenu son « caillou dans la chaussure », toute la nuit durant, elle l’avait cherché jusqu’au fin fond du plus minuscule recoin de sa tête : son image, sa présence, son étreinte. Elle l’avait appelé, mais jamais il n’avait répondu. L’écho s’était perdu dans un vaste horizon brumeux… Un instant, elle avait distingué une silhouette lointaine qui s’éloignait à mesure qu’elle avançait. Espérant pouvoir en caresser les contours, elle courait dans le désespoir de ne pouvoir atteindre son but. Mais elle courrait trop lentement, le caillou la faisait boiter, et puis le brouillard s’épaississait. Elle ne voyait plus rien. Ses pensées s’entrechoquaient, tout se mélangeait et une douleur incontrôlable lui rongeait les os.

    La transition jour-nuit n’en était pas plus facile.

    Certes, sortir de ses rêves, si l’on peut les nommer ainsi, mettrait fin à ces visions atrophiantes, mais certainement pas à ce manque oppressant qui planait sur son existence. Avec le jour, il reprenait toute sa dimension réelle. - On ne quitte pas les gens quand on les aime, c’est du masochisme. Voilà le résultat, il me reste un cœur bien trop lourd à porter. -

    Après un temps mort, Camille trouva une once de courage pour se lever. Quel temps faisait-il ? Dans quel état trouverait-elle la maison ? Oh sûrement aussi pitoyable qu’elle ce matin !

    Elle avait reçu son amie Laurène hier soir, suite à quoi, dérogeant à toutes ses règles élémentaires, verres et assiettes baignaient en pile bancale, abandonnés dans leur jus et le fond de l’évier. Mon premier était une grosse flemme incontrôlable prenant son corps en otage (ou l’abondance d’alcool, l’un étant sûrement la conséquence de l’autre), mon second une petite voix malicieuse venue d’un hémisphère inexploré du cerveau : « renonce à la perfection », « relâche », « enlève ta muselière »… Mon tout faisait la cause de cet élan laxiste, pourtant guère à son image. – Honte de moi ? Mais honte de quoi, il ne manquerait plus que ça. Une spéciale dédicace à ceux qui me tannent de lâcher prise, et bien voilà, c’est cadeau ! –

    Camille traînait son corps vers la cuisine pour se préparer un bon café au lait, prendre un petit cachet à cause du batteur qui lui martelait le crâne. Au passage, elle attrapa machinalement un bout de papier et un stylo pour poser ses idées et répertorier les tâches de la journée comme du tout-venant. C’était indispensable dans son état, se décharger sur une check-list d’objectifs, un pense « bête de somme ».

    Ca n’y paraissait pas, mais après avoir perdu le goût de l’existence, vidée de tout ce qui lui semblait essentiel il y a peu encore, se rattacher à de petits rien lui redonnait de la consistance. Il lui fallait ce sentiment d’utilité par de petites actions aussi futiles soient-elles : essuyer les meubles, passer la serpillière, aérer en grand, changer tous les draps et lancer une machine de linge. Waouh ! Elle était une super héroïne, une broyeuse à poussière qui détenait le pouvoir de la balayette et du fer à défriper qui fait tout trépasser sur son chemin. Ranger son intérieur avant de ranger ses idées, c’est un point de départ, son crédo. Ce serait celui de ce matin.

    Sauf que notre Camille ne sentait pas monter l’ardeur, et pour s’atteler à ses obligations, il lui fallait activer le mode automatique.

    Et rien, non absolument rien ne pouvait être entrepris tant qu’elle n’avait pas ingurgité sa dose de café syndicale. Ah non, sans cette étape, c’était le mauvais départ assuré pour cette journée qui s’annonçait, comment dire, tellement palpitante… D’un battement de cil, elle venait d’en avoir confirmation, car c’est à ce moment précis qu’elle osa lever les yeux vers la fenêtre, les ouvrir plus que de raison pour se saborder. Ô rage, Ô désespoir, encore un pied de nez pour la mettre sans dessus-dessous : les cafards avaient complotés pour lui grignoter le cerveau !

    Son pauvre petit moral déjà plongé dans ses claquettes ne se relèverait pas de cette infamie. C’était la goutte d’eau qui faisait tout déborder, le trop plein quand rien ne va déjà plus. Il pleuvait des cordes !

    C’est vrai, elle avait bien entendu le ciel se déchirer pendant son sommeil, mais entre rêve et réalité, toutes ces turbulences ne faisaient qu’une.

    Alors elle observa avec une grimace. - C’est la fête à la limace ! - Devant elle s’étendait un lourd couvercle de grisaille et de morosité. Un rideau d’eau cachait l’horizon par-delà deux mètres. De fortes rafales soufflaient, glaçantes jusqu’aux os rien que de les voir, balayant les gouttes sur les carreaux. De la pluie et du vent, un couplé gagnant qui la narguait : « Reste chez toi avec ta gueule enfarinée, cette journée va être d’une tristesse à mourir, CQFD, et voilà un week-end de plus à broyer le noir de ta triste vie ! ».

    Camille se concentrait sur son café, en scrutait le fond dans l’espoir d’un signe, juste l’ombre d’un avenir plus lumineux aurait suffi ! – Allez, un oracle, une réponse à mes prières, quelque chose pour me guider, propice ou néfaste, je peux tout entendre à ce niveau-là. - Mais rien, pas la moindre étincelle à sa rescousse. Et autour d’elle, tout la ramenait à l’absence.

    Un week-end sans enfant c’est fait pour des prolongations sous la couette, osciller entre les baisers et les caresses, les mots doux et la légèreté d’être seuls au monde, des petits déjeuners à pas d’heure accompagnés de rires complices… Avec la pluie en plus, alors là, c’est l’overdose de câlins bien au chaud !

    C’est malin ! Voilà un frisson qui passe… Le poil hérissé, Camille secoua légèrement la tête pour revenir à la réalité et ne pas se laisser entraîner dans des pensées qui finiraient par lui arracher un pleur.

    Elle se tourna vers son téléphone portable pour en visionner le contenu, machinalement, comme on tourne les pages d’un journal de presse. Extrêmement méthodique, elle procédait toujours dans le même ordre.

    D’abord elle écumait les nouvelles des réseaux sociaux (il y en avait pour un moment, adieu la messe du dimanche !)... Entre humour et citations, photos de rêve sur des horizons lointains, selfies ou sorties en folies arrosées d’amis à classer confidentielles mais diffusées en masse, ça foisonnait ! C’était tellement plus riche en informations insolites que le journal du coin, forcément ça en devenait addictif.

    Puis en bonne vieille secrétaire (juste une petite quarantaine la vieille, l’honneur est sauf), elle mettait à jour sa messagerie… Une foultitude de mails, ça grouillait d’annonceurs à qui son adresse était certainement revendue, spammée comme un être débile qui n’a pas son mot à dire, encore et toujours de la publicité pour débourser, un des hobbies favoris de notre société. - « Quarante pour cent », des remises en veux-tu, en voilà, « ventes privées », « affaires immanquables », « journées renversantes », quelle aubaine ! C’est trop gentil de ne pas m’avoir oubliée. Tiens, direct dans les indésirables. - Pourtant, c’était tentant de se remonter le moral avec une nouvelle robe et cette jolie paire de boots ! Alors désirable ou indésirable cette affaire ? Heu, non, et la gestion des priorités on en fait quoi ?!!! Restons maîtres de nos choix au lieu de remplir l’appartement de choses autant improbables qu’inutiles, pendant que le réfrigérateur prendrait l’air du désert de Gobi. Et que dirait Elsa ? Ah ça, la petite voix résonnait déjà dans sa tête « Maman ! On n’a rien à manger, j’ai faim ! ».

    Elsa, sa petite fille chérie, évidemment qu’elle ne lui rendait pas toujours la vie facile. Mais vivre dans le monde de Camille, c’est se dire que la facilité peut être l’ennemi de l’apprentissage. Pourquoi rester sur des acquis alors que chaque nouvelle situation emmène une évolution ? Comprendre l’autre ouvre des chemins. Se mettre au niveau d’un enfant pour mieux l’élever, c’est ça aussi être grand. Ne pas stagner au risque de devenir une mare de vase, toujours avancer comme un cours d’eau qui assure la vie. C’est vrai, être une maman célibataire s’avérait être un véritable sacerdoce et parfois même un pèlerinage plein d’embûches… Mais comme elle aurait aimé l’étouffer de câlins en ce moment précis !

    Alors, soyons clairs, tous les éléments s’emboitaient pour passer un dimanche morose, pas de doute là-dessus. Après les cauchemars venait le mauvais temps. Après une soirée arrosée venait le calme bien mérité ou bien pesant, selon (et Camille n’était pas du bon côté de la lorgnette)... Et après une rupture venait ce déchirement de l’intérieur, le vide ou le trop plein qui étouffe… Il venait plein de choses en fait après une rupture, mais rarement un sentiment de délivrance. Pas quand on aime.

    Et elle l’aimait…

    -2-

    « On ne s’aime jamais comme dans les histoires, tout nu et pour toujours. S’aimer, c’est lutter constamment contre des milliers de forces qui viennent de nous ou des autres. »

    Jean Anouilh

    Jour J-7

    En ce début d’année où depuis une semaine commençait la distribution de bons vœux à tour de messages et d’appels, Camille se murait dans le silence. Pas un seul message de bienveillance ni même une petite carte postale envoyés. Non, cela ne ressemblait en rien à son état d’esprit. Il fallait être en adéquation avec soi. Et puis un message à la limite, mais sûrement pas une carte postale, ce truc ringard doublé d’un côté aventurier, un précieux expédié dans l’espace-temps : arrivera-t-elle pour la date fatidique, arrivera-t-elle seulement un jour ? Encore fallait-il connaître l’adresse des destinataires, avec nos listings d’amis à n’en plus finir (oui ceux qui ne sont jamais là quand on en a besoin), déjà que mémoriser un numéro de téléphone relève du génie, alors une adresse n’en parlons pas (parce que le petit répertoire de tata Agathe, ça n’existe plus, mais chut, ne le dîtes pas à tantine qui pensait encore être dans le mouv’).

    Du coup, on devient des geeks, des accrocs du téléphone dans l’attente de l’instantané : j’envoie, tu me réponds. Ce n’est plus la faute du facteur si tu ne me réponds pas, naaaaan, la lettre ne s’est pas perdue dans le caniveau! Tu me snobes lamentablement. Alors que moi, je te souhaite du bonheur par-ci, et de la joie par-là, et de l’argent (si seulement), et la santé toujours… Le vœu préféré des anciens celui-là, très avisés nos anciens (hein tantine !) qui savent bien que sans la santé nous ne sommes rien. Et qui irait les contredire en cette longue période d’hiver où les microbes s’en donnent à cœur joie, quand les nez coulent à flots, que les petites grippes s’agrippent, et la gastroentérite de la petite - ça c’est fait, on touche du bois et on ne nous y reprendra pas deux fois ! - ?!!!

    Enfin, que dis-je !... Un amas de bienveillance s’étendait sur la terre en ce joli mois de janvier. Mais que valaient tous ces bons vœux à côté de l’amour… Ah l’amour !…

    ****************

    Il y a une semaine à peine, le tableau était pourtant attrayant : jour de l’an, jour de fête, habits de lumière, sourire plaqué, contre-plaqué, même discret et recollé, il était là. En surface, tout était lissé pour que seules les couleurs du bonheur ne transpirent.

    Mais il faut bien être honnête et appeler un chat… Ben tout bêtement un chat, le début de cette année ressemblait à un trou béant et sombre, pas de quoi s’extasier. En cherchant bien (dans le tiroir du bas, oui oui, celui de la grande commode laquée noire dans la chambre de Guillaume) on trouverait de quoi fouetter l’arrière train de notre chère Camille, mais de là à trouver ça jouissif, je vous le dis, non !… Allez donc passer un réveillon avec la belle-mère, et pas n’importe laquelle, « Madame pincette ». Associée au fiston, c’est le combo gagnant. Serrez les fesses, vous marchez sur des œufs, un dérapage et voilà une belle omelette battue. Vas manger les coquilles maintenant…

    Camille se trouvait donc chez son homme. Tous deux s’agitaient à la préparation des mises en bouche pour la soirée. Côté plat, on se faisait plaisir : plateau de fruits de mer et sa mayonnaise maison montée à deux et avec amour s’il vous plaît !

    Elsa n’était pas des leurs. Elle fêtait le réveillon avec son père bien que ce ne fût pas son week-end. A priori, un tas de petites copines seraient de la

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