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L'invasion des Français en Irlande en 1798: L'histoire méconnue d'une tentative héroïque et d'une occasion perdue de secouer le joug anglais
L'invasion des Français en Irlande en 1798: L'histoire méconnue d'une tentative héroïque et d'une occasion perdue de secouer le joug anglais
L'invasion des Français en Irlande en 1798: L'histoire méconnue d'une tentative héroïque et d'une occasion perdue de secouer le joug anglais
Livre électronique189 pages2 heures

L'invasion des Français en Irlande en 1798: L'histoire méconnue d'une tentative héroïque et d'une occasion perdue de secouer le joug anglais

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À propos de ce livre électronique

Vivez l'un des nombreux épisodes extraordinaires des guerres de la France Révolutionnaire !

Ce livre plonge le lecteur dans un épisode fascinant du XVIIIème siècle, qui vit la rencontre de deux mondes profondément différents : la France Révolutionnaire et l’Irlande. Au cours de l’Histoire, ce fut l’une des très rares occasions durant lesquelles des troupes régulières françaises prirent pied dans l’île d’Émeraude. Cet épisode est d’autant plus marquant que le corps expéditionnaire français, venu défier la puissance anglaise, fut bien accueilli par la grande majorité de la population locale, alors que tout l’en séparait sur le plan des mentalités, notamment au sujet de la religion.

Un épisode militaire passionnant qui montre combien les libertés récemment acquises peuvent élever une population opprimée par des siècles de régime féodal et de tyrannie monarchique.

LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie29 oct. 2021
ISBN9791023621594
L'invasion des Français en Irlande en 1798: L'histoire méconnue d'une tentative héroïque et d'une occasion perdue de secouer le joug anglais

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    Aperçu du livre

    L'invasion des Français en Irlande en 1798 - Henri et Valerian Dehollain et Gribayédoff

    NOTE DU TRADUCTEUR

    Valerian Michaelovich Gribayédoff (1858-1908) est un journaliste et illustrateur russe, qui étudia en Angleterre et travailla une grande partie de sa vie aux Etats-Unis et en France, où il se fit particulièrement remarquer en illustrant journaux et magazines. Trois des illustrations figurant dans ce livre – le seul ouvrage qu’il publia au cours de sa vie – sont d’ailleurs de sa propre main.

    La liste originale d’illustrations de ce livre comprenait aussi une carte de la région irlandaise du Connaught. Les noms de lieux étant trop difficiles à déchiffrer sur la reproduction disponible, j’ai remplacé cette carte par quelques autres réalisées par mes soins (à l’exception de la carte représentant les contours de l’île d’Irlande, qui provient de D-maps.com).

    Les cartes que j’ai ajoutées mentionnent les noms de lieux selon leur graphie actuelle et non selon celle utilisée dans l’ouvrage original : j’ai donc indiqué Swinford et non Swineford, Tobercurry et non Tubbercurry, etc. Dans le corps du texte, en revanche, j’ai conservé la graphie originale utilisée par l’auteur (Swineford, Tubbercurry, etc.), mais en mentionnant la graphie moderne dans une note de bas de page.

    En plus de ces notes et de celles de l’auteur, j’ai également ajouté quelques autres notes là où des éclaircissements ou précisions m’ont paru nécessaires.

    Henri Dehollain

    LISTE DES ILLUSTRATIONS

    Arrivée des vaisseaux français par Edw. Siebert

    Portrait du général Sarrazin par V. Gribayédoff

    Portrait de Lord Cornwallis par V. Gribayédoff

    Sarrazin embrasse le cadavre d’un patriote par Edw. Siebert

    La marche vers Castlebar par W. C. Fitler

    Castlebar par Harry Ogden

    Portrait du Général Hutchinson par V. Gribayédoff

    La fuite de Lake après Castlebar par le Baron C. de Grimm

    Le bal après la bataille par Thomas Mc Ilvaine

    Portrait du colonel Charles Vereker par Comerford

    Retraite des Français par Edw. Siebert

    Les collines ensanglantées de Ballinamuck par Charles Graham

    La bataille de Killala par Edw. Siebert

    SOURCES

    Rapports et lettres des généraux Lake, Trench, et Hutchinson. 1798.

    Rapports officiels du général Humbert au Directoire et au Ministre de la Marine, 1798. Archives Nationales.

    Le Moniteur Universel. Ans VI et VII.

    Saunders’ Newsletter and Daily Advertiser. Dublin, 1798.

    A Narrative of what Passed at Killalla, in the County of Mayo, and the Parts Adjacent, during the French Invasion in the Summer of 1798. By an Eye-witness. [Récit de ce qui s’est passé à Killala, dans le comté de Mayo, et dans les régions voisines, lors de l’invasion française durant l’été 1798. Par un témoin oculaire]. Londres, 1800.

    Notice historique de la descente des Français en Irlande, au mois de Thermidor an VI. L. O. Fontaine. Paris, 1801.

    Memoirs of the Rebellion in Ireland in the Year 1798 [Mémoires sur la rébellion en Irlande en 1798]. Sir R. Musgrave. Dublin, 1801.

    History of the Rebellion in Ireland [Histoire de la rébellion en Irlande]. Rév. J. Gordon. Londres, 1801.

    Personal Narrative of the Irish Rebellion of 1798 [Relation personnelle de la rébellion irlandaise en 1798]. C- H. Teeling. Belfast, 1832.

    An Historical Review of the State of Ireland. Francis Plowden. Dublin, 1805.

    Jones’ Narrative of the Insurrection in Connaught [Récit de Jones sur l’insurrection dans le Connaught]. Reprint. Carlisle, Pa., 1805.

    Pieces of Irish History. W. J. McNevin. New York, 1807.

    Dissertations on the History of Ireland. C. O’Connor. Dublin, 1812.

    Parochial Survey of Ireland. M. W. Monk. Dublin, 1814.

    Rise and Fall of the Irish Nation. Sir Jonah Barrington, 1815.

    Resumen Historico de la Insurrection de Nueva Espagna, desde su origen hasta el desembarco del Senor E. X. de Mina. Mexico, 1821.

    Annuaire Nécrologique. Mahul. Année 1823.

    Histoire du Consulat et de l’Empire. Adolphe Thiers.

    Views of South America and Mexico. New York, 1826.

    Dublin Penny Journal. Dublin, 1833-34.

    Topographical Dictr. of Ireland. S. Lewis. London, 1837.

    Nouvelle Biographie Universelle. Didot. Paris, 1852.

    Biographie Universelle. Michaud. Paris, 1843.

    A New Biographical Dictionary. H. J. Rose. London, 1848.

    Correspondance du Marquis de Cornwallis. Londres, 1859.

    PRÉFACE

    Cet ouvrage se propose de tirer d’un relatif oubli l’un des nombreux épisodes extraordinaires des guerres de la France Révolutionnaire. Cortez, Pizarre, et maints autres conquérants secondaires – et même des pirates, comme Morgan – ont trouvé leurs hérauts, mais l’histoire reste presque muette sur la descente du général Humbert en Irlande, en 1798. Il y a à peine plus de deux ans, un général anglais – Lord Wolseley, si je ne me trompe – a mis en avant lors d’un discours public « le fait glorieux qu’aucun envahisseur armé n’a jamais foulé le sol du Royaume-Uni depuis l’époque de Guillaume le Conquérant ». L’ignorance de l’orateur était excusable, si on considère que la majorité des livres d’histoire anglais mentionnent à peine le nom d’Humbert. Aucun d’entre eux ne rend justice à l’ampleur de ce qu’il est parvenu à accomplir, ni ne dépeint comme ils le mériteraient les exploits qui ont conduit sa petite armée jusqu’au cœur même de l’Irlande.

    Maxwell, dans son Histoire de la révolte irlandaise, rendue célèbre par les illustrations de Cruikshank, consacre un chapitre et demi à l’histoire de l’expédition ; mais d’un point de vue strictement historique, son récit laisse beaucoup à désirer car il s’appuie exclusivement sur les rapports officiels et sur la version extrêmement partiale de Sir Richard Musgrave, auteur Tory (Dublin, 1801).¹ Pour la même raison, le récit de la descente d’Humbert que donne James Froude dans son Histoire de l’Irlande, récemment publiée, s’avère superficiel et inexact. Le brave Français n’a d’ailleurs pas été mieux traité par ses propres compatriotes. Thiers l’expédie en six lignes, et Guizot par ces mots : « Une invasion française sous les ordres du général Humbert remporta dans un premier temps quelques succès, grâce à l’incompétence et à la complicité des milices irlandaises, mais fut bientôt repoussée. »

    Deux années de recherches, portant notamment sur des documents et archives qui avaient dormi pendant près d’un siècle au British Museum et à la Bibliothèque de France et sentaient passablement le renfermé, m’ont convaincu qu’il s’agit là d’une véritable omission historique. Si l’expédition d’Humbert n’avait pas eu lieu au moment où l’attention de l’Europe était fixée sur Bonaparte et ses projets de conquête orientale, cet épisode aurait sans doute figuré dans les livres d’histoire aux côtés du « Pont d’Arcole », du passage du Grand-Saint-Bernard, de la « Charge de la Brigade légère », et d’autres faits bien connus du grand public.

    Car enfin, quelle était la situation des Français lorsqu’ils ont débarqué en Irlande ? Leur effectif ne dépassait pas 1’100 hommes en tout et pour tout, et lorsqu’ils débarquèrent à Killala, le pays était occupé par 150’000 soldats anglais, parfaitement préparés à faire face à toute éventualité. Pendant trois semaines, l’envahisseur parvint à se maintenir malgré toutes les difficultés, défit plusieurs fois des forces ennemies sur le terrain – dont l’une était au minimum sept ou huit fois supérieure en nombre – et se rendit maître d’une province entière. Il ne capitula, face à la supériorité écrasante de l’ennemi, qu’après une marche sans répit d’une semaine au cours de laquelle tous les efforts des chefs anglais pour l’intercepter furent mis en échec. A ce moment, les Français avaient parcouru 150 milles en s’enfonçant à l’intérieur du pays. Comme on le montrera, le comportement d’Humbert n’était pas aussi donquichottesque qu’on pourrait le penser à première vue. Un regrettable retard de quelques heures l’empêcha de faire sa jonction avec une troupe nombreuse d’Irlandais insurgés. S’il avait pu les rejoindre, la route de Dublin lui aurait été grande ouverte, et l’histoire de l’Irlande aurait pu connaître un autre cours.

    Il convient de dire quelques mots au sujet de plusieurs des sources que j’ai consultées, dont on trouvera la liste aux pages 13 et 14. Les chroniqueurs des événements de 1798 qui prennent parti contre les Anglais ont tous coutume de considérer les Mémoires de Sir Richard Musgrave comme totalement indignes de confiance. Certes, ce document est imprégné par les préjugés partisans et les convictions religieuses de son auteur, qui appartenait à la faction Tory du parlement irlandais et s’opposait à l’émancipation des catholiques. Il s’en prend violemment aux rebelles et au clergé catholique, les dénonçant à longueur de pages. Néanmoins, si on compare les Mémoires avec d’autres œuvres contemporaines sur la révolte – y compris celles d’auteurs pro-irlandais – on n’y trouve selon moi aucune déformation ou invention délibérée. En raison de ses liens avec le gouvernement, il a eu accès à de nombreuses sources d’information inaccessibles au commun des mortels, et son ouvrage reproduit en annexe les nombreux témoignages sous serment sur lesquels il fonde ses attaques contre les rebelles. Si Musgrave a péché, c’est surtout par omission et non par action, car il prend toujours soin de passer sous silence les cruautés commises au nom du roi et de la constitution. Dans ces conditions, on peut légitimement considérer que son manuscrit, une fois débarrassé de son parti pris, mérite d’être considéré comme une source historique. Malgré tous ses défauts, il jette une lumière abondante sur les événements de cette époque, si bien que je n’ai pas hésité à m’y référer très souvent.

    Mes sources les plus précieuses sont d’une part un petit ouvrage intitulé Récit de Jones sur l’insurrection dans le Connaught, réédité à Carlisle (Pennsylvanie) en 1805,² et d’autre part la Notice historique de la descente des Français en Irlande de Louis Octave Fontaine (Paris, 1801). Le premier ouvrage contient les récits de plusieurs participants – actifs et passifs – de ces événements tumultueux. Leurs récits, écrits dans un style simple mais éloquent, comportent souvent des détails frappants. Exempts de toute recherche d’effet littéraire et d’intention partisane, ils semblent marqués du sceau de la vérité. Je ne m’étendrai pas pour le moment sur la relation de Fontaine, car je reviendrai sur cet auteur dans le cours du récit. A ma connaissance, aucun de ces ouvrages n’a jamais été consulté jusqu’ici par un historien de la rébellion, et on peut d’ailleurs se demander s’il en existe encore plus d’un ou deux exemplaires.

    Pour le pittoresque, l’invasion française de l’Irlande soutient la comparaison avec la conquête du Mexique par Cortez. Du point de vue américain, en particulier, cet épisode est d’autant plus intéressant que le héros achève sa vie en tant que citoyen américain, sur le sol américain, et après avoir vaillamment servi son pays adoptif durant la guerre de 1812. Mais en dehors de ces considérations, l’histoire de l’aventure d’Humbert a une signification morale qui, dans une république comme la nôtre, ne manquera pas d’être appréciée. Elle montre à la fois combien les libertés récemment acquises peuvent élever une population opprimée par des siècles de régime féodal et de tyrannie monarchique, et combien l’intolérance religieuse et politique peut au contraire avilir aussi bien le tyran que sa victime. C’est la raison principale pour laquelle je me suis aventuré dans un domaine qui appartient en principe aux historiens militaires.

    L’auteur.

    New York, le 15 avril 1890.


    1 Note du traducteur : historiquement, les positions du parti Tory sont conservatrices, favorables à l’ordre établi – et donc en l’espèce peu suspectes de sympathie pour les rebelles irlandais.

    2 Un exemplaire de cet ouvrage très rare se trouve en possession de l’auteur.

    CHAPITRE I

    Les événements qui débouchèrent sur une invasion française de l’Irlande

    Tentatives d’invasion précédentes

    Intrigues des Irlandais Unis

    Déclenchement de l’insurrection.

    L’écho de la glorieuse révolution américaine ébranla en profondeur les anciennes monarchies d’Europe. Celle de la France ne tarda pas à y succomber, et l’année 1789 vit l’abolition de l’Ancien régime, avec ses nombreux abus, et l’aube d’une ère nouvelle porteuse de grandes promesses pour l’Ancien Monde. Les excès des démagogues et d’une populace excitée qui ont terni ces perspectives sont trop connus pour qu’il faille y revenir ; cependant, il n’est pas exagéré de dire qu’en dépit des folies et des crimes qui ont assombri cette époque, elle fut la plus grande qu’ait jamais connue la France en tant que nation. Cinq cent mille de ses fils, mal vêtus, affamés et mal entraînés, se levèrent contre les monarchies coalisées de toute l’Europe pour défendre leur patrie et l’idéal républicain. L’appel de la patrie en danger et les accents exaltants du chant de guerre de Rouget de l’Isle façonnaient des héros à partir de la glaise la plus ordinaire. Des hommes qui n’avaient jamais senti l’odeur de la poudre de toute leur vie marchaient d’un cœur léger et d’un pas ferme contre un ennemi bien discipliné. Sur la frontière du nord, c’était l’Anglais et l’Autrichien, à l’est le Prussien, et au sud l’Espagnol : tous entendirent leur cri de guerre enflammé et sentirent la pointe de leurs baïonnettes. Ces sans-culottes mal vêtus, non contents de bouter l’ennemi hors de leurs frontières, le poursuivirent jusque chez lui. Submergeant la rive gauche du Rhin et la Belgique, ils franchirent en plein hiver les canaux hollandais gelés, balayant les Anglais devant eux comme des fétus de paille ; et pour la première fois dans l’histoire du monde, on vit un détachement de cavalerie capturer une flotte entière de puissants vaisseaux de guerre, bloqués par la glace.

    Mais en dépit de ses nombreux succès sur le champ de bataille, la jeune République restait confrontée à d’énormes défis. La puissance maritime

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