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Petite initiation à l'Art: Dialogues pédagogiques
Petite initiation à l'Art: Dialogues pédagogiques
Petite initiation à l'Art: Dialogues pédagogiques
Livre électronique99 pages47 minutes

Petite initiation à l'Art: Dialogues pédagogiques

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À propos de ce livre électronique

Ce livre est une réflexion, sous forme dialoguée qui la rend plus vivante, sur les principes fondamentaux de l'Art. Chaque dialogue s'inspire d'une version différente d'une même photographie représentant une folle avoine. A la fin de chaque dialogue, un encart à visée pédagogique permet de faire le point sur ce qui a été dit, et de le résumer pour permettre de mieux en mémoriser la substance.

Mais le savoir n'est rien sans la saveur. Puisse ce livre, où dialoguent différents personnages qui sont autant de lobes du cerveau de l'auteur, ajouter le plaisir à l'utilité !
LangueFrançais
Date de sortie1 oct. 2021
ISBN9782322385225
Petite initiation à l'Art: Dialogues pédagogiques
Auteur

Michel Théron

Michel Théron est agrégé de lettres, docteur en littérature française, professeur honoraire de Première supérieure et de Lettres supérieures au Lycée Joffre de Montpellier, écrivain, chroniqueur, conférencier, photographe et vidéaste. On peut le retrouver sur ses deux blogs personnels : www.michel-theron.fr (généraliste), et www.michel-theron.eu (artistique).

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    Aperçu du livre

    Petite initiation à l'Art - Michel Théron

    1. Ce que c’est…

    CANDIDE – Oui, j’aime bien… Mais je voudrais tout de même savoir ce que c’est.

    PHOTOGRAPHE – (souriant, au professeur) – Motus…

    PROFESSEUR – Ce que c’est ?

    CANDIDE – Eh bien oui, c’est naturel, il me semble.

    PROFESSEUR (rêvant) – Y a-t-il des questions si naturelles que cela ?

    CANDIDE – Expliquez-vous.

    PROFESSEUR – C’est-à-dire que votre question n’est pas simple, si on y réfléchit un peu.

    CANDIDE – Je ne comprends pas.

    PROFESSEUR – C’est seulement en disant cela que vous commencerez à comprendre.

    CANDIDE – Trêve d’énigmes. Soyez clair.

    PHOTOGRAPHE (vexé, et se détournant) – Comme si la photo ne l’était pas assez…

    PROFESSEUR – Quand vous dites « Ce que c’est », vous voulez dire « ce que cela représente, ou « ce que cela désigne, dans la nature », n’est-ce pas ?

    CANDIDE – Évidemment.

    PROFESSEUR – Pas évidemment. Si nous posons la question au photographe, il ne nous dira pas forcément la même chose.

    CANDIDE – Allez-y. Ou plutôt je me lance, je lui pose la question moi-même : qu’est ce que c’est ?

    PHOTOGRAPHE (haussant les épaules) – Parbleu : une photo.

    PROFESSEUR – Vous voyez.

    CANDIDE – La belle affaire : une photo, je le sais bien…

    PROFESSEUR – Mais vous ne l’avez pas dit d’abord.

    CANDIDE – C’est que l’important n’est pas là.

    PROFESSEUR – Pour vous.

    CANDIDE – Soit, pour moi. Je resterai donc sans réponse.

    PHOTOGRAPHE (soupirant, au Professeur) – Allez-y, faites lui plaisir.

    PROFESSEUR – Ce que vous cherchez à voir, cher ami, derrière la photo qui, elle, ne vous paraît pas « le plus important », a dans la nature pour nom « Folle avoine ». J’espère que vous voilà enrichi.

    CANDIDE – Oui, certes.

    PROFESSEUR – Vous voulez dire quant à votre vocabulaire et votre connaissance du monde. Mais si par là vous n’étiez pas appauvri ?

    CANDIDE – Et en quoi ?

    PROFESSEUR – En ce que vous remplacez ce que vous voyez par ce que vous savez. Et ce qui est divers, profus, toujours changeant et quasi inépuisable par une définition de dictionnaire, un concept, sec comme un dessin au trait, un schéma facile.

    CANDIDE – De quoi parlez-vous ? Quel schéma ?

    PROFESSEUR – Le voici. Gloire au Père Larousse !

    CANDIDE – C’est bien ça, c’est ce que je vois.

    PROFESSEUR – Heureusement non. La photo est sans fin, le schéma fixé une fois pour toutes.

    CANDIDE – Pourquoi sans fin ? Il me semble qu’il n’y en a qu’une.

    PHOTOGRAPHE (ouvrant des yeux ronds) – Une ? Et les autres, alors ? À quoi est-ce que je sers ?

    PROFESSEUR – C’est vrai, il y en a bien d’autres. Et sans doute une infinité d’autres… (Réfléchissant) Tout l’art sans doute, tout l’art possible, est dans leur différence d’avec le schéma, comme il y a différence entre la sensibilité et l’intellect.

    CANDIDE – Mais le dictionnaire ?

    PROFESSEUR – Il donne des cases où mettre les choses. L’essentiel est la différence entre ces cases et ce que vous voyez.

    PHOTOGRAPHE – J’ai envie de reproduire cet article à coté de ma photo. On aurait à la fois dans la photo une vision subjective, et à côté une définition verbale, un schéma figé : bref, le plus de renseignements possibles sur la plante, et la différence alors entre ce qu’on en sait et ce qu’on en voit sauterait davantage aux yeux. On verrait plus les décalages, les abîmes entre le réel et ses différentes représentations. Cela serait plus pensé, on aurait une sorte d’art moderne, un art…

    PROFESSEUR (le coupant) – … conceptuel ? Effectivement, pour l’idée vous avez bien raison : car même le schéma du dictionnaire, et aussi la définition verbale qu’il donne de la chose, étant faite de mots seuls, ne sont pas, ne peuvent être, ne sont jamais la chose même. Tout ce monde représente, chaque système de signes à sa façon, et ne reproduit pas. Pas plus les mots que les images d’ailleurs : le mot chien ne mord pas, pas plus que son image. (Un temps) Mais pour compléter le programme il faudrait encore mettre une folle avoine véritable, ou bien au moins son souvenir, sa figure asséchée : vous en seriez quitte pour commencer un herbier.

    CANDIDE – Je ne comprends pas.

    PHOTOGRAPHE et PROFESSEUR (ensemble) – Courage, il va commencer à comprendre !

    Où l’on apprend…

    … qu’il ne faut pas confondre la représentation d’une chose, quelle qu’elle soit (visuelle, verbale), avec cette chose elle-même ; cette erreur, couramment répandue, est appelée illusion référentielle. Les gens

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