Loisir et société 3e édition: Traité de sociologie empirique
Par Gilles Pronovost
()
À propos de ce livre électronique
L’objectif de cet ouvrage est la présentation d’informations sur le loisir moderne, sous forme d’une synthèse elle-même doublée d’une analyse sociologique fondamentale et critique. Il s’agit en quelque sorte d’un traité de sociologie empirique adapté au loisir moderne. L’auteur va plus loin encore : cet ouvrage représente littéralement une étude de la société québécoise telle qu’on peut l’observer à travers le prisme du loisir moderne. Il espère illustrer, par les sujets des différents chapitres, que notre connaissance de la société québécoise se trouve diversifiée et enrichie quand on l’observe sous l’angle du loisir moderne.
Cette troisième édition a été entièrement revue et mise à jour. La plupart des chapitres ont fait l’objet d’une réécriture importante et les figures et tableaux, presque tous inédits, prennent en compte les plus récents sondages.
En savoir plus sur Gilles Pronovost
Comprendre la famille 2: Actes du 2e symposium québécois de recherche sur la famille Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTemps culture et société: Essai sur le processus de formation du loisir et des sciences du loisir dans les sociétés occidentales Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes enquêtes sur les pratiques culturelles: Mesures de la culture au Québec et ailleurs dans le monde Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationComprendre la famille 6: Actes du 6e symposium québécois de recherche sur la famille Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLoisir et société: Traité de sociologie empirique, 2e édition Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationComprendre la famille 7: Actes du 7e symposium québécois de recherche sur la famille Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCulture populaire et sociétés contemporaines Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Lié à Loisir et société 3e édition
Livres électroniques liés
Léon Gérin, devenir sociologue dans un monde en transition Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationThéorie et pratiques en organisation communautaire Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSexologie contemporaine Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCulture populaire et sociétés contemporaines Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMonde distribué Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDéveloppement social et émotionnel chez l'enfant et l'adolescent, tome 1: Les bases du développement Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationL' Expérience sociale du quotidien: Corps, espace, temps Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationPenser l'engagement des jeunes « en difficulté »: Leurs expériences à partir des milieux de vie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAnorexie, boulimie et société: Penser des corps qui dérangent Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe TEMOIGNAGE SEXUEL ET INTIME, UN LEVIER DE CHANGEMENT SOCIAL? Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSociologie des rapports de sexe Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Méthode historique appliquée aux sciences sociales: Essai historique sur les sciences sociales Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Distinction. Critique sociale du jugement de Pierre Bourdieu: Les Fiches de lecture d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationCours de philosophie positive. (4/6) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe choix du travail social: Histoires orales du futur Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationProfession philosophe Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationApproches scientifiques Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationAccompagner le projet de formation pratique en travail social: Complexité - enjeux - défis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRecherche sociale, 6e édition: De la problématique à la collecte des données Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationExpérience du temps et historiographie au XXe siècle: Michel de Certeau, François Furet et Fernand Dumont Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDémocratie, idéologie, socialité: Autour de l'oeuvre de Roberto Miguelez Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLoisir public et civil au Québec: Dynamique, démocratique, passionnel et fragile Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationSexualités et conjugalités en contexte de vieillissement: Perspectives sociales et critiques Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes think tanks et le discours expert sur les politiques publiques au Canada: (1890-2015) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationDes sciences sociales à l'ergothérapie: Mieux comprendre la société et la culture pour mieux agir comme spécialiste en habilitation à l'occupation Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJ.B.S. Haldane, la science et le marxisme: La vision du monde d'un biologiste Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMédias et société: La perspective de la communication sociale Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Nouveau Christianisme de Saint-Simon: Les Fiches de lecture d'Universalis Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Libéralisme classique Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationProfession sociologue Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluation
Philosophie et théorie de l'apprentissage pour vous
Pédagogie: De l'éducation physique et pratique Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Prévention du harcèlement et des violences scolaires: Prévenir, agir, réagir Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa communication NonViolente avec les enfants: La CNV en famille et au quotidien : retour d'expérience Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationParents, Enseignants… Eduquer ensemble: En restant chacun à sa place Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLorsque le maitre devient l'élève: Prof de l'âme, suivi de Réflexions à l'école de la vie Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationQuand l'enfant devient élève…: Entre rondes familles et École carrée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationRévélations: Apocalypse Évaluation : 1 sur 5 étoiles1/5
Avis sur Loisir et société 3e édition
0 notation0 avis
Aperçu du livre
Loisir et société 3e édition - Gilles Pronovost
TEMPS LIBRE et CULTURE
Collection dirigée par Chantal Royer
et Michel de la Durantaye
Bien qu’une vie sociale et culturelle très riche prenne place dans le temps libre, ce champ d’étude, pourtant central aux cultures contemporaines, est négligé. La collection «Temps libre et culture» a comme objectif une meilleure compréhension des multiples facettes du temps libre et de la culture. La diversité et la pluralité de leurs usages, ainsi que leurs pratiquants et leurs agents, fluctuent dans un contexte fortement marqué par les temps sociaux, qui déterminent l’évolution du temps libre.
Les ouvrages de cette collection traitent des fondements scientifiques du loisir contemporain, des pratiques du temps libre, des modes, des tendances et des univers d’activités, des valeurs et des significations ainsi que des grands acteurs (l’État, les villes, les organisations et les associations, par exemple). Leurs auteurs s’intéressent également aux politiques ainsi qu’aux tendances en matière de gestion, d’animation et de participation dans ce domaine en s’attardant par exemple à la démocratie culturelle, à la participation sociale et au développement culturel et socioculturel.
Loisir et société
Loisir et société
3e ÉDITION
Traité de sociologie empirique
Gilles Pronovost
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Gilles Pronovost
Loisir et société: traité de sociologie empirique
3e édition.
(Collection Temps libre et culture; 15)
Comprend des références bibliographiques.
ISBN 978-2-7605-4662-2
ISBN EPUB 978-2-7605-4664-6
1. Loisirs - Aspect social - Québec (Province). 2. Loisir - Aspect sociologique. 3. Industries culturelles - Québec (Province). 4. Gestion du temps - Aspect social - Québec (Province). 5. Loisirs - Politique gouvernementale - Québec (Province). 6. Culture populaire - Québec (Province). 7. Loisirs - Enquêtes - Québec (Province). I. Titre. II. Collection: Collection Temps libre & culture; 15.
GV14.45.P76 2017 306.4’809714 C2016-942207-0
Révision
Gislaine Barrette
Correction d’épreuves
Aude Tousignant
Conception graphique Julie Rivard
Mise en pages Interscript
Images de couverture et de l’intérieur
iStock
Dépôt légal: 1er trimestre 2017
> Bibliothèque et Archives nationales du Québec
> Bibliothèque et Archives Canada
© 2017 - Presses de l’Université du Québec
Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés
Imprimé au Canada
D4662-1 [01]
Remerciements
Cet ouvrage a été réalisé grâce au soutien financier de la Direction du sport, du loisir et de l’activité physique du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur. Je remercie tout particulièrement Benjamin Robinson, récréologue, M.A., pour sa fidélité et l’intérêt constant qu’il a porté à mes travaux.
Je remercie également le ministère de la Culture et des Communications, pour m’avoir accordé une licence m’autorisant à utiliser les données des huit enquêtes de participation culturelle, sans lesquelles de nombreux chapitres de cet ouvrage n’auraient pu être rédigés. Je remercie tout particulièrement Sophie Magnan, directrice, Direction du livre, de la recherche et de l’évaluation, et Steve Simard, responsable de la recherche sur les pratiques culturelles.
Je remercie enfin l’Université du Québec à Trois-Rivières et tout particulièrement le Département d’études en loisir, culture et tourisme, pour m’avoir accordé le statut de professeur associé, ce qui m’a permis de bénéficier du soutien administratif et technologique sans lequel cet ouvrage n’aurait pu voir le jour.
Avant-propos à la troisième édition
Comme la troisième édition de cet ouvrage suit de vingt ans celle qui la précède, une importante mise à jour des données s’imposait. Cependant, j’ai conservé tel quel le cadre d’analyse présenté en introduction puisque, comme je le signale, il s’agit bien d’étudier le loisir contemporain à partir d’un cadre sociologique général que bien peu d’ouvrages sur ce sujet ont pris soin de décrire explicitement. Pour en faciliter la lecture et assurer la meilleure continuité possible avec les éditions précédentes, j’ai pris le parti de conserver intégralement la structure de l’ouvrage, en cinq parties et quinze chapitres.
Certains chapitres n’ont pas nécessité de mises à jour importantes, sauf pour ce qui est de l’actualisation des tableaux et des figures. Leur cadre d’analyse peut raisonnablement résister au temps. Ainsi, je n’ai pas retouché l’introduction, les chapitres 1 (le mythe du loisir), 3 (le jeu) et 4 (la ritualisation de l’action) ainsi que la conclusion, sauf pour une synthèse d’ensemble. Il en est de même pour les chapitres 2 (les significations sociales du loisir), 7 (les travailleurs en loisir et les bénévoles) et 8 (les associations volontaires), pour lesquels je n’ai fait qu’actualiser les tableaux et figures, voire dans certains cas reproduire les tableaux originaux en les accompagnant de références plus récentes qui vont dans le même sens, ou encore mettre à jour certaines analyses, tout particulièrement pour le chapitre 7.
Dans d’autres cas, il s’agissait surtout d’actualiser à la fois le cadre d’analyse et les données, ce qui est le cas du chapitre sur les activités (chapitre 5), les générations (chapitre 6), les budgets-temps (chapitre 9), l’économie (chapitre 10) et les politiques (chapitre 11). Au total, donc, pour ces cinq autres chapitres, il n’y a pas de véritable rupture avec l’édition précédente, mais ils rendent obsolètes les chapitres correspondants des éditions précédentes, y compris les chapitres pour lesquels je n’ai fait qu’actualiser les données.
J’ai procédé à une réécriture importante de quatre chapitres, à savoir tous ceux situés dans la cinquième partie, portant sur les institutions: celui sur la famille (chapitre 12), sur le travail (chapitre 13), sur l’éducation (chapitre 14) ainsi que celui sur les industries culturelles et les médias (chapitre 15). Ce n’est pas le fruit d’un simple hasard. Comme je l’indique dans l’introduction, si par définition les institutions sociales font preuve d’une certaine stabilité, elles sont très associées à toute forme de changement social et, comme je le rappelle dans la conclusion, le changement institutionnel en fait partie.
Dans cette nouvelle édition, j’ai tenté à de multiples reprises de faire plus explicitement état des liens qui lient de nombreux chapitres entre eux. Par exemple, le chapitre 13 sur le travail et celui sur les grandes valeurs sociales décrites au chapitre 2. Ou encore le chapitre 15 sur les industries culturelles et les médias en rapport avec le chapitre 5 sur l’évolution des activités et le chapitre 9 sur l’emploi du temps. Le thème de la famille (chapitre 12) et celui du temps (chapitre 9) sont convoqués dans de nombreux autres chapitres, notamment au chapitre 14 sur l’éducation et au chapitre 15 sur les industries culturelles et les médias dans le contexte de la montée du numérique. La question des rapports intergénérationnels et celle des pratiques des jeunes, abordées au chapitre 6, sont également évoquées ultérieurement.
Les tableaux qui accompagnent la plupart des chapitres ne le sont qu’à titre de visualisation des grandes tendances que je tente de dégager. J’ai évité les questions trop techniques (par exemple la diversité des nomenclatures observables selon les périodes, des mesures qui ont parfois changé à travers le temps, tel détail sur les instruments de collecte de données), car ce qui importe, c’est la longue période envisagée et ce que le sociologue peut en tirer au regard des fondements sociologiques. De même, on comprendra qu’il s’agit bien d’un ouvrage de synthèse, qui s’attarde aux grandes tendances et aux grands enjeux, de sorte que j’ai évité les analyses trop «pointues» et posé un regard général plutôt que spécialisé sur les phénomènes que j’ai décrits.
Quant à la bibliographie qui accompagne chacun des chapitres, I’importante mise à jour qui s’imposait risquait d’alourdir inutilement l’ouvrage. À l’exception de l’introduction que j’ai retenue presque intégralement en y ajoutant les parutions récentes qui s’imposent, j’ai pris le parti de ne mettre à la fin de chaque chapitre que les références citées dans le texte ou celles qui me semblaient pertinentes. À quelques exceptions près, j’ai évité les renvois à des sites Internet et à des hyperliens, tant ceux-ci sont changeants; les bons moteurs de recherche permettent d’ajouter au besoin des données ou des références additionnelles.
Table des matières
Remerciements
Avant-propos à la troisième édition
Liste des figures
Liste des tableaux
Introduction
Partie 1 /
CULTURE ET SIGNIFICATIONS
Chapitre 1 /
Le mythe du loisir
1.1 /Quelques éléments de mythologie populaire du loisir
1.1.1 /La désacralisation du travail et le thème du temps
1.1.2 /L’évasion et la sortie hors du temps
1.1.3 /La quête de l’identité
1.1.4 /Le mythe de la nature
1.1.5 /La régénération et la santé
1.1.6 /La civilisation et les temps nouveaux
1.2 /La littérature en loisir comme véhicule du mythe
Conclusion
Références
Chapitre 2 /
Les significations sociales du loisir
2.1 /Le concept de signification sociale
2.1.1 /George H. Mead et l’école interactionniste américaine
2.1.2 /La sociologie de la connaissance
2.1.3 /La notion de signification sociale
2.2 /Le système des valeurs du loisir
2.2.1 /Le concept de valeurs sociales
2.2.2 /Le loisir dans l’univers des valeurs
2.2.3 /Les valeurs sociales du loisir
2.3 /Les fondements normatifs
2.3.1 /Les normes d’action
2.3.2 /Les normes d’implication
2.3.3 /Les normes d’interaction
2.3.4 /Les normes contextuelles
2.4 /Le système d’attentes reliées aux rôles sociaux
Conclusion
Références
Partie 2 /
L’ACTION
Chapitre 3 /
Le jeu
3.1 /Le jeu en tant que modèle d’organisation symbolique du fait social
3.2 /Le jeu et le loisir
3.2.1 /La fonction d’exercice du jeu
3.2.2 /Le jeu et l’aménagement symbolique de la réalité sociale
3.3 /Les règles du jeu et les règles de la vie sociale
3.3.1 /La règle du temps
3.3.2 /La règle de l’espace
3.3.3 /La règle de la pertinence
Conclusion
La place du jeu dans l’analyse sociologique
Le jeu et le loisir
Références
Chapitre 4 /
La ritualisation de l’action
4.1 /Le commencement, le milieu et la fin
4.1.1 /Les rites de commencement
4.1.2 /Les rites de renforcement
4.1.3 /Les rites de clôture
4.2 /Les rites d’interaction
4.2.1 /Le loisir comme pourvoyeur d’interactions sociales
4.2.2 /Les fonctions des rites d’interaction
4.3 /Les rituels du déplacement
4.4 /L’agression et le cas du sport
4.5 /La fête
4.5.1 /Le symbolisme de la fête
4.5.2 /Le rituel de la fête
4.5.3 /L’éclatement de la fête contemporaine
Conclusion
Références
Chapitre 5 /
Les activités en transformation
5.1 /Une note méthodologique
5.2 /Les préférences
5.3 /Les activités physiques et sportives
5.4 /Le plein air: entre nature et culture
5.5 /Les activités culturelles et socioculturelles
5.5.1 /Les pratiques amateur
5.5.2 /Les loisirs scientifiques
5.6 /Les activités socioéducatives
5.7 /La fréquentation des établissements culturels
5.8 /L’assistance à des spectacles
5.8.1 /Le cinéma
5.8.2 /Les autres spectacles
5.8.3 /Le rôle multiplicateur des médias dans la participation culturelle
5.9 /Les modes de vie
5.9.1 /La diversification des pratiques culturelles
5.9.2 /Les univers d’activités
5.9.3 /Les axes de la stratification sociale
5.9.4 /Les intérêts culturels
5.9.5 /Les subcultures
Conclusion
Références
Partie 3 /
LES ACTEURS
Chapitre 6 /
Les âges, les générations et les cycles de vie
6.1 /Les effets de génération, les effets d’âge
6.2 /Les générations
6.2.1 /Les pratiques culturelles et les spectacles
6.2.2 /Les habitudes de lecture
6.2.3 /Les pratiques reliées aux médias
6.3 /Les pratiques culturelles chez les jeunes
6.3.1 /La sociologie de la jeunesse et les valeurs des jeunes
6.3.2 /Les univers d’activités
6.4 /Les personnes âgées
6.4.1 /Un modèle normatif de vieillissement
6.4.2 /L’évolution des comportements culturels des personnes âgées
6.4.3 /Le passage de la vie active à la retraite
6.5 /La division sexuelle de la culture
Conclusion: de nouveaux rapports entre les générations
Références
Chapitre 7 /
Les travailleurs en loisir
7.1 /Le secteur privé
7.2 /Le secteur public et parapublic
7.2.1 /La situation au Québec
7.2.2 /La situation aux États-Unis
7.2.3 /La situation en France
7.2.4 /Les éléments pour une sociologie de la profession
7.3 /Un nouvel environnement économique et technologique
7.4 /Une certaine redéfinition des compétences et des fonctions
7.4.1 /Les compétences
7.4.2 /Les fonctions nouvelles
Conclusion
Références
Chapitre 8 /
La sociographie des associations volontaires et des bénévoles
8.1 /Une définition
8.2 /Une typologie des associations
8.2.1 /Selon les orientations de l’association
8.2.2 /Selon les modalités d’évolution
8.2.3/ Selon l’historique des rapports aux pouvoirs publics
8.2.4 /Selon les champs d’intervention
8.3 /Le taux de participation dans les associations
8.4 /Les associations de loisir et les caractéristiques sociodémographiques de leurs bénévoles
8.5 /Quelques fonctions des associations volontaires dans le champ du loisir
8.5.1 /Des agents d’intégration sociale
8.5.2 /Des agents d’innovation sociale
8.5.3 /Des agents de mobilité sociale
8.5.4 /Des agents de distribution du pouvoir
Conclusion
Références
Partie 4 /
SYSTÈMES ET STRUCTURES
Chapitre 9 /
Les budgets-temps au Québec
9.1 /La méthodologie des études de budget-temps
9.2 /Les principales critiques
9.3 /Les grandes tendances dans l’emploi du temps
9.3.1 /Une note méthodologique
9.3.2 /Les activités et les groupes d’activités
9.3.3 /Les soins personnels
9.3.4 /Le temps de travail Travaillons-nous davantage ou moins?
9.3.5 /Les travaux domestiques
9.3.6 /Les déplacements
9.3.7 /Une pause dans la civilisation du loisir
9.3.8 /Les lieux et les partenaires; le temps familial
9.4 /La transformation des rapports entre les temps
9.5 /Les temps de loisir
9.5.1 /À l’échelle de la vie quotidienne
9.5.2 /À l’échelle de la semaine
9.5.3 /L’année ponctuée par le rythme des vacances
Conclusion
Références
Chapitre 10/
L’économie et la consommation
10.1 /Le système économique
10.2 /L’organisation de l’économie du loisir: marché, production de biens et de services
10.2.1 /Les groupes privés
10.2.2 /Les entreprises commerciales
10.2.3 /Les dépenses publiques
10.3 /Le loisir dans l’univers de la consommation
10.3.1 /L’équipement des ménages
10.3.2 /La hiérarchie des dépenses de loisir dans le budget des ménages
10.3.3 /La compressibilité du budget-loisir et les privations ressenties
10.3.4 /L’extension des «besoins» et des aspirations
10.4 /La stratification sociale et les normes de consommation
Conclusion
Références
Chapitre 11 /
Les structures publiques et parapubliques
11.1 /Une définition sommaire
11.2 /Les cadres sociologiques d’analyse des politiques du loisir
11.3 /L’État
11.3.1 /Un modèle «libéral» de l’intervention de l’État en matière de loisir
11.3.2 /Les politiques et l’analyse des politiques
11.4 /Les structures associatives régionales
11.5 /Les structures publiques régionales
11.6 /Les structures publiques locales
11.6.1 /L’évolution des fonctions locales en matière de loisir et de culture
11.6.2 /Les fonctions attribuées à l’intervention municipale en matière de loisir et culture
Conclusion
Références
Partie 5 /
LES INSTITUTIONS EN MUTATION
Chapitre 12 /
La famille, le temps libre
12.1 /La famille et le temps
12.1.1 /La diversité des temps sociaux selon le type de famille
12.1.2 /Les familles, les enfants et les cycles de vie
12.2 /La famille et le temps libre: de quelques thématiques fondamentales
12.2.1 /La diversité des rapports au temps
12.2.2 /La dépendance relative du «loisir familial» à l’égard des valeurs familiales
12.2.3 /La progression inverse des temps domestiques et du temps libre
12.2.4 /L’influence de la famille sur l’organisation du temps de travail, du temps scolaire et du temps libre
12.2.5 /L’ambiguïté du caractère «familial» ou «culturel» d’une activité
12.2.6 /La sociabilité familiale et le temps libre
12.2.7 /La famille et la socialisation au loisir et à la culture
12.2.8 /Le loisir et les trajectoires familiales
Conclusion
Références
Chapitre 13 /
Le travail et le loisir
13.1 /Les cadres d’analyse sociologique des rapports travail-loisir
13.1.1 /La question des changements de valeurs
13.1.2 /La dépendance du loisir par rapport au travail
13.1.3 /Des rapports de compensation
13.1.4 /La neutralité des rapports
13.1.5 /Le loisir, source de nouvelles valeurs?
13.2 /De quelques tendances du temps de travail
13.3 /Les valeurs et les normes du travail
13.3.1 /Les valeurs du temps de travail
13.3.2 /Les normes du temps de travail
13.3.3 /La notion «d’amplitude minimale»
13.3.4 /La notion de concentration du temps de travail
13.3.5 /L’aspiration à la souplesse des horaires
13.4 /Les rapports entre les temps sociaux
13.4.1 /L’équilibre travail-loisir-famille
13.4.2 /La question de la conciliation famille-travail
13.4.3 /L’horizon temporel: l’exemple de la retraite précoce ou reportée
Conclusion
Références
Chapitre 14 /
Le temps libre et l’éducation
14.1 /Une «société éducative»?
14.2 /L’école, la famille et la réussite éducative
14.2.1 /Les enfants, les parents
14.2.2 /Les activités parascolaires à l’école
14.2.3 /Une réussite éducative numérique
14.3 /Le temps libre, les enjeux éducatifs et l’ordre scolaire
14.3.1 /Les enjeux éducatifs du temps libre extrascolaire des enfants
14.3.2 /À l’adolescence, une école parallèle?
14.3.3 /Apprendre toute sa vie
Conclusion: émergence de la société éducative
Références
Chapitre 15 /
Les industries culturelles, les médias et le loisir
15.1 /L’écoute de la télévision
15.1.1 /Le temps d’écoute
15.1.2 /Le contenu de la télévision
15.1.3 /Les modalités d’écoute
15.2 /La radio
15.2.1 /Le temps d’écoute
15.2.2 /Le contenu: l’écoute de la musique
15.3 /Les médias écrits: les habitudes de lecture et la fréquentation des bibliothèques
15.4 /L’Internet, nouvelle donne?
15.4.1 /Les générations et les usages d’Internet
15.4.2 /Les logiques de cumuls
15.5 /Les usages sociaux des médias
15.5.1 /Les rapports au temps
15.5.2 /Les rapports à l’espace
15.5.3 /La sociabilité
Conclusion
Références
Conclusion générale
Liste des figures
5.1 /Fréquentation du théâtre selon la fréquentation des musées – Québec, 2014
5.2 /Index de pratiques culturelles selon la scolarité – Québec, 2014
5.3 /Index de pratiques culturelles selon le revenu – Québec, 2014
5.4 /Taux de pratique sportive selon le revenu – Québec, 2005
5.5 /Index de pratiques culturelles selon l’âge – Québec, 2014
5.6 /Taux de pratique sportive selon l’âge – Québec, 2005
5.7 /Index de pratiques culturelles selon le sexe – Québec, 2014
5.8 /Taux de pratique sportive selon le sexe – Québec, 2005
5.9 /Relation générale entre le manque d’intérêt et le manque de temps, et le niveau de participation culturelle – Québec, 1999
6.1 /Évolution dans la fréquentation des musées selon l’âge – Québec, 1979 à 2014
6.2 /Évolution dans la fréquentation des établissements culturels selon l’âge – Québec, 1979 à 2014
6.3 /Évolution de la lecture des journaux selon l’âge – Québec, 1989 à 2014
6.4 /Évolution de la lecture de magazines selon l’âge – Québec, 1989 à 2014
6.5 /Évolution de la lecture de livres selon l’âge – Québec, 1989 à 2014
15.1 /Évolution des taux déclarés de lecture – Québec, 1989 à 2014
Liste des tableaux
2.1 /Hiérarchie des sphères de vie de la population active québécoise, 2006
2.2 /Importance relative accordée à la pratique de l’activité plutôt qu’aux partenaires, selon la scolarité
2.3 /Attentes de distanciation de la pratique du loisir par rapport à l’exercice du rôle principal
5.1 /Les activités préférées – Population âgée de 15 ans et plus – Québec, 1979 à 1994
5.2 /Taux annuel de pratique par activité – Population âgée de 15 ans et plus – Québec, 1978 à 2005
5.3 /Rang relatif de pratique des activités sportives – Population âgée de 15 ans et plus – Québec, 1978 à 2005
5.4 /Taux de participation à certains types d’activités – Québec, 1989 à 2014
5.5 /Taux de participation à des cours ou des ateliers d’art au cours des douze derniers mois – Québec, 1989 à 2014
5.6 /Taux de participation à des cours et des leçons au cours de la vie et au cours des 12 derniers mois – Québec, 2014
5.7 /Fréquentation de certains établissements culturels – Québec, 1979 à 2014 – Population âgée de 15 ans et plus
5.8 /Assistance aux spectacles – Québec, 1983 à 2014
5.9 /Écarts dans les taux de pratique d’exercices physiques selon la participation à diverses activités culturelles – Québec, 1989, 1999 et 2009
6.1 /Évolution des pratiques culturelles chez les 15-17 ans – 1983 à 2014
6.2 /Évolution des pratiques culturelles chez les 55 ans et plus – 1979 à 2014
6.3 /Évolution des pratiques culturelles chez les femmes – 1979 à 2014
6.4 /Évolution des pratiques culturelles chez les hommes – 1979 à 2014
6.5 /Écarts de participation entre les femmes et les hommes – Québec, 1979 à 2014
6.6 /Genres de livres lus le plus souvent selon le sexe – Québec, 1989, 1999 et 2014
6.7 /Genres de magazines lus le plus souvent selon le sexe – Québec, 1989, 1999 et 2014
7.1 /Emplois par secteurs d’activité – Québec, 2001, 2010 et 2015
7.2 /Situation des diplômés en récréologie, grands groupes de profession – 1999 à 2010
7.3 /Répartition des diplômés en récréologie selon les grands groupes d’activités économiques – 1999 à 2010
8.1 /Taux de participation à des associations selon le domaine d’activité – Québec, 1989 à 2014
8.2 /Taux de participation à des associations selon l’âge – Québec, 1989 à 2009
8.3 /Taux de participation à titre de bénévole, dans le secteur du loisir, du sport et de la culture, selon le sexe – Québec, 2014
8.4 /Taux de participation à titre de bénévole, dans le secteur du loisir, du sport et de la culture, selon l’âge – Québec, 2014
8.5 /Taux de participation à titre de bénévole, dans le secteur du loisir, du sport et de la culture, selon la scolarité – Québec, 2014
9.1 /Emploi du temps quotidien pour l’ensemble de la population – Québec, 1986, 1998 et 2010
9.2 /Emploi du temps quotidien pour l’ensemble de la population – Canada, 1986, 1998 et 2010
9.3 /Emploi du temps quotidien selon la situation des répondants – Québec, 2010
9.4 /Emploi du temps quotidien selon le sexe – Québec, 2010
9.5 /Emploi du temps quotidien selon l’âge – Québec, 2010
9.6 /Emploi du temps quotidien selon les jours de la semaine ou le weekend – Québec, 2010
9.7 /Temps hebdomadaire consacré au travail, aux travaux ménagers, et aux soins aux enfants parmi la population active âgée de 18 à 64 ans, ayant au moins un enfant, et selon le sexe – Québec, 1986, 1998 et 2010
9.8 /Durée quotidienne du temps de déplacement – Québec, 2010
9.9 /Emploi du temps quotidien selon le type de rapports sociaux – Québec, 1986, 1998 et 2010
9.10 /Emploi du temps quotidien selon le lieu – Québec, 1986, 1998 et 2010
10.1 /Dépenses des administrations publiques au titre de la culture – Québec, 2010 à 2014(en milliers de dollars)
10.2 /Équipement des ménages – Québec, 1989 à 2009
10.3 /Composition et importance relative du poste «loisir» dans le budget des ménages – Québec, 2010 à 2014 (en dollars courants)
10.4 /Hiérarchie des dépenses affectées au loisir – Québec, 2010 à 2014
11.1 /Dépenses des municipalités au titre du loisir et de la culture – 2009 à 2012
12.1 /Types de familles chez les parents ayant des enfants de 0 à 5 ans – Québec, 2015
12.2 /Emploi du temps hebdomadaire selon le type de famille – Québec, 2010
12.3 /Emploi du temps hebdomadaire chez les familles selon l’âge des enfants – Québec, 2010
12.4 /Temps quotidien passé seul ou avec d’autres selon le type de famille – Québec, 2010
12.5 /Temps quotidien passé seul ou avec d’autres selon l’âge des enfants dans la famille – Québec, 2010
12.6 /Fréquentation d’établissements culturels chez les familles selon l’âge des enfants – Québec 2014
12.7 /Sorties et spectacles chez les familles selon l’âge des enfants – Québec 2014
12.8 /Taux de participation à des associations chez les familles, selon l’age des enfants- Québec, 2014
13.1 /Horaires de travail – Population active âgée de 18 à 64 ans – Québec 1998 à 2010
13.2 /Questions de conciliation famille-travail – Québec 1998 et 2010
15.1 /Détail du temps quotidien consacré aux médias – Québec 2005 et 2010
15.2 /Temps quotidien d’utilisation d’Internet parmi les participants à l’activité – Québec 2010
15.3 / Sources d’écoute de la musique – Québec 1989 à 2014
15.4 / Genres de musique écoutés – Québec 1989 à 2014
15.5 / Langue d’écoute des chansons – Québec 1989 à 2014
15.6 /Usages d’Internet selon l’âge – Québec 2014
L’observation des phénomènes sociaux n’est pas, comme on pourrait le croire à première vue, un pur procédé narratif. La sociologie doit faire plus que décrire les faits, elle doit, en réalité, les constituer. D’abord, pas plus en sociologie qu’en aucune autre science, il n’existe de faits bruts que l’on pourrait, pour ainsi dire, photographier. Toute observation scientifique porte sur des phénomènes méthodiquement choisis et isolés des autres, c’est-à-dire abstraits.
MAUSS, 1971, p. 32
Introduction
L’objectif de cet ouvrage est la présentation d’informations empiriques sur le loisir moderne, sous forme d’une synthèse elle-même doublée d’une analyse sociologique fondamentale et critique. Il s’agit en quelque sorte d’un traité de sociologie empirique adapté au loisir moderne. Nous insistons: il s’agit bien d’un essai de synthèse empirique sur la question du loisir moderne, et un tel essai de synthèse se double d’une problématique sociologique d’analyse et d’interprétation.
Notre ambition est même plus large: cet ouvrage porte en fait sur l’étude empirique de la société québécoise telle qu’on peut l’observer à travers le prisme du loisir moderne. Nous espérons illustrer, par les différents chapitres que nous avons rédigés, que notre connaissance de la société québécoise se trouve diversifiée et enrichie quand on l’observe sous l’angle du loisir moderne. Non pas que des phénomènes «nouveaux» apparaissent soudainement, mais parce qu’une certaine lecture de la société est rendue possible si l’on est attentif aux multiples facettes révélées par le loisir: évolution des valeurs et des comportements, usages sociaux du temps, rapports entre les générations, nouveaux rapports au travail, dynamiques familiales et temps libre, vie culturelle locale, etc.
Mais comment donc poser la question de départ d’une véritable sociologie empirique du loisir? Quel fil conducteur guidera notre cheminement? Comment procéder pour établir les paramètres de l’analyse sociologique du loisir? Dans cette introduction, nous répondrons à ces questions en procédant en trois temps: nous rappellerons d’abord les grandes traditions dominantes en sociologie du loisir, de manière à établir des jalons historiques de cette véritable sociologie du loisir qui s’est dessinée au cours du XXe siècle tout particulièrement; puis nous tenterons de dégager les principales thématiques structurelles, les paramètres dominants d’explication sociologique qu’on retrouve dans les sciences du loisir; et enfin, sur la base de cette première sélection des grands thèmes d’étude à retenir pour la suite de notre propos, de manière à départager clairement la perspective que nous avons retenue pour établir les choix auxquels nous avons dû procéder, nous indiquerons de façon détaillée la perspective sociologique générale qui détermine le plan de l’ensemble de l’ouvrage.
Les traditions dominantes en sociologie du loisir
Dans les paragraphes qui suivent, nous résumons très succinctement les grandes traditions dominantes, les principales approches observables en sociologie du loisir, dans une sorte de revue de littérature qui s’attardera essentiellement aux sources majeures qui ont façonné les problématiques sociologiques du loisir. Pour ce faire, nous nous inspirerons en large partie de notre ouvrage antérieur Temps, culture et société (1983), dont les premiers chapitres dressent un portrait de la genèse et du développement des sciences du loisir en Occident.
Nous proposons de distinguer cinq grandes traditions sociologiques dans l’histoire de la sociologie du loisir: 1) la pensée américaine dominante; 2) l’approche anthropologique également d’origine américaine; 3) la pensée sociale britannique; 4) la tradition inspirée de l’éducation populaire et du développement culturel; et 5) la sociologie des temps sociaux.
La pensée américaine dominante
Dans Temps, culture et société, nous avons eu l’occasion de décrire longuement ce que nous avons appelé «la structure de la pensée américaine sur le loisir aux États-Unis, à ses origines (1900-1930)» (p. 77 et suiv.). Nous soutenons en effet que l’essentiel de la pensée américaine actuelle sur le loisir aux États-Unis a pris sa forme et sa structure dans la période approximative des années 1900-1930.
Parmi les thèmes bien connus, mentionnons les suivants:
•Le point de départ d’une telle pensée s’appuie sur une définition de la «nature humaine» faisant appel à certains invariants fondamentaux très souvent inspirés du monde de l’enfance.
•Le «jeu» y est omniprésent, comme l’un de ces traits fondamentaux de la nature humaine, et est souvent présenté comme une sorte de tendance vitale permettant à l’homme d’exprimer ses habiletés tant motrices qu’intellectuelles; d’où d’ailleurs une attention constante pour «l’éducation du corps et de l’esprit», et les débuts de l’institutionnalisation de l’enseignement universitaire en loisir dans des facultés ou départements d’éducation physique.
•Une notion de «civilisation» est également présente: le loisir fait partie intégrante de l’idéal démocratique américain, puisqu’il permet d’atteindre des idéaux d’égalité et d’épanouissement personnel, que seule la société américaine d’alors, perçue comme au faîte de la civilisation occidentale, pouvait assurer selon les auteurs; sur la base de ces distinctions, le free time (que l’on peut traduire indistinctement, à l’origine, par «temps libre» ou «loisir») apparaissait comme le résultat direct des développements technologiques d’alors, sorte de mouvement général de croissance du temps favorable à l’exercice non seulement des libertés démocratiques, mais aussi des libertés individuelles dont le loisir était représenté comme porteur.
•Or, tous ces mouvements historiques ont également mené à la mise en place d’institutions publiques et parapubliques, tels les parcs, les terrains de jeux pour enfants, les centres sportifs et culturels, des associations locales, des structures publiques municipales, etc. Le concept qui a été créé pour définir ce mouvement d’institutionnalisation du loisir est celui de recreation: la recreation désigne une activité temporellement délimitée, ayant des caractéristiques propres au jeu, et qui s’est progressivement généralisée à travers diverses institutions (Pronovost, 1983, p. 91). La notion de free time définissait ainsi le cadre évolutionniste et historique du loisir, celle de recreation, le mouvement de création d’institutions publiques et parapubliques.
Cette pensée sociale américaine sur le loisir, à ses origines, est le résultat d’une prospérité économique sans précédent; elle s’appuie sur les grands mouvements humanistes et réformistes du début du siècle et accompagne l’histoire américaine des institutions récréatives publiques tout en les légitimant par un discours structuré. Il s’agit du foyer de pensée dont l’Amérique du loisir s’est longtemps nourrie et se nourrit encore. De plus, la plupart des ouvrages américains sur le loisir produits après les années 1945 s’en sont tenus, dans leurs fondements, aux thèmes majeurs de cette pensée sociale: l’idéologie américaine sur le loisir du début du siècle s’est transformée ultérieurement en modèle de représentation professionnelle.
Il en résulte qu’il est fréquent de lire des ouvrages américains de sociologie du loisir qui débutent par une introduction sur l’histoire du loisir, représentée sous le vocable du «mouvement pour la récréation» (recreation movement) – qui n’est nullement un mouvement social, tout au plus une histoire stéréotypée des parcs et terrains de jeux américains – et qui poursuivent par l’examen des distinctions entre «jeu» (play), «récréation» (recreation) et «temps libre» (free time, leisure); des chapitres sont également consacrés au «plein air» (outdoor recreation) et à la gestion des services publics locaux de loisir (public recreation) (Kelly, 1982; Kando, 1980). Une telle tradition est également à l’origine de l’étude du loisir par la notion d’«activités de loisir»; par le biais des notions de free time, et de «jeu», l’accent est également mis sur la liberté de choix et l’importance des gratifications personnelles.
L’approche anthropologique américaine
La deuxième grande tradition sociologique d’analyse du loisir moderne est la tradition anthropologique américaine. Nous faisons tout particulièrement référence aux travaux célèbres de Robert S. Lynd et Helen Merrell Lynd (1959 et 1965) menés dans les années 1920.
Dans leur première étude de Middletown, les auteurs précisent dès le début qu’une des catégories de l’anthropologie culturelle est précisément le loisir! Ainsi, il est expressément mentionné que «l’utilisation du loisir dans diverses formes de jeu, d’art, etc.» constitue l’un des principaux champs de l’activité humaine (Lynd et Lynd, 1959, p. 3-4) que l’anthropologue se doit d’analyser. On y traite ainsi des rapports entre le travail et le loisir, des modes de vie traditionnels, des «nouveaux loisirs» suscités par les innovations technologiques (voiture, radio, cinéma), des associations et clubs divers, etc. On s’appuie également sur des catégories classiques de l’analyse sociologique, par le rappel des différences observables selon les catégories d’âge et de sexe ainsi que par les fréquentes observations sur les différences de pratiques et de contenus selon les classes sociales.
L’ensemble de ces sources majeures d’inspiration de la sociologie américaine du loisir se retrouve chez David Riesman (1950); la distance qui nous sépare aujourd’hui de cet auteur nous permet de mieux saisir les questions de fond qu’il avait à l’esprit, au moment où commençaient précisément à apparaître quelques travaux de sociologie du loisir. Chez lui on retrouve, indissociablement liés, une certaine perspective évolutionniste, des jugements moralisateurs sur la culture de masse, un vocabulaire emprunté aux idéologies professionnelles du loisir, tout autant qu’une approche sociologique formelle. C’est David Riesman qui, le premier, créa dans les années 1950 un groupe de recherche sur le loisir aux États-Unis et entreprit une étude critique de Thorstein Veblen; il fut secondé par Rolf Meyersohn, qui fut pour sa part à l’origine d’un important courant d’études sur les «loisirs de masse» (Larrabee et Meyersohn, 1958).
L’approche anthropologique américaine est à la source d’un important courant de réflexion qui s’est attardé à penser le loisir dans ses rapports à la culture. Elle a également inspiré la problématique de la culture de masse, à partir de laquelle les chercheurs se sont particulièrement intéressés aux phénomènes de la «standardisation», des «loisirs passifs», de la piètre «qualité» des loisirs de masse, sans oublier la question des médias dont ils ont longuement traité.
La pensée sociale britannique
L’histoire des sciences du loisir en Angleterre, tout en s’inspirant tardivement de la pensée américaine, possède une certaine spécificité. En résumant très sommairement, nous avons illustré comment la question du loisir était d’abord issue des grandes études sociales britanniques menées dans l’entre-deux-guerres, et qu’elle se situait dans un cadre plus général portant sur une problématique d’amélioration des conditions économiques et sociales des classes populaires britanniques.
Après 1945, ce qui caractérise la sociologie du loisir en Angleterre est conséquemment une attention plus marquée pour les politiques sociales, les questions urbaines, la gestion des services publics locaux en vue d’un meilleur environnement, dans une perspective de lutte à la pauvreté et de justice sociale. Les approches sociohistoriques sont généralement plus larges que les seules approches américaines – il existe une importante tradition d’histoire britannique du loisir et de la culture populaire (Cunningham, 1980; Marcolmson, 1973; Walvin, 1978) – et l’on y étudie fréquemment le loisir dans ses rapports à diverses institutions, tout particulièrement le travail et la famille. Kenneth Roberts, par exemple, un des représentants les plus illustres de la sociologie du loisir en Angleterre, consacre des chapitres aux politiques sociales relatives au loisir, en inscrivant ce dernier dans le contexte des transformations industrielles des sociétés occidentales, et traite par ailleurs des questions du travail et de la famille dans des chapitres distincts (1978, 1981).
Péjorativement qualifiée de «conventionnelle» ou d’«orthodoxe», cette sociologie fait depuis peu l’objet d’un débat très critique; on lui reproche principalement son manque de perspective historique.
L’un des grands défauts du formalisme social, la tradition dominante de recherche en sociologie du loisir, tient à son incapacité à situer le loisir dans un contexte historique plus large et dans la structure de pouvoir des sociétés capitalistes (Rojek, 1985, p. 3).
En contrepartie, on a proposé d’être davantage attentif aux dimensions historiques plus larges dans lesquelles s’enracinent tant le loisir lui-même que les sciences du loisir, aux phénomènes de profonde stratification sociale dont le loisir est porteur; on a même proposé que la seule alternative valable devait emprunter à une approche néomarxiste des questions culturelles, inspirée de l’école de Birmingham (Clarke et Critcher, 1985).
Quoi qu’il en soit, par comparaison avec la tradition américaine, la tradition sociologique britannique nous apparaît plus diversifiée dans ses thèmes, plus ouverte aux questions de politiques sociales, plus large dans ses perspectives historiques et plus critique.
La tradition inspirée de l’éducation populaire et du développement culturel
Dans Temps, culture et société (chapitre 3), nous avons également décrit comment une tradition française spécifique avait marqué la sociologie du loisir. Encore une fois en généralisant à l’extrême, nous en concluons que la problématique de l’éducation populaire et celle des enjeux pour le temps hors travail marquent la pensée française.
Si l’on excepte les penseurs utopistes du XXe siècle (dont l’illustre Paul Lafargue, 1977), c’est à Georges Friedmann que l’on doit une première analyse sociologique du loisir, essentiellement articulée autour d’une critique du «travail en miettes» et de ses effets négatifs tant sur le travail que sur le loisir. Sa perspective est celle du loisir comme compensation au travail aliéné; le loisir ne fait pas l’objet d’une analyse directe, mais dérivée pour ainsi dire de ses thèses sur le travail (1957).
Le représentant le plus important – et le plus réputé – de la sociologie du loisir est Joffre Dumazedier. Toujours très schématiquement, on peut dire que Dumazedier s’est efforcé de développer une sociologie autonome du loisir, détachée de la sociologie du travail, par exemple, et a tenté de déceler pour eux-mêmes les traits sociologiques essentiels du loisir. Une telle perspective le mène à l’identification des quatre «caractères» propres au loisir (libératoire, désintéressé, hédonistique et personnel), présentés comme constitutifs du loisir (Dumazedier, 1974, p. 95), ainsi qu’à celle de ses fonctions sociales spécifiques (délassement, divertissement et développement). L’approche de Dumazedier est à inscrire dans une perspective plus large de «développement culturel», dans laquelle sont prises en considération les questions des valeurs, de l’éducation permanente et de l’éducation populaire. Plus récemment, Dumazedier (2002) a mis l’accent sur le rôle du loisir en tant que sphère autonome de production de nouvelles valeurs sociales, ainsi que sur l’importance des dimensions éducatives que véhicule le loisir moderne.
La sociologie des temps sociaux
Une des approches les plus classiques qu’ait empruntées la sociologie du loisir pour traiter de son objet d’étude fut la notion de «temps libre», approche que l’on retrouve aussi dans les études de budget-temps dont il sera question dans un chapitre ultérieur. En règle générale, il s’agit de distinguer plusieurs catégories de temps social (travail, école, obligations religieuses, etc.) et de retenir celui de ces temps que l’on dit «libre» principalement en raison du fait qu’il se définit comme une marge de temps discrétionnaire, disponible, par opposition aux autres catégories de temps composées surtout d’obligations diverses. Le contenu du temps libre s’articule essentiellement autour d’activités dotées d’attributs distinctifs: liberté, satisfaction personnelle, créativité, jeu, etc.
C’est un autre trait constant des ouvrages de recherche sur le loisir que de souligner l’émergence progressive d’un ou de plusieurs temps spécifiques du loisir; l’hypothèse centrale veut que le temps de loisir ait été l’objet d’une différenciation, d’une spécification progressive depuis la révolution industrielle; le temps libre serait ainsi une des catégories de temps résultant du réaménagement progressif de l’ensemble des temps hors travail en fonction de la centralité croissante du temps industriel. Ce temps a fait l’objet de luttes sociales et politiques constantes, d’abord autour des enjeux pour la réduction du temps de travail, puis de la recherche explicite de nouvelles valeurs et de nouveaux rapports sociaux, comme l’ont rappelé Nicole Samuel (1984) et Joffre Dumazedier (1988). Historiquement, le temps libre a été conçu comme un temps «gagné» sur le travail, d’abord souvent indistinctement associé au temps scolaire, au repos, à la récupération physique, au «divertissement», mais acquérant progressivement des finalités et des contenus qui lui sont propres et d’où est issu, en partie, le loisir moderne. Un tel processus historique ne s’est cependant pas fait d’un seul coup, bien entendu; il a été traversé de crises économiques, dont celle de 1929; il a composé avec la naissance et la croissance des industries culturelles – cinéma, radio, music-hall, télévision, etc.; il a été infléchi par ce qu’on a appelé la culture de masse. Comme nous l’avons rappelé, les ouvrages sociologiques américains font d’ailleurs régulièrement la distinction entre le temps consacré au loisir et issu d’un processus historique associé à un phénomène de civilisation moderne – free time ou leisure time – et le contenu des activités de loisir caractérisé par des attributs de jeu – recreation.
Plus encore, un tel temps, maintenant nettement constitué, a généré ses propres contenus et ses propres valeurs; c’est Joffre Dumazedier qui a eu le mérite de le souligner avec vigueur:
Le temps libéré du travail productif d’abord conçu comme simple complément réparateur des forces productives tend à devenir de plus en plus un temps décisif privilégié où s’élaborent des valeurs collectives nouvelles. Celles-ci accroissent l’exigence d’expression de l’individualité et tendent à réduire les contraintes du travail, puis de toutes les autres obligations institutionnelles (Dumazedier, 1982, p. 343).
La sociologie du loisir a souvent présenté le temps du loisir comme le seul véritable temps qui soit consacré au développement personnel, à l’expression culturelle et à la poursuite d’activités d’autoformation.
En résumant sommairement, une telle notion de temps implique ainsi plus ou moins explicitement les aspects suivants:
•un processus historique de formation du loisir moderne, la plupart du temps débutant avec la révolution industrielle, en vertu duquel la spécificité du loisir est attribuée précisément à ce trait historique;
•un processus de différenciation structurelle des temps sociaux, d’où surgirait progressivement un temps propre, identifiable au seul loisir;
•un processus d’identification de traits psychologiques particuliers attribués aux activités poursuivies pendant un tel temps libre.
Les grandes thématiques structurelles
Le résumé de la section précédente est évidemment trop succinct pour rendre justice aux auteurs que nous avons cités, et c’est d’autant plus vrai pour ceux que nous avons ignorés. Il nous permet cependant d’entrevoir la grande richesse et la diversité des approches sociologiques