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La vie ésotérique de Jésus-Christ: Une lecture théosophique et anthroposophique le la vie de Jésus
La vie ésotérique de Jésus-Christ: Une lecture théosophique et anthroposophique le la vie de Jésus
La vie ésotérique de Jésus-Christ: Une lecture théosophique et anthroposophique le la vie de Jésus
Livre électronique355 pages6 heures

La vie ésotérique de Jésus-Christ: Une lecture théosophique et anthroposophique le la vie de Jésus

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À propos de ce livre électronique

Encore une nouvelle Vie de Jésus ? Ernest Bosc nous offre pourtant à lire un texte très différent : il présente à un public tout spécial, au public occultiste et théosophique, une oeuvre qui ne ressemble en rien à celles qui l'ont précédée.

Car au milieu de la quantité innumérable d'Ecrits sur l'admirable personnalité du divin Nazaréen, aucun n'est traité au point de vue qui nous occupe et auquel nous nous sommes placés, c'est-à-dire au point de vue du pur Esotérisme...

Jésus de Nazareth, Essénien et haut Initié de l'Ordre, possédant des connaissances approfondies sur les phénomènes de la Nature et produisant des faits absolument merveilleux pour la majorité des humains, se révèlera au lecteur non plus sous la forme de prophète, mais sous celle du Thaumaturge et du Thérapeute tout à fait hors de pair qu'il fut...

La croyance à la divinité de J.-C. commença à se former chez les Gnostiques, en vacillant longtemps dans les écrits des ères apostoliques; elle s'affermit avec Justinien le martyr et l'Évangile attribué à Jean, et elle ne triompha contre la doctrine d'Arius au concile de Nicée en 325, que par la pression de l'Empereur.

Du dithéisme, avec le Christ du IVe siècle, nous passons au trithéisme avec le Saint-Esprit dans le symbole Quicumque du VIIIe siècle, et nous aboutissons au tétrathéisme du Concile du Vatican avec Marie l'immaculée.

En envisageant la personnalité de Jésus, Ernest Bosc pénètre en plein ésotérisme; au coeur de la tradition, dans la vérité ésotérique. Et c'est dans celle-ci et par celle-ci qu'il écrit la vie de Celui qui fut crucifié, par la haine et la méchanceté des sacerdotes, des rabbins de l'ancienne et despotique loi de Mosché (Moïse).

À l'expression de la fraternité et de la solidarité humaines que proclamait le Nazaréen en proposant sa loi d'amour («aimez-vous les uns les autres»), ils n'avaient que la mort dont ils se repaissent à lui opposer.
LangueFrançais
Date de sortie7 janv. 2021
ISBN9782322229420
La vie ésotérique de Jésus-Christ: Une lecture théosophique et anthroposophique le la vie de Jésus
Auteur

Ernest Bosc

Ernest Bosc, connu aussi sous les pseudonymes de J. Marcus de Vèze, Jean Darlès et Ernest Bosc de Vèze (19 décembre 1837 à Nîmes - 1913), est un architecte et écrivain français. Il a écrit à la fin du xixe siècle et au début du suivant de nombreux ouvrages consacrés à l'ésotérisme, à la transmutation des métaux, la magie, la vie astrale, les miroirs magiques, ainsi qu'aux drogues. Il a collaboré aux divers périodiques créés par Papus, comme l'Initiation ou Le Voile d'Isis, Également il a contribué aussi entre autres avec Baron du Potet, Horace Pelletier, Fabre des Essarts, Jean Bricaud, Jules Giraud (Numa Pandorac)1, Paul Sédir, Stanislas de Guaïta, Joséphin Sar Péladan, et avec Lucien Chamuel, ainsi qu'à bien d'autres Journaux périodiques, tel que La Paix Universel, La Curiosité (1889-1924) avec la collaboration de Paul Sédir comme successeur et éditeur en chef.

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    Aperçu du livre

    La vie ésotérique de Jésus-Christ - Ernest Bosc

    Table des matières

    Avant-propos

    PREMIÈRE PARTIE : DE LA PERSONNALITÉ DE JÉSUS DE NAZARETH

    Chapitre Premier : De la personnalité de Jésus. — Jésus ésotérique

    Jésus Ésotérique

    Chapitre II : Divers récits sur la naissance de Jésus

    Chapitre III : Jésus est-il sémite ou aryen ?

    Chapitre IV : Les esséniens ou thérapeutes ou contemplatifs

    Chapitre V : Jésus essénien

    Chapitre VI : Naissance, enfance et éducation de Jésus

    La fontaine de Marie

    L’enfance de Jésus

    Chronologie de la naissance et des principaux actes de Jésus

    DEUXIÈME PARTIE : VOYAGES, MISSION ET PASSION DE JÉSUS

    Chapitre VII : Les voyages de Jésus

    Chapitre VIII : État de judée avant Jésus

    Écoles juives

    Chapitre IX : Mission, baptême et prédications de Jésus

    Baptême de Jésus

    Les prédications de Jésus

    Chapitre X : Méthode d’enseignement de Jésus

    Une journée de Jésus

    Rendez à César

    Chapitre XI : Autour du lac de Tibériade. Localités préférées de Jésus.

    Sermon sur la montagne.

    Le lac de Tibériade

    Le Sermon de la Montagne

    Pater

    Chapitre XII : Les miracles de Jésus, leur explication logique et scientifique, sa thaumaturgie, sa psychurgie

    La psychopathologie de J.-C.

    Chapitre XIII : Les principaux miracles de Jésus

    Guérison d’un lépreux

    Guérison d’un enfant

    Le Centurion du Capharnaüm

    Le fils de la veuve de Naïm

    Guérison d’un paralytique à Capharnaüm

    La piscine de Béthesda

    Guérison d’une forte fièvre

    L’homme à la main desséchée

    Marie de Magdala

    L’enrôlement d’un nouveau disciple

    Chapitre XIV : Visite de Jésus chez Lazare

    Chapitre XV : Dernière semaine de Jésus ; son arrestation

    Le Cénacle

    Chapitre XVI : Jugement, condamnation et exécution de Jésus

    Chapitre XVII : Jésus-Christ est-il mort sur la croix ?

    TROISIÈME PARTIE : ACTION ET INFLUENCE DE JÉSUS SUR LE MONDE NOUVELLES ORIGINES ORIENTALES DU CHRISTIANISME

    Chapitre XVIII : Action et influence de Jésus sur le monde

    Chapitre XIX : Ésotérisme et mysticisme du christianisme

    Le mystère du Christ

    Chapitre XX : Nouvelles origines du christianisme

    Le Sauveur du monde dans l’Inde

    Chapitre XXI : Les historiens de Jésus de Nazareth

    Postface

    AVANT-PROPOS

    Encore une nouvelle Vie de Jésus, dira tout d’abord le lecteur ? A quoi bon ? Il en existe déjà un si grand nombre que le besoin ne s’en faisait nullement sentir !…

    Tel n’est pas notre avis ; et voici pourquoi :

    Évidemment, écrire une nouvelle « Vie de Jésus » banale (orthodoxe ou hérotodoxe) comme il en existe delà des milliers, ce ne serait vraiment pas la peine de le faire et le besoin ne s’en faisait pas sentir ; mais nous avons la prétention de présenter à un public tout spécial, au public occultiste et théosophique¹ une œuvre qui ne ressemble en rien à celles qui l’ont précédée, car au milieu de la quantité innumérable d’Écrits sur l’admirable personnalité du divin Nazaréen, aucun n’est traité au point de vue qui nous occupe et auquel nous nous sommes placés, c’est-à-dire au point de vue ésotérique, au point de vue du pur Ésotérisme.

    En effet, parmi les éminents auteurs qui nous ont précédés, aucun n’a traité la Vie ésotérique de N.-S. Jésus-Christ.

    Voilà pourquoi nous avons jugé utile et d’un réel intérêt, en ce moment surtout, de traiter à nouveau un sujet qui paraît inépuisable, en nous plaçant à un nouveau point de vue ; du reste, dans le courant de notre étude, nous aurons l’occasion de parler d’un grand nombre d’auteurs, qui ont traité, avant nous, ce sujet captivant entre tous, et de réfuter des théories, parfois singulières, car pour les uns Jésus est Dieu, fils de Dieu, et pour d’autres ce n’est qu’un homme ordinaire, vulgaire même, un simple prestidigitateur pour la plupart, accomplissant des miracles par truquage, par simulation, dit M. Renan.

    Pour beaucoup de gens, Jésus n’a jamais existé, c’est un mythe, une légende !

    Parmi ces derniers se trouve H.-P. Blavatsky, la co-fondatrice de la Société théosophique anglaise, qui a son siège à Madras, dans l’Inde. Or, c’est là une donnée fausse et qui n’a pu traverser que des esprits singulièrement portés au paradoxe.

    On trouvera un peu plus loin l’article en question de madame Blavatsky.

    D’un autre côté, des théosophes éminents, M. Leadbeater, entre autres, affirment que la Vie de Jésus peut être racontée heure par heure, étant écrite dans les clichés akasiques, et que si on ne l’a pas publiée, c’est qu’une pareille vie apporterait certainement un grand trouble dans les consciences chrétiennes. Ceci nous paraît un argument singulier, car pouvoir dire la vérité, la vérité historique sur ce personnage qui a bouleversé le monde de la pensée, nous ne voyons pas en quoi cela peut troubler les consciences ; ce qui trouble, c’est la fausseté, c’est le mensonge et tous les troubles du monde doivent passer après la vérité !…

    Anna Kingsford et M. Maitland² deux théosophes aussi reconnaissent eux, qu’il y a un Christ historique ; ils nous disent que pour eux, la révélation a cessé d’être un privilège sacerdotal et est destinée à devenir de plus en plus universelle, mais graduée selon les capacités. Ce n’est pas le Christ historique qu’ils ont voulu nous montrer, mais le Christ-Principe, le Verbe humain et divin, le fils de l’homme devenant, par sa Régénération, le Fils de Dieu dont chaque homme porte en lui le germe latent.

    Enfin le colonel américain M. Olcott, le co-fondateur de la S. T. à qui nous avons fait part de ces divergences d’opinions au sujet de Jésus, nous a répondu que comme Initié, Jésus n’ayant pas prévu, comme il aurait dû, le résultat final de sa mission, s’étant trompé à son sujet, avait pu être considéré par H.-P. Blavatsky comme un être mythique, surtout à cause de son histoire arrangée par les Pères de l’Église ; il y a ici, nous l’admettons volontiers, une idée qui pourrait être victorieusement défendue ; mais pour nous, comme pour bien d’autres, comme pour tous les esprits indépendants et de bonne foi, Jésus a existé, mais pas à l’époque exacte, à quelques années près, indiquée par les Livres Saints ; mais enfin, son existence est un fait incontestable !

    Une preuve formelle de son existence nous est fournie par un grimoire syro-chal-daïque presque contemporain de Jésus-Christ, le Sepher Toldos Jeschu, dans lequel les Juifs prétendent que tous les miracles du Christ doivent être attribués à la Magie kabbalistique de nom Incommunicable ! Ce nom pouvait être un puissant Mantra, nous le voulons bien, et Jésus le connaissait, comme nous le verrons ultérieurement, mais ce n’était pas la cause unique de la thaumaturgie de Jésus.

    La vérité est donc que Jésus a bien existé, qu’il était essénien et un haut Initié de l’Ordre, ce qui lui a permis de posséder des connaissances approfondies sur les phénomènes de la Nature et de produire des faits absolument merveilleux pour la majorité des humains ; ajoutons qu’armé des vastes connaissances que possédait l’Ordre des Esséniens, Jésus était un Thaumaturge et un Thérapeute tout à fait hors de pair.

    Voilà ce dont il faut bien se persuader. Ceci établi, formellement admis, la plupart des actes et des faits de Jésus s’expliquent naturellement pour ceux de nos lecteurs, surtout, qui connaissent bien ce qu’est réellement la grande Fraternité essénienne sur laquelle nous fournirons des renseignements certains presque inconnus, pour la plupart.

    Beaucoup d’auteurs ont parlé des Esséniens, mais ne nous ont fourni que des données fausses, erronées, auxquelles nous avons substitué des renseignements certains, authentiques, nous nous plaisons à le répéter.

    Dans Action de Jésus sur le monde, Daniel Ramée dit avec raison (Introd. x ) : « Les vérités éternelles sont aussi claires pour des cerveaux bien organisés, que les propositions mathématiques, puisque toutes ensembles elles offrent la théologie des choses et n’ont jamais eu besoin du glaive de la justice pour se maintenir intactes dans le monde. C’est que ces vérités ne sont pas uniquement réputées divines, c’est qu’elles sont véritablement divines, et ce qui est divin se conserve et trouve en lui-même sa propre sauvegarde. L’erreur seule a besoin de la défense extérieure et matérielle.

    « Depuis les grands travaux de la critique allemande, depuis les ouvrages consciencieux et substantiels de H. C. G. Paulus, en 1828 ; de X. A. Hase, en 1829, D. F. Strauss en 1835, Bruno Bauer en 184i, et autres, la Vie de Jésus est rendue à la vérité historique…

    « La Vie de Jésus a donné naissance à une prodigieuse quantité de brochures, au nombre desquelles, on n’en distingue que deux³ réellement sérieuses. Quant au reste, il semble avoir été écrit au temps où la scolastique était en décadence, ces réfutations cléricales ne réfutent rien ; les arguments qu’elles opposent à leurs adversaires ne sont que des sentences, des affirmations, sans preuve et sans science. »

    Notre confrère et regretté ami, Daniel Ramée oublie évidemment une étude hors pair du p. Gratry, qui est une réfutation honnête, loyale et des plus consciencieuse de l’œuvre de Renan ; nous aurons l’occasion d’en citer quelques passages dans notre œuvre ; il oublie également la meilleure brochure peut-être sur Renan de l’abbé Mi-chon.

    La grande et noble figure de Jésus de Nazareth a tenté bien des érudits et un grand nombre d’écrivains, mais aucun d’eux, nous nous plaisons à le répéter, n’a étudié la Vie ésotérique de Jésus, et cependant c’était celle-ci qui était de beaucoup la plus vraie, la plus intéressante, mais aussi de beaucoup la plus difficile à étudier ; aussi nous a-t-il fallu de longues années d’études pour constituer et parfaire notre œuvre, afin de pouvoir étayer l’ensemble de nos données sur des preuves tellement concluantes, certaines, qu’elles puissent passer, auprès des lecteurs même très difficiles à satisfaire, pour des preuves véritables, d’autant que la vie de Jésus ne fournit que de rares matériaux d’une origine certaine, et ces matériaux sont difficiles à souder entre eux, à réunir en un bloc parfait pour restituer la Personnalité historique du divin Nazaréen.

    Les sources originelles, documentaires, se réduisent à fort peu de chose, quelques lignes de Tacite, qui parle même avec un grand dédain « d’un certain Christus condamne à mort sous le règne de Tibère par ordre du Procurator Ponce Pilate ».

    Et Tacite écrivait les lignes qui précédent trois quarts de siècle après l’exécution du jugement.

    Suétone n’est guère plus explicite ; quant à la lettre de Pline à Trajan, personne n’ignore aujourd’hui qu’elle est apocryphe.

    L’historien Josèphe le juif ne nous donne que fort peu de renseignements ; un seul passage de ses œuvres, très certainement interpolé ; quant à d’autres sources, la plupart ne peuvent avoir aucune espèce d’autorité, car trop souvent elles affectent le caractère d’une polémique plutôt injurieuse ; on ne saurait donc y puiser des données de quelque valeur.

    Nous sommes donc limités dans nos matériaux aux seuls livres du Nouveau Testament, et parmi ceux-ci aux seuls Évangiles dont la valeur historique est non seulement des plus contestée, mais des plus contestable.

    Ainsi, l’Évangile de Marc, disciple et interprète de l’apôtre Pierre, nous donne un résumé de la prédication de celui-ci. Cet Évangile remonte vers l’an 65 ou 70 de l’ère chrétienne. On peut contrôler ledit résumé par les Évangiles de Mathieu et de Luc, car l’un et l’autre de ces apôtres ont reproduit celui de Marc ; mais nous possédons aussi un Recueil de discours, sentences et paraboles de Jésus, écrit par Mathieu même, en langue araméenne. Ce Recueil, d’un prix inestimable, remonte à dix ans plus haut que l’Évangile de Mathieu et nous permet de nous faire, jusqu’à un certain point, une idée à peu près exacte de l’Enseignement de Jésus.

    Dans l’Évangile de Luc, nous trouvons, indépendamment du récit primitif de Marc et des Logia de Mathieu, au document de premier ordre ; nous voulons parler « de l’Évangile des Voyages de Jésus ⁵ », fragment important et original de Luc dans lequel nous voyons en particulier la visite de Jésus aux deux sœurs Marthe et Marie, l’histoire de Zachée le Péager, ainsi que les paraboles du bon Samaritain, de l’Enfant prodigue, du Pharisien et du Péager, celle du mauvais Riche, celle du Figuier stérile, et d’autres encore.

    Dans l’Évangile de saint Jean, nous puiserons des renseignements en plus grand nombre que dans les autres apôtres, parce que cet Évangile nous paraît de beaucoup le plus authentique, se rapprochant certainement le plus de la vérité ; malheureusement, il a été singulièrement été travesti, on y voit des traces évidentes de fraudes qu’il nous a été facile d’effacer pour y substituer ce que devait fournir le texte primitif.

    L’Évangile de Jean date probablement de la fin du premier siècle ; ce dont on est certain, c’est que vers l’an 150 environ, personne ne se doutait de son existence. Pour nous, cet Évangile représente la plus belle version de la vie de N.-S., c’est pourquoi nous l’avons préférée aux Évangiles synoptiques, et cela en toute connaissance de cause, car nous n’ignorons pas que Renan a dit au sujet de cet Évangile que :

    « Toute personne qui se mettra à écrire la vie de Jésus sans théorie arrêtée sur la valeur relative des Évangiles, se laissant uniquement guider par le sentiment du sujet, sera ramenée dans une foule de cas à préférer la narration de Jean à celle des synoptiques. Les derniers mois de la vie de Jésus en particulier ne s’expliquent que par Jean ; une foule de traits de la Passion, inintelligibles dans les synoptiques⁶, reprennent dans le récit du quatrième Évangile la vraisemblance et la possibilité. »

    Et après avoir écrit les lignes qui précèdent, Renan dit ce qui suit, qui semble contredire, en partie, ce que nous venons de voir de cet auteur :

    « C’est l’auteur du quatrième Évangile, en effet, qui est le meilleur biographe de Jésus⁷.

    « Le canevas historique du quatrième Évangile est la vie de Jésus, telle qu’on la savait dans l’École de Jean ; c’est le récit qu’Aristion et Presbyteros Joannes firent à Papias, sans lui dire qu’il était écrit, ou plutôt n’attachant aucune importance à cette particularité. J’ajoute que, dans mon opinion, cette École savait mieux les circonstances extérieures de la vie du Fondateur que le groupe dont les souvenirs ont constitué les Évangiles synoptiques. Elle avait, notamment sur les séjours de Jésus à Jérusalem, des données que les autres ne possédaient pas. Les affiliés de l’école traitaient Marc de biographe médiocre, et avaient imaginé un système pour expliquer ses lacunes⁸ . Certains passages de Luc, où il y a comme un écho des traditions johanniques⁹ , prouvent du reste que ces traditions n’étaient pas pour le reste de la famille chrétienne quelque chose de tout à fait inconnu…

    « En somme, j’admets comme authentiques les quatre Évangiles canoniques. Tous, selon moi, remontent au premier siècle, et ils sont à peu près des auteurs à qui on les attribue ; mais leur valeur historique est fort diverse. »

    Ceci est incontestable, c’est pourquoi nous avons préféré l’Évangile de Jean, dans lequel on retrouve des traits, des éclairs de lumière qui viennent réellement du divin Maître ; puis c’est bien dans cet Évangile et non dans les autres qu’on retrouve tout le mysticisme, tout l’Ésotérisme du divin Nazaréen.

    Du reste, des textes formels nous en parlent comme d’un document de premier ordre ; c’est Justin ¹⁰, Athénagore ¹¹, Tatien ¹², Théophile d’Antioche ¹³ et Irénée ¹⁴.

    Le rôle qu’a joué l’Évangile de Jean dont le Gnosticisme est très visible principalement dans le Montanisme ¹⁵, dans le système de Valentin ¹⁶ ainsi que dans la controverse des quartodécimans ¹⁷.

    On peut suivre l’École de Jean pendant tout le second siècle.

    On admet généralement que la Première Épître attribuée à Jean est bien de lui ou de l’auteur de son Évangile, le fait est confirmé par Polycarpe ¹⁸.

    Les documents johanniques renferment aussi, d’après nous, des renseignements très utiles, très importants, qui complètent et corrigent parfois les traditions de cette époque si intéressante.

    Enfin en ce qui concerne la Passion de Jésus. Nous avons cru devoir nous inspirer d’un livre écrit par une Visionnaire, par Anne Catherine Emmerich, car bien des révélations de la pieuse religieuse nous paraissent empreintes de vérité ; nous ne pouvons regretter qu’une chose, c’est que l’auteur qui a rédigé ces visions ait certainement apporté bien des changements, qu’un œil exercé peut parfaitement reconnaître ; nous avons donc agi avec la plus extrême prudence dans les emprunts faits dans ce livre très remarquable au point de vue historique, nous ne craignons pas de l’affirmer.

    Nous avons puisé beaucoup de faits anecdotiques dans l’Évangile de Marc, car les détails et les anecdotes sur un personnage en vue peuvent fournir des renseignements instructifs, ils reproduisent souvent en effet, des choses de tradition et sont dès lors plus vrais que de longs discours, d’amples dissertations tels que ceux qui figurent par exemple dans l’Évangile de Mathieu.

    Un ou deux siècles après J.-C., il a paru de nombreux évangiles : Évangile selon les hébreux, Évangile suivant les Égyptiens, etc. Que les Évangiles en général et ces derniers surtout, soient en partie légendaires, c’est là un fait incontestable, mais tous, disons-le franchement, contiennent un grand fond de vérité et on peut le constater souvent ; on peut avec un peu d’intuition séparer le bon grain de l’ivraie ; on peut voir ce que le sectarisme passionné a pu ajouter et soupçonner, ce qu’il a pu retrancher. Ce qu’il faut surtout examiner et étudier avec le plus grand soin, c’est l’époque à laquelle ont été faits les divers Évangiles et par qui ils ont été faits ou inspirés.

    Tels sont les éléments à l’aide desquels on peut reconstituer une synthèse de la vie de Jésus, sinon à peu près véridique, au moins en tout cas vraisemblable, et pouvant commencer à entrer dans le domaine de l’histoire.

    De la quantité des documents sérieux, étudiés soigneusement par nous, il résulte que :

    Jamais Jésus ne songea à créer un mouvement révolutionnaire pour soustraire les Juifs au joug romain ; il voulait seulement inaugurer une révolution sociale pour assurer aux déshérités les moyens d’existence qui leur faisaient alors, comme aujourd’hui, complètement défaut.

    Il annonçait bien l’avènement du Règne de Dieu, mais ne pensa jamais avoir été le Messie ; ce n’est qu’après sa crucifixion, que ses disciples lui attribuèrent cette qualité. Jésus fit une grande propagande pour ses idées, mais sans aucun plan préconçu. Ses discours exaspérèrent les représentants de la Théologie officielle, surtout quand il annonçait l’imminente, d’une révolution sociale. Ces sentiments du Novateur Nazaréen irritaient les détours de la Synagogue, qui finirent par obtenir son supplice, en y employant toutes sortes de moyens iniques et perfides, mais surtout en agitant devant le Procurator romain, le spectre rouge de la révolution contre Rome, contre César ; voilà son crime.

    Après le crucifiement de leur Maître, les disciples retournent en Galilée et y élaborent la doctrine de Jésus, qui est bien, malgré tout ce qu’on a pu dire, l’œuvre d’un philosophe, d’un penseur profond, humanitaire, car il a été surtout puissant par la passion, la bonté, le cœur.

    Sa vie n’a été qu’une lutte, un combat ferme et sans violence. Il savait, il voulait, il osait, mais il ne sut pas se taire.

    Voilà pourquoi sa mission ne fut pas entièrement accomplie !…

    Du reste, il ne pouvait pas se taire, puisque sa mission consistait précisément à prêcher à tous et partout la vérité, à répandre la parole de son père.

    Après la disparition de Jésus, il se forma un Parti dit des Nazaréens qui pratiqua les traditions du Maître.

    Qu’étaient au juste ces Nazaréens

    C’était une secte ou société secrète, qui avait beaucoup d’affinité avec les kabbalistes. Cette Confrérie on Fraternité, comme on voudra l’appeler, étudiait la Loi de Moise et la commentait. Elle ne prit guère naissance qu’un peu avant la venue de J.-C. ; on suppose que celui-ci était un de ses affiliés. Mosheim ¹⁹ fait naître cette secte au ive siècle. C’est très certainement une erreur, car saint Jérôme et saint Épiphane la font remonter au commencement du christianisme ²⁰.

    Pour écrire notre œuvre, nous avons travaillé avec une autre méthode, nous avons noté avec la plus scrupuleuse attention tous les faits qu’affirment les Évangiles et nous avons admis ceux qui ne paraissent pas avoir été ajoutés par des interpolateurs ou des sectaires intéressés à altérer leur vérité.

    Nous avons écarté pour l’écrire tout sentiment personnel, toute émotion exagérée, passionnée, ainsi que tous les systèmes et théories préconçues, pour n’envisager « que le critère absolument impersonnel » comme dirait M. Strada.

    Nous avons suivi tous les principaux faits de la vie du Nazaréen, nous les avons réunis, groupés entre eux d’une façon probante et nous les avons amenés jusqu’à la conclusion logique qu’ils commandent, et cela, sans nous préoccuper des résultats qu’ils témoignent en faveur d’une thèse ou d’une théorie, même de celles qui pourraient aider ou favoriser un sectarisme quelconque.

    Avec un grand nombre d’auteurs, M. Strada ²¹ attribue au divin Maître une ambition temporelle qu’il n’a jamais eue, il le montre comme voulant s’emparer du pouvoir temporel afin de se faire élire le chef du peuple juif, puis n’ayant pas réussi dans cette tentative, il se serait contenté, d’après cet auteur, de poursuivre un pouvoir spirituel pour remplacer à lui seul la hiérarchie des prêtres et créer, pour ainsi dire, une organisation théocratique et papale, qui aurait été soutenue par ses douze disciples ou apôtres, un pour chaque tribu.

    Ces données ne reposent sur aucune base solide.

    Quand on a bien médité et réfléchi sur l’homme et sur son noble caractère, on peut certainement affirmer ceci :

    Jésus est venu apporter à la terre l’étincelle du pur amour. Il a accepté, au sein même du Père, le courant du feu divin, qui seul peut régénérer l’humanité.

    Ce feu supra-sensible est le feu Principe-créateur ; lui seul donne la vie. Il anime la matière dans tous les règnes et dans tous les cieux. — Dans l’âme, où ce feu céleste a une fois pénétré, il ne peut y avoir de souillures, car tout ce qui est contraire à l’amour est enlevé, dès qu’il agit sur une âme. Le processus de l’amour dans celle qui se donne entièrement à lui, est le plus merveilleux des phénomènes les, et de celui-là on peut dire qu’il est surnaturel, car plus rien de matériel, dépendant de la nature objective à n’importe quel état de subtilité, n’existe plus ! Et l’être ainsi sanctifié par ce feu divin, bien que vivant parmi les humains, n’appartient déjà plus à leur race. Son enveloppe charnelle n’est qu’un véhicule purement automatique qui lui permet de prendre contact avec les Terriens ; son système psychique même, est modifié, il est en état de somnolence ; seul le Corps Causal ²² est en pleine activité, mais toutefois, ne fait pas sentir sa puissance au corps physique que dans de fugaces éclairs, pas toujours d’une manière régulière dans le commerce de l’être (ainsi élevé) avec les humains. Ce n’est que par l’amour que l’homme peut vaincre ses mauvaises tendances, qu’il a cultivées lui lui-même et cela forcément durant sa longue période d’évolution, alors que l’instinct qui lui était fourni par la nature inférieure pour sa sauvegarde l’y incitait constamment.

    Jésus donc est venu sur la terre pour accomplir une seule mission : Prêcher à l’homme l’amour de son prochain, lui faire comprendre la grande Loi de solidarité.

    Tout son enseignement pourrait être formulé et résumé dans ces deux sentences essentiellement esséniennes :

    Aimez-vous les uns les autres !

    Que la Paix soit avec vous !

    Il y a de nombreuses années que nous voulions écrire la Vie du divin Maître, de l’Esprit protecteur de notre Planète, au point de vue ésotérique ; en agissant ainsi nous pensions réaliser le vœu magnifique exprimé par Proudhon ²³ en ces termes : « Jésus est une individualité à retrouver, à restituer, à refaire presque, tant il a été dissous, pulvérisé par la religion même, dont il a été l’auteur.

    « Rétablir cette grande figure dans sa vérité humaine et dans la réalité de son œu-vre est aujourd’hui un travail de première nécessité. Et le moment approche où Jésus ainsi représenté au public obtiendra un succès égal à celui qu’il eut, il y a 1830 ans, dans les campagnes de Galilée.

    « Or Jésus dépouillé de ses miracles, de sa messianité, de sa divinité, de tout prestige surnaturel, ramené à la vérité de sa nature, à sa pure individualité, devient un homme prodigieux.

    « Sa carrière publique est à peine d’un an ; tout ce qui la précède est inconnu, mais heureusement n’a pas besoin d’être connu. De sa vie privée, de son caractère, de son individualité, même pendant sa mission, on ne sait rien, que juste ce qu’il faut pour constater que ce Jésus fut très positivement un homme, non un Dieu, ni un fantôme ; non une création de la légende, une ombre.

    « Ce qu’on sait ensuite, non complètement, mais suffisamment, c’est son Œu-vre, œuvre à la fois humanitaire et individuelle et c’est ici que se manifeste la grandeur immense du sujet.

    Telle est bien l’idée que nous avons eue, le projet que nous avons caressé en écrivant cette nouvelle œuvre.

    Avons-nous réussi dans notre délicate et périlleuse entreprise ?

    Avons-nous retrouvé, restitué, refait, cette grandiose Personnalité ?

    Nous en faisons juge le Lecteur !

    E. D.

    Paris, 25 octobre 1901


    ¹ Sous ce terme Théosophique, nous englobons toutes les personnes qui s’occupent et qui étudient la sagesse divine, l’antique Sagesse, qu’il vaudrait mieux dénommer Cosmosophie, nous comprenons également sous ce même terme, toutes les personnes qui s’occupent purement de religion ou de philosophie spiritualiste.

    ² La voie parfaite, traduit de l’anglais : vol. in-8, Paris 1892, Félix. Alcan, éditeur ; préface page ii.

    ³ Lettre adressée à M. Ernest Renan, par Henri Disdier, Genève, 1863, in-8°. Jésus devant l’histoire ou examen de la vie de Jésus de M. Renan, par Havet in-8°, 1863. — Voyez aussi une critique de Charles Selles dans la Revue du Progrès, n° de juillet 1863, page 48i.

    ⁴ Le beau livre de Anna Kingsford et de Maitlsand, La Voie parfaite, dont nous venons de parler a pour sous-titre ; ou Le Christ ésotérique, c’est-à-dire le type Christ pris non dans le sens historique, mais dans le sens ésotérique, ce qui est tout différent d’une Vie ésotérique de J.-C.

    ⁵ ix, 5 ; xviii, 44.

    ⁶ Par exemple ce qui concerne l’annonce de la trahison de Judas.

    ⁷ Vie de Jésus. Introd, XXXVI.

    ⁸ Papias, loc. cit. (c’est-à-dire dans Eusèbe, Hist. Eccl, III. 39).

    ⁹ Ainsi le pardon de la femme pécheresse, la connaissance qu’a Luc de la famille de Béthanie, son type de caractère de Marthe répondant au dihkÒnei de Jean (xii, 2), le trait de la femme qui essuya les pieds de Jésus avec ses cheveux, etc., etc.

    ¹⁰ Apol., I, 32, 6I Dialog. cum. Tryph., 88.

    ¹¹ Legatio pro Christ., IO.

    ¹² Adv. Græc. 5, 7.,cf. Théodoret, Hæretic. fabul.,l, 20. Eusèbe H. E., IV, 29.

    ¹³ Ad autolycum.

    ¹⁴ Adv. hær., II, xxii, 5; III, i.

    ¹⁵ Irénée, adv. hær., III, xi, 9. Eusèbe, Hist. Eccl., V, 24.

    ¹⁶ Ibid. III, i;

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