Indomptée: Deux marques, #1

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BEN

L'enseigne néon criarde au-dessus de la porte projetait sur le parking une lueur rose vif. Le bruit sourd des basses pulsait à travers la porte fermée.

« T'es sûr que c'est bien là ? »

Je jetai un coup d'œil à l'enseigne, le dessin d'une femme chevauchant un cheval très bien monté. Nue. Dessous, le nom du tripot : La fesse au village. Putain de merde. Si on avait eu la petite vingtaine, on se serait mis à bander à l'idée de venir dans un endroit pareil. Mais là ? On bandait uniquement à cause de l'odeur qu'on avait sentie. On s'était arrêtés à la station-service en allant au Ranch des Loups, on avait senti son odeur, et elle nous avait conduits ici... juste à côté.

C'était cette douce odeur exaltante qui m'avait chatouillé les narines la dernière fois que j'étais passé dans le coin. La raison pour laquelle j'avais ramené Gibson, l'alpha de ma meute, avec moi cette fois-ci.

Notre femelle.

La profonde inspiration suivante confirma que c'était le bon endroit. Je haussai les épaules en réponse.

« S'il te plaît, dis-moi qu'elle n'est pas là-dedans en train de montrer à des humains ce qui nous appartient, dit-il en observant le bâtiment de parpaing trapu juste au bord de l'autoroute. J'ai pas envie de devoir tuer tous ces salopards jusqu'au dernier.

— Ouais, » acquiesçai-je.

On avait beau s'accoupler par deux, on n'en étais pas moins tout aussi jaloux et possessifs que les races de loups qui s'accouplaient individuellement.

« Quand on l'aura sortie de là, elle va savoir ce que son nouvel alpha pense de sa présence ici. »

Ce nouvel alpha ? C'était lui. Le chef de la meute de la Crête des cow-Boys.

Je n'étais pas un alpha, mais un exécuteur, et j'étais foutrement d'accord.

« Ça fait cinq mois que j'attends de suivre à nouveau cette odeur, » lui dis-je tout en m'écartant pour laisser un homme sortir.

Ça faisait aussi longtemps que ça que j'étais venu dans le Montana, quand j'avais emprunté le pick-up de Clint pour descendre de la montagne après avoir suivi un métamorphe renégat jusque sur leur territoire. Mon loup s'était aussitôt mis en alerte en sentant la douce odeur qui emplissait le taxi. Une femelle métamorphe avait fait le trajet avec lui, et mon loup avait été intrigué. Je n'avais pas oublié. Mon loup… et ma bite ne me l'avaient pas permis. Et désormais j'en étais sûr.

Gibson serra les dents car il savait que j'avais raison. On portait le même gène d'odeur, ce qui signifiait qu'on devait s'emparer d'une femelle ensemble, comme tous les mâles de notre lignée, de notre meute.

« Allons chercher notre femelle. »

Il tira la porte pour l'ouvrir. Je le suivis.

L'endroit était faiblement éclairé et décoré sur le thème du western. Une scène centrale coupait l'immense pièce en deux. Il y avait deux barres dessus, une au fond et une devant, centrée au bout du podium. Au fond, le long du mur, se trouvait le bar, mais la clientèle était servie par des serveuses en chemisiers décolletés qui découvraient leurs ventre et de minuscules shorts en jean déchirés façon Daisy Duke qui leur couvraient à peine le cul. Elles recevaient peut-être des pourboires, mais elles n'attiraient pas beaucoup l'attention des hommes. Après avoir pris une profonde inspiration, aucune d'entre elle n'attira beaucoup la nôtre non plus. Aucune n'était notre femelle.

Non, la douce odeur venait du joli petit lot sur scène qui était actuellement suspendue la tête en bas sur la barre de strip-tease. Comment elle arrivait à s'accrocher en nouant ses jambes autour du métal brillant d'une manière qui défiait la gravité, ça, je n'en avais aucune idée.

Elle se redressa grâce à des abdos qui devaient être en béton puis retomba gracieusement sur ses pieds et s'accroupit. Ses genoux étaient pliés, largement écartés. C'était une athlète, comme la plupart des louves.

Mon loup gronda, et je fis un pas vers elle.

J'étais incapable de détourner le regard. Elle était mince, avec de longs cheveux de la couleur du whisky, des tatouages qui serpentaient autour de ses bras musclés et un corps ferme de danseuse, mais avec des nichons à faire baver un homme. Bon sang, la plupart des mecs qui la regardaient étaient bouche bée, et bandaient certainement.

Ses seins étaient gros pour sa silhouette élancée mais sans conteste entièrement naturels, contrairement à d'autres flotteurs de piscine arborés par les serveuses.

Gibson me tapa sur l'épaule et me conduisit jusqu'à une table libre sur le côté du podium, juste devant. Nous nous laissâmes tomber sur nos sièges et la regardâmes se tortiller de haut en bas, comme si elle se grattait le dos sur la barre, tout en exhibant à tous les hommes présents sa chatte recouverte d'un string qui dépassait de sous une minuscule jupe d'écolière à carreaux. Avec ses chaussettes qui lui arrivaient aux genoux et ses Mary Jane à talons hauts, elle jouait les écolières coquines à la perfection. Le seul élément guindé chez elle était son chemisier blanc rentré dans sa jupe. On avait manqué le moment de son numéro où elle avait arraché les boutons, de telle sorte que les deux pans de devant étaient largement écartés et ne cachaient rien. On aurait dit qu'elle savait ce qui nous exciterait, Gib et moi.

Gib se pencha en avant, posa ses avant-bras sur le bord de la scène et tint un billet de vingt entre ses doigts. Elle l'aperçut et s'avança vers nous à quatre pattes.

Je grondai, et heureusement, la musique le couvrit. Elle cambra le dos avec la maîtrise d'une experte qui savait mettre ses atouts en valeurs, mettant en avant ses seins aux mamelons charnus et prêts à être sucés.

Elle s'arrêta juste devant Gibson et lui adressa un sourire malicieux. Il se pencha en avant, en veillant à ne pas la toucher, et inspira. J'entendis son loup gronder, et elle dut l'entendre aussi car elle se figea, les yeux ronds, les narines dilatées en sentant notre odeur. Ouais, elle savait qu'on était des métamorphes et se doutait peut-être même de la raison pour laquelle on était là.

Mais elle se remit alors à bouger d'un mouvement fluide, tendant une hanche pour que Gib glisse le billet dans l'ourlet de sa jupe. Je m'approchai suffisamment pour faire la même chose de l'autre côté, de sorte que nous formions un triangle — elle debout sur la scène surélevée et nous assis devant elle.

Oh, on avait mis notre petit ange sur un piédestal, probablement nue, et une fois qu'on l'aurait embarquée hors d'ici — de préférence sur mon épaule — on serait désormais les seuls à voir sa silhouette dénudée.

La chanson prit fin, et la musique s'interrompit.

« On te veut entre nous, dis-je dans l’intervalle entre