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Papa, maman... pourquoi?
Papa, maman... pourquoi?
Papa, maman... pourquoi?
Livre électronique119 pages1 heure

Papa, maman... pourquoi?

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À propos de ce livre électronique

« Je m'appelle Lohola et je suis mère de triplées. J'ai longtemps traité de déracinés tous ceux qui attiraient l'attention sur les risques liés à la pratique des Mutilations Génitales Féminines. À mes yeux, combattre l'excision, équivalait à fouler aux pieds les lois et les préceptes de nos ancêtres. J'ai réalisé à mes dépends combien je me trompais sur toute la ligne… »

LangueFrançais
Date de sortie7 oct. 2020
ISBN9781393774280
Papa, maman... pourquoi?
Auteur

Félicité Annick Foungbé

Félicité Annick Foungbé a écrit de nombreux romans dont Meurtre à la Rue des Jardins, Parfum d’inceste, La Magie de l’Amour, Le Bracelet maudit. Retrouvez l’Auteure sur foungbefelya.com

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    Papa, maman... pourquoi? - Félicité Annick Foungbé

    Félicité Annick Foungbé

    Papa, maman... pourquoi ?

    © LCDORE La Cloche-d’Or éditeur, Abidjan 2020

    www.foungbefelya.com

    Tous droits réservés pour tous pays.

    Image de couverture de Pixabay

    1

    Le nez pratiquement collé aux vitres du véhicule tout-terrain, Lohola observe défiler le paysage semblable à un gigantesque ruban coloré que déroulerait à l’infini une main invisible. Les plaines boisées du sud traversés par des étendues d’eau ocre ou argentée, ont cédé la place aux colossaux blocs de pierre de l’ouest montagneux. On a l’impression de fouler les terres d’une antique citée, gardée par ces géants de pierre, aux faciès dissimulés dans des écrins de verdure.

    Après une longue absence, c’est le cœur ému que Lohola foule à nouveau le sol de sa contrée. Sur ses lèvres flotte un sourire d’autosatisfaction, une flamme de bonheur illumine ses prunelles, tandis qu’elle pivote lentement la tête en direction de ses triplées installées nonchalamment à l’arrière du véhicule. Un profond soupir d’allégresse lui bombe le torse à la vue du magnifique tableau que forment ses chères filles. Son regard décrypte une étincelle de fierté dans les yeux de son mari au volant du véhicule de teinte grise. Une vague de bonheur submerge son être : il n’y a pas à dire, Lohola est une épouse et une mère comblée.

    Quelle femme ne pâlirait d’envie devant son bonheur ? Elle a eu énormément de chance d’épouser un homme attentionnée, puis dès les premiers instants de leur union, la Providence les a gratifié de magnifiques triplées aussi belles qu’intelligentes. Gontianlé a sacrifié aux exigences de la coutume pour l’épouser. Il a trouvé en elle la jeune femme pure et éduquée qu’il recherchait. Belle, la taille élancée et la croupe rebondie, elle disposait en outre d’un atout majeur qui fait cruellement défaut aux jeunes femmes d’aujourd’hui. Influencées par la civilisation occidentale et des diktats risibles, elles foulent aux pieds les valeurs ancestrales.

    « Afrique mon Afrique ! Afrique caricaturale ! Où cours-tu et que cherches-tu ?» gémit parfois Gontianlé face à la déperdition générale.  Heureusement que Lohola échappe au lot grossissant de brebis galeuses.

    La mine réjouie, Lohola se renfonce dans le cuir moelleux du véhicule tout-terrain. À travers les vitres, le ruban d’asphalte et de végétation se déroule inlassablement. Lohola et Gontianlé profitent des vacances scolaires pour organiser l’entrée solennelle en communauté de leurs magnifiques triplées.

    Le coffre arrière du véhicule est bourré de toutes sortes de victuailles nécessaires à la réussite de l’événement. Dans un recoin de la boîte à gants et en divers pochettes des énormes valises bouclées par les mains méticuleuses de Lohola, sommeillent des enveloppes de billets de banque fraîchement extirpées du coffre-fort familial.

    Toute la communauté villageoise se languit d’accueillir solennellement ses futures membres. Marquées du sceau de la pureté, la prochaine étape consistera à leur trouver des maris attentifs à marcher dans les pas de leurs pères et soucieux de la préservation de l’identité culturelle. C’est à ce prix qu’à l’instar de leur mère, elles seront auréolées de prestige.

    Comme tous les parents soucieux du devenir de leur progéniture, Lohola et Gontianlé abordent souvent le chapitre du mariage des triplées. S’il ne tenait qu’à Lohola, les filles ne pousseraient pas loin dans les études. Elle ne voit pas vraiment l’intérêt de longues études pour une fille. A-t-elle eu besoin de décrocher un master ou un doctorat pour épouser Gontianlé et tenir correctement son foyer ? Le plus important pour une femme, c’est un ancrage solide dans la tradition. Pour le reste, les fadaises des occidentaux handicapent sérieusement l’équilibre conjugal.

    Gontianlé ne partage pas forcément un tel point de vue. Il reste convaincu que ses filles devraient d’abord étudier. En effet, en plus de se forger contre les pourfendeurs de la tradition, elles se feront une place au soleil. Est-ce parce qu’il n’a pas eu la chance d’enfanter des mâles que Gontianlé raisonne ainsi ? Dans tous les cas, il n’en a jamais paru offusqué, convaincu que leur naissance donnait tous les signaux d’un destin exceptionnel.

    Le soir tombe lorsque le véhicule fait son entrée dans la vaste région montagneuse. Il règne une charmante effervescence vespérale au corridor principal. Des marchands de babioles ou de denrées alimentaires se faufilent entre les files de véhicules stationnés pour les contrôles d’usage. Certains clients affamés se font servir des brochettes de viande, des carpes dorées, de l’eau minérale etc.

    D’autres, des touristes pour la plupart, préfèrent nettement les produits de l’artisanat local : miniatures de masques échassiers, bracelets et sandalettes en cuir traditionnel, gandouras brodés...

    Lohola décline poliment les innombrables sollicitations des camelots alléchés par la carrosserie rutilante du véhicule tout-terrain. Lors du voyage retour, on achètera certainement quelques babioles.

    Le voyage se poursuit après les formalités douanières. La traversée de la ville se fait sans encombre. Le rideau d’asphalte et de végétation a totalement cédé la place à des scènes de vie urbaine. Quelques ménagères sont occupées à moucher et doucher leur marmaille dans le crépuscule naissant. Certains mômes piaillent et se pourchassent à la devanture des demeures situées en bordure de route. Ici et là, des petits commerces tirent les grilles d’entrée ou baissent les rideaux de fer pour la nuit, pendant que les maquis et les espaces pour noctambules se parent de leurs plus beaux atours.

    Sur des barbecues disposés en plein air, trônent des carpes assaisonnées ou des quartiers de viande. Accompagnés de boulettes de semoule de manioc, ils feront le bonheur des touristes et de la clientèle locale.

    Aux abords du village de Gbêpleu, un bout de forêt protégé par les villageois, abrite des singes sacrés[1]. Dans le soir tombant, les triplées de Lohola se démanchent le cou et écarquillent les yeux en espérant les repérer dans le feuillage touffu des fromagers. Leurs petits cris excités et leurs rires cristallins emplissent le véhicule tandis qu’elles chuchotent et se les montrent du doigt.

    Bien que ravies de cet autre périple au village, elles en ignorent les vrais motifs. Toutefois, les préparatifs méticuleusement effectués par leur mère renseignaient sur le caractère spécial du voyage. Aucun mot n’a filtré quant au motif. Lohola a vaguement évoqué une cérémonie de baptême ou des fiançailles. En effet, Lohola et Gontianlé ont préféré taire toute allusion au motif du voyage afin de ne pas leur donner d’alerte. Qui pourrait en prévoir les conséquences dans une mégalopole truffées de déracinés et d’illuminés ?

    Les servantes à la langue pendue ont été soigneusement tenues à l’écart, à l’exception de la cousine Sanlonin chargée de préparer leur séjour au village. De temps à autre, les lèvres plissées, Sanlonin épiait les triplées, une lueur moqueuse au fond des prunelles. Mais tenue par la loi du silence, jamais elle n’aurait craché le morceau, même sous le coup de la torture.

    Au moment opportun, les gardiennes de la tradition expliqueront en détails aux adolescentes, le but et la portée du voyage.  Dès lors, les triplées comprendront mieux ″le complot parental″. Elles en sortiront fières, pétries des fondamentaux de leur culture et prêtes à faire front contre les déracinés. Jamais elles ne seront les caricatures d’un monde en perdition.

    L’itinéraire débouche sur un échangeur à double bretelles. D’une part, le Bafing, territoire du peuple Mahouka, porte d’entrée de la savane herbeuse et des terres nordiques, et d’autre part, les confins de l’Ouest montagneux et la lisière de la Guinée Conakry. Un peu plus en amont, un chemin en latérite conduit aux célèbres chutes d’eau des cascades naturelles[2].

    L’étape majeure suivante est Biankouma. Un glissement de terrain très médiatisé à l’époque, donne à l’entrée de la ville, des allures de toboggan. Tout de suite après, se dessine l’arrière-plan du pays toura parsemé de villages wê.  Un exemple frappant est Fansobly, village wê jouxtant un village toura. L’unique

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