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Solitude armée (9)
Solitude armée (9)
Solitude armée (9)
Livre électronique290 pages3 heures

Solitude armée (9)

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À propos de ce livre électronique

Comment aimer l'école, quand tout ce qu'on y vit, c'est l'humiliation et la violence? Comment croire que l'avenir sera plus rose, quand on ne sait même pas si on va passer à travers sa journée? Mais, surtout, comment avoir encore des rêves, lorsque ceux-ci sont balayés à grands coups de poing et de pied ?

Justin ne sait pas comment s'en sortir. La seule solution qu'il trouve est dans la révolte et la riposte. Quand on a seize ans, qu'on se croit différent et que, en plus, personne ne nous comprend, quel espoir nous reste-t-il ? Malgré la venue de l'amour dans sa vie, et le bien-être qu'il en retire, Justin parviendra-t-il à se détourner de son destin funeste?

A moins que son besoin de vengeance ne soit plus fort que tout…

En compagnie d'une poignée de jeunes qui vivent les mêmes épreuves que lui, Justin fera partie d'un plan d'une rare brutalité, dont il ne soupçonne pas encore la gravité des conséquences…

L'histoire de Justin touche un sujet qui fait de plus en plus souvent les manchettes, malheureusement : la violence à l'école. Sous toutes ses formes. Même les plus extrêmes. C'est un récit qui vous marquera à jamais…
LangueFrançais
ÉditeurDe Mortagne
Date de sortie25 mai 2012
ISBN9782896621606
Solitude armée (9)
Auteur

Marilou Addison

Marilou Addison publie son premier roman en 2002. Depuis, les idées déboulent. Elle a plus de 175 livres à son actif. De la littérature jeunesse à l’horreur pour adultes en passant par la romance, sa plume efficace conquiert de nombreux publics.

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    Aperçu du livre

    Solitude armée (9) - Marilou Addison

    Marilou Addison

    Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

    Addison, Marilou

    Solitude armée

    (Tabou ; 9)

    Pour les jeunes de 14 ans et plus.

    ISBN 978-2-89662-160-6

    Conversion au format ePub: Studio C1C4

    I. Titre. II. Collection : Tabou ; 9.

    Édition

    Les Éditions de Mortagne

    C.P. 116

    Boucherville (Québec) J4B 5E6

    Distribution

    Tél. : 450 641-2387

    Télec. : 450 655-6092

    Courriel : [email protected]

    Tous droits réservés

    Les Éditions de Mortagne

    © Ottawa 2012

    Dépôt légal

    Bibliothèque et Archives Canada

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque Nationale de France

    1er trimestre 2012

    ISBN 978-2-89662-160-6

    1 2 3 4 5 — 12 — 16 15 14 13 12

    Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) et celle du gouvernement du Québec par l’entremise de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) pour nos activités d’édition. Gouvernement du Québec - Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres - Gestion SODEC.

    Membre de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL)

    Pour tout commentaire ou question technique au sujet de ce ePub : [email protected]

    Remerciements

    Merci à Mélina, qui a prêté son nom à l’un de mes personnages. À Véronique, pour le partage de nos angoisses. À Eddy, pour le miroir que tu me tends. À Susanne, pour tout, tout et plus encore. À Patrick, pour tes idées. À Zackary, Yohan et Lucas, pour les câlins, les rires et parfois aussi les cris. À mes frères, pour leur humour et les souvenirs d’enfance. À Lilianne, pour tous les livres prêtés et donnés. À Anne, pour notre passion de la lecture partagée au cours de mon adolescence. À ma grand-maman, à qui je pense souvent. À ceux qui m’encouragent et me lisent. Et surtout, à Jean-Claude, mon amour, mon premier lecteur…

    Prologue

    De quoi aurait été faite ma vie, si je n’avais pas endossé les décisions que j’ai prises ? Si mes pas ne m’avaient pas inexorablement mené à cette chute ? Je sais que je passerai toujours pour un incompris, mais n’est-ce pas la raison même de mon geste ? N’est-ce pas pour cela que, justement, les choses ont dérapé. Cette incompréhension de mon monde. Cette solitude pesante qui a été la mienne. Cet élan qui m’a fait aller vers vous.

    De la mauvaise manière, j’en conviens, mais tout de même. N’ai-je pas essayé, à maintes reprises, de vous faire comprendre mon désarroi ? N’ai-je rien tenté pour que le mur entre moi et le monde s’effondre ? Oui, j’ai tout essayé. Alors, à quoi cela peut bien servir de revenir sur le passé, sur mes gestes emplis d’incompréhension et de rage ? On dit souvent qu’il vaut mieux avoir des remords pour ce que l’on a fait, que des regrets pour n’avoir rien risqué.

    Je suis de ceux qui auront marqué l’histoire. Je suis de ceux dont les gestes resteront gravés dans l’inconscient collectif. Je suis de ceux qui ne devront plus être, n’est-ce pas ? Ceux à abattre, car ils demeureront pour l’éternité un mystère. Il flottera toujours autour de moi une aura de dégoût, de frustration, de colère et d’ignorance. Mais demandez-vous bien, avant de me lancer la première pierre, si le mal est d’abord venu de moi… Si les événements ne se sont pas enchaînés justement parce que personne n’a porté attention aux faibles dans mon genre…

    Je vous demande de faire attention, car l’histoire a tendance à se répéter et les hommes sont, hélas, condamnés à répéter inlassablement leurs erreurs, surtout s’ils rejettent la faute sur ceux qui ne sont plus là pour se défendre. Alors regardez bien autour de vous, cessez de juger, d’humilier, de rabaisser, car un autre comme moi pourrait se dresser contre ce monde qui l’oppresse.

    Et cette fois, qui serait à blâmer ?…

    SEPTEMBRE

    1

    Je vais tous les tuer…

    Oh oui… Ça va saigner encore et encore. Je lis déjà la peur sur leur visage. Ouais… Je vais les décapiter un par un. Je me fiche bien de ne pas connaître leurs noms, de ne les avoir jamais vus avant. Ils sont sur mon chemin, tout simplement…

    Ça y est, je vais presque y arriver. Ils tombent tous autour de moi. Il n’en restera plus un pour me barrer la route…

    Ouuuuuuiiiii….

    — Justiiiiiiiiiiiiiiin, viens soupeeeeeeeeeeeeeeeer ! Ça fait trois fois que je t’appelle ! Tu arrives avant que ça refroidisse ?

    — Shit, que je marmonne entre mes dents.

    Juste assez fort pour que ça me soulage, mais pas assez pour que ma mère m’entende. Elle risquerait de rentrer dans ma chambre et de me demander de lui répéter ce que je viens de dire. De me faire son laïus sur le respect et blablabla… Je n’en ai rien à faire, de ses beaux discours. Vraiment rien à faire. Comme si elle me respectait, elle ! Comme si elle me comprenait. Comme si qui que ce soit saisissait le moindrement ce que je vis.

    Pour ne pas qu’elle descende à ma chambre, située au sous-sol de la maison, je dépose la manette de mon jeu sur la table basse et me lève pour fermer la console. J’hésite un instant avant d’appuyer sur le bouton, puis je me ravise. Si ça se trouve, je vais avoir encore un peu de temps après le souper pour jouer. Aussi bien ne pas perdre les données de ma partie. Ce n’est pas comme si quelqu’un allait soudainement se rappeler mon numéro de téléphone et me lâcher un coup de fil. En fait, je pense même ne l’avoir jamais donné à qui que ce soit. Personne ne me l’a jamais demandé non plus… Je me demande même pourquoi je trimballe ce iPhone que j’ai reçu l’an dernier à mon anniversaire, finalement… À part pour jouer à ces stupides jeux qui y ont été installés et pour donner l’impression que je ne m’emmerde pas trop, devant les autres durant les pauses, et encore.

    Je saute par-dessus le vieux sofa qui occupe plus de la moitié de la chambre et monte l’escalier à quatre pattes (une vieille habitude). J’arrive à peine essoufflé dans la cuisine où je jette un regard morne à ma merveilleuse famille…

    Ma mère nous a déjà servi nos assiettes (du spaghetti) et elle prend une première bouchée, la tête tournée vers la petite télévision, posée sur un meuble. Mon père a presque terminé sa portion et comme je le connais, il s’apprête à aller se servir une autre fois. Pas pour rien qu’il a le ventre aussi… en chair, disons… Lui aussi semble presque hypnotisé par l’écran, qui nous montre le visage gêné des participants de ce stupide jeu télévisé.

    Encore une fois, je vais devoir me taper les réponses toutes plus imbéciles les unes que les autres de ces débiles. Je me demande bien comment ils les choisissent, d’ailleurs. Est-ce que c’est celui qui a l’air le plus abruti en entrevue qui est automatiquement sélectionné ? En tout cas, à les voir, là, les visages ruisselants de malaise sur l’écran de la télé, on le croirait.

    Et mon père qui en rajoute :

    — C’est un chou, pauvre cloche ! Un chou ! Fallait répondre un chou ! Non mais, quel imbécile ! Tu as vu, ma chérie ? Il a répondu une pomme de salade… Une pomme de salade, n’importe quoi…

    — Oui, chéri, mais je pense que la réponse n’est pas…, tente de lui répondre ma mère.

    — Mais oui, je te dis, c’est un chou, la coupe aussitôt mon paternel, sûr de lui. Voyons, tout le monde sait ça ! Vous apprenez ça à l’école, non ? Hein, Justin ? Que ça s’appelle un chou ? Justin ?

    — C’est « brassicacée », la réponse, papa…, que je marmonne faiblement entre mes dents

    — Hein ? De quoi tu parles, Justin… C’est un chou, tu le vois bien ?

    — Ils ont demandé la famille de ce légume, papa…

    Et l’animateur qui donne la bonne réponse. Mon père qui ouvre grand les yeux, les narines dilatées, la bouche pendante… Il n’a même pas compris le mot que l’animateur vient de dire, que JE viens de dire… Quel beau spectacle que celui de mon père, l’air idiot, qui ne sait plus quoi dire. Mais j’aurais dû me la fermer. Là, je viens de l’humilier. Trop facile. Ce n’est pas sa faute, après tout, si habituellement, je passe mon temps dans cet état-là… Lui, il n’y est pour rien… Enfin, presque rien…

    Ma mère qui continue de manger ses pâtes. Mon père qui renifle et marmonne pour lui-même que c’est bel et bien un chou. Et ma sœur… Ma sœur jumelle, toujours parfaitement coiffée, habillée à la dernière mode, hautaine et sans compassion pour les autres, qui ricane sans que personne s’en rende compte. Elle, elle adore ça, l’humiliation. C’est son truc à elle. Faut dire qu’elle y est habituée… Annie a passé notre enfance à s’exercer sur moi, son propre frère tellement différent qu’il ne cessait de réclamer l’attention des parents.

    Maintenant, elle passe son temps à ridiculiser les autres, à la poly. Les plus jeunes, les plus faibles, les gros, les maigres, les intellos un peu freak, ceux à lunettes, ceux qui n’ont pas d’amis, ceux qui ont l’air efféminés, les laids, les boutonneux, les gênés, ceux qui sont différents et… encore moi…

    Je n’ai pas choisi cette vie, ni mon apparence ni ce qui se passe dans ma tête, mais s’il y a une chose que je changerais si j’en avais la possibilité, c’est elle. Je me fiche de ne pas être comme les autres, ce qui me dérange le plus, c’est d’avoir le même sang qui coule dans mes veines. D’être de la même famille.

    Pendant ce temps, mon père continue de marmonner dans son coin, à chaque mauvaise réponse du participant. Mais cette fois, il n’ose pas donner sa propre réponse, de peur de faire rire de lui, encore. Pauvre papa, qui peine à se tenir droit devant le regard des autres. Qui n’a jamais vraiment eu de colonne…

    Je m’assois et saisis ma fourchette sans jeter un regard aux autres. On mange dans un quasi-silence, si ce n’est cette télévision qui nous crache la honte de ses participants à chaque minute qui passe. Un peu comme la vie. Tous les jours, à chaque heure, à chaque seconde, quelqu’un se fait humilier. Quelqu’un fait rire de lui par les autres. Ça peut être un élève qui a donné une mauvaise réponse. Ça peut être une femme, à l’épicerie, qui n’a pas assez d’argent pour payer ses courses. Ça peut être un homosexuel, qui se fait pointer du doigt par un groupe de jeunes. Ça peut être n’importe qui. Mais depuis quelque temps, c’est devenu beaucoup trop souvent moi…

    Retour au sous-sol. Je ferme bien la porte de ma chambre pour qu’aucun intrus ne s’y glisse contre ma volonté. Je n’ai le goût de voir ni mes parents ni ma sœur, qui n’a rien à me dire de toute manière… Sauf peut-être quand elle se trouve dans la cour d’école, avec ses copines, et qu’elles rigolent toutes de me voir aussi seul. Je m’empare de ma manette de jeu, ouvre la télé et continue la partie que j’avais commencée.

    Je dois tuer le plus de morts-vivants à la minute. Un jeu trop simple pour moi, mais qui me permet de libérer toute cette haine que j’ai du monde. Je vise tous ceux qui se présentent sur mon passage et je les massacre sans aucun regret. Ils tombent sous mes balles, le corps propulsé loin de moi. Le sang dégouline sur le sol et j’aime ça. J’aime ça, les voir aussi souffrants. J’imagine que ce sont des visages que je croise tous les jours.

    Et pan ! le prof de maths qui ne cesse de me poser des questions devant tout le monde.

    Et pan ! Dany et sa gang qui sont dans plusieurs de mes cours et qui rient toujours de moi.

    Et pan ! mon père qui s’écrase sur le sol avant d’avoir pu répondre une autre insignifiance.

    Et pan ! ma mère avec ses beaux discours.

    Et pan ! sœurette, tu n’es pas mieux que les autres, même si tu te crois supérieure !

    Et pan ! Et pan ! Et pan !

    Ils vont tous mourir ! Et c’est moi qui vais tous les tuer !

    PAN ! PAN ! PAN !

    — Justiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin, n’oublie pas de faire tes devoirs !

    La voix de ma mère me fait sursauter si fort que j’accroche le bouton de menu du jeu, ce qui me stoppe sur ma lancée. Plus le goût de jouer. J’ai l’impression d’avoir du sang dans la bouche. Je lance la manette sur la table et je me lève d’un mouvement vif. Je vais cracher dans l’évier de la minuscule salle de bains du sous-sol. Bon, voilà autre chose ! J’étais tellement concentré sur le jeu que je me suis mordu la langue, quand ma mère m’a hurlé son ordre. Le sang envahit peu à peu ma bouche. Je crache plusieurs fois pour me débarrasser de ce goût métallique, mais rien à faire. Ce sang va me rendre fou. J’ai de la difficulté à regarder toute cette couleur, ce rouge écarlate qui se mélange à ma salive, qui tache légèrement mes doigts, mes mains. Je tire sur le rouleau de papier hygiénique et me fait une simili-compresse, le temps que cesse ce qui semble être, sous mon regard nerveux, une hémorragie. Mais la voix de ma mère reprend de plus belle.

    — Juuuuuuuuuuuustiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiin ! Tu m’as entendue ? Tes devoirs ! crie ma mère de nouveau, en laissant délibé-rément la porte ouverte.

    Je soupire et fais quelques pas vers la cage d’escalier, pour répondre à ma mère.

    — Moui, maman, vai compris.

    Elle passe la tête dans les marches.

    — Ça va, Justin ? Tu as une drôle de voix.

    — Mais voui, ve me fuis vuste mordu ya yangue.

    — Hein ?

    — Laiffe tomber…

    — Ah… D’accord, mais n’oublie pas tes devoirs.

    Je hoche la tête et je la vois disparaître, toujours sans refermer la porte du sous-sol. C’est fou… J’ai dix-sept ans, je suis sûrement le plus doué des élèves de mon école, je fais mes devoirs sans aide depuis que je suis en deuxième année du primaire et pourtant (pourtant !), ma mère me prend encore pour un bébé. Tous les fichus soirs, elle me demande (ou plutôt, elle me beugle) de faire mes devoirs. Comme si je ne le savais pas !

    Je monte à la cuisine où ma mère fait couler de l’eau pour laver la vaisselle. Mon père est de nouveau en train de regarder la télévision, mais dans le salon, cette fois. Je marche tranquillement jusqu’à l’entrée où je récupère mon sac à dos. J’entends de la musique qui provient de la chambre de ma sœur. Comme nous habitons un bungalow, sa chambre et celle de mes parents sont situées au rez-de-chaussée. Moi, j’ai hérité du sous-sol. Mais j’adore ça. Je suis loin d’eux et ça fait bien mon affaire. En plus, ma chambre est assez grande pour que je puisse y mettre une télé (pour mes jeux vidéo) et j’ai droit à ma propre salle de bains. Personne n’y entre à part moi. Ma sœur trouve ça trop dégueu de la partager avec moi et mes parents n’aiment pas trop avoir à descendre pour aller aux toilettes.

    Je passe devant ma mère qui me fait un sourire encourageant (elle me tape tellement sur les nerfs !) et je me faufile de nouveau dans l’escalier. Pour moi, les leçons et les devoirs, c’est beaucoup trop facile. Et c’est là tout mon problème. Je suis un surdoué. Un élève qui dépasse toutes les exigences. Je connais les réponses à toutes les questions. Je comprends avant même qu’on ne m’explique. Je suis un freak. Je suis un geek. Je suis tout ça et je suis aussi totalement mésadapté au niveau social. Je n’arrive pas à m’intégrer.

    Les autres jeunes ne me comprennent pas et je le leur rends bien. Je suis déjà allé consulter, quand j’étais jeune, des tas de docteurs et de psychiatres, pour satisfaire les lubies de mes parents, qui n’en pouvaient plus de mes crises. Il y a bien eu un diagnostic. Que je connais. Je suis psychologiquement instable, à ce qu’il paraît, et j’ai une légère tendance à la névrose… Mais ce ne sont que des mots, puisque rien de plus n’a été fait, par la suite. Qu’est-ce que ça donne de savoir quel est notre problème quand on ne peut rien y faire ?

    Oh, c’est vrai, il y a eu un plan d’intervention et ma mère a lu un tas de paperasses pour me convaincre mais depuis, c’est un peu comme si elle avait jeté l’éponge. Je l’épuise… Désormais, elle a beau faire des efforts, elle ne parvient plus à me comprendre, à pénétrer dans ma bulle. Faut dire que je la maintiens à distance. De peur qu’elle entrevoie celui que je suis vraiment, peut-être…

    Alors voilà où j’en suis. Je vais à l’école tous les jours. Les autres me trouvent étrange, rient de moi, m’humilient. Et je reviens tous les jours chez moi. Je soupe avec ma famille et je me réfugie au sous-sol, pour faire mes devoirs en quelques minutes à peine. Tout est bon, je n’ai même pas besoin de vérifier. Heureusement qu’il y a ces jeux, sur ma console, qui me permettent de me défouler. Pas très longtemps, mais juste assez pour que je décompresse.

    Depuis quelques semaines, par contre, je n’arrive plus à oublier. Je ne parviens pas à ne plus y penser. Constamment, j’entends leurs rires, leurs sarcasmes, leurs paroles cruelles.

    Et dans ma tête où tout est bien ordonné, où tout est classé par fichier, je me dis que bientôt, ça va changer… Parce que j’ai un plan. Un plan qui va me demander de la préparation, mais qui sera l’apothéose de toute ma vie. Bon, ce n’est peut-être pas moi qui suis à l’origine de ce fameux plan, mais je vais y participer activement… Oui, je sais que ça peut faire peur, quand je parle comme ça. Mais il ne faut pas. Ça n’a rien de tragique ou de dramatique. Je vais juste enfin arriver à mes fins. Pour une fois, ils vont me respecter, ils vont cesser de m’humilier et peut-être même qu’ils vont m’aimer…

    2

    Quel imbécile…

    Il est là, l’air aussi idiot qu’à l’habitude, sauf que maintenant, toute la classe a les yeux rivés sur lui, qui se pavane et fait son show. Je le trouve tellement stupide, moi. Et l’enseignant, qui attend patiemment qu’il réponde. Mais Dany a bien mieux à faire que de donner la bonne réponse. Noooon, c’est tellement plus drôle de dire des insignifiances comme il le fait en ce moment.

    — J’attends toujours, Dany, et pour l’instant, je note que vous avez très peu relu vos notes de cours durant le week-end…, intervient enfin le prof.

    — Ben, ce n’est pas ça, c’est juste que je n’ai pas trop compris votre question… J’ai un peu de mal à entendre, aujourd’hui. Ça doit être à cause du spectacle

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