Insolite Tome 3: La porte oubliée
Par Hervé Desbois
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À propos de ce livre électronique
Mais elles sont toujours là…
Un adolescent qui disparaît.
Des messages énigmatiques gravés dans les murs d’une maison abandonnée.
Des révélations étonnantes sur les origines de la lignée dont Mégane est la descendante.
Il n’en faut pas plus à la jeune fille pour se lancer dans une nouvelle quête avec Nicolas, son ami inséparable. Ses nouveaux dons et la force insoupçonnée qui lui a été léguée par ses ancêtres seront-ils suffisants pour parvenir à leurs fins ? Car les pires menaces peuvent se cacher derrière le voile trompeur des apparences.
Tu verras par la porte entrouverte
Tenue par l’invisible main où transpire le mystère…
Certaines portes devraient restées closes à tout jamais. Une fois franchies, il est trop tard.
Hervé Desbois
Français d’origine, mais Québécois de cœur, Hervé Desbois évolue dans le monde artistique depuis 1998. De fonctionnaire provincial à auteur/comédien, Hervé a effectué tout un saut (sans filet !) et fait maintenant flèche de tout bois afin de ne vivre que de son art. Bénéficiaire d’une bourse du Conseil des arts du Canada en 2014, il a pu se consacrer entièrement à l’écriture de son nouveau roman jeunesse : Insolite, Le spectre du lac. En 2015, Hervé s’est vu attribuer le prix Victor-Martyn-Lynch-Staunton en littérature, un prix remis annuellement par le Conseil des arts du Canada et « décerné à des artistes canadiens à mi-carrière dont les réalisations ont été exceptionnelles ». Auteur polyvalent, amoureux des mots et poète dans l’âme, Hervé Desbois a prêté sa plume à des artistes bien connus du monde de la chanson, France D’Amour, Bruno Pelletier, Véronic Dicaire, Marc-André Fortin, Marie-Chantal Toupin et plusieurs autres. Au chapitre des livres, Hervé Desbois a fait sa marque dans différents styles littéraires. Du livre d’inspiration à la fiction, en passant par la nouvelle et la poésie, il a plus d’une quinzaine de titres à son actif. L’un d’eux, La bible des Impressionnistes, s’est retrouvé inscrit en tant qu’ouvrage de référence dans l’un des programmes d’étude de l’Université Paris-Sorbonne. En 2009, Hervé Desbois publie La vie entre parenthèses aux Éditions de Mortagne, une première incursion dans le roman « pour adultes » qui lui vaudra quelques bonnes critiques. L’air de rien, ce sont des dizaines de milliers de lecteurs à travers le monde qui savourent le style d’écriture d’Hervé Desbois, tantôt poétique et inspirant, tantôt incisif et direct.
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Avis sur Insolite Tome 3
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Aperçu du livre
Insolite Tome 3 - Hervé Desbois
jamais.
Prologue
Montréal, 16 février 2019
Je m’appelle Mégane Prégent, treizième descendante de Madeleine. Je file vers mes quatorze ans. Malgré mon jeune âge, j’ai déjà connu plusieurs épreuves qui ont dévoilé quelques-unes des facultés extraordinaires qui m’ont été léguées par mon ancêtre. Je n’ai jamais voulu être une héroïne ni même une personne hors du commun. Mais les dons que je découvre au fur et à mesure que le temps passe ne sont pas un choix. J’ai appris que je dois vivre avec et les utiliser pour aider les autres.
Ma mère et mon père ne savent rien de tout cela. Seule ma grand-mère est au courant. Elle est elle-même une descendante héritière de certains dons et elle m’aide comme elle le peut à comprendre ces pouvoirs incroyables. Nicolas aussi connaît tout de moi. C’est un ami précieux et, sans lui, je n’aurais probablement pas survécu aux périls auxquels j’ai été confrontée.
La dernière épreuve fut la plus effrayante. Nicolas et moi l’avons nommée le miroir de Pandore. Cela s’est passé durant la nuit de l’Halloween, l’an dernier. Si j’ai attendu pour en rapporter le récit, c’est parce que j’étais trop bouleversée dans les jours et les semaines qui ont suivi. Et je voulais me donner le temps de digérer ces événements. Voici donc ce qui s’est produit il y a maintenant plus de trois mois.
Mégane se redresse pour inspecter ce qu’elle vient d’écrire dans le journal des descendantes de Madeleine. Elle hoche la tête et sourit. Son écriture est soignée. Pas autant que celle de ses ancêtres, qui traçaient des lettres rondes et bien déliées. Mais, pour une fille dont la génération est habituée à rédiger des textos à la va-vite sans tenir compte de l’orthographe… ça peut aller !
Après quelques instants de réflexion, elle se remet à écrire avec soin. Le souvenir de cette nuit d’épouvante est encore frais à sa mémoire. Des ombres fugaces passent parfois dans son regard, sa mâchoire se crispe à l’occasion. Elle n’y croirait pas si elle ne l’avait pas vécu elle-même…
En refermant le cahier à la couverture de cuir élimée, Mégane songe à ce que sera sa vie. Certainement pas ordinaire ! Pourra-t-elle, comme ses camarades, avoir un métier et mener une existence à peu près « normale » ? Au plus profond de son être, elle peut sentir ce qu’elle a rapporté de sa précédente aventure. Un cadeau d’une de ses aïeules, qui vit maintenant en elle. Sans savoir exactement comment elle pourra les utiliser, elle a la certitude que ses dons présents et à venir ne sont pas une calamité. Bien sûr, elle aurait préféré être une fille comme les autres, avec ses joies et ses problèmes d’ado. Mais, comme le lui a répété sa grand-mère à la suite de cette terrible nuit d’Halloween, ce qu’on est et ce qu’on a sont des présents qu’on doit cultiver et rendre meilleurs.
« D’accord, tu vas dire que je radote. Mais, plutôt que fuir ou combattre tes dons, apprends à les apprécier pour ce qu’ils sont : des cadeaux du ciel. Grâce à eux, tu peux aider des gens. »
C’est donc en pleine connaissance de cause que Mégane a décidé de ne plus se laisser mener par les événements. Dorénavant, c’est elle qui est à la barre ! De toute façon, les rêves étranges, cauchemars et autres visions sont devenus monnaie courante. Autant l’admettre et l’accepter : elle peut jouer un rôle positif dans la vie de ses semblables. Elle s’en est d’ailleurs ouverte à sa grand-mère lors de leur visite à Québec, durant le temps des fêtes. Ayant apporté le cahier de ses ancêtres, Mégane a pu en parler abondamment avec Béatrice pendant leurs longues promenades en tête à tête. Ce souvenir revient intégralement à la mémoire de Mégane. Les deux complices sortaient chaque jour et arpentaient les rues centenaires de la capitale…
– N’est-elle pas magnifique, cette ville, enveloppée de neige ?
– C’est pas mal plus beau que Montréal ! Mais brrr ! Il fait plus froid aussi !
Béatrice laisse entendre son rire cristallin tout en resserrant le col de son manteau.
– Allons nous réchauffer dans un café, si tu veux bien. J’en connais un dans la rue Saint-Jean qui sert de délicieux chocolats chauds. Et des pâtisseries tout aussi divines !
Un peu plus tard, confortablement installées dans un coin tranquille de l’établissement, Béatrice et Mégane savourent leurs consommations. Béatrice brise enfin le silence.
– J’ai beaucoup lu la nuit dernière. L’insomnie a ça de bon en ce qui me concerne.
Mégane attend la suite en plongeant son regard dans celui de sa grand-mère, si bleu, comme le sien. Elle se doute que le genre de lecture dont elle parle est un « roman » d’une nature très particulière.
– Je me suis lancée dans les récits de Sarina. Une autre que j’ai négligée.
– Il y en a tant à lire !
– C’est vrai. Et mes yeux se fatiguent vite ! Celles qui nous ont précédées écrivaient serré. À croire qu’elles voulaient économiser le papier. Quoi qu’il en soit, je suis tombée sur quelque chose de très intéressant. Figure-toi que notre ancêtre s’était donné comme mission de libérer tous les lieux hantés qu’elle pouvait trouver.
– Et il y en avait beaucoup ?
– Pas mal, je dirais, même si Sarina ne détaille pas chacune de ses interventions. Elle faisait cela dans un souci d’aider son prochain. Ce qui était en soi la volonté de Madeleine, qui a écrit que de tels cadeaux du ciel ne peuvent nous être transmis sans qu’une responsabilité les accompagne : utiliser nos dons pour servir la communauté.
– Elle prenait de gros risques, non ? Si c’était venu aux oreilles de gens mal intentionnés ?
– Oh, c’est sûr. Mais tu vois, le désir d’aider a toujours été plus fort. C’est donc en lisant ses péripéties que j’ai découvert son combat contre certains esprits mauvais qui s’étaient emparés de personnes innocentes, les précipitant dans la folie avant de les faire mourir dans d’horribles souffrances morales et physiques.
Les genoux collés sur sa poitrine, Mégane se rappelle la description que sa grand-mère lui a faite du genre d’action menée par leur ancêtre.
Ces pauvres esprits tourmentés hantaient les endroits où ils avaient vécu mille morts et terrorisaient à leur tour de simples villageois qui ne demandaient qu’à travailler et à vivre en paix. La réputation de Sarina se colportait de bouche à oreille et elle prêtait ses dons à l’unique condition que ceux qui en bénéficieraient gardent le secret jusque dans leur tombe, à moins de vouloir en faire profiter d’autres infortunés.
Sarina pénétrait dans le site maudit et, après en avoir fait le tour pour s’imprégner des mystères enfouis au plus profond des murs, envoyait des flots d’amour. De sa seule présence irradiait une telle quantité de compassion que le spectre résidant en cet endroit sombrait dans une hystérie des plus intenses. Il cherchait donc par tous les moyens à se défaire de cette personne qui venait troubler son séjour. Insensible à ses attaques, Sarina continuait de propager des ondes d’une grande pureté, comme si ces vagues d’énergie positive avaient le pouvoir de nettoyer tout le mal et toutes les souffrances habitant les lieux et le spectre.
Ces rencontres se soldaient toujours par l’abandon de l’âme torturée, qui cessait ses assauts. Loin de s’arrêter, Sarina déversait encore plus de son amour sur elle, et beaucoup d’admiration pour ce qu’elle avait été et ce qu’elle avait fait de bien dans sa vie. Finalement, l’esprit se trouvait libéré de sa haine et partait vers des cieux plus cléments.
Émerveillée par ce genre d’histoire, Mégane avait pris le temps de lire quelques-uns des récits de cette ancêtre.
Les yeux brûlants de sommeil, la jeune fille se glisse sous ses draps, le regard fixé au plafond de sa chambre.
Et moi, quelle est ma mission ?
- 1 -
Mégane s’est endormie sans véritable appréhension. Repenser à sa grand-mère lui insuffle toujours une bonne dose de sérénité. Et puis la plupart des « rêves » qu’elle a faits depuis l’Halloween ne la concernaient pas directement. Pareil pour ses visions. Elles annonçaient des incidents sans grande importance. Bien qu’elle n’ait pu prévenir toutes les mésaventures en question, ses interventions ont affermi sa confiance en elle et en ses moyens.
Au beau milieu de la nuit, Mégane pénètre dans un de ces songes familiers. Tous ses rêves débutent habituellement de la même manière : elle voyage à travers une brume opaque qui ne tarde pas à se dissiper. À sa grande surprise, Mégane se retrouve à l’intérieur d’un autobus scolaire. Elle reconnaît les élèves de sa classe ! Inquiète, elle regarde les visages qui l’entourent. Elle se fige en apercevant Nicolas et… elle-même ! Bien entendu, personne ne la remarque, pas même son ami ni son autre elle. Alors ça, c’est une première ! pense-t-elle en se dévisageant. Elle est soudain frappée par une évidence, une pensée qui suscite en elle une grande inquiétude : ces drôles de rêves ne sont jamais annonciateurs de bonnes nouvelles. Alors que fait sa classe dans cet autobus ? Et que va-t-il lui arriver ?
Tandis qu’elle se pose ces questions, Mégane voit défiler les événements. Elle comprend qu’il s’agit d’une sortie scolaire. En jetant un œil par une des vitres, Mégane se rend compte qu’ils sont en terrain montagneux, non loin du fleuve ; ce paysage lui rappelle quelque chose. Elle est déjà venue en vacances dans cette région. Charlevoix ?
Mégane se redresse d’un coup dans son lit, les yeux grands ouverts. Elle ne s’explique pas ce qui l’a ainsi sortie de son sommeil. Puis elle réalise que le film de son rêve ne s’arrête pas de jouer ! Au contraire. Bien que sautillantes et pâles, les images lui apparaissent de plus en plus réelles… et terribles. Certains jeunes se sont levés et plusieurs se mettent à crier. L’autobus est lancé à vive allure dans une pente abrupte, nombreuses dans cette région montagneuse. « L’autobus n’a plus de freins ! » Elle ne sait trop si c’est elle-même qui a prononcé ces paroles ou quelqu’un d’autre. Sa respiration devient saccadée alors qu’elle assiste, impuissante, à la tragédie la plus horrible qu’il lui ait été donné de voir. La descente, trop raide… un virage en contrebas… une falaise vertigineuse qui plonge dans les eaux miroitantes du fleuve…
Un violent éclair efface la vision et Mégane pousse un cri déchirant. Elle suffoque tandis que les larmes inondent ses joues. La porte de sa chambre s’ouvre en coup de vent.
– Mégane… Mégane… ça va ?
Comment expliquer à sa mère ce dont elle vient d’être témoin ? Sa propre mort et celle de son ami !
Le lendemain matin, Mégane entre dans la cuisine les yeux encore pleins de sommeil. Bien qu’on soit samedi, ses parents sont déjà levés et déjeunent en silence. Sophie suspend la lecture de sa revue et fronce les sourcils en découvrant les traits tirés de sa fille.
– As-tu fini par bien dormir ?
– Ouais… pas pire, répond Mégane en étouffant un bâillement. Salut, papa.
C’est à peine si son père a remarqué sa présence. Il est entièrement absorbé par sa tablette électronique.
– C’est pas les ados qu’on traite d’accros aux gadgets ? ajoute Mégane avec une pointe d’amusement.
– Youhou ! Cédric ! Ta progéniture vient de te dire bonjour.
– Non, elle a dit salut, réplique Cédric avec un sourire. Voilà, c’est signé !
– Qu’est-ce qui est signé ? demandent en chœur Mégane et Sophie.
– Une pétition pour sauver une résidence centenaire. Un entrepreneur veut la démolir et bâtir des condos à la place. Le pire, c’est que le conseil de ville est d’accord pour lui accorder tous les permis.
– Elle est où, cette maison ?
– Euh… L’adresse n’est pas précisée pour éviter que des vandales y pénètrent. Vous devriez la signer, vous aussi. J’ai partagé le lien sur Facebook et…
– Papa, je suis pas sur Facebook…
– Ah bon ? Et pourquoi ? Tout le monde est sur Facebook !
– Ben tout le monde sauf moi. Il y a assez de gens qui perdent leur temps avec ça ! Ça m’intéresse pas de voir des photos de personnes que je connais même pas avec leur chien ou leur chat ou bien l’assiette de spaghetti qu’elles sont en train de manger.
– Ce que tu peux être asociale, des fois, ma fille !
– Le vrai monde est dehors, pas dans une tablette !
– Pas tout à fait d’accord avec toi. Tiens. Regarde ça.
Mégane jette un bref regard sur l’écran. Elle y découvre la photo d’un garçon d’une quinzaine d’années.
– Sébastien Côté. Je suis censé le connaître ?
– Lis ! C’est une alerte Amber.
– « Aidez-nous à retrouver ce jeune homme disparu depuis une semaine. Partagez, s’il vous plaît ! »
Pas encore des disparitions ! songe Mégane, qui a légèrement pâli.
– On a déjà résolu des enlèvements d’enfant grâce à de tels messages, ajoute Cédric d’un ton convaincant.
Mégane hoche la tête avant d’aller se servir un bol de céréales, sous l’œil préoccupé de sa mère.
– Tu m’inquiètes avec ces cauchemars. On devrait peut-être consulter ?
– Rapport ! réplique aussitôt Mégane. Je suis pas malade, c’est juste que… ben c’est ça, je fais des cauchemars. Pis après ?
– C’est vrai que ça t’arrive souvent, ajoute Cédric. C’est…
– C’est rien du tout ! le coupe Mégane en se dirigeant vers sa chambre. Ça m’empêche pas de vivre, alors laissez-moi tranquille avec ça !
Ses parents se dévisagent sans dire un mot. Cédric hausse les épaules, puis retourne à sa tablette. Sa fille est en pleine mutation adolescente et ses sautes d’humeur n’y sont probablement pas étrangères. Sophie reste cependant songeuse. Son instinct maternel lui dicte autre chose.
Entre deux bouchées, Mégane envoie un texto à Nicolas.
On se voit comme prévu ?
Elle repense à ce que sa mère lui a dit et ça la préoccupe. Et si celle-ci venait à découvrir son secret ? Quelle serait sa réaction ? La traiterait-elle comme une folle ? Mégane frémit à cette pensée. Son existence deviendrait un enfer ! Même si elle a décidé qu’ils faisaient partie de sa réalité, Mégane sait qu’elle est à la merci de ses cauchemars et des visions qui peuvent l’assaillir à tout moment. Car les émotions qui la submergent alors sont puissantes et bien réelles.
Mégane revoit quelques bribes des images venues interrompre son sommeil, la nuit dernière. Simple rêve ou vision ? Un courant glacial lui traverse le corps. Peut-elle vraiment imaginer qu’un tel accident se produise ? Et puis, que pourrait-elle faire pour empêcher cette tragédie ? Mégane est envahie par une émotion soudaine, et sa vue s’embrouille. Des larmes apparaissent au coin de ses yeux avant de couler lentement sur son visage. Jusqu’à présent, toutes ses visions se sont matérialisées…
– Minute ! Tu veux dire que… Mais c’est pas possible !
Les deux ados marchent dans le parc Arthur-Therrien enseveli sous la neige qui craque sous leurs pas. L’air a la pureté du cristal sous un ciel dépourvu de tout nuage. Le froid a rapidement changé leur nez en érable à sucre au printemps.
– Je sais, Nic, je te raconte ce que j’ai vu.
Le garçon s’assoit lourdement sur un banc qui émerge de l’épais tapis blanc, tel un navire rescapé de la tempête. Il ajuste machinalement ses lunettes rondes, puis il frotte ses joues rougies par le vent.
– Quatorze ans… trop jeunes pour mourir ! Il en est pas question !
– Bien d’accord avec toi, approuve Mégane. Mais j’ignore quoi faire pour éviter que ça arrive. De toute façon, je sais même pas quoi en penser !
– Essayons de raisonner logiquement…
Mégane le regarde d’un œil amusé.
– Ben… on peut tenter le coup, non ? De quoi on avait l’air ? Peut-être qu’on était plus vieux ?
– Non, je crois pas…, répond Mégane en secouant la tête. J’ai pas fait attention à tous les détails… Tu comprends, c’était la panique. On était dans un autobus scolaire, ça, c’est sûr. Et puis, jusqu’à présent, ce genre de vision survient toujours pour annoncer un événement qui se produira prochainement.
– OK. Dans ce cas, on a juste à pas monter dans le bus. Facile !
– Pour nous, oui, mais les autres ?
Nicolas se détourne pour regarder droit devant. Évidemment, on ne peut pas laisser une classe entière se faire anéantir. Mais comment prévenir les élèves, ou empêcher l’autobus de partir ?
– Je me pose la même question, continue Mégane comme si elle avait percé à jour les pensées de son ami, qui la dévisage maintenant avec les sourcils en accents circonflexes.
– Ben, je… euh…, bredouille Nicolas après de longues secondes de silence. De toute façon, on est pas au courant de ce soi-disant voyage. Qu’est-ce qu’il y avait d’autre, dans ta vision ?
Mégane réfléchit un court instant avant de hausser les épaules.
– Je peux pas dire… ça allait trop vite.
– Alors on attend, soupire Nicolas.
– C’est ça, on attend. Bon, on bouge un peu ? Je suis en train de me transformer en glaçon !
Quelques minutes plus tard, les deux ados marchent dans les rues du quartier.
– Après ce qui t’est arrivé à l’Halloween, j’ai fait des recherches sur les mondes parallèles et les distorsions du temps, lance Nicolas.
– Les quoi ?
– Distorsions du temps. Ça signifie qu’il est possible que le cours des événements n’aille pas toujours en ligne droite et qu’il peut exister des déviations dans la suite des choses.
– Genre Retour vers le futur ?
– Mettons… sans la voiture. Mais tu as raison. Ça peut se manifester par une sorte de déjà-vu. Tu revis quelque chose que tu as vécu. Et, sur le coup, tu sais pas où