Discours sur la Dette: Discours d'Addis-Abeba, de Thomas Sankara présenté par Jean Ziegler
Par Jean Ziegler et Thomas Sankara
4.5/5
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À propos de ce livre électronique
Figure révolutionnaire messianique, Thomas Sankara fut le premier président du Burkina Faso, de 1983 à 1987. Il fit baisser la mortalité infantile, promut l’instruction, améliora la condition féminine et rendit son pays auto-suffisant en essayant de le détacher de la tutelle des grandes puissances.
Le discours sur la dette qu’il prononça à Addis-Abeba en 1987 est emblématique car il proposait de renégocier l’ensemble de la dette, jugée inique, des pays endettés du continent africain.
Thomas Sankara sera assassiné quelques mois plus tard.
Jean Ziegler, sociologue de notoriété internationale, rencontra le chef d’Etat à plusieurs reprises et devint son ami. Nous parlant de cet homme atypique, il nous présente ici la situation de tutelle à laquelle les organismes financiers soumettent les pays endettés.
Présentation de Thomas Sankara et du problème de la dette par Jean Ziegler
EXTRAIT
Sankara avait-il, par une étrange prémonition, pressenti son assassinat ? Nous nous étions rencontrés pour la dernière fois, Sankara, ma femme et moi, le 12 septembre 1987 à Addis-Abeba, aux lendemains de la proclamation de la République populaire démocratique d’Ethiopie. Dans sa résidence, le soir, nous discutions du destin de Che Guevara, exécuté vingt ans auparavant dans les montagnes de La Higuera, en Bolivie. Tout à coup, il me demanda :
– Quel âge avait donc le Che au moment de mourir ?
– 39 ans et 8 mois, répondis-je.
Et Sankara, songeur, de murmurer :
– Atteindrai-je jamais cet âge-là ?
S’il avait survécu, Sankara aurait eu 38 ans en décembre 1987.
A PROPOS DE L’AUTEUR
Jean Ziegler, premier rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation, de 2000 à 2008, est vice-président du Comité consultatif du Conseil des droits de l’homme. Il est auteur de nombreux essais dont Destruction massive, géopolitique de la faim, paru en 2013, qui l’ont rendu mondialement célèbre.
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Avis sur Discours sur la Dette
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Aperçu du livre
Discours sur la Dette - Jean Ziegler
révolutionnaire
THOMAS SANKARA, UN RÉVOLUTIONNAIRE
PAR JEAN ZIEGLER
PRÉMONITIONS
Sankara avait-il, par une étrange prémonition, pressenti son assassinat ? Nous nous étions rencontrés pour la dernière fois, Sankara, ma femme et moi, le 12 septembre 1987 à Addis-Abeba, aux lendemains de la proclamation de la République populaire démocratique d’Ethiopie. Dans sa résidence, le soir, nous discutions du destin de Che Guevara, exécuté vingt ans auparavant dans les montagnes de La Higuera, en Bolivie. Tout à coup, il me demanda :
– Quel âge avait donc le Che au moment de mourir ?
– 39 ans et 8 mois, répondis-je.
Et Sankara, songeur, de murmurer :
– Atteindrai-je jamais cet âge-là ?
S’il avait survécu, Sankara aurait eu 38 ans en décembre 1987.
L’expérience de Sankara et de ses compagnons de lutte est unique en Afrique et dans le tiers-monde. L’assassinat de cet homme exceptionnel l’après-midi du 15 octobre 1987, un mois après notre conversation, fut une tragédie pour l’Afrique entière.
Thomas Sankara est mort comme Salvador Allende : assassiné au cours d’un coup d’État par des militaires autochtones téléguidés par l’étranger. Blaise Compaoré, que la plupart des sources disponibles tiennent pour son assassin, est aujourd’hui président du Burkina Faso.
Le discours sur la dette tenu le 29 juillet 1987 devant les chefs d’État africains dans l’immense Africa Hall d’Addis-Abeba est probablement, parmi tous les discours de Sankara, le plus impitoyable, le plus profondément intelligent. Il mettait radicalement en question le système international qui écrase l’Afrique. Les propos tenus ce jour-là par le président du Burkina Faso sont d’une totale actualité. Avant de les analyser, je voudrais rappeler en quelques mots ce qui fonde l’autorité, la crédibilité et le rayonnement de la parole du jeune capitaine. Son discours sur la dette est nourri de son expérience publique et sociale, personnelle et singulière.
L’APPRENTISSAGE DE LA RÉVOLTE
Thomas Sankara est né le 21 décembre 1949 à Yako, une ville sise à l’entrée du Sahel, entre Kaya et Ouahigouya, sur la route reliant Ouagadougou au Mali, dans le royaume mossi du Yatenga. Sa mère, Marguerite, était mossi ; son père, Joseph, peul. Thomas était le troisième de dix enfants. En 1949, son père, ancien soldat colonial, était vacataire au service des postes. La famille vivait sous la colonie française l’existence pénible du prolétariat