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Fantasy Art and Studies 5: Made in Japan
Fantasy Art and Studies 5: Made in Japan
Fantasy Art and Studies 5: Made in Japan
Livre électronique216 pages2 heures

Fantasy Art and Studies 5: Made in Japan

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À propos de ce livre électronique

Le numéro 5 de Fantasy Art and Studies fait la part belle à la Fantasy made in Japan. Retrouvez 7 nouvelles inspirées du folklore japonais, 4 articles explorant les spécificités de la Fantasy japonaise (dont 2 consacrés au maître de l'animation, Hayao Miyazaki), des illustrations signées Melle Sue, Véronique Thill, Julie Ramel, Sabine Rogard et Guillaume Labrude, et, bien sûr, la suite de la BD de Guillaume Labrude.

The 5th issue of Fantasy Art and Studies explores Fantasy made in Japan. Discover 7 short stories based on Japanese folklore, 4 essays examining the specifics of Japanese Fantasy (including 2 papers dealing with the works of Hayao Miyazaki), illustrations signed by Melle Sue, Véronique Thill, Julie Ramel, Sabine Rogard and Guillaume Labrude, and, of course, the new chapter of Guillaume Labrude's comics.
LangueFrançais
Date de sortie19 déc. 2018
ISBN9782901099031
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    Aperçu du livre

    Fantasy Art and Studies 5 - Les Têtes Imaginaires

    EDITO

    Hors de la sphère anglo-saxonne, le Japon fait partie des pays qui ont su développer une fiction de l’imaginaire particulièrement riche et l’un des rares à avoir exporté sa production partout dans le monde à travers ses divers médias populaires : mangas, anime , light novels et jeux vidéo. Aujourd’hui, des franchises comme la bien nommée Final Fantasy , des films d’animation comme Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki et des mangas comme Fairy Tail de Hiro Mashima sont aussi connus que les œuvres de Tolkien et de George R. R. Martin. De même, samouraïs, ninjas, esprits renard et yuki onna sont devenus des figures aussi familières aux lecteurs occidentaux que les elfes et les hobbits.

    Par conséquent, Fantasy Art and Studies se devait de rendre hommage à la Fantasy made in Japan, en ouvrant ses pages à des nouvelles inspirées du folklore japonais, et à des articles qui explorent les tendances actuelles de la Fantasy japonaise. Ainsi Annis-Rayan Bourefis imagine, d’une manière toute miyazakienne, un personnage à la Darwin essayant de sauver un Kami de la cupidité de samouraïs ignorants, tandis que le chercheur Tomotoshi Katagi examine la dimension éco-animiste des œuvres de Hayao Miyazaki. Les films de Miyazaki sont également le sujet de l’article de Hanna Greenblott qui nous offre une analyse détaillée des particularités du médium de l’animation, sur le plan chromatique. Quittant l’univers du maître de l’animation japonaise, Catherine Loiseau et Lucie Garnier nous entraînent chacune à leur façon dans un Japon étroitement lié aux yôkai et autres créatures surnaturelles, que l’on se trouve dans une auberge isolée dans une montagne enneigée ou de nos jours dans la ville moderne. Weggen nous offre quant à lui un bref isekai, un type de récit de Fantasy très populaire dans la production japonaise actuelle, comme l’explique Benjamin Norguet. Marco Prost, pour sa part, explore les aspects syncrétiques des J-RPGs, en lien avec l’imaginaire chevaleresque. Puis Matthieu Wolff et Gaëlle Douguet-Dinhut nous emmènent tous deux dans le Japon féodal, où les samouraïs errants peuvent rencontrer des monstres légendaires, et les servantes devenir des créatures sans visage, tandis que Jeff Gautier nous relate l’amitié extraordinaire entre une petite fille et un kappa de nos jours. Enfin, Guillaume Labrude poursuit sa BD emplie d’humour noir débutée dans notre 3ème numéro en conduisant son héroïne, Jézabel, dans l’Empire du Soleil Noir, une version de Fantasy de l’Empire du Soleil Levant.

    Savourez ce voyage dans le merveilleux japonais, accompagné par les superbes illustrations de Melle Sue, Véronique Thill, Sabine Rogard, Julie Ramel et Guillaume Labrude.

    Among the countries that have developed a local and very rich imaginative fiction, Japan has managed to export its own Fantasy to the rest of the world through its various popular media: manga, anime, light novels, and video games. Today, franchises such as Final Fantasy , animated movies such as Hayao Miyazaki’s Princess Mononoke and manga such as Hiro Mashima’s Fairy Tail are as famous and popular as the works of Tolkien and George R. R. Martin. Similarly, samurais, ninjas, fox spirits and yuki onna , have become familiar to Western readers, just like elves and hobbits.

    Therefore Fantasy Art and Studies had to pay a tribute to Fantasy made in Japan, giving room to stories inspired by Japanese folklore, and papers exploring the current trends in Japanese Fantasy. Thus Annis-Rayan Bourefis imagines, in a very Miyazakian way, a Darwin-like character trying to save a Kami from the cupidity of ignorant samurais, whereas researcher Tomotoshi Katagi considers the eco-animistic dimension of Hayao Miyazaki’s works. Miyazaki’s movies are also the subject of Hanna Greenblott’s paper which offers an insightful analysis of the specifics of the animation medium, regarding chromatic choices. We leave the universe of the Japanese animation maestro with Catherine Loiseau and Lucie Garnier who both take us into a Japan definitely linked to yôkai and other supernatural creatures, whether you are in an isolated inn in a snowy mountain or in the modern city. Weggen offers us a short isekai, a very popular form of Fantasy narrative in current Japanese production, as Benjamin Norguet explains. Marco Prost, for his part, explores the syncretic aspects of J-RPGs, in relation with chivalric imagination. Then, both Matthieu Wolff and Gaëlle Douguet-Dinhut transport us into feudal Japan, where wandering samurais can encounter legendary monsters, and servants can turn into faceless creatures, whereas Jeff Gautier tells us about the powerful friendship between a young girl and a kappa in contemporary times. Finally, Guillaume Labrude continues his dark humorous comics started in our 3rd issue, introducing his heroine, Jézabel, to the Empire of the Dark Sun, a Fantasy counterpart of the Empire of the Rising Sun.

    Enjoy this journey into the magic of Japan, accompanied by the beautiful illustrations of Melle Sue, Véronique Thill, Sabine Rogard, Julie Ramel and Guillaume Labrude.

    Viviane Bergue

    Sommaire

    DE L’ORIGINE DES YÔKAI

    ECO-ANIMISME DANS LES FANTASY ANIME DE HAYAO MIYAZAKI - PRINCESSE MONONOKÉ, LE VOYAGE DE CHIHIRO, PONYO SUR LA FALAISE

    BROOMSTICKS AND BATHHOUSES: MODES OF CONNECTION IN HAYAO MIYAZAKI’S KIKI’S DELIVERY SERVICE

    NEIGES ÉTERNELLES

    NE TE FAIS PAS MANGER PAR LE KASHA

    ISEKAI AU PAYS DES MERVEILLES SANS-MERCI

    LA FANTASY JAPONAISE EN QUÊTE DE NOUVEAUX MONDES

    ENTRE MYTHES ET ÉPÉES : LA FANTASY CHEVALERESQUE RÉACTUALISÉE DANS LES PREMIERS JEUX VIDÉO JAPONAIS (RPGS DE 1986 À 2000)

    LA LEÇON DU COL DES PINS

    DE L’AUTRE CÔTÉ DU TORII DES MERLES

    UN VÉRITABLE AMI

    PROCHAIN NUMÉRO

    DE L’ORIGINE DES YÔKAI

    Annis-Rayan Bourefis

    Né en 1992, Annis-Rayan Bourefis est doctorant en neurobiologie à Paris. Passionné de science, féru de hip-hop et amoureux de son chat, il a été bercé toute sa vie par les livres, les mangas et les jeux vidéo. Les centaines de vies qu’il a vécues à travers eux l’ont finalement poussé à créer ses propres aventures. Sa plume est neuve et le fer de son style est encore à battre, mais la passion est plus ardente que jamais. Le mélange de science et de fantasy trace les lignes de son inspiration.

    Annis-Rayan Bourefis was born in 1992. He is a PhD candidate in Neurobiology in Paris. Fond of science, hip-hop and in love with his cat, he has grown up with books, manga and video games. The hundreds of lives he has lived through them, finally made him decide to create his own stories. His pen is rather new and the iron of his style still needs to be struck, but his passion is stronger than ever. The blend of science and fantasy traces the lines of his inspiration.

    Le ballotement de la barque avait fini par m’endormir lorsqu’une plainte lointaine, difficilement discernable, effleura mes oreilles. « Daru- dono  ! Daru- dono  ! Attention, votre livre ! »

    J’ouvris les yeux aussitôt. Mon corps penchait dangereusement sur la gauche, mes écrits à la main, sur le point de tomber dans l’eau. Pris de panique, je me redressai en agrippant mon cahier du bout des doigts pour enfin le serrer contre moi. Doucement, je posai une main sur le bord du bateau le temps que celui-ci se stabilise. Le nautonier était quant à lui toujours debout, impassible.

    « Il s’en est fallu de peu, jeune maître ! Pas trop secoué ?

    — Non, tout va bien, Okada-san, merci. Vous avez sauvé mon manuscrit, lui dis-je d’un rire courtois.

    — Il a l’air important.

    — Il s’agit des résultats de mon travail. J’ai mis plusieurs années à les mettre en œuvre. Plus qu’un chapitre et je le considère terminé.

    — Désolé, jeune maître, ajouta-t-il après une légère hésitation, mais j’ai aperçu quelques pages et certaines m’ont l’air bien effrayantes. Il parle de quoi, votre livre ? »

    L’embarcation stabilisée, je me retournai pour faire face au navigateur, ouvris mon recueil au niveau d’une page illustrée montrant une femme au cou long comme un serpent, et la tendis au vieil homme.

    « Eh bien, Okada-san, vous avez dû l’entendre au village, j’étudie les yôkai ! Je parcours le pays pour les répertorier et comprendre leur existence. Lorsque j’aurai fini cet ouvrage, tout le monde comprendra enfin qu’il n’y a rien à craindre d’eux et qu’il ne faut pas les haïr, qu’ils font partie de notre vie et que nous avons besoin d’eux. Trop de yôkai ont disparu à cause de la bêtise de l’hom…

    — Pouvez-vous éloigner ce dessin de moi, jeune maître ? coupa le vieux nautonier, le teint livide.

    — Allons, ne soyez pas effrayé par les rokurokubi ! À part leur long cou, ce sont des femmes comme les autres !

    — Mais celle-ci ressemble un peu trop à ma femme, » finit-il par me répondre, ce qui me fit ricaner.

    La balade avait beau être apaisante, et ce dernier rire libérateur, j’avais des difficultés à me détendre. Le ciel était couvert, ce qui empêchait la lune et les étoiles d’atténuer la noirceur nocturne. Seule la lampe à huile fixée à la proue brisait les ténèbres, et au fond de moi je priais pour qu’elle reste allumée encore longtemps. Ce n’était pas la première fois que je vagabondais en pleine nature dans une nuit aussi épaisse. Mais cette fois c’était différent. Depuis notre départ, je n’avais senti aucun vent souffler. Dans une région supposée venteuse, c’était étrange. Une brume s’était installée, rendant l’atmosphère encore plus étouffante. Et puis le souvenir du visage du chef du village plein d’effroi ne me quittait pas l’esprit. Je pensais avoir été envoyé pour une simple affaire de yôkai farceur, ou peut-être un peu agressif, qui embêtait les ouvriers d’une nouvelle carrière de pierre. Mais à la vue des ouvriers, je réalisai mon erreur. Je n’avais jamais vu de telles blessures. Des entailles si grandes et si profondes… J’avais affaire à un yôkai totalement inconnu.

    La barque s’approchait de la berge donnant sur un petit sentier qui retrouvait quelques mètres plus hauts le chemin principal de la carrière. À l’échouage du bateau, un frisson me parcourut l’échine. D’instinct, j’agrippai mon bâton et scrutai les alentours. Le vieux Okada semblait ne rien avoir remarqué.

    « Nous y voilà Daru-dono, dit-il. Suivez le sentier et après il suffit juste de… »

    Les anneaux présents à l’extrémité de mon bâton vibraient. Le nautonier était complètement immobilisé, la bouche encore ouverte. Je contournai le sort de paralysie aisément, mais je n’en trouvai pas la source. C’est à ce moment qu’un hurlement retentit d’entre les buissons.

    « Qui êtes-vous pour oser pénétrer mon domaine ?! Préparez-vous à mourir ! Je vous noierai puis vous mangerai, ha ha haaa ! »

    Je ne pus m’empêcher de sourire. La voix avait beau se vouloir menaçante, elle cachait difficilement un ton facétieux. Il n’y a qu’un type de yôkai farceur aux abords des rivières. La créature se révéla et confirma ma pensée. Elle n’était pas plus grande qu’un macaque. Elle tenait sur ses deux pattes arrière et présentait une carapace de tortue au dos. Sa bouche formait un bec et sa tête avait le crâne creusé rempli d’eau, le tout entouré d’une chevelure éparse. J’avais affaire à un jeune kappa. Il avait la patte antérieure tendue vers nous pour maintenir son enchantement magique. Je me levai pour lui faire face, un grand sourire aux lèvres, ce qui le dérouta quelque peu. Je me tins droit, le bâton près de moi et m’inclinai pour lui présenter mes salutations les plus formelles.

    « Bien le bonsoir, maître Kappa ! C’est un honneur d’être accueilli par une personne aussi noble que vous !

    — Le bonsoir à vous, chers étrangers, » fit-il en s’inclinant obligeamment.

    Lorsqu’il fit son salut, toute l’eau de son crâne s’écoula. Au même moment, Okada retrouva l’usage de ses jambes et s’agrippa à sa pagaie fébrilement.

    « Co-Comment avez-vous fait ? demanda le nautonier.

    — Pour vous libérer ? Simple, les kappas tirent leur pouvoir de l’eau contenue dans leur crâne, et malgré leurs vilaines farces, ce sont des êtres extrêmement polis. Ils répondront toujours à vos courbettes !

    — Je vous ai fait peur, hein ? fit le yôkai.

    — Non, pas trop, mais ça marchera peut-être la prochaine fois, lui dis-je en mettant pied à terre, ma besace et mon bâton dans chaque main. Okada-san, rappelez-moi le chemin que je dois emprunter, s’il vous plait. Vous étiez sur le point de le dire. Okada-san ? Non ! Okada-san, REVENEZ !

    — Désolé, jeune maître, fit-il en s’éloignant de la berge avec mon seul moyen de transport, mon travail est terminé, j’ai assez donné ! Suivez juste le sentier et ça ira ! Bonne chance ! Et s’il vous plait, ne revenez pas au village ! »

    Je me retrouvai seul, les pieds dans la boue, le regard blasé dirigé vers cette lampe à huile qui s’éloignait lentement, le rire narquois et interminable du kappa dans les oreilles.

    « Je me disais bien que vous aviez eu peur ! Quelle tête il a tiré !

    — Ce n’est pas drôle, comment je rentre maintenant ? dis-je exaspéré.

    — Ah, je me le demande. Je vous déconseille de traîner dans le coin en tout cas !

    — Pourquoi ? Quelque chose ne va pas ici ?

    — Comment, vous n’avez rien remarqué ?! Avec votre magie, là ?! La forêt se meurt ! Y a plus un écureuil ! C’est à cause des monstres, ça ! Ils ont foutu la pagaille !

    — Des monstres ? fis-je, interloqué. C’est la première fois que j’entends un yôkai parler de monstre.

    — Des monstres, je vous dis ! Avec des têtes de monstre ! Ils sont là-haut, près de l’autel ! Ils ont tout cassé ! D’ailleurs, justement, je m’en allais. Y a plus personne à taquiner. Je vais me trouver un autre buisson sur une autre rive. Adieu, sorcier ! »

    Le yôkai s’évanouit dans les méandres du fleuve peu après ces derniers mots. La première chose que je fis fut de tenter d’appeler des lucioles à l’aide de mon bâton pour éclairer mon chemin, mais en vain… Le kappa avait raison, le silence de la forêt était anormal. Je ne sentais aucun signe de vie, aucun mouvement dans les arbres ou les fourrés. Pas même les insectes. En maudissant le ciel de m’avoir enlevé l’éclairage de la lune, j’improvisai une torche à l’aide d’une branche sèche et d’un bout de parchemin que j’embrasai d’une friction des doigts et d’un léger souffle, puis j’entrepris la montée vers la carrière.

    Le chemin était long et pentu mais présentait peu d’obstacles. Cela rendait ma marche plus tranquille et me laissait ruminer les paroles du kappa. L’absence de vie était ma première inquiétude. Hormis les animaux qui avaient déserté, la forêt elle-même semblait ne plus tenir le coup. Certains buissons flétrissaient, des arbres avaient l’écorce altérée, et le sol était parsemé de feuilles mortes. En plein printemps ! Et pourquoi le kappa avait-t-il parlé de monstres ? Seuls les humains parlaient de monstres, et à chaque fois il s’agissait de yôkai.

    À mesure que j’avançais, je remarquai que des arbres avaient été déracinés. De nombreuses branches jonchaient le sol. Cela ne pouvait être

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