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Encore Heidi
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Livre électronique141 pages2 heures

Encore Heidi

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À propos de ce livre électronique

Un an après le succès de son roman "Heidi" en 1880, Johanna Spyri publia une suite, "Encore Heidi". Dans ce second et dernier volet, les rôles sont en quelque sorte inversés. Ce n’est plus la petite fille de la ville qui reçoit celle des Alpes, mais le contraire.

À Francfort, Clara désire ardemment rendre visite à Heidi pour découvrir l’univers de son amie. Malheureusement, l’hiver approchant et sa santé ne s’améliorant pas, tout voyage est rendu impossible dans l’immédiat pour Clara. Les deux amies devront patienter avant de pouvoir se retrouver.
LangueFrançais
ÉditeurE-BOOKARAMA
Date de sortie18 sept. 2024
ISBN9788829540440
Auteur

Johanna Spyri

Johanna Spyri was born in a small village called Hirzel, southeast of Zurich, Switzerland, on June 12, 1827, as the daughter of a country doctor. She went to school and was tutored at home, then studied languages and piano in Zürich. In 1852 she married lawyer Bernhard Spyri (1821-1884) and they had a son, Bernard (1855-1884). In 1871 Spyri started to write stories to raise money for refugees from the Franco-Prussian war, and her first full length story, Heidi, was published in 1881. She wrote many other stories and though some were successful, none of them matched Heidi for popularity or longevity. She died in Zurich on July 7, 1901.

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    Aperçu du livre

    Encore Heidi - Johanna Spyri

    ENCORE HEIDI

    Chapitre 1 - PRÉPARATIFS DE VOYAGE

    Le bon docteur qui avait décidé le retour de Heidi dans sa patrie traversait la rue dans la direction de la maison de Sesemann. C’était par une radieuse soirée de septembre, si lumineuse et si douce que tous les cœurs auraient dû en être réjouis. Et pourtant le docteur marchait, le regard fixé à terre sur les pavés blancs, sans même s’apercevoir du beau ciel bleu qui s’étendait au-dessus de sa tête. Son visage portait une expression de tristesse qu’on n’y avait jamais vue autrefois, et depuis le printemps ses cheveux étaient devenus tout gris. C’est que le docteur avait eu une fille unique qui faisait toute sa joie et avec laquelle il avait vécu dans la plus grande intimité depuis la mort de sa femme ; or, quelques mois auparavant, cette jeune fille lui avait été enlevée pleine de vie et de santé, et depuis lors, le docteur n’avait jamais repris sa gaîté d’autrefois. Au coup de sonnette qu’il fit entendre, Sébastien s’empressa d’ouvrir la porte d’entrée et le reçut avec force démonstrations de respect et de dévouement ; outre que le docteur était le plus intime ami du maître et de sa fille, son amabilité lui avait, comme partout, gagné le cœur de tous les habitants de la maison.

    – Rien de nouveau, Sébastien ? demanda-t-il avec sa bienveillance accoutumée à Sébastien qui montait l’escalier derrière lui, ne cessant d’exprimer par des gestes son respect et sa soumission, bien que le docteur qui lui tournait le dos ne pût apercevoir sa pantomime.

    – Tu as bien fait de venir, docteur, s’écria M. Sesemann en le voyant entrer. Il faut absolument que nous parlions encore une fois de ce voyage en Suisse, et que tu me dises si tu maintiens ton premier arrêt, maintenant qu’il y a un mieux sensible dans l’état de Clara.

    – Mon cher Sesemann, tu es toujours le même, répliqua le docteur en s’asseyant auprès de son ami. Je voudrais vraiment que ta mère fût ici ; avec elle au moins tout est clair et simple, et l’on va droit son chemin, mais avec toi on n’en finit jamais. Voilà la troisième fois que tu me fais venir pour te répéter la même chose.

    – Oui, tu as raison, cette affaire doit un peu t’impatienter ; mais, cher ami, ne me comprends-tu pas ? – Et ici M. Sesemann posa la main sur l’épaule du docteur comme pour faire appel à sa sympathie. – Il m’est dur de refuser à mon enfant une chose que je lui avais si fermement promise et dont elle s’est réjouie nuit et jour depuis plusieurs mois. C’est même l’idée de ce prochain voyage en Suisse et l’espérance de visiter bientôt son amie Heidi sur l’alpe qui lui ont fait supporter si patiemment cette dernière crise douloureuse. Et maintenant il me faudrait retirer tout d’un coup une espérance si longtemps caressée, à cette pauvre enfant qui est déjà privée de tant de jouissances ? Non, je ne le puis pas.

    – Sesemann, il le faut, répondit le docteur avec fermeté. Et comme son ami demeurait silencieux et abattu, il reprit au bout d’un instant : Représente-toi encore une fois à quoi en sont les choses : il y a des années que Clara n’a pas passé un aussi mauvais été que ce dernier, et il ne peut pas être question d’un long voyage sans qu’on ait à redouter les suites les plus fâcheuses. De plus, nous voici déjà en septembre ; il se peut qu’il fasse encore très beau sur l’alpe, mais il se peut aussi qu’il y fasse déjà froid ; les jours sont courts maintenant, et quant à rester là-haut et à y passer des nuits, impossible d’y songer pour Clara. Elle aurait donc à peine le temps de s’y arrêter, car on doit mettre au moins plusieurs heures de Ragatz à l’alpe, d’autant plus qu’il faudrait en tout cas la faire porter. Bref, Sesemann, ce n’est pas praticable. Mais, si tu veux j’irai avec toi auprès de Clara pour lui parler ; c’est une enfant raisonnable, et je lui ferai part de mon projet ; elle n’ira à Ragatz qu’au mois de mai prochain, et elle fera une longue cure de bains jusqu’à ce qu’il fasse bien chaud sur la montagne. Alors on pourra de temps en temps la monter à l’alpe, et, rafraîchie et fortifiée par la cure, elle jouira bien davantage de ces parties de montagne qu’elle ne le ferait maintenant. Tu comprends, Sesemann, que si nous voulons conserver quelque chance d’amélioration dans l’état de ton enfant, nous devons observer les plus grands ménagements et les soins les plus minutieux.

    M. Sesemann, qui avait jusque-là écouté en silence et avec une expression de triste résignation, releva tout à coup la tête et s’écria :

    – Docteur, dis-le moi en toute sincérité, conserves-tu vraiment quelque espoir d’un changement dans son état ?

    Le docteur haussa les épaules.

    – Bien peu, dit-il à demi-voix. Mais voyons, cher ami, pense un peu à moi ! N’as-tu pas une enfant qui t’aime, qui te désire quand tu es absent, et qui se réjouit de ton retour ? Lorsque tu rentres chez toi, tu ne trouves jamais la maison déserte, et tu ne t’assieds pas à une table solitaire. Ta fille aussi a de quoi être heureuse ; il est vrai qu’elle est privée de bien des choses dont les autres jouissent, mais sous combien de rapports n’est-elle pas plus privilégiée que tant d’autres enfants ! Non, Sesemann, vous n’êtes pas tant à plaindre, vous êtes bien heureux d’être ensemble ; pense à ma maison si solitaire !

    M. Sesemann s’était levé et parcourait la chambre à grands pas, selon son habitude lorsqu’il était fortement préoccupé. Il s’arrêta soudain en face de son ami, et lui frappant sur l’épaule :

    – Docteur, dit-il, j’ai une idée. Je ne puis plus te voir ainsi, tu n’es plus du tout comme autrefois ; il faut que tu sortes un peu de toi-même, sais-tu comment ? C’est toi qui vas partir pour la Suisse et qui iras de notre part visiter la petite Heidi sur son alpe !

    Cette proposition prenait le docteur par surprise, et il voulut d’abord s’en défendre ; mais M. Sesemann ne lui en laissa pas le temps. Tout enchanté de sa nouvelle idée, il saisit son ami par le bras et l’entraîna jusqu’à la chambre de sa fille. Le bon docteur était toujours le bienvenu auprès de sa malade, car il l’avait, de tout temps, traitée avec beaucoup d’affection et savait à chaque visite lui raconter quelque chose de drôle et d’amusant. Maintenant, il est vrai, il ne le pouvait plus ; Clara comprenait pourquoi, et elle aurait bien aimé pouvoir lui rendre de nouveau sa gaîté. Elle lui tendit la main dès qu’il entra dans la chambre, et il vint s’asseoir à côté d’elle. M. Sesemann approcha aussi un fauteuil, et prenant la main de Clara dans les siennes, il commença aussitôt à parler du voyage en Suisse, en disant combien lui-même s’en était réjoui. Il glissa légèrement sur le point principal, c’est-à-dire sur l’impossibilité d’entreprendre ce voyage pour le moment, car il appréhendait un peu les larmes, et il se hâta d’en venir à sa nouvelle idée en faisant observer à Clara quel bien ce voyage de plaisir ferait à leur excellent ami. Les larmes avaient été, en effet, bien près de couler et avaient rempli les yeux bleus de Clara, en dépit de tous ses efforts pour les refouler. Elle savait combien son père redoutait de la voir pleurer ; mais aussi, c’était dur de penser que tout était fini ; qu’elle ne ferait pas ce voyage auquel elle avait pensé tout l’été et dont la perspective avait été sa seule joie, sa seule consolation pendant ses longues heures de souffrance et de tristesse. Cependant elle n’avait pas l’habitude de contester avec son père, elle savait bien qu’il ne lui refusait que ce qui pourrait lui faire du mal ; aussi s’efforça-t-elle de ravaler ses larmes et de se tourner courageusement vers la seule espérance qui lui restât. Elle saisit la main de son ami, et tout en la caressant, elle lui dit de son ton câlin :

    – Oh ! oui, n’est-ce pas, docteur, vous irez chez Heidi, et vous reviendrez ensuite me raconter comment c’est là-haut, ce que fait le grand-père, et Pierre aussi, et ses chèvres ! Je les connais si bien ! Et puis vous emporterez le paquet que je veux envoyer à Heidi ; je sais déjà tout ce que je veux y mettre, et aussi quelque chose pour la grand’mère. Oh ! docteur, allez-y, je vous en prie ! Pendant ce temps je prendrai de l’huile de foie de morue tant que vous voudrez !

    On n’a jamais pu savoir si ce dernier argument décida l’affaire ; mais il faut le croire, car le docteur sourit en répondant :

    – Alors, je vois bien qu’il faut que j’aille, Clara, et tu deviendras bien grasse et bien rondelette comme nous voudrions t’avoir, ton papa et moi. Et quand faut-il que je parte, dis-moi, l’as-tu déjà décidé ?

    – J’aimerais bien que ce fût déjà demain de bonne heure, docteur, répondit Clara.

    – Au fait, elle a raison, interrompit le père ; le soleil brille, le ciel est bleu, il n’y a pas une minute à perdre. Ce serait dommage de raccourcir d’un seul jour le temps que tu pourrais passer sur l’alpe.

    Le docteur ne put s’empêcher de rire un peu en disant :

    – Bientôt tu vas me reprocher d’être encore ici, Sesemann ; aussi ferais-je mieux de m’en aller.

    Mais comme il se levait pour partir, Clara le retint par le bras. Elle avait encore à lui confier tous ses messages pour Heidi et à lui énumérer une quantité de choses qu’il devait bien regarder pour pouvoir à son retour lui raconter ce qu’il aurait vu. Quant à l’envoi pour Heidi, on le ferait parvenir au docteur plus tard dans la journée, parce qu’il fallait d’abord que M lle Rottenmeier aidât à tout empaqueter ; et dans ce moment elle était sortie pour une de ses expéditions en ville dont elle ne revenait jamais de sitôt.

    Le docteur promit de s’acquitter exactement de toutes les commissions, de se mettre en route, sinon le matin de bonne heure, au moins dans la journée du lendemain, et de venir à son retour rendre un compte fidèle de tout ce qu’il aurait vu et de tout ce qui se serait passé.

    Les domestiques ont souvent un don tout particulier pour saisir ce qui se passe chez leurs maîtres, longtemps avant que ceux-ci leur en aient dit un mot, Sébastien et Tinette devaient posséder ce don au plus haut degré. Au moment où le docteur descendait l’escalier accompagné de Sébastien, Tinette entrait dans la chambre de Clara qui l’avait sonnée.

    – Allez faire remplir cette boîte de petits gâteaux tendres et bien frais, comme ceux que nous avons pour le café, Tinette, dit Clara en désignant une boîte qu’elle avait depuis longtemps préparée pour cela.

    Tinette prit par un coin l’objet désigné, en le balançant au bout de ses doigts d’un air dédaigneux, et, arrivée à la porte, elle lança cette remarque impertinente :

    – Ça vaut bien la peine !

    Quant à Sébastien, lorsqu’il eut ouvert la porte d’en bas avec sa politesse accoutumée, il dit en s’inclinant :

    – Est-ce que Monsieur le docteur aurait la bonté de saluer la petite Mamselle de la port de Sébastien ?

    – Tiens, tiens, Sébastien, répondit le docteur avec bonté, vous savez donc déjà que je pars

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