Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

À partir de $11.99/mois après l'essai. Annulez à tout moment.

Ingeta: dictionnaire citoyen pour une insurrection des consciences
Ingeta: dictionnaire citoyen pour une insurrection des consciences
Ingeta: dictionnaire citoyen pour une insurrection des consciences
Livre électronique468 pages4 heures

Ingeta: dictionnaire citoyen pour une insurrection des consciences

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Le livre dictionnaire #Ingeta ne fait pas qu'expliquer les expressions et les concepts; il déconstruit le "discours officiel" que "les maîtres du monde et ceux qui leur obéissent" imposent depuis tout un temps. Il déconstruit, tant soit peu, la "novlangue" en restant très attaché à la réécriture de l'histoire du Congo-Kinshasa.

Chaque page de ce livre expliquant un mot ou une expression résume à grands traits l'histoire du pays de Lumumba depuis la guerre de l'AFDL (et même un peu tôt) jusqu'à ce jour. Telle est "la magie" de ce dictionnaire. Il retient certaines dates et revient sur certains événements ayant marqué la vie du pays de Kimpa Vita ces dernières années.

Etat raté, Etat manqué, guerre de basse intensité, glissement, gouvernement fantoche, Etat profond, vidéosphère, Washington, etc. Tout ceci est expliqué. Mais aussi Genval, Ile de Gorée, etc.

Mais pourquoi faire? Pour une insurrection des consciences au coeur de l'Afrique.

"#Ingeta. Dictionnaire citoyen pour une insurrection des consciences" vient rappeler que l'usage des mots n'est pas innocent. Il est un essai audacieux de déconstruction de la "novlangue" au Congo-Kinshasa.
LangueFrançais
Date de sortie21 déc. 2017
ISBN9782955726631
Ingeta: dictionnaire citoyen pour une insurrection des consciences
Auteur

Esimba Ifonge

Esimba Ifonge est cofondateur de Thinking Africa, think-tank spécialisé sur les enjeux de paix en Afrique, et de la plateforme #Ingeta qui a pour ambition de réinventer le Congo.

Auteurs associés

Lié à Ingeta

Livres électroniques liés

Sciences sociales pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Ingeta

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Ingeta - Esimba Ifonge

    DU MÊME AUTEUR

    Le Congo post-Kabila par la diaspora congolaise (livre collectif sous la direction de Freddy Mulongo), Paris, Edilivre, 2010.

    La République Démocratique du Congo face au complot de balkanisation et d’implosion (livre collectif, sous la direction de J. Kankwenda Mbaya et F. Mukoka Nsenda), Kinshasa – Montréal-Washington, ICREDES, 2013.

    Les congolais rejettent le régime de Kabila (livre collectif sous la direction de Fweley Diangitukwa), Vevey, Monde Nouveau/Afrique Nouvelle, 2015.

    Le Manifeste de la démocratie participative en République Démocratique du Congo, sous la direction de Mbelu Babanya Kabudi, Artisans de paix/Appeace, 2016.

    A quand le Congo ? Réflexions & propositions pour une renaissance panafricaine, Paris, Congo Lobi Lelo, 2016.

    Ce livre dictionnaire a été conçu et élaboré, par Esimba Ifonge, sur la base de près de 200 interviews de Jean-Pierre Mbelu, réalisées entre janvier 2012 et juillet 2016. Il est publié par Congo Lobi Lelo.

    Congo Lobi Lelo est une communauté d’idées, intérêts et initiatives avec une triple ambition :

    Proposer des idées pour résoudre les problèmes auxquels les Congolais font face aujourd’hui

    Promouvoir et diffuser l’intelligence congolaise à tous les niveaux

    Développer une communauté autour de la refondation du Congo et de l’Afrique

    Si vous souhaitez mieux connaître Congo Lobi Lelo, il vous suffit de visiter notre site : www.congolobilelo. com

    Que signifie Ingeta ?

    Ingeta signifie «qu’il en soit ainsi» en Kikongo, une des quatre

    langues nationales du Congo-Kinshasa. Ingeta est une expression

    mobilisatrice avec une dimension prophétique. Ingeta, c’est

    aujourd’hui, le cri de ralliement de tous les congolais et amis du

    Congo qui s’engagent dans le long chemin de la libération de la

    République Démocratique du Congo.

    Nous ne devons pas nous laisser envahir par ce passé, nous devons

    l’observer et le comprendre comme expérience, douloureuse, oui,

    mais, néanmoins, une expérience. Appréciée en tant que telle, nous

    pouvons affirmer que ce moment n’est que transitoire.

    L’expérience contient en elle-même l’idée d’un dépassement, elle

    ne saurait être statique, et encore moins déterministe. C’est un

    concept dynamique qui incite à l’action et, ici, au dépassement.

    BÉNÉDICTE KUMBI NDJOKO,

    Créer en post-colonie. 2010-2015.Voix et dissidences belgo-congolaises¹

    La vérité et la justice sont ce dont nous avons le plus grand besoin

    aujourd’hui pour ne pas avoir honte de nous-mêmes, ne pas

    désespérer de nous et de notre continent.

    AMINATA TRAORE,

    L’Afrique humiliée²


    1 Créer en post-colonie 2010-2015.Voix et dissidences belgo-congolaises, sous la direction de Sarah Demart et Gia Abrassart, Bozar & Africalia, 2016, p308.

    2 L’Afrique humiliée, Aminata Traoré, Pluriel, 2014, page 87.

    TABLE DES MATIERES

    Préface

    Ingeta !

    Introduction

    Comprendre ce qui se trame au Congo

    A

    Accès aux matières premières

    Accord cadre d’Addis-Abeba

    Activisme politique

    Afrique du Sud

    Allemagne

    Alternance politique

    Alternative politique

    Amérique latine

    Anthropologique

    Appauvrissement anthropologique

    Apprendre/Approfondir

    Argent

    Article 64 de la Constitution congolaise

    Article 220 de la Constitution congolaise

    Auto-défense populaire

    Autorité

    Autosatisfaction du gouvernement fantoche de Kinshasa

    B

    Banditisme d’Etat

    Bataille des idées

    Beni

    Bien commun

    Bilan du Congo depuis la date du 30 juin 1960

    Bomoto

    Bourgeoisie nationale

    Bourse régionale de matières premières du Rwanda (East African Exchange)

    BRICS

    Brzezinski

    C

    Camps (Les deux camps au Congo)

    Camps de concentration

    Cannibalisation de l’Afrique

    Capitalisme du désastre (Les effets)

    Capitalisme sénile

    CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante)

    Centrafrique

    Chance eloko pamba

    Chasseurs de matières premières

    Chebeya (l’affaire)

    Choix congolais

    Classe politique congolaise

    Cohésion nationale

    Collectifs citoyens

    Colonie américaine et pro-occidentale

    COMESA (Marché commun de l’Afrique orientale et australe)

    Communauté internationale

    Communauté occidentale

    Complexe d’infériorité

    Concertations nationales

    Conférence Episcopale du Congo (CENCO) et la protection de la constitution

    Conflits au Congo

    Congo Bashing

    Conseil d’insécurité des Nations Unies

    Consultations populaires

    Contrat social

    Contre-pouvoir

    Corruption des élites congolaises

    Court terme

    Coup d’Etat permanent au Congo

    Cour Pénale Internationale (CPI)

    Crédibilité des (dirigeants) pays occidentaux

    Criminalisation des congolais

    Crise de légitimité

    D

    Débattre

    Debout

    Décideurs

    Déclarations du pouvoir usurpateur de Kinshasa

    Déformatage

    Del Ponte, Carla

    Démocratie

    Dépouiller

    Destruction de l’Afrique

    Détournement d’argent à l’assemblée nationale congolaise

    Dette odieuse

    Développer de nouveaux modes de collaboration

    Dictateur

    Différentes rébellions au Congo depuis 1996

    Dirigeants politiques

    Discours de Kabila

    Divergence (de points de vue)

    Diviser pour régner

    Division du travail

    Don/ aide humanitaire

    Double jeu

    Droits fondamentaux et libertés fondamentales

    Drones

    E

    Education

    Eglise catholique

    Elections

    Emancipation du Congo

    Ennemis du Congo

    Enquête

    Enrichissement sans cause

    Entêtement

    Etat raté

    Etat manqué du Congo

    Etat profond américain

    Esclavage volontaire

    Essentiel

    Esprit d’abnégation

    Esclave

    Etats voyous

    Esclaves heureux congolais

    Evénement profond

    Europe (et son aide à l’Afrique)

    Exacerbation de la haine

    Expulsion du Congo-Brazzaville

    Extermination des congolais

    Extraversion des congolais

    F

    FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo)

    Fausseté

    16 février 1992

    Financement des activités politiques

    (La) Fin de l’histoire

    Fonds Monétaire International (FMI)

    Forces mobilisatrices congolaises

    Fossé

    Fosses communes

    Foule

    Front citoyen

    Fronts

    G

    Garde-fous dans les processus démocratiques et électoraux

    Genval

    Glissement

    (Ile de) Gorée

    Gouvernement

    Guerre contre les congolais

    Guerre perpétuelle au Congo

    H

    Hégémonie tutsi

    Histoire (Maîtriser notre histoire)

    Hugo Chavez

    Human Rights Watch (HRW)

    I

    Identité flottante

    Idolâtrie au Congo

    Illusion ethnique

    Imaginaire alternatif

    Immigration congolaise

    Implosion de la RD Congo

    Impuissance organisée

    Indépendant

    Incursion Ougando-rwandaise au Congo

    Indice du développement humain

    Indigents

    Infantilisation de la classe politique congolaise

    Information

    Infiltration rwandaise dans l’armée congolaise

    Intellectuels critiques

    Insécurité dans la région des Grands Lacs

    Institutions financières internationales

    J

    19-21 janvier 2015

    Jeu de dupes

    30 juin 1960

    Jungle

    Justice au Congo

    K

    Kabila dégage

    Kabila, Joseph

    Kabila, Laurent-désiré

    Kagame

    Katangais

    Kassem (rapport)

    Katumbi

    Kengo

    Kodjo, Edem

    Kuluna (& Pomba)

    L

    Leader

    Leadership collectif

    Lobbying populaire

    Lumumba

    Lumumbisme

    Lutte

    M

    M23

    Machozi, Vincent

    Majorité présidentielle

    Malula

    Mandela, Nelson

    Masambakanyi

    Masse critique

    Masses populaires

    Mater

    Maturation politique

    Médias dominants

    Médiations internationales

    Méditerranée

    Mende

    Mépris

    Misère

    Misère intellectuelle

    Mobutisme

    Monde multipolaire

    Monnaie de singe

    Mouvement (partant) de la base

    Munzihirwa

    N

    Navigation à vue

    Ndala, Mamadou

    Ndongala, Diomi

    Néantisation

    Néocolonisation

    Négocier

    Nègres de service

    Niveaux

    Nouveau riche

    26 novembre 2011

    Ntaganda, Bosco

    O

    Obsession pour le processus électoral

    Occidentaux

    Occupation de la RD Congo

    Oiseau rare

    Onana, Charles

    ONU au Congo

    Opposition/ organisation politique au Congo

    Organisations Non Gouvernementales (ONG)

    OST (Plan)

    P

    Paradigme

    Participation citoyenne

    Patriote

    Péché originel

    Pensée politique

    Persévérer

    Perte du sens de la vie

    Peuple

    Peur du grand Congo

    Philanthropes occidentaux

    Pillage

    Politique de l’autruche

    Politique de la chaise vide

    Prise en otage du peuple congolais

    Processus démocratique au Congo

    Processus politique au Congo

    Prétexte

    Prison

    PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie)

    Q

    Que faire ?

    R

    Racisme américain

    Radio Okapi

    Rapport de force

    Rapports sur les droits de l’homme et la justice au Congo

    Réalisme politique

    Référendum

    Reformater les Congolais

    Repli identitaire ou communautaire

    Répression au Congo

    Réseau mafieux

    Réseau transnational de prédation

    Résistance

    Révision constitutionnelle

    Révolution

    Révolution culturelle

    Révolution idéologique

    Rôle de la diaspora congolaise

    Rôle des Nations Unies

    Ruberwa

    Rupture

    Rwanda

    S

    Sanctions américaines

    Seigneurs de la guerre

    Sénat mobutiste

    Silence des élites congolaises

    Se prendre en charge

    Socialisme du 21ème siècle et le Congo

    Soumission des congolais

    Sous-humain

    Souverain

    Souveraineté du Congo

    Stabilité régionale

    Structure supra-partisane

    Sun City

    « Supergénocide » congolais

    Surpopulation du Rwanda

    Survie

    Syrie

    Système judiciaire au Congo

    Système néolibéral

    T

    Temps long

    Terrorisme

    Tragédie du peuple congolais

    Traité, accord, partenariat

    Tribalisme

    Tshididi

    Tupangu

    U-V

    Un pour cent (1%)

    Union Européenne

    USAID

    Vacuité

    Vendeurs d’armes

    La vérité dévoilée

    Véritable dialogue

    Vidéosphère

    Violation de la constitution

    Viol de l’imaginaire

    W, X, Y & Z

    Washington

    Wemba (Papa)

    Xénophobie

    Yoweri Museveni

    Zaïrianisation

    Conclusion

    Notre part, à nous congolais(es), est immense !

    Postface

    Pour notre dignité et la souveraineté de nos terres

    Chez le même editeur

    PRÉFACE

    Ingeta !

    Si quelqu’un t’a mordu, il t’a rappelé que tu as des dents.

    AHMADOU KOUROUMA, En attendant le vote des bêtes sauvages

    L’historien burkinabè, Joseph Ki-Zerbo, a été très clair là-dessus : Si nous nous couchons, nous sommes morts ³. Alors, nous devons rester debout. Et face à la guerre multiforme menée contre nous depuis vingt ans, face à l’affaiblissement de nos institutions politiques et culturelles, face à la destruction des liens sociaux, culturels et historiques qui fondent nos identités, les congolais se mettent, épisodiquement, debout pour lutter. Marches, manifestations, conférences, actions coup de poing, les congolais montrent, depuis 2011, notamment, qu’ils sont effectivement debout. Et qu’ils sont capables d’indignation, de résistance et de colère. Ce sont des signes qui attestent cette volonté de ne pas se coucher. Mais dans cette guerre d’usure, pour durer, pour demeurer debout, il est crucial, au-delà de l’importance de se révolter et de résister, de penser nos réalités, «de théoriser et comprendre le réel, pour éclairer nos actions ⁴». Des actions qui ont pour but ultime la réinvention du Congo-Kinshasa et de l’Afrique.

    La récupération de la narration de notre histoire

    C’est à ce niveau que le travail de l’abbé Jean-Pierre Mbelu révèle toute sa pertinence. Originaire de la République démocratique du Congo, où il a été ordonné prêtre en 1988, l’abbé Mbelu officie à Nivelles, en Belgique. Philosophe de formation, il est surtout un analyste politique prolifique, avisé et sollicité. Depuis 2006, M. Mbelu publie, en moyenne, un article par semaine sur les enjeux politiques, économiques et sociétaux du Congo-Kinshasa, avec comme trame de fond, l’idée selon laquelle informer est une manière d’agir sur notre environnement et sur le monde. Depuis 2006 également, dans le cadre d’une émission vidéo initiée et présentée par l’activiste politique Etienne Ngandu, de Congo One, M. Mbelu analyse, une fois par semaine, l’actualité congolaise ainsi que les enjeux auxquels les congolais sont confrontés au quotidien. Le 6 avril 2016, lors de l’émission célébrant les 10 ans de cette collaboration médiatique⁵, M. Mbelu souligne la nécessité du travail d’analyse et de la récupération de la narration de notre histoire en ces termes :

    Les pays qui veulent aller de l’avant doivent pouvoir consacrer une bonne partie de leur temps à l’étude des questions liées à leur histoire, aux événements tragiques qu’ils rencontrent, et à l’étude des questions liées à l’autre. Un pays qui veut aller de l’avant doit pouvoir avoir certains de ses fils et de ses filles qui consacrent beaucoup de temps à l’étude. Et malgré les difficultés qu’ils rencontrent, nous pouvons faire l’éloge des pays dans lesquels nous vivons. Parce qu’ils consacrent énormément de temps et de moyens à l’étude, à la recherche et à l’archivage des résultats de ces études. Ce qui fait que nous soyons colonisables par ces pays, c’est aussi parce qu’ils ont cette capacité à avoir des archives auxquelles ils recourent pour savoir sur quel pied danser ou pouvoir consulter l’héritage de leurs ancêtres dans cette œuvre de l’appropriation des autres contrées du monde.

    Lancé officiellement le 4 janvier 2012, avec l’ambition de réinventer le Congo et les relations entre congolais, à partir de l’information, de la formation et des idées partagées, la plate-forme Ingeta.com s’est immédiatement appuyée sur les apports et réflexions de l’abbé Mbelu. Si, aujourd’hui cette plate-forme inclut, entre autres, des initiatives comme le journal Ingeta, le projet Congo Lobi Lelo, Le réseau Telema. org, l’institut Kimpa Vita et le Campus Congo, le savoir partagé et le sens des actions menées demeurent au cœur de nos préoccupations. C’est en raison de ce souci de la conquête des cœurs et des esprits, que la plate-forme Ingeta.com décrypte, diffuse et relaie, depuis 2012, les interventions vidéo de l’abbé Mbelu avec Etienne Ngandu.

    Ce livre, #Ingeta. Dictionnaire citoyen pour une insurrection des consciences, est le fruit de cette collaboration. Nous avons revisité près de 200 interventions, de janvier 2012 à juillet 2016, extrait des termes clés et transformé les contenus en un dictionnaire, avec une triple ambition :

    - Exposer l’inversion sémantique dans le langage politique et médiatique

    - Donner des clés de lecture et de compréhension de l’actualité congolaise et africaine

    - Inciter les lecteurs à réfléchir en termes d’agenda, vision et protocoles

    Pour un nouveau départ...

    Dans le film The Great Debaters qui relate, dans les années 1930 aux USA, le parcours d’une équipe d’étudiants noirs débatteurs, sous fond de racisme, Denzel Washington, acteur principal et réalisateur du film, attire notre attention sur la nécessité de disposer de notre propre dictionnaire. En effet, au moment où il sélectionne son équipe de débatteurs qui va devoir affronter les différentes universités du pays, il leur dit qu’ils doivent créer leur propre dictionnaire. Voilà ce qu’il leur dit exactement : «Rédigez votre propre dictionnaire et considérez qu’il s’agit pour vous d’un nouveau départ⁶.»

    Dans le contexte de la guerre idéologique qui est menée contre les Congolais et les Africains, et la bataille des idées que, nous Congolais et Africains, nous nous devons de remporter, c’est exactement ce que nous avons fait avec ce lexique que nous vous proposons. A travers les termes que nous avons sélectionnés et avons redéfinis, nous nous efforçons de donner des clés pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons et ce qui nous arrive collectivement d’une part, et de suggérer des pistes de solutions pour aider les peuples congolais et africains à sortir du système destructeur et mortifère dans lequel ils sont plongés, d’autre part.

    Et ce travail d’analyse et de décryptage que nous réalisons doit avoir pour conséquence ce nouveau départ dont il est question. Ce nouveau départ est tout simplement l’insurrection des consciences dont nous avons besoin, cette capacité d’indignation pouvant conduire aux actions collectives. Pourquoi ? L’abbé Mbelu en donne les raisons :

    L’insurrection des consciences vient de la connaissance approfondie de l’autre et de soi, et du partage en conscience de cette connaissance-là, avec les masses populaires. […] L’insurrection des consciences naît de la conscience, de la connaissance mais surtout de la combinaison de la connaissance et de la prise de conscience des faits face auxquels nous sommes placés et des faits étudiés, situés dans un temps long au cours de l’histoire. Quand nous faisons ce travail, quand nous avons cette connaissance, l’insurrection des consciences projette, ceux qui s’insurgent, dans l’avenir⁷.

    Si le livre A quand le Congo ? est une boîte à outils et idées pour réinventer le Congo et l’Afrique, ce livre, #Ingeta. Dictionnaire citoyen pour une insurrection des consciences, est la boussole qui vous guide et oriente dans cette perspective. Ingeta !

    Esimba Ifonge,

    Congo Lobi Lelo


    3 Joseph Ki–Zerbo, A quand l’Afrique ? (Entretien avec René Holenstein), Ivry-sur-seine, Editions de l’Atelier, 2013.

    4 Institut Thinking Africa, «Capitalisme, flux migratoires et révolution africaine», entretien avec Saïd Bouamama, ThinkingAfrica.org, 9 février 2016.

    5 «L’importance du travail d’analyse, la nécessité d’avoir des médias alternatifs et la lutte contre la domination culturelle», Ingeta.com, 6 avril 2016. URL : http://wp.me/p23tlw-2b1

    6 Denzel Washington, The Great Debaters (Les grands débatteurs), Harpo Productions, 2007.

    7 Jean-Pierre Mbelu (entretiens avec Esimba Ifonge), A quand le Congo ? Réflexions & propositions pour une renaissance panafricaine, Congo Lobi Lelo 2016.

    INTRODUCTION

    Comprendre ce qui se trame au Congo*

    Il nous semble important de revisiter régulièrement notre histoire

    immédiate telle que nous sommes en train de la réécrire pour

    mieux baliser le chemin de notre devenir collectif. L’amnésie

    nous gagne rapidement. Les bourreaux de notre peuple, de notre

    économie, les conquérants de nos terres, de nos forêts, de nos eaux

    et de nos savanes nous dribblent facilement sur le terrain de la

    démocratie, des élections et des droits de l’homme dans lesquels

    ils ne croient pas. Par larbinisme, nous en faisons bêtement et

    rapidement « nos pompiers ».

    Dès que nous perdons de vue que la sous-région des Grands Lacs africains est en guerre depuis les années 1990, il peut devenir difficile d’interpréter certains faits et gestes de différents acteurs impliqués dans cette partie du continent africain. Pourquoi y a-t-il eu cette guerre ? Qui l’a orchestré ? Cette guerre de nature raciste vise l’extermination des peuples habitant cet espace géographique, l’accès aux matières premières stratégiques dont il regorge, le contrôle du marché de l’Afrique de l’est, le contrôle des terres, des mers et des océans. Les acteurs pléniers de cette guerre sont les anglo-saxons commis au service de leurs multinationales. Ils ont utilisé (et utilisent encore) des proxys ougandais, rwandais, burundais, congolais, etc. pour réaliser ces objectifs géopolitiques.

    Ces anglo-saxons tiennent à réaliser le rêve de l’un des leurs, Cecil Rhodes. Son rêve était de conquérir cette partie riche de l’Afrique du Caire au Cap. Il jugeait indignes les peuples habitant cette partie du monde et estimait qu’ils faisaient la honte de l’humanité. Pour réaliser ce rêve, les anglo-saxons ont, à un certain moment, choisi de jouer dans l’ombre et de mettre sur le devant de la scène leurs «vassaux» africains. Ils les ont aidés à étoffer des «idéologies religieuses et politiques» pour mieux les instrumentaliser. Souvent, dans l’histoire, ils se sont servis ou de la religion ou des minorités pour réaliser leurs objectifs.

    L’Afrique doit s’unir

    Dans cette partie de l’Afrique, ils aident certains «Tutsis» à comprendre qu’ils sont «une race exceptionnelle», qu’ils sont «les descendants du roi Salomon» et qu’ils ont une mission : «Soumettre les Bantous majoritaires pour mieux construire leur Tutsi power.» Cette instrumentalisation de «l’ethnie tutsi» s’accompagne de l’expansion des «églises de réveil» à même de trouver des fondements bibliques à cette supercherie. Créer des croyances religieuses fondamentalistes ancrées est une arme extraordinaire dans les guerres que les Anglo-saxons mènent par proxys interposés. Où se trouve la supercherie ? Elle est dans la manipulation des minorités fragiles (soutenues en sous-main) pour soumettre les majorités. Elle est dans la politique du diviser pour régner. Cela d’autant plus que les efforts déployés pour manipuler les minorités afin qu’elles soumettent les majorités finissent par produire de la haine et créer des murs infranchissables.

    La sous-région des Grands Lacs en est là. Un groupe de tutsis convaincu de «sa mission divine» et de «sa supériorité raciale» est prête à tout pour soumettre l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi, la Tanzanie, le Kenya et le Congo-Kinshasa. Cette guerre raciale et religieuse instrumentalisée par les Anglo-saxons se sert des élections, de la démocratie et du respect des droits de l’homme comme appâts. Les politicards divertis par ces «pièges-à-cons» n’ont le temps ni de réfléchir aux véritables enjeux, ni celui des créer des grands mouvements transfrontaliers pour combattre la supercherie susmentionnée.

    Nous ne le dirons jamais assez. Tant que les Africains du centre, du Sud, de l’Est et de l’Ouest n’auront pas compris que l’Afrique doit s’unir⁸, tant qu’ils ne s’engageront pas dans des processus d’intégration sécuritaire, politique, économique, culturel et environnemental, ils seront les jouets des «malins anglo-saxons» et des autres. Ne nous leurrons pas. La montée de la Chine et de la Russie sur l’échiquier mondiale va corser la guerre à mort entre les grands blocs en dépit des apparences. Ils vont s’opposer pour le partage du monde. (Pendant que les politicards congolais parlent des élections, de la démocratie et des droits de l’homme. Pitoyables !) Les grands blocs vont s’opposer pour le contrôle des terres, des mers, des océans et des terres. Depuis la nuit des temps, «la stratégie du chaos» est liée à cette guerre géopolitique⁹.

    Les élections, la démocratie et les droits de l’homme sont, dans cette guerre géopolitique et géostratégique, considérés comme des «objectifs illusoires». La Chine et la Russie l’ont plus que compris. Elles ont travaillé à la conquête de leur souveraineté économique, politique, culturelle, sécuritaire et sociale sans trop se préoccuper des critiques hypocrites des «petites mains» des «usurpateurs occidentaux». Elles ont compris que le mot «démocratie» a été tellement édulcoré qu’il a fini par signifier «soumission aux diktats du 1% des oligarques occidentaux». Plusieurs politicards congolais ne semblent pas encore avoir déchiffré la véritable signification de «la démocratie du marché» imposée par les urnes et financée par «la communauté internationale». Ils préfèrent, consciemment ou inconsciemment, jouer le rôle des «élites compradores» au nom de «la démocratie trafiquée» par ceux-là même qui ont réussi à neutraliser le suffrage universel dans plusieurs pays du Nord. La Grèce est un cas récent.

    D’où viendra le salut ?

    Disons qu’au Congo-Kinshasa, le mythe de la démocratie et des élections «apaisées, libres et transparentes» devient de plus en plus un problème de propagande, de croyance non soumise à la critique et de fanatisme. Il faut à tout prix faire comme les autres en oubliant les acteurs pléniers de la guerre raciste faite depuis les années 90 ou en les reconvertissant, pour des motifs de larbinisme, en «pompiers». A quoi pourrait conduire cette foi aveuglée et aveuglante en la démocratie ? A une mascarade électorale au cours de laquelle «un dauphin du raïs» ou «le raïs» lui-même pourrait être élu et applaudi après qu’il aura promis, cette fois-ci, pour les cinq ans à venir, «une croissance inclusive» après les plus de 80% de pauvres produits par «la croissance non-inclusive» depuis plus de quinze ans. Pourquoi est-ce que nous pensons à cette hypothèse ?

    Parce que «le raïs», selon ses «parrains», a très bien travaillé. Avec l’appui des Institutions Financières Internationales, il a mis en œuvre un régime agressif et répressif. Celui-ci a permis aux transnationales exportatrices de matières premières de faire des profits mirobolants sans réinvestissement au Congo-Kinshasa. Il a permis un climat favorable à l’investissement privé et au rapatriement des profits. Ceci a permis un enrichissement de ces transnationales et un appauvrissement du Congo-Kinshasa. Et avec plus de 80% d’appauvris, «le raïs» a créé «une armée des Kulunas» prête à faire la peau à tous les Congolais qui penseraient que «son ami» n’a pas fait du bon travail. Créer «une armée de réserve de Kulunas» présente un double avantage. Il permet de justifier la répression quand les promesses faites aux «élections-pièges-à-cons» ne sont pas tenus. Il permet aussi de monter cette «armée de réserve» contre ceux qui, faisant allusion aux promesses non tenues, remettent en question «le pouvoir-os» en place.

    Le Congo-Kinshasa d’aujourd’hui est un pays sous la tutelle de l’ONU. Ses ONG, son armée et sa police ainsi que plusieurs de ses institutions sont infiltrées par les proxys des anglo-saxons. D’où viendra le salut ? Du dépassement des egos surdimensionnés, de la mobilisation des jeunes, des mamans et des masses paysannes autour de la protection de notre identité collective, de nos terres, de nos eaux, de nos forêts, la création des espaces de sécurité partagée avec les pays voisins, etc. au nom de la souveraineté populaire. Le reste, c’est du blabla. Les enjeux politiques, géopolitiques et géostratégiques du Congo-Kinshasa sont là : la protection des terres et des eaux ; la protection des vies, des savanes et des forêts, la construction d’un pays émancipé de toute forme de tutelle et d’occupation étrangère. Qui aborde ces thèmes actuellement en en indiquant le lien avec la guerre raciste de prédation livrée au Congo-Kinshasa depuis les années 1990 ? Qui dit aux Congolais(es) clairement que si nous ne nous mettons pas ensemble pour protéger

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1