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Pour un développement rural intégré à Madagascar: L'oeuvre d'une vie
Pour un développement rural intégré à Madagascar: L'oeuvre d'une vie
Pour un développement rural intégré à Madagascar: L'oeuvre d'une vie
Livre électronique254 pages2 heures

Pour un développement rural intégré à Madagascar: L'oeuvre d'une vie

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À propos de ce livre électronique

Missionnaire jésuite, Michel Hubert a passé plus de cinquante ans au service du "paysannat" malgache. La création d'un centre de formation pour agriculteurs et artisans, qui accueillit jusqu'à cent apprenants, compte parmi ses réalisations majeures. Novateur en son temps, il s'ingénia, avec son équipe, à développer de nombreuses techniques pour un "mieux-vivre" des populations rurales.
Pour retracer ses actions depuis son arrivée à Madagascar, en 1962, il a fallu multiplier les entretiens et investir les archives. Au terme de cette enquête, une formidable histoire se dévoile, riche en surprises et en émotions, porteuse d'espoirs malgré les déconvenues.
LangueFrançais
Date de sortie14 nov. 2016
ISBN9782810627806
Pour un développement rural intégré à Madagascar: L'oeuvre d'une vie
Auteur

Catherine Lonchambon

Historienne archéologue de formation, Catherine Lonchambon est restée plus de trois ans à Madagascar. A son retour, profondément marquée par ce qu'elle y a découvert, en particulier aux côtés du frère Hubert, elle a décidé de s'investir dans l'agro-écologie.

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    Aperçu du livre

    Pour un développement rural intégré à Madagascar - Catherine Lonchambon

    Sommaire

    Pages de titre

    Pour un développement rural intégré  à Madagascar

    Dédicace

    Avant-propos

    Prologue

    L'antre aux secrets

    Un centre novateur

    Adapter l’enseignement

    Valoriser le travail manuel 

    Démystifier la nature

    Le maître et l’élève

    Pour une « méthode globale »

    Un terrain à défricher

    Une nouvelle implantation

    Héraut de l’agrobiologie

    Le CAPR en pleine effervescence

    Le foyer des jeunes

    La section féminine

    L’enseignement féminin à l’épreuve   

    La « Cité de l’effort » s’agrandit

    Sur le terrain

    Les Equipes Jeunesse de développement rural

    Continuer la route

    En pays Zafimaniry

    Le chantier s’organise

    Histoire d’eau(x)

    Aller à l’essentiel

    Telle une ruche...

    A l’heure des bilans

    Découverte et partage

    L'opération théicole

    Le Vonjy Ezaka à Sahambavy

    Les leviers de l’action

    Le poids des traditions

    Les sessions courtes

    Les formations pour le public

    Les sessions d'éveil   

    L'apogée

    Les technologies appropriées

    Pour un développement rural intégré

    Restructuration du CAPR

    Pour « un chez soi bien mérité »    

    Les 12 modules

    L’université paysanne

    Un séjour en France...

    1995 : le tournant

    L'impact du CAPR

    Les objectifs nationaux

    Une notoriété largement répandue

    Les « écoles de vie »

    Le devenir des stagiaires  

    Le père Henri De Laulanié

    30 ans pour réussir...

    Les villages-écoles pilotes

    Un appel du Président

    Une migration de proximité        

    Un nouvel espoir déçu

    Et après...

    Au fil des jours

    Des contretemps bien fâcheux

    Un sommet SRI à Madagascar ?

    Les enseignements du père HDL

    Capitaliser les acquis

    Une « ruée vers l’Ouest » avortée 

    La relève

    Epilogue

    Post-face

    Bibliographie

    Remerciements

    Page de copyright

    Catherine Lonchambon

    Pour un développement rural intégré 

    à Madagascar

    L’Œuvre d’une vie 

    Dédicace

    En hommage au frère Michel Hubert qui me disait :

    « Moi j’ai toujours vécu avec les propos de mon papa :

    il faut savoir vivre ; c’est par ce qu’on fait qu’on est valable

    et ce que l’on fait ce n’est pas n’importe quoi, c’est vivre.

    Vivre, vivre, vivre.

    En tous domaines. On vit avec les légumes,

    on vit avec le petit élevage, avec les gens qui ont des problèmes.

    Mon père fut l’un des fondateurs de l’Action catholique ouvrière

    dans ma région ; c’était un homme au service des autres.  

    Je me suis aperçu qu’il pouvait parler à tout le monde

    car c’était un homme qui vivait toutes ses responsabilités.

    Il entrait entièrement dans tout ce qu’il faisait. »

    Avant-propos

        Cet ouvrage est né d’une rencontre. Une rencontre, et quelques mots échangés. Quelques mots qui en appellent d’autres. Des questions qui s’enchaînent. Et le passé qui refait surface, par bribes, emmêlées, enchevêtrées. Tenter de comprendre. Remettre les pièces du puzzle en ordre. Au final, un constat : l'histoire qui se révèle ainsi, commencée il y a cinquante ans, est étonnamment d’actualité.   

    En 1962, arrivait à Madagascar, depuis son Aube natale, un jeune missionnaire jésuite impatient de savoir quelle serait son rôle dans la Grande Île. Trente ans plus tard, avec une équipe de 30 personnes, il s’employait à former une centaine de stagiaires au sein du CAPR-Tsinjoezaka, centre qu’il avait fondé en 1963. L’enseignement qui y était dispensé visait le « développement rural intégré » et associait une pédagogie et un contenu novateurs, élaborés progressivement avec le concours des uns et des autres

    Cette expérience vaut d’être relatée. Pour deux raisons. D’une part, Madagascar s’est dotée d’un nouveau gouvernement en 2014. Ce retour en arrière ne pourrait-il pas apporter des éléments de réflexion utiles à ceux qui tiennent l’avenir de ce pays entre leurs mains ? D’autre part, la faillite de l’agriculture industrielle à résoudre le problème de la faim dans le monde et les terribles phénomènes qui en découlent : émigration des pays du Sud vers les pays industrialisés, exode rural, dégradation de l’environnement..., engagent à trouver de nouvelles solutions. Divers spécialistes – comme Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l’ONU pour le Droit à l’Alimentation¹, Marc Dufumier², Michel Griffon³ ou Henri Rouillé d’Orfeuil⁴, experts agronomes, suivis par d’importants acteurs du développement comme Frédéric Apollin, directeur d’AVSF⁵ – invitent à se tourner vers l’agro-écologie. Parallèlement, le maintien des paysans sur leurs terres, aussi bien au Nord qu’au Sud, semble nécessaire. Dans le rapport de l’IAASTD⁶ présenté en 2008, Hans Herren, président de l’Institut du Millénaire de Washington, invite à un changement de paradigme et énonce diverses propositions pour y parvenir. « La première vise à privilégier la petite agriculture familiale comme la base pour assurer la sécurité et la souveraineté alimentaires. La deuxième recommande de bannir les intrants énergétiques qui ne sont pas produits sur la ferme, parce que ce système n’est pas durable, le coût de l’énergie ne cessant d’augmenter. Il faut sortir de l’agriculture mécanisée à grande échelle. Troisièmement il faut créer de nouveaux emplois de qualité dans l’agriculture... dans ce nouveau modèle, les paysans seront plus reconnus socialement. »⁷C’est bien dans ce sens que le CAPR-Tsinjoezaka a oeuvré pendant 30 ans. D’où l’intérêt de rendre compte de ses actions.

    Cette rétrospective dit aussi l’engagement d’un homme, sa confiance, son enthousiasme pour sa mission, qu’il a menée sur la base des convictions et acquis de sa jeunesse, au profit d’un mieux-être des Malgaches. 

    Au fil des entretiens que j'ai eu avec le frère Hubert en 2012-2013, alors que je résidais à Madagascar, j’ai cherché à reconstituer le déroulement de cette formidable aventure. Plusieurs ouvrages ou documents qu’il conservait encore par devers lui – l’essentiel de sa documentation était alors inaccessible – et qu’il m’a généreusement prêtés m’ont permis de combler les trous ou de tisser les liens manquants.

      Souvenirs, textes, mais aussi images. Un précieux patrimoine patiemment réuni par le frère Hubert pour témoigner des actions entreprises et les diffuser. De ces quelques 1500 diapositives, je n'ai pu voir qu'une petite partie lors de mon passage sur l'île. Quelques-unes ont pu être numérisées. J'ai photographié les autres lors d'une séance de projection commentée par le frère Hubert. Leur qualité s'avère donc plus ou moins bonne. Toutefois, l'édition numérique permettant de s'affranchir des problèmes de coût qu'induit une publication imprimée, j'ai choisi d'en présenter le plus possible. Une manière de participer à la préservation de ce patrimoine, dont on ne sait ce qu'il  va devenir. Une manière aussi de rendre hommage au frère Hubert et à ses collaborateurs, dont il ne cessait de rappeler l’implication et le rôle dans cette entreprise.

    Carte de Madagascar

    Auteur du rapport « Agroécologie et droit à l’alimentation » présenté le 8 mars 2008 devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève.

    Professeur émérite en agriculture comparée et développement agricole à l’AgroParisTech, expert auprès de la FAO et de la Banque mondiale, Marc Dufumier est l’auteur de : Famine au sud, malbouffe au nord. Comment le bio peut nous sauver (éditions NiL, 2012).

    Agronome et économiste, Michel Griffon est directeur général adjoint de l’Agence Française pour la Recherche et président de l’Association Internationale pour une Agriculture écologiquement intensive.

    Ingénieur agronome et docteur en économie, Henri Rouillé d’Orfeuil a été directeur des relations internationales du Centre International de Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD). Il a présidé la plate-forme d’organisations de solidarité internationale françaises Coordination Sud de 2001 à 2008.

    Agriculteurs et Vétérinaires Sans Frontières.

    International Assessment of Agricultural Knowledge, Science and Technology.

    Cité par Marie-Monique Robin dans Les moissons du futur, Comment l’agroécologie peut nourrir le monde ?, Ed. La Découverte/Arte éd., 2012, p. 135.

    Prologue

        J’ai rencontré le frère Michel Hubert en 2010. En septembre ou en octobre, je ne sais plus très bien. Peu importe. J’avais intégré, quelque temps auparavant, le service des éditions du CITE¹, une ONG malgache de soutien aux TPE (Très petites entreprises). Radolalaina, la responsable du service, m’avait sollicitée pour suivre l’édition d’un manuel de formation sur le SRI (Système de Riziculture Intensive). Un nouveau monde s’ouvrait pour moi : celui des rizières, à travers les mots du frère Hubert, aux tournures parfois étranges. Je proposais à Rado² d’apporter quelques modifications au texte du manuel. Il fallait l’accord de l’auteur pour les valider. Je pris donc rendez-vous avec le frère Hubert.

       Première entrevue. Je me sens de suite en confiance avec cet homme, un peu bedonnant, aux habits éculés, au regard franc derrière ses grosses lunettes. Au fil de la conversation je découvre l’homme de foi, tenace dans l’adversité, convaincu d’avoir une solution – la solution ? –, porté par l’espoir de pouvoir changer les choses...

    Frère Michel Hubert dans son bureau du collège Saint-Michel, en octobre 2012 - Cl. C. Lonchambon

    Juin 2012. Deux ans déjà. Deux ans durant lesquels j’aurais essayé de faire aboutir le projet du frère Hubert. L’édition de ce kit de formation auquel Rado avait sans doute cru à ses débuts, en 2008. D’autant qu’on lui avait promis, semble-t-il, les financements nécessaires. Le projet était beau ; le principe adapté au contexte malgache. L’enseignement consistait en commentaires d’affichettes illustrées suspendues à un fil. Simple à mettre en œuvre, facile à comprendre. Un aide-mémoire, une sorte de bande dessinée reprenant les affichettes avec explication de base, devait accompagner chaque auditeur et lui permettre, après la formation, d’en appliquer les instructions. Un produit original, ayant, aux dires du frère Hubert, fait ses preuves, mais cher, trop cher à éditer. Apparemment de circonstance lorsque Rado avait accepté le projet mais, depuis, le contexte avait changé. La question se posait dorénavant de savoir dans quelles structures et pour quel public dispenser une telle formation.

    Les relectures et corrections restent donc pour l’heure sans suite. Ce n’est pas faute d’avoir cherché des moyens de faire passer le message du frère Hubert. Auprès des bailleurs de fonds, auprès de la direction du CITE, en revoyant le contenu du kit, plus en phase avec les lecteurs potentiels. Nous en sommes toujours au même point. 

        Au même point ? En réalité, pas tout à fait. Car c’est bien plus que le SRI que j’ai découvert en côtoyant le frère Hubert. C’est un engagement inconditionnel pour le « paysannat », comme il dit, malgache. Un projet emballant, entrevu à travers les « 12 modules » évoqués à la fin de son manuel de formation.

    Il est fréquent, à Madagascar, d’abréger les prénoms.

    L'antre aux secrets

        Collège Saint-Michel, Antananarivo. 3 août 2012. Le bureau du frère Hubert est une espèce de capharnaüm, un réduit où s’entassent livres, maquettes, documents de travail, que sais-je encore ? Sur les armoires, sommairement punaisées, sans ordre apparent, des coupures du mensuel Isika mianakavy, calendriers ou couvertures d’anciens numéros, et des photos de ceux qui l’ont épaulé, suivi, encouragé durant des années, et qui ont disparu, créant un vide qui se creuse, inéluctablement. Madame Amélie... Voici ce qu’il écrivait à son sujet dans une lettre datée du 24 septembre 2006 : « A Ambatomirahavavy, la veille de sa mort, Amélie donnait ses directives pour la modification du plan d’aménagement de ses dépendances. (…) En témoignage de reconnaissance envers celle qui nous a tant aidés, j’aimerais bâtir ce que nous appelons déjà le Pavillon Amélie». Sur la photo en noir et blanc, Amélie sourit. Elle était encore en pleine activité la veille de sa mort, survenue le 6 mai 2006. C’est un fait commun à Madagascar que d’être bien vivant un jour et de mourir le lendemain. Pour un Occidental, il y a quelque chose de surprenant à cela.

    Mais revenons au bureau du frère Hubert. Rien ne laissait présager un espace aussi confiné. Vu de l’extérieur, le collège, imposant, arbore fièrement ses briques rouges et son style à l’italienne. La cour que l’on traverse pour accéder à « l’antre aux secrets » – car c’est bien ainsi que je perçois le bureau du frère Hubert – est gorgée de soleil et parée de couleurs, l’orange et le vert des coulées de fleurs qui tombent de la loggia. Du bureau, une haute fenêtre ouvre sur la grande cour du collège. Seul « luxe » dans cette ambiance monacale. Quelques chaises, trois tables, un lit en fer entrevu derrière une armoire, un lavabo et une serviette jaunie complètent le décor. Un des univers du frère Hubert.

        Un univers où flotte, imperceptiblement, la mémoire du père Henri De Laulanié. Envoyé à Madagascar en 1961 en tant que « technicien agricole », c’est au collège Saint-Michel qu’il prit ses quartiers. Il y resta jusqu’à sa mort, en 1995.

    Le père Henri De Laulanié, devant un champ de maïs à la ferme-école d’Andriamboasary. Première ferme-école de Madagascar, ce centre installé à Fianarantsoa appartenait à la Mission catholique. Le père De Laulanié y intervenait en tant que conseiller. Le frère Hubert en prit la direction à la mort du père Vienne, son fondateur.

      En s’installant au collège Saint-Michel, peu de temps après le décès du père, le frère Hubert renouait avec le cadre familier de l’homme remarquable, et hors du commun, que fut De Laulanié.  Mais cela je ne le découvris que plus tard. Pour l’heure, j’appris du frère Hubert dans quelles circonstances il avait rencontré, et s’était lié d’amitié, avec le père HDL (comme on l’appelait familièrement) :

    « Quand j’ai débarqué à Madagascar, envoyé par

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