Isis
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À propos de ce livre électronique
Dom Guéranger.
Auguste de Villiers de l'Isle-Adam
Auguste de Villiers de l'Isle-Adam, dit le « comte », puis le « marquis » de Villiers de l'Isle-Adam, est un écrivain français d'origine bretonne, né le 7 novembre 1838 à Saint-Brieuc et mort le 18 août 1889 à Paris 7e.
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Aperçu du livre
Isis - Auguste de Villiers de l'Isle-Adam
NOTES
PROLÉGOMÈNES
TULLIA FABRIANA
«Tout semble annoncer que le siècle actuel est appelé à voir les luttes les plus ardentes et les plus décisives qui se soient jamais livrées sur les plus grands intérêts dont l'homme ait droit de se préoccuper ici-bas.»
Dom Guéranger.
CHAPITRE PREMIER.Italie.
Il y avait eu soirée au palais Pitti.
La duchesse d'Esperia, belle dame de la plus gracieuse distinction, avait présenté à tout Florence le comte de Strally-d'Anthas.
Il annonçait de dix-huit à vingt ans au plus. Il voyageait et venait d'Allemagne. Sa mère était de l'une des plus illustres maisons d'Italie; on le savait. Il se trouvait donc allié aux plus hautes noblesses du pays; la duchesse était même un peu sa cousine; qu'il fût présenté par elle, ne souffrait aucune difficulté.
Le prince Forsiani, nommé, depuis la veille, ambassadeur de Toscane en Sicile, avait paru s'intéresser à lui. C'était un vieux courtisan, fin et froid, mais solidement estimé de tous. Dans la mesure de l'indifférence du monde, il était assez aimé. Le jeune homme, après les respectueuses formules d'usage, s'était assis devant une table d'échecs, vis-à-vis de lord Seymour, et le cercle d'amateurs et d'ennuyés marquants avait environné cette partie. On dansait dans les autres salons. Des demi-paroles furent échangées touchant la conduite de ce jeune Allemand, qui jouait, au lieu de danser, selon son âge.
Divers courants d'idées remuèrent bientôt, dans le vague, autour du prince Forsiani, de la duchesse et de M. de Strally, dont la belle physionomie fut commentée. Ce qui fit sensation, ce fut la présentation du jeune homme au nonce-légat (qui daigna survenir vers les onze heures) par le duc d'Esperia lui-même.
Son Éminence avait été fort gracieuse durant cette cérémonie: on était recommandé, cela se devinait.—Mais pourquoi l'empressement du duc d'Esperia? N'était-il pas sur l'âge?—Une vieille dame, à petit comité, s'avisa d'insinuer, entre un sourire et une glace, que l'ambassadeur avait divinement connu la comtesse de Strally, du temps qu'elle habitait Florence, autrefois,—avant son mariage avec le margrave d'Anthas. Cela se dit, en italien. Une deuxième dame, également sur le retour, jugea naïf d'observer que le prince n'était point marié. Ces paroles comportaient une somme d'hésitations si profonde, que nul ne poursuivit. Quant au jeune homme, il continua la partie, simplement.
Rien de significatif ne fut avancé, comme de raison, après ce peu de mots.
Dans la soirée, il y eut encore deux fragments d'entretien, assez dignes de remarque, pour ce qu'ils devaient sous-entendre. Le nonce et la duchesse d'Esperia causaient seuls, d'une voix polie, depuis une minute:
—Et Votre Éminence y est allée? disait la duchesse.
—Oh! je suis sûr qu' Elle n'était pas au palais, répondit le nonce. Toutefois, comme il serait très utile d'obtenir un auxiliaire de cette valeur, je laisserai peut-être un billet, samedi, dans le cas d'une nouvelle absence.
—C'est bien excessif, monseigneur.
Un sourire italien glissa faiblement sur les lèvres de Son Éminence, qui s'éloigna dans un léger salut.
Le prince Forsiani revenait.
Sur un regard indifférent de la duchesse d'Esperia:
—Je pars pour Naples demain dans la nuit, répondit-il d'un air affable, mais d'une voix pressée et très basse. Je prendrai Wilhelm aux Casines, vers neuf heures du soir. L'entrevue est fixée à dix heures.
—Fixée!... Vous l'avez donc vue, cette belle invisible?
—Dans le salon ducal, il y a dix minutes. Elle était seule avec Son Altesse royale et l'envoyé persan. Peu de secondes après, elle accepta ma main jusqu'à sa voiture.—Quelques mots ont suffi.
Plusieurs cavaliers, de belles personnes brillantes et satisfaites intervinrent. On en resta là, sur le mystérieux sujet. Il y eut de cérémonieuses félicitations, et vers deux heures et demie du matin l'on se sépara. Le bruit des voitures diminua, la nuit redevint silencieuse sur Florence.
CHAPITRE II.Celui qui devait venir.
Le lendemain, vers neuf heures du soir, le prince Forsiani marchait dans une allée des Casines.
Aujourd'hui, les Casines sont les Champs-Élysées de Florence. On y rencontre des statues cachées dans de vastes murailles de verdure, des animaux rares, de grands arbres taillés et des étrangers de tous les pays. Le château des grands-ducs de Toscane ne date que de 1787. En 1788, époque où nous sommes, il y avait des décombres, des veilleurs armés, des statues clair-semées, et des fanaux bariolés de rouge et de bleu dans le goût vénitien, allumés de distance en distance dans les massifs. D'ailleurs, grand isolement.
Le prince Forsiani marchait dans l'ombre: une bouffée de brise passa dans les feuilles; il jeta un regard autour de lui; certes, il était bien seul.
—Enfin! dit-il avec un soupir, laissons cela.
Dans le carrefour de la grande allée, une lanterne posée sur un amas de pierres éclaira sa figure.
Peu d'instants après, un nouvel arrivant, dont le grand manteau de velours noir se lustrait aux reflets des fallots, s'approchait de lui. Quand l'inconnu fut devant le prince, il ôta sa toque et le salua d'un geste gracieux.
—Bonsoir, mon cher Wilhelm! fit le prince en lui tendant la main.
Et son manteau écarté laissa voir de riches vêtements et les belles proportions d'une haute stature. Des cordons brillaient sur sa poitrine et se rattachaient au ceinturon de son épée. Son visage noble et fier, que les symptômes de la vieillesse prochaine rehaussaient de gravité, paraissait empreint de mélancolie.
Pour Wilhelm, c'était un splendide jeune homme, ayant de longs cheveux bouclés et noirs, un air de douceur et d'insouciance, un teint pâle et de beaux yeux.
—Bonsoir, monseigneur! dit-il, pardonnez-moi de ne pas être le premier au rendez-vous, je devais à ma qualité d'étranger de m'égarer en chemin.
—Votre bras.
Ils prirent le milieu de l'allée.
—Notre belle Gemma vous a-t-elle parlé de cette personne à laquelle je dois vous présenter dans une heure? continua Forsiani.
—La duchesse d'Esperia m'a dit que Votre Altesse pouvait seule...
—Bien. Mais voyons! D'après ce que vous en avez entendu, quelle idée vous faites-vous à ce sujet?
—De la marquise Tullia Fabriana?
—Oui, dit le prince.
Le jeune homme hésita, et répondit:
—Je me représente une femme dont les actions et les paroles commandent le respect, et qui, cependant, laisse une arrière-pensée qui ne satisfait pas.
—Ah! fit le prince.
Et il regarda quelque temps Wilhelm d'un air songeur. Il faisait une demi-obscurité, des ténèbres bleues; les deux promeneurs se voyaient parfaitement sous les arbres.
—Mon cher enfant, dit-il, vous arrivez de votre manoir d'Allemagne; vous avez dix-sept ans; vous savez beaucoup, et le vieux Walter est un précepteur de génie. Vous êtes seul au monde. Vous vous nommez le comte Karl-Wilhelm-Ethelbert de Strally-d'Anthas: vous descendez des Strally-d'Anthas de Hongrie par votre père, et des Tiepoli de Venise par votre mère; deux princes et un doge: c'est au mieux. Vous êtes riche du majorat de votre aïeul; vous êtes brave; vous êtes fort; vous êtes beau comme un de ces soirs italiens, par lesquels de belles dames ne dédaignent pas de commettre un joli rêve; vous arrivez en pleine Italie, à Florence, tenter une fortune de puissance et de gloire; vous avez le bonheur d'être le cousin, bien plus, le protégé de la duchesse d'Esperia. Vous m'êtes recommandé par le souvenir de votre bonne et sainte mère; enfin, vous n'avez qu'à vous montrer pour résumer à un âge, où le commun des hommes n'est pas visible, ce que cinquante ans de luttes et de labeurs accablants ne peuvent donner. Vous avez la jeunesse! Vous pouvez tout demander, tout obtenir, peut-être. Vous vous y prenez d'assez bonne heure pour monter vite au sommet d'une ambition justifiée. Eh bien, moi qui suis prince, et qui ne parais pas avoir trop à me plaindre de ce monde où vous entrez, je vous eusse dit, si, d'après une vingtaine de paroles, je n'avais pas trouvé dans votre nature quelque chose de solide et d'inné, je vous eusse dit: Retournez dans votre manoir, épousez quelque jeune fille vertueuse et simple, bénissez le Dieu qui vous a fait ce loisir; aimez, rêvez, chantez, chassez, dormez, faites un peu de bien autour de vous, et surtout n'oubliez pas de secouer la poussière de vos bottes, sur la frontière, de crainte d'en empoisonner vos forêts, vos montagnes et votre vie.
Comprenez-vous?
—Ne voulez-vous pas m'effrayer, monseigneur? dit Wilhelm, assez interdit de cette conclusion. En admettant que je risque la vie, je suis seul au monde.
Il y eut un moment de silence.
—Et puis, on ne meurt qu'une fois! ajouta le jeune homme avec insouciance.
—Vous croyez? dit le prince. A votre âge les mots n'ont qu'un sens vague, et plus tard, lorsqu'on en voit la profondeur, le coeur se sert de stupeur et de dégoût. Vous ignorez les froides et cruelles bassesses, les trahisons envenimées et leurs milliers de complications aboutissant à l'ennui quotidien; les amitiés envieuses, haineuses et souriantes; les trames perfides où l'on perd l'amour et la foi, souvent l'honneur et la dignité, sans qu'on sache pourquoi ni comment cela se fait. Ah! vous êtes heureux! Laissez aux passions le temps de venir, et vous comprendrez. Vous croyez, vous dont le cœur s'épanouit de bienveillance et de bonté, vous pensez qu'on va s'intéresser à vous? Dans le monde, on ne s'intéresse qu'à ceux que l'on redoute, et vous trouverez, sous les dehors les plus attrayants, l'indifférence et la méchanceté. Songez que vous allez nuire à beaucoup de personnes, par cela même que vous êtes riche, que vous êtes jeune, que vous êtes noble, c'est-à-dire par toutes les qualités qui semblent devoir vous faire aimer. Au lieu de soleil, nous avons des lustres; au lieu de visages, des masques; au lieu de sentiments, des sensations. Vous vous attendez à des hommes, à des femmes, à des jeunes gens? Ceux qui nient les spectres ne connaissent pas le monde. Mais passons. Vous êtes d'étoffe à résister; cela suffit.
Le vieux courtisan parlait d'une manière si naturelle, que le jeune homme en tressaillit légèrement.
—Votre Altesse daignera l'avouer, du moins: les deux premiers visages que j'ai rencontrés démentent passablement le tableau qu'elle vient de me faire des autres; n'est-ce pas de bon augure pour l'avenir?
—Ne me remerciez pas, Wilhelm! continua Forsiani. J'ai connu votre mère autrefois,—je vous le dis encore,—et, ne fut-ce pour votre distinction et votre charmant courage, je vous aimerais pour elle. Vous allez être mis, ajouta le prince, en présence d'une femme d'un esprit hors ligne et d'une influence exceptionnelle. Peu de gens la connaissent; on en parle peu: c'est cependant, j'en suis persuadé, la femme la plus puissante de l'Italie, à cette heure. On essaie de la circonvenir, mais elle cache son âme et sa pensée avec un inviolable talent. Comme elle possède l'intuition des physionomies à un degré, voyez-vous, mon enfant, que l'on n'atteint pas, elle vous définira juste et vite. Soyez devant elle ce que vous êtes; soyez naïf, soyez simple: elle est au-dessus des autres: donc, elle peut éprouver encore un sentiment humain. Si vous avez le bonheur d'éveiller en elle un mouvement de sympathie, amitié, bienveillance, amour, n'importe, vous n'aurez qu'à vous laisser un peu conduire les yeux bandés, vous arriverez où bon vous semblera. Je lui ai parlé de vous.
—Ah! dit le comte.
Forsiani le regarda.
—Ce qui m'a surpris, continua-t-il, c'est le regard clair et inaccoutumé dont elle accompagna sa phrase: «Amenez-le moi,»