LES PARADOXES DE LA LITTÉRATURE
Le cas Laclos n’a jamais fait l’unanimité et ne la fera probablement jamais. Depuis la parution des en 1782, les plus fins admirateurs de l’art du romancier n’ont pas dissimulé leur embarras devant un roman dont on a longtemps débattu la question de savoir s’il était pernicieux ou, au contraire, édifiant. Édifiant, c’est ce que pensait Laclos lui-même, en homme des Lumières, en disciple de Rousseau épouvanté par l’effondrement de la morale à la fin de l’Ancien Régime. Et, dans sa préface, de citer une lectrice en guise de justification (et peut-être de précaution) : Ce qui fait irrésistiblement penser à l’exergue placé par Sade en tête de sa (1795) : On notera –, est un roman où l’idéologie est soutenue par un prodigieux réalisme psychologique et social dont se souviendront Balzac et Stendhal. Il n’empêche que si l’austère et savant officier d’artillerie n’annonce évidemment pas l’aristocratique prisonnier de la Bastille, il demeure un doute qui tient à la matière même du livre, dont l’historien Henri Guillemin disait qu’il était une peinture de et que le donner …