Le président de la République a-t-il pris la bonne décision à l’issue des européennes, en décidant de « rendre la parole aux Français », et donc de dissoudre l’Assemblée nationale ?
La décision a été prise, je ne peux donc hélas que la commenter. Elle m’inspire deux réflexions. D’abord, donner la parole au peuple français pour justifier la dissolution est un argument curieux, puisque c’est précisément ce que venaient de faire plus de 25 millions de Français dans les urnes ! On donne la parole aux Français quand ils ne se sont pas exprimés depuis plusieurs années, pas juste après une consultation électorale. Le risque est plus grand qu’ils confirment leur colère plutôt qu’ils ne l’infirment. Deuxième remarque : cette dissolution constitue un risque majeur pour le pays comme pour le président. Pour le pays, déjà fracturé, parce que cela peut le plonger dans un chaos dont il aura les plus grandes difficultés à sortir. Et pour le président, à qui il restait trois ans de mandat, et dont j’aurais préféré qu’il les utilisât pour accomplir ce que les Français souhaitent. La France se trouve dans une situation qui, de mon point de vue, apporte davantage de tensions que de clarification. J’aurais souhaité plus de pouvoirs pour le président, pas moins.
Est-ce que le président Macron vous a informé de sa prise de décision en amont, vous a-t-il consulté avant de l’annoncer ?
Je n’ai été ni consulté ni informé, ce qui n’est pas un problème puisque le président n’avait pas à le faire. Je n’ai pas évoqué cette décision avec lui avant qu’il ne la prenne. J’ai l’impression de revivre la dissolution de 1997 ! Je redoute que les mêmes causes produisent des effets plus graves encore. Peut-être ai-je été trop marqué par les conséquences de cette erreur ? L’avenir dira si j’ai eu tort.
Justement, quel rôle joue l’entourage du président dans un moment comme celui-là où il s’agit de faire un choix décisif ?
Les conseillers ne sont jamais les payeurs. Seule compte la décision, et celui qui la prend. Il est le seul responsable, c’est l’esprit de nos institutions.
Avez-vous été surpris par l’ampleur du vote en faveur du RN et de Reconquête d’un côté de l’échiquier politique et de La France insoumise de l’autre côté ?
Non, je n’ai pas été surpris. Pour trois raisons. La première est qu’il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que les élections intermédiaires sont souvent difficiles pour la majorité en place. Celui qui est aux responsabilités peut le ressentir comme une injustice. Mais c’est la