l lui a fallu retirer ses bagues, déboutonner sa chemise pour découvrir son flanc gauche et dénuder sa jambe droite. Une corde a été passée autour de son cou. La pièce aux murs noirs est tout juste éclairée d'un filet de lumière qui ravive le blanc d'un crâne aux orbites béantes posé sur une table face à lui. Et voilà maintenant qu'on lui bande les yeux et qu'on le pousse dans une autre salle ! Il sent la pointe d'un poignard glisser sur son torse. Une voix rauque, à faire cabrer un cheval, lui intime de ne jamais rien dire de ce qu'il aura vu et entendu ici, au risque d'avoir la gorge tranchée, le cœur et la langue arrachés. « Quel est le souhait de ton cœur ? » lui demande la voix. Il sait ce qu'il faut répondre : « La lumière », réplique-t-il dans un souffle. Et on lui retire le bandeau. Le capitaine des Dragons Gilbert du Motier de La Fayette, 18 ans, vient d'être initié comme franc-maçon. Et quand deux ans plus tard, en 1777, dans la loge de l'Union américaine, il fait la connaissance de George Washington, lui-même maçon depuis l'âge de 20 ans, il a en poche les lettres de recommandation de Benjamin Franklin, lui aussi « freemason », qu'il a rencontré en secret à Versailles. La franc-maçonnerie et l'histoire de l'Indépendance américaine sont intimement liées. C'est peu dire. précise Cécile Révauger, professeure émérite à l'Université Bordeaux Montaigne. Et comme d'habitude, la nature clandestine de la franc-maçonnerie, son indécrottable goût du secret, ont suscité l'émergence de soupçons et d'intrigues plus ou moins complotistes : les idéaux francs-maçons n'auraient-ils pas fait le lit de la rébellion ? La République elle-même n'aurait-elle pas été dirigée en sous-main par les loges ? Et d'ailleurs, avec 17 maçons avérés sur les 46 présidents qui se sont succédé à la tête des États-Unis, est-ce que cela ne serait toujours pas le cas ?
ILLIMITÉ
LA RÉVOLUTION MAÇONNIQUE
Jun 12, 2024
9 minutes
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