Au sommet de l’ouvrage, casques de chantier vissés sur la tête, les équipes de charpentiers et d’équarrisseurs affichent un franc sourire, mélange d’humilité et d’authenticité. La semaine dernière, la cathédrale a retrouvé la charpente de sa nef ravagée par le monstrueux brasier de 2019. À cette occasion, la photo publiée sur les réseaux sociaux par l’établissement public chargé de la reconstruction de Notre-Dame respire la France qu’on aime, celle des compagnons, des artisans et des bâtisseurs. L’étape suivante consistera à rendre visible le jaillissement de la flèche dans le ciel de Paris. Une élévation très attendue. Quel signe faut-il y voir ?
J’aime l’idée de chercher des indices comme, comme dit la chanson. Je préfère mille fois les gens qui croient en l’invisible et en une forme de chatoiement symbolique, quitte à être moqués, à ceux qui sont pétris d’une rationalité aussi sèche que leur démonstration. Le sacré a toujours été mon refuge, ma cour de récréation. Il est devenu ma bouée de sauvetage après la disparition de ma mère. À chacun sa planche de salut. La vie mérite qu’on surinterprète les signes qu’elle nous envoie. C’est une manière comme une autre de réenchanter son environnement. Le soir où la flèche s’est effondrée, j’ai ressenti une douleur sourde qui n’a eu de cesse de se propager à mesure que le feu dévorait la cathédrale suppliciée. À ce moment précis, je me sentais appartenir à une communauté qui transcende toutes les croyances et les religions, la communauté de ceux qui voient en la mère des cathédrales l’âme de la France. Nul besoin d’être catholique pour le comprendre et le partager. Sous les voûtes de Notre-Dame, je suis sur ma terre d’élection.