Avouons-le: pour qui est familière des longs voyages en train, l’achat en gare d’un magazine féminin promettant de se « reconnecter à sa puissance intérieure » ou d’apprivoiser son « féminin sacré » a déjà sauvé plus d’un trajet de l’ennui. Avec, à la clef, la truculente perspective de « libérer votre sorcière intérieure ». Après tout, pourquoi se priver? Depuis quelques années, même les plus féministes des féministes font la promotion de toutes sortes de croyances ésotériques.
« Si vous êtes une femme et que vous osez regarder à l’intérieur de vous-même, alors vous êtes une sorcière. » C’est par ce postulat, tiré du manifeste du mouvement féministe Witch, que Mona Chollet introduit (La Découverte), son best-seller paru en (Pocket) arrive avant , le classique pour enfants de Roald Dahl… Cette normalisation de l’occulte trouve aussi des relais au sein de la sphère politique. En 2019, Marlène Schiappa, alors secrétaire d’Etat, révélait au magazine son intérêt pour la sorcellerie. Deux ans plus tard, l’écologiste Sandrine Rousseau déclarait « préfère [r] des femmes qui jettent des sorts plutôt que des hommes qui construisent des EPR ».