Driiinn ! Driiinn ! Driiinn ! En pleine nuit, l’interphone du 221 b Bacon Street réveille en sursaut Serlock Homeless. L’illustre détective enfile sa robe de chambre en soie sauvage du Baloutchistan et rejoint au salon le docteur Madson, lui aussi tiré du lit par le raffut. Surgi de l’ascenseur comme un diable de sa boîte, l’inspecteur Lestrape, cador de la police britannique, se rue vers le détective :
— Hâtez-vous, Homeless, pas une minute à perdre ! Nous allons à Scotland Yard : une horde de monstres a envahi Londres pendant la nuit !
— Vraiment ? répond Homeless sans se départir de son flegme. Dois-je vérifier que l’un d’eux ne se cache pas dans ma chambre ? Trente minutes plus tard, les trois hommes pénètrent dans les sous-sols du quartier général de la police. Ils franchissent une suite de portes gardées par de redoutables hommes en armes. Devant la dernière, Lestrape prévient ses compagnons : « Nous avons capturé l’un de ces démons, messieurs, mais prenez garde à ne pas l’énerver. Il pourrait vous hacher menu avec ses griffes, ou vous dévorer tout cru ! » Sur ces mots, il pousse précautionneusement la porte et les deux détectives découvrent… un gros chat noir qui lisse son poil à coups de langue râpeuse. Dérangé dans sa toilette, il dresse la tête pour les fixer de ses intenses yeux jaunes. « Lestrape, auriez-vous abusé de substances stupéfiantes venues par des voies inavouables des confins de notre ancien empire des Indes ? s’enquiert Serlock Homeless, un tantinet agacé. Je n’imagine pas que ce spécimen de Felis silvestris catus puisse menacer Londres, l’Angleterre ni même la Reine ! » Et Homeless d’avancer la main pour gratouiller la tête du matou. Le policier lui saisit le poignet. « N’en faites rien, malheureux ! Le moindre contact avec les envahisseurs les transforme en créatures féroces !
— Ah ? En minous-garous ?
— En quelque sorte ! Quand on les frôle, ils se changent en gros félin. N’importe lequel, de manière aléatoire… Autrement dit, Londres a été envahie