A la fin de l’après-midi, Susy sembla se raviser, même si elle n’était pas franchement convaincue de la nécessité d’une piscine dans le jardin de la villa.
– Après tout, pourquoi pas ? dit-elle d’un air faussement détaché. Et pour l’amortir, je pourrais demander au jardinier et à sa famille de venir en profiter pendant la semaine.
– Tu n’y penses pas, maman ! Hors de question de… se mélanger, s’indigna Carla.
L’affaire fut enterrée et Susy crut voir dans les yeux de ses gendres comme de la satisfaction.
N’empêche que, quand elle y repensa plus tard, elle constata avec amertume que c’était la première fois qu’elle employait un tel procédé avec ses enfants et qu’elle avait dû se montrer hypocrite.
– Nous allons vous laisser, madame. Les enfants nous attendent devant le portail, nous ne voulions pas qu’ils vous dérangent, car vous m’avez dit que vous étiez fatiguée en ce moment.
Ange et sa femme prenaient congé, après que Susy eut invité un soir l’épouse du jardinier à rejoindre son mari pour prendre un verre. La jeune femme se montra aussi enthousiaste que son époux. Ange lui avait beaucoup parlé de la propriété, mais c’était encore au-delà de ce qu’elle imaginait. Elle vanta avec discrétion la si belle lumière dans le salon, la collection de livres anciens si bien mise en valeur et loua même le charme désuet de deux fauteuils crapauds à la soie rose passée.
– Moi aussi, je les adore, dit Susy, nous les avions achetés au début de notre mariage chez un antiquaire de Vence. Ce sont parmi les premières pièces de notre mobilier. Pourtant, mes filles me harcèlent pour que je les « bazarde » comme elles disent, car, en plus de leur tissu abîmé, ils sont un peu bancals. Mais allez donc chercher vos enfants, ils doivent mourir de soif dehors. Et laissez-les se dégourdir les jambes dans le parc. Il doit faire si chaud dans